dr Ru TES 16 Mir ne ue in 4 LT age +, 27 7 g de ARE FAX end ne #4 re ge D at te der ES Lien tes ENCYCLOPE DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES. DES ARTS ET DES METIERS. ji x * mb HA LR ; î LY id oh 1, EM ) TOME QUATRIEM E. CONS=D lZ ro Hi j “ rie PT I eme me FE À À LA (] per tu, À He de PR ENCYCLO O Ü DICTIONNAIRE RAISONNE DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIETÉ DE GENS DE LETTRES. Mis en ordre & publié par M. DIDE ROT, de l'Académie Royale as Sciences & des Belles- Lettres de Prufle; & quant à la PARTIE MATHÉMATIQUE, par M. D'ALEMBERT, de l’Académie Boéle des Sciences de Paris, de celle de Prufle, & de la Société Royale de Londres, Tantüm feries lue poller, Tantüm de medio fumptis accedit honoris ! Horaf j Fe FF , D + LT 1 TOME QUATRIEME 2 ù Ce Ha Ms Y PUY en [HIT L (TU 1: il DES < PI TAUTE Am; PAR IS, SSON, rue Saint Jacques, à la Sctence, D Païîné , rue Saint Jacques, à la Plume d’or. E TON, Imprimeur ordinaire du Roy, rue de la Harpe, ND, 7ue San aie à Saint no ; © au pour Chez | M D CC. LIV. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU RO. wi, “as ë set ST ta Nb ain 1 (4 A à sprl oh ht À, TAñ OH Va Rae don ui ap, abs h <. ne fat ANSE RER nie CHE ESS | LE PC SN À FE Lin 2 1 X X XX x x X X KX X K x x XX X bar Ho AVERTISSEMENT DES EDITEUR méttiéttst OUS comptions renfermer dans ce IV.Tome toute la lettre D, & le manufcrit fear À entier de cette lettre avoit été donné à l’Imprimeur ; mais ce Volume ayant déjà de N déux cens pages de plus que les deux précédens , nous avons été forcés de ren- Hesse voyer au cinquieme le refte de la lettre D , tant pour ne port rendre celui-ci rrE%Æ trop incommode par fa grofeur, que pour n'en pas retarder davantage la pu- blication. On trouvera dans l’'avertiflement du III. Volume , page 17. de quoi fe raffûrer fur le petit nombre de lettres renfermées dans ces quatre premiers Dans ce même Avertiflement nous avions annoncé que le ITT. Volume nous paroïfloit fort fupérieur aux deux précédens ; & le Public femble avoir confirmé notre jugement d'uhe voix unanime : nous crûmes pouvoir annoncer dès-lors que ce IV.Volume lemporte- roit encore fur le IL. C’eft au même Public à juger fi nous avons tenu parole. Si fon fuf- frage nous et favorable , nous Le devrons fur-tout à l'intérêt qu’il a bien voulu prendre à notre travail; c'eft en effet cet intérêt qui a redoublé nos efforts & multiplié nos fecours.' Nous nous bornerons ici à rendre compte des articles que nous avons reçus pour ce Volume , indépendamment de ceux que nos Collegues ordinaires nous ont donnés. Nous nommerons d'abord ceux qui ayant contribué au précédent Volume , ont bien voulu concourir encore à celui-ci. | M. le Chevalier DE JauvcourrT, & M. BoucHer D'ARGIs ont continué de tra- vailler pour l'Encyclopédie avec un zele digne de toute notre reconnoïflance & de celle du Public. + La Jurifprudence , dont M. Boucher d’Argis s’eft chargé , embrafle tant de parties diffé- rentes , que plufeurs de ceux qui fe confacrent à l'étude de cette Science, s’attachent fin- oulierement à une feule matiere ; l'un choiïfit Le Droit écrit ; un autre le Droit coûtumier, ou fpécialement la Coûtume de fon pays ; un autre fe livre aux Matieres bénéficiales , criminelles, féodales , domaniales , & autres femblables, qui demanderoient chacune un homme tout entier : c’eft pourquoi M. Boucher d’Argis ayant à parler de rous ces difié- rens objets, a eu foin de confulter ceux qui lui ont paru le plus verfés dans chaque ma- tiere. Les Cours fouveraines, les autres Tribunaux , & en général rous les Offices de Ju- dicature ne demandoïent pas moins d'attention à il eft dificile qu'un feul homme puifle connoître par lui-même l'origine & les variations de chaque Jurifdiétion & de chaque of- fice , leur compétence , leur difcipline, leurs droits, prérogatives & privileges; aufli juf- qu'à préfent il n’avoit paru prefque rien d’exaét fur cet objet. Pour ne pas tomber dans le même inconvénient , M. Boucher d’Argis a communiqué , autant qu'il lui a été pofl- ble , les articles de cette nature aux Officiers que ces articles concernent ; &c les articles qui concernent les Compagnies ont été communiqués aux chefs & autres principaux membres les plus inftruits. ex à M. Le Roman, nous a donné plufieurs articles concernant l'Amérique , à la fin def quels on trouvera fon nom. Il avoit auffi fourni pour le III. Volume quelques articles fem- blables, qui n’ont pas été annoncés exaftement : nous réparons ici cetre faute. (a). M. DavsenTon, fubdélégué de Montbard , a continué de nous envoyer des articles confidérables fur la culture des arbres ; ils font marqués de la lettre (c). _ M. MarMmonNTEz a donné pour ce Volume , CRITIQUE , DÉCLAMATION , DÉco- RATION , DÉNOUEMENT , DIALOGUE, & plufieurs morceaux moins confidérables , tous relatifs aux Belles - lettres ; ils ne forment quelquefois que des portions d'articles : nous avons diftingué partout avec foin ce qui lui appartient. M.VAbbé LencieT DurRENoy à continué de revoir les articles d'Hiftoire, & nous (a) Dans ce III. Volume, l'Imprimeur a mis en deux ou trois endroits M. DE $. Roman, pour M. LE Ro= MAIN. C’eft une faute que lon doit corriger. Tome IV. ; A ij AVERTISSEMENT en a donné en entier quelques-uns de très-eflentiels, comme CONSTITUTION DE L'EM- PIRE , DIPLOMATIQUE , &c. fes articles font marqués d’un (a). M. Bovcxavp, Dotteur aggrégé de la Faculté de Droit, eft auteur des articles Ds- CRET, en Droit Canon , & DECRÉTALES. | M. VENEL , maintenant employé par Sa Majefté à l'examen des Eaux du Royaume ; a fourni pour ce Volume beaucoup d'articles , qu’on trouvera marqués d’un (2). M. »'AumonrT, Doëteur & premier Profeffeur en Medecine de l'Univerfité de Valen- ce , & de la Société royale des Sciences de Montpellier , eft auteur d’un grand nombre d'articles de Phyfologie & de Medecine : ils font défignés par un (4); qui dans les Vo- lumes fuivans fera la marque diftinétive de M. d’Aumont. M. Farcuzr, Maitre de Penfon à Paris, Auteur de l’article CITATION dans le III. Vo- lume , eft auteur de l’article DIMANCHE dans celui-ci. La même perfonne qui nous avoit donné les articles de Commerce du III. Volume , nous en a donné de femblables pour celui-ci, comme CoNTREBANDE , CRÉDIT, CuL- TURE DES TERRES , & quelques autres. L'auteur de ces différens articles , & de ceux que l'Encyclopédie contiendra dans la fuite fur cette matiere , les a réunis dans un ou- vrage en deux volumes , intitulé Æ/émens du Commerce ,| dont on a fait deux éditions en très-peu de tems. Voici préfentement les nouveaux Bienfaiteurs de l'Encyclopédie. M. le Chevalier 77rGoT a fourni un Mémoire important dont on a fait ufage à l’ar- ticle COTON. M. Duczos , de l'Académie Françoife, de l’Académie Royale des Infcriptions & Bel- les-Lettres , & Hiftoriographe de France, nous a communiqué pour notre Ouvrage l’arti- cle DÉCLAMATION DES ANCIENS. Nous ne pouvons mieux louer le préfent que M. Du- - clos nous a fait, qu’en obfervant que l’Académie des Belles-Lettres a jugé ce morceau di- gne d'entrer dans le volume de fes Mémoires qu’elle vient de publier. M. Warezer, Receveur général des Finances , & honoraire de l’Académie Royale de Peinture , a donné l’article DESSEIN , & pour le Volume fuivant l’article DRAPERIE , & nousen promet plufeurs autres ; nous nous flattons que le travail de M. Watelet rendra cette partie des beaux Arts intéreffante dans l'Encyclopédie , non-feulement pour les amateurs, dont le nombre eft fi grand , mais encore pour les connoiffeurs , dont le nombre eft beau- coup moindre. M. Borpev, Doéteur en Medecine de la Faculté de Montpellier | & Medecin de Paris , a fourni l’article CRISE. M. Pourancer , Sous-Ingénieur des Ponts & Chauflées dans la Généralité de Tours, eft auteur de deux articles confidérables, CoRvVÉE & DÉLUGE. ; M. GENson a donné l'article DESSOLER ,exz Maréchallerie. M. DE LA MoTrz-CoNFLANT, Avocat au Parlement , a donné l’article DENTER- CEZAR. = + Un habile Artifte que nous pourrons nommer dans un des Volumes fuivans, a revû les articles qui concernent l’Orfévrerie ,| & nous en a fourni plufieurs fur le même art. M. Papirzzon, Graveur en bois, nous a aufli donné plufieurs articles fur fon art. Nous devons encore témoigner notre reconnoiflance à ceux qui ont bien voulu nous faire part de leurs remarques fur les Volumes précédens. La même perfonne qui nous avoit envoyé fon exemplaire du fecond Volume avec des obfervations marginales, nous a rendu-le même fervice pour le troifieme: nous nous bor: nons à la remercier de fes foins, ne pouvant la nommer ; car elle nous et inconnue. M. Groszer , grand-Maire de Saint-Loup à Troyes, & M. Duriraz l'aîné, auteur de l'ouvrage intitulé Mémoire fur la Lorraine & fur le Barrois , nous ont aufli communiqué de bonnes obfervations fur quelques articles des Volumes précédens. Nous prions de nouveau tous les Savans de France & de l’Europe de les imiter, & de nous faire part de leurs obfervations ; nous ne manquerons pas de leur en faire honneur. Nous avons déjà reçu pour le V. Volume des fecours importans, dont nous devons ici ren- dre compte ; nous ne pouvons trop nous hâter d'annoncer que M. nz VoLTAIRE nous a donné les articles ESPRIT, ELOQUENCE, ELÉGANCE, LITTÉRATURE, &c. & nous en fait efpérer d’autres. L'Encyclopédie, par la juftice qu’elle lui a rendue, & qu'elle continuera toujours à lui rendre , méritoit l'intérêt qu’il veut bien prendre à elle. | M. LariroTEe , Doëéteur en Medecine de la Faculté de Paris, Cenfeur Royal, & un des auteurs du Journal des Savans, a donné l’article DocTEUR EN MEDECINE. DES EDITEURS. 7 . : M. Moran», de l’Académie Royale des Sciences, & Secrétaire de l'Académie Royale de Chirurgie , qui avoit donné une obfervation importante pour l'article ARTÉRIOTOMIE du Is. Volume, nous a donné pour le cinquieme l'article DORADILLE. ta À M. BovrcezaAT, Ecuyer du Roi , Chef de fon Académie à Lyon , & correfpondant : de l'Académie Royale des Sciences de Paris, s’eit chargé de tous les articles qui concer- nent la Märéhcallerie 8 le Manege- Il eff très-connu du Public par les ouvrages impor- ‘tans qu'il a mis au jour fur l'Hippiatrique. | | | ‘ Enfin M. »e Mersreurx,ci-devant Confeïller au Parlement , aujourd’hui Intendant . * en furvivance & Directeur général des Etudes de l'Ecole Royale Militaire , nous pro- : met un article raifonné fur ce grand objet. Nous efPérons que le Public verra dans cet article combien M. de Meyfieulx, par fa vigilance & par fes foins , eft propre à feconder : ‘le zele éclairé de M. du Vèrney, Confeiller d'Etat, & Intendant de la même École, L’En- cyclopédie; fafira avec -empreflement cette occafon de faire connoître en détail à la … France, & à toute l’Europe un établiflement fi noble, fi utile , fi intéreffant pour tout bon . citoyen, fi glorieux par conféquent au regne de Louis XV. &-au Miniftere de M. le Comte d'Argenfon: établifflement que les autres Nations nous envieront , fi elles ne l'imitent pas, + - & qu'il leur fera difficile d'imiter. L] + x. “ ER: R A T A pour le troifieme Volume. PES CHORÉE, page 367. eft tranfpofé, & doit être placé quelques. articles plus bas, après CHORDAPSUS. Metius. | Rp) Page 805. col. 1. lig. 7. à compter d’én-bas , au lieu de <, if. >. boues, _ Art. CONCILE, page 808. col. 1. lig. 62. 6 page 8ro. col. 1. lig. 10. & page 816. col. 2. lig. 23.aulieu | de M. Bignon, lifez M. Bini. Re. | «Dans le même art. page 817. col. 1. Lg. 66. auieu de ellefiæ, lif. ecclefiæ. TRE LE | Page 878. col. 1. lig. 46. au lieu dd+ Duu,lf— D u u. Ibid, col, 2. lig. 6. a comptèr d'en- bas, au lieu de hyperbole, Zif. hypothèfe. Page 884. col, 2. Lig. 1. au lieu de par, lif. pour. M. d’Aumont nous a envoyé l’errata fuivant defes |, articles imprimés dans le troifieme.volume. Nous prions nos collegues de vouloir bien en faire autant pour leurs articles; & nous prions en même tems ceux qui nous fourniront des articles à l'avenir , d’a- voir foin que leurs manufcrits foient lifibles, prin- cipalement lorfqu’il y aura des noms propres, & que la pon@uation y foit exaête, dans les endroits où le fens feroit néceflairement équivoque. Article COCTION, page 564. col, lig. ro. les fucs nourriciers font altérés, /if. attirés. Ibid. lig. 14. is établifloient.trois fortes de con- crétions , 4f. concoËtions. Ibid. lig. 67. que plufieurs maladies fe détermi- noient, /f. fe terminoient. Page 565$. col. 1. lig. 14. qu'ils avoient nommés; . dif. nommée. Ibid. col, 2. lig. 7o. où elle ne cede fouvent même qu'en partie aux grands efforts, resranchez le que, fubflituez - lui le mor feulement ; 6 après les mors en . partie, f. qu'aux grands efforts.Ouvrez une parenthèfe avant les mots & {ouvent, 6 fermez-la après les mots en pattie. Page 66. col. 2. lig. 62. au lieu de maïs ni l’un ni Pautre, Zif. cependant ni l’un ni l’autre. Ibid, Lig. 72. Peger , lif. Peyer. 7 Page 68. coli 1, ig, 10. élaboration, /f. évacua- ton. 2ge,.462. col. 2. lig. 20. au lieu de Metrius, Zfet Article COLLIQUATION , page G4r. col, 2, lig. 174 des organes rendus délicats, c. Zif. des corps. M. Venel nous a envoyé auff l’errata fuivant, Art. CHARBON, page 1809. col. 1. lig, 47. foufreÿ des métaux A. foufre des métaux fans virgule. Art, CHAPITEAU, page 180. col. 1. Lig,s. le pas roi, Zf: lacparoï.- Article CHIMIE, page 400. col. 1. lig. 20. après Créateur mettez une virgule ;lig. 48 au lieu du point, mettez un point 8c une virgule ; 5 "2 Page 415. col. 2. lig. 3. à compter d’en-bas ; au lieu de diflolution, if. précipitation. > Page 416. col, 2, lig. 11. au lieu de ces derniers; Zf. ce dernier. Page 410. col. 1. lig. 39. au lieu de ; mettez une vir- gule ; & Zig. fuivante, au lieu de la virgule, mettez ; Page 422. lig. 40. col. 2. porte, Af. portent. Page 431..col. 2. lig. 7. claires, A. clairs. Ibid, lig. 17. & compter d’en-bas , au lieu de lui, Lf. leur. Page 433. col, 2. lig. 33. &, lif. ou. Page 434. col, x. lig. 42 & 43. au lieu de pour, Uf. par; 6 au lieu de par, Lif. pour. Ibid, col, 2. ip. 34. if. profcription , chez plufieuts nations cultivant, &c. Ibid. lig. ÿ3. lif. du dogme chimique ; de cette chi: mie. Page 437. col. 2. lig. 16 € 17. Lif. élémentaire & premiere; ce m’eft pas dans des livres qu’on peut prendre des commencemens de Chimie; Article CITRON > PA£E 492. li, 18. col, t. fuc, Z # fucre. Art, COMA, larus, if. carus. Page 36. col. 1. lig. 38. Stales, Aif. Hales, Page 836. col. 2. lig. 58. la qualité qui fert, Z/. la qualité de l’excipient qui fert. Ibid. lig. 6x. les rofes rouges ou cordiales, tels font, Zif. les rofes rouges ; ou cordiale, tels font. Ibid. lig. 68. yeux d’écrevifles, la corne de cerf, Lif. yeux d’écrevifles : la corne de cerf. Page. 847. col. 1. lig. $. retranché Uf. retranchées Ibid. col, 2. lig. 12. & elle eft un ingrédient , 4f. & elle en eft, &c. æœ [LE PDP col. 1, Uig, 13. les deux premiers mots de Ê certe ligne doivent être placés au commencement de Ja fuivanre. Page 03. col, 2. lig. 27. au lieu‘de c, lif, c &. A la fin de l’arr, CONTINGENCE, p. 114. col. 2. mettez un.(O) : Page 165. col, x, entre les Lis. 40 G41. ajoñtas on fuppofe dans les deux propoñtions précédentes, que la furface qui fépare les deux milieux, eft plane. Page 173. col. 2. lig. 36. après Héraclides, érez la virgule, Page 214. col. 2. Dig. Fa au lieu des deux points, | mettez une virgule. - Page 263. col. x. lig. 18. & compter d'en-bas, au lien de fur, Zf. de. ES Page 264. col. 1. lig. 2. au lieu de Baghis, Zf, Ba- olivi. EURE CAN À Page 297. col, 1. lg. 25. au lieu de prononcée, Zf. prononcé. . À la fin de l’article COSMOLOGIE, ajoûtez : Dem puis limprefion de cet article, nous avons reçu le volume des mémoires de l’académie des Sciences de Pruffe pour l’année 1752. M. de Maupertuis a ré- pondu dans ce volume aux objeétions de M. d’Arcy; & il faut joindre fa nouvelle differtation à celles dont nous avons fait mention. Article COUP-FOUDROYANT , page 342. col. 1, 1:g. 6ÿ+ les mots extérieure 6 intérieure fonc sran/fpo- fés.; au lieu de fa furface intérieure, if. de fa furface extérieure, &c. Ibid. col, 2. lig. 32, au lieu de 11 fait voir , Zf. & fait voir. Ibid, lig. 52. au lieu de communication Zfez par ‘communication. Page 343. col. 2. ligne 38. au lieu de cylindres de verre Zf. de vafes cylindriques de verre. Ibid, lig, 52, au lieu de l’on reçoive ,Zf, l’un re- goive, j E R RAT À pour le quarrieme Votume. Page 345 . col, 1. lig, 4t. au lieu de qui la font £f qui lätréçoivent. | bu Page3 so. col. 1. lig, 12. au lieu de Mons, lif. Monf. Page 38%. col. 2, lig. 27. an lieude Vaxlif.y/2ax, Page 388. col, 1. lig. 0. au lieu de quadratice, Zf. quadratrice. "1. Far ET | Page 389. col, x. Big. 46. au lieu de générale, /1/e7 quarrable. | ÊT Page 401. col, 1. Lig. 6, à compter d’en-bas , au lies -de qu’elles, Zf. qu'ils. Page A44x. col, x. lig,18, au lieu de parfait, f. par: faite. ue ET Page 530. col, 2. lig. 38, au lieu de 32, if. 37 Page ; 98. col, T. lig, 26. at lieu de Demetrius SU nomaus. | P. 669. col. 2. li, 10. au lieu de 10000 Zf. 100000: Page 7o1. col. r lig AT. au lieu de devient, if. dé= ment. Ibid, lig, 55. au lieu déune Zf. un. Ibid, Lg. 62. au lieu de fe voit, Lif. {eroit.! Page 734. col. 1. Lig. 8. après x — o, ajoûtez LA Page 824. col, 1. lig. 37. au lieu de (a), lil. (d). Article DENTELÉ, lg. 5, au lien de DENTELET, Lf, DENTELÉ. À la fin de l'article DiASTOLE , ajoÂt. le mémoire de M. de la Mure dont il ef parlé dans cet article . a été imprimé en 1754 à la fin des mémoires de 1749 de l’académie des Sciences. À la fin de l'article DiANE, ( Mythologie.) au lieu d’Eratorafte , Zf. Eratoftrate. Page 933. col. 1. lig. 26.4 compter d’en-bas , au lieu de s’anéantit, /. devient leur différence. | Page 965.601, 1. lig. 26, au lieu de à quoi un, Gif qu'un. c Page 987. col. 1, lig. 30. au lieu de dd y, lif. dax, Ibid, col, 2, lig, 27. effacez ou. 4- ENCYCLOPÉDIE , DES SCIENCES, DES ARTS ET DES METIERS. CON ONSEIL, AVIS, AVERTISSE- MENT , fubft. mafc. ( Gramm. | Syzonym.)Cestermes défignent en général lPaéion d'infiruire quelqu'un d’une chofe qu'il lui importe de faire ou de favoir aêtuellement eu égard aux cir- conftances. On donne le confeil d'agir, on donne avis qu’on a agi, On avertis qu'on agira. L’ami donné des confeils à fon ami, &le fupé- tieur des avis à fon inférieur. La punition d’une faute eft un avertiffement de n’y plus retomber. On prend comfeil de foi-même, on reçoit une lettre d'avis , on obéit à un avertiffément de payer. On vous confeille de tendre uh piège à quelqu'un, on vous donne avrs que d’autres vous en ont tendu ; on vous avertir de vous tenir fur vos gardes. Lé Roi tient co/esl avec fes miniftres , il les fait avertir de s’y trouver, chacun y dit fon avis. On dit un homme de bon confeil, un » rl poffeffion de la nobleffe perfonnelle & de la qualité d’écuyer. Les préfidens ont même la nobleffe tranf- muflible, À l’égard des confeillers, voyez ce qui eft dit par l’auteur des otes fur Artois fur Le placard de 1544. n. 126. Les officiers du confeil d'Artois ont aufli le droit de ne pouvoir être traduits en pre= miere inftance ailleurs qu'à ce confeil. | Pour ce qui eft du pouvoir du confeil d'Artois , faut d’abord obferver qu’il réunit tous les droits de jurifdiétion & de reflort que les juges royaux de des hors L'Attois y exerçoient avant lan 1521; & quoi- que les autres bailliages appartenans au Roi en {oient lés jufticés ordinaires & royales, ces juflices royales ordinaires n’ont, fuivant le placard du r2 Mai 1530; pas plus de droit préfentement qu'elles men avoient lorfqu’elles appartenoïent au comte d'Artois; quiétoit vaflal du Roï, à moins qu'ilne leur ait été fait depuis quelque attribution particuliere. Le confeil d’ Artois connoït feul , à Pexclufion dé tous les juges inférieurs , en premiére inftance , de toutes affaires civiles & criminelles qui, avant 1521, étoient portées en premiere inftance , & privative= ment aux juges d'Artois, devant les juges royaux ; où autres qui n'étoient pas de l’Artois, Il connoît aufi, fuivant le placard du $ Juillet +30, En premiere inflancé ; à Pexclufion de tous autres, du poflefloire des bénéfices fitués en Artois ; & fuivant la déclaration du mois de Juin 1715, il connoît auff de l’entérinement des lettres de grace, & du crime pour raïfon duquel il y a conflit. Il connoît encore en premiere inftance , par pré- vention fur tous Les juges inférieurs, des affaires dont les juges royaux, & autres du dehors de l’Artois, connoïoïent par prévention; elles font détaillées dans un concordat du 4 Juillet 1499 ; mais on en ex- cepte à préfent le cas de la foumifion au {cel royal, 8 autres cas que les réglemens poftérieurs ont re- fervés aux juges royaux ordinaires. Par une déclaration du 2$ Mars 1704, le confeil d'Artois a été maintenu en pofñleffion de pouvoir être accepté à juge par les contraétans, Il connoît en premiere inftance, au lieu des au- tres juges inférieurs, des cas où il s’agit d’obvier à la multiplication des procès ; ce qui a lieu, prinei- palement quand on eft obligé d'intenter une même adion contre différentes perionnes demeurantes en diverfes jurifdiétions ; ou en matiere de révendica- tion, ou hypotheque, ou propriété fur différens héri- tages fitués en différentes jurifdiétions, indépendan- tes les unes des autres, mais dont une reflortit 1m- médiatement au cérféci d'Artois : il connoît pat ap- pel, tant au civil qu’au criminel, des jugemens ren- dus par les juges inférieurs de la province, à Pex- ception néanmoins des appels comme de juge in- compétent, qui font portés reëla au parlement. Il juge en dernier reflort & par arrêt les affaires de grand criminel. Par une déclaration du 27 Oéto- bre 1708, les habitans d’Artois ont été confirmés dans le privilége de ne pouvoir être jugés en der- nier reflort en matiere criminelle, que par le confer! d’ArtOIS, En matiere de petit criminel ou civile, les juge- mens du confei! d’Artois font fujets à l'appel. Il a droit de juger par arrêt toutes les appella- tions interjettées des élus d'Artois ; & à l’occafion de ce droit il juge de même par arrêt toutes les ap- pellations des autres juges en matiere de tailles & d'impôts, toutes les affaires portées au confeil d'Ar- tois en premiere inftance , qui font de la compé- tence des élus d'Artois, entr'autres celles qui con- cernent les qualités de meflire , de chevaliers , d’é- cuyers, & de nobles. L'appel des fentences rendues au conjfeil d'Artois en matiere civile, autres que celles ci-deflus fpéci- fées, étoit porté au grand corfezl de Malines , lorf- que V'Artois étoit fous la domination de la maïfon d'Autriche; mais par une déclaration du 15 Février 31641, 1la été attribué au parlement de Paris. Le confeil d’ Artois peut faire exécuter, nonobf- tant & fans préjudice de l’appel, fes jugemens in- terlocutoires réparables en définitif, ceux rendus en matiere de complainte , fommaire & proviloire , même les jugemens définitifs en matiere réelle, s'ils n’excedent pas la fomme ou valeur de 500 liv, Tome IF, & CON 3 Lorfqu'une des parties qui plaident ne demeuré pas en Artois, elle eft obligée de donner caution refléante pour les dépens. Les habitans d'Artois né peuvent être traduits ailleurs", en premiere inffance, que devant leurs juges naturels , fous prétexte de quelque privilége que ce foit. Ce droit eft fondé fur des concefions de nos rois antérieures à la ceffion de la fouverai- neté ; la maïfon d'Autriche les a confirmés dans ce droit ; & ils yont été maintenus depuis la foumif- fion de l’Artois À la France , par des déclatations des 23 Août 1661 & 7 Septembre fuivant, & 16 Jui 1687; néanmoins dans l’ufage ils font fujets aux évocations particulieres ordonnées par le Roi. Yoy. Le commentaire de M. Maïllart fur la coétume d Artois, auxnotes fur le placard de 1544. p. 173 &c Juiv. (A) Conserr AULIQUE eft un des deux tribunaux fupérieurs qui fubfiftent en Allemagne, l’autre eft la chambre impériale ; on peut en certains cas appelle* à l’un de ces tribunaux des jugemens rendus dans les tribunaux particuliers d'Allemagne, quoique cha: que prince fouverain ait droit de juftice fouveraine dans l’étendue de fa domination. La chambre impé- riale ef le tribunal fuprême de l’empire , au lieu que le confeil aulique eft le conféil de l'empereur. C’eft lui qui l’établit , 8c qui en nomme tous les officiers ; il tient fes féances à Vienne, & eft compofé d’un préfident catholique , d’un vice-préfident que l’élec- teur de Mäyénce préfente , de dix-huit confeillers, dont fix proteftans ; & parmi ceux-ci il faut qu'il y ait un réformé; 1ls font divifés en deux bancs, dont l’un pour les nobles, l’autre pour les jurifcon- fultes. Ce tribunal connoïît de toutes caufes civiles entre les princes & particuliers de l’empire ; fon pou: voir finit avec la vie de l’empereur. C’eft pourquo: la chambre impériale qui fubfifte pendant la vacance de l’empire , prétend le pas fur le confeil aulique. Celui-ci ne connoit point des affaires d’état ; il n’en- regiftre point d’édits, mais feulement fes propres jugemens. Les mémoires de Pollnitz, rome 11, p. 238: difent que le pouvoir de ce conjeil cit plus borné que celui des parlemens de France, qui ont le privilége de faire des remontrances ; d’où 1l réfulte que le confeil aulique n’a pas le même droit. (4) CoNSEIL DE BRESSE étoit un confeil {ouÿerain établi pour le pays de Brefe ; il fut formé de treize officiers qui compofoient la cour des aides de Vien- ne en Dauphiné , laquelle fut transférée à Bourg en Brefle où elle fut érigée en con/erl fouverain en 1658. Ce confeil fut dans la fuite joint au parlement deMetz; les officiers de ce conferl, avant & depuis leur incorpo- ration au parlement de Metz, ont été confervés par divers arrêts du cozfeil privé du Roi dans la préro= gative de noblefle tranfmiffible au premier degré, dont jouifloient les cours fouveraines du Dauphi- né dont ils avoient fait partie. Voyez la Roque, #r. de la nobleffe, ch. xxxvy. 8 ci-après PARLEMENT DE METZ. (4) CONSEIL DE BRETAGKNE 04 DES DUCS DE BRE- TAGNE , étoit d’abord le confeil des ducsfouverains de cette province. On appelloit des juges de feigneur devant les juges du duc féant à Rennes ou à Nantes, lefquels connoiïfloient des appellations de toute la province aux plaids généraux, On fe pourvoyoit aufli fouvent par appel de ces jugemens , même de fimples interlocutoires, au confeil du duc, & du cez- feil du duc aux grand8tjours , autrement dits parle- ment ou états de la provincé ; & comme ces parlemens n’étoient ordinairement convoqués que tous les deux ans, & mème quelquefois plus rarement , le duc Jean tenant {oh parlement en 1404 ou 1424 rendit une ordonnance portant qué toutes appellations qui feroïent faites fur interlocutoires qui n'emporte- roient pas principal de caufe , feroient terminées ÂAï coreime de parlement une fois l’an devant fon préf- dent & fon cozfeil, qui feroit à Vannes ou aïlleurs en quelque autre ville de Bretagné ; que ce corfeil commenceroit le jeudi après Jubilate , & qu’en ce tems comparottroient les fénéchaux de Rennes & de Nantes, & autres fénéchaux du duc, & fes pro- cureurs généraux & particuliers & autres gens de {on conferl qu'il y feroit appeller pout la décifion de ees appellations & la réformiation des faits qui tou- cheroient la juftice & police du pays. Lorfque la Bretagne fut réunie à la France, Char les VIIL. y établit un confei/ ou chambre de juftice, pour connoître en fon nom de toutes les matierés : dont connoïfloit auparavant le conféil des ducs de Bretagne. L | | Ce nouveau cozftil royal fut compofé d’un préf- dent &c de quatre confeillers ; & comme 1l y avoit beañücoup d’affaires à expédier; Charles VIIL, éug- imenta quelque tems après ce même coz/eil de deux confeillers , & lui confirma la connoïffance, cour & jurifdiétion en premiere inftance ; des chapitres, églifes & poffefloires dés bénéfices , comme le coz- el des ducs en avoit toujours connu. On défendit à ce conferl d'évoquer aucune affaire 1 matiere de devant les juges ordinaires, parce qu’: alors toutes les jurifdiétions reflortifloient par con- tredit, c’efl-à-dire par appel, devant le fénéchal de Rennes ou devant celui de Nañtes, Lorfque Charles VIIL. fupptima l'office de chan: ceher de Bretagne , il établit le chancelier de Mon: tauban gouverneur & garde-fcel de la chancellerie de Bretagne, & le fit prefident de fon cozfeil au mê- me pays. … Maïs les chofés ne refterent pas long-teims en cet état; car dès l’an 1493 lé même roi créa un parlez ment pour cette province. Voyez PARLEMENT DE BRETAGNE, Voyez le Mérnoire rapporté dans l’hiff. du confeil par Guillard, p. 578. (4) Conseiz pe BRisAC. Voyez CONSEIL D’ALSA= CE. (4) | Conseri pu Casinef, eft la même chofe qué confeil d'état, Voyez ci-après CONSEIL pu Ror, à l’ar- ticlé où il eft parlé du conftil d’étar. (4) CONSEIL DE CHANCELLERIE. Voyez ci-après Coxseiz pu Roï à l’article Confeil de chancellerie, (4) | ConsEIL DE COLMAR. Voyez c-devant CONSEIL D'ALSACE. (4) ConsEIL DU COMMERCE. Voyez ci-après CON= SEIL DU Rot à l’article Confeil de Commerce, (4) ConsEiL cOMMUN DU Ror, eft un titre que l’on a donné à deux fortes d’aflemblées ou corféis, favoir 1° au parlement, lequel dans fon origine étant émané du cor/eil du Roi étoit appellé quelquefois le confeil du parlement ou le confeil commun, comme étant un tribunal public & deftiné à expédier les affaires de tous les particuliers, à la différence du confeil, qui refta près de la perfonne du roi , qu’on appella le confeil privé, quaft intra privatos parietes | comme étant le cozferl particulier du prince. Dans l’ordon- nance de Philippe le Bel de l’an 1302, qui porte que le parlement tiendra deux fois l’an à Paris, &c dans üneé ordonnance du roï Jean , du moïs d'Odobre 1351, le roi Qualifie le parlement de zofre cour 6: confeul commun, & ordonne que s’il y a quelque cho- fe à interpreter Où réformer à fes arrêts, il s’en ré- ferve à foi & à fon cor/feil laëconnoïiflance: 2°. On. appelloit auf con/eil commu ne aflemblee com- pofée des gens du coxfeil privé du roi & de ceux du patleïnent, qui y étoient appellés par ordre du roi dañs les affaires extraordinaires ; le roi y préfidoit prefue toüijours. On trouve beaucoup d’ärrêts don- hés par le confeil privé & par le parlement. On ÿ üppelloit auf Quelquéfois les gens des çomptes, Ceft de-là que ce coner fe tenoit duelquefois dans la chambre du parlement , c’eft-à-dire en la grand- chämbre , & quelquefois en la chambre des comp: tes? mais aucun des gens du parlement ni de la cham: bré n'étoit du conferz ; ils n’y afhftoient que comme mandés pat le roi pour donner leur avis fur des que: tions difficiles, ou fur des affaires de finances , qui étoient décidées par le cofei/ du roi, auquel le chan: celier préfidoit tofjours & prononçoit les arrêts com: me à l'ordinaire, Le roi Jean craignänt que çes con: vocations du parlement au cônfeil , qui étoient trop fréquentes , ne tiraflent à conféquence , Que les af= faires en fuflent moins fecrettes ; t que la juftice or: dinaire ne demeurât fans expédition , ordonna que lés gens de fon parlement ne fe mêleroient plus des affaires d'état, 8 commencça à en appeller quelques: uns d'eux en particulier eh {on conféil : ce qui fut fuivi depuis, mais rarement, jufqu’à la minorité de Charles IX. ( ne AR CONSEIL COMMUN ne ViLtE, fignifie le corps des officiers muñicipaux, qui font établis pour dé: liberer éntr’eux des affaires communes. Voyez ci= après CONSEIL DE VILLE. (4). ConsErs DE CONSCIENCE ; Gonzales de Illef: cas, en la vie de Sixte V, cap. lxxvij; ditqué ce pape ayant regret de voir les procès devenir éternels ; avoit commencé à établir ün cofeil de confcience , le: quel, avec une autorité fouveraine, devoit terminer les différens. On ne voit pas ce que devint ce confeil _ de Rome, En France le coisfezl dé confeience étoit une féañce particulière du cozféi/ du roi, deftinée à examiner ce qui concernoit la Religion & l’Eglife, & princis palement à l'effet de pourvoir aux bénéfices étans à la nomination du roi. Elle fut établie pour là pre- nuere fois après la mort de Louis XIII, Le cardinal Mazarin premier miniftré préfidoit à ce éonfeil : on ÿ faifoit la propoñtion de la vacance des évêchés 8 abbayes, & on délibéroit d’y nommer ; fur quoi le cardinal de Mazarin faifoit un billet de fa main com: me une efpece de certificat de la nomination faite par le roi ; lequel étoit délivré au fecrétaire d’état pour expédier le brevet & les lettres de nomina= tion; Louis XIV avoit aufi fon corfeil de conférence ; où l'archevêque de Paris afliftoit avec le confefleur dui rO1 : dans les derniers tems le confefleur du roi étoit feul avec lui. C’étoït là que le roi fe déterminoit pour la nomination des bénéfices ; évêchés, abbayes êc autres bénéfices de nomination royale. Ce cozfeil fe tenoit tous les vendredis , & aufh les jours que lé roi communioit, L’originé de cet üfage étoit fort ancienne; car on trouve dès 1332 & dans les années fuivantes ; plufieufs lettres de fauve-garde accor- dées à des abbayes par le roi dans fon confil ; au< quel étoit préfent fon confefleur. | | Après la mort de Louis XIV, le corifeil du Roï fut divifé en plufeurs féances particulieres , l’une def- quelles étoit le confeil de confeience qui fe tenoit à l’ar2 chevêché. Il étoit compofé du cardinal de Noailles, de l’archevêaue de Bordeaux, de M. le procureur général ; & de M; l'abbé Pucelle ; il y avoit un fe. crétaire du confeil : ce confeil fut fupprimé au mois d'Oûobre 1718. (4) CONSEIL DU PEDANS pu ROYAUME : On donna ce nom à une des différentes féances du coz/&:! du Roï, qui furent établies pendant la minorité. Ce confeil s’aflembloit aulouvre deux fois la femaine ; il étoit compofé du duc d’Antin, qui y préfidoit, de deux autres feigneurs ,.& de plufieurs préfidens & confeillers au parlement. Cette féançe du confeil étoit à-peu-près la même que celle qu’on appelle préfentement confeil des dépêches. Elle fut fupprimée au mois d'Oétobre 1718, Voy, ci-après au mot Con: seiz puRor, à la fubdivifion du Confèrl des De. féches, CADET ee 20: | 'x à ConsEIL DELPHINAL, étoit le co7/és/ du dauphin de Viennois : il fut inflitué par le dauphin Humbert I, en 1336. Ce rn'étoit d’abord qu'un coz/ti/ pour la direétion de fes affaires ; mais en 1337 on vit paroi- tre à Beauvoir des officiers pour juger Les différends des parties ; ils furent enfuite transferés à 5. Mar- celin, & en 1340 à Grenoble, Il étôit compofé de fix confeillers , dont deux devéient être fobles êt faifant profeflion des armes ; les autres devoient être des doëéteurs reçus dans l’umiverfité de Greno- ble, Le chancelier étoit le chef de ce coréil, & l'on ÿ rapportoit routes les lettres expédiées en chan- cellerie avant de les mettre au fceau. On préferoit pour confeillers ceux qui demeuroient à Grenoble ou dans le Graifivodan, afin qu'ils fuflent plus à portée de leur emploi. On leur donna pour gages à chacun 120 florins d’or. Il n’y avoit alors n1 épi- ces ni vacations ; il étoit feulement permis à ceux qui avoient exercé la profeflion d’avocat,de donner confeil aux parties lorfqu'ils ne pouvoient être leurs juges, & d’en retirer quelque retribution, Humbert ordonna que ce tribunal feroit nommé cofeil del- phinal ; qu'il jugetoit en dernier reflort tant au civil qu’au criminel ; qu'il connoîtroit par appel de tous procès mûs devant les juges inférieurs, tant du Dau- phiné que des autres terres qui étoient foumifes à l'obéiffance du dauphin. | | Les confeillers étoient les confervateurs du do- maine du prince, c’eft pourquoi ils avoient foin dé faire réparet {es châteaux &c de les pourvoir de mu- nitions de guerre & de bouche néceffaires pour l’en- tretien des garnifons ; les procès concernant les mou- vances de fiefs directes & autres droits feigneu- riaux , étoient portés devant eux: . Les jugemens ou arrêts de ce con/eil devoient être {cellés d’un. fceau particulier ; au milieu duquel étoit empreinte la figure d’un dauphin avec cette légen- de ; fégillum conjilii delphinalis Gratianopoli refidentis ce fceau étoit donné en garde à un des confeillers ; qui tenoit un regiftre de l’émolument 8 en comp- toit tous les mois devant les maîtres rationaux. Comme ce confeil avoit fous fa direétion la guerré, la juftice & les finances ; & que par cette räifon on y avoit admis des militaires & des dofteurs, on ju- gea à-propos aufli ; par rapport à la finance ; d'y donner entrée aux maitres rationaüx ou maîtres des comptes & aux tréforiers,pour aflifter aux délibéraz tions que l’on y feroit dans les affairés de finance , & dans toutes celles qui feroient de leur compétence. … Humbert IT. dauphin de Viennoïs ; ayant donné 1e Dauphiné à Philippe de Valois én 1349, le confeil delphinal continua de fubffter fous le inême titre jufqi’en 1450, qu'il fut érigé fous le titre de païle: ment de Grenoble depuis la réunion du Danphihé à la France. Les officiers de ce confeil, {oit avant ou depuis leur éreétion en parlement; ont toujours été confervés & maiñtentis dans les priviléges dort ils jouifloient fous les dauphins de Vieñnnois, & nota- ment dans la noblefle tranfmifible au premier de- gré, que le dtoïit Romain obfervé dans les pays de üroit écrit attribue à tous les fénateuts. Voyez PAR- LEMENT DE GRENOBLE. Voyez auf /’Hifloire de Dauphiné par M. de Valbonay, chap: des officiers di Jufhce: (4) A Mes: ConseiL DES DÉPÊCHES. Voyez ci:après aü inoë ConsEIL pù Ror, 4 l'articlé CONSEIL pes D'ÉPÊ: CHES. (4) : . CONSEIL DE DIRECTION. Voyez ci-après ai mor Cofseiz pu Rot, où il eft parlé de la grande & petite diredion. (4) Coxseir pes Dix, étoit un petit coxJér/ fecret qui fut établi à Paris du tems de la ligue, par les - COINS. ; ferze ou colonels des feize quartiers, Îlétoit compo { de dix perfoñnes choifies entre celles qui étoient du confeil des feize, qu’on appelloit auf le confeit des quafänte ; 6 qui étoit même devenu beatrcoup plus nombreux. L'objet de ce confeil étoit d’avifer, tant au fujet de l’arrêt rendu en faveur de Brivard Procureur du roi au büreau de la ville, que de toi tes les affaires qui concernoient la ville én général, fans qu'ils fuflent tenus d'en rendre raifon ni d'en avertir la compagnie quand ils le jugeroient à-pro- pos. Le duc de Mayenne fupprima tout à la fois le confeil des dix &c le confeil des fire, Voyez les Lettres de Pafquier , Zv, XPII, Jess, 1B: (4) # , CONSEIL SOUVERAIN DE D'OMBES, v4 CONSEIL. D'ÉTAT ET PRIVÉ DE Domsss, eftl’aflemblée des officiers que le prince fouverain dé Dombes a près de fa perfonne pour l'aider de leurs confeils fur le gouvernement de fa principauté ; tant au -dedané qu'au-dehors, fur l’adrninifiration des fnances dé cette même principauté, On y juge auf certaines affaires contentieufés des fujets du prince de Dom bes, telles que les demandes en caffation dés arrêts du parlement de Dombes féant à Trevoux, ville ea- pitale de là principauté ; les affaires fujettes à évo- cation, les reglemens de juges , les requêtes refpec: tives préfentées à ce corJeil, & généralement toutes les affhires de la même nature qué celles qui font portées au co/eil du Roi en France ; ce conféil fox. verair de Doribes étant pour la principauté de Dom bes, cé que le comfeil d'état & privé du Roi eft pour la France. Il eft compofé dit prince fouverain de Dombes ; lequel y prend féance lorfqi’il le juge à-propos, du chancelier de Dombes, qui eft le chefde fes confeils; du fecrétaire d'état, du garde des fceaux, & du con- trôleur général des finances, lorfque ces fonétions font féparées de l'office de chancelier, corime elleg l’ont été quelquefois ; préfentement elles font toutes réunies en la perfonne du chancelier ; lequel fiége au confeil en habit de chäncelier, | Le confeil eft encore comipofé de plufieuts confeil- lers, qui font ofdindiremént au nomibre de dix , & quelquefois jufqu’à onze ou douze au plus, Le nome bre n’en eft point fixé ; mais de tes immémorial if a toùjours été tel qu’on vient de le dire. Îls fônt tous oradüés ; & la plüpatt choïfis dans l’ordre dés avo- cats ; c’eft le prince dé Dombes qui lès nomme par un brevet ; dont il refte minute du greffe du confe/, L’original en parchemin ; qui eft figné du prince & du chancelier & fcellé du grand fceau du prince ; demeure entre lès mains du pourvü: on y fait men- tion du ferment que le pourvû prêté entre les mains du chancelier. Les confeillers font tous ordinaires ; & eri ont le titre pat leur brevet: ils fiégent au co Jéit en petit manteau avéc le rabat pliflé ; ce font eux qui font le rappott de tous lés mémoires & re- quêtes préfentés aux différentes féances du confeil ; & des affairès contentienfes entre les parties, Il y ‘en à un d’entr’eux qui a une commifhon particu- here pour faite la fonétion d’infpeéteur du domaine dans les affaires où le doniaine de la fouveraineté | éft intéreffé ; enfin plufieurs d’entr’eüx ont été choi- fis pour remplir les places de chancelièr &t de garde des fceaux de Dombes: : LL _ Le fecrétaire greffier en chef du comféil tient la plume dans tous les confeils } & délivre les expédi- tions de tout ce qui y eft arrêté ou jugé. , L Le confeil de Dombes eft divifé comme celui de France en plufieurs féances où départemens ; favoir le confeil d'état pour ce qui concerne le corps de Ia principauté & les affaites étrangerés ; lé con/eil des dépêches pour l’ädminiftration de l’intérieur ; lé cor Jeil des finances pour la direétion des finances de fa principauté & pour les affaires contentieufes qui y 6 CON ontrapport , foit entre le prince & fes fujets, foit entre {es fujets feulement ; enfin le coz/&l d'état pri- vé ou des parties pour les autres affaires contentieu- fes, qui font de nature à être portées au coz/til du prince, telles que les caffations, évocations & an- tres, ami qu’on l’a expliqué en commençant. L'origine du coneil de Dombes eft auffi ancienne que la fouveraineté même de Dombes, qui fut for- mée au commencement du x]. fiecle des débris du fecond royaume de Bourgogne, lequel avoit té uni à l’empire ; les fires de Baugé & les fires de Villars auxquels fuccéderent ceux de Thoire, poffédoient en fouveraineté chacunune partie de la Dombes ; cha- éun d’enx.avoit près de lui dans fa capitale uñ co7- féil fouverain qui formoiït fon confeil d'état, & où il jugeoit auffi en dernier reflort les appels interjet- tés de fes juges inférieurs. Chacun de ces deux coz- fèils étoit.compolé de quelques eccléfaftiques, de plufieurs gentilshommes & de quelques doéteurs en droit. Les feigneurs de Beaujen acquitent peu -à-peu dans les xi. & xij..fiecles, tant par conquête que par alliance & à prix d'argent, tout ce que les fires de Baugé pofñédoient en Dombes à titre de fouve- raineté, & une partie de ce que les fires de Thoire & de Villars y poflédoient auf au même titre. Ils avoient d’abord leur confe! fouverain à Villefranche en Beaujolois ; où ils faifoient leur féjour; mais ayant fait bâtir en Dombes la ville de Beauregard, réfentement ruinée , ils y tranfporterent le fiége de leur con/eil fouverain. | Louis de Bourbon IT. du nom, prince de Dom- bes , transféra ce même conti] à Moulins où 1l fai- foit fa demeure ordinaire. Ce confeil fubffta dans cet état jufqu’en 1522, que Charles de Bourbon, connétable de France & prince de Dombes ; ayant pris le parti de Charles- Quint , le roi François I. s’empara de la Dombes par droit de conquête , & cafla aufli-tôt le coz/éil qui étoit à Moulins. , | Par des lettres patentes du mois de Novembre 1523, le roi François I. créa pour le pays de Dom: bes un nouveau confeil fouverain, qui dans la fuite a été qualifié de parlement. Ik ordonna que ce coz- féil auroit fa féance à Lyon, & lui attribua la con- noiffance de toutes les appellations qui étoient au- paravant portées au coz/ei/ de Moulins : mais il n’at- tribua point à ce nouveau coz/er! de Dombes le pou- voir de juger les caffations , évocations , reglemens de juges, & autres affaires qui font de nature à être portées direétement au co/e:! du prince. Lorfqu’il {e préfentoit en Dombes quelques affaires de cette qualité , on les portoit au confeil du roi, attendu que la Dombes étoit alors fohmufe à la France, & que le roi n’a qu’un feul co/eil d'état & privé pour tous les pays de fa domination. Ainf les fonétions qu'’avoit auparavant le confel de Moulins furent alors partagées entre le cozfeil du roi & le nouveau cor/feil de Dombes, appellé depuis parlement ; enforte que lPinftitution de ce parlement ne fut proprement qu'un démembrement de fonc- tions du confèil de Moulins, & que le cozfe! du roi prit alors la place de celui de Moulins pour les af- faires qui font naturellement du reflort du coz/eil du prince. La principauté de Dombes ayant été délaiflée en 1527 à Louile de Savoie, mere de François [. com- me plus proche parente de Sufanne de Bourbon fem- me du connétable , pour en jouir fa vie durant en toute fouveraineté , le coz/eil de France cefla alors de prendre connoïffance des affaires de Dombes , lefquelles furent portées au coz/&l fouverain que la princefle avoit près de fa perfonne ; mais ce conftil fut fupprimé après le decès de cette princefle arrivé CON en 1531, & lé con/eil de France prit pour la feconde fois connoïflance des affaires de Dombes. - Enfin par tranfa@ion du 27 Novembre 1560 ; le ro1 François IL. reflitua la principauté de Dombes à Louis de Bourbon duc de Montpenfier , fon légitime fouverain, pour en joüir ez sous droits de fouverai- neté; tels que les avoient Anne de France & Charles de Bourbon fes prédéceffeurs ; fouveraineté qui a encore été reconnue depuis dans tous les tems , notamment par Louis XIV. dans des lettres patentes du mois de Mars 1682, regiftrées au parlement. Aufli-tôt que le duc de Montpenfer fut rentré dans fa principauté de Dombes , il rétablit près de fa perfonne un confeil fouveraini ou confeil d’étar 6 privé pour les affaires de fa principauté. Il en eft fait mention dans le premier édit ou or donnance que.ce prince donna le 1 $ Septembre 1 s6T. Cet édit eft adreflé au parlement de Dombes, & le prince annonce qu'il l’a fait avec grande & mâre dé- libération du confeil étant lez nous ; & l’édit eft donné à Champigny par monfeigneur prince fouverain de Dombes ésant en fon conferl, Ce Champigny eft une ville de Touraine dont il étoit feigneur. Dans un autre édit du mois de Juillet 1576, il qualifie fon con/eil de confeil d’étar ; il fait mention de diverfes ordonnances faites par lui 6 for confeil d'état notamment une cottifation faite dans ce corfeil pour les fortifications & réparations des murailles des villes. Il cafe un arrêt du parlement de Dom- bes contraire à ces ordonnances. L’édit par lui donné fur la même matiere, le pre- mier Juin 1587, porte que le parlement de Dombes avoit envoyé faire des remontrances par le fieur de Langes confeiller, duquel le prince avoir entendu er Jon confil le motif du parlement ; qu'il avoit fait dref. fer en fon confeil des articles pour une information, laquelle avoit été envoyée pardevers lui 8 fon coz- Je, auquel ayant été mürement vûe & confidérée, de l'avis de Jon confeil il fait un réglement. L’ordonnance qu’il fit au mois de Juin de la mê- -me année , contenant un réglement général pour ladminiftration de la juftice, n’eft donnée qu’après avoir eu {ur ce l'avis des principaux des fes officiers de juftice & gens de fon con/eil, | Henry de Montpenfier donna en 194 trois or- donnances au fujet des monnoïes qui {e fabriquoiïent dans fa principauté , fuivant le droit que les princes de Dombes en ont toujours eu : ces ordonnances font faites ez fon confeil & par l'avis d’icelui, On voit aufli par les minutes & regiftres du cor- feil de Dombes, que dès l’an 1642 ce confeil étoit déjà qualifié de confeil fouverain ; que dans tous les aétes de ce confeil mademoifelle de Montpenfier fouverai: ne de Dombes, eft qualifiée Madame ; que depuis 1651, tems auquel elle étoit entrée en jouiffance de fes biens, fon confeil {e tenoit fouvent en fa pré- fence ; qu'il y a même pluñeurs arrêts qui font fi- gnés de cette princefle ; & que l’on traitoit dans ce confeil de tout ce qui regardoit les finances, les mon- noies ,; & généralement de toutes les affaires de la principauté tant du dedans que du dehors. Les autres fouverains de Dombes en ont tous ufé de même à l'égard de leur confeil , auquel ils ont tou- jours fait l'honneur de le confulter fur les affaires les plus importantes de leur principauté. Il fufit, pour dernier exemple, de citer la déclaration du 17 Mai 1736, de Louis-Augufte de Bourbon aétuellement prince de Dombes, fur fon avenement à la fouve- raineté, qui eft donnée de l'avis de fon confeil ; ce qui confirme que ce coz/féil n’eft pas feulement un conferl privé ou des parties, mais qu'il eftaufli le cofes! d’é-" tat du prince & qu’il en a toujours fait les fonétions. Ce confail étant à la fuite du prince &c près de fa perfonne, a tenu fes féances dans les différens lieux . x les princes de Dombes ont fait leur féjour. On a vû que dans l’origine il fe tenoit à Baugé &c à Vil- lars ; que les feigneurs de Beaujeu le transférerent à Villefranche en Beaujolois, qu'ils le transférerent de-là à Beauregard en Dombes, & Les ducs de Bour- bonnois à Moulins. Du tems de Louife de Savoie il fe rénoit à Paris au louvre, où cette princefle demeuroit ordinaire- ment, | » Sous Louis & François ducs deMontpenfier, €’eft- à-dire depuis 1560 jufqu'en 1592; il fe tenoit ordi- nairement à Champigny: Depuis le duc Henri de Montpenfier , c’eft-à-dire depuisr s92;le confeil deDombes s’efttenu ordinaire- ment à Paris ; favoir, d’abord à l’hôtel de Montpen- fier, enfuite lorfque Gafton de France eut époufé la princefle Marie de Montpenfñer princefle de Dom- bes, le confeil fe tint pendant quelque tems au lou- vre, où Gafton avoit fon logement , enfuite au pa- lais d'Orléans dit Luxembourg, 8 quelquefois à Choi- f près Paris, qui étoit la maifon de plaifancé de ma- demoifelle de Montpenfer. Après fon decès, arrivé le $ Avril 1693, M. le duc du Maine étant devenu fouverain de Dombes, en vertu de la donation que Mademoifelle lui en avoit fait en 16817 , le confeil de Dombes tint ordinai- tement fes féances dans une des falles de l’arfenal, qui dépendoit de M. le duc du Maine comme grand- maître de l’artillerie : le confeil fut néanmoins con- voqué plufieurs fois a Sceaux, & à Clagni lorfque le prince y étoit & qu'il y avoit quelques affaires urgentes. Enfin depuis le decès de M. le duc du Maine, ar- rivé le 14 Mai 1736, le confeil fe tient à l'hôtel du Maine. L'autorité du corfeil de Dombes a été reconnue en France , de même que l'indépendance & la fouve- raineté de Dombes, par divers édits, déclarations, lettres patentes & arrêts, notamment par trois arrêts du confeil d'état du roi, des 24 Avril 1672, 30 Sep- tembre & 30 Décembre 1679, qui énoncent plu- fleurs arrêts du confei! de Dombes , lequel y eft par- tout qualifié confeil fouverain,& renvoyent les parties : fe pourvoir à ce confal pour des affaires de Dom- es. Les officiers du confeil fouverain de Dombes joiif- fent de plufieurs droits, honneurs & privilèges , en- tr’autres de la nobleffe tranfmiffible à leurs enfans au premier degré ; le chancelier a le titre de che- Valier. Leur nobleffe tire fon origine des lois Romaines, qui font le droit commun obfervé en Dombes : la loi onze au code de dignitatibus , attribue la nobleffe aux enfans des fénateurs: c’eft pourquoi le corses! de Dombes ; qui a été tout à la fois le fénat du pays & le confeil du prince, jouit du même privilége , lequel lui eft commun avec le parlement de Dombes ; avec ceux de Dauphiné & de Befançon, qui étoient ori- ginairement les confeils des dauphins de Viennois & des comtes de Bourgogne ; avec les capitouls de Touloufe ; qui dans l’origine étoïent le confeil des comtes de Touloufe , & avec les confeils & fénat de Savoie, de Turin, de Milan & de toute l'Italie, qui jouiffent pareillement de la noblefe tranfmifible au premier degré, pour laquelle ils n’ont point d’autre titre primitif que le droit Romain, l’ufage & la pof feffion. , Ce privilépe des officiers du comfeil de Dombes à été confirmé & amplifié par plufeurs édits & décla- rations des princes de Dombes , regiftrés en leur parlement, auquel ces titres font auf communs, Le premier eft l’édit de Louis de Bourbon prince de Dombes, duc de Montpenfier, donné à Paris Le 2 Avril 1571, par lequel il confirme les gens de fon CON 7 | confeil fouverais & ceux de fon parlement, dans tous leurs priviléges, honneurs, prérogatives de nobleffé pour eux & leur poftérité, conformément aux ans ciens nobles du pays &c fouveraineté de Dombes. Le fecond eft la déclaration d'Henri de Bourbon duc de Montpenfer , du 24 Mars 1604 : il ordoñne que les gens, tant de fon coz/i/ que de fon parle: ment , jouflent des mêmes priviléges , immunités $ prérogatives & franchifes que les anciens nobles de fa fouveraineté, & leurs enfans nés &c à naître en loyal mariage , tant qu'ils ne dérogeront point, Le troifieme titre eft la déclaration, qui eft dit mois de Novembre 1694, donnée par M. le duc dur Maine : il annonce dans le préambule , qu'il veut à l'exemple de fes prédeceffeurs , maintenir & confir: mer les officiers de fon coz/eil fouverain & ceux de {on parlement dans tous les honneurs quu leur font dûs , & en conféquence il confirme à perpésuité tous des conjfeillers en fon confeil fouverain , de greffier en chef de ce confér!, & ceux des officiers de fon parlement de Dombes qui font nommés dans cette déclaration ; en la qualité d'anciens nobles 6 au titre de nobleffe ; leurs veuves demeurant en viduité, leurs enfans ñés & a naître, voulant qu'ils en joiiffent 6: leur pojiérité à perpétuité , enfemble des mêmes droits , privilèges, fran. chifes , immunités, rangs , féances & prééminences que les autres nobles de race ; barons & gentilshommes de [a Jouveraineté ; qu’ils foient capables de poffeder tous fiefs € parvenir à tous honneurs, charges 6 dignités poffedés par les anciens nobles ; pourvi toutefois que ces officiers ayent fervi pendant 20 ans accomplis, ou qu'ils dèce- dent dans le fervice aëtuel de leurs charges | nonobflant qu'ils ne fuffent iffus de noble 6 ancienne race ; 6 quant a ceux qui font nobles d’extrailion , que cette loi leur Jférve d’ampliation d'honneur & de gloire. Les officiers du confeil de Dombes ont toùjours joui dé ces priviléges , tant en Dombes qu’ailleurs, 8t notamment en France; ce qui eft fondé en général fur ce que læ nobleffe & les privilèges qui y font at- tachés font des droits qui fuivent partout la perfon- ne, & fingulierement fur ce que les Dombiftes font réputés regnicoles en France; que les François joiuf fent réciproquement en Dombes des mêmes privilé- ges qu'ils ont en France, 87 notamment de la nobleffé pour ceux qui font nobles ; que nos roïs ont permis à leurs fujets de prendre des charges en Dombes, & les ont déclarées compatibles avec celles de Fran- ce, & ont même ordonné que le fervice fait dans les charges de Dombes ferviroit en France pour par- venir à d’aütres charges plus élevées ; enfin que par divers édits, déclarations , lettres patentes & arrêts, ils ont confirmé les nobles &z autres habitans & of- ficiers de Dombes dans tous les priviléges à eux at: tribués par les lois de leur pays, & leur en ont mê- me accordé encore d’autres en France, Voyez labre: gé de l’hifloire de la fouveraineté de Dombes, &t le re- cueil des privilèges du parlement de Dombes. _ CONSEIL DES ENFANS ET PETITS - ENFANS DE FRANCE, voyez ci-après CONSEIL DES PRINCES pu SANG: (4) mn _ CONSEIL D'EN-HAUT , voyeg Ci-aprés à la fuite de Confeil de guerre & au mot Confeil du Ror , à l’ar- ticle CoNstIL D'ETAT. (4) > Conserz D'ENsISHIM » 0Yéz CONSEIL SOUVE- RAIN D'ALSACE. (4) CONSEIL D'ETAT 0% DES AFFAIRES ÉTRAN- GERES, voyez c-après & l'article du CONSEIL DU Roï. (4) ConSEIL ÉTROIT 04 SECRET, étoit la même chofe que le confeil privé ou grand-confeil du Roï: on l’appelloit érroir , pour dire qu’il étoit étroite ment attaché à la perfonne du Roi, parce qu’il étoit à {a fuite. On lui donnoit encore ce titre vers la fin du quatorzieme fiecle, comme on voit dans des let- 8 CON ‘tresde Charles VI. du ri Avril 1390, où il éft parlé ‘du grand & érroir confeil, (4) ConseiL DES FINANCES, o4 CONSEIL ROYAL . “DES FINANCES, voyez Ci-après au mot CONSEIL DU : Ror , à Particle des Finances. : Les-princes du fang qui ont urie maifon fur l’é- ‘tat ont, aufli un confeil des finances, Voyez ci“après ConNSsEIL DES PRINCES, (4) nn ConsEIL DU Ror, (grand) étoit dans fon ori- gine le confeil d'état & privé du Roi : il connoît préfentement de plufieurs matieres, tant civiles, que bénéficiales ‘&c criminelles. Le titre de-grard que l’on ‘a donné à ce corfeil, tire fon origine tant.du nombre des confeillers qui y étoïient admis, que de l'importance des matieres qui y étoient traitées ; car il y avoit dès-lors un confeil fecret où étroit, c’eft-à-dire peu nombreux, dans lequel fe traitoient les affaires qui demandoient plus ide fecret. Ge Ms Cette compagnie éft [a feule de fon efpece dans le royaume; elle n’a point de territoire particulier, mais fa jurifdiétion s’etend dans tout le royaume; c’eft'hourquoi fa devife eft wzco umiverfus, | Avant l’établiflement du confeil du Roi dont il fera parlé ci-après, le grand-confti! connoifloit prin- cipalement des affaires d'état, du domaine , & des finances; on y portoit peu d’affaires contentieufes , fi ce n’eft celles qui font de nature à être portées au confeil du Roi, telles que les caflations , les re- glemens de juges, & de toutes les matieres que le Roï évoquoit à foi. . Ce fut dans ce’ tribunal que fe traita en 1302 la queftion de rendre le parlement fédentaire à Paris; & on lit dans Bonfons à l’article du parlement une ordonnance du grañd-confeil à cette fin, qui eft ainf intitulée : CZ ef? l’ordenance du parlement faite par Le grand-con/eil, | b. Le premier établifflement des cours des aides a été fait par ordonnances rendues par le grand con- feil, & la cour des aides de Paris a eu dans fon infti- tution recours, au gramd-confeil pour avoir un regle- ment de difcipline intérieure, ainfi qu’on le voit par les reaiftres du grand-confel. Tout ce qui concernoit la guerre, la marine, l’amirauté, les prifes fur mer, les prifonniers, leur rançon, les lettres d’abolition pour défeétion au fervice du Roi ou pout rébellion, & la réintégras tion des coupables dans leuirs biens & honneurs par la grace du prince ; ce qui avoit rapport aux tailles; au Commerce, tout cela étoit du reflort du grand- confeil : la raifon eft quil y avoit alors peu d’offices particuliers, & notamment qu'il n’y en avoit point pour ces fortes d’affaires, qui fe traitoient alors fom- mairement. L Dans la fuite nos rois inftituerent fucceflivement divers officiers de la couronne & autres, à chacun defquels 1ls attribuerent la direétion de certaines matieres dont le grazd-confel avoit coûtume de con- noître : on attribua à un maréchal de France & au connêtable tout ce qui a rapport au militaire ; les gens des comptes, le grand tréforier de France, & Je grand-maître des eaux & forêts, eurent chacun leur département. Les grands baïllifs qui font devenus par la fuite des officiers ordinaires, étoient appellés au grad- confeil, & y prenoient féance lorfqu’il s’agifloit d’af- faires de leur reflort. | La coûtume où l’of étoit de traiter au grand-con- J'eil les affaires dont la connoiffance futattribuée à ces divers officiers , donna lieu à de fréquentes évo- cations au pgrand-confeil. D'un autre côté, le bouleverfement que les guef- res des Anglois fous le regne de Charles VI. avoit occafonné dansles poffeflions des particuliers, donna CON Ré à une muftitude infinie de démândes qui fufeñt #outes portées au grand-con/feil , & y refterent pout la plûpart indécifes pendant tout le regne de Louis XI. 4 Caufe de l’abfence continuelle des maîtres des requêtes &c autres officiers du confeil, qui étoient OCCUPÉS aux ambaffades & autres commiffions im portantes du dédans & dû dehors du royaume: Toutes ces différéntes affäires dont le grand-con- Sèil étoit furchargé, donnerent lieu aux états aflem: blés à Tours en 1483 à l’avenement de Charles VIII. à la courorine, de demander que le roi eñt auprès de {oi fon grand-confeil de la juftice , atquel prefide- roit le chancelier affifté de certain nombre de nota- bles perfonnages , de divers états & pays, bièn re: nommés & experts au fait de la juftice ; que ces con- feillers prêteroient férment , & feroient raifonnable- ment flipendiés. me, Ce fut ce qui engagea Charles VIIT. quelque tems aprés à établir dans ce cozfeil un corps , cour & col- lége d'officiers en titre ; ce qu'il fit par un édit du AOÛt 1497, par lequel il fut ordonné que le chan- celier préfideroit au grand-confeil, qu'il y feroit af. fifté des maîtres des requêtes ordinaires de l'hôtel : qui y préfideroient en fon abfence felon leur rang d'ancienneté ; & il fut en même tems créé dix-fept confeillers ordinaires , tant d’églife que lays; Charles VIIL. étant décédé le 7 Avril 1498 , Louis XIT. par un édit du 13 Juillet fuivant, confirma l’6- tabliflement du grand-confeil, & augmenta le nom- bre des confeillers d’un prélat & de deux autres con: feillers, ce qui compofoit en tout le nombre de vingt confeillers , qu’il diftribua en deux femeftres. Le grand-confeil ainfi compofé & réformé par Louis XII. continua de connoître de toutes les mê- mes affaires dontil avoit connu auparavant, Son oc: éupation la plus continuelle étoit celle du reglement des cours & des officiers ; il connoiïfloit auffi de tous les dons & brevets du toi, de l’adminiftration de fes domaines , de toutes les matieres qui étoient fous la direétion des grands & principaux officiers, & des affaires tant de juftice que de police de la maifon du Roi, & des officiers de la fuite de la cour: beau coup d’affaires particulieres y étoient auf introdui- tes, foit par le renvoi que le roi lui faifoit des pla: cets qui lui étoient préfentés , foit du confenteiment des parties. | Depuis cé temps nos rois lui ont attribué exclu fivement la connoiffance de plufeurs matieres, pref- que tottes relatives à fa premiere inftitution, Aiïnfi c’eft en vertu de fa premiere deftination que le grand-confeil connoït encore aujourd’hui des con- trariétés & nullités d’arrêts, nonobftant l’établiffez ment qui a été fait depuis du confeil d'état; Cette attribution femble lui avoir été.faite par des lettres patentes de 1531 & de 1537; mais ces lettres ne font que la confirmation de l’ancien ufage, | C’eft relativement à la véritable inftitution du grand-confeil, que la confervation de la jurifdiétion des préfidiaux & des prevôts des maréchaux, qui s’e+ xerce par la voie de reglement de juges, avec les parlemens, lui a été attribuée. ne. Il en eft de même de Pattribution exclufñive des procès concernant les archevêchés, évêchés & ab- bayes, à laquelle donna lieu la réfiftance que le par- lement fit à l’exécution du concordat. Depuis que la nomination de tous les grands bénéfices a êté accor- dée au Roi, le grand-confal a dû connoïître de l’e- xécution de fes brevets : c’eft par la même raïfon qu’il connoît de Pindult du parlement, quieft repar- dé comme étant de ñomination royale; des brevets de joyeux avenernent & de ferment de fidélité; de l'exercice du droit de litige dans la Normandie ; & en général de tous les brevets que le Roi accorde pour des bénéfices, L'attribution CON L'attribution qui lui fut faite par une déclaration du 15 Septembre 1576, de la connoïffance des droits de franc-flefs & nouveaux acquêts , eft une fuite de la part qu'il a pris de toute ancienneté à l adminif- tration & régie des domaines du Roï, aïnfi que l'at- tribution des affaires concernant les droits de tabel- lionage, par déclaration du 7 Août 1 SAS SR Les conteftations pour le payement des dix livres tournois qui font dûes par Les prélats après leur no- shination, celles concernant les oblats, ainfi que là réformation des hôpitaux & maladrertes , ont été at- tribuées au grezd-confeil du chef du grand aumô- “hier. 1e De même toute la police des eaux minérales , &c des brevets pour vendre les remedes > &c de la chi- æurgie 6 barberie, lui ont ete attribués du chef du premier medecin & du premier chirurgien. Le Roi a encore de tout temps employé le grard- confeil pour établir une jurifprudence uniforme dans tout le royaume fur certaines matieres, telles que les ufures, les banqueroutes, les recélés des corps morts des bénéficiers. | C’eft par une raifon à-peu-près femblable que a plüpart des grands ordres ont obtenu le droit d’é- vocation au grand-confeil, afin que le régime & la difcipline de ces grands corps ne 1oit point interver- ti par la diverfité de jutifprudence , & qu'ils ne {oient pas obligés de difperfer leurs membres dans tous les tribunaux Les fecrétaires du Roi ont de tout tems joii du même droit : les tréforiers de France l'ont aufli ob- fenu.. K | | Enfin le grand-confeil a fouvent fuppléé les cours fouveraines pour le jugement de certaines affaires ui en ont été évoquées : on lui attribua méme au mois de Février 1659 tous les procès du teflort du parlement de Dion. Has 18 Il ne feroit pas poffible d’entrer ici dans le détail de toutes les différentes attributions dont le grand: confeil a joui plus ou moins long-tems ; il fufit d’a- voir donné par quelques exemples l'idée de celles qui conviennent à fon inftitution, RE ous On doit feulement encore ajoûter que la jurifdic- tion de la prevôté de l’hôtel y reffortit en matiere civile; & cette attribution fort ancienne, eft en mé- me tems un privilége pour les officiers de la maifon du Roi, la conféquence de fa deftination à connot- tre des matieres qui font fous la direétion des grands &c principaux officiers , &c la preuve de la confiance que les rois ont eue de tout tems en ce tribunal pour les affaires de leur cour & fuite. Le grand-confeil a continué d’être ambulatoire à la fuite de nos rois , & il jouit en conféquence du dtoit d'avoir à fa fuite un marchand & un artifan privilégiés de chaque art &c métier, Il a tenu fes féances à Paris en différens endroits, notamment au Louvre, aux Auguftins, & dans le cloître de S. Germain de l’Auxerrois. | Par un arrêt du confeil d'état du 6 Juillet 1686 , le roi permit aux officiers du grand-confeil d'établir leur {éance en l'hôtel d’Aligre, & d’en pañfer bail aux claufes & conditions qu'ils aviferoient bon être ; il y eut le 17 du même mois des lettres patentes pour la tranflation du grand-confeil, & depuis ce tems il a toujours tenu fes féances en ce lieu. Ce tribunal eft préfentement compofé de M. le chancelier, qui eft le feul chef & préfident né de cette compagnie; d’un confeiller d'état commis par fettres patentes du Roi pour y préfider pendant un an ; de huit maîtres des requêtes , qui font aufli pré- fidens par commiffion pendant quatre années ; il y en a quatre dans chaque femeftre ; les anciens pré- fidens honoraires, dont les offices ont été fuppri- shés, qui ont rang de maitres des requêtes ; les con- Tome IF, CON 9 feillérs d'honneur, dont le nombre n’eft pas fixes mais qui {ont préfentement au nombre de trois ; cin- quante-quatre confeillers qui font diftribués égale ment dans les deux femeftres, & dont deux font en mêmetems grands rappoiteurs & correcteurs des lettres du fcean ; deux avocats généraux, un proc reur général, un greflier en chef, douze fubftituts du procureur séaéral ; un greffier de l’audience , un pour la chambre, un pour les préfentations & afir: Dations , un greffier des dépôts civil & criminel ; cinq fecrétaires du Roi fervans près le grazd-con- Jeil ; un premier huiflier, un tréforier payeur des gages, (rOIS contrôleurs, vingt-trois procureurs ; dix-neuf huifliets ; un medecin &-un chirurgien pour les vifites 8 rapports; un maréchal des logis , un fourrier, un juré trompette, & autres oMciers fubal: tétnes. | Tous ces officiers jotflent de plufients priviléges) notamment de céux de commenfaux de la maïfon du Roi & des officiers des cours fouveraines. les audiences des grand & petit rôle fe tenoient ci-devant le lundi & mardi matin; elles ont été transférées au vendredi & famedi par une déclara: tion du 6 Mars 1738. . | L’audience des placets qui fe tenoit autrefois les jeudis, a été transférée par la même déclaration aux mercredis, Après les grandes audiences qui finiflent à onzé heures , les mêmes juges donnent une audience pour les caufes d’inftruétion. Le lieu deftiné à faire les exécutions des arrêts rendus au grard-conféilen matiere criminelle ; & qui emportent peine affhéive, eft la place de la Croix- du-Trahoir. | … Le Roï adreffe fouvent à cette compagnie fes or- donnances, édits, déclarations, pour y être enre« oiftrés. su | Lorfqu’il s’agit de quelque réception d’officier ; ou de délibérer fur quelque point de difcipline de la compagnie ; les deux femeftres s’aflemblent. Le grand.confeil n’eft point dans l’ufage d’afifter en corps ni par députés aux cérémonies publiques ; maïs il va en députation nombreufe complimenter le Roi, la Reine, & les Princes & Princefles de la famille royale fur les évenemens remarquables , & jetter l’eau-benite à ceux qui font décédés. | Préfidèns. Le chancelier a été de tout tems & eft encore le feul premier préfident du grand-confeil. Suivant l’édit de 1497, 1l devoit être aflifté des maîtres des requêtes, lefquels avoient droit de pré- fider en fon abfence fuivant leur rang d’ancienneté. En l’abfence des maîtres des requêtes, c’étoit le plus ancien confeiller-lai qui préfidoit à l'audience, & le plus ancien confeiller d’églife qui préfidoit au confeil, comme on voit pat un reglement qui fut fait par les confeillers en 1521. Au mois d'Oûtobre 1540 il fit créé un office de préfident au grand-confeil en faveur de Guy de Bref- lay, pour préfider en l’abfence du chancelier: mais par un édit du 6 Mars 1543, cet office futrévoqué , & les maîtres des requêtes rétablis dans leur droit de préfider au grard-confeil, comme ils faifoient au paravant. : Quelque tems après le Roi créa deux offices de préfidens, & le premier Mai 1557 on en créa en+ core deux autres : mais au mois de Septembre 1559 François IL. à fon avenement à la couronne , fuppri- ma les offices de préfidens all grand-confeil , jufqu’à ce qu'ils fuflent réduits au nombre de deux, vaça- tion arrivant par mort ou forfaiture. | L’ordonnance de Blois , arr. 221. les fixa à deux: mais Henri IL. par un édit du 12 Juillet 1586, créa quatre offices de préfidéns au grard-confeil. | En 1610 & en 1634 il y avoit huit LS, êE 10 CON en 1635 on en créa encore deux qui fnrent difpen- dés d’être maîtres des requêtes, comme cela étoit alors néceflaire pour pofléder ces offices de préfi- dens. Mais tous ces offices de préfidens furent depuis fupprimés ; & par édit du mois de Février 1690 il fut créé un office de premier préfident , & huit au- tres offices de préfidens auxquels le roi donna rang -de maîtres des requêtes. ; Les chofes font demeurées dans cet état jufqu'à Pédit de Janvier 1738, qui a encore fupprimé toutes les charges de préfidens, & a établi un confeiller d'état commis pour faire la fonétion de premier pré- fident , en l’abfence de M. le chancelier, pendant un an, & huit maîtres des requêtes pour faire la fonc- tion de préfidens pendant quatre ans. | Phi Les préfidens du grand-confeil ont tohjours été di- ftribués en deux femeftres, dont l’un commence en Janvier & l’autre en Juillet, au lieu que ceux des confeillers commencent en Avril & Otobre. L’habit des préfidens à l’audience en hyver eft la robe de velours , en été la robe de fatin. En la cham- bre du confeil ils portent la robe &7 le chaperon de laine, avec la fimarre &c la ceinture de foie. Conftillers. Anciennement les confeillers au grend. -confeil étoient des officiers des cours fouveraines ou des principaux fiéges , auxquels le roi accordoit des brevets d'honneur, avec entrée au grazd-confeil, Au commencement du quinzieme fiecle le grand- confeil fe trouva chargé de tant d’affaires, que l’on fut obligé d'augmenter le nombre des confeillers : la premiere création d'officiers en titre fous ce nom eft celle de 1497, qui fut de dix-fept confeillers, tant clercs que lais. Louis XII. en confirmant cet établiflement en 1498, augmenta le nombre des confeillers d’un pré- lat & de deux autres confeillers, ce qui faifoit en tout le nombre de vingt, qu’il diftribua en deux {e- meftres ; & il défendit qu’aucuns autres confeillers : de quelque dignité ou condition qu’ils fuflent , en- traflent dorénavant au grand-confeil, même au ju- gement des procès , à moins qu'ils n’y fuflent appel- lés par le chancelier. Le nombre des confeillers fut dans la fuite aug- menté jufqu’à quarante ; on en créa encore quatre en 1547, mais qui furent aufli-tôt fupprimés. L’ordonnance de Blois, art, 221, les réduifit à vingt-quatre. Mais en 1597 on en créa fix, & deux en 1631. 11 y en avoit plus de quarante en 1634; on en créa encore dix en 1635 ; & préfentement le nombre eft de cinquante-quatre. Outre ces cinquante-quatre offices de confeillers k il y a ordinairement plufeurs confeillers d'honneur dont lénombre n’eft pas fixe. Ils fiégent les premiers du côté des préfidens. En l’abfence de M. le chancelier & des autres pré- fidens , c’eft le plus ancien confeiller - lai qui doit préfider à l’audience, & le plus ancien confeiller d’églife qui doit préfider en la chambre du confeil ; comme ïl eft dit dans le reglement fait par les confeillers en 1$21, ce qui fut aufi ordonné par Henri IT. en 1586. Ils font partagés en deux femeftres, dont l’un com mence en Avril & l’autre en Odobre, Leur habit de cérémonie eft la robe de fatin noir. Ils jouiffent de tous les priviléses accordés aux confeillers de cour fouveraine, & ont en outre plu- fieurs droits qui leur font propres : avoir, 1°. Ils ont entrée, féance, & voix délibérative dans toutes Les cours fouveraines : cet ufage n’a ce- pendant plus lieu au parlement de Paris. 2°. Ils peuvent préfider dans tous les préfidiaux où ils fe trouvent. | CON Grands rapporteurs & corretteurs des lettres du fear, Îl y a deux charges, dont l’une exifte de toute an. Cienneté;la feconde a été créée par Henri, au mois de Maï 1552: elles font affedtées aux confeillers dur grand-confeil, Ils ra pportent les lettres au {eau , & anciennement 1ls venoient fouvent au grazd-confeil prendre Pavis de la compagnie fur les affaires qui paroïfloient foufrir quelque difficulté. Avocats généraux. Il ÿ en a deux qui fervent par. femeftre ; maïs depuis 1738 le Roi a donné une dé- claration qui les autorife à Porter la parole hors le tems de leur fervice, le choix des caufes demeurant à celui qui eft de femeftre. Le premier office fut créé en 1522, l’autre du tems d'Henri IL. ce fecond office fut fupprimé en 1583 ; il a dépuis été rétabli, Procureur général, L’édit de 1498 portant confirà mation de l’établiffement du grand-confeil, prouve qu'il ÿ avoit déjà un procureur général : il y fert toute l’année. Comme les avocats généraux n’a- voient la parole chacun que dans leur femeftre > C’é- toit au procureur général à la portér dans celui qui étoit vacant ; mais ordinairement il commettoit pour cette fonétion un de fes fubftituts , comme il fait en- core en cas d’abfence ou autre empêchement des avos Cats généraux, | … Greffier en chef. Xl fut créé par Lonis XII. en 1498% Il ÿ à en outre un greffier de l'audience ; un gref- fier de la chambre, un greffier des préfentations & afirmations, & un greffier des dépôts civil & crimi- nel. Subflituts du procureur général , furent créés pre= mmeérement en 1586 au nombre de huit ; mais ces charges n’ayant pas été alors levées, on les créa de nouveau en 1672. Ils font au nombre de douze , & portent la parole aux audiences en l’abfence ou au- tre empêchement de MM. les avocats généraux4 Voyez ci-devant-Procureur général. | Par une autre déclaration regiftrée le 28 O&tobre 1674, on leur a accordé le titre de confeillers du Roi, fubffiturs , &c. un minot de {el de franc-falé ; & tous les droits & priviléges des officiers du grand confeil, committimus au grand fceau. Ils font recûs au droit annuel fans preft. En l’abfence ou recufation du procureur général, ils fignent les conclufions, & afiftent avec les confeillers du grard-confeil aux def. centes & à toutes inftruétions des procès civils & criminels, auxquelles les fonétions du procureur gé- néral font néceffaires. Secrétaires du Roi. Il ÿ en avoit anciennement deux attachés au grand-confeil, dont lun faifoit la fonétion de greffier. Ils font préfentement au nom- bre de cinq, fans compter le greffier en chef qui doit être fecrétaire du Roi du grand collége. L’un des cinq exiftoit dès l’année 1498 ; Les quatre autres fu- rent créés par édit du mois de Février 1635, confir- mé par un autre édit du mois d’Août 1636, portant qu'ils jouiront des honneurs, prérogatives, droits, privilèges , & exemptions dont les fecrétaires du parlement de Paris joiifent. Premier huiffier , eft aufi ancien que l’établifle: ment du grand-confeil ; il eft en même tems, par le droit de fa charge, le premier des huifiers ordinai- res du Roi en fa grande chancellerie. Pour ce qui eft des autres huifliers , originaire- ment c’étoient les fergens d’armes qui exécutoient les mandemens & arrêts du grand-confeil, En 1513 on créa vingt huifliers fergens ordinaires, qui fu- tent réduits à huit aux états de Blois en 1570. Il y eut encore depuis quelque changement ; car Le 25 Juin 1582 on en créa cinq pour faire le nombre de vingt, outre le premier huifier; on en créa encore quatre en 1635. ls ne font préfentement en tout que dix-neuf , fans compter le premier huiflier. Tréforier payeur des gages , a été établi par l’édit ÿe Charles VIllken 1497.1la trois contrôleurs, dorit les édits de 1628.& 1635 font mention, ainfi que des droits des receveurs des amendes, & payeur des gages du grand-confeil. Avocats au grand-confeil. Les avocats reçùs dans les parlemens plaident & écrivent dans les affares pendantes au grand-confel. Il y a aufli des avocats” qui font recûs. au.grand-confeil, 8 qui en cette qua- lité ont le droit d'exercer dans tous les parlemens & autres cours fouveraines: on lesmet à leur rang fur le rableau\des avocats an parlement, . Procureurs. I] yen avoit au grand-confeil dès 1489, comme 1l paroiït par un reglement du 13 Oûtobre de cette année qui fut fait pour leur réception, portant que les clercs qui auroient fervi dixans les procu- reurs feroient-préférés aux autres. _ Le 8 Avril 1524 le grand confeil leur donna ua flyle , en attendant qu'il y eût été pourvû par le Roi & par M.le chancelier. n'otref cl _ Au mois de Septembre 167o:ils ‘ont été créés en titre d'office au nombre de vingt-trois. | … Sur Le grand confeil., voyez Chopin, de facr. polir. div. LIT. tit. 1j, n. 10. Boerius,,.de awioritate magni confili ; Pafquier,, en fes recherches, div. LI. chap. v]. Loyfel, opufcules. Style du grand confeil de Ducrot. Fontanon, some Î..liv. I, tit. xxig. Joly, tome I. iv. II, tir. üij. 6 aux addit. p. 3141 Biblior. de Bouchel, au mot grand confeils & lerec. des ordonn. de la troif. ConsEIL DU DUC D'ANJOU,,( grand) c'étoit le confail que ce feigneur avoit comme lieutenant de Roi en Languedoc; on voit. dans Le #7 T. tome des or- donnances de la troifieme race, p. 501. des lettres de ce duc d'Anjou au bas. defquelles il-eft dit, par M. de ducen fon-grand'confail., Voÿyez ci-après GRAND ConsEIL. pu ROI. DE PAR-DEcÀ: (4) . CONSEIL. DU, COMTE. D'ÉVREUX CoMTE.DE MELUN, ( grand') c’étoit le confeil de ce eigneur; il.en.eft parlé dansides lettres par lui.don: nées l'an 1320, qui font au {[L.vol, des ordonnances, . page 140. (4) at VE ji - ConsEiL DE MALINES, (grand) voyez CONSEIL DE MALINES. (4) : _ ConSEIL DU ROI DE PAR-DECÀ , (grand ) il pa- | roît que. c’étoit.un détachement du coz/eil ou grand- confeul duiroi Charles F. que-ce prince avoit envoyé pour rendre, juftice. dans les pays qui font au-delà’ de la Loire vers. le feptentrion ; que ce cozféiliétoit. le même dont 1l.eft parlé ci-devant fous le titre de grand confeil du duc d'Anjou, lequel duc étoit heu- tenant général pour le Roi dans les pays de Langue- doc ; que-néanmoins ce n’étoit pas un cozfeil parti" culier du duc d'Anjou; mais un détachement du con- feil du Roi qui. lui étoit donné pour lui aider,à admi- niftrer lajuftice;;puiique Charles Ven parlant de ce confeil dans unmandement du $ Déc, 1367; rappelle une ordonnance.qu'il avoit faite par l’avis des gens |” de zorre grandrconfeil de par-deça. Voyez le Ÿ. tome des ordormances. de la troifeme race, p. 90. (4). CONSEIL DE VALENCIENNES , (grand) voyez. |: ConsEIL DE: VALENCIENNES. (4) CONSEÏL DE GRANDE DIRECTION, voyez ci-. ès aummot CONSEIL DUROt où il éft parlé de la grande direction. (4)... NT Fe ] & 195 ; lorfqu’on y délibere fur ce qui.concerne!la guerre, on dit que le Roïa tenu con/éil de gnerre. Il appelle quelquefois .extraordinatrement dans.ce confeil des maréchaux de France, & autresprincipaux.officiers,. pour SAR NEA Î'yçur même pendant la mi. 34 #: 0 E M à k e , "- jo he PHILIPPE. .ConsEïL, DE)GUERRE. ft de deux efpeces: la : premiereeftle confeil quele Roi tient avec fes mini tres & principaux-confeillèrs fur le-fait de la guerre. Cette matiere {e.traite ordinairement dans le conf&il: d'état où l'on:difeute aufli.d’autres affaires ; mais: C ON 11 forité du Roi une féance particulière dti ‘coz/es! di Roi , établie fous le titre de confeil de guerre, com= pofée de feigneurs & officiers, & du fecrétaire d’é: tat ayant Le département de la guerte ; il y avoit un préfident & un vice-préfident. Ce coAf&il fe tenoit au louvreitrois fois la femaine ; ‘on y traitoit non feulementde la guerre, mais de tout ce qui y avoit rapport &auxtroupes: cecon/ei! ou bureau fut fupz primé au mois d'Oétobre 1718, M L'autre efpece de confeil derguerre eft celui què les officièrs tiennent à l’armée, en garnifon ou quar- tier, foit pour délibérer entr'eux fur le parti qu'ils doivent prendre dans le fervice en quelque rencon- tre difficile , foït pour attaquer ou pour défendre ; oiautrement , foit pour faire quelque aëte de juftice nultaire, comme faire quelque réglement pour là police & la difcipline des troupes, ou pour juger quelque délit militaire. . Les regles étäblies pour l’adminiftration de la jue ‘ flice militaire dans le confeil de guerre, font : Que les officiers ne peuvent tirer de prifon leurs foldats emprifonnés pour quelque excès ou deforz dre, fans la permiflion du gouverneur de la place, ou qu'ils n’ayent été jugés au cor/éil de guerre, fi le cas le requiert. | Dès qu'un foldat eft arrêté prifonnier, 1e fercent major de la place, & en fon abfence, celui qui en fait la fonétion, doit lui faire faire fon procès , fans’ qu'aucun foldat prifonnier pour crime puifle fortir de prifon , quil n'en ait été ordonné par le conf&l de guerre. + . Les jugés ordinaires dés lieux ‘6h les troupes tiennent garnifon, connoiflent de tous crimes & dé: lits qui peuvent être commis dans lefdits lieux par lès gens de guerre, de quélque qualité & nation qu'ils foient, auxquels les habitans dés lieux ou au- tres fujets de S. M. ont intérêt, nonobftant tous privilèges à ce contraires, fans que les officiers des troupes en puiflent connoître en aucune maniere s &t néanmoins les juges ordinaires font tenus d’ap- peller le prevôt des bandes ou du régiment, en cas qul y en ait, pour affiter à l’infiru@ion & au ju- _ gement des procès de tout crime de foldat à habi= tant ;.& s’il n’y a point de prevôt, on doit appeller le fxgent major ou l’aide-major, ou l'officier com= . mandant le corps de la troupe. Les-officiers des troupes connoïffent feulement des crimes ou délits qui fe commettent de {oldat à foldat, à l'égard defquels, s'ils ont été conftitués priônniers, les officiers ne peuvent pas les retirer ou faire retirer des prifons où ils auroïent été mis ; fous prétexte qu'ils doivent connoître de leurs cri- mes ils penvent feulèment requérir les juges de |: l'autorité defquels ils ont été emprifonnés, de les lèur faire:remettre; & en cas de refus, ils doivent fe pourvoir devers Le Ro. Les chefs &c officiers ne peuvent s’affembler pour tenir con/el.de guerre, {ans la permiffion exprefle dx gouverneür ou commandant. 4 | Lorfqu'il s’agit de tenir confei de guerre dans ne pläce pouf la punition des crimes des foldats, où. | pour-empêchér qu'il ne s’en commette à l'avenir. | l’afemblée qui fe fait pour le jugement doit être té= nue dans le logis du gouverneur, & en fon abfencé dans celui du:liéutenant de Roi où commandant em : la place où eft la compagnie dont lé féldat accufé eftmembre. ‘: | Tous les officiers delà garnifon, de quelque corps qu'ils foïent , peuvent aflifter au con/eil de guerre à . &z.le souverneur ou, en fon abfence, le lieutenant : de Roi ou commandant y doit préfider. .S’ilnefe trouve pas dans la place dès officiers _en-nombre fufifant pour le jugement des foldats, iléftipermis au gouverneur; & en fon abfence ; à: B ij 72 C O N ‘celui qui commande d’yappeller lenombre nécef- “aire d'officiers d’infantérie étant dans les garnifons les plus voifines., lefquels font:tenus de s’y rendre dorfqu’ils en font requis. LEA À défaut de nombre fuffifant d'officiers d’infante- “ie , on appelle de-:même des officiers de cavalerie, oit de la place ou des places voifines, lefquels pren- ment leur féance à -sauche de celui qui préfide , & “opinent les premiers, | A défaut d'officiers, le commandant peut adimet- : >] tre dans le-con/eil de guerre des fergens de la garni- #on jufqu'au nombre néceffaire. . S'il s’agit de juger un cavalier, &c qu'il n’y ait | pas aflez d'officiers de cavalerie dans Ia place, les officiers d'infanterie de la place ou des places voi- fines font obligés d’aflifter au confeil de guerre quand : ils en font requis, & ils fiégent & opinent comme al a déjà été dit, La juflice qui fe fait poux les foldats d'infanterie ‘eft exercée au nom du Roi, comme colonel général ‘de l'infanterie ; & pout les cavaliers, elle eft rendue au nom du colonel général de la cavalerie. Les fergens majors des places donnent les con- : clufions néceflaires dans les cozféils de guerre pour : le jugement des procès , préférablement & à l’ex- clufon des fergens majors des régimens. . ss mn F se À x Les jugemens rendus dans le con/feil de guerre, mè- me ceux qui emportent peine de mort, ou autre peine affliéhive., n’emportent point de confifcation ru mème d'infamie. Voyez lecode militaire du baron de Sparre, div. IV, vis, vj. (4) CONSEIL D'EN-HAUT , c'eft le confeil d'érar du 2 \ . L C) - + - |, noître en dernier reflort de Pappel des juges ordi Ro, celui dans lequel on traite des affaires qui re- gardent le corps de l'état, telle que la paix & la : guerre, les alliances, nésociations , &autres ‘affai- res étrangeres : c'eft le même que l’on a d’abord appellé grand confeil, confeil étroit on fécret, enfuite con/eil du cabinet , puis confeil d’en-haur, & préfen- tement cox/eil d'état, Voyez ce qui ef dit de ces confeils . fous chacune de ces différentes dénominations. (4) CONSEIL D'HOSTEL : ce terme fe trouve em- ployé au bas des lettres patentes d'Henri I: du 23 Février 1547, adreflées au parlement de Dombes lors féant à Lyon. Il eft fait mention que dedans le repli de ces lettres étoient ces mots, f£c requiro pro repe, délibéré au confesl d’hétel,C’étoient, comme-on voit, les conclufions du procureur général du par- lement de Dombes qu’il donnoit en fon hôtel. (4) , CONSEIL LAI oz CONSEIL DES Las, étoit le confe! du Roi, lorfqu’il n’étoit compofé que de ba rons &c autres perfonnes non gradués ; car les gra- dués étoient alors ordinairement défignés fous le nom de céerc ; & le terme de Z4i étoit oppofé à celui de clerc ou gradüé ; cette expreflion fe trouve dans des lettres de Charles VL du 11 May 1388, & au- tres lettres & ordonnances poftérieures ; on trouve auf plufieurs lèttres royaux du même tems à la fin defquelles il ya, par /e roi à la relation du confoil des lais, ce que l’on doit entendre dans le même fens. #. le WII. vol. des ordonnances, pages 186. 211, 386.478 & 493 (4) … CONSEIL D'UN LIEUTENANT DE RO ; chaque lieutenant de Roi dans les provinces avoit fon coz- fal:1leneft parlé dans plufieurs ordonnances du confeil du duc d’Anjou lieutenant de Roi en Lan- guedoc: (4) CONSEIL DE LORRAINE, voye CONSEIL DE LUNEVILLE & Conseiz DE Nancy. (4 CowseiL DE LUNEVILLE eft Le confeil d'état & privé des ducs de Lorraine ; il eft ainf appellé , par- ce qu'il fe tient ordinairement à Luneville. Ce cor- Jul, tel qu'il a été établi par le roi Staniflas due de Lorraine & de Bar, par édit du 27 Mai 1737, eft compolé du chancelier garde des fceaux , qui eft CON “Chef des corfeils, de deux confeillets fecrétaites d’£2 tat, & de fix confeillers d'état ordinaires, Les pre- mers préfidens & procureurs généraux de la cour fouveraine de Lorraine & Barrois, & chambre des comptes de Lorraine, les préfident & procureur gé- néral de la chambre des comptes de Bar, ontauff le titre de conféillers d’éras , voix , féancé & rang dans ce confeil, du jour des commiflions qui leur en font expédiées. Ce conféileft divifé en deux féances où départemens, l’une pout le conféi/ d'état; l’autre diftinguée fous le titre de comeil roÿal des finances & du commerce, établi par édit du premier Juin 17372 ce dernier con/éil n’eft compofé que du chancelier &t de quatre confeillers d'état. (4) CONSEIL DE MALINES ox GRAND CONSEIL DE MALINES ; c'étoit dans fonorigine le cor/ei/ dès ducs de Bourgogne qui étoient en même tems comtes de Flandre & d'Artois. Ce confeil'étoit d’abord ambu- latoire près de leurs perfonnes ; en 1385 le duc Phi: Jippe le Hardi créa le comes! de Flandre qu'il établit à Jlle : il attribua la jurifdiétion contentienfe à une partie de ce conful, & à l’autre la connoiffance des comptes de fon domaine, En 14691e duc Jean divifa le confésl de Flandre en deux ; il en laifla uné partie à Lille avec le titre de chambre des comptes ; il établit l’autre à Gand pour y'exercer la jurifdiion con- tentieufe fur toute la Flandre, à la chargé de l’appel au parlement de Paris indiftinétement. Par le traité d'Arras du 10 Décembre 1435, Charles VIT. ayant durant fa vie déchargé le duc Philippe lé Bon de tout hommage, reflort & fouveraineté, le due eri 1455 donna à fon grandiconfeil la faculté de con naires de Flandre & d’Artois , 6c. Le parlement de Patis ne reconnut point cet établiflement. Par le: traité de Peronne du 14 Oftobre 1468 on convint que ce grand-confeil fubffteroit pendant la vie de Charles le Téméraire, & que les vaffaux & ténam2 tiers qui étoiènt du reflort du parlement de Paris À auroient la liberté de fe pourvoir, foit au parlement, foit au grand-confeil de Flandre. 71 Au mois de Décemb: 1473 , Chaïles le Téméraire dernier duc de Bourgogne établit une partie de ce’ grand-confeil à Malines , fous le titre de parlement pour y juger en dernier reflort les appels: de tous les Pays-bas, même de ceux qui étoient du réflort: de France. Ce grand-confèil où parlement fut com-! pofé de trente-cinq membres, y compris le duc & fon chancelier. Ce parlement ne fubffta que jufqu’à la mort de Charles arrivéele $ Janvier 1476. Philippe I. roi d’'Efpagne, par ün placard du 22° Janvier 1503, divifa en deux lé srerd-confeilides’ Pays-bas; ilen mit-une partie à Bruxelles fous le” titre de-confeil privé, & l’autre à Malines fous le. titre de grand-confeil. Les hiftoriens tiennent que ce: fut alors qu'il devint fédentaire, au lieu qu'il avoit été jufque-là ambulatoire, Ces deux jurifdiions' ont chacune à leur égard exercé leur fupériorité fut lArtois, tandis qu'il a été foumis à la maifon d’Au- triche, Les ftyles du parlement ou grand-confelde Malines font mêmes regiftrés au confel provincial d'Artois. (4) EEE PET LAS Le ConSEïz DE LA MARÉE étoit une affemblée’ compofée de plufeurs perfonnes choïfiés pour avoir l’infpeétion fur le commerce du porfôn de mer, du tems de faint Louis. Ce confeil étroit Compofé du pre-! vôt de Paris & de quatre jurésou prudhommes, dont: l’éleétion fe faïfoit tous les ans devant le prevôt de’ Paris ; il recevoit leur ferment: c’étoit à fon: tribu nal qu’ils faifoient leur rapport des contraventions." Il étoit très-étroitement défendu à toutes perfonnes de les troubler ou de leur dire des injures dans le | xercice de leurs fonétions:, & ils éroient fous la pro: teétion.&r fauve-parde du Roi & du parlement pen - i e à Sie à g dant l’année de leur jurande. On leur aëcordoit la moitié des amendes prononcées fur leurs rapports, & 1ls étoient exempts du fervice du guet de nuit que les bourgeois faifoient en ce tems-là. Le nombre de ces jurés Ou prudhommes fut depuis augmenté juf- qu'à fix ; on les choïfifloit parmi les marchands de poiflon les plus ‘eftimés pour leur probité. Le roi Jean par fon ordonnance du 30 Janvier 1550, y J01- ‘nit le procureur du Roi du châtelet, les jurés-ven- deuts, & ceux des plus notables habitans que le prevôt de Paris jugeroit à propos d'y appeller. Le commerce de la marée ayant été interrompu pen- dant la guerre, le roi Jean par des lettres ‘du mois d'Avril 1361, ordonna au prevôt de Paris confer- vateur & gardien du commerce de la marée, de pour- voir à ce qui feroit néceflaire pour le maintenir ; le prevôt de Paris permit en conféquence ‘aux mä- œhands & voïturiers depoiflon de mer de s’afñlem: ‘bler pour prendre avec leur conféil toutes les'mefu- ses néceflaires pour la police de leur commérce êc a ‘manutention de leurs priviléges. L’aflemblée fe fit le 19 Novembre 1363 ; les marchands nomme- ent douze d’entr'eux, dont le prevôt de Paris en chorfit quatre , deux de Picardie & deux de Normarni- “die : ces élus'choifirent enfuite pour leur cor/éil qua- tre des plus célebres avocats de ce tems-là, ce qui ‘fut confirmé par des lettres patentes du 23 Avril 1364. L'un de ces quatre avocats qui étoit Guillau- ‘me de Saint-Romain ayant été pourvü de l’office dë p'ocureur général au parlement ; Charles V. fubro- ‘gea en fa place au confeil de la marée M° Etienne dé Mareuil, par des lettres patentes du 28 Juin 1364. ÆLes régleimens qui font au 1. volume des métiers de a ville de Paris, portent que les quatre élus prête- oient ferment en préfencé des commiflaires du par- lement, du prevôt de Paris & de fon lieutenant ; ‘qu'ils s’informerôient foigneufemient des torts & griefs qui pourroïent être faits aux marchands fo- ans ou voituriérs, pour Le faire favoir en diligence “au confervateur &c au con/ferl de la marée. Il y eff dit auf qu’ôutre les quatre élus, il y au- ‘roit pour le cozferl de la marchandife trois avocats ‘& ‘un procureur de la cour, qui fe nommeroit le iprocureur général de la marchandife de poiffon de mér, deux aYocats & un procureur au châtelet; leurs #on@tions & droits y font expliqués. | . C'’étoit alors Les plus notables habitans des vil- les maritimes qui frettorent des vaifleaux pour la pêche, & faifôient le commerce de la marée ; mais depuis que ce népôce n'a plus été exercé que par de fmples voituriers connus fous le nom de chaffe- marée , l'ufage du confeil de la marée s’eft infenfible- ment aboh. Les jurés prudhommes n’ont plus d’au- tré foin, que de vifiter les maifons où fe font les trempis pour en empêcher les falfifications , & au- trés abus préjudiciables à la fanté, & de vifiter les marchés les jours des dimanches & fêtes qui ar- rivent en carême , pour y interdite le commerce des falines. Le furplus de la police fur le commerce de marée & fur les officiers qui y font prépofés, appartient aux commuflaires de la marée & au pte: vôt de Paris. Voyez l'article CHAMBRE DE LA MARÉE &c le. traité de la police, tome III, Liv, V., chap. j. (4) TS | _ CONSEIL DE MARINE, étoit uné féance particu- liere du cofeil du Roi, dans laquelle on traitoit de toutes les affaires qui concernoient la marine, On voit que dès 1608 1l y avoit un cozfeil pour {a Marine, comme il paroît par un arrêt du cofeil d'état, du 19 Janvier 1608 , rendu par le roi étant en fon conferl , concernant le fait de la marine, Foy. Fontanon , tom. IV. p. GG. | . Après que Ja charge d’amiral eut été fupprimée en 1626 , il fut établi un come dé Marine qui fe te- CON 13 hoit chez M, le chancelier : il en eft fait fnention dans lAiffoire du Confeil par Guillard, p. 88, il fut fupprimé en 1669 lorfque la charge d’amiral fut ré tablie. . ‘Pendant la minorité du Roi il fut éncoré établi ‘un conjfeil de marine, par ordonnance du 3 Novem- bre 1715. La forme de ce conf fut changée par deux aus tres ordonnances des 11 Juillet 1716 & 31 Août 1720. _ Suivant [e dérniér de ces reglemens, ‘ce confe] fe tenoit deux fois la femaine , & même plus fouvent s’il étoit néceflaire, Il étoit compoté du conite de Touloufe amiral; du maréchal d’'Eftrées qui avoit la qualité de préfi- ‘dent du confel, de plufñéurs feigneurs officiers de marine &c autres, & dé quelques magiftrats, _ Tlétoit chargé, 1°, de tout ce qui concerrioit Iæ marine du Levant & du Ponant , les galeres, les confulats , les colonies, pays & conceffions des In: des orientales &'occidentalés & d'Afrique, les for: tifications des places maritimes , la conftrudtion, ‘entretien & réparations des arfenaux, ‘quais, for- mes, baflins ,'éclufes, jettées & batteries, pour la ‘confervation, l'entrée & la défenfe des ports & ra des, & l'entretien des corps-de-garde dans les Capi- taneries-parde-côtes. 2°, De linfpedion für lès fégocians qui compo- ent én chaque échelle le corps de la nation entout ce qui ne regardoit point le détail de leur commerce. 3°. De maintenir lespriviléges des négocians fous la banniere de France, de réprimer les abus du pa- villon &z les fraudes de ceux qui prêtent leur nomt aux étrangers, 4°. Dé la diré&tion des compagnies dés Indes orientales du Sénégal &c autres pour tout ce qui re- gardoit la guerre & les établiflemens où il y a des ‘troupes &c des commandans. .-ÿ°. Du foin de faciliter aux vaiffeaux marchands les fecours dont 1ls auroïent befoïn dans les pays étrangers, & de faire ceffler les troubles & les obf= tacles qu'ils y pourroient recevoir par des faifies ow ‘autres empêchemens dans leur navigation, ‘6°, Il devoit propofér l’expédition des ordres né- ceffaires pour ouvrir & fermer les ports, & de ceux pour l’envoi des efcadres ou efcortes deftinées à læ protetion di commerce & à la füreté des côtes & desbâtimens marchands ; & les ordres expédiés pour ouvrir & fermer les ports devoient être envoyés par le confeil de marine aux Commandans, intendans & ordonnateurs des ports, & par l’anural aux off= ciers dé l’anurauté. | an 17°. [létoitauffi chargé des négociations & traites avec les puiflances d'Alger , de Tunis, de Tripoli, & avec le roi de Maroc ; du rachat & de l'échange des efclaves, & de la prote@ion des faints eux de Jérufalem, u de . Les mémoirés èn forme d’inftruéion concernant la matine pour les ambaffadeurs & envoyés , de- voient être donnés par ce confe! , & portés par le comte de Touloufe au confei! de régence ; & après ÿ avoir été approuvés, ils étoiént communiqués au fécrétaired'état ayant le départément des affaires étrangeres, DE | | Les marchés pour les fournitures générales & par: ticulieres de là marine fe faifoient à ce confel; ou sil convenoit de faire quelqué marché dans les ports, il devoit être approuvé par le confeil. Les comptes de recette & dépenfe des iñvalides dé là marine, y étoient arrêtés chaque année. Les affaires étant délibérées dans le confe!, lé comte de Touloufe devoit recueillir lès voix. S'il y avoit partage, la fienne étoit prépondérante, de mêx 2 ° à u = à ; 2 me qu'en {on abfénce celle du préfident , & en Pah= r T4 CON fence du préfident-celle du confeiller qui avoït pré- fidé. | Le comte de Touloufe devoit fe rendre aux jours ordonnés chez le régent, pour lui rendre compte des affaires fur lefquelles ilétoit néceffaire de recevoir fes ordres. | Lorfqu’il y en avoit qui në concernoiïent que les galeres, le.comte de Touloufe en avertifloit le che- valier d'Orléans général des galeres, qui fe rendoit avec lui chez le régent , & y faifoit le rapport. Le comte de Touloufe rapportoit au con/erl de régence les affaires qui devoient y être rapportées, avec les déliberations du con/eil de Marine fur chaque affaire. Il-pouvoit néanmoins, quand il le jugeoit à- propos, propofer au régent d’appeller au coz/e! de régence le maître des requêtes confeiller au corei de marine, pout y faire le rapport des affaires qui lui avoient été diftribuées. Les dépêches & autres expéditions faites au nom du coneil étoient fignées .par le comte de Touloufe feul, à l'exception de celles concernant le fervice des galeres, qui étoient fignées conjointement par lui & par le général des galeres, & de celles con- cernant les fortifications des places maritimes , qui étoient auf fignées conjointement par lui & par le marquis d’Asfeld qui étoit aufli de ce.cor/el. ‘Tel étoit le dernier état de ce confeil juiqu'au mois de Mars 1723, que les fonétions de fecrétaire d'état de la marine furent rétablies en faveur du comte de Morville. comme elles étoient à-la fin:du repne-de Louis XIV, au moyen de quoi le con/&il de. marine fut fupprimé. Voyez ci-après CONSEIL DES PRISES €& MARINE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT. (4) CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MARTINIQUE, eft le tribunal fouverain de.cette île; il réfide au Fort- Royal. Il eft compofé du gouverneur général des îles Françoifes, de l’intendant,, du gouverneur par- ticulier de la Martinique, de douze confeillers, un procureur sénéral, & deux lieutenans de Roi, qui y ont voix deliberative. ere 1 ER Ce conjeil s’aflerable tous les deux mois, &c juge en dernier reflort toutes les caufes qui y font por. tées directement , & les appels des fentences du ju- ge royal & de fes lieutenans, Le gouverneur général y préfide ; & en fon ab- {ence, l’intendant où le plus ancien des confeiilers recueille les voix & prononce. | Les places de conieiller n°y font point vénales ; les confeillérs n’ont point de gages, mais feulement . quelques émolumens pour leufs vacations,, &r le pri- vilége de la nobleffe pour ceux qui meurent dans exercice de ces places, ou qui après 20 ans d’exer- cice obtiennent des lettres d’honoraire. (4), . | CONSEIL SOUVERAIN DE NANCY, fut établi par édit du mois d'O&tobre 1635 ; on lui attribua la mê- me jurifdiéion qu’ayoit le parlement de S. Mihiel, lequel fut alors fupprimé. Ce con/l tient lieu de parlement pour la Lorraine; c’eft pourquoi on l’ap- pelle préfentement la cour fouveraine de Nancy, pour diftinguer ce tribunal du con/erl d’étar, qui fe tient ordinairement à Luneville. Voyez CONSEIL DE Lu- NEVILLE ; Voyez Joly, des Offices de France, tom. I. aux additions PRE. (4) CONSEIL DE PERPIGNAN. Voyez ci-après CON- SEIL DE ROUSSILLON: (4-) RS Abe CONSEIL (petit), eft un nom que l’on a quel- quefois donné au corf&il privé du Roi, que l’on ap- pelloit aufh fouvent ésroit confeil ou confel Jecret ; & ce-qui paroîtroit plus fingulier, c’eft que ce confeil eft auffi.le même que l’on appelloit grand confeil : on l’appelloit pers par oppoñtion au confeil commun, quétoit plus nombreux, étant compolé des gens du confeil, des gens du parlement, de ceux de la cham- bre des comptes & autres qui y étoient appellés : CON -6n lappella enfuite grand par excellence & pour matquer fa fupériorité. Voyez Le craité dela Pairie, p.104: où il eft dit que le coz/ëi! du Roi appellé le grand &t le petit conferl fe forma prefqu’aufli-tôt que le parlement de Paris fut rendu fédentaire. Jhid. p. 113. & 114.1] dit que ce confeil'eft appellé confeil étroit dans le livre Croix de la chambre des comptes. (4) | CONSEIL DE PETITE DIRECTION. Voyez ci-après. au mot CONSEIL DU RO, la fubdivifion qui traite de la petite direétion. (4) | CONSEIL DE PIGNEROL, qui étoit d’abord fou verain, fut confirmé fur ce pié par un édit de Louis XIV, du mois de Novembre 1643, portant création d’un office de préfident garde des fceanx, quatre of. fices de confeillers, un procureur général du Roi & autres officiers. Depuis par un édit du mois d’Août 1683, 1l fut ordonné que l’appel des jugemens ren- dus par.ce con/erl feroit porté au parlement de Gre- noble.: mais par un édit du mois de Mars 1694, ce confeil fut rétabli fur le pié de confesl fouverair pour juger conformément à l’édit de 1643. La ville de Pignerol ayant été rendue au duc de Savoie en exé- cution du traité de 1696, ce confeil eft devenu un tribunal étranger pour la France. (4) CONSEIL POLITIQUE, c’eft le nom que l’on don- ne dans quelques villes de Languedoc aux officiers qui compofent le corps de ville. Il y a un confec! de cette efpece à Lufgnan; il en eft fait mention dans un arrêt du con/eil d'état du Roi du 17 O&tobre 1733, qui cafe un arrêt de la cour des aides de Montpel- lier au fujet de la nomination de ce confeil polirique de la communauté de Lufignan, & confirme lor- donnance rendue à ce fujet par l’intendant. Voyez Conseil DE VILLE & CORPS DE VILLE, MAIRE G ÉCHEVINS, PREVÔT DES MAR CHANDS € ÉCHE- vins, CAPiTOULS, JURATS, SyNDics, CONSULS,! BAILE. (4) CONSEILS DES PRINCES DU SANG, font des afemblées compofées de certains officiers de leur, maifon.êc finances. Le droit d’avoir un confel en titre n'appartient. qu'aux enfans & petits-enfans de France, & au premier prince du fang, qui ont une maïfon cou- chée fur l’état du Roi. | Le confeil des princes qui ont un apanage, eft com. pofé d’un chancelier garde des fceaux, qui eft chef du confeil, d’un furintendant des maifons, domaines. & finances, quelquefois cette fonétion de furinten-. dant eft unie à celle de chancelier ; deux fecrétaires des commandemens & du cabinet, un contrôleur général des finances, deux intendans des finances un tréforier, plufñeurs confeillers , 1l y en a ordi- nairement quatre ou-Cinq; deux fecrétaires du coz-. Jeil qui fervent par femeftres , un audiencier garde des rôles de la chancellerie, un chauffe-cire , deux. agens des affaires, & deuxhuifliers fervans par{e< HS RIRE BAR ETC | | - C’eft dans ce con/eil que l’on fait toutes les déli= berations & expéditions néceffaires pour l’apana- ge, comme les provifions & commiffons d'officiers, . . l’adjudication des baux des terres, maïfons & autres, biens... : F1 à | ” Ce conjeil eft ordinairement appellé le confeil des 3 , Û >. te « . m3 : finances , pour.le diftinguer du cozfei/ particulier qui : fe tient pour les affaires contentieufes que le prince. peut avoir. Les officiers dé ce confeil des finances, Ë E .) 2 L1#8:9 Lg: L »1 ont pour cette fonction un brevet figné du prince, & prêtent ferment entre les mains de fon chance-, . lier, s’il en a un, finon entre les mains du furin . tendant des finances. Ne + ‘UT | Les princefles douairierés des princes qui avoient,. ; un apanage, ont aufi un coz/ei/ our leur maïfon & finançés ; mais elles n'ont point de chancelier, +3} CON parce qu’elles n’ont point d’apanage. Leur confa? | eft compofé d’un chef du conf&/, un fecrétaire des commandemens , deux confeillers, un tréforier des maïfon & finances, deux agens des affaires, & un fecrétaire du con/éil. On délibere dans ce conferl fur tout ce qui con- terne les maïfon & finances de la princefle. Ces confeils des princes & princeffes du fang ; qu'on appelle ordinairement confeil des finances, font des déliberations, des réfultats &c des décifions ; 1ls don- nent des mandemens & font diverfes expéditions ; mais ils ne rendent aucun jugement & n'ont point de jurifdiétion. (4) Conseil DES PRISES , eft nne comnuffion ex- traordinaire que le Roï établit en tems de guerre près de l'amiral , pour juger en premiere inftance les prifés qui font faites en mer fur les ennemis , {oi par les vaifleaux du Roi, foit par les vaifleaux de fes fujets qui ont commiflion pour armer en. gourfe. Cette commiffion eft compofée de l'amiral, qui en eft le chef & chez qui elle fe tient, de neuf ou dix confeillers d'état, quatre ou cinq maïîtres des requêtes, un fecrétaire général de la marine qui a voix déliberative dans ce conf&il, un greffier, & au- tres officiers néceflaires. Les ordonnances ont toujours attribué à l’amiral la connoiflance des prifes ; mais anciennement c’é- toit en la jurifdiétion de l’amirauté que les prifes étoient jugées. 200 Dans la fuite où a établi en divers tems üne com- mifion appellée cor/eil des prifes, pour connoître de ces fortes de matieres. | | Le plus ancien réglement que j’aye trouvé qui concerne le confeil des prifes, ce font des lettres pa- tentes du 20 Décembre 1659, portant que le cozfeil des prifes téglera le falaie des officiers de l’amiranté. La minorité du comte de Vermandois amiral de ! France, donna lieu d'établir en 1672 une commuf- | fion du confél, où les prifes étoient jugées fouve- raïnement, & les arrêts expédiés au nom du roi. Cette commifion ceffa lorfque M. le comte de Tou- : loufe amiral de France, fut par fa majorité rétabli dans le droit de juger les prifes. L’ordonnance de la marine du mois d’Aoùt 1687 ne fait cependant point mention du cor/eil des prifes, quoiqu’elle contienne un titre exprès des prifes. Cette matiere y eft traitée comme étant de la com- pétence des officiers de l’'amirauté. Le confeil des prifes fut rétabli en 169%, & il fut | fait le 9 Mats un réglement, qui eft le premier que l’on trouve avoir donné une forme certaine à cette commiflion. Il eft dit dans le préambule de ce réglement, que la minorité du comte de Vermandois , & enfuite celle du comte de Touloufe , avoient fufpendu juf- qu’à fa réception une partie des fonétions les plus hoñorables atrachées à la charge d’amiral au fujet des prifes qui fe font en mer; que le Roi defirant maintenir l’amiral de France dans fon ancienne ju- _rifdiéion, vû que le comte de Touloufe étoit alors en âge de l'exercer par lui-même, s'étoit fait repre- {enter les ordonnances tant ancienñes que nouvel- les, arrêts &c réglemens rendus fur la maniere d’inf- truite & de juger les prifes; & en conféquence il fait un nouveau réglement dont voici la fubftance. - Il eft dit que les prifes feront jugées par des or- donnances qui feront rendues par l'amiral & par les commiflaires qui feront choïfis & nommés de nou- veau par S. M. pour tenir confeil près de l'amiral, fans qu'il y ait un procureur pour S.M. dans cette commifion. … Les commiflaires doivent s’aflembler à cet effet dans la maïfon de l'amiral, foit qu'il foit préfent ou CON 15 abfent, aux jouts & heures par lui indiqués. | L'amiral préfide à ce conferl, & en cas de partage d'opinions fa voix doit prévaloir, Îl difiribue les procès & requêtes à ceux des com: miffaires qu’il juge à-propos, & en fon abfencé le plus ancien des commiflaires préfide & diftribue comme lu. L’amiral 8 les commifaires connoïffent auffi des partages des prifes &c de tout ce qui leur eïft inci2 dent, même des échouemens des vaifleaux ennes MIS Qui arriveront pendant la guerre. Si l'amiral & les commiflaites ordonnent quels que eflimatiôn ou Kquidation par experts , ils dois veñt commettre les officiers de l’amirauté pour don: ner leur avis. Toutes les requêtes font adreflées à l’amiral feul x les ordonnances font intitulées de fonnom & fignées de lui &c des commiffaires , de maniere que la figna- ture de l'amiral eft feule fur la premiere colonne & toutes les autres fignatures font fur la feconde ; & en fon abfence les ordonnances font fignées de és me, & toijours intitulées de fon nom. | Les inftruétions qui concernent les échouemeng ou les prifes, partagé d’icelles, ciréonftances & dé- pendances,doivent être faites par les officiers de l’ac mirauté dans le reflort defquels elles font amenées, fans néanmoins qu'ils puiffent les juger: ils peuvent feulement, pour les prifes qui font conftamment en: nemies, faire vendre judiciairement les marchandi- fes & cargaïfon pour en empêcher Le dépériflement & prévenir la diminution du prix. L'appel des ordonnancés rendues au confeil des priles et porté &c jugé au confeil royal dés finances, où l'amiral afifte & prend le rang que fa naïflance & fa charge lui donnent. Le fecrétaire d'état ayant le dépaïtement de 1a marine, rapporte feul dans le con/éil royal les affai- res qui s’y portent par appel du autrement, & les oppofñtions oautres incidens qui peuvent furve- nir ; & les arrêts qui interviennent fur ces matieres font expédiés en commandement par Le même fecré: taire d'état. Le confeil des prifes fat continué par un arrêt du confeil d'état du 12 Mai 1702, qui rappelle le régle: ment de 169$, & 1l eft dit que S. M. ayant été fa tisfaite des fervices rendus par les commiffaires qui furent alors nommés pendant le cours de la précé- dente guerre, elle eftimoit néceflaire de les conti= nue pour lé jugement des affaires que la conjonc- ture lors préfente pouvoït faire naître ; & en confé: _quence cet arrèt ordonne l'exécution du réglement de 169% & des arrêts & réglemens réndus depuis fur le fait des prifes. Tufqw'alors c’étoit le fecrétaire général de la mas rine qui expédioit les ordonnances données par las miral & pat les commiflaires : il fignoït aufli les ex- péditions qui en étoient délivrées aux partiès mais par ün arrêt du confeil d'état, du 13 Août 1707, 1l fut ordonné que le fecrétaire général de la Marine auroit à l’avenir féance & voix déliberative dans Les affemblées qui fe tiendroient pour juger les prifes 3 & le roi nomma un greffier de l’aflemblée pour dref fer en cette qualité les ordonnances , en figner les expéditions en parchemin, & faire toutes les fonc= tions néceflaires , fans avoir néanmoïns entrée n# féance dans cétte affemblée. Il fut auf ordonné que éhacun des commiüflaires écriroit dorénavant de fa main tout ce qui feroit jugé fur chacune des affaires dont il auroit fait le rapport, le roi dérogeant à cet égard au réglement de 1695. Ce - La guerre ayant été déclarée à lEfpagne aw mois de Janvier 17109, le Roï voulant pourvoir à l’inftruétion & au jugement des prifes qui pourfoient être fartes fur les Efpagnols ; fit un réglement le 12 16 CON ta Févrièr fivant pour l’établiflement du conféil des Prifes. Ce réglement eft aflez conforme aux précédens ; ilordonne feulément de plus que fi les commiffaires font partagés en l’abfence de l'amiral, l'affaire lui {era rapportée au confeil fuivant, & qu’en cas de voyage ou de maladie elle {eroit portée au,corferl de révence qui fubfiftoit alors, pour y être fait droit comme fur les appels ; enfin il étoit dit que les ap- pellations des ordonnances du conftil des prifes {e- roient rapportées au cozfel de régence par ceux des commiflaires du confeil des prifes qui avoient entrée au confeil de régence. IL y eut le 3 Novembre 1733 un nouveau réple- ment pour l’établifiement du confeil des prifes, à oc- cafon de la guerre déclarée à l’empereur le 10 Oc- tobre précédent. Ce réglement eft en tout point con- forme aux précédens, fi ce n’eft qu'au lieu de porter les appels au confeil de régence comme il étoit dit par le dernier réglement, al eft dit par celui-ci que les appels feront portés & jugés au coz/éil royal des finances où l’amiral afiftera , comme il eft dit par le réglement de 1695. . Enfin le Roï ayant déclaré la guerre le 15 Mars 2744 au roi d'Angleterre éleéteur d’Hanovre, fit un réglement le 22 Avril de ladite année pour l’établif- fement du confeil des prifes, qui rappelle tous les précédens réglemens à partir de celui de 1695, & eft conforme à celui de 1733: Préfentement ce confeil ne fubfifte plus au moyen de la paix, qui eft rétablie entre les puiflances de lEurope. Voyez; AMIRAL, AMIRAUTÉ, CONSEIL DE MARINE , & MARINE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT POUR LA MARINE. (4) CoNSEIL PROVINCIAL, eftune jurifdiéion royale établie dans la principale ville d’une province, pour juger les appellations de tous les juges royaux infé- rieurs. Ces fortes defcon/eils font ainfi appellés pour les diftinguer des confeils fouvergins ou fupé- rieurs, qui jugent en dernier reflort & fans appel; au lieu que les con/éils provinciaux ne jugent qu’à la charge de lappel au parlement ou confeil fouve- rain dans le xeflort duquel ils font établis, Néan- moins le confeil d'Artois rend des arrêts en certai- nes matieres. Voyez CONSEIL D’ARTOIS. (4) ConsEIL DES QUARANTE, étoit une aflemblée établie à Paris par le duc de Mayenne nommé par la ligue lieutenant général du royaume, pour délibé- ter fur la police générale : il voulut montrer par-là que fon intention n’étoit pas d'entreprendre rien de lui-même. Cette afflemblée étoit compofée de per- {onnes de divers états; elle députa deux confeillers au parlement pour aller faire une vifite chez Molan tréforier de l’épargne , où l’on trouva caché plus de cent quatre-vingts mille écus , fomme confide- ble, furtont pour ce tems-là. Voyez Les letres de Pafquier, dv. XIII. lert, 9. (A) ConsEiz DE QUEBEC, eft le tribunal fouverain du Canada réfident à Quebec. Il eft compoté de douze confeillers de capa y de fpada, ce que nous ap- pellons confeillers d'épée. L’intendant prétend avoir le droit d'y préfider ; mais le gouverneur y prend auf féance, de maniere qu’étant tous deux face-à- face, & ayant tous deux les juges à leurs côtés, ils femblent également y préfider, Il n’y a ni avocats ni procureurs , chacun a la liberté d’y plaider fa çaufe ; & 1l n’en coûte aux parties, n1 frais ni épi- ces, les juges étant penfionnés du roi. (4) CONSEIL DE RAISON, étoit une efpece de con- feil des finances, ou plütôt de réformation des f- nances , qui fut établi fous Henri IV. en 1596. Il en eft parlé dans les Mémoires de Sully, some III, mais ce confeil ne fubffta pas long-tems. (4) ConsEIL DE RÉGENCE, eft un confe1l d'état que Ponétablit pendant la minorité du prince, pour aïi der le régent ou la régente du royaume dans dada minifiration des affaires d'état, tant du dedans que du dehors. L’établiffement de ces fortes de confeils eft fort ancien. En effet on voit que Philippe Ii. ayant nommé er Décembre 1271 Pierre de France comte d'Alençon pour tuteur de fes enfans & régent du royaume, voulut que du cor/éil du royaume fuflent les évêques de Langres & de Bayeux, les archidiacres de Du- nois en l’églife de Chartres & de Bayeux, Jean d'A: cre bouteiller de France , Erard fieur de Valery chambrier de France, connétable de Champagne , Ymbert de Beaujeu connétable de France, Simon de Nefle, Julien de Peronne & Geoffroide Villette che: valers, Jean Sarrazin & Pierre de la Broffe, avec ceux que le comte d'Alençon, ou celtide Blois après lui, voudroient appeller. ACT ni Charles V. voulant pareïllement pourvoir à [æ confervation de l’état, en cas qu'il décédât avant la majorité de fon fils qu’il venoit de fixer à 14 ans,nom- ma au mois d'Oûtobre 1374 la reine Jeanne fa fem- me tutrice principale, gouvernante & garde dé leurs enfans &t du royaume, avec Philippe duc de Bourgo- gene fon frere, & Louis duc de Bourbon frere de fa femme, & leur donna pour confeil les archevêques grands officiers &t feigneurs dénommés dans la lifté qu'il en fit, où il comprit deux préfidens & deux confeillers au parlement, quatre maîtres des compa tes, un général des aides , M° Jean Day avocat, & fix bourgeois de la ville de Paris , tels que la reiné & les tuteurs choifiroient. 2 Cet exemple fut fuivi par Charles VI. en 1302; & par Louis XIT, en 1505. DE, Après la mort de Louis XIV. arrivée en 171$ , if fut établi un con/eil de régence pendant la minorité ds Roi, compofé de M. le duc d'Orléans régent du royaume, de plufeurs autres princes du fang, de M. le chancelier , plufieurs autres feigneurs, un évê- que, & un fecrétaire d'état : ce confeil avoit infpec- tion fur tous les autres confeils particuliers qui fu- rent établis en même tems, tels que le confeil de confcience, le confeil des affaires étrangéres, celux de guerre, celui des finances, le confeil du dedans du royaume, celui de la Marine, & celui du Com merce. Le confeil de révence ceffa à la majorité du Roi, arrivée le 15 Février 1724. Voyez Dutillet, chap. des régences , © l’hiff, du confeil par Guillard , p. 31. (4y ConseiL DE LA REINE, n’eft pas un tribunal comme celui du Roi, mais feulement un confeif œconomique & d’adminiftration pour la maifon &c finances de la Reine. Il eft compofé du chancelier de la Reine, du furintendant des finances , des fecré- taires des commandemens, maifon & finances, du procureur général & de l’avocat général, des fecré- taires du confeil , & autres officiers néceflaires, La reine Jeanne veuve de Philippe V. dans des lettres par elle données le ro Février 1367, parle d’une in- formation vûe par les gens de fon con/ëi! en {on hô: tel, à bonne & mûre délibération, & qu’elle avoit eu avis avec eux fur cela. Voyez Le VT, tome des or= donn. p. 472. 6 CHANCELIER DE LA REINE. (AY CONSEIL DES RETENTIONS, eft un confeil établ£ dans l’ordre de Malthe pour regler provifoirement les affaires qui n’ont pà être terminées dans le cha pitre général. Voyez l’hift, de Malthe par M. l'abbéde Vertot, come V. p. 368. de l’édir. in-12. (4) , Conseiz DE ROUSSILLON, eft un conteil fouve- rain établi à Perpignan capitale de cette province Avant que ce cozferl füt érigé comme il eft préfente- ment, il y avoit à Perpignan un confeil royal partis culier qui avoit été inftitué parles rois d'Efpagne, auxquels appartenoiït alors le Rouflillon, L’établif, fement fement-de re conféil-de la part dela France'eft de 1642, tems oùle-Rouffillon fut réuni à la couronne Cependant k.ne. reçut: fa perfection! qu'en 1 660; après la paix dés Pyrenées.conclue en 1659, Il eit compolé d’un premier préfidents de. deux autres préfidens deux comeillers.d'honneur , d'un com- miflaire-clerc,& de fx laics., deux avocats géneratix &un procureur-général, Le gouverneur de Ja pro- vince, &c.en {om abfence le lieutenant général qui y commande, eft.droit d’aflifter ,ceco//t1/, Time: me d'y préfider. Son reflort comprend. la viguerie du Rouflillon,-celle de Conflans, celles de Capfir ê Gerdaigne qui {ont unies enfemble ) êc dont le fiège eft à Montlouis. Par une déclaration.du 7 Décembre 1688, le roi unità ce confeil le confiftoite de fon do- maine dans. le-pays de Rouffllon : c'eft de-là que ce caufeila deux fortes de fonétions ; la premiere eft de juger par appel & fouverarnement toutes les affaires civiles & criminelles qui y. font portées, en quoi ce confeil eft femblable à toutes les autres cours {upé- rieures du royaume ; l’autre fon&ion de ce confeil eft de connoître. en premiere inftance, par députés ou commiflaires, des aflaires qui concernent le do- maine du Roi: ce font le procureur général &e les deux avocats généraux, avec deux préfidens &c confeillers à tour.de rôle , qui font juges de ces ma- tieres ; le préfident ou confealler qu fe trouve de fervice.en cette jurifdi@ion,, prend alors la qualité de confeiller du domaine. L'appel de leurs jugemens eft porté au confeil fouverain, devant les, autres juges qui n'en ont pas connu en premiere inftan- ce. Voyez Le.mémoire dreffé er 1710 pour la généra- lité de Perpignan , par ordre de M. le duc de Bourgo- one (Aime à « DRE Conserz ou Ror, eft l’affemblée de ceux que le Roi juge à propos d’appeller auprès de fa perfonne pour les confulter fur tout ce qui concerne l’ordre & l’adminiftration de fon royaume, L’infitutioMde ce confeil-eit auf ancienne que la monarchie, Nos Rois ne pouvant remplir par-eux- mêmes tous les objets du gouvernement de leurs états , ont dans tous les tems appellé près d'eux quelques-uns de leurs fujets en .qui ils ont reconnu le plus de capacité, d'expérience, & d’affeétion à leur fervicé , pour Les confulter & même fe repofer fur eux d’uné partie de cette adminiftration ; ils en ont auffi choifi d’autres pour rendre la juftice à leurs fwjets. Les premiers ont formé leur corfeil, & les fe- conds les tribunaux de juflice. Pharamond avoit fon confeil compofé feulement de quatre perfonnes, par l’avis defquelles il rédigea les lois faliques en un feul corps de lois. Merouée augmenta ce con/eil de plufieurs graves & doétes perfonnages ; il enfit le chef fon grand ré- férendaire, c’eft-à-dire le chancelier de France, Childebert & fes fucceffeurs avoient aufli un coz- _ feil particulier, & féparé des aflemblées générales de la nation. : : Pepin partant pour faire la guerre aux Lombards, laïffa en France quelques perfonnes de fon confeil pour veiller en fon abfence à l’adminiftration des at- aires publiques, & il retint les autres auprès de fa per{onne. : ILy avoit toùjours auprès de Charlemagne deux ou trois des gens de fon-confel, qui fe relevoient fuccefivement, pour être todjours prêts lorfqu’il jugeoit à propos de-les confulter : il afflembloit fou- vent fon confeil, & y failoit difcuter devant hi les affaires les plus importantes. | Les autres rois de la fecdnde & de la troifieme race en ont tous,ufé de même.pour leur conf&l, le- quel a toüjours eu pour objet tout ce qui peut avoir trait à l’adminiftration de l’état. Le grand nombre & la diverfité des affaires qui Tome IF, CON # fônt de nature à être portées au co/&/;, ont engagé nos Rois à le partager en différentes féances ou dé- partemens, dont chacun a pris le nom de la matiere qui y eft traitée. | | Louis XT. fut le premier qui partagea ainfi fon conféilen trois féances, Cét arrangement fubfifta juf- qu’en 1526; que François I. réunit les diverfes féan- ces du confeil en une feule. Henri IT, en forma deux, & fous Louis XII. il y en avoit cinq, comme en: core à préfent ; mais il eft arrrivé plufieurs change mens , tant par rapport à l’objet de chaque féance, que pour leur dénomination, Celles qui fubfiftent prefentement font. Ze confeil des affaires étrangeres ou confeil d'état propremént dit; celui des dépêches, le confeil royal des finances, le coz- Jeil royal de commerce , & le confeil d’étar privé ou des parties ; de cette derniere féance dépendent encore plufieurs autres afflemblées particulieres Appellées La grande diretfion des finances , la petite direttion., l’af- | férmblée qui fe tient pour La fignature des contrats avec Le clergé, 6 le confeil de chancellerie, 4 Toutes ces différentes féances ou afflemblées du confeil, quoique diftinguées chacune par une déno- mination qui lui eft propre, re forment qu’un feul 8 même confeil d'état du Roi, enforte que tout ce. qui émane de chacune de ces féances a la même au- torité,étant également aunomdu Roiï.Le rangdetous, ceux qui compofent ces différentes féances eft Le mê: me, & dépend uniquement di jour qu'ils ont pris place pour la premiere fois dans lune de ces féances. Le confeil du Roi ne differe pas moins dans fon ob- jet que dans fa forme extérieure des tribunaux de juftice, fon objet n'étant point comme le leur, la ju- lice diftributive, mais feulement la manutention de l’ordre établi pour la rendre, & pour l’adminii- tration de l’état; c’eft la raifon pour laquelle on ne met point ici le grand-confeil au nombre des diffé- rentes féances du conftil du Roi. En effet, quoique dans fon origine & dans fa forme préfente il ait fi- militude avec les autres féances du coz/ësl du Roi, qu'il foit en certaines parties occupé comme le con- {eil privé au reglement des tribunaux de juftice, qu’il foit à la fuite duRoi , & qu'il ait le chancelier de France pour chef, néanmoins il en differe en ce qu'il eft en même tems tribunal de juftice ordinaire ; c’eft pourquoi l’on a traité féparément ce qui le concerné en fon lieu , dans une des fubdivifions précédentes de cet article. Voyez ci-devant CONSEIL (grand). Ceux qui font du confeil du Roi ne forment point une compagnie comme les cours ; ils ne marchent jamais en corps comme elles; ils font toüjours à la luite du Roi, & s’acquitent des devoirs de cour che: cun en particulier comme les autres courtifans. C’eft le Roï qui tient chaque affemblée de fon confeil, & en fon abfence le chancelier de France qui eft le chef du confel. Depuis long-tems nos Rois fe font ordinairement repolés fur ce premier officier de la couronne, du foin de tenir la féance du con- {eil des parties, & fe font refervé de tenir eux - mê- mes toutes les autres , comme touchant encore de plus près aux objets les plus intérefflans du gouver- nement: cependant le feu roi a tenu quelquefois lui-même fon confeil des parties. | | Lorfqu'il y a un garde des {ceaux, il a féance en tous les confeils après le chancelier de France. Voyez GARDE DES SCEAUX. . La féance du confeil appellée conjeil des affaires écrangeres ou confeil d'état proprement dit, eft defti- née à l'examen de tout ce qui peut avoir trait aux, négociations avec les étrangers, & par conféquent à la paix & à la guerre. Le Roi a coûtume de choifir un petit nombre de perfonnes les plus diftnguées de fon royaume, en préfence defquelles le fecrétaire d'état qui a le département des affaires étrangeres 18 CON rend compte au Roi de celles qui fe préfentent ; le choix du Roi imprime à ceux qui afliftent à ce co- Jeil le titre de miniftre d'état, qui s’acquiert par le feul fait & fans commifion ni patentes, c’eft-à-dire par l'honneur qué le Roi fait à celui qu'il y appelle de l’envoyer avertir de $y trouver ; & ce titre ho- notable ne fe perd plus, quand même on cefleroit d’aflifter au confeil: mais il ne donne d’autre rang dans Le confeil, que celui que l’on a d’ailleurs, foit par l'ancienneté au con/til, foit par la dignité dont on eff revêtu lorfqu’on y prend féance. Ce département exiftoit dès le tems de Louis XI. il ne fut plus diftingué fous François L. depuis qu’en 1526 il eût ordonné qu'il n’y auroit plus qu’une feu- le féance du corfeil; mais celle-ci fut rétablie par Charles IX. en 1568. | On appelle conftil des dépêches , l’aflemblée en la- quelle fé*portent les affaires qui concernent Padnui- niftration de l’intérieur du royaume : il paroïît avoir été établi en 1617, & a pris ce nom de ce que les décifions qui en émanent fe donnoïent en forme de dépêches par des lettres fignées en commandement par un des fecrétaires d'état ; ce font eux qui y rap- portent les affaires de leur département. Ce conferl eft compofé du chancelier de France, des quatre fe- crétaires d'état, du contrôleur général : tous ceux qui font miniftres, comme étant du confeil des af- faires étrangeres, y afliftent auñli. Il fe tient une troifieme féance du cozfail pour les affaires concernant l’adminiftration des finances, d’où elle a été nommée Ze confeil royal des finances. I eft compofé du chancelier, d’un des principaux feigneurs de la cour, auquel le Roï donne le titre de chef du confeil royal, du contrôleur général des finances, & de deux confeillers d'état de robe choi- fis parmi les autres pour aflifter à ce confeil. Les af- aires y font rapportées par le contrôleur général. Ce département fut formé par Louis XI. & fubfi- fta jufqu’à la réunion des différens départemens du confeil faite en 1526. Il fut rétabli fous HenriIl. Ce confeil ne fe tint pas tant que la charge de furinten- dant des finances fubfifta, c’eft-à-dire depius Char- les IX. jufqu’en 1661 ; mais dès qu’elle eut été fup- primée , 1l fut rétabli par uh reglement du 13 Sep- tembre 1661, & a toùjours fubfifté depuis. La féance du confeil où fe portent les affaires qui concernent le commerce, fe nomme Ze confeil royal de commerce : il ne paroît avoir été établi que depuis 1730. Il eft compofé du chancelier, du contrôleur général, du fecrétaire d’état qui a le commerce dans 1on département, du confeiller d'état qui tient le bureau où ce genre d’affaires s’examine avant qu’el- les foient portées au confeil, & quelquefois d’un au- tre des confeillers d’état de ce bureau. Le contrô- leur général y rapporte les affaires comme au con- feil royal des finances. Il y a auffiun bureau du commerce qui paroïtavoir été Ctabli pour la premiere fois en 1607 {ous Hen- ri IV. Ayant ceflé à fa mort, il fut rétabli fousde mi- miftere du cardinal de Richelieu. On ne voit pas qu'il y en ait eu depuis la mort de Louis XIII. jufqu’en 1700 , que Louis XIV. forma celui qui fubffte au- jourd’hui. Il eft compofé de quatre confeillers d’é- fat, de l’intendant dé Paris , du lieutenant de police, &t des intendans du commerce; il y afffte auff des députés des principales villes de commerce du royaume. Le nombre de ceux qui afiftent aux quatre féan- ces du confeil dont on vient de parler, dépend de la volonté du Roï. Indépendamment de ceux qu'il nom- me pour y affifter habituellement , il y appelle affez fouvent quelques-uns des confeillers d'état, pour lui ‘rendre compte d’affaires importantes qu’il les a char- gés d'examiner pour lui en dire leur avis : alors ç’eft CON Pun d'eux qui en fait lé rapport, aflis y & couvert} mais Le plus ordinairemént cette fonétion eft donnée à un maître des requêtes, qui la remplit debout & découvert, au côté droit du fauteuil du Roi. : L'on porte dans une autre aflemblée du comfél, appellée le confeil des parties ; ou le confeil d'état pri VE, certames affaites contentieufes qui fe meuvent entre les fujets du Roï.-Ces affaires font celles qui ont un rapport partieuliér à la mañutention des lois & des ordonnances, & à l’ordre judiciaire ; telles que les demandes en caflatiomd’artéts rendus pat les cours fupérieures , les conflits entre les mêmes cours , les conteftations & les reglemens à faire én2 trelles, on même quelquefois entre leurs principaux officiers, les évocations fur parentés & alliancess les oppoñitions au titre des offices, êc-autres maties res de ce genre fur léfquelles il n’y a que le Roi qu£ puifle ftatuer. # à 10 : La féance du confeil des parties eft beaucoup plus nombreufe que cellesdonton a parlé précédemment: Il eft compofé des trente confaillers d’état des qua- tre fecrétaires d’état, du-contrôleurgénéral, des in2 tendans des finances qui yont entrée &c féance, ain que les doyens de quartier des maîtres des requêtes ; mais 1ln’y a que le grand doyen qui joüiffe de cette prérogative toute l’année, les trois autres ne l’ont qu'après les trois mois qu'ils font de quartier am confeil, L’ordre de la féance fe regle entre eux com- me entre tous ceux qui font au conféi!, du jour qu'ils y ont pris leur place. | 4. Les maîtres des requêtes ont aufli entrée & voix délibérative au confeil des parties, & y fervent par quartier; mais depuis long-tems ils ont le droit d'y entrer, même hors de leur quartier. Comme ie Roi y eft toüjours réputé préfent,, ils y affiftent, & rap- portent debout, à l'exception de leur grand doyen, qui a la prérogative de remplir cette fonétion aflis & couvert. Voyez MAÎTRES DES REQUÊTES. ; Il eft permis aux deux agens généfaux du Clergé d'entrer au confeil des parties, pour y faire les re- préfentations & requifitions qu'ils jugent à propos dans les affaires qui peuvent intérefler le Clergé ; ils fe retirent enfuite avant que les opinions foient ou- vertes. Il n’eft au furplus permis à perfonne d’entrer dans la falle où fe tient le confeil, à l'exception feulement des deux premiers fecrétaires du chancelier de Fran- ce, du greffier, & des deux huïffiers qui y font de fervice: les premiers fe tiennent debout derriere le fauteuil du chancelier pour y recevoir {es ordres, & fon premier fecrétaire y tient la plume en l’ab- fence du greffier : les huifhers font aux portes de la falle en-dedans. C’eft au confeil des parties que les nouveaux con- feillers d’état prêtent {erment ; les autres perfonnes qui ont feulement entrée & féance en ce confeil n’y prêtent point de ferment. | Le doyen du confeil y eff aflis vis-à-vis du chan- célier de France; &c s’il eft abfent, fa place n’eft point remplie , il ne la cede qu'aux officiers de la couronne. Des vingt-quatre confeillers d’état de robe, douze fervent en ce confeil pendant toute l’année, & font appellés ordinaires ; les douze autres ne font obligés d'y fervir que pendant fix mois, & font appellés /e- meftres ; mais 1l eft d’ufage depuis long -tems qu'ils fervent aufi pendant toute l’année. Lés confeillers d’état d’églife & d'épée fervent pendafft toute l’année , & font par conféquent ordi- naires. u Le confeil des parties fuit toùjours leRoi, &c s’af- femble dans une falle du palais qu’il habite : lorfque le Roi eft à l’armée ou à quelquemaïfon de plaïfan- ce, & qu’il difpenfe fon confeil de le fuivre , le chan- CON cefier de Frante tient ce confeil dans {6h Apbarte- ment. Ceconfeil s'affemblé au moins une fois la femaine, aux jours & heures qu’il plaît au chancelier : les affai- rés y font rapportées par les maîtres des requêtes , à côté du fauteuil du Roï; les commiffaires qui les ont “éxatfinées auparavant opinent les premiers;le doyen du confeil opine le dernier , & le chancelier 1e cou- vie en lui demandant fon avis. Il n’y à point de nombre de juges déterminé pour pouvoir rendre arrêt au confeil; les affaires s’y jugent à la pluralité des fuffrages : les voix ne s’y confondent point entre céux qui font parens en certains cas COM“ me dans les cours : il n’y a jamais de partage , une feéule voix de plus fuffit pour faire arrêt; & en cas d'égalité, la voix du chancelier eft prépondérante. Lä grande direétion des finances eft une affemblée où fe portent les affaites contentieufes qui peuvent intérefler le domaine & les finances ; c’eft le principal des déparremens dépendans du confeil des parties, Suivañt l’ufage a@uel, elle eft compofée du chef du confeilroyal, du contrôleur général des finances, des deux confeillers d’état qui font ordinaires au con/erl royal, & des autres confeillers qui font dés bureaux où ces deux fortés d’affaires font examinées. Tous les maîtres des requêtes y ont entrée & féan- ce, parce que Le Roï n’eft point cenié y êrre préfent ; Maïs celui d’entré eux qin rapporte, eft debout. Cette affemblée au furplus , eft rénue par le chan- ceher , comme le confeil des parties, dans le mêmé lieu, & les arrêts s’y expédient dans la même forme. Le contrôleur général opine toûjours après les commiflaires, & il a le droit de demander au chan- célier, avant que lés opinions foient ouvertes, de lui faire remettre l’affaire pour en rendre compte aukRot, C’eft auffi en la grande diredtion que fe fait la ré- ponfe au cahier des états des provinces ; lé gouver- ñeur de la province y a féance, & c’eft le fecrétaire d'état dans le département duquel eft cette provin- ce, qui fait le rapport des demandes portées par les €ahiers:: la réponiey éft délibérée en la forme ordi- naire ; énfuite le chancelier fait entrer lés députés, qui fe tiennent vis-à-vis de lui debout & découverts; Guand ds entrent, il fe découvre, ainfi que tous les confeillers d'état, & fe couvre pendant la réponfe qu'il leur fait, où 1l leur annonce que lé confeilla dé- hbéré fur le cahier, & que S. M. leur fera favoir la féponfe. [Il n’eft pas d’ulage que les maitres des re- quêtes afliftent à cette aflemblée. La petite dire@tion des finances eft encore une af- femblée dépendante du confeil des parties : on y ex- pédie des affaires de la même nature que celles qui font portées à la grande diretion, c’eit-à-dire con- cernant le domäine & les finances ; fi ce n’eft que on porte ici-celles que les commiflaires des bureaux où elles font vûes d’abord trouvent trop legeres pour être portées à La grande direétion : c’eft pourquoi on appelle-celle-ci {x perire diredion des finances. Ee chef du corjeil royal la tient dans fon apparte- ent, dans le palais où le Roï habite; & il n’y a que le contrôleur général, les deux confeillers d’état or- dinaires au confei/ royal, les deux qui font à la tête des bureaux du domaine & des finances, qui ÿ affliftent. Les maitres des requêtes y ont entrée, ils y rap- portent aflis; mais le rapporteur y a feul voix déli- bérative. | | Les contrats que le Roi pafle avec le clergé fe fi- gnent dans une autre aflemblée qui fe tient chez le chancelier , compofée du chef du confeil royal, du fecrétaire d'état qui a le clergé dans fon départe- ment , du contrôleur général dés finances, & de ceux des confeillers d’étar &e intendans des finances que 1ë chancelier fait avertir dé s’y trouver. Ordinaire- mentils font en nombre égal à celui des prélats: ils font'afis à la droite du bureau, les’ prélats à la gau- Tome IF. Fr L ——- CON 19 che, tous fur des fauteuils, &c les députés du fecond ordre fur des chaifes derriere les prélats. Le notaire du clergé fait la leture du contrat; le chancelier le figne le premier, & enfuite 1l ef figné altérnativément par l’un de ceux du co2feil & par l’un des prélats, chacun fuivant fon rang : les pres miers fignent à la droite äu-deflous de la fignature du chancelier, fur la même colonne ; les prélats fi gnent à la gauche, &c lés eccléfiaftiques du fecond ordre après eux. Cétte aflemblée éft précédée d’une conférence entre les mêmes perfonnes , qui fe tient aufli chez Le chancelier , pour y difcuter les articles du cahier. Les affaires qui concernent l’Imprimerie & la Li- brairie, l’obtention des lettres en relief de tems pour pouvoir agir après l'expiration des délais des ordon- nances , la diftribution du prix des offices qui fe ven . dent au fceau, & les contraventions aux réglemens dés chancelleries, font examinés dans un bureau par: ticulier, & font jugés fur le compte que les commif- faires en rendent au chancelier, dans une aflemblée qui fe tient chez lui, & qu’on appelle le corfeil de chañcellerie, C’eft le chancelier qui nomme ceux qui y aff tent ; 1ls n’y ont que voix confultative, & les arrêts qui en émanent , portent qu'ils font rendus de l’avis de monjreur le chancelier, Les confüillers d'état font ceux que le Roi choifit pour fervir dans fon cozfeil, & y donner leur avis fur les afairés qui s’y traitent. | On les appelle en latin comites confifforiani , à l'es xérnplé de ces comtes qui étoient du confiftoire ow confer! des empereurs. Anciennement le nombre des confeillers d'état värioit fuvant la volonté du roi ; mais comme il s’étoit trop augmenté , il fut réduit à 15 par l'article 207 de Fordonnance de 1413: en 1664, il fut porté à 20; enfin il fut fixé irrévocablement par le régle- ment de 1673 à 30 confeillers ; favoir 3 d’églife, 3 d'épée, & 24 de robe. | La place de confeiller d’état n’eft point un office, mais un titre de dignité qui eft donné par des lettres patentes, adreflées à celui que le Roi a choïfi en con fidération de fes fervices. S. M. mande par ces lettres au chancelier de France, de recevoir fon ferment; il le reçoit au confeil, où le greffier fait d’abord la leéturé des lettres du nouveau confeiller d’état ; & après qu'il a prêté ferment debout &c découvert, M. lé chancelier lui dit de prendre fa place. C’eft de ce . jour que le rang eft réglé entre les confeillers d’état.. d'éghfe, d'épée, & de robe, quelque rang qu'ils euf- fent d’ailleurs à l'exception de ceux qui font officiers de la couronne, qui confervent entre eux le rang de cette dignité, & précedent ceux qui ne le font pas. » . Lorfqu'il vaque une des douze places de confeil- ler d'état ordinaire ; S, M, la donne à l’un des femef tres ; le plus ancien eft ordinairement préféré, & on lui expédie de nouvelles lettres patentes, maisilne prête point de nouveau ferment. | Le doyen du confel joiit de plufeurs prérogatis ves, dont quelques-unes ont déjà été remarquées en leur lieu : on ajoûterafeulement ici, que la place de chancelier étant vacante par la mort de M. Ses guier, le Roï ordonna par un réglement du confei£ du 8 Février 1673, que le comfeil d'état , tant pour les finances que pour les parties, continueroit comme Par le palfé, & qu'il feroit tenu par le fieur d’Aligre doyen de fes confeils, dans l'appartement de fon ché- teau de S. Germain deffiné à cet effet. Le doyen du … confeil aflifta à la fignature d’un traité de renouvelle: ment d’alliance avec les Suiffes , en robe de velours violet, comme repréfentant le chancelier de France: qui étoit indifpofé, xt ane lies j4 Aprés le déces de M. d'Orineflon doyen du co-, | Je, M. de Machault confeilier d'état de robe, prit — x ÇC 1] 20 €C ON la place de doyen fans aucune conteftation de la part de M.de Chaumont confeiller d’état d'épée, qui avoit pris féance au confeil long-tems avant lui. . En 1680, M. Poncet confeiller d’état ordinaire, & M. de Villayer feulement confeiller d'état femeftre,, prétendirent refpetivement le titre de doyez ; & par l'arrêt du confeil du 9 Déc. 1680, il fut ordonné qu”- ils feroient les fon@tions de doyen chacun pendant 6 mois ; que cependant M. de Villayer précederoit M. Poncet en toutes aflemblées , & qu’à l’avenir le plus ancien feroit doyen feul; que s’il n’étoit que femef- tre de ce jour, il deviendroit ordinaire. * Ilfut décidé par arrêt du cozfeil, rendu en 1704en faveur de M. l'archevêque de Rheims , qu’un confeil- ler d’état d’églife,qui fe trouve le plus ancien du co- feil d'état, a fon rang, joiit de la place & de la qualité ‘de doyen, & des prérogatives qui y font attachées. Pour ce qui concerne le fervice des confeillers d'état, voy. ce qui eft dit ci-devant à l’article des Cozfesls. Le Roi accorde quelquefois à certaines perfonnes de fimples brevets de confeillers d'état: on les ap- pelle confeillers d'état à brevet ou par brevet ; maïs ce n’eft qu'un titre d'honneur, qui ne donne point d’en- trée au confeil du Roi, ni aucune autre fonétion. Habillement des perfonnes du confeil. Henri HI. avoit fait un réglement fur les habits dans lefquels on de- voit affifter au confeil, qui n’eft plus obiervé. L’ufa- ge préfent.eft que les confeillers d’état de robe &c les doyens des maîtres des requêtes y afhftent avec une robe de foie en forme de fimmare , qui étoit autrefois l’habit ordinaire des magiftrats ; Les confeillers d’état d’éplife, qui ne font pas évêques, en ont une pareille depuis quelque tems, & ceux qui font évêques , y viennent en manteau long ; les intendans des finan- ces, en manteau court ; Les confeillers d’état d'épée, aufli bien que les fecrétaires d’état & le contrôleur- général, avec leurs habits ordinaires ; les maîtres des requêtes en robe de foie , pareille au furplus à celle des officiers des parlemens. Les confeillers d'état de robe & les maîtres des requêtes font leur cour au Roï en manteau court, ou en manteau long dans les oc- cafons de deuil, où les perfonnes qui {ont à la cour fe préfentent avec cet habillement. Au facre du Roi, les confeillers d’état de robe ont des robes de fatin avec une ceinture garmie de glands d’or, des gants à frange d’or, & un cordon d’or à leur chapeau: ils portent des robes de fatin fans ces orne- mens , lorfqu’ils accompagnent le chancelier aux Te Deum : l'habit des confeillers d’état d’épée , dans ces occafions , eft le même que celui des gens d’épée qui ont féance au parlement ; le rochet & le camail eft l’habit de cérémonie de ceux qui font d’églife, du moins s'ils font évêques. © Dans tous les cozfeils, les miniftres, confeillers & fecrétaires d’état ont toüjours été aflis en préfence du-Roï. Autréfois les dépêches s’expédioient ordi- ñaïrement dans la forme d’un fimple travail parti- culier dans le cabinet du Roi, à qui chaque fecré- taire d’étatrendoit compte debout des affaires de fon département, & ils ne prenoient féance que quand S. M. afflembloit un coz/erl pour les dépèches; ce qui arrivoit principalement quand il y appelloit quelque confeiller d’état pour des affaires importantes dont il leur avoit renvoyé l’examen. A préfent les miniftres font aflis pendant leur travail particulier , ainfi que les confeillers d’état qui en ont un avec le Roi, com- me pour les œconomats, S. Cyr, &c. Le Roï ayant fait afleoir le chancelier le Tellier, à caufe d’une in- difpofition , accorda depuis la même grace au ma- réchal de Villeroï , chef du confezl royal, Mémoires de Choifi, rom. I. pag. 131.6 132. Infiruëtion des affaires au conftil. La maniere d'inf- truire & de juger les affaires , eft la même dans tous les départemens du confeil des parties. Aucune affaire n’y eft portée qu’elle n’ait été auparavant difcutée, à-peu-près comme On le voit, de perit commiflaire , CON dans les cours , par un petit nombre-de confeilters d'état commis à cet effet par le chancelier, & qui forment ce que l’on appelle les bureaux du confeil, ou par les maîtres des requêtes de quartier an confesl. orme des arrëts du confeil, Les arrêts qui émanent des différens départemens du con/eil du Roi , étoient originairement expédiés en forme de réfultat ou ré- cit de ce qui y avoit été propofé & arrêté par S. M. c'eft pourquoi lon n’y parle qu'en ftyle indire@, c’eft-à-dire en marquant ce qui s’y eft paflé en ces termes ; v4 par le Roï, &c, ou le Roi étant informé, Ge. Lorfqu'ils font rendus de fon propre mouvement, fouvent ils font fuivis de lettres patentes , dans lef- quelles le Roi parle direétement , en y répétant les difpofitions de l'arrêt. Les arrêts du con/fezl font tous fignés par le chancelier & par lerapporteur ; leur ex« pédition ef fignée ou par un fecrétaire d'état, ou par un fecrétaire des finances, ou par un greffier du coz- {eil, chacun dans leur département. - Les matieres qui font examinées par des perfonnes du conféil, donnent fouvent lieu de rédiger des édits, déclarations , ordonnances; & autres lois générales, Elles {ont toutes regardées comme des décifions don- nées par S. M. après avoir confulté des perfonnes de fon con/&il ; c’eft pourquoi elles portent toüjours , de | «l'avis de notre confeil, &c. Les affaires contentieufes dont le cozfeil connoît, exigeant une inftruétion &tquelque procédure! 1l y a eu au con/al, de toute ancienneté , des avocats, des greffiers , & des huiffiers pour le fervice des par- ties qui font obligées d’y avoir recours. | Avocats aux confeils ; dans l’origine ils étoient choi- fis parmi ceux des cours , & le chancelier de France leur donnoit une matricule pour les autorifer à inf- truire les affaires du confeil : le nombre s’en étant multiplié, il fut réduit à dix par un réglement du 25 Janvier 1585, portant qu'ils pourroient feuls y faire les procédures & écritures néceffaires. Mais comme on entendoit alors les parties au confer!, les autres avocats étoient admis à y plaider; & depuis la créa tion des charges d’avocats au conjeil, qui fut faite en 1645 , il y en a eu encore quelques exemples, lorf- que le chancelier le jugeoit à-propos. Liste , Le nombre de ces charges étoit de 170 , & fut même augmenté par différentes créations qui n’ont fubffté que jufqu’en 1672. En 1738, les 170 char- ges d'avocats au confeil furent fupprimées, & il en fut créé 70 nouvelles , ce nombre ayant été jugé {ufñfant pour l’expédition des affaires du confeil. Ç La fonétion de ces avocats confifte à faire & fi- gner , à l’exclufion de tous autres, toutes les requê- tes, écritures, mémoires, & procédures qui peuvent être faites dans tous les départemens du coz/cil du Roi , mème dans les commifñons extraordinaires qui en font émanées, lorfqu’elles s’exécutent à la fuite du confal, ou à Paris. Par des lettres patentes du 6 Février 1704 , enre- giftrées au parlement , il fut reglé que dans les aflem- blées générales & particulieres, confultations , arbi- trages , & ailleurs, les avocars au confeil & ceux du parlement, garderoient entre eux le rang & la pré- féance , fuivant la date de leur matricule. Lès avocats au confeil font commenfaux de La mai- fon du Roï; ils ont droit de committimus au grand {ceau ; ils jouiffent de l’exemption du logement des gens de guerre; ils font à la nomination du chan- celier de France ; ils lui payent l’annuel, & leurs offices tombent dans fes parties cafuelles. Les 70 avocats au confal forment un collége, à la tête duquel eft un doyen avec quatre fyndics & un greffier éleétif de l’agrément du chancelier de Fran- ce: ces officiers font chargés de veiller à la police du collége & à l’exécution des réglemens. Il fe tient à cet effet, toutes les femaines, dans une chambre aux requêtes de l’hôtel, une affemblée de ces avo. . dats pour tout ce qui peut concerner cette difcipline, : CON Leurs officiers en rendent compte au chancelier de France, fans l'agrément & fans l'approbation duquel. les délibérations qu’ils y prennent ne peuvent être exécutées. “« L'on ne peut être admis dans ces charges fans avoir été reçu avocat au parlement ou au grand-con- féil, ni fans avoir fréquenté le barreau au -moins pendant deux ans ; & la réception eft toüjours pré- cédée d’une information de vie & de mœurs, faite par un maitre des requêtes, Greffiers du confeil, L'on voit qu'avant 1300 il y a eu des officiers au confeil fous le nom de zotatres de France , de clercs du fecrer, de fécrétaires du Rot, & de clercs de notaires , chargés de figner & expédier les lettres &c arrêts émanés du con/erl De ces offices, les uns ont formé le collége des {ecrétaires du Roi, qui fignent & expédient les let- tres de chancellerie fignées par le Roi en fon cons. Les autres font reftés attachés au fervice particu- lier du confeil. Dès 1519 quatre d’entr’eux faifoient toutes les expéditions des finances, comme ils les font encore aujourd’hui fous le nom de Jécrésaires du confeil d'état & direétion des finances ; ils y font la mé- me fon@ion que les greffiers du confeil font au conferl des parties. Le furplus des fecrétaires des finances étoit def- tiné au fervice du confeil des parties; & ce ne fut qu'en 1676 que le nombre en fut réduit aux quatre qui rempliffent aujourd’hui ces fonétions fous le titre de Jécrétaires des finances & greffiers du confeil d'état privé ; elles confiftent à tenir regiftre de tout ce qui émane de ce conferl , & à expédier les ordonnances & arrêts : ces quatre greffiers font à la nomination du chancelier de France, &c lui payent le droit de furvivance. Ils ont fous eux huit clercs commis &r quatre creffiers garde-facs, qui fervent par quartier au greffe du confeil : & ils ont réuni à leurs charges différens autres offices de grefliers particuliers créés en différens tems pour le confeil ; tous ces officiers font commenfaux de la maifon du Roi. Huiffiers du confil : ces huifiers ne font pas moins anciens. Îl ÿ en avoit quatre en titre d’office dès le regne de François [. Ils réunitent en 1604 l’office d’huiffier garde-meubles du confeil , qui n'ayoit d'au- tre fonétion que d’en préparer la falle ; & il en fut créé fix autres en 165$, enforte qu'ils font aétuelle- ment au nombre de dix. Leur fon@ion eft, en premier lieu, de garder en- dedans les portes de la falle du con/ferl & de la gran- de & petite direttion des finances ; & ils y ont été confirmés par un arrêt du 15 Mai 1657 contre les gardes du corps du Roi, qui ont êté reftraints à les garder en-dehors feulement, quand S. M. afffte au confeil. Ils gardent auffi, mais en-dehors feulement, les portes de la falle où Le chancelier tient le comes! des dépêches & des finances en l’abfence du Roi, & ils ont quelquefois fait ces mêmes fonétions chez S, M. même, en l’abfence des huiffiers du cabinet. En fecond lieu, ils font dans les aflemblées du confeil toutes les publications qui peuvent y être à faire, foit pour des ventes d’offices , foit pour ad- judications. | En troifieme heu, ils font toutes les figmfications des oppoñtions au fceau , des procédures & arrêts du confeil , même des jugemens des commiflions qui en font émanées, & 1ls exécutent par tout le royau- me les arrêts & jugemens, fans qu'ils foient revètus d’une commuiflion du grand fceau. Il y a auf quatre huifiers de la grande chancel- lerie, dont un créé dès 1473, un autre en 1597, & les derniers en 1655. Le premier eft en même-tems premier huifier du graxd-confeil ; il en remplit les CON 21 fonétions en robe de foie, rabat plat, & toque- de velours, & joiit des privilèges de la nobleffe. La fonétion de ces quatre huiffiers eft 1° de gar- der en-dedans les portes de la falle où fe tient le fceau : 2° d’y faire les publications qui doivent y être faites, & de dreffer les procès-verbaux d’afñ- ches, de publications, remiles , & adjudications , parce qu'il n’y a pas de greflier pour le fceau: 3° de faire avec les huifiers du confer/ les fignifications êc exécutions dont On a parlé. Dans les cérémonies où le chancelier de France affifte , il eft toüjours précédé de deux hwiffiers due confeil , & de deux de la grande chancellerie : ces deux derniers portent fes mafles. Leur habillement eft la robe de fatin noir, le rabat pliflé, la toque de velours à cordon d’or, les gants à frange d’or, & des chaînes d’or à leur cou; ceux du con/eil ont de- plus une médaille d’or pendante à leur chaine, & ceux de la grande chancellerie ne peuvent la porter fuivant un arrèt de 1676. Ce fut Henri Il. qui leur donna ces chaînes d’or un jour qu’il fortoit du co- Jeël. Louis XIIT, y ajoûta fa médaille , qui leur a été donnée depuis par Louis XIV. & par Louis XV. à leur avenement à la couronne. Hors les cérémonies ils font.leur fervice en manteau court 8 rabat plif- {é : 1ls font tous commenfaux de la maïfon du Roi, & à la nomination du chancelier à qui ils payent un droit de furvivance. Cormmiffions extraordinaires du confeil. On appelle ainf des attributions pañlageres que l'importance de certaines affaires ou des circonftances particulieres déterminent le Roi à confier à des juges qui foient à portée de les terminer avec plus de célérité & moins de frais qu’elles ne le feroient dans les tribunaux ordinaires. Elles ne s’accordent que rarement; &z fi on les a vüs dans des tems fe multiplier, on a vû aufi qu’elles ont été réduites aux feuls cas qui mé- ritent une exception. Le choix de ceux qui compofent ces commiflions fe fait le plus ordinairement parmi les perfonnes qui ont l'honneur de fervir dans le con/erl ; alors elles font compofées de quelques confeillers d'état & de quelques maîtres des requêtes. On leur aflocie quel- quefois des officiers du grand-confeil & d’autres tri- bunaux ; quelquefois aufli les parties conviennent entr’elles de magiftrats ou d’avocats qu’elles propo- {ent au Roi pour être leurs juges, & S. M. les au- torife par un arrêt du con/eil ; cela arrive furtout en- tre de proches parens qui veulent terminer des af- faires de famille avec plus de célérité & moins d’é- clat. Il y a aufli des cas où les inteñdans & commiffai- res départis font commis pour juger certaines affai- res avec des officiers dont Le choix leur eft ordinai- tement confié ; & toutes ces différentes efpeces de commifions font établies ou pour juger en dernier reflort, ou pour ne juger qu'à la charge de lappelau confeil. Enfin le Roi établit auffi quelquefois, mais beau- coup plus rarement, des commiflions pour juger des affaires criminelles : mais c’eft alors une efpece de chambre criminelle qw’il forme à cet effet par lettres patentes, foit à l’arfenal ou ailleurs ; & la procédure s’y fait en la forme ordinaire. En matiere civile lesaffaires s’inftruifent dans les ‘commiffions du cozféi/, dans la forme la plus fom- maire qui eft pratiquée au conferl. Ïl y a eu des greffiers particuliers créés pour les commiffons extraordinaires du confeil, qui s’exer- cent à fa fuite ou à Paris, Ils font au nombre de fix, & ils remettent au dépôt du louvre leurs minutes dès que la commiflion ef finie. Les huiffiers du confei/ fervent dans ces commif. fions , de même qu’au confeil, pour les publications o CON & les fiomifications ; il n’y a, comme on l’a vü, que les avocats au confeil qui puiffent y inftruire les af- faires quand la commiffion s’exécute à Paris ou à la fuite du confeil, (4) | Coxseïz pu Ror pu CHASTELET ; c’eft letri- bunal compofé du prevôt de Paris, de fes lieute- nans, & des confeillers ; il en eft parlé dans une or- donnance de Philippe de Valois de lan 1327. Il ya apparence que le titre de confeil du Roi donné aux juges du châtelet vient non-feulement de ce qu'ils rendent la juftice au nom du Roi, mais finguhere- ment de ce que nos rois de la premiere & de la fe- conde race , & entr'autres S. Louis, alloient fou- vent rendre la juflice en perfonne au châtelet. (4) Conwseiz pu Ror AU PARLEMENT, fe difoit quelquefois anciennement pour défigner le parle- ment même , comme étant dans fon origine le coz- Jéil du Roi, où du-moins un démembrement du co- feil du Roi. Voyez ci-devant au mot CONSEIL COM- MUN DU Rot. (4) CONSEIL DU ROYAUME, c’eft ainfi que l’on ap- pelloit anciennement le con/eil de régence, Voyez ci- devant CONSEIL DE RÉGENCE. (4 ConsEIL DE SANTÉ, cft une afflemblée compo- fée de magiftrats & autres perfonnes choifies que l’on établit ordinairement, en conféquence d’un ar- rêt du parlement, dans les villes qui font afligées de la contagion, pour régler & ordonner tout ce qui peut être néceflaire, {oit dans les lieux infeëtés pour en chaffer la maladie, foit dans les lieux fains pour empêcher qu’elle n’en approche. Voyez Le traite de la police , tom. I, lv. IV, ur. xjv. (4) CoNSEIL DES SEIZE, étoit l’aflemblée des feize quarteniers de la ville du tems de la ligue : on l’ap- pella aufi le confeil de l’umion, & le confeil des qua- rante ; il devint même encore plus nombreux. Voyez ci-deyant CONSEIL DES DIX, CONSEIL DES QUA- RANTE, & ci-après CONSEIL DE L'UNION. (4) CONSEIL SECRET DU RO, ainf appellé en 1350; chaque confeiller avoit 1000 livres de sages, Lor{qu'il y avoit des déclarations & interprétations à faire fur les ordonnances des foires de Brie & de Champagne, elles devoient être faites par les sens du fécret confeil du Roi à Paris, & en cas qu'ils ne püffent y vaquer, par les gens des comptes. Chaque année les gardes & le chancelier des foires de Cham- pagne & de Brie devoient faire aux gens du confeil Jecret du Roï , ou aux gens de la chambre des comp- tes, le rapport de l’état de ces foires. Ordonnances de da troifieme race, tome II. p. 314. (A) CONSEIL SOUVERAIN , eft une compagnie fupé- rieure établie pour‘rendre la juftice. Il y a des confeils fouverains qui font le confeil d'é- tat 6 privé du prince, tels que le con/feil du Ror, dont nous avons parlé ci-devant ; d’autres font établis à linftan des parlemens & autres cours fouveraines, pour connoitre des appellations des juges inférieurs de leur reflort & autres matieres de leur compéten- ce ; tels fontles co/feils d’Alface à Colmar, de Rouf- filon à Perpignan, le confeil de Lorraine à Nancy. (4) : CONSEIL SUPÉRIEUR , eft la même chofe que confeil fouverain. (A ) CONSEIL SOUVERAIN DE TOURNAI, fut créé par édit du mois d'Avril 1668: Ce tribunal fut com- pofé de deux préfidens , deux chevaliers d'honneur, de fept confeillers, un procureur général, éc. Le nombre des confeillers fut angmentéen 1670, & l’on forma deux chambres. Le reflort de ce tribunal qui étoit alors borné aux conquêtes de la campagne pré- cédente , fut augmenté par deux édits de 1678 & 1679. En 1680, on établit une chancellerie près de ce confeil ; & la charge de garde-fcel fut attachée pour tolours à celle de prenuer préfident : en 168%, CON le roi donna à ce confeil le titre de parlement. Noy. a Particle des PARLEMENS. (4 . CowsEIL DE TUTELLE, eft une affemblée par- ticuliere compofée de parens du mineur, d'avocats, pr'ocureurs,; & autres perfonnes qui font choifies pour veiller à la bonne adminiftration d’une tutelle, & délibérer {ur ce qu'il convient faire pour l'intérêt du mineur dans fes affaires , foit contentieufes , OÙ autres. Lorfqu’on nomme un confèil de cette efpece, cela fe fait ordinairement par l’aête de tutelle , c'eft-à- dire par la même fentence qui nomme le tuteur; mais on n’en établit pas communément pour toutes fortes de tutelle. Ces fortes de corfér/s ne font guere établis que pour les tutelles des princes, & autres perfonnes de grande confidération, ou pour des mi- neurs qui ont de grands biens & beaucoup d’affaires. - Dans les confeils de tutelle des princes il y a ordi- nairement à la tête quelque magiftrat. Ce font communément les parens du mineur qui choiïfiffent ceux qui doivent compofer le confeil de tutelle ; mais fi les parens ne s’accordent pas, la juf- tice en décide. Le tuteur affifte au confel de tutelle, & l’on en rédige les délibérations par écrit, afin qu'il puifle s’y conformer: ces délibérations font datées & f- gnées de ceux qui ont affifté au cofei!, afin qu’elles fervent de titre & de décharge au tuteur, On traite dans ce confal toutes les affaires des mi- neurs, telles que les baux de leurs biens, les répa- rations, la vente de leurs bois, & les affaires con- tentieufes qu’ils peuvent avoir. On y regle auffi les comptes des tuteurs onéraires. Les articles placités du parlement de Rouen de 1666 , propofent l’établiflement d’un corfal de tutelle, afin que le tuteur ne puifle intenter de pro- cès qu'avec rafon, ou du moins avec apparence de raifon: c’eft en l’article 32. qui porte que lors de linflitution de la tutelle , les nominateurs pourront choïfir deux ou trois parens, des avocats ou autres perfonnes, par l'avis defquels le tuteur fera tenu de fe conduire aux affaires ordinaires de la tutelle, fans néanmoins qu'ils puiflent délibérer & réfoudre du lieu de la demeure, éducation ou mariage des mineurs, qu'en la préfence des nominateurs. En Bretagne, le tuteur ne peut intenter de procès fans avis de confeil , à peine d’être tenu de l’indem- nité du mineur, sil fuccombe. L'article $13 de la coùtume de Bretagne l’ordonne en ces termes: Tz- teur G curateur ne doivent intenter procès pour leur mi- neur fans conferl ; autrement, s'ils fuccomboient , f[e- roient tenus de dédommager le mineur. (4) ConsEIL DE VALENCIENNES , étoit un confeil provincial établi pour cette ville &z fes dépendan- ces, par édit du mois d'Avril 1706. Ce conjeil a de- puis été fupprimé ; l’appel du bailliage de Valen- ciennes, & autres juftices royales, eft porté au par- lement de Douai. | Il y a encore deux autres conféils à Valenciennes, mais qui ne font que des confeils de ville , & feule- ment pour l’adminiftration des affaires communes : l'un qui eft nommé le confüil particulier, qui eft compoféde vingt-cinq notables ; autre qu'on nom- me général ou grand-confeil , qui eft compofé de deux cents perfonnes ; mais il ne s’aflemble jamais que pour les affaires extraordinaires. (4) ConsEIL DE VILLE, eft l’aflemblée des officiers municipaux d’une ville qui s’affemblent pour déh- bérer de leurs affaires communes. À Paris & dans quelques autres villes , ce cor/a! eft compoié du prevôt des marchands & des échevins; dans d’au- tres villes, c’eft un maire qui eft le chef de cette aflemblée ; à Touloufe, ceux qui compofent le con. _ feil de ville font nommés capisouls ; à Bordeaux, & dans quelques autres villes, on les appelle ywrars : dans d’autres, bailes 6 confuts, fyrdics, &c. A Paris , ontre les échevins , 11 y a des confeil- lers de ville; mais ces fortes décharges ne font qu’ad honores , & ces confeillers n’ont point entrée au bureau ‘où l’on tient confeil fur les affaires de la ville. (4) _ CoxSEIL DE L'UNION, Du tems de la ligue étoit l’'aflemblée des feize , à laquelle-on donna ce nom en 15809. Ce confail déclara le duc de Mayenne lieu- tenant général du royaume : ilavoit été augmente jufqu’au nombre de quarante; & le duc de Mayenne Y avoit joint quatorze petfonnes. Après la mort d'Henri IT. le‘ duc de Mayenne cafla ce conftil. Voy. l’Abregéchronolog. de M! le préfid. Henault. (4) CONSEILLER , f. m. (Jurifprud.) dans fa figni- fication propre eft celui qui eft établi pour donner fes confeils fur une certaine matiere. 11 y a plufeurs fortes de confüillers , les uns que le prince choifit pour laider de leurs confeils dans le gouvernement de l’état ; d’autres qui portent auff le titre de conféillers du Roi, qui ne font pas néan- moins auprès du Roi direétement , mais auprès des juges royaux; d’autres qui prennent ce même titre par honneur, fans faire aucune fonétion de judica- ture. Les juges des feigneurs & les principaux off- ciers des villes ont aufli leurs conféillers ; & chaque clafle de ces confeillers fe fubdivife encore en plu- fieurs efpeces que nous expliquerons dans les arti- cles fuivans. L'origine des corféillers proprement dits qui aflif- tent le principal juge de leurs confeils, eft fort an cienne; elle remonte jufqu’aux tems des Hébreux. Dieu ayant établi Moyfe pour conduéteur &c juge de fon peuple, lui ordonna de fe choïfir un confeil qui feroit compofé de foixante-dix des anciens & maîtres du peuple, de les amener à l’entrée du ta- bernacle de l'alliance où ils demeureroient avec lui, Moyie ayant exécuté cet ordre divin, le Seigneur, dit l'écriture, defcendit dans lanuée, parla à Moyie, prit de l’efprit qui étoit en lui, & le donna à ces foi- xante-dix hommes. Ainf les premiers confeillers fu- rent d'inflitution divine de même que les juges, & reçurent de Dieu la grace du même efpnit dont Moyfe étoit rempli. On les nomma zekezm , c’eit- à-dire les anciens du peuple, feziores ; d’où l’on a fait enfuite le titre de fésatores , pour marquer que la fa- gefle & l'expérience qui fe trouvent dans un âge avancé, eft néceflaire aux juges & à ceux qui les afliftent de leurs confeils. Moyfe & ceux qui lui fuccéderent en la fonétion de juges, eurent toüjours de même des conféillers ; & ce confeil fuprème qui fut dans la fuite nommé /27- hedrin, a fubffté dans Jérufalem tant que l’état des Juifs a fubfifté. | Les autres villes des Juifs avoient auf deux {or- tes de cor/eillers, les uns prépofés pour l’adminuftra- tion des affaires communes; les autres qui étoient au nombre de fept dans chaque ville, rendoient la juftice en premiere inftance, & l’appel de leurs ju- gemens étoit porte au fanhedrin : 1ls étoient élus par le peuple qui prenoit ordinairement ceux qui étoient diftingués par leur fagefle & leur probité; on y ajoù- ta dans la fuite deux lévites, parce que ceux de cette tribu étoient les plus verfés dans l'étude des lois. C’eft peut-être à limitation de cet ancien ufage, qu’eft venu lone-temñs après celui d'admettre un cer- tain nombre de cozfeillers-clercs dans les fiéges royaux. Nous en parlerons plus particulierement ci-après. | Il ÿ eut auf toûjours des cozfecllers chez les Grecs pour rendre la juftice; le nom qu’on leur donnoit du tems des rois fignifioit ais du roi ; 8&t en effet ils ren- CON 23 dôient la juftice avec lui ; & quand il étoit abfent , lun d'eux préfidoit à fa place. 3 Sous lès archontes, ces cozfèillers prirent un nom équivalent à celui d’afféffeurs. Du tems des républiques de la Grece, les Athé- niens lavoient deux tribunaux fupérieurs : l’un ap- pellé /érat des cinq cents, qui étoit pour le souverne- ment civil'& la manutention des lois ; l’autre étoit ce fameux aréopage où préfidoit un des archontes avec trois cents coz/eillers qu'on appelloit eréopagi- tes : 1] connoifloit de la police, des matieres crimi- nelles, 8& de quelques autres affaires privilégiées, Il y avoit encore alors'dans la Grece huit autres tri- bunaux compofés chacun d’un préfident 8 de plu: fieurs confeïllers, dont le nombre étoit de deux juf- qu'à cinquante : ceux-ci étoient nommés fimplement affefeurs ; ls devoient être âgés de trente ans, gens de bien & fans aucun reproche, d’une famille nota- ble de citoyens. On n’y admèttoit point-ceux qui étoient comptables au tréfor public; & avant deles recevoir, ils étoient examinés fur leur cenduite paf. fée devant le fénat des cinq cents. Le premier ma- giftrat ou préfident interrogeoit les parties & les té- moins ; le procès étant ainf inftruit, le juge le don- noit à fes aflefleurs pour l’examiner , &'énfuite ils lui donnoient confeil pour le jugement, Il y eut pareillement des conféillers chez les Ro- mains dès le tems de leur premier établiffement., Ro- mulus fe forma un confeil de cent notables citoyens, dont 1l prenoit l'avis dans les affaires qu’il avoit à décider : 1l les nomma férareurs. C’eft de ces cent premiers confeillers ou fénateurs que toutes les ane ciennes familles patriciennes tiroient leur origine &c leur nobleñe, Les rois fuccefleurs de Romulus, & après eux les confuls , rendirent de même la juftice avec leurs confeillers ou fénateurs; le peuple connoïiffoit cepen- dant de certaines affaires , & alors chacun opinoit ou bien l’affemblée établifloit un confeil pour juger l'affaire. Les confuls fe trouvantiäffez occupés du gouver- nement de l’état, établirent le préteur pour rendre la juftice en leur place. On ne lui donna point de confeillers ; mais il choïfifloit lui-même pout chaque affaire des juges qui fafoient près de lui la fonc- tion de confesllers : 11 ne les prenoit d’abord que par- mi les fénateurs ou les chevaliers; enfuite 1l y ad- mit aufli des plébéiens. | Le préteur forma encore une autre clafle de coz- feillers qu'il tira d’entre ceux qui s’appliquoient à l’é- tude des lois, & qui prenoient le titre de ywrifcon- Jultes , parce qu'on les confultoit fouvent fur les procès qui étoient à juger. Il en prit cinq des plus habiles dans chacune des trente-cinq tribus, ce qui. faifoit en tout cent foixante-quinze : on les appella cependant par abbréviation les cersumvirs, Lorfque le préteur avoit à décider quelque queftion de droit, il prenoit des juges ou confeillers parmi les centum- vits; au lieu que pour les queftions de fait, il pre- noit des juges dans les trois ordres de citoyens in- différemment. Les proconfüls, préteurs ou préfidens, qui étoient les gouverneurs & magiftrats des provinces , avoient auf la liberté de choïfir eux-mêmes leurs affefleurs ou confeillers. Ils en prenoient à Rome ou dans les provinces ; mais fi c’étoit dans leur gouvernement , ces afleffeurs devoient être changés au bout de qua- tre mois, & il falloit enfuite qu'ils en fiffent venir d’ailleurs. Les uns & les autres devoient être choifis parmi ceux qui avoient étudié les lois ; ils affifloient le magiftrat de leurs confeils dans les jugemens , & le repréfentoient en fon abfence. C’eft pourquoi on les qualifoit con/fliarit 6 comites magiftratuum ; le ma- giftrat leur renvoyoit l’inftruétion & l'examen des C ON 24 procèss mais il étoit obligé de juger lui-même, ce : qu'il faifoit fur le rapport & lavis de fes confeillers. On voit par ce qui vient d’être dit, que chez les Romains les fimples conféillers on aflefleurs des ma: giftrats n’étoient point eux-mêmes confidérés com- me magiftrats ; ce n’étoient que des affefleurs que le magiftrat appelloit pour l'aider de leurs confeils, & qui par eux-mêmes n'avoient aucun caraëtere d'officiers publics. Nous avons déjà obfervé ci-devant au mot coz- Jeil du Roi, qu’en France nos rois ont toljours eu près d'eux, dès le commencement de la monarchie, un confeil compofé de perfonnes choïfies pour les aider dans le gouvernement de l’état & dans l’admi- niftration de la juftice ; que ceux qui font admis dans ce confeil, ont été appellés fucceflivement confeil- lers du roi ou grands confeillers du roi, confeillers du fècres, confeillers d’étar. Les comtes des provinces & des villes ayant fuc- cédé en France aux magiftrats Romains, on établit aufli près d’eux un confeil pour les affifter dans leurs jugemens , tant au civil qu’au criminel, & pour re- préfenter le magiftrat en cas d’empêchement de fa part. La loi falique nomme ces confeillers rachin- burgi, mot dérivé de l’Allemand, & qui fignifioit juges. Ils conferverent ce nom fous les rois de la premiere race, & en quelques endroits, jufqu’à la fin de la feconde : on les appelloit plus communé- ment en d’autres endroits /cabini, échevins , c’eft- à-dire juges ou hommes favans Ces rachinbourgs ou échevins étoient élus par le magiftrat avec les principaux citoyens, On ne pre- noit que des gens d’une fagefle & d’une probité re- connue ; ils prêtoient ferment entre les mains du ma- giftrat de ne jamais commettre fciemment aucune injuftice. Si par la fuite on en reconnoïfloit quel- qu'un qui n’eût pas les qualités ou les fentimens convenables , il pouvoit être deftitué par les com- miflaires du Roi appellés ff dominici, qui en pou- voient mettre en place un autre, dont le choix fe faifoit de la même maniere qui a été expliquée. On envoyoit au roi Les noms de ceux qui étoient élus, - {oit pour qu'il confirmât l’éleétion, foit afin qu'il connût ceux qui étoient en place ; le juge en appel- loit deux ou trois, & quelquefois jufqu’à douze, plus ou moins’, felon l'importance de l’affaire ; &c quand ils n’étoient pas en nombre fufffant , le ma- giftrat pouvoit y fuppléer, en appellant d’autres citoyens des plus capables à fon choix. Sous la troïfieme race, les baillifs , prevôts, chàâ- telains, vicomtes & viguiers, qui fuccéderent aux comtes pour l’adminiftration de la juftice, n’avoient point d’abord de conféillers en titre. Les affaires le- geres étoient décidées par le bailli ou autre juge feul ; quant à celles qui étoient plus importantes & qui méritoient de prendre l’avis de quelqu'un, le juge appelloit avec lui deux, trois ou quatre per- fonnes telles qu'il vouloit, d’autant que les lois étoient alors dans l’oubli, & qu’on ne fe conduifoit que fuivant des ufages & coûtumes que chacun con- noïfloit. Le juge pouvoiït, en cas d’abfence , déléouer un certain nombre d’afleffeurs four rendre la juftice; mais 1l étoit refponfable des fautes de ceux qu'il avoit commus ; & les afleffeurs eux-mêmes étoient punis. Dès que le juge reprenoit fes fonétions, ces aflefleurs délégués redevenoient perfonnes privées. À chaque affaire qui méritoit quelque difcuffion, le juge fe choififloit un nouveau confeil. Comme les nobles avoient le privilége de ne point être jugés que par leurs pairs ou égaux, le feigneur ou fon bail, quand il s’agifloit des caufes des nobles , appelloit avec lui pour con/éillers un certain nombre des pairs du feigneur ; au lieu que L À pour les caufes des roturiers, le juge appelloit pour aflefleurs telles perfonnes qu’il vouloit, lefquels fafoient ferment, à chaque caufe, de juger en leur confcience. On les appelloit alors prudhommes où JUSEUrSe : Û | On voit dans les établifflemens de S. Lonis & dans les auteurs contemporains, que le nombre-des juges devoit toñjours être de deux, trois, quatre ow{ept, felon l’importance de la matiere; que fi le feigneur n’avoit pas aflez de vaffaux pour fournir ce nombre de pairs, on avoit recours au feigneur le plus pro- che; & en cas de refus, au feigneur fuzerain; que les nobles qui refufoient cet emploi étoient con- traints de l’accepter par faifie de leurs fiefs, &les roturiers par prifon; que le miniftere des uns & des autres étoit purement gratuit; que les juges. &c par conféquent ceux qui fafoient fonétion de confeillers, étoient garants de leurs jugemens; qu’en cas de plainte, les nobles étoient obligés de les foûtenir par gages de bataille, & les roturiers par de bonnes rafons ; qu'autrement ils étoient condamnés aux dommages & intérêts des parties. L’adminiftration de la juftice étant devenue plus paifble fous Philippe le Bel , Les baïllifs & autres ju- ges eurent la liberté de fe choiïfir un confeil tel que bon leur fembloit, fans avoir égard à la qualité des parties ; mais feulement à la nature de l'affaire : ils appelloient ordinairement des avocats de leur fiége ; mais tous ces conféillers n’avoient que des fonétions pañlagetes. / Le prevôt de Paris étoit le feul au commence- ment de la troifieme race qui eût confervé fon con- feil ordinaire compofé de l'avocat & du procureur du roi, & de plufeurs conféillers , dont les uns étoient appellés auditeurs , leS autres examinateurs , ainf qu'on l’expliquera ci-après à l’article des CONSEIL: LERS AU CHASTELET. La premiere création de co/eillers en titre d'office; eft celle qui fut faite par Philippe de Valois en1327, de huit conférllers au châtelet, quatre clercs & qua- tre laïcs ; le nombre en fut enfuite augmenté en dif- férens tems. Lorfque le parlement eut été rendu fédentaire Paris, le roï envoyoit tous les ans au commence- ment de la tenue des parlemens l’état des préfidens & confeillers ,; tant clercs que lais, qui devoient y fièger ; mais vers l’an 1400, les rôles ou états ayant ceflé d’être envoyés, les officiers du parlement ne fachant à qui s’adreffer à caufe des troubles ;fe con- tinuerent d’eux-mêmes.& devinrent perpétuels. Les baillifs & fénéchaux ayant perdu par fuccef- fion de tems la liberté qu’ils avoient de choïfir leurs confeillers ; & le roi s'étant réfervé le droit de les nommer, ils prirent le titre de con/éillers du roi : il y en avoit dès le commencement du xjv. fiecle. Pour ce qui eft des fiéges royaux reflortiflans aux bailliages & fénéchauflées , Charles IX. fut le pre- mier qui y créa des conféillers par édit du mois d’Oc- tobre 1571. j À l'égard des confeillers des autres fièges , voyez ce qui en eff dit fous les noms qui leur font propres. Les fon@tions des con/eillers étant les mêmes que celles des autres juges en général, on n’entrera ici dans aucun détail à ce fujet. Ce font eux qui font le rapport des inftances & procès appointés : 1ls ont ordinairement des clercs ou fecrétaires qui en font lextrait; mais il yen a peu qui fe fient à cet extrait, dans la crainte qu'ils ne fût défettueux ou infidele. C’eft pourquoi les or- donnances les obligent d'écrire eux-mêmes leurs extraits, tellement qu’on voit dans le ftyle de chan- cellerie de Dufault un modele de difpenfe à ce fujet pour caufe d'ineommodité, (4) | CONS= : ConNsEïLLER À L'AMIRAUTÉ , v0yéz AMIRAUTÉ “€ TaBLe DE MARBRE. (14) CONSEILLER-AUDITEUR , voyez au mot COMP- es, à l’article CHAMBRE DES COMPTES. (4) CONSEILLER - AVOCAT, adyocatus confiliarius ; des avocats confultans font ainf qualifiés dans des ordonnances de l’an 1344. (4) ConsEILLERS AU CHATELET, font des magif- trats qui font revêtus d’un office de confeiller du Roi au châtelet de Paris. Leur établiflement eft auf ancien que celui du tribunal du châtelet, &par conféquent l’on peut dire qu'il eft aufli ancien que celui de la ville de Pa- ris. Encfet, cette ville ayant été confidérée dès fa naiffance comme un pofte important par rapport à {a fituation, il y eut fans doute dès-lors des officiers prépofés pour rendre la juftice. Jules Céfar, apres avoir fait la conquête des Gaules, y transféra le confeil fouverain des Gaules, qui devoit s’aflembler tous les ‘ans. Le proconful gouverneur général des Gaules qui préfidoit à ce confeil , établit fa demeure à Paris. Ce proconful avoit fous lui un préfet à Pa- ris pour y rendre la juftice , appellé præfeitus urbis, qui en 666 prit le titre de comre; & celui-ci dans la fuite fe déchargea du foin de rendre la juftice fur un prevôt , lequel par l’'évenement demeura feul au lieu & place du comte. | Ainfi comme chez les Romains les préfets des vil- les fe choififloient eux-mêmes des confeillers ou af- fefleurs , que l’on appelloit confiliari feu affeffores , inquifitores , diféuffores , il eft à croire aufh que ces ufages pañlerent dans les Gaules avec la domination des Romains, & que le magiftrat de Paris ent toù- jours des confeillers, foit par rapport à la dignité de la capitale, foit par rapport au grand nombre d’af- faires dont il étoit chargé, & fur-tout à caufe de Pimportance & de la difficulté des affaires de grand criminel. Les confeillers du magiftrat de Paris furent auff fans doute appellés de différens noms , comme ceux des autres comtes, c’eft-à-dire que fous la premiere race de nos rois on les appella rachinburet , & fous la feconde /Cabini: c’eft de-là qu'il eft dit en quel- ques endroits, que de comte de Paris ou Jon prevôt Ju geoit avec les échevins ; maïs par ce terme féabini, on entendoit alors des confeillers & non pas des of- ficiers municipaux , tels que les échevins d’aujour- d’hui qui n’ont été établis que long-tems après. Pendant les troubles qui agiterent la France au commencement de la troifieme race, les juges mê- me royaux n’avoient point d’affeffeurs ou confeil- lers ordinaires ; ils n’en appelloient que dans les af- faires difficiles. Le prevôt de Paris fut le feul qui conferva fon confeil ofdinaire, qui étoit compoié de l’avocat & du procureur du Roi, qui faifoient aufli fonétion de confeillers, & de plufeurs autres confeillers. Il eft à préfumer que du tems de $. Louis le pre- yôt de Paris choififloit lui-même fes confeillers. Depuis ils furent éle@ifs. Suivant l'ordonnance de 1327, ils devoient être mis par le prevôt de Paris & quatre maîtres du parlement ; ils étoient ordinai- rement tirés du corps des avocats au châtelet. Enfin le Roi s’en eft refervé la nomination. Le prevôt de Paris qui dans le premier âge de ces offices avoit le droit d’y nommer , pouvoit fans dou- te les faire révoquer; mais ce pouvoir fut enfuite modifié, & 1l lui a enfinété entierement Ôté, de mê- me que par rapport à fes heutenans. Dans l’origine , 1l pouvoit juger feul les caufes le- eres; mais dans la fuite il fe déchargea vraifflem- blablement de l'expédition de ces petites caufes fur deux confeillers de fon fiége, auxquels il fut donné Tome IF, CON ET une cormiffion particuliere à cet effet, d’où eft ve nue la jurifdiétion du juge-auditeur, | À l’égard des autres affaires, il paroït que & pre- vôt de Paris a toûjours été aflifté de confeillers, Leurs fonéhions étoient de trois fortes, comme le font encore celles des confeillers des cours fupé- rieures : les uns afhftoient à l’andience avec le pre- vôt de Paris, & on les appelloit auditeurs de caufes ; les autres étoient commis pour l’inftruétion des af- faires, & on Les appelloit erguéteurs-examinateurs ; d’autres enfin entendoient les. rapports qui étoient faits au confeil, & on les appelloit yugeurs. L’adminifiration des prevôts de Paris fermiers ayant pris fin fous S. Louis, & ce prince ayant nom= mé en 1235 pour prevôt de Paris Etienne Boileau, il afligna dans le même tems des gages aux corifeil-, lers ainfi qu'au prevôt de Paris, ce qui prouve que les confeillers au chételer étorent déjà établis plus an- ciennement , & qu'ils étoient dès-lors officiers: royaux; & il eft à croire que depuis qu'ils eurentce titre ils étoient à la nomination durot, & que le pre vôt de Paris avoit feulement confervé le droit de préfenter des fujets pour remplir les places vacantes. On trouve énoncé dans un arrêt du $ Août 1474, que les conféillers du chételer étoient plus anciens que les examinateurs ; & dans un autre arrêt du 10 Mar 1502 , il eft dit que de tout tems & d'ancienneté, plus de deux cents ans avant l'érection des examinat teurs, les lieutenans civil & criminel de la prevôté avoient accoûtumé de faire les enquêtes, & qu'il n’y avoit qu'eux qui les fiflent, n’étoient Les confeil=. lers ou avocats auxquels ils les commettotènt ; ce qui confirme qu'il y avoit des confeillers dés avant l’an 1300. | On trouve auffi dès 1311 des confeillers au chäte- let dénommés dans des aétes publics, qui font ainft qualifiés tous du confeil du roi au chäteler. I] y en a quatre nommés dans l’enregiftrement des lettres de Philippe le Bel, du 18 Décembre 1311, fans comp- ter le procureur du roi, qui faifoit auffi alors la fon- &ion de confeiller. Les lettres données par Charles IV. le 25 Mai 1325 pour la réformation du châtelet, qui font mention des plaintes faites contre différens officiers du chà- telet, n’imputent rien aux corfellers. Quelques auteurs ont cru par erreur que les cor feillers au châtelet n’avoient été inftitués que par les lettres de Philippe VI. du mois de Février 1327, qui en fixent le nombre à huit : mais il eft évident par ces letttes mêmes qu'ils étoient déjà plus anciens, &c qu'il ne fit qu’en réduire le nombre. Quant a ceux, dit-il, qui font de par nous a notre confeil du chäteler, dont ils étoient plufieurs clercs & Luis, nous ordonnons qu'il y en ait huit tant feulement, defquels il y en aura quatre clercs € quatre lais; & s’y affembleront au ché- telet deux jours en La fémaine , pour voir d'un accord 6: d’un affentement les procès 6 les caufès avec notre pre- vôt, & viendront au mandement dudit prevôt toutes les foisiqu’il les mandera. À prendre littéralement ce qui eft dit ici des qua- tre confeillers-clercs, on pourroit creire que c’é- toient des places affedtées à des eccléfiaftiques , & l’on ne trouve aucun édit qui en ait changé la qua lité. Cependant on tient communément que com» me alors le terme de c/erc fignifioit également lhom= me d’eéglife & l'homme lettré ou gradué, les qua- tre places de confeillers=clercs du chârelet étoient feu lement affe@ées à des gradués. Quoi qu'il en foit, on ne voit point qu'aucun de ces quatre anciens of fices de conftillers-clercs foit demeuré affeété à des ec- cléfiaftiques, foit qu'en effet dans l’origine ils ne fuffent réellement pas affe@és à des ecclefaftiques , foit que dans la fuite de fimples clercs y ayant été admis, les ayent fait infenfiblement pañler dans 26 CON l'état laïc en fe mariant, au préjudice du ferment: qu'ils faifoient à leur réception de prendre les ordres dans année. | Les lettres de Philippe VI. du mois de Février 1327, dont on a déjà parlé, portent encore que les confeillers du chérelet ne feront avocats, procureurs, ni penfionnaires de perfonnes demeurantes en la vi- comté de Paris ni ès reflorts, ni d’autres qui ayent affaire audit fiége, de quelque état & condition qu’- als foient ; qu'ils prendront chacun 40 livres parifis de penfon pat an, 8 qu'ils y feront mis par le chan- celier , appellés avec lui quatre du parlement 8 le prevôt de Paris. | Qu'ils feront tenus de rapporter dans quinze jours les procès où il y aura lieu à un interlocutoire, & dans un mois ceux qui peuvent être jugés définiti- vement, ou plütôt fi faire fe peut. Que les procès leur feront donnés fi fecretement par le prevôt, que les parties ne puiffent favoir ceux à qui ils feront donnés ; & qu'ils ne recevront rien des parties par aucune voie pour mettre les aétes, fl ce n’eft par le prevôt. Charles V. étant régent du royaume, commit le prevôt de Parisen 1359 pour donner des ftatuts aux teinturiers de la ville de Paris, en appellant aveclui fon confeil du châtelet, c’eft-à-dire les confeillers; ce qui fut ainfi exécuté. Ils ont encore concouru avec le prevôt de Paris pour donner divers autres ftatuts aux arts & métiers. Le nombre des procureurs au châtelet ayant été réduit à quarante par Charles V.en 1378, ce prince ordonna qu'ils feroient choifis par le prevôt de Pa- ris, avec deux ou trois confallers des plus expéri- mentés. Lorfque Charles VI. fit un reglement en 1396, portant que dorénavant le facrement de pénitence feroit offert aux criminels condamnés à mort, il fit appeller pour cet effet dans fon confeil des princes. du fang , les gens du grand-confeil, & plufieurs con- feillers tant du parlement que du châteler. Le nombre des confeillers au chärelet qui avoit été téduit à huit en 1327, fut augmenté jufqu'à douze. On ne trouve point l’édit de création; mais deux arrêts des .. . Mai 1481 & 11 Août 1485, font men- tion qu'il y avoit alors douze con/eillers en la pre- vôté. Les chofes demeurerent dans cet état jufqu’au mois de Mai 1519, que le roi créa douzé nouveaux offices de confeillers au chätelet,. Les douze anciens confeillers s’oppoferent à la vérification de cet édit. Au mois de Février 1522, le roi ecclipfant de la pre- vôté de Paris la jurifdiétion de la confervation des priviléges royaux de luniverfité, qu’onappella aufñ le bailliage de Paris, ordonna que les douze con/eil- lers nouvellement créés ferviroient en la conferva- tion, quoique la création n’en fût pas vérifiée. Ce nouveau tribunal fut réuni à la prevôté de Paris par édit du mois de Mai 1526, qui ne fut re- giftré au parlement que le 23 Décembre 1532.Cet édit porte que les douze offices de confüllers en la confervation s’éteindroient à mefure qu'ils vacque- roient par le décès des titulaires. Il y en avoit déjà quatre d’éteints par mort, lorfqu’en' 1543 les huit reftans furent réunis & incorporés aux douze de la prevôté par édit du mois de Mai de ladite année. Sui- vant cet édit, les vingt offices devoient s’éteindre par mort indiflinétement , jufqu’à ce que le nombre en füt réduit à feize. Lors de la création des préfidiaux en 1551, 1l fub- fiftoit encore quelques offices de confeillers créés pour la confervation en 1522, mais qui n’avoient plus d'autre titre que celui de confeillers en La prevd- ré. y'avoit alors en tout dix-neuf offices remplis. L'art, 32. de l’édit des préfidiaux porte établifle- ! %. > ! ment au châtelet & fige préfidial de Paris de vinot-’ quatre con/feillers, compris les anciens déjà créés; ainfi comme il y en avoit alors dix-neuf, le nombre fut augmenté de cinq. 2 Il ne fubfifte plns préfentement que quinze de ces anciens offices ; favoir dix de la prevôté, un de là confervation, & quatre de ceuxcréés en 1 $5 1 pourle préfidial. On ne voit pas comment les autres ont été éteints, excepté un qui fut fupprimé comme vacant par mort en 1564. Il y en eut deux autres créés par édit d'Avril 1557 mais ils furent fupprimés peu de tems après. | En 1567 il en fut créé fept par édit du mois d’Oc- tobre audit an. En 1573, fur les repréfentations du clergé, fut créé l’office de confeiller-clerc ; ce qui juftifie que les quatre places de coféillers-clercs mentionnées en l’or- donnance de 1327, n’étoient pas dans l’origine af- fettées à des eccléfaftiques, ou que par fucceffion de tems on les avoit réputées offices laïcs. | Au mois de Mai 1581, il fut créé un autre office de confiller-lai, pour tenir lieu des deux offices créés en 1578, qui devoient être affetés aux deux avo- cats du roi. Ces deux offices n’avoient pas été le- VÉS. L Il y eut encore au moiïs de Septembre 1586 une création de quatre conféillers , mais qui n’eut lieu que pour deux feulement. Au mois de Février 1622, il en fut encore créé deux autres , & autant au mois de Mars 1634 En Décembre 1635 1l en fut encore créé quatre dont deux laics & deux clercs ; mais par déclaration du 10 Juillet 1645, ces deux derniers offices furent déclarés laics. Il avoit été créé au mois d'Avril 163; un office de confeiller honoraire, qui fut fupprimé en 1678, & qui d’ailleurs avoit toüjours été uni à un des deux off- ces créés en 1634, & poflédé par un feul & même titulaire, fuivant un concordat fait dans la compa- gme, revêtu de lettres patentes depuis enregiftrées au parlement. | Ainfi en 1635 1l y avoit trente-quatre offices de confeillers au chäteler. 2 Les chofes étoient encore au même état en 1674, lors de la création qui fut faire d’un nouveau châte- let, avec pareil nombre d'officiers qu’à l’ancien, fi ce n’eft que dans l’ancien châtelet il n’y avoit qu- un office de confeiller-clerc , au lieu que pour le nou- veau il en fut créé deux, lefquels furent compris dans la fuppreflion faite en 1684, dont on parlera dans un moment. L On créa aufli par le même édit de 1674 deux of- fices de confesllers gardes-fel,un pour l’ancien châte- let, & Pautre pour le nouveau, avec les mêmes droits & prérogatives des autres conféillers ; ce qui faloit en tout trente-cinq coz/eillers pour l’ancien châtelet, & autant pour le nouveau, y compris les. deux con/eillers gardes-[cel. En 1684, lors de la fupprefion du nouveau chä- telet, on fupprima l'office de confèiller garde-fcel de l’ancien châtelet, & on laifla fubffter celui du nou- veau châtelet, mais fous le titre de confeiller {eule- ment, fuivant l’édit de 1685 : enfin on fupprima trei- ze offices de con/feillers du nouveau châtelet, au moyen de quoi le nombre fut fixé à cinquante-fix, tel qu'il eft aujourd’hui, dont onze font d’ancienne création , &c les quarante-cinq autres ont été créés en divers tems, foit en 1551, lors de l’établiffement du préfidial, ou depuis. Ces cinquante-fix confeillers {ont divifés en qua- tre fervices ou quatre colonnes ; favoir le parc ci- vil , le préfidial, la chambre du confeil, & le crimi- nel : ils paflent fucceflivement d’un fervice à l’autre, fuivant l’ordre de ces quatre colonnes qui changent tous les mois. Ces quatre colonnes fe réuniflent dans les occa- fions, foit pour affaires de la compagnie , réceptions d'officiers, ou autres matieres importantes ; & alors l’affemblée fe tient en la chambre du confeil. Les confèillers au chérelet afliftent à certaines cÉtÉ- monies, notamment aux publications de paix & aux fervices qui fe font à S. Denis, où ils ont la droite {ur les officiers de ville. LE Ceux qui font de la colonne du parc civil affiftent avec le prevôt de Paris & je lieutenant civil à Pau- dience de la grand’chambre du parlement, à l’ou- verture du rôle de Paris. (4) CoNSEILLER-CLERC 04 CONSEILLER D'ÉGLISE, eftun confeiller d’un fiége royal dont l'office eft af- feaé àun eccléfaftique. Tous les clercs ou eccléfa- ftiques qui font confeillers, ne font pas pour cela confeillers-cleres. Ceux qui font pourvus d’offices de confeillers-lais, font confeillers-lais, & il n’y a vé- ritablement de conféillers-clercs que ceux qui font pourvus d’un office affeété à un clerc. Dans les tribunaux où il y a deux fortes d’offices de confeillers , lés ns affe@és à des laïcs, les autres à des clercs, les offices de chaque efpece doivent être remplis par des perfonnes de la même qualité, c’eft-à-dire que les offices de confeillers-lais doivent être remplis par des lais, & les offices de confesllers- clercs par des clercs, conformément à une déclara- tion faite pour le parlement le 23 Mars 1484. L'objet que l’on a eu en créant ainfi deux fortes de confeillers clercs & lais, a été fans doute que les deux ordres concouruflent également à l’adminiftra- tion de la juftice ; qu'il y eût des clercs pour foûte- nir les priviléges des eccléfiaftiques , &e des laïcs pour foûtenir les droits de l'état contre les entrepri- fes des eccléfiaftiques : c’eft pourquoi les offices de confeillers-lais ne peuvent fans difpenfe être rem- plis par des clercs, de méme que ceux de clercs ne peuvent auffi fans difpenfe être remplis par des laïcs. L’établiflement des confeillers-clercs eft fort ancien: les premiers corfêillers-clercs ont été les évêques & archevêques , qui en cette qualité avoient autrefois tous entrée au confeil du roi & au parlement, d’où ils ont encore confervé le titre de conféillers du Roi en fes confeils. Dans la fuite il fut ordonné qu'il ny _ auroit au confeil du Roi que ceux qui y feroient ap- pellés : & Philippe VI. fe faifant confcience d’empê- cher que les prélats ne vaquañlent à leurs fpirituali- tés, ordonna qu’il n’y en auroit plus au parlement ; il n’y eut que l'évêque de Paris & l'abbé de S. Denis qui y conferverent leur entrée, comme étant plus à portée que les autres d’y venir fans manquer à leurs autres fonétions. Les fix pairs eccléfaftiques qui ont auñfi confervé leur {éance au parlement , font aufli proprement des confeillers-clercs , puifque ces places ne peuvent être remplies que par des eccléfiaftiques ; mais ils font diftingués par le titre de ducs & de comtes G pairs ec- cléfiaffiques , & l’on n’a pas coûtume de les défigner fous le titre de confèillers , quoiqu'ils en faffent réel- lement la fonéion ; ce font des conféillers-clercs nés en vertu de leur dignité de pair. L’archevêque de Paris & l'abbé de Cluny font en- core des confeillers-cleres du parlement , mais ils font difringués des autres par le titre de corfeillers d’hon- Zeur nés. Le châtelet de Paris eft peut-être le premier tri- bunal où il y ait eu des places de conféillers affeêtées à des clercs fans autre dignité. En effet on a déjà remarqué, en parlant de ce tribunal, qu’en 1327 il y avoit huit clercs &c huit lais; mais foit que par ce terme de céeres on entendit alors feulement des gezs Tome IF, L | C ON 27 lettrés, ow que ces offices de cleres ayent par fuccef- fion de tems pañlé à des laïcs , il eft certain qu’il ne fubffte aucun veftige de ces anciens offices de coz- . feillers-cleres | 8 que l’on n’y en connoît point d’au- tre que les deux qui y furent créés, de même que dans tous. les autres préfidiaux, par édit du mois d’'Août 1575. Depuis que le parlement a été rendu fédentaire à Paris, il y a tobjours eu, outre ces prélats qui y avoient alors entrée, des places de corfeillers affec- tées à des clercs. Le nombre en a varié felon les conjon@ures ; il eft préfentement de douze à la grand- chambre, &t de douze qui font diftribués aux en- quêtes. Il y en a aufi un certain nombre dans les autres parlemens. | Pour pofléder un office de confüller-clerc,, 11 faut tégulierement être dans les ordres facrés; mais on accorde quelquefois à de fimples clercs des difpen- fes pour pofléder ces offices. Les confüllers-cleres ne vont point à la tournelle; ils n’inftruifent point les procès criminels , & n’afli- ftent point au jugement: cet ufage eft fort ancien ; car on voit au regiftre du parlement de lan 1475 une proteftation faite le 23 Août par les gens d’églife, fur ce qu’étant préfens à la prononciation du jugement du connétable Saint-Pol qui fut fait à la baftille, god non erant per modum confilii, auxilii autoritatis, confenfus feu appunüamentz. ; Cependant au parlement de Grenoble il eft du fage que les confeillers-clercs inftruifent les procès criminels , & afliftent même au jugement comme ju- ges , fi la peine des accufés ne doit point être afflic- tive au corps. IA Les confeillers-clercs des parlemens qui font en mé- me tems chanoines, font difpenfés de la réfidence à leur canonicat, & ne laïffent pas de gagner les gros fruits. Les jours de fêtes ils portent la robe rouge au chœur fous leur furplis. A la grand’chambre du parlement où les confèr!- Lers-clercs fiégent tous de fuite, leur place eft à la gauche des préfidens : ils ne font nommés qu'après. les confeillers-laics ; ils opinent cependant les pre- miers avec les préfidens. Dans les autres chambres & tribunaux , ils n’ont rang que du jour de leur ré- ception. Un confeiller-clerc qui fe trouve Le plus ancien des confeillers de fa compagnie, peut décanifer, c’eft-à- dire joir de tous les honneurs & privilèges de doyen, & préfider à la compagnie en cas d’abfence des préfidens ou autres chefs. Voyez Le sr. de M. Pe- titpied, du droit & des prérogatives des eccléfraftiques dans l’adminiftration de la juftice f'éculiere. (4) ConSEILLERS COMMISSAIRES DÉPUTÉS DES DiocÈses , voyez CHAMBRE SGUVERAINE DU, CLERGÉ. (4) _ CONSEILLERS COMMUNS ET PUBLICS ; cefont les avocats confultans qui font ainfi nommés dans une ordonnance de Charles V. de l’an 1356, qui dé- fend aux juges royaux de les prendre pour leurs lieutenans, ne voulant pas qu'une même perfonne exerce deux offices. (4) CONSEILLERS DE LA COMMUNE DE ROUEN ET DE FALAISE, font les conféillers municipaux de ces deux villes: ils font ainfi qualifiés dans des Îlet- tres du mois de Novembre 1204, rapportées dans le F come des ordonn. de la troifteme race , page 671 A re AU ConseiL ROYAL, eft le titre que l’on donne à ceux qui ont entrée & féance au confeil royal des finances. Foyx ci-devant ai m0f ConsEiz DU RoO1, l’article du Confeil des finances. (4) CONSEILLERS DÉPUTÉS DES MARCHANDS FO: p j 28 CON RAINS DU POISSON DE MER EN LA VILLE DE Paris : Charles V. leur adrefla des lettres du 23 Avril 1364, concernant lé falaire des véndeurs de marée ; il les autorife à augmenter ou diminuer cê falaire , après s'être informé de l’état des chofes , & avoir pris l’avis des marchands; & il ordonne au prévôt de Paris, confervateur, gardien & com- mifldire général dé la marée, de faire obferver ce qui auroit été reglé par eux. Il paroït que ces con- Jéillers n'étoient que des députés des marchands de poiflon, auxquels on donnoit la qualité de cozér/- ‘Lers relativement à là commiflion dont ils étoient chargés, (4) CONSEILLERS DE LA DOUANE, font les affef- feurs des juges de la jurifdiétion des traites foraines de Lyon, qu’on appelle communément en ce pays Ia jurifdittion de la dotiane. Us font au nombre de fix. Leur création eff en titre de l’année 1692, de même que celle des autres officiers de ce fiége qui étoient auparavant en commifhon. L’un de ces cozfezllers a le titre de garde des féeaux, parce qu'il a la fonétion de fceller les expéditions de ce tribunal. Le lieute- nant en la maîtnife des ports, ponts, & pañlages de la même ville, eft le dernier de ces fix cofeillers, & ce droit eft attaché à fon office de lieutenant en la maîtrife. Voyez DOUANE & TRAITES. (4) ConSEILLER D'ÉGLISE , eft la même chofe que confeiller-clerc , & on leur donne plus communément ce dernier nom. Voyez ci-devant CONSEILLER- CLERC. (4) CONSEILLER À L’ÉLECTION 04 EN L'ÉLECTION eft un des conféillers d’un fiege d’éleétion , c’eft-à- dire d’un de ces tribunaux qui connoïffent en pre- miere inftance des conteftations au fujet des tailles. Voyez ELECTION 6 ELUS. (4) CONSEILLERS D’ÉPÉE, font des officiers d’épée qui ont entrée , féance, & voix déliberative en qua- lité de confeillers dans quelque compagnie de juftice. On peut mettre dans cette clafle les princes du fang & les ducs & pairs qui fiègent au parlement l'épée au côté, les confeillers d'état d'épée qui font du confeil du Roï, les chevaliers d'honneur qui font établis dans certaines compagnies ; il y a auf quel- ques officiers d'épée, tels que des gouverneurs de province qui font conféillers-nés dans certaines cours fouveraines. Enfin les baillifs & fénéchaux , les grands-maitres des eaux & forêts, & autres qui fié- gent en épée à la tête de certains tribunaux, font bien des juges d'épée , mais on ne les défigne pas ordinai- tement fous le titre de confecllers d'épée, Voyez ce qui eft dit ci-devant des conjerllers d'état d’épée à l'arti- cle du Conseiz pu Roï. (4) CONSEILLERS-FACTEURS DE LA VILLE DE VERDUN, étoient deux officiers municipaux que les bourgeois de cette ville voulans former une efpece de république, choïfirent en 1340, & auxquels ils attribuerent la même autorité que les confuls avoient cn les Romains. Voyez l'hifl. de Verdun, p. 334. CONSEILLER GARDE-NOTE. W. NOTAIRE. (4) CONSEILLER GARDE-SCEL, W. NOTAIRE. (4) CONSEILLERS DU ROYAUME (Grands), c’eft le nom que l’on donnoiït quelquefois aux cofeillers du grand confeil ou confeil fecret du Roi, comme on voit dans une ordonnance de Charles V. alors régent du royaume, du mois de Mars 1356. (4) CONSEILLER AU GRAND-CONSEIL ; voyez ci-de- yant CONSEILLERS (Grands) , & plus haut az mot Conseïiz, l’article du Grand Confeil, où il eft parlé des confeillers de cette cour. (4) CONSEILLER AU GRENIER À SEL, eft un des corfeillers d’un fiege royal où font portées en pre- miere inftance les conteftations qui s’élevent au fu- CON jét de l'impofition, vente & diftribution du fel. Foy. GABELLES & GRENIER À SEL. (4) | Cons£ïLLERS D'HONNEUR , font des perfonnes qui, fans être ni avoir été titulaires d’un office de confeiller | ont néanmoins entrée & voix délibera tive dans une cour fouveraine, avec le titre de cow- Jeiller d'honneur, & une féance diftinguée au-deflus de tous les confeillers titulaires, à la différence des confeillers honoraires; qui font des officiers vétérans êc ne prennent daris la compagnie que leur rang or: dinaite. Il y a encore d’autres confeillers honoraires Où ad honores différens des confeillers d'honneur. Foy: ci-après CONSEILLERS HONORAIRES. Il y a des confeillers d’honneur-nés, c’eft-à-dire qui le font en vertu de quelqw’autre dignité à la- quelle le titre & la fon@ion de conféiller d'honneur {ont attachés ; d’autres qui le font en vertu d’un bre- vêt du prince qui leur confere cette qualité. Il y a des con/feillers d'honneur dans la plüpart des cours ouveraines : le parlement de Paris eft la premiere où 1l y en ait eu & où ils font encore en plus grand nombre. L'origine des confeillers d'honneur au parlement vient de ce que cette cour ayant été tirée du con- feil du Roï, il y eut pendant long tems beaucoup de relation entre ces deux compagnies : les gens du es étoient fouvent appellés au confeil du o1, & réciproquement les gens du confeil ve- noient fouvent au parlement. Ils n’étoient cepen- dant pas membres du parlement , ce n’étoit qu’une féance d’honneur qui leur étoit accordée : mais il devoit toüjours y en avoir au-moins un ou deux, & tous y avoient entrée quand ils jugeoïent à-pro- pos d’y venir; c’eft ce que dénote le grand nombre de canfeillers dénommés dans les anciens regiftres du parlement, qui font qualifiés en même tems coz- Jeillers au confeil privé 8 confeillers en La cour. Comme cette affluence de monde caufoit de l’em- barras & de la confufion, le parlement voulut, en 1551, exclure de fes affemblées tous les gens du confeil; c’eft pourquoi les confeillers d’état fe pour- vürent devers Henri Il, lequel, par des lettres du 26 Mars 1556, les confirma dans le droit dont ils avoient joui jufqu’alors. Le parlement ayant fait des remontrances fur ces lettres, elles furent prefqu’aufh-tôt révoquées , le ro1 fe contentant que ceux de fon confeil auxquels il accorderoit des lettres fuflent reçûs en la cour ; c’eft ce qui a donné à ces places la forme qu’elles ont aujourd'hui. Cet arrangement fut obfervé paifblement tant que nos rois n'accorderent des lettres de con/eiller d'honneur qu’à des perfonnes de leur confeil ou qui étoient revètues d'emplois honorables; mais com- me la faveur & le crédit fafoient accorder trop fa- cilement de ces lettres à toutes fortes de perfonnes, on fit difiiculté au parlement de recevoir tous ceux qui fe préfentoient ; on exigea qu'ils fuflent actuel- lement confeillers au confeil privé & de fervice au confeil, &z l’on ne voulut les admettre que pendant le tems qu'ils feroient de quartier. Il ne paroït pas que l’on eût encore fait difculté fur le nombre de ces confeillers, ni que l’on deman- dât un réglement fur cette matiere. Ce ne fut qu'au mois de Janvier 1627, lorfque M. de Bullion furintendant des finances fut reçu con- Jéiller d'honneur, qu’il fut arrêté que la cour ne dé- libereroit plus fur de pareïlles lettres qu’il n’eût été fait un réglement à ce fujet, attendu la conféquen- ce de l’affaire. | Cet arrêté ne fut pourtant pas fuivi; & quoiqu'il n’eût pas été fait de réglement, on reçut dans le mê- me tems plufieurs confellers d'honneur, entr'autres le cardinal de Richelieu, le 27 Mars 1627. CON à En 1632, lorfau’on enregiftra des lettres fembla- bles accordées à M. de la Ville-aux-clercs fecrétaire état , 1l fut de nouveau arrêté qu’on ne recevroit plus aucun conféiller d'honneur, foit d’épée ou de ro- be longue , au-delà du nombre qu'il y en avoit alors ; ils étoient au-moins dix ; on arrèta même qu’on n'en recevroit plus que de robe longue. Mais cela ne fut encore point exécuté; & l’on en recut aufli-tôt de toute efpece, & fans que le nom- : bre en eût été fixe. | _ En 1651, lorfque Pon reçut MM. les maréchaux de Villeroi & d’Eftampes, on arrêta encore qu’à l’a- venir il ne feroit plus reçu aucun maréchal de Fran- ce ni autre, qu'il n’eût été fait réglement fur Le nom- bre des confeillers d'honneur. Cependant au mois de Juillet fuivant, M. Amelot de Chaillou confeiller d’état fut reçu confecller d’hon- neur , mais avec arrêté que l’on n’en recevroit plus aucun que le nombre ne fût réduit à fix. On reçut encore , le 20 Février 1652, MM. d’A- ligre & de Barillon, & même fans faire aucun arrêté pour l'avenir. Mais Le 17 Juin 1654, lorfqu’on reçut M. d’Eftam- pes, qui étoit confeiller d'état, & M. de Melgrigni préfident au parlement de Rouen, il fut ordonné que dorénavant iln’y auroit que fix cofécllers d'hon- neur d'épée & fix de robe longue; qu’on n’en rece- vroit plus aucun qu'ils ne fuflent réduits à ce nom- bre; qu'il faudroit avoir exercé pendant 25 ans quel- que emploi difhngué ; enfin qu'ils n’auroient féance en la cour que quatre de chaque ordre enfemble, c’eft-à-dire quatre d’épée & autant de robe. IL y en avoit pourtant alors quatorze, favoir MM. Molé de Champlatreux , de Bullion de Bonnelle, de Mefme d’Irval, d'Ormeffon, d’Aligre, Barillon de Morangis , d'Eftampes, de Mefgrigni, de Bellie- vre, MM. les maréchaux de Grammont , de Ville- roi, d'Etrées & d’Eftampes , & M.de la Ville-aux- clercs fecrétaire d'état. En 1657 on reçut encore MM. de Roquelaure , du Plefis-Praflin, & de la Meilleraye. … On tint néanmoins énfuite pendant quelque tems la main à la rédu@ion déjà tant de fois propofée. En effet, MM. de Seve & Boucherat qui avoient préfenté leurs lettres dès 1659, ne furent reçus qu’- en 1671; & l’onréitera l’arrêté précédemment fait, w’il n’en feroit plus reçu aucun que le nombre ne fût réduit à fix. Ce dernier arrêté n’a pourtant pas été mieux exé- cuté que les précédens, puifque depuis ce tems 1l y en a toûüjours eu huit, neuf, dix, & quelquefois da- vantage : &c au lieu que fuivant Pancien ufage ces places étoient affeëtées principalement à des con- feillers d'état; qu’on n’en donnoit extraordinaire- ment qu’à des cardinaux, des maréchaux de Fran- ce, des amiraux, des fecrétaires d’état, à des pre- miers préfidens de cours fouveraines; elles font pré- {entement la plüpart remplies par des maîtres des requêtes, des préfidens aux enquêtes, & même quel- quefois par de fimples confeillers. Ces conféillers d'honneur ont entrée, féance, & voix déliberative dans toutes les affemblées, mais ils ne rapportent point & n’ont aucune part aux épi- ces & autres émolumens. Il y a au parlement de Paris deux corfesllers d'hon- neur-nés , favoir l'archevêque de Paris, & Pabbé de Cluni. Les autres confeillers d'honneur qui acquierent cette qualité par-lettres du Roi, {ont tous de robe, tels que des confeillers d'état, des préfidens, des maîtres des requêtes ; on a vù aufli quelques évê- ques confesllers d'honneur, notamment en 1720 M. Fontaine évêque de Nevers. Il y a auf des conféillers d'honneur dans les autres parlemens, & dans quelques-uns il y a de ces coz- C ON 29 feillers-nés, tels que l’abbé de Citeaux qui eft confeit. ler d'honneur-né au parlement de Dijon. On ne voit point de confèillers d'honneur dans les chambres des comptes , mais il y en a an grand-con- feil ; il yen a auffi dans les couts des aides &'autres compagnies fupérieures : on a vû récemment dans la cour dés aides de Paris M. de Lamoïgnon de Ma- lesherbes , qui en eft a@uellement prémier préfident, y remplir une place de corfeiller d'honneur, tandis qu’il navoit encore que la furvivance de celle de premier préfident, qui étoit alors remplie par M. de Lamoïgnon fon pere , à préfent chancelier de France, | Ceux auxquels le Roï accorde des lettres de cor- féiller d'honneur dans cès cours, font la plüpart d’an.- ciens avocats & procurcurs généraux de ces cours mêmes , ou d'anciens premiers préfidens de quel- ques autres cours ; c’eit pourquoi le nombre n’en eft point fixe. | Au préfidial de Nantes on appelle confecllers d'hon- rer, deux confeillers qui font pourvüs d’offices de confeillers honoraires ou 44 honores; ce {ont des of- fices qui peuvent être poffedés par des non-gradués, ils peuvent fiéger en robe ou en habit court avec Pépée au côte ; ils n’ont rang &r féance qu'après les quatre plus anciens confeillers. Voyez ce qui ef? dir c:- après de ces confeillers honoraires, (4) CONSEILLERS HONORAIRES, {ont ceux qui ont obtenu des lettres d'honoraires au bout de 20 ans de fervice : on leur en accorde quelquefois plûtôt. Ils ont entrée, féance , & voix déliberative aux au- diences & confeils, tant civils que criminels ; mais ils ne peuvent inftruire n1 rapporter aucune affaire, &c ne prennent aucune part aux épices ni autres droits. Suivant l’ufage du châtelet, les confeillers honoraï- res marchent fuivant l’ordre de leur réception dans les rencontres particulieres de proceflions, offran- des, & enterrémens où les confeillers au châtelet ne fe trouvent point en corps. Lorfque la compa- gnie des confeillers fe trouve en corps , le doyen des confeillers honoraires doit céder le pas'au plus an- cien des confeillers titulaires qui font préfens, quoi- que le doyen des Aonoraires füt plus ancien en ré- ception que le plus ancien des confeillers titulaires préfens : il en eft de même pour la féance aux au- diences & confeils. Il faut même obferver qu'aux audiences les kozoratres ne peuvent fe trouver qu'au nombre de deux, au lieu qu’ils peuvent tous affifter à la chambre du confeil & aux aflemblées de la com- pagnie, & y prendre féance fuivant Pordre de leur réception , fous la condition toutefois ci-deflus ex- primée, que le doyen des Lozoraires ne pourra avoir en aucun cas la préféance fur le plus ancien des con- feillers préfens. Foyez HONORAIRES 6 LETTRES D'HONORAIRES. (4) Confeillers honoraires, font aufli des offices parti- culiers quafi 44 honores, & néanmoins différens de ceux des confeillers d'honneur. Au mois d'Avril 1635, Louis XII. créa en cha- que bailliage & fiége préfidial un office de conferller honoraire. Cet édit porte que ces offices pourront être pofledés par toutes fortes de perfonnes eccléfafti- ques ou féculieres , nobles ou autres, gradués ou non gradués; que les pourvüs de ces offices, auront, rang & féance immédiatement après les quatre an- ciens du fiége, en habit long ou court, avec l'épée au côté ou fans épée ; felon leur profeffion & qua- lité; qu'ils feront exempts de toutes tailles, taillon, crûes & autres levées de deniers, & qu'il fera pro- cedé à leur réception & inftallation par les juges préfidiaux de chaque reffort, & à.leur refus par le premier des maîtres des requêtes ou autres juges jé "TOR royaux trouvés fur les lieux, après une information de vie & mœurs & fans aucun autre examen. Leurs droits, de même que celui des autres co7- feillers honoraires où vétérans , fe bornent à avoir entrée ; féance, & voix déliberative aux audiences & confeils, tant civils que criminels ; ils ne peuvent pas non plus inftruire ni rapporter, & n’ont point de part aux épices & émolumens des proces, Il fubfifte encore de ces offices dans plufieuts bail- liages & fiéses préfidiaux ; dans d’autres 1ls ont ëté réunis aux autres offices de confeillers, | Au châtelet, l'office de con/tiller honoraire fut uni en 1638 à un autre office de confeiller créé en 1634, fans aucune réferve de préféance que celle d’ancien- neté en l’ordre de réception; & par une déclaration du 28 Otobre 1679 cet office fut totalement fup- primé. Au mois de Février 1674, le roi en créant le nouveau châtelet, y avoit aufli créé un office de confeiller honoraire comme dans lancien châtelet ; mais ce nouvel office n’ayant pas été levé, le roi le fupprima & en créa un pour les deux châtelets, avec pouvoir, au cas qu'il fût gradue , d'inftruire & rapporter toutes fortes de procès , fans néanmoins participer aux épices & émolumens , ‘ii en perce- voir à fon profit pour les procès jugés à fon rapport. Les deux châtelets ayant été réunis en un en 1684, & le nombre des confeillers réduit à 56, fans parler de l'office de confeiller honoraire , cet office qui n’a- voit pas été levé depuis 1683, eft demeuré tacite- ment éteint. Au préfidial de Nantes 1l y a deux de ces offices de confeillers honoraires ; on les appelle dans le pays confeillers d'honneur , quoique leur vrai titre fuivant les édits-de création foit con/feiller honoraire : 1ls n’ont rang & féance qu'après les quatre plus anciens con- feillers. Voyez ci-devant CONSEILLER D'HONNEUR. A Re ca Juceurs : on appelloit ainfi an- ciennement Les affefleurs d’un juge, dont la fonétion étoit fpécialement de juger avec lui Les procès, à la différence de ceux qu’on appelloit rapporteurs, qui faïfoient fimplèment l’expofñtion des enquêtes, c’eft- à-dire non-feulement des enquêtes proprement di- tes, mais aufh des informations, des titres , & en général de toutes les preuves de fait : on les appel- loit auf quelquefois /ugeurs fimplement. L’ordonnance du mois de Jwillét 1316, contenant le rôle de ceux qui devoient compofer le parlement, met après la grand’chambre les /ugeurs des enquè- tes , qui étoient au nombre de 14, les quatre pre- miers clercs, favoir deux évêques & deux abbés, & les autres.lais ; enfuite font nommés les huit rap- porteurs d'enquêtes. Dans l'ordonnance du mois de Décembre fuivant, les Jugeurs clercs, qui font au nombre de fix, font nommés féparément , & enfiuite les yugeurs lais au nombre de fept. Il y avoit alors, comme on voit, au parlement , deux fortes de confeillers , les 7ugeurs & les rap- porteurs, dont les uns étoient tirés de la noblefle, les autres choïfis parmi les citoyens ; ce qui demeu- fa dans cet état jufqu’à l’ordonnance du 11 Mars 1344 (que M. le préfidentHenault date du 10 Avril ),; par laquelle les conféillers jupeurs & les rapporteurs furent unis en un même corps, le roi ayant ordonné que tous les confeillers des enquêtes rapporteroient, s'ils n’étoient exculés par leurs préfidens ; car tous, dit cette ordonnance, doivent être rapporteurs & jugeurs. Voyez Dutillet, rec. des rangs, &cc. Il y avoit aufli dèsdors en la chambre des comp- tes deux fortes de confeillers comme au parlement ; les Jugeurs , qui font les maîtres des comptes, & les rapporteurs ou petits clercs des comptes, appeliés préfentement audireurs, Voyez au mot COMPTES. CON L'article de la Chambre des Comptes, & Pafquier , rech, lv. IL. ch, v. Il én étoit à-peu-près de même dans la plûpart des fièges royaux où il y avoit des confeillers , com- me au Châtelet; les uns étoient occupés au fiége pour juger avec Le prevôt de Paris, les autres faifoient fimplement la fonétion d’auditeurs 8 examinateurs de témoins, & ne jugeoient point, Voyez l'article du CHASTELET. Voyez auf au mor JUGEURS. (A) CONSEILLERS-JURÉS DE LA VILLE DE POITIERS, font les confeillers du corps de cette ville, qui ont féance après les échevins. Foyez les lettres de Char: les V. du mois de Décembre 1372, qui leur accor- dent la noblefle. (4) | ConsEILLERS-MAGISTRATS, eft le titre que le roi donna en 1551 aux confeillers des préfidiaux, ils le portent encore préfentement. Woyez ce qui en ef dit ct-après à l’article CONSEILLER DU Ror. (4) CONSEILLER AU PARLEMENT. Voyez PARLE- MENT. (4) - CONSEILLERS DE POLICE, furent créés par édit de Novembre 1706, au nombre de deux dans chacun des bailliages, fénéchauflées, & autres fiéges où 1l y a des lieutenans de police; mais par une déclara- tion du 18 Oétobre 1707, ils furent réunis aux corps & communautés d’officiers, tant à bourfe commune que d’arts & métiers. (4) CONSEILLER AU PRÉSIDIAL. Voyez PRÉSIDIAL. (4) CONSEILLERS-PRÉSIDIAUX , font les mêmes que les confeillers au préfidial. Voyez ci-après l’article CONSEILLERS DU RoOï, & PRÉSIPIAL. (4) CONSEILLER À LA PREVÔTE. V. PREVÔTE. (4} CONSEILLER-RAPPORTEUR , anciennement étoit un de ceux qui étoient employés uniquement à faire le rapport des enquêtes, c’eft-à-dire des titres & preuves. Ces confeillers ne jugeoient point; cela étoit refervé à ceux que l’on appelloit Jugeurs. Voy. ci-devant au mot CONSEILLERS-JUGEURS. . Préfentement on appelle conféiller-rapporteur ou rapporteur fimplement, celui des confeillers qui eft _ chargé de faire le rapport d’une affaire appointée. Voyez RAPPORT & RAPPORTEUR. (4) CONSEILLERS-RAPPORTEURS DES CRIÉES, étoient des officiers créés par Henri IV. dans chaque jurifdi&ion royale de Normandie, auxquels il avoit attribué le droit de faire feuls les rapports des criées, êc de rapporter les affaires d’une autre nature con- curremment avec les officiers du fiége. Ces offices furent fupprimés, de même que toutes les anciennes charges de rapporteurs & de vérificateurs des faifies & criées, par l’édit du mois d’Oétobre 1694, par lequel le roi créa en même tems de nouvelles char- ges de certificateurs des criées. Voyez le traité de la vente des immeubles par decret de M. d’'Hericourt, cz. viiy. & ci-devant CERTIFICATEUR, G ci-après CRIÉES. (4) | ConSEILLER DU RO, eft un titre commun à plufieurs fortes d'officiers de juftice ; on l’a auffi com- muniqué à plufeurs fortes d'officiers militaires & de finances , & même à des gens de lettres. Ce titre pris dans fa véritable fignification ne con- vient naturellement qu'à ceux dont le Roi prend confeil pour fes affaires. Et en effet ceux qui font des confeils d'état & privé du Roï, font les premiers. qui ayent porté ce titre de con/éiller du Ror, qui eft. jufte à leur égard , puifque le Roï les aflemble pour donner leur avis en fa préfence fur les affaires qu'il fait mettre en délibération dans fon confeil. Les ec- cléfiaftiques , les gens d'épée & ceux de robe, dont ce confeil eftcompofé , prennent tous également le titre de conféiller du Roi en fes confeils ; les évêques prennent encore tous cette qualité, parce qu'autre fois ils avoient tous entrée au confeil du Roi, CON Loyfeau » ez fon traité des 0 fces, Liv. Lchap. vi. n. 37. dit que le titre de cozféller du Rot étoit autre- fois fi ‘honorable , que les. moindres officiers qui le portoient étoient les baillifs & fénéchaux ; que ce titre valoit autant qu'à préfent celui de comféiller d'état, parce qu’au commencement ceux qui pOr- toient ce titre, étoient des gens du confeil du Roi qui étoient envoyés pour gouverner les provinces & rendre la juftice; que depuis 1l fut communique aux lieutenans généraux des baillifs, lorfqu’ils fu- rent érigés en titre d'office, & qu'ils fuccéderent au fait de la juftice en la fondion entiere des baïllifs êT fénéchaux ; qu'encore en 1551, lors de l'éreétion des confellers- préfédiaux ; On ne voulut pas leur communiquer ce titre ; qu'on aima mieux en forger exprès un autre , êc emprunter pour eux des Ro- mains la qualité de magiftrat, quoiqu’en effet 1ls ne foient pas vrais magiftrats ; que cela fut fait ainfi, ou afin qu'il y eût une diftinétion d'honneur entre eux & leurs chefs, qui font les lieutenans du fiége, ou plütôt afin de les diftinguer d'avec les anciens avo- cats, qui auparavant fervoient d’aflefleurs & con- feillers aux magiftrats, & que par cette raïfon on appelloit anciennement en France confeillers. De forte, dit-il, que les conféillers-préfidiaux furent ap- pellés conféillers-magiflrats, c’eft-à-dire corfèillers en titre d'office. Mais Loyfeau ajoute que depuis, ce titre a été communiqué pour de l'argent (& pour ainfi dire par impôt ) aux élus , & à d’autres petits financiers dont on a voulu parer les offices de ce titre afin de les mieux vendre ; qu'il en eft arrivé comme des anneaux d’or qui étoient jadis l’enfeigne de la no- blefe Romaine, laquelle les jetta &c quitta par dé- pit d’un commun confentement , lorfque Flavius affranchi d’Appius Clodius fut fait édile -currule, & par ce moyen acquit Le droit de porter Panneau d’or ; de même que les honnêtes femmes de France quitterent la ceinture d’or qui étoit autrefois leur marque & ornement, lorfqw’elles virent que les fem- mes publiques affeétoient d’en porter contre la pro- hibition du roi S. Louis , dont eft venu le proverbe, Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée ; que de même le titre de confêiller du roi fut tellement méprifé , que les confeillers-préfidiaux le refuferent, lorfqu’on voulut le leur attribuer pour de l'argent. . Loyfeau ne parle pas des conféllers au châtelet de Paris; ce font néanmoins les premiers après les gens du confeil qui ont porté le titre de conjfeiller du roi. Ce tribunal eft le premier où il y ait eu des coz- feillers ; & le titre de confesller du roi leur convenoit d'autant mieux, que nos rois , entr'autres S. Louis, alloient fouvent en perfonne rendre la juftice au châtelet ; & c’eft fans doute par cette raifon que le prevôt de Paris avec les conféllers de fon fiége, s’ap- pelloient le corfeil du roi au chäteler. : Depuis que le roi eut fixé à Paris une portion de fon confeil d’état fous le titre de parlement , ceux qui ont été établis pour former cette compagnie, ont auf pris le titre de conféiller du roi, pour le- quel ils font fondés en double titre: l’un, en ce qu'ils ont été tirés du confeil du roi, & qu'ils en ont en- core fait long-tems les fonétions, lorfque le roi af- fembloit fon confeil étroit & privé avec le parle- ment pour tenir fon confeil commun ; l’autre titre eft que, depuis l’inflitution du parlement, nos rois ont coùtume de venir quand ils jugent à propos te- nir leur lit de juftice au parlement, &c d’y délibérer de leurs affaires avec ceux qui compofent le parle- ment , lequel par cette raïfon eft nommé dans les anciens titres & auteurs, /a cour du roi. Dans des lettres du roi Jean du 16 Novembre 1353, les con- fêillers du roi au parlement font dits sezans le parle- INENES . L CON 3r Nos rois ayant par fucceffion de tems établi des confeillers dans les baïlliages &c fénéchaufées, &c. dans la plüpart des autres fiéges royaux, on donna auffi aux confeillers de ces difiérens fiéges le titre de confeillers du ro , à l’inftar de ceux du chätelet. Ceux qui l’avoient d’abord négligé , l’ont dans la fuite re- cù, & préfentement ce titre eft commun à tous les confeillers des fièges royaux. | Îl à été attribué non-feulement à tous les coz/:/- lers proprement dits établis dans les fiéges royaux , mais encore à beaucoup d’autres officiers dejuflice, dont le titre propre & principal n’eft cependant pas celui de confeiller, tels que les préfidens des cours fouveraines , des confeils fouverains & provin- ciaux, &c des préfidiaux , les maîtres des requè- tes & maîtres des comptes, les correéteurs.- audi- teurs, les lieutenans généraux, civils , particuliers criminels & de police, les affefleurs , les greffiers en chef des cours, & autres fièges royaux; les tréfo- riers de France, les fecrétaires du Roi, les notaires, les commiffaires au châtelet de Paris, & beaucoup. d’autres officiers des juftices royales. Le connétable prenoit aufi le titre de conférller du roi ; & on trouve des exemples qu’on Pa donné ‘anciennement à quelques maréchaux de France. La plûüpart des tréforiers , receveurs & payeurs des deniers royaux, & leurs contrôleurs, ont auf le titre de corfesller du ro. . Enfin il y a encore quelques officiers du Roï qui ne font ni de juftice, ni militaires, ni de finances, mais que l’on peut plütôt placer dans la clafle des gens de lettres, qui ont aufli le titre de conféiller dx roi , comme le premier medecin, & ceux qui ont un brevet d’hiftoriographe de France. Il n’eft pas vrai, comme quelques-uns fe l'imagi- nent, qué ce titre ait été communiqué juiqu'aux langayeurs de porcs. C’eft une plaïfanterie par la- quelle on a voulu faire entendre que ce titre fort honorable en lui-même a été prodigué à beaucoup de petits officiers, & que chacun a eu Pambition d’en être décoré. (4) ConSEILLERS DU RO1 RÉFORMATEURS GËNÉ- RAUx. On donnoit ce titre à ceux que le roi én- voyoit avec une commiffion dans quelque provincé pour y réformer l’adminiftration de la juftice. Cette qualité eft donnée à Bertrand prieur de S. Martin des Champs, dans des lettres du mois de Décembre 1351. (4) ConNSEILLERS À LA TABLE DE MARBRE, voyez TABLE DE MARBRE. (4) | CoNSEILLERS DU ROI GÉNÉRAUX TRÉSORIERS SUR LE FAIT DE L'AIDE POUR LA RANÇON DU Ror. Dans des lettres de Charles V, du 28 Juin 1364, cette qualité eft donnée à ceux qui avoient été ordonnés fur le fait de l’aide pour la rançon du roi Jean. (4) CONSEILLERS VÉRIFICATEURS 6 RAPPOR= TEURS DES DÉFAUTS FAUTE DE COMPAROIR ET DE DÉFENDRE. Par édit du mois de Mars 1601, Louis XIV. créa deux de ces offices de comfeillers en chaque préfidial, bailliage & fénéchauflée du royaume , avec attribution de trente fols en toutes affaires excédentes 20 liv. & exemption de la taille, & autres impoñtions généralement quelconques ; logement de gens de guerre, guet &c garde, tutelle & curatelle, & autres charges publiques. Le motif exprimé dans cet édit, étoit d'éviter les furprifes fréquentes qui proviennent de ce que la phüpart des juges n’examinent que legerement les pieces juftifi= catives des demandes en profit de défaut. Peu de tems après, le roi par une déclaration du 7 Août 1691, réunit ces corfeillers au corps des officiers de chaque fiége. Ces offices ont depuis été totalement fupprimés par édit du mois d’Août 1716, Au châte= 32 CON let de Patis chaque confeitler rapporte À fon tour pen- dantune femaine les défauts faute de comparoir. (4) ConsEILLERS DE VILLE, font ceux qui font du confeil d’uneville:ils font aufli appellés prudhommes &c élus ;8t enquelques autres endroits, corzfuls-barlles. EL. y en avoit quarante à Aurillac, comme il paroït par une‘ordonnance de Charles V. de 1359. À Ville- franche en Perigord, on les appelloit yurés. (4) CONSENS , 1. m. (Yurifprud.) terme ufité en ma- tiere bénéficiale, qui vient du Latin con/enfus, dont il paroïît être une abréviation. Le confens eft une petite note fommaire, portant qu'un tel procureur conftitué par la procuration pour réfigner, a l'expédition de la préfente figna- ture , 8 que l'original de la procuration eft demeuré . à la chancellerie ou à la chambre apoñftolique. Ce -confens eft daté du jourmême de la provifion. Les vingt jours pendant lefquels leréfignant doit furvivre pour faire valoir la réfignation, ne fe comptent que du jour de la preftation du conférs par le réfignant à l'expédition de la provifon : mais comme on donne date aux François du jour de l’ar- rivée du courier, Les ordinaires de France ne tirent aucun avantage de la clanfe qui veut que les vingt jours ne foient comptés que depuis la preftation du confens. | Le confens eft étendu au dos de la fignature par {e notaire de la chancellerie, ou par un des notaires de lachambre, & contient Pannée , Le jour du mois, le nom du réfignant, le nom &c furnom du fondé de procuration pour réfigner, que l’on remplit dans le blanc de la réfignation, & la foufcription du no- taire en la forme fuivante: Die quinté Julir 1753 retrofcriptus Joannes per D, Petrum Garnier, in Romana curi& follicitatorem procuratorem Juum, refignationt & litterarum expeditiont confenfit & juravir, &tc, Eff in camer. apoftolicé Lucius Antarnorus. ‘Ceftainfique les notaires de la chambre étendent le confens : mais lorfque l’extenfion en eft faite par le notaire de la chancellerie, la forme en eft diffé- rente ;.au commencement le notaire met: Anno Incarnationis Dominice 1753 ; die quinté Juliz, &cc. & au bas, eff in cancellaria. Il eft au choix du banquier, qui eft ordinairement porteur de la procuration pour réfigner, de faire mettre le confens par le notaire de la chancellerie, ou par un des notaires de la chambre apoñtolique. Quoique la procuration ne foit remife entre les mains du notaire de la chancellerie ou d’un des no- taires de la chambre , qu'après la date de la réfigna- tion admife, & même fouvent qu’elle ne foit remife que long-tems après la date retenue, cependant l’extenfion du corfens ne fe fait pas feulement du jour que la procuration a été remife au notaire, mais du jour que la réfignation a été admife ; en- {orte que la date de la réfignation, & celle du coz- Jens qui eft au dos de la fignature, font totjours du même jour. Si le réfignant fe réferye une penfon , & que le réfignataire ait été préfent à la procuration, & ait confenti à lapenfon , la procuration ad refgnandum doit faire mention de la préfence & du confente- ment du réfignataire, & qu’il a accepté la réfigna- tion aux conditions y portées: mais fi le réfignataie n’a point été préfent, & conféquemment qu'il n’ait pas confenti à la penfon,;:on met en ce cas la claufe fuivante: CON E+ cum derogatione repulæ | de prœflando confenfu, attento quod efcgnatarius abfens & orator qui pacificè poffidet , aliter refignare non intendir Lorfquele réfignataire a confenti à la penfon , on ne met point cette claufe; mais en même tems que l’on fait étendre le confèns fur la réfignation, le no- taire étend le confèrs au dos de la fignature de pen- fion en cette maniere: Die, &c. (fi c’eft à la chambre } & fic’eft à la chan- cellerie, arzo Incarnationis Dominicæ, retrofcriptus D. Joannes per iluffrem virum D. procuratorem fuum reférvationt retrofcriptæ & litterarum expeditioni con- Jenfit, &c.juravir, &c. Le confens ne fe met qu'aux réfigrations &c aux fi- gnatures de penfion. Woyez le recueil des décifions fur les matieres bénéficiales de Drapier, tome I, pp.168. 492. 6 493- (4) * CONSENTEMENT , AGRÉMENT , PERMIS- SION , (Gramm.) termes relatifs à la conduite que nous avons à temir dans la plüpart des aétions de la vie, où nous ne fommes pas entierement libres, & où l’évenement dépend en partie de nous, en par- tie de la volonté des autres. Le con/éntement fe de- mande aux perfonnes intéreflées ; la permuiffion {e donne par les fupérieurs qui ont le droit de veiller fur nous, & de difpofer de nos occupations; lagré- ment s'obtient de ceux qui ont quelqu’autorité ow infpeétion fur la chofe dont il s’agit. Nul contrat fans le conféntement des parties : les moines ne for- tent point de leurs maifons fans une permiffion : on n’acquiert point de charge à la cour fans l'agrément du Roi. On fe fait quelquefois prier pour cozfentir à ce qu'on fouhaite ; tel fupérieur refufe des permif- Jions , qui s'accorde des licences ; un concurrent protégé rend quelquefois l’agrémens impoflible, * CONSENTEMENT , fub. m. (Logiq. 6 Morale.) c’eft un acte de l’entendement, par lequel tous les termes d’une propoñtion étant bien concçüs , un hom- me apperçoit intérieurement, & quelquefois defi- gne au-dehors, qu’il y a identité abfolue entre la penfée & la volonté de l’auteur de la propofition, & fa propre penfée &c fa propre volonté. La néga- tion & l’affirmation font, felon les occafions, des fi- gnes de confentement. L’efprit ne donne qu’un feul confentement à une propofñtion, fi compoiée qu’elle puifle être ; il faut donc bien diftinguer le cor/ente- ment du figne du con/entement : le figne du confente- ment peut être forcé; il n’en eft pas de même du confentement. On a beau n’arracher de la bouche que mon fentiment eft le mème que celui de tel où de tel, cela ne change point l’état de mon ame. Le confentement eft ou exprès, ou tacite, ou préfumé , ou fuppofé : 1l s'exprime par les paroles ; on l’apper- çoit, quoique tacite, dans les aétions; on le pré- fume par l'intérêt & la juftice; on le fuppofe par la liaifon des membres avec le chef. Les mifantropes rejetteront fans doute le confentement préfumé ; mais c’eft une injure gratuite qu'ils feront à la nature hu- maine ; il eft fondé fuf les principes moraux les plus généraux & les plus forts:les difficultés qu’on pourroit faire fur le conféntement fuppofé, ne font pas plus folides que celles qu’on feroit fur le préfumé. Le pacte exprès naît du coz/éntement exprès; le tacite; du tacite; le préfumé , du préfumé , & le fuppofé du fuppofé. Le confentement de l’enfance, de la folie, de la fureur, de l’ivrefle, de l’ignorance invincible, eft réputé nul : ii en eft de même de celui quieft ar- raché par la crainte, ou furpris par adrefle ; entoute autre circonftance, le confentement fonde l’appa- rence de la faute, &c le droit de châtiment & de re- préfaille. Voyez PACTE. CONSENTEMENT des parties , (Œconom. anim.) ï s'entend CON _ s'entend d’une certaine relation ou fympathie, pat le moyen de laquelle, lorfqu'une partie eft immé- diatement affe@tée , une autre à une diftance fe trou ve affe@tée de la même façon. : Ce rapport mutuel ou ce conférntement des parties , eft fans doute produit par la communication des nerfs, & par leur diftribution &c leurs ramifications admirables par tout le corps. Voyez NERF, Ceteffet eft fi fenfble, qu’il fe mamifefte aux Yeux des medecins : ainfi une pierre dans la veflie, en tiraillant fes fibres, les affectera & les mettra dans de telles convulfions , que les tuniques des inteftins {eront affe@ées de la même mamiere par le moyen des fbres nerveufés; ce qui produira une colique. Ces tiraillemens s'étendent même quelquefois juf- qu’à l’eflomac, oùils occafñonnent des vomiflemens violens : c’eft pourquoi le remede en pareil cas doit regarder la partie orginairement attaquée. Les Naturaliftes fuppofent que la ramification de la cinquieme paire des nerfs aux parties de Poil , de Voreille, à celles de la bouche, des joues, du dia- phragme, & des parties environnantes, Ge. eft la caute du corfentement extraordinaire de fes parties: c’eft de-là qu’une chofe favoureufe vüe ou fentie, excite l'appétit, & affeête les glandes &c les parties de la bouche ; qu'une chofe deshonnête vüe ou en- tendue, fait monter le rouge au vifage; que fi elle plaît, elle affeéte le diaphragme, & excite aurire les mufcles de la bouche & du vifage ; & qu'au contrai- re f elle-afflige, elle affeéte les glandes des yeux & les mufcles du vifage , tellement qw’elle occafonne des larmes. | Le doéteur Willis, cité par M. Derham, attribue le plaifir du baïfer, l’amour , & même la luxure que ce plaifir excite, à cette paire de nerfs qui fe rami- fant, & aux levres & aux parties génitales, occa- fionne une irritation dans celles-ci par l'irritation des premieres. Le doéteur Sach penfe que c’eft du con/fentement des levres de l’utérus à celles de la bouche, qu'une femme groffe étant effrayée de voir des levres galeu- {es , il lui furvint des puftules toutes femblables aux levres de l'utérus. Chambers. _ Il ne faut aurefte regarder toutes ces explications que comme de pures conjeëtures. La maniere dont nos fenfations font produites, eft une matiere qui reftera toùjours remplie d’obfcurité pour les Phyfi- ciens. Voyez SYMPATHIE. CONSENTES, adj. (Myrhol.) Les Romains ap- pelloïent ainfi leurs douze grands dieux, de Pancien verbe Latin confo, confeiller, parce qu’on les fup- pofoit admis au confeil de Jupiter. Ces dieux coz- fentes étoient ceux du premier ordre,& l’on en comp- toit fix mâles ; favoir Jupiter, Neptune, Mars, Apol- lon, Mercure, &c Vulcain; & fix déefles, Junon, Vefta, Minerve, Diane, Cerès, & Venus. Varron femble reconnoître deux fortes de dieux confentes. Vinvoquerai, dit-il, livre J. de re ruflicé, les douze dieux confentes, non pas ces dieux dont les ffatues dorées font au grand marché de la ville, ces dieux dont fix font mâles & fix femelles, mais les douze dieux qui aident ceux qui s’adonnent à agriculture. On penfe que les Grecs ont aufi connu ces dieux fous Le même nom, & qu'ils y ajoûterent Alexandre le grand comme dieu des conquêtes ; mais les Ro- mains ne lui firent pas le même honneur. Ces douze dieux avoient en commun un temple à Pife en Ita- lie ; & les fêtes qu'on célébroit en leur honneur por- toient le nom de Corfentia. Chambers. (G) . * CONSENTIES o7 CONSENTIENNES , adje&. pris fubft. (Myrhol.) fêtes inftituées à l'honneur des dieux confentes, par plufieurs familles ou compa- gnies qui concourant à la folennité de ces fêtes à frais communs , marquoient la vénération particu- Tome IF, _— CON 33 licre qu’elles portoient à ces divinités, Il paroît qu°- on ne s’eft pas contenté de trouver un feul fonde- ment au nom de ces fêtes, & qu’on a voulu qu'elles s’appellaflent confénties, parce qu’il y avoit fociété , de dieux & focièté d’adorateurs. CONSÉQUENCE , CONCLUSION, ( Gramm. Jÿnon.) termes qui défignent en général une dépen- dance d’idées, dont l’une-eft la fuite de Pautre, On dit La conclufion d’un fyllogifine , la conféquence d'une propofition, la conclufion d'un ouvrage, la con- Jéquence qu'on doit tirer d'une leëlure. Voyez SYLLO- DCECHEOYeE auffs CONSÉQUENT. (0) CONSÉQUENCE, f. f, (Logig.) c’eft dans un rai- fonnement la liaifon d’une propofñition avec les pré- mices dont on l’a déduite : ainfi ileft indifférent que les prémifles foient vraies ou faufles pour que la liai- fon foit bonne , & pour que la corféquencedoit accor- dée ou niée. £xemple, S1 les bons étoient fufifam- ment récompenfés dans ce monde par les plaïfirs de la vertu , & les méchans fuflifamment punis par les fuites fâcheufes du vice, il n’y auroït aucune ré- compenfe ni aucune peine à venir, fans qu'on plüt accufer Dieu d'imuftice : or les bons font fuffifam- ment récompenfés dans ce monde par les plaïfirs de la vertu, &r les méchans fuffifamment punis par les fuites du vice ; donc 1l n’y auroit aucune récompenfe ni aucune peine à venir, fans qu'on pt accufer Dieu d’injuftice. On peut avouer ce donc, fans con- venir des prémifles auxquelles 1l a rapport. La confé- quence eft bien tirée, mais il eft de foi que la mineure eft faufle. Il eft évident que le conféquent peut être diftingué, mais non la conféquence: on nie ou l’on. accorde qu'il y a haifon. Voyez CONSÉQUENT. CONSÉQUENT , adj. (Arich.) c’eft ainfñ que l’on appelle en Arithmétique le dernier des deux termes d’un rapport, ou celui auquel l’antécédent eft com- paré. Ÿ. ANTÉCÉDENT, RAPPORT 6 PROPORTION. Ainf dans le rapport de & à c, la grandeur c eft le conféquent , & la grandeur # l’antécédent, (O * CONSÉQUENT, (/e) adj. pris fub. (Logiq.) c’eft la propoñtion qu’on infere des prémifles d’un raifon- nement, £xemp. Il femble que fi les hommes étoient naturellement méchans, c’eft de la vertu & non du vice qu'ils devroient avoir des remords : or c’eft du vice feulement qu'ils ont des remords ; donc ils ne font pas naturellement méchans. Z/s ne font pas na curellement méchans ; voilà le conféquent: donc eft le figne de la conféquence ou de la liaifon qu’on fup- pofe entre le conéquent & les prémifles. Si le con/e- quent eft équivoque, c’eft-à-dire s’il y a un fens dans lequel il foit bien déduit des prémifles, & un fens dans lequel il foit mal déduit des prémifles , on dit en répondant au raïfonnement , 7e diflingue Le confé- quent; en ce fens j'avoue la conféquence ; en cet autre fens je nie la conféquence.,, ou j'avoue la liaï- fon de la propoñtion avec les prémiffes, ou je nie la liaïfon de la propoñtion avec les prémifles. Foyez CONSÉQUENCE, PRÉMISSES , SYLLOGISME, RAI- SONNEMENT. CONSEQUENTTIA, terme Latin en ufage dans l’Aftronomie. On dit qu'une étoile, une planete, ow une comete, ou tout autre point du ciel fe meut où paroït fe mouvoir 27 confequentia, lorfqu’elle fe meut ou paroît fe mouvoir d’occident en orient, fuivant l’ordre des fignes du Zodiaque. Ce mot eft oppofé à antecedentia. Voyez ANTECEDENTIA. (O CONSERANS ox COUSERANS, (Ze) Géog. pe- tit pays de France en Gafcogne, borné par le com- té de Foix, le Comminges, & la Catalogne. CONSERVATEUR , fm. (Jurifpr.) eft un off- cier public établi pour la confervation de certains droits ou privilèges. Il y en a de plufieurs fortes : les uns qu'on appelle greffiers-conférvateurs , dont la fon- &ion eft de tenir regiftre de certains aétes pour la E 34 CON conferyvation des droits de ceux que ces aétes inté- reflent, tels que les confervateurs des hypotheques , les confervateurs des rentes, les conférvateurs du do- maine, les conférvateurs des privilèges des bourgeois de Paris ; d’autres qu’on appelle juges-confervateurs , qui ont jurifdiétion pour conferver certains droits êc priviléges , tels que les comférvateurs des priviléges royaux & apoñtoliques des univerfités, les conférva- reurs des foires, Ge. Voyez ci-après les fubdivifions de cet article. (A) CONSERVATEUR APOSTOLIQUE, 04 DES PRIVI- LÉGES APOSTOLIQUES DES UNIVERSITÉS. Les uni- verfités ont deux fortes de priviléges, favoir apof- toliques & royaux, & elles ont auffi des conferva- zeurs différens pour chaque forte de privilèges. On entend par privilèges apofloliques , ceux qui ont été concédés par les papes. L’univerfité de Paris a ponr confervateur de fes priviléges royaux le prevôt de Paris, & pour conférvateurs de fes privilèges apofto- liques, les évêques de Beauvais , Senlis, &c Meaux, uand elle fait choix de l’un d’eux, & qu'il veut bien accepter la commiffion au nom du pape. Char- les V. dans des lettres du 18 Mars 1366, portant confirmation des priviléges de l’univerfité de Paris, fait mention en plufieurs endroits du conférvateur de ces priviléges ; ce qui ne peut s’entendre du prevôt de Paris, comme la fuite le fait connoître. Il eft par- lé d’abord en général des priviléges accordés à l’u- niverfité, tant par le faint fiége que par les prédé- cefleurs de Charles V. & ileft dit que le confervateur des priviléges, le garde du fcel de cette cour, font exempts de tout péage & exaétion; qu'en vertu des priviléges qui leur ont été accordés par le faint fié- ge, il doit connoître du refus fait aux écoliers étu- dians dans l’univerfité de leur donner les fruits de leurs bénéfices, & des conteftations qu’auront les écoliers & principaux officiers de l’univerfité au fü- jet des péages dont ils font exempts, même quand les parties adverfes de ces écoliers & officiers réfide- toient hors du royaume ; qu’il peut employer les cenfures eccléfiaftiques contre les parties adverfes de ces écoliers & officiers ; que néanmoins le parle- ment, le prevôt de Paris, & autres juges, trou- . bloient journellement le coférvateur dans la con- noiflance de ces matieres, difant qu’elles étoient réelles. Sur quoi Charles V. déclare que quoique la connoifflance de ces matieres appartienne à lui êc à fa jurifdiétion , cependant, par grace pour l’univer- fité, il permet au cozférvateur d'en connoître , pour- vû que la conclufion du libelle foit perfonnelle ; &c en conféquence il ordonne à tous fes juges, & nom- mément au prevôt de Paris, de faire jouir le coz- fervateur de cette conceflion. Le prevôt de Paris étant alors conférvateur des priviléges royaux de Pu- niverfité, on ne peut entendre ce qui eft dit dans ces lettres, que du cor/érvateur des privilèges apoftoli- ques. Urbain VI. à la priere de Charles V. ordonna par une bulle du 14 Mars 1367, que quand le pape {eroit en Italie, nul eccléfiaftique ne pourroit faire affigner aucun habitant de France hors du royau- me, devant les confervateurs à lui accordés par les papes dans la forme prefcrite par le concile de Vienne; & que nul eccléfaftique, en vertu d’une ceffion de droits, ne pourroit faire afligner, même en France, devant ces conférvateurs aucun habitant: du royaume.L’exécution de cette bulle fut ordonnée dans le même tems par Charles V, (4) CONSERVATEUR DES CASTILLANS TRAFIQUANS DANS LE ROYAUME. Charles V. dans les privilèges qu'il accorda à ces marchands au mois d'Avril 1364, leur donne pour confervateurs de ces privilèges le doyen de l’éghife de Rouen , &c le ball & le vicomte de cette ville. (4) | CONSERVATEURS DES DECRETS VOLONTAI- CON RES, furent créés par édit du mois de Janvier 1708, fous le titre de commiffaires -conférvateurs généraux des décrets volontaires ; on créa aufli par le même édit des contrôleurs de ces commiffaires-conférvateurs. Suivant cet édit, tous ceux qui vouloient faire un decret volontaire pour purger les hypotheques de leur vendeur ; étoient obligés de faire enregiftrer par le commiffaire-confervateur 8&c par fon contrôleur la faifie-réelle &c le contrat de vente, avant que le pourfuivant pût faire procéder aux criées, à peine de nullité & de 500 liv. d'amende ; & l'acquéreur devoit payer un certain droit au confervareur 8& au contrôleur. On ne pouvoit délivrer la groffe du de- cret volontaire, que ce droit n’eût été préalable ment payé, à peine du triple droit contre les acqué- reurs, leurs procureurs, & contre les grefiers & fcelleurs. Mais les droits attribués à ces officiers ayant paru trop onéreux au public, leurs offices ont été fuppri- més par édit du mois d’Août 1718 : le Roi a feule- ment refervé la moitié des droits pour en employer le produit au rembourfement de ces officiers. Foy. le traité de la vente par decret de M. d'Hericour. (4) CONSERVATEURS DU DOMAINE, furent créés par édit du mois de Mai 1582, pour la conferva- tion du domaine du Roi. Ils avoient le titre de coy-. Jervateurs & gardes des fiefs , domaines , titres, & pancartes du roi ; il y en avoit un dans chaque bail- liage & fénéchauflée. Ces offices furent fupprimés par édit du mois de Mai 1639, & rétablis par un autre édit du mois de Septembre 1645. Il paroït que ceux-ci furent encore fupprimés ; car on recréa de . nouveau un office de confervateur des domaines alié- nés dans chaque province & généralité, par édit du mois d'Otobre 1706 ; & le 27 Septembre 1707, il y eut une déclaration pour l’exécution de l’édit de 1706 , portant création des offices de coz/ervateurs des domaines aliénés : mais par édit du mois de Jul- let 1708, ces offices furent encore fupprimés ; & en leur place , on créa par le même édit des z7/peteurs- conférvateurs généraux des domaines du roi aliénés, qui font eñcore entre fes mains ; & leurs fonétions & droits furent réglés par une déclaration du 13 Août 1709. Ces infpecteurs-conférvateurs du domaine furent auffi depuis fupprimés ; on en a établi deux par commiflion au confeil. Voyez DOMAINE 6 INs- PECTEURS DU DOMAINE. (4) CONSERVATEURS GÉNÉRAUX DES DOMAINES, F, ci-devant CONSERVATEURS DU DOMAINE. (4) CoONSERVATEURS DES ETUDES, font les mêmes que les conférvateurs des univerfités ou des privilé- ges royaux des univerfités. Ils font ainfi nommés dans des lettres de Charles VI. du 6 Juillet 1388. Voyez ci-après au mot CONSERVATEUR DES PRIvI- LÉGES ROYAUX. (4) CoNSERVATEUR DES FOIRES 04 JUGE-CONSER- VATEUR DES PRIVILÉGES DES FOIRES , eft un juge établi pour la manutention des franchifes & privilé- ges des foires , & pour connoître des conteftations qui y furviennent entre marchands, & autres per- {onnes fréquentans les foires de fon reflort, & y faifant négoce. : Les anciens comtes de Champagne & de Brie fu- rent les premiers inftituteurs de ces fortes d’oft- ciers, aufi-bien que des foires franches de Brie &c de Champagne , dont ils les établirent cozférvateurs. On les nomma d’abord fimplement gardes des foires, enfuite gardes-confervateurs ;&c vers lafin du xv. fiecle, ils prirent le titre de 7uges-conférvateurs des privilèges des foires, comme on les appelle encor préfentement. Quoiqu’ils ne priffent pas d’abord le titre de /2- ges, ils avoient néanmoins la jurifciétion conten- tieufe fur les marchands fréquentant les foires. Il y avoit dans chaque foire deux gardes ou coz- CON fervateurs, un chancelier. qui étoit dépoñtaire du Îceau particulier des foires, &deux lieutenans , un pour les gardes, l’autre pour le chancelier. __ Aucun jugement ne pouvoit être rendu par un des gardes feul ; en l’abfence de l’un, le chancelier avoit voix délibérative avec l’autre, | Dans les caufes difficiles, on appelloit quelques notables marchands , ou autres qui avoient long- tems exércé le commerce. . Les conferyateurs avoient fous eux plufieurs no- taires pour expédier les aétes, &z des fergens pour exécuter leurs mandemens. AT. … Les gardes ou conférvateurs & leur chancelier de- voient, à peine de perdre leurs appointemens, 1e trouver à l'ouverture des foires de leur reflort ) êc y refter jufqu'à ce que les plaidoiries fuflent finies, Après quoi ils pouvoient y laifler leurs lieutenans, à la charge d'y revenir lors de l’échéance des paye- mens. | | C’étoit à eux à vifiter les halles, & autres lieux *où l’on expofoit les marchandifes. Ils avoient auf le droit de nommer deux prudhommes de chaque métier pour vifiter ces mêmes marchandifes, . L'appel de ces confervateurs étoit dévolu aux gens tenans les jours de S. M. c’eft-à-dire tenans les grands jours, comme il eft dit dans les lettres patentes de Philippe de Valois de lan 1349 AS _ Les.gardes ou confervateurs des foires de Brie & Champagne transférées dépuis à Lyon, avoient une telle autorité, qu'on arrêtoit en vertu de leurs juge- mens, même dans les pays étrangers, ” Préfentement la confervation des privilèges des foires dans la plüpart des villes eft nme à la juftice ordinaire. at, Je | EE COTE | Par exemple, à Paris, c’eft le prevôt de Paris qui eft le conférvateur des priviléges des foires qui fe tiennent dans cette ville ; & en conféquence c’eft le lieutenant général de police qui en fait Pouverture. + Dans quelques villes, la confervation des privi- iéges des foires eft unie au tribunal établi pour le commerce ; comme à Lyon où la jurifdiétion des éonfuls,, le bureau de la ville, & la confervationdes foires, {ont unis fous lettitre de cozférvation, Voyez le recueil des privilèges des foires de Lyon 6 les addi- tions à La bibliotheque de Bouchel , tome. p.18.(4) ConNSERVATEUR DE LA GABELLE, C’étoit le juge des gabelles ; il en eft parlé dans une ordonnance du toi Jean du 20 Aviil1363. (4) “in ""CONSERVATEUR DES HYPOTHEQUES, dont le vrai titre eft preffiers-confervateurs des hypotheques , font des officiers établis pour la confervation des hypotheques fur les offices, qui, par les édits de eur création ou par des arrêts du confeil rendus en conféquence, peuvent.être exercés fans provifions. _" Pour bien entendre quelle eft la fonétion de ces fortes d'officiers, & en quoi ils reffemblent & dife- rent avec les gardes des rôles, 1l faut obferver que ar édit du mois de Mars 1631, le roi créa en titre d'office des gardes des rôles des offices de France, pour conferver les hypotheques &s droits des créan- ciers {ur les offices. Ceux qui prétendent quelque droit fur un office, pour l'exercice duquel on a be- foin de proviñons prifes en chancellerie , forment oppoñtion au fceau ou au titre des provifons, à ce que les provifions ne foient fcellées qu’à la charge de l'oppoñition , le fceau ayant pour les offices l’ef- Fet de purger les hypotheques , de:même que Le de- cret pour les autres immeubles. Mais comme il y a grand nombre d’offices qui font poflédés en vertu de fimples quittances de finances, pour lefquels on n’a pas befoin de provifion , & qui font d’un prix frop médiocre pour fupporter les frais d’un decret, les créanciers, & autres préten- dant droit à ces.ofhçes , ne fayoient de quelle ma- PP TS CERN PT CON 35 niere fe pourvoir pour conferver leurs droits fur ces fortes d’offices. L’édit du mois de Mars 1673, portant établiffe- ment d’un gretle des enregiftremens, ou, comme of l’appelloit, communément, un greffe des hypotheques dans chaquebaillage &fénéchauilée,fembloit yavoir pourvû, en ordonnant en généralqué tous ceux qui auroient hypotheque, en vertu de quelquetitre quece fût, fur héritages, rentes foncieres ou conftituées, do- maines engagés, offices domaniaux, & autresimmeu- bles , pourroient former leurs oppoñtions au greffe des hypotheques de la fituation:des immeubles aux- quels ils auroient droit. L'objet de cet édit étoit de rendre publiques toutes les hypothéques, & de faire en ce point une loi générale.de ce que quelques coûtumes particulieres ont ordonné de faire par la voie des faifines & des nantiflemens ; maïs. les in= convéniens que l’on trouva dans cette publicité des hypotheques , furent caule que l’édit de 1673 fut révoqué par un autre du mois d'Avril 1674, qui or: donna que pour la confervation des hypotheques, on en uferoit comme pour le pañlé. ee On créa auf par un autre édit du mois de Mars 1673 , des confervateurs des hypotheques {ur les rentes dont nous parlerons dans l’article fuivant. | Ce ne fut qu'au mois de Mars 1706 , que le.ror créa dans chaque province & généralité un confeil= ler du roi-greffier-confervateur des hypotheques {ur les. offices, qui, par les édits de création , ou arrêts donnés.en conféquence:, peuvent être exercés fans provifon. | Cet édit ordonne que dans un mois les proprié= taires de ces offices, & droits y réums, foient tenus de.faire enregiftrer au greffe du conférvateur , par extrait feulement, leurs quittances de finance, ou autres titres concernans la propriété d’iceux, à pei- ne d'interdiétion de leurs fonétions & privation de leurs gages & droits. ES CR Que toutes les oppofñtions qui feront formées à la vente de ces offices, & les faifies-réelles qui en pourront être faites , feront enresiftrées dans ce. greffe, à peine de nullité des oppoñtions & faifes Qu’à cet effet les greffiers-conférvateurs tiendront deux regiftres paraphés de l’intendant, fur l’un.def. quels ils écriront les faifies & oppoñtions qui leur auront été fisnifiées , & dont ils garderont les ex= ploits & mainlevées, & que fur Pautre regiftre ils mettront les enregiftremens des titres de propriété... Qu'en cas d’oppoftion au titre-des offices & droits , il ne fera point procédé à l’enreoiftrement des titres de proprièté, que l’oppoñtion n'ait été jugée. PR PERTE NET Qu'à l'égard des oppoñitions pour deniers, les en« reoiftremens ne pourront être faits.qu'à la chatge d'icelle , à peine par les preffiers-conférvateurs des hy2 potheques d'en demeurer refponfables en leurs noms pour la valeur des offices & droits, at. _ Les créanciers oppofans à l’enresiftrement, des titres de propriété defdits offices &.droits y réunis. font préférés fur le prix aux autres créançciefs nôn oppofans , quand même ils feroient privilégiés. . . Les offices & droits y réunis, dont les titres de propriété ont été enregiitrés fans, oppoñtion, de meurent purgés de tous privilèges & hypotheques , excepté néanmoins des douaires & des fubfütutions. Toutes oppoñtions qui feroient faites ailleurs” qu'entre les mains .defdits con/ervareurs, pour raifon de ces fortes d’oflices & droits , {ont nulles. * Les notaires qui paflent des actes contenans vente . ou tranfport de ces fortes d’offices , doivent en don- ñer dans quinzaine des extraits au coz/ervaieur des hypotheques, | | re | M ue L’édit de création attribue au con/érvateur un droit pour l'enresiftrement de chaque EG finans Eÿ 26 CON ce &c oppoñtion des gagés, un minot de franc-falé à chacun, exemption de taille, tutelle, curatelle, guet & parde. (4). CONSERVATEURS DÉS HYPOTHEQUES SUR LES REnNTES, font dés officiers établis par édit du mois de Mats 1673, pour la confervation des hÿpothe- ques que les patticuliers peuvent avoir fur les ren- tes dites par le Roï, appartenantes à leurs débiteurs. L'édit de éréation vent que pour conferver à l’ave- mir les hypotheques fur les rentes dûes par le Roi fur les domaines, tailles, gabelles , aides, entrées, décimes & clergé; dons gratuits, & autres biens ët revenus du Roi, les créanciers ou autres prétendans droit fur les propriétaires & vendeurs de ces ren- fes, feront tenus de former leur oppofition entre les Mains du confervatéur des hypotheques fur lefdites fentes ; que ces Oppoñtions conferveront pendant une année les hypotheques & droits prétendus fur lefdites fentes, fans qu'il foit befoimde faire d’au- tres diligénces ; que pour sürèté dé ceux qui demeu- réront propriétaires de ces rentes par acquifitions , partages ,. ou autres titres , ils feront feulement te- hus à chaque mutation de prendre fur leurs contrats ôu extraits d'iceux , des lettres de ratification fcel- lées en la grande chancellerie ; que fi avant le fceau de cés lettres il ne fe trouve point d'oppofition de la part dés créanciers ou prétendans droit, & après du’elles feront fcellées fans oppoñition, les rentes fr purgées de tous droits & hypotheques. Pour tecevoir les oppofitions qui peuvent être formées au fceau de ces lettres par les créanciers &c autres prétendans droit fur lefdites rentes pour la confer- vation de leurs hypotheques, &c délivrer des ex- traits des oppofitions à ceux qui en ont befoin, l’é- dit crée quatre offices de greffiers -confervateurs des hypotheques defdites rentes , 8 à chacun un commis. fl effdit que ces confervateurs auront chacun entrée au fceau, & exerceront les offices par quartier ; qu'ils tiendront fidele regiftre des oppoftions for- mées entre leurs mains, & garderont les exploits pouf y avoir recours au befoin; qu'avant que les lettres foient préfentées au fcéau, ils feront tenus de vérifier fur leurs regiftres s’il y a des oppoñitions. L'édit attribué à Ces officiers une cértaime retribu- tion pour l’énrégiffrement des oppofñitions, & pour délivrer fes extraits , 8 les mêmes privilèges qu'ont les Officiers de la grande chancellerie. Cetté der- nièré prétogative leur a été confirmée par un édit du mois de Juillet 1684. Les quatre offices de con/er- vateurs des hÿporheques fur les rentes ont dépuis été réunis , & font exercés par un feul &: même titulai- re; il y a néanmoins un coz/érvateur particulier pour 1éS hypothèques des rentes fur fa ville. (4) “HÉONSERVATEUR DES JUIFS 04 DES PRIVILÉGES Des JUrFS, étoit un juge particulier, que le roi Jean ävoit accordé aux Jiifs étant dans lé royaume pour la confervation de leurs priviléges. Il en eft parlé datis né ordonnance de CE prince du mois de Mars 1360 , où 1l eft dit que toutes lertres contre les pri- Viléves des Juif ne feront d'aucune force & ver- tu , fi elles het font vies où acceptées par le coz- férvareur ou gardien qW'il leur à accordé par {ès äu- trés lettres. Chute DA des lettres du 4 O&tobre 1364, permit au comte d'Eflampes gardien & cox- fau général dés Tuifs & lives, & leur mge enr toutes les éatifes qu'ils avoient contre les Chrétiens dans le royaume, -où les Chrétiens contr'eux, de nommer dés commis en {a place, 7 à ceux-ci de ñomrmér des fubflituts pour juger les affaires des Juifs. La charge de cozfervateur des Juifs fut abolie, L'les Jin fonmis à la jurifdiéhon du prevôt de Paris, & des autres juges ordinaires du lieu de leur demeure, par des lettres de Charlés VI, du rs Juillet [| de re F CONSERVATEUR 04 JUGE-CONSERVATEUR DE LYON, v0y. ci-apr. CONSERVATION DELYON. (4) . CONSERVATEUR DES MARCHANDISES ; On étar blifloit autrefois des commiflaires généraux , anx- quels on donnoit le titre de gardiens @ confervateurs fur les vivres &c les marchandifes. (4) © © CONSERVATEUR DE LA MARÉE; le prevôt de Paris fut établi juge, comfervareur, gardien, & com- miflaire des affaires des vendeurs dé marée, par des lettres du roi Jean, dir mois d'Avril 1361, commeil létoit anciennement ; mais cela fut attribué en 1369 à la chambre fouveraine de la marée. Il rentra en- cofe dans fes fonétions en 1379 ; mais les commif- faires de la marée continuerent à connoître'de cer- faines conteftations fur cet objet, & enfin depuis 1678 le châtelet n’a retenu que les réceptions des jurés-compteurs, déchargeurs & vendeurs de marée. Voyez CHAMBRE DE LA MARÉE. (4) . CONSERVATEUR 04 JUGE-CONSERVATEUR DES PRIVILÉGES ROYAUX DE L'UNIVERSITÉ DEPARIS, eft le juge établi par nos rois pour la confervation des priviléges qu'ils ont accordés à cette umivérfité ; cette fonétion eft préfentement réumie à celle de pre- vôt de Paris ; mais les chofes n’ont pas tojours été à cet égard dans le même état. 7 | - “Il y a apparence que cet office de corfervateur fut établi dès le commencement de lPümverfité, c’eft-à- dire par Charlemagne même fon fondateur. Car ce prince étant obligé d’être prefque toùjours hors du royaume pour contenif les peuples voifins, établit deux juges pour les affaires de fa maifon & de fon état , l’un defquels, appellé comes Jacri palatit, avoit lintendance'de la juftice fur tous les fujets laiques nobles & roturiers ; l’autre appellé apocrifiariis où archicapellanus , cuffos palatii ou, refponfalis megotio- rum ecclefiafficorum , rendoit là juftice à ceux de la maifon du prince , & à tous les eccléfaftiques & re- gieux. \ Puit 1m Adhelard, autrefois abbé de Corbie &c parent de Charlemagne , fit un livre de l’ordre du palais, que Hincmar miniftre d'état fous Charles le Chauve, mit en lumiere : on y voit que des trois ordres qui étoient dans le palais, le fecond étoit des maîtres & écoliers, enforte que cet ordre étoit comime les au- tres fous la direétion de l’äpocrifiaire, - Les révolutions qui arriverent dans la forme du gouvernement depuis environ l'an 900, furent fans doute la caufe de l’exfin@ion du titre & office d’a= : pocrifiaire ;.8c il eft à croire que. dans ces tes de frouble les affaires de l’univerfité allerent très-mal, Mais Hugues Capet étant monte fur le throne Robert fon fils , qui lui fuccéda én 997, aimant les lettres & ceux. qui en faifoient pfofeilion , en réta- blit les exercices, & probablement conftitua le pre= vôt de Paris juge des différends de l’umiverfité , au- moins én ce qui concernoit les procès civils &c cri- it Eté enr eng tes Re it: 0 de Cet établiflement dura jufqu’en l’an 1200 ,-qué Puniverfté s'étant plainte à Philippe-Augufte contre Thomas prevôt de Paris, dont lés fersens avoienf emprifonné quelques écoliers & en avoient tué d'au tres, ce prince ordonna que deformais le prevôt de Paris préferoit ferment à l’univerfité en ce.qui re- garde le fait de police, & au furplns renvoya là dé: cifion des procès à l’évêque de Paris. :: +? ” Mais l’univerfité n'ayant pas été contente de Lé= vêque de Paris m de’ fes oMciaux, la connoïffance des-procès de l’univerfité fut rendue au prevôt, dé Paris par des lettres du 31 Décembre 1340, confr- méés par d’autres lettres du 21 Mai 1345. 5... On voit par ce qui vient d’être dit, que l'origine du ferment que le prevôt de Paris prêtoit à luniver- fité, remonte jufqu’à Pan 1200,.& qu'elle Vient de la qualité deuge-conférvatéur des privilèges royaux'4s ñ CON | l'univerfité, attribuée au prevôt de Paris. En effet | l'ordonnance de 1200 porte que le prevôt de Paris & fes-fucceffeurs, chacun à fon avenement , feront tenus, fous quinzaine à compter du jour qu’ils au- ront été avertis, de faire ferment dans une des égli- fes de Paris, en préfence des députés de l’univer- fité, qu'ils conferveront les privilèges de la:même univerfité. a EU Cette ordonnance fut confirmée par,S: Lotus au mois d'Août 1228, par Philippe le Hardi en Janvier 1275, & par Philippe le Bel en 1285. Ce dermier ordonna encore en 1301, que tous les deux ans, le premier dimanche après la Touflaints, leGute feroit faite en préfence du prevôt de Paris & de fes officiers & des députés de l’univerfité,du pri- vilége de l’univerfité ; qu’enfuite le prevôtde Paris feroit faire ferment à fes oMciers de ne point donner atteinte à ce privilége. Cette ordonnance fut faite à l’occafñion de l’emprifonnement de Guillaume le Petit, fait par ordre de Guillaume Thibouft lors pre- vôt.de Paris. : On M e Le vendredi après l’oftave de l’épiphanie 1302, Philippe le Bel ordonna que la leéture & le ferment érdonnés l’année précédente feroient faits dans l’é- glife S. Julienle Pauvre ; &au mois de Février 1305 1l renouvella fon ordonnance de 1285: . Le 10 O&tobre t308, Pierre le Feron prevôt de Paris prêta ferment dans l’églife des Bérnardins ; le re&teur obferva que le prevôt de Paris n’avoit point comparu au jour indiqué par l’umiverfité, qu'il s'é- toit abfenté malicieufement, & conclut, en difant que le prevôt de Paris devoit être puni.trèsfévere- ment pour fa defobéiffance 8 fon mépris des privt léges-de l’univerfité; le prevôt de Paris propofa fes éxcufes, qui furent reçues. | | On trouve dans l’hiftoire de l’univerfité par du Boulay, les aétes de preftation de ce ferment parles prevôts de Paris qui ont fuccédé à Pierre le Feron, én date des 8 Mai 1349, 13 Juin 1361, 10 Odobre 1367, 23 Juin 1370,:29 Mai 1421, 24 Mars 1446, & 23 Avril 1466, 29 Juin 1479, 21. Novembre 1509, 24 Avril 1508, 13 Avrilis4r,13 Juin 1502. :: ) Il y a eu de tems entems des conteftations de la part des prevôts de Paris pour fe difpenfer de ce:fer- nient 3: le dernier ae qui y a rapport .eft celui du 2 Mars 1613 , par lequel le fieur Turgot provifeut dy collége d'Harcourt ; fut député-pour aller trouver le nouveau prevôt de Paris (Louis Séguier), &c l’a: vertir de venir prêter le ferment que tous fes pré- décefleurs ontiprêté à l’univerfité, Il paroît que de- puis ce tems l’univerfité-asnéphigé dé faire prêter cé ferment , quoiqu'il n’y ait eu aucune ordonnance qui én ait difpenfé les preyôts de. Paris. ï # : Au-mois de Févrieri1522, le titre.de bailli confer- vateur des privilèges royaux de l’univerfité fut démem: bré de la charge de prevôt.de Paris ;:par l’éreétion du tribunal-de la confervation, Ce nouveau tribu- ral fut compofé d’un bailli , un lieutenant , douze confeillers ,-&-artres officiers nécefläires.: 12 12e . L'office de baïlli corférvateur fut réuni à la charge de prevôt deParis,après la moft de Jean de la Barre. feul.& uniquettitulaire de cette charge de bailli co Jervateur ; 1] mourut en 1533.10 +2: SE Le fiége du baïllage ou confervation des privilé: gesroyaux de lumiverfité avoit d’abord. été établi en lhôtel de Nefle; il fut de-lèitränsferé au petit châtelet, &'réumi à la prevôté de Paris par éditide 1326., quine fut-repiftré au parlement qu’en 1 533; Mais nonobftant cette réunion & tranflation ,les of. ficiers de la comfervation continuoient de connoitre feuls des caufesdel'umwerfité ,«&:$aflembloient dans une.des chambres du grand châtelet, que lon appelloit lachratzbre dela confervation.Ge ne fut qu'en 1543 que laxunionfut pleinement exécutée pat le CON 37 mélange qui.fe fitalors des huit confeillers reftans de ceux qui avoient été créés pour la confervation avec les confeillers de la prevôté. “Depuis cette réunion il y a toûjours eu des jours particuhers d'audience deftinés pour les caufes de l'univerfité. Un édit du mois de Juillet 1452 ordon: ne que le prevôt de Paris tiendroit l’audience deux fois la femaiñe, pour y juger par préférence les cau- {es de l’univerfité. + On trouve-dans le recueil des privilèges de lunis verfité des aétes-des 5 Mai 1567, ÿ Mai 1569, 7 Oc- tobr e157r, & 19 Avril 1583, par lefquels l'univers fité a député au prevôt de Paris, pour l’avertir qu'il étoit obligé de donner deux jours par femaine pour les caufes-de luniverfité, LE Ms! | : Enfin l’on voit que le 3 Mars 167a,M..1e Camus Leutenant.civil rendit une ordonnance portant que, pour décider les procès que pourroientavoir les recteur , régens ; doéteurs, fuppôts, écoliers, jurés, meflagers, & autres de l’univerfité ayans privilége, dont le chatelet el le juge corférvateur ; il leur-{era donné audience le mercredi pour les caufes:du pré- fidial,, & le famedi pour les caufes qui fe devront traiter à la chambre civile par préférence. -L’univerfité joint toüjours de ce privilégetd’avoir fes caufes\commifes au châtelet; c’eft ce que lon appelle Ze privilège de fcholarire. : ‘Dépuis 1340 que la connoïflance des caufes' de l’umverfité a été attribuéerau châtelet, {ans aucuné interruption Jjufqu'à préfent, le prevôt de Paris a toûjours pris le, titre. de cozférvateur des priviléses royaux. de l’univerfité de Paris; onen trouveunexem: ple.en 1458 dans un ae rapporté au livre rouge vieil du châtelet , du 10 Février de cette,amnée. Il y a de femblables conférvateurs des 'priviléges royaux des autres umiverfités dans les autres villes où 1l y a umiverfité. Cet office de conférvareur eft Joint prefque partout à celui de. prevôt. (4) :LCONSERVATEURS DES SAISIES ET OPPOSITIONS FAITES :AU: T HR ÉSOR ROYAL, font des officiers éta- blis pour la confervation des droits des créanciers fur les rembourfemens ou autres payemens qui font arecevoir awthréfor royal. Ils furent premierement éréés atnombre de quatre.par édit du:mois de Mai 1706, {ous:le titre de greffiers confervateurs ,-mais plus-connus fous le nom:feul: de conférvateurs des fafies:&.oppoñtionsqur fe font ès mains des gardes du thréfor royal, à l’inftar des! greffiers confervateurs des-hypotheqmés des rentes fur la ville; il fut or- donné qu'a lavenir ces faifies & oppoñtions de fe- roient entre les: mains de:ces nouveaux officiers, à peine de-nullité, à la réferve des rembourfemens des-rentes fur laville , &-desaugmentations de ga> ges, dontiles oppoñtions.&rfaifies ont toûjours dü être faites entre les mams des greffiers coz/ervateurs des hypotheques fur les:rentes.s Ces trois conférvas | seurs: des faifies & oppoñtions concernant les: rem bourfemens! & payemens:auithréfor royal, furent fupprimés par édit du mois d'Août 1716: Omen-te- créa deux feulement en 1719-fous le titrexd'ancier &c d’alsernatif, parce qu'il n’y avoit alorsique deux ’ % . JV % 1 n gardes du thrélor royal mais.ayant été créérun : troifieme garde du thréfor royal:en 1722; on1créa auf en: 1723: un greffier con/érvareur triennal des fai= . fes &:oppoñtions, avec les mêmes droits qui étoient attribuésrpar d'édit de #706% préfentementi il n'ya ! que: déuxrde.ces coz/érvareurss ayant réuni à-leurs offices dactrofieme chatge:: (4 hnirisllo ne suit CONSERVATEURS DES VILLES oz DES PRIVILÉS Ges pes ViLLES;; {ont des juges 10 yauxiqui ont été érablis en certaines villespour:la confervationrdes priviléges accordés! à:ces:vlles par nosrois. Il eft parlé déns différentes ordonnances de ces confèrva Leurs, entrautres du cozfervareur.8c jugecdes: bouts 39 CON geoïs de Montpellier. En-un autre endroit il eft dit que le fénéchal de Cahors fera conférvateur des pri- viléges de cette ville. On trouve auffi que le féné= chal & le connétable de Carcaflonne furent établis confervateurs &t juges de cette ville pour une affaire particuliere. #oyez les ordonnances de la troifieme ra- ce , tome III. pp. 327.421. & C27. Cette fonétion de confervateur des villes a quelque | rapport avec celle des officiers appellés chez les Ro- mains defenfores civitatum ; lefquels étoient les juges du menu peuple & confervoient fes priviléges con- tre les entreprifes des grands ; mais ils ne Connoïf- foient que des affaires fommaires &c de la fiute des efclaves : à l'égard des affaires importantes, ils les renvoyoient devant les gouverneurs des provinces. Lorfque les Gaules eurent pañlé fous la domina- tion des Romains, on y adopta infenfiblement leurs lois & leurs ufages. On voit dans les capitulaires de nos rois que les officiers des villes étoient pareil- lement nommés defenfores civiratis, curatores urbis , fervatores loci ; il y a beaucoup d’apparence que les confervateurs établis-dans plufeurs villes fous la troi- fieme race, fuccéderent à ces officiers appellés /erva- cores loci , dont le nom a‘êté rendu en notre langue par celui de conférvateurs. Voyez le traité de la Police, come TI, div. Lasir, xiy \’hift, de la Jurifprud, Rom, de M. Terraflon, p.36. (4) CONSERVATEURS DES UNIVERSITÉS. Voyez CONSERVATEUR APOSTOLIQUE & CONSERVA- EUR (DES PRIVILÈGES ROYAUX, 6. (4) CONSERVATION, fubf. f. ( Méraphyfq.) La confervation du monde aété de tout tems un grand objet de méditation & de difpute parmi les Philofo- phes. On voit bien que toute créature a befoin d’é- tre confervée. Mais la grande difiiculté ,.c’eft d’ex- pliquer en quoi confifte l’aëtion de Dieu dans la co: Jérvation. | 12,910 Plufieurs , après Defcartes , foûtiennent qu’elle n’eft autre chofe qu’une création continuée. Ils croient que nous dépendons de Dieu, non-feule- ment parce qu’il nous a donné lexiftence , mais en- * core parce qu'il la renouvelle à chaque inftant. Cet- te même ation créatrice fe continue toüjours, avec cette feule différence que-dans la création elle a tiré notre exiftence du néant, & que dans la confervarion elle foûtient cette exiftence , afin qu’elle ne’rentre pas dans le néant. Une comparaïlon va rendre la chofe fenfible. Nous formons des images dans notre imagination : leur préfence dépend d’une certaine opération de notre ame, qu'on peut comparer, en quelque façon , à la création. Pendant que cette opération dure, l’image refte préfente ::mais fitôt qu'elle cefle, l’image ceffe:auffi d’exifter. De même pendant que l'opération créatrice de Dieu dure, le- xiftence des chofes créées:dure aufh: mais aufi-tôt que l’autre cefle , celle-ci cefle aufi. - Pour prouver leur fentiment , les Cartéfens fe fervent de plufeurs raifonnemens affez fpécieux. Ils difent que chaque chofe ayant été dépendante dans le premier moment de fon exiftence, elle ne peut pas devenir indépendante.dans les fuivans:-1l faut donc qu’elle garde , tous le tems qu’elle exifte, la même dépendance qu’elle a eu dans le premier mo- ment de fa création. Ils'ajoûtent à cela’,:qu'ilparoît même impofhble de créer des êtres finis qui puiffent exifter d'eux-mêmes; tout être fini étant indifférent à d’exiftence & à la non-exiftencei, comme là mas tiere en elle-même eff indifférente aumouyement SE ATÉPOBA 26 LIL Ÿ EU 5 VRP.) 21 Ce fyftème a des avantages à quelques égards. Il donne une grande idée-dur domaine que Dieu a fur fes créatures, Il met l’homme dans la plus grande dépendance: où il puiflecêtre par rapport à Dieu. Nous: ne {ommes rien de nous-mêmes, Dieueft tout, CON C'eft en lui que nous voyons: que nous nous mou: Vons, que nous agiflons. Si Dieu cefloit un moment de nous conferver , nous rentrerions dans le néant dont il nous a tiré, Nous avons befoin à chaque mo- ment, non d’une fimple permiflion qu’il nous donne. d’exifter , mais d’une opération efficace, réelle, & continuelle qui nous préferve de l’anéantiffement.' Toutes ces refléxions font affürement très-belles : mais d’un autre côté les conféquences qu’on tire de ce fyftème ne font pas moins effrayantes. Voici les conféquences odieufes dont il eft impof- fible de fe défaire dans ce fyftème ; conféquences que M. Bayle a expofées en détail dans différens articles de fon diétionnaire. Dans l’article de Pyr- thon il dit, que fi Dieu renouvelle à chaque mo- ment l’exiftence de notre ame, nous n’ayons au- cune certitude que Dieu n’ait pas laiflé retomber dans le néant l’ame qu'il avoit continué de créer jufqu'à ce moment, pour y fubftituer une autre ame modifiée comme la nôtre, Dans l’article des Pauli- ciens , 1l dit que nous ne pouvons concevoir que l'être créé foit un principe d’aétion, & que recevant dans tous les momens de fa durée fon exiftence, il crée en lui-même des modalités par une vertu qui lui foit propre ; d’où il conclut qu'il eft impoñlible de comprendre que Dieu n’ait fait que permettre le: peche. « Nous ne pouvonsavoir, dit-il, dans Particle » des Manichéens , aucune idée diftinéte qui nous » apprènne Comment un être qui n’exifte point par » lui-même, agit par lui-même. Enfin il dit encore » dans l’article de Sennart : les fcholaftiques deman- » dent fi les aétes libres de l’ame font diftin@s de # lame: s'ils n’en font pas diftinéts, l’ame de l’hom+ » me en tant qu'elle veut le crime, eft créée: ce » n'eft donc point elle qui fe forme cet aéte de # volonté ; car puifqu'il n’eft pas diftinét de la fub- # {tance de lame, & qu’elle ne fauroit fe donner à » elle-même fon exiftence, il s'enfuit manifeftemenit # qu’elle ne peut fe donner aucune penfée. Elle n’eft: »pas plus refponfable de ce qu'elle veur le crime » hic & nunc ; que de ce qu’elle exifte hic 6 runcs. Ceci doit nous apprendre: combien les philofophes chrétiens doivent être circonfpeëts à ne jamais rien hafarder dont on puifle abufer ; & qu'il faille en: fuite révoquer par diverfes limitations pour en pré- venir les fâcheufes conféquences. Voyons maintenant l’opinion dé Poiret, Suivant ce philofophe Dieu ra donné à chaque être, dès la création même, la faculté de continuer fon exiften- ce. Il fuffifoit de commencer.Ils font formés de telle: façon qu'ils fe foûtiennent eux-mêmes, Tout ce que le Créateur a maintenant à faire, c’eft de les laifler exifter & de-ne pas-les détruire par un ae auf po= fitif que celui de la création. Le monde eft uneïhor- loge, qui étant une fois montée continue auff long- tems que Dieu s’eft propofé de la laïffer aller. - On appuie principalement ce fentiment fut læ puiflance infinie de Dieu. Dieu, dit-on, n’auroitk pas un pouvoir fufifant pour créer des êtres qui püiffent d'eux-mêmes continuer leur exiftence ? Sa feule volonté ne fufit-elle pas pour les faire de telle: . forte:qu'ils n’ayent pas befoin d’un foutien conti- nuel & d’une création -réitérée fans ceffe ? N’a-t- pû leur donner une force permanente, en vertu de laqüelle ils ne cefferont d’exifter que quand il trou véra ä-propos de les détruire? . . : Uk us Ce fentiment ne donne pas feulement une grande idée de la puiffance divine , mais 1l a encoredes avantages qu'aucun dés autres fyftèmes ne préfenté pour décider des queftions , qui depuisilong tems embarraflent les philofophes. La:liberté de l’homme neft nulle part aufli bien établie que dans cette-opi: nion, L'homme. n’eft dépendant ai'entant qu'il eft : créature , & qu'il a en Dieu da raionfufifante de CON fon exiftence. Du-refte il agit dé fon propre fond. Il eft créateur de fes aétions. [l peut les diriger com- me il veut. De cette liberté fuit naturellement un autre avantage non moins impottant. Aucun fyfte- me ne nous offre une apologie plus parfaite de Dieu touchant le mal moral. L'homme fait tout. Il ef l’aut- teur de tout le mal & de tout le bien qui fe trouve dans fes a@ions. Il en eft feul refponfable. Tout doit lui être imputé. Dieu ne lui a donné que l'exiftence &c les facultés qu'il doit avoir néceffairement > CE à lui à s’en fervir fuivant les lois prefcrites : s’il les obferve, il en a le mérite; s’il ne les obierve pas, il en eft feul coupable. . - Mais il ne faut pas diflimuler les difficultés qui fe trouvent dans ce fyftème. Il eft vrai que d’un cÔté on éleve la puiflance créatrice de Dieu : mais aufli de l’autre côté on anéantit prefqu’entiétement fa providence. Les créatures fe foutenant d’elles- mêmes , Dieu n'influe plus fur elles qu'indireéte- ment. Tout ce qu’il a à faire, c’eft de ne pas les de- truire. Pour le refte il eft dans un parfait repos , ex- cepté quand il trouve néceffaire de fe faire fentir aux hommes par un miracle extraordinaire. Et enfin, pour bien établir ce fentiment, il faudroit démon- trer avant toutes chofes, que ce n’eûüt pas été une contradidtion que d’être fini & d’être mdépendant dans la continuation de fon exiftence. Tout ce que nous pouvons dire fur cette matiere bien épineule, fe réduit À ceci: pour que les créatures continuent à exifter, il faut que Dieu veuille leur exifence. Cette volonté n'étant pas une fimple velléité, mais un aéte &c une volonté efficace, il eft für que Dieu influe fur la continuation de leur exiftence très-effi- cacement, & avec une opération direëte. Arécle de M. Formey. C’eft ainfi que dans les queftions métaphyfiques fort élevées , on fe retrouve après bien des détours au même point d’où l’on étoit parti, & où on auroit dù refter. | * CONSERVATION, fub. f. (Morale. ) La loi de confervation eft une des lois principales de la natu- re : elle eft par rapport aux autres lois, ce que l’e- xiftence eft par rapport aux autres qualités ; Pexi- ftence ceffant, toutes les autres qualités ceffent ; la loi de conférvation étant enfreinte , le fondement des autres lois eft ébranlé. Se détruire, de quelque ma- niere que ce foit , c’eft fe rendre coupable de fui- cide. Il faut exifter le plus long-tems qu'il eft poffi- ble pour foigpour fes amis, pour fes parens, pour la focicté, pour le genre humain; toutes les rela- tions qui font honnêtes &c qui font douces nous y convient. Celui qui peche contre la loi de conferva- sion les foule aux piés ; c’eft comme s’il difoit à ceux qui lenvironnent : Je ne veux plus ëtre votre pere, vo- cre frere , votre époux Votre ant, votre fils, votre con- citoyen , votre femblable. Nous avons contraété libre- ment quelques-uns de ces rapports, 11ne dépend plus de nous de les diffoudre fans injuftice. C’eft un paéte où nous n'avons été mi forcés ni furpris ; nous ne pou- vons le rompre de notre propre autorité; nous avons befoin du confentement deceux avec quinous avons contraûté. Les conditions de ce traité nous font de- venues onéreufes ; mais rien ne nous empêchoit de le prévoir ; elles pouvoient le devenir aux autres & à la fociété; dans ce cas on ne nous eût point abandonné. Demeurons donc. Il n’y a moralement perfonne fur la furface de la terre d’aflez inutile d’aflez folé, pour partir fans prendre congé que de foi-même : l’injuftice d’un pareil procédé fera plus où moins grande ; mais il y aura toùjours de linjuf- tice. Fais enforte que toutes tes a@ions tendent à la conférvation de toi-mème , & à la conférvation des au- tres ; c’eft le cri de la nature: maïs fois par-deflus tout honnête homme. Il n’y a pas à choïfir entre l’e- zaftence & la vertu, C ON 39 CONSERVATION DES ARTS, MAÎTRISE , ET Ju- RANDE, (Jurifprud.) eft une jurifdiétion de police pour les arts & métiers : il y en a dans plufeurs villes qui font établies fous ce titre de conférvation; par exemple, à Nantes, le tribunal de la police & voirie qui fe tient à l’hôtel-de-ville , a auffi le titre de conférvation des arts, maïtrifes & jurandes, I] eft compofé du lieutenant général de police, du préfi- dent-préfidial{énéchal-maire , des fix échevins, du procureur du Roi fyndic, d’un autre procureur du Roi, un grefñer, cinq commiflaires de police, & deux huifliers, À Lyon le confulat a aufli une direc. tion & une jurifdiéhion contentieufe fur tous les arts & métiers de la ville, dans chacun defquels il choi- fit tous les ans deux maîtres & gardes pour veiller aux'contraventions qui {e font aux ftatuts & regle- mens , & en faire leur rapport à celui de MM. les échevins qui eft particulierement prépofé pour le fait des contraventions , fur lefquelles il donne fes décifions, & regle les parties à l’amiable ; finon il les renvoye au confulat, dont les ordonnances s’e- xécutent en dernier reflortjufqu’à la fomme de 50 1. & au-deflous. L'appel va au parlement. Mais l’on n’a pas donné à cette jurifdiétion le titre de conférvation, fans doute à caufe que ce nom eft donné au tribunal qui connoît des matieres de commerce; on l'appelle fimplement /4 jurifdiélion des arts € métiers. À Paris, c’eft le procureur du Roi du châtelet qui connoît de tout ce qui concerne le corps dés marchands, arts & métiers, maîtrifes, réceptions de maîtres, & ju- randes. Il donne fes jugemens qu'il qualifie d'avis; il faut enfuite faire confirmer cés avis par le liente- nant général de police, qui les confirme Ou infirme, Lorfqu'il y a appel d’un avis, on le relève au parle. ment. (4) CONSERVATION DE LYON, qu'on appelle auffi fouvent /4 confervation fimplement, eft une jurifdic- tion établie en la ville de Lyon pour la confervation des priviléges des foires de Lyon, & généralement pourle fait du commerce qui fe fait en cette ville, & pour décider des conteftations entre les marchands & négocians qui ont contraété fous le fcel des foires de Lyon, ou dont l’un s’eft obligé en payement, c’eft-à-dire de payer à l’un des quatre termes ou échéances des foires de Lyon. Cette jurifdiéton eftla premiere des jurifdi@ions _ de commerce établies dans le royaume , par rapport à l'étendue de fa compétence & de fes priviléges. Elle a fuccédé à la jurifdiétion du juge-conferva- teur des foires de Brie & de Champagne, lefquelles, comme l’on fait, furent rétablies dans leur ancien état par Philippe de Valois le 6 Août 1349, pour le bien & le profit commun de toutes les provinces, tant du royaume qu’étrangeres. On leur donna pour juges & confervateurs de leurs priviléges deux gar- des & un chancelier, qui prètoient lerment en la chambre des comptes. Tous les princes Chrétiens & mécréans , ce font les termes des lettres, en confi- dération des priviléges & franchifes que le roi don- noit dans ces foires à leurs fujets, & de la liberté qu'ils avoient de négocier en toute füreté dans le royaume , & de venir franchement à ces foires, donnerent leur confentement à leur création & éta- bliflement, & aux ordonnances & ftatuts d'icelles , & à ce que leurs fujets fuflent foûmis à la jurifdic- tion de ces foires, & que même étant de retour en leur pays ; ils fuflent obligés de comparoir & plaider devant le juge confervateur des privilèges de ces foires,toutes fois & quantes ils y feroient appellés;ce qui eft encore fi ponétuellement obfervé fous Pauto- rité de la confervarion de Lyon qui a fuccédé au con: fervateur des foires de Brie & de Champagne, que les fentences & commiffions de cette jurifdiétion font exécutées fans aucune difficulté dans tous les pays 40 CON étrangers , du confentement de ceux qui en font fou- veralns. Charles VIT. n’étant encore que régent du royati- me , fous le roi Charles VL. fon pere , donna en cette qualité des lettres patentes le 4 Février 1419, por- tant établiffement de deux foires franches à Lyon de fix jouts chacune , avec mêmes privilèges que celles de Champagne, Brie, & du Landi. | Ces priviléges furent encore augmentés par dif- férentes lettres patentes & édits. | Louis XI. au mois de Mars 1462, accorda qu'il ÿ autoit quatre foires par an de quinze Jours chacune, &c il établit pour confervateur & gardien de ces foi- res le bailli de Macon, qui étoit alors en cette qua- lité fénéchal de Lyon, ou fon lieutenant préfent & à venir: il leur donna pouvoir de juger & de termi- ner fans long procès &c figure de plaids, tous les débats qui fe pourroïent mouvoir entre les officiers du roi & les marchands fréquentans ces foires, & durant le tems d’icelles, ainfi qu'ils verroient être à faire par raifon : il donna en même tems pouvoir aux confeillers de Lyon, c’eft-à-dire aux échevins, ‘établir deux grabeleurs pour lever les droits accoû- tumés fur les marchandifes d’épicerie qui fe vendent à ces foires. Dans d’autres lettres du 14Novembre 1467, con- firmatives des mêmes priviléges, il mande au bailli de Maconfénéchal de Lyon, qu'il qualifie de gardien conférvateur defdites foires, &t à tous autres juges, chacun en droit foi, de tenir la main à l’exécution de ces lettres. Par un édit du mois de Juin 1494, Charles VII, donna pouvoir aux confeillers de Lyon d’élire &c commettre un prudhomme fufffant & idoine, toutes les fois qu’il feroit néceflaire, qui prendroit garde pendant les foires qu'aucun fergentniautre officierne fitaucune extorfion ou vexation aux marchands; que ce garde commis appointeroit , c’eft-à-dire regleroit toutes les queftions & débats qui furviendroient entre les marchands durant les foires &z à caufe d’icelles ; qu’il les accorderoïit amiablement, s'ilétoit poffble, finon qu’il leur feroit élire deux marchands non fuf- pe@s pour les regler ; & que ficeux-cine pouvoient y parvenir, ils renverroient les parties devant le juge auquel la connoïffance en devoiït appartenir, & cer- tifieroient ce qui auroit été par eux fait Il donna pareillement pouvoir à ces mêmes con- feillers de Lyon d’élire un prudhomme fur chaque efpece de marchandife qui feroit vendue aux foires, pour connoître de tous les débats qui fe pourroient mouvoir entre ces marchands durant les foires au fujet des marchandifes que l’on prétendoit n’être pas de bonne qualité. Qu'ils pourroient pareillement élire 8: nommer au bailli de Macon fénéchal de Lyon, ou fon lieute- nant, les courtiers qu'il. conviendroit délire pour la facilité des négociations dans ces foires ; que le bailli de Macon fénéchal de Lyon ou fon lieutenant feroit tenu de Les confirmer. On a vû ci-devant que la garde & confervation des priviléges des foires de Lyon avoit été confiée au bail: de Macon fénéchal de Lyon ; & fuivant des lettres de François I. du 11 Février 1524, 1l paroit que c'’étoit tobijours le fénéchal de Lyon qui en cette qualité étoit confervateur des privilèges des foires : mais il fut depuis établi un tribunal particulier qu'on appella la conférvation, & le juge créé pour y ren- dre la juftice fut appellé 7zge-conférvateur. On ne irouve point l’époque précife de cette création ; on connoïit {eulement qu’elle doit avoir été faite peu de tems après les lettres de 1524: car l’édit du mois de Février 1535, donné pour regler la compétencede ce juge-confervateur, en fait mention comme d’un éta- bliffement qui étoit antérieur de plufeurs années à cet édit, Ce tribunal y eff qualifié de cowr della con: Jérvation , titre dont elle eft encore en pofleflion, &c dans lequel elle paroît avoir été confirmée par l’édit de 1569 dont on parlera ci-après, qui lui donne pou- voir de juger fouverainement jufqu’à cinq cents li- vres, &c lui attribue à cet effet toute cour, jurifdic- tion, &c. | Le même édit de x 535 attribue au juge-conferva- teur , le droit de connoître de toutes les affaires fa. tes à Lyon en tems de foire, ou qui y ont rapport, & l’autorife à procéder contre les débiteurs, leurs faéteurs & négociateurs , jufqu’à fentence 8 exécu- tion de garnifon, & confignation defdites dettes, à quelques fommes qu’elles montent, & ce par prife de corps & de biens; & que les fentences provifion- nelles de garnifon ou interlocutoires s’exécuteront par toute royaume , fans vifa ni parearis. La jurifdiion du juge-confervateur fut confir- mée, auff-bien que les priviléges des foires de Lyon, pat divers édits & autres reglemens, notamment par un arrêt du confeil privé tenu à Lyon, du 15 Septembre 1542; par deux édits d'Henri IL. d'Oéto- bre 1547 & Novembre 1550; par François Il. en 1559, & par Charles IX en 1560 ; par Henri HI. Le 18 Février 1578 ; par HenriIV. le 2 Décembre 1602, Louis XIIT. le 8 Avril 1621, & par Louis XIV. le6 Décembre 1643. | En 1655, les prevôt des marchands & échevins de la ville de Lyon ayant acquis l'office de juge-con- fervateur des privilèges royaux des foires de la mê- me ville , l'office de lieutenant, 8 ceux des deux avocats du roi &c du greffier héréditaire des préfen- tations , 1ls en obtinrent la réunion au corps confu- laire par édit du mois de Mai de la même année, qui porte que la conférvation fera compofée du prevôt des marchands, des quatre échevins, & de fix juges, de deux defquels le roi fe referve la nomination; on les appelle pour cette raïfon hommes du Roc. Il eft auf ordonné qu’il y ait tohjours deux gradués dans la jurifdiétion ; qu’ils ne prendront épices, falaires, ni vacations ; qu'ils jugeront au nombre de cinq en matiere civile, & de fept en matiere criminelle. Enfin au mois de Juillet 1669, Louis XIV. donna encore un édit célebre portant reglement pour la ju- rifdiétion civile & criminelle de la cor/érvation, Cet édit lui attribue le droit de connoitre, priva- tivement à la fénéchauflée & préfidial de Lyon & à tous juges, de tous procès mûs & à mouvoir pour le fait du négoce 8 commerce de marchandifes, circonftances & dépendances, foit en Fëms de foire ou hors foire, en matiere civile & criminelle; de toutes les négociations faites pour raïfon defdites foires & marchandifes, circonftances & dépendan- ces; de toutes fociétés, commiflions, trocs, chan- ges, rechanges, viremens de partie, courtages, promefles , obligations , lettres de change , & tou- tes autres affaires entre marchands & négocians en gros & en détail, manufaéture de chofes fervant au négoce , &c autres de quelque qualité & condition qu'ils foient, pourvü que l’une des parties {oit mar- chand ou négociant, &c que ce foit pour fait de né- goce, marchandife, ou manufaêture. Suivant ce même édit, tous ceux qui vendent des marchandifes & qui en achetent pour les revendre, qui portent bilan & tiennent livre de marchand, où qui ftipulent des payemens en tems de foire, font jufticiables de la confervation pour raïon defdits faits de marchandifes & de foires ou payemens. La confervation connoît auffi privativement à la fénéchauflée & préfidial, & à tous autres juges, des voitures des marchandifes & denrées dont les mar- chands font commerce feulement. Elle connoît pareillement de toutes lettres de ré- pi, banqueroutes, faillités, & déconfitures de mar- chands CON “hands, négocians, & manufaduriers; ce qui a lieu quoique les faillis demeurent hors la ville de Lyon; ‘des chofes fervant au négoce, de quelque nature qu’elles foient ; & en cas de fraude elle peut feule procéder extraordinairement contre les faillis & leuts complices, mettre le fcellé, faire inventaire &c vente judiciaire des meubles & effets, même de leurs 1m- meubles, par faiñes, criées , vente &c adjudication ar decret, & diftribution des deniers en provenans ; fans qu'aucune des parties puiffe fe pourvoir ail- leurs, fous prétexte de COMMELELMUS incompetence, ni autrement , à peine de trois mule livres d amen- de, & de tous dépens, dommages &e intérêts ; à la charge feulement que les crices feront certinées par les officiers de la fénéchauflée. + + 44 La conférvarion connoît de toutes ces matieres fou- verainement & en dernier refort, jufqu’à la fom- me dé cinq cents livres; & pour les fommes excé- dentes cinq cents livres, les fentences font exécutées par provifion. - Toutes les fentences de ce tribunal, foit provi- fonnelles ou définitives, font exécutées dans toute T’étendue du royaume fans vifa ni pareaiis , comme fi elles étoient fcellées du grand fceau. r. Il eft défendu à la Knéchauflée & fiége préfidial de Lyon de prononcer par contrainte par corps & exécution provifonnelle de leurs ordonnances & jugemens , conformément aux rigueurs de la corfer- yation , à peine de nullité, caffation, &c. la faculté de prononcer ainfi étant refervée à la conférvation. __ L'édit du mois d’Août 1714 a encore expliqué que les contraintes par corps émanées dé la comer- yation s’exécutent par tout le royaume. #: Ce tribunal eft donc compofé du prevôt des mar- chands & échevins , & de fix autres juges bourgeois ou marchands, dont le premier eff toûjours un avo- cat ancien échevin ; les fecond & troifñieme font les deux hommes du Roï. Les gens dû Roi du bureäu . de la ville fervent auffi à la conférvation, & le fecré- taire de la ville y exerce en cette qualité les droits & fondions de greffier en chef; 1l a fous lui un com- mis greffier. Il y a aufi pôur le fervice de €e tribu- ral deux huiffiers andienciers & jurés crieurs , & un juré trompette. nf | Les avocats ès cours de Lyon ävoient été admis à plaider à la conférvation dès 1689 , par un arrêt du 33 Avril de ladite année; ils avoient néanmoins hégligé pendant un certain tems de fréquenter ce tribunal, d’où les procureurs fe prétendoient en droit de les en exclure: mais par arrêt du 20 Août 1738, enregiftré au fiége le 24 Novembre fuivant, les avocats ont été confirmés dans le droit de plaiï- der à la conférvation , commé ils font depuis cet ar- 1e M. | * Outre la jurifdiétion principale de la conférvation, 31 y a auffi dans l’enclave du même tribunal la jurif- didion du parquet, qui fait partie de la cour de la confervation, Par ärrêt du confeil d'état du Roi & lettres patentes en forme d’édit éniregiftré au parle- ment, les charges d’avocat & de procureur général de la ville de Lyon ont été réumies à celle de pro- cureur du Roi en la corférvarion, & c’eft en cette dérniere qualité que le procureur général de la ville juge gratuitement & en dernier reflort jufqu’à la fomme de cent livres de principal. $es fenténces font auffi exécutoires par cofps. (4) À jun: CONSERVATION 04 BAILLIAGE DU CHATELET pE PARIS , voyez au mot CHATELET , à la fubdivi- fon Pailliage; & ci-devant «4 mot CONSERVATEUR, à La füibdivifion CONSERVATEUR DES PRIVILÉGES ROYAUX DE L'UNIVERSITÉ. (4) CONSERVATION » ( Pharmacie. ) La conférvation eft une partie eflentielle de la Pharmacie, qui con- fifte à préferver d’une altération nuifible à la perfec- | Tome [V3 - €ON AT tion du médicament toutes les drogues, foit fim- ples, foit compoñées, que l’apothicaire eft obligé de garder dans fa boutique, & qu'il lui feroit ou im- pofñble ou peu commode de fe procurer chaque jour, … cost : L’humidité & la chaleur font les deux grands inf trumens de la corruption des fubftances médicales qui font les fujets de la conférvarion pharmaceuti- que; c’eft donc à prévenir lation deftruétive de ces deux agens , que doivent tendre tous les moyens qu on y employe. | Le C’eft à l’une ou à l’autre de ces caufes que fe rap- portent principalement la plüpart des effets qu’on at tribue vaguement au contaët de l'air, ou à la com- munication avec l'air libre. Il eft pourtant quelques- uns de ces effets qui ne pourroient pas y être rap- portés avec affez d’exattitude : telle eft la difipation de certaines fubftances très-volatiles,, qui quoiqu’el- les {oient à-peu-près proportionnelles au desré, de chaleur du. milieu dans lequel ces fubftances font gardées, a pourtant lieu dans la température de ce milieu qu’on appelle froid. On ne prévient cette dif- fipation qu’en interrompant exatement toute com munication entre ces fubftances & l’air, | C’eft pour cela que la conférvation des eaux äro- matiques diftillées, des eaux fpiritueufes , des huiles effentielles , dépend moins de ce qu'on les tiént dans un lieu frais, que de ce qu’on a foinde boucher exa- tement le vaifleau qui les contient. On conferve plus fûrement encore ces dernieres fubftances; ün prévient ou on retarde leur épaiffiflement en les con- fervant fous l’eau, lorfqu’elles font fpécifiquement plus pefantes qué cé dernier liquide, ou fur léau dans des bouteilles renverfées, lorfqu’elles font plus legeres. 2 _ Il eft une exception affez finguliere à [a regle de boucher exaétement -les vaifleaux ui contiennent des fubftances volatiles aromatiques ; lé degré de parfum qui fait la fenfation agréablé ne fe trouve dans quelques-unes de ces fubflances , qu'après qu”- elles ont perdu une partie de leur odeur. Lé fait eft fenfible dans l’eau de fleurs d’éraänges. Aufli les bons Apothicaires ne couvrent-ils que d’un papier la bou- teille à l’eau de fleurs d’oranges qui fert a@tuellement au détail de la boutique. On ne fait pas non plus affez diftinétement quelle autre vüeé on poutroit avoir en fupprimant toute communication entre l'air & certains fucs qu’on conferve fous l’huile, que l’exclufion même de cette communication. L’obfervation nous a appris qu'ils moififfoient à leur furface, & qu'ils fe corrompoient facilement lorfqu’on ne prenoït pas la précaution de lés couvrir d’un peu d'huile ; & cetté obfervation fuffit fans doute pour autorifer cette méthode. Nous revenons aux deux principaux inftrumens de la corruption des médicamens, officinaux, & pre- mierement à l'humidité ou à l’eau. Ce principe nui- fible à leur cozférvation , doit être confidéré ou dans les matières mêmes, ou dans l’atmofphere. | On prévient l'effet de l’eau inhérente aux matie- tes mêmes, où par la defficcation (Foyez DEssicca- TION), ou par une efpece d’aflafonnement qui oc- cupe cette. eau, qui la fixe, qui, la rend inaétive. C’eft principalement le fucre ou le miel que l’on em- ploye à cet affaifonnement, qui fournit les bouti- ques des fyrops, dés conferves, des éleuaires, 6'c. Voyez SYROP> CONSERVE , ÉLECTUAIRE, Éc. Aufñi l'unique regle pour rendre ces préparations durables, confifte-t-elle à les priver de toute eau libre, ou à lés réduire par la cuite en une confftance ‘qui conftitue leur état durable, & qui doit varier felon que ces préparations doivent être gardées plus ou moins long-tems, confervées dans uà lieu conve- : F 42 CON able où tranfportées plus où moins loin,& dans dif- férens climats, &c. We | -C’eft fur les mêmes vues qu'eft fonde l’affaifonne- ‘mentavec l’efprit-de-vin, fort peu ufité dans nos bou- tiques, & prefque uniquement pour Ja teinture de Mars (Voyez FER) ; & celui auquel on employe le el matin, qui n’eft point du tout en ufage parmi nous, & dont on pourroit {e fervir, comme les Al- lemands, au lieu de la defliccation pour conferver certaines fleurs, comme les rofes. Voyez ROSE. La plüpart des matieres végétales & animales fe- ‘ches, comme feuilles , racines, viperes , & clopor- tes féchées, &c. les poudres, font fur-tout expofées à cette altération, par la multiplicité des furfaces qu’elles préfentent à l’air. On doit donc tenir toutes ces fubftances dans des lieux fecs & dans des vaif- {eaux bien bouchés, ou des boîtes exaétement fer- mées. L'importance dé cette méthode eft très-fenfi- ble, par lacomparaïfon des plantes feches que les herboriftes gardent en plein air dans leurs bouti- ques, & de celles qui ont été foigneufement ferrées dans des boîtes ; les premieres, quelque exaétement qu’elles ayent été defléchées, deviennent noires, molles , à denu-moifies ; les dernieres au contraire font aufli vertes &c aufli faines qu’au moment qu’on les a renfermées. On doit aufli principalement tenir dans un lieu fec_ certaines tablettes fujettes à fe ra- mollir par l’humidité de l’air, comme celles de dia- carthami ; de citron, Gc. & les poudres dans lef- quelles il entre du fucre. Les fels déliquefcens qu’on veut garder fous la forme feche, tels que la pierre à cautere, la terre foliée, 6c. doivent être fur-tout fcrupuleufement préfervées de toute communica- tion avec l’air, toùjours affez humide pour les faire tomber en liqueur. La trop grande chaleur eft fur-tout nuifible aux matieres molles ou liquides, dans lefquelles elle pourroit exciter un mouvement de fermentation, ou une efpece de digeftion toùjours nuifble: tels font les fyrops , les miels , les vins médicamenteux, les fucs, les eaux diftillées, les huiles effentielles ; on doit tenir toutes ces matieres dans un lieu frais, Les Apothicaires les placent ordinairement dans leurs caves. - On doit auffi tenir dans un lieu frais, ou du moins à abri de l’aétion d’un air fec &c chaud, les fels qui font fujets à perdre par une legere chaleur l’eau de leur cryftallifation, comme le vitriol de Mars, le fel de Glauber, le fel d’ebfom, lorfqu’on#veut garder ces fels fous leur forme cryftalline. Outre la chaleur, l'humidité, & la communica- tion avec l’air libre, qui font les caufes les plus gé- nérales de la corruption du médicament, il en eft une plus particuliere, dont il eft aflez difficile de préferver certaines drogues ; favoir la vermoulure ou les vers : ce font Les fruits doux , comme les dat- tes, les figues , les jujubes , &c. qui y font particu- liereméent fujets. On prévient cet inconvénient , au- tant qu'il eft pofhble, en tenant ces fruits aupara- vant bien féchés dans un lieu fec : mais Le moyen le plus für c’eft de les renouveller tous les ans, & heu- reufement ils fe gardent aflez bien d’une récolte à l’autre. Il eft auffi quelques‘racines, principalement cel- les de chardon rolland, de fatyrium, qui font fin- gulhierement fujettés aux vers, & qu'on garde pour cette raïfon fous la forme de confitures, qui les en met exaétement à l'abri. La méthodé de pañler au four, ou d’expofer à un depré de chaleut capable de détruire les infeétes & leurs œufs, les drogues particulierement fujettes aux vers , ne peut être que bien rareent employée en Pharmacie, parce que la plpatt de ces drogues feroient déparées par cette opération ; êt peut-être mème réellement altérées : CON certaines facines dures & ligneufes , telles que fa fquine, pourroïent pourtant y être fofñmifes fans danger , & on en tireroit même dans ce cas un avan- tage réel, qu’on a tort de négliger. La plüpart des moyens de corférvation que les Na- turaliftes ont imaginés, comme Les vernis ou les en- duits réfineux, graiffeux, &c. les diférens maftics deftinés à boucher exaétement les vaifleaux, 6c. font trop parfaits pour pouvoir être de quelqu’ufage dans un art. ( * CONSERVATOIRE, £. m. (if. mod.) maïfon où l’on reçoit des femmes & des filles que la mifere pourroit entrainer dans la débauche. Il y en a en Italie plufieurs On donne le même nom à un hôpi- tal d’une autre efpece fondé à Rome pour de pau- vres orphelines ; enfin on appelle aïnf en Italie les écoles de mufque, dont les plus célebres font à Naples , & d’où font fortis de grands hommes en ce genre. k CONSERVATRICE, ( Mythologie. ) épithete qu'on donne communément à Junon. Junon cozfer- Vatrice a pour fymbole la biche aux cornes d’or, qu'elle fauva de la pourfuite de Diane dans les plai- nes deTheffalie, où la déeffe de la chafe n’en putat- teindre que quatre de cinq qu’elles étoient. CONSERVE. (Marine. ) On donne ce nom à un navire de guerre qui accompagne & efcorté des vaifleaux marchands. Conferve, aller de conferve, {e dit de plufieurs vaiffleaux qui font voile enfemble & de compagnie, pour fe fecourir les unsles autres.(Z'} CONSERVE, f. f. (Pharmacie. ) efpece de confiture préparée en mêlant exaftement certaines fleurs, feuilles, fruits, ou racines exaétement pilées ou ré- duites en pulpe, avec une certaine quantité de fucre. On s’eft propofé dans la préparation des confer- ves (comme dans celle de tous les affaifonnemens par le moyen du fucre ) deux vûes principales: la premiere , de conferver des matieres végétales dont on n’auroit pü retenir aufli parfaitement la vertu par aucun autre moyen; & la feconde , de rendre ces remedes plus agréables aux malades. Les conferves ont encore une troifiemeutilité dans l’art ; elles fourniflent un excipient commode dans la préparation des opiates, pilules, & autres pref- criptions extemporanées ou magiftrales, fous for- mes folides. Nous allons donner des modeles des différentes efpeces de corferve, Voici d’abord celle d’une fleur. Conferve de violettes. Prenez des fleurs de violettes nouvellement cueillies & bien épluchées, une demi- livre , du fucre blanc une livre & demie. On pilera dans un mortier de marbre les violettes jufqu’à ce qu’elles foient en forme de pulpe ; on fera cependant cuire le fucre dans cinq ou fix onces d’eau commu- ne en confiftence de tablettes ; on le retirera de def- fus le feu; & lorfqu'il fera à demi-refroidi, on y méêlera les violettes pilées, & on verfera cette con- Jèrve encore chaude dans un pot, & on l’y laiffera refroidir fans la remuer. On demande en général dans cette efpece de coz- Jerve deux parties de fucre & une partie de fleurs ; mais cette proportion doit varier felon que les fleurs font plus où moins aqueufes , enforte qu’on en faffe entrer davantage pour les conférves des fleurs fuc- culentes, comme on peut le remarquer dans la coz- Jérve de violettes que nous avons donnée pour exem- ple. | Dans le cas où les plantes feroient peu fucculentes, Zwelfer prefcrit de prendre jufqu’à deux parties & demie de fucre furune partie de fleurs ; maïs il ajoûte une certaine quantité d’eau diftllée de la plante qui fait la bafe de la confèrve, Les racines qu’on deftine à être mues fous forme de conféerve , {e préparent d’une façon un peu différente, Voici cette prépara= tion; …Conferve de racine d’enula campana. Prenez des ra- cines fraîches d’erula campana bien épluchées & bien nettoyées , autant que vous voudrez: faités-les bouillir dans une fufifante quantité d’eau de fontai- ne, jufqu’à ce qu'elles foient bien ramolies : mettez-les alors fur un tamis pour les {éparer de l’eau dans la- quelle elles ont bouïlli; après quoi vous les pilerez & les réduirez en pulpe que vous pañlerez par un tamis de crin. À une demi-livre de cette pulpe vous ajoûterez deux livres de fucre cuit en confiftence de tablette dans la décoétion des racines: vous mêlerez le tout exa@tement ; 8 la cozférve fera faite. . Conféerve de cynorrhodon. Prenez des fruits mürs de cynorrhodon, connus en François fous le nom de grattecus; Ôtez-en les pepins avec foin ; ë£ après les avoir arrofés d’un peu de vin blanc, mettez-les à la cave où vous les laiflerez une couple de jours; il s'excitera un petit mouvement de fermentation qui les ramollira ; &c en cet état ils pourront facile- ment être pilés dans un mortier de marbre, pour être réduits en pulpe que vous pañlerez par le tamis de ctin ; vous prendrez une livre & demie de fucre que vous ferez cuire en confiftence de tablette, & que vous mêlerez fur le champ avec une livre de la pulpe; & la conférve fera faite. Conferve de cochlearia. Prenez des feuilles de co- chlearia deux onces, pilez-les exaétement dans un mortier de marbre, & y ajoûtez du fucre blanc fix ences : continuez à piler jufqu’à ce que le fucre &c la plante foient bien unis, la conférve fera faite. Cette conferve fe fait à froid, autrement la cha- leur difiperoit les parties volatiles de cette plante. Toutes les conferves que nous venons de décrire font appellées dans les boutiques cozférves molles , pour les diftinguer d’une autre efpece qu’on nomme folides , dont nous allons donner un exemple. Conjèrve de rofes folides. Prenez de rofes rouges bien féchées & pulvérifées fubtilement , trois onces; arrofez-les avec une demi-dragme, ou environ, d’ef- prit de vitriol ; après cela , prenez du fucre blanc trois livres, de l’eau de rofes diftillée une fuffifante quantité, avec laquelle vous ferez cuire le fucre en _confiftence de tablettes ; & étant retiré du feu, vous y mêlerez la poudre de rofe, & en ferez des tablet- tes felon l’art. sé ob: Nota. L’efprit de vitriol eft mis ici pour exalter la couleur des rofes. J’oyez COLORATION. Cette conférve devroit plütôt être appellée sablertes de rofe ; & en effet c’en font de véritables, Joy. TABLETTE. b Ë . CONSERVÉ , adj. fe dit en général de tout ce qui n’a éprouvé du tems &c des accidens auxquels les productions de la nature & de l’art font expofées dans les ferres, les armoires, les cabinets, aucun effet très-fenfible de deftruétion. Ainfi on dit qu'un tableau s’eft bien corfervé, lorfque les couleurs n’en font pas changées ; qu’il n’a point été frotté, cité ; enfin qu’il n’a point fouflert d’altération, & qu'il eft pur comme il eff forti de la main du maître. CONSERVER , v. a&@. ( Jurifprud.) oppoñition afin de conferver. Voyez OPPOSITION. CONSERVES, fubft. f. pl. (Opzique. ) c’eftune efpece de lunette qui ne doit point groflir les ob- jets, mais afoiblir la lumiere qui en rejaillit, 8 qui pourroit blefler la vüe: c’eft de cette propriété que leur eft venu le nom de conferves, Foy. LUNETTES. CONSES ox CONSULS, £. m. pl. (Jurifprud. ) comme par abbréviation & contraétion de confules : c’eft le nom que l’on donne en Provence aux éche- vins. (4) * CONSEVIUS 04 CONSIVIUS, fm. ( Mych. ) dieu ainf appellé du verbe cozféro , je feme, & de fa fon@ion qui confiftoit à préfider à la conception des hommes qu'il favorifoit à fa maniere, dont on Tome IF, [+ C ON 43 ne nous infiruit- point. L’aîte de la génération avoit paru aux anciens de telle importance, qu’ils avoient placé au-tour de ceux qui s’en occupoient uñ-grand nombre de dieux & de déefles, dont les fonétions {eroient d’un détail contraire à l'honnêteté. Ily en a qui prétendent que ce Confévius eft le même que Janus: 0 hs 4, :CONSIDERABLE, GRAND , adj. ( Syrorym: Gramm. ) Ces deux mots défignent en général l’at- tention que mérite une chofe par fa quantité ou fa qualité. La colle@ion des atrêts feroit un ouvrage confi- dérable, L’efprit des lois eft un grazd ouvrage. Un courtifan accrédité eft un homme coz/fdérable. Cor- neïlle étoit un grazd homme ; on dit de grands ta: lens, & un rang confdérable. (O: CONSIDÉRATION ; ÉGARDS , RESPECT; DÉFÉRENCE,, (Gramm.) termes qui défignent en général l’attention & la retenue dont on doit ufer,, dans les procédés à l’égard de quelqu'un. On a du re/peët pour l'autorité, des éoards pou la foibleffe, de la confédération pour la naïffance, de la déférence pour un avis. On doit du refpeét à foi- même , des égards à {es égaux, de la confidération à {es fupérieurs, de la déférence à fes amus. Le mal- heur mérite du refpeët, le repentir des égards, les grandes places de la cozfidération ; les prieres de la déférence. | On dit ; j'ai des égards , du refpeit , de la déférence pour M. un tel; & on dit pafivement, M. un tel a beaucoup. de confidérarion, Il ne faut point, dit un auteur moderne, confon: dre la cozfidération avec la réputation : celle-ci eft en général le fruit des talens ou du favoir-farre ; cel- le-l£ eft attachée à la place, au crédit, aux richef- fes, ou en général au befoin qu’on a de ceux à qu on l’accorde. L’abfence ou l’éloignement, loin d’af- foiblir la réputation, lui eft fouvent utile; la coz- fidération au contraire efl toute extérieure , & fem- ble attachée à la préfence. Un miniftre incapable de fa place a plus de con/idération & moins de répu- tation qu'un homme de lettres, où qu'un artifte cé- lebre. Un homme de lettres riche &c fot a plus de confidération &, moins de réputation qu'un homme de mérite pauvre. Corneille avoit de la réputation, comme auteur de Cinna; & Chapelain de la con/i- dération , comme diftributeur des graces de Colbert: Newton avoit de la réputation, comme inventeur dans les Sciences ; & de la confidération, comme direéteur de la monnoie. Il y a telle nation où un chanteur eft plus coz/idéré qu’un philofophe ; parce que les hommes aiment mieux être defennuyés qu'é> clairés. (O0) ce CONSIGE où CONSIVE. (Comm.) À Lyon, le livre de confige eft celui fur lequel un maître des coches configne & enregiitre les balles, ballots , Gte dont il fe charge pour en faire la voiture. En Provence, c’eft le regiftre où les commis & les receveurs des bureaux des droits du Roi, enre- giftrent les fommes qu'un marchand ou voiturier leur dépofe, pour sûreté que les marchandifes dé- clarées auront été conduites à leur deftination ; lef- quelles fommes ils ne leur reftituent, qu’en rappor- tant l’acquit à caution déchargé par les commis des bureaux des lieux pour lefquels ces matchandifes étoient deftinées. La fomme qué l’on configne pout caution, s’ap- pelle auffi cozfige dans les mêmes bureaux, Foya les di. de Trév. du Comm. € de Dish (G) CONSIGNATION , f. f. (Jurifprud.) eft un dé- pôt de deniers que le débiteur fait par autorité de juitice entre les mains de l'officier public deftiné à recevoir ces fortes de dépôts ou confignations , à l'effet de {e libérer envers celui auquel les demiers Fy 44 CON font dûs!, lorfque celui-ci ne veut pas les recevoir, où qu'il n’eft pas en état d’en donner ne décharge valable, ou qu'il n'offre pas de remplir les condi- tions néceflaires, "Le térme cofigner, d’où l’on a fait confipnation; vient du latin conffgnare , qui fignifie cacherer , fceller enfemble; parce qu'anciennement on fcelloit & ca- chetoït dans des facs l’atgent .que l’on dépofoit par forme de corfpnation. "Les Athéniens étoient téllement foigneux de ces fortes de dépôts judiciaires, qu'ils les mettoient en leur thréfor ou palais public, appellé prytance ; d’où les chofes ainfi confignées , étoient aufli appellées prytanées , ainfi que Budée l’obferve dans fes com- mentaires. . | Chez les Romains on faifoit du dépôt judiciaire un aëte de religion; c’eft pourquoi Varron l'appelle fäctamentum j &\on le mettoit dans déurs temples, de mêmeique le thréfor public. Ainf chez ces deux nations, ce n’étoient pas les pérfonnes, mais les lieux que l’on choififloit pour aflürer le dépôt judiciaire. On ne livioit pas non plus les deniers dépofés par compte numéraire ; on les fcelloit & cachetoit , comme on a dit, dans des fâcs, ce qu'ils appelloïent ob/gnario où confgnatio ; deforte qu’alots la confconation étoït une formalité & une précaution qui précédoit le dépôt judiciaire ; & néanmoins comme le dépôt fuivoit immédiate- ment la coz/tgnation , on S’accoütuma infenfblement à prendre la confgration ; proprement dite, pour le dépôt même; & le dépôt judiciaire fut appellé coz- figration. Celui qui retiroit les deniers confignés ne les demandoit pas par compte de fomme; il ne s’a- gfloit que de lui repréfenter le même nombre de facs , & dereconnottteles fceaux & cachets entiers. En France, on a retenu le terme de corfgration pour exprimer le dépôt judiciaire , quoiqu'il n°y {oit pas d’ufage de cacheter les facs, mais de don- nier les demiers en compte au dépofñtaire : il doit néanmoins rendre les mêmes demiers 22 fpecte ; & il ne lui eft pas permis de les détourner , ni de s’en fer- vit, ni d'y fubftituer d’autres efpeces, quand elles feroient de même valeur. Le dépôt doit être invio- lable ; & le dépofitaire doit rendre en nature le mê- me corps qui lui a été confié : c’eft pourquoi la perte ou diminution qui furvient fur les effets conf£gnés, n'eft point à fa charge ; il ne profite pas non plus de laugmentation qui peut arriver fur les efpeces ; la perte & le gain ne regardent que celui qui eft pro- priétaire des deniers confrpnés. Anciennement ilétoit libre aux parties intéreflées à la con/sgnation de choïfir le lieu & la perfonne aux- quels on remettoit les deniers. Avant l’éreétion des receveurs des confignations , && dans les lieux où il n’y en a point encore , le greffe a toûjours été natu- rellement le lieu où les con/gnations doivent être faites , & le greflier eft le dépoñitaire né de ces for- tes de dépôts ; car le greffe eft La maïfon d'office & la maïfon publique où lon doit garder non-{eule- ment les ates publics, mais aufi toutes les autres chofes qui font mifes fous la main de la juffice , au- tant que faire fe peut. C’eft pourquoi en Droit coz- figner s'appelle apud aëla deponere. Cependant au- trefois 1létoit libre aux parties de convenir d’un no- taire, d'un marchand, ou d’un autre notable bour- geois , entre les mains duquel on laïffoit les deniers. On avoit égard pour ce choix à ce qui étoit propoié par le plus grand nombre; mais fi les parties ne S’accordoiïent pas, la couffgzation fe faifoit au greffe: c'eft ce que les anciennes ordonnances ‘appellent configner en cour, OU e7 main de cour , Où en juflice. Loyteau dit que de fon tems il étoit encore d’ufage dans quelques juflices fubalternes, que la confona- sion fe faifoit entre Les mains du juge : ce qui étoit aufñ mdécent par rappott à fon caraétere, que dan- gereux pour les parties, les juges étant toüjours dé: dificiledifcufion, & ceux de village fur-tont con- tre lefquels il y à ordinairement peu de reffource. Mais cet abus paroît avoir été réprimé depuis par divers arrêts de réglemens qui ont défendu à tous juges d’ordonner aucuns dépôts , non-feulement en- tre leurs mains | mais même en celles de leurs clercs; parens & domeftiques , nide s’intérefler diretement ni indireétement dans la recette, E Il n’y a guere plus de sûreté avec la plüpart des grefhers de village, qui font communément de fim- ples praticiens peu folvables. Il eft vrai queLoyfeau, Liv. IT, chap. vj. prétend que le feigneur eft refpon- fable fubfdiairement de la sozfignation ; mais au: chapitre fuivant, où 1l s'explique plus particuhere- ment à ce fujet, il convient que le propriétaire du greffe n’eft pas refponfable du fait dugreffier , quand celui-ci a té reçu folemnellement en juftice, mais feulement que l'office de greffier répond des dom- mages & intérêts des particuliers. 2 L’édit de 1380, qui rendit les greffes héréditaites, dit que c’eft afin que les con/fgnations ; & autres cho fes que les greffiers ont en garde, foient mieux aflü- rées ; de forte que les cozfignationsétoient alors con- fiées ordinairement aux grefñers, à la différence des : commiffaires 8c des hufliers qui ne font charges qu'’extraordinairement de certains dépôts. On n’a cependant jamais confidéré les greffiers comme des officiers, dont le principal miniftere füt de garder des effets confignés. C’eft pourquoi lor- donnance de Pan 1548, article 34. & celle de lan 1535, article 6. portent que les grefhiers ne feront tenus des confionations , que comme fimples dépoñi- taires, c’eft-à-dire non pas comme des officiers comptables. C’eft pourquoi Loyfeau dit qu'il n’y a pas hypotheque fur leurs biens du jour de leur re- ception pour la reftitution des effets confignés, mais feulement du jour de chaque cor/ignation : ils en font néanmoins chargés par corps, & fans être ad- mis au bénéfice de ceflion , de même que tous dé- poñitaires de biens de juftice. | Henri IT. eft le premier qui ait établi des rece- veurs des con/ignations en titre d'office. Le préam- bule de l’édit de création, qui eft du mois de Juin 1578, nous apprend de quelle maniere on en ufoit alors pour les corfignations. Il eft dit que le roi avoit recu plufeurs plaintes des abus qui fe commettorent au maniment des deniers confignés par ordonnance de juftice ès mains des grefñers, notaires, tabellions, commiffaires-examinateurs , huifliers, fersens, & autres: que quoique par l’établiffement de leurs of- fices on ne leur eût pas donné le pouvoir de garder des deniers de cette efpece, cependant jufqu’alors les confignations étoient faites à l'option des juges, qui y commettoient telles perfonnes que bon leur fembloit , lefquels pour être payés de la garde des deniers comméttoient beaucoup d’exaétions ; que l’on confignoit auffi quelquefois entré les mains de marchands qui la plüpart étoient parens & alliés des juges ; que f les parties ne leur accordoient pas ce qu'ils vouloient exiger d’eux, ils fe faifoient faire des taxes exceflives, trafiquant des deniers avec les officiers publics ; qu’ils prolongeoïent le plus qu'ils pouvoient les procès pour fe fervir des deniers ; que les procès finis, on étoit contraint le plus fouvent de faire procéder contre les dépofitaires par faïfies & émprifonnemens de leurs perfonnes &c biens; que pendant ces pourfuites il'arrivoit que les marchands faifoient ceffion & s’enfuyoient avec les deniers, ou que Les ayant prêtés on avoit de la peine à en reti- rer une partie ; que les huiffiers & fergens, pour garder les deniers, recevoient toutes fortes d’oppo- fitions , & même en fufcitoient de fimulées; qu'ils {e trouvoient le plus fouvent infolvables, & qu'il y avoit peu de reffource dans leur caution, qui n’exce- doit pas 200 hiv. au plus. SA Pour éviter tous ces inconvéniens , leroi crée par cet édit un receveur des com/gnations en chaque jufice royale ou feigneuriale pour faire la *e- cette, & le charger comme pour deniers du roi de tous ceux qui feront confignés pat ordonnance. Cet édit leur attribuoit même le droit de recevoir tous dépôts volontaires entre marchands & particuliers, tous fequeftres & exécutions, même tous deniers. A . arrêtés entre les mains des huäfliers oufergens ; mais leur fonétion a depuisété reftrainte , comme on le: dira dans un moment, - | L'édit leurattribuoit pour tous droits fix demiers pour livre, ce qui a depuis été augmenté par divers édits & déclarations, & fixé différemment felon les divers cas dans lefquels fe font les coz/igrarions, Les receveurs {ont obligés de donner caution pour eux & leurs commis, laquelle étoit fixée pour le parlement à 15000 livres, pour les préfidiaux à la moitié, & dans les autres fiéges inférieurs à l’ar- bitfage du juge : mais elle a depuis été fixée, pour les cours fouveraines à 20000 livres, pour Les re- quêtes de l'hôtel & du palais , bailliages &e féné- chauflées à 6000 livres, & pour les autres juftices à 1000 livres. Ils donnent cette caution en fe faifant recevoir dans la jurifdiétion de leur exercice. Il eft auffi défendu par l’édit de 1578, d’ordonner aucune confignation ou dépôt, fice n’eft entre les mains de ces receveurs. Ces offices de receveurs des cor/ignarions furent dans la fuite divifés en plufieurs autres de receveurs anciens , alternatifs, triennaux & quatriennaux, de contrôleur & principaux commis ; ce qui caufoit beaucoup d’embarras dans leur exercice, ce qui en- gagea Louis XIV. à donner un édit au mois de Fe- vrier 1689, par lequel il réunit tons ces offices en un feul office de receveur des coz/fgrations, qu'il éta- blit dans chaque jurifdiétion royale, avec le titre de receveur héréditaire & domanial. Comme on faïfoit difficulté de configner entre les mains de ces receveurs royaux, le prix des biens vendus par decret dans les juftices feigneuriales , il y eutune déclaration le 2 Août fuivant, qui ordon- na que lon configneroit entre les mains de ces rece- veurs le prix des biens vendus dans les juftices fei- gneuriales & autres fommes fujettes à confignarion avec défenfes aux juges des feigneurs d’ordonner ailleurs aucune con/ignation, à peine d’en répondre en leur nom; & aux sreffiers &c à tous autres de s’y ingérer à peine de 3000 livres d'amende, Quelques feigneurs de grandes terres ont acquis l'office de re- ceveur des configrarions , & le font exercer par des commis, ou l'ont réuni à leur greffe. Dans les autres juftices feigneuriales où ces offices ne font pas réu- nis, on ne peut ordonner de confignations qu'entre les mains du receveur royal du reffort. Par une déclaration du mois de Décembre 1633, on leur donna le titre de confeillers du Roi ; ils fu- rent auffi déchargés de l’obligation de donner cau- tion, & on les autorifa à remboutfer les commiffai- res aux faifies réelles pour les réunir & incorporer à leurs offices ; mais ces deux dernieres difpofitions n’ont point eu lieu. Suivant les déclarations des 29 Février 1648, 13 Juillet 1659, 16 Juillet 1669 , 27 Novembre 1674, Pédit du mois de Février 1689, la déclaration du 12 Juin 1694, & autres déclarations & arrêts pofté- rieurs, portans réglemens pour les fonétions &c droits des receveurs des co/fgnations , tous adjudicataires où acquéreurs d'immeubles faifis, réellement ven- dus ou délaïflés par le débiteur ou fes créanciers, dont le contrat d’abandonnement ou de vente eft CON 45 : homologué par:arrêt où jugement, font tenus d’en: configner Le prix entre les mains du receveur. Le délaiflement fait en juftice à un héritier bénéz ficiaire d'immeubles faifis réellement, & qui lui font donnés en payement de fon dû, comme créancier n’eft point fujet au droit de cor/gnation ; mais fi le prix du délarflement excede les créances pour lef= quelles il eft colloque utilement, & qu'il foit tenu d'en payer l'excédent aux créanciers fuivant l’ordre qui en fera fait, il eft tenu de configner le furplus du prix, & le droït de cor/ignation de ce qui appar- tiendra aux créanciers fera payé, Les adjudicataires ou acquéreurs font tenus de configner és mains des receveuts des coz/gnations le prix des immeubles faifis réellement, qui feront vendus ou adjugés dans les affemblées de créanciers en vettu de contrats d’'abandonnement homologués en juftice, ou dans le cas de faillite ouverte, & les droits doivent être payés au receveur, pouryù néan« moins que la faïfie réelle ait été enrepiftrée , & quw°= elle foit encore fubfiftante lors du contrat d’aban- donnement où de la faillite ouverte. ILeft cependant permis aux créanciers de choifir telle perfonne qu'ils jugeront à-propos , ès mains de laquelle les deniers provenans du prix des immeubles feront dépolés , en payant au receveur le droit de con/ignation. Mais les receveurs ne peuvent exiger aucun droit de confignation pour le prix des immeubles non fai fis réellement, qui font vendus & adjugés dans les aflemblées des créanciers, en vertu de contrats d’a< bandonnement, même homologués en juftice. Il leur eft pareïllement défendu d'exiger aucun droit fur le prix des immeubles faifis réellement , qui font vendus 8 adjugés dans les aflemblées de créanciers en vertu de contrats d’abandonnement non homologués en juftice. Les'deniers mobiliers pour lefquels il y a inftance de préférence, doivent être dépolés entre les mains des receveurs des confignations , &r les droits leur en font dûs fuivant les édits, Les adjudications par licitation qui font faites em juftice à des co-héritiers où co-propriétaires, ne font point fujettes à coz/fgnation ni à aucuns droits ; mais lorfqw’elles font faites au profit d’autres qu’à des co-héritiers ou co-propriétaires , 1l doit être payé pour droit de con/ignation fix deniers pour li- vre, fans néanmoins que dans ce cas les adjudica- taires foient tenus de configner le prix, fi ce n’eft qu’au jout de l’adjudication il y eût faifie réelle ou des oppoñtions fubfiftantes fur le total ou fur par- tie du prix, auquel cas la coz/fgnation doit être faite du total ou de partie, à moins que dans quinzaine après l’adjudication, on ne rapportât main-levée pure & fimple de la faifie réelle & des oppofitions. Lorfqu’aux termes de ladjudication le prix doit refter entre les mains de l’adjudicataire ou une par- tie dudit prix, on ne peut pas obliger l’adjudicataire de configner ce qui doit refter entre fes mains, mais le droit en eft dù au receveur. Tous deniers provenans du prix des meubles ven: dus par ordonnance des juges royaux, doivent être dépofés entre les mains du receveur des con/gna- tions un mois après la vente achevée, pourvi que Ja fomme excede 100 livres, & qu'il y ait au moins deux oppofans. Il ne fuit pas à un débiteur qui veut {e libérer, de faire des offres réelles pour être déchargé des in- térêts , il faut que ces offres foient fuivies d’une coz« fignation effettive. Il n’eft dû aucun droit de con/fgnation en confé- quence d’adjudication ou de contrats qui font annul- lés, & le receveur en ce cas doit reftituer le droit. . Il eft défendu aux receveurs des cor/fgnations par un arrêt de réglement du parlement de Paris du 3 46 CON Septembre 1667, de fe rendre adjudicataires direc- tement:ni indirectement des biens vendus pour det- tès par vente publique au fiége de leur recette, ni de les acquérir des adjudicataires, finon après trois: ans de laivente, à péine de nullité de ladjudication &c de perte du prix, ils peuvent néanmoins acqué- rir par contrat, & enfuite faire un decret volon- taire. : Dans les pays où l’ordre fe fait avant ladjudica- tion , & où l’on ne configne que ce qui eft contefté entre les créanciers, le droit eft dû en entier au re- ceveur, même pour ce qui n’a point été configné. - Il eneft-de même dans les pays'où l’on ne fait point de decret, le droit eft dù au receveur fur le pié de l’eftimation pour laquelle on adjuge au créan- cier des biens en payement. | Les fecrétaires du Roi font exempts des droits de confignation pour les immeubles qui fe vendent fur eux en juftice, mais ils doivent les droits pour ceux dont ils fe rendent adjudicataires. Voyez au code 8. ut, 43. 1,0. &c au dig: 40. tir, 7. l. 4. & liv. XLITI. sir, 3. leg. fin. Loyfeau , des offices ; liv. IT. ch. vj.le recueil des réglemens concernant les confgnations , &c Le tr. de La vente des immeubles par decret de M. d'He- ricourt ; il faut y joindre la déclaration du 7 Août 1748. (A) CoONSIGNATION D’AMENDE , eft le payement que l’on fait entre les mains du receveur d’une amen- de, qui, par l’évenement d’une conteflation , peut être encourue. Ainfi il n’eft pas pernus de pourfui- vre le jugement d’un appel, que l’on n’ait configné lamende. De même en matiere de requête civile, les impétrans en préfentant leur requête doivent configner l'amende, & en matiere de faux-incident le demandeur en faux doit configner une amende ; toutes ces amendes ne font confignées que par for- me de dépôt & de caution; car s’il n’y a-pas lieu par l’évenement , elles font rendues à celui qui les a confignées. Voyez AMENDE , APPEL, FAUXx-IN- CIDENT 6 REQUÊTE CIVILE. Voyez l’édir du mois d’Août 1669 ; & la-déclaration dn 21 Mars 1671, lor- donnance du faux. (A ) CONSIGNATION DE LA DOT EN NORMANDIE, eft un emploi ou remplacement de la dot de la fem- me , fait & flipulé vis-à-vis de fon mari par le con- trat de mariage ou par la quittance des deniers do- taux de la femme. Cette cozfgnation ou emploi fe fait fur tous les biens du mari. La femme acquiert par ce moyen une hypotheque fpéciale fur les biens de fon mari, parce que le mari confftitue par-là fur lui & fur fes biens les demiers dotaux de fa femme. Mais pour que la femme joiifle de ce droit, il faut que la dot ait été réellement faite & foit juftifiée. Voyez Bafnage fur l’art, 365. de la Coftume de Nor- inandies cet article porte que la femme prenant part aux conquêts faits par fon mari, conftant le maria- ge , demeure néanmoins entiere à demander fon dot fur les autres biens de fon mari, en cas qu'il y ait confignation a@tuelle du dot faite fur les biens du mari; &c où 1l ny auroit point de coz/tgnation , le dot fera pris fur les meubles de la fucceflion, &c s'ils ne fufffent, fur les conquêts. Le cas dont parle cet article, où il n’y auroit point de con/ignation, c’eft- à-dire s’il n°y avoit qu'une fimple promefle par le mari, dans le contrat de mariage, de faire emploi ou remplacement des deniers dotaux de la future époufe, la femme en ce cas ne prendroit fes deniers dotaux que fur les meubles trouvés après le decès de fon mari, & s'ils ne font pas fuffifans, fur la part que le mari a dans les conquêts immeubles , les propres n’y font fujets que fubfidiairement. L'article 366 ordonne que fi le mari reçoit, conftant le ma- iage, le raquit des rentes qui lui ont été baïllées pour le dot de fa femme, le dot eft tenu pour confi- CON __gné, encore que par le traité de mariage ladite coz- Jignation n’eût été ftipulée ; c’eft ce qu’on appelle la corfignation tacite, Enfin l’article 69 du réglement de 1666 , veut que le doaire foit pris fur l’entiere fuc- ceflion ; 8c la dot fur ce qui revient à l'héritier après: la diftraétion du doüaire, pourvû qu'il y ait conf gration actuelle dudit dot. Et en effet, ceflant cette confignation aëtuelle, la dot ne feroit pas reprife {ur les biens des héritiers du mari, & l: veuve qui prendroit part aux meubles & acquêts de fon mari féroït tenue-de contribuer elle-même au remploi de fa dot, à proportion de ce qu’elle prendroit aux meubles & acquêts, au lieu qu’elle ny contribue- toit point fi fa dot avoit été a@uellement confignée fur les biens de fon mari. La dot a@uellement con- fignée ou non, tient toùjours nature d'immeubles & retourne aux héritiers des propres ou aux héritiers des acquêts lorfqu’elle tient nature d’acquêts, com- me il fut jugé par arrêt du 26 Mars 1607. Voyez Les Cormmentateurs de la Coftume de Normandie fur les ar- ticles qu’on a cités, (A) CONSIGNATION EN MATIERE DE RETRAIT LI- GNAGER, c’eft le payement & dépôt que l’adjudi- cataire par retrait fait du prix du retrait, lorfque l'acquéreur évincé refufe de le recevoir , entre les mains du receveur des confignarions ; ou s’il n’y en point dans le lieu, entre les mains du greffier, Foy. RETRAIT LIGNAGER. | CONSIGNATION TACITÉ DE DOT. Voyez ti-de- var CONSIGNATION DE DOT. (4) CONSIGNATION DES VACATIONS, eft le paye- ment qui fe fait par anticipation entre les mains du receveur des épices & vacations d’un tribunal, d’une certaine fomme, pour les vacations des juges qui doivent voir un procès de grand ou de petit com- miflaire, pour leur être délivrée à chacun à propor- tion du nombre de vacations qu'ils y auront em- ployées. Voyez COMMISSAIRES, RECEVEUR DES PICES ET VACATIONS, & VACATIONS. (4) CONSIGNE., fubff. f. eft, dans l’Art militaire ; ce qu'il eft ordonné à une fentinelle d’obferver pen- dant qu’elle eft dans fon pofte, & qu’elle doit ren- dre au foldat qui la releve. C’eft aufli linftruétion que l'officier & le fergent qui defcendent la garde donnent à l'officier & au {ergent qui la montent, touchant ce que ceux-ci doivent obferver dans le pofte qu'ils vont occuper. (9 eue (le) fubft. m. Are mir. c’eft, dans les places de guerre , un particulier qui eft placé à chaque porte pour s'informer des étrangers qui entrent dans la ville, prendre leurs noms, &favoir les endroits où ils fe propofent de loger s'ils doi- vent {éjourner dans la ville. Après les avoir inter- rogés, 1l doit les faire conduire à l'officier comman- dant la garde , lequel les interroge aufli pareille- ment , & les envoie enfuite au commandant acconi- pagnés d’un ou de deux fufiliers, qui ne doivent les quitter qu'après en avoir reçu l’ordre du comman- dant ou d’un officier major. C’eft de-là qu’on a fait en ce fens le verbe con/gner quelqu'un. (Q ) CONSIGNER, verb. a&. (Comm.) fynonyme à remettre & adreffer. Je vous configne cent livres de bois d'inde, &c. ou je vous adreffe cent livres de bois d'inde, c’eft la même chofe. Dans le même fens cozfoner un vaiffeau, c’eft le remettre entre les mains du mar- chand qui en doit faire le chargement. C’eft auf eregiffrer des marchandifes fur les Hi- vres des meflagers, maîtres des coches, & autres voituriers publics. Foyez. CONSIGE, CONSIGNER quelqu'un à une porte, & un pallage, &c. terme tiré de l'Art militaire. Voyez l’article CONSIGNE. (G } CONSISTANCE , f. f. (Phy/4.) eft cet état du corps dans lequel fes parties compofantes font telle. C ON ment liées entr’elles, qu’elles réfiftent plus on moins à la féparation les unes des autres. Voyez l’article COHÉSION. La confiflance differe de la continuiré, en ce que la confiflance fuppofe une difficulté de féparer les parties continues , ce que ne fuppofe pas la comrt- zuité ; l’idée de la continuité d'une chofe n’empor- tant que la contiguité de fes parties. Payez CON- TINUITÉ. Confiffance {e dit particulierement par rapport aux corps confidérés entant qu'ils font plus mous ou plus durs , plus liquides ou plus fecs. Foyez FLUIDITÉ, DURETÉ , &c. Les formes extérieures & vifibles des médicamens, boles, fyrops, onguens, 6. different principale- ment par la couleur & par la co/iflance. Chamb. (0) CONSISTANCE, (Pkyf.) état de perfeétion où les chofes fufceptibles d’accroifflement ou de dé- croiflement demeurent pendant quelque tems, com- me dans un état permanent, fans augmenter ni dimi- nuer. Ce terme fe dit particulierement des arbres , pour fignifier l’âge au-delà duquel ils ne croiflent plus , & où cependant ils ne commencent point encore à dé- cliner. Voyez ARBRE, &c. Ainf l’on diftingue trois états dans un arbre, la crue, la confiffance , & le retour, qui font communs à tous les arbres, même aux fruitiers. La con/iffance du chêne eft depuis cinquante ans à cent foixante ; quelques-uns cependant foûtiennent que leur con/flarce ne commence qu’à cent ans, af- fürant qu'ils croiflent jufqu’à ce tems-là, & qu'ils continuent dans cette vigueur jufqu’à l’âge de deux cents ans. Chambers. (O) CoNSISTANCE, er termes de Pratique, ce en quoi confiftent ou à quoi montent les effets d’une fuccef- fion , ou les domaines & dépendances d’un héritage, en un mot la totalité d’une chofe quelconque. (4) CONSISTANT , adj. (Pkyf.) corps con/iftans , ex- preffion fort ufitée par M. Boyle, pour défigner ce que nous entendons ordinairement par corps fixes &c {olides , par oppofition aux corps flludes. Voye So- LIDITÉ G FLUIDE. Cet auteur a fait un effai particulier fur l’atmof- phere des corps confiffans, dans lequel 1! montre que tous les corps même les plus folides, les plus durs, les plus pefans , & les plus fixes , ont une atmofphere formée des particules qui s’en exhalent. Foyez AT- MOSPHERE, ÉMANATION , &c. Chambers. (O) * CONSISTER , ( Gramm.) verbe neutre relatif 1°. à l’eflence & aux attributs d’un être ; ainfi quand on demande ez quoi cela confrfte-t-il ; c’eft comme fi l’on demandoit quelle eff l’effence de selle chofe , quels font fes attributs effentiels : 2°. à la colleétion des dif- férentes parties d’un tout: ainfi quand on demande en quoi confifte fon revenu , c’eit comme fi l’on deman- doit quels font les rentes ou objets particuliers qui for- ment Jon revenu ; & l’on répond, ce font des maifons, des bénéfices, uni patrimoine, des contrats , &tc. CONSISTOIRE, f. m. (Æift. anc. & mod. 6 Jurif- prud.) ce terme a trois fignifications différentes ; il y avoit autrefois le coz/iffoire des empereurs , il y a en- core le conjifloire du pape, enfin 1l y avoit auf le confiftoire des religionnaires. CONSISTOIRE DES EMPEREURS ROMAINS, étoit leur confeil intime & fecret. Le mot coz/éflorium , qui vient de fiffere, figrifioit proprement le lieu où s’af- fembloit ce confeil; enfuite on a pris le nom du lieu où 1l fe tenoit pour le confeil même, & on a appel- lé de-là comites confifforiant ceux qui étoient de ce confeil ; ils étoient qualifiés du titre de viri peita- biles | qui étoit le fecond degré dans l’ordre de {a noblefle, ceux qui avoient ce titre étant au-deflus de ceux que l’on qualifioït clariffimi , & précédés CON 47 feulement pat ceux qui avoient le titre d’i//uffres ow Japerilluftres ; qui n’étoit accordé qu’anx premiers of- ficiers de l’empire. Ces comtes on confeillers du cox- Jifloire étoient égaux en tout aux proconfuls pour Les honneurs & privilèges. Ces mêmes officiers, leurs femmes, enfans, ferviteurs, & fermiers, joüifloient auffi des mêmes priviléges en plaidant, foit en de- mandant où en défendant, que l’empereur Zénon avoit accordé aux clariffimes princes de l’école. Voyez au cod, Liv. XII. tir. x. (A) . ConsisroiREe pu Pare, ef l’aflemblée des car- dinaux convoqués parlé pape qui y préfide; c’eft proprèment le confeil du pape : il a été nommé coz- Jiftoire, à l'exemple de celui des empereurs Romains & des autres princes, dont les confeillers d’état font _appellés comires confifloriani. Le pape tient deux for- tes de con/ifloires ou confeils avec les cardinaux, favoir le conféfloire public & le confifloire fecrer : le confifloire public eft celui dans lequel il reçoit les prin- ces, & donne audience aux ambaffladeurs ; le pape y eft aflis fur un throne fort élevé couvert d’écar- late ; fon fiége eft de drap d’or; à fa droite font les cardinaux prêtres & évêques ; à gauche les cardinaux diacres : le confifloire Jécrer eft le confeil où le pape pourvoit aux églifes vacantes , telles que les évé- chés & certaines abbayes confiftoriales. Ce co2/sf- toire {e tient dans une chambre plus fecrete, qu'on appelle Z4 chambre du pape gai: le fiége du pape ny eft élevé que de deux degrés ;iln’yrefte avec lui que deux cardinaux dont il prend les avis, que lon qua- lifie de féntences. Les bénéfices confiftoriaux font les archevêchés &c évêchés , comme auffi les abbayes qui font taxées dans les livres de la chambre apoftolique au-deflus de 66 florins +. On appelle ces bénéfices con/ifto- riaux, parce que les nominations faites par le Roi font propofées en plein coz/iffoire ; ce qui s’entend néanmoins du coz/iftoire fécrer. La cédule confiftoriale eft un abregé du rapport qui a été fait en coz/iffoire par le cardinal propofant. Ceux qui font nommés aux bénéfices confiftoriaux, font propofés au pape en plein co/iffoire par le car- dinal proteéteur des affaires de France, en préfence des cardinaux qui font alors à Rome , auxquels il eft obligé de donner des mémoires la veille du jour qu’- ils doivent entrer au coz/ftoire, On explique dans ces mémoires le genre de vacance du bénéfice, le nom, furnom , qualité, & capacité de celui qui eft nommé par le Roi, _ Les bénéfices confiftoriaux font à la nomination du Roi. Le pourvü doit obtenir des bulles, & pour cela paye un droit d’annate. Ces bénéfices fe don- nent én forme gracieulfe, c’eft-à-dire fans être obligé de fe préfenter à l'ordinaire, & fans être examiné. Ils ne peuvent être conférés par dévolution. Si l’in- capacité du pourvà les fait vaquer. on ne peut les impétrer que du Roi. Ils ne font point fujets aux re- gles de chancellerie, à la prévention, aux gradnés, ni autres expectatives. Quoique régulierement les abbayes confiftoriales doivent être propofées au cozfffoire, cependant le pape s’en difpenfe fouvent, fur-tout lorfque ceux qui en doivent être pourvûs ont quelque défaut d’a- ge, ou d'autre qualité & capacité requife , qui obli- geroit les cardinaux à refufer la grace demandée : en ce cas le pape donne au pourvü des provifions par daterie & par chambre > avec dérogation ex preffe à la confiftorialité ; & il accorde les difpenfes neéceffaires. Il faut donc, pour! expédier par coz/ifloire, que le pour vû ait toutes les qualités requifes ; car le coz- féffoire ne fouffre même aucune expreflion donteufe ni conditionnelle dans les provifions. _ Quand les expéditions font faites hors confiffoire S LE Gi À par la daterie : la fupplique eft fignée du pape feut, & les provifions font expédiées en la forme des bé- néfices inférieurs», tr: __ On prend fouvent la voie de la datérie plütôt que celle a confifioire, foit pour obvier au défaut de quelque qualité néceflaire , foit parce que l'on trou- ve de cette maniere plüs de facilité pour l’expédi- tion des provifons; car elle fe peut faire tous les jours par la datérie, au lieu que la voie du cozfif zoire eft plus longue, le con/ifioire ne fe, tenant que dans certains tems ; mais il en coûte un tiers de plus pour faire expédier par la chambre. Woyez le irairé de l’ufage & pratique de la cour de Rome de Caftel, o- 7ne 1. pag. 54. & rome Il. pag. 107. & Juiv. (4) _ ConSisTOIRE : On donnoit aufli ce nom aux af- femblées que les Religionnaires renoient pour le re- glement de la difciphne de leur religion, & aux lieux deftinés à fenir ces fortes d’affemblées. Ayant ceflé d’être permifes au moyen de la ré- vocation de l’édit de Nantes, il y a eu une déclara- tion du Roi du 21 Août 1684, portant que les biens immeubles, rentes, & penfions données ou léguées aux pauvres de la region Prétendue Réformée , ou aux conffloires pour leur être diftribués, lefquels 1e rouvoient poflédés par Llefdits cozfffoires, ou abé- nés depuis le mois de Juin 1662, feroient délaïffés aux hôpitaux des lieux où étoient lefdits coz/sffoires ; &c en cas qu'iln’y en eùt point, à l’hôpital le plus prochain. Voyez la déclaration du 19 Oëlobre 1623 , €: autres poftérieures , concernant la religion Prétendue Réformée. (4) Are CoONSISTOIRE DE LA BOURSE, (Comm.) c’eft à Touloufe le bureau où s’afflemblent les prieur &c confuls des marchands de cette ville, pour y tenir leur jurifdiétion, juger les affaires des particuliers, ou y traiter de ce qui concerne celles de la bourfe même, Voyez BOURSE, 6 Les diülionn, du Com. & de Dish. (G) + RSS CONSISTORIAL , adj. (Jurifpr. ) eft ce qui ap- partient au confitoire. Cela fe dit ordinairement des bénéfices qui s’expédient par la voie du confif- toiré. Voyez ci-devant CONSISTOIRE DU PAPE, & au mot BÉNÉFICE. (4) pit CONSISTORIALITEÉ , L f. (Jzrifp.) s'entend de la qualité de ce qui eft confiftorial, ou de la forme obfervée dans les expéditions du confiftoire. Voyez ci-devant CONSISTOIRE DU PAPE. (4) . * CONSIVE, f. f. (Myrh.) la même divinité qi- Ops, Rhea, & la Terre. Ses fêtes, qu'on appelloit Opeconfives , fe célébroient le 25 d’Aoùût. Elle prefi- doit à la fertilité des campagnes. | CONSOLAT , {.m. (Jurifpr.) confolatus Vapinci ; c’eft ainfi qu’on appelle un droit qui {e leve dans la ville de Gap fur tous les grains qu'on y apporte pour être vendus au marché. Ce même droit eft nommé coffé ou layde en d’autres endroits. Voyez l’hfl. de Dauphiné par M. de Valboniay, aux preuves, n, 202, A . do. ER LONSOLATION , 1. f. (Morale & Rhétor.) eft un difcours par lequel on fe propofe de modérer la douleur ou la peine des autres. Voyez LIEU. Dans la confolation on doit avoir une attention principale aux circonftances &r aux rapports des per- {onnes intéreflées. Scaliger examine ceci fort bien dans fon art poétique. « Le eonfolateur, dit-il , eft » ou fupérieur, Ou inférieur , Où égal, par rapport à » la qualité, l'honneur, la richefle, la fagefle , ou » l'âge : car Livie doit confoler Ovide d’une manie- » re fort différente de celle dont Ovide confole Li- » vie. Ainfi quant à l’autorité , un pere &unfils, Ci- » céron & Pompée, doivent confoler d’une maniere » fort différente : de même par rapport à la richefle, # f un client vouloit confoler Craflus ; par rapport » à la fagefle, comme lorfque Séneque çonfole Po- » lybe & fa mere. Quant à l’âge, on n’a pas befoin » d'exemples. 14 LA IRN Un fupérieur peut interpofer fon autorité, & mê- me réprimander. Un homme fage peut difputer, al- léguer des fentences. Un inférieur doit montre du refpe&.& de l’affettion, & avouer que ce qu'il avance il le tient de perfonnes fages & favantes. Pour les égaux., 1l les faut rappeler à l'amitié ré- ciproque. Chambers. | Malherbe a adreffé à {on ami Duperrier une très- belle ode pour le confoler de la mort de fa fille, & qui commence ainfi : Ta douleur , Duperrier, fera donc éternelle, &c. C’eft-là qu’on trouve ces ftances fi nobles, où lé poete perfonnifant la mort, la repréfente comme un tyran qui n’épargne perfonne , & des coups duquel on doit d'autant plus fe confoler, qu'ils font inévi- tables dans toutes les conditions. La mort a des riguenrs a.nulle abtre pareilles, &c. On pourroit dire à tous ceux qui s’affligent de quelque perte: Le rems fera prefque néceflairement ce que la raifon & la religion r’auront pas fait, & vous aurez perdu tout le mérite du facrifice. Un fentiment aflez fingulier, & qui n’eit pas hors de la nature, c’eft celui d’un amant qui s’affligeoit de ce qu'il fe confoleroit un jour de la perte de celle qu’il aimoit, , * CONSOLATION, (Hif. ecclé[.) cérémonie des Manichéens Albigeois , par laquelle ils prétendoient que toutes les fautes de la vie étoient effacées : ils la conféroient à l’article de la mort; ils l’avoient fubftituée à la pénitence &c au viatique. Elle confi- ftoit à impofer les mains, à les laver fur la tête du pénitent , à y tenir le livre des évangiles, & à réci- ter fept Parer avec le commencement de l’évangile {elon S. Jean. C’étoit un prêtre qui en étoit le mi- iiftre. Il falloit pour fon efficacité qu’il fût fans pé- thé mortel. On dit que lorfqu’ils étoient confolés , ils feroient morts au milieu des flammes fans fe plain- dre, & qu'ils aufoient donné tout ce qu'ils poflé- doient pour l'être. Exemple frappant de ce que peu- vent l’enthoufiafme & la fuperftition, lorfqu'ils fe font une fois emparés fortement des efprits. CONSOLATION, cerme de Jeu : on donne ce nom dans plufieurs jeux à une efpece de tribut qu’on paye; foit à ceux qui ne jouent point, foit à ceux qui jouent & qu'on fait perdre, foit même à ceux qui gagnent, foit à celui qui perd, felon les conven- tions bifarres des jeux, où l’on a voulu quelquefois que la confolation füt faite par celui qui perd, &c qui pat conféquent devroit être confolé. . | CONSOLE , f. f. en Architeëture, eft un ornement en faillie taillé {ur la clé d’une arcade, ou qui fert à porter de petites corniches, figures,buftes,vafes, éc. Confole avec enroulemens, eft celle qui a des volu- tes en-haut & en-bas: ces 0 + . Confole arafée, éft celle dont les enroulemens af- fleurent les côtés, comme il s’en voit fous le porche de la Sorbonne. | ET Confole gravée, eft celle qui a des gliphes ou gra= vurès. | 4 =" RE, Confolé plate, celle qui eft en maniere de mutule ou corbeau, avec gliphes & gouttes. . Confole en encorbellement, efttoute cozfole qui porte les ménianes & balcons, & qui a des enroulemens,; nervures, & autres ornemens quu la diftinguent du corbeau, comme celles du balcon du Palais-Royal du côté du jardin à Paris. | Confole coudée, eft celle dont le ‘contour eft inter- rompu par quelqu'angle ou partie droite. Confole renverfée, eft toute cozfole dont le plus grand enroulement eft en-bas, & fért d’adouciffe- ment dans les ornemens, 5 Conjols CON … Confole rampañte, éft celle qui fuit la penté d'un fronton pointu ou circulaire, pour en foûtenir les corniches, comme au portail latéral .de l’églife de S. Germain-des-Prés. | .-Confole en adouciffement, voyéx PILIER BUTANT EN Consoze. (P) j | . ConsoLEs, sermes de Charron ; ce font deux mot- ceaux de bois quartés qui font enchâflés. dans des mortoifes faites au lifoir de devant, &.qui fervent à fupporter la coquille. Voyez Les Planches du Sellier G leurs explications. _ | | _ CONSOLIDATION, (Phyfa. & Chir.) eff l'aétion pat laquelle la nature réunit les os fraéturés , ou les levres d’une plaie. Foy. Cazus & CicATRICE.(Y) CoNsoL1DATION , (Jurifprud.) eft la réunion de Pufufruit à la propriété d’un bien; ce qui arrive quand Pufufruitier en acquiert la proprièté ; aué vice versé ; en l’un & l’autre cas l’ufufruiteft éteint. Cette confuñon eft fondée fur ce qu'une même chofene peut pas devoir une {ervitude à celui à qui elle ap- artient, fuivant la regle remiri res fua fervit, liv. XVII. ff. quibus mod. ufusfr. vel uf. amit. (A) CONSOMMATION , . f. (Gramm.)) eft {ÿnony- me à accompliffement : ainfi on dit Le Jacrifice fl con- fommé. Il a encore d’autres acceptions. | CONSOMMATION DU MARIAGE, (Jurifprud.) eft l’union charnelle du mari & de la femme. L'effet de cette cor/ommation eft que le mariage étant valablement contraûé , ne peut plus être dif- {ous que par la mort de l’un des deux conjoints, au lieu qu'avant la confommation 1 peut être diflous par la profeffion monaftique des deux conjoints. Ïl y a quelques coûtumes fingulieres dans lefquel- les il ne fuflit pas que le mariage ait été célébré pour que la femme gagne fes conventions matrimoniales, êc qui veulent que le mariage ait été confommeé , ou du moins foit réputé l'avoir été ; telles que la coû- tume de Normandie, art. 367. qui porte que la fem- me gagne fon douaire au coucher. Voyez D'OUAIRE, MARIAGE, 6c, (4) CoNsSOMMATION, ( Marine.) c’eft tout ce qui s’eft employé au fervice du vaiffeau pendant le voyage, comme cordage , toile de voile ,poudre, balles, &c. L'écrivain doittenirunresiftre de la coz/omation.(Z) CONSOMMATION, ( Comm.) terme ufité parmi les négocians pour fignifer la diftribution qui fe fait des marchandifes. Quand le commerce ne va pas, 1ls difent qu’/ »°y a pas de confommation. (G) * CONSOMMÉ , L. m. (Cuifine.) c’eftun bouillon fort de viandes, & qui fe réduit en gelée ferme quand il eft refroidi. On a laiflé les viandes bouillir long- tems, afin qu’elles dépofaflent tous leurs fucs dans l'eau qui fait avec eux le bouillon, & c’eft de-là qu'il a été appellé coz/omme. CONSOMMER , CONSUMER. ( Gramm. Synr. ) on dit, le prêtre a corfumé l'hoftie, & corfomme le facrifice. (0) CONSOMPTION , (Medecine.) voyez MARASME 6 PHTISIE, CONSONNANCE, f. f, cerme de Grammaire ou plutôt de Rhesorique. On entend par cozfonnance la refflemblance des {ons des mots dans la même phra- fe ou période. Les corfonnances ont de la grace en Latin , pourvü qu'on n’en fafle pas un ufage trop fréquent dans le même difcours, & qu’elles {e trou- vent dans une pofition convenable en l’un & en l’autre des membres relatifs. Par exemple, f 207 pre- fiio Inter pericula, tamen folatio inter adver[a. Apud Quintil. L IV. c. y. La cor/onnance entre folario & præfidio, eft également au milieu de lune & de l’au- tre incie, elle y eft placée comme un héemifiche, autrement elle ne feroit pas fenfible. Voici un exem- ple de confonnance à la fin des inciles , f£ne invidiä culpa pleitatur, & fine culpé invidie ponatur, Id. ibid, Tome IF, C ON 49 Énvoiciencoteüunantre exemple tiré du même cha“ pitre de Quintilien, zero pocefl alteri dare marrimos nidins nife que penes fit patrimonium: Cette figure à de la grace, dit Quintilien:, accedié 6 ex illa’figura gratia, Id: ibid. fur-tout quand la confornanée fe fait {entir en des pofitions égales, 47 quibus initia fenten- tiarum € fines confentiunt, Paribus cadant , & coder definant modo: Idsaibid, nai 43 Les Rhéteuts donnent divers noms à cette figuré; felon la différente forte de confonnance, & felon la variété de la poñtion des mots «als appellent para . nomafie la confonnance qui réfulte du jeu des mots par la différence de quelques lettres; par exemple, inceptio eff amentium haud amantium. Verenc: Andr. a@. I. fc. jv. v:13. c’eft un projet d’infenfés , & non: de perfonnes qui s'aiment & qui ont le fens: com mun, Cum lectum petis ; de Letho cogitas En cés occa- fions la confonnance eft appellée paranomafte de wap près, proche, & de roux, nom; c’eft-à-dire jementre, lés mots, à caufe de l’approximatron de fons.4Îliy æ encore /?militer définens , femiliter cadens, 1] fufit de: comprendre ces différentes maniefes fous le nom général de confonnance, L’ufage de cette figure de ande du goût & de la finefle. La reflemblance de fons en des mots trop proches, & dont il y ema plus de deux qui fe reflemblent, produit plûtôt une.ca= cophonie qu’une corfonnance, © fortunatam natam me confule Rornam ! Cette figure mife eh œuvre ä-propos a de la gracét en latin felon Quintilien ; mais pourquoi n’a-t-elle pas le même avantage en françois? Je crois que c’eft par la même rarfon que Quintilien. dit que les‘ hémif: tiches des vers latins font déplacés dans la profe. Quand les Latins lifoient la profe, ils étoient fur- pris d'y trouver des moitiés de vers ou des vers en- tiers, qui y paroïloient comme fuite du difcours & non comme citation. Non era#locus his. Vitium eff apud nos fi quis poërica vulgaribus mifceat, Quint. La VILT. c. ii. c’eft confondre les différens genres d’é- cire; c’eft tomber, dit-1l, dans Le défaut dont parle Horace au commencement de fa poétique : Humano capiti, &c. Verfum in oratione fari multo fediffmum ef. Id. L. IX, c.jv. Comme la rime ou confonnance n’en- troit point dans la ftruéture des vers latins , cette confonnance loin de les blefer flattoit l’oreille, pour- vüû qu'il ny eût point d’affeétation & que Pufage n’en fût pas trop fréquent ; reproche qu’on fait à S. Au- ouftin. | e Ne Mais en françois , comme la rime éntre dans le mécanifme de nos vers, nous ne voulons la voir que là, & nous fommes bleffés., comme les Latins l’étoient , lorfque deux mots de mêmé fon fe trou- vent l’un auprès de l’autre : päf exemple, /s beaux efprits pour prix, &cc. ft Cicéron, &tc. mais méme, &C que quand, &c. jufqu'a quand, &c. Un de nos bons auteurs parlant de la bibliotheque d’Athenes cts que dans la fuite Sylla la pilla , ce qui pouvoit être facilement évité en s'exprimant par la voix pañlive. Vaugelas & le P. Bouhours (Doures, pag. 273.) di- fent que nous devons éviter en profe non-feulement les rimes, mais encore les coz/onnances, telles que celle qui fe trouve entre /o/ei/ &c tmmortel, _ Je conviens que ce font-là des minuties auxquel- les les ledeurs judicieux ne prennent pas garde. Ce- pendant il faut convenir que fi un écrivain évitoit ces négligences, l'ouvrage ne pérdroit rien de fa vas leur intrinfeque. | | J’ajouterai que les confonnances {ont fort autori« fées parmi nous dans les proverbes : qui langue a à Rome va: à bon chat, bon rat : quand il fait beau , prens ton manteau ; quañd ël pleut, prens-le ft tu Veux $ il flatte en préfence, il trahir en abfence belles paroles E mauvais jeu trompent les jeunes & lesyieux : qui terr@ so CON a guerre. me: amour C fergneurie ne veulent poiné de cont- pages (CE): 2: ho: tige) : CoNsonNANCE er Mufique, eft, felon le fens propre du mot} Peffet-de:deux on plufeurs fons en- tendus à la:foistomais ontreftraint ordinairementila fignification de ce terme aux intervalles formés par deux fons. dont l'accord plaît à l'oreille, & c’eft en ce fens que nous en parlerons dans cet atticle. : De cette infinité d'intervalles dont les-fons font fuifceptibles ,1kn'y.emaiqu'un très-petit nombre qui forment des‘confonnances:, tous les autres choquent Poreille: & font appellés pour cela dffonnances ; ce n’eft pas-que plufièurs.de celles-ci ne foient em- ployées dans l'harmonie , mais c’eft tohjours avec desrprécautions. dont les confonnances, étant agréa- bles par elles-mêmes, n’ont pas également befoin. Les Grecs n’admettoient que cinqcorfonnances ; favoir, la quarter, Fonzieme qui eft fa réplique , La quinte ; la réplique de la quinte , & loûave. Nous, y ajoûtons les: tierces &t les fixtes majeures & mi- neutes, les ottaves doubles & triples, &z en un mot les-divérfes répliques de tout cela:, fans-exception, felon-toute l'étendue du fyftème: On diflingue les confonnances en parfaites ou juf- tes! dont l’intérvalle ne varie point; & en impar- faites ,iqui peuvent être majeures ou mineures. Les confonnances parfaites font la quarte , la quinte , & l’oétäve. Les imparfaites font les tierces & les fixtes. Le caraétere phyfque des confonnances {e tire de leuriproduétion par un même fon, ou fi l’on veut, du frémiflement des cofdes. De deux cordes bien d'accord, formant entr’elles un intervalle d’oftave ou de douzieme, qui eft l'oétave de la quinte, ou de dix-féptieme majeure , qui eft la double otave de la tierce majeure ,.fi l’on fait fonner la-plus grave, Pautré frémit & rend du fon. A l'égard de la fixte majeure & mineure, de la tierce mineure , de la tièrce majeure fimple ; & de la quarte, qui toutes font des combinaïfons ou des renverfemens des pré- cédentes confonnances, elles fe trouvent entre les di- verfes cordes qui frémiflent au même fon. Si je touche la corde wr, les cordes montées à fon ottave ur, à la quinte /o7 de cette même oûave, à fa tierce majeure-11 de la double oétave, & même aux oétaves de tout cela, frémiront toutes en même téms. Voilà donc l’oétave, la tierce majeure , & la unte direétes. Les autres confonnances {e trouve- ront aufli ; favoir, la tierce mineure du 1 au /o/, la fixte mineure du même 2 à lus qui eft plus haut, la quarte du fo/ à ce même we, & la fixte majeure du même /o/ au #4, qui eft au-deflus de lui. Telle eft la génération de toutes les coz/onnances: il s’agiroit maintenant de rendre raifon des phéno- menes. _h Premierement , le frémiflement des cordes s’ex- plique par laéion de l'air & le concours des vibra- tions. Voyez UNISSON. 2°. Que le fon d’une feule corde foit toljours-accompagné de fes harmoniques (voyez ce mof), cela paroït une propriété du fon qui en eft inféparable , & qu'on ne fauroit expliquer qu'avec des hypothefes qui ont leurs difficultés. 3°. À Pégard du plaifir que les confonnances font à l’o- teille à lexclufion de tout autre intervalle, on en voit clairement la fource dans leur génération. Les confonnances naïffent toutes de l’accord parfait pro- duit par un fon unique ; & réciproquement l'accord parfait fe forme de Paflemblage des cozfonnances, Il eft donc naturel que l’harmonie de cet accord fe communique à {es parties, que chacune d'elles y participe, & que tout autre intervalle qui ne fait pas partie de cet accord n’y participe pas. Or la Nature qui a mis dans les objets de chaque fens, des qualités propres à leflatter, a voulu qu’un fon quelconque füt toüjours accompagné d’autres fons CON âgréables ; comme elle a voulu.qu'un rayon deu. mere füt toûjours formé de l’aflemblage des plus belles couleurs, Que f l’on preffe la queftion,-& qu’on demande encore d’où naît ce-plaïfir que caufe l’accord parfait à l'oreille , tandis qu’elle ef cho- quée du concours de tout autre fon ; que pourroit= on répondréà. cela’, fi cen’eft de demander à fon four pourquoule verd plutôt que le gris me réjouit la vüe, ou pourquoi le parfum du jafmin m’enchan- te, tandis que l'odeur du pavot me fait peine. Ce n’eft pas que les Phyficiens n’aäyent expliqué tout cela ; & que n’expliquent-ils point ? mais que toutes ces explications font conje&turales , 8 qw’ofi leur trouve peu de folidité quand on les examine de près ! Je ne m’attache ici qu’au fentiment le plus gé- néral pour en rendre compte au léeur, * Ils difent donc que la fenfationidu fon étant pro- duite par les vibrations du corps fonore, propagées jufqu'au tympan par celles que l’air recoit de ce mé me corps, lorfque deux fons fe font entendre en- fémble , organe de loue eft affedé à la fois de leurs diverfes vibrations. Si ces vibrations font de même durée, qu’elles s’accordént à commencer & finir enfemble, ce concours forme l’uniflon , & lo- reille , qui fait Paccord de fes retours égaux &r bien. concordans , en eft affetée très -agréablement. S1 les vibrations de l’un des fons font doubles en durée de celle de Pautre, durant chaque vibration du plus grave l’aigu en fera juftement deux ; & à la troifie: me ils partiront enfemble ; ainfi, de deux en deux, chaque vibration impaire de l’aigu concourra avec chacune des-vibrations du grave , & cette fréquente concordance qui conftitue l’otave, felon eux moins douce à l’orerlle que l’uniflon , le fera plus qu’aucu- ne autre confonnance. Après vient la quinte, dont Pun des fons fait deux vibrations tandis que Pautre en fait trois, de forte qu’ils ne s’accordent qu’à cha: que troifieme vibration de l’aigu ; enfuite la double ottave , dont l’un des fons fait quatre vibrations pendant que l’autre n’en fait qu'une , s’accordant feulement à chaque quatrieme vibration de laigu : pour la quarte, les vibrations fe répondent de qua: tre en quatre de l’aigu & de trois en trois du grave. Celles de la tierce majeure font comme 4 & 5, de l& fixte majeure comme 3 & $, de la tierce mineure comme $ & 6; & de la fixte mineure comme $ & 8: Au-delà de ces nombres il n’y a plus que leurs mul- tiples qui produifent des cor/onnances , c’eft-à-dire des oftaves de celles-ci, tont le refte eft diffonant. D’autres trouvant l’oftave plus agréable que Pu- niflon , & la quinte plus agréable que l’oétave, en donnent pour raifon, que les retours égaux des vi- brations dans l’uniflon , & leur concours trop fré- quent dans l’oftave, confondent , identifient les fons au point d'empêcher que Poreille n’en apperçoive la diverfité : pour qu’elle puiffe avec plaifir comparer les fons, il faut bien, difent-ils , que les vibrations s'accordent par intervalles, mais non pas qu’elles fe confondent abfolument, autrement au lieu de deux {ons on croiroit n’en entendre qu’un. C’eft ainfi que du même principe on tire à fon gré le pour & le contre , felon qu’on juge que les expériences Pexi- gent. Qu'il me foit permis de faire quelques obfer- vations fur celui dont il s’agit ici. Premierement, toute cette explication n’eft fon- dée, comme on voit, que fur Le plaïfir qu’on pré- tend que l’ame reçoit par l’organe de l’oüie du con- cours des vibrations , ce qui dans Le fond n’eft déjà qu’une pure fuppoñition : de plus, il faut encore fup- pofer, pour l'établiflement de ce fyftème:, que la premiere vibration de chacun des deux corps fono- res commence exaétement avec celle de l’autre, cat fi l'une précédoit un peu, elles ne concourroient plus felon le rapport déterminé ou peut être ne conçour- CON voient jamais, & par conféquent l'intervalle devroit changer, la confonnance n’exifteroit plus ou ne feroit plus la même. Enfin, il faut fuppofer que les diver- Les vibrations des deux fons d’une cor/onnance frap- pent l'organe fans confufion, & tranfmettent l’ac- cord au cerveau fans {e nuire réciproquement ; Cho- fe qui me paroît impoffble à concevoir, & que j'au- rai occafñon d'examiner ailleurs, Woyez SON. Mais fans difputer fur tant de fuppofñitions, voyons ce qui s'enfuit de ce fyftème. Les vibrations ou les fons de la derniere confonnance, qui eft la tierce mi- neure, font comme 5 & 6, & la confonnance en eft fort agréable. Que doit-il natureHement réfulter de deux autres {ons dont les vibrations feroient entre elles comme 6 & 7? une confonnance un peu moins harmonieufe à la vérité, mais encore aflez agréable À caufe de la petite différence des raïfons; çar elles ne different que d’un 36°. Mais qu’on me dife com- ment il £e peut faire que deux fons, dont l’un fait 5 vibrations pendant que l’autre en fait 6, produufent une confonnance agréable , & que deux fons, dont Pun fait 6 vibrations pendant que l’autre en fait 7, produifent une fi affreufe diflonnance. Quoi, dans l'un de ces rapports les vibrations s’accordent de fix en fix, & mon oreille eft charmée ; dans l’autre elles s'accordent de fept en fept, & mon oreille eft écor- chée? Il y a plus, & je demande encore comment il fe fait qu'après cette premiere diflonnance la du- reté des accords n’augmente pas à mefure que les rapports des vibrations qui les forment deviennent plus compoiés ; pourquoi, par exemple, la diflon- nance qui réfulte du rapport de 89 à 90, n'eft pas plus choquante que celle qui réfulte de celui de 12 à 13. Si le retour plus ou moins fréquent du con- cours des vibrations étoit la caufe du fentiment de plaifir ou de peine que me caufent les accords, l’ef- fet feroit proportionné à cette caufe, & je n’y vois aucune proportion; donc ce plaifir & cette peine tirent leur origine d’ailleurs. Il refte encore: à faire attention aux altérations dont la quinte & d’autres coz/onnances font fufcep- tibles fans cefler d’être agréables à oreille, quoi- que ces altérations dérangent entierement le con- cours périodique des vibrations, &t que ce concours même devienne plus tardif à mefure que laltération eft moindre. Il refte à confidérer que laccord de l'orgue & du clavecin ne devroit offrir à l'oreille qu'une cacophonie d’autant plus effroyable que ces inftrumens feroient accordés avec plus de foin, puif- qu'excepté l’oétave il ne s’y trouve aucune cor/on- nance dans fon rapport exaét. Voilà quelques objeétions qu'il eût peut-être été bon de réfoudre avant que d’admettre un fyffème, qui , bien qu'ingénieux , fe trouve fi manifeftement contredit par l'expérience. Le +& Un écrivain judicieux, qui nous a donné nouvel- lement des principes d’Acouftique, laïffant à part tous ces concours de vibrations, a rendu raifon du plaifir que les confonnances font à l'oreille par la fim- plicité des rapports entre les fons qui les forment. Selon hu, le plaifir diminue à mefure que les rap- ports deviennent plus compofés ; & quand lefprit ne les faifit plus, ce font de véritables diffonnances. Mais quoique cette doëtrine s’accorde parfaitement avec le réfultat des premieres divifions harmoni- ques , quoiqu’elle foit très-bien foutenue & qu'elle s’étende facilement à d’autres phénomenes qui fe re- marquent dans les beaux arts, s’il fe trouve qu’elle ne foit pas en tout d’acord avec l'expérience, s’il n'y a toùjours une proportion exacte entre les rap- ports des fons & le degré de plaïfir ou de peine dont ils nous affeétent , je dis que cette hypothefe eff fort vraiflemblable, mais qu'il ne la faut pas regarder comme démontrée. Voyez TEMPÉRAMENT, (S) Tome 1, CON Si Nous devons avertirici que M. Brifeux architette, a donné depuis peu au public un traité, dans le- quelil fe propoie de prouver que les proportions qu’on doit obferver dans l’Architeëture, font les mê- mes que celles qui reglent les con/onnances dans la Mufique. Nous en parlerons plus au long à arcicle PRoPoRTION. (0) | CONSONNE, f. f. terme de Grammaire : on divife les lettres en voyelles & en confonnes. Les voyelles font ainfi appellées du mot voix, parce qu’elles fe font entendre par elles-mêmes : elles forment tou- tes feules un fon, une voix. Les con/onnes , au con- traire, ne font entendues qu'avec l'air qui fait la voix ou voyelle ; & c’eft de-là que vient le nom de confonne, confonnans, c'eft-à-dire, qui fonne avec une autre, Y Il n’y a aucun être particulier qui foit voyelle , ni aucun qui foit conjonne ; mais on a obfervé des difiérences dans les modifications que l’on donne à l'air qui fort des poumons , lorfqu’on en fait ufage pour former les fons deftinés à être les fignes des penfées. Ce font ces différentes confidérations ou précifions de notre efprit à l’occafion des modifica- tions de la voix; ce font, dis-je, ces précifions qui nous ont donné lieu de former les mots de voyelle, de confonne , d’articulation , & autres : ce qui diftin gue les diférens points de vüe de notre efprit furle méchanifme de la parole, & nous donne lieu d’en difcourir avec plus de juftefle. Voy. ABSTRACTION. Mais avant que d’entrer dans le détail des confons res , & avant que, d'examiner ce qui les diftingue des voyelles, qu’il me foit permis de m’amufer un moment avec les réflexions fuivantes, La nature nous fait agir fans fe mettre en peine de nous inftruire ; je veux dire que nous venons au monde fans favoir comment : nous prenons la nour- riture qu’on nous préfente fans la connoître , & fans avoir aucune lumiere fur ce qu’elle doit opérér en nous , ni même fans nous en mettre en peine ; nous marchons, nous agiflons, nous nous tranfportons d’un lieu à un autre , nous voyons, nous regardons, nous entendons, nous parlons, fans avoir aucune con- noiflance des caufes phyfiques,ni des parties internes de nous-mêmes que nous mettons en œuvre pour ces différentes opérations: de plus , les organes des fens font les portes & l’occafon de toutes ces connoif- fances, au point que nous n’en avons aucune qui ne fuppofe quelque impreflion fenfible antérieure qui nous ait donné lieu de l’acquérir par la réflexion ; cependant combien peu de perfonnes ont quelques lumieres fur le méchanifme des organes des fens À C’eft bien dequoi on fe met en peine, 49 populus cu- rat fcilicet? Ter. And, ait, II, [c, 2. Après tout a-t-on befoin de ces connoïffances pour fa propre confervation, & pour fe procurer une forte de bien être qui fuffit ? Je conviens que non : mais d’un autre côté fi l’on veut agir avec lumiere & connoître les fondemens des Sciences & des Arts qui embelliffent la focièté , & qui lui procurent des avantages fi réels & fi con- fidérables , on doit acquérir les connoiflances phy- fiques qui font la bafe de ces Sciences & de ces Arts, & qui donnent lieu de les perfeétionner. C'’étoit en conféquence de pareïlles obfervations ; que vers la fin du dernier fiecle un medecin nommé Amman qui réfidoit en Hollande , apprenoïit aux muets à parler, à ire, & à écrire. Voyez l’art de parler du P. Lamy, pag. 193. Et parmi nous M. Pe- reyre , par des recherches & par des pratiques en core plus exaétes que celles d'AÂmman, opereici[ à Paris, quai des Auguftins [les mêmes prodiges que ce medecin opéroit en la Hollande. Mon deflein n’eft pas d’entrer ici, comme ces deux philofophes, dans l'examen & dans le détail de la Gi 52 CON formation de chaque lettre particuliere, de peur de m'expofer aux railleries de madame Jourdain & à celles de Nicole, foyer le Bourgeois gentilhomme de Moliere. Maïs comme la méchanique de la voix eff mn fujet intéreflant , que c’eft principalement par la parole que nous vivons en fociété, que d’ailleurs un diétionnaire eff fait pour toutes fortes de perlonnes, & qu'il y en a un aflez grand nombre qui feront bren- aïfes de trouver ici fur ce point des connoïflances qu”- ils n’ont point acquifes dans leur jeunefle ; jai cru devoir les dédommager de cette négligence, en leur donnant une idée générale de la méchanique de la voix, ce qui d’ailleurs fera entendre plus aifément la différence qu'il y a entre la confonne & la voyelle. D'abord il faut obferver que l’air qui fort des pou- mons eft la matiere de da voix, c’eft-à-dire du chant & de la parole. Lorfque la poitrme s’éleve par Pac- tion de certains mufcles, l’air extérieur entre dans les véficules des poumons, comme il entre dans une pompe dont on éleve le pifton. Ce mouvement par lequel les poumons reçoi- vent l'air, eft ce qu'on appelle zx/piration. Quand la poitrine s’affufle, l’air fort des pou- mons ; c’elt ce qu'on nomme c/pirarion. Le mot de refpiration comprend lun & l’autre de ces mouvemens ; ils en font les deux efpeces. Le peuple croit que le sofer fert de paffage à l’air & aux alimens ; mais ’Anatomie nous apprend qu’au fond de la bouche commencent deux tuyaux ou con- duits différens , entourés d’une tunique commune. L'un eft appellé é/ophage , cicogayos , c’eft-à-@ire porte-manger , c’eit par où les alimens paflent de la bouche dans l’eftomac ; c’eft le gofer. L'autre corduir , le feul dont la connoïffance ap- paîtienne à notre fujet, eft fitué à la partie ante- rieure du cou ; c’eft le canal par où l’air extérieur entre dans les poumons & en {ort : on l’appelle sra- chée-artere ; trachée , c’eft-à-dire rude, à caufe de fes cartilages ; rpay£re , féminin de rpayüc, afpèr ; artere, d'un mot grec qui fignifie receptacle, parce qu’en ef fet ce conduit reçoit & fournit l’air qui fait la voix : dprupia mapa To cspt Thpes , garder l'air, On confond communément Pun & l’autre de ces conduits {ous le nom de gofier, guttur, quoique ce mot ne doive fe dire que de Péfophage ; les Gram- mairiens mème donnent le nom de gurturales aux lettres que certains peuples prononcent avec une afpiration forte, & par un mouvement particulier de la trachée-artere. Les cartilages & les mufcles de la partie fupérieure de la trachée-artere forment une efpece de tête, ou une forte de couronne oblongue qui donne pañfage à l’air que nous refpirons ; c’eft ce que le peuple ap- pelle la pomme ou le rorceau d'Adam. Les Anato- miftes la nomment larynx , yapuyË , d’où vient A@- éd, clamo, je crie. L'ouverture du larynx eft ap- pelléesworte, yaorla ; &t fuivant qu’elle eft reflerrée ou dilatée par le moyen de certains mufcles , elle forme la voix où plus grêle, ou plus pleine. IL faut obferver qu'au-deflus de [a glotte 1l y a une efpece de foûpape , qui dans le tems du pañfa- ge des alimens couvre la glotte ; ce qui les empêche d'entrer dans la trachée-artere, on l’appelle épiglor- te; td, Juper, fur, 8 yAntle OÙ yAarièe. M. Ferrein , célebre anatomufte , a obfervé à cha- que levre de la glotte une efpece de ruban large d’u- ne ligne, tendu horifontalement ; Pa@ion de l'air qui paffe par la fente ou glotte, excite dans ces ru- bans des vibrations qui les font fonner comme les cordes d’un inftrument de mufque : M. Ferréin ap- pelle ces rubans cordes vocales. Les mufcles du la- rynx tendent ou felâchent plus où moins ces cordes vocales ; ce qui fait la différence des tons dans le chant, dans les plaintes, & dans les cris. Woyez le Mémoire de M. Ferrein, Hifloire de l'académie des Sciencés | année 1741. pags 409. ? Les poumons, la trachée-artere, le larynx, la glotte , & fes cordes vocales, font les premiers or- ganes de la voix, auxquels il faut ajoûter le palais, c’eft-à-dire la partie fupérieure & intérieure de la bouche, les dents, les levres , la langue, & même ces deux ouvertures qui font au fond du palais, & qui répondent aux narines ; elles donnent paflage à Pair quand la bouche eft fermée. Tout air qui fort de la trachée -artere n’excite pas pour cela du fon ; il faut pour produire cet ef fet que Pair foit pouffé par une impulfion particu- liere | & que dans le tems de fon pañage il foit rendu fonore par les organes de la parole : ce qui lui arrive par deux caufes différentes. Premierement , l’air étant pouflé avec plus ou moins de violence par les poumons, 1l eft rendu fonore par la feule fituation où fe trouvent les or- ganes de la bouche. Tout air pouflé qui fe trouve reflerré dans un paflage dont les parties font difpo- fées d’une certaine mamere, rend un fon; c’eft ce qui fe pañle dans les inftrumens à vent , tels que Por- gue, la flûte, &c. En fecond lieu , Pair qui fort de la trachée -artere eft rendu fonore dans fon paflage par l’aétion ou mouvement de quelqu'un des organes de la parole ; cette aétion donne à l’air fonore une agitation & un trémouflement momentanée, propre à faire entendre telle ou telle confonne : voilà deux caufes qu'il faut bien diftinguer ; 1°, fimple fituation d'organes ; 2°. attion où mouvement de quelque organe particu- lier fur l’air qui fort de la trachée-artere. Je compare la premiere maniere à ces fentes qui rendent fonore le vent qui y pafle, & je trouve qu'il en eft à- peu-près de la feconde , comme de l'effet que produit l’aétion d’un corps folide qui en frappe un autre. C’eft ainfi que la confonne n’eft entendue que pat l’aétion de quelqu'un des organes de la pa- role fur quelque autre organe, comme de la langue fur le palais ou fur les dents, d’où réfulte une mo: dification particuliere de l'air fonore. Aïnfi Pair pouñlé par les poumons, & qui fort par la trachée-artere, recoit dans fon paflage différentes modifications & divers trémouflemens, foit par la . fituation, {oit par l’aétion des autres organes de la parole de celui qui parle ; 8 ces trémouflemens par- venus jufqu'à l’organe de l’ouie de ceux qui écou- tent, leur font entendre les différentes modulations de la voix & les divers fons des mots, qui font les fignes de la penfée qu’on veut exciter dans leur ef prit. | | | Les différentes fortes de parties qui forment l’en- femble de organe de la voix, donnent lieu de com- parer cet organe felon les différens effets de ces par: ties, tantôt à un inftrument à vent, tel que l'orgue ou la flûte; tantôt à un inftrument à corde, tantôt enfin à quelqu’autre corps capable de faire entendre un fon , comme une cloche frappée par fon battant, ou une enclume fur laquelle on donne des coups de Marteau. | Par exémple s'agit-il d'expliquer la voyelle , on aura recours à une comparaïfon tirée de quelque inflrument à vent. Suppolons un tuyau d'orgue ouvert, il eft certain que tant que ce tuyau demeu- rera ouvert, & tant que le fonfilet fournira de vent ou d’air, le tuyau rendra le fon, qui eft Peffet pro- pre de Pétat & de la fituation où fe trouvent les parties par lefquelles l'air pale, Il en eft de même de la flûte ; tant que celui qui en joue y foufile de l'air, on entend le fon propre au trou que les doigts laiflent ouvert: le tuyau d'orgue ni la flûte n’agif- fent point, ils ne font que fe préter à l’air poufé , & demeurent dans Pétat où cet air les trouve. CON * Voilà précifément la voyelle. Chaque voÿelle exige que les organes de la bouche foient dans la f- tuation requife pour faire prendre à l’air qui fort de latrachée-artere la modification propre à exciter le fon de telle ou telle voyelle. La fituation qui doit faire entendre l’«, n’eft pas la même que celle qui doit exciter le fon de 7; ainfi des autres. | Tant que la fituation des organes fubffte dans le même état, on entend la même voyelle aufl long- tems que la refpiration peut fournir d’air. Les pou- mons {ont à cet égard ce que les foufflets {ont à lor- gue. 4 € Selon ce que nous venons d’obferver., il fuit que le nombre des voyelles eft bien plus grand qu'on ne le dit communément. Tout fon qui ne réfulte que d’une fituation d’or- ganes fans exiger aucun battement ni mouvement qui furvienne aux parties de la bouche, & qui peut être continué aufli long-tems que l’efpiration peut fournit d’air ; un tel fon eft une voyelle. Ainfi 4; 4, é,è,é,i, 0, 6,u ou eu, & fa foible e muet, êc les nazales a, en, 8e. Tous ces fons-là font autant de voyelles particulieres, tant celles qui ne {ont écrites que par un feul caraétere, telles ques, e, 25 eo, u, que celles qui, faute d’un caraétere propre, font écrites par plufieurs lettres, telles que 07, ex, oient , &c. Ce n’eft pas la maniere d'écrire qui fait la voyelle , c’eft la fimplicité du fon quine dépend que d’une fituation d'organes , & qui peut être continué : ainfi 42, eau, ou ; eu, ayent, &C. quoiqu'écrits par plus d’une lettre, n’en font pas moins de fimples voyelles. Nous avons donc la voyelle x &c la voyelle on ; les Italiens n’ont que lou, qu'ils écrivent par le fimple z. Nous avons de plus la voyelle eu, feu , lieu ; le muet en eft la foible , & eft aufli une voyelle par- ticuliere. : Il n’en eft pas de même de la confonne ; elle ne dé- pend pas comme la voyelle d’une fituation d’or- ganes, qui puifle être permanente , elle eft l’ef- fet d’une aétion pañlagere , d’un trémouflement , ou d’un mouvement momentanée | écrivez omen- zanée par deux ee, telle eft lanalogie des mots fran- cois , qui viennent de mots latins ex, eus, c’eft ainfi que l’on dit les champs élifées , les monts pyrenées ; le colifée, & non le colifé, le fleuve a/phée, & non le fleuve alphé, Aluvius alpheus. Voyez le ditlionn. de l’Académie, celui de Trévoux , 6: celui de Joubert aux mots momentanée & fpontanée | de quelque organe de la parole, comme de la langue, des levres, Éc. enforte que fi j'ai comparé la voyelle au fon qui ré- fulte d’un tuyau d'orgue ou du trou d’une flûte, je croi pouvoir comparer la confonne à l'effet que pro- duit le battant d’une cloche , ou le marteau fur l’en- clume ; fourniffez de l’air à un tuyau d’un orgue ou au trou d’une flûte, vous entendrez toïjours le mê- me fon, au lieu qu'il faut répéter les coups du bat- tant de la cloche & ceux du marteau de l’enclume : pour avoir encore le fon qu’on a entendu la pre- miere fois ; de même fi vous ceflez de répéter le mouvement des levres qui a fait entendre Le e ou le pe ; fi vous ne redoublez point le trémouflement de la langue qui a produit le re, on n’entendra plus ces confonnes. On n’entend de fon que par les tré- mouflemens que les parties fonores de Pair reçoi- vent des divers corps qui les agitent : or laëtion des levres ou les agitations de la langue , donnent à l'air qui fort de la bouche la modification propre à faire entendre telle on telle cozfonne. Or fi après une telle modification , l’émiflion de l’air quilare- çue dure encore, la bouche demeurant néceflaire- ment ouverte pour donner pañlage à l'air, & les organes fe,trouvant dans: la fituation qui a fait en- tendre la voyelle ; le fon de cette voyelle pourra être continué auff long-tems que l’émiflion de l'air C'O'N 53 dütera ; au lieu que le fon de la confonne n’eft plus entendu après l’aétion de l’organe qui l'a produite. L'union où combination d’une coz/onne avec une voyelle, ne peut fe faire que par une même émiflion de voix; cette union eft-appellée articulation. [ly a des articulations fimples , &c d’autres qui font plus ou moins compolées : ce que M. Aarduin fecrétaire de la fociété litreraire d'Arras, a extrèmement bien développé dans un mémoire particulier, Cette com- binaifon fe fait d’une mamere fucceflive , & elle ne peut être que momentanée. L’oreille diftingue l’ef- fet du battement & celui de la fituation : elle entend féparement lun après l’autre : par exemple, dans la {yllabe £a, l'oreille entend d’abord le 4, enfuite l’a; & l’on garde ce même ordre quand on écrit les let- tres qui font les fyllabes , & les {yllabes qui font les mots. Enfin cette union eft de peu de durée, parce qu'il ne feroit pas poffble que les organes de la parole fuffent en même tems en deux états, quiont chacun leur effet propre &c différent. Ce que nous venons d’obferver à l'égard de la confonne qui entre dans la compofñition d’une fyllabe, arrive auffi par la même raifon dans les deux voyelles qui font une diphton- gue, comme #?, dans /ui, muit ; bruit, &c. L'u eft entendu le premier , & 1l n’y a que le fon de li qui puifle être continué, parce que la fituation des or= ganes qui forme l’?, a fuccéde fubitement à celle qui avoit fait entendre x. L’articulation oucombinaifon d’une confonne avec une voyelle fait une fyllabe ; cependant une feule voyelle fait aufi fort {ouvent une fyllabe. La fylla- be eft un fon ou fimple ou compofé, prononcé par une feule impulfion de voix, a-you-té , réuni, créé, cri-a, il-y-a. Les fyllabes qui font terminées par des confornes font toûjours fuivies d’un fon foible , qui eft regardé comme un e muet ; c’eft Le nom que l’on donne à l'effet de la derniere ondulation ou du dernier tre- mouflement de l'air fonore, c’eft le dernier ébran- lement que le nerf auditif reçoit de cet air : je veux dire que cet e muet foible n’eft pas de même nature que le muet excité à deffein, tel que le de la fin des mots vu-e, vi-e, 8c tels que font tous les e de nos ri- mes féminines. Aïnf 1l y a bien de la différence en- tre le {on foible-que l’on entend à la fin du mot Mi- _chel & le dernier du mot Michele, entre bel & belle, entre cog & coque , entre Job & robe; bal & balle, cap & cape, Siam &T ame , &c. S'il y a dans un mot plufeurs confonnes de fuite, il faut toûjours fuppofer entre chaque cozfonne cet e foible & fort bref, il eft comme le fon que l’on dif- tingue entre chaque coup de marteau quand il y en a plufieurs qui fe fuivent d’aufi près qu’il eft pof- fible. Ces réflexions font voir que le muet foible eft dans toutes les langues. Recueillons de ce que nous avons dit , que la voyelle eft le fon qui réfulte de la fituation où les organes de la parole fe trouvent dans le tems que l'air de la voix fort de la trachée-artere, &eque la confonne eft l'effet de la modification paflagere que cet air reçoit de l’adion momentanée de quelque organe particulier de la parole. … C’eft relativement à chacun de ces organes, que dans toutes les langues on divife les lettres en cer+ taines clafles où elles font nommées du nom de lor- sane particulier, qui paroît contribuer le plus à leur formation. Ainf les unes font appellées Zabiales ; d’autres Zinguales, où bien palatiales, ou dentales ; ou ragales ; Ou gutturales. Quelques-unes peuvent être dans l’une & dans l’autre de ces clafles, lorf= que divers organes concourent à leur formation, 1°, Labiales, b, p, f;, vs m. 2°, Einguales, d,r,#, 1,7 54 CON 3°. Palatiales, g, j, ce fort, ou k, ou g; le mouillé Fort cle, & le mouillé foible ye. 4°, Dentales ou fifflantes, s ou c doux, tel que Je fi ; ts°ch3 c'eft à caufe de ce fifflement que les anciens ont appellé ces cozfonnes, fémivocales, de- mi-voyelles ; au lieu qu'ils appelloient les autres #iuettes, 5°. Nazales, m,7, gn. ‘6°. ‘Gutturales ; c’eft le nom qu’on donne à celles qui font prononcées avec une afpiration forte , & pat un mouvement du fond de la trachée -artere. Ces afpirations fortes font fréquentes en Orient & au Midi : il y a des lettres gutturales parmi les peu- ples du Nord. Ces lettres paroïffent rudes à ceux qui n'y font pas accoütumes. Nous n'avons de fon guttural que le ké, qu’on appelle communément ache afpirée : cette afpiration eft l'effet d’un mouve- ment particulier des parties internes de la trachée- artere; nous ne l’articulons qu'avec les voyelles, Le héros , la hauteur. Les Grecs prononçoient certaines confonnes avec cette afpiration, Les Efpagnols afpirent auff leur 7, leur g & leur x. Il y a des Grammairiens qui mettent le # au rang des confonnes; d’autres au contraire foutiennent que ce figne ne marquant aucun fon particulier , analo- gue aux fons des autres confonnes , il ne doit être confideré que comme un figne d’afpiration. : Ils ajontent que les Grecs ne l’ont point regardé autrement ; qu'ils ne l’ont point mis dans leur al- phabet entant que figne d’afpiration , & que dans lécriture ordinaire ils ne le marquent que comme les accents au-deflus des lettres; & que fi. dans la fuite il a pañlé dans l’alphabet latin, & de-là dans ceux des langues modernes,cela n’eft arrivé que par l'indolence des copiftes qui ont fuivi le mouvement des doigts , & écrit de fuite ce figne avec les autres lettres du mot, plûtôt que d'interrompre ce mouve- nent pour marquet l’afpiration au-deflus de la lettre. Pour moi, je crois que puifque les uns & les au- tres de ces Grammairiens conviennent de la valeur de ce figne ; ils doivent fe permettre réciproquement de lappeller ou cozfonne ou figne d’afpiration , {elon le point de vüe qui les affeéte le plus. Les lettres d’une même claffe fe changent facile- ment l’une pour l’autre; par exemple, le 2 fe chan- ge facilement ou en p, ou en v, ou en f; parce que ces lettres étant produites par les mêmes organes, il fufit d'appuyer un peu plus ou un peu moins pour faire entendre ou lune ou Pautre. Le nombre des lettres n’eft pas le même partout. Les Hébreux & les Grecs n’avoient point Le /e mouil- lé, mi le fon du gz. Les Hébreux avoient le fon du che, ÙŸ, fchin : mais les Grecs ni les Latins ne l’a- voient point. La diverfté des climats caufe des dif- férences dans la prononciation des langues. Il y a des peuples qui mettent en a@ion certains organes , & même certaines parties des organes, dont les autres ne font point d’ufage. Il y a aufi une forme ou maniere particuliere de faire agir les or- ganes. De plus, en chaque nation, en chaque pro- vince; & même en chaque ville, on s’énonce avec une forte de modulation particuliere, c’eft ce qu’on appelle accent national où accent provincial. On en contratte l'habitude par l'éducation ; & quand les efprits animaux ont pris une certaine route, 1l eft bien difficile, malgre l'empire de l’ame, de leur en faire prendre une nouvelle. De-[à vient auf qu'il y a des peuples qui ne fauroient prononcer certai- nes-lettres ; les Chinois ne connoiïffent ni le #, ni le d, ni le 7; en revanche ils ont des cozfonnes particu- lieres que nous n’ayons point. Tous leurs mots {ont monofyllabes , & commencent par une coz/onne & jamais pat une voyelle. Voyez la Grammaire Chinoife de M. Fourmont. Les Allemans ne peuvent pas diftinguer le 7 d’a- vec le #; ils prononcent ze/e comme /e/ : ils ont de la peine à prononcer les / mouillés, ils difent fe au lieu de fée. Ces Z mouillés font auf fort difficiles à prononcer pour les perfonnes nées à Paris : elles Le changent en un mouillé foible, & difent Ferfayes au lieu de Verfailles, &te. Les Flamans ont bien de la peine à prononcer la confonnej. Il y a des peuples en Amérique qui ne peuvent point prononcer les lettres labiales b, p, f, m. La lettre 44 des Anglois eft très-difficile à prononcer pour ceux qui ne font point nés Anglois. Ces réflexions font fort utiles pour rendre raïfon des changemens arrivés à cer- tains mots qui ont paffé d’une langue dans une autre. Voyez la differtation de M. Falconet, fur Les principes de l’érymologie; Hiffoire de l’ Acad, des Belles-Lettres. À légard du nombre de nos confonnes, fi l’on ne compte que les fons &c qu’on ne s'arrête point aux caraëteres de notre alphabet, n1 à l’ufage fouvent, déraifonnable que l’on fait de ces caraûeres , on trouvera que nous avons d’abord dix-huit cor/on- zes, qui ont un fon bien marqué, & auxquelles la qualification de cor/onne n’eft point conteftée. Nous devrions donner un caraétere propre, dé- terminé, unique & invariable à chacun de ces {ons, ce que les Grecs ont fait exattement , conformément aux lumieres naturelles. Eft-il en effet raifonnable que le même figne ait des deftinations différentes dans le même genre, &c que le même objet foit in- diqué tantôt par un figne tantôt par un autre ? Avant que d’entrer dans le compte de nos coz/on- nes , je crois devoir faire une courte obfervation fur la maniere de les nommer. Il y a centans que la Grammaire générale de P.R. propofa une maniere d'apprendre à lire facilement en toutes fortes de langues. Z. part. chap. vj. Cette maniere confifte à nommer les confonnes par le fon propre qu’elles ont dans les fyllabes où elles fe trou- vent, en ajoütant feulement à ce fon propre celui de le muet , qui eft l'effet de l’impulfion de air né- ceflaire pour faire entendre la confonne ; par exem- ple, fi je veux nommer la lettre B que j’ai obfervée dans les mots Babylone, Bibus, &c. je l’appellerai be, comme on le prononce dans la derniere fylläbe de sormbe, ou dans la prenuere de 4e/oën. Aïnfi du d, que je nommerai de, comme on l’en- tend dans ronde ou dans demande. Je ne dirai plus efe, je dirai fe, comme dans férz, étoffe ; je ne dirai plus e//e, je dirai Z; enfin je ne dirai ni emme m ere, je dirai 72e, comme dans aime, &T ne, comme dans /ore ou dans borne, ainf des autres, Cette pratique facilite extrèmement la liaifon des confonnes avec les voyelles pour en faire des fylla- bes, fe, a, fa, fe, re, 1, fri, enforte qu'épeler c’eft lire, Cette méthode a été renouvellée de nos jours pat MM. de Launay pere & fils, & par d’autres maitres habiles : les mouvemens que M. Dumas s’eft donnés pendant fa vie pour établir fon bureau ty- pographique , ont aufli beaucoup contribué à faire connoitre cette dénomination , enforte qu’elle eft - aujourd’hui pratiquée, même dans les petites écoles. Voyons maintenant le nombre de nos confonnes; je les joindrai, autant qu’il fera poffble, à chacune de nos huit voyelles principales. Figure de la| Nom de la Exemples de chaque confonne avec cha- Lettre, Leitre. que voyelle. € Z | B,b, be. a Babylone , béat, biere, Le [72 ou Bonet, bule, boule, eu e Mets 5 Beurre bedeau, CO M Æigare de la ]Nomdelz Exemples de chaque: confonne 4vec À _ Lettre Lettre. … chaque. voyelle. L Cadre où quadre, karar:ou ê ri chu vtcarat, kalendes ou calendes, ! 570, dur , VE a ons K<0: que. le Quéno:, qui, krricle, coco, | >: Q ; qd | j su | b 2 4 D Te NOTE EUR £ : "DA + , | nd | querelles - Comme je ne cherche que les fons propres de cha- que lettre de notre langue, défignés ; ar un feul ca- raëteré imcommuünicable à tout autre fon, Je ne don- ne ici au c que le fon fort qu’il a dans les fyllabes ca, co; ca. Le fon doux ce, ci, appaitient au j'; & le fon ?e,.7:, appartient à la lettre z. LR D, d, Je Dawid ,un dé, Diane, dodu, duché, | TN douleur, deux. demander. ù ? { e 4 Lt à - Lr5 A ; L Ë,f, fe. Faveur , féminin, fint, forêt, furef- te, Le four , le feu, femelle. s f Gaje; guérir : guide ; à gogo, gut- £ / | tural, goulu, gueux , guedé, G,£g SES Je ne donne îci à ce caraétere que le fon qu'ila devant #, 0, ; le fonfoible ge, gi, appartient au, im sl L. Jamais, Jéfaite, j'irai joli, jupes >] L "1 Y Joue, Jeu, jetter ; Jétton. | Le Le fon du ; deyant,i a été donné dans notte of- tographe vulgaire au g doux, gibier, gite, grhoulee , &c. & fouyent malgré l’étymologie, comme dans ci gt, hic jacer. Les partifans de l’ortographe vul- aire ne refpettent l’étymologie, que lorfqw’elle eft ayorable à leur préjuge. | : L ! le La, légion, livre, loge, lalune, Louis, AA 0 leurrer, leçon. | Machine, médifant , midi, morale, mufe, M, m,mMe.\ moulin, meunier, mener. { Nager ; Néron , Nicole, novice, nuage, N,n,ine. % nourrice, neutre, mener, ce ÿ Pape; péril, pigeon, pommade, puni- P; ps1pe | don, poupée ; peuple, pelé, pelote. f Ragoñt, regle, rivage, Rome, rude, re. \ rouge Reutlingen, ville de Suabe, re- venir. sas, far , Sion, Solon, fucre, fou- venir , feul , femaine. te. Touloufe, l’ordre Teutonique en Alle- ds yténebres, tiarre, tonnerre, EUfeur , Imapnie ; LenIT, | Var le Valeur ; vélin , ville, volonté, vulgaire ; Me . _ vouloir , Je veux, venir. Zacharie, zéphire, zizanie, zone, Zu- “rich, ville en Suiffe. | À 9 Z o) Ii Je ne mets pas ici la lettre x, parce qu’elle n’a pas de fon qui lui foit propre. C’eft une lettre dou- ble que les copiftes ont mife en ufage pour abréger. Elle fait quelquefois le fervice des deux lettres for- tes cs, & quelquefois celui des deux foibles g z. x pour c f. x pour g?. Exemples. Prononcez. Exemples. Prononcez. Axe, ac-fe, Examen, ep-zamen. Axiome, ac-/frome, Exemple, ep-zemple. Alexandre, Ælec-fandre, Exaucer, eg-zaucer. Fluxion, fuc-fon. Exarque , Eg-zarque. Sexe, * fec-fes Exercice, epg-zercice, Taxe, tac-fe, Exil, eg-zil. Vexé, yec-fê. Exiger, ep-yiger. Xavier, Cfa-vier. Exode, ep-7ode.- Xenophon, Cfé-rophor, Exhotter, eg-7horter, cure, le co, queue j\guertrs | | x 51 COM 55 À la fin des mots, l’x a en quelques noms propres le fon de « s: Ajax, Pollux , Sryx , on prononce Ajacs, Pollucs, Srycs., Il en eft de même de l’ad- JeŒE préfx , on pronocé préfics. Mais dans les autresmots que les maîtres à écrire, pour donner plus de jeu à la,plume:, ont terminé par un +, ce # tient feulement. la place.du s.,: comme dans je veux, les cieux, les'yeux, la voix, fix, dix, chevaux, &ce Le:x.eft employé pour deux /'dans foixante, Bru- - Xelle, Auxone; Auxerre, on dit Aufferre, Joiffante , Br uffelles ; Auffone, à la maniere des Italiens qui n'ont point de x dans Jeutalphabet , :& ‘qui -em- ployent les deux ÿ à la place de-cette lettre: Aleflan- dro , Aleffro. 4 : ps + On écrit aufi, par abus, le x'aù lieu du 5 ‘en ces mots fxieme , deuxieme, quoiqu’on prononce fe eme, deuxieme. Le x tient lieu dû c dans excellenr, prononcez eccellens. L A ke 17 L1 1 Voilà déjà quinze fons. confonnes défignés par quinze caraëtères propres ; je rejette ici les caradte- res auxquels un ufage aveugle a donné le {on de quelqu'un des quinze que nous venons de compter À tels font le £ & le 4, puifque le c dur marque exac- tement le fon de ces lettres. Je ne donne point ici au c le fon du.f,, m au / le fon du z. C’eft ainf qu’en Grec le x cappa eff tolijours cappa , Le < figma toûù- jours figma ; de forte que f.en. Grec la prononcia- . tion d’un mot vient à changer, ou par contra@ion ; ou par la forme de la conjugaïfon, ou par la raïfon de quelque:dialeéte, Portographe-de ce mot fe con- forme au nouveau fon qu’on lui donne, On n’a égard en Grec.qu’à la maniere de prononcer les mots, & non à la fource d’où ils viennent, quand elle n’in- flue en rien fur la prononciation, qui eft lefeul but de l’ortographe. Elle ne doit que peindre la parole, qui eff fon original; elle,ne doit point en doubler les traits. ni lu en, donner qu'il n’a pas, ni s’obfi- ner à le peindre à préfent tel qu'il étoit il ya plu- fieuts années. | Au refte les réflexions que je fais ici n’ont d’autre but, que de tâcher de découvrir les fons de notre langue. Je ne cherche que le fait. D'ailleurs je ref. peéte l’ufage dans le tems même que jen reconnois les écarts & la déraifon, & je m'y conforme mal- gré la réflexion fage du célebre prote de Poitiers & de M. Reftaut, qui nous difent qu’z/ eff rofjours louable en fait d'ortographe de quitter une mauvaife ha- bitude pour en contratter une meilleure, c’eft-à-dire plus conforme aux lurmerés naturelles & au but de l’art. Traité‘de l’ortographe en forme de ditlionnaire, édir. de 1739 » page 421. & IV. édition corrigée par M. Reftaut, 1752, page 635. ob Que fi quelqu'un trouve qu'il y a de la contra- riété dans cette conduite, je lui répons que tel eft _le procédé du genre humain. Agiflons-nous toujours conformément à nos lumieres & à nos principes à Aux quinze fons que nous venons de remarquer; on doit en ajoûter encore quatre autres qui. de- vroient avoir un caraétere particulier. Les Grecs n’auroient pas manqué de leur en donner un, com- me ils firent à Pe long, à l’o long, &c aux lettres af- pirées. Les quatre fons dont je veux parler ici, font le ch qu'on nomme che, le g7 qu’on nomme pre, le LL ou lle qui eft un fon mouillé fort, & le y qu'on nomme yé qui eft un fon mouillé foible. Figure. Nom. Exemples. | Chapeau , chérir, chicane, CRI chien che. { chofe, chûte, chou; chemin ; cheval, 56 CON Figure. Y Nom. Exemples, gh, gne. | 1 Il ne s’agit pas de ces deux Pays de Coca-gne, | lettres, quandelles gardent leur{ A//ema-gñe. fon propre, comme dans gro- À Ma-granime, mon, magnus , 1l s’agit du fon À Chempa-gne, mouillé qu'on leur donne dans 7 Re-gre. ; LE ) Li-one. Infigne. Ma-gnifique, Avignon, Oi-gnon, _ Les Efpagnoîs marquent ce on par un 7 furmonté d’une petite ligne, qu'ils appellent F 37,452, montagne. tilde, c'eft-à-diresirre, 4. 4 x fpaña , Efpagne. Il, [Ile mouillé fort. - Nous devrions avoir auf un caraétere particulier deftiné uniquement à marquer le fon de ? mouillé. Comme ce caraëtere nous manque , notre ortogra- -phe n’eft pas uniforme dans la maniere de défignet ce fon; tantôt nous l’indiquons par un feul Z, tantôt par deux //, quelquefois par /4. On doir feulement obferver que / mouillé eft prefque toüjours précédé d’un 2 ; mais cet À n’eft pas pour cela la marque ca- radériftique du / mouillé, comme on le voit dans civil, Nil, exil, fl, file, vil, vile, où le Z n’eft point mouillé, non plus que dans Achille, pupille, tran- quille, qu’on feroit mieux de n’écrire qu'avec un {eul Z. Ii faut obferver qu’en plufeurs mots, l’: fe fait entendre dans la fyllabe avant le fon mouillé, com- me dans péril, on entend l”:, enfuite le fon mouillé pé-ri-l Il y a au contraire plufieurs mots où left muet, c’eft-à-dire qu'il n’y eft pas entendu féparément du fon mouillé ; il eft confondu avec ce fon , ou plètôt, ou il n’y'eft point quoiqu'on l’écrive, ou il y eft bien foible. , EXEMPLES où l’i ef? entendu. Peri-L. Babi-lle. Avri-L. V’eti-lle. Ba-bil. Freéri-Ule. Du mi-Ll. Chevi-lle, Un genti-l-homme: Fami-lle. Brefr-l, Cedi-lle. Fi-lle, S'evi-Lle, EXEMPLES où li eff muet 6 confondu avec le fon mouillé, De l’a-il, de l'ail. Qu'ils’en ai-lle. Bou-ill-on , bouillir. Boute-ille. Ni fou ni ma-ille, Sans pare-1lle. IL ra-ille. Le duc de Sulli. Berca-il. Le [eu-il de la porte. Ema-il. Le fomme-il, il fomme-ille, Evanta-il, Sou-iller. Qu'il fou-illel Qu'il fa-ille. Le village de Jullii Merve-ille. Mou-ille , mou-ill-er. Trava-il, trava-iller. Qu'il veu-ille, La ve-ille, Rien qui va-illel Le fon mouillé du Z eft aufli marqué dans quel- ques noms propres par /4. Milhaud ville de Rouer- gue, M. Suhon , M. de Pardalhac. On a obfervé que nous n’avons point de mots qui commencent par Le fon mouillé. : Du yé ou mouillé forble, Le peuple de Paris change le mouillé fort en mouillé foible; il prononce f-ye au lieu de f/le , Verfa-yes pour Werfailles. Cette pro- nonciation a donné lieu à quelques grammairiens modernes d’obferver ce mouillé foible, En effet il y CON à bien de Îa différence dans la pronônciation-de 2x dans mien , tien, &cc. & de celle de m0y-en, pa-ÿen, a-Yeux, a-yant, Ba-yone, Ma-yance, Blaye ville de Güiene, fa-yance, em-plo-yonrs à l'indicatif, afin que nous eplo-yons, que VOUS 4-1-yez, que vous /0-1-yez au fubjonétif, La ville de Noyon, le duc de Mazyene, le chévalier Ba-yard, la Ca-yene, ca-yer, fo-yer, bo-yaux. + Ay. Ces grammairiens difent que ce fon mouillé .eft une confonne. C’eft ce que j’ai éntendu foûtenir il y a long-tems par un habile grammairien, M. Faiguer qui nous à donné le mot CITATION. M. du Mas qui ” a inventé le btireau typographique, dit que« dans les » mots pa-yer , emplo-yer , &tc. yé et une efpece dx » mOuuIIÉ confonne ou demi-confonne». Bibliotheque des enfans, ATl.vol. page209, Paris 1733. © M. de Launay dit que « cette lettre y eft amphibiez: - » qu'elle eft voyelle quand élle à la prononciation » de z, mais qu’elle eft coz/onne quand on l’employe » avec les voyelles, comme dans les fyllabesya, yés » &cc. & qu'alors il la met au rang des corfonnes » Méthode de M. de Launay, p. 39 & 40. Paris 1741. Pour moi, je ne difpute point fur le nom. L’effen- tiel eft de bien diftinguer &c de bien prononcer cette lettre. Je regarde ce fon yé dans les exemples .ci- deffus , comme un fon mixte, qui me paroît tenir de’ la voyelle & de la corfonne, &c faire une claffe à part. _ Ainf, en ajoûtant le che & les deux fons mouillés bn & [l, aux quinze prenueres confonnes, cela fait dix-huit confonnes, fans compter le 2 afpiré, ni le mouillé foible ou fon mixte ÿe. Jè vais finir par une divifion remarquable entre les confonnes. Depuis M. labbé de Dangean, nos Grammairiens les divifent en foibles & en fortes, c’eft-a-dire que le même organe pouflé par un mou vement doux produit une confonne foible, & que s’if a un mouvement plus fort & plus appuyé , il fait en- tendre une crfonne forte. Ainf B eff la foible de P & P eft la forte de B, Je vais les oppofer ici les unes aux autres. . £ CONSONNES FOIBLES. B CONSONNES FORTES. P Bacha. Pacha , terme d'honneur qu'on donne aux grands officiers chez les Turcs. Baigner. Peigner. Bain. Pain. Bal. Pal, terme de blafon. Balle. Päle. Ban. Pan, dieu du paganifme, Baquet. Pacquer. Bar, duché en Lorraine. Par. Bâté. Pâré, Bâtard. Patard , petite monnoie, Beau. Peau. Bécher, Pécher. Bercer. Percer. Billard. Pillard. Blanche. Planche, Bois. Pois. | D DACTYLE, cerme dePoëfre. T TACTILE, qui peut être touché ou qui concerne le fens du toucher, les qualités tactiles. Danfer; Tanfer , réprimander. Dard. Tard. Dater. Târer. Déifte. Théifie. Dette. Tete, ilrese. Téte, caput: Doge. © Toge. | Doit. Tout, Donner, il donne, Tonner, il tonne. G, gue CON G, gue. C dur. KozQ, que. Gabaret, ville de Gafco- Cabarer. gne. Gache. Cache. Gage. Cage. Gale. Cale , cerme de Marine. Gand. Can, qu’on écrit commu- nément Caez. Quand , quando. Glace. Claffe. Grace. Craffe. Grand. Cran. Greve. Creve. Gris, Cri, crisi Groffe. Croffe. Grotte. Crotte, J; Es Ch 9 che! Japon. Chapor. Jarretiere. Charretiere. Jatte. Chatte, : V, ve F, fe. Vain. Fain. Valoir. Falloir, il falloir, Vaner. Faner. Vendre, vendu. Fendre, fendu. Z > qui don- . ment à leurs évêques la qualité êc Ja féance de prin- ces de l'Empire; & ils {ont fouverains dans leurs villes épifcopales, &t fous La proteétion de la maifon d'Autriche, de laquelle néanmoins ils ne relevent pas. ! ré - * Lubeck, fon évêque quoique luthérien a toüjouts confervé la voix & iéance à La diete comme prince eccléfiaftique. La maifon d’Holftein s’eft comme at- tribuce cette prélature, & l’éleétion du chapitre n’eft à proprement parler qu’une fimple cérémonie. La ville fut déclarée libre & impériale en 1181, ce qui fut renouvellé & confirmé en 1227. Ainf l’évêque n’a aucun droit temporel fur la ville , quoiqu'il ait tobjours confervé fa jurifdiétion fpirituelle : dans les féances de la diete il fiége fur un banc particulier , féparé des autres évêques. Avant les révolutions de religion, arrivées en Al- lemagne dans les premieres années du xv]. fiecle, il y avoit encore beaucoup d’autres princes eccléfiaf: tiques qui avoient voix & féance dans les dietes de PÉmpire; mais ils font aujourd’hui fécularifés &r con- vertis en principautés purement temporelles, poifé- dées par divers électeurs & autres princes de l'Em- pire: telles font Magdebourg autrefois archevêche & primat de Germanie, Bremen aufi archevêché ; les évêchés font Halberftadt, Verden ou Ferden , Merf- bourg, Nawmbourg, Meiflen, Havelbers, Brande- bourg , Lebus, Raizebourg, Swrem, & Camin. Befançon & Cambrai, quoique qualifiés toùjours de princes de l’Empire, n’ont plus ni voix mi féance aux états, non plus que les archevêchés 8 évêchés de Bohème, Siléfie, Moravie, Hongrie, & Autri- che, qui même dans les anciens tems ne l’avoient TE | Che. - Late I faut compter parmi les princes eccléfiaftiques _ le grand-maîtré de l’ordre teutonique , qui a voix & féance avant tous les évêques. Il étoit autrefois éta- bli dans la Prufle ducale, qui eft aujourd’hui royau- me. Albert, dela maifon de Brandebourg, s'empara de cette principauté dans les premieres années du fei- zieme fiecle, & s’y établit l’an 1525 entitre de duc, après y ayoir introduit les nouvelles opinions de Lu- ther, & en avoir reçu l’inveftiture de la Pologne. Cette grande maîtrife a fouffert dans l'Empire beau- coup de révolutions , auffi-bien que l’état du grand- prieur de Malthe, qui fiége aufh, comme prince, dans les dietes impériales. Les abbés viennent enfuite , dont Le premier eft celui de Fulde, qui eft le primat & le chef des ab- bés: prince, & comme archi-chancelier de limpé- ratrice, il acrû autrefois pouvoir difputer la préféan- ce aux életteurs féculiers , mais ç’atoûjours été inuti- lement. D’aïlleurs quoique fon pays , Ou pour mieux dire fes états , ayent été ruinés pendant les longues guerres de l’Empire, il eft encore demeuré très-riche avec de grandes prérogatives : on peut dire même qu'il eft le plus riche de tous les abbés de l'Europe, & peut entretenir beaucoup de troupes. Son abbaye doit fa fondation à S, Boniface évêque de Mayence, CON 69 qui l’établit l’an 744. La ville eft affez belle, &z toute {a principauté aflez bien cultivée. Îl s’en faut beaucoup qu'il foit égalé par les autres abbés de l’Empire , tant pour les richeffes que pour la dignité & les prérogatives. Tels font ceux de Kempten dans la Suabe, d’Elwangen dans le mé- me cercle, fécularifé en 1460 ; de Murbach en Al- face , du grand-prieur de Malte, de Bergftolfsade enclavée dans le diocèfe de Saltzhours , de Weiflem- bourg , de Prum unie à l’archevèché de Treves, de Stavelo unie à Malmedy dans l’évêché de Liege : Corwey ou la nouvelle Corbie dans le cercle de Weftphalie , fut fondée l’an 822 & 823 par S. Ade- lard abbé de Corbie en France. Les autres prélats qui font immédiats n’ont qu’une voix unis enfemble , auffi-bien que les abbefles, qui font répréfentées par leurs députés. Les princes féculiers n’ont féance qu'après les ec- cléfiaftiques : ce font principalement ceux de Bayie- re & Palatins des différentes branches , de Saxe, de Brandebourg, de Brunfwick , fans parler de beau- coup d’autres princes qui alternent pour le fuffrage ; de ce nombre font Meckelbourg, Wirtemberg , Hef- fe, & Baden. Les comtes immédiats de l’Empire font divifés en quatre clafles ; favoir ceux de Veteravie, de Suabe, de Franconie ; & de Weftphalie, & chacune de ces clafles a une feule voix. Cependant tous ces comtes réunis vont environ à cent-dix, Les villes impériales forment un troifieme collége dans les dietes de l’Empire , & fe divifent en deux bancs ; favoir, Le banc du Rhin, qui en a vingt, & celui de Suabe, qui en a trente-fix. Maïs il ne faut pas croire que toutes ayent le même crédit. À l’ex- ception de Cologne , de Lubeck, dé Francfort , &c de Hambourg dans le banc du Rhin, la plüpart des au- tres n’ont pour toute richefle qu'une apparence de liberté. Mais il y en a d’aufli importantes dans le banc de Suabe ; favoir , Ratisbone, Augsbourg, Nu- rembere , Ulm, & quelques autres. Le plus grand nombre qui vient enfuite , fe contente de joiür de fa liberté. Tout le corps de ces villes a été jadis fi con- fidérable dans l'Empire , que l’on y a quelquefois ap- prehendé qu’elles n’y caufaffent une révolution gé- nérale : maïs leur abaïflement procuré par les diffé- rentes guerres, a fait évanoiir cette crainte. Elles n'ont que deux voix dans les diettes ; favoir , le banc du Rhin une, & celui de Suabe la fienne particuliere. Il y a néanmoins une obfervation importante fur la voix de ces villes : lorfque les deux collèges des éle- teurs, & des princes font d'accord, le collège des villes eft obligé d’obéir &z de confentir aux décifions de ces deux colléses, fans rien confulter entr’elless Des cercles de l'Empire. Outre les dietes ou affem- blées générales, il s’en tient encore de particulieres dans les cercles: ces cercles font des efpeces de géné: ralités ou de grandes provinces, dans lefquelles les princes, les prélats, les comtes, & les villes impériales qui les compofent,s’affemblént pour régler leurs affaie res communes. Ils doivent leur établiffement à l’em- peteur Maximilien I. qui d’abord l'an 1500 en étas blit fix, qui font ceux de Franconie, de Baviere, de Suabe, du Rhin, de Weftphalie, & de bafle Saxe, En 1512 il y ajoûta ceux d'Autriche, de Bourgogne, du bas Rhin, & de haute Saxe. Charles-quint {on petit-fils confirma cette divifion à la diete de Nurem= berg en 15223; & depuis ce tems-là elle a toüjours été en ufage & fubfifte toüjours ; il n’y a que le cer: cle de Bourgogne qui eft indépendant de l'Empire, & qui ne contribue plus à fes charges, en confé= quence du traité de Munfter en 1648. Chaque cercle à fes direéteurs & un colonel, Les premiers convoquent laffemblée des états de leux cercle, pour y régler de concert les affaires publi 70 ques, Le colonel commande les gens de gierre, & 4 a foin de l'artillerie & des munitions néceffaires pour la fervir. Les états de chaque cercle doivent contri- buer aux befoins de l’Empire, dont ils font membres: c’eft le fujet de la taxe qui leur eftimpofée pour l’er- tretien des troupes & pour les néceflités publiques, à raïfon de tant de cavaliers & de fantaflins, eu d’une fomme d’argent par mois. | JOUR Le cercle d'Autriche, qué la feule dignité de la maifon d'Autriche fait ordinairement mettre Le pre- mier,comprend les pays héréditaires de cette maïfon, avec les duchés de Stirie, Carinthie, 8& Carniole: on y joint le Comté de Tirol & [la Suabe autri- chienne , quoique féparés des ces premieres provin- ces. Les princes eccléfaftiques de ce cercle font les évêques de Trente & de Brixen. Les princes fécu- diers font l’archiduc d'Autriche qui en eft le feul di- recteur ; les autres font Les comtes d’Aversberg, de Dietrichftein, & de Piccolomini:on y joint même les quatre villes foreftieres qui font en Suifle, mais qui appartiennent à la maïfon d'Autriche. Le cercle de Baviere, dont le duc de Baviere & l'archevêque de Saltzbourg font direéteurs, eft fitué entre la Boheme, la Franconie, la Suabe, Le Tirol, & l'Autriche, Outre l'archevêque de Saltzbourg, les autres princes eccléfiaftiques font les évêques de Freyfngue, de Ratisbonne, & de Pañlau, avec le prevôt de Berchtolfgade, les abbayes de Wal- dfachfen, de Keyfershein, de S. Emmeran, de Ni- des, & d'Obermunfter. Les princes féculiers font les ducs de Baviere & de Neubourg , le prince de Sulzhbach ; les comtes d'Ortembourg &t de Sternftein, d'Eggemberg & de Lobkowitz. Ratisbonne eft la feule ville impériale de ce cercle. Le cercle de Suabe, pays fertile & abondant, comprend pour princes eccléfiaftiques les évêques de Conftance & d’Augsbourg, aufli-bien que les ab- bayes de Kempten, d'Elwangen, de Lindau, de Buchaw, & plufeurs autres moins confidérables au nombre de vingt-une, en y comprenant la comman- derie teutonique d’Altfchaufen. Les princes féculiers {ont le duc Wirtemberg, les marquis de Bade-Baden & Bade-Dourlach, avec les principautés & comtés de Hohenzollern, & de Furftenberg, aufli-bien que douze autres comtés moins importans. Les principa- les villes impériales font Augsbourg , Ulin, Heil- bron, & un aflez grand nombre bien moins confidé- rables. Les direéteurs de ce cercle font l'évêque de Conftance & le duc de Wirtemberg. Le cercle de Franconie n’a pas moins de quarante lieues d’étendue, foit en longueur foit en largeur. Dans les premiers tems 1l fut habité par les Francs ou François, & c’eft ce que fous la premiere &t {e- conde race de nos rois on appelloit la Ærazce orien- tale. Pepin & Charlemagne donnerent à l’évêque de Wiüirtzbourg tout ce qu'ils poflédoient dans la Franconie. Ce pays eut des ducs qui furent rois de Germanie après l’extinétion de la maïfon de Char- lemagne. Les princes & états de ce cercle font les évêques de Bamberg, Wirtzbourg, & Aichftet, avec le grand-maitre de l’ordre teutonique. Les états fé- culiers font les marquis de Culembach & d’Onfpach, aufli-bien que les comtes de Henneberg, de Schwart- zenbere, & fept ou huit autres moins confidérables. La ville de Nuremberg eft la plus riche & la plus im- portante de celles qui font impériales. Ce cercle a pour direéteurs l’évêque de Bamberg & le marquis de Culembach, qui eft de la maïfon de Brande- bourg. Le cercle de haute-Saxe n’a qu’un feul diretteur, qui eft l’éleéteur de ce nom, & n’a point de villes impériales. Ses princes font aujourd’hui tous fécu- liers ; favoir les életeurs de Saxe & de Brandebourg, avec les princes poffefleurs des évêchés fécularifés CON de Mersbourg & de Nawmboutg , tous deux unis au Jourd'hui au duché de Saxe, Il s’y trouve aufi quel- ques abbayes, dont plufeurs {ont reftées en titre, quoiqu’on y ait embraflé la communion luthérienne, Prefque tous les princes de la maifon de Saxe ont leurs états dans ce cercle, aufi-bien que le duché de Poméranie qui appartient au Brandebourg. On y trouve de même la principauté d’Anhalt. Le cercle de bafle-Saxe occupé autrefois par les premiers Saxons, eft un des plus étendus de l’'Em- pire. Il a peu de principaux eccléfiaftiques , 1l a les évêchés d’Hildesheim & de Lubeck ; ce dernier eft Luthérien. Avant les révolutions de religion on y trouvoit les archevêchés de Magdebourg & de Bremen , qui ont été convertis en duchés par le traité de Weftphalie en 1648. D'ailleurs il-y a des princes féculiers fort puiffans ; tels font le duché & éleétorat d'Hannovre, les duchés de Brunfwick, Lu- nebourg , Meckelbourg, Holftein, Magdebourg, & Saxe-Lawembourg. Ce dernier eft poffédé par lélec- teur d’'Hannovre. Ses villes impériales font Lubeck, Bremen, & Hambourg ; les autres font peu de cho- fe, Sa dire&tion eft alternativement fous le duc élec- teur d’'Hannovre comme duc de Bremen, & fous l’éleéteur de Brandebourg en qualité de duc de Mag- debourg , avec laîné des ducs de Brunfwick & de Lunebourg. EE dé Le cercle de Weftphalie eft affez confidérable , très-fertile, & l’un des plus puiflans de l'Empire, I a pour direéteurs les ducs de Juliers & de Cleves, qui le font alternativement aufli-bien que l’évêque de Munfter. Les princes eccléfaftiques de ce éercle font les évêques de Paderborn, de Liége, d'Ofna+ brug , & de Munfter ; avec les abbés de Stablo, de Corwey, de Saint-Cornelis, Munfter, & deux au- tres moins puiffans. Les princes féculiers font les ducs de Juliers & de Berg, qui eft à préfent l’életeux Palatin. Le duc de Cleves eft l’éleéteur de Brande- bourg, en qualité de comte de la Marck, & même prince d’Ooftfrife & prince de Minden, évêché fé- cularifé par la paix de Weftphalie : mais la princi- pauté de Ferden appartient au duc d’'Hannovre, qui Vacheta en 1712 du roi de Danemark. A l’exception des états de la maïfon de Naflau & du comté de Re- vensberg qui eft à l’éleéteur de Brandebourg, les au- tres états font bien moins confidérables. Les villes impériales font celles de Cologne, d’Aix-la-Cha- pelle, & de Dormund, Le cercle éleétoral ou du bas Rhin a ces deux noms ; l’un parce qu'il comprend quatre éleétorats , & le fecond parce qu'il eft dans la partie inférieure du Rhin. Il eft plus confidérable par les életeurs qu'il contient, que par les autres princes ou états qui Le compofent, Ces éleéteurs font ceux de Mayen: ce, de Treves, de Cologne, & Palatin. Mayence & Palatin en font les direéteurs ; & dans les autres états de ce cercle, les comtés de Nafaw-Beïlftein, du Bas-[fembourg, & d’Aremberg, font les plus di- füngués. Le cercle du haut Rhin étoit anciennement plus étendu qu'il ne left aujourd’hui. Les direéteurs de ce cercle font l’évêque de Wormes , & l’éleéteur Pa- latin comme duc de Simmeren. Les autres princes ec- cléfiaftiques font les évêques de Strasbourg, pour les états qu'ils poffedent au-delà du Rhin, celui de Spire & de Bâle ; avec les abbayes de Fulde, de Prum, & le grand-prieur de l’ordre de Malte en Allemagne. Les principaux princes féculiers font le Palatin du Rhin, le duc des Deux-Ponts, le landgrave de Heñle, le prince d'Hirfchfeld, les comtes de Hanaw, de Nafaw-Wisbaden, & quelques autres fort diftin- gués par rapport à leur naïffance, mais moins puif- fans que ces premiers. Les villes impériales font Wormes, Spire, Francfort fur le Mein, place très= confidérable de toutès manieres, foit par {es richef: fes, foit par fon commerce: mais celles de Wetzlar, de Gelnhaufen, & de Friedberg, le font beaucoup MOINS» | Enfin il y avoit le cerèle de Bourgogne, qui com- prenoit la Franche-Comté & les Pays-bas : mais au- jourd’hui tous ces états font indépendans de l’Empi- re, & n’entrent plus aux dietes, & par conféquent ne forment aucun cercle. | Des lois de l'Empire, Les lois de l'Empire d’Alle- magne fe divifent en deux clafles , favoir en lois qui regardent les états du corps germanique en général, & en lois qui regardent les affaires des particuliers: La premiere des lois générales de l’Empire eft la bulle d’or, ainfi nommée à caufe du fceau d’or dont ellle eft fcellée. C’eft un édit ou conflitution que empereur Charles IV. de la matfon de Luxem- bourg publia en 1356, du confentement de l’Em- pire, pour lutilité du corps germanique. L'aëte au thentique & original qui eft en latin, fut dépolé dans les archives de la ville de Francfort fur le Mein, Cet empereur y a renfermé les droits, charges êc prérogatives des éleéteurs : fon intention étoit , lorfqwil fit cette loi fi refpeétable, de jetter les fondemens inébranlables des éleéteurs, & de con: ferver en même tems la dignité impériale purement & librement éleétive à perpétuité, Cependant depuis quelques fiecles il femble qu’on ait voulu attenter à cette liberté. Il eft vrai que quelques Allemands aflü- rent que c’eft plus pour Pavantage de l’Empire que de l’angufte maifon d'Autriche, qui a foûtenu plus que les autres la dignité du corps germanique. Char- les IV. qui s’étoit montré fi zélé pour le maintien de cette loi, fut lui-même le premier à y contrevenir, parce qu’il s’agifoit de l'intérêt particulier de fa fa- mille : Il engagea les éleéteurs à lui faire fuccéder fon fils Wenceflas qui n’avoit que dix ans, & il leur pro- mit à chacun cent mille ducats pour leur fuffrage. Tout le monde fait que depuis Albert IT. prince de la maifon d'Autriche , on a élu jufqu'à ces derniers tems tous les empereurs de la même famille : on a même donné aux empereurs vivans une efpece de coadjuteur & fuccefleur néceffaire fous le titre de roi des Romains, contre la défenfe exprefle de la bulle d’or , quoiqu’on ne l'ait fait cependant en cette occafion & en quelques autres, que du confente- ment du corps germanique, | La deuxieme de ces lois font les capitulations 1m- périales. Elles ne font pas anciennes : elles tirent leur origine de la jufte appréhenfion où s’eft trouvé l’Empire de fe voir aflervi à un prince trop puuf- fant. Cette loi doit ou fon établiflement ou fon re- nouvellement au tems de l’empereur Charles-quint, en 1520. J'ai dit que ce pouvoit être un renouvelle- ment d’une loi plus ancienne. On fait que l’an 860 il fe fit une fameufe convention à Coblentz , par la- quelle Louis le Germanique promit de ne rien décer- ner dans les matieres importantes qui regardoient les états eccléfaftiques & féculiers, fans le confeil & le confentement des premiers membres de ce va- fte corps; &c ce fut à limitation de cette prenuere loi qu’on a formé depuis environ 250 ans les capi- tulations impériales. La grande puiffance de Charles- . quint y donna lieu. Cette loi eft un contrat écrit que les eleéteurs font avec celui qu’ils veulent mettre fur le throne impérial ; & il s’oblige par ferment à l’obfervation de tous les articles de ce contrat fous un nouvel empereur. On les change quelquefois fe- lon les tems &c les circonftances ; on en retranche ou on y ajoûte ce qui convient aux conjonctures. Le Y | chef que le corps germanique a choifi fous ces con- ditions , eft toùjours refponfable de leur obferva- ti on; & le corps germanique a toûjours le droit, on de l’obliger à les obferver , ou de le déclarer déchû de l'empire s’il vient à y manquer, Uñé troifieme loi ef celle de la paix püblique, Li dée que Les princes & feigneurs allemands ont toûz jours eue de leur libérté & de leur indépendance, étoit caufe des différends qui s'élevoient quelquefois entre eux, & qui fouvent ne fè terminotent qu’à Main armée; ce qu arrivoit fouvent ou dans les tems de trouble ou dans les intérregnes , & ñe pou- voit tourner qu'au détriment de l’Empire, Aufli dès le x. fiécle les états de l'Empire convinrent avec Pempereur d'empêcher cés voies de fait, & de ter- miner le tout dans les dietés ou dans les affemblées du corps germanique ; & l’on décida en conféquen- ce de faire adminiftrer aux divers particuliers la ju2 ftice felon le droit & l’équité. Les ôrdonnanees éma: nées en vertu de cet accord font connues fous lé: nom de paix prophane, civilé, ow publique ; & l'on a puni en effet, ou par le ban impérial, ou par des amendes pécuniaires , ceux qui avoient la témérité d’y contrevenir, Cette convention fi néceffaire fut renouvellée par Maximilien [, dans la diete de Wor: mes, l’an 1495, & confirmée depuis à Augsbourg lan 1500; & dépuis ce tems-là il eft rare que les membres de l’Empire y ayent manqué, La quatrieme loi eft connué fous Le nom de paix religieufe, C’eft une fuite des monvemens & des ré= volutions de religion arrivées dans les premieres an- nées du xvj. fiecle, Cette convention fe fit À Paflau en 1552, & depuis elle fnt confirmée à Augsbourg en 1555. L'empereur & les membres de l'Empire , catholiques & proteftans , s’obliserent alors à ne fai re aucune violence aux princes & états qui auroient embraflé les nouvelles opimions de Luther, ou qu perfifteroient dans l’ancienne & véritable religion : ils fe promirent que leur union né pourroit être troublée par la diverfité de communion. Charles- quint fut foupçonné dans ces premiers troubles de vouloit fafir cette occafon pour fes intérêts pro- pres, & pour affervif les états & réndre l’Empire hé- réditaire dans fa maifon: & peut-être y auroit-il réufli fans le roi de France Henri IL. dont les princes de PEmpire implorerent le fecours , & fans la valeur du prince Maurice éleéteur de Saxe. Les deux partis. las de la guerre, firent en1552letraité de paix , par lequel l’empereur , outre la liberté du landgrave de Heffe qu'il avoit arrêté prifonmer contre la foi pu- blique, accorda beaucoup de chofes aux Luthériens nommés proseflans , pour avoir protefté contre le re- cès de l’Empire de la diete de Spire, On vouloit par. ce recès obliger tous les membres du corps germa= nique à fe conformer à l’ancienne do@rine de lEgli- fe catholique ; & cette tranfaétion de Paflau en 1552 fut affermie & confirmée à Augsbourg lan 1555. Et c’eft ce double traité qui eft devenu fi célebre fous le nom de paix religieufe, qu'on à étendu aux pré- tendus réformés ou Calviniftes par la paix de Weft: phalie, en 1648. Et comme la France avoit concou2 ru dans cette occafon à maintenir la liberté des princes de l’Empire, ils crurent devoir céder au ros Henri II. & à fes fuccefleurs les trois évêchés de Metz, Toul & Verdun, pout être toûjours enétat dé fe voir fecouru par nos rois dans les tems de trouble ; ce qui depuis a été confirmé par la paix de Weftpha: lie &c par les autres traités. Ce traité eft la cinquieme lor de PEmpire ; & vint après cette longue guerre nommée /4 guerre dé trente années , commencée par le grand Guftave roi de Suede en 1618, & qui ne fut terminée qu’en 1648., long-tems après la mort de ce prince. Elle fut traitée en même tems à Munfter & à Ofnabruck; & c’eft ce qu’on appelle /4 paix de Weffphalie, où _Pon rétablit la liberté chancellante du corps germa= nique, lequel depuis Charles-quint & Ferdinand I, fon frere ne laïfloit pas d’avoir fouffert beaucouy d’atteinte, par les infraétions qu’on avoit faites aux 7 CON loïs'antérieures. La liberté germanique a depuis été confirmée de nouveau par les traités de Nimegue, deRifwick, de Raftadt & Baden, & enfin par le der- mier traité d’Aix-le-Chapelle en 1748,, où la France a toùjours eu fom de füpuler l’entier affermifiement des princes. &c états de l'Empire. Enfin les dernieres lois font les recès de l’Empire, c'éft-ä-dire les conftitutions & les decrets dont Les princes: &c états du corps germanique font convenus dans les dietes.générales, du confentement de l'em- pereur,, fans la ratification duquel aucunes lois, ré- folues même par les trois collèges, n’ont la force de. lois publiques. Nous n'avons ici parlé que desidermieres lois im périales : ce n’eft pas qu'il ny en ait de très-ancien- nes-recueillies par Lindenbroge, aufh-bien que dans nos capitulaires , & par Goldafte ; mais elles fervent moins pour le droit public de l'Empire, que pour lhiftoire de ce vafte corps. Celles qui {ont d’ufage ont été données par une infinité d'écrivains, qui les ontexpliquées , commentées, & comparées les unes avéc les autres; c’eft un travail & une étude fuivié de les connoître toutes. . DROIT GERMANIQUE,. : Par rapport aux lois qui regardent les particu- fiers, elles font la plüpart émanées des coûtumes des provinces, des cercles de l'Empire, où même des princes qui ont droit d’en faire pour leurs fujets, & pour terminer les différends qui s’élevent entr'eux. Les difficultés font ordinairement décidées en pre- miere inftance par les juges établis dans les villes principales de chaque cercle, état, comté, ou prin- cipauté ; & les appellations s’en relevent à la cham- bre impériale de Wetzlar, autrefois établie à Spire, ou bien elles font réglées par le confeil aulique qui réfide prés de l’empereur. Il ÿ à néanmoins des prin- ces de l’Empire dont les jugemens font fans appel à ces deux tribunaux: tels font les éleéteurs de Saxe & de Brandebourg. Mais on s’eft toüjours plaint qu'on ne voyoit jamais finir les affaires ni régler les con-. teftations , dès qu’elles étoient portées à la cham- bre impériale ou au confeil aulique, où d’ailleurs les dépenfes font exceflives. | Peines impofées aux membres de l’Empire, Mais dès qu'il s’agit des difficultés qui naïffent entre les princes & états de l’Empire, elles ne peuvent être réglées que par la diete générale de ce vafte corps; autrement c’eft une infraétion faite aux lois fonda- mentales de l’état. C’eft pourquoi l’empereur ne fauroit de {on autorité punir un membre de PEmpi- re, le condamner au ban de l'Empire, c’eft-à-dire au banniflement ou à la profcription, n1 priver un prince de fes états. Il faut que le corps de l'Empire, fur. la connoïflance & la conviétion du crime, pro- nonce fon jugement. En effet, Le ban impérial étant une peine qui pafle aux enfans , en ce qu'ils ne fuc- cedent point aux biens de leur pere, 1l eft jufte &z même néceflaire que cette profcription fe fafle avec l'approbation de tous les états. il y a deux exemples notables de ce bar: le pre- mier fut celui de Jean Fréderic éleéteur de Saxe, profcrit par l’empereur Charles-quint, & dont les états paflerent au prince Maurice de Saxe coufin de Jean Fréderic, mais d’une branche puinée. À fa mort arrivée fans laiffer d’enfans mâles, en 1553, fon éleétorat pafla à {on frere Augufte, qui mourut en 1586; & c’eft de lui que defcend la maifon de Sa- xe qui poffede aujourd’hui toutes les terres & les di- gnités de la branche ainée. | La feconde profcription fut celle de Fréderic V. életteur Palatin, qui mourut dépouillé de fes états en 1631: mais fon fils Charles Louis fut rétabli en 1648, avec le titre de huitieme életeur. Ceux de, Saxe & de Brandebourg ne laifierent pas de fe plain- dre du ban publié & exécuté contre l’éleéteur Pala- Le confriéteur des paupieres, voyez ORBIGULAIRE, CON tin: c’eft ce qui obligea les électeurs d'inférér dans? la capitulation de Léopold & dans les fuivantes.; que l'empereur ne pourra mettre perfonneau bar r) ol eue”, . de l'Empire, même en cas de notoriété , fans le con< feil & le confentement des éleéteurs. | : Lorfqu'il s’agit de mettre un prince eccléfiaftique: au ban de l'Empire, il faut que les deux puiffances y concourent ; c’eft-à-dire le faint-fiége ou le pape, & la puiflance temporelle, c’eft-à-dire empereur avec le confentement dés életeurs. | | Une autre peine , mais qui n’eft foûtenue d’aucu= - ne loi pofitive, eft la dépofition de l’empereur. C’eft néanmoins ce qui eft arrivé plus d’une fois. Adolfe de Naffau fut dépofé en 1298 par les éleéteurs, pour avoir négligé ce que fes prédécefleurs avoient relii gieufement obfervé dans l’aminiftration de l’Empire, ou même pour avoir méprifé les avis des éleéteurs ; pour avoir engagé une guerre injufte & préjudicrablé au bien commun du corps germanique, enfin pour avoir fomenté des divifions entre plufieurs états de l'Empire. Le deuxieme exemple eït celui de Wenceflas fils de l’empereur Charles IV. qui fut dépofé vingt-deux ans après fon éle&tion, pour avoir démembré l’Em- pire par la vente qu'il ft du Milanoiïis aux Vifcomti, &t même de plufeurs autres états d'Italie; enfin pour avoir maflacré de fa propre main ou fait maflacrer plufieurs eccléfiaftiques : ces excès engagerent les éleéteurs à le déclarer indigne de l’Empire, dontil fut privé , & l’on élut en fa place Robert comte Pala- tin, l’an 1400; Wenceflas ne mourut qu'en 1418, dans le royaume de Boheme où il s’étoit retiré, & dont 1l étoit roi. (4) CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES, font un re- cueil de reglemens attribués aux apôtres , qu’on fup- pofe avoir été fait par S. Clément, dont elles por tent le nom. Elles font divifées en huit livres, qui contiennent un grand nombre de préceptes touchant les devoirs des Chrétiens, & particulierement touchant les cé- rémonies & la difcipline de l’Eglife, La plüpart des favans conviennent qu’elles font fuppofées, & conftatent par des preuves aflez pal- pables ,; qu’elles font bien poñtérieures au tems des apôtres, & n’ont commencé à paroître que dans le quatrième ou cinquieme fiecle, & que par confé- quent S. Clément n’en eft paslauteur, # M. Wifthon n’a pas craint de fe déclarer contre ce fentiment univerfel , & a employé beaucoup de raifonnemens & d’érudition pour établir que les confhtutions apofloliques {ont un ouvrage facré , dic- té par les apôtres dans leurs afflemblées, écrit fous leur diétée par S. Clément ; & il les regarde & veut les faire regarder comme un fupplément au nouveaw Teftament, ou plütôt comme un plan ou un expofé de la foi chrétienne & du gouvernement de l'Eglife. Voyez fon eflai fur les conflirurions apofloliques ,: 8e. fa préface hiflorique , où 1l décrit toutes les démarches qu'il a faites pour parvenir à cette prétendue décou- verte. | Une raifon très-forte contre le fentiment de M. Wifthon , c’eft que ces confhrurions qu'il attribue aux apôtres, fentent en quelques endroits l’arianif- me, fans parler des anachromifmes & des opinions fingulieres fur plufieurs points de la religion, qu’on y rencontre prefqu’à chaque page. (G) “6 CONSTITUTION , ( Medecine.) voyez TEMPÉRA: MENT. | CONSTITUTIONNAIRE , f. m. (ThéoZ.) nom _que l’on donne à ceux qui ont accepté la bulle Tri genitus. (G) CONSTRICTEUR, f. m. (4zar.) épithete des: mufcles dont l’aétion eft de reflerrer quelque partie. Les : Les tonffritfeurs des aîles du nez, paire de muf: les communs aux aîles du nez & à la levre fupé- rieure. Voyez NEz, MYRTIFORME. (L) CONSTRICTION , ff. ( Med.) vice des folides - ou organiques, Le mot con/friclion exprime l’état d’u ne partie {olide ou organique, qui éprouve aétuel- lement une ténfon violente & contre nature , un reflerrement convulff ou fpafmodique, Foy, SPAS- ME. (b) | 26 CONSTRUCTION , f. f, serme de Grammaire ; ee mot eft pris ici dans un fens. métaphorique, êc vient du latin conffruëre, conftruire , bâtir, arranger. La conftruëtion eft donc l’arrangement des mots déns le dcours. La cox/fruétion et viciéufé quand les mots d’une phrafe ne font pas arrangés felon Vufage d’une langue. On dit qu'une conffrutliorr eft gieque où latine , lorfque les mots font rangés dans ün ordre conforme à l’ufage, au tour, au génie de H langue greque , où à celui de la langue latine. Conffruttion louche ; c’eft lorfque les mots font placés de façon qu’ils femblent d’abord fe rapporter à ce qui précede, pendant qu'ils fe rapportent réel- lement à ce qui fuit. On a donné ce nom à cette forte de confiruülion ; par une métaphore tirée de ce que dans le fens propre les lôuches femblent re- garder d’un côté pendant qu'ils regardent d’un autre. On dit conftrhttion pleine, quand on exprime tous les mots dont les rapports fucceflifs forment le fens que l’on veut énoncer. Au contraire la confruüion eft elliprique lorfque quelqu'un de ces mots ef fous- entendu. | . Je crois qu'on ne doit pas confondre con/frucfion avec fyntaxe. Conffruëlion ne préfente que l’idée de combinaifon & d’arrangement. Cicéron a dit felon trois combinaïfons différentes , accept litteras tuas , uas accept literas , &c litteras accepi tuas : il y a là trois conftruttions, puifqu'il y a trois différens arran- gemens de mots ; cependant 1l a qu'une fyntaxe ; car dans chacune de ces conffrutions il y a les mé- mes fignes des rapports que les mots ont entr’eux, æinfi ces rapports {ont les mêmes dans chacune de ces phrafes. Chaque mot de l’une indique également le même correlatif qui eft indiqué dans chacune des deux autres ; enforte qu'après qu'on a achevé de lire ou d'entendre quelqu'’une de ces trois propofi- tions , l’efprit voit également que Zrreras eft le dé- terminant d’accepi, que #uas eft l’adjeëtif de Zisreras; ainfi chacun de ces trois arrangemens excite dans l’efprit le même fens, 7’az reçu votre lettre. Or ce qui fait en chaque langue, que les mots excitent le fens que l’on veut faire naître dans l’efprit de ceux qui favent la langue, c’eft ce qu’on appelle /ÿntaxe. La fyntaxe eft donc la partie de la Grammaire qui donne la connoïffance des fignes établis dans une langue pour exciter un fens dans Pefprit. Ces fignes, quand on en fait la deftination ; font connoître les rapports fucceflifs que les mots ont entreux; c’eft pourquoi lorfque celui qui parle ou qui écrit s’é- carte de cet ordre par des tranfpoñitions que l’ufage autorife, l’efprit de celui qui écoute ou qui lit réta- blit cependant tout dans l’ordre en vertu des fignes dont nous parlons , & dont il connoît la deflination par ufage. vi! Il y a en toute langue trois fortes de con/fruttions qu'il faut bien remarquer. I°. Conffruttion néceffaire, fignificative ou énoncia- tive, C’eft celle par laquelle feule les mots font un fens : on l’appelle auf coz/truéfion fomple & conftru- chion naturelle , parce que c’eft celle qui eft la plus conforme à l’état des chofes, comme nous le ferons voir dans la fuite, & que d’ailleurs cette corffru&ion eft le moyen le plus propre & le plus facile que la nature nous ait donné pour faire connoître nos pen- fées par la parole ; ç’eft anfi que lorfque dans un SC ” CE. O N 73 traité de Géométrie.les propoñtions font rangées dans un ordre fucceflif qui nous en fait appercevoir aifément la laïfon & le rapport, fans qu'il y ait aura cune propoftion intermédiaire à fuppléer, nous di: fons que les propoñitions de ce traité font rangées dans l’ordre naturel, AT Cette conftruëtion eft encore appellée nécéffaire à parce que c’eft d’elle feule que les autres corffruitions empruntent la propriété qu’elles ant de fignifie , au point que fi la comffrution néceffaire ne pouvoit pas fe retrouver dans les autres fortes d’énonciations À celles-ci n’exciteroient aucun fens dans l’efprit, où ? 2 de = : * F . « A . n'y exCitéroient pas celui qu'on vouloit y faire naï- tre; c’eft ce que nous ferons voir bien-tôt plus fena fiblement. II°. La feconde forte de conftrucion, eft la conffrus ion figurée,. I, Enfin, la troifieme eft celle où les mots ne font ni tous arrangés fuivant l’ordre de la cor/fruttiore Jémple, ni tous difpofés felon la confiruélion figurées Cette troifiemé forte d’arrangement eft le plus en ufage ; c’eft pourquoi je l'appelle conffruëtion ufuelle. 1°, De la conftruütion Jfemple. Pour bien compren= dre ce que j’entens par con/frutfion fimple & nécelai: re , 1l faut obferver qu’il ya bien de la différence en: tre concevoir un fers tôtal ; & énoncer enfuite par la parole ce que l’on a conçu. L'homme eft tin être viväñt, capable dé féntit j de penfer, de connoître, d'imaginer, de juger, dé vouloir, dé fe reflouvemr, &c. Lés ä@es particu- hers de ces facultés fe font en nous d’une maniere qui ne nous eft pas plus connue que la caufe du miou- vement du cœur, ou de celui des piés &c des mains: Nous favons par fentiment intérieur, que chaque aëte particulier de la faculté de penfer, ou chäque pentéé finguliere éft éxcitée en nous en un inftant ; fans divifion, & par une fimple affe@ion intérieure de nous-mêmes. C’eft une vérité dont nous pouvons aifément nous convaincre par notre propre expé- rience, & fur-tout en nous rappellaht ce qui fe paf foit en nous dans les premieres années dé nôtre en- fance : avant que nous euffons fait une aflez gran- de provifion de mots pour énoncer nos penfées, les mots nous manquoient, & nous ñe laïffions pas dé penfer , de fentir , d’imaginer, de concevoir, & de juger. C’eft ainfi que rious voulons par un aéte fimple de notre volonté, aëte dont notre fens interne eft affeté aufli promptement que nos yeux le font pat les différentes imprefions fingulieres de la lumiere: Ainfi je crois que fi après la création l’homme füt demeuré feul dans le monde ; il ne fe feroit jamais avifé d’obferver daïs fa penfée un fijet, un attri but, un fubftantif, un adje@if, une conjon&ion; un advérbe , une particule négative ; &c. C’eft amfsqüe fouvent nous ne faifons connoître nos fentimens intérieurs que par des geftes, des mi: nes, des regards, des foupirs, des larmes , &c pat tous les autres fignes, qui font le langage des paf- fions plûtôt que celui de l'intelligence. La pentée ; tant qu'elle n’eft que dañs notre efprit, fans aucun égard à l’érionciation, n’a befoin ni de bouche, ni de langue, n1 du fon des fyllabés ; elle n’eft ni hé- braique , ni greque, ni latine, ri barbare, elle n’eft qu'à NOUS : 272%, 1m dornicillo cogifationis, nèc ka: brea ; Rec grèca, nec latina , nec barbara , à. Jene oris & lingue organis, [êne [trepitu [Yllabarurs, S. Agrift. confef. L, XI. c. ü]. Mais dès qu'il s’agit de faire connoître aux autres les affeétions ou penfées fingulieres ; & pour ainfi dire, individuelles de l'intelligence , nous ne pou- vons produire cet effet qu’en faifant en détail des impreffions, ou fur l’organe de l’ouie par des {ons dont les autres hommes çonnoïflent comme nous la 74 C ON deflination , ou fur l'organe de la vüe, en expofant à leurs yeux par lécriture, les fignes convenus de ‘es mêmes {ons ; Ôr pour éxciter ces impreflions ; nous fommes contraints de donner à notre penfée de l’éteñdué, pour ainf dire, & des parties, afin de la faire pañler dans l’efprit des autres ; où elle ne peut s’introduire que par leurs fens, : Ces parties que nous donnons ainfi à notre penfée par la nécefité de l’élocution , deviennent enfuite loriginal des fignes dont nous nous fervons dans l’u- fage dé la parole ; ainfi nous divifons, nous analy- fons, comme par inftinét, notre penfée ; nous en raf- femblons toutes les parties felon l’ordre de leurs rap- ports; nous lions ces parties à des fignes, ce font les mots dont nous nous fervons enfuite pour en affeêter les fens dé ceux à qui nous voulons communiquer notre penfée : ainf les mots font en même tems, & l'infttument & le figne de la divifion de la péniée. C’eft de-là que vient la différence des langues & celle des idiotifmes ; parce que les hommes ne fe fer- vent pas des mêmes fignes partout , & que le même fond de penfée peut être analyfé & exprimé en plus d’une maniere: Dès les premieres années de la vie, le penchant que la nature & la conftitution des organes donnent aux enfans pour l’imitation , les befoins, la curiofité, & la préfence des objets qui excitent lattention, les fignes qu'on fait aux enfans en leur montrant les objets, les noms qu’ils entendent en même tems qu’on leur donne, l’ordre fucceflif qu'ils obfervent que l’on fuit, en nommant d’abord les objets, & en énonçant enfuite les modificatifs & les mots dé- terminans ; l’expérience répétée à chaque inftant & d’une maniere uniforme , toutes ces circonftances & la liaifon qui fe trouve entre tant de mouvemens excités en même téms: tout cela, dis-je, apprend aux enfans, non-feulement les fons & la valeur des mots, mais encore l’analyfe qu’ils doivent faire de la penfée qu'ils ont à énoncer , & de quelle maniere ils doivent fe fervir des mots pour faire cette analy- fe, & pour former un fens dans l’efprit des citoyens parmi lefquels la providence les a fait naître, Cette méthode dont on s’eft fervi à notre égard, eft la même que l’on a employée dans tous Les tems & dans tous les pays du monde; & c’eît celle que les nations les plus policées & les peuples les plus barbares mettent en œuvre pour apprendre à par- ler à leurs enfans. C’eft un art que la nature mème enfeigne. Ainf je trouve que dans toutes les langues du monde, il n’y a qu’une même maniere néceffaire pour former un fens avec les mots : c’eft l’ordre fuc- ceflif des relations qui fe trouvent entre les mots, dont les uns font énoncés comme devant être mo- difiés ou déterminés, & les autres comme modifiant ou déterminant : les premiers excitent l'attention & la curiofité, ceux qui fuivent la fatisfont fuccefli- vement. C’eft par cette maniere que l’on a commencé dans notre enfance à nous donner l'exemple & l’ufage de Pélocution. D'abord on nous a montré l’objet, en- fuite on l’a nommé. S1 le nom vulgaire étoit com- pofé de lettres dont la prononciation fût alors trop difficile pour nous , on en fubftituoit d’autres plus aifées à articuler, Après le nom de l’objet on ajoù- foit les mots qui le modifioient, qui en marquoient les qualités ou les a@tions , & que les circonftances êc les idées accefloires pouvoient aifément nous fai- fe connoître. | A mefure que nous ayancions en âge, & que l’ex- périence nous apprenoit le fens & l’ufage des pré- poñitions , des adverbes ; des conjonétions, & fur- tout des différeñtes terminaifons des verbes defti- _ fées à marquer le nombre;les perfonnes, & les tems, fous devenions plus habiles à démêler Les rapports CON des mots &r à en appercevoir l’ordre fucceflif, qui forme le fens total des phrafes , & qu’on avoit gran- de attention de fuivre en nous parlant. Cette maniere d’énoncer les mots fucceflivement felon l’ordre de {a modification ou déterminatiom que le mot qui fuit donne à celui qui le précede, à fait regle dans notre efprit. Elle eft devenue notre modele invariablé; au point que , fans elle, ou du moins fans les fecours qui nous aident à la rétablir, les mots ne préfentent que leur fignification abfo lue, fans que leur enfemble puifle former aucus fens. Par exemple : _Arma virumque cano , Trojæ qui primus ab crisà Traliam , fato profugus ; Lavinaque venit Eisora, Virg. Æneid, Liv. I. vers prem, Otez à ces mots latins les terminaifons ou définani ces, qui font les fignes de leur valeur relative , 8 ne leur laïffez que la premiere terminaifon qui n’in: dique aucun rapport, vous ne formerez aucun fens; ce feroit comme fi l’on difoit : | Armes, homme, je chante, Troie; qui ; premier, des côtes, _ Tralie, deflin, fugitif, Laviniens, vint, rivages. Sices mots étoient ainfi énoncés en latin avec leurs terminaifons abfolues , quand même on les range roit dans l’ordre où on les voit dans Virgile, non- feulement ils perdroieñt leur grace, maïs encore ils ne formeroient aucun fens ; proprièté qu’ils n’ont que par leurs terminaifons relatives, qui, après que toute la propofition eft finie, nous les font regarder felon l’ordre de leurs rapports , & par conféquent felon l’ordre de la conftrutfion fimple ; néceflaire ; & Jignificative. Cano arma atque virumi, qui vir, profugus à fatoÿ venit primus ab oris Trojæ in Iraliam, atque ad littore Lavina; tant la fuite des mots & leurs definances ont de force pour faire entendre le fens. Tantum fèries junéluraque pollei. Hor, Art poët, v: 2403 Quañduñe fois cette opération m’a conduit à l’in< telligence du fens, je lis & je relis Le texte de l’au- teur, je me livre au plaïfir que me caufe le foin de rétablir fans trop de peine l’ordre que la vivacité &e Pempreflement de l'imagination, l’élégance & l’har- monie ayoient renverfé ; & ces fréquentes leétures me font acquérir un goût éclairé pour la belle lati= nité. | La conftruëtion fimple eft auf appellée con/trudtion naturelle, parce que c’eft celle que nous avons ap= prife fans, maître, par la feule conftitution mécha- nique de nos organes , par notre attention 6 no- tre penchant à l’imitation : elle eft le feul moyen néceffaire pour énoncer nos penfées par la parole, puifque les autres fortes de conftruëlion ne forment un fens , que lorfque par un fimple regard de l’ef- prit nous y appercevons aifément l'ordre fucceffif de la conftruétion fimple. Cet ordre eft le plus propre à faire appercevoir les parties que la néceflité de l’élocution nous fait don- ner à la penfée; il nous indique les rapports que ces parties ont entr'elles; rapports dont le concert pro- duit l’enfemble, & pour ainf dire, le corps de cha- que penfée particuliere. Telle eft la relation établie entre la penfée & les mots, c’eft-à-dire, entre la chofe & les fignes qui la font connoître : connoif- ‘fance acquife dès les premieres années de la vie, par des aëtes fifouvent répétés, qu'il en réfulte une habitude que nous regardons comme un effet natu- rel. Que celui qui parle employe ce que Part a de plus féduifant pour nous plaire, & de plus propre à nous toucher , nous applaudirons à fes talens ; mais fon premier devoir eft de refpeêter les regles de la confiruition fimple, & d'éviter les obftacles qui pourroient nous empêcher d'y réduire fans peine ce qu'al nous dit. | | Comme par-tout Les hommes penfent, & qu'ils cherchent à faire connoître la penfée par la parole, l’ordre dont nous parlons eft au fond uniforme par- tout ; & c’eft encore un autre motif pour Vappeller naturel, | ÎLeft vrai qu'il y a des différences dans les lan- gues; différence dans le vocabulaire ou la nomen- clature qui énonce les noms des objets & ceux de leurs qualificatifs ; différence dans les terminaifons qui font les fignes de l’ordre fuccefñf des correla- +ifs : différence dans l’ufage des métaphores, dans les idiotifmes , & dans les tours de la con/fruition afuelle: mais il y a uniformité en ce que par-tout la penfée qui eft à énoncer eft divifée par les mots qui -en repréfentent les parties, &c que cés parties ont des fignes de leur relation. | Enfin cette conftruition eft encore appellée zar- relle, parce qu’elle fuit la nature, je veux dire parce ‘qu’elle énonce les mots felon l’état où l’efprit con- çoït les chofes ; Le Joleil ef? lumineux. On fuit où lordre de la relation des caufes avec les effets, ou celui des effets avec leur caufe; je veux dire que la conftruttion fimple procede, ou en allant de la caufe à l'effet, ou de l'agent au patient, comme quandon dit, Dieu a créé Le monde; Julien Leroi a “fais cette montre; Augufle sainquit Antoine ; c’eft ce que les Grammairiens appellent /2 voix atlive: ou bien la conftruition énonce la penfée en remontant | de lefet à la caufe, & du patient à l’agent , felon le langage des philofophes ; ce que les Grammairiens ‘appellent Le voix paflive.: le monde a été créé par l’Etre soutpuiffanrt ; ceëte montre a été faite par Julien Lerot, horloger habile; Antoine fut vaincu par Augufle. La ‘conftruëtion frmple préfente d’abord l’objet ou fujet, enfuite elle Le qualifie felon les propriétés ou les ac- : -cidens que les fens y découvrent , ou que limagina- tion y fuppofe. | | Of dans l'un & dans l’autre de ces deux cas, l’état des chofes demande que l’on commence par nommer Je fujet. En effet, la nature & la raïfon ne nous ap- prennentelles pas, 1°. qu'il faut être avant que d'o- : pérer, -prius eff effe quam operari; 2°. qu'il faut exifter avant que de pouvoir être l’objet de Padtion d’un autre ; 3°. enfin qu'il faut avoir une exiftence réelle où imaginée , avant que de pouvoir être qualifié , ceft-à-dire avant que de pouvoir être confidéré com- me ayant telle ou telle modification propre, ou bien : tel où tel de ces accidens qui donnent lieu à ce que les Logiciens appellent des dénominations externes: il eff aimé , il ef? haï, il eff loué , il efl blâme. On obferve la même pratique par imitation, quand on parle de noms abftraits & d'êtres purement métaphyfiques : ainfi on dit que /a vertu a des char- mes, comme l’on dit que /e roz a des Joldats. La conffruthion fimple, comme nous l'avons déjà remarqué, énonce d’abord le fujet dont on juge, après quoi elle dit, ou qu’#/ ff, ou qu'i/ fai, ou | qu’! fouffre, ou qu'ila, foit dans le fens propre, foit au figuré. Pour mieux faire entendre ma penfée, quand je dis que /2 conftruülion femple fair l’état des chofes, j'ob- ferverai que dans la réalité Padje@tif n’énonce qu'u- ne qualification du fubftantif; l’adjeétif n’eft donc que le fubftantif même confidéré avec telle ou telle modification; tel eft l’état des chofes : aufñ la conf truilion fimple ne fépare-t-elle jamais Padje&if du fubftantif. Ain quand Virgile a dit, Frigidus , agricolam , f? quando continet imber. Géorg. liv. I. v. 259. Vadje@tif frigidus étant féparé par plufeurs mots de | Torre IF, CON 75 fon fubftantif £mber, cette conffruélion fera, tant qu'il vous plaira, une cozf/ruilion élégante, mais jamais une phrafe de la co//ruction fimple, parce qu’on n’y fuit pas l’ordre de Fétat des chofes , m1 du rapport immédiat qui eft entre les mots en conféquence de cet état. à Lorfque les mots effentiels à la propofition ont des modificatifs qui en étendent ou qui en reftraignent la valeur, la con/fruétion fimple place ces modificatifs à la fuite des mots qu'ils modifient : ainfi tous les mots fe trouvent rangés fucceflivement{elon le rap: port immédiat du mot qui fuit avec celui qui le pré: céde : par exemple, A/exandre varnquit Darius, vois 1à une fimple propoñition ; mais fi j’ajoûte des modi: ficatifs ou adjoints à chacun de fes termes , la conf: cruition fimple les placera fucceflivement {elon l’or- dre de leur relation. A/exandre fils de Philippe Gros de Macédoine varnquit avec peu de troupes Darius roi des Perfes qui étoir a la téce d’une armée nombreufe. Si l’on énonce des circonftances dont Le fens tom be fur toute la propofition, on peut les placer. ou au commencement ou”à la finde la propofñtion : par ex. en La troifieme année de la cxij. olÿmpiade, 330 ans avant Jefus-Chriff, onge Jours après une éclipfe de lu- ne, Alexandre vainquit Darius; on bien Alexandre vainquit Darius en la croifteme année , &c. Les liaifons des différentes parties du difcours, telles que cependant , Jur ces entrefaites , dans ces cir= conflances | mais, quoique, après que, avant que, 8cc, doivent précéder le fujet de la propofñition où elles fe trouvent, parce que ces liaifons ne font pas des parties néceflaires de la propofition ; elles ne font que-des adjoints, ou des tranfitions , où des conjon- &ions particulieres qui lient les propofitions partiel- les dont les périodes font compofées. | Par la même raifon, le relatif qui, que, quod , & nos qui, que ; dont, précedent tous les mots de la propofñtion à laquelle 1ls appartiennent ; parce qu'ils fervent à lier cette propofition à quelque mot d’une autre, & que ce qui lie doit être entre deux termes: ainfi dans cet-exemple vulgaire. Deus quem adora- mus ft omnipotens, le Dieu que nous adorons eft toutpuiflant, guem précede adoramus , & que eft avant ous adorons, quoique l’un dépende d’adora- mus , & l’autre de nous adorons , parce que gwem dé- termine Deus. Cette place du relatif entre les deux propofñitions correlatives, en fait appercevoir la liaifon plus aifément , que fi le ge ou Le gue étoient placés après les verbes qu'ils déterminent. Je dis donc que pour s'exprimer {elon la cozffruc- tion fimple, on doit 1°. énoncer tous les mots qui font les fignes des différentes parties que l’on eft obligé de donner à la penfée , par la néceflité de l’e- locution, & felon l’analogie de la langue en laquelle onaàsénoncen 15 2°, En fecond lieu la coz/ffruëtion fimple exige que les mots foient énoncés dans l’ordre fucceflif des rap- ports qu'il y a entr’eux, enforte que le mot qui ef à modifier ou à déterminer précede celui qui lemodi- fie ou le détermine. a 3°, Enfin dans les langues où les mots ont des ter- minaifons qui font les fignes de leur poñition & de leurs relations, ce feroit une faute fi lon fe conten- toit de placer un mot dans l'ordre où il doit être felon la conftruttion fimple, fans lui donner la terminaifon deftinée à indiquer cette pofñtion : ainfi on ne dira pas en latin, di/1ges Dominus Deus tuus, ce qui feroit la terminaifon de la valeur abfolue , ou celle du fu- jet de la propofition; mais on dira, diXges Dominum Deum tunm, ce qui eft la terminaïfon de la valeur relative de ces trois derniers mots. Tel eft dans ces langues le fervice & la deftination des terminaifons ; elles indiquent la place & les rapports des mots ; ce qui eft d’un grand ufage lorfqu'il y a inverfion, c’eft- K à LT Le à Me Ed LR] \BX 76 CON à-dire lorfque les Mots ne font pas énoncés dans l'of- dre de la conftruëlion Jimple ; ordre toüjours indiqué, mais rarement obférvé dans la con/frnétion ufuelle des langues dont les noms ont des cas, c’eft-à-dire des terminaifons particulieres deftimées en toute cozj- trutlion à marquet les différentes relations ou les dif- férentes fortes de valeurs relatives des mots. Il. De La conffruëtion figurée. L'ordre fucceflif des apports des mots n’eft pas toûjours exaétement fui- vi dans l’exécution de la parole : la vivacité de Pi- magination , l'empreflement à faire commoïtre ce aw’on penfe, le concours des idées accefloïres , l’har- monie , le nombre, le rythme, 6’c. font fouvent que l’on. fupprime des mots, dont on fe centénte d’énon- cer les correlatifs. On interrompt l’ordre de l’analy- fe ; on donne aux mots une place ou une forme, qui au premier afpeét ne paroït pas êtte celle qu’on auroit dû leur donner. Cependant celui qui lit ou qui écoute , ne laïfle pas d’enteñdré le fens de ce qu'on lui dit, parce que Pefprit reétifie l’irrégularité de Pé- nonciation , & place dans Pordre de l’analyfe les di- vers fens particuliers ; & mêmele fens des mots qui ne font pas exprimés. C’eft en ces occafons que l’analogie eft d’un grand ufage: ce n’eft alors que par analogie, par imitation, & en allant du connu à l'inconnu ; que nous pouvons concevoir ce qu'on nous dit. Si cette analogie nous manquoit, que pourrions-nous com- pendre dans ce que nous entendrions dire ? ce fe- toit pour nous un langage inconnu & inintelligible. La connoiffance & la pratique de cette analogie ne s’acquiert que par imitation, & par un long ufage commencé dès les premieres années de notre vie. Les façons de parler dont l’analogie eft pour ainfi dire l’interprete , font des phrafes de la con/truition figurée. | = La conftruëlion figurée eft donc celle où l’ordre & lé procédé de l’analyfe énonciative ne font pas fui- vis, quoiqu'ils doivent toùjours Être apperçûs, rec- tifiés, ou fuppléés. | Cette feconde forte de conftruüfion eft appellée conftruëtion figurée, parce qu’en effet elle prend une figure, une forme , qui n’eft pas celle de la conftruc- sion fimple. La confruition figurée eft à la vérité au- torifée par un ufage particulier ; mais elle n’eft pas conforme à la maniere de parler la plus réguliere, c’eft-à-dire à cette conffruihion pleine & fivie dont nous avons paflé d’abord. Par exemple, félon cette premiere forte de confiruütion , on dit, la foibleffe des hommes eft grande ; le verbe eff s'accorde en nombre & en perfonne avec fon fujet la foibleffe , & non avec des hommes. Tel ét ordre fignificatif ; tel eft lufage général. Cependant on dit fort bien Ze pli. part des hommes Je perfuadent, &c. où vous voyez que le verbe s’accorde avec des hommes, & non avec la plûpart: les favans difènt, les ignorans s’i- maginent, &cc. telle eft la maniere de parler généra- le; le nominatif pluriel eft annonce par l’article es. Cependant on dit fort bien, des Javans m'ont dir, &cc. des ignorans s'imaginent, &tc. du pain & de l’eau Juffifenr , &c. | Voilà auffi des nominatifs, felon nos Grammai- riens ; pourquoi ces prétendus nominatifs ne font-ils point analogues aux nominatifs ordinaires ? Il en eft de mème en latin, & en toutes les langues. Je me contenterai de ces déux exemples. 1°. La prépofition ante fe conftruit avec l’accnfa- tif; tel eft l’ufage ordinaire : cependant on trouve cette prépofition avec lablatif dans les meilleurs au- teurs , multis añte annis. 2°. Selon la pratique ordinaire, quand le nom de la perfonne ôu célui de la chofe eft le fujet de la propofition, ce non éft au nominatif, Il faut bien en effet nommer la pérfonne ou la chofe dont on juge, CON afin qu’on puifle eñtendre ce qu’on en dit, Cepen- . dent on trouve des phrafes fans nominatif; & ce qui eft plus irrégulier encore , c’eft que Le mot qui, {e- lon la regle, devroit être au keminatif, fe trouve au Contraire en un cas oblique: pæniter me peccati, Je me repens de mon péché; le verbe eft ici à la troifieme perfonne en latin, & à lapremiere en fran- ÇOIS. Qu'il me foit permis de comparer la corffruttion Jimple au droit commun , & la figurée au droit privi- lépié. Les jurifconfultes habiles ramenent les pri- viléges aux lois fupérieures du droit commun, & regardent comme des abus que les léviflateurs de- vroient réformer ; les priviléges quine fauroient être réduits à ces lois. Il en eft de même des phrafes de la conffruéfion fgurée ; elles doivent toutes être rapportées aux lois générales du difcours , entant qu'il eft figne de l’ana- lyfe des penfées &c des différentes vûes de lefprit. C’eit une opération que le peuple fait par fentiment, puifqu’il entend le fens de ces phrafes. Mais le Gram- mairien philofophe doit pénétrer lé myftere de leur | irrégularité , & faire voir que malgré le mafque éw”- elles portent de anomalie, elles font pourtant ana- logues à la con/truéfion femple. C’eft ce que nous tâcherons de faire voir dans lés exemples que nous venons de rapporter. Mais pour y procéder avec plus de clarté, il faut obferver qu'il y à fix fortes de figures.qui font d’un grand ufage dans l’efpece de corffruétion dont nous parlons, & auxquelles on peut réduire toutes les autres. 1°. L’ellipfe, c’eft-à-dire manquement, défaut, fuppreflion ; ce qui arrive lorfque quelque mot né- céflaire pour réduire la phrafe à la conffrution fimple n’eft pas exprimé;cepéndant ce mot eff la feule caufe de la modification d’un autre mot de la phrafe. P. ex, nefus Mivervam; Minervam n'eftà l’accufatif,que par- ce que ceux qui entendent le fens de cé proverbe fe rappellent aifément dans l’efprit le verbe docear, Ci- céron l’a exprimé (Cic, acad, 1. c. jy.) ; ainfi le {ens eft Jus non doceat Minervar: , qu'un cochon, qu'une bête, qu’un ignorant ne s’avife pas de vouloir don- ner des leçons à Minerve déeffe de la fcience & dés beaux arts. Triffe lupus flabulis, c’eft-à-dire /upus ef? regotium trifle flubulis. Ad Cafloris , fupplée ad ædem Ou ad cemplum Cafloris. Sanétius & les autres analo- giftes ont recueilli un grand nombre d’exemples où cette figure eft en ufage : mais comme les auteurs la- tins émployent fouvent cette figure, & que la lan- gue latine eff pour ainfi dire toute elliptique, il n’eff pas poflible de rapporter toutes les occafions où cette figure peut avoir lieu; peut-être même n’y at- il aucun mot latin qui ne foit foufentendu en quel- que phtafe. Vulcani item complures, fappléez fueruns ; Primus cælo natus , ex quo Minerva Apollinem , où l’on foufentend peperit (Cic. de nat. deor. liv. LIT, c, xxiy.) & dans Térence (eurnuc. aût, I, fc. I. ), ego ne illam? que illum ? que me?quæ non? Sur quoi Donat obfer- ve que l’ufage de lellipfe eft fréquent dans la colere, &c qu'ici le fens eft, ego re illam non ulcifcar? que illum recepit ? que exclufit me ? que non admifit? Prif cien remplit ces ellipfes de la maniere fuivante : ego ne 1llam dignor adventu meo? que illum pr@pofuit mihi? quœ me fprevit ? que non fufcepit her ? Quoi j'irois la voir, elle qui a préféré Thrafon, elle qui m'a hier fermé la porte? Il eft indifférent que l’ellipfe foit remplie par tel ou tel mot, pourvü que le fens indiqué par les ad- joints & par les circonftances foit rendu. Ces foufèntentes, dit M. Patru. ( notes fur les remar.- ques de Vaugelas, some I. page 291. édit. de 1338.) Jont fréquentes en rotre langue comme en toutes les au- tres. Cependant elles y font bien moiïns ordinaires qu’elles ne le font dans les langues qui ont des ças : parce que dans celles-ci le rapport du mot exprimé avec le mot foufentendu, eft indiqué par une termi- naifon relative; au lieu qu’en françois & dans les langues , dont les mots gardent toùjours leur termi naïfon abfolue, il n’y a que l’ordre, ou cbfervé, ou facilement apperçh & rétabli par lefprit, qui puifle faire entendre le fens des mots énoncés. Ce n'eft qu'à cette condition que l’ufage autorife les tranfpoñtions &les ellipfés. Or cette condition eft bien plus facile à remplir dans les langues qui ont des cas: ce qui eft fenfble dans l'exemple que nous avons rapporte, fus Minervam ; ces deux mots rendus en françois n In- diqueroient pas ce qu'il y a à fuppléer. Maïs quand la condition dont nous venons de parler peut aifément | être remplie, alors nous faifons ufage de lellipfe , furtout quand nous fommes animes par quelque pañion. Je Paimois inconflant ; qu’aurois-je fait fidele ? Racine, Androm. a, IV. Je. v. On voit aifément que le fens eft, que r’aurois-je pas fair ff su avois été fidèle ? avec quelle ardeur ne Pau rois-je pas aimé fitu avois été fidele? Mais Pellipfe rend Pexpreffion dé Racine bien plus vive , que fi ce poë- te avoit fait parler Hermione felon la confrruition pleine. C’eft ainfi que lorfque dans la converfation on nous demande awandreviéndrez-vous, noustépondons La fèmaine prochaine, e’eft-à-dire Je reviendrai dans la fémaine prochaine; à le mi- Août, c’eft-à-dire 4 la mot- ié du mois d' Août; à la S. Martin, à la Touffaint, au lieu de à La fête de S, Martin , à celle de tous Les SS, Dem, Que vous a-t-il dir? R. rien; c’eft-à-dire 17 ne m'a rien dit, nullam rem ; on foufentend la négation ne, Qu'il faffe ce qu'il voudra, ce qu’il lui plaira; on {oufentend faire, 8 c’eft de ce mot foufentendu que dépend le que apoñtrophé devant 2/. C’eft par l’el- lipfe que l’on doit rendre raifon d’une façon de par- ler qui n’eft plus aujourd’hui en ulage dans notre langue, mais qu'on trouve dans les livres mêmes du fiecle pañlé; c’eft & qu'ainfr ne. foit, pour dire ce que je vous dis ef? f? vrai que, &c. cette maniere de par- ler, dit Danet (verbo ainfi}, fe prend en un fens tout contraire à celui qu’elle femble avoir; car, dit- il, elle eft affirmative nonobftant la négation. J’érois dans ce jardin, & qu'ainff ne foit, voila une fleur que j'y ai cueillie; c’eft comme fi je difois, & pour preu- ve de cela voilà une fleur que j'y ai cueillie, arque ut rem ita effe intelligas. Joubert dit auf & qu'ainft ne fois , c’eft-à-dire pour preuve que cela eff , argurmen- co eff qguod, au mot ain/i. Mohere, dans Pourceau- gnac, ad. L. fe. xj. fait dire à un medecin que M. dé Pourceaugnac eft attéint & convaincu de la mala- die qu’on appelle mélancholie hypochondriaque ; & qu'ainfi ne foit , ajoûte le medecin, pour diagno- ic inconteftable de ce que je dis , vous n'avez qu'a con- fédérer ce grand férieux ; 8&tc. M. de la Fontaine, dans fon Belphégor qui eft im- primé à la fin du XIE. livre des fables , dit : C’eff Le cœur feul qui peut rendre tranquille ; Le cœur fair tout , le refte eff inurile. Qu'ainfi ne foit, voyons d'autres érats, &c. L’ellipfe explique eetté façon de parler : en voici la conftruéfion pleine, & afin que vous ne difiez point que cela ne foit pas ainfi, é’eftque, &c. Paflons aux exemplés que nous avons rapportés plus haut: des favans mont dit ; des ignorans s'imagi- nent: quand je dis /es favans difent, les ignorans s’ima- ginent ,je parle de tous les favans & de tous les igno- rans ;je prens /avans &rignorans dans unfens appella- tif, c’eft-à-dire dans une étendue qui comprend tous les individus auxquels ces mots peuvent être appli- qués : mais quand je dis des favans m'ont dir, designo- rans s'imaginent ,je ne veux parler que de quelques- - CON 7 uns d’entre les favans ou d’entre les ignorans ; c’eft une façon de parler abregée. On a dans Pefprit quelques-uns ; c’eft ce pluriel qui eft le vrai fujet de la propofition ; de ou des ne font en ces occafons que des prépoftions extra@tives ou partitives. Sur quoi je ferai en paflant une legere obiervation; c’eft qu’ on dit qu’alors favans ou ignorans {ont pris dans un fens partitif : je crois que le partage ou l’extraétion n'eft marqué que par la prépofitron & par le mot foufentendu , & que le mot exprimé eft dans toute fa valeur, & par conféquent dans toute fon éten- due, puifque c’eft de cette étendue où généralité que lon tire Les individus dont on parle ; guelques- uns de les favans. Il en eft de même de ces phrafes, dx pain 6 de l’eau fuffifent , donnez - moi du pair & de l'eau, 8cc, c’eft-à-dire quelque chofe de | une portion de ; où du, cc. Il y a dans ces façons de parler fyllepfe & el: hpfe: il y a fylleple, puifqu’on fait la con/fruilion felon le fens que l’on a dans l’efprit, comme nous lé dirons bientot: & il y a ellipfe , c’eft-à-dire fuppref. fion, manquement de quelques mots, dont la valeur ou le fens eft dans Pefprit. L’empreflement que nous avons à énoncer notre penfée, & à favoir célle de ceux qui nous parlent, eft la caufe de la fupprefñion de bien des mots qui feroient exprimés, fi l’on fui- voit exaétement le détail de l’añalyfe énonciativé des penfées. 3°. Mulris ante annis. Il y a encore ici une ellipfe: ante w'eft pas le correlatif de annis ; car on veut diré que le fait dont il s’agit s’eft pañlé dans un tems qui eft bien anrérieur au tems où l’on parle: ia fuïe getur in annis multis ante hoc tempus. Voïci un exem- ple de Cicéron, dans l’oraïfon pro EL, Corn. Balbo, qui juftifie bien cette explication : Hofpitium , muiris annis ante hoc rempus, Gaditani eum Lucio Cornelie Balbo fecerant , où vous voyez que la con/fru&ion {e- lon ordre de l’analyfe énonciative eft Gaditani fes cerunt hofpiriwm cum Lucio Cornelio Balbo in muliis annis ante hoc tempusi | 4°, Paænitet me peicati , je me repens de mon péché. Voilà fans doute une propofition én latin &c en françois. Il doit donc y avoir un fujet & un attribut exprimé ou foufentendu. J’apperçois Pat tribut, car je vois le verbe pœnirer me; Fattribut commence foûjours par le verbe , & ici pœni- ter me eft tout l’attribut. Cherchons le fujet, je né vois d'autre mot que peccari : mais cé mot étant au génitif, ne fauroit être le fujet de la propofition; puifque felon analogie de la conffruëlion ordinaire, le génitif eft un cas ablique qui ne fert qu'à détermi- ner un nom d’efpece. Quel eft ce nom que peccari détermine? Le fond de la penfée & l’imitation doi- vent nous aider à le trouver. Commençons par li= mitation: Plaute fait dire à une jeune mariée (S#ch. a&, I. fe. j. v. 50.), & me quidem hæc conditio nune non pœnitet. Cette condition, c’eft-à-dire ce maria: ge ne me fait point de peine , ne m’affeéte pas de fe- peñtir ; je ne me repens pointd’avoir époufé le mari que mon pere m'a donné : où vous voyez que con ditio eft le nominatif de pænirer. Et Ciceton, fapien- sis eff proprium, nihil quod pœnitere poffits facere (Tufc. liv. V. c. 28.), c’eft-à-dire zo7 facere hiluir quod poffis pænitere fapientemn ef? propriur fapientis;où vous Voyez que guod eft le nominatif de polir pæniteré : tien qui puiffe affeter le fage de repentir. Accius (apud Gall, n. À. L, XIII. c. ij.) dit que, neque id [ane me pænitet ; cela ne n’afe&te point de repentir. Voici encore un autre exemple : Si vous aviez eü un peu plus de déférence pour mes avis, dit Cicé- ron à fon frere; fi vous aviez facrifié quelques bons mots, quelques plaifanteries, nous n’aurions pas lieu aujourd’hui de nous repentir. SZ apud te plus autori- Las mea , quam dicendi fal facetiaque valuiffet , nihil [as 78 CON ne effec guod nos pæniteres ; il n’y auroit rien qui nous affect de répentir. Cic. ad Quint. Fratr. l, I. ep.1]. Souvent, dit Faber dans fon thréfor au mot pæ- mitet, les anciens ont donné un nominatif à ce ver- be : veteres & cum nominativo copularunt. Pourfuivons notre analogie. Ciceron a dit, coz- Jüientia peccatorum timore nocentes afficit (Parad. V.)5 & Parad. IL. suœ libines rorquent te , confcientiæ malefr- ciorum tuorum fimulant te ; VOS remords vous tour- mentent: & ailleurs on trouve, conftrentia fcelerum smprobos in morte vexat ; à l’article de la mort les mé- chans font tourmentés par leur propre confcience. Je dirai donc par analogie, par imitation, coz- Jcientia peccati pænitet me, c’eft-à-dire afficitme pœ@na ; comme Ciceron a dit, afficit more, fhmulat , vexat, torquet, mordet ; le remords, le fouvenir, la penfée de ma faute m’affeéte de peine, m’afflge , me tour- mente ; je m'en afilige, je m’en peine, je m'en re- pens. Notre verbe repentir ef formé de la prépofi- tion inféparable , re ,rerro, & de peine, Je peiner du palfé : Nicot écrit Je pèner de ; ainf Je repemiir, c’eft s'ajfliger, fe punir foi-même de ; quem pænitet, is, doler- do, a fe, quaf pœnam fuæ temeriatis extgit. Martinius NV. Pænitet. Le fens de la périodeentiere fait fouvent entendre le mot qui eft foufentendu : par exemple, Felix qui potuit rerum cognofcere caufas (Virg. Georg. L. II. ver]. 490.), l’antécédent de gui n’eft point exprimé ; ce- pendant Le fens nous fait voir que l’ordre de la coz/- srutfion eft ille qui potuit cognofcere caufas rerum ef felix. Il y a une forte d’ellipfe qu’on appelle zeugrra, mot grec qui fignifie connexion, affemblage. Cette fi- gure {era facilement entendue par les exemples. Sal- lufte a dit, xon de tyranno ; fed de cive : non de dorri- ñ0, fed de parente loquimur ; où vous voyez que ce mot loguimur lie tous ces divers fens particuliers , & qu'il eft foufentendu en chacun. Voilà l’ellipfe qu'on appelle zeugma. Ainf le zezgma fe fait lorfqu’un mot exprimé dans quelque membre d’une période, eft {oufentendu dans un autre membre de la même pé- riode. Souvent le mot eft bien le même , eu égard à la fignification ; mais il eft différent par rapport au nombre ou au genre. Aquilæ volarunt , hæc ob orten- te ,illa ab occidente : la conftruélion pleine eft hæc vola- vit aboriente, 1la volavit aboccidente ; où vous voyez que volavis qui eft foufentendu, differe de volarunt par le nombre : & de même dans Virgile (Ær. L. 1.) hic ullius arma , hic currus fuit ; où vous voyez qu'il faut foufentendre ferure dans le premier membre. Voici une différence par rapport au genre : 2#ram aut hic furdus | aut hec muta faüta ft (Ter. And. aë, III. fc. 7.) ; dans le premier fens on foufentend fac- zus fee, &t 1l y à faila dans le fecond. L’ufage de cette forte de zeugrma eft foufert en latin; mais la langue Françoite eft plus délicate & plus difiicile à cet égard. Comme elle eft plus aflujettie à l’ordre fignificatif, on n’y doit foufentendre un mot déjà exprimé, que quand ce mot peut convenir également au membre de phrafe où ileft foufentendu. Voici un exemple qui fera entendre ma penfée : Un auteur moderne a dit , cette hifloire achevera de defabufer ceux qui méritent de L’étre ; on foufentend defabufés dans ce dernier mem- bre ou incife, & c’eft defabufer qui eft exprimé dans le premier. C’eft une négligence dans laquelle de bons auteurs font tombés. II. La feconde forte de figure eft le contraire de l'ellipfe ; c’eft lorfqu’il y a dans la phrafe quelque mot fuperflu qui pourroit en être retranché fans rien faire perdre du fens ; lorfque ces mots ajoûtés don- nent au difcours-ou plus de grace ou plus denetteté, ou enfin plus de force ou d'énergie, ils font une figure approuvée. Par ex. quand en certaines occa- fons on dit, 7e l'ai vi de mes yeux ; je l'ai entendu de mes propres oreilles , cc. je me meurs ; ce men’eft-là que par énergie. C’eft peut-être cette raïfon de l’é- nergie qu a confacré le pléonafme en certaines fa- çons de parler: comme quand on dit, c’eff une affaire Où il y va du falus de l'état ; ce qui eft mieux que fi lon difoit, c’eff une affaire où 1l va, &c. en fup- primant y qui eft inutile à caufe de 04. Car , comme on l’a obfervé dans les remarques 8 décifions de l’a- cadémie Françoïfe, 1608, p. 39.4 y va, ilya,i en et, font des formules autorifées dont on ne peut rien Ôter. La figure dont nous parlonsseft appellée n/oraf- me, mot grec qui figniñe /urabondance. Au refte la furabondance qui n’eft pas confacrée par l’ufage, & qui n'apporte m plus de netteté, ni plus de grace, ni plus d'energie, eft un vice, où du moins une né- gligence qu'on doit éviter : ainfi on ne doit pas joindre à un fubftantif une épithete qui n’ajoûte rien au fens, & qui n’excite que la même idée ; par ex. une tempête orageufe, I] en eft de même de cette façon de parler, 4 ef? vrai de dire que ; de dire eft entie- rement inutile. Un de nos auteurs a dit que Cicéron avoit étendu les bornes & les limites de l’éloquen- ce. Défenfe de Voiture, pag. 1. Limites n’ajoûte rien à l’idée de bornes ; c’eft un pléonafme. IT. La troifième forte de figure eft celle qu’on ap- pelle fy/lepfe ou fynthefe : c’eft lorfque les mots font conftruits {elon le fens & la penfée , plütôt que fe- lon l’ufage de la conftruhion ordinaire ; par exem- ple, onftrum étant du genre neutre ,"le relatif qui fuit ce mot doit aufh être mis au genre neutre, m0/f° trum quod, Cependant Horace, Lb. I. od. 37. a dit, fatale monfrum , que generofius perire querens : maïs ce prodige, ce monftre fatal, c’eft Cléopatre ; ainfi Horace a dit 42œ au féminin, parce qu'il avoit Cléo- patre dans Pefprit. I a donc fait la conftruction {elon la penfée , & non felon Les mots. Ce font des hom- mes qui ont, &c. font eft au pluriel aufi-bien que ont, parce que l’objet de la penfée c’ef? des hommes plûtôt que c, qui eft ici pris colle@ivement. On peut aufh réfoudre ces façons de parler par l'ellipfe ; car ce font des hommes qui ont | &c. ce, c’eft-à-dire Les perfonnes qui ont , &c. font du nombre des hommes qui ; &cc. Quand on dit Za foibleffe des hom- mes ef? grande, le verbe eff étant au fingulier , s’ac- corde avec fon nominatif le foibleffe ; mais quand on dit /a plépart des hommes S’imaginent, &cc. ce mot la plépart préfente une pluralité à l’efprit ; ainfi le verbe répond à cette pluralité, qui eft fon corre- latif. C’eff encore ici une fyllepfe ou fynthefe , c’eft- à-dire une figure, felon laquelle les mots font conf- truits felon la penfée & la chofe , plütôt que felon la lettre & la forme grammaticale : c’eft par la même figure que le mot de perfonne | qui grammaticale- ment eft du genre féminin , fe trouve fouvent fuivi de 27 ou ils au mafculin ; parce qu’alors on a dans lefprit l’homme ou les hommes dont on parle qui font phyfiquement du genre mafculin. C’eft par cette figure que l’on peut rendre raifon de certaines phra- fes où l’on exprime la particule ze, quoiqu'il femble qu’elle dût être fupprimée, comme lorfqu’on dit, Je crains qu'il ne vienne, j'empécherai qu'il ne vienne, J'ai peur qu'il n'oublie , &c. En ces occafions on eft occupé du defir que la chofe n’arrive pas ; on a la vo- lonté de faire tout ce qu’on pourra, afin que rien n'apporte d’obftacle à ce qu’on fouhaite : voilà ce qui fait énoncer la négation. IV. La quatrieme forte de figure, c’eft l’hyperbate, c’eft-à-dire confufion, mêlange de mots: c’eft lort- que l’on s’écarte de l’ordre fucceffif de la con/lruc- tion fimple ; Saxa vocant Irali, mediis, que in fluc- _tibus , aras (Virg. Æneid, L. I. y. 13.) ; Va conftruc- - tion @Ât Irali vocant aras illa faxa que funt in fluëri- bus mediis, Cette figure étoit , pour ainfi dire, na- turelle au latins comme il n’y.avoit que les termi- naïifons des mots, qui dans l'ufage ordinaire fuf- fent les fignes de la relation que les mots avoient entre eux, les Latins n’avoient cgard qu'à ces ter minaifons , .&c ils plaçoient les mots felon qu'als étoient préfentés à l'imagination, ou felon que cet arrangement leur paroifoit produre une cadence & une harmonie plus agréable ; mais parce qu'en françois les noms ne.changent point de termina fon, nous fommes chligés communément de fui- vre l’ordre de la relation.que.les mots ont entre eux. Ainfi.nous ne faurions faire ufage de cette fi- gure , Qué lorfque le rapport des correlatifs n’eft pas difficile à appercevoir ;:nous n€ POHITIONS Pas dire comme Virgile : a Frigidus , 6 puéri, fugite hinc ; latet anguis in herbd, Eccl. II: v. 93. L'adjedtif frigidus commence le vers , &c le fubftan- tif anguis en eft féparé par plufeurs mots, fans que cette féparation apporte la moindre confufion. Les terminaifons font aïfément rapprocher l’un de lau- tre à ceux qui favent la langue: mais nous ne {e- rions pas entendus en françois , fi nous mettions un fi grand intervalle entre le fubftantif & l’adje&if ; il faut que nous difions fuyez, un froid ferpent ef caché fous L’herbe. Nous ne pouvons donc faire ufage des inverfions, que lorfqw’elles font aifées à ramener à l’ordre figni- ficatif de la conffruéfion dimple ; ce n’eft que relative- ment à cet ordre, que lorfqu’il n’eft pas fuivi, on dit entoute langue qu'ily a mverfion,&c non par rapport à un prétendu ordre d'intérêt ou de paflions qui ne fauroit jamais Être un ordre certain, auquel on peut wppoñer le terme d’inverfon : inrcerta hæc [2 tu poftules rations certa facere, hihilo plus agas ; quam fi des operam dt cum ratione infanias. Ter. Eun, aël, I. fc. J,v.16, En effet on trouve dans Cicéron & dans chacun des auteurs qui ont beaucoup écrit ; on trouve, dis- je, en différens endroits , Le même fond de penfée énoncé avec les mêmes mots, mais toûjours difpo- és dans un ordre différent. Quel eff celui de ces di- vers arrangemens par rapport auquel on doit dire qu'il y ainverfon? Ce ne peut jamais être que re- lativement à l’ordre de la cotffruttion fimple. I n’y a inverfon que lorfque cet ordre n’éft pas fuivi. Toute autre idée eff fans fondement, & n’oppofe inverfon qu'au caprice ou à un goût particulier & momen- tanée. | <” Mais revenons à nos inverfions françoifes, Ma- dame Deshoulieres dit : Vs Que les fougueux aquilons Sous fa nef, ouvrent de Pondé Les gouffres Les plus profonds. Deshoul.Ode. La conf/ruttion fëmple eft , que les aquilons fougueux ou- vrent fous fa nef les gouffres les plus profonds de l'onde. M. Fléchier, dans une de fes oraifons funebres, a dit, facrifice où coula le fang de mille vitfimes ; la con/- truction eft, facrifice où Le jang de mille vi£limes coula. IL faut prendre garde que les tranfpofitions &c le renverfement d'ordre ne donnent pas lieu à des phra- {es louches, équivoques , & où Pefprit ne ptüffe pas aifément rétablir l’ordre fignificatif ; car on ne doit jamais perdre de vûe, qu’on ne parle que pour être entendu : ainfi lorfque les tranfpofñitions même fer- vent à la clarté, on doit, dans le difcours ordinaire, les préférer à la con/ffruition fimple. Madame Deshou- leres a dit: Dans Les tranfports qu’infpire Certe agréable faifons Où le cœur, a fon empire Affuyertir la raifon., L’efprit faifit plus aifément la penfée, que fi cette 1l- / C ON 79 luftre dame avoit dit: dans Les tranfports , ne verre agréable faifon ; où le cœur affujettit la raifon a fon eme pire, infpire. Cependant en ces occafions -là mêmes l’efptit apperçoit les rappotts des mots, felon l’ordre de la conffruition figmificative.. 0 V. La cinqiieme forte de figure, c’eft l’imitatiof de quelque façon de parler d’une langue étrange- re, ou même de la langue qu'on parle. Le commer:- ce & les relations qu'une nation a avec les autres peuples , font fouvent pafler dans une langue non- feulement des mots , mais encore des façons de parler, qui ne font pas conformes à la corffruflion ordinaire de cette langne. C’eft ainfi que dans les meilleurs auteurs Latins on!obferve des phrafes gre- ques , qu'on appelle des hel/enifmes: c’eit par une telle imitation qu'Horace a dit (4. ILF. ode 30. v. 12.) Daunus agrefhium regnavit populorum.LesGrecs difent tBasineuve ray Aawv. Il y en a plufieurs autres exemples ; mais dans ces façons de parler greques , il y a ou un nom fubftantif foufentendu, ou quelqu’une de ces prépofitions greques qu fe conftruifent avec le géni- tif : ici on foufentend Bacrr'auy , comme M. Dacier l’a rematqué, régnavit regnum populorum : Horace a dit ailleurs, regata rura, (L. EL. od. vj. v. 11.) Ainfi quand on dit que telle façon de parler eft une phrafe gre- que, cela veut dire que lellipfe d’un certain mot eft en ufage en grec dans ces occafions , & que cette el- lipfe n’eft pas en ufage en latin dans la conffraétion ufuelle ; qu’ainfi on ne Fy trouve que par imitation des Grecs; Les Grecs ont plufieurs prépofitions qu'ils conftruifent avec le génitif; & dans lufage ordinaire ils fuppriment les prépofñitions ;enforte qu'il ne refte que le génitif, C’eft ce. que les Latins ont fonvent imité, ( Voyez Sands , & la méthode de P, R. de Phel. lenifine , page 559.) Mais foit en latin, foit en grec ; on doit toüjours tout réduire à la coz/frutlion pleine & à l’analogie ordinaire. Cette figure eft auñli ufitée dans-la même langue, fur-tout quand on pañle du fens propre au fens figuré. On dit au fens propre, qu’un homme a de l'argent, une montre | un livre ; ê& l’on dit par imitation , qu'i/ a envie, qu'il a peur, qu'il a befoin, qu’il a faim , &tc. L’imitation a donné lieu à plufeurs façons de par: let, qui ne {ont que des formules que l’ufage a con- facrées. On fe fert fi fouvent du pronom z/ pour rap- peller dans l’efprit la perfonne déjà nommée, que ce pronom a pañlé enfuite par imitation dans plu- Geurs façons de parler, où il ne rappelle l’idée d’au- cun individu particulier. ZZ eft plûtôt une forte de nom métaphyfque idéal ou d'imitation ; c’eft ainfi que lon dit, £/ pleut, il sonne, il faut, il y a des gens qui s'imaginent, &c. Ce il, illud, eft un mot qu’on employe par analogie, à limitation de la cozféruc= tion uiuelle qui donne un nominatif à tout verbe au mode fini. Ainf,z/ pleur, c’eft le ciel ou le tems qui eft tel, qu'il fait tomber la pluie ; 2/ faur , c’eft-à-dire cela , ilud ; telle chofe eft néceflaire, favoir, 6c. … VL On rapporte à l’hellenifme une figure remats guable , qu’on appelle astraëlion : en effet cette figure eft fort ordinaire aux Grecs ; mais parce qu’on en trouve auffi des exemples dans les autres langues , j'en fais ici une figure particuliere. Pour bien comprendre cette figure , 1l faut obfer- ÿer que fouvent le méchanifme des organes de là parole apporte des changemens dans les lettres des mots qui précedent , où qui fuivent d’autres mots ; ainf au lieu de dire régulierement ad-loqui aliquem ; parler à quelqu'un, on change le 4 de la prépofition ad en Z, à caufe de l’/ qu'on va prononcer, & l’on dit 4/-loqui aliquem plütôt que ad-loqui ; &t de même ir-ruere au lieu de 2r-ruere | col-loqui au lieu de cure où con-loqui , &tc. ainfi l’/ attire une autre /, &ec. Ce que le méchanifme de la parole fait faire à l'égard des lettres , la ve de l’efprit rournée vers 80 CON CON # 5 Art * , RER t FR Ê à Sani cd, RE, + « . 3. c) 7 : un mot. principal lé fait pratiquer à l'égard de la ter: R fündamenta fideliter jecérie, quidquid fupetféräxerit cor: immaifon des mots. On prend un mot felon fa figni- fication, on n’en change point la valeur :mais à caufe du cas; ou du genre, où du nombre, ou enfin de la ‘erminaifon d’un autre mot dont l'imagination eff occupée, On donne à un mot voifin de celui-là une terminaifon différente de celle qu'il auroit eu felon Ta conftrulion ordimaire ; enforte que la terminaifon du mot dont l’efprit eft occupé , attire uné termi- naïifon femblable , mais qui n’eft pas la réguliere. Urbem quam flatuo , veftra ef} (Æneid, L. I.) ; quam ffatuo a attiré urbem au lieu de wrbs : & de même popalo ut placerent quas feciflet fabulas , au lieu de fabulæ. (Ter. And. prol.) Je fai bien qu’on peut expliquer ces exemples pat l’ellipfe ; ec urbs, quam urbem flatuo, &cc. ile fabule, quas fabulas feciffer : mais l’attraétion en eft peut- être la véritable raïfon. Dä #07 conceffere poeris effe mediocribus (Hor. ide arte poctica.) ; mediocribus eft at- tiré par poetis, Animal providum 6 fagax quem voca- mus hominem (Cic. Lg. I. 7.), où vous voyez que hominem a attiré quem ; parce qu’en effet hominem étoit dans l’efprit de Ciceron dans le tèems qu'il a (dit azimal providum. Benevolentin qui eff amicitiæ fons ( Ciceron ) ; fons a attiré qui au lieu de que. Benevolentia ef fons, qui eff fons amicitie. Il y a un grand nombre d'exemples pareïls dans Sanéius , & dans la méthode latite de P.R; on doit en ren- dre raifon par la direétion de la vûe de l’efprit qui fe porte plus particulierement vers un certain mot, ainfi que nous venons de l’obferver. C’eftile reflort des idées accefloires. De la conftruttion ufuelle, La troifieme forte de conféruéfion eit compofée des deux précédentes. Je l'appelle conffruétion ufuelle , parce que j'entens par cette conffrutfion l'arrangement des mots qui eft en ufage dans les livres, dans les lettres, & dans la converfation des honnêtes gens. Cette conffruëfion n’eft fouvent ni toute fimple, ni toute figurée. Les mots doivent être, fimples, clairs, naturels, & exciter dans l’efprit plus de fens, que la lettre ne paroiït en exprimer ; les mots doivent être énoncés dans un ordre qui n’excite pas un fentiment defa- gréable à l'oreille ; on doit y obferver autant que la convenance des différens ftyles le permet ; ce qu’on appelle le zombre, le rythme , harmonie , &e. Je ne m'arrêterai point à recueillir les différentes remar- ques que plufeurs bons auteurs ont faites au fujet de cette conffruétion. Telles font celles de MM. de l'académie Françoife ; de Vaugelas , de M. labbé d'Olivet, du P. Bouhours , de abbé de Bellegarde, de M. de Gamaches, &c. Je rematquérai feulement que les figures dont nous avons parlé, fe trouvent fouvent dans la conffrutfion ufuelle, mais elles n’y font pas néceflaires ; & même communément l’élé- gance eff jointe à la fimplicité; &c fi elle admet des tranfpoñitions , des ellip{es, ou quelque autre figu- re, elles font aifées à ramener à l’ordre de l’analyfe énonciative. Les endroits qui font les plus beaux dans les anciens, font auffi les plus fimples & les plus faciles. Il y a donc 1°.une conffruition fimple , néceffaire , naturelle, où chaque penfée eft analyfée relative- ment à l’énonciation. Les mots forment un tout qui a des parties; or la perception du rapport que ces parties ont Pune à l’autre, & qui nous en fait con- cevoit Penfemble , nous vient uniquement de la coz- féruétion fimple , qui, énonçant les mots fuivant l’or- dre fucceflif de leurs rapports, nous les préfente de la mamere la plus propre à nous faire appercevoir ces rapports & à faire naître la penfée totale. Cette premiere forte de conftruélion eft le fondement detoute énonciation.Siellene fert de bafe à l’orateur, la chûte du difcours eft certaine , dit Quint. z2{oraoré ruer, (Quint. Z2/£. or, LE, 6. jy. de gr.) Maïs ilne faut Pas croire, avec quelques grammairiens , que ce foit par cette maniere fimple que quelque langue ait ja- mas té f0rmée ; ç’a été après dés aflémblages fans Ordre de pierres & de matériaux , qW’ont été faits les édifices les plus réguliers ; font -1ls élevés, Por- dre fimple qu’on ÿ obferve cache cé qu’ilen a coûté à l’art. Comme nous faïfiffons aifémient ce qui ef fimple & bien ordonné ,: 8 que nous appércevons fans peine les rapports des parties qui font l’enfem- ble, nou$ ne faifons pas aflez d’atténtion que ce qui ñous paroît avoir été fait fans peinéeft le fruit de la réflexion, du travail, dé l’éxpérience, & de l’exer- cice. Rien de plus irrégulier qu'une langue qui fe for- me ou qu fe perd. | . Aïn, quoique dans l'état d'une langue formée > la conffruélion dont nous parlons foit la premiere à caufe de l’ordre qui fait appercevoir la liaifon, la dé- pendance , la fuite, & les fapports des mots; cepen- dant les langues n’ont pas eu d’abord cette prémiere fotte de conffruëtion, Il y a une efpece de métaphyf- que d'inftinét & de féntiment qui a préfidé à la forma: tion des langues ; furquoi les Grammaïtieñs ont fait enfuite leurs obfervations, & ont appercû un ordre grammatical, fondé fur l’analyfe de la penfée, fur les parties que la néceffité de l’élocution fait donner à la penfée ; fur les fignes de ces parties; & fur le rap port & le fervice de ces fignes. Ils ont obfervé en- core l’ordre pratique & d’ufage. 2°. La feconde forte de corffruéfion eft appeliée conffruëtion figurée ; celle-ci s’écarte de l’arrangement de la conffruttion Jimple, & de l’ordre de Panalyfe énonciative. 3°. Enfin il y a une con/fruttion ufuelle , où l’on fuit la maniere ordinaire de parler des honnêtes gens de le nation dont on parle la langue, foit que les ex: preffions dont on fe fert fe trouvent conformes à la conftruiion Jimple , ou qu'on s’énonce par la fgurées Au refte , par les honnétes-gens de la nation, j'entens les perfonnes que la condition, la fortune où le mé- rite élevent au-deflus du vulgaire , & qi ont l’efprit cultivé par la le@ture, par la réflexion , & par le com- merce avec d’autres perfonries qui ont ces mêmes avantages. Trois points qu’il ne faut pas féparer : 1° diftinéhon au-deflus du vulgaire, ou par la naiffan- ce &t la fortune, ou parle mérite perfonnel ; 2° avoir Pefprit cultivé; 3° être en commercé avec des per- fonnes qui ont ces mêmes avantages. R Toute cor/truilion fimple n°’eft pas toÿjours confor- me à la conffruëlion ufuelle : mais üne phrafe de la conftruttion ufuelle, même de la plus élégante , peut être énoncée felon l’ordre de la conftruttion fimple. Turenne eft mort ; la fortune chancelle ; la vi&oire s’ar- rête ; le courage des troupes eff abattu par la douleur ; 6 ranimé par la verigeance ; tout le camp demeuré im- rnobile : (Fléch. or. fun. de M. de Tur.) Quoi de plus fimple dans la conf/ruilion ? quoi de plus éloquent & de plus élégant dans l’exprefñion ? Il en eft de même de la con/fruütion figurée ; une conftruchion, figurée peut être ou n’être pas élégante. Les ellipfes, les tranfpofitions, & les autres figures fe trouvent dans les difcours vulgaires, comme elles fe trouvent dans les plus fublimes. Je fais ici cette remarque, parce que la plüpart des grammairiens confondent la con/fruifion élégante avec la con/ffru- éfion figurée, & s’imaginent que toute con/frucfion figurée eft élégante, & que toute con/ffruction fimple ne l’eft pas. Au refte , la conffrutlion figurée eft défe&ueufe quand elle n’eft pas autorifée par l'ufage. Mais quoi- que l’ufage & l'habitude nous faffent concevoir aïfé. ment le fens de ces conffruëfions figurées , il n’eft pas toujours fi façile d’en réduire Les mots à l’ordre E à CON a conffruétion fimple. C’eft pourtant à cet ordre qu’il faut tout ramener, fi l’on veut pénétrer la raifon des différentes modifications que les mots reçoivent dans le difcours. Car, comme nous l'avons déjà re- marqué, les conffructions figurées ne font entendues que parce que l’efprit en rettifie l’irrégularité par le fecours des idées accefloires, qui font concevoir ce qu'on lit & ce qu'on entend, comme fi le fens étoit énoncé dans l’ordre de la con/fruilion fimple. C’eft par ce motif, fans doute, que dans les éco- les où l’on enfeigne le latin, fur-tout felon la mé- thode de l'explication, les maîtres habiles commen- cent par arranger les mots felon l’ordre dont nous parlons , & c’eft ce qu’on appelle faire la conftrution 1. après quoi on accoûtume les jeunes gens à l’élégan- ce, par de fréquentes ledures du texte dont ils enten- dent alors le {ens, bien mieux & avec plus de fruit que fi l’on avoit commencé par le texte fans le ré- duire à la conftruülion fimple. … Hé, n’eft-ce pas ainfi.que quand on enfeigne quel- qu'un des Arts hbéraux, tel que la Danfe, la Mufi- que , la Peinture, l’Écriture, &c. on mene long- tems les jeunes éleves comme par la main, on les fait pafler par ce qu'il y a de plus fimple & de plus facile ; on leur montre les fondemens & les princi- pes de l’art, & on les mene enfuite fans peine à ce que l'art a de plus fublime. Ainf, quoi qu'en puiffent dire quelques perfonnes peu accoûtumées à l’exattitude du raifonnement, & à remonter en tout aux vrais principes , la méthode dont je parle eft extrèmement utile. Je vais en ex- pofer ici les fondemens, & donner les connoiflan- ces néceffaires pour la pratiquer avec fuccès. Du difcours confideré grammaticalement, € des par- zies qui le compofent. Le difcours eft un aflemblage de propofitions , d’énonciations , & de périodes, qui toutes doivent fe rapporter à un but principal. La propofition eft un affemblage de mots, qui, par le concours des différens rapports qu'ils ont en- tr'eux, énoncent un jugement ou quelque confidé- tation particuhiere de l’efprit, qui regarde un objet comme tel. Cette confidération de l’efprit peut fe faire en plufieurs manieres différentes, & ce font ces diffé- rentes mamieres qui ont donné lieu aux modes des verbes. | Les mots, dont l’aflemblage forme un fens, font donc ou le figne d’un jugement, où l’expreflion d’un fimple regard de l’efprit qui confidere un objet avec telle ou telle modification : ce qu'il faut bien dif- tinguer. Juger, c’eft penfer qu’un objet eft de telle ou telle façon ; c’eft affirmer ou nier; c’eft décider relative- ment à l’état où l’on‘fuppofe que les objets font en eux-mêmes. Nos jugemens font donc ou afirmatifs ou négatifs. La terre tourne autour du foleil ; voilà un jugement affirmatif. Le foleil ne tourne point autour de la terre ; voilà un jugement négatif. Toutes les pro- poftions exprimées par le mode indicatif énoncent autant de jugemens : je chante, je chantois, j'ai chan- €, j avois chanté, je chanterai ; ce font là autant de propoftions afhrmatives, qui deviennent négatives par la feule addition des particules 2e, 207, ne pas, &c. Ces propofitions marquent un état réel de l’objet dont on juge : je veux dire que nous fuppofons alors que l’objet eft ou qu'il a été , ou enfin qu’il fera tel que nous le difons indépendamment de notre ma- mere de penfer. Mais quand je dis Joyez fage, ce n’eft que dans mon efprit que je rapporte à vous la perception ou idée d’être Jage, fans rien énoncer, au moins direc- tement, de votre état aétuel ; je ne fais que dire ce que je fouharte que vous foyez : l’aftion de mon e- Tome IF, CON Sr ptit n'a que cela pour objet, & non d'énoncer que vous êtes fage nique vous ne l’êtes point. Il en eft de même de ces autres phrafes, f vous ériey fage, afin que vous Joyez Jage ; & mème des phrafes énoncées dans un fens abftrait par linfinitif, Pierre étre fage. Dans toutes ces phrafes il y a toujours le figne de l’aétion de l’efprit qui applique, qui rapporte , qui adapte une perception ou une qualification à un ob- Jet, mais qui l’adapte, ou avec la forme de com- mandement , ou avec celle de condition, de fou- hait, de dépendance, 6. mais il n’y a point là de décifion qui affirme ou qui nie relativement à l’état pofitif de l’objet. . Voilà une différence effentielle entre les propof- tions : les unes font direétement affirmatives ou né- gatives , & énoncent des jugemens ; les autres n’en- trent dans le difcours que pour y énoncer certaines vües de l’efprit; ainf elles peuvent être appellées fimplement érozciarions. Tous les modes du verbe, antre que l'indicatif, nous donnent de ces fortes d’énonciations , même linfinitif , fur-tout en latin ; ce que nous explique- rons bien-tôt plus en détail. Il fuflit maintenant d’ob- ferver cette premicre divifion générale de la pro- pofition. Propofition diretle énoncée par le mode indicatif. Propofrtion oblique ou femple énonciation exprimée par quelqu'un des autres modes du verbe. Il ne fera pas inutile d'obferver que les propofi- tions & les énonciations font quelquefois appellées phrafes : mais phrafe eft un mot générique qui fe dit de tout aflemblage de mots liés entreux, {oit qu’ils faffent un fens fini, ou que ce fens ne foit qu'incom- plet. : Ce mot phrafe fe dit plus particulierement d’une façon de parler, d’un tour d’exprefion , entant que les mots y font conftruits & afflemblés d’une manie- re particulere. Par exemple , oz dis eftune phrafe françoife ; hoc dicitur eft une phrafe latine : JE dice eft une phrafe italienne: 4/ y a long -tems eft une phrafe françoife ; e molio tempo eft une phrafe ita- lienne : voilà autant de manieres différentes d’ana- lyfer & de rendre la penfée. Quand on veut rendre raifon d’une phrafe, il faut toujours la réduire à la propofition , & en achever le fens, pour démêler exaétement les rapports que les mots ont entr’eux felon Pufage de la langue dont 1l s’agit. ” Des parties de la propofition & de l'énonciation. La propofñition a deux parties effentielles : 1°, le fujet : 2°. l’attribut. Il en eft de même de l’énonciation. 1°. Le fujet ; c’eft le mot qui marque la perfonne ou la chofe dont on juge, ou que l’on regarde avec telle ou telle qualité ou modification. 2°. L’arsribut ; ce font les mots qui marquent ce que l’on juge du fujet, ou ce que l’on regarde com- me mode du fujet. è L’attribut contient effentiellement le verbe, parce que le verbe eft dit du fujet , & marque l’a&tion de l’'efprit qui confidere le fujet comme étant de telle ou telle façon, comme ayant ou faifant telle owtelle chofe. Obfervez donc que l’attribut commence tou- jours par le verbe. Différentes fortes de fujers. Il y a quatre fortes de fujets : 1°. fujer fimple , tant au fingulier qu’au plu- riel : 2°. fujet mulriple : 3°. /fiyes complexe : 49, fujer énoncé par plufieurs mots qui forment un Jens total, & qui font équivalens 4 LI1 TOI. 1°. Sujet fimple, énoncé en un feul mot : Ze foleil eff levé, le foleil eft le fujet fimple au fingulier. Les _ aftres brillent, les affres font le fujet fimple au plu- riel. 2°. Sujet multiple ; c’eft lorfque pour abreger, on donne un attribut commun à plufieurs objets diffé- . LT nr : rens : le foi, l’efpérance ; & la charité font trois vertus \ 82 CON théologales ; ce qui eft plus court que fi Pon difoit 4 foi eff une vertu théologale, l'efpérance efl une vertu théo- Jogale, la charité ef une vertu théologale ; ces trois mots , /a foi, l'efpérance, la charité font le fujet mul tiple. Et de même, $. Pierre, S. Jean, $. Matthieu, &cc. étoient apôtres : S. Pierre, S. Jean, S. Matthieu, , voilà le fujet multiple ; éroiene apôtres, en eft l’attri- but commun. } 3°. Sujet complexe ; ce mot complexe vient du Ja- tin complexus, qui fignifie enbraf[é, compofe. Un fujet éft complexe, lorfqul eft accompagné de quelque adje@if ou de quelqu’autre modificatif: A/exandre yainquit Darius, Alexandre eft un fujet fimple ; mais fi je dis A/exandre fils de Philippe, où Alexandre roi de Macédoine , voilà un fujet complexe. Il faut bien diftinguer , dans le fujet complexe, le fujet perfon- nel ou individuel, & les mots qui le rendent fuet complexe. Dans l’exemple ci-deflus, Ælexandre eft le fujet perfonnel ; f£/s de Philippe ou roi de Macedoine, ce font les mots qui n'étant point féparés d’A/exan- dre, rendent ce mot fujet complexe. On peut comparer le fujet complexe à une per- fonne habillée. Lie mot qui énonce le fujet eft pour ainf dire la perfonne , & les mots qui rendent le fujet complexe, ce font comme les habits de la per- fonne. Obfervez que lorfque le fujet eft complexe, on dit que la propoñtion eft complexe ou compofce. L’attribut peut auf être complexe ; fi je dis qu’ Alexandre vainquit Darius roi de Perfe, lattri- but eft complexe; ainfi la propoñition eft compo- fée par rapport à l’attribut. Une propoñition peut aufli être complexe par rapport au fujet & par rap- port à Pattribut. 4°. La quatrieme forte de fujet, eft un fujet énon- cé par plufieurs mots qui forment un fens total, & qui font équivalens à un nom. Il n’y a point de langue qui ait un affez grand nombre de mots, pour fuffire à exprimer par un nom particulier chaque idée ou penfée qui peut nous venir dans l’efprit : alors on a recours à la péri- phrafe ; par exemple, les Latins navoient point de mot pour exprimer la durée du tems pendant le- quel un prince exerce fon autorité: ils ne pouvoïent pas dire comme nous fous Le reone d’Augufie ; ils di- foient alors, dans le tems qu’ Aupufle étoit empereur , imperante Cefare Auguflo ; car regnum ne fignifie que TOY alLTe, Ce que je veux dire de cette quatrieme forte de fujets, s’entendra mieux par des exemples. Différer de profiter de l’occafion , c’ef? fouvent la laiffer échapper fans retour. Differer de profiter de l’occafion, voilà le fujet énoncé par plufeurs mots qui forment un fens total, dont on dit que c'e? fouvent laiffer échap- per l'occafion fans retour. C’eff un grand art de cacher l’art : ce hoc, à favoir, cacher l'art, voilà le fujet, dont on dit que c’e/f un grand art. Bien vivre ef? un moyen fur de defarmer la médifance : bien vivre eft le fujet ; e/£ un moyen [ir de defarmer la médifance , c’eft l'attribut. 17 vaut mieux être jufle que d’être riche , être raifonnable que d’étre favant. Il y a là quatre propo- fitions felon l’analyfe grammaticale, deux afirma- tives 8&c deux négatives, du moins en françois. 1°. Il, i//ud, ceci, à favoir étre Jufle, vaut mieux que l'avantage d’être riche ne vaut. Etre jufle eft le fujet de la premiere propoñition, qui eft afirmative; étre riche eft Le fujet de la feconde propofition, qui eft négative en françois, parce qu'on fous-entend ne vaut ; être riche ne vaut pas tant, 2°. Il en eft de même de la fuivante, étre raifon- able vaut mieux que d’être [avant : étre raifonnable eft le fijet dont on dit vaur mieux, & cette premiere propoñition eft affrmative : dans la correlative érre Javant ne vaur pas tant , être [avant eft le fujet. Majus _ éfE certeque gratius prodeffe hominibus, quam opes ma- gnas habere, (Cicér. de nat. deor. L. II, ec, xxv.) Pro« deffe hominibus , être utile aux hommes, voilà Le {u- jet, c’eft de quoi on affirme que c’eft une chofe plus grande, plus louable, & plus fatisfaifante , que de poffeder de grands biens. Remarquez, 1°. que dans ces fortes de fujets il n’y a point de fujet perfonnel que l’on puiffe féparer des autres mots. C’eft le fens total, qui réfulte des divers rapports que les mots ont entr'eux, qui eft le fujet de la propofition ; le jugement ne tombe que fur l’enfémble, & non fur aucun mot particulier de la phrafe, 2°, Obfervez que l’on n’a recours à plufieurs mots pour énoncer un fens total, que parce qu’on ne trouve pas dans la langue un nom fubftantif deftiné à Pexprimer. Ainfi les mots qui énoncent ce fens total fuppléent à un nom qui manque : par exemple, aimer à obliger 6 à faire du bien , ef? une qualité qui marque une grande ame; aimer a obliger 6 a faire du bien , voilà le fujet de la propofition. M. l’abbé de S. Pierre a mis en ufage le mot de bienfaifance ; qui exprime le fens. d'aimer a obliger & à faire du bien : ainfi au lieu de ces mots, nous pouvons dire {a bienfaifance ef? une qualité, &cc. Si nous n’avions pas le mot de zowr- rice , nous dirions wr2e femme qui donne à teter & un er- Jant, & qui prend foin de La premiere enfance. Autres fortes de propofitions à diflinguer pour bien faire La conftruëfion. IT. Propofition abfolue où complette': propoñtion relative ou partielle. 1°, Lorfqu’une propofition eft telle, que l’efprit n’a befoin que des mots qui y font énoncés pour en entendre le fens, nous difons que c’eft là une pro- pofition abfolue ou complete. 2°, Quand le fens d’une propofition met Pefprit dans la fituation d’exiger ou de fuppofer Le fens d’une autre propofition , nous difons que ces propofitions font relatives, & que l’une eft la correlative de l’au- tre. Alors ces propoftions font liées entr’elles par des conjonétions ou par des termes relatifs. Les rap- ports mutuels que ces propofñtions ont alors entre elles , forment un fens total que les Logiciens ap- pellent propofition compofée ; &c ces propoñtions qui forment le tout, font chacune des propoñitions par- tielles. ù L’affemblage de différentes propoñtions liées en- trelles par des conjon@tions ou par d’autres termes relatifs, eft appellé période par les Rhéteurs. Il ne fera pas inutile d’en dire ici ce que le grammairien en doit favoir. De la période. La période eft un afflemblage de propofitions liées entr’elles par des conjonétions , & qui toutes enfemble font un fens fini : ce fens fint eft auffi appellé /ezs complet. Le fens eft fini lorfque l’efprit n’a pas befoin d’autres mots pour lintelli- gence complette du fens, enforte que toutes les par- ties de l’analyfe de la penfée font énoncées. Je fup- pofe qu’un leéteur entende fa langue ; qu'il foit en état de démêler ce qui eft fujet & ce qui eft attribut dans une propofition , & qu'il connoïffe les fignes qui rendent les propofitions correlatives. Les autres connoiflances font étrangeres à la Grammaire. Il y a dans une période autant de propofitions qu'il y a de verbes, fur-tout à quelque mode fini ; car tout verbe employé dans une période marque où un jugement ou un regard de l’efprit qui appli- que un qualificatif à un fujet. Or tout jugement fup- pofe un fujet, puifqu’on ne peut juger qu'on ne juge de quelqu'un où de quelque chofe. Ainfi le verbe m'indique néceflairement un fujet &c un attri- but : par conféquent il m'indique une propofition, puifque la propofition n’eft qu’un affemblage de mots qui énoncent un jugement porté fur quelque fujet. Ou bien le verbe m'indique une énonciation, puif- . que le verbe marque laëion de l’efprit qui adapte CON ou ‘applique un qualificatif à unujet, de quelque maniere quecette application fe fafle. in eriiie Paivdit fur-ront à quelque mode fini ; tar l'infi- nitif eft fouvent pris pour unnôm, Je veux dires 6 lors même qu'ileft verbe , il forme un fens pañtiel avec un nom, & ce fens'eft exprimé par uneénor: ciation qui eftou le fujet d’une propoñition logique, ou le térme de l’adtion d’un verbe, ce qui eft très- ordinaire en latin. Voiéi des exemples de l’un &e de l’autre; &:premierement d’une énonciation , qui eft le fujet d’une propoñition logique. Ovide fait dire au noyer, qu'il eft bien fâcheux pour lui de porter des fruits, zocetieffe féracem; mot à'mot, étre fertile eff nuifiblesà moi,toù vous voyez.que ces mots, ésre fertile ; ont un fens total qui eftieujet de ef »uifi- Bley nocer. Et de même, ragna ars el, non apparere artem ;motà mot, l’art ne point paroitre ef? un grand art: c'eft'un grand att de cacher l’art, de travailler de façon qu’on ne reconnoiïfle pas la peine que lou vrier a eue il faut qu'il femble que les chofes fe Loient faites ainfi naturellement. Dans un autre fens cacher l'art; c’eft ne pas donner lieu de fe défier de quelque artificé; ainf l’art ne point paroftre, voilà le fujet dont ondit que c’effun grand art. Te duci ad mortem, Catilina, jam pridem oportebat. ( Cic. primo Catil.) mot à mot, toi étre mené à la mort, eff ce qu’on auroit dé faire il y a long-tems.. Toi étre mené a La mort, voilà le fjet: & quelques lignes après Cicé- ron ajoûte, énrerfeclum te effe Catilina convenit : 104 être tué Catilina convient à la république : toi étre tué, voilà le fujet; convient à la république , c’eft l'at- tribut. Mominem ele folum , non et bonum horminemn effe folum; voilà le fujet, zon eff bonum , c'eft l’at- tribut. : 2°, Ce fens formé parunnomavec un infinitif, eft auffi fort fouvent le terme de l’aétion d’un verbe : cupio me effe clementem : Cic. prim. Catil. Jub initio, Cupio, je defire : & quoi ? 7e effe clementem ; moi être indulgent : où vous voyez que me effe clemen- tem fait un fens total qui eft le terme de l’aéhon de cupio. Cupio hoc nempe, me effe clementem. 1] y a en latin un très-grand nombre d'exemples de ce fens total, formé par un nom avec uninhnitif; fens , qui étant équivalent à un nom, peut également être où le fujet d’une propofition, ou le terme de laétion d'un verbe. ) Ces fortes d’énonciations qui déterminent un ver- be, & qui en font une application, comme quand on dit je veux être fage ; être [age , détermine 7e veux : ces fortes d’énonciations, dis-je, ou de détermina- tions ne fe font pas feulement pardes infinitifs, elles “e font auffi quelquefois par des propofñtions même, comme quand on dit, Je ne Jai qui a fait cela ; &t en latin zefcio quis fecit , nefcio urer , &t. Il y a donc des propoftions.ou énonciations qui ne fervent qu’à expliquer ou à déterminer un mot d’une propofition précédente: mais avant que de parler de ces fortes de propofitions, &c de quitter la période , il ne fera pas inutile de faire les obferva- tions fuivantes. Chaque phrafe ou aflemblage de mots qui forme unwfens partiel dans une période, 8 qui a une cer- taine étendue, eft appellée 7embre de la période, 40- Av. Si le fens eft énoncé en peu de mots, on l’appelle éncife , youua, fegmen , incifum. Si tous les fens par- ticuliers qui compofent la période font ainf énoncés en peu de mots ; c’eft Le ftyle coupé: c’eft ce que Ci- céron appelle ircifim dicere, parler par incife. C’eft ainfi, comme nous l’avons déjà vû, que M. Fléchier a dit: Turenne ef? mort ; la viéoire s'arrête ; La fortune chancelle : sont le camp demeure immobile : voilà quatre propofitions qui ne font regardées que comme des inciles, parce qu'elles font courtes ; le ftyle pério- dique employe des phrafes plus longues, | Tone I Fr, CON 83 - Ainfi uñe période peut être compote, ou feule- ment de membres, ce qui arrive lorfque chaque membre a une certaine étendue ; ou feulement d’in- cifes, lorfque chaque fens particulier eft énoncé en peu dé mots ; ou enfin une période eft compofée de membres & d'incifes. | 6 UT. Propofirion explicative, propofition dérérmina tive: La propoñtion explicative eft différente de la déterminative , en ce que celle qui ne fert qu’à ex- pliquet un mot, laiffe le mot dans toute {a valeur fans aucune réftri@ion; elle ne fert qu’à faire remar- quer quelque propriete, quelque qualité de l’objet : par exemple , l’homme, qui ef? un animal raifonnable, devrott s'attacher à regler jès palfions ; qui ef un animal ralfonmable, c’eft une propoñition explicative qui ne reftreint point l’étendue du mot d'homme. L'on pour: roit dire également , l’homme devroit s'attacher à rè- gler fes Da fo : cette propofition explicative fait feulement remarquer en l’homme une propriété, qui eft une raïfon qui devroit le porter à regler fes pañliofis. | Mais fi je dis, l’homme qui m’ef venu voir ce matin} OU l’homme que nous venons dè rencontrer, où dont vous m'avez parlé, eff fort favanr; ces trois propoñitions font déterminatives ; chacune d’elles reftreint la fi= gmification d'homme à un feul individu de l’efpece humaine ; & je ne puis pas dire fimplement /’Aomme fe fort favant , parce que l’homme feroit pris alors dans toute fon étendue, c’eft-à-dire qu’il feroit dit de tous les individus de l’efpece humaine. Les hom- mes qui font créés pour aimer Dieu , ne doivent point s'attacher aux bagatelles ; qui font créés pour aimer Dieu, voilà une propofition explicative, qui ne ref freint point l'étendue du mot d'hommes. Les hommes qui font complaifans fe font aimer ; qui font complai- Jans, c’eft une propoñition déterminative, qui ref- _treint l’étendue d'hommes à ceux qui font complai- fans ; enforte que l’attribut fe fozs aimer n°’eft pas dit de tous les hommes, mais feulement de ceux qui font complaifans. Ces énonciations ou propofitions , qui ne font qu'explicatives ou déterminatives, font communé« ment liées aux mots qu’elles expliquent ou à ceux qu’elles déterminent par qui, ou par que ou par dont, duquel, &c. Elles font hées par gx, lorfque ce mot eft le fu- jet de la propoñition explicative ou déterminative 3 celui qu craint le Seigneur, &cc. les jeunes gens qui éu- dient, &c. Elles font liées par gze ; ce qui arrive en deux ma- nieres. | 1°, Ce mot que eft fouvent le terme de Pa&tion dir verbe qui fuit: par exemple, Ze livre que je lis; que eft le terme de lation de lire. C’eft ainfi que done, duquel, defquels, a qui, auquel, auxquels, {ervent auflx à lier les propofitions , felon les rapports que ces pronoms relatifs ont avec les mots qui fuivent. 2°, Ce mot que eft encore fouvent le repréfenta= tif de la propoñition déterminative qui va fiuvre un verbe : 7e dis que; que eft d’abord le terme de lation Je dis, dico qguod; la ptopoñition qui le fuit eft Pex- plication de que; je dis que les gens de bien font efi- més. Ainf il y a des propoñitions qui fervent à expli- quer ou à déterminer quelque mot avec lequel elles entrent enfuite dans la compoñtion d’une période. IV. Propofirion principale, propofition incidente, Un mot n’a de rapport grammatical avec uñ autre mot, que dans la même propofition : il eft donc effentiel de rapporter chaque mot à la propoftion particulies re dont il fait partie; fur-tout quand le rapport des mots fe trouve interrompu par quelque propoñition incidente , ou par quelqu'incife ou fens détaché. La propofition incidente eft celle qui fe trouve entre le fujet perfonnel & l’attribut d’une autre pro= Li 84 CON poftion qu’on appelle propofition principale, parce que celle-ci contient ordinairement ce que l'on-veut principalement faire entendre. | Ce mot incidente vient du latin ércidere, tomber dans: par exemple, Alexandre, qui étoit roi de Ma- cédoine vainquit Darius; Alexandre vainquit Darius, voilà la propoñtion principale ; Alexandre en eft le fujet ; varnquir Darius ,c’eft l’attribut : mais entre 4/e- xandre & vainquit il y a une autre propoftion,, gui étoët Le roi de Macédoine ; comme elle tombe entre Le fujet & l’attribut de la propoñition principale, on l’ap- pelle propofition incidente ; qui en ef le fujet: ce que rappelle l’idée d’#exandre qui, c'eft-à-dire lequel Ale- andre ; éroit roi de Macédoine ; c’eft l'attribnt. Deus quem adoranus ef? omnipotens , le Dieu que nous ado tons eft toutpuiflant: Deus eff omnipotens,, voilà la propofition principale ; quem adoramus ,.c'eft la pro- pofñition incidente; z05 adoramus quem Deum nous adorons lequel Dieu. ” Cesipropofrions incidentes font aufli des propo- fitions éxphcatives ou des propoñtions détesmina- tives. A © V. Propofition explicite, propofition implicite ou el- liprique. Une propoñition eft explicite, lorfque Le fu- jet & l’attribut y font exprimés. mile Elle eft implicite, imparfaite, ou elliptique , lorf- que le fujet ou le verbe ne font pas exprimés, &t que l’on fe contente d’énoncer quelque mot qui par la liaifon que les idées accefloires ont entr’elles , eft deftiné à réveiller dans l’efprit de celui qui it le fens de toute la propoñition. mes Ces propoñtions elliptiques font fort en ufage dans les devifes & dans les proverbes : en ces occa- fions les mots exprimés doivent, réveiller aifément l’idée des autres mots que l’ellipfe fupprime. Il faut obferver que les mots énoncés doivent être préfentés dans la forme qu'ils le feroient f la propoñtion. étoit explicite ; ce,qui eft fenfible en la- tin : par exemple , dans le proverbe dont nous ayons parlé, ze Jus Minervam; Minervam w’eft à l’accufa- tif, que parce qu’il. y {eroit dans la propofñtion expli- cite, à laquelle ces mots doivent être rapportés; fus non doceat Minervan, qu'un.ignorant ne fe mêle point de vouloir inftruire Minerve. Et de même ces trois mots Deo optimo maximo, qu'on ne défigne{ou- vent que par les lettres initiales D. ©. M. font une propoñtion implicite dont la con/truétion pleine eft, hoc monumentum, ou thefis h@c, dicatur, voyetur, con- fecratur Deo optimo maxumo. | Sur le rideau de la comédie Italienne on lit ces mots tirés de l’art poétique d'Horace, fublato jure no- cendi ,le droit de nuire Ôôté. Les circonftances du lieu doivent faire entendre au leéteur intelligent, que celui qui a donné cette infcription a eu deffein fi faire dire aux comédiens, ridemus vitia, [ublato jure nocendi, nous rions 1c1 des défauts d'autrui, fans nous permettre de bleffer perfonne. La devife eft une repréfentation allégorique, dont on fe fert pour faire entendre une penfée par une comparaifon. La devife doit avoir un corps & une ame. Le corps de la devife, c’eft l’image ou repré- fentation ; l'ame de la devife, font les paroles qui doivent s’entendre d’abord, littéralement de l’image ou corps fymbolique; & en même tems le concours du corps & de l’ame de la devife doit porter lefprit à l'application que l’on veut faire, c’eft-à-dire à l’objet de la comparaifon. L'’ame de la devife eft ordinairement une propoñi- tion elliptique. Je me contenterai de ce feul exem- ple : on a repréfeté le foleil au milieu d’uncartouche, &t autour du foleil on a peint d’abordiles planetes; ce qu’on a négligé de faire dans la fuite : l’ame de cette devife eft rec pluribus impar; mot à mot, 4/ r'eff pas snfiftfant pour plufteurs, Le roi Louis XIV. fut l'objet # 4 #, € © de éette allégorie + le deffein de l’auteur fut de-faire entendre que comme de foleil peut fournir aflez de lümiere pour éclairer cès différentes planetes, & qu'il a aflez.de force.-pour furmonter-tous les obfta- cles, & produire dans la nature les différens effets que nous voyons tous les jours qu'il produit; ainf le Roeft doûé de qualités fi éminentes, quil feroit capable de gouverner plufieurs royaumes il a d'ail leurs tant de reflources 8 tant de forces:, qu'il peut réfifter à ce grand nombre d’ennemis ligués contre lui $c les vaincre: de forte que la-con/fruéfion pleine eft, ficut fol nomeft impar pluribus otbibus illuminan- dis , ira Ludovieus decimus quartus non efbimpar pluri bus regnis regendis nec pluribus hoflibus proflisandis. Ce qui fait bien voir que lorfqu'il s’agit de confruc- tion, 1l faut toüjours réduire toutes les phrafes & toutes les propoñtions à la cor//ruéfion: pleine: VI: Propofirion confidérée grammaticalerneñt , propos Jition confidérée logiquement: On peut:confidérer une propoñtion ou grammaticalement ou logiquement: quand on confidere une propofñtion. grammaticale- ment, on n’a égard qu'aux rapports réciproques qui font entre les mots ; au lieu que dans la:propoñition logique, on n’a égard qu’au fens total qui téfulte de l’aflemblage desmots.: enforte que lon pourroit dire que la propofition confidérée srammaticalement eft ha propoñition de Pélocution:; au lieu que la propof- tion confidérée logiquement eft celle de l’entende- ment, qui n'a égard qu'aux différentes parties, je veux direaux différens:points de vûe-de {a penfée : il en confidere une-partie comme fujet, l’autre com- me attribut, fans avoir égard aux mots; ou bien if entregardeune comme:canfe, l’autre comme effet; ainfi des autres manieres qui font l’objet de la pens fée : c’eft ce qui va-être éclairei par -dessexemples. . Celui qui me fuit, dit Jefus-Chrift, ne:marche poine dans les. ténebres : confidérons d’abord cette-phrafe ou cetaflemblage de mots grammaticalement , c’eft- à-dire felon les-rapports que les mots ont entr'eux; rapports d’où réfulte le fens.: je trouve que cette phrafe, au lieu d’une feulepropoñtion , en ‘contient tros. | : 1°. Celui eft le fujet derze-marche point dans les 1e= nebres, & voilà une propoñtion principale; ce/ué étant le fujet, eft ce que les Grammairiens appel- lent /e zorminatif du verbe. Ne: marche point dans Les ténebres,, c’eft l’atribut 3 marche eft le verbe qui eftau fingulier, 8e à la troi- fieme perfonne, parce.que le fujet eft au fingulier, êc eft un nom de la troifieme perfonne, pufqu’il ne marque n1 la perfonne qui parle, ni celle à qui lon parle; ze point eft la négation, qui nie du fujet l’ac- tion de marcher dans, les ténebres. Dans les ténebres ,eftuñe modificationde lation de celui qui marche, i/ marche dans les ténebres; dans eft une prépoftion qui.ne marque d’abord qu’une modification ou maniere incomplete ; c’eft-à-dire que dans étant une prépoñtion, n'indique d’abord qu'une efpece,une forte de modification, qui doit être enfuite fingularifée, appliquée , déterminée par ur autre mot, qu'on appellé par cette raïfon Ze complé- ment de la prépoñition : ainfiles sénebres eft le complés ment de dans ; & alors ces mots, dans les ténebres forment un.fens particulier qui modifie marche, c’eft- à-dire qui énonce une mamiere particuhiere de-mar= cher. 2°, Quime fuit, ces trois mots font une, propoñ- tion incidente qui détermine, ce/ui, & le reftreint à ne fignifier que /e diféiple de Jefus-Chrifl, c’eft-àtdire cehu qui regle fa conduite 8&z.fes mœurs{urles maxi- mes de l'Evangile : ces propoftions incidentesénons cées.par qui , font équivalentes à un adjedhf. Qu eft le fujet de cette propofñition 1ncidente; me fus eft l’attubut; fair eft.le vérhe ; me eft. le, dés C ON términat.auutérme.de Paétion, de) &: : car felon l'ordresde daypentée 8c-.des rapportsi;e, eft après fuir ;maisifelon d'élocution:ordisaire ou conffrutfion yfuelle., es-foites.de, pronoms. précedent le verbe, Notre langue.a conferyé beaucoup plus d'inverfions latines:qü'onsne penfe. 1, 1 z à» 80. Dir Jefus-Chrifls c'eftune troïfieme propoft- tion qui faitune incife ou fens détaché ; c’efkun ad: joint: én-ces occañons la con/éruétion ufuelle met le jet de la propofñition. après le verbe : Je, üs-Chrift eft-le fujet, & dis'eft attribut. = L - Confidérons maintenant cette propoltion à la ma: riere des Hogiciens : commençons d’abord: à en fé- parer l'incife dir Jefus-Chrift sil ne nous reftera plus qu'une feule propolition, celui qui me fuit: ces mots ne forment qu'un fens total ; qui eft le fujet de la propofñtion logique , fujet complexe ou compofé ; car on ne juge de cui, qu'entant qu il eft celui qui mesfuis: voilà 1e fujet logique ou de l’entendement. C’eft de cefujet que l’on penfe & que l’on dit qu'iz ne marche point dans les ténebres. Il en eft de même de cette autre propoftion: 4/e- andre, qui éroirs roi. de. Macédoine’, vanquié Darius. Examinons d’abord cette phräfe grammaticalement, Py: trouve deux:propofitions + Æ/exandres vainquic Darius, voilà une propolition principales Alexa. dre en eft le fujet; vainquit Darius , c’eft l'attribut. êe PT t: : ! . 21 . LA Qui eétoitroide Macédoine, c’eft une propofition inci- dente ;guiteneft le fujet, 8 drois roi de Macédoine, l'attribut, Mais logiquement ces mots, Alexandre quiéroit roi de Macédoine, forment un fens total ÉquE- valent à 4/exandreroi de Macédoine: ce {ens total eft le fujet complexedelapropofition; vairquis Darius, : art. c'eft attribut. A Je crois qu'un Grammaitien ne peut pas fe difpen- fer de connoître ces différentes lortes de propofi- tions, s'il veut faire la conftruülion d’une maniere raifonnable. 2 | Les divers noms que l’on donne aux différentes propofitions, & fouvent à la même, font tirés des divers points de vûe fous lefquels on les confidere: nous allons raflembler ici celles dont nous venons de parler, 8 que nous croyons qu'un Grammairien doit connoïtre. TABLE des divers noms que l’on donne aux propofitions , aux fujets, © aux attributs. "PROPOSITION DIRECTE énoncée par le mode indicatif. z. Simple tancau pluriel qu’au fingulier. 2. Multiple , lorfqu’on applique le mê= Elle marque un jugements Les propoftions À 7. figiet me attribut à différens individus, Ve LITE & les énoncia- 3. Complexe. tions font com- dé où À 4. Enoncé Ee plufieurs mots qui for dt PROPOSITION OBLIQUE exprimée # pofées d’un fu- ment un fens total, & qi fonc équi= Dion, \; par quelqu'autre mode du verbe. je & d’un actri- _) valens à un nom. Elle marque non un jugement, maisquel- À but. fai di. Ma e _que AA Éce de l’ef- L ur da Simple AR pic. On l'appelle éronciation ds ee Ceft-à-dire, énoncé par plus IEUTS MOTSe PROPOSITION ABSOLUE o4 COM» PLETTE, IT. Divifion. TIELLE. On les appelle auffi correlatives. III. $ Propofition explicative. correlatives où partielles forme la période. PROPOSITION RELATIVE o4 PAR- ; L’enfemble des propofirions Fr période À De membres feulemenc. eflcompo- $ D’incifes feulement. Jée , ou f De membres & d’incifes, Propofition explicite. | Æ Divifion. j Propofition implicite ou elliptique. Divifion. À Propofrion déterminative. i I. Propofition principale. Te Propofition confidérée grammaricalemenr. _ Divifion. ‘À Propoftion incidente. Divifion. à Propofrion confidérée logiquement. Il faut obferver que les Logiciens donnent le nom de propofition compofée à tout fens total qui réfulte du rapport que deux propofitions grammaticales ont entr’elles ; rapports qui font marqués par la valeur des différentes conjonétions qui uniffent les propofi- tions grammaticales. Ces propofitions compofées ont divers noms fe- lon la valeur de La conjonéion ou de l’adverbe con- jon@if, ou du relatif qui unit les fimples propofitions partielles, 8 en fait un tout. Par exemple, ox, auc, vel, eft une conjonéhon disjonétive ou de divifion. On raffemble d’abord deux objets pour donner en- fuite l'alternative de l’un ou celle de l’autre. Ainfi après avoir d’abord rafflemblé dans mon efprit l’idée du foleil & celle de la terre, je dis que c’eft ou le fo- leil qui tourne, ou que c’eft la terre : voilà deux pro- poftions grammaticales relatives dont les Logiciens ne font qu’une propoftion compofée , qu'ils appel- lent propofition-disjonttive. Telles font encore les propofitions conditionnel- les qui réfultent du rapport de deux propoñtions par la conjon@tion conditionnelle { ou pourvé que: fe vous étudiez bien , vous deviendrey favant ; voilà une propoftion compofée qu’on appelle conditionnelle. Ces propoftions font compofées de deux propofi- tions particuheres , dont l’une exprime une condi- tion d’où dépend un effet que Pautre énonce. Celle où eft la condition s'appelle l’anrécédent , [? vous étu- diez bien ; celle qui énonce l'effet qui fuivra la con- dition, eft appellée le corféquent, vous deyiendrez [a- Vans, La | Il ef? eflimé parce qu'il eff [avant 6 versneux. Voilà une propoñtion compofée que les Logiciens appel- lent caufale, du mot parce que qui fert à exprimer la çaufe de l’effet que la premiere propofition énonce. IL ejt eflimé, voilà l'effet ; & pourquoi à parce qu'il eff avant G vertueux , voilà la caufe de l’eftime. La fortune peut bien ôter Les richeffes , mais elle ne peut pas ôter la vertu : voilà une propofition compo- fée qu’on appelle adverfarive ou diférétive, du latin difcretivus (Donat) , qui fert à fépater, à diftinguer, parce qu’elle eft compofée de deux propofitions dont la feconde marque une diftin@ion , une féparation , une forte de contrarièté & d’oppoñition , par rapport à la premiere ; & cette féparation eft marquée par la conjonétion adverfative mais. | Il eft facile de démêler ainf les autres fortes de propofitions compofées ; il fufit pour cela de con- noître la valeur des conjonétions qui lient les propo- Gtions particulieres, & qui par cette liaifon forment. un tout qu'on appelle propofition compofée. On fait enfuite aifément [a cozffruition détaillée de chacune des propoñitions particulieres, qu’on appelle auf partielles ou correlatives. Je ne parle point ici des autres fortes de propof- tions , comme des propoñtions univerfelles . des particulieres , des fingulieres, des indéfinies, des affirmatives, des négatives, des contradiétoires, Ge. Quoique ces connoïffances foient très-utiles , jai crû ne devoir parler 1ci de la propofition, qu’autant qu'il eft néceffaire de la connoître pour avoir des principes sûrs de con/érulion, ei st sp CON DEUX RAPPORTS -GÉNEÉRAUDX) chtre les mots “dans da conftruéhion : Lirapport d'identité : W; rapport «de détermination. Touscle$rapports:particuliers de æonffruition fe réduifent à-deux fortes de rapports généraux. rar ser Lakdla ra 1. Rapport d'identité. C'eft le fondement de Pac- æorddeladjeifavec fon fubflantif, car l’adjedtifne fait-qu'énoncerou-déclarer ce que Pon‘ditiqu'eft.le fubftantif ; enforte que l’adjeétif c’eft le {ubftantif analy£é ;-c’eft-à-dire confidéré comme étant dettelle owtelle-façon, comme ayant tellesou tellecqualité : ainf ladjettifne doit pas marquer, parrapport au gentè, du nombre; -& au cas, dés wües qui foient différentes de celles fous lefquelles Pefprit confidere le.fubftantif. ne: Il en eft de même entre le verbe & le fujet de la propoñtion, parce le verbe énonce-que lefprit con- fidere le fujet comme étant, ayant ; ou faifant quel- que chofe: ainfile verbe doit indiquer le même nom- bre & la même perfonne que le fujet indique; &c 1l ya des langues , tel eft hébreu, où le verbe indi- que même le genre. Voilà ce que j’appelle rapporz ou raifon d'identité, du latin idem. IL. La feconde forte de rapport qui regle la conf truttion des mots, c’eft le rapport de détermination. Le fervice des mots dans le difcours, ne confifte qu’en deux points : : 1°, À énoncer une idée ; /xmez, lumiere; 07, {o- leils : 2°. À faire connoître le rapport qu'une idée a avec une autre idée ; ce qui fe fait par les fignes établisen chaque langue , pour étendre ou reftreindre les idées & en faire des apphcations particulieres. L’efprit conçoit une penfée tout d’un coup, par la fimple intelligence , comme nous l'avons déjà re- marqué ; mais quand il s’agit d'énoncer une penfée, nous fommes obligés de la divifer, de la préfenter en . détail par les mots, & de nous fervir des fignes éta- blis, pour en marquer les divers rapports. Si je veux parler de la lumiere du foleil, je dirai en latin, /- snen folis , &t en françois de le foleil , & par contrac- tion, du foleil , félon la conffruëtion ufuelle : ainf en latin, la terminaifon de /olis détermine /umen à ne . ignifer alors que la lumiere du foleil. Cette déter- munation fe marque en françois par la prépoñition de , dont les Latins ont fouvent fait le même ufage, comme nous l’avons fait voir en parlant de l’article, cemplum DE marmore, Un temple DE marbre. Virg. Etc. La détermination qui fe fait en latin par la termi- naïfon de l’accufatif, diliges Dominum Deurm tuum , ou Dominum Deum tuum diliges ; cette détermina- tion, disje, fe marque en françois par la place ou pofition du mot, qui felon la corffruëlion ordinaire fe met après le verbe, su aimeras le Seigneur ton Dieu, Les autres déterminations ne fe font aujourd’hui en françois que par le fecours des prépofitions. Je dis aujourd'hui, parce qu'autrefois un nom fubftantif placé immédiatement après un autre nom fubftantif, le déterminoit de la même maniere qu’en latin; un nom qui a la terminaifon du génitif, détermine le nom auquel il fe rapporte, /umen folis , liber Perri, al tens Innocent III, (Villehardouin.) au tems 7’In- nocent III. l’/zcarnation notre Seigneur (Idem), pour l’Incarnation de notre Seigneur ; le férvice Deu (Ed.), pour le fervice de Dieu ; 4 frere lempereor (Baudoin, id, p. 163.) , pour le frere de l’empereur : & c’eft de là que l’on dit encore l’hérel-Dieu, &c. Voyez la pré- face des antiquités gauloifes de Borel. Ainfi nos pe- res ont d’abord imuté l’une & l’autre maniere des La- tins: premerement, en fe fervant en ces occafons de la prépofition de; cemplum de marmore., un temple de marbre: fecondement, en plaçant le fubftantif modifiant immédiatement après le modifié ; fracer ON impèratons, le frérel'émpercoritdomus: Des Phos tel Dieu. Mais alors!le latin défignoitipar anetermil naïfon particulier l'effet du nom môdifiant:; avantac ge qui ne fe trouvoit point dans les nomsfrançoisys dont Tatérminaifon ne varie port, Onâenfin don: né la préférence à la premiere maniererquimarqué cette forte-de dérérmination par le fecouis della pré poñtion de : la gloire te Dieu, sa: nu AEt 2e * La {yntaxe d'une langue ne confifte que dans les fignes de ces différentes déterminations. Quand-on: connoît bien l’ufage 8z-la deftination de ces figness on fait la fyntaxe de la-langue+: j’entens la Jyrtaxe aéceflaire ; car la fyntaxe ufuelle &-élégante demanz de encore d’autres obfervations ; mais ces obfervaz tions fuppofent toëjours celles de lrfyntaxe nécefs faire, & ne regardent que la netteté, larvivacités ët les graces de lélocution ; ce qui n’eft-pas main tenant de notre fujet. CEE | : Un mot doit être fuivi d’un ou de plufieurs aux tres mots déterminans , toutes les fois que par lui- même il ne fait qu’une partie de l’analyfe d’un fens particulier ; l’efpritfe trouve alors dans lanéceffité d’aitendre & de demander le mot déterminant, pour avoir tout le fens particulier que le premier mot ne lui annonce qu’en partie. C’eft ce qui arrive à tou- tes les prépoñitions , & à tous les verbesiatäfs tran- fitifs : 47 eff allé à ; a n’énonce pas tout le fens par- ticulier: & je demande 0 ? on répond , 4/4 chaffe, a VWerfailles, felon le fens particulier qu’on a à dé- figner. Alors le mot qui acheve le-{ens.; dont la pré- poñtion n’a. énoncé qu'une partie, eft lé complé- ment de la prépofition; c’eft-à-dire que la prépof- tion & le mot qui la détermine, font enfemble un fens partiel , qui eft enfuite adapté aux autres mots de la phrafe; enforte que la prépoñition eft ; pour ainfi dire, un mot d’efpece ou deorte , qui doit enfuite être déterminé individuellement : par exém- ple , cela ef? dans ; dans marque une forte de ma- niere d’être par rapport au lieu: & fi j'ajoûte dans la maifon , je détermine, j'individualife:, pour ainf dire, cette maniere fpécifique d’évre dans, Il en eft de même.des verbes a@ifs : quelqu'un me dit que Ze Roi a donne ; ces mots a donné ne font qu'une partie du fens particulier ; l’efprit n’eft pas {atisfait | 1l n’eft qu'ému, on attend, ou l’on de- mande , 1° ce que le Ro a donné, 2° à qui il a donné. On répond, par exemple, à la premiere queftion; que le Roi a donné un régiment : voilà l’efprit fatisfait par rapport à la chofe donnée ; régiment eft donc à cet égard le déterminant de à donné, il détermi- ne « donné, On demande enfuite, & qui Le Roi a= t-il donné ce régiment ? on répond 4 monfieur N. ainf la prépofition 4, fuivie du nom qui la détermine, fait un fens partiel qui eft le déterminant de 4 doz- né par rapport a la perfonne, à qui. Ces deux for- tes de relations font encore plus fenfbles en latin où elles font marquées par des terminaifons parti- culieres. Reddite (illa) que funt Cefaris, Cefari : €, (illa) que funt Dei, Deo. Voilà deux fortes de déterminations auf nécef- faires & aufli direétes l’une que l’autre, chacunedans fon efpece. On peut, à la vérité, ajoûter d’autres circonftances à l’aétion, comme le sms, le motif, la maniere, Les mots qui marquent ces circonftances ne font que des adjoints, que les mots précedens n’exigent pas néceflairement. Il faut donc bien dif- tinguer les déterminations néceffaires d’avec celles qui n’influent en rien à leflence de la propoñition grammaticale, enforte que fans ces adjoints on per droit à la vérité quelques circonftances de fens mais la propofition n’en feroit pas moins telle pro pofition. À Poccafion du rapport de détermination, 1 ne fera pas inutile d’obferver qu'un nom fubftanuif n@ Peut déterminer que trois fortes de mots : 1° un au- tré nom , 2° un verbe, 3° ou enfin une prépofñtion. Voilà les feules parties du difcours qui ayent befoin d’être déterminées; car ladverbe ajoûte quelque cir- çonftance de tems, de lieu, ou de maniere ; ainfi il détermine lui-même l’aéhon ou ce qu’on dit du fujet, &c n’a pas befoin d’être déterminé, Les conjonétions lent les propoñitions ; & à l’égard de l’adjeëtif, il fe conftruit avec fon fubftantif par le rapport d’iden- tité, 1°. Lorfqu'un nom fubftantif determine un autre nom fubftantif, le fubftantif déterminant fe met au génitif en latin /wmen,folis ; & en françois ce rapport Le marque par la prépofition de: furquoi il faut re- marquer que lorfque le nom déterminant eft un in- dividu de l’efpece qu’il détermine, on peut confidé- rer le nom d’efpece comme un adjeëtif, & alors on met les deux noms au même cas par rapport d’iden- tité : wrbs Roma , Roma que eff urbs ; c’eft ce que les Grammairiens appellent appo/fiion. C’eft ainfi que nous difons le mont Parnafle, le fleuve Don, le che- val Pegafe, &c. Mais en dépit des Grammairiens mo- dérnes, les meilleurs auteurs Latins ont auffi mis au génitif le nom de l’individu , par rapport de déter- mination. {7 oppido Antiochiæ ( Cic.); & (Virg.) celfam Butroti afcendimus urbem( Æn. L, IIL.v.293.); exemple remarquable, car #rbem Butrori eft à la quef- tion g40. Auff les commentateurs qui préférent lare- glede nos Grammairiens à Virgile, n’ont pas manqué de mettre dans leurs notes , a/cendimus in urbem Bu- crotum. Pour nous qui préférons l'autorité incontef- table &c foutenne des auteurs Latins , aux remarques frivoles de nos Grammairiens, nous croyons que quand on dit waneo Lurerie , il faut foufentendre :7 zrbe, 2°. Quand un nom détermine un verbe, 1l faut fuivre l’ufage établi dans une langue pour marquer cette détermination. Un verbe doit être fuivi d’au- tant de noms déterminans , qu'il y a de fortes d’é- motions que le verbe excite néceflairement dans lefprit. J'ai donné : quoi? & à qui? 3°. À l'égard de la prépofition , nous venons d’en parler. Nous obferverons feulement ici qu’une pré- pofition ne détermine qu’un nom fubftantif, ou un mot pris fubftantivement ; & que quand on trouve une prépofition fuivie d’une autre, comme quand on dit pour du pain, par des hommes, &ec. alors il y a el- lipfe pour quelque partie du pain , par quelques-uns des hommes. Autres remarques pour bien faire la conftruttion. I. Quand on veut faire la conftrufion d’une période, on doit d’abord la lire entierement ; & s'il y a quel- que mot de foufentendu , le fens doit aider à le fup- pléer. Ainfi l’exemple trivial des rudimens , Deus quem adoramus , eft défeétueux. On ne voit pas pour- quoi Deus eft au nominatif; il faut dire Deus quem adoramus eff omnipotens : Deus eff omnipotens ; voilà une propoftion ; g4em adoramus en eft une autre. IT. Dans les propofitions abfolues ou complettes, il faut toüjours commencer par le fujet de la propo- fition; & ce fujet eft toüjours ou un individu, {oit réel, foit métaphyfique , ou bien un fens total expri- mé par plufieurs mots. INT. Mais lorfque les propoñtions font relatives, & qu’elles forment des périodes , on commence par les conjonétions ou par les adverbes conjon&ifs qui les rendent relatives ; par exemple, ff, quand, lorf= que, pendant que, &c. on met à part la conjon@ion ou l’adverbe conjonétif , & l’on examine enfuite chaque propofition féparément ; car il faut bien ob- ferver qu’un mot n’a aucun accident grammatical , qu'à caufe de fon fervice dans la feule propoñition où il eft employé. | IV, Divifez d’abord la propofition en fujet & en CON 97 ättribut le plus fimplement qu'il fera poffible ; après quoi ajoûtez au fujet perfonnel , ou réel, ou abfrait, chaque mot qui y a rapport, foit par la raifon de l’i- dentité, ou par la raifon de la détermination ; en- fuite paflez à l’attribut en commençant parle verbe, & ajoütant chaque mot qui y a rapport felon l’ordre le plus fimple, & felon les déterminations que les mots fe donnent fuccefivement. S'il y a quelque adjoint ou incife qui ajoûte à la propofition quelque circonftance de tems, de ma- niere , Ou quelqu’autre ; après avoir fait la cor/Hruc- ton de cet incife, & après ayoir connu la raïfon de la modification qu'il a, placez-le au commencement ou à la fin de la propofñtion ou de la période, felon que cela vous paroîtra plus fimple & plus naturel. Par exemple, imperante Cefare Auguflo , unigenitus Dei filius Chriflus , in civitate David, que vocatur Bethleem ; natus eff, Je cherche d’abord le fujet per- fonnel, &c je trouve Chriflus ; je paîle à l’attribut, & Je vois eff ratus : je dis d’abord Chriffus eff natus. En- fuite je connois par la terminaifon,, que flius unige- zitus fe rapporte à Chriflus par rapport d'identité ; & je vois que Deï étant au gémtif, fe rapporte à flus par rapport de détermination : ce mot De: détermi- ne flius à fignifier ici Le fs unique de Dieu ; ainfi j'é- cris le fujet total, Chiflus unigenitus filius Dei. Ef? natus , voilà l’attribut néceflaire. Narus eft'au nonunatif, par rapport d'identité avec Chriflus ; car le verbe e/? marque fimplement que le fujeteft, & le mot zarus dit ce qu'il eftné ; e//ratus, eft né, eft celui qui naquit ; ef? zatus , comme nous difons 1/ eff venu, il eft allé. L’indication du tems pañlé eft dans Le par- ticipe vezu, allé, natus, &c. | Ta civitate David, voilà un adjoint qui marque la circonftance du lieu de la naïffance, 1, prépofition de lieu déterminée par cvitare David. David, nom propre qui détermine civirare. David, ce met fe trou- ve quelquefois décliné à la maniere des Latins, Da- vid, Davidis ; mais ici 1l eft employé comme nom hébreu, qui paffant dans la langue latine fans en prendre les inflexions , eft confidéré comme indé- chnable. Cette cité de David eft déterminée plus fingulie- rement par la propoñtion incidente | guæ vocatur Bethleem. Il y a de plus 1ci un autre adjoint qui énonce ne citconftance de tems , ämperante Cafare Augufto. On place ces fortes d’adjoints ou au commencement ou à la fin de la propofition, felon que l’on fent la ma- niere de les placer apporte ou plus de grace ou plus de clarté. Je ne voudrois pas que l’on fâtigât les jeunes gens qui commencent, en les obligeant de faire ainfi eux- mêmes la coz/fruifion | ni d’en rendre raïfon de la maniere que nous venons de le faire; leur cerveau n’a pas encore aflez de confiftance pour ces opéra- tions refléchues. Je voudrois feulement qu’on ne les occupât d’abord qu’à expliquer un texte fuivi, con- ftruit {elon ces idées ; ils commenceront ainf à les faifir par fentiment : & lorfquls feront en état de concevoir les raïfons de la conffruüion, on ne leur en apprendra point d’autres que celles dont la na- ture &c leurs propres lumieres leur feront fentir la vérité. Rien de plus facile que de les leur faire enten- dre peu-à-peu fur un latin où elles font obfervées , & qu’on leur a fait expliquer plufieurs fois. Il en ré- fulte deux grands avantages ; 1°. moins de dégoût & moins de peine ; 2°. leur raifon fe forme , leur ef- prit ne fe gâte point, & ne s’accoütume pas à pren- dre le faux pour le vrai, les ténebres pour la lumue- re, ni à admettre des mots pour des chofes. Quand on connoît bien les fondemens de la couffruilion, on prend le goût de l’élégance par de fréquentes leétur- res des auteurs qui ont Le plus de réputation, 88 CON Les principes métaphyfiques de la conffruétion font les mêmes dans toutes les langues. Je vais en faire lapplication fur unie ydile de madame Deshoulieres, Conftrution grammaticale € raifonnée de l'ydile de madame Deshoulieres:, Les moutons. Hlas petits moutons, que vous étes heureux | Vous êtes heureux , c’eft la propoñition. . Hélas perirs moutons , ce font des adjoints à la pro- poñtion , c’eft-ä-dire que ce {ent des mots qui n'en- trent grammaticalement ni dans le fujet, n1 dans l’at- tribut de la propoñtion. , Hélas eft une interjeéion qui marque un fentiment de compañfion : ce fentiment a 1c1 pour objet la per- fonne même qui parle ; elle fe croit dans un état plus malheureux que la condition des moutons. Perits moutons, ces deux mots font une fuite de lexclamation ; ils marquent que c’eft aux moutons que l’auteur adrefle la parole ;1l leur parle comme à des perfonnes raifonnables. Moutons, c’eft le fubftantif, c’eft-à-dire le fuppôt ; l'être exiftant , c’eft le mot qui explique vous. Perirs , c’eft l'adjeétif ou qualihcatif: c’eft le mot qui marque que l’on regarde le fubftantif avec la qualification que ce mot exprime ; c’eft le fubftantif même confidéré fous un tel point de vüe. Perit, n’eft pas ici un adjeëtif qui marque direéte- ment le volume & la petitefle des moutons ; c’eft plütôtun terme d’affeétion & de tendrefle. La nature nous infpire ce fentiment pour les enfans & pour les petits des anumaux, qui ont plus de befoin de notre fecours que les grands. Petits moutons ; felon l’ordre de l’analyfe énon- ciative de la penfee, il faudroit dire zzoutons petits , Car petits fuppofe moutons : on ne met petits au plu- _riel & au mafculin, que parce que zoutons et au pluriel & au mafculin. L’adjeétif fuit le nombre & le genre de fon fubftantif, parce que l’adjeëtif n’eft que le fubftantif même confidéré avec telle ou telle qualification ; mais parce que ces différentes confi- dérations de l’efprit fe font intérieurement dans le même inftant, & qu’elles ne font divifées que par la néceflité de l’énonciation , la con/frutlion ufueile place au gré de l’ufage certains adjeëtifs avant, & d’autres après leurs fubftantifs. Que vous étes heureux ! que eft pris adverbiale- ment , & vient du latin quantum, ad quantum , à quel point , combien : ainfi g%e modifie le verbe ; il marque une maniere d'être , & vaut autant que l’ad- verbe combien. Vous , eft le fujet de la propoñition , c’eft de vous que l’on juge. Fous, eft le pronom de la feconde per- {onne : il eft ici au pluriel. Eres heureux , c’eft attribut; c’eft ce qu’on juge de vous. | Etes, eft le verbe qui outre la valeur ou fignifi- cation particulière de marquer l’exiftence , fait con- noître l’aétion de l’efprit qui attribue cette exiftence heureufe a vous ; & c'eft par cette propriété que ce mot eft verbe : on aflirme que vous exiftez heureux. Les autres mots ne font que des. dénominations ; mais le verbe, outre la valeur ou fignification par- ticuliere du qualificatif qu'il renferme , marque en- core lation de l’efprit qui attribue ou applique cétte valeur à un fujet, Etes : la terminaifon de ce verbe marqué encore le nombre , ia perfonne, & le tèms préfent. Heureux eft le qualificatif, que l’efprit confidere comme ‘uni êc identifié à vous, à votre exiftence ; g’eit ce que nous appellons le rapport d'identité, Vous paiflez dans nos champs Jans fouci , fans allarmes. Voici une autre propoñtion. Fous en eft encore le fujet fimple : c’eft un prO= CON nom fubftantif ; car c’eft le nom de la feconde per: fonne, en tant qu’elle eft la perfonne à qui l’onadrefle la parole ; comme roi, pape , font des noms de per- fonnes en tant qu’elles pofledent ces dignités. En- fuite les circonftances font connoître-de quel roi ou de quel pape on entend parler. De même ici les cir- conitances, les adjoints font connoître que ce vous) ce font les moutons. C’eft fe faire une faufle idée des: pronoms que de les prendre pour de fimples vicegé- rens , & les regarder comme dés mots mis à la place des vrais noms: fi cela étoit , quand les Latins difent Cerès pour le pain, ou Bacchus pour le vin, Cerès 8 Bacchus feroient des pronoms. “#2 Paiflez eft le verbe dans un fens neutre , c’eft-à- dire que ce verbe marque ici un état de fujet ; ilex- prime en même tems l’aétion & Le terme de l’a@ion : _ Cat vous paiffez eft autant que vous mangez l'herbe, Si le terme de l’aétion étoit exprimé féparément, & qu’on dit vous paiffez l'herbe naiflante , le verbe feroit actif tranfitif. . Dans nos champs, voilà une circonftance de l’ac- tion. ; . Dans eft une prépoñition qui marque une vûe de lefprit par rapport au lieu : mais dans ne détermine pas le lieu; c'eft un de ces mots incomplets dont nous avons parlé, qui ne font qu'une partie d’um fens particulier ,: & qui ont befoin d’un autre mot pour former ce fens : ainfi dans eft la prépoñition, & 208 champs en eft le complément. Alors ces mots dans nos champs font un fens particulier qui entre dans la compofition de la propofition. Ces fortes de fens font fouvent exprimés en un feul mot, qu’ on appelle adyerbe, L Sans fouci, voilà encore une prépofition avec fon complément ; c’eft un fens particulier qui fait un in- cile, Zncife vient du latin £zcifum, qui fignifie coupé: c’eft un fens détaché qui ajoûte une circonftance de plus à la propoñition, Si ce fens étoit fupprimé, la propoñition auroit une circonftance de moins; mais elle n’en feroit pas moins propoñtion. Sans allarmes eft un autre incife. Auffirôt aimés qu’amoureux , On ne vous force point à répandre des larmes. Voici une nouvelle période ; elle a deux membres: Auffitôt aimés qu'amoureux , c’eft le premier mem- bre, c’eft-à-dire le premier fens partiel qui entre dans la compofition de la période. Il y a ici ellipfe, c’eft-à-dire que pour faire la co. ftruütion pleine, il faut fuppléer des mots que la coz- ftruëlion ufuelle fupprime , mais dont le fens eft dans lefprit. Auffitôt aimés qu'amoureux , c’eft-à-dire comme vous êtes aimés auffrôt que vous êtes amoureux, Comme eft ici un adverbe relatif qui fert au raïfon- nement , & qui doit avoir un cotrelatif comme, c’eft- à-dire, & parce que vous êtes , &c, Vous eft le fujet, éres aimés auffirés eft l’attribut - auffitôt eft un adverbe relatif de tems, dans le même tems. | Que, autre adverbe de tems ; c’eft le correlatif _ d’auffisôr. Que appartient à la propoñition fuivante, que vous êtes amoureux : Ce gue vient du latin 7 quo dans lequel, cm. | Vous êtes amoureux , c’eft la propoñtion correlati- ve de la précédente. On ne vous force point à répandre des larmes : cette propofñition eft la correlative du fens total des deux propoftions précédentes. On eft le fujet.de la propoñition, Oz vient de ho- m0. Nos peres doient ko: , zou y a hom fus la terre. Voyez Borel au mot kom. On {e prend dans un fens indéfini , indéterminée ; wre perfonne quelconque, un individu de votre efpece, | Me Con Ne vous force point à répandre des larmes. Voilà tout lattribut : c’eft l’attribut total; c’eft ce qu'on juge de 07. Force eft le verbe qui eft dit de ô7 ; c’eft pour cela qu’il eft au fingulier & à la troifieme perfonne. Ne point, ces deux mots font une négation : ainfi la propofition eft négative. Voyez ce que nous avons dit de poinr, en parlant de larzicle vers la fin. L Vous : ce mot, {elon la conffruëlion ufuelle, eft ici avant le verbe; mais, {lon l’ordre de la conffruétion des vûes de l’efprit, vous eft après le verbe, puif- qu'il eft Le terme ou l’objet de l’aétion de forcer. ” Cette tranfpoñtion du prongm n’eft pas en ufage dans toutes les langues. Les Anglois difent , J'arefs my felf ; mot à mot, j’habille mor-méme: nous difons je mhabille, felon la confiruëlion ufuelle; ce qui eff une véritable inverfion ; que l'habitude nous fait préférer à la conftruëtion réguliere. On lit trois fois au dernier chapitre de l’évangile de S. Jean, Szmon diligis me ? Simon amas me ? Pierre aimez-Vous moi ? nous difons Pierre m'aimez-vous ? Me. Svei La plûpart des étrangers qui viennent du Nord difent j'aime vous , j'aime lui , au lieu de dire Je vous aime , je l'aime , felon notre conftruition ufuelle. A. répandre des larmes : répandre des larmes, ces trois mots font un {ens total, qui eft Le complément de la prépoñition 4. Cette prépofñtion met ce fens total en rapport avec force, forcer, à cogére ad. Vir- gile a dit, cogitur irein lacrymas (Æn.Ï.IV.v.413 5 &c vocant ad lacrymas Æn. l. XI. v. 96. Répandredes larmes : des larmes n’eft pasici le com- plément immédiat de répandre ; des larmes eftici dans in fens partitif ; il yaiciellip{e d’un fubftantif géné- rique : répandre une certaine quantité de les larmes; ou, comme difent les Poëtes Latins, wrbrem lacrymmarum., une pluie de larmes. Vois ne formey jamais d’inutiles defirs. Fous , fujet de la propofñition ; les autres mots font Pattribut. Forme , eft le verbe à la feconde perfonne du pré- fent de l’indicatif. F Ne, eft la négation qui rend la propoñtion néga- five. Jamais, eft un adverbe de tems. Jarzais , en au- cun tems. Ce mot vient de deux mots latins, Jams, &e MABIS. , ARNRE Pi D'inatiles defrrs , c’eft encore uh fens partitif, Vous ne formez jamais certains defirs, quelques defirs qui foient du nombre des defirs inutiles. D'inuriles de- férs : quand le fubflantif & l’adje&tif font ainfi le: déterminant d’un verbe où le complément d’une pré- ofition dans un fens afirmatif, fi l’adjeétif précede le fubftantif, il tient lieu d’article, & marque la for- te ou efpece, vous formez d’inutiles défirs ; on qualifie d'inutiles les defirs que vous former. Si au contraire le fubftantif précede l’adjeétif, on lui rend l’article ; c’eft le fens individuel : vous formez des defirs inutiles; on veut dire que les defirs particuliers ou finguliers que vous formez , font du nombre de les defirs inu- tiles. Mais dans le fens négatif on diroit, vous me for- mez jamais, pas , point , de defirs inutiles : c’eft alors le fens fpécifique ; il ne s’agit point de déterminer tels ou tels defirs finguliers ; on ne fait que marquer ’efpece ou forte de defirs que vous former. Dans vos tranquilles cœurs l'amour [uit la nature. La conftruétion eft , l'amour fuir la nature dans vos cœurs tranquilles. L'amour eft le fujet de La propoñ- tion, & par cette raifon il précede le verbe ; /4 a- ture eft le terme de l’aion de /xir, & par cette rai- fon ce mot eft après le verbe. Cette pofition eftdans toutes les langues, felon l’ordre de l’énonciation & de l’analyfe des penfées: mais lorfque cet ordre eft interrompu par des tranfpofitions, dans les langues gui ont des cas, il eft indiqué par une terminaifon Tome IF, 3 CON 69 particuliefe qu'on appelle aceufatif; enforte qu'après quetoute Ja phrafe eft finie , l'efprit remet le mot à fa: DER Mb Sans reffentir Jes maux, vous avez fès plaifirs. Conftruétion, vous avez fes plaifirs, fans refentir fes maux. Vous eft le fujet ; les autres mots font l’attri- but. | OU BR | Sans reffentir fes maux. Sans eft uné prépoñition ; dont reffentir fes maux eft le complément. Reflercir fes maux, eft un fens particulier équivalent à un nom, Reffentir, éft ici nn nom verbal. Sans reffensir, eft une propoñition implicite , Jans que vous reffentiez. Ses maux, eft après l’infinitif reffensir, parce qu’il en eft le déterminant ; il eft le terme de l’aétion de reflex: tir | | L'ambition, l'hônneur , l’intérét, l'impoflure; Qui font tant de maux parmi nous, Ne fe rencontrent poins chez vous. Gette période eft compofée d’une propofñtion principale & d’une propofitionincidente. Nousavons dit qu’une propofition qui tombe entre le fiet & l’attribut d’une autre propofñtion , eft appellée pro= pofition incidente, du latin éncidere | tomber dans ; & que la propofñtion dans laquelle tombe lincidenté eft appellée propofirion principale, parce qu’ordinai- rement elle contient ce que l’on veut principalement faire entendre. L'ambition, l'honneur, l'intérêt, l’impoflure, Ne fe rencontrent point chez vous. Voilà la propoñtion principale: L'ambirion , l'honneur , l'intérêt , l’impoflure ; c’eft à le füjet de là propoñtion: cette forte de fujet eft appellé Jäjet multiple, parce que ce font plufieurs in- dividus qui ont un attribut commun. Ces individus font ici des individus métaphyfiques ; des termes ab- {traits , à limitation d’ebjets réels. | Ne fe rencontrent point chey vous, eft l’attribut: or on pouvoit dire, l'ambition ne fe rencontre poin£ chez vous ; l'honneur ne. fe rencontre point chez vous; l'intérér , &c. ce qui auroit fait quatre propofitions. En raffemblant les divers fujets dont on veut dire la même chofe, on abrege le difcours; &c on le rend plus vif. Qui font tant de maux parmi nous , c’eft la propo- fition incidente : gui en ef le fujet; c’eft lé pronom relatif ; il rappelle à lefprit l’ambition , l'honneur , l'intérêt, limpoflure, dont on vient de parler. Font tant de maux parmi nous, c’eft l’attribut de la propôfitiôn incidente. ARS. Tant de maux, c’eft le déterminant de fox, c’eft le terme de l’aétion de for. Tant, vient de l’adje@if santus ; a, um. Tanr eit pris ici fubftantivement ; sanrum malorum , tantume xpñua malorum , une fi grande quantité de maux. Dernaux, eft le qualificatif de ranr; c’eft un des ufages de la prépofition de, de fervir à la qualifica- tion. Maux, eft ici dans un fens fpécifique, indéfini, 8 non dans un fens individuel: ainfi #44x n’eft pas précédé de l’article Zes. Parmi nous, eft une circonftance de lieu ; zous eft le complément de la prépoñition part. Cependant nous avons la rai[on pour partage, Et vous en ignorez léfage. Voilà deux propofitions liées entr’elles par la con= jonétion €. p. . Cependant , adverbe ou conjonétion adverfative j c’eft-à-dire qui marque reftriion ou oppofñtion par rapport à une autre idée ou penfée. Ici cette penfée eft, nous avons la raïon ; cependant malgré cet avan tage , les palfions font tant de maux pari nous. Aïnfr cependant marque Oppofñtion ; DT dede entre 90 CON avoir la raifon 8 avoir des paffions. I y a donc ici une de ces propofitions que les Logiciens appellent adyerfative où diftrétive, Nous, eft Le fujet ; avons la raifon pour partage, eft Pattribut. La raifèn pour partage: l'auteur pouvoit dire /a raifon en partage; maisalorsil y auroit eu un bäille- ment Ou hiatus ,parce que la rai/on finit par la voyelle nafale 07, qui auroit été fivie de ez. Les Poëtes ne font pas toûjours fi exa@s, & redoublent l’z en ces occafons, la raifon-n-en partage ; ce qui eft une pro- nonciation vicieufe : d’un autre côté, en difant pour partage, la rencontre de ces deux {yllabes, pour, par, eft defagréable à oreille. Vous en ignorez l'ufage ; vous, eft le fujet ; e7 igno- rez l'ufage, eft l’attribut. Zenorez, eft le verbe ; ?u- Jage, eft le déterminant de sgxorez ; c'eit le terme de la fignification d'ignorer ; c’eft la chofe ignorée. C’eft le mot qui détermine ignorez. En, eft une forte d’adverbe pronominal. Je dis que ez eft une forte d’adverbe, parce qu'il fisnifie au- tant qu'une prépoñtion & un nom; ex, inde; de ce- la, de la raifon. Er eft un adverbe pronominal, par- ce qu'il n’eft employé que pour réveiller l'idée d’un autre mot, vous 2pnorez l’ufage de la raifon. Tnnocens animaux , n’en foyez point jaloux. C’eft ici une énonciation à l'impératif. Innocens animaux : ces mots ne dépendent d’au- cun autre qui les précede, & font énoncés fans arti- cles: ils marquent en pareil cas la perfonne à qui l’on adrefle la parole. Soyez, eft le verbe à l'impératif: zepoins, c’eft la négation, En, de cela, de ce que nous avons 4 raifon pour partage. Jaloux, eft l’adjeêtif; c’eft ce qu’on dit que Les ani: maux ne doivent pas être. Ainf, felon la penfée , 7a- loux fe rapporte à azimaux, par rapport d'identité, mais négativement, %e/0yez pas jaloux. Ce n'ejl pas un grand avantage. Ce, pronom de la troifième perfonne ; hoc, ce, ces la ; à favoir que zous avons la raïon n'efl pas un grand avantage. Cétre fiere raifon , dont on fait tant de bruit, Contre les paffions n'eft pas un Jitr remede. Voici propoftion pmncipale & propofñition inci- dente. Cette fiere raifon n'ef? pas un remede für contre Les paffions, voilà la propofñtion principale, Dont on fait tant de bruit, c’eft la propoñtion in- cidente. Dont, eft encore un adverbe pronominal ; de Za- quelle, touchant laquelle, Dont vient de wnde, par mutation ou tranfpoñtion de lettres , dit Nicot; nous nous en fervons pour duquel, de laquelle, de qui, de quoi. On , eff le fujet dé cette propoñition incidente. Fait tant de bruir, en eff l’attribut, Faux, eft le ver- be; sant de bruir, eft le déterminant de fxis : tant de bruit, sanvum ypipa jadlationts | tantam rem jaëlatio- ris. | Un peu de vin La trouble. Un pex , peu eft un fubftan- tif, parum vini, une petite quantité de vin. On dit Ze peu, de peu ; a peu, pour peu. Peu eft ordinairement fuiwi d’un qualificatif: de vin, eftle qualificatif de peu. Un peu: un & le font des adje&tuifs prépoñtifs ui indiquent des individus. Le &c ce indiquent des individus déterminés ; au lieu que #7 indique un in- dividu indéterminé : 1l a le même fens que awe/que. Aïnf 7 peu eft bien différent de Z pez ; celui-ci pré- cede l'individu déterminé, & l’autre l’individu in- déterminé. CON Ün peu de vin ; ces quatre mots expriment une idée Particuliere, qui eft le fujet de la propolition. . La trouble, c’eft attribut: srouble , eft le verbe ; La, eft le terme de l’aétion dû verbe, La eft un pro- nom de la troïfieme perfonnes c’eft- à - dire que la rappelle Vidée de la perfonne ou de la chofe dont On a parlé; sroble La, elle, La raifon. | Un enfant (lAmour) /a féduir ; c’eit la même cos firution que dans la propoñtion précédente, Et déchirer un cœur qui l'appelle à fon aide, EE rout l’effèr qu’elle produit. | La conflruition de cette petite période mérite at- tention. Je dis période, grammaticalement parlant, parce que cette phrafe eft compofée de troistpropo- fitions prammaticales ; car il ÿ a trois verbes À lin. cicatif, appelle, ef, prodiir, + log Déchirer un cœur ef tous l’éfer, t’eft la premiere Propoñition grammaticale; c’eft la propoñtion pins cipale, Déchirer un cœur, v'eft le fgjét énoncé par plu- fieurs mots , qui font un fens qui pourroit être énon- CE par un feul mot, f l'ufage en avoit établi un. Trouble, gtation , repentir, remords, {ont à-pei-près les équivalens de déchirer un cœur. va Déchirer un cœur, eft donc le fiet ; & ef tot l’ejfer, c’eft l’attribut. . Qui l'appelle à fon aïde, C'eft une propofition 1n- cidente. Quien eft le fujet; ce gui eft le pronom relatif qu rappelle cœur, | L'appelle à fon aïde , c’eft l’attribut de gui ; 22 eft le terme de l’aétion d’appelle ; appelle elle, appelle la raijon. | Qu'elle produir, elle produit lequel effet c’eft la troïfieme propofition, | | Elle, eff le fujet : e//e eft un pronom qui rappelle rai[on. Produit que , c’eft attribut d'elle : que ef le terme de produir ; c’eft un pronom qui rappelle effer. Que étant le déterminant ou terme de l’adion de produit ; eft après produit, dans l'ordre des penfées, & felon la conftruëfion fimple : maïs la conftrulion ufuelle l’énonce avant produit ; parce que le que étant uürelatif conjonétif, il rappelle eff, & joint e//e pro- dur avec effer, Or ce qui joint doit être entre deux termes ; la relation en eft plus aïifément apperçüe, comme nous l’avons déjà remarqué, Voilà trois propoñitions grammaticales ; mais los giquement il n’y a là qu'une feule propoñition. : Et déchirer un cœur qui l'appelle a fon aide : ces mots font un fens total, qui eft le fujet de la propoftion logique. Eft sont l’effet qu'elle produit, voilà un autre fens total qui eft l’attribut ; c’eft ce qu'on dit de déchirér ur CŒUT. Toijours impuiflante & févere : Elle s’oppofe à tout, & ne furmonte rien, Il y à encore ici ellipfe dans le premier membre de cette phrafe. La con/fruëfion pleine eft: La raifon ef? todjours impuiflante & Jévere ; elle s’oppofe atout, parce qu'elle ef? Jévere ; & elle ne furmonte rien, parce qu'elle eft impuif[ante. Elle s’oppolt à tout ce que nous voudrions faire qui nous feroit agréable, Oppojer ; ponere ob , pofer devans, s'oppofer, oppofer foi , fe mettre devant comme un obffacle, Se, eft le terme de l’a@ion d’oppofer! La confiruëlion ufuelle le met avant fon verbe, comme me, te, le, que, &tc. A tour, Cicéron a dit , opponere ad. N° furmonte rien ; rien eft ici le terme de l’ation de farmonte, Rien eft toûjours accompagné de la né gation exprimée ou foufentendue ; rez , nullam rem. Sur toutes riens garde ces points, Mehun au tefta- * de tale. + eu ce UE + on “à de CON ment , où vous voyez que /ur routes riens veut dire fur routes chojes. Sous la garde de votre chier Vous devez beaucoup moins redouter la coleré , Des loups cruels & ravif[ans, Que, fous l’autorité d’une telle chimere, Nous ne devons craindre nos [ens. _Ily a ici ellipfe & fynthefe: la fynthefé fe fait lorfque les mots fe trouvent exprimés ou arrangés felon un certain fens que l’on a dans lefprit. De ce que (ex eo quod, propterea guod ) vous êtes fous la garde de votre chien, vous devez redouter a colere des loups cruels &raviffans éeaucoup moins; au lieu que nous, qui ne fommes que fous la garde de la raifon, qui n’eft qu'une chimere, nous n’en devons pas craindre nos fens beaucoup moins. Nous n’en devons pas moins craindre n0$ Jens , VOI- 1à la fynthefe ou fyllepfe qui attire le ze dans cette purale. : La colere des loups. La poéfie fe permet cette ex- preffion ; l’image en eft plus noble êc plus vive: mais ce n’eft pas par colere que les loups & nous nous . mangeons les moutons. Phedre a dit, fauce improbd , le gofier , l'avidité ; & la Fontaine a dit /z faim. Beaucoup moins, multo minus, c’eft une expref- fon adverbiale qui fert à la comparaifon , &c qui par conféquent demande un correlatif gue, &cc. Beau- coup moins, felon un coup moins beau, moins grand. Voyez ce que nous avons dit de BEAUCOUP e7 parlant de l’article. : Ne vaudroit-il pas mieux vivre, comme vous faites, Dans une douce oifivese ? Voilà une propofñition qui fait un fens incomplet, arce que la correlative n’eft pas exprimée; mais elie va l’être dans la période fuivante , qui a Le mê- me tour. Comme vous faites, eft une propoftion incidente, Comme , adverbe ; gzomodo ; à la maniere que vous le faites. ” Ne vaudroit-il pas mieux être, comme vous êtes , Dans une heureufe obfcurire , Que d’avoir, fans tranquillité, Des richeffes, de la naif[ance, De l'efprit & de la beauté? I! n’y a dans cette période que deux propoñitions | relatives, & une incidente. Ne vaudroit-il pas. mieux être, comme vous êtes, dans une heureufe obfeurité ; c’eft la premiere propofi- tion relative, avec l’incidente comme vous êtes. Notre {yntaxe marque l'interrogation en mettant les pronoms perfonnels après le verbe, même lorf- que le nom eît exprimé. Le Roë ira-t-il à Fontaine- bleau? Aimey-vous la vérité? Trar-je? Voici quel eft le fujet de cette propofition : 27, 1l- lud, ceci, à favoir. Etre dans une heureufe obfeurité’; fens total énoncé par plufieurs mots équivalens à un feul ; ce fens total eft le fujet de la propofition. Ne vaudroit-il pas mieux ? voilà l’attribut avec le fi- gne de l'interrogation. Ce ze intertogatif nous vient des Latins, Ego ne ? Térence, eft-ce moi? Adeo ne ? Térence, irai-je ? Superat ne ? Virg. Ænéid. IT. vers 339. vit-il encore ? Jam ne vides ? Cic. voyez-vous ? ne Y0Yez-vous pas ? … Que, quam, c’eft La conjonétion ou particule qui ‘lie la propofñition fuivante, enforte que la propoñ- tion précédente & celle qui fuit font les deux cor- relatives de la comparaifon. Que la choft, l’agrément d’avoir, fans tranquillité, l'abondance des richeffes, l’avantage de la naiflance , de lefprit, & de la beauté ; voilà le fujet de la propofi- tion correlative. Ne vaur, qui eft foufentendu , en eft attribut. Me, Tome IF, | à CON OI parce qu'on a dans l’efprit, ze vaut pas raht que vo= tre obfcurité vaur, Ces prérendus thréfors , dont on fait vanité, Valent moins que votre indolence. Ces prétendus thréfors valent moins, voilà une pro- poftion grammaticale relative. Que vorre indolence ne vaut, voilà la correlative. Votre indolence n’eft pas dans le même cas; elle ne vaut pas ce moins ; elle vaut bien davantage. Dont on fait vanité, eft une propofition imciden- te: ox fait vanité defqueis, à caufe defquels : on dit faire vanité, tirer vanité de, dont , defquels. On fait va- nité; ce mot vanité entre dans la compofition du verbe ; & ne marque pas une telle vanité en parti- culier ; ainfi 1l n’a point d’article. is nous livrent fans ceffe a des foins criminels. Ils (ces thréfors, ces avantages) , 1/s eft le fujet. Livrent nous fans ceffe 4 , &c. c’eft l’attribut. A des foins criminels , c’eft le fens partitif ; c’eft-à- dire que les foins auxquels îls nous livrent font du nombre des foins criminels ; ils en font partie: ces prétendus avantages nous livrent à certains foins à quelques foins qui font de la clafle des foëns cri- minels. Sans ceffe , facon de parler adverbiale, fre ulla intermiffione. Par eux plus d’un remords nous ronge, Plus d’un remords, voilà le fujet complexe de la propofition. Ronge nous par eux ; à l’occafion de ces thréfors ; c’eft l’attribut. Plus d’un remords; plus eft ici fubftantif, & fignifie une quantité de remords plus grande que celle d’un feul rernords. Nous voulons les rendre éternels ; Sans fongerqu'eux & nous pal[eronscomme un fonges Nous , eft le fujet de la propofition. Voulons les rendre éternels fans fonger, &cc. c’eft Pattribut logique. Voulons, eft un verbe a&tif. Quand on veut, on veut quelque chofe. Les rendre éternels , rendre ces thréfors éternels : ces mots forment un fens qui eft le terme de l’aétion de voulons ; c’eft la chofe que nous voulons. Sans fonger qu'eux & nous paferons comme un fonge. Sans fonger : fans, prépofition : Jonger eft pris ici fubftantivement ; c’eft le complément de la prépof- tion Jans, fans la penfée que, Sans fonger peut auffi être regardé comme une propofition implicite ; fans que nous fongions. Que eft ici une conjonétion, qui unit à Jonger la chofe à quoi l’on ne fonge point. Eux & nous pafferons comme un fonge: ces mots forment un fens total, qui exprime la chofe à quoi l’on devroit fonger. Ce fens total eft énoncé dans la forme d’une propofñtion; ce qui eft fort ordinaire en toutes les langues. Je ze fui qui a fait cela , nefcio quis fecit ; quis fecir eft le terme ou l’objet de zefcio : refcio hoc , nempe quis fecit. Il refl, dans ce vafle univers, Rien d’affuré, rien de folide. Il , illud, nempè, ceci, a Javoir, rien d'affuré , rien de folide : quelque chofe d’affüré, quelque chofe defoli- de, voilà le fujet de la propofition ; z’ef? (pas) dans ce vafle univers, En voilà l’attribut : la négation ze rend la propofition négative. D'aflüré: ce mot eff pris 1c1 fubftantivement ; 7e- hilum quidem certi. D’affure eft encore ici dans unfens qualificatif, & non dans un fens individuel, & c’eft pour cela qu'il n’eft précédé que de la prépoñition de fans article. à M 1 93 CON Des chofes d'ici bas la fortiine décide Selon fes caprices divers. La fortune, fujet fimple, terme abftrait perfonni- fé; c’eft le fujet de la propoñtion. Quand nous ne connoïflons pas la caufe d’un évenement, notre imagination vient au fecours de notre efprit, qui w LR u ! _ ». f naine pas à demeurer dans un état vague &c inde- terminé ; elle le fixe à des phantômes qu'elle réalife, & auxquels elle donne des noms, forsune, hafard, bonheur, malheur. Décide des chofès d'ici bas felon fes caprices divers, c’eft l’attribut complexe. Des chofes, de Les cholès ; de fignifie ici couchant. D'ici bas détermine cho/e: ici bas eft pris fubftan- tivement. | Selon fès caprices divers, eft une maniere de dé- cider: felon eft la prépofñtion; Jés caprices divers, éft le complément de la prépoñition. Tout l'effort de notre prudence Ne peur nous dérobértau moindre de [es coups. Tout l'effort de notre prudence, voilà Le fujet com- plexe ; de notre prudence détermine l'effort , & le rend fujet complexe. L’efort de et un individu métaphy- fique & par imitation , comme un tel homme ne peut, de même cout l’effort ne peut. Ne peut dérober nous ; & {elon la conffruction ufuelle, nous dérober. Au moindre, à lé moindre; à eft la prépoñtion ; 4 moindre eft le‘complément de la prépofition. Au moindre de fes coups, au moindre coup de fes coups ; de [es coups eft dans le fens partitif. Paiflez ; moutons, paiflez , fans regle & fans fcience; Malgre la trompeufè apparence, Vous êtes plus heureux G plus fages que nous. La trompeufe apparence, eft ici un individu méta- phyfque perfonnifié, algré : ce mot eft compofé de Padjeëtif rauvais, & du fubftantif gré, qui fe prend pour volonté, godr. Avec le mauvais pré de, en retranchant le de, à la maniere de nos peres qui fupprimoient fouvent cette prépofñition, comme nous l’avons obfervé en parlant du rapport de détermination. Les anciens difoient maugré, puis on a dit walgré ; malgré moi, avec le mauvais gré de moi, cum med malä gratiä , mme invito. Aujourd’hui on fait de salgré une prépoftion : 141- gré la trompeufe apparence, qui ne cherche qu’à en impofer & à nous en faire accroire, vous êtes au fond & dans la réalité plusheureux & plus fages que nous ne le fommes. Tel eft le détail de la conftruétion des mots de cette idylle. Il n’y a point d'ouvrage, en quelque langue que ce puille être, qu’on ne pût réduire aux princi- pes queje viens d’expofer, pourviü que lon connût les fignes des rapports des mots en cette langue, & ce qu'il y a d’arbitraire qui la diftingue des autres. Au refte, files obfervations que jai faites paroïf- fent trop métaphyfiques à quelques perfonnes , peu accoûtumées peut-être à réfléckur fur ce quife pañle en elles-mêmes; je les prie de confdérer qu’on ne fauroit traiter raïonnablement de ce qui concerne les mots , que ce ne foit relativement à la forme que l’on donne à la penfée & à l’analyfe que lon eft obli- gé d’en faire par la néceflité de l’élocution, c’eft-à- dire pour la faire pafler dans lefprit des autres ; & dès-lors on fe trouve dans le pays de la Métaphy- fique. Je n’ai donc pas été chercher de la métaphyfi- que pour en amener dans une contrée étrangere ; Je n'ai fait que montrer ce qui eft dans l’efprit relati- vement au difcours & à la néceflité de l’élocution. C’eft ainfi que l’anatomuifte montre les parties du corps humain, fans y en ajoûter de nouvelles. Tout ce qu’on dit des mots, quin’a pas une relation directe avec la penfée ou avec la forme de la penfée ; tout cela, dis-je, n’excite aucune idée nette dans l’ef- prit. On doit connoître la raifon des regles de l'é- locution , c’eft-à-dire de l’art de parler & d'écrire, afin d'éviter les fautes de conffruétion, & pour ac- quérir l’habitude de s’énoncer avec une exa@itude ratfonnable , qui ne contraïgne point le génie. Il eft vrai que l'imagination auroit été plus agréa- blement amulée par quelques réflexions fur la fim- plicité &c la vérité des images, aufli-bien que fur les expreffions fines & naives par lefquelles cette illuf- tre dame peint fi bien le fentiment, Mais comme la conftrattion Jimple € néceffaire eft la bafe & le fondement de toute conffrutfion ufuelle 6 élégante ; que les penfées les plus fublimes auffi- bien que les plus fimples perdent leur prix, quand elles font énoncées par des phrafes irrégulieres; & que d’ailleurs le public eft moins riche en obferya- tions fur cette conftruëlion fondamentale : j'ai cru qu’- après avoir tâché d’en développer les véritables principes , 1l ne feroit pas inutile d’en faire l’appli- tion für un ouvrage aufhi connu & aufli générale- ment eftimé, que l’eft lidylle des z7outons de mada- me Deshoulieres, (F) CONSTRUCTION, i. f. ( Géométrie. ) Ce mot ex-" prime, en Géométrie, les opérations qu’il fant faire pour exécuter la folution d’un problème. Il fe dit aufli des lignes qu’on tire, foit pour parvenir à la folution d’un problème, foit pour démontrer quel- que propoñtion. Voyez PROBLÈME , &c. La conffrutfion d’une équation , eft la méthode d’en trouver les racines par des opérations faites avec la regle & le compas, ou en général par la defcription de quelque courbe. Voyez ÉQUATION & RACINE. Nous allons donner d’abord la con/fruëfion des équa- tions du premier & du fecond degré, Pour conftruire une équation du premier degré ; il n’y a autre chofe à faire que de réduire à une pro- portion la fration qui exprime la valeur de l’incon- nue, ce qui s’entendra très-facilement par les exem- ples fiuvans. o , u ta . 1°. Suppofons qu'on ait x=<- on en tirera c:a—b:x; ainf x fera facile À avoir par la méthode de trouver une quatrieme proportionnelle. bc ; to) ° 2 nie 2°, Qu'on ait x =: on commencera par con- 0 a b N , #12 ui [A b frire = à laide de la proportion d: ab: +, Ayant trouvé = & Payant nommé g pour abre- ger, on fera la proportion e : g = c:x, c’eft-à- dire , que l’on aura x par la quatrieme proportion nelle à c,g,e. Ù 3°. Que l’on ait x— ne : comme aa—bb eft le produit de a—b par a+, on n’aura autre chofe à faire qu’à conftruire la proportion cç : a —4 =a+b: x. 6 a2b—=be? | : ‘ 4°. Que x=——— ; par le premier cas on ; a b a2 b : trouve une ligne g= ==, & une ligne # B 3 =, De plus, par le même cas on conftruit . î k - auf une ligne =; donc x qui eft alors — g [14 — 1, fera la différence des deux, lignes g & 2 conf- truites par ces proportions. = b+bed 5 Quex= ; on cherchera d’abord <£ & on fera k = f + Æ , ce qui donnera a # DDC ABICTAO , —af + © g, & par conféquentx = = =5— : ainf la difficulté fera réduite au cas précédent. a? b—bad a f 9 == LP = 6°. Querx= 77. -: on cherchera += 8e on fera +c—=}h, ce qui donnera af + bc=bh, ’ __ a? b—bhad = a? -;ad TRS & par conféquent x = Re d’où l’on tirera L,a—ma— dx CON e 2 b La e E 7°, S1 x — £ ee : on conftruira le triangle rec- tangle À B C (Plane. Algebre, fig. 1.) dont le côté ABloita, BC,b, & l’hypothenufe {era alors . Vaa LD: faifant À C = m on aura x = TT, € par conféquent c:m=m:x. 8°. Si x °c » fur 4 B = a fig. 2.) on dé- crira un demi cercle, & l’on prendra 4C=P, ce qui donnera B C=yaa—bb; faifant donc CB | Em, on aura x = ES c'eft-à-dire c:7=m:X. S Ne SL de PTE on cherchera É® & l’on fera men cequidonnerabc+af=bh,& par conféquent x = 75 7 Trouvant alorseutre AC = c (fie. 3.) & CB — d la moyen- ne proportionnelle CD = y cd & faifant € F2, on aura D E = y'a? cd, qui étant nommée #, mm, ENCRES & partant h:m = mix. Il eft à remarquer que les confruthons que nous venons de donner des trois derniers exemples , ne font que pour plus d'élégance & de fimplicité ; car on pourroit les conftruire , & on en a déjà conftruit plufieurs autrement ci-deflus, 2°.3 & 5. La conftruëion des équations du fecond degré, lorfque l’inconnue eft délivrée, ne demande pas d’autres regles que celles qu’on vient de donner. Qu'on'ait, par exemple, x?= 4, on en tirera x=y ab que l’on conftruit en trouvant la moyen- ne proportionnelle D Centre 4 C=a & BC—b. Si l'équation a un fecond terme comme x x + 4x = + 4 b, qui donnex =—:4 + y£aatbb, toute là difficulté confiftera à conftruire y +aa+6b ou VTaa— bb. Pour le premier cas on fera come me dans les conffruéfions précédentes, (fig. 1.) À B —148& BC=b,cequ donnera AC=y +aa+bb. Dans le fecond on fera (figure 2.) 4 C= b È A B=—Ta, ce qui donnera CB=Vra?—b?. Les équations du troïfieme degré peuvent fe conftruire, 1°, par l'interfeétion d’une ligne droite 8e d’un lieu du troifieme degré. Par exemple, foit x3 Lax2—bbx+c3 — 0; onconftruira le lieu où la courbe £ MB CF fig. 4 Algebr. ) dont l'équation foit 43 ax? —bbx—+ ci —7y, en prenant les va- riables À P pour x & P M pour y; & les points B,C, D, où cette courbe rencontrera {on axe, don- neront les racines 48, AC, À D, de l'équation; car dans ces points y eft=0, puifque y exprime en général la diftance P M de chaque point M de la courbe à fon axe 4 D : par conféquent on a x3 La x2—bbx+ cs — 0 1°. lorfque x eft = À B: 20. lorfque x = 4€ : 3°. lorfque x = 42. Donc les valeurs de l’inconnue +, propres à rendre x3 axx—bbx+es —0o font 4B, AC, A D. Les racines de l’équation feront pofitives ou négatives, felon que les points B, €, D, tomberont d’un côte où de l’autre par rapport à 4, & fi la courbe ne coupoit pas fon axe en trois points, ce feroit une matrque qu'il y auroit des racines imaginaires. Je rapporte ici cette méthode de conftruire les équations du troifieme degré , parce qu'elle peut s'appliquer généralement aux degrés plus élevés à Vinfini, & qu’elle eft peut-être aufi commode & aufli fimple qu'aucune autte. Ainfi en général Pé- quation x° + 4 RU MP CIC, eo peut fe conftruire par la courbe dont léquation feroit 2° +ax TT + bb a TT + Ge. He =y, dont les interfetions avec fon axe donneront les CON 93 racines de l'équation. Ces fortes de courbes où l’in- déterminée y ne monte qu'à un degré, s’appellent courbes de genre parabolique, Et je dois remarquer ici que M. Pabbé de Gua s’eft fervi avec beaucoup de fagacité de la confidération de ces fortes de cour- bes, pour découvrir & démontrer de fort beaux théorèmes fur les racines des équations. Voyez Ra- CINE ; voyez aufli es Mémoires de l’Acad, des Scienc. de Paris, de 1741, & l’article COURBE. . Mais en général la méthode de réfoudre les équa- tions du troifieme & du quatrième degré confifte à y employer deux feétions comiques , &c ces deux feétions coniques doivent être les plus fimples qu'il fe puifle ; c’eft pourquoi on conftruit toutes ces équa- tions par le moyen du cercle &c de la parabole. Voici une légere idée de cette méthode. Soit propofé de conftruire x3 = bc : on fupofe d’abord x4=88cx en multipliant le tout par x ; enfuité on fuppofe xx = b y, qui eft l'équation d’une parabole, & on a par la fubfitution x4 = by y=bbex, &yy=cx, qui eft l’equation d’une parabole, Ainf on pourroït refoudre le problème en conftruifant les deux para- boles BAC, D A (fig. 5.), qui ont pour équation yy=cx & xx—=06 7 ;le point d'interfetion C de ces paraboles donneroit la valeur O C de lincon- nue x. Car lPinconnue x doit être telle que xxÆ=27y & que y y = 6: 0r nommant en général 4 P , x, P,R,7,ou45,7,SR, x ;1l n’y a que le feul OR A point C'où l’on ait à la fois xx =86 y & yy=cx. Mais comme le cercle eft plus facile à conftruire que la parabole , au lieu d'employer deux paraboles on n'en emploie qu'une ; par exemple , celle qui a pour équation xx= b y, & on combine enfemble les deux équations x x = 4 y & yy—cx de ma- micre qu'elles donnent une équation au cercle, ce ui fe fait en ajoûtant une de ces équations à RO ou en l’en retranchant, comme on le peut voir ex- pliqué plus au long dans l'application de PAloecbre à la Géométrie de M. Guifnée, & dans le neuvie- me livre des feétions coniques de M. le marquis de PHôpital. Par exemple, dans le cas dont il s’agit ici, On aura cx —xx = y y — by qui eft une équa- tion au cercle ; & fi on conftruit ce cercle, fes points d'interfeétion avec la parabole qui a pour équation xx = by donneront les racines de l'équation. On voit par-là que pour conftruire une équation du troifieme degré, il faut d’abord en la multipliant par x la changer en une du quatrieme : on peut en ce cas la regarder comme une équation du quatrie- me degré, dont une des racines feroit = o. Car, foient x=4, x = ,x=—c, les racines d’une équa- tion du troifieme degré, x3 + px x + 9x +r—0,f on multiplie cette équation par x, on aura x4+ px5. + q xx +rx, dont les racines ferontx —=0,x=4, x = b,x=— c. Aufh lorfque l'équation eft du troifie- me degré, l'équation au cercle qu’on en déduit n’a point de terme conftant ; d’où il s’enfuit qu’en fai- fant dans cette équation y = 0, x et aufi — 0 ; F. COURBE 6 ÉQUATION, & comme dans l’équa- tion à la parabole xx= y, y —0orendaufix=0o, on voit que quand l'équation eft du troifieme depré, le cercle & la parabole fe coupent dans le point qui eff l’origine des x & des y, & c’eit cette interfeétion qui donne la racine x = o ; les trois autres interfec- tions donnent les trois racines. C’eff ainfi qu’en Géo- métrie tout s'accorde & fe rapproche. Les équations des degrés plus compofés fe conf- truifent de même par linterfeétion de courbes plus élevées ; par exemple, un lieu du fixieme degré par l'interfeétion de deux courbes du troifieme , qu’il faut toùjours choifir de mamere que leur équation foit la plus fimple qu'il fe pue, felon plufeurs au- teurs : cependant felon d’autres cette regle ne doit pas être fuivie à la rigueur, parce qu'il arrive fot- 94 C ON vent qu'une coufbe dont l'équation eft compoñée, eft plus facile à décrire qu'une courbe dont l’équa- tion eft fort fimple, Woyez fur cela l’article COURBE, ainfi.que fur la conftruition des équations différentiel- les. (0) CONSTRUCTION , serme d’Architeëture, et l’art de bâtir par rapport à la matiere, Ce mot fignifie aufli Pouvrage bdti. Voyez ARCHITECTURE , Ma- CONNERIE, CHARPENTERIE, MENUISERIE, €. … Conffrutfion de pieces de trait, eft le développement des lignes rallongées du plan pat rapport aux profils d’une piece de trait. ( CONSTRUCTION , e7 termes ide Marine , fignifie Vart de barir des vaiffeaux. L’on a plufieurs ouvrages qui développent les principes généraux de la conf sruëion, & qui donnent des méthodes parriculieres our conftriure différentes fortes de bâtimens. Les plus détaillés font 1°. L'archireilure navale du fieur Dafié, impri- mée.à Paris en, 1695. 2°, L’ars de bâtir des vaifleaux. 3°. Le traité du navire, de [a conftru&tion, € de fes nouvemens , par M.Bousguer, de l’académ. des Scien- ces, Paris 1746 ; ouvrage profond ; & qu'il feroit à {ouhaiter que tous les confiruéteurs étudiaffent & entendiflent bien. 4°. Æ/émens de l’Architeëture na- vale, Ou traité pratique de La conftruétion des vaiffleaux par M. Duhamel, de la même académ. Paris 1752: celui-c1 dépouillé d’algebre & de démonftrations,fe renferme dans la pratique, & offre des méthodes fi fimples & fi claires, qu'il peut mettre en état qui- conque le pofléderoiït bien, de dreffer les plans de toutes fortes de bâtimens , & de régler les propor- tions les plus avantageufes pour toutes les parties qui entrent dans leurs conf/ruëlions. Ainf c’eft à ces deux excellens ouvrages que nous renvoyons, dont nous emprunterons cependant le plus qu'il nous fera pofble pour former le détail de cet article, & de beaucoup d’autres répandus dans ce Difionnaire. Le premier objet qui fe préfente dans la conffruc- on des vaifleaux, c'eft la grandeur & la propor- tion qu'on veut donner au bâtiment ; & c’elt ce qui a té reglé par l’ordonnance de Louis XIV. pour les armées navales & arfenaux de Marine, du 15 Avril 1680, Liv. XIIT, tir. ij. art. 1. «Les vaifleaux » du premier rang auront 163 piés de longueur de .» létrave à l’étambord par-dehors , 44 piés de lar- +» geur en-dehors les membres , & 20 piés 4 pouces » de creux à prendre fur là quille au-deflus des bouts » du banc en droite ligne. Article 2. I] y aura deux » différentes grandeurs de vaifleaux parmi ceux du » fecond & du troifieme rang , qui feront diftingués » par premier & fecond ordre. Arricle 3, Les vail » feaux du fecond rang premier ordre auront 1 (To) » piés de longueur, 41 piés fix pouces de largeur, » & 19 piés de creux. Article 4. Ceux du fecond » rang fecond ordre auront 146 piés de longueur, 4o -# de largeut, & 18 piés 3 pouces de creux. 4rr. 5. Les » vafieaux du troifieme rang premier ordre auront » 140 piés de longueur, 38 de laroeur, & 17 piés » fix pouces de creux. Arricle 6, Ceux du troifie- »me rang fecond ordre auront 136 piés de lon- # gueur , 37 de largeur , & 16 piés 6 pouces de » creux. Ariicle 7. Les vaifleaux de quatrieme rang # 120 piés de longueur, 32 & : de largeur, & 14 » & + de creux. Arricle 8, Et ceux du cinquieme # rang 110 piés de longueur , 27 & : de largeur , # ÔT 14 de creux. Il eft bon de remarquer que ces proportions font très-différentes de celles que l’on fuit aujourd’hui ; l'expérience ayant fait connoître qu'il étoit nécef- faire de s’en écarter. Aïnfi pour déterminer la lon- gueur d'un vafleau, il faut fixer combien il y à de fabords à la premiere batterie, quelle largeur doivent avoir ces {abords ; combien de diftance on Peut donner de l’un à l’autre, à quoi on ajoûte deux diflances ou deux diflances & demie d’entre les fa- bords pour Pavant, à compter du premier fabord de lPavant an - dehors de Pétrave ; & une diftance &'demie pour l'arriere , à compter du dernier fabord de l’arriere dans la fainte-barbe , au - dehors de l’é- tambord. On additionne enfuite toutes ces fommes x & le produit donne la longueur du vaifleau de Pé- trave à l’étambord. Ainfi le nombre de canons dont on veut qu'un vaifleau foit monté, & la groffeur de leur calibre , décide de fon rang & de fa lon- gueur. Un vaifleau du premuer rang de 112 canons (voyez au mor RANG) fera percé à la premiere bat- terie de 15 fabords pour des canons de 48 ou 36 livres de balle ; à la deuxieme, de 16 pour des ca- nons de 24; à la troifieme de 15 fabords , pour des canons de 12 livres de balle, fur le gaillard d’ar- ricre , $ canons de 8 livres de balles; fur le châ- teau d'avant, 3 de 8 livres ; & fur la dunette, 2 de 4 livres. La largeur des fabords fe fixe fuivant la groffeur des canons. Pour des canons du calibre de 48, la largeur des fabords fera de 3 piés 2 pouces. Pour du 36, 3 piés ou 3 piés 1 pouce. Pour du Dogs D Piés 9 à 10 pouces. Pour du 18, 2 piés 7 à $ pou- ces. Pour du 12, 2 piés ÿ à 6 pouces. Pour du 8, 2 piés 2 à 3 pouces. Pour du 6, 1 pié 10 pouces ou 2 piés. Pour du 4, 1 pié 8 à 9 pouces. La largeur des fabords fixée, refte à donner leur diftance , qui pour les canons de 36, peut être de 7 piés 6 à 7 pouces. Pour ceux de 24, 7 piés 4 à ÿ pouces. Pour ceux de 18, 7 Piés 3 à 4 pouces. Pour les canons de 123 7 piés 2 à 3 pouces ; & pour ceux de 8 & de 6,7 piés. Il eft bon d’obferver que la diftance que l’on vient de donner entre les fabords pour les canons de 12 ù de 8, & de 6, ne convient que pour les frégates à - deux ponts, & qu’elle feroit trop grande pour celles qui n’auroient qu'un pont, pour lefquelles il fufroit de mettre 6 piés 1 pouce pour les canons de 12 , fix piés pour ceux de 8, & 5 piés pour ceux de 6 ; ce- pendant toutes ces mefures peuvent varier, & les divers conftruéteurs ont différentes méthodes qui réufliffent fort bien. | Après ce qu’on vient de dire fur la largeur des fa- bords & leurs diftances, il eft aifé de décider la lon- gueur du vaifleau, de la rablûre de l’étambord à la rablûre de l’étrave : il faut additionner la diftance du dernier fabord de l'avant à la rablûre de l’étrave = celle du dernier fabord de l’arriere à la rablûre de l’étambord , avec la largeur de tous les fabords de la premiere batterie, & toutes les diftances qui doivent être entre chaque fabord. Le produit de ces fommies donnera la longueur du vaiffeau de rablûre en rablù- re. Ainfi un varfleau de 74 canons, auroit 14 fabords à fa premiere batterie, & 166 piés de longueur ; &c un vaïfleau de 64 auroit 13 fabords & 151 piés de longueur. Ces deux exemples fuffifent. La longueur que l’on veut donner au vaiffeau que l’on projette étant décidée, il faut en fixer la plus grande largeur au maïître-bau ; ce qui varie encore luivant les différentes méthodes, dont nous allons rapporter quelques exemples. Il y a dés conftruéteurs qui pour la plus grande largeur des vaifleaux, prennent entre le tiers & le quart de leur longueur ; c’eft -à -dire que fi un vait- Îeau a 168 piés de longueur, on divife cette fomme par 3, ce qui fait 56. On divife enfuite la mêmefom- me de 168 par 4, ce qui fait 42, Enfin on ajoûte 56 piés avec 42, dont on prend la moitié, & l’on a 49 piés pour la largeur d’un vaiffeau de 168 piés de lon- gueur. | Quelques conftrufteurs ayant trouvé cette lar- geur trop grande pour les vaiffeaux du premier rang, louitrayent un douzieme de la longueur totale 168 , pour laquefte 8e l'élancement ; ilrefte 1 ÿ4 piés , fur quoi ils operent comme nous Venons de le dire; & da largeur alors eft de‘44 piés 11 pouces, plus petite de 4 piés 1 pouce que la précédente. D'autres donnent de largeur aux vaifleaux du pre: anierfangs 3 pouces 3 lignes par piés de la longueur: par cette methode le vaifleau de 168 piés de long auroit 4y piés 6 pouces de large. | = Iyena qui pour les vaifleaux di premier & dt fecond rang , prennent un tiers de la longueur dont ils fouftrayent unè fixieme partie, & le reftant eft léur largeur : ainfi un vaifleau de 168 piés de lon- gueur , a 46 piés 8 pouces de largeur. Pour Les vaifleaux du troïfieme & du quatrieme rang, ils prennent 3 pouces 3 lignes par piés de la longueur. - À l'égard des frégates qu’on veut faire fines voi- liereés, on leur donne féulement pour largeur un quart de leur longueur. Enfin il y à des conftruéteurs qui pour avoir là largeur des vaifleaux de 76 canons & au-deflus, prennent 3 pouces 4 lignes 9 points par piés de la longueur ; & fuivant cette reple, un vaiffeau de 168 piés auroit 47 pés 6 pouces 7 lignes de lar- geur. | - Pour les vaïfleaux de 74 canons, ils prennent 3 pouces 4 lignes par pié de la longueur. ; Pour un vaifleau de 62 canons , 3 pouces 3 lignes j points. Pour un vaifleau de ÿ6 canons, 3 pouces 3 lignes & demie. | - Pourur vaifleatt de $o canons , 3 pouces 3 lignes. Pour un vaifleau de 46 canons, 3 pouces 2 lignes o points. Pour urié frévate de 32 canons, 3 pouces 2 lignes : G points. | Pour uné frégate de 28 canons, 3 pouces 2 lignes 5 points. ur | Pour uné frésate de 22 canons, 3 pouces 2 lignes 2 points, tat.à. | Pour une frégate de 16 cänôns, 3 potices 2 lignes. Pour unecorvettede 12 canons, 3 pouces 6 hignes. Suivant ce que nous venons de dife, les conftruc- teurs ont beaucoup varié fur la maniere d'établir là largeur des vaifleaux , qui fe trouve aflez différente quand on les compare à la longueur: r Il nous refte encore à parler du creux. Le creux eft la diftance qu'il y a entre le deflus de la quille & le deffus du bau du prennet pont, non compris le bouge de ce pont. Anciennement la plûpart des con- ftructeurs fafoient le creux au maîtré-gabari, égal à la huitieme partie de la loñgueur du vaiffeau. Sui- vant cètté regle, un vaiffeau du premier rang qui avoit 168 piés de longueur, auroit eu 21 piés de creux ; mais Comme On S’eft appérçu que ce creux m'étoit pas fufhfant, On y a ajoûté un pié pouf don- ner plus d’élévation à la batterie, & plus de capa- cité au fond de cale : fur ce pié un vaifleau de 168 piés de longueur, auroit 223 piés de creux. Cette re- wle meft pas bonne , car le creux feroit@autant plus grand , que le vaïfleau feroit plus long ; au lieu que le ctenx doit diminuer à proportion qu’on allonge le vaffeau, ” * Dansia plüpart des vaiffeaux, le creux au milieu eft égal à la moitié de la largeur : ainfi fi la largeur du vaiffeau qui nous vient de fervir d'exemple étoit de 47 piés dE creux feroit de 23 piés & demi à ün tel vaiffeau ; mais ceux-là font leur varangue plate. Cette regle ne doit pas être généralé pour tous les bätimens ; car üh vaiflean qui a peu de largeur, aura immanquablement fa batterie noyée , fi on n’aus- mente pas beaucoup le creux. Auf les éonftructeurs qui donifent au creux la moitié de la largeur du vaifleau, ne fuivent exac- tément cette replé que pour les Vañficatx depuis 46 canons jufqu'au-deffus ; mais pour the frégate de 28 où de 32 canons, ils prennent pout le creux $. pouces 8 hignes par pié dé la largeur: ainf on don: neroit au vafleau qui auroit 29 piés de largént, 13 piés 8 pouces 4 lignes de creux, Pour une frégate dé 22, de 16, & de 12 canons, ils prennent 6 pouces 6 lignes par pié de lu largeur, PR Ces trois dimenfionsdu vailleau (longueur , lar2 peur, & creux, ) étant reglées, il s'agit de fixèr les proportions des différentes pièces qui entrent dans la con/fruttion, Où en trouve une table extrèmement étendue dans le zraité de confiruttion pratique que nous avons cité ci-deflus, auquel nous renvoyons ceux qui veulent faire une étude patticulière de là conftruétion ; 8 nous nous conténtons de donner ici le devis d'un vaiffeau où Les proportions dès mem: Pres & des principales parties font fixées , avec l'or: dre dans lequel on les travaïlle & l’on les mét en place. A4 | Sasé Devis dur vaiffean dû premiér rang de 133 près de long. Cette longueur eft prife de l’étrave à l’étams bord. Le vaifleau a 36 piés de bau ou de largeur de dedans en-dedans, prife fous le maîtré-bau , & 12 piés de creux au premier pont , 17 au fecond pont, 24 au troifieme pont, & 3 piés 6 poucés de vibord, | Les La quillé eft de trois pieces ; les écarts en font de ro piés de long , & à leurs bouts de 4 pouces d’é paifleur : ils font aflemblés chacun par 25 gourna- bles , qui font une forte de chevillés à qui l’on donné 1 pouce de diametre par chaque 100 piés que le vaif- eau a de longueur. , L'étrave mefuréé en-dehors fur fa rondéut, ef de 37 piés 2 pouces de long ; & à l’équetre dans l’an- gle en-dédans, 27 piés o pouces : elle a de ligne cout: be 7 ptés ; d’épaifleut en-dehors 1 pié ÿ poutes, en- dedans r pié 3 pouces ; de largeur par Le bas 3 piés ÿ pouces, par le nulieu 2 piés 8 pouces, par lehaut 3 piés $ pouces ; de quefte 22 piés. L’etambord a 28 piés 3 pouces à l’équefre : il a d’épaifleur en-dedans 1 pié 6 pouces, d'éfPaiffeur en-déhots par le haut 1 pié 1 pouce, & par le bas 10 pouces ; fa rablure eft de 7 piés : il a dé cour- bure en-dedans 1 pié 2 pouces, & de quéfte 3 piés 6 pouces. : “+ La life de hourdi, ou grande baïré d’arcafle, à 25 piés 6 pouces de longueur par derriere ; de lar- geur 2 piés ; d’épaifleur par fon milieu 1 pié 7 pou: ces ; par fes bouts 1 pié $ pouces ; dé tonture un Dior à | te | Les eftains inefurés dépuis leurs bouts du bas en: dehors de la life de hourdi jufqu’à leurs bouts dui haut, ont 14 piés o pouces; 1 pié 1 pouce d’épaif feur , 2 piés 3 pouces de largeur par leut milieu, & 2 piés par leurs bouts, &T 3 pouces de rondeur par derriere: k1 4 | L Les contre-lifles , où barres de contre:atcaflé, ont d’épaiffeut fur l’étambord 1 pié 1 pouce, & de haut en bas x pié 2 pouces : la plus haute eft pofée à 2 piés 2 pouces du deflous de la life de hourdi ; lès fabords font à 2 piés de l’étambord, & ont 2 piés 4 pouces de Rrgeur ; les courbes d’arcafle ont 8 pouces d’épaif- feur ; les cotniéres ou allonges de poupe montent jufqu’à 27 piés 6 pouces au-deflus de la life de hour- di; & il y a 3 piés 3 pouces de diftanice entr’elles par le haut. | À Des deux grands oabarits, le ptemier en veñant de l'avant, eft pofé à 36 piés du dernier écart de l’é: trave : il a dans les fléurs 3 piés 2 pouces à l’équetre 5 à demi-pié de hauteur du plafond , il 4 30 piés de lar- geur ; & à hauteur de 17 piés, ila 36 piés aufñ de lar: geur : l’autre grand gabarit eft à ro piés de celui-ci vers l'arrière, & entr'eux il y a fix varangues dont 96 CON chacune a 16 pouces de largeur, & elles font pofées à 7 pouces l’une de l’autre. "Le devant du premier gabarit de l’avant eft à 8 pousss du dernier. écart-dé l’étraye : 1l a 28 piés de ongueur juiqu'à la baloire en-deflüs , à mefurer de la droite ligne de la baloire par la ligne perpendicu- laire fur la trace du mieu de Îa quille ; de {orté qu'il a 7 piés 8 pouces de tonture, & 35 piès $ pous . ces. de large entre les baloires des deux côtés. _. Lé dernier gabarit de l'arriere eft pofé à 18 piés 6 pouces du talon de la quille; fa longueur , auffi prie du deffus de la baloire par fa ligne direéte fur la perpendiculaire, tombant fur la trace ou le mi- lieu de la quille ; eft de 38 piés fix pouces ; de ma: mere qu'il y a ÿ piés 3 pouces de tonture ; & 31 piés 9 pouces entre Jes baloires des deux côtés. Les baloïires, mefures prifes dans l’avant, à la ligne ou raie du milieu , à 6 piés de l’étrave en- dedans , viennent à 6 piés 6 pouces de hauteur ; & melurées à 12 piés de l’étrave, elles font à r1 piés 8 pouces de hauteur ; à 18 piés de l’étrave, elles font à 15 piés 7 pouces; à 24 piés de l’étra- ve, elles font 17 piés 4 pouces ; à 30 piés de Vétrave , elles font à 17 piés 10 pouces ; à l’avant elles font à 5 pié 8 pouces au-deflus du creux du Vailleau, & à larriere à 12 priés. : ,: "Les côtes ont fur la quillé 1 pié d’épaifleur ; dans les fleurs 10 pouces & +; fur la ligne du fort 8 pou- ces , fur la lifle du vibord $ pouces: celles de l’a- “vant & de l’arriere font un peu plus minces. __ Chaque côté du vaifleau a été formé fur 15 lifles de gabarit; favoir 14 au-deflous de la ligne du gros & 4 au-deflus, & encore 1 autre pour chaque herpe. - La carlingue a r pié d’épaiffeur, & 2 piés $ pou- ‘ces de largeur; mais elle eft un peu plus mince & plus étroite à l'avant & à l’atriere. Les yaigrès du milieu des fleurs ont 6 pouces d’é- | paifleur, 8 1 pié s pouces de largeur; celles qui {ont au-deflons &c au-deflus de celles-ci, aufi dans les fleurs , ont ÿ pouces d’épaifleur & 1 pié 5 pou- ces de largeur : toutes les vaigres du milieu des cô- tés ont 4 poucés d’épaifleur, & 3 pouces à l’avant & à l'arriere. Les ferre-bauquieres du premier pont ont $ + d’é- paifieur, & 2 piés de largeur; elles defcendent 4 pouces plus bas que le deffus des baux: celles du fecond pont ont 6 pouces d’épaifleur, & la même largeur de 2 piés, defcendant auf de 4 pouces au- deflous des baux : celles du troifieme pont ont ; pou- ces d’épaifleur, & 1 pié 9 pouces de largeur. * Les baux du premier pont ont 1 pié 3 pouces d’e- paifleur, & 1 pié 4 pouces de largeur, peu plus ou peu moins , à la demande du bois : 1ls ont 7 pouces- de tonture ; 1ls font à 7 piés l’un deW’autre, à la gran- de écoutille, à o piés au-deflus de la foute ou bif- cuit; & la plüpart des autre font à quatre piés fix pouces de diftance l’un‘de l’autre. | _ Ceux du fecond pont font un peu plus forts, & potfés droits au-deflus de ceux du bas-pont; à la hau- teur de ÿ piés, au milieu du vaifleau, & de 4 piés 6 pouces à l’avant: ceux qui font fur les foutes aux “bifcuits, font pofés une fois plus près l’un de Pautre que ceux ‘du bas-pont. . __ Les barrots du haut-pont ont 1 pié r pouce de Targeut , les uns un peu plus, les autres moins , & 10 pouces d’épaifleur ; & fur 28 piés de longueur, o pouces de tonture, la plüpart étant à 4 piés 6 pou- ces l’un de l’autre: les barrots du château d'avant ont 8 pouces d’épaifleur, & ro de largeur. | Les barrots du demi-pont & de la chambre du ca- pitaine ont 9 pouces d’épaifleur &c : pié de largeur: als ont un peu plus de tonture que ceux du haut- pont, à mefurer de deflus le pont ; & proche du grand mât, ils font poiés à la hauteur de 7 piés ; & geur, & 5 pouces d'épaileur. CON à la hauteur de 7 piés 6 pouces à l’atriére, atix tré: pots. Les barrotins des dunettes ont 6 pouces d’é- paifleur en quarré., & font à 2 piés 8 pouces de dif. tance les uns des autres ; ils ont un peu plus de ton- ture que les barrots de la chambre du capitaine. Les coutbatons qui lient les barrotins & les bordages, ont {ous la ferre-bauquiere en-dedans la même épaif- feur que les barrotins auxquels ils font joints par le haut. Les courbatons du demi-pont & de la chambre du capitaine, pañlent derriere le ferrage. . Les aiguillettes qui font de chaque côté pour ren- forcer le vaifleau , ont 10 à rx pouces de largeur prife par la longueur du vaïffeau ; & 13 à 14 pouces d’épaifleur prife en travers. NE . Les entremifes qui regnent autour des ferre-gont- tieres du pont d’en-bas, ont 2 piés 8 pouces delong & 8 pouces d'épais ; les entremifes du fecond pont Ont 9 pouces d’épaifleur par le côté qui joint le bord &t 6 pouces par le côté oppofé qui eft en-dedans : il en eft de même des entremifes du premier pont, qui ont aufli en-dedans 3 pouces de moins que du côté du bordage. | | Les ferre-bauquieres du pont d’en-bas ont 9 pou- ces d’épaifleur , & 2 piés de largeur ; celles du fe- cond pont font de la mêmé largeur & épaifleur ; celles du troifieme pont ont 1 pié 9 pouces de lar- Les faix du premier & du fecond pont ont 6 pou- ces d'épaiffeur, & 1 pié 5 pouces de largeur; ceux du pont d’en-haut ont $ pouces d’épaifleur : mais devant le mât, où eft le caillebotis, leur épaiffeux eft de 8 pouces , & les carreaux du caillebotis y font aflemblés. ac ll Cinq guerlandes affermiffent l’ayant ou les joues ; & les défendent contre la force de la mer ; la plus baute fupporte le bout du fecond poñt ; la plus bafle embrafle & couvre l'écart de la quille & de l’étrave 5 les deux qui font au-deflus de cette plus bafle , font jointes pour affermir la carlingue du pié du mât de mifene. : … Les façons de arriere font aufli fortifiées en-de: dans d’un pareil nombre de varangues acculées , & par des fourcats, les varangues ayant à chaque côté leurs genoux de revers, & la derniére de fes cour bes. | à | À l’endroit de l’avant où la première porque eft pofée, & où commencent Les foutes au bifcuit, il y a , felon la maniere angloïfe, une croix pour em- pêcher que les façons où virures qui y ont une f grande rondeur ñe viennent à s’enfoncer en-dedans, ou qu'à caufe de la grande hauteur qui sy trouve, le deflus ne foit pas aflez bien foûtenu : cette croix eft aflemblée à queue d’aronde à la porque & au bau, Les pieces de la croix 6nt 10 pouces d’épaifleur par la longueur du vaifleau, & 1 pié 2 pouces par fon travers. | | pe Le grand cabeftan qui pañfe fur le fecond pont, y a fept taquets ou fufeaux ; mais fous le pont il n’en a que fix : fon épaïfleur à la tête eftde deux piés ; pou- ces, à la carlingue d’un pié 7 pouces, fur l’écuelle d’un pié $ Pôuces ; la tête a ÿ piés $ pouces de hau- teur. | La tête du petit cabeftan a 1 pié 6 pouces d’épaif- feur, & 4 piés 4 pouces de hauteur : 11 ya 5 fufeaux autour ; 1l tourne fur une écuelle frappée fur les bar- rots. Les têtes des piliers de bittes ont $ piés 4 pouces de hauteur, & 1 pié 9 pouces d’épaiffeur par la lon- gueur du bâtiment, & 1 pié 8 pouces par letravers; le traverfin a 9 piés 3 pouces de long , & 1 pié 8 pou- ces d’épais en quarré ; les têtes ont 2 piés de hauteur au-deffus du traverfin, qui à chaque bout s’étend 2 piés au-delà des piliers, &c eft garni par derriere d’une planche lavée, pour mieux conferver le ché k Se Le diamette des trous des écubiers eft d’un pié Æ 4 à 2 piés de l’étrave, & à pouces ; ils font percées à 2 piés ; $ pouces l’un de l'autre. Le grand fep de drifle a de hauteur, au-deflus du pont, 4 piés 8 pouces, en y comprenant la tète : il a d’épaifleur par la longueut du bâtiment 1 pié 10 pouces, & entravers 2 PIés I PONCE ; la tête a 1 pie 2 pouces de hauteur. ; CN _ Le fep de driffe de mifene a, du château d'avant jufqu’à {es épaules , 2 piés 8 pouces de haut, & la 1ète 1 pic. Les feps ou blocs qui fervent à manœur vrer les écoutes & les cargues du grand humier, ont 1 pié d’épaiffeur par la longueur du vaïfleau , & dix piés en-travers , &t font poiés à 5 piés l’un de l’autre, à mefurer par leurs côtés. Les trous qui fervent aux écoutes-de hune , ont 2 POUCES & = de diametre, & ceux des cargues en ont 1 pouce & demi. À chaque côté des bords du château d'avant fous la vergue de mifene , il y a deux blocs dont les deux premiers fervent à manœuwvrer les cargues point de mifene, & les deux qui font derriere fervent atx L4 . balancines : ils ont 7 pouces en quart, & les rouets jouent par la longueur du vaifleau, les trous étant percés en biais pour cet effet. Derriere le mât de mifeñe au milieu du château d'avant, il y a quatre feps ou blocs d’une même épaifleur , dans chacun defquels il y a deux rotiets qui joùent auffi par la longueur du vaifleau, pour manœuvrer tant les cargues bouline, que les car- gues fond de mifene, &z la drifle du petit humier, & {es boulines du grand hunier: ces quatre blocs, ou plûtôt bittons, ont un traverfin qui a 9 pouces en | quatré. | *&. # | _e Vers le bord par detriere &c tout proche du grand mât , il y a encore de femblables blocs dont les roücts jouent par le travers du vaifleau. | Il y en a encore deux autres aux bords de chà- que côté, proche du mât d’artimon, pareillement quarrés, de lPépaifleur de fept pouces, dont les roûets des deux premiers , c’eft-à-dire d'un de chaque côté, joüent par la longueur du vaïffeau , & fervent à manœuvrer les bras du grand humier ; & les deux qui font derriere ces deux premiers, & dont les ronets jouent en travers, fervent à ma- nœuvrer les écoutes de la voile du perroquet de fou- le. Derriere les deux qui font à babord , eft Le fep ou bloc de driffe de la vergue d’artimon, qui a 8 pou- ces d’épais & 10 de large, &r dont le rouet joue par la longueur du vaifleau ; & derriere celui-ci il y en a encore un petit, pour la drifle ou perroquet de foule. L : ; Fe . La longueur de la chambre du capitaine prife des allonges de poupe en-dedans , eff de 21 piés, auffi- bien que le château d’arriere; & la longueur du château d'avant eft de 33 piés. La cuifine, qui eff, à ftribord, a 9 piés 6 pouces de long, & 8 piés 2 pouces de large. Le derriere de la cheminée eft à 4 piés $ pouces de la cloifon du derriere de la cuifine : la barre de fer de derriere eft à 21 pouces de la maçonnerie; & celle du devant a 7 pouces , & élevée d’un pié au-deflus du pavé: le tuyau par où la fumée pañle a 24 pouces de largeur par la longueur du vaifleau, &t 31 pouces en tra- vers. Sr: La dépenfe, qui eft vis-à-vis de la cuifine, a 9 piés de long , & 7 piés 9 pouces de large, le tout à mefurer en-dehors. , La foffe aux cables , qui eft le fecond pont , eft de 26 piés 6 pouces, à mefurer de l'étrave en-dedans. La fainte-barbe a 27 piés de longueur , à mefurer dé la life de hourdi. La foute aux poudres a 6 piés de haut, à prendre fur les vaigres proche de la carlin- gue. L’archipompe a 3 piés 3 pouces de diametre : aux deux côtés il y a deux foutes au bifcuit, & une Tome 1 F, C ON 97 troifièmé droit par derriere; &'dans cette derniere 1l y a un petit efpace où l’on tient les ferrailles. Tous ces ouvrages font faits de planches fort feches, & doubles l’une fur l’autre. Deux des foutes au bifcuit font garnies de fer-blanc, & la troifieme eft enduite de poix-réfine, Les fabords du fecond pont fort percés à 23 pou=. ces au-deflus de la ferregouttiere, à prendre du def- fus des feuillets d’embas. Les feuillets du haut font à pareille diftance de ceux du bas, à-plomb ; & les fabords ont 27 à 28 pouces de largeur par la lon- gueur du bâtiment : ceux de l’arriere font à 8 piés 4 pouces des eftains en-dedans. La plüpart des autres ontenviron 8 piés de diftance entr’eux, hormis ceux entre lefquels fe trouvent la cuifine & la dépenie, qui {ont à 14 piés 6 pouces l’un de l’autre, Il y a 3 fabords de chaque côté dans le château d'avant, & deux dans le château d’arriere; ils ont de largeur par la longueur du vaifleau , 2 piés de 12 pouces. Le grand mât, fur le fecond pont ,:eft par fon cô- té qui regarde avant un pié plus vers l'arriere que la moitié de la longueur du vaifleau , à mefurer de l’étrave à l’étambord. Le mât de mifene eft pofé par le centre de fon diametre, à 12 piés 7 pouces de l’étrave prife en-dedans. Le milieu de la carlingue du mât d’artimon , pris fur Le haut pont ,eft à la di ftance de 20 piés 6 pouces des allonges de poupe en- dedans, | Les pompes font à 34 piés de l’étambord, dans le plus bas des facons de l’arriere: elles font élevées aufli de 34 pouces au-deflus du troifieme pont. Les potences s’élevent de 27 pouces au-deflus des pom- pes, & y font 14 pouces de faillie fur le devant ; en« forte que dans les verges qui ont 10 piés 3 pouces de longueur , & 14 pouces d’épaiffeur, les trous des chevilles font à 14 pouces l’un de l’autre. Le trou pour la manche eft percé à 16 pouces du bout d’en- haut de la pompe. Il n’y a fous les fabords d’entre les deux ponts qu'une ceinte, & une autre piece qui de l’arcafle s'étend en-dedans jufqu’au revêtement. Cette ceinte a 14 pouces de largeur, & 8 d’épaiffeur. La fermu- re ou bafe des fabords a 42 pouces de large par le milieu du vaifleau ; mais vers l'avant & Parriere elle en a un peu moins, & elle a 4 pouces d’épais. La ceinte qui eft au-deffus a 13 pouces de largeur , &c 7 d'épaïfleur. Les couples ont 14 pouces de lar- seur, & 3 + d’épaifleur. La ceinte au-deflus a 12 pou: ces de largeur , & 6 pouces d’épaiffeur. La bafe des {abords fous la life de vibord a 20 pouces de lar- geut, & 3 d’épaifleur, La liffe de vibord a 10 pouces de largeur , & 6 d’épaiffeur. Le premier bordage qui eft au-deflus de la life de vibord, & qui la joint par larriere, a 14 pouces de largeur, & 2 d’épaiffeur; & l’efquain, dont la plü- part eft de 9 pouces de large & de 10 pouces à l’ar- riere, s’emboîte dans fa rablure, Il y a dans le vaif= feau cinq herpes, dont chacune embrafle deux bor= dages. Les lifles ont 7 pouces de largeur , & 4 d’é- païfleur : le vuide ou jour de l'entre-deux eft de & pouces. . La plus bafle des aiguilles de l’éperon a 26 piés de long , mefurée par fon deflus, & le befticn où lion 12 piés: il a par fon devant 28 pouces d’épaif- feur de haut en bas, & 20 pouces par fon derriere. L’aiguille a 16 pouces d’épaffeur de haut en bas con- tre l’étrave , & 11 contre le lion, & 6 entre fes orif- fes de devant. Les frifes ont 21 pouces de largeur contre l’étrave , & 14 en-devant contre le lion. Les plus hauts porte-vergues qui, à 9 piés de leur longueur prife par-derriere font ornés de marmots, ont de largeur avec ces têtes, à l'endroit où elles font, 20 pouces, &c 10 d’épaifleur : 1ls ont is le 98 CON devant de l'Étrave 10 pouces de largeur, & 6 d’é- paifleur ; & au revers de l’éperon ils en ont 6 de lar- geur, & 4 d’épaifleur. Le plus bas porte-vergue a de largeur par fon bout de derriere 8 pouces +, & par fon bout de devant 4 pouces =, & d’épaifleur 4 pouces. Pour foûtenir les porte-vergues & fortifier tout l’éperon, il y à cinq couples de joutteraux ou courbatons aux deux côtés, dont le fecond de Îa quatrieme couple s’entretiennent en-devant chacun par un petit traverfin courbé naturellement, & fans le fecours de la main du charpentier. Les herpes de l'éperon font à 13 piés 3 pouces de l’étrave, & font par leur bout du haut à la diftance de 24 piés 9 pouces l’une de l’autre. Les bofloirs, qui ont 1$ pouces d’épaifleur en quarré, font faillie en mefurant de ieur milieu, juf- qu'à 36 pouces au-delà les porte-vergues. Le traver- fin de herpes a 24 piés de longueur, & 10 ou 11 pou- ces d’épaifleur en quarré , & fait faillie de x x piés au- delà des porte-vergues. Les porte-haubans de mifene ont 28 piés de long, & 20 pouces de large par-devant, & 16 par der- niere : 1ls ont 4 pouces d’épais en-dedans, & 3 £en- dehors : il y a neuf couples de haubans fur chacun de ces porte-haubans, avec une cadene plate pour le palan qui eft placée entre le troifieme & le quatrie- me. Les grands porte-haubans ,ont 35 piés de long, &z la même largeur que ceux de mufene , tant par- devant que par derriere; mais ils ont, tant en-de- hors qu'en-dedans , un demi-pouce d’épaiffleur, & il en a dix couples avec une cadene placée comme la précédente. Ceux du mât d’artimon ont 16 piés 6 pouces de long , & 15.de large par-devant, 12 par derriere, avec 3 pouces & demi d'épaifleur en-de- dans & 3 en-dehors. Les pendeurs de palan font pla- cés entre le fecond & le troifieme couple des hau- bans, qui y font au nombre de cinq couples. Le gouvernail a $2 pouces de largeur par le bas, & 26 pouces à la jaumiere : il a par le haut 19 pou- ces d’'épaifleur en-dehors, & 16 en-dedans. La jau- miere a 12 pouces de hauteur en-dedans , & 10 de largeur , c’eft-à-dire en-travers du vaifleau, mais en- dehors, elle n’a que 10 pouces de hauteur, & 8 de largeur : les gonds de la ferrure pour prendre le gouvernail font au nombre de fept, & ont 4 pouces moins un quart de diametre. Le timon ou la barre a de largeur de haut en bas 12 pouces, & 11 en tra- vers, c’eft-à-dire proche de la jaumiere en-dedans. Le traverfin ou quart de rond de la barre de gou- vernail eft pofé à 21 piés du voutis, en prenant la mefure du deflus de la life de hourdi : il a o pouces en quarré ; & dans la longueur de 18 piés qui eft en- tre les chevilles, & qui foûtient la barre dans le mou- vement qu'elle fait deflus comme celui d’un fas, d’où il eft auffi appellé faffoire & ramifaille, il eft ar- que de 4 pouces. La manuelle, fouvent auf appellée £arre de gou- vernail, de mème que le timon, a 12 piés 3 pouces de long, fans y comprendre la boucle. Le moulinet ou la noix qui eft dans le hulot, par le moyen de laquelle la barre joue , a 14 pouces de longentre les chevilles. Le retranchement ou couvert où la barre joue eft élevé de 23 pouces au-deflus de la tugue, ayant 11 piés de long en travers du vaifleau , & 13 pouces de large : il y a une petiteécoutille au-deflus, par laquelle le pilote peut facilement parler & fe fai- re entendre du timonnier. | Le grand habitacle qui eft devant le timonnier a 6 piés 6 pouces de longueur, $ piés de largeur, & 16 pouces dans les entre-deux , étant féparé en cinq. Le petit habitacle a 3 piés 6 pouces de long, 3 piés 4 pouces de haut, 8 13 pouces dans les entre-deux : il eft aufi divifé en trois appartemens ou fenêtres, L’architrave qui eft au-deflus de la life de hour- CON di, a 18 pouces de largeur par fon milieu, & 16 pouces à chacun de fes bouts, & ; pouces d’épaif- feut : elle à autant d’arc en arriere que la life de hourdi, & autant de tonture au bas que les baux du troifieme pont; mais au haut elle eft arquée de deux pouces de plus: elle fait faillie de 5 piés 6 pouces derriere les allonges de poupe, & par fon milieu elle eft 10 pouces au-deflus des bordages du pont d’en-haut qui y aboutiffent : elle eft foûtenue par 14 montans de revers qui ont 7 pouces de large &. 6 d’épais : les deux du milieu, entre lefquels le gou- vernail pafle en joüant, font à 32 pouces l’un de l'autre : 1l y a fur le voutis une bonne planche de chêne, & 1l eft bordé de planches de 2 pouces d’é- paifleur. | La planche ou frife qui eft au-defus de larchitras ve a 3 pouces & demi d’épaifleur, &z fait faillie de 4 pouces par le haut, étant attachée & cloüée par le bas à l’architrave, pour être plus ferme, avec des clous frappés en biaïfant: elle pafle auffi de 1 pou- ces fur les côtés au-delà des bordages, fur lefquels aa le pié de la galerie eft affemblé à joints per- us. | La fimaife qui eft au-deffus des fenêtres de la ga- lerie, eft en-dedans à 7 piés du derriere des allonges de poupe; & à mefurer depuis le haut de la frife qui eftau-deflus de l’architrave en biaifant jufqu’au haut de la fimaife, celle-ci fe trouve placée 6 piés 4 pou- ces au-deflus de l’autre, ayant par fon milieu 1 $ pou- ces de large, par fes bouts 18 pouces, & autant d'arc que l’architrave qui eft au-deffous, Son épaif- feur qui eft de 4 pouces & demi, rentre en-dedans d'un pouce & demi autour des montans de la galerie. L'autre frife qui a 2 pouces d’épaifleur, eft par le haut, dans fon milieu, 36 pouces au-deflus de la plus bañfe frife; & la life qui eft au-deffus fait par derriere faillie de 12 pouces au-delà des planches. Le pié ou Le fupport de la galerie a 10 piés de lon: gueur : 1l y a en-dedans 7 courbatons de 6 pouces de large & de $ d’épais, & il y en a autant fous le couvert : ils font faillie de 36 pouces au - delà des allonges de poupe, vers le corps du vaiffeau. Le fronteau de la galerie eft placé à 39 pouces en- devant, du côté de derriere des allonges : la planche qui eft debout, & ouvragée de reliefs fur le côté.de la galerie, eft de 18 pouces de large par-derriere, & de 13 pouces par-devant. Les montans, avec leurs figures & ornemens, ont 12 piés de largeur , & au tant d’épaifleur que les reliefs ont pù le permettre. Les termes des angles font de même ; maïs les autres. font un peu moins puiffans. La table de la chambre du capitaine a 32 pouces de hauteur, & les bans en ont 22. Aprés avoir donné le détail & les proportions des principales pieces qui entrent dans la coz/fruition d’un vaiffeau dupremier rang, il convient de faire voir l’ordre que l’on fuit pour difpofer & placer cha- que partie. Premierement on prépare la quille , puis 2. L’étrave, 3. L’étambord, 4. La life de hourdi. 5. Les eftains. 6. Le taquet de la clé des eftains, 7. La clé des eftains, 8. Les barres d’arcafle ou contrelifles. 9. Les allonges de poupe. Enfite 10. On met la quille fur le chantier, c’eft-à-dire fur les tins. 11. On ôtelesallonges de poupe &cles barres d’ar- cafe. 12. On éleve l’étrave. 13. On éleve l’étambord ; on y affemble les barres CON d’arcale, fur lefquelles on pofe les allonkes de pou- pes ou de trepot, autrement les cormieres. 14. On pofe une courbe fur la quille ê&t contre l’é- tambord. | 15. On fait la trace & le jarlot. 16. On perce les trous pour les gournables dans Vétrave, l'étambord , & la quille. 17. On affemble les gabords avec la quille; puis 18. Les ribords, & l’on fait le platfond au nt- veau. vs », | 19. On pofe une varangue fous l’embelle, avec un genou à chaque côté. 20. Puis on borde les fleurs, & | 1. On les met à niveau quand elles ont leurs fa- cons. Après cela 29. On fait les gabarits des trois allonges ; aux- quelles on joint les traverfins des triangles. 23. Sur quoi on met les planches de triangle. 24. On met la baloire tout-au-tour , ê&c les autres lifles de gabarit au-deflus, à niveau; 25. Et aufi les arcboutans aux bouts du haut êc les accores. 26. Les varangues, les genoux, les genoux de re- vers , les fourcats, les barres de contre-arcafles ou les contreliffes. 27. Les entremifes &r les taquets pouf tenfler, 28. On apprête les baux. 29. On drefle & l’on coud les bordages des fleurs, 30. On vaigre les fleurs. 3 1. On fait le triangle pour pofer les baux, &c de deffus 32. On dreffe les allonges , où la ferrebanquiere doit être coufue. 33. On attache la ferrebanqmiere. 34. On pofe les baux, avec la vaigre de pont au- deflous. : 35. On porte le triangle au haut. 36. On préfente les gabarits de la feconde & de la troifieme allonge. 37. On coud le ferrage ; d’entre les fleurs & les . baux, | 38. Aux allonges. | 39. On met les liffes de gabarit autour, & on y attache les archoutans & les accores. 40. On pofe en place les courbes , on vaigre le platfond ; on pofe les porques, la carlingue ou con- trequille , & l’on fait les carlingues des mäts. 41. On dreffe la ferregoutiere du haut pont. A2. On la pofe. 43. Et l’on coud une ou deux vaigres au-deflus. 44. On pofe les barrots du pont d’en-haut & de la fainte-barbe. AS. Enfuite on coud la ferrebauquiere. 16. Et les autres ferres au-deffous. 47. On gournable les fleurs. 48. On aflemble l’arcafle avec les faix de pont. 49. On pofe les courbatons , & l’on fait {cier Les barrotins. so. On retourne au-dehors, & l’on coud le bor- dage fous les fabords. 1. On recoud les coutures des fleurs & les ra- blures. : 52. On coud les bordages au-deflous de la pre- miere préceinte. _ $3 On acheve de mettre le bâtiment en état; puis 54. On le tourne fur le côté. 55- On le redreffe. 6. On attache Les rofes à l’étambord , & une pla- que fur la quille. 57. On fait le modele du gouvernail. 58. On prépare tout pour lancer le bâtiment à l’eau , puis on le lance. | | Tome IF, “ CON 09 59. Quand il y eft, on fait les échafauds au-de- hors & par l'arriere. | 60. On met les feuillets du haut des fabords tout- au-tour du vaifleau. 6r. Et l’on coud les plus bas bordages ; puis après 62. Onborde & éleve les hauts tout-au-tour ; lon coud les ceintes, les couples, les liffes de vibord, le premier hordage de l’efquain, l’acaftllage , & les herpes. 63. Enfuite on pofe la plus haute ferregoutiere, 64. Et fa vaigre au-deflus. | 65. Les barrotins du premier pont, 66. Et les entremifes au-deflous. _ 67. L’écarlingue du cabeftan , &c celle du mât d’ar: timon. 68. L’aiguille de Péperon. 69. Les hiloires des caïllebotis du pont d’en-haut. 70. Les étembraies du mât d’artimon & du cabef- tan. | 71. On pofe les barrots de la chambre du capt taine fur leurs taquets , & de même ceux du château- d'avant. / 72. La ferrebauquiereau-deflous , avec les autres ferres. 73. Les barrotins du haut pont. 74. On tient prêts les blocs ou marmots du gail« lard-d’avant, & on les met en place. 75. Les entremifes du gaillard-d’avant, Et au-def: fous des barrots 76. On pofe les piliers de bittes. 77. Le grand fep de driffe ou bloc, & celui du mât d'avant. . 78. On borde le tillac. | 79- Enfuite on travaille à la croix des montans ou allonges de poupe dans la chambre du capitaine, & au fronteau. 80. À l’éperon. 81. Aux galeries. 82. Aux fabords. 83. Aux écubiers. 84. Aux courbatons de bittesi 85. Aux accotards. 86. Autraverfin de bittes. 87. On borde le château-d’avant ou gaillard. 88. On y pofe les gouttieres ou gathes, 89. Et fur la dunette, & l’on y affemble les bar- rots & les barrotins. 90. On y coud la ferregoutiere & les autres fer: res au-deffous. : 91. On borde par-deflus, & l’on travaille aux hau: ans. 92. On'fait les fronteaux ou cloïfons de la cham- bre du capitaine, & l’on y fait les cabanes ou ca- jates. ” 93. On travaille aux étambraies. 94. On y fait pañler les piés des mâts, & on les pole. 95. Et l’on couche le mât de beaupré. 96. On pofe le cabeftan. 7. On place les cadences des haubans. 98. On fait les fronteaux du demi-pont, 99- Et le fronteau du château-d’avant, 100. Et les caillebotis. | ror. Enfuite on fait les écoutilles à panneaux à boite. 102. Les dalots ou gouttieres, les pompes, & le tuyau pour l’aifement. 103. Le fronteau de la dunette, 104. Les plathords. 105. Les taquets. 106. Le fronteau de la fainte-barbe: ro7. La dépenfe. 108. La crufine. 109. Les bofloirs, 100 CON 110. Le souvernail. < 111, Les blocs ou taquets d'écoutes. ; 112. On met les fargues, fi on le juge néceflaire, 113. Comme auf les liffes au-deflus du platbord, s’il en eft befoin. 114. On fait les dogues d’amure. 115. Les pompes. | 116. La foute au bifcuit & la foffe à lion. 117. Le traverfin des petites bittes fur le gaïllard- d'avant. 118. Les bittons, taquets, & chevillots. 119. L’arceau au-deflus de la manuelle ou barre du gouvernail, s’il y en faut. Puis on fe prend à 120. Recourir tout-autour par lé dehors, 121. À foufiler ou mettre le doublage, s’ilen eft befoin ; 122. Et l’on garnit l’étambord & le souvernail de plaques de cuivre. Après ces pieces principales on travaille aux me- nus ouvrages, comme fenêtres, portes, bancs, cham- bres, & retranchemens : enfuite on braie , on gou- dronne, on peint, 6c. Tout ce qu'on vient de voir ne regardant que le corps du vaifleau, 1l nous refte encore à parler de la matiere des voiles & des cordages; articles qui demandent beaucoup de détail, & pour lefquels nous renvoyons atx mots MATS, VOILES, CORDA- GES. Voyez auff! NAVIRE. (Z) CONSUALES, (Æif. anc. & Myth.) fètes à l’hon- neur du dieu Confus, c’eft-à-dire Neptune, diffé- rentes de celles qu'on appelloit zeptunales, Voyez NEPTUNALES. On y faifoit une cavalcade magnifique, parce que Neptune pafloit pour avoir donné le cheval aux hommes : de-là lui venoit fon furnom d’éguefire, Brice. | On dit que c’eft Evandre qui inflitua le premier cette fête. Romulus la rétablit fous le nom de Coz- fus, parce que ce dieu lui avoit fuggéré le deffein d'enlever les Sabines. Car Romulus ayant inftitué les jeux confuales, y invita fes voifins , & fe fervit de la folennité des facrifices & des jeux pour enlever les Sabines qui étoient venues à la cérémonie. Pour y attirer plus de monde, il avoit répandu de tous côtés qu'il avoit trouvé fous terre un autel qu'il vouloit confacrer, en faifant des facrifices au dieu à qui cet autel avoit été érigé. Ceux qui prétendent expliquer les myfteres de la théologie payenne, difent que l'autel caché fous terre eft un fymbole du deffein caché que Romulus avoit d'enlever les femmes de fes voifns. Les confuales étoient du nombre des jeux que les Romains appelloïent /acrés, parce qu'ils étoient con- facrés à une divinité. Dansdes commencemens ces fêtes & ces jeux ne diféroient point de ceux du cir- que ; & de-là vient que Valere Maxime dit que l’en- levement des Sabines fe fit aux jeux du cirque. Voyez CIRQUE. On couronnoit & on laifloit repofer les chevaux & les ânes ces jours-là, paree que c’étoit la fête de Neptune“équeftre, dit Plutarque. Feftus écrit que l’on célebroit ces jeux avec des mulets, parce qu’on croyoit que c’étoit le premier animal qui eût fervi à trainer le char. Servius dit que les coxfales tomboïent au 13 d’Août. Plutarque , dans la vie de Romulus, les met au 18 ; & le calendrier Romain au 21 du même mois. . Voy. les ditionn. de Trév. de Moréri, 6 le ditonn, de Myth. (G) CONSUBSTANTIATEURS, f. m. pl. (Théolog.) nom donné par les T'héologiens catholiques aux Lu: thériens , qui foûtiennent la confubftantiation. Voy. CONSUBSTANTIATION. CONSUBSTANTIATEURS, eft auffi le nom de ceux CON qui croient le verbe ou le fils de Dieu confubflanriel à fon pere ; du moins M. Peliflon employe-t-il ce terme en ce fens , lorfqu'il prétend qu'après le con- cile de Nicée les Ariens appellerent les catholiques omooufiens, c'eft-à-dire confubffantiels ou conjub- flantiateurs, comme les Proteflans nous appellent cranfubffantiateurs. Je ne fai fi cette étymologie de M. Peliflon ef bien jufte & bien analogue an génie de notre langue. On forme très-bien coz/wbffantia- ceurs & tranfubftantiateurs, de confubftantiation & de tranfubftantiation : mais dans confubftantialité trouvera-t-on également la racine de confubflantia- teurs} M. Peliflon vouloit faire voir que nos freres réformes donnoient à l’exemple des Ariens des noms odieux aux Catholiques ; & 1l a cru pouvoir traduire homooufiens par confubftantiareurs, Ceux qui enten- dent la force du mot grec ouoëside , décideront fi cet écrivain , d’ailleurs exaët, a bien réufi, Voyez CoN- SUBSTANTIATION 6 CONSUBSTANTIEL. (G) CONSUBSTANTIATION , 1. f. (Théol.) terme par lequel les Luthériens expriment leur croyance fur la préfence réelle de Jefus-Chrift dans l’eucharif- tie. Ils prétendent qu’après la confécration le corps ët le fang de N.S. Jefus- Chrift font réellement pré- fens avec la fubftance du pain, & fans que celle-ci {oit détruite. C’eft ce qu’ils appellent corfubffantia- tion Où impanation. Voyez IMPANATION (Lurhéra- nifine. Jecroi, difoit Luther (de captiv. Babyl, tom. II), Je crois , avec Wiclef, que le pain demeure ; & je crois, avec les Sophiftes (c’eft ainfi qu'il nommoit les Théo- logiens catholiques), ge Le corps de Jefus - Chriff y eff. 1 expliquoit, dit M. Bofluet , fa do&rine en plu- fieurs façons ,&c la plüpart fort groffieres. Tantôt il difoit que le corps eft avec le pain, comme le feu eft avec le fer brûlant : quelquefois il ajoütoit à ces expreflions , que le corps étoit dans le pain, fous le pain, comme le vin eft dans & fous le tonneau. De-là ces propofitions fi. ufitées parmi les Luthé- riens , 22, Jub, cum, qui veulent dire que le corps de Jefus- Chrift eft dans le pain, fous le pain, & avec le pain. Maïs comme Luther fentit que ces pa- roles, ceci ef? mon corps, fignifioient quelque chofe de plus, il les expliqua ainf, ce pain ef? mon corps fubftantiellement : explication inouie & plus abfurde que la premiere. Æf?. des variat, rom. 1.1, II, n. 2. Pour expliquer fa premiere comparaifon, 11 di- foit que le vrai corps & le vrai fang de Jefus-Chrift font dans le pain & dans le vin, comme le feu fe mêle dans un fer chaud avec le métal; enforte que comme chaque partie de fer rouge eft fer & feu, de même chaque parcelle du pain & du vin eft tout enfemble pain & vin, & le corps & le fang de Je- fus-Chrift. I ne laifle pas de dire, qu'il permet l’u- ne & l’autre opinion de [a tranfubftantiation & de la confubffantiation , & qu'il leve feulement le fcrupule dé ceux qui ne voudroient pas admettre la pre- miere ; & dans un autre ouvrage, comme on fui teprochoit qu'il faifoit demeurer le pain dans l’eu- chariftie, 1l Pavoue: « mais je ne condamne pas, » dit-il , l’autre opinion; je dis feulement que ce » n'eft pas un article de foi ». Keponf. ad articul, extrait. de captiv. Babylon. tom. II. fol, 172. Mais bientôt il en vint jufqu’à nier ouvertement la tran- fubftantiation. Voyez TRANSUBSTANTIATION. Luther dans fes propres principes {e trompoit en admettant la cozfubflantiation. C’eft ce que Zuingle & tous les défenfeurs du fens figuré lui démon- troient clairement. Ils remarquoient que JC. n’a pas dit, 1072 corps eff ici, ou mon corps eff fous cect , BL avec cecl', OU Ceci content MON COTPS ; MAIS fimple- ment ceci ef? mon corps. Ainf ce qu'il veut donner aux fideles n’eft pas une fubftance qui contienne fon corps , ou qui l'accompagne , mais fon corps fans aucune autre fubflance étrangeré. Il n’a pas dit non plus, ce pain eff mon corps , qui eft l’autre explication de Luther ; mais il a dit ceci eff mon corps par un terme indéfini, pour montrer que la fubftan- ce qu'il donne n’eft plus du pain, mais fon corps: & quand Luther expliquoit , cecz ef? mon corps ; ce pain ef? mon corps réellement & fans figure , il détrut- foit fans y penfer fa propre doëtrine. Car on peut bien dire avec l’Eglife Catholique, que le pain de- vient le corps au même fens que S. Jean a dit que Veau fut faite vin aux noces de Cana en Galilée, c’eft-à-dire par changement de l’un en l’autre. On peut dire pareillement que ce qui eft pain en appa- rence , eft en effet Le corps de notre Seigneur ; mais que du vrai pain en demeurant tel, flt en meme tems le vrai corps de notre Seigneur, comme Lu- ther le prétendoit , les défenfeurs du fens figuré lui foûtenoient ; aufli-bien que les Catholiques, que c’eft un difcours qui n’a point de fens , & con- cluoient qu'il falloit admettre avec eux un fimple changement moral, ou le changement de fubftan- ce avec ceux que Luther appelloit Papifles. Contin. de Fleury , ad an. 1526, (G CONSUBSTANTIEL , terme de Théologie ; Coëf- Jéntiel, qui eft de la même fubftance. Voyez Sugs- TANCE. Les orthodoxes croient que le fils de Dieu eft confubftantiel à fon pere. Voyez TRINITÉ, PERE, Éc. | Le terme ouogcioc, confubffantiel, fut choïfi &c adop- té par les peres du concile de Nicée, pour exprimer la dofrine de l’Eglife avec plus de précifion, & pour fervir de barriere & de précaution contre les erreurs & les furprifes des Ariens qui convenoient de tou- tes chofes, excepté de la confubftantialité. Voyez ARIANISME & HOMOOUSI0Ss. Ils alloient jufqu’à reconnoître que le fils étoit vé- ritablement Dieu , parce qu’il avoit été fait Dieu ; fais ils nioient qu’il fit un même Dieu & une mê- me fubftance que le pere. Auffi firent-ils toûjours tout ce qu'ils purent pour abobr lufage de ce ter- me. On perfécuta les défenfeurs de ce terme. Conf- tance fit tous fes efforts pour obliger les évêques à fupprimer Le terme de confubffantiel dans le fymbole; mais la vérité triompha , & ce terme s’eft confervé jufqu’aujourd’hui. Sandins prétend que le terme de confubffantiel étoit inconnu avant Le concile de Nicée; mais on Pavoit déjà propofé au concile d’Antioche, lequel condam- na Paul de Samofate , en rejettant pourtant le mot de confubffantiel, Courcel au contraire a foûtenu que le concile de Nicée avoit innové dans la doûrine, en admettant une expreflion dont I&concile d’An- tioche avoit aboli Pufage. Selon S. Athanafe, le mot de confubffantiel ne fut condamné par le concile d’Antioche, qu’entant qu'il renferme l’idée d’une matiere préexiftente , 8&c anté- rieure aux chofes qui ont été formées , & que l’on appelle coëffenielles. Or en ce fens le pere & le fils ne font point corfublantiels , parce qu’il n’y a point de matiere préexiftente. Voyez le dit. de Trév. (G , CONSUEGRA , (Géog.) petite ville d'Efpagne dans la nouvelle Caftille, entre le Tage & la riviere de Guadiane. | * CONSUL, f. m. (Hift. anc.) ce fut, après lex- pulfion de Tarquin le Superbe, le dernier roi, mais non le dernier tyran de Rome, le premier magiftrat de la république, Cette dignité commença l’an 245 de la fondation de la ville. On créoit tous les ans deux confuls ; ils gouvernoient enfemble la républi- que. L. Junius Brutus, & L. T'arquinius Collatinus mari de Lucrece , furent les premiers honorés de cette dignité. Qu'il fut doux au peuple, qui avoit fervi jufqu'alors comme un efclave, de fe voir af- femblé par centuries, en comices, fe choïfiffant lui- CON TOI même des magiflrats annuels, amovibles , tirés de la mafle commune par fa voix, & y retombant au bout de l’année! Cette éleétion futconduite par un éméerrex felon quelques-uns ; felon d’autres, par un préfet de la ville: mas ces deux fonétions qu'on vit réunies dans la perfonne de Sp. Lucretius Tricepetinus , n’é- tant point incompatibles , celui qui préfida aux pre- muiers comices libres du peuple Romain put les exer. cer enfemble. Les deux premiers confuls ne finirent point leur année ; le peuple cafla Collatinus qui lui parut plus ennemi du roi que de la royauté ; & Bru- tus & Aronce fils de Tarquin, s'entrétuerent à coups de lance. À Le nom de conful rappélloit fans ceffe à cé magif- trat fon premier devoir, & les limites de fa charge; c’eft qu'il n’étoit que le confeiller du peuple Romain, & qu'il devoit en toute occafon lui donner le con- feil qui lui fembloit Le plus avantageux pour le bien public. On créa deux confuls, & on rendit leur di- gente annuelle, afin qu'il ne reftât pas même lom- bre de l’autorité royale, dont les caradteres particu- liers font l’unite & la perpétuité. Ils ne tenoïent leur autorité que du peuple, &c le peuple ne voulut point qu'ils puflent, fans {on confentement, ni faire battre de verges, ni mettre à mort un citoyen. Il paroît ce- pendant que ces limites n’étoient point encore aflez étroites pour prévenir les vexations , puifque dès Pan 260, c’eft-à-dire quinze ans après la création des confuls , le peuple fut obligé de fe faire des pro- tecteurs dans les tribuns. Leur autorité cefla l’am 302; on la remplaça par celle des decemvir leoum Jéribendarum ; elle reprit l'an 306 ; elle ceffa encore en 310: la république eut alors fes tribuns militai- res’, confulari poteftate. Après plufeurs révolutions, le confulat rétabli dura depuis année 388 de Rome jufqu’en $41 de J.C. qu’il finit dans la perfonne de FL. Bañlius dernier corful, qui l’étoit fans collegue. Ce fut Juftinien qui en abolit Ie nom & la charge : cette innovation lui attira la haine publique, tant ce vieux fimulacre étoit encore cher & refpeété. Sa du- rée fut de 1047 ou 9 ans. Cette dignité ne conferva prefque rien de fes prérogatives fous Jules Céfar & fes fuccefleurs. Les empereurs la conférerent à qui bon leur fembloit ; on n’en étoit revêtu quelquefois que pour trois mois, fix mois, un mois. Plus un hom- me étoit vil, plus fon confulat duroit. Avant ces tems malheureux , l’éleétion des comfuls fe faifoit dans le champ de Mars. Un des confuls en charge étoit le préfident des comices : il les ouvroit en ces termes, g4&@ res miht , magiftratuique meo, populo ple- — bique Romana féliciter eveniat, confules defrgno.Le peu- ple accompagnoit jufque chez eux, avec des accla- mations , Les confuls défignés.La défignation fe faifoit ordinairement à la fin.du mois de Juillet ; les fonc- tions ne commencerent , du moins à compter depuis lan $99 ou 600, qu’au premier de Janvier. On ac- cordoit ce tems aux compétiteurs, Si l’on parvenoit à demontrer que la défignation étoit illégitime, qu'il y avoit eu de la brigue, dés largefles, des corrup- tions , des menées bafles , le défigné étoit exclu. Ce réglement étoit trop fage pour qu'il durât long-tems, _& que l’obfervation en füt rigoureufe. Au premier de Janvier, le peuple s’aflembloit devant là maifon des défignés ; il les accompagnoit au capitole ; cha- que conful y facrifioit un bœuf ; on {e rendoit de-là au fénat ; lun des coz/uls prononçoït un difcours de remerciment au peuple. Sous les empereurs, ilfe fai- {oit dans cette cérémome des diftributions de mon- noie d’or & d’argent : il y eut jufqu’à cent livres d’or deflinées à cet emploi. Valens & Marcian abolrent cet ufage. Juftinien le rétablit avec la reftriétion , qu’on ne diftribueroit que de petites pieces d'argent. Mais les defordres occafonnés par cette efpece de largefle, qui exgluoit encore du confulat quelques 103 CON honnêtes gens qui avoient plus de mérite que d’é- cus, comme cela arrive aflez fouvent, la fit entiere- ment fupprimer par l’empereur Léon : on donna feu- lement un repas aux fénateurs & aux chevaliers, & on leur envoya quelques préfens qui s’appellerent munera confularia. Les confuls juroient 1mmédiate- ment après leur éleétion de ne rien entreprendre con- tre les lois ; ils haranguoient le peuple aux rofîres ; ils ayoient preté ferment devant Le con/ul à leur dé- fionation ; à leur entrée en charge, ils le pretoient devant le peuple: tout ce cérémomial duroit cinq jours-au plus. Les corfuls furent d’abord tous patri- ciens ; mais le peuple obtint par force en 388 , qu'il y en auroit toûjours un de fon ordre. L. Sextus La- teranus fut le premier de cette création. On ne pou- voit briguer le confulat avant quarante-un ans, & même quarante-trois. Céfar enfreignit cette loi , appellée lex annuaria , en nommant conful Dola- bella qui n’étoit âgé que de vingt-cinq. Les empe- teurs qui lui fuccéderent firent des cozfuls qui n’a- voient pas même de barbe; ils poufferent labus juf- qu’à défigner leurs enfans avant qu'ils euffent l’ufa- ge de la parole. Dans ces tems où la dignité de coz- Jul n’étoit qu'un vain nom, il étoit aflez indifférent à qui on la conférât. On n’avoit auparavant dérogé à cette fage inftitution que dans des cas extraordi- naires , en faveur de perfonnages diftingués, tels que le fils adoptif de Marius qui entra en charge à vinget-fix ans, & Pompée à trente-quatre, avant que d’avoir été quefteur. Il falloit avoir été préteur pour : être conful ; 11 y avoit même un interftice de deux ans, fixé entre le confulat &c la dignité prétorienne, &c un interftice de dix ans entre la fortie du confulat & la rentrée dans la même fonttion. Le peuple s’é- toit déjà relâché du premier de ces ufages fous Ma- tius ; les empereurs foulerent aux piés l’un & l’au- tre ; & le peuple, à qui ils avoient appris à fouffrir de plus grandes avamies , n’avoit garde de fe récrier contre ces bagatelles. Les faifceaux furent originai- rement les marques de la dignité confulaire ; ils en avoient chacun douze, qui étoient portés devant eux par autant de liéteurs. On ne les baïfloit que de- vantles veftales. Cet appareil effaroucha le peuple; il craignit de ne s’être débarraflé d’un tyran, que pour s’en donner deux; & il fallut hu facrifier une partie dé cette oftenration de fouveraineté : on por- toit des faifceaux devant un des con/fuls ; Pautre n’é- toit précédé que par les liéteurs. Ils eurent alternati- vement de mois en mois les liéteurs & les faifceaux. Après la mort de Brutus, Valerius dont le peuple fe méfoit, détermina même fon collegue à quitter Les faifceaux dans la ville, & à Les fairé baifler dans les aflemblées. La loi Julienne décerna dans la fuite les faifceaux au plus âgé des confuls ; ils appartinrent aufli de préférence ou à celui qui avoit le plus d’en- fans, ou à celui qui avoit encore fa femme, ou à celui qui avoit déjà été conful. Lorfque les haches furent {upprimées, pour diftinguer le corful en fonc- tion , de fon colleoue, on porta les faifceaux devant celui-là, & on les porta derriere l’autre. Sous les empereurs, le confulat eut des intervalles d'éclat ; &c on lui conferva quelquefois les faifceaux. La chaire curule fut encore une des marques de la di- gnité confulaire : il ne faut pas oublier la toge pré- texte,qui reftoit le premier jour de leur magiftrature devant les penates, 8e qui fe tranfportoit le jour fui- vantau capitole pour y être expofée à la vüe du peu- ple ; le bâton d'ivoire terminé par l’aigle ; &t fous les empereurs la toge peinte ou fleurie, les lauriers au- tour des faifceaux , Les fouliers brodés en or, &-d’au- tres ornemens qui décoroient le ftupide coz/ul à fes yeux & aux yeux de la multitude, mais qui ne lui conferoient pas le moindre degré d'autorité. Le pou- voir du confulat fut très-étendu dans le çommence- CON ment ; 1l autorifoit à déclarer la guerre, à faire [a paix, à former des alliances, & même à punir de mort un citoyen. Mais bientôt on appella de leur jw- gement à celui du peuple, & l’on vit leurs fentences lufpendues par le vecemus d’un tribun. Il y avoit des circonftances importantes , où l’on étendoit leurs privilèges ; viderent ne quid derrimenti refpublica cape ret: mais ils ne furent jamais difpenfés de rendre compte de leur conduite. Si les cozfuls étoient fi pe- tits en apparence devant le peuple, ils n’en étoient pas moins grands aux yeux des étrangers , & ils ont eu des rois parmi leurs cliens. Les autres magiftrats leur étoient fubordonnés, excepté les tribuns du peu- ple ; ils commandoient en chef à la guerre, alors ils punifloient de mort ; ils influoient beaucoup dans les éleétions des tribuns , des centurions , des préfets, éc, ils étoient tout-puiffans dans les provinces ; ils avoient droit de convoquer le peuple ; ils faifoïent des Lois ; 1ls leur impofoient leur nom ; ils recevoient les dépêches des pays éloignés ; ils convoquoient les autres magiftrats ; 1ls donnoient audience aux en- voyés ; ils propofoient dans les aflemblées ce qui leur paroïfoit convenable ; ils recueilloient les voix. Sous les empereurs , ils afranchifloient les efclaves ; ils avoient l’infpeétion du commerce & de fes reve. aus ; ils préfidoient aux fpeétacles, Gc. Auparavant lun d’eux reftoit ordinairement à Rome , à la tête dur fénat & des affaires politiques ; l’autre commandoit les armées ; leur magiftrature étant de peu de durée, & chacun fe propofant de fixer la mémoire de fon année par quelque chofe d’important, on vit & l’on dut voir par ce feul moyen les édifices fomptueux, les a@ions les plus éclatantes , les lois les plus fages, les entreprifes les plus grandes, les monumens les plus importans fe multiplier à l'infini : telle fut la four- ce de la fplendeur du peuple Romain dans Rome ; la jaloufie du peuple & linquiétude de fes maîtres qui pour n’en être pas dévorés au-dedans étoient obli gés de le lâcher au-dehors fur des ennemus qu'ils lux préfentoient fans ceffe, furent la fource de {es guer- res, de fes triomphes, & de fa puifflänce prodigieu- fe au-dehors. Après l’année du confulat, le con Jul faifoit une harangue aux roftres ; il juroit avoir rempli fidelement fes fonétions ; lorfque le peuple en étoit mecontent, il lui interdifoit ce ferment ; & Cicéron , nonobftant tout le bruit qu'il ft de fon confulat , efluya cette injure publique. On pañloit communément du confulat à la dignité de proconful &c à un gouvernement de province. Les gouverne- mens fe tiroient au fort, à moins que les confus ne prifent entr’eux des arrangemens particuliers,ce qux s’appelloit parre cum collega ou comparare. C'eft-là : qu'ils fe dédommageoient des dépenfes qu'ils avoient faites pendant leur confulat. Les pauvres provinces pillées, defolées, payoient tout ; & tel Romain s’étoit illuftré à la tête des affaires, qui alloit fe deshonorer en Afie, ou ailleurs, par des concuflions épouventa- bles. La création & fucceflion des cozfuls font dans la chronologie des époques très-fürés. On a vü plus haut ce que c’étoit que l’état du corful défigné. Il y eut fous Jules Céfar des corfuls honoraires , conful honorarius : c’étoient quelques particuliers qu'il plai- foit à empereur d’illuftrer, de ces gens qui croyoient fottement qu'il dépendoit d’un homme d’en faire un autre grand, en lui difant : fois grand , car telle eff ma volonté. L'empereur leur conféroit les marques & le rang de la dignité confulaire. Ces titulaires font bien dignes d’avoir pour inftituteur un tyran, La race en fut perpétuée par les lucceffeurs de Jules Céfar. Ce- lui des deux cozfuls qui étoit de fervice, & devant qui l’on portoit les faifceaux , dans le tems où on les diftinguoit en les faifant porter devant ou derriere, s’appelloit cozful major. {Ly ena qui prétendent que l’épithete de z74jor a une autre origine, & qu’on la CON donna à celui qui avoit été le premier défigné. Le LJ L L . » conful qui entroit en charge le premier Janvier s’ap- pella conful ordinarius , pour le diftinguer de celui . qui entroit dans le courant de l’année. Lorfqu'un des deux confuls ordinaires venoit à mourir Ou à être dépofé , on l’appelloit Jiffeéus. Il y en eut fous l’empereur Commode jufqu'à vingt-cinq dans la mê- 1me année : c’étoit une petite manœuvre par laquelle on parvenoit à s’attacher beaucoup de gens qui fai- Loient aflez de cas de cet éclat d'emprunt, & aflez peu d'eux-mêmes pour fe vendre à ce prix. ConsuL, (Jurifpr.) eft un titre commun à plu- - fieuts fortes d'officiers de juftice : tels que les cozfuls La de la nation Françoife dans les pays étrangers, & Les confuls des nations étrangeres dans les pays de la domination de France ; les confuls des villes, & les confuls des marchands. (4) ConsuLs DES COMMUNAUTÉS D'ARTS ET ME- riens, eft le titre que prennent en certains lieux les fyndics & officiers de ces communautés, Il y en a quelques-unes dans le Languedoc qui ont leurs coz- fuls comme les villes. Il eft parle des confuls des tail- leurs de Montpellier dans des lettres du roi Jean du 22 Janvier 1351. Voyez ci-après CONSULS DES VIL- LESETB OURGS. (4) | CowsuLs DES MARCHANDS , qu'on appelle auffi les juge & confuls, & plus communément les corfuls fimplement , font des marchands & négocians far- {ant adtuellement commerce, ou qui l’ont fait pre- cédemment ; lefquels font choïfis pour faire pendant un an la fondion de juges dañs une jurifdiéhon con- fulaire, & y connoître dans leur reflort de toutes les conteftations entre marchands & négocians pour les affaires qui ont rapport au commerce. Quelquefois par le terme de con/xls on entend la juritdiétion même que ces juges exercent, quelque- fois aufü le lieu où ils tiennent leurs féances. On trouve dans l'antiquité des veftiges de fem- blables jurifdiions. vu | Les Grecs avoient entre eux certains juges qu'ils appelloient raurodÿxor , Jus dicentes nautis, qui fe tran{portoient eux-mêmes fur le port , entroïent dans les navires, entendoient les différends des particu- liers, & les terminoient fur le champ fans aucune procédure ni formalité, afin que le commerce ne fût point retardé. | Demofthene dans fon oraïfon Qpos AroSépror , 8 encore en celle qul fit contre Phormion, fait men- tion de certains juges inflitués feulement pour juger les caufes des marchands ; ce qui prouve qu'il y avoit des efpecesde juges confulaires à Athenes & à Rome. Il y avoit à Rome plufeurs corps de métier, tels que les bouchers , les boulangers , & autres fembla- bles, qui avoient chacun leurs jurés appellés prèma- tes profeffionum , qui étoient juges des différends en- tre les gens de leur corps auxquels il n’étoit pas per- mis de décliner leur jurifdi@ion ; ainfi qu'il eft dit dans /a. loi vi. au code de jurifdiélione omnium judi- cum ; & dans La loi premiere , au titre de monopolus. Cet ufage de déférer le jugement des affaires de chauue profeffion à des gens qui en font, eft fondé {ur ce principe que Valere Maxime pofe , 4v. VITI. chip, xj. que {ur chaque art il faut s’en rapporter à ceux qui y {ont experts, plhtôt qu'à toute autre per- fonne: artis fuæ quibufque peritis de eadem arte porius quam cuipiam credendum. Ce qui eft auf conforme à plufieurs textes de droit, En France les marchands , négocians, & les gens d'arts & métiers , n’ont eu pendant long-tems d’au- tres juges que les juges ordinaires, même pour les affaires de leur profeflion. La premiere confrairie de marchands qu s'établit à Pauis, fut celle des marchands fréquentans la r1- viere ; ils avoient un prevôt qui régloit leurs diffé- CG ON 103 rénds ; les échevins de Paris mirent à leur tête ce prevôt , qu'on appelloit alors le prevdt de la mars chandife de l'eau , & que l’on a depuis appellé fima plement le prevôr des marchands : maïs cet officier ni lés échévins n’ont jamais été juges de tous les mars chands de Paris ; 1ls n’ont de jurifdiétion que fur les “marchands fréquentans la riviere. Les jurés & gardes des communautés de mar: Chands & dés arts & métiers, n’ont fur les mem- bres de leur communauté qu’une fimple infpe&ion fans jurifdi@tion. | Le juge confervateur des privilégés des foires de Brie & de Champagne, auquel a fuccédé le jugé confervateut des foires de Lyon, & les autres con- fervateurs des foires établis à Pénffar de ceux-ci en différentes villes , n’ayant droit de connoître que des privilèges des foires , les autres affaires de com- merce qui n'étoient faites en tems de foire, étoient toüjours de la compétence des juges ordinaires juf- qu’à cé qu'on ait établi des jurifdi@ions confulaires. _ La plus ancienne de ces jurifdiétions eft celle de Touloufe , qui fut établie par édit du mois de Juil- let 1549. _ On prétend que les chambres de commerce de Marfeille & de Roïen étoient aufli établies avant celle de Paris. | Ce qui donna heu à l’établiflement de celle-ci, fut que Charles IX. ayant aflifté en la grand-cham- bre du parlement au jugement d’un procès entre deux matchands que l'on renvoya fans dépens * après avoir confumeé la meilleure partie de leur bien à la pourfuite de ce procès pendant dix ou douze an- nées, le roi fut fi touche de cet inconvénient par” rapport au commerce, qu'il réfolut d'établir des tri- bunaux dans toutes les principales villes , où Les dif. férends entre marchands fe vuideroient fans frais. Eten effet, par édit du mois de Novembre 1563, il établit d’abord à Paris une jurifdiéton compofée d’un juge & de quatre corfuls, qui feroient choifis entre Les marchands. Il en créa dans la même année & dans les deux fui- vantes dans les plus grandes villes, comme à Roüen, Bordeaux, Tours, Orléans, & autres. Par un édit de 1566, on en créa dans toutés les villes où il y avoit grand nombre de marchands, Aux états de Blois les députés du tiers état firent des plaintes fut ce nombre excefñlif de jurifdiéions confulaires, & en demanderent la fuppreflion ; ce aui ne leur fut pas plemement accordé. Mais par l’ari- cle 239 de l'ordonnance qui fut faite dans ces états, il fut ordonné qu'il n’y auroit plus de corfuls que dans les villes principales & capitales des provin- ces , dans lefquelles 1l y a un commerce confidéra- ble ; ce qui fut encore depuis reftraint aux villes où le roi a feul la police , par arrêt rendu aux grands jours de Clermont le 19 Novembre 1582. Il y a cependant eu depuis plufieurs créations de jurifdions confulaires en difiérentes villes, & no= tamment en 1710 & 1711. On en donnera le dénom- brement à la fin de cet article. Toutes ces juftices confulairés font royales dé même que les juftices royales'ordinaires , & elles font toutes reglées à l’zrffar de celle de Paris, fui- vant l’article 1. du titre 12. de l’ordonnance du Com- merce, qui a déclaré l'édit de 1563 & tous autres concernant les confuls de Paris, dûment regiftrés au parlement,communs pour tous les fiéges des cozjuls. À Paris & dans plufeuts autres villes elles {ont compoiées d'un juge & de quatre corfuls ; dans plu- fieurs autres villés, 1l n’y a qu'un juge & deux coz- Jats i Le juge eft proprement Le premiéer coz/ul, où pour mieux dire il eft le juge, c’eft-à-dire le chef du tri- bunal, & Les confuts font {es confeillers ; on l’ap- 104 CON pelle vulgairement grand juge-conful, pour le diftin- guer des autres confuls : mais les ordonnances ne lui donnent d'autre titre que celui de Juge. À Touloufe, à Rouen, & dans quelques autres villes, on les nomme prieur & conful. À Bourges, le juge eft nommé prevés. La confervation de Lyon qui comprend la jurif- di&tion confulaire, a pour chef le prevôt des mar- chands qui y fiège, avec les échevins & plufieurs autres afefleurs qui y font la fonétion de cozfuls. Les juge & confuls fiégent en robe & avec le ra- bat. La véritable robe confulaire n’eft proprement qu’un manteau. À Paris depuis quelques années , les juge & confuls portent une robe comme celle des gens de palais. ve tn 1 Il y a dans chaque jurifdiétion confulaire un gref- fier en titre d'office, & plufeurs huifliers. A Paris les huiffiers du châtelet font les fignifications, con- curremment avec les huifliers des confuls. La premiere éleétion des juge & confuls à Paris en 1563, fut faite par les prevôt des marchands & échevins, qui aflemblerent à cet effet cent notables bourgeois , avec lefquels ils procéderent à l’éleétion, La charge ou fon@ion du juge & des confus ne dure qu’un an, foit à Paris, on dans toutes les au- tres villes où il y a une jurifdiion confulaire. Trois jours avant la fin de leur année , les juges & confuls font affembler foixante marchands bourgeois de Paris, qui en élifent trente d’entre eux, dont qua- tre font choifis pour {crutateurs ; & ces trente mar- chands élus fans partir du lieu & fans difcontinuer, procedent à l’inftant avec les juges & confuls, à l’é- leétion des cinq nouveaux juge & confuls. A Touloufe & à Bordeaux, ces éleétions fe font avec des formalités particulieres , qui font détaillées dans le dictionnaire de commerce , som. II. pag. Cou. 6 Jui. Quatre qualités font néceffaires pour être juge & conful à Paris, & de même dans plufieurs autres vil- les ; 1l faut être auellement marchand, ou l’avoir été ; être natif & origmaire du royaume ; être de- meurant dans la ville où fe tient la jurifdi@ion. Le 7uge-conful doit avoir au moins quarante ans, & les autres confuls vingt-fept ans , à peine de nulli- té de leur éleétion. On choifit le juge dans Le collége des anciens con- fuis, en fuivant cependant l’ordre du tableau, Ce : juge eft prefque tojours de l’un des huit corps ou communautés, dont les officiers font éleéteurs de droit. Les confuls qui doivent juger avec lui ne peuvent être du même commerce, fuivant la déclaration du mois de Mars 1728 , qui ordonne expreflément que tant le juge & les quatre confuls feront tous de com- merce différens , au moyen dequoi des cinq places il y en a deux à remplir alternativement par des mar- chands du corps de la Pelleterie , Orfévrerie, Bon- neterie, Librairie | & par des Marchands de vin ; les trois autres places font prefque toñjours remplies par la Draperie, l’'Epicerie, l’Apothicairerie , & la Mercerie. Les nouveaux juge & confuls font préfentés par les anciens pour préter ferment. À Paris, ils le pre- tent en la grand-chambre du parlement, Ceux des au- tres villes du reflort pretent le ferment au bailliage ou fénéchauflée du lieu où ils font établis. En cas.de mort du juge ou de quelqu'un des coz- fuis pendant leur année , on en élit un autre. Ceux qui font élus ne peuvent fe difpenfer d’ac- cepter cette charge fans caufe légitime, & ils peu- vent y être contraints, de même que pour les au- tres charges publiques. Si quelqu'un d’eux eft obligé de s’abfenter pour long-tems, 1l doit en avertir Le confulat , demander CON fon congé; & il doit être remplacé par un des ane ciens. | Ils ne peuvent être deftitués du confulat que pour caufe d’infamie, ou pour d’autres caufes graves. Les confuls de Paris ont d’abord tenu letir féance en la falle de [a maïfon abbatiale de faint Magloire, qui étoit alors rue faint-Denis : mais leur auditoire fut transféré quelques années après au cloitre faint Merry, où il eft préfentement. Ils donnent audience trois fois la femaine de matin & de relevée, & font dans lufage de ne point defemparer le fiége , qu'ils n'ayent expédié toutes les caufes qui fe préfentent ; tellement qu’il leur arrive fouvent de temir l’audien- ce jufqu'à minuit. On compte quelquefois jufqu'à 56 mille fentences rendues aux cozfuls de Paris dans | une mème année. | : Il eft défendu aux juge & confuls de prendre au- cunes épices. don, ni autre chofe des parties direc- tement n1 indireétement , fous peine de concuffion : le greffier à feulement un fou de chaque rôle des, fentences. | ; Les parties affignées doivent comparoître en per- fonne à la premiere affignation pour être oùies par leur bouche, fi elles n’ont point d’excufe légitime de maladie ou abfence , auxquels cas elles doivent envoyer leurs réponfes par écrit fignées de leur main propre , ou au cas de maladie fignées d’un de leurs parens, voifins , ou amis, ayant de ce charge & pro- curation fpéciale , dont il doit juftifier à la premiere affignation : le tout fans aucun miniftere d’avocat ni de procureur. Il n’y a point de procureurs en titre ni par com= mifion aux confuls, chacun y peut plaider {a caufe; ceux qui ne peuvent comparoître, ou qui n’ont pas affez de capacité pouf, défendre leurs droits, peu- vent commettre qui bon leur femble : de-là vient que dans plufeurs jurifdiétions confulaires il y a des praticiens verfés dans les affaires de commerce, qui. s’adonnent à plaider les caufes, Ils font avoués du juge & des confuls pour ce miniftere ; c’eft pourquoi on les appelle improprement poffulans 8& même pro- cureurs des confuls : mais ils font fans titre, & n’ont d'autre rétribution que celle qui leur eft donnée vo- lontairement par les parties. Si la demande n’eft pas en état d’être jugée fur la, premiére aflignation , les con/uls peuvent ordonner que ceux qui n'ont pas comparu feront réafñignés, fuivant l’arrêt du confeil du 24 Décembre 1668 ; ufage qui eft particulier à ces jurifdiéions. Quand les parties font contraires en faits, les corfuls doivent leur donner un délai préfixe à la pre- miere comparution, pour produire leurs témoins, lefquels font oùis fommairement en l’audience ; & fur leur dépoñition le différend eft jugé fur le champ, fi faire fe peut. Les confuls ne peuvent accorder qu’un feul délai, felon la diftance des lieux & qualité de la matiere, pour produire les pieces & témoins. IL eft d’ufage dans les jurifdiétions confulaires d’ad- mettre la preuve par témoins pour toutes fortes de fommes, même au-deflus de 100 livres , quand il n’y en auroit pas de commencement de preuve par écrit; cette exception étant autorilée par l’ordon- nance de 1677, en faveur de la bonne foi qui doit être l’ame du commerce. Les confuls peuvent juger au nombre de trois ; ils peuvent appeller avec eux tel nombre de per- {onnes de confeil qu'ils aviferont , fila matiere yeft fujette, & qu'ils en foient requis par les parties, Les matieres de leur compétence font, 1°. Tous billets de change faits entre marchands & négocians , dont ils doivent ia valeur. 2°. [ls connoïffent entre toutes perfonnes des let- 2 tres-de-change ou renufes d'argent faites de place en place, CON phace, parce que c'eft une efpece de trafic qui rend celui qui tire ou endoffe une lettre-de-change jufti- _ciable des confuls. | | ‘Cependant fi celui qui a endoffé une lettre-der change étoit connu notoirement pour n être point marchand ni de qualité À faire commerce , & qu'il arût que l’on n’a pris ce détour que pour avoir COn- Ére ni la contrainte par corps ; en ce cas le parle- ment reçoit quelquefois le débiteur appellant come me de juge incompétent des fentences des confuls : cè qui dépend des circonftances. 3°. Les confuls connoiffent de tous différends pot ventes faites, foit entre marchands de même profef- fion pour revendre en gros où en détail , {oit à des marchands de quelque autre proféfhon, artifans où gens de métier ,afin de revendre ou de travailler de eur profefhon ; comme à des tailleurs d’habits , pour des-étoffes , paflemens, &c autres fournitures : bou- Jangers & pâtifhers, pour blé & farine ; à des ma- cons, pour pierfe ; mgilon, platre , chaux, Ge. à des Charpentiets, menuifiers ;, charrons : tonneliers , | Rx toufneuïrs , pour des bois ; à des ferruriers : maré- chaux, taillandiers , armuriers., pour du fer ; à dés lombiers, fontainiers, pour du plomb; & autres femblables. | | Les marchands qui ont ceflé de faire commerce ne laïffent pas d’être toüjonrs jufticiables des confus pour les négociations qu'ils ont faites par le pañté. Toutes perfonnes qui font commerce, € eftà-dire qui achetent pour revendre, deviennent à cet égard sufticiables des confuls , quand même ce feront des eccléfaftiques, où autres privilégiés ; parce qu’en trafiquant ils renoncent 4 leur privilège. 4°, Les femmes marchandes publiqués de leur chef, & les veuves jui continuent le commerce de jeurs maris, font auff jufticiables des confiis pour raifon de leur commerce. Les héritiers des marchands &c artilañs qui né font pas de leur chef jufticiables des confus , ne font pas tenus d'y procéder contme héritiers , à moins que ce ne fût en reprife d’une inftance qui Y étoit pendante avec le défunt. . ni s°. Les confuls connoïffent des gages, falaires ; penfons des commiffionnaires , faéteurs , où fervi- teurs des marchands, pour le fait du trafic feule- ment. ANT 6°. Du commerce fait pendant les foires tenues dans le lieu de leur établiflement , à moins qu'il n’y ait dans le lieu un juge- confervateur des privilèges des foires, auquel la connoiflance de ces contefta- tations foit attribuée. AIT T°..Ils peuvent connoïfre de l’exécution des lettres patentes du Roi , lorfqu’elles font incidentes aux af- faires de leur compétence » pourvû qu'il ne foit pas queftion de l’état &t qualité des perfonnes. | 8. Les gens d’églife, gentilshommes, bourgeois, laboureurs , vignerons, &c autres, qui vendent les grains, VINS ; beftiaux., & autres denrées provenant de leur crû , ne font pas pour cela jufticiables des confuls ; mais il eft à leur choix de faire afligner les . acheteurs devant les juges ordmaires, ou devant les 1 confuls du lieu, fila vente a été faite à des marchands | & artifans faifant profeffion de revendre. Les confuls ne peuvent connoïtre des contefta- fions pour nourriture ; entretien, & ameublement, même entre marchands, fi ce n’eft qu'ils en faffent rofefhon. | QE 1: Ils ne peuvent pateillement connoître des infcrip- tions de faux incidentes aux inftances pendantes devant eux ; ce font les juges ordinaires qui en doi- vent connoître. nue: LI 1 Lorf{qu'il y a procès-verbal de rebellion à l’exé- cution des fentences des confuls , il faut fe pourvoir Tome IF, CON ro$ en la juflice ordinaire pour faire informer & decré» ter. | | | | | Les fentences des cofuls ne s’expédient qu’en papier timbré, & non en parchenun. Elles peuvent être exécutées par faifie de biens meubles & immeubles ; mais fi on pañle outre aux criées , il faut fe pourvoir devant Îe juge ordinaire. … Elles emportent aufñ la contrainte par corps pour l'exécution des condamnations qui y font pronon- CCS As: | Quand la condamnation n’excede pas ÿoo livres, elles font exécurtoires , nonobftant oppoñition ou ap- pellation quelconque. Celles qui excedent 500 liv. à quelque fomme qu’elles montent, font exécutoi- res par provifion en donnant cautiom |, Il eft défendu à tous juges d'entreprendre fur là jurifdiion des confuls , & d’empècher l'exécution de leurs fentences. | , . “Les appellations qui en font interjettées vont direétement à la grand-chambre du parlement, le- quel n’accorde point de défenfes contre ces fenten- ces ; & lorfque la condamnation n’excede pas 500 livres, le parlement déclare Pappellant non-rece- vable en fon appel. | Lorfque l’appel d’une fentence des confuis eft in- terjetté comme de juge incompétent , la caufe fe plaide devant un des avocats généraux ; fi Pappel eff interjetté tant comme dé juge incompétent qu'au trement, la caufe eft plaidée en la grand-chambre ; & en l’un & en l’autre cas fi les cozfuls font trouvés incompétens , omdéclare la procédure nulle. On n’accorde point de lettres de répi contre les fentences des confuls. | | Il y a préfentement foixante-fept jurifdiétions con- fulaires dans le royaume. En voici la lifte par ordre alphabétique, avec la date de leur création, autant qu’on a pu la recouvrer. Auxérré; ._ -Mornitpellièr, Mai 1691. Angers , E Mars 1564. Nora 5 ? M ; Abbeville, Zmpusaséé, Le Mas S 7 Amiens, £ AS 1590 Marfeille , Angoulême ; Morlaix ; ] Alençon» | Narbonne ; Arles; Marsr72o. Nifmes, Mars 17104 Alby ; Nevers, à Agde; Nantes ; Autun s L Niort; Octobre 1565 Bordeaux, Décembre 1563. Orléans, Février 1563 Beauvais; Juin 6 Paris, Novembre 1563. Bourges; AoùtS 5%# Poitiers; Mai 1566. Brioude ;, Juillet 1704 La Rochelle, Nov. :565: Bayeux » Maïs 1710. Rennés, Mars 1710: Bayonne; Reims, Avril 1564 Caën, _ Marsr7ro. Riom; Mars 1567. Calais, . Roïüen; Lx Châlon-fur-Sad- + Avrilr$6;: Saumur; Juin 1566: ._ ne» Sens; Avril 1564 Châlons-fai-Marne, Décem- Saint-Quentin, Mars 1710, bre 1564: | Sedan ; Mars 1711% Chartres» Juillet r566. Saint-Malo , Châtelleraut;, Saulieu, Clermont en .. Semuren Bourgogne» Auvergne; eds Soiffons , Compiègne, Thiers, Janvier 1565: Dunkerque; Février1700. Touloufé; Juillet 15405 Dieppe, Tours ; _ Avril 15654 Dijon; v Troyes; Février 1563% Grenoble; Marsir7ro. Valenciennes; . Lille, à Varnes ; Lyoû; Décembre r595. Vienne, p 1710. Limoges»; Août 1602. Vire» | Langres ; Mars 1611. Xaintess Mars 1710: , 4 oyèz le receui! des réglentens concérnani lés confuls; 6 Les infututes du droit confulaire , par Toubeau ; /& praticien des confuls, (4) Consuis FRANÇOIS DANS LES PAYS ÉTRAN: GERS, font des officiers du Roi établis'en vertu dè comnufion ou de lettres de provifions de S. M. dans les villes & ports d’Efpagne , d'Italie , de us > r +4 106 CON du Nord, dans les Echelles du Levant &c de Barba- rie, fur les côtes d'Afrique, & autres pays étran- gers où 1l fe fait un commerce confidérable. La fonétion de ces confuls eft de maintenir dans leur département les priviléges de la nation Fran- çoife, {uivant les capitulations qui ont été faites avec le fouverain du pays ; d’avoir infpeëtion & ju- tifdiéhon , tant au civil qu’au criminel, fur tous les fujets de la nation Françoife qui fe trouvent dans leur département , &fingulierement fur le commer- ce & les négocians. Ces fortes de commiflions ne s'accordent qu’à des perfonnes âgées de trente ans. Ceux qui font nommés confuls, doivent avant de partir prêter ferment & faire enregiftrer leuts pro- vifons dans l’amirauté la plus prochaine de leur confulat, & les faire auffi enreoiftrer en la chambre du commerce, s’il y en a une de ce côté. En arrivant dans le lieu de fon confulat, il doit faire publier fes provifons en l’aflemblée des mar- chands François qui fe trouvent dans le lieu, & les faire enregiftrer en la chancellerie du confulat. Lorfqu'il s’agit d’affaires générales du commerce & de la nation, il doit convoquer tous les mar- chands , capitaines, & patrons des vaifleaux Fran- çois qui font fur les lieux; & toutes ces perfonnes font obligées d’y affifter, fous peine d’amende arbi- traire applicable au rachat des captifs. Sur les réfo- lutions prifes dans ces affemblées, le coz/l donne des mandemens, qui doivent être exécutés, & dont il envoye tous les trois mois des copies au lieutenant général de lamirauté la plus prochaine, & en la chambre du commerce auf la plus prochaine. La jurifdiétion de ces confuls embrafle plufieurs objets ; car non-feulement elle tient lieu d’amirauté dans le pays & de jurifdiétion confulaire , mais mê- . me de juftice ordinaire. | Les jugemens du confulat doivent être exécutés par provifion en matiere civile, en donnant cau- tion , à quelque fomme que la condamnation fe mon- te ; en matiere criminelle , définitivement & fans ap- pel, lorfqu'il n’y écheoit point de peine afilidive, pourvà qu'ils foient rendus avec deux députés de la nation, ou à leur défaut, avec deux des principaux négocians François, fuivant la déclaration du Roi du 25 Mai 1722. Quand il y écheoit peine affli@ive, le conful doit inftruire le procès, & l'envoyer avec Paccufé par le premier vaifleau François, pour être jugé par les officiers de l’amirauté du premier port où le vaifleau doit faire {a décharge. | Le conful peut auf faire fortir du lieu de fon éta- bliffement les François qui y tiendroïent une con- duite fcandaleufe , fuivant l’arr. 15, du tir, jx. de l’or- donnance de 1681, qui enjoint aufli à tout capitai- ne & maître de vaifleau de les embarquer fur les or- dres du cor/ul, à peine de 500 liv. d’amende appli- cable au rachat des captifs. L'appel des con/uls des Echelles du Levant & des côtes d'Afrique & de Bärbarie, fe releve au parle- ment d’Aix ; lappel.des autres confulats eft porté au parlement le plus prochain. Si le conful a quelque diférend avec les négocians du lieu, les parties doivent fe pourvoir en l’amirau- té la plus prochaine, fuivant l’ars. 10, du tit, jx, de l’ordonnance de 1681. Il y a dans quelques-unes/des échelles du Levant &c de Barbarie un vice-conful, pour faire les fon@ions du confulat dans les endroits où le coz/ul ne peut être en perionne. à | Le conful a fous lui une éfpece de orefier qu’on nomme chagcelier ; & la chancellerie eft le dépôt des aétes ou archives du confulat. Voyez CHANCELIER 6 CHANCELLERIE. | I nomme aufi des ufliers & fergens pour l’exé- CON cution de fes mandemens, &c leur fait prêter fer- ment. Il y a diverfes ordonnances du Roi qui ont attri- ! . , ue Dué aux confus différens droits fur les marchandifes qui fe négocient par ceux de leur nation. | Voici l’état DES CONSULATS DE FRANCE. En Efpagne. Cadix. Malaga. Cartagène, Alicant. | Gijon & les ports des Af- turies. La Corogne & les ports Dans le Nord, Mofcou & les ports de Ruflie. Elfeneur & pour les ports de Dannemark. | Berghen en Norvege, Dans les échelles du Le vant 6 de Barbarie, de Galice. Le Caire, Gibraltar. Alexandrie. Mayorque. Roffette. Barcelone. Seyde. Ténériffe &cles ports des Alep. îles Canaries. ÂAlexandrette. F Fons Tripoly de Syrie, Gênes & les Ja Satahe. ports de la S république. SH A LEE Che iome. , Le Naples & les ports du ie royaume. # ns) He & les ports de Si- La Morse cile ' PART FE Naples de Romanie, Caillery & les ports de P + ses . ie, P 2 Dardanelles, Ancone. Ce D Senigaglia, Ta Crimée Venife, Al s Rovigno. Te Us Tripoly de Barbarie. En nd » Paros, & Anti- Ile de Sainte-Marie, : ; “: Ile de Cerigo: nn Mile ‘& l’Argentiere. thenes, En Portugal, Zea dans Archipel. Lisbonne, Le Tine & Micony. Ile de Madere. Négrepont. Ile de Tercere. Quarante, Santo, ou la Ile de Saint-Michel. Saillade, Ile de Fayal. S. Jean d’Acre. Quand la France eft en guerre avec les puflan- ces des lieux où font établis ces confus, & que le commerce eft interrompu, les coz/x/s font obligés de fe retirer en France. Il y avoit aufli autrefois un confz! de France en Hollande , & les Hollandois en avoient un en Fran- ce; mais 1l n’y en a plus de part ni d'autre depnis le traité de commerce & de navigation conclu entre ces deux puiflances en 1697. La plüpart des autres puiflances ont auffi des coz- Juls de leur nation à-peu-près dans les mêmes lieux, fur-tout les Anglois & les Hollandois. On diftingue ordinairement ces-coz/uls par le nom de leur nation, Par exemple, on dit Ze conful de la nation Françoife a Smyrne; le conful de la nation Angloifé à Alep. Voyez le ut.]x. de l'ordonn. de 1681, (4) | CONSULS DES VILLES ET BOURGS, font des of. ficiers municipaux choïfis d’entre les bourgeois du lieu, pour adminiitrer les affaires communes. Leur fonétion eft la même que celle des échevins. Dans le Languedoc on les appelle cozfuls ; à Bordeaux, 7u- rats ; à Touloufe, capitouls ; & ailleurs , échevins. Ce nom de cor/juls paroït avoir été imité de celui des confuls Romains , qui avoient le gouvernement des affaires publiques : mais le pouvoir des cozfuls des villes n’eft pas à beaucoup près fi étendu, = On peut auffi leur avoir donné ce nom, pour dire els font confeillers des villes. (A) * CONSULAIRE , adj. ( if. anc. ) un homme confulaire étoit, au tems de la république, celui qui avoit été conful. Mais fous Les empereurs on donna le même titre à ceux qui n'ayant jamais exercé le confulat,, avoient cependant été honorés du rang &e des marques de cette dignité, L’état de ceux-ci 8c leur dignité ne fe défignoient pas par le mot confularus ; mais par celui de confularitas. Le titre de confulaire devint dans la fuite encore plus commun, & confé- quemment moins honorable. ; CONSULAIRE, (Jurifprud.) fe dit de tout ce qui appartient à la qualité de coz/ul des marchands ou de conful des villes. Billers confulaires, font ceux dont on peut pour- fuivre le payement aux confuls , & qui emportent la contrainte par corps. Tels font les billets caufés pour valeur recûe en une lettre de change fournie, ou pour une lettre à fournir. Tels font encore les billets à ordre ou au porteur entre marchands êc négocians, & les billets pour valeur recûe faits par des traitans &t gens d'affaire. Charges confulaires , font les places &c fonétions des confuls, tant des marchands que des villes. Condamnation confulaire , eft celle qui eft émanée d’une jurifdiétion confulaire de marchands, & qui emporte la contrainte par corps. Corps confulaire, fe dit pour défigner l’affemblée des prevôts des marchands & échevins des villes. Par exemple, l’édit du mois de Mai 165$ unit la ju- *sifdiétion de la confervation de Lyon au corps con- fülaire de la même ville. Délibération confulaire, c’eft celle qui eft formée dans l’aflemblée des confuls des villes. Dette confulaire : on appelle ainfi toute dette pour laquelle on peut être afligné devant les juge & con- fuls des marchands ; telles que font toutes les dettes entre marchands pour fait de leur commerce, êc les dettes contraétées pour lettres de change entre tou- tes fortes de perfonnes. Droit confulaire : on entend par ce terme les or- ‘donnances, édits , déclarations, lettres patentes, arrêts, & autres reglemens concernant la jurifdic- tion confulaire, & les regles qui doivent être obfer- vées entre marchands & négocians pour raïfon de leur commerce. Voyez Les inflit. du droit confulaire , “ou les élémens de la jurifprud. des marchañds par Tou- beau. Eletfion confulaire, s'entend de l’életion des ju- ge & confuls des marchands, & aufli de l’éleétion des confuls des villes dans les lieux où leurs officiers “portent ce nom. Faftes confulaires , voyez FASTES. Goutte confulaire, fe dit par métaphore pour ex- primer les condamnations confulaires qui empêchent un débiteur de fortir de chez lui, de peur d’être ar- têté & conftitué prifonnier; on dit qu'il a la goutte confulaire, comme fi c’étoit la goutte qui l’empêchoit de fortir. Hôtel confulaire, c’eft la maifon où les juge &c confuls des marchands rendent la juftice : ils la qua- lifient ordinairement ainfi dans les procès verbaux & délibérations qu'ils y font hors de l’audience. Jurifdition confulaire, eft une juftice royale qui eft exercée par les juge & confuls des marchands élus pour ce fait. Jugement confulaire, fignifie en général tout juge- ment émané de la jurifdiétion des confuls des mar- hands: mais on entend plus particulierement par-là les jugemens rendus par les confuls , qui prononcent des condamnations qui doivent être exécutées par COTps. Tome IF, CON 107 Juflice confulaire, eft à-peu-près la même chofe que yurifdichion confulaire, fi ce n’eft que par le ter- me de 4ffice on peut entendre plus particulierement le sribunal confulaire ; & par le terme de jurifdiction, le pouvoir que les confuls exercent. Livrée confulaire , c’eft la robe , le chaperon, & autres ornemens que les confuls des villes ont droit de porter. Il ne leur eft pas permis de porter indif- féremment des robes ou livrées confulaires mi-parties de rouge & de noir ; ils doivent porter les livrées accoûtumées, comme il a été reglé par plufieurs ar- _rêts. Voyez La biblioth. de Bouchel, au mot Confuls. Maifon confulaire ou hôtel confulaire, c’eft le lieu où s’affemblent les confuls ; où ils déliberenttde leurs affaires & rendent la juftice. Manteaux confulaires , {ont les robes que portent les confuls, foit des villes ou des marchands. Voyez ci-devant Ævrée confulaire, 8 ci-après robe confu- laire. Matieres confulaires , font toutes les affaires de la compétence des confuls des marchands. Voyez ci-de- vant CONSULS. Ornemens confulaires , voyez ci-dev. Zivrée, Voyez auffé CONSULS , a l’article de l'Hiff, anc. … Robe confulaire ; eft une robe d’une forme particu- liere affedtée aux confuls des villes & des marchands. Cette robe n’eft proprement qu’un manteau, &non une robe ample m à grandes manches. Les confuls de quelques villes fe font ingérés de porter la robe dé palais comme les gradués, fous prétexte que plu- fieurs d’entr’eux l’étoient. Les confuls des marchands de Paris ont fait la même chofe depuis quelques an- nées, quoiqu’aucun d'eux ne foit gradué par état, de forte que c’eftune nouveauté introduite de leur patt fans aucun titre. Sentence confulaire , eft la même chofe que yzge- ment confulaire : on dit plus communément 7e fen- rence confulaire ou des confuls. Voyez ci-devant Con- SULS. (4) CONSULTANT , f. m: (Med. Ë Jurifprud.) c’eft. en Droit & en Medecine un homme très-expérimen- té, dont on va prendre l’avis dans les circonftances épineufes. CONSULTATION, f. f. (Jzrifpr.) eft l'examen d’une queftion de fait ou de Droit , & l’avis qui eff donné fur ce qui en réfulte. sh Ce font ordinairement des avocats qui donnent des confultations {ur les matieres de Droit 8 decoû- tume , & fur tout ce qui a rapport à l’adminiftration. de la juftice, Ke Leurs confultations ont beaucoup de rapport avec ces décifions des jurifconfultes, qu’on appelloit chez les Romains refponfa prudentum. Ces jurifconfultes étoient les feuls qui avoient la hberté d’interpreter les lois ; & ce furent leurs décifions qui fervirent à former le digefte. Il en eft à-peu-près de mime par- mi nous; quoique toutes fortes de perfonnes ver- {ées dans le Droit & dans la Pratique puiflent don- ner des avis à ceux qui leur en demandent, néan- moins les avocats ont feuls caraétere pour donner des confultations authentiques. En effet,les ordonnan- ces veulent qu’en certaines matieres on foit muni de la confultation d’un avocat avant d'être admis à plaï- der , comme dans les requêtes civiles, où les lettres de chancellerie ne font expédiées que fur une con/ul- tation fignée de deux anciens avocats, & de celui qui a faitleraport.Il faut auffi pourlesappels comme d'abus une corfulrationfignée de deux anciensavocats;& ces confulrations s’attachent aux lettres de chancellerie. La plupart des commiffaires départis dans les provin- ces font auffi dans l’ufage de ne point autorifer les communautés d’habitans àintenteraucune demande, que fur une confulearion d'avocat, afin de ne point O x 108 CON les autoriler trop légerement à entreprendre de mau- vaïfes conteftations. Enfin ceux qui font interdits, ou auxquels on a donné un confeil, ne peuvent in- tenter aucune demande fans la confulration par écrit de l'avocat qui leur a éténommé pour confeil. Les anciennes ordonnances diftinguent Les avo- cats en trois clafles ; favoir les avocats confeillers , confiliarii, c'eft-à-dire confultans ; les avocats plai: dans, & les avocats écoutans, qui font les jeunes avocats : cette diftinétion fuppofe qu'il n’y avoit au: trefois que les anciens avocats qui euflent droit de donner des corfulrations. Cette qualité d’anciez s’ac- quéroit autrefois au bout de dix ans ; préfentement il faut vingt années d'exercice. Il eftconftant que les anciens avocats font communément plus propres à la confultation que les jeunes, parce qu'ils ont eu le tems d'acquérir plus de connoiïffance & d’expérience dans les affaires. Aufli les ordonnances qui requie- rent une con/ülration, veulent-elles qu’elle foit fignée de deux anciens avocats. Dans toute autre matiere il eft libre de confulterou de ne pas confulter, &t de s’adreffer à tel avocat que l’on juge à propos, ancien ou jeune. Les confultations fe font verbalement ou par écrit: celles qui fe donnent par écrit, commencent ordi- nairement par ces mots : Le confeil fouffigné qui a vi le mémoire & Les pieces y jointes , &cC. ef! d'avis, &cc. elles finiffent ordinairement par ces mots : Délibére à tel endroit ; enfuite la date & la fignature des con- fultans. [l n’y a cependant pas de forme effentielle ; chacun peut les-rédiger comme bon lui femble. Avant de s’embarquer dans une affaire, il eft bon de commencer par confulter, & de ne pas imiter ces plaideurs téméraires & obftinés , qui ne confultent que pour chercher des moyens de foûtenir une caufe defefpérée. Il faut confulter un homme fage &c expe- rimenté, quine foit pas un fimple praticien, mais qui ait un fond de principes ; qui écoute avec atten- tion & avec modération ce qu'on lui expofe, & les raifons qu’on allegue pour combattre les fiennes ; qui né foit ni indécis ni trop entreprenant, qui ne fe dé- termine ni par humeur ni par vivacité, mais par des raifons folides, & avec beaucoup de circonfpeétion ; qui ne foûtienne point fon avis avec trop de chaleur ni par entêtement, ou par un faux point d’honneur ; - mais il faut que ce foit par des réflexions judicieufes, & qu'il fafle gloire de fe réformer, fi on lui fait voir qu'il eft dans l'erreur, comme cela peut quelquefois arriver aux plus habiles gens. On peut confulter plufieurs avocats enfemble ou féparément. Quelques-uns préferent de les confulter chacun en particulier, penfant par-là tirer d'eux plus delumieres, & que les avis féparés font plus libres; que dans une aflemblée de confultans , 1l s’en trou- ve quelquefois un qui a de l’afcendant fur l’efprit des autres, & qui leur impoñe ; & que les autres n'ayant pas la fermeté de lui réfifter, adoptent fon avis par condefcendance ; ce que l’on appelle vul- gairement des confultations mouconnieres. Îl eft cer- tain que quand chacun rédige féparément fon avis par écrit, on trouve communément dans ces diffé- rentes confulrations une plus grande abondance d'i- dées, qu'iln’y en auroit dans une feule & même ré- da@tion. Cependant fi l’on a attention de choifir plu- fieurs confultans d’évale force, & pour rédaéteur un avocat vif & pénétrant, qui ne laïfle rien échapper, cette voie paroît la plus füre pour avoir une bonne confulration | & plus propre à fe déterminer ; parce que les différens confultans difcutant enfemble les raifons que chacun d’eux propofe, elles font commu nément bien mieux débattues que par un feul ; & tel qui a donné fon avis tout feul, auroït quelquefois êté d’un avis oppoté, s’il eût prévû les raifons qui ont déterminé l’autre : plus vident oculi quam oculus, Lorfque plufeurs avocats concourent pour une même cozfultation, c’eft le plus jeune qui fait le rap- port du fait & des pieces, & qui eftchargé de rédi- - ger la confultation : il la figne le premier comme ré- daéteur , & la préfente enfuite à figner à fes anciens; ce qui fe fait ordinairement par ordre de matricule: cependant cela ne s’obferve pas toûjours exaéte- ment. Les confulrations par écrit font mifes le plus fou: vent enfuite du mémoire à confulter , & en ce cas elles font relatives au mémoire pour les pieces & les faits qui y font énoncés. Lorfque la corfultatior eft rédigée féparément du mémoire, il eft à-propos de faire mention en tête des mémoires & pieces qui ont été communiqués ; & cela fert à juftifier le con- fultant, fi on a omis de lui communiquer quelque piece effentielle, comme font quelquefois ceux.qui confultent , foit par inadvertance ou par un efprit de rufe mal-entendu ; car c’eft s’abufer foi-même que de ne pas déclarer tout à fon confeil, même ce qu'il y a de plus fort contre foi. Il feroit bon de défigner de quelle part on a été confulté, pour ne pas tomber dans l'inconvénient de confulter pour & contre ; car quoique la vérité foit une dans fon langage, il n’eft pas féant que ce- lui qui a eu le fecret d’une partie puiffe le commu- niquer à {on adverfaire. Les confulrations ne doivent avoir pour but que la juftice 8 la vérité ; un avocat qui plaide une caufe qu'il croit bonne ou au moins problématique, peut employer tous les moyens légitimes qu'il croit propres à la foûtenir : maïs un confultant ne doit époufer les intérêts d'aucune partie ; il doit con- damner fans ménagement celui qui le confulte s’il cft mal-fondé, & ne point lui diffimuler la difficulté que peut fouffrir la queftion. | Il ne fuit pas au -furplus au confultant de dire fon avis féchement , viventis non eff autoritas ; c’efl pourquoi il doit appuyer fon avis de toutes les raï- {ons &c autorités qui peuvent être utiles pour le fou- tien de la caufe. | On appelle pilier des confultations , le premier pi- lier de la grand’falle du palais, où les avocats con- fultans fe raflemblent le matin depuis onze heures environ jufqu'à une heure. Les chambres des confultations {ont différentes chambres fituées dans l’enclos du palais, où les avo- cats fe retirent pour donner des con/ultations : la plus grande de ces chambres , qu'on appelle Z grand'chambre des confultations , {ert aufli quelque- fois pour certaines afflemblées de difcipline. | Les confultations de charité {e donnent en la bi- bliotheque des avocats un jour de chaque femaine. On nomme à.cet effet, pour chaque fois, fix d’entre ceux qui ont au moins dix ans de palais, &cun avo- cat plus jeune pour faire le rapport des queftions & rédiger les coz/ulrations. y Le roi Staniflas duc de Lorraine & de Bar, a fon- dé à Nancy des con/ultations de charité. On appelle auf confultation un droit que les pro- cureurs comprennent dans leurs mémoires de frais & dans la taxe des dépens ; ce droit a été établi en certains cas où Le procureur eft cenfé avoir confulté un avocat, comme pout former la demande intro- duétive, pour produire , fur un interrogatoire , fur des crices, &c. Il ne faut pas confondre ces droits de confulration avec Le droit de confeil que Les procureurs ont fur les défenfes, repliques, & autres procédures. Confultation eft aufñ employée dans quelques or- donnances pour déliberations & arréts du parlemens. Charles V. alors régent du royaume, dans des let- tres du 18 Oétobre 1358 adreflées aux gens du pat- CON lement leur ordonne, judiceris & confultationes vef- sras atque judicia pronuncierts ; LC. (4) CONSULTATION, ( Medecine.) ouuéeneuie, conful- ratio, deliberatio : on entend par ce terme la partie de l'exercice de la profeflion du medecin , qui con- fifte dans lexamen qu'il fait, {oit en particulier {oit en commun, avec un ou plufieurs de fes confreres, de l’état préfent d’une perfonne en fanté ou en ma- ladie , des caufes & des conféquences qu'on peut tirer de cet état, & des moyens qu'il convient d'em- ployer relativement aux indications que préfentent ces confidérations; pour conferver la fanté fi elle eft a@uellement exiftante, pour préferver des ma- ladies que l’on peut avoir à craindre &c"que l’on peut prévenir; pour guérir celles qui troublent pre- : . fentement l’œconomie animale, ou au moins pour les pallier fi elles ne font pas jugées fufceptibles de guérifon; lefquels moyens doivent être dirigés par la jufte apphcation de la méthode prefcrite par les regles de lart. + Cet examen, qui forme la cozfultation & d’où refulte un jugement porté fur le cas propofé, peut être fait , foit fur lexpofé de la perfonne qui a be- foin de confeil pour fa fanté &c qui le demande elle- même, foit fur la relation qui eit faite de fon. état de vive voix ou par écrit. Ce jugement d’un ou de plufieurs medecins, qui eft le réfultat de la confulration , eft ce qu’on ap- pelle l'avis du ou des medecins. Ceux de cette pro- fefion qui font aétuellement ou habituellement con- fultés, font dits conféquemment medecins confultans : on donne particulierement cette épithete à ceux qui ont fpécialement la fonétion de donner leurs avis fur la fanté ou fur les maladies des princes. Voyez fur tout ce qui regarde la confultarion & les regles qui la concernent , la préface de Fréderic Hoffman à [a tête du tome IV. de fes œuvres, qui fert d'introduc- tion à fon recueil de confultations 6 de reponfes mé dicinales. Voyez MEDECIN, MEDECINE. Article de M. Bouillet fils. * CONSULTEUR , f. m.(Aiff. eccl. & prof.) àRo- me, on donne ce nom à des théologiens chargés par {a fainteté d'examiner les livres & les propofñitions déferées à ce tribunal; ils en rendent compte dans les congrégations où ils n’ont point voix délibera- tive : à Venife, à des jurfconfultes dont la répu- blique prend les avis dans des cas difficiles, tant en matiere eccléfaftique que civile : dans certains ôt- dres monaftiques , à des religieux qui tranfmettent des avis au général , & qui font comme fon confeil. * CONSUMER , v. a@. qui marque defruétion , diffolution : il fe dit du tems, du feu, du mal ; mais ce n’eft le propre que du feu. Cozfommer marque fr, perfection ; accompliffement. Le fubftantif coz/omma- sion eft commun aux deux verbes, & participe de leurs différentes acceptions. Voyez; CONSOMMER. * CONSUS , f. m. (Myrhol.) dieu du confeil ; 1l avoit un autel dans le cirque. Cet autel étoit cou- vert, ce qui n’a pas befoin d’être expliqué. Ce fut, à ce qu'on dit, pendant les fêtes qu'on célebroit à fon honneur, que Romulus fit enlever les Sabines. Ces fêtes s'appellent coxfuales ; voyez CONSUALES. Ily en a qui prétendent que Confus et le mème que Neptune équeftre. | CONTACT, f. m. (Géom.) point de contaë& , punüum contaîtis ; eft le point où une ligne droite touche une ligne courbe , où dans lequel deux lignes courbes fe touchent. Angle de contait. Voyez ANGLE DE CONTIN- GENCE 44 m0t CONTINGENCE. ConrTacT, ( Phyfig.) eft l’état relatif de deux chofes qui fe touchent, ou de deux furfaces qui fe joignent lune & l’autre fans laiffer d’interfices. Le contaët de deux fpheres.n’eft qu’un point, de même CON 109 que celui de la tangente d’un cercle & de fa circon- férence. | : Comme il y a peu de furfaces capables de fe tou cher dettoutes parts, & que la cohéfion des corps eft proportionnelle à leur contait ; les corps qui font capables du plus grand contaif , ont ceux qui adhe- rent enfemble le plus fortement. F.COHÉSI0N. (0) ConTAcT., (Medec.) attouchement; c’eft une des caufes externes de quelques maladies très-fâchenfes, On range le contaët parmi les caufes extérieures de diverfes maladies, parce que par Pattouchement ou la refpiration ; forte d’attouchement involontai- re , 1l fe fait dans le corps humain l’introduétion de matieres morbifiques où dé myafmes contagieux. Quatre efpeces de concaët peuvent produire les maladies : 1°, là refpiration d’uh mauvais ait : 2°. l’attouchement fimple d’une pérfonne mal-faine , ou de quelque chofe qu’elle aura touché récemment : 3°. le congrès d’une perfonne faine avec une per- {onne gâtée : 4°. l’attouchement accompagné de pi- qûüure où de morfure d'animaux vénimeux , comme de la viperé où d’un animal enragé, 6c. La premie- re efpece de cortaë donne la pefte, le fcotbut , 6. La feconde fait naître la gale ou quelque-accident: analogue. La troifieme occafionne encore la vérole, qu’on me pañle ce terme ; il doit être permis aume- decin de ne point périphrafer par écrit. La quatrie- me efpece de contaë caufe l'introduétion dans'le fang , d’une humeur vénéneufe ou d'un virus hy= drophobique.. | Plufeurs auteurs font perfuadés que le virus véz rolique ne fait point d’imprefflion fur les parties du corps qui font revêtues de la peau toute entiere, mais feulement fur celles qui en font dépourvües, comme le fondement , la vulve, le land de la ver- ge, la face interne du prépuce, l'interieur de la bou- che, la langue, le fonds du nez, le sofier, & les parties voifines. Il feroit à fouhaiter que cette expérience fût cer- taine & fans exception; cependant elle devient très- douteufe: par-quelques atteftations contraires, & on en cite de fingulieres dans la perfonne de ceux qui accouchent fréquemment des femmes gâtées. En voici deux exemples particuliers que nous four- nit le traducteur françois du traité des maladies vé- nériennes de Charles Muftan, cet auteur Italien né pour la pratique de ce genre de maladies , qu'il exer- ça fi noblement , & même quoique prêtre, en vertu de la permiffion du pape Clement IX. Le premier de ces exemples eft celui du fieur Si- mon, l’un des chirurgiens de l’hôtel-Dieu de Paris, qui fut attaqué d’un ulcere vérolique à lun de fes doigts, après avoir accouché une de ces femmes de mauvaife vie qui vont faire leurs couches à cet hôpital ; & cet ulcere fut fuivi de fi fâcheux {ymp- tomes, qu'après avoir fouffert un traitement de la vérole fans aucun fuccès., il eut le malheur de périr dans un fecond traitement. L'autre exemple et ce- lui de madame de la Marche, maïîtreffe fage-femme de cet hôpital, qui fut attaquée à un de fes doigts d’un femblable ulcere, après avoir fait un accou- chement tout pareil, & qui fe trouva bientôt toute couverte de puftules véroliques , dont elle ne guérit que par le traitement qui convient à ce mal. En effet, l'expérience de la communication d’au- tres maladies par lattouchement , la connoïffance du nombre prodigieux de petits vaifleaux exhalans fitués fous toute l’épiderme, la purgation des en- fans par de fimples fritions extérieures de colo- quinte 8 femblables purgatifs, tout cela rend pro- bable la pofñbilité des faits qu’on allegue fur cette matiere : & quoique les exemples de ce genre foient des phénomenes très-rares , il peut être cependant . quelquefois avantageux aux gens du métier d'en # mo CON tonnoître l’exiftence pour en profiter dans l’occa- fon , en évitant une conduite téméraire, &c en imi- tant Fabius, qui meftoit lefpérance du falut dans des précautions tendantes à la füreté; je dis das des précautions tendantes à la féreté , parce qu'il n'eft pas plus raïfonnable de prendre par terreur pani- que, ou par foiblefle d’efprit, des précautions inu- tiles, que de négliger les néceflaires. Article de M. de Chevalier DE JAUCOURT. CONTAGION , f. f. (Med. ) qualité d’une mala- die, par laquelle elle peut pafler du fujet affecté à un fujet fain, & produire chez le dernier une mala- die de la même efpece. Les maladies contagieufes fe communiquent ;, foit par le contaét immédiat, foit par celui des habits ou de quelques meubles ou autres corps infedtés, foit même par le moyen de l’air qui peut tianfmettre à des diftances affez confidérables certains myafmes ou femences morbifiques. Ces myafmes font plus ou moins lesers, plus ou moins mobiles , felon l’efpece de maladie conta- gieufe à laquelle 1ls appartiennent : ceux de la gale pat exemple, ne s'étendent prefque pas au-delà de la furface de la partie affeëtée : ceux de la rage, qui ne fe communiquent que par l'application immédiate de la bave de l’animal enragé fur une partie bleffée, ou recouverte feulement d’une peau très-mince, comme les levres, la langue, 6:c. ceux de la rage, dissje, paroiffent plus fixes encore: le virus véroli- que n’a pas non plus, pour le bien de l’efpece hu- maine , une atmofphere fort étendue. Joy. GALE, RAGE, 6 VÉROLE. Les myafmes peftilentiels, au contraire, ceux de la dyffenterie, ceux de la petite vérole & de la plüpart des maladies éruptives , fe répandent aflez loin , fuppofé pourtant qu'ils exif- tent réellement; car c’eft précifément par la pefte. & les maladies peftilentielles ou malignes, qu’a com- mencé l’incrédulité des medecins fur la consagion des maladies. Foyez PESTE. Rien n’eft peut-être moins décidé en Medecine que l’exiftence ou la non-exiftence de la coragion de cette derniere clafle de maladies, & de beaucoup d’autres que le peuple croit contagieufes fans le moindre doute, & que plufeurs medecins déclarent non-contagieufes fans avoir aflez douté : mais l’ex- plication de ce phénomene qu'ils font contraints d’a- vouer pour la gale , la rage, les maladies vénérien- nes, & un petit nombre d’autres, eft un problème bien plus embarraflant encore dans la doûtrine re- gnante : les humoriftes modernes fur-tout n’en trou- veront la folution qu'avec peine dans les épaififle- mens , les diffolutions, les acrimonies des humeurs, leurs hérences, ftagnations , arrets, orgafmes, &c. ils ne trouveront que très-dificilement, dis-je, le rapport de quelqu'un de ces vices confidérés com- me effets , comme dûs à des myafmes, avec l’aéion de cette matiere infenfble , fon énergie, fon aptitu- de à difpofer les humeurs & les organes de la façon néceflaire pour produire une maladie d’une efpece déterminée. Cette fpécification de la maladie produite , ou ce qui revient au même, cette qualité exaétement fé- minale du myafme laiflera vraiflemblablement en- core long-tems une lacune dans la théorie patholo- gique ; à moins cependant qu’on ne voulût recevoir pour des explications les ingénieufes métaphores de Vanhelmont, recourir à cet ordre de caufes qu’il défignoit fous les noms de /wmieres , d'idées irradiées, de fémences trcorporelles, de gas , &tc. Mais dans le fond & à examiner la chofe de près, fommes-nous bien fondés à rejetter ces explications? Ne nous fourniflent-elles pas de legeres approxi- mations ? Pouvons-nous prétendre à davantage, toutes les fois qu'il s’agit d'expliquer des vertus fé- - minales ? Et ne vaut-il pas mieux fe contenter de fi gnes proportionnés à l’obfcurité de l’idée que nous avons de ces agens infenfibles , que de tomber dans dés erreurs manifeftes , en s’obftinant , pour s’en former des notions plus claires, à les ramener aux lois méchaniques fi peu faites pour ces corps ? On feroit fort mal recu, à la vérité , fi on vouloit en faire encore aujourd’hui des êtres moyens entre la matiere & l’efprit, on entre la fubitance & l’acci- dent : mais en ramenant ces anciennes idées au ton de notre philofophie, il doit nous être permis d’a- vancer que les agens feminaux doivent être regar- dés comme les extrèmes dans la claffe des êtres ma- tériels , Comme placés , pour ainf dire, fur les con- fins par lefquels ces derniers touchent aux êtres abftraits. Or les fignes réels, les exprefions pro- pres , doivent néceflairement nous manquer pour des êtres de cette efpece : on eft donc forcé de fe contenter d’une image à peine fenfble, qu’il fera toljours très-ingénieux de faifir, &ctrès - utile de préfenter, & qui vaudra mieux fans contredit qu'- une ombre vaine, que l’obfcurité abfolue, &c {ur- tout que Perreur. Foy, MYASME, MÉDIGAMENT, POISON , SEMENCE, GÉNÉRATION. Par exemple, pour nous en tenir au cas particu< lier de la contagion , ces énonciations indéterminées vaudront mieux que l’opinion de M. Cheyne, qui a afluré dans une petite differtation fur la cozcagion, que les myafmes étoient de nature alkaline vola- tile : opinion déclarée vraiflemblable 5ar un célebre profeffeur en Medecine.Ces deux auteurs ont expré£ fément admis la prétendue qualité feptique des alka- lis volatils , & la tendance fpontanée des fluides des animaux À l’alkalinité : deux dogmes du Boerhavi£ me également gratuits, & également démentis par l’expérience. Celle de M. Pringle qui n’a pas trou- vé d’aflaifonnement plus efficace pour la conferva- tion des viandes que lalkali volatil , eft fur-tout re- marquable dans cette occafion. Le dernier des par- tifans du fentiment que nous venons d’expofer, après lavoir propofé en ces mots, verifémile eff... hafce lues effe indolis alkaline, corofivæ , fépticæ , ire quan aniralium Omnium fluida fponte tendunt; ajoûte forte infètla quedam Americana venenatiffima hifce af Jluvis originem dederunt, ut canes, lupi virus hy dropho- bicum primi parant, &tc. (Sauvages, patholog. ). T’obferverai à propos de ce foupçon, que la premiere origine ou la matrice des myafmes, nous eft auf inconnue que leur nature. | Au refte 1l ne faut pas oublier que les femences mor- bifiques n’operent pas indiftinétement fur tous Les fu- jets, mais feulementfur ceux quifont difpofés de leur côté d’une maniere propre à recevoir l’impreffion du venin , & à concourir à fon aéhon. La néceflité de ce rapport a été obfervée dans toutes les maladies con- tagieufes. Toutes les perfonnes mordues par des chiens enragés n’ont pas contraété la rage, lors mê- me qu’elles ont négligé lufage des préfervatifs ordi- naires (voyez RAGE): toutes celles qui ont eu des commerces 1mpurs n'ont pas été infeltées du virus vénérien (voyez VÉROLE) , &c. mais le concours de cette difpoftion du fujet eft encore plus fenfible & remarquable par plus de circonftances dans la petite vérole. Voyez PETITE VÉROLE. Voyez les moyens généraux de {e garantir autant qu'il eft pofñble des impreflions des myafmes & de l'air infeûté , au mor PRÉSERVATIF ; & les fecours découverts ou propo- {és contre chaque différent myafme, aux articles par ziculiers, RAGE, VÉROLE , PESTE, D'YSSENTERIE, Ge. (b) * CONTAILLES, f. f. (Comm. )eft une des fortes de bourre de foie, qu’on appelle auñi ffrafles 8 ron.. delertes, Voyez SO1E. Voy. des diélion. du Comm, G'de Tréy, . Fe CON CONTAUR, f. m. conftruilion de bâtiment de mer ; piece de bois dont l’éparfleur eft de trois pouces fans Ja fourrure, &c la largeur de treize ou quatorze, qui va en diminuant du milieu vers les extrémités de la proue à la poupe, & qui eft placée dans la galère au-deflus de l'enceinte ou cordon. Voyez les dit, de Trév. & du Comm. | * CONTE, f. m. ( Belles-Lertres. ) c’eft un récit fabuleux en profe ou en vers, dont le mérite prin- cipal confifte dans la variété &c la vérite des peintu- res , la fineffe de la plaifanterie, la vivacité & la con- venance du ftyle, le contrafte piquant des évene- mens. Il y a cette différence entre le core &c la fable, que la fable ne contient qu'un feul & unique fait, ren- fermé dans un certain efpace déterminé, & achevé dans un feul tems, dont la fin eft d’amener quelque axiome de morale , & d’en rendre la vérité fenfible ; au lieu qu'il n’y a dans le conte ni unité de tems, ni unité d'aétion , ni unité de lieu, & que fon but eft moins d'inftruire que d’amufer. La fable eft fouvent n monologue ou une fcene de comédie ; le comse eft une fuite de comédies enchaïînées les unes aux au- tres. Lafontaine excelle dans les deux genres, quoi- qu'il ait quelques fables de trop , & quelques contes trop longs. Al ConrTe, FABLE, ROMAN, fyñ. ( Gramm.) défi- gnent des récits qui ne font pas vraus : avec cette dif- férence que fable eftun récit dont le but eft moral, & dont la faufleté eft fouvent fenfble, comme lorf- qu'on fait parler les animaux ou les arbres ; que conte eftune hiftoire faufle & courte qui n’a rien d’im- poffible, ou une fable fans but moral; & roman un Tong conte, On dit Les fables de Lafontaine , les conres du même auteur, les contes de madame d’Aunoy , le roman de la princeffe de Cleves. Conce fe dit auff des hiftoires plaifantes , vraies ou faufles, que l'on fait dans la converfation. Fable, d’un fait hiftorique don- né pour vrai, & reconnu pour faux ; &c roman ; d’une fuite d’avantures fingulieres réellement arrivées à quelqu'un. (0) pepe er FER MCE CONTEMPLATION , f. £. (Théologie.) felon les myftiques, fe définit un regard fimple & amoureux fur Dieu, comme préfent à l’ame. On dit que cette | contemplation confiite dans des aêtes fi fimples, fi di- refts, fruniformes, fi paifbles , qu'ils n'ont rien par où lame puiffe les faifir pour les diftinguer. Dans l’état contemplatif, l’ame doit être entiere- ment paffive par rapport à Dieu; elle doit être dans un repos continuel fans aucune fecoufle ou mouve- ment, exempte de toutes les aétivités des ames in- quietes qui s’agitent pour fentir leurs opérations: de-là quelques-uns appellent la conremplation une priere de filence & de repos. La contemplation n’eft, point, ajoûtent-ils , un raviffement ou une fufpen- fon extatique de toutes les facultés de lame ; c’eft quelque chofe de pañlif, c’eft une paix Ou une fou- pleffe infinie, laïffant l’ame parfaitement difpoiée à être mue par les impreffions de la grace; &*eans l’é- tat le plus propre à fuivre l’impulfion divine. L'ha- bitude de la corsemplation eft le comble de la perfec- tion chez les myftiques; & la vie contemplative, Poppofée de la vie ative. Voyez MYSTIQUE. (G) * Mais, felonlesPhilofophes , la contemplation eft lVadion de fixer une même idée ou objet dans fon entendement , & de l’envifager par toutes les faces différentes ; ce qui eft une des voies les plus füres d’acauérir une connoïffance exaéte 8 profonde des chofes , & de s’avancer vers la vérité, * CONTEMPOR AIN, adj. qui fe prend quelque- fois {ubit. (Gram.) qui eft du même tems. [l'y a peu de fond à faire fur le jugement favorable, où défa- vorable, même unanime, que les contemporains d'un auteur portent de fes ouvrages. Ce Ronfard fi vante partous les hommes de fon fiecle , n’a plus de nom. CON tit Ce Perrault f peu eftimé pendant fa vie, commencé à avoir de la célébrité; je ne parle pas du fameux architete du périftile du Louvre, je parle de l’au teur encore trop peu connu aujourd’hui du Parallele des anciens 6 des modernes, ouvrage au- deffus des lumieres & de la philofophie de fon fiecle, qui eft tombé dans l’oubli pour quelques lignes de mauvais goût &c quelques erreurs qu'il contient, contre uné foule de vérités & de jugemens excellens. * CONTENANCE, f. f, habitude du corps, foit en repos, foit en mouvement, quieft relative à des circon{tances qui demandent de l’affürance, de lafer- meté, de l’ufage, de la préfence d’efprit, de l’aifance, du courage , ou d’autres qualités convenables à l’é: tat; 8 qui marque qu’on à vraiment ces difpofitions, {oit dans le cœur, foit dans l’efprit. Je dis , 6x d’ausres qualités convenables à Pétat , parce que chaque état a fa contenance, La magiftrature la veut grave &c fé- rieufe ; l’état militaire , fiere & délibérée, &c. d’où il s'enfuit qu'il ne faut avoir de la contenance ; que quand on eft en exercice, maïs qu’il faut avoir par- tout 8 en tout tems le maintien honnête & décent; que le maintien eft pour la fociété, & que la core. nance eft pour la repréfentation ; qu’il y a une infni- té de conterancés différentes, bonnes & mauvaifes, mais qu'il n’y'a qu'un bon maintien. CONTENT , SATISFAIT , CONTENTEMENT, SATISFACTION, (Syzon.) ces mots défignent en général le plaifir de jotir de ce qu’on fouhaite, Voici leurs différences : on dit, une pañlion fuñisfaite ; con tent de peu , content de quelqu'un; on demande fz- tisfattion d’une injure ; contentement pañle richeffe, Pour être facisfair, il faut avoir defiré ; on eft fou: vent content fans avoir défiré rien, (O _CONTENTEMENT, SATISFACTION, (Gram.) l’un de ces deux mots n’a point de pluriel, c’eft ce lui de facisfuition ; & l’autre appliqué au monde dé- figne fes amufemens , fes plaifirs, 6. Ces deux ter- mes au fingulier ont encore quelque différence bien remarquée par M, l’abbé Girard. tion eft plus dans les paflions. Le premier eft un fen- timent qui rend toùjours l’ame tranquille ; Le fecond eft un fuccès qui jette quelquefois l’ame dans le trou- ble. Un homme inquiet, craintif, n’eft jamais con» rent : un homme poflédé d’avarice ou d’ambitson, n’eft jamais fatisfaut. Il n’eft éuere poffible à un hom- me éclairé d’être farisfait de fon travail, quoiqu'il oit content du choix du fujet. Callimaque qui tail- loit le marbre avec une délicateffe admirable, étoit content du cas fingulier qu’on faifoit de fes ouvrages, | tandis que lui-même n’en étoit jamais Jasisfair. On eff content lorfqu’on ne fouhaite plus , quoique l’on ne foit pas tobjours fatisfait, lorfqu’on a obtenu ce qu’on foukitoit, Combien de fois arrive-t-il qu'on n'eft PAS content après s'être farisfair ? Vérité qui peuttre-d’un grand ufage en Morale, Arsicle de M Le Chevalier DE JAUCOURT. | CONTENTIEUX , adj. (Jurifprad.) fe dit de ce qui fait l’objet d’une conteftation, comme un héri= tage contentieux. On dit aufli un bézéfice contentieux, mais plus ordinairement ur bénéfice en linge. (4) , * CONTENTION , f. (Gramm. & Métaph.) ap- plication longue, forte , &c pénible de l’efpritäa quel . que objet de méditation. La contention fuppofe de la difficulté, 8: même de l'importance de la part de la matiere, & de l’opiniâtreté & de la fatigue de la part du philofophe. Il y a des chofes qu'on ne faifit que par la conrention. Contention fe dit aufli d’une forte & attentive application dés organes : ainf ce ne fera pas fans une contention de l'oreille ; qu’on s’afiirera que l’on fait ou que Pon ne fait pas dans la pronon: ciation de la premiere fyllabe de srahir, un 6 muet entre le « & Tr, In’y a entre la concertion & l’ap- Le concentement eft plus dans le cœur; la farisface , #4 112 CON plication , de différence que du plus au‘moins ; en- tre la contention & la méditation, que les idées d’o- piniâtreté, de durée, 6c de fatigue , que la conter £ion Yuppofe, & que la méditation ne fuppofe pas: La contention eft une fuite d’efforts réitérés. CONTENTOR , (Jurifprad.) dans l'ufage s’en- tend d’un droit de repiftre qui appartient aux au- dienciers des chancelleries. Ce terme tire fon éty- mologie de conrentare , qui dans la baffle latinité fr gnifioit contenter. L'officier écrivoit ce mot corter- £or comme une quittance de fon droit, pour dire e füis content, on m'a futisfait, {ans dire ce que l’on avoit payé; & comme cette forme de quittance étoit propre aux audiencièrs des chancelleries , on s’eft imaginé que contentor fignifioit le droit même qui étoit payé. L’ufage de ce droit eft fort ancien, puifqu'on trouve une ordonnance du mois d’Août 1363, à la fin de laquelle il y a ces mots, vi/a con rentor. Henri Il. par fon édit du mois de Janvier 1551, autorife l’ancien audiencier à prendre pour droit de regiftre où contentor de chaque chartre , la fomme de 40 fous tournois comme il faifoit dès-lors. IL donne le même droit aux autres audienciers nouvellement créés. Anciennement cette mention du contentor fe mettoit aufñ par les audienciers de la grande chan- cellerie. Préfentement il n’eft plus ufité que par les audienciers des petites chancelleries fur les lettres, fur lefquelles ils perçoivent en particulier un droit; tel que les rémiffions & proviñons d’offciers qui $’y reçoivent. | L’édit du mois d'Odobre 1371, 8 celui du mois d'Août 1576, en parlant de ce même droit , l’ap- pellent droit de regiffrata. (4) CONTENU, adj. (Phy/iq.) eft un terme affez fou- vent employé pour exprimer la capacité d’un vaif- feau, ou l’aire d’un efpace, ou la quantité de ma- tiere que contient un corps. Voyez AIRE ; voyez auf SURFACE 6 SOLIDE. | Ainf on dit wéfurer Le éontenu d'un tonneau , d’une pinte, &c. & quelquefois auffi srowver le contenu d’u- ne furface ou d’un corps folide, quoique ce terme foit plus en ufage pour défigner la capacité des vaifleaux vuides ou fuppofés tels. (0) CONTEOURS, fub. m. pl. (Hif£. livr.) farceurs fott en vogue avant le regne de François I. ils réci- toiefit des vers, jouoient des inftrumens , & chan- toient. | CONTERIE, f. f. (Comm.) efpece de verroterie qui vient de Venife en cordons , qu’on tranfporte en Guinée ou au Canada , & dont les Sauvages, avec qui on en trafique , ornent leurs capots, & forment une efpece de broderie. On diftingue la conrerte de Conto, le grenat de couleur, & la conterie de poids, dont les frais de douane font différens, Difionn. du Comm. € de Tréy. CONTESSA , ( Géog.) ville confidérable de la Turquie européenne, avec un port, dans la Macé- doine. Long. 41. 35. lat. 40. 58. CONTESTATION , DISPUTE , DEBAT , AL- TERCATION , fyn. ( Gram.) Difpute fe dit ordinai- rementd’une converfation entre deux perfonnes qui different d'avis fur une même matiere, & fe nomme altercation lorfqu’il s’y mêle de l’aigreur. Conreflation fe dit d’une difpute entre plufieurs perfonnes , on en- tre deux perfonnes confidérables , fur un objet im- ortant , ou entre deux particuliers pour une affaire judiciaire. Débar eftune conteflation tumultueufe en: tre plufieurs perfonnes. La 4fpure ne doit jamais dé- générer en a/ercation. Les rois de France & d'Angle- terre font en cozreftation fur tel article d’un traité. Il y a eu au concile de Trente de grandes conteffations ur la réfidence. Pierre & Jacques font en conte/la- tion fur les limites de leurs terres. Le parlement d’An- gleterre ft fujet à de grands déburs, (O) CONTESTATION, (Jurifprud.) fignifie en général difpute , querelle , procès. (A4) | CONTESTATION EN CAUSE, conflilus utriufqué Partis ; c’eft le premier reglement ou appointement qui intervient {ur les demandes & défenfes des par- ties. Les défenfes ne fuffifent donc pas pour former la conteflation en caufe, il faut qu’il mtervienne quel- que reglement préparatoire. k Chez les Romains la contefation en caufe devoit être formée dans deux mois au plus tard. La coûtume de Paris, arc, 104. dit que la conteffa- tion en caufe eft quand 1l y a reglement fur les deman- des & défenfes des parties, ou que le défendeur eft défaillant, & débouté des défenfes. Ces déboutés de défenfes ont été abrogés par l’art. 2. du tit. j. de l’or- donnance de 1667; & l’art. 13. du tit, xjv. tient la caufe pour -conteftée par Le premier reglement, ap- pointement, ou jugement après les défenfes. Avant la cozteftation en caufe | on ne peut point ap- peller ; & après la corteflation on ne peut plus recu- fer le juge, parce qu'il eft faifi de l'affaire , & qu’on a procédé volontairement devant lui. -On n’étoit cenfé conftitué en mauvaife foi chez les Romains,que du jour de la corteflation en caufe, & non pas du jour de la demande : mais parmi nous la de: mande fufit, & la reftitution des fruits eft dûe à compter du jour de la demande, La coûtume de Paris , a7f, 102, porte que quand un tiers détenteur eft pourfuivi pour raifon d’une rente dent eft chargé l'héritage qui lui a été vendu fans la charge de cette rente, & dont il navoit pas connoïiffance , en renonçant à l’héritage avant cor- teffation en caufe , n’eft point tenu de Îa rente ni des arrérages, encore qu'ils fuflent échüs de fon tems & auparayant cette énonciation. Il peut auf, fuivant l’art, 103. déguerpir après conteftation en caufe ; mais en ce cas 1l eft tenu des arrérages de fon tems jufqu'à la concurrence des fruits par lui perçüs, fi mieux 1l n’aime rendre ces fruits. La péremption d’inftance n’avoit lieu autrefois qu'après que la caufe avoit été conteftée ; mais pre- fentement la caufe conteftée ou non tombe en pé= remption par le laps de trois ans. Voyez PÉREMP- TION. 14 Mornac , fur la Loi j. au code de linis conteflatione, & M. Cujas en fes obfervar. Liv. XX, chap. xx, font d'avis qu’en matiere criminelle la correflarion en caufe fe forme dès l’inftant que l’accufé a fubi in- terrogatoire, ou qu’il eft contumace : cependant l’o- pinion commune eft qu’en cette matiere la cozte/fa- tion en caufe n’eft formée que par le recollement & la confrontation. Voyez au code, iv. I. tit. xx. L, 2, div, LIL, tir, 7x, La. € tir. xxxj. L. 1, 1. Brodeau fur Louet , Zert. C, ch. jv. (À) js CONTESTATION PLUS AMPLE, fignifie wre plus ample infiruétion. Lorfque le juge ne trouve pas fa religion fufifamment inftruite pour juger fur ce qui a été plaidé ou produit devant lui, 1l ordonne une plus ample conteflation , ou que les parties contefte- ront plus amplement, | Mauvaife contéffation , fignifie celle qui eft faite de- puis que celui qui la foûtient a été conftitué en mau- vaife foi par la communication des pieces juftifica- tives de la demande : on conclud aux dépens du jour de la rauvaift conteflation {eulement, lorfque l’on ne peut pas prétendre les dépens du jour de la premie- re demande, parce qu’elle n’étoit pas fuffifamment établie, Téméraire conteftation, eft celle qui eft évidemment mal fondée ; celui qui s’en plaint demande que pour la séméraire conteflation {on adverfaire foit condamné aux dépens, & même quelquefois en des dommages & intérêts, fi le cas y échet. (4) "À CONTEXTE, > CONTEXTE , fm. (Théol.) mot ufité parmi les héologiens, & formé du latin concextus, mais ÉQUi- voque. | j Quelquefois dans leurs écrits il fignifie fimplement Le texte des Ecritures ,ou d'un auteur, d’un pere, é'c. Quelquefois il figniñie cette partie de l’Ecriture- fainte, ou de tout autre livre, qui fe trouve avec le texte, foit devant» foit après, foit entre-mêlé ; &T alors c’eft proprement une glofe. Il faut quelquefois confulter le contexte, pour entendre parfaitement le fens du texte. Voyez TEXTE. (G) * CONTEXTURE, f. f. terme d'ufage, foit en parlant des ouvrages de la nature, foit en parlant des ouvrages de l’art: il marque enchaînement, liai- fon de parties difpofées les unes par rapport aux au- tres, &'formant un tout continu. Ainfi l’on dit la contexture des fibres » des mufcles, &cc. la contexture d'une chaîne , &C. Mais ON dit Le ciffu de la peau ; lè tifu d'un drap. Tiffu a un rapport plus direét que la contexture à cette difpofition particuliere des parties _qui naît de l’ourdiflage : ainfi contexture paroit plus général que 4ifu. CONTIGLIANO, ( Géog.) petite ville d'Italie dans l’état de l’Eglife , at duché de Spolette. CONTIGNATION , f. f. (Charpent.) aflembiage de pieces de bois deftinées à foûtenir des fardeaux, comme planchers, plafonds, toits, &c. Il eft pro- pre à la conftruétion des maifons. . CONTIGU, PROCHE, fyn. ( Gramm,) Ces mots défignent en général le voiñnage ; mais le premier s'applique principalement au voifinage d'objets con- fidérables, & défigne de plus un voifinage immé- diat : ces deux terres font contigues 3 ces deux arbres font proches l’un de l'autre. (Q) ConTicu# adj. (Phyf.) terme relatif, s’entend des chofes plâcées fi près l'une de l’autre , que leurs furfaces fe joignent ou fe touchent. On dit que les parties d’un corps {ont contiguës , lorfqu’elles font fimplement placées les unes auprès des autres, & wilne faut aucun effort pour les féparer. On dit qu”- elles font continues, lorfqw’elles font jointes enfem- ble, Les parties des corps durs {ont continues ; celles des fluides font contiguës. Voyez Particle CONGRÉ- GATION. (0) CoNTIGU , er Géomérrie, deux efpaces ou folides font dit concieus, lorfqu'’ils font placés immédiate- ment l’un auprès de l’autre. Les angles contigus, ei Géométrie ; font Ceux qui ént un côté commun: on les appelle autrement 47- gles adjacens, pat oppofñtion à CEUX qw'on appelle oppofés au fommet , qui font produits par la continua- fion des côtés des angles au-delà de leur fommet. oyez ANGLE & ADIACENT. (O * CONTINENCE,, £. f. vertu morale par laquelle nous réfftons aux impulfions de la chair. Il femble qu'il y a entre la chafteté & la continence cette dif- érence , qu'il n’en coûte aucun effort pour être cha- te, & que c’eft une des fuites naturelles de l’inno- cence ; au lieu que la confinence paroît être le fruit d'une viétoire remportée fur foi-même. Te penfe que l’homme chafte ne remarque en lui aucun mouve- . ment d’efprit, de cœur, & de corps, qui foit op- pofé à la pureté; & qu'au contraire l’état de l’hom- me continent eft d’être rourmenté par ces MOUVE- mens, & d'y réfifter : d’où il s’enfuivroit qu'il y au- æoit réellement plus de mérite à être continent , qu'à âtre chafte, La chafteté tient beaucoup à la tranquil- lité du tempérament, & la continence à l'empire qu'- on a acquis fur fa fougue. Le cas qu’on fait de cette vertu n’eft pas :ndiférent dans un état populaire, Si les hommes & les femmes affichent l'incontinence publiquement, ce vice fe répandra fur tout, même fur le goût: mais ce qui s’en reflentira particuliere- - ment, c’eft la propagation de l’efpece, qui diminue- Tome IV CON 113 ra néceflairefnent à proportion que ce vice aupgmen- tea ; il ne faut que réfléchir un moment fur fa natus re, pour trouver des caufes phyfiques & morales de cet effet. _ CONTINENCE; (rmefure de) Com. fe dit par oppo- fition à mefure d'érendue. Les mefures de continerice font le boifleau, le minot, le litron, le muid, le de- mi-muid, la pinte, la chopine. Fayez MESURE. CONTINENCE , en terme de jaugeage, eft la quan tité de mefures, comme de pots ou de pintes, que lon trouve par la jauge être contenue dans une fu- taille jaugée, Voyez JAUGE: Continence fe dit aufü de l’efpalement que les com- mis des aides font chez les braffeurs de bierre, de leurs cuves, chaudieres, & bacs, pour évaluer le droit du Roi fuivant qu’ils contiennent plus ou moins de cette boiflon. Poyez Le diétionn, du comm. (G) CONTINENT , . m. (Géog.) terre ferme ; gran- de étendue de pays, quin’eft ni coupée mi environ= née par les mers. Continent eft oppoié à ile, Voyez TERRE, OCÉAN., On tient que la Sicile a été autrefois détachée du continent de l’Italie : kæc loca, dit Virgile, y? quon dam € vafia convul[a ruina diffiluiffe ferunt, cum pro- tinus utraque tellus una foret ; &t vraiflemblablement l’Angleterre faifoit autrefois partie du continent de France. Voyez la differtation de M, Defmarêts fur cé Jujet ; 1753. La preuve s’en tire, dit M. de Buffon, des lits de terre & de pierre, qui font les mêmes des deux cÔ= tés du pas de Calais, & du peu de profondeur dé ce détroit. On peut ajoûter, dit M. Ray, qu’il y avoit autrefois des loups, & même des ours, dans cette île; & il n’eft pas à préfumer qu'ils y foient venus à la nage, ou qu’on les y aït tranfportés. Les habitans de Ceylan difent que leur île à été féparée de la prefqu’ile de l'Inde par une irruption de l'Océan, Les Malabares affürent que les Maldives £xifoient autrefois partie du comvinent de l'Inde. Une preuveque les Maldives formoient autrefois un coz- rinent , ce font les cocotiers qui font au fond de fa mer. Voyez hill. nat, tome Î. art. 19. pag: 3586. € frq. Voyez TERRAQUÉ € TERRE, Gc. On divife ordinairement la terre en deux grands continents connus , l’ancien & le nouveau : Pancien comprend/lEurope;, l'Afe, & l'Afrique ; lenouveart comprend les deux Amériques, feptentrionale & mé» ridionale. On a appellé l’ancien continent , le continent fupé- rieur, parce que, felon l’opinion du vulgaire ; 1loc= cupe la partie fupérieure du globe. #. ANTIPODES+ On n’eft pas encore certain fi plufñeurs terres con nues font desiles ou des cozrinens. Quelques auteurs prétendent que les deux orands continens n’en forment qu’un feul, s’imaginant que les parties feptentrionales de l’ancien continent font jointes à celles de l'Amérique feptentrionale. On fuppofe un troïfieme continenc vers le midis que l’on peut appeller Z continent antarilique méridios nal à notre égard, & que l'on nomme 67€ auffrale 3 serre inconnue, terre Magellanique , & de Quir. Terre auftrale, parce qu’elle eft fituée vers le midi à notre égard ; inconnue , du peu de connoïffance que nous en avons; Magellanique, de Magellan le prenuer Européen qui en ait approché, 8 qui ait donné oc- cafon dans la fuite d’en avoir plus de corinoiflance ; serre de Quir, de Fernand de Quir le premier qui l’a découverte, & nous en a donné une connoïffance plus certaine. : L'on pourra faire un quatrieme continent des ter* res arétiques, fi elles {ont contigues entr’elles , & ‘ qu’elles faffent un corps féparé de l'Amérique ; &t ce continent {era appellé feptentrional où aritique, de fa fituation. Zntrod, à la Géog. par Sanfon, (0) pe CONTINGENCE, f. f. (Géomerrie.) On appelle angle de contingence un angle tel que l'angle L 4 B (g. 23 n°. 1. Géomet, ) qu'un arc de cercle 4 L fait avec la tangente B À, au point 4, où la ligne B 4 touche le cercle. 7oyez ANGLE. ÆEuclide a‘ démontré que la droite B À élevée per. pendiculairement fur le rayon € 4, touche le cercle en un feul point, & qu’on ne peut tirer aucune ligne droite entrele cercle & cette tangente. De-là il s'enfuit que l'angle de contingence eft toindre qu'aucun angle reétiligne , & que. l'angle que le cercle fait aÿec fon rayon, eft plus grand qu'aucun angle aigu. La nature de Pangle de contin- gence a fait autrefois le fujet de beaucoup de difputes. Un auteur, par exemple, a foutenu contre Clavius, que langle de cortingence étoit aufli hétérogene aux angles rectilignes , que la ligne l’eft à la furface. Wallis qui a fait un traité particulier de langle de contingence , & de celui que le cercle fait avec fon rayon, foutient le même fentiment. Chambers. Voy. T'ANGENTE. Depuis que les Géometres fe font appliqués à exa- miner une infinité d’autres courbes que le cercle, ils ont nommé en général angle de contingence, l'angle compris entre l’arc d’une courbe quelconque, & la ligne qui touche cet arc à fon extrémité. Quant à la difpute fur angle de coztingence , elle pourroit bien n’être qu’une queftion de nom ; tout dépend de l’idée qu'on attache au mot age, Sion entend par ce mot une portion fime de l’efpace compris entre la courbe & fa tangente , il n’eft pas douteux que cet efpace ne foit comparable à une portion finie de celui qui eft renfermé par deux lignes droites qui fe coupent. Si on veut y attacher l’idée ordinaire de angle formé par deux lignes droites, on trouvera, pour peu qu'on y réfléchifle, que cette idée prife abfolument & fans modification, ne peut ‘convenir à l’angle de contingence, parce que dans Pangle de cozsirgence une des lignes qui le forme eft courbe. Il faudra donc donner pour cet angle une définition particuliere ; & cette définition, qui eft arbitraire, étant une fois bien expofée & bien éta- ble , ilne pourra plus y avoir de difficulté. Une bonne preuve que cette queftion eft purement de nom, c'eft que les Géometres font d’ailleurs entie- rement d'accord fur toutes les propriétés qu’ils dé- montrent de Pangle de contingence ; par exemple, qu'entre un cercle & fa tangente on ne peut faire pañler de lignes droites ; qu’on y peut faire pañler une infinité de lignes circulaires, &c. M. Newton remarque dans Le [cholie du lem, xj du premier livre de fès Principes, qu'il y a des courbes telles , qu'entre elles & leur tangente on ne peut faire pañler aucun cercle , & qu’ainfi on peut dire qu'à cet égard l’angle de conringence de ces courbes eft infiniment moindre que langle de contingence du cercle, Ce grand géometre mefure l’angle de coz- zingence d’uné courbe en un point quelconque , par la courbure de cette courbe en ce point, c’eft-à- dire par le rayon de fa développée, Voyez Cour- BURE & OSCULATION. D’après ce principe il fait voir que l’angle de contingence d’une courbe peut en ce fens être infiniment moindre ou infiniment plus grand que l’angle de contingence d’une autre courbe. Les courbes dans lefquelles Le rayon de la dévelop- pée eft= à l'infini en certains points, ont à ces points langle de contingence = 0, & infiniment plus petit que l’angle de coztingence du cercle. Les cour- bes au contraire qui ont en quelque point le rayon de la dévelopée = o, ont en ce point l'angle de coz- zingence infiniment plus grand, pour ainf dire, que l'angle de contingence du cercle, parce que tout cer- cle d'un rayon fini, quelque petit qu'il {oit, peut pañler entre la courbe &c la tangente, CON Soity= x”, m étant une fraétion poñtive, of trouvera que fi #2 eft < +, le rayon de la dévelop= pée eft infini à l’origine, & qu'il eft o fi m2 © +, Voys DÉVELOPPÉE. Ligne de contingence, dans la Gromonique , eft une ligne qui coupe la fouftylaire à angles droits. Dans les cadrahs horifontaux , équinoétiaux , po= laires , &c. la ligne de cortingence eft perpendiculaire à la méridienne , ainfi que dans tous Les cadrans où la fouftylaire & la méridienne fe confondent. Cette ligne, dans les cadrans horifontaux , eft la ligne de feétion ou de rencontre du plan du cadran , avec un plan parallele à l’Equateur , qu’on imagine pañler par le bout du ftyle, Voyez SOUSTYLAIRE 6 GNo- MONIQUE. ] CONTINGENT , adje&. ( Métaphkyf.) terme re- latif, C’eft ce qui n’eft pas néceffaire, ou dont l’op- Pofé n'implique aucune contradition. La chaleur d’une pierre expofée aux rayons du foleil , eft co- tingente ; Car 1l n’eft pas impofñble qu’elle fe difpe, &c que le froid lui fuccede, Tout ce qui eft changeant eft contingent, & tout contingent eft fujet au changement. Ce qui eft une fois abfolument néceflaire , ne peut jamais devenir contingent. Ainfi c’eft la nécefñité abfolue qui dé- truit la concingence ; mais il n’en eft pas de même de la néceffité hypothétique qui peut fubfifter avec elle. Il y a long-tems que les T'héologiens l’ont reconnu dans leurs difputes contre les Sociniens ; maïs ils ne l’ont pas tous fait fentir avec la même évidence, La démonftration en eft pourtant aifée. Le contin- geñt ne devient néceffaire qu’en vertu de quelque nouvelle détermination ajoûtée à l’effence. Rien ne peut exifter avant qu’il foit néceffaire qu'il exifte ; car le contingent en foi-mèême eft indifferent par rap- port à l’exiftence. La néceffité qui lui furvient d’ail- leurs, & qui le détermine, {oit à être, foit à avoir certains modes , ne l'empêche pas d’être contingent de fa nature, puifqu’il y a eu un tems où'il n’a pas été, & où il auroit pù ne pas être, Le mot de contingent eft très-équivoque dans les écrits de la plüpart des Philofophes. Il y en a qui envifagent la contingence comme fi elle étoit oppo- fée à toute forte de néceflité, mais elle ne fçauroit être foûtenue dans ce fens. Tous les jours nous nommons zéceflaire ce qui n’eft l'effet que d’une néceflité morale, que perfonne ne fçauroit regarder comme incompatible avec la contingence. Nous di- fons encore qu’une chofe contingente, que Dieu a prévûe, eft néceflaire. Le langage ordinaire étend l’idée de nécefité jufqu’aux bienféances. Je ne fçau- rois, dit-on, me difpenfer de rendre telles vifites ,; d'écrire telle lettre : ce font des chofes néceflaires: Cependant & le vulgaire & les philofophes font obligés d’en revenir aux notions que nous propo- {ons de la néceflité & de la contingence. Dans un cas d’abfolue néceflité, demandez à un homme deftitué des connoiffances philofophiques, pourquoi la chofe n’eft pas autrement , pourquoi il ne fait pas jour & nuit en même tems ; il vous répondra tout court que cela ne fçauroit être autrement. Mais demandez- lui pourquoi cet arbre n’a point de feuilles , il vous répondra que c’eft que les chenilles Pont rongé , ou telle autre caufe qui occafone la néceflité hypothé- tique de cette nudité de l'arbre. Le vulgaire fent donc & diftingue le cas de néceffité abfolue & de néceflité conditionnelle. Aricle de M. Formey. CoNTINGENT , f. m. (Commerce & Hifloire mod.) cerme de Commerce & de Police Imperiale, qui fignifie la quote part que chaque perfonne doit fournir lorf- que l’Empire eft engagé dans une guerre qui regarde . ou l’empereur ou le corps germanique : chaque prince d'Allemagne doit fournir tant d'hommes , CON d'argent 8 de münitions potr fon contingent. Pat Je nouveau traité d'Hanovre il eft ftipulé qu'en cas de rupture avec l'empereur , les rois de Prufle. & de la Grande-Bretagne fourniront leurs cortingens comme vaflaux de l'Empire , quoiqu'ils foient en guerre avec l’empereur. Chambers. La lenteur ordinaire avec laquelle ces consingens font reglés & fournis , fait échoter la plüpart des entreprifes que formeroit l’Empire , & facilite le fuccès de celles de fes ennemis. (G) | . CONTINU , adj. (PAyfig.) Nous appellons ainfi ce qui a des parties rangées les unes auprès des au- . re du 2 tres ; enforte qu'il foit impofible. d’en ranger d’au- à Les tres entre-deux dans un autre ordre ; & générale- ment on conçoit de la continuité par-tout où l’on ne peut rien placer entre deux parties. Ainf nous difons que le poli d’une glace eft con- zinu, parce que nous ne Voyons point de parties non polies entre celles de certe glace, qui en interrom- pent la continuité; & nous appellons le fon d’une trompette cominu, lorfqu'il ne celle point , & qu'on ne peut point mettre d’autre fon entre-deux. Mais lorfque deux parties d’étendue fe touchent fimplement & ne font point liées enfemble , enforte qu'il n’y a point de raïfon interne ; comme celle de la cohéfion ou de la preffion des corps environnans ; pourquoi l’on ne pourroit point les féparer &c mettre quelque chofe entre-deux , alors on les nomme co7- tiguës. Ainfi dans le contigu la féparation des parties eit actuelle ; au lieu que dans le soztiru elle n’eft que poflble. Deux hémifpheres de plomb, par exemple, font deux parties aétuelles de la boule , dontils font les moitiés ; & ces deux parties feront contiguës , fi on les place lune auprès de l'autre, enforte qu'il n’y aït rien entre-deux : mais fi on joignoit les deux hémifpheres enfemble, de maniere à former un feul tout, ce tout deviendroit un co7- tin, & la contiguité de fes parties feroit alors fim- plement poflible , en tant que l'on conçoit qu'il eft poffible de féparer cette boule en deux hémifpheres, comme avant la réunion. Il réfulte de-là, fivant quelques Métaphyficiens, que l'idée de lefpace abfolu doit nous le repréfenter comme un coztiru ; “mais ce n’eft qu'une abftraétion. Voyez ESPACE &. ConriGu. Article de M. Formey. Les Philofophes demandent fi le continu eft divi- fible à l'infini, c’eft-à-dire, säl eft divifible dans une infinité de parties. Voyez DIVIS1BILITÉ. Les anciens attribuoient l’élevation de l’eau dans les pompes , à l'amour de la nature pour la conti- nuité, & à fon horreur pour le vuide, la pefanteur & lélafticité de l’air leur étant inconnues. Voy. AIR & VUIDE. Les Mathématiciens divifent la quantité en dif- crete & continue. Voyez QUANTITÉ. La quantité conrinue eft l'étendue, {oit des lignes, {oit des furfaces , foit des folides ; elle eft l’objet de la Géométrie. Voyez LIGNE & GÉOMÉTRIE. La quantité difcrete, c’eft les nombres qui font le fujet de l’Arithmétique. Voyez NomBre. L’éren- due eft une quantité continue, parce qu'on ne re- marque point d'intervalle entre fes parties ; qu’en- tre deux portions d’étendue on ne peut en imaginer une autre : au lieu que les nombres font une quan- tité difcrete, & dans laquelle il n’y a point de cozi- nuité : car il n’y a point de nombres fi peu différens entre lefquels on n’en puifle imaginer un, plus grand que le moindre des deux nombres donnés, &c plus petit que le plus grand. La proportion continue, en Arithmétique , eft celle dans laquelle le conféquent de la premiere rai- fon eft l’antécedent de la feconde , comme 3. 6:: 6. 12: Voyez PROPORTION. Si au contraire Le conféquent de la premiere rai- Tome LF, € ON T1 {on eft différent de l’antécedent de la feconde, la D Le a s'appelle diférere, comme 3: 6::4.8, CONTINUATEURS , fm. pl. (Li.) on appelle ainfñ dans la Littérature, ceux qui continuent des ouvrages laiffés imparfaits par leurs auteurs, On re+ marque que les continuations {ont prefque tohjours inférieures aux ouvrages commencés. La continua tion de Dom Quichotte, celle du Roman comique ; font miférables; celle de l'Hiftoire univerfelle de M. Bofluet ne peut pas fe lire. Il en eft de même de beaucoup d’autres. Deux-raifons font que les continuations font prefque toüjours.mauvaifes : la * premiere, c’eft que les ouvrages qu’on continue , 66 qui en valent la peine, font pour l’ordinaire-de bons ouvrages, faits par des hommes de génie ou de mé rite, difficiles à remplacer : la feconde, c’eft que le continuateur, mème quand il eft homme de mérites fe trouve gêné en travaillant d’après les idées d’au- trui ; on ne réuflit guere qu’en travaillant d’après les fiennes. Cela eft fi vrai, que fouvent des ouvrages médiocres ont eu des continuateurs plus médiocres encore. Au tefte on a continué quelquefois des ou= vrages finis ; témoin le treizieme livre ridiculement ajoûté à l’Enéide par un poëte moderne, (0) , CONTINUATION , SUITE, ( Gramm.) termes qui défignent la liaifon & le rapport d’une chofe avec ce qui la précede. On donne la continuation de ouvrage d’un autre; & la fuite du fien. On dit /4 continuation d’une ventes & La fuite d’un procès: on continue ce qui n’eft pas achevé ; on donne une fuite à ce qui left. (0) CoNTINUATION DU MOUVEMENT, ( Phy/q.) c’eft une loi de la nature, que tout corps une fois mis en mouvement par quelque caufe, continue à fe mouvoir de lui-même umformément, à moins ue quelque caufe ne l’en empêche, en accélérant ou en retardant fon mouvement primitif, Voyez MouvEeMEnT & PROIECTILE. (0) CONTINUATION DE COMMUNAUTÉ , v0Y. COM MUNAUTÉ DE BIENS. (4) CONTINUATION, ( Zztres de ) c’eft ainfi qu’on a quelquefois appellé des efpeces de lettres d’état.Dans une ordonnance du roi Jean du 28 Décembre 1355, il eft accordé en faveur de ceux qui payeront l’aide o&royé ci-devant, que tontes dettes feront pourfui« vies nonobftant lettres d'état, de répit, & de coztr- nuation, accordées par le roi, fes lieutenans , ou au tres, pourvû qu'il paroifle que les débiteurs y ayent renoncé. (4) * CONTINUEL, adj. (Gramm.) terme qui eft re- latif aux adions de l’homme & aux phénomenes de la nature, confidérés par rapport à toute la durée fucceflive du tems, ou feulement à une portion in déterminée de cette durée, &c qui marque qu'il n’y & aucun inftant de la durée prife fous l’un ou l'autre de ces afpes, pendant lequel Paétion ou le phéno- mene ne fubffte pas. Un feul exemple fufiira pour éclaircir cette définition. Quand on parle du mou- vement continuel d’un corps célefte, on n’enténd pas la même chofe que quand on parle du mouvement continuel d’un enfant ; il me femble qu'on rapporte l’un à une portion fucceflive indéterminée de la du- rée, & l’autre à la durée en général. [l y a cette dif- férence entre continu & continuel, que continu fe dit de la nature même de la chofe, & que continuel {e dit de fon rapport avec le tems ; exemple en eft évident dans un mouvement coxtiru ÔC un MOUVE: ment continuel. | * CONTINUER, (Gramm. € verbe.) s'employe diverfement , mais il a toûjours rapport à une chofe commencée & à un tems pañlé. On dit: 1/ a commer= cé fes études ; & il les continue 3 il a eu avec moi de bons Pi 116 CON procédés, & il continue, tout court, Où c/ continue d'en avoir ; mais non 1/les continue. Cet ouvrage fe con- tinue; le bruit continue. Continuer peut être relatif à continué 8 à continu: quand il eft relatif à continu, il ne marque point d'interruption ; quand il eff relatif à continué, 1l en peut marquer; car le continu n'a point ceflé, & le continué a pù cefler. CONTINUER l'audience à un tel jour, (Jurifprud.) figniñie que la caufe commencée coztinuera d’être plaidée le jour qui eft indiqué ; ce qui eft fort diffé- rent de remettre l’audience ou la caufe à un tel jour, en ce qu’une remife ne fait pas que la caufe foit ré- putée commencée, & n’eft pas réputée une journée de la caufe. Cette diftinétion eft de conféquence dans certaines matieres, comme en retrait lignager , où 1l faut des offres à chaque journée de la caufe. (4) CONTINUITÉ, {. £. (Phyfig.) Le définit ordinai- rement, chez les fcholaftiques, la cohéfion immé- diate des parties dans un même tout. D’autres la dé- finiffent un mode du corps par lequel fes extrèmes ne deviennent qu’un: d’autres enfin, l’état d’un corps féfultant de l’umon intime de fes parties. Voyez CoN- TINU, Éc. * Il y a deux fortes de continuité, l’une mathémati- que, & l’autre phyfique. La premiere eft l’état d’un corps dont on fuppole les parties immédiatement voifines les unes des autres , & fe touchant par-tout: elle eft purement imaginaire & de fuppoñition , puif- qu’elle fuppofe des parties réelles ou phyfiques oùil n'y.en a point. Voyez PORE. ; La continuité phyfique eft cet état de deux ou de plufeurs parties où particules, dans lequel elles pa- roiflent adhérer ou former un tout non ifterrompu ou continu, ou entre lefquelles nous n’appercevons aucun efpace intermédiaire, Voyez CONTINU. Les fcholaftiques diftinguent encore deux fortes de continuité ; l’une homogene, l’autre hétérogene : la premiere eft celle où nos fens n’apperçoivent pas les extrémités des parties, ou plütôt leur diftin@ion; telle eft celle des parties de l’air & de l’eau : [a fe- conde eft celle où nos fens apperçoivent à la vérité l'extrémité de certaines parties, mais en même tems où ils découvrent que ces mêmes parties, foit par leur figure , foit par leur fituation , font étroitement enchainées les unes avec les autres ; c’eft celle qu’on : obferve dans les corps des plantes & des animaux. La continuité des corps eft un état purement rela- tif à la vüe & au toucher; c’eft-à-dire que fi la diftan- ce de deux objets féparés eft telle, que l'angle fous lequel on les voit foit infenfible aux yeux, ce qui ar- tivera s’il eft au-deflous de feize fecondes, ces deux corps féparés paroïtront contigus. Or la continuité eft le réfultat de plufeurs objets contigus : donc fi des objets vifbles en nombre quelconque font pla- cés à une telle diftance les uns des autres, qu’on voye leur diftance fous un angle au-deflous de feize fecondes , ils paroïtront ne former qu’un corps con- tinu. Donc comme nous pouvons déterminer la di- ftance à laquelle un efpace quelconque devient in- vifble , 1l eft aifé de trouver à quelle diftance deux corps quelconques, quelque éloignés qu’ils foient, paroîtront comme contigus, & où plufeurs corps n’en formeront qu'un continu. Pour la caufe phyfique de la continuité, voyez COHÉSION. Chambers. (0) . CONTINUITÉ, (/oi de) c'eft un principe que nous devons à M. Leïbnitz, & qui nous enfeigne que rien ne fe fait par faut dans la nature, & qu’un êtrene pafle oint d’un état dansun autre, fans pafler par tous les Lférens états qu'on peut concevoir entr'eux. Cette loi découle, fuivant M. Leibnitz, de l’axiome de la raifon fufñfante. En voici la déduétion, Chaque état dans lequel un être fe trouve, doit avoir fa raïfon fuffifante pourquoi cet être fe trouve dans cet état plütôt que dans tout autre; & cette raïfon ne peut CON fe trouver que dans l’état antécédent. Cetétat an técédent contenoit donc quelque chofe qui a fait naî. tre Pétat auel qui l’a fuivi; enforte que ces deux états font tellement liés, qu'il eft impoffible d’en mettre un autre entre deux:car s’il y avoit un étatpof- fible entre l’état a@uel & celui qui la précédé immé- diatement, la nature auroit quitté le premier état ; fans être encore déterminée par le fecond à abandon- ner le premier; il n’y auroit donc point de raïfon fufhfante pourquoi elle pafferoït plütôt à cet état qu'à tout autre état poflible. inf aucun être ne paffe d’un état à un autre, fans pafler par les états intermédiai- res; de même que l’on ne va pas d’une ville à une autre, fans parcourir le chemin qui eft entre deux. Cette loi s’obferve dans la Géométrie avec une ex- trème exaétitude. Tous les changemens qui arrivent dans les lignes qui font unes, c’eft-à-dire dans une ligne qui eft la même, ou dans celles qui font enfem- ble un feul & même tout ; tous ces changemens, dis- je, ne fe font qu'après que la figure a pañlé par tous les changemens poffibles qui conduifent à l’état qu- elle acquiert. Les points de rebrouffement qui fe trouvent dans plufieurs courbes, & qui paroïffent violer cette oi de continuité , parce que la ligne fem- ble fe terminer en ce point, & rebrouffer fubitement en un fens contraire, ne la violent cependant point : on peut faire voir qu’à ces points de rebrouflement il fe forme des nœuds, dans lefquels on voit évidem- ment que la /oi de continuité eft fuivie ; car ces nœuds étant infiniment petits, prennent la forme d’un feul & unique point de rebrouflement. Ainfi dans la fig. 104. de la Géométrie, fi le nœudA4D s’évanoüit.: il deviendra le point de rebrouflement T, Voyez Nœup & REBROUSSEMENT. La même chofe arrive dans la nature. Ce n’eft pas fans raifon que Platon appelloit le Créateur, léternel Géometre. In’y a point d’angles proprement dits dans la nature, point d’inflexions ni de rebrouf- femens fubits ; mais 1l y a de la gradation dans tout, &t tout fe prépare de loin aux changemens qu'il doit éprouver, & va par nuances à l’état qu’il doit fubir. Aïnfi un rayon de lumiere qui fe réfléchit fur un mi- roir, ne rebrouffe point fubitement , & ne fait point un angle pointu au point de la réflexion ; maïs 1l paf- fe à la nouvelle dire&tion qu’il prend en fe réfléchif- fant par une petite courbe, qui le conduit infenf- blement par tous les degrés poflibles qui font entre les deux points extrèmes de l’incidence & de la ré- flexion. Il en eft de même de la réfra@ion : le rayon de lumiere ne fe rompt pas au point qui fépare le milieu qu'il pénetre & celui qu’il abandonne ; mais il commence à fubir une inflexion avant que d’avoir pénétré dans le nouveau milieu ; & le commence ment de fa réfraétion eft une petite courbe qui fépa- re Les deux lignes droites qu'il décrit en traverfant deux milieux hétérogenes &c contigus. Les partifans de ce principe prétendent qu’on peut s’en fervir pour trouver les lois du mouvement. Un corps , difent-ils , qui fe meut dans une direétion quelconque, ne fauroit fe mouvoir dans une direc- tion oppofée, fans pafler de fon premier mouvement au repos par tous les degrés de retardation intermé- diaires, pour repafler enfuite par des degrés infen- fibles d'accélération du repos au nouveau mouve- ment qu'il doit éprouver. Prefqne toutes les lois du mouvement propofées par M. Defcartes {ont fauf- fes, felon les Leïbnitiens, parce qu’elles violent le principe de continuité, Telle eft, par exemple, celle qui veut que fi deux corps B & C fe rencontrent avec des vitefles égales, mais que le corps B foit plus grand que le corps C’; alors le feul corps C re- tournera en arriere, & le corps 2 continuera font chemin,tous deux avec la même viteffe qu'ils avoient avant le choc. Cette regle eft démentie par l’expé- :C'O N Li ‘ 9 “ae : ë REA Las, à mience,& ne s’accor de point avec le principede cor tinuité, auquel il eft fort important de fe rendre at- tentif; imitant en cela la nature, qui ne lenfreint jamais dans aucune de fes opérations. Lifez le chap. ]. des inflit. de Phyfig. de Mad. Duchatelet, depuis le $ 13 jufqu’à la fins , : On prétend encore protivér par ce principe, qu'il n’y a point de corps parfaitement dur dans la natu- re. La gradation qu’exige la loi de continuité, ne fau- roit avoir lieu dans le choc des corps parfaitement durs ; car ces corps pafleroient tout-d’un-coup du re- pos au mouvement , & du mouvement enun fens au mouvement dans un fens contraire. Ainfi tous les corps ont un degré d’élafticité qui les rend capables de fatisfaire à cette loi de continuiré que la nature ne viole jamais. Sur quoi voyez PERCUSSION. Nous de- yons cet article à M.Formey. (O0) ConTINUITÉ , (Belles-Lett.) dans le poëme dra- matique , c’eft la liaifon qui doit regner entre les dif- férentes fcenes d’un même aéte. On dit que /a continuité eff obfervée , lorfque les fce- nes qui compofent un aéte fe fuccedent immédiate- ment, fans vuide, fans interruption, & font telle- ment liées, que la fcene eft toüjours remplie. Voyez TRAGÉDIE. Ondit, en matiere de littérature & de critique, qu’il doit y avoir une continuité, c'eft-à-direune con- nexion entre toutes les parties d’un difcours. Dans le poëme épique particulierement, l’aétion doit avoir une coztinuté dans la narration, quoique les évenemens & les incidens ne foient pas continus, Si-tôt que le poëte a entamé fon fujet, & qu'il a ame- né fes perfonnages fur la fcene, l’aétion doit être continuée jufqu'’à la fin ; chaque caraétere doit agir, & il faut abfolument écarter tout perfonnage oùfif. Le Paradis perdu de Milton s’écarte fouvent de cette regle , dans les longs difcours que l’auteur fait tenir à l'ange Raphael, & qui marquent à la vérité beau- coup de fécondité dans l’auteur pour les récits, mais nuifent à l’aétion principale du poëme , qui fe tron- ve comme noyée dans cette multitude de difcours, Foyez AGTION. Le P. le Boflu remarque qu’en retranchant les in- cidens infipides &c languiffans , & les intervalles vui- des d’a&tion qui rompent la continuité, le poème ac- quiert une force continue quu le fait couler d’un pas égal & foûtenu ; ce qui eft d’autant plus néceffaire dans tn poëme épique , qu’il eft rare que tout y foit d’une même force ; puifqu’on à bien reproché à Ho- mere , & avec vérité, qu'il fommeilloit quelquefois ;* , , q 5 mais auf l’a-t-on excufé fur l'étendue de l'ouvrage. es , fub.m. plur. yorroBa6dvras, (Théolog.) hérétiques qui parurent dans le fixieme fiecle. Leur premier chef fut Sévere d’Antioche, au- quel fuccéda Jean le grammairien furnommé Phlo- ponus, & un certain Théodofe dont les feétateurs furent appellés Théodofiens, Une partié de ces hérétiques qui ne voulut pas recévoir un livre que Théodofe avoit compofé fur la Trinité, firent bande à part, & furent appellés Contobabdites, de je ne fai quel lieu que Nicephore ñe nomme point, & qui étoit apparemment celui où ils tenoient leurs aflemblées. Les Contobabdites ne recevoient point d’évêques. C’eft tout ce que cet hiftorien nous en apprend, Foy. le Trév. 6 le Moréri, (G) CONTORNIATES, (Médailles , Art numifmat. ) le ditionnaire de Trévoux dit conrourniates , qui me paroît moins bon. On appelle contorniates | des mé- daïiles de cuivre terminées dans leur circonférence par un cercle d’une ou.de deux lignes de largeur , continu avec le métal, quoiqu'il femble en être dé- taché par une rainure -aflez profonde qui regne à CON 117 l'extrémité du champ ; de l’un & l’autre côté de la médaille. Cette forte particuliere de cercle fait ai: fément diftinguer les médailles conrorniares, de cel- les qui font enchâflées dans des bordures du même ou d’un différent métal. Quoiqu’on pût dire que le nom de contorniate vient du mot cozturnus , contout, employé dans nos vieux titres, comme on voit dans le gloffaire de M. Ducange ; cependant M. Mahudel prétend qu'il en faut chercher origine en Italie, où ces médailles font appellées medaglioni contornar à mais tout cela revient au même. _ Les antiquaires conviennent aflez qi’elles n’ont jamais fervi de monnoiïe. Le cercle qui les termine ; plus parfait que celui des médailles qui fervoient de monnoie ; l’éminence de ce cercle, quirend ces mé- dailles moins propres à être maniées ; la difficulté qu'il y a eu de former la vive-arrête qu'on voït des deux côtes de ce cercle, & qui demandoit un tems trop confidérable ; la damafquinure qu’on apperçoit fur plufieurs de ces médailles dans le champ du co: té de la tête, & fur quelques-unes des figures du re- vers, ouvrage dont la longueur ne s'accorde pas avec la célérité & la multiplication néceflaire pour la monnoie courante ; le défaut de fous-divifion en moitiés & en quarts , néceflaires dans le commerce de la monnoie pour remplir toutes les valeurs, com me on en trouve dans les autres médailles d’or , d’ar- gent, & de cuivre ; & celui du decret ou de l’auto« rité qui paroît fur les médailles qui fervoient de monnoie, tel qu’étoit la formule de fézatus-confulso, ou le nom du magiftrat qui les faifoit frapper : tout cela prouve que és contorniates n’ont jamais fervx de monnoie. Il eft vrai que l’on voit fur plufieurs de ces médailles des lettres, comme P. Æ. mais ces let= tres font le monogramme ou la marque des ouvriers qui fabriquoient ces pieces , & qui vouloient par-là le faire connoïtre, M. Spanheim & M. Ducange ont cru que ces mé< dailles étoient du tems des premiers empereurs dont les têtes y font gravées, mais qu’elles avoient été retouchées fous leurs fucceffeurs; &c 1ls les appel- lent zummi reftisuti, Le P. Hardouin penfe bien dif- féremment ; car il prétend que ce n’eft que dans le xii. fiecle qu’elles ont été fabriquées. M. Mahudel fixe la premiere époque de leur fabrication à la fin du üj. fiecle , & leur durée jufqu’au milieu du jv. Quoi qu'il en foit, premierement pour ce qui re< garde les contorniates quirepréfentent des têtes d’hom- mes illuftres, il eft évident qu’elles ne font pas de leur tems, puifque l’ortographe de leurs noms y eff mal obfervée. Dans celle fur laquelle ef Ia tête d'Ho: mete, fon nom eft écrit avec un © au lieu d’un O; & dans celle de Sallufte ,avec une feule L , Sa/ufhus, au lieu de Sa/luflius , comme on le trouve dans les infcriptions lapidaires de fon tems. On y voit auf le nom d’auteur écrit autor , au lieu d’auélor, comme Quintilien l'écrit en parlant de ce même Sallufte ; outre qu’à parler exa@tement l'emploi de ce terme eft contre le bon ufage, & que du tems de cet hifto- rien on auroit dit Aif/oriæ féripror, 8 non pas axitors 2°. Dans les contorniares où il y a des têtes greques , on trouve des légendes latines, comme dans celle qui repréfente Alexandre, dont la légende eft 42e: xander magnus: quelle apparence que les Grecs de ce tems-là ayent employé une langue étrangere à a Une nouvelle preuve que les contorniates qui onf la tête des premiers empeteurs ne {ont pas de leur tems, c’eft la parfaite reflemblance de ces médail< les avec celles qui repréfentent les empereurs des tems poftérieurs,, foit dans le goût, foit dans la gras vure plate & groflicre, dans le volume, dans les . marques des ouvriers, dans le ftyle des lésendes , | 8 dans la formation des caraéteres ; uniformité qu’- on ne croira pas s'être foûtenhe depuis Alexandre 118 CON jufqu'à Honorius. 4°. Ajoûtez à cela que l’on voit également fur les médailles qu’on pourroit foupçon- her être du haut empire, & fur celles qui font d’un tems moins éloigné, Les mêmes fisures de rameaux, de palmes, d'étoiles , 6. ce qui fuppoferoit que les mêmes monétaires ont vécu plufeurs fiecies. 5°, En- fin les mêmes types font répétés dans des cozéornia- tes qui repréfentent des princes qui Ont régné dans différens tems. Mais quoique ces médailles foient poftérieures aux hommes illuftres qu’elles repréfentent, il n’en faut pas conclure qu’elles foïent méprifables : car outre qu’elles peuvent par leurs légendes nous ap- prendre beaucoup de chofes d’un fiecle éloigné, el- les font intéreflantes en ce qu’elles nous ont confer- vé l’hiftoire de la Gymnaftique. Voyez La differt. de M. Mahudel , dans les mém, de l'acad. royale des Inf- cript. tome III. Article de M. le Chevalier DE JAU- COURT. CONTORSION , £. f. l’a@ion de tordre ou de tourner une partie du corps hors de fa fituation na- turelle, Les danfeurs de cordes s’accoûtument dès leur jeuneffe aux contorfrons de leurs membres, pour ren- dre les fibres de leurs articulations plus lâches, plus fouples , & par-là plus propres pour toutes fortes de poftures. Voyez POSTURE. : On fe fert aufli du mot contorfion , pout marquer Tétat d’une chofe qui eft de travers ; comme un membre, &c. La contorfion du cou, ou le torticolis, eft occa- fionnée , felon Nucke , par le relâchement ou la paralyfie de l’un des mufcles maftoïdiens ; car de- là il arrive que fon antagonifte, dont l'effort n’eft plus contrebalancé , fe contraéte par fa propre for- ce & tire la tête de fon côté. Voyez PARALYSIE. Il ajoute qu’on ne peut remédier trop tôt à cette maladie, & 1 prefcrit dès le commencement des linimens capables de relâcher & de ramollir les f- bres, qu'on doit appliquer non-feulement fur le mufcle en contraion, mais auffi & principalement fur le mufcle paralytique relâché, qui eft le fiége de la maladie. Chambers. (7) CONTORSION, er Peinture, {e dit des attitudes outrées , quoique poflbles, foit du corps foit du vifage. Le peintre en voulant donner de l’expref- ion à fes figures, ne leur fait faire fouvent que des contorfions, (R) CONTOUR, (Peinr.) on appelle ainfi les extré- mités d’un corps ou d’une figure , ou les traits qui la terminent & qui la renferment en tous fens. Du- frefnoy recommande que les contours foient polis, grands, coulans , fans cavités, ondoyans, fembla- bles à la flamme ou au ferpent. Il eft bon de fe fouvenir de ces préceptes ; mais lorfqu’on veut que ce qu’on fait ait un certain de- gré de perfeétion , 1l eft infiniment plus für de met- tre devant foi un bon modele dans l’attitude dont on a befoin. Ditfionn. de Peint, (R) CONTOURNÉ, adj. dans le Blafon, fe dit des animaux repréfentés en place ou courant, le vifage tourné vers le côté gauche de l’écu ; parce que l’on fuppofe qu'ils doivent regarder naturellement ie cô- té droit. Voyez le Trévoux. Les anciens comtes de Charolloïs, de gueules au lion d’or, la tête coztournée. (°) CONTRA. Voyez HAUTE-CONTRE. CONTR’ABOUT , (Jurifprud.) eft un héritage qui appattient à un preneur à cens ou rente, & qui l'affeéte & hypotheque au bailleur, outre l’héritage qui lui eft accenfé, pour füreté du payement de là rente ou du cens. Voyez le gloffaire de M, de Lau- riere, 6 au mot ABOUT, (4). CONTRACTATION , fub. £. (Comm.) tribunal établi en Efpagne pour les affaires & le commerce des Indes occidentales. | : Ce confeil eft-compofé d’un préfident, de deux afefleurs , d’un fifcal, de deux écrivains | & d’un Officier chargé des comptes. Jufqu'à lan 1717 äl étoit toujours refté à Seville, où s’étoit fait fon prenuer établiflement ; mais pour procurer une plus prompte expédition dans les affaires du négoce, il a été transféré à Cadix avec la jurifdi@ion confu= aire, dont le confeil fut réduit à trois perfonnes. Didion. de Comm. (G) CONTRACTION, f. f. (cerme de Gramm.) C’eft la réduétion de deux fyllabes en une. Ce mot eft particulierement en ufage dans la Grammaire gre- que. Les Grecs ont des déclinaifons de noms con- traités ; par exemple, on dit fans contraëlion roù es -modeveos en Cinq fyllabes , & par cortraëlion Aspo®e= vob en quatre fyllabes. L’un & l’autre eft également au génitif, & fignifie de Demofthene. Les Grecs font aufli ufage de la contrattion dans les verbes. On dit fans contraëlion mutw , facio , 8 par contrattion -œow, &tc. Les verbes qui fe conjuguent avec coz= traition , font appellés circonflexes , à caufe de leux accent. Il y a deux fortes de contrattions ; l’une qu’on ap- pelle /’mple, c’eft lorfque deux fyllabes fe réuniflent en une feule, ce qui arrive toutes les fois que deux voyelles qu’on prononce communément en deux fyllabes , font prononcées en une feule, comme lorfqu’au lieu de prononcer opg:? en trois fyllabes , on dit Opgsï en deux fyllabes. Cette forte de coz- trattion eft appellée fyrchrefe. Il y a une autre forte de contrattion que la méthode de P.R. appelle mélée, &c qu’on nomme crafe, mot grec qui fignifie mélanges c’eft lorfque les deux voyelles fe confondant en- femble, il'en réfulte un nouveau fon, comme reycas muri, & par crafe ruyn en deux fyllabes. Nous: avons auf des contraülions en François ; c’eft ainff que nous difons le mois d’Oz/f au lieu d’Aouff. Du eft auffi une contratlion, pour de Le ; au pour 4 Le; aux pour & les , &cc. L’emprefflement que l’on à à énoncer la penfée , a donné lieu aux contraülions & à l’ellipfe dans toutes les Langues. Le mot généri- que de contraülion fufht , ce me femble, pour expri- mer la réduétion de deux fyllabes en une, fans qu'il foit bien néceflaire de fe charger la mémoire de mots pour diftinguer fcrupuleufement les différen- tes efpeces de contratlions, (F) CONTRACTION , ez Phyfique, fignifie la diminu< tion de l'étendue des dimenfions d’un corps , ou le reflerrement de fes parties , par lequel :l devient d’un moindre volume, &c. Foy. CONDENSATION. Contraëtion pris dans ce fens, eft oppolé à dilaræ= tion. Voyez DILATATION, &c. Chambers. La plüpart des corps fe contraëfent par le froid ; &c fe dilatent ou fe raréfient par la chaleur. Voyez FRo1D, CHA»EUR, RARÉFACTION , 6%, À l'égard du méchanifme par lequel cette coz- traition & cette dilatation s’operent, c’eft ce que les Phyficiens veulent expliquer, mais qu'ils 1gno- rent encore, & qu'apparemment ils ignoreront long-tems. Force de Contraëlion ou force contraëtive , s'entend de cette propriété ou force inhérente à certains corps, par laquelle , lorfqw’ils font étendus, ils peu- vent fe rétablir dans leur premier état. Telle eft la force par laquelle une corde à boyau fortement ten- due & allongée par fes deux extrémités , fe rétablir, dès qu’on la relâche, dans fa longueur naturelle. Voyez CORDE, ÉLASTIQUE. (O) | CONTRACTION , ( Médecine.) terme de Phyfiolo= gie, Contraîtion des mufiles , voyez MOUVEMENT MUSCULAIRE. Contrathion du cœur, des arterès , v0y. CIRCULATION, PHYSIOLOGIE. CONTRACTUEL , adj. (Zurifprud.) fe dit de ce qui dérive d’un contrat. Une fucceflion, inftitution ou {ubftitution contraëtuelle | eft celle qui eft reglée par contrat de mariage ou autre aéte entre- vifs. Un héritier conrraëtuel eft celui qui eft appellé par ce contrat à recueillir la fucceffion. Voyez Le raité des inflitut, contraët, de M. de Lauriere. (4) CONTRADICTEUR , f. m. (Jwrifpr.) eft celui qui contredit ou pent contredire un acte judiciaire ou extrajudiciaire. | Un ae eft fait fans conradicteur, lorfqu’il eft fait pat défaut, ou que l’on n’y a point appellé ceux qui auroient eu intérêt de le contredire, Léoitime corradiéteur eft celui qui a intérêt ou qualité pour contredire. On ne peut pas diriger des actions contre une fuc- ceflion vacante , fans qu’il y ait un contradiüleur ; c’eft pourquoi on y fait nommer un curateur. De même lorfque le tuteur a des intérêts à difcu- ter avec fon mineur, 1l ne peut faire un inven- taire valable fans un légitime contraditteur qui puiffe veiller aux intérêts du mineur : c’eft pour cet effet que l’on nomme un fubrogé tuteur qui aflifte à l’in- ventaire. Les mineurs peuvent demander continua- tion de communauté , fi leur pere ou mere furvi- vant , ne fait faire inventaire avec perfonne capable & légitime corrradicteur, Coûr, de Paris, art, 240. A CONTRADICTION , f. f. (Métaphyf.) On ap- pelle conrradittion ce qui affirme & nie la même chofe en même tems. Ce principe eft le premier axiome fur lequel toutes les vérités font fondées. Tout le monde l'accorde fans peine, & il feroit même impofñble de le-nier, fans mentir à fa propre. confcience ; car nous fentons que nous ne pouvons point forcer notre efprit à admettre qu’une chofe eft &c n’eft pas en même tems, & que nous ne pouvons pas ne pas avoir une idée pendant que nous l’a- -vons, m voir un corps blanc comme s’il étoit noir, pendant que nous le voyons blanc. Les Pyrrhoniens même , qui faifoient gloire de douter de tout , n’ont jamais mé ce principe ; ils nioient bien à la vérité qu'il y eût aucune réalité dans les chofes, mais ils ne doutoient point qu’ils euffent une idée , pendant qu'ils Pavoient. Cet axiome eft Le fondement de toute certitude dans les {ciences humaines ; car fi on accordoit une fois que quelque chofe pût exifter & n’exifter pas en même tems, il n’y auroit plus aucune vérité, même dans les nombres , & chaque chofe pourroit être ou n'être pas, felon la fantaifie de chacun : ainfi deux & deux pourroient faire quatre ou fix également, & même à la fois. Le principe de coztradition a été de tout tems en ufage dans la Philofophie. Ariftote , & après lui tous les Philofophes s’en font fervis , & Defcar- tes l’a employé dans fa philofophie, pour prou- ver que nous exiftons ; car il eft certain que celui qui douteroit s’ilexifte, auroit dans fon doute même une preuve de fon exiftence , puifqu'il implique contradiction que l’on ait une idée quelle qu’elle foit , & par conféquent un doute , & que l’on n’exifte pas. Ce principe fufht pour toutesles vérités nécef- faires, c’eft-à-dire pour les vérités qui ne font dé- terminables que d’une feule maniere ; car c’eft ce que l’on entend par le terme de réceffaire: mais quand il s’agit de vérités contingentes , alors il faut recourir au principe de la raifon fufifante, Foy. fon Article. Cet article eff de M. Formey, fur quoi voyez l’article AXIOME. * CONTRADICTION, fe prend ez Morale pour un jugement oppoié à un autre Jugement déjà porté. CON tig Il y a des efprits qui y font portés natutellement ; ce font ceux qui n'ont aucun principe fixe : ils font incommodes dans là fociété , fur-tout pour ceux qui n'aiment point à prouver ce qu'ils avanceñt. CONTRADICTOIRE, adj. (Jarifprud,) fe dit de ce qui eft fait en préfénce des parties intéreffées. Un inventaire, un procès-verbal de vifite , un rap- port d’experts font contradiüloires , lorfque toutes les parties y font préfentes, ou du moins qu’il y a quel: qu'un qui ftipule pour elles. Un jugement eft coz- tradiüloire , lorfqul eft prononcé en préfence de la païtie, ou de fon avocat ou de fon procureur qui {e font préfentés pour défendre la caufe. Les aûtes faits par défaut font oppofés aux aûtes contradictois res. Voyez DÉFAUT. (4) CONTRAIGNABLE , adj. (Jurifprud.) fe dit de celui qui peut être forcé par quelque voie de droit à donner ou faire quelque chofe. L’obligé peut être cortraignable pat différentes voies, favoir, paf faifie & exécution de fes meubles, par faifie-réelle de fes immeubles, même par corps, c’eft-à-dire par emprifonnement de fa part, ce qui dépend dé la qualité du titre & de l’obligé. Les femmes ne font point contrargnables par corps , fi ce n’eft qu’elles foient marchandes publiques , ou pour ftellionat procédant de leur fait. Quand on dit qu’un obligé eft contraignable pat les voies de droit, on entend par-là toutes les contraintes qui peuvent être exer- cées contre lui. Voyez ci-après CONTRAINTE. (4) CONTRAINDRE , OBLIGER , FORCER , v. act. (Gramm.) termes qui défignent en général quel que chofe que l’on fait contre fon gré. On dit : Le refpeét me force à me taire , la reconnoiflance m'y oblige, l'autorité m’y contraint. Le mérite oblige les indifférens à leftimer , il y force un rival jufte , il y contraint l'envie. On dit une fête d'obligation, un confentement forcé, une attitude contrainte, On fe contraint foi-même , on force un poite, & on oblige l'ennemi d’en décamper. (0) | CONTRAINT , en Mufique. Ce mot s'applique {oit à l'harmonie , foit au chant , foit au mouvement ou à la valeur des notes, quand par la nature du deffein on s’eft aflujetti à une loi d’uniformité dans quelqu’une de ces trois parties. ayez BASSE CON: TRAINTE. (R) CONTRAINTE , 1. £. (Jurifp.) eft un terme de pratique , dont on fe fert pour exprimer les différen- tes voies permifes que l’on prend pour forcer quel- qu’un de faire cé à quoi il eft obligé ou condamné. Les commandemens, les faifies & arrêts, faifie ; exécution , &t ventes de meubles, faifies réelles & adjudication par decret, l’emprifonnement du débi- teur qu’on appelle contrainte par corps, font autant de contraintes différentes dont on peut ufer contre l’obligé : mais 1l n’eft pas toïjours permis d’en ufer indifféremment ni de les cumuler toutes ; par exem- ple, on ne peut pas faifir exécuter , ni faifir réelle= ment ou emprifonner, que l’on n’ait fait un com- mandement préalable pour mettre l’obligé en de- meure. Si le débiteur eft mineur, il faut difcuter {es meubles avant de faïfir réellement fes immeubles ; & l’on ne peut prendre la voie de la faifie réelle qué pour une dette qui foit au moins de 200 livres. En- fin la contrainte par corps n’a lieu qu’en certains cas &c contre ceftaines perfonnes, ainf qu’on l’expli- quera ci-après ; du refte lorfqw’on a droit d’ufer de plufieurs contraintes, On peut les cumuler toutes , c’eft-à-dire que pour une même dette on peut tout à la fois faifir & arrêter, faifir exécuter, faifir réel: lement , & même emprifonner fi le titre emporte la contrainte par COfPS. On entend aufli par contrainte le titre même qui autorife à ufer de cozirainte, tel qu'un jugement ou 120 CON ordonnance qui permet de faïfir , de véndre, où em- prifonner. Enfin on appelle encore plus particulierement coz- sraintes, des mandemens ou commiflions décernées par certains officiers publics, auxquels ce pouvoir ef attribué par le Roï chacun dans leur diftriét, tels que les fermiers, receveurs, & autres prépolés au reconvrement des deniers royaux, & les receveurs des confignations , lefquels décernent des contraintes contre ceux qui font redevables de quelques droits : les commiffaires aux faifies-réelles en décernent auf contre les fermiers judiciaires pour le prix de leurs baux, & celles-là emportent la contrainte par corps, parce que les fermiers judiciaires {ont confidérés comme dépofitaires de deniers de juftice. Pour décerner ces fortes de contraintes , il faut avoir ferment à juftice. Les officiers qui n’ont point de jurifdiétion , ne peuvent faire exécuter leurs contrainres fi elles ne {ont vifées d’un juge; par exemple, les élûs vifent celles que les receveurs des aides décernent contre les redevables. (4) CONTRAINTE PAR Corps, fe prend, tantôt pour le jugement, ordonnance où commiflion qui permet au créancier de faire emprifonner fon débi- teur en matiere civile, tantôt pour le droit que le créancier a d’ufer de cette voie contre fon débiteur, tantôt enfin pour l'arrêt & emprifonnement qui eft fait en conféquence de la perfonne du débiteur. Il n’étoit pas permis chez les Egyptiens de s’obli- ger pat corps ; Boccoris en avoit fait une loi, & Se- {oftris l’avoit renouvellée. Les Grecs au contraire permettoient d’abord Po- bligation & la contrainte par corps , c'eft pourquoi Diodore dit qu’ils étoient blamables , tandis qu'ils défendoient de prendre en gage les armes &r la char- tue d’un homme, de permettre de prendre Phomme même ; aufñi Solon ordonna-t:il à Athenes qu’on n’o- bligeroit plus le corps pour dettes , loi qu'il tira de celle d'Esypte. La contrainte par corps avoit lieu chez les Romains contre ceux qui s’y étoient foumis ou qui y étoient condamnés, pour {tellionat ou dol : mais fi le débi- teur faifoit ceffion, on ne pouvoit plus l’'emprifon- ner : on ne pouvoit pas non plus arrêter Les fem- mes pour dettes civiles, même pour deniers du fifc. En France autrefois il étoit permis de ftipuler la contrainte par corps dans toutes fortes d’aétes ; elle avoit lieu de plein droit pour dettes fifcales, & 1l y avoit auff certains cas où elle pouvoit être pro- noncée par le juge quoiqu’elle n’eût pas été fhpulée. _ L'édit du mois de Février 1535, concernant la confervation de Lyon, ordonne que les fentences de ce tribunal feront exécutées par prife de corps &c de biens dans tout le royaume fans vi/4 ni pareatis, ce qui s’obferve encore de même préfentement. , Charles IX. en établiffant la jurifdiétion confu- laire de Paris par fon édit de 1563, ordonna que les fentences des confuls provifoires ou définitives qui n’excéderont la fomme de 500 liv. tournois , feront exécutées par corps. La contrainte par corps n’avoit point encore lieu pour l'exécution des autres condamnations : mais par l’ordonnance de Moulins , art. 48, il fut dit que pour faire cefler les fubterfuges , délais , & tergi- verfations des débiteurs, tous jugemens & condam- nations de fommes pécuniaires, pour quelque caufe que ce fût, feroient promptement exécutés par tou- tes contraintes 8&t cumulations d'icelles juiqu’à l’en- tier payement & fatisfa@tion ; que fi les condamnés ny fatisfaifoient pas dans les quatre moiïs après la condamnation à eux fignifiée à perfonne ou domi- cile , 1ls pourroient être pris au corps & tenus pri- . fonmiers jufqu’à la ceffion &c abandonnement de leurs biens, & qne fi le débiteur ne pouvoit pas être pris ou que le créancier le demandât , il feroit procédé par le juge pour la contumace du condamné au dou- blement & tiercement des fommes adjugées. Les prêtres ne pouvoient cependant être co7- traints par corps en vertu de cette ordonnance, ainfi que cela fut déclaré par l’ars. 57. de l'ordonnance de Blois. L’ufage des contraintes par corps après les quatre mois , qui avoit été établi par l'ordonnance de Mou- lins, a été abrogé pour les dettes purement civiles par l'ordonnance de 1667, tic. xxxjv. art, 1. qui dé- fend aux cours & à tous juges de les ordonner à peine de nullité, & à tous huifliers &c fergens de les exécuter à peine de dépens , dommages &t intérêts. La contrainte par corps peut néanmoins, fuivant l’art, 2. du méme tir, être ordonnée après les quatre mois pour dépens adjugés , s'ils montent à 200 liv. ou au-deflus ; ce qui a lieu pareillement pour la ref- titution des fruits & pour les dommages & intérêts au-deflus de 200 liv. Les tuteurs & curateurs peuvent aufli être con- traints par corps après les quatre mois pour les fom- mes par eux dûes à caufe de leur adminiftration , lorfqu’il y a fenténce, jugement ou arrêt définitif, & que la fomme eft liquide & certaine. Les juges mêmes fupérieurs ne peuvent pronon- cer aucune condamnation par corps en matiere Ci< vile, fi ce n’eft en cas de réintegrande pour délaïf- fer un héritage en exécution d’un jugement , pour ftellionat , dépôt néceflaire , confignation faite par ordonnance de juftice ou entre les mains de perfon- nes publiques , repréfentation de biens par les fe- queftres, commiffaires ou gardiens, lettres de chan- ge quand il y a remife de place en place, dettes en- tre marchands pour fait de la marchandife dont ils fe mêlent. L'ordonnance de 1667 déclare aufñi que Sa Ma- jefté n’a point entendu déroger au privilège des de- niers royaux , ni à celui des foires, ports, étapes, & marché , & des villes d’arrêt. Elle défend de pañfer à avenir aucuns jugemens, obligations, ou autres conventions portant contrair- ce par corps contre les fujets du roi, à tous greffiers , notaires & tabellions de les recevoir, & à tous huif- fiers & fergens de les exécuter , encore que les aétes ayent été pañlés hors le royaume , à peine de tous dépens , dommages &c intérêts. Il eft feulement permis aux propriétaires des ter- res &c héritages fitués à la campagne, de ftipuler par les baux les contraintes par corps. Les femmes & filles ne peuvent s’obliger ni être contraintes par corps, à moins qu’elles ne foient mar- chandes publiques, ou pour caufe de ftellionat pro- cédant de leur fait. Voyez STELLIONAT. L’édit du mois de Juillet 1680, explique en quel cas les femmes &c les filles peuvent être emprifon- nées pour ftellionat procédant de leur fait, favoir, lorfqu’elles font libres & hors la puiflance de leurs maris, ou qu’étant mariées elles fe font refervé par leur contrat de mariage l’adminiftration de leurs biens , ou qu’elles font féparées de biens d’avec leurs maris ; fans que les femmes qui fe feroient obligées conjointement avec leurs maris avec lef- quels elles font en communauté de biens, puiffent être reputées perfonnellement ftellionataires, mais qu’elles feront folidairement fujettes au payement des dettes pour lefquelles elles fe feront obligées avec leurs maris par faifie & vente de leurs biens propres , acquêts ou conquêts , mais qu'elles ne pourront Être contraintes par corps. Au parlement de Touloufe on n’ordonne point la contrainte par corps contre une femme marchande publique, à moins qu'il n’y ait du dol, ÉsHnsse e (4 _ches & fêtes, ni de prendre le débiteur dans fa mat- CON de 1667 ayant feulement dit que les femmes pout- ront en ce cas être contraintes par corps. On fuit dans ce parlement la difpofition du droit & celle de l’or- donnance de 1629 , qui déchargent les femmes de la contrainte par corps pour dettes civiles. Les feptuagenaires ne peuvent être emprifonnés ‘pour dettes purement civiles, fi ce n’eft pour ftel- lionat recelé, & pour dépens en matiere criminelle, 8 que les condamnations foient par corps ; le privi- lése de la confervation de Lyon l'emporte néan- moins fur celui des feptuagenaires. Pour obtenir la contrainte par corps après les qua- tre mois dans les cas exprimés en larricle fécond de Pordonnance, le créancier doit faire fignifier le ju- gement à la petfonne ou domicile de la partie, avec commandement de payer & déclaration qu'il y fera contraint par corps après les quatre mois. _Les quatre mois paflés, à compter du jour de la fignification, le créancier leve au greffe un jugement portant que dans la quinzaine la partie fera contrain- &e par corps , & il le fait fignifier ; au moyen de quoi la quinzaine étant expirée,, la comrrainte par corps peut être exécutée fans autres procédures. Il faut feulement obferver que toutes les fignificatiôns dont on a parlé, foient faites avec toutes les formalités ordonnées pour les ajournemens. Si Le débiteur appelle de la fentence ou s’oppofe à l'exécution de l’arrêt ou jugement portant con- damnation par corps, la consrainte doit être furffe jufqu’à ce que l'appel ou loppofñition ayent été ju- gés ; mais fi avant la fignification de l'appel ou op- pofition les huifliers ou fergens s’étoient farfis de la perfonne du condamné, il ne feroit point furfis à la «COTILTALIIEE. Les pourfuites & coztraintes par corps n’empêchent pas les faifies , exécutions , & ventes des biens de ceux qui font condamnés. Il n’eft pas permis d’arrêtet pout dettes les diman- {on , conformément à un arrêt de réglement du 19 Décembre 1702, à moins qu'il n’y en ait une per- miflion exprefle. Les jugemens de la confervation de Lyon ont cependant le privilége de pouvoir être exécutés par corps, même dans les maifons, fans au- cun vifa mi pareatis. Edit d’Aoët 1714, 6! arrêt du 14 Septembre 1715. | Tous dépofñitaires de juftice font contraignables par corps à la repréfentation des effets dont ils font chargés : néanmoins par arrêt du confeil & lettres patentes des 25 Janvier & 23 Août 1737, regiftrés en la cour des monnoies & au grand-confeil les & 10 Septembre 1737, 1l a été fait défenfes à tous juges de prononcer aucunes condamnations parcorps contre les maîtres & gardes des fix corps des mar- chands de la ville de Paris, pour la repréfentation & reftitution des marchandifes qui auront été faifies dans le-cours de leurs vifites, & à tous huifiers & autres perfonnes de les y contraindre ; la raifon eft fans doute qu’ils ne font point perfonnellement dé- poftaires des effets faifis. | Les billets d’une communauté n’aflujettiflent pas non plus à la cozrrainte par corps, ceux qui les ont fignés au nom de la communauté. La contrainte par corps n'a pas lieu non plus entre aflociés , à caufe de l’efpece de fraternité que la fo- ciété forme entre les afflociés, ce qui a lieu même pour les fermes du Roi, à moins que l’un des aflo- ciés n’eût fait des avances au Roi pour les autres, fuivant la déclaration du 13 Juin 170$. Voyez l’or- donnance de 16C7, tit. xxxjv celle de 1673, tir. vi, (4) CONTRAINTE SOLIDAIRE, eft le mandement pour exécuter folidairement contre chacun de plu- fieurs débiteurs , ou l’exécution même qui eft faite Tome IF, CON Foi folidairement contre l’un d’eux. Les receveurs des tailles ne peuvent décerner aucune cotrainte foli- daire Contre aucun des habitans pour le payement de la taille , fi ce n’eft en cas de rébellion des habi- tans, Ou qu'ils euflent négligé délire des afféeurs & colleéteurs , ou que ceux qu'ils auroïent nommés fe trouveroïent imfolvables, ce qui doit être jugé préalablement par les élûs ; & afin qu'il ny ait point d’abus dans l'exécution de ces contraintes , les principaux de la paroïfle qui doivent être contraints {ohidairement pour la communauté , doivent être nommés pas noms, furnoms, & qualités dans les contraintes des receveurs & ordonnances des élûs. Foyez le réglement pour les tailles, du mois de Janvier 1634» art. 53, (AN à CONTRAIRE , OPPOSÉ, fynon. ( Gramm. ) Le nord eft oppofë au midi. Les navigateurs ont fouvent le vent contraire. (O CONTRAIRE, ad}. (Logiq.) Voyez PROPOSITION. CONTRAIRE, (Jurifp.) Il y a athion contraire & faits contraires, . Ailion contraire, en Droït, étoit oppofée à l’ac- tion direëte ; elle avoit lieu dans tous les contrats fynallagmatiques , tels que le lotiage , la vente, 6c. Par exemple, dans le contrat de location, celui qui donnoit quelque chofe à loyer, avoïtune a@ion di- reéte contre Le preneur pour être payé du prix de la location ; & l’aéfion contraire étoit donnée au pre: neur pour obliger le bailleur de le faire jouir de la chofe à lui donnée à loyer. Voyez inf. lib. III, tit, xxv, in princip. Il y avoit aufli une aétion co- traire en matiere de tutelle ; voyez au ff de contrariä tutelæ actione, Etre contraire en fairs, c’eft lorfqu’une partie al- legue que les chofes fe font pañlées d’une façon, & que l’autre partie allegue que les chofes fe font paf- fées autrement. Faits contraires, font des faits oppofés les uns aux autres ; comme lorfqu'une partie foûtient qu’elle a pofledé l’héritage contentieux, & que l’autre partie prétend aufli avoir poffedé. Etre appointé en faits contraires, c’eft lorfque les patties font appointées à faire preuve refpeétive de leurs faits. Voyez ENQUÊTE, FAITS, PREUVE. (4) CONTRAIRE, er Rhérorique , font les chofes op- pofées les unes aux autres. Le P. de Colonia pofe trois fortes de contraires en Rhétorique, es adyer. Jatifs, les privatifs., &t les contraditloires. Les adverfatifs font ceux qui different abfolument l’un de l’autre, comme la vertu & le vice, la paix & la guerre. Ainfi Cicéron a dit: ff fultitiam fugi- mus, Japientiam fequamur; & bonitatern fe malitiarn : & Quintilien ; r2alorum caufa bellum eff, ertt emenda- 110 pax. Drancés raifonne ainfi dans Virgile : zula Jalus bello , pacem te pofcimus omnes. Les privaufs {ont les habitudes & les privations ; voyez PRIVATIF Les contradiitoires {ont ceux dont l’un affirme, 6 l’autre nie la même chofe ou le même fujet ; voyez PROPOSITIONS CONTRADICTOIRES. Chambers. | Le pere Jouvenci ajoute deux autres efpeces de COJLITALITES., 1°. Les relatifs, comme pere & fils, diciple & maitre. 29. Les fepLgrans , repugnantia comme dans ce raifonnement : 47 l'aime, donc il ne lui a point fait de tort ; car il repugne qu’une perfonne qui en aime une autre lui fafle du tort. Il ne paroït pas néan- moins que les re/arifs foient véritablement oppoiés. Voyez RELATIFS. (G) CONTRARIANS, adj. pris fubft. (Hi/4. mod.) c’eft un terme confacré à une fignification particu- licre dans les affaires d'Angleterre. Le comte de Lan- caftre ayant pris parti avec les barons contre le roi EdouardIl, en confidération de leur grand pouvoir 122 CON on n’ofa pas les qualifier de rebelles où de traitres, on les appella fimplement cozsrarians. On garde en- æote une lifte de ceux qui entrerent dans ce partt, qu’on appelle le rôle des conträrians. Chambers. (4) CONTRARIÉTÉ, ff. (Jurifpr.) appointement de contrariété, c’eft lorfque les parties {e trouvant con- traires en fait, elles font appointées à faire preuve refpettivement de leurs faits. CoNTRARIÉTÉ D'ARRÊTS, eft un moyen & une woïe de droit pour fe pourvoir au grand-confeil con- tre un arrêt, lorfqu'’il s’en trouve un précédent ren- du dans un autre tribunal entre les mêmes parties, pour raïifon du même fait, dont les difpofitions font contraires en tout ou partie au premier arrêt. La connoiffance des contrariétés d’arréts a êté at- tribuée au grand-confeil, par édit du mois de Sep- tembre 1552. La forme en laquelle on y procede eft que fur la requête qui lui eft préfentée , s’il trouve qu'il y ait une contrariété apparente , il accorde une commiffon pour afligner les parties. Cette commifhion furfeoit lexécution des deux arrêts ; & fi par l’évenement le grand-confeil juge qu’il y a de la corrariété entre les deux arrêts, c’eft toùjours le dernier qu'il cafe, & : il ordonne l'exécution du précédent. Lorfque deux arrêts rendus dans une même cour, mais en deux chambres différentes , fe trouvent con- traires, on fe pourvoit au grand-confeil, comme s'ils étoient émanés de deux cours différentes. Yoyez l'or- donn. de 1667. tit, xxxv. art, 3 4. (4) CONTR A-SCRIBA ,f. m. (Hifi. anc.) officier des grandes maifons Romaines dont la fonétion, fi nous Îa rapportons à celle de l’avrryapeeus de Julius Pollux, étoit de recevoir les comptes de l’œconome &/pen- facor, de les apoftiller , & de les corriger sfonétion qui répond à celle qu'Ifidore appelle revifor rattonum, & que nous rendrions dans nos ufages par celles de contrélleur de la maifon, contrôlleur de la bouche, &c. officiers connus dans la bafle latinité fous le nom de contrarotulatores, chargés de Pexamen des rôles. Mém. de l’acad. tome IX. (G) CONTRASTE,, f. m. ez Pernture ; il confifte dans une pofition variée des objets préfentés fous des for- mes agréables à la vüe, Les groupes d’objets qui entrent dans la compofi- tion d’un tableau, doivent fe contrafter , c’eft-à-dire ne fe point reflembler par la forme, par les lumie- res, par les couleurs ; parce que tel groupe qui fe- roit fatisfaifant à tous les égards, deviendroit defa- gréable dans la répétition. Voyez COMPOSITION. Chaque figure doit contrafter dans le groupe dont elle fait partie. [l n’y a point de regle fixe pour le contrafle : le grand art du peintre confifte à le cacher. Cette manœuvre eft une portion du génie & de la facilité donnée par la nature. Le balancement dans une figure feule peut lui-même faire cozsrafke, Les draperies , les ciels , les ornemens , tout contribue au contrafte , mais il n’eft beau que quand il paroït né- ceflaire. Voyez de Piles, & le ditfion. de Peint. On dit, ce groupe, cette figure, font un beau con- trafle ; ce peintre fait bien contrafier. (R) CONTRASTER , w. a&. c’eft éviter les répéti- tions de chofes pareilles pour plus grande variété, comme lorfqu’on mêle alternativement dans une fa- çade des frontons cintrés & triangulaires , ainfi que M. Manfart l’a pratiqué à la place de Vendôme, (P) CONTRAT, (Jurifp.) en général eft une con- vention faite entre plufeurs perfonnes., par laquelle une des parties, ou chacune d’elles , s’oblige de donner ou de faire quelque chofe, ou confent qu’un tiers donne ou fafle quelque chofe, duorum vel plu- rium in idem placitim confenfus. Ainf conrrar en général & convention ne font qu’- une même chofe ; &c ce qui forme Le concrar, C'eft le confentement mutuel & réciproque des parties contra@tantes ; d’où il fuit que ceux qui ne font pas en état de donner un confentement libre, ne peu- vent pas faire de contrats, tels que les mineurs, les fils de famille, les imbécilles, Ceux qui font détenus prifonniers ne peuvent pas non plus contraéter , à moins qu'ils ne foient amenés entre deux guichets comme en lieu de liberté. | La pfipart des cozsrats tirent leur origine du droit des gens, c’eft-à-dire qu’ils font de tous les tems & de tous les pays , ayant été introduits pour l’arran- gement de ceux qui ont quelques intérêts à regler enfemble ; tels font les conrrats de loüage , d’échan- ge, de vente, de prêt, & plufeurs autres fembla- bles que l’on appelle contrats du droit des gens, quant à leur origine , mais qui font devenus du droit civil quant à la forme & aux effets. Les contrats qu’on appelle 44 droir civil, font ceux qui tirent leur origine du droit civil de chaque nation. Chez les Juifs, dans les premiers frecles, les coz- trats {e pafloient devant des témoins & publique- ment à la porte des villes , qui étoit le lieu où fe rendoit la juftice. L’Ecriture en fournit plufieurs exemples, entr'autres celui d'Abraham, qui acquit une piece de terre dans le territoire de Chanaan en préfence de tous ceux qui entroient dans la ville d'Hebron. L’hiftoire de Ruth fait mention de quel- que chofe de femblable. Moyfe r’avoit ordonné l’é- criture que pour l’aëte de divorce. Il y avoit cepen- dant des contrats que l’on rédigeoit par écrit, & la forme de ceux-ci y eft marquée dans le contrat de vente dont il eft parlé au ch. xxxij, de Jérem, v. 104 « J’achetai de Häanaméel fils de mon oncle, dit ce » prophete, le champ qui eff fitué à Anathorh , &e » je lui donnai l'argent au poids fept ficles & dix » pieces d'argent; j'en écrivis le contrat & le cache- » tai en préfence des témoins, & lui pefai l’argent » dans la balance , & je pris le conrrar de l’acquifi- » tion cacheté , avec fes claufes, felon les ordon- » nances de la loi, &cles fceaux qu’on avoit nusau- » dehors , & je donnai ce contrat d’acquifition à Ba- » tuch, fils de Neri, fils de Manfas, en préfence » d'Hanaméel mon coufin-permain, & des témoins » dont les noms étoient écrits dans le conrrar d’ac- » quifition », Vatable, fur ce paflage , dit qu’il fut fait deux actes : l’un, qui fut plié & cacheté ; l’autre, qui de- meura ouvert ; que dans le premier, qui tenoit lieu de minute ou original, outre Le nom de la chofe ven- due & le prix, on inféra les conditions de la vente & le tems du rachat ou rémeré ; que pour les tenir fecrettes & éviter toute fraude, on cacheta cet aûte d’un fceau public, & qu'après qu'il fut cacheté les parties & les témoins fignerent au dos ; qu’à l'égard de l’autre double, on le préfenta ouvert aux té- moins, qui le fignerent aufli avec les contraëans, comme on avoit coûtume de faire en pareille oc- cafion. Vatable ajoûte qu’en juftice on n’avoit égard qu?- au contrat cacheté ; que les contraétans écrivoient eux-mêmes le contrat & le fignoient avec les té- moins ; qu'on fe fervoit pourtant quelquefois d’é- crivains ou tabellions publics fuivant ce palace, lingua mea calamus ftribæ velociter fcribentis. Les Grecs qui emprunterent leurs principales lois des Hébreux, en ufoient aufli à-peu-près de même pour leurs contrats ; les Athéniens les pafloient de- vant des perfonnes publiques,que l’on appelloit cor- me à Rome argentarü, Ces aétes par écrit avotent leur exécution parée, & l’on n’admettoit point de preuve au contraire. Les Romains, qui emprunterent auffi beaucoup de chofes des Grecs, pafloient leurs contrats devant © Te trie 17 vention. CON ‘des argentiers, qui étoient des efpeces de banquiers auxquels on donnoit encore différens autres noms, tels que nummularii , coactores ; LC» | : On divifoit d’abord les corrrats en contrats du droit des gens & en contrats du droit civil. Nous avons déjà expliqué ce qui concerne les premiers: Les contrats du droit civil, chez les Romains, étoient certains cotrats particuliers , qui tiroient leur forme & leurs effets du droit civil ; tels étoient les contrats appellès /hpularions conventionnelles, qui fe formoient par l'interrogation d'une part ë& par réponfe de l’autre: Wis ne folvere ? Volo. C’étoit le plus efficace de tous:les contrats, L'obligation qui provient de l'écriture & l’em- phitéofe étoient auf confiderées comme des coz- trats du droit civil, étant inconnus felon le droit des gens. Toutes ces conventions , foit du droit des gens ou du droit civil, étoient divifées en contrats Pro- prement dits & en fimples paétes. Le contrat étoit une convention qui avoit un nom ou une caufe, en vertu de laquelle un des contrac- tans, ou tous les deux, étoient obligés. _ Le pate au contraire étoit une nue convention qui n’avoit ni nom ni caufe, qui ne produifoit qu- une obligation naturelle , dont l’accompliflement ne dépendoit que de la bonne foi de celui qui étoit obligé ; il ne produifoit point d'obligation civile jui: qu'à ce que l’une des parties eût exécuté la con- On divifoit aufü les comsrats , chez les Romains , en contrats nommés, c’eft-à-dire qui avoient un nom propre, comme le loZage, la vente, & contrats in- nommés, qui n'avoient point de nom particulier. Voyez ci-après CONTRATS NOMMÉS & CONTRATS INNOMMÉS. On les divifoit encore les uns & les autres en contrats fÿnallagmatiques , c’eft-à-dire obligatoires des deux côtés, comme la vente; &êt en comsrais fimplement obligatoires d’un côté, comme une obli- gation proprement dite, où le débiteur s’oblige à payer une fomme à fon créancier. 11 y avoit encore une difinétion des contrats de bonne foi, de ceux qu’on appelloit férié Juris , mais qui n’eft plus d’ufage, tous les coztraës étant reputés de bonne for. | Toutes ces diftindions fubtiles ne font point ad- mifes parmi nous; On diftingue feulement les cor- srats ou obligations , par les différentes manieres dont ils fe forment, favoir, re, verbis , lüteris, & Jolo confenfi. ee On contracte par la chofe ou par le feul fait : par exemple, lorfque l’on prête quelque chofe à une au- tre perfonne, ce contrat & autres femblables qui fe forment par la tradition de la chofe , ne font pas faits parmi nous, comme chez les Romains, par la tra- dition. Le contrat fe forme par paroles, lorfque l’un pro- mét verbalement de donner ou faire quelque chofe au profit d’un autre. On contraéte Zirreris, c’eft-à-dire par écrit, lorf- que quelqu'un s’oblige par écrit envers un autre, L'écriture n’eft pas par elle-même de leflence du contrat; ce n’eft pas elle qui conftitue le coziraz pro- prement dit, elle n’en eft que la preuve : car il ne faut pas confondre le contrat matériel avec la con- vention qui fe forme toûjours par le confentement. Mais il eft plus avantageux de rédiger Le contrat par écrit que de le faire verbalement, pour ne pas tomber dans inconvénient de la preuve par té- moins. | D'ailleurs comme fuivant l’ordonnance de Mou- lins & celle de 1667, la preuve par témoins n’eft point admife pour une fomme au-deflus de 100 li- Tome IF. C ON 123 vres, à moins quiln'y en ait un commencement de preuve par écrit , il eft devenu par-là néceflaire de rédiger par écrit toutes les conventions pour fom= me au-deflus de 100 liv. Il y a aufh certains contrats ,; qui par leur nature doivent être rédigés par écrit, quand même il s’a- giroit de fomme au-deffous de 100 livres , tels que les contrats de mariage, .les prèts fur gage. Les contrats qui font patfaits par le feul confente- ment, font ceux où la tradition de la chofe ni l’é- criture ne font pas néceflaires, &c dans lefquels le confentement même n’a pas befoin d’être exprimé verbalement, comme dans le cozrrat de location, qui fe peut faire entre des abfens par l’entremife d’un tiers qui confent pour eux. Mais perfonne ne peut engager un tiers fans fon confentement ; ainfi l’on ne peut contraéter qu’en perfonne ou par un fondé de pouvoir. Les contrats qui font rédigés par écrit font ou fous feing privé, ou devant notaire, ou fe forment enqu- gement. | Ceux que lon pañle devant notaire doivent être reçus par un notaire en préfence de deux témoins, ou sl y a pas de témoins , il faut qu'ils fotent fi- gnés d’un notaire en fecond. , Chez les Romains , les contrats étoient d’abord écrits en notes par les notaires, qui étoient ordinaïi- ment des efclaves publics, ou bien par les clercs des tabellions. Cette premiere réda@ion m’étoit point authentique , &c les conrrats m’étoient point obliga- toires ni parfaits qu'ils n’euffent été tranfcrits en let- tres & mis au net par un tabellion, ce qu'on appel- loit mettre un contrat 22 purum feu in mundum ; c’e- toit proprement la groffe du coztrat, Tant que cette feconde rédaétion n’étoit pas faite, 1l étoit permis aux contraans de fe départir du cozrrar, Quand l’aëe étoit mis au net , les contraétans le foufcrivoient, non pas de leur nom comme on fait aujourd’hui, mais en écrivant ou faifant écrire au bas de la. groffe qu'ils approuvoient le cozrrat, &t en mettant leur fceau ou cachet à la fuite de cette fouf- cription.. Le tabellion devoit écrire le contrat tout au long, mais il n’étoit pas néceflaire qu'il le foufcrivit non plus que Les témoins ; il fuffifoit de faire mention de leur préfence. En France les minutes des notaires font les véri- tables contrats , les grofles & expéditions n’en font que des copies. ” Avant l'ordonnance d’Orléans,on étoit obligé d’é- crire les contrats jufqu’à trois fois. Les tabellions les écrivoient d’abord en plunitif ou minute , ce qui avoit aflez de rapport aux notes que faifoient les notaires de Rome ; ils les tranfcrivoient enfuite dans leurs regiftres reliés, qui devoient être écrits tou de fuite, c’eft-à-dire fans aucun blanc & à mefure que les aëtes étoient pañlés , ce que l'ordonnance de 1535 appelle écrire tout d’un daëlyle, terme qui en le prenant à la lettre voudroit dire cour d’une MAIN 3 mais on entendoit feulement par-là écrire tout de fuite ; enfin les tabellions écrivoient les contrars en groffe pour Les délivrer aux parties. Préfentement les notaires ou tabellions ne font plus obligés de tenir de regiftre des contrats ; ils les recoivent feulement en minute ou brevet, felon qu'il plaît aux parties & que les aétes le demandent ; & fut la minute ou brevet dépofé pour minute , ils en délivrent des expeditions ou copies, tant en papier qu’en parchemin , fuivant que les parties lé deman- dent. a La premiere expédition d’un contrar qui eft en forme exécutoire s'appelle groffe; on la délivre ordi- nairement en parchemin, il y a néanmoins des pays où on ne les fait qu'en papier, Il y a des expéditions Q 1 i24 CON ou copies tirées fur la minute, d’autres qui font feu- lement collationnées fur une précédente expédition. Les premieres font les plus authentiques. 2 Les contrats paflés en jugement font ceux qui re- fultent des déclarations, confentémens, & acquief- cemens faits dans des aétes judiciaires; caf On con- tra@te en jugement auffi-bien que dehors. Avant qu’un contrat foit parfait, il eft libre aux parties de ne le pas faire : mais dès qu’une fois il eft a , : 9 Fest fait , il ne leur éft plus permis de S’en écarter, le contrat fait leur loi: contraitus funt ab imitio volun- rats , ex poft facto neceffiratis, Le contrat produit l'obligation, & celle-ci pro- duit l’aétion pour cofitraindre l’obligé à exécuter fon engagement. ne Pour pouvoir mettre un cowfras à exécution par fes voies de la juftice , il faut qu’il foit en forme exécutoire. Les contrats pañlés devant notaire &t en jugement emportent hypotheque fur tous les biens de lobli- gé : mais ceux qui font pañlés en pays étranger n’em- portent hypotheque fur les biens fitués dans le royau- me, que du jour qu'ils y ont été reconnus , foit de- vant notaire ou en juftice. Un contrat peut renfermer plufeurs conventions, les unes valables & les autres nulles. S'il y a des con- ventions illicites, elles font nulles de plein droit. II y en a d’autres qui peuvent être annullées par des moyens de coûtume ou d'ordonnance; & le contrat peut être valable en partie & nul pour Le furplus , à moins que les conventions ne foient dépendantes les unés des autres. Comme les regles que l’on fuit pour interpreter les conventions & les vices quipeuvent s’y trouver, s'appliquent à chaque convention en particulier ) plütôt qu’au contrat en général, entant qu'on le prend ordinairement pour un aéte qui peut renfer- mer plufieurs conventions ;'nous en expliquerons les principes au mot CONVENTION. (4) CONTRAT D’ABANDONNEMENT , voyez ABAN- DONNEMENT. CONTRAT D’ACCENSE 04 D'ACCENSEMENT,, eft la même chofe que bac! a cens. V, CENS 6 CENSIVE. CONTRAT ALÉATOIRE, eft celui dont le fort dé- pend du hafard. On met dans cette claffe les gageu- res & les promeffes , & obligations faites pour argent du jeu ; quand ces fortes de contrats {ont pour une caufe illicite, ou pour des jeux défendus, ils ne pro- duifent point d’ation. Cette matiere eft traitée au long par Dumolin, en fon sraire des contrats ufurai- res ; queft. 816. & dans le rraité de la preuve pur té- moins , de Danty, aux additions [ur le chapitre x. CONTRAT D'ARRENTEMENT , voyez BAIL À RENTE, RENTE FONCIERE. CONTRAT D’ASSÜRANCE , voyez ASSÜRANCE. CONTRAT D’ATERMOYEMENT , Y0ÿeg ATER- MOYEMENT. (4) CONTRATS DE BONNE-FOI, chez les Romains étoient ceux dont les claufes ne fe prenoient pas toijours à la lettre, mais que le juge pouvoit inter- preter felon l'équité ; tels que les conerass de vente, de louage , le mandat, le dépôt, la fociété, la tu- telle, 6c, à la différence des autres contrats extra- ordinaires que l’on appelloit Jr Juris, où le juge ne pouvoit rien fuppléer. La oi x]. (. 4. au digeft. de minoribus , dit que dans le contrat de vente il eft permis aux contraétans de fe tromper mutuellement. La Zoi xj. $. 5. au digeft. de infhtutoriä atlione , &t la loi ÿ. au code de epifcopis & clericis , {emblent ne dé- fendre de tromper les contraétans qu’après le contrat. Aujourd’hui tous les consrars & les a@ions qui en ré- fultent, font de bonne-foi, comme le remarquent Jafon & Zafius, c’eft-à-dire doivent être traites fe- lon la bonne-foi &c l'équité. Iln’eft point permis aux contraétans de fe tromper mutuellement: &'f l’a cheteur n’eft pas relevé pour caufe de léfion, c’eff parce que l'achat eft volontaire, & qu'il peut y avoir un prix d’affeétion qui eft indéterminé. On dit communément qu’ez mariage trompe qui peut, C’eft-à: dire que chacun fe fait ordinairement pañler pour plus riche qu'il n°eft en effet , & la léfion n’eft point confidérée dans ce contrat. Mais du refte il n’eft pas plus permis dans ce conrrar que dans tout autre aux contraétans de fe tromper mutuellement. Voyez Ac- CD BONNE-FOI, LÉSION, MARIAGE, VENTE. A CONTRAT CIVIL, eft celui qui eft autorifé par les lois civiles. On fe fert de cette expreffion en dif- férens fens : par exemple , le contrat civil eft oppofé à obligation naturelle; le fils de famille qui emprun< te eft obligé naturellement , mais il n’y a point d’ac: tion contre lui, parce qu’il n’y a point de cozsrat ci- vil, Le mariage eft un contrat civil élévé à la dignité de facrement : Le contrat civil en cette matiere fe for- me par le confentement des deux parties ; lorfqu’il eft légitime &c folennel, c’eft-à-dire lorfqu’il eft don: né par des perfonnes d'âge compétent, libres, &c non en puiffance d'autrui, ou fi elles y font , avec le con- fentement de ceux en la puiffance delquels ils font ; & avec toutes les qualités & conditions perfonnielles & toures les formalités requifes par les lois. Ce coz- trat civil, qui eft la matiere, la bafe, le fondement , & la caufe du facrement de mariage, doit être par- fait en fa fubftance & en fa matiere pour être élevé à la dignité de facrement ; de forte que quand le contraz eft nul par le défaut de confentement légitime, le fa: crement n’y eft point appliqué. Il y a néanmoins des mariages nuls, quant aux effets civils, qui ne laiflent pas de valoir quant au facrement ; tels Que Les maria= ges clandeftins , ceux faits 22 extremis, & ceux con: traétés avec des perfonnes mortes civilement. Mais la raifon pour laquelle ces mariages font valables, quant au facrement, c’eft que le coztrar civil, C’eft: à-dire le confentement des parties, n’eft pas nul, quoiqu'il manque d’ailleurs à ce contrat d’autres for- malités néceflaires pour lui faire produire les effets civils. (4) | CONTRAT DE CONSTITUTION, Voyez Ci - devane CONSTITUTION DE RENTE , @& RENTE CONSTI- TUÉE. (4) CONTRAT CONTRÔLE , voyez CONTRÔLE DES ACTES DES NOTAIRES. (4) | CONTRAT DE DIRECTION ; voyez DIRECTION. (4) | CONTRATS DU DROIT CIVIL, font ceux qui ti. rent leur origine du droit civil, auf bien qué leur forme & leurs effets : tels étoient chez les Romains le contrat appellé fépulation , l'obligation qui pro- vient de l’écriture & l’emphitéofe. Cés contrats du droit civil étoient diftingués de ceux du droit dés sens. Préfentement parmi nous on ne diftingue plus les contrats di droit civil de ceux du droit des gens, f ce n’eft quant à leur premiere origine ; du refte ils font foûmis aux mêmes regles , quant à leur forme & à leurs effets. Voy. ci-apr. CONTRATS DU DROIT DES GENS. (4) dd CONTRATS DU DROIT DES GENS, font ceux qui tirent leur premiere origine du droit des gens ; tels que le prêt, lé louage , la vente, l’échange, le dépôt, la focicté. La plüpart des contrats qui {ont préfente- ment en ufage , tirent leur origine du droit des gens: On les qualifie toûjouts de cozrrats du droir des gens , à caufe de leur premiere origine, quoiqu'ils foiènt réglés par le droit civil, quant à la fome & aux ef- fets. (4) | CONTRATS DE DROIT ÉTROIT, appellés en Droit ffrili juris , étoient chez les Romains ceux que l’on prenoit à la lettre, fans pouvoir les inter2 preter felon l'équité. Voyez ci- devant CONTRATS DE BONNE-FOI. (4) CONTRAT D'ÉCHANGE, Voyez ÉCHANGE. CONTRAT EN FORME EXÉCUTOIRE, eft celui qui eft revêtu de la forme extérieure , néceflaire pour pouvoir êtré mis à exécution par la voie de la juftice. Voyez EXÉCUTION PARÉE, & FORME EXÉ- CUTOIRE. (4) | CONTRAT D'ENGAGEMENT , voyez ENGAGE- MENT. (4) CONTRAT EN SAISINE, voyez ENSAISINEMENT 6 SAISINE. (4) | CONTRAT EXÉCUTOIRE , v0ye EXÉCUTION PARÉE , FORME EXÉCUTOIRE. (4) .! CONTRAT GRACTEUX : Loyfeau appelle ainfi les ventes avec claufe de rémeré & faculté de rachat, apparemment à caufe que cette faculté eft une efpe- ce de grace accordée au vendeur pour rentrer dans {on héritage, Voyez Le tr. du déguerp. Liv. I. chap. vi. He LONS LER) CONTRAT À LA GROSSE 04 À LA GROSSE ÂVEN TURE, 90ye7 GROSSE AVENTURE. (4) CONTRAT GROSSOYÉ , eft celui dont on a expé- dié une premiere ou feconde groffe , c’eft-à-dire une expédition en forme exécutoire, foit en parchemin ou en papier , felon l’ufage du pays. Voyez FORME EXÉCUTOIRE. (4) CONTRAT ILLICITE, eft celui qui contient quel- .que convention contraire ou aux bonnes mœurs, ou qui eft expreflément défendue par les lois. (4) CONTRAT INFÉODÉ ,v0yez INFÉODATION. (4) CONTRATS INNOMMÉS, chez les Romains étotent ceux qui n’avoient point de nom particulier qui leur eût été donné ou confirmé par le droit civil, & qui de fimples conventions qu’ils étoient d’abord, deve- noiïent enfuite coztrats par l’accompliflement de la convention de la part d’une des parties. Ces fortes de contrats ayoient la même force qu’un mandat ; ils ne produifoient point une ation qui leur fût propre comme faifoient les contrats nommés, mais ils en produifoient une qui leur étoit commune à tous, & . qu’on appelloit en droit , aéfio in faëlum ; aëlio utilis , Ou aéhio prefcriptis verbis. . Le nombre des contrats innommés n’ef point limité ; il y en a autant de fortes que l’on peut former de dif férentes conventions : néanmoins les jurifconfultes Romains les ont tous rangé fous quatre claffes , fa- voir ceux où la convention eft do ut des ; tel que l’é- change d’une chofe contre une autre, qui eff le plus ancien de tous les contrats. Les conventions do us facias, & celles qui fe font vice versà, facio ut des ; comme quand l’un donne du grain, de l'argent, ou autre chofe à un autre, pour l’engager à faire un voyage ou quelque ouvrage. Enfin les conventions acio ut facias ; par exemple quand un marchand fait pour un autre des emplettes dans un lieu, à condi- tion que l’autre marchand en fera pareillement pour lui dans quelque autre endroit, Toutes ces différentes fortes de conventions chez les Romains ne formoient point par elles-mêmes de contrat proprement dit , ce m'étoient que de fimples pa&tes ; mais lorfqu’une des parties avoit commencé à exécuter la convention, elle devenoit aufhitôt un contrat innommé ,; & ptoduifoit une ation telle qu’on l’a expliqué ci-devant: cette aétion appartenoit à celui qui avoit exécuté la convention, & tendoit à obliger l’autre de faire Le femblable de fa part; & comme 1l pouvoit arriver qu'il ne fût plus à tems de demander l'exécution de la convention , ou qu'il ne voulût pas fe jetter dans l'embarras d’une liquida- tion de dommages & intérêts, 1l lui étoit aufli per- mis de fe départir de la convention, faute d’avoir été exécutée par l’autre ; & pour répéter ce qu'il lu avoit donné, 1l avoit une action appellée cozdirio CON 13 CAUsA daté, cans4 non fecuté : ation Qui naïfloit de Péquité naturelle, & non pas du cozrar, puifquw’elle tendoit au contraire à le faire refoudre, La diffinétion des contrats innommés d’avéc les co trats nommés , & des différentes aétions que les uns & les autrès produifoient , n’eft point admife, Parmu nous, tous les cozrrats y {ont inrommés , c’eft-à-dire qu’il n’y a aucune différencé entre -eux quant à leur forme, ni quant à leur effer, & que l’aéhon qui en réfulte dépend dés termes de la convention , n’y ayant point non plus parmi nous de formule parti- culiere pour chäque ation. Voyez ci-après CON: TRATS NOMMÉS. (4) - CONTRAT INSINUÉ , V0ÿ8z INSINUATION. (4) CONTRAT EN JUGEMENT , eft la convention qui fe forme en juftice par le mutuel confentement des parties & l'autorité du juge. _ Lorfqu’une des parties ou fon procuteur fait quel- que déclaration ou reconnoiflance, ou donne quel- que confentement à l’audience ou par écrit, que l’au- tre partie en à demandé aéte, & que le juge le lui à octroyé , cela forme un conrat en jugement ; c’eft-à- dire que celui qui.a déclaré, reconnu, ou confenti quelque chofe, eft lié par fa déclaration, recon- noiflance, où conféntement, de même que s’il l’a- voit fait par un acte devant notaire : c’eft pourquoi Von dit communement que l’on contraële en jugement aufli-bien que dehors. Mais ce contrat n’eft point formé paï une fimplé déclaration , reconnoïflance, ou confentemént d’u: ne des parties, quand même ce feroit par écrit ; il ne fufäit pas non plus que l’autre partie en àit demandé aéte , 1l faut que le juge l'ait oétroyé : jufque-là celui qui a fait quelque déclaration ou reconnoïffance , ou donné quelque confentement , peut les révoquer les chofes étant encore entieres, même quand l’autre partie en aufoit déjà demandé ; parce qu'il fe peut faire que la décläration, reconnoiflance, où con- fentement , euflent été tirés par furprife , & que ce: lui qui les à dohnés ne fentit pas alors l’avantage qu’on en pourroit tirer contre lui. I dépend donc de la prudence du juge de donner aéte de la décla- tation, reconnoiflance, ou confentemént , ou de le refuter; ce qui dépend des circonftances. (4) CoNTRAT LECTURE, voyez LECTURE. (4) CONTRAT LIBELLAIRE , chez les Romains con traîtus libellarius feu datio ad libellam , étoit une ef- pece de bail à cens d’un héritage. Ce bail étoit per- pétuel ; mais il diféroit du bail à location perpé- tuelle, appellé aufi contrat perpétuel , comsraëlus perpetuarius [èm locatio perpetua , en ce que la téde: vanceé du contrat libellaire étoit plus petite que celle de la location perpétuelle ; car libella fignifie re petite piece d’atsenr, Les Romains ufoient de ce mot libella ; & non dit terme de cezs comme parmi nous ; parce qu’à Rome le cens étoit un droit de fouverat* neté qui ne pouvoit appartenir qu'au fifc. La com nufe & réverfon n’avoit point lieu dans ce contrat comme dans l’emphytéofe: Loifeau, #r. du déguerp. li. I. ch. jv. r. 29. trouve que ce contrat revenoit beaucoup à celui que la novelle vi. appelle co/ona- rium jus. M. Cujas explique très-bien la nature de ce contrat libellaire , {ur le ritre 1j. du livre premier des BB. (A) 7 CONTRAT DE MARIAGE, Voyez? MARIAGE. (4) CoNTRAT MARITIME, eft celui qui eft fait pout quelque négociation qui à fapport au commerce par mer : tels font les consrats faits pour l'armement d’un navire, les aëtes d’affrétement , les chartes parties, les polices d’affürance. Voyez l'ordonnance de la Ma- rine de 12681 , liv. III, & le livre du confulat, conte- nant les lois, ftatuts, & coûtumes touchant les coz- crars & négociations maritimes. (4) Nate CONTRAT MOHATRA ; v0ÿé4 MOHATRA. (4) 126 CON CONTRATS NOMMÉS, foht ceux à chacun def- ‘quels le droit civil avoit attribué un nom propre qui les diftinguoit les uns des autres, & des contrats in- nommés qui n’avoient point de nom propre. Ain lon mettoit au nombre des corrrats nommés le prêt, le commodat, le dépôt, le gage, la ftipulation pro- prement dite, l’obligation quife contraëte par écrit, la vente, le lotiage, la fociété, & le mandat. La permutation & la tranfaétion n’étoient pas des -contrais nommés , parce que ces noms convenoient à plufieurs fortes d’affaires , & que l’aétion qu'ils pro- duifoient , fuivant le droit civil, r’étoit pas propre à une feule forte de convention. L'origine des contrats nommés vient de ce que les jurifconfultes qui compoñferent la loi des douze ta- bles, choifirent les conventions qui leur parurent les plus ordinaires & les plus néceffaires pour le com- merce de la focièté civile, & donnerent à chacune de ces conventions un nom propre pour la diftinguer des autres, dont ils abandonnerent l’exécution à la bonne-foi des parties, ne croyant pas jufte que ce- lui qui auroit promis trop légerement quelque chofe, püût être contraint de l'exécuter. .. Ceux qui interpreterent la loi des douze tables crurent devoir fuppléer à cette loi, en ajoûtant que les autres conventions ne laïfferoient pas de pro- duire une obligation civile lorfqw’elles auroient une caufe légitime , & qu’elles feroient exécutées par l’une des parties ; mais comme ils ne donnerent point de nom particulier à chacune de ces conventions, elles furent appellées contrats innommés: & de-là vint La diffinétion des contrats nommés & des contrats innommes, Voyez CONTRATS INNOMMÉS. (4) ._ CONTRAT DEVANT NoTAIRE, eft celui qui ef pañlé devant deux notaires ou tabellions , ou devant un notaire & deux témoins. Voyez NOTAIRE. (4) CONTRAT NUL, eft celui qui ne peut produire aucun effet, {oit que la nullité en ait lieu de plein droit par quelque vice de la convention, foit qu’ elle ait été prononcée en juftice, ou confentie par les parties. Voyez NULLITÉ. (4) .. CONTRAT EN PARCHEMIN, eft celui qui eft ex- pédié fur parchemin, foit que ce foit la grofle du contrat en forme exécutoire , ou une fimple expédi- tion en parchemin. Voyez FORME EXÉCUTOIRE. (4) . CONTRAT PERPÉTUEL, fignifie en général tout contrat qui eft fait pour perpétuelle demeure, -& non pour un tems feulement; ainfi la vente eft un contrat perpétuel, au lieu que la location eft un con- rat à tems. Il y avoit chez les Romains une efpece particu- liere de contrat appellé perpétuel, contraëus perpe- suarius , qui étoit un bail à location perpétuel ; c’eft pourquoi on l’appelloit aufli locatio perpetua. C’eft de ce contrat qu'il eft parlé en la loi x. au code &e Zocato conduëto , 1. I. $. qui in perpetuum , & au dis. JE ager vectigalis vel emphit, pet, Au commencement ce contrat étoit différent de l’emphytéofe, parce que celle-ci étoit alors feulement à tems ; mais depuis que l’on eut admis l’emphytéofe perpétuelle, il n’y eut plus de différence entre cette forte d’emphytéofe & le contrat perpétuel , ou de location perpétuelle. Ce même contrat eft encore ufité au parlement de Touloufe , fous le titre de bail à locaterie perpétuelle. Voyez le traité des droits fergn. de Boutarie. (4) .. CONTRAT DE Poissy, eft un traité qui fut fait à Poifly en 1561 entre Charles IX. & le clergé de France, lequel fe trouvoit alors aflemblé dans ce lieu à l’occafñon du colloque qui s’y tint, appellé Le colloque de Poiffy. Par ce traité le de s’obligea de payer au roi pendant fixans 16000001. par an, reve- nant le tout à 9600000 liv. il s’obligea de plus d’ac- quitter & racheter dans les dix autres années fuivan- tes le fort principal des rentes'alors conffituées fur la ville de Paris, montant à 7560056 livres 16 fous 8 den, & cependant de payer les arrérages de ces rentes en l’acquit du roi, à compter du premier Jan- vier 1658. Ce contrat eft le premier de ceux que le ro1 a pañlé avec le clergé, à l’occafon des fubven- tions qu'il eft obligé de fournir au Roi. Pour l’exécu- tion de ce contrat , il fut néceflaire d’affembler plu- fieurs fois le clergé; & c’eft de-là qu’eft venu l’ufa- ge des affemblées que le clergé tient de temsentems pat rapport aux fubventions: au lieu qu'avant ce contrat Ces fortes d’aflemblées étoient fort rares, & que les levées fur le clergé fe faifoient quelquefois fans attendre le confentement des eccléfiaftiques. Ce contrat de Poiffy eft rapporté dans Fontanon , tome IV. des ordonnances , it. xxjv. n°. 3. & 9. & dans les sémoires du clergé, tome I, part. III. rit. jv. 2, 1. Il en eft parlé dans le mémoire de Patru fur Les affemblées du clergé, 8& dans fon #émoire fur les dé- cimes. (A) ta CONTRAT PIGNORATIF, eft un comrrar de vente d’un héritage fait par le débiteur à fon créancier, avec faculté au vendeur de retirer l'héritage pen- dant un certain tems, & convention que le ven- deur joiira de ce même héritage à titre de loyer, moyennant une fomme par an, qui eft ordinaire- ment égale aux intérêts de la fomme prêtée, & pour laquelle la vente a été faite. Ce contrat eft appellé pignoratif, parce qu'il ne. contient qu’une vente fimulée , & que fon véritable objet eft de donner l'héritage en gage au créancier, & de procurer au créancier des intérêts d’un prêt, en le déguifant fous un autre nom. Le Droit civil & le Droit canon ont également admis ces fortes de cozirats , pourvû qu'il n’y ait pas de fraude. Ils! font reçus dans certaines coûtumes , comme Touraine, Anjou, Maine & quelques autres. Com- me dans ces coûtumes un acquéreur qui a le tene- ment de cinq ans, c’eft-à-dire qui a pofledé païfi- blement pendant cinq années , peut fe défendre de toutes rentes, charges & hypoteques ; les créan- ciers, pour éviter cette prefcription, acquierent par vente la chofe qui leur eft engagée , afin d’en conferver la poffeffion five jufqu’à ce qu'ils foient payés de leur dù. Les contrats pignoratifs diffetent de la vente à fa- culté de‘rémeré & de l’antiehrefe, en ce que la pre- miere tranfmet à l’acquéreur la pofleffion de l’héri- ritage , & n'’eft point mêlée de relocation; & à l'égard de lantichrefe, elle a bien pour objet, com- me le contrat pignoratif, de procurer les intérêts d’un prêt : mais avec cette différence que dans Pan- tichrefe c’eft le créancier qui jouit de l’héritage,pour - lui tenir lieu de fes intérêts ; au lieu que dans le contrat pignoratif c’eft le débiteur qui jouit lui-même de fon héritage, & en paye le loyer à fon créancier pour lui tenir lieu des intérêts de fa créance. Quoique ces fortes de contrats femblent contenir une vente de l'héritage, cette vente eft purement fidive, tellement qu'après l'expiration du tems fti- pulé pour lerachat, l'acquéreur, au lieu de prendre poffeffion réelle de l’héritage , proroge au contraire la faculté de rachat & la relocation ; ou, à la fi, lorfqu’il ne veut plus la proroger , il fait faire un commandement au vendeur de lui payerle princi- pal & les arrérages fous le nom de loyers ; & faute de payement 1l fait faifir réellement l'héritage en vertu du contrat : ce qui prouve bien que la vente n’eft que fimulée. Dans les pays où ces contrats font ufités, 1ls font resardés comme favorables au débiteur, pourvû qu'il n’y ait pas de fraude, & que le créancier ne C ON dégnife pas le consrar, pour empêcher le débiteur d’ufer de la faculté de rachat. | Les circonftances qui fervent à connoitre fi ke consras elt pignoratif, {ont 1°. la relocation, qui eft la principale marque d’impignoration : 2°, la vilité du prix: 3°. confuetudo fœnerandi , c’eft-à-dire lort- que l’acheteut eft connu pour un ufurier. La füipu- lation de rachat perpétuel peut auffi concourir à prouver l'impignoration ; mais elle ne formeroit pas feule une preuve, attendu qu’elle peut être accot- dée dans une vente férieufe. Les autres circonftan- ces ne formeroïent pas feules une preuve, il faut au moins le concours des trois prerieres. Les principales regles que l’on fuit en cette ma- tiere, font que le tems du rachat étant expiré, le ‘débiteur doit rendre la fomme qu’il a reçue, comime étant le prix de fon héritage , finon il ne peut en em- pêcher la vente par décret, fans qu'il puiffe forcer | {on créancier à proroger la grace, ni à confentir la converfon du contrat pignoratif en cenftitution de rente. que 1] eft auf de regle que les intérêts courent fans demande, du jour-que le tems du rachat eft expiré, &c alors le créancier peut demander fon rembour- fement ; mais jufqu’à ce que le rembourfement foit fait, le contrat pignoratif eft réputé immeuble, quand même il y auroit déjaun jugement qui condamneroit à rembourier. Voyez ANTICHRESE & ENGAGEMENT ; Filleau, “part. IV. quefl. 89. Hevin fur Fran, pag. 309. Louet, ler, p. n. 8.9.0. 11.12. € 41. Carondas, Liv. FL rep. 89. Bacquet, des droits de Juflice, ch. 21, ht. 234. (A) Contrats (Qwafi-) font des -engagemens té- fultans de certains faits qui produifent obligation , &z que néazmoins on ne peut pas ROMMET COMETGES » parce que la convention exprefle on tacite qui eft Vame du contrat, ne s’y rencontre point. Les Romains ont appellé ces engagemens des -quafi-contrats. On met dans cette claffe les obligations récipro- ques, l'obligation du tuteur & de fon mineur, celles ‘du pro-tuteur, du curateur &c autres adminiftra- teurs ; ainfi quand un homme abfent n’a point laifé de procuration pour agir dans fes affaires, &rque fes parens ou {es amis-en prennent foin, 1l y a une obli- gation réciproque, fçavoir, de la part de celui qui a géré, de rendre compte de fa geftion, & de la part de celui pour qui on a géré, de rembourfer les dépenfes néceflaires ou utiles-qui-ont été faites pour hu. | | Celui qui fe fert de la chofe commune, éft obligé à récompenfer les autres, & ils font tous obligés de fe rembourfer mutuellement ce qu'ils ont dé- penfé pour la confervation de la chofe commune, quoique fouvent ils n’ayent point contraété enfem- ble, comme il arrive entre co-héritiers ou co-léga- taïres qui Le trouvent en communaute fans leur par- ticipation. | sé: SON L'adition ou acceptation d’hérédité eft auffi une efpece de quaff-contrat ; Vhéritier fe foûmet par-là à payer toutes les dettes du défunt ; ou sil ne fe porte héritier que par bénéfice d'inventaire, 1l s’o- blige tacitement de les payer jufqu'a concurrence de ce qu'il amende, &c de rendre compte. Il fe forme auffi un g%4f£-contrar entre celui qui paye par erreur une fomme qu'il ne devoit pas, &c celui qui recoit cette fomme ; le premier à aétion contre l'autre, pour répeter ce qu'il lui a paye. Les jugemens forment pareillement une efpece de quafi-contrar contre ceux qui y font condamnés à donner ou faire quelque chofe. Ils font obligés de les exécuter, quand même ils fe prétendroient con- damnés injuftement , fauf les voies de droit qu'ils CON 27 peuvent avoir pour fe pourvoir contre ces juge- mens. Enfin celui qui a employé ün autre à fes affaires ou à quelqu’ouvrage , doit lui payer fon falaire, quoiqu'il ne lui eût rien promis : c’eft encore un guaji-contraf, Voyez aux Inflie. liv. III. tir, 28. de obligar. que ex quafi-contrattu näafcuntur; Argon. tom. Î. liv. IE, ch. 36. (A) ; CONTRAT SIMULÉ eft celui où l’on parle diffé. remment de ce que l’on a fait, ou que l’on a eu 1n- tention de faire: Aliud dittlum, aliud faülum. Voyez CONTRE-LETTRE 6 FRAUDE. (4) CONTRAT DE SOCIÉTÉ. Voyez SOCIÉTÉ. CONTRAT SUPERFICIAIRE, fuperficiarius chez les Romains étoit le bail à rente d’une place que l’on donnoït à la charge de bâtir, à condition que le preneur jotüroit de la maiïfon par kn bâtie tant ‘qu’elle dureroit., & qu'étant ruinée 8c démolie , Fa place retourneroit franchement à fon ancien maître, léquel en confervoit même toûjours le domaine di- reét, pour raifon de quoi on lui payoit pendant le bail une certaine redevance appellée /o/ærium , quod pro | folo penderetur, & non pas falarinm , comme quelques vieux Interpretes l’ont Iù 27 /, idem Julianus, $. he- res, de leg.s. L, etiam, ff. qui potiores in pign. L, hac- sens , ff. de ufufrutlu. (A) | CONTRATS SYNALLAGMATIQUES font ceux qui obligent de part & d'autre, comme le loïage, la vente, & plufeurs autres dans lefquels chacun des contraétans a fes engagemens à remplir envers l’autre; par exemple , dans le louage le bailleur doit faire jouir de la chofe qu’il donne à loyer ou à ferme , 11 doit tenir les lieux clos & couverts; le preneur de {a part doit en‘ufer en bon pere de fa- mille, payer le prix convenu, & rendre les lieux en bon état de réparations locatives. Ces contrats font oppolés à ceux qui n’obligent que d'un côté, tels que le prêt d'argent, où l’emprunteur eft le feul qui s’oblige envers le prêteur. (4) CONTRAT TACITE eft une convention préfu- mée, qui n’a été faite ni verbalement ni par écrit, mais qui réfulte du filence &c confentement tacite des parties. Ce contrat a lieu dans plufieurs cas, êc notamment eñtre futurs conjoints, lorfau’ils fe ma- rient fans faire de contrat par écrit. On préfume dans ce cas qu’ils fe font rapportés à la loi ou à la coutume du lieu fur leurs conventions matrimonia- les, &c que leur intention a été d'adopter les con- ventions ordinaires , telles que la communauté & le doùaire, ou l’augment de dot dans les pays où il a lieu: la loi forme pour eux uñ coztrat tacite xè- fultant de leur confentement. (4) CONTRAT DE VENTE. Voyez VENTE. CONTRAT D'UNION. Voyez UNION. ‘CONTRAT USURAIRE. Voyez USURE. Sur les contrats en général, voyez au digeffe & aux inflitutes de obligationibus.; Coquille rom. TI, 2nffLe. p.119. Defpeifles som. 4. p.239. le Bibliotheque de Bouchel & celle de Jouet, au mot CONTRAT. (4) . _ CONTRAVENTION, DESOBÉISSANCE, f. f. ( Gramm, ) ces termes défignent en général laëtion de s’écarter d’une chofe qui nous eft commandée. La contravention eft aux chofes, la defobéiffance aux perfonnes. La contravention à un replement eft une defobéiflance au fouverain. La contravention fappote une loi jufte; la dejobéiffance eft quelquefois Iégi- time. (O0) : CONTRAVENTION, (Jurifprud.) eft ce qui eff fait au mepris de quelque loi, reglement , jugement , convention, teftament , ou autre acte. On appelle fingulierement conraventions, les frau- des qui font commifes au préjudice des droits du Roi. | | + Ph | 120 CON Les contraventions aux reglemens de police ou aux droits du Roi, font punies de différentes peines pé- cuniaires, & même de peines affliétives , felon la na- ture du délit. Les contraventions aux aêtes qui n'intéreflent que les parties, fe réduifent ordinairement en dommages & intérêts. (4 CONTRAYÉRVA ,f. m. (Bor.exor.) plante Amé- ricaine dont la racine eft d’ufage. Il y a plufieurs plantes connues des Botaniftes fous le nom de contrayerva ; &c c’eft un grand inconvé- nient , une fource d'erreurs: mais du moins M..Hou- fton chirurgien Anglois étant en Amérique, a recueil- li dans les montagnes auprès de l’ancienne Vera- Crux, la racine qu’on nomme contrayerva dans les boutiques , & il a découvert que c’étoit une efpece de’ dorflenia, qu'il appelle, comme le P. Plumier , dorflenia dentaria radice, dont il a donné la defcrip- tion & la figure dans les Tranf. phil. an, 1731, 7.421, François Drack, fi fameux par fon voyage autour du monde, par fes expéditions & fes viétoires contre les Efpagnols, apporta le premier cette racine en Europe en 1580; c’eft pourquoi Clufius l’appelle ra- cine de Drack, Drakena radix. La racine de cette plante reflemble beaucoup aux racines du fceau de Salomon ordinaire, ou de la den- taire ; Car elle pouffe plufeurs nœuds qui paroïffent écaïlleux ; elle s’enfonce obliquement dans la terre, & y répand beaucoup de fibres branchues qui s’é- tendent de tous côtés ; enfin elle a un goût brülant comme eïft celui de la pyrethre ordinaire. Il fort de fon fommet fix ou huit feuilles femblables à celles de la berce, quoique beaucoup plus petites, de la longueur de quatre ou cinq pouces, découpées pro- fondément, ou partagées en plufieurs pieces poin- tues & dentelées , un peu rudes au toucher, & d’un verd brun des deux côtés, dont les queues ont cinq ou fix pouces. “RE € Du même fommet de cette racine s’élevent trois ou quatre pédicules un peu plus longs que les queues, qui foûtiennent des fleurs d’une figure particuliere ; cat , felon M. Linnæus qui a décrit cette fleur deffe- chée, gen. 840. chaque pedicule s’évafe vers fon extrémité, & forme une enveloppe commune, unie, anguleufe, grande, un peu renflée en-deflous, liffe & verte, & prefque applatie en-deflus, fur laquelle nait un placenta commun, où font logées beaucoup de fleurs très-petites qui en occupent le centre, let- quelles font entourées de petites écailles noirâtres qui bordent la circonférence. | Ces fleurs n’ont point de pétales ; elles n’ont qu’- un calice ou enveloppe particuliere à chaque fleur, quadrangulaire, concave, plongé dans le placenta, &£ faifant corps avec lui, garni de quatre étamines dont les fommets font un peu arrondis. L’embryon eft fphérique, & porte un ftyle fimple & un ffygmate obtus. Le placenta commun devient une fubftance charnue, dans laquelle font nichées plufieurs graines arrondies & pointues, très-tendres & tres-blanches. Cette plante croit dans le Pérou & le Mexique, d’où ” les Efpagnolsnous l’apportent. rs. de M. le Chevalier DE JAUCOURT,. CoNTRAYERVA , (Mar. med, € Pharmac.) Le con- srayerva eft'un bon fudonifique : fon odeur, fa faveur vive & piquante, & plus encore l'expérience, nous affürent de cette proprièté pour laquelle il a été cé- lebré : mais la vertu alexipharmaque qu’on lui a auffi accordée, en prenant même le terme dans fa fignif- cation la plus étendue, peut lui être conteftée avec talon; 1°. parce que Îles contre-poifons généraux font des êtres affez imaginaires ; 2°. parce que les alexipharmaques fudorifiques ou proprement dits, avoient été imaginés Contre certains venins COagu- lans dont les obfervations modernes ont démenti l’e- xiftence, ou du moins ont bien diminué le nombre; 3°. parce que la maniere de traiter les maladies qu’on appelloit ralignes ou venéneufes, par les fudorifiques, a prefque été abfolument abandonnée, ou diunmoins reftrainte à un certain nombre de cas qui ne font pas les plus ordinaires, . Par conféquent on ne peut employer la racine de contrayerva avec confiance, que dans les cas où les fueurs font indiquées en général (Voyez SUDORIFI- QUE), & point dutout dans les cas de morfures , mê- me des bêtes venimeufes,où l’on guérit par des fueurs abondantes, comme dans celles de la vipere, lorf= qu'on a raïfon de foupçonner que l’alkali volatil em. ployé dans ce cas peut agir par une qualité fpécif- que : il faut du moins qu’on ait conftaté par des ex- périences fufffantes qu'on peut attendre le même fuccès d’un fudorifique quelconque. Schulzius recommande en particulier cette racine contre les maladies malignes accompagnées de dyf- fenteries qui regrient fouvent dans les armées. On peut la donner en fubftance depuis un fcrupule juf- qu’à un gros ; ou bien en infufon dans une chopine de vin ou d’eau, depuis deux gros jufqw’à une demi- ONCE. Le L’efprit-de-vin tire du coztrayerva une teinture af. fez chargée, que le même Schulzius recommande à la dofe d’un demi-pros , mais qu’on peut augmenter fans danger felon le cas. Neuman prétend que fon infufon dans de l’eau eft plus fûre &c plus efficace que cette teinture, parce que l’eau fe charge plus des parties de cette raciné que l’efprit-de-vin, & qu’on n’a pas à craindre de l’eau les mêmes inconvéniens que des menftrues fpi- ritueux, On peut compter que la matiere extraite par l’efprit-de-vin ou par l’eau eft de la même nature; car on ne peut pas foupçonner Neuman, qui la défi- gne dans les deux cas par le nom d'extrait, d’avoir confondu une réfine avec un extrait. Le contrayerva entre dans l’eau thériacale, dans lopiate de Salomon de la pharmacopée de Paris, dans la confeétion hyacinthe, & l’eau générale de cette même pharmacopée. L’extrait de cette racine entre: dans la thériaque, célefte. Le contrayerva donne fon nom à une compoñition fort connue dans les boutiques, principalement par- mi les Anglois, fous le nom de Zapis contrayervæ, & dont la difpenfation varie chez les différens auteurs, tels que Manget, Charas, Burnet, Bateus, & Fuller, qui donne à cette compofñtion le nom de Zapis alexi- LeTius, Préparation de la pierre de contrayerva. 9L corne de cerf.calcinée & préparée, corail rouge préparé, de chaque deux gros ; perles préparées, ambre blanc, yeux d'écrevifle, de chaque deux gros ; racine de contrayerva pulvérifée, pattes d’écrevifle préparées, de chaque demi-once: mêlez le tout exaétement, & avec le mucilage de gomme arabique , faites-en une pâte dont vous formerez de petites boules de la grof- feur d’une noix mufcade. On attribue à cette pierre les mêmes vertus qu'a contrayerva. Elle pafle pour un fudorifique & un ale- xitaire excellent, & comme un bon préfervatif con- tre la pefte, la petite vérole , & les fievres malignes. Les réflexions que nous avons faites au commence- ment de cet article, en rapportant les prétendues vertus alexipharmaques du contrayerva, ont lieu ici. dans le même fens. (4) | * CONTRE, (Gramm.) prépofñition qui marque ou proximité ou oppoftion: ainfi dans toutes ces phrafes, il écrit cozrre les athées , il s’eft élevé contre mon avis, il parle contre {a penfée, coxtre marque de l’oppofition confidérée fous différentes faces : &z dans celles-ci, il eft affis contre le mur, il eft placé contre le feu, contre marque proximité, Courre entre | en [M La". +- SOON DL 22 CON en éompofñtiôn avec un grand nombre de mots de la langue. … E …ConTRE, (parér a ) Eftrim,c’eft parer en déga- geant. Voyez DÉGAGER. Ainf lorfque l'ennemi dé- gage en allongeant Peftocade, vous dégagez & la parez ; d’où il fuit que vous parez de quarte une ef- rocade de tierce, & de tierce une eftocade de quartes | Pour bien parer au contre, il faut, aufi-tôt que l'ennemi dégage, dégager auffi, & au même inftant parer comme il a été enfeigné, fuivant le coup qu'il vous porte, de quarte ou de tierce, &e. . ConTRE pu CONTRE, ( parer au) ou PARADE DU CERCLE, Efcrim. c’eft parer a contre du contre- dégagement; où pour mieux m'expliquer, c’eft dou- bler, tripler, &c. la parade au contre. | ConTRE, e2 terme de Formier eft un inftrument long & large, peu tranchant, avec lequel les For- miets fendent leur bois. Foyez PL. du Form. fio. 3. CONTRE-AMIRAL, f. m. (Marine.) c'eft un of- ficier qui commande l’arriere-garde ou la derniere divifion d’une armée navale, 11 n’y a point de cortre- amiral en France fur l'état de la Marine; c’eft une fimple qualité quine fubfifte que pendant un arme- ment confidérable où les officiers généraux font em- ployés. Dans ces-occafons le plus ancien chef d’ef- cadre porte le pavillon de consre-amiral, qui ef blanc, de figure quarrée, & qui s’arbore à l’artimon. Z) > : { res, 2 f.m. (Æftrime.) appel con- traîre à celui que l'ennemi a fait: ainfi fi l’appel a été d'engagement à l'épée par le dedans, le cozsre- appel fera d'engagement à l'épée par le dehors. CONTRE-ALLÉE , ( Jardinage.) voyez ALLÉE. CONTRE-APPROCHES, fubft. f. pl. dans L’Are militaire, {ont des lignes ou tranchées que font les afliégés pour venir attaquer ou reconnoître les li- gnes des afliégeans. | La ligne de contre- approche eft une tranchée que font les affiégés , depuis leur chemin couvert jufqu’à la droite & à la gauche des attaques, pour découvrit ou envelopper les travaux des ennemis. On la com- mence à l’angle de la place d’armes de la demi-lunèe qui n’eft point attaquée , à cinquante ou foixante toiles des attaques , & on la continue auf loin qu'il eft néceffaire pour voir l’ennemi dans fes tranchées &c dans fes lignes. Cette ligne doit partir précifément du chemin-couvert & de la demi-lune , afin que fi l'ennemi vient à s’en emparer , elle ne lui foit d’au- cune utilité. Le gouverneur enverra fouvent pen- dant la nuit , au-moyen de cette ligne , des partis de cavalerie ou d'infanterie, pour faire quitter aux travailleurs leurs poftes , & enlever fi on peut les ingénieurs qui conduifent les travaux. Savin, zouy, écol..milit. p. 280. La ligne de coztre- approche ne fe pratique guere, parce qu’elle devient trop dangereufe en s’éloignant de la place. M. Goulon propofe au lieu de cette li- gne, de placer pendant la nuit une rangée de ton- neaux ou de gabions , en s’avançant dans la campa- gne à la diftance de 30 ou jo pas de l’angle faillant du chemin-couvert de la demi - lune collatérale de Vattaque, afin de pouvoir le matin enfiler la tran- chée de derriere ces tonneaux. Mais pour faire cette manœuvre, il faut que ennemi n’ait pas de batte- ries tournées de ce côté-là ; autrement il culbuteroit avec fon canon toute cette efpece de ligne. On rem- plit ces tonneaux ou gabions de matiere combufti- ble , pour être en état de les brüler lorfqu’on ne peut plus les foûtenir , & que l'ennemi vient pour s’en faifir. Celui qui eft le plus près de la paliffade du chemin-couvert, en doit être au moins éloigné de la longueur d’une hallebarde , afin qu'il ne pruffe y mettre le feu. L | Tong IFs CON 139 M. le chevalier de Folard dit ,.datis fon srairé de la défénfe des places des anciens, qu'il n’y a aucun exemple formel des lignes de cozrre-approche depuis le fiégé de Belgrade par Mahomet IT. en 1456, c’eft- à-dire depuis environ 300 ans. Cépendant elles ont été employées fort utilement au fiége de Bergop- zoom , en 1622. Fritach le rappotte en ces termes dans fon sraité de fortification. | « Au fiége de Bergopzoom il y avoit quantité dé » contre-approches , defquelles les afliégés travaille » rent tellement l’ennemi, qu’il ne s’en pouvoit ap- » procher que d’un pié ; outre qu'ils avoient avancé » dans la campagne toutes foftes d’onvrages exté- » rieurs, parle moyen defquels, comme aufli du fe » cours , les Efpagnols furent contraints de quitter le » fiége, &c. » Voilà évidemment les contre-approches en ufage depuis Mahomet IL. Il y a grande apparence que cet exemple n’eft pas le feul. Mais quoi qu'ilen foit, fi l’on eft en état de foûtenir une ligne de coz- tre-approche, on le fera encore davantage de faire de bonnes! forties Qui pourront faire plis de mal à l’afiégeant, Le Blond , sraité de la défenfe des placesi LE CONTREBANDE , £ f. (Comm. & Police.) La contrebande et en général tout commerce qui fe fait contre les lois d’un état. Mais dans l'ufage ordi- naire on diftingue la conérebande proprement dite ; de la fraude, Chaque fociété a deux objets principaux dans fon adminiftration intérieure, Le premier eft d’en= tretenir dans l’aifance le plus grand nombre d’hom- mes qu'il eft pofible : le fecond, fondé fur le pre- nier, eft de lever fur les peuples les dépenfes né- ceffaites , non à l’aggrandiflement des domaines de la fociété, ce qui {eroit le plus fouvent contraire à fon bonheur , mais celles qu’exigent fa sûreté & le maintien de la:majefté de ceux qui gouvernent, Pour remplir le premier objet, 1l a été néceffaire de prohiber l’éntrée de plufeurs denrées étrange- tes, dont la confommation intérieure eut privé le peuple de fon travail ou de fon aïfance , & l’état de fa population : cette prohibition s’eft même éten- dué à la fortie de quélques denrées nationales en conféquénce du même principe. . Pour fatisfaire aux befoins publics de la fociété ; on a impofé des droits, foit fur les marchandifes étrangeres permiles, foit fur les marchandifes na- tionales. Le mot de contrebande s'applique aux contraven- tions de la premiere efpece ; le mot de fraude à cel: les de la feconde efpece. Il eft clair que la contrebande proprement dite eff réputée tellé, uniquement par la volonté du légif- lateut; dès qu'il a parlé, tout homme qui jouit des avantages de la fociété , doit fe foûimettre à fes lois; s’il ofe les enfreindre, il eft criminel, quoi- que fouvent digne de pitié : mais il eft toüjours très- méprifable , l'intérêt feul d’un vain luxe ou d’une fingularité frivole, le rend complice de la contrebars de au préjudice du travail des pauvres. Quoique la loï doive être fainte pour tous dans un état, il eft poffible que fes motifs ne foient pas toûs jours également favorables au bien général, On a pù remarquer qu'il y a deux fortes de pro hibitions , l’une d’éntrée, & l’autre de fortie : exa« minons-en les motifs. tif Les prohibitions utiles fur l'entrée des denrées étrangéres , font celles que diéte une connoiflance profonde des balances particulieres du commerce, de fes diverfes circulations, & de la balance géné- rale; c’eft-à-dire celles qu’un examen férieux & mé- dité prouve être néceflaires à l’aifance ou au travail du peuple. Prohiber l'entrée des grains étrangers, pie les 130 CON terres nationales peuvent fournir abondamment À {a fübfftance publique , eft une police très-fage. - Prohiber une manufaêture étrangere , uniquement parce qu'on eft dans Le deffein de limiter, n’eft pas toüjours un trait de prudence ; car les étrangers ont de leur côté un droit de prohibition. Lorfque les An- glois , par exemple , ont dernierement profcrit lufa- ge de nos linons &c de nos batiftes , ils ne fe font pas apperçus que la France avoit le droit de prohiber encore plus efficacement l’entrée des quincailleries d'Angleterre, dont on tolere une confommation fi abondante parmi nous, fous le nom & en payant les droits de celles d'Allemagne. Il convient donc de pefer très-fcrupuleufement la perte & le gain qui peuvent réfulter d’une prohibi- tion , avant de l’ordonner. Le calcul eft la bouflole du commerce ; fans lui on ne peut prefque jamais tien déterminer fur l’application des principes géné- raux , parce que les cas particuliers fe varient à l’in- fini, Les prohibitions abfolues ne font pas les feules : les peuples intelligens dans le commerce en ont en- core introduit une autre efpece plus mitigée. Lorf- qu’ils font dans la néceffité, foit réelle , foit politi- que , d'importer une denrée étrangere, ils en per- mettent l’introduétion fur les navires nationaux feu- lement : mais on a foin de n’employer cet expédient que dans le cas où l’on achete plus chez un peuple qu'on ne lui vend, ou pour regagñer un commerce englouti par les nations qui font celui d’œconomie. Le droit de prohibition eft naturel à toute fociété indépendante : cependant il eft des cas où la fûreté de toutes peut exiger que quelques-unes y renon- cent. Lorfqu’elles y font aftreintes par un traité de paix, cette convention devient loi du droit public ; on ne peut y contrevenir fans injuftice, Dans tous les états d’une certaine étendue, il eft prefque impoñfible de déraciner la contrebande, fielle préfente un profit confidérable. Auffi a-t-on regardé par-tout la punition de ceux qui font ufage des den- rées prohibées , comme l’expédient le plus court & le plus fimple pour faire périr ce ver rongeur. Les acheteurs font en effet toüjours aufli coupables que les vendeurs, & leurs motifs {ont en général encore plus honteux. Tout relâchement fur cette police eff d’une telle conféquence, qu’il devient fouvent impoñible au légiflateur d’en réparer les funeftes effets : ce peut même être une prudence néceflaire que de céder à la corruption générale , fi le profit qu’on trouve à éluder la loi, le nombre des facilités, & le caprice de la multitude, font plus forts que la loi même : alors la fimple tolérance eft d’un exemple dangereux; les étrangers ne laïflent pas de s’enrichir, l’état perd ou le produit de fes domaines , ou l’occafion d’un travail qui pourroit du moins remplacer en partie celui qui s’anéantit. | Dans plufieurs états, la conrrebande qui fe prati- que par les gens dont c’eft la profeffion, pour ainf dire, & la reflource, n’eft pas la plus dangereufe, On veille fans cefle fur eux; il eft rare qu'ils ne. foient furpris tôt ou tard , & la punition éclatante d’un feul en corrige plufieurs. Je parle de la contrebande que font les commis des dotanes , foit à leur profit particulier , foit pour ce- hui de leurs fermiers, en facilitant fous des noms fup- potés & fous des droits arbitraires , l'entrée des den- rées promibées. Cette contrebande fur laquelle per- fonne ne veille, eft un moyen fourd & très-affûré d’épuifer un état: d'autant plus que le remede eft dificile ; car la régie des doüanes, quoique démon- trée la meilleure de toutes les formes qu’elles peu- vent recevoir, n'a pas réufhi dans tous les pays; comme une expérience de phyfique bien çonftatée peut manquer dans des mains différentes. Nous n'avons parlé jufqu’à préfent que de la con- trébande d'entrée : celle de fortie confifte à exporter les denrées que l’état défend de vendre aux étran- gets. Le nombre en eft toûjours médiocre, parce qu'en général cette méthode n’eft utile que dans le cas où les fujets feroient privés, foit du nécefaire, {oit d’une occafion de travail. C’eft ainfi que la for- tie des laines eft défendue en Angleterre, parce que leur qualité eft réputée unique ; en France, celle du vieux linge, du falpetre, 6e. L’exportation des armes & des munitions eft fu- jette à des reftriéhons dans prefque tous les états, excepté en Hollande. Ces fages républicains favent que l’argent de tout le monde eft bon à gagner, & refervent les prohibitions pour lés occafions extra- ordinaires. En effet , il n’en eft point des fufils , des épées , des balles , des canons , commedes matières, par exemple, du brai & du goudron, que tous les pays ne fourniflent pas, & dont le tranfport peut être défendu utilement dans certaines circonftances/, parce qu'il feroit difficile de les remplacer. Mais fi la Suede & le Danemark imaginoïent en tems de paix de prohiber la fortie de ces matieres pour la France, ce feroit lui rendre & à fes colonies du con- tinent de l'Amérique, un fervice très-fignalé. Dans les pays où le commerce n’eft point encore {orti de fon enfance , exportation de l’or & de l’ar- gent eft défendu fous les peines les plus rigoureufes, L'exemple de l’'Efpagne, du Portugal , & même ce- lui de la France dans le tems des refontes lucratives au thréfor royal, prouvent l’impuiffance de cette / prohibition chimérique. À voir les craintes répétées , de l’auteur du diétionnaire du Commerce fur la quan- tité d’argent qui fort de Angleterre, on feroit ten- té de croire qu'il n’imaginoit pas qu’il y en pût ren- trer. Si l’ouvrage étoit moins eftimable, on ne feroit pas cette remarque: mais en rendant juftice au zele & à l’application de l’auteur, il eft bon de ne pas s’abandonner à fes principes. La fraude confifte à éluder le payement des droits impofés fur les marchandifes nationales ou étrange. res, foit dans la confommation intérieure , foit à limportation ou à l’exportation : ainfi elle peut être confidérée dans ces trois circonftances différentes. Les droits fe perçoivent dans la confommation intérieure , ou aux entrées des lieux où elle fe fait, ou à l’entrée des provinces, ou enfin fur des denrées dont l’état s’eft refervé le monopole, Toute fraude eft criminelle affirément : indépen- damment du mépris de la loi, c’eft voler la patrie ; c’eit anéantir les effets de ce principe fi augufte qui fit les rois, & le plus effentiel de leurs devoirs, la juftice diftriburive : mais comme il eft rare que tout un peuple foit guidé par l’efprit public, il convient de lui faire aimer la loi que l’on veut qu’il refpe@te. Le peuple fe perfuade mal-aifément que l’ufage d’u- ne denrée néceffaire, & qui fe trouve facilement fous fa main à bon marché, puifle lui être juftement défendu , à moins qu’il ne achete cherement & avec des formalités génantes. Si cette denrée eft néceffaire, foit à quelque par- tie de l'Agriculture , foit à quelque manufaéture, la fraude s’établira & les recherches redoubleront, ow bien ces parties fi effentielles de Poccupation des hommes diminueront, & avec elles la population. Plus les motifs de la fraude font féduifans, plus la loi devient févere. Rien peut-être n’eft plus funefte à la probité d’un peuple, que cette difproportion dans la peine des crimes ; &r les juges établis pour y veiller, fe voyent expofés chaque jour à la déplorable né- ceffité de retrancher de la fociété des citoyens qui lui euffent été utiles, fi les lois euflent été meilleu= rés. Quand même il ne feroit pas auffi poflible qu'il le paroïît toïjours, de remplacer cette efpece d'im- pôt; il eft évident que les peuples ferorent foulagés d’un grand fardeau , fi l’état convertifloit en une fomme d'argent fixe ce qu'il retire net de chaque fu- jet, à raifon de cette branche des revenus publics: Le monopole que l’état fe réferve fur des denrées de pur agrément , eft beaucoup plus doux : mais fou- vent il 'eft pas plus favorable à la population, puif- qu'il limite J’occupation des citoyens, & diminue les moyens de grofir la balance du commerce. Un principe conftant des finances bien entendues, c’eft que le produit des revenus s'accroît en raifoñ du nombre des fujets, de leur occupation, de leur aifance : tels font les feuls reflorts aëtifs & durables de cette partie aufli belle qu’effentielle de Padminif- tration. Le monopole dont nous parlons entraîne les mêmes inconvémiens que l’autre par rapport aux peines & aux formalités : une opération très-fimple cependant pourroit remédier à tout, & doubler le revenu, l La fraude fur les droits qui fe perçoivent dé pro- vince à province, eft commune en raïfon du profit qu’elle donne à celui qui la fait; & la barriere qu'il eft abfolument néceflaire d'établir contr'elle exige tant de dépenfes,que ces fortes de droits ne rendent jamais le quartde ce qu’ils coûtent aux peuples. Mais leur plus grand inconvénient eft d’arrêter la circula- tion intérieure & extérieure des denrées , & déflors de nuire à l'occupation des fujets, à la population. On ne fauroit trop répéter, que ce n’eft prefque ja- mais autant en raifon de la valeur de ces droits, que parce que les formalités fe multiplient fans cefle en proportion de la facilité qu'il y a de les éluder. D’un autre côté, fans ces formalités la recette s’anéanti- Toit ;ainfi quoique cette fraude n’emporte pointavec elle de fupplices comme les précédentes , ’occafion n’en fauroit être regardée que comme un principe vicieux dans un corps politique. La fraude fur les droits quu fe perçoivent dans le lieu même de la confommation, eftbeaucoup moins commune, parce qu'il eft plus facile de la décou- vrir, & parce que ces droits, lorfqu’on en connoït bien la portée, ne font jamais aflez confidérables pour laifler un grand profit au fraudeur. Si cette pro- portion n’étoit pas obfervée, non -feulement la re- cette perdroit tout ce qui feroit confommé clandef- tinement, mais la confommation même diminue- roit, & avec elle le revenu de l’état, le travail &€ Paifance des fujets. Lorfque c’eft fur les facultés du peuple que ces fortes de droits font proportionnés, ils font payés d’une maniere imperceptible; & comme ils font très- favorables à {on induftrie, toüjours retardée par les impofitions arbitraires, fa füreté les lui fait envifa- ger tranquillement. Les riches feuls en font mécon- tens pour l'ordinaire , parce que cette méthode eft la plus propre à établir l'équilibre entre les fujets. Le célebre M. Law difoit en 1700 au parlement d’E- coffe , que le poids des impôts fur les revenus &c l’in- duftrie d’une nation , étoit au poids des impôts fur les confommations, comme un eft à quatre. Les droits qui fe perçoivent dans les ports & fur les frontieres, fur les denrées importées ou expor- tées , préfentent des facilités à la fraude fuivant les circonftances locales , & principalement fuivant la fidélité des commis ; car il eft très-rare que cette fraude réuffifle à leur infçù. Si elle eft également 1l- licite à l’exportation & à l'importation, il convient du moins d’en bien diftinguer les effets dans la fo- ciété, & par la même raifon le châtiment. Lorfqu’on élude le payement des droits à la for- tie des denrées nationales, on a volé les revenus publics’; mais le peuple n’a point perdu de fon oç- Tome IP, CON 13i cupation , ni l’état fut {a balance. Si même la den: rée exportée n'a pü l’être qu’à la faveur du bénéfice de la fraude, l’état auroit gagné dans tous les fens. Cependant comme 1l n’eft pas permis aux particu- liers d’interpreter la loi, c’eft au légiflateur à lent épargner cette tentation ; à bien éxaminer la pro: portion des droits de fortie compatibles avec fon commerce & l’aifance de fon peuple ; à diftinguer le plus qu'il fera poffible les efpeces générales , afin d'entretenir l'équilibre entre toutes les qualités de terres & toutes fes provinces : cette confidération reftraindra immanquablement les droits , & les au= tres branches des revenus accroîtront d’autant. La fraude fur les importations étrangeres emporte avéc elle des fuites fi fâcheufes pour la fociété en général , que celui qui la commet devroit être foû- mis à deux fortes de peines, celle de la fraude & celle de la contrebande, En effet la confifcation étant la peine de la fraude fimple , il n’eft pas naturel que celui qui contribue à diminuer la balance générale du commerce, qui force les pauvres de refter dans l’offiveté, enfin qui détruit de tout fon pouvoir la circulation des denrées nationales, ne foit fujet qu’à la même punition. Des cafuiftes très-relâchés & très -répréhenfbles ont ofé avancer que la fraude étoit licite, Cette er- reur s’eft principalement accréditée en Efpagne ; parce que le clergé y étoit très-intérefté à la foûte- nir. En France où les miniftres du Seigneur favent que le facerdoce ne peut priver le prince de fes droits indélébiles fur tous fes fujets également , les Théo- logiens ont penfé unanimement que la fraude bleffe les lois divines, comme les lois humaines. Cepen- dant après avoir parcouru une grand nombre d’exa- mens de confcience très-amples, je n’en ai trouvé aucun où cette faute fût rappellée au fouvenir des pénitens. Article de M. V.D.F. CONTRE-BANDE, dans le Blafon : c’eft la barre qui coupe l’écu dans un fens contraire. Voy, BARRE. On dit aufli contre-chévron , contre-pal , &c. quand il y en a deux de même nature qui font oppotés l’un à l’autre ; de forte que la couleur foit oppofée au métal, & le métal à la couleur. On dit qu’un écu eft contre-palé, contre-bandé , contre-feffé, contre- componé, contre-barré, quand il eft ainfi divifé. Voy, CONTRE-CHÉVRONNÉ , CONTRE-PALÉ , 6c. CONTRE-BANDÉ , rerme de Blafon, fignifie bandé de fix par bande feneftre contre-changée, Voyez BANDÉ. V. Chambers, Trévoux , & le P. Menétrier. Hoibler en Stirie, parti & contre-bandé d’or & de gueules. (7) | CONTREBANDIER , f. m. (Corm.) celui qui fe mêle de faire la contrebande. F. CONTREBANDE. Du côté de Lyon on appelle ces fortes de gens camelotiers. Les ordonnances pour les cinq groffes fermes du Roi ftatuent différentes peines contre les contrebandiers, même celle de mort , en cas d’at- troupement, port d’armes ou rébellion, Diéioz. de Comm. (G) | z : CONTRE-BARRE , adj. ferme de Blafon, fignifie bandé à feneftre par une bande contre-changée, Voyez BANDE. (F) CONTREBAS , CONTREHAUT , termes à l'ufage des traceurs , des nivelleurs , des terrafliers, &c. Le premier marque la direétion du haut en-bas 3 & le fecond la direétion du bas en-haut. CONTRE-BASSE, f. f. (Lutk.) inftrument de Mufique repréfenté PL XL. fig. 6, de Lurherie; il ne differe de la bafle de violon décrite à l’article baffe de violon , qu’en ce qu'il eft plus grand, & qu'il fonne l’ottave au-deffous, & l’uniflon du 16 prés: Voyez La table du rapport de l'étendue des inffrumens de Mufique. CONTRE-BATTERIE , f. f, (-ére mil.) cet R 1j une batterie oppotée à celle de l’ennemi, & par laquelle on tâche de démonter fon canon. Voyez | BATTERIE. (Q) CONTRE-BISEAU , {. m. (Lurh.) Dans les jeux . . . , A -d’orgue qui font de bois, il y a une piece de même “matiere ajuftée au bas du tuyau, pour en fermer k SAONE OÙ côté oppofé à celui où a été porté le coup qui la caufe. Foyez FRACTURE & FISSURE.' ! - liés Celfe a parlé de cette forte de fradure , Z. FIL, &. jy. ce qui n'a pas empêché Paul Eginete ; & depuis lui Gorrœus & plufieurs autres modernes, de foù- tenir qu’elle ne peut pas arriver, £a prinçipale rai: 134 CON on qu’ilsien tonnent, c’eft que le crane n’eft pas dun feul os, mais qu'il eft divifé par des futures qui “empêchent l'effet du coup de fe communiquer à la partie oppofée, & le bornent à.celle qui a été frap- pée; ainfi, difent-ils, fi le crane fe trouve fendu au <Ôté oppofé à celui qui a reçu le coup, ou en quel- qu'autre endroit, cela vient de quelqu’autre coup -que le.malade a reçu en même tems, & dont il ne fe fouvient pas, à caufe de l’étourdiflement que lui a caufé le premier. Mais il y a de fi fortes preuves pour le fentiment oppofé, qu'il n’y a prefque plus perfonne à préfent qui doute de la réalité des corrre- fiffures. Voyez Checkren. obférv.medic, chirurg: c. 7. pag. 20. Dion. op. biblioth. arat, med. tom. I. pag. 560. Les fymptomes ordinaires de la contre-fiffure font le délire , quelquefois un faignement par le nez 6 par la bouche, la ftupeur, lémiflion volontaire de l’urine & des excrémens, les convulfions, &c. Si ces fymptomes arrivent, & qu'après avoir exa- miné la partie qui a reçu le coup , le crane n’y pa- roifle ni fraduré m enfoncé , 1l y a lieu de foupçon- ner une contre-fiflure , fur-tout fi le malade fent de la douleur au côté oppofé au coup. La contre-fiffure eft la même chofe que le contre- coup. Les fraétures par contre-coup ont non-feule- ment lieu d’une partie de la tête à l’autre partie oppofée, mais encore d’un os à l’autre os voifin, & d’une partie d’un os à la partie oppofée du même os. Les auteurs en fourniflent plufñeurs exemples. M. de Garenjeot entr'autres rapporte plufieurs faits de cette nature dans fon traité d'opérations. Ces faits doivent infpirer beaucoup d’attention aux Chirur- giens , & doivent les porter à faire des recherches fcrupuleufes pour découvrir le point où le crane eft fra@uré par ces fortes de contre-coups, afin de fau- ver la vie au malade en lui faifant l'opération du trépan. Voyez TRÉPAN. Souvent la table interne du crane eft fratturée à l'endroit où l’on a reçu le coup, quoique la premiere table foit fans fraure ; c’eft une efpece de contre- coup que l'expérience fait voir très-fouvent. (F) CONTRE-FLAMBANT , adj. serme de Blafon. D’argent à un bâton de gueules, flambant & contre flambant de dix pieces de même. Prandtner en Styrie, d’argent à un bâton de gueules, flambant & contre-flambant de dix pieces de même. (7 CONTRÉ-FLEURE , adj. serme de Blafon, qui fe dit d’un écu dont les fleurons font alternés & oppo- fés , en forte que la couleur répond au métal. Boflut, au pays de Liege, d’or au double tref- cheur, fleuré , contre-fleuré de fynople au fautoir de gueules brochant fur le tout. (77) CONTRE-FORTS, fub. m. pl. serme d’ Architect. font des piliers de maçonnerie qu’on fait pour ap- puyer ou foûtenir des murailles ou des terrafles qui pouflent & menacent d’écrouler. Voyez ÉPERON € ARC-BOUTANT. | Ces fortes d'ouvrages font bandés en berceaux à diftance les uns des autres. Quand on bâtit fur la pente d’une montagne , il faut faire des contre-forts ou éperons bien liés avec le mur qui foûtient les terres, diftans de deux toifes les uns des autres, (P) CONTRE-FORTS ; ex terme de Fortification, font: des avances dans le rempart , qui prennent racine au revêtement , qui font.de la même matiere, & qui aident le revêtement. à foûtenir la pouflée du rempart. On les conftruit de 18 piés en 18 piés. Swvant une table particuliere de M. le marèchal de Vauban, l’épaifleur du cortre- for d’un revête- ment de 10 piés de haut, eft de 2:piés à fon extré- mité, c’eft-à-dire à fa partie parallele & oppofée au CON revêtement. Elle augmente enfuite de 8 pouces pa 10 piés d’élévation, enforte qu’à un revêtement dé 36 piés, elle eft d'environ 3 piés 8 pouces. L’épaiffeur du contre-forr d’un revêtement de ro piés de haut, fuivant Ja même table, eft des piés à fa racine, c’eft-ä-dire à fa partie adoffée ou liée au revêtement. Elle augmente enfuite d’un pié par 10 piés d’éléva- tien, en forte qu’à un revêtement de 36 piés de hau- teur, l’épaileur du cozrre-fort à fa racine doit être d'environ ÿ piés 6 pouces. À l'égard de la longueur du conrre- for: , elle eft de 4 piés à un revêtement de 10. Elle augmente après cela de 2 piés par 10 d’élévation, de maniere qu'à un revêtement de 36 piés de hauteur, le con tre-fort doit avoir 9 piés de longueur, Cette longueur fe mefure par une perpendiculaire tirée de la racine du contre-fort à {on extrémité. . Le contre-fort s'appelle quelquefois éperon. Voyez ÉPERON. | Lorfqu’on conftruit quelqu’ouvrage {ur la pente d’une montagne , on doit le foûtenir avec des coz- tre-forts bien liés au rempart, à la diftance d’envi- ron 12 piés l’un de l’autre. Les contre-forts ou éperons qu’on employe pour foûtenir les murs ou les revêtemens des terrafles dans les bâtimens de l’Architeéture civile, fe conf truifent en-dehors des revêtemens. On ne les dif- pofe pas ainfi dans l’Architeure militaire, parce que la partie du revêtement comprife entre les coz- creforts , ne pourroit être flanquée, & qu’elle fervi- roit de couvert à l’ennemi. (Q ) CONTRE-FORT, (Marine,) Voyez CLÉ pes ESTAINS. (Z) CONTRE-FORTS, en terme de Bortier, font des pieces que l’on coud par la tige, pour rendre la botte plus forte. | CONTRE-FOULLEMENT , {. m. (Æydraul.) {e fait lorfqu’en conduifant des eaux forcées, les tuyaux défcendent d’une montagne dans une gorge, & qu’on eft obligé de les faire remonter fur une hauteur vis- à-vis, où l’eau fe trouve alors contre-foulée & for: cée fi vivement, qu'il n’y a que les bons tuyaux qui puiflent y réfifter. (X) CONTRE-FRUIT ,f. m. (Archireët.) le fruit d’un mur eft une diminution de bas en haut fur fon épaif feur , telle que le dedans foit à-plomb , & que le de- hors foit un peu en talud : le conrre-fruis produit en- dedans le même effet que le fruit en-dehors ; enforte que le mur a une double inclinaïfon , & que fa bafe étant plus forte que fes parties plus élevéés, il en eft d'autant plus folide. CONTRE-FUGUE, ff. (Mufig.) ou fugue ren: verfée, eft en Mufique une fugue dont la marche eft contraire à celle d’une autre fugue qu’on a établie auparavant, Ainfi quand la fugue s’eft fait entendre en montant de la tonique à la dominante, ou de la dominante à la tonique, la cozsre-fugue fe doit faire entendre en defcendant de la dominante à la tonique, ou de la tonique à la dominante ; du refte fes regles font toutes femblables à celles de la fugue. Voyez Fu- GUE. (À) CONTRE-GAGE,, f. m. (Jzrifpr,) eft un droit en vertu duquel un feigneur peut fe faifir deseffets d’un autre feigneur ou de ceux de fes fujets, lorfque ce dernier feigneur a commencé à s’emparer des effets du premier ou de ceux de fes fujets, ou lui a fait quelque tort. Voyez Ducange, au mot contragagium, & Lauriere, au mot gage. Il en eft parlé dans les pri- viléges de la ville d’Aigues-Mortes, du mois de Fé- vrier 1350, Voyez le IV. vol, des ordonn. de la troif, race. (4) CONTRE-GARDE, (LA) eft, dans da Fortifica= tion, un ouvrage compoié de deux faces qui forment un angle faillant vis-à-vis l'angle flanqué du baftion, Le contte-garde eft auf appellée conferve, batce que elle couvre & conferve le baftion. … Pour conftruire une comre-garde devant un baf- tion À, (Plan. IV, de Fortific. fig. 2.) les demi-lu- nes 4 & 5 proche de ce baftion étant tracées avec leur contrefcarpe ou le bord extérieur du foffé, on prendra fur ces contrefcarpes les parties 4 D & T F, chacune de 16 toiles, & des points D & F'on menera des paralleles D €, CF, aux lignes 4 G, $ T de la contrefcarpe du baftion X : ces paralleles fe couperont dans un point C qui fera le fommet de l'angle faillant de la contre- garde, dont les lignes CD, CF feront les faces, | Le rempart, le patapet, & le foifé de la contre- _ garde, fe menent parallelement à fes faces. Le terre- plein du rempart eft égal à la largeur du parapet, c’eft-à-dire qu'il eft de trois toiles : on ne fui donne pas une plus grande largeur , afin que l’ennemi s'é- tant emparé de la contre-garde , n’y trouve pas fufi- famment de terre pour fe couvrir du feu du baftion, & établir des batteries pour le battre en breche. La contre-garde eft flanquée par les faces des demi- hines 4 & 5. | Ondonnoitautrefois des flancs aux contte-gardes : ils étoient formés par le prolongement des faces du baftion. Cet ouvrage ne couvroit alors que la pointe du baftion ; & comme toute fa gorge formoit un arc étant prife fur l’arrondifflement de la contrefcarpe, - on lui donnoit le nom de demi-lune. C’eft celui que lui donnent les anciens auteurs, & même l’auteur des travaux de Mars, dans la derniere édition de cet ouvrage en 1684. Mais l’ufage a changé depuis; la demi-lune eft vis-à-vis la courtine, & la comre- garde vis-à-vis le baftion. Foyez RAVELIN. … La contregarde {ert à couvrir Le baftion devant [e- quel elle eff conftruite, de même que les flancs des baftions voifins qui le défendent, enforte que len- nemi ne peut les découvrir qu'après s'être emparé de cet onvrage. On appelle auffi consre-gardes les efpeces de baf- tions détachés que M. le maréchal de Vauban conf- truit dans fon {econd & fon troifieme fyftème de- vant lestours baftionnées. Voyez les conftruétions de ce célebre ingénieur à la fuite de l'article du #04 FORTIFICATION. (Q) | * CONTRE-HACHER , v. a&. (Def. & Grav.) c’eft fortifier des ombres formées par des lignes pa- ralleles, en traçant fur ces paralleles d’autres paral- leles qui les coupent felon l’obliquité convenable aux formes qu'on veut repréfenter. CONTRE-HATIER, f. m. (Cuifine.) chenet qui a plufieurs crampons, & qui peut porter plufieurs broches chargées de viande les unes au-deflus des BUTLER D CONTRE-HARMONIQUE , (Géom.) trois nom- bres font en proportion contre-harmonique, lorfque la différence du premier & du fecond eft à la diffé- rence du fecond & du troifieme, comme le troifie- me eft au premier. Poyez PROPORTION. Par exemple, 3,5, & 6, font des nombres en proportion contre-harmonique ; car 2:1::6. 3. Pour trouver un moyen proportionnel contre- harmonique entre deux quantités données, la regle eft de divifer la fomme des deux nombres quarrés par la fomme des racines; le quotient fera un moyen propottion- nel contre-harmonique entre les deux racines. Car foient a, b, les deux nombres, &c x le moyen pro- portionnel qu’on cherche ; on aura donc par la défi- mition x —a: b—x::b.a; doncax —aa=bé —bx,doncaatbb=ax+bx, & 4 = EE, Voyez; HARMONIQUE. (0) | CONTRE-HAUT , voyez CONTRE-BAS. CONTRE-HERMINE , L'f. srme de Blafon , ft . EONONN, 19 le contraire de l'hermine, c’eft-à-dire üñ champ dé fable moucheté d'argent, au lieu que l’hermine eft un champ d'argent moucheté de fable, Voyez Her: MINE. Chambers. _CONTRE-JAUGER es affemblages , en terme de Charpenterie, e’eft tranfporter la largeur d’une mor- toife fur l’endroit d’une piece de bois où doit être le tenon, afin que le tenon foit convenable à la mor= toile, k CONTRE-INDICATION , fub. f. (Medec.) indi- cation qui empêche d’ordonner ce que l’état de la maladie fembloit indiquer. Voyez INDICATION. ANA Ce par exemple, que dans le cours d’une maladie on Juge un vomitif convenable, fi le mala- de eff fujet à vomir le fang, c’eft une cozsre-indica- tion fufhifante pour le défendre, &c. CONTRE:-J OUR, fub. m. (Archireët.) lumiere où fenêtre oppofée à quelqu’objet , qui le fair paroître defavantageufement. Un fimple contre-jour {ufit pour dérober la beauté du plus beau tableau. (P) CONTRE-ISSANT , adj. rerme de Blafon , fe dit des animaux adoffés, dont la tête & les piés de de- vant fortent d’une des pieces de l’écu. | Becuti au royaume de Naples, d’azur au chevron d'or, à deux lions adoflés & contre-iffants des flancs du chevron de même. (# CONTRE-JUMELLES , ez Architetlure; ce font dans le milieu des ruiffeaux les pavés qui fe joignent deux à deux, & font liaïfon avec les caniveaux & les morces. (P) CONTRE - LAMES , f. m. pl. (Gagier.) tringles bois qui fervent au mouvement des lifles, Poyez AZE. CONTRE-LATTE, ez Archireëture, eft une trin- gle de bois mince & large, qu’on attache en hauteur contre les lattes entre les chevrons d’un comble. Les contre-lattes font ordinairement de la longueur des.lattes. | Contre-lattes de fente, eft un bois fendu par éclats minces pour les tuiles. Contre-larte de [ciage, c’eft celle qui eft refendue à la fcie, & fert pour les ardoifes. On la nomme aufi latte-volice, (P CONTRE-LATTER , ez Architeëture, eft latter une cloifon ou un pan de bois devant & derriere, pour le couvrir de plâtre. (P) CONTRE-LATTOIR , {. m. (Couvreur.) cet outil eft de fer ; 1l eft long d’un pié ou environ, fur quatre à cinq lignes en quarré, terminé d’un bout par un crochet qui fert à tirer la latte, & traverfé de l’au- tre par une cheville qui lui tient lieu de poignée. CONTRE-LETTRE, £, f. (Jurifp.) du latin conrra litteras , eft un aéte fecret par lequel on fait quelque paétion ou déclaration contraire à un aéte précé- dent, comme quand celui au profit de qui on a paf- fé une obligation reconnoît que la fomme ne lui eft point dûe. La déclaration qui eft pañlée au profit d’un tiers differe de la contre-lertre, en ce qu’elle ne détruit pas latte, & ne fait qu’en appliquer le profit à une au- tre perfonne ; au lieu que la cowrre-lertre eft une re- connoiïffance que le premier aéte n’étoit pas férieux, Avant que lufage de Pécriture fût devenu com- ‘mun, on appelloit /ersres toutes fortes d’aêtes : quel- ques-uns ont encore confervé ce nom, comme les lettres royaux ou lettres de chancellerie , les let- tres patentes , les lettres de cachet, les lettres de garde-gardienne ; & dans quelques tribunaux , com- me au châtelet de Paris, on ditencore donner lerrress pour dire donner aûle. C’eft de-là que s’eft formé le mot contre-lertre, pour exprimer un aéte par lequel on réconnoît qu'un alle précédent ou quelques-unes de fes elaules font ft mulése 130 CON Comme la vérité eftune dans fon langage , & que l’on ne devroit jamais tenir d’autre langage dans les adtes, les contre-lettres dévroïent être profcrites, étant prefque toüjours faites pour tromper quel- qu'un ;. c’eft pourquoi Pline le jeune, Zv. #7. ép, j, rapporte qu'étant follicité par fon fils de pafler un acte fimulé dont fon fils offroit de faire une contre lettre , il le refufa ; Curienus filius orabat ut [bi dona- rem portionem meam , fèque præjudicio Juvarem, car dem tacité conventione falvam mihi pollicebatur ; ref= pondebam non convenire moribus meis, aliud palam , aliud agere fecreto. Il y a néanmoins des cas où les cosre-lertres peu. vent avoir un objet fort légitime & fort inndcent . comme quand un homme qui veut faire faire fur lui un decret volontaire, pañle à cet effet une obliga- tion fimulée au profit du pourfuivant, dont cehu-ci lui pañle üne contre-lettre. Quoi qu’il en foit, les conrre-lettres font permiles en général : il en eft parlé dans la coûtume de Paris, art, 258. dans celle de Berri, sir, y. are. 51. & Ca- fais, art, 59. mais elles font peu favorables, fur-tout lorfqu’elles paroïffent faites en fraude de quelqu'un. On paffe ordinairement la cozrre-lettre devant no- taire, & au même inftant que l’aête auquel elle eft relative , afin de lui donner une date certaine contre des tiers, & que la relation des deux aétes foit mieux marquée. On peut cependant pañler la contre-lettre quelque tems après ; car 1l eft permis en tout tems de reconnoiïtre la vérité: la conrre-lertre eft feule- ment plus fufpeéte lorfqu’elle eft ainfi faite après coup; & lorfqu’elle eft feulement fous feing privé, comme cela fe peut fare hors le cas de contrat de mariage, elle ne laiffe pas d’être valable entre ceux qui l’ont pañlée; toute la différence eft qu’elle n’a point de date certaine contre des tiers. Un des cas où les contre-lettres peuvent être le plus préjudiciables, c’eit par rapport aux contrats de mariage ; car c'eft fur la foi de ces contrats que deux perfonnes s’uniflent, & que deux familles s’allient: c’eft pourquoi les cortre-lestres qui tendent à anéan- tir,ou à changer quelque claufe du contrat de ma- rage, doivent être paîlées devant notaire, afin qu’- elles ayent une date certaine, & que les conjoints ne puiflent par ce moyen fe faire aucun avantage, ni déroger à leurs conventions matrimoniales par un acte qui feroit poftérieur au mariage. Il faut aufli, fuivant larr, 258. de la coûtume de paris , que ces fortes de contre-lertres {oient pañlées. en préfence de tous les parens qui ont afifté au con- trat de mariage ; autrement le contrat ne feroit cen- fé avoir été fait que pour en impofer à la famille, &x la contre. lettre feroit nulle, même par rapport aux conjoints qui l’auroient fignée. La raïfon eft que fouvent les futurs conjoints, épris d’une folle paffion l’un pour l’autre , renonce- roient inconfidérément à tout ce que les parens au- roient ftipulé pour leur intérêt, & que d’ailleurs les contrats de mariage ne regardent pas feulement les futurs conjoints, mais aufñ les enfans qui en peuvent venir. On doit y appeller les parens, tant du mari que de la femme , qui ont figné au contrat, lorfque la contre-leitre les intérefle également, Mais fi l’avanta- ge réfultant de la conrre-lettre n’eft qu'au profit d’un des conjoints, il fuffit d’appeller les parens de Pau- tre conjoint qui ont figné au contrat de mariage. Les arrêtés de M. le premier préfident de Lamoï- gnOn , it de la commun, de biens, art, 5. G 6, por- tent que toutes comvre-lertres faites au préjudice de ce qui a été convenu & accordé par le contrat de mariage , font nulles , même à l'égard de ceux qui ont figné les cozrre-lettres ; que les conjoints ne peu- vent durant le mariage y déroger par auçunaéte, de quelque qualité qu’il foit, même en fa préfence &è par l’avis de tous les parens qui ont aflifté au con= trat de mariage, quand même la réformation {eroit faite pour réduire les conventions au droit commun de la coûtume ; mais que les contre-lertres faites de- vant notaires avant la célébration du mariage, du confentement des futurs conjoints , en préfence de leurs principaux & plus proches parens, font va- lables. Au refte les conditions & formalités que l’on exi= ge pour ces fortes de contre-lerrres , ne font néceflai= res que quand il s’agit d’un aéte qui donne atteinte au contrat de mariage; cardi la convre-lerrre étoit } par exemple, une promefle de la part des parens d'augmenter la dot, ou feulement une explication de quelque claufe obfcure 8 douteufe, fans préju- dicier aux droits réfultans du contrat, l’aête {eroit valable , & feroit moins confidéré comme une cor- tre-leftre que comme une addition faite au contrat de mariage, Il y a des cas où les contre-lertres {ont prohibées à favoir, 1°. Pour l’acquifition des charges & pratiques de procureurs, fuivant l’artèt du 7 Décembre 1691, code Gillet. | a À de 2°, Les comptables ne peuvent ufer de contre-leri tres au fait de leurs charges, à peine d'amende arbi trare. Déclarar, du 16 Mai 1532. Fontanon, rome I. page 630. 3°.Ileftaufli défendu parun arrêt dn 3 Mars 1663; rapporté au journal des audiences, de faire aucunes contre-lettres contre les contrats de fondation & do- tation des couvents & communautés {éculieres ou régulieres , à peine de 10000 livres d'amende ; de= fentes font faites aux notaires de les recevoir, à pet- ne de faux, & de 2000 livres d’amende, l 4. Une contre-lettre ou déclaration qu’une rente n’eit point dûe , n’a point d'effet contre un tiers à qui la rente a été cédée. Journ. des aud, tome I. div. IT, ch. cxvi. | Voyez les arr, deLouet, rome I. lert, C. n. 28. lerrs ” Sr de fuccéder par Boucheul, chap, vij: CONTRE-LISSES , f. £, pl. ( Marine.) voyez BAR: RES D’ARCASSE. (Z) | CONTRE-MAILLES , CONTREMAILLER : on dit wn filet contre-maillé, c’eft-à-dire un filet à mail- les doubles. Foyez MATLLES. CONTRE-MAÎTRE,, f. m. (Marine.) c’eft un of ficier de l’équipage qui eft l’aide du maître. Voyez MAÎTRE. L’ordonnance de la Marine de 1689, #ir. xvij. dit: Le contre-maître étant établi pour foulager le maître, doit exécuter fes ordres , & en fon abfence faire les chofes qui font de la fonthon du maïtre. Il fera faire la ma- neuvre du mät d'artimon & de beaupré fur la parole du maitre ; mouiller & lever les ancres, les boffer 6: mettre en place, fourer les cables ; & virer au cabeftan , quand le vaiffeau appareille. (Z) CONTRE-MAITRE ; dans les Raffineries de fucre ; eft proprement le diretteur de la raffinerie ; c’eft lux qui prend la preuve, & ordonne tout ce qui fe fait ‘dans la raffinerie. C’eft pour cela qu'il fant un hom- me intelligent, & qui fache prendre fon parti fur les accidens qui peuvent arriver malgré fa pré- voyance. 24 CONTRE-MANCHEÉ, adj. (Blafon.) parti coupé & contre-manché de fable & d’argent de Pun à l’autre. CONTRE-MAND , fubft. m. (Jzrifp.) étoit une raifon propofée en juftice pour remettre ou différer lafignation : 11 différoit de l’exoine en ce que celui qui contre-mandoit remettoit l’ajournement à un jour certain , fans être obligé d’afirmer ni d’alléeuer aucune autre raifon; au lieu qu’en cas d’exoine, il falloit CON falloit affirmer qu’elle étoit vraie ; &c comme on ne pouvoit pas favoir quand elle cefferoit, la renufe, par cette raïon, n'étoit jamais à un jour certain. Beaumanoir, chap. ii. dit qu'il y a grande diffé- ) to rence entre contre-mans & effoines; qu’en toutes que- * relles (caufes ) où il échet consre-mans , on en peut tendre trois avant que l’on vienne à court dont P ; chacun des trois contient quinze jours ; qu'il n’eft pas néceffaire de faire ferment ni de dire pourquoi, mais que pour l’éffoinement (exoine) on n’en peut avoir qu’un entre deux jours de cour; qu'il doit être fait fans jour, parce que nul ne fait quand il doit être hors de fon exoine , & qu’il faut jurer l'e- xoine fi la partie le requiert quand on vient à coutt. Qu'en toutes querelles où il y a contre- mand l’on peut exoiner une fois sil y a lieu ; mais que dans toutes les querelles où l’on peut exoiner , l’on ne peut pas contre-mander, païce qu’on ne peut cozre= mander f la femonce n’eft faite fimplement, &c. Celui qui étoit obligé d’ufer de conre-mans ou d’exoines, ne pouvant les propofer lui-même, avoit recours au miniftere d’un meflager pour les propo- {er s’il ne vouloit pas avoir de procureur, & en ce cas il ne lui falloit ni grace ni le confentement de {on adverfaire. Voyez l’auteur du grand coftumier, div. II. ch. vi. (4) CONTRE-MARCS, f. m. pl. traits dontles Char- pentiers {e fervent, & qu'ils tracent fur leurs bois à mefure qu'ils les achevent, afin de les reconnoitre quand ils en feront l’aflemblage. | CONTRE-MARCHE , f. f. (Art milir.) eft un changement de la face ou des ailes d’un bataillon, par laquelle les hommes qui étoient à la tête du ba- taillon pafent à la queue. On a recours à cet expé- dient lorfque le bataillon eft chargé en queue, & qu’on veut que les chefs des files, qui font pour l’or- dinaire des gens choifis, prennent la place des ferre- files. La contre-marche {e fait par files ou par rangs ; par files, lorfqu’on met les hommes de la tête du batail- lon à la queue ; par rangs, en faifant pañer un des flancs du bataillon fur le terrein de l’autre flanc. On {e fert encore de ce terme, dans la Marine. Voyez plus bas CONTRE-MARCHE (Marine). Chambers. Il eft fort parlé de la contre-marche dans nos Tac- ticiens françois, comme Caftelnau, 6. mais elle n’eft plus d’un grand ufage, parce qu’elle fuppofe les files fort au large & diftantes les unes des autres, ce qui neft plus la coûtume d’apréfent. Comme cette manœuvre eft d’aflez grand détail, & qu'elle eft expliquée tout au long dans la taétique d’Ebien, on y renvoye ceux qui feront curieux de la connoi- tre plus au long , en les avertiflant feulement que l’on appelle en françois, 1°, Contre-marche en perdant le terrein, ce que les anciens appelloient évo/urion macédonique. 2°, Contre-marche en gagnant du terrein, ce qui étoit appellé évolution laconique. 3°. Contre-marche fans changer de terrein, ce qui étoit nommé évo/ution crétoife. (Q ) CONTRE-MARCHE , ( Marine.) Faire la contre- marche, cela fe dit quand tous les vaifleaux d’une armée ou d'une divifion, qui font en ligne, vont derriere le dernier jufqu’à un certain lieu pour re-. virer.ou changer de bord, (Z * CONTRE-MARCHES, f. m. plur. (Manufait. en foie.) efpeces de calquérons qui en ont le jeu, & qui enfilés d’un côté ne tirent que de l’autre. ayez l'article CALQUERON. CONTRE-MARCHÉ, adjett. (Rubanerie.) lorf- qu'un ouvrage eft d’un deffein tel que la fin en ref- femble parfaitement au commencement , alors il eft non-feulement coztre-marché, mais encore fourché ; voyez FourCHÉ, Voici comme la çontre-marche Tome IF, , CON 13 s'exécute : l’on fuppofe un ouvrage qui ait fix res tours , l’ouvrier étant parvenu au dernier, ayant marché fes marches du centre à l'extrémité, comme cela fe pratique ordinairement ; étant parvenu, dis- je, au dernier, au lieu de tirer le premier retour comme cela fe fait aux ouvrages qui ne font pas contre-marchés , il travaille une feconde fois ce der- nier retour, mais en {ens contraire, c’eft-à-dire qu’a- près avoir marché ce retour du centre à l'extrémité, il revient fur fes pas en marchant de l'extrémité au centre: après ce retour travaillé ainf une feconde fois , il tire le cinquieme retour pour finir par le pre- mier , qui fera de même travaillé deux fois de fuite de même en fens contraire ; puis il tirera le fecond qui ne fera travaillé qu’une fois, de même que les autres , n’y ayant que Le premier & le dernier qui fe travaillent comme il vient d’être dit: on obfer- vera que tous les retours contre-marchés doivent être marchés de l'extrémité au centre quand on a uné fois commencé , jufqu’à ce que la contre-marche foit achevée. CONTRE-MARÉE, f. f. (Marine.) marée diffé- rente ; 1l y a des contre-marées dans certains endroits où la mer eft reflerrée. Voyez MARÉE. (Z CONTRE-MARQUE d’une médaille , 1, f, (Belles Lettres.) eft une marque ajoutée à une médaille long- tems après qu’elle a été frappée. Voyez MÉDAILLE. Les contre-marques des médailles paroïiflent être des fautes ou des pailles qui en défigurent le champ , foit du côté de la tête ou du côté du revers, fur- tout dans les larges médailles de cuivre & celles de médiocre grandeur : cependant les curieux regar- dent ces contre-marques comme des beautés , en con- féquence defquelles ils en eftiment les médailles bien davantage ; parce qu'ils prétendent connoître par- là les différens changemens de valeur furvenus en differens tems à ces médailles. Les antiquaires ne font cependant pas bien d’ac- cord fur la fignification des caraéteres que portent ces médailles ; fur quelques-unes on trouve ces let- tres N. PROB. fur d’autres N. CAPR, & fur d’au- tres CASR. RM. NT. AUG. SC. d’autres ont pour contre-marque une tête d’empereur , d’autres une corne d’abondance , & d’autres d’autres emblèmes. Il ne faut pas confondre les monogrammes avec les contre-marques, al eft aifé d’en faire la diftinétion. Les contre-marques ayant été frappées après coup, {ont enfoncées dans la médaille ; au lieu que les monogrammes qui ont été frappés en même tems que la médaille, ont au contraire un peu de relief. M. le Boze, dans une lettre à M. le baron de la Baie inférée dans la nouvelle édition-de la fcience des médailles du P. Jobert, éclaircit parfaitement | ce qui regarde les cozsre- marques des Romains, êc prouve très-bien que les conére-marques n'ont jamais été en ufage du tems de la république; que cet ufa- ge n'a commencé que vers l’empire d'Augufte,, &c ne s’eft guere étendu au-delà du regne de Trajan; qu'après avoir repris quelque-tems vigueur fous Juf- tin & fous Juftinien, il ceffa bien-tôt après ; enfin. qu'il n'eut jamais lieu fur les médailles d’or ou d’at- sent, mais fimplement fur celles de bronze: d’où 1} conclut que les coztre-inarques QUE Hi été un ca- raétere d'augmentation aux monnoïes, puifque ces augmentations ne futent jamais plus fréquentes que du tems de la république dont on nestrouve aucune piece conere-marquée. 2° qu’elles ne fignifierent non plus nulle augmentation de monnoie fous les em- péreurs , dont pouf une médaille en bronze contre- marquée on en trouve cent du même type qui né le font pas, & qu'aucune de leurs médailles d’or ou d'argent ne porte la consre-marque : 3°.que CCS mé- dailles contre-marquées étoient des monnoies qu'on diftribuoit aux Quyricts OGCUPÉS AUX HAE Puz= 135 CON blics , afin qu’en les rapportant à la fin du jour, ils recuflent leur falaire: 4°. qu'on en avoit ufé ain dans les monnoies obfdionales, foit pour multiplier les efpeces, foit pour leur donner une veleur pro- portionnée aux circonftances. Il remarque aufh que dans les rnonnoïies ou médailles d’argent,les cozsre- marques {ont des têtes de héros ou de divinités , des fleurs, des fruits, Gc. faits avec beauçoup d'art & de foin, ce qui peut marquer une augmentation de valeur; au lieu que celles des Romains ne confiftent qu’en caraéteres féparés ou bés enfemble, & très- faciles à contrefaire : inconvénient auquel les prin- ces &c les monnétaires ne fe fuflent Jamais hvrés, fi par la contre-marque ils avoient eu en vüe de fur- haufler les monnoiës. (G) | CoNTRE-MARQUE , ( Comm. ) eft une feconde ou troifieme marque appoñée fur une chofe déjà mar- 5e. Voyez MARQUE. “toi Ra fe bdd lé Commerce,des différentes marques qu'on met fur des balots de marchandifes auxquelles plufieurs perfonnes font intéreflées s afin qu'ils ne puiflent être ouverts qu’en préfence de tous les intéreflés, ou de perfonnes par eux commifes. (G) CoNTRE-MARQUE , ex cerme de Manège , eft une faufle marque, imitant le germe de la feve » qu'un maquignon fait adroitement dans une cavité qu'il a creufée lui-même à la dent, lorfque le cheval ne marque plus, pour déguifer fon âge, & faire croire qu'il n’a que fix ans. Foyez MARQUE. (C4 ) CONTRE - MARQUE, €% ferme d'Orfévrerie , eft la marque ou le poinçon de la communaute , ajobté à la marque l'orfevre , pour marquer que le métal | oi. CON REMNE , fub. f. erme de Fortification , eft une voûte foûterraine quiregne tout du long fous une muraille, large de trois piës & haute de fix, avec plufeurs ouvertures où trous de place en place, pour empêcher l'effet des mines , fi les ennemis en pratiquoient fous la muraille pour la renverfer. Voy. MINE. Cette forte de mine n’eft plus guere en ufage. La contre-mine d'à préfent eft un puits &t une galerie ou rameau qu'on fait exprès pour aller rencontrer la mine des ennemis , quand on fait à-peu-près où ils travaillent. Chambers. On appelle contre-mine au figuré une rufe par la- 4 e 3 2 + quelle on prévient l’effet d’une autre rufe, (Q), CONTRE-MUR , £. m.( Archireël.) eft une petite muraille contiguë à une autre pour la fortifier &c la garantir du dommage qu'on pourroit recevoir des édifices qui font auprès. Voyez MUR, Suivant la coûtume de Paris , lorfqw’on bätit une écurie contre un mur mitoyen, il doit y avoir un contre-mur de huit pouces d’épaifleur. M. Bullet re- matque que le contre-mur ne doit jamais faire corps avec le mur propre. (P) CoNTRE-MUR, ex Fortification , {e dit d’un mur extérieur bâti autour d’un mur principal d’une ville. Poyez Mur , REMPART, &c. (Q) | CONTR’ENQUETE, fub. f. (Jurifprud.) fe dit d’une enquête par oppoñtion à une autre enquète qu’elle a pour objet de contredire, F. ENQUÊTE. (4) : CONTR'ONGLE, À CONTR ONGLE » ferme de Chaffe. Prendre le pié de la bête 4 contr'ongle, c’eft voir le talon où eft la pince. CONTRORDRE o CONTREMANDE- MENT , (Jurifprid.) c’eft la révocation d’un ordre antérieur par un ordre poftérieur. +2 CONTR'OUVERTURE, f. f. serme de Chirurgie, incifion qu’on fait à une partie dans un endroit plus ou moins éloigné d’une plaie où d’un ulcere. Les contr'ouvertures font fouvent nécellaires pour faire lextra@tion des corps Ctrangers qui n'ont pà être ti- rés par la plaie, ou dont l’extraétion eût été difficile on dangereufe par cette voie, On fait auffi des coz- ér'ouvertures pour donner iflue au pus ou au fang épanchés. On ne doit faire les corsr'ouvertures que lorfqu’il n’eft pas poffible de déterminer la fortie des matieres purulentes , & de recoller les parois du f- nus où du fac qui les fournit , par le moyen des comprefles expulfives foutenues d’un bandage con- venable, Ce moyen n’a pas ordinairement lieu dans les épanchemens de fang , parce que la coagulation de ce fluide ne le rend point foûmis à l’aétion d’un bandage expulff. Foyez ComPresstoN. L’ufage des inje&ions peut fouvent difpenfer de faire des contr'ouvertures. Voyez INSECTION. Il eft quelquefois nécefaire de dilater les plaies pour faire facilement les corerouvertures. Voyez Di- LATATION. On tire beaucoup de fruit de Pufage des cotrou- vertures dans les grands abcès. Voyez ABCÈS. Au moyen des incifions placées convenablement à dif- férens points de la tumeur, on ménage la peau, on découvre moins de parties; les fuppurations font moins abondantes, & les cures font de moindre du- rée & plus faciles à obtenir, chaque lêvre de divi- fon fourniffant des points d'appui à la formation d’une petite cicatrice. Tous ces avantages {ont dé- montrés, & l’expérience journaliere fait voir la dificulté & le tems qu'il faut pour réparer une grande déperdition de fubftance. M. Petit a imaginé un trocar pour les contr'ouvertures. Voyez TRoCAR. Il y a des cas où les matieres épanchées fous le crane viennent de trop loin chercher une iflue faite par le trépan ou par une fra@ture; enforte qu’elles ne peuvent s’évacuer qu'en partie, quelque induf£ trie qu'on employe pour en faciliter l’écoulement. Il faut alors multiplier les trépans ; mais il n’eft pas toûjours néceflaire d'en appliquer tout le long du trajet que parcourent les matieres épanchées. On peut, comme dans les parties molles, faire une coz- tr'ouverture à l'endroit où les matieres s’accumulent, M.Chauvin l’a pratiqué avec fuccès ; on peut en lire l’obfervation dans un mémoire fur la multiplicité - des trépans dans le Z. tome des mémoires de l'académie royale de Chirurgie, On verra en même tems qu’il eft des cas où les injeétions peuvent fuppléer à la cor- couverture, Voyez INJECTION. (Y CONTRE-PALE , adj. éerme de Blafon, fe dit de lécu où les pals font oppotés lun à l’autre & alter- nés ; enforte que la couleur des pals oppofés répond au métal, & le métal à la couleur. Chambers. Meirans en Provence, contre-palé d'argent & d’a- zut à la fafce d’or. CONTRE-PAN , f. m. (Jurifprud.) fignifie en gé- néral contre-gage. Ce mot eft formé du latin conrra , & de pannum qui fignifie gage. Contre-pan figniñe quelquefois kyporheque ; c’eft en ce fens que la coûtume de Hainaut, chap, Ixxxxv, parle d’héritages mis en contre-pan, & que dans le Îtyle des cours féculieres de Liége, chap, jy. article 17. 1l ef dit gage ou contrepan, & au chap. xvij, œu- vres de contre-pans. Contre-pan fignifie auf en certains pays ce que lon donne pour être admis au rachat d’un héritage. Par exemple, dans le même ftyle de Liége, chapitre xviiy. l'ordinaire & coûtumier conrre-pan eft le hui- tieme. de la valeur de lhéritage donné à cens ou à rente que l’on paye pour être admis au rachat con- ventionnel. (4) CONTRE-PANNER, c’eft compenfer, fuivant Bouthillier en fa /orme rurale. Rentes contre-pannées [ur héritages, font des ren- tes foncieres hypothéquées fur d’autres héritages que ceux qui font donnés à la charge de la rente ; il en eft parlé dans la coûtume de Hainaut, ch. /xxxxv. & dans celle de Mons, chap, xxxjv. c’eft la même nn. 1 n CON chofe que ce que la coûtume de Namur, article ri. appelle avoir une rente contre-pans &c hérirages. (4) CONTRE-PARTIE, f. £. eft proprement la partie d’une chofe oppofée à l’autre partie. Ce terme ne s’employe qu'en Mufique , pour fignifier chacune des deux parties d’un dxo confidérée par rapport à Pautre. (5) \ | CoNTRE-PARTIE, ( Comm.) c’eft chez Îe ban- quier le regiftre que tient le contrôleur , fur lequel il couche & enregiftre les parties dont le teneur de livres charge le fien. Voyez COMPTE & BANQUE; & les Dittionn. de Trév. 6 du Comm. | CONTRE - PASSANT , adj. (Blafon.) fe dit de deux animaux, dont l’un paroït avancer & pañler dans un fens tout contraire à l’autre, Voy. PASSANT. Du Chêne, d'argent à deux écureuils de gueules Lun fur l'autre, l'un paffant &c l’autre contre-pal[ant. 7 : < LONTRE -PASSATION D'ORDRE, (Comm.) Ceft la même chofe que rétroceffion en termes de Pra- tique. Voyez RÉTRO CESSION: La contre- paflation d'ordre fe fait lorfqu'un ordre a été pañlé au dos d’une lettre de change, par une perfonne au profit d’une autre, & que cette autre redonne la même lettre de change en payement à la perfonne qui la lui avoit déjà donnée , & qu’elle pañle fon ordre en fa faveur , de même que s’il fe paf- {oit au profit d’une troifieme perfonne qui lui paye- toit comptant le contenu en la lettre de change.(G) CONTRE-PENTE, voye CONTRE-FOULE- MENT. CONTRE-PIÉ ; prendre le contre-pié, en Vénerie , c’eft retourner par où la bête eft venue. CONTRE-PLEIGE, £. m. (Jurifpr.) eft le certi- ficateur de la caution, dans les pays où la caution eftnommée pleige , comme enNormandie. Voy.CAU- TION , CERTIFICATEUR , PLEIGE. (4) * CONTRE -POIDS, f. m. fe dit en général de toute force qui fert à diminuer l'effort d’une force contraire. Le contre-poids a lieu dans une infinité de machines différentes ; tantôt il eft égal au moment qui lui eft oppofé, tantôt il eft plus grand ou plus petit. Voyez le MÉTIER À Bas. Le contre-pouce a fon convre-poids ; la machine à filer For a fes contre- poids. Conrre-Po1ps (es) du métier des Rubanniers, ce {ont une ou plufeurs pierres attachées aux deux bouts d’une longue corde, que l’on entortille de plu- feurs tours dans les moulures des enfuples ; ce qui ne les empêche pas de fe rouler lorfque l’on les tire À foi. Il faut favoir ménager la force de ces contre- poids ; fi la charge de celui qui eft fufpendu eft très- forte , il entraînera l’autre; fi la charge de celui qui porte à terre eft trop forte, elle empêchera l’autre de defcendre. Pour conferver entre eux l'équilibre, on ne donne à la contre-charge que le tiers de la charge. L’ufage de ces contre-poids eft de tenir les {oies tendues , fans les empêcher de céder à l'ouvrier ui les tire à lui fuivant fon befoin. On donne encore chez les mêmes ouvriers , le nom de core - poids à des morceaux de plomb. Afin de les avoir tous d’é- gal poids, ils pefent chacun environ deux gros ; ils ont percés d’outre en outre, pour être fufpendus par une petite ficelle que lon pofe fur la moulure des petits roquetins , & fans tourner à l’entour com- me les autres contre-poids. L'ufage de ceux-ci eft de tenir en équilibre chaque roquetin de glacis ( Voyez GLacis); ce qui eft fuffifant pour empêcher le ro- quetin de dérouler , finon lorfqu’on le tire à foi pen- dant le travail. Conrre-PoiDs (4), chez l'Epinglier, eft la pie- ce 4, qui par fa pefanteur vient former la tête de Pé- pingle enfermée dans les deux têtoirs » & z ; il fe le- ve par une efpece de bafcule cde, qu'on fait jouer Tome LV, CON 139 avec le pié pat une marche gf, à laquelle eff atta- chéeune corde fe. La marche eft arrêtée à une che- ville #, enfoncée dans le plancher de la chambre. Il eft foûtenu dans la ligne perpendiculaire qu’il déerit par fa traverfe y y, qui glifle le long des broches x,x. Voyez BROCHES , & La fig. 10. PL, IT, de FEpinglers & Les fig. 11. & 12. PL, I. du même art. | ConNTRE-POIDS (/e) des métiers des étoffes de foie ; il y en a de plufeurs fortes : ils font ordinairement de pierre brute , & propottionnés aux divers genres d’étoffes. Il en faut pour chaque chaîne, pour les cordons & cordéleries, 6e. ConTre-porps (4) des Balanciers eft un mor- ceau de métal, ordinairement de cuivre , de fer, ou de plomb , qui fait partie de la balance romaine , ou pefon. On le nomme quelquefois la poire de la ro- maine à caufe de fa figure, ou lawraffe à caufe de fa pefanteur. | ConTRrE-Po1Ds (/) des danfeurs de corde, eft un bâton armé de fer ou de plomb par les deux bouts, qu’ils jettent à droite ou à gauche, en-devant où en arriere, & qui les tient en équilibre. CoNTRE-POIDS ( /e) des machines d'opéra, eft un corps pefant qui, en fe hauflant ou fe baïffant , en fait haufler ou baifler un autre, C’eft par ce moyen fi fimple que s’exécutent les defcentes, les vols, &c Voyez VoL, MACHINE, c.(B) Tout le calcul des coztre-poids fe réduit à celui dt levier, des moufles, des poulies, Ge, Woyez ces ma- chines a leurs articles. ConTre-poips, ( Manege.) fe dit de la liberté d’afliette du corps que garde le cavalier, pour de- meurer toûjours dans le milieu de la felle fans pan- cher-de côté ni d'autre, &également fur les deux étriers, quelque mouvement que fafle le cheval, pour lui donner les aides à propos. Un cavalier doit fi bien garder le contre-poids , qu’il foit toüjours pré- paré contre les furprifes & les defordres du cheval. p c DONTRE-POINGON , {. m. des Graveurs pour La fonte des caraëteres , eft un poirçon d'acier de deux pouces ouenviron de long , taillé felon la forme du blanc de la lettre qui fert à former le creux du porz- çon. Voyez la fig. 52. PI. IIT. de la Gravure, qui re- préfente le contre-poinçon de la lettre B , & l’article GRAVURE DES POINÇONS À LETTRE. CoNTRE-POINÇON, (Serrurerie. ) c’eft une forte de poinçon camus, plus large par {a pointe que le trou auquel on l’applique , qui fert à épargner la pei- ne à frafer le trou, & le rend propre à recevoir une rivure : cela s’appelle cozre-percer, Il y en a de quar- ré , d’oblong, d’ovale, &c. CONTRE-POINT , f. m. eft ez Mufique à-peu- près la même chofe que compofition , fi ce n’eft que compofition peut fe dire de l'invention des chants & d’une feule partie, & que conrre- poins ne fe dit que de l'invention de lharmonie & d’une compoñi- tion à deux ou plufieurs parties différentes. Aujourd’hui le mot de conre-pornt s'applique fpé- - cialement aux parties ajoûtées fur un fujet donné ,,. pris ordinairement du plein-chant. Le fujet peut être à la taille, ou à quelque autre partie fupérieure; & l’on dit alors que le contre-point eft fous le fujet : mais Left ordinairement à la bafle, ce qui met le fujet fous le contre-point. Quand le contre-point eft {yllabique , ou note fur note, on l’appelle coztre-pornt fimple à contrepoint figuré, quand il s'y trouve différentes fi- gures OU valeurs de notes, & qu’on y fait des def- feins , des fugues, des irnitations : on fent bien que tout cela ne peut fe faire qu’à l’aide de la mefure, &e que le plein-chant devient alors de véritable mu- fique. Une compofition faite &c exécutée ainfi fur le champ & fans préparation, s'appelle chant fur li- vre , contrapunilum extemporanenm ; parce qu'alors L | 140 C ON chacuñ compofe fa partie ou fon chant fut le livre du chœur. ; Ge mot contre- point vient de ce qu'anciennement les notes ou fignes des fons étoient de fimples points ;, & qu'en compofant plufiéuts parties, ces points fe trouvoient ainfi l’un fur l’autre, ou l’un contre l’au- tre, (S) | -CONTRE-POINTÉ, adj. erme de Blafon, fe dit des chevrons placés les deux pointes Pune.contre l’autre ; l’un étant en-bas dans fa fituation ordinaire, la pointe en en-haut ; l’autre en-häut, la pointe en embas, de forte que les deux pointés fe resardent. Les chevrons peuvent être aufli conrre-pointés d’un autre fens, comme lorfqu'ils font couchés fur le cô-, té dans le champ de l’écu, les deux pointes tournées l'une contre l’autre ; ce qu’on appelle consre - pointé en fafce. Chambers. (F CONTRE-POISON , (Mar. med.) Voyez ALEXI- PHARMAQUE. CONTRE-PORTER, dans le Commerce, fignifie vendre des marchandifes où ouvrages en cachette, les porter dans les rues ou dans les maifons des par- ticuliers ; ce qui eft défendu aux maîtres même de quelque profeflion que ce foit, à moins que ce ne {oit des ouvrages de commande , ou que le bour- geois n’ait envoyé chercher l’ouvrier. Foyez CoL- PORTER. Voyez Les didt. de Trév. & du Comm. (G) CONTRE-PORTEUR , nom qui , dans les an- ciens réglemens de la plüpart des Arts & Métiers, fignifie la même chofe que ce que nous appellons à préfent co/porteur Voyez COLPORTEUR. - I eft défendu au contre - porteur de vendre par la ville des ouvrages & marchandifes qui font refer- vées aux maitres des corps de métiers érigés en ju- rande, fous peine de confifcation & d'amende. Foyez les diét. de Trév. & de Comm. (G) CONTRE-POSÉ , adj. en termes de Blafon, fe dit de ce qui eft pofé lun fur Pautre de haut en-bas d’un fens différent, comme de deux dards dont le fer de l’un a fa pointe en-haut, & celui de autre en-bas. Wolloviez en Lithuanie, de gueules à deux phéons ou fers de dard triangulaires contre-pofés en pal d’or. F ç EN EL » {. f. (Horlogerie.) piece dune montre; c’eft une efpece de pié où de petit pilier qui fert à porter le bouchon, dans lequel roule le‘pivot de la roue de rencontre : elle eft appoñée à la potence. Voyez la fig. 44. PL. X. de l’ Horlogerie, lettre O. Voyez BOUCHON DE CONTRE-POTENCE;. POTENCE , ROUE DE RENCONTRE, 6. (T - CONTRE-POTENCE , adj. rerme de Blafon, fe dit d’un écu chargé de plufeurs potences pofées en différens fens, de forte que les unes ayent la traverfe en-haut, &c les autres l’ayent en-bas, Voyez Po- TENCE. Chambers. : s Cambray, de gueules, à la fafce potencée & co7- tre-potencée d'argent remplie de fable , accompagnée de trois loups d’or. (7°) CONTRE-POUCE , f. m. piece du bas au métier. Voyez BAS AU MÉTIER. -CONTR'ÉPREUVE, £. f. (Imprimericen Taille- douce.) c’eft l'empreinte que l’on fait d’une eftampe fraichement imprimée fur une autre feuille de pa- pier blanc. Le noir de leftampe qui n’eft point en-- core fec, fe détache en partie de l'épreuve, & s’at- tache à la feuille de papier blane; ce qui donne le même deffein , mais en fens contraire &c beaucoup. plus pâle. Pour faire une contr'épreuve, on étend l’eftampe fraichement imprimée fur un cuivre uni, pofé fur la table de la prefle. Le côté blanc fur le cuivre par- deflus l’effampe, on étend une feuille de papier blanc mouillé comme le papier pour imprimer doit l'être; gn-convre le tout avec les langes , & on le fait CON ! paffer entre les rouleaux de la prefle , de même que lorfque l’on imprime une planche, /6y:z IMPRIME- RIE EN TAILLE-DOUCE. CONTR’ÉPROUVER , eft pañler fous la prefle un deflein à la mine de plomb , au crayon rouge , OÙ A " . A 0 | à la pierre noire , après avoir humeété avec une éponge, le dérriere du deflein & le papier aw’on employe à la contré’preuve. Voyez IMPRIMER EN TAILLE-DOUCE. Voyez aujfi l'article précédent. CONTRE-PROMESSE, f. £. (Jurifpr. ) eft une déclaration de celui au profit duquel une promeffe eft faite , que cette promefle eft fimulée, ou qu'il né prétend point s’en fervir : c’eft la contre-lettre ce) promefle, Voyez ci-devant CONTRE-LETTRE. A CONTRE - QUEUE D’ARONDE, terme de For- tification , eft un dehors fait en tenaille, plus lar- ge à fa gorge ou près de la place que vers la cam- pagne. Voyez QUEUE - D'ARONDE. Cette efpece de tenaille n’eft plus en ufage à caufe de l’angle mort ou rentrant qu'elle fait à la partie extérieure , & qui ne peut être défendue. Voyez DÉFENSE, AN- GLE MORT, Ge. (Q : CONTRE-QUILLE, (Marine.) voyez CARLIN- GUE. (Z CONTRE-RAMPANT, adj. serme de Blafor , qui fe dit des animaux qui rampent tournés l’un contre l’autre, Chambers. Merea à Gènes , d’azur à deux griffons d’or , co tre-rampans à un arbre de fynople. (7 CONTRE-RETABLE, {. m. (Scupe.) c’eft le fond du fambris contre lequel le tabernacle & fes gradins font adoflés, & où l’on place un tableau {ur Pautel. Diéfionn., de Dish. CONTRE-REMONTRANT , ( Théol.) Les Con: tre-remontrans font , parmi les Calviniftes , ceux qui fuivent le fentiment de Gomar. Tout le monde fait la diverfité d’opinion qui regne entre les Gomarif- tes & les Armmiens , fur la prédeftination abfo- lue , fur linamiffibilité de la grace, & fur quelques autres points de Théologie. Leur difpute fit grand bruit en Hollande au commencement du fiecle paffé. Les Arminiens ayant préfenté aux états en 161x une requête contenant les articles de leur foi, dans laquelle requête ils fe fervirent du nom de Remon- trans ; ce nom leur demeura , & ils s’en font toûjours fait honneur, Les Gomariftes préfenterent à leur tour une requête , dans laquelle 1ls prirent la qualité de Contre-remontrans, Pendant quelque tems les deux . partis ne furent connus que fous ces deux noms : mais dans la fuite celui de Contre-remontrant s’eit prefque perdu , pendant que le public a continué aux feétateurs d’Armimius, celui de Remontrans ou d’A4r- minens, Voyez ARMINIEN. Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT. CONTRE -RONDE, ff, (Art milir. ) eft une ronde faite par des officiers, pour voir fi une ronde qui S dû être faite , l’a été exaftement, #, RONDE. ‘Q | | CONTRE=SABORDS , (Marine. ) Voy. MANTE: LETS. (Z CONTRE-SAILLANT , adj. rerme de Blafon ; fe dit de deux animaux fur l’écu, qui femblent fauter en s’écartant l’un de l’autre direétement en fens con- traire. Voyez SAILLANT, Chambers, (F7) CONTRE-SALUT , {. m. (Marine.) V. SALUER G PAVILLON. (Z CONTRE-SANGLES , f, f. rerme de Sellier ; ce font de petites courroies de cuir affjetties avec des clous aux arçons de la felle, pour y attacher les fangles d’un cheval ou autre bête de fomme. D:&. du Comm. de Trév. & Dish. CONTRESCARPE , f. f. serme de Fortification ; eft le penchant ou talud du foflé qui regarde la çam- pagne. Voyez nos Planches de Fortification, Voyez auffe EscARPE 6 FOSSÉ. A . Contrefcarpe fe dit auf quelquefois du chemin couvert & du glacis. Quelquefois les coztrefcarpes font de pierre, & ne font point en talud. . Etre logé fur la contrefcarpe, c’eft être logé fur le slacis ou fur le chemin couvert. Voyez CHEMIN COUVERT. (Q) . CONTRE-SCEL,, f. m. (Jurifpr.) eft un petit fceau différent du grand , que l’on applique à gau- che des lettres de chancellerie , fur un tiret ou lacet qui attache enfemble plufeutrs pieces. Les contre- féeaux ont été établis pour aflurer la vérité des fceaux ; les plus anciens font du treizieme fiécle. Le P. Montfaucon, som. IT. de fes monumens de La monarchie Françoife , dit que Philippe Augufte et le premier qui fe foit fervi d’un contre-feel ; que celui de ce prince étoit une fleur-de-lys. Voyez de journal des favans de Janvier 1731, p.10. 6 Les differ- tat, hiffor. de M. le Beuf, som. I. (4) CONTRE-SEING , {. m. (Jurifpr.) eft la figna- ture d’une perfonne fubordonnée , au -deffous de celle d’un fupérieur. Voyez CONTRE-SIGNER. (4) *CONTRE-SEMPLER, v. neut. ( Manufait. en foie.) c’eit tranfporter un deffein déjà Iù fur un fem- ple, dans un autre femple fur lequel 1l n’y a rien, fans fe fervir du mimiftere de la lifeufe. Pour cet effet on arrête une femple de 400 cordes aux 400 arcades au-deffus des mailles du corps ; on étend le femple dans fa longueur. Quand les cordes font bien ajuftées, on tire tous les lacs du femple là les uns après les autres ; chaque lac tiré fait faire aux cordes du femple tendu , une féparation à laquelle on pafle une embarbe , de maniere qu’un femple qui aura occupé une bonne lifeufe pendant deux jours , fera Ià par ce moyen dans deux heures. Foy. SEMPLE, LIRE, ÉMBARBE 6 VELOURS CISELÉ. CONTRE - SENS, fubft. m. vice dans lequel on tombe quand le difcours rend une autre pentée que cellé qu'on a dans l’efprit, ou que l’auteur qu'on interprete y avoit. Ce vice naît toûjours d’un dé- faut de logique ; quand on écrit de fon propre fond ; ou d'ignorance, {oit de la matiere, foit de la lan- gue, quand on écrit d’après un autre. Ce défant eft particulier aux traduéhons. Avec quelque foin qu’on travaille un auteur ancien , il eft difficile de n’en faire aucun. Les ufages, les allufions à des faits particuliers, les différentes acceptions des mots de la langue, & une infinité d’autres circonf- tances, peuvent y donner lieu. Il y a une autre efpece de coztre-fens dont on a * moins parlé, & qui eft pourtant plus blämable en- core, parce qu'ileft, pour ainfi dire, plus incura- ble ; c’eft celui qu’on fait en s’écartant du géme & du caraétere de fon auteur. La tradu&tion reflemble alors à un portrait qui rendroit groffierement les traits fans rendre la phyfionomie, ou en la rendant autre qu’elle n’eft, ce qui eft encore pis. Par exem- ple, une traduétion de Tacite, dont le ftyle ne fe- roit point vif & ferré, quoique bien écrite d’ail- leurs , feroit en quelque mamiere un conrre-fens per- pétuel, & ainfi des autres. Que de traduétions font dans le cas dont nous parlons, fur-tout la plüpart de nos traduétions de poëtes! La Mufque , & fur-tout la Mufique vocale , n’é- tant & ne devant être qu’une traduéhon des paroles qu'on met en chant , 1l eft vifible qu’on peut auf, & qu’on doit même fouvent y tomber dans des coz- tre-fens :"contre-fens dans l’exprefion, lorfque Ia Mufique eft trifte au lieu d’être gaie , gaie au lieu d’êtretrifte; légereau lieu d’être grave, grave au lieu d’être légere, &c. contre-fens dans la profodie , lorf- qu'on eft bref fur les fyllabes longues, long fur des fyllabes breves ; qu'on n’obferve point l'accent de CON T4T la langue, &c. conrre-fens dans la déclamation, lorf qu'on y exprime par la même modulation des fenti. mens différens où oppofés, lorfqu’on ‘ÿ peint les mots plus que. le fentiment ,lorfqu'on s’y appefantit fur des détails fur lefquels.on doit glifler , lorfque les répétitions font entaflées fans néceflité : contre- R Jèns dans la ponduation , lôrfque la phrafe de Mu- fique fe termine par une cadence parfaite dans les endroits où le fens littéral eft fufpendu. | Il y a un contre-fens frappant de cette dermere efpece , entre beaucoup d’autres, dans un endroit de l'opéra d’'Omphale ; le mufeien à noté les paroles fuivantes ; comme fi elles étoient ainfi.ponétuées : Que nos jours font dignes d'envie ! Quand l'amour répond 4 no$ VŒux , L'amour même le moins hearetx Nous attache encore à la vie, Où Pon voit.que le premier ;vérs:eft, entierement {éparé du fecond , auquel il doit être néceffairement joint ; la cadence parfaite ne doïttombéer que dur le fecond vers: Le muficien a: fait une phrafe-du:pre: mier vers, 8c une des trois autres, ce qui forme un galimathias ridicule, Les Italiens, fi.on en croît toute l’Europe, dyant pouflé en Mufique lexpreffion fort loin , il n’eft pas extraordinaire.qu'ils tombent quelquefois dans des contre-[ens, parce qu'ils outrent Pexpreffion en vou- lant trop la rendre, D'ailleurs, comme ils ont beaus coup de compoñteurs & de mufque ; il eft nécef- faire qu'ils en ayent beaucoup de mauvaife.. À lé. gard de notre Mufique Françoïfe, quoique les étran- gers l’accufent de manquer fouvent d’expreflion, elle n’en eft pas moins fujette aux contre-fèns ; c’eft ce que nous pourrions prouver par les Operas de Lulli même, auquel nous rendons d’ailleurs la juf- tice qui lit eftdûe, Nous parlons'ici des contre-fens pris dans la rigueur du mot; mais. le manque d’ex- preflion eft peut-être le plus énorme-de tous ;: & cela eft vrai en généraldans tousles beaux arts. Les fautes grofhieres de Paul Veronefe contre le coftumé, font moins de tort à fes tableaux que n’auroit fait une expreffon.froide & languifante.. (O0) CONTRE-SIGNER , v.a@. (Jarifprud.) fignifie appofèr ZI71E fignature coritre urié autre. Tout ce que le Roi figne en finance ou autrement, eft coztre-figné par un fecrétaire d'état, qui figne, Par Le Roi, N.., Ce fut fous Louis XI, en 1481, qu'il fut arrêté que le Roi ne figneroit rien qu'il ne le fit cowrre- figner par un fecrétaire d'état , fans quoi on n’y auroit nul égard, Les princes font auffi contre-figner leurs expédi- tions par les fecrétaires de leurs commandemens. Les archevêques 8c évêques, & autres officiers publics, font pareillement cozsre-figner leurs dépé- ches par leur fecrétaire. (4 | CONTRE-SOMMATION, f. f. (Jurifprud.) ef un acte oppofé à la fommation. Ce terme eft ufité en matiere de garantie. La demande qui eft formée contre le garant, s’appelle demande en recours de ga rantie, où demande en fommation, parce que le ga- rant eft fommé de prendre le fait &t caufe de garan- tie. Si celui qui eff afigné en garantie prétend avoir lui-même un. garant , il lui dénonce la demande en recours ou fommation qui eft formée contre lui, & le fomme de fa part de prendre fon fait 8e caufe ; il dénonce erfuite cette nouvelle demandeau premier demandeur en garantie, & cette dénonciation s’ap- pelle contre-fommation : il contre-fomme même quel- quefois au premier demandeur en garantie fa pro- pre demande (4) CONTRE-SOMMIER , f. m. (Parchemin.) peaw de parchemin.en coffe , ainfi nommée de ce que quand l’ouvrier rature le parchemin avec le fer, il. 142 CON place cette peau entre le fommier & le parchemin. Foy. PARCHEMIN, CONTR'ESPALIER, {. m. (Jardin.) c’eft une file d'arbres fruitiers deftinés à demeurer nains, ef- pacés à égale diftance, amenés à une figure régu- liere, & affujettis par un treillage ifolé à former une ligne droite dans les jardins potagers & fruitiers, Les contr’efpaliers {e mettent ordinairement dans le milieu de larges plattebandes qui bordent les allées, 87 qui fervent de quadre aux quarrés de ces jardins. Cet arrangement d’arbres a été appellé contr'e/pa- lier, parce qu’il fe trouve fouvent placé à l’oppoñite de Pefpalier qui regne contre les murs. On donne aux arbres en conrrefpalier la même forme qu'à ceux de l’efpaler ; on les conduit également, & on les cultive de même, fi ce n’eft que l’on ne permet pas aux arbres en contrefpalier de s’éleyer autant que ceux en éfpahier, qui d’ailleurs ne préfentent qu'une face, au lieu que ceux en cozr'efpalier en ont deux. Un contr’efpalier bien ordonné, doit être retenu à peu- près à hauteur d'appui, &c au plus à quatre piés d’élévation , pour laiffer la vûe libre fur les quarrés, & pour n’empêcher que le moins qu'il eft pofible lation du foleil & du grand air fur les lé- gumes. La figure d'arbres fruitiers en buiflon, qui prit de mode dans le dernier fiecle, a prévalu pen- dant quelque tems fur le’ corr'efpalier ; mais on s’eit enfin apperçü que ces buiflons fur le bord des quarrés, offufquoient & contrarioient l'alignement des allées ; & on en eft revenu au cotr’efpalier, qui convient infiniment rmeux pour border des lignes droites , que les arbres en buiflon, & ceux-ci con- viennent mueux pour former des quinconces de fruitiers dans le mulieu des quarrés. Joy: ESPALIER. c | CONTRE-TAILLE , f. f. on appelle ainf indif- finement une: des deux tailles fur lefquelles on marque quelque chofe régulierement. #7. TAILLE. CONTRE-TAILLES & TRIPLES-TAILLES , c'eft dans la Gravure en bois, des tailles croifées par-deflus d’autres'tailles, ou la même chofe que les graveurs en cuivre appellent contre-hachures , ou Jecondes & troifiemes tailles. Elles font d’autant plus dificiles à faire en bois, que chaque quarré des coz- tre-tailles doit être coupé des quatre côtés, & le bois du milieu enlevé, fans que Les croifées des tailles où la pointe aura pañlé en faifant néceflairement deux coupes, ne foient pas ébréchées ; d’où l’on doit fentir que pour faire des rriples-tailles en cette efpece de gravure , il faut encore plus d’attention & d’adrefle ; car les trois coupes qui préparent à les faire , paflant dans les croïfées des unes & des au- tres , les rend fujettes, fi l’on n’y prend garde, à enlever quelques traits, & à rendre les sriples-tailles, ce qu’on appelle poxlleufes , c’eft-à-dire coupées, caflées par-c1 par-là, & interrompues : accident qui peut furvenir auf aux contre-tailles ; & c’eft parti- culierement à ces deux opérations que les commen- çans échouent , de même que les graveurs médio- cres, qui ne favent point diriger & ufer comme il faut de la pointe à graver. Voyez au mot GRAVURE EN BOIS, Gc. aux principes de cet art, la maniere de faire les cortre-tailles | les rriples-tailles, &c. Cet ar- sicle eff de M. Papillon graveur en bois. CONTRE-TEMS, f. m. en serme de Danfe, ce font trois manieres différentes de fauter ; la pre- miere eft fautée avant le pas, la feconde après le pas, & la troifieme en faifant le pas. Soit le menuet pour exemple. La premiere maniere s'exécute àprès avoir fini Le pas de menuet ; on porte entierement le corps fur le pié gauche, auprès duquel on approche le droit à Ja premiere pofition : eniuite on plie deflus Le gau- CON u che, & l’on fe releve en fautant. C’efft ce qu'on ap- pelle fauter à cloche-pié, 8 fauter avant Le pas. La feconde fe fait ayant le corps fur le pié gau- che ; on replie une feconde fois deflus, puis étant plié, on gliffe le pié droit devant foi à la quatrieme pofñition, & l’on fe releve deflus en fautant. C’eft Jfauter après le pas. La troifième, c’eft plier deffus Le droit fur lequel le corps eft pofé, en approchant le gauche tout au- près; puis en s’élevant on le pañilé devant douce- ment , & on fe laifle tomber deflus en fautant, C’eft: Jauter en faifant le pas. CONTRE-TEMS DE GAVOTTE, 04 CONTRE- TEMS EN AVANT , terme de Danfeur, pour exprimer des pas fautés qui animent la danfe par Les différen- tes manieres de les faire. | Si on les fait du pié droit, il faut avoir le corps pofé fur le gauche à la quatrieme pofition, le pié droit derriere le talon levé ; plier enfuite fur le saw che, & fe relever en fautant deflus. Alors la jambe droite qui étoit prête à partir, pafle du même tems pardevant, & fe porte à la quatrieme pofñtion fur a pointe du pié, & les deux jambes font fort éten- dues ; on fait enfuite un autre pas du pié gauche en avant &c à la quatrieme pofition , ce qui fait le con tre-tems complet. Il fe fait de la même maniere en arriere; par exemple , le pié gauche étant derriere à la quatrieme pofition , le corps pofé deflus , 1l faut plier fur le même pié, & du mème tems lever la jambe droite, la tenir fort étendue, & fe porter derriere à la qua- trieme pofñtion. On fait enfuite un autre pas en ar- riere du pié gauche &e fur la pointe des piés ; mais à ce dernier pas 1l faut pofer le talon, ce qui met le corps en fon repos. Ce pas fe fait dans l’étendue d’une mefure à deux tems légers, ou d’une à trois tems : il occupe le même tems d’un pas de bourrée ordinaire. Ù CoNTRE-TEMS DE CÔTÉ, il fe fait différem- ment du contre-tems en avant, fur-tout lorfqu’il eft cioifé. La différence qu'il y a, c’eft qu'il faut plier fur un pié pour le contre-tems en avant, & fur les deux piés dans celui-ci. Si l’on doit faire un coxere- tems en venant du côté gauche, ce doit être du pié droit , ayant les deux piés à la feconde poñtion, & le corps droit dans fon à-plomb ; fe plier, puis fe relever en fautant. Comme le mouvement que Fon prend pour fauter, eft plus forcé que celui que l'on prend pour s'élever au demi-coupé , cela eit caufe que la jambe droite, lorfqwon s’éleve, rejette le corps fur le pié gauche, & refte en Pair fort éten- due à côté, & tout de fuite on fait un pas de cette même jambe, en la croifant jufqu'à la cinquieme poñtion, en pofant le corps deflus ; puis on fait de fuite un autre pas du pied gauche, en Le portant à côté à la deuxieme poñirion. | CoNTRE-TEMS DE CHACONNE , 04 CONTRE- TEMS OUVERTS, ces pas fe font comme le cowsre- rems en avant. En approchant le pié gauche devant, & le corps pofé deflus , la jambe droite s’approche derriere ; on plie, & l’on fe releve en fautant fur Le pié gauche, & la jambe droite qui eft en l'air, fe porte à côté à la feconde poftion, & le pié gauche derriere ou devant à la cinquieme pofition, ce qui en fait l'étendue. On fe fert ordinairement de ces pas pour aller de côté, ainfi il eft compofé d’un mou- vement fauté & de deux pas marchés fur la pointe ; mais au dernier il faut pofer le talon, afin que le corps foit ferme pour faire tel autre pas que lon veut. Cette maniere eft celle dont on fe fert pour aller du côté droit, & l’on revient du côté gauche, en commençant par fauter fur le pié droit. Il faut obferver de retomber à la même place, lorfque l’on plie &c que l’on faute, CoONTRÉ-TEMS BALONNÉ 0% A DEUX MOUVE- , s INTEL, MENS ; il fe fait en avant , en arriere, & de côté, l’un comme les autres. Le premier fe fait du pié droit, ayant le gauche devant à la quatrieme pofition, le corps pole deflus. {1 faut plier & fe relever en fautant fur le même plié, &c pañer pardevant la jambe droite qui ef derriere, & cela dans le même tems que Pon plie , en la té- nant en l’air, l’efpace de ce premier mouvement, fort étendue. On reprend tout de fuite un fecond mouvement en pliant fur le pié gauche, ce qui re° jette fur le pié droit en formant un jetté. Ce pas eft donc compofé de deux mouvemens différens ; fa- voir plier &c fauter fur un pi, plier fur le même pié, & fe rejetter fur l'autre. | ml | Le fecond, qui fe fait en arriere, s'exécute eñ obfervant les mêmes regles ; favoir en pliant &c en {autant fur le pié qui eft pofé derriere, êc en levant celui de devant dans linftant du premier mouve- ment; & en reftant en l’air, Le pañfer derriere lorf- ue l'on fait le fecond mouvement, ce qui eft un demi-jetté où fe termine ce pas. 3 Le troifieme & celui qui fe fait de côté, fe prend ordinairement après un pas de bourrée deffus & def- {ous ; ainfi on plie & on faute fur le pié qui vient de finir le pas de bourrée, &c celui qui eft devant fe leve. Au fecond mouvement on fe laïffe tomber fur ce pié, en le jettant à la deuxieme pofñtion. #oyez Rameau. + | * ConNTRE-TEMS , (E/crime.) Voy. COUP-FOURRE, CoNTRE-TEMS, terme de Manege ; c’eft une me- fute où cadence interrompue en maniant, foit par la malice du cheval, foit par le peu de foin du cava- lier qui le monte, comme lorfque le cheval continue des tuades, au lieu de lever le devant. On dit: «Ce » cheval a rompu la jufteffe & la mefurede fon ma- » nege,a interrompu fa cadence par deux contre-tems, » & le cavalier, par les aides du talon, a mal fecon- » dé celles de la bride.» (7) 2) CONTRE-TERRASSE, {. f. terrafle appuyée contre une autre, ou élevée au-deflus. CONTRE-TIRER, c’eft tracer toutes les lignes ou contours des objets repréfentés dans un deflein, dans un tableau , fur une étoffe fine , fur du papier mince, ou autre matiere tranfparente qu’on appli- que fur le tableau ou deffein, &c au travers de la- quelle on apperçoit les objets. On contre-tire quel- quefois avec le pentagraphe ou parallelograme. Ce mot n’eft guere d’ufage en Peinture : le calque dit tout. Voyez CALQUER, & le dit. de Peint. (R) CONTRE TRANCHÉES, £ £. pl. cerme de Forti- fication , eft une tranchée faite contre les afhégeans lefquels par conféquent ont leur parapet tourné du côté des ennemis. Voyez TRANCHÉE, CONTRE-AP- PROCHE. | Elles ont d'ordinaire commumication avec plu- fieurs endroits de la place, afin d'empêcher Les en- nemis d’en faire ufage, en cas qu'ils parvinfient à s’en rendre maîtres. (Q) | CONTREVAIRÉ , ady. er terme de Blafon, {e dit des fourures dont les pots font mis bafe contre bafe, métal contre métal, & couleur contre couleur. Elterfdore en Baviere, vairé & contre-vairé de quatre tires à la fafce d’or. (F7) CONTREVALLATION, f. f. (LIGNE DE) c’eft, dans l'attaque des places , une efpece de retranche- ment femblable à la circonvallation, dont l’objet eft de couvrir l’armée qui fait un fiége contre les entreprifes de la garnion. | Cette ligne differe de la circonvallation, en ce que celle-ci eft deftinée à s’oppofer aux entreprifes de l'ennemi qui eft hors de la place , & que la con- crevallation a pour objet de fortifier le camp contre les attaques des afliégés : c’eft pourquoi elle ne fe CON 143 conftruit que lorfque la garnifon eft affez nombreufe pour inquiéter l’armée afhégeante. La conrrévallation fe conftruit à la quéue du camp, de la mêmemaniere &c fuivant les mêmes reples que la citconvallation. Elle doit être éloignée de la pla- ce d'environ 1200 toifes. Comme elle n’eft faite cue pour réfifter à un corps de troupes moins confidéra- ble que celui qui peut attaquer la circonvallation, elle peut avoir moins d’épaiffeur à fon parapet , 8 moins d’épaifleur à fon fofle. On peut y obferver les dimenfions du fixieme profil de la circonvalla- tion. Voyez CIRCONVALLATION. Voyez auffi Plan. XIV. de Fortification , une partie d’une circonval- lation 8 une partie d’une ligne de corérevallation , &c la pofition des camps des troupes entre ces deux li- gnes. Il eft affez rare de voir des fiéges où l’on conf- truife aujourd’hui une ligne de contrevallation, par- ce que l’armée afliégeante eft toûjours fi fupérieure à la garnifor de la place, que cette garnifon ne pourroit guere s’expofer À en fortir pour atta= quer le camp, fans un péril évident. Elle étoit bien plus ordinaire chez les anciens ; mais auf leurs garnifons étoient plus fortes que les nôtres: car comme les habitans des villes agifloient pour leur défenfe de la même maniere que le foldat, il y avoit alors autant de troupes pour la défenfe d'une place, qu'elle avoit d’habitans. La circonvallation &c la contrevallation {ont d’un ufage très-ancien : on en trouve des exemples dans l’'Ecriture & dans les hiftoriens.de la plus haute an tiquité. Cependant l’auteur de l’hiftoire mulitaire de Louis le grand prétend que Céfar,en eft le premier inventeur. On peut voir dans larraque 6 la défenfe des places de M. le chevalier Folard , combien cette Opinion eft peu fondée. Cet auteur prétend, avec ‘beaucoup de vraiflemhlance, que ces lignes font auf anciennes que la methode d’enfermer les villes de murailles, c’eft-à-dire de les fortifier. Aiague des places par M. Leblond. (Q) CONTREVENT , {. m. (Charpent.) pieces de bois qui fe placent aux grands combles en contre-fiche ou croix de S. André , pour entretenir du haut d’une ferme en bas de l’autre, 8: empècher le hiement des fermes & chevrons, ou leur agitation dans les grands vents. CoNTREVENTS, f. m. pl. (Charpent.) ce font des pieces de bois qui fe mettent aux grands combles en croix de S. André ou en contre-fiche. W oyez a fi gure 17. PL. du Charpenr. 7: CoNTREVENT , (groffes-Forges.) c’eltune des qua- tre tacques de fonte, qui forment les paremens du creufet. Voyez GROSSES-FORGES. CONTRE-VERGE,, f. f, inffrument du metier des éroffes de foie; c’eft une baguette ronde fans écorce, qui fert à apprêter les verges quand il ya du poil, à fixer les divers compofteurs dont on fe fert au mé- tier, & {éparer le poil de lacchaîne, pour donner la facilité d’habilier les fils 8c de remettre. CONTRE-VISITE, {. f (Jurifprud.) dans les ma- tieres où il échet de faire vifiter les lieux par ex= perts, lorfqu’une partie a fait faire une premiere vi- fite, & que l’autre partie prétend que lé rapport eft nul ou défeûtueux, elle demande ordinairement une nouvelle vifite pour établir le contraire de la premiere; & cette feconde vifite eft ce que l’on ap- pelle quelquefois contre-vifite, (À) ConNTRE-VisiTe, (Police.) fe dit des fecondes vifites non prévües niannoncées que font les infpec- teurs des manufaétures, les commis des droits du Roi, les maîtres & gardesides fix corps marchands, ou les jurés des communautés des arts & métiers, pour empêcher ou découvrir les fraudes qui pour- roient avoir été faites dans les vifites fixées & or- 144 CON données par les reglemens & flatuts, Poyez Vr- | SITE. CONTR'EXTENSION, £. f. rerme de Chirurgie, aétion par laquelle on retient une partie luxée ou fraéturée, contre l’extenfion qu’on fait pour la re- mettre dans fa fituation naturelle. Voyez EXTEN- SION. (F CONTRIBUTION, f. f. (Jurifprud. ) fignifie la répartition d’une chofe fur plufeurs perfonnes : ainf Von dit la contribution aux tailles & autres impof- tions. Quelquefois le terme de corrribution eft pris pour toutes fortes d’impofitions en général, Voyez AIDES , TAILLES, SUBSIDES , IMPOSITIONS. La contribution aux dettes d’un défunt entre héri- tiers & autres fuccefleurs à titre umverfel, eft la ré- partition qui fe fait fur eux de la mañle des dettes, ‘afin que chacun d'eux en fuppotte la portion qui eft à fa charge. Suivant le droit Romain, les dettes fe payent ëz . viriles , c’eft-à-dire que chacun paye fa part des det- tes à proportion de celle qu’il prend dans la fuccef- fion, mais fans compter les prélegs; de forte que fi deux perfonnes font inftituées héritiers conjointe- ment , & que l’un d’eux ait un prélegs, ou que cha- cun d'eux en ait un, mais qu'ils foient inégaux , ils contribuent néanmoins également aux dettes, fans confidérer que l’un amende plus que l’autre de la fucceffion. Leg, ex fatlo 35. $ unde Jcio, ff. de hered. LJIILLE, - En pays coûtumier les héritiers donataires & lésa- taires umiveriels contribuent aux dettes chacun à proportion de l’émolument, comme il eft dit dans la coùtume de Paris , arc. 334. Voyez DETTES. Suivant la derniere Jurifprudence il ne fe fait point de contribution entre les diférens donataires pour la légitime dûe à l’un des enfans ; elle fe prend fur la derniere donation, & en cas d'infuffifance, {ur la donation précédente; & ainfi en remontant de degré en degré. Voyez LÉGITIME. (4) CONTRIBUTION AU SOU LA LIVRE 04 AU MARC LA LIVRE , eft la difiribution qui fe fait d’une {om- me mobihaire entre plufieurs créanciers faififfans ou oppofans , lorfqu'il y a déconfiture , c’eft - à- dire lorfque tous les biens du débiteur ne fuffifent pas pour payer fes dettes : en ce cas le premier fai- fiflant, ni aucun autre créancier, n’eft préféré ni payé en entier ; on donne à chacun une portion des deniers, à proportion de fa créance : par exemple, à celui auquel il eft dù vingt francs, on donne vingt fous ; à celui auquel 1l eft dû quarante francs, on donne quarante fous ; & ainfi des autres. Cette por- tion eft plus ou moins forte, felon le nombre de créanciers, le montant de leurs créances, & la fom- me qui eft à contribuer. Voyez DÉCONFITURE. (4) CONTRIBUTIONS, (_4rs milir.) fignifie les impo- fitions que les habitans des frontieres payent à l’ar- mée ennemie, pour fe fauver du pillage & de la rui- ne de leur pays. | Les payfans labourent la terre fous la foi des coz- tribations , aufh tranquillement que dans une paix profonde. ‘ La guerre feroit bien onéreufe au prince, s’il fal- loit qu'elle fe fit entierement à fes dépens. Sa pré- caution peut bien lui faire craindre, & l’engager à prendre des mefures juftes avec fes finances, pour ne point manquer d'argent; mais il y en a auffi de très-raifonnables à prendre avec fon général, pour l'épargne & l'augmentation de fes fonds. Ces mefu- res font les conrributions. Il y en a de deux fortes, celles qui fe tirent en fubfftances on commodités, & celles qui fe tirent en argent. Celles qui fe tirent:en fubfiftances ou commodi- tés, font les grains de toute efpece, les fourrages, des viandes, les voitures tant par eau que par terre, C O N. Les bois de toute efpece, les pionniers, le traitement particulier des troupes dans Les quartiers d’hyver , & leurs logemens. | | , faut, avant que de faire aucune levée, avoir un état jufte du pays qu’on veut impofer, afin de rendre l’impofition la plus équitable & la moins onéreufe qu'il fe peut:il feroit, par exemple , injufte de de- mander des bois aux lieux qui n’ont que des grains où des prairies; des chariots, aux pays qui font leurs voitures par eau. Il faut même que toutes ces efpeces de levées ayent des prétextes qui en adou- ciffent la charge au peuple. Celle des blés ne fe doit faire que fur le pays qui aura fait paifiblement fa ré- colte, & comme par forme de reconnoïffance de la tranquullité dont 1l a joii par le bon ordre & la dif- cipline de l’armée. Son utilité eft de remplir les ma- gafins des places. | Celle des avoines & autres grains pour la nourri- ture des chevaux, outre ces mêmes prétextes, doit avoir celui du bon ordre ; ce qui confomme infini- ment moins le pays, que fi on l’abandonnoit à l'avis dité des officiers & cavaliers, en les laïiffant les mai- tres d’enlever les grains indifféremment où ils les trouveroient , & fans ordre ni regle. | Celle des fourrages eft de même ; il faut feulement obferver que cette impofition doit être faite en tems commode pour les voiturer dans les lieux où l’on a réfolu de les faire confommer par Les troupes. Celle des viandes ne doit fe faire, s’il eft poffible, quefur le pays où l’on ne peut faire hÿverner les troupes , afin qu’elle ne porte pas de difette dans ce- lui où feront les quartiers d’hyver, Le prétexte en doit être celui de la difcipline, difficile à conferver lorfque l’armée manque de viande; & le profit du prince eft la diminution de la fourniture qu’il en fait a fes troupes. | Les voitures, tant par terre que par eau, s’exi- gent pour remplir les magafins de munitions de guerre & de bouche faits dans les derrieres, ou pour la conduite de la grofle artillerie & des munitions devant une place afiégée, ou pour le tranfport des malades & des bleffés, ou pour l'apport des maté- riaux deftinés à des travaux. s impofñtions de bois fe font ou pour des palif- fades , ou pour la conftruétion des cafernes ou écu- ries, ou pour le chauffage des troupes pendant l’hy- "VET. On affemble des pionniers, ou pour fortifier des poftes deftinés à hyverner des troupes, ou pour fai- re promptement des lignes de circonvallation au- tour d’une place afhégée, ou pour la réparation des chemins & ouvertures des défilés, ou pour la conf- trnétion des lignes que l’on fait pour couvrir un pays & l’exempter des coztributions , ou pour combler des travaux faits devant une place qui aura été prife. L’uftenfile pour les troupes fe tire fur le pays de deux manieres : les lieux où elles hyvernent efe&i- vement ne la doivent point fournir, autant qu'il fe peut, que dans les commodités que le foldat trouve dans la maïfon de fon hôte , fuppofé qu’il n’y ait ni ne puifle y avoir de cafernes dans ce lieu: mais en cas qu'il y ait des cafernes , 1l faut que la comériburion en argent foit compenfée avec ces commodités, & par conféquent moindre que celle qui fe leve fur Le plat pays, ou dans les villes où il n’y a point de trou- pes logées. La contribution en argent doit s’étendre le plus loin qu'il eft poflble. ) On l’établit de deux manieres : volontairement fur le pays à portée des places & des lieux deftinés pour les quartiers d’hyver ; par force, foit par l’ar- mée même lorfqu’elle eft avancée, foit par les gros partis qui en font détachés pour pénétrer dans le pays qu'on veut foûmettre à lacozribusion, Elle ER CON Elle s'établit même derriere Les places enñemies &c les rivières par Ja terreur, foit par des incendiai- res déguifés qui fement des billets, foit par les diffé: rentes manieres dont on peut faire pafler des rivie- res à de petits partis, qui doivent s'attacher ou à enlever quelques perfonnes confidérables du pays , ou à brûler une groffe habitation. En général il doit être tenu des états de toutes les fortes de contributions qui fe levent ; & le prince doit avoir une attention bien grande fur les perfonnes aw’il en charge, parce qu'il n’eft que trop ordinaire aw’elles en abufent pour leur profit particulier. Me- moires de M. le marquis de Feuquiere. (Q) CONTRITION, f. f. (Théol.) vient du verbe con- terere, Qui fignifie éroyer, brifer. C’eft une méta- phore empruntée des corps, pour marqner Pétat d’une ame que fon repentir déchire & pénetre de la plus vive douleur: ce que les coups redoublés d’un marteau font fur le fer pour l’amollir, la douleur le fait, pour ainf dire , fur l’ame pour la convertir. Ce terme eft affetté à la religion, pour exprimer le fentiment de l’ame qui revient de fes égaremens, & qui pañle de l’état du péché à celui de la grace ; & il eft confacré par le langage des Ecritures : Sc- dite corda vefira, Joël, xj. verf. 13. Cor contriturm € humiliatum Deus non defpicies. Pf, $o. Le concile de Trente, Jef: 14. ch. jv. définit ainfi la contrition en général : Contririo eff arimt dolor ac deteflatio de peccato commiffo ,; cum propolito non pec- candi de cætero ; définition qui convient à la cortrition, telle qu’elle a été néceffaire dans tous les tems pour obtenir la remiffiondes péchés. Mais fous la loi évan- gélique elle exige de plus le vœu de remplir tout ce qui eft néceffaire pour recevoir dignement le facre- ment de pénitence. C’eft ce que les anciens fchola- fiques ont exprimé par cette défimition rapportée dans S. Thomas , part. III. queff. j. art. 1.1in corpor. Contritio eff dolor de peccato af[umptus, cum propofito confirendi & fansfactendr. Luther s’eft étrangement écarté de ces notions, quand il a réduit la pénitence à cette maxime, opti- ma pænitentia nova vira. Il prenoit la partie pour le tout ; & felon lui, nulle cozrririon pour le pañlé, nulle néceffité de s’accufer de fa faute. Il étoit aifé de lui oppofet une foule d’autorités , & entr'autres ces paroles de S. Auguftin à Sévere, Ep. 63. Quaf non dolenda fint que male gefla funt , etiarnfs quantum pof- funt, pofica corrigantur. Et celles-ci du même pere, ferm. 351. Non fufficit mores in melius mutare € à fa- dis malis recedere , nife etiam de his quæ faüta funt , [a- risfiat per pænitentiæ dolorem , per hurmilitatis gemitun per conriti cordis facrificium. Le concile de Trente, fe 14. canon v. a condamné expreflément cette er- reur de Luther. Les conditions ou propriétés de la coxrrition en général font qu’elle foit libre, furnaturelle, vraie & fincere, vive & véhémente. | Elle doit être libre; c’eft un ae de la volonté, 8c non un fentiment extorqué par les remords de la confcience,comme l’a enfeignéLuther,quia prétendu ue la crainte des peines éternelles & la cosriion, loin de difpofer l’homme à la grace, ne fervoient qu’à le rendre hypocrite & pécheur de plus en plus: doétrine affreufe réprouvée par Le concile de Trente, féff. 14, canon v. Elle doit être furnaturellé , tant à raïfon de la gra- ce , fans le fecours de laquelle on ne peut avoir de véritable consrition de fes péchés, qu’à raifon du mo- tif qui l’excite. Quelques cafniftes relächés ayant avancé que l’artrition conçée par ur motif naturel, pourvk qu'il foit honnête, [uffit dans de Jacrement de pénitence , l’aflemblée générale du clergé de France en 1700 cenfura cette propofition,;comme hérétique. La contrition doit être vraie & fincere : une cozsri- Tome IF, CON 145 don fauffe , mais qu’on croiroit vraie, ne feroit nul lement fufifante , ni pour recevoir la grace du facre: ment, ni pour recevoir le facrement même. Enfineelle doit être vive & véhémente, foit quant à l’apprétiation, c’eft-à-dire quant à la difpofition du cœur, de préférer Dieu à tout, & d’aimer mieux mourir que de l’offenfer ; foit quant à l'intention ou à la vivacité dufentiment qui porte l’ame vers Dieu, & qui léloigne du péché; foit quant à l’extenfion ou à l’univerfalité: car la conrrition , pour être bon- ne, doit s'étendre à tousles péchés qu’on a commis, ans en excepter aucun. La contririon eft néceflaite pour le péché ; elle eft de précepte. Mais quand ce précepte oblige-t-1l à C’eft un point fur lequel l'Eglife n’a rien décidé. Le fentiment le plus für dans la pratique, eft qu'il faut. détefter le péché dès qu’on l’a commis, & s’en pu- rifier le plütôt qu'il eft poffible par le facrement de pénitence, Voila ce que la plus faine partie des Théologiens enfeigne fur la contrition en général ; & il n’y a guere de partage d'opinions à cet égard, fi ce n’eft de la part des auteurs relâchés, dont les opinions ne font pas loi. Tous les Théolopiens diftinguent encore deux fortes de cortrition; l’une qu'ils appellent parfaite, & qui retient le nom de corition; l’autre Zmpar- faite, & qu'ils nomment a#rrition. | La contrition parfaire eft celle qui eft conçûe par le motif de l’amour de Dieu ou de la charité propre: ment dite ; & elle fuffit pour reconcilier le pécheur avec Dieu, même avant la réception actuelle du fa+ crement de pénitence, mais toujours avec le vœu ou le defir de recevoir ce facrement ; vœu ou defir que renferme la contrition parfaite, Ce font les ter- mes du concile de Trente, jeff. 14. ch. jv. Selon le même concile, l’artririon ou la conrrition imparfaie eft uné douleur &c une déteftation du pé- ché, concüe par la confidération de la laideur du péché, ou par la crainte des peines de l’enfer ; & le concile déclare que fi elle exclud la volonté de pé- cher, & fi elle renferme l’efpérance du pardon, non- feulement elle ne rend point l’homme hypocrite & plus pécheur qu'il n’étoit (comme lavoit avancé Lu- ther) , mais qu’elle eft même un don de Dieu & un mouvement du S.Efprit, qui n’habite pas encore à la vérité dans le pénitent , mais qui lexcite à fe con- vertir. Le concile ajoûte que quoique l’attrition par elle-même, & fans le facrement de pénitence, ne puifle juftifier le pécheur, elle le difpofe cependant à obtenir la grace de Dieu dans le facrement de pé- nitence. /d. 1hid, Voyez ATTRITION. Il eft bon d’obferver ici d’après Eftius & le P. Mo- rin, que le terme d’arrrition a été inconnu à la pre- miere antiquité , qu'il doit fa naïflance aux fcholaf- tiques, & qu’on ne le trouve dans aucun écrit en matiere de doûtrine avant Alexandre de Halès, Guil= laume de Paris, & Albert Le grand ; c’eft-à-dire qu'il a commencé à être ufité après l’an 1220, un peu plus d’un fiecle après l’origine de la théologie fcho- laftique. C’eft fur-tout depuis le concile de Trente qu’on a vivement difputé fur les limites qui féparent la coz- trition d'avec l’attrition: c’eft ici que commencent les divifions théologiques. Les uns prétendent que le paffage de lattrition à la conrrition fe fait par des nuances imperceptibles , à-peu-près comme dans la peinture on pafñle d’une couleur à l’autre ; que la contririon ne differe de l’attrition que par la vivaci- té de la douleur, qui, pour mériter ce nom, doit être portée jüfqu’à un certain degré connu de Dieu feul ; de forte que ces deux fentimens d’un cœur repentant ne different entre eux, que par le plus ou moins de douleur qui les accompagne. Les autres ï 46 CON ne meurent point leur différence par les dégrés de douleur qui rendent ces deux fentimens plus ou moins vifs, mais par le motif qui s’unit à la dou leur: fi la crainte des peines de l’enfer, ou cette hon- te qui fuit le péché, animent la douleur, dés-lors elle n’eft qu'une fimple attrition, quel que foit l'ex- cès du fentiment qui pénetre l'ame, Mais ce motif eft-il amour de Dieu? dès-lérs la douleur que cet amour échauffe devient conrrition. | Ceux qui fe déclarent pour le premier fentiment, reconnoïflent que l’attrition eft mêlée de quelqu’a- mour de Dieu ; & c’eft en l’envifageant fous cet af- pet, qu’ils foûtiennent qu'elle fufñit avec le facre- ment pour nous réconcilier avec Dieu. Mais ils ne penfent pas tous de la même maniere fur l'amour. Leur diviñon a fa fource dans le paffage du concile de Trente, où il eft dit que la contrition parfaite juf- tifie tobjours le pécheur, même avant qu'il reçoive le facrement , quoique cette reconciliation foit atta- chée au vœu de Le recevoir. Voici le paflage en ori- ginal: Circa contritionem perfettars duo docet facro-fanc- ka fyrodus : primum contingere aliquando eam charita- te perfeilam effe ; hominemque Deo reconciliare ; priuf- quan facramentum paænitentie aülu fufcipiatur : alie- rum , reconciliationem hanc ipf£ contritiont, fine facra- menti voto, guod in illé includitur, non effe adfériben- dam. Il eft vrai que quelques théologiens rigoriftes ont chicané fur cet adverbe aliquando qu’on Hit dans le texte du concile, & qu'ils en ont inféré que la juf- ufication n’étoit point attachée à la corrition par- faite ; mais qu’elle ne Paccompagnoit que dans quel- ques circonftances, telle que feroit celle où un homme prêt à expirer, fans pouvoir {e procurer le facrement ; trouveroit alors fa jufliñication dans le feul fentiment d’un cœur contrit & humilhié, Mais il eft clair que ces théologiens n’ont nullement faïfi le fens du concile, puifqu'il eft évident par le texte même , que l’adverbe aliquando, dont ils fe préva- lent ici pour autorifer leur fentiment, tombe fur la contritioæ , qui rarement eft parfaite dans ceux qui s’approchent du facrement , & nullement fur la juf- tification , qu’elle produit toüjours indépendamment même du facrement. Ce paflage a produit parmi ceux qui tiennent pouf l'amour dans le facrement de pénitence , deux fenti- mens oppofés {ur le motif qui conftitue la cozrrition parfaite &c la contrition imparfaite. Les uns font dé- pendre la perfeétion de la cozrrition des degrés de Pamour, & les autres de l’amour même dans quel- que degré qu'il foït, plus ou moins parfait , fuivant le motif qui l'anime. Les premuers ne reconnoïffent qu’une forte d’amour, qu'ils appellent charité, & ils prétendent qu’il ne juftifie Le pécheur avant le facre- ment, que lorfqu'il eft parvenu à un certain degré d’ardeur, que Dieu a marqué pour la juftification, & fur lequelil ne lui a pas plù de nous inftruire , pour nous tenir continuellement dans la crainte & dans le tremblement. Les autres , outre cet amour de chari- té, en admettent un autre qu'ils lui fubordonnent,& qu'ils nomment amour d'efpérance OU amour de con- cupifcence. Le premier, difent-ils, nous fait aimer Dieu pour lui-même ; le fecond nous le fait aimer pour notre propre bonheur , que nous ne trouvons, il eft vrai, que dans la jouiffance de cet Etre fuprè- me : le premier, felon ces théologiens , tire de la no- bleffe de fon motif la perfeétion qu'il communique à la conrrition, 8 qui la rend juftifiante, fans le fecours du facrement : le fecond au contraire anime lattri- tion, & opere avec le facrement. . Ona accufé M. Tournely & M. Langüet archevé- que de Sens, d’avoir imaginé cette diftinétion des deux amours. Mais on en trouve des traces aflez for- tes dans S. Thomas , dont voici les paroles. Secunda fécundæ queft. 17. $pes & omnis apperisivus otus ex amore derivatur.. + .. amor autein quidam eff perfeilus 3 quidam imperfeitus, Perfeêlus quidem amor ef? quo ali- quis fecundim fe amatur. .; .. Imperfeilus amor eft quo quis aliquid amat non fecurdim ipfum , fèd ur illud bo} RUm frbi proveriat, ficut homo amat rem Quar concià Pit. Primus autem amor pertinet äd charitarem quæ inhæret Deo fecurdum fe ipfum. Sed [pes pértiner ad Je- cundum amotem , quia ille qui fperat fibi aliquid obri: nere intendit, Et ided in vid gencrationis [pes eft prior charitate.. ... Spes introducit ad chariratem , in quans turn aliquis fperans remunerari à Dec, accendirur ad anandum Deum, & fervandum præceptum ejus. Ce fyftème n’eft donc pas d’imagiriation ; il eft fondé. Mais voici probablement l’avantage qu’en en ont voulu tirer le profeffeur de Sorbonne & l’ar: chevèque de Sens, pour la confolation des ames timorées; Ils marchoient entre deux écüeils.: d’un côté le concile de Trente a teconnu que la contririon eft parfaite quarid elle eft añimée pat la charité pro- -prement dite; d’un autre 1l exige , auffi-bien que le clergé de France aflemblé en 1700, que ceux qui fe difpofent à recevoir les facremens , & fur-tont celui de pénitence , commencent à aimer Dieu comme Jource de toute juftice, I] faut donc pour l’attrition un amour diftingué de la charité proprement dite, qui eft le motif fpécifique de la consrition parfaire, Or l’a- mour d’efpérance eft un véritable amour diftingué de la charité proprement dite: donc il peut confti- tuer l’attrition ; & cela d'autant mieux qu’en s’éloi- gnant pat-là du rigorifme qui exige la corsrition par- faite , ils s’'écartoient également du relâchement qui ne demande nul amour. Car les cafuiftes relâchés ayant avancé cette propofition: Æswitio ex gehenrue metu fufficit etiam fine ullé Dei dileéfioné ; Vaflemblée du clergé de 1700 déclare: Neque vero fatis adimpleri Potef? utrique facramento necef[arium vire nove inchoar- dæ ac férvandi mandata divina propofitum , JE pænitens Primi ac maximi mandati ,quo Deus toto corde dilipiturs nullam curam gerat. Le clergé exige donc aufli quelque amour : maïs eft-ce un amour de charité proprement dite, eft-ce un amour d’efpérance ? C’eft ce que ni le concile n1 le clergé de France ne décide ; & il me fem- ble que dans une pareïlle indécifon ; des théologiens qui propolfent un fentimenit probable & éloigné des excès, font beaucoup moïns fufpeéts que ceux qui par prévention pour la doétrine outrée ou telâchée , de- mandent pour la réception du facrement des difpoñ- tions angéhiques , ou fe contentent d’en admettre de purement humaines. Paflons maintenant au fentiment qui dofne l’ex- clufion à l’amour dans l’attrition même qu’on pré- tend fufkfante dans le facrement de pénitence. Sua- rez, Canitolus , & Sanchez, ont reconnu que cette opinion r’étoit m fort ancienne , ni fort commune; mais elle à acquis depuis de nombreux partifans, en- tre autres Filiutius, Azor, Tambourin , les PP. Pin- thereau & Antoine Sirmond. Nous n’entrerons point à cet égard dans le détail des preuves & des raifons qu'ils ont employées ; on peut les voir dans les Pro: vinciales & dans les notes de Wendrock, où mieux en- core dans Les écrits de ces cafuiftes. Nous ne rappor= terons qu'un argument des attritionnaires , que nous réfuterons par un rafonnement fort fimple. Si pour obtenir le pardon de nos fautes , difent- ils , il nous eft commandé d’aimer Dieu ; quel ayan- | tage nous autres Chrétiens, qui fommes Les enfans, avons-nous fur les Juifs qui étoient les efclaves? A quoi fert le facrement de pénitence, s’il ne fupplée pas au défant de l'amour, & s’il ne nous décharge pas de obligation pénible d'aimer Dieu a@uelle. ment ? Il eft difficile de concevoir comment la difpenfe d'aimer Dieu feroit le privilége de la loi évangélique CON ar la loi judaïque, & comuient cette difpenfe auroit été achetée de tout le fang de Jefus-Chrift, On veut que Le Juif qui vivoit fous une loi plus caraétéritée par la crainte que par l'amour, fût obligé d’armer fon Dieu; & l’on difpenfera de cette obli$ation le Chré- tien qui vit fous une loi plus caradéritée par l'amour que par la crainte, Mec eff, dit Saint Auguftin (48. contra adimant, Manich, cap. xvij.), h@c eff breviffema € apertiffima différentia duorum Teffamentorum ; #07 6 amor : illud ad veterem , hoc ad novum homanëri per- tinet. Ce que le même pere explique ainf dans fon ouvrage, de morib. Ecclefie , c. xxviij. n°. 56. Quan- quam utrumque (timor € amor ) Jée ta utroque (Tefia- mento ), prævales tarmen in vetere EUMOT; MOT 1 700, Or, félon les attritionnaires , ce n’eft plus le Juif qui eft efclave, mais le Chrétien ; purfque Pamour e fait pour le Juif, & la crainte pour Le Chrétien. On nous a donc trompés, quand on nous a dit tant de fois que la crainte étoit l'apanage de la loi judaique, comme l'amour eft l'ame de la loi évangélique. Dans la théologie des attritionnaires, c’eft tout le contrat re, N’eft-il donc pas plus conforme à la doûrine des peres & à la raifon , de penfer que le même fentiment qui juftifie Le Chrétien avec le facrement , juftifioit le Juif fans facrement ; 8 que tout l’avantage que le premier a fur le fecond , c’eft que les graces qui for- ment ce fentiment, coulent plus abondamment pouf l’un que pour l’autre; & que la rémiffion qui s’ob- tient par le miniftere des clés eft plus pleine & plus parfaite, que celle que méritoit l'amour du J uif def- titué de la vertu & de l’efficace du facrement. Quoi qu’en difent quelques fcholaftiques, 1ls ne perfuade- ront jamais que Dieu ait exigé du Juif, pour fe ré- concilier avec lui, des difpofitions plus parfaites u’il n’en exige du Chrétien ; tandis que d’une main libérale il verte fur le dernier des graces qu’il ne dif- penfoit au premier qu'avec une efpece de referve. Ne donnons point cet avantage aux Juifs, qu'ilsayent l'amour pour partage , tandis que nous nous borne- rons à être les efclaves de la crainte, qui, quelque bonne & chaîte qu’on la fuppofe , eft tojours infé- rieure à l'amour, Avec plus de graces qu'eux; 1l nous conviendroit mal de ne pas autant aimer Dieu, pour obtenir le pardon de nos fautes. Cette facilité de l'obtenir, que les attritionnaires regardent comme une fuite de la loi évangélique à laquelle nous appar- tenons, ne confifte pas précifément en ce que Dieu demande moins de nous que du Juif; mais plütôt en ce qu'il nous accorde beaucoup plus de graces qu'- aux circoncis. Penfer autrement , ce feroit rabbaufer le Chriftianifme au-defious du Judaïfme même ; puif- qu'une religion eft d’autant plus parfaite, qu’elle ra- mene davantage à l’amour qui en fait toute la perfec- tion : Non colitur Deus nift amando , dit quelque part S. Auguftin. Ce feroit même outrager la juftice de Dieu, puifqu’on füppoferoit qu'il exige plus de ce- lui à qui il accorde moins. Donc s’il étoit ordonné au Juif d'aimer Dieu s’il vouloit fe reconcilier avec lui , il left peut-être encore plus au Chrétien qui fe trouve favorifé d’un plus grand nombre de gra- fps. = ve Le JA à . Mais fi fuivant les principes des attritionnaires le précepte de l’amour de Dieu n’oblige pas dans le moment même où le pécheur pénitent follicite la clémence & la miféricorde divine ; dans quelle circonftance donc, dans quel téms, felon eux , ce précepte oblige-t-1l ? | ILeft bon de les entendre eux-mêmes fur cette matiere. « Quand éft-on obligé d’avoir affeétion ac- » tuellement pour Dieu, dit un d’entre eux? Sua- » rez dit que c’en eft affez fi on l’aime avant l’arti- » cle de la mort, fansidéterminer aucun tems ; Vaï- » quez , qu'il fufit encore à l’article de la mort ; #-d’autres, quand on reçoit le bapième; d’autres, "Tome IF, | | D CON 147 y atand on eft obligé d’êtré contrit ; d’aütres, les » jours de fête: mais notre pere Caftro Palao coms » bat toutes ces opinions-là, & avec raifon. Hur- » tado de Mendoza prétend qu’on y eft obligé tous » les ans, & qu'on nous traite bien favorablement » encoredene nous y obliger pas plus fouvent. Mais » notre pere Coninck croit qu’on y eft obligé entrois » ou quatre ans ; & Filiutius dit qu’il eft probable » qu'on n’y eft pas obligé à la rigueur tous les cinq » ans. Et quand donc ? Il le remet au jugement des » fages ». Ce font les termes d’Efcobar, Un de fes confreres, le P. Antoine Sirmond , baa lance aïinf les divers fentimens des cafuiftes fur Le précepte de l’amour de Dieu, « Saint Thomas dit » qu'on eft obligé d’aimer Dieu auflitôt après l’u= » fage de raifon : c’eft un peu bientôt. Scotus chas » que dimanche : fur quoi fondé ? D’autres quand » on eft griévement tenté : oi, en cas qu'il n’y eût » que cette voie de fuir la tentation. Sotus , quand »# on reçoit un bienfait de Dieu: bon, pour len re: » metcier. D'autres à la mort: c’eft bien tard. Jé » ne crois pas non plus que ce foit à la réception » de quelque facrement; lattrition y fufit avec la » confeffion, fi on en a la commodité, Suarez dit » qu'on y eft obligé en un tems: mais en quel tems À » Il vous en fait juge , & il n’en fait rien. Or ce que » ce doéteur n’a pas fü, je ne fai qui le fait. Tels font les excès où conduit le probabilifme ; & quand ikn’auroit que ce feul défaut, d'avoir in= troduit dans la Théologie une opinion aufli monf- trueufe que l’eft celle qui, dépouillant Pattrition de l'amour, la rend fuffifante pour le facrement de pé- nitence, c'en feroit aflez pour l’exterminer de tou tes les écoles. Au refte ce feroit une inuftice criante que de pen: fer ou de dire que les fentimens de ces particuliers foient la théologie unanime de la fociété dont ils étoient membres. Les plus célebres théologiens de ce corps , Laynez, Claude le Jai, Salmeron, qui af- ffterent au concile de Trente, Canifius, Edmond Auger, Maldonat, le cardinal Tolet, le P. Petau ; Éc. ont tous reconnu la néceffité de quelque amour, au moins commencé, joint à l’attrition, pour la ren- dre {ufifante dans le facrement de pénitence ; & nt Cheminais m Bourdaloue , ne favorifent la morale relâchée. Foyez PROBABILISME. On doit à la vérité ce témoignage aux Janféniftes ; d’avoir aflez bien vengé les droits de l’amour divin contre les principes relâchés de ces cafuiftes attri- tionnaires. Maïs ces Janfémiftes fi fiers contre les Jé- fuites, quand il s’agit de l'amour de Dieu, nont-ls rien eux-mêmes à fe reprocher fur cet article? C’eit ce qu'il faut examiner en peu de mots. C’eft un principe reçu dans la théologie des Jan< féniftes,qu’il n’y a que deux principes de nos aétions, favoir Pamour de charité qui rapporte tout à Dieu, & l'amour de cupidité qui rapporte tout à nous-mé= mes. De ce principe je conclus avec les Janféniftes, que toute ation qui ne procede pas de la charité a néceflairement fa fource dans la cupidité, qui l’in- fete & la rend vicieufe. Un autre principe nom moins intime, ni moins eflentiel au fyflème des Jan< féniftes ; c’eft que toute grace, quelque forme qu’- elle prenne dans un cœur, eft elle-même l'amour de charité, & qu’elle en teint , s’il eft pernus de parler -ainfi, toutes les aions qu'elle nous fait produire. Or cette grace, de l’aveu des J anféniftes , ne produit jamais en nous un amour de Dieu dominant fur ce= lui des créatures , toutes les fois qu’elle fe trouve aux prifes avec une cupidité qui lui eft fupérieure en degrés. Voyez DÉLECTATION RELATIVE. D'un autre côté, elle produit roüjours en nous un com= mencement d'amour de charité, quoiqu’inférieur en degrés à la cupidité ; parce que la graçe, dans leurs, F ÿ 145 CON principes, agit tohjours felon toute l’énergie de fes forces préfentes, Voyez DÉLECTATION. Cela pofé , voici le raifonnement qu’on peut for- mer contre, les Janféniftes. Lorfquela grace qui nous porte à l’amour,de charité (c’eft même la nature de toutes.les praces , dans le fyftème des Janféniftes., pulfqu'ils difent que dans la loi d'amour, elles ne coulent que pour enflammer tous les cœurs) ; lors donc que cette grace tombe malheureufement fux une cupidité qui-lui eft fupérieure en degrés la mour qu’elle produit dans un cœur.eft bien un véri- table:amour de charité, un amour:furnaturel ; mais cet amour qu'elle allame eft inférieur à l’'amour.des créatures, ouvrage. de la cupidité, dans le même rapport & dans la même proportion que la grace l'eit à la cupidité : donc il peut y avoir un amour de charité, un amour furnaturel, qui pourtant ne do- mine pas dans le cœur fur celui des créatures. Or, demandera-t-on aux Janféniftes, le S, Efprit qui eft l'auteur de tout ordre, peut-il nous infpirer un amour qui dans notre ame balanceroit Dieu avec la créature? Eft-ce donc aimer Dieu d’un:amour furna- turel, d’un amour que Le S. Efprit allume lui-même, que d'aimer quelque chofe plus que Dien ? Un amour qui ne peut qu'être injurieux à Dieu, peut-il donc être fon ouvrage ? J’aimerois autant qu’on me foù- tint qu’on peut avoir une foifurnaturelle, quine s’é- tende pas à tous les articles révélés, que de me dire qu'on peut ayoir un amour furnaturel , qui ne place pas Diéu dans notre cœur au-deflus de toutes les créatures. C’eft le fentiment de tous les théologiens orthodoxes , que tout véritable amour de Dieu eft un amour de préférence ; ce que l’école exprime en ces termes , oz verus Dei amor ef? appretiativè [um us: c'eft-à-dire que le plus leger fouffle de l'amour, que le S. Efprit nous infpire, nous fait aimer Dieu plus que toutes les créatures. Tout autre amour eft indigne de Dieu ; & ne peut être l'ouvrage de la grace, Si vous demandez maintenant à un homme éclai- ré, & qui n’eft ni entraîné par l’intérêt d’un corps, pi fafciné par l’efprit de parti, ce qu'il penfe fur l’é- tendue du grand précepte de l’amour ;1l vous répon- dra qu’il en penfe ce que vous en penfez vous-même, pouryü que vous aimiez Dieu. Donnez-moïun cœur qui aime, vous dira-t-1l, un cœur où domine l’a- mour de Dieu ; ce cœur ne pourra contenir au-de- dans de lui-même l'amour qui le dévotera. Cet amour fe diverfifiera en une infinité de manieres ; 1l prendra la forme des aftions Les plus indifféren- tes ; 1l fe peindra dans mille objets qui échappent à ceux qui n’aiment pas ; il s’échauffera par les obfta- cles qui empêchent de fe réunir avec le Dieu qui en allume les flammes. Mais, ajoûterez-vous, en quel tems le cœur aimera-t-1l ? On vous répondra avec la même impartialité : eft-ce donc-là un langa- ge. qu'on doive tenir à un cœur plein de fon amour ? Etudions{es devoirs, non dans les livres des Ca- fuites qui n’auroient jamais dû afujettir au calcul les actes d'amour envers Dieu, mais bien plütôt- dans ceux que rend à fon époux une femme ver- tueufe êc fidele, qui brüle pour lui d’un feu chafte & légitime ; cet amourtque la nature & le devoir allument dans deux cœurs eft une image, quoiqu’= imparfate, de celui que leS. Efprit verfe dans ceux quülfe plaît à enrichir de fes graces. Mais enfin, ajoûterez-vous , quel eft donc le fen- timent le plus für & le plus fiv fur la conrririon & fur l’attrition ? Celui du clergé de France exprimé enices termes: ec duo imprimis ex facrofanüté fyno- do tridentind' monenda & docenda eff duximus : pri- PAU Requis putet 1m Wtroque facramento ( baptifimi € P@nitentiæ) requiri ut previam contritioner cam » que Jivcharitate perfetta, & que cum voto facramenti , an- tegiiam atho fufcipiatur ; hominem Deo reconciliet » alrés TUIL, REQUIS putet in utroquefacramento fecurum L effes J preter fidei ac Jpet aülus ; non incipiar diligere Deum, faquam omis juflirie fonte; d'oùils’enfuit que la CORéritIon parfaire n’eft pas une difpofition néceffaire pour la réception du facrement de pénitence , que l’attrition eft fufifante, pourvû qu’elle foit accom- pagnée d’un commencement d’amour. Cet amour commencé eft-il un amour de charité Ou un amour d’efpérance } Le concile & l’affem- blée de 1700, en fe fervant des termes incipiat di= ligere Deum , n’ont pas déterminé f c’eft amour de charité ou d'amitié , f c’eft amour de concupifcence ou d’efpérance. Leur filence doit être la regle du nô- tre. Pourrions-nous, fans la préfomption la plus eri- minelle , nous flatter d'expliquer ce que l’Eglife uni- verfelle & une portion diftinguée de cette même Eglife n’ont pas jugé à propos de déclarer ? Nous n’& BnOrons pas que plufieurs théologiens ont prétendu expliquer ces oracles : mais comme le fentiment pour lequel ils ont pris parti d’avance ef toüjours celui auquel ils font bien réfolus d'adapter & de rappor- ter Le fens des termes du concile & de l’affemblée du clergé, nous laiffons au leteur intelligent le foin de pefer leurs explications pour décider fielles font auf juftes qu’ils fe l’imaginent. 72 oyez Toufnely, traité de la pénis, tom. I. quel, jv. € v. & Witafle , traité de la pénit. quefl, ii. fe&. 1. 2, 3. art, 1. 2. 3- &c. (G) CONTROLE, f. m. (Jurifprud.) eft un regiftre double que l’on tient de certains ates de juftice, de finances, & autres, tant pour en aflürer l’exiftence que pour empêcher les antidates, Ce terme cozrréle a été formé des deux mots corre » rôle. = Les regiftres de consrôle en général ne font point publics, c’eft-à- dire qu’on ne les communique pas indifféremment à toutes fortes de perfonnes , mais feulement aux parties dénommées dans les adtes 768 à leurs héritiers, fuccefleurs ou ayans caufe ; à la dif férence des repiftres des infinuations, qui font defti- nés à rendre public tout ce qui y eft contenu, & que Par cette raïon on communique à tous ceux qui le requicrent. Voyez l’arrét du confeil du 6 Féy. 1 725. Il y a plufieurs fortes de contrôles qui ont rapport à l’adminiftration de la juftice; tels que le contrôle des aétes des notaires, celui des exploits, celui des dépens , & autres que l’on va expliquer dans Les fub- divifions fuivantes, & au mot CoNTrôrEUR. CONTRÔLE DES ACTES ECCLÉSIASTIQUES, v0y]{ ci-après CONTRÔLE DES BÉNÉFICES. CONTRÔLE DES ACTES DEVANT NOTAIRE, voy. cr-après CONTRÔLE DES NOTAIRES. CONTRÔLE DES ACTES SOUS SEING PRIVÉ, v0y: dans les fubdivifions fuivantes à ls. CONTRÔLE DES ACTES DE VOYAGE , Y0y. ci-apré CONTRÔLE DES GREFFES. CONTRÔLE DES AMENDES, eft le double regiftre que l’on tient de la recette des amendes qui fé per- çoivent pour différentes caufes dans les tribunaux. CONTRÔLE DES ARRÊTS AU PARLEMENT, eft un droit qui fe perçoit pour l'expédition de chaque ar- rêt, à proportion du nombre de rôles qu’elle con- tient ; le greffier en peau qui a fait l’expédition, la porte au contrôleur , lequel en fait mention fur un regtitre deftiné à cet ufage, & perçoit le droit de contrôle. ConTRÔLE Des Aipes , eft le double repiftreque lon tient de la recette des aides, CONTRÔLE DES BANS DE MARIAGE , étoit un double regiftre que l’on tenoit ci-devant de la pu- blication des bans de mariage ; il fut érabli par édit du mois de Septembre 1697, fuivant lequel on de- voit enregiftrer tous les bans de mariage, foit qw’ils fuffent en effet publiés ou obtenus par difpen£e , de: . Maniere que les parties ne pouvoient {e marier qu’« CON après l'enregifirement &c contréle desibans, 6 1l étoit défendu àtous-eurés,-vicaires,1êrauires, de célé- brer aucun, mariage qu'il ne leur füt apparu de ce conirôle.. Il fut à cet effet créé par le même édit des offices héréditaires de contrôleurs des bans de ma- riage dans toutes les principales villes & bourgs du royaume. \Cés offices de contrôleurs de bans de ma- riage furent fupprimés par édit du mois de Mars 1702, portant que le droit de contrôle feroit doréna- ‘vant-perçù au profit du Roi. Ce droita depus été fupprimé, ConTRÔLE DES BAPTÊMES, étoit un double re- giftre des aëtes de baptêmes , qui étoit tenu par des contrôleurs établis cet effet par édit du mois d'Oc- tobre 1706, dont l'exécution fut ordonnée par autre édit du mois de Février 1707; ce qui a été depuis fupprimé. Préfentement les curés font obligés de te- nir deux regiftres des baptêmes , mariages, & fépul- tures ; mais ce n’eft pas un contrôleur qui tient le double resiftre, ce font les curés eux-mêmes. Voyez Barrèmes, REGISTRES, MARIAGES, SÉPULTU- RES. CONTRÔLE DES BÉNÉFICES 04 ACTES ECCLÉ- SIASTIQUES , fut établi par édit du mois de Novem- bre 1637, pour prévenir les fraudes qui fe commet- toient dans les procurations ad refonandum , & au- tres adtes concernant les bénéfices. Cet édit ordonne de faire contrôler ces aétes ; favoir les procurations pour réfigner avant de les envoyer à Rome , &c les préfentations, collations , & autres aëtes concer- nant les bénéfices, l’impétration, & pofleflion d'i- ceux, &r les capacités réquifes pour les pofféder, dans un mois au plütard après la date de ces aûtes. Cet édit a été enregiftré au grand -confeil , & y eft obfervé ; n'ayant point été adreffé au parlement dans le tems , 1l n’y fut point enregiftré, & n’y eft point obfervé. Le Roi donna une déclaration au mois d'Oétobre 1646 , contenant plufieurs modifi- cations fur l’édit de 1637, par laquelle entre autres chofes,, il fupprima tous les contrôleurs qui avoient été établis pour les bénéfices, & ordonna que les aétes feroient infinués ès greffes des diocèfes. Cette déclaration fut enregiftrée au parlement avec plu- feurs modifications , notamment que l’infinuation fera faite au greffe des infinuations , & non pas des diocèfes, CONTRÔLE DES BILLETS , voyez ci-après CON- TRÔLE DES ACTES SOUS SIGNATURE PRIVÉE. -. ConmôLse pes Bois pu Ror, voy. CONTRÔLE DES DOMAINES ET Bois. "CONTRÔLE DES CHANCELLERIES, eft le double repiftre que l’on tient des lettres qui s’expédient, tanten la grande chancellerie de France, que dans les autres chancelleries près les cours & préfidiaux. PVoy: la déclaration du 24 Avril 1664, pour le con- trôle de ces lettres. ff. de la chancellerie, tome I. p.563. LL CONTRÔLE DES DÉPENS , a été établi par édit du mois de Décembre 1635. Par cet édit & par celui du mois de Mars 1639, 1l fut créé des contrôleurs des tiers-référendaires dans tous les parlemens, cours &c jurifdiétions du royaume, à l'effet de faire le contrôle, c’eft-à-dire tenir regiftre de tous les dé- penstaxés par les tiers-référendaires. Le motif apparent de cet établiflement a été que les contrôleurs des dépens examineroient les taxes des dépens, pour voir fi elles font juftes ; imais dans l'exécution ce conrréle fe borne à la perception d’un droit pour chaque article de la déclaration de dé: peñs. : - 7IU eu: _ Par édit du mois d'Avril 1667, ces offices de con- trôleurs & les droits de contrôle furent réunis au do- maïînes du Roi, pour être perçûs à fon profit par le fermier général de fes domaines, | CON 149 At mois de Mars 1694 il y eut un édit qui fuppris ma totis les offices de contrôleurs des tiers: référer daires créés en 1635 &c 1639, & créa de nouveaux ofMices fous le titre de contrôleurs des déclarations de dépens; favoir, huit pour les confeils du Roi, avec attributiomde 18 deniers pour livre, & vinot contrôleurs pour le parlement de Paris, cour des | aides 8 cour desmonnoies. Il en fut auffi créé pour tous les autrestribunaux, &on leur attribua à tousle droit de 6 deniers pourlivte du montant de tous les dépens, frais, dommages & intérêts ; le tout exi. gible lorfque les déclarations ont été fignifiées. Mais par plufieurs édits des années 1694, 169$ êc 1698, tous ces offices de contrôleurs des dépens ont ete fCums aux communautés des procureurs de chaque tribunal. Voy. Ze recueil des réolemens concer: nant les procureurs. CONTRÔLE DU DOMAINE, 0% DES DOMAINES & Bots , eft le double regiftre que l’on tient de la recette du domaine dans chaque bureau ou généra- lité, & | Il fut créé un office de contrôleur du domaine dans chaque recette, par édit du 24 Janvier 1 S22 mais qui ne fut repiftré quele r 5 Mai 1533. … I y a eudepuis diverfes créations de contrôleurs généraux, provinciaux & particuliers ,» anciens & alternatifs des domaines & bois dans chaque géné ralité, & notamment par édit du mois de Décembre 1689 , qui leur a attribué le titre de contrôleurs oé= néraux des domaines & bois. | Ces offices de contrôleurs des domaines ont été ums à ceux de contrôleurs généraux des finances dé chaque généralité ; par une déclaration du 1$ Mai 1692, à exception néanmoins de ceux des généra- lités de Paris , Amiens, Dijon, Montpellier, & des provinces de Bretagne & de Dauphiné, CONTRÔLE DES ÉLECTIONS, fut établi par édit du 24 Janvier 1522, dans chaque éle@&ion & recette des aides, tailles, oëtrois équivalens, impoñitions & fermes. On a depuis attribué aux éontrôleurs la qualité d’él, & les mêmes droits. CONTRÔLE DES EXPLOITS : ce mot fignifie prin- cipalement la mention qui eft faite d’un exploit fur un regiftre public deftiné à cet effet; il fignifie auf la mention qui eft faite dé cet enregiftrement ou contrôle fur l'exploit même. Par un édit du mois de Janv.1684, fivi d’une dé: claration du 18 Août 1655, repiftrée Le 7 Séptembre fuivant , 1l fut érdonné qu'il feroit tenu un contrôle des exploits de premiere demande de principal & intérêts , faifies réelles & mobiliaires, figmfications de tranfports, Gc. mais ces édit & déclaration n’eu- rent point d'exécution. L’ordonnance de 1667, tit. des ajournemens, art; 2. avoit ordonné que tous huifliers où fergens fe- roient tenus en tous exploits d’aournement de fe faire afifter de deux témoins ou récotds, qui figne- roient avec eux l'original & la copie des exploits L’édit du mois d’Août 1669, qui a difpenfé les huifliers 8&c fersens de fe faire aflifter de deux té- moins ou records, a en même tems ordonné que tous exploits , à l’exception de ceux qui.concernent les procédures de procureur à procureur ; feront enresiftrés ,.c’eft-à-dire cozrrôlés dans trois jours après leur date, à peine de nullité, & de l’amende portée par cet édit; avec défenfestaux juges de ren- dre aucuns jugemens fur des exploits non consrélés, foit pour interruption de prefcription, adjudication d'intérêts où autrement. Par un arrêt duconfeil du 30 Mars 1670, donné en interprétation de cet édit, le Roi a déclaré que les exploits fujets au contrôle, font les ajournemens & aflignations devant tels juges & pour telle caufe que çe foit, faits par huifers ; fergens ; archers , & 150 CON autres ayant droit d'exploiter en toute matiere cri- minelle, civile & bénéficiale , à perfonne ou domui- cile des parties, on autres domiciles élüs ou indi- qués en premiere inftance ou d’appel , interven- tions, anticipations , défertions , intimations de ju- ges, renvois, réglemens de juges, où évocations ; exploits d’ajournement pour ouir & confronter té- moins , nomination de tuteurs & avis de parens; les affignations fur défauts de jugeé-confuls, fignif- cations de tous arrêts , {entences , jugemens &c of- donnances contradiétoires, définitifs ou provifoires, rendus par forclufion ou par défaut faute d’avoir conftitué procureur ; les exploits de fommation, déclaration, empêchemens, proteftations ; protêts de lettres & billets de change, ou offres, defifte- ment, renonciations , figmifications de tranfports &c autres aûtes ; dénonciations, commandemens itéra- tifs, emprifonnement , recommandations, exécu- tions , gageries, faifies- arrêts, oppofñitions pour quelque caufe que ce foit;, main-leyées & confen- temens, exploits de retrait lignager ou féodal; de féqueftres, faifies féodales, réelles, fignifications d’icelles , criées & appofitions d'affiches, fans néanmoins difpenfer les exploits de faifies féodales, réelles, criées & appofñitions d’afhches, des autres formalités de témoins & records, prefcrites par les coûtumes & anciennes ordonnances ; les exploits faits à la requête des procureurs du Roi, & pour le recouvrement des tailles, impôt du fel, don gratuit & autres impoñitions, pour les fermes des gabelles, aides, entrées, cinq groffes fermes , &c tous autres deniers & revenus de Sa Majefté fans exception. Les aétes que les notaires fignifient aux parties, tels que les aëtes de proteftation, faifies, offres, oppoñitions-& requifitions , fommations & autres actes, ont été déclarés fujets au cozsrôle par un arrêt du confeil du 14 Avril 1670. Le contrôle doit être fait dans les trois jours après la date de lexploit, quand même 1l fe trouveroit dans ces trois jours un dimanche ou fête, fuivant un autre arrêt du confeil du 12 Décembre 1676; ce qui a été confirmé par une déclaration du 23 Février 1677. Cette déclaration excepte feulement les procès- verbaux & exploits qui {ont faits à la requête des receveurs où commis au recouvrement des tailles, fermiers généraux ou fous-fermiers des gabelles , aides, cinq grofles fermes, & autres deniers & revenus dans les paroïffes de la campagne écar- tées des lieux où les bureaux du cozzréle font éta- blis, lefquels peuvent être contrôlés dans les fept jours qui fuivent leur date. Il eft dû autant de droits de controle qu’il y a de perfonnes dénommées dans Pexploit. Cela fouffre cependant quelques exceptions ; maïs ce détail peu intéreffant nous meneroit trop loin : ceux qui en auront befoin, le trouveront dans la déclaration de 1677. La formalité du controle des exploits n’a pas été établie dans tout le royaume en même tems. Il ne fut établi en Dauphiné que par l’édit de Fé- vrier 1691. à . Au mois de Février 1696, il fut établi dans les provinces de Flandres, Artois, Hainault, Alface, duché de Luxembourg, comté de Chiny, gouver- nement de la Saarre, & pays de Rouffllon. Par édit du mois de Juin 1708, 1l fut créé des contrôleurs d’exploits dans le comté de Bourgogne. Sur le controle des exploits , voyez le recueil des ré- glemens faits fur cette matiere. CoNTRÔLE DES FINANCES, il y avoit un con- trôleur général des finances & domaines de Dauphi- gé dès 1510, Par édit du mois de Février 1554, on en créa un dans chaque recette générale des finances. En quelques endroits on y a uni les offices de contrôleurs des domaines & bois. Voyez ci- devant CONTRÔLE DU DOMAINE. Voy. ci-après CONTRÔZ LEUR GÉNÉRAL DES FINANCES. CONTRÔLE DES GABELLES, eft Le double re- giftre de la recette des gabelles. CONTRÔLE GÉNÉRAL, ce titre a été donné à plu- feurs fortes de contrôles, comme le contrôle général des domaines & bois , des finances de chaque géné- ralité, &c. mais quand on dit contrôle général fim- plement, par exemple , porter une quittance de fi= nance au contrôle gentral, on entend le contrôle gé… néral des finances de tout le royaume. Woy. craprès CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DES FINANCES. . CONTRÔLE DES GENS DE MAIN-MORTE , eft lenregiftrement que toutes les communautés fécu- lieres & régulieres de l’un & de l’autre fexe , béné- ficiers & autres gens de main-morte , font obligés de faire faire tous les dix ans dans Le bureau deftiné pour cet objet, de la déclaration de tous leurs biens & revenus, fuivant les édits & réglemens qui l'ont ainfi ordonné. CONTRÔLE DES GREFFES, ou plérôt DES GREF- FIERS , eft celui qui fe tient des expéditions des grefñers. Ce contrôle fut établi par édit du mois de Juin 1627. Outre les contrôleurs établis dans les jurifdiétions ordinaires , 1l fut créé des contrôleurs des prefhers des hôtels de ville, par édit de Janvier 1704. Au,mois de Septembre fuivant on créa des contrôleurs des aétes d’afirmation de voyage. En 1707 on defunit de la fonétion de contrôleur des greffes, celle de contrôleur des préfentations , & on lunit aux offices de contrôleurs des aétes de voyage. Par un édit de Décembre 1708 , on fupprima tous les offices de contrôleurs des aétes d’afirmation de voyages, préfentations, défauts & congés, créés par les édits de Septembre 1704, & Décembre 1707, & ceux de contrôleurs des greffes, établis par l’édit de Janvier 1707; de forte qu'il n’eft refté que ceux qui étoient établis avant cet édit. CONTRÔLE DES GRENIERS A SEL, fut établi au mois de Mai 1577. On a depuis créé des contrôleurs alternatifs & triennaux dans chaque grenier à fel : en quelques endroits ces offices ont été réunis en un feul office. Foy: GRENIERS à SEL. CONTRÔLE DE NORMANDIE, PVoy. ci-après CON: TRÔLE DES NOTAIRES. C CONTRÔLE DES NOTAIRES, 04 DES ACTES DEVANT NOTAIRES, eft une formalité établie pour afûrer de plus en plus la date & l'authenticité de ces attes. Ce contrôle avoit été établi dans tout le royau me par édit de l’an 1581, qui fut révoqué en1588; il y eut néanmoins en 1606 une déclaration du Roi, particuliere pour la province de Normandie , ‘qui y rétablit le comrrôle, & qui s’y eft depuis toïjours obfervée, tellement que Les aétes non contrôlés n°w produifent point d’hypotheque. L’arsicle cxxxiy des placités porte qu'il fufñt de contrôler les contrats au bureau du lieu où ils font paflés, ou du lieu du domicile de l’obligé ; mais il eft dit par l’article fi- vant , que les contrats pañlés hors de Normandie, ont hypotheque fur les immeubles fitués en Norman: die , encore qu’ils ne foient pas contrôlés. Pour ce qui eft du contrôle des aîles des notaires dans les autres provinces du royaume, il futrétabli par un édit de Louis XIV. donné en 1693 ; il eft ab- {olument néceflaire pour la validité de l’aéte, & non pas feulement pour aflürer l’hypotheque. Il doit être fait dans la quinzaine de la date de l’aéte. Le contrôleur, après avoir enregiftré l’aête par extrait , fait mention du cozsrôle fur la minute, : C O N Lé concréle eft différent de l’infinuation laïqie, qui a été établie par édit du mois de Décembre 1703. L'un eft pour tous les aétes des notäires , l’au- tre eft une-double formalité qui n’eft néceflaire que _ pour les aétes tranflatifs de propriété ; ainfi un mé- me ade peut être contrôlé & infinué, auquel cas il ‘et porté fur deux regiftres différens. Les regiftres ‘des infinuations font publics, c’eft-à-dire qu’on les communique à tout le monde ; au lieu que lès re- giftres du comrrôle font fecrets, de même que les aétes devant notaires, & ne fe communiquent qu'aux parties contraétantés, leurs héritiers , fucceffeurs ou ayans caufe. Les actes reçüs par les notaires au châtelet de Pa- ris, avoient été aflujettis à la formalité du contrôle, comme ceux de tous les autres notaires, par une déclaration du 29 Septembre 1722; mais par une autre déclaration du 7 Septembre 1723 ; ils en ont été exemptés, ce qui s'étend à tous les aétes qu'ils reçoivent, foit à Paris Ou ailleurs. | CONTRÔLE DES OCTROÏS , o% DES DENIERS D'OCTROI G SUBVENTION , fut établi dans cha- que province & ville, par édit du mois de Janvier 1707. | CONTRÔLE DES OUVRAGÉS D'OR ET D’AR- GENT, eft une marque ou poinçon qui s'applique fur tous les nouveaux ouvrages d’or & d'argent, avant qu'ils puiflent être expofés en vénte. La né- ceflité de cette marque a été établie par l’ordon- nance du mois de Juillet 1681. Voyez ci-après CON- TRÔLE DE LA VAISSELLE. CONTRÔLE DES ACTES SOUS SIGNATURE PRI- véE, eft une formalité établie pour donner une date tertaine à ces fortes d’aétes du jour du contrôle, &c pour aflürer l'identité de l’aéte qui eft repréfenté. Il fut introduit par une déclaration du 14 Juillet t699, fivant laquelle on n’étoit alors tenu de faire contrôler les aêtes fous feing privé ; qu'après qu'ils avoient été reconnus , {oit par défaut, {oit contra- diétoirement, auquel cas celui qui en avoit pout- fuivi la reconnoiïflance , étoit tenu de le porter chez un notaire , pour être par lui délivré expédition du tout, après avoir fait contrôler Pécrit: Mais pär un édit du mois d'O&@obre 1705 ; il a été ordonné qu’à l’avenir tous aëtes pañlés fous feing privé, à l'exception des lettres de change, billets à ordre ou au porteur, faits par les märchands , né- gocians & gens d’affaires, {eront contrôlés avant qu’on en fafle aucune demande en jftice, &c les droits payés fuivant la qualité des ates, & à pro- portion des fommes y contenues. En cas de contravention à ce réglement, non- feulement la procédure eft nulle ; mais il y à üne amende de 300 liv. tant contre la partie que contre lhuiffier, fergent ou procureur qui auront fait quel- que procédure fans avoir préalablement fat con- trôler l'écrit. CoNTRÔLE DES TAILLES , fut établi dès 1522, ‘comme on l’a dit à l’article du consrôle des életfions. Îl y eut encore d’autres créations de contrôleurs des tailles en 1574, 1587, 1597, 1616 & 1622; & autres années. Tous ces contrôleurs des tailles fu- tent fup primés par édit du mois de Décembre 1707, portant création d’un office d’élù-contrôleur des quittances que les receveurs des tailles donnent aux colleéteurs. Ces nouveaux offices furent encore fup- primés par édit du mois d’Août r715 ; mais par une déclaration du mois d’Août 1718 , on excepta de cette fuppreffion les deux contrôleurs des tailles de Péleétion de Paris , aux conditions portées par cette déclaration. | CONTRÔLE DES TITRES. Au mois de Juin 1581, 1l fut créé un office de contrôleur des titres en cha- que fiége royal, pour enregiftrer les çontrats excé- CON 151 dans 500 écus de principal, ou 30 fols de rente fon- ciere, Les teftamens, decrets, ou autres expéditions entre-vifs & de derniere volonté. Ce contrôle n’a eu fon exécution qu’en Norman die, en vertu d’un édit du mois de Juin 1606. Foyer ci-devant CONTRÔLE. DES NOTAIRES. mE} ConNTRÔLE DES TRAITES , eft celui des droits qui fe payent pour les marchandifes qui entrent dans le royaume, ou qui en fortent. Il. ÿ avoit de ces contrôleurs dès 15713 ès ports & havres de Nor- mandie &r de Picardie. Ain CONTRÔLE DE LA VAÏSSELLE D'OR ÉT D’AR- GENT , eft uñe marque établie par l'ordonnance di mois de fuillet 168%, & édit du mois d’Août 1696 ; & lettres patentes du 18 Juin 1697. (4) CONTROLEUR , {. m. CS eft celui qui contrôle les aëtes , c’eft-à-dire qui Les infcrit fur un double regiftre, & fait mention de cette formalité fur original de late. _ Il y a diverfes fortes de contrôleurs, tels que les contrôleurs des aétes , des amendes, des arrêts; &c: Voyez ci-devant an mot CONTRÔLE. CONTRÔLEURS DES AFFIRMATIONS , font ceux qui tiennent un double regiftre des aétes d’affrmas tion de voyage. Ces officiers furent établis par édit du mois de Septembre 1704, fuivant lequel ces ac: tes doivent être contrôlés le même jour qu’ils ont été délivrés. CONTRÔLEUR AMBULANT , eft un prépoié des férmiers généraux, qui fait une ronde dans phifieurg bureaux dont il a le département ; & dont 1l con- trôle les repiftres & la recette. . CONTRÔLEURS DES BAILLIFS ET SÉNÉCHAUX; c’étoient les procureurs & receveurs de chaque bailliage & fénéchauflée qui failoient cette fonétion à l'égard des ballifs &c fénéchaux , auxquels 1ls don- hoient un certificat de la réfidence qu'ils avoient fait dans leur jurifdiétion , &c les bäilhfs n’étoient payés de leurs gages qu'à proportion du tems qu’ils avoient réfidé : c’eft ce que l’on voit dans les let-: tres de Charles V [.. du 28 OGôbre 1394: CONTRÔLEUR DES DECRETS VOLONTAIRES: Voyez ci-devant CONSERVATEURS DES DECRETS VOLONTAIRES. CONTRÔLEUR DE LA BOÎTE AUX LOMBARDS ; étoit celui qui faifoit Le contrôle de la recette des droits que l’on percevoit à Paris fur les Lombards, Voyez les lertres de Charles V. du 10 Juin 1368. CONTRÔLEUR DES BONS D’ÉTATS DU CONSEIL ; eft un officier prépofé pour pourfuivre au confeil le recouvrement de tous les debets de ceux qui ont été jugés reliquataires par arrêt du confeil. Cette fontion eft ordinairement jointe à celle de contrô- leut des reftes de la chambre des comptes. Voyez CONTRÔLEUR DES RESTES , au mot CHAMBRE, d l'article DE LA CHAMBRE DES COMPTES. ConNTRÔLEUR DES DÉcIMES. Voy, DÉCIMES. CONTRÔLEURS DÉS EAUX ET FORÊTS , furent créés par édits du mois de Mars 1635 : il y en avoit trois dans chaqtié grande maîtrife ; favoir, un an- cien, un alternatif & un triennal ; &c troïs pareïlle- ment dans chaque maîtrife particulière. Ils étoient établis pour connoître chacun en dfoit foi des dif- férends qui fe traitent devant les grands-maïtres où devant les maîtres particuliers, concernant les eaux & forêts du Roi, & concurremment avec eux aflif- toient aux ventes & adjudications des bois de leur département, &z en fignoient les procès-verbaux avec les grands maîtres & maîtres particuliers. Ils étoient intitulés en toutes fentences, jugemens & | adjudications , & généralement en tous les aétes qui émañent des grandes-maitrifes & maïîtrifes par- ticulieres , & jouifloient des mêmes privilèges que it CON des autres OMcièrs des eaux & forêts. Ces officés ont depuis été fupprimés. h CONTRÔLEUR GÉNÉRAE DES FINANCES, (Hifi ‘anc. & mod. 6 Jurifprud..) eft celui qui a en Frahce la direftion & adminiftration générale de toutes les finances ordinaires & extraordinaires du royaume, Ce titre de cortréleur général vient de ce qu'il con- frôle 8 enregiftre tous les aétes qui ont rapport aux finances du Roi. . Il n’étoit anciennement que le fecohd officier des finances ; mais depuis près d’un fiecle il en eft deve- au le chef. Il eft par le droit de fa place confeiller ordinaire au confeil royal des finances; & en cette qualité il a entrée & féance dans tous les confeils du Roi, ex- cepté au confeil d'état proprement dit , ou des affai- res étrangeres, auquel il n’eft admis que quand le Roi lui fait honneur de l’y appeller nommément, ce qui lui attribue le titre de zriffre; de même qu’- aux autres membres de ce confeil. 11 prête ferment entre les mains de M. le chance: lier, & en la chambre des comptes où il eft reçûü & inftallé, & y a féance & voix délibérative en toutes affaires au-deflus des maîtres des comptes. Il fige au confeil avec fes habits ordinaires, à moins qu'il ne foit en même tems revêtu de quelque dignité plus éminente , comme M. de Machault qui eff préfentement garde des fceaux de France, & en même tems coztrôleur général. Dans ce éas il porte l’habit convenable à fa principale dignité. C’eft lui feul qui fait le rapport de toutes les affai- tes au confeil royal des finances. Il opine le premier après les commiffaires dans les affemblées de la grande & de la petite dire@ion des finances, qui ne peuvent fe tenir fans lui; & lorfqw'on y rapporte quelque affaire qui paroït inté- reffer les finances du Roi , il peut après l’expofition du fait & des moyens, avant que les opinions foient ouvertes, demander que les pieces lui foient re- miles: ce que M. le chancelier ordonne ; & enfuite le contrôleur général rapporte l’affaire au confeil royal des finances. [1 a aufi entrée & féance aux aflemblées qui fe tiennent chez M. le chancelier pour les cahiers du clergé & pour la fignature du contrat que le Roi pañle avec lui. | Ses fonétions hors du confeil font : nf 1%, De vérifier & parapher les enregiftremens faits par les gardes des repiftres du contrôle géne- ral des finances de tous les aétes qui concernent les finances du Roi, tels que les quittances comptables qui font délivrées par les gardes du thréfor royal aux officiers comptables, pour raifon des payemens qu'ils y font des deniers de leurs maniemens defti- nés au thréfor royal. Les quittances de finances auf délivrées par les gardes du thréfor royal pour conf titutions de rentes , & généralement pour toûs paye- mens de finances, à l'exception de celles qui con- cernent les offices, les quittances de finances qui {ont délivrées par le thréforier des revenus cafuels pour payemens de finances ou droits, pourraifon de toutes charges & offices du royaume,de tousles baux des fermes générales & leurs cautionnemens, des traités des vivres, des munitions , & autres qui con- cernent le Roi direétement; de toutes les lettres de don fait par le Roi, lettres de priviléges , commif- fions des tailles, arrêts du confeil portant impof- tions, commiflions pour faire la recette des deniers du Roi, & autres expéditions mentionnées dans la déclaration du Roi du 6 Mars 1716, & de figner les certificats d’enregiftrement au contrôle au dos de ces pieces. Il a droit par fa charge , & notamment par édit du mois d’Août 1637 &c par la déclaration du 16 Mai 1655, dé commettre les gardes des regiftres du ton- trôle général des finances ; à l'exercice des forici tions que les continuelles & importantes occupa- tions qu'il a au confeil pour les affaires & fervice du Roi , ne lui permettent pas de remplir. L’édit du mois d'Août 1669 & la déclaration du 6 Mars 1716 lui donnent celui de commettre aux fonétions des offices de cozrréleurs des finances, domaines & bois, dans toute létendue du royaume, en cas de décès; abfence , maladie, ou autres empêchemens des titu- laires. Il commet tous les ans un officier dans cha- que province , pour exercer Le contrôle de la recette du prêt & annuel, fans que ceux qui font ainfi come mis en vertu d’un pouvoir figné de lui, foient tenus de fe pourvoir en chancellerie pour obtenir lettres du grand fceau. | 2°. Les iñtendans des finances lui font le rapport dé toutes les affaires des départemens dont chacur d'eux eft chargé. Il donne en matiere de finance tous les ordres néceffaires aux commiflaires du Roi dé: partis dans les provinces, aux thréfôriers des de- niers royaux, fermiers, receveurs & payeürs du Roi pour le domaine; tailles, capitation , aides, & au- tres droits compris dans les fermes générales ; oc- trois, dixieme , vingtieme, &c. | Outre l’infpeétion générale qu’il a für tous les of: ficiers de finance, il a lui-même le principal dépar- tement des affaires de finances qui comprend le thré for royal, les parties cafuelles, la dire@ion géné- ral dé toutes les fermes du Roi, le clergé, le com- merce de l’intérieur du royaume , 8 extérieur par terre ; la compagnie des Indes, & les différens com- merces maritimes dont elle a le privilège ; lextraor- dinaire des guerres, le pain de munition & les vi- vres de lartillerie ; toutes les rentes, lès pays d’é- tats, les monnoies, les parlemens du foyaume, & cours fupérieures ; Les ponts & chauffées, les turcies & levées, le barrage & pavé de Paris, les manufac- tures , les oétrois des villes , les dettes des commu- nautés, les ligues Suifles, les deux fous pour livre du dixieme, le vingtieme , & la caifle générale des amortiflemens. Enfin c’eft lui qui fous le bon plaïfirt du Roi don- ne l’agrément de toutes les charges de finance. Ce qui vient d’être dit fait connoître que le coz- trôleur général n'eft pas feulement le chef de tou- tes les finances du Roi, mais qu’en cette qualité a auf part dans les confeils du Roi à l’adminiftration de la juftice & au gouvernement de l’état en géné ral. Pour juger encore mieux de limportance de cette place, & avoir une juite idée de fes fon&tions, ileft néceflaire de remonter même au-delà de fon pre: mier établiflement, d'expliquer quels étoïent ancien: nement chez les Romains, & en France, les divers officiers dont le contrôleur général réunit les fonc- | tions, & les changemens qui font arrivés dans l’é- tat de cette place. | Jufqu’à l'empire d’Augufte , la recette & l’admi- niftration des finances étoient confiées à des quef- teurs appellés guæflores ærarii, qui furent d’abord choifis entre les fénateurs. Le nombre de ces off- ciers s'étant dans la fuite beaucoup acer, on fur- nomma wrbani les deux qui étoient de la premiere création ; d'autres provinciales, parce qu’on leur donnoit le gouvernement de quelque province; d’autres zilitares, parce qu'ils accompagnoient les confuls à l’armée. Les uns & les autres étoient encore chargés de différentes fonétions , telles que l’infpeétion des monnoies , la connoïflance des crimes & des con- fifcations, la garde des regiftres publics & des ar- rêts du fénat, le foin de loger les ambafladeurs &c de les reconduire hors de la ville; enfin cette place embrafloit embrañoit tant de fondions importantes, qu'elle conduifoit aux premieres dignités de l'etat. | Ils avoient près d’eux des fcribes ou consrôleurs ‘des finances que l’on choïfifloit entre les perfonnes d’une fidélité reconnue, tellement que ceux mêmes qui avoient été confuls teñoïent à honneur de rém- plir cette place. | | Du tems de Néron, on Ôta aux quefteurs la gardè du thréfor public & des regiftres , pour la donner à des préfets qui avoient été préteurs. On appella le préfet du thréfor ou des finances prafeilus ærarii ; il y en avoit un particulier pour les vivres, appellé prœfeilus annone. 4 Sous Conftäntin & fes fucceffeurs, les préfets pri- rent, comme tous les autres officiers de lempire , le titre de comires, d’où l’on a fait en notre langue celui de comse : il y en avoit trois pour les finances. Le premier & le plus confidérable qui avoit le ti- tre de comes facrarum largitionurm, étoit le gardien des deniers publics , & le difpenfateur des hbérali- tés que Le prince faifoit fur ces deniers. | - Le fecond appellé comes rerum privatarum, avoit foin des biens particuliers du prince, c’eft-à-dire qui lui étoient propres , & qui pafloient à fes enfans par fucceffon. + Le troifierne énfin appellé comes facri patrimonit , avoit la furintendance des revenus que l’état don- noit à l’empereur pour l’entretien de fa maïfon, & pour foûtenir d'une maniere convenable a dignité impériale. Voyez l’article COMTE. w Le gouvernement des finances étoit ainfi diftri- bué chez les Romains, lorfqué nos rois jetterent les fondemens de la monarchie françoife ; 1ls n’établi- tent pour les finances aucuns officiers fous les titres de quefleurs, ni de préfers ou comtes ; mais Comme les empereurs avoient pour le gouvernement de leur ‘maïfon un premier officier appellé rragifler palati, les rois de la premiere & de la feconde race établi- rent à leur imitation un mâire du palais , Lequel réu- nifloit en fa perfonne la furintendance des armes, celle de la juftice, & celle des finances. Il avoit fous lui pour la garde du thréfor, c’eft-à- “dire des revenus du domaine, un thréforier royal dont il eft fait mention dans Grégoire de Tours , lib. I. Au commencement de la troifieme race, là digni- té de maire du palais fut fupprimée, &c fa fonétion partagée entre trois différens officiers. Le connéta- ble eut le commandement des armes , le chancelier la furintendance de la juftice, & le thréforier celle du thréfor ou domaine qui formoit alors le princi- pal revenu du ron +. 2 Il y eut un tems que le thréfor du roi étoit dé- pofé au temple où plufeurs de nos rois faïfoient leur demeure, entr'autres Phihppe-le:Bel. La garde du thréfor étoit alors confiée à un des chevaliers tem- pliers, qui fe qualifioit shréforier du roi au temple. Il n’y avoit d’abord qu'un feul thréforier du roi: dans la fuite il en fut établi un fecond , puis un troi- fième, & par fucceflion de téms ie nombre en fut encoré augmenté. Celui qui étoit au-deflus dés thréforiers s’appel- loit le Jouverain des thréforiers. C’eft ainfi qu'il eft nommé dans une ordonnance de Philippe-le-Bel du 3 Janvier 1316; on l’appella depuis le grazd chréfo- Trier. Il y avoit dès-lors au thréfor du roi un contrôleur appellé cZerc du thréfor, qui tenoit un regiftre où 1l marquoit l’origine & le prix de toutes les monnoies apportées au thréfor; il en rapportoit chaque jour Jétat au fouverain des thréforiers. | La fonéion de ce Contrôleur approchoit en quel- que forte de celle du contréleur général des finances , f ce n’eft que le premier wavoit aucune infpeétion fur les deniers extraordinaires, pour lefquels il y Tome IF, ‘ Es D % _. ai CON 153 àvoit üñ receveur & uñ contrôleur particulier ; dans la fuite, lorfque l’on établit un contrôleur général des finances , le contrôleur du thréfor n’étoit plus qu’un fimple officier de la chambre des comptes dont la fonétion étoit de vérifier les debenrur, & de pour: fuivre lés comptablés pour les reftes de leurs comp- tes ; mais les debentur n'ayant plus lieü, & la pour: fuite des comptables ayant été attribuée au contrô- leur général des reftes, le contrôleur du thréfor à été fupprimé par édit du mois d’Août 16609. À Après la mort tragique de Jean de Montaigu , qux étoit grand thréfôrier fous Charles VI. cèt office fut fupprimé, & l’on créa en fa place, en la même an- née 1409, celui de grand général fouverain gouver: neur de toutes les financés ; avec cette différence que celui-ci n’eut plus le maniement dés finances; com: me l’avoit auparavant le grand thréforier. Cette commifion fut remplie fucceffivement paï différèns magiftrats, & autres perfonnes diftinguéess En 1413, c'étoit Henri de Marle premier préfident: au parlement & chancelièr de France, avéc Juvénal des Urfins chancelier du duc de Guyenne fils aîné du . toi: l’année fuivante ce fut le duc de Guyenne lui même qui exerça feul cette commiflion ; en 14243 c’étoit Louis de Luxembourg évêque de Terouané & préfident des comptes, 6:c. On établit dans la fuite deux intendans dés finan: ces, & au-déflus d'eux un furintendant. Le prémier qui eut cé titré fut Jacques de Semä blariçay en 15 15. Cette place à été remplie fucceffi= vement par les perfonnes les plus qualifiées , des premuers magiftrats, des grands feigneurs, des maré- chaux de France; des ducs, des cardinaux, dés prin: ces même, L'office de furintendant fut fupprimé une prémieré fois en 1549, enfuite rétabli; fupprimé une feconde fois en 1594; rétabli en 1596; & enfin fupprimé pour la troifieme fois en 1661; Les gouverneurs dés finances ; & après eux, les intendans & furintendans ont toûjours eu des con: trôleurs pour vérifier ce qu'ils arrêtoient. Au mémorial de la chambre des comptes coté 25 fol. 122. du 8 Août 1419, on voit que deux maitres des comptes furent commis & établis gézéraux con. trôleurs fur toutes les finances. , . Etienne Chevalier étoit cozrrôleur des finances {ous Charles VIT, Voyez M. Henault, abrégé chronol. On voit aufli au cirquieme journal coté Q R, IT. pare. fol. 210. du 28 Novembre 1506 , que Jacques lé Roi contrôleur général demanda à meflieurs dés comp: tes d’être confervé dans fa fonétion de mettte les bons fur lés rôles des officiers comptans par rôles. Sous le reghie de François [, ceux qui avoient là garde du thréfor ayant pris lé titre de shréforiers dé l'épargne , leurs contrôleurs furent pareillement nommés contrôleurs de l'épargne : ils avoient une clé de l'épargne ou thréfor. On trouve au mémorial IT, D , fol. 249, v°. la création & provifion de deux contrôleurs de l'épargne qui étoient des clercs-au- diteurs de la chambre des comptes: ce qui y fut re= giftré le 7 Juin 1527, à la charge que dans fix mois ils opteroient. | Henri IL. établit pareillement en i;47 detx con< trôleurs de l’épargne , l’un pour fuivre la cour, & l’aütre pour demeurer à Paris: mais dans la fiité ce dernier demeura fans f6n@iôn; il ne fut pour tant fupprimé que par édit du mois d'Oftobre 1554, pôrtant création d’un feul office de conrréleur général des finances, dont fut pourvü André Blondet, à con: dition feulement qu'il auroit à fes dépens un coms mis attaché à fa charge. à M° Guillaume de Marillac fut créé en 1568 con: feiller 8 contrôleur général des finances ; c’eft la pre: miere fois que le titre de con/eiller fut donné au coz: 154 CON trôleur général ; l’année fuivante on lui donna auf des lettres d’intendant des finances. L'office de contrôleur général des finances fut fup- primé en 1573, & hni aux quatre charges d’inten- dant des finances. On trouve en 1574 ,que les quatre contrôleurs gé= néraux Qui exerçoient conjointement , étoient Jean Lecamus, Claude Marcel , Benoît Milon, & Oli- vier Lefevre,. En 1581 c’étoit Le fieur Miron, & en 1588 le fieur Betremole. En 1594 Henri IV. ayant fupprimé l'office de fur- intendant des finances après la mort de M. d'O qui en étoit pourvû ; établit uñ confeil des finances &c huit offices d’intendans contrôleurs généraux des ft- nances, qui furent remplis par Charles de Sardaigne, le S' Marcel, Jacques Vallée, Louis Guibert, O&a- vien-Louis d’Âtigny, Louis Picot, Jean de Vienne, & Pierre Pireque : on en trouve deux autres en 1595, favoir les fieurs Perot & Sublet. Cet arran- gement fubfifta jufqu’en 1596, que ces huit inten- dans & contrôleurs généraux furent fupprimés , la charge de fur-intendant rétablie en faveur de M. de Rony avec un feul contrôleur général par com- miflion. dE Le premier fut le fieur de Saldagne , auquel en 1590 fuccéda Jean de Vienne fieur d’Incarville, qui prêta ferment entre les mains de M. le chancelier : 1l eut pour fucceffeur le fieur Duret en 1603. Le préfident Jeannin eut cette commiflion en 1617, le fieur Barbin en 1616, M. de Maupeou in- tendant des finances en 1618, & le fieur de Caftille en 1619; ce fut ce dernier qui introduifit les bil- lets de l'épargne les plus anciens de tous les effets #oyaux, : M; de Champigny fut commis au contrôle géné- ral en 1623 ; fes lettres font regiftrées fans prefta- tion de ferment. Simon Marion préfident au grand confeil lui fuc- céda en 1626. Les chofes demeurérent en cet état jufqu’en 1629, que le fieur de Caftille intendant des finances fut conimis avec les fieurs de Chevry, Sublet, Malier & Duhouflay,pour faire chacun pendant une partie de Pannée le contrôle général. Le fieur Chevry fut commis feul en 1633, & le fieur Corbinelly lui fuccéda en 1636. On en remit quatre en 1637, favoir les fieurs Ma- cré, Duhouflay , Cornuel , & le fieur d'Hemery. Ce dérnier fut commis feul en 1638 pour cette fonétion ; le fieur Duret lui fuccéda en 1639. Peu de tems après les intendans des finances fu- rent rétablis jufqu'’au nombre de douze, tant en ti- tre que paf commiffion , & Le 25 Février 164x il fut donné une commiflion à M° Jacques Tubeuf pour la charge d’iñtendanit &c corréleur général des finances. Aùü mois de Novembre 1643 l'office de contrôleur géntral fut rétabli en titre : le fieur d’'Hemery en fut pourvà à la charge de prêter ferment, avec féance & voix déliberative avant les maitres clercs ( les maîtres des comptes). M. le Camus lui fuccéda en 1649. Claude Menardeau & Antoine Camus le furent conjointement eh 1656. Q Après la paix des Pyrénées, faite en 1659, le roi rembouffa tois les intendans des finances & les re- duifit à l’ancièn nombre de deux , qui depuis 1660 juiqu'en 1690 exércerent par commiffiion , le roi ayant laiflé à la difpofition du contrôleur général d'employer fous fes ordres telles autres pérfonnes qu'il voudroit choifir , qui, fans avoir la qualité d'inténdans des finances, ne laifloient pas d’en rem- plir une partie des fonétions. À la mort du cardinal Mazarin, arrivée le 9 Mars 1661, 1l y avoit un fur-intendant des finances, deux intendans, & deux coztréleurs généraux , qui étoient : les fieurs le Tonnelier de Breteuil & Hervard, Le roi créa une troifieme charge d’intendant pour M. Colbert. La difgrace de M. Fouquet fur-intendant des f- nances, donna lieu à l’édit du 15 Septembre 1665, qui fupprima cette charge pour la troifieme fois, & : depuis elle n’a point été rétablie ; au moyen dequoi le contrôleur général eft devenu le chef de toutes les finances. M. Colbert (JT. B.) régit d’abord les finances em qualité d’intendant juiqu'au 1$ Avril 1663, qu'il prit celle de contrôleur général ; le roi ayant rem- bourfé les deux charges de contrôleurs généraux qui fubfiftoient alors, pour faire M. Colbert feul contré- leur général par commiflion, & ayant en même tems attribué à cette qualité une place de confeiller au confeil royal des finances. | Tel eft le dernier état par rapport à cette place, qui eft devenue une des plus importantes du royau- me, tant par la fuppreflion des autres contréleurs généraux , que pat celle de fur-intendant. Le contrôleur général eft, comme on voit préfente- ment, ce qu'étoient chez les Romains les quefteurs, les préfets, & les comtes du thréfor & des finances; il tient auff la place des grands-thréforiers, des gou- verneurs généraux & fur-intendans qui avoient au- trefois en France la direction générale des finances 3 il réunit en fa perfonne leurs fonétions & celles de leurs contrôleurs. | M. Colbert, lun des plus grands génies qu’ait eu la France, donna encore à cette place un nouveau luftre par la profonde capacité & le zele avec lef- quels 1l en remplit les fonétions. Il fut reçu en la chambre des comptes le 9 No- vembre 1667, avec féance & voix déliberative en ‘toutes affaires ; droit que fes fuccefleurs ont auf conferve ; & il fut le premier qui, fans être ordon- nateur, régit les finances en chef jufqu’à fa mort ar- rivée le 6 Septembre 1683. Perfonne n’ignore combien fon miniftere fut glo- rieux & utile pour la France ; ñnon-feulement il re- forma les abus qui s’étoient gliflés dans l’adminif- tration des finances , 1l rétablit la marine & le com- mérce , fit fleurir les fciences & les arts, & procura l'étabhflement de plufeurs académies. Les bornes de cet article ne nous permettant pas de nous étendre fur chacun des fuccefleurs de M. Colbert , nous ne ferons ici qu'indiquer l’époque de leur minmifiere. Claude le Peletier fuccéda à M. Colbert jufqu’au mois de Septembre 1689; après lui ce fut Louis Phelypeaux de Pontchartrain , qui remplit cette place jufqu'au mois de Septembre 1699, qu'il fut élevé à la dignité de chancelier de France. Michel de Chamuillard lui fuccéda en la place de contrôleur général juiqu’au 14 Février 1708 ; il fut créé de fon tems (en Juin 1701) deux direéteurs généraux des finances , avec le droit d’entrer & rapporter au confeil royal, mais avec fubordina- tion au coztrôleur général, auquel ils étoient obli- gés de rendre compte des affaires qu'ils devoient rapporter ; ces deux direéteurs furent fupprimés en 1708. Nicolas Defmarets fut enfuite contrôleur général jufqu’au mois de Septembre 171$. | Depuis ce tems, la direétion & adminiftration des finances fut exercée par le confeil royal des finan- ces, & les fonétions de cotrôleur général, dont la place étoit vacante, furent exercées par MM. Ph£.. lippe-Jofeph Perrotin de Barmont & Pierre Sou= beyran, tous deux gardes des regiftres du contrôle général, en vertu d’une ampliation de pouvoir qui C O N lèur fut dorée à cer effet le 25 Sept. t71s , & Jac- _-ques Perrotin de Barmont fut agerégé aux deux pre- miers par lettres du 10 Nov. 1719. M. Rouillé du Coudray étoit alors direéteur des finances & du con- trôle général ; il avoit l’infpettion du contrôle des quittances du thréfor royal, des parties caiuelles & autres dépendantes du contrôle général des finances. M. d’Argenionayantété nommé garde des fceaux de France le 18 Janvier 1718 , fut en mème tems chargé feul de l’adminiftration des finances. La place de contrôleur général des finances fut en- fuite donnée à Jean Law, Anglois, par commiflion : du 4 Janvier 1720 ; il prêta ferment entre les mains de M. le chancelier le 7 du même mois ; mais . n'ayant point été reçû en la chambre des comptes , les deux gardes des regiftres du contrôle général continuerent l'exercice de ce contrôle jufqu'à la no- mination de M. de la Houflaye, le fieur Law étant . repañlé en Angleterre le r0 Décembre 1720. Felix le Pelletier de la Houffaye lui fuccéda le 12 du même mois, jufqu'au mois de Mars 1722 ; après Jui Charles-Gafpard Dodun fut reçû en la chambre des comptes le 29 Avril 1722, & exerça jufqu’au 12 . Juin 1726. Michel-Robert le Pelletier des Forts le fut juiqu'au 9 Mars 1730. Philibert Orry, reçû le 20 du : Ya k' 3 ‘ou . même mois, juiqu’au $ Décembre 1745. M. de Machauit d’Arnouville fut nommé à cette place le $ Déc. 1745 ; commandeur & grand thréto- trier des ordes duRoïen 1747. Le 8 Déc. 1750 le Roi hui donna la charge de garde des fceaux de France ; . & le 29 Juillet 1754 s'étant démis de la place de coz- srôleur général , le Roi lui donna la charge de fecré- taire d'état , vacante par le déces de M, de Saint- Conteft , avec le département de la Marine, M. Rouillé, qui avoit ce département, ayant été nom- _ mé à celui des affaires étrangeres. - Enfin M. Moreau de Seychelles confeiller d'état, aduellement coztrôleur général, fut nommé à cette place le même jour 29 juill. 1754, & prêta ferment le lendemain entre les mains de M. le chancelier. Je ne puis mieux terminer ce qui concerne le con- . étéleur général, qu’en rapportant ici le précis de.ce iv, II. ch. jy. des qualités néceffaires à celui qui a la Ru q re dit M. le Bret-en fon traité de la fouveraineté , direétionsgén. des fin. Quoiqu'il parle en cet endroit du für-intendant , on peut également appliquet ce qu'il dit au cortrôleur général, puifqw’il eft préfente- mént le chef de toutes les finances, comme l’étoit le füt-intendant. Cette place, dit M. Le Bret, eft une des plus relevées de l'état , 8 qui defire le plus de parues en celui qui a honneur d’en être pourvû: ou: tre la bonté de la mémoire, la vivacité de l’efpnit, & la fermeté du jugement, il eftnéceffaire encore qu'il ait une fidélité &c une affeétion particuliere au fer- . vice de fon prince, afin qu’il puife dignement fatis- faire aux deux principaux points de fa charge. . Le premier eft d'entretenir foigneufement le cré- dit du Roi , d'accomplir les promeffes, & de garder la foi qu'il a donnée à ceux qui l’ont fecouru de leurs moyens durant la néceflité de fes affaires , & qui fe font obligés pour fon fervice. . L'autre eft de fubvenir à point nommé aux occa- . fions preffantes de l’état , de prendre garde d’avoir de l’argent prèt pour le payement des armées qui font fur pié , & d’avoir l'œil qu’il ne foit point dé- tourné à autre ufage ; parce que l'on a vû fouvent que faute d’avoir fidélement employé les deniers que S. M. avoit ordonné pour les frais de la guerre, la France a recû plufeurs defaftres fignalés , témoins la déroute de la Bicoque,, la perte du duché de Milan, les fréquentes révoltes des Suifles, - Il évite facilement tous ces malheurs, ajoûte M. le Bret, par une parfaite probité & par une grande prudence ; celle-ci lu fait trouver des moyens ju Tome IF, CON 155 : tés & tolérables pour farisfaire aux dépénfes publi: ques & néceflarres ; elle lui donne finduftrie de pour: voir également àtoutes les affaires di royaume, de . difpofer utilement des deniers du Roi) d'en empé- cher le diveruflement, & de retrancher tous les abus qui pourroient {e commettre dans l’admimfträtion des finances. J’oyez le recueil des ordonnances de le iroifteme race ; Loyteaun, des offices, liv. IV. Sauval, antiq. de Paris ; l’hifl, du confeil ; par Guillard. Aéregé chkron. de M. le préfident Henault. Gardes des regifires du contrôle général des finances: Ces officiers font au nombre de déux en titre d’ofh- ces, qu'ils exercent alternativement fous lé nom de conjeillers du Roi, gardes des regifires du contrôle général des firances de France, Us prêtent ferment entre les mains du garde des fceaux de France. | Ils font les dépoñitaires des regiftres du contrôle général dés finances : ce font eux qui font faire les enrégiftremens des quittances &c attes qui doivent ÿ être enregiftrés ; ils les collationnent, & prefentent toutes les femaines ces regiftres au contrôleur gén: des fin. qui paraphe chaque enregiftrement qui y eft fait, & en figne le certificat au dos dé ces pieces. Le contrôleur des finances & ceux des domaines & bois, font tenus d'envoyer tous les ans au contrô- leur général dés finances , le doublé des regiftres du contrôle qu'ils ont tenus ; duquel envoi il figne une certification ; fans la repréféntation de laquelle ces officiers ne peuvent être payés de leurs gages. Lés contrôleurs du prêt & droit annuel établis dans les provinces, lui envoyent auffi chaque année les contrôles originaux qu'ils ont tenus dé Ja recette dé ces droits, après qu'ils lui ont fait clore & arrêter le premier Janvier de l’année qui fuit leur exercice, par les thréforiérs de France du chef-lieu de la pro< vince où ils font établis. Tous ces regiftres font reñvoyés par le contrôleur général des finances , au garde des regifîres du contrôle gén. des fin. en exercice ; enforte que tout ce qui con- cerne le reconvrèment des déniers royaux, {oit ordis naires, foit extraordinaires, fe trouve dans leurs dé: pôts, compolés de plus dé quatre mille volumes. Le contrôleur général ne pouvant remplir par lui même tout le détail des fon@ions de fa place, les gardes des regiftrés di contrôle général des finances rera: pliffent cellés dont il juge à propos de fe décharger {ureux, en vertu des comniiflions particuheres qu'ils en reçoivent: f Lorfque ces comriions particulieres leur font données à l’occafon des recouvremens de deniers extraordinaires, la date des édits qui ordofnent ces recouvremens , détermine le choix de celui qui fe trouve alors en exercice pouf remplir ces fonétions, qu'il continue tant en exercice qu'hors d'exercice; jufqu’à l’exécution finale de ces recouvremens ; en- forte que la date de chacuni de ces édits indique d’une . mamere précife quel eft celui de ces deux officiers- qui à dans fon dépôt les regiftres dans lefquels Îles quittances ou aétes qui en font la fuite ; fé trouvent enreoiftrés. di à Lorique la perception des deniers du Roi eft faite en vertu de rôlés arrêtés au confeil, dont l’exécu< tion eft fuivie d'expédition de quittarices, foit des gardes du thréfor royal ou du thiréforier des revenus cafuels, il eft fourni au garde des regiffres du contrôle: général des finances une expédition de ces rôles, fur lefquels il vérifie fi les fommes portées par les quit- | tances, font les mêmes pour lefqtielles les particuliers y dénoinmés font compris dans ces rôles ; on fi les droits qui leur font attribués par ces quittances ; font tels qu’ils font portés dans ces rôles, pour faire ré. former ces qiuittances avant leur enregiftrement au contrôle, en cas qu'il s’y foit glifé quelque différen- cé préjudiciable à l'intérêt du Roi ou à celui dés par- ticuliers, HAONE 1] 156 CON La déclaration du 6 Mars 1716, défend aux gardes du thréfor royal, & à tout autre comptable, de faire aucun rembourfemeut , que-la quittance dont le rembourfement aura été ordonné, n'ait été préa- lablement déchargée du contrôle, à l'exception feu: lement des quittances de finances pour la conftitu- tion des rentes, pour lefquelles il auroit été expédié des contrats. Cette décharge du contrôle confite en Une mention que fait le garde. des repiffres du contrôle général des finances fur fon regiftre, en marge de l’en- regiftrement dutitre à remboutfer ; laquelle mention eft faite en vertu de la loi qui ordonne le rembour- fement {ur la repréfentation de la quittance dont le rembourfement eft ordonné fur quittance de rem- bourfement pañlée par le propriétaire, & des titres de fa propriété ; de laquelle mention ainfi faite par le garde des regiftres du contrôle général des finances, il figne le certihcat ou décharge du contrôle fur le titre à rembourfer; copie duquel titre faifant mention de cette décharge, ilenvoye à l’intendant des finances qui a dans fon département la confeétion des états du Roi où l’intérêt du titre à rembourfer fe trouve employé, afin de rejet de ces intérêts de l’état du Roi, en conféquence de cette décharge, … Lorfque l'original de la quittance de finances dont le rembourfement eft ordonné , fe trouve perdu, le garde des regiffres du contrôle général des finances en dé- livré un duplicata tiré de {on regiftre , & figné de lui , fur lequel il figne le certificat de décharge du contrôle; & en conféquence le propriétaire en eft rembourfé fans autre formalité, comme 1l auroit pû l'être fur l'original. - Lorfqu'il fe préfente quelque difficulté au rem- bourfement projetté , qui en empêche l’exécution, le garde des regifires du contrôle général des finances vé- tablit fur les regiftres les quittances qui en avoient été déchargées,, en annullant la décharge qui en avoit. été Te en conféquence duquel rétabliffe- ment, dont il figne le certificat fur la quittance, les intérêts y portés font employés de nouveau dans les états de Sa Majefté. Le Roi ayant, par déclaration du 15 Septembre 1715, établi un confeil pour la direétion & adminif- tration des.finances, la place de contrôleur général des. finances étant alors reftée vacante. les gurdes des.règifires du contrôle général des finances furent éta- blis par lettres patentes du 25 des mêmes.mois &r an, pour en exercer par eux-mêmes les fonétions fous la. direction de M. Rouillé du Coudray, confeiller dé- tat., direéteur, des. finances &c du contrôle général , &. enfuite fous celle de M. d’Argenfon garde, des fceaux de France, & chargé feul en même tems de l’adminiftration des finances; fonétion qui fut con- fervée.aux gardes des regifires du. contrôle général: des nances.s juiqu’à la nomination qui fut faite.le 12 Décembre 1722 de M. le Pelletier de. la Houflaye à la-place de, contrôleur général. . Leurs privilèges confiftent au droit decommirimus en.grande & petite chancellerie, logement à la cour & fuite de S.M. & à jouir de tous les honneurs, priviléges, exemptions &c'prérogatives dont joiif- fent les-officiers commenfaux de [a maïfon du Roi, du corps defquels.ils font réputés, &de tous les au- tres avantages. qui leur font attribués par. les édits des. mois de Mars 1631, & d’Août 1637, de la dé- claration-du.Roï du,16 Mai 1655 ,. &. de l’édit. du mois, de Février 1689. (4). . CONTRÔLEURS GÉNÉRAUX. DES, DOMAINES, Bors, ET, FINANCES, font les, comsréleurs de chaque receveur des.domaines & bois. | CONTRÔLEURS.GÉNÉRAUX DES FINANCES, font auffi ceux.qui font le contrôle près des receveurs généraux, des finances de chaque généralité. CONTRÔLEUR DES RENTES SUR LA VILLE, eft unofficier royal établi pour tenir un double repif- tre du payement des rentes dûes par le Roi &c par le clergé, qui fe payent à bureau ouvert à l’hôtel de ville de Paris, pour affürer la vérité & la date des payemens. Le premier établiffement de ces officiers n’eft que de l’année 1576, quoique depuis 1515 il y eût des rentes affignées fur les aides & gabelles & autres re- venus du Roi, & que depuis 1562 il y eût des rentes affignées fur les revenus temporels du clergé. Le receveur de la ville étoit feul chargé du paye- ment de toutes ces rentes, qui montoient en 1$76à environ trois millions 140 mile livres par an. Plufieurs bourgeois de Paris & autres particuliers fe plaignirent au Roi de la confufon & de la longueur du payement des rentes : d’un autre côté, les pres miers prélats avec les fyndics généraux du clergé de France firent des remontrances au Roi, tendantes à ce qu'il lui plût de retirer des mains du receveur de la ville de Paris le maniement des finances defti- nées au payement des réntes affignées fur le clergé, afin qu’à l'avenir ces deniers ne fuflent plus con fondus avec ceux d’une autre nature : le clergé des manda en même tems au Roi qu'il lui plût , pour étas blir le bon ordre. dans la recette & le payement des rentes, de revêtir de fon autorité quelque notable perfonnage pour tenir le contrôle deldites recette & dépenfe. / Le Roi n’accepta pas pour lors la propofñtion de détacher le payement des rentes du clergé, du ma= niement du receveur de la ville ; mais il ft expédier un premier édit au mois de Décembre 157$, pour la création de deux contrôleurs. Le parlement ayant ordonné que cet édit feroit communiqué au bureau de la ville ; où il y eut une aflemblée générale, non-feulement de tous les ‘off: ciers de la ville, mais des députés de tous Les corps & états intéreflés aux rentes : comme on crut trouver quelques inconvémiensdans ce nouvel établiffement, la ville s’y oppofa. Le parlement fit aufli des remons trances à ce fujet , & ce premier édit fut retiré. Au mois d'Avril 1576, le Roi donna un autre édit portant création de deux contrôleurs , un pour les rentes furlesrevenus du Roi, un autre pour les rér« tes fur le clergé. La ville voulut encore s’oppofer à l’enregiftrement de cet édit; mais il fut regiftré le 14 . Mar fuivant, & à la chambre des comptes le 21. Cet édit portoit auf création d’un payeur des rentes {ur le clergé; mais comme, fiuivant la modifi= cation mife par les cours à l’enregiftrement, la créa- tion de cet office de payeur n’eut pas lieu, & que celui qui devoit faire le contrôle de ce payeur fe trouvoit fans fonétion:, le Roi, par une déclaration: du 23 Mai, ordonna:que les deux contrôleurs géné= raux des rentes exerceroient alternativement &c par | année: | s Dans la fuite les rentes fur la ville s'étant peu-à- peu accrues, on a-augmenté le nombre des contrd= leurs. La premiere augmentation fut faite par édit: de 1615, quine.fut vérifié qu’en 1621, Louis XIIL.: en créa encore peu de tems après, mais qui furent: deftinés particulierement au contrôle des rentes du fel ; & depuis ce tems-là chaque:partie de rente a eu’ fes.contrôleurs qui y font attachés. Il y eut encore dix créations de ces contrôleurs: fous.le même regne , 8 trente fous celui de Louis’ XI V. ce qui fait en tout:quarante- trois créations’ depuis la premiere jufqu'à celle-du mois d’'O&tobre- 1711, quieft la derniere. _ Le rembourfement qui a.été fait en divers tèems de quelques parties de rentes, & les nouveaux ar- rangemens qui ont été pris pour le payement, ont occafonné divers rétranchemens de contrôleurs : le premier-fut fait en:1654., &ile-dernier eft du mois! attribue formellement. de Juin 1714. Îs font préfentement au nombre de cinquante-deux. #4 ns : Le contrôle des rentès de tontine.qui avoit d'a- bord été donné À des fyndics onéraires , fut quel- qués années après réuni à des contrôleurs Créés à ceteffet, qui font corps avec les autres contrôleurs. Les contrôleurs des rentes ont le titre de confallers du Roi. À la vérité le premier édit de création ne le leur attribuoït pass mais on le leur donna dans leurs provifions , & l’édit de Novembre 1624 le leut _ïls font appelés comsréleurs généraux des rentes , parce qu'ils contrôlent toute forte de nature de rente. Ilyenaeu d’appellés sriemnaux , mitriennaux » OC même de gaatriennaux fuivant la diftribution du payement des rentes ; ce quia beaucoup varié: pré- feutement on ne les diftingue qu’en deux claftes , anciens , & alternatifs. Suivant la déclaration d'Henri III. du 28 Janvier 1576, äls jotiflents & leurs veuves pendant leur viduité , des mêmes privilèges, franchifes êc'exemp- tions dont jouiflent les thréforiers de France &e gé- néraux des finances; & en conféquence ils {ont exempts de toutes charges , tant otdinaires qu’ex= traordinaires , aides, tailles, emprunts, fubfides, & impoñtions quelconques, faites ou à faire, pour quelque caufe que ce foit. INA TE UE © Leurs priviléges ont été exceptésdes révocations faites en 170$ & en 1706 de différens privilèges : ls ont même été étendus par différens édits pofté- tieurs, qui leur donnent l’exemption de toutes char- ges & emplois publics, comme de colleéte, tutelle, curatelle, de police, guet & garde, exemption du ban & arriere-ban, & de la milice, & de la contri- bution pour le fervice aëtuel de ces troupes du lo- gement des gens de guerre, uftenfile & fubfiftance ; droit de commisimus au grand & au petit fceau, droit de franc-falé; & ils jouiffent de ces privilèges en quelques lieux qu'ils faflènt leur réfidence ou faf- fent valoir leurs biens. Ils font feuls en droit de délivrer des extraits cer tifiés Fe . des regiftres de leur contrôle. L'hérédité de leurs offices leur fut accordée par édit de Janvier 1634, qui fut confirmé par deux au- tres édits du mois de Juin 1638 & Juillet 1654. [ls ne payent plus de paulette. Le droit de vétérance qui étoit établi parmi eux dès 1683, fut autorifé par un édit du mois de Sep- tembre 1712, qui accorda aux veuves le commist- mus au grand & au petit fceau, la moïtié du franc- falé, & la joïiffance des autres exemptions & privi- léges. Les contréleurs des rences font reçüs à la chambre des comptes ; mais enfuite pour leurs fonétions 1ls font foûmis à la jurifdiéion du bureau de la ville. Ils doivent être préfens au payement des rentes, & infcrire les parties de rente dans le même ordre aw’elles font appellées, En cas d’abfence ou de ma- ladie , ils peuvent fuppléer l’un pour l’autre. Chaque contrôleur doit envoyer en la chambre des comptes fon regiftre de contrôle trois mois après l'expiration de Pannée. Dès 1654 les contrôleurs , qui étoient alors au nombre de foixante, fe réumrent en corps de com- pagnie afin d’obferver entre eux nne meilleure dif- cipline : leurs affemblées furent autorifées par le confeil ; & en 1657 la compagnie dreffa des flatuts en dix articles, qui s’obfervent encore préfente- ment. Voyez les mémoires concernant le contrôle des rentes fivr La ville par Pierre Leroï. (4) | - CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DES RESTES, vOye? dau mot COMPTES ; 4 l’article CHAMBRE DES COMP- TES , S Contrôleur ; &ec, (4) .. … FOR 157 CONTRÔLEUR DELA MARINE; c'éit un officier de la Marine dont'les fonétions {ont détaillées dans l'ordonnance de Louis XIV.-pour Lés aëmées nava- les & arfenaux de Marine, de 1689, comme on le oit-CI-APrÈS:: | È Le contrôleur.aura infpetion dut toutes lés recets tes & dépenfes ; achat & emploi demarchandifes & travail des ouvriers ;18&c 1l affiftera à tous les mare chés.& comptes qui feront faits par l’intendant, Il fera préfent tous les jours, par lui on fes com- mis, dont le nombre fera reglé.par les états de Sa Majefté , à l'ouverture des magañns defquels 1l aura une clé, & le foïr il les fera fermer en fa préfence. L'un de fes commis tiendta deux regiftres dans le magafin général, dansun defquels il écrrra la recette de tout ce qui y entrera, &.dansl’autre tout ce quien fortita, pour le fervice dés vaïfleaux & autres mfa- ges. ILtiendraun régiftre particulier de tous les mar- chés qui fe feront avec les marchands ou ouvriers; pour fourmr des marchandifes anx magafñns-de Sa Majefté ; ou pout faire quelques ouvrages ; &c 1lan- #a foin de pourfuivre l'exécution des marchés , & d’avertir l’intendant des défauts & manquemens qu'il pourroit y avoir, afin qu'il y. foit pourvi.: Iafiftera à Parrèté des comptes du thréforier & du munitionnaire général de la Marine, commeauii à tous les contrats & marchés qui feront faits par l'intendant ; & les fignera avec lui. Il fera préfent aux montres & revües des équipas ges, prendra garde que le nombre des matelots 8x foldats foit complet, & qu'il n’y ait aucun paflevo» lant | & qw’ils foient tous en état de’fervir. no Comme aufli aux revûes des officiers de Marine &c officiersmatiniets entretenus dans les ports, qui doi: vent être faites à la fin de chaque femaine, dontil fi< gnera les extraits conjointement avec lintendant, 8e prendra garde qu'il n’y ait que les préfens qui y loient employés, à peine d’inrerdiétion. : Il exannnera fi les vivres qui font embarqués fui les vaiffeaux de:S. M. font en la quantité ordonnée, & de la qualité requife. Dre Il vifitera tous les ouvrages que.S. M. fera faire, affftera aux toifés & à leur réception. | Il tiendra regiftres pour les délibérations qui fe tiendront dans le confeil des conftruétions , & l’autre pour les radoubs à faire au vaifleaux. Il fe fera remettre par le commis du thréforier gé< néral de la Marine les copies collationnées des états & ordre de fonds qui hi auront été envoyés ; &c à la fin dé chaque année il envérra au fecrétaire d’état ayant le département de-la Marine, le regiftre qu'il doit tenir de la recette 8 dépenfe qui aura été faite dans le port. (Z) - CONTRÔLEUR DES BANGS, (Saine.) voyez Bancs. CoNTRÔLEUR DES CUITES, (Saline.) voyez CUITE. CONTRÔLEUR DES Boites, & /a Monnoie ; eft un officier prépofé pour la füreté des deniers des boîtes ; lorfqu’ils ont été remis entre les mains du rés ceveur des boîtes. CONTRÔLEUR DU RECEVEUR AU CHANGE , 4 /4 Monnoïe ; officier pour veiller aux opérations du re: céveur au change. C’efl le public qui le payé en pro: vince : à Paris c’eft le Roï. Son droit eft de fix de niers par marc d'or, & de trois demiérs par marc d’argent & de billon. : CONTRÔLEUR CONTRE-GARDE, à la Monnoie } officier pour veiller aux opérations du direéteut , êc x la füreté de la caïfle: Il y en à ün dans chaque mon- noie. Le publie le paye en province ; à Paris c'etle Roi. Son droit eft de fix deniers par mare d’or, & detrois deniers pour l'argent & le billon. 158 CON *CONTROVERSE, f. f. difpute par écritou de vive voix fur des matieres de-religion. On lit dans de diétionnaire de Trévoux, au’on'ne doitpoint crain- dre detroubler la paix du Chriftianifme par ces dif ‘putes, & que rien n'eft plus capable de ramener dans la bonne voie ceux qui s’en font malheureufe- ment égarés: deux vérités dont nous croyons devoir faire honneur à cet ouvrage. Ajoûtons que pour que la controverfe puifle produire les bons effets qu’on s’en promet, il faut qu’elle foit libre de part & d’au- tre.On donne le. nom de consroverfifle ai celui qui écrit où qui prêche la controverfe. : CONTUMACE., 1. f. (Jurifpr.) du latin conrue macia, qui fignifie de/obéffance ; en terme de Prati- que eît le refus que quelqu'un fait de corparoïtre en juftice. Se’laiffer contumacer, t’eft laïfler faire contre foi plufieurs pourfuites, & laifler obtenir des jugemens par défaut. Ê * “Chez les Romains on appelloit conrumax celui qui avoit refufé de comparoître nonobftant trois citations confécutives , ou une feule citation pé- temptoire. Il n’étoit pas d’ufage de faire le procès au contumax dans la premiere année; on annotoit feulement fes biens, & s’il mouroit dans l’année, il mouroit 2rrepri flatus : fi c’étoit après l’année , il étoit réputé coupable, Lorfqu’il ferepréfentoit pour fe défendre , il devoit refonder les dépens avant d'être écouté ; on l’obligeoit même aufh de donner caution qu'il pourfuivroit le jugement du procès, Il ne pouvoit point appeller, ou sl appelloit, le juge d’appel connoifloit de la cortumace, Il pouvoit être contraint par trois voies différentes, par em- prifonnement, par faifie de fes biens, & par une condamnation définitive ; Le juge pouvoit même or- donner la démolition de fa maïfon: Il'étoit réputé infame de fait en matiere criminelle | mais non pas en matiere civile. Son abfence étoit regardée com- me un aveu du fait dont étoit queftion ; mais il n’é- toit pas pour cela condamné de plein droit , il fal- loit que la contumace füt jugée , & quoiqu’abfent on ne devoit le condamner définitivement que quand il avoit tort. Il ne pouvoit recouvrer la poffeffion de fes biens , même en fe repréfentant, à moins que les chofes ne fuffent encore entieres, & qu’il ne fit la refufion des frais de contumace. La contumace étoit excufée lorfque l’abfent étoit malade, ou qu'il étoit occupé ailleurs à une caufe plus importante , ou.à un tribunal fupérieur. On ne condamnoit mê- me jamais l’abfent, quand il s’agifloit de peine ca- pitale. L. abfentem, ff. de pœnis. En France les principes fur la conumace font dif- férens. On appelle parmi nous frais de contumace en matiere civile , ceux qui ont été faits pour faire ju- ger un défaut faute de comparoir, ou faute de dé- fendre. On eft reçû oppofant en tout tems à ces fortes de jugemens par défaut , en refondant, c’eft- à-dire rembourfant les frais de conrumace. En matiere criminelle, on appelle cortumace tout ce qui s'appelle défaur en matiere civile. Lorfque laccufé eft decreté & ne fe repréfente point, 1l eft contumax , & l’on inftruit contre lui la CO7LUMACE. , La forme de procéder contre les abfens ou cor- tumax en matiere crinunelle, eft prefcrite par l’or- donnance de 1670, tif. 10 é 17, & par une décla- ration du mois de Décembre 1688. L’inftruétion qui fe fait contre un accufé préfent, & celle qui fe fait par contumace ; font à peu-près femblables en géné- ral, fi ce n’eft que dans la premiere, en parlant de l’accufé, on ajoûte ces mots, ci-préfènt ; c’eft pour- quoi Menage difoit en badinant que ce qui déplai- loit le plus à l’accufé de tout un procès criminel, étoient ces deux mots ,eci-préferr. Le decret d’afligné pour être oüi eft converti en ajoufnement perfonnel , & l’ajournement perfonnel eft converti en decret de prife de corps » lorfque l’accufé ne-comparoît pas dans le délai reglé par le decret, fuivant la diftance des lieux, Lorfque le decret de prife de corps he peut être exécuté contre l’accufé , On fait perquifition de fa perfonne, & {es biens {ont faifis & annotés ; fans quil foit befoin d'aucun jugement. La perquifition fe fait au domicile ordinaire de laccufé ; ou fi l’on eft encore dans les trois mois que le crime a été commis , elle peut être faite au lieu de fa réfidence, s’il en a ‘une dans le lieu où s’inftruit le procès, & on lui laïffe an même endtoit copie du procès-verbal de perquifition. Si l’accufé n’a ni domicile connu, ni réfidence dans le lieu duprocès, où affiche la copie du decret à la porte de l’auditoire. La faifie & annotation des biens fe fait en la mé. me forme que les faifies & exécutions en matiere civile. On faifit auffi les fruits des immeubles du cor max, & on y établit un commifiaire, qui ne doit être parent ni domeftique des receveurs du domaine, ou des feigneurs auxquels appartient la confifca- tion. Après la faifie &c añnotation, l’accufé eft afligné à quinzaine à fon domicile. Si l’on eft encore dans les trois mois que le crime a été commis > On peut l’affigner dans la maïfon où il réfidoit en l'étendue de la jurifdi@tion ; hors ce cas, & s’il n’a point de domicile connu, on affiche l’exploit à la porte de Pauditoire. Faute de comparoir dans la quinzaine, on l’af figne par un feul cri public à la huitaine franche. Ce cri fe fait à fon de trompe en place publique ; &t à la porte du tribunal & devant le domicile ou réfidence de l’accufé. | Après l’échéance des affignations, la procédure eft communiquée au miniftere public, qui donne des conclufons préparatoires, Si la procédure fe trouve valable, le juge ordonne que les témoins feront recollés, & que le recolle- ment vaudra confrontation. e . + : Après le recollement, le miniftere public donne fes conclufions définitives. Enfin intervient le jugement définitif, qui déclare la contumace bien inftruite , en adjuge le profit, & prononce la condamnation ou abfolution de lac- cufé. c S'il y a lieu de prononcer contre lui quelque péine capitale, c’eft-à-dire qui doive emporter mort na- turelle ou civile, on la prononce contre lui, quoi- qu'abfent , à la différence de ce qui fe pratiquoit chez les Romains. Cet ufage eft fort ancien parmi. nous, comme on en peut juger par un paflage de Matthieu Paris dans la vie de Jean Sans-terre , page 19 6°. où 11 dit que « fi l’accufé ne fe repréfente pas, » & n’a point d’excufe légitime , il eft tenu pour » convaincu, & eft condamné à mort » ( dans le cas de meurtre dont il parle.) Les condamnations à mort par comtumace s’exé- cutent par efhgie ; & celles des galeres, amende ho- norable, banniffement perpétuel , flétriflure & du fouet, font écrites dans un tableau expofé en place publique, mais fans effigie. Les autres condamna- tions par contumace font feulement fignifiées avec copie au domicile ou réfidence du condamné, finon affichées à la porte de l'auditoire. Autrefois les condamnations par cortumace s’exé- cutoient réellement contre le condamné, dès qu'il étoit pris. Dans la fuite on diftingua s'il fe repré- fentoit volontairement ou forcément ; dans le der- mier cas on l’exécutoit fans autre forme de procès, mais non pas dans le premier ças, _ prifonnier dans l’année de l'exécution du jugement CON Préfentement , foit que le conrumax fe repréente. volontairement, ou qu'il foit arrêté prifonnier après Îe jugement, même après les cinq années , foit dans les prifons du juge qui l’a condamné, ou autres pri- {ons , la contumace eit mife au néant en vertu de l’or- donnance, fans qu'il foit befoin pour cet effet de jugement, ni d'interjetter appel de la fentence de COnIUTTACE | Les frais de la contumace doivent être payés par Paccufé ; cependant on ne doit pas, faute de paye- ment, furfeoir à l’inftruétion ou jugement du procès. On procede enfuite à l'interrogatoire de l’accuié, & à la confrontation des témoins. La dépofition de ceux qui font décédés avant le recollement, ne doit point être Ie lors de la vifite du procès , fi ce n’eft que ces dépoftions aillent à la décharge de l'accufé. Si le témoin qui a été recollé, eft décédé ou mort civilement pendant la contumace, ou qu’il foit ab- {ent pour caufe de condamnation aux galeres , ban- niflement à tems ou autrement, fa dépofition fub- fifte, & on en fait confrontation littérale à l’accufé, & en ce cas les juges n’ont point d’égard aux repro- ches, s'ils ne font juftifiés par titres. Lorfque l’accufé s’évade des prifons depuis fon interrogatoire, on ne le fait point ajourner n1 pro- clamer à cri public® le juge ordonne que les témoins feront oùis & recollés , & que le recollement vau- dra confrontation. | On fait auffi le procès à l’accufé pour le crime de bris de prifon , par défaut & contumace. Quand le condamné fe repréfente ou eft conftitué de contumace , on lui accorde main-levée de fes meubles & immeubles ; &c le prix provenant de la vénte de fes meubles lui eft rendu, à la déduétion des frais de juftice, & en confignant l’amende à la- quelle 1l a été condamne. : L'état du condamné eft en fufpens pendant les cinq années qui lui font accordées pour purger la contumace ; de forte que s’il décede pendant ce tems, les difpofitions qu'il a faites font valables ; il re- cugille & tranfmet à fes héritiers les biens qui lui font échüs. | Si ceux qui font condamnés ne fe repreéfentent pas , ou ne font pas confüitués prifonniers dans les cinq ans de l’exécution de la fentence de conturmace, les condamnations pécuniaires, les amendes & con- fifcations font réputées contradiétoires , & ont le même effet que fi elles étoient ordonnées par arrêt ; ils peuvent cependant être reçus à efter à droit, en obtenant à cet effet en chancellerie des lettres pour purger la concumace ; 8 file jugement qui intervient enfuite , porte abfolution, oun’emporte pas de con- fifcation, les meubles & immeubles qui avoient été confifqués fur Les accufés, leur font rendus en l’état qu'ilsfe trouvent , fans pouvoir prétendre aucune reflitution des amendes , intérêts civils, ni des fruits des immeubles, | Ceux qui ont été condamnés par cortumace à mort, aux galeres perpétuelles, ou au banniffement per- pétuel hors du royaume, & qui décedent après les cinq ans , fans s’être repréfentés ou avoir été conf- titués prifonniers , ne font réputés morts civilement que du jour de exécution de la fentence de contu- mace ; de forte que fi la condamnation eft à mort, il faut que la fentence foit exécutée par effigie ; fi c’eft aux galeres perpétuelles ou au banniffement perpé- tuel , il faut que la condamnation ait été affichée dans un tableau en place publique : une fimple figni- fication de ces fortes de condamnations n’eft pas regardée comme une exécution du jugement, & ne pat pas pour faire déchoir le condamné de fon état, : CON 159 Ouand la condamnation par comme à Été exé- cutée, le crime, c’eft-à-dire la peine prononcée par le jugement, ne fe prefcrit que par trente ans ; au lieu que fi la condamnation n’a pas été exécutée, le crime ne fe prefcrit que par vingt ans. Mais cetté prefcription ne remet au condamne que la peine corporelle, & ne le réhabilite pas dans les effets civils, lorfqu'il les a perdus par l’exécu- tion de la fentence. Les receveurs du domaine , les feigneurs, ou au- tres auxquels la confifcation appartient, peuvent pendant les cinq ans percevoir les fruits & revenus des biens des condamnés, des mains des fermiers, redevables & commifflaites ; mais il ne peuvent s'en mettre en pofleffion ni en joiur par leurs mains» à peine du quadruple , & des dépens , dommages &£ intérêts des parties. Le Roi ni les feigneuts hauts-jufticiers ne peuvent faire aucun don des confifcations qui leur appar- tiennent, pendant les cinq années de Îa conrumaces finon pour les fruits des immeubles feulement. Après les cinq années expirées, les receveurs di domaine, les donataires &c les feigneurs auxquels la confifcation appartient, doivent fe pourvoir em juftite pour avoir permiffion de s’en mettre en pof- feffion ; & avant d’y entrer 1ls doivent faire drefler procès-verbal de la qualité & valeur des meubles & effets mobiliers , à peine contre les donataires & feigneurs d’être déchüs de leur droit, & contre les receveurs du domaine, de 10000 livres d'amende. Voyez au code, liv. VII, tir, xliiy. 6 ff. & cod. ubique palfèm , le Jhle criminel, la conference de Bornier, Ze rraité des matières criminelles de la Combe, & ci-apr, CONTUMAX. (A) CONTUMAX , (Jurifpr.) Ce mot, qui eft pure- ment latin, a été retenu dans le ftyle dou fignifier cehu qui refufe de comparoitre en juftice ; il ne fe dit guere qu’en matiere criminelle. Foyez ce. devant CONTUMACE. Selon les établiffemens de S. Louis, ch, xxvj. le baron en la terre duquel avoit été commis le délit, devoit faire fémondre le corztumax par jugement, felon le droit écrit, & au monfher de la paroifle du contumax , qu'il vint en droit dans les fept jours ow les fept nuits, pour connoître (avouer) ou défendre, & le faire appeller en plein marché : s’il ne venoit pas dans les fept jours &c les fept nuits, on le faifoit femondre derechef par jugement, qu’il vint dans les quinze jours & les quinze nuits, & derechef qu'il vint dans les quarante jours & les quarante nuits ; & s’il ne venoit point alors, on le faifoit bannir, c’eft-à-dire crier en plein marché: s’il ve- noit enfute, & qu'il ne pût montrer une raifonna- ble exoine , comme d’avoir été en pélerinage ou autre lieu raifonnable, alors le baron faifoit rava- ger la terre du conrumax , & s’emparoit de fes meu= bles. Voyez ci-devant CONTUMACE. (4) * CONTUNDANT, adj. (Chirurg.) épithete par . laquelle on défigne un inftrument qui ne perce nï ne coupe, tel qu’un bâton, une barre, 6’c. & dont la bleflure meurtrit, entame, brife même, mais eft accompagnée de caraétéres qui ne font nullement équivoques aux yeux du chirurgien expérimenté. CONTUSION , f. f. serme de Chirurgie ; {olution | de continuité dans la chair ou dans les os, occa= fionnée par une chûte, un coup où une compreffion violente, par laquelle la chair eft endommagée ; fans cependant aucune rupture extérieure, ou au cune perte fenfble de fubftance , laquelle ef fuivie d’une effufon de fang de plufeurs petits vaifleaux rompus , tellement que la couleur de la chair en eft changée , quoique le fang n’ait point paflé au-tra- vers de fes pores. Ou on peut définir la conéufion , une efpece particuliere de tumeur accompagnée dé 160 CON la flagnation du fang dans la partie affedtée , pro- duite par la rupture d’une infinité de petits vai eaux , à l’occafñon de l’impreffion de quelque corps orbe. Les coztufions {font on internes ou externes. Quand par quelqu’accident externe il vient une maladie in- terne, comme un afthme, un crachement de fang, G’c. la contufion eît dite interne ; s’il ne paroît que des fymptomes externes, comme une tumeur, de da lividité, Gc. elle eft dite externe, Dans les contufions internes il faut faigner le ma- lade, & lui donner intérieurement des balfamiques, tels que font le blanc de baleine , la poudre de rhu- barbe, l’ardoife d'Irlande , les potions peétorales & oléagineufes , & autres femblables. Les remedes externes propres pour les cozufions, font les lini- mens ou les onguens d’althéa , de l'huile d’amandes douces , de l’efprit de vin avec du camphre, des fomentations convenables, & des emplâtres forti- Fans, comme celui d’oxycroceum , &c. felon que la nature de la cozrufion & que la partie contufe le re- quierent. Les repercuffifs s’employént avec fuccès dans les Premiers tems de la coztufion fans plaie; les faignées plus ou moins répetées, felon le cas, contribuent beaucoup à la réfolution du fang épanché. Lorfque la contufron eft confidérable, on prévient la pourri- ture du fang épanché, par l’incifion de la tumeur. Si la partie contufe , fuffoquée par l’extravafation du fang, étoït menacée de gangrene , il faudroit faire plufieurs fcarifications , & appliquer des re- medes fpiritueux fur les endroits fcarifiés, dont on entretient la chaleur avec des flanelles imbibées de quelque déco@ion lixivieufe. Voyez MORTIFICA- TION. Les plaies contufes ne peuvent fe guérir fans fup- puration ; elle eft plus ou moins abondante, felon la grandeur de la conrufion, Les plaies d’armes à feu {ont des plaies contufes, & non cautérifées, comme ont crû quelques anciens , 8 même comme le croyent quelques modernes. (F) CONTY, (Géog.) petite ville de France, avec titre de principauté, en Picardie fur la Seille. Long. 19. 34. Lat. 49. 54. | CONVAINCU, adj. (Jurifpr.)En matiere crimi- nelle, quand il y a preuve fuffifante contre un ac- cufé , le juge le déclare dûement atteint & convaincu du crime qu’on lui impute, Ce ftyle paroît affez bi- farre en effet; c’eft plütôt le juge qui eft convaincu du crime, que non pas l’accuié, lequel dénie ordi- fairement le crime. Quand il en feroit intérieure- ment convaincu, on ne peut pas l’aflürer, parce qu'il ne le manifefte pas extérieurement. Il arrive même quelquefois, mais rarement, que des inno- cens font condamnés comme coupables, foit fur de faufles dépofitions , ou fur des indices trompeurs. Il eft bien certain dans ce cas que l’accufé n’eft point convaincu intérieurement du crime. Il femble donc que la forme de déclarer un accufé atteint &z con- vaincu, ne conviendroit que dans le cas où il avoüe le crime, & que quand il le nie, .on devtoit feule- ment le réputer coupable ;, cependant on ne fait aucune diftinétion à cet égard, & l’ufage a pré- valu. (4) CONVALESCENCE , f. f. (Medec.) recouvre- ment infenfble de la fanté. C’eft l’état dans lequel, après la guérifon d’une maladie, le corps qui en a été confumé n’eft pas en. core rétabli, mais commence à reprendre fes for- ces ; alors il n’a point encore acquis l’entiere facul- té : l’aifance, la promptitude de fes fontions natu- telles , les efprits néceffaires manquent, il faut du tems pour leur élaboration ; la matiere qui les pro- gluit ne peut y être rendue propre que par Le fecours CON lent:des aétrons naturelles 8 animales. Les afimens fourniffent la matiere de la réproduétion de ces ef: prits : mais cornme le ton des vifceres eft affoibli y la nature n’eft pas äflez forte pour la digeftion qui fa- tigue les organes chylopoietiques ; une légere fueur Par tout le corps en eft la preuve , & le moindre excès en ce genre fuffit quelquefois pour caufer des rechütes dangereufes. L'image d’un convalefcent eft une bougie dont la lumiere fe ranime , le même degré de vent l'éteint beaucoup plus aifément que quand elle eft bien allumée. Les remedes convenables pour procurer dans cette polition le parfait retour de la fanté, font de ne fe point impatienter, de n’avoir que desidées dour- ces & agréables, de choïfir une nourriture facile à digérer , d’en ufer en petite quantité & {ouvent , de reipirer un air pur, d'employer les fri&ions, l’exer- cice modéré, fur-tout celui du cheval, les ftoma- chiques , & les corroborans. Les facultés de l’ame qui s’étoient éclipfées dans la maladie, reparoïffent dans la convalefcence, Bien-tôt après les yeux repren- nent leur vivacité, les joües leur coloris, les jam- bes la facilité de leurs mouvemens ; pour lors il n'eft déjà plus queftion de corvaleftence , la fanté où la nature tendoit d’elle-même, la fanté, dis-je, qui confifte dans l'exercice agréable &c facile de toutes les aétions corporelles, a fuccédé. Ainf la convalef: cence eft à la fanté, ce que l’aurore eft au jour, elle l'annonce. Ars. de M. le Chevalier pe JAucouRT. . * CONVENABLE, adj. (Grammaire & Morale.) J’obferverai d’abord que cozvenance n’eft point le fubftantif de convenable , fi l’on confulte les idées attachées à ces mots. La convenance eft entre les chofes, le convenable eft dans les a&ions. Il y a telle maniere de s’ajufter qui n’eft pas convenable à un eccléfiaftique : on fe charge fouvent d’une commif- fion qui n’eft pas éonvenable au rang qu’on occupe 3 ce n’eft pas aflez qu’une récompenfe foit propor- tionnée au fervice , il faut encore qu’elle foit con venable à la perfonne. Le corverable confifte fouvent dans la conformité de fa conduite avec les ufages établis & les opinions reçues. C’eft, s’il eft permis de s’exprimer ainf, l’honnéte arbitraire. Voyez CoN- VENANCE , DÉGENCE, HONNÊTE, VERTU. * CONVENANCE , ff. (Gramm, & Morale. ÿ Avant que de donner la définition de ce mot, il ne fera pas hors de propos de l’appliquer à quelques exemples qui nous aident à en déterminer la notion. S'il eft queftion d’un mariage projetté, on dit qu'il y a de la convenance entre les partis, lorfqu’il n’y a pas de difparates entre les âges, que les fortunes fe rapprochent, que les naïffances font égales ; plus vous multiplierez ces fortes de rapports, en les éten- dant an tempérament , à la figure , au cara@ere, plus vous augmenterez la convenance. On dit d’un homme qui a rafflemblé chez lui des convives, qu'il a gardé les convenances s’il a confulté l’âge, l’état, les humeurs, & les goûts des perfonnes invitées : & plus il aura raffemblé de ces conditions qui met- tent les hommes à leur aife, mieux 1l aura entendu les convenances. En cent occafions les raïfons de con- venance font les feules qu’on ait de penfer & d’agir d’une maniere plutôt que d’une autre, & fi l’on en- tre dans le détail de ces raïfons, on trouvera que ce font des égards pour fa fanté, fon état, fa fortune, fon humeur, fon goût, fes laïfons, &c. La vertu, la raifon , l’équité, la décence, l'honnêteté, la bien- féance, font donc autre chofe quela convenance, La bienféance & la convenance ne fe rapprochent que dans les cas où l’on dit, cela éroir à [a bienféance ; il s’en ef emparé par raifon de convenance. D’où l’on voit ue la convenance eft fouvent pour les grands & les ns un principe d’injuftice, & pour les petits le motifde pluñeurs fottifes. En effet, y at-il dans les | alliances alliances quelque circonftance qu’on pefe davantage que la convenance des fortunes ? cependant qu'a de mieux à faire un honnête-homme qui a des richef- fes, que de les partager avec une femme qui n’a que de la vertu, des talens, &c des charmes? De tout ce qui précede il s’enfuit que la convenance con- fifte dans des confidérations , tantôt raïfonnables , tantôt ridicules, fur lefquelles les hommes font per- fuadés que ce qui leur manque &t qu'ils recherchent, leur rendra plus douce ou moins onéreufe la poflef- fion de ce qu'ils ont. Voyez les articles VERTU, Hon- NÊTETÉ, DÉCENCE, 6. CoNvVENANCE, cerme d’Architeüure. La conve- nance doit être regardée comme le premier principe de l’art de bâtir: c’eft par elle qu’on afligne à cha- que genre d’édifices le caraétere qui lui convient, par rapport à fa grandeur , fa difpofition , fon or- donnance, fa forme, fa richefle , ou fa fimplicité ; c’eft par la convenance qu'un palais, qu’un bâtiment public, qu'un monument facré, qu'une maïfon de plaifance, ou tout autre ouvrage d’Architeëture, an- nonce par fon afpe& le motif qui l’a fait élever; c’eft elle qui enfeigne , lorfqu’on a fait choix d’une ex- preffion ruftique, virile, moyenne, délicate ou com- pofée, de ne jamais allier dans la même ordonnance deux contraires enfemble ; c’eft elle qui détermine Pœconomie, ou qui autorife la plus grande richeñe, qui regle le génie , qui le développe ou lui prefcrit des limites ; c’eft elle enfin qui conduit les produc- tions d’un architeéte , en l’empêchant d'introduire dans fes compofitions rien qui ne foit vraiflembla- ble, & qui foit contraire aux regles du bon goût & de la bienféance. Voyez ARCHITECTURE. (P) ConvENANCE, f. f. (Jurifpr.) eft un ancien ter- me de coûtume, qui fignifie une convention. Loyfel, en fes infli. coftum. liv. IV. tit. j. reg. 1. dit que coz- venances vainquent la loi, c’eft-à-dire que par con- vention on peut déroger à ce qui eft établi par la loi ; ainfi quoique la coûtume de Paris établifle la communauté de biens entre conjoints, on peut con- venir par contrat de mariage qu'il n’y en aura point: mais la convenance ou convention ne peut pas pré- valoir fur un ftatut prohibitif négatif, tel par exem- ple, que laricle 282 de la coûtume de Paris, qui défend aux maris & femmes de s’avantager l’un l’au- tre, foit entre-vifs ou par teftament. Voyez Con- VENTION. CONVENANCE DE SUCCÉDER , eft une conven- tion appofée dans un contrat de focièté , à l'effet que les aflociés fe fuccedent mutuellement dans le cas où ceux qui viennent à décéder ne laïflent point d’enfans. La coûtume d'Auvergne, ch. xv. art, 1. admet ces fortes de conventions. L’arr. 2. permet de ftipuler que le paéte ou convenance de fuccéder , fubfftera nonobftant la mort d’un des aflociés ; &c Particle 3. porte que ce paëte finit par la mort d’un des affociés quand il ny a point de convention au contraire ; le quatrieme article décide que la convenance de fuccéder eft entierement révoquée par la furvenance des en- fans, finon qu'il y ait une convention exprefle au contraire. | Henrys, tom. IL, liy. VI, quefl.16. (édit. de 1708.) établit que la furvenance d’enfans à l’un des aflociés détruit le paéte de fuccéder, non-feulement par rap- port à cet aflocié, mais auffi pour tous les autres. La convenance de fuccéder peut être exprefle ou ta- cite. Voyez ci-après CONVENTION DE SUCCÉDER. (4) CONVENANT, f. m. (Æiff, mod.) alliance ; c’eit le nom que donnent les Anglais à la confédération faite en Ecofe l’an 1638, pour introduire une nou- velle lirurgie, Ce convenant comprenoit trois chefs Tome IF, CON IGI principaux : 1°. un renouvellement du ferment qu’- avoient fait les Ecoflois du tems de la réformation, de défendre la prétendue pureté de la religion & les droits du roi contre l’églife de Rome , & d’adhérer inviolablement à la confeflion de foi dreflée lan 1580 , & confirmée l’année fuivante par les états généraux du royaume : 2°. un précis de tous les ar- rêtés des états généraux pour la confervation de Ia religion réformée, tant pour la difcipline que pour la doûrine : 3°. une obligation de condamner le gou- vernement des épifcopaux, & de s’oppofer à tout ce qui feroit contraire à la profeflion de foi des égli- fes d'Ecoffe. Le roi Charles I. condamna ce conve- nant comme téméraire & tendant à rebellion. Il en permit pourtant enfuite un avec quelques reftric- tions, que les confédérés rigides ne voulurent point accepter. Ce convenant, qui divifa PEcoffe en deux partis fous les noms de confédéres & de non-conféde- rés, fut reçu & figné en 1643 par le parlement d’An- gleterre où les preshytériens dominoient alors, pour établir une uniformité dans les trois royaumes d’An- gleterre, d’Ecofle & d’Irlande. Mais fous Charles IT. les épifcopaux ayant repris le deflus , il ne fut plus mention de ce cozvenant. (G) CONVENT. Voyez COUVENT. CONVENTICULE , f. m. (Police) diminutif & mot formé du latin cozveztus, aflemblée, Conventi- cule fe prend toûjours en mauvaife part, pour une _aflemblée féditieufe ou irréguliere , ou au moins clandeftine. En France tout attroupement fait fans la permiflion & l’aveu du fouverain, eft un cozvez- cicule prohibé par Les lois. (G) CONVENTION, CONSENTEMENT, ACCORD, (Syr.) le fecond de ces mots défigne la caufe & le principe du premuer, & le troifieme endéfigne l'effet. Exemple. Ces deux particuhers d’un commun confentement ont fait enfemble une cover tion au moyen de laquelle ils font d'accord, (0) ConNvENTION, f. f. (Jurifp.) eft le confentement mutuel de deux ou de plufeurs perfonnes pour for- mer entr’eux quelqu’engagement ou pour en refou- dre un précédent, ou pour y changer, ou ajoûter , ou diminuer quelque chofe , duorum vel plurium 1 idem placitum confenfus. | R On diftinguoit chez les Romains deux fortes de conventions, {avoir les paétes & les contrats propre- ment, dits. Les pates étoient de fimples conventions qui n’a- voient point de nom propre ni de caufe, de forte qu’elles ne produifoient qu’une obligation naturelle qui n’engendroit point d’aétion, mais feulement une exception, au lieu que les contrats proprement dits. étoient ceux qui avoient un nom propre, ou du moins une caufe ; car il y avoit des contrats innom- més , ainfi que nous l’avons dit ci-devant 44 m0ë CONTRAT; & ces conventions produifoient une obligation civile , & celle-ci une aétion. Les flipulations étoient des contrats nommés, qui {fe formoient verbalement & fans écrit par l’inter- rogation que faifoit l’un des contraétans à l’autre, s’il vouloit s’obliger de faire ou donner quelque chofe , & par la réponfe de l’autre contraétant, qui promettoit de faire ou donner ce que l’autre hu de- mandoit. On ne s’arrête point parmi nous à toutes ces dif- tinions inutiles de forme entre les conventions, les contrats, les pates, &z les fhpulations : le mot co- vention eft un terme général qui comprend toutes {ortes de paétes, traités, contrats, ftipulations, pro: mefles, & obligations. Il eft vrai que chacun de ces termes convient plus particulierement pour expri- mer une certaine convention; par exemple, on ne fe fert guere du terme de paëfe que pour les cozven- 161 CON sions qui concernent les fucceffions. On dit un sraité de fociéré. On appelle contrats, les conventions par lef- quelles deux perfonnes s’obligent réciproquement, & qui ont un nom propre, comme un contrat de vente, d'échange, 6c. Obligarion proprement dite eft l'engagement d’une perfonne envers une autre par un adle authentique ; & promeffe eft un enga- gement verbal ou fous feing privé : mais tous ces engagemens produifent également une obligation ci- vile & une ation. Les conventions font proprement des lois privées que les contraétans s’impofent , & auxquelles ils s’obligent de fe conformer. L'ufage des conventions eft une fuite naturelle de la fociété civile & des befoins mutuels que les hom- mes ont les uns des autres, & des différentes chofes qu'ils poffedent chacun en propre ; c’eft ce qui don- ne lieu aux traités de louage, de prêt, de vente, d'échange, & à toutes les autres cozventions en gé- néral. Toutes perfonnes capables de contraéter peuvent faire des conventions telles qu'ils jugent à-propos , pourvû qu'elles ne foient point contraires aux bon- nes mœurs ou à quelque fatut prohibitif. Ce n’eft pas feulement entre préfens que l’on peut faire des conventions ; elles fe peuvent faire entre abfens , foit par l’entremife d’un fondé de procura- tion, ou de quelqu'un fe portant fort pour l’abfent, ou même par lettres nufiives. | Celui qui a charge d’un abfent, ne peut l’enga- ger au-delà du pouvoir qui lui a été donné. Si un tiers fe porte fort pour l’abfent fans avoir charge de lui, l’abfent n’eft engagé que du jour qu'il a ratifié la convention. Les tuteurs, curateurs, & autres adminiftrateurs, les chefs des corps politiques & des fociétés parti- culieres, ne peuvent engager ceux qu'ils repréfen- tent au-delà du pouvoir qu'ils ont en leur qualité d’admimiftrateurs. Toutes les chofes qui entrent dans le commerce &c tout ce qui peut dépendre de l’induftrie ou du fait de quelqu'un, peut faire la matiere des conventions. On les rapporte communément toutes en Droit à quatre efpeces principales, favoir, do ut des, fa- cio ut facias , facio ut des, do ut facias; mais dans notre ufage, ces deux dernieresefpeces font propre- , ment la même. Toute convention pour être valable doit avoir une caufe légitime , foit que l'engagement foit gra- fuit ou non de part &c d'autre, & que les deux con- tra@tans s’obligent réciproquement lun envers l’au- tre, ou qu’un feul s’oblige envers l’autre; ainfi dans l'obligation pour caufe de prêt , les deniers prètés font la caufe de la convention : une donation doit pareïillement avoir une caufe , comme de récom- penfer le mérite ou les fervices du donataire, ou pour l’amitié que le donateur lui porte. On diftinguoit chez les Romains les conventions ou contrats de bonne foi de ceux qu’on appelloit dé droit étroit ; mais parmi nous en toutes corven- zions la bonne-foi eft néceflaire , tant envers les contraétans qu’envers les tiers qui peuvent fe trou- ver intéreflés , & cette bonne-foi doit avoir toute l'étendue que l’équité demande felon la nature de l'engagement. Il y a des conventions qui tirent leur origine du droit des gens, comme le prêt, le loüage, l’échan- ge, Gc. d’autres qui tirent leur origine du droit ci- vil, comme les tranfaétions, ceflions, fubrogations. Voyez CONTRAT. Plufieuts conventions ont un nom qui leur eft pro- "pre, & forment ce que l’on appelle en Droit des contrats nommés , telles que celles dont on vient de parler, telles ençore que la vente, la fociété, 6. CON d’autres n’ont point de nom qui leur foit propre, & forment des contrats 22n0/mmeés. fa On comprend fous le terme de convention, non= feulement le contrat principal qui contient quelque engagement, mais aufli toutes les claufes, charges, conditions | & réferves que l’on peut ajoûter au contrat. La plüpart des conventions s’accompliflent par le feul confentement mutuel des parties, fans qu'il foit accompagné de tradition de la chofe qui fait objet de la convention ; il y en a néanmoins qui ne font parfaites que par la délivrance de la chofe, telles que le prêt, & la vente des chofes qui fe livrent par poids, nombre , & mefure. Les conventions fe forment en quatre manieres fui- vant la divifon du Droit, re, verbis, litteris, € folo confenfu : par la chofe, c’eft-à-dire par la tradition d’une chofe que lon prête ou que l’on loüe , ou par paroles ou par écrit, ou par Île feul confentement tacite. Voyez CONTRAT & QUASI-CONTRAT. Anciennement la bonne foi tenoit lieu d’écrit dans les conventions ; l’écriture même, lorfqu’elle com- mença à être en ufage, ne fervoit que de mémoire : on ne fignoit point les conventions. Pline s’émerveil- le de ce que de fon tems dans tout l'Orient & l’E- gypte on n’ufoit point encore de fceaux, on fe con- tentoit de l’écriture feule ; au lieu qu'à Rome cha- cun marquoit l'écrit de fon fceau ou cachet parti- culier , pour dire qu'il adoptoit ce qui étoit écrit, {oit de fa main ou d’une main étrangere. Quoiqu’on doive admirer la bonne-foi des an- ciens , 1l eft cependant plus für d'écrire & de figner les conventions , parce que la mémoire eft infidele, & que l’on évite par-là l’embarras de la preuve. Les conventions par écrit fe font pardevant notaï- re ou autre officier public, ou fous feing privé : on peut aufñ faire des conventions ou contrats en juge- ment , lefquels engagent les parties comme fi elles avoient figné. | Chez les Romains toute convention étoit valable fans écrit, mais dans notre ufage cela fouffre quel- ques exceptions : 1°. fuivant l’article 54. de l’ordon- nance de Moulins, & l’art. 2. du tir, xx, de l’ordon- nance de 1667, toute convention pour chofe excé- dante la fomme de 100 livres doit être rédigée par écrit, fi ce n’eft en certains cas exceptés par l’or- donnance : 2°, 1l y a certaines conventions qui par leur nature doivent être redigées par écrit , & mê- me devant notaire , & avec minute, telles que les contrats de mariage, les prêts fur gage, &c. Les billets fous fignature privée, au porteur, à ordre ou autrement , caufés pour valeur en argent, font nuls, fi le corps du billet n’eft écrit de la main de celui qui l’a figné, ou du moins fi la fomme por- tée au billet n’eft reconnue par une approbation écrite en toutes lettres aufli de fa main : on excepte feulement les billets faits par les banquiers , négo- cians, marchands, manufaéturiers , artifans , fer- miers , laboureurs, vignerons, manouvriers 8 au- tres de pareille qualité , dont la fignature fufiit pour Ja validité de leur engagement. Voyez la déclaration du 22 Septembre 1733. Lorfque la convention fe fait devant un officier pu: blic , elle n’eft parfaite que quand Paéte eft achevé en bonne forme , que les parties, les témoins, & l’officier public ont figné : fi la fignature de celui-ci manquoit, la convention feroit nulle & ne vaudroit même pas comme écriture privée, n'ayant pas été deftinée à valoir en cette forme ; ce feroit feulement un commencement de preuve par écrit. Une convention authentique n’a pas befoin de preuve, à moins qu'il n’y ait infeniption de faux contre l’aûte. Voy, FAUX & INSCRIPTION DE FAUX. Les fignatures appofées au bas des conventions TT RS ——. À. fous feing privé , font fujettes à vérification. Pour ce qui eft des cozventions verbales , on en peut faire la preuve tant par titres que par témoins, fuivant les regles portées par Le #iore xx. de l’ordon- nance de 1667. Voyez PREUVE. Ce qui fe trouve d’obfcur dans les corventions doit être à la rigueur interpreté contre celui qui a dû s'expliquer plus clairement : on incline fur-tout en ce cas pour lobligé , & fon engagement doit s’en- tendre de la maniere qui lui eft le plus favorable. On doit néanmoins tâcher de découvrir quelle a été l'intention des parties , à laquelle il faut toùjours s'arrêter plütôt qu'à la lettre de l’aéte ; ou fi l’on ne peut découvrir quelle a été leur intention, on s’en tient à ce qui eft de plus vraiflemblable fuivant Pufa- ge des lieux & les autres circonftances, Les différentes claufes & convenrions d’un ate s’interpretent mutuellement ; on doit voir la fuite de l’aûte, le rapport qu’une partie avoit avec l’au- tre, & ce qui réfulte du corps entier de Paéte. L'effet des conventions valables eft d’obliger non feulement à ce qui y eft exprimé , mais encore à tout ce qui en eft une fuite naturelle ou fondé fur Ja loi. Dans les conventions qui doivent produire un en- gagement réciproque , l’un ne peut être engagé que l'autre ne le foit pareillement , & la convention doit être exécutée de part & d’autre, de maniere que fi lun refufe de l’exécuter , l’autre peut l'y contrain- dre; & en cas d’inexécution de la cozvention en tout ou partie, 1l eft dû des dommages & intérêts à celui qui fouffre de cette inexécution. Il eft permis d’inférer dans les conventions toutes fortes de claufes & conditions, pourvü qu’elles ne foient point contraires aux lois ni aux bonnes mœurs. Ainf l’on peut déroger à fon droit particulier & aux lois qui ne font pas prohibitives ; mais les particu- liers ne peuvent par aucune coxvention déroger au droit public. L’évenement de la condition opere l’accomplif- fement ou la réfolution de la cozvention, fuivant l'état des chofes & ce qui a été ftipulé. Foy. CLau- SE RÉSOLUTOIRE 6 CLAUSE PÉNALE. Les conventions nulles font celles qui manquant de caraéteres eflentiels qu’elles devroient avoir, ne produifent aucun effet. | La nullité des conventions peut procéder de plu- fieurs caufes différentes : 1°. de l’incapacité des per. fonnes , comme quand elles n’ont pas la faculté de s’obliger ; 2°. lorfqu’il n’y a point eu de confente- ment libre ; 3°. lorfqu'il y a eu erreur de fait; 4°. lorfque l’aéte n’eft pas revêtu des formalités nécef- faires ; $°. fi la chofe qui fait l’objet de la convention n’eft pas dans le commerce ; 6°. fi la convention eft contraire au droit public, ou à quelque loi prohibi- tive, ou aux bonnes mœurs. Celles qui font dans cette derniere claffe ne font pas feulement nulles, elles font illicites ; tellement que ceux qui y ont eu part, peuvent être punis pour les avoir faites. Il y a des conventions qui ne font pas nulles de plein droit , mais qui peuvent être annullées ; com- me quand il y a eu dol ou léfion. Voyez NULLITÉ, RESCISION , 6 RESTITUTION EN ENTIER. Une convention parfaite peut être réfolue , foit par un confentement mutuel des parties , où par quelque claufe réfolutoire, ou par la voie de la ref- cifion ; & dans tous ces cas, les conventions accef- foires , telles que l’hypotheque, les cautionnemens, &c. fuivent le fort de [a conversion principale. Voyez au digefte les titres de paëtis & de obligat. & aütion. & ci-devant ax mor CONTRAT. Voyez auffi ENGA- GEMENT , OBLIGATION. CONVENTION COMPROMISSAIRE , eft celle qui Tome IF, L CON 163 contient un compromis, à l'effet d'en pañler par l'avis d’arbitres. Voyez ARBITRES 6 ComMPRomis, &c au code, iv. IV, tit. xx. 1. 20, CONVENTION DU DROIT DES GENS, c’eft celle qui tire fon origine de ce droit ; c’eft la même chofe que contrat du droit des gens, Voyez ci-devant 4x mot CONTRAT. CONVENTION EXPRESSE, eft tout contrat fait foit par écrit ou verbalement, ou par la tradition de quelque chofe , à la différence des conventions tacites formées pat un confentement , non pas ex- près, mais réfultant de quelques circonftances qui le font préfumer. Voyez ci-devant QUASI-CONTRAT 6 CONTRAT TACITE. " CONVENTION ILLICITE, eft celle qui eft contre les bonnes mœurs, ou contraire à quelque ftatut prohibitif négatif. . CONVENTION INNOMMÉE: on dit plus volon- tiers contrat inñnommé. Voyez CONTRAT. CONVENTION INUTILE, en Droir, eft celle qui ‘ne doit point avoir fon exécution , telles que les conventions faites contre tes bonnes mœurs. Foyes au dig, Liv, XVI, tir, ui, L 1... 7. CONVENTION LÉGITIME, ez Droir, eft celle qui et confirmée par quelque loi. Voy. au digefe , L. IT. tit, xJv. L. 6, On entend aufli quelquefois par-là une convention qui tire fon origine de la loi, c’eft-à-dire du droit civil ; & en ce fens la convention légirime eft oppofée à la convention ou contrat du droit des gens: CONVENTION LICITE, eft toute convention qui ’eft ni prohibée par les lois, n1 contraire aux bon nes mœurs: CONVENTIONS DE MARIAGE, ce font toutes les claufes que l’on infere dans un contrat de mariage, relatives au mariage ou aux droits que les conjoints doivent avoir fur les biens l’un de l’autre : telles font les claufes par lefquelles les futurs conjoints pro: mettent de fe prendre pour mari & femme ; celles qu concernent la dot de la femme & fes parapher- naux , la communauté de biens, le doüaire ou l’aug- ment de dot, le préciput , les dons de furvie, les dettes créées avant le mariage , le remploi des pro pres aliénés, &c. On peut par contrat de mariage faire telles conventions que l’on juge à-propos , pour- vù qu’elles ne foient pas contraires aux bonnes mœurs , ou à quelque ftatut prohibitif qui régifle les futurs conjoints ou leurs biens. CONVENTIONS MATRIMONIALES: On confond fouvent cet objet avec les conventions de mariage. Il y a cependant quelque différence , car l’objet des conventions de mariage eft plus étendu : on entend ordinairement par-là toutes les claufés contenues dans le contrat de mariage , telles que celle qui con- cerne la célébration même du mariage, & autres claufes dont on a parlé dans l’article précédent ; ax lieu que par le terme de conventions matrimoniales proprement dites, on n’entend ordinairement autre chofe que les avantages ftipulés en faveur de la fem= me par le contrat de mariage. On joint communé- ment le terme de reprifes avec celui de conventions matrimomales. Les reprifes font ce qui appartient à la femme de fo , comme fa dot, fes propres, rem- plois de propres, &c. Les conventions matrimoniales font ce qu’elle gagne en vertu du contrat exprès ow tacite, comme fa part de la communauté de biens , fon préciput , fon dotaire ou fon augment de dot , & autres avantages portés par la loi ou par le contrat. La femme a pour fes reprifes & conventions matrimo- niales hypotheque fur les biens de fon mari du jour du contrat ; ou à défaut de contrat écrit , du jour de la célébration du mariage. CONVENTION NATURELLE, qu'on appelle auf convention fans titre , Ou femple promeffe , ou paie rud ; étoit chez les Romains une maniere de con- 164 CON traéter, qui ne produifoit qu'une obligation naturelle fans aucuns effets civils. Cette cozvention n’étoit fon- dée ni fur un écrit, n1 {ur la tradition d'aucune cho- fe ; mais fur le feul confentement des parties, & fur une promefle verbale qui formoit un fimple paëe ou patte nud: qu’il dépendoit de la bonne -fo1 des parties d'exécuter ou ne pas exécuter, parce qu'il ne produifoit point d’aétion civile. On ne connoït plus parmi nous cette diftinéhion fubtile des contrats d'avec les fimples conventions ; toute convention licite produit une aétion civile pour en demander l'éxécu- tion. Voyez PACTE, & l’hiff. de la jurifprud. Rom. de M. Terraflon, part. I. ,. 8. CoNvVENTION NUE, eft la même chofe que coz- vention naturelle ; elle ne produifoit point d’aétion, à moins qu’elle ne füt accompagnée de tradition ou de ftipulation, ff. Liv. II. tr. xjv. L. 43. Voyez ci-dev, CONVENTION NATURELLE, 6 PACTE 6 STIPu- LATION, CONVENTIONS ORDINAIRES , font tous les con- trats qui produifent une obligation civile : on les ap- pelloit ainfi chez les Romains , pour-les diftinguer des conventions fimples ou naturelles. Voyez Con- TRAT, CONVENTION PRIVÉE, eft toute convention faite entre particuliers, & pour des objets qui les con- cernent feuls, ou qui ne concernent en général que des particuliers, & non le public. Ces fortes de coz- ventions ne peuvent déroger au droit public ; elles font oppofées à ce que l’on appelle conveztions pu- bliques. Voyez l’article fuivant , & au 50°. liv. du dig. tir, xvi. L. 45. CONVENTION PUBLIQUE, eft celle qui concerne le public, & qui engage l’état envers une autre na- tion : tels font les treves, les fufpenfions d’armes, les traités de paix & d’alliance. Voyez La loi v. au ff. de paitis, & ci-devant CONVENTION PRIVÉE. CONVENTION PROHIBÉE , eft celle qui eft ex- preflément défendue par quelque loi, comme de ftipuler des intérêts à un denier plus fort que celui permis par l’ordonnance, de s’avantager entre con- joints. CONVENTIONS ROYALES DE N1iMES, eft une ju- rifdiétion royale établie dans cette ville par Philippe Augufte en 1272. Ce prince par une convention faite avec des marchands de différentes villes, donna à cette jurifdiétion plufeurs privilèges à l’inftar de ceux des foires de Champagne & de Brie, & des bourgeoifies royales de Paris ; il accorda entre au- tres chofes à ceux qui étoient foùmis à cette jurifdi- étion , de pourfuivre leurs débiteurs de la même ma- nicre que le faifoient les marchands des foires de Champagne & de Brie, & de ne pouvoir être jugés par aucun autre juge que celui de Nimes. Philippe de Valois, par des lettres du 19 Août 1345, accor- dées à la requête des marchands Italiens demeurant à Nîmes, & étant du corps des conventions royales , confirma ces privilèges qui étoient conteftés par les bourgeois de la baftide nouvelle de Beauvais, qui prétendoient avoir des priviléges contraires. Ces lettres ne devoient fervir que pendant un an. Le ju- ge des conventions a fon principal fiége à Nîmes ; mais il a des lieutenans dans plufeurs lieux de la féné- chauffée : il ef juge cartulaire, ayant fcel royal , au- thentique & rigoureux. Il connoït des exécutions faites en vertu des obligations paflées dans fa cour, & 1l peut faire payer les débiteurs par faifie de corps &z de biens ; mais 1l ne peut connoïtre d'aucune caufe en ation réelle ou perfonnelle ,pas même par adrefle de lettres royaux, fuivant l’ordonnance de Charles VIII. du 28 Déc, 1490. , CONVENTION SIMPLE, voyez ci-devant CONVEN- TION NATURELLE. CONVENTION DE SUCCÉDER , eft un çontrat par 1 CON lequel on regle l’ordre dans lequel on fuccédera à un homme encore vivant; c’eft la même chofe que ce que l’on appelle /xcceffion contraëfuelle. Voyez Suc- CESSION CONTRACTUELLE. CONVENTION TACITE, eft celle qui fe forme par un confentement non pas exprès, mais feulement préfumé , telles que font les quafi-contrats. Voyez ci-. devant au mot CONTRAT, à la fubdivifion des gua/£- COJLITALS, CONVENTION VERBALE, eft celle qui eft faite par paroles feulement fans aucun écrit. Chez les Ro- mains on diftinguoit les convensions qui {e formoient par la tradition d’une chofe,de celles qui fe formoient par paroles feulement.Parmi nous on appelle corvez- ion verbale ; toute convention exprefle faite fans écrit. CONVENTION USURAIRE, eft celle qui renferme quelque ufure au préjudice d’une des parties con- trattantes. Ÿ. CONTRAT USURAIRE 6 USURE.( 4) CONVENTION, ( Æiff. mod.) nom donné par les Anglois à l’aflemblée extraordinaire du parlement, faite fans lettres patentes du roi lan 1689, après la retraite du roi Jacques If. en France. Le prince & la princeffe d'Orange furent appellés pour occuper le trône prétendu vacant, & aufi-tôt la convention fut convertie en parlement par le prince d'Orange. Les Anti-Jacobites fe font efforcés de juftifier cette innovation : on a foûtenu contre eux que cette aflem- blée dans fon principe étoit illégitime, & contraire aux lois fondamentales du royaume. (G) CONVENTIONNEL , adj. (Jurifpr.) le dit de ce qui dérive d’une convention. Par exemple, on dit #7 bail conventionnel par op- potion au bail judiciaire qui eft émané de la juftice, &c non d’une convention. Fermier ou locataire conventionnel, eft ainfi nom- mé par oppoñition au fermier judiciaire. Voyez ci-apr, CONVERSION DE BAIL CONVENTIONNEL. Rachat ou retrait conventionnel , eft la même chofe que la faculté de réméré, Voyez RÉMÉRÉ. (4) CONVENTUALITÉ , f. £, (Jurifpr.) fignifie l’é- tat & la forme d’une maïfon religieufe qui a le titre de couvent ; car toute maifon qui appartient à des moines , & mème occupées par quelques moines , ne forme pas un couvent : il faut que cette maifon ait été établie & érigée en forme de couvent, & qu'il y ait un certain nombre de religieux plus ou moins confidérable , felon les ftatuts de l’ordre ou congrégation, pour y entretenir ce que l’on appelle la conventualité, Il eft dit par une déclaration du 6 Mai 1680, que la conventualité ne pourra être prefcrite par aucun laps de tems tel qu'il puiffe être, tant qu'il y aura des lieux réguliers fubfiftans pour y mettre dix ou douze religieux, & que les revenus de la maifon feront fufhfans pour les y entretenir ; de forte que fi la conventualité y eft détruite , elle doit être réta- blie. Dans les prieurés fimples & les prieurés fociaux, il n’y a point de conventualité. (4) * CONVENTUELS ,f. m. pl. (ff. eccl.) congré- gation de l’ordre deS. François. Ce nom devint com mun en 1250 à tous ceux de cet ordre qui vivoient en communauté ; 1l fut dans la fuite particulier à ceux qui pouvoient pofléder des fonds & des rentes. Le cardinal Ximenès les affoiblit beaucoup en Efpagne, en transférant la plüpart de leurs mafons aux Ob- fervans ; ils furent abolis en Portugal par PhihippelIl. ils recurent aufli des échecs en France, où il leur refta cependant des maiïfons. Léon X. les fépara tout- a-fait des Obfervans; mais en accordant à chacun fon général , 1l réferva le titre de miniftre général de l’ordre de S. François aux Obfervans, & le droit de confirmer l’életion du général des Conventuels ; il fe forma de ceux-ci, en 1562, en Italie une con- srégation particuliere, que Sixte V. approuva, & qu'Urbain VIII. fupprima. Voyez CORDELIERS. CONVERGENT , adj. ez Alpebre, fe dit d’une fé- rie, lorfque fes termes vont toûjours en diminuant. Ainfi 1,2,2, +, 6c. eft une férie convergente. Voyez SÉRIE, SUITE & DIVERGENT, (0). CONVERGENT : droites convergentes , en Géométrie fe dit de celles qui s’approchent continuellement, ou dont les diftances diminuent de plus en plus, de maniere qu’étant prolongées , elles fe rencontrent en quelque point ; au contraire des lignes divergen- tes, dont les diftances vont toüjours en augmentant. Les lignes qui font convergentes d’un côté, font di- versentes de l’autre. Foyez DIVERGENT. Les rayons sonvergens, en Dioptrique font ceux qui en paflant d’un nulieu dans un autre d’une den- fité différente, fe rompent s’approchant l’un vers l’autre ; tellement que s'ils étoient aflez prolongés, ils fe rencontreroient dans un point ou foyer. Voyez RAYON € RÉFRACTION , 6c. | Tous les verres convexes rendent les rayons paralleles convergens , & tous les verres concaves les rendent divergens, c’eft-à-dire que les uns ten- dent à rapprocher les rayons, & que les autres les écartent ; & la convergence ou divergence des rayons eft d’autant plus grande, que les verres font des por- tions de plus petites fpheres. Woyez CONCAVE, &c. C’eft fur ces propriétés que tous les effets des len- tilles , des microfcopes, des télefcopes, &c. font fon- dés. Voyez LENTILLE, MICROSCOPE, Éc. Les rayons qui entrent convergens d’un milieu plus denfe dans un milieu plus rare, le deviennent en- core davantage , & fe réuniffent plütôt que s'ils avoient continue à fe mouvoir dans le même milieu. Voyez RÉFRACTION. Les rayons qui entrent convergers d’un milieu plus rare dans un milieu plus denfe, deviennent moins convergens & {e rencontrent plûtard que s'ils avoient continué leur mouvement dans le même milieu. Les rayons paralleles qui paflent d’un milieu plus denfe dans un milieu plus rare, comme par exemple du verre dans l'air, deviennent convergens, & ten- dent à un foyer, lorfque la furface dont ils fortent a {a concavité tournée vers le mulieu le plus denfe, x fa convexité vers le milieu le plus rare. Foyez R£- FRACTION. Les rayons divergens ou qui partent d’un même point éloigné, dans les mêmes circonftances , de viennent couvergens & {e rencontrent ; & à mefure qu'on approche le point lumineux , le foyer devient plus éloigné : de forte que fi le point lumineux ef placé à une certaine diftance, le foyer fera infini- ment diftant , c’eft-à-dire que les rayons feront pa- ralleles ; & fi on l'approche encore davantage, ils feront ‘divergens. Voyez DIVERGENT ; voyez auffi CONVEXITÉ , CONCAVE, FOYER, &c. Si la furface qui fépare les deux milieux eft plane, les rayons paralleles fortent paralleles, mais à la ve- rité dans une autre diretion ; & fi les rayons tom- bent divergens , ils fortent plus divergens : mais s'ils tombent convergens , ils fortent plus convergens. C'eft tout le contraire, fi les rayons pañlent d’un milieu plus rare dans un plus denfe. (0) CONVERGENT : kyperbole convergente , eft une hy- perbole du troifieme ordre, dont les branches ten- dent l’une vers l’autre, & vont toutes deux vets le même côté. Telles font (fig. 35. Jeé. con.) les bran- ches hyperboliques 48, CD, qui ont ane afymp- tote commune. (O0) | CoONVERGENT , ez Anatomie, fe dit des mufcles qui rencontrent ou rencontreroient obliquement le lan que l’on imasgine divifer le corps en deux par- q P Ï ties égales & fymmétriques , & forment ou forme- CON 165 roient avec li un angle dont le fommet tegarderoit le plan horifontal. Voyez Corps. (L CONVERS, f. m. (Jzri/pr. ) eft le nom que Pon donne dans les coûvents à des freres qui n’ont point d'ordre, Ce mot vient du latin cozverfus, qui dans fon origine fignifioit un homme converti, On appli- quoit ce nom aux laïcs qui dans un âge de raïfon embrafloient la vie religieufe, à la différence de ceux que leurs parens y avoient voués , & offerts à Dieu dès l'enfance , que l’on nommoit ob/ats feu oblatr. Ces freres convers font auffi nommés improprement freres lais ; ce qui ne fignifie pas néanmoins qu'ils foient véritablement laics. En effet, dès l’an 383 le pape Sirice appella tous les moines à la cléricature; & les freres convers, dont l’infüitution n’eft que du x. fiecle, n'ont été appellés Zais, que parce que dans l’origine c’étoient des gens fans lettres, com- me ils font encore la plûüpart. Le terme Zais fignifiant en cette occafion un homme non lettré, par oppoñ- tion au tèrme crc, qui fignifioit alors également leccléfraftique & l’homme de lettres. Les freres convers font néanmoins incapables de pofléder des bénéfices, n’ont point de voix en cha- pitre ; ils n’afliftent pot ordinairement au chœur, mais font employés aux œuvres extérieures de la maïlon: il y a néanmoins quelques ordres où les fœurs converfes ont voix en chapitre. Voy. Mabiilon, Jæc. vj..Bened. pref. X1. n. 1. Toutnet , Les, B. z, 45. Papon, y. IL. rit. jv. n. 44. Loix eccléfiaflig. de d’'Hericourt, #r, de l’éleftion , &c. n. 15. (À CONVERSANO , (Géog.) ville d'Italie auroyau- me de Naples , dans le territoire de Bari. Long. 34. So. lat, 41. 10. CONVERSATION, ENTRETIEN, ( Grarm.) Ces deux mots défignent en général un difcours mu- tuel entre deux ou plufñeurs perfonnes ; avec cette différence , que converfation fe dit en général de quelque difcours mutuel que ce puiffe être, au lieu qu'entretien fe dit d’un difcours mutuel qui roule fur quelque objet déterminé. Ainfi on dit qu’un hom- me eft.de bonne converfation, pour dire qu’il parle bien des différens objets fur lefquels on lui donne lieu de parler ; on ne dit point qu'il eft d’un bon ez- tretien, Entretien {e dit de fupérieur à inférieur; on ne dit point d’un fujet qu'il a eu une cozverfation avec le Roi, on dit qu’il a eu un errerien ; on fe {ért auf du mot d’ezrretien, quand le difcours roule fur une matiere importante.On dit, par exemp. ces deux princes ont eu enfemble un entretien fur les moyens de faire la paix entr'eux. Enrrerien fe dit pour l’ordi- naire des cozverfations imprimées, à moins que le fujet de la converfation ne {oit pas férieux ; on dit les entretiens de Cicéron fur la nature des dieux, & la converfanion du P. Canaye avec le maréchal d’'Hoc- quincourt. Dialogue eft propre aux converfations dra- matiques, & colloque aux converfations polémiques &publiques qui ont pour objet des matieres de doc- trine , comme le colloque de Poify. Lorfque plu- fieurs perfonnes, fur-tout au nombre de plus de deux, font raflemblées & parlent entr’elles, on dit qu’elles font en converfation , & non pas en ezrrerier. Les lois de la converfarion font en général de ne s’y appefantir {ur aucun objet, mais de pañler lege- rement, fans effort & fans affeétation, d’un fujet à un autre ; de favoir y parler de chofes frivoles com- me de chofes férieufes; de fe fouvenir que la coz- verfation eft un délaflement, & qu’elle n’eft ni un affaut de falle d’armes , ni un jeu d’échecs ; de fa- voir y être négligé, plus que négligé même, s’il le faut : en un mot de laïfer, pour ainf dire, aller fon efprit en liberté, 8: comme 1l veut où comme ilpeut ; de ne point s’emparer feul & avec tyrannie de la parole ; de n’y point avoir le ton dogmatique 87 ma- giftral: rien ne choque davantage les auditeurs, & 166 CON ne les indifpofe plus contre nous. La converfation eft peut-être la circonftance où nous fommes le moins les maîtres de cacher notre amour-propre ; & il y a toüjours à perdre pour lui à mortifier celui des au- tres ; parce que ce dernier cherche à fe venger, quil eft ingénieux à en trouver les moyens , & que pour l'ordinaire 1l les trouve fur le champ ; car qui eft-ce qui ne prête pas par cent endroits des armes à l'amour - propre d’autrui ? C’eft encore un dé- faut qu’il faut éviter, de parler en corverfation com- me on feroit à des leéteurs, & d’ayoir ce qu’on ap- pelle une converfation bien écrite. Une converfation ne doit pas plus être un livre, qu’un livre ne doit être une converfation. Ce qu'il y a de fingulier, c’eft que ceux qui tombent dans le premier de ces défauts, tombent ordinairement dans le fecond ; parce qu’ils ont l'habitude de parler comme ils écriroient , als s’imaginent devoir écrire comme ils parleroient. On ne fauroit être trop fur fes gardes quand on parle au public, & trop à fon aïfe avec ceux qu’on fré- quente. Voyez AFFECTATION. (O0) CONVERSE, adj. ez Géomérrie. Quand on met en fuppoñtion une vérité que l’on vient de démon- trer, pour en déduire le principe qui a fervi à fa démonftration, c’eft-à-dire quand la conclufon de- vient principe & le principe conclufon, la propofi- tion qui exprime cela s’appelle la cozverfé de celle qui la précede. Par ex.on démontre en Géométrie que fi les deux côtés d’untriangle font égaux, les deux angles oppo- fés à ces côtés le font auf ; & par la propofition coz- verfe , fi les deux angles d’un triangle font égaux, les côtés oppolés à ces angles le feront auf. La converfe s'appelle aufli znverfe, Il y a plufieurs propofitions dont l’inverfe n’eft pas vraie: parexem- ple cette propofition , es trois côtés d'un triangle étant donnés , on peut connoîitre les trois angles, eft vraie & facile à démontrer, mais fon inverfe feroit faufle; Les trois angles étant donnes , on connoït les trois cô- tés; car il y a une infinité de triangles qui peu- vent avoir les mêmes angles, fans avoir les mêmes côtés. Voyez TRIANGLES SEMBLABLES. C’eft à quoi les faifeurs d’élémens de Géométrie doivent être fort attentifs pour ne pas induire en erreur les com- mençans. (0) * CONVERSION DES PROPOSITIONS, (Log.) voyez PROPOSITION. re CoNvERSION , {. f. On fe fert ez Arithmétique , de l’expreflion , Proportion par converfion de raifon , pour figniñer la comparaifon de l’antécédent, avec la différence de l’antécédent & du conféquent dans deux raifons égales. Par exemple, y ayant même raïfon de 2 à 3 que de 8à 12, on en conclud qu'il y a aufli même raïfon de 2 à 1 que de 8 à 4; c’eft-à-dire en général que fi a: bi:c:d, on en conclud que a: b—a:tc:d—c, ce qui eft évident; car a d=bc donnead—ac— bBc—ac, & par conféquent 4 : PNR CLIEETS. Voyez ANTÉCÉDENT ;, CONSÉQUENT , RAISON, Rapport, Gc. (0) CONVERSION DES EQUATIONS, er Algebre , fe dit de l’opération qu'on fait lorfqu’une quantité cherchée ou inconnue, ou une de fes parties, étant ous la forme de frattion, on réduit le tout à un mé- me dénominateur , & qu’enftute omettant les dé- nominateurs, il ne refte dans l'équation que les nu- mérateurs. Voyez ÉQUATION & FRACTION. Ainfi, fuppofezx —8= "+6, x étant l'in- connue, multipliez-le tout par d, & vous aurez x d— bd=xx+cc+bd. Voyez EQUATION, TRANS- FORMATION, 6c. Ce terme eft aujourd’hui peu en ufage; on fe fert du mot de fasre évanouir les frac- sions. Voyez RÉDUCTION. (0) * Conversion, f, f. (Théol.) changement ferme &t durable qui furvient dans la volonté du pécheur, en conféquence duquel il fe repent de fes fautes, & fe détermine fincerement à s’en corriger & à les ex- pier. Il y a des théologiens qui regardent la cozver- Jion d'un pécheur dans l’ordre moral , comme un miracle auffi grand que le feroit dans l’ordre phyf- que celui par lequel il plairoit à Dieu de reffufciter un mort : conféquemment 1ls font très-refervés à accorder aux pécheurs Les prérogatives qu’ils jugent ne devoir être accordées qu'aux faints ou aux pé- cheurs convertis depuis un longtems. Il eft aifé de pé- cher par excès dans cette matiere, foit en croyant les converfions ou plus fréquentes ou plus rares qu’elles ne font , foit en refufant opiniatrément aux pécheurs pénitens des fecours dont ils ont befoin pour confom- mer leur converfon, & cela fur la fuppoñition que ces fecours doivent être conférés pour perfévéter dansle bien , & non pour fe fortifier contre le mal. F, Com- MUNION. CONVERSION , (Juri/pr.) eft le changement d’une chofe en une autre. Converfion d’ajournement perfonnel en decret de prife de corps , eft un decret qui fe donne en matiere cri- minelle , lorfque l’accufé ne comparoit pas dans le délai porté par l’ajournement perfonnel , ou lorfque par les charges les juges trouvent qu’il y a lieu de faire arrêter l’accufé. Converfion d'appel en oppofition , eft lorfque celui qui a interjetté appel d’une fentence par défaut, veut néanmoins procéder devant le même juge ; en ce cas il fait fignifier à fon adverfaire un aéte par lequel il convertit fon appel en oppoñtion. On prenoit autre- fois des lettres de chancellerie pour faire cette coz- verfion ; mais préfentement elle fe fait par requête, ou par un fimple acte. Converfion de bail conventionnel en judiciaire, fe fait lorfqu’un héritage ef faifi réellement. Le com- miflaire aux faifies réelles doit fommer le locataire ou fermier de déclarer s’il veut que fon bail conven- tionnel foit converti en judiciaire pour ce qui refte à expirer. Le locataire ou fermier, & la partie faifie, peuvent aufli demander la même chofe, On conver- tit ordinairement le bail conventionnel, pourvû que le prix de ce bail ne foit pas en grain, & qu'il ne foit pas fait à vil prix m1 frauduleux ; & comme la condition du fermier ou locataire ne doit pas par la faifie réelle devenir plus dure qu’elle étoit aupa- ravant, 1l n’eft point tenu de donner caution, ni contraignable par corps , à moins qu'il ne le fût dé- jà par le bail conventionnel. Lorfque le bail judiciaire eft adjugé , les fermiers ou locataires conventionnels ne font plus recevables à demander la converfion de leurs baux, fuivant le reglement du 12 Août 1664. Converfion de decret ; c’eft lorfque pour la contu- mace de l’accufé, ou à caufe des charges qui fe trou- vent contre lui, on prononce contre lui un decret plus rigoureux. Le decret d’afligné pour être où peut être converti en ajournement perfonnel, & celui-ci en prife de corps: on peut même de l'affigné pour être où pañler reéla au decret de prife de corps. Converfion d'information en enquéte, eft un Juge- ment qui civilife un procès criminel, & à cet effet convertit les informations en enquêtes. Le même ju- gement doit permettre à Paccufé qui devient défen- deur fimplement, de faire preuve contraire dans les délais ordinaires : on ordonne en même tems qu'il lni fera donné un extrait des noms, furnoms, âge, qualités, & demeure des témoins, afin qu'il puile les connoître pour fournir de reproches. Cette con- verfion d'information en enquérene peut être faite apres la confrontation. Converfion d’un procès civil en procès criminel, eft un jugement qu ordonne qu'un procès commencé par la voie civile fera pourfurvi extraordinairement ; ce qui fe pratique lorfque le fait dont il s’agit paroît mériter une inftruétion plus grave. En convertiffant le procès civil en criminel, on ne convertit pas pour cela les enquêtes en informations , mais on fait ré- péter les témoins par forme d’information. Foyez l'ordonn, de 1670 , tir. xx. (4) CoNvVERSION, figure de Rhétorique qui confifte à terminer les divers membres d’une période par les mêmes tours, comme dans cet endroit de Cicé- ton: Doletis tres exercitus P. R, interfeëtos ? Interfecit Antonius. Defideratis clariffimos cives ? eos vobis eri- puit Antonius. Autoritas hujus ordinis (fenatus) af- fitta efl? affixit Antonius. On appelle encore en Rhétorique converfion ; l'art de retourner où de retorquer un argument contre fon adverfaire , ou de le montrer par des côtés oppo- fés, en changeant le fujet en attribut, & lattribut en fujet. Il y a auffi des cozverfions d’argumens d’une figure à une autre, & des propofitions générales aux particulieres. Voyez RETORSION, 6. (G) & ConNversiON, (Art milir.) fe dit quand on com- mande aux foldats de préfenter les armes à l’enne- mi qui les attaque enflanc , lorfqu'ils croyoient être attaqués de front. L'évolution que les foldats font en ce cas s’appelle converfion, ou plütôt quart de con- verfion. On peut faire mouvoir toute une troupe enfem- ble de telle forte , qu’elle change de terrein en con- fervant le même ordre fur lequel elle a éte formée, &c la même diftance entre {es rangs & fes files. La maniere la plus fimple de la faire mouvoir ainfi, eft de la faire marcher en avant ; mais cette maniere eft fi fimple, qu’elle n’a befoin d’aucune explication. On peut aufli retourner une troupe toute entiere, & lui faire faire face d’un côté différent de celui où elle Le faifoit auparavant, & cela pour la faire mar- cher enfuite du côté que l’on a jugé à propos , ou bien pour s’oppofer à des ennemis qui paroïtroient d’un côté différent de celui où elle faloit feu d’a- bord. Ce dernier objet eft bien le même que celui pour lequel on fait faire les à droite & à gauche. Mais par Les à droite & à gauche les hommes de la trou- pe fe préfentent bien de différens côtés, mais ils ne s’y préfentent pas également en force. Après un à droite ou un à gauche, les ennemis de la troupe fe préfentent bien vers le terrein qui eft au flanc de la troupe, mais il n’y a alors de front que les hommes qui compofoient d’abord une file. On a dit qu’elles n’étoïent pas dans les bataillons de plus de cinq, 8& même de quatre hommes; ce . n’eft donc que cinq ou quatre hommes qui fe préfen- tent de ce côté. Si c’eft un demi-tour à droite ou à gauche que l'on ait fait, un rang entier fe préfente bien devant l’ennemi, mais c’eft le dernier ; le pre- mier rang &c les chefs de file font alors les plus éloi- gnés de l’ennemi. Il en eft de même des officiers, qui font obligés de rompre le bataillon pour pañler au- travers , afin d’être les plus près des ennemis, ou bien, fuivant l’ufage, d’en faire le tour. On a donc cherché un moyen de retourner une troupe de ma- niere qu'elle puifle fe préfenter à l’ennemi felon toute fa force, c’eft-à-dire en lui oppofant fes off- ciers & fes chefs de file, & cette maniere eft ce quenous appellons converfion. La converfion s'exécute par toute la troupe enfem- ble regardée comme un feul corps : tous les hom- mes de la troupe ne font confidérés que comme membres de ce corps, & agiflant tous dépendam- ment les uns des autres. La converfion peut fe faire vers la droite ou vers la gauche: fi c’eft vers la droite qu’elle fe fait, alors le chef de file qu eft à la droite de la troupe ne CON 107 change point de place, il tourne doucement fur lui- même pendant que tous les autres hommes de la troupe tournent autour de lui comme autour d’un pivot. - Si c’eft vers la gauche que la converfion fe fait, le chef de file quieft à la gauche de la troupe ne chan- ge point de place, & tous les autres hommes de la troupe tournent autour de lui. Pour avoir une idée jufte de ce mouvement, on n’a qu’à prendre une carte à joier, ou tel autre rec- tangle ou plûtôt parallélepipede que Pon voudra, Parrêter fur une table avec une épingle, ou tel au- tre pivot que l’on voudra, par un des deux angles qui font devant la carte, c’eft-à-dire du côté vers lequel on la veut faire mouvoir, enfuite faire tour- ner cette carte fur ce pivot ; on aura une repréfen- tation exacte de la maniere dont tourne une troupe ou un bataillon fur le terrein : l’épingle repréfentera le chef de file qui fert de pivot, & la carte repréfen- tera la troupe qui tourne. Si l’on veut mettre fur cette carte des épingles'ou de petits crayons , ou quelque chofe qui puifle laïfe fer une trace dans le même ordre que font les hom- mes dans la troupe, & que l’on fafle tourner la carte fur la table, on verra que les traces que les épingles ou les crayons laifleront fur la table, feront des portions de cercle concentriques; de même fur le terrein chaque homme de latroupe décritune portion de cercle d'autant plus grande qu'il eft plus éloigné du pivot. La troupe pourroit faire un tour entier, & ce mouvement s’appelleroit alors converfion entiere s mais il ne feroit d'aucune utilité. On fuppofe ordi- nairement ce tour divifé en quatre parties égales, & lon appelle chacune de fes parties quart de conver- feon. On peut faire deux quarts de converfion de fuite du même côté ; ce mouvement eft en ufage , & 1l fe nomme demi-converfon, On pourroit faire auf trois quarts de converfion dé fuite; mais ce mouvement étant à préfent peu en ufage, 1l n’a point de nom particulier parmi nous, comme il en avoit parmi les anciens. On n’eft pas non plus aftreint à faire jufte des quarts de tour ; celui qui commande l’évolution eft le maître de faire arrêter la troupe quand il lui plaît, en difant ha/re ; ainfi elle peut faire telle portion de tour qu'il juge à propos. Les quarts de converfion changent l’afpe®& des hommes, de même que les à droite & les à gauche. Ce que l’on vient de dire peut faire remarquer ai fément que les hommes de la troupe qui font auprès du pivot parcourent beaucoup moins d’efpace de terrein , que ceux qui en font plus éloignés ; & com- me cette évolution de la troupe n’eft achevée que quand tous les hommes ont achevé chacun de par- courir le chemin qu'ils ont à faire, & que d’ailleurs elle doit être faite enfemble & du même mouvement, comme fi tous les hommes ne faifoient qu’un corps, il faut que celui qui fert de pivot , & ceux qui font auprès de lui, fe mouvent très-léentement, &t que ceux qui en font plus éloignés marchent plus vite. Il s’enfuit encore que plus la troupe aura d’étendue ou de front, plus une partie des hommés de la trou- pe aura de chemin à faire dans le quart de conver/ion, & plus il faudra de tems pour l’exécuter. [left aifé de favoir le chemin que chaque homme de la troupe a à faire dans un quart de converfion; il ne faut pour cela que favoir quelle eft fa diftance du pivot : cette diftance eft lerayon du quart de cer- cle qu’il doit décrire. Or le rayon ou demi-diametré eft au quart de cercle, comme 7 eft à 11. Ainfiil n'y ‘a qu’à faire une regle de trois, & dire , comme 7 ef a 11, ainft le rayon connu eft au quatrieme terme, qui fera la valeur du quart de cercle. 168 CON Soit, par-exemple, un bataillon de fix cents horh- mes fur quatre rangs; c’eft cent cinquante hommes par rang : on fait que chaque homme occupe deux piés dans le rang; c’eft donc trois cents piés qu'il y aura de diftance du pivot à l’homme qui eft à l’ex- trémité du rang. On dira donc, pour favoir le che- min que fera cet homme dans le mouvement du quart de converfion , comme 7 ef à 11, arf 300 ef? au quatrieme terme, qui fera de 470 piés ou environ 78 toifes pour le chemin qu'il aura à parcourir. (Q) CONVERSEAU, f. m. (Charpent.) ce font, dans les moulins, quatre planches pofées au-deflus des archures, deux devant, deux derriere: elles n’ont qu’un pouce & demi d’épaifleur. Foyez Les ditfionn, de Trév. 6 de Dish. | CONVERSO, f. m. (Marine.) c’ef la partie d’en- haut du tillac qui eft entre le mât de mifene & le d mât. C’eft le lieu où l’on fe vifite les uns les gran autres, & où l’on fait la converfation. Ce mot nous vient des Portugais. (Z) CONVERTIR, ( Marine.) convertir des mar- chandifes, c’eft les mettre en œuvre. Par exemple, c’eft convertir le chanvre que d’en faire des cordes. On évitera, autant qu'il fe pourra, de donner des marchandifes à convertir hors des atteliers des arfe- naux , à des maîtres particuliers des villes. (Z) CONVEXE, adj. (Géom.) fe dit de la furface extérieure d’un corps rond , par oppofition à la fur- face intérieure qui eft creufe ou concave, Foyez Concave & CONVEXITÉ. Ce mot eft particulierement en ufage dans la Dioptrique & la Catoptrique, où l’on s’en fert par apport aux miroirs & aux lentilles. Voyez MIROIR 6 LENTILLE. Un miroir convexe repréfente les images plus pe- tites que leurs objets: un miroir concave les repré- fente fouvént plus grandes. Un miroir convexe rend divergens les rayons qu'il réfléchit ; c’eft pourquoi il Les difperfe, & affoiblit leur effet: un concave au contraire les rend prefque toùjours convergens par la réflexion ; de forte qu’ils concourent en un point, & que leur effet eft augmenté. Plus le miroir convexe eft portion d’une petite fphere, plus il diminue les objets, & plus il écarte les rayons. Les verres convexes des deux côtés s’appellent Lentilles ; s'ils font plans d’un côté & convexes de l’au- tre, on les appelle verres plans-convexes, ou conve- xes-plans ; s'ils font concaves d’un côté & convexes de l’autre, on les appelle verres convexo-concaves, ou concavo-convexes, {elon que la furface cozvexe ou con- cave eft la plus courbe (c’eft-à-dire qu’elle eft une portion d’une plus petite fphere), ou felon que la furface convexe on concave eft tournée vers l’ob- jet. Toutes les lentilles donnent aux rayons de lu- miere dans leur paflage une tendance l’un vers l’au- tre ; c’eft-à-dire que les rayons fortent de ces len- tilles convergens ou moins divergens qu’ils n’étoient, de forte qu'ils concourent fouvent dans un point où foyer. Voyez CONVERGENT. Les lentilles ont aufli la propriété de grofüir les objets, c’eft-à-dire de repréfenter les images plus grandes que les objets ; & elles les groffiflent d’au- tant plus, qu’elles font des portions de plus petites fpheres. Voyez LENTILLE, RÉFRACTION, 6c. (0) : CONVEXITÉ, f. f. (Géom.) fe dit de la furface convexe d’un corps. Voyez CONVEXE & COURBE. Les mots convexe & concave étant purement re- latifs, il eft aflez difficile de les définir; car ce qui eft convexe d’un côté eft concave de l’autre. Pour fixer les idées, prenons une courbe, & rapportons- la à un axe placé fur le plan de cette ligne , & appel- lons fommet de La courbe le point où cet axe la cou- pe; ürons des différens points de la courbg des tan- CON gentes qu aboutiflent à l’axe : fi ces tañgehtes, de. puis le fommet de la courbe, aboutiflent toûjours à. des points de l’axe de plus en plus élevés, ou, ce qui revient au même, fi les foûtangentes vont en augmentant, la courbe eft concave vers fon axe, & convexe du côté oppolé; finon elle eft convexe vers fon axe, & concave de l’autre côté. (O0) * CONVICTION, £. f. (Méraphyf.) c’eft la con- noiffance qu’une chofe eft ou n’eft pas fondée fur des preuves évidentes ; ainfi il ne peut y avoir de convitlion de ce qui n’eft pas évidemment démon- trable. Il y a cette différence entre la conviction & la perfuafion, que ce dont on eft convaincu ne peut être faux; au lieu qu’on peut être perfuadé d’une chofe faufle. Au refte il femble que ces diftinions ne foient applicables qu’aux bons efprits, à ceux qui pefent les raifons, & qui mefurent fur elles le degré de leur certitude. Les autres font également affeéiés de tout ; leur entendement eft fans balance; & ces tètes mal reglées font beaucoup plus communes qu’on ne croit. CONVICTION, (Jurifprud.) en ftyle judiciaire ; eft la preuve d’unfait ou d’un point de Droit con: troverfé. says L’ordonnance de. 1670, #it. jy. art. 1. veut que les juges dreffent procès verbal de tout ce qui peut fervir pour la décharge ou conviéion de l’accufé. La convicion doit être pleine & entiere pour le con- damner. Voyez PREUVE. (4) CONVIVE, f. m. (Lirrér.) celui qui eftinvité, & qui aflifte en conféquence à un repas, à un feftin avec d’autres perfonnes. Dans les repas des Romains il y avoit des convi- ves, des ombres, & des parafites ; les derniers étoient appellés ou tolérés par le maitre de la maïfon, ê£ les ombres étoient amenés par les convives , tels qu'é- toient chez Nafidiénus un Nomentanus, un Vifcus Turinus, un Varius, & les autres, guos Mæcenas ad. duxerat umbras, On leur deftinoit le dernier des trois lits, c’eft-à-dire celui qui étoit à la gauche du lit-mi- lieu. J’oyez LIT. Les convives {e rendoïent aux repas à la fortie du bain, avec une robe qui ne fervoit qu’à cela, & qu'ils appelloient vefäis cœnatoria, triclinaria , convi- valis : elle étoit pour le plus fouvent blanche, fur- tout dans les jours de quelque folennité ; & c’étoit, aufli-bien chez les Romains que chez les Orientaux, une indifcrétion puniflable de fe préfenter dans la falle du feftin fans cette robe. Cicéron fait un crime à Vatinius d’y être venu en habit noir , quoique le repas fe donnât à l’occafion d’une cérémonie fune- bre. Capitolin raconte que Maximin le fils, encore jeune, ayant été invité à la table de l’empereur Ale- xandre Sévere, & n'ayant point d’habit de table, on lui en donna un de la garderobe de Pempereur. Cet habit étoit une efpece de draperie qui ne tenoit ptefqu’à rien, comme 1l paroït dans les marbres, &c qui étoit pourtant différente du pa/lium des Grecs. Martial reproche à Lufeus d’en avoir plus d’une fois remporté chez lui deux au lieu d’une de la maifon où il avoit foupé. Il étoit ordinaire d’ôter les fouliers aux hommes conviés à un repas, de leur laver ou parfumer les piés, quand ils venoient prendre leurs places fur les lits qui leur étoient deftinés. On avoit raïfon de ne pas expofer à la boue & à la poudre les étoffes pré- cieufes dont ces lits étoient couverts. Mais une chofe qui paroîtra ici fort bifarre, c’elt que long-tems même après le fiecle d'Augufte, ce n’étoit point encore la mode que l’on fournit de fer- viettes aux convives, ils en apportoient de chez eux, Tout le monde étant rangé fuivant l’ordre établi par un maître des cérémonies prépoié à l’obferva- tion de cet ordre, on apportoit des coupes qu'on pla- coit çoit devant chaque convive, Suétone dit qu'un {ei- gneur de la cour de Claude ayant été foupçonné d'a Voir volé la cotipe d’or qu’on lui avoit fervie,fut en: core invité pour le lendemain; mais qu’au lieu d’u- ne coupe d’or, telle qu’on en fervoit aux autres coz- _pives, on ne lui fervit qu’un gobelet de terre, | Après la diftribution des coupes, on commençoit le premier fervice du repas. Dans les grandes fêtes es efclaves, tant ceux de la maifon que ceux que les particuliers avoient amenés, &z qui demeuroient debout aux piés de leurs maîtres, étoient couronnes de fleurs & de verdure aufli-bien que les cOnVIVES y &c il ny avoit rien alors qui n’infpirat da joie. Quand un ami, un parent, un voifin» n'avoit pi venir à un repas où il avoit été invité, on lui en en- voyoit des portions ; & c’eft ce qui s’appelloit partes mitiere, Ou de merfé mittere. Pendant le repas les cozvives avoient coûtume de boire à la fanté des uns & des autres, de fe préfen- ter la coupe, & de faire des fouhaits pour le bon- -Hheur de leurs amis : ainfi la coupe pañloit de main en main depuis la premiere place jufqu’à la derniere. Juvénal dit que rarement les riches faifoient cet hon- neuraux pauvres, & que les pauvres n’auroient pas été bien venus à prendre cette liberté avec les ri- ches. C’étoit néanmoins, au rapport de Varron, un engagement pour tous les cozvives, lorfque pour conferver l’ancien ufage on faifoit un roi. Foyez Ror DU FESTIN. Au moment que les convives étoient prêts à fe fé- parer, ils finifloient la fête par des libations &c par des vœux pour la profpérité de leur hôte, & pour celle de l’empereur. Les Anglois fuivent encore cet ufage. Enfin les convives en prenant congé de leur hôte, recevoient de lui de petits préfens, qui d’un mot grec étoient appellés apophoreta. Entre les exemples que nous en fournit l’hiftoire , celui de Cléopatre eit d’une prodigalité finguliere. Après avoir fait un {u- perbe feftin à Marc Antoine & à fes officiers dans la Cilicie, elle leur donna les lits, les courte-pointes, les vafes d’or & d'argent, la fuite des coupes qu’on avoit mis devantchacund’eux,avectoutce quiavoit fervi aurepas. Elle y ajoûta encore des litieres pour les reporter chez eux, avec les porteurs même, &c des efclaves Mores pour les reconduire avec des flambeaux. Les empereursVerus &c Eliogabale copie- rent Cléopatre ; maïs ils n’ont depuis été copiés par perfonne. Nous ne connoïflons point ce genre de magniñcence. Quand le doge de Venife fait la céré- monie {térile d'époufer la mer, ilne donne de fa vaif- {elle d'argent à aucun convié; 8c s’il paroît eh faire un ufage plus fou, la jetter dans la mer, ce n’eft que par fiétion ;. on a eu foin de placer des filets pour la retenir ; il n’en perd pas une feule piece. Exsr. des mém. de Littér. tome T. pag. 422-450. Art, de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | CONVOCATION , (Jaripr.) figmifie zavitation donnée à plufeurs perfonnes pour les rafflembler. On dit, par exemple, la convocation du ban & de larriere-ban. Voyez BAN 6 ARRIERE-BAN. Les billets de convocation font l’avertiflement par écrit que l’on envoye à ceux que l’on veut rafflem- bler. On dit auffi cozvoquer où affembler le chapitre, Voyez CHAPITRE. L’aflémblée d’une communauté d’habitans doit être convoquée au fon de la cloche. Voyez AssEM- BLÉE, COMMUNAUTÉ, HABITANS. On convoque les pairs au parlement dans les affar- res quitintéreflent l'honneur de la pairie ou Pétat d’un pair Voyez Pair. (4) | Convo CATION, {. £. (Hjf, mod.) ce terme fe dit, fpécialément en Anegleterre, de laflemblée du cler- Tome IF, | CON 169 gé de chactine des deux provinces de l’Églife Anglia cane. Poyéz SYNODE, CLERGÉ, 6tc Le roi adrefle l’ordre de convocation à chaque ar= chevêque, lui enjoignant d’en donner communica- tion aux évêques de fa province , aux doyens , archidiacres, aux églifes cathédrales &c collésiales, Ge, L’archevêque en fait part au doyeri dé fa pro- vince, qui la ngtifie à fon tour à tous ceux à qui il appartient. Le lieu où fe tient la convocation où aflemblée de la province de Cantorbery, eft l’églife de S. Paul, d’où elle a été tranfportée depuis peu à S. Pierre de Weftminfter, dans la chapelle d'Henri VIII. ou chambre de Jérufalem. Il y a dans cette aflemblée chambre-haute & chambre-bafle, comme dans le parlement d'Angleterre, La chambre-haute dans la province de Cantor- bery, confifte en 22 évêques préfidés par l’archevé- que, qui tous à l'ouverture de l’aflemblée font en robe d’écarlate & en chaperon. La chambre-baffe confifte en 22 doyens, 24 pré“ bendaires, ÿ4 archidiacres, 44 fimples prêtres res préfentans le clergé des diocèfes. Les articles font d’abord propofés dans la cham= bre-haute, quien donne communication à la cham- bre-bafle. Tous les membres de la chambre-haute & baffle ont pour eux &c leurs domeftiques les mêmes priviléses que les membres du parlement. L’archevêque d’York tient en même fems dans le même'ordre l’affemblée où cozvocation du clergé de fa pfovince à York; &c au moyen de la corref- pondance exaûte qui eft entre les deux aflemblées, on y difeute les mêmes matieres que dans la pro- vince de Cantorbery ; mais ce n’eft pas une loi que le réfultat de chacune des deux aflemblées foit le même. Anciennement le clergé avoit fes repréfentans dans la chambre-baffe du parlement. C’étoient deux députés de chaque diocèfe, qu'on nommoit procu- ratores cleri, qi repréfentoient tout le corps ecclé- faftique du diocèfe , comme les chevaliers d’une province repréfentent les communes laïques de la même province ; mais cet ufage à ceffé depuis qu'on a appellé à la chambre-haute les évêques qui repré- fentent tout le clergé. Voyez PARLEMENT: (G) * CONVOIL, L m. (Ait. anc. & mod.) c’eft le tranf- port du corps , de la maïfon au lieu de fa fépuliure. Après que le corps avoit été gardé le tems convena- ble,qui étoit communément de fept jours, un hérault annonçoit le convoi à peu-près en ces termes : « Ceux qui voudront aflifter aux obfeques de Eu- » cius Titius, fils de Lucius, font avertis qu'il eft » tems d'y aller; on emporte le corps hors de la » maïfon ». Les parens & les amis s’affembloient 3 ils étoient quelquefois accompagnés du peuple, lorfque le mort avoit bien mérité de la patrie. On portoit les gens de qualité fur de petits lits appellés letiques, où hexaphores , ou oëfaphores ; felon le nom- bre de ceux qui fervoient au tranfport. Les gens dut commun étoient placés fur des fandapiles où bran- cards à quatre porteurs. Le férerum paroif être lé vente, & le lettique & la fandapile les efpeces. Les porteurs s’appelloient ve/pillones. Le mott avoit le vide découvert ; on le lui peignoit quelquefois : s’il étoit trop difforme, on le couvroit. Dans les an ciens tems lé convoi fe faifoit de nuit.Cette coûtrime ne dura pas toûjours chez les Romains, & ne fut pas générale chez les anciens, À Sparte quand les rois mouroient, dés gens à cheval annonçoient par- tout cet événement; les femmes s’écheveloient, & frappoient nuit & jour des chauderons, dont elles aç- compagnoient le bruit de leurs lamentations.Chaque maifon étoit obligée de mettre un ES une 170 C ON fémme en deuil. Au lieu de bierre les Spartiatés fe fervoient d’un bouclier. Les Athéniens célébroient les funérailles avant le lever du foleil. Les joueurs de flûte précedoient le cozvor en jotiant lialemos , ou le chant lugubre que les Latins appelloient zœa. Comme on avoit multiplié à l’excès le nombre de ces joueurs de flûte, 1l fut reftreint à dix; ils étoient entremêélés de faltinbanques qui gefticuloient & dan- foient, d’une maniere comique ; mais céla avoit lieu qu'aux convois de gens aïfés, & dont la vie avoit été heureufe. Cette marche étoit éclairée de lambeaux & de cierges ; les pauvres allumoient feu: lement des chandelles. On faifoit accompagner le mort des marques de fes dignités & de fes exploits ; il y étoit lui-même repréfenté en cire: au milieu de fes ayeux, dont on portoit les images en bufte fur de longues piques : ces images étoient tirées de ‘la falle d'entrée, & on les y replaçoit. Si le mort avoit commandé les armées, les légions étoient du convoi, elles y tenoient leurs armes renverfées ; les liéteurs y tenoient auf Les faifceaux renvertés : les affranchis y avoient la tête couverte d’un voile de laine blanc : les fils étoient à la tête, le vifage voilé : les filles y afliftoient les piés nuds & les che- veux épars. Chez les Grecs les hommes & les fem- mes de la cérémonie fe couronnoient. Mais il pa- roït que l’ajuitement des funérailles a varié ; on s’y babilla de noir , on s’y habilla auffi de blanc. Quelquefois on fe déchiroit. On loüoit des pleu- reufes qui fondoient en larmes en chantant les loüanges du mort; elles fe tiroient auffi les che- veux , ou elles fe les coupoient , & les met- toient fur la poitrine du mort. Si le mort étoit fur un char, il y eut un tems où l’on coupoit la criniere aux chevaux. Quand la douleur étoit violente, on infultoit les dieux , on lançoit des pierres contre les temples, on renverfoit les autels, on jettoit les dieux Lares dans lt rue. A Rome, file défunt étoit un homme important , le cozvo: fe rendoit d’abord aux roftres; on l’expofoit à la vûe du peuple : fonfils, s’il en avoit un qui fût en âge, haranguoit ; il étoit entouré des images de fes ayeux , à qui on rendoit des honneurs très-capables d’exciter la jeunefle à en mériter de pareils : de-1à on alloit au lieu de la fépulture. Voyez SÉPULTURE, ENTERREMENT, MORT, BUCHER, &c. Nos convois tenant beaucoup du caraétere de no- tre religion, n’ont point cet air d’oftentation des convois du paganifme. Cette trifte cérémonie fe fait diverfement dans les différentes feêtes du Chriftia- nifme. Parmi les catholiques, des prêtres précédés de la croix viennent prendre le corps qui eft fuivi des parens, amis & connoïffances, & le portent au lieu de fa fépulture. Voyez ENTERREMENT. Convot , dans l’A4rc milir, fe dit des provifons d'armes , de munitions , &c. efcortées par un corps de troupes, allant au camp ou dans une place forte, Ec. Les armées ne pouvant fubfifter long-tems par elles-mêmes, & devant être continuellement pour- vies de ce qui fe confomme journellement , 1l eft de la prudence du général de faire aflembler les convois dans la place la plus voifine de l’armée, afin de pouvoir aifément les rendre fréquens. I! doit ordonner au gouverneur de veiller ggnti- nuellement à tenir les ae fürs contre les petits partis ennemis , qui, à la faveur des bois, fe peu- -Vent tenir cachés , & enleyer en détail les mar- chands qui viennent à l’armée. Ces fortes de petits partis doivent plütôt être regardés comme des vo- leurs qui fe raflemblent , que comme des partis de guerre ; aufli doivent-ils être traités avec toute lorte de rigueur lorfqw’on les charge , & avant qu'ils ayent pù faire voir qu’ils font munis de pafle- ports, CON Lorfque le cozyoi eft prêt , il eft du foin du géné ral de le faire arriver dans fon camp avec füreté, La fituation du pays, ou fon éloignement de la ville d’où part le cozvoi ; & même la portée de l’armée ennemme, font les différences de la qualité & de la force des efcortes , qui peuvent être en certain cas aflez confidérables pour mériter d’être commandées par un officier général, comme font ceux d’argent. Des autres convois , il y en a de plufieurs efpeces. Ceux des vivres font prefque continuels pour l’allée & le retour, parce que le pain fe fournit aux trou- pes tous les quatre jours ; 8 à ceux-ci fe joint tout ce qui vient à l’armée pour fon befoin particulier. Les autres font des convois de munitions de guerre pour les befoins journaliers de l’armée , & ceux qui fe font pour conduire devant une place affiégée la groffe artillerie. En général, de quelqu’efpecé que foit un convoi, il faut toüjours pourvoir à ce qu’il arrive fürement à l’armée, afin de ne point rebuter les gens que le gain attire à la fuite de l’armée , &c qu’elle ne man- que jamais de rien. Mém. de Feuquiere, (Q) Convor, (Marine,) C’eft un vaifleau de guerre qui conduit des vaifleaux marchands, & les efcorte pour les défendre contre les corfaires, ou contre les ennemis en tems de guerre. Le convoi eft compofé de plufieurs vaifleaux , lorfqw’on craint la rencontre d’une efcadre ennemie. Le commandant de l’efcorte donne à chaque ca- pitaine ou maître de vaifleau marchand, un billet, par lequel on lui permet de fe mettre {ous la pro- teétion du covor : c’eft ce qu’on appelle Zezrre de convoi, Voyez GONSERVE. (Z) Convoï eft aufli un terme qui en Hollande a plufieurs fignifications. On y appelle convoi, les chambres ou bureaux des colléges de amirauté où fe diftribuent les pafle-ports. On y nomme auffi en général convoi-pgelr , les droits d’entrée & de fortie que ces collèges font recevoir par leurs commis. ConNvoi-LoopErs. On nomme ainfi à Amfter- dam des efpeces de faéteurs publics qui ont foin de retirer du cozvoi, ou, comme on dit en France, de la doïane, toutes les expéditions, acquits & pañle- ports dont les marchands ont befoin pour l'entrée ou la fortie de leurs marchandifes. Chaque mar- chand à fon convoi-looper, qui porte au cozvoi fes avis on déclarations , & en rapporte les acquits ou pafle-ports, moyennant un certain droit aflez mo- dique que lui donne le marchand ; car il ne monte pas à trois florins pour tout pañle - port d’entrée de 200 florins , ni à fix florins pour tout pañle-port de 600 florins, de fortie. Voyez Chamb. & Savary. (G) Convor DE BORDEAUX, (Jurifpr, Hifl. & Fin.) eft un droit qui fe perçoit au profit du Roi dans la généralité de Bordeaux , fur certaines marchandifes. Ïl fut établi lors de la réduétion de la Guienne à l’obéiflance de Charles VIT. fur les marchandifes qui devant être tranfportées par mer aux lieux de leur deftination, avoient befoin d’efcorte & de cozvoi pour. les affürer contre les entreprifes des Anglois nouvellement chaflés de Bordeaux , qui faïfoient les derniers efforts pour en anéantir le commerce. Les Bordelois , pour mettre leurs marchandifes en füreté , s’afliyettirent volontairement à payer un droit de reconnoïffance à deux ou trois petites bar- ques, dont le principal emploi étoit de conduire les vaifleaux marchands au-delà de la tour de Cordouan & de la branche de la Gironde ; mais dans la fuite nos Rois ayant jugé qu'il ne convenoit pas à de fim- ples particuliers de donner le fecours de conduite & de convot, ils s’en font attribué le droit, & ont défendu à aucun particulier d’y prétendre, Il a été fait-diférens tarifs pour la perception de ce droit fur chaque forte de marchandife, Ce droit eft pré- {entement compris nommément dans le bail des fer- mes générales. Voyez ce qui eff dit au mot COMPTA- BLIE, (4) À CONVOIER DES VAÿSSEAUX MARCHANDS; (Marine. ) C’eft le foin que le varfleau de guerre prend de leur conduite, pour laquelle il leur donne la route, & les fignaux pour la manœuvre qu'ils -doivent faire, en cas de rencontre d’ennemis ou de corfaires, (Z) CONVOLER À DE SECONDES Noces , (Jurif- prud.) ou convoler fimplement, fignifie pajfer à un fécond mariage. Voyez MARIAGE & SECONDES Noces. (4) CONVOLVULUS, voyez VOLUBILIS 04 GRAND LISERON. CONVULSIF ou SPASMODIQUE , (Medecine.) Voyéz SPASME. CONVULSIONNAIRES , f. m. pl. (Æif£. eccl.) feéte de fanatiques qui a paru dans notre fiecle ; qui exifte encore, & qui a commencé au tombeau de M. Paris. Les convulfons ont nui beaucoup à la caufe de l'appel, & aux miracles par lefquels on vouloit l’appuyer ; miracles atteftés d’ailleurs par une foule de témoins prévenus ou trompés. Jamais les Janféniftes ne répondront à cet argument fi fim- ple: Où font nées les convulfions, la font nés Les miracles. Les uns € les autres viennent donc de la même fource ; or, de l’aveu des plus fages d’entre vous, l’œuvre des convulfions eff une impofture, ou l'ouvrage du dia- ble: donc, &c. En effet, les plus fenfés d’entre les Janféniftes ont écrit avec zele & avec dignité contre ce fanatifme, ce qui a occafionné parmi eux une divifion en anti-convulfioniftes & convulfioniftes. Ceux-ci fe font redivifés bientôt en Auguftiniftes , Vaillantiftes, Secouriftes, Difcernans, Figuriftes , Mélangiftes, &c. Éc. &c. 6c. noms bien dignes d’é- tre placés à côté de ceux des Ombilicaux, des Ifca- riotiftes, des Stercoraniftes, des Indorfiens , des Orcbites , des Eoniens, & autres fetes aufli il- luftres, Nous n’en dirons pas davantage fur un fujet qui en vaut fi peu la peine. Arnaud , Pafcal & Ni- cole n’avoient point de convulfons , & fe gardoient bien de prophétifer. Un archevêque de Lyon difoit dans le jx. fiecle, au fujet de quelques prétendus prodiges de ce genre : « À-t-on jamais oui parler » de ces fortes de miracles qui ne guériflent point » les malades , mais font perdre à ceux qui fe por- » tent bien la fanté & la raifon? Je n’en parlerois » pas ainfi, fi je n’en avois été témoin moi-même ; » car en leur donnant bien des coups, 1ls avouorent » leur impofture ». Voyez le refte de ce pañlage très- curieux dans l’abrége de l’hifloire eccléfraflique en 2 volumes 7-12. Paris , 17$2, fous l’année 844. C’eft en effet un étrange faint, que celui qui eftropie au lieu de suérir. Mais il eft peut-être plus étrange en- core que les partifans d’un fanatifme fi fcandaleux & fi abfurde, fe parent de leur prétendu zele pour la religion, & veuillent faire croire qu'ils en font aujourd’hui les feuls défenfeurs. On pourroit leur appliquer ce paffage de l’Ecriture : Quare tu enarras juflitias meas, 6 affumis reflamentum meum per os tuum ? Voyez CONSTITUTION 6 JANSENISME. (0) CONZA , (Géog.) petite ville d'Italie au royau- me de Naples, dans la principauté ultérieure, fur la riviere d'Offante. Long. 32. 55. lat. 40. 50. CONYZOIDES , ( Botanig. ) genre de plante à fleurs, à fleurons femblables à ceux de la conyze ; mais elle differe de ce genre par fes femences, qui n’ont point d’aigrette. Tournefort, mé. de l'acad, royale des fcien. année 1700, Voyez PLANTE, (J) Tome IF, COO COOBLIGÉ , adj. (Jurifpr.) eft celui quieft obli- gé avec une ou plufieurs autres perfonnes à une mé: me chofe. Les coobligés font appellés dans le droit Romain, corret debendi feu promittendi : cette matiere ef traitée principalement dans les inflitutés de Jut- tinien, div, LIL, tie. xvij, de duobus reis fhpulandi & promirtendi. On voit dans ce titre que chez les Ro- mains il pouvoit y avoir plufieurs coobligés, de méê- me que plufeurs co-créanciers; mais ce qui eft de remarquable dans leur ufage, c’eft que les coobligés étoient toûjours folidaires , lorfque chacun avoit ré- pondu féparément qu’il promettoit dé payer la det- tt _te : cependant l’un des coobligés pouvoit être obligé purement & fimplement, un autre à terme, ou fous condition, & les délais dont l’un pouvoit exciper ; n’empêchoient pas que l’on ne pt pourfuivre celui qui étoit obligé purement & fimplement : fi Pun des coobliges étoit abfent ou infolvable, les autres étoient obligés de payer pour lui. Cet ancien droit fut cor- rigé par la novelle 99, qui explique que quand il y a plufieurs cofidéjuffeuts , ils ne font point tenus fo- lidairement, à moins que cela n'ait été expreflément convenu. Parmi nous 1l y a deux fortes de coobligés, les uns folidaires , les autres fans folidité. On tient pour principe qu'il n’y a point de folidité , fi elle n’eft exprimée. Voyez OBLIGATION SOLIDAIRE, A ar ou COMB , f. m. (Comm.) eft une me: fure angloife contenant quatre boifleaux ou un de- mi-quart. Voyez MESURE 6 BOISSEAU. M. Savary, dans fon diélionnaire de Commerce ; évalue ainfi le comb, que l’on nomme aufli carrok. Le comb eft compofé de quatre boiffeaux , chaque boiïfleau de quatre pecks , chaque peck de deux gal: lons à raifon de huit livres environ le gallon poids de troy: fur ce pié le comb pefe 256 livres poids de troy. Ïl ajoûte que deux combs font une quarte, & dix quartes un left qui pefe environ cinq mulle cent vingt livres , poids de troy. Voyez Chambers, Dish, 6 le diélionn, du Comm. (G) COORDONNÉES , adj. pl. (Géom.) on appelle de ce nom commun les abfcifles & les ordonnées d’une courbe (Voyez ABSCISSES & ORDONNÉES) , foit qu’elles faflent un angle droit ou non. La nature d’une courbe fe détermine par l'équation entre fes coordonnées. Voyez COURBE. On appelle coordon- nées rectangles , celles qui font un angle droit. (0) * COOPÉRATEUR,, £. m. (Gramm.) celui qui concourt avec un autre à la produétion d’un effet , {oit dans l’ordre naturel, foit dans l’ordre furnatu- rel. La volonté de l’homme coopere avec la grace de Dieu dans les a@tions falutaires. Il faut dans la gué- rifon des infirmités du corps, que la nature &c le medecin cooperent, Ce terme s’employe beaucoup plus fréquemment en matiere théologique, qu’en aucune autre. On en tire Les termes coopération, cos opératrice ; coopérer > Qui ne renferment que les mê- mes idées confidérées fous différentes faces gram= maticales. * COOPTATION, f.f. (Hife, anc. & mod.) maniere dont quelques corps peuvent s’aflocier des membres, lorfqu'1l y a des places vacantes. Les augures , les pontifes {e choïfifloient anciennement des collègues par cooptation. Aujourd’hui l'univerfité a quelque- fois conféré des dignités réfervées pour ceux qui avoient acquis Le droit de les remplir par des études faites en fon fein, à des étrangers à qui elle fem- bloit accorder des difpenfes de formalités en faveur d’un mérite extraordinaire. Ainfi la coopration eft proprement Une nomination “pete & fans 5 172 COP préjudice pout l'avenir, accompagnée de difpenfe. ‘On a fait de cooptatior coopter ; qui a le même fens. Woyez AUGURES, PONTIFES, ETupes, UNIVER- SITÉ, NOMINATION. COP COPA, (Géog. mod.) riviere d'Italie dans le du- hé de Milan, qui prend fa fource dans le comté de ‘Bobbio , & fe jette dans le PÔ dans le Pavefan. COPAGE , f. m. (Jurifp.) ef dit en quelques en- “roits par erreur pour capage, capagium , c’éft-à-dire droit de chéfage , qui fe payoit par chaque chef de maïfon. Il en eft parlé dans des lettres du roi Jean ‘du mois d’Août 1356, accordées aux habitans d’Al- zonce en Languedoc, où ce droit eft nommé cope- gium : mais 11 eft nommé plus communément & plus réguherement capage. Voyez CHEFAGE. (4) COPAGINAIRES , {. m. pl. (Jurifpr.) on appelle ainfi dans certaines provinces plufeurs cotenanciers d'un même héritage , &-qui en ont paffé conjointe- ment déclaration ou reconnoiffance au terrier du feigneur , 27 eaderñ paginé du terrier. C’eft de - là qu'on les appelle copaginaires. Voyez COTENAN- CIER. (4) COPAHU (BAUME DE), Æiff. mar. bot. Pharm. Med, huile balfamique qu’on tire par incifion d’un arbre du Brefil. Ba/famum copaiva, où copaï, Off. Voyez HUILE. Suc réfineux, liquide, de la conff- tance de l’huile lorfqu’il eft récent ; d’un blanc jau- nâtre, devenant tenace & gluant avec le tems ; d’un goût âcre , amer, aromatique ; d’une odeur péné« trante , & qui approche de l’odeut de ce bois odori- férant nommé calembours, qui vient des Indes en groffes & longues bûches. Les Portugais apportent ce baume en Europe du Brefil, de Rio de Janérro, de Fernambouc , & de Saint-Vincent , dans des pots de terre pointus par le bout, qui contiennent encore quelquefois beaucoup d'humidité &c d'ordures jointes au baume. Voyez BAUME, On trouve dans les boutiques deux efpeces de ce fuc réfineux; l’un plus limpide, de couleur pâle ou jaunâtre, d’une odeur agréable, d’un goût ur peu amer , d’une confiftance plus ou moins épaifle felon qu'il eft plus ou moins vieux, approchant de celle de la térébenthine : c’eft le meilleur. L’autre eft plus groffier , blanchâtre, moins limpide, tenace , de la confiftance du miel, d’une odeur moins fuave, d’un goût amer, defagréable,avec une portion d’eau trou- ble au fond : cette efpece paroît falfifiée ou du moins prife dans une mauvaife faifon , ou peut-être extraite par la déco@tion des branches êz de l'écorce de l’ar- bre ; c’eft pourquoi on ne l’eflime pas. Léry, de Laët, Herrera, Linfchot, Jarrife, de Morais , Labat, Corréal &c autres, s'étendent beau coup fur l’hiftoire de ce baume & de l'arbre qui le produit ; mais on ne peut guere fe fier à des écri- vains qui fe contredifent, & qui n’étoient ni les uns ni les autres gens du métier. Heureufement nous avons un auteur capable de nous éclairer {ur cette matiere; c’eft Marcgrave, dans fa defcription du Brefil imprimée en latin à Amfterdam en 1648, i7- folio. Il appelle l'arbre d’où découle ce fuc, copaiba. I eft aflez élevé, & Labat lui donne au moins vingt- deux piés de haut; fes racines font grofles & nom- breufes ; fon tronc eft droit , fort gros, couvert d’u- ne écorce épaïfle ; fon bois eft d’un rouge foncé ; fes feuilles en grand nombre font portées fur une aflez grofle queue de la longueur d'environ 2 pou- ces; {es fleurs font à cinq pétales : quand elles font tombées , il leur fuccede des gouffes de la longueur du doigt, arrondies & brunes, lefquelles étant mû- tcoP res, s'ouvrent aufli-tôt qu’on les ptefle, & laïffent fortir le noyau gn’elles contiennent, qui eft ovalai- re , de la groffeur &r de la figure d’une aveline, dont l'écorce extérieure eft une peau mince, noirâtre, recouverte jufqu'à la moitié d’une pulpe jaune, vif queufe, molle, qui a v. des pois lorfqu’on les qui-font des oifeaux aufli gros que des dindons : ils ont au-deflus des yeux une peau ronge; le devant des jambes eft garni de plumes jufqw'à la naïflance des doigts ; & le plumage .eft mêlé de noit, de blanc, de omis, de brun, & de verd, & varie dans différens individus. Il y a de ces oifeaux dans les montagnes de Mofcovie , fur Les Alpes, &c. On trouve dans le livre que nous venons de ci: ter le cog de Wendhover, qui eft un oïfeau de proie, le cog de Hambour, & le cog de Bantam ; le premier de ceux-ci ne paroït pas différer beaucoup de nos cogs ; le fecond porte fa queue en quelque façon com- me les cogs-d’Inde, Tome IT, n°, 29, & 30. 6 rome IT, n°, 5. 31. 6 32. (I) | * Co, (@conem. ruflig.) Un bon cog doit être de moyenne taille, cependant plus grande que petite, avoir le plumage ou noir ou rouge obfcur ; la patte groffe , & bién garnie d’ongles & d’ergots; la cuifle longue, grofle , & bien enplumée ; la poitrine large; le cou élevé & bien fourni de plumes ; le bec court & gros; les yeux noirs ou bleus ; loreille blanche , large , & grande ; les barbes rouges; pendantes, &c longues ; les plumes de la tête & du cou étendues jufque fur les épaules , & dorées; la queue grande; l'aile forte, &c. Il faut qu'il foit fier, éveillé, ardent, courageux, amoureux , beau chanteur, attentif à défendre & à nourtir fes femmes, 6c. Un cog peut fuffire à douze à quinze poules. Quand on veut leur en donner un nouveau, il faut accoûtumer les pou< les à l’accueillir, & les autres cogs à le fouffrir ; ce qu'on fera en attachant par la patte pendant quel- ques jours , en raflemblant la bafle-cour autour dé lui, & en le défendant contre fes rivaux. CoQ, (Mat. med, & Dire.) le vieux coq, gallus annofus. Le bouillon de vieux cog eft fort recomman- dé en Medecine, fur-tout dans les maladies chroni- ques, comme l’afthme , l’affeétion hypocondriaque, les obftruétions invétérées, & certaines coliques, Éc, mais comme on ne l’a prefque jamais ordonné feul dans aucun de ces cas, & que la façon de le pré- parer la plus ordinaire eft de le faire cuire avec diffé- rentes femences, racines, fleurs, feuilles, &c. appro- priées à chaque efpece de maladie, nous ne fommes pas aflez fürs des vertus réelles de ce medicament alimenteux. Le jus ou décoëtion de cog pañle en général pour un bon incifif chaud , & même un peu purgatif. On trous ve dans différens auteurs de Medecine des defcrip- tions de deux efpeces de bowillons de cog, l’une al- térante, & l’autre purgative, | C’étoit une forte d’ufage aflez répandu dans le tems que ce remede étoit plus en vogue, de fatiguer le cog qu’on y deftinoit juiqu’à le faire mourir de la fitude ; apparemment dans la vûe d’attendrir fa chair, ou plütôt, comme quelques auteurs de ce tems-là s’en font expliqué, dans celle d’exalter fes fucstdé;à difpofés à cette altération par fa falacité finguliere; & cette exaltation par laquelle ces théoriciens ex- primoient les changemens arrivés par l’augmenta- tion du mouvement dans les humeurs d’un animal , préfente, pourle dire en pañlant, une idée pour le moins auf lumineufe , que la vergence à l’alkali des modernes. | La chair de vieux cog eft extrèmement dure ; on réuflit à peine à l’attendrir par la plus longue dé- coétion : mais on l’employe aflez communément dans les çonfommés dont on nourrit les malades foibles, 0 COQ languiflans , certains convalefcens, &tquelques vieil . lards qui ont befoin d’une nourriture abondante , &c que leur eftomac puiffe digérer fans fatigue. Voyez CONSOMME. | Lefang de cog ; fa crête, fon fiel, fa fiente , fes teflicules, ont été célebrés à différens titres, par différens auteurs; mais on ne fauroit compter fur les prétendues vertus de ces remedes , qui ne font plus aujourd’hui en ufage en Medecine. Solenander a célebré, par exemple, comme un grand fecret con- tre l'incontinence d'urine, le jabot du cog brülé êc donné en poudre dans du vin : il prétend même que la vertu de ce remede s'étend jufqu’à celle qui eft la fuite d’un accouchement difficile. Efculape lui-même ordonnoit le fang de cog en collyre, comme on peut le voir par une anecdote rapportée par Jérôme Mercurialis. Cet auteur racon- te, à propos d’un tableau appartenant à la maifon de Maffei, qu’un foldat aveugle nommé Valerius Aper s'étant adreflé à ce dieu pour en obtenir fa guérifon, le dieu lui répondit, qu'il allât, qu'il prit le lang d'un cog blanc, qu'ilen fit un collyre avec du miel ; qu il s’en frottât les yeux pendant trois jours. Le {oldat obéit à l’oracle, guérit, & rendit grace publique- ment au dieu; & c’eft peut-être pour cela,ajoûte Mer- curialis, que quelques anciens ont repréfenté Efcu- lape avec un cog fur le poing. (4) *Coo,(Myth.) cet animal eft le fymbole de la vigilance ; c’eft pour cette raifon qu’on le trouve fou- vent dans les antiques, entre les attributs de Minerve & de Mercure. On l’immoloit aux dieux Lares &c à Priape. C’étoit auffi la vidtime du facrifice que l’on faïfoit à Efculape lorfqu’on guérifloit d’une maladie. Et quand Socrate dit en mourant à Criton fon dif- ciple , Criton, immole le coq a Efculape ; c’eft comme sil eût dit, exf£n je guéris d’une longue maladie. En ef- fet , un homme fi fage & fi malheureux, à qui 1l ne manquoit que de croire en J. C. &c qui périfloit pour avoir admis l’exiftence d’un feul Dieu , & confé- quemment des peines & des récompenfes à venir,de- voit regarder le dernier inftant de fa vie, comme le premier de fon bonheur. Co DE Bois, vrogallus tetrao major , (Hifi. nar. Ornithol.) oïfeau qui reflemble au coq-d’Inde pour la groffeur & pour la figure du corps. Le mâle a, depuis la pointe du bec jufqu'a Pextrémité de la queue, environ deux piés cinq pouces &c demi, & la femelle feulement deux piés. L’envergure du mâ- le eft de trois piés & demi, & celle de la femelle feulement de trois piés deux pouces. Le bec a un pouce & demi de longueur depuis la pointe jufqu’aux coins de la bouche : les côtés font tranchans & forts. La langue eft pointue, & le palais en porte l’em- preinte. L'iris des yeux eft de couleur de noïfette. Ïl y a au-deflus de l’œil une peau dégarnie de plu- mes, & de couleur rouge, comme dans tous les au- tres oifeaux de ce genre. Les jambes font revêtues de plumes par-devant jufqu’à la naïffance des doigts, & n’en ont point par-derriere. Les doigts font unis enfemble par une membrane feulement jufqu’à la premiere articulation , & font garnis de chaque côté d’appendices courtes & dentelées. Cet oifeau a la poitrine de couleur roufle pâle , avec des lignes noï- res tranfverfales. L’extrémité de chaque plume eft blanchâtre. Le bas de la gorge eft d’un rouge plus foncé, & le ventre prefque cendré. Toute la face fu- périeure eft mêlée de noir , de roux, & de couleur cendrée: la pointe des plumes eft mouchetée, ex- cepté fur la têre où il y a du pourpre. Le mâle a le menton noir ; & la femelle l’a de couleur rouffe , fans aucun mêlange de noir. La queue eft d’un roux plus ardent , a des bandes tranfverfales noires, & la pointe des plumes eft blanchätre. Le mâle a les plu- mes de la queue noire, dont la pointe eft blançchä- Tome IV, CO Q 179 tre, &c les bords marquetés de petites taches de cou- leur rouffe cendrée : les deux plumes du milieu, & même les deux fuivantes , ont des taches blanches ; les plumes qui recouvrent la queue ont la pointe blanchâtre ; quelquefois elles font noiïres , parfemées de petites bandes de couleur cendrée rouflâtre. Il y a fur le dos des lignes noires & blanches pofées al- ternativement. Les plumes du deffous de la queue font noires, & ont l'extrémité & les bords extérieurs blanchâtres. La tête eft de même couleur que le dos. Les pointes des plumes de la poitriné font blanches. [l'y a vingt-fix grandes plumes dans chaque aile: tou- tes celles qui fuivent la dixième ont la pointe blan- che. Les grandes plumes des épaules ont des ta- ches irrégulieres de couleur noire, & mêlées d’un peu de roux. Le mâle a les plumes du cou d’un bleu luifant. Les cuiffes , les côtés, le cou , le croupion, &t le ventre , font marqués de lignes blanches & noi- tes. La couleur des plumes de la tête eft d’un noir plus foncé, & celles qui entourent l’anus font cen- drées. Cet oifeau eft bien reconnoïffable par fa groffeur,, fans qu’il foit néceffaire d’obfefver en détail toutes les couleurs , qui varient par âge, le climat, & d'autres accidens : il eft excellent à manger. Wil- lighby , Ornith. Voyez Oissau. (1) COQ DE BRUIERE, tetrao feu vrogallus minor à (Hit. nat. Ornirh.) efpece d’oifeau. Le mâle qui z {ervi à la defcription fuivante pefoit trois livres, & avoit un pié neuf pouces de longueur depuis la poin- te du bec jufqu’au bout des doigts, &c la femelle feu lement un pié & demi. L’envergure du mâle étoit de deux piés fept pouces, & celle de la femelle de deux piés trois pouces. Le mâle eft noir, à l'exception du bord des plumes, fur-tout du cou & du dos qui font d’un bleu luifant, & des cuiffes dont la couleur eft: blanchâtre. La femelle eft de couleur rouffe comme la bécafle oula perdrix, avec des taches noires po- fées tranfverfalement. Le ventre & la poitrine font blanchâtres ; les grandes plumes dés ailes & toutes leur face inférieure font blanches, comme dans le mâle. La couleur des plumes du milieu du dos eft d’un roux ardent ; les plumes du croupion & du def- fous de la queue, & le bord de celles de la gorge font blanchâtres. Il y a environ vingt-fix grandes plumes dans chaque aile ; dans le mâle la cinquieme n’eft blanche qu’à la racine; la huitieme & toutes celles qui fuivent jufqu’à la vingt-fixieme, font blan- ches depuis la racine jufqu’à la moitié de leur lon- gueur ; la onzieme &r les fuivantes jufqu’à la vingt- deuxieme, n’ont que la pointe blanche. Dans la fe- melle, les dix premieres plumes de l’aile font bru- nes , & ont un peu de blanc fur les bords extérieurs & les autres font de la même couleur que le corps , à lexception de la pointe qui eft blanchâtre. La ra- cine de toutes les grandes plumes eft auffi blanchä- tre, à l'exception des cinq premieres. Les dix pre- mieres plumes de celles qui recouvrent les grandes plumes de l’aile & celles de la faufle aile, font blan- ches à l’extrémité. La face inférieure des grandes plumes eft de cette même couleur dans le mâle & dans la femelle ; ce qui forme, lorfque les ailes font pliées, une tache blanche fort apparente fur la face fupérieure de chaque aile. La queue eft compofée de feize plumes qui font de même couleur que le corps, & dont la pointe eft blanche. Dans le mâle, les plu mes extérieures ont près de fept pouces de longueur, tandis que celles du milieu n’enont que quatre, Dans les femelles , les plumes qui font à l’extérieur n’ont que quatre pouces & demi de longueur. Lestrois pre- mieres de la queue du mäle font les plus longues de toutes , & fe recourbenten-deffous. La quatrieme de chaque côté eft plus courte, & moins recourbée, Les plumes extérieures de la queue de la femelle font Z 1] 180 CO Q plus longues que les autres, comme-dans.le mâle ; mais elles ne font point recourbées par-deflous. Le becieft noir & crochus la.piece fupérieure.eft.con- vexe. &-éleyée dans. le milieu. La langue.eft molle &chériflée. Son empreinte eft marquée fur le palais. Il y a audeflus des yeux une peau dégarnie de plu- mes.êc de couleur rouge. L'ouverture des oreilles eft-fort grande dans le mâle &c dans la-femelle :.les pattes, à l’exception des doigts; font hériflées de petites plumes dirigées enchaut, feulement fur la partie antérieure. Il y-asune membrane qui tient.les doigts unis enfemble jufqu'à la première articula- tion, enfuite elle forme de chaque côté des doigts une forte d’appendice. ou.de bord dentelé.L’ongle du doigt du milieu eft tranchant feulement du côté intérieur; 1l n’y a point d’éperon. Willughby, Orr. &cc. Voyez O1sEAU. (1) | CoQ D'INDE , gallopavo five meleagris & numidica avis, (Hif?. nat. Ornithol.) oïfeau de la groffeur du paon ; la tête & le cou font entierement dégarnis de plumes | & recouverts par une peau de couleur de pourpre dans la plus grande partie de fon étendue : cette peau qui eftordinairement lâche &flafque , de- vient fort tendue &c gonflée quand l’orfeaucrie, & le cou fe renfle pour lors de la grofleur du bras. Le fommet de la tête eft de trois couleurs fort diftinc- tes, qui font le blanc, le bleu, & le pourpre. Cet oïfeau n’a point de hupe : on voit cependant un ap- pendice charnu & rouge qui tombe du deflus du bec qui le couvre , & qui defcend d’un pouce plus bas ; de forte qu'on-n’apperçoit le bec qu’en regardant l’oifeau de profil. Lorfqu’il mange, cet appendice fe raccourcit au point qu'il ne fe trouve, plus aufñ long que le bec. Le cog d’inde a les jambes fort hautes , & les ongles crochus & femblables à ceux des coqs ordinaires. Celui {ur lequel on atfait cette defcription, étoit plus haut qu’un paon:, &.avoit le corps arrondi; l'iris des yeux étoit de couleur de pourpre mêlée de bleu; lorfqu’on approchoit de fa femelle qui étoit blanche, & qui reffembloit à un paon à qui on auroit Ôté les plumes de la queue , il hérifloit aufi-tôt toutes fes plumes & fembloit pren- dre une démarche grave. Cet oïfeau n’a point d’é- peron aux jambes. Quand les mâles font un peu âgés, on les diftingue des femelles par un petit bouquet de crin qui fe trouve fous la gorge. Les femelles ont dans le même endroit un petit morceau de chair fans crin. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aile, &c autant dans la queue. Les œufs font blancs & par- femés de beaucoup de petites marques rougetres mêlées de jaune. Ces oïfeaux cherchent les lieux chauds ; cependant ils fupportent très-bien le froid, lorfqu’ils y font accoûtumés avec l’âge. Les petits font fort délicats & fi foibles, qu'il faut beaucoup de foin pour les élever & les préferver des injures de l’air. Willughby, Orxith. Voyez Oiseau. (1) Co@ D'INDE, (Œcon.-ruflig.) cet animal eft d’u- ne grande.reflource dans la baffe-cour ; il multiplie beaucoup & fouvent, & la chair en eft délicate quand il eft jeune. Il faut que celui qu’on donne aux fe- melles foit éveillé, fort , & hardi. Il peut fuffre à cinq poules. Voyez les artic. POULE D'INDE , Din- DON;, DINDONNEAU. CoQ INDIEN, gallus Indious , (Hif. nat, Ornit.) oïfeau fort différent ducoqd'inde.Quoiqueces noms paroïffent fynonymes, onautoit mieux fait d’en don- ner un autre au premier pourle diftinguer du fecond, êc de l’appeller avec Joufton cog de Perfe. Je ne con- ferve ici celui de cog Indien que pour me conformer à ce qui.eft écrit dans les mémoires pour fervir à : lhiftoire naturelle des animaux par M. Perrault, On lui dit que cet oifeau portoit en Afrique le nom d’z- ño ; 1l {e trouve auf dans les Indes occidentales, où 1l eft appellé mzru-poranga, M. Perraultrapporte la defcription de trois oifeaux de cette efpece, qui furent difléqués. Lun différoit des deux autres par le bec; ils-étoient grands comme-un poulet d'inde de médiocre grandeur ; ils avoient la tête &c leicon noir; & le refte du.corps mêlé de teintes verdâtres & de noir, excepté Je dos où on voyoit du gris de couleur de bois de noyer ; & lebas-ventre, le haut des cuifles par-derriere, & le deflous de la-quenc où ik y avoit des plumes-blanches , & aufliau-deffus de la queue, dans lun de cestrois oifeaux. La tête étoit furmontée pat un panache quis’étendoit depuis le bec jufqu'au commencement dur derriere du cou, & qui étoit compofé de plumes noires longues de deux pouces & demi, larges de deux lignes, pofées un-peu obliquement en arriere , & recourbées en avant par l’extrémité. Les plumes du haut du cou étoient pe- tites, & elles devenoient plus grandes à mefure qu’- elles approchoient-de la poitrine. Les dernieres avoient deux pouces de longueur, 8 un pouce de largeur. Les cuifles &z les jambes étoient garnies de plumes blanches & noires jufqu’au talon. I y avoit aufh dans l’un de ces oifeaux des plumes blanches de- puis le haut du fteraumjufqu’au bas, La longueur du cou étoit de neuf pouces ; depuis le deflous du ven- tre jufqu’à l’extrémité des doigts, il y'avoit quatorze pouces. Il fe trouvoit fur le devant & fur le derriere des jambes des écailles quarrées., & fur les côtés des écailles plus petites de figure hexagone. Les piés étoient gros , les-ongles noirs, longs , & crochus ; mais on n’y a point. vù d’éperon. Le bec avoit-neuf lignes de largeur à fa naïflance , 8 deux pouces de longueur ; fa couleur étoit noire à l'extrémité, & jaune dans le refte. Il y avoit‘une membrane qui étoit renflée dans l’un des trois oïfeaux, de façon qu'elle formoit une tumeur de la groffeur d’une petite noix ; dans un autre, l'extrémité du bec pa- roifloit divifée en trois parties. Mém. de l’acad, roy: des Sciences , rome III, part. I. p. 223, € Juiv. Voyez O1sEAU. Voyez auffi la Plan, XI. & la fig. 2. de nos «PI, d'Hiff, naturelle. (1) | COQ DE MARAIS, voyez FRANCOLIN. | * COQ (Pordredu). Hiff. mod, Claude Polier sen- tilhomme Languedocien, délivra le dauphin d’un grand danger dans une bataille contre les Anglois,, où Louis XI. comte de Touloufé commandoit. En reconnoïiffance de ce fervice , le dauphin infitua l'ordre qu'il appella du coq, oeau que Polier avoit dans: fes armes, & l'en fit premier chevalier. On place la date de cette inftitution fous le resne.de Philippe le Hardi. ti Co Du vAIssSEAU , ( Marine.) on donne ce nom au cuifinier qui eft chargé de faire à manger pour l’équipage. (Z) « Co, (Horlog.) c’eft dans les montres une petite platine vuidée &:;gravée, qui couvre le balancier, Voyez la fig. 45:.PI, X, d’Horlogerie, Les cogs à la françoife font meilleurs que.ceux à l’angloife, parce que les premiers ayant deux oreil, les ou pattes P, P, ils font plus fohides ; & le pivot du balancierne peut fortir de fon trou par les fecouf fes, comme cela-arrive fouvent dans les montres angloifes. | On appelle perit cog dans les:montres françoifes, une petite piece de laiton ajuftée fur Le coyau moyen d’une vis & de deux piés : c’eft dans le trow de ce petit cog que roule le pivot du-balancier. Les Horlo- gers françois ont adopté cette pratique ; 1° afin que le régulateur fe trouvät plus près du sulieu de fa ti ges; 2° afin que le pivot du balancier füt moins fu- jet à fe rompre dans les différentes fecouffess; 3° pour éviter la trop grande ufure de ce pivot & du trou, dans lequelil roule ; 4° enfin pour y.conferver une plus grande quantité d'huile. ..Ily.a encore-une piece que dans lesmontres frans coifes-on nomme peris cog d'acier ; c’eft une efpece desriffe de ce métal, qui tient une agathe ou un grenat fur le centre du pesit cog de laiton , afin que l'extrémité du pivot du balancier s’y appuie quand la montre eft fur le plat. Voyez FIGERON. Voyez la Jige 4 2C0Q, dans les pendules ; c’eft une forte piece de laiton fixement attachée fur la platine de derriere: Son ufage eft de fufpendre le pendule, (7) _* CoQ, (Serrurerie. c’eft dans une ferrure à pêle en bord, la partie dans laquelle le pêle ou la gâchette fe ferme. | Il ya des cogs fimples , des cogs doubles & triples. Le cog fémple eltune piece de feroblongue de la hau- teur de la ferrure, qui a, à fa partie appliquée à-la tête du palâtre, une entaille qui reçoit le pêle ou la sâchette, quand la ferrure eft fermée. Cette piece eft attachée à la tête du palâtre par une patte avec une-vis ; & au palâtre même, par un pié qui y entre du côté où le cog s'applique au palâtre, Son ufage eft de fervir de guide ou conduéteur au pêle ou à la gà- chette, qui n’en fort jamais entierement. Les cogs doubles & rriples ont le même ufage que le coq fimple; il n’y a de différence qu’en ce qu'ils forment une efpece de boîte, dont les deux grandes furfaces font deux cogs paralleles, fimples, affem- blés, entre lefquels entre Paubron, dans lequel le pêle eft recu, foit fimple, foit double , ou triple : il eft pofé fous l’ouverture de la tête du palätre ; de forte que fimple il n’eft qu’à fleur d’un côté de l’ou- verture, & que double, fon ouverturerépond exac- tement à celle de la tête du palâtre. Voyez dans nos Planches de Serrurerie des cogs fimples , doubles , 6: tri- les. COQUARDE, £. £. (Art mile.) eftun nœud de rubans ou de la mème couleur, ou de couleurs dif- férentes, felon les différens corps, que’les foldats portent attaché à leurs chapeaux, à l'aile du bou- ton. On en donne à tous les nouveaux engagés. COQUE, L. £. (Hiff. nar. desunf, ) pelote de fil &z de glu, fous laquelle les vers à foie & certaines che- nilles {e renferment lorfqu’elles deviennent nym- phes. Mais nous prenons ici le mot de coque, avec les Naturaliftes, dans un fens plus étendu , pour dé- figner toute enveloppe ou nid de différente texture & figure, formé par les infeétes à divers ufages. Ces petits animaux , après s'être choïfis un en- droit commode pour fe garantir de tout accident, munilent ce lieu par toutes fortes de retranchemens également diverfifñés & appropriés à leur nature. Les uns, foit à caufc de la délicateffe de leur enveloppe , foit pour tranfpirer plus lentenient , pour fe déve- Jopper dans leur jufte faifon, foit pour prendre la forme d’infeéte parfait, fe font des coques très-épaif- fes, & fouvent impénétrables à l’eau & à Pair. D'autres fe filent des cogzes de foie, & d’autres font fortir dans ce deflein des pores de leurs corps, une efpece de coton pour les couvrir. Tel eft l’in- fete du Kermès. Plufeurs fortifient leurs coques en y faifant entrer leurs poils , dont 1ls fe dépouillent ; &: ceux quin’en ont point & qui manquent de foie, rongent le bois & emplovyent les petits fils qu'ils en ont détaché , à affermur l’intérieur & l'extérieur de leur enveloppe. Ils humeétent ces fils avec une ef- pece de gomme qui fort de leur corps , 8 qui eft très -propre à durcir leur travail. Si Pon prend une de ces coques féchée, & qu’on la fafle enfuite bouil- lir dans de l’eau, on la trouvera plus légere qu’elle n’étoit avant cette opération; elle a donc perdu fa gomme dans l’eau bowillante, Il y a quelques infeétes qui fe font deux & même trois coques les unes dans les autres, filées toutes avec un art remarquable par le même animal ; & non par différens içhneumons : la chofe arrive quel- COQ 181 quefoïs, lorfqu’un ichneumon , après avoir caufé [a mort à uninfeéte qui avoit déjà filé fa coque, & après avoirenfuite filé la fienne, a été détruit à fon tour par un fecond ichneumon qu’il renfermoit dans fes entrailleseIleftaifé de s’appercevoir du fait, parce qu'en ce cases dépouilles de chaque animal confit mé, fe trouvententre la coque qu'il s’eft filée & cellé de celui qu'il a détruit, Voyez IOHNEUMON. Les coques ne font pas moins différenciées par leur figure. La plüpart {ont ovales, ‘ou fphéroïdes ; d’autres de figure conique, cylindrique , angulaire, c, Il y a des coques en bateau , d’autres en forrhe de navette; & d’autres en larme de verre , donf le corps feroit fort renflé, & la pointe recourbée, Un curieux naturalifte, M. Lionnet dit qu'il en con: noït même qui font compoféés de’ deux plans ova- les convexes , collées l’une à l’oppoñte de l’autre fur un plan qui leur eft perpendiculaire, qui eft par- tout d'égale largeur, & qui fuit la courbure de leur contour ; ce qui donne à ces coques une forme ap prochante de nos tabatieres ovales applaties par les côtés. | On feroit un volume, fi l’on vouloit entrer dans le détail fur la diverfité de figure des coques dès in fetes ; fur les matériaux dont ils les forment, fur l’art & l’induftrie qui y eft employé ; tout en eft ad- nurable, Maïs il faut ici renvoyer le leéteur aux ou? vrages de Malpighi , de Leeuwenhoëk, de Swam- merdam, de M.de Reaumnr, & de M. Frifch ; je me borne à dire en peu de mots d’après l’ingénieux M. Lionnet , le but de la fabrique de ces nids. | Le premier ufage pour lequel les infeétes fe con- ftruifent des coques, & qui eft même le plus fréquent, c’eft pour y fubir leur transformation. L'infeête s’y renferme, & n’y laïfle prefque jamais d'ouverture apparente: c’eft-là qu’il fe change en nymphe ou en chryfalide. Ces cogues paroïflent fervir principale- ment à trois fins. La premiere eft de fournir par leur concavite intérieure à la chryfalide ou à la nymphe, dès qu’elle paroït , &lorfque fon enveloppe eft en- _ core tendre, un appt commode, & de lui faire prendre l'attitude un peu recourbée en avant, qu’il lui faut pour que fes membres (fur-tout fes ailes } occupent la place où ils doivent demeurer fixés juf- qu'à ce que l’infeéte fe dégage de fon enveloppe : elles fervent en fecond lieu à garantir l’animal dans cet état de foibleffe, des injures de Pair,& de la pour- fuite de fes ennemis ; enfin elles empêchent que ces chryfalides ou ces nymphes ne fe defflechent par une trop forte évaporation. Les cogues qui n’ont prefque aucune confftance,, n’ont probablement que la pre- miere de ces fins pour objet ; celles qui font plus fer- mes, fans être pourtant impénétrables à l'air & à l’eau, paroïffent aufli fervir pour la feconde ; & les autres femblent être deftinées à fatisfaire à ces trois fins différentes, felon les différens befoins que les infe@es paroïflent en avoir. Le fecond ufage des coques des infeétes eft lorf- qu'ils en bâtiflent pour y demeurer dans le tems qu’- ils font encore infeétes rampans, qu'ils mangent, & qu'ils croiflent. Ces coques {ont alors ordinaire- ment des étuis ouverts par Les deux bouts. L’infeéte y loge , il les aggrandit à mefure qu'il croit, ou bien 11 s’en fait de nouvelles. Ce ne font pas celles que les infeétes font en roulant des feuilles qui font les plus dignes de notre admiration. M.de Reaumur, qui a donné lui-même un mémoire très. curieux fur ce fujet , convient dans un autre que les fourreaux que fe font les teignes aquatiques & terreftres , de différens genres &c de différentes efpeces, l'empor- tent fur les coques des chenilles. Ce font en effet des chefs-d’œuvre, où l’art & l’arrangement paroif. fent avec bien plus d'éclat, . Le troifieme ufage des coques ou des nids que fe 182 C O font les infeêtes , eft pour fervir d’enveloppe à leur couvée. Mais 1l faut convenir que cet ufage eft ex- trèmement rare, & les araignées nous en fourniflent prefque le feul exemple : jene dis pas 4e féul exemple qui exifte, ce qui feroit du dernier ridicule, Plus on étudie l'Hiftoire naturelle, plus les exemples qu’on croyoit rares ou uniques fe multiplient ; les excep- tions deviennent enfin des regles générales. Are, de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | * Coque, f. f. (Marine & Corderie, ) faux pli ou boucle qui fe fait à une corde qui a été trop tordue en la fabriquant. Une corde fujette à faire des co- ques eft d’un mauvais fervice, foit par le retard que ce défaut apporte aux manœuvres courantes , Lorf- que les coques fe préfentent pour pafler dans les mouf fles , foit pat la fra@tion même des moufles, fi on ne s’eft pas apperçu à tems qu’une cogue fe préfentoit, COQUE , (Jardinage.) eft une enveloppe forte & dure , particuliere à certains fruits , tels que la noix & autres. (X) | * Coques & Vaxons, (Péche.) forte de coquil- lage qui renferme un poiflon. Voici la maniere d’en faire la pêche ou récolte, telle qu’elle fe pratique à Rincheville dans Le reffort de l’amirauté de Carentan & à Ifigmi, &c. Pour prendre des coques, les pêcheurs attendent que la marée foit prefqu’au plus bas de l’eau; ce co- quillage fe tient à la fuperficie des fables, dont il ne refte couvert que de l’épaifleur d’un écu au plus. On connoît qu'il y a des cogues fur les fonds où l’on eft, par les petits trous qu’on remarque au fable, & que les coques font avec la partie que l’on nomme zur langue , qu’elles baifent fur le fable pour paître. On connoit encore qu'il y a des coques , en roulant fur le fable quelque chofe de lourd qui fait craquer les coquillages qui font au-deflous ; alors les pêcheurs foulent , piétinent le fable encore mouillé de la ma- rée; l’émeuvent, & les coques viennent alors d’elles- mêmes au-deflus du fable ; où l’on les ramafñle avec une efpece de rateau de bois ; on les défable auf quelquefois avec une petite faucille ou autre fem- blable inftrument de fer. . Les pêcheurs riverains qui font cette pêche, la commencent vers la fin de Février & la continuent juiqu’à la S. Jean ; elle ne fe pratique aifément que de jour, à caufe de la difficulté de connoître les trous que les coques font au fable : lorfque le terms eft tempéré, les coques tirées hors de l’eau peuvent vivre jufqu’à fept à huit jours ; en été elles ne du- rent pas feulement trois jours , encore faut-il qu’el- les foient mifes dans un lieu frais. COQUELICOT, f. m. papaver , (Hiff. nat. bo.) eft une efpece de pavot rouge qu’on appelle fauva- ge, qui croit dans les blés. Le double & le panaché font fort recherchés pour les parterres : {es feuilles font découpées, d’un verd foncé, & couvertes d’un peu de poil ; fes tiges, d’environ deux piés de haut, {e partagent en plufieurs rameaux , qui foutiennent des fleurs doubles à quatre feuilles du plus beau rou- ge. De petits fruits qui renferment leur femence fuc- cedent à ces belles fleurs qu’on voit paroître en été. Leur culture eff celle des pavots. 7. Pavor. (Æ COQUELOURDE, f. £. (Bor.) pulfatilla, genre de plante à fleur en rofe ; il fort du milieu un piftil qui eft environné d’étamines , & qui vient dans la fuite un fruit dans lequel les femences font raflem- blées en un bouquet, & terminées par un petit filet. Ajoutez au caratere de ce genre , qu’il y a de peti- tes feuilles qui environnent la tige au-deffous de la fleur comme dans l’anémone , dont la coguelourde differe en ce que les femences font nues & terminées par T queue, Tournefort , 27/4, rei herb. V, PLAN- TE,- (1) COQUELOURDE, (Mariere médie.) Cette plante, COQ qui n’eft point du-tout en ufage parmi nous ; pañe; étant appliquée extérieurement, pour être déterf- ve, réfolutive , propre pour la gratelle, & autres maladies cutanées. Les fleurs de la pulfatile ou co- quelourde entrent dans l’eau hyftérique de la pharma copée de Paris. (à | COQUELUCHÉ ENDÉMIQUE , en latin czcul- laris morbus, ( Medecine.) maladie épidémique 8 ma- ligne qui regne de tems en tems en Europe , & qui y fait quelquefois de grands ravages. Cette maladie qui paroît communément l’autom- ne ou lhyver, & dont les caufes font auffi incon- nues qu'imprévües , eft une efpece de fiévre catars rheufe, accompagnée de mal de tête, de foiblef- fe, d’oppreffion ou de difficulté de refpiration, de toux, de douleur dans l’épine du dos , & autres fymptomes plus ou moins graves où variés fuivant les tems, les lieux, & les perfonnes. M. de Thou croit que le nom de cogue/uche donné à cette maladie, eft né en 1510, fous le regne heu. reux de Louis XII. mais il fe trompe ; car Mézeray dit qu'il parut en France fous Charles VI. en 1414, un étrange rhüme, qu’on nomma cogueluche lequel tourmenta toute forte de perfonnes, & leur rendit la voix fi enroüée , que le barreau & les collèges en furent muets. Valeriola , dans l’appendice de fes lieux com- muns, prétend que le nom de coqueluche fut donné par le peuple à cette maladie, de ce que ceux qui en étoient attaqués portoient une cogueluche ou ca- puchon de moine pour fe tenir chaudement. Ména- ge & Monet font du même avis. En effet, cogueluche fignifie proprement un capuchon. Cependant un me- decin François appellé 4 Bon, a écrit que cette ma- ladie a été nommée cogueluche à caufe du rémede qu'on y apportoit, qui étoit du Loch de codion fait avec la tête de pavot ou tête de coquelicot, qui eft appellée codior en grec. Quoi qu'il en foit de l’étymologie du nom, ce mal épidemique paroît de tems en tems en Europe pour en moïflonner les habitans. L’hiftoire nous ap- prend qu’il regna avec violence en France en 1414, en 1510,en1558, & en 1580. L’année 1580, cette maladie qui s’étoit fait fentir d’abord en Orient ; pañla enItalie, où on la nomma la maladie des mou- tons ; delà elle vint en Efpagne , où elle emporta Anne d'Autriche femme de Philippe II. elle fe ré- pandit enfuite en France , en Angleterre, & fnale- ment vint s’éteindre dans le Nord. C'eft cette même maladie, qui en 1732 & 1733 parcourut non-feulement l’Europe , mais encore la Jamaïque , le Pérou, le Mexique, &c. & à laquelle les François, toüjours portés à badiner les! objets les plus {érieux , donnerent les noms d’a//ure, de fo- lette, quoiqu’elle fit périr beaucoup de petit peuple dans la capitale & dans les provinces. On foupçonne avec raïfon que la caufe de cette maladie épidémique confifte dans une matiere extrè- mement fubtile & cauflique, qui fe trouve répandue dans l'air, & qui s’infinuant par le moyen de l’inf- piration par tout le corps , en infette les humeurs. D'où il réfulte qu’un bon medecin doit fe propofer trois chofes principales pour opérer la guérifon du malade, 1°. de corriger &c d’émoufler l’acrimonie de la lymphe : 2°. de rétablir la tranfpiration trou- blée par la congeftion des férofités qui fe font for- mées dans les parties intérieures : 3°. d’évacuer ces férofités vicieufes. On corrige l’acrimonie de la Iymphe parles émul- fions des fubftances huileufes , creme d'amandes, graine de pavot blanc, l’eau de gruau, les décoc- tions de navets, d'orge, le bouillon de poulet & de chapon, 6c. On hâte les excrétions par les infufons chaudes de racine de réglifle & fleurs de fureau, la C O Q femence de fenouil, le pavot fauvage, 6e. On pro: cure l'évacuation des matieres vicieufes qui féjour- nent dans les glandes de la gorge, par les peétoraux, & celles des inteftins par des purgatifs. Enfin on pref- crit tous ces rémedes convenables dans la dofe & dans Pordre requis , fuivant la nature des fympto- mes, leur nombre, leur violence, l’âge, le fexe, ê£ le tempérament du malade. , Il ne faut point dire ici après la mort le rnedecin ; car ces fortes de rhûmes épidémiques ne reviennent que trop fouvent avec des fymptomes plus ou moins graves. Ils dépendent d’une conffitution particuliere de lait, véritablement inconnue, mais dont les cau- fes quelles qu’elles foient, excitent toiours dans la nature, & produifent fur notre machine des effets dont la méthode curative et aflez la même. Article communiqué par M. le Chevalier DE JAUCOURT. CoOQUELUCHON , {. m. Voyez CAPUCHON. - COQUEMAR, f. m. (Chauderonerie ou Orfevrerie) Yaifleau de cuivre ou d'argent , à large ventre, étranglé ou retréci au-deflus de ce ventre, & un peu évafé à l’ouverture, fermé d’un couvercle à charniere , auquel on a pratiqué un bec qui dirige Peau quand on la verfe ; c’eft un uftenfile domefti- que & à l’ufage des Barbiers. Il fert à faire chauffer de l’eau pour différens befoins. TE COQUERELLE , f. f. cerme de Blafon, Le P. Me- nètrier dit que ce fônt les bourfes de l’alkekenge, qui eft une efpece de morille, qui porte des baies dans dés follicules qui reflemblent à des veflies en- flées, ce qui l’a fait appeller folanum veficarum. (F) COQUERET , f. m. (Æ1f?. nat. bor.) alkekengt , genre de plante à fleur monopétale, découpée en rayons ; le piftil fort d’un calice fait en forme de cloche ; il eft attaché à la partie moyenne, & 1l de- vient dans la fuite un fruit mou, fait comme une ce- nife ; ce fruit renferme des femences ordinairement plates, &enveloppées dans une veflie membraneufe, qui n’eft autre chofe que le calice dilaté. Tourne- fort, énff. ret herb, Voyez PLANTE. (1) COQUERON , fub. m. (Marine.) c’eft ainfi qué quelques-uns nomment une petite chambre ou re- tranchement qui eft à l'avant des petits bätimens, fur-tout de ceux qui naviguent dans les eaux inter- nes, parce qu'il y fert de cuifine. Diéfionn, de Com- merce. (Z ). | COQUET , adj. Voyez COQUETTERIE. COQUET , Î. m. terme de Riviere ; c’eft une forte de petit bateau qui vient de Normandie amener des marchandifes à Paris. (Z) COQUETER , v. neut. Poyez COQUETTERIE. COQUETER , terme de Riviere : on fe fert de ce mot pour exprimer l’aétion d’un homme, qui avec un aviron mene &c fait aller un bateau au vent, en remuant fon aviron par le derriere. (Z) COQUETIER , fubft, m. (Comm. voiturier qui tranfporte à Paris de la volaille , des œufs, &c du beurre des provinces de Normandie , Maine, Brie, & Picardie. ppt * COQUETTERIE , f. £ (Morale. ) c’eft dans une femme le deffein de paroïtre aimable à plufeurs hommes ; l’art de les engager & de leur faire efpé- rer un bonheur qu’elle n’a pas réfolu de leur accor- der: d’où l’on voit que la vie d’une coquette eft un tiflu de faufletés |, une efpece de profeflion plus in- compatible avec la bonté du caraétere & de lefprit &c l’honêteté véritable, que la galanterie ; & qu'un homme coquet, car il y ena, a le défaut le plus méprifable qu’on puifle reprocher à une femme. Voyez COURTISANE, nee COQUILLADE , fubft. £. ( Hiff. nat. Ichriolog.) poiflon de mer, alauda criflata vel galerira , Rond. petit poiflon qui ne differe guere du perce-pierte, Foyez PERCE-PIERRE, fi ce n’eft en ce qu'il a ine COQ 183 crête tranfverfale fur la tête. Willughby ; 4f, pie. Voyez Poisson. (1) | COQUILLAGE , f. m. (Hif. rar, Ichriolog. } où employe fouvent ce mot dans la même fignification que celui de coquille : mais à proprement parler la coquille n’eft qu'une partie du cogzillape ; un cogtil. lage eft un animal revêtu d’une coquille ; voyez Co- QUILLE. Les animaux de ce genre font appellés ef tacées, parce qu'ils font recouverts d’une matiere f différente de la chair & des os des antres animaux, % compaéte & fi dure, qu’on l’a comparée à une terre cuite, aunteft, tefla ; d’où vient le mot de seffacées. _Ariftote, Aiff. anim. b, IV? cap. j. a mis ces ani- maux dans la claffe de ceux qui n’ont point de fang, CXANGULA ; VOYEZ ANIMAL, Il diftingue les animaux teftacées des animaux cruftacées, des animaux mous & des infettes , en ce que La païtie charnue des tef. tacées eft renfermée fous une enveloppe qui eft très- dure, qui fe brife & fe cafle, mais que l’on ne peut pas fronler & écrafer comme les tayes des animaux cruftacées. Le grand naturalifte que nous venons de citer fait mention, dans Le chap. jv. du I. liy, de l'hiff. des anim. des principales différences qui fe trouvent entre les diverfes efpeces de coquillages ; tant par rapport à leuts coquilles, que par rapport à la partie charnue qui y eft renfermée. Il fait d’abord remarquer qu'il n'y a dans cette partie charnue aucune matiere du= re ; enftite il divife les teftacées relativement à leurs coquilles en univalves, bivalves , & en turbinées. Les umivalves font ceux dont la coquille eft d’une feule piece ; les bivalves ont, pour ainfi dire; deux coquilles ; celles dés turbinées font ainfi nommées ; parce qu’ils ont une figure conique où approchante de celle d’une poire, ou parce qu'ils font contournés en fpirale, On a fait beaucoup plus d’obfervations fur la f- gure des coquilles, que fur celle des animaux qui y font renfermés : on a nommé & décrit, on a deffiné & gravé , On a diftribué par ordre méthodique tou- tes les coquilles que l’on à pû trouver ; on en a cher- ché prefque dans toutes les parties du monde ; on en a fait de nombreufes collettions, que l’on conferve avec foin & que l’on admire chaque. jour, tandis que l'on jette à peine les yeux fur les animaux qui font renfermés dans les coquilles que l’on rencontre, Ce- pendant il feroit plus néceffaire de connoître l'animal que la coqiille ; cet animal eff la partie principale du coquillage : la diverfité des formes &z des couleurs que nous préfentent les coquilles, h’eft qu’un fpeftacle vain én comparaïfon des connoïffances réelles que nous pourrions tirer de la conformation des animaux qui les habitent. En développant leurs organes , en les comparant dans les différentes efpeces, nous pren: drions une nouvelle idée des reflources de la Nature & de la fouverainé intelligence qui en eft l’auteur. Nous ferions par ce moyen des progrès dans la fcien- ce de l’œconomie animale , qui de toutes les fcien- ces humaines eft la plus intérefante pour l’homme. Les animaux les plus abje@s, ceux qui paroïffent les plus vils aux yeux du vulgaire, n’en font pas moins dignes des recherchés du naturalifte. Loin de négli- ger ces êtres vivans qui font cachés &cignorés dans leurs coquilles couvertes de fange ou enfoncées dans la terre, il faut ouvrir toutes les éfpeces de coquil- les bivalves, quoiqu’elles ne renferment que des animaux auf informes que ceux de l’huître, du pé- toncle, & de la moule ; il faut pénétrer dans les ca- vités les plus réculées des coquilles univalves , & fuivre tous les mouvemens de leurs animaux , foit qu'ils ne rampent que comme ceux du limaçon de terre, ou qu'ils nagent comme les nautiles ; enfin il faudroit faire des defcriptions complettes de toutes les éfpeces de coquillages. 184 COQ .…. avoué qu'il eft difficile de bien obférver leur con- formation intérieure. Leur confiftance eft fi molle, “& les parties fi peu fenfbles dans la plüpart, qu'on a bien de la peine à les fixer &c à les diftinguér ; mais des obférvateurs habiles, tels que Swammerdam & Liftér, font déjà parvenus à furmonter ces obfta- les, & nous ont frayé la route. La plus grande difficulté feroit par rapport aux efpeces de cogulla- ges, qui ne fe trouvent que dans des pays fort éloi- prés. Les liqueurs qui pourroient préferver de la œorruption les animaux dans leur coquille, les rac- Lourciroient de façon, qu'on ne pourroit plus dé- velopper ces païties ,. que l’animal étend à fon gré au - déhors de fon coïps , & retire fucceflivement au-dedans , comme nous le voyons pour les cornes des limaçons. De ‘plus, la forme du corps de ces animaux varie dans leurs différens mouvemens,, à mefure qu'ils s’allongent ou qu'ils fe raccourcifent pour ramper. Il feroit donc nécefaire de Les voir tous vivans & agiflans ; un obfervateur feul né peut pas y parvenir: mais tous Ceux qui traVaillent pour l'avancement des fciences , concourent au même but : chacun doit s’occuper par préférence des pro- duétions du pays qu'il habite. On n’a encore décrit que quelques efpeces de coguillages ; il en refte beau- coup, même dans ce pays-ci, qui font à peine con: nus. Jen ai raflemblé en peu de tems jufqu’à trente- cinq efpeces différentes dans le petit territoire de la banlieué de Montbard , & je ne defefpere pas d’y en trouver un plus grand nombre ; cependant il n’y a que de petits ruifleaux, de petits étangs, & la etite riviere de Brenne : car je compte les coguil- lages fluviatiles avec les coquillages térreftres. Par tout pays la nature eft abondañte dans certaines produétions , &c 1l y a pär-tout beaucoup de recher- ches & d’obfervations à faire. Nos côtes fourni- - roient encore beaucoup pour les coquillages, fi où s’appliquôit à rechercher tous ceux qui y font ; les naturaliftes n’épuferont jamtié Le fonds de fichefles qui fe trouvent à toute hétre fous leurs pas. Il s’en faut beaucoup que nous ayons aflez de connoiffances fur la génération , laccroïffement & la defcription des coquillages, pour en traiter dansun article général; c’eit pourquoi nous tenvoyons aux articles particuliers, où il eft fait nention de ce qui a été dit des coquillages que l’on a obfervés. Voyez HuITRES , LIMAGÇONS, MoutEs, &c. (1) . * COQUILLAGE, (matière médic.) c’étoit un mets dont les Grecs & les Romains faïfoient grand cas. Ils étoient fi délicats fur le choix des coquillages , qu'ils diftinguoient, à ce qu'on dit, au premier coup de derit, lé rivage où ils avoient été pêchés. Voyez les arr. HuitrRes , MOULES, TORTUES, 6. Lé coquillage eft plûtôt un /rritamentum gule, qu'un véritable aliment. On prétend qu'il difpofe à laéte vénérien. Il faut qüelqu’habitude d’en manger, pour Le digérer en grande quantité ; il n’eft cependant pas indigefte, temoins les huitres, dont quelques per- fonnes ont tañt de peine à fe raflañier. CoQUILLAGE, (Archireët, ) eft un arrañgement fymmétrique de différentes coquilles dont on faitdes compartimens de lambris, voutes , &c. des mafques, feftonis | &c. &c dont on décore des grottes, porti- ques, niches éc baffins dé fontaines, (P) | COQUILLAN, £. m.(Carrier.) C’eft le quatrieme Hit que lés Carriers rencontrent communément ; il eft de quinze poñces ou environ. If eft aïnfi appellé des coquillages dont il eft parfemé. | COQUILLE , f. f: (Ord. encyclop. Entend. Mé- moire. Hiftoire. Hiff, nat, Ichtiolog.) partie dure qui recouvre les animaux teftacées. Cétte paîtie a été comparée à un teft à caufe de fa dureté, & en porte le nom, #ffa; nous l’exprimons par celui de co- quille : ainfi la coquille et, par rapport au coquil- ’ CO Q lage, ce qu’eft le teft relativement à l’animal tefta= cée. Cependant on.étend quelquefois la fignification dumot coquille, qui n’eft -qu'une partie du coquii- lage, au coquillage entier. Foyez COQUILLAGE, Mais. c’eft improprement ,. car les Naturaliftes ne confondent jamais la coquille avec l'animal qui y eft renfermé,. dal. ss dû 5 … Quoique lacogullene foit qu'une matierebrute en comparaifon de l'animal qu'elle contient , cependant elle a totjours été plusrecherchée & confideréeavec plus d'attention que l’animal même. Il eft vrai que les animaux de ce genre ferefufent pour la plüpaïtt à nos obfervations, foit par la molleffe & les mouve- mens des parties de leur corps; foit par la dificulté de fe procurer ceux des pays éloignés ; tandis que l’on peut tranfporter les coquilles d’un bout du monde à l’autre, fans y caufer aucune altération ; & que lon peut les obferver à fon gré dans tous les, tems & dans tous les pays où il s’en trouve des collec- tions: Les coquilles ont de plus un mérite réel , qui neclate pas. moins par la variété & par l'élégance de leurs formes, que par la beauté & la vivacité de leurs couleurs, On.eft frappé d’admiration à l’afpeét d’une nombreufe colle&tion de différentes efpeces de coquilles ; on s’étonne que de fi belles produétions ayent été formées par de vils animaux, Maïs le na- turahfte, fans fe laffer éblouir par le brillant de ces belles enveloppes , defire dé connoître l’organifa- tion de tous les animaux qui s’en revêtifient ; il ne verroit les coquilles qu'avec une forte de dédain , f elles ne lui foutnifloient pas elles-mêmes un fuyet de méditation, quiet, pour ainfi dire , indépen= darit des animaux auxquels elles ont appartenu, Les coquilles font une des matieres les plus abon- dantes que nous appercevions fur la furface de la terre & dans fon fein ; jufqu’aux plus grandes pro- fondeurs où 1l a été ouvert. De toutes les parties des animaux qui peuplent la terre, l’air &c les eaux, fi on en excepte l’émail des dents , les coguzlles font celles qui fe confervent le plus long-tems après la mort de l’animal ; lorfqu’elles en font féparées, elles acquierent fouvent un nouveau degré de folidité ; en s’alliant avec la pierre ou le caillou , de forte que leur dureté doit égaler cellè des rochers dont elles font partie, & dont les blocs femblent être à l’abni de l’injure des tems. Cependant les montagnes s’abaiflent peu-à-peu , & difparoïffent dans la fuite des fiecles ; Le roc le plus dur eft altéré peu-à-peu , & difperfé au gré des vents. Mais quoique ces mafles de pierre paroïffent anéanties , les fragmens des co- quilles fe retrouvent dans leurs débris, & font eni- core reconnoïflables dans les fubftances dont ils fn PATTERNS RE ES * À La plüpart des coquilles qui ont exifté depuis le commencement du monde, exiftent encore aujour- d’hui à peu-près fous la même forme. Non-feule< mént cette matiere a là propriété de fe maintenir fous la même apparence, fans que les générations des hommés puuflent la voir changer de natuté, mais elle fe multiplie chaque jour, & la quantité des co- quilles augmente exceffivement, pat fé nombre pro- disieux dés individus que produifeñt la plüpart des efpeces de coquillages, & par leur accroiflement, Qui fe fait en peu de tems : aüffi toutes les mers en font peuplées ; elles s’y amoncelent par tas éñor- mes, les côtes en font jonchées. On trouve des cs- quilles dans tous les pays du monde ; on les voit dif perfées dans les plaines, fur la furface de la terre, ou réunies dans plufieurs endroits en aflez grande quäntité pour former des terreins très-étendus & fort profonds. Ailleurs elles font mêlées dans les graviers, les craies, les märnes, les argiles, te. à toutes les profondeurs où ces différentes matieres ont été creufées, On rencontre aufli des coquilles qui | roulent æ* r 7 \ COQ toulent en grand nombrèé fur la pente des collines ; il y en a encore fur le fommet desmontagnes & dans le fein des carrieres, elles y forment des lits entiers ; ‘elles font incorporées avec la pierre & le marbre ; elles font partie de la marne & de la craie, & il y a lieu de croire’ que la marne & [a craie, la pierre ‘& le marbre ne font compofés que de fragmens & ‘de détrimens de coquilles. Voyez L'Hiff, nur, tome I. D.271 & fuiv. où M. de Buffon donne à ce fujet une théorie fondée fur des faits inconteftables. . La matiere des coquilles eft fort analogue à là pierre, «elles fe pétrifient fort aïfément ; elles chan- gent de nature fans changer de forme, felon l’oc- currence des matietes quiles environnerit. Les Na- turaliftes diftinguent ces différens états, en défignant par le nom dé coquilles foffiles , celles qui font con- {ervées dans la terre prefque fans aucune altération; & ils appelleñt coquilles pétrifiées, celles qui partiet- pent à la nature de la pierre. * Après avoir confidéré les coquilles relativement à leur nature, nous devons faire mention des diffe- xences que l’on a obfervées entre leurs principales efpeces. Les anciens n’ont pas traité cette matiere dans un grand détail, Ariftote divife feulement les coquilles en univalves, bivalves & turbinées: les umivyalves font d’une feule piéce: les bivalves font ‘compofées de deux pieces ; &c les turbinées ne dif- ferent des umñivalves, que parce qu’elles ont une figure conique ou reflemblante à celle d’une poire, que leur cavité eft contournée en fpirale. Enfuite il rapporte quelques différences tirées de la forme, de lépaifleur des coquilles , &c. Hiff, anim. lib. IV. cap: jv | A PRE FU Les modernes n’ont commencé qué fur la fin du ‘dix-feptieme fiecle à faire des divifions méthodiques des coquilles. Gefner, Aldrovande, Jonfton, Ron: delet, & plufeurs autres auteurs qui ont traité des coquillagés & des coquilles, n’en ont fait aucune diftribution fuivie & détaillée. J. Daniel Major a été le premier qui ait divifé les coquilles en clafles, genres & efpeces, & qui ait établi fa méthode fur des caracteres tirés des différentes efpeces de coquit- Les. Annot, in Ub. de purpurä; fab. Col, Kilie 1674. Dans cette méthode l’auteur met fous le nom de teftacées improprement dits &c vivans, seflacea 1m- propriè dicla viventia ; les écailles de tortues , les nids d’Alcion, les tubes vermiculaires ;' &c fous le nor de effacées improprement dits & morts ; les coquilles pétrifiées, & les noyaux pierreux des coquilles foffi- les. Dans cette méthode les œufs des oïfeaux, des tortues, &c. font au rang des teftacées proprement dits, comme les coquillages ; ceux-ci font divifés. en univalves turbinées & non turbinées , & en plu- rivalves , foit bivalves, foit trivalves ou. quatri- valves: | | | [parut en 1684 une autre diftribution méthodique des coquilles , dans l'ouvrage intitulé Recredfio mentis 6 oculi, in obfervatione animalium teffaceorum ; &c. à Phi. Bonañnnofoc. Jefu. Rome, Les coquilles Yÿ font divifées en trois elaffés , dont la premiere contient les univalves non turbinées ; la feconde les bival- ves, & la troifieme les turbinées. Martin Lifter, Medecin Anglois, fit én 1685 une autre méthode pour la divifion des coquilles, & la donna dans un volume 2-folio; qui renferme un très-grand nombre de planches dans lefquelles les coquilles font bien gravées , Hiff. Conch. Londini. Cet ouvrage eft le plus complet que nous ayons pour le hombre des planches, car il contient plus de douze cents figures de coquilles, Il eft vrai que l’auteur a pris quelquefois les variétés des individus de la même efpece, pour des caraëteres fpécifiques ; & que w’ayant donné aucune explication détaillée de fa méthode, elle eft obiçure à quelques égards, & CORP QUE" Te AN dr Pr | Pal eS W = F C O Q 19$ fuppofe une grande connoiffance des coquilles ; fans laquelle il n’eft pas facile de reconnoiître tous les carateres qu y font employés. On pourroit aufi faire quelques’ objeétions contre certaines parties de ce fyftème; mais 1l n’eft pas poffible de faire en hifloire naturelle aucune diftribution méthodique qui foit entierement conforme à l’ordre de la nature, La méthode de Lifter m'a paru, auffñi bonne qu'au: cune autre ; je l’ai fuivie pour arrangement de là nombreuüfe colleétion de coquilles du cabinet du Roi ; par la même raifon qui doit la faire préférer à toute autre , lot{qu’on veut prendre connoiffance des co quilles ; €’eit que l’on trouve dans ce livre à chaque page, la figure de la coquille, & la dénomination que le méthodifte a donnée pour la diftinguer des | autres. La définition eft réunie à l’objet, & les ob- jets font en plus grand nombre que dans aucun autre ouvrage de ce genre. Il eft fâcheux que celui:ci foit auf rare qu'il left, Je rapporterai ici un extrait dé la méthode de Lifter, en faveur de ceux qui n’ont pas fn hivré, & par ce moyen je donneräi une idéé des différentes efpeces de coquillages, ou au moins des genres & des claffes dans lefquels on les a diftria bués. | 4 11 LE - Liftér divife les coquilles en trois clafes générales Ë la premiere comprend les coquilles de terre : la {e= conde les coquilles d'eau douce; & la troifñiéme les coquilles de mer. I] prétend que la terre n’eft pas moins propre que les eaux à la génération des co quillages, & qu’on en trouverfoit grand nombré d’efpeces fur la terre , fi on yéherchoit les coquilles avec autant de foin qu’oi a de facilité à les trouver lorfqu’on fait des pêches. Maïs notre auteur paroît prévenu pour cette opinion, de façon qu'il met aw nombre des coquilles dé térre, plufieurs de celles qu£ ne fe trouvent que dans l’eau. | La premiere élafle ne comprend que dés coquilles univalves, qui font des buccins & des limaçons ; en effet, on n’a jamais vü de cogwilles terreftres bi valves. | SUTe v Il y a dans l’eau dorice dés coquilles univalyes 8 des bivalves. Les premieres font les buccins, les limaçons, les nérités & les patelles ; les autres font les moules & les petoncles | Les coquilles de mer font bivalves, multivalves ; c’eft-à-dife compofées de plus de pieces ; & unival- ves. Il y a des bivalves de mer dont lés pieces font inégales ; d’autres les Gnt égales, & femblables lune à l’autre. Les premieres font lès peignes, les huitres & les fpondyles. Les autres font les méres- perles, les petoncles , les moules, les pinnes mari: nes , les tollines, les folénes , les chames-phélades: Celles qui font compofées de plris de deux pieces; en ont ou trois, ou cinq, où douze. Les premieres font les pholades, lès fecondes les añatiferes, & les troifiemes les glands de mer. Enfin la troifieme claflé dés coquilles de mer, qui renferme celles d’une feulé piece, comprend les patelles, les dentales, les tubes vermiculaires , les nautilles, les limas, les nérites 3 les oreilles de mer, les fabots, les porcelaines , les rhombes & les buccins. Ce dernier membre de læ divifion eft le plus nombreux de tous, parce qu’if eft compofé non-feulement des buccins , mais en= core des pourpres & des #wrex , {ous le nom de buccins. | CoQuiLees DE TERRE. Buccins. Cefont des coquil: les turbinées : toutes celles qui ont cetteforme , font faites dans leur intérieur en quelque façon côommé -un efcalier à vis ; il y à un noyau qui lés traverfé dans le milieu d’un bout à l’autre, La bouche; c’eft: jedire l'ouverture de la coquille, eft lentrée de la cavité où loge l’animal ; cette cavité tourné ensfpi- rale autour du noyau , & diminue peu-à-peu de dia: metre , jufqu'à çe que les parois fe ne de & 186 C O Q £e réuniflent au fond della cavité & à l’extrémité du noyau, que l’on appelle /a pointe de la coquille. En tenant les coquilles turbineées de façon que la pointe {oit en haut, la bouche en bas, & l’ouverture en avant, on voit que dans la plüpart la cavité tourne autour du noyau de droite à gauche, & dans quel- ués-unes de gauche à droite. La premiere divifion É buccins de terre dépend, felon Lifter, de cette différence, quoiqu'il y ait plufieurs efpeces de co- quilles dont la fpirale tourne de droite à gauche. On n'a pas laiflé de les appeller uriques, pour défigner ce cara@ere fingulier, PL XX XT, fig. 14, La fur- face des buccins tournés de droite à gauche, eft life ou canneleée ; ceux quifont lifles., ont la levre, c’eft-à-dire les bords-de l'ouverture, unie ou den- telée. Ces fortes de dents qui {e trouvent dans la bouche des buccins lifles & tournés de gauche à droite , {e rencontrent aufli dans quelques buccins tournés de droite à gauche, & fervent de caraétére pour les diftinguer des autres. Tels font les caraéteres par lefquels Lifter a dé- terminé les genres des buccins de terre. Nous ne pouvons pas rapporter 1c1 le détail des efpeces qui appartiennent à ces genres ; 1l fufhira de donner une idée générale des caraéteres fpécifiqués qui font em- ployés dans cette méthode,pour diftinguer la plüpart des turbinées : ils font tirés de la forme des coquilles, & de leurs couleurs. On remarque pour les formes, Le nombre des tours que fait la cavité en defcen- dant autour du noyau. La courbure tranfverfale de cette cavité plus ou moins fenfble au-dehors dans fes différens tours. II faut faire attention que cette courbure qui eft tranf- verfale par rapport à la cavité, eft longitudinale par rapport à la coquille en général. L’épaifleur de la fubftance dela coguille. L’allongement ou l’applatiflement du corps de la coquille, ou de fa pointe. : La petiteffe ou la groffeur de la coquille, L'ouverture plus ou moins grande, ou plus ou moins arrondie. Les cannelures plus ou moins profondes. Les intervalles des cannelures font kfles ou cou- verts de nœuds ; ouarmés de pointés. L’ombilic eft un trou dont eft percé le noyau de la coquille à fa partie fupérieure. Les dents que l’on trouve à l'ouverture de la co- quille ; les unes tiennent au noyau,d’autres à la levre de la coquille, Les treillis, dont les mailles font plus où moins fortes fur la furface de la coguille, _ L’épaifleur des bords de l’ouverture , qui quel- quefois fe recourbent en dehors. . Les finus ou fentes que l’on remarque fur certai- nes parties des coquilles. Pour les coulèurs. Si la coquille et d’une feule cou- leur, on la nomme de cette couleur ; s’il y en a plu- fieurs mêlées , on en décrit les nuances & l’arrange- ment fur les différentes parties de la coguille : on y voit fur un fond d’une couleur des bandes d’une au- tre couleur qui fuivent les différens tours de la co- quille ; ou qu les coupent tranfverfalement. Sur d’autres.les couleurs marquent des ondes, des rayons, des panaches, &c. Ces caraéteres ne poufroient pas fervir à diftin- guer les différentes efpeces de coquilles ; s’ils fe réu- rufloient tous dans chaque efpece particuliere ; mais on n’en rencohtre qu’un petit nombre dans la même coquille, qui fouvent eft plus que fufffant pour la définition que lon veut faire ; & 1l arrive quelque- fois qu'un feul caraétere fpécifie une coquille, lorf- qu'il eft particulier à fon efpece : au contraire, sil eit commun à d’autres efpeces du même genre, il faut COQ enajoûter un fecond & un troifieme ; même un quai trieme ; &e. fi le fecond ou le troifieme, 6, quoi- que moins général, n’eft pas encore le caraétere par- ticuker abfolument néceffaire pour que laidéfinition ne {oit pas équivoque. I faut donc orditiairement employer plufeurs noms, plufieurs épithetes, même des phrafes entie- rés. & fort longues, pour défigner une coguille, 8t pour la diftinguer parfaitement dé toutes celles Qué ne lui font pàs abfolument femblables. Ceux gti nè véulent prendre qu'une legere teinture de l’'Hiftoire naturelle, croyent qu'il eft inutile de furcharger leur mérioire de tontes ces longues phrafes, fouvent fort peu intelligibles , à moins qu’on n’en ait fait une étude particuliere. On a voulu fubftituer aux phra- fes des Naturaliftes des noms plus ufités, eñ doñinant aux coquilles ceux des chofes auxquelles ellés paroif {ent reflembler. De-là font venus Ze ruban, la lampe, le cor de chaffe, êtc. Beaucoup de gens ont vouls donner de ces fortes de noms. Les uns ont mieux réifi que les autres : il s’en trouve qui font fort in- génieufement imaginés, & qui caradtérifent aflez bien les coquilles auxquelles on les a donnés ; fais 1 ÿ en a beaucoup qui {ont aménés de fi loin, & fondés lur une feflemblance fi legere & fi équivoque ; qu’on s’y trompe toûjours. D'ailleurs, il n’y a qu'un très- petit nombre de coguilles qui foient fees de ces fortes de noms; aïnfi la plus grande partie n’eft pas nommée : quand même elles le feroient toûtes , On n’en feroit pas plus avancé ; ces noms font audi incertains que les reflemblances fur lefquellées ils font fondés : on les change fouvent, & chäcüf fe fait un langage à part que les autres ne peuveñt pas entendre, Il faut donc néceffairement parler la län- gue des Naturahftes : les commencement fontuñ peu pénibles ; mais 1l en coûte moins qu’on ne penfe pour-fe la rendre familiere. Limaçons. Tout le monde connoît la forme des limaçons ; les efcargots qui rampent dans nos jardins nous en donnent un exemple familier. Ce genre n’a point de foñdivifions. On difroue fes efpeces par les mêmes carafteres que nous 4vons rapportés plus haut pour les efpeces dés buceins. Linagçons applatis. Dans Papplatiflement du Hina- çon , le noyau eft raccourci, & le diametre de là co- quille allongé ; la pointe de la coguille eft au centre de l’un des côtés, & l'ouverture eft dans l’autre, On diftingue les imaçons applatis dont l’intérieur de Pouverture eft Hifle, de ceux qui ont dés dents. Lorfque l’intérieur de l'ouverture eft life, quel- quefois les bords de cette ouvertire font tranchans, d’autres fois ils ne le font pas. Les limaçons applatis qui ont des dents À l'inté- rieur de leur ouverture, ont cette même ouverture tournée de gauche à droite, ou de droite À gauche. Il n’y a que deux nouveaux caraëteres patmi les efpeces dé ces quatre genres de limaçons applatis, 1°. La circonférence ou le limbe de la coquille qui eft plus où moins tranchant. 2°. L'ouverture de la coquille, qui dans uñe ef pece fe retourne & s'ouvre du même côté où paroît la pointe: PZ, XX, fig. 9. CoOQUILLES D'EAU DOUCE. On trouve dans les coquilles d’eau douce des univalves & des Bival= ves. Il y a cinq genres d’univalves, dont quatte font de turbinées ; favoir les buccins, les limaçons, les limaçons applatis, & les nérites : les patellés, qui: font le cinquieme genre, ne font pas turbinées; el« les n’ont pas de volute. | Les bivalves d’eau douce ne font que de deux gen- res, favoir celui des moules & celui des petoncles. Buccins, limaçons, limaçons applatis: Ces genres ne fe foüdivifent pas; leurs efpeces fe diftinguent par les mêmes çaraétéres que nous avons donnés pour les coquilles de terre. Nous, en.allons détailler de nouveaux qu'il y faut ajouter. :- Le haut de l'ouverture s’allonge un peu dans “quelques efpeces de buccins ; Le noyau produit cet. allongement que l’on appelle 4 becde la coquille : dans cette éfpece de buccin ce bec eft recourbé & creufé en gouttiere. | sd On trouve dans d’autres efpeces une arrête tran- chante, ou des tubercules ou des pointes, fur la lon: gueur des différens tours qui embraflent le noyau de la coquille. , — Patelles, On a donné le nom de patelles aux coquil- Les de ce genre, parce qu'elles reflemblent à de peti- tes jattes ou à de petits plats. Lifter ne donne qu'une efpece de patelle d’eau douce : le fommet de cette. patelle eft terminé pat une petite poiite recourbée. Nérites. Le nom de rérie femble venir du dieu Nérée. | ; | Les nérites reflemblent beaucoup aux limas : pout le diftinguer il faut favoir que le noyau des nérites n’eft point du tout apparent à leur ouverture ; ainfi elles ne peuvent pas avoir de bec : les tours de fpi- rale font fort peu fenfbles au-dehors, &c en très-pe- tit nombre : la poinre des nérites ne fort prefque pas; & dans quelques efpeces elle n’eft point du tout mar- quée. | Lifter ne donne que deux efpeces de nérites d’ean douce ; l’une eft peinte par bandes, autre eft d’une couleur bleue-verdâtre, parfemée de taches. Bivalves d’eau douce, Les deux pieces qui compo P q fent les coquilles bivalves, tiennent l’une à l’autre dans le tems que l’animal qu’elles renferment eft vi- vant. Chaque piece a une efpece de talon ou de bec dans un endroit de fa circonférence, On trouve or- dinairement fous chaque bec deux ou trois dents, dont la forme varie dans les différens genres de co- gilles bivalves : les unes fortent en s’élevant en pointes ; les autres rampent en s’allongeant, & for- ment une efpece d’arrête ; à côte de chaque dent ôn voit une cavité deftinée à recevoir la dent corref- pondante de l’autre piece. Amfi chaque piece a des dents qui doivent entrer dans des cavités, & des ca- wités qui. doivent recevoir des dents. Ces deux pie- ces pofées l’ime fur l’autre, compofent une efpece de charniere à l’endroit de leur circonférence où les deux becs fe rencontrent. Les dents entrent dans Les cavités deftinces à les recevoir, &. empêchent les deux pieces de tourner lune fur l’autre. Les char- nieres des coquilles dont l’animal eft mort depuis long-tems, font prefque toutes dans cet état , qui n’eft pas l’état naturel. Quoique les pieces ne puif- fent pas tourner l’une fur l’autre , elles peuvent ai- fément s’écarter l’une de l’autre : la nature a prévü cét inconvénient, qui eût été funefte à Panimal ; un ou deux ligamens attachés aux deux pieces de la co: quille à l'endroit de la charniere, les empêchent de {e féparer. Le relâchement de ces mufeles permet à Vanimal d’écarter les deux pieces de fa coquille à l'endroit de leur circonférence oppofé à celui de la charniere, & la contrattion de ces mêmes mufcles les rapproche. Moules, On diftingue deux efpeces de moules d’eau douce ; la premiere renferme celles dont la charmie- re eft dentée; les moules dont la charniere eft life font de la feconde efpece, x Dans la premiere efpece les dents de la chaïniere font fort grofles ; & daris la feconde elles font fi pe- tites, que fi l’on n’y regarde pas de fort près la char- niere paroît life. La forme des bivalves eft fi différente de celle des ünivalves, qu’elle nous préfente des caraëteres noû- veaux pour difnguer les efpeces. Ces caraéteres fe tirent, comme pour les univalves, des différentes Tome IF, Dies COQ +87 | formes des coquilles, ou de la différence de leurs - couleuts. | On temarqué pou les formes la larseur de la co- quille, c’eft-à-dire la diftance qui eft entre le bec & le côté oppolé; cette diffance eft plus ou moins grande par rapport à la longueur de la coquille. L’épaiffeur des pieces de la coguille | qui varie dans les différentes efpeces. L’un des bouts de la coquille eft quelquefois plus petit que l’autre. . L'endroit de la charniere eft canhelé dans une ef- pece de moule. Deal 2 NE | Pour les couleurs , fi la cogwlle eft d’une feule couleur, on la nomme de cette couleur ; s'il y en a plufieurs mêlées , on en décrit les nuances: Quelquefois les couleurs font difpofées en rayons; plufieurs bandes d’une couleur différente de celle du refte de la coquille partent du bec, & s'étendent en ligne droite. Peroncles, Il n’y a qu'un genre pour en diftinguer les efpeces ; il faut ajoûter les caraéteres qui fuivent à ceux que l’on a remarqué pour les moules. Dans quelques efpeces le bec de chaque piece s’af: longe & fe recourbe du côté de l’autre piece. Les petoncles font plus ou moins arrondis ; on en trouve une efpece qui eft d’une forme triangulaire. CoqQuiiLes DE MER. Bivalves de mer. Les pei- genes, les huîtres, &les fpondyles, font compofés de deux pieces imégales. Peivnes. On a donné à ces coquilles le nom de pei- gnes, parce que leurs cannelures partent du bec dé chacune des pieces, &c s'étendent jufqu’äux bords de la coquille, & que les intervalles qui féparent ces cannelures reflemblent en quelque façon aux dents d’un peigne. | Ces mêmes coquilles font aufli nommées coquilles de S; Jacques, & quelquefois manteau ducal, lorf- qu’elles ont de belles couleurs. Les peignes Ont un petit appendicé ou allonge= ment triangulaire de chaque côté du bec de chacune des piéces de la coquille: cet allongement fe nomme oreille. Ondivife les peignes en deux claffes ;'la premiere renferme ceux dont les oreilles font égales & fem- blables de chaque côté du bec de la coguille : Les peï- gnes dont les oreilles font inégales (PZ XLX, fig. 1.) compofent la feconde claffe. | La clafle des peignes dontles oreilles font égales, renferme deux genres différens ; les peignes du pre- mier genre {6nt cannelés ; ceux du fecond font liffes: | | Les peignes dont les oreilles font inégales fe di- vifent en deux genres ; les uns font dentés, les au tres ne le font pas: La piece du pecten denté , qui eft la plus applaties porte ce$ fortes de dents: on les trouve à l'endroit du bord de cette piece qui eft immédiätement fous Poreille droite ; cette oreille eft plus allongée que la gauche: Les peignes nous préfentent de nouveaux carac= teres pour diftinguer lés efpeces. Le nombre des cannelures varie fouvent ; on les compte pour favoir combien il s’en trouve furtelle ou telle efpece. | _ Les pieces :du peigne font plus où moins con- Vexes. | Ontrouve des efpeces de peigne dont la figure approche du rhomboïde. | Huitres. Les huîtres # divifent en deux genres : celles du premier ont le bec allongé, applati, re= coutbé, & terminé par un angle aigu. Les huîtres du fecond genre ont le bec très-petit, pofé en-deffous, & préfqu'entierement caché. en On trouve une efpece d’huitre qui s'attache à des CAT 188 COQ branchages par des crochets qui tiennent au dos de la coquille. My 4 Spordyles, Ce nom vient dés Grecs ; ils l'ont don- né à cette efpece d’huître, parce que leurs pieces {ont auffi-bien articulées enfemble que les vertebres des animaux. En effet, la charniere des fpondyles eft la plus parfaite de toutes les charnieres des co- quilles. | re Il n’y a qu’un genre de fpondyles : pour en diftin- guer les efpeces, il faut faire attention à ce qui fuit. Dans une efpece de fpondyles on trouve de peti- tes dents aux bords des cavités, où fe logentles grof- fes dents de la charniere. Dans une autre efpece, les intervalles qui font entre les cannelures s’allongent au-delà des bords de la coquille, Enfin dans une autre efpece de fpondyle, le bec de chaque piece s’allonge & fe recourbe, : Les fpondyles Les plus recherchés font ceux qui fe trouvent hériffés de piquans, & que l’on appelle communément huîtres épineufes. PI, XIX, fig. 2. On compte fept genres de coquilles bivalves de mer , dont Les deux pieces font égales & femblables ; favoir, les meres-perles, les petoncles, les moules, les pinnes marines, les tellines, les folenes , & les chames ou flammes. Meres-perles. Ces coquilles font une efpece de peï- gne où fe forment des perles qui fe trouvent adhc- rentes à l’intérieur de la coquille. On a donné le nom de peignes aux meres-perles, parce qu’elles ont deux oreilles comme les peignes dont on a parlé à l’arti- cle des Livalves de mer, dont les pieces font inégales. Mais les oreilles des meres-perles font abfolument différentes de celles des peignes; elles ne font pas cannelées, & leur forme varie beaucoup dans les différentes efpeces. Au refte les meres-perles font trop différentes des peignes, pour qu’on puifle les confondre enfemble, Les meres-perles fe divifent en trois genres ; cel- les du premier ont les oreilles très-allongées , à l’ex- ception d’une efpece ; c’eft celle qui donne la nacre; fes oreilles font plus courtes, & comme repliées. L’hirondelle de mer a les oreilles beaucoup plus al- longées d’un côté que de Pautre. Une autre efpece, que l’on appelle Ze crucifix ou Le marteau, a non-feu- lement les oreilles fort longues & plus allongées d’un côté que de l’autre , mais encore l’endroit des bords de la coquille qui eft oppofé à celui de la charniere, s’allonge confidérablement ; ce qui donne une forme bien particuliere à cette coquille. Le fecond genre des meres-perles n’a qu’une efpe- ce, qui eft celle que l’on appelle vifres chinoifes. Ce sente eft bien caraëtérifé par la charniere de Ia co- quille ; Vune des pieces a deux dents longuesréc étroi- tes en forme d’arrêtes, qui naïflent fous le bec de cette piece, 8 qui s’allongent en s’écartant l’une de l’autre : ces deux dents font recûes dans deux cavi- tés. creufées comme des fillons , qui fe trouvent fous le bec de l’autre piece de la coquille. Les meres-perles du troïfieme genre ont leur char- niere compofée de plufieurs dents & de plufeurs ca- vités pofées fur une même hgne droite. Petoncles: Le mot latin petunculus vient de peifen, qui fignife petit peigne. Les petoncles n’ont point d’o- reilles , leurs pieces font femblables ; ainfi on les dif- tingue aïfément des peignes. Voyez, par exemple, le petoncle appellé conque de Venus ortentale (Planc. XIX. fig. 3.), & celui qui eft nomme conque de Venus occidentale, fig. 4. On divife les petoncles en quatre genres princi- paux : ceux du premier genre ont la charniere com- pofée de plufeurs dents ; ceux du fecond font lies; les petoncles dutroïfieme genre fontentoutés de ban des, & ceux du quatrieme font cannelés. | Les petoncles dont la charniere eft compofée de plufieursdents,fe foûdivifent en trois genres: ceux du premier ont l’un des côtés plus allongés que l’autre ; les petoncles du fecond genre font cannelés , &c leur contour eft arrondi: ceux du troifieme genre font liffes, &c leur contour eft arrondi. Les petoncles liffes fe foûdivifent en trois genres : ceux du premier font triangulaires, & étroits à l’en- droit de la charniere : les petoncles du fecond genre font triangulaires & larges à endroit de la charnie- re ; & ceux du troifieme genre ont le bec recourbée Les petoncles entourés de bandes fe foùdivifent aufli en trois genres: ceux du premier font marqués d’un petit cercle à côté du bec, & les bords de la coquille font cannelés. Les petoncles du fecond genre font marqués d’ur petit cercle à côté du bec, & les bords de la coquille font liffes , & ceux du troifieme genre n’ont aucune marque de petit cercle à côté du bec. Les petoncles cannelés fe foûdivifent en neuf gen- res : ceux du premier ont des cannelures qui naïfent deux enfemble, depuis le bec jufqu’au milieu de la coquille : les petoncles du fecond genre ont des can- nelures tracées irrégulierement : ceux du troifieme ont des cannelures égales, mais l’une des faces de la coquille eft plus élevée que l’autre: les petoncles du quatrieme genre font applatis fur les côtés (PZ. XIX. fig. 5.), & le milieu de chaque face eft élevé en tranchant : ceux du cinquieme genre font hérifés de pointes ou de rugofités : les petoncles du fixieme genre n’ont aucunes pointes ni rugofités : ceux du feptieme font treillés : les petoncles du huitieme gen- re font plus allonges d’un côté que de autre : enfin ceux du neuvieme font écailleux. Pour diftinguer les efpeces de tous ces genres dé petoncles, il faut ajoûter quelques nouveaux carac- teres à ceux qu’on a déjà fait remarquer pour les au tres efpeces de coquilles. 1°. Les cannelures qui fe trouvent fur les faces in- térieures de la coquille. 2°. Les petites marques en forme de lettres on de caracteres qui font peints fur les coquilles. 3°. La couleur de l’intérieur de la coquille. Moules. Les moules de mer font une efpece de co: quille longue qui eft terminée par un bec à l’endroit de la charniere. Ce bec eft allongé dans certaines efpeces de moules ; il en fort des foies ou fils qui fer- vent à attacher les moules les unes avec les autres, ou bien à Les arrêter au rocher, &c. ces foies ne font pas fi fines que celles de la pinne-marine, dont nous parlerons dans la fuite. Premier genre , moules dont la charniere eft life: Second genre, moules dont la charniere eft compo- {ée de plufeurs dents. Pinnes - marines. Ces coquilles {ont une forte de moule ; mais Lifter en fait une clafle à part: elles font très -grandes ; elles ont quelquefois plus d’un pié & demi de longueur (Plan. XIX. fig. 6.). Elles portent une efpece de foie fine 4, à laquelle on donne le nom de #yffus. Cette foie eft de couleur rouffe. Elle eft commune en Sicile, en Corfe, & en Sardaigne, où on l’employe pour faire des étoffes ; des bas, des gants, Gc. on en fait aufli un grand commerce à Mefline & à Palerme. On donne vul- gairement à la pinne-marine le nom d’aigrerte ou de | plume ; on l’appelle aufi zacre. On trouve des per- les dans ces coquilles, &t même de très-grofles. Premier genre: pinnes marines dont les bords ne font pas arrondis. Second genre : pinnes marines dont Les bords font arrondis. Tellines ou tenilles ; elles different des moules, en COQ ée que leur charniere n’eft pas exaëtement dans le milreu de la coquille, Planc. XIX. fig. 7. Les tellines font plus larges d’un côté que de l’autre, ce qui les fait reffembler à un coin. Premier genre : tellines dont Les bords font den- tés en-dédans. | Second genre : tellines dont les bords font liffes en-dedans. Solenes ou manches de couteaux. Lies coquilles de ce genre font longues & ouvertes par les deux extrérmi- tés. PJ, XIX, fig. 8. À, l'une des pieces vüûe en-de* hors; 2, l’autre piece vûe en-dedans. Leur reffem- blance avec les manches de nos conteaux, leur a fait donner ce nom. Les Grecs les appelloient /o/enes , tuyaux, Dans le pays d’Aunis, on les nomme Le cou- elier ; & enltalie , caznolichio, I n’y a qu'un genre de manche de couteau. _Cames. On donne différens noms françois aux ca- mes; on les appelle armes où flammertes ; parce que le poiffon de cette coquille enflamme la bouche quand on le marge. On les nomme encore layignons ou pa- lourdes. Cette clafle n’a qu’un genre. COQUILLES DE MER DE TROIS PIÈCES. Phola. des. Lifter croyoit d’abord que les pholades m’étoient compolfées que de trois pieces ; enfuite il a reconnu que ces coquilles (PI, XI1X., fig. 9.) ont cinq pieces différentes : quand l’animal eft mort, les trois pieces les plus petites tombent bientôt, & il ne refte plus que les deux grofles parties. | Premier genre : pholades dont la charniere eft percée de petits trous. | | - Second genre : pholades dont la charniere n’eft pas percée. COQUILLES DE MER DE CINQ PIECES. Conques añatiferes. Anatifere vient du grec, & fisnifie porte- canard ; parce qu'on croyoit autrefois que le berna- cle ou bernache, efpere de canne de mer plus groffe que la macreufe, fortoit de ces coquilles, Planc, XX, Jig. Le C2. Il y a qu'un genre de conques anatiferes ; celles que l’on appelle pouffepies eft compolée de plufieuts pieces pointues, pofées {ur un pédicule cylindrique. La furface extérieure de ce pédicule eft de couleur de gris de fouris, & reflemble à la peau du chagrin; il renferme une chair blanche qui devient rouge, quand elle eft cuite: elle eft bonne à manger. Son goût approche de celui de lécreviffe. Les pouffepiés fe réunifent plufeurs enfemble par l'extrémité de leurs pédicules. Il y en a des groupes de fept ou huit. | COQUILLES DE MER DE DOUZE PIECES. G/ands de mer, On a donné à cette efpece de coquille le nom de gland de mer , parce qu’elle reffemble un peu à un gland. Planc, XX, fig, 3. Il y a des culloux & des coquilles qui font char- oées d’une très-grande quantité de ces glands : on en compte jufqu'à quatre-vingts-dix fur une feule co- quille, Univalves de mer, lepas ou patelles. Le nom de Ze- pas vient du grec: on l’a donné aux coquilles de ce genre, parce qu'elles ’attachent aux rochers fur lef- quels elles paroïffent comme des écailles ; on les ap- pelle auffi parelles, parce qu’elles refflemblent à un petit plat. PZ, XX, fis. 4. _ Iya quatre genres delepas. Les lepas du premier genre font percés au fommet ;#ceux du fecond ont leur fommet entier. Les lepas du troifieme genre ont leur fommet allonge & recoutbé : ceux duquatrieme genre font pointus au fommet, & on trouve dans Pintérieur de la coquille une éminence triangulaire. Tuyaux de mer ou dentales, Les tuyaux de mer ont aufli le nom de denfales ; parce qu’ils reflemblent à une dent de chien. PZ. ÆX, fig. 5. Ce qui diftingue les tuyaux de mer des vermifleaux dé mer, c’eft que COQ 189 les premiers font folitaires, & que les auttés font toüjours réunis plufeurs enfemble. Vermifeaux de mer. Les vermifleaux de mér {ont ordinairement entrelacés les uns dans les'anttes ; 1ls s’attachent aux rochers & à la carenne des vail: feaux: on entrouve des groupes aflez gros, | L'arrofoir ou le pinceau de mer (PL. XX, fe. 6.) eft un vetmifleau de mer. 4 Nautles, Ce mot vient du grec ; il fignifie pioceg La forme de cette coquille (PI. XX. fig. 7.) appro: che de celle d’un vaifleau, & le poiflon femble la conduire fur la mer, comme un pilote conduiroit un navire, Quand ce poiffon veut nager , il éléve deux efpeces debras 4 4, qui foûtiennent une membrane legere B : cette membrane fert de voile. Il a d’autres bras ou longs appendices C C, qu'il plonge dans Veau , & qui lui tiennent lieu d’avirons & de gou- vernail pour diriger fa coquille, I] marche ainfi {ans enfoncer dans la mer ; mais fi-tôt qu’il veut fe tetis- rer au fond de l’eau, il rentre dans fa coquille, qu fe trouve alots aflez pefante pour couler à fond, Les nautiles fe divifent en deux genres : ceux di premier genre font chambrés. PJ, XX. fr. 8. L'inté- rieur de ces nautiles eft partagé en plufieurs cham= bres 4, 4, par des cloïfons ou lames tranfverfales F, B : on en compte quelquefois jufqu’à quarante. Il y à un petit tuyau € C qui régne tout le long dela coquille, &t qui traverfe toutes ces cloïfons. Celles qui fe trouvent du côté du bec font les plus petites ; &t elles augmentent peu-à-peu jufqu'à Pouvetturé de la coguille où eft la plus grande chambre, Les nautiles du fecond genre ne font point cham: brés, c’eft-à-dire que l’animal en occupe tout l’in- térieur , qui n’eft point divifé en plufeurs loges par des cloïfons comme l’intérieur des nautiles du pre+ mier genre. Limaçons. Le nom de Zmaçor , en latin Zmax ; vient de /mus;imon;parce que les anciens croyoient que ces coquillages s’engendroient dans le limon, & qu'ils s’en nourrifloient. Leur bouche eft ronde, Premier genre : limaçons dont la pointe eft cour: te , percés d’un ombilic, avec une cannelute à côté, qui eft accompagnée d’une petite oreille, Sécond gente : limaçons dont la pointe eft cour: te, & dont l’ombilic n’eft point accompagné de can: nelures n1 d'oreilles. Troifieme genre : limaçons fans ombilic, & dont la pointe eft courte. Quatrieme genre : limaçons dont la pointe eft courte , & dont le noyau eft un peu élevé à l’ouver- ture de la coquille. Cinquieme genre : limaçons dont là pointe n’eft pas fort allongée, & dont ouverture eft dentée, Sixième genre : limaçons liffes dont la pointe n’eft pas fort allongée, & dont l'ouverture n’eft pas den- tée, Septieme genre : limaçons cannelés dont la pointe n’eft pas fort allongée. La /calara (PI. XX, fig. 10.) eft de ce genre. . Huitieme gente : Himacçons cannelés dont la pointe eft mince & fort allongée. Neuvième genre : limaçons liffes dont la pointe eft mince & fort allongée, PZ XX. fig. 11. Nerites. Le nom des nerites femble venir du dieu Nerée. Ces coquilles reflemblent beaucoup aux lima- cons : ce qui les fait diftinguer , c'eft que le noyau des nerites n’eft point du fout apparent à leur ou- verture, Leur tour de fpirales font fort peu fenfi- bles & en petit nombre ; leur pointe ne fort préfque pas; & dans quelques efpeces,, elle n’eft point du tout marquee. #, Premier genre : nerites dentées dorit la pountéseft un peu faillante, a guenorte (PL XX, fig. 12, 13.) eft de ce genre, NME CENT STET Es EEE 190 COQ Second gente : nerites dentées, cannelées, &c dont la pointe eft applatie. | Troifieme gente: nerites dentées, liffes, & dont la pointe eft applatie. - Quatrieme genre : nerites dont le noyau eft den- té, & la levre allongée fans aucune dent. Cinquieme genre : nerites lifles dont l'ouverture n'a aucune dent. ENS | … Sixieme genre : nerites hériflées de pointes, & dont l'ouverture n’a aucune dent. … Oreilles de mer. Ces coquilles font appellées orul- Les , parce qu’elles reffemblent en quelque façon à une oreille d'homme ; elles ont un rang de trous ronds , dont il y en a ordinairement fix qui font ouverts : les autres font fermés. Planche X XI. fig. 1. On a repréfenté des perles 4 qui tiennent à cette coquille. Cette clafle n’eft point divifée en genres. Sabots, On appelle ces coquilles fzbors . parce qu’- elles reflemblent aux fabots ou aux toupies qui fer- vent d’amufement aux enfans : elles ont une figure conique. Voyez PL, XXT. fig. 2. un fabot pofé fur fa bafe ; & fig. 3. la même coquille vüe par la baie. Premier genre : fabots dont la pointe eft élevée, & la bafe un peu convexe. Second genre : fabots dont la pointe eft élevée, & dont la bafe /eft cave. Sabots dont la bafe eft plane. Voyez l’efcalier ox cadran, PL. XXI. fig. 4. Troifieme genre : fabots percés d’un ombilic : leur pointe n’eft pas fort élevée, & leur ouverture eft garnie de dents. Quatrieme genre: fabots en forme de limaçons petcés d’un ombilic , & fans aucune dent à leur ouverture. Cinquieme genre : fabots dont la pointe eft cour- te, & dont le noyau eft un peu élevé fans ombilic. Sixieme genre : fabots dont le milieu de la bafe eft calleux. Septieme genre : fabots qui ont une dent à l’extré- mité du noyau. Porcelaines : elles ont à-peu-près une forme ovoi- de. PL, XXI. fig. 5. Leur ouverture ( #g. 6.) eft lon- gue & étroite; elle s'étend de Pun des bouts de la coquille jufqu'à l’autre : l’une des levres de l’ouver- ture, & fouvent toutes les deux, font garnies de dents. Gefner prétend qu’on a donné à ces coquilles le nom de porcelaines, parce que les Chinois de la province de Kiamfi s’en fervent pour faire leur por- celaine. On les appelle aufli congues de Venus , parce qu'elles étoient autrefois confacrées à Venus. Il ne faut pas-les confondre avec les coquilles de Venus, qui font des pétoncles. Premier gente : porcelaines d’une feule couleur, & dont l'ouverture eft étroite & dentée. Second genre : porcelaines parfemées de petites lignes qui fuivent la longueur de la coquille, dont l'ouverture eft étroite & dentée. Troifeme gente : porcelaines peintes en ondes & dont l'ouverture eft étroite & dentée. Quatrieme genre: porcelaines entourées de ban- des d’une feule couleur , & dont l’ouverture eft étroite & dentée. Cinquième genre: porcelaines tachées & entou- rées de bandes , qui quelquefois font auffi tachées : leur ouverture eft étroite & dentée. _ Sixieme gente: porcelaines parfemées de points noirs, @& dont l’ouverture eft étroite & dentée. Septieme genre : porcelaines parfemées de taches noires ou blanches , & dont l’ouverture eft étroite &c dentée. Huitieme genre : porcelaines marquées de taches blanches, peintes en forme de refeau, & dont l’ou- verture eft étroite & dentée, | d’où il réfulte que ces corps font inaltérables au point que la calcination ne fait que changer [eur couleur. | Le corps réticulaire qui enveloppe immédiate- ment la matiere propre du corail, y dépofe régulie- rement {es petits globules rouges , ce qui forme les inégalités {phériques dont la furface des cannelures eft formée. De-là on doittenir pour certain que la matiere du corail eft compofée de ces globules. Si l’on me demande d’où ils tirent leur origine, je ré- pondrai fans héfiter qu’ils la tirent des polypes du corail : car s'il eft vrai, comme on le verra plus bas, que leurs œufs foient couverts de pareils corps, on doit conclure que des corps précifément de la même nature, quelque part qu'ils fe trouvent , font l’ou- vrage des mêmes polypes. Sur le corps réticulaire s’étend une écorce molle, & d’une couleur un peu plus claire que celle de la fubftance intérieure ; elle eft formée de filets très- déliés , auxquels font attachés un grand nombre de globules rouges qui tiennent enfemble , & qui com- muniquent leur couleur,à l'écorce. On y découvre au microfcope des vaifleaux cylindriques & paral- leles entr'eux, qui jettent de tous côtés des ramifi- cations dans les petites membranes dont on a parlé plus haut, & qui y portent Le fuc laiteu% qui nourrit le corarl. 2 La fuperficie de cette écorce eftinégale, aliffante dans lélr«i/ nouvellement pêché; plus relevée en certains endroits, en d’autres plus applanie: en plu- fieuts on apperçoit à l’œil des efpeces de nœuds qui s’élevent fur la furface ; ils font ronds, aflez larges à leur bafe, plus étroits vers leur furface fupérieu- re, qui fe divife en huit portions plus ou moins égales, & lefquelles fe réuniflent au centre de cha que nœud, où plütôt de chaque cellule compofée: intérieurement d’une portion du corps réticulaite , & revêtu du dehors de l’écorce du corarl. | Dans certains endroits le corps réticulaire forme une duplicature, ou une efpece de petit fac qui re- vêt tout l’intérieur de la cellule jufqu’au bord fupé- rieur; enforte que la cellule ne fe termine point 1m- médiatement à la matiere propre du coraël., mais au corps réticulaire. La forme de ces cellules eft celle d’un cone qui a un renflement dont le diametre eft plus grand que celui de fa bafe , & dont le fommet émoullé forme dans la matiere dure du corasl de peti- tes cavités plus marquées dans les branches jeunes êc déliées, mais moins {enfbles dans les branches plus grofles, & plus vieilles. à | Le fond de chaque cellule RARE fe pié de la 1] 196 COR tige, & l’orifice eft tourné du côté oppofé; telle eft Phabitation du polype , que l’on peut voir à œil nud, mais dont on ne peut diftinguer la figure pre- cife qu’à l’aide du microfcope. C’eft ainfi que je l'ai : obfervé pour le décrire & pour le defliner. De chaque cellule fort & fe déploye au-dehors un infeéte blanc, mou, un peu tranfparent , fous la forme d’une étoile à huit rayons égaux, à-peu-près coniques , & garnis de part & d'autre d’appendices aufi coniques, qui Ont tous une même direétion avec le rayon d'où ils naïflent. Cesrayons font un peu applatis, & de leur centre commun s’éleve une coquille qui s’élargit vers fa bafe, qui a une ouver- ture aflez grande à fon fommet , & qui eft fillonnée dans fa longueur de huit cannelures profondes, dont les intervalles forment huit lignes faïllantes : c’eft dans ces intervalles que chaque rayon a fon infer- tion. La coquille a pour appui une efpece de pé- dicule, que j'appellerois plutôt le verre de l'animal, lequel refte toüjours dans la cellule, tant que le po: lype eft en vie & qu'il ne fouffre pas, quoiqu'il n’y tienne en aucune façon, ainfi qu’on peut l’obferver lorfque linfeéte eft dans certaines pofitions. Tout cela fe voit dans le corail récemment pêché & tenu dans l’eau de mer ; car lorfqu’on le tire de l’eau ou que même on lé touche dans l’eau, aufli-tôt le po- lype rentre dans fa cellule, la coquille fe referme ; & les rayons ainfi que leurs appendices fe retirent d'eux-mêmes par un jeu femblable à celui des cor- nes de limas, fe replient vers leur origine , & s’ar- rangent fur les bords de la coquille. Le polype fe prélente fous cette forme lorfqu'il vient d’être tiré de fon élément : dans cet état, vü fans microfcope, il reflemble à une goutte de lait; & les anciens pê- cheurs le prennent communément pour le lait du corail, d'autant plus qu’en preflant l’écorce on en fait fortir le polype fous apparence d’un fuc lai- teux ; c’elt ce qui me fait croire que le lait qu'André Cefalpin obferva le premier dans les coraux, métoit autre chofe que les polypes dont il eft queftion. Le ventre de ces infeétes, comme nous l’avons dit, ne tient point du tout à la cellule, néanmoins il leur fert à s’y maintenir en fe raccourciffant & en fe dilatant aflez pour que fon diametre furpañle celui de l’orifice de la cellule. Cejeu fe voit très-claire- ment lorfqu’on fépare la cellule & le polype de la matiere dure du corail : non-feulement on appercoit le véntre dans fon état d’accourciflement, mais en- core la fituation que prend le polype dans fa cel- lule. À J'ai remarqué dans la partie inférieure | Ve de quelques polypes,de très-petites idatideSfondes, extremement molles, tranfparentes , pâles ou jau- nâtres ,que j'ai prifes, à leur figure &c à la place où elles fe trouvoient , pour de vrais œufs de polype. Quoique le diametre dé ces œufs ne foit peut- être que de la 40° partie d’une ligne, jai cru cepen- dant y découvrir quelques traces de ces petits glo- bules qui entrent dans lacompofition de l'écorce & de la fubftance totale du corai/; ces œufs fe déta- chent de l’animal, & par la mollefle de leur con- fiftance fe prennent aux corps fur lefquels ils tom- bent , enfuite ils fe dilatent vers leur bafe , ils fe gonflent un peu, & alors on diflingue nettement leur cavité , dont le bord fupérieur fe fillonne de huit cannelures, mais ne s'ouvre pas encore. L’em- brion du polype informe y féjournerun certain tems, puis s’étant développé & étant, pour ainf dire, de- venu adulte , 1l fort par l'ouverture qui fe fait à la furface fupérieure de fa cellule & s’épanouit au-de- hors, & de-là l’accroifflement du corail. Tant que cette premiere cellule où cet œuf du polype eft en- core fermé, tout y eft dans l’état de mollefle; mais loriqu'il s’eft ouvert , on commence à y remarquer quelques petites lames dures ; enfin lorfqu'il à acquis une ligne &7 demie de diametre, il groffit au fommet & à la bafe, & fe reflerre vers lé milieu de fa hau- teur ; c’eft alors qu’il prend la vraie confiftance du corail. À mefure qu’il croît, les polypes fe multi: plient & il fe forme de nouvellesramifications. Do- nati, pag. 43. 6 fuiv. Voyez POLYPIERS. (1) L CoraïIL, (Matiere médic, & Pharmacie.) Le corail eft un abforbant ou alkaliterreux, analogue où plu tôt parfaitement femblable aux yeux d’écrevifles, à la coquille d’huitre , à la nacre de perle, à la craie, Gc. auf donne-t-on prefqu’indifféremment dans lé cas des acides des premneres voies, & dans les dif- férentes maladies qui en dépendent, l’un ou l’autre de ces abforbans terreux. ” La préparation du corail proprement dite, celle dont le produit eft connu dans l’art fous le nom de corail préparé, confifte à le réduire en poudre dans un mortier de fer, à le tamifer, à le porphyrifer, & à Le former enfuite en petits trochifques. Le fel de corail eft un {el neutre, formé par Pus mon de l’acide, du vinaigre, & du corail. La diffolution de ce fel évaporée à feu lent, très: rapprochée, préfente en refroidiffant une cryftallis fation en petits filets foyeux , élevés à-peu-près per- pendiculairement fur le fond du vaiffleau où ils fe font formés, & prefque parallelement entr’eux. Mais on ne fe donne pas communément la peine de faire cryftallifer le fel de corail qu’on prépare pour les ufages médicinaux ; on fe contente de le faire deffecher à un feu doux. Ce fel eft aflez analo- gue à la terre foliée du tartre; il ne tombe pourtant pas en deliquium comme ce dernier fel, quoiqu'il foit affez foluble, fur-tout lorfqu’on ne l’a pas dépouitlés par une trop forte defliccation d’une portion d’acide furabondante qu’il retient dans fes cryftaux. Le magiftere de corail n’eft autre chofe que la bafée du fel dont nous venons de parler,précipitée par um alkali fixe, & édulcorée par plufieurs lotions. Lemery croyoit que le fel & le magiftere de cos rail avoient la même vertu ; il leur attribuoit à l’un & à l’autre celle de fortifier & de réjouir le cœurs c’eft apparemment fur fon autorité, que quelques apoticaires donnent encore aujourd’hui aflez indif= féremment ces deux préparations l’une pour l’autre. Elles différent pourtant effentiellement , le magiftere de corail n’étant abfolument que le corail pur divifé dans fes parties les plus fubtiles par la difolution & la précipitation , l’édulcoration en ayant enlevé la petite portion du diflolvant & du précipitant qui accompagne ordinairement les précipités. Ce magiftere de corai/ n’eit donc qu’un pur abfor- bant, dont les prétendues vertus cordiales, alexi- teres , diaphorétiques, 6c. font aufli imaginaires que celles du corail préparé , auquel quelques au- teurs Les ont aufli attribuées. | à ” Le fel de corail au contraire eft un {el neutre, fai voneux, dont on peut efperer de bons effets à. titré d’apéritif, de diurétique, de tonique. * ÿ Les différentes tentures de coraz! par les alkalis ; les efprits ardens, & les huiles , qui ne font autre chofe que des extraétions de fa couleur , qui-eft {o- luble dans ces différens menfirues ; ces teintures ou ces extrattions, dis-je, font des préparations abfoz lument inutiles, & qui n’ont d’autres vertus que cel les du difolvant qu’on y employe. at On trouve encore chez plufeurs chymiftes, fous le nom de teznture de corail, certaines diffolutions de ce corps opérées par le moyen des différens acides, comme celui du citron , celui du miél, celur de la cire, &c. Ces préparations ne different pas eflen- tiellement de celle du fel de corail; du-moins nous ne fommes pas encore inftruits de leur différençé par des obfervarionss . | « C'eft avec ime teinture de cette dermete efpecé, favoir une diflolution de corail par le fuc d’épine- vinetté, ou par celui de citron, on même par l’a cide diftillé de genievre ou de gayac, que Querce- tan faifoit {on Lao de. corail, qu'il célebre comme un remede unique dans tous les flux hépatiques, dif- fentériques, & lientériques. | * Lé corail entredans les confeétions hiacynthe & alkermé, dans les poudres antifpafmodiques , de guttele, de pattes d’écrevilles; dans les poudres ab- forbantes, aftringentes , contre l'avortement ; dans les trochifques de Karabé, dans les pilules hypnoti: ques, aftringentes ; il entre dans l’opiate dentrifique & dans les tablettes abforbantes & roborantes. Ce n’eft que du corail rouge dont nous avons par- 16 jufqu’à préfent , parce que ce n’eft prefque que celui-là qui eft en ufage dans les boutiques ; cepen- dant on pourroit lui fubftituer dans tous les cas le corail blanc, qui n’en difiere réellement que par la couleur. (8) * CorAIL , (Mythol.) la Mythologie fait naître cette plante du fang de la tête de Médufe. Ce fut la derniere pétrification de ce monftre. Coraïz DE JARDIN , (Bor.) eft encore appellé piment, poivre d'Indé ou de Guinée : cette plante croît à la hauteur d’un pié, portant des feuilles pointues comme celles de la perficaire , de couleur verte- brune ; {a fleurforme une rofette blanche à plufieurs pointes. Le fruit qui lui fuccede eit une capfule lon- gue & aflez grofle, qui étant müre devient rouge ou purpurine , & renferme des femences plates tirant fur le rouge ; ce font ces parties qui l’ont fait nom- mer corail de jardin. Cette plante aime les pays chauds, &cil en croît beaucoup en Efpagne , en Portugal, en Languedoc, & en Provence. On peut la mettre dans des pots, pour la ferrer Phyver. (Æ) * CORAISCHITE., f. m.(Æiff. mod.) adminiftra- teur & gardien du temple de la Mecque. Cette pré- rogative a été particuliere à une famille ou tribu de cette ville, appellée Coraïfchire. On a donné dans la fuite ce nom à tous Les anciens Arabes compagnons & contemporains de Mahomet, quoique ce faux pro: phete ait eu ceux de la famille à qui 1l étoit propre, pour fes plus grands ennemis. Mahomet étoit Co: raifchire. CORALINE , f. f. (Marine) ’eft une efpece de chaloupe légere, dont on fe fert au Levant pour la pêche du corail. C’eft ce que l’on appelle un farreau au Baftion de France, qui eft une petite place aux côtes de Bar- barie, dépendante du royaume d'Alger, oùles Fran- çois font établis pour cette pêche. (Z ) CORALLINE, corallina , (Hifi. nas. Bot.) genre de plante qui fe trouve dans les eaux, & qui eft dé= coupée en parties très-fines, jointes les unes aux autres par des fortes d’articulations , ou divifée en rameaux très-fins. Tournefort, 4aff. ret herb, Voyez PLANTE. , * M. de Tournefort & les botaniftes de fon tems mettoient toutes les efpeces de corallines au nombre des plantes ;maïs depuis que M. Peyflonel a décou- vert que la plûpart des corps connus fous le nom de plantes marines au lieu d’être de vraies plantes, font des productions d’infeétes, on a été obligé de diftin- guer les corallines qui appartiennent au regne animal de celles qui dépendent du regne végétal. C’eft dans cette vüe que M. Bernard de Juflieu, de PAcadémie royale des Sciences de Paris, &c. a fait un grand nombre d’obfervations fur les corallines. Voici les réfultats qu'il a eu la bonté de mé communiquer fous les dénominations des infhtutions de M, de Tournefort, 7 don dl . COR 107 Corallines produites par des infeûtes. Cotallina capillaceo folio feminifera. Corallina mufcofa denticulata , procumibens , caule tenuiffmo denticellis ex adverfo fitis. Pluk. Phytog, tab. 47. fig, 11. . Corallina mufcofa, alterna vice denticnlata , rarmis in creberrima capillamenta fparfis. Pluk, Phytog. tab, 48. fig. 3. Corallina mufcofa, denticulis bijugis, unum latus Jpetlantibus, Pluk. Almag. Bot. Corailina mufcofa, pennata, ramulis 6 capillamentis falcatis. Pluk. Phylog. : . Corallina férupofa, pennata;, cauliculis craffiufculiss rigidis. Pluk. Almag. Bot. Corallina Aflaci corniculorum æmula. Corallina marina abietis formé. __ Corallines qui font des vraies plantés Corallina. J. B. 3. 818. Coratlina rubens millefolii divifura, Corallina capillaceo mulrifido folio albide. Corallina capillaceo multifido folio nigro. Corallina capillaceo mulrifido folio viridi, Corallina rubens valde ramofa capillacea, Corallina alba valde ramofa capillacea, M. de Juffieu n’a pù fe procurer jufquw’à préfent que les corallines dont je viens de faire mention. I eft encore douteux fi les autres font des plantes ou fi elles foñt produites par des infe@tes. Voyez PLAN: TES MARINES, POLYPIERS. (1) CORALLODENDRON , f. m. (Hif. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée, dônt le pétale fupérienr eft allongé , & ceux des côtés & l'infe- rieur très-courts. Il fort du calice un piftil cylindri- que & environné d’une membrane frangée, Ce pif} devient dans la fuite une filique noueufe, compoñéé de deux valves, & dans laquelle il y a des femences faites en forme de rein. Tournefort, fé, rei herb. _ app. Voyez PLANTE. (1) * CORALLOIDE, £ f. (Hiff. nar. Bos,) plante dont la fubftance eft feche & fans fuc, dure, fra- gile, ligneufe, & d’une forme aflez femblable au corail, dont elle a pris le nom de coralloide, Il fe forme à l'extrémité de fes branches des tubercules fongueux , qui s'ouvrent en fe müriflant , & d’où s’échappe une graine petite & menue. On en diftin- gue neuf efpeces , auxquelles on atttibue la pro: priété aftringente & corroborative, * CORASMIN , fubft. m. (Géog. & Hifi. mod.) peuples d’Afie, qu’on croit originaires de Carizme, royaume que Ptolomée appelle Chorafinia, d’où ils fe répandirent dans quelques provinces de Perte ; ils errerent enfuite en différens endroits: mais odieux par-tout & aux Mahométans 8 aux Chrétiens, qu'ils vexerent également par leurs brigandages, ils ne pü- rent s'établir en aucun endroit, & ils difparurent dé deflus la furface de la terre, comme il arrivera toû. jours à toute race qui contraindra le genre humain à la traiter comme fon ennemie. | CORBAN, f..m. (Æjf. mod.) terme, qui. dans l'Ecriture-fainte, fignifie une ob/atior , où ce qu'on offre à Dieu fur fon autel. 7’eyez OBLATION, Éc. Cor8aAN, fignifie aufli une cérémomte que font les Mahométans tous les ans ati. pié du mont Arafat en Arabie près de la Mecque : elle confifte à immoler un grand nombre de brebis, dontils diftribuent la chair aux pauvres. Voyez ARAFAT. (G) | CORBAW ou CORBAVIE , (Géog.) petit pays dansla Croatie, dont lamoiïtié appartient aux Turcs, l’autre moitié à-la maïfon- d'Autriche. | CORBEAU, fm. (ÆHifl. nat. Orn,) corvus, olfeatt, Celui qui a fervi dé fujet pour la defcription fui- vante, pefoit deux livres deux onces ; 1l avoit près pe T98 COR ‘de deux piés de longueur depuis la pointe du bec juf- ‘qu’à l’extrérité de la queue ; l’’enverguré approchoit de quatre piés. Le corbeau a le bec noir, épais , poin- tu, & fort; lapiece fupérieure eft‘un peu crochue à l'extrémité, & celle du bas eft droite; il a la langue large, fourchue, déchiquetée, & noirâtre par-def- fous : la .prunelle de l'œil eft entourée d’un double cercle , dont l'extérieur eft mêlé de blanc & de cen- dré, & l’intérieur de roux & de cendre. Il y a fur fa tête des poils roides qui font dirigés en bas, & qui couvrent les narines. Cet oifeau eft entierement de couleur noire mêlée d’un peu de bleu luifant, fur- tout fur la queue & fur les ailes: la couleur du ven- tre eft plus pale, & tire un peu fur le roux, Les grandes plumes des épaules recouvrent le milieu du dos, qui n’eft garni en-deflous que de duvet, Il y a vingt grandes plumes dans chaque aile; la premiere eft plus coutte que la feconde , la feconde plus que la troifieme, & la troifieme plus que la quatrieme , D pus u qui eft la plus longue de toutes. Le tuyau des plu- mes, à compter depuis la fixièeme jufqu'à la dixhui- tieme , s'étend plus loin que les barbes, & fon extré- mité eft pointue. La queue a neuf pouces de lon- gueur; elle eft compofée de douze plumes; celles du milieu font les plus longues , & les autres diminuent de longueur par degré jufqu’à la premiere de chaque côté,qui eft la plus courte. Les ongles font crochus &c grands, fur-tout ceux de derriere, Le doigt extérieur tient au doigt du milieu jufqu’à la premiere articula- tion. Cet oifeau ne fe nourrit pas feulement de fruits & d’infeêtes, il mange auffi la chair des cadavres de quadrupedes, de poiflons, d’oifeaux. Il prend Les oifeaux tout vifs , & 1l les dévore comme les oifeaux de proie. On voit quelquefois des corbeaux blancs, mais ils font très-rares. On trouve des corbeaux dans tous les pays du monde: ils ne craignent ni le chaud ni le froid; & quoiqu’on dife qu'ils aiment à vivre dans les lieux folitaires , il y en a cependant qui re- ftent au milieu des villes les plus grandes & les plus peuplées, & qui y nichent. Ordinairement les cor- beaux placent leur nid au fommet des arbres ou dans de vieilles tours ruinées , au commencement du prin: tems, dès les premiers jours du mois de Mars, & quelquefois plûtôt. La femelle fait d’une feule ponte quatre ou cinq œufs, & quelquefois fix ; ils font par: {emés de plufeurs taches & de petites bandes noirà- tres, fur un fond bleu-pâle mêlé de verd. Pour ce qui eft de la durée de la vie de cet oifeau, 1l n’y a pas à douter que ce qu’en a dit Héfiode ne foit faux: ce- pendant il eft vrai que les oïfeaux vivent long-tems ; & la vie des corbeaux eft peut-être encore plus lon- gue que celle des autres. Willughby, or, Voyez OISEAU. (1) CoORBEAU, ( Mar. med, )Les petits corbeaux ré- duits en cendre {ont recommandés pour l’épilepfie &c pour la goutte. - La fiente de corbeau eft réputée bonne pour la douleur des dents & pour la toux des enfans, appli- quée extérieurement , ou même portée en amulette, Les œufs de corbeau font ordonnés dans l’épi- lepfie par Arnauld de Villeneuve. Rafès prétend, d’après Pline, queles'œufs de corbezx mêlés avec de l’huile dans un vaifleau de cuivre, font propres à noircir les cheveux. Quelques auteurs attribuent la même vertu à la graifle de corbeau. Le cerveau de corbeau pris en fubftance dans de l’eau de vervenne, pañle, felon Gefner, pour un re- mede éprouvé contre l’épilepfie. Le cœur du corbeau porté en amulette, eft regar- dé par Fernel comme un remede efficace contre la trop grande pente au fommeil : mais toutes ces ver- tus ne’fônt fondées que fur une vaine tradition. (4) * CorBseAU, (Mythol.) La ‘fable dit qu'il devant moir pour ayoir trop parlé,& que çe futune yengean- COR ce d'Apollon qui fur le rapport que lui fit le corbear de l’infidélité de Coronis , tua fa maïîtrefle, s’en re: pentit, & punit l’oifeau délateur en le privant de fa blancheur. CORBEAU DE Bots, Yoyez CORNEILLE DE MER. CORBEAU D'EAU, voyez CORMORAN. CORBEAU GALLERANT 04 CORGALLERANT ; v0yez FRUIT, | CORBEAU DE MER, (Hiff. nat. Ichtyol.) ce nom a été donné, foit en latin foit en francois , à différens poiflons, tels que le corp, lhirondelle dé mer, & la dorée ou poiflon de faint-Pierre. CORBEAU DE NUIT, voyez BIHOREAU. CORBEAU, ( petit) voyez BIHOREAU. | COKBEAU , ez Affronomie, conftellation de l’héa mifpere méridionale dont les étoiles font au nombre de {ept dans le catalogue de Ptolomée & dans celui de Tycho, & au nombre de dix dans le catalogue bri= tannique. (O CORBEAU, ez Architetture , eft une groffe confole qui a plus de faillie que de hauteur, comme la der- mere pierre d’une jambe fous poutre, qui fert à fou lager la portée d’une poutre, ou à foûtenir par en- corbellement un arc doubleau de voûte qui n’a pas de dofferets de fonds, comme à la grande écurie du Roi aux Tuileries. Il y en a en confoles, avec des ca- naux, gouttes, & même des aigles, que Paufanias appelle zguilegiz ,; comme il s’en voit au portique de Septime Sèvere à Rome, & au grand falon de Marly, où ils portent des balcons. (P) CORBEAU, (Art mil.) c’étoit une machine de guerre dont les Romains, felon Polybe, fe fervirent dans le combat naval de Myle entre le conful Duil- lius & Annibal, Voici la defcription qu’en donne cet auteur. | « Une piece de boïs ronde, longue de quatre aul- » nes, grofle de trois palmes de diametre , étoit plans » tée {ur la proue du navire; au haut de la poutre » étoit une poulie, & autour une échelle clonée à » des planches de 4 piés de largeur fur 6 aulnes de ». longueur, dont on avoit fait un plancher percé au » milieu d'un trou oblong qui embrafloit la poutre à » 2aulnes de l'échelle. Desdeux côtés de l’échelle fur » la longueur, on avoit attaché un garde-fou qu » couvroit jufqu’au genou. Il y avoit au bout du mât » une efpece de pilon de fer pointu, au haut duquel » étoit un anneau; de forte que toute cette machi- » ne paroïfloit femblable àäicelle dont on fe fert pour » faire la farine. Dans cet anneau pañloit une corde » avec laquelle, par le moyen de la poulie qui étoit » au haut de la poutre, on élevoit les corbeaux lorf. » que les vaifleaux s’approchoïent ; & on les jettoit » fur les vaifleaux ennemis , tantôt du côté de la » proue, tantôt fur les côtés , fuivant les différentes » rencontres. Quand les corbeaux accrochoient un » navire, fi les deux étoient joints par leurs côtés, » les Romains fautoient dans le vaifleau ennemi d’un » bout à l’autre ; s'ils n’étoient joints que par les » deux proues , 1ls avançoient deux à deux au-tra- » vers du corbeau : les premiers fe défendoient avec » léurs boucliers des coups qu’on leur portoit en-de= » vant; & les fuivans, pour parer les coups portés » de côté, appuyoiïent leurs boucliers fur le garde- » fou ». Tradu, de Polybe par D. Thuller. Il paroît par cette defcription, que ce corbeau n’é- toit autre chofe qu’un pont mobile à lentour de la poutre, dont Le bout élevé étoit garmi de griffes pro- pres à accrocher; que ce pilon de fer & {on anneau étoit attaché au haut du mât du navire; & que cette corde paffant par cet anneau &c par la poulie de la poutre, ne fervoit qu’à haufler & baïfler ce pont mobile , pour le laifler tomber fur les vaifleaux en nemis & {ervir de paflage aux Romains, Polybe con COR fiime cette vérité, endifant : or/gn’on fut à l'aborda- ge, que Ds vaiffleaux furent accrochés les uns aux au=. tres par les corbeaux, les Romains crtrerent au-travers de cette machine dans les vaifleaux ennerais , € ils Je battirent far leurs ponts. Ce qui démontre clairement que ce corbeau ne confiftoit que dans un pont. La defcription que fait M. de Folard de ce corbeaz, dans fon commenraire fur Polybe , eft fort différente : il le repréfente en forme de grue (machine qui n’é- toit pas inconnue à Polybe) poféc fur un mât élevé fur le château de proue; ce qui ne convient pas avec la poutre de Polybe. Sur ce mât M. de Folard établit le rancher d’une grue, au bout duquel étoit un cone de fer, piece de fonte, dit-il, des plus pefantes, la- quelle tombantde fon propre poids, perçoit le pont de proue ; voilà ce que M. de Folard appelle corbeau. Il eft dificile de concilier cétte machine avec celle que décrit Polybe. M. de Folard parle , dans fon favant commentai- re, de plufieurs efpeces de corbeaux : il y en avoit , dit-il, tant de diverfes fortes, & ils étoient fi dif- férens entr'eux, qu'il ne fait comment les anciens n’ont pas inventé différens noms pour empêcher qu'- on ne les confondit les uns avec les autres. M. de Fo- lard donné la defcription de ces différens corbeaux , favoir du dauphin, du corbeau démoliffeur | du loup, & du corbeau à griffes. Le premiet n’étoit. félon cet auteur, qu’une mafle 3 de fer fondu fufpendu au bout des antennes des vaif- feaux: on le fufpendoit à un des bouts des vergues pour le laïfler tomber fur les vaiffeaux ennemis, qu'il perçoit depuis le pont jufqu'au fond-de-cale. A l'égard du corbeau démoliffeur , Vitruve en fait - ‘mention ; mais on ne peut guere comprendre ce que c’eft que cetté machine. « Ne feroit-ce point, dit » M. dé Folard ; célle dont parle Vegece, qu'il ap- » pelle soriue, aü-dedans de laquelle il y avoit une » ou deux pieces de bois arrondies &r fort longues, » pour pouvoir atteindre de loin, & au bout def- » quels il y avoit des crocs de fer ? elles étoient fui- » pendues en équilibre comme les béliers , & on les » poufloit contre les créneaux pouf les accrocher & » les tirer à bas, où les pierres ébranlées par les bé- »liers ». Voyez BELIER. Cependant Végece en parlant de ce croc fufpen- du & branlant, ne fe fert pis du terme de corbeau, mais dé celui de faux. Voici Ze paflage de cer au- teur. « On conftruit la tortue avec des membrures & » des madriers, & on la garantit du feu en la revé- » tiflant de cuits cruds, de couvertures de poil, on » de pieces de laine. Elle couvre üne poutre armée » à l’un de fes bouts d’un fer crochu pour arracher » les pierres de la muraille : alors on donne le nom » de faulx à cette poutre, à cäufe de la figure de » fon fer ». Nov: traduit. de Végece. Pour le Zoup, M. de Folard prétend que la machi- ne à laquelle Végece donne ce nom, n’étoit qu’un corbeau à tenailles ou à griffes, qui confiftoit dans une efpece de cifeaux dentelés & recourbés en ma- niere de tenailles, où de deux faucilles oppoñées lu- ne à l’autre. Outre les différens corbeaux dont on vient de par- ler, le fayvant commentateur de Polybe traite encore du corbeau à lacs-conrans & à pinces , de celui à cage, appellé auffi Ze sollenon ou téllenon , &t du poli/parte ou corbeau d’Archimede. Le corbeau à lacs-courans w’étoit autre chofe qu’- une efpece de lévier placé fur les muraïlles des vil- les, de maniere qu’une partie failloit en-dehors, & que l’autre plus grande étoit fur Le terre-plein : à la partie extérieure étoit attachée nne chaïne on une corde qui avoit un lac avec lequei on effayoit de COR 199 faifir la tête du bélier, pour le tirer en-haut & em pêcher fon effet. | Le corbeau a pinces étoit à-peu-près la même cho- fe, à lexception qu'au lièu de lacs il y avoit des pinces pour faifr le bélier, Cette machine ne differe guere dé celle que M. de Folard appelle corbeau à rè- naille, 8 à laquelle Vegece donne le nom de Zo. « Plufeurs, dit cet auteur, attachent à des cordes » un fer dentelé fait en maniere de pince; qu'on ap- » pelle Zoup ; avec lequel ils accrochent le bélier, le » renverfent, Ou le fufpendent de façon qu'il ne peut » plus agir ». Le corbeau à cage ou tollenon éft ainfi décrit par Végece. « Le tollenon eft une bafcule faite avec » deux grandes pieces de bois, l’une plantée bien » avant en terre; & l’autre qu eft plus longue, at- » fachée en-travers au fommet de la premnere, 6 » dans un tel point d'équilibre , qu’en abaïflant une » de fes extrémités l’autre s'élève. On attache donc » à | un des bouts de cette poutre une efpece de caifle » d’ofier ou de bois, où l’on met une poignée de fol- » dats, & en abaiffant l’autre bout on les éleve &on » les porte fur les murailles ». Nouvelle rradu&, de Végece. Reite à parler du polyfparte ou corbeau &°Archime- de, « C’étoit fans doute , dit M. de Folatd , une pou » tre où un mât prodigieufement long & de plufieurs » pieces, c’efta-dire fait de plufieurs mâts joints en » femble , pour le rendre plus fort & moins flexible, » renforcé encofe au milieu par de fottes femelles fé » toutrafluré avec des cercles de fer & d’une lieute de » cordes de diftance en diftance , comme le mât d’un » vailleau compofé de plufieurs autres mâts. Cette » furieufe poutre devoit être encore allongée d’une » autre à-peu-près d'égale force. Ce levier énorme » & de la premiere efpece; devoit être fufpendu à » un grand arbre aflemblé fur fa fole, avec. fa four- » cherte, fon échelier, {es rnoifès, enfin à-beu-près fem- » blable à un gruan. I] devoit être appliqué & collé » contre l’intérieur de la muraille dela ville,arrêté &s » afüré par de forts liens ou des anneaux de fer où » l’on pafloït des cordages qui embrafloientl’arbre au » bout duquel le corbeau étoit fufpendu. Ce levier » énorme ainfi fufpendu à un gros cable ou à une » chaîne , 8 accolé contre fon arbre ; pouvoit pro- » duire des effets d’autant plus orands, que la puif- » fance ou la ligne de direétion fe trouvoit plus éloi- » guée de fon point fixe , ou du centre du mouvement, » en ajoûtant encore d’autres puiffances qui tirent » de haut en bas par des lignes de diré@tion. Îl y avoit » à l’extrémité plufeurs grapins ou pattes d’ancres » fufpendues à des chaines qu’on jetreit fur les vaif- » feaux lorfqw’ils approchotent à portée. Plufieurs » hommes abaïfloient cette bafcule par le moyen de » deux cordes en srelingage ; & dès qu’on $’apperce- » voit que les griffes de fer s’étoient cramponées, » on faïfoit un fignal, & tout aufli-tôt on baroit une » des extrémités de la bafcule, pendant que l’autre fe » relevoit & enlévoit le vaifleau à une certaine hau- » teur , qu'on laifloit enfuite tomber dans la mer en » coupant le gros cable qui fenoit le vaiffeau fuf- » pendu». Conrm. fur Polybe. Quelques critiques fe font exercés fur. cette def- cription du corbeau d’Archimede, &c fur la figure qu’en donne M. de Folard, p. 86: du prem: vol, de Jon com- men. fur Polybe, édir, de Paris. Voyezune letire in Jérée fur ce fujet dans le cinq. vol. de la bibliot, raifonri. | Mais maleré les difficultés dont peuvent être fufcep- tibles quelques unes des defcriptions des machines de guerre des anciens par M. le chevalier Folard , il faut convenir qu'il falloit la fagacité &c la fcience de ” cet habile officier pour éclaircir ce que les auteurs de l'antiquité nous ont laïflé fur certe matiere. Le commentaire fur Polybe tiendratohjours uñ rang di- 200 COR ftingué parmi les bons ouvrages de notre fiecle , & la ledture en fera toûjours très-utile à ceux qui vou- dront étudier à fond l’art de la guerre. Un auteur très-connu, M. Pluche, borne la bibliotheque d’un militaire en campagne, à un nouveau-Teftament, un Euclide, &les commentaires de Céfar. Il eff à fouhaï- ter que le commentaire fur Polybe puifle être réduit à un volume aflez portatif pour être joint à cette bi- bliotheque , de même que l'art de la guerre par M. le maréchal de Puyfégur. (Q) * CoRBEAUX , ( Serr, 6 Charpent.) {ont des mor- ceaux de bois ou de fer fcellés dans les murs : 1ls fer- vent à porter les lambourdes fur lefquelles pofe le. bout des folives des planchers, lorfqu’on ne les fait point porter dans les murs. Voyez nos Planc. de Ser- T'ILTETLE, CORBEIL , (Géog. mod.) ville de France dans l’île de France fur la Seine. Long. 20. 6. lat. 28. 38. * CORBEILLE , f.f. (@con. domeftig. & Gramm.) petit ouvrage de Vanier fait avec de l’ofier rond ou fendu , deftiné à porter des fruits ou à contenir d’au- tres chofes d’une nature toute différente. Il y a des corbeilles d’une infinité de capacités, de grandeurs, & de formes : elles font la plûpart comme natées, ciréulaires , & terminées en-haut par un cerceau ou gros bâton d’ofier, recourbé & recouvert par l’ofer fendu. CoRBEILLE, er Architeëture, eft un morceau de fculpture en forme de panier rempli de fleurs ou de fruits, qui fert à terminer quelque décoration, com- me font celles des piliers de pierre de clôture de lo- rangerie de Verfailles ; on en fait auffi en bas-relief, comme celles du portail de Val-de- Grace à Paris, au-deffus des niches de S. Benoît & de Sainte Scho- laftique. (P) CoORBEILLES , en rermes de Fortification, font de petits pamiers d'environ un pié & demi de haut fur huit pouces de large au fond, &c douze au fommet, pleins de terre, que l'on place fouvent les uns près des autres fur le parapet de la place, en laiffant aflez d’efpace pour pouvoir faire feu fur l’ennemi fans être vü. Voyez PARAPET. Chambers. (Q) * CORBEILLER , f. m. (Æf?. eccl.) officier du cha- pitre de l’églife d'Angers. Il y a quatre corberllers, Leur fon@ion étoit autrefois de diftribuer le pain de chapitre. Aujourd’hui ils officient aux fêtes doubles. Leur chef s’appelle Ze grand-corbeiller ; il eft le curé du chapitre , & le premier du bas-chœur. Le bre- viaire des chanoines décédés leur appartient. Ils n’ont que rang de prébendier ; mais ils arrivent aflez ordinairement au canomcat. CORBEILLON o# CORBILLON , f. m. (Mar.) c’eft une efpece de demi-barrillet qu a plus de lar- geur par le haut que par le bas, & où l’on tient le bifcuit qu'on donne à chaque repas pour un plat de l'équipage , c'eft-à-dire pour fept rations ; fept ma- telots qui mangent enfemble formant ce qu’on ap- pelle un plat. (Z) CORBIE, (Géog. mod.) ville de France en Picar- die fur la Somme , avec une Abbaye célebre. Long. 201, 10/, 281! lat. 491. 54!. 321, CORBIGNY-SAINT-LÉONARD , (Géog. mod.) petite ville de France dans le Nivernois, près de l'Yonne. CORBIN, f. m. (Æift. mod.) Bec de corbin, vieille arme hors d’ufage : c’étoit une efpece de hallebarde. Voyez Bec. Bec de corbin eft fynonyme à bec de corbeau. Les inftrumens de Chirurgie, dont l'extrémité a cette courbure, font dits étre 4 bec de corbin. Voyez BEc. Nous avons auffñ des cannes qui, felon la même éty- mologie, font appellées cannes & bec de corbin , de leurs pommes ou d’or, ou d'ivoire, ou d’éçaille, ou de porcelaine, qui ont cette figure, COR CORBIN , (bec de) f. m. uftenfile de Sucrerie, fer- vant à tran{porter le firop qui a acquis lelegré de cuiflon convenable , pour être mis dans les formes où 1l doit fe condenfer. Le bec de corbin eft un vaifleau de cuivre ou une efpece de chauderon creux ayant deux anfes pour le pouvoir prendre, & un bec en forme de grande gout- tiere fort large, au moyen de laquelle on verfe le f- rop tout chaud dans les formes, fans craindre de le repandre. Article de M. LE ROMAIN. CORBINAGE , f. m. (Jurifpr.) eft un droit fingu- lier, en vertu duquel Les curés d’un canton fitué vers Mefle en Poitou, prétendent avoir droit de prendre le Lit des gentishommes décédés dans leur paroiffe. Il en eft parlé dans Boerius, en fon commentaire fur la coûtume de Berri, tr. des cohtumes concernant les mariages, art, 4. vers la fin, fol, 62. col. 1. & dans : Conftant , fur l’art, 99. de la coñtume de Poitou , page 111, & dans le gloffaire de M. de Lauriere. (4) | * CORBULO, Chanoïnes réguliers de Monte-Cor- bulo , (Hifi. eccléf.) ils ont eu pour inftituteur Pierre . de Regpio. Ils étoient habillés d’une tunique grife; ils avoient fur cette tunique un rochet, & fur le ro- chet un capuce. Il n’eft pas certain, fur ce qu’en dit le P. Bonanni, qu’ils foient éteints. Ils ont été appel- lés de Monte-Corbulo , du Corbulo montagne dela Tof cane à douze milles de Sienne, où1ls ont eu leur pre- muere maïfon. CORCANG oz ALJORJANIY AH, (Géog. mod.) ville d’Afie, capitale de la Corafmie fur le Gihon. Lat. 42.17. long. 74.30. CORCEL, (Géog. mod.) ville d’Afie dans les In- des orientales , dans l’ile de Manar. | CORCELET , f. m. (Alf. nat, des inf.) partie an- térieure du corps des infeétes. Après la tête des infectes fuit le cou, enfuite le corcelet, & enfin le corps. Le corceler eftplus on moins dur, à proportion que le genre de vie des infeétes les expofe à des frottemens plus ou moins violens. Ceux qui fe gliffent dans les fentes, comme les punaïfes des arbres, ont cette partie du corps aflez plate, afin qu'ils puiffent pénétrer aifément. Elle eff plus arron- die dans d’autres ; & quelques-uns, comme les pu- naifes du fumier, l’ont revêtue de bords élevés, qui forment dans l'intervalle des profondeurs aflez {en- fibles. Le corcelet des uns fe termine en pointe par - der- riere; & celui des autres fe moufle & s’arrondit : c’eft cette derniere figure qu'il a dans les fauterelles vertes. Plufeurs l'ont couvert de poils, & d’autres de petites élévations qui les garantiffent d’un frotte- ment trop fort. Il eft furmonté chez quelques-uns d’un bourrelet, ou de deux coins, comme dans le {carabée vert qu’on trouve dans Les bois ; dans d’au- tres, c’eft un bord, une raie, des figures pyramida- les, & même des rhomboïdes. À l’occafon de cette partie du corps des infec- : tes, je ne puis m'empêcher de remarquer que quoi- que les infeétes ailés n’ayent ordinairement qu’un corcelet , cependant le cas de deux corcelers dans le même ifecte n’eft pas fans exemple : M. de Reau- mur nous en donne un dans la demoifelle qui naït du fourmi-lion ; & M. Lyonnet, qui fait fi bien obfer- ver les raretés de la nature, nous fournit un autre exemple de ce fait dans une mouche d’un genre fin- gulier. Il eft vrai qu’il femble prefque auffi étrange qu’un animal ait deux corcelers , que fi on lui voyoit deux têtes où deux corps; mais c’eft que nous ne fommes pas affez éclairés fur la différence & lufa- ge des parties. [l y a mille chofes qui fortent des re- gles, que nous fuppofons gratuitement devoir être invariables. Art. de M, le Chevalier DE JAUCOURT. * CORCHORUS , f. m. (Bor. exotig.) plante ori- ginaire d'Egypte dont la tige eft unie, qui Fetes a JA hauteur d’une coudée , qui a la feuille affez fem- blable à celle de la mercuriale, cependant un peu. plus large, & dont les gouffes tiennent à des pédicu- les fort courts , ont quatre à cinq pouces de long, font rayées de jaune, pointues & divifées en cinq portions longitudinales , & contiennent une petite graine cendrée, vifqueufe, anguleufe , & abondan- te. Alpin dit que fa fleur eft jaune, plus petite que celle du /eucomium , & compofée de cinq pétales lar- ges, courts , & pointus. C’eft.un légume pour les Égyptiens très-agréable à manger, & d’un ufage plus genéral que fain. On lui attribue quelques vertus médicinales. Voyez Raï. * CORDA, f. m. (Drap.) grofle ferge croïfée» drapée , & toute de laine, qu'on nomme aufñ, quor- que inexadtement , pérchina. Il eft ordonné qu’à Ro- morentin où l’on en fabrique, ils auront cinquante- fix portées de trente-neuf fils chacune , fur des lames ou tots d’une aune & deri-quart , lifieres comprifes, & trente-deux aunes d’attache de long , pour reve- nirde la foule avec une aune de large, & vingt à vingt-deux aunes de long. Voyez Les réglem. du Comm. _ Leditt. du Comm. & le Trév. | CORDACE, f. f. danfe des Grecs. Elle a pris fon nom d’un des fuivans de Bacchus’, qui en fut l’inven- teur. Elle étoit gaie, vive, & du caraétere de nos pañlepiés, de nos gavotes legeres , & de nos tambou- rins , @c. Bonnet, ff. de la danfe. Voyez DANSE. CORDAGE, f. m. (Marine) c’eft le nom de tou- tes les cordes qui font employées dans les agrés d’un vaifleau. _ Le nombre des cordages néceflaires pour équiper, un vaifleau eft très-confidérable. Voyez PI, prem. de la Marine, fig. 1. @ fig. 2. le nom & la difpofition des principaux, Et pour avoir un détail exaët & cir- conftancié de tous ces cordages & de leur propor- tion ; nous allons donner l'état fuivant. CORDAGES néceffaires pour la garniture 6 rechange d’un vaifleau du premier rang. Funins du mät d’artimon Pouces BRAsses 7 ss de groffeur. de longueur. Un Eftai, de 7 18 12. Aubans, 3 Sr 142 13: Rides d’auban & d’eftai, 3 80 1. Baftard de racage, | 3 À 8 3. Quaranteniers pour enflechures, .. 240 1. Drifle, | A + 70 1. Efcoute, . 3 + 35 6. Cargues, 3 108 6. Cargues, 2 + 96 1. Droffe, 3 40 2. Ources, 3 + 24 2. Pallanquins ; 2 6o t. Pallanq d’amure ; 2 + 20 de 2 à o È Martinet} Quarantenier , À de 2. Itagues de pallanqs, 3+ 24 3, Patte d’oie quarantenier, 49 Voile d’eftai d’artimon. | 1. Driffe , de 2 24 1. Efcoute, 3 10 1. Amure, 6 3 1. Faux eftai, 3+ 12 V'ergiie de fougue, 1. Itague, de 5 8 2: Bras, 2 + A8 2. Ballancines, 2 + 48 . Perroquer de fougue: 8. Aubans, de 35 50 2. Gallaubans, 33 32 Tome IF, bp O le! 6 DAID nm 4 D #4 COR de Quarantenier, ri Eftai 3 Drifle, . Itague, . Efcoutes, . Boulines, Bras, : . Ballancines ; . Garguepoints ; . Gambes d’hune ; . Rides d’auban & gallau- bon, 1. Baftard de racage, 2. Quaranteniers enflechu- res , Funins du grand mât. ONCOIDAPSNA REP bei 1. Eftai, de 20: Aubans, . Rides d’aubans, . Drifle, . Itague, . Piece d’efcoute, . Paire d’efcouez, . Boulines, Bras, Gargupfns, Ballancines, . Garguefons, . Gargues boulines , . Pallanq d’amufe, . Cafque bas, Caillornis, Grands pallanqs, Pantoquiere, Pallanq d’eftai, Bredindin, . Marche -piés : . Trelingage quarantenier, . Itagues de pallanq, . Surpente de pallanqd’eftai, Baftard de racage, . Gambes d’hune, ei à ND D = ED À D D D LO +1 Hi Et b . Pendeurs debrave, Voile d’eflai. . Faux eftai, de «Dre, . Efcoute, . Amufe, Grand hunier; . Aubans, de . Gallaubans, . Eftai, - Pallanq d’eftai ; . Guindrefle, - Drife , . [tague, . Fauffe itague ; . Efcoutes, . Boulines, . Bras, Ballancines ; Garguepoins , Garguefons, Contrefanons, . Pallanquins, . Marche-piés; 3 _ lei el et D R PR RR BR DR D D D M mi Pi m4 mi mm ON D 2. Pallanquins de ris, 3 1, Driffe de carguefons, 2. Itagues de pallanquins , Povers de grofeur. D © 1 D = SO Li 3% bp O9 LU LESC RTS pin n D jy Fi + 9 nl bp &n W À D W b UD U9 y L9 Uy -R \9 RS . Quaranteniersenflechutes, : &09 D D D PR Lo RD Bb LD LD LD UD Lo GA EN SI 0 En A bin ble bin Hip ble bi DICENCLU CE CSS b{mblr D [re U9 À OST Y À pur A bre him DEPRICI NO UE) DOUCE LESC DIS CENSCE CN EN EN CT ESC O Ce) 207. BRASSES de longueurs 202 COR | COR Pouces de BrAssesde |! . Pouces de BRASSES de: | grofeure longueur, groffeur. longueurs 2. Pendeuts de bras, $ 8 ; 38. Rides d’auban & gallauban, 3 100 2. Pallanquins de ris, 3 : F: 8 . M fe 32 d 2. Pendeurs de bras, 3% 75 taie SES lt 828 A papes de pallanquin 3 18 Voile d'eftai 16. Rides d’auban, 3 90 ? . Baftard d 22 1. Efcoute, de Le 023 à : MP RRE 3% AC Ê se ? 3 37. Quarantenier , 280 1. Drifle, 14 23 Le PE Ba: %. Amure, 2 s Voile d’E flai. 3. Faux eftai, 35 12 1. Drifle, de 1 2 23 Grand perroquets 1. Efcoute, 1 Ë 23 6. Aubans, de 3 36 1. Amufe, 24.4 cs . Gallaubans, 3 56 1. Faux eftai, 5 10 ri Eftai, 3+ 26. Perroquet devant, 2. Bräs, 2 8o 6. Aubans, de 3 34 2. Pendeurs de bras ; 2 À 4e 2. Gallaubans , 3 so 2. Boulines, * 12 80 1. Eftai, 3 24 2. Baliancines, : 14 36 2. Bras, 14 TA a. Driffe , . sÀ 60 2. Ballancines, 1 34 3. Jtague, 3 + 6 2. Carguepoins, 2 74 2. Cargues poins ; 22 80 1. Drifle, 2 58 6. Gambes d’hune, 2% 24 1. Îtague, 3+ L 8. Rides d’auban & gallau- 2. Boulines , 14 74 bon, 22. 36 6. Gambes d’hune ; po TE 23 3. Baftard de raige, 3 10 2. Pendeurs debras, 2 + 4 2. Quaranteniérs pour enfle- 1. Baftard deracage, 2 À 9 chure , | 160 8. Rides d’auban, 2 4 Funins du mât de mifène. 1. Quarantenierenflechure, " 80 18. Aubans, 0 À 300 Beaupré, 1. Eftai, . 53 18 2. Efcoutes , de 3 7o 5. Drifle. 6 120 2. Dormans, 4% 24 1. Itague, 11 36 2. Bras, 3 8a 2. Efcoutes, . 6 88 2. Ballancines ; 3 70 2, Efcouez, 8 25 2. Carguefons » 2 + AO 2. Boulines, 4 64 2. Carguepoins, 2 44 2. Bras, 3 à 84 "1. Pallang de bout, 2 À 49 2. Ballancines ; 3 + 140 2. Pendeurs de bras, 3% 6 2. Carguepoins, 3 + 86 1, Baftard de cucudare, 6 10 . Garguefons, 32: 116 14 : Do boillines ; 3 56 . 2. Aubans pour la vergue, 4 8 1. Cargue bas, 2 + 38 Perroquet de beaupré. Fe FETE À 6 20 8. Aubans , de 35 23 2. Caillornes, 4% 150 ne 3 + 2. Pallanqs de candelette ; 3 + 80 1. Eftai À 2 ne 2. Pantoquieres, 2, 56 1. Drifle, 2 20 RE A+ 13 1.Ïtague, 2. Marche-piés, $ 5 i 10 2: Hallangines À ; . ni 1. Trelingage quarantenier, 160 2. Bras, 2 so 2. Pendeurs de bras, 4 À II 2. Carguepoins ; 2 50 2. Itagues de candelette, 6 + 36 8. Rides d’Auban, C0 32 6. Quaranteniersenflechures, ÿ20 Ancres, 1. Baftard de racage, A+ AO 2. Bofles, de 10 30 10. Gambes d’hune, 37 70 ” 6. Serre-boffes , 7 84 18. Rides d’auban, 3+ 160 2. Garanos de Capon, 6 82 Perit hunier. 1. Greflin pour orin, TE 80 ‘10. Aubans, de + 122 8. Erfes, ï 6 24 6. Gallaubans, 55 150 Cables, | 3. Eftai, 5 + 20 4. Cables, de 23 120 3. Gumdrefle, 7 66 4. 22 120 3. Drifle, 3+ 80 2. 12 120 x. ltague, 5 + 24 VE 11. 120 1. Faufle itague, 5+ 26 1. Tournevire; 12 69 2. Efcoutes, 8 64 Pour la chaloupe, 2. Boulines, 3+ 86 1, Remoi, 6 5° 2. Bras, 3 86 2. Cableaux, 32 160 2. Ballancines ; QUE - 86 1. Cableau, 3 8o 2. FA er 37 96 “ 3 À 56 2. Carguefons , 3% 24 : 2 1. Drifle de carguefons ; 2 + 38 RE : x 2. Contre-fanons, dE 76 = “% “A Ÿ: 17 14 2. Pallanquins, 25 46 un 1. Quarantenier, 80 -pié 3% 9 ÿ3:Signes, | 7 4 Pre P'S5 è 4 a 8 . Bitord, ….. : ae - COR Povces de Brassrsde longueure 2. Boffes pour la fofle aux ca: bles; 16. Bofles fur les ponts; 48. Bofles de combat, Ke Quaranteniers pour amaf: rage des De bofes, Bonnettes en eftui du grand mäte 2. Drifles, 2. Efcoutess 2. Amures, 1. Amarre pour le bouchors> Bonnettes en gffui du grand hu. NTI 2. Drifles, de 2. Efcoutes ; . Amures, Ne la mifenes 2. Drifles, de 26 Efcoutes 2 î p' nd 2. Amures ; 1. Amarre pout Le bouchors ; © Dupetit hunid. 2. Drifles, 2. Efcoutes , 1. Amures, . Pour erles de poulies | “ pie Elingue pour tone , 4. Elingues pour banques, : 2. Lievres de beaupré, 66. Quaranteniers pour toute forte d’amarrages &c fouru- res, 120. Lignes, idem. 170. Paquets de merlin &lufn: 3000. Bittord pour fourure. Canons. 254. Pallans, cordäge refait, de 30. Bragues, 32: Jde. 32. Idem: 16. Idem. 5. Idem. 70. Aiguillettes ; ; cordaÿe : re= fait, 360. Erfes pour les affüts , 308. Erfes pour les poulies dé pallangs à canon, 60. Pallanquins de fabord & les erfes de poulies, 30. Itagues de fabord ; 30: Autres itagues 24 120. Rabans ; 1: Eflingue ; 1. Eflingue, 24. Lignes, 30. Merlin, _ Voiles: 1Ralingue , de 3. Ralingue, 2. Ralingue, 4. Ralingue , Tome 1F, grofféur B|mb{æ- CES © EX ON 1e D: D: D nr br ENST, GO 1 BUT Lu: - B'E. le >" pr D b|« fais Ant, DE] (NN O. bfx ed Ex Q COR Powers de Hadsses de 5, Raliagiés ’ 6. Ralingues ; 4. Ralhingues , | 8. Pieces de faux-fais ; 6. Pieces de faux-fais , 36. Quaränteniers : 4 48. Lignes , Merlin, Bitord , ! Le dérail des cérdaÿes qui } fui vent font de ; Récharges. ï. Grande : itague , de 1; tagué de fifene j 2. Grands efcouez , 2. Efcouez de mifene, ï. Piece d’efcoute grands 1; us d’efcoute de mie: ï. CE driffe , ï. Driffe de mifene ; 1. Grande guindreffe ; 1. Guindrefle dé vent, t. Piece d’efcoute de ‘grand hunier, 1. Piece d'éfcoute ; pétit hu- nier, Piece d’itagué & faufle, Piece pouraubaris d’ hune; Tournevire ; Surpenté,, ï. 1. I. 1. 3° 3° 4e 4: 6. 6: 6. : AAC 12. Quaranterñers doubles; 12. Quaranteniers fimples. 24. Lignes d’amarrage; 60. De merlin , 200. De bitord, Du Free | 1. Piece. de cordage ; de 2. Pieces , 2. Pieces ; 10. Lignes, 12. Merlin, A. Piéces. cordage refait) ; … Du Pilote, grofleur, Dhs RD R LR 12 »i Dh Ds Bin Re - QAR et ‘oi Toile Wie N VOD NOR m1 D'or ON 09. 00 IT EE © A7 nl pla bn Dir, 81 6. Lignes à fonder , chacune de 2; Lignes pour drifle, les deux de . 1. Eftai de grand mât, 1. Eftai de mifene, 1. Eftai de l’artimon, 1. Eflai du grand hunier ; 1. Effai du petit hünier, 1. Itague de grand mât , 1. Itague de mifene, 1, Itague pour furpente de pallancq d’eftai, r. Piece de grands efcoutes 1. Piece d’efcoute de mifene, 1. Paire de grands efcouez. 1. Paire d’efcouez de mifene, 1. Drifle de grande vergue, 1. Drifle de mifene» 3. Pieces d”’ auban du grand mât , a Pieces d’ auban de mifene, 1. Guindrefle de grand hu- nier ; 17 13 D uns. ma; ON. EN EXO C\-O\ CO. 210% longueur, 4 160 204 C re R Pouces de BRassxs de groffeure longueur. *. Guindreffe de petit hunier, 7 66 #. Piece d’efcoute de grand _hünier, ! 7 8+ 64 Ir. Piece d’efcoute de pêtit hunier, 8. GA V Cables, jee. 4 De, 297 dut 480 elfe 230 480 pe 12 240 2 I 2AO 1, Tournévirés Non 60 1. Greflin pour onn; = 80 1, Remoi de chaloupe ; 6 50 Cérdages de toutes fortes pour ÉOULES TTATRŒUVTES, Pieces de quatre-vingt braffess De | 10 3 e) 4 î 8 Go LES 7 104 25 63 514 2 %e 6+ 36 2e 6 171 4. S+ 322 Ge ÿz 323 2: 5 162 4% 48 63. AT 535 6 4 S1z 9'+- 3.4 748 19 + D 1552 8. 3 à 634 212. 3 1668 4$ 24 377 CES 25 755 $ + 2% 417 8<. 2 825. 8 +e À: ( 266 4.09 EU 314 108. Quarantemiets ; 8580 107. Lignes, 2675 170. Pieces de merlin & luzin, Il refte à faire connoître le poids de ces cordages, tant en blanc que goudronné, en recapitulant lles articles précédens. Le total de là manœuvre & garniture pefe en blañc 137 milliers 448 liv. & goudronné pefe 183 milliers 264 Liv. | ns Fotal de la garniture du canon, pefe en blane 4 milliers 904 liv. & goudronné pefe 6 mulliers 538 Liv. | Total de la garniture des voiles en blanc, pete milliers 733 liv. & soudronné pefe 7 milliers 639 lv. - Total du rechange du maïtré, pefe en blanc 15 iillièrs 506 liv: & goudronné pefe 20 milliers 674 HER Tôtal du rechange du canonnier pefe en blanc 407 liv. & goudronné pefe 542 liv. Total du rechange du pilote , pefe eh blanc 265 liv. & goudronñé pefe 353 Liv. Total général du poids de tons les cordages qui entrent dans l’afmement du navire , eft de > 19 mil- liers 10 liv. tout goudronné , & né pefoiént en blanc que 164 milliers 263 lv. fuivant Les états les plus exa@ts. Voyez Particle CORDERIE. (Z) CORDAGE, (Police 6: commr, de bors.) maniere de mefurer le bois à la corde. Ées jurés mouleurs de bois font chargés de veiller à ce que les particuliers ne foïént point léfés par les marchands. CORDE,, £. f. ( Géom. ) ligne droité qui joint les deux extrémités d’un arc, Voye ARÇG, Ou bien c’eft COR | né ligne droite qui fe termine par chacune de fes extrémités à la circonférence du cercle, fans pafler par le centre , & qui divifele cercle en deux parties inégales qu'on nomme /égrens : telle eft 4 B, Plan- chè géomér. fig. 6. Voyez SEGMENT. £a corde du complément d’un äre êft une corde qui foûtend le complément de cet arc, où ce dont il s’en faut que cetarc ne foit un demi-cerele. #oÿez COMPLEMENT, DE en À La corde eft perpendiculaire à la ligné C'E , tirée du tentre du cercle au milieu de l’arc dorit elle eft corde; & elle a, par rapport à cette droité , la mé- me difpofition que la corde d’un arc à tirer des fle- chés, a par rapport à la fleche. C’eft ce qui à fervi de motif aux anciens géomèetres pour appeller cette ligne corde de l'arc | & l’autre fleche du méme arc. Le premier de ces noms s’eft confervé ; quoique le fecond ne foit plus fi fort.en ufage, Ce que lés 4n- ciéhs appelloieht ffeche, s'appelle maintenant /£rus verfe, Voyez FLECHE 6 SINUS: : La demi-corde B o du double de l’afc eft ce que nous appellons maintenant finus droir de cet arc; & la partie o Æ du rayon , interceptée entré Le fi- nus droit B o & l'extrémité £ du rayon ; eft cé qu'on nomme /zus verfe. Voyez SINUS. La corde d’un angle & la corde de foñ complé- ment à quatre angles droits ou au cércle entier ; font la même chofe ; ainfi la corde de so dégrés & celle de 310 degrés font la même chole. On démontre, en Géométrie, que le rayon CÆ qui coupe la. corde B A en deux parties égales au point D, coupe de même l'arc correfpondant en deux parties égales au point £, & qu'il eft per- penñdiculaire à la corde À B, & réciproquement : ün démontre de plus, que fi la droite NE coupe la corde À B en deux parties égales &c qi’elle ItiMoit perpendiculaire , elle paflera par le centre , &c cou- pera. en deux parties égales l’arc 4£ B, aufli bien que l'arc 4 N° B. On peut tirer de-là plufñeurs corollaires utiles: comme 1°. la maniere de divifer un arc 4 B en deux parties égales ; il faut pour cela tirer une perpendiculaire au nulieu D de la corde |: AB, & cette perpendiculaire coupera en deux par- ties égales l’are donné À LB. 2°, La maniere de décrire un cercle qui pañle par trois points donnés quelconques , 4, B, C, fig. 7. pourvù qu'ils ne foieñit pas dans une même ligne droite. | | Décrivez pour cela des points 4 & C, 8 d’un même rayon dés afcs qui fe coupent en D,E ; &des points C, B ,&c encore d’un même rayon, décrivez d’autres arcs qui fe coupent en G & A: tirez les droi- tes DE, GH, & leur interfettion 1 fera le centre du cercle cherché qui paffe par les points 4, B, C. Démonfration. Par la conftruétion la ligne £ Ta tous fes points à égale diftance dés extrémités 4, C de la ligne 4 C'; €’eft la même chofe de la ligne G Z pär rapport à € B: ainfi le point { d’interfeéton étant commun aux deux lignes £ J, G Ï, fera égale- ment éloigné des trois points propofés 4, C,B;al pourra donc être le centre d’un cércle, que l’on fera pañler par les trois points 4, €, B. Âinf prenant trois points dans la circonférence d’un cercle ou d’un arc quelconque, on pourra toû- jours trouver lé centre, & achever enfuite la cir- conférence. De-là il s'enfuit aufi, que fi trois points d’une cir- conférence de cercle conviennent ow coinéident avec trois points d’un autre, les circonférences to- tales coïncident aufli; & ainfi les cercles feront égaux, ou le même. Voyez CIRCONFÉRENCE & CERCLE. | Enfin on tire de-là un moyen de circonferite un _ cerclé à un triangle quelconque, COR La corde d'un arc AP, fig. GC. 6 le rayon C'E étant donnés, trouver La corde de la moitié AE de cet arc. Du quatré du rayon C'E, Ôtez le quatré de la moitié % D dé la corde donnée 4 B, le refte fera le quarré de oC; & tirant la racine quarrée, elle fera égale 3 CD: on la fouftraira du rayon £ C, &c il reftera DE: on ajoûtera les quarrés de 4 D & de E D, & la fomme fera le quarré de 4E ; dont tirant la raci- ñe, on aufa la corde de la moitié 4 E. à à Ligne des cordes, c’eft une des lignes du compas dé proportion. Foye; COMPAS DE PROPORTION. Wolf & Chambers. (E) | * CorpE, L f. ouvrage du Cordier. C’eft un corps Tong , flexible , réfiftant, rond, compoié de fila- mens appliqués fortement les uns contre les autres par le tortillement. Il y a des cordes de plufieurs ef- peces, qu’on diftingue par leur groffeur , leur fabri- cation, leurs ufages &-leurs matieres. On peut faire des cordes avec le lin, le coton, le toleau, l'écorce de tilleul, la laine, la foie, le chan- vré, &c. mais celles de chanvre font les plus commu- nes de toutes; ellés ont plus de force que celles de tofeau & d’écorce d'arbre, & les autres matiéres ne {ont pas aflez abondantes pour qu’on en püt faire toutes les cordes dont on a befoin dans la fociété, quand il feroit démontré par l’expérience que ces cordes feroient meilleures que les autres. Des cordes de chanvre. On fait avec le chanvre uatre fortes de cordes ; les unes qui font compofées de brins , & qu'on ne commet qu'une fois, comme 1e merlin &le bitord, voyez BITORD 6 MERLIN; d’autres qui font compofées de torons, & qu'on ne commet qu'une fois, comme les auffieres à deux, trois, quatre, cinq &c fix torons ; voyez AUSSIERES & Torons. Il y en a de compofées d’auffieres, & commiles deux fois ; on les appelle grelins, voyez GreLins. On peut commettre des grelins enfemble, & la corde qui en proviendra fera commife trois fois, & s’appellera archigrelins , voyez ARCHIGRELINS: Il y a éncore une efpece de corde plus menue par un bout que par l’autre , qu’on appelle par cette raifon corde en queue de rat ;. voyez pour cette corde &t pour la fabrication des précédentes , l'article CORDERIE. Si lon fabriquoit des cordes de coton, de crin , de brins, &c. on ne s’y prendroit pas autrement que pour celles de chanvre ; ainf on peut rapporter à cette main-d'œuvre tout ce qui concerneroit celle de ces cordes. Mais il n’en eff pas de même des cordes qu’on tire de fubftances animales, comme les cordes à boyau, les cordes de nerfs, les cordes d’inftrumens de mufique, &e. celles-ci demandent des prépara- tions & un travail particuliers : nous en allons trai- ter féparément. | Des cordes à boyau , ou faites de boyaux mis en fi- Lets , cortillés & unis avec la prefle, Ï y en a de deux efpeces; les unes groffieres, qu'on employe foit à fortifier, foit à mouvoir des machines : nous en avons donné la fabrication à l’article Boyaudier, voyez BoYAUDIER. Elle fe réduit au lavage, pre- miere opération. Ce lavage condifte à démêler à terre les boyaux; ce qui fe fait avec quelque pré- caution, pour ne pas les rompre. À la feconde Opé- ration on les jette dans un baquet d’eau claire; on les lave réellement, & le plus qu'il eft poffble. À 1a troïfieme on les vuide dans un autre baquet ; à la quatrieme on les tire de ce baquet, & on les gratte en les faifant pañler fous un couteau qui n’eft tranchant que vers la pointe. Cette opération fe fait fur un banc plus haut que le baquet d’un bout, & appuyé fur le baquet par le bout qui eft plus bas: à là cinquieme on coupe les boyaux grattés, par les deux bouts & de biais, &c on les jette dans une autre eau : à la fixieme on les en tire un à un, & on les goud avec une aiguille enfilée de filamens enlevés COR 203 de la furface du boyau. On obférve, pour empêcher la proffeur de la couture, que les biais des coupures {Le trouvent en fens contraires , c’eft-ä-dire l’uné en deffus & l’autre en deflous. A la féptieme on noué chaque longueur à ün lacet qui tient à une cheville fixe, & l’on attache l’autre bout aux nélles du rouet, voyez NELLE, ROUET, LACET, &c. À la huitieme on tord le boyau aù rouet jufqu'à un certain point, on en tord tohjours deux à la fois: on a des brins de prefle ; on entrelace ces brins de prefle entre les deux boyaux ; on les ferre entre cette preflé, &t on tire fur toute leur longueur la prefle ferrée , en les frottant fortement. À la neuvieme on leur donne plus de tors ; on les frotte avec un frottoit ; on les éplu- che ou l’on enleve leurs inégalités avec un conteau ordinaire , & on leur donne le troïfieme êc dernier tors, À la dixieme, on lés détache des nelles ; on les attache par un autre lacet à une autre cheville; on les laiffe fécher ; on les détache quand ils font fecs ; on coupe la partie de chaque bout qui à formé les nœuds avéc les lacets; on les endouzine, on les enproflit, & la corde eft faite. Il faut travailler lé boyau le plus frais qu'il eft poffible ; le délai en été le fait corrompre ; en tout teims 1l lui ôte de fa qua- lité. 11 ne faut jamais dans cette manœuvre em- ployer d’eau chaude, elle feroit crifper leboyau, {y a quelqu’adtefle dans Le travail de ces cordes, à efti- mer jufte leut longueur, où ce que Le boyau perdrä dans fes trois tors. On n’a jufqu'à préfent fait des cordes à boyau que de plufeurs boyaux coufus. Le fiéut Petit Boyaudier, qui a famanufaéture au Croif- fant rue Mouffetard, prétend en fabriquer de bonnes de toute longueur, & fans aucune couture. Nous avons répeté ici la maniere dé travailler leboyau, parce qu’en confultant plufieurs ouvriers, on trou- ve fouvent une grande différence, tant dans la ma- hiere de s’exprimer que dans celle d'opérer, &c qu'il importe de tout favoir en ce genre, afin de connot: tré par la comparaifonde plufieurs mains-d’œuvres , quelle eft la plus courte & la plus parfaite. Voyez ÉNDOUZINER, ENGROSSIR, &c. CT Des cordes à boyau propres à la Lutherie. On dit qu'il ne fe fabrique de bonnes cordes d’inftrumens qu’en Italie, celles qui viennent de Rome paient pour les meilleures ; on les tire par paquets affortis, compofés de 6o bottes ou cordes, qui font toutes pliées en fept ou huit plis. On les diftingue par nu- méro,"&c il y en à depuis le n°. r. jufqu’au n°. 50. Ce petit art qui contribue tant à notre plaifir, eft un dés plus inconnus : les Italiens ont leur fecret, qu'ils né communiquent point aux étrangers. Les ouvriers dé ce pays qui prétendent y entendre quelque chofe, & qui font en effet des cordes d’infrumens , que les frondéurs jugeront aflez bonnes pour la mufique qu’on y compofe, ont aufhi leurs fecrets qu'ils gardent bien, fur-tout quand ils font confultés. Voici tout ce que nous en avons pù connoître avec le fecours de quelques perfonnes qui n’ont pi nous inftruire felon toute l'étendue de leur bonne volon- té. On fe pourvoit de boyaux grêles de moutons, qu’on nettoyé, dégraifle, tord & feche de la mar niere qui fuit. On à un baquet plein d’eau de fon- taine , on y jette les boyaux comme ils fortent du corps de l’animal ; on ne peut les garder plus d’un jour ou deux, fans les expofer à fe corrompre : au refte cela dépend de la chaleur de la faifon , le mieux eft de les nettoyer tout de fuite. Pour cet effet on les prend lun après l’autre par un bout , de la mai droite, & on les fait glifler entré le pouce & l'index, les ferrant fortement. On les vuide de cette maniere; 8 à mefure qu'ils font vuidés , on les laïifle tomber dans l’eau nette. On leur réitére cette opération deux fois en un jour, en obfervant de les agiter dans l’eau de terms en tems pendant çet intervalle, 106 COR afin de les mieux laver; on1les pañle enfuite dans de nosvelle ean de fontaine, pour y macérer pendant deux ou trois jours, felon' la chaleur du tems: cha- cun de ces jours on les racle deux fois, & on les change d’eautrois fois. Pour les racler on les étend Vun après l’autre fut une planche ou banc incliné au bord du baquet, on.a un morceau de rofeau divilé longitudinalement il faut que les côtes. de la divi- fionne foient pas tranchans, mais ronds. C’eft avec ce rofeau qu’on les ratifle , & qu'on parvient à les dépouiller de l’épiderme grafle qui les rend opa- ques ; on les fait pañler dans des eaux nouvelles à mefure qu'on les ratifle: alors le boyau eft nettoyé, & le voilà en état d’être dégraiflé. Les ouvriers font un premier fecret dela maniere dont ils dégraïflent les boyaux ; mais 1, eft conftant qu'indépendam- ment de leur fecret, filon n’apporte les plus grandes précautions au dégraifage dès boyaux, les cordes n’en vaudront rien, [l faut préparer une lefive que les ouvriers appellent eau-forte, & qui s'employe au quart forte, autiers forte, demi-forte, trois quarts forte , & toute forte. Pour la faire où a un vaifleau de grais ou cuve de pierre contenant demu-barrique;, ou le poids de 250 iv. d’eau; on la remplit d’eau , on y jette environ deux livres & demie de ceñdrés gravelées ; qu’on y#émue bien ayèc uñ bâton. N'y met-on que cela? Il y en a qui prétendent qu'il ÿ entre de l’eau d’alun en petite quantité ; mais on ne fait, par la maniere dont ils s'expriment, fi l’eau d’alun fert avant le dégraiffage, fi elle entre dans la leffive du dégraïffage, fi elle y entre feule, ou en mêlange avec la cendre gravelée, où fi cette façon d’eau d’alun ne fe donne pas après le dégraïflage même avec la cendre gravelée. Quoi qu'il en foit, on a des tinettes ou terrines de gras, qui peuvent terir environ dix livres d’eau ; on met les boyaux par douzaines dans ces vaifleaux ; on prend dans la cuve environ deux livres & demie de leffive : quelle que foit cette lefive, on là verfe dans la tinette fur les boyaux , &c on achevé de la DL avec de l’eau de fontaine : on dit qu’alofs. 1es boyaux font dans la lefive au quart, ce qui fignifie que le liquide ans lequel ils trémpent, eft compofé d’une partie de leflive & de trois parties d’eau de fontaine. On les laifle blanchir dans cette eau une demi-journée dans un lieu frais ; on Les en retire l’un après l’autre, pour leur donner la façon fuivante. On a à l’index une efpece d’ongle de fer blanc qu’on met aù doigt comme un dé à coudre ; on nomme cet inftriument dégraifforr. On applique le poticé coritre le bord de Ton calibre, à fon extrémité, & l’on preffe le boyau . Contre ce bord, tandis qu’on le tire de la main droite: on le jette, äu fortir de cette opération, dans une autre tinette où terrine, dont la leflive eft au tiers forte, c’eft-à-dire de deux parties d’eau de fontaine, für une partie de leffive. On revient, à cette ma- nœuvre du dégraifloir quatre à cinq fois, & elle dure deux ou trois jours, füvanit la chaleur de la faifon. Chaque demi-journée on augmente la force de la leffive, Les boyaux fe dégraiflent plus promptement en été qu'en hyver. Les augmentations de la léflive en hyver font du quart au tiers, du tiers au demi, du demi aux trois quarts, des trois quarts à l’eau toute forte ; & en été du quart au denu , du demi aux trois quarts, @ des trois quarts à l’eau toute forte. Dans le premier cas , les dégrés d’eau fe donnent en trois jours, & en deux jours dans le fe- cond; mais tantôt on abrege, tantôt on prolonge cette opération: c’eft à l'expérience de l’ouvrier à le déterminer. Îl faut avoir grande aftention à ne point écorcher les boyaux avec le dégraifloir. Le dégraiflage fe fait fur un lavoir haut de deux piés &ë demi, large de deux, & lorig d'environ dix où dou- 4e, fuivant l'emploi de la fabrique ; il eft profond COR d'environ fix pouces , & les eaux peuvent s’en écou“ ler aux deux bouts par lés ouvertures, & au moyen de la pente qu'on y a pratiquée. Après ce dégraif- fage, au fortir des leflives que nous ävons ditéé, on en auñe autre qu’on appelle double -forte ; elle eft Cômpofée de la même quantité d’eau de fontaine, c’éft-à-dire de 250 livres où environ; mais on y met cinq livres de cendres gravelées. Jé démanderai encore : n’y met-on que cela ? & l’on fera bien fondé à avoir fur cette lefive double forte, les mêmes doutes que fur la lefive fimple forte. Au tefte, on eft bien avancé vers là découverte d’une mañœu- vre, quand on connoîtles expériences qu'on a à faire. On laïffe les boyaux dans.cette feconde lefive une demi-journée, une journée entiere, & même davantage, felon la fafon, & toüjours par douzai- nes, & dans les mêmes tinettes ou terrines de ptaiss On les en tiré , pour pañler encore une fois fur Le dé- graifloir de fér , d’où on les jetté dans de l’eau frai- Che ; lés boyaux font alors ên étät d’être tordus au rouet. On les tire de l’eau ; 11eft encore incertain fr cette eaueft pure , où fi elle n’eft pas un peu chargée d’alun, & tout de fuite on les double. Les gros boyaux férvent à faire lés grofles cordés , les boyaux plus petits &c plus cläirs fervent à faire les cordes plus petités ; mais il eft bôn de favoir qu'on ne les tôrd prefque jamais fimiples ; la plus finé chanterelle eft un double. On lés fait environ de cinq piés & demi, ou huit pouces. Chaque boyau en fournit deux. Il péut ärriver que le boÿyau double n’ait pas la longueur requife pour la corde. Alors on en prend déux qu’on afflemblé de cetté maniere TT ; on porte un des bouts à un émerillon du rouet ; on pafle le boyau doublé fur urie chevillé de là groffeur du doigt, qui éft fichée dans un des côtés d’un chaflis, à quelque diftänce de l’émerillon , & qui fait partie d’un inftrumient appellé lé sa/ars ou Partelier. I faut obferver que le bout de la corde qui eft à l’'émérillon, a auffi fa cheville, & qué cette cheville eft pañlée dans le crochet dé l’émerillon. Si la corde eft trop cour- te pour cet intervalle, on l’allonge, comme on l’a in- diqué plus haut, en affemblant l’un dés deux boyaux avec un autre boyau plus long ; s’il y a du fuperflu, on le coupe, & l’on tord le boyau en douze ou quin- ze tohrs de rouet. La roue du rotiet a trois piés de diametre , & les bobines qu’elle fait mouvoir ont deuix pouces. On détache les deux'petites chevilles, l’une de l’émerillon , l’autre du côté du chaflis , & on les tranfporte dans des trous faits exprès à l’autre extrémité du talart placé à côté du rouet. Le talart éft uñ chaffis de bois de fapin long de deux aunes, lafge de deux; à l’uné de fes extrémités il y a vingt trous arms d'autant de chevilles de la grofleur du doigt , & à l’autre quarante plus petites: ainfi uni boyau tord pour un inftfument de mufique, & tendu fur le talart, a fes deux extrémités attachées , l’une à une des petites chevilles des quarante , & l’autre à une des vingt groffes. Voyez Planche V. de Corderte. b eft le baquet où s’égoutte l’eau ; Z eft une table avec rebords qui reçoit l’eau, & qui par fa pente & fes souttieres conduit l’eau dans le baquet ; c, c font des treteaux qui la foûtiennent ; z, tangées de che- villes où l’on attache les cordes quand on les tord ; a, a,a, a, Et un chaflis oblong,, de deux aulnes fur une de fes dimenfions , & de deux piés & demi fur l’autre ; x, font des trous à recevoir les che- villes des cordes , lorfqu’elles font tordues ; 7 , corde que l’on tord à l’aide d’une roûe & de deux poulies, avec un petit crochet k, auquel on adapte la che- ville qui doït remplir an des trous du chafiis quand la corde fera torfe. Mais la manœuvre que nous ve- nons de décrire ne fuffit pas pour donner à la corde l’élafticité convenable, & lui faire rendre du {on; il ya, dit-on, ençore un autre fecret, C’eft ce COR Tui-1à fut-tout qu'il faudroit obtenir des ouvriers. Ne confifte-t-il que dans Ja manœuvre fuivante à nous l’ignorons. Lorfque le talart eft garni de boyaux tords, on les frotte les uns après les antres avec des cordes de crin ; on pañle deflus la corde de _crin cinq ou fix fois de fuite, ce qui acheve de les dégraifler & de les dégroffir en les arrondiflant. Lorfque chaque boyau ou corde aura été frottée ainfi à deux reprifes de la corde de crin, & qu’on la trouvera fort nette, on portera le talatt tout garni de fes cordes, dans une étuve proportionnée à fa grandeur, c’eft-à-dire d’un peu plus de deux aulnes de long , 8 d'environ une demi-aulne pour fes au- tres dimenfions ; on les y laiflera tendues pendant cinq ou fix jours, pour y fécher lentement à la ya- peur du foufre, & y prendre de lélaftiçité. L'étuve eft échauffée par un peu de feu de charbon, qu'on y introduit dansun réchaud fur lequel on jette deux onces de fleur de foufre. Cet enfoufrement fe donne toüjours en mettant le talart dans l’étuve » & fe ré- pete deux jours après. On a foin de tenir l’étuve fermée, afin que la fumée du foufre ne s’échappant point, ne. fon effet. Au bout de cinq à fix jours on fort les talarts de l’étuve ; on frotte chaque corde avec un peu d'huile d'olive; on les plie à ordinaire, après Les avoir coupées de la longueur de deux aul- nes aux deux extrémités du talart. C’eft de la même maniere que fe préparent les groffes cordes à boyau, avec cette différence qu’on apporte un peu moins de précautions pour les dégraifler, qu’on les tord & file comme Le chanvre; qu’on y employe les boyaux les plus communs, & qu’on les laïfle plus long-tems à l’étuye. Nous n’avons pû nous procurer des con- noiflances plus étendues fur cet objet. Peut-être n’y a-t-ilrien de plus à favoir, peut-être auffi n’eft-ce là que le gros de l’art, que ce dont les ouvriers ne fe ca- chent point , & n’avons-nous rien dit des tours de main particuliers , des préparations fingulieres, &c des manœuvres requifes pour la perfeétion des cor- des. Au refte, celui qui portera ces inftruétions pré- liminaires dans un attelier, y acquérera d’autant plus facilement les autres, f en effet il en refte quel- ques-unes à fuppléer ; car j'ai tojours remarqué que les ouvriers fe livroient facilement aux gens dont ils efpéroient tirer quelque lumiere. On ne trouvera que le roüet, le chaflis & le talart dans nos plan- ches , parce que les autres inftrumens n’ont rien de particulier. Le roùet eft, comme on voit, un rouet de cordier ; le talart n’eft qu’un chaffis ordinaire, & le lavoir fe connoït aflez facilement fur ce que nous en ayons dit; une table commune y fupplée- roit. Ce font les nœuds qu’on fait aux cordes, quand les boyaux font trop courts, qui ordinairement les rendent faufles , par l'inégalité qu'ils occafionnent. Quand on choïfit des cordes d’inftrumens , il faut d’abord prendre les plus claires, les plus rondes & les plus égales, & enfuite faire tendre par quelqu'un la corde de la longueur convenable pour linftru- ment, en la tirant par les deux bouts ; fe placer en face du jour, & la pincer. Si enla pinçant on n’ap- perçoit dans fes ofcillations que deux cordes, c’eit une preuve certaine qu’elle eft jufte; fi on en apper- «çoit trois, cêtte preuve qu’elle eft faufle n’eft pas moins aflurée. Cette feconde apparence peut venir de ce que toutes les parties de la corde n'arrivent pas en même tems à la fituation horifontale | & qu’elle -ofcille en deux tems différens. On tord deux cordes à la fois, quoiqu’on n’en voye qu’une dans le déf- fein, où l’on n’a pû en montrer davantage. Des cordes de nerfs , ou, pour parler plus exaéte- ment , de sendons ou de ligamens. Les anciens, qui #aifoient grand ufage de ces cordes dans leurs machi- nes de guerre , défignoient en général Les veines , ar- teres ;tendons, ligamens, nerfs, par lemot de xerf, COR 207 &rils appelloient corde de nerf, une corde filée de lis gamens. Ils ont ordonné de choifir entre les ten- dons, ceux des cerfs & des bœufs ; & fur ces ani- maux les tendons les plus exercés, comme ceux du col dans les bœufs , & ceux de la jambe du cerf. Mais comme ileft plus facile de fe pourvoir de ceux- là que de ceux-ci, c’eft de cette matiere qu'on a fait à Paris les premieres cordes de nerfs, fous'les ordres & la direêtion de M. le comte d’Herouville, qui fut engagé dans un grand nombre d’expérienees fur cet objet , par l’exaélitude & l'étendue de fes recherches fur tout ce qui appartient à l’Art militaire. Voici comment ces cordes ont été travaillées. On prend chez le boucher les tendons des jambes, on les fait tirer le plus entiers & le plus longs qu'il eft poffible. Ils fe tirent de l’animal aflommé, quandil eft encore chaud. On les expofe dans des greniers ; on fait en- forte qu’ils ne foient point expotés au foleil, de peur qu'ils ne fechent trop vite, & qu’ils ne durciflent trop. Il ne faut pas non plus que l’endroit foit hu- mide , & qu'ils puiffent fouffrir de la gelée en hyver; ces accidens les feroient corrompre. Il y a auffi un tems propre à prendre pour Les battre: quand ils font trop fecs, 1ls fe rompent; quand ils font trop frais, on en épure la graïfle. Il faut éviter ces deux extrèmes. Avant que de les battre, il en faut féparer les deux bouts qui font trop durs &c trop fecs: le refte d’ailleurs s’en divifera plus facilement fous le marteau. Le nerf ou ligament n’eft filé fin qw’autant que fesextrémités de divifent facilement, ce qui ne peut arriver quand on lui laïfle les deux bouts qui font durs & fecs comme du bois. Les outils de cette efpece de corderie fe réduifent à un marteau de fer, une pierre & un peigne. Le bloc de pierre doit être un cube, dont la furface polie du côté qu'il doit fervir , ait huit à dix pouces en quarré. Le marteau peut pefer une demi-livre, & le peigne a huit ou dix dents éloignées les unes des autres d'environ fix lignes, & toutes dans la même direction. Le ligament ne doitiboint être dé- pouillé de fes membranes * on les bat enfemble juf- qu'à ce qu’on s’apperçoive que la membrane eft en- tierement féparée des fibres. Sept à huit ligamens battus & fortement liés enfemble, fufifent pour faire une poignée ; on pañle la poignée dans Les dents du peigne : cette opération en fépare la membrane, & divife les fibres Les unes des autres. Le point le plus important dans tout ce qui précede!, eft de bien battres, c’eft de-là que dépend la finefle du nerf, Si le nerf n’eft pas aflez battu, on a beau le peigner ; on l’accourcit.en en rompant les fibres, fans le ren- dre plus fin. Le feul parti qu’il y ait à prendre dans ce cas, eft de l’écharpir avec les mains, en féparant les fibres des brins qui ont réfifté au peigne , pour n'avoir pas été fuffifamment travaillés fous le mar- teau. Ç Quant au cordelage de cette matiere , 1l n’a rien de particulier. On file le nerf comme le chanvre, -& on le commet foit en aufliere, foit en grelin. F. l'article CORDERIE. Avant que de fe fervir de ces cordes , il faut les faire tremper dans lhuile la plus -grafle : elles font très-élaftiques & très-fortes. Voici une expérience dans laquelle M. d'Herouville a fait comparer la force d’une corde de chanvre , d’une corde de crin ,-& d’une corde de nerf. On-prit le nerf le plus long qu'on put trouver ; onle peigna avec beaucoup de douceur; on en fila du #l.de carret ; ‘on prit fix bouts de ce fil, deneuf-piés chacun; on les commit au-tiers , C’eft-à-dire que ces neuf piés fe réduifirent à fix dans le commettage. Cette corde fe trouva de quinzelignes de circonférence , 6 tout- à-fait femblable à une corde de chanvre très-parfaite ui avoit fervi à quelques expériences de M. Duha- mel fur la réfiftance des.cordes, & qui avoit été faite 208 COR du chanvre d'Italie le mieux choïfi. On tint auf toute prête une corde de crin de même poids , &c commife au même point que la corde de nerf ,; Mais qui {e trouva de dix-huit lignes de circonférence. On fit rompre ces cordes, &c l’on éprouva que ET cor- de de nerf étoit une fois plus forte que celle de crin, ‘8 d’un fixieme plus que la corde de chanvre la plus parfaite. La corde de nerf foûtint 780 livres avant {a rupture. On remarqua qu'en s’allongeant par les charges fuccefhives qu’on lui donnoit, les pertes que faifoit fon diametre étoient à-peu-près en même rai- fon que les accroïffemens que prenoit fa longueur , &c'qw’après la rupture elle fe reftitua exaétement à {a longueur & groffeur premieres. | On a fubftitué ces cordes aux reflorts des chaifes de pofte &c d’autres voitures, & elles y ont très-bien réuffi. Elles n’ont pas encore toute la vogue qu’elles méritent & qu’elles obtiendront, parce qu'il en eft dans ce cas comme dans une infinité d’autres ; on confulte toûjours des ouvriers intéreffés à faire pré- valoir les anciens ufages. C’eft à un ferrurier qui fait des reflorts qu’on s’adrefle pour favoir fi les cor- des de nerfs font ou ne font pas meilleures que les reflorts. M. de Lanore, dont M. le comte d’'Herou- wille s’eft particulierement fervi, foit à recueillir ce que les anciens taéticiens grecs & latins avoient écrit -des catapultes, balliftres , &c autres machines de guerre auxquelles ils employoient les cordes de nerf, {oit à fabriquer les prenneres, en a obtenu le privi- lége excluff; & il feroit à fouhaiter que les ouvriers allaffent prendre des inftrudtions chez un homme à qui cet objet eft très-bien connu, ils s’épargneroïent aufli à eux-mêmes tout le tems & le travail qu’on perd néceffairement en effais. On dit que ces cordes font facilement endomma- gées par l'humidité, mais on peut les en garantir en très-grande partie par des fourreaux : on préfume qu’une lefive, telle que celle que les ouvriers en cordes. à boyau, foit pour machines, foit pour inf- trumens de rlufique, donnent à leurs boyaux avant ue de les tordre , pourroit ajoûter &c à l’élafticité -& à la durée des cordes de nerf, fi on faifoit pañler par cette leflive le nerf, foit avant que de le battre, Soit après qu'il eft battu & peigné. Pourquoi ne fup- pléeroit-elle pas au roûir du chanvre, en féparant la membrane des fibres, de même que le rouir fe- pare l’écorce de la chenevote. C’eft à l'expérience à confirmer ou détruire cette idée qui nous a été communiquée par un homme que fa fortune & fon état n’empêchent point de s’occuper de la connoif- fance & de la perfeétion des Arts; ainfi qu'il vient de le prouver par quelques vües qu'il a commu- niquées au public fur le tirage des voitures; c’eft de la même perfonne que nous tenons le deffein du roïet des faifeurs de cordes d’inftrumens de mufique, & des éclairciflemens fur l’art de les fa- briquer. | Des cordes de cheveux. Les anciens ont auffi fait filer des cordes de cheveux, dans des circonftances fâ- cheufes qui les y déterminoient. Les dames de Car- thage fe couperent les cheveux, pour fournir des cordes aux machines de guerre qui en manquoient. Les femmes Romaines en firent autant dans une ex- trémité femblable : rraluerunt pudiciffime matrone , deformato capite , liberè vivere cum maritis, quam hof- tibus , integro decore, fervire. Je ne cite que ces deux exemples, entre un grand nombre d’autres que j’o- mets, & dont je ne ferois qu’un éloge très-modéré fi je les rapportois , le facrifice des cheveux me pa- .roiffant fort au-deflous de ce que des femmes hon- _nêtes & courageufes ont fait en tout tems & font encore tous les jours. Les Méchaniciens fe propofent fur les cordes en général plufeurs quefhions, telles que les fuivantes ; COR quelle eft la force des cordes en elle-même ? quel eft leur effet dans les machines ? quelles font leurs vi- brations quand elles font frappées. Voyez la-deffus les articles fuivans. CoRDE, (Méchanig.) Quelle eft la force d’une corde relativement à celle des fils dont elle eft com- pofée , fi on en prend la fomme, en les éprouvant féparément ? Le tortillement ajonte-t-l à la force des cordes ou la diminue-t11? Voyez l'article CORDERIE. _CORDE, (Méchanig.) De la réfiflance des cordes. La réfiftaänce des cordes eft fort confdérable, & doit par toutes fortes de raifons entrer dans le calcul de la puiffance des machines. M. Amontons remarque dans les mém. de l’académie royale des Sciences, 1699,qu'une corde eft d'autant plus difficile àcoutber 1°. qu’elle eft plus roide & plus tendue par le poids qu’elle porte: 2°, qu’elle eft plus grofle : & 3°. qu’el- le eft plus courbée, c’eft-à-dire qu’elle enveloppe un plus petit cylindre. | | Il rapporte des expériences qu’il a faites pour s’aflürer des proportions dans lefquelles ces diffé- rentes réfiftances augmentent ; ces expériences ap- prennent que la roideur de la corde occafionnée par le poids qui la tire, augmente à proportion du poids, & que celle qui vient de Pépaifleur de la corde aug- mente à proportion de fon diametre : enfin que cêlle qui vient de la petitefle des poulies autour defquel- les elle doit être entortillée, eft plus forte pour Les petites circonférences que pour les grandes, quoi- qu’elle n’augmente pas dans la même proportion que ces circonférences diminuent. | D'où 1l s'enfuit que la réfiftance des cordes dans une machine, étant eftimée en livres , devient com- me un nouveau fardeau qu'il faut ajoûter à celui que la machine devoit élever : & comme cette augmen- tation de poids rendra les cordes encore plus roides, il faudra de nouveau calculer cette augmentation de réfiftance. Ainfi on aura plufeurs fommes décroif- fantes , qu'il faudra ajoûter enfemble comme quand il s’agit du frottement, & qui peuvent fe monter très-haut. Voyez FROTTEMENT. | En effet, lorfqu’on fe {ert de cordes dans une ma- chine, 1l faut ajoûter enfemble toutes les réfiftances que leurs foideurs produifent , & toutes celles que le frottement occafonne; ce qui augmentera fi con- fidérablement la difficulté du mouvement, qu’une puiflance méchanique qui n’a befoin que d’un poids. de 1500 liv. pour en élever un de 3000 liv. par le moyen d’une moufle fimple , c’eft-à-dire d’une pou- lie mobile & d’une poulie fixe, doit, felon M. Amon tons, en avoir un de 3942 livres, à caufe des frot- temens & de la réfiftance des cordes. Ce que nous venons de dire des poulies doit fer- vir de regle dans l’ufage des treuils , des cabeftans, Ec. 8 des autres machines pour lefquelles on fe fert de cordes : fi on négligeoit de compter leur roideur, on tomberoit infailliblement dans des erreurs confi- dérables, & le mécompte fe trouveroit principale- ment dans les cas où 1l eft très-important de ne fe point tromper , je veux dire dans les grands effets ; car alors les cordes font néceflairement fort grofles | & fort tendues. C’eft d’après ce principe, qu’on examine dans les mémoires de l'académie de 1739, quelle eft la meil- leure maniere d'employer les {eaux pour élever de l’eau. Car il eft certain que de la maniere dont on les employe ordinairement , le ppids de la corde s’a- joute à celui du feau ; de forte que fi le puits a 150 piés, par exemple, de profondeur , on aura un plus grand effort à faire au commencement de l’aétion ou de l’élevation du feau que vers la fin, parce qu’au commencement on aura à foûtenir le poids du feau , plus celui de toute la corde, qui, fi elle pefe deux livres par toife , en pefera jo pour ce puits de D touies COR toifes de profondeur; augmentation très-confidéra- ble au poids.du feau plein & fortant de l'eau , dont il aura peut-être puifé 24 livres. Il eff vrai que cette premiere difficulté de l'élevation du feau ira toû- jours en diminuant, & fera nulle au bord du puits; mais en ce cas lation de l’homme qui tirera le feau {eta fort inégale ; & dans cette fuppofition 1l-eft 1m- poffible qu'il ne fe fatigue pas trop, qu’il ne perde du tems, & qu'il ne fafle moins qu'il n’auroit pi, parce qu'il eft prefqu'impoñlible qu'il ne donne pré- cifément que ce qu'il faudra de force pour furmon- ter à chaque inftant la réfiftance décroiflante du feau & de la corde. Il feroit plus avantageux & plus com- mode pour la puiffance , d’avoir une machine qui réduisit à l'égalité une aétion inégale par elle-même, de forte que l’on n’eût jamais à foûtenir que le mé- me poids, ou à employer le même effort quoique la réfiflance de la corde fût toujours variable. Pour cela le feul moyen eft, que quand le poids de la corde fera plus grand , ou ce qui eft le même, quand 1l y aura plus de corde à tirer, la puiffance agiffe par un plus long bras de levier, plus long précifément à propor- tion de ce befoin, & par conféquent il faudra que les leviers foient toujours changeans & décroiflans pendant toute l’élevation du feau. C’eft pourquoi il faudra donner à la poulie dont on fe fervira, une forme pareille à-peu-près à celle des fufées desimon- tres, qui font conftruites fur le même phincipe , ou plutôt il faudra que cette poulie foit comme un af- femblage de plufeurs poulies concentriques &c iné- gales : on peut voir fur cette matiere un plus grand détail dans /’A1f£. de l’ Acad. de 1739, p. 51. Il s’enfuit de ce que nous avons dit fur la réfiftan- ce descordes, 1°. qu'on doit préférer autant que faire L fe peut les grandès poulies-aux petites, non-feule- ment parce qu'ayant moins de tours à faire, leur axe a moins de frottement , mais encore parce que les cordes qui les entourent y fouffrent une moindrecour- bure, & ont par conféquent moins de réfiftance. Cette confidération eft d’une fi grande conféquence dans la pratique, qu'en évaluant la roideur de la cor- de felon la regle de M. Amontons , on voit claire- ment que fi on vouloit enlever un fardeau de 800 livres avec une corde de 20 lignes de diametre , &c une poulie qui n’eût que 3 pouces, il faudroit aug- menter la puiffance de 212 livres pour vaincre la roideur de la corde, au lieu qu'avec une poulie d’un pié de diametre cette réfiftance céderoit à un effort de 22 livres, toutes chofes d’ailleurs égales, On peut juger par-là que les poulies moufilées, c’eft-à-dire les poulies multiples, ne peuvent jamais avoir tout l'effet qui devroit en réfultér fuivant la théorie. Car dans ces fortes de machines, les cordes ont plufieurs retours ; & quoique les puiflances qui les tendent chargent d'autant moins les axes qu'il y a plus de poulies, cependant comme il n’y a point de cordes parfaitement flexibles , on augmente leur réfiftance en multipliant les courbures. Cet inconvénient , qui eft commun à toutes les moufles , eft encore plus confidérable dans celles où les poulies rangées les unes au-deflus des autres doivent être de plus en plus petites, pour donner lieu aux cordes de fe mouvoir fans fe toucher & fé frotter. Carune corde a plus de peine à fe plier quand elle enveloppe un cylindre d’un plus petit diametre. Ainfiles poulies mouflées, qui font toutes de même, grandeur, font en général préférables aux autres. Les cordes qui font le plus en ufage dans la mé- chanique , celles dont il s’agit principalement ici, ont des aflemblages de fils que l’on tire des vége- taux, comme le chanvre, ou du regne animal, com- me la foie, ou certains boyaux que l’on met en état d’être filés. Si ces fibres étoient aflez longues par elles-mêmes, peut-être fe contenteroit-on de les _ TomlP, | . 4 L COR 209 mettre enfemble , de les liér en formé de faifceaux fous une enveloppe commune, Cette maniere de compofer les cordes eüt peut-être paru la plus fim- ple &c la plus propre à leur conferver la flexibilité qui leur eft fi néceffaire ; mais comme toutes ces. matieres n'ont qu'une longueur fort limitée, on æ trouvé moyen de les prolonger en les filant, c’eft-à- dire en les tortillant enfemble ; le frottement qui naît de cette forte d’union eft fi confidérable , qw'el- les fe caffent plutôt que de glifler l’une fur l’autre: c’eft ainfi que fe forment les premiers fils dont Paf- femblage fait un cordon; & de plufeurs de cés cor. dons réunis & tortillés enfemble , 6n compofe les plus groffes cordes. On juge aïfément que la qualité des matieres contribue beaucoup à la force des cor- des ; on conçoit bien auffi qu'un plus grand nombre de cordons également gros, doit faire uné corde plus difficile à rompre; mais quelle eft la maniere la plus avantageufe d’unir les fils ou les cordons ? Voyez la-deffus l’article CORDERIE. |, 418 Les cables & autres gres cordages que l’on em-= ploye, foit fur les vaifleaux, foit dans les bâtimens, étant toujours compolés de plufieurs cordons, & ceux-ci d’une certaine quantité de fils unis enfem- ble , il eft évident qu’on n’en doit point attendre toute la réfiftance dont ils feroient capables s’ils ne perdoient rien de leur force par le tortillement ; & cette confidération eft d’autant plus importante, que de cette réfiftance dépend fouvent la vie d’un très- grand nombre d'hommes. | té Mais fi le tortillement des fils en général rend les cordes plus foibles, on les affoiblit d'autant plus qu’- on les tord davantage ; il faut donc éviter avec foix de tordre trop Les cordes. | Lorfqu’on a quelque grand effort à faire avec plu“ fieurs cordes en même tems , on doit obferver de les faire tirer le plus également qu'il eft poffible ; fans cela il arrive fouvent qu’elles caffent les unes après les autres, & mettent quelquefois la vie en danger Voyez les leçons de Phyf. expér. de M, l'abbé Nollet. É c int ; ( Méchan. ) De la tenfcon des cordes. Sf une corde À B eft attachée à un point fixe B (figure . 45. Méchanig.), & tirée fuivant fa longueur par une force ou puiffance quelconque 4, il eft certain que cette corde fouffrira une tenfion plus ou moins gran- de , felon que la puiffance 4 qui la tire , fera plus où inoins grande. Il en eft de même, fi au lieu du point fixe B , on fubftitue une puiffance égale & contraire, À la puiflance À ; ileft certain que la corde fera d’au= tant plus tendue, que les puiffances qui la tirent fe- ront plus grandes. Maïs voiciune queftion qui a jui- qu’ici fort embarraffé les Méchaniciens. On deman- de fiune corde À B , attachée fixément en B & tendue par une puiflance quelconque 4, eft tendue de le même maniere qu’elle le feroit, fi au lieu du point fixe B, on fubftituoit une puiflance égale &c con- traire à la puiffance À. Plufeurs auteurs ont écrit fur cette queftion, que Borelli a le prèmier propofée. Je crois qu’on peut la réfoudre facilement , en egar= dant la corde tendue 4 B, comme un reflort dilaté dont les extrémités 4, B , font également effort pour fe rapprocher l’une de l’autre. Je fuppoôfe donc d’abord que la corde foit fixe én 8, & qu’elle f6it ten- due par une puiffance appliquée en À, dont l'effort foit équivalent à un poids dé dix hvres ; il eft certain que lé point À fera tiré fuivant 42 avec un effort de dix livres : & comme ce point 4, par Phÿpôthe= fe, eft en repos; il s’enfuit que par la réfiftance dé la corde, il eft tiré fuivant 4-B avec une force de dix livres , & fait par conféquent un effort de dix li= vres pour fe rapprocher du point B. Or lepoint B, par la nature du reflort, fait le même effort de dix livres fuivant 84, pour fe rapprocher de Eu À; 210 COR & cet effort eft foûtenu & anéanti par la réfiftance -du-point fixe B. Qu'on Ôte maintenant le point fixe B, & qu'on y fubftitue une puiffance égale & con- traire à A; je dis que la corde demeurera tendue de même: cat l'effort de dix livres que fait le point B, fuivant B À, fera foûtenu par un effort contraire de la puiffance B fuivant B C. La corde reftera donc tendue, comme elle l’étoit auparavant: donc une corde À B, fixe en B, eft tendue par une puiflance appliquée en 4, comme elle le feroit, f. au lieu du point B, on fubftituoit une puiffance égale & con- traite à La puiflance A. Voyez TENSION. (0) Conves, ( Vibrations des) Méchanig. Si une corde tendue À B ( fig. 71. Méchanique.), eft frappée en quelqu'un de fes points , par une puiffance quelcon- ue , elle s’éloignera jufqu'à une certaine diftance de la fituation 4 B , reviendra enfuite, & fera des vibrations comme un pendule qu'on tire de fon point de repos. Les Géometres ont trouvé les lois de ces vibrations. On favoit depuis long-tems par l’ex- périence & par des raifonnemens aflez vagues , que toutes chofes d’ailleurs égales, plus une corde étoit tendue, plus fes vibrations étoient promptes ; qu'à égale tenfion , les cordes faifoient leurs vibrations plus où moins promptement, en même raifon qu’el- les étoient moins ou plus longues ; de forte que deux cordes, par exemple, étant de la même grofleur, éga- lement tendues, & leurs longueurs en raïfon de 1 à 2, la moins longue failoit dans le même tems un nombre de vibrations double du nombre des vibra- tions de l’autre ; un nombre triple, fi le rapport des longueurs étoit celui d’r à 3, &c. M. Taylor célebre géometre Anglois , eft le premier qui ait démontré Tes différentes lois des vibrations des cordes avec quelque exaétitude, dans fon favant ouvrage intitu- lé , methodus incrementorum direëla 6 inverfa, 1715; & ces mêmes lois ont été démontrées encore depuis at M. Jean Bernoulli dans le rose IT, des mémoires de l’académie impériale de Perersbourg. On n’attend pas fans doute de nous que nous rapportions ici les théo- ries de ces illuftres auteurs , qu’on peut voir dans leurs ouvrages, & qui ne poutroient être à la por- tée que d’un très-petit nombre de perfonnes. Nous nous contenterons de donner la formule qui en ré- fulté, & au moyen de laquelle tout homme tant foit peu initié dans le calcul pourra connoître faci- lement les lois des vibrations d’une corde tendue. Avant que d’expofer ici cette formule, il faut remarquer que la corde fait des vibrations en vertu de l'élafticité que fa tenfion lui donne. Cette élafti- cité fait qu’elle tend à revenir toùjours dans la fi- tation reûtiligne 4 B ; & quand elle eft arrivée à cette fituation reétiligne, le mouvement qu’elle a acquis, en y parvenant , la fait repañler de l’autre côté, précifément comme un pendule. F. PENDULE: Or cette force d’élafticité peut toùjours être com- parée à la force d’un poids, puifqu’on peut imagi- ner toljours un poids qui donne à la corde la ten- fion qu’elle a. Cela pofé , fi on nomme L la longueur de la corde, M la maffe de la corde ou la quantité de fa matiere, P la force du reflort de la corde, ou plütôt un poids qui repréfente la force avec laquelle da corde eft tendue ; D la longueur d’un pendule don- né, par exemple, d’un pendule à fecondes, p le rapport de la circonférence d’un cercle à fon diame- tre, le nombre des vibrations faites par la corde du- ant une vibration du pendule donné D , fera expri- dE PRE TO PAP TS De-là il s'enfuit, 1° que fi les longueurs L , & les mafles M de deux cordes font égales , lesnombres de leurs vibrations en tems égaux feront comme v/ D x P, ou ( à caufe que D eftle même pour tous des deux ) comme y” P, c’eft-à-dire comme les ra= COR cinès des nombres qui expriment le rapport des ten* fions. 2°. Que fi les tenfions P & les longueurs L font égales, Les nombres des vibrations en tems égal z % CI L3 LA feront comme ;>jr, c’eft-à-dire en raifon inverfe des racines des mafles , & par conféquent en raifort inverfe des diametres , fi les cordes font de la même matiere. 3°. Que fi les tenfons P font les mêmes ; & que les cordes foient de la même matiere & de la même groffeur, les nombres des vibrations en tems égaux feront en raifon inverfe des longueurs ; car ces nombres de vibrations feront alors comme I =; 0 Co: PA ARE TE quand les cordes font de même groffeut 8 de même matiere, les mafles M font comme les —”: =, I longueurs L, dont 7755 eft alors comme =, ou comme ——. Il eft vifible qu’on peut déduire de la formule gé= nérale p"2XF , autant de theoremes qu’on vou= VLXM dra fur les vibrations des cordes, Ceux que nous ve- nons d'indiquer fuffifent pour montrer la route qui y conduit. Les mêmes géometres dont nous avons parlé, ne {e font pas contentés de déterminer les vibrations de la corële tendue 4 B ; ils ont cherché auff quelle eft la figure que prend cette corde, en faifant {es vibra- tions ; & voici, felon eux, quelle eft la nature de la courbe 4 C B que forme cette corde, Soit D le point de milieu de 4 B, C D la diftance du point de mi- lieu C de la corde au point B, dans un inftant quel- conque : ayant décrit le quart de cercle C'E durayon CD ,foit pris par-tout FN à l’arc correfpondant C M comme D B eft à l'arc CE, le point N fera à la courbe C B ; deforte que la courbe 4 € B que forme la corde tendue, eft une courbe connue par les Géometres fous le nom de courbe des arcs où com= pagne de La cycloïde extrémement allongée. Foy. Com- PAGNE DE LA CYCLOIDE & TROCHOIDE. MM. Taylor & Bernoulli ont déterminé cette courbe d’après la fuppofñtion que tous les points de ® la corde arrivent en même tems à la fituation re@i- ligne Z B. C’eft ce que l'expérience paroit prouver, du moins autant qu’on peut en juger, en exami- nant des vibrations qui fe font prefque toûjours très- promptement. M. Taylor prétend même démontrer, fans le fecours ded’expérience, que tous les’ points de la corde A C B doivent arriver en même tems dans la fituationéreätiligne 4 B. Maïs dans une dif fertation fur les vibrations des cordes tendues, im- primée parmi les mémoires de l’académie royale des Sciences de Prufle, pour l’année 1747, j'ai démon- tré que M. Taylor s’eft trompé en cela; & j'ai fait voir de plus, 1° qu’enfuppofant que tous les points de la corde À C B arrivent en même tems à la fituation rectiligne 4 B, la corde A C B peut prendre une in- finité d’autres figures que celle d’une courbe des arcs allongée; 2° qu’en ne fuppofant pas que tous les points arrivent en même tems à la fituation rec- tiligne, on peut déterminer en général la courbure que doit avoir à chaque inftant la corde 4 B', en fai- fant fes vibrations. Cependant 1l eft bon de remar-- quer, ce que pérfonne n’avoit encore fait, que quel- que figure que prenne la corde 4 CB, en faifant fes vibrations, le nombre de ces vibrations dans un tems donné doit toüjours être le même, pourvû que fes points arrivent en même tems à la fituation reétligne ; c’eft ce qu'on peut déduire fort aifément de la théo- . rie dont nous venons de parler. Je crois donc avoir réfolu le premier , d’une maniere générale, le pro- bleme de la figure que doit prendre une corde vibran- te ; M. Euler l’a réfolu aprèsmoï, en employant pret que exaétement la même méthode, avec cette diffé- rénce feule que fa méthode femble un peu plus fon- gue. V. Les mêm. de l'acad. de Berlin ; 748. Dans es mémoires de la même académie , pour l’année 1750, p. 38 6 Juiv. j'ai donné encore quelques re-. cherches {ur cette matiere, & obfervations fur le mémoire de M. Euler, & fur les vibrations des vor- des. Nous y renvoyons nos leéteurs. (0) CORDE DU TAMBOUR , (Anatomie,) Voy, T'YM- PAN. * CORDE NOUÉE , ( Æff. mod.) Les Chinois &c d’autres peuples, comme les Peruviens,fe font fervis de cordes noces au lieu de caraéteres. Chez les Chi- nois , le nombre des nœuds de chaque corde formoit un caraëtere , & l’aflemblage des cordes tenoit lieu d’une efpece de livre qui fervoit à rappeller ou à f- xer dans l’efprit des hommes le fouvenir de chofes qui fans cela s’en feroient effacées. Les Peruviens , lorfque les Efpagnols conquirent leur pays, avoient des cordes de différentes couleurs , chargées d’un nombre de nœuds plus ou moins grands, & diverfe- ment combinées entre elles à l’aide defquelles ils écrivoient. Voyez CALCUL & ARITHMÉTIQUE. CORDES DE DÉFENSE , ( Marine.) ce font des pa- quets de grofles cordes , ou bouts des vieux éables, qu’on fait pendre le long des côtés des chaloupes &t autres petits bâtimens , pour rompre le choc & em- pêcher qu'ils ne fe brifent contre de plus gros bâti- mens. Voyez PL, XVI. de Marine, fig. 4. cordes de de. fenfe, cotées R. (2) CorpE À FEU: les Arificiers appellent ainfi les mèches dé corde dont on fe fert pour conférver long- tems une petite quantité de feu , & en allumer dans _ 1e befoin. On donne auffi ce nom à une efpece d’é- toupille , qui porte le feu plus lentement que les au- tres. CoORDE A PUITS, ex cermes de Boutonmier ; c’eft üñ enjolivement compofé de deux brins de bouillon entortillés autour l’un de l’autre, qui fe place fur dif- férentes parties du bouton, felon fa figure & la vo- lonté de l’ouvrier. Voyez BOUILLON. Corne, (Comm.) &’eft ainfi qu’on nomme les cha- pelets de verroteries enfilées', qu’on envoye au Sé- négal & autres côtes d'Afrique. * CorpE, (Manuf. d’étoffes.) fe dit en général du tiflu de toute étoffe, lorfqu'il eft dépoullé du ve- louté qui fait fa beauté , & auquel on reconnoit qu'il eft neuf; mais fur-tout des étoffes de laine , lorfque le lainage en eft entierement perdu. CorDE, ( Gazier.) Le gazier ayant à-peu-près le même métier que l’ouvrier en foie, a prefque les mêmes cordes. Voyez ci-après CORDES (Manufait. en OLEs F FE DU ROULEAU , (/rprimerie.) La corde du rouleau d’une preffe d’Imprimerie , eft une corde à quatre brins d'environ un pouce de diametre, qui ert à mouvoir le train. Il y en a ordinairement deux, celle de devant & celle de derriere. Celle de devant, après avoir fait deux tours & demi ou trois tours fur le rouleau où elle eft arrêtée par une de fes extrémités, va fe terminer à la partie antérieure du coffre, où fon autre extrémité eft arrêtée à un petit piton de fer qui s’y trouve : elle fert à faire dérouler le train , c’eft-à-dire à Le faire revenir de deflous la platine. Celle de derriere ne fait qu'un demi-tour fur le rouleau , pafle au-travers de la table, &c va pañler & eft arrêtée fur un autre petit rouleau qui eft deflous le chevalet qui foûtient le tympan : cette . corde fait rouler le train, c’eft-à-dire le fait avancer fous la platine. Voyez nos Planches d’Imprimerte, Les cordes employées dans les machines, ont pref- que toutes leurs noms pris de leur fonétion , ou des Parties de la machine, ou de leur groffeur. Nous avons cru qu’au lieu d'en grofit çet article, 1l fal- Tome IP, | | CE O k 27% loit imieux les renvoyer aux machines auxquelles elles appartiennent. Lu, CoRDE : on appelle ainfi, en terme de Manege , la grande longe qu'on tient autour du pilier où le che- val eft attaché pour le dégourdif , le dénoüer , lui affouplir le corps, lui apprendre à fuir la chambriere, à ne pas galoper à faux ni defuni,& pour le faire ma- nier. Dans les maneges qui n’ont point de pilier, un homme tient le bout de la corde, 8 fe met au milieu du terrein. On appelle auff les cordes des deux piliers , Les /o7- ges du caveffon, lorfque le cheval travaille entre deux pihers ; & on dit qu’on le fait donner dans les cor- des , afin que la contrainte du caveflon lui fafle plier les hanches; lui apprenne à fe foûtenir deflus , & à lever le devant, pour le drefler par-là à être bon fauteur, Voyez SAUTEUR. On dit auf des chevaux qu'ils fozt La corde, pour dire que par la refpiration ils retirent la peau du ven- tre à eux au défaut des côtes. On dit encore que les chevaux ont une corde de farcin , quand ils en ont plufieurs boutons de fuite qui forment comme une corde. ( F) CORDE A SAIGNER , er termes de Maréchallerie 3 eft une petite corde qui {ert à ferrer le cou du cheval lotfqu'on le faigne. (7) CORDE , serme de jeu de Paume, C’eft une grofle corde qu’on attache en-travers des deux côtés d’un jeu de paume, précifément dans le milieu de fa lon- oueur, & à environ quatre piés de hauteur. La corde baifle toüjours vers le mieu de fa longueur , à caufe de fon poids. Depuis la corde jufqu’à terre eft attaché un filet ou rézeau de ficelle, pour arrêter les balles qu'on y jette. Les joueurs quu ne font pas pañler la balle par-deflus la corde, perdent un quinze. Voyez PAUME. CORDE , au jeu de Billard, ce font deux clous attachés fur les bandes des côtés, en-deçà defquels le joüeur qui commence à jouer doit placer fa bille. Corpes, (Relieur.) ficelles de différentes grof- feurs, dont ces ouvriers fe fervent pour faire les nervures des livres. Les livres étant de différens formats , il faut que les nervures foient différentes & les cordes auffi. CORDE A ENCORDER, eft une corde double dont le bout porte un petit vergeon, qui entre dans l’en- taille de l’enfuple de devant ; de-là cette corde pañle {ur le rouleau de la poitriniere , enfuite fur le che- valet, & fe termine par un autre vergeon qui pafle au-travers du bout de la chaine. L’ufage de cette corde eft d’amener l’ouvrage que l’on va commencer {ur l’enfuple de devant : la corde à encorder fert en- core aux enfuples de derriere. Lorfque la chaîne eft finie, c’eft-à-dire que le vergeon {e trouve arrêté pat les braffelets de l’enfuple ; alors on ôte ce ver- geon de fon entaille , fans le dépañfer de dedans les foies qu'il porte ; on pañle les boucles de la corde a encorder dans les deux bouts du vergeon; le ver- geon propre de la corde à encorder fe met dans l’en- taille de l’enfuple qui enroule cette corde : par ce moyen la foie de la chaîne eft employée jufqu’au- près des lifles, & il n’y en a qu'un petit bout de perdu que l’on appelle pére. Voyez PÈNE. * CORDE , (Manufait. en foie.) Il y en a de plu: fieurs fortes. Voici les principales. La corde encordée, groffe corde qui fe roule double fur l’enfuple de derriere, dont les deux bouts font bouclés, afin d’y pañler un bois garni de crochets qui arrêtent & retiennent le compofteur fur lequel {ont enfilées les portées de la chaîne, pour fixer la foie autant près du corps que la tire peut le permet- tre. Ainf la corde encordée de ces ouvriers, eft la mê- me que la corde à encorder des Rubanniers. Voyez l’article précédent ; & l'article re M È 1 52 COR La corde de calqueron eft aflez grofle ; elle fert à faire lever les liffes du fond, &c à rabattre les autres, Voyez CALQUERON. … La corde de jointe eft celle dans laquelle font enf- lés les canons de la jointe. Voyez JOINTE. Corde de gavaffine , voyez GAVASSINE: | Corde de gavaffiniere , corde dans laquelle font en- filées les gavaflinieres. Voyez GAVASSINIERE. Corde de rame , corde de fil à trois bouts, plus grofle que celle de femple, au bout de laquelle, au-deffous des poulies du caflin où elle eft pañlée , ef attachée Parcade. ER Corde de roiet : il y a celle des rouets à canettes, à devider, &c. Corde de femple , corde de fil à trois bouts, dont le femple eft compofé. Voyez SEMPLE. Corde de boyau pour Pourdiffoir ; elle fe roule & fe déroule de deflus une branche de fer pofée à l’arbre de l’ourdifloir, pour faire monter ou defcendre le plot qui conduit les fils de la cantre, felon que la broche fixe qui tourne perpendiculairement fe meut fur elle-même, ou de droite à gauche, on de gauche à droite. Voyez OURDIR & OURDISSOIR. Corde de valet, grofe corde arrêtée par un bout & d’un côté au pié de derriere du métier , autour du- quel elle fe roule trois ou quatre fois , ainfi que dans la moulure de l’enfuple, & dont l’autre bout eff ar- rêté au valet de l’enfuple ; afin de tenir la chaîne ten- due. Cordes de trop , cordes de femples qui n'étant pas fuffifamment tendues , paflent dans les entrelaile- mens du fil qui forme le lac où elles ne fe doivent point trouver, font prifes avec celles qui compofent la figure , & caufent un défaut à l’étoffe. Cordes qui fuivent, cordes qui ne doivent point être tirées, mais qui le font parce qu’elles s’ac- crochent avec celles qu'on tire: cet inconvé- nient arrive fur-tout, quand le lac eft compofé d’un nombre confidérable de cordes. Corde de Pourdiffoir : outre celle dont nous avons parlé , il y en a encore une qui pafle dans la cavité de la roue, qui enveloppe la cage de l’ourdifloir &c lui donne le mouvement dans les barres fixes : lorf- que la corde eft trop tendue, on la place fur une ca- vité de la roue où le diametre eft moins grand; & quand elle ne l’eft pas aflez, on la place fur une ca- vité où le diametre eft plus grand. Voyez OuRDIs- SOIR. CoRDE, (Comm. ) tabac en corde , eft fait de feuuil- les un peu humedtées d’eau de mer , & tordues en- femble, ou filées au rouet: le fil très-long qui en provient, fe dévide fur un bâton pour en faire en- fuite un rouleau. _ CORDE SANS FIN, eft la corde qui entoure la roue ‘dés Tourneuts , Couteliers, & la poulie qui eft mon- tée für l’arbre, par le moyen de laquelle on fait tour- ner l’ouvrage. Voyez les Planches du Tourneur. On l'appelle corde fans fin, à caufe que les deux bouts font joints enfemble ou épiflés, comme les Cor- diers épiffent enfemble deux pieces de cables. Voyez CORDERIE. | * CorDE, 2r/frument de Péche : 1 yena de petites : & de grofles ; elles ont les unes & les autres à leur extrémité un ain où hameçon. Les sroffes fervent à | prendre de gros poiflons, Comme morues, turbots, Yaies , Gc. Pour cet effet, les pêcheurs amarent au bout d’une corde d’un pié de longuñe torche de paille, qu'ils enfotiffent dans Le fable ; ils en frappent à l’au- tre bout une pluslesere longue de trois piés,, au bout de lâquelle éftun gros ain de fer, garni de fon apas. Ils tendent ces pieces où bon leur femble: la marée vénant à monter, amene avec elle des porflons qui mordent aux apas qui couvrent les hameçons ; y reftent attachés, demeurent à fec fur le fable quand COR Ta marée fe retire, & font ramaflés par les pêcheurss Les petites cordes different de celles-ci en ce qu’elles font toutes fixées fur une grande corde, qu’on amare par deux torches d’herbe ou de paille à fon extrémi- té, & de quelques autres difperfées fur la longueur de diftance en diftance; on enfouit toutes ces tor- ches dans le fable. Les ains dont les cordelettes font garnies étant très-petits, il ne s’y prend que de petits poiflons , ceux qui n’ont pas la force d’entraîner les torches enfoiiies, & rompre la cordelette. On fait auffñ la pêche des cordes en mer; mais elles font ama- rées à. des chaloupes, d’où elles defcendent dans les eaux: en ce cas elles ne different guere du libouret. Voyez LIBOURET SIMPLE. Les petites cordes de cette efpece prennent des foles , des merlans, des liman- des, &c. En été, les ains ou hameçons font amorcés de vers ; enhyver, de crabes, chevrettes, & autres qu’on prend à la chaufle. Il y a des endroits où l’on tend les petites cordes fur des piquets le long des ri- vagés, au moyen de la longue corde fur laquelle elles font frappées. On a recours à cet expédient pour empêcher, dans les chaleurs {ur-tout, le crabe de manger le poiflon pris, avant qu’on ait eu le tems de le relever. Il y a d’autres cordes qu’on nomme dans l’amirauté de Saint-Brieux, srajets ou cordées ; elles fe tendent à pié à la baffle eau, & ne different des autres que dans la maniere de les tendre. On les difpofe en-travers de la marée montante ; & quand le pêcheur imagine que le poiflon a mordu l’ain dont chaque pile eft garni, il releve les trajets en les ha- lant par le bout de la ligne qu’il a mife à terre, & empêche ainfi les crabes & araignées de s’y jetter. Les lignes des pêcheurs du Croïfic , dans lamirauté de Nantes, font armées autrement que celles des pêcheurs du canal : leurs lignes ont depuis trente jui- qu’à quarante brafles de long ; au bout eft frappé un. morceau de plomb, queles pêcheurs nomment celle, parce qu’il fait tomber la ligne ; 1l pefe environ une livre & demie; 1l a la forme du corps d’une petite chaloupe haute à arriere , & obtufe pardevant, en- forte que la grande épaiffeur du plomb eft à Parriere ; un petit organeau de cordage pañle dans le petit bout , & eft frappé fur la ligne qui a trente-fix à quarante brafles de long. Sur cette ligne, au-deflus du plomb , à environ une brafle, eft frappé l’hame- çon fur une pile, échampeau, ou coublette , de trois quarts de brafle au plus ; à l’autre organeau qui eft au gros bout du plomb, font frappées deux autres coublettes , armées d’un ain chacune; de ces cou- blettes , l’une a feulement demi -brafle delong , & l’autre brafle , afin que ces hameçons étant de lon- gueurs incpales , le poiffon puiffe les rencontrer plus facilement. Les petites lignes à doubles ains {ont montées en libouret, avec un plomb d'environ une demi-ivre outtrois quarterons , afin qu'elles calent ; la pile amarée au-deflus du plomb eft double, ave un ain ou claveau. | Les cordes ou lignes de pié à pile , en ufage dans l’amirauté de Boulogne , font des efpeces de lignes qui fe tendent fur les fables qui bordent le pié des falaifes. Chaque piece de lignes eft de cinquante à foïxante brafles de longueur. Les piles ou ficelles qui tiennent les hamecçons, font frappées fur le baufe ou la grofle hgne, de diftance en diftance ; chaque pile eft chargée d’un petit corceron onflotteron de liége.-Les pêcheurs étendent ces lignes de toute leur longueur fur les fables , où ils énfouiflent le baufe ou la groffe ligne, d'environ trois pouces : ainfi la marée qui furvient fouleve les piles, & fait volti- ger les apas. Dans les tems chauds où la côte eft couverte de bourbe & d’araignées, cettepêche ceffe, les araignées s’attachant aux poiflons pris. Dans le reflort de l’amirauté de Poitou, ou des fables d'Olonne, les pêcheurs font des lignes avec lefquelles ils font la pêche des chiens de mer, plies, claires , pofteaux, & autres gros poiflons. Ils n’em- ployent les petites qu’à la pêche des moindres efpe- ces: mais les vafes empêchant les pêcheurs du Poi- tou d'étendre leurs hamecçons de plat en cordées ou trajets, comme font les pêcheurs Bretons , ils foû- tiennent les pieces de leurs aplets de 30 brafles de long ; & les ains en font frappés de brafle en braffe avec des perches par les bouts , pour que la boîte ou l’appié flotte à la marée , & que les poifflons qui s’y prennent ne traînent pas de baffle -mer fur vafes où ils feroient attaqués aufli-tôt par les araignées & les chancres. Cette précaution eft fur- tout néceffaire’ pour la pêche des poiflons qui fe prennent aux plus petits ains. : Les gros tems qui empêchent les pêcheuts de for- tir du port, rendant impofñlble l’ufage des cordes en mer, ceux de l’amirauté du Bougd’ault fe font avifés, pour ne pas perdre leurs apas, de tendre en cordes ou lignes de pié, à la côte &c fur les greves qui bor- dent le rivage. . Dans le reflort de l’amirauté de Saint-Brieux , on appelle arrozelles les cordes, lignes, ou trajets de piés. } # CorDE DE BOIS, (Marchand de bois.) certaine quantité de bois à brûler, ainfi appellée patce qu'au- trefois on la mefuroit avec une corde, Voyez ME- SURE. . Ce bois doit avoir quatre piés de long : on le me- fure préfentement entre deux membrures de quatre piés de haut, éloignées l’une l’autre de huit. CORDÉ, adj. (Jardin. ) on dit qu'une rave ou une poire eft cordée, quand elle eft devenue creufe, molle , & que fes fibres font durs comme du bois; le goût alors eneft infipide. (X) v. CoRDÉ, adj. serme de Blafon. Quelques auteurs prétendent qu’on entend par croix cordée , une croix entortillée de cordes, quoique d’autres, avec plus de vraïflemblance , veulent que ce foit une croix faite de deux morceaux de cordes. Voyez CRo1x. Ce motfe dit auffi des luths, harpes, violons, & autres inftrumens femblables, aufli-bien que des arcs à tirer, lorfque leurs cordes font de différent émail. Arpajou en Rouergue, d’azur à une harpe cordée d’or. Voyez Chambers & Trevoux. (F°) CORDEAU, f. m. (Charpenr.) eft une petite cor- de faite avec du fil fin, & qu’on nomme communé- ment foxet, dont fe fervent les Charpentiers pour al- ligner leurs pieces de bois, & pour marquer deflus des lignes blanches pour les tracer. Les Jardiniers ont auffi leurs cordeaux : c’eft une efpece de compas dont deux piquets de bois ou plan- toirs, l’un placé à l’un des bouts &c l’autre fixé à l’au- tre bout , font la fonétion de pointes. Fichés tous les deux en terre, 1ls dirigent le Jardinier quand il veut ‘planter en ligne droite. Si Pon fiche lun, on peut décrire un arc de cercle ou un cercle entier fur la terre avec l’autre, & un grand nombre d’autres f- gures. | Les Architeétes , les Arpenteurs, fe fervent du mème inftrument. | CoRDEAUX , (Manufait. en laine.) efpeces de li- fières faites à certaines étoffes de la laine la plusbañe. On les nomme cordeaux de leur façon , qui leur don- ne de la reflemblance avec une corde. CORDÉE, adj. ez Medecine , fe dit d’une inflam- mation & contraction du frænum & de la partie du penis qui eft en-deflous , laquelle rend l’éreétion dou- loureufe. Elle arrive dans les gonorrhées, & eft plus ou moins violente , à proportion que la gonorrhée eft plus où moins virulente. Elle fait quelquefois beau- coup fouffrir. Voyez GONORRHÉE & CHAUDEPISSE. Elle procede de l’acrimonie de la matiere qui def- COR 213 cend de l’uretre, laquelle irrite le deffous de la ver ge; ce qui fait que le penis , & fingulierement Le fræ- num, eft fortement tiré en embas dans l’éreétion. Quand l’acrimonie eft confidérable , elle caufe quel- quefois des érettions non-naturelles , ou le fympto= me appellé préapifime. Voyez PRIAPISME. S1 le fymptome eft violent, & que dans une 90: norrhée 11 foit plusopiniâtre que les autres , on don- nera avec fuccès un émétique de turbith minéral , le- quel opérera une révulfon. Les faignées, les délayans & adouciffans ,itels que le petit-lait, les émulfions anodynes, &c. les cataplaf- mes émolliens , & les fomentations de même vertu , operent efficacement le calme f defiré dans cette maladie, ( Y * CORDELAT, f. m. (Drap.) étoffe qui fe fabri que en plufieurs endroits, à Aufch en Auvergne, à Langogne, en Languedoc, à Romorentin , en Rouer- gue, dans les vallées d’Aure, à Montauban, Nebou- fan , pays de Foix, Gc. Elle varie dans fa longueur } largeur, & fabrication, felon les endroits. En Lan- guedoc elle doit avoir, quand elle eftétroite, vingt- huit portées de trente-deux fils chacune pañlées dans des lames & rots de quatre pans mefure de Mont- pellier, ou cinq fixiemes d’aulne mefure de Paris, pour revenir du foulon à la largeur de demi-aulne prife éntre les lifieres. Quand elle eft large, elle a trente-quatre portées de trente-deux fils chacune ; pañlées dans des lames & rots de cinq pans de 1ar- geur mefure de Montpellier, ou une aulne un vingt- quatrieme mefure de Paris, pour revenir du foulon à demi-aulne demi-quart, de la derniere mefure entre les deux lifieres. Les cordelats appellés redirs ont trente-quatre portées de trente-deux fils chacune; & font pañlées dans des lames & rots de cinq pans de largeur mefure de Montpellier , pour revenir au retour du foulon, à demi-aulne demi-quart, les li- fières comprifes. Les cordelars qui fe fabriquent dans les autres manufaétures, font aflujettis aux mêmes regles. Il eft permis de les teindre au petit teint. Les cordelats de Montauban, tant blancs que mêlés , doi- vent avoir, felon les reglemens, quarante-quatre portées de quarante-fils chacune, pafñlées dans des peignes appellés dix-huir, de quatre pans trois quarts ou cinq fixiemes &c demi-aulne de large, pout avoir au fortir du métier quatre pans un quart ou @inq fi- xiemes d’aulne ; & au retour du foulon, trois pans ou demi-aulne & un douzieme de large. Et lorfque les chaînes feront filées plus groffes, on les pourra fabriquer à quarante-une portées & demie de qua- rante fils chacune, dans des peignes appellés dix- Jept, leur confervant toutefois les largeurs ordon- nées, tant au fortir du métier qu’au retour du fou: lon. Les cordelars de Romorentin ont ciriquante-fix portées de trente-deux fils chacune ; & trente-deux aulnes d’attache de long , dans des lames & rots d’u- ne aulne & demi-quart y compris les lifieres, pour être au fortir du foulon d’une aulne de large, & de vingt-une à vingt-deux aulnes de long. Il eft permis au Nebouzan, pays de Foix, &c. de leur donner telle longueur qu'ils voudront, pourvû qu'ils ayent de large deux pans un tiers mefure du pays. Voyez Les replem. des manufait. | CORDELER , v.n. (Drap.)voyez l’art. DRAP ox DRAPERIE. * CORDELI, adj. ( Ferrerie. ) épithete que l’on donne au verre, lorfque le four étant un peu froid , il yaura dans le pot une partie de verre qui deviendra plus dure que l’autre, -& qu'ayant pris avec la can- ne de l’une & de l’autre en cueillant, on en aura foufflé une piece dans laquelle on appercevra com- me de la ficelle, tantôt groffe , tantôt menue. Com- me ces traces font d’une qualité différente du refte de l'ouvrage, elles le feront caffer: elles font à-peu- 214 COR près de la nature des larmes qui tombent de la cou- tonne du four dans les pots, & qu'il en faut foigneu- fement ôter. x CORDELIERS, fm. (if. eccléfiafi.) religieux de Pordre de S. François d’Affife, inftitué vers le com- “mencement du xi. fiecle. Les Cordeliers font habillés d'un gros drap gris : ils ont un petit capuce ou cha- peron, un manteau de la même étoffe , & une cein- tire de corde noüée de trois nœuds, d’où leur vient . le nom de Cordeliers. Ils s’appelloient auparavant pauvres mireurs, nom qu'ils changerent pour celui de freres mineurs ; ce pauvre leur déplut. Es font cepen- dant lesprenuers qui ayent renoncé à laproprièté de toutes pofleffions temporelles. Ils peuvent être mem- bres de la faculté de Théologie de Paris. Plufieurs ont été évêques, cardinaux, & même papes. Ils ont eu de grands hommes en plufeurs genres, à la tête defquels on peut nommer le frere Bacon , célebre par les per- fécutions qu'il eAuya dans fon erdte, 8 par les dé- couvertes qu'il fit dans un fiecle de ténebres. Voyez l’article CHYMIE. Quoique cet ordre n’aït pas eu en tout tems un nombre égal de noms illuftres , 1l n’a ceflé dans aucun de fervir utilement l’Eglife & la fo- ciété ; & il fe diftingue fingulierement aujourd’hui par le favoir , les mœurs , & la réputation. Voyez CAPUCHON. CORDELIERE, {. f. (Hiff. ecclef.) religieufe du même ordre que les Cordeliers, & portant auff la ceinture de corde noûée. CoRDELIERE, fub. f. ez Architeëlure , eft un petit ornement taillé en forme de corde fur les baguettes. CORDELIERE , cerme de Boutonnier, eft une efpece de pilier fait de plufieurs rangs de bouillons coupés de la même longueur, qui foûtient des amandes ou autres ornemens de boutons. Tous ces rangs font égaux, & attachés lun au-deffus de Pautre avec une foie de grenade cirée. Voyez BOUILLON & AMaAN- DE. Les cordelieres ont le plus fouvent appuyées d’un U double. Voyez U DOUBLE, | * CORDELIERES , (Manufait. en drap.) ce font des ferges qui ont vingt-deux aulnes de longueur en toi- le, avec pouce & aulne , & trois quartiers un pouce de largeur, pour être au fortir du pot , &c avant que d’être étendues , de vingt aulnes & un quart de long, & de demi-aulne & demi-quart de large. Ailleurs on les ordonne de trois quarts un pouce de large, & de vingt-trois aulnes de long , à foixante-douze portées au moins, trois quarts un pouce de large en toile, & vingt-deux aulnes de long. #, des regl. des Mannf. CORDELIERE , dans la pratique de l'Imprimerie, s'entend d’un petit rang de vignettes de fonte qui fe mettent au haut d’une page, & dont on forme un cadre pour l’entourer : on ne s’en fert aujourdhui que pour entourer des enfeignes de marchands, des avis aux ames dévotes, & autres bilboquets. On met aux éditions recherchées des filets oureglets fondus d’une piece, fimples, doubles , ou triples. Voyez BizBo- QUET. = COoRDELIERE: on appelle ainf, ex termes de Bla- for, un petit filet plein de nœuds que les veuves & les filles mettent en forme de cordon autour de l’écu de leurs armes. CORDELIERE DES ANDES, (Géog. rod.) ou fim- plement CORDELIERE, que d’autres appellent im- proprement /a Cordiliere ou les Cordilieres , eft le nom que l’on donne à une haute chaîne de montagnes du Pérou , dont M. Bouguer nous a donné une defcrip- tion circonftanciée dans la premiere partie de fon ouvrage fur la figure de la terre. Voici un extrait fort abregé de cette defcription. M. Bouguer, après avoir décrit la partie du Pérou comprife entre la mer & la Cordeliere, obferve d’a- bord que prefque toutes les rivieres qui découlent de la Cordeliere dans la mer du Sud, font des torrens im- COR pétueux. L'auteur, après avoir iarché & monté avec beaucoup de peine durant plufeurs jours, & traverfé non fans danger quelques-uns de ces tor- rens , arriva au pié d’une haute montagne nommée Chimboraco, qui eft une de celles de la Cordeliere, Poyez ATTRACTION DES MONTAGNES. Au pié de cette montagne 1l fe trouvoit déjà au-deflus des nua- ges, dans une région où il ne pleut jamais. Parvenu en haut, il voulut defcendre, & fut bien étonné de trouver de l’autre côté un pays doux, agréable , & tempéré, bien différent de celui qu’il quittoit. La Cor- … deliere et proprement compofée, dans fa plus grande partie, de deux chaînes de montagnes paralleles, en- tre lefquelles eft une vallée qui poufroit elle-même pañler pour une montagne, étant fort élevée au-def- fus du niveau de la mer. C’eft dans cette vallée qu” eit fituée Quito, & la plus grande partie de fa pro- vince ; l’élevation du fol, jointe au voifinage des montagnes couvertes de neige, & à l'égalité des jours & des nuits pendant toute l’année, fait que Le climat y eft tempéré, & qu’on y jouit d’un printems perpé- tuel. Le thermometre de M. de Réaumur s’y main- tient entre quatorze à quinze degrés. Quito et au pié d’une montagne nommée Pichincha, où on monte à cheval fort haut. Le pié de la plüpart des montagnes eft une terre argilleufe, qui produit des herbes, & le fommet n’eft qu’un monceau de pierres, Le froid, fur Pichincha & fur les autres monta- gnes, eft extrème; on y eft continuellement dans les nuages; le ciel y change trois ou quatre fois en une demi-heure, &z le thermometre y varie quelque- fois de dix-fept degrés én un jour. Le mercure s’y foûtient à feize potes une ligne, & à vingt-huit pouces une ligne au niveau de la mer. On voit quel: quefois fon ombre projettée fur les nuages dont on eft environné , & la tête de l’ombre eft ornée d’une efpece de gloire formée de plufieurs cercles concen: triques , avec les couleurs du premier arc-en-ciel, lé rouge en-dehors. Voyez AR C-EN-CIEL. La hauteur du fommet pierreux de Pichincha , qui eft 2434 toiles au-deflus du niveau de la mer, eft à- peu-près celle du terme inférieur conffant de la neige dans toutes les montagnes de la zone torride. Nous difons cor/fant ; car la neige fe trouve quelquefois 900 toifes au-deflous. Quelques montagnes font plus bafles que ce terme, d’autres font plus hautes ; & on ne peut les efcalader, parce que la neige fe conver« tit en glace. La neige fe fond néanmoins plus haut, dans les montagnes qui produifent des volcans. Foy. VoLcanx. Cette ligne du terme inférieur conftant de la neige eft plus bafle,comme cela doit être : plus loin de l'équateur , par exemple, au pic de Ténerif, elle n”eft élevée que de 2100 toifes. M. Bouguer obfer= ve qu'il devroit y avoir aufli un terme conftant fu- périeur, s’il y avoit des montagnes affez hautes pour que les nuages ne paffaffent jamais qu’à une certaine diftance au bas de leur fommet ; mais nous ne con- noiflons point de telles montagnes. Dans tous les endroits élevés de la Cordeliere ; lorfqu’on pañle de l’ombre au foleil, on reflent une plus grande différence qu'ici pendant nos plus beaux jours dans la température de lair : c’eft que fur ces hautes montagnes defertes & couvertes de neige, & où l’air eft plus rare, la chaleur vient principalement de l’a&ion direte & immédiate: du foleil ; au lieu que dans la partie inférieure de la terre elle tient à plufieurs autres caufes. Voyez CHALEUR. MM. Bouguer & de la Condamine font montés fur Pichincha au-deflus du terme conftant de la neige, à 2476 toiles de hauteur; le barometre y étoit à 15 pouces o lignes, c’eft-à-dire plus de 12 pouces plus bas qu’au bord de la mer: jamais on n’a porté de ba- rometre aufli haut, | La chaine occidentale de la Cordeliere contient beaucoup d’or, de même que le pié de Porientale, Les montagnes des environs de Quito paroïflent con- ténir peu de parties métalliques, quoiqu'on y trouve quelquefois de l'or en paillettes. Foyez un plus long détail dans l'ouvrage cité de M. Bouguer ; voyez auffr La relation de M. dé la Condamine /ur le méme fujet dans fon journal hiflorique. (0) CORDILIERE , voyez CORDELIERE. * CORDELINE, £. f. (Manufaë. en foie.) , fils de foie où de fleuret fervant de lifiere à létofte. * CoRDELINE , (Verrer.) On donne ce nom dans les verreries à bouteilles , à une petite tringle de fer d'environ quatre piés huit pouces de long , que louvrier prend d’une main, & qu’il trempe chaude dans le pot, pour en tirer de quoi faire la cordeline qui entoure l'embouchure de la bouteille ; ce qui fe fait en attachant l’efpece de mammelon qui pend, & tournant en même tems l’infirument de la main gau- che. CORDELLE , f. f. ( Marine.) terme de marine dont on fe {ert pour fignifier une corde de moyenne groffeur dont on fe fert pour haler un vaiffeau d’un lieu à un autre; par exemple, dans la Charente on hale les vaifleaux à la cordelle. On donné encore ce nom à la corde qu fert à conduire la chaloupe d’un navire qui eft dans le port, de terre à ce navire. (Z) CORDER , v. a. (Comm.) C’eft affermir l’en- veloppe d’un ballot, les deffus d’une cafe, en les entourant d’une corde ferrée aw bâton. CORDER , cerme de Marchand de bois ; c’eft le me- furer à la corde ou à la membrure. Voyez; CORDE & MEMBRURE. CoRDER, er terme de Wergetier; c’eft nouer & entrelacer les cordes à boyau d’une raquette les unes dans les autres, pour en faire une efpece de treillis. : CORDERTIE, fubft. fémin. ( Marine. ) C’eft le nom que l’on donne à un grand bâtiment cou- vert, fort long & peu large, deftiné dans un arfenal de matine pour filer les cables & cordages néceffai- res pour les vaifleaux du Roï. Voyez PI. VII. part. 3. n. 6. le plan d’une corderie de 200 toifes de long fur 8 toifes de large. (Z). * CoRDERIE, (Ord. encyclop. Entend. Mémoire. Hif. Hifi. de la nat. Hiff, de la nat. employée. Arts méchan. Cord.) C’eft l’art de faire des cordes. Une corde éft un compofé long, cylindrique, plus ou moins flexible , on de lin, ou de laine, ou de coton, ou de rofeau, ou d’écorce de tilleul, ou de foie , ou de chanvre, ou de cheveux , ou d’autres matieres femblables, tortillées ou fimplement ou en plufieurs doubles fur elles-mêmes. Si la portion de matiere tottillée fimplement fur elle-même eft menue, elle prend le nom de f/, voyez FIL. Il y a encore des cordes de boyau, deiéton, de cuivre, de fer, &c. maïs il femble qu’on ne leur ait donné ce nom que par la reflemblance qu’elles ont pour la flexibilité, la forme, & même l’ufage , avec celles de chanvre. Les cordes de chanvre font les feules qui fe fabri- quent dans les corderies. Voyez 4 l'art. BOYAUDIER là mamere de faire les cordes à boyau; à l’article TRIFILERIE 04 GROSSES FORGES , la fabrication des fils de fer ; à l’article CUIVRE 0% LÉTON, celle des cordes de léton. Nous avons laiflé à l’article CHANVRE cette matiere toute prête à pañler entre lés mains du cordier. Nous allons la reprendre ici, la tranfporter dans l’attelier des fileurs , & de cet attelier dans celui des commetteuts , jufqu’à ce que nous en ayons formé des cordes de toute efpece. Des Fileurs. Les filaméns de chanvre qui forment le premier brin, n'ont que deux ou trois piés de longueur ; ainfi pour faire une corde fort longue, il faut placér un grand nombre de ces filamens lesuns au bout des autres, & les aflemblerde maniere qu'ils COR 21$ topent plutôt que de fe defunir , c’eft la propriété principale de la corde; & qu'ils réfiftent le plus quil eft pofhble à la rupture, c’eft la propriété difinétive d’une corde bien faite. Pour aflembler les filamens, on les tord les uns fur les autres, de maniere que l'extrémité d'une portion non aflemblée excede toù- Jours un peu l'extrémité de la portion déjà tortillée. Si l’on fe propofoit de faire ainfi une grofle corde, on voit qu'il feroit dificile de la filer également, (car cette maniere d’aflembler les filamens s’appelle filer) , & que rien n’empêcheroit la matiere filée de cette façon, de fe détortiller en grande partie ; c’eft pourquoi on fait les groffes cordes dé petits cordons de chanvre tortillés les uns avec les autres ; & l’on prépare ces cordons, qu’on appelle #7 de carrer, en aflemblant les filaméns de chanvre, comme nous venons de l’infinuer plus haut , © comme nous allons ci-après l'expliquer plus en détail. L'endroit où fe fait le #7 de carrer, s’appelle la filerte. Il y a des fileries de deux efpeces, de cou- vertes & de découvertes. Celles-ci font en plein air, fur des remparts de ville, dans des foffés, dans! les champs, &c. Celles-là font des galeries qui ont jufqu'à 1200 piés de long fur 28 de large, & 8 à 9 de haut. | Il eft évident qu’on ne laïfle pas les inftrumens dans les fileries découvertes ; les marchands qui y travaillent font donc obligés de les avoir portatifs. Leur rouet, tel qu’on le voit à la PJ. IT, eft com- pofé d’une roue, de montans qui la foûtiennent, d’une grofe piece de bois qui fert d’empatement à toute la machine, & de montans qui foütiennent des traverfes à couhffes, dans lefquelles la planchette eft recüe ; de façon qu’on peut tendre ou détendre la corde à boyau qui pañle fur la roue, en rappro- chant ou éloignant la planchette qui porte les mo- lettes qu’on voit à terre détachées enabc, abc. a eft un morceau de bois qui fert à attacher la mo- lette à la planchette par de petits coins. à eft La broche de fer de la molette ; elle eft recourbée par un bout , l’autre traverfe le morceau de bois a ; & rivé en « fur une plaque de fer, il peut tourner fur lui-même. c eft une petite poulie fixée fur la broche; la corde de boyau pañle fur cette poulie, &c la fait tourner avec la broche. Les molettes font toüjours difpofées fur la planche , de maniere qu’une feule corde de boyau peut les faire tourner toutes à la fois. Ce feroit une chofe à examiner, fi cette difpo- fition n’eft pas telle en plufieurs cas, qu’une des mo- lettes tournant plus vite qu’une des autres , les fils qui en partent ne font pas également tords. Les rouets des corderies de ‘roi font différens ; ils font plus folides, & ils fervent en même tems à onze ouvriers. Le poteau a eft fortement aflujetti au plancher de la filerie ; 1l foûtient la roue /. A la par- tie fupérieure du poteau , au-deflus de l’efieu de la roue , eft une rainure où entre la piece de bois 2, que les liens c, c retiennent, & à laquelle eft atta- chée la piecee, qu’on appelle la crozfille, La croi- fille porte les molettés ou cubes 7, 77, au nombre de fept ou onze. La même corde les fait tourner toutes difpofées circulairement. La piece b eft af- femblée à couhfle avec le poteau 4, pour qu'on puifle tendre ou détendre à difcrétion la corde de boyau qui pafle de deffus la roùe fur !a croifille qui eft verticalement au-deflus. Les crochers des mo- lettes les plus élevées, font quelquefois au - deffus’ de la portée de la main ; c’eft pour y atteindre qu’on. voit une efpece de marche-pié où pont en B. Le fi- leut accroche fon chanvre ; on tourne, & le fil fe fait. Mais à peine cet ouvrier eft:il éloigne du roûet de cinq à fix brafles, que le fil ourdi toucheroït à terre, fi on ne le tenoit élevé dans les corderies de’ roi, fur des crochets fixés aux tirans de la charpente, 316 COR au à des travérfes légeres G, & dans les filèries de marchands, fur des rateliers G fichés ou en terre ou dans des-murs, Le fileurrecule à mefure que le fl fe tord: 1lpar- vient enfin à gagner le bout de la filerie : il faut alors dévider ce fl d'environ cent braffes de long. Cela fe fait fur des efpeces de grandes bobines appellées-ou- rets, qu'on voit en £, D. La conftruétion en eft fi fimple, qu'il eft inutile de l'expliquer. Il y en a qui peuvent porter jufqu'à 500 livres de fil de carret. Quant à la manœuvre du fileur., la voici. Il a autour de fa ceinture un peignon de chanvre aflez gros pour fournir le fil de la longueur dela corderie. Il monte fur le pont. Il fait à fon chanvre une petite boucle, il l’accroche dans la molette la plus élevée ; le chan- vre fe tortille : à mefure que le fl fe forme, il re- cule. I a dans fa main droite un bout de lifiere s, qu’on appelle paumelle ; il en enveloppe le fil déjà fait , il le ferre fortement en tirant à lui (ce mouve- ment empêche le fil de fe replier fur lui-même, où de fe griper), l’allonge, & lui conferve fon tor- tillement. Il defferre enfuite un peu, le tortillement pafle au chanvre difpofé par la main gauche ; il re- culé , la Hifiere fe trouve alors fur le dernier fil tor- tillé : il traite ce fil avec la lifiere , comme le préce- dent, & il continue ainf. Quand ce premier fileur, qu’on appelle le mañrre de roïie, eft à quatre à cinq brafles , deux autres fileurs acérochent leur chanvre aux deux molettes fuivantes ; deux autres en font autant après ceux-ci, & ainfi de fuite jufqu’à ce que toutes les molettes foient occupées. Quand le maître de rotie a atteint le bout de la fZerie, il avertit ; on détache fon fil du crochet de la molette; on le pafle dans une petite poulie x, placée au plancher de la filerie ; on l’en- veloppe d’une corde d’étoupe qu’on appelle /varde; on charge la livarde d’une pierre 7, z; on porte le même bout fur le touret: un petit garçon tenant le fil enveloppé d’une autre livarde, le conduit fur le touret, fur lequel il fe place tandis que le touret tourne ; il le frappe même d’une palette, pour qu’il fe ferre mieux fur le touret. Voyez cette manœuvre. en D. Le fil s’unit en paflant par les livardes de la pierre & du petit garçon ; il perd même un peu de fon tortillement , qui étant porté en arriere, fait crif- per l'extrémité z du fil, & contraint le fleur à lui permettre de fe détordre. Il y a des fileurs qui, pour laifler cette partie du détortillement s’épuifer en en- tier, attachent l'extrémité qu’ils ont en leur main, à an petit émernillon. Le maître de roûe rendu au crochet, décroche le fil de l’ouvrier le plus avancé vers le bout de la cor- derie ; il l’épifle ou tortille au bout du fien, & le met en état d’être dévidé ; celui-ciarrivé, en fait au- tant, & tout ce qu'il y a de fil fait fe dévide tout de fuite fur le touret, Quand il eft plein, on laccroche au palant D ; & en halant fur le garent, on le dé- gage de fon eflieu, & on y en fubftitue un autre. On tran{porte le premier au magafin , d’où il va à l’étuve pour être goudronné, ou à la corderie , pour y être commis en franc funin blanc. Il arrive quelque- fois que l’étuve étant dans la corderie, le fil paffe au goudron tout au fortir des nains du cordier, & avant que d’être dévide fur le touret. _ Il y a des corderies où l’on fait ménager le tems. Pour cet effet il y a des rouets &z des tourets aux deux bouts, & le fileur commence un nouveau fil à l'extrémité où il eft arrivé, tandis qu'un petit gar- çon dévide le fil qu'il a filé, fur le touret placé à côté du rouet où il commence fon nouveau fil ; d'où il arrive que le fil filé eft dévidé à broufle poil, ce qui le rend un peu plus velu , & plus propre au gou- dron, quand il doit le recevoir tout de fuite, L'autre COR faniere eft, felon M. Duhamel, meilleure pour le cordage blanc. | Le fileur a foin de féparér du chanvre, à mefuré qu'il le file, les pattes, les parties mal travaillées, &c. ce qui lui tombe de bon, eftramaffé par des en- fans qui font chargés de ce foin. On file le fil de car- ret à ec, fans quoi il fe pourriroit fur Les tourets ; où 1l refte quelquefois long-tems. La feule humidité qu'il reçoive eft de la paumelle qu’on trempe dans l’eau à Marfeille, pays chaud, où elle eft prompre-: . ment diflipée. Le fil, pour être bien filé, doit être uni, égal, fans meche, & couché en longues lignes fpirales. Il y a des fileurs qui, après avoir prolongé le chanvre fuivant l’axe du fil 4, en-prennentune pincée de la main droite x, & la fourent au milieu des filamens, tu. Sion examine comment ce chanvre fe tortille, on trouvera que le chanvre : z fe prolongera felon. : l’axe du fil, en fe tordant par de longues hélices, pendant que la partie x fe roulera fur l’autre :en hé- lices courtes, comme fur uné meche, ce qu’on voit en y. D’autres tiennent tous leurs filamens paral- leles, 7, èn forment comme une lamiere platte entre le pouce & les doigts de la main gauche, & contrai- gnent les filamens à fe rouler les uns fur les autres en longues hélices allongées 7, fans qu'il y ait de meche. Il eft évident que cette dermiere façon eft la meilleure. © Nous avons dit que les fleurs mettoient les pei- gnons autour d'eux, c’eft ce qu'on appelle fer a Lz ceinture ; mais en province prefque tous les mar- chands font filer 4 la filouje ou 4 la quenouille. Dans ce fecond cas, le fileur F tient une longue perche de fept à huit piés, chargée d’une queuë de chanvre peignée, comme nos fileufes leurs quenouilles ; if fournit le chanvre de la droite, & ferre le fil de la gauche avec la paumelle. Les expériences ont prou- vé que le fil filé à la ceinture étoit plus fort que le fE filé à la quenouille. On ne peut douter que le plus ou moins de tor-= tillement n’influe fur laforce du fil. Pour déterminer ce point, il ne s’agifloit que d'expériences; mais par l'expérience on a trouvé en général que le tortille- ment ne peut avoir lieu, fans affoibhir les parties - qu'il comprime : d’où l’on a conclu qu’il étoit inutile de le porter au-delà du pur néceflaire, ou du point précis en-deçà duquel ces filamens , au lieu de rom pre, fe fépareroïent en gliffant Les uns fur les autres ; 8 que pour obtenir ce point 1l falloit déterminer, d’après l’éxpérience , quel devoit être le rapport entre la marche du fileur & la vitefle du tourneur. Une autte quantité non moins importante à fixer, c’étoit la groffeur du fl. L'expérience a encore fait voir qu'il ne falloit pas qu'il eût plus de trois lignes & demie, ou quatre lignes & demie ; obfervant toutefois de proportionner la groffeur à la finefle, de filer plus gros le chanvre le moins affiné, &c de rendre le fl le plus égal qu'il eft poffible. : Onze fileurs qui employent bien leur tems, peu- vent filer jufqu’à 700 hivres de chanvre par jour. II y a du fil de deux, & quelquefois de trois groffeurs. Le plus groffier fert pour les cables, & on l’appelle. fil de cable ; le moyen pour les manœuvres dormantes & courantes, & on l’appelle f7 de hautban ; & le plus fin pour de petites manœuvres, comme pour les lignes de loc, le lufin, le merhn, le fil à coudre les voiles, &c. Cr On entafle les tourets chargés.de fil les uns fur les autrés ; on ménage feulement de l’air entreux, on en tient Le magafin frais & fec. Il eft bon que ce ma- gafin foit à rez de chauflée ; quelle fol en foit élevé au-deflus du niveau des terres; qu'il foit couvert de terre glaife; qu’on ait pavé fur la glaife à chaux & à ciment, que ce payé foit convert de Hanghes e COR de chêne, & que des lambourdes foütiennent les tourets. Il faut encore veiller à ce que les tourets ne touchent pas aux murs. Moyennant ces précautions, le fil pourra refter aflez long-tems , mais non plu- fieurs années, dans les magafins fans dépérir. Des commetteurs. I] s'agit maintenant de mettre le fil en cordages. | Il y a deux efpeces de cordages : les uns fimples, ou dont par une feule opération on convertit les fils en corde; on les appelle des awffieres : les autres qu’on peut regarder comme des cordages compoiés de cordages fimples ou d’auflieres commifes les uns avec les autres, c’eft-à-dire réunies par le tortille- ment ; on les appelle des grers. Ces deux efpeces de cordages fe fubdivifent en un nombre d'autres qui ne different que par leur groffeur, & par lufage qu’on en fait pour la garniture des vaifleaux. Foyez Corpaces ( Marine, ) La plus petite &c la plus fim- ple detoutes les auflieres, qui n’eft compofée que de deux fils, s'appelle du bitord ; une autre un peu plus grofle, qui eft compofée de trois fils, Je nomme du merlin. Pour donner par degré une idée de la corde- rie, nous traiterons 1°, de la fabrique de ces petites ficelles, parce qu’elles font les plus fimples : 2°. des auflieres qui font compofées de trois torons : 3°. des auffieres qui font compolés d’un plus grand nombre de torons : 4°. des grelins & des cables : 5°. des cor- dages en queue de rat, ou qui font plus gros d’un bout que de l’autre, & des cordages refaits. Da bitord. Quand un cordier veut unir enfemble deux fils pour en faire du bitord , ilfe fert du roiet des fleurs , ou bien d’un roüet de fer dont voici la iption. | ana Ce toûet z, PL, I. fig. 4. eft compolé de quatre crochets mobiles , difpoés en forme de croix; ces crochets tournent en même tems que la roûe, & d’un mouvement bien plus rapide , à l’aide d’un pignon ou lanterne dont chacun d'eux eft garni, & qui engrene dans les dents de la troie qu'un hom= me fait tourner par le moyen d’une manivelle : la grande roue imprime donc le mouvement aux qua- fre lanternes , qui étant égales, tournent toutes éga- lement vite. Il eft fort indifférent de fe fervir du roiet de fer ou des rouets ordinaires. Lorfqu’un cor- dier veut faire une corde feulement avec deux fils, il n’employe que deux des crochets de fon rouet. Le cordier # prend d’abord un fil qu'il attache at un defes bouts à un des crochets du rouet; en- fuite il l’étend , le bande un peu, &c va l’'attacher à un pieu qui eft placé à une diftance proportionnée à la longueur qu’il veut donner à fa corde, & ce fil eft «deftiné à faire un des deux cordons. Cela fait , il revient attacher un autre fil à un crochet oppofé à celui où il a attaché le premier ; il le tend auffi, il va l'arrêter de même au pieu dont nous venons de parler, & ce fildoit faire le fecond cordon : de forte que ces deux fils doivent être de même longueur, de même groffeur, & avoir une égale tenfon. C'eft- là ce qu'on appelle érerdre les fils ou Les vettes, ou bien ourdir une corde. Cette opération étant faite , la corde étant ourdie, le cordier prend les deux fils qu'il a attachés au pieu , &les unit enfemble, foit par un nœud ou autrement ; de forte que ces deux ls ainf réunis, n’en forment, pour ainfi dire, qu'un: car ils font précifément le même effet qu’un feul fil qui feroit retenu dans le milieu par Le pieu , & dont les deux bouts feroient attachés aux deux crochets du roùet. La plüpart des cordiers fuivent cette pra- tique , c’eft-à-dire que le fecond fil n’eft que le pro- longé du premier; ce qui eft préférable , parce que les deux fils font alors néceflairement tendus égale- ment, auff longs & aufli forts l’un que l’autre, tou- tes conditions eflentielles pour qu’une corde foit bien ourdie. Au refte, que les fils foient affemblés Tome IP, COR 217 par leur extrémité qui répond au pieu, ou qu'ils {oient d’une feule piece, cela né rend la corde nt plusforte ni plus foiblé, pourvû qu'ils foient tendus également. C’eft par ce point de réunion que le cordier accroche ces deux fils à un émerillon. Un bout de corde qui tient à l’anneau de l’émerillon, va pañfer fur une fourche qui eft plantée quelques pas plus loin que le pieu où nous avons dit qu’on at- tachoït les fils À mefuré qu’on les étendoit, & cette corde foûtient par fon autre extrémité un poids pro- portionné à la groffeur de la corde qu’on veut com- mettre ; de forte que ce poids a la liberté de monter ou de defcendre plus où moins le long de la fourche, {elon qu'il eft néceffaire. Voyez PL, I. fig. kb. Ce contrepoids fert à tenir également tendus les deux fils ourdis ; & comme le tortillement qu'ils doi- vent fouffrir les raccourcit, il faut que le contre- poids quiles tend , puifle monter à proportion le long de la fourche. Lorfque tout eft ainf difpofé , le cordier prend un inftrument qu’on appelle e cabre , le maflon, le co= choir, le toupin, le fabot , ou le pabieu. Du toupin. Cet inftrument eft un morceau de bois tourné en forme de cone tronqué , dont la groffeur eft proportionnée à celle de la corde qu’on veut fai- re ; 1l doit avoir dans fa longueur, & à une égale diftance, autant de rainures ou gougeures que la corde a de cordons: ainfi dans cette opération, où il n’eft queftion que d’une corde à deux cordons, le cordier fe fert d’un toupin qui n’a que deux rainures diamétralement oppofées l’une à autre, tel qu’on le voit en c. Ces rainures doivent être arrondies par le fond, & aflez profondes pour que les fils y entrent de plus de la moitié de leur diametre. Le cordier place Le toupin entre les deux fils qu'il a étendus, en forte que chacune de fes rainures reçoive un des fils, & que la pointe du toupin touche au crochet dé l’émerillon. Pendant qu'il tient le toupin dans cette fituation ; il ordonne qu’on tourne la roue du roüet pourtordre les fils. Chacun des deux fils fe tord en particulier ; & comme ils font parfaitement égaux en groffeur, en longueur, & par la matiere qui eft également flexible , ils fe tordent également ; mais à mefure qu'ils fe tordent , ils fe raccourciflent, & le poids qui pend le long de la fourche, remonte d’autant. Quand le maitre cordier juge qu’ils font aflez tords, il éloigne le toupin de l’émerillon, & le fait glifler entre les fils jufqu'auprès du rouet, fans difcontinuér de faire tourner la roue ; moyennant quoi les deux fils fe raffemblent en fe roulant l’un fur l’autre, & font une corde dont on peut fe fervir, fans craindre 2 ! J Ip EL: 2 qu’elle fe détorde par fon élaflicité : c’eft ce que les cordiers appellent commettre une corde. Maïs il faut obferver que pendant cette feconde opération, c’eft- à-dire pendant que la corde fe commet, elle conti- nue.de fe raccourcir, & le poids remonte encore le long de la fourche. En réfléchiffant fur cette ma- nœuvre des cordiers, on conçoit pourquoi une corde ne fe détord pas, pendant qu’un fil abandonné à lui-même, perd prefque tout le tortillement qu'il avoit acquis. Tandis que le toupin étoit contre l’éme- tillon , les deux fils étoient tords chacun en parti- culier , & acquéroient un certain degré de force élaftique qui tendroit à les détordre > OÙ à les faire tourner dans un fens oppofé à celui dans lequel ils ont été tortillés, fi on leur en donnoit la liberté ; ce qui fe manifefte par l'effort que le toupin fait pour tourner dans la main du cordier. ; Si-tôt donc que le cordier aura écarté le toupin de l’émérillon, la partie du premier fil qui fe trouve entre le toupin & l’émérillon étant en liberté, ten- dra par la force élaftique qu’elle a acquife en fe tor- tillant, à tourner dans un fens oppoié à RE tortille- e 218 COR ment, Ceft-à-dire que fi les fils ont été tords de droite à gauche, la partie du premier fil comprife entre le toupin & l’émerillon qui fera en liberté , tendfa à tourner de gauche à droite ; & effeétivement elle tournera en ce fens par fa feule élafticité, en farfant tourner avec elle le crochet mobile de l’émerillon. De même, le fecond fil ayant été tors de droite à sauche, la partié de ce fil comprife entrée le toupir l’'émerillon tendra auf à fe détortiller &c à torir- ner de gauehe à droite, & éffetivément elle tout- nerà däns cé fens par fa feule élafticité , en fafant tourner lé crochet mobile de l’émerillon. Les deux fils tourheront donc ‘dans lé même féns, &c s'ils étoient libres ils ne feroïent que fe détordre; mais comime ils font attachés au même crochet, ils ne peuvent tourner autour d’un même axe fans fe rou ler l’un fur l’autre; c’éften effet ce qu'ils exécutent; ils fe tordent de nouveau énfemble , mais dans un fens oppofé à celui dans lequel ils avoient été tor- tillés féparément. Le chanvre mou doit être un peu plus tortillé que le dur : il eft avantageux de com- mettre le fil en bitord fi-tôt qu'il eft filé, & il eft im: portant que les fils forent égaux. Da merlin. Quand le cotdier veut faire du merlin, qui eft compofé de trois fils, après avoir tendu tin fil depuis le crochet du roüet jufqu’au crochet de l’é- metillon , il lui relté à étendre de même les deux au- tres fils; pour aller phis vite, il prend ordinairement un fil fur le tourete, f6g. 4. PL I, il le pañle fut uñ etit touret de poulie, monté d’un crochet qui lui Fa de chape, comme on voit en f ; il attache au crochet de la molette. Cela fait, il va en tenant le croc à poulie (c’eft le nom de l’outil f) pañler la por- tion du fil qui étoit fur le touret e; dans lé crochet de lémerillon, 8 revient au touret; il coupe fon fil de longueur ; il Pattache au troifieme crochet, &c fa corde eft ourdie. Alots il prend le toupin à trois raï- nures ; il le place entre les fils prés de l’émerillon; on tourne la rouûe du roûet, & fa corde à trois fils fe commet comime le bitord. Nous obferverons feu: lement qu'il y a de avantage à employer trois fils fins préférablement à deux fils gros pour une corde de même quantité de chanvre. C’eft le réfultat de l'expérience & du raïfonnement. Le bitord fert à fourrer les cordages, c’eft-à-dire À les couvrir entierement; on empêche auff que le frottement ne les endommage, & que Peau ne les pénetre ; il fe fait de fecond brin, On le godronne prefque tout, & on le plie en paquet de vingt-cind brafles. Il y en à de fin & de gros ; le gros pour les gros cordages, le fin pour les cordages menus. On le commet tout en blanc, On lé trempe tout fait dans la cuve pour le godronnet. Du lufin. Le lufin eft un vrai fil retors ; 1l fe fait de deux fils de premier brin , fimplement tortillés l’un avec l’autre & non commis ; c’eft le goudron qui l'empêche de fe détordre. On s’en fert pour ar- rêter les bouts des manœuvres coupées quand elles ne font pas grofles ; quand elles font groffes on y employe le merlin. On ne conferve que peu de mer- lin en blanc. Du fil de voile. Ce n’eft qu'un bon fil retors. Pour le faire, on prend du chanvre le mieux peigné & le plus fin : on en étend deux longueurs de vingt braf- {es chacune ; on les attache à une molette du rouet, mais difpofée de maniere que la corde la fait tourner en un fens oppofé à celui qu'ont les molettes , quand Pouvrier file à l’ordinaire. Cés deux fils font peu commis,puifqu'ils ne fe raccourciffent que de quatre brafles. Quand ce fil eft fait, on le life, afin qu'il pañle mieux quand on s’en fervira à aflembler des lés de toile à voile. Des auffieres. On appelle de ce nom tout cordage commis après qu'on a donné aux fils un degré con- venablé d’élafticité par le tortillement ; aïnfi Le bi« tord 8 le merlin font à proprement parler des auf: fières. Maïs pour faire des cordages plus gros qué ceux dont il a été queftion jufqu'ici, on réunit en- femble plufieurs fils qui forment des faifceaux : on tord à part chacun de ces faifceaux, comme nous avons dit qu’on tordoit les deux fils dn bitord & les trois fils di merlin ; & ces faifceaux ainf tortillés s'appellent z6rons : aïnfi il y à des auflieres à deux ; à trois , à quatre torons, &c: Nous donnerons d’a- bord la maniere de fabriquer celle à trois torons; nous parlerons enfuite des autres. | Des quarantenüers. Les cordäges en aufheres font d'un grand ufage dans la Marine; il yrehta de plu- fieurs gtoffeurs ; depuis un pouce de Circonférence ; jufqu'à douze & par-delà, Les plus petits s'appellent gudranteniers ; 8& 1 y à des quaranteniers à fix fils à rieuf, à douze ; & à dix-huit. Les auffieres plus grof: fes te diftinguent par leurs ufages ; omles appelle g- rands de\caliornes; garands de palans; rides, francs fu- ins , itagñes, haut-bans ; &cc. Quand ils n’ont point de deftination détérminée, ils retiennent le nom gé- nérique d’auffreres. Ils fe fabriquent tous de la même maniere, Dans les corderies du Roï, où l’on a de grands roûets, of commet ordinairement les quaran- teniers à fix 8 à neuf fils, de la même maniere que le merlin, à cela près feuleinent qw’en ourdiffant les quaranteniérs à fix fils, 6h accroche deux fils à cha- cun des-trois crochets du roûet, & que pour les qua: fanteniérs à neuf oh en attache trois à chaque cro- chet, IIS fe travaillent de même que les merkins; avec cette différence que quand les fils font ourdis, on les tord pour les commettre dans un fens oppofé à celui du tortillemerit, Entrons mdiñtenant dans l’attelier des commetteurs des auflieres à plufieurs torons ; car il à fes difpofitions @c fes outils particuliers, & commençons par expofer fa difpofition générale. Cet attelier eft, comme celui des fileurs, une ga- lerie longue de deux cents brafles, ou de mille piés, large de fix à fept brafles, ou de trente à trente-cinq piés. Aux deux bouts de cette galerie font pofés les fupports des tourets, qui font difpofés de différente façon. Dés fupports des tourets. On fait que le fl de carret eft confervé dans les magañns fur des tourets ; on en tire là quantité dont on juge avoir befoin, & on les difpofe fur des fupports , de façon qu’ils puiflent tourner tout à la fois fans fe nuire les uns aux au- tres, afin que quand on veut ourdir une groffe cor- de, au lieu de faire autant de fois la longueur de la corderie qu’on veut réunir de fils enfemble, fix fois, par exemple, fi l’on a intention de faire un quarante-e nier à fix fils, on puifle, en prenant fix bouts de fils fur fix tourets différens , ourdir fa corde tout d’une fois. C’eft dans cette intention qu’on difpofe au bout de la corderie les tourets fur des fupports , qui font quelquefois pofés verticalement & d’autres fois ho- rifontalement ; pour cela on pofe à bas fur le plan- cher & par le travers de la corderie , une groffe piece dé bois quarrée, dans laquelle on afflemble un nom- bre de piés droits, (P/anc. IIT. divif. prem.\) plus ou “moins; felon la largeur de la corderie ; le bout d’en- haut de ces piés droits eit aflemblé dans une autre piece de boïs quarrée qui tient aux folives de la cor- derie ; les piés droits font entaillés dans leur épaif- feur, comme on le voit en B, &c c’eft dans ces en- tailles qu’on pofe les eflieux des rouets. Moyennant cette difpoñtion, l’on peut réunir enfemble les bouts de plufieurs fils, & les étendre aïnfi de toute la lon- gueur de la corderie. Dans beaucoup de corderies on les établit d’une autre façon plus folide & plus commode ; il faut imaginer deux aflemblages detcharpente CC, qui {ont poiés l’un fur l’autre, de telle forte que l’un re: ce db ue des CAO R …. pofe fur Le fol de la corderie, & que l'añtre foit-pofé au-deflus.,. étant plus élevé de trois ou trois piés &c demi ; on-place entre tes bâtis de charpente les tou- ets debout ou verticalement , & on les affujettit dans cette fituation avec la broche qui leur fert d’ef- feu. De cette façon tous les tourets peuvent tour: ner enfemble , & on peut d’une feule fois étendre plufieurs fils de toute la longueur de la corderie ; on ordonne feulement à quelques petits garçons de fe fenir auprès des tourets pour empêcher , avec un bâton qu'ils appnient deflus , que Les tourets qu font trop déchargés de fil, ne tournent trop vite &ne mêlent leur fil. Les grands tourets font quelquefois fi chargés de fils, qu’en tirant le fil pour les faire tourner, le fil fe rompt. Du chantier aicommettre. À quelques pas dés tou- rets 8 diretement au-devant eft le chantier à com mettre. Il eft compofé de deux grofles pieces de bois d'un pié & demi d’équariflage & de dix piés de lon- gueur D, que l’on maçonne en terre à moitié de leur longueur. K£ HAALARET . Les deux pieces dreflées ainf à plomb à fix piés de diftance l’une de l’autre, fupportent une groffe traverfe de bois Æ, percée à diftance égale de qua- tre & quelquefois de cinq trous, où l’on place les manivelles #, qui doivent, pour les gros cordages, produire le même effet que les moleites des rouets potbeles NDoHtSe. Eye on eee r, otre Way host Ali gé AuS Des manivelles, Les manivelles font de fer & de différente grandeur, proportiônnellement à la grof- {eur du cordage qu'on commet, (PZ. HIT, divif..2.) Gen eft la poignée, A le coude, 1 l’axe; L'un bou- ton qui appuie contre la traverfe Æ du chantier, M une clavette qui retient les fils qu'on a pañlés dans l'axe Z. On tord les fils qui font attachés à l'axe J, en tournant là poignée G; ce qui produit lé même effet que les molettes, plus lentement à la vérité : mais puifqu'on à befoin de force, il faut perdre fur la vitefle, & y perdre d’autant plus qu’on a plus be- foin de force ; e’eft pourquoi on eft plus long-tems à commettre de gros cordages, où l’on employe de grandes manivelles, qu’à en commettre de médio- cres ; où 1l fuffit d’en avoir de petites: ,. ,: 1. … Du quarré. Le quarré dont il s’agit, a trois objets à remplir. 1°, Comme les manivelles du chantier tour- nent lentement en comparaifon de la vitefle que le rouet imprime aux molettes, pour,accélerer un.peu V’ouyrage on met au quarté (PZ. IT, divif. 1.) Nun pareil nombre de manivelles qu'on avoit mis au chantier D ; & en les faifant tourner en fens con- traire de celles du chantier, on parvient à accélerer du double.le tortillement des torons ; pour cela on fait porter au quarré une membrure O, pareïlle à la membrure Æ du chantier , laquelle membrure du quatré doit être percée de trous qui répondent anx trous de celle du chantier. 2°. Quand les fils ont été aflez tors, on les réunit tous enfemble par le bout qui répond au quarré, on les attache à une feule ma- nivelle qu’un homme fait tourner, comme on le voit en P, (même PL, divif. 2.) & alors cette feule mani- velle tient lieu de Pémerillon dont nous avons parlé à l’occafon du bitord , du lüfin & du merlin. 3°. En- fin on fait qu'en tortillant les fils avant que de les commettre, & quand on les commet; ils fe raccour- ciflent ; c’eft pour cette raïfon qu’on a dit en par- lant du bitord, qu’on attache un poids à la corde qui eft paflée dans l’anneau de l’émerillon, que ce poids tient la corde dans un certain desré de ten- fon ,& qu'il remonte le long de la fourche à mefure que les fils fe raccourciffent ; il faut de même que le quarré tienne les fils des grofles cordes dans une ten- fon qui foit proportionnelle à la groffeur de la cor- de, & qu’il avance vers l’attelier à mefure que les fils fe raccourciflent, C’eft pourquoi le quarré eff "Tome IF. : mi né € R 219 formé dedeux pieces de hois quarrées ou femelles jointes l’une à l’autre par des traverfes ou paumelles: Sur les femelles font folidement affemblés des nion: tans qui font affermis par des liens. Ainf le quiarré eft un ehantiet qui ne differe du vrai chantier D ; (rrême Pl, divif. x.) que parce que celui-ci eff im . Môbile ,. 8 que le quarré eft établi fur un traineau pefant.ê&c qu'on charge plus ou moins ; Q >; fuivant le:befois : ont nest Da chariot du toupin. Quand les fils ont acquis ur certain degré de force élaftiqué par le tortillement, _le topin fait effort pour tourner daris là main du cordier ; qui peut bien réfifter àl’eflort de deux fils, mais qui feroit obligé de céder fi la corde étoit plus grofle ; en cecàs on traverfe le toupin avec. une barre de bois R (même Planche, divif. 2.) que deux hommes tiennent pour he conduire, + .: Coïnme la force de deux hommes n’eft quelque fois pas encore fufffante, pour lors on a-récours au chariot S (vôyez. da divif. 2.) qu’on appelle chariot die soupin. Il y a deux fortes de ces chariots ; les uns font en traineau, & les autres ont des roulettes : ils font formés par deux femellés fur lefquellés font af femblés des montäns ; & l’on attache dé différente façon avec des cordes [a barre. À qui traverfe le toupin, tantôt aux montans, tantôt aux traverfes, fuivant la.difpofition du chariot, deforte que le cor dage repoié fur le derrière du chaïiot qui {ert de chevalet. On ne charge point le chariot ;:au con- traire 1l faut qu'il ne foit pas fort pefant , afin (pour me fervir du terme des ouvriers) qu'il courre libre: ment; & quand on veut qu'il chermine lentement ; ôn le retient par le moyen d’une reträite:, qu'on nomme aufli wre livarde ou üne lardaffe , c’eft-à-dire, avec une corde d’étoupe T; qui eft amarrée à la tra- verfe R du toupin, & dont on enveloppe de plus ou moins de touts le cordage, fuivant qu’on defire que le chariot aïlle plus où moins-vîte. LS | … Du chevaler. Le chevalet 77 (méme Plan. divif: 2.) qui.eft d’un grand ufage dans les corderies , eft néan- moins très-fimple ; c’eft un treteau dont le défis eft armé de diftance en diftance de chevilles de bois: Ces chevalets fervent à foûtenir les fils quand on outdit les cordes, & à fupporter les pieces pendant qu'on les traväille, Nous en avons déjà parlé dans l’'attelier des fleurs: : le: 1» 1: Des manuelles. Il'ÿ a encore dans les corderiés de petits inftrumens qui aidént àla manivelle du quatré P (même PI, divif. 2), à tordre & à commettre Les cordages. qui font fort longs. A Rochefort on appelle ces inftrumens dés gacons ; mais nous les nomimeroné avec les Provençdux; des manuelles ; à caufe de leur ufage ; quoiqu'ils Hitent un foüet, étant compofés d’un manche de bois & d’une corde, comme on les voit en À, éme Plan: même divif. Pour s’en fervir; l'ouvrier F entortille diligemmént là corde autour du cordage qu'on commet; &. ên continuant à faire tourner le manche autour du cordage, il le tord. Quand les cordages font fort gros, on met detix hom- mes Z fur chacune de ces manuelles , & alors la cor: de & eft au milieu de deux bras delevier ; ainficetté manuelle double eft un bout de perche dé trois prés delonpgueur;eftropée au milieu d’un bout de quaren- tenier mou & flexible qui. a uné demibrafle de long, Des palombes. L'épaifleur du toupiñ, Pembarras du chariot, l'intervalle qui eft néceffairemient entre les manivelles:, & plufieurs autres raifons, font qué les cordages ne peuvent pas êtré commis jufqu’au- près du chantier: on perdroit donc toutes les fois qu'on commet un cordage;, uné longueur affez con- fidérable de fil ; f on les açcrochoit immédiatément à Pextrémité des manivelles. C’eft pour éviter ce dé- chet inutile, qu’onattache les fils au botit d’une cor- de en double; Æ, qui s’açeroche de l’autre bout à ST = : E e ij à COR 220 Textrémmité F de chaque manivelle, où elléeftrete “nue par la clavette A: c’eft ce bout de corde qu'on | “appellkeune p«lombeouune hélingues … Mañiere:de fairewu# cordage en auffiere à trois torôns. ‘Maintenant que l’on connoît la-difpofñtion de Patte- lier & lesinftrumens qu'on y employe, il faut explis ‘quer comment on fabrique Les auferes : On commen: ce par ourdir les fils , dont on fait trois faifceaux où longis , que l’on tord enfuite pour en faire les torons, ‘&r'enfin on commet ces torons pour en faire des cor- dages.: Pour bien ourdit un cordage il faut 1° éten- ‘dre les fils, 2° leur donner un égal degré de tenfon, 3° en joindre enfemble une fuffifante: quantité , 4° enfin leur donner une longueur convenable relati= vement à la longueur qu'on veut donner à la piece de cordage 8 42 ILES Lorfqu'il s’agit d'ourdir fi cordage de vingt-un pouces de grofleur ou de circonférence ; quieft com- poié de plus de deux mille deux cents cinquante fils, s’il falloit prendre tous ces fils fur un feubtouret,com: me nous l’avons dit en parlant du-bitordi, ôn feroit obligé de faire quatre mille cinq cents fois 14 lon- gueur de la corderie, qui a nulle piés de long , ce qui fait quatre millions cinq cents mille piés ; ou foixan- te 8 quinze mille toifes, c’eft-à-dire trente-fept liéues & demie.Il eft doncimportant de trouver des moyens d’abréger cette opération. C’eft pour cela que fi la corde n’eft pas fort grofle, le maître cordier fait pren- dre fur les toufrets qui font établis au bout de la cor: derie,, tous les fils dont il a befoiñ ;1l les fait pañer ‘dans un crochet de fer & (Plan.-IIT. divif, 1), qui les réunit en un faifceau qu'un nombre fuffant d’ou- vriers qui fe fuivent l’un Pautre , prennent fur leur épaule ; & tirant aflez fort pour devider ces fils de deflus leurs tourets , 1ls vont au bout de là corde- rie, ayant attention de mettre de tems en tems cé qu’il faut de chevalets pour que ces fils ne porteñt point par terre. Quand Paufhiere qu'il veut ourdit eft trop grofle pour étendre Les fils en une feule fois, les mêmes ouvriers prennent un pareil nombre de fils fur les tourets qui font établis À l’aiitre bout de la corderie où eft le quarré, êc ils reviennent-au-bout où eft le chantier, ce qui leur épargne la moitié-dù chemin ; & on continue de la même maniere jufq’à ce qu'on ait étendu la quantité dé'fils dént on juge avoir befoin. Enfin il y a des corderies où pour éten: dre encore les fils plüs vite ; on fe fèrt d’un cheval qu'on attele aux faifceauxde fils ; cechéval tient lieu de feptà huit hommes, 1l va plus-vite,; 85 l'opération fe fait à moins de frais. Quand on a étenduun nom: bte fufifant de fils , le maître cordier*qui eft auprès du quarré , ou au bout dela corderie oppofé à celui où eft le chantier à commettre, faitamarrer la queué du quarré avec une’ bonne corde à un fort pieu ?; qui eft exprès {cellé en terre à une diftance conve fable du quarré. Pour diftinguer dans la fuite les deux extrémités de la corderie, on nommeta l’une le bout du chantier ; & l’autre le bout du'qarré. Le cor- dier fait enfuite charger le quarré du poids qu’il juge néceflaire, & pañler trois manivellés prôportionnées à la stoffeur de la corde qu'il vent faire, dans les trous qui font à lamembrüre ou traverfe du quarré. Tout étant ainfidifpoié , il divife en trois parties égales les fils qu’il a étendus , 1l fait un nœud au bout de chaque faïfceau pour réunir tous les fils qui les compofent ; puis il divife chaque faifceau de fl ain hé, en deux, pour pafler dans le nulieu l’extrémité des manivelles ; oùilles aflujettit pat le moyen d’u: ne clavette. DE | Imaginons donc que la quantité de fil qui a été étendu, efkmaintenant divifée en trois faïfceaux , qui répondent chacun par un bout à l’extrémité d’u- .ñe manivelle qui eftarrêtée à la traverfe du quarré ; trois ouvriers, & quelquefois fix , reftént pour tour- ue CoR ft ces mañivélles, &c le maître cordier retourne avec les autres au bout de Vattelier où eft le chan- tiér à commettre ; chemin faifant il fait féparer en tri faifceaux les fils précédemment réunis, comme 11 4voit fait à l’extrémité qui eft auprès du quarté ; lé5 Ouvriers ont foin de faire couler ces faifceaux dans leurs mains, de les bien réunir, de ne läiffer aucuns fils qui ne foient anff tendus que les autres ; & pour empêcher que ces fils ne fe réuniflent, ils fe férvént des chevilles qui font fur l'appui des cheva> lets, Quand on à ainfi difpofé Les fils dans toute leur longueur, & qu'on eft rendu auprès du chantier à commettre , le maître cordier fait couper les trois faiféeaux de fil de quelques piés plus courts qu’il ne faut pour joindre les palombes, & y fait un nœud ; il Les fart enfuite tendre par un nombre fuffifant d’ou- vrièérs, ou, pour me fervir de leur expreffion, ils font hâler deffus jufqu’à ce que le nœud qui eft au bout de chaque faifcean puifle pañler entre les deux ÉCRAN DAIOMPES EN EE . Quand les trois faifcéaux font attachés d’un bout aux trois mamvelles du quarré , & de l’autre aux trois manivellés du chantier, un cordier qui defiré faire de bon ouvrage , examine , 1°. s’il n’y a point de fils qui foient moins tendus que les autres ; s’il en apperçoit quelques-uns , il les affjettit, dans un de- gré de tenfion pareil aux autres, avec un bout de fil de carret qu'on nomme une ganfe : fi cette différen- ce tomboit fur un trop grand nombre de fils, il défe- roit ou couperoit le nœud , pour remédier à ce dé- faut. 2°, [l faut que les trois fatfceaux fotent dans un degré de tenfion pareil ; il réconnoiît ceux qui font les moins tendus en fe bäiffant aflez pour que fon œil foit jufte à la hauteur des faifceaux, 1l voit alors que les moins tendus font un plus grand arc que les autres d’un chevalet à l’autre ; pour peu que cette différence foit confidérable , 1l fait raccour- cir le faifceau qui eft trop long. C’eft par ces attert- tions que certains cordiers réufhiflent mieux que d'autres : car 1l ne faut pas s’imaginer que des fils qui ont quelquefois plus de cent quatre- vingt-dix braffes de longueur, s'étendent avec autant de fa- cilité que ceux qui wauroïent que quatre à cinq brafles. Il y a des cordiers qui pour s’épargner le tâtonnement dont nous venons de parler, font un peu tordre les faïfceaux qui font plus lâches, pour les roidir & les mettre de niveau avec les autres: c’eft une très-mauvaife méthode, car il eft très-né- ceffaire pour la perfettion de l'ouvrage que tous les faifceaux ayent un tortillement pareil. Ces faifceanx de fil ainf difpofés , s’appellent en térme de Corde- fie, des lonpis, & quand on les a tortillés, des zou rons ou des rorons. Si l’on examine la difpofition que prennent les fils tortillés dans an toron, on trouve qu'un ou plufieurs occupent le centre ou l’axe d’un toron, & font enveloppés par un nombre d’autres qui font un petit orbe, & que cet orbe eft enve- loppé par d’autres fils qui font un orbe plus grand; & ainfi de fmite jufqu’à la circonférence de ce to- ron. Pour diftinguer ces différens orbes de fils re- préfentant (Planche IV, fig, 9.) la coupe d’un toron perpendiculairement à fon axe; foit À le fil qui eft au ceñtre; BB les fils qui l’enveloppent, où ceux du premier orbe ; € ceux du troïfieme orbe , D ceux du quatrieme , &c. Or il paroït que quañd on, tordra ce toron, le fil 4 ne faïfant que {e tordre ou fe détordre fivant le fens où l’on tordra les torons , il doit être regardé comme l’axe d’un cy- linidre qui tournera à-peu-près fur lui-même & au- tour duquel tous les orbes s’entortilleront. L’orbe B fe roulera fur le fl 4, autour duquel il décrira une hélice ; mais comme cet otbe F eft très- près du centre de révolution du cylindre, 1l fera très- peu de mouvément ; les hélices que décriront les #4 fls qui compofent cet orbe; feront très-allongées; parce que le mouvement de: ces: fils fera très -peu différent de celusqu'épronve Le fl 4. Les fils qui compofentl’orhe € , font plus éloignés du centre du mouvement, ils décriront une hélice plus courte qui envelopperà l'orbe 2, Les révolutions de cet orbe€ feront donc plus grandes que cellés de l’orbeB ; donc les fils de cet orbe fe raccourcitont plus que ceux de l'orbe 8: d’où l'on voit que les fils de l’orbe D fe taccourciront encore plus que ceux dés orbes qui féront plus près du centre 4. Tous les fils qui com- pofent un toron, font donc dans des différens de- grés de tenfion, lotfque le toron eft tortillé ; ils ré» fifteront donc inégalement aux poids qui les char: geroient: c’eft un défaut qui devient d'autant plus #rand, que les torons font plus gros & plus tortil- lés. M. Duhamel a fait dés tentatives très-délica- tes pour l’afoiblir , finon pour lanéantir ; mais il tient à des parties élémentaires dé la corde, & à un f grand nombre de circonftances , qu'il lui a êté impoflble de réuflir. | EUR: Du nombre de fils néceffaires pour une corde de grof- fèur donnée, & de la maniere de lui donner une lon- gueur déterminée. Maïs avant que dé poufler plus loin la maniere de faire les cordes en aufliere à plu- fieurs torons, il eft bon de favoir 1°. que les maï- tres d'équipage fixent dans les ports la groffeur qué doivent avoir les manœuvres relativement au rang & à la grandeur des vaifleanx; & queifi le maître cordier les faifoit plus groffes qu’on ne les lui a de: mandées , ellés ne pourroient pas pañler dans les poulies , ou elles y pafferoient difficilement : plus menués, on pourroit craindre qu’elles ne fuffent pas aflez fortes. Un habile cordier doit donc en ourdif- fant fes cordages, favoir mettre à chaque toüron un nombre de'fils fafifant pour qué quand la corde ferà commife elle ait, à très-peu de chofe près, la orof- {eur convenable. 2°. Qu'on demande auffi quelque- fois tine corde d’une longueur déterminée. Voici la pratiqué pour l’un & l’autre cas. Are ” 1°, De la groffeur & de la jauge. Les Cordiers ont uñe mefure pour prendre la groffeur des cordages , ils la nomment une jauge ; ce ieft autre chofe qu’- une lariere de parchémin divifée par pouces &c par hones, qu'on roule & qu'on renferme däns un petit morceau de boïs qu’on appelle un barriiles , parce qu'il eft toutné en-deffus comme un petit bärril ; par-dedans il eft creufé comme un cylindre ; la bande de parchemin fe roule & fe renferme dans cet étui que l’on porte très-commodément dans la poche. On fait tenir par un ouvrier les trois torons réunis eñ- fembles; & quand tous les fils font bien arrangés & bien ferrés les üns contre les autres, on en mefure la’sroffeur, &'on en conclut celle que là corde aura quand elle fera commife : affrément Jorfque les to- tons feront tortillés , les fils dont ils font compofés fe- +ont rapprochés les uns auprès des autrés plus que cle ponvoït faire celui qui les ferroit entré fes mains; ainfi occupant moins d’efpace,le toron perdra de fa groffeur. Maïs d’un autre côté les torons perdront de teur longueur à mefure qu’on les tortillera , &z ga- gneront en gtoffeur une partie de ce qu'ils perdront en lonoueur. Ces detix caufes qui doivent produire des effets contraires ; fe compenfent à peu près l’u- ne l’autre, ou du moins par lufage on fait que ce qui manque à cette compenfation, va à-peu- près à un douzieme de la groffeur des fils réunis &c {er rés dans la main: Ainfi quand un cordier veut faire üne aufliere de 18 pouces ; il donne à la grofleur | de ces fils réunis 19 pouces 6 lignes, & par cette | feule méchanique les Cordiers arrivent à peu de chofe près à leur but; f la cotde étoit trop groffe pour lempoigner & la méfurer tout-à-la-fois , Le cordier donnétoit à chaque toron un peu plus de. L COR 521 moitié de la cirébnférence de la cordé qu'il vou- droit commettre: ainfi pour avoir une auflière de 18 pouces de circonférence sil donneroit à chaque toron un peu plus de o pouces de circonférence à car la proportion des toron$ eflà la groffeur de La corde, à très-peu près commé F7 à 100.1: “10: 2°. De laïlongueur néceffaire des fils ; pour ourdir une corde de longieur donnée. Nous avons dit en par: lañt du bitord & du merlin, quelles fils feraccour: cifloïent quand on les tordoit pour leur faire acquérir le degré d’élafticitéqurétoit néceffaire pour les com- mettre , & qu'ils perdoient encore de leur lofpueur quand on les-commettoit en bitord ou en merlin ; ce raccourciflement des fils a heu pour toutes les cordes, ce qui faitvoir qu'il eft-néceflaire d’ourdir les fils à une plus grande longueur que la corde ne doit avoir. Mais'qu'eft-ce qui doit déterminer cette plus grande longueur qu’on doit donner aux fils? c'eft le degré dé tortillement qu’on donne à lacotde, Il eft clair que les fils d’üne corde plus tortillée doi- vent être ordis à une plus grande longueur queteux qui doivent faire ‘une corde moins tortillée ; c’eft pour cela qu'onmefute le degré dé tortillement d’u- ne corde, par le raccourciflement des fils qui l& com: pofent. Il ÿ a des cordiers qui tordent au poirit-de fäire raccourcir leur fil de cinq douzièmes ; f'ceuxs là veulent avoir une cordé de fept brafles , ils our: diffent leur fl à douze braflés, & l’on dit que ces cordes font commifes à cinq douziemes. D’äutres cordiers, & c’eft le plus grand nombre, font rac- courair leur fl d’un tiers ; ceux-là ourdiffent leur fl à douze brafles pour en avoir huit de cordage; & on dit qu'ils commettent au tiers. Enfin fi d’autres ne faifoient raccouréir leur fil que d’un quart, l'ayant ourdi à douze brafles, ils auroient neuf brafles ‘dé cordage ; &t on diroit que ces cordages feroiéntcom- mis au quart, parce qu’on-compte toijouts le rac- courciffement fur la longueur des fils ourdis ; & non fur celle de la piece comme, C’eft une grande-quef: tion que de favoir à quel point il eft plus avantageux de commettre les cordages', f'é’eft aux cinq douzie- mes , au tiefs , au quart, äu cifquième, &c. L’ufage le plus ordinaire, dqi’on peut prelque regarder comt- mé général , éft dé commettre précifément au tiers, Cela pofé; continuons la-maniére de faire les cor- dés en aufféres à trois torons. | | Suite de la main-d'œuvre des cordes en auffierè à'trots torons. Nous pouvons maintenant fuppoler que les : torons font d’uné sroffeur & d’ünelongueur propor- tionnées à la grofléur &'à la longueur des cordes air”- on veut fairé; qu'ils font dans un degré dé ténfion pareil ; qu'ils font affijettis: par une de leurs extré- mités aux maniveHes du chantier ;'8c par l’autre aux manivelles du quarré > qu'ils font foûtenus dans leur longtieur de diftance en diftance par des chevalets: & que le quarré eft chargé d’an poids convenable: Tout étant aïnft difpofé,, ‘la:piecé de cordage étant bien ourdie j'il s’agit de faire acquérir aux térons le degré d’élafticité qui eft néceffairé pour les commef- tre, & en faire ture bonne ‘corde: C’eft dans cétte vüe qu’on tôttille les torons ; oùt, pour parler le Tan- gage des Cordiers, qu’on donne létord aux torons. Commeles torons fe-racconrciflent à mefuré qion les tord ;'ün défait Pamatrre qui rétenoit le quarré, afin de lui doriner la liberté d'avancer à proportion ue les torons fé raccourciffent, &un nombre ff fifant d'ouvriers fe mettent atémamivelles | tant du chantier que du quarré. Oéux di chantier tournent les manivelles de gauche à droite, ceux du quarré de droite à gauche ; les torons fetortillént, ils ferac éourciflent , lé qiarré avance vers le chantiér pro= portionnellement à ce racconrciffement, & les ou tiers qui font'aux manivelles du quarré , fuivent les mouvemens du quarré, Enfin quand les torofs font COR 222 affez toitillés., ce qii’en comnoît par leur raécoiicif- : Hement, le maître ordonne qu’on cefle de tourner les manivelles ;. 8 cette opération eft finie, les torons “ayant aéquis l'élafticité méceffaire pour être commis, : - Il-paroïtroit plus convenable de tortiller les to- 1 ‘rons dans le mêmefens que les fils l'ont été, furtout : après ce que l’on a dit du bitord & du merlin, qu'on : tord & qu'on doit tôrdre avant de les commettre, “dans le mêméfens que les fils ont été filés ; potirquoi : ‘donc:les Cordiers tortilent-1ls leurs'torons dans un #ens oppofé au tortilleméntdes fils ? Cette queftion : “mérite d’être éclaircie avec foin & avec exaéhitude, ‘Avant que dé commettre le bitord, qui eft com- | pofé de deux fils, & le erlin qui left de trois, on tortille les fils plus qu'ils ne l’étoïént au fortir des mains des fileurs,, afin d'augmenter leur élafticité , qui eftabfolument néceflaire pour commettre les cordages..Si dans ce cas on tordoit les fils dans un fens oppofé à celui qu'ils ont au fortir des mains des fleurs, au lieu d'augmenter leur élafticité on détrui- soit celle qu'ils ont âcquife ; 11 convient done de tor- dre ces fils dans le fens qu’ils l’ont déjà été par les f- leurs. Mais, dira-t-on, cette raïfon ne doit-elle pas engager à tordre les torons qu’on define à faire de rossçordages :, dans le même fens que les fils l’ont été, de droite à gauche fi les fils l'ont été dans ce #ens ? Pour mieux concevoir ce qui fe pafle dans cette occafon, faites tordre deux torons, l’un dans le fens des fils, & l’autre dans un fens oppolé, vous ne vousécarterez pas en cela de la pratique des Cor- diers ; car quelquefois ils tordent effeétivement les torons dans le fens des fils, pour faire certains cor- dages .qu’on nomme de an rorfe, ou en garachoir. Quand on fait tordre un toron dans le fens des fils, on apperçoit que les fils fe roulent les uns fur les au- ttes, comme le font.lés fibrilles du chanvre quand on en fait du fil, mais outre cela les fils fe tortil- lent un peu plus qu'ils ne l’étoient : examiner ce qui doit réfulter de ce tortillement particulier des fils & de leur tortillement général les uns fur les autres. Les fils, en fe roulant les uns fur les autres, acquie- rent un certain degré de tenfion qui bande leurs f- bres à reflort , lefquelles par leur réaétion tendent à fe redreffer & à reprendre leur premier état : ainf la direétion de leur mouyement quand elles fe re: drefleront , fera contraire à la direttion du mouve- ment qui les aura-tortillées. On peut imaginer au centre de chaque toron un fil qui ne feroit que fe tordre, fi on tournoit les manivelles du chantier dans le même fens que les fils font tortillés; & l’on voit que tous les autres fils qu recouvrent celui qui eft «lans l'axe , Penveloppent en décrivant autour de lui des hélices , qui font d’autant plus couïtes que les fils font plus éloignés de ce premier fil qui eft au centre. Suivant cette méchanique, les filstendroient par leur force élaftique à fe redrefler par un mou- vement circulaire dont le centre eft dans l’axe des torons:.0r c’eft-là le mouvement qui eft abfolument néceflaire pour commettre les torons & en faire une corde. Si l’on examine à préfent ce que peut pro- cure le tortillement particulier de chaque fil fur lui- même, on fera obligé de convenir que plus les fils {ont tortillés, plusüls acquierent de force élaftique, &c plus ils tendent à fe détordre : mais quelle eft la dire@ion de cette réaction ? C’eft par une ligne cir- culaire dont le centre du mouvement eft dans l’axe de chaque fil, & non pas dans l’axe des torons ; cha- que filtendra donc à tourner fur hu-même , ce qui produiraun mouvement dont l'effet eft prefque inu- tile pour le commettage de la corde, quoiqu'il fati- ue beaucoup chaque fil en particulier. Ces fils font $ cet égard comme autant de refforts qui travaillent chacun en particulier , maïs qui ne concourent point à produire de concert l'effet defiré, Il faut néanmoins 1) 2er y C Ç kR ” O remarquer que le tortillement que chäque fil acquiert dans le cas dont il s’agit, les roidit : or un toron come pofé de fils roides doit avoir plütôt acquis la force élaftique qui lui eft néceffaire pour être commis ; qu'un fil qui eft mou, parce que les fils roides ten dront avec plus de force à détordre les torons , que ne le feront des fils mous. D’où il fuit que fi l’on tord les torons dans le fens des fils, on pourra fe difpenfer de les tordre autant.que f on les tordoit dans un fens oppoié à celui des fils; ce qui pourroit faire croire qu'on gagneroit en force par la diminution du tortil- lement. des torons,, ce qu'on perdroitpar le furcroît de tortillement qu'on donneroiïit aux fils. Pour que cette conféquence fût jufte , il faudroit que toute l’é- lafticité que les fils acquierent chacun en particulier, fût entierement employée à procurer aux torons l’é- lafticité qui leur eft néceflaire pour fe commettre : or.cela n’eft pas, Ent | Voyons mainténant ce qui arrive lorfqu’on tor- tille.les torons dans un fens oppofé au tortillement des fils. À mefure qu’on tortille les torons , les fils fe détordent ; néanmoins les torons acquierent peu-à- peu l’élafticité néceffaire pour les commettre : il faut néceflairement tordre plus les torons, quand on le fait en fens contraire des fils, que quand on les tord dans le même fens ; maïs dans ce dernier cas la dimis nution du tortillement des torons ne compenfe point le tortillement particulier des fils , qui prennent des coques & qui deviennent dures & incapables de fe prêter fans dommage aux contours qi’on leur fait : prendre ; au lieu que quand on tord les torons dans un {ens oppofé au tortillement des fils, les fils qui per- dent une partie de leur tortillement, deviennent fou- ples & plus capables de prendre toutes les formes né- ceffaires. , Les cordages ün’on nomme de mair torfe, & à Ro: chefort des garochoirs , ne different donc des aufiérés ordinaires qu’en ce que les derniers ont leurs torons tortillés dans un fens oppofé au tortillement des fils, & que les mains torfes au contraire ont leurs torons tortillés dans le même fens que les fils ;enforte qu’on profite d’une partie de l’élafticité des fils pour com= mettre la corde ; c’eft pout cela que les torons n’ont pas befoin d’être tant tortillés pour acquérir Pélafti- cité qui leur eft néceffaire pour être réduits en cor- de: aufi fe raccourciflent-ils beaucoup moins, & par conféquent la corde refte plus longue, c’eft un avantage pour l’économie des matieres. Il refte à fa- voir s’il eft aufñi favorable pour la force des cordes ; pour cela il faut avoir recours à l'expérience ; mais auparavant 1l faut remarquer que quand on tord les torons dans le fens des fils ; fi on ne charge prodigieu- femient le quarré,tous les fils prennent d'intervalle en intervalle des coques ou des commencemens de co- ques; & pour peu qu'on continue à donner du tor- tillement aux torons, on apperçoit vifiblement que cela dérange la direétion du chanvre dans les fils, & produit des inégalités de tenfion pour chaque fil : d’ailleurs, puifque dans les mains torfes le fil fe tord plus qu’il ne l’étoit, & que dans les auffieres le fl fe détord un peu ;on doit regarder les mains torfes com- me étant faites avec du fil extrèmement tortillé , & les aufieres avec du fil beaucoup plus mou. Oril a été dit, en parlant des fileurs , que ce dernier cas eft le plus avantageux, & expérience l’a confirmé. Suite de la maïri-d’euvre. On a vû à loccafon du bitord & du merlin, qu’il falloit que les fils qui com- pofent ces mequs cordages fuflent d’égale grofleur , & dans un égal degré de tenfon &c de tortillement: il en eft de même des torons ; & les Cordiers pren- nent des précautions poûr qu'ils foient également. gros & également tendus : il faut de plus qu’ils ne, {oient pas plus tortillés les unsique les autres ; c’eft pourquoi les maitres Cordiers recommandent aux ms qe + = | f COR ouvriers. qui font fur les manivelles, de virer tous enfemble, afin que tous faflent un nombre égal de révolutions. Si néanmoins , foit par la négligence des ouvriers , foit par d’autres raifons, il arrive qu'il y ait un toron qui foit moins tors que les autres , le #maïtre cordier s’en apperçoit bien-tôt, ou parce que, IE juaré eft tiré de côté, où.parce qu'il y a un to- roniqui aide, plus que les autres: alors il ordonne aux manivelles qiit.Fépondent aux forons trop tef- dus; dercefler-de virer, za de Jaïfler, l'autre mani velle regagner ce-qu’elle a perdu; 8€ quand le toron, précédemment: trop! lâche-eft: bien dé niveau, AVéc les autres, il ordonne à toutes:les-mamivelles de vi- rer. Comme cette manœuvre fe répete aflez fréditém- ment pour: éviter la confufon, le maître cordief convient. avec tousfes ouvriers: des noms que cha- que toron:doit avoir; ce qui fait qu'ils entendent les ordres: querlemaître-cordier donne. Enfin quand les torons: ont:le degré -convenable-de: tortillement, le nfaîtrecordier , avant: demettrele toupin , ne doit jamais manquer de-vérifier fi ces torons font bien de niveau, 8 û le quarré n’eft point de biais. Répartition du raccourciffément. On fait ce que c’eft a de commettre un cordage au tiers, au quart, c.Séquel’ufagegénéraleft de le commettre au tiers; maïs lorfqu'on commet une auffiere, il faut que ce: tiers de‘raccourciflement foit réparti entre les deux opérations, favoir de tordre les torons., & de com- mettre Jai corde, Il y a'des cordiers qui divifent en deux ce raccourciffement, & en employent la moi-. tié pour le racconreiffement des torons , & l’autre pour le commettage : par exemple, s'ils veulent fai- re une piece de 120 braffes, ils l’ourdiffent à 180, il ya donc 60 braffes de raccourciflement ; ils en em- ployent 30 pour le tortillement des torons, & les 30 autres pour commettre la piece. Ily en a d'au- tres qui employent plus de la moitié pour leraccour- ciffement des torons, quarante brafles, par exem- ple, & ils ne réfervent que vingt brafles pour com- mettre la piece. Chacunede ces pratiques a fes parti- fans, & peut-être fes avantages & fes inconvéniens. C’eft ce que l’on examinera après avoir achevé le commettage d’une aufliere à trois torons. | Du commettage. Le maître cordier fait ôter la cla- vette de la manivelle quieft au milieu du quarté ; il en détache le toron qui y correfpond, & le fait tenir bien folidement par plufieurs ouvriers afin qu'il ne {e détorde pas: fur le champ on Ôtela manivelle , &e dans le trou du quarré où étoit cette manivelle, on en place une plus grande &c plus forte , à laquelle on attache non-feulement Le toron du milieu, mais en- éore les deux autres ; de telle forte que les trois to- cons fe trouvent réunis à cette feule manivelle, qui tient lieu de l’'émerillon dont nous avons parlé à l'endroit du bitord. Comme il faut beaucoup de for- ce élaftique pour ployer ou plütôt rouler les uns fur les autres des torons quiont une certaine groffeur, il . faudroit tordre extrèmement les torons, pour qu'ils puffent fe commettre d'eux-mêmes, s'ils étoient fim- plement attachés à un émerillon : c’eft pour cela qu'au lieu d’un émerillon on employe une grande manivelle qu’un ou deux hommes font tourner, pour concourir avec l'effort que les torons font pour fe commettre. Ainfi par le moyen des manivelles, il fufit que les torons ayent aflez de force claftique pour ne fe point féparer quand ils auront été une fois commis ; au lieu qu'il en faudroit une énor- me pour obliger des torons un peu gros à {e rouler d'eux-mêmes les uns fur les autres par le feul fecours de l’émerillon. Veut-on favoir à-peu-près à quoi fe monteroit cette force ? on n’a qu’à remarquer qu’in- dépendamment de l'effort que les torons élaftiques font pour fe commettre , il faut qu’un, deux, trois, & quelquefois quatre hommes , travaillent de toute COR 229 leur forcé fur la manivelle, pour aider aux torons élaftiques à produire leur effet. Ce n’eft cependant pas tout ; on eff encore obligé , quand lés cordes font | groffes, d'en difiibuer 20 6u30,F, 7, PI. III, di: vif. 2. qui avec des manuelles fecourent ceux qui | font à la grande manivelle, comme nous l’explique= rons dans un moment: mais on, voit dès-à-préfent | que quandil s’agit de groffes, cordes, on romproit plütôt les torons , que de leur procurer aflez d’élaf | ticité pour. fe rouler & fe commettre d'eux-mêmes les uns fur les autres, Les torons, étant difpofés com me nous venons de le dire ,on.les frotte avec un peu de fuf, où encore mieux de fayon, pour que le tous pin coule mieux ; enfuite on,place le toupin, qui doit être proportionné à la grofleur des cordes qu’on com mét, & qui doit avoir trois rainures quand. l’aufiere qu'on commet eft à trois torons; on place, dis-je, le | toupin.dans l'angle de réunion des trois torons, Si.les | cordages 1@nt menus, comme des quaranteniérs on ne fe fert-poirit de chariot; deux hommes prennent le barreau. de bois À, même Pl, méme divif. qui tras verfe le-toupin, & le .conduifent fans avoir befoin d'autre fecours. Mais quandla corde eft grofle, on . fe fert-du chariot, qu’on place le plus près que on peut du, quarré. Les ouvriers qui font fur la grande manivelle tournent quelques tours, la corde com- | mence: à fe. commettre , & le toupin s'éloigne du quarré : on.le conduit à bras jufqu’à ce qu'il foit ar | rivé à la tête du-chariot, où.on lattache très-fortes | ment au moyen de la traverfe de bois À ; alors tous tes les manivelles tournent, tant la grande du quarré que les trois du chantier, Le maître cordier examine fi {a corde.fe commet.bien, &1l remédie aux défauts qu'ilapperçoit, qui dépendent ordinairement , ou de ce que le toupin, ef mal placé, ou,de ce qu'il y a des torons qui font plus lâches les uns que les au- tres : on remédie à ce dernier défaut, en faifant vi- rer les manivelles qui répondent aux torons qui font trop lâches, & en faifant arrêter celles qui fépon- dent aux torons qui font trop tendus. Enfin quand il voit que fa corde fe commet bien régulierement, il met la retraite du chariot : elle eft formée par deux longues livardes ou cordes d’étoupe T, méme PL, divif. 2. qui font bien attachées à [a traverfe du toupin, & qu’on entortille plus ou moins autour de la piece qui fe commet, fuivant qu’on veut que le chariot aille plus ou moins vite. Quand tout eft ainfi bien difpofé, le chariot avance, la corde fe com- met, les torons fe raccourciflent , & le quarré fe rapproche de l’attelier. Lorfque les preces de corda- ge font fort longues, & elles Le font prefque toû- jourspour la Marine , la grande manivelle du quar- ré ne pourroit pas communiquer fon effet d’un bout à l’autre de la piece; c’eft pourquoiunnombre d’hom- mes Ÿ,Z, même PI, méme div. plus ou moins confidéra- ble, fuivant la grofleur du cordage, fe diftribue derrie- re letoupin ; & à l’aide des manuelles, 1ls travaillent de concert avec ceux de la manivelle du quarré à commettre la corde, ou, comme difent les Cordiers, À faire courir Le tord que donne la manivelle du quarré. On voit qu'à mefure que le toupin fait du chemin & que la corde fe commet, les torons per- dent de leur tortillement ; &ils le perdroient entie- ment, fi l’on n’avoit pas l'attention de leur en four- nir de nouveau : c’eft pour cela que le maïtre cor- dier ordonne aux ouvriers qui font aux mamvelles du chantier, dé continuer à les tourner plus ou moins vite, fuivant qu'il de juge néceflaire. Pour ue la viteffe des manivelles foit bien réglée, 1l faut qu’elle répare tout le tord que perdent les torons, &t que ces torons reftent dans un degré égal de tor- tillement ; les Cordiers en jugent aflez bien par ha- bitude. Mais il y a un moyen bien fimple pour re- connoître fi Les torons perdent ou acquierent du 224 COR tortillement, 1l ne faut que faire avec un morceart de craie une marque fur un des torons, vis-à-vis un des chevalets qui font compris entre le toupin & le chantier. Si cette marque refte toûjours fur Le che- valet, c’eft figne que les manivelles du chantier tour- nent aflez vite; fi la marque de craie fort de deflus le chevalet & s’approche du chantier à commettre, c’eft figne que les manivelles tournent trop vite; fi au contraire la marque s'éloigne de ce chantier, c'eft figne que les manivelles tournent trop lente- ment , & que les torons perdent de leur tortillement. La raifon de cette épreuve eft fenfble: fi les mani- velles tournent trop vite, elles augmentent le tortil- lement des torons , Les torons qui font plus tortillés {e raccourciflent, & la marque de craie s’approche du chantier: fi les manivelles tournent trop lente- ment, les torons qui perdent de leur tortillement s’allongent, &c la marque de craie s’éloigne du chan- tier; mais elle refte à fa même place fi l’on entre- tient les torons dans un même degré de tortillement, qui eft le point où l’on tend. C’eft un moyen bien fimple & bien commode de reconnoître fi les torons confervent leur degré de tortillement ; circonftance qui influe beaucoup fur la perfeétion d’une piece de cordage; puifque fi on augmentoit le tortillement des torons, la corde feroit plus tortillée du côté du chantier à commettre, que de l’autre bout: le con- traire arriveroit fi on négligeoit d’entretenir le tor- tillement des torons ; & comme il convient de faire en forte que les cordes ayent le plus précifément qu’on le peut un certain degré de tortillement, on conçoit qu'il eft eflentiel que ce degré foit le même dans toute la longueur de la corde. On peut encore reconnoître fi la corde fe commet bien, en exami- nant file toupin avance uniformément ; car files ma- nivelles du chantier tournent trop vite relativement à la manivelle du quarré, les torons font plus tor- tillés qu'ils ne devroient être : ils deviennent donc plus roides & plus difficiles à commettre ; ce quire- tarde la marche du toupin. Si au contraire on laïffe perdre le tortillement des torons , ils deviennent plus flexibles , ils cedent plus volontiers à l’effort que fait la manivelle du quarré avec les manuel- les pour commettre le cordage , & pour lors le tou- pin en avance plus vite. Les Cordiers favent bien profiter de ces moyens pour donner à leur corde pré- cifément la longueur qu’ils fe font propofée , com- me nous allons expliquer: mais comme ils tirent vanité de cette juftefle , il ne leur arrive que trop fouvent de lui facrifier la bonté de leur ouvrage de la maniere qui fuit. Mauvaife induftrie des Cordiers. Nous avons dit qu'on ourdifloit une piece qu’on vouloit qui eût 120 brafles, à 180, pour que les torons puflent fe rac- courcir de 60 brafles , tant en les tordant qu’en les commettant : nous avons dit outre cela que le rac- courciflement des torons , quand on les tord, fe montoit à 40 braffes ; il refte donc 20 braffes de rac- courciflement pour lopération du commettage. Les Cordiers fe font un point d’honneur de donnér pré- cifément ce raccourciflement , afin que leur piece de cordage ait jufte la longueur qu'ils fe font propo- fée ; ils le font ordinairement : mais la difficulté eft de répartir bien également ce tortillement dans tou- te la longueur de la piece; c’eft ce qu’il n’eft pas ai- 16 de faire, & à quoi ils réuffiffent très-rarement. Il faudroit pour cela , lorfqu'on commet une aufñliere au tiers , que la vitefle du toupin füt à celle du quar- ré, précifément comme 140 eft à 20, ou comme 7 eft à r, filon employe quarante brafles pour le rac- courciflement des torons ; où comme 150 eft à 30, ou $ à £, fi lon employe trente braffes pour le rac- courciflement des-torons ; ou comme 160 eft à 40, Où 4 à 1, fi l’on n'employe-que vingt brafles pour COR le raccourciflement des torons. Si l’on choïfit la pre . mere hypothefe, il faudroit donc que la viteffe du toupin füt fept fois plus grande que celle du quarré, ou que le toupin fit fept braffes pendant que le quar- ré en feroit une, On conçoit bien que cette propor- tion eft bien difficile à attraper ; c’eft pourquoi lorf- que les Cordiers s’apperçoivent qu’il leur refte beau- coup de corde à commettre, & que le quarré ap- proche des 120 brafles qu'ils doivent donner à leur piece,ils font tourner très-vite la manivelle duquar- ré, & fort lentement celle du chantier; avec cette précaution le quarré n’avance prefque plus, & le toupin va fort vite: au contraire, s'ils voyent.que leur corde eft prefque toute commife, & que le quarré eft encore éloigné de 120 brafles , ils font tourner très-vite les manivelles du chantier, & len- tement celles du quarré ; alors les torons prennent beaucoup de tord, le quarré avance peu pendant. que la corde fe commet & que le chariot avance plus.vite; par ce moyen le quarré arrive aux 120 brafles aflez précifément dans le même tems que le toupin touche à lattelier ; & le cordier s’applaudit , quoiqu'il ait fait une corde très-défeétueufe, puif- qu'elle eft beaucoup plus tortillée d’un bout que de l’autre. Il vaudroit mieux laïfer la piece de corda- ge tant foit peu plus longue & un peu moins torfe, plûtôt que de fatiguer ainfi les torons par un tortil- ement forcé. Enfin le toupin arrive peu-à-peu tout près de l’attelier, 1l touche aux palombes; alors la corde eft commife , & les ouvriers qui font aux ma- nivelles du. chantier ceffent de virer. Il y auroit un moyen bien fimple de régler aflez préciément les marches proportionnelles du quarré & du toupin ; ce feroit d’attacher au chariot un fil de carret noir qui s’étendroit jufque fous le chantier où un petit gars çon le tiendroit; ce fil ferviroit à exprimer la vitefle de la marche du toupin. On attacheroïit au quarré une moufle à trois rouets, & au chantier aufli une moufle à pareil nombre de rouets ; on pafleroit un fil blanc dans ces fix rouets ; un bout de ce fil feroit attaché à la moufle du quarré, & le petit garçon tiendroit l’autre qu’il joindroit avec le fl noir: ce fil blanc exprimeroit la viteffe du quarré. Il eft évi- dent que fi la marche du chariot étoit fept fois plus rapide que celle du quarré, les deux fils que le petit garçon tireroit à lui feroient également tendus; s’il s’appercevoit que le fil blanc devint plus lâche que le noir, ce feroit figne que le quarré 1roit trop vite, & on y remédieroit fur le champ en faifant tourner moins vite les manivelles du chantier, ou plus vîte celle du quarré, ou en lâchant un peu la livarde du chariot : fi au contraire le fil noir moilifloit, on pourroit en conclurre que le chariot iroit trop vite; & il feroit aïifé d’y remédier en faifant tourner plus vitelesmanivellesduchantier,ou pluslentement celle du quarré , ou en ferrant un peu la livarde ou retraite du chariot. Cette petite manœuvre ne feroit pas fort embarraffante , & néanmoins elle produiroit de grands avantages ; car prefque toutes les cordes font commifes dans une partie de leur longueur beau coup plus ferrée que le tiers ; à d’autres endroits el- les ne le font pas au quart; & il y a bien des corda- ges où on auroit peine à trouver deux brafles qui fuflent commifes précifément au même point. Dans l’hypothefe préfente nous avons fuppofé qu’on fe propofoit de commettre une corde au tiers, 8 qu’- ainfi la marche du chariot devoit être à celle du quarré comme 7 eft à x : il eft clair qu'il faudroit va- rier le nombre des rouets des moufles, fi on fe pro- pofoit que la marche du chariot füt à celle du quarré comme s eftä 1, ou comme 4 eftà 1; ou, ce quieft la même chofe, fi au lieu de commettre une corde au tiers, on fe-propofoit de la commettre au quart ou au cinquième : mais dans tous çes ças Le problè- | me COR me eft aïfé à refoudre , puifqu'l confifte à faire en- forte que le filnoir du chariot foit au nombre des fils blancs qui paflent fur les roûets, comme la viteffe du chariot doit être à celle du quarré. On s’apper- çoit bien que nous avons recommandé de mettre un fil noir au chariot, & un fil blanc au quarré, pour qu'on püt reconnoitre plus aifément à qui appar- tient le fil qui molhiroit. Autre mauvaife pratique des Cordiers, Quand le quarté n’eft pas rendu aux 120 brafles, qui eft la longueur que je fuppofe que l’on veut donner à la piece de cordage, quoique le toupin touche aux pa- lombes, il y a des Cordiers qui continuent de faire virer la manivelle du quarré, pendant que les ma- nuelles du chantier reftent immobiles ; ils tordent ainfi la piece de cordage qui fe raccourcit, & ne comptent leurs pieces bien commifes que quand le quarré eft rendu aux 120 brafles qu’ils veulent don- ner'à leur piece; ils prétendent donner par-là plus de grace à leur cordage, & faire qu’il fe roue plus aifément: mais ils font mal fondés à le penfer. Déracher la piece 6 la faire raffeoir. Quand le maître cordier voit que fa piece eft précifément de la lon- gueur qu'il s’eft propofé de la faire;quand il penfe qu’- elle eft fuffifammenttortillée, qu’elle a toute fa per- feétion , & qu’elle eft en état d’être livrée au magafn des cordages, il fait arrêter la manivelle du quarré, il fait lier avec un fil de carret goudronné, & le plus ferré qu'il le peut, les trois torons les uns avec les autres, tant auprès du toupin qu’auprès de la mani- velle du quarré, afin que les torons ne fe féparent pas les uns des autres : on détache enfuite la piece, tant de la grande manivelle du quarré que des pa- lombes , & on la porte fur des chevalets qui font ran-. gés à deffein le long du mur de la corderie, ou fur des piquets qui y ont été fcellés pour cet ufage. On tra- vaille une autre piece de cordage, & pendant ce tems-là celle qui vient d’être commife fe rafleoit , comme difent les ouvriers, c’eft-à-dire que les fils prennent le pli qu’on leur a donné en les commet- tant ; & à la fin de la journée on roue toutes Les pie- ces qui ont été commifes. Roäer, Il faut de nécefité plier les cordages pour les conferver dans les magafins ; ceux qui font fort gros, comme les cables, fe portent tout entiers par le moyen de chevalets à rouleau, ou fur l'épaule : on les place en rond dans le magafin fur des chan- tiers. À l’égard des cordages de moindre groffeur, on les roue dans la corderie , c’eft-à-dire qu’on en fait un paquet qui reflemble à une roue , ou plütôt à une meule. Il faut expliquer comment on s’y prend pour cela. Le maître cordier commence par lier enfemble deux bouts de corde d’étoupe, d’une longueur & d’une grofleur proportionnées à la groffeur du cor- dage qu'on veut roùer ; mais cette corde doit être très-peu tottillée, pour qu’elle foit fort fouple : ces deux cordes ainf réunies s’appellent une Zaffe. On pofe cette liafle à terre, de façon que Les quatre bouts faflent une croix ; enfuite mettant le pié fur l’extré- mité de la corde qu’on veut roüer, on en forme un cercle plus ou moins grand, fuivant la flexibilité & la groffeur de la corde, & on a foin que le nœud de la liaffe fe trouve au centre de ce cercle de corde. Quand la premiere révolution eft achevée, on lie avec un fil de carret le bout de la corde avec la por- tion de la corde qui lui répond ; & cette premiere révolution étant bien aflujettie , on l'enveloppe par d’autres qu’on ferre bien les unes contre les autres, . en halant feulement deflus, fi la corde eft menue & n'eft point trop roide; ou à coups de maillet, fi elle ne veut pas obéir aux fimples efforts des bras. On continue à ajoûter des révolutions jufqu’à ce qu’on ait formé une efpece de bourlet en fpirale, qui ait Tome IF, COR 225 unpié , tn pié & demi, deux piés ou plus de largeur, _fuivant que la corde eft plus ou moins groffe ou lon- oûe. Ce premier rang de fpirale fait, on le recouvre d’un autre tout femblable , excepté qu’on commence par la plus grande révolution , & qu’on finit par la plus petite; au troifieme rang on commence par la plus petite, & on finit par la plus grande ; au qua- trieme on commence par la grande, & on finit par la petite : ce que l’on continue alternativement juf- qu'à ce que le cordage foit tout roué. Alors on prend les bouts de la liaffe qui font à la circonférence de la meule de cordages, on les pañle dans la croix que forme la liaffe au milieu de la meule ; & halant fur les quatre bouts à la fois, on ferre bien toutes les révolutions les unes contre les autres. Quand on a arrêté les bouts de la liaffe , & que la meule eft bien aflujettie, on la peut porter fur l'épaule, ou pañler dans le milieu un levier pour la porter à deux; on peut auffi la rouler, fi la groffeur & le poids de Ia piece le demandent : ear on n’a point à craindre que la meule fe défaffe. Le bitord, le lufin & le mérlin font trop flexibles pour être roués ; on a coùtume de les dévider fur une efpece de moulinet en forme d’écheveau, qu’on arrête avec une commande, où, comme difent les tflerands, avec une centaine. Tous les foirs on porte les pieces qui ont été fabriquées, dans le magafin des cordages, où l'écrivain du Roï, qui en a le détail , les pañfe en recette après les avow fait pefer ; & cette recette doit quadrer avec la con- fommation qui a été faite au magafin des tourets, parce que dans cette opération il n’y a point de dé- chet. Le tord qu’on fait prendre aux pieces de corda- ge , lorfque le toupin eft rendu auprès de l’attelier, après qu’elles font commifes , fait qu’elles fe roûent plus aifément. Ce tortillement qui ne réfulte point de la force élaftique des torons , & qui eft unique ment produit par la grande manivelle du quarré,don- ne à toute la piece un degré de force élaftique qui fait que, fi on ia plioït en deux, elle fe rouleroit , ou, ce qui eftla même chofe, les deux portions de cette corde pliée fe commettroient un peu; or cette force élaftique qui donne aux cordes cette difpofi- tion à fe rouler, fait aufli qu’elles fe roüent plus aï- fément. Ceux qui prendront la peine de rouer une piece de cordage qui a recû le tortillement dont nous venons de parler, en concevront aifément la raïon; c’eft pourquoi nous ne nous y arrêterons pas davan« tage : il nous fuffira de faire remarquer que ce petit avantage doit être négligé, à caule des inconvé- niens dont nous allons parler. Il convient de faire remarquer que fur les vaif- feaux on roue différemment les cordages ; car on commence toûjours par la plus petite révolution, foit au premier, foit au fecond , foit au troifieme rang, jufqu'au bout de la corde. Cette pratique eft préférée à bord des vaifleaux, parce que les corda- ges prennent moins de coques, & on l’appelle roxer, a la hollandoife. Nous avons obfervé en parlant du bitord, que le tortillement qui étoit produit par l’élafticité des to. rons, ne pouvoit pasfe perdre; mais que celuiquine réfultoit pas de cette élafticité, étoit femblable au tortillement d’un fil de carret,qui fe détruit prefqu’en- tierement fi-tôt qu’on abandonne ce fil à lui-même. Affürément letortillement queles cordiers donnent à leurs pieces de cordage, quand elles font commifes , eft dansce cas. Il eft donc certain que ce tortillement fe perdra tôtoutard par le fervice, d’où on peut déjà conclure qu’il eft inutile. Ce tortillement ne laïffe pas de fubffter quelque tems dans les pieces à qui on l’a donné, ce qui produit une grande difpofition à prendre des coques ; c’eft un défaut confidérable pour les manœuvres qui doivent courir dans Les pou- lies, Si Le tortillement dont nous parlons fubfiftoit F£ 226 COR dans certaines manœuvres qui font arrêtées par les deux bouts, comme les haubans , il rendroit les hé- lices plus courtes | ce qui eft toûjours defavanta- seux. Enfin par ce tortillement on fait fouffrir aux #ls un effort confidérable qu’on pourroit leur -épar- gner : tout cela prouve qu'il ferait à propos de le fupprimer. ‘ Mais on peut remarquer, 1°. que fouvent le tor- tillement fe perd par le fervice, & conféquemment que la dureté qu’il peut communiquer à la corde, .s'évänotit Due les hélices s’allongent, & l’in- convénient cefle. 2°. Que la corde détortillée, com- me on: vient de le dire, en devient plus longue, ce -qui contribue à la rendre plus forte, puifqu’alors elle fe trouve moins commife ; il eft vrai que les maîtres cordiers pourroient [ui procurer cet avan- tage fur le chantier ; mais comme leur préjugé s’y oppofe, nous pourrions, en confervant cette pra- tique, les rapprocher de nos principes fans qu'ils s’en apperçuñlent. 3°. Comme iln’eft prefque pas poflible que le toupin coule & s’avance uniformé- ment le long des torons, on égalife à peu de chofe près toutes les hélices qui fe trouvent le long de la corde, par le tortillement qu’on donne en dernier Leu, puifqu'il eft clair que ce feront les parties de la corde les plus molles ou les moins tortillées, qui recevront plus de ce dernier tortillement. 4°. Il ar- rive fouvent que la force élaftique occafionnée par Je tortillement des torons', n’eft pas entierement confommée par le commettage. En donnant à la piece le tortillement dont il s’agit, on répare cette inésalité, qui efttoüjours un défaut pour le cordage. Cela arrive affez fouvent dans les cordes où l’on prend les deux tiers du raccourciflement de la corde pour tordre les torons; mais cela eft encore plus vi- fible dans les cordages de main torfe ; car quand on ne leur donne pas le tortillement dont il s’agit, après qu’elles ont été commuifes, on les voit (quand elles font abandonnées à elles-mêmes) fe travailler & {e replier comme des ferpens, & cela dans le fens du commettage, comme fi elles vouloient fe tordre da- vantage, à quoi elles ne peuvent parvenir , foit par leur propre poids, foit par la fituation où elles ie trouvent. . On peut conclure de tout ce qui vient d’être dit, qu'il eft bon de donner aux pieces , lorfqu’elles fe- ont commiles , un tortillement capable de les rac- courcir d’une brafle ou deux , pourvû qu’on ait foin de le leur faire perdre avant que de les rouer. Du mouvement de la manivelle du quarré. Nous avons it qu’on n’employoit la manivelle du quarré que pour. tenir lieu de l’émerillon , qui fuffit quand on commet du bitord ou du merlin, & que cette grande manivelle devoit agir de concert avec l’élafticité des torons , pour Les faire rouler Les uns fur les autres, en un mot pour les commettre. Mais fi la manivelle du quarré tourne trop lentement, eu égard à la force élaftique que les torons ont acquife, quand la corde fera abandonnée à elle-même, elle tendra à fe tor- dre , & elle fera des plis femblables à ceux d’une couleuvre, ce qui eft un défaut ; f au contraire la manivelle du quarré tourne plus vite qu’il ne con- vient , elle donnera aux cordages plus de tortille- ment que l’élafticité des torons ne l'exige, & il en réfultera le même effet que fi l’on avoit tortillé la piece après qu’elle a été commife, c’eft-à-dire que le cordage aura une certaine quantité de tortille- ment, qui n'étant point l'effet de l’élafhcité des fils, ne pourra fubfiter, &c ne fervira qu’à fatiguer les fils, & à rendre les cordages moins flexibles. Ce ne font cependant pas là Les feuls inconvéniens qui ré- fultent de cette mauvaife pratique : nous en allons faire appercevoir d’autres. | - Pour mieux reconnoître la défe&tuofré des prati- ques que nous venons de blâmer, éxaminons ce qui doit arriver à une manœuvre courante, à une grande écoute, par exemple, à un gros cable, 6. en un mot, à un cordage qui foit retenu fermement parun de fes bouts, & qui foit libre par Pautre ; & pour le voir fenfiblement,imaginonsun quarantenier qui foit attaché par un de {es bouts à un émerillon, & aui réponde par l’autre à un cabeftan. Si ce cabeftan vient à faire force fur le quarantenier, de quelque fa- çon qu'il foit commis, aufi-tôt le crochet de l’éme- rillon tournera, mais avec cette différencé, que fi le quarantenier a été commis un peu mou, & s’il n’a été tortillé que proportionnellement à l’élafticité de fes torons, le crochet de lPémerillon tournera fort peu, au lieu qu'il tournera beaucoup plus, fi le qua- rantenier a été commis fort ferré , & s’il a été plus tortillé que ne l’exigeoit l’élafticité des torons; c’eft une chofe évidente par elle-même , & que l’expé- rience prouve. | Cette petite expérience, toute fimple qu’elle eft, fait appercevoir fenfiblement que les cables des an cres très-tords , qui l’ont été plus que ne l’exigeoit lélafticité des torons, font un grand effort fur les ancres pour les faire tourner, fur-tout quand à l’oc- cafion du vent & de la lame les vaifleaux forceront beaucoup fur leur ancre; or comme le tranchant de la patte des ancres peut aifément couper le fable, la vafe, la glaile, & les fonds de la meilleure tente, il s'enfuit que pour cette feule raïfon les ancres pourront déraper & expofer les vaiffeaux aux plus grands dangers, Tout le tortillement que la mani- velle du quarré fait prendre à une piece de cordage, au-delà de ce qu’exige l’élafticité des torons, donne à ce cordage un degré de force élaftique qui fait que quand on en plie une portion en deux, elles fe rou- lent l’une fur l’autre, & fe commetrent d’elles - mê- mes : Or il eft bien difficile, quand on manie beau- coup de manœuvres , d'empêcher qu'il ne fe fafle de tems en tems des plis. Si la corde eft peu tortillée, ces plis fe défont aifément & promptement ; mais fr elle a été beaucoup tortillée, & fur-tout f elle Pa plus été que ne l’exigent les torons dont elle eft com- pofée, la portion de la corde qui forme le pli, étant rouiée comme nous venons de l'expliquer, il en ré- fulte une efpece de nœud qui fe ferre d’autant plus, qu'on force davantage fur la corde ; c’eft cette ef- pece de nœud, ou plütôt ce tortillement bien ferré, que les marins appellent une cogue, Quand un cor- dage qui a une coque , doit pafler dans une poulie, fouvent les étropes, ou la poulie elle-même , font brifés ; la manœuvre eft toûjours interrompue. Un homme adroit a bien de la peine à défaire ces coques avec un épifloir ; fouvent les matelots font eftropiés, & le cordage en eft prefque toùjours endommagé ; ce qui fait que les marins redoutent beaucoup, & avec raifon , les cordages qui font fujets à faire des coques. De La charge du quarré. Nous nous fommes con- tentés d’expliquer ce que c’étoit que Le quarré oula traine, en donnant fa defcription , &c de rapporter en général quels font fes ufages. Nous avons dit à cette occafion qu’on le rendoit affez pefant par des poids dont on le chargeoit, pour qu'il tint les fils dans un degré de tenfion convenable ; mais nous n'avons point fixé quelle charge il falloit mettre fur le quarré. D Pour entendre ce que nous avions à dire à ce fu- jet, il étoit néceflaire d’être plus inftruit de l’art du cordier. Il convient donc de traiter cette matiere , qui eft regardée comme fort importante par quelques cordiers. Le quarré doit par fa réfiftance tenir les torons , à mefure qu'ils fe raccourciflent , dans un: degré de tenfon qui permette au cordier de les bien commettre ; voilà quel eft fon objet d’utilité, Si le COR quarré n’avoit pas une certaine pefanteur, il ef clair | qu'il ne fatisferoit pas à ce qu’on en attend ; les to- rons ne feroient pas tendus, & le cordier ne pour- roit pas juger fi fa corde a été bien ourdie. Pour peu qu’un des torons für plus tendu que les autres, la direction du quarré feroit changée , 1l fe mettroit de côté. Comme le traîneau éprouve néceflairement plus de frottement dans des tems que dans d’autres, quand , après que le quarré auroit éprouvé quelque réfiftance , ilfe trouveroit fur un plan bien uni, les torons élaftiques le tireroient par une fecouffe à la- quelle il obéiroit à caufe de fa légereté, & bientôt fa marche feroit dérangée. Enfin, pour que le toupin courre bien, ce qui eft toïjours avantageux, il faut que le quarré fafle quelque réfiftance ; car qui eft-ce qui fait marcher le toupin ? c’eft la preffion des to- sons, c’eft l'effort qu’ils font pour fe commettre, ou par leur élafticité, ou par l'effet de la manivelle du quarré, qui fait qu'ils s’enveloppent les uns dans les autres. Si le quarré ne réfiftoit pas à un certain point , s’il obéifloit trop aïfément à la tenfion des torons, il fe rapprocheroit trop vite du chantier, pendant que le toupin iroit lentement, à cañfe qu'il feroit moins preflé par les torons : il eft donc évi- dent qu’il faut que le quarré fafle une certaine réfif- tance. | Mais fi au contraire le quarré étoit extrèmement chargé , il en réfulteroit d’autres inconvéniens : car comme c’eft le raccourciflement des torons caufé par le tortillement , qui oblige le quarté de fe rap- procher du chantier ; comme il faut, par exemple ; plus de force pour tirer fix quintaux fur un plan que pour en tirer trois , il faudra que la tenfion des to- tons foit double pour faire avancer le quarré qui pe- fera fix quintaux, de ce qu’elle feroït pour le faire avancer d’une pareille quantité s’il ne pefoitque trois quintaux. Les torons font donc tendus proportion- nellement à la charge du quarré, parce que la tenfion des torons vient du tortillement qu’on leur donne : donc le tortillement augmente proportionnellement à la tenfion, & la tenfion proportionnellement à la réfiftance du quarré ou à fon poids, de forte que le poids du quatré pourroit être tel que fa réfiftance fe- roit fupérieure à la force des torons, alors ils rom- proient plütôt que de le faire avancer. C’eft ce qui eft arrivé plufeurs fois dans les corderies , fans que pour cela les Cordiers qui voyoient rompre un to- ron fur leur chantier, penfaflent à chercher la caufe de cet accident : ils envifagent feulement que plus un cordage eft ferré, plus il paroït uni, mieux arron- “di, & qu'on apperçoit moins fes défauts; mais ils ne font pas attention que ce cordage eft tellement affoibli par l'énorme tenfion que fes fils ont éprou- vée, que quantité de ces fils font rompus, & que les autres font tout prêts à rompre par les efforts qu'ils auront à éprouver. Cependant on voit les tour- nevires, les rides de haubans , les haubans même , 6:c. fe rompre; on examine les cordages, on voit que la matiere en eft bonne , que le fl eft uni &c ferré , que la corde eft bien ronde, & cela fuflit pour difculper Le cordier ; l’on ne veut pas voir que ce fil n’eft uni que parce qu'il eft très-tortillé, & que la cor- de n’eft bien ronde que parce que les fibres du chan- vre qui la compofent, font dans une tenfion fi pro- digieufe qu’ils font tout prêts à fe rompre; le maître cordier lui-même qui a vü les fils & même les torons rompre fur fon chantier, ne fait pas des réflexions fi naturelles , & continue obftinément à fuivre fa mau- vaife pratique. Nous ne prétendons pas que pour faire de bonnes cordes il fuffife de diminuer la charge du quarré; car il paroît évident qu’en mettant une grande charge fur le quarré, & raccourciffant peu les torons, on pourroit avoir une corde de même force que fi l’on Tome IF, COR 227 chargeoït peu Le quarré, & qu’on raccourcît Les to- rons d’une plus grande quantité. Par exemple, fi pour avoir deux aufheres de 120 brafles on en ourdit une à 180, & qu'on charge le quarré feulement de 320 livres ; qu'on ourdiffe l’autre feulement à 160 braf- fes , mais qu’on charge le quarré de 360 livres, peut- être ces deux cordes étant réduites à 120 braffes fe- ront-elles d’égale force. Nous difons peurétre, parce que nous ne fommes pas sûrs que dans cet exemple la charge du quarré {oit aflez différente pour com- penfer la différence que nous avons fuppofée dans le raccourciflement des torons ; nous voulons feule- ment donner à entendre par cet exemple l'effet qui peut réfulter de la différente charge qu'on met fur Le quarré : mais pour être encore plus certain de l'effet que la charge du quarré peut faire fur la force des cordes , il faut confulter l’expérience. On a fait faire avec de pareil fil deux auferes tout- à-fait femblables , qui toutes deux étoient commifes au tiers, mais la charge du quarré étoit différente pour l’une & pour l’autre ; fi l’on avoit fuivi l’ufage du cordier, on auroit mis, y compris le poids du quatré, 550 livres. Pour une de nos auflieres nous avions augmenté ce poids de 200 livres, ce qui fai- foit 750 livres, & pour l’autre nous l’avions dimi- nué de 200 livres ; ainfi le poids du quarré m’étoit que de 350 livres, & la différence de la charge du quarré pour ces deux cordages étoit de 400 livres : c’étoit la feule, car chaque bout.de ces cordages pe- foit, poids moyen, 7 livres 1 1 onces 4 gros. Voyons quelle a été leur force. Chaque bout du cordage dont le quarré n’avoit été chargé que de 3 solivres, a por- té 5425 livres. Et chaque bout du cordage dont le quarré avoit été chargé de 750 livres, n’a pü porter force moyenne, plus de 4150 livres. D’où l’on voit combien il eft dangereux de trop charger le quarré. Mais il convient de rapporter ici quel eft Pufage de la plûpart des maîtres Cordiers. Il y en a qui mettent fur le quarré le double du poids du cordage ; par exemple , s'ils veulent commettre un cable de douze pouces de circonférence, fachant qu’un cordage de cette grofleur & de 120 brafles de longueur pefe à- peu-près 3400 à 3soolivres ,1ls mettront fur le quar- ré 6800 livres. D’autres diminuent un douzieme , & ils mettront fur le quarré 623$ livres. À Rochefort, on met fur le quarré le poids de la piece, plus la moi- tié de ce poids ; ainfi fuppofant toûjours que le cable de 12 pouces pefe 3400 livres , ils chargent le quarré de 5100 livres. Affürément cette méthode ne fatigue pas tant les fils que la précédente. Cependant on a trouvé que quand les cordes étoient moins longues, elles fe commettoient très-bien en n’ajoûtant que le tiers ou le quart au poids de la corde ; ainfi dans le cas dont il s’agit , fi la corde n’avoit que Go braffes de long, onpourroit ne mettre fur le quarré que 4533 livres ; ou même fi elle étoit encore plus courte, 3825 livres fufiroient : en un mot, pourvü que l’on ne tombe pas dans l’excès de charger le quarré de pref- que le double du poids de la piece ,iln’y a pas grand inconvémient à fuivre la méthode de Rochefort, fur- tout pour les cordages qu’on ne commet pas bien ferré ; car ayant fait commettre un cordage au quart avec Le quarré plus chargé qu’à l’ordinaire, & un pa- reil cordage au tiers, le quarré étant moins chargé qu’à lordinaire , le cordage commis au quart s’eft trouvé le plus fort : ce qui prouve qu'il y a plus d’a- vantage pour la force des cordes, de diminuer de leur raccourciflement , que de diminuer de la char- ge du quarré. | Nous croyons qu’on eff maintenant affez inftruit de la Corderie pour comprendre les confidérations fuivantes, que l’on peut regarder comme les vrais principes de l’art. De la force des cordes , comparée à la fomme des for. f ï 228 COR ces des fils qui Les compofent. Il eft queftion de favoir en premier lieu, fi la force des cordes furpafle la force des fils qui compofent ces mêmes cordes. Le fentiment vulgaire (& plufeurs auteurs de réputa- tion fe font eforcés de le foûtenir ) eft que deux fils tortillés l’un fur l’autre font plus forts qu’étant pris féparément, Ce fentiment a été réfuté par l’expé- tience, & le raifonnement par MM. de Muflchen- broeck & Duhamel. Voici les démonftrations de M. Duhamel. Voyez dans fon ouvrage Jes expériences. 1°. Les torons font roulés en fpirale ; done leur furface extérieure occupe une plus grande place que l'intérieure ; donc la partie extérieure de ces torons eft plus tendue que l’intérieure ; donc elle porte un plus grand poids , car ces fibres déjà tendues ne pour- ront s’allonger pendant que les autres feront en état de céder: donc elles rompront plus promptement. 2°, On ne peut tordre des fils, qu’on ne les charge d’une force pareille à un poids qu’on leur applique- toit ; fi on les tord trop, cette feule force eft capable de les faire rompre : ainf 1l n’eft pas poffible qu'ils n’én foient affoiblis. 3°. Quand on charge une corde tortillée , elle s’al- longe, & toutes les fibres qui font plus tendues fe rompent , les autres fe frottent & s’alterent, ce qui tend toûjours au détriment de la corde. 4°. La dire@on oblique des fils tortillés contribue aufli à l’affoibliflement des cordes ; pour cela exami- nons quelle e la difpofition des cordons qui compo- fent une corde: ce qu'on pourra voir dans la fg. 13. PI, F. qui repréfente une corde compofée de deux cordons , dont les deux bouts ne font pas achevés de tortiller. Le cordon 4 P, qui n’eft pas ombré dans la figure, eft roulé ou tortillé fur le cordon CP qui eft ombré, de même que le cordon C P eft roulé ou tor- tillé fur Le cordon 4 P ; enforte qu’ils s’appuient l’un fur l’autre , & fe croifent fans cefle dans tous les points, comme ils le font au point P. La direétion de chacun de ces cordons eft en forme d’hélice ; car nous fuppofons ici une corde parfaite dont les deux cordons foient égaux en tout fens, & par conféquent que les deux hélices formées par leurs deux direc- tions foient égales, enforte que le cordon CP foit autant courbé ou incliné fur le cordon 4 P, que le cordon À P eft incliné vers le cordon € P, Cette éga- lité d’inclinaifon doit fubfifter, & fubfifte en effet dans tous les points imaginables de la longueur de la corde : ainfi ce qu’on pourra dire d’un point pris ar- bitrairement , pourra s'entendre de tous en particu- ler. Nous avons dit en premier lieu que par le tortille- ment ces deux cordons fe croifent, d’où 1l fuit qu'ils forment continuellement de nouveaux angles. Nous avons dit en fecond lieu que les deux cordons étoient également inclinés l’un vers l’autre ; d’où 1l fuit que les angles qu’ils forment en fe croifant, font égaux dans toute la longueur de la corde : mais comment découvrir la quantité de ces angles formés par la rencontre des deux hélices ? Il fera aifé de le connoï- tre fi l'on confidere que les hélices , ainfi que toutes les autres courbes, peuvent être regardées comme étant compofées d’une infinité de petites lignes droi- tes ; & que les angles qué forment fans cefle les deux hélices en fe croifant, font formés par la rencontre des petites lignes droites dont chacune d’elles eft com- pofée ; c’eft-à-dire que Pangle P, par exemple, for- mé par les deux direétions d’hélices des cordons, peut être regardé comme un anple retiligne formé par la rencontre des deux petites lignesdroites, dont P A & PC ne font que le prolongé. Or qu’eft-ce que c’eft que le prolongé des petites , ou, fi l'on veut, d’une des infiniment petites lignes droites dont une courbe eft compofée ? C’eft fans contredit unetan- & A L4 gente à cette courbe : donc l’angle P formé par la COR tencontre des deux petites lignes droites dont les deux hélices font compofées, peut être mefuré par l’angle que forment les deux tangentes 4 P & CP, en fe rencontrant au point P, puifque les deux tan- gentes 4 P & C P ne font que le prolongé des deux petites lignes dont les hélices font compofées. Ce qui a été dit à l’égard du point P, peut fe dire de tous les points imaginables pris dans la longueur : de la corde; aïnfi il eft conftant qu'il n’y a pas un feul point de la corde dans lequel les cordons ne fe croifent & ne forment un angletel que l’angle P, du- quel on pourra connoïtre la quantité en tirant par ce point pris où l’on voudra , deux tangentes à la direétion des deux hélices , lefquelles feront refpec- tivement paralleles aux deux lignes 4 P & CP. I eft queftion à préfent d’examiner quel ef l'effet que produit ce croifement des cordons, &z sl peut cau- fer une augmentation ou une diminution de force à la corde qu'ils compofent. Chacun des deux cordons porte fa part du fardeau appliqué au point #, & lui réfifte avec un certain deoré de force felon fa direc- tion particuliere ; la direétion des deux cordons eft en forme d’hélice, enforte qu’ils fe croifent fans cefle & forment dans tous les points des angles tels que l’angle P : d’oùil fuit que dans tous les points imagi- nables de la corde, le cordon 4 P, qui n’eft pas om- bré, réfiftera au fardeau appliqué an point Havec un certain degré de force dans une direéion telle que A P, c’eft-à-dire parallele à 4 P ; & de même le cor- don C'P qui eft ombré, réfiftera au fardeau appliqué au point avec un certain degré de force, tel que C P ou parallele à CP. Si donc 1°. un fardeau appliqué au point Æ de la corde, agit pour la tendre dans la diredtion P Æ, il eft certain que le point P fera tiré felon cette direc- tion. 29, Puifqil a été dit que le cordon qui n’eft pas ombré réfiftera à l'effort du poids dans la direc- tion À P, il eft encore certain que le point P fera ti- ré ou retenu avec un certain degré de force felon la direétion 4 P, 3°. De même puifqu'il a été dit que le cordon qui eft ombré réfifte à l’effort du poids dans la direétion CP, il eft encore certain que le point P fera tiré ou retenu dans la direétion € P avec un cer- tain degré de force: voilà donc le point P tiré par trois puiflances qui agiflent les unes contre les au- tres, pour le tenir en équilibre felon les direétions PH, P4,P C, Oril eft démontré que trois puiffan- ces qui tiennent un point mobile en équilibre , font en même raifon que les trois côtés d’un triangle qui font menés perpendiculairement à leur dire&tion: f donc, fig. 14. les lignes P H, P 4, PC, repréfen* tent la direétion de ces trois puiflances, les lignes # E,BD,DE, qui forment le triangle BD Æ dont les côtés font menés perpendiculairement aux direc- tions des trois puiffances, exprimeront la jufte va- Jeur de chacune de ces puiffances. Enforte que 1°. le côté B E exprimera le degré de force de la puiffan- ce A, c’eft-à-dire du poids ; & fi ce poids eft tel que la moindre petite augmentation foit capable de fai- re rompre la corde, cette ligne B Æ exprimera le degré de force avec lequel les deux cordons réunis &c tortillés enfemble pour former une corde, font capables de réfifter à l'effort de ce poids. 2°. Le côté B D exprimera le degré de force de la puiffance À, c'eft-à-dire le degré de force avec lequel le cordon qui n’eft pas ombré eft capable de réfifter à Pefort d’un poids , fi ce cordon étoit tiré felon cette direc+ tion, 3°. Le côté D exprimera le degré de force avec lequel le cordon ombré eft capable de réfifter à lef- fort d’un poids, fi ce cordon étoit tiré felon cette direétion feulement. Il fufit d’avoir les élémens les plus fimples de la Géométrie, pour connoître que les deux côtés d’un triangle valent enfemble plus que le troifieme tout feul ; ainfi on conviendra que dans COR le triangle BDE, le côté BE eft moindre que la fomme des deux autres B D + D E : or le côté BE exprime le degré de force des deux cordons réunis &t tortillés pour former une corde, les côtés B D & D E expriment le degré de force avec lequel cha- cun des deux cordons eft capable deréfifter à l'effort d’un poids. | | Autre démonftration. La direftion des torons dans une corde compofée de deux, peut être confidérée comme deux torons féparés l’un de l’autre, & aux- quels on donneroiït la même diredion que les torons ont dans la corde commife ; ainf les deux torons P 4, PC, 15, feront un angle d'autant plus ouvert, que la corde fera plus commife; 4 P C, par exem- ple, fi elle left au tiers; 1 PL, fielle l’eftau quart ; M PN, fi elle l’eft au cinquieme. Suppofons main- tenant, 16, que deux différentes perfonnes foûtien- nent le poids Æ à l’aide des deux torons PC, P 4, lequel foit capable de rompre chaque toron: l'effort compofé qui réfultera des deux forces particulieres PC, PA, fera repréfenté par PE, 17, qui eft la diagonale du lofange P 4,£ C; cet effort compofé marque tout le poids que peut foûtenir la corde , & cependant les deux efforts particuliers repréfentés par PC, P 4, font enfemble plus grands que l'effort compofé repréfenté par P E ; c’eft néanmoins cet ef. fort particulier que les cordons ont à fupporter. Il y a donc une partie de l’effort des cordons qui eft en pure perte pour foûlever le poids ; c’eft ce qui de- vient fenfible par l’infpeétion de la fig. 18. car on ap- perçoit afément que fi la corde étoit plus tortillée, ou, ce qui eft la même chofe, files torons P C, P À, 18, approchoient plus de la perpendiculaire à 4 Æ, leur direétion étant changée, ils produiroient en- core moins d'effet pour foûlever le poids A: chaque toron à la vérité aura la même force particuliere, puifque les lignes PC, P 4, n'auront point changé de longueur; mais comme les forces particulieres feront encore plus contraires dans leur diretion, & comme elles s’accorderont moins à agir fuivant la verticale pour foûlever Le poids A, ou fuivant la di- reftion de la corde AP, leur effort commun fera: encore plus petit, parce qu’il y aura plus de force employée fuivant une dire&tion latérale, & par con- féquent de perdue pour foûlever le poids Æ. Enfin fi la dire@ion des cordons PC, P 4, 19, étoit per- pendiculaire à HE, l'effort compofé feroit anéanti, & les forces PC, PA, ne tendroient nullement à foûlever le poïds Æ. Il eft évident que le contraire arriveroit fi la corde étoit très-peu commife; car alors les cordons PC, P 4, 20, approchant de la direéhon P F7, l'effort compolé P E deviendroit plus confidérable, & les forces agiroient plus de concert pour foûlever le fardeau Æ. Ces cordons PC, PH, pourroient même être tellement rapprochés l’un de l’autre, que la diagonale P E qui exprime l'effort com- poé feroit prefqu'auffi longue que les lignes P €, P À, quiexpriment les forces particulieres, Donc deux cordes réunies & tortillées pour n’en faire qu’une, font moins d'effort pour réfifter à un poids, que ne feroient ces deux cordes fi elles agifoient féparé- ment felon leur direétion : c’eft-à-dire que par le tor- tillement qui a aflemblé ces deux cordes, chacune d'elles a perdu une partie du degré de force qu'elle avoit auparavant pour réfifter à l'effort d’un poids; & par conféquent qu’elles font moins en état de ré- fifter à cet effort, que fi elles étoient tirées par un poids égal felon leur longueur; ce qu’il falloit dé- montrer. C’eft d’après les même principes que l’auteur que nous analy{ons conclut, qu’il y auroit pareillement de l'avantage à ne raccourcir qu'au quart ou qu'au cinquieme , au lieu de fuivre lufage , qui eft de rac- courcir au tiers. C’eft la certitude que le tortille- COR 229 ment affoiblit les cordes, qui détermina M. de Mu chembroeck à chercher le moyen d'en faire fans cette condition. Voyez dans M. Duhamel l'examen de fes tentatives. Lorfqu’il arrive au toupin d’être rendu auprès de l’attelier avant que le quarré foit au tiers accordé par le cordier pour le raccourcif. fement des fils, fes cordages font dits par le cordier CornmEs au tiers mou; & ceux en qui cela n’arrive pas, font dits commis au tiers ferme. L'expérience a fait voir que les premiers étoient les plus forts. Le tortillement diminue donc toñjours la force des cor- des ; mais on ne peut s’en pañer : il faut néceffaire- ment tordre lestorons, &avantque de Les commet: tre , & pendant qu'on les commet. Suppofons qu’on veuille faire une piece de cordage commife, fivant l’'ufage ordinaire, au tiers, on ourdira les fils à 180 brafles, pour avoir un cordage de 120 de longueur; ainf Les fils auront à fe raccourcir de 6o brafles par le raccourciflement des torons qu'on tord, foit avant de les commettre, foit pendant qu'on les commet: Nous avons dit que quelques cordiers divifoient en deux le raccourciffement total, & en employoient la moitié pour le raccourciflement des torons avant que d’être commis, & l’autre lorfqu’on les commet : anf, fluvant cette pratique, on raccourciroit les torons de 30 braffes avant que de mettre le toupin, êt des 30 autres brafes pendant que le toupin par- courroit la longueur de la corderie, Nous avons auf remarque que tous les Cordiers ne fuivoient pas exattement cette pratique, & qu'il y en avoit qui raccourcifloient leurs torons, avant que de les com- mettre, de 40 brafles, & feulement de 20 brafles pendant l’opération du commettage : c’eft affez l’u- fage de la corderie de Rochefort. On pourroit penfer que cette derniere pratique auroit des avantages ; car en tordant beaucoup les torons avant que de les commettre, on augmente l'élafticité des fils, ce qui fait que quand la corde fera commife elle doit moins perdre fa forme, & refter mieux tortillée : quand on la commettra, le toupin en courra mieux, les héli- ces que forment les torons feront plus allongées, &c le tortillement fe diftribuera plus également fur tou- te la piece. Ceux qui donnent moins de tortillement aux torons, pourroient auffi appuyer leur pratique fur des raifons affez fortes : ils pourroïent dire qu'ils fatiguent moins les fils, & qu'ils évitent de donner trop d'élafticité aux torons : mais l'expérience eft contre eux ; elle démontre qu’on augmente la force des cordes en diminuant le tortillement des torons avant lapphcation du toupin. Ainfi un cordier qui obffinément voudroit commettre fes manœuvres au tiers, feroit donc de meilleures cordes s’il ne don: noit que trois neuviemes de tortillement à fes torons avant de mettre le toupin, & que fix neuviemes après qu'il l’a mis, on quand il commet fa corde, que sil donnoit pour le raccourciffement de la pre- miere opération fix neuviemes, & en commettant feulement trois neuviemes ; parce que , fans s’en ap- percevoir ; 1l commettroit fa corde beaucoup plus lâche que le tiers. Cela feroit à merveille pour les cordages commis au tiers, mais nous croyons qu'il en feroit autrement pour un cordage commis au quart ou au cinquieme ; c’eft ce qu'il faut expliquer. Sion ourdit une piece de cordage qui doit avoir 120 braffes de longueur, & que l'intention foit de la commettre au tiers, on donne aux fils 180 brafles de longueur ; & pour faire ce cordage comme l’auf- fiere £ de la premiere expérience, on raccourcit les torons , avant de mettre le toupin , des deux tiers du raccourciflement total, c’eft-à-dire de 20 brafles, & ils acquierent aflez de force élaftique par ce tor- tillement pour fe bien commettre ; il refte 40 brafles pour commettre la corde, & c’eft beaucoup plus qu’il ne faut pour confommer la force élaftique des 230 COR torons. Mais fi au lieu de fe propofer de commettre une piece autiers, onla vouloit commettre au quart, on n’ourdiroit pas les fils à 180 braffes, mais feule: ment à 150; & au lieu d’avoir 6o brafles pour le rac: courciflement, ‘on n’en auroit que 30 : maintenant fi on vouloit n'employer pour ce cordage , comrne pour le précédent, qu’un tiers du raccourciffement total pour tordre les torons avant que de mettre le toupin, on ne devroit dans cette premiere opération raccourcir les torons que de dix brafles au lieu de vingt; & alors les torons auroient acquis fi peu de force élaftique, que quand on viendroit à ôter la piece de deffus le chantier, les vingt brafles de tor- tillement qu’on auroit données en commettant fe perdroient prefqu’entierement; & la corde étant ren- due à elle-même, au lieu d’être commife au quart, ne le feroit peut-être pas au cinquieme : au contraire fon avoit raccourci les torons, dans la r'° opération, de la moitié du raccourciflement total, c’eft-à-dire de 15 brafles, les torons ayant acquis plus de force élaftique, la corde fe détortilleroit moins quand elle feroit rendue à elle-même, & elle refteroit commife au quart. Il faut donc mettre d’autant plus de tortil- lement fur les torons avant de mettre le toupin, qu”- on commet la corde plus lâche : ainfi pour commet- treau cinquieme une corde pareille, le raccourcif- fement total étant de 24 brafles, il en faudroit em- ployer plus de 12 pour le raccourciflement de la premiere opératron, fi l’on vouloit avoir une corde qui ne perdit pas tout fon tortillement. Noms @ ufages de différens cordages, 1°. Des lignes. On diftingue de quatre fortes de lignes; favoir, 1°. les lignes à tambour ; 2°, les lignes de fonde ou à fonder ; 3°. les lignes de loc; 4°. les lignes d’amar- rage. Les lignes à tambour font ordinairement faites avec fix fils fins & de bon chanvre, qu'on commet au rouet & qu’on ne goudronne point. Il n’eft pas befoin de dire que leur ufage eft de rendre la peau fonore des caïfles ou des tambours. Les lignes à fon- der ont ordinairement un pouce & denu de grof- feur, & 120 brafles de longueur. Les lignes de loc font faites avec fix fils, un peu plus gros que le fil de voile: on ne les goudronne point, afin qu’elles foient plus fouples , & qu’elles filent plus aifément quand on jette Le loc. Les deux dernieres efpeces de lignes font à l’ufage des pilotes. Les lignes d’amar- rage font, de même-.que les trois précédentes, de premier brin; mais comme elles fervent à beaucoup d’ufages différens, favoir, aux étropes des poulies, aux ligatures ,aux haubans, aux étais, 6c. il en faut de différente grofleur ; c’eft pourquoi on en fait à fix fils & à neuf. On les commet toutes en blanc, mais on en trempe une partie dans le goudron, & l’autre fe conferve en blanc, fuivant l’ufage qu’on en veut faire. 29, Des quaranteniers. Il y a des quaranteniers de fix & de neuf fils, qui ne different des lignes d’amar- rage que parce qu'ils font du fecond brin: car tous les quaranteniers font de ce brin; maïs il y en a qui ont 18 fils, &c même davantage, On les commet tout goudronnés : 1ls n’ont point d’ufage déterminé ; on Îles employe par-tout où l’on a befoin de cordage de leur groffeur & qualité. On diftingue les pieces par leur longueur en quarantemiers fimples qui ont 40 brafles , & quaranteniers doubles qui en ont 80; & on diftingue leur groffeur , en difant #7 quarantenier de fix ; de neuf, de quinze fils, &c. 3°. Des ralingues. Les ralingues font deftinées à border les voiles, où elles tiennent lieu d’un fort ourlet, pour empêcher qu’elles ne fe déchirent par les bords. Il y a des corderies où l’on commet toutes les pieces de ralingues de 8o brafles de longueur, & dans d’autres on en commet depuis 35 Juiqu'à 400,.& on leur donne depuis un pouce jufqu’à fix Li de groffeur, diminuant tofjouts par quart de pouce. On les fait avec du fil goudronné, premier brin, & on les commet un peu moins ferré que les antres cordages, afin qu’étant plus fouples , elles obéïffent aifément aux plis de la voile. Suivant l’ufage ordi- naire, On ourdit les fils à un quart plus que la lon- gueur de la piece, plus encore un cingquieme de ce quart : ainf pour 80 brafles , :! faut ourdir les fils à 104 brafles: en virant fur les torons, on raccourcit d’un cinquieme ou de 20 brafles ; & en commettant, on réduit la pièce à 8o brafes. Nous croyons qu'il les faut commettre au quart. Si donc l’on veut avoir une tralingue de 80 braffes, nous l’ourdirons à 100 braffes ; & comme 1l eft important que les hélices foient très-allongées, afin que le toupin aille fort vite, nous raccourcirons les torons de 15 brafles, &t le refte du raccourciflement fera pour commet- tre. Si par hafard on employe une piece de ralingüe à quelque manœuvre, 1l n’y a point de matelot qui ne fache qu’elle réfifte beaucoup plus qi’une autre manœuvre de même groffeur avant que de rompre. N'eft:il pas furprenant après cela qu’on fe foit obfti- né fi long-tems à affoiblir les cordages à force de les tortiller ? 4°. Cordages qui fervent aux carenes du port. Les cordages qui fervent aux carenes du port, pour- roient être fimplement nommés du nom générique d'auffiere, qu’on diftingueroit par leur eroffeur en auffiere de deux ou trois pouces, 6c. néanmoins on leur a donné des noms particulièrs ; les uns fe nom- ment des francs funins, les autres des prodes, des aiguillettes , des pieces de palans, &cc. On commet toüjours ces différens cordages en pieces dé cent vingt brafles, & on s’aflujettit aux grofleurs que fournit le maître d'équipage. Néanmoins les francs funins ont ordinairement fix pouces de groffeur, les prodes &c les aisullettes cinq, & les pieces de pa- lans deux pouces & demi jufqu’à trois & demi; ce qui fouffrira beaucoup d’exceptions : car ordinaire- ment les francs funins qu’en deftine pour les grandes machines’ à mâter, ont cent trente brafles de lon- gueur. Pour que ces manœuvres roulent mieux dans les poulies, on ne les goudronne point, ce qui n’eft fujet à aucun inconvénient, puifqu’on peut ne les pas laiffer expofées à la pluie ; & comme elles doi- vent fouffrir de grands efforts, on les fait toutes de premier brin. Il y a des ports où on fait les francs funims moitié fil blanc & moitié fil goudronné : cette méthode eft très-mauvaife. | Pieces fervant aux manœuvres des vaifleaux. Outre les différens cordages que nous venons de nommer, on commet dans les corderies des pieces qui n’ont point une deftination fixe, qui fervent tantôt à une manœuvre & tantôt à une autre, felon le rang des vaifleaux. Elles ont toutes 120 brafles de longueur, elles font toutes faites avec du fil goudronné, & on ne les diftingue que par leur groffeur : on'en fait de- puis dix pouces jufqu’à deux. Il y a des maitres d’é- quipage qui font un grand ufage des auflieres à trois torons. Ceux-là demandent des pieces de haubans, des tournevires , des itagues, des drifles, des guin- derefles, des écoutes de hune, &c. pour lors on s’aflujettit aux proportions qu'ils donnent, & fui- vant les méthodes que nous avons indiquées. Des auffieres à quatre, cing & fix torons. On our- dit ces fortes de cordages comme ceux qui n’ont que trois torons. Quand les fils font étendus, on les di- vife en quatre, en cinq ou en fix faifceaux; ainf pour faire une auffere à trois torons, comme il a fallu que le nombre des fils pût être divifé par trois, une corde, par exemple, de vingt-quatre fils pou- vant être divifée-par trois, on a mis huit fils à cha- que toron ; de même pour faire une corde de vingt- quatre fils à quatre torons , il faut divifer les fils par quatre, & on aura fix fils pour chaque torôn ; ou pour faire une corde de vingt-quatre fils à fix torons, il faudra divifer vingt-quatre par fix, & on aura quatre fils par toron. Mais on ne pourroit pas faire une corde de vingt-quatre fils à cinq torons, parce qu'on ne peut pas divifer exaétement vingt-quatre par cinq ; ainfi il faudroit mettre vingt-cinq fils , èc on auroit cinq fils par toron. On met autant de manivelles au quarré & au chantier, qu’on a de torons , & on vire fur ces to- tons comme fur les trois dont nous avons parlé dans les articles précédens ; on les raccourcit d’une mème quantité, on les réunit de même du côté du quarré à ime feule manivelle : pour les commettre on fe fert d’un toupin qui a autant de rainures qu'il ÿ a de to- ons. Enfin en commettant les torons on les raccour- cit autant que quand il n’y en a que trois ; ai il y a peu de différence entre la façon de fabriquer les auffieres à quatre, cinq ou fix torons , &c celles à trois. De la meche. Quand on examine attentivement une aufliere à trois torons, on voit que les torons fe font un peu comprimés aux endroits où ils s’ap- puient l’un fur l’autre, & qu'il ne refte prefque point de vuide dans l’axe de la corde. Si on examine de même une aufliere à quatre torons , on remarque qu'ils fe font moins comprimés , & qu'il refte un vuide dans l’axe de la corde. À l'égard des cordes à fix torons , leurs torons font encore moins compri- més, & le vuide qui refte dans la corde eff très- grand. | . Pour rendre fenfble la raïfon de cette différence, confidérons la coupe de trois torons placés paralle- . Jement l’un à côté de l’autre,comme dans la PZ. IF. fig. 1. C’eft dans ce cas où il paroïît qu'il doit moins refter de vuideentr’eux, parce que quand les torons font gros, la difficulté qu'il y aura à les plier, aug- mentera le vuide, & d'autant plus que les révolu- tions des hélices feront plus approchantes de la per- pendiculaire à l’axe de la corde. Nous ferons remar- quer en paflant, que cette raifon devroit faire qu'il auroit moins de vuide dans les aufieres à quatre &c à fix torons, que dans celles à trois, puifque les révolutions d’un toron dans celles à trois torons, font bien.plus fréquentes que dans celles à quatre, & dans celles à quatre que dans celles à fix ; néan- moinsil refte plus de vuide dans les auflieres à qua- tre torons que dans celles àtrois, & dans celles à fix que dans celles à quatre, & cela pour Les raïfons fuivantes. . Nous confidérons l’aire de la coupe de trois torons pofés parallelement comme les trois cercles , fig. 1. A B C', qui fe touchent par leur circonférence. On appercevra que les cercles qu’on fuppofe élaftiques, s’applattiront aux attouchemens , pour peu qu'ils foient preffés l’un contre l’autre, &c que les torons templiront aifément le vuide qui eft entreux ; car ce vuide étant égal au triangle G 77, moins les trois feéteurs ghz, qui valent enfemble un demi- cercle, ne fera que la vinet-huitieme partie de l'aire d’un des torons; ainfi chaque toron n’a à prêter, pour remplir le vuide, que d’une quantité égale à la quatre-vingt-quatrieme partie de fon aire ; encore cette quatre-vingt-quatrieme partie eft-elle partagée en deux, puifque la compreflion s'exerce fur deux portions différentes de chaque toron. Or les torons peuvent bien fe comprimer de cette petite quantité, d'autant qu’à mefure qu'ils fe commettent , 1ls fe dé- tordent un peu, ce qui les amollit, & les torons d’un cordage à trois torons faifant plus de révolu- tions dans des longueurs pareilles , que les torons des auflieres à quatre & à fix torons, ils doivent fe détordre & moilir davantage , à moins qu’en les _ commettant-on ne fafle tourner Les manivelles du COR 23 chantier beaucoup plus vîte que quand on commet des auflieres à quatre, à cinq ou à fix torons. Pour appercevoir à la fimple infpeétion que la compreffion des torons d’une aufliere à trois torons eft peu confidérable, on peut jetter les yeux fur la figure 2. où l’on verra que les furfaces comprimées des torons font des angles de cent vingt degrés. Il fuit de ce que nous venons de dire, que pour connoître la quantité du, vuide qui refte entre les torons de toutes fortes de cordages , il n’y a qu'à chercher le rapport d’une fuite de polygones conf- truits fur le diametre d’un des torons ; car le rapport des vuides fera celui de ces polygones, diminué fuc- ceflivement d’un demi-toron pour l’aufliere à trois torons , d’un toron pour l’aufliere à quatre, d’un toron & demi pour l’aufliere à cinq, &c de deux to- rons pout l’aufere à fix torons , pourvü que les to- tons foient d’égale groffeur dans toutes les auffieres. Cela pofé, examinons le vuide qui reftera entre les torons d’une aufliere à quatre torons. Il eft égal à un quarré L MN O, fig. 3. dont le côté eft égal au diametre d’un toron, moins quatre feéteurs m0, égaux enfemble à un toron : or l’aire d’un quarré circonfcrit à un toron étant à l’aire de la coupe de cetoron, ä-peu-près comme 14 eft à 11, l’aire de la coupe d’un toron fera au vuide compris entre les quafre torons ,| Comme 14 moins 11 eft à 11 ; OU comme 3 eft a xx, c’eft-à-dire que le vuide compris entre les quatre torons, ne fera que les trois onzie- mes de Paire du toron. Il fuit donc, pour remplir le vuide , que chacun des quatre torons prête du quart de ces trois onziemes , ou de trois quarante- quatriemes , ou d’une quantité à-peu-près égale à la quinzieme partie de fon aire. Il faudroit que les torons priflent à-peu-près la forme repréfentée par la fig. 4. & que les côtés applatis fiflent des angles de quatre-vingt-dix degrés; c’eft trop : ainfi il reftera un vuide dans axe de la corde, mais qui ne fera pas aflez confidérable pour qu’on foit dans la néceflité de le remplir par une meche. Si lon examine de même la coupe d’une aufhere à fix torons , fg. 5. on appercevra que le vuide qui reftera entreles torons, fera beaucoup plus grand, puifqu'il égalera à peu de chofe près l’aire de la coupe de deux torons, & que chacun des fix torons fera obligé de prêter d’un tiers de fon aite ; ainf pour que les torons puffent remplir le vuide qu'ils laiffent entr'eux, 1l faudroit qu'ils priflent à-peu-près la forme qu eftrepréfentée par la figure 6. & que les côtés applatis formaflent des angles de 60 degrés. . On remarque fans doute que nous avons comparé des cordes de groffeur bien différente, puifque nous les avons fuppofé faites avec des torons de même grofleur , & que les unes font formées de trois to- rons , Les autres de quatre, les autres de fix; & on juge peut-être que nous aurions dù comparer des. cordes de même groffeur, mais dont les torons fe- roïent d’autant plus menus, que les cordes feroient compofées d’un plus grand nombre de torons, pour dire, par exemple, que le vuide qui eft dans une auffiere de quatre pouces de groffeur , eft tel, fi elle eft formée de trois torons, tel, fi elle eft formée de quatre torons, & tel, fi elle eft formée de fix to- rons ; mais ce problème eft réfolu par ce qui a précédé: car puifqu’il eft établi que l’efpace qui tefte entre trois torons, eft égal à la vingt-hui- tieme partie de l'aire d’un toron ; que celui qui refte entre quatre torons , eft égal à trois onziemes de l'aire d’un des torons ; & que l’efpace qui refte entre fix torons, eft égal à l’aire de la coupe de deux to- rons, on pourra, fachant la groffeur des torons, en conclure le vuide qui doit refter entr’eux pour des aufieres de toute groffeur, & compofées de trois, quatre ou fix torons. Néanmoins il faut convenir que 232 COR pluñeurs caufes phyfiques rendent cet efpace vuide plus ou moins confideérable. Entre les cordages de même groffeur , ceux à trois torons font commis plus erré que ceux à quatre, & ceux-ci plus que ceux à ‘fix ; ce qui peut faire que les torons feront plus com- primés dans un cas que dans un autre ; &t le vuide de l’axe peut encore être changé par la direétion des torons, qui dans les cordages à trois eft plus appro- Chante de la perpendiculaire à l’axe de la corde, que dans ceux à quatre, & dans ceux-ci que dans ceux à fix. Mais une plus grande exaétitude feroit fuper- ue. Il fufit de favoir qu’il refte un vuide au centre des cordages, & de connoître à-peu-près de combien il eft plus grand dans les cordages à fix torons que dans ceux à quatre, & dans ceux-ci que dans ceux à trois, pour comprendre que ce vuide les rend difficiles à commettre, & fouvent défedtueux , fur- +out quand les aufleres font grofles, à caufe de la roideut des torons , qui obéiflent plus difficilement aux manœuvres du cordier. Il eft aifé d’en apperce- voir la raifon, car puifqu’al y a un vuide à l'axe du cordage, les torons ne fe roulent autour de rien qui lés foûtiénne ; ils ne peuvent donc prendre un ar- rangement uniforme autour de cet axe vuide, qu’à là faveur d’une preflion latérale qu’ils exercent les uns à l’égard des autres : or pour que cet arrange- ment régulier fe conferve, il faut qu'il y ait un par- fait équilibre entre les torons, qu'ils foient bien de la même groffeur, dans une tenfion pareille, égale- ment tortillés , fans quoi il y auroit immanquable- ment quelque toron qui s’approcheroit plus de l’axe de la corde que les autres ; quelquefois même , fur- tout dans les cordes à cinq & fix torons, un d’eux fe logeroit au centre de la corde, & alors les autres fe rouleroient fur lui : en ce cas ce toron ne feroit que fe tordre fur lui-même, pendant que les autres for- meroient autour de lui des hélices qui Penveloppe- roient, Une corde de cette efpece à cinq ou fix to- rons feroit très-mauvaife, puifque quand elle vien- droit à être chargée, le toron de l’axe porteroit d’abord tout le poids, qui le feroit rompre; & alors l’auffiere n’étant plus compofée que des quatre ou cinq torons reftans, auroit perdu le cinquieme ou le fixieme de fa force, encore les torons reftans fe- roient-ils mal difpofés les uns à l’égard des autres, & le plus fouvent hors d'état de faire force tous à la fois. C’eft pour éviter ces défauts que la plüpart des cordiers rempliflent le vuide qui refte entre Les to- rons avéc un nombre de fils qui leur fervent de point d'appui, & fur lefquels les torons fe roulent : ces fils s’appellent l'ame ou la meche de la corde. Voici les ptécautions que l’on prend pour la bien placer. Groffeur des meches. On ne‘met point, & on ne doit point mettre de meche dans les cordages à troiss torons, la compreflion des torons rempliffant pref- que tout le vuide qui feroit dans l’axe. On n’eft pas dans l’ufage de faire de grofles cordes avec plus de quatre torons, &r quelques cordiers ne mettent point non plus de meche dans ces fortes de cordages. Le vuide qui refte dans laxe n'étant pas à beaucoup près aflez confidérable pour recevoir un des quatre torons, un habile cordier peut , en y donnant le foin néceflaire, commettre très-bien & fans défaut qua- tre torons fans remplir le vuide ; néanmoins la plà- à Ar , pätt des cordiéts, foit qu'ils fe méfient de leur adref- fe , foit pour s’épargner des foins & de l'attention, prétendent qu’on ne peut pas fe pafler de meche pour ces fortes de cordages ; & ceux qui font de ce fentiment , font partagés {ur la groffeur qu'il faut donnet aux meches : les uns les font fort grofles, d’autres les tiennent plus menues, chacun fe fon- dant fur des tables qu’ils ont héritées de leurs mai- tres, &c auxquelles ils ont donné leur confiance. Nous ayons entre les mains quelques-unes de çes COR tables de la plus haute réputation ; qui néanmoins ne font conftruites fur aucun principe , & qui font vifiblemens défe&tueufes. Cependant il nous a paru qu'il étoit bien-aifé de fixer quelle sroffeur al faut donner aux meches ; cat Le feul objet qu’on fe pro- pofe étant de remplir le vuide qui refte dans l’inté- rieur, pour donner aux torons un point d'appui qui empèche qu'ils n’approchent plus les uns que les au- tres de l’axe de la corde , il fuffit de connoître la proportion du vuide avec les torons , eu égard à leur groffeur & à leur nombre: car il faut augmenter la groffeur des meches proportionnellement à l’au- gmentation de groffeur des torons , & proportion- nellement à celle de leur nombre , évitant toùjours de faire des meches trop groffes, 1°, pout ne point faire une confommation inutile de matiere , 2°. pour ne point augmenter le poids & la groffeur des cor- dages par une matiere qui eft inutile à leur for- ce, 3°. parce que des mechestrop groffes feroient extrèmement ferrées par les torons , & nous ferons voir dans la fuite que c’eft un défaut qu'il faut éviter le plus qu’il eft poñble. Pour remplir ces différentes vûes, connoïffant par ce qui a été dit dans l’article précedent , que pour remplir exaétement tout le vuide qui eff au centre des quatre torons , il faut les trois onziemes d’un toron, on croiroit qu’il n’y a qu’à fe conformer à cette regle pouravoir une meche bien proportion- née ; mais ayant remarqué que les torons fe compri- ment non-feulement aux parties par lefquelles 1ls fe touchent , mais encore à celles qui s’appuient fur la méche, nous avons jugé qu'il fuffroit de faire les meches de la groffeur d’un cercle inferit entre les quatre torons, tel que le cercle 4, fig. 7. la com- preflion des torons & celle de la meche étant plus que fufifantes pour remplir les petits efpaces repré- fentés par les triangles curvilignes «a aa, c’eft-à- dire que la meche ne doit être que la fixieme partie d’un des torons, parce que le rapport du cercle 4 au cercle B eft comme 1 à 6. Suivant cette regle, dont l’exaditude eft fondée fur beaucoup d’expé- riences, on a tout d’un coup la groffeur des meches pour des cordages à torons de toutes fortes de grof= feurs : il faut donner un exemple de fon applica- tion. | Sion veut commettre une aufliere à quatre torons de onze pouces de grofleur, fachant qu’en employant des fils ordinaires, 1l en faut çinq cent quatre-vingt, non compris les fils de la meche , ondivife cinq cens qeierie par quatre, & on a cent quarante-cinq ls pour chaque toron, Ondivife enfuite ce nombre de fils par fix, & le quotient indique que vingt-qua- tre à vingt-cinq fils fufifent pour faire la meche de ce cordage , fuppofé toutefois qu'on veuille mettre une meche dans ces cordages ; car il eft à propos de s’en pañler. À l'égard des cordages à fix torons, pour peu qu'ils foient gros , 1l n’eft pas poffible de les commettre fans le fecours d’une meche ; mais quoi- que le vuide de l'axe foit à-peu-près égal à Paire de deux torons , on fait par bien des épreuves qu'il fuit de faire la meche égale à un cercle infcrit entre les fix torons, ou, ce qui eft la même chofe, égal à un des torons , f£g. ®. Maniere de placer les meches. I ne fuit pas de fa- voir de quélle groffeur doivent être les meches, il faut les placer le plus avantageufement qu'il eft pof- fible dans l’axe des cordages ; pour cela on fait or- dinairement pañler cette meche dans un trou de tar- riere qui traverfe l’axe du toupin, & on l’arrête feu- lement par un de fes bouts à l'extrémité de la gran- de manivelle du quarré, de façon qu’elle foit placée entre les quatre torons qui doivent l’envelopper. Moyennant cette précaution, la meche fe préfente toïjours au milieu des quatre torons, elle fe place dans COR dans l’axe de lauffiere , & à mefure que le toupin s’avance vers le chantier , elle coule dans le trou qui le traverfe, comme les torons coulent dans les rainures qui font à la circonférence du toupin, Il faut remarquer que comme la meche ne fe rac- courcit pas autant que les torons qui l’enveloppent, il fufit qu’elle foit un peu plus longue que le cor- dage ne fera étant commis; un petit garçon a feule- ment foin de la tenir un peu tendue à une petite dif- _ tance du toupin pour qu’elle ne fe mêle pas, & qu’: elle n’interrompe pas la marche du chariot, Pour mieux räflembler les fils des meches, la plüpart des cordiers divifent les fils qui les compofent en deux ou trois parties, & en font une vraie aufliere à deux ou à trois torons. | __ On conçoit bien que quand les torons viennent à fe rouler fur ces fortes de meches, ils les tortillent plus qu’elles ne létoient, quand même ils auroient . Vattention de les laifler fe détordre autant qu’elles l’exigeroient fans les gêner en aucune façon. Or pour peu qu'elles fe tortillent, elles augmentent de groffeur & fe roidiffent ; ainf elles font dans l’axe de l’aufiere fort roides , fort tendues , & fort pref- fées par les torons qui les enveloppent. C’eft pour cette raifon qu’on entend les meches fe rompre aux moindres efforts, & que fi on défait les cordages après qu'ils en ont éprouvé de grands , on trouve les meches rompues en une infinité d’endroits. Voilà quel eft l’ufage ordinaire des Cordiers , & l'inconvénient qui en doit réfulter ; car il eft viñble que la meche venant à fe rompre, les torons qui {ont roulés deflus ne font plus foûtenus dans les en- droits où elle a rompu, alors ils fe rapprochent plus de l’axe les uns que les autres, 1ls s’allongent donc inégalement, ce qui ne peut manquer de beaucoup afoiblir Les cordes en ces endroits. = Ne point commettre les meches. Il feroit à fouhaiter qu’on eût des meches qui püffent s’allonger propor- tionnellement aux torons qui les enveloppent ; mais c’eft en vain qu'on a eflayé d’en faire : on a feule- ment rendu les meches ordinaires moins mauvaifes. Quand des aufleres un peu groffes font des efforts confidérables , les torons preflent fi fort la meche qu'ils enveloppent, qu’elle ne peut gliffer ni s’allon- ger. Pour meche (au lieu d’une corde ordinaire) il faudra émployer un faifceau de fils qui forme le mê- me volume & que l’on placera de la même manie- . re, mais que l’on tortillera en même tems & dans le même fens que les torons; par ce moyen la me- che fe tortillera & fe raccourcira tout autant que les toronsæ Il faut fe fouvenir que quand on commet une corde, la manivelle du quarré tourne dans un fens oppofé à celui dans lequel les torons ont été tortillés , & comme ils le feroient pour fe détordre, Or comme la meche qui fera déjà tortillée tournera fans obftacle dans ce fens-1à , il faut abfolument qu'elle fe détortille à mefure que la corde fe com- met ; & comme elle ne peut fe détortiller fans que les fils qui la compofent fe relâchent & tendent à s’allonger, la meche reftera lâche & molle dans le centre de la corde, tandis que les torons qui font autour feront fort tendus; & sl arrive que la corde chargée d’un poids s’allonge, la meche qui fera là- che pourra s'étendre & s’allonger un peu : s'il avoit été pofhble de la faire fi lâche qu’elle ne {ît aucun effort, aflurément elle ne romproit qu’après les to- rons; mais juiqu'à préfent on ia pû parvenir à ce point, fur-tout quand les cordages étoient un peu 810$: | . On convient qu’une meche , de quelqu’efpece qu’elle foit, ne peut guere ajoûter à la force des cor- des , ainfi il ne faut y employer que du fecond bin ou même de l’étoupe ; tout ce qu’on doit defirer, g’eft de les rendre moins çaflantes , pour qu’elles û . | Tome IF, | COR 33 foïent tohjouts en état de tenir les tofohs en équis libre , & de les empêcher de s’approcher les uns plus que les autres de l’axe des cordes. Des cordages à plus de trois rorons. Comme on eft Obligé d'employer une meche pour la fabrique des cordages qui ont plus de trois torons, il eft évident que cette méche qui eff dans l’axe toute droite & fans être roulée en hélices comme les torons ; né peut contribuer à la force des cordages ; car fi elle réfifte , comme elle ne peut pas s’allonger autant que les torons, elle eft chargée de tout le poids & elle rompt néceffairement; f elle ne réfifte pas, elle ne concourt donc pas avec les torons à fupporter le fardeau: ainf les cordages à meche contiennent néceflairement une certaine quantité de matiere qui ne contribue point à leur force ; ces fortes de cor- dages en font par conféquent plus gros &c plus pe- fans fans en être plus forts, ce qui eft un grand dé- faut. Encore fi cette meche ne rompoit pas, fi elle étoit toüjours en état de foûtenir les torons, le mal ne feroit pas fi confidérable ; mais de quelque façon qu'on la fafle, elle rompt quand les cordages foufs frent de grands-efforts, & quand elle eft rompue les torons perdent leur ordre régulier , ils rentrent les uns dans les autres, ils ne forcent plus également , & ils ne font plus en état de réfifter de concert au poids qui les chargé, - | Enfin on ajoûte encore que la meche étant envez. loppée de tous côtés par les torons, conferve l’hu midité, s’échauffe, pourrit & fait pourrir les to= rons; d’où l’on conclut qu’il faut profcrire les cor: dages à plus de trois torons. Cependant on trouve par l’expérience, que quoïque la fupériorité de for- ce des cordages à quatre &c à fix torons ne fe trouve pas toûjours la même , cependant les torons font conftamment d'autant plus forts qu’ils font en plus grand nombre, plus menus, & que leur direétion cit plus approchante de la parallele avec l’axe de la corde ; & cette fupériorité eft telle., qu’elle com- penfe fouvent & même furpafle quelquefois la pe- fanteut de la meche qui eft inutile pour la force des cordages. LT Des auffieres à plus de quatre toroñs, On ne croit _ pas qu’il foit poffible de faire des auffieres avec plus de fix torons. Les auflieres à fix torons font aflez difficiles à bien fabriquer ; elles demandent toute: l'attention du cordier pour donner à chaque toron un égal degré de tenfion & de tortillement : aïinfi il _ faudra fe réduire à les faire de quatre, de cinq, ot de fix torons tout au plus. ; Quoiqu'il foit très-bien prouvé qu'il eft avanta= geux de multiplier le nombre des torons, nous n’o= ferions néanmoins décider f pour l’ufage de la ma- rine il conviendroit toüjours de préférer les auflie= res à cinq ou fix torons à celles à trois &c à quatre; parce que l’avantage qu’on peut retirer de la multi= phication des torons s’évañouit pour peu qu’on laïfle glifler quelques défauts dans la fabrique de ces cor- dages ; &c peut-on fe flatter qu’on apportera tant de précautions dans des manufadures aufli grandes &£ auf confidérables que les cordertes de la marine, tandis que des cordages faits avec une attention: toute particuliere , fe font quelquefois trouvés dé- feéttueux ? ) De l’ufage de la meche dans les cordages à 4, 4, & Gsorons. L'avantage des cordages à quatre, cinq, ou fix torons feroit très-confidérable fi on pouvoit. les commettre fans meche; la chofe n’eft pas poffis ble pour les auflieres qui ont plus de quatre torons, mais il y a des cordiers aflez adroits pour faire des: cordages à quatre torons très-bien commis, fans le fecours des meches ; ils parviennent à rendre leurs torons fi égaux pour la groffeur, pour la roideur & pour le tortillement, & ils conduifent f bien leur RS: Êg 234 COR toupin, que leurs torons fe roulent les uns auprès deslantres aufli exactement que fi l’axe du cordage étoit plein. Le moyen de les commettre avec plus de facilité, & qui a le mieux réuffi, a été de placer au centre du toupin une cheville de bois pointue, qui étoit aflez longue pour que fon extrémité fe trou- vât engagée entre les quatre torons, à l’endroit pré- cifément où ils fe commettoient actuellement ; de cette facon la cheville fervoit d'appui aux torons ; dmefure que le toupin reculoit, la cheville recu- loit auf, elle fortoit d’entre les torons qui venoient de fe commettre, & fe trouvoit toüjours au milieu de ceux qui fe commettoient aétuellement. Avec le fecours de cette cheville, on parvient à commettre fort régulierement & fans beaucoup de difficulté des cordages à quatre torons fans meche. Mais, dira-t- on, fi moyennant cette précaution , on feulement par l’adrefle du cordier ; on peut commettre régu- lierement des cordages à quatre torons fans meche, n’y at-il pas lieu de craindre que quand on char- _ gera ces cordages de quelque poids , leurs torons ne {e dérangent ? n’aura-t-on pas lieu d'appréhender que les torons ne perdent par le fervice leur difpo- fition réguliere ? Encore fi on commettoit ces torons bien ferme , on pourtoit efpérer que le frottement que ces torons éprouveroient les uns contre les au- tres, pourroit les entretenir dans la difpofition qu'on leur a fait prendre en les commettant : mais puifqu’il æété prouvé qu'il étoit dangereux de commettre les cordages trop ferrés ,rien ne peut empêcher ces to- rons de perdre leur difpofition ; & alors les uns roi- diffant plus que les autres , ils ne feront plus en état de réfifter de concert au poids qui les chargera. Ces objetions font très-bonnes : néanmoins s’il y a quelques raifons de penfer que les torons qui fe- ront fermement preffés les uns fur les autres par le tortillement feront moins fujets à fe déranger , il y a auf des raifons qui pourroient faire croire que cet accident fera moins fréquent dans les cordages commis. au quart que dans ceux qui le feroient au tiers. Car on peut dire : les torons des cordages com- mis au tiers font tellement ferrés les uns fur Les au- tres-par le tortillement , que le poids qui eft fufpen- du aw bout de ces cordes tend autant ( à caufe de leur fituation ) à les approcher les uns contre les au- tres , qi’à les étendre felon leur longueur ; ‘au lieu que les: torons des cordages commis au quart étant plus lâches, & leur direction étant plus approchante d’une parallele à l’axe de la corde, le poids qui eft fufpendu au bout tend plus à les étendre felon leur longueur , qu'à les comprimer les uns contre les autres: Si la corde étoit commife au cinquieme, 1l y auroit encore moins de force employée à rappro- cher les torons ; ce qui paroïtra évident fi Pon fait attention que les torons étant fuppofés placés à côté les uns des autres fans être tortillés, ne tendroient point du tout à fe rapprocher les uns des autres, & toute leur force s’exerceroit felon leur longueur. Effe&tivement il eft clair que deux fils qui fe croi- feroient & qui lient tirés par quatre forces qui agiroient par des direétions perpendiculaires les unes aux autres, comme 4444, (fig. 9. PL, P.) ces fils fe prefferoient beaucoup-plus les uns contre les autres au point de réumion D, que s'ils étoient tirés füivant des diredions plus approchantes de la pa- tallcle B-B.B B, &c alors ils prefleroient plus le point de réunion Æ, que s'ils étoient tirés fuivant des di- reétions encore plus approchantes de la parallele, comme CCCC; c’eft un corollaire de la démonftra- tion que nous avôns donnée plus haut. - Il eff certainément beaucoup plus difficile de bien -comméttre un-cordage à quatre torons fans meche qu'avec une meche ; mais cette difficulté même a fes avantages, parce que-les Cordiers s’appercoivent: Bes, P q PPErc plus aifément des fautes qu’ils commettent ; cat il eft certain qu’en commettant une pareille corde, fi l’un des torons eft plus gros, plus tortillé, plus ten- du, en un mot plus roide que les autres, le cordier- s’en apperçoit tout aufhi-tôt, parce qu'il voit qu'il s'approche plus de l’axe de la corde que les autres, & 1l elt en état de remédier à cet inconvénient ; au leu qu'avec une meche Les torons trouvant à s’ap- puyer fur elle, le cordier ne peut s’appercevoir de la différence qu'il y a entre les torons, que quand elle eft confidérable ; c’eft principalement pour cet- te raifon qu’en éprouvant des cordages qui avoient des meches, 1l y aura fouvent des torons qui ren- treront plus que les autres vers Paxe de la corde aux endroits où la meche aura rompu. On fait par expérience, qu'avec un peu d’attén- tion l’on peut fort bien commettre de menues auf- fieres à quatre torons, qui n’auroient pas plus de quatre pouces de groffeur, fans employer de meche; mais il n’eft pas poflible de fe pafler de meche pour commettre des auflieres de cette groffeur lorfqu’el- les ont fix torons. On n’a pas eflayé de faire commettre fans meche des auflieres à quatre torons qui eufflent plus de qua- tre pouces & demi de grofleur ; mais on en a com- mis & on en commet tous les jours à Toulon de fix, huit, dix, douze, & quinze pouces de groffeur, qui ont paru bien conditionnées ; en un mot, toutes les auffieres à quatre torons qu’on fait à Toulon n’ont point de meche : on ne fe fouvient pas qu'on ait ja- mais mis de meche dans les cordages, & l’on pré- tend même que la meche étant exaétement renfer- mée au milieu des torons, s'y pourrit & contribue enfuite à faire pourrir les torons. | . Mais fi, comme il y a grande apparence, on peut fe pafler de meches pour les cordages à quatre to- rons , il ne s’enfuit pas qu'il n’en faille point pour les cordages à cinq & à fix torons ; le vuide qui refte dans l’axe eft trop confidérable, & les torons étant menus, échapperoient aifément les uns de deffus les autres & fe logeroient dans le vuide qui eft au cen- tre, d'autant que ce vuide eft plus confidérable qu’il ñe faut pour loger un des torons. Mais les épreuves qu'on a faites pour reconnoître la force des corda- ges à quatre torons fans meche, prouvent non-feu- lement qu’on peut gagner de la force en multiphant le nombre des torons, mais encore que quand des auflieres de cette efpece feroient bien faites, elles foutiendront de grands efforts fans que leurs torons fe dérangent. Noms © ufages des cordages dont on vient dparler. Il y a des ports où l’on employe peu d’auflieres à quatre torons ; dans d’autres on en fait quelquefois des pieces de hauban depuis fix pouces jufqu'à dix, des tournevires depuis fix pouces jufqu’à onze, des itagues de grande vergue depuis fix pouces jufqu’à onze , des auflieres ordinaires fans deftination pré- cife, des francs-funins , des garants de caliorne, des garants de palants, des rides, 6%. depuis un pouce jufqu'à dix. Des grelins. Si Von prend trois auflieres , & qu’on les tortille plus que ne l’exige l’élafticité de leurs torons, elles acquerront un degré de force élaftique qui les mettra en état de fe commettre de nouveau les unes avec les autres ; & on aura par ce moyen une corde compofée de trois auflieres, ou une cor- de compofée d’autres cordes: ce font ces cordes compofées qu’on appelle des grelins, Ce terme, quoi- que générique, n'eft cependant ordinairement em ployé que pour les cordages qui n’excedent pas une certaine groffeur ; cat quand ils ont dix-huit , vingt, vingt-deux pouces de circonférence, ou plutôt and ils font deftinés à fervir aux ancres, on les nomme | des cables ; s'ils doivent fervir à retenir les grapins des COR galéres ,on les nomme des gummes, où fimplement des cordages de fonde; parce qu'on dit en italien, en ; où fe réunit tous fous uné forme d'ézerire; qu'on.lût aux peuples lé texte dé la parole de Dieu fins. commentaire, 8x que’ chactin ém penfât comme il lui conviendroit, 1! croy@tt qu'on: pouvait être bon: Chrétien fans êtré membre d'aucune éghle vifbles auf ne commimie quoit-1l avec perfonne ; ce qui toit fortconféquent dans tn homme mécontentdetonit le mondes Elie dé: clara un pet plus-ouvertement contre le Calvinifine qué Contre aucune autre façon:de penfer. La prove: ébion' du princeid’Orangécmettant fa perfonne:à cor: vent des violences auxquelles les feétaires qui l'envie fonnoient fe feroient portés volontiers ; ils firent obligés: de s’en-tenit aux injures; mais en révanché ils lui en dirent beaucoup, felon-Fufage: CORNE, LÉ. (AE: nan des Infééé) pointe fine; dire ; fañs: arnculation,, qui fort ordinairement de Jà tête des infeftess 22, 1 INT La Nature a donné desléoines dures à quelques fêtes, tout:comme-ellé na donñé à divers quadrue pêdes. Ces-corres différent des antenñesi, en ce qe êlles n’ont point d’articulations. Plufieurs infeétés wont qu'une carre qui eft placéefur la tête 8r s'élez védireétement en-haut, où fétrécourbé en afriére commerune faucille. Nos Nattiralites én ont donné désfigures ::mais by daufiidesinfeétes qui ont deux corrès placées au-devañt de la: têtei,; s’étendant vers les côtés, ou $’élevant en hgné droite. Ces égrxes font oui courtes junies, & üunipew récourbées' enide: dans. comme des fançilles; où elles font branchiies 246 COR come celles du cerÉvolant Quelquefois elles font égalesen longueur, 8&n d’autres fois elles font plus grandes lune que l’autre. CRE DÉRN L'on trouve auffi des infe@tes qui ont trois de ces cornès qui s'élevent perpendiculairement ; tels font , par exemple, les cornes de l’énena du Bréfil. Foyer da defcription de cerinfeike dans Marcgrave, kiff, Brafil. LIL. ïc.ip. JE UE | RU, F2 Tous les infedtes ne portent pas leurs cornes à Ta tête ;-car onen voit qui les ‘ont des déux côtés des épaules près de la tête. à Œ -L Enfin, dans quelques infeêtes elles font immobi- Jes',-8&c mobiles dans d’autres. Ceux-c1 peuvent par ce moyen {errer leur proie comme avec des tenail- les, & ceux-lagéçarter ce qui fetrouve en leur che- mins | Il regne à tous ces égards des variétés infinies fur le nombre , la forme, la longueur, la poftion, la ftruêure , les ufagesiades cornes dans les diverfes ef. peces d’infeétes. Nous devons au microfcope une infinité de curieufes obfervations en ce genre; mais comme iln’eft pas poffible d’entrer dans ce vafte dé- tail , nous renvoyons le leéteur aux ouvrages de Leuwenhock , de Swammerdam, de M. de Reau- mur, de Frifch, Lesfers , & autres favans Natura- liftes. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. * Corne, f. f. (Phyfiol.) partie dure & folide qui naît fur la tête de quelques animaux à quatre piés. _ Le tiflu de ce corps dur & folide paroït être un compofé de plufieurs filets, qui.naïffent par étages de toute la furface de la peau quieft fous la corne. Tous ces filets étant réunis, colés, &c foudés enfém- ble-par-une humeur vifqueufe qui les abreuve ; for- ment autant de cornets de différente hauteur, qui font enchâflés les uns:dans les autres, &c prolongés jufqu'à-la pointe de la corne ; d’où vient que cette pointe compofée. detoutes ces enveloppes eft fort folide.,: & que plus-on approche de la bafe où ces cornets fimflent-par étages , plus on! voit que Pé- paifleur & la dureté. de la core diminuent. . Si lon-prend une corne fciée felon fa longueur; après Pavoir fait bouillir, on voit l’os qui foutient la corne, lequel fetrouveauffi fcié felon fa longueur; & l’on remarque au-dedans de: cet os diverfes cel: lules revêtues d’une membrane parfemée d’un très- grand nombre de vaiffeaux. Sipour lors on détache de l'os la corne qui le couvre; ‘on voit paroïtre fur la furface extérieure de larpeau quireft entrée dans la corne & l'os, les-racines d’une infinité de mem- branes:arrangées par étages. d’où les diverfes cou- - ches de la-corze ont pris leur origine: On apperçoit encore que la furface intérieure de larcorze eft per- cée:par autant d’étages de petites: cavités! qui ré- pondent à fes mammelons, lefquels ont quantité de vaifleaux qui portent la nourriture dans tout l’inté- rieur des couches deila corze. Enfin l’accrofement & le gonflement de la tige des cornes des cerfs ju tifient qu’elles ne font que les productions des mam: melons de la:peair.: Ref _ Les fillons quiparoïffent fur les cornes 1orfqu’elles font dépouillées de leur peau, femblent formés par le gonflement des veines & des arteres parfemées dänsla peau qui couvroitles corzes, & ces vaifleaux font enflés & tendus par l’affluence perpétuelle du fang qui y aborde, dela même maniere qu’on voit au-dedans du.cfane-des fillons tracés par les vaïf: feaux-de la dure-mere. Aux animaux dont Les cornes ae tombent pas, l’apaphyfe de los du front qui fert de-ptemiere, bafelà la.éorne , & le-péhcrane qui la couvre, croiflent.& font croître; lascorze par plus fieurs couches qui s’appliquent les unes aux autres, & qui formentiune croûte, 1,21." : , gel L'ingénieux & induftrieux Malpighia le premier dévoilé, avant Pannéex 675, (voy. fes épitressp«ar) - courbant rentre dans la chair. Poriginé, l’accroïflement, & la firidure dé fa corré des animaux : enfüite l’illuftre du Verney expofa le même méchanifme dans une leftré écrite à M. fe P. Coufin, inférée dans le Jourrialdes favans du 3 Maï 1689;8 c’eft auf d’après leurs principes qu’on peut “expliquer la formation de ces excroiflances qu'on voit naître quelquefois en certains endroits du corps de l’homme, & que l’on appelle improprement des corr1es. mes AR De ces éxcroiflances, on'en a fait dans fous les tems des corzeside bélier, blanches , grifes, noires; de toutes fortes de longueur & de figure monftruen- fe ; car qw’eft-ce que l’amour du merveilleux n’a pas enfanté? qu'eft-ce que la crédulité n’à pas adopté à Si l’on en croit quelques écrivains , l'imagination feule à même produit des corxes ; témoin lhiftoire que fait Valere Maxime (4. F, ch. vj.) du préteut Cippus , qui pour avoir aflifté le jour avec grandé affeétion au combat des taureaux , & avoir eu en fonge toute la nuit des cornes en tête, les produifit bien-tôt fur fon front par la force de fon imagina- tion. Nos auteurs modernes ne font pas exempts de contes de cette efpece. RE eu Ce qu'il y à de vrai; quoique le cas foit encore fort rare, c’eft qu'il vient quelquefois dans quelques parties du corps, fur le front par exemple, une ex- croiflance ou élevation longue , dure, ronde, & pointue , qui réflemble à une corze. Le cas le plus fingulier de cette difformité , eft celui d’un payfan; dont parlent nos hiftoriens , & Mézeray en parti culiers ® =! © | | | -" Au pays du Maine, dit-il, en Pännée 1509, il fe trouva un payfan nommé François Troillu, âgé de $ ans, portant à la tête une corse qui avoit percé dès l’âge de fept ans. Elle étoit cannelée en lignes droites ; & fe rabattoit en-dedans comme pour ren- trer dans le crane... Ce payfan s’étoit retiré dans les bois pour cacher cette difformité monftrueufe ; & y trävailloit aux charbonnieres. ..: Un jour que le maréchal de Lavardin afloit à la chafle , fes gens ayant vû ce payfan qui s’enfuyoit coururent après; & comme il ne fe découvroit point pour faluer leur maître , ils lui artacherent fon bonnet, & ainñ ap- perçurent cette corne. Le maréchal fit venir cet hom- me à la cour, le préfenta à Henri IV, &c il fut donné en fpettacle dans Paris à tout le monde. Defefperé de fe voir promener comme un ours ; il'en conçut tant de chagrin qu’il en mourut bien-tôt après. M: de Thou, qui a été témoin de ce fait, ajoûte (liv, CXXIII.) que cette corne placée au côté droit du front , s’étendoit en fe recourbant vers le côté gauche, deforte que la pointé retomboit fur le cra= ne & l’auroit bleffé fi on ne l’eût coupée de tems entems ; alorsilreflentoit de grandes douleurs, com: me aufh lorfque les fpeétateurs la touchoient un peu tudement. On éprouve de même les douleurs les plus vives lorfque Pongle d’un des doigts du pié en fe re- Il paroît affez que toutés ces fortes d’excroïffances ont la même origine, & ne font que des produétions des mammelons de 14 peau. On pourroïît, fuivant Les apparences;prévenir de telles difformités dans le com: mencemenñt ; car comme elles s’annoncent d’abord par une petite groffeur qui fait foulever la peau , & qui réfifte au toucher, en frottant fouvent cette groffeur avec de l’efprit-de-fel, la racine de Pex- croïflance fe deflécheroït & tomberoit d'elle-même: - Les auteurs d’obfervations rapportent divers exem- ples de ces fortes d’exeroiffances cornuiés nées aux ‘extrémités des orteils & des doigts ,: 82 en effét leur ftruéture’ 8 celle des ongles ont énfemble beaucoup d’affinité; cependant il faut convenir que dans.les cornes des arimaux 4l ne régne point là mêmeuni formité que dans. les ongles; les cornes des animaux D COR font très-variées en contour , en forme , en gran- deur, en dureté, en ufages, & à plufieurs autres égards; 1l faut encore convenir que jufqu’à ce jour les Phyfciens n'ont fait qu'y jetter un coup d’œil trop fuperficiel & trop peu curieux. 4rricle de M, Le Chevalier DE JAUCOURT. CORNE (Bétes a), Œconom. ruflig. On ne com- prend fous cette dénomination que les bœufs , va- ches, & chevres. Voyez BESTIAUX. CORNE DE CERF. Voyez CERF. Corne DE CERF (Gelée de) Pharmacie, Prenez raclure de corne de cerf demi-livre ; faites-la cuire à petit feu dans trois pintes d’eau commune, jufqu'à confiftence de gelée ; coulez la décoétion , &c la paf- fez ; mêlez-y fucre choïfi une demi-livre, puis vous la clarifierez avec le blanc d'œuf. Ajoûtez-y vin blanc quatre onces, jus de citron une once , & la gelée fera faite. Quand on a verfé la gelée dans les pots, il faut les mettre dans un lieu frais & fec, afin qu’elle fe coagule plus facilement. Elle refte quelquefois en été neuf ou dix heures à fe congeler, Elle ne fe garde guere plus long-tems que la gelée de viande ; c’eft pourquoi on en fera peu à la fois, & on la renou- vellera fouvent. Voyez Chambers & James. Cette gelée eft nourriflante, cordiale & reftau- rante ; on la prend à La dofe d’une cuillerée toutes les quatre heures, ou dans un bouillon , ou feule. On fera la gelée de viperes de la même façon; mais elle eft de peu d’ufage, quoique d’un grand fecours pour purifier le fang, & dans Le cas où l’on met en ufage les bouillons de viperes. *CoRNE DE Bœur. C’eft cette partie double, éminente, contournée, pointue, noirâtre, qui dé- fend La tête du bœuf. Voyez BœuFr. On en fait grand ufage dans les arts; on en fait des manches de difé- rens inftrumens. On tire de l’extrémité qui eft{olide, des cornets d’écritoire. On la drefle au feu, on la- mollit, on la lime & polit ; alors on y remarque des matbrures très-agréables, OnnommeTableriers-Corne- tiers ceuxquiemployent cette matiere. Pour l’amol- Ur, la mouler, 6 lui donner telle forme que vous voudrez , avez de l'urine d'homme gardée pendant un mois ; mettez-y de la chaux vive & de la cendre gravelée ou de lie de vin , le double de chaux, la moitié de cendres. Ajoutez fur une livre de chaux &t une demi-livre de cendres, quatre onces de tar- tre & autant de fel ; mêlez bien le tout ; laiflez bouil- lir & réduire un peu le mêlange, pañez-le; gardez cette leflive bien couverte. Quand vous voudrez amollir la corne, laiflez-la repofer dedans pendant une huitaine de jours. Ou ayez des cendres de tiges & têtes de pavots; faites-en une leflive, & faites-y bouillir la corne. Ou ayez dela cendre de fougere, autant de chaux vive ; arrofez le tout d’eau, faites bouillir ; réduifez un peu le mélange, laïffez-le enftite fe repofer & {e clarifier ; tranfvafez, ayez enfuite des raclures de cornes , jettez-les dans cette leffive, laifflez-les y pendant trois à quatre jours, oïgnez-vous les mains d'huile, paitriflez la corne, & la moulez. Ouayez jus de marrube blanc, d’ache, de mille- feuilles, de raifort, de chelidoine, avec fort vinai- gre ; mettez la corretremper là-dedans, & l’y laïflez pendant huit jours. ; Qu ayez cendre gravelée & chaux vive , faites- en une forte leflive, mettez-y de la raclure de corse; faites bouillir la raclure dans la lefive, elle fe met- tra en pâte facile à mouler. On pourra même, en ajoûtant de la couleur, teindre la pâte. M. Papillon graveur en bois, de qui nous tenons ces préparations , prétend qu’elles réufliront non- feulement fur la corne, mais même fur l’yvoire, Il COR 2.47 ajoûte que pour amollir les os, il faut prendre les portions creufes de ceux des jambes, avoir du jus de marrube, d’ache, de millé-feuilles, de raifort, avec fort vinaigre , en parties égales ; en remplir les os, bien boucher les ouvertures, enforte que la li- queur ne puiffe fortir ; les enterrer en cet état dans le crotin, & les y laifer jufqu’à ce qu'ils foient mous. Pour l’yvoire &c les os , on dit qu'il fuñiit de les faire bouillir dans de fort vinaigre. Ayez aufli du vitriol Romain , du fel réduit en poudre ; arrofez le tout de fort vinaigre : diftillez, On ajoûte que le réfultat de cette diftillation amol- lira l'os & l’yvoire qu’on y laiflera féjourner ; & que fi on fait pafler de-là ces fubftances dans le fue de bettes , elles s’attendriront tellement , qu’elles prendront des empreintes de médailles qu'on rendra durables en mettant d’abord les pieces imprimées dans le vinaigre blanc, & enfuite dans de l’eau de puits fraiche. | Nous ne garantiflons aucun de ces effets ; nous les publions afin que quelqu'un les éprouve, & voye fi fur ce grand nombre il n’y en auroït pas qui tint cé qu’on en promet. CORNE , (Æiff. rar.) on donne communément le même nom à ces efpeces de petits télefcopes qui partent de la tête du limaçon & autres animaux fem- blables, & aux touffes de plumes qui s’élevent fur celle des chat-huants &c autres oïfeaux. CoRNE, ( Maréchall, & Manege.) eft un ongle dur & épais d’un doigt , qui regne autour du fabot du cheval, & qui environne la fole & le petit pié; c’eft-là où l’on broche les clous lorfqu’on le ferre; fans que le fer porte & appuie fur la fole; parce que celle-ci étant plus tendre que la corre , le fer la fou- leroit, & feroit boîter le cheval. Quand la corne eft ufée, on dit, Ze pié ef} ufé. On met du furpoint à la corne du pié des chevaux, lorfqu’elle eft feche & ufée. Foyez SURPOINT. Les avalures viennent à la corze. L’encaftelure vient à la corse des piés de devant. Votre cheval a un javart encorné. Voyez AVALURE, ENCASTELU- RE & JAVART. : Quand un cheval a beaucoup de corze à la pince des piés de devant, le maréchal y peut brocher haut, fans crainte de rencontrer le vif, & à l'égard des piés de derriere, il doit brocher haut au talon, maïs bas à la pince, parce que la corne y eft près du vif. On dit donner un coup de corne a un cheval, pour dire /e faigner au milieu du troifieme, au quatrieme cran, au fillon de la mâchoire fupérieure ; ce qu’on fait avec une corne de cerf dont le bout eft afilé & pointu, ce qui fait l’effet d’une lancette. On donne un coup de corne à un cheval qui a la bouche échauf- fée. Corne de vache. Les maréchaux appellent ainfi une véritable corne de vache ouverte par les deux bouts, dont ils fe fervent pour donner un breuvage à un cheval. | Muer de corne , voyez MuEr. (7) Corne DE CERF, Coronopus , ( Hiff. nat. Bot.) genre de plante dont les fleurs & les fruits font fem- blables aux fleurs & aux fruits du plantain, dont 1l ne differe qu’en ce que les feuilles font profondé- ment découpées , tandis que les feuilles du plantain font feulement dentelées. Tournefort, 22/2. rei herb. Voyez PLANTE. (1) Corne DE Cerr, plante, (Mariere méd.) Cette plante a à-peu-près les mêmes propriétés que le plantain, mais on n’en fait aucun ufage dans la pra- tique de la Médecine. Foye PLANTAIN. we CoRNE D’AMMON, cornu Ammonis , (Hifi. naë, Minéralog.) pierre figurée dont l’origine & la forma- tion font à préfent bien connues ; on ne doute plus 24% COR que ce ne foit une pétrification de coquille. Dés qu'on eft parvenu à détruire une erreur, 1 feroit à fou- haiter que l’on püt en effacer le fouvenir. À quoi bon retracer les chimeres qui ont fait illufion à l’ef- prit humain, &c les fuperftitions qui l’ont abruti pendant fi long-tems? Une telle érudition ne peut que fatisfaire la vaine curiofité des hommes, & non pas les éclairer du flambeau de la vérité. Les Natu- raliftes, loin de s'occuper des fables qui ont été in- troduites dans l’Hifloire naturelle, doivent s’efforcer de les änéartir dans l'oubli, en oppofant aux fic- tions d’une folle imagination, le fimple expofé des obfervations les plusexaétes. Ainfi nous ne nous àr- réterons point à détailler toutes les idées ridicules que l’ona eues par rapport aux corses d’Arnmon, Peu nous importe de favoir fi cette dénomination vient dela reflemblance qu'il yavoit entre les pierres:fieu- réesdontil s’agit, & les cornes de la ftatue de Jupiter Ammon. Quelles lumieres pouvons - nous tirer de diverfes opinions qui ont été foûtenues fur la nature des cornes d’Ammon? Les uns ne confidérant que la fignification ftriéte du nom, les ont prifes pour des pétrifications de vraies cornes de quelques efpeces de béliers ; d’autres ont penfé queces pierres figu- rées étoient des queues d’animaux pétrifiés , par- ce qu’elles font contournées en volute, comme la queue de certains animaux, & compofées de plu- fieurs pieces articulées, en quelque façon, comme des vertebres. Enfin la forme de la volute des corzes d Ammon, qui eroffit à mefure qu’elle décrit des cir- convolutions autour du centre, a fait imaginer que ces pierres figurées étoient des ferpents ou des vers marins pétrifiés , dont la queue, c’eft-à-dire l’extré- mité la plus mince, fe trouvoit au centre de la vo- lute. Enfin ceux qui ont été le plus portés au merveil- leux, ont prétendu que ces cornes d’Ammon avoient la vertu de procurer des fonges myflérieux, & de donner le fecret de les expliquer. Aucune de ces opinions ne mérite notre attention, depuis que nous favons que les cornes d’ Ammon {ont des nautiles pérrifiés. Le nautile eft un coquillage dont on diftingue plufeurs efpeces : les uns n’ont qu'une feule cavité , & leurs parois font fort min- ces; c’eft pourquoi on les appelle zautiles papiracées : -1l y en a dans la mer Méditerranée. Les autres font divifés à l’intérieur par des cloifons tranfverfales en plufieurs petites loges qui leur ont fait donner le nom de zantiles chambrès. On n’en a jamais vù que dans les mers des Indes ; cependant on trouve ces coquil- les pétrifiées prefque par-tout, principalement en Europe : c’eft une des pétrifications les plus abon- dantes qui foient en France. Dans la plûüpart de nos provinces la terre en eft jonchée, les chauflées des grands chemins en font en partie conftruites ; les bancs des carrieres de pierre & de marbre en ren- #erment dans leur fein ; on en voit dans le roc & dans le caillou , il en tombe des montagnes les plus élevées, on les tire de l’argille. Les cornes 4 Ammon font les plus abondantes & les plus nombreufes des pierres figurées ; 1l y en a de plufieurs formes & de grandeurs très-différentes. Il s’en trouve qui ont juf- qu’à une toife de diametre. On en a découvert dans des fables, qui font fi petites qu’on ne peut les ap- percevoir qu’à l’aide du microfcope. Entre ces deux extrémités 1l y en a une grande Quantité de toutes les grandeurs. * Les Naturaliftes ne doutent plus que les cornes d'Ammon ne foient de vraies coquilles de nautiles pétrifiés ; mais comme nous écrivons pour le public, & qu'il y a en tout genre des prétendus eéfprits forts qui fe plaifent à jetter des doutes fur les chofes les plus avérées , nous rapporterons ici la preuve in- contéftable de cette pétrification ; c’eft une preuve de fait qui a toute la force de la conviétion, On a COR comparé certaines cornes d’Ammon avec des coquik- les de nautiles, & on a vû que la pierre figurée ref- fembloit fi parfaitement à la coquille, qu’on n’y re- connoïfloit aucune autre différence que l’altération que la coquille avoit fouffert de la pétrification. Cette comparaïfon avoit déjà été faite fur deux ef- peces de cornes d’Ammon, relativement à deux efpe- ces de coquilles de nautiles , lorfque M. de Jufñeu l'aîné, de l'académie royale des fciences, l’a con- firmée fur trois autres efpeces, Mém. de académie royale des fciences , année 1722 , p.237. Non-feulement on reconnoît dans les cornes d’Am- mon les coquilles de nautiles pétrifiés ; mais on y diftingue la fubftance de la coquille fofile avec fon poli & fa nacre, fans autre altération que celle que doit caufer naturellement un long féjour dans 1a terre. On voit dans ces cornes d’Ammon les cloïfons qui féparent les différentes chambres , & les fortes d’articulations qui les réuniflent, & qui forment à l'extérieur, par les finuofités des joints, une efpece de feuillage très-régulierement definé. Les fels & les bitumes qui fe trouvent dans les terres qui envie ronnent ces coquilles , les revêtiflent d’une croûte, & les empreignent d’une matiere pyriteufe qui a la couleur & le brillant d’un métal doré ; c’eft ce qu’on appelle l’armature : mais ce n’eft qu’un faux brillant. L’humidité détruit ces cornes d’Ammon , en les fai- fant tomber en efflorefcence , c’eft-à-dire en pouf- fiere ; cependant on les avoit mifes autrefois au rang des pierres précieufes. Aujourd’hui nous n’en faifons pas fi grand cas, peut-être parce que nousles con- noiflons mieux , & fans doute parce que nous pof- fedons beaucoup plus de vraies pierres précieufes. Au lieu de la valeur arbitraire & des vertus ima- ginaires que l’on avoit attribuées aux corres d’Arn- mon, nous y trouvons un fujet digne de la médita- tion des plus grands philofophes. Comment ces nau- tiles, qui ne font qu’aux Indes en nature de coquil- lages , fe trouvent-ils fous nos piés en pétrifications ? M. de Buffon a traité à fond cette matiere dans fa théorie de la terre. Voy. Le premier vol, de l’Hiff. nar. gén. & part. Il nous fuffit d’avoir rapporté dans cet article l’origine de la corne d’Ammon. Nous y ajoû- terons feulement les principaux caraéteres par lef- quels Lifter diftingue les différens genres de cornes d’Ammon. Les unes font concaves fur chacune de leurs faces ; les autres n’ont de concavité que fur une face ; d’autres enfin font convexes fur les deux faces. Parmi les premieres il y en a qui font firiées, & il s’en trouve qui font lifles. Æ1/£. anim. anpl.'tres tratlatus, Voyez PIERRES FIGURÉES, PÉTRIFICA- TIONS. (1) CoRNE ( pierre de) lapis corneus , Hiff. nat, Miné- ralogie. Les auteurs Allemands qui ont écrit fur la Minéralogie, & les ouvriers des mines , donnent le nom de pierre de corne (hornftein} à pluñeurs diffé- rentes efpeces de pierres. 1°. M. Henckeknous apprend qu’on défigne par- là une pierre qui fe trouve par couches, & qui eft un vrai Jafpe : c’eft à cette efpece de pierre que les Mineurs donnent le nom de hornffein. Suivant ce fa- vant naturalifte, la pierre de corne eft parfaitement femblable au caillou & au quartz, avec cette diffé rence que le quartz eft communément blanc & plein de petites fentes, au lieu que la pierre de corne eft ordinairement colorée en brun, en jaune, en rouge, en gris, en noir, Gc. outre cela elle eft plus liée, plus homogene , fans crevañles , & plus propre à être polie & travaillée. Le même auteur donne dans fa pyrirologie lexem- ple d’une pierre de corne qui fe trouve en Saxe, dans le voifinage de Freyberg. Voici la defcription qu'il en fait. On a crû devoir la rapporter ici, afin de donner au leéteur une idée de çette pierre, dont ! e COR eff fouvent parlé dans les minéralogiftes Allemands. Cette pierre de corze eft compofée d’un affemblage de petites couches dont voici. la fuite. La premiere eft du fpath blanc fort pefant, la feconde eft une cryftallfation ; ces deux couches enfemble peuvent avoir deux doigts d’épaifleur. La troifieme couche eft de l’améthyfte , la quatrieme du quattz ou cryf tal, la cinquieme du jafpe, la fixieme du cryftal, la feptieme du jafpe , la huitieme du cryftal, la neuvie- me du jafpe, la dixieme du cryftal. Chacune de ces huit dernieres couches n’a fouvent que Pépaïfeur d’un fil, & toutes enfemble ont à peine trois lignes d’épaifleur ; elles font cependant très-diftinétes. La onzieme couche eft du jafpe d’un rouge-clair, la douzieme eft du jafpe d’un rouge-foncé, la treizie- me eft de calcedoine, la quatorzieme du jafpe, la quinzieme de calcedoine ; enfin la feizieme eft d’un quartz compacte & folide. ” 1°. Quelques auteurs par pierre de corne enten- dent le flex ou la pierre à fufl ordinaire, qui fe trouve louvent dans la craie, ou par morceaux ré- pandus dans la campagne, Il paroit qu'ils donnent ce nom à cette pierre, à caufe que fa couleur ref femble à celle de la corne des animaux. . III. On défigne encore par pierre de corme, Où ou plütôt roche de corne, une pierre refraétaire, c’eft- à-dire qui n’eft ni calcaire, ni gypfeufe, ni vitrifia- ble, mais qui réfifte à l’aétion du feu qui ne fait. que la rendre quelquefois un peu plus friable. M. Wallerius en difingue quatre efpeces ; la premiere que les Allemands nomment Jfalband, en latin cor- neus mollior fuperficialis contortus, où bien lapis tu- nicatus , pierre à écorce ; elle eft peu compaëte, &e eft recouverte d’une enveloppe ou écorce qui ref- femble à du cuir brun un peu courbé. La feconde “efpece eft la roche de corne dure & {olide, corneus folidus. Cette pierre eft noire, & difficile à diftin- guer du marbre noir dans l'endroit de la fraéture. Il yen a de luifante, & d'autre qui ne left point ; d’au- tre enfin paroît grainue. La troifieme efpece eff la roche de corne feuilletée ; elle eft ou noïrâtre ou d’un brun-foncé , & reffemble aflez à de lardoife par fa couleur & fon tiflu; mais elle en differe en ce que la pierre de corne feuillerée réfifte fortement an feu, & fe trouve toujours dans la terre perpendiculaire à l’horifon ; au lieu que les ardoifes fe vitrifient faci- lement, & font toùjours placées horifontalement dans le fein dela terre. La quatrieme efpece de roche dettorne eft celle qui eft cryftalhifée, corzeus cryftal- Lifutus : les Allemands la nomment /thorl. Elle af fecte toûjours la figure d’un prifme , dont les côtés {ont inégaux; elle eft ou grife, ou brune , ou noire. Cette dermiere ef le #a/fates, ou le /apis Lydius des , anciens : c’eft la vraie pierre de touche. M. Pott Loupçonne que la terre qui lui fert de bafe , eft une argile femblable à celle qui forme l’ardoife entre- mêlée d’une terre ferrugineufe. Voyez la continua- tion de la Lithogéognofie, page 219 & fui. Peut-être entre-t-ilauffi du 77ce ou du talc dans fa compofi- tion. Voyez STOLPE ( pierre de). Au refte il paroit que les ouvriers des mines don- nent indifféremment le nom de roche de corne au roc vif & dur quienveloppe fouventles filons des mines. Voyez la Minéralogie de Wallerius, tome I, page 256 € fui. (—) CE CorNES , e7 Anatomie, nom de différentes par- ties : il y a lesgrandes &les petites cornes du cartilage thyroïde , voyez THYROÏDE; les grandes & les peti- res cornes de l'os hyoïde , voyez HYO1DE- Les cornes d'Ammon ou les cornes de bélier, font des éminences médullaires , placées dans les enfon- cemens des ventricules tracés dans les hémifpheres du cerveau; mais comme quelques anatomiftes don- nent aufli le nom de cornes à çes ventricules, M, Mo- CrORR 249 rand. préfere avec raifon le nom d’hippocampus ; que Arantius leur a donné. Voyez Mén. de l’acad. roy, des Sciences, an.1744. Voyez auffi CERVEAU. CoORNES DE LA MATRICE, voyez; MATRICE. CORNES DE LA VALYULE D'EUSTACHI, DU TROU OVAL, voyez; CŒUR, (L) . * CoRNE , (Hifi. anc.) inftrument militaire ; il étoit aflez femblable à la corze du bœuf; fa courbure étoit feulement un peu plus confidérable. Celui qui joüoit de cet inftrument s’appelloit Le corricen. * CorNes DE BaccHUS, (Mych.) Il y a des fta- tues de Bacchus, avec des corzes. Il n’eft mention que de fes cornes dans les poëtes : ce qui n’efft pas fort obfcur, quand on fait que les corzes font les fignes de la puiffance &c de la force, & qu’on compare ce fym- bole avec les effets du vin. CORNE D’ABONDANCE, (Myrh.) c’eft parmi les anciens poëtes, une corze d’où fortoient toutes cho- fes en abondance, par un privilégé que Jupiter don- na à fa nourrice , qu’on a feint avoir été la chevre Amalthée. Le vrai fens de cette fable eft qu’il y a un terroir en Lybie fait en forme de corne de bœuf, fort fertile en vins & fruits exquis , qui fut donné par le roi Am- mon à {a fille Amalthée, que les poëtes ontfeintavoir été nourrice de Jupiter. Di&. de Trév. Dans l’Architeéture & la Sculpture , corne d’abons dance eft la figure d’une grande corze , d’où fortent des fleurs, dés fruits, des richefles. Le P. Jobert obferve que l’on donne fur les médailles le fÿmbole des cornes d’abondance à toutes les divinités , aux gé- nies, & aux héros, pour marquer les richefles, la félicité, & l'abondance de tous les biens, procurée par la bonté des uns, ou par les foins & la valeur des autres. On en met quelquefois deux pour mar- quer une abondance extraordinaire. Chambers. (G) CORNES D’ABAQUE, ez Architeture, ce font les encognures à pans coupés du tailloir d’un chapiteau de fculpture, qui fe trouvent pointues au corinthien du temple de Vefta à Rome. Corne de bélier , ornement qui fert de volute dans un chapiteau ionique compolé ; comme on en voit au portail de l’éghfe des Invalides , du côté de la cour. Corne d’abondance , ornement de fculpture qui re- préfente la corne de la chevre Amtalthée , d’où fortent des fruits, des fleurs , & des richefles, comme on en voit à quelques frontons de la grande galerie du Louvre. Latin, cornu copia, Corne de bæufou de vache , trait de maçonnerie qui éft un demi-biais pañlé. (P) CORNE , (ouvrage à ) dans la Fortification, Voyez OUVRAGE À CORNE, CORNES DE LA LUNE, voyez CROISSANT. CORNE DE VACHE , (Coupe des pierres.) efpece de voûte en cone tronqué , dont la direétion des lites ne pañfe pas au fommet du cone. (D) . CORNE DE VERGUE,, (Marine.) c’eft une conca- vité en forme de croïflant, qui eft au bout de la ver- gue d'une chaloupe , & qui embraffe le mât lorfqu’on hifle la voile. Il y a plufieurs fortes de bâtunens qui ont des vergues à cornes, (Z ) CORNE À Lisser, (Bourrelier.) inftrument dont les Bourreliers fe fervent pour polir & lier les dif- férens ouvrages de leur métier. Cet inftrument n’eft autre chofe qu’un morceau de corre de cerf fort uni; qu'ils paffent fur l'ouvrage en lappuyant., pour en applanir les inégalités , & leur donner un œil plus luifant. 7 CORNE DE RANCHE, terme de Charron, ce font quatre morceaux de bois de la hauteur de quatre piés ou environ, qui s’enchâfent dans les mortaifes des rançhers en-dehors, & qui fervent à appuyer DOTE PE Fan 256 COR es ridelles de la charrette: Poyeg Jes Planches du Crarron ,; qui repréfentent une charrette. CORNE, e7 rente de Potier , ce font des éminences “qui farpañlent les bords d’un réchaud, fr lefquelles “on appuie le plat ou autre chofe femblable , afin de donner de l’air au feu. CORNE oz CRUDITÉ DES CUIRS , terme de Tan- meurs & autres ouvriers qui travaillent € employens le -cuir ; c'eft une certaine raie blanche qui paroïît à la tranche du cuir tanné lorfqu’on le fend par le mi- lieu, & qui fait connoître que les cuirs n’ont pas pris aflez de nourriture dans le tan. C’eft un grand “défaut dans les cuirs que d’y voir de la corze ou crudité, Voyez TANNER. CORNÉ , adj. (Chimie.) c’eft ainfi qu’on appelle “certaines fubftances métalliques, unies À l'acide du el marin, Plomb corne, Lune cornée, &c. V. oyez les articles particuliers des fubftances métalliques , & larticle SEL MARIN. (4) CORNÉE , ff. (4nas,) La tunique la plus exter- ne, la plus épaifle, & la plus forte du globe de l'œil, “it la cornée , qui renferme toutes les autres parties “dont ce globe eft compofé. Elle tire {on origine de a dure-mere, qui enveloppe le nerf optique auffi- +Ôt qu'il pafle du cerveau dans Porbite. Etant arri- vée à l'œil, elle s'étend & forme comme une fphe- | re. Parvenue à/la partie antérieure de l’œil , elle de- vient plus mince, plus fouble, & tranfparente ; alors elle n’eft plus fi dure, & elle fe jette davantage en- “dehors, Tandis qu’elle eft opaque , on lui donne le nom de fclérotique ; mais dès qu’elle devient tranfpa- rente par-devant, elle porte celui de cornée: c’eft pourquoi les Anatomiftes la divifent en deux por- #ions ; une grande , appellée corzée opaque ou ftléro- tique ; &t une petite, nommée corzée tranfparente , {à- tuce antérieurement, & qui n’eft qu’un petit fegment de fphere. Je dis que fa cornée tranfparente eff un petit [eoment de fphere , maïs je dois dire, pour parler plus exacte- ment, Qu'efle fait portion d’un fphéroide un peu allongé; ce œu eft une.fuite néceffaire de la difpofition des mufcles droits qui compriment l'œil felon la dire&tion -de fon axe, & qui le tirent en même tems vers le fond dé l'orbite, conformément aux obfervations de M. Petit medecin, qui.a beaucoup travaillé fur la figure -& fur les dimenfons des partiés de l’œil. Selon cet habile homme, la cornée tranfparente eft une portion -de {phere, dont le diametre eft ordinairement de 7 7 3 Ou 7 + lignes; fa corde eft de ÿ, $ ou; +li- -gnes , & fon épaifleur eft le plus fouvent de Æ ou = d'uné ligne. Voyez l'hiff. de lac, des Sc. an. 1728. Le favant P. Scheiner a connu, il y a plus d’un fe- €le; que la cornée métoit pas fphérique, car il la com- -pare au {ommet d’un fphéroide parabolique ou hy- perbolique, | | ‘ * La cornée opaque eft compolée de phifieurs cou- -chès étroitement collées enfemble ; fon iflu eft dur, -compaéte,femblable à une efpece de parchemin : elle “ft comme percée vers le milieu de 1a portion pofté- rieure de fa conyexité où elle porte le nerfoptique , & elle eft affez épaifle dans cet endroit ; fon épaif- Æeur-dimimne par degrés vers la portion oppolée : -cette épaifleur a d’efpace’en efpace quelques petits Vaïffeaux fanguins ; elle eft encore traverlée d’une naniere particuliere par des filets de nerfs, qui en- tant dans fa convexité à quelque diftance du nerf “optique, fe gliflent dans Pépatfleur de la tunique, -êt pénètrent la concavité vers la cornée tranfbarente, Poyex l'éptiré 2j de Ruyith. 5 dpi La cornée tranfparente qu’on nomme fimplement 14 “cérnée; en donnant le nom de fé/érorique en particu- Hier à l’autre portion , eft pareillement compofée de «plufieurs couches ou lames très - intimement unies ænfemble: elleeft une continuation de la fclérotique OU cornée opaque, quoique d’un tiflu différent: ce tiflu fe sonfle par la macération dans l’eau froide. La convexité de cette portion eft un peu faillante au-delà de la convexité de la cornée opaque , dans les uns plus, dans les autres moins ; de forte qu’elle pa- roït comme le feoment d’une petite fphere ajoûté au fegment d’une fphere plus grande : la circonférence de fa convexité n’eft pas circulaire comme celle de fa concavité , mais un pen tran{verfalement ovale ; car la portion fupérieure & la portion inférieure de la circonférence , font obliquement terminées dans leur éparffeur : cette obliquité eft à la vérité plus ap- parente dans le bœuf & le monton , que dans l’hom- Tes La cornée tranfparente eft percée d’un grand nom- bre de pores imperceptibles ; par lefquels fuinte con- tnuellément une liqueur on férofité fubtile qui s’é- vapore à mefure qu’elle fort. On s’en peut aflürer en preflant un œil d’abord après la mort, l'ayant bien éfluyé auparavant : alors on verra fenfblement une rofée très-fine s’accumuler peu-à-peu jufqu’à former de petites souttelettes. Elle fe trouve aufh dans ceifx qui meurent fans fermer les paupieres , & elle ternit quelquefois Ja corzée au point de faire prefque difpa- roître la prunelle. Woyez Les mém. de l'acad, des Sc. an, 1721, PAS. 320. | C’eft cette rofée qui produit fur les yeux des mori- bonds une efpece de pellicule plaireufe très-délicate, qui fe fend en plufieurs écailles quand on y touche, & que l’on emporte facilement en efluyant la cornée ; voilà pourquoi l’on dit d'ordinaire : céf homme va mou. rir, car [a vie sf? déjà obftyrcie. En effet , dans cet état, les fphinéters des vaifleaux étant extrèmement rel- chés , la Iymphe qui les abreuve , perce les pores de la cornée tranfparente, & s’y amafle. Stenon fem- ble être le premier qui a connu la porofité de cette membrane. Difons un mot de fon ufage, L'éminence fphérique de la cornée franfparente ex. cédant celle du globe, fait que les rayons qui rejail. liffent de chaque petite partie des objets, le brifenc en s’approchant chaçun de la perpendiculaire de leur rentrée plus qu'ils ne feroient fans cette éminence ; & continuant leur route en cette difpofition par lbhu- meur aqueufe, il en pañle un plus grand nombre par là prunèlle qu , fans cette réfrahon , tomberoïent fur Piris, Selon que cétte éminence eft faillante ou déprimée , c’eft-à- dire felon qu’elle faït partie d'un plus grand ou d’un moindre cercle, on voit les cb- jets où plus petits, ou plus gros, ou de plus loin, ou de plus près. 2h Au reîte, la cornée eft fujette À plufieurs accidens, à des puftules, des phlyétenes, des uicéres, & en particulier à cet abcès que les Grecs ont nommé hypopyon. Voyez ce mot, Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | | CORNÉE, (Aréificier.) c’eft ainfi que les Aruf- ciers nomment une cuillerée de matiere combuñti- ble , Qu'on verfe dans le cartouche avec une efpece de cuillière cylindrique de corne, de émivre, ou dé fer-blanc, dont la capacité eft proporuonnée à 14 groffeur de la fufée, 8 au diametre intérieur du cartouche, pour ne mettre À chaque reprife de 14 charge qu'on doit battre & fouler À coups de maïl- let, que x quantité convenable, pour qu’elle Le foit fortement & également. D:&, de Trév. (F7) CORNEILLE , {. f. cornix, (Hifi. nat. Ornjrhol. efpecé d'oifeau. Le mâle pefe dix onces; il a un pi cinq pouces de longueur depuis la pointe du bec juf- qu’à l’extrémité des ongles’, & un pié fix pouces, fi on prend la mefure jufqu’au bout de la queue; l’en- vergure eft de deux piés; le bec eft droit, fort, & long, de près de deux pouces & demi depuis la poin- te jufqu'aux coins de la bouche ; la langue eft four- chue ; 165 yeux font grands ; l'iris eft de couleur dé noifette ; l'ouverture des narines eft ronde & recou: verte par des foies noires & rabattues fur le bec. Toutes les plumes de cet oifeau font entierement noires. Il y a vingt grandes plumes dans chaque aile; la premiere ou l’extérieure eft plus courte que la {e- conde ; la feconde eft aufli plus courte que la troi- fieme, & la quatrieme eft la plus longue de toutes. Les pattes font noires ; les ongles forts, &c de la mê- me couleur que les pattes. Le doigt extérieur tient au doigt du milieu , jufqu'au-deflus de la premiere articulation; la queue eft compofée de douze plu- mes, & elle a fept pouces & demi de longueur. La corneille aime la chair de cadavres, d'animaux, fur- tout quand ils commencent à fe corrompre: mais elle ne fe contente pas de manger les animaux quand ils font morts; elle attaque & tue les oifeaux vivans, de même que le corbeau, & elle eft auffi avide de fruits, de vers, & de toutes fortes d’infeétes. La cor- neille niche au haut des arbres. La femelle fait qua- tre ou cinq œufs femblables à ceux du corbeau, mais plus petits, Aldrovande dit que la corneille apprend facilement à parler. Pline fait mention d’un de ces oifeaux qui prononçoït plufeurs mots de fuite , & qui apprenoit en peu de tems à en prononcer d’autres. Il n’y a que la femelle qui couve les œufs, & le mâle a foin de lui apporter de la nourriture pendant le tems de l'in- cubation ; au lieu que parmi les autres oïfeaux, Le mâle & la femelle couvent tour-ä-tour. Willughby, Ornith. Voyez O1sEAU. (1) a … CORNEILLE ÉMANTELÉE, cornix cinerea frugile- ga, oifeau qui differe un peu de la corneïlle. Celui qui a fervi pour la defcription fuivante, pefoit envi- ron une livre fix onces ; il avoit un pié fix ou fept pouces de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à lextrémité de la queue, & fon envergure étoit de trois piés. Le bec avoit deux pouces & demi de lon- gueur, depuis fa pointe jufqu’à angle de la bouche ; al eft fort , fa furface eft lifle, & fa couleur noire dans toute fon étendue, à l'exception de l’extrémi- té qui eft blanchâtre ; la piece de deflus eft un peu plus longue que celle du deffous, & un peu crochue _ par le bout, & convexe par le deffus. Les ouvertures des narines font rondes & recouvertes par des foies. La langue eftlarge, noire, fourchue, & déchiquetée fur les côtés; l'iris des yeux eft de couleur de noï- {ette ; la tête , la gorge, le devant du cou, & les ai- les, font de couleur noire avec quelque teinte de bleu ; le ventre , la poitrine, le dos, le derriere & les côtés du cou , font de couleur cendrée , à l’ex- ception des tuyaux des plumes qui font noirâtres ; la couleur du ventre eft plus claire que celle du dos; les. plumes qui fe trouvent à l'endroit où la couleur noire du devant du-cou joint la couleur grife des cô- tés, ont.les barbes extérieures de couleur cendrée, & les intérieures noires. [l:y a vingt grandes plumes dans les ailes ; la premiere.eft fort courte, la troi- fieme & la quatrieme font les plus longues ; dans toutes celles qui font placées après la fixieme, la pointe du tuyau déborde au-delà des barbes. La queue eft compofée de douze.plumes ; les deux du milieu ont fept pouces 87 demi de longueur ; les autres font moins iongues, & diminuent par étage jufqu’à la derniere de chaque côté. Le doigt de der- riere eft. grand ; le doigt extérieur eft égal à l’inté- rieur, & la pointe des ongles de ces deux doigts ne s'étend pas au - delà de l’origine de l’ongle du doigt du milieu; ce doigt & l’extérieur font unis à leur bafe. La corneille émantelée {e nourrit de froment, d'orge, & d’autres graines ; elle.eft fujette à avoir des pous. Aldrovande dit qu’elle refte fur les hau- tes montagnes pendant l’été, qu’elle y fait fon nid, -& qu’en hyver elle defcend. dans les plaines. Wil- Mghby, Orzer. Pour ôter toute équivoque de noms, Tome IF, COR 251 On pontroit appeller cet oifeau hozecraye, qu fight fie en idiomes belgiques corneille de plufieurs couleurs, Voyez O1SEAU. (1) CORNEILLE , oiféau. (Mat. med.) La fiente de cor neille prie dans du vin, eft recommandée dans la cure de la dyflenterie, D:4, de Med, Dale, Schroe-+ der , Ge. | CORNEILLE ; (Chale & œcon, ruff.) Ces oifeaux font un grand dégât dans les terres nouvellement enféemencées, Voici la meilleure maniére de les dé- truiré. On prend des freflures de bœuf coupées par petits morceaux, que l’on mêle avec de la noix vo: mique en poudre ; on laïffe le tout s’incorporer pen» dant vingt - quatre heures à froïd ; on répand à la pointe du jour ces morceaux de viande fur les ter- res nouvellement enfemencées : dès que les corzeili les en ont mangé, & que la viande eft digérée, elles tombent mortes, On peut leur fauver la vie , en leur faifant boire de l’eau par force; & fi quelque chien à pris de la noix vomique , on le fauve pa reillement en lui faifant avaler du vinaigre, On les prend à la glu ; aurets faillant. Un des apas que les corneilles aiment beaucoup , font les feves de marais ; on les perce, quand elles font vertes, avec une aiguille ou épingle fans tête, qu’on laifle dans la feve, & en hyver on les répand fur la terre. Les corneilles les mangent ; mais lorfqu’elles font di- gérées, ces corneilles languiflent & meurent. On en fait encore , à ce qu’on dit, une chafñfe fin2 guhiere à Roumens , aux environs dé Caftelnaudari: On va dans une forêt où il y en a beaucoup; on ébranche plufieurs arbres ; le foir on fe couvre de noir depuis la tête jufqu’aux piés ; on a des corzeil. les de bois peint en noir ; on met ces corneilles fur les arbres ébranchés ; on fe place au milieu ; d’autres vont fecouer les arbres circonvoifins, & effarou- cher les corneilles : elles s’envolent, & trompées par les corneilles peintes , elles fe précipitent fur les ar=« bres ébranchés, où les chafleurs vêtus de noir & perchés, les prennent à la mam. Cette chaffe com- mence en Novembre, dure jufqu’en Mars, & fe fait pendänt les nuits les plus obfcures. CORNEILLE DE MER, corvus fylvaticus. Aldro= vande fait mention fous ce nom d’un oïfeau qu'ilne connoiffoit que fur le rapport d'autrui. Il dit lui-mé- me que la corneille de mer eft peut-être un autre oix feau , & que celui-ci n’eft pas aquatique; qu'il fe trouve au contraire fur les montagnes & dans les bois , & qu’il n’a point de membranes aux piés : ce- pendant il ajoûte qu’on l’a confondu avec-le cormo- ran. On a aufli donné le nom de correille de mer à la corneille émantelée. Voyez OISEAU. (1) CORNEILLE SAUVAGE, voyez FREUS. CORNEILLE , /yfémachia, ( Hiff, nat. bor.) genre de plante à fleur monopétale découpée en rayons Le piftil fort du calice ; il eft attaché comme un clou à la partie moyenne de la fleur, & il devient dans la fuite un fruit ou'une coque prefque ronde qui s’ou- vre par la pointe, & qui renferme des femences at« tachées à un placenta. Tournefort, Jnffitus, rer herbd Voyez PLANTE. (1) ART CORNEILLE JAUNE , (Medecine. ) plante, /y/£maz chia lutea majorquæ Diofcoridis C.B. Pit. Tournefort. Les femences font d’un goût aftringent. Elle contient beaucoup de flegme, d'huile, &t peu de fel.…. Elle eft fort aftringente êc vulnérairé ; on s’en fert pour la dyffénterie, pour. les hémorrhagies, pour nettoyer & confolider lesiplaies. James € Chamb, * CORNEMUSE,, f.f:(Æutherie & Mufique.) inf trument à anches. Il -:y a de ces anches de plufieurs fortes. La plus fimple 4 (Planche VI. de Lurh.). eft un chalumeau ; l’autre # eftunrofeau. Les parties dela cornemufe {ont la peau de mouton qu’on enfle com- me un balon par le moyen du RRRE QUE » cles trois 11 2$2 COR chalumeaux 2, 3, 4. Le chalumeau 2 eft le bour- don ; le chalumeau 4 s’appelle le pesis bourdon. Ces deux bourdons font à l’uniflon. Le porte-vent a une foûpape au-dedans de là peau qui permet au vent d'entrer, mais qui ne lui permet pas de fortir, tan- dis que le joueur de corremufe reprend haleine, Le vent n’a d’iflue que par les chalumeaux. Ils ont cha- cun leur anche à leur partie inférieure ; ces anches font prifes dans des boîtes 5, 6, 7, fur lefquelles la peau eft bien appliquée Quand on joue de [a corne. mue, le grand bourdon pafñfe fur l’épaule gauche ; on enfle la peau par le porte-vent ; la peau eft pref- fée {ous le bras gauche ; &c les doigts font fur les cha- | Iumeaux que le vent fait refonner. Le gros bourdon eft de deux piés & demi, en y comprenant fon anche qui a deux pouces & demi, dont la languette ou fente eft de deux pouces de long fur quatre lignes de large. Le petit bourdon a un pié, en y comprenant fon anche qui a deux pouces de longueur, Le porte-vent a fix pouces de long ; on lui en peut donner plus ou moins. Le chalumeau a treize pouces avec fon anche & fa boite qui font de deux pouces & derni, Il a huit trous. Le premier eft feul en-deflous , à la diftance de trois pouces & un tiers du haut de l’anche ; il n’y a que 5 de pouce de ce trou au fecond ; du fecond au troifieme 1l y a dix li- gnes ; autant du troifieme au quatrieme. Les autres font éloignés d’un pouce: ils font prefque tous de même grandeur. La peau eft d’un pié & demi de long fur dix pouces de large. Le gros bourdon rend Poétave au-deflous du petit ; & Le petit l’oétave au- deflous du chalumeau, quand tous les trous font bouches , & fa quinzieme, quand ils font ouverts. Ainfi la cornemufe a trois otaves d’étendue. On peut lui en donner davantage en forçant le vent. Tout ce qu’on auroit à dire {ur cet inftrument con- cerne particulierement les anches, dont le ton varie felon les ouvertures qu’on leur donne. On fe mé- nage la commodité d’allonger ou de raccourcir les bourdons par le moyen des boîtes, & par confé-* quent celle de les rendre plus ou moins graves. Les chalumeaux de la corremufe étant mobiles dans ces boîtes’, on parvient à laccorder. Voyez les articles ANCHE ; MUSETTE, Ge. Il y a une forte de cornemufe qu’on appelle corne- mufe de poittou. Elle ne differe.de celle que nous ve- nons de décrire , qu’en ce qu’elle n’a point de petit bourdon; fon chalumeau a huit trous, dont le pre- mier s'ouvre & fe ferme à clé. La corñemufe s'appelle auf chalemie. Cet inftru- ment eft principalement d’ufage au Nord; il my a guere que les payfans qui en jouent parmi nous. CORNESOLE, voyez CORNALINE. CORNET , [. m. ez Anatomie , nom de quelques parties qui reflemblent à-peu-près à la figure d’un morceau de papier qu’on roule en maniere de co- fre, & qu’on appelle corner. . Les cornets de l'os éthmoïde font ces trois lames fituées l’une fur l’autre, qu’on remarque à la partie latérale interne & pofférieure de chaque portion de cet os. Voyez ETHMOI1DE. te | Les cornets inférieuts du nez, appellés auf con- ques ou coquilles &t laines fpongieufes inférieures du nez {ont au nombre de deux; fitués dans les fofles nafa- les. (L). | | ÆoORNET. Voyez CALMAR. :CoRNETS pour l'oute , ( Acouflique.) inftrumens à l’ufage de ceux qui ont l'oreille dure. Le fon fe conferve dans. ces inftrümens , parce qu’en traver- fant leurs parois il ne peut fe répandre circulaire: ment, & le fon ainfi ramaflé frappe l’organe avec plus: de force. On peut encore augmenter Peffet du fon , en donnant à ces tuyaux une forme en partie parabolique , parce que le {on eft refléchi & comme ramañé en un feul point appellé foyer; où l’oreillé eft placée, Voyez CABINETS SECRETS, EcHo, € Porte-vorx. Ces cornes font à-peu-près à l'égard de Poreïlle, ce que les lunettes d'approche font pat rapport à la vüe. On peut les perfettionner comme on fait les lunettes. Maïs nous croyons avec M. de Buñon > Qu'il faut , pour que les corners ayent tout l'effet poffible, que l'oreille foit dans un endroit de- fert, ou du moins tranquille ; autrement , comme lé {on ne fe propage pas en ligne droite aïnfi que la lus micre, le bruit des objets voifins frappant l’oreille fuivant toutes fortes de dire&ions , altéreroit & af: foibliroit le bruit augmenté par le corner. (0) y UT D'ÉPISSE, ( Marine.) Voyez EPISSOIR: CORNET DE MAST, (Marine.) c’eft une efpecé d’emboïîtement de planches vers l'arriere du mât de divers petits bâtimens, qui'eft néanmoins ouvert du côté de l'arriere où s’emboîte le pié du mât qui fe baïfle du côté qui n’eft point fermé, c’eft-à-diré vers l'arriere, & qui fe releve autant de fois qu'il en eft befoin. (Z) * CoRNET, (Lurth. & Mufig.) inftrüment à vent dont les anciens fe fervoient à la guerre. Les corners faifoient marcher les enfeignes fans les foldats , & les trompettes, les foldats fans les enfeignes : les cor: nets & les clairons fonnoient la charge &r la retrai te ; & les trompettes &c les corners ariimoient les troupes pendant le combat. Nous ne nous fervons plus guere du corner dans les concerts ; nous en ale lons cependant expliquer la faêure. Il y en à de plu- fieurs fortes ; celui qu’on voit PZ, VIT, de Lutheries fig. 11: $’appelle defus de corner : il a fept trous. Ceux qui fe piquoient de bien joïer de cet inftrument ; lui donnoient la même étendue avec fix, & ne fe fer- voient pas du feptieme. 4 eft fon bocal, il fe fépare de l’inftrument, & on l'en voit féparé en 4 2, La caille de corner eft entierement femblable 4x-deffus de cornet, à l’exception d’un trou qu'on lui a ajoûté en-bas, & quis’ouvre & fe ferme à clé. Elle fe brie en deux endroits pour la commodité. Elle à fes fept trous. L’étendue du deffus de cornet eft d’une feizie- me ; il n’y a que trois pouces de l'extrémité de l’inf trument jufqu'au milieu du fixieme trou, & que dix pouces du bocal jufqu’au milien du premier trou. Les trous font éloignés de treize lignes, excepté le troi- fieme &c le quatrieme, dont la diftance eft de dix fept lignes. Le diametre de chaque trou eft de quatre lignes ; celui du fond du bocal n’eft que d’une ligne, Cetinftrument va toûjours en s’élarsiffant depuns le bocal jufqu’à fa patte, dont le diametre eft d’un pou- ce, La divergence des côtés eft plus fenfible du bo- cal au premier trou, qué du premier fur le refte de la longueur. Il y en à qui pratiquent au derriere de linftrument, à treize lignes plus haut que le premier trou d’en-haut, un autre trou. Il y a des deffus de cornet & des razlles de cornet droites & d’autrés cout- bés. On les fait de cormier , de prumier, & autres bois. Il faut que le bois foit fec. On le couvre de. cuir. Cet inftrument eft rude, &c il faut le favoir adoucir. Le deffus de corner va du c fo! ut A Lf ur fa de la troifieme oftave. Le ferpent eft une vraie aff de cornet; voyez SERPENT. | Le deffus de cornet donne le c fol ns tous les trous bouchés ; on fait le re, le 721, &tc. en débouchant les trous les uns après les autres en montant. Sa tabla- ture eft la même que celle du flageollet,, soyez F£a- GEOLLET, Quant à la baffe de corner, les trous en {ont éloignés d’ün pouce &c +, excepté le troifieme & le quatrieme qui font éloignés de fix pouces ; le fixieme & le troifieme de 6 pouces£ : 1l ya du fep- tiene à la patte 10 pouces plüs+, 8 du bocal au premier trou un pié 7 pouces ; la patte en eft ou- verte de 2 pouces. Le diametre du bocal eft de s li- gnes à fon orifice fupérieur ,.& d’une ligne à l’infe- rieut ; l’inftrument eft divifé en trois tronçons ; le dernier a un pouce un quart de diametre en-haut ; celui du milieu 8 lignes en-haut ; ainfi le canal en- tier va toûjours en s’évafant du bocal jufqu’à la pat- te. Voyez toutes ces efpeces de cornet , Planche VIL. de Ptherie, fig. 6. 7.10. 11.12.13. & 15. _ CoRNET, (Orfévrer.) opération de l’effai de l’or; la derniere forme que l’on donne à la plaque prépa- rée pour faire l’effai. Quand on l’a rendue aufli min- ce qu'il convient , on la tourne fur un arbre de fer en forme de cornet ; c’eft fous cette forme qu’on la met dans Pacide nitreux. C’eft un terme tellement confacré à cette opération, que quand on en parle on dit : Ze cornet eff beau, bien fain , ou il eff détérioré. CoORNET, (grand) Lutherie, jeu d'orgue, un de ceux qu’on appelle compojes, c’eft-à-dire qui ont fur chaque touche plufieurs tuyaux qui parlent à la fois. Ce jeu eft compofé du deflus de bourdon de 8 piés À, d'un deflus de flûte F, d’un deflus de nazard C, d’un deflus de quarte nazard D, & d’un deflus de tierce E, fig. 3. PI, d’'Orgne. Les fons de ces tuyaux forment l'accord parfait, dans lequel l’o&tave eft re- doublée. Voyez la table du rapport & de l'étendue des jeux de l’'Orgue, & CORNET D'ÉCHOI, & CORNET DE RÉCIT, dont celui-ci ne differe que parce qu'il éft de plus groffe taille. CORNET D’ÉCHO , (Lurherie.) eft un jeu Sa dela claffe de ceux qu’on appelle compofes , c’eft-à- dire de ceux qui ont plufieurs tuyaux fur chaque touche qui parlent tous à la fois, Les tuyaux fur une . même touche font un deflus de bourdon, un def- » fus de flûte, un deffus de nazard, un deflus de quarte de nazard , & un deffus de tierce, qui parlent tous _ énfemble; ce qui fait fur chaque touche l’accord par- fait, dans léquel l’oétave eft redonblée, ze foL, ut mr. En montant il n’eft compofé que des deflus de ces jeux, parce qu'il n’a d’étendue que les deflus & les tailles du clavier ou les deux oétaves fupérieures. Voyez CLAVIER. Dans quelques orgues ce corner . defcend jufqu’à l’fzr fa de la clé de fz. Voyez l’arric. ORGUE , € La table du rapport de l'étendue des jeux de l'orgue , qui contient un cor#et de deux oftaves feu- lement, lequel commence à la clé de c fol ur, & la fig. 43. PI d'Orvue. | - La place du corner d’écho eft dans le bas du fnft de Porgue, pour que fes fons foient étouffés én partie, & qu'ainfi il imite mieux l'écho. Pour la même rai- fon on fait les tuyaux de plus menue taille que ceux du cornet de récit. Ce jeu eft ordinairement fur un fommier féparé, qui reçoit le vent du grand fommier par des porte- vents de plomb , qui prennent dans les gravures du fommier de l'orgue , & le vont porter aux gravures du fommier du corñer ; ou bien il a une loge parti- culiere, dont les foupapes font ouvertes par un abre- gé dont les touches du troïfieme clavier tirent les targettes. Voyez ORGUE, ABREGÉ , Ge. CoORNET DE RÉCIT, (Lurherie,) eft un jeu de la claffe de ceux qu’on appelle compoés, c’eft-à-dire qui ont fur chaque touche plufieurs tuyaux qui par- lent à la fois ; voyez CORNET D’EcHO, dont il ne differe, que parce que fes tuyaux font un jeu de plus grofle taille, quoiqu'ils foient à l’uniflon, & qu’au lieu d’être renfermé dans le bas de orgue , il eft au contraire placé au haut, derriere les tuyaux de la montre, en lieu où il puifle facilement fe faire en- tendre. Ce jeu qui a deux oûaves ou deux oûtaves & quite d’étendue, eff fur un fommier & un cla- vier féparé , dont les foupapes font ouvertes par un abrégé féparé. Voyez ABREGÉ & ORGUE, où la fac- ture de ce jeu eft expliquée , & Ze rable du rapport de l'étendue des jeux de l'orgue. | - * CORNET, on donne ce nom à un morceau de COR 2952 papier, lorfqu’après l’avoir roulé far lui-même, on en a formé une efpece de vaiffeau pointu par un bout & fort évalé par l’autre, où l’on peut renfer- mer des fubftances folides & même fluides, lorfqu’ elles ont une certaine confiftance , & qu’on ferme. par le bout pointu en le tortillant, & par le côté évafé en en rabattantles bords de tous côtés fur là furface de la fubftance contenue dans le corree, CORNET , (Chaffe.) piége pour des oifeaux vora: ces, comme corneilles, pies , & autres. Faites des cornets de fort papier gris ou bleu ; frottez-en le de dans avec de la glu, & mettez an fond quelque mor: ceau de charogne ou autre apas qui les attire: en fourrant la tête dans le corner, la glu s’atracherä à leurs plumes , & ainf ne pouvant pas voir, 1ls re= tomberont & on les prendra à la main, . * CORNET, c’eft la partie d’un écritoire, qui con: tient l'encre. Comme cette partie étoit de corne dans les écritoires communes ; on l’a appellée corner, & ce nom a pañlé à tous les vaifleaux, où de cui- yre, ou d'argent, ou d’or, où de verre, qui ont la même deftination dans toutes fortes d’écritoires. Les cornets des écritoires de cornes fe font avec la cor= ne du bœuf, Se monter, être applatie, s’ouvrir & s'étendre, font les premieres façons qu’on lui donré quand on la travaille. Foyez GALINS, Ouvrir, FENDRE, ÉTENDRE | APPLANIR, CORNETIER-T 42 BLÉTIER, CORNET, (Pétifferie,) efpece de gaufre faite: de farine & de fucre ou de miel délayés : on cuit le cors net entre deux fers gravés, qui y marquent en relief les traits qu’on y voit ; au fortir du fer on le tortille & On lui donne la forme d’un cornes d'épice: . CORNET , (Jeux de hafard.) efpece de petit gobe- let rond & délié, ordinairement de corne, &-dont on fait ufage pour agiter les dés quand on joue. Le cornet dont les anciens fe fervoient pour joïer aux dés & aux offelets, & qui peut être fut inventé pour empêcher les coups de main , étoit rond en forme d’une petite tour ; plus large parle bas que par le haut , dont le cou étoit étroit. Ordinairement il n’voit point de fond, mais plufieurs degrés au= dedans , qui faifoient faire aux dés & aux offelets plufieurs cafcades avant que de tomber fur la:table, comme 1l paroît par ce paffage d’Aufone : Alternis vicibus, quos pr&cipitañte rotatu Fundunt excuffi per cava buxa gradus. On lappelloit chez les latins, srris, surricula, orca, phimus, fritillus, &c. Ce font les Tabletiersa Cornètiers qui font les cofners. Arricle de M.le Chez valiér DE JAUCOURT. : TENE CORNETIER ox TABLETIER EN CORNES, f. m. eft un ouvrier du corps des Tabletiers, quine fait ordinairement que les ouvrages decorne, moins parce qu'il n’a pas droit d’en faire d’autres, que parcé qu'il a choïfi volontairement cette partie de la Ta= . bleterie, comme celle où il a efpéré de faire pluside profit & de progrés. Les Cornetiérs n’ont point d'autre communauté, d’autres ffatuts, ni d’autres priviléges que les Ta- bletiers. Les ouvriers de cette profeflion fontbeant: coup plus communs à Rouen & à Dieppe.qu’à Pa- ris ; où l’on en compté à peine quatre Ou cinq. Foy. TABLETIERS. . | | CORNETO, (Géogr. mod.) petite ville d'Italie dans l’état de l’'Eglife, fur la Marta, Long. 29. 28, lat, 42. 15. +q )LHS * CORNETTE, {. m. (4rr. milir. ) c’eft ainf qu’on appelle Pofficier qui porte l’étendart dans chaque compagnie de cavalérie-&de dragons. Son poñte dans une aéhion , eft à la tête de l’efcadron ;:& dans les marches , entre le troifieme 8c quatrieme rang. Ilcommande la compagmieaprèslelieutenant, 254 COR On ditenfèigne des monfquetaires & guidon des gendar- #es , au lieu de cornette. Dish. CorNETTE, (Murine.) C’eft un pavillon que les | chefs d’efcadre portent au mât d’artimon. La cor- æerte eft blanche , & doit avoir quatre fois plus de battant que de guidant ; fendue par le milieu des deux tiers de fa hauteur, dont les extrémités fe ter- minent en pointe. Ordonnance de la marine de 1689. éie, 1j. + La cornette ne peut être portée que par un chef d’efcadre, & lorfqu'il eft accompagné de cinq vaif- feaux, à moins qu'il n’en ait la permiffion particu- Bere du Roi. f Lorfque plufieurs chefs d’efcadre fe trouveront joints enfemble dans une même divifion ou efcadre particuliere, il n’y aura que le plus ancien qui pourra arborer la cornette , les autres porteront une fimple flamme. (Z) CoRNETTE , ( Hiff. mod.) forte de chaperon à lufage des magiftrats dans plufieurs villes; ils la portent fur l'épaule, & elle cara@érife leur dignité. CoRNETTE, (Hiff. mod.) bande de foie que les profeffeurs du collége royal portent autour du col, & qui étoit autrefois particuliere aux doéteurs en Droit. . * CoRNETTE, vêtement de tête à l’ufage des femmes, elles n’en mettent guere qu’en deshabillé. La cornette eft compofée de trois pieces, le deflus, le deffous, & le fond. Le fond couvre-tout le der- riere de la tête ; ileft pliflé. La piece à laquelle le . fondeft coufu , qui enveloppe le front , les oreilles, & qui pend à droite & à gauche , ou s'attache fous le menton, ou fe releve fur le haut de la tête, s’ap- pelle /4 bande ou Le deffus. Le deflous eft une bande toute femblable au deflus, placée de la même ma- niere , à cette feule différence que le deffous avance un peu plus avantque le defflus. On pratique au bas du fond un grand ourletplat, qu’on appelle une paf; on y met un ruban attaché au côté droit & au côté gauche, de maniere que la partie attachée au côté droit étant ramenée à gauche dans la pañle, &c la partie attachée au côté gauche, étant ramenéé dans la pafle au côté droit, quand on vient à tirer ces parties de ruban , on force les côtés à s'approcher, &c par conféquent &c la pafle & le derriere du bas du fond à fe froncer : c’eft ainfi que la cornerre fe ferre fur la tête. Ces deux bouts de ruban viennent en- fuite fe nouer ou s'attacher à l’épingle fur le haut de latête ; le deflus & le deffous font affemblés avec le fond, de maniere qu'ils forment tout autour du vi- fage des plis plats. Il y a des cornertes de jour, il y en a de nuit, il y en à d’une infinité de formes & de noms différens ; mais elles confervent toutes en grande partie la façon que nous venons de décrire. On met fur la cornerte une coëffe de mouffeline qui fe noue fous le menton, & qui fe ramenant quelque- fois autour du col, va fe noùer encore une fois au derriere de la tête. CoRNETTE , (Fauconn.) c’eft ce qu'on appelle la koupe ou rireir de deffus le chaperon de l’oifeau. ,* CORNIEN,, £. m, (Æi/f£. anc.) celui qui joüoit de la corne; inftrument militaire. Woyez CORNE, Hiff. anc. CORNICHE, ox CORNET , voyez CALMaR. CoORNICHE, f. f. cerme d’Archireülure. On com- prend fous ce nom tout membre à-peu-près faillant de fa hauteur, & fervant à couronner un bâtiment ou tout autre membre principal en Architeäure, qui parfa faille jette loin du pié du bâtiment les eaux du ciel. | La corniche eft toùjours confidérée comme la troi- fieme partie d’un entablement (voyez ENTABLE- MENT ).,.8cencompofe la partie fupérieure. Il en gift de propres à chacun des cinq ordres, & qui font le plus univerfellement approuvées; celles deViono- le , par exemple, font aflez belles en général, & ent été aflez communément fuivies dans nos édifices françois, (Woyez leur profil dans les plans de l’Archi- tetlure.) La corniche tofcane , fuivant cet auteur, eft compofée de trois parties principales; favoir, d’une cimaïfe inférieure (voyez CIMAISE), d’un larfnier (voyez LARMIER) ; & d’une cimaiïfe fupérieure. La dorique eft compofée de deux cimaifes & de deux larmiers ; l’ionique , de trois cimaifes & de deux larmiers ; la corinthienne & compofite , de trois ci- maifes & de trois larmiers. Mais Palladio , autenr qui a été plus fuivi en Italie, donne à cette derniere trois cimaifes & quatre larmiers , c’eft-à-dire qu’un de ces larmiers eft à double platte-bande, ainf qu’on remarque à la corniche de l’ordre compofte du chà- teau dé Clagny, & au portail des Minimes à Paris. ‘ Toutes ces parties principales font divifées par d’autres membres qu'on nomme en général moulures, (voyez MouLurEs). Ces moulures font appliquées en plus ou moins grande quantité, felon la richefle des ordres, & doivent être plus ou moins reflenties,, felon leur vilité ou leur élégance ; & enfin doivent être confervées lices ou taillées d’ornemens , felon la richeffe de ordonnance. Lorfque l’œconomie ou quelqu’autre confidéra- tion fait fupprimer les ornemens dans les corniches il faut favoir que les larmiers inférieurs de chacune d'elles, excepté la tofcane, ont les membres d’Archi- teéture qui les caraétérifent : par exemple, le larmier inférieur de la corniche dorique eft orné de mutu- les (voyez MUTULE), beaucoup plus propres à cet ordre dans les dehors, que le denticule, malgré l’e- xemple célebre que nous en ont donné les anciens au théatre de Marcellus ; celui de la corriche ioni= que, de denticules (voye; DENTICULE) ; celui de la corniche corinthienne & compofite , de modillons (voyez MODILLON). Palladio, auteur que nous ne faurions trop citer, fait les modillons de la corniche compofñite à doubles faces, & a été fuivi en cela par, plufieurs architeétes anciens & modernes, dont om voit les différens fyflèmes dans le livre de M. de Chambrai, qui nous a donné le parallele des ordres d’Architeéture des dix commentateurs de Vitruve. On appelle éorriché archirravée , celle qui étant compofée des principaux membres dont nous ve- nons de parler, a pour fupplément une ou plufeurs plattes-bandes qui lui tiennent lieu d’architrave (voyez ARCHITRAVE). Communément cette corri- che tient lieu d’entablement dans un édifice de pew d'importance; enforte que la cimaïfe inférieure de la corniche tient leu de cimaïfe fupérieure à l’archi- trave, & que la frife eft abfolument fupprimée (voyez FRISE). Maïs ce genre de corniche ne doit ja- mais couronner un ordre d’Architeéture, malgré les exemples fréquens que nous en donnent nos archi- tetes modernes. Chaque membre principal de la corniche profile affez communément fur fon quarré , & l’on affecte de dégager par un renfoncement le plafond ou fo- phite du larmier fupérieur, (voyez SOPHITE) afin d’éloigner l’écoulement des eaux de la furface du bâtiment : raifon pour laquelle on fait toïjours , comme nous l’avons déjà dit, les corriches au moins auff faillantes que leur hauteur , ainf qu’on le va voir par les mefures que nous donnons d’après Vi- gnoles. + La corniche tofcane a de faïllie un module fix par- ties (voyez MODULE), fur un module quatre parties de hauteur; la corniche dorique deux modules fur un module fix parties ;. la corniche ionique trente- une parties fur un module trois quarts ; la corriche corinthienne deux modules deux parties {ur deux modules; fa corziche compofñite deux modules fur deux modules. Lorfque par quelques circonftances particuliers l’on ne peut donner à ces corziches les faillies qu’on vient de rapporter, on incline quelquefois en talud le devant des larmiers. Les anciens en ont ufé ainf en bien des occafions ; mais cette imitation produit des angles aigus, qui font toûjours un mauvais effet dans l’Archite@ure, principalement dans les retours des corniches ; de maniere qu’il:ne faut employer ces taluts que lorfqu’elles fe trouvent continues, com- me dans l’intérieur d’un dôme, tel qu’onle remarque au Val-de-Grace ; ou contenues entre deux grands pilaîtres, ainfi qu'il s’en voit dans l’intérieur de l'O- ratoire. Au refte cette obliquité autorife à donner réellement moins de faille à toute la corziche, fans néanmoins nuire à celle des fophites & des larmiers. Voyez ces différentes corniches dans la Planche d’Archi- ceilure, On appelle auf corziches, tout membre faillant varié, & compofé de moulures à l’ufage de la dé- coration intérieure, quoique ces dernieres ne fotent pas foûmifes aux dimenfons précedentes, & que lon appelle, felon leurs difpoñitions , droires, circu- daires , furbaiffées , muvilées , interrompues, rempantes » inclinées, tournantes ; LC. Mais toutes doivent être d’un profil (voyez PRO- FIL) agréable , & conforme aux différens ufages qui les fait employer dans l’art de bâtir. (P) CoRNICHE (Meruif.) eft compolée de plufieurs membres d’Architeéture , & fe met au haut des lam- bris c’eft ce qui couronne les ouvrages de menni- ferie, & qu’on appelle ordinairement corziche vo- lante, pour la difinguer des corziches en plâtre qui fe font aux plafonds. CORNICHON , f. m, (Jard. 8 Cuifin.) n’eft au- tre chofe qu’un petit concombre qu’on ne laïffe point croître pour le pouvoir confire dans le vinaigre, &z en faire des falades pendant l’hyver. (X) CoRNICHON , (Diere.) voyez CONCOMBRE. CORNICO, (Géog. mod.) ville de l’île de Can- die dans le territoire de la Canée. * CORNICULA , f. £. (Chirurg.) inftrument de corne fait à-peu-près comme une ventoufe, à l’ex- trémité la plus petite de laquelle on auroït pratiqué une ouverture. On appliquoit fa grande onverture fur les parties exténuées , -on fuçoit l’air par la pe- tite. Cette opération fafoit élever les chairs, & in- vitoit les fucsnourriciers à s’y porter. Hildan & Tul- pius font mention de cures obtenues par cette voie. Voyez Hild. Tulp. & VENTOUSE. CORNICULAIRE , {. m. (if. anc.) nom d’un officier de guerre chez les Romains , qui foulageoit le tribun dans l’exercice de fa charge, en qualité de lieutenant. Voyez TRIBUN. Les corniculaires faifoient les rondes à la place des tribuns , vifitoient les corps-de-parde , & étoient à- peu-près ce que font les aides-majors dans nos trou- pes. Voyez AIDE. | * Le nom de corriculaires fut donné à ces officiers, parce qu'ils avoient un petit cor, cormiculum , dont ils fe férvoient pour donner les ordres aux foldats. Ce nom pris au premier fens, vient, felon Saumaïfe, de corniculum , qui figmfie le comier d’un cafque ; & en effet Pline nous apprend qu’on mettoit fur les cafques des cornes de fer ou d’airain, qu’on appelloit cors- cula, ; - On trouve dans les notices de l’Empire un huufier ou greffier nommé corniculairez {on office étoit d’ac- compagner par-tout le juge, dele fervir, 8 d'écrire les fentences qu’il prononçoit. QUE. Dans le fecond fens, on prétend que ce mot eft dérivé de corniculum ; un cornet à mettre de l'encre. Voyez le djit, de Trév, E celui de Dish & Chamb, (G) COR #5 CORNIER , £ m, voyez CORNOUILLIER. CoRNiEr , (Charp. & Menuifr) c’eft ce qui fait le coin où énçcoignure d'une-armoire,buffet, commode: on-lenomme pié-cortien. Woyez-en le plan, PI, IV. fie. 11, dis Meruifrer. Les, Selliers-Carroffiers donnent le même nom aux quatre pihers de bois où montans qui foûtiennent limpériale des carroffes, &c, CORNIERS, (Eaux & For.) prés-corniers; arbres que les officiers deseaux & forêts choififfent & mar- quent dans les forêts, taillis, ou hautes-futaies, où ils fixent la limite des ventes & des coupes. CORNIERE, f. f, entermes de Blafon, figrufie une anfe de poë, ainfi appellée parce qu’elle a fuccédé aux cornes ou anfes qu'on mettoitanciennement aux an gles des autels, des tables, des coffres & autres cho» fes, poux pouvoir les porter plus aifément. (77) CORNIERE , (Marine,) Vayez CORMIERE & ÂL- LONGE DE POUPE. (Z) CoRNisre. Voyez Nous. CoORNIERES d'une prefle d'Imprimerie, &, felon quelques-uns, CANTONNIERES. Ce font quatre pieces de fer plat, dont chacune a un pié. de long, deux ou trois lignes d’épaifleur, & fept à huit de hauteur ; coudée dans fon milieu en angle droit, & allant un peu en diminuant de hauteur & d’épaiffeur juiqu'à fes deux extrémités, à chacune defquelles eft prife une patte percée de plufieurs trous ; pout être attachée avec des clous. Au moyen de ces cor- nieres pofées aux quatre coins du coffre ; on arrête une forme fur la prefle, en mettant un coin entre Pextrémité de chaque corriere & le chafis de la for- me. Woyez les PI, d'Impr. CORNIGLIANO, (Géograph. mod.) petite ville d'Italie au duché de Milan, fur la riviere d’Adda. CORNOUAILLE., o4 CORNWALLIS , (Géog. mod.) province maritime d'Angleterre, dont la ca- pitale eft Launcefton. Elle eft énvironnée de [a mer de toutes parts , hormis à l’orient, où elle eff bornée par le Devonshire : elle a le titre de duché. Elle eft fur-tout remarquable par fes mines d’étain, le meil- leur qui foit en Europe. CorNOUAILLES,, (Géog. mod.) contrée de France en Bretagne, qui s’avance dans la mer. Elle com- prend tout le diocèfe de Quimper. CORNOUILLER , {. m. (Æ4f. nar. Bor.) cornus genre de plante à fleur en rofe:; le calice devient dans la fuite un fruit en forme d'olive, ou rond, mou, charnu, dans lequel il y a un noyau divifé en deux loges qui renferment chacune une amande, Toutnef, 2nff. rei herb. Voyez PLANTE. (1) CORNOUILLER , (Jardin) Parmi les efpeces de cet arbre qui font aflez nombreufes , on diftingue deux ordres principaux, qui font fort différens entre eux par le volume des arbres, la difpoñtion des fleurs, la forme des fruits , la qualité du bois , maïs que les Botaniftes ont toùjours fait aller enfemble, ns le fpécieux prétexte de teurs arrangemens méthodi- ques. Cette diftinétion fe fait en cornouiller méle & en corzouiller fémelle ; cependant ces caraéteres fe trouvent-là fauflement employés, & ne peuvent fervir. qu'à induire en erreur, attendu que. cha que efpece de ces arbres eff mâle &: femelle tout enfemble, & qu’ainfi les uns n’ont pas plus le droit d’être appellés méles, que les autres d'êtrenom- més femelles. Comme l’on pent donc rafonnable- ment fe difpenfer de conferver ces dénominations abufives , je traiterai les prétendus corrzomillers mâles fous le fimple nom de cornowller;: 8 ceux qu’on fait tout auf mal-à-propos pañler pour femelles, fous celui de fanguin. 3:15] Le cornouiller eff un petit arbre aflez commun dans les bois & dans les haies, où quelquefois 1l s'éleye jufqu'à dix-huit ou vingt piés, fur un demi-pié de diametre environ, & où le plus fouyent aufl il ne 56 € OR Æorme qu’un buiflon. Satige, lorfqu'il fait tant que s'élever, eft tortuë, courte, nôueufe , & chargée ‘de beaucoup de rameaux: fon écorce d’un gris rouf- Æâtré, fe détache lorfque l'âge l’a fait gerfer : fa ‘fleur jaunatre & mouflue, paroit toute dés premie- res enhyver, toûjours au mois de Février, 8e dès le commencement , quand la faïfon eft favorable: “es feuilles d'un verd-foncé, ne viennent qu'enfuite, &z au moins deux mois plus tard : fon fruit fort ref- emblant à l’olivé, rougit en müriflant au-commen- cement de Septembre ; mais il fe fait bien attendre, ‘Quand on éleve cet arbre de femence, ce n'eft guère qu'après douze ans qu'il en produit. L’aceroif- fement de cet arbre eftfi lent ; qu'il lui faut quinze ânnées pour prendre environ dix piés de hauteur ;: cependant rien n’eft capable de retarder fa venue. Les intempéries des faifons ne portent point fur le «cornouiller ; ilendure le grand froid comme les fortes chaleurs ; le givre même , qui fait tant de ravages fur les végétaux ligneux, n’agit n1 fur le jeune bois ni fur les fleuts de cet'arbre, qui eft fi robufte à tous égards, qu'il s’'accommode de tous les-terreins & “des plus mauvaifes expoftions : fon bois à toutes ‘Jes-excellentes qualités de celui du cormier ; il feroit auf recherché, s’il avoit autant de volume, Le cor- nouiller n'eft pas fans quelqu'agrément ; fa fleur très- hâtive ; affez apparente, ‘& de longue durée ; fon feuillage d’une belle verdure, qui n’eft jamais atta- qué des infettes, & qui fouffre l'ombre des autres arbres ; & la fieure réguliere qu’on peut donner au cornouiller, fans nutre à fon fruit, peuvent engager à l’employer dans quelques cas pour l’ornement. : Orn'peut donc s’avifer quelquefois de multiplier cet arbre, qui pouffe aflez ordinairement des rejet- tons aupié, qu'on pourra tirer des bois, &t ce fera la voie la plus courte : ou bien il faudra s’en tenir à femer Les noyaux des cornouilles , qui, foit qu’on {es mette en terre en automne ou au printems, ne everont qu’à l’autre printems : enfuite avec la cul- ture ordinaire des pepinieres, & beaucoup de pa- tience, on parviendra en huit ans à avoir des plants d'environ fix pieds de haut , qui n'auront, exigé qu'un peu de foin pour les faire venir droits, & que Ton pourra tranfplanter alors où l’on voudra. Il fy'aura nul choix à faire pour le terrein, & en- “core moins pour l’expoftion: tout convient au cor- aouiller, même le fable & la pierrælle; plütôt ce- perdant les lieux fraïs que chauds, & fur-tout Pom- bre; mais il ne faut pas:qu'il foit trop ferré, ni cou- “vert par les autres’ arbres, fi l’on veut qu'il fe mette à fruit, ton LCe fruit eft la cornouille, dont on retire quel- “gw’utilité. Elle eft dans farmaturité d’un rouge bril- ‘ant, & d'un goût aflez paflable pour en manger; “mais ce doit être avec ménagement, par rapport à fa qualitéaftringente. On.en fait de la gelée qui fert - à cétte fin, ou bien une borflon qui a la même vertu; & il y'a très-long-tems-que l'on dit qu’on peut auffi “préparer lescornouiles avant leur maturité, com- - mé on fait les olives, pour les manger en falade : il fiitcependant que cé:mets ne foit pas bon, puif- anilweft-point en ufage: Les anciens ont prétendu he fa cuülture”étoiticontraire au corzouiller, & qu°- -elle nuifoit mème à la qualité de fon:fruit, qui per- dôit :parlà de fa donceursdlleft vrai que cet arbre féxise point-de culture; mais il n’eft pas moins cer- tainaufh, comme je m’enfuis aflüré, qu’il en pro- te béaucoup mieux quandonle cultive, & que fon fruit enidevient plus gros; plus coloré 518 d’un meil- leur goût. #oyez CORNOUILLES. NT : cle Boistidu cornoziller efbrcompaéte, mañlif, des plis dur, d'untgraintrès-fin, & fans aubier. Il eft excellent, êc fort recherché pour-quantité de petits ffages oiilreft béfoimide force, de foldité, & de durée ; le volume de ce bois ne permettant pas de l'employer en grand autant que celui du cormier, qu'il égale pourtant en qualité à très-peu près. . Voici les différentes efpeces de cornouiller que Ton connoît à préfent. Le corrouiller fauvage. C’eft l’efpece qui croît dans les bois, dans les haïes, & à laquelle on peut ns appliquer ce qui vient d’être dit en géné- ral, Le cornouiller franc. Ce n’eft autre chofe que l’ef- pece fauvage améliorée par les foins de la culture. Le cornouiller a fruir jaune, Cette variété eft aflez rate ; les cornouilles en font plus douces que les rouges, | Le cornouiller à fruit blanc. Autre variété.encore plus rare que la précédente. Le fruit de cette efpece êft plus précoce que dans les autres ; 1l vient à ma- turité des le commencement du mois d’Août, Cette cornouille eft plus douce & plus agréable au goût qu'aucune , mais elle eft plus petite. Le cornouïller a fruit rouge foncé. Le fruit de cet ar- bre eft plus gros que celui des autres efpeces, &il eftfort doux. Le cornouiller à fruit tardif. Son fruit ne mürit en. effet qu'au commencement du mois de Novembre: il eft d’un rouge pâle , & le plus aigre de tous. Le cornouller du Levant. Le fruit de cet arbre, qui eft très-rare, eft cylindrique. Le cornouiller à feuille de citronnier. La feuille de cet arbre a beaucoup de reflemblance avec celle.du citronnier, fi ce n’eft qu'elle eft plus étroite. Le corrouiller de Viroinie a feutlles tachées, Cet ar- bre reffemble à notre corrouiller commun, avec cette différence feulement que fa feuille eft plus longue , & qu'il s’en trouve quelques-unes qui font pour aïnf dire maculées d’une couleur brune-rouffâtre. Le cornouiller de Virginie a gros fruit rouge. C’eft un arbrifleau qui ne s’éleve qu’à dix ou douze piés, qui eft très-robufte, &c qui fe plaït dans les terres hu- mides & légeres. Le cornouiller de Viroinie & grande fleur. Ce n’eff qu'un arbriffeau de fept ou huit piés de haut, qui poule bien en pleine terre, & qui eft très-commuin à préfent dans les pepinieres autour de Londres, où il eft connu fouslenom de dogwood deF'irginie. Ce cor- nouiller {e garnit de beaucoup de feuilles, qui font plus grandes que celles des autres efpeces ; maisal ne donne pas tant de fleurs , & M. Miller ne l’a point encoré vù porter de fruit en Angleterre. Voilà ce que cet auteur a dit de ce bel arbriffeau, qui ayant un agrément fingulier , mérite que l’on recourre à Catesby; dont j'ai encore tiré ce qui fuit. « Cet ar- » bre n'eft pas grand; fon tronc n’a guere.que huit »ou dix pouces de diametre; fes feuilles , qui ref= » femblent à celles de notre corrouiller ordinaire, »font plus grandes & plus belles : fes fleurs paroif- »fent au commencement de Mars; & quoiqu’elles » foient alors entierement formées &c ouvertes, elles » ne font pas fi larges qu’une piece de fix fous ; el- » les augmenteñt enfuite jufqu’à.la largeur de la » main, à n’atteignent leur perfeétion que fix femai- » nes après qu’elles ont commencé à s'ouvrir : elles » font compofées de quatre feulles d’un blanc ver; »dâtre, & 1l s’éleve du fond de cette fleur une touf- » fe d’étamines jaunes. Le bois de cet arbre eftblanc, » d’un.grain ferré, & ileft auffi dur que le buis. Ses » fleurs font fuivies de baies difpofées en grappes, »qui font rouges , ovales, ameres, de la grofleur ». d’une fenelle, qui renferment un noyau fort dur, » & qui en reftant fur l’arbre font d’un aufli bel a- » peét en hyver, que fes fleurs l’ont été au prin- 3 tems ». | | | Le cornouiiler de Virginie à grandes fleurs blanches & rouges, M, Miller eflime que çet arbre n’eft qu’une LP Varieté COR variété du précédent, dont il ne differe qu’en ce que : fa fleur fort d’une enveloppe qui eft rouge, & qui contribue à la beauté de cet arbriffeau. Le petit cornouiller de’ Virginie. C’eft en effet un petit arbrifleau qui ne s’éleve guere qu'à quatre ou Cingpiés , & qui neft pas robufte. Il fui faut l’oran- gerie pour pafler l’hyver, à moins que de le placer contre un mur bièn expofé , où il ne pourroit tol- jours réfifter qu'aux hyvers ordinaires. Sa feuille eft grande, & fa fleur aflez belle. Le fanguin, eft un arbrifleau très-commun dans les bois, dans les haies, & dans les places incultes, oùje l'ai và s'élever quelquefois à dix piés. Sa tige eft droite, menue, & égale ; l'écorce de fes jeunes rameaux eft d’un rouge vif & foncé, qui a fait don- ner À cet arbrifleau le nom de fanguin. Sa fleur, qui eft blanche, vient en ombelle au bout des nouvelles branches, & paroît au commencement du mois de Juin. Les baies qui fuccedent font noires dans leur maturité, un peu ameres, &c de fort mauvais goût ; tout le parti qu’on en peut tirer, c’eft d’en faire de lhuile qui eft propre à brûler, fuivant que Je m'en fuis affüré par plufieurs épreuves. Son bois eft blanc, -“compate ; pas fi dur-que celui du cornouiller, & bien moins volumineux. Cet arbrifleau vient par- tout, & fe multiplie plusiqu'on ne veut. Voici les différentes efpeces de Jarguin. Le fanguin commun, C’eft à cette efpece qu’on doit appliquer ce qui vient d’être dit du /arguiren général. Le janguin à feuille panachée, C’eft une variété de l’efpece commune , dont on fait peu de cas. Le fanguin à fruit blanc. Autre variété-qui ne s’é- tend que fur la couleur du fruit. Le fanguin de Virginie à feuille de laurier. On trou- ve dans tous les pays feptentrionaux de l’Amérique cet arbniffeau, dont le fruit eft d’une couleur bleue- noirâtre. Il ne s’éleye qu’à la hauteur de notre fan- guir commun. Le fanguin de Virginie à feuille étroite. C’eft une variété qui ne differe de l’arbrifleau précédent que par la figure de la feuille. Le fanguin d'Amérique à feuille blanche, C’eft un bel arbrifleau , qui peut infiniment contribuer à l’or- nement d’un jardin, par la blancheur finguliere de fes feuilles qui fe font remarquer au printems, par les bouquets de fleurs blanches qui ’embelliffent durant l’été, par les grandes grappes de fes baies bleues qui toute l’automne font d’un bel afpeët, &c par la couleur rouge &c vive de l'écorce de fes ra: meaux qui le diftinguent pendant l'hyver. (c) CORNOUILLES, f. £. pl. (Mar. medic, 6 Diete. ) Le fruit du cornouiller ef aigre, acerbe, & ffypti- que, lorfqu'il n’eft pas parfaitement mür. On peut l’'employer dans cet état, fur-tout extérieurement, comme laplüpart des autres vrais ftyptiques tirés des végétaux. [l s’adoucit beaucoup en müriffant ; alors il n'eft qu’aigrelet, & aflez agréable à manger, &c beaucoup de gens le croyent propre à arrêter le cours de ventre. Hippocrate, Diofcoride, & Pline, Jui accordent cette proprièté. On peut préparer un rob de cornouilles qui aura les propriétés du fruit; mais cette préparation eft peu en ufage. La pharmacopée de Paris met aunombre des eaux diftillées celle des fruits du cornouiller ; mais cette eau doit être abfolument rangée dans la clafle de celles qui font exaétement inutiles. Foyez EAU D1s- RTELÉE. (CJM CORNU , fub. m. (Comm. 6 Monnoie.) monnoiïe battue fous Philippe-le-Bel. Il y en avoit de deux fortes, le parifis &c le tournois ; celui-ci pefoit vingt- un'grains , avoit trois deniers dix-huut grains de loi; & valoit un denier tournois; l’autre étoit de vingt grains , & de trois deniers douze;srains de loi, & Tome IF, D'ACTE valoit un denier parifis. F’ oyez Le ditlionn. de Trév, & Ducange , au mot 770714. | | Cornu, adj. (Marechall.) uñ cheval corzx eft celui dont les os des hanches s’élevent aufli haut que ; haut de la croupe. Voyez HANCHE 6: CROUPE, 1/4 CORNUAU ; f. m. (Péche.) poiflon très-reffem= blant à l’alofe, & qui remonte la Loire avec elle ; ik eft feulement plus court; mais il s’en manque beau- ‘coup que ce foit un auffi bon manger : Palofe eft le mets des friands; le cormuau, celui des payfans &c des ouvriers. | fa CORNUE, £ f. (Chimie.) La cornue eft une forte de vaiffeau deftiné à faire la diftillation appellée per latus, d’une figure quelquefois ronde, & quelque- fois un peu oblongue, & portant à fa partie fupé- tieure un cou recourbé, de maniere que ce vafe étant pofé fur fa bafe dans Le fourneau de reverbere ou fur le bain de fable; de limaille, &c; puifle ex- céder la paroi du fourneau de cinq ou fix pouces; pour pouvoir entrer commodément dans un autre vaifleau appellé récipient. Voyez RÉCIPIENT. On donne à la cornue aflez communément le nom de re- torte , fans doute à caufe de la courbure du cou; & il y a grande apparence que le nom de cornue a été ‘donné à ce vaifleau , ou parce que le cou. a la figure d’une corne, ou bien parce que le vaifleau entier reflemble aflez à une cornemufe. Voyez la Planche, Les cornues font.ordinairement de terre ou de ver- re ; on fe fert quelquefois aufli de corzues de fer fondu. | = Les cornues de terre font de tous les inftrümens chimiques celui dont l’ufage eft le plus fréquent, toutes les fois qu’on veut foûmettre à la difhilätion une fubftance qui demande le degré de feu fupérieur à l’eau bouillante, pour donner les produits qu’on fe propofe d’en retirer ; la retorte de terre ef le vaif- feau le plus propre à cette opération. Or le cas fe. préfente très-communément dans l’analyfe par Le feu des fubftances végétales & animales, dans là préparation des huiles empyreumatiques végétales & animales, dans celle des fels volatils végétaux & animaux. C’eft aufli avec cet inftrument que l’on difüille les acides minéraux, & l'acide végétal com- biné avec une fubftance faline, terreufe , ou métal< liqué, &c. que l’on retire Le foufre de différentes py- tites, le mercure du cinnabre, l’arfenic du cobolt le phofphore des matieres qui én foufniffent, 6rc. Les éornues de terre étant non-feulement défliriées à être expofées à un desré dé féu fupérieur à l’eau bouillante , mais encôre quelquefois à fupporter ce dernier degré jufqu’à fon extrème, c’eft-à-dire le feu le plus violent que nous ptufhons faire dans nos fourneaux , doivent néceflairement être faites d’une matiere capable dé réfifter à cé degré de féu qui vi trifie les métaux imparfaits, & gériéralement toutes les terres qui font tant foit peu fufbles. El faut pour cela qu’elles foient faites d’une bonne terre glaife, qu’elles foient aufli minces qu'il fera pofble , & qu’elles foient cuites au point qui fait donner le nom de grais à la terre cuite. À la vérité tout grais ne fes roit pas bon à être employé en corrue ; celui qui eft trop cuit, & prefque vitrifié , eft trop caflant ; &c malgré le lut dont on l’enduit; &c les précautions qu’on prend pour l’échauffer peu-à-peu, on né pars vient que très-dificilement à lui faire foûtenir le feu. il faut dénc que nos cornwes loient fuffifamment cuites (ce qui les empêche d’être poreufes , & les rend propres à fupporter le plus grand feu), mais qu’elles ne {oient pas trop vitrifiées. Celles qui nous viennent des environs de Beauvais en Picardie ; foat excellentes; elles ne font point du tout poreule: ; el- les s’échauffent aflez facilement fans fe fêler, 8 tup- portent le dernier degré de feu (M, Rouelle s’en fert 258 COR pour faire le phofphore) fans £e fendre & fans fe rompre. C’eft fans doute le défaut de pareilles cor- nues qui fait que les Allemands, qui vantent d’ail- leurs tant leur terre de Hefle , n’employent que les cornues de verte dans prefque toutes leurs opéra- tions. M. Margraff s’eft fervi de corzues de verre out la diftillation du phofphore; Hoffman, pour la diflillation de l'acide nitreux, fumant, &c. Nous fai- fons ces opérations bien plus commodément dans nos bonnes cornues de terre. Voyez Cornues de verre, dans la fuite de cet article. M. Rouelle a fait faire en Normandie des cornues qui étotent de la même efpece de grais que les petits pots à beurre de Bretagne, que tout le monde con- noît, Ce graïs eft très-bien cuit, & les corzues qui ont été faites de la même terre, &c cuites au même feu, font excellentes : mais comme elles font fujet- tes à fe fendre lorfqu’on commence à les échauffer, 8c à fe cafler dans le cours des difüllations, pour peu que le feu fe rallentiffe & que Pair froid les frap- pe, onne doit pas héfiter à leur préférer celles qui nous viennent de Picardie, qui n’ont pas à beaucoup près les mêmes inconvéniens que celles de Norman- die. Nous aurons occafon de parler de ce grais de Normandie au mot creufer. Voyez CREUSET. Les cornues de Picardie font non-feulement excel- lentes pour faire toutes les difüllations dont nous avons parlé; mais comme elles peuvent fouffrir le plus grand degré de feu, elles feront encore fort propres à toutes les expériences que l’on pourroit tenter fur certaines fubftances métalliques que l’on voudroit traiter à un grand feu, & fans le contaét de l’air ; ainfi on s’en fervira très-bien pour la rédu- étion des différentes chaux de zinc, &.pour faire l’ef- fai de la calamine, fuivant le procédé qu’en a don- né M. Margraff, dans un mémoire imprimé parmi ceux dé l’acad. de Berlin, ann. 1746. Voyez Zinc. 11 y a une forte de vaifleau de terre appellé eur- 2e, qui ne differe de la cornue que parce qu'il a une bafe applatie, & le cou beaucoup plus court. Les diftillateurs d’eau-forte s’en fervent pour retirer l'acide du nitre & du fel marin. La cuine a été au- trefois mife en ufage par les Chimiftes : mais com- me c’eft le propre des arts pratiques de reétifier & de retrancher tout ce que l'expérience nous apprend, ou ne rien valoir, ou du moins étre peu commode , les Chimiftes modernes l’ont abfolu- ment rejettée ; & cela avec raifon, ce vaifleau ayant de fi grands défauts qu'il ne peut être employé dans aucune diftillation qui demande de l’exaétitude. Pour ce qui eft de la maniere d'employer la corzue de grais, de la luter , de l’appareiller , de l’échauffer, Gc. & des précautions qu’il faut prendre pour la con- ferver & l'empêcher de fe cafler, lorfque l’opéra- tion ctant fimie on laïfle tomber le feu ; tout cela, dis-je, eft détaillé exaétement à l’article diffillation (voyez DISTILLATION), 8 au mot /ur, Voyez LUT. Les cornues de verre font d’un ufage tout auf étendu que celles de grais ou de terre; elles nous fournif- fent un moyen commode de difüller un nombre in- fini de matieres, qui étant ou fort volatiles, ou du moins d'une médiocre fixité, n’ont pas befoin d’un très-srand degré de feu. Ce n’eft pas qu’on ne puiffe leur en faire {oûütenir un plus grand, puifqu'on peut très-bien les faire rougir (on fait que le verre rou- git longtems avant que de fondre), & par conie- quent s’en fervir pour la diftillation de toute fubf- fance animale &c végétale, ces deux regnes s’analy- fant à ce degré de feu. Voyez VÉGÉTAUX & ANI- Maux. Nous avons obfervé ci-deflus que les Alle- mands n’en employoient prefque pas d’autres, mê- me dans la plüpart des opérations qui demandent ün feu très-lons-tems continué à ua degré beaucoup COR fupérieur à l’eau bouillante, puifque M. Margraff s’en eft fervi pour la diftillation du phofphore. Nous examinerons ax mot PHOSPHORE,, s'il a eu raïfon, & s’il n’en auroit pas tiré davantage en fe fervant d’une cornue de terre. Voyez PHOSPHORE. | Les cornes de verre ont, outre la fragilité ordi- naire à tous vaifleaux faits de cette matiere, le dé- faut de fe fêler fort aifément , foit lorfqu’on com mence à les échauffer, foit lorfqu’étant trop chaudes Vair froid vient à les frapper ; inconvéniens auxquels on ne remédie qu’en prenant de grandes précautions, dont les principales font 1°. d’avoir des cornues fort minces, & d’un verre bien égal, c’eft-à-dire qui ne foit pas plus épais dans un endroit quedansunautre; 29, de luter celles qu’on doit placer dans le fourneaut de reverbere ; 3°. de les chauffer peu-à-peu & éga- lement; 4°. de faire enforte que la partie qui n’eft point enfermée dans le fourneau, ou qui eft recou- verte de fable, foit à l'abri du contaét de Pair ; 5°. d’adminiftrer à celles qui font au bain de fable le feu avec prudence, l’art ne nous fourniffant point d’au- tre moyen de diminuer la chaleur de ce bain une fois trop échauffé, qu’en faifant prendre l’air à la cor- zue ; ce qui l’expofe à fe cafler. Voyez BAIN DE SA= BLE & DISTILLATION. La plüpart des chimiftes préferent dans bien des cas la cornue de verre à l’alembic de même matiere, & certainement avec raifon ; car outre que la corzue foûtient mieux le feu que l’alembic, elle a encore un avantage confidérable, qui eft de fournir un ap- pareil qui a le moins de jointures qu’il eft poffible, Voyez tout ce qu'il y a à obferver fur le manuel de la diftillation, «x mot DISTILLATION. Nous nous fervons à Paris de deux fortes de cor: nues de verre, les unes connues fous le nom de verre de Lorraine, & les autres fous le nom de verre blanc, Les cornues de Lorraine font prefque rondes, & d’un verre brun, qui quoiqu’aflez mauvais , ne laiffe pas que de fupporter le feu nud lorfque la corrue a été bien lutée ; aufli nous en fervons-nous avec fuccès pour la concentration de l’acide vi- triolique , qui exige un degré de feu aflez fort, Voyez Acide vitriolique au mot VITR1OL. Elles font excellentes pour la reétification des autres acides &c des huiles fœtides, pour faire le beurre d’antimoine, celui d’arfenic, la liqueur fumante de Libavius: ce font ces cornes que nous employons pour unir la- cide vitriolique au mercure, dans la préparation du turbith minéral ; enfin ces cornues font fort propres à la diftillation d’une petite quantité de matieres rés fineufes, 6c. en vûe d’analyfe. On pourroit très- bien s’en fervir pour la diftillation des acides miné- raux à la façon de Glauber ; mais il y auroit à crain- dre que la chaleur qui s’excite lorfqu’on vient à ver= er l’acide vitriolique fur le nitre ou le fel marin, ne les fit cafler : on fera donc mieux d’avoir recours à la cornue de grais. _ L'autre efpece de corzue dont nous nous fervons communément à Paris, & que nous avons dit être connue fous le nom de verre blanc, eft d’une f- gure prefque ovale, d’un verre fort mince, très- blanc , & ordinairement affez bien foufflé ; nous n’employons ces fortes de cornues qu’au bain de fa-, ble, par le moyen duquel on peutsleur donner un feu très-fupérieur à l’eau bouillante. Nous nous en ferwons pour diftiller tout liquide très-volatil &c pré- cieux, comme l’éther, & pour reétifier l’huile ani- male de Dipellius , les huiles eflentielles , & celle de fuccin, la premiere feule & fans intermede , les autres par le moyen de l’eau; voyez HUILE ANIM A- LE, HUILE ESSENTIELLE, @& SucGiN. Lorfque l’o- vale de ces cornues eft un peu allongé , nous appel- lons ces vaifleaux cornues à l’Angloife. L’élevation que cette forme leur donne, les rend très-propres à COR lasdiftillation de plufieurs matieres fujettes à {e gon- fler , qui ne feroit que très- difhcilement pratica- ble dans une corrue écrafée, telle que les cornues de verre de Lorraine. Nous avons dit au commencement de cet article, qu'on fe fervoit quelquefois de corzues de fer fondu : cette derniere efpece eft peu en ufage dans les labo- tatoires des Chinuftes ; elle feroit pourtant d’une grande utilité, & on pourroit l’employer dans un très-grand nombre d'opérations chimiques, ce qui diminueroit la dépenfe ; car une cornue de fer feroit un meuble indeftruétible : fi l’on vouloit s’en pro- curér., il faudroit avoir l'attention de les faire faire très-minces, & de pratiquer à la partie fupérieure un couvercle fermant exaétement, qui ferviroit à in> troduire dans la corxe les matieres à difhiller, & à en retirer les réfidus après la diftillation. On conçoit facilement qu'il feroit poffible de fauver un grand nombre de cornues de terre, que l’on eft obligé de cafler pour avoir la matiere charboneufe qui y refte après la plüpart des difüllations, &c. | Ilne nous refte plus qu’à dire quelque chofe d’une autre efpece de co’rue, connue fous le nom de cor nue tubulée. | Une cornue tribnlee eft celle à la partie fupérieure de laquelle on a pratiqué une petite ouverture en Forme de tuyau ou de tube, que l’ouvrier a ajufté de façon à le pouvoiït fermer avec un bouchon de verre pour Les corñues de verre, & de terre pour cel- les de terre. Ces fortes de cornues, foit celles de terre, foit celles de verre, font très-commodes dans nombre d'opérations , foit pour cohober la liquéur diftillée, {oit pour introduire de nouvelle matiere, foit pour en ajoûter de différentes efpeces fucceflivement & en différèns tems, Gc. fans être obligé de defapa- reiller les vaifleaux ; on doit apporter toute l’atten- tion poffñble à ce que les Bouchons ferment exaéte- ment, & foient-ajuités für le petit tube ou tuyau, de la façon qui fera expliquée au mot tubalure, Foyez TUBULURE 04 VAISSEAUX TUBULÉS. Il eft parlé de l’ufage des cornues tubulées au mot diflillation , au mot clyffus, & aux articles acide ni- ereux & acide marin. Voyez DiSTILLATION , CLYs- sus, NITRE, SEL MARIN. (b) CORNUS , (Gtog. mod.) petite ville de France dans le Quercy. LS A CORNUTIA , f. f. (Hif£. nat. bor.) genre de plan- te , dont le nom a été dérivé de celui de Jacques Cornuti medecin de Paris. La fleur des plantes de ce genre eft monopétale, en forme de mafque, dont la lévre fupérieure eft relevée, & l’inférieure divi- fée en trois parties. Il s’éleve du fond du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partie pof- térieuré de la fleur, & qui devient dans la fuite un fruit où une baie pleine de fuc fphérique, qui ren- ferme une femence qui a pour l’ordinaire la forme d’un rein. Plumier , z0va plant, Amer. genera, Voye Prante. (1) | CORO , f. m. (Firanc. étrang.) droit de 26° pour l'or, & de 5° pour l'argent, que le roi d’Efpagne levé fur le produit des mines du Chilly & du Pérou. Voyez les difionn. du Comm. 6 de Trév. COROD, (Géog. mod.) petite ville de Tranfil- vanié, près de Claufenbourg. COROGNE (LA), Géogr. mod. ville maritime d’Efpagne, en Galice, avec un port très-commode. Long. 9. 20. lat. 43.20. * COROLITIQUE,; adj. (Archie.) épithète par la- quelle on défigne des colonnes ornées de feuillages, _ Qui ferpentent autour d’elles en fpirales, telles qu’on en voit quelquefois dans les édifices, & fouvent dans les décorations théatrales, Elles fervoient ancienne- Tome IF, COR 259 meht de bafe à des ftatues, qui étoient auf appellées coroktiques.. . . | COROLLAIRE , {. m. 2 Géométrie; eft une con- féquence tirée d’une propofñition qui a déjà été avan- cée ou démontrée: comme fi de cette propofition ; Un triangle qui a deux côtés égaux , a alfft deux angles égaux; on tire la conféquence : donc un triangle qui a les trois côtés égaux a auffi lès trois angles égaux. On auroit tout aufli-tôt fait de dire cozfequence que corollaire, cela feroit plus à portée de tout le monde : mais c’eft le fort de prefque toutes les Sciences d’être chargées de mots fcientifiques afléz inutiles: Il ne faut pas efpérer qu’on les change, & ceux qui en traitent font obligés de s’y conformer. Il faut avouer auf que ce n’eft pas totjours la faute des Savans ni des Artiftes , fi les mots fcientifiques font fi multi- pliés. Comme la plûpart des Sciences & des Arts nous viennent des Grecs & des Latins, les mots nous en font venus avec les chofes; la plüpart de ces mots fcientifiques n’ont point päflé dans l’ufage ordinaire; & font devenus obfcurs pour le vulgaire. Un Athé- men, fans favoir de Géométrie, entendoit tout de fuite que le mot de shéorème fignifioit une vérité de fpéculation. Chez nous, c’eft un môt {avant pour ceux qui ignorent le grec; 8 ainfi dés aütrés. Plutarque, dans la vie de Cicéron, le loue d’avoir le premier donné des noms latins dans fes ouvrages aux Objets dont les philofophes grecs s’étoient oc- cupés ; & qui juiqu'à lui avôient retenu leurs noms grecs. On ne fauroit rendre le lañngäge des Sciences trop fimple, & pour ainf dire trop populaire : c’eft Ôter un prétexte de les décrier aux fots & aux igno- rans , qui voudroient fe perfuader que les termes qu’ils n’entendent pas en font tout le mérite , & qui; pour parler le langage de Montagne , parce qu'ils ne peuvent y prétendre, fe vengent à en médire. (O COROMANDEL (LA CÔTE DE), Géog. mod: grand pays de l’Inde, en-deçà du Gange ; il contient la côte occidentale du gelfe de Bengale. CORON , (Géog. mod.) ville de la Grece , dans la Morée , fur le golfe de même nom, dans la pro= vince dé Belvedere. Lozg. 39.40. lat: 36.15, CORONAIRES , (Arar.) e’eft ainf qu’on diftin- gue deux arteres qui partent de l’aorte, vis-à-vis fes valvules, avant qu’elle foit hors du péricarde, & qui fervent à porter le fang dans toute la fubftance du cœur. Voyez CŒUR. | On les appelle coronaires, à eaufe qué pär leurs ranufications elles environnent la bafe du cœur ; comme une efpece de couronne ou de guirlande. Il en part dans leur route plufeurs branches qui font dinigées longitudinalement , & comme Ruyfch lob- ferve, aux oreillettes & dans là fubftance même du cœur : après avoir entouré la bafe du cœur & s’être rencontrées , elles s’anaftomofent l’une avec l’aitre. Voyez CŒUR. Chambers, | L’artere coronaire ftomachique eft une branche de Ja cœliaque ; elle fe diftribue à l’eftomäc, & fe porte le long de fon arc concave entre l’orifice cardiaque & le pylore, où elle s’anaftomofe avec une branche qui vient de l’hépatique ; elle fe divife en plufieurs rameaux, qui non-feulement communiquent entre eux, mais encore dvec différens rameaux de la gran- de & petite gaftrique. Voyez ESTOMAC. Quant à la veine coronaire ftomachiqué ; 6n ap- pelle ainfiune veine qui fe décharge dans le tronc de la veine fplénique, qui en s’uniflant avec la méfen- térique , concourt à la formation de la veine-por- te. Voyez VEINE-PORTE. ( L) Le ligament coromaire du rayÿon ou radius , eft un ligament qui unit le radius avec le cubitus: Voyez Raprus 6 CuBiTus. (L) | CORONAL, adj. ez Anatomie, eft l'os du front, que l'on appelle auffi os frontal; os de la poupe &c,. ÿ 860 EE OR e Le voronal eft an des huitosdi-crane , fitué à fa partie fupérieure & antérieure de la face, il en for: meta-parte appelée fours F. FRONT & CRARE. Îl a une figure demi-circulairez on y obferve difs férenrés cavités & divérfes apophyfes. (L) 1 :CORONER , £. m. (Hp. rod.) en Angleterre; ‘éfficier dont la-chatge eft de faire faire des informa: tions par un yArys c'eftà-dire par uRe aflernblée dé furésqui ont prêté ferment, compofée de douze per- tonnes voifines du lie où l’on a trouvé une perfon- né morté ; commént &c de quelle maniere eft arrivé éet accident; % elle eftmorte naturellement ou d’unè mort violente, cequ'ilmarque farun regiftre. Il a deux officiers revêtus de ce pouvoir dans chaque rovince. IS 24 er es L'objet dé leurs fonétions étant une matièré Crimi- nellé ; & ,»kcomme difent les Angloïs, un plaidoyer de la couronne, on'a appellé ces officiers crowmers où cororiers. Ils font choifis par Les freeholders de la province, ou ceux qui tiennent de francs-fiefs qui ne relevent de perfonne , & cette éleétion fe fair en vertu d’un ordre de la chancellerie. au Pat un ftatut dé Weftminfter, le coroner doit être chévalier; & l’on trouve dans le regiftre qu’on ap- pelle if fie miles, un refcrit du prince ou reglement par lequel il paroît qu’on pourroit exclurre quel- qu'un de la charge de coroner , & avoir contre lui une caufe de récufation füfifante, s’il n’étoit pas chevalier & qu’il ne poffedât pas cent fchelins de re- venu en franc-fief. Dès l’an 925, fous le roi Atheh- tan, On connoît cet officier. Le chef de juftice de la cour du banc du toi, eft le premier cüroner du royau- me en quelqu’endroit qu'il réfide. ! Dans plufieurs diftriéts il y a aufli dé certains éo= roners particuliers, femblables aux coroners ordinaires établis par la loi en chaque province , de même que dans quelques colléges 8: communautés , qui font autorifés par leurs chartres &'priviléges à nom: mer leur coroner dans leur propre territoire. Nous n’avons point en France de femblablés of- ficiers, ni de nom qui approche du leur , f ce n’eft peut-être celui de commuffaire-enquêteur. C’eft aux procureurs du Roi à connoître des mofts inopinées & accidentelles qui peuvent être afrivées par vio- lence, (G) CORONILLA , fub. f (Æif}. nat. bot.) genre de plante dont la fleur eft léguinineufe : le calice poufle . ün pifil qui devient dans la fuite une goufle compo- fée de plufieurs pieces articulées bout à bout, qui renferment chacune une femence oblongue. Tour- nefort, inf? rei herb. Voyez PLANTE. (1) * CORONIS, f. f. (Myrh.) déefle révérée à Sy- cione ; on lui facrifioit dans le temple de Pallas,parce qu'il n’y en avoit point de bâti en {on nom. CORONOIDE, er Anatomie ; nom que l’on don- ne à une éminence pointue des os. Voyez PI, d’Anat. Voyez auffi Os. : Onditl’apophife coronoïde de la mâchoire inférieure. L'apophife coronoïde du cubitus. Voyez MACHOIRE 6 CuBiTus. (L) COROPA, (Géog. mod.) pays de l'Amérique mé- ridionale, fur la riviere de Corapatude , entre le lac de Parima & la riviere des Amazones. COROPOJAK , (Géograp. mod.) grande ville de fempire Ruffien, fur le Don ou Tanais. COROSSOL.,, fub.m. (Æiff. nat. bor.) fruit très- commun aux Antilles ; il croît de la groffeur d’un meloh, mais moins gros &c un peu recourbé vers la partie oppofée à la queue ; il eft couvert d’une peau verte, fée, épaifle comme du drap, hériflée de petites pointes de la même fubftance, un peu cour- bées, fléxibles, & ne piquant point ; l’intérieur du fruit eft d’une très-grande blancheur, reffemblant à . de la creme; cependant lorfqu’on y fait attention, offapperçoit une prôdigieufe quantité de vellicules de forme pyramidale, longues d'environ deux pou- ces, tendantes de la circonférence vers lé cœur du fruit, renfermant une eau blanchâtre ; un peu vif queufe,, au milieu de laquelle fe trouve ia graine; de figure oblongue', de couleui brune, & de la grof- feur d’une petite féve. Le cœur du fruit eft fibreux, coriace, fe féparant aifément ; ce n’eft autre chofe que le prolongement de la queue ; qui traverfant les deux tiers du fruit fe termine eh pointe infenfible. . La fubftance du coroffol eft d’un goût fucré relevé d’une pointe aïgrelette très-agréable ; elle fe réfoud en eau, à l'exception des veflicules, qui ghffent avec tant de facilité qu’on les avale fans s’en appercevoir. On prétend que le nôm de ce fruit Vient de l’île de Curacao ou Coroffol ; appartenante aux Hollandois: L’arbufte qui porte Le coroffol fe nomme coroffolier; 11 s’élevée d'environ huit à neuf piés ; fes feuilles font d'un beau verd, plus nourries, plus larges, & moins pointues que celles du laurier. : Le fruit du coroffolier eft fort fain : on a éprouvé que plufeurs perfonnes incommodées de violentes diarrhées, ont été guéries en ne mangeant que des coroffols pendant plufeurs jours. Lorfque ce fruit n’eît pas encore en maturité, fi on le coupe par tran- ches de lépaiffeur du doigt, 1l tient lieu de cuis d’ar- tichauts dans les fricaflées &c les ragoûts ; mais quand ileft trop mûr, on l’employe utilement à engraifler les cochons, qui en font extrèmement friands. 4rés de M. 1E ROMAIN. jé : | | … CORP , f. m#(Aifl. natur, Ichthiolog. ) coracinus, Rond. poiffon de mer qui reflemble à la tenche pour la couleur , & à la perche pour la forme du corps; ‘ les écailles & la bouche font de médiocre grandeur, & les machoirés font garnies de dents. Quant au nombre, à la pofition, à la figure & aux picquans des nageoires, le corp ne differe aucunement de lumbre : fa queue n’eft point fourchue , & quand elle s'étend, elle forme une portion-de cercle, L’ex- trémité des picquans de la queue &t des nageoires du dos eft noire ; les yeux font de médiocre gran- deur ; l'iris eft de couleur brune ; & prefque noire : les nageoires du ventre , &c celles qui font derriere. l'anus, font noires, 8 comme teintes d'encre. Ce poiflon a auffi été appellé corbeau de mer, à caufe de {a couleur noire; Willughby, 4/7. pie. Voyez Po1s- son. (1) | CORPORA FIMBRIATA , voÿez CORPS 8OR- DÉS au mot BORDÉ. (L) M = CORPORAL., f. m. sermie de Lisurgie; qui figniñe un linge facré dont on fe fert pendant la mefle, & que l’on étend fous le calice pour y mettre décemment le corps de N. S. ce qui lui a fait donner ce nom. IL fert aufli à recueillir les particules de l’hoftie qui pourroient venir à tomber, foit lorfque le prêtre La rompt, foit lorfqu’il la confomme. Quelques-uns difent que c’eft le pape Eufebe qui le premier enjoignit l’ufage du corporal , d’autres l’attribuent à S. Silveftre ; mais fi l’on en croit Co- mines, cet ufage avoit déjä lieu du temsdes apôtres, puifque cet hiftorien rapporte que le pape fit préfent à Louis XL. d’un corporal fur lequel on difoit que S. Pierreavoit dit la mefle. On avoit coûtume autrefois de porter les corporaux aux incendies , & de les éle- ver contre les flammes pour les éteindre. (G) CORPORATION, £. £. (Jurifpr. Police, Hifloire mod.) corps politique, que l’on appelle ainfi en An- eleterre, parce que les membres dont il eft compofé ne forment qu'un corps ; qu'ils ont un fceau com- mun, & qu'ils font qualifiés pour prendre, acquérir, accorder, attaquer ou être attaqués en juftice au nom de tous. Ÿoyez INCORPORATION. Nous n’a- vons point de terme qui lui réponde direétement ; : Communauté en approche, mais ce n’eft pas la même chofe : il A’atpas une fignification fi étendue. ! 71? Une corporation peut être établie de trois façons ; fayoir, par prefcription, par lettres patentes’, & par un ate du paflement. Les corporations ( corporation fignifie ici co##u- raté) font oueccléfiaftiques ou laïques ; les écclé- fafliques font ou répulieres | comme les abbayes, les prieurés-conventuels ; les chapitres , 65. 01 fé culieres , comme les évêchés,, les doyennés, les'ar- chidiaconats, les cures, &c. & les univerfités, les colléges &r les hôpitaux. Foyez ABBAYE, PRIEURÉ; Chapitre, Gc. Voyez auffi HÔPITAL , &c les laï- aies font les cités, les villes, Les mairies, les bail- liages, les compagnies où fociétés de commerçans ; &c. Voyez COMPAGNIE, 66 De pluss une corporation ef où unique ; Ou uñ compoié de plufeurs ; c’eft cette derniere que les iurifconfultes appellent un col/ége, Foyez COLLÈGE: Voyez auf COMMUNAUTÉ. * CORPORÉITÉ , {. f. terme de Métaphyf. C’elt à modification qui forme le degré différentiel dans la définition du corps, ou ce qui conflitue un corps, ne fubftance corporelle. Les Antropomorphites at- tribuoïent à Dieu la corporéire. - CORPOREL , adj. (Gramm.) fe dit de tout ce qui éft relatif au corps confidéré fous cette relation ; ainf on dit des qualités corporelles, êtc. CORPORELLES , (Jzrifprud.) chofes corporelles. Voyez au mot CHOSES, 6 ci-après au mot DROITS INCORPORELS, CorPorEL, (Fif.) Voye Fier. (4) | CORPS , f. m. (Méraphyf. & Phyfig.) C’eft une fibftance étendue &c impénétrablé , qui eft purement pañive d'elle-même, & indifférente au mouvement Qu au repos, mais capable de toute forte de mouve- ment, de figure & de forme. Voyez SUBSTANCE , SOLIDE, MOUVEMENT, GC. © È à Les corps, felon les Péripatéticiens, font compo- | fés de matiere, de forme & de privation ; felon les Epicuriens & lesCorpufculaires, d'un aflemblage d’a- tomes groflièrs êc crochus ; felon les Cartéfiens, d’une certaine portion d’étendue ; félon les Newto- niens, d’un fyftème ou affemblage de particules {o- lides, dures, pefantes, impénétrables & mobiles, ârtangées de telle ou telle maniere : d’où réfultent dés corps de telle ou telle forme , diftingués par tel ou tel nom. Voyez ATOME. ” Ces particules élémentaires dés corps doivent être infiniment dures, beaucoup plus que les corps qui en font compofés, mais non fi dures qu’elles ne puif- fent fe décompofer on fe brifer. Newton ajoûte que éela eff néceflaire , afin que le monde perfifte dans, le même état, & que les corps continuent à être dans tous les terms de la même texture & de la même na- ture. Voyez MATIERE, PARTICULE, SOLIDITÉ, DuRETÉ, Ge. £ Il eft impofñfble, felon quelques philofophes, de démontret l’exiftence des corps. Voici, difent-ils , la fuite d’argumens par laquelle nous pouvons ar- river à cette connoïflance. - Nous connoiffons d’abord que nous avons des fen- fations ; nous favons enfuite que ces fenfations ne dépendent pas de nous, & de-là nous pouvons con- clure que nous n’en fommes donc pas la caufe abfo- lue , maïs qu'il faut qu'il y ait d'autres caufes qui les produifent ; ainfi nous commençons à connoiître que nous ne fommés pas lés feules chofes qui exiftent, mais qu'il y a encote d’autres êtres dans le monde conjointement avec nous ; & nous jugeons que ces caufes font des corps réellement exiftans , femblables À ceux qué nous imaginons. Le doéteur Clarke pré= tend que ce raïfonnement n’eft pas une démonftra- fon fuffifante de l'exiftence du monde corporel. Il COR 26 ajoûte que toutes les preuves quenous:en pouvons avoir, fontfondées fur:ce qu'il n’eft pas: croyable que Dieu permette. que tous les jugemens que nous faifons furiles chofes quinous environnent, foient faux. S'iln’y avoit pointidecorps; dit-on àl s’en- fnivroit que Dieu! qui nous repréfente l'apparence des corps, mele feroit.que pour nous tromper. Voici ce que dit là-deflus Le philofophe dontnous parlons: « Il'eft évident, s’objette-ral;ique Dieu ne peut pas » nous tromper ; &cil'eft évident qu'il:nous trompe » roit à chaque inftant ; s'il ny avoit point de corpse » il'eftdonc évident qu'il ya des corps. On pour- » roit, felon quelques philofophés, niër la mineure »de cet argument. »-1118 1e Hanna e En effet, quand même il feroit pofible qu'il exil. tât des corps, c’eft-à-dire des fbftances folides, f- gurées, G:c. hors de l’efprit, 8rque ces corps fuffent analogues aux idées que nous avons des objets:ex- térieurs , comment noûs feroit-il poffible avec cela de les connoïître ? Il faudroit que nous euflionstcette connoïflance où par les fens, ou par la raifon. Par nos fens , nous avons feulement la connoïifflance de nos {enfations & de nos idées ; ils ne nous montrent pas que les chofes exiftenthors de l’efprititellesique nous les appercevons. Si donc nous avons connoif: fance de lPexiftence des corps extérieurs;,:1l faut que ce foit la raifon qui nous en affûre , d’après la pér- ception des fens. Mais comment la raifon nous mon- trera-t-elle l’exiftence des corps hors de notreefprit à Les partifans même de la matiere nient qu'il puifle y avoir aucune connexion entr’elle & nos idées.En effet on convient des deux côtés ( & ce qui arrive dans les fonges, dans les phrénéfies , les délires, les extafes ,en eft une preuve inconteftable), que nous pouvons être affeétés de toutes les idées que: nous avons, quoiqu'il n’exifte point hors de nous. de corps qui leur reflemblent. De-là ileft évidentque la fup- poñtion des corps extérieurs n’eft pas néceflaire pout la produétion de nos idées: Si donc nous avons tort de juger qu'il y ait des corps, c’eft notre faute, puif- que Dieu nous a fourni un moyen de fufpendre no- tre jugement. Voici encore ce que dit à ce fujet le docteurBerckley, Prizcipes dela connoiffance humaine, p. 39, « En accordant aux Matérialiftès l’exiftence » des corps extérieurs, de leur propre aveu ils n’en » connoitront pas davantage comment nos idées fé » produifent, pufqu'ils avouent eux-mêmes qu'il » eft impoflible de comprendre comment un corps » peut agir für un efprit, ou comment il fe peut faire » Qu'un Corps y imprime aucune idée ; ainfi la pro- » duction dés idées & des fenfations dans notre ef: » prit, ne peut pas être la raïfon pour laquelle nous » fuppofons des corps ou des fubftances corporelles , » puifque cela eft auffi inexpliquable dans cette fup- » pofition que dans la contraire. En un mot, quoi- » qu'il y eût des corps extérieurs, il nous feroit ce= » pendant impoñlble de favoir comment nous les » connoiflons ; & s’il n’y en avoit pas, nous aurions « cependant la même raifon de penfer qu'il y en à » qué nous ayons maintenant. » d, hid. pag. Go, CT. « Il ne fera pas inutile de réfléchit uñ peu ïei fur » les motifs qui portent l’homme à fuppofer l’exif- » tence des fubftances matérielles. C'éft ainfi que » voyant ces motifs cefler & s’évanouir pat degrés, » nous pourrons nous déterminer à refufér le con » fentement qu'ils nousavoïiént arraché: On a donc » crû d’abord que la couleur ;'la figuré, le mouve- » ment & les autres qualités fenfhbles , exiftoient » réellement hors de l’efprits 8 par cette mêmé rai- » fon il fembloit nécéflaire de fuppofer une fubftanice ÿ ou fujét non pénfant,danis lequélces qualités exiftaf. » fent , puifqu'on ne pouvoit pas concevoir qu'elles à exiftaflent par elles-mêmes, Enfuite étant con- 202 CC oO R # vaincus que les couleurs , les fons & fes autrés s» qualités fecondaires & enfbles, n’avoient point » leur exiftence hors de l’efprit, on a dépoüillé ce » fujet deces qualités, en y laïffant feulement les » premieres, comme la-figure, le mouvement, 6c. # qu’on a-conçù tohjours exifter hors de lefprit, & » conféquemment avoir befoin d’un fupport maté »riel. Mais comme il n’eft pas poflible (c’eft tou- » jours Berckley qui parle) , qu'aucune de ces qua » lités exifte autrement que dans l’efprit qui les ap- » perçoit , il s'enfuit que nous n'avons aucune raifon » de fuppofer l’exiftence de la matiere.» Jd, tbid, p.118. 119. Voyez QUALITÉ , EXISTENCE: Voilà en fubftance les raifons du doéteur Berckley: Leiïbnitz ajoûte que quand nous examinons les pro- priétés des corps, telles que nous les concevons, ces propriétés paroïffent renfermer contradiétion. De quoi les corps font-ils compoiés , peut-on fe deman- der? Qu'on cherche tant qu’on voudra une réponfe à cette queftion, on n’en trouvera point d’autre, fi- non que les corps font eux-mêmes compefés d’autres petits corps. Mais ce n’eft pas là répondre , car la difficulté refte toûjours la même , & on redemandera ce qui forme les corps compofans. Il femble qu'il en faille venir à quelque chofe qui ne fit point corps , &t qui cependant forme les corps que nous voyons. Mais comment cela eft-1l pofible? On peut faire la même objedtion fur la caufe de la dureté, qui tient de près à celle de l’impénétrabilité. Ces deux proprié- tés, ainfi que le mouvement & la divifbilité de la ma- tiere, font fujettes à des difficultés très-fortes. Cepen- dant le penchant que nous avons à croire l’exiftence des corps, fur lerapport de nos fenfations, eftfi grand, qu’il feroit fou de ne s’y paslivrer, & c’eft peut-être le plus grand argument par lequel on puifle prouver quece penchant nous vient de Dieu même : auf perfonne n’a-t-1l jamais révoqué vraiment en dou- te l’exiftence des corps. Au refte cette opinion de Berckley eft encore expofée dans un ouvrage intitu- lé Dialogues entre Hilas 6 Philonoïs (ami de l’efprit). Il a été traduit depuis quelques années en françois par un homme d’efprit, métaphyficien fubtil &c pro- fond. On voit à la tête d’un de ces dialogues, une vignette du traduéteur extrèmement ingénieufe. Un enfant voit fon image dans un miroir, &c court pour la faïfir, croyant voir un être réel ; un philofophe qui eft derriere lui, paroîtrire de la méprife de l’en- fant ; & au bas de la vignette on lit ces mots adreflés au philofophe : Quid rides ? fabula de te narratur. Le principal arsument du doéteurBerckley,& pro- prement le feul fur lequel roule tout l’ouvrage dont nous parlons, eft encore celui-ci : « Notre ame étant » fpirituelle , & Les idées que nous nous formons des » objets, n'ayant rien decommunni d’analogueavec # ces objets mêmes, il s’enfuit que ces idées ne peu- » vent être produites par ces objets. L'objet d’une » idée ne peut être qu'une autre idée, & ne fauroit » être une chofe matérielle ; ainfi l’objet de l’idée » que nous avons des corps, c’eft l’idée même que # Dieu a des corps : idée qui ne reflemble en rien » aux corps, & ne fauroit leur reffembler.» Voilà, comme l’on voit, le Malebranchifme tout pur, ou du moins à peu de chofe près. L’auteur fait tous fes efforts pour prouver que fon fentiment differe beau- coup du fyftême du P. Malebranche ; mais la dif- férence eft fi fubtile , qu'il faut être métaphyficien bien déterminé pout l’appercevoir. Le P. Malebran- che, intimement perfuadé de fon fyftème des idées & de l'étendue intelligible , étoit fermement con- vaincu que nous n’avons point de démonftration de l’exiftence des corps ; il employe un grand chapitre de fon ouvrage à le prouver. Il eft vrai qu'il eft un peuembarraflé de l’objettiontirée de la réalité de la révélation , & il faut avoiier qu’on le feroit àmoins; COR cat s'il #’eft pas démontré qu'il y ait des corps , il né left pas que J. C. foit venu, qu'il ait fait des mira- cles, & auffi le Pere Malebranche a-t-1l de la peine à fe tirer de cette difficulté. L’imagination de ce philofophe , fouvent malheureufe dans les prin- cipes qu’elle lui faifoit adopter, mais aflez confé- quente dans les conclufions qu'il en tiroit, le menoit beaucoup plus loin qu’il n’auroit voulu lui-même; les principes de religion dont il étoit pénétré, plus forts & plus folides que toute fa philofophie,le retenoient alors fur le bord du précipice. Les vérités de la re- ligion font done une barriere pour les philofophes : ceux qui les ayant confultées ne vont pas au-delà des bornes qu’elles leur prefcrivent , ne rifquent pas" de s’égarer. Mers é Berckley fe propofe une autre dificulté qui n’eft pas moins grande que celle de la révélation : c’eft la création, dont le premier chapitre de la Genefe nous fait l’hiftoire. S'il n’y 4 point de corps, qu’eft: ce donc que cette terre, ce foleil, ces animaux que Dieu atcréés? Berckley fe tire de cette difficulté avec bien de la peine & avec fort peu de fuccès, 8 voilà le fruit de toute fa fpéculation métaphyfique ; c’eft de contredire ou d’ébranler les vérités fonda- mentales. Il eft fort étrange que des gens qui avoient tant d’efprit, en ayent abufé à ce point; car com- ment peut-on mettre férieufément en queftion sl y a des corps ? Les fenfations que nous en éprouvons ont autant de force que fi ces corps exiftoient réel lement : dônc les corps exiftent ; car eorumdem effec= tuum eædem funt cauf&. Mais nous ne concevons pas, dit-on, l’eflence des corps, ni comment ils peuvent être la caufe de nos fenfations. Et concevez-vous mieux l’effence de votre ame , la création, l’éter- nité, l’accord de la liberté de l’homme & de la fcien- ce de Dieu, de fa juftice & du peché originel, & mille autres vérités dont il ne vous eft pourtant pas permis de douter, parce qu’elles font appuyées fur des argumens inconteftables ? Taifez-vous donc, & ne cherchez pas à diminuer par des fophif- mes fubtils , le nombre de vos connoïffances les plus claires & les plus certaines , comme fi vous en aviez déjà trop. Nousavons expofé, quoique fort en abrégé, dans leDifcours préliminaire de l’'Encyclopédie,p. 4. com- ment nos fenfations nous prouvent quil y à des corps. Ces preuves font principalement fondées fur Paccord de ces fenfations , fur leur nombre, fur les effets iënvolontaires qu’elles produifent en nous, com- parés avec nos réflexions volonraires fur ces mêmes fenfations. Mais comment notre ame s’élance-t-elle, pour ainfi dire, hors d’elle-même, pour arriver aux corps ? Comment expliquer ce pañlage ? Hoc opus , hic Labor ef. | Nous avancerons donc dans cet article comme un principe inébranlable, malgré les jeux d’efprit des philofophes, que nos fens nous apprennent qu’il y a des corps hors de nous. Dès que ces corps fe préfen- tent à nos fens, dit M. Muflchenbroeck, notre ame en reçoit ou s’en forme des idées qui repréfentent ce qu'il y a en eux. Tout ce qui fe rencontre dans un corps, ce qui eft capable d’affecter d’une certaine maniere quelqu'un de nos fens, de forte que nous puiffions nous en former une idée , nous le nommons propriété de ce corps. Lorfque nous raflemblons tout ce que nous avons ainfi remarqué dans les corps, nous trouvons qu'il y a certaines propriétés qui font communes à tous les corps ; & qu’il y en a d’autres encore qui font particulieres , & qui ne conviennent qu’à tels ou tels corps. Nous donnons aux premieres le nom de propriétés communes ; 8& quant à celles de la feconde forte, nous les appellons fimplement pro- priétés. Parmi les propriétés communes il y en a quel- ques-unes qui fe rencontrent en tout tems dans tous les corps naturels , & qui font teüjours les mêmes ; il y en a d’autres encore qui, quoiqu'elles foient toù- j0urs dans les corps, ont pourtant des degrés d’aug- mentation ou de diminution. Celles de la premiere claffe font l'étendue, l’impénétrabilité, la force d’i- nettie, la mobilité, la poffbilité d’être en répos, la figurabilité, &c. Celles de la feconde clafle font la gravité ou pefanteur , & la force d’attraétion. Ilne s’eft trouvé jufqu’à préfent, felon M. Muff- chenbroeck, aucun corps, foit grand ou petit, folide ou liquide, qui ne renfermât en lui-même ces pro- priétés. Il n’a même jamais été poffible d’ôter ou de faire difparoitre par quelqu’art que ce foit, aucune de ces propriétés, que nous appellons pour cette raïon propriétés communes. Plufeurs phyficiens ex- chient pourtant la derniere, Voyez ATTRACTION. Les autres propriétés des corps font la tranfparence, l'opacité , la fluidité, la folidité, la colorabilité, la chaleur, la froideur , la faveur, l’infipidité, l'odeur, le fon, la dureté, l’élafticité , la mollefle, l’âpreté, la douceur, Gc. Ces propriétés ne fe remarquent que dans certains corps, & on ne les trouve pas dans d’autres ; de forte qu’elles ne font pas communes. Il y a encore une autre forte de propriétés qui tiennent le milieu entre les premieres & les dernie- res. Ces propriétés font aufll communes, mais feule- ment à certains égards. Expliquons cela parun exem- ple. Tous les corps qui font en mouvement, ont la force de mettre aufli en mouvement les autres corps qu’ils rencontrent ; cette propriété doit être mife par conféquent au rang de celles qui font communes. Cependant comme tous les corps ne font pas en mou- vement en tout tems, 1l s'enfuit que cette propriété commune ne devra avoir lieu, & ne pourra être re- gardée comme telle, que dans les cas où l’on fup- pofe les corps en mouvement ; mais Les corps ne {ont pas toùjours en mouvement , & par conféquent cette proprièté ne peut pafler pour commune, puif- qu’elle"n’eft pas toûjours dans tous les corps. Rien n’eft plus propre que les obfervations, pour nous faire conclure que nous ne connoiffons pas en effet la nature des corps; car fi nous la connoïffons, ne pourrions-nous pas prédire par avance un grand nombre d'effets que les corps qui agiffent l’un fur l’autre devtoient produire? C’eft ainfi que les Ma- thématiciens dédufent pluñeurs chofes de la nature du cercle. Mais nous ne connoïflons d'avance au- cun effet, il faut que nous en venions aux expé- riences pour faire nos découvertes. Dans tous les cas où les obfervations nous manquent, nous ne pouvons pas commencer à raïfonner {ur ce que nous ne connoiflons pas encore des corps; & fi nous ie faifons , nous nous expofons à tirer des conféquen- ces fort incertaines. Nieuwentit a commencé à dé- montrer cette vérité dans fes Forndemens [ur la cer- tiude , &z nous pourrions aufhi confirmer là même chofe par cent exemples. Ces philofophes qui croyent connoître la nature des corps, ont-ils jamais pà prédire par la feule réflexion qu’ils ont faite fur les corps, un feul des effets qu’ils produifent en agif fant l’un fur l’autre ? En effet, quand même on leur accorderoit que la nature des corps confifte dans l’é: tendue, ils n’en feroïent pas pour cela plus avancés, parce que nous ne pouvons rien déduire de-là, & que nous ne pouvons rien prévoir de ce qui arrive dans les corps , puifqu'il faut que nous fafions toutes nos recherches en recourant aux expériences, com- me fi nous ne connoifiions point du tout la nature des corps. Mufch. Æflais de Phyfig. 1, I. ch. 1. Voyez ETENDUE 6 IMPÉNÉTRABILITÉ. Par rapport à la couleur des corps , voyez l'article COULEUR. (O0) Corps, en Géomérris, fignifie la même chofe que 2 OR 263 Jolide. Voyez Soribr. Nous avons expliqué dans le Dicours préliminaire de cet Ouvrage, comment on fe forme l'idée des corps géométriques. Ils différent des corps phyfiques , en ce que ceux-ci font impéné- trables ; au lieu que les corps géométriques ne font autre chofe qu'une portion détendue figurée, c’eft: à-dire une portion de l’efpace terminée en tout fens par des bornes intelleétuelles. C’eft proprement le phantôme de la matiere, comme nous l'avons dit dans ce difcours; & on pourroit définir l'étendue géométrique, l’érerdueintelligible € pénétrable. Voyez ÉTENDUE. Les corps réguliers font ceux quiont tous leurs cô- tés , leurs angles & leurs plans égaux & femblables, & par conféquent leurs faces régulieres. Il n’y a que cinq corps réguliers, le rétrahedre com: poifé de quatre triangles équilatéraux ; l’ofaedre de huit ; l’icofacdre de vingt ; le dodécaedre de douze pentagones réguliers ; & le cube de fix quarrés. Quand on dit ici compofé, céla s’entend dela furface; les figüres que nous venons de dire, renferment ou contiennent la folidité, 8 compofent la furface de ces corps. Voyez RÉGULIER, IRRÉGULIER, Gc, (O0) Corps. (Phyfig.) Corps élafliques, font ceux qui ayant changé de figure parce qu’un autre corps les à frappés, ont la faculté de reprendre leur premiere figure ; ce que ne font point les corps qui ne font point élaftiques. De quelque façon qu’on ploie un morceau d’acier, il reprendra fa premiere figure: mais un morceau de plomb refte dans l'état où on le met. Voyez ÉLAs- TICITÉ, . Corps mous , font ceux qui changent de figure par le choc, & ne la reprennent point. Voy. MoLLESsE. Corps durs, font ceux que le choc ne fauroit faire changer de figure. Foyez D'URETÉ. Corps fluide, eft celui dont les parties font détaz chées les unes des autres , quoïque contiguës, & peuvent facilement fe mouvoir entre elles. Voyez Fiuipe. (0) Corps, (Med) dans les animaux, c’eft l’oppofé de Parme, c’eft-à-dire cette partie de l’animäl qui eft compofée d'os , de mufclés, de canaux, de liqueurs, de nerfs. Voyez ÂAME. Dans ce fens, les corps font le fujet de l’anatomié comparée, Voyez ANATOMIE. Corps, dans l’Œconomie animale , partié de no= tre être étendue fuivant trois dimenfons, d'une cer: taine figure déterminée propré au mouvément & au repos. Boerhaave. Quelques Medécins modérnes Allemands ont admis pour troifiemé partie un certain genté d’ar- chée; mais je ne fais ce qu'ils veulent dire, & jé penfe qu'ils ne {e font pas entendus eux-mêmes, Voyez ARCHÉE, Le corps humain eft compofé dé folides & de flui- des. Voyez Sozipe 6 FLuipe. Il y a quelques variétés dans les corps dés hom2 mes ; c’eft ce que prouvent les divers effets des re- medes, fut-tout en différens pays : c’eft de-là'qué vinot grains, par exemple , de jalap lâchent à peiné le ventre, & dix fuffifent dans un autre où l’on tranf- pire moins, [l n’en faut pas conclure de-là qu'il y ait une diverfité fenfible, dans la nature même des par: ties qui le compofent, & qu'ainfi on ne puifle comp ter fur aucune pratique générale, L'homme qui man- ge des alimens de toute elpece, 8 le bœuf qui ne vif que d’herbe , ont à-peu-près le même fang : l’analyfe chimique ne montre aucune différence que les fens puiflent appercevoir, fi cé n’eft une odeur de poif= fon dans les brebis qui vivent de poiffon au détroit de Perfe, & dans les hommes qui vivent de même, Auf Tabor dit-il que le fang de l’homme & du bœuf ont le mème poids 8 les mêmes propriétés, Ceci 264 COR s’accorde avec le mémoire que M. Homberg donna à l'académie des Sciences, 47.1722 ; & avec Baghis qui avant ce célebre chimifte, avoit obferve très- peu de différence dans la bile de l’homme &c du mou: ton. Or toute cette analogie n’a rien qui doive fur prendre les Phyficiens , puifque les fucs des animaux ne different des végétaux que d’un feul degré , & que les nôtres ne font pas différens de ceux des animaux, N’eft-ce pas encore de la même maniere que lesplan- tes ont toutes un fuc qui leur eft propre, & tout-à- fait différent des fucs qui les ont nourries &c qui les ont fait croître? En effet Les fucs de la terre qui for- ment l’aloès, la mélifle , & le cerfeuil, font tous les mêmes ; cependant telle eft la vertu féminale de cha- cune, que les uns deviennent amers, les autres doux & aromatiques. Dans cent mille végétaux, le même fuc fe change donc en autant de diverfes liqueurs; comme notre corps de cent mille fucs diffèrens , fait nn chyle doux qui lui eft propre. Il ÿ a donc dans le corps humain un principe , qui au moyen de deux chofes d’une nature étrangere , le pain & l’eau, for- me les parties folides & liquides de ce corps ; & fi ce principe vient à manquer, jamais toutes les forces de l’univers réunies enfemble, ne pourroient faire les mêmes produétions par les mêmes moyens. Boer- Raave, Comme il n’eft rien de plus important pour les maladies que de bien connoître la fituation des par- ties, & qu'on fe fert très-fouvent dans la defcrip- tion de ces parties des mots 2xéerne &t externe , an- térieur & pofférieur , fupérieur & inférieur, on doit pour éviter laiconfufon, concevoir le corps divifé par un plan que l’on fuppofe partager le corps en deux parties égales & fymmétriques , de la tête aux piés ; un autre plan fur la tête, & perpendiculaire fur le premier ; un autre qui aille de La face vers les piés, &t qui foit de même perpendiculaire au premier, Tou- tes les parties tournées vers le premier plan (le plan de divifion) font dites izternes ; & on appelle exver- res toutes celles qui font dans un fens oppofé : de même on nomme /upérieures toutes les parties qui regardent le plan fur la tête (horifontal) dans quel- que attitude que le corps puifle être ; inférieures, cel- les qui font oppofées à ces premieres : enfin on ap- pelle anrérieures , les parties tournées vers Le troifie- me plan (vertical) ; & poflérieures , &c. On doit ou- tre cela fuppofer les bras pendans fur les côtes , Le dedans de la main tourné vers le plan de divifon. L’anatomie étant une efpece de géographie dans laquelle la précifion eft néceflaire, on a divifé le corps comme la terre, en plufieurs régions; mais comme je craindrois de fatiguer mon leéteur par un trop long détail, je le renvoye aux P/, anatomiques, où il trouvera l’explication de ces différentes régions à côté de la figure. On fe fert aufli en Anatomie du mot corps , pour défigner quelques parties ; telles que les corps bordés, les corps olivaires,, les corps cannelés,, les corps caver- neux , le corps pyramidal , le corps réticulaire le corps panipiniforme ; &c. Voyez PYRAMIDAL, RÉTICU- LAIRE, Gc, Le corps humain étant confidéré par rapport aux différentes motions volontaires qu'il eft capable de repréfenter, eft un affemblage d’un nombre infini de leviers tirés par des cordes ; fon le confidere par rapport aux mouvemens des fluides qu'il contient, c’eft un autre affemblage d’une infnité de tubes & de machines hydrauliques ; enfin fi on le confidere par rapport à la génération de ces mêmes fluides, c’eft un autre aflemblage d’inftrumens & de vaifleaux chimiques , comme phultres, alembics, récipients, ferpentines, 6'c. & le tout eft un compofé que l’on peut feulement admirer, & dont la plus grande par- fie échappe même à notre admiration. Le principal laboratoire chimique du corps eft celui du cerveari Voyez ŒCONOMIE ANIMALE. (L Corps, (Hi. mar, des Inf:) Il y a tant de divers fités dans la figure extérieure du corps des infeétés (car il ne s’agit pas ici de l’intérieure ni des détails), qu'il feroit impoffible d’épuifer cette variété. Con tentons-nous donc de remarquer que le corps des uns , Comme celui des araignées , eft de figure à peu- prés fphérique ; & celui des autres, comme des ca: rabées de Sainte-Marie, reflemble à un globe coupé par le milieu : il y eñ a qui font plats & ronds, com- me le pou des chauve-fouris ; d’autres ont la figure ovale ; un troifieme, comme le ver qu’on trouve dans les excrémens des chevaux , à celle d’un œuf comprimé ; & un quatrieme , comme le mille-piés rond , reflemble au tuyau d’une plume : beaucoup ont le corps quarré, plat ; plufieurs font courbés con: me une faucille, & pourvüûs d’une longue queue com: me celle de la faufle guêpe. L’on ne remarque pas moins de diverfité dans la couleur dont ils {ont pa- rés, Quelques-uns de ceux qui n’ont point de piés, ont en divers endroits de petites pointes qui leur en tien nent lieu : ils s’en fervent pour s’accrocher & fe te- nir fermes aux corps folides. Le corps des infeétes qui vivent dans l’eau, eft na: turellement couvert d’une efpece d'huile qui empê- ché l’eau de s’y arrêter, & de retarder leur mouve- ment; d’autres , comme l’araignée blanche de jar- din, ont le corps entouré d’un rebord rouge qui er fait le cercle; quelquefois ils ont de petits tubercu: les, qui non-feulement leur fervent pour empêcher qu’en entrant & en fortant de leur trou le frottement ne les blefle, mais qui encore leur font un ornement comme dans la chenille blanche à tache jaune , qui vit fur le faule. Ces tubercules ne font pas tout-à- fait de la grandeur d’un grain de millet ; cependant on y apperçoit un mélange des plus belles couleurs, & 1ls reffemblent à ces petites boules remplies d’eau & diverfement colorées. Enfin l’on en voit qui, com- me les chameaux, ont une boffe fur le dos: telles font les araignées. De la partie poflerieure du corps des infèttes. Les uns l'ont unie, & les autres revêtue de poils. Les arai- gnées ÿ Ont des mammelons, dont elles tirent leurs fils ; quelques-uns ont le derriere couvert d’une efpe- ce d’écuflon; d’autres ont dans le même endroit une membrane roïde qui leur fert de gouvernail, pour fe tourner en volant du côté qu'il leur plaît : elle eft à ces infeétes ce que la queue eft aux oifeaux. L’ori en trouve qui ont des foies au derriere ; d’autres ont des efpeces de queues , qui font ou droites, on cours bes, ou circonflexes. Il y en a encore qui ont des barbillons ou pointes , qui leur fervent à différens ufages , tantôt pour appercevoir ce qui les appro- che par derriere, tantôt pour s’accrocher, tantôt pour pouffler leur corps en avant. La partie pofté- rieure eft encore le lien de l’aiguillon de quelques infectes , ou de leur pincette faite en faucille. Enfin l’on trouve des infeêtes qui ont au derriere une four- che à deux dents. Des parties de la génération des infetkes. Les parties de la génération font ordinairementiplacées au der- riere dans les mâles ; l’on en voit cependant qui les portent pardevant fous le ventre, même d’autres à la tête. Ces parties font ordinairement couvertes d’un poil extrèmement fin, à caufe de leur délica- tefle infinie. La queue des femelles leur fert de con- duit, pour pondre leurs œufs dans les corps où elles veulent les introduire: cette queue ou ce conduit eft creux en-dedans , & fe termine en pointe. Comme : les œufs ne defcendent point par la preflion de Pair, la nature y a formé plufeurs demi-anneaux vis-à= vis l’un de l’autre, qui facilitent cette defcente. Les infeétes _ ns. inféétes les reflerrent fucceffiyement , en commen- _ gant par celui qui eft le plus près du ventre, & font tomber les œufs d’un anneau à l’autre par une ef- pece de mouvement périftaltique. La fente de ce ca- nal eft prefque invifble pendant que les infeétes font en vie; mais elle s'ouvre un peu davantage quand ils font morts. Toutes les femelles n’ont pas un pareïl canal : celles qui dépofent leurs œufs fur la furface des “corps , les font pafñler immédiatement par les par- ties génitales. Il n’y a que celles qui les dépofent dans la chair, dans d’autres infeëtes, dans les feuil- les, ou dans la terre, qui ayent befoin d’un fembla- ble tuyau, afin qu’elles puifent les introduire auf profondément qu’il eft néceflaire. Ce tuyau ne fert pas totjours de canal aux œufs. L'on trouve certains imfectes aquatiques , dont les mâles ont ce canal auffi-bien que les femelles ; ils s’en fervent comme d’un foûpirail , par lequel ils refpirent un air frais. On les voit fouvent avan- cer fur la fuperficie de l’eau l'ouverture de ce canal; & l’on remarque même que quand ils font rentrés ous l’eau , 1l s’éleve de petites bulles d’air qu'ils en laiflent échaper. | Pour ce qui concerne en particulier chaque par- tie du corps des infeétes, voyez-les chacune dans leur ordre alphabétique, Article de M. le Chevalier DE JAU- ‘COURT. Corps ÉTRANGER, (Chirurgie) on entend par . corps étrangers, toutes les chofes qui n’entrent point atuellement dans la compofition de notre corps. On les partage en deux clafles : on met dans la premiere ceux qui fe font formés au-dedans de nous ; dans la _feconde, ceux qui font venus du dehors. Les uns & les autres peuvent être animés ou inanimés. Ceux qui fe font formés chez nous, font de deux efpeces. Les uns fe font formés d'eux-mêmes : telles “ont la pierre dans les reins, ou dans les ureteres, ou dans la veflie , ou dans la véficule du fiel ; ou dans : tout autre endroit du corps ; [a mole dans la matrice, des vers, & d’autres infectes dans les inteftins, ou dans quelque autre partie du corps. Les autres font devenus corps étrangers , parce qu'ils ont féjourné trop long-tems dans le corps : tel eft un enfant mort dans la matrice ; où parce qu'ils fe font féparés du tout : telles font les efquilles d’os, une efcarre, 6:c. Les corps étrangers venus de dehors , font entrés dans le corps en faifant une divifion, ou fans faire de divifion. Ceux qui entrent en faifant une divi- fon, font tous les corps portés avec violence: tels qu'un dard, une balle de fufil, un éclat de bombe, de la bourre, &c. Ceux qui entrent fans faire de di- “vifion font de toutes efpeces, & s’introduifent dans les ouvertures naturelles, dans les yeux, dans le nez, dans le gofer, dans les oreilles, dans l’anus, dans lurethre, &c dans la vefie. On doit mettre parmi les corps étrangers l'air qui peut caufer, en s’infinuant dans l’interftice des par- ties , des tumeurs qui prennent des noms différens , felon les parties où elles fe trouvent. La tumeur faite d'air quu fe trouve au ventre, s'appelle kydropifre “tympanite ; celle qui fe trouve aux bourfes, fe nom- me preumatocele ; celle qui fe trouve à l’ombilic, s'appelle preumatomphale, Si Pair s’eft infinué dans tout le tiflu cellulaire de la peau , le gonflement uni- verfel qui en réfulte s'appelle erphyfème univerfel ; fi l'air ne s’eft infinué que dans une certaine étendue, on appelle la tumeur qu'il produit, ephyfème parti- culier. Le détail de toutes ces maladies appartient à ‘une Pathologie particuliere. Woyez-en les articles. Tous les corps étrangers doivent être tirés, dès qu'il eftpoflble de le faire , de peur que ceux qui font en- gendrés dans le corps , tels , par exemple, que les pier- res contenues dans la vefüe , n’angmentent en volu- Tome IF, fé COR 265 mé ; Ou que Céux qui font venus en-dehors, n’occa- fonnent par leur preflion des accidéns quiempêchent leur extrattion, Ou qui la rendent difficile. Mais ii y a différentes manieres d'extraire les corps étrangers ; on ne peut tirer les uns que par une ouverture qu’on eft obligé de faire; on peut tirer les autres fans faire aucune divifion. Si on tire un corps par l'endroit par lequel 1l eft en- tré, cette maniere s'appelle arrraéhion ; fi au contrai- re on le fait fortir par une ouverture oppofée à celle où il eftentré, cette maniere s'appelle rpulfion. La diverfité des corps étrangers qui peuvent en- : trer , les différens endroits où ils fe placent, les moyens finguliers qu'il faut quelquefois inventer pour en faire l’extra@ion , enfin les accidens que ces corps étrengers occafonnent , demandent quelque- fois de la part des Chirurgiens , beaucoup de génie &t d’adrefle. Avant que de faire lextra@tion d’un corps de quel- que efpece que ce foit,on doit fe rappellerlaftrudure de la partie où il eff placé ; s'informer & s’aflürer, s'il eff pofhble , de la groffeur , de la grandeur, dela figure, de la matiere, de la quantité, de la fituation du corps étranger , & de la force avec laquelle il a été pouffé dans le corps, s’il eft venu de dehors : il faut outre cela mettre le malade & la partie dans une fi- tuation commode, &c telle que les mufcles foient dans un état de relâchement , & faire choix des inf trumens les plus convenables pour en faire l’extrac. tion, Les corps étrangers entrés &c engagés dans quelque ouverture naturelle , doivent être tirés prompte- ment. On doit auparavant faire des injeétions d'huile d'amande douce, pour lubrifer le paffage & facili- ter par ce moyen la fortie du corps. Quant'aux corps étrangers qu'on ne peut tirer fans faire de divifon, ou fans agerandir ouverture déjà faite par le corps, il faut, en faifant cette divifon, éviter les gros vaif- feaux , les tendons, & les nerfs, la faire fuivant la reétitude des fibres, des mufcles, & proportionnée au volume du corps étranger , &: même plus grande que petite, fur-tout fi la partie qu’on ouvre eft mem- braneufe & aponévrotique, pour éviter les accidens qui accompagnent prefque toûjours Les petites divi- fions. Les inftrumens dont on fe fert pour faire l’extrac- tion des corps érrangers ; font des curettes pour tirer ceux qui font engagés dans l'oreille, ou dans l’ure- thre ; les différentes efpeces de repoufloir & de pin- cettes pour tirer ceux qui font engagés dans le so- fier ; les tenettes , les pinces , les tire-bales de diffé rentes efpeces , grandeur, & figure, pour tirer les pierres, les balles, & les corps étrangers femblables. On employe encore plufeurs autres inftrumens, fui- vant les circonftances qui s’y rencontrent : mais on préfere toüjours la main à tout inftrument, lorfque le corps étranger eft fitué de façon qu’on peut le fafir avec les doigts. On jugera par ce précis court, net, & méthodi- que, que j'ai tiré de M. de la Faye, combien cette païtie de l’art eft étendue , combien le chirurgien doit pofléder de talens, de connoiflances , & d’inf- trumens différens, pour ce genre particulier d'opé- rations. Mais il y a plus : quelques Iumieres que le chirurgien ait acquifes par fes études, quelques inf- truétions qu'il ait prifes dans les écoles, dans les hô- pitaux, &7 dans les armées , quelques fommes qu'il ait pù employer pour fe fournir d’un arfenal com- plet d'inftrumens, il faut qu'il compte fouvent da- vantage fur fon génie > que fur toutes autres reffour- ces ; parce qu'il fe préfente plufeurs cas extraordi- naires &c'imprevüs, dans lefquels il ne pent étre gui- dé que par {on bon fens & foninvention. Il faut alors qu'il façhe tirer de foninduftrie feule , les moyens de 266 COR procurer l’extraétion des corps étrangers, arrêtés ou enclavés dans une partie. Pour prouver ce que j'a- vance, je vais tranicrire à ce fujet une obfervation fort curieufe, rapportée dans Dionis, & qui fervira d'exemple. l « Un homme âgé de 27 ans, ayant reçu un violent # coup de couteau fur la partie antérieure de la qua- » trieme des vraies côtes , fut panfé très-fimplement # pendant les trois premiers Jours ; mais une toux Ex- # traordinaire & un crachement abondant de fang » étant furvenus, on eut recours à M. Gerard. Il re- >» connut que les accidens dépendoient de la préfence # d’une portion de la lame du couteau qui traveroit » la côte, 8&z dont la pointe excédoit d'environ fix » lignes dans la cavité de la poitrine. Ce corps étran- » ger débordoit fi peu l'extérieur de la côte, & » étoit tellement fixé, qu’il ne fut pas poflible de le » tirer avec différentes pincettes ou tenailles, m »# mème de l’ébranler au moyen des cileaux & du # marteau de plomb; & quoique dans un cas auffi s# preflant il femble qu’on n’eût d’autre parti à pren- » dre, que de fcier ou de couper la côte, M. Gerard » crut avant d'en venir à cette extrémité, devoir » tenter de dégager ce corps étranger, en le pouflant # de dedans en-dehors. » Dans ce deffein 1l alla choïfir un dé dont les » tailleurs fe fervent pour coudre ; il en prit par # préférence un de fer, un peu épais, & fermé par » le bout ; il y fit creufer une petite gouttiere pour # y mieux fixer la pointe du couteau ; & ayant {ufi- #5 famment aflujetti ce dé fur fon doigt index, 1l por- » ta ce doigt ainf armé dans la cavité de la poitrine, » & réufhit par ce moyen à chafler le morceau de » couteau, en le pouflant avec force de dedans en- » dehors. » Ayant tiré le corps érranger , il quitta le dé & re- # mit le doigt index à nud dans la poitrine, pour exa- » miner fi le couteau en traverfant la côte, ne l’au- » roit point fait éclater en-dedans ; il trouva un éclat # capable de piquer , & qui tenoit trop fortement # au corps de la côte pour qu’on püt l’en féparer en- » tierement : il prit donc le parti de l’en rapprocher, » & pour letenir au niveau de la côte, il fe fervir du » doigt qui étoit dans la poitrine pour conduire une » aiguille courbe enfilée d’un fil ciré. Il fit fortir cette » aiguille au-deflus de [a côte, qui par ce moyen fe » trouva embraflée par le fil en-dehors de la poi- + trine fur une comprefle épaifle d’un pouce , &c fer- » ra aflez le nœud pour appliquer exaétement & re- » mettre au niveau l’efquille faillante. » On fent aïfément que leffet d’uné manœuvre » aufli ingénieufe a dû être non-feulement la cefa- # tion des accidens , mais encore une prompte gué- » rifon. | Je n’ai pas parlé des médicamens attraétifs pour tirer des plaies les corps étrangers | parce qul n’y a point de tels remedes. Je fai bien qu'il fe trouve des auteurs qui en diftinguent de deux fortes, dont les uns, difent - ils, agiflent par une qualité manifefte, comme la poix , la réfine , le galbanum, & plufieurs autres gommes ; mais ce ne font-là que des matura- tifs ! & les autres, ajoütent-ils , attirent par des qua- lités occultes, comme l’ambre jaune, l’aimant, &c. mais un très-bon chirurgien n’y donne aucune con- fiance ; il ne connoît de moyens de tirer les corps étrangers , que {es doigts, fes inftrumens , & fon gé- mie pour en forger au befoin. Article de M. le Che- valier DE JAUCOURT. Corps, fe dit aufli ex matiere de Lisrérat, de plu- fieurs ouvrages de la même nature raflemblés & re- liés enf-mble. Gratien a fait une colle&ion des canons de l’E- glife, que l’on appelle corpus canonum. V. CANON. Le corps du droit civil eft compofé du digefte, du code, &r des inflitutes. Voyez DROIT civiL. Voyez aufiCone & DicEesre. Voyez auffi plus bas Corps (Jurifprudence.) Nous avons aufli un corps des poë- tes grecs & un autre des poëtes latins. (G) * Corps DE I. C. (religieux du) Hif. eccléfcaff. Or dre inflitué vers le commencement du xjy. fiecle, Le fondateur n’en étant pas connu, on a fuppofé qu'après linftitution de la fête du faint Sacrement par Urbain IV. quelques perfonnes dévotes s’étoient affociées pour adorer particulierement la préfence de J. C. au facrement de l'autel, & réciter l’office compofé par faint Thomas d'Aquin ; & que c’eft de là que font venus les religieux du corps de J. C. ou les religieux blancs du faint Sacrement, ou les fre- res de l'office du faint Sacrement ; & qu’on les aflujet- tit à la reglede faint Benoït. Après avoir erré en plu- fieurs endroits, Boniface 1X. les unit en 1393 à l’or- dre de Cîteaux. Ils en furent enfuite féparés par dif- férens évenemens ; & ils fubffterent indépendans jufques fous Grégoire XIIT. qui unit leur congréga- tion à celle du mont Olivet. Corps, (Jurifp.) eft l’aflemblage de plufieurs mem- bres ou parties qui forment enfemble un tout com- plet. Ce terme s’applique à différens objets qui vont être expliqués dans les fubdivifons fuivantes. (4) Corps & COMMUNAUTÉS, Ce terme comprend tous les corps politiques en général, c’eft-à-dire tou- tes les perfonnes auxquelles il eft permis de s’affem- bler & de former un corps ; car on ne peut faire au- cunes aflemblées fans permiflion du prince; & ceux même auxquels 1l permet de s’affembler ne forment pas tous un corps ou communauté, Par exemple, les ordres de chevalerie ne font pas des corps politiques, mais feulement un ordre, c’eft-à-dire un rang & ti- tre commun à plufieurs particuliers ; les avocats for- ment de même un ordre, fans être un corps politique. Pour former un corps ou communaute , il faut que ceux qui doivent le compofer ayent obtenu pour cet effet des lettres patentes dûment enregiftrées qui les établiffent nommément en corps & commu- nautés ; fans quoi ils ne feroient toûjours confidérés que comme particuliers. Il ne leur feroit pas permis de prendre un nom colleétif, ni d’agir fous ce nom; & l’on pourroit leur ordonner de fe féparer: ce qui eft fondé fur deux motifs légitimes ; l’un d’empêcher qu'il ne fe forme des aflociations qui puiffent être préjudiciables au bien de l’état ; l’autre, d'empêcher que les biens qui font dans le commerce des parti- culiers ne ceflent d’y être, comme il arrive lorf- qu'ils appartiennent à des corps & communautés. F. au mot COMMUNAUTÉ. (4) Corps DE DrotrT, eff la colletion des différen- tes parties du Droit ; il y a deux fortes de corps de Droit, favoir le canonique & le civil, (4) Corps DE DROIT CANONIQUE, eft la colleétion des différentes parties qui compofent le droit cano- nique Romain : favoir le decret de Gratien, les de- crétales de Grégoire IX. le fexte, les clémentines, les extrayagantes communes, les extravagantes de Jean XXII. (4) Corps DES CANONS, eft la colleëtion on code des canons des apôtres & des conciles. Voyez Ca- NON & CONCILE. ( 4) Corps DE DroiT civiz ROMAIN 04 DE DRo1T CIVIL fimplement , eft la colleéion des différens li- vres de Droit compofés par ordre de l’empereur Juf- tinien ; qui font le code, le digefte, les inftitutes, les novelles, treize édits du même empereur; on y comprend auf les novelles de Juftin, quelques con- ftitutions de Tibere , quelques-unes de Juftinien & de Juftin , les novellés de Léon, & celles de plufieurs autres empereurs ; les livres des fiefs, les conftitu- tions de l’empereur Frédéric II. les extravagantes d'Henri VII, le livre de la paix de Confiance. Dans quelques éditions du corps de Droit; on a encore compris les fragmens de la loi des douze tables, qui eft en effet la fource de tout le droit Romain , quelques fragmens d’'Ulpen , les inflitutions de Caius. (4) + Corps, (contrainte par) voyez ci- devant CON- TRAINTE. (4) Corps ne Cour, c’eft le corps d’une compagnie de juftice , foit fouveraine on autre. Le terme de cour étant pris en cet endroit pour compagnie de juflice en général, celui de corps eft oppoié à dépu- tation. Les compagnies vont aux cérémonies en corps de cour où par députation. Elles font en corps de * cour, lorfque toute la compagnie.y eft cenfée pré- fente, quoiqu’elle n’y foit pas toüjours complette. Elles vont par députation, lorfque la compagnie commet feulement quelques-uns de fes membres pour la repréfenter. Une compagnie qui va en corps de cour, marche avec plus de pompe. & de cérémo- nie; & on lui rend de plus grands honneurs qu’à de fimples députés. (4) Cores DE DÉLIT, eft l’exiftence d’un délit qui fe manifefte de maniere qu'on ne peut douter qu'il ait été commis, & qu'il ne foit plus queftion que d'en découvrir l’auteur, & enfuite de le convain- cre. Par exemple, on trouve le cadavre d’un hom- me aflafliné , ou des portes enfoncées la nuit , voilà un corps de délir. Il n’en faut pas davantage au juge du lieu pour informer de ce délit & en pourfuivre la vengeance, quand il n’y auroit ni dénonciateur ni partie civile, parce qu'il importe pour le bien public que les crimes ne demeurent point impunis. Quand il n’y a point de corps de délit bien conf- taté, on doit être fort circonfpeét à ne pas fe déter- miner trop légerement par des préfomptions, même pour ordonner la queftion, parce qu'il peut arriver que l'on impute à quelqu'un un délit qui ne foit point réel. Ori a vù plufieurs fois des gens accufés, 8: même condamnés pour prétendu aflaflinat de gens qui ont enfuite reparu. (4) | Corps, ( fermes de) font des femmes de condi- tion fervile. Voyez SERFS & MORTAILLABLES. (4) Corrs pu FIEF, c’eft le domaine du fief, tant utile que dire& ; il eft oppofé aux droits incorporels du fief, On appelle auñfi corps du fief, ce qui en fait la principale portion relativement à celles qui en ont été démembrées, ou dont le feigneur s’eft joué. Voye Figr, DÉMEMBREMENT , JEU DE FIEF. (4) Corps, (gezs de) c’eft un des noms que l’on don- ne en quelques endroits aux ferfs de main-morte. A ” : _. HÉRÉDITAIRES, fignifient des biens de la fuccefion tels qu'ils font en nature. La légitime doit être fournie en corps héréditaires, c’eft-à-dire que le légitimaire doit avoir fa part des meubles &c immeubles en nature, & qu'on ne peut, au lieu de meubles & immeubles , lui donner de l'argent. (4) Corps D'HÉRITAGES, fe dit dans le même fens que corps héréditaires. (4) Corps, (hommes de) font des ferfs. Voyez SERFS & MORTAILLABLES. (4) Corps D'HÔTEL, fignifie re maifon entiere. Plu- fieurs coûtumes difent que l’ainé pour fon préciput a droit de prendre un corps d'hôtel. (4) Corrs DES MARCHANDS, voyez MARCHANDS & Corps (Commerce.). (4) Corps DES MÉTIERS, Voyez MÉTIERS. (4) Corps DE PREUVE; c’eft l’aflemblage de plu- fieurs fortes de preuves, qui toutes enfemble for- ment une preuve complete. Voyez PREUVE. (4) Corps, (fx) voyez CORPS DES MARCHANDS, Corps (Commerce) (4) Corps DE VILLE, eft une compagnie compofée Tome IF. COR 267. des officiers municipaux, tels que font à Paris, & dans quelques autres villes, les prevôt des mar- chands & échevins, & autres officiers ; ailleurs, les maire & échevins ; à Touloufe, les capitouls ; à Bor- deaux, & dans quelques autres villes, les jurats; & ailleurs, les confuls , les bailes, fyndics, &c. (4) Corps, er Architetture , eft toute partie qui par fa faillie excede le nnd du mur, prend naïiflance dès le pié du corps-de-logis. On appelle le corps principal avant-corps du bâtiment, qui dans fon extérieur eft capable de contenir toutes les pieces néceflaires pour l'habitation du maître qui l’a fait bâtir, auffx bien que pour fes domeftiques ; alors on l’appelle principal corps-de-logis, On dit corps-de-lopis particu- lier, de celui qui ne contient qu'un petit apparte- ment deftiné pour les perfonnes de dehors, ou bien pour placer des caïfles, des écuries, des remifes ÿ & on appelle ces différens corps-de-logis fuivant leur, fituation ; corps-de-logis de devant , lorfqu'il eft fur læ rue ; de derriere, lorfqu’il donne fur une cour ou fur, un jardin; corps-de-lopis en aile, lorfqu’il eft placé à la gauche ou à La droite d’une grande cour, & qu'il : communique à ceux de devant & de derriere. (P) CoRPs-DE-GARDE, (_4rchir.) eft devant un grand palais un logement au rez-de-chauflée pour les fol- dats deftinés à la garde du prince. Ce lieu doit être. voûté de peur du feu, & avoir une grande che- minée & des couchettes pour les paillaffes, comme ceux du château de Verfailles. (P) * Corps DE BATAILLE, (Are. mil.) c’eft, lorfqu’= une armée eft divifée en trois lignes, la ligne dur milieu , ou celle qui eft entre l'avant-garde, &c l’ar- riere-garde. (Q) | | CoRps-DE-GARDE , (Art mil. ) eft dans l’Art militaire un petit détachement de foldats pour faire une garde patticuliere. On en tire des fentinelles pour les pofer dans les lieux où il en eft befoin. On appelle auffi corps-de-garde, dans les places de guerre , de petits bârimens pratiqués dans les places & dans les dehors, pour mettre les foldats & les of ficiers de garde à l’abri du mauvais tems. (Q) | Corps-DE-GARDE, (Art mil.) eft un pofte quel: quefois couvert, quelquefois découvert, deftiné pour mettre des gens de guerre qui font de tems en tems relevés par d’autres, pour veiller tour-à-tour. à la confervation d’un pofte confidérable. Voyez GARDE. Le nom de corps-de-garde ne fignifie pas feule- ment le pofte, mais encore les troupes qui l’occu- pent. Chambers. On pofe ordinairement un grand & un pefit corps- de-garde à une diftance confidérable des lignes, pour être plus promptement averti de Papproche de len- nemi. Voyez GARDES ORDINAIRES. (Q) Corps D’'UNE PLACE, dans l’Art militaire, eft proprement ce qui en forme immédiatement l’en- ceinte. Ainfi les baftions & les courtines forment le corps de nos places fortifiées à la moderne. (Q) Corps DE BATAILLE, (Marine) on donne ce nom à l’efcadre qui eft placée au milieu de la higne. Dans un combat naval, c’eft ordinairement l’efca- dre ou la divifion du commandant qui fe place au milieu, & qui fait le corps de bataille. (Z) CorPs-DE-GARDE dans un vai[eau , ( Marine.) c’eft ordinairement la partie qui fe trouve fous lé gaillard de l’arriere, qu'on appelle deri-pont, Voyez Marine, PL, I. lerr, K. (Z) CorPs-MorT, (Marine) c’eft une grofle piece de bois qu'on enfonce fortement dans la terre, & un peu inclinée, & à laquelle tient une chaine de fer ui fert à amarrer les vaifleaux. (Z) | Corps, (Marine) on dit /e corps du vaiffeau ; c’eft le corps du bâtiment fans fes agrés & apparaux, comme voiles , cordages, &c. (Z) LTÿ 368 COR Corps $ dans le Commerce, fe dit de pluficurs matChands où nésocians dans un même genre ; qui forment une compagnie réglée par les mêmes fa tuts, & foûmile aux mêmes chefs ou officiers. Il ÿ à à Paris fix corps de marchands, qui font re- gardés come les principaux canaux &t inftrumens du commerce de cetté grande ville. Le premier eft celui de la Draperie. Poyez Dra- PÉRIE. * Le fecond, celui de l’Epicerie. Voyez EPICERIE. Le troifieme, celui de la Mercerie. Voyez MER- CERIE. | Le quattieme , celui de la Pelleterie. 7oyez PEL- LÉTÉRIE. Le cinquieme , celui de la Bonneterie. Joy. Bon- NÉTERIE. | | Le fixieme eft le corps de l'Orfévérie Voyez Or- FÉVERIE. Chacun de ces corps a fes maîtres & gardes en charge, qui en font comme les chefs ou officiers. Les aflémblées patticulierés de chaque corps fe font dans le bureau de ce corps ou maifon commune qu'a chacun d’eux pour traiter de fa police & de fes affaires particulieres. Mais les aflemblées géne- rales fe font ordinairement dans le bureau des Dra- pers, qui feuls font en droit de les convoquer, à caufe du premiér rang qu'ils y tiennent ; &c c’efttoû- jours lé premier grand-garde de la Draperie qui pré- fide. , Ce font les maitres 8e gardes des fix corps des mar- chands qui ont l’honneur de porter le dais fur les Rois, lésRéines, & autres princes, princefles , & feigneurs qui font leur entrée publique à Paris , chaque corps alternativement , depuis le throne dreflé hors des barrieres de la porte Saint-Antoine, jufque dans le Louvre. Les fix corps de marchands de Pafis ont une de- vife , qui a pour Corps un homme aflis tenant en fes ains un faiïceau de baguettes qu'il s'efforce de rompre fur le genou, & pour ame ces mots: Wrrcrt concordia fratrum. Voyez le Di&t. de Commerce. (G) . Corps, fé dit aufli des communautés des arts & métiers, c’eft-à-dire de toutes les fortes d’artifans & d'ouvriers qui ont été réunis en divers corps de ju- rande. On dit plus ordinairement communauté, Voyez COMMUNAUTÉ. Ibid, (G) Corps DE JURANDE; ce font les communautés d’artifans à qui, par des lettres patentes des rois , 1l a été accordé des jurés, le droit de faire des appren- tis, la maîtrife, & des flatuts de police & de difci- pline. Voyez JURÉS & JURANDE. Ibid. (G) Corps DE POMPE, voyez POMPE. Corps D'ENTRÉE, (Danfe.) ce font les chœurs de danfe qui figrirent dans un ballet, & qu’on nom- me aufli fourans, Le corps d’entrée et ordinairement compofé de huit danfeurs & danfeufes; quelquefois ils font. jufqu’à feize. Voyez ENTRÉE, FIGURANT,, 6 QUADRILLE. (B) ‘à Corps, enWenerie , fe dit quand il s’agit de la tête d’un cerf, d’un dain, & d’un chevreuil, & des perches & du marrain où font attachés les andouil- lers ; & quandil s’agit du pié, il fe dit des deux cô- tés du-pié d’une bête fauve, & des pinces qui for- ment le bout dupié. | __ CORPS LIGNEUX , ( Hi. nat. botan. \ ce qui eft renferme dans la tige couverte de l'écorce dont 1l tire fon.origine, auffi - bien que de la graine ; fon tu eft plus ferré, 8 forme un cercle plein de po- res’, plus ouverts que ceux de Pécorce. (Æ) "" CORPS, dans les Arts méchaniques , 1e dit ordinai- rement de quelque partie principale d’un ouvrage, d’une machne: en voici quelques exemples. CORPS DE SEAU, ex terme de Boiffelerie ; C’eft une planche de hêtre fendue très-mince , haute d’en- | feau. virôn ‘uh pié, dont on fait le milieu ou corps da Corps DE CARROSSE ; c’eft ainfi que les Selliers appellent le carroffe avant qu'il foit pofé fur fes roues & fur fon train. M “CORPS, dans l'Ecriture, eft relatif à la hauteur & à la force du caraëtere : ainfi une éctiture qui peché pat le corps , eft ou trop maïgre ou trop courte , 6. Le corps à là hauteur de huit becs de plûme 8e cinq 8a demi de large pour le titulaires quatre & demi pour la hauteur de la ronde , & quatre environ de large ; pour la coulée, fépt & démi de hautenr & cinq de large. Les majeurs ou mineurs qi éxcedent les autres : lettres, fé partagent en trois parties ; le corps inté- rieur où medial de la figure, le corps fupérieur qui excède au-deflus du caraétere:, & linférieur qui ex: cede en-deflous. _* Corps, (Fonderie en caratteres d’Imprimerie.)Les cara@tetes d’Împrimerie ont une épaifleur jufte & déterminée, relative à chaqué caraétère en particu- culier, & fur léfquels ils doivent être fondus : c’eft cette épaifleur qui s’appelle corps, qui fait la diftans . ce des lignes dans un livre; & on peut dire qu'il ya autant de corps dans une page, qu'il y a de lignes: c’eft ce corps qui donne le nom au caraétere , & non Poil de la lettre. Cependant pour ne rien confon- dre, lorfque l’on fond, par exemple, un cicéro fur lé corps de fant-auguftin, pour donner plus de blanc entre les lignes de ce cicéro, pour les ouvrages de poëfie ou autres, on dit pour lors œil de cicéro fur le corps de faint-auguflin. Voyez CARACTERES: | On dit corps foible & corps fort, par un abus qui vient de l'ignorance des premiers tems de PImpri- merie, qui n’a été remarqué qu’en 1742 par le fieut Fournier le jeune, graveur & fondeur de caraéteres à Paris. Il a donné un plan qui afligne au corps des caracteres une épaïfleur fixe “8c déterminée, &c une correfpondance générale entre eux. N°’y ayant point de regle füre pour exécuter les caraéteres avant que le fieur Fournier en ait donné, il eft arrivé que chaque Imprimeur a fait faire ces caracteres fuivant les modeles qu'il a trouvé chez lui, ou qu'il a voulu choïfir : ainfi l commande, par exemple, un carac- _tere de cicéro, fans connoïître la méfure déterminée & exaéte que devroït avoir ce corps; un autre a le mème caractere, dont le corps eft un peu plus forts un troifieme en a un plus foible, & ainfi des autres: D'un même caractere ainf différent de corps, on ape pelle le plus épais corps fort, & les autres corps for- ble. Ces corps ainfi confondus , n’ont ni mefu- re, ni juftefle, ni correfpondance ; ce qui jette une grande confufion dans PImprimerie, & elle fubfiftera tant qu'on n’exécutera point les proportions don- nées par ledit fieur Fournier. #. l'art. CARACTERE: CORPS, en termes de Fondeur de cloches, eft la troi. fieme partie de la plus grande épaifleur du bord de la cloche, ou la quarante-cinquieme du diametre: Voyez l’article FONTE DES CLOCHES. = Corps, (Joxaillerie.) il fe dit de l'anneau d’une bague. Lorfäw’une bague a une tête , l’anneau qui la fupporte s’appelle Z corps de bague: Corps, (Maréchall.) on appelle ‘ainf les côtes & le ventre du cheval. Avoir ou n’avoir point de corps. Voyez l’article fuïvant. (VF) : Corps, (avoir du) Maréchall. fe dit d’un cheval qui a le flanc rempli , & les côtes évafées 8 arron- dies. N’avoir point de corps , fe dit d’un cheval qui a les côtes plates, & dont le ventre va en diminuant vers les cuifles, comme celui d’un levrier. Les che- vaux d’ardeur font fujets à cette conformation. Avoir, de la nobleffe, {e dit prmcipalement d’un-cheval qui a le cou long &c relevé, & la tête haute &c bien pta- cée. Avoir duventre, fe dit en mauvaife part d'un Si COR cheval qui a le ventre trop gros, ce qui eft un figne de patefle. Avoir de l’haleine 6 du fond, fe difent communément des chevaux qw’on employe à courir, quand ils réfiftent long-tems à cet exercice fans s’ef- fouffler ; & qu'ils le peuvent recommencer fouvent ans fe fatiguer. Avoir des reins ou du rein, fe dit d’un cheval vigoureux, ou de celui dont les reins fe font fentir au cavalier, parce qu'ils ont des mouvemens trop duts & trops fecs. Avoir le ney au vent, fe dit d’un cheval qui leve toûjours le nez en-haut ; e’ef un défaut qui provient fouvent de ce que le cheval ayant les os de la ganache ferrés, a de la peine à bien placer fa tête : ce défaut vient aufli quelquefois de ce qu’il a la bouche égarée, c’eft-à-dire déreglée. Avoir L’éperon fin , {e dit d’un cheval fort fenfble à léperon!, & qui s’en apperçoit pour peu qu'on l’ap- proche. Avoirde la tente a cheval, {e dit du cavalier qui y eft ferme & ne fe déplace point, quelques mouvemens irréguliers que le. cheval faffe. Avoir du vent, {e dit d’un cheval poufif. ( 7). Corps DE RANG., rerme de Perruginer ; ce font des trefles qui fe coufent au-deflus des tournans, en al- lant depuis les temples jufqu’à la nuque. Voyez l'arc, : PERRUQUE. | | | Corps, (Manufaët. en foie.) c’eft l’affemblage de toutes les mailles attachées aux arcades. Voyez AR- CADES & VELOURS. Corps ; c’eft, chez Les Tailleurs , la partie d’un ha- bit qui couvre depuis le cou jufqu’à la ceinture: * ainf ils difent #7 corps de pourpoint.; doubler un habit dans de corps. | Quoique nous ayons räpporté un grand nombre d’acceptions différentes du mot corps, nous ne nous flatons pas de n’en avoir omis aucune; mais celles qui précedent fuffifent pour donner une idée de Pé- tendue dans la langue, de ce mot qui défigne une chofe qui en a tant dans la nature. PA CORPULENCE, fub. f. (Medecine.) l’état d’une perfonne trop grafle. Voyez CHAIR & GRAISSE. * La corpulemce revient à ce que les Médecins appel- lent obéfiré, & qu’on appelle communément graiffe. -- Etmuller la définit uné telle augmentation & des membres & du ventre , que les fonétions du corps ‘en font empêchées, particulierement le mouvement & la refpiration. Boerhaave remarque que la corpulence ou lPobéfiré ne confifte pas dans laffementation des folides, mais dans leur diftenfion extraordinaire , caufée par l’a- bondance des humeurs qu’ils contiennent. #oyez So- LIDÉ, Gc. | La corpulence ou la graiffe vient d’un fang loiable, abondant , huileux, doux, contenant moins de fel que l’ordinaire. | Une telle conftitution du fang n’occafonne qu’- une foible fermentation, il s’en fait plus qu'il ne s’en diffipe ; la lymphe qui paroït la matiere propre de la nutrition, garde plus long-tems fa confiflance vif queufe ; & par ce moyen adhere en plus grande quan- tité aux différentes parties du corps. Ajoûtez qu'il y a plus de graïfle féparée du fang , qu'il ne s’en peut dépofer naturellement dans les cellules adipeufes; de-là le corps groffit confidérablement , &c les par- ties s'étendent quelquefois jufqw’à un volume monf trueux. La corpulence eft occañonnée par tout ce qui tem- pere & adoucit le fang, & qui le rend moins acide & moins falin; tel eft lé manque d'exercice & de mouvement, une vie indolente , trop de fommeil, des alimens fort nourriflans , Gc. On la prévient & on la guérit par les caufes contraires , & particulie- rement par l’ufagé de boiflons & d’alimens falins & acides. | _ La cofpulence eft la-çaufe de plufeurs maladies, * € OR 269 particulierement de l’apoplexie ; elle pañfoit pour in fâme parmi les Lacédémoniens, | Etmuller affirme qu’il n’y a point de meilleur re mede contre une graifle exceflive , que le vinaigre {quilitique. Borelli recommande de mâcher du tas bac, ce dont Etmuller diffuade, de peur que cela ne mene à la confomption. Sennért fait mention d’un homme qui pefoit 6oo livres, & d’une fille de 36 ans qui en pefoit 450. Ondit que Chiapin Vitellis mar quis de Cerona , général Efpagnol, très-connu dé fon tems pour fa corpulenceexceflive , {e réduifit, en bûvant du vinaigre, à un tel degré de maigreut, qu'il pouvoit tourner fa peau plufieurs fois autour de huit on peut douter de ce derniét fait, Chambers. "1 CORPUSCULAIRE , adj. (Phyfique.) c’eft ainfi qu'on appelle cette phyfique qui cherche la raïfon des phénomenes dans la configuration | Ia difpos fition b ëc le mouvement des partiés des corps: En voici une idée un peu plus étendue. La phyfique cor pufculaire fuppofe que le corps n’eft autre chofe qu une mafle étendue, & n’y reconnoit rien que ce qui éftrenfermé dans cette idée, c’eftà-dire une cettainé grandeur jointe à la divifibilité des parties, où l’onre- marque une figure, une certaine fituation, dumouve: ment & du repos, qui font des modes de la fubftancé étendue, Par-là on prétend pouvoir rendre raïfon des propriètés dé tous les corps, fans avoir recours à aucune forme fubftantielle , n1 à aucune qualité qué foit diftinéte de ce qui réfulte de Pétendue , de la diz vifibilité, de la figure, de la fituation, du mouve- ment, & du repos. Cette phyfique ne reconnoît au: cunes efpecesintentionnelles, ni aucuns écoulemens par le moyen defquels on appérçoive les objets. Les qualités fénfibles de la lumiere, des couleurs ;, du chaud, du froid, des faveurs , ne font dans les corps que la difpofition des particules dont ils fe trouvent compofes, & en nous , que des {enfations de notre ame, cauféés par l’ébranlement des organes. Ce font -là les opinions de Defcartes, maïs il a des précurfeurs dans Pantiquité, | Leucippe & Démocrite furent lés premiers qu£ erféignerent dans la Grece la phyfique corpaftulaires Epicure l’apptit d'eux, &c la perfeétionna tellément qu’à la fin elle prit fon nom, & qu’on l’appella a phé. lofophie d’Epicure. Il y a eu divers philofophes, qui, fans fuivre Pas théifme de Démocrite, {outenoient que toutes cho. les étoient compofées de corpufcules, comme Ecz phantus , Heraëlide , Afclepiade , & Métrodore dé Chio. En général tous les Atomiftes qui ont vêcw avant Démocrite & Leucippe,, ont joint la créance d’une divinité avec la dotrine des atomes ; de forte qu'on peut dire d’eux ce que Sidoime Apollinaire a dit d’Arcéfilas : Poft hos, Arcefilas, diviné mente paratam Conjicit hanc molem , confefam partibus 1ll:s Quas atomos vocat 1pfe leves, | Les anciens confidérant l’idée qu'ils avoient-de Pame & ce qu'ils connoïffoient dans le corps, trou voient qu'ils pouvoient concevoir diftinétement deux chofes , qui font les principales de tout ce qu'il y & dans l’univers. L'une eft la matiere ; qu'ils regar- doïent comme inéapable de foi: même d'agir; & Pautre eft une faculté agiflante. Duo quærenda funrs dit Cicéron, num que materia fitiex qué quaque res éfféciatur, altérum que res fit que quidque efficiat, On prouve la même chofe par Séneque & par l’auteur du livre de placitis philofophorum, qui eft parmi les œuvres de Plutarque. Bien loin que la philofoplie corpéféulaire mene à Pathéifme, elle conduit au contraire à reconnoïître des êtres diftin@s de la matiere, En effet, la phyf- que corpufculaire n’attfibhe rien au corps que çe qui 270 COR eft renferme dans l’idée d’une chofe impénétrable &c étendue, & qui peut être conçu comme une de fes modifications , comme la grandeur, la divifbilité , da figure , la fituation, le mouvement & le repos, & tout ce qui réfulte de leur différente combinaïfon ; ainfi cette phyfique ne fauroit admettre que la vie &c la penfée foient des modifications du corps ; d’où il s'enfuit que ce font des propriétés d’une au- tre fubftance diftin@e du corps. Cette phyfique ne reconnoiflant dans les corps d’autre ation que le mouvement local, & le mouvement étant néceflai- rement l'effet de l’aétion d’un être différent du corps mû , il s'enfuit qu'il y a quelque chofe dans le mon- de qui n’eft pas corps; fans quoi les corps dont il eft compofé n’auroient jamais commencé à fe mouvoir. Selon cette philofophie on ne peut pas expliquer les phénomenes des corps par un pur méchanifme, fans admettre des caufes différentes de ce méchanifme, &t qui foient intelligentes 8 immatérielles. ILeft évi- dent par les principes-de la même philofophie , que nos fenfations elles-mêmes ne font pas des effets ma- tériels,puifqu'il n’y a rien dans les corps qui foit fem- blable aux fenfations que nous avons du chaud, du froid, du rouge, du doux, de l’amer, &c. D'où il s’enfiut que ce font des modifications de notre ame, & que par conféquent elle eft immatérielle. Enfin il eft aufñ clair par cette philofophie , que les fens ne font pas juges de la vérité, même à l'égard des corps, puifque les qualités fenfibles dont ils paroïffent re- vêtus n’y font nullement ; ainf il faut qu'il y ait en nous quelque chofe de fupérieur aux fens , qui juge de leurs rapports & qui diftingue ce qui eft vérita- blement dans le corps de ce qui n’y eft pas. Ce ne peut être que par une faculté fupérieure, qui fe don- ne à elle-même les mouvemens qu’elle veut, c’eft- à-dire qui eft immatérielle. La phyfique corpuftulaire a encore divers avanta- ges. Voici les deux principaux : 1°. elle rend le mon- de corporel intelligible , puifque le méchanifme eft une chofe que nous entendons, & qu’hors cela nous ne concevons rien diftinétement dans le corps. Dire qu'une chofe fe fait par le moyen d’une forme ou d’une qualité occulte, n’eft autre chofe que dire que nous ne favons pas comment elle fe fait, ou plutôt c’eft faire l'ignorance où nous fommes. de la caufe d’un effet , la caufe de cet effet-là, en la déguifant fous les termes de formes & de qualités. On conçoit encore clairement que le froid , le chaud, &c. peu- vent être des modifications de notre ame, dont les mouvemens des corps extérieurs font des occafons, Mais on ne fauroit comprendre que ce foïent des qualités des corps mêmes, diftinétes de la difpof- tion de leurs particules, 2°. L’autre avantage de la phyfque corpuftulaire, c’eft qu’elle prépare l’efprit à trouver plus facilement la preuve de l’exiftence des fubftances corporelles, en établiffant une notion diftinéte du corps. Il faut que celui qui veut prouver qu'il y a quelque chofe dans le monde outre les corps, détermine exattement les propriétés des corps, au- trement il prouveroit feulement qu'il y a quelque chofe outre un certain je ne fais quoi qu’il ne con- noit pas, & qu'il appelle corps. Ceux qui rejettent la philofophie corpufculaire compofent les corps de deux fubftances , dont l’une eft la matiere deftituée de toute forme, par conféquent incorporelle ; l’au- tre eft La forme, qui étant fans matiere eft auffi im- matérielle. Par-là on confond fi fort les idées de ce qui eft matériel & immatériel , qu'on ne peut rien prouver concernant leur nature, Le corps lui-même devient incorporel ; car tout ce qui eft compolé de chofes immatérielles , eft né- ceflairement immatériel, & ainf il n’y auroit rien du tout de corporel dans la nature, Au lieu que la philofophie corpufculaire établifant une notion dif- COR . tinéte du cofps , montre clairement jufqu'où fes opé: rations peuvent s'étendre , où celles des fubflances immatérielles commencent , & par conféquent qu'il faut de néceflité que ces dernieres exiftent dans le monde. Il faut cependant avoter qu'on abufe très-fouvent de cette philofophie ; écoutons M. Wolf lä-deffus. In fériptis eorur qui philofophiam corpufcularem exco- luêre, multum 1refE veritatis, etft circa prima rerum ma terialium principia erraverint autores, Non tamen ided probamus prormifcuè que ab autoribus philofophiæ cor- PAfcularis traduntur : nikil enim frequentius eft, quam at figuras & molem corpufculorum ad libitum fingant, LbL eas 1gnorantes in ipf?s phœnomenis acquiefcere debe- bant. Exempli gratié, nemo hucufque explicuit qualia fit aëris corpufcula , etft certum fit per eorum qualitates elafficitatem aëris explicari. Deficiunt haëfenus princi- Pia ; quorum ope certè quid de üis colligi datur, Quamob- rem in phæ@nomeno acquiefcendum erat quod fcilicet aër poffit comprimi, & continud fe fe per majus fpatium ex- pandere nitatur. Enim verd non defunt philofophi qui cäm corpufcula principia effendi proxima corporum ob Jervabilium effe agnoftant , elaterem quoque aëris per corpufcula ejus explicaturt, figuras aliafque gualitates pro arbitrio fingunt, erff nullo modo demonftrare poffint corpufculis aëris convenire ifliufinodi figuras & qualira- tes , quales 1pfis tribuunt. Minimè igitur probamns , f£ quis philofophus corpufcularis fapere velit ultra quod in- celligit. Abfit autem ut philofophiæ corpufeulari tribua- nus quod philofophi eft vitium. Deinde philofophi cor- pufculares in univerfum omnes haëfenus in eo peccant, quod prima rerum materialium principia corpufeula effe exifiment ; M. Wolf parle ici en Leibnitien : il ajoû- te: Er plerique etiam a veritate oberrant dum non alias 12 corpufculis qualitates quam mechanicas agnofeunt. 1 n'y a qu'à lire tous les écrits que la fameüfe baguette divinatoire a occafñonnés, pour achever de fe con- vaincre des abus dont la phyfique corpufeulaire eft fufceptible. Wolf, Cofmol, $. 236. in fchol, Cet ar- cicle ef? de M. Formey. CORPUSCULE, f. m. ez Phyfique , diminutif de corps, terme dont on fe fert pour exprimer les par- ticules ou les petites parties des corps naturels. Voy. PARTICULE & Corps. Tout corps eft compofé d’une quantité prodigieu- fe de corpufcules. Ces corpufcules eux-mêmes font des corps , & font compofés par la même raifon d’autres corpufcules plus petits, enfotte que les élemens d’un corps ne paroïflent être autre chofe que des corps. Mais quels font les élemens primitifs de la matiere à c'eft ce qu'il eft difficile de favoir. Voyez Les arricles Corps & CONFIGURATION. Aufli l’idée que nous nous formons de la matiere & des corps, felon quel- ques philofophes , eft purement de notre imagina- tion , fans qu'il y ait rien hors de nous de femblable à cette idée. Ces difficultés ont fait naître Le fyftè- me des monades de M. Leibnitz. Voyez MonaDEs & LEIBNITIANISME. M. Newton a donné une méthode pour détermi- ner par la couleur des corps la grofleur des corpufeu les qui conftituent les particules qui les compofent , ou plutôt le rapport de la groffeur des particules d’un corps d’une certaine couleur à celle des parti- cules d’un corps d’une autre couleur. Il ne faut ce- pendant regarder cette méthode que comme conjec- turale. Voyez Coureur. (0 * CORRE oz CORRET , fubff. m. serme de Péche ufité dans le reflort de l’amirauté de Boulogne, forte de filet. Voici la defcription de la pêche du corre ou corret, OU picot à poche. L’inftrument que les pêcheurs nomment corre ou corret, peut être regardé comme un rets de picots à poche ou fac. Lorfque la marée eft très-bafle, les pêcheurs font à pié la pêche avec ce filet; fi les eaux COR font trop hautes, ils le tendent avec leuts petits ba- teaux, | Le corre ou correr eft un véritable fac de chalut ou rets travérfier de la longueur qu’on veut. oyez l’article CHALUT. Le haut de Pouverture eft chargé deflotes de liége , & le bas de plaques de plomb du poids d'environ deux onces pefant ; ce qui fait pour la garniture entiere du filet trois à quatre livres. On oppofe l'ouverture du correr au courant de la riviere; l’un des côtés du fac eft amarré à une ancre qui eft au large du bateau ; les liéges qui foûlevent Le haut du filet le tiennent ouvert d'environ deux brafles, fi la marée monte fuffifamment dans la riviere. Les mailles de ce filet n’ont que 14 à 15 lignes. Etabli de cette maniere, il ne peut être nuifble , puifqu’il refte où les pêcheurs l’ont placé. Pour faire une meilleure pêche, ils font obligés de battre l’eau avec des perches ou avec leurs avirons, s'ils font dans leur bateau, & de faire du bruit afin que le poiflon forte du fond & de la vafe où il fe tient. . Ils ne peuvent pêcher que de marée baïflante, à moins qu’ils ne retournent l'embouchure de leur cor- ret pour pêcher de flot avec des mailles de dix-huit lignes en quarré; cette pêche ne peut être abufve : le fac du correr eft le même que celui du chalut ou rets traverfer , ou de la dranguelle cire ufitée par SE EE les pêcheurs de la Seine , à la différence que ces deux inftrumens coulent fur le fond , & que le cor- res eft fédentaire. Les pêcheurs de riviere, à leurs embouchures, prennent avec ce filet des poiflons plats, fur-tout des plies & des anguilles, [ls y prennent cependant aufli d’autres fortes de poiflons ronds, s’ils remon- _ tent: ce qui eff rare à caufe de la bourbe que les oiflons de mer fuient toùjouts. CORREAU , (Marine.) voyez COUREAU. (Z) * CORRECT , adj. (Lirtérar.) ce terme défigne une des qualités du ftyle, La correétion confifte dans l’obfervation fcrupuleufe des regles de la Grammai- re. Un écrivain très-corre& eft prefque néceflaire- ment froid : il me femble du moins qu’il y a un grand nombre d’occafons où l’on n’a de la chaleur qu'aux dépens des regles minutieufes de la fyntaxe; regles qu'il faut bien fe garder de méprifer par cette raïlon, car elles font ordinairement fondées fur une dialec- tique très-fine & très-folide; & pour un endroit qui feroit gâté par leur obfervation rigoureufe, & où l’auteur qui a du goût fent bien qu'il faut les né- gliger, 1l ÿ en a nulle où cette obfervation diftingue celui qui fait écrire & penfer, de celui qui croit le favoir. En un mot, on ne doit pañler à un auteur de pécher contre la corre@tion du ftyle, que lorf- qu’il y a plus à gagner qu'à perdre. L’exaétitude tombe fur les faits & les chofes; la correétion, fur les mots. Ce qui eft écrit exaement dans une lan- gue , rendu fidélement, eft exaét dans toutes les langues. Il n’en eft pas de même de ce qui eff correët ; l’auteur qui a écrit le plus corre@ement , pourroit être très-incorre@ traduit mot à mot de fa langue dans une autre. L’exaétitude naît de la vérité, qui eft une & abfolue ; la correétion , de reglés de con- vention & variables. CorRrEecCT, fe dit, ex Peinture, d’un deffein , d’un tableau , où tous les objets, & particulierement les figures, font bien proportionnées, où les parties {ont bien arrêtées, & leurs contours exattement femblables à ceux que préfente la nature. On dit, ce Peintre ef? correët. Did. de Paint. (R) * CORRECTEUR , f. m. (Gramm.) celui qui cor- tige, Corriger a deux acceptions; c’eft, ou infliger une peine pour une faute commife, ou changer de mal en bien la difpofition habituelle & vicieufe du cœur & de l’efprit, par quelque voie que ce puifle être, | COR 271 CORRECTEURS DES CoMpres, (Jurifp.) Voyer fous ie mot Cormptes, à l’article CHAMBRE DES COMPTES, $ Correéleur des comptes. *CORRECTEUR D'IMPRIMERIE, eft celui qui lit les épreuves, pour marquer à la matge, avec diffé. rens fignes uftés dans l'imprimerie, les fautes que le compofiteur a faites dans l’arrangement des carac: teres, Le correcteur doit être attentif à placer fes cor. rettions par ordre, &, autant qu'il le peut, à côté de la ligne où elles doivent être placées. oy.EPREUVE,; Rien n’eft f rare qu’un bon correcleur : il faut qu'il connoïffe très-bien la langue au moins dans laquellé l’ouvrage eft compofé; ce que le bon fens fuggere dans une matiere, quelle qu’elle foit ; qu’il fache fe méfier de fes lumieres; qu'il entende très-bien l’or- tographe & la pon@uartion, &c. * CORRECTIF, f. m. (Gramm.) ce qui réduitun mot à fon fens précis, une penfée à fon fens vrai, une ation à l'équité ou à l'honnêteté, une fubftance à uri effet plus modéré ; d’où l’on voit que tout à fon cor- reëtif. On Ôte de la force aux mots par d’autres qu'on leur affocie ; & ceux-ci font ou des prépofñitiôns ou des adverbes, ou des épithetes qui modifient & tem- perent l’acception : on ramene à la vérité fcrupu leufe les penfées ou les propoñitions, le plus fon: vent en en reftreignant l’étendue ; on rend une ac- tion jufte ou décente, par quelque compenfation ; on Ôte à une fubftance fa violence, en [a mêlant avec une fubftance d’une nature oppolée. Celui donc qui ignore entierement l’art des corre&ifs, eft expofé en une infinité d’occafons à pécher contre la langue, la Logique , la Morale, & la Phyfique. CorREcTIF, adj. & CORRECTION, fub. (Phar- macie.) On appelle correéhifs , certains ingrédiens des medicamens compofés, foit officinaux, foit magif- traux, qui font deftinés à détruire les qualités nuifi- bles ou defagréables des autres ingrédiens de la mê- me compofition, fans diminuer leurs vertus où qua- lités utiles, On peut diftingner très-naturellement ces correc- tifs en deux claffes ; en correctifs d'activité, 8 en cor- rechifs des qualités defagréables. Les anciens employoient beaucoup les premiers ; ils n’ordonnoient jamais leurs émétiques , leurs pur- gatifs forts, & leurs narcotiques, fans les mêler avec des prétendus correctifs. C’étoit une certaine acrimo- nie, Ou une qualité plus occulte encore, capable d’affoiblir leflomac & les inteftins, & d'y engen- drer des vents, qu'ils redoutoient dans les puroatifs, &c une qualité vénéneufe froide dans les narcoti- ques. C’eft dans la vüe de prévenir ces inconvéniens, qu'ils méloient toüjours aux purgatifs différens aro- matiques, comme le fantal, ie ffœchas, la canelle, rc. &t fur-tout les femences carminatives, comme Vans, le fenouil, la coriandre , &c. & même quel- ques toniques plus aëtifs, le gingembre, la pyretre, &c, La néceffité de ces correctifs pañloit même pour fiinconteftable parmi eux, que leurs purgatifs ordi- naires avoient chacun un correctif approprié. C’eft anf qu'ils ordonnoient le fené avec l’anis ou la co- tfiandre , la rhubarbe avec le fantal, l’agaric &r le ja- lap avec le singembre, @c. C’eft fur cette opimon qu’eft fondée la difpenfation des-compoñtions Offi= cinales putgatives qui nous viennent des anciens; compofitions qui contiennent toüjours une quantité confidérable de différens aromates. | Ce font prefque les mêmes drogues , c’eft-à-dire les aromatiques vifs, qu'ils ont employés dans les compofitions opiatiques, £ Cette clafle de correctifs éft äbfolument profcrite de la Pharmacie moderne : noùs n'avons plus aujour- d’hui la moindre confiance en leur eficacité ; nous ne connoiflons d’autres reflources pour prévenir les 272 (COM inconvéniens des purgatifs forts, que de les bien choïfir & les préparer exaétement , de les donner à propos & en unedofe convenable. Quant à la qualité froide des narcotiques, nous avons appris à ne pas la craindre dans ceux que nous retirons des pavots, qui font les feuls que nous mettions aujourd’hui en ufage. L'expérience nous a appris qu’une décoétion d'une tête de pavot, ou l’o- pium fans préparation, étoient tout aufli efficaces &c aufi peu dangereux, que les opiatiques corrigés des anciens, & mème que le fameux laudanum liquide de S ydenham, qui paroït être fait d’après les mêmes principes, où plütôt d’après les mêmes préjugés. : H eft une autre efpece de correthifs d’aihivité, auf réels que ceux dont nous venons de parler paroif- fent imaginaires : ce font les différens corps doux ou muqueux, tels que les pulpes de pruneaux, de tama- rin, de cafe; les déco@tions de fruits doux, le fu- cre, le miel, la manne, &c. que l’on mêle avec les purgatifs les plus forts dans certains éle@tuaires dont l’ufage eft encore aflez ordinaire, fur-tout dans les hôpitaux. Ces correctifs mafquent la violence de ces purgatifs au point que les éleduaires dont nous par- lons font des purgatits affez doux, à une dofe qui contient une quantité de ces purgatifs, fort capables de produire les effets les plus violens, s'ils étoient donnés fans mélange. C’eft ainfi que dans le diaprun folutif, p.ex. l'adtivité de la fcammonée eftaffez tem- pérée par la pulpe des pruneaux & par le fucré, pour qu'une once de cet éleétuaire qui contient un feru- pule de fcammonée, ne foit pas un purgatif fi dan- gereux à beaucoup près, que le feroit la même dofe de fcammonée donnée fans mêlange. Le fucre qui donne la confiftance aux fyrops purgatifs , tempere auf jufqu'à un certain point l’aélivité des remedes qui en font la vertu. La déco@tion des fruits doux & de certaines autres fubftances végétales, comme les racines de réglifle, de polipode, la fcolopendre, & les autres capillaires, diminuent un peu l’énergie de certains purgatifs, comme du fené ; enforte qu'une infufion de fes feuilles ou de fes follicules mêlée à une décoëtion de fruits pettoraux, tels que les rai- fins , les dattes , & les figues, fournit un purgatif des plus benins. C’eft comme un correctif de cette efpece qu’on donne la mañne avec le tartre émétique, dont elle afoibht confidérablement Pa@ion dans la plû- part des cas, & dans le plus grand nombre des fu- jets. Il ne feroit pas aflez exa@ de regarder le fucre & le jaune d’œuf comme de fimples correctifs des réfi- nes purgatives, parce que c’eft par une véritable combinaifon qu'ils châtrent l’ativité de ces corps, qu'ils les dénaturent, qu’ils en font un être nouveau dans lequel on ne doit plus confidérer ces principes | de compoftion, de même qu’on ne s’avile pas d’a- voir égard aux qualités particulieres de l’acide ni- treux & de l’alkali fixe, lorfqu’il s’agit des vertus du ñitre, Grc. Voyez RÉSINE & PURGATIE. Les qualités defagréables que nous cherchons à corriger dans les medicamens , font la mauvaife odeur &c le mauvais goût. La premiere correélion eft connue fous le nom d’aromatifation : elle confifte À ajoûter au medicament quelqu’eau, quelqu’efprit, ou quelque poudre aromatique , pour couvrir autant qu'il eft poflible , fa mauvaïfe odeur : fur quoi il faut fe fouvenir qu'il eft certains malades à qui les odeurs douces peuvent être funeftes, &qu'en général tou- tes les odeurs ne font pas également agréables à tout le monde ; que l’ambre affede bien diverfement les différens fujets ; Éc. La feconde de ces corrections s’effe@ue 1°. par l’é- dulcoration (Voyez ÉDULCORATION) ; 2°.en enve- loppant les remedes folides, comme boles, pilules, opiates, 6’, dans différentes matieres qui les empê. COR chent de faire aucune impreffion fur lorgane du goût; ces enveloppes les plus ordinaires font le pain a-chanter, les feuilles d’or on d'argent, la poudre de régle, de fucre, 6c. 3°, on corrige ou plütôt OR prévient le mauvais goût de certains remedes , Par certaines circonftances de leur préparation; c’eft ainfi que la manne fondue à froid , ou à une très-le- gere chaleur, eft bién moins defagréable que celle qu’on a fait fondre dans l’eau bouillante. : Une autre efpece de corredion pharmaceutique qui a été long-tems en ufage, & que nous avons enfin abandonnée, étoit celle qui confiftoit à faire macé- rer dans différentes liqueurs, & primcipalément dans le vinaigre, certaines drogues prétendues dange- reufes, comme l’azarum , l’'éfule, l’ellébore; À en expoler d’autres, comme la fcammonée, à la ya peur du foufre, &c. cette corre&ion remplifloit fort mal fans doute la vûe qu’on fe propofoit; car elle affoiblifoit ou châtroit la vertu médicamenteufe, au lieu de l’épargner, comme on le prétendoit, en ne détruifant qu’une vertu vénéneufe fuppofée dans la drogue. Or comme cet affoibliffement eft toüjours inexaét ou impofhble à évaluer avec quelque juftef- fe, 1l eft plus für d’avoir recours à des remedes qui pofledent la même vertu en un degré moins adif, ou d’employefiles premiers non-corrigés en moindre dofe , que d’avoir recours à ces remedes ainfi corri. gés, qui font toûjours infideles, La lotion de laloès que Pon faifoit auffi en vie de le corriger, eft une opération plus mal-eñtendue encore; car par fon moyen on rejettoit les parties réfineufes de laloès, pour ne conferver que fes par- ties extraétives : or quand même la féparation de ces deux parties pourroit être regardée comme avanta- geule, en ce qu’elle fourniroit deux diférens reme- des chacun très-utile, on ne pourroit Jamais regar- der cette féparation comme une correéfion, Maïs :l confle d'ailleurs par lobfervation , que l’aloës entier fournit un fort bon remede à [a Medecine ; au liew que fon extrait feul ne poflede qu'en un degré très- inférieur les vertus de laloës entier , tandis que fa L réfine eft abfolument inufitée, (à v CORRECTION, f. f, (Grarmm, ) voyez l'article CORRECT. | CORRECTION pu Mipi, en Aflronomie : voici en quoi elle confifte. Les Affronomes, pour déter- niner l’heure de midi, employent les obférvations qu'ils appellent de Anuteurs correfpondantes , c'eftA- dire qu'ils obfervent avant midi le foleil À une cer- taine hauteur, & qu'ils attendent enfuite l'heure où ils obferveront le foleil à la même hanteur après mi- di. L’inftant milieu entre les deux obfervations dé- termine l’inftant du midi. Cette méthode eft analo_ gue à celle dont on fe fert pour déterminer la ligne méridienne fur un plan horifontal, en marquant deux points où l’ombre du ftyle foit égale avant & après midi, & prenant le milieu entre ces deux points. Voyez LIGNE MÉRIDIENNE. Mais ces méthodes fup- pofent que le foleil décrit chaque jour, par fon mou- vement apparent, un cercle exaétement parallele à l'équateur ; ce qui n’eft pas rigoureufement vrai : car comme l’écliptique eft oblique à l'équateur, & que le foleil avance chaque jour par fon mouvement ap- parent d'environ un degré fur Pécliptique, il a chaz que Jour un petit mouvement en déclinaifon ; d’où il eft aiféde voir que dans deux inftans également éloignés de l’inftant de midi, l’un avant , l’autre après , il ne doit pas être exaétement à la même hau- teur ; qu'ainfi après avoir obfervé le foleil à deux hauteurs égales, & pris le milieu du tems écoulé, on: n’a pas encore le vrai inftant du midi, & qu’il fant une petite corretfion, Plufieurs aftronomes ont réfolu cé problème par des méthodes fort fimples ; entrau- tres M, de Maupertuis, dans fon 4/fronomie nautique, COR _8z M. Euler, dans les mém. de l’acad. de Petersb. terre PIL. Mais leurs méthodes ,\uoïque très-ingénieufes & très-fimples, ont cet inconvénient, qu'elles fupà -pofent que la correétion foit fort petite; ce qui n'a plus lieu dans les pays où la hauteur du pole eft fort grande, c’eft-à-dire qui font fort près du pole: car dans ces pays-là le foleil eft prefque toûjours à la même hauteur fur l’horifon; d’où l’on voit qu’une petite différence dans la hauteur doit en produire une fort grande dans l’heure. Il eft donc néceflaire de trouver une méthode générale pour avoir la cor- reélion du midi à une hauteur quelconque; & J'ai réfolu ce problème dans les mé». de l’academ. de Ber- in, 1747. Au tefte, nous devons remarquer icique notre méthode, quoique fimple &c facile à prati- -quer , eft plus recommandable par fa généralité géo- métrique , que par le befoin qu’on en a. Car on ne fait guere d’obfervation dans la zone glacée ; & les ‘pays qui feroient très-près du pole nous font entie- rement inconnus. Mais en Géométrie & en Aftrono- mie, il eft toïjours utile d’avoir des méthodes géné- rales, qui puiflent ne pas manquer au befoin. (O0) CORRECTION, (Jurifprud.) Les peres ont droit _de correëlion fur leurs enfans ; ils avoient même droit _de vie & de mort fur eux par l’ancien droit Romain; mais cela a été réduit à une correélion modérée. Ils peuvent néanmoins les faire enfermer jufqu’à l’âge de vingt-cinq ans dans quelque maifon de correéfion, telle que celle de S. Lazare à Paris, à moins que les peres ne foient remariés; auquel cas ils ne le peu- vent faire, non plus que les meres tutrices &t autres tuteurs, fans une ordonnance du juge, lequel prend ordinairement l’avis des parens paternels & mater- nels à ce fujet. On peut voit au journal des aud. les arrêts des o & 13 Mars 1673, 14 Mars 1678 , & 27 _O&tobre 1690, & celui du 30 Juillet 1699. Les maris ont auf droit de correction {ur leurs fem- mes par l’ancien droit Romain : fi le mari battoit fa femme à coups de fouet , ce qui étoit une injure pour une femme ingénue, c'étoit une caufe de divorce: imais par le dernier droit il eft feulement dit que le mari qui le feroit fans caufe, feroit obligé de donner dès-lors à fa femme une fomme égale au tiers de la donation à caufe des noces. eg. viiy, cod. de repud, Cette loi n’eft point fuivie parmi nous ; on en a fans doute fenti l'inconvénient: bien des femmes fe fe- roïent battre pour augmenter leur douaire ou aug- ment de dot. Le mari doit traiter fa femme avec douceur & avec amitié : cependant fi elle s’oublie, il doit la corriger modérément ; 1l peut même, sil ne trouve point d'autre remede, la faire enfermer dans un couvent; & fi elle a eu une mauvaïfe con- duite , la faire mettre dans une maïfon de correétion. Mais s’il la maltraite à tort, foit de coups, foit de paroles , ce qui eft plus ou moins grave felon la qua- lité des perfonnes, ces mauvais traitemens font une caufe de féparation. Voyez SÉPARATION. Les maîtres ont aufli droit de correchon fur leurs efclaves & domeftiques, mais modérément. Le droit de vie & de mort que les Romains avoient ancien- nement fur leurs efclaves , fut abrogé par le droit du code, Liv. IX. tir, xjv. L.1. L’autentique ad hoc dit que le maître peut châtier fes efclaves plagis medio- cribus, Parmi nous l'humanité met encore des bornes plus étroites à ce droit de correétion. | Enfin les fupérieurs des monafteres ont droit de correétion fur leurs religieux ou religieufes : ils n’ont cependant aucune jurifdiétion ; c’eit pourquoi ils ne peuvent infliger que des peines legeres , telles que le jeûne, le fouet, le renfermement dans leur pri- fon privée : il ne leur eft pas permis de traiter leurs religieux avec inhumanité ; s'ils Le font , leurs reli- gieux peuvent s’en plaindre à leurs fupérieurs, & même à la juftice féculiere , & demander d’être trans- Tome IF, COR 273 férés dans une autte monaftere. La juftice féculiere peut même d’ofice en prendre connoiffance, lor{qu'il {e pafe quelque chofe de grave,8y mettreordre.(4) CORRECTION DES COMPTES, yoÿez @ mor Compres, à l'article dés CORRE CTEURS DES ComPres. (4) : = TION HE Correorion, figure de Rhétorique qui confifte à corriger ou à expliquer une expreflion, une-pen- fée qu’en.a déjà avancée ‘elle.eft très-propre à fixer ou à réveiller l’attention des auditeurs, commedans cet endroit de Cicéron: Arque hæc cives,Cives inqUaTt, JE hoc nomine eos appellari.fas eft , qui huwc de parrié Ju& cogitant. Pro Muren. | Ilyaune autre forte decorreélion par laquelle ; loin de rétra@ter une penfée , on la rappelle de nouveau pour la confirmer davantage, la préfenter avec plus de force & de véhémence, comme fi on n’en avoit pas d’abord aflez dit. Telles font ces paroles de. J. C. touchant fon précurfeur, Matth. ch. xj. ver. 9. Qu'é- tes-vous donc allés voir? un prophete ? Oui certe, je vous le dis, 6 plus que prophete. On l’appelle autre- ment épanorthofe. Voyez EÉPANORTHOSE. (G) CORRECTION, (Pharmacie.) voyez CORRECTIF, CORRECTION, (Paint, )V. CORRECT (Peinsure), CORRECTION, terrme d’Imprimerie qui s'entend de deux façons : on entend par ce mot les fautes corri- gées fur une épreuve; & l’on dit , s’il y en a beau coup, voila une feuille bien chargée de corrredions, On entend encore par ce mot les lettres néceffaires pour corriger une épreuve ; & l’on dit /ever fa corre&tion dans une cafle avant de corriger ; diffribuer Ja corre- étion après avoir corrigé. CORREGIDOR, {. m. (H1/ff. mod.) nom d’un offi- cier de juitice en Efpagne, & dans les contrées qui font foumifes à l’'Efpagnol. C’eft le premier juge d’une ville, d’une province, d’une jurifdiétion ; les confciilers & les avocats lui font inférieurs, | CORREGIO , (Géog. mod.) petite ville d'Italie ; capitale d’un petit pays de même nom , au duché de Modene, Long. 28. 20. lat, 44. 145. * CORRELATIF, (Gramm. & Logig.) Ce terme défigne de deux chofes qui ont rapport entr’elles &z qu’on confidere par ce rapport, celle qui n’eft pas à l’inftant préfente à l’efprit, ou dont on ne fait pas premierement &c fpécialement mention, foit dans le difcours, foit dans un écrit. Exemple. Si je penfe, je parle ou j'écris de l’homme comme pere, l’hom- me confidéré comme fils , fera fon correlanif ; fi je penfe , je parle ou j'écris de l’homme comme fils, l’homme confidéré comme pere, fera fon correlaif, Cette définition me paroït fi jufte, que dans la pen- fée, la converfation & l'écrit, on voit en un inftant deux êtres qui ont rapport entr’eux , prendre & per- dre alternativement la dénomination de correlatif, felon que lun eft rappellé à l’occafion de l'autre. C’eft toñjours celui qui eft rappellé , & qui entre, qui prend le nom de correlatif, Mais fi ce correlatif devient l’objet principal de la penfée , ou de l’en+ tretien, ou de l'écrit, il cede fur le champ cette dé- nomination de correlatif, à celui dont on a ceflé &c dont on récommence de s'occuper. Correlatif fe prend aufli en un autre fens ; comme quand on dit, vieux @ jeune font des correlatifs ; alors correlatif eft appliqué aux deux objets de la correlation, & l'on aflûüre qu'ils ont entr'eux cette efpece de rapport, fans avoir l’un plus préfent à l’efprit que l’autre: il femble que ce foit feulement dans ce feul fens qu'il faut entendre le terme correlation , voyez le mot COR- RELATION. Au relte ces définitions ne font pas particulieres à correlatif ; elles conviennent aufli à tous les autres termes de la même nature , tels que corrival & corrivaux, Qu'’éft-ce qu'un corrival ? c’eft de deux hommes quife difputent la même maîtrefle, le même honneur, &, celui qui n’a été que le fecond | Mm 274 COR -préfent, foit à ma penfée, foit à ma bouche, foit à “ma plume. Qu'eft-ce que des corrivaux? ce font “deux hommes que je confidere indiftinétement, par da prétention qu'ils ont tous les deux à un bien “qui ne peut appartenir-qu’à l'un des deux, fans que Fun foit le premier préfent à ma penfée, & l’autre de fecond., fans que jinftitue entr'eux une Compa- raifondans laquelle lun feroit préfent & l’autre rap- pellé:\c’eft fous un point de vüe qui leur eft com- ‘mün que je les envifage , & en tant que ce point de wüûe leur eft commun. | * CORRELATION, ff. (Logig. & Gramm.) ‘terme par lequel je défigne qu’il y a rapport entre -deux objets 4 & B ; & je le défigne d’une maniere indéterminée, fans marquer que c’eft 4 que je come pare à B°, m que c’eft.B que je compare à 4: l’un me m'eft pas plus préfent à l’efprit que Pautre, du moins au-moment où j'aflüre qu'il y à correlation en- ireux; quoique ce jugement ait été précédé d’un autre‘où je comparois ces objets, & où l’un étoit le premier terme de la comparaifon, & l’autre le fe- cond ; quant à la nature de la-correlation , elle confi- te dans le rapport de deux qualités dont l’une ne peut #e concevoir fans l'autre. CORRESE , (Géog. mod.) petite riviere d'Italie “dans la Sabine, dans l’état de l’Eglife , qui fe jette dans le Tibre, CORRESPONDANCE,, RELATION, f. f. com- merce réciproque qu'ont enfemble deux perfonnes. Il fe dit, en termes de Commerce, de la relation qu'un marchand entretient avec un autre marchand ; un banquier avec un banquier, ou même tous deux avec de fimples commiffionnaires établis dans diver- fes villes d’un même étatou de pays étrangers, pour le fait de leur banque ou négoce. On dit de l’un & de Pautre-qu’i/s ont de grandes correfpondances, quand ils ont affaire avec quantité d’autres négocians ou banquiers. Diéionn. de Comm. (G) * CORRESPONDANCE, CORRESPONDANT, & ‘CORRESPONDRE, ont encore une fignification prife des rapports que les êtres peuvent avoir entr’eux : auffi on dit : voila deux idées, deux mots, deux objets, deux chofes qui fe correfpondent , \orfqu’elles ont mé- me rapport ou de fens, ou de place, ou d’effet, ou de forme, 6c. avec une troifieme à laquelle on les rapporte, ou dans laquelle on les confidere. CORRESPONDANT, f. m. en termes de Comm. perfonne domiciliée dans un lieu, & avec laquelle une autre perfonne réfidante dans une autre ville ou pays, eft encommerce de banque onde marchandite. S'il y a quelque différence entre correfpondant & commiffionnaire , elle eft bien légere , & leurs fonc- tions font à-peu-près les mêmes. Voyez Commis- SIONNAIRE. Ditfionn. de Comm. (G) 6 CORRESPONDRE, v. n. avoir relation avec quelqu'un, l'avoir corre/pondant ou être le fien. (G) ‘CORRIDOR , £. m, serme d’Archireïlure, On en- tend par ce mot une piece fort longue & affez étroite, fervant de dégagement & de pièce commune à di- vers appartemens, en ufage à la campagne. Ils ont cela de commode, qu'ils évitent les antichambres, qui occupent beaucoup de terrein dans un lieu ferré, & dont on ne peut fe pafler pour précéder une cham- bre à coucher, lorfqu’on ne pratique pas de corridor; néanmoins on ne peut difconvenir que ces derniers ont l'incommodité d’occafionner beaucoup de bruit dans les pieces voifines, à caufe de leur communi- cation avec tout le bâtiment; de maniere qu'ils ne font plus guere d’ufage que dans les étages en gale- tas & dans les communautés religieufes, où ils font abfolument indifpenfables. La proportion de ces corridors, c’eft-à-dire le rapport de leur largeur avec leur longueur, eft ar- bitraire ; en quoi 1ls different des galeries, qui doi- Vent avoir des dimenfons relatives à leur ufage. Voyez GALERIE. (P) Corkipor, er Fortification , fignifie le chemin quë TB" tout autour de la place, fur Le bord du foffé en de- hors, Ce mot vient de l'italien coridore, ou de lefpa- gnol coridor. . On l’appelle auffi chemin couvert ; 8: même ce der- nier eft à préfent le feul ufité, parce qu’il eft cou- vert du glacis ou de lefplanade, qui ln fert comme de parapet. Voyez CHEMIN cOUVERT. Le corridor eft large d’environ fix toifes, Chambers. (Q) | CORRIGER , v. a@. voyez les différentes acceptions de l'adjethif CORRECT & CORRECTIF, € du Jubflan- ‘tif CORRECTION. CORRIGER , rerme d’Imprimerie ; Cell une des fonétions principales que le compofiteur eff obligé . de faire. Après avoir levé la corre@tion dans fon compofteur , il couche fa forme fur le marbre, & la defferre ; enfuite il corrige, par le moyen d’un petit inftrument appellé pointe, les fautes qui ont été mar- quées par le correéteur en marge de l'épreuve. Foy. COMPOSITEUR, FORME , MARBRE, POINTE. CORRIGER wn cheval , voyez CHATIER. * CORRIVAL , f. m. un autre qui avoit avec ce- lni-ci un ruifleau commun. Voyez à l’article CORRE: LATIF, la raifon de cette définition, qui n’eft bi- farre qu’en apparence ; & pourquoi elle feroit in- exatte, fi J’avois dit un corrival eff celui qui a un ruiffèau commun avec un autre. Le corrival n’eft pas ce- Zur, c’eft l’autre. | s CORROBORATIF , ( Médec. Thérapeur, ) voyez FORTIFIANT & TONIQUE. CORRODÉ, adjet. CORROSION , fubft, Ces mots ne font d’ufage qu’en Phyfique, & fur-tout en Medecine, pour dire ronge & aëtion de ronger; aïnfi on dit re pierre dont la furface a été corrodée (c’eft-à- dire rongée) par les eaux € par l’aëtion de l'air, On dit aufli /a corrofion des chairs par un ulcere. Au refte le fubflantif corroféon n'ayant point d’équivalent, eft plus en ufage que corrodé. (0 CORROI, fm. (Architet, Maf. Hydraul.) eft un maflif de terre franche ou de glaïfe que l’on pétrit entre les deux murs d’un canal ou d’un baflin, pour retenir l’eau à une certaine hauteur ; ou entre le contre-mur d’une fofle d’aifance ou un puits, pour empêcher qu’elle nele corrompe : il doit fe lier avec celui du plafond, qui doit regner de la même épaif- feur dans toute fon étendue. On ne dit point 4» corroi de ciment, maïs un maf- JF où une chemife de ciment. (K) CORROIER , ez Archireët. eft bien pétrir fa chaux & le fable par le moyen du rabot, pour en faire du mortier. C’eft aufli pétrir & battre au pilon de la terre glaife, pour en faire un corroi, (P) * CORROMPRE, v. a&.( Morale.) expreffion em- pruntée de ce qui fe paffe dans la gangrene du corps, & tranfportée à l’état de l’ame ; ainfi un cœur cor- rompu eft un homme dont les mœurs {ont auffi mal- faines en elles-mêmes , qu’une fubftance qui tombe en pourriture ; & aufli choquantes pour ceux qui Les ont innocentes & pures , que le fpettacle de cette fubftance, & la vapeur qui s’en exhale, le feroient pour ceux qui Ont les fens délicats. _ CORROMPRE, (Phyfig.) voyez CORRUPTION. CORROMPRE, ( Art méch.) c’eft altérer la forme, Le pannier de mon habit eft corrompu. Les héréti- ques ont fouvent corrompu les textes facrés. | CORROMPRE UN CUIR, terme de Corroyeur, qui fignifie le ployer; ainfi ces artifans difent corrompre ur cuir des quatre quartiers, c’eft-à-dire le plier de patte en patte pour lui couper le grain. Foyez CoR- ROYER , @ la fig. PI, du Corroyeur. * CORROMPRE , (Manuf. en foie) c’eft mettre plus où moins de fils dans la premiere maille de corps, ou dans la premiere dent du-peigne, pour empêcher létofe de fe rayer, | CORROSIF, adj. (Mar. méd. ext.) Voyez CAUS- TIQUE. + CorRoOSIF, (Chiraie.) nom qu’on a donné à cer- tains menftrues capables de contraëter rapidement une union réelle où chimique avec des corps d’un tiflu dur & ferré ; &de furmonter par conféquent par leur aflinité avec ces corps ; l’adhéfion aggréga- tive des parties intégrantes des mêmes corps. C'eft précifément par ce degré d’affinité qu'il faut déterminer la propriété qu’on a défignée par la pré- tendue corrofivisé de ces menftrues , ou par leur force, aivité, violence, &c. Toutes ces dénominations exprimant des qualités abfolues , portent des notions également faufles, puifque toute diffolution chimi- “que fuppofe une aétion réciproque du menftrue 6 du corps diflous : enforte que ces exprefhons de menftrue & de corps diffous , ne font pas elles-mé- mes trop exaltes, puifque dans tous les cas de dif- {olution chimique, l’un ou l’autre des deux corps qui contrade l’union que cette diflolution exprime, peut être regardé indifféremment comme Île ment{- true ou comme le corps diflous. Voyez MENSTRUE. Au refte les menftrues qu’on défigne communé- ment par la qualification de corrofifs , font fur-tout les acides minéraux, les fels alkalis, la chaux, & certains fels métalliques furchargés d'acides. Voyez SEL. Le titre de corro/if a été donné à ces corps, lorf- qu’on n’a évalué leur ation que par leurs eftets fen- fibles ; & l’'ufage de ce mot a été confirmé lorfqu'il eft devenu théorique , qu'il a défigné un agent phy- fique compris, ou du moins expliqué dans les tems où les agens méchaniques ont été les feuls que les philofophes ayent voulu admettre dans la nature; & ces tems ne font pas loin, ni.abfolument pañlés Les expreffions de la clafle de celle-ci fubfiftent fouvent dans les fciences, long-tems après qu’on en a reconnu la faufleté. Le langage chimique eft plein de ces dénominations qui doivent leur naïflance à l'ignorance , aux préjugés ou aux théories de nos prédéceffeurs. On peut fe fervir cependant de la -plüpart fans conféquence , ce me femble, quoiqu'il fût apparemment plus utile de les abandonner abfo- , lument. (4) CORROSION, ou exéfion de parties folides par ne humeur acre. (Maladies.) Elle eft l'effet de la dif- {olution des humeurs, ou de quelque acrimonie al- aline & fceptique qui ronge le tiffu des parties, &c ar-là les détruit. Le remede vrai de la corrofton con- fifte à détruire la qualité fceptique des humeurs, &e à leur'Fendre leur qualité balfamique par l’ufage des adouciffans , des induifans & des agglutinans. * CORROYER UN CUIR, (Corroyeur.) opéra- tion qui confifte à donner aux cuirs, en fortant des mains du Tanneur, des façons qui les rendant plus liffes , plus fouples, plus agréables à la vüe, les difpofent aux ufages du Ceinturier, du Sellier, du Bourrelier , & d’autres ouvriers. On donne ces fa- cons au bœuf, à la vache, au veau &t au mouton, ‘mais rarement au bœuf. Au refte le travail du bœuf ne différant point de celui dela vache, on pourra lui appliquer tout ceque nous allons dire de ce dernier. Travail de la vache noire, ou, comme on dit, re- sournée. Le Corroyeur , en recevant la peau tannée, commence par l’humeéter à plufieurs reprifes ; 1l fe fert pour cela d’un balai qu’il trempe dans de l’eau. T1 roule la peau humeétée, puis 1l la jette fur la claie, & la foule aux piés. Cette manœuvre s’ap- pelle le défoncement. La claie eft un aflemblage de bâtons flexibles, entrelacés dans des traverles em- mortoïfées fur deux montans. Le défoncement fe donne ou à pié nud, ou avec un foulier qu'on ap- pelle léféarpin, qui ne differe du foulier ordinarre Tome IF, j en COR 275$ que par. des bouts de cuir-fort dont ileft revètu au bout & au talon, On appelle ces garnitures cozrre= forts. La peau pliée d’abord de la tête à la queue, &e les pattes dans le pli, eft arrêtée avec un pic, & frappée fortement avec le talon de l’autre. Ce tra: vail s’appelle le refoulemenr. On donne à la peau des refoulemens en tout fens ; on la change de face, & on la tient fur la claie, & fous les piés ou l’efcarpin, tant qu’on y apperçoit des inégalités un peu conf dérables. Voyez dans la Planche du Corroyeur un ou- vrier en À, qui défonce &refoncefur la claie. Alors on la déploye, pour être écharnée ou drayée: on fe fert indiftinétement de ces deux mots. Ceux qu di- fent écharnée, appellent le couteau à écharner, échar- noir: ceux qui difent drayée, l’appellent drayorre, La drayoire eftune efpece de conteau à deux manches, tant foit peu tranchant & affilé, qu'on voit fig. 3: La peau eft jettée fur le chevalet; & louvrier la fixant entre fon corps & le bout du chevalet, enleve avec la drayoire,qu'on nomme auffi couteau à revers , tout ce qui peut y refter de chair après le travail.de la tannerie. On voit en B un ouvrier au chevalet, La conftru@tion du chevalet eft fi fimple , qu'il feroit fuperflu de l’expliquer. Lorfque la peau eft drayée ou écharnée, on fait un trou à chaque patte de derriere ; on pafle dans ces trous une forte baguette qui tient la peau éten- due, & on la fufpend à l’air à des Chevilles , à l’aide: du crochet qu’on voit fig. 1. On appelle cela meztre à l'effui. À Quand elle eft à moitié feche, on l’humeéte com- me au défoncement , & on la refoule fur la claie pendant deux ou trois heures plus où moins , felon que les foffes qu’on y remarque , &c qu'il faut effa- cer, font plus on moins confidérables. Cette ma= nœuvre, qu'on appelle reterir, fe donne fur la peau pliée & dépliée en tout fens, comme au défonce- ment. La peau retenue fe remet à l’eflui; mais on la laifle fecher entierement, pour l’appointer, c’eft- à-dire lui donner un dernier refoulement à fec. Cela fait, on la corrompr. Ce travail s'exécute avec un inftrument de bois d’un pié ou environ de longueur fur fix pouces de largeur , plat d’un côté, arrondi de l’autre, traverfé à fa furface arrondie, felon fa largeur, de rainures paralleles, qui forment comme des efpeces de longues dents , & garni à fon côté plat d’une mañicle de cuir. On appelle cet inf- trument une pornelle. Il y en a de différentes fortes, felon les différentes manœuvres. Voyez Les fig. 8. 10, 11. L'ouvrier pañle la main dans la manicle, place la peau fur un établi, & conduit la pomelle en tout fens fur la peau, en long, en large, de chair & de fleur. Il faut obferver que la peau dans cette ma- nœuvre neft pas couchée à plat, & que la portion que l’ouvrier corrompt, eft toüjours comme rouléé de deflous en deflus ; de cette maniere la pomelle en agit d'autant mieux fur le pli. Voyez fs. D, un ouvrier qui corrompt & tire à la pomelle. Lorfque la peau a été corrompue & tirée à la po- melle , on la ner en fuif. Pour cet effet on a du fuif dans une grande chaudiere; on le fait chauffer le plus chaud qu’on peut, on en puife plein un petit chauderon : on a de la paille, on y met le feu; on pafe la peau à plufieurs reprifes au-deflus de ce feu, afin de l’échauffer, d'ouvrir fes pores, & de la dif- pofer à boire mieux le fuif. On prend une efpece de lavette faite de morceaux d’étofte de laine ; on ap- pelle cette lavette paire ou gipon, Voyez la fig. 5. On la trempe dans le chauderon de {uif, & on la pañle de fleur & de chair fur toutes les parties de la peau. Ce premier travail ne fufñt pas pour mettre la peau convenablement en fuif ; on le réitere en en- tier, c’eft-à-dire qu'on la repañle fur un nouveau feu de paille, & qu’on l'imbibe de rechef de fuif 276 COR avec le gipon. On là met enfuite tremper dans un tonneau d’eau froide, du foir au lendemain, c’eft-à- dire environ dix à douze heures. On la tire de cé bain pout la refouler, & en faire fortit toute l’eau : elle eft pliée dans ce travail, comme au défonce ment. Lorfqu’on s’apperçoit qu’elle eft affez foulée, on la crépis Pour la crépit, on tourne la fleur en haut, où le côté dé chair eft pofé fur la table ; on prend la pomelle, & on la conduit fur toute cette furface, puis on la rebroriffe. Rebrouffer, c’eft mettre le côté de chair en haut, & pañler la pomelle fur le côté de la fleur. Pour bien entendre cette manœuvre, il faut fe rappeller que pour fe fervir de la pomelle on roule la partie fur laquélle on travaille, de deffous en deflus , & que par conféquent il faut que le côté qu'on veut travailler, foit toijours appliqué contre la table, & l’autre côté en haut. Quand la peau eft crêpie de chair & rebrouflée de fleur, on l’étend fut la table ; on l’effuie fortement avec des écharnures | Où Cespieces de chair qui ont été enlevées de la peau avec la drayoire, puis on l’ertre. On a pour cette manœuvre un morceau de fer plat, épais de cinq à fix lignes, & large par en- bas de cinq à fix pouces ; la partie étroite forme la. poignée , & la partie large & circulaire eft en plan incliné, & arrondie par fon tranchant. Voyez l’étire, fig. 2. On concu * inftrument à force de bras, de fleur, fur toute là peau, pour l’unir & l’érendre ; c’eft ce que fait l’ouvrier C': alors la peau eft prête à recevoir le noir. Le noir eft compofé de noix de galles & de fer- railles , qu’on fait chauffer dans de la bierre aigre; ou bien on laifle le tout tremper dans un tonneau pendant un mois en été, & deux en hyver, à moins qu'on ne tienne le tonneau à la cave, On donné le noir à la peau avec une brofe ordinaire, ou un gi- pon ; on la trempe plufieurs fois dans la teinture, & on la pafle fur la peau de fleur ; jufqu’à ce qu'on s’apperçoive qué la couleur a bien pris: f le noir graifoit , ce feroit parce qu'il feroit trop épais ; alors où y jetteroit un ou deux feaux d’eau. Quand ce premier noir eft donné & que la peau eft efforée ou à demi-feche , on la retient : la resemir dans ce cas- ci, c’eft étendre fut la table &c y repañfer de fleur , & fortement l’étire , jufqu'à ce qu'on s’apperçoive que la peau eft bien umie, & que le grain eft bien écrafé : c’eft le termé. Alors on donne un fecond noir, appéllé or de foie ; c’eft un mêlange de noix de galle, dé couperofe , & de gomme arabique ; on a foin d'étendre bien égale- ment la couleur ; on fait fécher entierement la peau. On la remet feche fur la table. On a de la bierre aï- gre , on en charge la peau avec un morceau d’é- toffe , on la plie de patte en patte ; on prend une moyenne pomelle de bois, on la pañfe fur la fleur qui touche par conféquent la table, puis on rebrouffe fi la fleur avec une pomelle de liége : cela s’appelle corrompre des quatre quartiers , &t couper le grain. Après Pavoir rebrouffée , on la charge encore de bierre, qu’on chafle avec une torche de crin bouil- lie dans de la lie de chapelier : après quoi on prend le valet qu'on voit fig. 12. on ferre par fon moyen la peau fur la table, du côté de la tête: ce valet eft un morceau de fer récourbé, dans la courbure duquel la table &x le cuir peuvént être recûs ; il a un pouce de largeur, fut environ un pié de long. On achève de nettoyer la peau avec l’étire, d’a- bord du côté de la fleur, enfuite du côté de la chair ; avec cétté différence que l’étire qui fert de chair eft un peu tranchante. On l'effuie de fleur & de chair, après ce travail ; on fe fert pour cela d’un vieux bas d’eftame , qu'on appelle le Bureau : après quoi on l’éclaircre. Ceïte façon fe donne feulement de fleur : on fe COR fert pour cela du fuc de l’épine-vinette, qu’on a laif- {é macérer & fermenter pendant vingt-quatre heu- res ; après lavoir écrafée. On luftre le côté de fleur feulement , avec ce fuc. Quand la peau eft luftrée , il ne refte plus qu’à lur donner le grain: on entend par le graiz; ces efpeces de gerfurès qu’on apperçoit à la peau. Pour Les comi- mencer, On a plié la peau la fleur én-dedans , & on. la preflée à l'étire en plufeurs fens , comme nous l'avons dit plus haut. Et pour achever , on la dreffe ou plie la fleut en-dedans , après fon premier luftre ; 1°. de quatre faux quartiers , c’eft-à-dire des quatre coins , mais un peu de biais ; 2°, detravers, c’eft-à- dire en long, œil contre œil; 3°, en large, ou de queue en tête: on fixe le grain en preffant fortement la peau avéc l’étire, fleur en-dedans, dans tous ces fens. Puis on pañle la peau au fecond luftre , qui fe compofe de bierre, d’al, de vinaigre , de gomme ara- bique , & de colle de Flandre, le tout bouilli enfem- ble , mais appliqué à froid. Ce luftre appliqué , on la plie , & on la pend la fleur en-dedans , en faifant paf- {er la cheville dans les deux yeux. Travail des veaux noirs à chair graffe. On les mouil- le d’abord, puis on les boute fur le chevalet jufqu’à la tête : lé outoir eft un couteau à deux manches , droit, peu tranchant; c’eft pourquoi on l’appelleaufñ couteau fourd, Après avoir bouté la partie de la peau qui doit l'être, on travaille la têre aŸec la drayire, ce qui s’appelle dégorger. La chair étant un peu plus épaifle à la tête qu'ailleurs, on fe fert du couteau à revers ou de la drayoire pour cetté partie, &c du cou- teau fourd pour le refte. Ces deux opérations net- toyent la peau de la chair que le tanneur peut y avoir laiflée. Après cela on la fait fécher entierement, & on la ponce, c’eft-à-dire qu’on paffe une petite pierre forte & dure fur tout le côté de la chair ; afin d’ache- ver de le nettoyer. Ce travail ef fuivi de la manœuw vre par laquelle on corrompt ; on corrompt la peau de quatre quartiers, on la rebroufle de queue en té- te, on la met en fuif, & on l’acheve comme la vache. Travail des moutons noirs. On commence par les ébourrer à l’étire : ce travail les nettoye du tan qui y eftrefté attaché ; on les mouille, on les foule & roule fur la claie ; on leur donne l'huile du côté de la fleur feulement ; on les met au bain d’eau fraîche, on en fait fortir l’eau à l’étire, ce qui s’appelle écou/er ; on leur donne le noir ; on les repañle ; on les retient ; on les feche entierement ; on les corrompt; on les re- brouffe , & on les pare À la lunette! Le parois eftun chevalet, qui n’eft pas plus difficile à concevoir que celui du travail des vaches noires, quoiqu'il foit fort différent. La peau eft fixée à la partie fupériêure fur un rouleau , ou fur une corde au défaut de rouleau ; louvrier pafle autour de lui la lifiere qui correfpond aux deux branches de fa tenaille : cettelifiere defcend au bas de fes fefles qui la tirent fafifamment pourque la tenaille morde ferme l’extrémité de la peau, Pap- proche de lui, & la tende; la peau lui préfente la chair. Sa lunette eff un inftrument de fer , femblable à un palet, d’un pié de diametre ou environ, percé dans le milieu, &r tranchant fur toute fa circonféren- ce ; les bords du trou font garnis de peau. L’ouvrier paffe la main dans cette ouverture qui a fix ou fept pouces de diametre , & conduit le tranchant de la lu- nette fur toute la furface de la peau , pour en enle- ver le peu de chair qui a pû échapper à l’étire. Le refte du travail s’expédie comme à la vache noire. 7oyez Jg. E, un ouvrier qui pare; fe 6, la tenaille avec fon cordon; & fig. 7. {a lunette. Travail du cuir liffé. n’y en a que de bœufs & de vaches. On les mouille, on les foule, on les tire à la pomelle ; on les rebrouffe, on les boute ; on en con- tinue le travail comme aux vaches noires, jufqu’au fuif qu'on donne très-fort, & à plufieuts reprifes de fleur & de chair. On lés met au bain à l’eau fraîche: On continue, cotime nous l'avons prefcrit pour la vache retournée, jufqu’au fecond luftre , après le- quel on les met en prefle entre deux tables pour les applatir. Pendant tout ce travail, on n’a ni corrom- pu ni dreffé. Maïs le noir n’eft pas la feule couleur que les Cor: royeurs donnent aux peaux ; ils en fabriquent en jaune , rouge , verd , & blanc. Voici la maniere dont la préparation en eft décrite dans le diétionnaire dé Commerce. Nous ne répondons pas de leur fuccés , les ouvriers étant vraiflemblablement aufli cachés, lorfque M. Savari faifoir fon ouvrage, qu’ils le font aujourd’hui. Le jaune fe compoie de graine d’Avi- gnon & d’alun , demi-livre de chacun fur trois pin- tes d’eau, qu’on réduit au tiers. Le rouge, de bois de Brefil, deux livres fur quatre feaux d’eau : rédui- fez le tout à moitié par l’ébullition ; tirez au clair, rémettez fur le Brefñil même quantité d’eau que la premiere fois, reduifez encore à moitié par une ébul- tion de fix heures ; rejettez la premiere teinture fur cette féconde , & laiflez-les toutes deux environ deux heures fur le Brefil, & fur le feu. Le verd, de gaude; mettez une botte de gaude fur fix feaux d’eau ; laïf- fez bouillir Le tout pendant quatre heures à petit-feu; ajoûtez enfuite quatre livres de verd-de-gris. Le blanc ne demande aucune préparation particuliere, c’eft la couleur même du cuir pañlé en huile ; couleur qui éft d'autant plus belle, que le jaunâtre en ef plus éclatant. Pour pañler ces peaux en blanc, on les com- ménce comme pour les autres couleurs ; enfuite on les pañle en huile, ou au déprais des Chamoïfeurs. Voyez CHAMOISEURS. Quand elles font feches, on . Iés refoule à fec, on les corrompt, on les rebroufle «des quatre quartiers, on les repare à la lunette; on les refoule à fec encore une fois, on les ponce, on les corrompt derechef & rebroufle de quatre quar- tiers ; & pour les redreffer de grain, on les corrompt de travers, & de queue en tête. On n’apprète ainf que des vaches & des veaux, qu’on appelle façon d'Angleterre, La différence des tentures n’en apporte point aux travaux ; 1l faut feulement obferver que celle qu'on deftine à être pañlées en jaune, ne fe paffent point en alun , parce qu’il en entre dans leur teinture. Foy. l’articlé CHAMOISEUR , fur la maniere de paffer les peaux en couleur jaune. Voici donc le travail qu’il faut donner aux peaux qu’on veut teindre. On com- mence par les brofler du côte de la fleur avec des brofles ni molles ni rudes ; on les trempe dans l’eau; on les foule dans l’eau, on les défonce au fortir de l’eau ; on les draye, boute, ou ébourre , felon leur qualité ; on les féche , on les remet au bain pour peu de tems ; on les refoule dans ce bain, on les écoule à l’étire, on leur donne une huile legere du côté de chair feulement, on les met à eflorer ; on les retient avec une étire de cuivre, on les feche entierement; on Les humeëte avec le gipon d’une eau d’alun, fai- te d’une livre de cet ingrédient fur trois pintes d’eau, on les met eflorer; on les défonce, au moins pen- dant deux à trois heures; on continue le travail, crépiflant des quatre quartiers , rebrouflant de tra- vers, & féchant entierement jufqu'au moment où il faut les teindre : alors on leur donne de fleur la cou- leur qu’on fouhaite , d’abord de queue en tête, puis de travers. On les met féchet, on leur donne la {e- conde couleur quand elles font toutes feches , on les rebrouffe , & on les finit comme les vaches retour- nées. Cela fait, on les décrafle au couteau de revers fut le chevalet ;‘on lés ponce, on les retire des qua- tre quartiers & de travérs ; on leur donne leur [uf- tre, avec le blanc d'œuf battu dans une pinte de la couleur; on.les feche entierement, ou on les ef- {ore feulement ; on a une lifle de verre , commé on COR 299 la voit figure 13. 8 on la pañle fur toute La peau, La life des Corroyeurs n’eft pas différente, ni pour la matiere , ti pour la forme de celle des Linpéres; elle eft feulement plus pefante &-plus forte, Travail des vaches érirées, Après qu’elles ont été mouillées, on les rebrouffé avec une pomelle à ar- ges dents, fans les avoir foulées ni défoncées ; on les draye au chevalet, on les rebroufle des quatre quartiers & de queue en tête; on les mouille de fleur êt de chair, avec un gipon de ferge, mais le mouil. lage eft leger de chair ; on les étend fur la table, on lés retient avec l'étire de cuivre, puis on les prefle à demi-feches entre deux tables. … Travail des cuirs gris, Ils fe fabriquent comme les liés ; mais on ne les pafle point en teinture , & on ne les Liffe point. CORROYER DU SABLE, chez les Fondeurs , c’eft le paffer plufieurs fois fous le bâton & le conteau : pour le rendre plus maniable, en écrafer toutes les mottes , & le difpofer à prendre plus exa@tement les diverfes empreintes des modeles qu'on veut jetter en cuivre. Poyez FONDEUR EN SABLE. CORROYER DU 8018, (Meruiferie.) c’eft le dref {er pour le mettre en œuvre , au moyen d’une demi- varlope & de la varlope. CORROYER LA TERRE GLAISE : les Pofiers de terre, les Fournalifles , les Sculpreurs, & les Fontai- niers , {e fervent de ce terme pour exprimer la fa: çon qu'ils donnent à la terre glaife qu'ils veulent employer dans leurs ouvrages , en la pétriffant & la remuant, foit ayec les mains, foit avec les pis. Voyez POTERIE. * CORROYER LE FER, (Serrurerie, Taillanderie , Coutellerie, & autres ouvriers en fer.)c’eft le préparer à la forge pour différens ouvrages. Cette premiere opération confifte à le battre fur l’enclume , pour en Ôter les pailles, l’allonger, le reforger, le refouder, Ce CorroYER fe dit encore de lation d’un forge- ron qui de plufeurs barres de fer qu'il foude enfem- ble, n’en fait qu'une. Si l’union de ces barres eff bien intime &c bien faite , on dit de la batre entiere qu’- elle eft bien corroyée, CORROYEUR , f. m. artifan qui a le droit de corroyer & faire corroyer les cuirs, en qualité de membre d’une communauté de ce même nom. Voy. CORROYER LES CUIRS 4 l’article CORROYER. Les ouvriers qui donnoïent la derniere prépara- tion aux cuirs au fortir des mains des Tanneurs, for- moient autrefois quatre communautés , appelle Corroyeurs , Baudroyeurs , Cordoïianiers | & Sueurs. Les Corroyeurs travailloient les cuirs blancs, les - Baudroyeurs les cuirs de couleut , les Cordotaniers ne prépatoient que les cordoians ou efpeces de ma- roquins , enfin les Sueurs donnoient aux cuirs le fuif & la graifle. On ne fait pas la date dé la réunion dé ces communautés ; mais on ne connoit plus que Ïa communauté des Corroyeurs, dont les ftatuts font de 1345. | Cette communauté eff régie par huit jurés, dont quatre font appellés jurés de la conférvation , & les autres , Jurés de la vifitation royale. On élit tous les ans deux jutés de la confervation , & 1l en fort deux jurés de la vifitation ; ainf leur jurande dure quatre ans , favoir deux ans à la confervation, & deux ans à la vifitation. Un maître doit avant que d’être juré, avoir été pendant un an receveur , c’eft-à-dire avoir fait la perception de tous Les nouveaux droits , tant de ré: ception que de lotiffage , ordonnés par la déclara- tion du 7 Juin 1692, pour acquitter lés dettes de la communauté. | La vifitation royale fe fait tous les mois par Les ju. rés Corroyeurs chez les Corroyeurs ; mais il s’en faitune 276 COR autre tous Les deux mois pat les jurés. Corroyeurs &t Cordonniers., cheziles maîtres Cordonnièrs. Il y a.encore deux autres jurés pour la marque des cuirs, qu'on appelle les Jurés du rnarica. La. difcipline de cette communauté eft 4-peu-près la même que célle de toutes les autres communautés, CORRUCHE, ( Géog. mod.) petite ville de Por- tugal dans l'Efframadoure, fur une riviere de même nom, ail CORRUGATEUR, fm. (Anar) mufcle qui fert au froncemert des fourcils. Voyez SOURCILS. ._ CORRUPTIBLE,, adj. defigne ,au Moral, ce qui peut être corrompu, au Phyfique, ce qui peut fe corrompre. Voyez CORRUPTION. * CORRUPTEUR, f..m,( Morale. ) ne fe prend plus qu’au figuré ; celui quu porte dans les mœurs d’un autre la dépravation qui regne’dansiles fiennes. …… CORRUPTICOLES, f. m. pl. (AJ, ecclef.) font des hérétiques Eutychiens qui parurent vers l’an $31 de Jefus-Chrift, & qui eurent pour chef Severe , faux patriarche d'Alexandrie, Cétte feéte naquit en Egypte ; car Severe s'étant retiré à Alexandrie y font, que le corps de Jefus- Chrift étoit corruptible , que les peres l’avoient re- connu, & que le nier, c’étoit nier la vérité de la paf fion du Sauveur. -:- - D'un autre côté Julien d'Halicarnafle, autre Eu- tychien aufli refugié.en Egypte, foûtenoit que le corps de-Jefus -Chrift a toûjours été incorruptible; que de dire qu'il étoit corruptible, c’étoit admettre de la diftindion entre Jefus-Chrift & le Verbe, & par conféquent deux natures en Jefus-Chrift, Voyez EUTYCHIEN. ci Le peuple d'Alexandrie fe partagea entre ces deux opinions : les partifans de Severe furent appellés Corrupticoles ,c’eft-à-dire adorateurs du corrupti- ble ; & ceux de Julien, Zzcorruptibles ou Phantafraf tes. Le clergé d’Alexandrie & les puiffances féculie- res favoriferent les premiers ; mais Les moines & le peuple tmrent pour les feconds. Di. de Trév. (G) CORRUPTION, f, f. en Philofophie, eft l’état par lequel une chofe cefle d’être ce qu’elle étoit; on peut dire que le bois eft corrompu , quand nous ne le voyons plus fubffter, & qu’au lieu du bois nous trouvons du feu : de même l’œuf eft corrompz,quand 1l cefle d’être un œuf & que nous trouvons un pou- let à fa place ; car corruption n’eft pas pris 1c1 dans le fens vulgaire. De-là cet axiome de Philofophie, que La corruption d’une chofe eff la génération d'une autre. La corruption differe donc de la génération, comme deux contraires different l’un de l’autre. Elle differe de l’altération, comme un plus grand d’un moindre , -ou comme le tour de fa partie. Une chofe eft dite a/rérée lorfqu’elle n’eft pas tellement changée qu’on ne la puiffe reconnoïtre , & qu’elle conferve encore fon ancien nom : mais après la cor- ruption , ai lun ni l’autre ne fübfiftent plus. Voyez ALTÉRATION. | Mais comme dans la génération aucune matiere w’eft véritablement créée , ainfi dans la corruption rien n'eft réellement anéanti, que cette modifica- tion particuliere qui conflituoit la forme d’un être, & qui le déterminoit à être de telle ou telle efpece. Voyez FORME € GÉNÉRATION. Chambers. Les anciens croyoient que plufieurs infeétes s’en- gendroient par corruption. On regarde aujourd’hui cette opinion comme une erreur, quoiqu'elle pa- roïffe appuyée par des expériences journaleres. En eflet, ce qui fe corrompt produit tobjours des vers : mais ces vers n’y naiflent, que parce que d'autres infeétes y ont dépoié leurs œufs. Une expérience {enfble prouve cette vérité. Prenez du bœuf tout nouvellement tué ; mettez- en un morçeau dans un pot déçouvert, & un autre motceau dans tn pot bien net, que vous coùvrirez fur le champ avec une piece d’étoffe de foie, afin que Pair y pafle fans qu'aucun infeéte y puifle dé- pofer fes œufs. Il arrivera au premier morceau ce qui eft ordinaire ; il fe couvrira de vers, parce que les mouches y font leurs œufs en liberté ; l’autre morceau s’altérera par Le paflage de l'air, fe flétrira, fe reduira en poudre par l’évaporation; maïs on n'y trouvera ni œufs, ni vers, ni mouches. Tout au plus les mouches attirées par l’odeur viendront en foule fur le couvercle, effayeront d’entrer, & jetteront quelques œufs fur Pétoffe de foie, ne pouvant entrer plus avant. Au fond , il eft auf abfurde ,\felon M. Pluche , de foûtenir qu’un morceau de fromage en- gendre des mites, qu'il le feroit de prétendre qu’un bois ou une montagne engendrât.des cerfs ow des éléphans. Car les infeêtes font des corps organifés, & auf fournis des différentes parties néceflaires à la vie, que le font les corps des plus gros animaux. Cependant quelques philofophes modernes paroif. fent encore favorables à l'opinion ancienne dela génération par corruption , du moins en certains cas. M. de Buffon, dans fon Aufloire naturelle, pag. 320. 1I. vol, paroïît incliner à cette opinion. Après avoir expofé fon fyftème des molécules organiques, dont il fera parlé À l’arsicle GÉNÉRATION , il en conclut qu'il y a peut-être autant d'êtres, foit vivans foit végétans, qui fe produifent par l’afflemblage fortuit des molécules organiques, qu'il y en a qui fe pro- duifent par la voie ordinaire de la génération; c’eft, dit-il, à la produétion de cette efpece d'êtres qu’on doit appliquer l’axiome des anciens, cerruprio unius generatio alterius. Les anguilles qui fe forment dans la colle faite avec de la farine, n’ont pas d’autre ori- gine, felon lui, que la réunion des molécules orga- niques de la partie la plus fubftantielle du grain. Les premieres anguilles qui paroïflent, dit-1l, ne font certainement pas produites par d’autres anguilles ; cependant quoique non-engendrées, elles en engen- drent d’autres vivantes. On peut voir fur cela un plus grand détail dans l’endroit que nous abrégeons. On ne peut nier que généralement parlant les parti- cules qui compofent un infeéte, ne puiffent être raf- femblées par une autre voie que par celle de la ge- nération : du moins nous connoiffons trop peu les voies & le méchanifme de la Nature, pour avancer là - deflus une affertion trop exclufive. Il eft certain par Pexpérience, que dans la plüpart des cas où les infeétes paroïffent engendrés par corruption , 1ls le font par génération ; mais eft-1l démontré dans tous les cas, que la corruption ne puifle jamais engendrer de corps animé ? c’eft ce qu'il faut bien fe garder d’afirmer d’une maniere pofitive. Au refte, M. de Buffon lui-même avoue qu'il lui faudroit plus d’ob- fervations pour établir entre ces êtres ainfi engen- drés , des claffes & des genres. (0) | CORRUPTION DES HUMEURS, ( Pathologie.) ex- preflion qui défigne un vice imaginaire, fi on l’em- ploye comme fynonyme de purréfatlion , où même d'acrimonie, dans l'hiftoire des maladies ou des af. fetions contre-nature de l’animal vivant ; expref- fion fauffe ou peu exacte, prife dans le même fens w’abberration , ou état contre-nature des humeurs l'animal vivant, parce qu’elle femble trop fpéci- fier ou n'être pas aflez générale. Voyez ACRIMONIE DES HUMEURS au mot HUMEURS. (b) * CORRUPTION PUBLIQUE, (Polrig. 6 Morale.) elle a deux fources; l’inobfervation des bonnes lois ; l’obfervation de lois mauvaifes. [l m'a toûjours fem- blé plus difficile de faire obferver rigoureufement de bonnes lois, que d’en äbroger de mauvaïtes. L'abro- gation .eft l'effet de l'autorité publique. L'obferva- tion eft l'effet de l’intégrité particuliere, CORRUPTION DU SANG, (7/2. mod,) Les An- COR glois appellent ainfi la tache imprimée fur tous les defcendans d’un criminel de feze-majefté , qui les rend incapables des charges & emplois publics, & les dégrade de nobleffe s'ils font gentilshommes, 7; DÉGRADATION. Si le rot accorde des lettres de pardon, elles em- pêchent que les enfans qui naîtront depuis ne parti- cipent à cette corruption du fang ; mais elles ne re- habitent pas ceux qui étoient nés auparavant. (G) CORSAGE ,f. m. (Fénerie) {e difoit autrefois de la forme du corps humain ; il ne fe dit plus que de la forme du corps du cerf. CORSAIRE , FORBAN , PIRATE , ( Marine.) écumeur de mer, tous noms fynonymes pour défi- gner celui qui arme un vaiffeau en guerre, fans au- cune commufion , pour voler indifféremment les vaifleaux marchands qu’il rencontre à la mer. Les corfaires ou forbans font traités comme des voleurs publics ; & lorfqu’on les prend, on peut les pendre fans autre forme de procès. Ceux qui font la courfe avec plufieurs commif- fions de différentes puiffances , font traités comme Jorbans. . Il ne faut pas confondre le corfaire avec l’armateur; ce dernier ne fait la courfe que fur les ennemis de Pétat, avec commiflion particuliere de fon prince. (2) taie, dans la mer Méditerranée, appartenante à la république de Genes. Les Corfes font remuans, vin- dicatifs, & belliqueux. CORSELET , f. m. (Arr. milir.) cotte de maille, armure défenfive en forme de tunique, qui defcen- doit depuis le cou jufqu’au milieu du corps. Elle étoit faite de petits anneaux ou mailles de fl de fer tor- tillées & entrelacées les unes dans les autres Voyez MAïLLE. On appelloit auffi cette armure aberge, hauberge, haubere, habert, hauther, hautbert, & hauberk. Spelman croit que tous ces mots font dérivés du gaulois Law/r, haut, & Berg, armure, parce que cette arme fervoit à defendre la partie fupérieure du corps. Ducange &c Skinner aiment mieux tirer fon origine du belgi- que hais, ou du teutonique ka%z, cou, & berger, couvrir, à caufe que cette cotte de maille fervoit principalement à couvrir le cou; d’autres le font ve- nir du même mot berger, couvrir, & de 4/ ou alla, tout, pour fignifier que le hautbert couvroit tout le corps. Voyez HAUBERT. (G) On le donnoit autrefois aux piquiers , que l’on plaçoit pour l’ordinaire fur le front & fur les flancs d’une armée , pour mieux réfifter aux attaques de l'ennemi , & pour mieux défendre les foldats qui \ étoient devant ou derriere eux. Voyez CUIRASSE. * Vaugelas obferve que les sens de mer étoient au- trefois armés de corfélers. ( Q CORSERON ox COCHON, f. m. rerme de Péche, eft un petit morceau de liése, que l’on frappe fur la pille de l’ain. Voyez LiGnE. _ CORSET, fub. m. Le corfér de nos dames eft un petit corps ordinairement de toile piquée & fans ba- leine, qu’elles attachent par-devant avec des cor- «ons plats on avec des rubans | & qu’elles portent dorfqu’elles font en deshabillé ; maïs le cofes étoit . aux dames Romaines le plus brillant de tous leurs ajuftemens. On fe fervit d’abord de ceintures ou de bandes, dont les jeunes perfonnes fe ferroïent le fein, qui jufques-R, pour ainfi dire, n’avoit été foûtenu que par les mains de la Nature. Le Phédria de l’eunuque de Terence, dit à fon valet,d’une jeune beauté dont l" il avoitété frappé fubitement ; « Cette fille n’a rien de # commun avec les nôtres, à qui leurs meres s’effor- » cent de baïfler La taille, & qu’elles obligent de fe CORSE , (Géog. mod.) île très-confidérable d’I- COR 279 ”_» ferrer le ein avec des bandes pour paroître plus » menues ». Ïl y a apparence que ces bandes donne- rent enfuite la premiere idée des corfèrs, & ils ne fu- rent pas long tems en ufage fans qu’on les décorät de toute la parure que le luxe & lenvie de plaire peu- ventimaginer. Voyez les mém, de l'acad. des Infcripe, & les auteurs fur l'habillement des dames Romai- nes. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. CORSNED , f. m. (Æif. anc. d'Angl.) manicre de fe purger d’un crime parmi les Anglo-Saxons. Une des manieres recûes chez les Anglo-Saxons pour fe purger d’un crime, s’exécutoit par le moyen d’une once de pain ou de fromage confacrée avec beaucoup de cérémonie , qu’on dônnoit à manger à la perfonne accufée, qui devoit être à jeun. On croyoit que fi elle étoit coupable , ce morceau de- voit s'arrêter dans fon gofer & l’étouffer, mais qu” au contraire elle l’avaleroit aifément fi elle étoitin- nocente, Voilà où en étoient nos peres. Le formulaire de l’imprécation qu’on prononçoïit en lui préfentant ce morceau , après qu’elle avoit reçu la communion, étoit tel : Pxife fon vifage deve- nr pâle, fès membres étre attaqués de convulfions ; G qu'un changement affreux paroiffe fur tout for corps JE elle eff coupable, Cette maniere d’épreuve étoit vraif- femblablement , comme le penfe M. de Rapin, imi- tée des eaux de jaloufie, dont ont voit l’inftitution dans l’ancien Teftament, Nombres, chap. v. On ap- pelloit ce morceau confacré corfned, du mot fride , qui veut dire couper on ur morceau coupé, & de corfe (on écrit à préfent curfe) qui fignifie maudire, parce qu'on croyoit que ce morceau portoit la malédiétion dans celui qui étoit coupable. Voyez ÉPREUVE. Arr, de M, le Chevalier DE JAUCOURT, CORSOER , (Géog. mod.) petite ville du royau- me de Danemark, dans l’île de Séeland, avec un fort fur la mer Baltique. CORSOIDE, f. f. (Lytholog.) pierre figurée , ou efpece d’agate où l’on voit une tête à chevelure hu- maine, | CORTE, (Géog. mod.) petite ville d'Italie, dans l’île de Corfe , avec un fort château. Long. 25, 55, lat, 42. 12. CORTEGE, f. m. (Æf. mod.) {e dit générale- ment de tout ce qui accompagne ou fuit une per- : fonne confidérable, comme un prince, un ambafa- deur, 6c. dans quelque cérémonie publique , telle qu’une entrée, 6c. hommes, chevaux, équipages. Je ne crois pas qu’on puiffe dire le corrége d’un fou- verain. CORTELIN , {. m. (Æif. mod.) nom d'officiers des empereurs de Conftantinople ; c’étoient de fim- ples portiers du palais, qu’il ne faut pas confondre avec les cortinaires. Voyez CORTINAIRES. CORTEMIGLIA, (Géog. mod.) petite ville d’I- tale , au duché de Montferrat, dans Le pays d’Alba, fur la riviere de Bormida. CORTICAL, adj. ez Anatomie, fe dit d’une fub= ffance qui environne une partie, comme l'écorce fait l'arbre. La fubftance corricale du cerveau, c’eft la partie extérieure du cerveau & du cervelet, où cette par- tie qui eff immédiatement au-deflous de la pie-mere, ainfi appellée, parce qu’elle entoure la partie inté- rieure ou médullaire, comme l’écorte d’un arbre lentoure. Voyez CERVEAU. On l'appelle auffi la Jubffance cendrée , à caufe de fa couleur grifätre oycendrée. Voyez CENDRÉE. Archange Piccolomimi Férrarois pafle pour avoir introduit le premier en 1526 cette divifñon du cer- veau en fubftance corticale ou cendrée, & en mé- dulaire ou fibreufe. Mais Vefale avoit déjà obfervé cette diftinétion, Liv. VIT, ch.jv. & en avoit donné la figure, Voyez SUBSTANCE MEDULLAIRE, 30 COR + “La fubftance certicale eft plus molle &cplus bumii- -de que la médullaire ; elle l'accompagne dans toutes fes circonvolutions. Elle ft formée par des ramif- cations capillaires des arteres carotides, qui fontun lafis dans les meninges., & qui de-là fe continuent dans cette fubftance par des ramifications capillaires imperceptibles. Voyez MENINGES. La plûpart des Anatomifles , après Malpighi, Bidioo, 6c. conviennent qu’elle eff glanduleufe, & que la fubftance médullaire n’en eft que la conti- nuation. Ruifch,.Bergerus, Vieuflens, 6:c. préten- dent qu’elle n’a rien de glanduleux. Foy. CERVEAU, CERvELET, @ MOELLE ALLONGÉE ; voyez auffi GLANDE, Ge. Chambers. (L) CORTINAIRE , fub. m. (if. mod.) nom d’offi- ciers des empereurs de Conftantinople affiftans toù- jours au-dedans de la cortine ou portiere de la chambre du fouverain, prêts à recevoir fes ordres. Il y avoit le comte ou chefdes cortinaires ou huiffiers de la chambre. | * CORTONE, (Géog. mod.) petite ville d'Italie en Tofcane. dans le Florentin. Long. 29. 37. lauir. 43-18. | CORTUSE, cortufas 1, £. ( Hiff, nat. bos. ) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Jac- ques Antoine Cortufus. La fleur des plantes de ce genre eft compofée de cinq pétales inégaux & dif- femblables. Il s’éleve du fond du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit ovoide & charnu, qui renferme un offelet divifé en deux loges, dans cha- cune defquelles 1l y a une femence menue & oblon- eue. Plumier, z0va pl. amer. gener. V. PLANTE. (1) * CORU, f. m. (ff. nat. bor.) arbre du Malabar, nain & femblable au coignafler ; il a la fleur jaune, prefque nulle odeur , la feuille du pêcher ; a l'écorce mince, légere, & d’un verd d’eau, pleine d’un fuc laiteux, épais, gluant, infipide, amer, froid & def- ficcatif, On fait un grandufage de cette derniere par- tie contre toute forte de flux. Yoyez la-deffus Rai & James. CORVEABLES , adj. pris {ubft. (Jurifprud.) {ont les fujets d’un feigneur qui font tenus de faire pour lui certains ouvrages, comme de faucher ou faner fes foins , fcier fes blés, faire les vendanges, curer les fofés du château, réparer les chemins, 6c. Ils font appellés angarii où angararii par Frédéric IL. roi de Sicile, Zb. I. conffitut. ur, xlyiy, Lib, IT. ue, xxx, & hb. tit. x. & lx. Voyez Le gloffaire de M. de Lauriere au mot corvéables , & ce qu eft dit ci- après au mot CORVÉES. (4) CORVEABLES A MERCI 04 A VOLONTÉ, font ceux qui doivent des corvées indéfiniment, fans que le tems ni le nombre en foit limité. Voyez ci - après CoRvÉESs à la fubdivifñon corvées à merci, & le glof faire de M. de Lauriere au mot corvézbles. (4) CoRvÉE, {. f. (Jurifprud.) eft un fervice que le fujet doità fon feigneur, tel que l'obligation de fau- cher ou faner fes foins, de labourer fes terres & fes vignes , de fcier fes blés, faire fes vendanges, bat- tre fes grains, faire des voitures & charrois pour lui-même ; lui fournir à cet effet des bœufs, che- vaux, &autres bêtes de fammes ; des charrettes, & autres harnois ; curer les foflés du château, réparer les chemins, & autres œuvres femblables. Dans la bafe latinité la corvée étoit appellée cor- vata : quelques-uns prétendent que ce terme vient à curyando, parce que celui qui doit la corvée {e courbe pour l’acquitter ; d’autres tiennent que ce terme eft compofé de deux mots cor & vê®, dont le dernier en vieil langage lyonnois fignifie peine & travail. Cette étymologie paroït d'autant plus naturelle, que la corvée eft en effet ordinairement un ouvrage de corps, & que l’origine de ces fervitudes vient des pays de droit écrit & du droit Romain. COR Les corvées chez les Romains étoient dé deux for: tes: favoir, celles qui étoient dûes à des particu- hers; celles que l’on mettoit au nombre des charges publiques, & que tout le monde devoit, La premiere forte de corvées , c’eft-à-dire celles dües à des particuliers, étoient principalement dûes aux patrons par leurs affranchis appellés Zibersi.C’é- toient des conditions & des devoirs impofés aux ef- caves lors de leur affranchiflement. Cette matiere eft traitée dans plufeuts titres du Droit; favoir, au digefte de muneribus & honoribus patrim. de excufatione & vacatione munerum ; & au code:de muneribus patrim. & autres titres. | Les corvées y {ont appellées opere ; & les lois les regardent comme un travail d’un jour, & qu fe fait de jour, diurnum officium. Il y avoit pourtant des corvées dûes de jour & de nuit, comme le guet &. arde, vigiliæ , excubie, : 2 Les lois diftinguent les corvées en officiales & en fabriles, feu artifictales. Les premieres confiftoient à rendre certains devoirs d'honneur au patron, com- me de l'accompagner où il alloit. Les autres conf. toient à faire quelque ouvrage ; & fous ce point de vüe les lois comprenoient même ce qui dépendoit de certains talens particuliers, comme de peindre , d’exercer la Medecine, même de joiier des pantomi- mes. Les corvées appellées officiales , n’étoient point cef- fibles, & ne pouvoient être dûtes qu’au patron per- fonnellement ; au lieu que les corvées fabriles ou ar tificielles pouvoient être dûes à toutes fortes de per- fonnes, & étoient ceffibles ; le patron pouvoit en difpofer , & les appliquer au profit d’une tierce per. fonne. Il n’étoit dû aucune corvée, qu’elle n’eût été ré- fervée lors de l’afranchiffement. Celles que laffran- chi faifoit volontairement ne formoient pas un ütre pour en exiger d’autres ; mais l’affranchi les ayant faites , ne pouvoit en répéter l’eftimation , étant. cenfé les avoir faites en reconnoïifance de la liberté à lui accordée: ce qu'il faut fur-tout entendre des corvées obféquiales ou officiales qui ne gifent point en eftimation ; car pour les œuvres ferviles , fi elles avoient été faites par erreur, & que le fujet en eût fouffert une perte de tems confidérable eu égard à fa fortune , 1l pourroit en répéter l’eftimation dans l’année, conditlione indebiti. Les lois Romaines nous enfeignent encore qu'on ne peut ftipuler de corvées, ou il y ait péril dela vie, . ni corvées deshonnèêtes & contraires à la pudeur. Que l’âge ou l’infirmité du corvéable eft une ex- cufe légitime pour les travaux du corps, & que dans ces cas les corvées n’arréragent point, quoiqu’elles ayent été demandées, parce que le corvéable n’eft pas en demeure, per eur non fleit. Que la dignité à laquelle eft parvenu le corvéa- ble l’exempte des corvées perfonnelles, comme sil a embraflé l’état eccléfaftique. | Que l’affranchi doit fe nourrir & fe vêtir à fes dé- pens pendant la corvée ; mais que s'il n’a pas dequoi fe nourrir, Le patron eft obligé de le lui fournir , ou du moins de lui donner le tems de gagner fa nour- riture. Que les corvées n’étoient point dûes fans deman- de, & qu’elles devoient être acquittées dans le lieu où demeuroit Le patron ; que fi l’affranchi demeuroit loin du patron, & qu'il lui fallüt un jour pour venir & autant pour s’en retourner , ces deux Jours étoient comptés comme s'ils euflent été employés à faire des corvées : de forte que fi Paffranchi devoit quatre jours de corvées , il n’en reftoit plus que deux à ac- quitter ; & le patron ne pouvoit Les exiger que dans un lieu fixe, & non pas fe faire fuivre par-tout par fon affranchi, | Quand Ü |" OR : .lOuand l'afffanchi s'étoit obligé pat ferment de faire autant de corvées que le patron voudroit , cela devoit s’exécuter modérément , finon on les régloit ærbitrio boni viré: Les corvées officieufes ne pafloient point aux hé= ritiers du patron, mais feulement celles qu’on ap- pelloit fabriles ;.8c à l'égard de celles-ci, lorfqu’il en; étoit dû plufieurs, & que laffranchi laïfloit plufieurs, héritiers, l’obligation fe divifoit entr’eux. | Telles font les principales regles que l’on obfer: voit chez les Romains pour les corvées dûes par les äffranchis à leurs patrons, ou entre d’autres parti- culiers. « PT À l'égard des charges publiques appellées tantôt: munus publicun , tantôt onus 8c aufli obfèquia, c’eft- à-dire devoirs, par où l’on défignoit tous les travaux publics ; c’étoient aufi des efpeces de corvées, & qui étoient dûes par tous les fujets, On les diftinguoit en'charges perfonnelles , patrimoniales, & mixtes, On appelloit corvées ou charges perfonnelles, celles qui ne confiftoient qu’en travail de corps; patrimoniales ou réelles, celles ou le poffeffeur d’un fonds étoit taxé à fournir tant de chariots, ou autres chofes, fuivant la valeur de fon héritage. Le droit de gite, par'exemple, étoit une corvée réelle ; les pauvres qui ne poffédoient point de fonds n’étoient pas fujets à ces corvées réelles. On ne connoïfloit alors d’autres corvees réelles, que celles qui étoient établies par une : taxe. publique ;,il n’y en avoit point encore d’éta- blies par le titre de conceflion de l'héritage : enfin les mixtes étoient des travaux de corps auxquels chacun étoit taxé à proportion de fes fonds. Perfonne n’étoit exempt des corvées ou charges pu- -bliques patrimoniales, c’eft-à-dire réelles , ni les fo- rains, miles vétérans , ni les eccléfiaftiques , même les évêques; aucune dignité ni autre qualité n’en exemptoit lesphilofophes, les femmes, les mineurs: tous-étoient fujets aux corvées réelles, c’efl-à-dire dûes à caufe des fonds. On ne pouvoit s’en exemp- ter que quand c’étoient des ouvrages du corps, que l’âge ou l’infirmité ne permettoient pas de faire. L'origine des corvées en France vient des lois Ro- maines , que les Francs trouverent établies dans les Gaules, lorfqu’ils en firent la conquête. Les rois de la premiere & de la feconde race puiferent la plû- part de leurs ordonnances dans ces lois ; & elles con: tinuerent d’être le droit principal de plufieurs pro- vinces, qu'on appella de-là pays de droit écris, Il y eut même plufeurs difpofitions adoptées dans nos coûtumes, qui avoient aufl été empruntées du droit Romain. | Il ne faut donc pas s'étonner fi les corvées ufi- tées en France , même dans le pays coûtumier, font une imitation du droit Romain. Les feigneurs qui, dans les commencemens de la monarchie, ne tenoient leurs feigneuries qu'à titre d’ofi- ces & de bénéfices à vie ou à tems, vers la fin de la feconde race & au commencement de la troifieme, fe rendirent propriétaires de leurs feigneuries ; als ufurperent la puiffance publique & tous les droits qui en dépendoient. Ils traiterent leurs fujets com- me des efclaves ; ou s'ils les affranchirent , ce ne fut qu’à des conditions onéreufes , & fous la referve de certaines corvées. Ils s’attribuerent ainfi les devoirs dont les affranchis étoient tenus envers leurs pa- trons ; ils appliquerent de même à leur profit parti- culier les charges dont leurs fujets étoient tenus en- vers l’état, & par ce moyen s’attribuerent toutes les corvées publiques & particulieres : aufli trouve- t-on dans le droit Romain toutes les mêmes corvées qui font préfentement en ufage parmi nous, {oit en pays de droit écrit, foit en pays coûtumuer. On diftingue parmi nous , comme chez les Ro- Tome 1F, | COR 261: . mains, deux fortes de corvées ; favoir publiques, & _ particulieres, Les corvées publiques font celles qui font dûes pout | le fervice de l’état, ou pour l'intérêt commun d’une. | province, d’une ville ou d’une communauté d’has : bitans ; le Prince eft le feul qui puifle les ordonner . quand il le juge à propos: | Les corvées patticulieres font-celles qui font dûes | à quelques feigneurs, en vertu.de la loi du pays ou de quelque titre particulier, ou d’une poffefion qui tient lieu de titre. . 4h La plûpart des corvées particulieres ont êté acqui< fes, comme on l’a dit, par ufurpation ; mais depuis que les coûtumes ont été rédigées par écrit, on a eu l’atteñtion de n’admettre aucune de ces fervitudes, fielles ne paroïflent fondées fur une caufe & untitre. légitime. AK Roll. ; . Les capitulaites de nos rois, &c les ordonnances d'Orléans & de Blois, défendent de les exiger, ft elles ne font fondées en titre. “, Tous les auteurs, tant des pays de droit écrit qué des pays coûtumiers , conviennent unanimement que la pofleffion fans titre ne fuffit pas pour les éta= blir. . En pays de droit écrit, les corvées peuvent être fti= pulées par le bail à fief, & font réputées un droit feigneurial ; elles font reportées dans les terriers, comme étant des droits de la feigneurie, & néan- moins elles n’y entrent pas dans l’eftimation des ren- tes feigneuriales. On peut les acquérir du jour de la contradition:, lorfque les fujets les ont fervis de- puis pendant trente ou quarante ans fans réclamer. En Auvergne les corvées de juflice qui font à merci & à volonté, font feigneuriales, mais non celles qui font de convention. | À En pays coûtumier on ne les confidere point com-. me un droit ordinaire des feigneuries & juftices ,. mais comme un droit exorbitant & peu favorable, qui ne reçoit point d’extenfion, & doit être renfermé dans fes juftes bornes, Le droit commun veut qu’on ne puiffe les-exiger fans titre : il y a néanmoins quelques coûtumes qui. femblent fe contenter de la pofñleffion ; telles que Bafligny, art. 40. qui admet titre ou haute poflef- fion ; de même Nivernois, 6h. vis. art. 4 & 5. On tient aufh en Artois que vingt ans de poffeffion fufi- fent. La coûtume de Paris , ar. 71. requiert titre va- lable, aveu & dénombrement ancien. Le titre, pour être valable, doit être confenti par tous ceux contre lefquels on prétend s’en fervir. Il faut aufli que cet aéte ait une caufe légitime, &c qui ait tourné au profit des corvéables, tel qu'un affranchiflement ou une conceffion de communes, bois, pâtures. | | Un aveu feul, quelqu’ancien qu'il fût, ne forme- roit pas {eul un titre, étant à l’égard des corvéables res inter alios aifa ; il faut qu'il y én ait au moins deux conformes , paflés en différens tes, & qu’ils ayent été fuivis d’une poffeffion publique & non interrom- pue, & qu'il y ait preuve par écrit que les coryées ont été fervies à titre de corvées, & non autrement. Toutes ces preuves ne feroient même admiffbles que pour des corvées établies avant la téformation de la coùtume ; car l’ars. 186 portant que nulle fervi- tude fans titre, cela doit préfentement s’appliquer aux corvées qui font de véritables fervitudes. On ne connoît plus parmi nous ces corvées appel lées fabriles chez les Romains. On pouvoit flipuler que l’affranchi qui avoit quelque talent particulier, comme de peindre , où d’exercér la Médecine ou autre Art libéral , feroit tenu d’en travailler pour fon patron; mais en France, MA corvées | n 581 COR font odieufes , of les reftreint aux travaux ferviles de la campagne: c’eft pourquoi par arrêt rendu en là tournelle civile le 13 Août 1735, on jugea qu'un, notaire n’étoit point tenu, pendant les jours de cor= vée , de recevoir à ce titre tous les actes du féigneur, quoïiqué Paveu portât que chaque häbitant devoit trois jours de coryées de fon métier, comine le labou- reur de fa charrue, &c. : Ontient communément en pays de droit écrit, que tontes corvées y fontimprefcriptibles, fr ce n'eft du jour de la contradiétion. La raïfon eft que dans ces pays elles font feigneuriales ; mais pour leur donner ce privilégé d’être imprefcriptibles , 1l faut quelles tiennent heu de cens, autrement la pref- cription eft toùjours favorable de la part des cor- véables. En pays coûtumier, les corvées à volonté ne fe prefcrivent que du jour de la contradiétion, parce que'ce font des droits de pure faculté, qui ne fe per- dent point par le non-ufage, à moins que lé feigneur m'eût été cent ans fans en être fervi. Pour ce qui eft des autres corvées , foit réelles ow pétfonnelles , elles fe prefcrivent par trente on qua- rante ans, de même que toutes aétions & droits per- {onnels ou réels. Les fervitudes font odieufes , la liberté au contraire eft toijours favorable. Les corvéables font obligés de fe fournir des ou- tils & inftrumens néceffaires à la corvée qu'ils doi- vent ; ils font aufi obligés de fe nourrir à leurs dé- pens pendant lé tems même de la corvée : tel eft l’u- fage le plus général du pays coûtummier, à moins que le titre ou la coùtume du lieu ne foit contraire, telles que les coûtumes d'Auvergne & de la Marche, & quelques autres voifines des pays de droit écrit. Si le titre paroît charger le feigneur , il doit être in- terprété favorablement pour les habitans ; qui font déjà aflez grevés de travailler gratuitement , pour qu'il foit jufte de la part du feigneur de les nourrir, pour peu que la coûtume ou le titre ÿ imcline. A l'égard des chevaux , bœufs &z autres bêtes de labour ou de fomme que le corvéable fournit, c’eft au feigneur à les nourrir pendant la corvée, Les corvées ne doivent être acquittées en général que dans les limites de la feigneurie ou juftice à la- quelle elles font dües ; 1l y en a cependant quelques- ünes, telles que la dohade ou vinade que le corvéa- ble doit faire même hors les limites, mais todjours de maniere qu’elle fe puifle faire fans découcher. Cela dépend au furplus des termes de la coûtume, des titres & de la poffefion. Quand les corvées font dües avec charroi &z bef. tiaux, files corvéables n’en ont pas, ils font obligés de les faire avec une bête de fomme, s'ils en ont une ; ou s’ils n’en ont pas non plus, de faire ce qu'ils peuvent avec leurs bras. Toutes les corvées , foit de fief ou de juffice, réel- lés ou perfonnelles ; ne font point dûes qu’elles ne {oient demandées ; elles ne tombent point en arré- rages que du jour de la démande, depuis lequel tems on les évalue en argent : hors ce cas, il n’eft pas per- mis au feigneur de les exiger en argent. Il y a feulement une exception pour le fermier du domaine , à l’égard duquel on a évalué les charrois à 20 fols, & chaque manœuvre ou corvée de bras, à 5 fols. Quoique les corvées à merci où 4 volonté annoncent un droit indéfini de la part du feigneur , il ne lui eft pas permis cependant d’en abufer pour vexer fes {u- jets ; non-feulément il ne peut en demander que pour fon ufage , mais elles doivent être reglées mo- dérément , arbitrio boni viri. Si la coùtume n’en dé- termine pas le nombre, on les fixe ordinairement à douze par an, En Pologne les päyfans travaillent cinq jours de la femaine pour leur feigneur, & le dimanche & le lundi pour eux. au Le droit du feigneur , par rapport aux corvees ; eft un ufage perfonnel, de forte qu’il ne peut lercéder à lin autre. D + * æ … Porir ce qui eft des exemptions qüi peuvent avoir lieu en faveur dé certaines perfonnes, les eccléfaf: tiques & les nobles font exempts dés corvées perfon- nelles , dont le miniftere eft vil & abje@t; maïs quant | aux corvées réelles, perfonne n’en eft exempt, parce que c’eft le fonds qu doit : ainfi les eccléfiaftiques 8z les nobles y font fujets comme les-autres ; ils doivent fournir un homme à leur place, ou payer l’eftima- tion de la corvée en argént. Lea T à Il ne nous refte plus qu'à donner, dans les {ubdi- vifions fuivantes , une notion fommaire des diffé rentes fortes de corvées. | s»ilièe Corvée d'animaux ; eft celle où le fujet eft temi de fournir fon bœuf , cheval ou âne, foit pour labourer les terres du feigneur , ou pour voiturer quelque chofe pour lui, Le corvéable eft quelquefois tenu de mener lui-même fes bêtes , & de les faire travail- ler : cela dépend du titre. Corvées artificielles , en latin arificiales feu fabriles: font celles qui confiftent à faire quelqu’œuvre {er- vile pour le feigneur, comme de faucher ou faner fes foins , labourer fes terres ou fes vignes, {cier fes bleds, & autres ouvrages femblables. Corvées a bras ; font celles où le corvéable: n’eft tenu de fournir que fes bras, c’eft-à-dire le travail de fes mains, à la différence de cellès où lé corvéa- ble doit fournir quelque bête de fommé, où une charrette ou autre uftenfile, | Corvée de charroi, eff celle qui confifte à fournir! quelques voitures , & à charroyer quelque chofe: pour le feigneur. Foyez CHARROI. Corvées de convention ; font celles qui font fondées fur une convention exprefle ou tacite , faite entre le feigneur & les corvéables ; elle eft expreffe , quand on rapporte le titre originaire ; tacite, lorf- qu'il y a un grand nombre de reconnoiflances con- formes les unes aux autres, antérieures à la réfor- mation des coûtumes, & foûtenues d’une poffeffion conftante & non interrompue , qui font préfumer un titre conftitutif confenti par les habitans ; foit en ac- ceptant les claufes d’un affranchiflement , foit en acceptant des communes , ou pour quelqu’autre caufe légitime. Corvées de corps, font celles où le corvéable eff obligé de travailler de fon corps & de fes bras à quel: qu'œuvre fervile, comme de faner, labourer, fcier, vendanger, Gc. Toutes corvées en général font de leur nature des corvées de corps ; il y en a néanmoins où le corvéable n’eft pas cenfé travailler de corps , telles que les corvées obféquiales , où il eft feule: ment obligé d'accompagner fon feigneur , . ou lorf- qu'il eft feulement tenu de lui fournir quelques bêtes de fomme ou voitures pour faire des charrois. Corvees fabriles, du latin fabriles , font les mêmes que les corvées artificielles ou d'œuvre fervile. Corvées de fef, font celles qui ont été refervées par le feigneur par le bail à cens ou autre conceffion par lui faite aux habitans, à la différence des corvées de juftice, qui font impofées en conféquence de la puiffance publique que le feigneur a comme haut- jufticier. Corvées d'hommes & de femmes , font celles qui font dûes par tête de chaque habitant, 8 non par feu & par ménage, ni à proportion des fonds. Corvées de juftice, ou des au feïgneur à canfe de La Juftice ; il y en a en Auvergne, en Languedoc, en Bourbonnoiïs. Voyez ci-devant Corvées de fief. Corvées & merci où & volonté, font celles que Île fl feïgneur peut exiger quand bon lui femble, & pen- dant tout le tems qu'il en a befoin, fans que le tems ni le nombre en foit limité. La jurifprudence des ar- rêts les réduit néanmoins à douze par an. Corvées mixtes, font celles qui font en partie récl- - es & en partie perfonnelles ; 1l y en a peu qui foient véritablement mixtes : car elles font naturellement ou réelles, c’eft-à-dire dûes à caufe des fonds ; ou pertfonnelles , c’eft-à-dire dûes par Les habitans , comme habitans : cependant on en diftingue deux fortes de mixtes; favoir, les réelles mixtes, telles que les corvées à bras, dûes par les détenteurs des fonds qui en peuvent être chargés ; & les mixtes per- fonnelles , qui font dûes par chaque habitant, com- me habitant, mais par charrois & par chevaux; ce qui a toûjours rapport au plus ou moins de fonds qu'il fait valoir. Corvées obféquiales, font celles qui confiftent en certains devoirs de déférence envers Le feigneur, telles que celles qui étoient dûes aux patrons chez les Romains , & qui confiftoient à adeffe patrono, co- ar11ÉaT Et PaironurIr. Corvées officieufès ou officiales, en latin ofécrales font la même chofe que les corvées obféquiales ; elles font oppofées à celles qu’on appelle fabriles. Corvées particulieres, voyez ci-après Corvées publi- ues. : Corvées perfonnelles. Toutes corvées font dûes par des perfonnes ; mais on entendfous ce nom celles qui font dûes principalement par la perfonne , c’eft- à-dire par l'habitant, comme habitant , & indépen- damment des fonds , foit qu'il en poflede ou qu'il _ n’en poffede pas. Voyez ci-devant Corvées mixtes, &c ci-après Corvées réelles. Corvées publiques , font celles qui font dües pour quelques travaux publics , comme pour confiruire ou réparer des ponts, chauflées, chenuns, &c. à la différence des corvées qui font dûes au feigneur pour fon utilité particuliere. Voyez plus bas CORVÉE, Ponts & Chauffées. (A) | Corvées réelles ; font celles que Le fujet doit à caufe de quelque fonds qu’il poffede enla feigneurie. Voyez ci-devant Corvées mixtes & perfonnelles. Corvées feigneuriales , font celles qui font ftipulées dans les terriers ou reconnoiffances , comme un droit du fief, ou comme un droit de juftice, à la différence de celles qui peuvent être impoñées par convention fur des fonds. Corvées taillablieres , font celles qui procedent de ja taille réelle, & que l’on regarde elles-mêmes comme une taille. Ces fortes de corvées ont lieu dans les coùtumes de Bourbonnoïis & de la Marche. En Bourbonnois celles qui procedent de la taille per- fonnelle, & fur le chef franc ou ferf, le corvéable doit quatre charrois par an; ou s’il n’a point de charrette & de bœufs , il doit quatre corvées à bras ; au lieu que les corvées qui procedent de la taille réelle & à caufe des héritages, & que l’on appelle sai//a- blieres , font reglées à trois charrois par an ; ou, à défaut de charroïis , à trois corvées à bras. Corvées a terrier, {ont les corvées feigneuriales qui font établies par le bail à fief, & relatives dans le terrier. Corvées à volonté, voyez ci-devant Corvées a merci. Voyez la biblioh. de Bouchel, Le . de M. de Lauriere, au mor Corvées, & la conférence des coëtu- mes : Le traité des Corvées de M. Guyot, tome I. des fefs ; Henris, rome I. div. IL. ch. üj. quefl. 32 € 33. Defpeiffes , rome LIT. p. 207. (4) CorvéE, (Ponts & Chauflées.) La corvée eft un ouvrage public , que l’on fait faire aux communau- tés, aux particuliers, defquels on demande dans les faifons mortes, quelques journées de leur tems {ans falaire. Une telle condition eft dure fans doute Tome IV, ds COR 283 pour chacun de ces particuliers ; elle indique par conféquent toute l’importance dont il eft de les bien conduire, pour tirer des jours précieux qu’on leur demande fans falaire le plus d'utilité que lon peut, afin de ne point perdre à la fois & le tems du parti- culier , & le fruit que l’état en doit retirer. On peut donc établir fur cette feule confidéra- tion , que la perfeétion de la conduite des corvées doit confifter à faire le plus d'ouvrage poffible dans le moins de tems poffible ; d'où 1l s'enfuit qu'il faut de toutes les voies choifir la plus prompte & la plus expéditive, comme celle qui doit être la meilleure. On n’a déjà que trop éprouvé en plufieuts pro= vinces, qu'une corvée languiflante étoit un fardeau immenfe fur les particuliers , & une fervitude dans l'état, qui fans produire Le fruit que l’on avoit en vie, fatiguoit fans cefle les peuples , & gênoit pen- dant un grand nombre d’années la liberté civile des citoyens. Il fufit, pour en être plus convaincu, de joindre à un peu d'expérience, quelques fentimens de commifération pour les peuples. Il ne s’agit donc que de chercher quelle eft la méthode qui répond le mieux à Ces principes, premuerement pour la diftri- bution & la conduite des travaux, & enfuite pour la police avec laquelle on doit régir les travailleurs, De la conduite & diflriburion des travaux. Toutes les aétions des hommes ont un mobile ; l'argent & l'intérêt font ceux qui les conduifent aux travaux, mais ce font des mobiles dont les corvées font pri- vées ; il a fallu y en fubftituer d’autres pour tenir lieu de ceux-là. Ceux qui ont été reconnus devoir être employés, font les tâches que l’on donne & qu'il faut indifpenfablement donner aux corvoyeurs ; on a vù que c’étoit l’unique moyen de les intéreffer au progrès de l’ouvrage, & de les engager à travailler d'eux-mêmes avec diligence , pour fe décharger promptement du fardeau qui leur étoit impofé. Ces tâches font ordinairement naître une telle émulation au milieu d’un attelier fi ingrat pour celui qui y tra» vaille, qu'il y a eu des corvées fi bien conduites , que leur progrès l’emportoit même fur celui des travaux à prix d'argent. On peut diftribuer ces tâches de différentes ma< nieres , & c’eft le choix que l’on en doit faire qu’on aura ici particulierement en vèe ; parce que l’on doit encore fe fervir de ce moyen avec quelques refer- ves , la difiribution de tout un ouvrage public en plufeurs ouvrages particuliers pouvant quelque- fois fe faire de telle forte, qu’au lieu d’y trouver l’a- vantage que l’on y cherche , Pouvrage public lan- ouit & dégenere , parce qu'il change trop de nature. Un efprit d'équité qu'on ne fauroit trop louer, joint à l’habitude que l’on a de voir les tailles & les impofitions annuelles réparties fur les communautés &c reglées pour chaque particulier , eft ce qui a fait fans doute regarder les travaux publics comme une autre forte de taille que l’on pouvoit divifer de mê- me en autant de portions qu'il y avoit d'hommes dans les communautés, fur lefquelles le tout étoit impofé. Rien ne paroît en effet plus naturel, plus fimple, & en même tems plus jufte que cette idée; cependant elle ne répond point du tout dans l’exé- cution, au principe de fasre le plus d'ouvrage poffible dans le moins de tems poffible , & de plus elle entraine des inconvéniens de toute efpece. Il fufroit pour s’en convaincre de confidérer l’é- tat de la route de Tours au Château-du-Loir ; cette route a été commencée 1l y a quinze à dix-huit ans, pat conféquent long-tems avant l’arrivée de M. l'in- tendant & de M.Bayeux dans cette généralité ; elle a été divifée en plufeurs milliers de tâches, qui ont été réparties fur tous les particuliers : néanmoins ce n’eft encore aujourd’hui qu'avec mille peines qu’on en peut attendre la fin, On a dû ie vraiflem- n°1 254 COR blablement dans le commencement de cette route, que par une voie f fimple & fi équitable en appa- rence, chaque particulier pouvant aifément remplir en trois Ou quatre ans au plus la tâche qui lui étoit donnée, la communication de ces deux villes de- voit être libre & ouverte dans ce même terme; puis donc que l’exécution a fi peu répondu au projet, il eft bon d'examiner de près ce genre de travail, pour voir s’il n’y a point quelque vice caché dans la mé- thode qui le conduit. Il femble au premier coup d’oœil que le défaut le plus confidérable , & cel duquel tous les autres {ont dérivés, eft d’avoir totalement fait changer de nature à un ouvrage public, en le décompofant à d'infini, pour n’en faire qu'une multitude fans nom- bre d'ouvrages particuliers ; d’avoir par-là trop di- vilé l’intérêt commun, & rendu la conduite de ces travaux d’une difficulté étonnante & même infur- smontable. | Un fenl ouvrage , quoique confidérable par le nombre des travailleurs | comme font ordinaire- ment tous les travaux publics, ne demande pas beaucoup de perfonnes pour être bien conduit; un feul ouvrage, une feule tête, le nombre des bras n’y fait rien ; mais il faut qu'avec Punité d’efpnit , il y ait auf unité d’aétion: ce qui ne fe rencontre point dans tout ouvrage public que l’on a déchiré en mille parties différentes, où l’intérêt particulier ne tient plus à l'intérêt général, & où il faut par conféquent un bien plus grand nombre de têtes pour pouvoir les conduire tous enfemble avec quelque fuccès , & pour les réunir malgré le vice de la méthode qui les defunit. Puxfque la diftribution de la taille avoit conduit à la diftribution de toute une route en tâche particu- liere, on auroiït dû fentir que comme il falloit plu- feurs colleéteurs par communauté pour lever une impoftion d'argent, il auroiît fallu au moins un con- duéteur fur chacune pour tenir les rôles & les états de cette corvée tarifée, & pour tracer & conduire toutes les portions d'ouvrage affignées à chaque par- ticulier. On aura pù faire fans doute cette réflexion fimple ; mais l’œconomie fur le nombre des em- ployés ne permettant pas dans un état où il {e fait ane grande quantité de ces fortes d'ouvrages de mul- tplier autant qu'il feroit néceflaire, fur-tout dans cette méthode, les ingénieurs , les infpeteurs , Les conduéteurs , 6. il eft arrivé que l’on n’a jamais pû embraffer &r fuivre tous ces ouvrages particuliers , pour les conduire chacun à leur perfettion. Quand on fuppoferoit que tous les particuliers ‘ont été de concert dès le commencement pour fe rendre fur toute l’étendue de la route , chacun fur #a partie, uninfpeteur & quelques condu@teurs ont- als fufi le premier lundi pourmarquer à un chacun “on lieu, pour lui tracer fa portion, pour veiller pen- dant la femaine à ce qu’elle fût bien faite, & enfin pour recevoir toutes ces portions les unes après les autres le famedi, & en donner à chacun le reçu & ‘a décharge? Qui ne voit qu'il y a de l’impoffibili- té à conduire ainfi chaque particulier, lorfque l’on a entrepris de la forte une route divifée dans toute “on étendue ? Ces inconvéniens inévitables dès la ‘premiere femaine du travail, ont dû néceflairement «ntrainer le defordre de la feconde ; de faifons en Saïfons & d'années en années, il n’a plus fait que croître & augmenter jufqu’au point où 1l eft aujour- hu. De Pimpoñbilité de les conduire, on efttom- ‘bé enfuite dans l’impoffbilité de les contraindre ; le mombre des réfraétaires ayant bientôt excédé tout moyen de les punir. + J'ai tous les jours , dit l'auteur de cet article, «des preuves de cette fituation étrange pour un ou- waeage public, où depuis environ dix mois de travail je n'ai jamais trouvé plus de trois corvoyeurs en: femble, plus de dix ou douxe fur toute l’étendue de la route, & où le plus fouvent je n’ai trouvé per- fonne. Je n’ai pas été long-tems fans m'appercevoir que le principe d’une telle defertion ne pouvoir être que dans la divifion contre nature d’une action'publi- que en une infinité d’aéions particulieres, qui n’é- toientunies ni par le lieu, ni pat le tems ni par l'intérêt commun : chaque particulier fur cette route ne penfe qu'à lui, 1l choifit à fa volonté le jour de fon travail, il croit qu'il en eft comme de la taille que chacun paye féparément & le plûtard qu’il peut , ilne s’embar- rafle de celle des autres que pour ne pas commen cer le premier ; & comme chacun fait le même rai- fonnement , perfonne ne commence. Je peux dire que je n’ai point encore été fur cette route avec un but ou un objet déterminé, foit dy trouver telles ou telles communautés | foit de me rendre fur tel ou tel attelier pour y tracer l’ou- vrage. Dans le printems dernier, par exemple, où je n'ai point laiffé paffer de femaine fans y aller, je ne me fuis tohjours mis en marche qu’à l’avanture, &t parce qu’il étoit du dévoir de mon état d'y aller fituation où je ne me fuis jamais trouvé dans mes autres travaux, pour lefquels je ne montois jamais à cheval fans en avoir auparavant un fujet médité, &t fans avoir un objet fixe & un but réfléchi qiui.m'y appelloit. Ce n’eft point faute d'ordonnances néanmoins , & faute de réglemens de la part de l'autorité publique, fi ces travaux fe trouvent dans une telle fituation ; ils n’ont même été peut-être que trop multipliés ; les bureaux qui en font occupés & qui entrent dans les plus petits détails de cette partie , en font furchar- gés & même rebutés depuis long-tems : mais malgré la fagefe de ces réglemens, & quel que foit leur nom bre , ce n’eft pas la quantité des lois & les écritures qui conviennent pour le progrès des travaux , mais plûtôt des lois vivantes à la tête des travailleurs; & pour cela il me paroît qu'il faut donc les réunir, afin qu'ils foient tous à portée de voir la main qui Les con- duit, & afin qu'ils fentent plus vivement limprefe fion de l’ame qui les fait mouvoir. L'intention des ordonnances eft dans le fond que tous les particuliers ayent à fe rendre au recû def- dits ordres ou au jour indiqué fur les atteliers, pour ÿ templir chacun leur objet ; mais c’eft en cela mé- me que confifte ce vice qui corrompt toute lhar= monie des travaux, puifque s’ils.y vont tous, enne pourra les conduire, & que s'ils n’y vont pas, on ne pourra les punir d’une façon convenable. La voie de la prifon, qui feroit la meilleure, ne peut être admife, parce qu’il y a trop de réfradtai- res, & que de particulier ne répondant que pour fa tâche, il faudroit autant de cavaliers de ma: réchauflée qu'il y a de réfraétaires. La voie des gar- nifons eft tohjours infufifante , quoiqw’elle ait été employée une infinité de fois; elle fe termine par douze ou quinze francs de frais | que l’on répartit avec la plus grande précifion {ur toute la commu- nauté rébelle, enforte que chaque particulier en eft ordinairement quitte pour trois , fix, neuf, douze , ou quinze fous: or quel eft celui qui n’aime mieux payer une amende fi modique pour fix femaines ou deux mois de defobéiflance, que de donner cinq à fix jours de fon tems pour finir entierement fa tâche à auf font-ils devenus généralement infenfibles à cet- te punition, fi c’en eft une, & aux ordonnnances re- glées des faifons. On n’a jamais vù plus d'ouvriers {ur les travaux après les garnifons , jamais plus de monde fur les routes dans la huitaine ou quinzaine après l’indication du jour de la corvée qu'auparavant ; on ne reconnoïit la faifon du travail que par deux ou trois corvoyenrs que l’on rençontre par fois, & par les plaintes qui fe renouvellent dans les campagnes fur les embarras qu’entrainent les corvées & les che- ‘mins. | Il n’eft pas même jufqu’à la façon dont travaillent le peu de corvoyeurs qui fe rendent chacun fur leur partie, qui ne découvre les défauts de cette métho- de ; l’un fait fon trou d’un côté , un autre va faire fa petite butte ailleurs , ce qui rend tout le corps de l'ouvrage d’une difformité monftrueufe : c’eft fur- tout un coup d'œil des plus finguliers, de voir au long de la route auprès de tous Les ponceaux & aque- ducs qui ont demandé des remblais, cette multitu- de de petites cafes féparées ou ifolées les unes des autres, que chaque corvoyeur a été faire depuis le tems qu’on travaille fur cette route, dans les champs & dans les prairies, pour en tirer la toife ou la de- mi-toife de remblai dont il étoit tenu par le rôle gé- nérak Une méthode aufi finguliere de travailler ne frappe-t-elle pas tout infpetteurun peu verfé dans la connoïflance des travaux publics, pour lefquels on doit réunir tous les bras, & non les divifer ? On ne defunit point de même les moyens de la déferife d’un état; on n’affigne point à chaque particulier un coin de la frontiere à garder, ou un ennemi à ter- rafler : mais on affemble en un corps ceux qui font deftinés à ce fervice , leur union les rend plus forts; on exerce fur un grand corps une difcipline que l’on ne peut exercer {ur des particuliers difperfés, une feule ame fait remuer cent mille bras. Il en doit être ainfi des ouvrages publics qui intéreffent tout l’état, où au moins toute une province. Un feul homme peut préfider fur un feul ouvrage où il aura cinq cents ouvriers réunis, mais 1] ne pourra fufire pour cinq cents ouvrages épars, où fur chacun il n’y aura néanmoins qu'un feul homme. Il ne convient donc point de divifer cet ouvrage ; & la méthodede par- tager une route entiere entre des particuliers , com- meune taille, ne peutconvenir tout au plus qu’à l’en- tretien des routes quand elles font faites, mais ja- mais quand on les confiruit. Enfin pour juger de toutes les longueurs qu’en- trainent les corvées tarifées , il n’y a qu’à regarder la -plûpart des ponceaux de cette route : ils ont été conftruits à ce qu’on dit il y a plus de douze ou trei- ze ans; néanmoins malgré toutes les ordonnances données en chaque faifon, malgré les allées , les ve- nues des ingénieurs-infpeéteurs, des garnifons , les remblais qui ont été répartis toife à toife , ne font point encore faits {ur plufieurs, les culées en font ifolées prefque en entier, le public n’a pù jufqu’à préfent pañler deflus d’une façon commode ; &c il pourra arriver fi cette route eft encore quelques fai- {ons à fe finir, qu'il y aura plufieurs de ces ouvrages auxquels 1l faudra des réparations fur des parties qui n'auront cependant jamais fervi ; chofe d'autant plus furprenante, que ces remblais l’un portant l’autre ne demandoient pas chacun plus de dix à douze jours de corvée, avec une trentaine de voitures au plus, &c un nombre proportionné de pionniers. Peut-on s'empêcher de repréfenter ici en paflant lembarraflante fituation d’un infpeéteur , que l’on croit vulgairement être l’agent & le mobile de fem- blables ouvrages ? n’eft-ce point un pofte dangereux pour lui, qu’une befogne dont la conduite ne peut que le deshonorer aux yeux de fes fupérieurs & du public , qui prévenus en faveur d’une méthode qu'ils: croyent la meilleure & la plus jufte, n’en doivent rejetter le mauvais fuccès que fur la négligence ou Pincapacité de ceux à qui l’infpetion en eft confiée? Non-feulement les corvées tarifées {ont d’une diffi- cultéinfurmontable dans l'exécution, elles font enco- re injuftes dans le fond. 1°. Soient fuppofés dix parti- culersayant égalité de biens, & par conféquent éga- lité de taille, & conféquemment égalité de tâches ; COR 285 ont-ils auffi tons les dix égalité de force dans les bras ? C’eft fans doute ce qui ne fe rencontre guere ; ainf quoique fur les travaux publics ces dix manou- vriers ne puiflent être tenus de travailler fuivant leur taille , mais fuivant leur force, il doit arriver & il arrive tous les jours qu’en réglant les tâches fuivant l’efprit de la taille, on commet une injuftice, qui fait faire à l’un plus du double ou du triple, au moins plus de lamoitié ou du tiers qu'à un autre. 2°. Si l’on admet pour un moment que les forces de tous ces particuliers foient au même degré, ou que la différence en foit legere , le terrein qui leur eft diftri- bué par égale portion , eft-il lui-même d’une nature aflez uniforme pour ne préfenter fous volume égal qu'une égale réfiftance à tous ? Cette homogénéité de la terre ne fe rencontrant nulle part , il naît donc de-là encore cette injuftice dans les répartitions que lon vouloit éviter avec tant de foin. Il eft à préfu- met qu'on a bien pù dans Les commencemens de cet- te route avoir quelques égards à la différente nature des contrées ; mais ce qu’il y a de certain, c’eft qu'il ne refte plus nul veftige qu'on ait eu primitivement cette attention : bien plus , quand on l’auroit eue, comme c’eft une chofe que l’on ne peut eftimer toife à toife, mais par grandes parties, 1l ne doit toûjours s’enfuivre que de la difproportion entre toutes les tâches ; injuftice où l’on ne tombe encore que par- ce que l’on a choïfi une méthode qui paroïfloit être jufte. Enfin fi l’on joint à tant de défauts effentiels ; lPimpofbilité qu’il y a encore d'employer une telle méthode dans des pays montueux & hors des plai- nes , c’eft un autre fujet de la defaprouver & d’en prendre une autre dont l’application puifle être gé- nérale par fa fimplicité. [Il eft facile de comprendre que les tâches d’hommes à hommes ne peuvent être appliquées aux defcentes & aux rampes des grandes vallées, où il y a en même tems des remblais con- fidérables à élever & des déblais profonds à faire dans des terreins inconnus, & au-travers de bancs de toute nature qui fe découvrent à mefure que l’on approfondit. Ce font-là des travaux qui, encore moins que tous les autres , ne doivent jamais être divifés en une multitude d'ouvrages particuliers. On préfentera pour exemple la route de Vendôme, qu’il eft queftion d’entreprendre dans quelque tems. Il y a fur cette route deux parties beaucoup plus dif- ficiles que les autres à traiter par la quantité de dé- blais, de remblais, de roches, & de bancs de pierre qu'il faudra démolir fivant des pentes réglées , & néceffairement avec les forces réunies de plufeurs communautés ; l’un de ces endroits eft cette grande vallée auprès de Villedômé, qu'il faut defcendre & remonter ; l’autre eft la montagne de Château-Re- nault. Ces deux parties , par où 1l conviendra de commencer parce qu’elles feront les plus difficiles, demanderont la plus grande afliduité de la part des infpecteurs, 8c le concours d’un grand nombre de travailleurs & de voitures, afin que ces grands mor- ceaux d'ouvrage puiflent être terminés dans deux ou trois faifons au plus , fans quoi il eft prefqu’évi- dent qu’ils ne feront point faits en trente années, fi on divife la mañfe des déblais & des remblais en au- tant de portions qu’il y aura de particuliers : puis donc que la corvée, fur lé ton de la taille, eft défec- tueufe en elle-même par-tout, & ne convient point particulierement aux endroits les plus difficiles & les plus confidérables des ouvrages publics, il con- vient préfentement de chercher une regle générale qui foit conftante & umforme pour tous les lieux 8e pour toutes les natures d'ouvrage. On ne propofera ici que ce qui a paru répondre au principe de faire le plus d'ouvrage poffible dans Le moins de tems poffible ; & l’on n'avançera rien qui 286 COR n'ait été exécuté fur de très-srands travaux avec Île plus grand fuccès & à la fatisfaétion des fupérieurs ; -cependant comme il peut arriver que la fituation & l’œconomie des provinces foient différentes, êt que Îe génie & le caratere des unes ne repondent pas toüjours au génie 8c au caraétere des autres , l’on “oumet d'avance tout ce que l’on expofera aux lu- mieres & aux connoïffances des fupérieurs. L’a@te de la corvée n'étant pas un aéte libre, c’eft dans notre gouvernement une des chofes dont il pa- “roît par conféquent que la conduite & les réglemens doivent être fimples & la police breve & militaire. Un acte de cette nature ne fupporte point non plus ne jufice minutieufe y comme tous les autres aétes qui ont direétement pour objet la liberté civile & la fûreté des citoyens. La conduite en doit être d’au- tant plus fimple, que lon ne peut prépofer pour y veiller qu’un très-petit nombre de perfonnes, & la police en doit être d’autant plus concife , qu’il faut que ces-ouvrages foient exécutés dans le moins de tems pofible, pour n’en point tenir le fardeau fur les peuples pendant un grand nombre d’années. La véritable occupation d’un infpeéteur chargé d’ün travail public, eft de réfider fur fon ouvrage, -d’y être plus fouvent le piquet d’une main pour tra- cer, & l’autre main libre pour pofter les travail- leurs & les conduire fans qu'ils fe nuifent les uns aux autres, que d’avoir une plume entre les doigts pour tenir bureau au milieu d’un ouvrage qui ne demande que des yeux & de lation. Suivant ces principes, 1l ne me paroît pas conve- nable d'entreprendre en entier & à la fois la conf- truion de toute une route ; les travailleurs y fe- roient trop difperfés, chaque partie ne pourroit être qu'imparfaitement faite : l’infpecteur, obligé de les aller chercher les uns après les autres, pafferoit tout fon tems en tranfport de fa perfonne & en courfes, ce qui multipheroit extrèmement les inftans perdus pour lui.& pour les travailleurs qui ne font rien en fon abfence, ou qui ne font rien de bien. Il devient denc indifpenfable de n’entreprendre toute une rou- te que parties à parties, en commençant toûjours par celles qui font les plus difficiles & les plus urgentes, & en réumiflant à cette fin les forces de toutes les communautés chargées de la conftru&tion. On ne doit former qu’un ou deux atteliers au plus, fur cha- cun defquels un infpeéteur doit faire fa réfidence. Les communautés y feront appellées par détache- ment de chacune d'elles , qui fe releveront toutes de femaines en femaines ; ces détachemens travail- ‘leront en corps, mais à chacun d’eux il fera afligné “une tâche particuliere, qui fera déterminée fuivant Ha quantité des jours qu’on leur demandera , fur la force: du détachement , dont les hommes robuftes eompenferont Jes foibles, & enfin fur la nature du terre, On évitera avec grand foin tout ce qui peut mul- plier les détails êciattirer les longueurs ; les ordon- nances adreflées aux communautés, une feule fois chaque faïfon , indiqueronttout fimplement le jour, de lieu, la force du détachement , &c la nature des œ@utils & des voitures. Sur ces ordres , les détachemens s’étant rendus -au commencement d’une femaine fur l’attelier indi- -qué, 6n diftribuera d’abord à chaque détachement une longueur de foflés proportionnée à fes forces, & on les poïtera de fuite les uns au bout des autres. On fuivra:cette manœuvre juiqu'à ce que les foffés foient-faits fur-toute la partie que l’on aura crû pou- voir entreprendre dans une faïfon ou dans une cam- pagne. On fouillera enfuite l’encaifflement de même, & lorfqw’il fera ouvert & dreflé fur ladite longueur, on en ufera aufli de la même forte pour l’empierre- ment. .en donnant chaque femaine pour tâche à cha- que détachement une longueur fufifante d’encaifie- ment à remplir, qui fera proportionnée à la facilité ou à la difficulté du tirage & de la voiture de la pierre. Cet empierrement fe feta à l'ordinaire , Couche par couche. Les tâches hebdomadaires feront marquées les unes au bout des autres. Le cailloutis ou jard fera amené & répandu enfuite, & les bermes feront ajuf- tées & réglées auffi fuivant la même méthode. Si l'ouvrage public confifte en déblais & en rem- blais dans une grande & profonde vallée, on place les détachemens fur les côtes qu’il faut trancher ; on les difpofe fur une ou pluñeurs lignes; on fait mar- cher les tombereaux par colonnes, ou de telle autre façon que la difpofition du lieu Le permet ; & comme dans ce genre de travail il ne fe voiture de terre qu”- autant que l’on en fouille par jour, & qu’il feroit dif ficile d’apprétier ce que les pionniers peuvent fouil- ler pour une quantité quelconque de voitures , eu égard à la diftance du tranfport; c’eft par la quan- tité de voyages que chaque voiturier peut faire cha- que jour, que l’on régle le travail du journalier. Un piqueur placé fur le lieu de la décharge, donne à cetté fin une contre-marque à chaque voiturier pour chaque voyage ; 8 comme chacun d’eux cherche à finir promptement la quantité qui lui eft prefcrite pour le jour & pour la femaine , chaque voiturier devient un piqueur qui prefle le manouvrier , & chaque manouvrier en eft un auf vis-à-vis de tous les voituriers. C’eft à l'intelligence de l’infpeéteur à proportion ner aujufte, chaque jour ( parce que l’emplacement varie chaque jour ou au moins chaque femaine), la quantité de pionniers au nombre dés voitures, & le nombre des voitures à la quantité de pionniers, de façon qu’il n’y ait point trop de voitures pour les uns , & trop peu de manouvriers pour les autres, fans quoi il arriveroit qu’il y auroïit ou une certaine quantité de voitures, ou une certaine quantité de manouvriers qui perdroient leur tems, ce qu'il eft de conféquence de prévoir & d’éviter dans les cor- vées. C’eft dans de tels ouvrages que les talens d’un infpelteur fe font connoître s’ilen a, ou qu'il eft à portée d’en acquérir & de fe perfe“tionner dans Part de conduire de grands atteliers. Enfin de femblables travaux, par le nombre des travailleurs, par la belle difcipline que l’on y peut mettre, par le progrès fur- prenant qu'ils font chaque femaine & chaque faifon, méritent le nom d’ouvrages publics. J'ai toùjours évité, dit l’auteur de cet article, dans les travaux où je me fuis trouvé, compolés de quatre & cinq cents travailleurs , & d’un nombre proportionné de voitures, de faire mention dans les ordonnances dont la difpenfation m’étoit confiée, de toutes les différentes parties dont ouvrage d’une grande route eff compoïé , ainfi qu’on le pratique depuis long tems fur la route de Tours au Château- du-Loir : on y donne fucceflivement des ordonnan- ces pour les foflés , pour les déblais, pour les rém- blais, pour le tirage de la pierre, pour fa voiture, & enfin pour le tirage & l’emploi du jard. Ou je me trompe, ou quand on multiplie ainfi aux yeux des peuples que l’on fait travailler fans falaire tous les différens objets de la corvée, on doit encore par-là la leur rendre plus à charge & plus infupportable. Et comment ne leur feroit-elle pas à charge, puifque pour ceux mêmes qui les conduifent, ces détails ne peuvent être que pénibles & laborieux ? ces ordon- nances menent néceflairement à un détail infini ; el- les deviennent une pépiniere immenfe d’états , de rôles, & de bien d’autres ordonnances qui en réful- tent. Autant d'ordonnances, autant enfuite de di- verfes branches de réfra@taires qui pullulent de jour en jour. Une ordonnance pour cent toifes de pierre n'en produit que quatre-vingts ; une ordonnance pour deux cents toifes de foffés, n’en produit que cent foixante; autant il en arrive pour les déblais-& pour les rémblais : on eft enfuite obligé de recourir à des fupplémens: & à de nouvelles impofñtions qu’il faut encore faire & repartir fur le général: & tront ceci eft inévitable, non-féulement parce qu'il y a autant de petites fraudes qu’il y a de particuliers’ & de cifférens objets dans leurs tâches, mais encore parce que cette méthode ne pouvant manquer d'entraîner des longueurs: & demandant un nombre d’années confidérable pour une entiere exécution, il y a fans céfle des abfens dans les communautés, il y arrive un grand nombre de morts , &c il fe fait de nouveaux privilégiés & dés infolvables, . De l'expérience de tant d’inconvéniens , il en ré- fulte ce me femble que les ordonnances: pour les cor- vées doivent fe borner à demander dés jours , 8z que l'emploi de ces jours doit être laïffé à la direéion des infpeéteurs qui conduifent les ouvrages, pour qu'ils les appliquent fuivant le tems & le lieu qui varient fuivant le progrès des travaux. Si les détachemens font au nombre de cinquante: il ne faut le premier jour de la femaine qu'une demi-matinée au plus, pour leur donner à chacun une tâche convenable. Les appels fe font par brigade le foir & le matin ; on commence à cinq heures le matin, on finit à fept le foir ; l’heure des repas & du repos eft réglée com- me fur lés ouvrages à prix d’argent. Dans tout ce qui peutintervenir chaque jour & chaque inftant , linf- pecteur ne doit vifer qu'au grand dans le détail, & éviter toutes les languiffantes minuties. Sa princi- pale attention eft, comme j'ai dit ,, de mettre & de maintenir l’harmonie dans tous les mouvemens de . ces: bras réunis. Les différens conduéteurs dont il fe fert peuvent eux-mêmes y devenir très-intelligens ; ces ouvra- ges feuls font capables d’en former d’excellens pour la conduite de travaux de moindre importance. Il n’en eft pas de même des corvées tarifées , les con- duéteurs qu’on y trouve n’ont pas même l’idée d’un ouvrage public ; ils ne font que marcher du matin au foir , ils courent quatre lieues pour enrepiftrer une demui-toife de pierre, qui fera peut-êtrevolée le lendemain comme 1l arrive fouvent , & ils font enfuite deux ou trois autres lieues pour trois ou qua- tre toifes de fofés ou quelques quarts de remblais ; ils font devenus excellens piétons & grands marcheurs, mais ils feroient incapables | quoiqu'ils foient em- ployés depuis bien du tems, de conduire un attelier de vingt hommes réunis , &c de leur tracer de l’ou- vrage. La fimplicité de l’autre méthode n’a pas befoin d’être plus développée, quant à préfent, pour être conçue; paflons à la maniere d’adminiftrer la police fur les corvoyeurs de ces grands atteliers, pour les contraindre quand ils refufent de venir fur les tra- vaux, pour les maintenir dans le bon ordre quand ils y font , & pour punir les querelleurs, les defer- teurs, Éc. . C’eft une queftion qui a fouvent été difcutée, fi cette police devoit être exercée par Les infpetteurs, ou fi l'autorité publique devoit toüjours s’en refer- ver le foin. Pour définir & limiter l'étendue de leur reflort, il paroït que c’eft la nature même de la cho- fe fur laquelle réfide la portion d'autorité qui leur eft confiée, qui en doit déterminer & régler l’éten- due ; ainfi on n’a qu’à appliquer ce principe à la po- lice particuliere que les corvées demandent, pour fa- voir jufqu’à quel point l'autorité publique doit en prendre elle-même le détail, & où elle peut enfuite s’en rapporter aux infpeéteurs qu’elle a crû capables de les conduire , & qu'elle n’a choifi qu’à cette fin. Les travailleurs dont on fe fert dans les travaux publics, font ou volontaires ou forcés; s’ils font vo- COR 287 ! lontaires, comme dans les travaux à prix d'argent } | le foin de leur conduite femble devoir appartenir à ceux qui préfident direétement fur l'ouvrage; ces travailleurs font venus de gré fe ranger fous leur po- lice &c fous leurs ordres, & ceux qui les comman: dent connoïflent feuls parfaitement la naturé & la conféquence des defordres qui peuvent y arriver, : S'ils font forcés! comme dans les corvées alorsil eft très-fenfñble que l'autorité publique , qui veillé fur les peuples oùles travailleurs forcés font pris, doit entrer néceflairement poux cette partie qui in= térefle tout l’état, dans le détail du fervice dés'cor= vées, C’eft parce que ces!travailleurs font peuples , qu'il ne doit y avoir que les intendances & les fubz délégations qui puiffent décider du choix des paroïf: fés , En regler la quantité, étendre où modérer la dus rée de ouvrage , & en donner le premier fignal; il n’y a que dans ces bureaux où l’onfoit parfaitement inftruit de la bonté où dé la mifere du tems , des fa= cultés des communautés , & dés vûes générales de Pétat. Mais lorfque ces peuples font enfuite devenus travailleurs par le choix de la püuiffance publique, ils deviennent en même-tems & par cette même rai fon foumis à l'autorité particulière qui préfide fur le travail; il conviendra doncque pendant toutletems qui aura été défigné, ils foient direétement alors fous la police des ingénieurs & des infpe@éurs, fur qui rotilé particulierément le détail de l'ouvrage , qui doivent faire l'emploi convenable fuivant le temis8 fuivant le lieu, de tous les bras qu’on ne léur donne que parce que léur talent & leur état eft d’en régler lufage & tous les mouvemens. Par la nature dé la chofe même, il paroîtroit ainfi décidéque les corvoyeurs, comme peuples, feroient appellés & rappellés des travaux par le canal dire®æ de l’autorité fupérieure, & qu’en qualité dé travail: leurs ils feront-enfuite fous la police des ingénieurs &t infpeéteurs ; que ce doivent être ces derniers qui donneront à chacun fa part, fa tâche , & fa portion de la façon que la difpofition’&r la nature de l’ouvra: ge indiqueront être néceflaire pour Le bien commun de l’ouvrage & de l’ouvrier ; que ce feront eux qui feront venir les abfens,, qui puniront les réfrataires, les parefféux, les querelleurs, 6:c. & qui exerceront une police réglée & journaliere fur tous ceux qui leur auront été confiés commetravailleurs. Eux feuls en effet peuvent connoître la nature & la conféquen- ce des délits, eux feuls réfident fur l'ouvrage où lés travailleurs font raffemblés; eux feuls peuvent donc réndre à tous la juftice convenable & néceflaire. Bien entendu néanmoins que ces infpe@eurs feront indifpenfablement tenus vis-à-vis de l’autorité pu- blique ( qui ne peut perdre de vüe les travailleurs parce qu'ils font peuples ) à lui rendre un compte fidele & fréquent de tout ce qui fe pafle parmi les travailleurs , ainfi que du progrés de l'ouvrage. Ce qui m’a prefque toüjours porté , dit l’auteur à regarder ces maximes comme les meilléures, ce n’eft pas uniquement parce qu'elles font tirées de [a nature des chofés, c’eft aufli parce que j'en ai toù- jours vû l’application heureufe, & que je n’ai re- connu que des inconvéniens fort à charge aux peu- ples, & très-contraires aux ouvrages quand ôn's’eft écarté de ce genre de police. | Comment en effet les bureaux d’une intendance ; ou un fubdéléoué dans fon cabinet, peuvent-ils pourvoir au boniordre des travaux dont ils font roû- jours éloignés ? les délits qui s’y commettent font des délits de chaque jour, qu'il faut punir chaque jour ; ce font des délits de chaque inftant , qu’il faut réprimer à chaque inftant; l'impunité d’une feule journée fait en peu de tems d’un ouvrage publicune {olitude, ainfi qu'il eft arrivé fur la route de Tours au Château-du-Loir, à caufe de la police çompotée 288 COR &c néceffairèment languiflante qui ya tohjouts été exercée: on y punit à la vérité, mais c’eft par crife & par accèss il n’y a-point une police journaliere; & elle ne peut y être, parce qu’il faut recourir, fui- vant la poñition desiéle@ions , à des autorités difper= fées. Les fubdéléoués ou autres perfônnes fur qui l’autorité fupérieure fe décharge de ce foin, trous vent fouvent dans la bonté de leur cœut des raifons &) des moyens d’éluder ou de fufpendre les aîes. d'une police quine doit jamais êtreinterrompue. On: penfe même qu'une police eftrigoureufe, lorfqw’elle : n’eft cependant qu'exaéte ; elle ne devient véritable- ment rigoureufe, que par faute d’exaétitude dans fon: exercice journalier, Quand on a une fois imprimé Pefprit de fubordination & de difcipline, lorfqu’on a réglé dès le commencement la régie desttravaux pu: blics, comme le font les convois militaires & les. pionniers dans les armées, les grands exemples de: févérité n’ont prefque plus lieu, parce qu'il ne fe trouve que point ou peu de réfraétaires. Jai bien plus fouvent fait mettre fur mes travaux des cor- voyeurs en prifon parce qu'il étoient venus tard, ou qu'ils s’étoient retirés le foir avant l'heure , que par- ce qu'ils n’étoient point venus du tout. C’eft un des. plus grands avantages de la méthode que je propo- fe, & qui lui eft unique, d’être aïnfi peu fujette aux réfraétaires, parce que le brigadier de chaque déta- chement apportant au commencement de la femaine le rôle de fa brigade arrêté par le fyndic , il ne peut s’abfénter unfeul homme qui ne foit en arrivant de-. noncé par'tous les autres; ce qui ne peut jamais ar- river dans la corvée divifée, parce que chacun tra- vaillant féparément lun de l’autre, & ayant des tà- ches diftinêtes, l'intérêt commun en eft-ôte , & qu'il importe peu à chaque corvoyeur en particulier que les autres travaillent ou ne travaillent pas: on peut juger par cela feul combien il eft efentiel de ne ja- mais déchirer les travaux publics. Il neft pas étonnant au refte que des bureaux ayent rarement réufi quand ils ont été chargés du détail de cette police ; le fervice des travaux publics demande une expérience particuliere, que les per- fonnes qui compofent ces bureaux n’ont point été à portée d'acquérir, parce qu’elles n’ont jamais vü de près Le détail & la nature de ces ouvrages. Il faut pour les conduire un art qui leur eft propre, auquel 1l eft difficile que l’efprit & le génie même puifle fuppléer, puifqu’il ne s’acquiert que fur le lieu, par la pratique & par l'expérience. . J'ai eu par-devers moi plufeurs exemples des fin- guliers écarts où l’on a donné dans ces bureaux, quand on y a voulu, la plume à la main & le cœur plein de fentimens équitables, régler les punitions & les frais de garnifon que l’on avoit envoyé dans les paroïfles. On y demande, par exemple, qu’en répartifant fur tous les réfractaires ces frais quimon- tent ordinairement à douze, quinze, ou dix-huit francs, on ait égard aux divers efpaces de tems que les particuliers auront été fans travailler, au plus ou au moins d’exattitude avec laquelle ils y feront re- venus en conféquence des ordres dont le cavalier aura été le porteur, enfin fur la quantité de la tâche qu'ils redoivent chacun, & fur la nature qui con- fifte ou en déblais, ou en remblais, ou en foflé , ou en tirage, ou en voiture des pierres, & qui quel- uefois eft compofée de plufeurs de ces objets en- be Ces calculs fe font avec la plus grande pré- cifion, & l’on m'a même renvoyé un jour une de ces répartitions à calculer de nouveau, parce qu'il ÿ avoit erreur de quelques fous fur un ou deux par- ticuliers. Une telle précifion eft fans doute fort belle: mais qui ne peut juger cependant que de tels pro- blèmes font beaucoup plus compofés qu’ils ne font importans ; & que quoiqu'ils foient propofés par ef- prit de détail'& d'équité, on s’attache trop-héanz: moins à cette juitice minutieufe dont j'ai parlé, que, ne fupportent point les srands travaux, à des fcru-, pules qui choquent la nature même.de la corvée 5,84: à des objets f multipliés, qu'ils font perdre de vüe: le grand &véritable objet de la police générale, qui, eft l'accélération des travaux dont la décharge du. peuple dépend? Leur bien, en ce qui regarde les cor-, vées qu'on leur fait faire , confifte, autant que, mes» . lumieres peuvent s'étendre: à faire enforte que le, nom du Roi foit totjours refpe@té , que l’autorité pu-, | blique repréfentée par l’intendant & dans fes ot- | dres, ne foitjamais compromife, que {es plus petites; ordonnances ayent toüjouts une exécution ponc-: trielle., & que le corvoyeur obéïfle enfin fans délai, & fe rende fur lattelier à l'heure &'au jour indiqué. _ De telles attentions dans des bureaux, font les feuls . foins & les feules vües que l’on doit y avoir, parce! qu'ils vifent diretement à la décharge des peuples: par la prompte exécution des travaux qu’on leur im=" pofe. Comimé on n’a point encore vii en cette généra=! lité une telle police en vigueur , on pourta peut-être penfer d'avance qu’un fervice aufli exaët & aufli mi= litaire, doit extrèmement troubler la tranquillité des paroiïfles & la liberté des particuliers , & qu’il eft in- difpenfable dans la conduite des corvées de n’ufer au. contraire que d’une police qui puife fe prêter au tems,-en fermant plus ou moins les yeux fur les: abus qui s’y paflent. Le peuple eft fi miférable, dit: on: je conviens à la vérité de fa mifere; mais je ne conviens point que pour cette raïon la police pue: jamais fléchir, & qu’elle doïve être dans des tems plus ou moins exaéte que dans d’autres ; elle ne peut: être fujétte à aucune fouplefle fans fe détruire pour jamais. Ainfi ce ne doit point être quant à l’exaéti= tude & à la précifion du fervice, qu'il faut modérer, la corvée ; c’eft feulement quant à fa durée. Dans les: tems ordinaires le travail peut durer deux mois dans: le printems, & autant dans l'automne : fi le temseft devenu plus dur, on peut alors ne faire que fix fe-. maines ou qu’un mois de corvée en chaque faifon, &: | netravailler même que quinze jours s’il Le faut; mais: que q ; pour la difcipline elle doit être la même, auffi fui- vie pour quinze jours que pour quatre mois de tra- vail, parce que l’on doit tirer proportionnelle ment autant de fruit de la corvée la plus courte que: de la corvée la plus longue. Enfin il vaut mieux paf-: fer une campagne ou deux fans travailler, files ca- lamités le demandent, que de faire dégénérer le fer- vice. Ce mémoire eft de M. Boullanger, fous-ingé- nieur des ponts & chauflées dans la généralité de Tours. S'il lui fait honneur par la vérité de fes vües, il n’en fait pas moins au fupérieur auquel il a été: préfenté, par la bonté avec laquelle 1l Pa reçu. CORVETTE, voyez COURVETTE. CORVO, (Géog. mod.) île la plus feptentrionale des Acores, au nord de celle de Flores. CORUSCATION , fubft. f. (Docimafie. ) voyez ECLAIR. CORWEY , (Géog. mod.) petite ville d’Allema gne en Weftphalie, avec une abbaye célebre dont l'abbé eft prince de l'Empire. Longir, 27, 1. lar, 51 50. CORWUA, (Géog. mod.) ville de Pologne aflez commerçante, dans la Samosgitie, fur la riviere de Niemen. CORYBANTE., f. m.(Myth.) nom des prètres de Cybele, qui en danfant frappoient comme des fu- rieux à coups redoublés leurs bruyantes cymbales; ce qui fait dire à Horace, dans fa peinture de la co- lere : Non | Non acuta Sic geminant Corybantes œra, Trifles ur ire. . Liv. L.ode xvj. v. 8, Ces prêtres célebres dans la Mythologie & dans lHiftoire, ont été ainfi nommés, au rapport de Dio- dore de Sicile, Ziy. F. de Corybas fils de Jafon & de cette déefle, lequel accompagné de Dardanus fon oncle, porta dans la Phryoïe leculte de la mere des dieux. Saifs d’une fureur prétendue facrée als dan- foient aufon des cymbales qu'ils frappoient ‘eux- mêmes en fecoïant violemment la tête, & commu- niquoient leur fireur À ceux qui les regardoient. Catulle, dans fon poëme intitulé Æ4ys, en donne une belle defcription; 8 Strabon, dans fon X. 4- ve, faitune digreflion curieufe fur ce fujet. Ainfi les Grecs employcrent le mot de »c508arriar, corybar- #1fer, pour ére tranfporté de fureur & de phrénéfre. Les curieux peuveñt encore confulter Noel Lecomte, Mycthol. liy. LX, cap. vi. & Noffius, de idolol. L. IT. Cap. li, | Ovide, Catulle, & Feftus , ajoûtent que ces prè- tres méloient À leurs danfes des cris & des hurlemens pour pleurer la mort d’Atys, dont ils fouffroient vo- lontairement le fupplice, afin de fatisfaire à la loi que Cybele leur avoit prefcrite ; que par la même » taifon ils honoroïent le pin près duquel Atys avoit : été mutilé; qu'ils couronnoient les branches de cet arbre, & en couvroient le tronc avec de la laine 4 parce que la déefle avoit ainfi couvert le corps de {on amant , efpéränt par ce fecours lui redonner la | vie qu'il venoit de perdre. Quoi qu'il en foit les Corybantes après avoir long- tems demeuré en Phrygie {ur le mont Ida, vinrent en Crete, &s’établirent fur une montagne À laquelle 1l$ donnerent le nom de leur ancienne habitation. Ce fut là qu'ils prirent foin de l'enfance de J upiter. Plufieurs auteurs prétendent que les Corybantes , les Cabires, les Curetes, les Idéens ; & les Dactyles, n'étoient que la même forte de prêtres ; & cette OPi- mon paroîtra très-vraiflemblable à ceux qui confidé- reront que Cybele portoit plufeurs noms, fuivant les divers lieux de fon culte, le plus ancien du paga- nifme. …_ Ce n'eft pas même dans la Phrygie qu’il en faut chercher l’origine ; il pafla premierement avec les autres cérémonies des Egyptiens dans la Syrie & la Phénicie, de-[à dans la Phrygie qui eft une partie de l'Afie mineure, enfuite dans la Grece, & enfin en Italie où fut établi le fége de fon empire, au point qu'on lavoit dans le fleuve Almon le fimulacre de Cybele, & que la folie licentieufe de fes fêtes ré- gnoit encore fingulierement du tems de l’empereur Commode, au rapport d'Hérodien. Quantim muta- ta ab illo ef? tempore Italia! Ceci eft un point de queftion , & non pas d’admiration. Arr, de M. Le Che- valier DE JAUCOURT. * CORYBANTIASME, f. m. ( Med.) efpece de phrénéfie dont il eft parlé dans les anciens medecins, | dans laquelle le malade fe voyoit fans ceffe obfédé de fantômes , avoit des tintemens d'oreille, & ne dormoit point ou dormoit les yeux ouverts, On pré- tendoit que ces phrénétiques avoient été frappés de terreur par les prêtres de Cybele, 7. CoRYBANTES. . CORYCÉE, £. m. (Æif. anc.) piece ou apparte- ment des gymnafes des anciens. C’étoit un lieu def tiné à jouer à la paulme , à la balle ou au ballon, nommé en grec yapuros. Mercurial & d’autres au- teurs ont confondu le coryceum avec lapodyterion ; mais outre que Vitruve ne fait point mention du co- ryceum dans le fens où.le prennent ces écrivains: il eft certain que l’ufage auquel il étoit deftiné felon £ux, fe trouvant parfaitement rempli par lapody- Tome IF, nm: COR 289 terions ce feroit multiplier fans néceffité les pieces des anciens gymnafes. (G). * CORYCOMACHIE ox CORYCOBOLIE, ££ (Æf anc,) c’étoit, felon M. Burette, la quatrieme efpece de fphériftiqué greque : elle confttoit à faf- pendre au plancher d’üne falle , par le moyen d’une corde , une efpece de fac que l’on remplhifoit de fa: rine où de graine de figiier pour les gens foibles , & de fable pour les robuites, & qui defcendoit juiqu’à la ceinture de ceux qui s’exerçoient. Ils prenoient ce fac à deux mains, & le poftoient aniffi loïh que la corde pouvoit s'étendre : après quoi lâchant le fac ils Le füivoient ; & lor{qu'il revenoit vers eux; ils fe reculoient pour céder à la violence du choc ; puis le reprenant encore à deux mains au moment Où il étoit fur le point de defcendre , ils le tepoufloient En-aVant de toute leur force, & tâchoïent enfuite ; malgré l’impétuofité qui le ramenoit, de l’arrêter, {oit en oppofant leurs mains, foit en préfentant leur poitrine ; les mains étendues ou croifées derriere le dos ; enforte que pour peu qu'ils négliseaflent de fe tenir fermes, l'effort du fac qui revenoit leur faifoit lâcher pié, & les contraignoit de reculer. Les mede- cins ordonnoient cette efpece d'exercice, comme très-capable de fortifierles parties qui y étoient prin- cipalement employées. Mém, de Pacad. des infcripr, tome L. page 168. Après tant de précautions qu'on voit que les anciens prenoient pour augmenter les forces, conferver la fanté » & prévenir les maladies, il refteroit à favoir s'ils étoient en général plus vi- goureux que nous, s'ils vivoient plus long -tems, s'ils fe portoïent mieux, s'ils avoient moins de ma- ladies , ou fi on les en guérifloit plus facilement... CORYDALIS, fub: £. (Æift. nat, bot.) genre de plante à fleur polypétale, irréguliere proprement dite, reflemblante aux fleurs papilionacées, mais qui en differe cependant parun prolongement du pétale en forme dequeue. Cette fleur eft compofée de qua= tre pétales, & d’étamines qui foûtiennent des om mets & qui font réunies en forme de gaine. La par= tie intérieure de la fleur garnie d’une trompe, de- vient une filique qui n’a qu’une feule cavité , © qui renferme des femences globuleufes & pour ainf dire A be Pontedera , azrh. lib, III, oyez PLANTE, F | * CORYMBE,, £ m. (Mych.) petits grains qui naïflent en groupe fur Le lierre » & qu'on remarque fouvent dans les couronnes de Bacchns appellé le porte-corymbe, corymbifer, & adoré en Grece fous ce furnom. CORYPHÉE, £ m. (Speëtacle.) Les anciens nom. moient ainfi le chef de la troupe dont leurs chœurs étoient compofés ; il vient d’un mot grec qui fignifie le Jommet de la tête. On donne ce nom dans quelques-uns de nos opéra à un aéteur principal, lorfqu’il chante des morceaux avec les chœurs, (2) CORYSE, Coryfz, (Medec.) Voyez le nom fran. gois ENCHIFRENEMENT. * CORYTHALIENNE, adj. furnom fous lequel Diane avoit un temple, un facrifice & des fêtes à Lacédémone ; on lui immoloit en danfant de petits cochons, & on linvoquoit fur la fanté des petits garçons que les nourrices lui préfentoient dans Les lolemnités Corythaliennes, CORZEGNO, (Géog. mod.) petite ville d'Italie au pays d’Alba, dans le duché de Monferrat, C OS COS , (Ifle de) Géog. anc. & mod. L'ile de Cos, une des Sporades, aujourd’hui Lango ou Sranchio, a eu Phonneur d’être la patrie d’Hippocrate & d’Ap- pelles, les deux plus grands hommes du ae poux LC O M Ü 290 COS la Médecine & là Peinture. Elle fut auffi très-céle- bre par la pourpre que lof pêchoit entre cette ile & celle de Nifizus, à préfent Waflari ; par fes excellens vins & par fes belles gazes. Elle s’approchoit des côtes dé l’Afie mineure entre la mer Egée & la mer Carbathiénne, à l'entrée du golfe Céramique, qui {éparoit là Cätie dé la Doride. Strabon [üi donnoit 69 milles d'Italie de circuit, & parmi les inodernes Thevet lui en afigné ttente-cinc de France. Il y avoit encore du tems de Jefus-Chrift, un temple élevé en l’honneuf d'Efculape dans le faux- bourg de Cos , qui étoit également renommé $C rem- pli de préfens confacrés , des plus précieux: On yoyoit entr'autres dans ce temple le portrait d’An- tigonus peint par Appelles, & celui de Vénus Ana- dyomene, c’eft-à-dire gui fort de l'eau. Ce dernier portrait fut-porté à Rome, & confacré au dieu Cé- far par l’empereur Auguite. Voyez ANADYOMENÉ: Enfin, ce qui me touché davantage, on y voyoit quantité de planches Ou de tableaux qui contenoient des obfervations fur Le couts des maladies, leurs fymptomes, les remedes dont on s’étoit fervi, avee leurs divers fuccès. On dit qu'Hippocrate fit un re- cueil de toutes ces obfervations, & que c’eft là qu'il a puifé les prernieres lumières qu'il a eues de la Médecine, & dont il a fà tiret un fi grand parti. Qu'on me pardonne cette remarque en faveur d’une fcience dont l'étude fait mes déiices. Par M. le Che- yalier DE JAUCOURT. COSA , (Géog. mod.) petite riviere d'Itahe dans la campagne romaine , qui fe jette dans le Cäri- hano. COSAQUES (2s) Géog. mod, nation fituée aux confins de la Pologne , dela Ruflie, de la Tartarie, & de la Turquie. On en diftingue plufieurs fortes : les Kofaki-porovi,qui habitent fur les rives duBorifthe- ne : leur pays s’appelle l'Ukraine ; 1ls occupent aufli une partie de la Volhinie : les Xo/zki-Donski habi- tent les bords du Don ou Tanaïs, & du Dnieper : enfin les Kofaki-Jaiki, qui demeurent le long du Jaïk. Tous profeflent la religion greque, comme les Ruffens , fous la prote&tion de qui ils font ; il y en a cependant qui font fous celle des Turcs : ils font belliqueux, adroits, & fort fujets à voler & à faire des incurfions chez leurs voifins. COSCINOMANCE, f. f. (Divination.) Divina- tion qui fe fait par le crible. Voyez DivINATION. Ce mot vient de zooxiror, crible; 8T mare, divina- tion. On éleve un crible fur quelque chofe ; puis après avoir dit quelques paroles, on lé prend de deux doigts feulement : on récite le nom de ceux qui font fufpe@s, & celui au nom duquel le crible tourne , tremble ou branle, eft ténu coupable du mal dont on cherche l’auteur. Théocrite parle dans fa troifieme idylle, d’une femme qui étoit fort habile dans cette efpece de di- vination, On dit qu’elle fe pratiquoit en fufpendant un crible par un fil, ou le pofant fur une pointe de cifeau, & le faifant tourner, en nommant pendant qu’il tournoit, les noms des perfonnes fufpeétes. On la pratique encore de cette derniere maniere dans quelques endroits d'Angleterre. Il paroît par Théocrite qu’on s’en fervoit pour connoître non-feulement des perfonnes inconnues, mais encore les fentimens intérieurs des perfonnes que l’on connoifloit. Diéf. de Trév. & Chambers. C’eft ce qu’on appelle sourner le [as ; pratique fu- perflitieufe qui eft encore aujourd’hui en ufage parmi le peuple ignorant & groffer, pour découvrir les auteurs d’un vol, ou recouvrer lés chofés perdues. Pidorius a donné la formule des paroles qu'on em- ploye dans cette opération, en affürant qu'il s’en ef lui-même fervi trois fois avec fuccès, fi l’on en croit Delrio, inquiet. magic. lib. IP, ch. ij. queff. 7. fiët. r. p.548. (G) * COSCOMA , ( Hifi. nat. bor. ) atbre du Mono- motapa, dont le fruit reflemble à la pomme d’a- mour ; eft violet, agréable au goût, &. purge vio- lemment lorfqu’on en mange en trop grande quat- tite. | | NT -CO-SÉCANTE,, ff, en Géométr. c’eft la fécante d’un arc qui fait le complément d’un autre; ainfi la co=fécante d’un angle-dé 30 degrés eft la fécante de Fe. Voyez; SÉGANTE 6& COMPLÉMENT. CO-SEIGNEUR, f. m, ( Jurifpr, }.eft celui quia droit avec quelqu’autre à une même juftice où {fei- gneurie direété; ainf ceux auxquels appartient un droit de juftice par indivis , font co-/éigneurs jufti- ciets du lieu fur lequel s’étend ce droit de juftice : ceux auxquels appartient un même fief, font co-fe- gneurs féodaux. Les co-feigneurs font ordinairement tous égaux quant à la qualité du droit, maïs non pas quant à la quotité ; l’un peut avoir les deux uers, tn autre le tiers, ou autres portions plus ou moins grandés, ce qui n’empêche pas qu'ils ne foient co- Jeigneurs. S'il n’y a point de partage du fief entr'eux, ils font A par indivis ; fi le fief eft partagé quant au domaine, ils font tobjours co-/férgreurs, parce qué le partage n'empêche pas que ce ne foit toûjours le même fief dont ils poffedent chacun une portion. Mais fi Le fief étoit démembré , & que ce démembrément fût permis par la coûtume, ou ap- prouvé par le feigneur dominant, ceux qui poife- dent les différentes portions du fief fervant ; ne font point co-féigrieurs ; parce que le démembrement pro- prement dit d’un feul fief, en fait plufieurs diftinéts & fépatés. Si Le feigneur s’eft feulement joué de fon fief, foit par fous-inféodation , foit à titre de cens ou rente, ou par vénte, ceux qui tiennent leur droit dé lui, ne font point fes co férgneurs ; n’étant point fes égaux pour la qualité en laquelle ils poffedent. # Lorfque dans une même paroifle il y a plufeurs feigneurs de fief & feigheurs hauts-jufucrers, le fei- gneur qui a la haute-juftice fur le terrein fur lequel eft bâtie l’églife , eft feul en droit de fe dire feigneur de la paroïfle ; les autres feigneurs jufticiers ou #6o- daux ne font point fes co-fergneurs, &t ñe peuvent pas fe qualifier feigneurs du même lieu, non pas même feigneurs en partie , mais feulement d’un teF fief ou juftice affis dans ce lieu. Lorfque le même fief ou juftice eft partagé entre plufieurs, celui qui a lé château ou principal manoir, ou qui à la plus con- fidérable partie du fief ou de la juftice , peut fe dire feigneut du lieu, fans aucune reftriéion; les autres co- feigneurs ne peuvent fe dire que feigneurs en partie. Celui qui a la plus grande portion de la feigneurie ou juftice, a droit de garder les titres communs , à la charge d’en aïder fes co-féigneurs ; s'ils étoient tous feigneurs par égales portions , &e qu'ils ne con- vinffent pas à l'amiable lequel d’entreux gardera les titres, il faudroit le tirer au fort. Voyez Goflon fur l’art. 18. de La coñtume d'Artois, n. 8. L'un des co-féigneurs peut, faute de foi & hom-= mage, faifir feul féodalement tout le fief mouvant de lui & de fes co-feigneurs , fans qu'il aït befoin pour cela d’un pouvoir ou confentement de leur part; mais ilné peut recevoir la foi & hommage, &c tenir le fief couvert pour la patt de fes co-fégreurs ; fans leur confentement. ; Quant à la manière dont lès co-féigneurs jouiffent des droits honorifiques, voyez le sraité de Marechal. E celui de M. Guyot. (4) COSENZA , (Géog. mod.) ville confidérable dE talie au royaume de Naples, fürle Grate. Long. 34 10, lat. 394 23% _ | | 0 | COS CO-SINUS , £.m. (Géom.) c’eftie finus dfoit dur, arc qui eft le complément d’un autre; ainfi le co- finus d’un angle de 30 dégrés ;eft le finus d’un angle de 60 degrés. Joy. SINUS, COMPLÉMENT ;, ANGLE, DEGRé. | Co-siNUs VERSE , éft un nom que quelques-uns ‘donnent à la partie du. diametre qui refte après en avoir tetranché le finus verfe, Voyez SINUS VERSE: Chambers, (0). tes . * COSME, (Æiff, mod.) chevaliers dé l’ordre de S. Cofine & de S.Damien. Ils n’ont point exifté réelle- ment , felon quelques-uns ; d’autres circonftancient tellement leur inftitution , qu'il eft difficile d’en dou- ter. Ils commencerent, dit-on, en 1030. C’étoient des hofpitaliers qui recevoient à Jérufalem & dans d’autres lieux de la Paleftine , tous les Chrétiens qui tomboient malades en fuivant la Croifadé ; 1ls les rachetoient auf quand ils étoient pris. Ils fuivoient la regle de faint Bañle. Jean XX, leur donna pour marque de dignité, fur un manteau blanc une Croix rouge , au milieu de laquelle un-cercle renfermoit les images de S. Cofne & de S. Damien. * COosME , (Æi/?. mod.) chanoines réguliers des. Cofine. Ce font ceux de S. Cofime-lez-Tours , qui laif- {erent la regle trop auftere de S. Benoît, pour celle de S. Auguftin. On ne fait point en quel tems fe fit cette révolution monaftique: | ‘au …*Cosme , (Hifloire mod.) I fe prend aujourd’hur pour la communauté des Chirurgiens , pour leur école, pour leutamphithéatre & pourleuracadémie. Aller à S.Cofine, être de S. Cofme ; peuvent avoir ces différentes acceptions , auxquelles le voifinage de la paroifle de S. Cofine & du lieu de leurs aflem= blées.&r exercices, a donné occafñom COSMES, £. m. pl. (Æift. anc.) magiftrats fou- verains qui étoient établis en Crete au nombre de dix, pour maintenir le bon ordre dans la républi- que; & c’eft par cette raifon qu'ils furent appellés Cofmes ; du mot grec requos, ordre. [ls étoient aie, ne rendoient compte à perfonne de leur adminiftra- tion, & commandoient les armées en tems de guer- ‘ te. On les choïfifloit par Le fort, mais feulement dans de certaines familles , & on tiroit aufli de ces mêmes familles les fénateurs qui formoïent le confeil pu- blic, Je ne connois rien qui ait plus de rapport aux anciens Comes de Crete , que le confeil des Dix éta- bli à Venife , avéc cette différence feulernent , que ces derniers ne commandent point les armées, Woyez Dix. Par M. le Chevalier DE JAUCOURT. COSMETIQUE, f. f. On peut donner ce nomen général à la fcience de l'univers; elle renferme trois parties , la Cofmographie, la Cofmogonie , & la Cofmologie. Voyez ces mots, On peut aufli donner ce nom en général à la fcience des ornemens dans quelque genre que ce puifle être ; lemême mot grec zoopoc , qui fignifie monde & ordre, fignifiant aufli ornement. (O) | d. | _ CosMÉTIQUE, (Médecine.) C’eft la partie de la Medecine qui a pour objet l'entretien de la, beauté naturelle. Cenom vient du grec xoqusw, orner. La _ Cofinérique eft non-feulement l’art de l’embellifle- ment du corps, mais encore celui de combattre la laideur, de diminuer les défauts qui peuvent occa- fionner un objet de dégoût ; de cacher les imperfec- tions, les infirmités qui viennent de naïflance, par maladie, ou par quelqu’autre caufe que ce foit, & même de prévenir ces infirmités. On a eu de tout tems pour but, & avec raifon, de rendre la nature la moins defagréable &c la plus attrayante qu'il-fe- roit poffible. Il nous manque un ouvrage en ce gen- re; & un tel ouvrage , pour être bien fait, deman- deroit un fort habile homme. Il faut cependant diftin- guer cette partie de la Medecine, peu cultivée juf- qu’à ce jour, de celle qui fournit le fard, & quiin- Tome 1F, : ; " COS 291 dique pour l’émbelliffement de la peau, les dtogues que nous appellons des Cofimeriques, Voyez l'article Juivanr. Par M. le Chevalier DE JAUCOURT. :! :: CosMÉTIQUE; f. m. Les co/mériques font tous les remedesimaginés pour rendre la peau belle, confer- ver la couleur & la fraicheur du teint ; teindre les cheveux, les fourcils, 6. en unmot tout ce qu'O- vide étale fur ce point dans fon poëme de rredica- mine farcie: , fuppolé que ce poëmé foit de lui. Criton l’Athénien, qui vivoit vers lan 350 de Rome, confidérant que les grands n’ont pas moins à cœur de faire pafler de petits boutons, des taches de rouffeur, & en général tous les défauts de là peau, que de guérir d'une maladie férieufe, épiufa la matiere des co/mériques dans un traité de la com- poñition des médicarnens, Galien, qui le cite fou- vent avec éloge, ajoûte qu'Hérachde de Tarente en avoit déjà dit quelque chofe, comme auf la reine Cléopatre; mais que ce n’étoit rien en com- paraïfon de ce que Criton avoit écrit {ur ce fujet s parce que du tems d’Hérachdé, & même du tems de Cléopatre , les femmes ne s’étoient pas portées à cet égard à l'excès où elles parvinrent dans le fieclé de Criton. D'ailleurs le même Galien excufe Criton de s’être attaché férieufement à ces bagatelles, quoi- qu'il fût medecin de cour, & d’une cour qui ne les regardoit point avec l’indifférence qu’elles mé fitent. a Célfe à judicieufement remarqué que là plüparf des cofmétiques lés plus vantés, ne font qu'un vai amufement , un pur charlatanifme ; qu'il eft inutile d'entreprendre de détruire le hâle, les taches de roufleur, les rougeurs du vifage ; que c’eft une fo- lie d’efpérér de changer la grofleur du teint, la cou= leur de la peau naturellé; encore plus dé vouloir remédier aux ridés : mais que les femmes font telle: fnent éprifes de la beauté, & du defir d’éloigner oi de réparér les débris de la viallefle, qu'il eft impof- fible de vaincre en elles cé penchant, & de leur perfiader la futilité de tous ces beaux feerets qu£ portent le nom de co/mésiques. Effedivement les meilleurs fe réduifent , à les bierx pefer, au mérite des fimples friétions, des lotions de liqueuts fpiritueufes pour la propreté, &c de celles qui étantonétueufes, peuvent être employées fans danger pour décraffer, polir & adoucir la peau Tels font, par exemple, l’eau de fraifes , l'eau dé lavande , l’eau diftillée de féves, le fuc que l’on tire dés fleurs de l'oreille d'ours, €. l’huile de mirrhe par défaillance, d'amandes, de citrouille, de grainé de melon, de noifettes, de graine de pavot blanc ; de femence dé cameline où de myagrium ; huilé debehin, de cacao , tirée fans feu; la cire de ca< nelle de la compagnie hollandoife des Indes orien- tales, les pommades où entre le blanc de baleine, longuent de citron fait avec le camphre & les émul- fiôns defubftancés farineufes ; l’eau de talctirée par la même méthode qu’on employe pour l'huile dé mirrhe, &autres de cette nature. ; On range dans la même clafle le fel de bœuf dif= tillé, mêlé.à la quantité de fix onces, fur alun de: roche, de botax & de fic candi pulvérifés ; de cha- cun demi-once. Cette liqueur étant philtrée, on s’en lave le vifage le foir avant que de fe coucher; 8 on l’enleve le matin avec de l’eau de lavande, | Enfin on doit mettre au rang des excellens cofiné- tiques , le baume de la Mecque & la teinture de ben join. Voyez BENTOIN: | Cette teinture de benjoin mêlangée avec parties égales d’eau de fleurs de féves, ou autre femblable donne fur le champ ce qu’on nomme le lait virginäls liqueur blanche , laiteule, opaque, qui eft fort bon: ne pour la peau. Pr Les dames qui peuvent avoir du uns de la Mec: Oo i} ‘que, le mêlent avec un pen d'huile dés quatre Le: ‘mences froides ; d’autres diffolvent de ce baume ‘dans de l’efprit de vintou de l’eau de la reine d'Hon- ‘grie: enfuite elles jettent certe diflolution dans de Veau de lys, & en font une efpece de lait virginal. Voici la méilleure maniere de préparer ce baume ‘cofinesique, fuivant M. Geoffroy. | Prenez baume de la Mecque , fnulé d'amandes donces nouvellement tirée, de chacune parties éga- les : mêlez ces drogues avec foin dans un mortier de verre, pour en faire une efpece de Aubriture , fur trois drachmes duquel vous verferez, après [ avoir mis dans un matras, fix onces d’efprit-de-vin ; laif- fez-le en digeftion jufqu'à ce que Vous En ayez ex- trait une teinture fuffifante. Séparez cette teinture de l’huile , & mettez-en une once dans huit onces de fleurs de fêves, ou autre analogue , vous aurez un excellent cofinétique laiteux. 11 faut bien fe garder de confondre ces fortes de préparations cofnériques innocentes , avec celles qu'on compofe de plomb , de cérufe, de vinaigre de Saturne, de magiftere, de fleurs de bifrauth & au- tres de cette nature , qui font à la vérité les plus beaux blancs du monde , mais qui par leurs parties falines , venéneufes, arfénicales, indélébiles, alte- rent & gâtent le teint fans remede, Comme on blanchit les fleurs de jacynthe bleues, en les paflant à la fumée de foufre, cette expérience a fait imaginer qu'on pourroit par le même fecours rendre blanche la peau brune & bafanée ; mais les perfonnes qui s’en fervent pour les mains & les bras, n’en éprouvent point de fuccès. A l'égard du vifage, fi ce moyen étoit pratiquable fans affeéter les yeux & la poitrine , il ne manqueroit pas de pähr les joues &. les levres, & de les rider en même tems. Il eft donc très-umportant de n’employer aucun de tous ces dan ereux fards cofmmériques ; qui plom- bent la peau , la deffechent, la minent, & produi- fent finalement les mauvais effets dont parle la Bruyere , quand 1l dit que « fi les dames étoient tel- » les naturellement qu’elles le deviennent par arti- » fice, c'eft-à-dire.qu'elles perdiffent très-prompte- » ment la fraicheur de leur teint ; qu’elles euffent le » vifage aufli gâté qu’elles fe Le rendent par la pein- » ture dont elles fe fardent, elles feroient inconfo- » lables. » Par M. le chevalier DE JAUCOURT. COSMIQUE , adj.(Géog.) fe dit de ce qui appar- tient à la Cofmographie, ou qui a rapport au monde en général, (0) COSMIQUE, fe dit, ez Affronomie , du lever d’une étoile dans certaines circonftances, Une étoile fe leve cofiniquement , quand elle fe leve avec le foleil, ou avec le degré de l’écliptique où eft le foleil. Foyez LEVER. Le coucher cofnique arrive lorfqu’une étoile fe couche dans lemême tems que le foleil fe leve. Foy. Coucner 6 HELIAQUE. Selon Kepler, fe lever ou Jë coucher cofmiqumens, c’eft feuléement s'élever fur l’horifon ou def-cendre deflous. Foyez ACHRONIQUE, Chambers, (O) "CosMiQUES. (Qualités) Façon de parler dont M. Boyle fe fert pour défigner certaines qualités des corps réfultantes de la conftruéhion générale de l'U- mivers. Voyez QUALITÉ. mois Quoiqu'en confidérant les qualités des corps, nous n'examinions ordmairement que la faculté qué chaque corps a d'agir fur un autre, on que la pro- priété qu'il a de fubir Padion d’un autre corps avec lequel une communication réciproque d’impreflions fait obferver qu’il a une relation manifefte ; cepen- dant, felon M. Boyle, un corps peut avoir quelques attributs, & être fujet à certains changemens, non pas fimplement par rapport à ces qualités qui paroif- | b | COS fent Ini être évidemment inhérentes , m1 pat les rela tions qu'il a avec les autres corps, maïs en conféz quencé de la conflitution du fyflème général du Monde, de laquelle 11 pourroïit réfulter plufieurs agens infenfibles, qui par des moyens inconnus por: roient agir puiffamment fur les corps que nous con- fidérôns , ÿ produire des changemens, & les rendre capables d'en produire fur les autres corps ; de forte que ces changemens devroient être attribués plütôt à l’aétion de quelques agens infenfibles , qu'à celle des autres corps avec lefquels on obferveroit que le corps en queftion auroit un certain rapport: Ainfi plufieurs corps étant placés enfemble dans quelque efpace fuppofé au-delà des bornes de l'Univers, 118 _retiendroient , felon M. Boyle, plufeurs des qualis tés dont ils font doïés préfentement , 8e ils pour roient en perdre quelques-unes & en acquérir d’aui tres. Mais fi on les remettoit à leurs premieres-plas ces dans l’Univers , ils reprendroient leurs proprié: tés &c difpoñitions primitives , dépendantes de la for: me du fyflème général ou du Monde. Ce fort ces gualités ou propriétés que M. Boyle appelle fÿffémas tiques Ou cofmiques. Chambers, On ne fauroit douter que tous les corps dont cet Univers eft.compofé , ne forment un fyffème qui eft un, &c dont les parties font dépendantes les unes des autres, & ont entr’elles des relations qui réfultent de lharmonie du tout. Certainement quelqueshins de ces corps déplacés pourroient perdré ces relations , &T changer par conféquent de propriétés à certains égards. Mais tout ce que nous pouvons dire là-defus 1e réduit à des chofes bien générales & bien vaguess parce que nous fommes fort ignorans fur les pro: priétés de la matiere, & fur l’enfemble de cet uni- vers que nous habitons, Un feul phénomene , un feul fait bien vù & bien développé inftruit plus que touz tes ces conjetures hafardées, que nous ne ferons ja2 mais à portée de vérifier, & qui, fans éclairer les Philofophes , exercent leur imagination & leur oif- veté. Newton, fans s’épuifer en raifonnemens fur le fyfème d’un autre univers, a fait plus de découver- tes qu'aucun autre philofophe dans le fyftème de ce- lui que nous habitons. Ne cherchons point ce que les corps pourroient être dans un monde imaginaire ; contentons-nous d'ignorer ce qu'ils font dans celuis ci. (O COMOSCNE >. F. (Phyfig.) eft la fcience de la formation de l'Univers. Ce mot eft formé de deux mots grecs, soçuos, monde , yelvous ; je nais, La Cof- mogonie differe de la Cofmographie,en ce que celle-ci eft la fcience des parties de l'Univers, fuppofé rot formé , & tel que nous le voyons; & elle differe de la Cofmologie, en ce que celle-ci raifonne fur l’état aétuel & permanent du Monde tout formé ; au lieu que la Cofinogonie rafonne fur l’état variable du Monde dans le tems de fa formation. Voyez Cos- MOLOGIE. | De quelque maniere qu’on imagine la formation du Monde, on ne doit jamais s’écarter de deuxgrands principes: 1° celui de la création ; car il “: clair que la matière ne pouvant fe donner lexifience à elle-même, il faut qu’elle l’ait reçue: 2° celui d’une intelligence fuprème qui a préfidé non-feulement à la création, mais encore à l’arrangement des par- ties de la matiere en vertu duquel ce Monde s’eft formé. Ces deux principes une fois pofés | on peut donner carriere aux conjeétures philofophiques , avec cette attention pourtant de ne-point s’écarter dans le fyffème qu’on fuivra de celui que la Genèfe nous indique que Dieu a fuivi dans la formation des différentes parties du Monde, | 4 Aïnfiun chrétien doit rejetter tout fyftème de Co mogonie , par exemple, où les poïffons feroient exi£ tans avant le foleil; parce que Moyfe nous apprend qué-le Yoleil: fut fait le-quatrieme jour, 6 les poil: {onsrie cinquieme. Mais on aniroit itort de taxer d'impiété un phyfcrén qui penferoit que les poiffons ontchabité le globe avant l'homme, puifqu'il eit écrit que l’homme ne fut créé que dé dernier, Ainfi l’auteur d’une gazette-périodique a fottement accufé l'illuftre fecrétaire de l’académie:des Sciences d’az voir dit que Les polos ont èté des premiers habitans duglobe; car cela éfttrès-conforme aurécitdeMoyfe: - C’eftencoreline chofe qu’il eft très = permis dé foûténir, fuivant le récit même de Moyte, que le chaos xt rexifté avant:la féparation que Dieu à faite de fes différentes parties, Voyez d'arricle CHAOS. … Aldont être très-permis dedire avec Defcartes,qué les plaetes, & la terreenparticulier, ont commencé par être des doleils quide font :enfuite encroûtés ; parce que le récit de Moyfe n’awien de contraire à cette fuppoñtion. La Phyfique peut la répronvet; mais la religion l’abandonne à nos difputes. Il doit être permis de dire que la formation de ce Monde n’a dépendu que du mouvement & de la matiere:dif- féremment combiriés ; parce que Diew auteur feul de la matiere &t du mouvement n’a employé ceftai- nement que ces deux principes pour l’arrangement du Monde; mais les a employés avec mne intelli- gence dont lui feul eft capable, & qui feule eft une prenve de fon exiftence.-On doit donc être extrè- mement refervé à taxer d'irréligion les philofo- phes qui propofent un fyftème de Co/#ogorie , lorf: que ce fyflème peut s’accorder avec le récit de Moyfe; &c il ne faut pas cramdre qu'on leur donnée par-Rà trop d'avantage. Dansle fyflème de Newton, par exemple, limpulfion une fois donnée aux pla= netes , & l’attraétion fuppofée , le fyftème du Monde doit fubffter en vertu des feules lois du mouvement: I femble d’abord que ce fyftème favorife l’Athéif- me, en ce qu'il ne fippofe autre chofe qu’un pre: miermouvementimprimé, dont tout le refte eft une fuite ; 8c qu'al n’a pas recours à l’afion continue de l'Étre fuprème. Mais qui a pû (donner ce premier mouvement , & quia établi les lois en vertu def: quelles il fe conferve? Ne fera-ce pastoljours l’être fuprème ? Il en eft ainfi des autres. La philofophie de Démocrite qui attribuoit tout au hafard & au concours fortuit des atomes, étoit impié ; Mais une phyfique qui , en réduifant tout au mouvement dif- féremment combiné & à des lois fimples & généras les , explique la formation de l'Univers, eft très-or- thodoxe, quand elle commenceipar reconnoître Dieu pour auteur feul de ce mouvement 8zde ces lois: F. CRÉATION, MOUVEMENT , PERCUSSION, Ge, - Après ces obfervations ; nous n’entférons point dans le détail des différens fyftèmes des anciens & des modernes dur la formation du Monde, tous ces fyflèmes étant des hyÿpothèfes purement conje@ura- les, & plus.ou moins heureufes, à proportion qu’el: les font plus ou moins appuyées fur les faits 8c fur les lois de la méchanique ; nous eh expoferons les principaux à l’article TERRE, Car c’eft principale: ment la formation de ce globe que nous habitons qui eft l’objet de la Cofrnogonie. (0) [le COSMOGRAPHE, adj. pris fubft, {e dit d’une perfonne verfée dans la Cofmographie. Voyez Cos- MOGRAPHIE. Les anciens qui nioïent l’exiftence des antipodes , étoient de mauvais Cofmographes. Voyez l’article ANTIPODES, où nous avons expoté l'affaire de Virgile , & que nous rappellons ici, parce qu'il nous paroït que nous y avons difcuté avéc exaétie tude le jugement que le pape Zacharie porta en cette occafñon , & répondu d'avance aux mauvaifés obje- tions qu’on nous a faites là-deflus. (O « COSMOGRAPHIE, f. f, defcription du monde, ou fcience qui enfeigne la confiruétion, la figure, la difpoñition, & le rapport de toutes les parties qui Mic 4 ENS DE C O S | 293 compofent l'Univers. Voyez Monpe. Ce int vienk ‘du grec moopve, mondes & ypige, je décris, La Cofmographie différée de Ia Cofmologie, en ce que celle-ci raïfonne fur lacconftfuétion & là forma tion de l'Univers, au lieu que la Coffrographie en et feulement la defeription hiftorique, … La Cofinographie dans fa définition générale er brafle:, comme l’on voit, tour:ce qui eft de l'objér dé la Phyfique, Cependant on a reftraint ce mot dans Pufage à défigner la-partié de la Phyfique qui soc cupe du fyftèmégéneral du moride. En ce fens la Cof- rhographie a deux parties; l’Aftronomié , qui fait con- noître la ftruéture des cieux 8 la difpoñtion des af- tres, voyez ASTRONOMIE ; 8 la Géographie, qui à. pour objet la defcription de la Terre, 67e GÉO- GRAPHIE; Sr: A. Quoique nous doñnions dans les différens articles de cette Encyclopédie le détail des différens points du fyftème du monde, nous allonsici expofer ce ff tème fort en abregé, pour en préfenter l’idée géné rale à ceux qui n’en font pasinftruits, nous réfervant à entrer dans un plus grand détail aux articles dont il s'agit. Voyez COPERNIC, PLANETE, Éc “ Le Soléil eft au centre de notre fyftème. C'eftün globe lumineux, environ un million de fois gros com. ame Ja Terre ; il tourne fur fon axe en 25 jours; on y voit des taches qui difparoïffent, Voyez SOLEïL ; Tac HE ; Ée. : Mércure tourne autour du Soléil en trois mois; on ne fait s'il tourne {ur lui-même. Son diametre eft 2 dé celui du Soleil; fa diftancé au Soleil la plus gran: de eff de 4137 diam. de la Terre ; la plus petite de 3377. Voyez MERCURE. | LM | + - Venus à un diametre qui éft le = de celui du So: leïl, Elle tourne fur fon axe, felon quelques-uns , em 2.4 jours ,félon d’autresen 24 heures. Sa plus grande diftance eft de 8008 diam. terr: la moindre de 7898; Voyez VENUS: | La Terte eft dans fa plus grande diftarice à t1187 diam. &z das la plus petite à 10813. Elle toutne en 24 heur. fur fon axe, &c cet axe a outre cela un mou- vement conique, dont la révolution eft de 25600 ans$ il fait un angle de 66° + avec lécliptique. 7: Ecirp: TIQUE , PRÉCESSION DES EQUINOXES, TERRE, Mars tourne fur lui-même en 25 heures , & autour du Soleil en deux ans ; fa plus grande diffance eft de 16315 diam, de la Tèérre, & la moindre de 15213 ; {on diametre eft de -+ de’celui du Soleil. 7. Mars. Jupiter tourné en 10 heures fur fon axe , & autour du Soleil en douze ans; fon diämetre eft+ de celui du Soleil ; fa plus grande diftance eft de $99$6 diams têtr. fa moindre de 54450. Voyez JUPITER. Saturne toutne en trenté ans autour du Soleil ; on ignore s’il tourne fur fon axe. Sa plus grande diftan- ce eft de 110035 diam. térr, fa moindre de 08907: Voyez SATURNE. - RAT, | Outre ces fix planetes principales , ilen eft de fe- condaires où fatellites: La Lune eft fatellite de [a Terre; elle tourne autour d'elle-même & autour de la Terre en'un mois ; elle eft éloignée de nous de 3à diimetres de la Terre. Son-diametre eft le + de diam; de la Terre: Voyez LUNE, SATEËLITE. Jupiter a de même quatre fatellites , & Saturne cinq. De plus, cette dermere planete a un anneau très-fiñigulier. Poyeéz ANNEAU. Les éclipfés des fa- tellites font d’une grande utilité pour les Iongitudess Voyez; LONGITUDE. , y ‘Notre Terre eft couverte de deux grands fluides: l’un eft la mer ; dans lequel l’aéion dé Ia Lune & du Soleil caufe un flux & reflix continuel ; l’autre eft Pair, dans léquel on à remarqué beaucoup de pro phétés. Voyez; MER, MAREE , AIR, Gr, L _ La lumiere des planetes / matte & foible en com pataifon de éelledu Soleil, leurs phafes , leurs ta- 294 COS “chesitenftantés., &'lenirs différentes écliples, prou* ‘vent qu’elles font comme notre terre des corps Opa- . | ques, qui reçoivent la lumiere du Soleil. Yoyez PHA- SES , ECLIPSE, TACHE,, Etc. La lumiere du Soleil eft un compoié de fept cou leurs primitives: rouge, orangé, jaune , verd, bleu, indigo, violet; voyez COULEUR; & cette lumiere vient à nous en 7 à 8 minutes. Voyez LUMIERE 6 ABERRATION. Te Les planetes nie font point des globes parfaits, & leurs orbites font des ellipfes & non des cercles. 7 OnBITE, TERRE, Gc. Les cometes ne font autre chofe que des planetes, dont les orbites font fort al. : longées , & qui ne font vües que dans une partie de leurs cours, Voyez COMETE. Les coquillages, les poiflons pétrifiés qu'on trou- ve fur-les lieux les plus élevés & les plus éloignés de la mer, prouvent que les eaux ont inondé autrefois les heux que nous habitons,, voyez CHAOS & Dé- LUGE ; & l’on voit dans les difpoñitions des différens lits de la Terre , des preuves des fecoufles qu’elle a autrefois éprouvées. Woyez TERRE, Les étoiles fixes font autant de foleils femblablés au nôtre , dont la diftance eft fi.énorme qu’on ne peut la mefurer. Il y en a de différentes grandeurs, de changeantes , de nébuleufes, 6. Foy. ÉTOILE. Voyez L’effai de Cofmologie de M. de Maupertuis: (O0) COSMOLABE, f. m. (4ffron.) ancien inftrument de Mathématique; c’eft prefque la même chofe que l’aftrolabe. Voyez ASTROLABE. Ce mot eft dérivé de scouds, monde , 8 xaubarw, prendre, parce que cet anftrument fert, pour ainf dire, à prendre la mefure du monde. (0 ) COSMOLOGIE, fub. £. (Ordre Encyci. Entende- ment, Raifon, Philofophie ou Science, Science de la Na: æure, Cofmologie.) Ce mot, qui eft formé de deux mots grecs , xoouoc, monde, & xoyse, difcours, fignifie à la lettre fcience qui diftourt fur le monde , c’eft-à-dire qui raifonne fur cet univers que nous habitons , & tel qu'il exifte atuellement. C’eft en quoi elle dif- fere de la Cofmographie & de la Cofmogonie. Foy. ces mots. | La Cofinologie eft donc proprement une Phyfqué générale & raifonnée, qui, fans entrer dans les dé- tails trop circonftanciés des faits , examine du côté métaphyfque les réfultats de ces faits mêmes , fait voir l’analogie & l’union qu'ils ont entr’eux , & tâ- che par-là de découvrir une partie des lois généra les par lefquelles l'Univers eft gouverné. Tout eft dié dans la Nature; tous les êtres fe tiennent par une chaîne dont nous appercevons quelques parties con- tinues , quoique dans un plus grand nombre d’en- droits la continuité nous échappe. L’art du Philo- fophe ne confifte, pas , comme il ne lui arrive que trop fouvent, à rapprocher de force les parties éloi- gnées pour renouer la chaîne mal-à-propos dans les endroits où elle.eft interrompue ; car par un tel ef- fort on.ne fait que féparer les.parties qui fe tenoient, ou les éloigner davantage de celles dontelles étoient déjà éloignées par l’autre bout oppofé à celui qu’on rapproche ; l’art du Philofophe confifte à ajoûter de nouveaux chainons aux parties féparées, afin de les rendre le moins diftantes qu'il eft poffible : mais il ne doit pas fe flatter qu'il ne reftera point toûjours de vuides en beaucoup d’endroits. Pour former les chainons dont nous parlons , il faut avoir égard à deux chofes; aux faits obfervés qui forment la ma- tiere des:chainons ; & aux-lois générales: de la Na- ture qui en forment lellien, J’appelle Lois générales, celles qui paroïflent s’obferver dans un grand nom- bre de phénomenes ; car je me garde bien de dire dans tous. Telles font les lois du mouvement, qui font une fuite de l’impénétrabilité des corps, & la fource de plufeurs des effets que nous obfervons dans la Nature. Figure & movement (j'enténs le mot vement quivient de l’impulfion }, voilà une grande parfie des principes fur lefquels roule la Cofirologie, Il né faut pas s’en écarter fans nécefité, mais aufi il ne faut päas trop affirmer qu'ils foient les feuls : nous ne connoiflons pas tous les faits, comment pourrions-rious. donc affürer qu'ils s’expliqueront tous par une feule & unique loi ? cette affertion fez roit d'autant plus téméraire , que parmi les faits mê- mes que nous connoïffons , il en eft que les lois de limpulfion n’ont pù expliquer jufqu'aujourd’hui. 7: ATTRACTION. Peut-être y lparviendra-t-on un jour: maisen attendant cettè grande découverte ; fufpendons notre jugement fur Puniverfalité de ces lois. Peut-être (& cela eft du moins auf vraiflemblable ) y a=t-1l une loi générale qui nous éft & qui nous fera tobjours inconnue , dont nous ne voyons que les conféquences:particulieres , obf- cures, & limitées ; conféquences que nous ne laïf- {ons pas d’appeller Lois générales. Cette conjeture eft très-conforme à l'idée que nous devons nous for: mer de l’unité & de la fimplicité de la Nature. Foy. NATURE. Au refte fi nous refléchiffons fur la foi- blefle de notre efprit, nous ferons plus étonnés en- cote de ce qu'il a découvert, que dé ce qui lui refte caché. ÆrEL : . Mais Putilité principale que nous devons retirer dé la Co/mologie, c’eft de nous élever par les lois gé: nérales de la Nature , à la connoïffance de fon au- teur , dont la fagefle a établi ces lois, nous en a laïffé voir ce qu'il nous étoit néceffaire d’en connoï= tre pour notre utilité ou pour notre amufement , & nous aicaché le refte pour nous apprendre à douter: Aiïnfi la Cofmologie eft la fcience du Monde ou de PU- . nivers confidéré en général , entant qu’il eft un être compofé, & pourtant fimple par l’union & l’harmo- nie de fes parties; un tout, qui eft gouverné parune intelligence fuprème, & dont les reforts font com- binés, mis en jeu, & modifiés par cette intelligence. « Avant M. Wolf, dit M. Formey dans un article qu'il nous a communiqué , » ce noi étoit inconnu » dans les écoles, c’eft-à-dire qu’il n’y avoit aucune » partie diftinéte du cours de Philofophie qui füt ainf » appellée. Aucun métaphyfcien ne fembloit même » avoir penfé à cette partie, & tant d'énormes vo- » lumes écrits fur la Métaphyfique , ne difoient rien » fur la Cofmologie. Enfin M. Wolf nous a donné un » ouvrage fous cetitre : Co/mologia generalis, metho- » do fcientifica pertrattata, qué ad folidam , imprimis » Dei atque nature, cognitionem via ffernitur. Francof, » 6 Lipf. in-4° 1731. Il y en a eu une nouvelle édi- » tion en 1737. Il donna cet ouvrage immédiate- » ment après l’Ontologie, & comme la feconde par- » tie de fa métaphyfique, parce qu'il y établit des » principes, qui lui fervent dans la Théologie natu- » relle à démontrer l’exiftence &c les attributs de » Dieu par la contingence de l’Univers & par l’or- » dre de la Nature. Il l’appelle Co/mologie générale où » tranfcendante , parce qu’elle ne renferme qu’une » théorie abffraite, qui eft, par rapport à la Phyf- » que, ce qu’eft l’Ontologie à l'égard du refte de la » Philofophie. » Les notions de cette fcience fe dérivent de On: : » tologie; car 1l s’agit d'appliquer au Monde la théo- » rie générale de l'être & de l'être compofé. A cette » confidération du Monde, 4 priori ; on joint le {e- »# cours des obfervations & de l'expérience. De forte » qu’on peut dire qu'il y a une double Cofnologie ; » Cofmologie fcientifique , & Cofmologie expérimentale. »# De ces deux Co/frnologies | M. Wolf s’eft propre- » ment borné à la premiere, comme le titre de fon » ouvrage l'indique ; mais il n’a pas négligé néan- » moins les fecours que l'expérience a pü lui donner » pour la confirmation de fes principes, | » L’une & l’autre fourniffent des principes , qui » fervent à démontrer l’exiftence &r les attributs de » Dieu. Les principales matieres qu'embraffe La Cof- » mologie générale, {e réduifent à expliquer comment » le Monde réfulte de l’aflemblage des fubftances » fimples, & à développer les principes généraux » de la modification des chofes matérielles. » C’eft là le fruit le plus précieux de la Cofrnolo- » gie; 1] fuffit feul pour enfaire fentir le prix, & pour » engager à la cultiver, n’en produisit-elle aucun » autre. C’eft ainfi qu'on parvient à démontrer que » la contemplation du Monde vifible nous mené ala » connoiffance de l'être invifible qui en eff l’auteur. » M. Wolf paroît extrèmement perfuadé de l'utilité » & de la certitude.de cette nouvelle route qu'il s’eft » frayée, & voici comment il s'exprime là-deflus ». În honorem Dei, confiteri cogor, me de cognitionc Dei methodo ftientificä tradendä plurimim follicitum ; 707 reperiffe viam aliam, qué ad fcopum perveniri datur ;, guam eam quam propofitio præfens monfirat, nec repe- rie philo[ophum qui eandem rite calcaverit , etft laude té defraudandi non fint, qui noffris præferiim tempo- ribus theologiæ naturali methodum demonffrativam ap- plicare conati fucrint. Wolf, Cofmolog. prolegom, $.6. ir fchol. M. de Maupertuis nous a donné il y a quelques an- nées, un effai de Co/mologie, qui paroît fait d'après les principes & fuivant les vies que nous avons ex" pofées plus haut. Il croit que nous n’avons ni afiez de faits ni aflez de principes, pour embraffer la Na- ture fous un feul point de yüe. Il fe contente d’expo- fer le fyftème de l'Univers; il fe propofe d’en donner les lois générales, & il en tire une démonftration nouvelle de l’exiftence de Dieu. Cet ouvrage ayant excité, en1752,une difputetrès-vive, je vais placer ici quelques réflexions qui pourront fervir à éclaircir la matiere. J’y ferai le plus court qu'il me fera poffi- ble, & j'efpere y être impartial. La loi générale de M. dé Maupertuis eft celle de la moindre quantité d’aétion, voyez-ex la définition & l’expofé au mor ACTION : nous ajoûterons 1c1 les remarques fuivantes. Leïbnitz s'étant formé une idée particuliere de la force des corps en mouvement, dont nous parle- rons au mot FORCE , l’a appellée force vive, &t a prétendu qu’elle étoit-le produit de la mañle par le quatré de la vitefle, ou ce qui reyient au même , qu'elle étoit comme le quarré de la vitefle en pre- nant la mafle pour l'unité. M. Wolf, dans Les Mém. de Petersboure, tom. I. a imaginé de multiplier la for- ce vive par le tems, & il a appellé ce produit afion, fuppofant apparemment que l’aétion d’un corps eft le réfultat de toutes les forces qu’il exerce à chaque inffant, & par conféquent la fomme de toutes les forces vives inftantanées. On pourroït demarxler aux Leïbnitiens, dont M. Wolf eft regardé comme le chef, pourquoi ils ont imaginé cette diftinétion mé- taphyfique entre l’aétion & la force vive ; diftinétion qu'ils ne devroient peut-être pas mettre entr’elles, du moins fuivant l’idée qu'ils fe forment de la force vive ; mais ce n’eft pas de quoi il s’agit ici, & nous en pourrons parler ax mot FORCE. Nous pouvons en attendant admettre comme une définition de 70m athitraire cette idée de lation; & nous remarque- rons d’abord qu’elle revient au même que celle de M. de Maupertuis. Car le produit de l’efpace par la vitefle, eff la même chofe que le produit du quarré de la viteffe par le tems. M. de Maupertuis, dans les ouvrages que nous avons cités az 7104 ACTION, ne nous dit point s’il avoit connoïflance de la déf- nition de M. Wolf; il y a apparence que non: pour nous nous l’ignorions quand nous écrivions ce der- nier article , & nous voulons ici rendre fcrupuleu- fement à chacun çe qui lui appartient, Au refte 1l COS 295: impotte peu que M. de Maupertuis ait pris cette idée deM. Wolf, ou qu'il fe foit feulementrencontréavec Jui ; car il s’agit ici uniquement des conféquences qu'il en a tirées , &t auxquelles M. Wolf n’a aucune part. M. de Maupertuis eft conftamment le prèmier qui ait fait voir que dans la réfraétion la quantité d’adion eft un minimum : il n’eft pas moins conftant, 1°, que ce principe eft tout différent de celui-ci, que la Nature agit soñjours par la voie la plus Jfimple ; car ce dernier principe eft un principe vague , dont on peut faire cent applications toutes différentes, felon la définition qu’on voudra donner de ce qu'on re- garde comme la voie la plus fimple de la Nature c’eft-à-dire felon qu’on voudra faire confifter la fm- plicité de la Nature &c fa voie la plus courte, ou dans la direction re&tiligne, c’eft-à-dire dans la brié- veté de la direétion, ou dans la briéveté du tems, ou dans le rririmum de la quantité de mouvement, ou dans le zinimum de la force vive, ou dans celui de l’adtion, &c. Le principe de M. de Maupertuis n’eft donc point le principe de la voie la plus fimple pris vaguement, mais un expoté précis de ce qu'il croit être la voie la plus fimple de la Nature. 2°, Nous avons fait voir que ce principe eft très- différent de celui de Leibnitz, voyez ACTION: &e il {eroit aflez fingulier, fi Leibnitz a eu connoiffance du principe de M. de Maupertuis comme on l’a pré- tendu, que ce philofophe n’eût pas fongé à l’apph- quer à la réfraétion; mais nous traiterons plus bas la queftion de fait, 3°. [l n’eft pas moins conftant que ce principe de M. de Maupertuis appliqué à la réfraétion, concilie les caufes finales avec la méchanique du moins dans ce cas-là, ce que perfonne n’avoit encore fait. On s’intéreffera plus ou moins à cette conciliation , fe- lon qu’on prendra plus ou moins d'intérêt aux caufes finales ; voyez ce mor. Mais les Leibnitiens du moins doivent en être fort fatisfaits. De plus, M. Euler a fait voir que ce principe avoit lieu dans les courbes que décrit un corps attiré où pouflé vers un point fi- xe : cette belle propofition étend le principe de M: de Maupertuis à la petite courbe même que décrit le corpufcule de lumiere , en paflant d’un milieu dans un autre ; de maniere qu’à cet égard le principe fe trouve vrai généralement, & fans reftriétion. M. Euler, dans les Mém. de l’acad. des Scienc. de Pruffe, de 1751, a montré encore plufieurs autres cas où le principe s'applique avec élégance &c avec facilite. 4. Ce principe eft différent de celui de la nullité de force vive, par deux raifons ; parce qu'il s’agit dans le principe de M. de Maupertuis non de la zw/- lité, mais de la rinimiré ; & de plus, parce que dans l’aétion on fait entrer le tems qui n’entre point dans la force vive. Ce n’eft pas que le principe de la nul- lité de la force vive n’ait lieu auff dans plufieurs cas, ce n’eft pas même qu’on ne puifle tirer de la nullité de la force vive plufieurs chofes qu’on tire de la mi- nimité d’aétion ; mais cela ne prouve pas l'identité des deux principes, parce que l’on peut parvenir à la même conclufion par des voies différentes. 5°. Nous avons yvÜ à l’article CAUSES FINALES, que le principe de la minimité du tems eft en défaut dans la réflexion fur les miroirs concaves. Il paroït qu’il en eft de même de la minimité d’aétion; car alors le chemin du rayon de lumiere eft un zaxi- mum, & l’a&ion eft auf un maximum. Il eft vrai qu'on pourroit faire quadrer ici le principe , en rap- portant toüjours la réflexion à des furfaces planes; mais peut-être les adverfaires des caufes finale s ne goûteront pas cette réponfe ; il vaut mieux dire, ce me femble, que l’aétion eft ici un wzaximum, & dans les autres cas un #inimum. Îl n’y en aura pas moins de mérite à avoir appliqué le premier ce principe à la réfradion, & il en fera comme du principe de la 196 COS confervation des forces vives qui s’applique au choc des corps élaftiques, & qui n’a point lieu dans les corps durs. 6°. M. de Maupertuis a appliqué cette même loi de la minimité d’adion au choc des corps, & il a dé- terminé le premier par un feul & même principe, les lois du choc des corps durs & des corps élaftiques. Il eft vrai que l’application eft ici un peu plus com- pliquée, plus détournée, moins fimple, & peut-être moins rigoureufe, que dans le cas de la réfraétion. Ce que nous difons ici ne fera point defayanta- geux dans le fond à M. de Maupertwis, quand nous l’aurons expliqué. Il fuppofe que deux corps durs À, B, fe meuvent dans la même direëtion , l’un avec la vitefle a, l’autre avec la vitefle 2, & que leur vi- téfle commune après le choc foit x ; il eft certain, dit-il, que le changement arrivé dans la Nature eft que le corps 4 à perdu la vitefle a—x, & que le corps B a gagné [a vitefle x—# ; donc la quantité d’aétion néceflaire pour produire ce changement , & qu’il faut faire égale à un mirimum, eft 4(a—x)2+B (x —8)?, ce qui donne la formule ordinaire du choc Aa+B b A + B te. Mais tout dépend auf de l'idée qu’on voudra at- tacher aux mots de changement arrivé dans la Nature: car ne pourroit-on pas dire que le changement arri- vé confifte en ce que le corps 4 qui avant le choc a la quantité d’a&tion ou de force 4 44, la change après le choc en la quantité 4x x, 8 de même du corps B; qu'ainfi Aaa— 4x x, eft le changement arrivé dans Pétat du corps B, & Bxx—Bbb,le changement arrivé dans le corps B? de forte que la quantité d’a- étion qui a opéré ce changement, eft Aaa—4xx + Bxx— Bbb. Or cette quantité égalée à un wix1- mum ne donne plus la loi ci-deffus du choc des corps durs. C’eft une objeétion que l’on peut faire à M. de Maupertuis, qu’on lui a même faite à peu-près; avec cette différence que l’on a fuppofé 4xx+Bxx— Aaa— Bbb, égale à un minimum, en retranchant la quantité 4aa— Axx de la quantité Bxx—Bbb, au lieu de la lui ajoûter, comme 1l femble qu’on l’au- soit auffi pû faire : car les deux quantités 4aa—4xx & Bxx— Bbb, quoique l’une doive être retran- chée de Æaa, l’autre ajoûtée à B 58, font réelles, & peuvent être ajoûtées enfemble, fans égard au fens dans lequel elles agiffent. Quor qu’il en foit, 1l femble qu’on pourroit concilier ou éviter toute dif- ficulté à cet égard, en fubftituant aux mots change- ment dans la Nature, qui fe trouvent dans l'énoncé de la propofñition de M. de Maupertuis , les mots des. corps durs x = + Tout cela eft fort juf- changement dans la viteffe : alors l’équivoque vraie ou prétendue ne fubfftera plus. On objeéte auffi que la quantité d’aion, dans le calcul de M. de Maupertus, fe confond en ce cas avec la quantité de force vive : cela doit être en ef- fet ; car le tems étant fuppofé le même, comme il left ici, ces deux quantités font pfoportionnelles Pune à l’autre, & on pourroit dire que la quantité d’aétion ne doit jamais être confondue avec la force vive , attendu que le tems, fuivant la définition de : M. de Maupertuis, entre dans la quantité d’aétion, êc que d’ailleurs, dans le cas des corps durs, le chan- gement fe faifant dans un inftant indivifble, le tems efl—o, 8 par conféquent l’aétion nulle. On peut répondre à cette objeétion, que dès qu’un corps fe imeut ou tend à fe mouvoir avec une vitefle quel- conque , 1l y a toùjours une quantité d’aétion réelle ou poflible , qui répondroit à fon mouvement, s’il fe mouvoit umformément pendant un téms quelcon- que avec cette viteffe ; ainf au lieu de ces mots, / qgruantité d'attion néceflaire POUR PRODVIRE ce changement, on pourroit fubftituer ceux-ci, Ze quantité d’alion QUI RÉPOND à ce changement , &e. êc énoncer ainfi la regle de M, de Maupertuis : Das le changement qui arrive par le choc à la VITESSE des Corps , la quantité d’aëlion QUI RÉPONDRA à ce changement, le tems étant fuppofé conftant , eff la moin- dre qu’il eff poffible. Nous difons, Le tems érant fappolé conftart ; Cette modification, & l’imitation même fi l’on veut, eft néceffaire pour deux raïfons: 1°, parce que dans le choc des corps durs, où à la rigueur le tems eft= 0, la fuppoñtion du tems conftant ou du tems variable , font deux fuppoñitions également ar- bitraires, & qu’il faut par conféquent énoncer l’une des deux: 2°. parce que dans le choc des corps élaf- tiques , le changement fe fait pendant un tems fini, quoique très-court, que ce tems n’eft pas le même dans tous les chocs, qu’au moins cela eft fort dou- teux ; & qu’ainf il eft encore plus nécefaire d’énon- cer ici la fuppoñition dont il s’agit : en effet le tems qu’on fuppofe ici conftant eft un tems pris à volonté, & totalement indépendant de celui pendant lequel fe fait la communication du mouvement ; & l’on poutroit prendre pour la vraie quantité d’adion em- ployée au changement arrivé, la fomme des petites quantités d’aétion confumées , pendant le tems que le reflort fe bande & fe débande. On dira peut-être qu’en ce cas M. de Maupertuis auroit dû ici fe fer- vir du mot de force vive, au lieu de celui d’aon, puifque le tems n’entre plus ici proprement poux rien. À cela il répondra fans doute, qu’il a cru pou- voir lier cette loi par une expreffion commune, à celle qu'il a trouvée fur la réfration. Mais quand on fubftitueroit ici le mot de force vive à celui d’ac- tion , il feroïit tobjours vrai que M. de Manpertuis auroït le premier réduit le choc des corps durs & ce- lui des corps élaftiques, à une même loi; ce qui eft le point capital : & fon theorème fur la réfration n’y perdroit rien d’ailleurs. Il eft vrai qu’on a trouvé les lois du mouvement fans ce principe : mais il peut être utile d’avoir montré comment il s’y applique. Il eft encore vrai que ce principe ainfi appliqué ne fera 8 ne peut êtte que quelque autre principe connu, préfenté difé- remment. Mais 1l en eft ainf de toutes les vérités mathématiques ; au fond elles ne font que la tradu- étion les unes des autres, Woyez Ze Difcours prélimi- naire, pag. vi. Le principe de la confervation des forces vives, pat exemple, n’eft en effet que le prin- cipe des anciens fur l'équilibre, comme je l’ai fait voir dans ma Dynamique, II. part. chap. jv. cela n'empêche pas que le principe dela confervation des forces vives ne foit très-utile, & ne faffe honneur à fes inventeurs. 7°. L’auteur applique encore fon principe à l’é- quilibre dans le levier ; mais il faut pour cela faire certaines fuppofitions, entr’autres que la vîiteffe eft toûjours proportionnelle à la diftance du point d’ap- pui, & que le tems eft conftant, comme dans le cas du choc des corps ; 1l faut fuppofer encore que la longueur du levier eft donnée, & que c’eft le point d’appui qu’on cherche: car fi le point d’appni & un des bras étoit donné, & qu’on cherchât l’autre, on trouveroit par le principe de Pa@tion que ce bras eft égal à zéro. Au refte les fuppoñtions que fait ici M, de Maupertuis, font permifes ; 1l fuffit de les énon- cer pour être hors d’atteinte, & toute autre fuppo- fition devroit de même être énoncée. L'application & l’ufage du principe ne comporte pas une généra- lité plus grande. A l'égard de la fuppoñition qu'il fait, que les pefanteurs font comme les mafles ; cette fup- pofition eft donnée par la Nature même, & elle a lieu dans tous les théorèmes fur le centre de gravité des corps, quin’en font pas regardées pour cela com me MOINS généraux. Il réfulte de tout ce que nous venons de dire, que le principe de la minimité d’aétion a lieu dans un grand COS grand nombre-dé phénorenes de la nature, qu'il y en a auxquels il s'applique avec beaucoup de facih- té, comme la réfraétion, & le cas des orbites des planetes ; laïnfi que beaucoup d’autres, examinés par M. Euler. Payez les Mèmacad. de Berlin, 1751. &c l’article ACTION ; que ce principe s’applique à plufieurs autres cas , avec quelques modifications plus ou moins arbitraires, mais qu'il eft toïjoutsuti- le en lui-même à la Mécharique, & pourroit facili- ter la folution de-différens problèmes. . -Ona contefté à M. de Maupertuis la propriété de _ce principe. M. Kœnig avoit d’abord avancé pour le prouver un pañlage de Leibnitz, tiré d’une lettre manuicrite de ce philofophe. Ce pañlage imprime dans les aes de Léipfc, Mai 1751, contenoit une erreur groflere, que M. Kœænig aflüre être une faute d'impreflion il la corrigée, êT en effet ce pañlage ré- formé eft du moins en partie le principe de la moindre ation. Quand la lettre deLeéibnitz feroit réelle (ce que nous ne décidons point) ; cette lettre n'ayant jamais été publique , le principetel qu’il eft n’en ap- partiendroit pas moins à M. de Maupertuis ; & M. Koœnig femble l’avoüer dans fon Appel au public du jugement que l’académie des Sciences de Prufle a prononcée contre la réalité de ce fragment. M. Kc- nig avoit d’abord cité la lettre dont il s’agit, comme écrite à M. Herman; mais il a reconnu depuis qu'il ne favoit à qui elle avoit été écrite : ila produit dans fon appel cette lettre toute entiere , qu’on peut y li- re ; elle eft fort longue, datée d’Hanovre le 16 Oc- tobre 1707; & fans examiner Pauthenticité du to- tal, il s’agit feulement de favoir fi celui qui l’a don- née à M. Koœænig,, a ajoûté ou altéré le fragment en _queftion. M. Koœnig dir avoir recà cette lettre des mains de M. Henzy , décapité à Berne il y a quel- ques années. Il aflüre qu'il a entre les mains plufieurs_ autres lettres de Leïbnitz, que ce même M. Henzy lui a données ; plufieurs font écrites, felon M. Kœæ- nig , de la main de M. Henzy. À l'égard de la lettre dont il s’agit, M. Kœnig ne nous dit point de quelle main elle eft ; il dit feulement qu’il en a plufieurs au- tres écrites de cette même main, & qu'une de ces dernieres fe trouve dans le recueil imprime 27-49. & il tranfcrit dans fon appel ces lettres. M. Kœnig ne nous dit point non plus s’il a và Poriginal de cette lettre, écrit de la main de Leïbnitz. Voilà les faits, fur lefquels c’eft au public à juger fi le fragment cité eft authentique, ou s’il ne left pas. Nous devons avertir aufli que M. Kœnig, dans les aë. de Leipf. donne un théoreme fur les forces vives, abfolument le même que celui de M. de Courtivron, imprimé dans les Mémoir. de l'acad. de 1748, pag. 304. & que M. de Courtivron avoit [ù À académie avant la publication du mémoire de M. Koœnig. Voy. ce théorème au m0: CENTRE D'ÉQUI- LIBRE. Il ne nous refte plus qu’à dire un mot de l’ufage métaphyfque que M. de Maupertuis a fait de fon principe. Nous penfons, comme nous l'avons dejà infinué plus haut, que la définition de la qguanure daition eft une définition de zom purement marhé- matique € arbitraire. On pourroit appeller aëioz, le produit de la mañle par la viteffe ou par fon quar- ré, ou par une fonétion quelconque de l’efpace & du tems ; l’efpace & le tems font les deux feuls ob- jets que nous voyons clairement dans le mouvement des corps : on pent faire tant de combinatfons mathe: matiques qu'on voudra de ces deux chofes, & on peut appeller tout cela aëor ; maïs Pidée primitive & métaphyfique du mot ation n’en fera pas plus claï- te. En général tous les théoremes fur l’aétion déf- nie comme on voudra , fur la confervation des for- ces vives, fur le mouvement nul ou uniforme du centre de gravité, & fur d’autres lois femblables , Toner, 1C OS 2:09 ne font. que des théoremés mathématiques plus où moins généraux, & non des principes philofopht- ques. Par exemple , quand de deux corps attachés à un levier lun monte & l’autre defcend, on trouve, fi lon veut, comme M.Koœmg, que la fomme des for- ces vives eft nulle ; parce que l’on ajoûte , avec des fignes contraires , des quantités qui ont des direc- tions contraires : mais c’eft-là une propoftion de Géométrie, & non une vérité de Métaphyfique ; car au fond ces forces vives pour avoir des direétons contraires, n’en {ont pas moins réelles , 8 on pour- toit mer dans un autre fens la nullité de ces forces. C’eft comme fi on difoit qu'il n’y a point demouve- ment dans un fyftème de corps , quand les mouve- mens de même part font nuls, c’eft-à-dire quänd les quantités de mouvement font évales & de fignes con- traires, quoique réelles. ‘Jabber D) Le principe de M. de Maupértuis n’eft done, come me tous les autres , qu’un principe mathématique; & nous croyons qu’il n’eft pas fort éloigné de cette idée , d'autant plus qu'il n’a pris aucun parti dans la queftion métaphyfique des forces vives , à laquelle tient celle de lation. Voyez le page 15 6 16 de fes œuvres ; imprimées a Drefde , 1752. in-49. 1] eft vrai qu'il a déduit l’exiftence de Dieu de fon principe : mais On peut déduire l’exiftence de Dieu d’un prin- cipe purement mathématique , lorfqu'on réconnoît ou qu’on croit que ce principe s’obferve dans là na- ture. D’ailleurs il n’a donné cette démonftration de l’exiftence de Dieu que comme un exemple de dé- monftration tirée des lois générales de l'Univers ; exemple auquel il ne prétend pas donnef une force exclufive , ni fupérieure à d’autres preuves. Il pré- tend feulement avec raifon que Pon doit s'appliquer fur-tout à prouver l’exiftence de Dieu parles phéno- menes généraux,& ne pas fe borner a la déduire des phénomenes particuliers, quoiqu'il avoue que cette déduétion a aufli fon utilité. Voyez, fut ce fuiet, Ze préface de fon ouvrage, -où 1l s’eftpleinement jufti- fié des imputations calomnieufes que des critiques ienorans ou ‘de mauvaife foi lui ont faites à ce fu- jet ; car rien n’eft plus à la mode aujourd’hui, que lPaccufation d’athéifme intentée à tort & à-travers contre les philofophes, par ceux qui ne Le font pas. Voyez anfh, fur cet article Cofmologie, les aûtes de Léipfic de Mai r751 , l'appel de M. Koœnig au public, les mémoires de Berlin 1750 & 1751 (dont quelques exemplaires portent mal-à-propos 1752); & dans les mémoires de l'académie des Sciences de Paris de 1749, un écrit de M. d’Arcy fur ce Jujer. Voilà quel- les font (au moins jufqu'ici, c’eft-à-dire en Février 1754) les pieces véritablement nécefaires du pro- cès, parce qu'on y a traité la queflion, & que ceux qui l'ont traitée font au fait de la matiere. Nous de- vons ajoûter que M. de Maupertuis n’a jamais rien répondu aux injures qu’on a vomies contre lui à cet- te occafion, & dont nous dirons: zec rzominetur 178 vobis, ficut decet philofophos. Cette querelle de Pac- tion , S'il nous eft permis de le dire , a reflemblé à certaines difputes de religion, par laigreur qu'on y a mie, & par la quantité de gens qui en ont parlé fans y rien entendre. (0) COSMOPOLITAIN, o4 COSMOPOLITE ; (Gram. & Philofoph.) On fe fert quelquefois de ce nom en plaifantant, pour fignifier #2 homme qui n’a pornt de demeure fixe, ou bien 47 homme qui ref etrari- ger nulle part. Il vient de noouos, monde, mon, ville. | TX 4 ; Comme on demandoit à un ancien philofophe d’où il étoit , il répondit: Je frs Cofmopolite , c’eft-à- dire citoyen de l'univers. Je préfére, difoit un autre, ‘ma famille à moi, ma patrie à ma famille, 6 le genre humain a na patrie. Voyez PHILOSOPHE. COSMOS , f, m, ( Hiff, mod.) breuvage qui eft Pp 298 CO S préparé du lait de jument, 8 qu’on dit être à l'ufage des Tartares. COSNE,, (Géog. mod.) ville de France dans l’Au- xerrois, fur la Loire. Long. 20. 35. 26. lat. 47. 24 40. I ya une autre ville de même nom en France, dans lOrléanois. . LA COSSANO , (Géog. mod.) ville d'Italie au royau- ane de Naples , dans la Calabre ultérieure, Lonp, 34-.31at, 3055. COSSART-BRUN, £ m. pl. (Cormm, ) toiles de coton qu’on fabrique aux.Indes orientales, fur dix aulnes de long &c trois quarts de large ; elles en viennent écrues. Dicf. de Comm. & de Trév. COSSAS,, {. m. (Comm.)mouffeline unie & fine, de feize aulnes de long fur trois quarts delarge. Il y a des doms-coffas & des bords coffas , qui font d’au- tres fabriques, mais de même aulnage que Îles fim- ples. Ce font les Anglois qui les apportent les uns &c les autres des Indes orientales, Diéf, du Comm. & de Trév. 1*. COSSE , £ £. (Hifl. nar, 6 bor.) fruit de la figure du marron d'Inde, rouge ou blanc, un peu amer, croïffant fur les bords de la riviere de Serre-Lionne, d’où les Portugais le portent bien avant le long de cette riviere /; aux Barbares qui en manquent, qui en font cas, & qui leur donnent en échange des pagnes ou tapis qu'ils troquent avec d’autres Nepres pour de la cire, du miel, 6'c. ou qu'ils vendent à d’autres Portugais. * Cosse, {. m.(Æif. mod.) mefure de chemin fort en ufage aux Indes ; elle eft de deux mille cinq cents pas géométriques. Cosse, (Marine.) Voyez DELOT. (Z) Cosse , (Mineralog.) {e dit dans les ardoifieres de la premiere couche que l’on rencontre, & qui ne fournit qu'une mauvaife matiere qui ne peut être travaillée. PVoyez ARDOISE. Cosse, (Bor.) eft une enveloppe longue où fe forment les poix, les féves , & autres légumes ou fruits de la même efpece. (Æ) CossE, rerme de Parcheminier. Le parchemin en coffe ou en croûte n’eft rien autre chofe que du par- chemin qui n’a point encore été raturé avec le fer fur le fommier, & qu eft tel qu'il eft forti d’entre les mains du Mépifüer. * CossE DE GENESTE , (Æifloire mod.) ordre de chevalerie inftitué en 1234 par Louis [X. ou faint Louis. Le collier étoit compofé de coffes de genefles entrelacées de fleurs de lys d’or, avec une croix fleurdelifée au bout : la devife en étoit, Exalrat hu- miles. COSSÉ , adj. (Bor.) fe dit des pois, féves, & autres légumes & fruits, quand ils font fortis de leurs cofles. (Æ) COSSIACO , (Géog. mod.) petite ville d'Italie en Iftrie, fur un lac de même nom, à la maifon d'Autriche. COSSIQUE., adj. zombrecoffique en Arithmétique & en Algebre, eft un terme qui n'eft plus en ufage aujourd’hui, mais dont les premiers auteurs d’Alge- bre fe font fréquemment fervis. Il y a apparence que ce mot vient de l'Italien co/z , qui veut dire chofe. On fait en effet que les Italiens ont été les premiers, du moins en Europe, qui ayent écrit fur l’Algebre. Voyez ALGEBRE. Les Italiens appelloient dans une équation res ou cofa, la chofe, le coefficient de Pinconnue linéaire ; ainfi dans xx + px+Lq=o,oux3 +px+q—=0o, p étoit nommé res. Voyez les mém. de l’acad. 1741, p.437. 438, &c. ainf ils ont appellé sombres coffi- ques , les nombres qui défignent les racines des équa- tions : & comme ces nombres font pour l'ordinaire incommenfurables, on a depuis tranfporté cette ex- preflion aux nombres incommenfurables, Foyez ce C20 :S mot. Luc Paciolo, dans fon Algebre, appelle coffa (0) la racine d’une équation du fecond degré. ‘COSSON , f, m.(Œcorom. ruft.) c’eft le nouveau farment qui croît fur ‘le cep de la vigne, depuis qu’elle eft taillée. | - C’eft aufli le fynonyme de charençon, Voyez CHA: RENÇON. COSSUMBERG:, (Géog. mod.) ville du royaume de Boheme, dans le cercle de Chrudim. COSSWICK , (Géog.) petite ville d'Allemagne dans la principauté d’Anhalt , fur l’Elbe. ÿ" COSTA-RICA, (Géog. mod.) province de PA- mérique méridionale , à la nouvelle Efpagne, dans l'audience de Guatimala : Carthago en eft la capi- pitale, COSTAL, adj. (Axar.) quiappartient aux côtes, Ou qui y a quelque rapport ; ainfi on dit /es verrebres coflales , &c. Voyez CÔTES. | COSTEN , (Géog. mod. ) ville dé la grande Po- logne fur les frontieres de la Siléfie, avec le titre de Sraroffie. COSTIERE, ( faires fentir PS.) 1. f. Aux Antilles on appelle co/fieres le penchant des montagnes qui fe regardent, formant un vallon profond & de peu d’étendue. Les terreins de cofferes ne font point pro- pres, à Pétabliflement des fucreries ; on les define, lorfqu'ils font praticables, aux plantations de café, cacao, magnoc, &c. &t pour l'ordinaire on y feme des légumes. Are. de M. le Romain. L COSTO -HYOIDIEN , adj. ez Anatomie; nom d’une paire de mufcles qui viennent de la partie an- térieure de la côte fupérieure de l’omoplate, proche Vapophyfe coracoide (ce qui les a fait auffi nommer coracohyoidiens), & {e terminent à la partieinférieure de la bafe de l’os hyoïde, proche fon union avec la grande corne, (L COSTUMEÉ , f. m. (Peinr.) terme plein d'énergie que nous avons adopté de l'Italien. Le coffumé eft l’art de traiter un fujet dans toute la vérité hiftori- que : c’eft donc, comme le définit fort bien l’auteur du diétionnaire des-Beaux-arts, l’obfervation exa&te de ce qui eft, fuivant le tems, le génie, les mœurs, les lois, le goût, les richefles, le caraétere & les habitudes d’un pays où l’on place la fcene d’un ta- bleau. Le coffume renferme encore tout ce qui re- garde la chronologie, &c la vérité de certains faits connus de tout le monde ; enfin tout ce qui concerne la qualité, la nature, & la propriété eflentielle des objets qu’on repréfente. C’eft la pratique de toutes ces regles que nous comprenons, ainfi.que les Pein- tres d'Italie, fous le mot de coffumé. Suivant ces regles, dit M. Pabbé du Bos ( & les gens de PArt conviennent de la juftefle de ces réfle- xions) , 11 ne fufñt pas que dans la repréfentation d’un iujet 1l n’y ait rien de contraire au coffumé , ïl faut encore qu'il y ait quelques fignes particuliers pour faire connoître le lieu où l’aétion fe pañle , & quels font les perfonnages du tableau. Il faut de plus repréfenter les lieux où l’ation s’eft pañlée, tels qu’ils ont été, finous en avons connoif- fance ; & quand 1l n’en eft pas demeuré de notion précife, 1l faut, en imaginant leur difpofition, pren- dregarde à ne fe point trouver en contradiéionavec ce qu’on en peut favoir. Les mêmes regles veulent aufli qu’on donne aux différentes nations qui paroïffent ordinairement fur la fcene des tableaux, la couleur de vifage, &c l’ha- bitude de corps que l’hiftoire a remarqué leur être propres. Il eft même beau de pouñler la vraiflem- blance jufqu’à fuivre ce que nous favons de parti- culier des animaux de chaque pays, quand nous repréfentons un événement arrivé dans ce pays-là. Le Pouflin, qui a traité plufñeurs aétions dont la {certe eften Egypte, met prefque totjours dans fes tableaux, des bâtimens , des arbres ou des animaux qui, par différentes raifons, font regardés comme étant particuliers à cé pays. Le Brun a fuivi ces regles avec la même ponc- tualité, dans fes tableaux de lhiftoire d'Alexandre; les Perfes & les Indiens s’y diftinguent des Grecs, à leur phyfionomie autant qu'à leurs armes : leurs chevaux n’ont pas le même corfage que ceux des Macédoniens ; conformément à la vérité, les che- vaux des Perfes y font repréfentés plus minces. On ditque ce grand maître avoit été jufqu'à faire defli- ner à Alep des chevaux de Perfe, afin d’obierver même le coffumé fur ce point. | Enfin, fuivant.ces mêmes tegles, il faut {e con- former à ce que Phiftoire nous apprend des mœurs, des habits, des ufages & autres particularités de La vie des peuples qu’on veut repréfenter. Tous les an- ciens tableaux de l’Écriture-fainte {ont fautifs en ce genre. Albert Durer habille les Juifs comme les Al- lemands de fon pays. ILeft bien vrai que l’erreur d’in- troduire dans une ation des perfonnages qui ne pu- rent jamais en être les témoins, pour avoir vécu dans des tems éloignés de celui de l’aétion , eft une erreur groflere où nos peintres ne tombent plus, On ne voit plus un S. François écouter la prédication de-S. Paul , ni un confeffeur le crucifix en main ex- horter le bon larron ; mais ñe peut-on pas reprocher quelquefois aux célebres peintres de l’école romal- ne, de s’être plus attachés au deffein ; & à ceux de l’école lombarde, à ce qui regarde la couleur, qu’à _ l’obfervation fidele des regles du cofumé ? C’eft ce- pendant l’aflujettiflement à cette vraifflemblance poëtique de la Peinture, qui plus d’une fois a fait nommer le Pouffin Ze peintre des gens d’efprit : gloire que le Brun mérite de partager avec lui, On peut ajoûter à leur éloge, d’érre es peintres des favans. Il y a un grand nombre de tableaux admirables par la corredion du deffein, par la diftribution des figures, par le contrafte des perfonnages , par l'agrément du coloris, dans lefquels il manque feulement lobfer- wation des regles du coflumé. On comprend encore dans le co/ffumé , tout ce qui concerne les bienféan- ces, le caraétere &z les convenances propres à cha- que âge , à chaque condition, &c. ainfi c’eft pécher contre le coffumé, que de donner à un jeune homme un vifage trop âgé, ou une main blanche à un corps fale ; une étoffe lésere à Hercule, ou une étoffe grofliere à Apollon. Par M, le Chevalier DE Jau- COURT. COSTUS , f. m. (Botanique exo.) Le coflus des Grecs, des Latins, des Arabes, eft un même nom qu'ils ont donné à différentes racines, &c qu'il eft impofhble de connoître aujourd'hwu. L'hommony- mie en Botanique, fait un chaos qu’on ne débrouil- lera jamais. Les anciens qui eftimoient beaucoup /e coffus, en diftinguoient deux ou trois fortes, fur la defcription defquels ils ne s’accordent point. Horace appelle le plus précieux, Achæmenium coflum , parce que les Perfes, dont Achémenes étoit roi, en faifoient grand ufage. Les Romains s’en fervoient dans la compoftion des aromates , des parfums , &c ils le brûloient fur l’autel, comme l’encens, à caufe de Yadmirable odeur qu'il répandoit. Nous ne trouvons point dans notre co/lus cette odeur forte & excellen- te dont parlent Diofcoride, Galien & Pline ; c’eft _ pourquoi nous le croyons entierement différent. Il eft vrai que nos parfumeurs diftinguent, à limita- tion de Diofcoride,, trois efpeces de coffus, fous les noms d’arabique, d’amer, &t de doux ; mais aucune efpece ne répond au vrai co/fus de l'antiquité. Celui que nos apoticaires employent pour le coflus ancien d'Arabie, eft une raçine coupée en Tome 1, COS 299 morceaux oblongs ; de l’épaifleur du pouce, légers ; poreux, &c cependant durs, mais friables ; un peu réfineux, blanchâttes, 8 quelquefois d’un jaune= gris ; d’un goût acre, aromatique, êT un peu amer; d’une odeur aflez agréable , qui approche de cellé de l'iris de Florence , ou de la violette. | Commelin prétend que c’eft la racine d’une plante qui s’appelles/ava-kua, dont on trouve la defcription & la figure dans l'Hors. Malabar.e. XI. pl. 13. Marc: graffe eflime que c’eft le paco-caatingua du Bréfil. Suivant cés deux auteurs botaniftés ; la racine de cette plante, dans le tems de fa feve, eft blanche ;. tubéreufe, rempante, fongueufe, pleiné d’un fuc aqueux , tendre & fibrée ; celle qui eft plus vieille & brifée, paroît parfemée de plufeurs petites fibres, d’un goût doux, fondant en eau comme le concom- bre, d’une odeur foible de gingembre. Il naît en différens endroits des racines, plufeurs rejettons qui s’élevent à la hauteur de trois ou quatre piés , & qui deviennent gros comme le doigt, cylindriques ; de couleur de fans, liffes , luifans , femblables aux tiges de rofeaux; noueux, fimples , verds en dedans; & aqueux ; Les feuilles font oblongues, étroites, de la longueur de deux palmes, pointues à l’extrémité; larges dans leur milieu, attachées près dés nœuds ; ayant uné nérvüre ou une côte faillante en deflous , qui s'étend dans toute la longueur, &c creufée en gouttiére en déffus , de laquelle partent de petites nervûres latérales & tranfverfales. Ces feuilles fonx très-fouvent repliées en dedans, molles, fucculen« tes, luifantes & vertes. | Cette plante croît dans les forêts de Malabar, du Bréfil, & de Surinam. Linæus dans fa defcription du jardin de M. Clifford, en a détaillé fort au long la tige, la fleur, l'embryon, & la graine. | ® M. Geoffroy (mé. de l'acad. année 1740 ; p.98.) penfe que l’avnée eft une racine fort approchante du coffus ; car étant choifie, bien nourrie, fechée avec foin, & gardée long-tems, elle perd cette farte odeur qu'ont toutes celles de ce nom que nos her- boriftes nous apportent des montagnes , & elle ac- quiert celle du coffus. Par M. le Chevalier DE JAU- COURT. CosrTus , (Pharmacie & Mar. med.) Le coflus des modernes, celui qu’on employe toijours dans nos boutiques pour le coffus verus ou arabicus , eft une racine aromatique exotique dont nos medecins ne font prefqu’aucun ufage dans les préparations magi- ftrales, quoique chez plufeurs denos voifins, chez les Allemands, par exemple, elle foit employée dans les efpeces ftomachiques ,,emmenagogues, antifpaf- modiques, 6c. Cette racine eft mife, felon M. Geoffroi, #14r, med, au nombre des remedes qui fervent à l’expec= toration , & des céphaliques &utérins; elle atténue les humeurs & les divife; elle provoque les urines & la tranfpiration. La dofe eft demi-gros en fubf: tance , & depuis deux gros jufqu’à demi-once en 1n= fufon. On l’employe pour le coffus des anciens dans la. thériaque, le mithridate, l’orviétan, le grand phi- lonium. Il donne fon nom à un éleétuaire appellé ca= ryocoffin, L Le Les Apoticaires ont encore coutume de fubftituer d’autres racines à la place de leur vrai co/lus, com- me l’angélique, la zédoaire , 6c. & même quelque- fois une écorce connue fous le nom de cortex winte= ranus, coflus corticofus. Voyez ÉCORCE DE WIN= TER. | : Eleëtuaire caryocoffin. JL coflus , sérofle, gingems bre, cumin, de chaque deux gros; diagrède, her- modates , demi-once ; miel écumé , fix onces : faites du tout un éleduaire felon l’art. Cet éleétuaire eft un purgatif hydragogue dont la vertu eft düe au dia- Pp5 300 COT grede & aux hermodates ; les autres ingrédiens ñe font employés que comme correifs, felon la mé- thode dés anciens. a. Ce remede n’eft prefque d'aucun ufage parmi nous. On pourroit l’employer cependant dans les cas où Les hydragogues font indiqués , Fo la dofe d’un gros jufqu’à celle de demi-once. ( ) COT CO-TANGENTE, f. f. (Géom.) c’eft la tangente d’un arc qui eft le complément d’un autre. Ainfi la co-rangente de 30 degrés ef la tangente de 60 degrés. Voyez TANGENTE , ANGLE, & DEGRÉ. (0) COTANTIN , adj. pris fubft. (Geog. mod.) pays de la baffle Normandie dont une partie forme une refqu'ile qui s’avance fur l'Océan, & qui remplit fée piés du chien couché qui repréfente la Norman- die fur les cartes, Foyez COUTANCE. . COTARDIE oz COTTE-HARDIE, f. f. (Æif. mod.) efpece de pourpoint ou d’habillement com- mun aux hommes & aux femmes il y a quatre cents ans. C’étoit une des libéralités que les feigneurs étoient en ufage de faire à leurs vaflaux & autres perfonnes qu'ils vouloient gratifier ; & ils mettoient de l’argent dans l’efcarcelle ou bourfe, qui fuivant l’ufage de ce tems-là étoit attachée à cette forte de vêtement. Froiflart, dans des poéfies manulcrites qu’ona de lui, raconte qu Amedée comte de Savoie lui donna une bonne corte-hardie de vingt florins d’or. Mérm, de Pacad. tome X. (G) COTATI, (Géog. mod.) ville d’Afie dans la pref- gw’ile de l'Inde, en-deçà du Gange, au royaume de Travanor. Long. 95.8. las, 8. COTATIS, ( Géog. mod.) ville d’Afie dans la Géorgie, capitale du pays d’Imirette, fur le Phafe, Long. 61.20. lat. 43. 10. * COTBET, f. f. (Æiff. mod.) difcours par lequel les Imans commencçoient ordinairement leur priere du vendredi, à l’exemple de Mahomet. Mahomet, les jours d’affemblée , montoit fur une eftrade &c en- tretenoit le peuple de la grandeur de Dieu, puis il mettoit les affaires en délibération. Les califes Ra- chidis qui lui fuccéderent fuivirent le même ufage. Mais la domination mahométane s’étant très - éten- due, & le gouvernement étant devenu à-peu-près defpotique , le peuple ne fut plus confulté fur les af- faires du gouvernement , & on laïffa à des muftis le foin de faire la cother au nom du calife. A l’avene- ment d’un nouveau calife, le peuple pendant la cos- ber levoit les mains, les mettoit l’une fur l’autre, & cette cérémonie lui tenoit lieu du ferment de fidéli- té. Ainfi celui au nom de qui la corber fe faifoit, étoit cenfé le fouverain. Les familles puifflantes qui fe ré- volterent contre les califes de Bagdat , n’oferent d’a- bord les priver de l'hommage de la corber, Il femble cependant qu'en s’y prenant fi maladroitement, ils perpétuoient la mémoire de leur révolte. La corbes {fe faifoit au nom du calife par devoir, & du fultan ar foûmiflion, par-tout, excepté en Afrique & en Lavoie où les Fatimides l’ordonnerent en leur nom feulement. Mais Nouraddin fultan de Syrie ne fut pas plûtôt maître de l'Egypte, qu'il ordonna la corber au nom du califat de Bagdat. Cet exemple fut fuivi gé- néralément par tous les princes Mahométans, &c dura refquejufqu’à l’extinétion du califat dans la perfonne E Moftafem, que les Tartares conquérans de Orient jufqu’aux frontieres de l'Egypte, enfermerent dansun fac , & écraferent fousles piés de leurs chevaux. Qua- tre ans après cet évenement, Bibars quatrieme des mamelins Turcs, revêtit de la dignité de cahfe un in- connu qui fe difoit de la famille d’Abbas, & fit fai- re la coébes en fon nom. Ce calife prétendu fut affa COT finé au bout de cinq mois, & eut un nommé Haker pour fucceffeur à ce califat fêtif, qui ne donnoit de prérogatives que celle d’avoir fon nom prononcé dans une priere. Le nom d’Hakem refta dans la cos bé parmi lès mamelins Turcs & Circafiens, juf- qu'à la mort de Tumambis dernier fultan Circaf- fien , que Selim fit étrangler en 1514. Le califat imas ginaire ayant alors ceflé, la cocher, cette priere aufli ancienne que le Mahométifme, ne {e fit plus. Dans cet intervalle , lorfque les Fatimides ordonnerent la cotbet en leur nom, les Abaffides les traiterent d’hé= rétiques : mais les Fatimides ne démeurerent pas en tefte avec leurs envieux ; ceux-ci faifant garnir d’un tapis noir l’eftrade fur laquelle la cotber fe difoit er leur nom, les Fatimides crierent de leur côté à l’héréfie contre les Abañlides, parce que le blanc étoit la couleur d'Halis COTBUS , (Géog. mod.) ville forte d’Allemagné dans la baffe Luface , fur la Sprée. Long. 33. 4. lat, SI. 40. COTE, £. f. (Jurifprud.) a plufeuts fignifications différentes; quelquefois ce terme fe prend pour une lettre ou chiffre que l’on met au dos de chaque piece mentionnée dans un inventaire ou dans une produ= ion, pour les diftinguer les unes des autres, & les reconnoiître &c trouver plus aifément. Le mot core en ce fens vient du latin got ou quota, parce que la lettre ou le chiffre marque fi la core eft la premie- re ou la feconde, ou autre fubféquente. On com- prend ordinairément fous une même core toutes les pieces qui ont rapport au même objet; & alors la lettre ou chiffre ne fe met fur aucune des pieces en particulier, mais fur un doffier auquel elles font at- tachées enfemble. Ce doffier, qu’on appelle aufii cote, contient ordinairement un titre qui annonce la qualité des pieces attachées fous cette coce; & fi c’eft d’une produétion, le nom des parties pour &£ contre , le zumero du fac dont ces pieces font partie, le nom des procureurs, & enfin la core proprement dite, qui eft la lettre ou chiffre relatif aux pieces de cette liafle. Voyez ci-après COTER. Cote figniñie aufh la part que chacun doit payer d’une dépenfe , dette, ouwmpofñtion commune; ce- la s’appelle core ou cote-part , quañ quota pars. (A) COTE D'UN Dossier, eft une feuille de papier qui enveloppe des pieces, & fur laquelle on met en titre , les noms des parties, de l’avocat, des procu- reurs, Voyez ci-après COTER. (4) CoTE D’INVENTAIRE, eft la lettre ou chiffre qui eft marqué fur chaque piece inventoriée, ou fur chaque haffe de pieces attachées enfemble, On cote ainfi les pieces dans les inventaires qui fe font après le décès de quelqu'un, ou en cas de faillite, fépara- tion, 6c. On les cote pareillement dans les inventai- res de produétion qui fe font dans les inftances ap- pointées, & dans les produétions nouvelles qui fe font par requête; dans les procès-verbaux qui fe font pôur la defcription, reconnoïfflance, & vérifi- cation de certaines pieces. (4) COTE MALTAILLÉE , fe dit d’un compte qu’on a arrêté fans exiger tout ce qui pouvoit être dû, & où l’on a rabattit quelque chofe de part & d’autre. Ce terme maltaillée , vient de ce qu’anciennement, lorfque l’ufage de l’écriture étoit peu commun en France , ceux qui avoient des comptes à faire enfem- ble marquoient le nombre des fournitures ou paye mens fur des tailles de bois, qui étoient un leger morceau de bois refendu en deux, dont chacun gar- doit un côté ; & lorfqul étoit queftion de marquer quelque chofe, on rapprochoïit les deux parties qui devoient fe rapporter l’une à l’autre, &c l’on faifoit en-travers dès deux pieces une taille ou entaille dans le bois avec un couteau , pour marquer un nombre: quand çes deux parties où pieces ne fe rapportoient. COT pas pour le nombre de tailles ou marqués, eela s’ap: pelloit wne cote malraïllée , c'eft-à-dire que la quanti- té dont il s’agifloit étoit mal marquée fur la taille. De même aufhi ceux qui trouvent dé la difficulté fur quelques articles d'un compte, lorfqu'ils veulent fe coñcilier & arrêter le compte, en ufent comme on faifoit des cores maltaillées, c’eft-à-dire que cha- eun fe relâche de quelque chofe. (4) A. -COTE-MORTE , (Jurifprud.) eft le pécule clérical d’un religieux. | LL. * Les religieux profès qui vivent en communaute ; ne pofledent rien en propre & en particulier ; de forte que ce qui fe trouve dans leurs cellules au téms de leur décès, ou lorfque ces religieux changent de maïifon , appartient au monaftere où ils fe trouvent. Il en eft de même des religieux qui poffedent des bénéfices norn-cutes ; la core-morte ou pécule qu'ils fe trouvent avoir amaflé au tems de leur décès, appartient au monaftere où ils demeurent ; ou sils font réfidence à leur bénéfice, la core-morte appar- tiént au monaftere d’où dépend le bénéfice. Voyez Louet 6 Brodeau, est. R , 7. 42. | = Mais filé bénéfice dont un religieux eft pourvû ef üñ bénéfice-cure, comme il vit en fon particulier & féparé de la communauté, il poflede auffi en partis culier tout ce qu'il y amañle, foit des épargnes des révenus de fa cure ou autrement; & ce religieux curé a fur ce pécule clérical le même pouvoir qu’un fils dé famille a fur fon pécule ca/frenfe ou qua/i-ta- ffrenfe, pour en difpofer par toutes fortes d’aétes en- tre-vifs : mais il ne peut en difpofer à caufe de mort; le bien qu’il laïffé en mourant, foit meubles ou im- meublés, éft compris fous le terme de core-morre, & le tout appartient à la paroïfle dont le religieux étoit euré, &c non pas à fon monaftere, quand même ce fionaftere auroit droit de préfenter à la cure, On ädjuge ordinairemement quelque portion du mobi- Kér aux pauvres de la paroïffe , & le furplus des biens meubles 8 immeubles à la fabrique, fuivant les ar- rêts rapportés dans Chopin, de facré politid, lib. LIT. fic. j. h. 2. & dans Soefve. Voyez le tr, des minorités de M. Meflé, ch:7v. n. 12. (A) Il n’ÿ a point de core-morte à l'égard d’un religieux devenu évêque ; il a pour héritier fes parens. Voyez Louet & Brodeau, ets. E , n. 4: @ l'art, 336. de la coft, de Paris. Voyez auf les mèm. du clergé ; dir. de 1716, tome IV. pag. 1353. 6 fuiv. (A) COTE-PART , voyez ci-devant COTE. COTE DE PIECE, voyez ci-devant COTE D’IN- VENTAIRE. | .CoTE D'un SAC, eft la même chofe que cote d'un doffier. Voyez ci-devant COTE D'UN DOssteRr. Core pe SEL, eft la quantité de fel que chacun eft obligé de prendre à la gabelle, dans les pays voi- fins des falines où le fel fe diftribue par impôts. On appelle auffi cose de fel, l'article où chacun eft employé fur le rôle de la répartition du fel, _ La cote de fèl de chaque particulier fe regle à proportion de fon état & de la confommation qu'il peut faire, à raifon de quatorze perfonnes par minot. Voyez GABELLE, GRENIER À SEL, GRENIER D'1M- PÔT , G& SEL. (4) COTE, f. f. (Anaë.) long os courbé, placé fur les côtés du thorax dans une dire@tion oblique, ten- dante obhiquement en en-bas par rapport à l’épine, . Ces fegmens offeux tiennent aux vertebres du dos, 8c forment les parties latérales du thorax. Il y en à ordinairement douze de chaque côté, qui font articulées par derriere avec les corps des douze ver- tebres du dos, & qui par-devant fe joignent la plû- part avec le fternum par des cartilages , tant immé- diatement que médiatement. Elles font toutes con- vexes en-déhors, conçaves en-dedans , & liffées de | COT 301 ée côte par l’aêtion des parties internes, qui par cette raifon peuvent les heurter fans danger, Elles font en partie ofleufes & en partie cartilas pineufes ; ces caftilages font prefque tous de la mê: me figure que les côtes mêmes, mais ils ne font pas tous de la même grandeur ; ils deviennent quelques fois fi durs, qu’on ne peut plus les féparer avec le fcalpel, 4 Les côtes fe divifent en vraies & en fauflés ; les vraies font les fept fupérieures; on leur donne lé nom de vraies, parce qivelles décrivent un demis cercle plus parfait que les autres , & en fe joignant poftérieurement au corps des vertebtes, elles s’unif fent par-devant , pat le moyen de leurs cartilages ; immédiatement au fternum , avec lequel elles ont une ferme articulation. Les cinq côtes inférieures s'appellent fauffés , parce qu’elles n’atteignent pas lé flernum par leurs cartilages; mais la premiere s’ats tache feulement par fon cartilage à celui de la feps tieme des vraies, fans laifler aucun efpace entré deux, 8 quelquefois auffi par des efpaces. Les côres qui fuivent s’attachent les unes aux autres, à l’exe ception de la derniere qui eft libre. La figure des côses eft demi-cireulaire , & les fupés tieures font plus courbées que les inférieures ; auf ne {ont-elles pas de la même longueur ni de la même largeur. La premiere eft plus courte, plus applatie, &t plus large que les autres, & les moyennes ont plus de longueur que les fupérieures & les inférieus res ; mais la derniere eft la plus courte de toutes. On confidere aux côtes deux fortes de parties ÿ leur corps &c leurs extrémités. Le corps de la céré ëft ce qui En fait la portion moyenne & la ptinci- pale ; elles font plus groffes à leur partie fupérieure qu’à l’inférieure, excepté la premiere qui eft fort plate; & c’eft par-là que l’on peut d’abord connofî- tre, parmi un grand nombre de céres, quelles font les droites ou lés gauches. Les côtes font articulées avec les vertebres de telle maniere, qu’elles vont en defcendant oblique: ment de derriere en-devant , faifant des angles aïe gus avec les vertebres; enfuite elles montent obli= quement de bas en haut, &c fe joignant par le moyen de leurs cartilages au fternum, elles forment des arcs, Mais ici l'articulation des côces eft plus ferrée que celle qui fe fait avec les vertebres du dos, à caufe que le ffernum fe meut avec les côtes, au lieu que les vertebres n’obéiflent pas à leurs mouvemens. Les côtes fervent 1°. à la fermeté de la poitrine, &t à former fa cavité; enforte que la dilatation de cette partie contribue à fournir aux parties fupérieu- tes du bas-ventre un efpace commode pour fe pla cer, 2°. Elles fervent d'appui à quelques parties vois fines , & aux mufcles de la refpiratiôn. 3°. Elles fer: vent de défenfe aux vifceres contenus dans la cavis té de la poitrine. À ces idées générales joignons quelques remars ques particulieres fur cet organe de la refpiration, où le Créateur a fait briller la géométrie la plus exacte, & dont l’examen a le plus occupé les Phy- ficiens. 1°, On fait que l'élévation des côtes qui font na= turellement abaïflées, dilate la cavité de la poitris ne, & que leéut abaïffement la retrécit, On a encor8 obfervé que cette dilatation fe fait en divérs f{ens, entre les deux rangs des côtes, & de dérriere en-de- vant. Ce font Les articulations doubles des côres avec les vertébres qui accomphiflent cette méchaniques car par-là le mouvement des côres devient ginglye moiïde, ou comme celui des charnieres. 2°. Plus les cdres s’éloignent du fternum, plis el- les {ont étroites, rondes & ferrées; mais elles s’ap- platiflent & deviennent plus larges à mefute qu’ellés en approchent, Leurs extrémités ont ün bord fupé- 302 COT rieur & inférieur , qui tous deux ont des inégälités formées, par l’aétion des mufcles intercoftaux qui y font inférés. 3°. Ces mufcles étant tous à-peu-+près d’égale force & également tendus dans les interftices des cé- res, sil arrive que les extrémités de ces Ôs foient rompues par une fraéture, ils empêchent qu'ils he fe déplacent au point d'interrompre le mouvement des organes vitaux. 4°. La fubftance des côres eft fpongieufe , cellu- laire , & couverte feulement en-dehors d’une fub{- tance nünce & en lame, qui eft plus épaifle & plus forte près des vertebres qu’à l'extrémité antérieure. 5°. Les vraies côces enferment le cœur &c les pou- mons, & font par conféquent propres à être les vrais gardiens de la vie, Les faufles cdces ont la fub- ftance de leur cartilage plus molle par le défaut de preflion, & les cartilages de ces faufles côtes font plus courts à mefure qu'on defcend. À toutes ces cinq côres eft attaché Le bord circulaire du diaphrag- me. En mettant un fujet mort fur le dos, on peut ju- ger qu'il y a une large cavité formée de chaque cô- té. par le diaphragme en-dedans des faufles côtes , où font logés le foie, l’eftomac, la rate, Gc. qui fai fant aufli partie des vifceres naturels,ont fait donner le nom de fauffes côtes ou de gardes bétardes à ces os. 6°. On peut comprendre par-là la juftefle de la maxime d'Hippocrate, qui veut que dans les fimples fradures des faufles côtes fans fievre, on tienne l’ef- tomac.modérément plein d’alimens, de peur que les côtes, qui fans cela ne feroient point foûtenues , s’af- faiflant en-dedans, la douleur & la toux n’augmen- taflent. Paré, inftruit par une longue expérience, confirme la vérité de cette obfervation ; mais à pré- fent on la néglige, ou pour mieux dire, on l’a en- tierement oubliée. .7°. La fage providence du Créateur a pris foin d'empêcher notre deftruétion du moment que nous fommes au monde. Les têtes & les tubercules des côres font dès l’origine de vraies apophyfes ofliñiées avant la naïffance : c’eft ce qui fait que le poids con- fidérable de la côte eft foûtenu ; que le tétement, la déglutition & Aa refpiration, aétions néceffaires dès qu'on eft né, fe font fans qu'il y ait rifque que les parties des os qui font preflées par ces mouvemens, {e féparent ; au lieu que fi les pa des côtes avoient été des épiphyfes à leur naïflance, les en- fans étoient expolés à un danger évident de mourir par cette féparation, dont les conféquences immé- diates auroient été la compreflion du commence- ment de la moelle épiniere , ou l’impofhbilité de prendre des alimens & de refpirer. C’eft une très- bonne remarque de M. Monro. 8°. Les jeux de la nature fur le nombre des céres nous fourniflent le fujet d’une huitieme obfervation; &c il y a long-tems qu’on a remarqué de la variété dans ce nombre. | On fait qu'ordinaitement nous avons douze côres de chaque côté; s’il fe rencontre par hafard douze ou treize vertebres au dos, il fe trouve auffi dans ce cas douzé ou treize côtes ; mais quelquefois on en trouve onze d’un côté & douze de l’autre. On a nommé ces gens-là des adamites. Colombus, dans fon I. Liv. de re anatomicé, aflhre qu'il ne lui eft ar- rivé qu'une feule fois de ne trouver qu’onze céées ; enfuite dans fon XY. livre, 1l reconnoit en avoir trouvé 22, 25, & 26. Bartholin fait mention d’un cadavre qui avoit onze côtes d’un côté & douze de l’autre. Diemerbroek, en 1642, ne trouva dans le cadavre d’un foldat françois que vingt-deux côtes. Riolan dit avoir rencontré treize côces d’un côté, & autant de l’autre, en montrant Le fquelete d’une fem- me qui fut pendue étant srofle, malgré ce qu’elle put dire pour perfuader qu’elle l’étoit, Falloppe & COT Piccolomini ont và chacin dans deux fujets vingti fix côtes. Bohnius en a trouvé le même nombre, mas une feule fois, Dans le catalogue des pieces que M. Ruïfch avoit ramaflé de toutes parts, il n’eft parlé que d’un feul fujet qui eût vingt-fix céres. Dans le neuvieme volume des aa med. Berolin. il eft rap- porté qu’en 1620 le corps mort d’un vieillard offrit treize côres de chaque côté ; maïs la treizieme ne for- moit qu'un bout de côte entiere, Dans le huitieme volume des mémoires d’Edimbourg, il y a une ob- fervation de treize côres de chaque côté, favoir huit vraies & cinq faufles, Ces faits fuffifent pour juftifier que ce n’eft point une chofe étrange que le manque ou l'excès du nombre de céres au-delà de l’ordinaire. On conçoit fans peine comment un homme peut n'avoir que 22 ou 23 cfes ; parce que les unes font confondues enfemble poftérieurement ou antérieu- rement , & que le nombre des'cotes peut être on pa- toïtre diminué, De plus, il ne feroit pas étonnant qu'une ou plufieurs cdses manquaffent à fe dévelop- per ; mais On ne conçoit pas auffi facilement com- ment quelques fujets peuvent avoirune ou deux côtes de plus que n’en a le reftedes hommes : peut-être cela ne dépend-il que de ce que l’offification des apophy- fes tranfverfes de la feptieme vertebre du cou fe fait d’une façon différente de celle qui atrive aux apophy- {es tranfverfes des autres vertebres de cette partie, Alors les côtes furnuméraires doivent toùjours appar- tenir à la derniere vertebre du cou ;les anatomiftes qui ont parlé des côtes furnuméraires, ont obmis de dire où elles font placées ; cependant 1l pourroit étre qu'on frouvat les côtes furnuméraires placées au-deflous des autres côzes. Ne nous flattons pas d’ex- pliquer toutes les voies de la nature dans fes opé- rations, puifque nous ne pouvors pas la prendre ici fur Le faic. Ï paroît feulement, fi lon veut y faire attention, que les côres qui excedent le nombre de 24, ne font pas la fuite d’un développement parti- culier, & qu’elles n’exiftent pas comme les autres dans le germe, 9°. Mais que le nombre de ces os courbés excede ou manque, notre machine n’en fouffre aucun dom- mage. En général les côtes ne font guere expofées qu'à des fraêtures ; & c’eft même un cas rare. Ces fraêtures qui demandent une réduétion faite artifte- ment , arrivent en-dedans ou en-dehors par des cau- fes contondantes ; les fignes prognoftics fe tirent de lefpece de la fraëture, & des accidens qui l’accom- pagnent ; la félure des côtes n’eft qu'un vain nom; leur enfonçure prétendue fans fraäure r’eft qu’une pure illufion, que les baïlleuls ou renoueurs ont ré- pandu dans le public comme des accidens communs, qu'eux feuls favent rétablir parleur expérience, leur manuel particulier, & leurs appareils appropriés, Miférables charlatans qui trouvent toûjours des du- pes par leur effronterie dans des cas de peu d’impor- tance; & dans des cas graves, par leurs vaines & féduifantes promefles de guérifon ! 10°, Je finis par indiquer les bonnes fources où le leéteur peut puifer les plus grandes lumieres fur cette partie du corps humain. Nous devons entierement à Vefale l’exate con- noïffance de la ftruéture & de la connexion des co= ces. Il eft admirable fur ce fujet. Il faut confulter fur la méchanique & fur l’ufage des côtes, Aquapendente, Borelli, Bellini, & M. Winflow dans les mémoires de l’'acad. année 1720. … Sur leur configuration, leurs attaches, & leur ef fet dans la refpiration, M. Senac, wém. de l’acad, anriée 1724. Sur leur nombre moindre ou plus grand, M. Hu: naud, z1ém. de l’acad, année 1740. Sur leur fraéture interne , M. Petit & M, Goulard; mèm, de l’acad, année 17400 ri . Atous ces auteurs, il faut joindre M. Monro, dans fon excellente anatomie des os, imprimée à Edim- bourg en Anglois, ix-12. Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT. CÔTES, en Architetture ; ce font les liftels qui fe- parent les cannelures d’uné colonne. Côtes de dôme, {ont des faïllies qui excedent le nud de la convexité d’un dôme , &z le partagent égale- ment en répondant à plomb aux jambages de la tour, & terminant à la lanterne. Elles font ou fimples en plattes-bandes | comme au Val-de-srace & à la Sor- bonne à Paris ; ou ornées de moulures, comme à la plüpart des dômes de Rome. Cétes de coupe, font les faillies qui féparent la doûelle d’une voñte fphérique en parties égales, elles peuvent être de pierre ; comme aux Invalides ; oude ftuc, & ornées de moulures avec ravalemens, & quelquefois enrichies de compartimens : le tout doré ou peiñt de mofaique, comme dans la coupe de S, Pierre à Rome. (P) Côres, (Mar.) membres du vaiffeau. Ce font les pieces du vaifleau quifont jointes à la quille,& mon- tent jufqu’au plat-bord. Les varangues , les courbes, les allonges, 6:c. font les membres du vaifleau. (Z) CôTE , (Marine.) la côte ou les côtes. On appelle ainf les térres & rivages qui s’étendent le long du bord de la mer. | Côte faine, c’eft-à-dire que les vaifleaux peuvent en approcher fans crainte de danger, n’y ayant ni roches, ni bancs de fable. Côte Jale : c’eft celle qui eft dangereufe par les ro: ches & les bas-fonds qui font auprès. Côté écorre : c’eft une côse dont les terres font ef- carpées 87 coupées à pic. Côte de fer : c’eft une côte très-haute & très-efcar- pée, auprès de laquelle on ne trouve aucun abri ni aucun moyen d'aborder; de forte qu'un vaiflean qui feroit jetté contre un de cesfendroits qu’on appelle côte de fer, s'y briferoit, &c périroit fans aucune ref fource, (Z) | | CÔTE, en terme de Chaireuitier; c’eft le boyau du porc employé en boudin ou fauciffe. CÔTE ROUGE o4 BLANCHE, ( Comm.) efpeces de fromages qui fe font en Hollande, & qui ne dif- ferent que par la confiftance ; le premier a la pâte dure & ferrée ; l’autre l’a plus molle & plus douce. CÔTE, (Com.)On appelle côte de foie, ce qu’on en- tend plus communément par Ze fleurer ou le capiton. CÔTE, (Fabrig. de tabac.) celui qui fe fabrique de la meilleure feuille féparée de fes nervures, qu’on tire à trois doigts de la pointe, & qu’on file ou fur une ligne de diametre, ou fur deux lignes , où envi- ron fur quatre, & fous Les noms de prinfilé, de moyen & de gros file, $ CÔTE , en terme de Vannier ; ce font les gros brins qui fervent de foûtien aux menus ofiers. On donne aufli le même nom à l’efpace arrondi & convexe contenu entre ces mêmes brins , &c tiflu d’ofiers plus menus. Vs Ah CÔTE DE S. ANDRE , (/2) Géograph. mod. petite ville de France en Dauphiné, dans le Viennois. CôTE Des DENTS, (/4) Géog. mod. pays d’Afri- que dans la Guinée, entre la côte de Malaguette, la côte d'Or, & les Quaquas : 1l s’y fait un grand com- merce d'yvoire. Côte D'OR, (La) Géog. mod. contrée d’Afrique dans la Guinée , entre la core des Dents & le royau- me de Juda. Ce pays comprend une infinité de pe- tits royaumes. On en tiroit autrefois beaucoup de poudre d’or. _COTÉ, f. m. ez Géométrie. Le côré d’une figure eft une ligne droite qui fait partie de fon périmetre. Le côté d'un angle eft une des lignes qui forment l'angle. Poyez ANGLE, DR T Toute ligne couthé peut être revardée comme ur polygone d'une infinité de cérés, Voyez COUREE, INFINT, POLYGONÉ,: 0 Côte mécodynamique , voyez MÉCODYNAMIQUE. Dans untriangle retangle, les deux côtés qui ren- ferment l’angle droit, fe nomment carhete, & le 3°, l'hyporhenufe, Voyez CATHETE 6 HYPOTHENUSE, Le côté d’une puiflance eft ce que l’on appéllé au trement racine. Voyez RACINE. Chambers. (0) CÔTE, (Jurifpr.) En fait de parenté & de fuccef- fion on diftingue deux cérés, le paternel, & le ma TEA 0 | … Par le droit Romain , obfervé en pays de droit écrit, on ne diftingue point deux cérés dans une mê- me fucceflion | c’eft-à-dire que tous les biens d’un défunt , qui lui font échûs tant du côcé paternel que du côté maternel, appartiennent indifféremment au plus proche patent, foit paternel ou maternel "ha: bile à fuccéder, ie Dans les pays coûturniers âu contraire on diftin= gue dans les fuccefions les parens & les biens dut côté paternel, d’âävéc ceux du côté maternel. Le vœu général dés coûtumes eft de conferver les biens de chaque côté, aux parens qui en font, fuivant la reple parerna paternis, materna maternis. Les coûtu- mes ne font cependant pas uniformes à ce fujet: On les divife en trois clafles ; favoir, les coûtumes de fimple côté, les coûtumes de côté & ligne, & les coûtumes foucheres,. | Le terme de côté, en cette occafñon , fignifie Zz famille en général de celui de cujus; & le terme ligne défigne /4 branche patticuliere dont il eft lu. Voyez cz-après au mot COÛTUMES. (4) CÔTÉ DROIT & CÔTÉ GAUCHE. À léslife & à la proceflion , le cré droit eft ordinaitement eftimé le plus honorable ; quelques -uns prétendent que c’eft le côré gauche du chœur, parce qu’il répond à la droite du prêtre lorfqu'il fe retourne vers le peuple : cela dépend beaucoup de la façon d’envifager les chofes , & de l’ufage du lieu, En Normandie le céré gauche du chœur eft le plus eftimé ; fuivant le droit commun., c’eft le côté droit. Pour la pofition du banc du feigneur, cela dépend beaucoup de la difpofition des lieux ; le feigneur à choix du cése qui lui convient le mieux, Dans les tribunaux le côté drors eft Le plus hono- table : on regarde comme côcé droir, celui qui eft a la droite du préfident. (4) CÔTÉ , ex Architecture, eft un des pans d’une fu- perficie réguliere ou irréguliere. Le céré droit ou gauche d’un bâtiment fe doit entendre par rapport au bâtiment même , & non pas à la perfonne qui le regarde. (2) CÔTE , (Arr milic.) dans les ouvrages à corne, à couronne , 6c. font les remparts qui les renferment de droite à gauche. Voyez BRANCHES € AÎLES. CÔTÉ EXTÉRIEUR : c’eft dans la Fortification le coté du polygone que l’on fortifie, Ce côté eit ap- pellé extérieur, comme CH, PI, I. de Fortification , fig. 1. où la fortification eft en dedans le polygone; &ileft appellé zrcérieur, lorfque la fortification faille en dehors le polygone, c’eft-à-dire lorfque la cour- tine &c les demi-gorges font prifes fur ce côré, Tout front de fortification a un côré de polygone extérieur, & un intérieur ; le premier joint Les deux angles flanqués , & nous parlerons tout à Pheure du fecond. 4 Le céré du polygone extérieur eft de 180 toiles dans la fortification de M. le maréchal de Vauban ;: il peut avoir au plus 200 toifes, & au moins 150: au-deffous de 150 toifes il donneroit des baftions trop proches Les uns des autres ; & au-deflus de 260, les lignes de défenfe furpafleroient la portée du fufil, Côté intérieur : c’eft la ligne qui joint les centres 304 COT de deux baftions voifins’, ou.ce qui eft la même cho- fe, la courtine prolongée de part & d'autre jufqu'à la rencontre dés rayons extérieurs , tirés aux extrés mités du même céré du-polygone. (Q) CÔTÉ pu Vaisseau, ( Marine.) On nomme ainfi le flanc du vaifleau. On diftingue les côcés en /fribord & basbord. Le côté de ftribord eft la droite de-celu qui , le.dos à la poupe, regarde la proue dunavire, Le côté.de basbord eft cel de la gauche. … Côté du vent : c’eft le côté d’où le vent vient 3 le coté fous le vent eft Pautre côre. Préter le côté, {e dit d’un vaifleau. qui préfente le flanc à unautre, pour le'canonner. (Z) CÔTÉ , (Marine, Mettre côtéen travers ,.c’eft pré: . {enter le flanc au vent ,.ou mettre le vent fur les voi- les de l'avant, & laifler-porter le grand hunier ; en forte que le vaifleau préfente le core au vent dans un parage. où il eft néceflaire de jetter la fonde, afin d’avoir le loifir de fonder. On met encore côsé er sra- vers: pour attendre quelqu'un. On.fe fert de la même façon de parler, & l’ondit ue l’on a mis côté en-travers., quand.le vaiffeau pré- pus le core à une forterefle que l’on veut canonner, ou contre quelque vaifleau ennemi. Un vaifleau qui veut envoyer fa bordée à un au- tre, méêt le côté en-travers, c’eft-à-dire lui préfente le flanc. (Z) _. CÔTÉ, ( Marine.) Mettre un vaiffeau fur le côte, c’eft le faire tourner & renverfer fur le cécé-par le moyen de verins ou d’autres machines, pour lui donner le radoub, ou pour l’efpalmer. | Autrefois on mettoit un vaifleau à terre fur le côté; mais une pareïlle manœuvre ne pouvoit que fatiguer beaucoup le corps du bâtiment , dont les liaifons des membres devoient fouffrir beaucoup, & s’ébranler ; ainf on ne doit coucher le vaifleau fur le côté que dans l’eau , laquelle le foütient &facihite le travail. | Lorfqu’on veut coucher un navire dans l’eau pour lenettoyer,pour carenner ou lui donner quelqu’autre radoub, on appuie les mâts avec des matériaux qui viennent fe rendre fur le bord du vaiffeau , & l’on fait approcher un petit bâtiment, comme ponton & allege, au plus bas bord duquel eft amarré un gros cordage, fur quoi l’on fe met pour virer au cabeftan qui eft dans ce petit bètiment, & qui tire le vaiffeau fur le côté par le mât ; cette groffe corde fur quoi Pon eft, fervant à tenir le bâtiment en équihbre , & à empêcher qu'il ne renverfe ; & elle eft appellée à caufe de cela, attrape, ou corde de retenue. On peut bien mettre aufli cette corde de retenue au plus haut bord du vaiffleau, en l’amarrant à quelque chofe de ferme qui foit hors le bord. On peut bien encore appuyer lé vaifleau fur le mât du ponton ou de l’al- lege, & en ce cas on l’amarre bien avec des cordes, Lorfqu'un vaiffeau eft chargé, & qu’il eft dans un endroit où 1l y a flot &c juflant , on cherche un fond mou ; & ayant mis le bâtiment à fec, on pañle tous les canons d’un bord, ou bien l’on met toute la charge à la bande, ce qui fait doucement tourner le vaifleau, & tomber fur le côré ; & quand on l’a net- toyé ou radoubé d’un cdté, on attend une autre ma- rée, & l’on pañle toute la charge de l’autre côté, pour donner lieu à le nettoyer partout : car lorfque la charge eft ainfi tranfportée , le vaifleau fe releve de lui-même, & va tomber fur le côze où elle eft. (Z) CÔTÉ , (Manege.) Porter ur cheval de côté : c’eit le faire marcher {ur deux piftes, dont l’une eft mar- quée par les épaules, l’autre par les hanches. Voyez Piste. Dicé, de Trév. (F7) * COTEAU,, f. m. (@con, ruflig.) On donne ce nom à tout terrein éleve en plan incliné au-deflus du niveau d’une plaine , fuppolé que ce terrein n’ait pas une grande étendue. Lorfque fon étendue eft confidérabler, comme d’une lieue, d’une.demi-lieue, G'c. 1h s'appelle alors-une cére ; ainfi côreaweft le di- minutif de côte. Les coreaux doivent être autrement cultivés que les plaines. Cette culture varie encore, {élon lasnature de laterre ,-& l’expoñrion, Une ob- fervation aflez générale fur les côtes & côreaux, c'eft qu'ils ne font ordinairement fertiles que d’un côté :, on diroit que le côté oppoté ait été dépouillé par des courans , & que les terres en ayent été rejet- tées À droite & à gauche fur le côté fertile; ce qui acheve de confirmer les idées de M. de Buffon. CÔTÉE, Î. f, ( Hifé, nat. ornytholog.) querquedula criflata ; feu colymbus , Bell. oifeau du gente des ca- nards. Il eft plus petit que le morillon ; il a le corps épais & court, Les yeux jaunes &c brillans, les piés & les jambes noires ; le bec eft de la même couleur, &c large comme celui des canards : les jambes font courtes , & les piés larges : latête , lecou, la poi- trine & le ventre, font de couleur livide. On l’a ap- pellé crée en françois, parce qu’il a fur les ailes une bande tranfverfale : 1l a une crête fur la tête. Bell. Voyez Ald. Ornitholog. lib. XIX, cap.xxxjv. Voyez Oiseau. (1 COTELETTES , f. f. pl. (Boucherie. Il ne fe dit que des côtes du mouton, COTER , (Jurifp.) eft marquer une piece on une liaffe d’une piece , d’un chiffre ou d’unelettre, pout diftinguer ces pieces Ou-hafles les unes des autres, & les reconnoître & trouver plus facilement. On coroit autrefois les piéces parles paroles du Pater; de forte que la premiere étoit cotée Parer , la feconde, noter, &c ainfi des autres fucceflivement. Il ya à la chambre des, comptes des regiftres qui font ainfi corés , & cela fe pratique éncoredans quelques provinces. En Bretagne-on dit cofer & rmillefimer , pour dire qu’en cofant les pieces on les marque de chiffres depuis un jufqu’à mille. Tr L’ufage à Paris & dans la plûpart des provinces ; eft de coser par chiffres les pieces & liafles, dansles inventaires qui fe font après le décès d’un défunt; mais dans les inventaires de produétion & requêtes de produétions nouvelles, on les coze par lettres. (4) COTER PROCUREUR, :c’eft déclarer dans un ex- ploit qu’un tel procureur occupera pour cehu à la requête de qui l’exploit eft donné. (4): COTER UN SAC ou.Dossier: Nous avons ex- pliqué ci-devant ce quelt’eftque la core d’un fzc ou doffier ; mais lorfqu’on parle d’un /zcou dofficr, coté tel procureur, on entend que le procureur qui occu- pe, a marqué fon nom fur ce /ac ou doffier; il marque ion nomà droite, & cehu de fes confreres qui oc- . cupe contre lui, à gauche. (4) * COTEREAUX , CATHARIS, COURRIERS, ROUTIERS , f. m. pl. (Æif£. eccléf.) branche de la feéte des Petrobufens. Voyez PETROBUSIENS. Ils parurent en Languedoc & en Gafcogne fur la fin du xij° fiecle, & fous le regne de Louis VIT. Je ne fais pourquoi on en a fait des hérétiques ; ce n’étoient que des fcélerats qui vendoient leurs bras à la haï- ne, à la vengeance, & à d’autres pafñions violentes . & fanguinaires. Il eft vrai que les hérétiques du tems les employerent plus que perfonne. Ils fervirent Hen- ri IL. roi d'Angleterre, contre Richard fon fils, com- te de Poitou. Ils fe fondirent enfuite dans la feéte des Albigeois. Ce fut alors qu'ils commencerent à devenir herétiques , mais fans ceffer d’être aflaflins. Alexandre I. les excommunia, accorda des-indul- gences à ceux qui les attaqueroient , & décérna des cenfures contre les orthodoxeseccléfiaftiques & laics qui ne concourroient pas de toute leur force au maf- facre de ces bandits. Conduite tout-à-fait oppofée à l’efprit de l'Evangile que faint Auguftin connut beau- coup mieux, lorfque confulté par les juges civils fur ce qu'il falloit faire des cireumcellions qui avoient égorgé COT Sgoroc plufieurs catholiques, il leur répondit à-peu- _brès én ces termes: « Nous avons interrogé lä-deflus » les faints martyrs, & nous avons entendu une voix » qui s’élévoit de leur tombéau, & qui nous aver- » tifloit de priér pour leur converfion , & d’abandon- » ner à Dieu le foin de la vengeance ». Il y eut plus dé 7000 Cotereaux d’exterminés dans le Berri. COTERET , f m. aflemblage de plufeurs mor- ceaux de menus bois, foit de taillis foit dé quartier, par le moyen de deux harres. I doit avoir deux piés de longueur fur 17 à 18 pouces de grofleur. COTERETS où COTERELLES , ( Tapiffier.) ce ont Les deux principales pieces du métier de Haute- Tifier; elles font de bois, en forme de gros madfiers de 7 ou 8 piés dé hauteur, de 14 Ou 15 pouces de Targeur,& de 3 ou 4 d’épaifeur.Elles fe dreffent pêr- pendiculairement , &c fervent à contenir & foûténir ‘À leurs deux extrémités les deux énfubles ou rou- icaux , fur lefquels s'étendent les fils de là chaine dés tapifleries de haute-liflé. Foyez HAUTE-LISSE. + COTERIE , . f. termé emprunté des aflocia- tions de commerce fubalterne ; où chacun fournit fa cote patt du prix, & reçoit fa cote part du gam, & auquel on n'a rien Ôté de la force de fa pre- ‘miere acception, en le tranfportant à de petites {o- ciétés où l’on vit très-familieremetit, où l’on 4 des jours reglés d’affemblées &r des repas dé fondation, Gù chacun fournit fa cote part de pläifanterie, bôn- ne où mauvaife ; où l’on fait des mots qui ne font en- tendus que là, quoiqu'il foit prefque du bon ton d'en fer par tout ailleuts , & de trouver ridicules ceux qui ne les entendent point, &c. Toute la ville eft di- “vifée en coreries, ennemies les unes des autres &e s’en- tre-méprifant beaucoup. Il y a telle coterie obfcure qui équivaut à une bonne fociété ; &c telle fociété bril- lante qui n’équivaut tout jufte qu’à une mauvaifé co- serie, n’y a prefque point de bonnes corerzes ; paies , libres , & franches , fous les mauväis regnes. CoTERtEs , (Jurifp.) c’eft le nom que l’on dotne en certainés coûtumes aux héritages roturiérs , com- me dans celle d’Artois, arr. 20. fuivant lequel ces coteries doivent être relevées &c droiturées dans fept jours, finon elles font réunies de plein droit à la ta- ble du feigneur. Les héritages cosers, qui font la mê- me chofe que coteries, ne peuvent, loriqu'ils fünt pa- trimoniaux , être aliénés fans le confentement de lhéritier apparent. Les héritiers en égal dégré fuc- cedent aux coseries par égales portions ; la femme a a moitié des coseries acquifes pat fon mari. La def- faifine & faifine, & la faifie feigneuriale des coseries u rotures mouvantes de la féigneurie vicomtiere, doivent être faites en préfence des hommes de fiéf & non des hommes coriers ; qui ne doivent point deffervir les plaids de la juftice du vicomte, puif- qu'il y a des vaffaux pour lexercer. Voyez la cot. d'Artois , art. 20. 77. 106. 136. Pour lPétymologie du mot corerie , voyez Ducange, gloff. lat. cota, co- apiuñT, cotarius. Meriagé, diéf, ati mot coteraux. (4 ) COTHURNE, f. m. (Belles-lerr.) efpece de fou- lier ou de patin fort haut , dont fe ervoient les an- ciens ateurs de tragédies fuir la fcene, pour paroïtre de plus belle‘taille, & pour rneux approcher des héros dont ils jouoient le rôle, & dont la plüpart pafloient pour avoir été des géans, #. TRAGÉDIE. Il couvroit le gras de la jambe, &r étroit lié fous legenou.Ondit qu'Efchyle en fut l'inventeur. Chauf- jèr Le cothurne , en langage moderne, fignifie même joer ou compofér des tragédies. (G) COTICE, f. f. rerme de Blafon , c’eft une efpece de bande diminuée, plus étroite, qui n’a que les deux tiers de la bande ordinaire, qui n’occupe que là quatrieme ou cinquieme partie de l’écu. Elle fe -pofe de même biais, tirant de l'angle dextre du haut u feneftre d’en-bas, La corice fe met aufli en barre, Tome 1F; | CE OT 230$ tirant du côté gauche au droit, comme le filét de bä- tardife, Pithou les appelle fréraux , parce qu’en effet les freres font compolées de coïices & de contré-co- tices. Quand la cosice tient lieu de brifure on la nom- me béton. On appelle un écx coricé, quand tout fon champ eft rempli de dix bandes de couleurs alter: nées, Voyez BANDE. Difionn. de Trév. & P. Ménérr, On dit, cette maifon porte de fable fur un. écu cô- ticé de trois quinte-feuilles d’argent. (77) COTICÉ, adj. en sermes de Blafon, Îe dit de l’écu; lorfqu’il eft rémpli de dix bandes de couleurs alter- nées. Voyez CoTiceE; Efcaieul ; cosicé d'argent & d'azur, kr COTIER , f, m. (Jurifp.) dans quelques coùtu- mes eft fynonyme de rorurier ou cenfuel , comme en Artois. Les héritages coriers font tous ceux qui né font point tenus féodalement. Le feigneur cofier ou foncier eft celui qui n’a dans fa mouvance que des rotures ; & la juftice cotiere ou fonciere, celle quine s'étend que fur des rotures ; les hommes où juges cotiers, font les propriétaires des héritages tenus en cenfive ; pour ce qui concerne leurs obligations par rapport à l'exercice de la juftice , &r leurs droits pour recevoir les contrats d’aliénation des héritages co< tiers & les teftamens , vayez au mot HOMMES cO4 TIERS, JUGES COTIERS ; V, auffici-dev. COTERIES: Il y a dans la coûtume de Cambrai, tir, j. art, 744 des ets cotiers, qui {ont de la nature des terres cories res ou de main-ferme, (A4) CÔTIER ; ( Marine.) Pilote côtier ce nom fe dori2 ne à des pilotes particuliers, qui ont une connoif= fance plus étendue & plus détaillée de certaines cô: tes, de leurs ports, de leurs mouillages, & de leurs dangers ; on les diftingue des pilotes hauturiers, qui font ceux qui font chargés de la conduite du vaiffeau en pleine mer. Le pilote côtier ne prend la conduite du navire qu'à la vûüe des côtes. (Z). Ce. ve: COTIERE,, f. f, (Maçonnerie, Jardinage.) {e dit de certains ados de terre un peu longs, faits le long des murs, ou en fuivant le penchant d’un petit cô- teau, fur lefquels le fole:l tombe à plomb, & avance infiniment les plantes qu’on y feme. Joe Cotieres, {e dit, ez Brafferie, des rebords des plan: ches qui foûtiennent le grain ; & qui entourent la touraille. | COTIGNAC , f. m. (Confir.) efpece de confiture qui fe fait avec le coing de la maniere fuivänte. Pres nez une douzaine de coings, s’ils font petits, fept ou huit s'ils font gros ; coupez-les par petits morceaux; faites-les bouillir dans cinq à fix pintes d’eau, jufqu’à la réduétion de deux pintes ; paflez ces deux pintes reftantes dans un linge blanc ; jettez cette décoétion dans une poële à confiture ; ajoutez quatre livres de fucte ; faites boiullir jufqu’à ce que le tout foit en gélée fuffifamment cuite, Verfez chaud dans des bof tes ou pots. Sil n’étoit pas aflez rouge, vous y mê- leriéz pendant qu’il cuit un peu de cochenille pré parée. Voyez CoinG. | Il y à un autre cofpnac qu'on tire du moût : on prend du moût; on le met dans un chatideron ; on le réduit fur un feu clair au tiers ; on a des poires dé certeau toutes pelées & coupées par quattiers; on les jette dans le moût; on fait boiullir le tout jufqu’à . ce que les poires foient cuites, & que le firop ait une bonne confiftence : alors on remplit des pots de cet: te confiture, Voyez MOUT. Re: CoTiGnAc, (Géog. mod.) petite ville de France, en Provence, fur la riviere d’Argens. | COTILE, (Géog. mod.) petite riviere d'Italie, ait royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, elle {e jette dans celle de Crate. La : _ COTILLON , f. m. partie de l’habit des femmes ; c’eft une jupe courte de deffous ; il eft très-léger en été, & très-fourré en hyver. Nous avons une dant Qq 306 COT léger du même nom, C’eft une efpece dé branle à quatre, huit petfonnes. Voyez BRANLE, . | COTIR , v, a@t. (Jard.) c’eft la même choôfe que taillé, froiffé, où meurtri; étre frappé crop rudemens. W ne fe dit que des fruits & n’eft pas fort ufité. La grêle a ct Ces poires. , a L. | COTISATION , f. f. (Jurifp.) eft limpofñtion qui eft faite fur quelqu'un de la cote-part, qu'il doit fupporter d’une defte ; charge , ou impofñtion com- mune à plufieurs. La taille, le fél dans les lieux où il s’impofe, & les autres charges & fubventions doivent être fup- portées par chaque habitant fuivañt fa corifation , telle qu’elle eft faite fur le rôle qui contient les dif- férentes cotes affignées à chacun. Voyez COTE, TAILLE, GABELLE , SEL, RÔRE. (4) COTISER , v. a&. (Jurifp.) figniñie comprendre quelqu'un dans un rôle, & ui impofer fa part des char- ges auxquelles il doit contribuer, Ce terme eft fur- tout ufité en matiere de tailles. On ordonne ou on défend aux afféeurs & colleéteurs de comprendre ni cosifer quelqu'un dans leur rôle des tailles. (4) COTITÉ ox QUOTITÉ, fub. f. (Comm.) fe dit ordinairement de la taxe ou part que chacun paye d’une impofition, ou du cens que les vaffaux doivent au feigneur. On l’employe auffi dans le Commerce pour fignifier la part Ou portion que chacun doit por- ter dans uñe fociété ou compagnie decomimerce.(G) COTON, fub. m. (Æiff. rat. Ornitholog.) petits d’un oïfeau de l’Amérique, qu’on appelle diable ou diablorin : il paroït que ce font les becs-figues du pays. Ils font couverts d’un duvet jaune & épais, & tous blancs de graïfle. C’eft un mets fort délicat. Voyez DrABLe. * COTON , {sm (Alf. nat, bor.) xilon ; genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche, ou- verte & découpée, du fond de laquelle s’éleve un tuyau pyramidal, ordinairement chargé d’étamines. Le calice poufle un piftil qui enfile la partie infé- rieure de la fleur, & le tuyau, & qui devient dans la fuite un fruit arrondi, divifé intérieurement en quatre ou cinq loges. Ce fruit s’ouvre par le haut, pour laiffer {ortir les femences qui font enveloppées d’une efpece de laine propre à être filée, appellée coton du nom de la plante. Tournefort. Le P,du Tertre, le P. Labat, M. Frezier, &c. di- fent que l’arbufte qui porte Le cocon s'éleve à La hau- teur de huit à neuf piés ; qu'il a Pécorce brune, & que fa feuille eft divifée en trois : lorfque fa souffle eft müre & qu’elle commence à fe fécher, elle s’ou- vre d'elle-même ; alors le coroz qui y étoit extrème- ment reflerré fort, s'étend, & fi l’on ne fe hâte de le cueillir, le vent en enleve une partie confidéra- ble qui fe difperfe entre les feuilles & les branches de l’arbre, s’y attache & fe perd. Il eft d’une gran- de blancheur , &c rempli de graines noires de la grof- feur du pois, auxquelles il eft tellement adhérent, que ce ne feroit pas fans beaucoup de travail &c de patience qu’on parviendroit à l’éplucher à la main. Aufñ a-t-on imaginé de petits moulins à cet ufage, dont nous parlerons ailleurs. L’arbufte qui produit cette utile marchandife eft commun en plufeurs endroits du Levant, des Indes orientales, occidentales , & fur-tout aux îles An- tilles ; on le cultive aufli en Sicile & dans la Pouille. Des auteurs contraires à ceux que nous avons cités plus haut, difent qu’il n’eft suereplus grand que le pê. cher, &c qu'ils’étend en buifon ; que la couleur de fa fleur varie felon la qualité duterroir, tantôt violette, tantôt d’un jaune doré ; que fon fruit, fa coque ou gouffe fe noircit en müriflant ; qu'il y a une forte de coton qui rampe comme la vigne qu’on ne foûtien- droit pas fur des échalats ; qu’il y a dans la terre fer- me du Bréfil un cotonier de la hauteur des plus grands 6. © TE chênes, & dans l’île dé Ste Catherine uñ autre, dont la fetulle eft large & divifée en cinq fegmens pointus, & le fruit de la groffeur d’un petit œuf de poule ; qu'on tire de la fleur & de la feuille du.cotonier ei tes enfemble fous la braïfe , une huile roufle & vit queufe propre à la guérifon des ulceres ; que l'huile de la graine eft un bon cofmétique , &c: Quoi qu'il en foit de ces propriétés, il eft für que le cosoz mis fur les pläies en forme de tente, y occafonne l’in- flammation. Leuvenoeck qui a recherché la canfe de cet effet au microfcope, a trouvé que les fibres du coton avoient deux côtés plats d’où il a conclu qu’elles avoient comme deux tranchans ; que ces tranchans plus fins que les molécules dont les f- bres charnues font compofées, plus fermes , & plus roides, divifoient ces molécules, & occafionneient par cette divifion l’inflammation: Paflons maintenant à d’autres confidérations fur le cocon, relatives à fa récolte, à fon filagé , & aux opérations qui précedent fon emploi. Cet emploi eft très-étendu ; mais le feul qui puiffe fingulierement piquer notre curiofité , c’eft celui qui fe fait en mouf- felines & autres toiles qui nous viennent des Indes & qui nous étonnent par leur finefle, Nous en don- nerons le détail le plus exa@ & le plus circonftancié d’après des mémoires de M. Jore habitant de Roïen, qui a employé fon tems & une partie de fon bien à perfectionner le filage du coton , & qui étoit parvenu à en faire des ouvrages aufli beaux que ceux qui nous viennent de l’Inde : ils nous ont été communiqués par M. le chevalier Turgot, qui s’eft inftruit de cette fa- brique, par un goût pour les Arts utiles d’autant plus digne de nos éloges, qu'il eft très-eftimable en quel- ques perfonnes que ce foit, & qu’il eft malheureufe- ment trop rare dans celles de fon rang & de fa fortune. Les îles françoifes de l'Amérique fourniflent les meilleurs cotons qui foient employés dans les fabri- ques de Roüen & de Troyes. Les étrangers, nos voi- : fins, tirent même les leurs de la Guadeloupe, de Saint-Domingue, & des contrées adjacentes. [ls ont différentes qualités. Celui qu’on appelle de la Gza- deloupe eft court , la laine en eft grofle ; & la mamie- re de filer le coton dont on parlera plus bas, ne lui convient point. Celui de Saint-Domingue peut être filé , comme nous le dirons, lorfqu’il eft bien beau : on peut le remêler avec d’autres cosons plus fins, &c en faire certains ouvrages. Mais tous ces endroits en fourniflent une autre efpece qu’on appelle de Siam blanc à graine verte, pour le diftinguer d’un au- tre de la même qualité , mais d’une couleur différen- te. Celui-ci eft roux ; l’autre eft blanc ; fa laine eft fine, longue , & douce fous la main; fa graine eft plus petite que celle des autres cosons , & la laine y eft fouvent adhérente : cette graine eft noire & life, quand le coton a biën müri. Si au contraire la cul- ture &c la récolte ont été mal conduites, la laine y demeure attachée, & fes extrémités qui en ont été féparees , font vertes, fur-tout lorfque le coton a été nouvellement recueilli. Cette efpece n’eft point cul. tivée en Amérique, quoiqu’on convienne de fa fupé- riorité ; parce que fa graine étant petite, s'engage entre les cylindres du moulin, s’y écrafe, tache la laï- ne, & la remplit d’ordures ; défaut confidérable qui en diminue beaucoup le prix : d’ailleurs ce cocon eft trop leger pour les fileufes des fabriques de Rouen, &c. il leur faudroit beaucoup plus de tems pour en filer une livre, que pour une livre de tout autre; ainf elles ne l’eftiment point , & fur leur mépris in- téreflé, on l’a abandonné. Ce même coson eft culti- vé au Mififipi, climat qui ne lui convient pas com- me les îles de l'Amérique : aufñ il n’y mûrit pas ; la laine en eft courte & fortement attachée à la grai- ne, enforte qu’il n’eft pas poflible d’en faire un bon ufage, _ L'arbriffeau qui donne les cocons, dont nous ve- nons de parler, à l'Amérique, eft vivace. Sept ou huit mois après avoir été planté de graine, 1l donne une récolte foible. Il continue de rapporter de fix en fix mois pendant dix années. Celui des Indes & de Malte eft annuel, Il y a aufli quelque différence pour la qualité, Celui de l'Amérique paroît plus foyeux. Du moulinage du coton. Immédiatement après la récolte, on porte le cocon au moulin. Le méchanif- “me du moulin eft fort fimple: ce font deux petits rouleaux cannelés , foûtenus horifontalement ; ils pincent le cosox qui pale entre leurs furfaces , &c le dégagent de fa graine dont le volume eft plus confi- dérable que la diftance des rouleaux qui tournent en fens contraires, au moyen de deux roues mifes en mouvement par des cordes attachées à un même marche-pié qu'un homme prefle du pié, comme fait un tourneur ou une fileufe au roüet , tandis qu'avec es mains il préfente le coco aux rouleaux qui le faï- fflent, l’entrainent, & le rendent dans un panier ou dans un fac ouvert, & attaché fous le chaflis ; ce qui vaut beaucoup mieux, parce que la poufiere ne s’y mêle point, & que le vent ne peut en emporter, m£- me lorfque ce travail fe fait à l'air, fous un fimple angard, comme c’eft aflez la coûtume, Woyez Plan. ducoron, Hifi. nat. le petit moulin à main, fig, 2. & le moulin à pié , fig. 4. 4 À À À, le chafis ; 2, les deux rouleaux avec de très-petites cannelures ; €, deux roues fervant de balanciers ; D, cheville po- {ée hors du centre de la roue; Æ , corde attachée à la cheville par un de fes bouts, & au marche-pié par autre ; F, marche-pié mobile faifant mouvoir les roues C, C, & les rouleaux 8, B; G, tablette in- clinée fur laquelle tombe la graine qui glifle fur cette tablette, & tombe à terre. De l'emballage du coton. Lorfque le coton eft féparé de fa graine, on le met dans de grands facs de toile forte, longs d'environ trois aunes ; on les emplit à force & à grands coups de pince defer. On commen- ce par les mouiller; puis on les fufpend en l'air, la gueule ouverte, & fortement attachée à des cordes paflées dans des poulies fixées aux poutres d’un plan- cher. Un homme entre dedans, & range au fond une premiere couche de cotoz , qu'il foule avec les piés & avec un pilon. Sur cette couche 1l en met une au- tre , qu'il enfonce & ferre avec fa pince de fer; il continue de cette maniere jufqu’à ce que le fac foit entierement plein. Pendant cetravail, un autre hom- me a foin d’afperger de tems en tems le fac à l’exté- rieur avec de l’eau , fans quoi le cocon ne feroit point arrêté, & remontroit malgré les coups de pince. On coud le fac avec de la ficelle, on pratique aux qua- tre coins des poignées pour le pouvoir remuer plus commodément : ce fac ainf conditionné s’appelle une balle de coron ; il contient plus ou moins , felon qu'il eft plus ou moins ferré, plus où moins foulé ; cela va ordinairement à 300, 320 livres. De La fabrique des toiles de coton fines, appedlées mouffelines. Elle fe divife naturellement en deux par- ties, le filage des cocons fins, & la fabrique des toiles êc autres ouvrages, dans lefquels on employe ce fil. Du filage, ou de la maniere de peigner Le coton , de l’étouper , de le luffrer , d’en méler diverfes fortes pour différens ouvrages, de former le fil, de le devider, & des différents infirumens qui ont rapport 4 toutes ces opéra- ions. Lorfque l’on fe propoñera de ne fabriquer que des mouffelines fines, des bäs fins, il faudra féparer à la main le cotoz d’avec la graine ; cela facilitera le travail de l’ouvriere qui doit le filer : mais dans une fabrique plus étendue , il feroit à-propos de recourir à une machine plus précife que celle que nous avons décrite. Lorfqw’on doit filer, on ouvre les goufles pour en tirer les graines avec les doigts ; on charpit le cocon en long , obfervant de ménager & de ne pas Tome IF, "à &aigfie par la force du levain. Cette colle eft très-gluante ; & | experience a prouvé qu’elle étoit préférable à celle qui fe tire de la pâte du ris, & dont les Indiens font ufage. Les apprêts que l’on donne avec cette derme- re colle, font, trop fecs, On métiune quantité de cette colle de froment dans une.eau douce, comme celle de plue,,de riviere'ou de mare, en quantité fufhfante ; pour que l’eau foit un peu gluante fous le doigt, Cette eau étant bien chaude, on en imbibe la chaine de coron, tendue fur l'équarri, dvec deux efpe- ces de pelotes de pluche de laine qui fervent de ver- gettes : elles reffemblent à celles dont les chapeliers luftrent leurs chapeaux: elles font remplies de crin frilé, & couvertes de pluche, Un ouvrier en tient une à chaque main ; l’une pour donner l’apprêt .en- deffus, & l’autre pour donner l’apprêt en-deffous. Il faut au moins quatre perfonnes pour donner cet ap- prêt, deux à chaque lifiere de la toile. Les deux pre- nuers imbiberont la chaîne de cette colle , fans au- cun ménagement ; ils en doivent mettre par-tout avec abondance, de maniere pourtant qu'il n’y ait que peu ou point de fuperflu qu’ils ne puiflent enle- ver d’abordavec la main ou leurs vergettes.Les deux autres ouvriers fuivront les premiers de très - près avec leurs vergettes ; & frottant continuellement la chaîne jufqu'à ce qu’elle foit feche, ils empêchéront les fils de fe coller enfemble en féchant. Il faut obferver 1°. de donner tous les àpprêts de mêmefens, c’eft-à-dire de commencer toïjours par A ; de s’avancer fucceflivement vers B, {ans jamais revenir de B en À : 2°. que conféquemment,lorfque l’on aura pouffé fa vergette à une certaine diftance en allant de 4 vers B, il faut la relever pour la por- ter en 4, fi befoin eft; en forte que la vergette ne foit jamais müe à contre-fens fur la chaîne : 3°. que l’apprêt foit donné également en-deflus & en-def= fous : 4°. qu'il faut faire avancer & reculer les ba guettes de quelques pouces en donnant l’apprèt, afin que les vergettes enlevent la colle qui pourroit s’at- tacher aux baguettes , & qu’ils empêchent les fils de coton d'y prendre & de fe coller les uns aux autres, fur-tout aux encroix. On comprend facilement que ces vergettes, où plutôt ces pelotes couvertes de pluche, font très- propres à pafler entre les fils de la chaîne, les fépa- rer les uns des autres , & les enduire de colle; & qu’en continuant de les frotter avec de nouvelles vergettes moins humides que les premieres , jui qu'à ce qu'ils foient fecs, ces fils ne peuvent plus {e coller les uns aux autres. Il faudra encore veiller fur-tout qu'ils ne s’attachent aux encroix & aux ba: guettes. | x Second apprét,. Le fecond apprêt peut fe donner fans changer la chaîne de poftion ; on PE le dons g x (CO:T Mer auffi-tôt que les ouvriers qui ont travaillé ait premier, font parvenus en B. Ce fecond apprèt fe ‘commencera en À, comme le prenuer ; c’eft la mé- mé colle, employée feulement beaucoup plus forte , il n’y faut ajoûter que peu d’eau. On l’applique de la même mamere , avec les mêmes vergettes que le premier,mais avec beaucoup plus de ménagement; la trop grande quantité rendroit le fil caffant : les ver- getres de peluche la difiribueront également & avec œconomie, On aura foin de faire fécher les fils fous la vergette , & de mouvoir les baguettes avec en» core beaucoup plus de foin qu’au premier apprèts Ces deux apprêts rendent le cotor fi beau, fi Un ÿ qu'il reflemble à de longs cheveux, Il faut veiller , en les donnant, à né pas fatiguer le cocon à force de le frotter : il féchera très-vite. L’adrefle dans ce travail eft de prévenir le moment où 1] va fécher, & dans cet inftant un coup de vergette fépare les uns des autres tous les fils qui en font touchés. Un £econd les humeëte trop , & les colle de rechef, Les Indiens enduifent alors leurs cocozs d'huile ; mais j'eftime qu'il fant laïfler ce foin au tifferand, qui le prendra à mefure qu’iltramera fa toile, L'huile qui féjourne fur les apprèts, paroït les affoiblir ; c’eft pour cette raïfon qu'il faut lui préférer le fuif neuf, qui les aflouplit & ne les affoiblit point. Du métier. Le métier differe peu de celui où l’on fait la toile, excepté que les parties qui le compo- fent , font proportionnées à la foiblefle du fil de co- ton qu'on y travaille. On s’en fert, comme de tous les autres métiers , à faire de la toile , excepté que l’enfuple de derriere eft retenue avec deux contre- poids 4 A, PLIV. fuivant la méthode des ouvriers enfoie ; & qu’au contraire celle de devant eft rete- nue aux deux chevilles , fuivant Pufage des toiliers, Il a paru à l’ufage, que les contrepoids faifoient une réfiftance plus égale, & qu’on en proportionnoit facilement l'effort au befoin. BB, BB , les enfuples {ont de fapin ; elles ont quelque groffeur , parce qu’il eft effentiel que tout ce qui réfifte au coco, ait l’a- vantage de lui réfifter fans le rompre. La chaîne fe peut monter avec deux, quatre ou fix lames, C, luivant la finefle de la toile qu’on veut fabriquer. On fuppofe que la moufféline qu’on veut fabri- quer, ait une auine de large , & qu'elle foit en compte de quarante; elle aura quatre mille fils dans la chaîne, de la largeur d’une aulne, fuivant lufage des fabriques de Normandie, Si on ne met que deux fils par chaque dent du peigne, le métier n’aura que deux lames, & chacune portion deux mille fils. Lorfque le métier travaillera , deux mulle fils baïfle- ront {ur une feule ligne, & deux mille monteront fur une même ligne ; mais comme un fi grand nombre de fils caufe de l’embarras dans une chaîne de coton très-fine , on fe fert de quatre lames au lieu de deux: ainf chacune d’elles aura mille fils fur une même ligne. Ces lames étant les unes devant les autres, diminuent l'embarras de moitié dans le jeu de la chaîne , & par conféquent aufä l’effort que le cocoz avoit à fupporter. Mais comme une moufleline fine faite en qua- rante, ne feroit pas fufffamment garnie en chaine, fi on n’y mettoit que quatre mille dans un compte en quarante, les Indiens ont imaginé de mettre trois fils en chaque dent du peigne ; par-là 1ls font entrer fix mille fils dans un peigne de compte en quarante ; 6 pour les faire agir fans autres grandsembarras, ils ont recours à fix lames, dont trois baiflent tandis que les trois autres levent. Chacune d’elles fait mouvoir mille fils; par ce moyen on n’eft point obligé d’avoir des peignes de compte en 60 , qui feroient fi ferrés que le coton ne pourroit y agir fans fe fatiguer, & même fans fe brifer : 1l eft par conféquent de tout &vantage de faire tohjours çes peignes plus vuides COT qüe pour quelqu'autre ouvrage que ce puifle être y quand'ils en devroient être plus foibles, Par ce qui vient d’être dit, on a dû reconnoître que le métier devoit marcher à deux marches D, parce qu’il s’agit de fabriquer une toile unie, fans aucune croifiere Ce n’eft pas encore aflez d’avoir partagé l’embar- ras des fils de la chaîne en fix parties, pour la faire agir plus facilemént dans le travail du tiflerand ; il faut encore œconomifer les efpaces-dans le fl des liffes des lames E, en fe fervant d’un fil délié fort, parfaitement uni, &c exempt de tout duvet étranger ; le fuccès eft attaché à cette précautions M. Jore a fait faire à cet ufage un fil dé foie , retors exprès, de neuf fils de foie, d’organcin de Piémont ; le plus parfait qu’il a pû trouver ; & de cette foie retorfe d’abord par trois fils ; & trois de ces fils mis en un, ila fait fes lifles ; & l'expérience li a dé= montré que rien ne pouvoit remplacer cette foie m foie de Grenade ; ni fil de quelqw’efpece qu’on le choisit, IS | De ce qui vient d’être dit du nombre des lames &t du nombre des fils de la chaîne, à faire entrer dans un peigne en quarante, l’ouvriet doit juger de la maniere de pafler fes fils en life & en peigne, pour mettre fon métier en état de travailler. Ce métier monté de fa chaîne , n’a de l’enfuple 8 de devant à l’enfuple 8 dé derriere, que trois piés, parce que la chaîne ne fe peut travailler fur une plus grande longueur à la fois; cette longueur même ne pourroit réfifter au travail , fi elle n’étoit foûtenue par des baguettes que l’on pafle dans les éncroix qui font derriere les lifles , fuivant l’ufage ordinaire de tous les tifferands. | De la trame. On a dit ci-devänt que l’on choifif.. foit le fil de coroz le moins parfait pour tramer la toile: Pour l’employer on le met fur Pourdifloir ; fans lui donner aucun apprêt : une femme ou un ens fant en prend le bout, pour en former des canettesi! Cette opération confifte à faire précifément ce qu'a fait la fileufe en outdiffant la chaîne. La canette eft un petit bout de rofeai long d’un pouce à 14 lignes, que l’on pafle fur une bro- che de fer, de forte el ne puifle tourner fur la broche. Cette broche eft appuyée fur un pivot, de maniere qu'elle ne puifle s'échapper de l’endroit où elle eft pofée. On donne de la main à la broche un mouvement de rotation fur elle-même ; en confé- quence le fil de cozon attaché au rofeau, fe roule fur le tuyau de rofeau appellé carerte, À mefure que le fil fe dévide, Pouvriere avance le long de l’our- difloir jufqu’au bout , & revient fur fes pas jufqu’à ce que la canette foit chargée de trois longueurs de lourdifloir , qui valent cent ou cent deux aulnes de fil. Cette broche n’eft point un inftrument particu= lier au travail du coton, elle eft en ufage parmi les dévideufes en foie ; on pourroit y fuppléer par un petit rouet leger & prompt. On voit par la longueur du coror qui fe trouve mefurée fur les canettes, combien il en entre par chaque aulne de toile ; précaution très-utile pour connoître la valeur de la toile, & très-fûre pour prévenir les fupercheries des ouvriers. Lorfqu'il s’agit d'employer les trames, il faut les bien imbiber d’eau, pour que le fil foit plus en état de foûtenir l'effort de la navette. On employe l’eau bouillante , fans quoi elle ne pénétreroit pas jufqu’au fond; on ébue ces canettes pour en ôter la trop gran- de quantité d’eau, & on les employe mouillées. Le tiflerand met une de ces canettes dans une na+ vette F, plus baffe & moins ouverte que les navet tes ordinaires , pour n'être pas obligé de forcer le pas, c’eft-à-dire pour n’être pas obligé d'ouvrir con- fidérablement la chaîne pour pañler la navette, Le-fil | pañlé & rangé emplace, donne par fon humidité de la foupleffe aux fils de la chaîne , en humeëtant les apprêts dont ils font enduits. L'ouvrier doit travailler à pas ouvert , c’eft-à- dire qu'il doit faire entrer le fil dans l'endroit où il doit refter, en tenant le pié appuyé fur la marche D; &t changer le pas , le peigne appuyé fur le même fil joignant la toile fabriquée , autrement il s’expoferoit à brifer nombre de fils. Il eft bon de travailler ces toiles , fur-tout lorf- qu’elles font fines, dans des endroits un peu humi- des, & où la chaleur du foleil ne pénetre pas. Lorf- que Le tifferand reprend fon ouvrage, après l’avoit quitté quelques momens, il doit pafler un linge hu- mide ou une éponge, ou autre chofe femblable, fur fon ouvrage à l'endroit où il a ceffé de travailler, pour aflouplir les apprêts en cet endroit. Il doit aufli tenir fur fon métier, pendant fon abfence, un linge humide par la même raifon. Les chaînes fe paflent en liffe & dans le peigne, de la même maniere que les autres ouvriers en toile & en foie le pratiquent ; on s’aide des mêmes outils, mais il fe trouve de la difficulté à mamier avec les doigts les fils rompus qu’il faut réparer, foit lorfqu’on apprête la chaîne , foit tandis qu’on trame fa toile. Les doigts, en paflant entre les fils du coroz, y cau- {eroient fouvent du dommage ; pour le prévenir on fe fert d’un crochet fait d’une aiguille de moyenne groffeur ; on la fait rougir pour la détremper, on lui donne cette forme -—— — ; on fait entrer la tête de cette aiguille dans un petit bâton de 4 pouces de longueur , & gros comme une paille. Cet outil ‘accroche les fils rompus , les dégage des fils de la “chaîne, & les met à portée d’être renoués fans en- dommager les autres. Lorfque la toile eft fabriquée , on la fait tremper vingt-quatre heures , &c on la lave à l'eau chaude pour en faire fortir les apprêts ; on lui donne enfuuite une légere lefhve , puis on la met environ un mois {ur l'herbe pendant l’été : elle fe trouve alors fufi- famment blanche, fi elle eft fine ; fi elle eft commu- ne, on lui donne une feconde leffive , & on la met encore quelque tems fur l'herbe , jufqu’à ce qu’elle {oit fuffifamment blanche. Lorfque la faifon ne per- met pas de mettre les toiles fur l'herbe, 1l faut toû- jours en faire fortir les apprêts , qui les pourrotent endommager en peu detems, & qui les expoferoient à être rongées par les rats. | Il refte à dire quelque chofe des mouffelines raiyées, comme celles qui nous viennent des Indes. Ces raiyu- res fe font avec deux fils au lieu d’un, pañlés enfem- ble en lifle & en peigne , de forte que quatre de ces fils vont dans la même dent. Ces fils doivent encore _être plus gros que les autres qui compofent le refte de la chaîne ; mais fi ces fils étoient roulés tous en- femble fur La même enfuple , il arriveroit que leur grande difproportion de groffeur formeroit des mon- ticules fur l’enfuple, qui feroient tirer certains fils "& relâcheroient les autres. Pour prévenir cet incon- vénient, on met la chaîne qui doit former les raiyons fur une enfuple particuliere; c’eft pour cette raifon “qu'on voit la place de trois au métier , favoir deux ‘derriere pour les deux chaïnes , & l’autre devant pour recevoir l'ouvrage fabriqué. On fe fert d’un temple, ou comme on dit dans les manufaêtures de Lyon, tmpia, pour maintenir la largeur de la toile égale à la largeur du peigne, dans l’endroit où on la trame, ainfi que le pratiquent les autres tiflerands. * Les mouffelines fines font bien les ouvrages les plus délicats & les plus beaux qui fe faflent avec le soton filé, mais ce ne font pas les feuls qu’on en faffe; nous avons déjà parlé des bas ; 1l nous refte à achever en partie l’énumération,en nommant les camifoles, Tome IF. COT 275 couvertures, tapifleries, futaines, autres toiles que les mouffelines , une infinité d’étoffes où le cocon fe trouve tiAlu avec la foie, le fil, & d’autres matieres, On ne peut rien dire du prix des corons, foit filés foit en laine ; le prix du cotoz en laine dépend de fa beauté & de l’abondance de la récolte ; il faut en- core faire entrer en calcul la perfe&tion de l’ouvyra= ge, pour le prix du coton filé. Voyez COTONNIER; voyez auffi aux autres articles de ce Didlionnaire les dif. Jérentes fortes d’étoffe de coton. CoTON, (Jardinage.) duvet qu’on remarque à la furface de plufieurs fruits, tels que la pêche, &c. CoToNs, (Marine. ) ce font des pieces de bois dont on fe fert à fortifier un mât, auquel on les joint étroitement. Voyez JUMELLES. (Z) COTONNÉES , adj. pris fubit. (Comm. ) petites étoffes fil & coton, qui fe fabriquent en Hollande. COTONNER , verb. att. il a deux fignifications chez les ouvriers ; l’une, c’eft garnir de coton cardé, ce qu'on pratique aux vêtemens qu’on veut rendre chauds ; l’autre, c’eft être couvert d’une efpece de bourre, ce qui provient de mauvaife façon. COTONNEUX, adj. (Jardinage) fe dit des fruits & légumes qui commençant à fe pañler, font fecs, molaffes , fans goût , & mauvais à manger. COTONNIER se xilon, (Apr. nat, bor.) Foy. à l’article COTON, la defcription de ce genre de plante, & différentes obfervations , tant fur les ar bres de ce nom, que fur la laine qu'ils donnent, On dit que la tige de celui qu'on cultive à Malte & plufieurs endroits du Levant, & qui eft défigné dans les auteurs de Botanique par x1/07 herbaceum, J, B. ou coronnier commun, S'éleve environ à trois ou qua- tre piés ; qu’elle eft droite, velue,lipgneufe,& to toùjours branchue; fes feuilles alternes & fembla- bles, au haut de la plante, à celles du petit érable, moins fermes, plus velues & plus blanchâtres ; au bas , arrondies & échancrées en quelques endroits ; {es fleurs, placées aux extrémités des branches, de la grandeur & de la figure de celles de la mauve or- dinaire, jaunes fur les bords & purpurines au fond, & que fon piftil devient, quand la fleur eft pañlée un fruit gros comme une petite noix, & divifé en plufieurs cellules pleines d’une filaffe blanche qu'on appelle coson , attachée à plufieurs graines. Ce co- tonnier eft annuel. Le x1/071 arboreum ou cotonnier ar= bre , eft commun aux Indes & n’eft point annuel ; 1] a la tige haute de plufieurs piés ; les branches lon- gues, ligneufes, couvertes de feuilles alternes, & peu différentes de celles du riceri, excepté par la couleur & la confiftance ; la fleur jaune & de l’éten- due de celle de la mauve appellée ro/e d’outre-mers le fruit plus gros que celui du cotonnier précédent , & le coton & la graine tout-à-fait pareils à fon coton & à fa graine. On peut divifer ce dernier entrois efpeces, qu’on diftingue par la fineffe de la laine & la difpofition des graines dans la goufle. La premiere donne un coton commun dont on fait des matelas & des toiles ordi- naires : la feconde, un coton très-blanc & extrème- ment fin, propre aux ouvrages déliés ; & la troifie- me, un très-beau coton qu’on appelle à la Martini que coton de pierre, parce que les graines au lieu d’é- tre éparfes dans fa goufle, comme elle left aux au- tres, font ammoncelées &r fi ferrées les unes contre les autres qu'on a de la peine à les féparer , enforte que toutes enfemble occupent le milieu du flocon. On cultive aux Antilles une quatrieme efpece de cotonnier, plus petite que les précédentes, quoique leur reffemblant à-peu-près par fa tige & fes feuilles ; Le coton en eft très-fin & d’une belle couleur de cha- mois ; on l’appelle coton de Siam; voyez l’article Co- TON ; peut-être fa graine eft-elle venue de Siam, On fait de fa laine des bas d’une extrème pue e. La çou- Ti 310 C'ONF leur en-eft recherchée. Les-plus beaux fe font dans d'ile de la Guadeloupe. Le coton de Fromager fe tire d’une goufle de la proffeur d’un bon œuf, & cette goufle eft produite dur un des plus gros & des plus grands arbres que la Nature ait fait croître aux Antilles. Ce coton eft d’une extrème fineffe ; il eft doux comme la foie; la couleur en eft brune , tirant fur celle de l’olive ; il fe pelote facilement : les parties quu le compofent font f courtes, qu'il ne peut être filé ; il eft prefqu’aufi combuftible que l’amadou. Les Negres & les chaf- feurs l’employent au même ufage que l’amadou; pour cet effet ils le portent dans de petites calebaf- fes. On prétend qu’on en pourroit fabriquer de beaux chapeaux. Les habitans ne le mettent qu’en oreillers & en couflins. Coton de Mahor ; 11 eft beaucoup plus fin que les précédens ; {a couleur eft tannée; la foie eft moins juifante ; rien n’eft plus doux au toucher ; mais étant auf court que celui deFromager,ileft impoñfible dele filer, L'arbre qui le produit croît le long des rivières; la fleur en eft grofle, jaune , en cloche, &c décou- pée; la gouffe qui lui fuccede eft longue d’un pié, ronde; de 15 à 14 lignes de diametre, cannelée,, un peu véloutée, & s’ouvrant d'elle-même quand elle eft mûre, enforte que le coton qui s'échappe d’entre des cannelures recouvre la gouife en entier. On pour- roit tranfporter ce coton dans les climats froids pour en oùetterles vêtemens. Il refte dans le pays ,0ùon ne lemploye qu'aux mêmes ufages que celui de Fro- mager. Arricle de M. LE ROMAIN. COTONNINE, {.f (Marine) c’eft une grofle toile à chaîne de coton &c trame de chanvre, dont one dert pour les voiles des galeres ; dans quelques endroits on s’en fert aufli pour les petites voiles des vailleaux. (Z) COTONNIS, 1. m. (Comm.) fe dit des tafetas & des couvertures qui viennent des Indes orientales. Ce font des fatins, 8 non des étoffes en coton, com- me on feroit porté à le croire fur le nom. COTOUAL, fm. (Æift.amod.) c’eft ainfi que lon nomme, dans quelques pays des Indes, Le juge des affaires criminelles, & qui a droit de condamner à sort pour les délits commis , mais qui n’a droit de faire exécuter fa fentence qu'après qu’elle a été rati- fiée par le roi ou fouverain du pays. COTTA , fub. m. (Comm.) efpece de mefure de continence, dont on fe fert aux Maldives pour me- furerles cauris. Le cofta contient douze mille cauris. Voyez CAURIS. Voyez les dilionn, du Comm. 6 de Trév. (G) CoTrA, (Géog, mod.) royaume d’Afie, dans l’ile de Ceylan. 5, * COTTABE, f. m. (Æif£.anc.) fingularité dont, au rapport d'Athenée , les anciens, poëtes faïfoient ne fréquente mention dans leurs chanfons ; c’étoit ou Le refte de la boiflon, ou Le prix de celui qui avoit le mieux bù, ou plus ordinairement un amufement paffé de la Sicile en Grece, qui confiftoit à renver- fer du vin avec certaines circonftances auxquelles on attachoiït du plaifir. Les principales étoient de jetter en l’air ce qui reftoit dans la coupe après qu’on “avoit bù,mais à le jetter la main renverfée, de facon -qu'il retentit fur le parquet, ou dans un vafe deftiné à le recevoir, & difpofé de la maniere fuivante. On “nfonçoit un long bâton en terre; on en plaçoit un ‘autre à fon extrémité, fur laquelle 1l faifoit équili- bre ;-on accrochoit aux extrémités de celui-ci deux plats de balance ; on mettoit fous ces plats deux “eaux, & dans ces feaux deux petites figures de bron- ze. Quandon avoit vuidé fa coupe jufqu’à une cer- taine hauteur fixée, on fe plaçoit à quelque dif tance de cette machine que nous venons de décrire, &t on tâchoit de jetter Le refte de fa coupe dans un desplats de la balance ; s’il en tomboit dans-le plat autant qu'il en falloit pour le faire pancher, enforte qu'il frappât la tête de la figure de bronze qui étoit deflous, & que le coup s’entendît, on avoit gagné. finon on avoit perdu. Cet amufement étoit accom- pagné de chanfons. Les Siciliens, qui en étoient les inventeurs , avoicnt des lieux publics pour s’y exer- cer. [ls donnerent le nom de /arax, & à la liqueur lancée, & au bruit qu’elle faifoit en retombant. Les Grecs qui s’étoient entêtés du corrabe, auguroient bien ou mal du fuccès de leurs amours, par la ma- mere dont il leur réuffifloit. | COTTAGE, f. m. (ff. mod.) eft un terme pu- tement anglois , qui figniñe une cabane ou chaumiere bâtie à la campagne fans aucune dépendance. La reine Elifabeth avoit défendu de bâtir aucune maifon à la campagne, fi petite qu’elle ft, à moins qu'il n’y eût au moins quatre acres de terre adjacen- te , appartenantes au même propriétaire. Ainfi de- puis ce réglement un cottage eft une maifon qui n’a pas quatre acres de terre de dépendances. | COTTE , {.f. partie du vêtement des femmes ; 1] s'attache à la cemture, & defcend jufques fur le cou de pié, couvrant toute cette partie du corps. Il n’y a plus que les payfannes qui portent des cotes, Les autres femmes ont des cotillons & des jupes. COTTE D’ARMES; {. £ (Lire, if, milir.) habille- ment militaire qu’on mettoit par-deflus la cuirafle, comme un ornement pour diftinguer les différens par- tis , &c le foldat du général. On lappelloit chez les anciens chlamys, paludamentum , J'agum ; & fi on eu croit la plüpart des auteurs, ce n’étoit qu'une dra- perie ouverte de tous côtés, & qui s’attachoit fur l’épaule droite avec une boucle ou ardillon. Macro- be rapporte que les anciens comparoient la mappe- monde à une corte d'armes : Plutarque ajoûte qu’Ale- xandre le grand vit avec plaifir le plan que les ar- chiteétes avoient fait de la ville d'Alexandrie, qui avoit la figure d’une cozre d'armes macédonienne. Ce qui prouve encore que les cotres d’armes chez les Ro- mains , ainfi que chez les Grecs, n’étoient qu'une draperie qui n’étoit pas fermée, c’eft que Néron, au rapport de Suétone, s’en fervoit pour berner & faire fauter en l’air ceux qu’il rencontroit la nuit dans les rues : plaifir digne de cet imbécille tyran! | Un autre paflage du même auteur (vie d’Othon), détermine encore plus précifément la forme de la cotte d'armes des Romains. Cet écrivain, après avoir dit qu’un centurion nommé Corzelius, étant venu À Rome demander le confulat pour fon général, & voyant que les follicitations étoient infrudueufes, leva fa corre d'armes, & montrant la garde de fon épée, « voilà de quoi vous porter à m’accorder ma » demande : » rejeilo fagulo, offendens gladii capulum, non dubitaffe in curid dicere, hic facier [£ vos non fece- ritis, On voit par ces paroles, que la corte d'armes couvroit les armes de cet officier, & qu’il fut obligé de la relever pour montrer {on épée, ce qui ne peut pas convenir à la cuirafle. Ces fortes d’armes, com- me les écharpes de nos Cantabres dans la derniere guerre, fervoient à diftinguer les foldats de chaque parti; celles des empereurs & des généraux d’armée fe nommoient pa/udarnentum , & celles des bas-of- ficiers & des foldats, fzgum. Les hauts officiers en avoient de fort longues & de fort riches ; mais le gé- néral étoit Le feul qui eût le privilége d’en porter use de pourpre : 1! la prenoit en fortant de la ville, & il la quittoit avant que d’y rentrer. À l'égard des fayons ou cotes d’armes des Ger= mains ; ils ne leur venoient que jufqu’aux hanches. Cluvier nous a confervé la forme de cette cote dar mes, qui étoit une efpece de manteau qui defcendoit jufqu’aux hanches, & qui étoit attaché par-devant avec use agraffe ou une petite cheville. COT Nos François néanmoins, quoiqu’originaires de la Germanie, avoient coûtume de porter ces manteaux plus longs. Le moine de S. Gal dit que c’étoit un manteau qui defcendoit par-devant & par-derriere jufqu’à terre, êc qui par les côtés touchoit à peine les genoux. Dans la fuite la cotte d'armes des Gau- lois, qui étoit beaucoup plus courte , devint à la mode, comme plus propre pour la guerre, au rap- port du même auteur. Quelques fiecles aprés, Char- lemagne rétablit l’ancien er Il paroït que fous Louis le Débonnaire on étoit revenu à la coste d’ar- mes des Gaulois ; mais dans les guerres continuelles que fes fucceffeurs eurent à foûtenir, la mode rechan- gea ; & comme alors la plüpart des militaires étoient continuellement à cheval, non-feulement la corre d'armes couvroit tous leurs habits; mais leur magni- ficence fe renferma dans cet habillement militaire, qu'ils faifoient ordinairement de drap d’or & d’ar- gent, & de riches fourrures d’hermines , de martres _zebelines, de eris, de vair, & autres pannes, qu’on peignoit même de différentes couleurs. Marc Velfer (Gb. IV. Rer. Aug.) prétend que les hérauts d’armes ont emprunté de ces cortes d'armes les métaux, les couleurs, & les pannes qui entrent dans la compo- fition des armoiries, | Quoi qu'il en foit, les hérauts d'armes portent feuls aujourd’hui ce vêtement, que Nicod dit être appellé autrement surique ; fur quoi il rapporte ces: mots de Guaguin au couronnement du roi d'armes. Mont-joie portera la tunique ou cotte d’armes du roi... Au refte les coëtes d’armes &c les bannieres n’étoient permifes qu'aux chevaliers & aux anciens nobles. Voyez dans le recueil de l’acad. des Belles-Lettres , tom. LX, le morceau de M. l’abbé deVertot fur cette matiere. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. COTTIENNES , f. f. pl. (Géog. mod, & anc.) la partie des Alpes comprife entre le mont Rifo au mi- di, & le mont Cenis au feptentrion. Le mont Rifo, le mont au Col-de-la Croix, le mont Genevre, & le mont Cenis, forment ce qu’on appelle les Costren- nes , Alpes cottie ou cottianæ, de ce Cottus ou Cot- tius à qui l’empereur Claude donna le nom de roi, Elles féparent le Dauphiné du Piémont. COTTIMO , f. m. (Comm.) terme de commerce de mer en ufage dans les échelles du Levant. C’eft une impoñtion que les confuls, par ordre de la cour ou du confentement des marchands, mettent à tant pour cent fur les vaifleaux, foit pour le payement de quelques avanies, foit pour d’autres affaires com- munes de la nation, Voyez AVANIE. Dif, de Comm, & de Trév. (G) COTULA , 1. f. (Æiff, nat. bo.) genre de plante à fleur radiée dans quelques efpeces, & non radiée dans quelques autres. Le difque eft un amas de fleu- _rons ; & lorfqu'il y a une couronne , elle eft formée par des demi-fleurons portés {ur un embryon, & foûtenus par un calice écailleux pour l'ordinaire. Les embryons deviennent dans la fuite des femences ap- laties faites en forme de cœur, pour ainfi dire ai- Les. Tournefort , inf£. rez herb. Voyez PLANTE. (1 ) . COTYLE, 1. f. (Æif. anc.) mefure attique pour les liqueurs. On a fupputé qu’une coryle étoit égale à un demt-feptier romain. Voyez MESURE. La coryle romaine, fuivant Savot, étoit de douze onces, pour quelque liqueur que ce fût. Si cela eft, il y avoit autant de différentes coryles , qu'il y a de liqueurs qui fe vendent ordinairement; ce qui ne doit pas étonner, puifqu’en quelques pays plufieurs mefures de différentes grandeurs ont le même nom, lorfqu’elles contiennent le même poids, quoique fous différens volumes. D’autres difent que la coryle étoit la même chofe que l’hémine, qui étoit la moitié du fextier, Voyez HÉMINE. À cotylas ; guas féplaceat dixiffe licebir Herminas, recipit germiras fextarius anus. 317 Choner, kif? du Dauph. Liv. II. p.301. dit qu la cotyle fervoit aux chofes feches aufi-bien qu'aux liquides; & que Thucydide dit en un endroit deux cotyles de vin , & en un aufré, deux cotyles de pain, Dicfionn. de Trey. & Chambers, (G) COTYLE, {. m. e7 Anatomie ; nom d’une cavité profonde d’un os dans laquelle un autre os s’articule, On s’en fert plus particulierement pour fignifier la cavité des os des hanches, qu’on appelle cavisé cory= loide. Voyez CoTyLoïpe. (L) | COTYLEDON , fub. m. rerme d’ Anar, On donné ce nom à des petites glandes répandues fur toute la membrane externe du fœtus, appellé chorioz. Elles fervent, fuivant quelques auteurs, à féparer le fuc qui feft de nourriture au fœtus, Voyez F@TUS. Il n'y a que les chevtes, les brebis, & quelques autres animaux , qui ayent des cosyledons ; le pla- centa fupplée à leur défaut dans la matrice des fem mes, foyez PLACENTA. D’autres donnent le nôm de cosylèdon à lorificé des veines qui tapiflent la furface interne de la ma trice. Voyet MATRICE. Chambers, (L) COTYLOIDE , adj. ez Anar, fe dit de la grande cavité des os des hanches. Voyez HANCHE. Cette cavité eft formée par la rencontre des trois pieces dont les os des hanches font formés dans leg jeunes fujéts : le bord eft appellé Jourcil. On y re- marque une échancrure proche le trou ovale; & au fond de la cavité près l’échancrure , une émpreinte ligamenteufe où s'infere le ligament rond du fémur, ds * COTYTTÉES, adj. pris fub. (Myrk.) myfteres de Cotytto déefle de la débauche. Son culte paffa de la Thrace dans Athenes. Alcibiade s’y fit initier s & il en coûta la vie à Eupolis pour avoir plaifanté fur cette initiation. Les myfteres abominables de Cotytto fe célébroient avec un fecret impénétrable. Il eft inconcevable qu’on en vienne jufqu’à croire honorer Îes dieux par des aétions, qu’on ne cache avec tant de foin que parce qu’on les regarde com- me deshonnêtes & deshonorantes aux yeux des hommes. COTZIO ox COZZA, (Géog. mod.) petite ville de la Turquie en Europe, dans la Bofmie , fur la ri- viere de Drucia. COU COU , fub. m. (Æzacomie.) la troïfieme partie du tronc &r la plus mince, fituée entre la tête & la poi« trine. 2 Le cou en général eft divifé en gorge ou partie an< térieure , en chignon ou pattie poftérieure, & en parties latérales. La gorge commence par une émi- nence qu'on nomme x pomme, & fe termine paf une foflette. Le chignon commence par une foffette appellée Ze creux de la nuque , qui s’efface en defcen« dant. Il ñe faut point négliger ou pañler légerement l’ez xamen du coz, comme ont fait quelques anatomiftes ; 1l faut. au contraire que ceux qui enfeignent l’Ana- tomie le démontrent exaétement, & que ceux qui étudient le corps humain en ayent une parfaite con- noïffance : c’eft pour cela qu'Ariftote, Rufus, Ori: bafe, Coiter, Véfale, Riolan, & les modernes qui les: ont fuivis, n’ont pas oublié le coz dans les divi= fions qu'ils ont faites du corps humain ; ils l’ont foi- gneufement diftingué des autres parties, parce que l’on ne fauroit le rapporter ni à la tête ni au tho- rax. DE Des parties du cou, On doit donc remarquer atten< 315 C OU tivement dans le coz toutes les parties-dont il eff compofé; favoir, 1°, Les tégumens communs. 2°. Les vertebres qui fervent aux mouvemens de Ja tête & du co, & qui font ordinairement au nom- bre de fept , renfermant la moelle de Pépine qui four- mt les nerfs cervicaux. 3°. Les arteres & les veines. Les arteres font les carotides externes & internes, les vertébrales, & les cervicales. Les veines font les jugulaires exter- nes & internes les vertébrales , & les cervicales. 4°. Les nerfs confidérables de la paire vague & de lintercoftal, les diaphragmatiques, les vertébraux, les cervicaux, Gt. 5°. Une portion de la trachée-artere , & fur-tout le larynx, lequel s’avançant par-devant, forme cette éminence ou groffeur que nous appellons /a pomme d'Adam, d'ordinaire plus apparente aux hommes œu’aux femmes, parce que les femmes ont en ceten- droit de groffes glandes qui leur rendent le cox plus ar- tondi, & la gorge plus pleine. Quand on mange ou qu'on boit, 1l arrive que cette groffeur monte & puis defcend ; la caufe de ce mouvement eft que lorf- que nous avalons quelque chofe, la defcente de la- liment oblige alors Le larynx, par une méchanique néceffaire, à s'élever ; ce qui facilite la chüte de l’a- liment dans l’effomac. 6°, Le pharinx, une portion de l’æfophage, les mufcles peauciers, les fterno-maftoidiens, les fterno- hyoidiens , les tiro-hyoidiens, les‘omo-hyoïdiens, Éc “7°. Plufieursglandes , parmiïefquelles la plus con- fidérable eft la glande thyroïde ; les autres petites glandes qu’on découvre par la diffe&tion, & qui de- Viennent quelquefois fort. confidérables dans les écrouelles. 8°. Des mufcles qui fervent aux divers mouve- mens du co; car cette partie du corps, outre la fle- xion & l’extenfion, peut s’incliner fur les côtés , & fe tourner à droite & à gauche en mamiere de pivot. Tous ces mouvemens qui paroïffent toüjours accom- pagnés de ceux de la tête, dépendent de l’aétion de plufieurs mufcles, dont les uns font fitués à la partie antérieure du cow, les autres à fa partie poftérieure, & les autres fur fes parties latérales. Il n’y en a que deux dans la partie antérieure; on les nomme /es longs fléchiffeurs du cou: on en compte huit dans la partie poftérieure, quatre de chaque côté, auxquels on ajoûte tous les petits mufcles qui fe rencontrent le long du co, & qu’on a nommés, eu égard à leur fi- ‘tuation , rter-épineux & inter-tranfverfaires. Les muf. cles fitués dur les côtés du coz font les deux fca- denes. Tous ces mufcles font très-compofés , multipliés, entrelacés , & ont toüjours paru tres-difficiles à bien difléquer & à décrire avec netteté. D'ailleurs, ls varient beaucoup dans leurs attaches & leurs com- munications réciproques. Parmu ces mufcles particu- liers au cou, M. Winflow en ajoüte deux autres qui font rapportés à ceux de la tête, & nommés l’un /e grand oblique , & l’autre le petit droit ; maïs nous n’en- frons point dans ce genre de difcuflions, Voyez Les méim. de l’acad. des Sczenc. 1730. 9°. Enfin plufeurs ligamens , les uns inter-mufcu- laires, les autres latéraux, &c d’autres encore qui s'étendent comme une membrane depuis l’occiput jufqu’aux deux dernieres vertebres. La néceffité du cou, Quelques voyageurs racontent qu'il ya des peuples qui n’ont point de coz; la tête, difent ces-auteurs, eft pofée chez ces peuples 1m- médiatement fur la poitrine : mais ou ces voyageurs ont cru nous en mpofer par une fable pitoyable ; ou étant de mauvais phyficiens, ils ont vü des hom- mes dont Les épaules-étoient élevées de mamere que la tête paroïffoit dans l’entre-deux, &c ils ont pris ces hommes-là pour des hommes fans coz, Il ne peut pas plus y avoir dans le monde de gens fans cou, que de gens fans tête. En effet, le coz eft une partie dont la nécefiité faute aux yeux. Sans nous attacher à le prouver, il fufira de dire que comme nous avôns befoin de mou- voir la tête en divers fens, ces mouvemens feroient prefquetousimpofñbles fans le coz: c’eft pourfaciliter ces mouvemens que le cou eft d’une groffeur médio- cre ; fi fon diametre avoit été égal à celui du crane, la tête n’auroit pù s’incliner commodément en-de- vant, & la mâchoire inférieure auroit trouvé un ob- ftacle , quand elle auroit été tirée par les mufcles digaftriques. : Mais plus le coz eft néceflaire, plus fa ftru@ure eft admirable; plus elle eft compofée, & plus il y a d’accidens différens auxquels 1l eft fujet : car fes té- gumens externes, {es glandes, fes vertebres, fes l1- gamens , fes mufcles, fes nerfs, fes vaifleaux, peu- vent fouffrir une quantité de maladies dangereufes ou mortelles, dont la connoiïffance eft très-intéref- fante. Nous n’en donnerons ici qu’une énumération générale ; les détails appartiennent à chaque article en particulier. | Des maladies du cou en général. 1°, Les abcès, les tumeurs inflammatoires, éréfipélateufes, pierreufes, œdémateufes , hydropiques, écroüelleufes , skir- rheufes, affe@tent le cou, & font plus ou moins dan- gereufes à proportion qu'elles font plus ou moins externes, & qu'elles compriment plus ot moins les parties internes. Les anevryfmes & les varices dans ces parties, ne doivent être ni ouvertes ni compri- mées ; 1l faut feulement les foûtenir dans leur état. 2°, Il faut mettre au rang des grandes maladies du cou fes bleflures, qui font ici plus dangereufes que dans d’autres parties mufculeufes, à caufe du grand affemblage d'organes & de divers vaiffeaux , comme aufli par la ftruéture de la partie, qui ne pet- met n1 la compreflion ni la ligature de ces vaïfleaux. Le prognoftic des différentes plaies du co dépend en- core des parties affeétées ; les plaies des arteres de cette partie, celles de la moelle épimiere, des gros nerfs, des jugulaires internes, des carotides , de la trachée-artere, de l’œfophage coupé, font prefque toüjours incurables ; celles des jugulaires externes font très-guériflables, fi lon y remédie à tems : cel- les qui n’affeétent que la peau & les chairs , deman- dent les traitemens des plaies ordinaires. 3°. La luxation incomplette des vertebres du cox eft d’un péril très-éminent, à caufe de la moelle épi- miere qu'elles renferment, du larynx, du pharynx, & des gros vaifleaux de cette partie. Dans la luxa- tion complette, le malade meurt fur le champ ; dans lincomplette, 1l meurt ordinairement: fi l’on ne ré- duit promtement la luxation, il meurt prefque toù- jours ; il meurt même très-fouvent , quoiqu'on n’ait pas différé la réduétion : enfin l’on defre fur l’art de cette réduétion une meilleure méthode que celle qu’on a mis en ufage jufqu’à préfent. 4°. Le cou peut être courbé de telle forte, qu'il fait pancher la tête du côté droit ou du côté gauche. Ce défaut vient de naïflance, par un accouchement laborieux ; ou par accident , comme par une brülu- re, par la contration fpafmodique d’un des mufcles maftoidiens, par un trop grand relâchement de quel- qu'un de ces mufcles, par une abondance d’humeurs catarrheufes , par un ligament contre nature. Le pre- mier cas n’admet point de remede ;les autres en de- mandent de prompts, d’éclairés, & qui foient op« pofés aux caufes. s°. Quelquefois on diftend les vertebres du cow, en prenant la.tête d’un enfant par-deflous avec les deux mains, & le foûlevant en l'as; badinage dan- “sereux , SE qu'il faut éviter: S'il ne naît dé ce bad. | nage qu'une difenfion légere ; & de la roideut dans le con }sl faut le frotter avec des huiles nerveufes, & l’entourer d’un linge trempé dans ces huiles; sal arrive de la diflocation, ‘il faut recourir prompte- ment au fecours de l’art, a Des prognoflics au fujet du cou. L'examen du con _n’eft point indifférent dans la pratique de la Mede- “cine ; On en peut tirer des prognoftics utiles, & j'en vais donner quelques exemples. 1°. La couleur du cox rouge, livide , noïte, fans fiévre niaccidens , indique dans le malade les maux ‘auxquels 1l eft fujet , & demande l'application des topiques. Les tumeurs qui fe forment extérieure- ent, & qui viennent de l’intérieur par métaftafe, font communément un bon fione, : 29, Une pulfation vifible , fréquente, & forte des carotides, dans les fievres &c les maladies aigues, annonce de violéns maux de tête, le délire , la phré- néfie , les convulfions, s’il ne furvient point d’hé- morrhagie, ou fi l’on omet de porter au mal des re- medes convenables. Ces fymptomes dans les mala- dies chroniques , viennent d'ordinaire de la vifcofi- té du fang &c des humeurs : dans l’efquinancie &c au- tres maladies du cou 8 dé là gorge, cette pulfation marque de l'embarras dans le cours libre du fang. 3%. Les douleurs du cox dans les maladies aiguës , bréfagent des parotides & des douleurs de tête ; dans ‘Îles mélancholiques, un délire prochain. Il faut gué- rir ces maux d’après la connoïffance de la ‘caufe. 4°. Dans les maladies aigués, la contorfion du cou “eft dangereufe, & défigne qu'il y a quelque caufe ca- “chée dans le cerveau qui produit cet Het convulfif ouparalytique, Si cette contorfion naît des mufceles roides, on la traitera par dés linimens émolliens , & en étendant par art la partie retirée. Le torticolis qui naît de la mauvaïfe configuration ‘des vertebres,, doit être prévenu dans les commen- cemens par un bandage, fans quoi le mal eft fans re- mede ; & c’eft l'ordinaire. 5°. La fueur froide autour du cou fenlement, pro- gnoftique la longueur on le danger dans les maladies aiguës. 6°. Le cou long & grêle eft, chofes égales ; un pré- fage dela phthyfe: la raifon n’eft pas dificile à trou- ver. Quand on rencontre huit vertebres au cou, on n’en trouve qu'onze au dos au lieu de douze, & onze côtes de chaque côté. Dans ce cas la longueur du cou diminue la cavité de la poitrine ; cette cavité eft moins confidérable : ainfi le fang qui circule alors plus dificilement dans le tffu pulmonaire, produit plus aifément les tubercules qui fe forment dans les poumons, & qui donnent le commencement à la phthyfe, fuivant les idées de Morton, un des meil- leurs auteurs fur cette matiere; & comme alors [a refpiration eft moins libre , l’on comprend fans peine les maladies du poumon qui peuvent naître de cette conformation. 7°. Ceux dont le cos eff fort court, n’ont dans cette partie que fix vertebres au lieu de fept ; & l’on prétend qu’ils font plus fujets que les autres hommes à l’apoplexie. Cela vient, dit-on, de ce qu’à propor- tion que le cou diminue en longueur, la caïfle de la poitrine augmente, & par conféquent la mafle des poumons, Or quand la maffe des poumons eft trop ‘confidérable , il sy peut former plus aifément des “engorgemens, qui interrompent la circulation dans la tête 6 dans les autres parties, puifque le fang qui vient au cœur ne peut plus pafer dans les poumons: d’ailleurs, lorfque le coz eft trop court, le moindre mouvement eft fort confidérable dans chaque verte- bre ; ainf les arteres vertébrales font plus aïfément comprimées, Cependant çes raïlons ne font peut- | C ©O Ù 3r9 être pas fort folidés ; car il n'eft pas affez für que ceux qui ont le cou court foient plus fujets à la- poplexie que les autres hommes, où du moins ce fait auroit encore befoin d’être mieux conftaté: 8°, Plutarque prétend que le coz gros eftune mar que d’orgueil; ce qui pris la lettre eft faux: mais il artive que dans les accès de cette pafñon , le fang s’arrétant dans lés vaifleaux du co para refpiration devenue moins libre, rougit, groffit , tuméfe cette partie. Et c’eft aufli [älle fens qu'al faut donner au paflage de Job dans lequel il cara@étife le fuperbe., ch, xy, v. 20. en difant : Superbus armatur pingui cer- vice, c'eft-à-dire, rumefatté cervice, Are, de M, le Che- Valier DE JAUCOURT. COU DE CHAMEAU, (Jard. ) et une efpece de natcifle. Voyez NARCISSE, Cou DU CHEVAL, (Manñege,) voyez ENCOLURE: Cheval qui à le cou roide ; voyez RoïDpe. Plier le co# à un cheval, voy. PLrER. Mettre la bride fur le cou, c’eft laiffer aller un cheval à fa fantaifie. (77) * COUARD , f. m. (con. rnff.) eft l'extrémité faite en anfe, par laquelle on applique le manche à la faulx à faucher ; on ferre le couard fur le manche avec des coins & une virole. Le bout du couard a un talon recourbé en crochure, pour empêcher la virole de defcendre trop bas ; & la faulx de s’échap- per de deffüs le manche, quand on s’en fert, le cro- chet du talon embraffant là pattie de la virole à la- quelle il correfpond, _CouarD, adj. pris fubff. ex sermes de Blafon, fe dit d’un lion qui porte fa queue retrouffée en-deflous entre les jambes. (7) COUBAIS, f. m. (Marine.) c’eft un bâtiment du Japon, qui ne fert qu’à naviguer dans les eaux in- _ térnes. On y met environ quarante rameurs , qui le font avancer avec une très- grande vitefle. Ils font pour l'ordinaire fort ornés & fort agréables à la vüe. Il y a une chambre à avant qu s'éleve au- deflus du bâtiment, & qui forme comme un petit gaillard, (Z) COUCHANT , adj. pris fubft, (4ffrozom.) eft Ia même chofe que l’oueff ou l’occident ; c’eft l'endroit du ciel où le Soleil paroît fe coucher: Le mot d’oc. cident eÎt proprement celui que les Aftronomes em- ployent ; le mot d’osef?, celui des marins ; & le mot de couchans eft le plus ufité dans le difcours ordi- naire. Quoique le vrai point du couchant change tous les jours felon la fituation du Soleil ; cependant on a pris pour point fixe du couchant, celui où le So- leil fe couche aux équnoxes , & qui pattage préci- fément en deux parties égales le demi - cercle qui eft entre le midi & le nord. Lorfqw’on eft tourné verts le midi, on a le couchant à fa droite, Le cou- chant d’hyver fe trouve entre le midi & le vrai cou- chant, & elt d'autant plus éloigné du vrai couchant, que la déclinaifon du Soleil & l’élévation du pole {ont plus grandes. Le couchant d'été eft entre le nord & le vrai couchant , & d'autant plus éloigné aufli du vrai couchant, que la déclinaifon du Soleil & l’é- lévation du pole font plus grandes. (0) CoucHanNT , adj. (Ven.) Chien couchant, voyez l'article CHIEN. COUCHART , f. m. rerme de Papeterie ; c’eft le nom que l’on donne à un ouvrier F, qui reçoit les formes chargées de pâte des rhains de l’ouvrier fa- briquant A , &c qui couche le papier fur les feu- tres G , en renverfant la forme &c appuyant deflus. Toutes les feuilles font couchées alternativement avec les feutres, fur une grofle planche qui a deux poignées ; qui fervent à lever le tout pour le mettre fous la prefle H, Voyez PI. WI. de Papeterie. COUCHE ox COUCHETTE, 1 f, (Menuiferie.} 320 C OU fe dit du bois de lit avec toutes fes pieces, 8e difpo- fé à recevoir les matelas. - Couce pes NERFS OPTIQUES, ez Anatomie, font deux éminences ovales, fituées dans la partie moyenne & poftérieure des ventricules latéraux du cerveau, Voyez CERVEAU. | Elles font ainfi appellées, parce que les nerfs op- tiques en viennent. Yoyez OPTIQUES, (L) Coucue, (Med.) fe dit de l’état de la femme & du tems qui fuit immédiatément l’accouchement. Ses couches ont été longues ; fes couches ont été fà- cheufes. J’oyez ACCOUCHEMENT. Coucne, ez Architeïlure , eft une efpece d’enduit de chaux & de ciment, d'environ un demi-pouce d’épaifleur, qu’on râye & picote à fec avec le tran- chant de la truelle, & fur lequel on repañle fuccefi- vement jufqu’à cinq ou fix autres enduits de la mê- me matiere, pouf faire le corroi d’un canal, d’un aqueduc, 6e. (P) CoucHE, ( Arquebufier. ) la partie menue de la croffe d’un bois de fuñl, à l'extrémité de laquelle d’un côté eft la croffe, & de l’autre l’entaille qui re- çoit la queue de la culaffe. Coucue, ex Peinture, eft un enduit de couleur qu'on met fur des treillages, trains de carrofles, au- vents, &c. fur des planches, fur des murailles, des toiles, avant de peindre deflus. On appeile cette fa- con d’eriduire, emprimer. Cette toile, dit-on, n’a eu qu'une couche de couleur, deux, trois couches, 6. On dit bien, en Peinture, coucher la couleur ; avant de fondre les couleurs, il faut qu’elles foient cou- chées ; mais on ne dit pas, ce tableau a eu trois cou- ches de couleurs , pour exprimer qu'il a été repeint deux fois {ur l’ébauche. Défionn. de Peint, (R) CoucHE, en termes de Boulanger , ce font des toiles ou des bannes étendues fur une table, ou toute autre chofe femblable, fur lefquelles on met le pain pour le faire lever. Coucue: les Braffeurs défignent par ce terme la difpofition du grain dans le germoir , en un tas quar- ré & d’une épaifleur convenable à pouvoir germer. COUCHE , ex termes de Charpentier, ce font des pieces de bois que l’on met par terre, & fur lefquel- les portent les étais des fohives d’un plancher qui a befoin d’être étayé. CoucHe, (Jard.) eft une élévation de litiere ou grand fumier de cheval, de quatre piés de haut, lar- ge d'autant, & d’une longueur à volonté : on range proprement ce fumier, on le tripe bien, & on le couvre au moins d’un demi-pié de terreau, pour y élever les graines & les plantes délicates. Il faut faire les couches en Janvier, & les expofer autant qu'il eft poffble au Soleil de midi. | On diftingue de trois fortes de couches , la chaude, la tiede, & la fourde. La couche chaude eft celle qui vient d’être conftrui- te, & qui conferve toute fa chaleur dont on laifle évaporet une partie en laiffant paffer huit jours fans rien femer. Le doist enfoncé dans la couche , fait juger de fa chaleur; & les fix à fept pouces de ter- reau dont on la couvre, font pour garantir de la va- peur du fumier les jeunes plantes qu’on y feme. La couche tiede eft celle qui ayant perdu un peu trop de chaleur, demande à être réchauffée ; ce qui fe fait en répandant dans les fentiers du pourtour du grand fumier de cheval ou de mulet. La couche fourde eft enterrée jufqu’à fleur de ter- re, mais elle n’a jamais tant de chaleur que les au- tres: on s’en fert à élever des champignons , & à re- chauffer des arbres plantés en caife. On expofe peu-à-peu à Pair les jeunes plantes qui font femées fur la couché, en élevant les cloches fur des fourchettes de bois , qui laïiflent un pañlage à l’air : c'éft par ce moyen qi’on accoûtume les jeu2 nes plantes à fupporter le grand air. … Les femences qu'on yrépand doivent être un peu à claite-voie, fans.cela les plants s’étouferoient l’un l’autre, On a Le foin de les éclaircir, en arrachant les plus ferrés,, ou on les repique en les plantant au plan- toir fur d’autres couches, ce qui les avance beaucoup. Les faifons qui font craindre la fraîcheur des nuits, obligent à couvrir Les couches de paillaffons & de bri- fe-vents, que l’on leve tous les matins. (X) COUCHE, chez les Tanneurs , Chamoifeurs, & Mé- giffers ; c’eft une certaine quantité de peaux que ces artifans mettent à -la-fois {ur le chevalet pour les quiofler, Voyez QUIOSSER. 1 Coucxe, entretoile de couche. Voyez l’article CANON. x CoucHE, (con. domeft.) lange dont on enve- loppe les enfans au maillot, & dont on doit les re- Changer tous les jours aufli fouvent que la propreté lexige, CoucHE, (Chimie) Woyez Lir: COUCHE , terme de Doreur , c’eft la feuille d’or ou d'argent qu’on porte fur l’objet ou le bâton qu’on veut afgenter ou dorer. CoucHe, ( Doreur fur cuir.) mêlange de blanc d'œuf & d’eau gommée , qu’on applique fur le cuir, avant que d’y pofer la feuille d’or ou d'argent. COUCHE, participe, (/a maniere de Je renir), Med. pofture dans laquelle on fe tient au lit, foit en mala- die ou en fanté ; c’eft ce que les Latins nomment en un feul mot decubitus , & nous le difons en trois ou quatre. Nous manquons prefque toùjours de fubftan- tifs pour exprimer fans périphrafe les aétions anima- les ; c’eft un défaut de notre langue qu'il feroit bon de reêifier à limitation de nos voifins. On juge affez bien par la pofture dans laquelle on fe tient.couché , de la force ou de la foiblefle de [a faculté motrice; car lorfqu'il arrive que le corps fe meut avec peine, qu'il a de la difficulté à fe tourner ou à demeurer debout, c’eft un figne que la faculté animale eft diminuée, affaïflée ; tant qu’elle demeure dans fon entier , le corps fe meut aïfément, fe tour- ne ou fe leve fuivant la volonté : les bras, les mains êc la tête fe foûtiennent en l’air. Il eft affez indifférent d’être couché {ur le dos , du côté droit, ou du côté gauche ; car plufieurs perfon- nes par habitude , & fur-tout les enfans,, fe couchent de toutes les façons. Hippocrate , parlant de la meilleure maniere de fe tenir couché, dit que le medecin doit trouvér le ma- lade couché fur l’un des côtés ; avec les bras, le cou & les jambes un peuretirés, & tout le corps dans une fituation libre & commode, comme cela eft or- dinaire à ceux quifonten fanté, On fent en effet qu”- une telle pofture indique la force confervée de la fa- culté motrice des mufcles, fans aucun degré de ten- fion préter-naturelle. Quand les forces font affoiblies, on aime à être couché fur le dos, les bras &c les jambes étendues & fans mouvement; mais ne pouvoir demeurer long- tems dans la même poñtion , ni refter couché fur le même côté, & néanmoins fentir de la difficulté à changer de pofture, voilà des indications de mala- die. Demeurer couche fur le dos, un moment après fe découvrir , éloigner continuellement les couveitu- res du lit, s’agiter, tenter de dormir dans une pofi- tion différente de l’ordinaire, ne pouvoir refter cou. ché que d’une même maniere, & toûjours d’une fa- çon inquiete; ce font des fignes d’un état de maladie encore plus grave. | Quand cette inquiétude continue dans les dou- leurs d’eftomac, dans la dépravation ou l’abondan- ce des humeurs, dans l’inflammation, la colique, la 2) à | fievre * perfeétion de louvrage. cou … fève aligné, les douleurs aiguës par tout le corps, la tenfion, l’enflure & l’inflammation du bas-ventre ; alors le danger devient beaucoup plus grand, & ré- uiert la suérifon de ces divers maux. nT £ Para mauvaife façon dont on eft couché dans l’ef- uinancie , la péripneumonie, la pleuréfie, lempié- me, la phthife, l’afthme ; on a lieu de juger que la poitrine, les poumons , & les orsanés de là refpira- tion font accablés avec danger : maïs il ne faut pas moins craindre la mauvaife maniere d'êtré couché dans le délire , la phrénéfie, l’affoupiffement , & femblables maladies, parce qu’elles fignifient l’attion troublée du cerveau. Dans les maladies aiguës, les fievres ardentes con- tinues , dans l’inflammation , dans la grande foiblef- fe; la maniere d’être couché indique des anxiétés dan- gereufes, ou une métaftafe fâcheufe dans les parties internes, comme il arrive quelquefois dans la rou- geole, la petite vérole, & le pourpre, Lorfque le malade, dans les maux qu’on vient de détailler, demeure couché fur le dos, dort continuel: lement la bouche ouverte, les jambes courbées &c entrelacées, ou ne dort point dans cette pofture, que la refpiration eft en même tems empêchée, c’eft un fort mauvais figne: l'ouverture feule de la bou- che défigne alors une réfolution particuliere dans les mufcies de la mâchoire inférieure, & un grand af- _ faiflement dans toute la machine. Si le malade fe tient couché les jambes déconver- tes, fans reflentir de chaleur violente , s’il jette fes bras, fon corps, &c fes jambes de côté & d’autre, où qu'il fe couche fur le ventre contre fon ordinaire ; ces fignes préfagent de l’inflammation dans quelque par- . tie du bas-ventre, une fiévre interne, ou le délire. Quand le malade repofe fur le dos, avec les bras : &c les jambes étendues, où extrèmement retirées, la tête renverfée fur l’oreiller, le menton élevé ou en- tierement panché, les yeux hagards, 8c les extrémi- tés froides ; tous ces fymptomes réunis annoncent une mort prochaine. Ainfi , fuivant la connoïffance des caufes qui pro- duifent dans le malade les diverfes poftures qu'il tent étant couché, & l'examen réitéré que le mede- cin donne à ces caufes &c à ces poftures , il peut pref- que prédire les convulfions, lhémorrhagie , le fpha- cele, lPaccouchement, avortement , le délire, les crifes prochaines, la mort. Mais cette fcience du pro- gnoftic eft le fruit du génie &c du talent de l’obfer- vation; deux qualités rares. Article de M, le Cheva- lier DE JAUCOURT. COUCHE , adj. ex termes de Blafon , {e dit du cerf, du chien, du lion, & autres animaux. Caminga, au pays de Frife , d’or au cerf couché de gueules, accompagné de trois peignes. (7) - COUCHE , f. m. (Brodeur.) point de broderie qui . fe fait en coufant avec de la foie, l’or, ou l'argent, que l’on devide de deflus la broche à mefure qu’on les employe. | | COUCHE , adj. fe dit, chez les ouvriers en foie , d’un arrangement convenable de la trame dans l’ouvrage. . Pour que la foie foit bien couchée , il faut qu’elle ne {oit point tortillée, lâche, ou inégalement placée en- tre les fils de chaine ; précautions néceflaires à la 72 $ CoucHE, ( Géog, mod, ) petite ville de France dans le Poitou, fur une petite riviere qui fe jette dans le Ciain. | COUCHER , v.a@. (Gram. Art méch.) c’efl éten- dre ou pofer à terre, ou fur une furface , un corps felon la plus grande de fes dimenfions , où peut-être felon celle qui eft verticale , quand il eft droit. Un corps couche eft incliné ou panché le plus qu'il eft ‘poñfible. Coucher, ez Affronomie, eft le moment où le Tome IF, É ï , COUÛU | 331 foleil , uné étoile ou uné planète difparoit, ou fe cache fous l’horifon. Foyez CoucHanr @ Lever; Comme la réfraétion éleve:les aftres, & nos les fait paroître plus hauts qu'ils ne font réellement, le foleil &c les étoiles nous paroïffent encore fur l’hori- {on , lorfqu’ils font réellement deflous ; ainf la ré2 fraétion fait que les aftres nous paroiffent fe coucher un peu plûtard qu'ils ne font réellement, 8 au con- traire fe lever un peu plütôt: Voyez REFRACTION: Les aftronomes & les poëtes diftinguent trois for: tes de coucher des étoiles , lé cofmiaue , l’achrony- que, & l’héliaque. Le premier, quand l'étoile fé couche en même tems que le foleil, voyez Cosmr- QUE : le fecond, quand l'étoile fe couche en même tems que le foleil fe leve, voyez ACHRONYQUE : & le troifieme , quand l'étoile fe perd dans les rayons du foleil, voyez HÉLIAQUE. Pour trouver par le globe le tems auquel lé foleil & les étoiles fe cou- chentt, voyez GLOBE. (O) COUCHER (Jurifp.) Ce terme eft ufité dañs les comptes; On dit coucher une [omme ou article en re cette, dépenfe & reprife , où pour mémoire ; c’eft-à-diré l’employer ou comprendre dans le compte. (A COUCHER LA PASTE, ez Boulangerie ; c’eft la mettre dans dés toiles ou dans des bannes, pour l4 faire gonfler & revenir: on la laifle dans ces toiles environ une heure , après quoi on l’enfourne, COUCHER D’ASSIETE , ex èrme de Doreur fur bois; c'eit coucher une couleut rougeâtre fur uné pièce déjà reparée, pour la préparer à recevoir l'or. COUCHER , en terme d'Evantailliffé ; c'eft étendre la premiere couleur fur le papier, pour le rendre fufceptiblé de toutes lés autres couleurs dont on voudra le peindre. COUCHER , ex Jardinage , fe dit d’une branche qu’on étend par terre pour faire des marcottes. COUCHER , (Man.) Se coucher fur des voltes; c’eft lorfque le cheval a le cou plié en dehors, & porte - la tête & la croupe hors la volte ; comme lorfqu’en maniant à droite , il a le corps plié & courbé comme s’il alloit à gauche. Se coucher fur les voltes eft autre chofe que volie renverfée , & fe dit d’un cheval qui en tournant au galop ou aux voltes, panche tout le corps du côté qu'il tourne. Voyez Vorre. (7) CoucHEr L’OR, (Reliure.) Cela fe fait en tes nant de la main droite le compas avec lequel on a pris lot , & de la main gauche le pinceau.ou blanc d'œuf, dont ün fait d’abord une couche fur la tran= che, puis on applique l’or. Voyez PL IT. fie. A. On prend auff l'or deftiné à mettre fur le dos des livres , tant fur les nerfs que dans les entre-nerfs, avec une carte écorchée de la largeur de l’entrez nerf ; & de même pour Les plats où l’on veut mettre des dentelles. P2, IT. fig. D de la Reliure. Foyez Do: RURE. COUCHER , ve a@. (Manufatlure en laine.) C’eft fur un drap tondu à fin, ranger le poil, foit avec la tuile, foit avec la broffe, foit avec le cardinal Voyez l’art. DRAPERTE. . COUCHIS, f m. c’eft, er Archireëture , la forme de fable d’environ un pié d’épais, qu'on met fur les madriers d’un pont de bois, pour y afleoir le pavé, en latin ffctumen , & en général toute couche {ur la- quelle on doit affeoir ou établir une aire où pare ment de quelque matiere que ce foit. (P) COUCHOIR , f. m. (Reliure) Les Relieurs-Do: reurs appellent couchoir, linfirument dont ils {e fer: vent pour appliquer lor en feuille fur les livres ; y en a de deux fortes, l’un peur les bords, & l’âutre pour les armes. Celui pour les bords eftune régle de bois, mince, polie, &c longue d'environ neuf à dix pouces, ar- rondie fur les longueurs, & s’allongeant par les \ MOSS 3 322 COU bouts en ligne droite. Onrapplique cette regle pat le rond du coupant, légerement {nr une bande d'or, & on l’enleve pour la mettre fur les bords. Planche: fig. 5. © Le couchoir pour les armes eft de bois blanc, quarré & plat ;il aune poignée par-deñus, pour en- lever ce couchoir tout entier lorfqu’on l’a mis für la feuille d’or, & la porter à la place où on veut la mettre. Voyez CoucHER L'OR, 6 PL II, de la Re- liure, fig. 10. COUCHURE, f. f. en terme de Brodeur au métier ; c’eft un point d’un fil cordonné ou fimple , en foie, en or ou en argent, couché le long du deffein, & at- taché d’un fil qui l’embrafle de diftance en diftance ; enforte que les points qui lient le fecond couché, foient toûjours au milieu de ceux du premier, ceux du troifieme au milieu de ceux du fecond, 6e. COUCHURE EN POINT DE COMPTE, ex ferme de Brodeur au métier; c’eft un ornement en or, en argent ou en foie, couché en rond, en ovale, &c. dont les points liants font fichés exaétement vis-à- vis l’un de l’autre, & vont du centre à la circonfé- rence , en forme de rayon. COUCO , (Géog. mod.) pays d'Afrique dans la Barbarie, entre Alger & le Bugir. Le peuple qui eft foumis à un roi ou chef particulier, habiteglans des montagnes & des deferts, | COUCOU, f. m. cuculus, (Hifi. nat. ornitholog.) genre d’oifeaux, dont les uns different, à ce que l’on prétend, pour la groffeur du corps, & les autres par les couleurs. Aldrovande rapporte, d’après les oi- feleurs de Boulogne, qu’il y a des coucous différens pour la grandeur, quoique femblables pour Les cou- leurs; & d’autres au contraire qui fe reffemblent por la couleur, quoiqu’ils foient de grandeur iné- ale, Willughby a donné la defcription du cozcozle plus commun : celui qu’il a décrit, avoit onze pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité de la queue. La piece fupérieure du bec étoit un peu crochue, plus longue que l’inférieure , &c d’un brun noirâtre fur la plus grande partie de fon étendue, &c la piece inférieure de couleur jaune-blanchâtre. II avoit la langue &c le dedans de la bouche de couleur de fafran; la langue dure & tranfparente, êc l'iris des yeux de couleur de noifette. L'ouverture des narines étoit ronde, grande, garnie de plumes, &c élevée par les bords. Ce dernier caraétere eft, felon Willughby, particulier au coucou , & fufiit pour le faire diftinguer de tous les oifeaux que cet cbferva- teur a pù voir. La paupiere inférieure étoit grande, & les cils de couleur jaune. Ce coucou avoit la gor- ge, la poitrine & le ventre blancs, avec des lignes tran{verfales brunes qui n’étoient point interrom- pues ; il s’en trouvoit fur la gorge en plus grand nombre, & plus près les unes des autres. Les bords des plûmes de la tête étoient blancs, & le refte brun. Il y avoit fur la tête une ou deux taches blanches. Les plumes du dos & du milieu du cou , & les grandes plumes des épaules, étoient brunes dans le milieu, &c blanchâtres fur les bords : dans quelques-unes 1l y avoit du roux mêlé avec le brun. Le croupion étoit de couleur de feuille-morte. Cet oifeau avoit les grandes plumes des ailes noires, &c les bords ex- térieurs de ces plumes, à l'exception de la premiere, étoient tachés de roux, & il y avoit fur les bords intérieurs des premieres , de (haie taches blan- ches : la pointe de toutes ces plumes étoit blanche, & les petites plumes des aîles étoient de la même couleur que le dos. Willughby n’a point décrit la queue du coucou. Selon Aldrovande dans la defcrip- tion qu'il a faite d’un fecond oïfeau de ce nom, la queue eft compofée de dix plumes qui ont des taches blanchâtres, à-peu-près en forme de cœur, & qui COU font un bel effet à l'œil : loffque la queue eft étens due , elles onttoutes l'extrémité marquée de blanc; de même que le bord intérieur , excepté les deux du milieu : les pattes & les ongles font jaunes: il y a deux doigts en arriere dont l'intérieur eft le plus pes tit de tous ; les doigts de devant font unis enfemble par une membrane jufqu’à la premiere articulations . Le coucou ne fait point de nid, mais il s'empare de celui d’un autre oufeau ; il en écarte les œufs, s'il y en trouve ; il met le fien à la place, & l’aban- donne : car il n’en pond qu’un: L’oifeau auquel ap- partient le nid, couve l'œuf du coucou, foigne le petit lorfqu’il eft éclos ; & le nourrit jufqu’à ce qu’il {oit aflez fort pour prendre l’eflor. Avant la mûe les petits coucous ont le plumage de différentes cou leurs difpofées par taches, qui le rendent fort beau. C’eft ordinairement dans le nid de la fauvette brune que le coucou pond fon œuf ; il s'empare auffi des nids des alouettes, des pinçons, des bergeronettess &c. Willughby n’aflüre pas fi les coucous reftent pen- dant l’hyver cachés & engourdis dans des arbres creux, dans dés trous de roche, dans la terre, 6%. ou s’ils pañlent dans des pays chauds ; cependant il y a des gens qui prétendent avoir entendu chanter des coucous dans des trous d’arbres au milieu de l’hy- ver, lorfque l’air étoit doux. Le nom de cet oifeaw rs de fon cri. Willughby, Orzith. Voyez O1SEAU, d£ Coucou, (Matiere medic.) On fe fert en Mede- cine de cet oifeau en entier, & de fa fiente ; onre- commande fes cendres pour la gravelle, pour les douleurs & l’extrème humidité de leftomac. On les ordonne avec fuccès dans’les paroxyfmes des fievres. Schroder dit que la fiente du coucox prife en boiflon, eft bonne contre la morfure du chier enragé. Il ne manque à ces prétendues vertus, que d’être confirmées par des obfervations. * Coucou, (Myrk.) Cet oïfeau eft confacré à Jupiter : 1l eft difficile d’en deviner la raïfon für ce qu'on enraconte. On dit que ce fut fous cette forme que Jupiter tranf de froid , s’alla repofer un jour d’hyver fur le fein de Junon. Le mont Thornax fur lequel la déeffe eut la complaifance de réchauffer le dieu , fut depuis appellé dans le Péloponnefe, Le mort du COUCOU. Coucou, (Jeu de cartes.) L’on peut joüer à ce jeu depuis cinq jufqu’à vingt perfonnes. Lorfqu’on eft un grand nombre , on jotie avecun jeu de cartes entier, c’eft-à-dire où font toutes les bafles ; autre- ment on joue avec le jeu de piquet ordinaire, en obfervant que les as font les dernieres & les moin- dres cartes du jeu. Comme 1l y a un grand avantage à avoir la main, on voit à qui l’aura. Après avoir pris chacun huit ou dix jettons , qu’on fait valoir ce qu’on veut, celui qui a la main ayant fait couper à fa gauche, donne une carte, fans la découvrir, à chaque joüeur, qui l'ayant regardée, dit, fi fa carte lui paroïit bonne, Je fuis content ; mais fi fa carte eft un as, ou une autre carte dont il foit mécontent , il dit, contentez-moi à {on voifn à droite, qui doit prendre fa carte & lui céder la fienne , à moins qu’il n'ait un roi; auquel cas il ne peut être contraint à échanger, & il répond, coucou : alors le mécontent garde fa carte, tandis que les autres continuent à fe faire contenter de la même maniere , c’eft-à-dire à changer de carte avec leur voifin à droite & à gauche, jufqu’à ce qu’on en foit venu à celui qui a mêlé, qui, lorfqu’on lui demande à être contenté doit donner la carte de deflus le talon, à moins que, comme il a déjà été dit, ce ne foit un roi. Enfin la regle générale, c’eft que chaque joueur peut , s'il le croit avantageux à fon jeu, &c que ce foit à fon. tour à parler, forcer fon voifin à droite de changer de carte avec lui, à moins qu’il n'ait un roi, Après OT MT que le tour eft ainfi fini, chacun étale fa carte fur la table , & celui ou ceux qui ont la plus bafle carte, payent un jetton au jeu, qu'ils mettent dans un cor- billon qui eft exprès au milieu de la table, Il peut fe faire que quatre joueurs payent à la fois, & c’eft toûjours la plus bafle efpece des cartes qui foit fur le jeu , qui paye. Les as payent toûjours, quand il y en a fur le jeu; & au défaut des as , les deux; au défaut des deux, les trois, & ainf des autres. L’a- vantage de celui qui mêle, eft qu'il a trois cartes fur lefquelles il peut choifir celle qu’il veut pour lui. Chacun mêle à fon tour ; & quand quelqu'un des joüeurs a perdu tous fes jettons , il fe retire du jeu, n’y ayant plus d’efpérance pour lui. Celui au con- traire qui conferve encore des jettons quand les au- tres n’en ont plus, gagne la partie, & prend tout ce qui a été dépofé dans le corbillon. COUCOUME, (Teinr, Voyez TERRA-MERITA, ou l’article TEINTURE. COUCY, (Géogr. mod.) ville de France dans le Laonois, près de la riviere d'Ovyfe. Long. 20. 58. lat, 48. 30. COUDE, f. m.er Anatomie; c’eft l'angle extérieur formé par la flexion du bras. Voyez Bras. Cette éminence fur laquelle le’bras pofe, & que nous appellons coude, s’appelloit en latin cubitus, & en grec æyrwr , Où par d’autres onexpauor, (L) COUDE, (l'os du) cubitus, en terme d'Anatomie ; eft un des os du bras qui va depuis le coude jufqu’aw poignet : on l’appelle auf cubirus, Voyez CU BITUS. COUDE, ez Architetture, eft un angle obtus dans 1a continuité d’un mur de face ou mitoyen, confidéré _ par-dehors, &c un ph par-dedans. On doit fupprimer, autant qu'il eft pofüble, les coudes des murs de faces des bâtimens fur la rue , pour rendre ces dernieres plus droites. Je trouve que cette partie effentielle pour l'agrément d’une capitale, eft trop négligée à Paris. (P) COUDE, ez terme de Chauderonnerie ; c’eft l’extré- mité d’une trompette, ainfi appellée parce qu’elle forme le coude. Voyez dans les Planches de Lutherie, La fig. 6 l’art. TROMPETTE. COUDE ou JARRET, ( Hydraulig.) c’eft dans le tournant d’une conduite de fer ou de grais, un bout de tuyau de plomb coudé pour raccorder enfemble les tuyaux de fer. (X : Coupe , (Jardin.) fe dit d’une allée, d’un ter- rein, quand les alignemens ne font pas droits. Un arbre peut aufli avoir un coude, quand la tige n’eft pas bien droite fur le pié. (Æ) CouDE, ( Manege.) jointure au train de devant du cheval , qui affemble le bout de l'épaule avec l'extrémité du bras. Voyez BRAS 6 ÉPAULE. Coude’, c’eft auf la partie de la branche qui prend -naiflance au bas de l’arc du banquet, vis-à-vis le milieu du fonceau ou du chaperon , & qui forme un arc au-deffous du banquet. Le coude d’une branche prend un tour plus ou moins grand , felon que l’on veut fortifier ou affoiblir la branche. Voyez BAN- QUET , FONCEAU, BRANCHE, & PI, de l’Eperon- nier, fig. 22. en C. Un coude ferré releve aflez bien le cheval ; mais un trop grand coude tire la tête du cheval entre fes jambes. _ COUDÉE, f. f. Hifloire anc.) longue mefure qui étoit fort en ufage chez les anciens, fur-tont chez les Hébreux ; elle étoit environ de la longueur du bras d’un homme , depuis le coude jufqu’au bout des doigts. Voyez MESURE , BRAS 6 MAI. E On trouve dans l’Ecriture des coudées de deux longueurs ; l’une égale , felon le doéteur Arbuthnot, à un pié neuf pouces, + de pouce, ce qui vaut la quatrième partie d’une brafle, ie double d’une pal- me, &c fix fois une paulme ; l’autre égale à un pié Tome IF, 4 C O U 32% F5 de pié , ou à la 400°. partie d’une flade. Le P. Merfenne fait la cosdée des Hébreux d’un pié quatre doigts cinq lignes par rapport au pié du Capitole. Selon Heron, la coxdée géométrique eft de vingt quatre doigts; & felon Vitruve , le pié eft les deux tiers d’une coudée romaine, c’eft-à-dire contient feize doigts ou largeurs du doigt. Voyez Pié , MESURE, &c. Chambers. (G) * COUDELATTE, f. f, (Marine.) On appelle de ce nom des pieces de bois plus fortes aux extrémités qu’au milieu, qui entrent dans la conftruétion d’une galere, où elles reçoivent une longue piece de bois de quatre pouces en quarré, qu'on nomme /4 44 pPiere,. *COUDER, v. a&. (@con. ruft.)fe dit d’un fep de vigne qu’on plie on couche en angle obtus. Ce terme eft d’ufage aux environs d'Auxerre. COUDRAIE, £ f. (@con. rufl.) lieu planté de coudriers. Ces arbres ne font point ornement, mais ils font utiles ; on peut en couvrir les terreins éloi- gnés dont on ne peut tirer meilleur parti. * COUDR AN, f. m. rerme de Riviere ; mélange de plufieurs ingrédiens , entre lefquels il y a des efpe- ces d’herbages & du goudron; les bateliers en en- duifent leurs cordes , pour les empêcher de fe pour- rir, On a fait de ce mot le verbe codranner, tremper dans le condran; & le fubftantif coudrannenr, celui qui trempe dans le coudran. * COUDRE, v. a&t. c’eftaflembler deux fubftan- ces qui peuvent fe percer, foit avec une aiguille ,: foit avec une alène où un poinçon, par le moyen d'un fil ou de quelqu’autre chofe d’analogue au fil dont l'aiguille eft enfilée, &c qui fuit l'aiguille à-tra- -vers les trous qu’elle fait aux fubftances qu'on veut aflembler, ou qu'on pafle dans les trous faits avec le poinçon ou quelqu’inftrument femblable. LesTail- leurs coufént à l'aiguille enfilée de fil ou de foie ; les, Tapifiers, à l'aiguille enfilée de foie ou de laine ;les Boyaudiers,à l'aiguille enfilée de filamens de boyaux;;: les Cordonniers-bottiers, &c. au poihçon , à l’alène &c au ligneul, Le ligneul eft armé à fon extrémité d’une foie de fanglier ou de cochon , qu’on pañle fa- cilement à-travers Les trous que la pointe de l’inftru- ment a faits, & que le ligneul eft obligé de fuivre: quand on tire cette foie. On peut coudre encore avec le fil-d’archal. CouDre , (Géogr, mod.) petite ville d'Italie en Savoie, dans le Chablais, près du lacde Genève. COUDREMENT., {. m. serme des Tanneurs.. Mettre les cuirs en coudrement , c’eft étendre les cuirs dans la cuve où il y a de l’eau chaude & du tan, pour leurdonner le grain.Cette opération fe nomme coudrer où braffer les cuirs. Voyez COUDRE € BRaAs- SER LES CUIRS. Voyez TANNER. COUDRER , rerme de Tanneurs ; c’eft braffer les cuirs , Ou les remuer. COUDRIER , voyez NOISETTIER. COUDRIER , f. m. ( Æif. nat. bor, & Jardinage.) petit arbre qui eft très-commun dans les bois, dans les haies, & dans la plüpart des terreins incultes. On l’appelle auffi zoifértier , quoique ce nom convienne plus particulierement aux autres efpeces de cet ar- bre que l’on cultive pour leur fruit. Le coudréer eft fi connu, que l’on peut reftraindre fa defcription à ce qu'il pouffe du pié plufieurs tiges ordinairement fort droites ; que fa feuille plus ronde qu'ovale , eft l’une des plus grandes des arbres foreftiers ; & que fes chattons jaunes & apparens font le premier objet qui annonce dans les bois le retour dé la féve & les approches du printems. Cetrarbre eft très-robufte ; croît promptement , fe muitiplie aifément , & vient par-tout: | En effet tous les terreins lui conviennent ; & fuf- fent-ils fablonneux, ftériles, froids & fecs, ce font | Ssi 324 C OU ceux où il fe trouve plus communément. On voit : auffi cet arbre fur la crête des montagnes , parmi les rochers, & même dans les terres argilleufes ; mais il fe plaît davantage dans un terrein maigre , fablon- neux, humide & moufleux, qui fait durer long-tems la fouche du coudrier, & où j'en ai vü de fort vieux à la vérité, qui avoient quarante piés de haut, plus de deux piés de tour, & qui ne dépérifloient point encore. Si l’on avoit donc à peupler des terreins fi ingrats, que les arbres de bonne effence düffent s’y refufer » on pourroit fe fervir du coudrier dont le bois ne laiffe pas d’être propre à quelques ufages. Le plus court moyen d’en faire de grandes plantations fera de fe- mer les noifettes, mais dene pas fepreffer de le faire dès l’automne, par rapport à la gelée qui les gâte fouvent , & plütôt encore pour éviter l’inconvé- nient trop immanquable de trouver après l'hyver le fémis détruit par les vers, les rats, les mulots, c. qui en font très-friands. Les noïfettes d’aillenrs ne germent pas avant le printems. Il vaudra donc mieux les conferver dans le fable jufqu’à ce tems pour les femer au mois de Février de la même ma- niere que le gland. Foyez CHÊNE. On peut encore multiplier le coudrier de plufeurs autres façons que je laifle à traiter au mot NoiSETTIER, oùil fera plus convenable auff d’entrer dans le détail des diféren- tes efpeces de cet arbre & de leur culture. Celle du coudrier n’a rien de particuher. Cet arbre manque rarement à la tranfplantation, & il fait une bonne garniture dans les bois. Evelyn prétend même qué- tant mis en taillis , c’eft de tous les bois celui qui fait le plus de profit. Ce n’eft qu'après fix ou fept ans de femence qu'il rapporte du fruit. La noifette eft meilleure à manger & plus faine, quand on la cueïlle dès qu’elle eftformée ; que quand on attend que la parfaite maturité la faffe tomber de l'arbre ; parce qu’alors la partie aqueufe de ce fruit eft déjà devenue oléagineufe, & le devient enfuite de plus en plus, jufqu'au point que quand il com- mence à fe deflécher, on en extrait une huile qui peut être de quelque utilité. Les anciens prétendent que les noïfettes engraiflent ; les modernes convien- nent feulement qu’elles font plus nourriflantes que les noix ; & que fi l’on en mange modérément, elles | ne font aucun mal, pourvû que l’on ait Pefftomac bon ; mais qu’elles font de dificile digeftion , qu'el- les nuifent à la refpiration , & qu’elles rendent la voix rauque. Voyez NOISETTE. Le bois du coudrier, tout différemment de celui des autres arbres, a plus d’utihté quand il eft d’un pe- tit volume, que lorfqu'l a plus de groffeur. Quel qu'il foit, il n°’eft propre qu’à de petits ufages qui ne méri- tent pas un détail. On l’employe fur-tout à faire des cerceaux pour les futailles; parce qu'il eft droit, {ouple , & fans nœuds ; mais ce boïs a fi peu de fo- lidité & de durée, qu’on ne s’en fert que faute de mieux. Cependant on s’eft aflüré par plufieurs ex- périences faites à Montbard en Bourgogne, que ce bois duroit trois fois davantage, lorfqu'il avoit été coupé dans le tems de la chûte des feuilles, que ce- li qui avoit été abattu pendant l’hyver, où au co- mencement du printems. / ; Après qu’on a fi long-tems abufé des gens crédu- les, en prètant à la coudre des vertus furnaturelles , ce feroit un nouvel abus que de groflir cet article des propriétés imaginaires ëc fuperfttieufes de la ba- guette divinatoire. C’eft une fourberie furannée qui eft tombée en difcrédit, à mefure qu'il y a eu moins de gens infatués d'anciens préjugés, & par confé- quent moins de dupes. Voyez NO1ISETTIER. (c) - COVENANT , 1. m. (Hi. mod. d’Angl.) C’eft la fameufe ligue que les Ecofois firent enfemble en COU 1638, pour maintenir leur religion libre de toute innovation. … Pour comprendre ce que c’étoit que ce covenant, 1] fuffira de favoir qu’en 1580, l’affemblée générale d’Ecoffe drefla une confeffion de foi-qu’elle préfenta à Jacques T. que ce prince figna, & donna fes ordres pour la faire figner par tous fes fujets. Ce fut cette confeffion de foi de l’année 1580, reçue 8 de nou- veau confirmée en 1590, dont on renouvella la fi- gnature en 1638, par la délibération de la #ble gé nérale, c’eft-a-dire des états généraux d’Ecofle. A cette fignature de confeffion de foi, on ajoûta une claufe obligatoire ou ferment, par lequel « les fouf- » crivans s’engagerent à maintenir la religion dans # l’état où elle étoit en 1580, & à rejetter toutes les » innovations introduites dans l’églife depuis ce » tems-là ». Ce ferment joint à la confeffion de foi reçut le nom de covenant, c’eft-à-dire, contrat, ligue, convention ; faite entre ceux qui le foufcrivirent. Le but de ce covenant ne tendoit pas à dépouiller Char- les I. de fes droits, mais à empêcher qu’il ne les éten- dit plus loin qu'il ne le devoit par les lois, comme aufli qu'il ne pût abolir le Presbytérianifme. C’é- toient-là précifément les deux points qui étoient di- retement contraires aux projets du roi ; aufli ce co- venant fut-il l’origine des triftes brouilleries qui par- tagerent le royaume entre les deux faétions de pref- bytériens & d’épifcopaux ; de même que des guer- res qui s’éleverent bien-tôt après entre les Ecoflois & Charles I. qui jetterent ce prince dans des fautes qu’il ne put jamais réparer, & qui furent enfin la caufe de fa perte. Article de M. le Chevalier DE JAU- COURT. Yes COUENNE, f. £. (Chaircuiterie,) C’eft ainf qu’on appelle la peau du cochon, après qu’il a été grillé & raclé ; elle eft fort dure, fort épaifle, & prefque toüjours un peu chargée du refte des foies qu’on n’a ù enlever. COUENNEUX , adj. (Med.) épithete que les Mé- decins donnent particulierement au fang, lorfqu’il {e forme à fa furface une épaifleur dure, compaéte, blanchâtre, & difficile à divifer. | COVENTRY,(Géog. mod, ) grande ville d’An- gleterre au comté de Warwick, fur le Sherburn, Long, 16. 3. lat, 52, 25. CO-VERSE , f. m. (Géom.) quelques Géometres fe fervent de l’expreffion f£rus co-ver[e, pour défigner la partie du diametre d’un cercle, laquelle refte après: ue l’on en a Ôté le finus verfe. Voyez SINUS VERSE. O COUETS ,; ECOITS, f. m. pl. (Marine.) ce font quatre groffes cordes, dont 1l y en a deux amarrées aux deux points d’en-bas de la grande voile, & les deux autres aux deux points d’'en-bas de [a mifene. Les écoutes font amarrées à ces mêmes points ; Les couets s'amarrent vers l'avant du vaifleau , & les écoutes vers l'arriere. Les coxers {ont beaucoup plus gros que les écoutes, Quand on veut porter la gtan- de voile ou la mufene de l’un des bords du vaiffeaw fur l’autre bord, felon que le vent change ou gw’on veut changer de route, on largue ou lâche les écou- tes, & on hale fur les coëers, c’eft-à-dire qu’on les. bande pour ramener la voile fur l’autre bord, & lui faire prendre le vent. La manœuvre des cogers s’ap- pelle amurer; & lorfque la voile eft appareillée &z qu’elle prend le vent, les coëers qui le tiennent en état font dans leurs amures vers l’avant, tandis que les écoutes font amarrées vers l’arriere : mais la manœuvre des coxers eft bien différente de celle des écoutes ; car des deux coZers & des écoutes qui font au vent, les coëets font halés & les écoutes larguées; & au contraire des deux coëers & des deux écoutes qui font fous le vent, les coéers font largués &c les écoutes font halées, On dit *alez avant fur les coriers, halez arriere fur les écoutes, c’eft-à-dire bande Les coiets vers La proue 6 les écoutes vers la poupe. Li y a des coxers à queue de rat. On peut fort bien confidérer les coers & les écou- tes comme les mêmes cordages, étant amarrés aux mêmes points de la voile : &c leur feule différence eft en ce que les coZers font deftinés à faire le même effet vers l’un des bouts du vaifleau, que les écoutes font vers l’autre bout. (Z COUETTE, ff. (Tourn.) qu’on appelle auffi gre- nouille ou crapaudine , eft un morceau de fer ou de cuivre creufé en rond, dans lequel tourne un pivot: Les Tourneurs ont des poupées à pointes, à lu- nettes , & à coZettes, qui leur fervent à fabriquer plu- fieurs ouvrages de tour. À la vérité les poupées à co&ettes {ont plus en ufage chez les Serruriers & au- tres ouvriers qui tournent le fer & les métaux, que chez les Tourneurs en bois; ceux-ci en ont pourtant quand ils fe fervent de l’arbre à tourner en ovale ou en d’autres figures itrégulieres. | COUFLE , f. f. (Comm.) c’eft ainf qu’on appelle les balles de féné qui viennent du Levant. | COUHAGE, f.m. ( Hiff, nat, bor.) efpece de féve u’on apporte des Indes orientales. On l’appelle auf fcliqua hirfuta. COUHAGE , (Matiere médicale.) efpece de féve qui vient des Indes, & dont on fait ufage dans Phy- dropifie. On en fait infufer douze souffes dans deux pintes de bierre: on en fait prendre tous les matins le quart d’une pinte au malade. Ce remede a été effayé fur des Negres. Chambers, Le duvet de cette goufle pique la chair, & y caufe une démangeaifon douloureufe. Ray, kiff. des planr. COUIER , fub. m. serme de Riviere, fe dit d’une corde que l’on ferme ou attache à terre, pour em- pêcher que le derriere d’un bateau ne s’en éloigne, fur-tout dans les gros tems. Voyez MUSEAU DE DEVANT. COVILHAMA, (Géog. mod.) petite ville du royaume de Portugal , dans la province de Beïra, COUILLARD , f. m.(Marine.) corde qui tient la grande voile à la grande-attaque du grand mât. Ce mot n’eft plus ufité. ? CouicLarD , (Charpenr.) On appelle ainfi deux pieces, qui, dans la conftruétion d’un moulin, en- tretiennent les traites qui fupportent la cage de la chaife qui eft au-deflous: elles ont chacune trois piés de long. Voyez l’art, COUrE Des Boïs. COVIN, f. m. (Æif. anc.) char armé de faulx, que les Gaulois & les Anglois conduifoient dans les combats. COUIS, f. m. (Œcon. domef.) vaifleau fait avec le fruit du calebaflier , en ufage aux îles françoifes de l'Amérique, où il fert comme fervent ici les fe- billes de bois. COUIT , f. m. (Comm.) qu'on nomme auf guz ; forte d’aune dont on fe fert à Mcka pour mefurer les toiles & les étoffes de foie ; elle porte vingt-qua- tre pouars de long. Foyez Les ditfion, du Comm, & de Trév. (G) COULAC, voyez ÂLOSE. COULADOUX,, f. m. pl. (Marine) cordages qui tiennent lieu, fur les galeres, des rides de haubans. Voyez Planche IT. de la Marine, le n° 2. & le n° 10. les couladoux du meftre & du trinquet, (Z) - COULAGE,, f. m. serme de Marine € de Riviere, fe dit de la perte ou faufle confommation qui fe fait . des-diverfes liqueurs qui font dans le vaifleau pour lPufagé journalier de l'équipage, ou qui en compo- {ent la charge, comme vins, eaux-de-vie , huiles, 66. c’eftce qui fait dire des marchandifes fujettes au cou- lage. On pañle toijours fur la confommation une cer- traine quantité pour le coulage. C OU 325 Dans les vaifleaux du Roi , le mumitionnaire eft tenu de fairé embarquer dix pour cent de bifcuit, & douze pour cent de vin d'augmentation pour les dé- chets & coulages qui pourroient arriver pendant la campagne. Ordonnance de 1689 , Liv. X, tir, j, arti- cle13. (Z COULAN , (Géog. mod.) petit royaume d’Afe; dans l’Inde , fur la côte de Malabar , dont la capitale porte le même nom : le roi'eft idolâtre ainfi que la plus grande partie delfes fujets. COULANGES-LES-VINEUSES , (Géog. mod.) petite ville de France dans l’Auxerrois, fameufe par les bons vins de fes environs. COULANT, {. m. ez terme de Bouronnier, eft un morceau de bois un peu arrondi fur fes extrémités, & percé en-travers ; le coulanr couvert fert de nœud aux cordons de canne, de montre, & autres cordons de treffes. Les coulans des grands guides pour les chevaux, font beaucoup plus gros que les autres & percés d’un trou quarré de la forme des suides, Foy. GUIDES o4 TRESSES. É CoOULANT, outil d'Orfévrerie, c’eft un anneau de fer, qui fert à faire joindre les mâchoires d’une te- naille en en reflerrant fes branches, qui, dès que Î anneau eft lâché, s'écartent d’elles-mêmes au moyen d’un reflort fixé fur l’une des deux. La tenaille de cette efpece s’appelle reraille à coulanr, du nom de {on anneau. Elle fert aux Orfévres & aux Horlogers, fur-tout quand il s’agit de faire entrer les goupilles dans les charnieres. COULANT , ferme de Jouaillier, ornement de cou pour les femmes; ce n’eft quelquefois qu’un chaton à pierre feule, plus fouvent c’eft une pierre entou- rée en forme de rofette : 1l s’attache au milieu du collier , perpendiculairement à la croix. COULANTES o4 COURANTES , (Marine.) {e dit de quelques manœuvres. Voyez MANGUVRES COURANTES. (Z) COULE , f. f. (ff. eccléf.) robe monacale telle que celle des Bernardins & des Bénédidins ; ces der- niers la nomment communément chape, les autres ont retenu le nom de coule. Voyez HAB1T. Ce mot s’eft vraiflemblablement formé du latin cucullus , en confondant enfemble les deux premie- res fyllabes, qui toutes deux font compofées des mé- mes lettres. La cuculle étoit un capot que portoient les payfans êc les pauvres : pullo Mavius alget in cu- cullo , dit. Martial. Cet habillement fut adopté par humilité par les fondateurs des ordres religieux ; il devint même commun aux laiques, fur-tout dans les pays froids, & on Le portoit encore en Europe il Y a environ deux cents ans. Les Bernardins ont deux fortes de coule, une blan- che, qui eft fort ample, dont ils fe fervent dans les cérémonies & lorfqu'ils afliftent à l’églife , & une noire qu'ils portent dans les vifites du dehors. Le P. Mabillon prétend que la coule dans fon origine eft la même chofe que le fcapulaire. Cependant l’auteur de l’apologie de l’empereur Henri IV. diftingue deux fortes de coules ou plutôt de vêtemens des anciens moines; l’une eft une robe qui defcendjuiqu'aux piés, qui a des manches & un capuchon, & fert dans les cérémonies ; une autre qui n’eft qu'un chaperon pour travailler, 8&c qu’on nomme /capularre, parce qu'il ne couvre que la tête & les épaules. C’eft auff le fenti- ment de M. Fleury: « La cuculle, dit-il, marquée » par la regle de $. Benoït fervoit de manteau. C’eft » la coule des moines de Citeaux ; le nom même en » vient, & le froc des autres Bénédi@tins vient de la » même origine. S. Benoît leur donne encore un fca- » pulaire pour Le travail. ILétoit beaucoup plus court » & plus large qu'il n’eft aujourd’hui, & fervoit, » comme porte le nom, à garnir les épaules pour Les » fardeaux & conferver la tunique. Il avoit fon ca- 326 COU » puce comme la cuculle, & ces deux vêtemens fe # portoient féparement : le fcapulaire pendant Le tra- # vail, & la cuculle à l’églife ou hors de la maïfon, » Depuis, les moines ont regardé le fcapulaire com- # me la partie La plus effentielle de leur habit; ainfi » ils ne Le quittent point, & mettent le froc ou la » coule par-deflus ». Mœurs des Chret. tit. 54. (G) CouLE, (Géog. mod.) petite ville de Hongrie, en Walachie , fur le Danube. COULÉ, ez Mufique, adj. pris fubft. Le coulé fe fait lorfqu’au lieu de marquer chaque note d’un coup. d’archet fur les inftrumens à corde, ou d’un coup de langue fur les inftrumens à vent, on pañle deux ou pluñeurs notes fous la même articulation en prolon- geant l’expiration ou en continuant de tirer ou pouf- fer l’archet auf long-tems qu’il eft néceflaire, Ily a des inffrumens, tels que le clavecin, fur lefquels le coulé paroïît prefqu'impoffble à pratiquer ; & cepen- dant on vient à bout de l’y faire fentir par un tou- cher doux & lié, très-dificile à décrire, & que l'é- coler apprend plus aifément que le maître ne l’en- feigne. Le coulé fe marque par une liaifon dont on couvre toutes les notes qui doivent être coulées en- femble. (S) COULÉ, en terme de Brodeur, c’eft un aflemblage de deux points faits féparément fur une même ligne, en obfervant de piquer l'aiguille au fecond point, à l’endroit où elle eft fortie dans le premier. CouLE , (Orfévrerie & autres Artifles.) il {e dit de la fufion des foudures, auxquelles 1l faut donner un degré de chaleur convenable pour que la fufion en foit nette, Il fe dit aufi de tout ouvrage jetté en moule. CouLÉ , f. m. (Saline.) iflues par lefquelles la ri- vicre qui tombe dans les poëles s'enfuit; comme ces iflues font fouvent cachées, & que l’équille ne fufft pas pour les boucher, alors un ouvrier rompt l’équil- le, & bouche le coulé avec de la chaux-vive. Voyez SALINES 6 EQUILLE. COULÉE, f. f. (Marine.) c’eft l’évidure qu'il y a depuis le gros du vaiffeau jufqu’à l’étambord, ou bien l’adouciflement qui fe fait au-bas du vaifleau entre le genou & la quille, afin que le plat de la va- rangue ne paroïfle pas tant, & qu'il aille en étrécif- fant infenfiblement. (Z ) CouLÉE, adj. pris fubff. (Ecriture.) fe dit d’un cara@tere panché, lie de pie en tête, tracé avec plus ou moins de rapidité. Woyez-en les différentes efpe- ces aux Planches de l’Ecriture. * COULÉE, f. f. (groffes Forges.) c’eft un efpace d'environ fept à huit pouces, par lequel s'écoule toute la fonte contenue dans le creufet ; on bouche cette ouverture avec de la terre détrempée ; & dé- tremper la terre pour fermer la coulée s'appelle faire le bouchage. Voyez l'article GROSSES FORGES, & nos Planches de groffes Forges. COULEMENT D'EPÉE, (Eftrime.) eft une at- taque qui fe fait en gliflant d’un bout à l’autre la la- me de fon épée contre celle de fon ennemi : on coule de pié ferme & en gagnant la mefure , voyez MEsu- RE ; on coule en dévageant &t fans dégager. La meil- leure de toutes les attaques eft celle-c1, parce qu’elle détermine abfolument Pennemi à agir. Coulement de pié ferme G fans dégager, eft celui qui fe fait en mefure fans quitter l'épée de l’ennemi. Il s'exécute ainf: 1°. faites du bras droit tout ce qui eff enfeigné pour parer quarte ou tierce, &c. fuivant le côté où les épées font engagées : 2°. olif- -{ez par un frottement vif & fenfble le tranchant de votre lame contre celle de l’ennemi, en avançant la pointe de épée droite à fon corps pour le déter- miner à parer: 3°. s'il pare, dégagez en allongeant Peftocade : 4°, s’il ne pare pas, achevez l’eftocade groite, “3 COU Nota qu’on doit s’attendre en faifant un coulement d'épée ; que l’ennemi prendra ce tems pour détacher l’eflocade droite, ou en dégageant : mais remarquez qu'au premier cas il ne peut porter l’eftocade droite fans 1orcer votre épée ; c’eft pourquoi s’il la force, vous ferez le premier dégagement forcé ; voyez PRE= MIER DÉGAGEMENT FORCÉ ; & s’il dégage, déta- chez incontinent l’eftocade de quarte droite fi vous coulez tierce, ou l’eftocade de tierce droite fi vous coulez quarte. Coulement de pié ferme.en dégageant ; il s'exécute comme le coulement de pié ferme fans dégager, ex- cepté qu’on commence par dégager. Coulement d'épée en entrant en mmefure fans dégager , fe fait comme le coulement de pié ferme fans dégager, excepté que l’on ferre la mefure en coulant l'épée. Coulement d'épée en ferrant la mefure € en dégageant. fe fait comme le coulement de pié ferme & en déga- geant, excepté qu'on coule l’épée en entrant en mes fure. * COULER, v. n. terme qui marque lemouvement de tous les fluides, & même de tous les corps foli- des réduits en poudre impalpable. Rouler, c’eft fe mouvoir en tournant fur foi-même. Glffer, c’eft fe mouvoir en confervant la même furface appliquée au corps fur lequel on fe ment. Voyez FLUIDE. COULER BAS, COULER À FOND, ( Marine.) c’eft faire périr un vaifleau en l’enfonçant dans l’eau. Dans un combat, on coule bas fon ennemi, lorf- qu’on lui tire aflez de coups de canon pour que l’eau y entre en fi grande quantité qu’elle Le fafle enfoncer dans l’eau. Un vaïflean coule bas, lorfqu'il fe fait quelque voie d’eau très-confidérable , à laquelle on ne puifle remédier. (Z) CouLER, (Chimie) c’eft extraire des fels en ver- fant de l’eau fur les fubftances , telles que des terres, ou des cendres, qui en contiennent, & dont elles font dépouillées par Peau qui les diffout & les entrai- ne. C’eft ainfi qu’on obtient le falpetre. On coule auf la lefive. CoOULER , v.act. dans le Commerce, {e dit des mau- vaifes marchandifes qu’on fait pañler à la faveur des bonnes. Ce marchand, dit-on, m’a trompé , 1/ a coulé quelques pieces de drap médiocres parmi celles qu’il m'a livrées. Didfionn. de Comm. (G COULER ; (Danjé.) v’eft porter la jambe douce- ment & legerement , & rafer la terre de la pointe du pié d’un mouvement prefqu'uniforme & fans mar- quer de cadence. COULER EN PLOMB, ( Archir, ) c’eft remplir de plomb les joints des dales de pierre & les marches des perrons expofées à l'air, ou fceller avec du plomb les crampons de fer ou de bronze: précaution qu’on. doit prendre dans les bätimens d'importance , ainfi qu’on la obfervé aux Invalides, au Val-de-Grace, Ge. (P) COULER , en termes de Boutonnier, c’eft lation d’entortiller un brin de foie ou d’or, fur plufieurs au- tres enfilés dans la même aiguille , en faifant tourner le bouton comme une pirouette, au moyen d’un fil un peu gros attaché au pié du bouton ; ce qui fe fait en roftant un bouton façonné. Voyez ROSTER. CoOULER , v. n, terme de Chandelier ; 1 fe dit d’une: chandelle dont le fuif fondant trop vite, fe répand fur fa furface. | . COYLER , ez terme d’Epinglier, {e dit proprement du fecond tirage qu’ils donnent au laiton , en le fai- fant pafler par des trous de filiere, comme on fait l'or & l'argent que la premiere main n’a fait que dé- groflir. 7. | COULER , ferme de Fondeur : on.dit couler une piece de canon , quand le métal en eff fondu, &c qu’on lui permet d'entrer dans le moule, ayez FONDERIE, COU chaflelas, & de la vigne , Iorfque le fuc contenu dans - je fruit s’en échappe par quelque accident de la fai- fon, qui nuit toùjours à l'abondance. COULER LE BOUTON , ( Man.) voyez BOUTON: Le maître d'académie dit quelquefois à l’écolier , quand 1l galoppe autour du manege, cow/ez, coudez ; ce qui veut dire, #e rerenez pas tant votre chevel; 6 allez un peu plus vite. Ua chéval qui coule au galop, eft celui qui va au galop uri, ou qui avance. Poyez GaALop. | COULERESSE , adj. £ pris {ubif. ex termes de Ra- fineur, ele un grand baffin demi-circulaire, perce de trous d’un demi-pouce de diametre, & garni de deux mains de fer qui le foûtiennent fur un brancard ex- près, I doit y en avoir deux, l’un à pañler la terre, x l’autre le {ucre. Foyez TERRE & PASSER, | COULETAGE., {. m. (Jurifpr.) dans la coûtume de Lille paroït être fynonyme de courtage ; l’article 66 de cette coûtume dit que pour venditions , droit de couletape n’elt dù. M. de Ragneau en fon gloffaire, prétend que ce droit eft la même chofe que celui de sonlieu , de maille, & de vendition ; que c’eft une col- lefte d’un demier ou obole qui fe perçoit en quelques _ lieux fur toutes les marchandiies que l’on vend & achete , enforte que coulerage {eroit dit par corrup- tion de col/etfage ou collette, Voyez ci-après COULE- TIER MGalland , du franc-aleu , pag. So. derniere édi- &on ; Cujas, obferv. Liv. XV, cap. xxüy. (A) COULETIER o4 COULTIER , f. m. (Jurifprud.) à Lalle fignifie courcisr, Voyez ci-devant COULETAGE. A = COULETTE , f. f, (Rubannier.) c’eft une petite broche de fer menue & courte, emmanchée le plus fouvent dans un vieux rochet qui ne pouvoit plus fervir, ou dans quelque autre manche. La couerre fert à metite dans un rochet de foie ou fil, que l’on veut furvuider fut un autre. Ce rochet peut tourner fur la coulerte à mefure qu'il fe déroule ; on la tient _ droite dans la main gauche , pendant que la main droite fait tourner le rochet fur lequel on devide. COULEUR , f. f. (Phyfca.) fuivant les Phyficiens eft une proprièté de la lumiere, par laquelle elle produit , felon les différentes configurations &c vi- tefles de fes particules, des vibrations dans le nerf optique , qui étant propagées jufqu’au /érforium , affectent l’ame de différentes fenfations. Voyez Lu- MIERE. La couleur peut être encore définie une fenfation de l’ame excitée par l’aétion de la lumiere fur la re- tine, & différente fuivant le degré de réfrangibilité de la lumiere &c la viteffe ou la grandeur de {es par- ties. Voyéz SENSATION. | On trouvera les propriétés de la lumiere à l’arricle LUMIERE. Le mot couleur , à proprement parler, peut être envifagé de quatre manieres différentes ; ou en tant qu’il défigne une difpofition & affetion particuliere de la lumiere, c’eft-à-dire des corpufcules qui la con- flituent ; ou en tant qu'il défigne une difpofñtion par- ticuhiere des corps phyfiques , à nous affeéter de telle ou telle efpece de lumiere ; ou en tant qu'il défigne l'ébranlement produit dans l’organe par tels ou tels corpufcules lumineux ; ou en tant enfin qu'il mar- que la fenfation particuliere qui eft la fuite de cet ébranlement. C'eft dans ce dernier fens que le mot coeur fe prend ordinairement ; & 1l efttrès-évident que le mot couleur pris en ce fens, ne défigne aucune propriété du corps, mais feulement une modification de notre ame; que la blancheur, par exemple, la rougeur, &c. nexiftent que dans nous , & nullement dans les corps auxquels nous les rapportons néanmoins par une habitude prife dès notre enfance : c'eft une cho- Couter, {e dit particulierement du verjus, du CU 377 fe très - finguhiere & digné dé Pattention des Méta phyfciens , que ce penchant que nous avons À rap: porter à une fubflarice matérielle & divifible ce qui appartient réellement à une fübflance fpirituélle & fimple; & riénn’eft peut-être plus extraordinaire dans les opérations de notre ame, que de la voittranfporter hors d'elle-même & étendre pour ainfi dire fes fen: fations fur une fubftance à laquelle elles ne peuvent appartenir. Quoi qu'il en foit, nous n’envif#erons guere dans cet article le ot co/eur, entant qu’il dé- figne une fenfation de notre ame. Tout ce que nous pourfions dire fur cet article, dépend des lois de l’u- mon de lame & du corps, qui nous font inconnues, Nous dirons feulement deux mots fur une queftion que plufieurs philofophes ont propolée, favoir fi tous les hommes voyent le mêmé objet de la même couleur, Il y a apparence qu’oùi ; ceperidant on ne démon- frera jamais que ce que j'appelle rouge, ne foit pas verd pour un autre, Il eff au refte afler vraiffembla: ble que le même objet ne patoît pas à tous les home CS . - mes d'une couleur également vive, comme il eft aflez vraiflemblable que le même objet ne paroïît pas également grand à tous les hommes. Cela vient de ée que nos organes, fans différer beaucoup entré eux, Ont néanmoins un certain degré de différencé dans leur force, leur fenfbilité, 6e. Mais en voilà aflez fur cet article : vénons À la couleñr en tant qu'# elle eft une propriété de la lumiere & des corps qui la renvoyent. - Il y a de grandes différences d’opinions für les cow- leurs entre les anciens & les modernes, & même en: tre les différentes feêtes des Philofophes d’atijout- d'hu. Suivant l’opinion d’Ariftote, qui étoit celle qu'on fuivoit autrefois, on regardoit la couleur com: me une qualité réfidante dans les corps colorés, & indépendante de la lumicre. Voyez QUALITÉ. Les Cartéfiens n’ont point été farisfaits de cette définition ; ils ont dit que puifque le corps coloté n’é- toit pas immédiatement appliqué à l'organe de la vüe pour produire la fenfation de la couleur ; & qu'aucun corps ne fauroit agit fur nos fens que pat un conta@ immédiat ; il falloit donc que les corps colorés ne contribuaflent à la fenfation de la couleur , que par le moyen de quelque milieu, lequel étant mis en mouvement par leur aétion , tranfmettoit cette ac- tion jufqu’à l'organe de la vüe, Ils ajoûtent que puifque les corps r’affettent point l'organe de la vüe dans l’obfcurité , il faut que le fen- timent de la coeur foit feulement occafionné par la lumiere qui met l’organe en mouvement, & que les corps colorés ne doivent être confidérés que comme des corps qui réfléchiffent la lumiere avec certaines modifications : la différence des couleurs venant dé la différente texture des parties des corps qui les rend propres à donner telle où telle modification à la lue micre. Mais c’eft fur-tout à M. Newton que nous devons la vraie théorie des coweurs, celle qui eft fondée fur des expériences füres | & qui donne l’ex: plication de tous les phénomenes. Voici en quoi confifte cette théorie. L'expérience fait juger que les rayons de lüimiere font compofés de particules dont les mafes font di£ -férentes entre elles ; du moins quelques-unes de ces - païties, comme on ne fauroit guère en douter, ont beauiconp plus de vîteffe que les autres ? car lorf: que l’on reçoit dans une chambre obfcure un rayon de flumiere F Æ (PL d'Oprig. fig, 5.) fut une furface réfringente 4 D , ce rayon ne fe réfrafte pas entiez rement en L, mais il fe divife & fe répand pour ainfi dire en plufeurs autres rayons, dont les uns font ré- fraëtés en L, &r les autres depuis L jufqu’en & ; enfor- te que les particules qui ont Le moins de vitefle, font celles que l’action de la furface séfringente détout= ne le plus facilement de leur chemin réiligne porté [RS 328 COU aller vers L, 8c que les autres, à mefure qu’elles ont -plus de vîteffe, fe détournent moins, & paflent plus près de G. Voyez RÉFRANGIBILITÉ. De plus, les rayons de lumiere qui different le plus en réfrangibihité les uns des autres , {ont auffi ceux qui different le plus en cou/eur ; c’eft une vérité reconnue par une infinité d'expériences. Les parti- cules les plus réfratées, par exemple, font celles qui forment les rayons violets ) &c cela , felon toute apparence , à caufe que ces particules ayant le moins de vîtefle, font aufli celles qui ébranlent le moins la rétine , y excitent les moindres vibrations, & nous affetent par conféquent de la fenfation de cou/eur la moins forte &c la moins vive, telle qu’eft le violet. Au contraire les particules qui fe réfraétent le moins, conftituent les rayons de la couleur rouge ; parce que ces particules ayant le plus de vitefle, frappent la ré- tine avec le plus de force, excitent les vibrations les plus fenfibles, & nous affectent de la fenfation de couleur la plus vive, telle qu’eft la couleur rouge. Voyez ROUGE. Les autres particules étant féparées de la même maniere, & agiflant fuivant leurs vitefles refpe&ti- ves, produiront par les différentes vibrations qu’el- les exciteroft, les différentes fenfations des couleurs intermédiaires, ainfi que les particules de l’air exci- tent fuivant leurs différentes vibrations refpettives les différentes fenfations des fons. Voyez ViBRA- TIONS. IL faut ajoûter à cela que non - feulement les cou- deurs les plus diftinétes les unes des autres, telles que le rouge, le jaune, le bleu, doivent leur origine à la différente réfrangibilité des rayons ; mais qu'il en eft de même des différens degrés & nuances de la même couleur, telles que celles qui font entre le jaune & le verd, entre le rouge & le jaune, &c. De plus, les couleurs des rayons ainfi féparés ne peuvent pas être regardées comme de fimples modif- cations accidentelles de ces rayons, mais comme des propriétés qui leur font néceflairement attachées, & qui confiitent,fuivanttoutesles apparences, dans la vîtefle & la grandeur de leurs parties; elles doivent donc être immuables & inféparables de ces rayons, c’eft-à-dire que ces couleurs ne fauroient s’altérer par aucune réfraétion ou réflexion. Or c’eft ce que l'expérience confirme d’une ma- niere fenfible ; car quelqu’effort qu’on ait fait pour féparer par de nouvelles réfraétions un rayon coloré quelconque donné par le prifme, on n’a pas pù y réufür. Il eft vrai qu’on fait quelquefois des décom- pofitions apparentes de couleurs, mais ce n’eft que des couleurs qu’on a formées en réuniffant des rayons de différentes couleurs ; & 1l n’eft pas étonnant alors que la réfraétion fafle retrouver les rayons qu’on avoit employés pour former cette couleur. De-là 1l s’enfuit que toutes les tranfmutations de couleurs qu’on produit par le mélange de couleurs de différentes efpeces, ne font pas réelles, mais de fim- ples apparences, ou des erreurs de la vûe, puifque auffi-tôt qu'on fépare les rayons de ces couleurs, on a les mêmes couleurs qu'auparavant: c’eft ainfi que des poudres bleues & des poudres jaunes étant mê- lées, paroiflent à la vüe fimple former du verd; &. que fans leur donner aucune altération, on diftingue facilement , à l’aide d’un microfcope , les parties bleues d'avec les jaunes. On peut donc dire qu'il y a deux fortes de coz- deurs ; les unes primitives, originaires & fimples, pro- duites par la lumiere homogene , ou par les rayons qui ont le même degré de réfrangibilité , & qui font compofés de parties de même vitefle & mafñfe, telles que le rouge, l’orangé, le jaune, le verd , le bleu, l’indigo, le violet, & leurs nuances ; les autres /écoz- daires ou hétérog@ies , compoiées des prenueres, donnent le rouge ; ceux qui donnent le verd, où du Mélange des rayons de différente réfrangibi< lité. | | On peut produire par la voie de la compoftion j des couleurs fecondaires , femblables aux couleurs pri mitives , quant au ton ou à la nuance de la couleurs mais non par rapport à la permanence ou à l’immus tabilité. On forme de cette maniere du verd avec du bleu & du jaune, de l’orangé avec du rouge & du jaune, du jaune avec de l’oïangé & du verd jaunà- tre; & en général avec deux couleurs qui ne font pas éloignées l’une de l’autre dans la fuite des couleurs données parle prifme, on parvient affez facilement à faire les couleñrs intermédiaires. Il faut favoir auffi que plus une couleur eft compofée , moins elle eff vive & parfaite ; & qu’en la compofant de plus en plus, on parvient jufqu’à l’éteindre entierement. Par le moyen de la compoñition on peut parveni£ aufli à former des couleurs qui ne refflemblent à au- cune de celles de la lumiere homogene. .Mais l'effet le plus fingulier que peut donner la compofition des couleurs primitives , c’eft de produire le blanc; 1lfe forme en employant à un certain degré des rayons de toutes les couleurs primitives: c’eft ce qui fait que la couleur ordinaire de la lumiere eft le blanc, à caufe qu’elle n’eft autre chofe que laflemblage des lumieres de toutes les couleurs mêlées & confondues enfemble. Woyez BLANCHEUR, La réfraétion que donne une feule furface#éfrin- gente, produit la féparation de la lumiere en rayons de différentes couleurs; mais cette féparation devient beaucoup plus confidérable, & frappe d’une ma niere tout-à-fait fenfible, lorfqu’on employe la dou- ble réfration caufée par les deux furfaces d’un prif- me ou d’un morceau de verre quelconque, pourvit que ces deux furfaces ne foient pas paralleles. Com- me les expériences que l’on fait avec le prifme, font la bafe de toute la théorie des couleurs, nous allons en donner un précis. 1°. Les rayons du foleïl traverfant un prifme triangulaire, donnent fur la muraille oppofée une image de différentes couleurs, dont les principales font le rouge, le jaune, le verd, le bleu, &le violet. La raifon en eft que les rayons différemment colorés, font féparés les uns des autres par la réfraétion ; car les bleus, par exemple , marqués PZ. d'Opr. fig. G. par une ligne pon@uée, après s'être féparés des au- tres en dd, par la premiere réfra@ion occafonnée par le côté ca du prifme 2bc (ou par la premmere furface du globe d’eau a bc, fig. 7.), viennent à s’en écarter encore davantage en e e par la réfraétion du même fens, que produit l’autre côté du prifme (ou la feconde furface du globe 44 c): 1l arrive au con- traire dans le verre plan « cf, figure 9. (ou fur le prifme g lo, fig. 8, placé dans une autre fituation) , que les mêmes rayons bleus qui avoient commencé à fe féparer par la premiere furface en dd , deviennent, par une feconde réfraction, paralleles à leur pre- miete direttion, & fe remêlent par conféquent avec les autres rayons. . | 2°. L’image colorée n’eft pas ronde, mais oblon- gue , fa longueur étant environ cinq fois {a largeur, lorfque l’angle du prifme eft d'environ 6o ou 6 de- grés. La raïon en eft que cette image eft compofée. de toutes les images particulieres que donne chaque efpece différente de rayons, & qui fe trouvent pla- cées les unes au-deflus des autres , fuivant la force de la réfrangibilité de ces rayons. - 3°. Les rayons qui donnent le jaune , font plus détournés de leur chemin rettiligne que ceux je us que ceux qui donnent le jaune, & ainfi de fuite juf- qu’à ceux qui donnent le violet. En conféquence de ce principe, f. on fait tourner autour de fon axe le prifme fur lequel tombent les rayons du foleil, de maniere C OU maniere que le rouge, le jaune, 6c. tombent fuc- _ceffivement für un autre prifme fixe placé à une cer- - fainé diftance du premier, comme douze piés, par exemple; & que les rayons de ces différentes cou- leurs ayent auparavant pañlé lun après l’autre par une ouverture placée entre/les deux prifmes ; les rayons rompus que donneront ces différens rayons, ne fe projetteront pas tous à lamême place, mais les uns au-deflus des autres. re Cette expérience fimple & néanmoins décifive , eft celle par laquelle M. Newton leva toutes les dificultés dans lefquelles les premieres l’avoient jetté, & qui l’a entierement convaincu de la cor- refpondance qui eft entre la coleur &la réfrangibi- lité des rayons de lumiere. | 4°. Les couleurs des rayons féparés par le prifme, ne faurotent changer de nature ni fe détruire, quoi- que ces rayons paflent par un milieu éclairé, qu'ils fe croifent les uns les autres, qu'ils fe trouvent voi- fins d’une ombre épaifle, qu'ils foient réfléchis , ou rompus d’une mamere quelconque ; d’où l’on voit ue les couleurs ne font pas des modifications dües à la réfralion ou à la réflexion, mais dés propriétés immuables & attachées à la nature des rayons, _ 5°. Si par lé moyen d’un verre lenticulaire ou d’un miroir concave on vient à réunir tous les difé- rens rayons colorés que donne le prifme, on forme le blanc; cependant ces mêmes rayons qui, tous raflemblés, ont formé le blanc, donnent après leur réunion, c’elt-à-dire au-delà du point où ils fe croi- ent, les mêmes coxleurs que celles qu'ils donnoïent en fortant du prifme, mais dans un ordre renverlé, à caufe du croifement des rayons. La raifon en eft claire; car le rayon étant blanc avant d’être féparé par le moyen du prifme, doit l'être encore par la réunion de fes parties que la réfraétion avoit écartées les unes des autres, & cette réunion ne peut en au- cune mamere tendre à détruire ou à altérer la nature des rayons. De même fi on mêle dans une certaine proportion de la couleur rouge avec du jaune , du verd, du bleu &c du violet, on formera une couleur compofée qui fera blanchâtre ( c’eft-à-dire à-peu-près femblable à celle qu’on forme en mêlant du blanc & du noir ) & Qui feroit entierement blanche , s’il ne fe perdoit &c ne s’abforboit pas quelques rayons. On forme en- core une couleur approchante du blanc, en teignant un rond de papier de différentes couleurs, 8c en le faifant tourner aflez rapidement pour qu’on ñe que pas diflinguer aucune des couleurs en particu- ler. . 6°, Si on fait tomber fort obliquément les rayons ‘du folcil für la furface intérieure d’un prifme, les rayons violets fe réfléchiront, & les rougés feront tranfmis : Ce qui vient de ce que les-rayons qui ont Le plus de réfrangibilité, font ceux qui fe réfléchif- fent le plus facilement. _ 7°. Si on remplit deux prifmes creux, l’un d’une liqueur bleue , l'autre d’une liqueur rouge, & qu’on appliqué ces deux prifmes l’un contre l’autre, ils deviendront opaques , quoique chacun d’eux pris feul, foit PAR , parce que l’un d’eux ne laif- fant pañler que les rayons rouges , & l’autre que les rayons bleus , 1ls n’en doivent laïffer pafler aucun lorfqu’on les joint enfemble. | 8°. Tous les corps naturels , mais principalement ceux quu font blancs, étant resgardés au-travérs d’un prifme, paroïffent comme bordés d’un côté de rouge êt de jaune , & de l’äutre de bordures bleues & vio- lettes ; car ces bordures ne font autre chofe que les extrémités d'autant d'images de l’objet entier, qu’il y a de différentes couleurs dans la lumiere, & qui ne tombent pas toutes dans le même lieu, à çaule des différentes réfrangibilités des rayons, Tome IF, | COU 329 9°. Si deux prifmes font placés de maniere que le rouge de l’un &e le violet de l’autre tombent fur un même papier, l’image paroïträ pâle ; maïs fi on la regarde au-travers d'un troifieme prifme, en tenant l'œil à une diffance convenable, elle paroîtra dou- ble, l’une rouge, l’autre violette. De même fi ôn mêle deux poudtes; dont l’une foit parfaitement rouge, & l’autre parfaitement bleue , & qu’on cou- vre de ce mélange un corps de peu d’étendue, cé corps regardé au-travers d’uñ prifme , aura deux images , l’une rouge, l’autre bleue, . 10°. Lorfque les rayons qui traverfent une Îen« tile convexe, font reçûs fur un papier avant qu'ils {oient réunis au foyer, les bords de la lumiere pa roïtront rougeâtres ; mais fi on reçoit Ces rayons apres la réunion , les bords paroîtront bleus : car Les rayons rouges étant lés moins réfra@tés, doivent être réunis le plus loin, & par conféquent être les plus près du bord , lorfqu’on place le papier avant le foyer; au lieu qu'après le foyer, c’eft au contraire les rayons bleus réuris les premiérs, qui doivent alors renfermer les autres , &c être vers les bords. . L'image colorée du foleil, que Newton appelle Ze- Jpecire folaire , n’offre à la premiére vüe que CiQ Cou= leurs, violet, bleu, verd, jaune & 1Ouge ; inais ën retrécifant l’image, pour rendre les couleurs plus tranchantes & plus diftinétes, on voit très-bien les {ept, rouge , orangé , jaune, vVerd, bleu, indigo y violet, M. de Buffon (mém. acad, 1743) dit même en avoir diftingué dix-huit ou vingt ; cependant il n’y en a que fept primitives, par la raïfon qu’en divifant le fpeëtre, fuivant la proportionde Newton , en fept efpaces, les fept couleurs {ont inaltérables par le prif- me; & qu'en le divifarit en plus de fept ; les cou« leurs voifines font de la même nature. ; L’étendue proportionnelle de ces fept intervalles de couleurs , répond affez juite à l’étendue propor- tionnelle des fept tons de la Mufque : c’eft un phé- nomene fingulier ; mais il faut bien fe garder d’en conclure qu'il y ait aucune analogie entre lés fenfa- tions des couleurs & cellés des tons: car nos fenfa- tions n’ont rien de femblable aux objets qui lés cau- fent. Voyez SENSATION, TON, CLAVECIN OCU- LAIRE, GC: , | < M. de Buffon , dans lé mémoïre que nous venons de citer, compte trois manieres dont la nature pro duit les couleurs ; la réfraion , l’inflexion, & la ré- flexion. Voyez ces mots. Voyez aufft DIFFRACTION, Couleurs des larñes minces. Le phénomene de la fé- paration des rayons de différentes coleurs que don- ne la féfraétion du prifme & dés autres corps d’une certaine épaïfleur , peut encore être conftaté par le moyen des plaques ou lames minces , tranfparerites comme les bulles qui s’élevent fur la furface de l’eau de favon; car toutes ces petites lames à un certain degré d’épafleur tranfmettent les rayons de toutes les couleurs, fans en réfléchir aucune ; mais en aug- mentant d'épaifleur, elles commencent à réfléchir Premierement les rayons bleus , & fucceflivement après, les verds, les jaunes & les rouges tous purs £ par de nouvelles augmentations d’épaifleur , elles fourniflent encore des rayons bleus, verds, jaunes &c rouges , mais un peu plus mêlés Les uns avec les autres ; & erifin elles viennent à réfléchir tous ces rayons fi bién mêlés enfemble , qu'il s’en forme le blanc. | Mais il eft à remarquer que dans quelqu’endroit d’une lame mince que fe fafle la réflexion d’une coz leur, telle que le bleu, pat exemple, il fe fera au même endroit une tranfmifion de la coxleur oppo- fée, qui fera en ce cas du le rouge oule jaune. , On trouve par expérience, que la différence de éouleur qu’une plaque donné, ne dépend pas du mi- lieu qui l'environne , mais feulement la ao de LA 330 CC CUS cette couleur. Toutes chofes égales la couleur fera plus vive, f le milieu le plus denfe eft environné pay le plus rare. Re Une plaque, toutés chofes égales, réfléchira d au- tant plus de lumiere, qu’elle fera plus mince juiqu à un certain degré, pat-delà lequel elle ne réfléchira plus aucune lumiere. Er De D ; Dans les plaques dont lépaifleur augmente fui- vant la progreflion des nombres naturels Lo 25 3 49 5 6,7, Ge. fi les premueres, € eft-à-dire les plus minces, réfléchiffent un rayon de lumiere homoge- ne, la feconde le tranfmettra ; la troifieme le réflé- chira de nouveau, & ainf de fuite ; enforte que les plaques de rangs impairs, 1, 3, $, 7, G'c. réfléchi- ront les mêmes rayons , que ceux que leurs corref- pondantes en rangs pairs, 2, 4, 6, 8, Ge. laifle- ront pafler. De-là une couleur homogene donnée par une plaque, eft dite du premier ordre, fi la plaque réfléchit tous les rayons de cette couleur, Dans une plaque trois fois plus mince, la couleur eft dite dx fécond ordre. Dans une autre d’épaiffeur cinq fois moindre, la couleur fera du troifieme ordre, êcc. Une couleur du premier ordre eft la plus vive de toutes, & fucceflivement la vivacité de la couleur augmente avec l’ordre de la couleur. Plus l'épaifeur de la plaque éft augmentée, plus il y a de couleurs réfléchies & de différens ordres. Dans quelques cas la couleur variera, fuivant la pofition de l'œil ; dans d’autres elle fera permanente. Cette théorie fur la couleur des lames minces , et ce que M. Newton appelle dans fon Optique, la théorie des accès de facile réflexion 6 de facile tranfrif- Jcon ; & il faut avoñer que toute ingénieufe qu'elle eft, elle n’a pas à beaucoup près tout ce qu'il faut pour convaincre & fatisfaire entierement l’efprit. Il faut ici s’entenir aux fimples faits, & attendre pour en connoître ou en chercher les caufes, que nous foyons plus inftruits fur [a nature de la lumiere & des corps, c’eft-à-dire attendre fort long-tems, & peut-être toüjours. Quoi qu'il en foit, voici quel- ques expériences réfultantes des faits qui fervent de bafe à cette théorie. Anneaux colorés des verres. Sion met l’un fur Pau- tre deux verres obje&ifs de fort grandes fpheres , Vair qui fe trouve entre ces deux verres, forme comme un difque mince, dont l’épaifleur n’eft pas la même par-tout : or au point de contaét l’épaifleur eft zéro, & on voit le noir en cet endroit ; enfuite on voit autour plufeurs anneaux différemment co- lorés, & féparés les uns des autres par un anneau blanc. Voici l’ordre des couleurs de ces anneaux, à commencer par la tache noire du centre : Noir, bleu, blanc, jaune, rouge, Violet, bleu, verd, jaune, rouge, Pourpre, bleu, verd, jaune, rouge Verd, rouge. Ïl y a encore d’autres anneaux, mais ils vont toù- jours en s’affoibliffant, En regardant les verres par-deflous, on verra des couleurs aux endroits où les anneaux paroïfloient fe- parés, & ces couleurs feront dans un autre ordre. Voyez Muffchenbroek, Ef. de Phyf. $. 1134 € fuiv. On explique par-là les couleurs changeantes qu’on obferve aux bulles de favon , felon que lépaifleur de ces bulles eft plus ou moins grande. Couleurs des corps naturels. Les corps ne paroïffent de telle ou telle cozleur, qu'autant qu'ils ne réflé- chiffent que les rayons de cette couleur, ou qu’ils ré- fléchiflent plus de rayons de cette couleur que des autres ; ou plütôt ils paroïflent de la couleur qui ré- fulte du mélange des rayons qu'ils réfléchiffent. Voyez Corps. Tous les corps naturels font compofés de petites lames minces , tranfparentes ; & lorfque ces petites lames feront difpofées les unes à l’égard des autres, de maniere qu'il n’y auta ni réfraétion ni réflexion entrée leurs interftices , les corps feront tranfparens : mais fi les interftices qui font entre ces lames, font remplis de matiere fi hétérogene par rapport À cellé des lames elles-mêmes , qu'il fe fafle beaucoup de féfraétions & de réflexions dans l’intérieur du corps, ce corps fera alors opaque, Voyez TRANSPARENCE & OPACITÉ. | Les rayons qui ñé font pas réfléchis par ün corps opaque , pénetrent au -dedans de ce corps, & y foufirent une quantité innombrable de réfraéions & de réflexions , jufqu’à ce qu’enfin ils s’unifent aveë les particules de ce corps. + |: De-là il fuit que les corps opaques s’échauffent d'autant moins , qu'ils réfléchiffent plus de lumiere : aufh voyons-nous que les corps blancs, qui font ceux qui réfléchiflent le plus de rayons, s’échauffent beaucoup moins que les corps noirs, qui n’en réflé- chiffent prefque point. Voyez CHALEUR, Norr. Pour déterminer la conftitution de la furface des corps, d’où dépend leur couleur, il faut confidérer que les corpufcules ou premieres parties dont ces furfaces font compofées , font très-minces & tranf- parentes ; de plus, qu’elles font féparées par un mi- leu qui differe d’elles en denfité. On peut donc re- garder la furface de chaque corps coloré, comme un nombre infini de petites lames , dans le cas de celles dont nous venons de parler, & auxquelles on peut appliquer tout ce qu’on a dit à cette occa- ion. | De-là il fuit que la couleur d’uri corps dépend de la denfité & de l’épaifleur des particules de ce corps, tenfermées entre {és pores : que la couleur eft d’au- tant plus vive & plus homogene, que ces parties font plus minces ; & que, toutes chofes égales, ces parties doivent être les plus épaifles dans les corps rouges, & les plus minces däns les violets : qu’or- dinairement les particules des corps font plus denfes que celles du milieu qui remplit leurs interftices ; mais que dans les queues de paons, dans quelques étoffes de foie, & dans tous les corps dont la cou- leur dépend de la fituation de l’œil, la denfité des parties eft moindre que celle du milieu ; & qu’en général la couleur d’un corps eft d’autant moins vive, qu'il eft plus rare par rapport au milieu que’ renfer- ment fes pores. De plus, céux des différens corps opaques dont les lamelles font les plus minces, font ceux qui pa- roïffent noirs, & les corps blancs font ceux qui font compoiés des lamelles les plus: épaifles, ou de la- melles qui different confidérablement en épaïfleur, & font par conféquent propres à réfléchir toutes for- tes de couleurs. Les corps dont les lamelles feront d’une épaifleur moyenne entre ces premieres, {es ront ou bleus, ou verds, ou jaunes, ou rouges, fui- vant celle de ces couleurs qu'ils réfléchiront en plus grande quantité, abforbant les autres, ou les laif- fant pañler. | C’eft cette derniere circonftance de renvoyer ou de laïffer paffer les rayons de telle ou telle couleur, qui fait que certaines liqueurs, telles par exemple que celle de l’infufion de bois néphrétique, paroif- fent rouges ou jaunes par la réflexion de la lumiere, 8 qu’elles paroïffent bleues lorfqu’on les place en- tre l'œil & la lumiere. Il en eft de même des feuilles d’or, qui font jaunes dans le premier cas, & bleues dans le fecond. On peut encore ajoûter à cela que le changement de couleur qui arrive à quelques poudres employées par les Peintres , lorfqw’elles font broyées extrème- ment fin, vient fans doute de la diminution fenfble des parties de ces corps produite par Le broyement, 6 OU de même que le changement de couleur des lamelles eft produit par celui de leur éparfleur. Enfin ce phénomene fi fingulier du mêlange des liqueurs d’où réfultent différentes couleurs, ne fau- roit#venir d’une autre caufe que des différentes ac- tions des corpufcules falins d’une liqueur, fur les corpufcules qui conftituent la couleur d’une autre liqueur : fi ces corpufcules s’uniflent, leurs mañfes en feront ou retrécies ou allongées , & leur denfité par conféquent en fera altérée; s'ils fermentent, la grandeur des particules fera diminuée, & par con- féquent les liqueurs colorées deviendront tranfpa- rentes ; fielles fe coagulent , une liqueur opaque fe- ra le réfultat de deux couleurs tranfparentes. On voit encore aifément par les mêmes principes, pourquoi une liqueur colorée étant verfée dans un verre conique placé entre l’œil & la lumiere, pa- roît de différentes couleurs dans les différens endroits du verre où l’on la regarde : car fuivant que la fec- tion du verre fera plus éloignée du bas ou de la pointe, il y aura plus de rayons interceptés ; & dans le haut du verre, c’eft-à-dire à la bafe du cone, tous les rayons feront interceptés, & on n’en ap- percevra aucun que par la réflexion. M.Nevwton prétend qu’on peut déduire l’épaiffeur des parties compofantes des corps naturels de la coz- leur de ces corps; car les particules des corps doi- vent donner les mêmes couleurs que les lamelles de même épaifleur , pourvû que la denfité foit aufli la même. Toute cette théorie eft conjetturale. Quant aux propriétés particulieres de chaque cow- leur, voyez NOIR, BLANC, BLEU, &c. voyez auffr ARC-EN-CIEL. Couleurs qui réfultent du mélange de différentes li- queurs, ou de l’arrangement de diffèrens corps. Lor{- qu’on fait infufer pendant un court efpace de tems des rofes rouges avec de l’eau-de-vie , & qu’on verfe fur cette infufñon encore blanche quelqu’efprit acide de fel, comme lefprit de vitriol , de foufre, de fel marin, de nitre, ou de l’eau-forte, mais en fi petite quantité qu'on ne puifle même y remarquer l'acide, Finfufon blanche deviendra d’abord d’un beau rou- ge-couleur-de-rofe. Si on verle fur cette teinture rouge quelque fel alkali diffous , comme de la lefive de potafle , ou de l’efprit de fel ammoniac, elle fe chargera en un beau verd : mais fi on verfe fur l’in- fufion de rofes-du vitriol diflous dans de l’eau , il en naîtra d’abord une teinture noire comme de lencre. Mufñch. eff. de Phyf. Si on fait infufer pendant peu de tems des noix de gale dans l’eau, enforte que cette infufon de- meure blanche, & qu’on y verfe du vitriol com- mun, Ou qui ait été calciné au feu jufqu’à ce qu’il - foit devenu blanc, ou qu’on l'ait réduit en colcothar rouge; on aura d’abord une teinture noire. Si on verfe fur cette teinture quelques gouttes d’huile de vitriol ou d’eau-forte , toute la couleur noire difpa- roitra, & la teinture seprendra fon premier éclat. . Mais fi on verfe fur cette liqueur quelques gouttes : de leffive de potaffe , tout ce mêlange deviendra d’a- bord fort noir ; & pour lui faire perdre cette noir- ceur, il fufira de verfer deflus un peu d’efprit acide. Si on met fur du papier d’un bleu obfcur un mor- ceau de papier blanc , qui ait été auparavant légere- ment frotté d’eau-forte , le bleu deviendra roux, & enfuite pâle. La même chofe arrive auffi lorfqu’on a écrit fur du papier bleu avec le phofphore urineux. Si on éclaircit du fyrop violat commun avec de l’eau, & qu’on le verfe dans deux différens verres, le fyrop avec lequel on mêlera une liqueur acide deviendra rouge, & celui auquel on ajoûtera une liqueur alkaline ou du fel, deviendra verd: fi on mêle enfuite enfemble ces deux fyrops ainf changés, on aura un fyrop bleu, fuppofé qu’on ait employé Tome 1F, C OU 331 autant d'acide que d’alkali: mais f l’alkali domine , tout ce mélange fera verd; & fi l'acide s’y trouve _en plus grandequantité, le mélange deviendrarouge. Lorfqu’on verfe un peu de leffive de {el de tartre fur du mercure fublimé diflous dans de l’eau, ce mé- lange devient rouge, épais, & opaque; mais fi on verfe fur ce mêlange un peu d’efprit urineux ou de fel ammoniac , il redevient blanc. Si on diflout auff un peu de vitriol bleu dans une grande quantité d’eau, enforte que le tout refte blanc & tranfparent, & qu'on verfe enfuite dans cette liqueur un peu d’efprit de fel ammoniac, on verra paroitre, après que ce mêlange aura été fait, une belle couleur bleue ; mais f on y verfe un peu d’eau-forte , la couleur bleue difparoîtra fur le champ, & l’eau deviendra claire & blanche: enfin fi l’on y Joint encore de nouvel efprit de fel ammoniac, la couleur bleue reparoîtra de nouveau. Lorfqu'on verfe une infufion de thé-bou fur de l’or diffous dans de l’efprit-de-vin éthéré, il s’y forme une chaux de co- leur jourprée qui fe précipite au fond. Lorfqu’on diffout de l’étain dans de l’eau régale, & qu'après avoir éclairci cette folution avec de l’eau on y verfe quelques gouttes d’or fondu dans de l’eau régale ,on voit paroïtre une belle couleur de pourpre fort agréa- - ble à la vüe. Ceux qui veulent voir un plus grand nombre d'expériences fur le changement des coz- leurs, doivent confulter la chimie de Boerhaave : on peut aufli en trouver d’autres dans l'ouvrage des philofophes de Florence: enfin on ne fera pas mal de confulter encore fur cette matiere les #rarf. philo- Joph. n°.238.<. vj. Mufch. zb:d. L’infufion de noix dé gale verfée fur la folution de vitriol , produit un mêlange dont les parties ab- forbent toute la lumiere qu’elles reçoivent, fans en réfléchir que fort peu ou point du tout ; d’où il arri- ve que cette teinture paroît noire ; mais nous igno= rons quel eft l’arrangement de ces parties : lorfqw’om verfe fur cette teinture quelques gouttes d’eau-forte, elle redevient auffi claire que l’eau, &c la couleur noire difparoît; parce que l’eau-forte attire d’abord à elle avec beaucoup de violence le vitriol qui fe fépare des noix de gale , lefquelles nagent alors dans leur eau comme elles faifoient auparavant, en lu£ laiffant toute fa clarté & fa tranfparence. Dès qu’on verfe enfuite fur ce mêlange quelques gouttes de lef- five de potafle, qui étant un {el alkali agit fortement fur acide, elles attirent fur le champ les parties acides de l’eau-forte, qui de fon côté fe fépare du vitriol qu’elle avoit attiré; de forte que-le vitriok trouve encore par-là le moyen de fe réunir avec les parties des noix de gale, & de produire la même couleur noire qu'auparavant. Les parties de la furface d’un papier d’un bleu- violet, ont une épaifleur &une grandeur détermi- nées; mais aufli-tôt que l’eau-forte les rend plus min- ces, ou qu’elles fe féparent un peu des autres par- ties, 1l faut qu'elles écartent des rayons de lunuere qui ont une couleur différente de celle des premiers, ce qui fait que la couleur bleue fe change. en une couleur roufâtre ; & comme les particules du papier deviennent chaque jour plus minces, & qu’elles font comme rongées par l'humidité de l'air qu fe joint aux patties de l’eau-forte, il faut qu’elles rompent continuellement d’autres rayons colorés, 82-par conféquent qu’elles faffent paroitre le papier d’une autre couleur. FoyeMufch. eff, dePhyfpag. 556. €. fuivantes , d'où ceci ef? extrait, Couleurs accidentelles, font des couleurs qui ne pa- roïffent jamais que lorfque organe eft force, ou qu’il a été trop fortement ébranlé. C’eft ainfi que M: de Buffon, dans un mémoire fort curieux imprimé par- mi ceux de académie des Sciences de 1743 , a nom- mé ces fortes de couleurs, pour les AE des ti 332 C OU couleurs naturelles qui dépendent uniquement des propriétés de la lumiere, &c qui font permanentes , du moins tant que les parties extérieures de l’objet demeurent les mêmes. Perfonne, dit M. de Buffon, n’a fait avant M. Ju- rin d’obfervations fur ce genre de couleurs ; cepen- dant elles tiennent aux couleurs naturelles par plu- fieurs rapports, & voici une fuite de faits aflez fin- guliers qu'il nous expofe fur cette matiere. 1, Lorfqu’on regarde fixement &long-tems une tache où une figure rouge, comme un petit quarré rouge, fur un fond blanc, on voit naître autour de la figure rouge une efpece de couronne d'un verd foible ; & fi on porte l'œil en quelqu’autre endroit du fond blanc, en ceffant de regarder la figure rou- ge, on voit très-diftinétement un quatre d’un verd tendre tirant un peu fur Le bleu. 2. En regardant fixement & long-tems une tache jaune fur un fond blanc, on voit naître autour de la tache une couronne d’un bleu pâle ; & portant fon œil fur un autre endroit du fond blanc, on voit dif- tinétement une tache bleue de la grandeur & de la #- gurée de la tache jaune. 3. En regardant fixement & long-tems une tache Verte fur un fond blanc, on voit autour de la tache verte une couronne blanche légerement pourprée ; & en portant l'œil ailleurs, on voit une tache d’un pourpre pale. 4. En regardant de même une tache bleue fur un fond blanc, on voit autour de la tache bleue une couronne blanchâtre un peu teinte de rouge ; & por- tant l’œil ailleurs, on.voit une tache d’un rouge- pâle. s- En regardant de même avec attention une tache noire fur un fond blanc, on voit naître autour de la tache noire une couronne d’un blanc vif; & por- tant l'œil fur un autre endroit, on voit la figure de la tache exaétement deffinée, & d’un blanc beau- coup plus vif que celui du fond. 6. En regardant fixement & long-tems-un quarré d’un rouge vif fur un fond blanc, on voit d’abord naître la petite couronne d’un verd tendre dont on a parlé ; enfuite en continuant à regarder fixement le quarré rouge, on voit le milieu du quarré fe déco- lorer, & les côtés fe charger de couleur, & former comme un quadre d’un rouge beaucoup plus fort & : beaucoup plus foncé que le milieu : enfuite en s’é- loïgnant un peu & continuant toûjours à regarder f- xement , on voit le quadre de rouge foncé fe partager en deux dans les quatre côtés, & former une croix d’un rouge auff foncé ; le quarré rouge paroït alors comme une fenêtre traverfée dans fon milieu par une groffecroifée & quatre panneaux blancs; car Le quadre de cette efpece de fenêtre eft d’un rouge auffi fort que la croifée. Continuant toûjours à regarder avec opiniâtreté, cette apparence change encore, & tout fe réduit à un retangle d’un rouge fi foncé, fi fort & vif, qu’il offufque entierement les yeux; ce reétangle eft de lammême hauteur que le quarré, mais il n’a pas la fixieme partie de fa largeur. Ce pointeft le dernier degré de fatigue que œil peut fupporter; & lorfqu’enfin on détourne l’œil de cet objet, & qu’on le porte furun autre endroit du fond blanc, on voit au lieu du quarré rouge réel l’image du retangle rouge imaginaire exaétement defliné, & d'une couleur verte. brillante. Cette impreffion fubfifte fort long-tems, ne fe décolore que peu-à- peu , & refte dans l'œil même après qu'ileft fermé. Ce que l’on vient de dire du quarré rougearrive auffi loriqu’on regarde un quarré jaune où now, ou de toute autre couleur; on voit de même le:quadre jau- ne ou noir, la croix êt'le redtangle; & l'impreflion qui refte eft un reétangle bleu, f on a regardé du jaune, un reétangle blanc brillant, f. on a regardé un quarré noir, &c. -7- Perfonne n’ignore qu'après avoir regardé Le fo- leil, on porte quelquefois très-long-tems l’image de cet aftre fur tous les objets. Ces images colorées du foleil font du même genre que celles que nous ve- nons de décrite. | 8. Les ombres des corps qui par leur effence doi- vent être noires, puifqw’elles ne font que la priva- tion de la lumiere, font toüjours colorées au lever & au coucher du foleil. Voici les obfervations que M. de Buffon dit avoir faites fur ce fujet. Nous rap- porterons fes propres paroles, « Au mois de Jiullet 1743 , comme j'étois occupé » de mes couleurs accidentelles, 8 que je cherchois » à voir le foleil, dont l’œil foûtient mieux la‘ lu- » miere à fon coucher qu’à toute autre heure du » jour, pour reconnoître enfuite les couleurs & les » changemens de couleur caufés par cetteimpreflon, » je remarquai que les ombres des arbres qui tom- # boient fur une muraille blanche étoient vertes; » j’étois dans un lieu élevé, & le foleil fe couchoit » dans une gorge de montagne, enforte qu’il me pa- » roufioit fort abaïffé au-deflous de mon horifon; le » ciel étoit ferein, à l’exception du couchant, qui » quoiqu'exempt de nuages, étoit chargé d’un ri » deau tranfpärent de vapeurs d’un jaune rougeâtre ; » le foleil lui-même étoit fort rouge, & fa grandeur » apparente au moins quadruple de ce qu’elle eft à » midi: je vis donc très - diftinétement les ombres » des arbres qui étoient à vingt ou trente piés de l4 » muraille blanche, colorées d’un verdtendre tirant » un peu fur le bleu ; l’ombre d’un treillage qui étoit » à trois piés de la muraille, étoit parfaitement defi- » née fur cette muraille, comme fi on l’avoit nou- » vellement peinte en verd-de-gris : cette apparence » dura près de cinq minutes, après quoi la couleur » S’affoiblit avec la lumiere du foleil, & ne difparut » entierement qu'avec les ombres. Le lendemain au » lever du foleil, j’allai regarder d’autres ombres fur » une autre muraille blanche ; mais au lieu de les » trouver vertes comme je m'y attendois, jeles trou= » vai bleues, ou plütôt de la couleur de lindigo le » plus vif: le ciel étoit ferein, & il n’y avoit qu’un » petit rideau de vapeurs jaunâtres au levant ; Le fo- » leil fe levoit fur une colline, enforte qu'il me pa- » roifloit élevé au-deflus de mon horifon; les om- » bres bleues ne durerent que trois minutes, après » quoi elles me parurent noires : le même jour je re= » vis au coucher du foleil lesombres vertes, comme » je les avois vües la veille. Six jours fe paflerent en- » fuite fans pouvoir obferver les ombres au coucher » du foleil, parce qu’il étoit toüjours couvert de nua- » ges : le feptieme jour je vis le foleil à fon coucher; » les ombres n’étoient plus vertes, mais d’un beau » bleu d’azur; je remarquai que les vapeurs n’é- » toient pas fort abondantes, & que le foleil ayant » avancé pendant feptjours, fe couchoit derriere un » rocher qui Le faifoit difparoître avant qu’il pût s’a- » baifer au-deflous de mon horifon. Depuis ce téms » jai très-fouvent obfervé les ombres, foit au lever » {oit au coucher du foleil, & je ne les ai vües que » bleues, quelquefois d’un bleu fort vif, d’autres » fois d’un bleu pâle, d’un bleu forcé; mais conf 5 tamment bleues , & tous les jours bleues ». (0) Couleurs pallantes ,nom que quelques auteurs don: nent aux couleurs qui fe déchargent ou ne font pas de longue durée , comme celles de arc-en-ciel, des nuagesavant ou après le coucher du foleil, é*c. Voyez CouLEUR, &c. Les couleurs paflantes {ont la même chole que cel- les qu'on appelle couleurs fantafliques où emphatiques, &c n dit d’une piece de drap que Ja couleur eft paf Jante, pour dire qu’elle change promptement &rfe flétrit à Pair. Chambers. * COULEUR , dans es Arts. Les artiftes qui font le plus grand ufage des couleurs, font les Peintres, les Teinturiers & les Vernifleurs. Les Peintres les appliquent oudur la toile, ou fur le bois, ou fur le verre, ou fur les autres corps tranfparens ; ou fur l’ivoire, ou fur d’autres corps folides & opaques ; ou fur l'émail, ou fur la porcelaine, ou fur la fayen- ce, ou fur la terre. Voyez la préparation & l'emploi de ces couleurs, aux articles PEINTURE , EMAIL, FAYENCE , PORCELAINE, POTERIE DE TERRE, VERRE, Éc. 6 aux articles TEINTURE 6: VERNIS. COULEUR , ex serme de Bijoutier, eft un mêlange de différens acides qui appliqués fur l’or & mis au feu avec lui, détruifent l'effet des vapeurs noires que lalliage y excite lors de la cuiflon, & lui reftitue la couleur jaune ou mate qui lui eft naturelle. C’eftune opération indifpenfable dans les ouvrages gravés ou cielés , pour donner aux ornemens & figures ce beau mat qui les détache du fond de louvrage, quand ce fond eft poli ; ou qui détache le fond des ornemens, quand celui-ci eft pointillé, & que les seliefs font polis. Il y a deux fortes de mélanges d'acide , connus fous le nom commun de couleur. Le premier, qu’on appelle srepoil , eft compofé de fel marin ou commun, de falpetre & d’alun. Le fe- cond , de fel commun, de verd-de-gris & de vinai- ore , & ne s’employe que fur les ouvrages qui ne pourroient foûtenir un grand degré de chaleur, . fans être rifqués : on nomme celui-ci verder, Pour faire l’opération du #repoil, on faupoudre la piece du mêlange de ce nom ; après l’avoir bien fait . dégraïfler, on la pofe fur un feu vif ; on l’y laifle juiqu’à ce que le mélange entierement fondu , fe foit réduit en croûte: alors on la retire, on la laïfle re- _froidir, & l’on détache la croûte avec une brofle & de l’eau bien chaude. L'opération du verdet differe peu de celle du tire- poil ; on enduit la piece de ce mélange délayé dans le vinaigre ; on lexpofe à un feu doux, jufqu'à ce que le mêlange foit féché : alors on lave la piece avec de l’urine. Cette couleur eft aflez belle , mais elle ne dure pas. On l’employe principalement dans les ou- vrages émaillés , où la force des acides du tirepoil , & la violence du feu qu'il exige, pourroient faire éclater l'émail. Quand on eft forcé de mettre des pieces émaillées au tirepoil ; on les étouffe avec pré- cipitation au fortir du feu : cette opération eft pé- tilleufe, & s’acheve rarement fans que l'émail ait fouffert. | __ COULEUR LOCALE, eff ez Peinture celle qui par rapport au lieu qu’elle occupe, & par le fecours de quelqu’autre coeur, repréfente un objet fingulier, comme une carnation, un linge , une étofle , ou quelqu’autre objet diftingué des autres. Elle eft ap- pellée locale , parce que le heu qu’elle occupe lexige telle , pour donner un plus grand caraétere de vérité aux couleurs qui hu font voifines, M. de Piles, cours de Peint. par princ. p. 304. La couleur locale eft founufe à la vérité & à l'effet des diftances ; elle dépend donc d’uné vérité tirée de la perfpeétive acrienne. (R) COULEURS ROMPUES, ex Peinture , eft un mê- lange de deux ou plufeurs couleurs, qui tempere le ton de celle qui paroïît principalement ; elle n’eft pas f brillante, mais elle fait briller les autres , qui lui donnent réciproquement de l’effet : c’eft elle qui en corrige & attendrit la crudité. Couleurs rompues eft fynonymé avec demi-teintes. Voyez DEMi-TEINTES. Les couleurs tirent leur effet des oppoñitions. Il y a telle couleur rompue qui n’eft pas fourde ; un grand harmonie fait fouvent les rendre brillantes: il les COU 333 rompt, parce qu'elles feroient trop hautes s’il les employoit pures, (R) COULEUR (bone). Lorfqu'on dit qu'un tableau eftde bonnecouleur, cela ne fignifie pas queles couleurs en foient d’une matiere plus exquife que celles d’un autre , mais que le choix dans la diftribution en eft meilleur. (R) | COULEUR (belle), fe dit ez Peinture de tous les objets bien coloriés , mais particulierement en par- lant des ciel, lointains, arbres, draperies, &c, C’eft un terme que l’on fubftitue à celui de zen colorié, dont on ne fe fert guère qu’en parlant des carnations. V. CoLoris, de Piles, € le Di. de Peint. (R) COULEUR » (rrectre en) en terme de Doreur; c’eft peindre d’une couleur apprêtée , les endroits d’une piece où la fanguine n’a pü entrer, ou d’autres en- droits réfervés pour cela. Mertre en couleur eft aufi faire fortir Le jaune de l’or à la furface ; ce qui fe fait par le moyen d’une compofition que l’on applique fur la piece d’or, que l’on fait chauffer enfuite fur Le feu , jufqu’à ce que les matieres appliquées foient fondues & calcinées. Voyez COULEUR, terme de Bijoutier, C’eft cette opé- tation que fait l’ouvrier repréfenté PJ, du Doreur, fig. 9. (D) COULEUR , cerme de Rubrique ufité dans les Egli- fes greque & latine, pour diftinguer les offices des différens myfteres, & des différentes fêtes qu’on Y célebre. | | | Dans l’Eglife latine il n’y a régulierement que cinq couleurs, le blanc , le rouge , le verd, Le violet, & le noir. Le blanc eft pour les myfteres de Notre Seigneur, les fêtes de la fainte Vierge, des anges, des vierges, &c. l Le rouge, à Paris, pout les fêtes du faint Efprit les folennités du faint Sacrement , les offices de la Pafon, les fêtes des apôtres & des martyrs ; mais où l’on fuit le bréviaire romain, on fe fert du blanc aux folennités du S. Sacrement. Le verd, à Paris, pour celles des pontifes, doc- teurs, abbès, moines, &c. À Rome c’eft du blanc, de même que pour les veuves. Le violet fert en avent & en carême, aux vigi- les, aux rogations, aux quatre-tems, & dans tous les tems de pémitence. Enfin le noir ne fert que dans les offices des morts, les fervices pour le répos de leurs ames, & dans toutes Les cérémonies lugubres. On s’en feït auf à a diftribution des cendres. Les étoffes d’or & d’argent, & les broderies , {er- vent indifféremment dans toutes les folennités. Les Grecs modernes ne font plus guere d’atten- tion à cette diftinétion des couleurs. Le rouge fervoit parmi eux à Noël & aux enterremens. Les Angl- cans dans leur hturgie ont aufli aboli les couleurs, à l'exception du noir , qui eft encore en ufage aux en- terremens. .(G) CouLEUR, (Medecine.) Les changemens dans la couleur de la peau , font un figne diagnoftic de cer- taines maladies. La rougeur du vifage eft d'ordinaire une marque de pulmonie, f d’ailleurs le fujet eft maigre, attaqué de toux, & d’oppreflion ou diffi- culté de refpirer. La couleur jaune plus ou moins foncée , eft un figne d’obftruétions dans le foie , des yapeurs mélan- choliques & hyftériques ; & un fymptome prefque caraétériftique de l’affe&tion hypocondriaque. La couleur pâle eft le figne de la fupprefion des regles, de la chlorofe, & de la cacochymie même dans les deux fexes. La couleur rouge jointe à la chaleur, à la féchez refle & à la rigidité de la peau , font un figne de dé« 334 (COU lire , de tranfport dans les maladies ardentes, ec. Voyez PEAU. Chambers. | La confidération de la couleur des urines ne doit jamais être négligée par le medecin, fur-tout dans les maladies aigues , lorfqu'il veut établir exaéte- ment fon diagnoftic. Voyez URINE; La couleur des yeux, celle de la langue, celle des ongles même, fourniflent quelquefois des fignes très-décififs. Voyez ŒIL, LANGUE, ONGLES. Coureur , terme de Blafon. Ce mot fert à faire une des principales défignations des pieces de l’écu. On n’admet que cinq couleurs , gueules, azur, fyno- ple, le fable, & le pourpre, qui eft mélangé d'azur Sc de gueules. On ne doit point mettre couleur fur couleur, non plus que métal fur métal, (K) COULEUR FAVORITE, (Jez.) Au médiateur eff une couleur qu'on tire au hazard dans le jeu entier, pour lui attacher certains priviléges, comme d’a- voir la préférence à jouer de cette couleur, quoiqu’on ne demande, fi l’on ne joue, ni médiateur, m1 fans prendre, qu'après un autre; & quoiqu'on ne joue l’un de ces deux jeux qu'après qu’on les auroit voulu jouer en couleur fimple. C’eft la premiere tirée qui eft couleur favorite , fans qu'il y ait aucun choix pour cela. Par exemple , fi on a tiré un cœur, le cœur fera couleur favorite pendant toute la reprife, & ainfi des trois autres couleurs , fi on amenoit une d'elles. COULEVRINE & DEMI-COULEVRINE, f. f. (Art milit.) eft une piece d’Artillerie d'environ 16 piés 6 pouces. On appelloit autrefois cette forte de piece demi-canon de France. Elle porte ordinaire- ment 16 livres de balles, & elle pefe environ 4200 livres. Il y a des coulevrines plus longues, entr’autres celle qui eft appellée coulevrine de Nancy, parce qu’elle a été fondue dans cette ville, qui a près de 22 piés de longueur, & qui chaffe un boulet de 18 livres. On a prétendu que cette piece avoit plus de por- tée que les autres moins longues ; mais M. Belidor rapporte dans fon cours de Mathématique, que l’ex- périence a fait voir qu’on fe trompoit à cet égard, puifqu’au contraire fa portée eft plus petite. (Q) COULEUVRE, f. f. coluber, ( Hiff. nat. zoolog.) On a donné ce nom à plufieurs efpeces de ferpens qui fe trouvent en différens pays. Quelques auteurs en ont même fait une dénomination générale & fy- nonyme à celle de ferpens , érpula, anguis, &c. Nous appellons communément du nom de couleuvre, la plus. grande efpece de nos ferpens; c’eft, pour ainf dire, notre ferpent domeftique. Il y a une au- tre efpece qui porte le nom de couleuvre à collier. Voyez la defcription de l’un & de l’autre au mot SER- PENT. (1) * COULEUVRE, (Myrh.) reptile confacré à Efcu- lape qui s’étoit caché plufieurs fois fous cette for- me , & adoré à Rome & dans Epidaure, où on lui éleva des temples. CoULEUVRE, (Bois de) {. m. Botanig. exot. Le bois de couleuvre, ou le: bois couleuvré , en latin /- grum colubrimum des boutiques, eft un bois des In- des orientales, ou plütôt une racine ligneufe, dure, compacte , pefante , de la grofleur du bras, d’un goût âcre & amer, fans aucune odeur. Cette ra- cine eft couverte d’une écorce de couleur de fer, parfemée de taches cendrées ; on nous l’apporte des îles de Soloo & de Timoo : il eft bon de la con- noïtre. Commelin affüre que la noix vomique & le Boss. de couleuvre prennent naïflance du même arbre ; mais Herman prétend au contraire que cette noix tire fon origine d’une toute autre plante. Lequel faut-il croire ? Peut-être qu'ils difent vrai tousles deux, & qu'on nous apporte diverles efpeces de noix vomi- € © UV ques plus ou moins groffes, qui viennent d'arbres : différens. | | Quelques loïanges que certains auteurs ayent don- né à ce bois contre la morfure des ferpens , les vers & la fievre quarte , Le doéteur Antoine de Heyde a découvert par fes obfervations , qu’il avoit une vertu fomnifere, affeétant les nerfs, caufant le trem- blement &c la ftupeur : qualités très-vénéneufes dans un végétal y qui doivent en faire rejetter l’ufage. En vain répondroit-on qu'il ne faut s’en fervir que lorf- qu'il eft vieux ; le meilleur eft de ne s’en point fervir du tout, & de le bannir de la Pharmacie, commeun remede dangereux , parce que le plus grand bien qu’on en puifle attendre, c’eft que par Le hafard de fa vétufté il ne produife aucun mauvais effet : la pratique de la Medecine court aflez d’autres hafards fans cehu-là. Par M. le Chevalier DE JAUCOURT. COULEUVRE , machine finguliere dont les Caraï- bes fe fervent pour exprimer & féparer le fuc du magnoc. C’eft une efpece de panier à-peu-près de la forme d’une chaufle ou gros boyau long de cinq à fix piés fur trois pouces & plus de diametre ; ileft tiffu de façon qu'il prête & s’élargit à proportion de la quantité de fubftance qu’on y met, fans pour cela que les aiguillettes d’écorce dontileft conftruit, s’é- cartent les unes des autres ; 1l ne peut cependant s'étendre en largeur, qu'il ne diminue confidérable- ment en longueur. À la partie fupérieure , qui ef toljours ouverte, eft une efpece d’anfe très-forte, fervant à le fufpendre à quelque chofe de folide au haut de la cafe ; l'extrémité inférieure eft fermée , fe terminant en pointe, au bout de laquelle eft une forte boucle de la même matiere que tout le refte de cette forte de panier. 7. Macnoc. Ujage de la couleuvre. On la remplit de rapure de magnoc, qu'un Sauvage prefle & refoule de fa main autant qu'il le peut. On conçoit par ce qui a été dit, que dans cette aétion dSauvage la coueuvre doit s’élargir, & par conféquent diminuer de longueur. Lorfqu’elle eft totalement remplie, le Sauvage la fufpend par l’anfe au milieu de la cafe: cela fait, äl met un bâton dans la boucle inférieure ; & le paf fant entre fes jambes par-deflous fes fefles, 11 s’a- bandonne deflus , pour faire porter à la couleuvre tout le poids de fon corps, de façon qu’elle eft contrainte de s’allonger en diminuant de diametre ; & la rapure de magnoc qu’elle contient, fe trouve pour lors tel- lement reflerrée & comprimée, que le fuc s’en échappe & tombe à terre. Lorfque le Sauvage s’ap- perçoit qu'il ne découle plus rien, 1l décroche la couleuvre, & en retire la rapure qu'il fait cuire fur une platine, pour en former la caffave dont il fe nourrit. La tradition n’a point tranfmis chez les Caraïbes le nom de l’inventeur de la couleuvre ; cela n’a rien d'étonnant, puifque nous 1gnorons aujourd’hui l’au- teur de ces utiles machines qui préparent le grain dont nous faifons l’effentiel de notre fubfiftance, 4rs. de M. LE ROMAIN. "4 COULEUVRÉE, f. f. bruyonia, (Hift. rat. bor.) genre de plante à fleur monopétale, faite en forme ‘de cloche ouverte & découpée ; le calice Penve- loppe ordinairement de façon qu'on ne peut pas l’en féparer. Il ya des fleurs ftériles qui n’ont point d’em:- bryon , & des fleurs fécondes portées par un em- bryon qui devient dans la fuite une baye ronde ou ovoide, dans laquelle il y a des femences arrondies. Ajoûtez au caraétere de ce genre, qu'il y a des vril- les par lefquelles la couleuvrée s'attache comme avec des mains. Tournefort, 27/2, rei herb. Voyez PLANTE. I | COULIERES , serme de Riviere ; pieces de bois placées fur un train, & fervant à tenir {a branche en état. _ COULIS, L. m.er Bariment, eft du plâtre gaché . clair, pour remplir les Joints des pierres, & pour les ficher. (P) | Cours, (Cuifine.) eft une-efpece de purée ou justiré par expreflion à-travers un vaiffeau percé de trous, ou quelque linge, qu'on répand ou fur la foupe , ou fur un ragoüt , ou fur une piece rôtie, 6e. Il y a des coulis gras & maigres, des coulis de légumes, 6:c. DES net * COULISSE , f. f. (Are méch. & Gramm:) c’eft en général une rainure ou profondeur étroite, pra- tiquée longitudinalement dans un corps, pour con- tenir, aider, & diriger le mouvement d’un autre, dont une partie faillante fe place dans cette profon- deur. Y3 CouLissE (mouvement de), Anatomie, Comme il y a dans les Arts cent chofes qu’on nomme cox/iffes , parce qu'étant appliquées l’une fur l’autre, ou Pune contre l’autre , on peut les faire couler & mouvoir, en les tirant, les allongeant, les hauffant , les baif- fant ,ainfi qu'onen peut voir quelquesexemples dans les articles fuivans ; on appelle en Anatomue dans notre langue le mouvement de coliffe, celui qui fe fait lorfqu’un os glifle fux un autre dans l'articulation ligamenteufe lâche : par exemple, la circonférence de la tête ronde du radius qui glife de cette maniere dans la cavité qu’on remarque à la partié du cubi- tus qui lui répond, eft un wouvement de couliffe. Quelque multipliés que foient les noms grecs des articulations, on ne fauroit les accommoder avec toutes celles qui fe préfentent dans le corps de l’hom- me,&c qu'a découvert de nos joursune anatomie plus éclairée que n’étoit celle des anciens, L’articulation du radius avec le cubitus, celle du même os avec lhumerus, l'articulation de la feconde vertebre avec la premiere, l’aflemblage des os du tarfe & du car- pe , Gc. ne peuvent être comprifes dans les noms grecs des articulations. : Des modernes qui ont fenti cette difiiculté:, n’o- fant pas cependant abandonner ce langage, ont ten- té d’ajoûter dans le même goût de nouvelles fubdi- vifions aux anciennes ; mais bien loin de nous éclai- rer pat ce fecours , ils ont rendu la matiere plus abftraite & plus obfcure. | Quand nous pouvons trouver dans notre langue des mots qui expriment bien les chofes que nous voulons peindre, il eft inutile d’en tirer d’une lan- gue étrangere ; qui foient équivoques , moins con nus, & moins intelligibles; & quand notre langue en manque, il faut en adopter de ceux des Arts, ou en créer qui dénotent le plus précifément qu’il ef poflible ce que nous voulons caraétérifer ; car à me- fure que Les Sciences fe perfettionnent, elles deman- dent de nouveaux mots. | Dans le xvj. fiecle, l’Hiftoire naturelle étoit fi peu connue parmi nous, qu’on n’avoit pas même enco- re de terme pour défigner un curieux qui s’attachoit à cette partie de la Phyfique , & qu’on inventa pour lors le nom de saturalifte, dont Montagne n’ufa qu’- en le foûlignant ; il ne dévinoit pas qu’un jour nôtre langue feroit forcée de forger mille nouvelles ex- preffions , pour expliquer les fecrets de cette fcience & les découvertes qui s’y feroient. Ærsicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. Couisse, (Théâtre Lyrique.) rainure faite au plancher du théatre, dans laquelle eft enfermé un chaffis de décoration qui y coule. On donne auffi ce nom à des entaillures, pratiquées dans de gros che vrons pofés horifontalement à huit piés en-deflous du théatre , qui foûtiennent les faux chafis fur lef= quels font pofés leschaflis, & dans lefquelles ils cou- lent. Voyez FAUX-CHASSISs | Pendant le tems qu’un chaflis avance fur le théa- îre , celui qui étoit ou devant ou derriere coule en- | | COU 335 dedans , & c’eft ainfi que fe font en même tems les changemens de décoration par le moyen d’une très- belle machine. foyéz CHANGEMENT, On appelle auffi improprement de ce nom le chaf- fis même. Voyez CHassts. L’aétrice s’appuie fur la couliffe lorfqw’elle eft accablée de douleur, comme dans la fcène de Médée & d’Eglé de l'opéra de Thefée. On fe fert auf du mème mot pour défigner l’efpace qui eft d’un chañlis à l’autre; un aéteur en- tre fur le théatre par la feconde cozziffe, & il en fort pat la cinquieme, felon l’état de la fcene. . Au théatre de l’opéra de Paris, il n’y a que fix coulifles ou chaflis de chaque côté du théatre; par conféquent il n’y a jamais que les fix premiers chaf- fis de chaque côté qui changent par le moyen du contrepoids, Le changement des autres parties fe fait à la main. Voyez MANGUVRE. Les couliffes où rainures font d’un très -grand in- convémient à ce théatre , elles ayancent beaucoup plus que les chafis en- dedans, & hors du théatre ; & cela paroït indifpenfable jufqu’à ce que leur for: me foit changée ; parce qu'il faut néceffairement qu’on puufle , fuivant les occafions, élaroir ou retréz cir le Heu de la fcene; que d’ailleurs là coztiffe qui avance laiffe la partie de la rainure qu’elle à oceu- pée vuide hors du théatre, & que celle qu’on retire laiffe vuide auf celle qu'elle occupoit fur le-devants Ces rainures , qu'on ferme le plus vite qu’on le peut, ne Le font prefque jamais aflez vite ; enforte que les danfeurs & les autres exécutans font expofés à cha- que inftant à mettre le pié dans ces ouvertures, fe bleffent , prennent des entorfes, 6:c. Il feroit aifé de trouver des moyens pour prévenir cesinconvéniens, qui affürément ne font pas fans remede, Lorfque l'humanité parle , l’art fait trouver des reffources pour obéir: (B) | | COULISSE , en termes de Formier, c’eft une rainure qui teone intérieurement tout le long de la forme brifée , pour recevoir la clé qui doit écarter fes deux païties. Woyez des PI. du Cordonnier-Bottier, Coux1ssE, (Horlog.) piece d’une montre; c’eft une portion de zone (fig. 45. C. PL, X. d’Horloger.} d'environ 180 degrés, fixée fur la platine de deflus aumoyen de deux vis. Pour qu’elle foit bien placée, il faut qu’elle le foit concentriquement au balan- cier, Son ufage eft de contenir le rateau dans la pof- tion requife , pour qu'il puifle fe mouvoit circulais rement , & avoir un engrenage conftant avec la roue de rofette. Pour cet effet, cette coxliffe porte un filet circulaire, qui entré dans une rainure prati- quée dans le rateau. Il eft d’une grande conféquence qu'il n’y ait aucun jeu dans cet ajuftement ; car s’il y en a lorfque l’on tourne la roue de rofette , le rateaut fera pouflé tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; & fa pofition devenant incertaine, il fera impoffble que le reflort {piral puifle jamais être courbé de façon à être conftamment au milieu de fés chevilles. Voyez RATEAU, ROSETTE, PLATINE DE DESSUS , & la fig: 52. méme Planche. (T) CouLisse, ( Hydraulique. ) rainures faites dans les dormans , par le moyen defquelles on leve les chaffis des corps de pompe, pour en vifitef les br des & les cuirs. Woyez DORMANT. (X) 6. COULISSE DE GALÉE, ÉeTTILE d'Imprimerie ; c’eft une planche de bois plat, de deux ou trois lignes d’é- paifleur , plus longue que large, & d’une grandeur proportionnée au Corps de galée auquel la cozliffé eft deftinée ; elle a un manche de quatre pouces dé long pris dans le même morceau de bois, & plus lar- e à fon extrémité qu’à {on origine : elle fert de fond poftiche à la galée, fur lequel fe pofent &c fe lient les pages, &c elle donne la commodité , en la tirant dis corps de la galée, de tranfporter les pages Hées fur 126 C OÙ + À à) “Planches de l'Imprimerie. 0! _ COULISSE, rerme d'Orfévrerie, place difpofée à ‘recevoir lés chaînons qui compofent la charniére : elle fe forme fur deux morceaux de quarré préparé “à cet effet, que l’on nomme-porte-charrieres ; inhérens un au-deflus, l'autre au-deffous de la piece', limes exactement plats, & repofant bien lun fur l’autre. Le méfite d’une couliffe'eft d’être exaétement parta- gée , de n'être pas plus creufée dans un porte =char- niere que dans l'autre, d’être formée bien ronde , & _‘d’êtré bien droite dans toutes fes-parties. Quoique la "couliffe aït lieu dans tous les ouvrages d’orfévrerie, le bijoutier eft cepéndant éelui qui la traite le mieux: Woyez les détails de ce travail à Parricle T'ABATIERE. CovurissE, c’eft, ex termes de Raffinerie de fucre, une trace, un fentier que l’eau fait fur les bords du pain, plus ou moins long, & large felon que l’eau ft venue en grande ou petite quantité de l’efquive crevaflée, ou par quelque aütre route. ’oyez Es- QUIVE. | | Le môt couliffe s'employeen tant d’occafons, qu'il #eroit inutile & prefque impoffble de les rapporter toutes : on les rencontrera dans les explications des machines. COULISSÉ , adj, e? termes de Blafor, {e dit d’un château & d’une tour qui ont la herfe ou la coulife à la porte. Vieux Chatel, de aüeulés au château à trois tours d'argent, couliffé de fable. (7) COULISSOIRE , f. f. (Lutherie.) forte de petite ‘écotienne ‘dont les faéteurs de mulettes fe fervent pour ereufer les coulifles des bourdons. Voyez Mu- SETTE & Les fig. 10. G 13. PI, X. de Lurherie. COULOIR, COUROIR , COURIER, ( Marine.) on fe fert indifféremment de ces trois mots, pour défigner le paflage qui conduit dans les chambres du vaifleau. Voyez, PI, F, de Marine, fig. 1. le cou- roir des chambres, coté 166. Couloir des fontes , voy. PI, IV. fig. 1. cotté G2. (Z) CouLoirs o4 COURCIVES, voyez COURCIVES. . COULOIRE, £ f. (Œ@con. rufliq.) grand panier d'ofier treflé en ovale, qu’on met dans la cuve, & qu'on foule contre la grappe, afin que le moût le rempliffe , & qu’on puifle féparer cette partie liqui- de du refte. CouLorrE, (Œcon. ruflig.) écuelle de bois, per- cée parlé fond, dont les ouvertures font fermées d’un linge fin où d’un tamis, à-travers lequel on pañle le lait. Il faut laver fouvent la coudoire ; parce que ce qu'y refte de fluide s’aigriflant , peut déterminer le lait nouveau qu’on y pafle à s’aigrir aufli. * COULOIRE , (Cuifine.) c’eft un vaifleau de cui- vre étamé, percé d’un grand nombre de trous , dans lequel on pétrit & écrafe des légumes & autres fub- ftances cuites , dont on extrait le fuc qui pañle par les trous de la couloire, & qu’on reçoit dans un autre vaïfleau pour en faire un coulis, une fauce, &c. d’où l’oni voit de quelle importance il feroit que .ce vaifleau & tous les femblables où l’on travaille, pour ainf dire, long-tems & avec violence, des fubftan- ces qui peuvent avoir quelques qualités corrofives, fuffent de fer ou de quelque autre métal dont les par- ticules ne fuflent point nuifibles au corps humain. CouLoIRE, ex termes d’Epinglier, eft une efpece de filiere dans laquelle on tire le laiton fortant de la premiere main , pour le réduire à la groffeur dont on veut que les épingles foient. COULOMBES , f. f. (Charp.) font deux gros po- teaux dans les cloifons ou pans de bois où portent les poutres ; ils font éloignés de la groffeur de la pou- tre, & dans l’une & l’autre eft aflemblé à tenons & mortoifes avec embrevement, le taffleau qui porte la poutre. Voyez PI, du Charp. fig, 17, n, 32, le märbré pour ÿ'être mpofées. Poyé GALÉE 6 /es COULOM-CHA., fm. (Hiff. mod.) no que l’on donne en Perfe à des efpeces de pages ou gentils- hommes, que le roi envoye aux gouverneurs des provinces, aux vicerois , & autres perfonnes de marque, pour leur fignifier fes ordres. Ce nom figni- fie efclave du roi, non que ces officiers foient réelle= ment efclaves comme les ichoglans du grand-fei- gneur., mais ils prennent cette qualité pour mar- uer qu'ils font entierement dévoués aux ordres du oùvérain: caf ce font pour la plpart des enfans de qualité élevés dès leur jeuneffe à la cour, & qu’on deftine aux plus grands emplois. Celui vers je- quel le fophi les envoye , doit leur donner un ri che habit à leur arrivée, & un préfent convenable à leur qualité lorfqu’ils s’en retournent : fouvent mê- me le roi taxe le préfent que l’on doit faire à fon coulom=cha, & alors on eft obligé de le lui payer d’abord comme une dette,fans préjudice'des libéra- lits qu’on y ajoûte felon le mérite de l’envoyé & fon te). auprès du prince. Chardin, voyag. de Perfe. COULOMMIERS, (Géog.) petite ville de Frans ce près de Meaux, | COULON , voyez PIGEON. COULON RAMIER , voyez MANSART; : _ COULONGES, (Géog. mod.) petite ville de France en Poitou. | COULPE, f. f. ez Droit, eft fynonyme à faure, Ainfi l’on dit pour rendre le /ata culpa , culpa levis, &c culpa teviffima des Latins, la coulpe grave , la coul- pe legere , & la coulpé"très-legere. | Les Théologiens difent que dans la confefion des péchés , le facrement remet la coulpe; mais non la fatisfaétion. | Coupe, (Hifi. eccléf, ) fe dit encore dans plu« fieurs monafteres, de l’aveu de fes fautes en pré: fence de tous les freres affemblés, COULURE, f. f. (Œcon. rufliq. ) interruption de la feve dans fon mouvement , en conféquence de la- quelle elle ceffe de nourrir les fleurs de la vigne qui tombent fans donner de fruit. | CoULURES , terme de Péche ; cordes de erin qui ac: compagnent une feine par en-haut où l’on attache les lièges, & par en-bas où l’on met les caillous, CouLURE, (Fondeur:) portion de métal qui s’eft échappée hors du moule, quand on a jetté la piece, COUODO , f. m. ( Comm. ) mefure de Portugal dont on fe fert à Goa & dans les autres pofleffions que les Portugais ont aux Indes, pour mefurer les étoffes ; les toiles, & autres femblables étoffes en- voyées d'Europe, Elle contient deux aulnes un quart de Hollande. | COUP , f. m. (Ckr.) choc plus où moins violent d’un corps qui nous frappe, ou contre lequel nous allons heurter. Il en réfulte toüjours que les coups un peu confis dérables affoibliffent & quelquefois détrmifent le reflort des vaifleaux ou les divifent: Lorfque le ref: fort des vaifleaux eft diminué ou perdu, le mouve- ment propreflif des fluides qui y font contenus s’y fait lentement, ou ne s’y fait point ; parce que les folides n’ont plus la force de les pouffer. Lorfque les vaifleaux font divifés , les fluides s’épanchent dans leurs interftices, ou dans quelque cavité. Les coups legers qui affoibliffent peu le reffort des vaifleaux ou qui les divifent foiblement , n’ont point de fuites fâcheufes , la nature pourvoit toute feule à leur guérifon : mais les autres coups peuvent produi- re toutes fortes de maux, des tumeurs, des folu- tions de continuité dans les parties molles, dans les parties dures , leur déplacement , un dérange- ment dans le cerveau, fi la tête a fouffert ; en nn mot tous les effets qui peuvent naître des apoñté- mes, des bleflures, des contufions, des fradures, des des luxations. Alors on doit confidérer feulement la nature du mal, fon état, & fon degré, pour y appliquer le remede. Tirons d’abord les hommes du danger, & puis nous en difcuterons les caufes. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. Coup-pE-SoLEiL, {, m. (Med.) imprefion fu- bite & momentanée des rayons du Soleil, réunis par des caufes naturelles fur quelques corps, dont ils peuvent détruire la texture , féparer ou difper- fer les principes. Tout le monde fait qu'on détourne à laide d’un miroir ardent les rayons du Soleil de leur paralle- lifme, & qu’on les réunit dans un foyer où ils vi- trifient les corps qu'on y préfente. Or toutes les cau- fes naturelles qui raflemblent le mouvement de la lumiere vers un même endroit , font capables de faire naître beaucoup de chaleur dans le lieu où el- les dirigent la lumiere. Ainfi les nuées qui la réunif- fent quelquefois à-peu-près comme les verres & les miroirs, peuvent produire des traits de chaleur très- vifs, & c’eft ce que nous appellons coups -de-Soleil. Les plantes fur lefquelles tombent ces traits de cha- leur, en font féchees , brülées, grillées. Les hom- mes n’en foufrent guére impunément l’atteinte fur quelque partie du corps, particulierement fur la té- te ; & l'expérience nous apprend que les caravanes, les moiflonneurs , les faucheurs, les laboureurs, en. font fouvent la viétime : ils éprouvent encore les ef- fets de ces traits de chaleur , lorfque le Soleil après avoir été quelque terms obfcurci par des nuages, vient, en fe découvrant tout-à-coup , à darder fur eux fes rayons fans aucun obftacle qui les brife. Cette chaleur vive & fubite produit fur le corps humain la raréfation des humeurs, {a diftenfion des vaifilcaux, leur atonie, la compreflion du cerveau, l’extravafation des fluides , l’apoplexie, la mort. Le Soleïl donnant à-plomb fur le crane, échauffe cette partie, met en contraétion les fibres tendineufes de la dure-mere , & caufe de violentes douleurs de tê- te, & des étourdifflemens qui font d'ordinaire les avant-coureurs de la mort. La méthode préfervative demande d'éviter ces fortes d’accidens, de s’en garantir par art , & de rompre la force des rayons du Soleil par un corps intermédiaire ; mais ce corps propre à produire cet effet, ne doit pas toucher la tête, afin de ne lui pas communiquer par le contaët la chaleur qu'il rece- vroit des rayons du Soleil: on en peut concevoir la raifon par ce qui arrive à ceux qu ayant eu le cra- ne ouvert, fe fervent pour la füreté de leur cerveau d’une calotte d’argent ; bientôt ils fe trouvent obli- gés, à caufe de la grande chaleur que contraéte cette calotte, de lui en fubftituer d’autres faites de carton ou de quelque matiere moins denfe & moins folide qu’un métal. La méthode curative confifte à defem- plir & détendre les vaifleaux par la faignée, les lave- mens, les bains tiedes, le repos des mufcles & de l’efprit, l’air frais & renouvellé, les fomentations, les vapeurs d’eau, les humeëtans, les boiflons aci- des, & les fucs gélatineux. Arricle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. Cour FOUDROYANT, expérience de Leyde on de la commotion (Phyfrque), eft le nom d’une expérience de léle&ricité , dans laquelle la perfonne ou les per- fonnes qui la font fe fentent comme frappées vive- ment & tout à la fois dans plufieurs parties du corps. La maniere ordinaire de la faire eft fort fimple , & confifte en ceci. Ayant empli d'eau à moitié ou un peu plus une bouteille où un vafe de verre médio- crement épais, bien net & bien fec au-deflus de l’eau tant en-dedans qu’en-dehors; prenez-le d’une main, en l’empoignant de façon que vous le touchiez dans la partie qui répond à celle où fe trouve l’eau inté- rieurement, & faites qu’un fl de métal partant du Tome IF, COU 337 conduéteut, voyez CONDUCTEUR, y trempe fans toucher les bords du vafe. Si après que l’on aura éledrifé le globe pendant quélque tems, vous tirez avec la jointure du milieu d’un des doigts de l’autre main une étincelle du conduéteur , vous ferez l’ex- périence du coup foudroyant, où plutôt vous rece- vrez le coup foudroyant, c’eft-à-dire que dans l’inf- tant que vous tirerez l’étincelle , fi l’éleétricité eft d’une certaine force, vous vous {entitez frappé vio- lemment & en même tems dans les poignets, dans les coudes , les épaules , &: même dans la poitrine. La maniere dont cette expérience fe fait fentir & affe@e telles ou telles parties, varie beaucoup felon la force de léledricité, la conftitution , & le tem- pérament des perfonnes qui la font. Dans les unes, & c’eft ordinairement celles qui font d’une conftitu- tion foible , elle affe&e un plus grand nombre de par- ties , & produit un fentiment de douleut plus vif; dans les autres elle occafionne une fi grande furpri- fe , qu’elles font tentées de croire que quelqu'un des afiftans les a frappées , ne pouvant s’imaginer que ce qu'elles viennent d’éprouver n’eft dû qu’à l’expé- rience qu’elles ont faites. Mais en général elles con- viennent toutes de la rapidité & de la violence du coup qu'elles ont reflenti ; cop qui eft toûjours fuivi, ou plutôt accompagné, d’une fecoufle ou convul- fion fi vive dans les parties qui en ont été affedées, qu'elle a fouvent été caufe que les perfonnes ont jetté le vale par terre; c’eft cette convulfion qui a fait donner à cette expérience, comme nous l’avons déjà dit, le nom d'expérience de la commotion ou du choc. Nous pourrions pouffer plus loin ce détail, fur ce que l’on reflent en la faifant ; mais comme c’eft une affaire de fenfation, nous ne pourrions efpérer par tout ce que nous ajoûterions d’en donner une idée précife au lefteur; ce n’eft qu’en la faifant lui-même qu'il pourra l’acquérir. Cependant comme la nouveauté des fenfations les rend plus frappantes , & nous rend par-là plus éloquens & plus vrais dans les defcriptions que nous enfaifons, notre imagination n’ayant pü être féduite par les difconrs des autres ; je crois devoir ajoûter ici ce que ditM.Muflchenbroeck de cette expérience, dans une lettre qu'il écrivit à M. de Reaumur après lavoir faite pour la premiere fois, & par laquelle nous en eumes la premiere nouvelle. Ayant donné une idée de fon appareil, qui reflembloit à-peu-près à celui que je viens de décrire, il continue ainf : « tenant de ma main droite le vale de verre, tandis # que j'eflayois de l’autre à tirer des étincelles, tout » d’un coup ma main droite fut frappée avec tant de » violence, que j’eus le corps ébranlé comme d’un » coup de foudre ; le vaiffeau , ajoûte-t-il, quoique » fait d’un verre mince, ne fe caffe point ordinaire- » ment, & la main n’eft pas déplacée par cette com- » motion; mais les bras & tout Le corps font affec- » tés d’une maniere terrible que je ne puis exprimer; » en un mot, Je crüs que c’étoit fait de moi ». On voit par tout ce que nous venons de rappor- ter, que le nom de coup foudroyant qu’on a donné à cette expérience, n’eft que l’expreflion de ce que la plüpart des perfonnes qui la font croyent reflentir, la maniere fubite & violente dont elles font frappées leur faifant imaginer qu’elles ont été comme jo droyees. On n’aura pas de peine à croire que la nouvelle d’une expérience aufh extraordinaire s’étant répan- due dans le monde favant, tous les phyficiens ayent été curieux de la repêter : mais qu'il en ait été de même du peuple & des plus indifférens ; que cette expérience ait excité leur curiofité au point où elle l’excita, c’eft ce qu’on auroit de la peine à s’ima- giner , fi la chofe m'étoit ençore trop Se pour V » 338 COU qu'on en pôt douter. En effet, il n’y eut peut-être jamais d’empreflement pareil à celuiqu'on témoigna pour la voir ou pour la faire, tant on avoit de peine à croire Le merveilleux qu’on en racontoit. Nos phy- ficiens étoient accablés de gens, qui demandoient à S’aflurer par eux-mêmes de ce qui en étoit ; elle fai- {oit Le fujet de la converfation ordinaire à la ville & à la cour. Enfin les chofes allerent au point que l’é- ledricité, qui jufques-là avoit été renfermée dans les cabinets des phyficiens, fe donna en fpeétacle pour de l'argent ; des gens avec des machines à éleétricité s'étant établis dans les foires, & ayant couru les vil- les &c les provinces pour fatisfaire à l'envie que l’on témoignoit, comme nous l'avons dit, de toutes parts de faire cette célebre expérience. C’eft ainfi que la Phyfque venge, fi cela fe peut dire, de tems en tems les Phyficiens du peu de cas que le peuple (& il y en a de plus d’une efpece ) fait de leurs occupations : elle leur offre des faits f fingu- liers & fi extraordinaires , que les moins curieux ne peuvent s’empêcher de fortir de leur indifférence, pour venir les admirer. Quelque fingulier 8& extraordinaire que lempref- fement dont nous venons de parler puiffe paroître, on voit cependant qu’il a une efpece de fondement dans la nature de la chofe elle-même. En effet, tous les différens phénomenes que nous offre la Phyfique ne piquent pas également la curiofité ; il yena beau- coup où il n’y a point à admirer pour qui ne fait pas penfer ; mais dans celui-ci le merveilleux s’y voit, s’y reflent pour ainf dire. Quoi de plus furprenant, en effet, qu'une bouteille qui ne produit aucune fen- fation, qui paroît n'avoir apporté aucun changement à votre état, & dont l’effet eft tel cependant, que Jorfque vous l’empoignez, l’étincelle que vous tiriez auparavant du conduéteur fans aucune conféquence en n'éprouvant qu'une légere douleur, vous fait ref- fentir alors une violente commotion dans les bras & dans la poitrine fi brufquement & avec tant de rapi- dite, qu'il eft impoffble de l’exprimer. C’eit à Leyde que cette fameufe expérience fe fit pour la premiere fois, au commencement de Janvier de l’année 1746. Comme l’on fut quelque tems avant de favoir précifément qui en étoit l’auteur, M. l’ab- bé Nolet lui donna le nom d’expérience de Leyde ; & le merveilleux de fes effets paroïflant venir uniquement de la bouteille dont on fe fert pour la faire, on l’ap- pella aufh en conféquence L2 bouteille de Leyde. Depuis on a appris que nous devions cette décou- verte à M. Cuneus, d’une des premieres familles de cette ville, qui aime & cultir:2 la Phyfique. Il la fit par hafard un jour qu’il s’occupoit à repéter quelques expériences d’éleétricité. [ Ceci eft tiré d’une note qui fe trouve à la page 3 du mémoire de M. l’abbé Nolet fur l'expérience de Leyde, inferé dans les mé- moires de l’académie des Sciences de l’année 1746.] Je me fuis un peu étendu fur l’hiftorique de cette expérience, fur l’éclat &z la réputation qu’elle a don- né à l’éleétricité ; mais j'ai cru que dans un ouvrage confacré à tranfmettre à la poftérité les découvertes des différens fiecles, & les circonftances qui les ont accompagnées , on ne feroit pas fâché de trouver une hiftoire abregée de celle-ci. On conçoit que cette nouvelle expérience, on plutôt ce nouveau phénomene de l’éleëricité, re- veilla l’ardeur des Phyficiens, & qu'ils s’'empreffe- rent à l’envi de reconnoître toutes les différentes cir- conftances qui l’accompagnent, afin d’en découvrir les caufes ; c’eft aufli ce qui arriva. De-là il eft fa- cie d'imaginer qu'il a dû réfulter un nombre infini d'expériences qu'il feroit inutile & même impoñfble de raflembler ici. Afin de fatisfaire cependant à ce que le leéteur a droit d'attendre de nous à ce fujet, nous expoferons ce qui regarde ce phénomene d’une maniere affez étendue, pour qu'il lui foit facile enfuite de fe for- mer une idée de la plûpart des expériences qui n’en {ont que des fuites. | Pour exécuter ceci d’une maniere plus abrégée, nous cCommencerons par donner le plus fuccintement que nous pourrons, une idée de plufeurs propriétés des corps éle@rifables par communication , & de ceux qui ne le font pas, dont il fera traité plus am- plement à l'article ÉLEGTRICITÉ , auxquels il nous paroït que l’on doit attribuer ce qui arrive dans l’ex- périence du coup foudroyant ; enfuite nous montres rons par l’analyfe des faits qu’elle nous préfente, qu'ainfi que nous venons de l’avancer, elle n’eft qu’- une fuite de ces propriétés. Au refte, fi nous ayons fuivi cette voie , c’eft que nous avons cru pouvoir par fon moyen donner un ordre plus fyftématique à cet article , & expofer plus méthodiquement ce qui en dépend ; car nous ne prétendons nullement don- ner comme une véritable explication des caufes de cette expérience ce que nous difons à ce fujet (quoi- qu’en le faïfant nous ayons tâché de ne fuivre d'autre guide que Panalogie des faits), mais plutôt comme une hypothefe, des conje@ures, ou tout ce que l’on voudra fur ces caufes. Pour faire voir que nous re- gardons cette explication exaétement fur ce pié, nous ajoûterons celles qu’ont donné de la même expérien- ce les plus habiles Phyficiens, afin que le le&eur puif. fe choïfir, &c ne fe déclarer que pour celle qui lui pa roîtra le mieux quadrer avec les faits, Au refte, nous n’oublierons rien dans cet article pour rendre juftice à tous les Phyficiens qui ont tra- vaillé fur cette matiere; & fi par hafard nous y man- quions, nous les prions de croire que c’eft faute d’a- voirété bieninftruits, 8 non pour leur ôter rien d’une gloire aufli légitime que celle qui leur revient de leurs travaux. à Une des plus grandes différences qu’il y ait entre les corps éle@rifables par communication, & ceux qui ne le font pas, & dont il {oit plus important d’être inftruit, c’eft que les premiers, comme les métaux, les corps animés, l’eau, 6c, paroïflent être les véritables refervoirs de la matiere éle&trique, comme M. Watfon l’a avancé le premier, & comme nous l’avons prouvé dans un mémoire lû à l’acadé- mie des Sciences l’année derniere ; & que les fe- conds, comme le verre, la porcelaine, la cire d'E pagne, &c. paroïflent au contraire n’en point con- tenir du tout, ou du moins être de telle nature que par les moyens connus jufqu’ici nous ne pouvons pas l’en tirer. Ainf, par exemple, avec quelque for- ce que vous frottiez le verre, vous ne l’éleêriferez jamais fenfiblement, fi le corps qui le frotte ne con- tient de la matiere éleétrique ; car s’il n’en contient pas, s'il en eft dépouillé, quelqu’effort que vous fafliez, & quelque tems que vous employiez à le frot- ter , 1l ne deviendra jamais éleétrique. Il eft à propos d’obferver à ce fujet, que les mé- taux ,les corps animés, 6, paroïflent ne pouvoir contenir qu'une certaine quantité de feu ou fluide éleétrique dans leurs pores, & qu'aufli-tôt qu’on leur en ajoûte au-delà, le furplus tend à s'échapper de toute part. Il fuit de ces propriétés un phéno- mene aflez fingulier , que je crois avoir obfervé le premier ; c’eft que toutes les fois qu’une perfonne, ou un corps quelconque éleétrifable par communi- cation , tire une étincelle d’un corps éleârique , le premier, à moins qu'il ne foit folé, fe déchar- ge du feu éleétrique qu'il a reçû , on infenfiblement (ce qui arrive lorfque le corps eft dans un con- taét immédiat avec quelque grande mafñle de corps éle@rifables par communication , comme le plan cher); ou d’une maniere fenfible & avec une étin: celle plus ou moins forte , lorfque ce corps étant comme ifoléfetrouve près de quelque corps non-élec- } trique par lui-même. Si une perfonne, par exemple, tireune étincelle du conduéteur , elle fe déchargera … du feu éleftrique qu’elle aura reçû d’une maniere in-, fenfble -travers {es fouliers : maïs fi elle prefle lége-. remenf avec fes doigts le bras ou Le poignet d’une au- tre perfonne.-de façon, cependant qu’elle ne le tou- che que dans très-peu de points; dans l’inftant qu’- elle tirera l'étincellé , elles reffentiront l’une & l’au- tre, fi l’éleétricité eftun peu forte, une légere dou- leur comme d’une. piquüre dans l'endroit où elles fe touchoient ; douleur produite par une petite par- tie de l’éle@ricité de la perfonne qui tire l’étincelle qui pañle par cetiendroit , tandis que le refte fe difli- pe par {es fouliers. Cet effet ira même plus loin ; &f l'életricitéeft.d’une certaine force, 1l fe communi- quera à quatre, cinq, ou fix perfonnes fe tenant de la mêmemaniere. PET | Les corps éle&trifables par communication ont encore cette. proprièté., qui felon toute apparence tient à la premiere dont nous avons parlé ; c’eft qu’- en les touchant, quoique ce ne foit que dans un point, pourvû que.le contaët foit bien intime, on leur communique.ou leur enleve l’éleétricité dans un inftant. Pourfe.former une idée de cette propriété, qu'on fuppofeun conduéteur ou tout autre corps bien élec- trique: fiune perfonne pofant fur le plancher le tou- che, elle lui enlevera toute fon électricité, à moins que le plancher ou fes fouliers ne foient fort fecs: fi au contraire cette perfonne montée fur un gâteau de réfine., touche ce même conduéteur fuppolé élec- trifé de nouveau, elle acquerrera au même inftant une éledricité égale à la fienne. À cet égard, le verre , la porcelaine, & les autres fubftances éle@triques par elles-mêmes, different ex- trèmement de celles qui ne le font pas; car vous pouvez les toucher, & même dans plufieurs points tout-à-la-fois, fans leur enlever pour cela toute leur élettricité: de même, ce qui. ne paroît que l’inverfe de cette qualité, vous ne pouvez les eleûrifer par communication, qu'autant que le corps qui les élec- trife les touche tout-à-la-fois dans un grand nombre de points; encore ne peut-on les éleétrifer fenfble- ment de cette façon que d’une furface à l’autre, c'eft-à-dire ; par exemple, qu’en éle@trifant par com- munication une des furfaces d’un carreau de verre, on éleétrifera la furface oppofée. il femble que ces fubftances{oient comme compofées de parties ayant chacune en particulier leur petite atmofphere d’élec- tricité. On voit par-là que pour deféleétrifer Les corps éledriques par eux-mêmes, comme pour les éleëtri- fer par communication , il faut les toucher tout-à-la- fois dans un grand nombre de points. Pour donner une idée de leur compofition, & de celle des corps élefrifables par communication, ou plütôt de la maniere dont leurs différentes proprié- tés, dontnous venons de parler, peuvent avoir lieu, on pourroit fuppofer les premiers comme compofés d’un grand nombre de petits globules non éleétriques par eux-mêmes, mais aflez diftans les uns des autres pour que l’on puifle enlever l’éledricité de Pun d’en- tr'eux, fans pour cela enlever celle du globule voi- fin; & les feconds comme compofés des mêmes pe- tits globules, fe touchant tous de façon que l’on ne pourroit enlever l’éleétricité de l’un, que l’on n’en- levât en même tems celle de tous les autres. Ainfi, par exemple , en fuppofant une douzaine de balles de fer toutes. folées, élettrifées, & placées à une certaine diftance les unes des autres, on ,“onçoit qu'on pourra à différentes reprifes tirer des étincelles d’une de ces balles, fans enlever pour cela toute l'é- leétricité des autres ; & on aura une idée de ce qui fe pañle dans le verre. Mais fi on les fuppofe rappro- Tome 1 F, COU 339 chées de façon qu'elles fe touchent immédiatement, on ne pourra tirer une étincelle de l’une d’entr’elles, qu’on n’enleve en même tems toute ou la plus gran- de partie de l’éledricité des autres; ce qui eft le cas des métaux & des autres corps éleétrifables par com- munication. Mais paflons à une autre propriété des corps éleétriques par eux-mêmes, ou plus particu- lierement du verre & de la porcelaine , dans laquelle nous paroît confifter tout le myftere du coup fou- droyant. Cettefnguliere proprièté du verre eft que lorfqu'il eftélettrifé par communication, ou même par frotte- ment, comme nous l’avons découvert, pendant que la furface oppoiée à celle que l’on éle&rife de l’une ou l’autre de ces manieres, eft en contaét avec du mé- tal ou toute autre fubftance éle&trifable par commu- nication , 1l acquiert la faculté de donner du fluide éleûrique par la furface qui eft éleétrifée, & en donne effettivement fi rien ne l’en empêche, & d’en pomper ou d’en tirer par fon oppofée en contaét avec le corps métallique; & ce qu'il fait effe@ive- ment s'il en peut donner par la premiere furface. Eclairciffons ceci par un exemple. Suppofons un car- reaude verre bien net & bien fec, fufpendu horifon- talement fur des cordons de foie, & recouvert d’u- ne feuille de plomb d’une figure femblable, mais plus petite dans toutes fes dimenfions d’un pouce où un peu plus, de façon qu’il la déborde en tout fens ; fuppofons encore ce carreau éle@trifé par communi- cation au moyen de l’éléétricité que reçoit la feuille du conduéteur ; imaginons de plus qu’une perfonne touche fa furface inférieure du plat de la main, fans cependant en toucher les bords : fi après l’avoir élec- trifé de cette maniere pendant un certain tems, on Ôte à la feuille de plomb fa communication avec le conduéteur ; on verra que cette feuille qui aupara- vant recevoit l’éleûricité, en fournira, & que la furface inférieure du verre qui en fournifoit, com- me nous le dirons dans un moment, en recevra. Pour bien s’aflürer de l’exiftence de ce fait, préfentez à la feuille de plomb une pointe de fer, vous verrez à fon extrémité une efpece de petit point de lumiere 5 faites-en de même à la furface inférieure du carreau, au lieu de ce point vous verrez à la pointe une aï- arette, ou fi vous ne la voyez pas, vous ferez toù- jours en état de l’exciter en tirant des étincelles de la feuille de plomb. Or, comme on le verra à l’ars. ÉLECTRICITÉ, & comme nous l’avons montré dans le mémorre déjà cité, le point de lumiere indique toüjours l’entrée du fluide éle@rique dans le corps, & l’aigrette fa fortie ; ce qui montre que dans le pre- mier cas il y a un fluide éle@rique qui fort de la ferulle de ob & entre dans la pointe de fer, & que dans le fecond il y en a un qui ioit de cette pointe pour entrer dans la furface inférieure du verre. Dans les circonftances que nous avons dites être néceflaires à obferver pour que le verre acquit la propriété dont il eftici queftion , nous avons fpécifié particulierement qu’il falloit tenir le plat de la main contre la furface oppofée à celle qui recevoit lélec- tricité. Or quoique tout verre éleétrifé par une de fes furfaces , foit par frottement, foit par communi- cation , donne toûjours un peu d’éleétricité par l’au- tre, comme on peut s’en convaincre en préfentant à cette derniere furface la pointe de fer ( car on y ver- ra le petit point de lumiere , qui eft, comme nous venons de le dire, la preuve qu'il fort un fluide élec- trique du corps auquel vous la préfentez ) il paroît cependant par un grand nombre d'expériences, que par le moyen dont nous avons parlé on oblige une plus grande quantité de fluide éleétrique à fortir de cette furface non éleétrifée. Ainfi, par exemple, fi vous éleétrifez par communication un tube de verre Vri 3409 COM pleïn dé fimaïlle de fer où de fable, il paroïîtra peu d’éledricité au-dehors, pendant qu’elle paflera toute au-dedans. De même fi vous vuidez ce tube d'air, ce qui, comme on lé verra à l’article ÉLECTRICI- TÉ, revient à la même chofe que de l’emplr de I maille, vous verrez encore dans l’obf curité Péle@ri- cité pafler au-dedans, & y fairé plufieurs jets d’un feu pâle & rare, éc. enfin on obfervera toûjours ‘ qu'il tort beaucoup plus de fluide éléétrique de”la futface oppofée à celle qu'on éle&rife, lorfque la” premiere eft en contaét avec quelque corps éleétrifa-" blé par communication, que dans tout autre cas. On.a vû par ce qiu a été dit plus haut, comment , LR, & 4 À hi à hi CULET. j { lôrfque le carreau de verre a été fortement éleëtrifé, {a furface qui a reçû l’élé@ricité en fournit , & com- . ment fon oppofée en pompe des corps environnans qui en.peuvent donner. Mais nous avons dit que dès que le vérre eft éle@rifé par une de’fes furfaces, pen- dant que l’autre eft en contaét avec un corps éle&ri- fable par communication, il acquiert une tendance à prodiure cet effet, s’il n’en eft pas empêché; c’eft ce qui demande à être expliqué un peu plus au long. Quant au fait, voici ce qui arrive, & que l’on ob- fervera conftamment dès qu'on commencera à élec- trifer le carreau de verre. Par exemple, tout étant dé même que nous l'avons fuppofé plus haut, on verra. f l’on retire pour un moment la main de def- fous la furface inférieure, on verra, dis-je, en y préfentant la pointe de fer, le point de lumiere à cètte pointe; preuvé, comme nous l’avons dit, que le fluide fort de cette furface. Mais à mefure que le carreau de verre deviendra plus éle@rique, ce point ira toùjours en s’affloibliflant , comme on pourra s’en appercevoir en retirant la main de tems en tems, & préfentant la pointe. Enfin lorfque ce verré aura ac- quisle plus grand degré d’éledricité que la vertu élec- trique du globe pourra lui communiquer, fi l’on pré- fente.dé nouveau cette pointe à la furface inférieure, le point de lumiere paroïtra comme infenfible, ou s’é- vanotira tellement, que pour peu que l'éle&ricité du conduéteur vienne à diminuer en en tirant des étincelles, ou par quelqu’autre caufe, ce point fe changera aufli-tôt en aigrette, qui eft la marque d’un fluide éledrique fortant de cette pointe, & tendant à entrer dans le corps auquel vous la préfentez. Ce- pendant la tendance de ce carreau à fournir de l’é- léétricité, n’a pas moins lieu pendant tout le tems de fon életrifation: mais comme c’eft avec peu de for- ce ,‘elle ne fe manifefte que dans les cas où elle peut véritablement entrer en aétion, comme lorfqw’on di- “minue tout-d’un-coup par une forte étincelle Pélec- tricite du coaduéteur. Car fi dans le même moment ayant retiré la main de fa furface inférieure, on pré- fente à cette furface la pointe de fer, on en verra fortir une aigrette , au lieu du point de lumiere que nous avons dit précédemment qu'on y obfervoit. Voici à-peu-près comment nous concevons que ces différens effets ont lieu. Lorfque vous commencez à élettrifer Le carreau de verre, la force qu’il acquiert pour fournir du fluide éle@rique par fa furface élec- trifée,eft inférieure de beaucoup à celleaveclaquelle le globe tend à en fournir par Le conduéteur : celle- ci l’emportant donc, l’éledtricité qu'il fournit doit pañier au-travers du verre, & en fortir, comme on a vi que cela arrivoit, à-peu-près comme deux cou- rans d'air oppofés qui {e rencontreroïent dans un tuyau ; celui qui auroit le plus de vitefle repouffe- roit l’autre, & l’obligeroit à hu livrer paffage. Mais comme à melure que le carreau de verre eft éle&ri- fé, il acquiert plus de force pour poufler du fluide par la furface éledrifée, &c. la force avec laquelle l’éleétricité vient du globe l'emporte de moins en moins fur celle avec laquelle 1l tend à en donner; de façon que le fluide éleftrique qui pañle à-travers | potte; & il en dônne' par la furfacé élé@rilée pen" LA : Li ” J _ : AT C UD = ‘ > 13 rem d L env Tacngs nisiéns. * sages ? 8° HS 2) le carreau va tohjüuts'en diminuant jufqu'à ce qi enfin là force que’fe tarreau a"pôur én fournir, » étant égale à celle que leslôbe a pour lien com- . mumiquer, il n’en peut plus-pafler: Ces deux forces . une fois parvénues à l égalité , dès quécelle avec las quelle le Conduéteur agit s’affoiblits {oït que l’on di: minue Pélé@ricité en èn'tirant dès étincelless onque lé globe”en fournifle moins ; la force aveë liquelle” lé‘carreau tend à fournir du fluide “életriqué lem-” dant qu'il en pompe par l’autre’, inf que nous l’a. vons dit, Au refte’ il paroît Que toutes lesfubftances” éle@riqués par ellés-mêmesi, n’ont pas la-ptopriétés M du verre dont nous vénioris de parler: on ñecons noît encore que la porcelaine & le talc qu'on in pitt {6 fubflituer dans l’expérience du coup foadrôyanr,* M. Dutour de Riom; correfpondant.de Facadémie, M des Sciences , eft le premier que je fache qui &itpar ‘de cette propriété durtalc." "1000, agro 15 4 Ayant mis fous les -veux-du leéteur ces différentes” propriétés des fubftances éle@riques 8& non'éleQrit ques par elles-mêmes; nous paflerons à l’analyfedes* moyens que l’on employe pour fare l'expérience. M du coup foudroyant ; & de ce qui fe pañle däns cette: expérience. hé 2e FAR Dans la defcription que nous avons donnée de‘la | maniere dont elle fe fait, nous avons difiqne l'on M emplifoit la bouteïlle à moitié } où un pewblus, & que l’on faifoit tremper däns Peau de cette bouteille, « un fil de métal partant du conduéteur! Nous avons’ dit en même tems qu’il falloit la témir d’ine main, | en Pempoignant de facon que l’on touché les parties! de fa furface qui répondent’à celle que l’éautouche intérieurement , & enfuite tirer une étincelle du con- duéteur. Nous allons, d’après les différentes pro- ST | à L priétés du verre, & descorps éleätrifables par com M munication , que nous'avons rapportées eflayer de faire voir comment de cette difpoñition &'de ces: | L propriétés il en doit réfulter un choc dans la per M fonne qui fait l’expériénce. Par les propriétés du verre, que nous veñons de rapporter; ün voit, M 1°, que l’eau étant éleétrifée par le moyen du filde’ M métal venant du conduéteur, elle doit élé&trifer le verre dans tous les points où elle le touche, pif: que, comme nous l’avons dit, le verre s’éleétrife ainfi par communication. On fent facilement auffi pourquoi on ne doït pas emplir la bouteille d’eau au-deffus d’une certaine hauteur, & pourquoi elle doit être fort feche dans toute la partie extérieure &c intérieure an-deffus de la furface de l’eau ; car! fi cette liqueur montoit trop haut dans la bouteille ; : ou que fes deux furfaces fuffent humides, Péleétri- * cité pourroit gliffer Le long de ces furfaces , {e tranf£- mettre à la main, &c. & de-là fe perdre dans le plan- cher; ainfi le verre ne pourroit plus s’éleétrifer, puif- qu’il ne refteroit plus d’éledricité : on voit donc la: néceflité d'unintervalle, rebord où marge de verre, ! 4 Là V0 # . qui fépare les deux fubftances éleétrifables par com- - munication, qui le touchent. On voit, 2°, que la! main, qui eft un éleétrifable par communication ,? touchant la bouteille par fa furface extérieure, doit obliger une partie de l’éle@ricité que reçoit l’inré- rieure, à pañler au-travers du verre, comme nous avons dit que cela arrivoit dans ce cas. 3°. Que par- là , au bout d’un certain tems d'éleétrifation , cette bouteille acquiert la propriété de pouvoir fournir de l'életricité par fa furface intérieure, & d’en pomper extérieurement par les pores répondans à ceux qui ont été éle@rifés en-dedans. Ceci étant bien enten- du , fi l’on fe rappelle que tous les corps éle&trifables par communication , contiennént beaucoup de fluide éle@rique , on concevra comment On doit éprouver un choc, lorfqu’en tenant la bouteille d’une main, on tire de l’autreune étincelle du conduéteur : car dès que- | - V ; qui fe déchargeroit efféétivement au plancher à-tra- vers vos fouliers, fi dans le même inftant le cul de " 1 bouteille ne l'attitoit : ot, comme dans le même ‘tems que d'une main vous tiréz l’étincelle du conduic-" teur, la bouteille tire où pompe l’éleéricité de l’au- tre main qui la touche , comme nous Favons dit, ? vous devez en conféquence fentir inftantanément deux fecoufles dans les parties du corps oppoiees , c’elt-à-dire dans Le poignet, 6:c. de la main quitient la bouteille, & dans celui de celle qui tire l’étincelle. En effet, dans le bras qui tire l’étincelle, vous devez fentirune fecoufle produite parle fluide éleétrique qui y entre ; & dans.celui quitient la bouteille, une autre fecouffe produite au contraire par le fluide qui en fort: . & c’eft auf ce que l’on reflent , non-feulement dans les, poignets , mais encore dans les coudes , Ec. comme nous l'avons dit au commencement de cet article. Cette double fenfation diftingue d’une ma- niere bien précife l'effet de cette expérience, de ce- lui d’une fimple étincelle que l’on tire du conduc- teur. Dans ce derniér cas on ne reflent qu'une feule {ecoute , & cela dans la partie qui tire l’étincelle. Il eft vrai que lorfque l’éleétricité eft très-forte, on en reflent une auffi quelquefois en même tems dans la cheville du pié ; ce qui a fait dire à quelques phyfi- ciens,que le choc de l’expérience de Leyde ne diffé- roit de celui que produit une fimple étincelle, que par la force; mais ils ne faifoient pas attention à cette double fenfation fimultanée , que l’on éprouve toûjours dans cette expérience , quelque foible me- me que foit l’éledricité, & qui par-là en fait, pour ainf dire, lé caraétere. L'expérience fuivante forme une nouvelle preuve en faveur de l'explication que nous venons de don- ner des caufes du comp foudroyant. Que , tout reftant de même; on fuppofe la bou- teille placée fur un guéridon de bois, &c deux per- fonnes ayant chacune une main pofée deflus , toù- jours dans la partie qui répond à celle où l’eau fe trouve intérieurement ; fi l’une d’elles tire une étin- celle du conduéteur, elles feront frappées toutes les deux en même tems ; mais l’une , celle qui tout à la fois touche la bouteille & tire l’étincelle , recevra le coup foudroyant ; & l’autre , dont la main repofe def- fus, ne fera frappée, quoiqu’aflez vivement, que dans le bras & le poignet de la main qui touche à la bouteille. La raifon en eft fenfble. Lorfqu'une des perfonnes tire l’étincelle du conduéteur, le verre de la bouteille pompe le fluide éleétrique de tous les corps qui touchent les points de fa furface extérieure répondant à ceux que touche l’eau intérieurement : 1 doit donc non-feulement en pomper de la perfonne quitire l’étincelle, 8 par-là lui faire recevoir le coup foudroyant , mais encore de celle qui ne fait que repofer fa main deflus, quoique cette perfonne ne participe aucunement au refte de l’expérience. Avant d'aller plus loin, il eft à propos de répon- dre à une difficulté que Fon pourroit nous faire. Se- lon vous, nous dira-t-on, les fecouffes que l’on reffent dans le coup foudroyant, font produites par l'entrée du fluide éleétrique d’un côté, & par fa for- tie de l’autre. Or ce fluide entrant par la main qui tire l'étincelle, & fortant par celle qui tient la bou- teille , il fembleroit que ces fecoufles devroient fe faire fentir aux deux mains, & cependant vous dites que c’eft aux poignets , aux coudes, &c. Comment cela fe fait-il? Le voici. Cen’eftpastant l'entrée ni la {ortie du fluide éleürique dans un corps, qui produit un effet ou une fenfation, que la maniere dont ce fluide entre ou fort. La raifon en eft que la tranfmif- fion de l’éledricité d’un corps à un autre qui le tou- che immédiatement, fe fait fans choc, fans étinçelle, ous tirez cette étincelle, vous acquérez du fluide éledtrique qui tend à fe décharger de toutes parts, & C OU 341 | enfin fans aucun effet apparent ; au lieu que fielle fe fait d’un corps * un autre qui ne le touche pas, il y° a tojours étincelle & choc. Ainfi, que l’on éleétrite | une chaîne de fer non tendue, & dont les chainons foient à quelque diftance les uns des autres, le paf= fage de l’éledricité de l’un à l’autre deviendra fenfi- ble par une étincellé qui partira fucceflivément de chacun d’etix maïs fi la chaîne eff bien tendue , en- forte que tous les chaïnons fe touchent bien intime ment, la tranfmiffion fe fera d’un bout à l’autre dans ‘un inftant, & fans que lon s’en apperçoive: Appli= : quons ceci à ce qui fe pafle dans'un homme qui fait l'expérience du coup foudroyant. Dans cet homme fe trouvent des'articulations aux poignets, aux cou- des , aux épaules, 6c. Dans ces parties la continuité n’eft pas bien entiere ; elles reflemblent donc en quelque façon aux chaînons qui ne fe touchent pas” immédiatement : il s’enfuit donc qu’il doit y avoir une efpece de choc, lorfque l’éleétricité pafle de l’une à l’autre, comme nous avons dit qu'on lob= ferve. Cependant le doigt ne laifle pas de reffentir une douleur, maïs plütôt d’une forte piquutre brü= lante ; & fi la main qui touche la bouteille ne reffent rien ordinaitement , c’eft que le fluide éle@rique fe déchargeant par tous fes pores , Pimpreflion qu’elle fait eft trop foible pour être apperçue. Vous vous: aflürerez que c'en eft-là Punique caufe, fi au lieu d'appuyer la’ main toute entiere fur une bouteille bien éledrifée, vous ne la touchez que du bout des doigts; car vous y refléntirez une douleur très-vive * en faifant l’expérience , le fluide éleétrique faifant alors une impreflion fort fenfible, parce qu’il ne fort que par le petit nombre de pores qui font au bout des doigts. Non-feulement l'expérience que nous avons rap- potrée plus haut, paroîtconfirmer notre explication des effets de la bouteille dé Leyde , mais encore la plü- part de celles que l’on peut faire avec cette bouteille ; ainfi lorfqw’elle fait partie d’un fyflème de corps éledrifés, quoique d’abord l'électricité paroïffe plus foible que lorfqu'il n’y en a pas, cependant elle aug- mente fucceflivement jufqu’à devenir très-fortée : ce qui arrive lorfque cette bouteille a acquis la plus grande vertu pofhble, relativement à lintenfité de la force éledrique qui vient du globe. On dit alors qu’elle eft chargée, &c l'électricité devient en quel- que façon conftante , & n’augmente ni ne diminue point à chaque inftant, comme cela arrive lorfque cette bouteille ne fait point partie du fyftème des corps éleétrifés ; enforte qu’elle forme comme une efpece de réfervoir à l’éledricité : or cet effet eft une fuite naturelle de ce que nous avons dit plus haut de- la propriété qu’a le verre, de fournir du fluide élec- trique par la furface qui en areçü, & d'en pomper par celle qui en a donné : car par cette propriété on voit que lorfque le verre de la bouteille de Leyde a été fortement élettrifé , f le globe vient à fournir : moins d'électricité, ce verre en redonne à l’eau, 6e. en en pompant de la perfonne ou du fupport non- életrique fur lequel il eft appuyé : la force qu’ont le globe &r la bouteille pour fournir chacun de l’élec- tricité, étant, comme nous l'avons dit plus haut, pour ainfi dire en équilibre lorfque celle-ci eft bien chargée. On voit encore, paf la même raïfon, que la vertu qu’a cette bouteille de conferver long-tems {on éledricité, eft une fuite de la même propriété. En effet , tant qu’elle conferve la faculté de pomper du fluide éleétrique des corps qui la touchent, elle conferve celle d’en fournir, & par conféquent de paroitre éledrique. Le tems que cette bouteille con- ferve fon élettricité, va quelquefois jufqu’à trente fix, quarante heures, & plus. Dans la defcription que nous avons donnée du procédé que l’on ohbferve dans cette expérience ; 342 C OU nous avons fuivi celui quia été le premier employé, -comme le plus fimple.. Aujourd’huion met ordinai- tement un bouchon dans la bouteille, au-travers : ‘ E. 3 Le duquel pafle un fil-de-fer qui va tremper dans l'eau, &: dont l’extrémité qui .deborde le bouchon, eft. -courbée comme un anneau: on l'appelle 2e crocher. Par ce-moyen on fe fert plus commodément de cette bouteille; & l'ayant chargée, on peut la tranfporter ù l’on vent. Après avoir donné notre explication des caufes de l'expérience du coup foudroyanr, il eft à propos de dire, comme nous l'avons promis, deux mots de celles-qu’en ont donné les plus habiles phyficiens, comme MM. l’abbé Nolet, Jallabert, Watfon & Frankhn. _ Selon le.premier, tout dans cette expérience con- : fifte à éledrifer un corps fortement , lequel cepen- dant.on pue toucher & manier fans lui rien faire perdre de fa vertu; 8 la commotion que lon ref- {ent, vient de ce que la matiere éleûrique du corps non-éleûrifé qui fait l’expérience, eft vivement & en même tems choquée d’un côté par celle qui dort du conduéteur; & de l’autre, par celle qui s’élance de la bouteille. Selon M. Jallabert, au moment de l’expérience , deux courans d’un fluide très-élaftique müûs avec violence, entrent & fe précipitent dans le corps par deux routes oppolées , fe rencontrent, fe heurtent ; & leur mutuelle répulfon caufe une con- denfation forcée de ce fluide en diverfes parties du corps. Selon M. Watfon, lorfque la perfonne qui fait l’expérience de Leyde ou du coup foudroyant , tire létincelle du conduéteur, elle perd an moment de Pexplofion qui fe fait alors, autant de feu de fon corps, quil y en avoit d'accumulé dans l’eau & dans-le canon de fufil; & elle fent dans fes deux bras l’effet du courant de fon feu qui pale à-travers lun, au.canon de fufil ; & à.- travers l’autre, à la phiole on à la bouteille. Enfin, felon M. Franklin, la com- motion n’a leu qu’en conféquence de la prodigieufe condenfation du fluide éleétrique dans la furface du verre touchée par le corps éle&rifable par commu- mcation életrité, comme l’eau, le métal, &c. & raréfié au même degré dans la furface oppofée ; & ce fluide, pour fe rétablir en équihibre, ne pouvant pañer à-travers. le verre, qui, felon cet auteur, y eit-imperméable ; ce fluide, dis-je, dans l’inftant que l’on tire l’étincelle, fe précipite avec une rapi- cité inexprimable à-travers le corps éle&rifable par communication, .qui fait la jonétion du conduéteur à la bouteille, pour entrer dans la furface du verre -de cette-bouteille , dans laquelle il avoit été tant raréfié, On voit par cet expofé de la doftrine de M. Fran- klin {ur la caufe du coup foudroyant , que la nôtre y a-aflezderapport. Nous prétendons en effet, comme lui, qu'il fe fait un mouvement du fluide éleärique , du crochet de la bouteille vers fon ventre ; & 1l faut en convenir. {l eft le premier qui à cet égard ait bien obfervé ce qui fe pañle dans cette expérience, & nous.fommes d'accord avec lui, quant aux effets.en énéral, mais d’une opinion tres- différente de la fenne. On vient de voir que, felon lui, le verre eft imperméable à la matiere éleûtrique ; que lorfqu’on charge la bouteille, il fort autant de fluide éleäri- que de fa furface intérieure, qu'il en entre par l’ex- térieure. Or il ne prouve nullement limperméabi- lité du verre à la matiere éleûtrique , d’une maniere décifive, non plus que la feconde propoñtion : tous les faits qu’il allègue à ce fujet étant équivoques, & pouvant tout aufli-bien provenir d’autres caufes. Enfin.onmne voit pas comment dans fon fyftème 1l pourroit expliquer ce qui arrive dans l’expérience ue j'ai rapportée. où deux perfonnes ayant tout à da fois Les mains fur la bouteille, cellequi netire pas 4 CO U |, l’étincelle duconduéteur, ne laïffe pas de fentirune. fecoufle , 8: même aflez vive , dans la partie qui communique avec la bouteille : car dans la fuppofi=" tion de M. Franklin, n’y ayant aucun fluide qui la” traversât, elle ne devroit reflentir aucun choc; mais c’eft ce quieft direétement contraire à l’expé- rience, Quoi qu'il en foit, il faut rendre à cet habile phyficien la juftice de dire qu’il eft le premier qui par un grand nombre d’expériences ingémeufes nous. ait mis fur la voie de bien analyfer ce qui fe pafle dans l'expérience du coup foudroyant ; & en cela on peut dire qu’il a pas rendu un petit fervice à l’élec- tricité. En effet, parmi tous fes différens‘phénome- nes, il n’eneft point dont il foit plus effentiel d’avoir — une connoiffance exacte, que de celui-ci, au moins uant à la route qu°v tient le fluide éleétrique. Tex! q qu y AECETIC horte tous les Phyficiens à la chercher, & à tâcher de la reconnoître ; car comme on a crû qu’une ex- périence de cette nature devoit fürement agir fur le corps humain , & qu'en confequence on a crû en. devoir faire l’apphication à différentes mäladies , îl ” eft de Îa plus grande conféquence de favoir quelle route prend le fluide éleétrique ; s’il va ‘de la bou-" teille à-travers la pérfonne au conduéteur, ou de ce- RS lui-ci à travers la perfonne à la bouteille. Pour peu - effetivement qu’on y fafle attention, on voit que fi Von n’a pas une connoïffance exaûle de cette route, on peut, en appliquant cette expérience au corps humain , donner lieu à des effets direétément con- traires à ceux que l’on fe propofoit de produire. Après avoir donné une idée de ce qui fe pañle dans l'expérience du coup foudroyant, il fait voir qu’elle n’eft qu’une fuite des différentes propriétés du vetre, & des corps non éleétriques par eux-mêmes qu’on y employe.Ïllnefera pas difficile de fatisfaire à plufieurs queftions que l’on peut faire par rapport à cette ex- périence , & au procédé que l’on obferve pour la faire. Ces queftions nous paroïffent pouvoir fe ré- duire aux fuivantes : 1°. fi on peut fubftituer indif- féremment toutes fortes de matieres à l’eau que l’on met dans la bouteille: 2°. fi la grandeuroula forme du vafe n’y change rien : 3°. fi l’on peut en augmenter la force, & comment : enfin fi plufieurs perfonnes peuvent faire cette expérience tout à la fois comme une feule ; ou, ce qui revient au même, file circuit, le cercle ou la chaine des corps non éle&riques par eux-mêmes, qui font la communication du ventre de la bouteille avec le conduéteur dont on tire l’étin- celle, peut avoir telle étendue qu’on veut; & fi alors dans cette grande étendue l’effet eft inftantané. On a vû qu'il n’étoit queftion dans cette expérien- ce , que d’éledrifer le verre de communication. Tou- tes les fubftances capables de s’éleétrifer de cette fa- con, & difpofées fous une forme à toucher Le verre en un grand nombre de points tout à [a fois, y feront donc propres ; ainfi tous les métaux réduits en li- maille ou en feuilles ,le plomb engrains,le mercure, un corps animé, Gc. y conviendront fortbien, & enfin toutes les matieres bien éleétrifables par com- munication, Îl y a cependant une remarque affez intéreflante à ce fujet , par rapport aux métaux : c’eft que lorfqu'ils font calcinés on ne peut plus les y em- ployer; quoique réduits en limaille , ils y fervent très-bien : ainfi la cérufe , le minium , & en général toutes les chaux de métaux, n’y conviennent pas, comme l’a obfervé M. Watfon. Cela eft d’autant plus finguler , que pour revivifier un metal de fa chaux, il ne faut, Comme on fait, qu’ajoûter à celle-ci un peu de phlogiftique. Or comme il y a toute appa- rence que c’eft le phlopiftique qui fait les corps or1- ginairement éleétriques , puifque nous voyons que [a plüpart de ceux qui en contiennent beaucoup, font dans ce cas , il fembleroit que cette addition devroit rendre Le métal moins éleétrifable par communiças nn #ion, que fa chaux : ce qui cependant, commé on vient de le voir, eft contraire à l’expérience. Nous avons dit en parlant des propriétés du verre, que lorfqu’on ôtoit Le contaét de l'air d’une de fes furfa- ces, c’étoit comme fi on la touchoit par des corps éleétriques par communication. Donc, fi au lieu d’eau dans la bouteille, on y fubftituoit le vuide, f cela » fe peut dire ; ou plütôt fi épuifant la bouteille d’air, On la fcelloit hermétiquement, & qu’on éle&risät bien fon cou pendant qu’on la tiendroit par fon ven- tre , on feroit avec cette bouteille ainfi préparée, l’expérience de Leyde, de même que fi l’on y avoit mis de l’eau. Nous devons cette curieufe expérience à M. l'abbé Nolet. Enfin on la feroit encore, fi au Leu de vuider la bouteille d'air, on lPemplifloit ou d’eau ou de limaille, ce. & qu’on la fcellât herme- tiquement, ainfi que je l’ai éprouvé. Jai dit que les _ matieres fubftituées à l’eau dans cette expérience, devoient être des plus éledtrifables, & cela eff ainfi ; car le bois & d’autres fubftances , qui d’ailleurs ne laïflent pas de s’éle@rifer beaucoup par communica- tion, n’y font pas propres. Ayant mentré que la bouteille ne produifoit le coup foudroyant que par la propriété qu'a le verre, lorfqu'il a été fortement éle&rifé, de donner de l’é- le@ricité par Le côté qui en a reçu, & d’en pomper par celui qui en a donné , on voit par rapport à la feconde queftion, que la forme du vafe ou celle fous laquelle vous employez le verre, n’y fait rien; puif- que cela ne peut apporter aucun changement à la propriété dont nous venons de parler : ainfi qu'il foit formé en bouteille, en cylindre, qu'il foit rond ou plat, &c. pourvû que les corps éleétrifables “par communication qui touchent fes deux furfaces, laifent de chaque côté, comme nous l’avons dit, deux efpeces de rebords ou marges tout-autour pour empêcher l’éle&tricité de pafler d’une furface à l’au- tre le long de ces corps, on fera toüjours l’expérien- ce de Leyde. En effet, on voit que le verre difpofé en forme de carreau n’eït, à le bien prendre, que la bouteille ou le vafe développé & étendu. Cepen- dant , quoique cette idée paroifle aujourd’hui fort fimple , nous fommes en général fi fort attachés à l’i- mitation, qu'il s’écoula près de deux ans depuis la premiere découverte de cette expérience jufqu’au tems où l’on penfa à la faire de cette maniere. Le doëûteur Bevis & M. Jallabert furent les premiers qui s’en aviferent ; mais il feroit difhcile de décider lequel de ces deux favans a la date fur autre: car dans un mémoire que lut M. Watfon à la fociété royale de Londres, le 21 Janv. (vieux ftyle) 1748 ; il dit avoir tenté l'expérience de Leyde de cette ma- niere, fur ce que le doëteur Bevis lui en avoit dit quelque tems auparavant; & M. Jallabert nous en parle dans fon livre imprimé en Mars 1748, en nous difant qu'il ne fache pas que perfonne l’ait tentée avant lui de cette façon. Il eft plus que vraiffembla- ble que ces deux habiles phyfciens fe font rencon- trés ; ce qui eft arrivé déjà plufeurs fois, & qui arri- vera apparemment encore fouvent , fi la même ému- lation à cultiver la Phyfique continue. Quoi qu'il en {oit, il faut remarquer que le procédé du doéteur Bevis differe en une circonftance eflentielle de celui de M. Jallabert : celui-ci n’a fait fon expérience qu’- avec des glaces de miroir, dont l’étain alloit jufqu'au bord; celui-là au contraire laifle de chaque côté du verre deux rebords ou marges, femblables à ceux dont j'ai déjà parlé, & qui rendent par-là fon pro- cédé plus für que celui de M. Jallabert. Pour répondre à la troifieme queftion, nous di- rons que fi l’on fuppofe le globe ou les globes que lon employe capables de fournir une aflez grande quantité d’éleétricité, plus le vafe ou plütôt le mor- ceau de verre dont vous vous fervirez pour faire 4 Û COU 343 expérience fera grand, plus l’expérience fera for- te, ou plus les effets en feront confidérables. En voi- ci la raifon. On ne peut enlever au verre fon éle&ri- cité, comme nous l’avons fait voir, qu’en le tou- chant tout-à-la-fois dans un grand nombre de par- ties, parce qu’alors vous enlevez, & dans un inftant, l’éleétricité de chacune de fes parties : il s’enfuit done que plus il y aura de parties du verre qui feront élec- trifées en même tems, plus vous enleverez d’élec- tricité tout-à-la-fois, & par conféquent plus vous aurez d'effet. Il réfulte deux chofes de cette confidé- ration, non-feulement qu'il faut que le verre foit grand , mais encore que le métal, &. qui le couvré le touche dans le plus grand nombre de points pofli- bles, en fuppofant toûjours qu’on réferve les mat- ges dont nous avons parlé, C’eft M. Watfon qui a découvert le premier que quand on augmentoit ainft la quantité des points de la furface du verre touchée pat Le corps éle@rifable par communication, on aug- mentoit la force de l’expérience. Par ce que nous venons de dire, on conçoit que fi l’on enlève dans un inftant l’éleétricité d’une furface de 12 pouces en quarré, on aura un effet beaucoup plus grand que fi l’on enlevoit celle d’une furfacé de 6 pouces, quot- qu'il fût fort difficile de déterminer dans quel rap- port. Cependant , felon l'expérience ordinaire, 1l paroït que l’effet ne fuit pas ici La loi des furfaces ; car s’il la fivoit , 1l devroit être quadruple , & c’eft ce qui ne paroît pas être : mais, comme nous venons de le dire, il eft fort difficile de s’affürer de ce qui en eft. En effet, il faudroit pour cela être certain que la force du globe augmente comme la réfiftance du verre à s’éleétrifer par communication, ce verre pa- roiffant,comme nous l’avons dit,oppofer dans cette opération une véritable réfiftance à l’aétion de l’é- le&ricité qui vient du globe. M.Watfon a, je crois, poufté ces expériences plus loin que perfonne ; ayant fait faire des jarres ou cylindres de verre de 16 pou- ces de haut & de 18 pouces de circonférence, & de 22 pouces de haut fur 4x de circonférence, qu'il fai- . foit argenter avec des feuilles depuis le haut jufque en-bas , à la referve d’une maïge au-haut d’un pou- ce. Selon ce phyficien, lorfqu’on les déchargeoïit d’un feul coup, les effets en étoient très -confidéra- bles ; mais il ne nous dit sien là-deflus qui nous mon- tre dans quel rapport cette grande furface augmen- toit la force. On augmentera encore la force du coup foudroyant, fi l’on combine enfemble plufeurs bou- teilles ou plufieurs carreaux , que l’on déchargera tout-à-la-fois, pourvû cependant que ces bouteilles ou ces carreaux ne foient pas tellement arrangés que l’on recçoive le fluide éleétrique qui fort de la furta- ce non éleétrifée de l’autre ; car alors on auroit tout au plus leffet ordinaire d’une feule bouteille. Enfin voici une circonftance qui eft en quelque forte étran- gere, mais cependant qui peut beaucoup augmenter ou diminuer la force du coup foudroyant ; c’eft que le corps éle@rifable par communication avec lequel vous tirez l’étincelle du conduéteur pour décharger la bouteille, ne foit pas pointu, qu’au contraire il foit rond, & d'une certaine grofleur. On verra à l'article ÉLECTRICITÉ , que les étincelles augmen- tent de force jufqu’à un certain degré, à mefure que les corps dont on les tire, & qui les tire, ont plus de volume & plus de rondeur. Or il en eft de même dans cette expérience ; car on peut décharger la bou- teille la plus éleérifée ou la plus chargée fans crain- te, lorfqu’en la tenant d’une main au lieu de tirer de l’autre avec la jointure du doigt on un corps obtus, l'étincelle du conduéteur, on en approche une poin- te de métal, cette pointe tirant fucceffivement l’élec- tricité de la bouteille, & par-là la déchargeant in- fenfiblement. Après avoir fait voir que d’après les propriétés 344 C O Ü connues des corps électriques & non éleétriques par eux-mêmes, On pouvoit {atisfaire aux trois premie- res queftions que nous nous étions propolées, nous tâcherons de montrer de même par rapport à la qua- trieme, & la plus intéreffante fur l'étendue du cir- cuit ou cercle faifant la communication de la furfa- ce extérieure de la bouteille avec le conduéteur , que fi cette étendue va beaucoup au-delà de ce que Fon pourroit croire d’abord, ce n’eft encore qu’une fuite de ces mêmes propriétés. Nous avons dit qu'en même tems que l’on tire l’é- tincelie du conduéteur, ou ce qui revient au même, du crochet de la bouteille, elle pompe le fluide élec- trique des corps qui la touchent, ces deux effets étant inftantanés , ils doivent donc fe faire fentir dans le même tems aux deux extrémités de la chaîne quelle que foit fon étendue ; c’eft-à-dire qu’en la fuppofant formée par plufeurs perfonnes fe tenant toutes par la main, & dont la premiere tienne la bouteille, & la derniere tire l’étincelle, elles reflentiront l’une &c l’autre une fecoufle en même tems , l’une dans la partie qui tient la bouteille, & l’autre dans celle qui tire l’étincelle, foit que le nombre des perfonnes entre deux foit grand ou petit. Or comme on a vi que lorfqu’une perfonne tire une étincelle en pref- fant legerement la main d’une autre, elles reffen- tent l’une & l’autre une douleur dans l’endroit où elles fe touchent, produite par l’éleétricité qui pañle de la premiere à la feconde, &:c. lors donc que la derniere perfonne de la chaïne tire l’étincelle, dans linftant même le fluide életrique qu’elle a acquis, pafñle dans la perfonne dont elle tient la main : il en eft de même de celle-ci à la troïifieme , jufqu’a celle qui tient la bouteille ; de même celle-ci tire du flui- de éleétrique de celle qui la touche, celle-ci de la troifieme, Gc, jufqu'à celle qui tire l’étincelle. Ce double effet doit donc fe faire fentir dans un inftant d’un bout à l’autre de la chaîne ; les perfonnes qui la compofent doivent donc être toutes frappées, & en même tems quelque foit leur nombre. Ainfi l'on voit que par la nature des chofes cet effet fem- ble devoir fe tranfmettre à des diftances infimies , & inftantanément tant que la continuité n’eft pas inter- rompue. M. l’abbé Nolet eft le premier qui ait penfé à faire faire cette expérience à plufñeurs perfonnes tout-à-la-fois; dans fa nouveauté, il la fit, le Roi étant préfent, dans la grande galerie de Verfailles, avec 240 perfonnes auxquels fe joignirent tous les feigneurs qui vinrent avec fa Majefté. Comme cette expérience eft du genre des chofes , ainfi que nous l'avons dit au commencement de cet article, dont -on ne peut avoir d'idée qu’autant qu’on les éprouve oi-même , peu de tems après Le Roi curieux de fa- voir ce qui en étoit par lui-même, vint dans Le cabi- net des médailles où étoient les inffrumens de cet -académicien , & là fit l'expérience plufieurs foisavec des perfonnes de fa cour. Quelque tems après M. le Monnier le medecin la fit dans le clos des Char- treux, en faifant partie d’un cercle formé par deux fils-de-fer chacun de 95 toifes de long ; &c 1l remar- qua qu’elle étoit inftantanée, M. Watfon & quelques membres de la fociété royale de Londres , ont fait auf des expériences très-curieufes à ce fujet, qui {eroient trop longues à rapporter, mais par lefquel- les il paroît que Pétendue du cercle éleëtrique ayant quatre milles, l'expérience a encore parfaitement réuffi, & s’eft fait fentir inftantanément dans tous les points de cette vafte étendue. Ce qu'il y a de plus “ingulier dans cette expérience, c’eft que quoiqu’à deflein ils euffent interrompu la chaîne pendant lef- pace de deux milles, enforte que la commotion ne pouvoit fe tranfmettre de l’obfervateur qui étoit à d'extrémité d’un fl-de-fer à un autre obfervateur qui COU en étoit éloigné de deux milles, que pat le terrein ; cela n'empécha pas, comme nous venons de le dire , l'expérience de réuffir. Enfin les expériences du mé- me genre que fit en 1749 M. Jallabert, font trop fin- gulieres pour que je ne les rapporte pas ici. M. l’ab- bé Nolet en fait mention dans fes lettres, page 202. # Javois établi (c’eft M. Jallabert qui parle) une » machine éle@rique dans une galerie fituée fur le » Rhone , deux cents cinquante piés environ au-def- » fous de notre machine hydraulique : un matras def- » tiné aux expériences de la commotion , fut fuf- » pendu à une barre de fer éleftrifée immédiatement » par un globe de verre, & du culot de ce matras » pendoit un fil-de-fer, qui plongeoït dans le Rhone » de la profondeur de quelques lignes : des fils de fer » attachés à la barre, & foûtenus par des cordons de » foie, venoient aboutir auprès de quelques fontai- » nes publiques. Le globe étant frotté, on tiroit de » ces fils-de-fer, en approchant la main, des étincel- » les qui caufoient la fenfation d’une legere piquûre ; » mais fi quelqu'un communiquant d’une main à l’eau » de quelqu’une des fontaines , préfentoit l’autre au » fil-de-fer qui y aboutifloit, 1l éprouvoit une forte » commotion, 6:c. » Il eft à remarquer que les eaux qu'éleve cette machine hydraulique , font portées dans un réfervoir à plus de mille quatre cents piés de cette machine, élevé de 131 piés fur le niveau du Rhone, & que de ce réfervoir elles fe diftribuent dans les différens quartiers de la ville, Nous avons confidéré dans tout cet article l’expé- rience du coup foudroyant d’après la plüpart de ceux qui en ont écrit, fous unfeul point de vüûe, c’eft-à. dire comme une expérience finguliere de l’éleéricité par laquelle on peut imprimer des fecoufles violen- tes à nos corps, fecoufles avec lefquelles on a déjà tué quelques petits oïfeaux, & jufqu’à des poulets, fi nous en croyons M. Franklin. Mais f nous l’avons fait, ce n’a été que pour nous conformer à l’ufage reçu ; car cette mamiere de l’envifager eft trop par- ticuliere , la commotion violente qu’elle nous fait éprouver n'étant qu'un cas particulier des effets qu’- elle produit. En effet, on voit que dans cette expé- rience le fluide ou feu éle&trique étant emporté rapi- dement du crochet de la bouteille vers fon ventre, ce feu peut par-là produire beaucoup d’autres effets, C’eft auffi ce que nous a fait voir M. Franklin : cet habile phyficien nous a montré qu’on pouvoit par fon moyen percer des cartes, du papier , &c. en- flammer de la poudre, & faire une efpece de fufon froide des métaux. Voici comment on s’y prend à- peu-près pour faire ces expériences : ayez un grand carreau de verre doré des deux côtés, avec des mar- ges d’un pouce ou plus, comme nous l’avons dit, jufqu’où la dorure ne s’étende pas : l'ayant pofé ho- rifontalement , on le fait communiquer par-deffous avec le conduéteur, enforte que ce foit fa furface inférieure qui reçoive l’éleétricité : enfuite on le charge bien, en mettant de tems en tems les mains fur la furface fupérieure, pour faire communiquer cette furface avec le plancher : comme nous avons dit que cela étoit néceffaire lorfque le carreau eft : bien chargé, fi l'on veut percer des cartes, par exem- ple, on les pole deflus, & prenant une efpece de € de fer dont les deux bouts font retournés en-dehors & forment des efpeces d’anneaux, on le met d’un : bout fur ces cartes , & de l’autre on l’approche ; on tire une étincelle du conduéteur, dans l’inftant le fluide par l’extrème vitefle avec laquelle il ef em- porté, les perce. Si l’on veut faire la fufñon froide des métaux, ayant deux lames de verre d’une cer- taine épaifleur, de trois pouces de long ou environ, & d’un de large ; placez entre ces lames au milieu d’un bout à l’autre , une feuille de métal quelcon- que , comme d'or, de cuivre , Ge, fort étroite » n'ayant N'ayant guere qu'une ligne de largeur : ceci fait, ferrez-les fortement l’une contre l’autre avec du cordonnet de foie ; plus elles feront ferrées , mieux l'expérience réuflira : pofez-les enfuite au milieu du carreau dé verre , & faites communiquer l’un des bouts de la feuille d’or ( qui pout cet effet doit dé- border par fes deux extrémités )avec la dorure du carreau , &s l’autre avec quelque plaque où morceau de métal, que vous mettrez fur un morceau de ver- re pofé deflus l'ayant bien chargé , comme on vient de le dite : prenez enfuite le C de fer dont nous avons parlé ; &c après l’avoir appliqué fur le morceau de métal, tirez ane étincelle du conducteur: fi vous defferrez le cordon, & que vous regardiez vos la- mes, vous y verrez dans différens endroits des ta- ches rougetres, produites par l’or qui y a été com me comprimé dans l’explofion, ou dans l’inftant que le carreau s’eft déchargé. Ces taches font parfaite- ment égales fur chacune de ces lames , enforte que l’une eft toùjours la contre-épreuve de l’autre, & fi adhérentes que l’eau régale ni aucun mordant ne peut les enlevet ; quelquefois le choc eft fi grand, lorfque léleétricité eft très-forte , qu’elles fe brifent ‘en mille parties. Après avoir parle de l’expérience du coup fou- droyant en général, en avoir fait voir les caufes & montré les différens moyens de le varier , il ne me refte plus qu’à parler de fon application à la Mede- cine. Je fouhaïiterois bien pouvoir donner ici une lon- gue lifte des bons effets qu’elle a produits ; mais mal- heureufement je fuis contraint d’avouer qu’ils font _en très-petit nombre, au moins ceux qu’on peut lé- gitimement attribuer à cette expérience. Je fai qu’on a fait beaucoup de tentatives ; je fai qu'on a vanté le fuccès de plufieurs, mais ces fuccès ne font pas confirmés. Je n’ai pas été moi-même plus heureux ; tout ce que j'ai remarqué de plus conftant, c’eft que la commotion donnée avec une certaine violen- ce occafionne des fueurs très-fortes aux perfonnes qui la font , foit par la cramnte qu’elle leur caufe , foit auf par Pimpreffion qu’elle fait fur tout leur corps. Cependant on ne doit pas fe décourager ; fouvent le peu de fuccès-de nos tentatives ne-vient:que.de la maniere dont nous les faifons : peut-être à la-vérité que le tems & les expériences nous apprendront, -que l'application de celle-ci au corps humain eft inu- tile ; peut-être aufi qu'ils nous en feront découvrir d’heureufes applications auxquelles nous touchons, &c dont cependant nous ne nous-doutons pas. Foyez ÉLECTRICITÉ. (T) | Cour DE CROCHET,en Batiment, eft une petite cavité que les Maçons font avec le crocher, pour dé- -gager les moulures du plâtre, & que l’on appelle grain d’orge dans les profils des-corniches. de pierre, -ou moulures de menuferie. Voyez GRAIN D'ORGE. (P) Cour-p'œiL (4), dans L'Art militaire , eft {elon “M.le chevalier de Folard, l’art de connoître la na- ture & les différentes fithationsdu pays, où l’on fait -8&t où l’on veut porter la guerre; les avantages & les defavantages des camps & des poftes que l’on veut -Occuiper , comme ceux qui-peuvent être favorables “ou defavantageux à ennemi. : 1 Par la pofition de nos.camps & par les conféquen- ces.que-nous én tirons , nous-jJugeons fürement des -deffeins préfens, & de ceux que nous pouvons avoir par la fuites C’eft uniquement par cette connoïffan- -ce de toutle pays où l’on porté la guerre,qu’un grand capitainé, peut prévoir les évenemens de toute une “Campagne, -8£s’en rendre pour ainfi dire le maître, Sans le, coup-d’eil militaire , 1l.éft impoñible qu'un “général puifle éviter de tomber dans une infinité de fautes d’une certaine conféquençe, Tome IF, ( (Z) COU 345 Philopæmen, un des plus illuftres capitaines de la Grece, avoit un coup - d'œil admirable: Plutarque nous apprend la méthode dont il fe fervit pour voir de tout autres yeux que de ceux des autres , la con- duite des armées. | « Il écoutoit volontiers, dit cet änifeur dañs la vie » de ce grand capitaine, les difcours & lifoit les trai- » tés des Philofophes, non tous, mais feuilément ceux » qui pouvoient l’aider à faire des progrèsdans la ver- » tu. Il aimoit fur-tout à lire les traités d’Evangelus ; » qu'on appelle les saéliques , c’eft-à-dire l’art de ran- » ger les troupes en bataïllé ; & les hiftoires de la vie » d'Alexandre : car il penfoit qu’il falloit toùjours rap: » porter les paroles aux aélions, & nelire que-pour apprendre à agir, à moins qu’on ne veuille lire {eu- # lement pour pañler le tems , & pour fe former à un » babil infruttueux 6 inutile. Quand il avoit Iû les » préceptes & les regles de Taétique , il ne faïfoit # nul cas d'en voir les démonftrations par des plans » fur des planches; maïs: il en fafoit l'application » fur les lieux mêmes, &.en pleine campagne : car » dans les marches il obfervoit exaëtement la pofñi= » tion des lieux hauts & des lieux bas , toutes les » coupures & les irrégularités du terrein , & toutes » les différentes formes de figure que les bataillons » & efcadrons font obligés de fubir à caufe des ruif= » feaux, des ravins, & des défilés , qui Les forcent » de fe refferrer ou de s'étendre; & après avoir mé- » dité fur cela én lui-même , il en communiquoit » avec ceux qui Paccompagnoient, &c, ». C’eft un abregé des préceptes qui peuvent for- mer un général au coup-d’æil, On peut voir dans le commentaire fur Polybe de M. le chevalier Folard,, tom. I, pag, 262. le coup-d’eil réduir en principes & en méthode, C’eft un chapitre des plus inftrudifs de ce commentaire, & un de ceux dont il paroît qu’un officier deftiné à commander les armées peut tirer le plus d'utilité. (Q) | Coup PERDU , (.4rt mitir.) eft uñ coùp de canon tiré de maniere que la bouche du canon éft élevée au-deflus de la hgne horifontale, & qu'il n’eft pas pôinté direétement à un but. (Q) COUP DE PARTANCE, (Marine.) t’eft un coup de canon qué lé commändant fait tirer fans être chargé à balle, pour avertir les paflagérs ou autres gens de l’équipage qui font encore à terre, de fe reri: dre à bord & que le navire va partir. (Z) Coup de canon à l’ean , ( Marine. ) fe dit dés coups de cañon qu'un vaïfleai reçoit dans la partie qui em eft enfoncée dans l’eau, c’eft-à-dire au-deflous dé fa ligné de flotaifon. D CIE. Dans un combät, les calfats font fous prêts avec des plaques de plomb, qu’on applique fut le trou pouf boucher le plus promptement qu'il eft poffible les coups'de canon a l’eau. MT 100 2 Coup de canon en bois ; (Mafine.) ce font ceux que recoit le varffeau dans fa partie qui eft hors de l’eair Coûp DE VENT , ( Marine.) {e dit forfque le vertt Te renforce aflez pour obliger de ferrer lès voiles, (Us qu'il forme un gros tenis où un orage Qui tours mente le vaifleau. (Z) de AN Cour DE Mer , ( Marine.) c’eft lorique la.mer eft grofle , & que la vague vient frapper avéc, yiolence contre le corps du vaifleau. On a vü des coups de mer aflez forts pour enlever le gouvernail ; brifer les galeries, & mettre le navire en dänger. (Z) Cour DE GOUVERNAIE, ( Marine.) donner tr coup de gouvernail; c’eftpoufler le souvernail-avec beaucoup de vitefle à bas-bord ou à ftribotd...(Z) * COUP, PETITS COUPS:, (bas au métier.) parties de cette-machine , à l’aide defquelles s’exécute une des- principales manœuvres dans le travail. Cette | | TE 3 46 COU manœuvre s'appelle fofmer aux petits coups. Foyer L'article BAS AU MÉTIER. | * Cour, (Brafferie.) c’eft le nom que lon donne à-une des façons que reçoit le grain pour en tirer la bicrre, Il y à le premier cowp & le fecond, Foyez article BRASSERIE. COUP , prendre coup ; (Fauconnerie.) fe dit de l’oi- eau quand il heurte trop fortement contre la proie: Cour FoURRÉ, (Æ/crime.) on appelle ainfi les eflocades dont deux efcrimeurs fe frappent en même tems. Cour DE NIVEAU , ( Hydraulique.) fe dit d'un ali- gnement entier pris entre deux flations d'un myelle- ment. Voyez NiVELLER. (K) Cou? DE HANCHE, (Manége.) mauvaïfe confor- mation du cou d’un cheval; c’eft un creux à la jonc- tion du cou & du garrot. Voyez GARROT. Cour DE CORNE. Voyez CORNE. Cour pe LANCE eft un enfoncement comme une efpece de gouttiere ; qui va le long d’une partie du cou fur le côté. Quelques chevaux d’Efpagne & quelques barbes naïffent avec cette marque qui pa {e pour bonne. Voyez BARBE. (F) Coup sac, (Jeu de billard.) Jouer coup fec, c'eft frapper la bille avec la mafle dubillard, & la faire partir fans la fuivre ni la conduire. Les billes faites du coup fec font les feules qui fe comptent. Cour D’AJUSTEMENT , eft, au Mail , le dernier des coups que l’on doit joüer-avec le mail, pour s’a- jufter & envoyer la boule à portée d’être jettée à la pañle avec la leve. COUPABLE, f. m. & f. (Jurifp.) en Droit, eft un accufé convaincu. Woyez CRIMINEL. COUPANT , f. m. (Comm.) monnoie d’or & d’ar- gent fabriquée & de cours au Japon. Elle fert en ‘même tems de poids; elle eft ovale & aflez mince, quoique pefante. Le cozpant d’or pefe une onc€ fix gros un denier, & celui d'argent deux onces. On n’en peut guere établir le prix, y en ayant de diffé- rens titres, d’altérés, & de bas alloi. Il y a des demi coupans, des tiers, des quarts de coupans. COUPE, fub. f. (Æif£. anc. & mod. prof. & Jacr.) vafe à boire, propre pour les facrifices, les feftins , #c. Ce mot a différentes acceptions dans l’Ecriture. La coupe de bénédiëtion eft celle que l’on bénifloit dans les repas de cérémonie, & dans laquelle on büvoit à la ronde, C’eft aïnfi que dans la derniere cene Jefus-Chrift benit le calice de fon fang après le fouper, & le fit boire à tous fes apôtres. La coupe de falut, dont il ef “parlé dans les pfeaumes , eft une coupe d’aétion de sraces, que l’on bûvoit en beniffant le Seigneur, en lui rendant graces de fes miféricordes. On en voit “encofe la pratique dans le troifieme livre des Macha- bées , ‘où les Juifs d'Egypte, dans les feftins qu'ils firent pour leur délivrance , offrirent des coupes de Jalur. — "Les Juifs ont encore aujourd’hui de ces coupes d’a- tions de graces, que l’on benit dans les céremonies de leurs mariages , & dans les repas qu'ils font pour la circoncifion de leurs enfans. Quelques commen- tateurs croyent que la coupe, de Jalut n'eft autre chofe que le vin que l’on répandoït fur les viétimes d’aétion de gräces , fuivant la loï de Moyfe. + La coupé, dans le ftyle de l'Ecriture, marque auf quelquefois le partage, Dominus pars hæreditatis me & calicis mer { parce que dans les repas on donnoït à chacun fa coupe, que l’ôn remplifloit de vin autant de fois qu'’ilen avoit. béfoïn : ou bien le prophete | parle'deïces coupes que l’on büvoit en cérémonie & chacun à fon tour: Dieu ef? mon héritage & ma coupe; je ne veux avoir aucune part à l'héritage , aux fef- tins y aux facrifices, aux partages, à la fociété des méchans ; Dien feul me fufit , 1l eft mon partage & ma cop ; je hé defiré pas davantage. P/27. xv. 5: La coupe de Jofeph, dont parle l’Ecriture, que lon cacha dans le fac de Benjamin, le plus jeune des fre- res de ce patriarche , eît le fujet de plufieurs diffé rentes conjedtures, fondées fur les paroles des offi- ciers de Jofeph : 4 coupe que vous avez volée eff celle dans laquelle mon feroneur boit, & dont il fe fert pour prédire l'avenir, On demande fi en effet Jofeph fe fer- voit de la coupe pour prédire l'avenir, ou fices gens le croyoient ainf, ou s'ils difent cela fuivant l'opi- ion commune des Egyptiens, qui tenoient Jofeph pour un grand magicien, ou s’ils le difent pour inti midet les freres de Jofeph, leur faifant accroire que Jofeph , qu'ils ne connoifloient pas encore pour leur frere , étoit un homme très-expert dans Part de de= viner, qui avoit connu par la vertu de fon art le vol qu'ils lui avoient fait. Gez, xljv. y. 5. tous ces fenti- mens ont leurs défenfeurs. Il eft certain que les an= ciens avoient une forte de divination par la coupe: Les Orientaux difent que l’ancien roiGiamfchid, qui eft le Salomon des Perfes, & Alexandre le grand, avoient des coupes par le moyen defquelles ils con- noifloient toutes les chofes naturelles, & quelque fois même les furnaturelles. Les anciens parlent de certaines coupes divinatoires pleines de vin ou d’au- tres liqueurs, que l’on répandoit en cérémonie du côté de l’anfe, & dont on tiroit des préfages pour l'avenir. Pline parle des divinations par ie moyen des eaux & des baffins. Or voici de quelle manière on devi- noit par le gobelet: on y jetoit de petites lames d’or ou d'argent, ou quelques pierres précieufes, fur lef- quelles étoient gravés certains caraëteres , après quelques invocations & cérémonies fuperfüitieufes on confultoit le démon ; il répondoit en plufieurs façons : quelquefois par des fons articulés, quelque- fois il faïfoit paroître fur la fuperficie de l’eau les caraéteres qui étoient dans le gobelet, & formoit fa réponfe par leur arrangement ; quelquefois il traçoit l’image de la perfonne aufujet de laquelle on Favoit interrogé. Voyez DIVINATION: Nous ne prétendons nullement prouver que Jo- feph fe foit fervi de’la coupe pour deviner. Il étoit éertainement très-habile dans la fetence de prédire Pavenir:-mais ce n’étoit pas une fcienceæacquife ni un‘art curieux & diabolique; c’étoit une vertu fur- naturelle que Dieu lui avoit communiquée, & qui lui avoit attiré cetre haute confidération où il étoit dans l'Egypte. Il n’eft pas incroyable que les Egyp- tiens, & peut-être une partie de fes gens, le cruflent vraiment magicien, & qu'ils en ayent parlé fuivant cette prévention; mais il ne s’enfuit pas qu'il ait ufé de la coupe pour deviner. Le texte hébreu, même de la Genefe, peut avoir un autre fens:z'e/kce pas le coupe dans laquelle mon feisneur boit, & qu'il cherche avec beaucoup de foin? ou bien: #’e/f-ce pas la coups dans laquelle mon feigneur boit, 6 par laquelle ilyous a éprouvé ? Î] va éprouver fi vous êtes aufli recon- noiffans que vous devez des bontés qu'il a eues pour vous; cette coupe fervira à donner une preuve:de votre ingratitude & de votre infidélité. Calmet,, dit. de la Bible, toin. Î. lectre Ci pag. 271: (G Couvre, 2 Afironomie, conftellation de l’hémif- phere méridional, dont lesrétoiles font:au nombre de fept dans le catalogue de Ptolomée:, de huït dans celui de Tycho , & de onze dans celür de Flamfteed. CourE, (Jurifp.) melure-ufitée pourrles grains en cértaines provinces : en Auvergne, par exemple, le féptiér de blé contient huit cartons, & le carton quatre coupes, Mais il y a trois mefures différentes dans cetté province, favoir celle de Clermont, celle dé S: Flour, & celle de Brivadois & Eanghadois: #. les lettrés patentes du mois de Septembre 1510, fur la réformation des poids !8t mefures d'Auvergne, au font à. la fuite du procès-verbal de réda@tion des coûtumes de-ceîte province. (4) À ES . Cour, (Belles-lestres.) on donne.ce nom à l’at- rangement des diverfes parties, qui,,compofent mn poeme lyrique. C’eft proprement le fecret de l’art, & l’écueil ordinaire de nrefque tous Les auteurs. qui ont tenté de fe montrer fur le théatre de l’opéra. - Un poëme.lyrique paroît fort peu de chofe à la premiere infpeëtion : une tragédie de ce genre n’eft compofée que.de 600 où 700 vers; un ballet n'en a pour l’ordinaite que: 500. Dans le meilleur de ces fortes d'ouvrages on voit tant de chofes qui fem- blent communes ; la pafñion eff fi peu pouflée dans les premiers, les détails font f courts dans les au- tres ; quelques madrigaux dans les divertiflemens, un char qui porte nne divinité, une baguette qui fait changer ün defert en un palais magnifique, des dan- Les amenées bien ou mal, des dénouemens fans vrail- femblance, une contexture en apparence feche, cer- fains mots plus fonores que les autres , & qui revien- nent tobjours; voilà à quoi l’on croit que {e bornent la charpente & l’enfemble d'un opéra. On s’embar- que, plem de cette erreur, fur cette mer, qu'on juae auf tranquille que celles qu’on voit peintes à ce théatre : on y vogue avec une réputation déjà commencée où-établie par d’autres ouvrages déci- dés d’un genre plus difcile : mais à peine a-t-0n. quitté la rive, que les vents grondent, la mer s’agi- te , le vaiffeau fe brife ou échotie , & le pilote lu- même perd la tête & fe noie. Voyez COUPER. , Le poëte dans ces compoftions ne tient que le fe- cond rang dans l’opinion commune. Lulli a joui pen- dant la vie de Quinault , de toute la gloire des opéra qu'ils avoient faits en fociété. Il n’y a pas vingt ans qu’on s’eft apperçu que ce poëte etoit un géme rare; & malgré cette découverte tardive , on dit encore plus communément : Armide eff le chef-d'œuvre de Lulli, que Armide ef? un des chefs-d'œuvre de Qui- naulr. Comment fe perfuader qu’un genre pour le- quel en général on ne s’eft pas accoûtume encore à avoir de l’eftime, eft pourtant un genre difiicile ? Boileau affettoit de dédaigner cette efpece d’ouvra- ges ; la comparaïfon qu'il faïoit à la leéture d’une piece de Racine avec un opéra de Quinault, Pami- tié qu'il avoit pour le premier, fon antipathie contre le fecond, une forte de féverité de mœurs dont il faïfoit profeffion , tout cela nourriffoit dans fon ef- rit des préventions qui font pañlées dans fes écrits, &z dont tous les jeunes gens héritent au fortir du col- lège. Si l’on doit juger cependant du mérite d’un genre par fa difficulté , & par Les fuccès peu fréquens des plus beaux génies qui l’ont tenté , il'en eft peu dans la poéfie qui doive avoir la préférënce fur le [yri- que. Auf la bonne coupe théatrale d'un poëme de cette efpece fuppofe feule dans fon auteur plufieurs talens , & un nombre infini de connoïffances acqui- fes , une étude profonde du goût du public, une adrefle extrème à placer les contraftes , l’art moins commun encore d'amener les divertiflemens, de les varier, de les mettre en ation; de la juftefle dans le deffein , une grande fécondité d'idées, des notions fur la peinture, fur la méchanique, la danfe, & la perfpettive , & fur-tout un preflentiment très-rare des divers effets, talent qu’on ne trouve. jamais que dans les hommes d’une imagination vive & d’un fentiment exquis ; toutes ces chofes font néceffaires pour bien coper un opéra; peut-être un jour s’en apperceyra-t-on , & que cette découverte détruira enfin un préjugé imufte , qui a nui plus qu'on ne penfe au progrès de l’art. Voyez OPÉRA. (8) Coure , (Sculpture. ) morceau de fculpture en maniere de vafe, moins haut que large, avec un pié qui fert à couronner quelque décoration, Tome 1F, G € O Ü 347 Couvre, (Archicec.) eft l’inclinaifon des joints des voufloirs d'un arc & des claveaux d’une plate-bande. COUPE DE BATIMENT. Voyez PROFIL, COUPE DE FONTAINE. Payez FONTAINE. | Cours DE Bo1S. (J/urifp.) loyez BALIVEAUX ; Boïs, & Eaux-Et-FORETS, T'AILLIS , VENTE. ( 4) _ Coupe, ff (Drap.) façon que l’on donne aux étoffes, [l y en a une d’endroit &. une d’envers. Foy. Drar. Auf . Couvre, (Gravure.) c’eft, dans les principes de la Gravure en bois, la premiere & l’une des principa- les opérations où le coup de pointe eft donné &c en- foncé dans Le bois avec la pointe à graver, en tirant la lame de gauche à droite appuyée devers {oi fur le plan incliné du bifeau du taillant de cet outil, afin de préparer le bois à l’endroit où cette coupe fe fait, à pouvoir enfuite être enlevé par la recoupe à la deuxieme. opération de la gravure, Voyez dansi Les Planches de la Gravure en bois la pofition de la main pour faire cette coupe. Voyez auffi RECOUPE, GRA= VURE EN BOIS , Gc. Voyez auffi, tant a l’article GRA- VÜRE,, qu'aux mots TAILLES, CONTRETAINLLES, € ENTRETAILLES , les principes de cet art, Article de M. Papillon. COUPE DES PIFRRES , o4 STÉRÉOTOMIE ,.eft une partie de lArchireëlure qui enfeigne à confirui- re des voûtes, enforte qu’elles foient [e plus dura- bles qu'il eft poflible. Voyez STÉRÉOTOMIE., Cette fcience eft entierement fondée fur la Géo- métrie, la Statique, la Dynamique, 6, ou plütôt eft un compofé de toutes ces différentes connoïffan- ces judicieufement ramenées à fon objet. L'idée qu'on a attachée au nom de cope des pier: res, n'eft pas ce qui le préfente d’abord à Pefprit ; ce mot ne fignifie pas particulierement l’ouvrage.de l’artifan qui taille la pierre , mais la fcience du ma- thématicien qui le conduit dans le deffein qu'il a de former une volte ou un corps d’une certaine figure, par l’aflemblage de pluñeurs petites parties. Il faut en effet plus d’indufirie qu’on ne pente, pour qu'el- les foient faites de façon que quoique d’inégales f- gures & grandeurs , elles concourent chacune en particulier à former une furface réguliere, ou régu- lierement irréguliere , & qu’elles foient difpofées de maniere qu’elles fe foûtiennent en l’air en s’appuyant réciproquement les unes fur les sue , an autre laïifon que celle de leur propre pelanteur ; car les liaifons de mortier ou de ciment doivent toûjours être comptées pour rien. Foyez VOÜTE. Ce n’eft que dans ces derniers tems qu’on a écrit fur la coupe des pierres, du moins il ne nous refte point _d’écrit des anciens fur cette matiere. Philibert de Lor- me, aumônier & architecte d'Henri Il. eft, dit-on, le premier qui en ait écrit, dans le traité d’Architec- ture qu'il publia en 1567; cette date n’eft pas fort ancienne. Mathurin Jouffe produifit quelques traits, dans fon livre intitulé fecrers d’Architeëlure, qu'il pu- blia en 1642. Le P. Deran, l’année fuivante, nuit cet art dans toute fon étendue pour les ouvriers. Bofle, la même année , donna un fyftème tout ciffé- tent qu'il tenoit de Defargues, lequel ne fut pas goûté. M. dela Rue, en 1718, a redonné une partie des traits du P. Deran, avec quelques nouveaux. Tous ces auteurs s’en font tenus à une fimple prati- que dénuée de démonftrations. Enfin M. Frezier chevalier de l’ordre militaire de S. Louis, & ingénieur ordinaire du Roi en chef à Landau, a publié dermnierement un excellent ouvra- ge fur cette matiere avec des démonftrations , en trois volumes é7-4°. Plus de la moitié de fon livre, qui efttrès-mérhodique,traite des folides; ce qui man- que dans les élémens de Géométrie ordinaires. (D) Coupre DES CHEVEUX, ferme de Perruquier, qui fignifie la dépouille d'une réte, ou tous les cheveux | | KRkXU 348 COU qu'un Perruquier a enlevé avec les cifeaux de deffus la tête d’une perfonne. On dit dans ce fens , ze belle coupe de cheveux , pout fignifier une dépouilie de che- veux bien abondante où d’une belle couleur. Coupe des cheveux fignifie aufli la maniere de tailler ê&c étager les cheveux. C’eft dans ce fens qu'on dit, fel perruyrter ef? habilé pour la coupedes cheveux, Cours D'Hagtrs, erme de Tailleur, qui fignifie lation de tailler tous les morceaux de Pétoffe qui doit entrer dans la compoñition d’un habit ou autre partie du vêtement qui eft du reflort du tailleur : and on dit, wr tel tailleur a la coupe fort bonne, c’eft- à-dire qu'il entend fort bien à tailler un habit. Couper un habit; fignifie railler l'étoffe. Voyez T AïL- LER. ‘ COUPÉ, adj. ez Mufique; c’eft quand au lien de faire durer une note toute fa valeur, on fe contente de la’frapper par un fon bref & fec au moment qu°- elle commence, pañlant en filence le refte de fa du- fée. (5) | COUPÉ, dans la Dane; c’eft un pas qui eft com- pofé de deux autres, favoir d’un demi-covpé & d’un pas gliffé : ce dernier doit être plié à propos, élevé en cadence , & foûtenu gracieufement. Si l’on com- mence le coupé du pié droit, il faut, ayant le pié gauche devant & le corps pofé deflus, approcher le Pié dtoit auprès à la première pofition, puis plier les deux genoux également, & étant plié on pañle le pie droit devant juiquà la quatrieme pofition: on s’é- leve deffus la pointe en étendant les genoux, & du même terms le talon droit fe pofe & le genou fe plie; mais la jambe gauche fe glifle devant jufqu’à la qua- trieme pofition, & le corps fe pofant deflus termine Pétendue du pas. x Il y a encore une autre façon de faire le coupé : le demi-compe fait, étant élevé fur la pointe, on glifle le pié, dans le même terms qu'il s’éleve, jufau’à la quätrieme pofition : en le pañlant, la pointe doit être baffe, & la jambe bien étendue ; & à mefure que la jambe gauche pañle devant, le genou droit {e plie, & renvoye par ce mouvement le corps fur le pié gauche. + Ces deux mameres font bonnes ; mais la premiere eft plus aifée, parce que le corps eft plus affûré par le talon droit qui eft appuyé. Il fe fait aufli en arriere & de côté, aux poñitions près, qui font différentes felon le chemin que Pon doit tenir. Coupés, (demi-) ce font des pas de danfe que lon n’exécute bien qu'avec la connoiffance des mou- vemens du coup-de-pié , du genou , & des hanches. Ces pas ont quatre attitudes, foit qu’on les fafle du pié droit, foit qu'on les exécute du gauche. 1°. En fuppofant qu’on veuille les faire du pié droit, on mettra le gauche devant à la quatrieme po- fition , & le corps fera pofé deffus en avant, le pié droit prêt à parüur, & fa pointe polée feulement à terre. 2°, On apportera le pié droit contre le gauche à la premiere pofition, & l’on pliera également les deux genoux , ayant totjours le corps pofé fur le pié gauche, la ceinture non pliée, & la tête fort en ar- rigre. 3°. En demeurant plié, on pañlera le pié droit de- vant foi fans fe relever à la quatrieme poñition, & Fon apportera le corps deflus en s’élevant fur la pointe du pié droit. | Pa 4°. En même tems on apportera le cotps fur le pie droit en s’élevant fur là pointe du pié: on aura foin en s’élevant d'étendre le genou, & d’approcher mcontinent la jambe ganche, en prenant garde que les deux jambes fotent bien étendues lorfque l’on{era élevé fur la pointe du pié, Enfin on laïffera pofer le talon à terre pour terminer le pas, & pour avoir la COUT facilité d’en faire autant de l’autre pié en oblervari® les mêmes regles. Céspasfontabfolumentnéceflaires On fuivra les mêtes tégles pourles lire en arrie- re 6t de côté : mis on ne paflera le pié qu'après que! Fon'aura plié; autrement on prendroit fon mouve= ment à faux, & l’on ne {6 releveroit pas avec la mé: ME TOME NRA ROMEO 22 Ir . COUPÉS DU MOUVEMENT , férié de Danfe, pour exprimer un pas qui eft un des plus gracieux & des plus gais que lontait inventé , par rapport Xlavarié- té des mouvemens qui font modérés. Voici la manie! a le Cia agile mdr ‘ 4 ” Lorfque vous prenez votre dém£coupé en avant, par exemple, vous Je pliez très-doucement, & vous vous élevez de même fur le pié qui à pañlé devant les jambes bien étendues, parce que le corps fe por: tant fur le pié de devant, attire la jambe de devant qui s'étend également : dans le mêmé moment le ta= lon du pié de devant fe pole, le genou fe plie, & la jambe qui eft en l'air s’ouvre un peu à côté ; & le ge nou qui eft plié en s’étendant rejette cette jambe en- devant en vous laiffant tomber deffus, & en ne fau- tant qu'à demi; c’eft ce qu’on appelle demi-jerté, "1 CE coupé n’eft compolé que de deux pas, &ces eux pas renferment deux mouvemens différens. Le premier eft plier fur un pié, pañler l’autre en s’éle- vant deflus ; & le fecond plier fur ce pig, &'sélever avec plus de vivacité pour retomber für l'autre en fautant à demi; & c’eftce qui rend ct pas gai. ‘| Quant à ceux qui fe font de côté ce font les me- mes regles, à l'exception que l’on porte le pié à la cinquieme pofition pour le demi-coupé, & à la fe: conde pour le demi-jetté. D’autres fe prennent de la premiere, & lon porte le pié à côté À la feconde pofition en s’élevant deflus, & du mêmé tems on pole le talon à terre pour plier, & pour lots on fait le demi-jetté en croïfant à la cinquieme pofñtion. COUPÉ, en terme de Blafon, {e dit des membres des animaux, comme la tête , la cuifle, &c. qui font coupés net & féparés dutronc ; au lieu qu’on les ap- pelle arrachés lorfqu’ils ont divers lambeaux & fila= mens fanglans où non fanglans qui paroiflent avoir été arrachés avec force, Voyez ARRACHÉ. | . Coupé fe dit encore des croix, barres, bandes, chevrons, 6. qi ne touchent point les côtés dé l'écuflon , & qui femblent en avoir été féparés. Il fe dir auf de l’écu partagé horifontalement par le milieu en deux parties égales. Lomellini à Genes, coupé de gueules & d’or. Chambers & Try.) * COUPE-CERCLE, {7/ffrument de Mathém. c’eft une des pointes d’un compas : elle eft tranchante, & di- vife circulairement le papier ou le carton fur lequel on lappuie. On donne le même nom ex Menuiferie À un vilebrequin qui eft armé à fon extrémité d’une couronne tranchante, au centre de laquelle il y a une pointe qui fixe le vilebrequin , & quipérce un trou tandis que la couronne emporte une piece cir- culaire. Voyez TRÉPAN. . COUPÉE, adj. pris fubft. ez Géométrie , eft la mê: me chofe qu’abfcifle, 2b/ciffa , qui eft dérivé du la= 0) &t qui fignifie la même chofe. Voyez ABSCISSE. O | re CouPÉE, adj. pris fubft. (Ecriture. ) eft ane fotte de lettres dont les pleins font interrompus au tiers 8c à la moitié de leurs jambages; ce qui les compofe de trois parties qu’on réunit par le moyen d’une rofe qu’on exécute à chaque vuide. Voyez les Planches. COUPE-GORGE,, voyez GORGERE. * COUPELLE , (Docimaf. Chimie.) forte de vaif- leau dont fe fervent les Chimiltes pour purifier lo ë l'argent des différens métaux avec lefquels ils peu- vent être alliés. | La coupelle eft faite d’une matiere qui a la pro- priété de tenir en fufñon tous les métaux parfaits &z C OÙ frpatfants tant qu'ils contervent lei Aréralft. que, &de les abforber ou de Les Boire > pour Te fer- vir du térme de l’art, dès qu'ils font vitrifiés.? 121: , Ortous les métaux, excepté Por & l’argenti, 1e Vitrifiant très-aifément avec le plomb que l’on em- ploye à cet effet, le fondement.de l'opération que l'on execute par le moyen des cozpelles eft très-évr: dent. Joyez ESSAI 6: AFFINAGE: Lu « Pour faire des coupelles, il faut choifir une matiere qui réfifte au feu le plus violent fans fe fondre , & qui ne fe vitrifie pas facilement avec le corps vitref- cible, par exemple avec le verre de plomb ; 1 faut que cette matiere ait aflez de cohéfion, & qu'elle fe tune maïñle poreufe. à | | * Ona trouvé que la terre qui refté après la combuf- tion des os de tous les animaux, à exception de quelques-uns qui font moins propres que les autres, étoit ce. quil yavoit de mieux pour cet ufage, La terre que l’on retire des végétaux brûlés n’eft pas moins bonne, & on fait de très-excellentes coupel: les avec le fpath. M. Sthal indique même que l’on en pourroit faire de fort bonhes'avec la chaux. Foy. CENDRÉE. PER NUGES FU A | Lés cendres d’os & celles de bois étant préparées Comme'il a été expofe au mot CENDRÉE, Schlutter veut qu'on prenne pour les coupélles communes trois | parties de cendres de bois &-une partie de cendres d'os. Si on veut les faire meilleures, dit-il, il faut deux parties des premieres & une partie des autres ; on les mêle biénenfemble:, "en les humeétant avec autant d’eau claire qu'il en faut pour qu’elles puiffent fe péloter fans s'attacher ‘aux mains; alors on en fait des coupelles de telle grandeur qu’on veut. Il faut pour cela prendre la partie inférieure du moule, la remplir de cendres que Pon preffé avec la main; On retranche avec un couteau les cendres qui ex- cedent le moule, puis on pofe la partie fupérieure du moule fur fon inférieure , & l’on frappe deflus d’abord à petits coups , jufqu'à ce qu'on foit für qu’elles fe rencontrent exaétèment ; énfuite on frap- pe trois coups forts avecle marteau ou maillet de bois : qui , felon quelques - uns ; doit être du même poids que les deux moules enfémble. Il faut que le moule inférieur foit poié fur un gros billot fort fable , &c qui n'ait point de reflort, fans quoi les coz- pelles feroient fujettes à fe refendre horifontalement. Ce moule inférieur qui reçoit les cendres fe nomme en Allemagne la ronne : le fupérieur qui forme le creux arrondi de la coupelle s'appelle Ze moine. Après qu’on a retiré ce moule fupérieur , on met fur la cou- pelleune couche très-mince de claire (voy. CLAIRE), en la faupoudrant à-travets un petit tamis de foie; on l’y étend uniment avec le petit doigt, enfuite on y replace le moine qu’on a bien efluyé, &c l’on frap- pe deflus deux ou trois petits coups : cela étant fait, on prefle le fond de la coupelle qui eft encore dans le moule fur un morceau de drap attaché exprès fur Le billot , où l’on travaille ce qui la détache ; on la renverfe fur la main gauche pour la poler fur la planche ou fur l'ardoife où elle doit fécher : on con- tinue ainf jufqu'à ce qu'on en ait fait la quantité que lon fouhaite. Il eft bon de faire obferver qu'avant de les mettre fous la moufle, il faut qu’elles ayent été féchées exattemient à l'air. * On fait aifément avec les cendres de boïs feules, ou avec les mélanges précédéns, des coupelles aflez grandes pour pañler jufqu'à deux onces de plomb: mais f on les vouloit beaucoup plus grandes, il fau- droit avoir des cercles de fer de différens diametres, “& de hauteur proportionnée à la quantité de cendres dont on a befoin pour pafler depuis trois onces juf- qu'à un marc de plomb. On les remplit exaëtement de cendres de bois feules, ou d’un mélange de par- ties égales de ces cendres & de chaux d'os exaéte- COU 3% rent mêlé &'humettées jufqu'a ce qu’elles fe pe- lôtént en Ié$ preffant fans s’attacher aux doipts : ‘on pole le cercle de fer fur une pietre plate, unie , & qui foit très-flable ; on frappe les cendres avec un moule en demi-fphere, fi le cercle de fer n’4 que trois ou quatre pouces de diametre; mais s’il ft plus grand; on {és bat verticalement avec un pilon de fer arrondi, jufqu'à cé qu’elles ayent acquis taffez dé fermeté pour que le doigt n’y fafle aucune fmprefa fion ; enfuite ayec un couteau courbé on y’ formé un creux en fettion de fphere ; & on le perfe@ionne avec'une boule d'ivoire. On ne retirepoint les cen£ dres de ce cercle de fer comme des moules de CUT vre précédens ; mais après qu’elles font exadement feches, on le met fous la moufle avec les cendres qu’il contient. | +4 Quand on fait des coupelles de cendres de bois feu les , il faut y joindre quelque chofe de‘olutineux ; fans quoi ellés confervent fort difficilement la forme que le moule leur a donnée. Les uns y mêlent de l’eau gommée, d’autres du blanc d'œuf battu dans beaucoup d’eau, d’autres un peu de terre glaife ; Mais Ce qui m'a paru réuflir le mieux, c’eft d’humec: ter lescendres avec de la bièrre, jufqu’à ce qu’en les preflant elles fe pelotént fans s’attacher aux doigts. D'autres ÿ ajoütent un peu de terre glaïfe puriñice pat le lavage, & féchée. Quant à moi, après avoir éflaye tous lés mélanges décrits par les auteurs, jé m'en fuis tenu à faire mes coupelles de cendres d’os de veau & d’os de monton lavées & calcinées deux fois , puis porphyrifées à fec en poudre impalpable ; par-là je ne fuis point obligé d'y mettre de c/aire pour en boucher les pores : quoiqu’elles paroiffent à la vüe très-compaétes, l’eflai y pafle auff vite que dans les coupelles faites de cendrés d’os fimplement paflées au tamis de foie : elles boivent beaucoup moins de f7 que ces dernieres. M. Cramer préfere les coxpelles de chaux d’os à celles de cendres de bois ; Peffaï', dit-il, dure plus long-tems , mais il fe fait avec plus d’exaûtitude, Le plomb vitrifié avec l’alliage ,; pénetre lentement la matiere compadte des cendres d’os. Mais de ce léger inconvénient il ré- fulte un avantage ; c’eft qu'il n’eft point à craindre que la coupelle s’'amollife au feu, & y devienne rare & fpongieufe, ni qu’elle boive autant de fin que les coupelles de cendres des végétaux. Il eft vrai qu'il faut gouverner le feu du fourneau autrement qu’a- vec ces dernieres. De plus, les coxpelles d’os, ainfi que celles qui font faites ayec un fpath bien choifi , n'ont prefque pas befoin d’être recuites fous la mou- fle ; & comme on n’employe que de l’eau pour les humecter, on n’a pas à craindre, comme dans celles Qui font faites de cendres humeétées de bierre ou de blanc d’œuf, un phlogiftique reflufcitant la litarge en plomb à mefure qu’elle entre dans le corps de la coupelle. Il y a plufieurs efpeces de fpath qui font très-pro- pres à faire d'excellentes coupelles , & même meil- leures que celles dont nous venons de parler; mais parce que tout fpath n’eft pas propre à ce deflein, il faut, felon M. Cramer, avant que de le préparer, effayer fi celui dont on va fe fervir, eft de la bonne efpece, ou non: pour cela on en fait calciner une petite quantité dans un vaifleau fermé, à nn feu mé: diocre : il fe fait une légere décrépitation qui, lorf- qu’elle cefle, annonce que la calcination eft ache- vée : on retire le creufet du feu , & on trouve le fpath raréfié, & devenu fi friable , qu'il peut très- facilement être réduit en une poudre très - fubtile. On formera avec cette poudre humetée d’une diflo: lution de vitriol , une cowpelle dont on fe fervira pour faire un eflai , par lequel on s’aflürera que le fpath dont on s’eft fervi, eft de la bonne efpece ; & pour lors on pourra en préparer une quantité fufifante 350 C O U pour faire des coupelles de toutes fortes de grandeurs, fui auront,les mêmes avantages que celles. qui font faites d'os, .& qui même, felon M. Cramer, leur {ont préférables, . ; ..M:Stahl ditavoireffayé de faire des conpellesavec lPardoife ordinaire dont on couvre les maifons, avec la craie, avec le gyps; & il ajoûte qu'il a ,obfervé divers phénomenes qu'il ne détaille pass & qu'il abandonne aux curieux. Ÿ’oyez Stahl. opufcul. pag. £ G'ONA EE , v.a@. (Chymie, Docimafse.). c’eft pafler de l’or, de l'argent , &c. à la coupelle.. Foyez COUPELLE. f. | Tete “or S , . COUPE-PAILLE, (Maréchallerie,) Le coupe:paille fert à couper la paille par,petits fétus , pour que le cheval puifle la manger en guife d’avoine, après cependant qu’on l’a mêlée avec la moitié de ce grain. Je crois que cette machine a été inventée en Alle: magne : les Allemands en. font beaucoup d’ufage: C’eft une efpece de canal de bois de grandeur pro- preià recevoir une botte de paille, 1l eft terminé en devant par une arcade de fer ; un morceau de planche , plat en-deffous, & traverfé par une barre de fer dont les deux.bouts paflent de chaque côté par une petite fenêtre, ferrée , communique par le moyen de courroies à un marche-pié , fur lequel l’homme qui coupe la paille , met le pié pour ferrer la botte de paille, qu'il avance à chaque coup de couteau qu'il donne, afin d’en couper l'extrémité par le moyen d’un rateau de fer, qu'il enfonce dans la botte. Quand la paille excede la longueur d’un grain d'avoine , 1l la tranche en faifant couler un couteau tout le long de l’arcade de fer; plus elle eft coupée courte, & mieux les chevaux la mangent : il eft bon de la mouiller en la mêlant avec l’avoine, foit que. le cheval foit fainiou malade. (77) COUPE-PASTE , chez les Boulanpers , eft le nom qu’ils donnent à uninftrument de fer large & prefque quarré, ayant pour manche ou poignée un bord rou- lé fur lui-même à plufñeurs replis : ils s’en fervent pour couper la pâte. Voyez la Planche du Boulanger, es Fe una es , en Pätifferte; ce font des efpeces de moules ou emporte-pieces, dont on fe fert pour couper la pâte de telle grandeur que l’on veut. Y’oyez PI, I. fig. 2. | | _ COUPE-QUEUE, inffrument dont les Mégifñers fe fervent pour couper les queues des peaux qu'ils veulent pafler en mégie. Le coupe-queue n’eft autre chofe qu’un morceau de vieilles forces qui fe font caflées par l'anneau, Woyez Planche du Mépiffer, lettre K. . COUPER, v.aût. (Gram.) c’eft en général faire ufage d’un inftrument tranchant , & l’effet produit s'appelle coupure. Maïs ce mot fe prend auffi dans un autre fens , & il eft fynonyme à méler &c tempérer; ainf l’on dit couper un fluide avec un autre, Ce terme a encore d’autres acceptions particulieres, dont on verra quelques-unes dans les articles fuivans. _ Couper w opera. Il faut couper un opera bien différemment de tous les autres ouvrages dramati- ques. Quinault a coupétous fes poëmes pour la grande déclamation: 1l ne pouvoit pas alors avoir une autre méthode, parcequ’il n avoit que des fujets propres à la déclamation ; que d’ailleurs on connoif. foit à peine la danfe de fon tems, & qu’elle n’occu- poit qu'une très-petite partie de la repréfentation. Ce ne fut qu’au ballet du triomphe de l'Amour qu'on introduifit en France des danfeufes dans les re- préfentations enmufique;iln”y avoitauparavant que quatre ou fix danfeurs qui formoient tous les diver- tiflemens de l'opéra, & qui n’y portoient par con- féquent que fort peu de variété & un agrément très- “wmédiocre ; enforte que pendant plus de dix ans on Æ Fair Di Théée, Ays; 1fis, Alcefie &Proferpine qui l'avoient précédée, | 51 5m If EN tems, & il avoit preffenti.qu’elle {éroit un des prin- cipaux agrémens du. genre qu'il avoit créé : mais comme elle étoit encore à fon enfance, &c, que le chant avoit fait.de plus grands progtès; que Lulli {e contentoit de fofmer {es divertifflemens, de deux airs de violons ,.detroistout au plus quelquefois même d’un feul ; qu'il. falloit cependant remplir le tems ordinaire de la repréfentation, Quinault cou- poit fes poëmes de façon que la déclamation fuffit prefque feule à la durée de fon fpe&acle: trois quarts d'heure à-peu-près étoient occupés par les divertif- femens, le refte devoit être rempli par la fcene. Quinault étoit donc aftraint à couper fes poëmes de façon que le chant de déclamation (alors on n’en connoïfloit point d'autre, voyez COUPE , ExÉcu- / TION ,-DÉCLAMATION, OPÉRA.).remplit l’efpace d'environ deux heures & demie ; mais à mefure qu’on a trouvé des chants nouveaux, que l’exécution a fait des progrès, qu’on a imaginé des danfes bril- lantes, que cette partie du {petacle s’eft accrûe ; . depuis enfin que le ballet ( genre tont entier à la France, le plus piquant , le plus vif, le plus varié de tous) a été imaginé & goûté, toutes les fois qu’on a vi un grand opéra nouveau coupé comme ceux de Quinault (& tous les auteurs qui font venus après lui, auroient crû faire un crime de prendre une autre coupe que la fienne), quelque bonne qu’ait été la mufique, & quelqu’élésance qu’on ait répan- du dans le poëme, le public a trouvé du froid, de la langueur, Fe l'ennui. Les opéra même de Quinault, malgré leur réputation, le préjugé de la nation, & le jufte tribut de reconnoïffance & d’eftime qu’elle doit à Lulli, ont fait peu à peu la même impreffion x & 1l a fallu en venir à des expédiens, pour rendre agréable la repréfentation de ces ouvrages IMMO tels. Tout cela eft arrivé par degrés, & d’une façon ont fait leurs progrès de cette maniere. / Les auteurs qui font venus après Quinault, n’ont point fenti ces différens progrès, mais ils ne font point excufables de ne les avoir pas appercüs ; ils auroient atteint à la perfeétion de l’art, en coupane leurs ouvrages fur cette découvértes Voyez Cours. La Mothe qui a créé le ballet, eft le feul qui ait vû ce changement dans le tems-même qu'il étoit le moins fenfble; il en a profité, en homme d’efprit, dans fon Europe galante, dans fé, & dans le Car- naval & la Folie, trois genres qu'il a créés en homme de génie. Voyez BALLET, COMÉDIE-BALLET, € PASTORALE. On ne conçoit pas comment après un vol pareil vers la perfeétion , il a pû rétomber après dans limitation fervile. Tous fes autres ouvrages ly- riques font coupés fur l’ancien patron, & on fait la différence qu’on doit faire de fes meilleurs opera de cette dermere efpece, avec les trois dont on vient de parler. té En réduifant donc les chofes à un point fixe qui puifle être utile à l’art, 1l eft démontré , 1°. que la durée d’un opéra doit être la même aujourd’hui qu’elle l’étoit du tems de Quinault : 2°, les trois heu: prefqu'infenfible , parce:que la danfe & l'exécution | bien convaincus de cette vérité, auront l’art de coz- per les leurs comme Quinault, s’il vivoit aujour- _équerres. Voyez COUPE des pierres. (D) COU fes & uri quart de cette durée qui étoient remplies | par deux heures &c demie de récitatif, doivent l’être aujourd’hui pat les divértiflemens , les chœurs, les mouvemens du théatre, Les chants brillans, &c. fans cela l’ennuieft für, & la chûte de l’opéra infaillible. Il ne faut donc que trois quarts d’heure à-peu-près de récitatif, par conféquent un Opéra doit être coupé aujourd'hui d’une maniere toute differente de celle dont s’eft fervi Quinault. Heureux les auteurs qui, d’hui, les couperoit hu-même. Voyez BALLET, Coure, DÉCLAMATION, DÉBIT, DIVERTISSE- MENT, OPÉRA, RÉCITATIF, Gc. (B) Couper, ez Bétiment, a plufeurs fignifications. On dit couper une pierre, pour exprimer qu'on en a Ôté trop de fon lit ou de fon parement , enforte qu’el- le devient trop petite pour fervir, & qu'il la faut mettré au rebut, ou la faire fervir avec déchet dans un endroit de moindre capacité. Couper le pläire, c’eft faire des moulures de plâtre à la main ou à l'outil. Couper le bois, c’eit pratiquer des ornemens de Sculpture en plein bois fur des panneaux de me- nuiferie. (P ) - COUPER DU TRAIT (Coupe des pierres) c’eft faire un modele en petit avec de la craie, ou du plâtre, ou du boïs ; ou autre chofe facile à couper, pour voir la figure des voufloirs, & s’inftruire dans Papplica- LA tion du trait de Pépure fur la pierreen fe fervant des inftrumens, comme cherches, panneaux, biveaux, COUPER LE CABLE, ( Marine. ) Lorfqwon eft ôbligé d’appareiller très-promptement , foit à caufe du mauvais tems, foit pour pourfuivre un vaiffeau ennemi ; comme dans ce cas fi l’on levoit Pancre à l'ordinaire, cela confommeroit un tems précieux ; on commande de couper le cable, ce qui fe fait fur les bittes on fur l’écubier. Quelquefois pour éviter de couper le cable,ce qui eftune perte, onle file bout pour bout, & l’on y attache une bouée qui fert de mar- que pour le venir chercher, & lever l'ancre qu’on a été forcé d'abandonner. Lorfqu’un maître de navire eft obligé de couper Jon cable & laïiffer fon ancre , il en fait un procès- verbal figné des principaux de l'équipage; & les armateurs ou les marchands le lui payent furalefti- mation, avant que les marchandiies foient débar- quées. (Z) | COUPER UN MAST. Dans une tempête on eft quelquefois obligé de couper un mât, & cette manœu- vre doit fe faire avec précaution. On commence, file tems lepermet, par dégarnir le mât de fa vergue, & de toutes les manœuvres qui pourroient le retenir, excepté les haubans & l’étai : on coupe enfuite le mät fous le vent ; & quand il com- mence à chanceler, des matelots prêts avec des ha- ches, coupent promptement les haubans au vent & le grand étai. Les haubans fous le vent fe coupent quand le mér eft à la mer, ou quand il y va, fi l’on en.a le moyen. Il faut remarquer qu’on coupe les hau- bans du vent les premiers, afin que le "4: tombe {ous le vent, &c ne creve pas le vaifleau; & qu’on commence de l’avant à l'arriere, afin que le mât tombe de l’arriere, ce qui eft moins dangereux. S’il faut couper le mât étant au mouillage, on fait carguer le vaifleau du côté qu’on veut jetter le mât, & l’on fait enfuite la manœuvre qu'on vient d’expofer. €) | . CouPER LA LAME, c'eft quand la pointe du vaif- feau fend Le milieu de la /ame (les flots ou la vague), & pañle au travers. (Z) COUPER L’OR , ez serme de Batteur d’or ; c'eft par- tager une feuille en quatre parts, pour être battues & amenées chacune à la premuere grandeur qu’elles = COU 351 avoiént avant que d’avoir été féparées ; ce qui fe, pratique jufqu’à ce que toutes ces feuilles foient affez minces & aflez légeres. Vôyez BATTEUR p’or. Couper, ex terme de Boulanger ; c’eft trier les fa+ rines, &c les mettre chacune avec celles de leur ef- pece. Voyez SASSER. … COUPER, ex cerme de faifeur de cardes; c’eft ré- duire au moyen des cifeaux, le fil-de-fer à la lon: gueur néceflaire pour être employé: on fait pour cela un petit paquet du. fil, que l’on arrête par nn bout , & on le coupe fur une mefuré, Courer, (Carroffier.) Couper un carroffe, c’eft lui retrancher un de fes fonds ; ainfiun carrofle coupé, c’eft un carofle qui n’a qu'un fond. COUPER, er verme de Cirier; c’eft rettancher d’uné bougie trop longue ce qui eft fuperflu. Cowper La tête, c’eft ôter ce qui eft de trop à l'extrémité où l’on a fait la tête. COUPER , v. n. (Commerce de fl, de légumes & de grains.) C’eft pafler la racloire fur la mefure , quand elle eft comble, COUPER LE GRAIN , terme de Courroyeur, qui fi: gnifie former fur la furface du cuir qu’on courroye du côté de la fleur, de petites traces s’éntrecoupant en tout fens à angles inégaux, telles qu’on les re- matque {ur les peaux de veau retournées; cé qui forme une efpece de grain. Voyez COURROYER, COUPER, (Danfe.) voyez COUPÉ. COUPER , en terme d’Epinglier fabriquant d’aiguil- Les pour les Bonnetiers , {e dit de l’aétion de donner aux aiguilles les longueurs proportionnées à leur gtofleur , par le moyen d’une boîte ou mefure: Voy: l’article EPINGLIER, COUPER. Quoique ce termé ait lieu dans plufeurs opérations des Epingliers, onne l'employé pourtant proprèment que pour figmifier Paétion de divifer les dreflées en tranfons, & les tranfons en hanfes. Fayez DREsssE, TRANSONS, & Hanses. Les plus gros tranfons fe coupent ordinairement de la longueur de deux épingles ; les petits, de trois, & quelquefois de quatre & de cinq. | COUPER LES EPINGLES ; c’eft les réduire à une certaine longueur; ce qui s'exécute en: les faifant entrer de toute cette longueur dans une boîte , & les faifant toutes toucher une traverfe de cuivre qui les fépare. Voyez BOÎTE. & la fig. 19. Plan. L, de l'Epin: glier. | pe CoUPER SOUS LE POIGNET, (Eftrime.) c’eft dé- gager par-defous le poignet de l’ennemi:, au lieu de dégager par-deflous le talon de fa lame. Voyez DE- GAGER. COUPER SUR POINTE, c’eft porter une eftocade à l'ennemi en dégageant par-deflus la pointe de fon épée , au lieu de dégager par-deflous le talon. Foyez DÉGAGER. LL COUPER, Jardinage;{e dit d’un arbre dont on veut fe débarrafer, d’une branche qu’on a deffein de fup- primer: On dit encore cowper unterrein où terraffe.er talus ; couper une allée. - Couper {e dit auffi d’un bois bien defliné, On appelle cowpée blanche la coupe des baliveaux &c du gros bois d’un taillis ; ce qu eft foit défendu par les ordonnances. (X) HSE Couper, (Je) en sermes de Manëge, le dit des chevaux qui s’entre-heurtent les jambes, ou fe don- nent des. atteintes en marchant, où qui avec l’un des fers fe font fauter la peau d’un des boulets. Voyez BOULET: Cela arrive plus fréquemment aux piés de der- riere qu'à ceux de devant. Ce défaut vient de laff- tude , de foiblefle aux reins, de ce que les chevaux ne favent comment aller, ou de ce qu'ils font mal ferrés. : | | 1 On dit aufli couper Le rond, couper la volte, lorf- 332 COU “qu'un chèval chänge de main en travaillant fur Les voltes , enforte que divifant la volte en deux il chan- ‘ge de-main , & part {ur une ligne droite pou recom Mmencer une autre volte. Dans cette forte de manége les écuyers ont coûtume de dire, coupez, Ou coupéy ‘de rond. Voyez VoLTE. (7) | "COUPER UN CHEVAL » VOYEZ CHATRER (Maré- challerie). On dit : On a été obliger de couper'cè cheval , parce qu’il ruoit & mordoit. C’eft un excellent remede con- tre ces vices. Les rouflins font ordinairement en- tiers, non coupés. Couper les oreilles voyez BRETAUDER. COUPER, à la Monnoie, Lorfque les lames, foit d’or, d'argent, ou de billon, ont pañlé fufifamment par les laminoirs & au recuit, & que ces lames foût de l’épaifleur convenable à lefpece que l’on veut fabriquer, on en coupe avec un inftrument appellé coupoir (voyez COUPOIR) des morceaux. ronds en forme de palets unis, à-peu-près du même poids des efpeces à fabriquer, appellés flancs. Voyez FLANCS. Cette manutention eft appellée couper les lames en fancs. Couper CARREAUX, ferme d’ancien monnôyagt; c'étoit réduire les lames de métal en carreaux avec les cifoirs. Voyez CARREAUX. CouPER, v. at. (Orfév. Grav. &c.) c’eft exécu- ter avec le burin,l’échope, 6. en creux ou eh re- hef, les différens ofnemens des ouvrages , qu'on dit étre bien ou mal coupés, {elon que l’ouvrier eft ha- bile ou mal-adroit. Couper, TRANCHER, ex Peinture, {e dit d’une couleur forte & vive , lorfqu’elle eft mife près d’une autre fans aucun adouciflement. Les couleurs qui fe coupent Où qui tranchent fans aucun paflage, produi- fent un effet defagréable. (R) | Couper LES CHEVEUX, ( Perruquier, ) Le Per- ruquier habile , en ôtant les cheveux de la tête avec des cifeaux, a foin de les prendre par petites parcel- les appellées eches, & d’en couper peu à la fois afin qu'ils fe trouvent plus égaux par la tête, & qu'il fe fafle moins de déchet. | Couprer, (Venerie.) {e dit d’un chien lorfqu'il quitte la voie de la bête qu'il chaffe , qu’il fe fépare des autres, & qu'il la va chercher en coupant les devants pour prendre fon avantage ; défaut auquel on doit prendre garde pour n’en pas tirer de la race, On dit, cechien re vaut rien, il ne fair qiie couper. COUPER , serme de Jeu ; c’eft divifer le jeu de car: tes en deux parties ; ce qui fe fait par un des joueurs, après que celui qui a la main a mêlé. La partie qui étoit deflus fe met deflous, 8zcelle qui étoit deffous fe met deflus. Il ne faut point couper une carte. COUPER LA BALLE, ( Jeu de Paume.) c’eft la frap- per avec la raquette inclinée ; ce qui la faifant tour- ner de haut en bas relativement au côté de celui qui l’a coupée. elle ne fait point de bond quand elle vient à tomber à terre, ou n’en fait que très-peu, 8 trom: pe toûjours le joueur inexpérimenté en le faifant faux, c’eft-à-dire en fe jettant après le bond ou à droite ou à gauche, ou même enavant , au lieu que le bond devroit être en:arriere. Cela vient de la ma- _niere dont la balle tourne quand elle eft coupée, & de la maniere dont le carreau lui fait obftacle quand elle tombe: l’obftacle qu’il lui fait quand elle eft coz- pée , et précifément en fens:contraire de celui qu’il ‘lui feroit fielle ne l’étoit pas. CourER LES DÉS, terme de Jeu ; c’eft en retirant le cornet leur donner entarriereineimpulfon, qui compenfe celle qu'ils ont reçue pour aller en avant, enforte qu'en tombant fur la table ils y reftent fans fe mouvoir. Couper, (Blafon.) fe dit de l’écu ; c’eft le divi- fer en deux parties égales, par une ligne horifontale | si RE à la fufée. H eft coupé de gueules & de able. COUPERET , f. mt. (Tailland. € Guifine.) inftru- ment de gros acier que fabriquent les T'aillandiers: la lame en eft aflez bien répréfentée par un quart d'ovale; c’eft a portion curvihgne qui eft le tail: lant. Le dos en eff très-fort & très-épais. Le manche en eft ou de fer ou de bois. On s’en fert dans les cinfines & les boucheries pour hacher les viandes. COUPERET,, serme d'Emailleur, eft une forte d’or til d’acier dont ces ouvriers fe fervent pour couper des canôns ou filets d’émail, à-peu-près comme le diamant fert aux Vitriers & aux Miroïtiers pout le’ verre & pour les places, Il eft fait ordinairement d’us né vieille lime applatie & tranchante par un côté ; ce qui lui a fait donner aufli le nom de me. Voyez EMAIL , 6 la fig. 6. Plan. II, de l'Emailleur en perles fauffes. | COUPEROSE , f. f. (Minéralog.) efpece de vi=- triol. Voyez VITRIOL, COUPETÊTE, (Jez.) jeu d’enfans qui confifte à fe courber & à fauter les uns par-deflus les autres. COUPEUR ,f. m. voyez CARDEUR. COUPEUR DE POIL, chez Les Chapeliers, eft un ouvrier qui coupe le poil de deflus la peau des ca£. tors, des lapins , Gc. avec des cifeaux ou avec une efpece de couteau, afin de pouvoir l’arçonner & l’employer à faire des capades, Voyez l'article Caa- PEAU. : un COUPEUR , 04 COUPEUSE, f. f. lorfque c’eftune. femme, (Fonte de la dragée au moule.) eft l’ouvrier qui fépare les dragées de la branche ou jet commun. à laquelle les dragées moulées tiennent au fortir du moule ; ce qui fe fait avec les tenaïlles tranchantes, Voyez TENAILLES TRANCHANTES , 6 l’art, FONTE DE LA DRAGÉE AU MOULE; & 4, fig. 2. PI, de la Fonte des dragées au moule, qui repréfente une ou- vtiere quicoupe. | COUPIS , 1. m. (Comm.) toiles de coton à car- reaux de huit aulnes de long, fur trois quarts à cinq; fix de large. Elles viennent particulierement de Ben- gale, Voyez Les dittionn, du Comm. & de Tréy. COUPLAGE , f. m. serme de Riviere ; c’eftune par* tie d’un train: il y en a feize dans un train, COUPLE, f. m. quand on parle de l’efpece hu* maine; {. f, quand on parle des autres efpeces d’ani= maux ou des êtres inanimés. Il fe dit en général de deux objets pris ou confidérés érfemble. CouPLE , {. m. (Marine.) On appelle couple les côtes où membres d’un navire, qui étant égaux de deux en deux, croiffent ou décroiffent couple à cou ple également à mefure qu'ils s’éloignent du princi- pal où maître cozple, qui eft celui du vaifleau qui a le plus de capacité: On le nomme aufi rafrre sa- bari. Voyez GABARI. (Z) COUPLES ox FERMURÉS , ( Marine.) êe {ont deux planches du franc bordage entre chaque préceintes Le couple d'entre les deux plus hautes préceintes doit être placé enforte que les dalots du haut pont y puiffent être percés convenablement ; & la plus baffle planche de ce couple où font les dalots, doit être de la même largeur qu’une des préceintes entre lefquel- les elle eft pofée. L’autre planche qui eft fur cette premiere doit, en cas que le vaifleau ait deux bat- teries, avoir autant de largeur qu'il en faut aux fa- bords, fans qu’on foit obligé de touchér aux pré- ceintes ou à la liffe de vibord. Si le vaifleau a trois batteries, il faut prendre d’autres mefurés. Mais en général on ne peut pas donner de regle certaine pour les couples ou fermures; cela dépend du gabarit Foyer BORDAGES. (Z) COUPLE, f. m.(Venerie.) c’eft l’attache de cuir & de fer dont on affemble deux chiens, - Coupler Coupler les chiens , c’eft les attacher deux à deux avec un couple. CoUPLE, f. m. er rerme de Blafon, eft un bâton d'un demi-pié auquel pendent deux attaches dont on fe fert pour coupler les chiens. (7 COUPLÉ, ady. serre de Blafon, 1e dit des chiens de chafle liés enfemble, aufli bien que de quelques fruits. Philippe de Billy, à Paris, d'argent au chevron de gueules accompagné de trois glands & de trois oli- ves de fynople, un gland & une olive coplés & liés de gueules, (77) COUPLER UN TRAIN, serme de Riviere; c’eft en raflembler les parties : on fe fert pour cet ouvra- ge de groffes roüettes dites ro%erres a coupler. COUPLET , f. m. ( Belles-lerr. & Mufig.) eft le nom que lon donne dans les vaudevilles à cette par- tie du poëme qu'on appelle ffrophe dans les odes. Comme tous les couplets d’une chanfon font compo- {és fur la même melure de vers, on les chante auffi fur le même air. Voyez STROPHE. CourLer, ez Mufique, fe dit aufli des doubles & variations qu’on fait fur un même air, en le repre- nant plufieurs fois avec de nouveaux changemens; mais toûjours fans défigurer le fond de lair , com- me dans les folies-d'Efpagne & dans les anciennes chaconnes. Foyez VARIATION. Chaque fois qu’on reprend aïnf l’air varié différemment , c’eft un cow- pler. (S) CourLeTr, (Arquebuf.) Les Arquebufñers appel- lent ainfi un fufil dont le canon eft brifé , c’eft-à-dire fait de deux pieces qui fe raflemblent par le moyen d'une vis. Voyez FUSIL. CourLeTs, (Serrur.) c’eftune fermeture en char- niere compofée de deux ailes en queue d’aronde ou droites , aflemblée par une charniere que traverfe une broche. Onen met aux portes, caflettes , tables, par-tout où 1l s’agit d'ouvrir & de fermer. CoUPLETS DE PRESSE D'IMPRIMERIE, font les deux grofles charnieres de fer qui attachent le grand chaffis ou tympan au coffre de la prefle : ils doivent être extrèmement juftes , pour éviter divers inc@n- véniens qui arrivent dans le cours du travail de l’impreffion. Il y a deux autres petits couples ou charnieres à l'extrémité fupérieure de ce même chaf- fis ou tympan, qui fervent à y attacher la frifquette au moyen de deux brochettes. Voyez FRISQUETTE, TymPpAN, COFFRE. : COUPLIERES, f. m. pl. rerme de Riviere, eft un aflemblage de huit roüettes bouclées par un bout, où elles forment une efpece de nœud coulant. On s’en fert dans la conftru@ion des trains, pour rete- nir la branche d’un train fur l’attelier. Voyez TRAIN. COUPOIR , f.m, (Ecrivain & Libr.) c’eft un cou- teau-d'ivoire où de buis: il eft fait à deux tranchans paralleles ; Les deux bouts en font arrondis. On s’en fert pour couper les feuillets d’un livre, ou mettre des feuilles de papier en quarrés. Couproir, (Fonderie en caraëeres. ) Inftrument fervant aux Fondeurs de caraéteres d'imprimerie, pour couper aux corps des caraéteres , certaines par- ties qui nuiroient à l’impreffion, & pour les rendre plus propres. De ces inftrumens il ÿ en a de deux: façons , de bois & de fer. Ceux de boïs font les plus anciens, & ils fubfftent depuis l’origine de la Fon- dérie. C’eft un billot de bois d’un feul morceau, af- fujetti à hauteur d’appui fur une efpece de banc fer- mé à l’entour, pour recevoir les rognures des lettres. Ce billot eft entaillé dans toute fa longueur de trois à quatre pouces de profondeur. Dans cette entaille, aux parois du côté gauche, on met le juftifieur, auf de bois, qui contient deux ou trois cents let. tres plus ou moins, fuivant leur grofleur, arrangées Tous IF. C OU 353 à côte les unes des autres; puis entre ce juftifieur & le parois à droite du billot, on place un éoin de bois qui en remplit lé vuide, & qui frappé à plu- fieurs coups de maillet, ferre les lettres dans Le juf- tifeur, pour pouvoir fouffrir l’effort d’un rabot avec lequel on les coupe. Voyez JUSTIFIEUR. Le coupoir de fer eft d’une invention moderne ; beaucoup plus compofé, plus propre & plus com: mode, & avec lequel on fait l'ouvrage plus diligem- ment & plus fürement, Celui-ci eft d'autant mieux inventé, que l’autre eft bruyant, 8 fujet à fe déran- ger pat les intempéries de l’air qui tourmentent le bois. Voyez la Planche IIT. du Fondeur de caraîüteres fig. 1 & 2. | Il fut inventé à Sedan par Jean Jañon graveur ; fondeur & imprimeur de cette ville, qui rendit pu= blic en 162 run cahier d'épreuves des caraéteres qu'il avoit gravés. Voici quelle fut l’occafñon de cette découverte. Janon avoit depuis long-tems fa femme malade , & comme entreprife de tous fes membres : le bruit réitéré des coups de maillet pour ferrer le coin qui tient les lettres fermes dans ce cozpoir de bois , venant à retentir à fes oreilles, lui caufoit une grande douleur, fuivie d’un accès de mal de tête. Cet homme chercha les moyens de foulager fa femme, & fit part de fon deffein à un habile armurier de la même ville ; & tous les deux enfemble, après plufieurs recherches |, inventerent cette machine pour la fin qu’ils s’étoient propofée, d’eviter le bruit, & ajoûterent à cela tout ce que l’art put leur fournir pour en faire une belle compofition , commode & aifée; en quoi ils réuflirent. L'auteur ne joiit pas long-tems du fruit de fon invention ; il mourut peu de tems après. Sa fonderie pafla après lui entre les mains de plufieurs fondeurs, qui ne connurent point l’'ufage de ce nouveau coupoir : cela fit qu'il refta in- connu jufqu’au tems que cette fonderie ayant pañlé des mains du fieur Langlois imprimeur & libraire, & depuis fyndic de la Librairie de Paris, dans celles du fieur Cot fondeur dans la même ville, celui-ci en raflembla les pieces ; & reconnoïffant l'utilité de cette nouvelle machine , en fit faire un par un nom- mé Labrune armutier à Paris, qui l’exécuta fuivant ce modele, & avec quelques légers changemens. M, de la Chapelle fur-intendant des bâtimens du Roi, ayant été inftruit de l’utilité de ce nouveau coupoir, en a fait faire un fur le modele du fieur Cot pour la fonderie du Roi au Louvre. En 1739 le fieux Fournier le jeune en a fait faire un pour fon ufage, où 1l a changé &c tranfpofé plufeurs pieces, pour le rendre plus parfait & plus commode. C’eft d’après le fien qu'on a deffiné celui de nos Plariches. Voyez ces Planches, Voyez auffi l’art. CARACTERES. * Couproir, 4 la Monnoie, eft un inftrument de fer qui fert à emporter des lames de métal, les flancs deftinés à faire des monnoies. PL. I. fig. 1. En voici la defcription. | L'arbre de fer À vis 4, B, C, eft attaché au mon- tant G HI; au-deffous de la tête 4, eft emboitée Ja manivelle D Æ à main en F, & armée d’une boule de plomb X : au montant G A font adaptées deux jumelles de fer M N, qui fervent d’écrou & de dïi- reétrices à l'arbre 4 B C, à l'extrémité duquel eft aflemblé à clavettes l'appui OP à mortoifeen Q, où eft reçue la queue du plein À; qui va frapper le-cou- pant S'enclavé à vis dans la boîte 77Le coupant eft creux, & la table X X'eft percée ; ainfi lorfque le plein À vient frapper une lame de métal placée entre lui & le coupant S, le plein À force le métal à s’en- foncer en creux fur le coupant; & ce coupant S, qui eft vif & d'acier acéré , emporte de la lame la partie qu'on lui oppoñe ; & cette partie, qui eft le flanc, paffant dans le coupant & à-travers la table X,tombe dans le pannier Z, Il faut avoir autant de À ‘4 354 COU coupoirs qu'il y a de différentesmonnoies : mais pour toutes Les efpeces , les cospoirs font conftruits de mé: me ; il n’y a que le coupant qui change de calibre. COUPOLÉ, f. f. sérme d’Archiveëlure, qui fignifie la même-chofe que dôme. Foyez DÔME. | Ce mot vient de l'italien cwpola, quieft dérivé du mot latin barbare cuppola, autrement shola ou for- JUX » Voûte. C'eft auf le dedans ou la partie concave d’une voûte fphérique, qu’on orne de compartimens & de peinture. #oyez VOUTE. COUPON D'ACTION, (Comm. 6 Fin) por- tion de la dividende , ou répartition d’une aétion. Voyez ACTION 6 DIVIDENDE. Ce terme inconnu en France en ce fens jufqu’au zegne de Louis XV. commença à s’y imtroduire dans les finances, lorfque pour accréditer & foûte- tenir les fermiers généraux des revenus du Roi, on créa des ations des fermes. Les attions de la compagnie des Indes ayant fuc- cédé à celles-ci, l’ufage des coupons fut rétabli dans le commerce des aétions. ‘Chaque dividende ou répartition d’aétion eft di- vifée en deux coupons ; & chaque billet & police d’aétiens contient fix coupons, ou trois années de dividende. Ces coupons ont été inventés pour faciliter le payement des dividendes , & épargner à l’aétion- naïre le foin de faire drefler des quittances à chaque demi-année. ‘On les appelle coupons ; parce qu’en les coupant, & retranchant de la police un billet d’aétion à cha- que divifion de fix mois , ïls deviennent des quit- tances en forme , qui fufhfent au caiflier de la com- pagnie pour fa décharge , &c à l’aéhonnaire pour re- cevoir {a demi-répartition, fans meme avoir befoin -de Ja figner. Chaque coupon d'atlion a une empreinte du fceau de la compagnie, enforte qu’une police d’aétions pour trois années, a fept fceaux ; la derniere divi- ion, qui eft proprement l’aétion, ayant aufll le fien. Tous les trois ans les billets d’aétion fe renouvellent : en voici un modele, tel qu’on les délivre à la com- pagnie des Indes. Les croix qu’on a miles dans cha- ‘que divifion, tiennent lieu du fceau de la compa- gnie. MODELE d’une police d’ Aëtion dela C ompagnie Royale des Indes , avec fix coupons. NO. 5140933. Ex premiers mois de 1720. Répartition d'une Athon de la Compagnie des Indes. + N°. 514933. fix derniers mois de 1720. Répartition d'une Aion de la Compagnie des Indes. LE A té te, Es à Le. Les ECS RER ER cu N°. 514933. îx premiers mois de 1721. Répartition d'une Aütion de la Compagnie des Indes. | sir N°. $14933. fix derniers mois de 1721. Répartition d'une Aion de la Compagnie des Indes, Fa 0 CI N°- 514933 Jix premiers mois de 1722. Répartison d'une Ajon de la Compagnie des Tndes. F Æ COU AN°. 514933. | A Jix derniers mois de 1722: Répartition d’une Aëfion de la Compagnie des Indes. = N°. 514933. + ° Le Porteur du préfent Billet ef Propriétaire d’une Aion de l4 Compagnie des Indes. A Paris le premier NE \ RPATL Re k + # # Janvier 1720. Signé pour le Sieur à k K k # Va par Meffieurs les Direiteurs de la Compagnie des Irtes ASIE ET Les billets des nouvelles loteries royales ont aufi leurs coupons, fur lefquels on va à chaque tirage fe faire payer au tréfor royal de la rente du billet, ou de fon lot. Voyez dif. du Comm. (G) * Couron, (Comm.) efpece de toile d’ortie qui fe fait à la Chine, d’une plante appellée co , qui ne fe trouve guere que dans la province de Fokien. C’eft une efpece de fierre , dont la tige donne un chanvre qui fert à la fabrique du copor, On ja fait roir, on la tille; on laiffe la premiere peau, qui n’eft bonne à rien; on garde la feconde, qu’on divife à la main, & dont, fans la battre n1 filer, on fait une toile très-fine &c très-fraiche. N’aurions-nous point dans nos contrées de plantes qu'on pût dépouiller d’üne premiere peau, fous laquelle il y en eût une autre propre à l’ourdifflage ? Cette recherche ne fe- roit pas indigne d’un Botanifte, Coupons, (Manufriët. d’Etoffes.) petites pieces de toile, de ferge, &c. qui n'ont pas plus de cinq aulnes de long. Il eft défendu par les réglemens d’at- tacher aux ouvrages, foit étoffes, foit toiles, des coupons pour en completer l’aulnage prefcrit. Coupon, terme de Riviere, dix-huitieme partie d’un train de bois floté. Chaque coupoz doit avoir douze piés de long, ce qui donne trente-fix toifes pour la longueur entiere du train, La largeur du train eft de quatre longueurs de buches. Le train rend communément vingt-cinq cordes de bois à Paris ; 1l en rendroit bien davantage, fans le déchet qui fe fait en chemin. Coupure, 1. f. (Chirurgie) bleflure légere faite avec un inftrument tranchant , tel qu’un rafoir, un couteau, une ferpe , une hache. La coupure peut être lègere ou confidérable. Une coupure lépere qui n’a point offenfé de groffes arteres, de nerfs, nide par- ties tendineufes, fe guérit d'elle-même, en écartant l'air, le froid , le frottement, en employant quelque baume vulnéraire, naturel ou artificiel ; en rejoi- gnant le bord des levres féparées, & en les contenant dans leur réunion par un bandage. Si la coupure eft confidérable , alors elle prend le nom de #/effure ou plaie, & demande le fecours de l’art dans le traite- ment. #. PLa1e. Cet art, pour le dire en deux mots, confifte à fuivre la route que tient la nature dans la guérifondes plaies, écarter ce qui peut être nuifible, & fuppléer à ce qui manque. Au refte il ne faut pas confondre la copure avec l’incifion: la coupure eft bien une incifion d’une partie molle , mais faite fans deffein &c fans utilité ; l’incifion au contraire eft une coupure faite exprès par une main chirurgicale avec un inftrument tranchant, pour tendre à la guérifon du malade , ou pour laccélérer. Voyez INCISION. Par M. le Chevalier DE JAUCOURT. COUPURES, er termes de Fortification ou dela guerre des fièges , font dans les ouvrages attaqués , des fé parations qu’on y pratique pour en difputer le ter- rein pié à pié à l'ennemi. Les coupures ne {ont ordi- nairement compofées que d’un foffé & d’ün parapet. (Q) … COUR, f. f. rermed’ Architeëlure; e{t la dépendance d’une maïlon, d’un hôtel ou d’un palais , confiftant en uneswportion de terrein découvert, plus ou moins grande, laquelle eft fermée de murs 6u entourée de bâtimens. . Les cours principales doivent en général être plus profondes que larges ; on leur donne communément L diagonale du quarré de leur bafe : celles qui font quarrées font un mauvais eflet. La cour qui eft en face & proche Le grand corps de logis ; s'appelle cour principale ; celle qui précede cette dérmiere, s'appelle avant-cour; celles deftinées aux équipages, aux cuifines, 6. s'appellent baffes- cours, Voyez BASSES-COURS. (P) * Cour , (Hifloire moderne 6 anc.) c’eft toùjours le lieu qu'habite un fouverain; elle eft compo- fée des princes, dés princefles, des miniftres, des grands, & des principaux officiers, Il n’eft donc pas étonnant que ce foit le centre de la politeffe d’une nation, La politefle y fubfifte par l'égalité où l’ex- trème grandeur d’un feul y tient tons ceux qui l’environnent ; & le goût y eft rafiné par un ufa- ge continuel des fuperfluités de la fortune. Entre ces fuperfluités il fe rencontre néceflairement des pro- ductions artificielles de la perfeétion la plus recher- chée. La connoiffance de cette perfe@ion fe répand fur d’autres objets beaucoup plus importans ; elle pañle dans le langage , dans les jugemens , dans les fentimens, dans le maintien, dans les manieres , . dans le ton, dans la plaïfanterie, dans les ouvrages d’efprit, dans la galanterie, dans les ajuftemens, dans les mœurs mêmes. J’oferois prefqu'aflürer qu'il _ m'y a pointd’endroit où la délicateffe dans les procé- dés foit mieux connue,plus rigoureufement obfervée parles honnêtes gens, & plus finement affectée par les couttifans. L'auteur de l’efprit des lois définit l’air de cour, Péchange de fa grandeur naturelle contre une grandeur empruntée. Quoi qu'il en foit de cette dé- finition, cet air, felon lui, eft lé vernis féduifant fous lequel fe dérobent l’ambition dans loïfiveté, la bafleffe dans l’orgueil , le defir de s’enrichur fans tra- vail, Paverfion pour la vérité ; la flaterie, la traht- fon, la perfidie, l'abandon de tout engagement, le mépris des devoirs ducitoyen, la crainte de la vertu du prince, l’efpérance fur fes foiblefles , &c. en un mot la malhonnêteté avec tout fon cortege , fous Les dehors de l’honnêteté la plus vraie ; la réalité du vice toûjours derriere le fantôme de la vertu. Le défaut de fuccès fait {eul dans ce pays donner aux a@ions le nom qu’elles méritent; aufli n’y a-t 1l que a mal-adrefle qui y ait des remords. Voyez l'article _COURTISAN. | Cour, (Jurifpr.) en latin ewria, feu curtis, aula, comitatus , prœftorium , palatiunt ; fignifie en général un tribunal compofë de plufreurs pairs ou vaflaux , con- feillers ou affeffeurs. On donnoit autrefoisletitre de cour à toutes fortes . detribunaux indifféremment ; on difoit /a cour du, fei- gneur, pour figrifier fa jurifdilion ; cour d’églifé pour officialite. Préfentement les compagnies fouveraines {ont les feules jurifdiétions quidoivent être qualifiées de cour, &'qui puiffent prononcer leurs jugemens en ces termes : La cour ordonne , ,.,., * Cour fignifie quelquefois fimplement /uri/didlion , comme quand le Roi renvoye à un juge la connoif- fance d’une affaire, & lui attribue à cet effet toute cour & jurifdiétion. C’eft auffi en ce fens qu’un juge , même inférieur, met les parties hors de cour, pour dire qu'il les ren- voye & les met hors de proces. À Congé de cour, c’eft obtenir fon renvoi, fa dé- charge. : Ravoir La cour, c’eft obtenir le renvoi d’une caufe, Voyez de Fontaine , ch, 417, art, 104 Tome IV, C OU 355 Raridre. Là cour à fes hôrmmes ; .c’eft rerivoyer leg parties en da juftice de fes vaflaux. Beauman. c4, x: . Cour pu Roi À AIGUES-Morres, La vigherie de cette ville eft'ainfi nommée dans des lettres dé Charles V. du 2 Novembre 1364. Ordonnance de la croifieme race; tomé IV. EAT. UE Cour DE BEZIERS ; 04 COUR ROYALE DE BE- ZIERS. La juftice royale de cette ville eft ainfi nom- mée dans des lettres de Charles V. du mois de Juin 1365. Ordonnance de la troifieme race, tome III. Cour DE Berry; c’eft le bailliage royal de Bour- ges, qui eft ainf qualifié dans des lettres de Charles V. du mois de Décembre 135$ , . Cour Du Duc DE BOURGOGNE ; c'étoit la juf- tice fouveraine de ce feigneur : il en eft parlé dans des lettres d'Odon duc de Bourgogne, de l’an ï213 ; rapportées dans le recueil des ordonnances de la troi- Jieme race, tome IV. p. 403. er Cour DU BAILLI DE GRENADE; c’éft la juftice royale de cette ville, ainf appellée dans des lettres du roi Jean, du mois de Décembre 1350. Cour DE CHRÉTIENTÉ , étoit la même chofe que cour d’églife. Pafquier , lv. LIT, de fès recherchess chap. xxv]. rapporte que dans les vieux regiftres du viguier de Touloufe , il eft dit que vers l’an 290 le roi permit aux veuves & aux orphelins de fe pour- voir pardevant fes juges, où en la cour de chreffienté, c’eft-à-dire en cour d’eglife ; ce qui a depuis été abro- gé, de même que plufieurs autres entreprifes que les eccléfiaftiques avoient faites fur la jurifdiétion fécu- liere, par la nonchalance, & même par la conni- vence de ceux qui avoient part au gouvernement de l’état, & des officiers royaux qui auroient dû arrêter ces entreprifes. Voyez ci-après COUR D'ÉGLISE, Cour COMMUNE, eft un titre que l’on donnoit anciennement à quelques jurifdiétions; Dans des let- tres de Philippe de Valois, du premier Juillet 1328, il eft parlé de la cour commune de Gevaudan, curia communis Gaballitani, Ordonnances de la 3°: race, tome II. p.19. | COURS DES AIDES, font des cours fouveraines infüituées par les rois à l'inftar des parlemens, pour juger & décider en dernier reflort & toute fouverai- ñeté , tous procès, tant civils que criminels ; au fujet des aides, gabelles, tailles, & aûitres matieres de leur compétence. Les arrêts de ces cours font intitu- lés au nom du Roï: elles ont une jurifdiétion con- tentieufe : chacune d’élles a un reflort, & par con: féquent de grandes audiences fur les hauts fiéges ; ce qui, felon le fentiment de tous les auteurs, en ca: ratérife eflentiellement la fouveraineté. | Dans l’origine la cour des aides de Paris étoit uni: que, & {on reflort s’étendoit par tout le royaume: Lés rois én ont depuis créé plufieurs autres, lefquel: les ou ont été démembrées de celle de Paris: ou ont été établies à fon inftar dans quelques-tines des pro- vinces qui ont été réunies par la fuite au royaume de France. , Il y a a@uellement en France cinq cours des aides: La premiere & la principale de toutes, eff la cour des aides de Paris : on en parlera dans un article par: UE SR ON : ait La feconde eft celle de Montpellier. Elle fut établie par Charles VIT. par ordonnance du 20 Avril 1437, pour les pays de Languedoc, Rouergue; Quercy & duché de Guyenne ( pour ce qui. eft du reffort du patlemerit de Touloufe), à caufe de la difficulté qu'il y avoit pour les habitan de ces pays, de venit par- devant /es genéraux-confeillers ur Le fair de La Juflice: des aides à Paris, pour obtenir remede de juflice fouve: raine, Il fut permis aux officiers établis par cette er donnance, de tenir leur fiège © auditoire où bon leur fembleroit audit pays, Cette courtint d’abord fés féan- ces à Montpellier, puis à T'ouloufe ; & enfin Louis Yyi 356 COU XT. par édit du 12 Décembre 1467, la fixa à Mont- pellier, où elle a toûjours réfidé depuis. On y a uni en Juillet 1629, la chambre des comptes qui avoit été établie dans la même ville en Mars 1522, êt que cette cour des aides , avant leur réunion, avoit toù- jours précedée dans toutes les cérémonies publiques &cparticulieres , comme étant de plus ancienne créa- tion, Elle partage avec la cour des aides de Montau- ban, le reflort du parlement de Touloufe. La troifieme eft celle de Bordeaux. Henri IL. par édit de Mars 1550, avoit établi en la ville de Péri- gueux une cour des aides, où reflortifloient les géné- ralités d'Agen, Riom en Auvergne, & Poitiers, & qui avoit le titre de cour des aides de Guienne, Au- vergne G Poitou. Ce prince, par édit de Mai 1557, la fupprima , rendit à la cour des aides de Paris PAu- vergne & le Poitou, & attribua au parlement de Bordeaux le reflort des éleétions qui fe trouvoient dans l'étendue de ce parlement. Louis XII. par édit d’Août 1637, établit une cour des aides à Bordeaux. Louis XI V. la transféra à Saintes en Novembre 1647, & la rétablit à Bordeaux en Juillet 1659: Elle fut enfuite transferée à Libourne en Novembre 1675, & enfin rétablie à Bordeaux par édit de Septembre 1690. Elle eff partagée en deux fémeftres. Son ref- fort eft le même que celui du parlement de Bordeaux, à l'exception de la Saintonge &c de l’Aunmis, qui ref- {ortiflent à la cour des aides de Paris. La quatrieme eft celle de Clermont en Auvergne, qui fut d’abord établie à Montferrand par édit de Henri II. du mois d’Août 1557, pour la généralité de Riom en Auvergne, que cet édit diftrait de la cour des. aides de Paris. Elle a été enfuite transferée à Cler- mont par édit d'Avril 1630. Son reflort s’étend dans toute l'Auvergne. La cinquieme eft celle de Montauban, établie d’a- bord à Cahors par édit de Juillet 1642 , & enfuite transferée à Montauban par édit d'Oftobre1661. Son reflort comprend une partie de celui du parlement de Touloufe. Outre ces cinq cours des aides, il y en a encore huit autres qui font unies, foit aux parlemens, foit aux chambres des comptes ; favoir, celles de Grenoble. Louis XIII. par édit de Mars 1628, avoit établi une quatrieme chambre au parlement de Grenoble’, avec titre de /zrifdi&ion de cour des aides. -Ce prince, par édit de Janvier 1638, créa une cour des aides à Vienne en Dauphiné. Louis XIV. l’a fup- rimée & unie au parlement de Grenoble par édit d'Oétobre 1658. Dion, unie au parlement. Rennes, unie au parlement. Pau. Elle avoit été établie par édit de Mai 1632, fous le nom de cour des aïdes de Navarre. Elle fut fup- primée l’année fuivante par édit de Septembre 1633. Sa jurifdiétion eft exercée par le parlement. Metz, unie au parlement. Rouen. Son origine eft attribuée au roi Charles VII. Louis XHIT. par édit de Juillet 1637, en fépara la bafle-Normandie, & pour cet effet créa wze cour des aides À Caën , qui fut depuis réunie à celle de Rouen par édit de Janvier 1641. La cour des aides de Rouen a été unie à la chambre des comptes de cette ville par édit d'Oftobre 1705. Aix en Provence, unie à la chambre des comptes. Dole en Franche-Comté, unie à la chambre des comptes. Ces cours.des aides ont le même reflort que celui des parlemens de ces provinces. Il y a eu plufieurs autres cours des aides établies, qui ont été fupprimées ou réunies à d’autres, comme celle de Périgueux, créée en Mars 1553, fupprimée en Mai 1557; celle d'Agen, créée en Décembre: 4629, dont le refort eft aujourd’hui joint à celle COU de Bordeaux; celle de Lyon, qui fut créée par édit de Juin 1636, mais dont l’établiffement n’eut point lieu, & fut révoqué par l’édit de Juillet 1636, por- tant confirmation de la troifieme chambre de la cour des aides de Paris, | COUR DES AIDES DE PARIS, étoit originaire= ment la feule établie pour tout le royaume. Les anciennes ordonnances en lui attribuant dès fa création la fouveraineté dans les matieres de fa compétence, font marcher fes jugemens de pair avec Ceux du parlement. Celle du 28 Décembre 1355, veut que ce qui fera fait & ordonné par les généraux députés fur le fait des aides, vaille & tienne comme arrêt du parlement, fans que l’on en puiffe appeller, Une autre du 26 Janvier 1382, ordonne que tout ce qui par nofdits confeillers, quant au fait de juffice, fera fen- tencié € jugé, tienne & vaille entierement ainft comme ce qui ef? fait ou juge par arrét de notre parlement. Une infinité d’autres contiennent les mêmes difpofñtions. Auffi nos rois en parlant de cette cour, l’ont toù- jours aflimilée au parlement. L’ordonnance de Char- les VI. faite fur l’affemblée des trois états tenue à Paris au mois de Mai 1413 , fur la réformation des offices & abus du royaume, publiée par Le roi en fon lit de juftice au parlement, les 26 & 27 Mai de la même année, en confervant la cour des aides en fa fouveraineté, ajoûte ces mots, comme notre cour de parlement, Une autre du 26 Février 1413, énonce qu’elle ef fouveraine quant au fait defdites aides, & en laquelle tous procès 6 queflions prennent fin comme en notre cour de parlement. Celle du 24 Juin 1500, en rappellant le reflort & la fouveraineté de cette cour, porte : sout ainfr que des caufes ordinaires non touchans lefdites aides , la connoiffance en appartient en premiere inffance aux baillis, &c. & en cas d'appel, ès fouverai. neté a nos cours de parlement, Et dans le préambule de la déclaration du 27 Avril 1627, resiftrée en parle- ment le 1$ Décembre 1635, ileft dit que /4 cour des aides de Paris à êté établie & continuellement reconnue après le parlement de Paris, pour cour fouveraine feule & univerfelle en France pour lefdites aides. La jurifdiétion de cette cour n’eft point un dé- membrement de celle des autres cours fouveraines. Dès le commencement de la levée des aides ou fub- fides , qui ne s’accordoient dans l’origine que pour un tems limité , les rois nommoïent , {oit pour éta- blir & impofer ces droits, foit pour décider les con- teftations qui naîtroient à l’occafon de leur percep- tion, des commiflaires dont le pouvoir finifoit avec la levée de ces impoñitions ; & depuis que ces mé- mes droits font devenus perpétuels & ordinaires, la fonétion de ces juges left pareillement devenue : mais jamais la connoiffance de ces aides ou fubfides n'a appartenu à aucun autre tribunal du royaume. On voit au contraire que les rois l’ont toüjours in- terdite à tous leurs autres officiers, & fi quelquefois les juges ordinaires en ont connu, comme en 1350 én Normandie au fujet de l’aide accordée par cette province, ce n’a été qu’en vertu de l’attribution par- ticuliere que le roi leur en faifoit par l’ordonnance portant établiffement de ces droits. Pour donner une idée plus particuliere de cette cour, on confidérera dans cet article ” 1°. Son origine & les progrès de fon établifle- ment. 2°. Les magiftrats & autres officiers dont elle eft compofée. 3°. Quelles font les matieres de fa compétence ; fes différens privilèges, & fa police intérieure. 4°. L’étendue de fon reflort, & les divers tribu- naux dont elle reçoit les appels. - Origine de la cour des Aides. Le terme d’aides d’où cette cour a pris fa dénomination, fignifie en géné- ral an fecours ou fublide que les fujets payent au roi, | COU \ % : pour Jui aider à foûtenir. les dépenfes de la guerre êc les autres charges de l’état. * Dans les commencemens de la monarchie, n6s rois prenoient leur dépenfe fur leur domaine, & fur les dons qui leur étoient offerts volontairement le premier jour de chaque année , ufagé qui fubfftoit encore fous les rois de la feconde râce. , … Ilfe faifoit auffi quelquefois des levées extraordi- paires lorfque les befoins de l’état le demandoient, comme entems de guerre pour entretenir l’armée, réparer les forterefies, 6. Ces fortes d’aides où fub- fides s’accordoient, foit par les états géneraux du royaume , oit par les états particuliers dés provin- ces, &même des villes, & ne duroient qu'un tems limité. Charles VIT. eft le premier qui, comme le remarque Comines, ait impolé les aides & fubfides de {a feule autorité. | | __ Il y avoit aufli des aidés que l’on appelloit Ægiri- mes, c'eft-à-dire qui étoient dûes par les principes du droit, féodal, & autorifées par une loi fuivant la- quelle les. vaffanx devoient une aide à leur feigneur dans trois cas , lorfqu'il faïfoit fon' fils aîné cheva- lier, lorfqu'il marioit fa fille aînée, & lorfqu'il étoit obligé de payerunerançon. Ces fortes d’aidesétoient communes au roi & aux autres feigneurs féodaux. | Toutes ces différentes impoñtions furent nom- mées aides, fubfides, tailles, gabelles. Ce dernier nom ne fe donnoit pas feulement aux impofitions qui fe levoient {ur le fel, mais aufi fur toutes les autres denrées & marchandifes. Il y avoit la gabelle du vin, la gabelle des draps, 6. Il paroït qu'à chaque fois que l’on établifloit ces aides ou fubfides , 1l y avoit des commiflaires nom- més, tant pour en fawe l’impofition & répartition, que pour juger des débats & conteftations que la le- vée de ces droits occafonnoit. S, Louis, par un réglement fur la maniere d’af- feoir & de regler les tailles, établit à cet effet des élûs, qui étoient choifis entre les notables bourgeois. Philippe de Valois ayant aboli les impofitions fai- tes au pays de Carcaflonne fur les draps, & ayant accepté en la place une offre de 150000 liv. adref- {a {es lettres du 11 Mars 1331, à quatre commiflai- res, auxquels il donne pouvoir de diftribuer & dé- _partir cette fomme en cinq années , contraindre Les rebelles ou contredifans, toutes dilations & appellations rejertées, & commande à tous jufticiers de leur obetr. Ce même prince ayant établi la gabelle fur Le {el ar tout le royaume, commit par {es lettres du 30 fars 1342, trois maîtres des requêtes &r quatre au- tres perfonnes , & les établit maires fouverains, com- . iffaires, conduéteurs, @ exécuteurs des greniers & ga- belles, leur donnant pouvoir d'établir tels commiffaires, DTENELLETS ; gabelliers, clercs, 6 autres officiers, de les deftiruer à leur volonté, & de pourvoir de tel remede que bon leur femblera fur tous doutes , empêchermens , exces , & défaut. Il attribue 4 eux feuls la connoiffance, cor- reion & punition du tout quant aux chofes touchant le fait dudit fel, Ï ordonne qu'il y aura toüjours à Paris deux de ces commiflaires fouverains, qu'ils ne feront refponfables qu’à lui, 6 qu’on ne pourra Je pourvoir par voie d'appel ou autrement que devant eux. Dans quelques autres ordonnances 1ls font appellés gezé- raux députés fur Le fait du fel. Philippe de Valois dé- clara per fes lettres du 15 Février 1345, que fon in- tention n’étoit point que la gabelle du fel & autres impoñtions fuflent unies à fon domaine, & duraf- fent à perpétuité. Le roi Jean ayant obtenu, pour un an, des états généraux, tant de la Languedoil que de la Languedoc, affemblés à Paris le 16 Février 1350, une impofition de fix deniers pour livre fur toutes les marchandifes & denrées vendues ; & les afflemblées particulieres des provinces & des villes ayant accordé la çonti- COU 357 huation de cé fubfide pendant les ännéès fuivantes ; ce prince, par fes lettres dir $ Juillet 1344, nomma l’évêque de Laon, le fire de Montmorency, & Mat- thieu de Trye fire de Fontenay, pour afflembler les prélats, nobles, 8 habitans du baillagé de Senlis, afin de leur demander la continuation de cé fubfide, & leur donna pouvoir de punir ceux qui s’étoient entremis des impofñtions du tems paflé , eñjoignant à tous fes officiers & fujets de leur obéir & à leurs députés en toutes chofés, Par d’autres lettres du mois de Juillet 135$, le roi avoit nommé pour régir une aide impofée dans PAn: jou, les évêques d'Angers & du Mans, le feigneur de Craon, Pierre & Guillaume de Craon, & Brient fei- gneur de Montéjehan, chevaliers, avec un bourgeois 9 L . d Angers & un du Mans. Ils devoient entendre les comptes des receveurs , fans que le roi, le comte d'Anjou, la chambre des comptes de Paris ou autres, püffent s’en mêler, Il n’eft pas inutile d’ébferver qué la Languedoil comprenoit toute la partie feptentrionale de la Fran- ce, qui s’étendoit jufqu'à la Dordogne, & dont l’Au- vérgne &c le Lyonnoïs faifoient auf partié: La Lan- guedoc ne comprenoit que le Languedoc, le Quercy; &c le Rouergue. Le roi d’Anglétérre étoit pour lors maître de la Guienne & de quelques pays circonvoi- fins. L'aflemblée du 16 Février 1350 effla derniere où le roi Jean ait convoqué les états dé la Larbues doil &c de la Languedoc conjointement : ce prince les aflembla depuis féparément. En Pannée 1355, ce même prince pour foûtenir la guerre qui recommençoit avec les Anglois, ayant fait aflembler à Paris les états du royaume de la Lan- guedoil où pays coAturrter, 8t en ayant Obtenu ne ga- belle [ur le fl, & une impofition de huit deniers pour li: vre fur coutes les chofes qui feroient vendues ; à l'excep- tion des ventes d’héritages feulement, donna un édit daté du 28 Décembre 1355, par lequel il ordonna que ces aides fèroient cuelllies par certains recevéurs, qui feroient établis par les députés des trois états èn chacun pays, & qu'outre les commiflaires ou députés parti= culiers dés pays, il feroit établi par les trois états neuf pérjonnes bonnes 6 honnêtes, c’eft à favoir de cha cun érat trois, qui feront généraux G [eperintendans [ur tous Les autres, Il eft dit que toutes perfonnes de quel- qu'état & condition qu'ils foient, & de quelque pri- vilége qu'ils ufent, féront tenus d’obéir à ces dépu- tés tant généraux que particuliers ; & que s’il y avoit quelques rebelles que les députés particuliers ne püf: fent contraindre , ils les ajourneront pardevant les généraux fuperintendans, qui les pourront contrain- dre &c punir ; G vaudra ce qui fera fair 6 ordonné par lefdits généraux députés comme arrêt de parlement, fans que l’on. en puffe appeller, ou que fous ombre de quelcon- que appel, l'exécution de leurs fentences ou ordonnances foit retardée en aucune maniere. Ces aides n’étoient accordées que pour un an, le roi mêmé &c la reine n’en étoïent pas exempts. Les députés des trois états avoient feuls la difiribution des deniers qui en provenñoient, & qui ne pouvoient être employés à autré chofe qu'au fait de la guerre, Les généraux fuperirtendans devoient, fuivant la même ordonnance, prèter ferment entre les mains du roi ou de ceux qu'il commettroit, de bien & loya- lement exercer leur office . & les députés particuliers & autres oMciers qui fe mêloient des aides, devoiént faite le même ferment aux trois états ou aux fuper- intendans, où à ceux qui feroïient par eux commis, C’eft cette ordonnance que lon doit regarder com- me l’époque la plus véritable de linftirution de la cour des aides; d’où l’on voit que cette cour tire fon origine, & eft une émanation de l’affemblée des états généraux du royaume. Car quoique cette aide n’eût 1 été açcordée que pour un an , il eft certain qu'il y 5e. ŒOU eut totjours fucceflivement dans toutes les années fuivantes des aides accordées , foit par les états gé- néraux , {oit par les états particuliers tenus dans les provinces; qu’elles furent regies par des députés élûs par les états qui les accordoient, & qu il y eut toii- jours depuis à Paris des députés géréraux , auxquels ceux des provinces reflortifloient. . De ces députés particuliers qui avoient la charge des aides & fubfdes dans les diocefes &z principales villes du royaume, &c qui étoient élùs par les dépu- tés des trois états, eft venu Le nom d’é/Z, qui eft de- meuré aux officiers établis dans les provinces pour avoir en prenuere inftance [a connoïffance de tout ce qui concerne les aides & fubfides. Le nom de ge- néraux ‘des. aides eft demeuré aux députés généraux qui étoient prépolés pour en avoir la direétion gé= nérale en la ville de Paris, & recevoir l’appel des députés particuliers ou élüs diftribués dans les pro- vinces. i Les mêmes états généraux qui avoient accordé cette aide en 1355, s’étant rafflemblés à Paris au pre- mier Mars fuivant, ainfi que le portoit la précedente ordonnance , la fupprimerent , & impoferent à la place une capitation fuivant les facultés & revenus de chacun, dont le clergé & la nobleffe furent tenus comme les autres. L’ordonnance faite en conféquen- ce le 13 Mars 1355, avant pâques, porte que l’aide & fubfide fera levé par les députés des trois états en chaque pays, 6 qu'à Paris il y aura fix généraux de- putés auxquels on aura recours, & qui auront le gouver- nement & ordonnance fur tous les autres députés, 6 feront Leurs fouverains & de tous ceux qui fe méleront du fair. L’efpérance que l’on avoit conçue de voir finir la guerre pour laquelle ces aides avoient été accordées, s’évanoint bien-tôt par la perte de la bataille de Poi- tiers, qui fe donna le 19 Septembre 1356; & la cap- tivité du roi Jean, qui fut fait prifonnier à cette ba- taille, ayant réduit le royaume à la plus fâcheufe ex- trémité, 1l fallut fonger à impofer de nouveaux fub- fides. Re Charles dauphin de France reconnu pour lieute- nant général du royaume, aflembla les états de la Languedorl à Paris, au 15 Oû@obre 1356; mais ces états s’étant féparés infruétueufement, ce prince prit le parti de s’adrefler aux bonnes villes pour leur de- mander une aide , & 1il paroiït que la plüpart en ac- corderent. À loccafñon des fubfdes accordés par les états particuliers d'Auvergne, il eft parlé des géne- Taux gouverneurs qui connoïfloient de la mamiere d’impofer ladite finance, oùir les plaintes 6 doutes, & Les remédier & corriger. Au mois de Février fuivant, le dauphin afflembla à Paris les états de la Languedoil, qui lui accorderent des fubfides pour un an. L’ordonnance du mois de Mars 1356 faite en conféquence, porte que Le fub- fide fera levé par les gens élûs par les trois états. Les députés généraux qui devoient prêter ferment entre les mains du roi, ne pouvoient rien faire s'ils n’é- toient d'accord, ou au moins fix d’entr’eux, favoir deux perfonnes de chaque état. On trouve un man- dement du 17 Mai 13$7, donné par les généraux élés à Paris par les gens des trois états du royaume de France, für Le fubfide oûtroyé pour la guerre. Les mêmes états de la Languedoilaflemblés à Com- piegne le 4 Mai 1358, accorderent au dauphin, qui venoit d’être déclaré régent par le parlement , une aide pour Ze fait des guerres, la délivrance du roi Jean, & La défenfe du royaume. Elle devoit commencer ler Mai & durer un an. Quoique plufeurs villes & pro- vinces n’euflent point député à ces états, il paroît par une lettre du roi Jean à l’évêque de Soiflons, que les états avoient arrêté que l’aide feroit levée, mê- ne fur ceux qui n’y avoient pas affifté, ce qui fut exécuté en vertu des états particuliers qui s’aflem- blerent dans les provinces, L’ordonnance du 14 Mai 1358, donnée par le régent au fujet de cette aide, veut que tous autres fubfdes ceflent, remet tout ce qui en pouvoit être dû du pañlé, révoque les com- mifions des gézéraux à Paris & élûs dans les diocè- fes, & marque que les états ont él € éliront des per= Jonnes de chaque état , qui gouverneront le fair de l'aide préfentement oëlroyée, & qu'ils feront commis par le ré- gent. Il paroïît par des letttes du régent, du mêmé jour , que dans cette aflemblée les nobles avoient élu de leur part Sohier de Voifins, pour gouverner l’aide en la ville & diocèfe de Paris. Cette aide con- fifloit au dixieme des revenus eccléfiaftiques ; les nobles devoient payer douze demiers pour livre de leurs rentes ; les habitans des villes & châteaux fer- més devoient entretenir un homme d’armes par 70 feux ; les ferfs abonnés, un homme d’armes par 100 feux ; les ferfs taillables, un pour 200 feux ; les pu- pilles,veuves, & autres qui n’avoient point de feux, douze deniers pour livre de leur revenu ; les fervi- teurs douze deniers pour livre de leurs falaires. Le 25 Mai 1359, en l’aflemblée des mêmes états à Paris, on fit la leture d’un traité qui avoit été né- gocié à Londres ; mais les conditions ayant révolté‘ tous les efprits, 1l fut réfolu de continuer la guerré, &c les états accorderent l'entretien de 1200 glaives; c’étoit des troupes d'infanterie, On n’a parlé ci-deflus que des états de la Langue. doil ; ceux de la Languedoc pendant ce tems s’aflem- blerent féparément. Le 21 O&tobre 1356 ils accor- derent une aide, qui, fuivant l'ordonnance confit- mative du mois de Février fuivant 1356, devoit être régie fous les ordres de vingt-quatre perfonnes choïi- fies par les trois états. Après l’affemblée de Com- piegne , en Mai 1358, 1l paroît qu'ils en accordé- rent une autre ; & une ordonnance du 2 Oûtobre 1360, marque qu'en 1359 ils avoient accordé cer= raines impofitions € gabelles , qui devoient durer ju qu'à noël 1361. k | Après la paix de Bretigny , conclue en 1360, le ro1 Jean revint en France vers la fin d'Oë&tobre ; & par fon ordonnance du ÿ Décembre de cette année, il établit dans toute la Larguedoilune aide pour payer fa rançon. Elle confiftoit en douze deniers pour livre fur les marchandifes & denrées vendues, le cinquie- me fur le fel, & le treizieme fur le vin, & devoit être levée par ceux que le roi députeroit fur ce fait. L’ordonnance du 18 Décembre 1360, fur la maniere de lever cette aide, porte*que les élûs enverront les deniers à Paris pardevant les généraux thréforiers or- donnés pour le fait de cette aide, & que s’7/ arrive aucun trouble ou doute, les él&s des cités en écriront aux généraux thréforiers à Paris , lefquels leur en fèront dé= claration. Cette aide devoit être levée jufqu’à la perfe&ion & entérinement de la paix, c’eft-à-dire jufqu’à ce que le roi eût acquitté toutes les fommes qu’il s’é- toit engagé de payer pour fa rançon dans lefpace de fix ans. Elle devoit par conféquent finir avec l’an- née 1366 ; maiselle fut encore prolongée long-tems après ce terme. M. Secouffe remarque que pour impofer cette aï= de il ne fut peut-être pas néceflaire d’aflembler les états, parce qu’elle étoit Zégitime, c’eft-à-dire dûe par une loi fuivant laquelle les vafaux & les fujets doiventune aide à leur feigneur lorfqu’il eft obligé de payer une rançon; enforte qu'il faut dire que les états qui ont été aflemblés pour cette aide, ne l'ont été que pour régler la maniere dont elle feroit levée & payée. Le roi impofa en même tems en Languedoc une aide femblable pour fa rançon: elle devoit de même durer fix années ; mais elle fut aufh continuée après ce tems, | | Il paroît que les géréraux des aides à Paris com mencerent dès lors à être ordinaires. On voit des lettres du 29 Septembre 1361, adreflées 4 05 am és E faux les généraux thréforiers à Paris fur le fait des aides, naguère ordonnées pour notre délivrance, ainfi que plufñeurs autres lettres des années fubféquentes. Et Charles V. à fon avenement à la couronne, vou- lant confirmer, comme il étoit d’ufage, les officiers de fonroyaume, adreffe fon ordonnance du 17 Avril 1364, à nos amés C: féaux les préfidens 6 autres gens de notre parlement G enquêtes , gens de nos comptes ; les généraux thréforiers fur le fait de la délivrance de Mons, & de la défenfe du royaume, & thréforiers à Paris, &t les confirme dans leurs offices. Avant que l’aide établie pour la délivrance du roi Jean fût finie, il y eut encore d’autres aides établies pour la guerre : une ordonnance du 19 Juillet 1367 parle des aides ordonnées , sant pour la rédemption de feu notre crès-cher feigreur & pere, de laquelle le paye- ment n'eft pas encore parfait, comme pour celles ordon- nées pour la défenfe de notre royaume. Les mêmes ge- néraux étoient établis pour ces deux aides, fui- vant cette ordonnance , dont l’adrefle eft 4 zos armés & faux confeillers Les généraux & élus, cart fur l’un fair comme fur l'autre. Dans une autre du lendemain 20 Juillet 1367, adreffée aux mêmes généraux, le roi, en parlant des aides accordées en 1356, 1357, & 1358, remet tout ce qui pouvoit en être dû du pañlé ; ce qui mon- tre que ces généraux avoient encore en même tems l’adminiftration de ces anciennes aides. Ces aides pour La guerre fubfüfterent jufqu’au dé- cès de Charles V. arrivé le 16 Septembre 1380. Ce prince en mourant pria les ducs de Berri, de Bour- gogne & de Bourbon, de pourvoir à l'abolition des impofñitions dont Le peuple étoit furchargé , 6c que les dépenfes d’une longue guerre l’avoient forcé de lever: & pour commencer à foulager en partie fon _ peuple, il donna le jour même de fa mort des lettres patentes adreflées aux généraux confeillers fur les ai- des de la guerre, par lefquelles :l abolit les foages , c’eft-à-dire les impofitions par feux, & remit tout ce qui enétoit dû du pañlé. Mais le duc d’Anjou décla- * ré régent après la mort de Charles V. ne fe fit pas un devoir d'exécuter ces dernieres volontés : bien loin d’abolir les impôts, il les augmenta, & on les leva avec une rigueur qui mit Le peuple au defefpoir , & excita dans plufieurs villes du royaume, & principa- lement à Paris, plufeurs révoltes pendant les pre- mieres années du regne de Charles VI. Pour les ap- paifer, le roi fe vit forcé de donner une ordonnance le r3 Novembre 1380, par laquelle 1l abolit sous ai- des & fubfides quelconques, qui pour le fait des guerres ont été impofes depuis le roi Philippe-le-Bel, Il en donna de pareilles aux mois de Janvier & de Mars fuivans. Les troubles ayant été appaifés, le roi Charles VT. rentré dans Paris le ro Janvier 1382, fit publier le rétabliflement de tous les impôts quiavoient eu cours fous Charles V. & par ordonnance du 26 du même mois il établit, pour les régit & gouverner, des gézé- raux confeillers à Paris, dont il regla les fonétions : elles font les mêmes que celles qui avoient été don- nées par l'ordonnance du 28 Décembre 1355 aux généraux fuperintendans nommés par les états. L’in- ftrudion du 21 du même mois faite fur cette nou- velle aide ordonnée pour la guerre , marque qu’elle devoit commencer le prenner Février fuivant , & qu’elle confiftoit en douze deniers pour livre {ur tou- tes les marchandifes vendues ou échangées , la hui tième partie de la vente du vin en détail, & vingt francs d’or par muid de fel. Il y eut dans la fuite quelques changemens où auomentations faits dans ces aides ou fubfides ; mais comme elles ont toûjours fubfifté depuis, la fonc- COU 359 tion, tant des récep- tion des appointemens, même de ceux qui fe délis vrent fur les rôles & de tousautres, & généralement tout ce qui dépend des audiences publiques , enre- giftremens des lettres patentes , baux à ferme , & des réceptions des officiers. Il tient auffi la plume aux audiences que la cour donne en la conciergerie pour les prifonniers ; il affifte meflieurs les commifs {aires lorfqu'ils vont faire la vifite des prifons, Celui qui eft a@uellement pourvû de cet office > a réuni, fuivant la faculté qui a été dite ci-deflus, l'office de grefher des decrets, & de commis au greffe des de: crets, & encore un des quatre offices de commis grefhers écrivant à la peau. Greffier civil & criminel, La même déclaration di 6 Juillet 1675, veut qu'il y ait en la premiere cham- bre un principal commis pour tenir le plumitif, & faire les minutes des arrêts d’audience à huis-clos À l'expédition des minutes des arrêts de rapport & af- faires du confeil en cette chambre; tant au civil qu'au criminel. Elle veut auffi qu'il ÿ en aït pareil lement un en chacune des feconde & troifieme cham- bres, & qu'ils écrivent fous les confeillers-commif faires , les minutes de toutes les inftrudtions crimi= nelles. Celui qui eft aétuellement pourvû, a réuni ces trois offices, & en outre trois des offices de coma mus-grefhers écrivant à la peau. Greffier des préfentarions, Cet office avoit été établi par édit du mois d’Août 157$, puis fupprimé. Son dernier rétabliflement eft du mois de Décemb. 1 699. Il eff auf greffier des affirmations. | Greffier garde-facs 6 des dépôts, créé par l’édit de Mars 1673. IL tient les regiftres pour la diftribution des procès & inftances, & pour les défauts. Il eft garde de tous les états de la maïfon du Roi, de la Reine, & des Princes & Princefles du fang, qui s’en- voyent à la cour des aides ; & c’eft lui qui en délivre les extraits , lorfque les officiers qui font compris dans ces états, veulent joüir de leur comittimus où autres priviléges. Payeur des gages de la cour des aides. Anciennement le receveur général des aides à Paris, étoit chargé de payer des deniers de fa recette, les gages des ofü- ciers de la chambre des généraux des aides, On voit qu'en 1370 François Daunoy avoit cette fonétion. Louis XI. inftitua un payeur des gages, par lettres du ÿ Mai 1474 Il y eut un office alternatif créé en Oétobre 15 $4; un triennal, en Juillet 1597;1 & un quatriénnal, en Août 1645. Le titulaire de cet office eft aujourd’hui ancien, alternatif & triennal, & a trois controlleurs. Receveur des amendes. Cette commiflion étoit exet- cée, fuivant les anciens regiftres des plaidoiries, par le receveur général des ares. Depuis, les généraux y nommerent Robert Lyotte leur greffier , &enfuite ils y commirent en 1397 Gobert Thumerÿ, parce que le greffe étoit trop chargé. L'office de receveur des amendés a été fupprimé &c réuni au domaine par 366 C © Ü dit de Mars 1716, & cette fonction sn’eft plus exér- * :cée.que fur la commiflion du fermier des domaines. Receveur des épices G& vacations. Cet office avoit été créé pariédits de 1581 8 1586. Il a été fupprimé _par celui -de Juillet 1626, -& enfuite rétabli en Fé- vrier 1691 fous le nom de confeiller-receveur ancien, alternatif & triennal des épices E vacations de La cour Mdes aides, Contrôleur des arréts, -avoitéêté créé par-édit d’A- wril 1702, fous le titre de greffier garde-minutes. L'é- dit de Février 1715 l’a-changé en celui de corrréleur des minutes des arréts. … Huiffiers. Le premier hwiflier dela cour des aides, æréé.par l’édit du mois de Mars 1551, jouit du privi- Jege de noblefle, en conféquence de Pédit du mois de Mars 1691; & dansles.cérémonies1l porte la robe noire, avec paremens de velours de même couleur, & chaperon noir à bourlet. IL y a aétuellement fept autres huifiérs-audien- -ciers, qui ont été fucceflivement augmentés jufqu’à ce nombre par différens édits de création. Ils n’é- toient que deux lors de leur premier établiffement, qui eft aufli ancien que celui de la chambre de la juf- tice des aides, ainfiqu'il paroît par les plus anciens regiftres des,plaidoiries de cette chambre. Ces huif- fiers-audienciers Jouiflent des mêmes prérogatives que ceux des autres cours fouveraines. Corapétence de la cour des aides, -priviléges, Police antérieure, La cour des aides de Paris a droit de con- noître & décider en dernier reflort tous procès, tant civils que criminels, entre toutes perfonnes, de quelqu’état, rang &c qualité qu’elles foient, & de quelques priviléges qu’elles jotuflent, au fujet des aides, gabelles , tailles, oétrois, droits de marque ur les fers & furles cuivres, & autres droits, fubf- des & impofñtions. Cette cour reçoit les appels interjettés des fenten- ces des éleétions, greniers à fel, juges des dépôts des {els , juges des traites ou maîtres des ports, juges de la marque des fers, & autres fièges de fon reflort, même les appels des fentences rendues fur le fait des droits d’oûtrois ou autres, dont la connoïffance eft attribuée en premiere inftance au bureau de la ville ou autres juges, par les édits & déclarations , fauf l’appel en la cour des aides. | Elle connoïît aufli des appels des ordonnances & jugemens des intendans & commiffaires départis dans Îes provinces &r généralités, au fujet des cottes d’of- fices par eux faites, & des autres matieres qui font ile la compétence de cette cour. Elle-eft feule compétente pour juger du titre de nobleffe ; & non-feulement elle en juge fur les con- teftations des parties, mais {fon procureur général eft en droit d’obliger tous ceux qui fe difent nobles , à procure les pieces fur lefquelles ils fondent cette “qualité. Elle vérifie les lettres d’annoblifflement & üc réhabilitation, &elleconnoït des exemptions & privileges dont les:nobles &r les eccléfiaftiques doi- vent jouir par rapport aux aides, tailles, gabelles & autres fmpofñtions. Les nobles qui font troublés dans leur nobleffe par limpoñition aux tailles, peuvent fe pourvoir en premiére inftance en la cour des aides, Les états dela maïontdu Roi, ceux des maïfons de la Reine ; des Enfans &Petits-enfans de France, & du premier prince du fang, font vérifiés à la cour les aides deParis , &:dépofés dans fon greffe ; & tous les officiers compris dans ces états, n’ont pour juges en dermier reflort ( pour.ce qui regarde leurs exemp- tions) que cette.cour, quoiqu'ils {oient domiciliés dans. létendue-du reflort des autres cours des aides , où lon n’envoye que des. copies de ces états. . Elle connait pareillement, .& privativement aux autres cours, en prémicreanftance &c dermier reffort, fant au. civil qu'au criminel, de tous. les différends pour raifon des finances dont le calcul, audition & clôture des comptes appartiennent à la chambre des comptes ; du payement des debets de ces comptes, &c des exécutoires de cette chambre ; &, en confé- quence , de tous débats, difcufions, ventes d’im- meubles, priviléses & hypotheques concernant les comptables, & le maniement & admimftration des deniers royaux, entre les tréforiers, receveurs gé- néraux & particuhers, leurs commis: & leurs cau- tions : pareillement de toutes conteftations concer- nant les baux, fous-baux , traités, tranfports, affo- ciations dans Îles affaires du Roi ; entre les fermiers, fous-fermiers, munitionnaires, entrepreneurs des "vivres & étapes, traitans, leurs aflociés, croupiers, Cautions, participes, commis êc autres intéreflés , {ons quelque fcel, privilésié ou non, que les aétes ayent été pañlés, à Paris ou ailleurs: ce qui eft fondé fur édit d'Henri IE. du mois de Marsi5ÿr. Elle connoît auffi en premiereinftance & dernier reflort, exclufivement à tous autres, cours & juges, de la difcuffion des biens de tous les comptables &c gens d’affaires du royaume, & de leurs defcendans &c héritiers à perpétuité, en quelque lieu de Pobéif- fance du Roi que leurs biens foient fitués, lefquels ne peuvent être purgés de l’hypotheque du Roi, que par dé decrets faits en la cour des aides de Paris. La faifie réelle, foit des offices, foit des immeu- bles des comptables, ne fe peut faire ailleurs qu’en la cour des aides, Cette faife fe fait à la requête du procureur général de la cour des aides, pourfuite & diligence du controleur général des refles ; c’eft en la cour des aides qu’elle eft enregiftrée, &z que le dé- cret s’en pourfuit ; & la compétence de cette cour s'étend tellement fur toutes les affaires & perfonnés dont l’on vient de parler, qu’elle a le droit de les. évoquer des requêtes du palais, du châtelet & de” tous les autres tribunaux , quand même les parties y auroient des attributions particulieres ; ainfi que toutes les affaires dans lefquelles les fermiers géné- raux, ou le controlleur général des refles , {ont par- ties; &, en conféquence de l’évocation, de juger les appels , s’il y a eu des fentences rendues. L'hôpital général, fuivant les édits des mois d’A- vril 1637 &c 1656, a fes caufes commifes direéte- ment & en premiere inftance en la cour.des aides de Paris, pour tous les procès & différends mûs au fujet de fes privilèges & exemptions des droits d’zides & autres, dont la connoïffance appartient à cette cour. Il en.eft de même de l’hôtel-Dieu. | La cour des aides de Paris a également Le droit de connoître feule des appellations des fentences ren- dues fur le fait des aides, gabelles, & autres droits, par les prevôts & officiers de M. le prince de Condé dans l’étendue du Clermontois , fans que les appel- lations puflent être relevées au bailliage n1.en au- cune autre cour ; ce qui fut d'abord reclamé par l’en- regiftrement fait en la cour des aides de Paris le 15 Janvier 1661 , des lettres patentes du mois de Dé- cembre 1648, par lefquelles Louis XIV. fit don à M. le prince de Condé du Clermontois, qui avoit été cédé à S. M. par le traité de paix du duc de Lor- raine du 29 Mars 1641, & depuis a été confirmé pat la déclaration du 4 Juin 1704, qui fixe & déter- mine la compétence de chacune des deux cours du parlement & de la cour des aides. Par lettres patentes du 10 Décembre 1715, regiftrées en la cour des at- des le 15 Janvier fivant, le Roi a attribué à la pre- miere chambre, à l’exclufion des deux autres, la connoiffance de toutes les conteftations des affaires du Clermontois, qui jufque-là pouvoïent être indif- tindtement portées dans Les trois chambres. . Ilyaeu auf plufieurs autres attributions faites à la cour des aides , par différens édits & déclarations: Par déclaration du 15 Décembre 1639, elle fur com- COU mile pour exercer la juftice en la cour des aides de Rouen. Par l’édit de Mars 1717, portant fuppreffion de la chambre de juftice, & par les lettres patentes du 29 Mai fuivant, le Roi a renvoyé en la premiere chambre de la cozr des aides, les faifies réelles on mobihaires faites ou à faire en exécution des rôles & des condamnations prononcées en lachambre de juftice ; enfemble les adjudications & difcuffions qui pourroient être faites en conféquence ; &e les appel- lations & exécutions des fentences rendues par les fubdélégués de la chambre de juftice ; & des faifies faites à la requête des fubftituts du procureur géné- ral de cette.chambre. Cette cour a le droit, ainfi que les autres cours fouveraines, de faire des réplemens pour l'exercice &manutentiondelajuftice,ainfique pour l'exécution &t interprétation des lois 8 ordonnances dans toute l'étendue de fon reflort : elle vérifie les ordonnances, édits, déclarations ; & lettres patentes, qui forment le droit général du royanme. Beaucoup de traités de paix y ont été enrepiitrés. Elle enregiftre auf les provifions des chanceliers ; & c’eft à {es grandes audiences qu'elle en fait faire la publication, dans la même forme que cela fé pratique au parlement. Par Pédit de Mars 1551, portant création de la {e- conde chambre, & par celui de Juin 1636, qui con- firme la troifiéme chambre, cette cour a le même privilège que le parlement, de pouvoir feule juger les officiers qui la compofent lorfqu’ils font pourlui- vis extraordinairement pour crimes ; ce qui a été en- tr'autres confirmé {fous Louis XIV. par le renvoi fait à la cour des aides du procès de M. le préfident de Ma- ridor, quiavoit commencé à lui être fait en La cham- bre de juftice de l’année 166r. Suivant toutes les anciennes ordonnances elle à toute jurifdiion & corredion, non-feulement fur les officiers des fiéges de fon reflort, mais auffi fur les thréforiers, receveurs, colletteurs, & leurs com- mis, dans ce qui regarde Les fon@ions de leurs char- ges, offices, & commiflions, | La cour des aïdes a pour cet effet fon pilori ou po- teau dans la cour du palais, au bas de l’efcalier de la fainte-Chapelle, comme le parlement a le fien au bas de l’efcalier du mai; & {es jugemens portant condamnation de mort ou autres peines, s’exécu- tent auffi, tant À Paris que dans toutes les autres vil- les & lieux de fon refort , dans les places où l’on a coûtume de faire les autres exécutions. - Outrele privilège qu'ont les officiers de cette cour, de ne pouvoir être jugés ailleurs en matiere crimi- nelle, les préfidens, confeillers, gens du Roi, gref- fiers en chef, fecrétaires du Roi près la cour, & premier huifñier, jouiflent de la nobleffe au premier degré: fur quoi 1l faut obferver qu’en 1645 le Roi ayant accordé [a noblefle, tant à la cour des aides, qu'au parlement, à la chambre des comptes, & au grand-confeil, ce privilège qui avoit été renouvellé en 1650, fut révoqüé par l’édit de Juillet 1669, por- tant réglement pour les offices de judicature du royaume, êc fut depuis rétabli; favoir , pour le par- lement, par édit de Novembre 1690 ; pour la cour des aides , par édit de Mars 1601 ; pour la chambre des comptes, par celui d'Avril 1704; & pour le grand- confeil, par celui d’Aoùût 1717. Les mêmes officiers de la cour des aides joiiffent encore , fuivant l’édit de Mars 1691, de l’exemption des droits feigneuriaux dans la mouvance du Roi, tant en achetant qu’en vendant. - La nobleffe n’a été accordée aux /xéfhieurs du procureur général de la cowr des aides , que par l’édit de Novembre 1704. Les officiers de la cour des aides joiüffent du franc- falé ; ils font commenfaux de la maiïfon du Roi, & c'eft à ce titre qu'ils ont droit de deuil à la mort des COU 367 Rois, & qu'ils affiftent à leur enterrement en robes noires , à la différence du parlement qui y affifte en robes rouges, Les préfidens , confeillers , avocats, 8 procureurs généraux de la cour des aides , doivent néceflaire- ment, fuivant l’ordonnance donnée à Fontainebleau au mois de Jin 15409, étre interrogés & fubir pareil examen fur la lo: donnée que ceux des parlemens , attendu, dit cette ordonnance, qu’elle eff cour fouve- raine , © juge en dernier reffort de toutes les caufes dons la connoiffance lux ef attribnée , & de JE long-tems qu'il nef mérnoire du contraire, Et par la déclaration du 27 Avril 1627, regiftrée en parlement le 20 Décembre 1635, ils ont le privilége d’être recûs fans {ubir nou- vel examen, lorfqu’ils font pourvûs d’offices du par- lement où de maîtres des requêtes. | L'habit de cérémonie de MM. de la cour des aides eft , pour M. le premier P'éfident & pour les autres préfidens , la robe de velours noir, avec le chaperon de la même étoffe fourré d’hermine, Les confeillers , gens du Roï, & greffiers en chef, portent la robe rouge ; & fuivant l’ancien ufage, ils doivent porter fur la robe ronge un chaperon noir à longue cornette, ainfi que cela fut réglé par Henri IL, le 7 Janvier 1552. Cechaperon, quoique noir, n’eft pas une mar- que de detul; & l’on ne doit pas croire que la cou leur du chaperon en diminue la dignité, parce que cela vient de ce que MM. de la cour des aides ont toû= jours confervé l’ancien ufage, & porté la robe rouge avec le chaperon noir, comme on la portoit vers le milieu du xvj. fiecle. En effet, l’on voit fur d’ancien- nes vitres plufieurs confeillers au parlement qui {ont ainfi repréfentés , c’eft-à-dire en robes rouges avec le chaperon noir. Dans l’églife de Champigni fur Marne, l’on y voit un Bochart ainf habillé: & à S. Benoît à Paris , au bas d’un retable d’autel d’une chapelle , deux confeillers au parlement que l’on a découverts par leurs armes fe nommer d'Origni, font aufli en robes rouges avec un chaperon noir fourré d’hermine. Cela fe pratiquoit ainfi, parce que le chaperon étant alors la couverture de la tête & des épaules, on ne vouloit pas expofer à la pluie de l’é- carlate ; & c’eft de-là que le premier préfident du parlement étant réputé venir de fon hôtel, qui avant M. de Harlaï n’étoit pas dans l’enclos du palais, por- te le chaperon noir fans hermine fur fa robe ronge aux petites audiences qui fe donnent avant le rôle. Préfentement les confeillers de la cour des aides por- tent la robe rouge fans chaperon ; & ce qui eft remar- quable par rapport à leur habillement de cérémonie, c’eft qu'aux pompes funebres des Rois & des Reines ils y afliftentien robes noires & de deuil, quoique le parlement y foit en robes rouges ; ce qui vient de ce que MM. de [a cour des aides ont en cette occa- fion droit de deuil, comme commenfaux de la mai- {oh du Roi. Il furvint à ce fujet un incident en 1683, pour l'enterrement de la Reine époufe de Louis XIV. la lettre de cachet adreffée à la cour des aides pour y aflifler , portoit que ce feroit en robes rouges : maïs cette cour ayant remontré au Roi que ce m’étoit pas lufage, le Roi déclara que fon intention n’éroit pas d'innover , & en confécuence cette cour affifta aux fervices à S. Denis & à Notre-Dame en robes noires de deuil, | Pour ce qui eff des autres cérémonies, comme aux entrées, des Rois & Reines, aux Te Deum, procef- fons , & autres cérémonies publiques, les préfidens & confeillers y afliftent avec les robes de cérémo- nie telles qu'elles font marquées ci-deflus. | Il y a par an deux cérémonies ordinaires auxquel- les la cour des aides aflifte : la premiere le 22 Mars : à la mefle qui fe célebre en Péglife des grands Auou- ftins ,'en ations de graces de la réduétion de la ville de Paris à l’obéiffance de Henri IV, en 15945 & la 368 COU feconde, à la proceffion qui fe fait Le jout de PAf- fomption en l’églife métropolitaine de Paris, en exé- éution de la déclaration du 10 Février 1638 , par la- quelle Louis XIIT, met fon royaume fous la protec- #ion de là Vierge. ; HN La cour des aides a rang dans toutes les cérémonies après le parlement & la chambre des comptes, com- me étant de moins ancienne création que ces deux compapnies. C’eft la date de la création qui regle le rang entre les compagnies ; Ce qui eft fi vrai, que la chambre des comptes de Montpellier établie par édit de Mars 1522, à l'inftar de celle de Paris, ayant voulu difputer la préféance à la cour des aides de Montpellier, qui y avoit été établie dès 1437 par ordonnance du 20 Avril, cette cour des aides y fut iaintenue par arrêts du confeil contraditoires, des 216 & 23 Juillet 1557, & 28 Mars 1558. La cour des aides eft compofée de trois chambres. La premiere, que l’on appelloit anciennement la chambre des généraux des aides, ou des généraux de la Juflice des aides , étoit autrefois le feul fige de cette cour. C’eft.préfentement celle où fe tiennent les au- diences, & par cètte raïfon elle eft appellée dans plufeurs ordonnances /4 chambre des plaidoyers ou plardoiries, C’eft en cette chambre que fe portent , ainfi qu'il 4e pratique à la grand’chambre du parlement , toutes es appellations verbales des jugemens rendus dans les fiéges de fon reflort , toutes les requêtes introduc- tives d’inftances, où autres qui font préfentées direc- tement en la cor des aides pour y former de nouvel- les demandes. Tous les incidens qui furviennent dans les procès ou inftances avant que le partage en ait été fait entre les trois chambres, {ont aufli por- tés en la premiere. | La premiére chämbre a aufi quelques attributions ui lui font patticulieres, comme les appels des fen- tences rendues fur le fait dés aides & gabelles & au- tres droits par les juges du Clermontois ; la connoïf- fance en premiere inftance des affaires de l'Hôpital général & de l’'Hôtel-Dieu de Paris, au fuet de fe priviléges & exemptions des droits d’aides & autres ; la pourfuite des faifies réelles & mobiliaires faites en exécution des rôles & jugemens de la cham- bre de juftice, &c. | C’eft en cette chambre que fe font les enregiftre- mens de toutes les ordonnances, édits, déclarations, lettres patentes , lettres de noblefle, & autres : ce qu ne concerne que les particuliers eft enregiftré en la prenfiere chambre feule; ce qui contient des réolemens généraux & concerne tout le royaume , æft enregiftré les trois chambres aflemblées ; fur le refte on fuit le même ufage qu’au Parlement, C’eft aufli en cette chambre que le grand-maître ou le mai tre des cérémonies vient apporter les lettres de ca- chet du Roi qui invitent la cour d’aflifter à quelque cérémonie. Lorfque les princes viennent apporter des édits en la cour des aides, ils ont féance en la premiere chambre fur le banc.des préfidens , après M. le pre- nier préfident , & avant les autres pré/rdens. Les ma- réchaux de France qui les accompagnent fe mettent fur le banc à la droite des préfidens. au-deflus du doyen des corfeillers | & les confeillers d’état pren- nent place fur le banc vis-à-vis, au-deflus des cox- Jeillers. _ ‘Les préfidens, confeillers, & Gens du Roï , font recus & inftailés en la premiere.chambre, toutes les chambres aflemblées. À l’épard des autres officiers de la cour , ils‘ y font reçus fans aflembler les deux autres chambres, ainfi que.tous les officiers reflor- tiffans en cette cour, qui y font examunés & y pré- tent ferment. | Il y a par an deux rentrées de la cour des aides, La premuere fe fait le lendemain de la $, Martin. Après la meffe du S. Efprit , toutes les chambres s’étant raf- femblées en la premiere, on y fait la le@ure des or: donnances. M. le premier préfident ÿ prononceundif- cours, & fait prêter ferment aux sreffiers & aux huif- fiers, & enfuite un de M M. les gezs du Roi pronon- ce une harangue. La feconde rentrée fe fait le lende- main de Quafimodo, On y fait auffi la ledure des ordonnances. | | s éd L'ouverture des audiences de la cour des aides fe fait en la premiere chambre , le mercredi de la pre- imiere femaine après la S. Martin. Les grandes audiences qui fe tiennent fur les hauts fiéges, font celles des appellations, tant du rôle or- dinaire que du rôle extraordinaire. Les plaïdoiries du rôle ordinaire font les mercredis & vendredis ma- tin, Depuis l’Afcenfion jufqu’au 8 Septembre , lorfe qu'il y a une fête le jeudi, l’audience du vendredi matin eft remife au famedi. Celles du rôle extraor- dinaire font les mardis de relevée, & ceflent après la S. Jean. Ces rôles font fignifiés à la communauté des procureurs; & de-là vient l’ufage qui fe pratique, comme au parlement , de ne point accorder de dé- fauts aux grandes audiences avant que l’huiflier ait appellé &c rapporté ; c’eft-à-dire qu'avant que là cour adjuge le défaut, Phuiffier fe tranfporte au haut de lefcalier de la cour des aides , d’où il appelle à hante voix dans la grand’falle la partie contre laquelle on prend le défaut & fon procureur, & vient rapporter enfuite qu'ils n’ont point répondu. L'ancien des pré. Jidens tient les audiences des mardis de relevée, à l’exception de la premiere & de la derniere qui eft tenue par M. le premier préfidens. Les audiences fur les demandes, que les ancien- nes ordonnances appellent audiences & huis clos, fe tiennent fur les bas fiéges, les mardis matin & ven- dredis de relevée. Toutes ces audiences ceflent pañé le 7 Septem- bre , & ne recommencent qu'après la S. Martin. . Les gers du Roi aux grandes audiences font affis en la même place que ceux du parlement, c’eft-à- dire au banc qui eft au-deffous des préfidens. Les /£- crétaires du Roi près la cour ne fe mettent point fur ce banc. À l'égard des petites audiences , ils font pla- cés fur le banc qui eft à la gauche des préfidens, qui eft la même place qu’avoient autrefois au parlement les gens du Roi , fur le banc des baillis & fénéchaux. La premiere chambre eft compofée du premier préfident, de trois préfidens , des conféillers d’hon- neur dont le nombre n’eft pas fixe, & qui ont féance au-deflus du doyen des confeillers , & de dix-huit confeillers, Les préfidens & confeillers des deux au- tres chambres montent à la premiere par rang d’an- cienneté, ainfi que les confeillers des enquêtes du parlement montent à la grand’chambre. Par l’article 3 de la déclaration du 10 Août 1748, deux confezllers de chacune des feconde & troifieme chambres doivent à tour de rôle fervir pendant fix mois en la premiere chambre. | La feconde &r la troifieme chambre font compofées chacune de trois pré/idens & de dix - fept conféillers. Elles donnent audience les mercredi & vendredi ma- tin, fur les demandes incidentes aux procès qui y font diftribués. Les avocats généranx y portent la parole dans les affaires qui requierent leur minifte- re. Il y a quelquefois des affaires qui font attribuées en particulier à l’une de ces deux chambres. La diftribution des procès & inftances civiles fe fait également entre les trois chambres, par M. le premier préfident | afliité d’un préfident de chacune des deux autres chambres. Lorfqu’un conferller de la feconde ou troïfieme chambre monte à la premie- re par droit d'ancienneté, il peut pendant le cours d’une année rapporter en la.chambre d’où il eft fo ES € © Ü les rrrocès! & inftances dont il étoit chargé mais après l’année révol ne, 1l les reinet au greffe, pour être rediftribués en cette même chambre. Les procès criminels fe jugent imdiftinétement dans les trois chambres. ai | Lorfque dans les àffaires de rapport il y a partage {opinions en quelqu’une des chambres, le rappor- teur &c le compartiteur, c’eft-à-dire celui qui a le Premier ouvert l'avis contraire à celui du rappor- teur , vont clépartaper l’affaire dans une autre cham- bre en cet wrdre.: les partages de lapremiere cham- bre vont en la feconde, ceux de la feconde en la troifieme, &c ceux de la troifieme en la premiere. Il eft arrivé quelquefois que des affaires s'étant trou- vées fucceflivé ment partagées dans toutes les cham- bres de la couf , le Roï a donné des lettres patentes pour les'aller clépartager dans quelqu’une des cham- bres des enquéîtes du parlement , comme firent MM. Quatrehommits 8 Bouette, les 3 & 4 Décembre 1614, en la premiere des enquêtes; & le 8 Janvier 1633; MM. 6sourreau & Bourgoin, en la feconde, des enquêtes. La chamhre des vacations commence le 9 Sep- tembre, & finit le 27 Otobre. Elle tient fes féances en la premuete chambre, où elle donne fes audien- ces fur les bas fiéges les mercredis & vendredis ma- tin. Ellene connoït que des affaires fommaires ou provifoires, des affaires criminelles, & de celles qui concernent le Roi. Elle eft compoiée de deux préfr- dens &c de quinze confeillers, avoir, cinq de cha- cune des chambres, L'ouverture s’en fait par M. le premier préfident ; qui a droit d’y afiftér quand il le Es juge à propos. Cinq fois par an, favoir la furveille de Noel, le mardi de la femrame-fainte, la furveille de la Pente- côte, la veille de l’Aflomption, & la veille de S. Si- mon, la cour des’ aides va tenir fes féances à la con- ciergerie , && y donne audience pour les prifonniers, C’eit un Jzbffrnt qui y porte la parole. Quelques jours auparavant ces féances, deux-confeillers com- miflaires, afliftés d’un fxbffitur & d’un greffier , vont faire leurs vifites dans toutes lés prifons de Paris où il fe trouve des prifonniers de fon reflort , & en font enfiute leur rapport à la cour. Les avocats du parlement plaident & écrivent en la cour des aides, Les procureurs font les mêmes pour le parlement & pour la cour des aides, Avant la déclaration du ro Août 1748, les con= Jésllers rouloient pour le fervice dans les trois cham- bre en cet ordre. Chaque fémeftre où bimeñtre il fortoit de chacune des chambres quatre confeillers ; qui {€ partageoient dans les deux autres. Les bimef: tres étoient celui de Novembre & Décembre, & ce- lui de Juillet & Août ; les trimeftres étoient celui de Janvier & celui d'Avril. On appelloit ces change- mens de fervice, zrgrations. Leur origine venoit de Pédit de Mars r551, portant établiffement de la fe: conde chambre, qui ordonnoit que de fix mois en fix mois fix généraux confeillers de la premiere fuf- fent députés par ordre, & fucceflivement en la fe: conde chambre. La création de la troifieme cham- bre ayant obligé de changer l’ordre qui avoit été établi jufqu’alors , 1l y fut pourvû par différens arré- tés de la cour. La déclaration du 10 Août 1748 a abrogé ces migrations ; elle veut feulement que tous les fix mois deux con/eillers des feconde & troifieme chambres viennent à tour de rôle fervir en la premie- re:maisles confeillers dela premiere ne vont plus fer- vir, comme auparavant, dans les autres chambres. Tous les officiers de la cour des aides fervent pen. dant toute l’année. | _ Lorfqu'il arrive quelque conflit entre le parlement &z la cour des aides, c’eft-à-dire, lorfqu’une de ces compagmes reclame une affaire comme étant de fa Tome 1F, { C OU 369 Compétence, les réglemens vetlent qu'avant que le différend foit porté devant le roi, les deux comMpa- gnies conterent enfemble pour tâcher de accorder à Pamiable. L'édit de François IE, du 29 Décembre 1559, en parlant des différends qui furviennent en: tre les couts de parlement de Paris & our dés aides Pour raïfon de compétence ou incompétence de jus rifdiétion, porte : Voulons qu'ils foicnt amiablemens & frarernellement entre vous traités & compofés, 6 qu’à cette fin nos avocats É procureur général en norredire Cour des aides, ayent incontinenc à communiquer & con: férer defdits différends avec nos avocats & procireur pés héral.en notredite cour de parlement. Par une feconde difpoñtionil ajoûte: Eë of ils n’en POurrotent tomber d'accord, voulons que VOUS, gens de notredite cour des aides, ayez à députer 6 commettre aus uns des préfidens € confeillers d’icèlle, Jelon que le cas le requérera , POT avec vous gens de notredite cour de Parlement en la grand’charnbre d’icelle, conférer & coms . muniquer defdits différends, 6 iceu* accorder, Vuider, & terminer; Goù ne Pourriez vous en accorder, vouloris 7OUS en Être par vous refpeilivement référé pour en étre Par ROUS ordonné, fans qu'antrement il [fois loifiblepro- céder entre vous , foir par appel ou inhibirions @ dés fenfes, | ; | La premiere partie de ce réglement s’eft totjouts exécutée depuis’, & s’exécute encore aujéurd’hui, En conféquence, lorfqu'’il y a quelque éonflit entré les deux cours, les ges 4 Roi de là cour des aïdes {e tran{portent au parquet du parlement, Les avocars généraux du parlement fe mettent tous fur le même banc, & ceux de la cour des aides enfuite far le mê- me banc; & M. le procureur général de la cour des aides {e met fur le banc qui eft vis-à-vis, fur lequel eff auffi le procureur général du parlement : un {uB- füitut de celui-ci fait le rapport de l'affaire qui formé le conflit. Siles gers du Roi des deux cours > après avoir Conferé entr’eux, font d’accord , ils renvoyent les parties à fe pourvoir en la jurifdiéion qui en doit connoitre; | La feconde difpofition de ce réglement, au fujet de la conférence en la grand’chambre du parlement lorfque les deux parquets ne s’étoient point accor= dés, a eu fon exécution jufqu’en 1669. | La cour des aides afez ordinairement députoit un préfident & deux confèillers ; qui fe tran{portoient en la grand’chambre , & qui. y prenoient féance SLR voir, les préfidens au banc des confeillers au-deflus du doyen, & les conféillers au banc du bureau ; & ce n'étoit que lorfque les deux cours ne s’accordoient pas dans cette conférence ; qu’elles fe pourvoyoient auconfeil, Mais en 1669, le roi, par l’ari. 12. du titre if, des téglemens de juges en matiére civile de l’ordonnan: ce d'Août 1669, a voulu, qu'en cas que les gens du Roi des deux cours ne s'accordent pas, les parties fe pourvoyent direétement au confeil en réglement de juges, tant au civil qu’au criminel. | Reffort de la cour des aides. L’étendue du reflort de la cour des aides de Paris. ; eft la même que celle du: parlement de Paris, excepté que la cour des aides à de plus la province de Saintonge &l’Aunis, qu’elle anticipe fur le parlement de Bordeaux, & que dur autre côte l'Auvergne en à été diftraite pour former une cour des aides particuliere à Clermont. Par le dé: tail qui fuit des différens tribunaux dont elle reçoit les appels, on verra quelles {ont les généralités coms priles dans ce reflort. ÉLECTIONS DU RESSORT,; Généralité d'Amiens & Artois. e L Abbévilles Montdidier: Amiens: Péronne. Doulenss Saint-Quentin: Eu , e7 Partiés Aa COU Généralité de Bourges. 379 Bourges. La Charité-fur-Loire. | Châteauroux. . Le Blanc. Ifoudun. Saint-Amand. La Châtre. Duché de Bourgogne. Elcilions ou Baillages, Auxerre, Mâcon. Bar-fur-Seine. | Généralité de Champagnes Bar-fur-Aube. Reims. Chaalons. Rethel-Mazarin, Chaumont en Bafligni. Sainte-Menehould. Æpernai. Sézanne. Joinville. Troyes. Nr, Langres: Vitri-le-François. Généralité de Limoges. Angoulème, Bourganeuf: Généralité de Lyon. Lyon. Saint-Etienne en Forez. Montbrifon: Ville-Franche, Roanne oz Rouanne. Généralité de Moulins. Château-Chinon. Moulins. Gannat. Nevers. Montluçon. Généralité d'Orléans. Beaugenci. Gien. Blois. Montargis. Chartres. Orléans. Châteaudun. Pithiviers. Clamecy. Romorentin. Dourdan. Vendôme. l Généralité de Paris. Beauvais. Nogent-fur-Seine, Compiegne, Paris. Coulommiers, Pontoife, Dreux. Provins. Etampes. Rozoi. Joigny. Saint-Florentin, Mantes. Senlis. Meaux. _ Sens. Melun. Tonnerre. Montfort-l’Amaury. Verfailles , barllage. Montereau-Faut-Yonne. Vezelai. Nemours. Généralité de Poitiers, Chatelleraut. Poitiers, Chatillon-fur-Sevre. Les Sables d'Olonne. Confolens. Saint-Maixant. Fontenai-le-Comte. Thouars. Niort. Généralité de, la Rochelle, Barbezieux, élettion par- Marenne. ticuliere, Saint-Jean d’Angely. Cognac. Xaintes, La Rochelle. Généralité de Soiffons. Château-Thierry. Laon. Clermont. _ Noyon. Crefpy en Valois. Soifons. Guife. Généralire de Tours. ‘Amboife. Le Mans. Angers. Loches. Beaugé. Loudun. Château-du-Loir. Mayenne. Château-Gontier. Montreuil-Bellay. Chinon. Richelieñ, La Fleche, Saumur, Laval. Tours. COU GRENIERS À SEL DU RESSORT) ë Geénéralité d'Amiens & Artois. Abbeville, Mer oz Auoft. Albert, Montdidier. Amiens. Nampont Saint-Martine Aumale. Péronne, Breteuil. Roye. | Corbie. Saint-Quentin. Doulens. Saint-Valery fur Somme, Grandvillers, | Généralité de Bourges. Argentor, La Chître. Aubigny. La Charité. Bourges. Saint-Amand. Buzançois, Sancerre. Dun-le-Roïi. Selles oz Celles. Henrichemont, Vierfon. Ifoudun, Villequier. Duché de Bourgogne. Auxerrre, Mâcon. Bar-fur-Seine. Saint- GES AN Cluny. Seignelay. Cravant , entrepôt. Tournus. Généralité de Champagne. Arcis-fur-Aube. Muffy-PEvêque. Bar-fur-Aube. Reims. Beaufort-Montmorency. Saint-Dizier. Châlons.’ Sainte-Menchould. Château-Porcien. Sézanne.: Chaumont en Bafligny. Troyes. Epernay. Villacerf, Joinville, Villemort. Langres. Vitry-le-François, Montfaugion. Généralité de Lydn. Beaujeu. Montbrifon. Belleville. Rouanne. Bourg-Argental, Saint-Bonnet; Cervieres. Saint-Chaumont, Charlieu. Sainte-Colombe. Condrieu. Saint-Étienne. Feurs. | Saint-Symphorien; La Clayette. Tizy. Lyon. Villefranche. _ Généralité de Moulins. Cencoins. Moulins. Château-Chinon. Moulins-Engilbert. Dezize. Nevers. Gannat. Saint-Pierre-le-Moutiet} Luzy. Saint-Sauge. Montluçon. Vichy. Geénéralité d'Orléans. Autun. Gien. Beaugency. Herbaut, Blois. Mer. Boifcommun. Montargis. Bonneval. Orléans. Brou. Pithiviers. Chartres, Romorantin. Châteaudun. Saint-Fargeau. Châteauneuf. Soify-Malesherbes. Chiverny. Sully. Clamecy. Vendôme. Cofne. Yenville oz Janvilles Dourdan. Géneralité de Paris. Beauvais. Étampes. Brie-Comte-Robert, Fontenay en Brie, Compiegne. Joigny. Creil. Lagny. Dreux. La Rocheguion. COU Mantes. Meaux. Melun. Ed Montfort-l’Amaury. Montereau-Faut-Yonne. Nemours. Nogent -fur-Seine , ez- crepôt, Paris. Poify. Pontoile. Provins. Saint-Florentin, Senlis. Sens. . Tonnerre. Verfailles. Vézelay. Généralité de Soiffons. Aubenton. Château-Thierry. Clermont. Cormicy. Coucy. , Crefpy en Valois. Guife. Fere en Tartenois. La Ferté-Milon. Laon. Marle. Noyon. Soiflons. Vailly. Vervins. Généralité de Tours. ‘Amboife. Angers. Ballon. Beaufort en Vallée. Beaugé. Bonneftable. Bouloire. Briflac ou Saint-Remy. Candé. Craon. Château-du-Loir. Chateau-Gontier. Chinon. Chollet. Ernée. Ingrande € etrepôr, La Ferté-Bernard, La Fleche. La Haye. Langeais. Laflay. Laval. Le Lude. Le Mans. Loche. Loudun. Loûé. Makcorne. Mayenne. Mirebeau. Montdoubleau. Montoire. Montrichard. Neufvy. Nogent-le-Rotrou. Pouancé. | Preuilly. Richelieu, \ Sable. Saumur. -Saint-Florent-le-Vieux. Sainte-Maure. Sante-Suzanne. Sillé-le-Guillaume. Tours. Vihiers. Juges des Traires foraines , ou Maïtres des Ports. Les Jurifdi@ions du reffort font : Généralité d'Amiens 6 Artois. ‘Abbeville. Amiens. Bapaume. Boulogne. Calais. Doulens. Dunkerque. Hedin-Salorges. Montreuil-fur-Mer. Péronne. Saint-Quentin. Saint-Valery-fur-Somme, Généralité de Bourges. Châteauroux. La Châtre. La Charité. Le Blanc. Saint-Benoït-du-Sault. Duché de Boursogne. Mâcon. Généralité de Champagne. Chaalons. Charleville. Chaumont en Bafligny. Épernay. Joinville. Langres. Mezieres. Montfaucon. Reims. Rethel-Mazarin, Saint-Dizier. Sainte-Menehould, Sedan. Troyes. Vaucouleurs. Vitry-le-François. Généralité de Lyon. Lyon. Rouanne. Saint-Bonnet, Tome IF, Saint-Chaumont. Sainte-Colombe, Saint-Étienne, COU 371 Généralité de Moulins. Gannat, Montaigu. Montluçon. Nevers. Vichy. Généralité de Poitiers. Châtillon-fur-Sevre. Niort. Les Sables d'Olonne, Sivray. Généralité de la Rochelle. La Rochelle, Tonnay-Charente, Généralité de Soiffons. Aubenton. Chauny. Guife, Laon. Noyon. Vervins, Geénéralité de Tours. Angers. Laval, DÉPÔTS pes SELS. Ceux qui font marqués d’une étoile, relevent de la cour des aides. eu hs Généraliré de Moulins.” igueperfe, Moulins. see j Poitiers. noles , Bourges. A ,* Poiiers. ubufon , Moulins. _ Auzances, Moulins. mes NS ambon, oulins. Châtelleraut, * Poitiers. A ,° Ut Châtillon-fur-Sevre, * Poiriers. RE er Ebreville, Moulins. LISE EU Moulins. Dun-le-Plateau , Moulins. Ebreville &Combronde, Moulins. Evahou oz Evaux, Moulins. Gueret Moulins 9 e Jaunais , * Tours, La Tillé, * Poitiers. int Aa) : ezOu , LOT. Mainflat & Auzances, Moulins. Maringues Riom GT 2 ; Montaigu , Moulins. Mortaigne , * Poitiers. Menat, Moulins. Pionfat , . Moulins. Plumartin , Poitiers. Riom, Riom. Ris ou Rys, Moulins. Saint-Benoît-du-Sault , * Bourges. Saint-Gervais, Moulins. Saint-Pourçain , Moulins. ee Far 1ers ; iom. Tiffauge , * Poitiers. Thouars, * Poitiers. Juges de la marque des fers , font établis dans plu- fieurs généralités du reflort de la cour des aides ; fa. voir , Dans le duché de Bour- gopne, Généralité de Champa- gne ; Gértéralité de Limoges, Généralité de Moulins, Généralité de Poitiers, Généralité de Tours, a Dijon. S à Chaumont en Baffig. Saint-Dizier, S'edar. a Angoulême, a Nevers. a Poitiers. au Mans. Prevôrés du Clermontois dépendantes des domaines de M. le prince de Condé , dont les appels reffortif. fent en la cour des aides dans les matieres qui font de fa compétence, Aaa 372 COU Clermont en Argonne. Les Montignons. : Dun. Stenay. Jamets, Varennes. Sur la cour des aïdes, voyez les ordonnances de la sroiffeme race ; Miraulmont ; Pafquier, récherches de la France, liv. IT. chap. vi. Papon, div. IP, te 7. Pierre Bonfons , aztiqg. de Paris , chap. xxxuy. Bibl. : A 1 3 pr du Droit François, &c. au mot sréfor; la préface di mémorial alphabétique des tailles ; Fontanon , Joly, Chenu , Rebuffe, Corbin, recueil de la cour des aides; Le didion. des arrêts, au mot aides & au mot cour. Et pour l'étendue du reflort de la cour des aides, voyez La carte publice en 1747 par M. Ll'abbe dela Grive. (4) | Cour DES CoMpPTEs. Ce terme eft peu ufté en notre langue, quoiqu’en parlant de la chambre des comptes on dife que c’eft une cour fouveraine ; mais en latin on dit regiarum rationum curia. Il y a néan- moins quelques chambres des comptes auxquelles il y a cour des aides & bureau des finances unis, & que l’on appelle par cette raifon cour des comptes, aides & finances. Voyez au mot COMPTES, l’article CHAMBRE DES COMPTES. (4) Cour D’ÉGLIsE, fignifie /urifdiélion eccléfraflique, non pas la jurifdi@ion fpirituelle, qui ne s’étend que fur les ames, mais la jurifdi@ion temporelle que des eccléfaftiques ont en certaines matieres, par la con- cefion du prince, tant fur les eccléfaftiques que fur les laïcs qui leur font foûmis. Le terme de cour n’eft pas ici un titre d'honneur, comme pour les cours fouveraines , auxquelles feules il appartient de fe qualifier de cour. Le terme de cour d’églife fignife feulement ywri/diélion eccléfraftique, & eft oppofé à cour laie, ou juitice féculiere : car on comprend fous le terme de cour d’églifé, toutes les jurifdiétions ec- cléfiaftiques , telles que les officialités ordinaires, les officialités primatiales, la jurifdiétion que les ar- chiprêtres, archidiacres, grands-chantres & autres dignitaires, ont en certaines églifes ; les bureaux eccléfiaftiques , tant généraux que particuliers, qu'on appelle auffi chambres eccléfraffiques , les unes diocéfaines , & les autres fouveraimes ; mais les chambres eccléfiaftiques, même fouveraines, ne peuvent pas fe qualifier de cour. Il y avoit autrefois au châtelet un procureur du Roi en cour d’églife. Voyez PROCUREUR DU Roïr. Poy. auffi JURISDICTION ECCLESIASTIQUE, OFFI- CIALITÉ, PRIMATIE, PROMOTEUR, VICE-GÉ- RENT. (4) Cour DEs FINANCES , eff un titre qui ne con- vient proprement qu'aux chambres des comptes, lefquelles connoïffent feules fouverainement de tou- tes les matieres de finance ; cependant il ya quel- ques autres compagnies qui prennent.ce même titre, à caufe que le bureau des finances de la généralité où elles font établies , y eft uni : tel eft le parlement de Pau, auquel la chambre des comptes, cour des aides & finances font unies : telles font aufñ les chambres des comptes de Rouen & de Dole. Voyez BUREAU DES FINANCES 6: TRÉSORIERS DE France. (4) Cour FONCIERE, C’eft la baffle juftice du fei- gneur pour les droits fonciers. Voyez le flyle de Liege, ch. xxvj. au commencement. (4) Cour FÉODALE o4 FEUDALE,, c’eft la juftice du fcigneut dominant, en laquelle les vaffaux font ju- gés par leurs pairs. W. le flyle de Liege, ch. xxv. (4) Cour pe France. Le parlement eft ainfi nom- sé dans plufeurs ordonnances, entrautres une de Philippe V. du 17 Novembre 1318 ; & dans des let- tres de Charles VI. du mois de Janvier 1392. (4) Cour LAIr figmifie yurifdifion féculiere: ce tèrme eft oppofé à celui de cour d’églife, I eft employé dans quelques coûtumes, comme dans celle de Paris , ere. COU 106. qui porte que reconyention n’a lieu en cor laïes fi elle ne dépend de lation, &c. (4) COUR MAJEURE 0% PLENIERE DE BÉARN , ap- pellée anciennement en langage du pays cors-rrajor Bearn ; tir, ii. étoit la juftice fupérieure, que l’on appelloit ainf pour la diftinguer de la cour ou jufti- ce inférieure ou fubalterne, dans laquelle la juftice s’expédioit aufli au nom du prince fouverain de Béarn. La cour majeure étoit compofée de deux évê- ques, des abbés, & des gentilshommes du pays: on y traitoit de toutes les grandes affaires qui regar- doient l'intérêt générai du pays, &c les caufes parti culieres y étoient décidées fouverainement par le prince, les évêques, & les vaflaux, ou par ceux d’entre eux que les parties choififloient , qui font appellés Zes }urars de la cour dans le for de Morlas, & dans les anciens titres latins , con/wratores & legitimi proceres, Voyez au mot CONFURE. On jugeoit aufh les appels des cours fubalternes, les matieres qui regar- doient la liberté & la condition des perfonnes, &les matieres réelles. M. de Marca, er fon kiff, de Béarn, li, W, ch. y. n°.2, € 3, & Liv. VI. ch. xxitj. n°, 7. explique comment les fouverains de Béarn convo- quoient leur cour majeure. Voyez le gloffaire de M. de Lauriere, (4) dr débbes à Cour DES MARÉCHAUX : on donnoit autrefois ce nom à la jurifdiétion des maréchaux de France, qu'on appelle aujourd’hui connétablie & maréchauffèe de France ;'un arrêt du parlement du 22 Janvier 1361, intervenu fur l’appel d’une fentence de cette jurif- didion, la qualiñe , ercence de l'audience de la cour des maréchaux. Voyez le ditfionnaire des maréchauflees de M. de Beauclas , some I. au mot connétablie. (4) Cour DES MONNOMIES ; voyez au mot MONNOIE, où il fera parlé de cette cour à la fuite de ce qui fera dit fur les monñoies en général. (4 Cour DES MORTE-MAINS, c’eft ainf que la coû- tume du Haïnaut, ch, xxx. 6 lxxxjv. appelle les plaids du receveur général des main-mortes. Voyez MAIN-MORTE 6 MORTE-MAIN. (4) COUR DES PAIRS o4 PARLEMENT DE PARIS, voyez PARLEMENT. COUR DE PARLEMENT , voyez PARLEMENT. Cour PERSONNELLE: on entendoit par-là an- ciennement toute juftice où les parties étoient obli- gées de comparoitre & procéder en perfonne, & non par procureur ; ce qui n’étoit pas permus alors fans lettres du prince. Il en eft parlé dans la coûtu- me locale de Saint-Severe, tir, 7. art, 22. (A4) COUR DU PETIT-SCEL, à Montpellier. Voyez la Martimiere , article de Montpellier , pag. 346. COUR DES PIÉS-POUDREUX, en Angleterre COURT OF PI-POUDERS, pedis pulverifati curia ; efe. une jurifdiétion qui fe tient à Londres en tems de: foire , pour rendre juftice aux marchands forains défignés fous ce terme de péés-poudreux. Bracconus, div. W. traité I. chap. vj. dit: propter perfonas quæ cele- ren debent habere juflitiam , ficut funt mercatores quibus exhibetur jufhitia pepoudroux. Voyez les origines de de Brieux , pag. 76, (4) Cour pu Ror, c’eft ainfñi que le parlement eft qualifié dans plufeurs ordonnances , notamment dans celle de Charles V. alors régent du royaume, du mois de Mars 1356. (4) Cour pu RoO1 À AIGUEMORTES , voyez ci-deyanr Cour D’AIGUEMORTES. i COUR ROYALE DE BEZIERS, voyez ci-dey. COUR DE BEZIERS. Cour DES SALINES , à la Rochelle étoit une cour fouveraine qui fut établie par édit du mois de Dé- cembre 1639, pour connoitre des procés qui con- cernent le fel & les marais falans: elle fut fuppri- mée par édit du mois de Septembre 1643. Voyeyde recueil des ordonnances par Blanchard. (4) COU Cour SÉCULIERE : ce terme comprénd toutes fortes de jurifdi@ions laïques, foit cours fouverai- nes ou autres tribunaux inférieurs, Il ef oppoié à cour d’églife. (4) i Cour DU SEIGNEUR , c’eft fa juftice. Voyez ci- devant COUR FÉODALE. COUR ORDINAIRE, c’eft ainfi que l’on appelloit la jurifdiéion royale ordinaire de Nifmes pour la diftinguer de celle des conventions. Il en eft parlé dans un arrêt du parlement du 25 Mai 1341, rap- porté dans le recueil des ordonnances de la troifie- me race, tom. III, pag. Cos. (A) Cour SOUVERAINE, eft un tribunal fupérieur & du premier ordre , qui connoît fouverainement & fans appel des matieres dont la connoiffance lui ef attribuée par le Roi, & dont les jugemens ne peu- vent être cafés que par le Roi où par fon confeil : tels font les parlemens , le grand-confeil , les cham- bres des comptes, les cours des aïdes, les cours des monnoies , les confeils fupérieurs , établis dans cer- taines provinces. Si ces cours où compagnies de juftice font appel- les Jouveraines, ce n’eft pas qu’elles ayent aucune autorité qui leur foit propre, car elles tiennent leur autorité du Roi, & c’eft en fon nom qu’elles rendent la juftice; c’eft parce qu’elles repréfentent la per- fonne du Roi plus particulierement que dans les au- tres tribunaux , attendu que leurs jugemens font in- titulés de fon nom & qu'il eft cenfé y être préfent &z il vient en effet quelquefois au parlement tenir fon lit de juflice; enfin toutes ces cours en général jugent fouverainement & fans appel; & hors le cas de caffation , leurs jugemens ont autant de force que fi c’étoit une loi faite par Le Prince même. Les cours fouveraines font compofées de magiftrats, favoir de préfidens & de confeillers pour rendre la juftice, d'avocats & procureurs généraux pour faire les réquifitoires convenables ; & de greffiers , fecré- taires, huiffiers, & autres officiers ; pour remplir les différentes fonétions qui ont rapport à l’adminiftra- tion de la juftice. L'autorité des cours fouveraines ne s'étend pas au- delà de leur reflort, ni des matieres dont la connoif. fance leur eft attribuée ; elles font indépendantes les unes des autres, & ont chacune un pouvoir égal pour ce qui eft de leur refort. US S'il arrive un conflit entre deux cours fouveraines, elles tâchent de fe concilier par la médiation de quelques-uns de leurs officiers ; s’ils ne s’accordent pas , 1l faut fe pourvoir au confeil du Roi en regle- ment de juges , pour favoir où l’on procédera, Foy. . CONFLIT. Le pouvoir des cours fouveraines eft plus grand que celui des autres juges : 1°. en ce que les cours Jouveraines ne font pas aftraintes à juger toüjours fe- lon la rigueur de la loi ; elles peuvent juger felon l’é- quité, pourvü,que leur jugement ne {oit point con- traire à la loi: 2°. 1! n’appartient qu'aux cours fouve- raines de rendre des arrêts de réglemens qui s’obfer- vent dans leur reffort fous le bon plaifir du Roi, ju qu’à ce qu'il plafe à fa Majefté d’en ordonner autre- ment : 3°. les cours fouveraines ont {eules droit de bannir hors du royaume ; les autres juges ne peuvent bannir chacun que hors de leur reflort. Les officiers de cour fouveraine joüiffent de plu- fieurs privilèges ; quelques-uns {ont réputés com- . menfaux de la maïfon du Roï. Voyez aux articles des différentes cours, & aux mots PRÉSIDENS, CoNSEIL- LERS, 6tc. (4) COUR SPIRITUELLE DE L'ÉVÊQUE D'AUXERRE, c’eft la juffice eccléfiaftique ou officialité de cet évé- que : elle eft ainf appellée dans des lettres de Char- les V. du mois de Janvier 1364. Ordonnances de la troïfieme race ; tome IV. pas, 574, COU 373 COUR SUBALTERNE € INFÉRIEURE, fe dit pour exprimer unejurifdiétioninférieure. Leterme de cour en cette occafion ne fignifie autre chofe que jwrifdi éion , &c non pas une compagnie fouveraine : left au contraire défendu à tous juges inférieurs aux cours fouveraines de fe qualifier de cour. (A Cour SUPÉRIEURE , eft la même chofe que cour Jouveraine, Voyez COURSOUVERAINE. (4 Cour DE Comté, (Hifh mod.) en Angleterre cft une cour de juftice qui fe tient tous les mois dans chaque comté par le shérif ou fon lieutenant. Foyez SHÉRIF 6 Comré. Cette cour connoifloit antrefois de matieres très- importantes.: mais la grande charte &8c les ftatuts d'Édouard IV, lui en ont beaucoup retranché. Elle Juge encore à-préfent en matiere de dettes & de dé- lits, au-defflous de quarante fchelins. Avant l’établiffement des cours de Weftminfter , les cours de comtés étoient les principales jurifdiétions du royaume, Parnu les lois du roi Edgar , il y en a une concüe en ces termes: « Qu'il y ait deux cours de comté pat » an , auxquelles afiftent un évêque & un alder- » man, Où un comte , dont l’on jugera conformé- » ment au droit commun, & l’autre fuivant le droit » eccléfiaftique ». Cette union des deux puiffances pour être mutuellement fecondée l’une l’autre, eft aufh ancienne que le gouvernement même d’Angle- terre. Voyez ÉVÊQUE, Er. | Celui qui les fépara le premier fut Guillaume le Conquérant, qui voulut qu’on portât toutes les af- faires eccléfiaftiques à un confiftoire qu’il créa pour cet effet (Voyez CONSISTOIRE) ,"& que les affaires civiles fuffent portées au banc du roi. Foyez BANC DU RO. Chambers. (G) Cour DE LA DUCHÉ , (Æiff. mod.) c’eftune cour dans laquelle toutes les matières qui appartiennent à la duché ou à la comté palatine de Lancaftre, font décidées par le jugement du chancelier de cette cour. Voyez COMTÉ , Cour, CHANCELIER, Gc. Cette cour a pris fon origine du tems du roi Henri IV. d'Angleterre , qui parvint à la couronne par la dépofition de Richard Il. Comme il avoit par fa naif. fance le duché de Lancaftre aux droits de fa mere, il s’en empara comme roi, 8 non pas comme-duc ; de forte que toutes les libertés, franchifes, &jurif- diétions de cette comté, pafloient du roi à fon grand fceau, fans avoir befoin de l’aëte qui met en poffef. fon, ou de celui par lequel on reconnoît fon f{ei- gneur ; comme on le pratiquoit pour la comté de March , & d’autres poffeffions à lui dévolnes par d’autres feigneurs fes ancêtres qui n’étoient pas rois. Henri IV. par l’autorité du parlement, fépara de la couronne les poffeffions & les libertés du, duché de Lancaftre: mais Édouard IV. les rétablit fur l’an- cien pie. Les officiers de cette cozr font un chancelier, un procureur général, un receveur général, un clerc de cour, & un meflager , ou un fergent, auxquels font. | joints encore des affiftans , tels qu’un procureur en. léchiquier, un autre en chancellerie, & quatrecon- feillers. Voyez CHANCELIER 6 PROCUREUR DE LA DUCKHÉ. Gwin dit que la duché de Lancaftre fut créée par Édouard IL. qui en fit préfent à fon fils Jean de Gaunt, en le reyêtant des droits régaliens fembla- bles à ceux des comtes palatins de Chefter ; & parce, que dans la fuite ce comté vint à s'étendre dans la perfonne du roi Henri IV. qui Le réunit à fa couron… ne, le même roi fe croyant duc de Lancaftre à plus. jufte titre que roi d'Angleterre , fe détermina à s’afe fürer fohidement les droits qu’il avoit dans ce duché pour fe mettre à l'abri des inconvéniens qui pou voient arriver au royaume. Dans cette idce, il {6. 374 C OU para le duché-de la couronne, & l’attacha à fa pro- pre perfonne & à fes héritiers, comme s’il n'avoit pas été roi, mais un fimple particulier. Les chofes continuerent dans le même état fous les regnes d'Henri V. & d'Henri VL & même jufqu’à Edouard IV. lequel après avoir recouvré la couronne fuivant les droits de la maïfon d’Yorck, réunit encore le du- ché de Lancaftre à la couronne : il permit néanmoins que la cour & les officiers demeuraffent dans l’état où il les trouva. C’eft de cette maniere que ce duché vint avec la couronne à Henri VIT. lequel , fuivant la politique de Henri IV. (par les droits duquel il étoit effectivement parvenu à la royauté) fépara en- core.ce duché de la couronne, & le laïfla ainfi à fa poñtérité, qui en joùit encore aujourd’hui. (G) Cour FONCIERE, ( Æ1ff. mod. ) que les Anglois appellent cour-leer, eft une cour qui fe tient par le feigneur du manoir , quoiqu’elle foit réellement cour du roi dans tel manoir que ce foit qu’elle fe tienne; parce que l'autorité qu'a cette cour appartient ori- ginairement à la couronne, & en eft émanée aux particuliers qui lexercent. Dans cette cour on a droit d'informer & de pren- dre connoiflance de toutes fortes d’ofenfes, quine peuvent pas/être qualifiées de crime d’état ou de haute trahifon: elle n’a à la vérité le pouvoir d’en punir qu'un petit nombre ; il faut qu’elle renvoye les autres au juge de l’afife. Chambers. (G) COURADOUX , f. m. ( Marine, ) c’eft lefpace qui eft entre deux ponts. (Z) COURAGE , f, m. (Morale. ) c’eft cette qualité, cette vertu mâle qui naît du fentiment de fes propres forces, & qui par caraétere ou par réflexion fait braver les dangers & fes fuites. Delà vient qu’on donne au courage les noms de cœur, de valeur, de vaillance, de bravoure, d'in trépidité : car il ne s’agit pas ici d’entrer dans ces diftinétions délicates de notre langue, qui femble porter dans l’idée des trois premiers mots plus de rapport à l’aétion que dans celle des deux derniers, tandis que ceux-ci à leur tour renferment dans leur idée particuliere un certain rapport au danger que les trois premiers n’expriment pas. En général, ces cinq mots font fynonymes &c défignent la même chofe , feulement avec un peu plus où un peu moins d'énergie. Voyez BRAVOURE. On ne fauroit s’empêcher d’eftimer & d’honorer extrèmement le courage, parce qu'il produit au pé- ril de la vie les plus grandes & les plus belles aétions des hommes ; mais 1l faut convenir que le cONrage ; pour mériter véritablement l’efime, doit être exci- té par la raifon, par Le devoir, & par l'équité. Dans les batailles, la rage, la haine, la vengeance, ou l'in- térêt, agitent le cœur du foldat mercenaire; mais la gloire, l'honneur, èc la clémence , animent loficier de mérite. Viroile a bien fenti cette différence. Si Péclat & le brillant font paroïtre dans fon poëme la valeur de Turnus plus éblotiflante que celle d'Enée, les actions prouvent Aer effet & au fond la valeur d'Enée l'emporte infiniment fur celle de Turnus. Epaminondas n’a pas moins de réfolution , de vail- lance, & de courage, qu'aucun héros de la Grece & de Rome, « non pas de ce courage (comme dit Mon- 5 tagne) qui eft éguifé par ambition; mais de celui » que lefprit, la fapience, êc la raifon,peuvent plan- » ter en une ame bien réglée, il en avoit tout ce qui »# s’en peut imaginer. ; Cette louange dont Epaminondas eft bien digne, me conduit à la diffinétion philofophique du courage de cœur, fi je puis parler ainfi, qu’on nomme com- munément bravoure, qui eft le plus commun; ê&t de cette autre efpece de courage qui eft plus rare , que l’on appelle courage de l'efprit. La premiere efpece de courage eft beaucoup plus . dépendante de la complexion du corps, de l’imagi- nation échauffée , des conjon@tures, & des alentours. Verfez dans Peftomac d’un milicien timide des fucs vigoureux, des liqueurs fortes, alors fon ame s’ar- me de vaillance ; & cet homme devenu prefque fé- roce, court gaiement à la mort au bruit des tam- bours. On eft brave à la guerre, parce que le fafte, le brillant appareil des armes, le point d'honneur, l'exemple, les fpeëtateurs, la fortune, excitent les efprits que l’on nomme cosrage. Jettez-moi dans les troupes, dit la Bruyere , én qualité de fimple foldat, je fuis Therfite ; mettez -moi à la tête d’une armée. dont j’aye à répondre à toute l’Europe, je fus Achil- le. Dans la maladie, au contraire, où l’on n'a point de fpeétateurs, point de fortune , point de diftinc- tions à efpérer, point de reproches à appréhender, l’on eft craintif & lâche. Où l’on n’envifage rien pour récompenfe du courage du cœur , quel motif foûtiendroit l’amour propre ? Il ne faut donc pas être furpris de voir Les héros mourir lâchement au ht, & courageufement dans une aétion. Le courage d’efprit, c’eft-à-dire cette réfolution calme , ferme , inébranlable dans les divers accidens de la vie, eff une des qualités des plus rares. Il efb très-aifé d’en fentir les raifons. En général tous les hommes ont bien plus de crainte, de pufñllanimité dans l’efprit que dans le cœur; & comme le dit Fa- cite, les efclaves volontaires font plus de tyrans, que les tyrans ne font d’efclaves forcés. Il me femble , avec un auteur moderne qui a bien développé la différence des deux courages (Confider. Jur les mœurs), « que le courage d’efprit confifte à voir » les dangers , les périls, les maux, &c les malheurs, » précifément tels qu'ils font, & par conféquent les » reflources; les voir moindres qu'ils ne font, c’eft » manquer de lumieres ; les voir plus grands, c’eft » manquer de cœur: la timidité les exagere, & par- » là les fait croître: le courage aveugle les déguife, » & ne les affoiblit pas toujours ; l’un & l’autre met- » tent hors d’état d’en triompher. Le courage d’efprie » fuppofe &c exige fouvent celui du cœur ; le coura- » ge du cœur n’a guere d’ufage que dans les maux ma- » tériels, les dangers phyfiques, ou ceux qui y {ont » relatifs. Le courage d’efprit a {on application dans » les circonftances les plus délicates de la vie. On » trouve aïfément des hommes qui affrontent Les pé- » rils les plus évidens ; on en trouve rarement qui » fans fe laïller abattre par un malheur, fachent en » tirer le parti qui conviendroit». © Cependant l’Hiftoire, & l’on ne doit pas le diffi- muler, ne manque pas d'exemples de gens qui ont réuni admirablement en eux le courage de cœur & le courage d’efprit: 11 ne faut que lire Plutarque parmi les anciens, & de Thou parmi les modernes, pour fentir fon ame élevée par des traits & des aétions de cette efpece , glorieufes à l'humanité. Mais l'exemple le plus fort &c le plus frappant qu'il y ait peut-être en ce genre, exemple que tout le monde fait, qu’on cite toûjours, & que J'ofe encore tranfcrire 1ci, c’eft ce- lui d’Arria femme de Cecina Pœtus, fait prifonnier par les troupes de l’empereur Claude, après la dé- route de Scribonianus dont il avoit embraffé le parti. Cette femme courageufe ayant inutilement tenté, pat les inftances les plus vives, les plus féduifantes, & les plus ingénieufes, d’être reçüe dans le navire qui conduifoit fon mari prifonnier, loa, fans s'a- bandonner au defefpoir, un bateau de pêcheur, & fuivit Pœtus toute feule dans ce petit efquif depuis l’Efclavonie jufqu’à Rome. Quand elle y fut arri- vée, & qu’elle ne vit plus d'efpérance de fauver les jours de fon mari, elle s’apperçeut qu'il n’avoit pas le cœur aflez ferme pour fe donner la mort, à la- quelle la cruauté de l'empereur le contraignoit. Dans C OU cette extrémité ellé Éommenca, pour tâcher d’y dif. pofer Pœtus, d'employer fes confeils & {es exhor- tations les plus preffantes : alors Le voyant ébranlé, elle prit dans fa main le poignard qu’il portoit: Sic : Pate, fais ainfi mon cher Pœtus; & à l'inftant s’é- tant donné un coup mortel de ce même poignard, elle l’arracha de la plaie, le lui préfenta tranquille- . ent, & lui dit en expirant ces trois mots: Pœre non dolei ;tiens , Pœtus, il né ma point fait de mal. Pre- clarum illud, s'écrie Pline, ferrum ffringere , perfode- Te peclus , éxtrahere pPugionem ; porrigere marito, addere Vocerr immortalem ac pœne divinam, Pœte non dolet. Pline, ép. «y, div. III, Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. (.n COURALIN , f. m. serme de Péche ufité dans lami- rauté de Bordeaux: c’eft une forte de petite chalou- pe dont fe fervent les Pêcheurs. COURANT; f. m. e7 rerme d'Hydrographie, eft le nom qu'on donne en général à une certaine quanti- té d'eam qui fe meut fuivant une direétion auel- conque. Voyez FLEUVE. | Les courans , par rapport à la navigation, peut- vent être définis un mouvement prosreffif que l’eau de la mer a en différens endroits, foit dans toute fa profondeur, foit à une certaine profondeur feule- ment, & qui peut accélérer ou retarder la vitefle du vaifleau , felon que fa dire@ion eft la même que celle du vaifleau, ou lui eft contraire. 74 oyez NAVIGA- TION, "4 Les courans en mer font ou naturels & généraux, en tant qu'ils viennent de quelque caufe conftante & auuforme; ou accidentels & particuliers, en tant qu'ils {ont caufés par les eaux qui font chaflées vis- avis les promontoires, ou pouflées dans les golfes êc les détroits, dans lefquelles n'ayant pas aflez de place poux fe répandre, elles font obligées de re- culer, & troublent par ce moyen le flux & reflux de la mer. Voyez MER, FLUX, 6 RRFLUX. Il y a grande apparence qu'il en eft des courans comme des vents, qui parmi une infinité de caufes accidentelles, ne laïffent pas d’en avoir de réglées. L'auteur des réflexions fur la caufe générale des vents, imprimées à Paris en 1746, paroît porté à croire que les courans confidérables qu’on obferve en pleine mer, peuvent être attribués à l’ation du foleil & de la lune: il prétend que fi la terre étoit entiérement inondée par l'océan, lation du foleil & de la lune qui produit lés vents d’eft réolés de la zone torride , donneroit aux eaux de la mer fous l’é- quateurune direétion conftante d’orient en occident, ou d’occident en orient, felon que les eaux feroient plus où moins profondes ; & il ajoûte qu’on pour- roit expliquer par le plus où moins de hauteur des eaux, & par la difpofition des côtes, les différens courans réglés & conftans que les navigateurs ob- fervent, & que les ofcillations horifontales de la leine mer dans le flux & reflux, pourroient être Peftet de plufieurs courans contraires, Voyez fur cela l’hiftoire naturelle de MM. de Buffon & Daubenton, tome Î. art. des courans. C’eft fur-tout aux inégalités du fond de la mer que M. de Buffon attribue les courans, Quelques-uns , felon lui, font produits par les vents ; les autres ont pour caufe le Aux & le re- flux modifié par les inégalités dont il s’agit, Les cou- rans varient à l’infim dans leurs vitefles & dans leurs directions, dans leur force, leur largeur, leur étendue, Les courans produits par les vents, changent de direétion avec les vents, fans changer d’ailleurs d’étendue ni de vîtefle. C’eft fur-tout à Vation des courans que M. de Buffon attribue la caufe des angles correfpondans des montagnes. Foy, ANGLES CORRESPONDANS DES MONTAGNES. Les principaux courans , les plus larges & les plus rapides, {ont 1°, un près de la Guinée, depuis COU 375 le cap-Verd jufqu'à la baïe de Fernandopo, d’occi- denten orient, faifant faire aux vaifleaux cent cin- quante lienes en deux jours, 2°, Auprès de Sumatra, du midi vers le nord. 3°, Entre l'ile de Java & Ja terre de Magellan. 4°. Entre le cap de Bonne-Efpérance & l’île dé Madagafcar, $°. Entre la terre de Natal & le même cap. 6°, Sur la côte du Pérou dans la mer du Sud , du midi au nord, &c. 7°. Dans la mer voi- fine des Maldives, pendant fix mois d’orient en oc cident, & pendant fix autres mois en fens contraire, Hit, nat. tome I. p. 4544 TU ht Les courans font fi violens fous l'équateur, qu'ils portent les varfleaux très-promptement d'Afrique en Amérique : mais auffi ils les empêchent abfolumient de revénir par le mème chemin; de {orte que les Vaifleaux, pour retourner en Europe, font forcés d’aller chercher le cinquantieme degré de latitude; Dans le détroit de Gibraltar , les corans pouflent prefque toùjours les vaifleaux à left, & lés jettent dans la Méditerranée : on trouvé auffi qu'ils fe men. vent fuivant la même direétion dans d’autres en- droits. La grande violence de la mer dans le détroit de Magellan, qui rend ce détroit fort périlleux, eft attribuée à deux courans direétement contraires , qui viennent l’un de la mer du Nord ; & l’autre de celle du Sud. (0) L’obfervation & la connoiflance des courans efx un des points principaux de l’art de naviger : leur di- reétion & leur force doit être foigneufement remar- quée. Pour la déterminer, les uns examinent , Quand . \ A" s ils font à la vûe du rivage, les mouvemens de l’eau; êt la violence avec laquelle l’écume eft chaflée : mais fuivant Chambers, la méthode la plus fimple 84 la plus ordinaire eft celle-ci. D'abord on arrête le navire de fon mieux par différens moyenss on laifle aller & venir le vaifleau comme s’il étoit à Pancre : cela fait, on jette le lock; & À mefure que ia ligne du lock file, on examine fa vitefle & {à diredtion; Voyez Locx. Par ce moyen on connoit s’il ya des courans Où s'il n’y eh à point; & quandil y en a 3 on détermine leur direftion & leur degré de force, Il faut cependant obferver qu'on ajoûte quelque cho- fe à la viteffe du lock pour avoir celle du vaifleau ; car quoique Le vaifleau paroife en répos, cependant 1l eft réellement en mouvement. Voici comment fe détermine ce qu’on doit ajoûter, Si la ligne du lock file jufqu'à foixante brafles, on ajoûte letiers de {a vitefle ; fi elle file à quatre-vingts, le quart; & le cinquieme, fi elle file à cent braffes, Si le vaifleau fait voile fuivant la direétion même du courant , il éft évident que la vitéffe du courant doit être ajoûtée à celle du vaifleau; s’il fait voile dans une direétion contraife, la vitefle du courant doit être lfoùfträite de la vîteffe du vaifeau ; fi la direion du vaiffeau traverfe celle du courane, le mouvement du vaifleau féra compofé de fon mouvement prinutif & de cez lui du courant, & fa vitefle fera augmentée ou retar> dée, felon l’angle que fera fa direétion primitive avec celle du courant; c’eft-à-dire que le vaiffeau décrira la diagonale formée fur ces deux directions dans le même tems qu'il auroit décrit l’un des deux côtés, les forces agiffant féparément. Voyiz Com POSITION DE MOUVEMENT. Chambers, . Ce quirend la détermination des covrens fi difici. le, c’eft la difficulté de trouver un point fixe en plei ne mer. En effet le vaiffeau ne le fauroit être, car il éft mû par le courant même; de forte que la vitefle du vaifleau fe combine avec celle du courant, 8. eft caufe qu'on ne fauroit exaétement démêler celleici. L’académie royale des Sciences a propoié ce fujet pour le prix de l’ännée 17ÿr; mais en rendant jufti- ce au mérite des pieces qui lui ont été envoyées elle reconnoït que les méthodes propoôfées par és auteurs laiflentençore beaucoup à defirer, Ces pieces 376 COU n'étant point encore publiques au moment où nous écrivons ceci (Mai 1754), nous ne pouvons en donner l'extrait. | Sous-courans, M, Halley croit qu'il eft fort vrai femblable que dans les dunes, dans le détroit de G1- braltar, cl y a des Jos-courans, c’eft-à-dire des courans qui ne paroiflent point à la furface de lamer, &c dans lefquels l'eau ef poufiée avec la même vio- lence que dans les courans qui fe font à la furface. M. Halley appuie cette opinion fur Pobfervation qu'il a faite de la haute mer entre le nord &r le fud de Foreland; favoir que le flux ou le reflux arrive dans cette partie des dunes trois heures avant qu'il arrive dans la pleine mer: ce qui prouve, felon lui, que tandis que le flux commence à la partie fupé- rieure, le reflux dure encore à la partie inférieure, dont les eaux font refferrées dans un lit plus étroit; & réciproquement que le flux dure encore à la par- tie inférieure, lorfque le reflux commence à la par- tie fupérieure. Donc ; conclud-t-il, il y à dans ces détroits deux courans contraires, l’un fupérieur, l’autre inférieur. L'auteur confirme fon fentiment par une expérien- ce faite dans la mer Baltique, & qu'il dit lui avoir été communiquée par un habile homme de mer té- moin oculaire, Cet homme étant dans une des fré- gates-du Roi, elle fut tout-d’un-coup portée au rni- lieu d’un courant, & pouffée par les eaux avec beau- coup. de violence. Auffi-tÔt on defcendit dans la mer une corbeille où on mit un gros boulet de canon; la corbeille étant defcendue à une certaine profondeur, le mouvement du vaifleau fut arrêté: mais quand elle fut defcendue plus bas, le vaifleau fut porté contre le vent, & dans une direétion contraire à celle du courant fupérieur , qui n’avoit qu'environ quatre ou cinq brafles de profondeur. M. Halley ajoûte qu’au rapport de ce marin, plus on defcen- doit la corbeille, plus on trouvoit que le courant in- térieur étoit fort. Par ce principe il eft aifé d’expliquer, felon M. Halley, comment il peut fe faire qu'au détroit de Gibraltar, dont la largeur n’eft que d'environ vingt milles , il paffe continuellement une fi grande quan- tité d’eau de la mer Atlantique dans la Méditerra- née par le moyen des cowrans, fans cependant que l’eau s’éleve confidérablement fur la côte de Barba- rie, ni qu’elle inonde les terres qui font fort bafles le long de cette côte. L'auteur paroït donc fuppofer qu’il y a au détroit deGibraltar un courant inférieur & intérieur contraire au courant fupérieur ; mais cela eft affez difficile à comprendre. (0) COURANT D'EAU, voyez RUISSEAU. COURANT DE COMBLE, en Bériment, eft la con- tinuité d’un comble dont la longueur a plufieurs fois la largeur , comme celui d’une galerie. (P) COURANT, terme qu’on employe afflez fouvent, fur-tout dans le Commerce. Ainf argent courant , ou bon argent, eft celui qui pafle dans le commerce d’u- ne perfonne à une autre. Comptes courans , LIVRE. Monnoie courante, 2 Voyez $ MONNOIE. Prix courant, PRET 0 CouRANT. On appelle Z courant, des intérêts d’une fomme , des arrérages d’une rente, pour figni- fier ceux qui courent actuellement &c qui ne font pas encore échus ; ce qui Les diftingue des anciens arré- rages. | CourANT. On appelle, ex: cermes d'aulnage de ta- pifferte de haute ou balle Liffe, de Bergame ; de cuir doré, &c. l’auine de ces tapifleries mefurée & eftimée dans {a longueur, fans avoir égard à fa hauteur ; ce qui eft oppofé à une aulne quarrée, qui eft celle qui doit avoir une aulne de haut &t de large. CourRANT, terme abréviatif dont fe fervent les né: gocians pour exprimer le mois dans lequel ils écri- vent. Jai eu l’honneur de vous écrire le 6 du cou- rant, c’eft-à-dire du préfent mois. W. Ze diéf, du Comm. COURANT, eft encore un terme qui fe dit du tems préfent. L’année courante eft l’année 1754, (G) COURANT , adj. (Wererie.) chien courant, voyez l’article CHIEN. COURANT , en termes dé Blafon , {e dit de tout ani- mal qui court. Jaquemét, d’azur à une bande d’or, acoftée de deux cerfs corans de même. (Y COURANTE, f. f. (Mufiq. & Danfe.) ancienne ef pece de danfe dont l'air eft lent, & fe note ordinaï- rement en triple de blanches avec deux repries. (5) La courante eft compofée d’un tems, d’un pas, d’un balancement, & d’un coupé. On la danfe à deux. C’eft par cette danfe qu’on commençoit les bals anciennement. Elle eft purement françoife. Les me- nuets ont pris la place de cette danfe, qu’on n’exé- cute prefque plus. | Il y a le pas de courante qu’on fait entrer dans la compoñition de plufeurs danfes. | Dans les premiers tems qu'on trouva la courante; on en fautoit le pas; dans la fuite on ne la danfa que terre-à-terre. (B) Pas de courante. Ses mouvemens , quoique la cow- rante ne foit plus en ufage , font fi effentiels , qu'ils donnent une grande facilité pour bien exécuter lies autres danfes. On nomme ce pas 4ems, parce qu'il eft renfermé dans un feul pas & un feul mouvement , & qu'il tient la même valeur que l’on employe à faire un autre pas compolé de plufieurs mouvemens. Voici com- ment ce pas s’exécute. | On place le pié gauche devant, & le corps eft pofé deflus. Le pié droit eft derriere à la quatrieme pofition, le talon levé prêt à partir. De-là on plie en ouvrant le pié droit à côté; & lorfque l’on eft élevé & les genoux étendus , on gliffe le pié droit devant jufqu’à la quatrieme poñition , & le corps fe porte deflus entierement. Mais à mefure que le pié droit . fe glifle devant,le genou gauche fe détend,& le talon fe leve, ce qui renvoye avec facilité le corps fur le pié droit, & du même tems l’on s’éleve fur la pointe. On baiïfle enfuite Le talon en appuyant tout Le pié à “terre, ce qui termine le pas, le corps étant dans fon repos par le pié qui pofe entierement. On en peut faire un autre du pié gauche , en ob- fervant les mêmes précautions. | COURANTIN, f. m. (4rrficier.) On appelle cou- rantin ou fufée de corde, en termes d’Artificiers, une fufée qui fert à porter le feu d’un heu à un autre, & : à former même en l’air une efpece de combat entre des figures qui repréfentent des hommes ou des ani- maux. Voici la maniere de le faire. Prenez deux fufées volantes appellées marquifes à voyez FUSÉE VOLANTE, fans pot néanmoins & fans garniture, & comme elles fortent du moule ; joignez- les enfemble à côté l’une de l’autre, la tête de l’une tournée vers le bas de l’autre fufée, & faites enforte. que l’étoupille qui {ortira du maffif de lune, entre dans la gorge de l’autre, & colez cela par-deflus avec du papier, pour empêcher que la violence de l’effort ne les fépare ; bouchez auf avec du papier mouillé & colé le bout du mafüif de celle qui doit tirer la der- niere. Ces deux fufées étant ainf difpofées, on y atta= che un tuyau vuide ; on le lie avec ces fufées en trois endroits bien ferré, & puis on le pañle dans la corde. La premiere fufée étant allumée, parcourt la corde de l’endroit d’où elle part à l’autre ; & quand elle a fini , l’autre prend feu & revient fur {es pas, faifant le même chemin. Si Si c’eft une figure que vous defriez faire paroître pour porter ce feu, comme, par exemple, un dra- gon ; la figure étant faite de carton ou d’ofer très- léger, couvert de papier pet, on lui pale ces deux fufées au-travers du corps, de maniere que l’une forte par la gueule, & l’autre par Le derriere , en ob- fervant de les proportionner au poids de la figure. Voyez les Feux d'artifice de M. Frezier. (77) COUR AP, f. m. ( Medecine.) efpece de herpe ou gale, commune à Java & autres contrées des Indes orientales ; elle paroïît aux aiflelles, à la poitrine, aux aînes, & au vifage, avec une démangeaifon très- vive ; les parties déchirées par les ongles ren- dent une humeur âcre qui les irrite. Elle eft f. con- tagieufe, qu'il y a peu de perfonnes qui n’en foient ou qui n’en ayent été attaquées. Voyez, fur la ma- niere de la guérir, Bontius, de med. Ind. & James. COURBARIL, fub. m. (ff. nat. bor.) genre de, plante, dont la fleur eft papilionacée. Il s’éleve du fond du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit ou une filique dure, compolée d’une feule cap- fule qui renferme des femences dures, arrondies , &e environnées de farine & de fibres. Plumier , z0va plant. Amer. gener. Voyez PLANTE. (1) Le courbaril autrement courbary, eftun grand arbre despays chauds de Amérique, dont le bois eftrouge, dur, pefant, ayant le fil mêlé, très-propre à faire d’excellens ouvrages de charpente : on l’employe à la conftruétion des arbres & des rôles qui fervent aux moulins à fucre ; il fert aufli à faire de grandes roulettes d’une feule piece, tant pour les chariots que pour les affuts de canon. Le courbaril porte un fruit de forme à-peu-prèsova- le, long de 5; à 6 pouces, large de 2 ou 3, épais de 15 à 18 lignes, & attaché à une forte queue. L’écorce de ce fruit eft ligneufe , dure, épaïffe de deux lignes, & très-dificile à rompre ; elle renferme trois ou quatre femences extrèmement dures, cou- leur de maron foncé, plus grofles que des féves de marais, & de figure ovale; entourées d’une fub{f- tance fibreufe, fort déliée, dont les interftices con- tiennent une pouflere grife qui remplit tout le vui- de du fruit ; elle reffemble, tant par la couleur que par le goût, à de la poudre de reglifle un peu vieille. On en fait peu d’ufage. Lorfque l’arbre eft vieux, il fort de fon tronc de gros morceaux d’une parfaitement belle réfine, d’un jaune clair, folide, tranfparente , & de bonne odeur; elle brûle comme le camphre; elle n’eft pas foluble dans les efprits ardens, non plus que dans les huiles effentielles ni dans les grafles. Cette réfine reflemble tellement à la gomme copal, qu’il n’eft pas aifé de les diftinguer : on peut au moyen d’un procédé par- ticulier les employer également dans les vernis tranf- parens. Article de M, LE ROMAIN. COURBATONS, f. m. pl. ( Marine.) On appelle courbatons , des pieces de charpente fourchues ou à deux branches, prefque courbées à angle droit. On les employe pour lier les membres , & pour fervir d’archoutans. Il y en a au-deflus de chaque berrot, 1l y en a auffi vers l’arcaffe, & ailleurs. Ce font pro- -prement des courbes petits & minces. Courbaton de beaupré ; c’eft une piece de bois qui fait angle aigu avec la tète du mât, au bout duquel eft un petit chouquet où l’on pañle le perroquet de beaupré. | Le courbaton qu’on place fur le perroquet de beau pré, doit avoir en fa branche fupérieure un pié de longueur par chaque dix piés de long que l’on don- ne au mât, & pour fa branche inférieure on la tient auf longue qu'il eft poflible; 1l faut qu'il foit quarré fous le chouquet, & que dans ce même endroit ilait : la même épaifleur que le perroquet. Courbaton de bitres, Voyez BITTES. Tome 1F, COU 377 Courbatons de l'éperon jte font ceux qui font la ron: deur de l’éperon, depuis la fleche fupérieure jufqu’- au premier porte-vergue, Voyez PL, I W. de Marines fig. 1. la pofition des courbatons de l'éperon ; qui font cotés 189, le porte - vergue 188; & la fleche 183; c’eft entre ces cowrbatons que dans les grands vaif- feaux on fait des aifances pour l'équipage. Les courbatons {ont quarrés ; 8 aux endroits où ils pofent fur les porte vergues,, ils ont autant d’épaif- feur qué le porte-vergue a de largeur, . Lorfque le plus haut & le plus bas porte-vergues font pofés, on pofe les courbatons de l’éperon, qui panchent un peu en-avant en fuivant la quite de l’é- trave, & font une rondeur entre les porte-vergues, &c puis après on pofe ke troifieme porte-vergue par- deflus, - _Courbatons où Caquets de hune; ce font plufieurs pièces de bois , longues & menues , qui font miles en mamiere de rayons autour des hunes, & qui fer- vent à lier enfemble le fond, les cercles, & les ga- rites qui compofent la hune. Voyez PI, VI. de Marines RE TO, à. | Le nombre dés courbatons de hune fe régle fur le nombre de piés que le fond a dans fon tour où font les cércles, fi bien que lorfqu'il y a douze piés de tour, 1l faut mêttre vingt-quatre courbarons, En fai- fant Lés trous par où pañlent les cadenes de haubans, 11 faut bien prendre garde qu’il fe trouve toûjours um trou tout droit devant le courbaton du milieu. Voyez HüxE. Diéfionn. de Marine. (Z) COURBATURE, f. f.( Medecine.) Voyez RHu- MATISME. COURBATURE, ( Maréchallerie. ) On appelle ainfi le battement ou l’agitation du flanc du cheval, & un mouvement tel que celui que la fievre caufe aux hommes. La courbature peut arriver lorfque le cheval a êté furmené , & la refpiration n’eft alors altérée que par l’excès du travail; à la différence dn cheval poufif, dont le poumon eft alteré avec de grands redoublemens de flanc. Il devient auffi cour batu fans être furmené , & c’eft lorfqu'il eft trop échauffé où plein de mauvaifes humeurs. La cour- bature , fuivant Soleifel , eft une chaleur étrangere, caufée par les obftruétions qui fe forment dans les inteftins & les poumons, ce qui donne les mêmes fignes que pour la pouffe, & même avec plus de vio- lence. Voyez POUSSE. Le remede Le plus für & le plus facile à la courba: ture eft le vert : fi le cheval eft jeune, il fe remettra affürément le prenant dans les premieres herbes, & fi on le laïffe pendant la nuit à l'herbe; car la rofce d'Avril & de Mai le purgera & lui débouchera les conduits. L'orge vert, donné comme nous venons de dire, eft aufli parfaitement bon. La courbature eft un des trois cas redhibitoires qui annullent la vente d’un cheval. On en eft garant pen- dant neuf jours, parce que ce défaut peut être caché durant ce tems-là. (7 | COURBE, ad}. pris fubft. ( Ordre encycl. Entend, Raijon , Science, Science de la Nar. Science des quan- tirés abfir. Science de l'étendue, Géométrie , Géométrie des lignes courbes. ) eft , dit-on, une ligne dont les différens points font dans différentes direéhons,, ow font différemment fitués les uns par rapport aux au- tres. C’eft du moins la définition que donne Cham- bers après une foule d'auteurs. Voyez LIGNE. Courbe, ajoûte-t-on, pris en ce-fens, eft oppofé à ligne droite, dont les points {ont tous fitués de la même maniere les uns par rapport aux autres. On trouvera peut-être chacune de ces deux déf- nitions peu précife; & on n’aura pas tort. Cepen- dant elles paroïfient s’accorder aflez avec l’idée que tout le monde a de la ligne droite & de la ligne courbe : d’ailleurs 1l eft très-difficile de SORAEE de 2 10 b PF Ft 375 GOÛU ces Hgnës une notion qui foit plus claire à l’efprit que la notion fimple'qu’excite en nous le feul mot de droit & de courbe: La définition la plus exaûle qu'on puifle donner dé l’une & de l’autre, eft peut- être celle-ci : La ligne droite eft le chemin le plus court d’un point À un autre, & la ligne courbe ef une ligne menée d'un point à un autre, & qui n'eft pas la plus courte, Mais la premiere de ces définitions renferme plütôt une propriété fecondaire que Pef- fence de la ligne droite; & la féconde, outre qu’elle ne renferme qu’une propriété névative, convient aufli-bien à un aflemblage de lignées droites qui font anole, qu'à ce qu'on appelle proprement courbe , & qu'on peut regarder comme l’aflemblage d une infi- nité dé petites lignes droites 'contigues entr’elles à angles infiniment obtus, Voyez plus bas COURBE PO- LYGONE ; v0yez aff CONVEXE. Peut-être feroït-on mieux de ne point définit la ligne cozrbe ni la ligne droite, par la difficulté & peut-être l’impofhbilité de tédure ces mots à une idée plus élémentaire que celle qu'ils préfentent d’eux-mêmes. Voyez DÉFINITION. Les figures terminées par des lignes courbes font appellées figures curvilignes , pour les diftinguer des figures qui font terminées par des lignes droites, & qu'on appelle figures rectilignes. Voyez RECTILIGNE C FIGURE. | La théorie générale des courbes, des figures qu’el- les terminent , & de leurs propriétés, conftitue pro- prement ce qu'on appelle la haute géomérrie ou la géo- snétrie tranfcendante. Voyez GEOMETRIE. On donne fur-tout le nom de géométrie tranften- dante à celle qui, dans l’examen des propriétés des courbes ÿ employe le calcul différentiel & intégral. Voyez ces mots ; voyez auffr la fuite de cer article. {ne s’agit point ici, comme on peut bien le croire, des lignes courbes que l’on peut tracer au hafard & irrégulierement fur un papier. Ces lignes n’ayant d'autre loi que la main qui les forme, ne peuvent être l’objet de la Géométrie ; elles peuvent l'être feulement de l’art d'écrire. Un géometre moderne a pourtant crû que l’on pouvoit toùjours déterminer la nature d’une courbe tracée fur le papier; mais il s’eft trompé en cela. Nous en donnerons plus bas la preuve. m | | Nous ne parlerons d’abord ici que dés courbes tra- cées fur un plan, & qu’on appelle courbes à fimple courbure, On verra dans la fuite la raifon dé cette dé- nomination. Pour déterminer la nature d’une courbe, on imagine une ligne droite tirée dans fon plan à volonté. Par tous les points de cette ligne droite, on imagine des lignes tirées parallelement &z térmi- . nées à la courbe. La relation qu’il y a entre chacune de ces lignes paralleles, & la hgne correfpondante de l’extrémité de laquelle elle part, étant exprimée par une équation, cette équation s’appelle l’éguation de la courbe. Voyez ÉQUATION. Dans une courbe, la ligne 4 D (PI. de Géomérr. fig. 31.) qui divife en deux également les lignes paralleles M M, eft ordinairement appellée damerre, Si 1e dia- metre coupe ces lignes à angles droits, il eft appellé axe ; & le point 4 par où l’axe pañle eft appellé le Joremet de la courbe. Voy.DIAMETRE , AXE, é Som- MET. ù Les lignes paralleles M M font appellées ordon- nées ou appliquées ; & leurs moitiés P M, demi or- donnéés ou'ordennées. Voyez ORDONNÉE. La portion du diametre 4 P ; comprife entre le fommet où un autre point fixe, & l’ordonnée ef appellee 49/cffe. Voyez Agscisse. Le point de con- cours des diametres fe nomme certre. PV. CENTRE ; voyez auffe les remarques que fait fur ce fujet M. l'abbé de Gua dans la premiere feétion de fon ouvrage in- titulé, Ufages de l’analyfe de Defcartes. \] appelle plus proprement ceztre d’une courbe un point de {on plan, | F | LO E, . tel que fi on mene par ce pointune ligne droite quel- conque terminée à la courbe par fes deux extrémités, ce point divife la ligne dioite en derix parties égales, Au refte ,on donne agjourd’hui en général le nom d’axe à toute ligne tracée dans le plan de la courbe ët à laquelle fe rapporte l'équation : on appelle l'axe des x, ou fimplement axe, la ligne fur laquelle fe prennent les abfciffes; 4%e des y, la ligne parallele aux ordonnées , & paflant par le point où + éff—o. Ce point eft nommé l'origine des coordonnées où l’origine de la courbe. Voyez COORDONNÉES, Defcartes eft le premier qui ait pénfé à exprimer les lignes courbes par des équations. Cette idée fur laquelle eft fondée l’application de l’Algebre à la Géométrie (voyez APPLICATION 6€ DECOUVERTE) eff très-heurenfe & très-féconde. IL eft vifible que l’équation d’une courbe étant ré- folue, donne une ou plufieurs valeurs de l’ordonnée } pour une même abfcifle x, &c que par conféquent une courbe tracée n'eft autre chofe que la folution Séométrique d’un problème indéterminé, c’eft-à-dire qui a une infinité de folutions: c’eft ce que les an- ciens appelloient Zen géomérrique. Car quoiqu'ils n'euflent pas l’idée d’exprimer les courbes par des équations , ils avoïent vû pourtant que les courbes géométriques r’étoïent autre chofe que le lieu, c’eft- à-cire la fuite d'une infinité de points qui fatisfai- foient à la même queftion ; par exemple, que le cer- cle étoit Le lieu de tous les points qui défignent les fommets des angles droits qu’on peut former fur une même bafe donnée, laquelle bafe eft le diame- tre du cercle ; & ainf des autres. Les courbes fe divifent en algébriques , qu'on ap- pelle fouvent ayec Defcartes courbes géométriques ; & en tranfcendantes, que le même Defcartes nom- me méchaniques. | Les courbes algébriques ou géométriques font celles où la relation des abfcifles 4 P aux ordonnées P M (fig. 52.) eft ou peut être exprimée par une équation algébrique. Voyez EQUATION 6 ALGEBRIQUE. Suppolons, par exemple, que dans un'cercle on ait À B—=a, 4 P=x, P M=7y; on aura P B = a—x: par conféquent, puifque PM2=4PxPB, ON auta y y = a x — xx; ou bien fi on fuppofe PC=x, AC=a,P M=y, onaura M C?— P C= PM?,ceft-à-dire 42—x2—7y2. IL eft vifible par cet exemple, qu’une même courbe peut être reprélentée par différentes équations. Ainf fans changer les axes dans l’équation précédente, fi on prend l’origine des x au fommet du cercle , au lieu de les prendre au centre, on trouve, comme on vient de le voir, yÿyy=ax—xx pour léquation. Plufieurs auteurs, après Defcartes, n’admettent que les courbes géométriques dans la conftruétion des problèmes, & par conféquent dans la Géométrie; mais M. Newton, & après lui, MM. Leïbnitz & Wolf font d’un autre fentiment, & prétendent avec raifon que dans la conftruétion d’un problème, ce w’eftpoint la fimplicité de l'équation d’une courbe qui doit la faire préférer à un autre, mais la fimplicité & la facilité de la conftruttion de cette courbe. Voyez CONSTRUCTION, PROBLÈME, & GEOMETRIQUE. | Courbe tranfcendante ou méchanique eft celle qui ne peut être déterminée par une équation algébri- que. Voyez TRANSCENDANT. Defcartes exclud ces courbes de la Géométrie : mais Newton & Leibnitz font d’un avis contraire pour la raifon que nous venons de dire.En effet une ipirale, par exemple, quoique courbe méchanique, eft plus aifée à décrire qu’une parabole cubique. L'équation d’une courbe méchanique ne peut être exprimée que par une équation différentielle entre les Z y & les dx. Voyez DIFFERENTIEL. Entre ces deux genres de courbes, on peut placer, 1° lescourbes exponentielles dans l'équation defquelles une. des inconnues, ou toutes les deux entrent en expofant, comme une coxrbe dont l'équation feroit y = 4 *, ouy* = 47 &c. Voyez EXPONENTIEL. 2° les cour- bes interfcendantes dans Péquation défquelles les ex- pofans font des radicaux, comme x = y 2, Ces deux efpeces de cowrbes ne font proprement ni géo- métriques: ni méchaniques ,parce que leur équation eft finie fans être algébrique, à . Une courbe algébrique eft infinie, lorfqu’elle s’é- tend à l'infini, comme la parabole & l’hypérbole ; finie, quand elle fait des retours fur elle-même com- me lellipfe; & mixte, quand nne de fes parties eft infinie , & que-d’autres retournent fur elles-mêmes. Pour fe former l’idée d’une courbe par le moyen de fon équation , fl faut imaginer que l'équation de la courbe loit réfohie , c’eft-à-dire qu’on ait la valeur de y en x. Cela pofé, on prend toutes les valeurs po- fitives de x depuis o jufqu’à l'infini, & toutes Les va- leurs négatives depiis o jufqu'à — l'infini. Les ordon- nées correfpondantes donneront tous Les points dé la courbe , lès ordonnées pofiives étant prifes toutes du même fens , & les négatives du côté oppofé. Voi- là ce qu'on trouve dans tous les Algébriftes & géo- metres modernes: Mais aucuirn’a donné la raïfon de cette regle. Nous.la donnerons dans la fuite de cet article, après avoir parlé auparavant de la trans- formation des axés d’une corbe. | Il eft certain qu'après avoir rapporté l’équation d’une courbe à deux axes quelconques d’abfcifles & d’ordonnées , on peut la rapporter à deux autres axes quelconques tirés , comme on voudra, dans le plan de la courbe, De ces deux axes, l’un peut être paral- ele ou coincident à l’axe des +, & l’autre parallele ou coincident à l’axe des y ; ils peuvent auffi n’être point parallèles ni l’un ni l’autre aux deux premiers axes, mais faire avec eux des Fu quelconques. Suppofons , par éxemple, que 4 P(x)&P M(y) foient (PZ. d’Algeb. fo. 17.) les abicifles & les or- données d’uné courbe, & qu’on veuille rapporter la cozrbe aux nouvelles coordonnées quelconques 4 p & p M; on tirera 4 B & B q paralleles à y & à x, Sc on nomméra les coordonnées nouvelles 4 p (7) & p M (w). Cela pofé, il eft vifible que l'angle 2 p M eft donné, comme on le fuppofe, ainfi que l’angle p B q; & l'angle B q m ou {on égal 4 m M, & que a B & A B font aufli donnés de grandeur & de po- fition. Donc fi on nomme aB,a,&AB,b, on aura Bp=7-a,8B qoù À m— RP ri ex= primant le rapport connu de By Bp; Pm=—yn, 7 étant de même un coefficient donné, & par con- féquent À Poux =(7—4)m+7n: de plus Mm =pM-pm=pM-AB-pq=u—b7 + Z 9; q étant de même un Coefficient donné, & M P Ouy—=(4x—b=7q+ag)xk: donc on auray= (u—b=zqtag)k8&x=(;-a)m+nk (u— b—39+aag);donc fi on met à la place de x & de ÿ leurs valeurs qu’on vient de touver en z 8 en z, On aura une nouvelle équation par rapport aux co- ordonnées 7 & x. Voyez a l’art. TRANSFORMATION DES AXES wn plus grand détail, | IL eft vifible qu’on peut placer non-feulement l’axe des? & l’axe des 2 , mais auffi l'axe des + & celui des J > par-tout où lon voudra, fans que la courke chan- ge pour cela de place, 8 que la poñition de la courbe efttotalement indépendante de la poñition des axes ; de forte que les ordonnées x partant de l’axe des 7, doivent aboutir aux mêmes points que les ordon- nées y , partant de l’axe des x. Cela eft évident par les opérations même que l’on fait pour la transfor- mation des axes, D'ailleurs on doit confidérer qu’u- ne courbe n'eft autre chofe que le lieu d’une infinité de points qui fervent à réfoudre un problème indé- terminé, c’eft-à-dire un problème qui a une infinité Tome IF. | Le COÙU 37 de fohitions. Or la fituation de ces points eft totale: nient indépendante dé la pofition dès axes auxquels on les rapporte, ces axes pouvant être placés par- tout où l'on voudra. De cés principes, on peut ti rer les conféquentes fuivantes fur la pofition des ordonnées, | ra | L 1°. Les ordonnées poñitives doivent être prifes d’un même côté ; car foit (fig. 36. n°,3. analyf.) 4 P l'axe des x, & qu’on trouve deux valeurs po fitives pour y ; foit P m la plus grande dé tes va= leurs , je dis que la plus petite P M doit être prifé du même côté. Car foit tranfpofé l’axé 4 P enaps en forte que Pp=a, &foitap=x, &pm= re: Où aura l'équation rapportée aux axes x & Z» en Mettantz — 2 pour y dans l’équation de la courbe ; & On aura chaque valeur de ? égale aux valeurs éorrefs pondantes de y, augmentées chacune de 4 } donc au POP ; On aura deux valeurs pofitives de 3, faÿoir 4 + PM & a + P m. Or fi on ne prénoit pas P M du même côté que P m , mais de l’autre côté, l’or= donnée » M, au lieu d’être a +P M, feroit a = P M ; la courbe changetoit donc ou d’équation ou dé figure , en changeant d’axe ; & tandis qu’une de fes parties refteroit à la même place, l’autre fe promes neroit, pour ainfi dire, fuivant que l’on changeroit l’axe de place, Or ni l’un ni l’autre ne fe peut. Donc il faut que P M & P m foient pris du même côté 3 quand ils font tous deux poftifs, | . 2°. S1 On a deux valeurs, l'une poñitive P M; l’autre négative P m7 (fig. 36. n°. 2.), il faudra les prendre de différens côtés. Cat foit, par exemple ; PME=Y x, & P m= y x: tranfpofant l'axe 4 Pen ap, enforte que p P —4a, & mettant Zj— 4 pour y, dans l’équationde la courbe, on aura Z=a + Vx&z=a=yx.Sionfuppoley/x 4, on a y néga- tive ; ainf, ont-ils dit, l’ordonnée négative doit être prife du côté oppofé à la poñtive. [ls ont vû encore que y=+v px eff l’équationde la parabole, 8&r que cette courbe a en effet deux parties égales, & fem- blables, l’une à droite & l’autre à gauche de fon axe, ce qui prouve que — y” p x doit. être prife du côte oppofé à y’ p x. Plufieurs autres exemples pris du cercle , des fe&ions coniques rapportées à tel axe qu’on jugera à propos, ont prouvé la regle de Ja potion des ordonnées & la néceflité de prendre x népative , après l'avoir pris pofitive. On s’eneft tenu là: mais ce n’étoit pas une démonftration ri- goureufe. Les différentes valeurs de y répondantes à x pofi- tive & à x négative, donnent les différentes bran- ches de la courbe. Voyez BRANCHE. Lorfqw’on a ordonné l'équation d’une courbe par rapport à y ou à x,.s'1l ne {e trouve point dans Fé- quation de terme conftant , La courbe paffe par l’ori- gine; car en faifant x —0, & y = 0 dans l'équation, tout s’évanouit. Donc la fuppofition de > =0o quand x — 0, eft légitime. Donc la courbe pafle par le point où x — 0. Æn général, f on ordonne Péquation d’une courbe par rapport à y; enforte que le dernier terme ne con- tienne que « avec des conffantes , & qu'on cherche les valeurs de x propres à rendre ce dernier terme égal à zéro, ces valeurs de x donneront les points où la courbe coupera fon axe; car puifque ces valeurs de x fubftituées dans le dernier terme le rendront —v , On prouvera par le même raifonnement que ci- déflus, que dans les points qui répondent à ces va- leurs de x, on a y = 0. ns UT Lorfque la valeur del’ordonnée y eff imaginaire, a courbe manque dans ces endroits-là ; par exemple, dorfquex > a dans Péquation Y=+ Vaa xx, la valeur d’yeft imaginaire: auffi le cercle n’exifte point ‘dans les endroits où x > #5 de même fi dans l’équa- ‘ton y = + px, on fait x négative, on trouvera y imaginaire, ce qui prouve que a parabole ne pafe point du côté des + négatives. On verra aux articles ÉQUATION & IMAGr- NAIRE que toute quantité imaginaire où racine ima= ginaire d'une équation peut fe réduire à 448 1, 4 8 B étant des quanutés réelles, & que toute équa- tion qui & pour racine 4 LE By le &, pour racine auf 4—8B y—1.1Or quand'unetordonnée paffe du réel à imaginaire, celæ vient de ce qu'une quantité comme C’,; qui. étoitfons un fgne radical:y/C', dez vient négative, en forté que C=# y 25, 8 étant une quantité rééllet Or pour que C'Aeviènne népa- tive, de politivé qu'elle étoit, il fant qu’elle pañle par le zero’; oupar l'infini Voyez M14x1M0 M, Donc au point où l’ordonnéepafleà l'imaginaire, on a À . 4 Yrst TOUL TO Mes D'MRUNS FR nul ou infint, donc lès lacines. À + By. 1. & 4 — B y/—1 deviennent égales en ce point-là, Donc la limite qui fépare les ordonnéesréelles desordon- nées imaginaires, renferme, deux, ou:-plufieurs,ot- in D 22)35ChirEnte.s ER : è et | PÈRE Le: ve À h données égales, lefquelles feront =0,ou finies ou infinies ; égales à zero, 1,4 =o,t&c-fB.eft zero ; finies, f 4 eft finie, & B zero ;.nnfinies fi 4 .eft «| infime & B zero, où f4 eft finie;&c,B. infinie, ou Une , 4 11201 Re LOAaR : ] fi 4 &.B {ont infinies. lune & l’autre. … ie Par exemple, fixe, &c.que. l'équation. foit y ax Et Va-x;ron ay = ;efnPéquation eft Y=AEVaTE, y fra a; fi l'équation ef y = cd : L25 dk}: Y il; )ISt£LTRIS , dar UY= Er Eve 8 y {era a + As - infinie ; & fi dans tous ces cas on prendix > 2, la Valeur de y fera imaginaire. 0 Quand on a l'équation d’une core, 1 faut exa= miner d’abord fi cette équation ne. peut pas, fe divi- {er en plufeuré équations rationnelles.; car fi cela eft, l'équation fe rapporte, non à une feule &-même courbe, mais à des courbes différentes. On en, peut voir un exemple à l’article HYPERBOLES, CONSU- GUÉES ax mot CON3IU GUEË. Nous ajoûterons ici, 1°. qu'il faut, pour ne point fe tromper là-deflus, mettre d’abord tous les termes de J’équation d’un côté, & zero de l’autre, & voir enfuite fi l’équation eft réduétible en d’autres équations rationnelles ; car 1oit, par exemple, yy=424—xx, on.{eroit tenté de croire d’abord que l'équation peut.fe changer en ces deux-ciy = —x & y=at+x, dont le produit donne JJ=aa-xx ; ainfi on pourroit croire que l'équation y y= 44 —xx qui appartient réellement au cercle , appartiendroit au fyftème de. deux lignes droites, y= a+ x &y—=a—x. Or on fe trompe- roit en cela ; maïs pour connoître fon érreur, il n’y a qu'à faxe yy—aat+xx—o, & l'on verra alors facilement que cette équation n’eft, pas le produit des deux équations y—a+x=0o &y—a—x=0; en effet, on fent aflez que yy =a ax x ne donne niy—eé—x,ny=atx; mais fi onavoit l’équa- toñyy—2ay+aa—xx=0o, On trouveroit. que cette équation viendroit des deux y —a=x=o & J—arx=o, & qu'anf elle repréfenteroit non une courbe, mais un fyfème de deux lignes droites. 2°, Les équations dans lefquelles l'équation appa- rente d’une courbe fe aivife, n’en feroient pas moins rationnelles quand elles renfermeroïent, des radi- caux, pourvü que la variable x ne fe trouvât pas fous ces radicaux ; par exemple, une équation qui feroit formée de ces deux-ci, y—Vaz 5h =x=0a &y-Vaa kb b + x = 0, repréfenteroit toüjours le fyftème de deux lignes droites. Il faut feulement remarquer que l'équation yy —2ywaat4bhb+an +6b—xx—=0o qui réfulte de ces deux-là sfe chan- ge, en faifant évanouir tout-à-fait lefigne radical, en celle-ci(yy+Haeat+bb=xx)?-4yy(aatbs) —o, qui eft du quatrieme deoré,,&\ qui renferme eee ms le fyftème de 4 lignes droites y y/æa—bb—x=0, re Vaa—bp +x=0,,y+ Vaa +bb #20, Y+Vaa+bbtx=od. 3°. Les équations font encore rationnelles quand même x fe trouveroit fous le figné radical, pourvü qu'on puifle l'en dégager : par exemple, Y =. Vaaxx+ibxx=o & y—yddx? +x?=oie changenteny=+xy/aa+86b, &y=+xy/ddtee, qui eft le fyftèmétdes quatre lignes droites, -où l’on voit quéiles deux équations radicales en ont fourni chacune:deuxautres, parceque la racine de xx eft également + x & x. Je m’étends fur ces différens Objets’, parce qu'ils ne font point traités ailleurs, ou qu'ils le font trop fuccinétement, ou qu'ils le font mal, 6 bp. | - Ceci nons conduit à parler d’une autre.manieré d’envifager l'équation des courbes, c’eft de détermi- ner une courbe par l'équation, non-entre x & y, mais entre les y qui répondent à une même abfcifle. Exemple, On demande une courbe, dans laquelle la fomme de deux: ordonnées correfpondantes à uné même x foit toûjours égale à une quantité conf- tante 22 ; Je dis que l'équation de cette courbe fera Y = aYVX, X défignant une quantité radicale quelconque; compofée de x &:de: conftantes. En effet, les deux ordonnées y = 4 + y X & y=4 —y/X ajoûtées .enfemble,donnent une fomme= 24; mais 1l faut bien remarquer que y X doit être une quantité irrationnelle ; car, par exemple, y = 4 5 ss ho AU + TL & y =4a— 7 ne fatisferoient pas au pro- blème ,!parce que ces deux équations ne défigne- roient pas le fyftème d’une feule & même courbe, De même fi on demande une courbe, dans laquelle le produit des deux ordonnées correfpondantes à x {oit une quantité Q , qui contienne x avec des conf- tantes ; ou qui. foit une conftante, on fera y = P ÆVPP—=Q, P étant une quantité quelconque ‘qui contienne x avec des conftantes, ou qui foit conftante ; car le produit des deux valeurs P + VPP-Q& P— VP P—Q donnera Q. Voyez fur tout cela les journaux de Leipfc de 1697, Les mémoires de l’acad. des Sciences de 1734, & l’zrro- duitio ad analyfim infinitorum , par M. Euler, c. xyv. Cours d’une courbe, Pout déterminer le cours d’une courbe, on doit d’abord réfoudre l’équation de cette courbe, & trouver la valeur de y en x ; enfuite on prend différentes valeurs de x, & on cherche les valeurs de y corréfpondantes ; on voit par-là les en- _ droits où la courbe coupe fon axe, favoir les points où la valeur de ÿ =o; les endroits où la courbe a une afymptote, c'eft-à-dire , les points où y eft in- finie, x reftant finie, ou bien où y eff infinie, & a un rapport fini avec x fuppofée auffi infinie ; les points où.y'eft imaginaire, &c où par conféquent la courbe né pafle pas, &c. Enfuite on fait les mêmes opérations , en prenant x négative. Par exemple, foit ( y—#%=)" =xx+aaléquation d’une cour- S. aa 18e UTP RE ENS ‘ be, on aura donc Y=ÉEVrx+aa Ce qui fait voir, 1°. que chaque valeur de x donne deux valeurs de y, à caufe du double figne + ; 2°, que fix=0o,onay=adta, c’eft-à-dire y=o & y = 2a; 3°. quefix=a, y = à l'infini, & que par conféquent la courbe a une afymptote au point où x= a; 4°. que f x = à l'infini, on a y—+x; ce qui prouve que la courbe a des afymptotes qui font avec fon axe un angle de 45 degrés ; en faïfant x négative, on trouve y= ++ Wxx-+aa, équa- tion fur laquelle on fera des raifonnemens fembla- bles. Il en eft de même des autres ças. Si l'équation Cou 38 avoit Vxx—aa, On trouveroit quai point où # = 0, l’ordonnée devient imaginaire, €, On peut tracer à peu-près une courbe par plus fieurs points, en prenant plufieurs valeurs de x aflez près l’une de l’autre, &cherchant les valeurs de ÿ. Ces méthodes de décrire une corhé par plufiéurs points font plus commodes &c en un fens plus exac- tes que celles de les décrire par un mouvement con ünu. #oyez COMPAS ELLIPTIQUE, 2 . Les ‘anciens n’ont suere connu d’autres éorbes que le cercle, les fé@ions coniques, la conchoïde, & la cifloide, Voyez ces mots. La raïfon en eft toute fimple, c'eft qu'on ne peut gueré traiter des courbes fans le fecours dé l’Alpébre, & que l’Algebre paroit avoir té peu connue des anciens, Depuis ce téms on ! a ajoûté les paraboles & hyperboles cubiques, & € trident ou parabole de Defcartes : voilà où on en ef refté , jufqu'au Traité des lignes du troifieme ordre de M; Newton, dont nous parlerons plus bas, Voyez PARABOLE, HYPERBOLE , TRIDENT , Ge. Nous ayons dit ci-deffus que les courbes méchani: ques font celles dont l’équation entre les coordon= nées n'eft & re peut-être algébrique, c’eft-k:dire finie. Nous difons #e peut-être ; car fi l'équation différen- tielle d’une courbe avoit une intégrale finie, cette courbe qui paroïtroit d’abord méchanique, feroit réel: a dx lement géométrique. Par exemple, fi dy = = 1 ss 2V/a x la courbe eft géométrique , parce que l'intégrale eft J=V2ax+ A ; ce qui repréfente une parabole, “ad —_ eft l'équation d’une 24X— xx courbe méchanique, parce que l’on hé fçaüroit trou: ver l'intégrale de cette équation différentielle. Foye DIFFERENTIEL, INTEGRAL & QUADRATURE, Les anciens ont fait très-peu d’ufage des courbes méchaniques ; nous ne leur en connoiïffons guere que deux, la fpirale d'Archimede & la quadratrice de Dinofrate. Voyez ces mots. Ils fe fervoient de ces courbes pour parvenir d’une maniere plus aïfée à la quadrature du cercle. Les modernes ont multiplié à l’infini le nombre des courbes méchaniques ; le cal= cul différentiel a facilité extrêmement cette multi- plication, & les avantages qu’on pouvoit en tirer, 7: MECHANIQUE. Revenons aux courbes alsébriques ou géométriques , qui font celles dont il fera prin- cipalement mention dans cet article, parce que le caraétere de leurs équations qui confifte à être ex- primées en termes finis, nous met à portée d'établir fur ces courbes des propofitions générales, qui n’ont pas lieu dans les courbes méchaniques. C’eit princi- palement la Géométrie des courbes méchaniques , qu'on appelle Géormérrie tranftendante , parce qu’elle employe néceffairement le calcul infinitéfimal; au lieu que la Géométrie des courbes alsébriques n’em- ploye point, du moins néceflairement, ce calcul pour la découverte des propriétés de ces courbes, fi on en excepté leurs reétiñcations & leurs quadratures : car on peut détérminer, par exemple, leurs tangen- tes , leurs afymptotes, leurs branches, 6%, & toutes les autres propriétés de cette efpece par Le fecours du feul calcul algébrique ordinaire. Voyez les ouvra- ges de MM. Euler & de Gua, déja cités, & l’ou- vrage de M. Cramer, qui a pour titre izérodntion à L'analyfe des lignes courbes, Genev, 1750. in-4°, Nous avons vû ci-deflus comment on transforme les axes x & y d’une courbe par les équations += 4 t + Bu+C,y=D3+Eut4F; ceft-là fa transe formation la plus générake , & fi on veut faire des transformations plus fimples, on n’a qu’à fuppofer un des coefficiens 4, B, C, D, &c. ou plufieurs égaux à zero, pourvû qu'on ne fuppofe pas, par exemple ; 4 & B enfemble égaux à zero, n D &EÆ Mais l'équation dy = 382 COU ‘enfemble égaux à zero, car on auroit #= C, € y =; ce qui ne fe peut, puifque x & y qui font des indéterminées,ne peuvent être égales à des conf- tantes, On ne doit pont non plus fuppofer en même *tems B & Fo, ni 4 & D = 0; car fubftituantles valeurs de x & de y, on n’auroit plus dans l’équa- - tion de la courbe qu'une feule indéterminée x, Oril faut qual y en ait toûjours deux, "Yl eft viñible que ‘fi on fubftitue à la place de x 8e de y les valeurs ci-deflus dans l'équation de la æoutbe, l'équation n’augmentera pas, de dimenfion ; £ar on détermine la dimenfon & le degré de l’équa- tion d’ane.courbe par la plus haute dimenfion, à la- quelle fe trouve l’une où l’autre des inconnues x, y, ‘ou le produit des inconnues ; par exemple, l’équa- tion d’une courbe eft du troifieme degré, lorfqu’elle contient Le cube y3, ou le cube x3, ou le produit xyy où +xÿ, ou toutes ces quantités à la fois, ou quelques-unes feulement. Or comme dans les équations x=4?+Bu+C, y=Di;+Eu+F, z & æ ne montent qu'au premier degré , il eft évi- dent que f. on fubftitue ces valeurs dans l'équation en x &.en y, -la dimenfion de l'équation & {on de- gré n’augmentera pas. Îl eft évident, par la même raifon, qu’elle ne diminuera pas ; car fi elle dimi- muoit, c’eft-à-dire, fi l'équation en & en # étoient de moindre dimenfon que l’équation en x &t en y ; alors fubfituant pourz & pour z leurs valeurs en x & en y, lefquelles font d’une feule dimenfion , com- ne il eft aifé de le voir, on retrouveroit l'équation en æ &reny, & par conféquent on parviendroit à une “équation d’une dimenfion plus élevée que l'équation ënz &enz; ce qui eft contre la premiere propoñ- tion. Donc en général, quelque transformation d’axe tue l’on faffe, l’équation de la courbe ne change point à dimenfion. On peut voir dans l’ouvrage de M. Pabbé de Gua, & dans l’introduétion à l’analyfe des lignes courbes par M. Cramer, les manieres abrégées de faire le calcul pour la transformation des axes. Mais ce n’elt pas de quoi il s’agit ici, cette abré- viation de calcul étant indifférente en elle-même aux propriétés de la courbe. Voyez auffi TRANSFORMA- TION des axes, Le. Courbes algébriques du mème genre ou du même ordre, ou du même degré, font celles dont l'équation monte à la même dimenfon. /. ORDRE & DEGRÉ, Les courbes géométriques étant une fois détermi- nces par la relation des ordonnées aux abfciffes, on les diftingue en différens genres ou ordres; ainf les fiones-droites font les lignes du premier ordre ; les lignes du fecond ordre font les feétions comiques. Ïl faut obferver qu’une courbe du premier genre eft ja même qu'une ligne du fecond ordre, parce que ‘es lignes droites ne {ont point comptées parmi les .courbes, & qu'une ligne du troïfieme ordre eft la même chofe qu’une courbe du fecond genre. Les cour- «bes du premier genre fent donc celles dont l’équation : “monte à deux dimenfons; dans celles du fecond genre, l'équation monte à trois -dimenfions ; à qua- tre, dans celles du troifieme genre, 6. Par exemple , l'équation d’un cercle eft y2= 2 4 x “— x OÙ #2 = ax : le cercle eft donc une courbe dn premier genre & une ligne du fecond ordre. De même la cozrbe,dont l'équation eît «x = y?, .eit ure-courbe.du premier genre; & celle qui a pour équation ax=,3, eft courbe du fecond genre & Jigne du troifieme ordre. ; Sur les différentes courbes du.premier genre & leurs propriétés ,.vayez SECTIONS CONIQUES 4x mot Co- , E« FA a va à cet article CONIQUE, quelle eft l'équation la plus générale des lignes du fecond -or- dre, & on trouve que cette équation a 3+2%#1 termes ; on trouvera de même que léquation [a plus bénérale dès lignés duttroifieme ordre eft y3 +: ax? +bxxy + c x Hey + fx y + gxx+hx +iy+/z=o, & qu'elle a 44 34247 termes, : c'eft-à-dire 10 ; en général, l’équation la plus com pofée de l'ordre 7, aura un nombre de termes 2 7 AH I : . =(z+2) x (——), c’eftè-dire, à la fomme d’une progreflion arithmétique , dont z + 1 eftle premier | terme &c 1 le dernier. Voyez PROGRESSION ARITH- METIQUE. | | | IL eft clair qu’une droite ne peut jamaisrencontrer une ligne du n° ordre qu’en z points tout au plus 5 car quelque transformation qu'on donne aux axes , l’ordonnée n’aura jamais que valeurs réelles tout au plus, puifque l'équation ne peut être que du de- gré ». On peut voir dans l'ouvrage de M. Cramer, déja cité, plufeurs autrès propofñtions , auxquelles nous renvoyons, fur le-nombre des points, où les lignes de différens ordres où du même ordre peuvent. fe couper.Nous dirons feulement que l'équation d’une courbe du degré 7 étant ordonnée, pat exemple, par rapport à y, en forte que y” n'ait pouf coefficient que lunité, cette équation aura autant de coefi- ciens qu'il y a de termes, moins un, c’eft-à-dire, ©2137, Donc fi on denne un pareil nombre de points, la courbe du n° ordre qu deit pafler par ces points fera facilement déterminable ; car en prenant un axe quelconque à volonté, & menant dés points donnés des ordonnées à cet axe, on aura 27 ordonhées connues , ainfi que les abfcifles corref- pondantes, & par conféquent on pourra former au- tant d'équations , dont les inconnues feront les coef- ficiens de l'équation générale. Ces équations ne donneront jamaïs que des valeurs linéaires pour les cocfficiens, qu’on pourra par conféquent trouver toïjours facilement, eat Âu refte il peut arriver que quelques-uns des coefhiciens foient indéterminés, auquel cas on pourra faire pañler plufeurs lignes du même ordfe par les points donnés ; ou que les points donnés foient tels que la courbe n’y purfle pañler , pour lors l'équation fera réduttible en plufñeurs autres rationnelles. Par exemple , qu’on propole de faire pañler une fe&tion conique par cinq points donnés (car # étant = 2, LIT eft = 5 ): il eft vifible que f troïs de ces points font en ligne droite , la feétion n’y pourra pañfer ; car une feétion conique ne peut jamais être coupée qu’en deux points par une ligne droite, puif- ue fon équation n’eft jamais que de deux dimen- ee Qu'arriverat-il donc ? l’équation fera réduéti- ble en deux du premier degré, qui repréfenteront non une feétion conique , mais le fyftème de deux li- gnes droites , & ainfi des autres, On peut remarquer auffi que fi quelques coefi- ciens fe trouvent infinis , équation fe fimplifie ; car les autres coefficiens font nuls par rapport à ceux-là, & on doit par conféquent effacer les termes où fe trouvent ces coefficiens nuls. M. Newton a fait fur les courbes du fecond genre un traité intitulé, ezwmeratio linearum tertit ordinis. Les démonftrations des différentes propoñtions de ce traité fe trouvent pour la plüpart dans les ouvrages de MM. Stirling & Maclaurin fur les courbes, & dans les autres ouvrages dontnous avons déjà parlé. Nous allons rapporter fommairement quelques-uns des principaux articles de l’ouvrage de M. Newton. Cet auteur remarque que les courbes du fecond genre & des genres plus élevés, ont des propriétés analogues à celles des courbes du premier genre: par exemple, les fedions coniques ont des diametres & des axes; les lignes que çes diametres coupent en deux parties C OU égales {ont appellées ordonnées ; 8 le point de la courbe Où pañle le diametre eff nommé fommet : dé même fi dans une cozrbe du fecond genre on tire deux lignes droites paralleles qui rencontrent la courbe en trois points, une ligne droite qui coupera ces patal- leles, de maniere que la fomme des deux parties comprifes entre la fécante &c la courbe d’un même côte, foit égale à l’autre partie comprife entre la fécante & la courbe, coupera, fuivant la même loi, toutes les autres lignes qu’on pourra mener paralle- lement aux deux premieres, & qui feront terminées à la courbe, c'eft-à-dire les coupera de maniere que la fomme des deux parties d’un même côté fera égale à l’autre partie. En effet , ayant ordonné l'équation de maniere que y? fans coefficient foit au premier terme, le fe- cond terme fera y? (a+86 x), & ce fecond terme contiendra la fomme des racines, c’eft-à-dire des va- leurs de y. Zoyez ÉQUATION. Or par l’hypothefe, il y a deux valeurs de x qui rendent ce fecond terme —o, puifqu'il y a deux valeurs de x ( Ayp. ) qui donnent la fomme des ordonnées poñtives égale à la fomme des négatives. Donc il y a deux valeurs de x, fçavoir 4 & B, qui donnent a+ 86 4—o, a+ Bb=o, Or cela ne peut-être, à moins qu’en général on n’ait «=o, b—o. Donc a+bx=o, quelque valeur qu'on fuppofe à x. Donc le fecond terme manque dans l’équation. Donc la fomme des ordonnées poñtives eft par-tout égale à la fomme des ordonnées négatives. | On peut étendre ce théoreme aux degrés plus élevés. Par exemple, dans Le quatrieme ordre, le 24 terme étant y3 (a +bx), c’eft encore la même chofe ; & fi deux valeurs de x donnent la fomme des ordonnées nulle, toutes les autres valeurs la donneront. Outre cela, comme dans les feétions coniques non paraboliques., le quarré d’une ordonnée, c’eft-à-dire le reétangle des ordonnées fituées de deux différens côtés du diametre, eft au reétangle des parties du diametre terminées aux fommets de l’ellipfe ou de lhyperbole, comme une ligne donnée appellée Za- £us retlum Où parametre, eft à la partie du diametre comprile entre les fommets, & appellée /aius tranf= verfums de même dans les courbes du fecond genre non paraboliques, le parallélépipede fous trois or- données. eft au parallelépipede.fous les trois parties du diametre terminées Dent fommets & par la ren- contre des ordonnées, dans un rapport conftant. Cela eft fondé fur ce que Le dernier terme de l’é- quation , favoit x3 + Zx? + m x+n, eft Le pro- duit de toutes les racines; que ce dernier terme eft outre cela le produit de 4 x + B par D x +EÆE, & par Fx + G, & que aux points où y =o, c’eft-à- dire où le diametre coupe la courbe, points que l’on appelle 1c1 Jommes,onax=—7, Sr PE D t ; — 7: avec ces propoñitions on trouvera facilement la démonftration dont il s’agit, ainfi que celle des théorèmes fuivans, qui fontauff tirés de M. Newton. - Commie dans la parabole. conique.qui n’a qu’un fommet fur un feul & même diametre, le reétangle des ordonnées eft égal au produit de la partie: du diametre comprife entre le fommet & l’ordonnée, par une ligne conftante appellée larus reëlum ; de même dans celles des courbes du fecond genre qui n'ont que deux fommets fur un même & unique dia- metre, le parallelépipede fous trois ordonnées eft égal au parallelépipede fous les deux parties du dia- metre, comprie entre les fommets & la rencontre de l’ordonnée, & {ous une troifieme ligne conftan- te, que l’on peut par conféquent nommer Zarus rec- turn. Foyez PARABOLE. De plus , dans les fefions çoniques, fi deux C OU 38% lignes paralleles 8x terminées à la fe&ion , font cou- pées par deux autres lignés paralleles & terminées à la fetion, la premiere par la troifieme & la {e- conce par la quatrieme, le reétangle des parties de la premiere eft au reftangie des parties de la troiz fieme , comme le reétangle des parties de la feconde . ft au rectangle des parties déla quatrieme ; de mê- me aufl, fi on tire dans une courbe du fecond genre deux lignes paralleles , terminées à la courbe en trois Points, 8 coupées par deux autres paralleles termi- nées à la même courbe, chacune en trois points, le parallelépipede des trois parties de la premiere ligne fera à celui des trois parties de la troïfieme , comme le parallelépipede des trois partis de la feconde eft à celui des trois parties de la quatrieme, Enfin les branches infinics des courbes du premier & du fecond genre & des genres plus élevés , font ou du genre hyperbolique où du genre parabolique + une branche hyperbolique eft celle quiaune aiymp- tote, c'eft-à-dire qui s’approche continuellement de quelque ligne droite; une branche parabolique eft celle qui n’a point d’afymptote. Voyez; ASYMPTOTE 6 BRANCHE. Ces branches fe peuvent diftinguer encore mieux par leurs tangentes. En effet, fi le point de contaét d’une tañgente eft fuppofé infiniment éloigné, la tangente de ce point fe confond avec l'afymptote dans une branche hyperbolique ; & dans une bran- che parabolique, elle s’éloigne à l'infini, & difpa- toit. On peut donc trouver l’afymptote d’une bran- che , en cherchant fa tangente à un point infiniment éloigné , & on trouve la dire&tion de cette branche À en cherchant la pofition d’une ligne droite parallele à la tangente , lorfque le point de conta@ eft infini ment éloigné ; car la direétion de la branche infinie à fon extrémité eft parallele à celle de cette ligne droite. Les lignes d’un ordre impair, par exemple du troifieme, du cinquieme, ont néceffairement quel- ques branches infinies ; caf on peut toûüjours par une fransformation d’axes , s’il eft néceflaire, pré- parer l'équation , enforte que l’une au moins des coordonnées fe trouve élevée à une puiflance im- paire dans l'équation; elle aura donc toûüjours au moins une valeur réelle, quelque valeur qu’on fup- pofe à l’autre coordonnée. Donc, 6x. Ë Nous avons dit plus haut que dans.une ligne courbe d'un genre quelconque, on peut toûjours ima- giner l’axe tellement placé, que la fomme des or- données d’une part foit égale à la fomme des ordon- nées de l’autre. L’axe en ce cas s’appelle ordinai- rement diametre. Il eft évident que toute courbe en a unéinfnité ; car ayant transformé les axes d’une maniere quelconque, on peut toüjours fuppofer cette transformation telle que le fecond terme de la trans- formée manque, & en ce cas l’un des axes fera dia- metre. On appelle diametre abfolu celui qui divife les or- données en deux également ; tels font ceux des fec tions coniques. … M. de Bragelongne appelle contre-diametre un axe des abfcifles , tel que les abfcifles oppofées égales ayent dés ordonnées oppolées égales ;c’elt-à-dire, tel que x négative donne y négative fans changer d’ailleurs de valeur. Ceci nous conduit naturellement à parler des cer. tres, dontnous ayons déja dit un mot plus haut. Pour qu'une courbe ait un centre, 1l faut qu'en fuppofant l'origine placée dans ce centre, & prenant deux x oppotées & égales, les y correfpondantes foient auf oppofées & égales ; c’eft-à-dire il faut que faifant x négative dans l'équation , on trouve pour.y:la mé- me valeur, mais négative. L’équation doit donc être telle par rapport à +6 à y, qten changeant les fi . / ŸT 354 COU gnes de + & de y, elle demeure abfolument la mê- me ; donc cette équation ne doit contenir que des puiflances ou des dimenfions impaires de x & de y, fans terme conftant, ou des puiflances & des dimen- fions paires de x & de y, avec ou fans terme conf tant. Car dans le premier cas, tous les fignes chan- geront, en faifant x & y négatives, ce qui eft la même chofe que fi aucun figne ne changeoit ; & dans le fecond cas aucun figne ne changera. Voulez-vous donc favoir fi une courbe a un centre? L’équation étant ordonnée par rapport à + & à y, imaginez que l’origine foit tranfportée dans ce centre, enlorte que L'on ait x Hazz,yt+b=u; & déterminez a & b à étre telles, qu’il ne refte plus dans la transformée que des dimenfons paires, ou des dimenfons impai- res fans terme conftant ; fi la courbe a un centre pof- fible, vous trouverez pour « & b des valeurs réel- les. Dans l'extrait du livre de M. l’abbé de Gua, journal des Savans , Mai 1740, extrait dont je fuis l’auteur, on a remarqué que l’énoncé de la méthode de cet habile géometre pour déterminer les centres, Étoit un peu trop générale. Nous ne nous étendrons pas ici fur les manieres de déterminer les différentes branches des courbes ; nous renvoyerons fur ce fujet au livre de M. Cra- mer , qui a pour titre, éztroduütion à l’analyfe des li- gnes courbes. Nous dirons feulement ici que ce pro- blème dépend de la connoiffance des féries & de la regle du parallélogramme, dont nous parlerons en leur lieu. Voyez PARALLELOGRAMME, SERIE, Érc. Divifion des courbes en différens ordres. Nous avons yû à l’article CONIQUE , comment l’équation géné- rale des fe&ions coniques ou lignes du fecond ordre donne trois courbes différentes. Voyez le sroifleme vol. p. 878, col. 17°; nous remarquerons feulement 1c1, 1° qu'il faut — D % w au lieu de D uu; c’eft une faute d’impreffion : 2° que lorfque D eft négatif, & par conféquent — D zx poñitif, alors l’équation pri- mitive & générale y y +p x y +bxx+ay+c x + a = o eft telle que la portion y y + p x y + b x x a fes deux fatteurs imaginaires, c’eft-à-dire que cette portion y y +p xy + b x x fuppoñée égale à zéro, ne donneroit aucune racine réelle. On peut aifément s’en aflûürer par le calcul; car en ce cas on trouvera _- < b, & la quantité À dans la trans- formée 7 7 + 4 x x + Bx+C=0o fera pofitive, & par conféquent — D pofitive : 3° dans l'équation 74 — D'uu+Fu+G=o,on peut réduire les trois termes — Duu+Fu+G à deux + X :5+ H, lorf- que D n’eft pas — o , par la même méthode qu'on employe pour faire évanouir le fecond terme d’u- ne équation du fecond degré ; c’eft-à-dire en faifant 4 Er & alors l'équation fera 7 z+ K r1+ H = 0; équation à l’ellipfe , f X eft pofitif, & à l'hyperbole, fi À eft négatif: 4° fi D —o , ence cas on fera Fu + G—kr, & l'équation ferazz+ke — 0, quieft à la parabole: $° dans le cas où D —o, y y+pxytbxxa fes deux fateurs égaux, & dans le cas où D eft pofitif, c’eft-à-dire où — Du x eft négatif, y y +p xt b x x a fes deux faéteurs réels & inégaux, & l’équation appartient à l’hyper- bole , car ên ce cas LE > 4, & À eft négative, Voyez fur cela, fi vous le jugez à propos, le fep- tieme livre des feétions coniques de M. de Hopital, qui traite des lieux géométriques ; vous y verrez comment.l’équation généraledes fetions coniques fe transforme en équation à la parabole, à l’ellipfe ou à l’hyperbole, fuivant que yy+pxy<+6bxx eft un quarré,, ou une quantité compolée de faéteurs imaginaires , ou de faëteurs réels inégaux. Paflons maintenant aux lignes du troifieme ordre ou courbes du fecond genre. Réduéfion des courbes du fecond genre, M. Newton réduit toutes les courbes du fecond genre à quatre efpeces principales repréfentées par quatre équa- tions. Dans la premiere, le rapport des ordonnées y aux abfcifles x, eft repréfenté par l'équation x y y +ey—=ax3+Lbxx<+cex + d; dans la feconde, l'équation a cette forme x y = 4x3 + bxx+cx + d ; dans la troïfieme, l'équation eft y y = a x3 + b x? + cx + d': enfin la quatrieme a pour équation Jy=axi+bx?+cx+d. Pour arriver à ces quatre équations , il faut d’a- bord prendre l'équation générale la plus compofée des lignes du troifieme ordre, & l'écrire ainfi: g+bguteczu?+eus + fi tgiruthuu 15 +iz+in RE | + 72 On remarquera que le plus haut rang 73 + 87? + cuz? + c us étant du troifieme degré , il aura au moins un facteur réel ; les deux autres étant, ou égaux entr’eux & inégaux au premier facteur, ou réels & inégaux, tant entr'eux qu'avec le premier faéteur, ou imaginaires, ou enfin égaux au premier. Soit 7 + À # ce fatteur réel, & faifons d’abord ab- ftraétion du cas où les trois faéteurs font égaux ; foit fuppofé x + 4 v = +, on aura une transformée qui contiendra #3,47,t,tuu,utt,tu,uu&u, avec un terme conftant ; or on fera d’abord difpa- roître le terme x #, en fuppofant: + F=/f; enfuite en faifant = N f + p + Q (les grandes lettres dé- fignent ici des coefficiens), on fera difparoître les ter- mes xt+&ut, & il ne reftera plus que des termes qui repréfenteront la premiere équation xy y +ey =ax3 +bx x+tcx+d—=o. | En fecond lieu, fi les trois fa&teurs du plus haut rang font égaux, on n'aura dans l’équation trans- formée, en faifant ? + Au 7, que les termes x, 12,1,u,tu, nu, & unterme conftant. Or on peut faire difparoître les termes : x &c z, en fuppofant u+Ri+K=/f,& l’on aura une équation de la forme y y = a x3+b x? + cx + d. Troifièeme forme de M. Newton. Nous remarquerons même que cette équation pourtoit encore fe fimplifier ; car en fup- pofant x — R +9, on feroit évanotir les termes bx x ou d, & quelquefois le terme c x. 3°. Si les trois faéteurs du premier rang font égaux, & que de plus un de ces faéteurs foit auf faéteur du fecond rang fz 7 +gzu+huu, alorsla transformée aura des termes de cette formes3,t, cu,tt;u, & un terme conftant. Or faifant : + À — q, on fera difparoître le terme z, 8 on aura une équation de cette forme x y —=aax3 + bx*+cx + d, Seconde forme de M. Newton. Cependant on pourroit encore fimplifier cette équation, & faire difparoïtre les deux termes x? +cx,en fuppo- fantx =Qp, &y=Np+Rz+M. 4°. Enfin fi les trois faéteurs du prèmier rang étant égaux, ceux du fecond font les mêmes, l’équa- tion alors n'aura que des termes de cette forme #5, 11,u&t;,avec un terme conftant, & elle fera de la quatrieme forme de M. Newton, y —4 x3 + B x? + cx + d, de‘läquelle on peut encore faire difpa- roître Les termes x? +cx + d, en fuppofant x =» LR,&y+Nx+Q=—7.Ence cas l'équation fe- ra de la forme y = 4 x3 , &repréfentera la premiere parabole cubique. Yoy. les ufages de l’analyfè de Def: cartes, par M. l'abbé de Gua , page 437 6 Jiiv. | On voit par ce détail fur quoi eft fondée la divr fion générale des lignes du troifieme ordre qu'a don- né M. Newton ; on voit de plus que les équations qu'il a données auroient pà encore recevoir toutes une forme plus fimple, à l'exception de la premiere. Enumération des courbes du fécond genre. l’auteur fubdivife enfuite çes quatre efpeces prinçipales en un CO U ungrand nombre d’autres particulieres, à qui 1l don- ne différens noms. Le premier cas qui eft celui dex y y + ex —ax3 + bx?+cx+d=o, eft celui qui donne le plus grand nombre de fubdivifons ; les trois fubdivifions principales font que les deux autres racines du plus haut rang foient ou réelles & inégales, où imaginai- res, ou réelles & égales ; & chacune de ces fubdivi- fions en produit encore d’autres. Voyez l'ouvrage de M. l'abbé de Gua , page 440. 6 fuiv. Lorfqu'une hyperbole eft toute entiere au-dedans de fes afymptotes comme l’hyperbole conique, M. Newton l'appelle kyperbole infcrire : lorfqu’elle coupe chacune de fes afymptotes, pour venir fe placer ex- térieurement par rapport à chacune des parties cou- pées , il la nomme yperbole circonfcrite ; enfin lorf- qu’une de fes branches eft infcrite à fon afymptote, & l’autre circonfcrite à la fienne, 1l l'appelle kyper- bole ambigene: celle dont les branches tendent du même côté, 1l la nomme hyperbole convergente : celle dont les branches ont des dire&tions contraires, ky- perbole divergente : celle dont les branches tournent leur convexité de différens côtés, kyperbole à branches contraires : celle qui a un fommet concave vers l’a- fymptote, & des branches divergentes , kyperbole conchoïidale : celle qui coupe fon afymptote avec des points d’inflexion , & qui s'étend vers deux côtés op- pofés, hyperbole anguinée ou ferpentante: celle qui coupe la branche conjuguée, cruciforme : celle qui retourne fur elle-même & fe coupe, kyperbole a nœud: celle dont les deux parties concourent en un angle de conta@t & s’y terminent, kyperbole à pointe ou a re- _brouffement : celle dont la comuguée eft une ovale infiniment petite, c’eft-à-dire un point, kyperbole pointée ou 4 point conjugué : celle qui par l'impofüi- bilité de deux racines n’a ni ovale, ni point conju- gué , mi point de rebrouffement , kyperbole pure ; V'au- teur fe fert dans le même fens des dénominations de parabole convergente, divergente , cruciforme, &c. Lorf- que le nombre des branches hyperboliques furpafle celui des branches de l’hyperbole conique, il appelle lPhyperbole redundante. M. Newton compte jufqu’à foixante-douze efpe- ces inférieures de courbe du fecond genre: de ces courbes il y en a neuf qui font des hyperboles redun- dantes fans diametre , dont les trois afymptotes for- ment un triangle. De ces hyperboles, la premiere en renferme trois, une infcrite, une circonfcrite, & une ambigene, avec une ovale; la feconde eft à nœud , la troifieme à pointe, la quatrieme pointée, Ja cinquieme & la fixieme pures, la feptieme & la bui- tieme cruciformes, la neuvieme anguinée. Il y a de plus douze hyperboles redundantes qui n’ont qu'un diametre : la premiere a une ovale, la feconde eft à nœud, la troifieme à pointe, la qua- trieme pointée ; la cinquieme, fixieme , feptieme & huitieme, pures; la neuvieme & la dixieme cruci- formes , la onzième & la douzieme conchoïdales. Il y a deux hyperboles redundantes qui ont trois diame- res. Il y a encore neuf hyperboles redundantes , dont les trois afymptotes convergent en un point com- mun: la premiere eft formée de la cinquieme & de la fixieme hyperbole redundantes, dont les afymp- totes renferment un triangle ; la feconde de la feptie- me & de la huitieme, la troifieme & la quatrieme de la neuvieme ; la cinquieme eft formée de la huï- tieme &c de la feptieme des hyperboles redundantes, qui n’ont qu'un diametre ; la fixieme de la fixieme & de la feptieme , la feptieme de la huitieme & de la neuvieme, la huitieme de la dixieme & de la onzie- me, la neuvieme de la douzieme & de la treizieme. Tous ces changemens fe font en réduifant en un point le triangle compris par les afymptotes, Tome IF, Cou 385 Il y a encore fix hyperboles défe@ives fans diame- tre : la premiere a une ovale, la feconde eft à nœud, la troïfieme à pointe , la quatrieme pointée, la cin- quieme pure, &c. Il y a fept hyperboles défettives qui ont des dia= metres : la premiere & la feconde font conchoïdales avec une ovale, la troifieme eft à nœud, la quatrie- me à pointe : c’eft la cifoide des anciens ; la cinquie- me & la fixieme font pointées , la feptieme pure. IL y a fept hyperboles paraboliques qui ont des diametres : la premiere ovale, la feconde à nœud, la troifieme à pointe, la quatrieme pointée , La cin- quieme pure, la fixieme cruciforme, la feptieme an- guinée, Il y a quatre hyperboles paraboliques, quatrehy- perbolifmes de l’hyperbole, trois hypetbolifmes de l'ellipfe, deux hyperbolifmes de la parabole. Outre le trident , il y a encore cinq paraboles di: vergentes : la premiere a une ovale, la feconde eft à nœud, la troïfieme pointée ; la quatrieme eft à poin- te (cette derniere eft la parabole de Neil, appellée communément /écorde parabole cubique) ; la cinquie- me eft pure. Enfin il y a une derniere courbe ap- pellée communément premiere parabole cubique. Re- marquons 1c1 que M. Stirling a déjà fait voir que M. Newton dans fon énumération avoit oublié quatre efpeces particulières, ce qui fait monter le nombre des courbes du fécond genre jufqu’à foixante-feize, &c que M. l’abbé de Gua y en a encore ajoûté deux autres , obfervant de plus que la divifion des lignes du troifieme ordre en efpeces pourroit être beau- coup plus nombreufe, fi on aflignoit à ces différentes efpeces des caraéteres diftinétifs, autres que ceux que M. Newton leur donne. On peut voir dans l'ouvrage de M. Newton, & dans l’endroit cité du livre de M. l'abbé de Gua, ainfi que dans M. Stirling, les fubdivifions détaillées des courbes dutroifieme ordre, qu’il feroit trop long 8 inutile de donner dans un Diétionnaire, Mais nous ne pouvons nous difpenfer de remarquer que les principes fur lefquels ces divifions font fondées, font aflez arbitraires; & qu’en fuivant un autre plan, on pourroit former d’autres divifions des lignes du troïfieme ordre. On pourroit, par exemple, comme MM. Euler & Cramer , diftinguer d’abord quatre cas généraux : celui où le plus haut rang n’a qu’une ra- cine réelle, celui où elles font toutes trois réelles & inégales , celui où deux font égales, celui où trois font égales, & fubdivifer enfuite ces cas. Cette di- vifion générale paroît d'autant plus jufte & plus na- turelle, qu’elle feroit parfaitement analogue À celle des lignes du fecond ordre ou feétionsconiques, dans laquelle on trouve l’ellipfe pour le cas où Le plus haut rang a fes deux racines imaginaires ; l’hyper- bole, pour le cas où le plus haut rang a fes racines réelles & inégales, & la parabole pour le cas oùel- les font égales. Au refte il faut encore remarquer que toutes les fubdivifions de ces quatre cas, & mê- me la divifion générale , auront toûjours de l’ar- bitraire. Cela fe voit même dans la divifion des li= gnes du fecond ordre. Car on pourroit à la rigueur , par exemple, regarder la parabole comme une ef pece d’elipfe dont l’axe eft infini (voy. PARABOLE), & ne faire que deux divifions pour les feétions co- niques ; & on pourroit même n’en faire qu’une, en regardant l’hyperbole comme une ellipfe, telle que dans l’équation y y =44a—xx, le quarré de l’abfcifle x x ait le figne +. Il femble qu’en Géometrie comme enPhyfique , la divifion en genres & en efpeces ait toûjours néceflairement quelque chofe d’arbitraire ; c’eit que dans l’une & dans l’autre 1l n’y a réelle- ment que des individus, & que les genres n’exiftent que par abftraétion de l’efprit. M, Cramer trouve quatorze genres de courbes dans Cçc 386 COU le troifieme ordre, & M. Euler feize , ce qu prouve encore l’arbitraire des fubdivifons. On pett par une méthode femblable faire la di- vifon des courbes d'un genre fupérieur. Voyez ce que M. Cramer a fait par rapport aux hgnes du quatrie- me ordre dans le chap. jx. de fon ouvrage. Pour rappeller à l’une des quatre formes de M. Newton une ligne quelconque du troifieme ordre , dont l'équation ef donnée en 7 & en 4, on tranf- forméta d’abord les axes de la maniere la plus gé- férale, en fuppofant à = 4 7? + Bu+C, & y = D ;+Eu+F; fubftituant enfuite ces valeurs, on déterminera lés coefficiens 4, B, &c. à être tels que équation en x, & en y ait une des quatre for- mes fufdites. Points finguliers & multiples des courbes. On appelle point multiple d’une courbe celui qui eft commun à plufieurs branches qui fe coupent en ce point, & par oppoftion point fimple celui qui n'appartient qu’à une branche. Il eft vifible qu’au point multiple l’or- donnée y a plufeurs valeurs égales répondantes à un même x. C’eft-là une propriété dn point multi- ple ; mais 1l ne faut pas croire que le point foit mul- tiple , toutes les fois que l’ordonnée a plufieurs va- leurs égales. Car, fi une ordonnée touche la cour- be, par exemple, il eft aifé de voir que l’ordonnée a dans ce point deux valeurs égales, fans que le point foit double. Foyez TANGENTE. La propriété du point multiple , c’eft que l’ordonnée y a plufeurs valeurs égales, quelque fituation qu’on lui donne ; au lieu que dans le point fimple l’ordonnée qui peut avoir plufeurs valeurs égales dans une certaine fi- tuation, n’en a plus qu'une dès que cette fituation change, ce qui eft évident par la feule infpeétion d’un point multiple &c d’un point fimple. Voyez PoInT. De-l il s'enfuit que fi on tranfporte l’origine en un point fuppolé multiple, en faifant z + 4= x, a+ B = y,il faut qu’en fuppofant z infiniment petit, on ait plufieurs valeurs nulles de x, quelque direétion qu’on lui donne. Ainfi pour trouver les points multi- ples, il n’y a qu'après avoir tranfporté l’origine dans le point {uppofé, donner une direétion quelconque à l’ordonnée , & voir fi dans cette direétion quel- conque l’ordonnée aura plufeurs valeurs égales à zéro. Voyez M. l’abbé de Gua, p. 88. & M.Cramer, page 409. . On prouvera par ces principes, que les fetions coniques ne peuvent avoir de points multiples, ce qu'on favoit d’ailleurs. On prouvera aufñ que les courbes du troifieme ordre nepeuvent avoir de points triples, 6’. Mais cette propofition fe peut encore prouver d’une mamiere plus fimple en cette forte. Imaginons que l’ordonnée foit tangente d’une des branches, elle rencontrera cette branche en deux points. Or fi le point eft un point double, par exem- ple, l’ordonnée rencontreroit donc la courbe en trois points, ce qui ne peut être dans une feétion coni- que; car jamais une droite ne peut la rencontrer qu’en deux points, puifque fon équation ne pañle jamais le fecond degré; & qu’ainfi quelque poñition qu'on donne à l’ordonnée, elle ne peut avoir jamais plus de deux valeurs. On prouvera de même qu’une courbe du fecond genre, ou ligne du troifieme ordre, ne peut avoir de point triple, parce que la courbe ne peut jamais être coupée qu’en trois points par une ligne droite. A l’égard des points doubles des courbes, nous avons déjà remarqué que les courbes du fecond genre peuvent être coupées en trois points par une ligne droite. Or deux de ces points {e confondent quel- quefois, comme il arrive, par exemple, quand la higne droite pañle par une ovale infiniment petite ; ou par le point de concours de deux païties d’une courbe qui fe rencontrent, & s’uniflent en une poin- te. Quelquefois les lignes droites ne coupent la courbe qu’en un point, comme il arrive aux ordon- nées de la parabole de Defcartes, & de la premiere parabole cubique ; en ce cas il faut concevoir que ces lignes droites paflent par deux autres points de la courbe placés à une diftance infinie ou imaginaire. Deux de ces interfetions coincidentes, faites à une diffance infinie, ou même imaginaire, conftituent une efpece de point double. : ki 1 On appelle points finguliers les points fimples qui ont quelque propriété particuliere , comme les points conjugués , les points d’inflexion, les points de fer pentement , &e. Voye POINT, CONFUGUÉ, INFLE: XION, SERPENTEMENT , Gc. Voyez auffi REBROUS- SEMENT, NŒUD, Gc. Sur les tangentes des courbes en général, & fur les tangentes des points multiples, voyez TANGENTE. Deftription organique des courbes. 1°, Si deux an- gles de grandeur donnée, P 4 D, P B D( PL de Géomet, fig. 33.) tournent autour de deux poles 4 8c B , donnés de pofition, & que le point de concours P des côtés 4 P, BP, décrive une ligne droite, le point de concours D des deux autres côtés décrira une feétion conique qui paflera par les poles 4 & B , à moins que la ligne ne vienne à pañler par l’un ou l’autre des poles 4 & B, ou que les angles BAD & 4 B D ne s'évanouiflent à la fois, auquel cas le point de concours décrira une ligne droite. 2°, Si le point de concours P des côtés 4 P, BP, décrit une fe&ion conique paflant par l’un des poles À , le point de concours D des deux autres côtés À D , B D, décrira une courbe du fecond genre qui pañera par l’autre pole B, & qui aura un point dou- ble dans le premier pole 4, à moins que les angles B A D,4 BD, ne s’'évanoiiflent à la fois, auquel cas le point D décrira une autre feétion conique qui pañlera par le pole À. 3°. Si la feétion conique décrite par le point P ne pañle, ni par 4 ni par 2, le point D décrira une courbe du fecond ou du troifieme genre, qui aura un point double ; & ce point double fe trouvera dans le concours des côtés décrivans 4 D, B D, quand les deux angles B 4 P, À BP, s'évanouiflent à la fois. La courbe décrite fera du fecond genre, quand les angles BAD , 4 B D, s'évanouiront à la fois, finon elle fera du troifieme genre, & aura deux points doubles en 4 & en 2. Les démonitrations de ces propoñtions, qu’il {e- toit trop long de donner ici, fe trouveront dans l'ouvrage de M. Maclaurin, qui a pour titre, Geo metria organica ; Où il donne des méthodes pour tra- cer des courbes géométriques par un mouvement con- tinu. Voyez auffr le VIIT, livre des feütions coniques de M. de Hopital. | Génération des courbes du fecond genre par les om- bres. Si les ombres des courbes de différens genres font projettées fur un plan infini, éclairé par un point lumineux, les ombres des fe@ions coniques feront des feétions coniques ; celles des courbes du fecond genre feront des courbes du fecond genre ; celles des courbes du troïfieme genre feront des courbes du trot- fième genre, '6c. Et comme la proje@ion du cercle engendre toutes les feétions coniques, de même la projettion des cinq paraboles divergentes engendre toutes les au- tres courbes du fecond genre; &c il peut y avoir de même dans chaque autre genre une fuite de courbes fimples, dont la proje@tion {ur un plan éclairé par un point lumineux, engendre toutes les autres cour- bes du même genre. MM. Nicole & Clairaut, dans les mémoires de l’acad, de 1731, ont démontré la pro- priété:des cinq paraboles divergentes dont nous ve- ons de parler; propriété que M. Newton n’avoit ‘fait qu'énoncer fans demonftration. Voyez auffi fur cette propofñition l’ouvrage cité de M. l’abbé de Gua, page 198. & Juiv. Voyez auffi OMBRE. Ufage des courbes pour la conftruëfion des équations. L'ufage principal des courbes dans la Géométrie , eft dé donner par leurs points d’interfeétion la folution des problèmes. Foyez CONSTRUCTION. Suppofons, par exemple, qu’on ait à conftruire une équation de neuf dimenfions, comme x 24 bx7 cx6+dxs Lextit(m+f)xs +gx?+ hx + k=o, dans laquelle &, c, d, &c. fignifient des quantités quelconques données, affeétées des fignes + ou — ; on prendra l'équation à la parabole cubi- que x3 = y, & mettant y pour +3 dans la premiere équation, elle fe changera en y3 +bxy?+cy? Ldxty+exytmy + fx +gxr4+h x LR = 0, équation à une autre cowrbe du fecond genre dans laquelle # ou f peuvent être fuppolés = 0. Si on décrit: chacune de ces courbes , leurs points d'in- terfe&tion donneront Les racines de l’équation pro- _ pofée. Il fufft de décrire une fois la parabole eubi- que. Si l’équation à conftruire feréduut à 7 dimeufions par le manquement des termes À x &ck, l’autre cozrbe aura, en effaçant , un point double à l’origine des ablcifles, & pourra être décrite par différentes mé- thodes. Si l'équation eft réduite à fix dimenfions par le manquement des trois termes gx? + kx+Kk, l’autre courbe ; en éffaçant f, deviendra une feétion conique; & fi par le manquement des fix derniers termes l’équation eft réduite: à trois dimenfions,, on retombera-dans la conftruttion que Wallis en a don- née par le moyen d’une parabole cubique & d’une ligne droite. Voyez CONSTRUCTION, & l'ouvrage de M, Cramer, chape JV, 53 = CouURBE POLYGONE. On appelle ainf une courbe confidérée non comme rigourenfement courbe, mais comme un polygone d'une infinité de-côtés. C'eft ainfi que dans la géométrie de l'infini on confidere les courbes ; ce qui ne figniñe autre chofe, rigoureu- fement parlant , finon qu’une courbe eft la hmite des polygones, tant inferits que circonfcrits. Foyez Lr- MITE, EXHAUSTION, INEINI, DiIFFÉRENTIEL, &c. 6 POLYGONE. UPS | Il faut diffinguer, quand on traite une courbe com- me polygone où comme rigoureufe ; cette) aften- tion eff {ur-tout néceflaire dans’ la théorie des for- ces centrales & centrifuges ; car quand on traite la courbe comme polygone, l'effet dela force centrale, c’eft-à-dire la petite ligne qu’elle fait parcourir, eft égale à la bafe de l'angle extérieur de la courbe ; &T quand on traite la courbe comme fisgoureufe, l'effet de la force centrale eft égale à la petite ligne, qui eft la bafe de l'angle curviligne formé par la courbe & par fa tangente. Or il eftaifé de voir que cette petite ligne n’eft que la moitié de la premiere, parce que la tangente rigoureufe de la courbe divife en deux également l’angle extérieur que le petit côté pro- Jongé fait avec le côté fuivant. La premiere de ces lignes eft égale au quarré du petit côté divifé par le rayon du cercle ofculateur , voyez OSCULATEUR & DeveLorpée ; la feconde au quarré du petit côté divifé par le diametre du même cercle. La pre- miere eft cenfée parcourue d’un mouvement uni- forme , la feconde d’un mouvement uniformément accéléré : dans la premiere, la force centrale eft fuppofée n’agir que par une impulfion unique , mais grande; dans la feconde ; elle eft fuppoiée agir, comme la pefanteur, par une fomme de petits corps égaux ; & ces deux fuppofñtions reviennent à une même ; car l’on fait qu'un corps mû d'un mou- vement accéléré parcourroit uniformément avec fa vitefle finale le double de lefpace qu'il a par- couru d’un mouvement uniformément accéléré, pour Tome IP, | COU 397 acquerit cette vitefle. Payez Les articles ACCELERA- TION, CENTRAL, & DESCENTE. Voyez auffi l’hiff. de V'acad, 722: & mon traité de Dynamique, page 20, article 20, &t page $0. article 26, Réëlification d'unesourbe , eft une Opération qui confifte à trouver une ligne droite égale en longueur à cette courbe. Voyez RECTIFICATION: Tnflexion d’une courbe, Voyez INFLEXION. Quadrature d’une courbe; eit une opération qui confifte à trouver l’aire oulefpace renfermé par cetté courbe; c'eft-à-dire à afhigner un quarré dont la furface foit égale à un efpace curvihgne. Foyez QUADRATURE. ere Ryssl Famille de courbes, eft un aflemiblagé-de plufeurs courbes de différens genres, repréfentées toutes par la mème équation d’un degré indéterminé,; mais dif- férent, felon la diverfité du genre des-courbes: Voyez FAMILLE. D LE ro Par exemple, fuppofons qu’on ait l’équation d’un degré indéterminé 7x2 y ;:fim 2,)0n auta ax =y?;fim—=3,onaurdarx=yihime= A, a3 x —y#. Toutes les courbes! auxquelles ces équa- tions appartiennent font dites de la même famille pat quelques géometres. : Les équations qui repréfentent des famillés de courbes , ne doivent pas être confondues avec les équations exponentielles; car quoique l’expofant foit indéterminé, par rapport à toute une famille de courbes , il eft déterminé & conftant par rapport à Chacune des courbes qui la compofent; au heu que dans les équations exponentielles lexpofant eft va- riable 8 indéterminé pour'une feule & même courbe. Voyez EXPONENTIEL. _ Toutes les courbes, algébriques compôfent, pour ainfi dire, une certaine famille, qui fe fubdivife en une inñnité d’autres, dont Chacune côntient une 1n- finité de genres. En .eflet dans les équâtions par lef- quelles les courbes font äéterminées , il h’entre que des produits, {oit des puiffancés des abfciffes & des ordonnées par des coefficiens conftans, Toit des puif- fancçes des abfciffes par des puiffances des ordonnées, {oit de quantités conftantes pures & fimples, les unes par les autres, De plus chaque équation d’une courbe peut totjours avoir zéro pour un de fes membres, par exemple, a x = y? fe change en « x —y2— 0, Donc l'équation générale qui repréfentera toutes Les courbes algébriques fera 4 ay +bxyT Lnxr y? z + fy TER YTT 0: NP { Nous devons remarquer ici que le P. Reyneau s’eft trompé dans le fecond volume de fon aralyfè démontrée, lorfque voulant déterminer les tangentes de toutes les courbes géométriques en général, il prend pour l’équation générale de toutes ces courbes ya+bxTyT+cxlr =o, équation qui n'a que trois termes. Il eft vifble que cette équation eft in- fufifante, & qu’on doit lui fubflituer celle que nous venons de donner, Courbe cauflique. Voyez CAUSTIQUE. Coûrbe diacauftique. Voyez DIACAUSTIQUE, Les meilleurs ouvrages dans lefquéls on puiffe s’inftruire de la théorie des courbes , font, 1° l’esxrie. ratio Ünearum certii ordinis de M. Newton, d’où une partie de cet article COURBE eft tiréé : 2° l'ouvrage deM.Stirling fur le même fyet, &t Geometria arganica de M. Maclaurin, dont nous avons parlé : 3° les 4fa« ges de l’analyfe de Defcartes par M. l’abbé de Gua, déjà cités; ouvrage original & plem d'excellentes chofes, mais qu'il faut lire avec précaution (Voyez BRANCHE 6 REBROUSSEMENT, ) : é Prtroduftion LECZ 358 COU à l'aralyfe des lignes courbes, par M. Cramér ; ou- vrage très-complet, très-clair & très-inftruétif, & dans lequel on trouve d’ailleurs plufeurs méthodes nouvelles : $° l'ouvrage de M. Euler, qui a pour ti- tre , éatroductio in analyf. infinitorum, Laufan. 1748. Sur les propriétés, la génération , &c. des difté- rentes cowrbes méchaniques particulieres ; par exem- ple , de la cycloide, de la logarithmique , de la fpi- rale de la quadratice, 6:c. Way. les articles GX CLOI- DE , LOGARITHMIQUE,, Ec. On peut voir auf la derniere feétion de Pappli- cation de l’Algebre à la Géométrie, de M. Guifnée, où l’on trouvera quelques principes généraux fur les courbes méchaniques. Woyez auf MECHANIQUE & TRANSCENDANT, On'peut faire pafler une courbe géométrique &cré- guliere ; par tant de points qu'on voudra d’une courbe quelconque irréguliere , tracée fur le papiers car ayant imaginé dans le plan dercette courbe une ligne droite quelconque, qu’on prendra pour la ligne des abfcifles, &c: ayant abaïflé des, points donnés de la courbe irréguliere des perpendiculaires à la ligne des x, on nommera ala premiere ordonnée , &c à labf cifle qui lui répond; c la feconde ordonnée , & € l'abfciffe-correfpondanté; fla troifieme ordonnée, &c'g l’abfciffe correfpondante. Enfuite on fuppoïera une courbe dont l’équation doit y =.4 +.B x + Cx? + D'x2-4 Gc. &failantfuccefivementy=4,r=È; J=c,x=es y æf,x=8,,8&c.on déterminera les coefficiens 4, B,C, &c. en:tel nombre qu’on vou- dra ; & la courbe téguliere dont Péquation eft y = À +B x +Cx?, &c. paflera par tous les points don- nés. S'il y a z points donnés, il faudra fuppoier z co- eficiens 4, B,C,D ,:8&tc. On peut donc faire ap- procher auffi près qu'on voudra une courbe irrépu- liere d’une court résuliere;, mais jamais On ne par- viendra à faire coincider l’un. avec l’autre; & 1lne faut pas s’imaginer qu'on puifle jamais, à la vüe fim- ple , déterminer l'équation d’une courbe, comme Pa crû le géometre dont nous avons parlé au commen- cement de cet article. LS Les courbes dont l'équation y=44+8B8x+C x? &c.-s’appellent courbes de genre parabolique. Foyez PARABOLIQUE. Elles fervent à rendre une, courbe quelconque. irréguliere ou méchanique ,le plus géo- métrique: qu'il eft pofhble. Elles fervent auf à l’é- quarrer par approximation. Voyez QUADRATURE. Âu refte, il y a des courbes, par exemple, les cour- bes ovales où rentrant en elles-mêmes, par lefquelles on ne peut jamais faire pafler une courbe de genre pa- rabolique ; parce que dans cette derniere courbe Vor- donnée n’a jamais qu’une valeur, & que dans les courbes ovales, elle en a toùjours au moins deux. Mais on pourroit, par exemple, rapporter ces cour- bes , lorfqw’elles ont un axe qui les divife en: deux également, à l'équation y'y = 4 + .B x + Cx? + &c. Voyez METHODE DIFFERENTIELLE. … Courbe à double courbure. On appelle: ainf .une courbe dont tous les points ne fauroient être fuppo- {és dans un même plan, & qui par conféquent eft doublement courbe, 8&t par elle-même , & par la fur- face fur laquelle on peutla fuppoier appliquée. On diftingue. par cette dénomination les cozrbes dont il s’agit, d'avec les courbes à fimple courbure où cour- bes ordinaires. M. Clairaut a donné un traité de ces courbes à double courbure ; c’éft le premier ouvrage gu'ilait publié. à | . Une courbe quelconque”"à double courbure étant fuppofée tracée ; On peut projerter cette courbe fur deux plans différens perpendiculaires un à autre, & les projettions feront deux courbes ordinaires qui auront un axe commun & des ordonnées différentes. L’équation d’une de ces courbes fera, par exemple, en x & eny, l’autre en # & en 7. Ainfi l'équation COU d'une courbe à double courbure fera compofée de deux équations à deux variables chacune, qui ont chacune une même variable commune. Il eft à re- marquer que quand on a l'équation en x &c en y, & l'équation en x &t en 7, on peut avoir par les regles connues ( Voyez EQUATION & Division) une au- tre équation en y & en z ; & ce fera l’équation d’une troïfieme courbe ; qui eft la.projeétion de la rcourbe à double courbure fur un troifieme plan perpendicu- laire aux deux premiers. 2 A On peut regarder, fi l’on veut, une des courbes de projeétion , par éxemple:, celle qui a pour coor- données x & y , comme l’axe curviligne de la courbe à double courbure. Si on veut avoir la tangente de cette derniere courbe en-un. point quelconque, on menefa d’abord la tangente de la courbe de projeétion au point correfpondant, c’efl-à-dire au-point qui eft la projeétion de celui dont on demande la tangente ; & fur cette tangente prolongée autant qu'il {era né- ceffaire, on prendra une partie =, dsexprimant le petit arcde la courbe de proje&tion: on a le rap- port de ds à d x par l'équation de la cowrbe en x &c en y (Voyez TANGENTE ë DIFFERENTIEL ); On a Ce- lui de dx à d 7 par l'équation de la courbe en x & en 3. Donc LE pourra toüjours être exprimé par une quantité finie, d’où les différentielles, difparoîtront. Une courbe à double courbure eft algébrique, quand les deux courbes de projettion le font: elle, eft me- chanique, quand l’une des courbes de projeétion eft méchanique, ou quand elles le font toutes deux. Mais dans ce dernier cas on n’en trouvera pas moins les: tangentes ; car par l'équation différentielle des courbes de proje@ion, on aura tohjours la valeur de dsendx & celle de zen eut 00 Surfaces courbes. Une fürface courbe eft repréfentée en Géométrie par une équation àtrois variables, par exemple, x, y 87: En effet, fi on prend une ligne quelconque au-dedans ou au-dehors de la fur- face courbe pour la ligne des x, & qu’on imagine à cette ligne une infinité de plans perpendiculaires qui coupent la furface courbe, ces plans formeront au- tant.de courbes, dont l'équation fera en y & en 7, && dont le parametre fera la"diftance variable x-du plan coupant à l’origine des x. Ainfi,74=2xx-YYy; eft l'équation d’un cone droit & reétangle, dont l’axe eft la ligne des x. M. Defcartes eft le premier qui ait déterminé les furfaces courbes par des équations à trois Variables, comme les lignes courbes par des équations à deux. | | | .3 Une furface courbe eft géométrique, quand fon équation eft algébrique & exprimée-en termes finis, Elle. eft méchanique, quand fon équation eft diffé. rentielle & non algébrique ; dans ce cas.on peut re- préfenter l'équation de la furface courbe par d 7 = a d'X LCdy, à & 6 étant des fon@ions de x, de y & de 7. H femble d’abord qu’on aura cette furface courbe en menant à chaque point de la ligne des x un plan perpendiculaire à cette ligne. & en traçant enfuite fur ce plan la courbe dont équation eft d =Cd'y;x étant regardée comme un parametre con: ftant ,'&c d x étant fuppofée — 0. Cette conftruékion donneroit à la vérité une furface courbe ; mais il faut que la furface courbe fatisfafle encore à l’équationd'? y dx, y étant regardé comme conftant; c’eft-à= dire il faut que les feétions de la furface courbe, par un plan parallele à la ligne des x; foient repréfen- tées pat l'équation d 7= 4 d x. Or cela ne peut avoir Heu que lorfqu'il y a une certaine condmon. entre les quantités « & 6; condition que M. Fontaine, de Pacadémie des Sciences a découvert le premier. On, trouvéra auffi dans les mémoires de l'académie de Petersbourg , rome [11-des recherches fur la ligne là plus. courte que l’on puile tracer fur. une furface » sn COU courbe entre deux points donnés. Sur une furfacé pla- ne, la ligne la plus courte eft nne ligne droite. Sur une fuwface fphérique, la ligne la plus courte eft un, arc de grand cercle paflant par les deux points don- nès. Et en effet 1l eft aifé de voir, par les principes dé la Géométrie ordinaire ; que cet arc eft plus pe-. tit que tout autre ayant la même corde; car; àtcor- des égales, les plus petits arcs font ceux qui ontun. plus grand rayon. Foyez aufli les œuvres de Ber- noulk, some IF. page 108. La ligne dont iks’agit a cette propriété, que tout plan-paflant par trois points infiniment prochés, ou deux-côtés contigus de la courbe ,; doit être perpendiculaire au plan quu touche. la courbe en cet endroit. En voici la preuve, Toute courbe qui pafle par deux points infiniment proches, d’une furface fphérique , & qu’on péut toljours re- garder comme un arc de cercle, eft évidemment la li- gne laplus:courte, lorfqw'’elle eft un arc de:grand cercle ; & cet arc de grand cercle eft perpendicu- * laire au plan fouchant , comme on peut le démontrer æfément par les élémens de Géométrie, Or toute portion de furfacecowrbe infiniment petite peut être regardée comme une portion de furface fphérique, & toute partie de courbe infiniment petite commeun _ ærcde cercle. Donc, 6c. La perpendiculaie à la mé- ridienne de la France tracée par M, Cafini, eftune courbe à double courbure , & eft la plus courte qu’on puiffe tracer fur la furface de laterre regardéecomme un fphéroïdeapplati, Voyez les mémoires de l’acad.de 4732 & 1733. Voilà tout ce que nous pouvons dire fur cette matiere-, dans un ouvrage de l’efpece de. celui-ci. ot Des courbes méchamiques, & de leur ufage pour la confiruition d s) équations différentielles. Nous avons expliqué plus haut ce que c'eft que ces courbes. Il ne s'agit que d'expliquer ici comment on les conftruit, ou en généralcomment on_conftruit une équation a d x 24AX — XX différentielle. Soit ; par exemple, dy = US Up MISES Car DS eu laatol mr FF une équation à confiruire, on aura y = f/——— | ire ee: J'Wiax rx + €, C'étant une conftante qu'on ajoûte, parce que = - eft fuppofée = 0 lorfquêx —0 , & qu’on D2ax—%% tar! fuppofe que x = o rend y = C. Voyez CONSTANTE. On conftruira d’abord une courbe géométrique dont ——— lesabfciflesétantx, LA XX X l'aire de cette courbe (Voyez QUADRATURE. }fera £ a dd # f on fait un quatré 7 7 = les ordonnées foient —; ainf en fuppofant cette courbe générale, ZA XxX * cad mu «On aura y = . V2 AX XX Lt C, & on conftruira la courbe dont l’ordonnée eft y. ent : Cette méthode fuppofe, comme on voit, que les indéterminées foient féparées dans l'équation diffé- rentielle ( Woyez CALCUL INTEGRAL); elle fuppofe de plus les quadratures, fans cela elle ne pourroit réuflür. RL us Soit en général X 4x = Y dy, X étant une fonc- tion de x ( Foyez FONCTION ), & Ÿ une fonétion de y. On confiruira d’abord par la méthode précé- dente une courbe dont les abfcifles foient x, & dont les ordonnées 3 foient = #4 x divifé par une con- ftante convenable, c’eft-à-dire par une conftante 72 qui ait autant de dimenfôns quäl.y en a dans # ; enforte que JE foit d’une dimenfion, pour pou- voir être égale à une ligne 7. Enfuite on conftruira de même une courbe dont les abfcifles foient y, & AnE : ec dont les ordonnées zfoient = /-—7 ; prenant en- faite dans la dérniere-courbe. = 7 dans l’autre, on COU 380. | aura l'x &c l’y correfpondantes; & ces # & joints à angles droits, fi les coordonnées doivent faire un angle droit, donneront là courbe qu’on cherche. Voyez dans .la derniere feton de application dé: l’Algebre À la géométrie de M. Guifnée , 8 dans l’e- nalyfe des infiniment petits de M. de: l’'Hopital, plu. fieurs exemples de confit@ion dés équations difté- renticlles par des courhessméchaniques, (O). COURBE DES ARCS, v0yex TRO CHOÏDEA : COURBE DES SINUS, voyez SINUS. 0 15f CouRBEs, . f. ( Mar.) Ce font des pieces: d&bois beaucoup plus fortes & plus grofles que les courba: tons, dont-elles ont la figure: leur ufageeft de: lier: les membres des côtés du vaiflean aux baux, &ldé gros membres à d’autres. Voyez COURBATONS.n Sur chaque bout des baux on met uñelcowrbe ou courbaton , pour le foûtenir & lier le vaiffeaus Pour former une: courbe on prend ordinairement un plié d'arbre, au haut duquel il y a deux branches qui. fourchent, & l’on coupe ce-pié en deux, y laiffant: une branché fourchuede chaque côté. Aux grands ga: barits &c fous toute l’embelle,ole vaifleau ale plus d fouffrir, on ne peut mettre les covrbes trop fortes ; mais comme de f groffes pieces de bois diminuent! l’efpace poui l’arimage, on fait quelquefois des.cour- bes de fer de trois à quatre pouces de large, & d’un quart de pouce d’épais ; qu'on applique furles côtés des courbes qui font les plus foïbles, &c la branche fupérieure s’applhique aux baux avec des clous & des chevilles de fer. Foy. Marire, PL, F. fig. n°. rar. les courbes de fer du fecondpont, 8c PL IF. fig. 1. même 2°, 121: & celles du premier pont , mêmes. _ Planches, n°70. À l'égard des courbes ou courbatons qui fe pofent én-travers dans les angles de l'avant & de Parriere du vaifleau, on leur laiffe toûjours toute la groffeur: que le bois peut fournir, & l’on tâché d’en avoir d’unpié d'arbre entiet ohil n’y ait qu’une fourche, êt qui n'ait point été fcié, parce que celles qui font fciées font bien plus foibles ; & pour le mieux on tâche que Les courbes qui fe pofent en travers, ayent à l’endrait de bas des ferrebauquieres, autant d’é- paiffeur que le ban auquel elles font jointes, . Courbes d’arcaffe , ceiont des pieces de liaifon af femblées dans chacun des, angles de la poupe, d’un: bout contre la life de hourdi, & de l’autre contre les membres du vaileau. Foyez leur figure, Marine , PL VL. n°. Go. Courbe de contre-arcafle on contre-liffes ; ce{ont des pieces de bois pofées en fond de cale, archoutées par en-baut contre l’arcafle , & attachées du bout d’en-bas fur les membres du vaifleau. Courbe d'etambord ; c’eft une piece de boïs courbe, qui pofe {ur la quille du vaifleau d’un côté, & de l’autre contre l’étambord. Voyez Marine, PI 1F. fgrnen® 6. Courbes du premier pont, doivent avoir les deux tiers de l’épaifleur de Pétrave. Foy. leur fig. Marine, PI WI, n°. 68. Courbe: de la poulaine,:c'eft une piece de bois fi: tuée entre la gorgere ou taille-mer, l’étrave &zl’ai- guille de Féperon. Voyez PI. IF. fig. 1. cette courbe cottée 194. la gorgere , cottée 193. l’érrave ; n°, 3. & l'aiguille de l'éperon, 184: (2) COURSE, fe dit ez Charpenterie & Menuiferie ; de toute piece de bois ceintrée. COURBE D’ESCALIER , (Charpent.) c’eft celle qui forme le quartier tournant, autrement dit /e z0yau recreufé. Voyez PL. I. fig.2. du Charpentier. | Courbes rallongées , ont. celles dont les parties ceintrées ont différens points de centres. COURBE , (Maréchallerie.) Les Maréchaux appel: lent ainfi une tumeur dure:& calleufe qui vient en longueur au-dedans du jarret du cheval ; c’eft-à-dire 390 COU à la partie du jarrèt oppofée à l’une des jambes , de côté. (77) | Course, fe dit dans l’écrisure, des rondeurs fu- périeures & inférieures des lettres o, c, d, &cc. COURSE , terme de Riviere, piece de bois arron- die; placée des deux côtés d’un bateau foncet, tant derriereque devant, fur lefquelles on ferme les cordes du bateau : il y en a quatre dans un bateau. Voyez FonceT. Dans le pays d’amonton l’appelle la courbe bouletant. ‘Orfappelle encore fur les rivieres courbes de che- vaux, deux chevaux accouplés qui tirent les ba- teaux avec une corde pour les remonter. Il faut quelquefois jufqu’à douze courbes de chevaux, que l'on. nomme rhum. : COURBEÉ ; adj, en termes de Blafon , fe dit de la f- tuation naturelle des dauphins & des pars, aufli- bien que des faces un peu voütées en arc. Beget en Forêt ; d’azur au dauphin courbé d'argent, accom- pagné de trois étoiles de même. (7) | COURBET, f. m. (Bourl.) eft la partie d’un bât de mulet , placée en forme d'arcade fur Les aubes. COURBETTE , {. f. air de Manege , dans lequel le cheval leve fes jambes plus haut que dans la demi- volte. C’eft üne efpece de faut en l'air & un peu en devant, dans lequel le chevalleyeen même tems fes deuxfjambes de devant, enles avançant également (lorfqu'il va direétement en devant fans tourner) ; ëc dès qu'il les baïfe , il éleve celles de derriere, en les ayançanttoûjours également en devant, de forte que fes quatre piés font en Pair au même tems , & en les pofant il n’en marque que deux fois. Yoy. AIR. Les chevaux qui ont trop de feu, & ceux qui n’en ont pas aflez, ne valent rien pour les courberres , ce faut étant le plus difficile , & demandant beaucoup de jugement dans le cavalier , & de patience dans le cheval. Chambers. On dit mettre un cheval à l'air des courbettes , cheval qui fait des courbettes , qui manie & courbettes ;\ qui fe préfente de lui-même à courbettes. Un cheval bat la poudre à courbetres , quand il les hâre trop, & qu’elles font trop bañles. Il eft dangereux que le jar- don ne vienne aux chevaux qu’on fait manier à cour- bestes avec excès. Les éparvins les font harper & le- ver lesjambes, & le cheval en rabat les courbertes plus haut. Rabattre la courbette ; c’eft pofer à térre les deux piés de derriere à la fois. Terminer La courberte, c’eft la même chofe. La demi-courberte eft une petite courberte dans la- quelle le cheval ne s’éleve pas tant qu'à la courbette, Faire la croix a courbettes , c’eft faire cette efpece d’air ou de faut tout d’une haleine en avant, en ar- riere , aux côtés, comme une figure de croix. (7) . COURBETTER , (Manege.) c’eft faire des cour- bertes. Cheval qui ne fait que courberter. COURBURE, £.f.(Géom.)On appelle ainf la quan- tité dont un arc infiniment petit d’une courbe quel- conque, s’écarte de la ligne droite : of un arc infini- ment petit d’une courbe peut être confidéré comme un arc de cercle (voyez DÉVELOPPÉE ) ; par confé- quent on détermine la courbure d’une courbe par celle d’un arc de cercle infiniment petit. Imaginons donc fur une corde infiniment petite, deux arcs de cercle qui ayent différens rayons ; le plus petit fera plus écarté de fa corde que le plus grand, & on démon- tre en Géométrie que les écarts feront en raïfon in- verfe des rayons des cercles : donc en général la courbure d'un cercle eft en raifon inverfe de fon rayon, & la courbure d’une courbe en chaque point eft en raïfon inverfe de fon rayon ofculateur. Au refte il y a de l’arbitraire dans cette définition; car fi d’un côté on peut dire qu’un arc de petit cercle eft plus courbe qu’un arc de grand cercle rapporté à la COU | # we 1 s même corde , On pent dire d’un autre côté que ces arcs font également courbes, rapportés à des cordes différentes & proportionnelles à leurs rayons ; & cette façon de parler pourroit être admife aufli, d’au- tant que les cercles {ont des courbes femblables. En nous conformant à la prenuere définition , ileft clair que la courbure d’une courbe en un point quelconque eft finie, fi le rayon ofculateur en ce point eft fini ; que la courbure eft nulle, fi le rayon ofculateur eft infini ; & que la courbure eft infinie, fi le rayon of- culateur eft =0o. Voyez le Scholie fur le lemme XI. des princ. math. de Newton, /. 1. M. Cramer, chap. xij, 6 M. Euler, Z. II. ch. xiv. Il y a cependant fur ce dernier chapitre quelques obfervations à faire, Voyez REBROUSSEMENT. (0) Courbes a double courbure, voyez COURBE. CourRBURE, en bétiment, eft l’inclinaïon d’une: ligne en arc rampant , d’un dôme, 16c. ou le revers d’une feuille de chapiteau. (2) COURCAILLET , f. m. (Chaffe.) C’eft le cri que font les cailles ; c’eit aufi un petit difflet qui imite le cri des caïlles, & qui fert d’appeau pour les attirer : il eft fait d’un morceau de cuir ou de peau qui forme un petit fachet rond, fermé par un des bouts, qu’on remplit dexcrin, qui fe phfle , s’étend,, fe refferre, & fait refonner le fifflet qui eft à Pautre bout. COURCE, L. m. (con. rufiq.) eft le bois qu’on laifle à la taille de la vigne. | COURCIVE , ff. (Marine) C’eft un demi-pont que l’on fait de l'avant à l’arriere de chaque côté, à certainspetits bâtimens qui ne font pas pontés. Dans d’autres les courcives font des ferre-gouttieres ou pie- ces de boïs qui font Le tour du vaifleau en-dedans ; & qui lui fervent de liaifon. Voyez CouLoirs. 7 COURÇON , cn: termes de Fondeur, eft une piece de fer longue qui fe couche tout du long des moules des pieces de canon, & qui fert à les bander & fer- rer. CoURÇON , terme de Riviere, eft un pieu qui refte dans les rivieres , de quelques otivrages ou batars deaux qu’on y a faits, & qui bleffe quelquefois les bateaux, On fe fert auf de ce mot pour exprimer un bois qui n’a,pas la longueur marquée par l'ordonnance. .'COUREAU , f. m. terme de Riviere, c’eft un petit bateau de la riviere de Garonne, qui fert à charger les grands bateaux. (Z) | COURÉE , COUROI, COURRET, f. m. (Ma- rire.) c’eft une compoñition de fuif, d'huile , de fou- fre, de réfine ou brai, &c de verre brifé ou pilé,. dont on enduit le fond des vaiffeaux par-deflous afin de conferver le bordage, & le garantir des vers qui s’engendrent dans le bois , & le criblent ; ce que l’on fait fur-tout aux vaifleaux que l’on deftine pour les voyages de long cours. On dit dorner la courée au navire, lor{qu'onenduit toute la partie qui eft fous l’eau avec la couree, (Z) COURESSE, f. f, GE nät.) La coureffle, ainf nommée aux Antilles, eft une couleuvre qui n’ex- cede guere la longueur de trois à quatre piés; elle: eft menue, mouchetée, vive , ne faifant point de mal. Les Negres prétendent qu’elle détruit les rats &c les infeétes, auffi la laiffent-ils venir dans leurs cazes. Art. de M, LE ROMAIN. COUREUR , f. m. (Gram.) en général, homme léger à la courie. : COUREUR , (Art milir.) cavaliers détachés pour battre l’eftrade & reconnoître l'ennemi. On le dit auffi de ceux qui s’échappent du camp, ou qui s'é- cartent dans les marches pour aller èn maraude. CourEuUR, domeftique gagé par un grand fei- gneur pour leprécéder quand 1l fort, 8 exécuter fes ordres avec promptitude, Les co#reurs font en vefte, ont un bonñet particulier, une chauflure lésere, & un gros bâton ferré par le bout : l’ufage nous en eft venu d'Italie. COUREUR DE VIN, officier qui porte à la fuite du Ror, à la chaffe &c ailleurs , du vin, de l’eau, & de quoi fe raffraichir. CourEur, (Manege.) On appelle ainfi un che- val qui a la queue & une partie dés crins coupés, & qui eft propre pour la courfe , & particulierement pour la chañle & la bague, Coureur de bague, cheval propre à courir la bague. Voyez BAGUE. (7) COUREURS DE BOIS, (Comm.) habitans de Ca- nada qui vont trafiquer de pelleterie avec les Sau- vages les plus éloignés, en fuivant les lacs dans des canots. | COURGE,, f. f. (Jardin) cucurbita. Il y a trois efpèces de courges ; la premiere eft appellée cucurbita longa ; la feconde , cucurbita larior ; la troïfieme,, cu- curbita minor. Cette plante poufle plufieurs farmens aufh rampans que ceux de la citrouille, qui s’atta- chent par les mains à des perches ; fes feuilles font grandes 8 crenelées en quelquesendroits ; fes fleurs {ont des cloches blanches , velues 8 découpées en cinq parties. Après cette fleur vient un fruit cylin- drique qui a trois ou quatre piés de long, & gros à proportion ; il renferme des femences couvertes d’une écorce dure, où l’on trouve une amande blan- che &c agréable au goût, c’eft une des quatre fe- mences froides, Ces trois efpeces ne different que par le fruit, qui eft fouvent femblable à une bouteille qui a le cou étroit. (X) COURGE où CALEBASSE, ( Mariere med. & diet.) La chair ou pulpe de la courge eft très-aqueufe , mais cependant un peu nourriflante ; elle éteint la foif; elle eft propre par conféquent dans les ardeurs d’en- trailles, & dans les conftipations qui dépendent de cette caufe ; elle relâche les premieres voies , & eft bientôt évacuée par les felles. On ne la mange point crûe, à caufe de {on goût fade & infipide ; mais elle eft fort en ufage dans plufieurs pays , comme dans -les provinces méridionales du royaume, apprêtée de différentes façons : on l’employe fur-tout dans les potages, comme tant d’autres légumes. Voyez LÉGUMES. Les Medecins ordonnent aufli communément dans ces contrées, par exemple, à Montpellier, Peau de courge , qui n'eft autre chofe qu’une légere décoc- tion & expreflion de leur chair, dansla vûe de raf- fraichir & de tempérer, & prefque dans les mêmes cas où l’on employe à Paris l’eau de poulet, l’eau de veau, le petit-lait, 6. cependant beaucoup moins fréquemment , parce que cette indication de raffrai- chir ou de tempérer fe préfente bien plus rarement dans la pratique des premiers. La femence de courge, qui eft émulfive, eft une des quatre grandes femences froides. (2) COURGE , en bâtiment , eft une efpece de corbeau de pierre ou de fer, qui porte Le faux manteau d’une cheminée. … Courge de bâtiment, eft un bâton d'environ trois piés de long , un peu courbé, avec deux hoches aux deux bouts , pour tenir les anfes de deux feaux êtes porter en équihibre fur l'épaule. (P) COURIER , f. m. (if. anc. 6 mod.) poftillon dont la fonétion & profeffion eft de courir la pofte, & de porter des dépèches en diligence. oyez Pos- TES, L’antiquité a eu aufli fes couriers ; elle en a eu de deux fortes: des cowriers à pié, que les Grecs ap- pelloient kemerodrom: , c’eft-à-dire couriers d’un jour. Pline, Cornélius Népos & Céfar parlent de quelques- uns de çes cowriers, qui ayoient fait vingt, trente ù #4 CO U 391 8 trente-fix lieues & demie en un jour, 8 jufqu’à la valeur même de quarante dans Le cirque pour rem- porter le prix; des couriers à cheval, qui changeotent de chevaux comime on fait aujourd’hui. … Xénophonattribue l’ufâge des premiers cozriers À Cyrus ; Hérodote dit qu'il étoit ordinaire chez les Perfes, & qu'il ny a rien dans le monde de plus vite que ces fortes de meflagers. Cyrus, dit Xénophon, examuna ce qu’un cheval pouvoit faire de chemin par jour, & à chaque jour- née de cheval il fit bâtir des écuries, y mit des che- vaux, & des gens pour en avoir foi. Il y avoit auf dans chacune de ces poftes un homme qui, quand il arrivoit un courier, prenoit le paquet qu'il appor- toit, montoit fur un cheval frais; &tandis que le pre- mier fe repofoit avec fon cheval, il alloit porter les dépêches à une journée de-là, où il trouvoitunnou- veau cavaher qu'il en chargeoït, & ainfi de même jufqu’à la cour. Il n’eft pas für que les Grecs mi les Romains ayent eu de ces fortes de poftesreglées ayant Augufte, qui fut le premier qui les établit ; mais on couroit en char. On courut enfuite à cheval, comme il paroït par Socrate. Sous l’empire d'Occident on appelloit les coutiers ylatores ; & fous les empereurs de Conftantinople, curfores ; d’où eft venu leur nom. Chambers. (G) On voit encore que fous Dioclétien il y avoit des relais établis de diftance en diftance. Loique Conf- tantin eut appris la mort de fon pere Confiance qui gouvernoit les Gaules & les iles Britanniques , il prit fecretement & nuitamment la pofte pour lui venir fuccéder dans les Gaules ; &c dans chaque rélais où il arrivoit, il faifoit couper le jarret des chevaux qu'il y laïfloit, afin qu’on fût hors d’état de le fuivre © de l’arrêter, comme on en eut le deflein le lende- main matin, mais il n’étoit plus tems. Après la déca- dence de PEmpire, les poftes furent népligées en occident , & le rétabliflenrent en eft dû à l’univerfité de Paris, laquelle, pour le befoin des écoliets, éta- blit des cowriers ou meflageries en France, &c l'an 1462 le roi Louis XI. établitles couriers & les poftes dans toute la France. Cependant l'univerfiré de Paris confervoit tobjours fon droit fur les courièrs 8 met. fageries. Après bien des conteflations, on en eft venu en 1719 à un accommodement ,. qui eft que luniverfité auroit pour fa part 8c portion dans la ferme des poftes, le vingt-huitieme de l’adjudication annuelle. Sur quoi voyez ce qui fera dir ci-après an mot "MESSAGERIES. Cet établiffement des couriers a paflé enfuite dans les autres états, où il eft regardé, ainfi qu’en France, comme un droit du fouvetain. L'empereur d’Alle- magne établit en titre d'office un grand-maître des poftes & couriers de l’empire ; cependant plufeurs princes de l'empire croient pouvoir ufer pareille- ment de ce dreit. (a). On appelle couriers du cabiner céux qui portent les dépêches du Roi ou de fon confeil. CoURIER , (Jurifprid.) correarius où conrearius; étoit le procureur ou intendant d’un évêque, abbé, prieur, où communauté eccléfiaftique. On appelle encore courter, chez les Chartreux , celui qui faït là fonétion de procureur dans la maifon. Le courier des évêques ou autres eccléfiaftiques faifoit quelquefois les fonétions de juge, ou celles de procurèur fifcal. On voit dans une fentence arbitrale, rendue en 1:94 par Raymond des Baux prince d'Orange, entre lé: vêque de Die êc les habitans dé la même ville, que le courier ÿ avoit une jurifdiétion réglée ; que le chas pitre de Die avoit aufli un courier, dont la jurifdiétion ne s’étendoit que fur ceux dumême corps & fur leurs domeftiques, au lieu que celui de l'évêque rendoit 392 COU da juftice aux étrangers aufli-bien qu'aux habitans de la ville, & connoiffoit de toutes fortes d’affaires. L’archevêque de Vienne, comme abbé de S. Ber- nard de Romans, avoit aufli un courier qui exerçoit {a juftice dans la ville ; cela réfulte d’une fentence arbitrale de 1294, par laquelle il paroît que cet of- ficier avoit la police & la correthion des mœurs ; qu'il pouvoit reprimer la licence &c les defordres, comme la proftitution des femmes mariées. Le courier que ce même archevêque avoit à Vien- ne, n’avoit prefque d'autre fonétion que de tenir la main à l’exécution des jugemens , & à la punition des criminels qui étoient condamnés ; 1l prenoit quel- quefois auff le titre de vice-gérent ou lieutenant. Lors du procès que Parchevèque de Vienne euten 1339 contre le dauphin Humbert, il prétendoit que fon courier pouvoit en outre informer de toutes for- tes de crimes & de malverfations, faire emprifonner les accufés , établir des gardes pour la füreté de la ville , avoir infpeëion fur la police de la ville, & plufieurs autres droits. A Grenoble, le courier de l’évêque avoit droit de convoquer l’arriere-ban & les milices, faire mettre les habitans fous Les armes au nom de l’évêque ; c’eft ce qui paroît par une aflignation donnée au crieur- public, pour comparoître en jugement au fujet d’une proclamation faite par ordre du courier de l’évêque, dans laquelle il avoit excéde les limites de Ia jurif- diétion , & entrepris fur celle du dauphin. Il eft parlé de ces couriers & de leur jurifdiéhon , dans une ordonnance du roi Jean du mois d'Oftobre 1358. Voyez l'hifloire de Dauphiné, par M. de Val- bonay. (4) COURIR , en terme de Marine, c’eft faire route : on dit courir au nord, courir au fud, pour fignifier faire route au nord Où au fud. Quand on apperçoit à la mer un vaifleau qu’on dit courir à l’eft ou à l’oueft, c’eft dire qu'il fait route vers l’eft ou vers l’oueft. Si l’on dit qu’il court à l’au- tre bord , il faut entendre qu'il fait une route con- traire à celle que tient celui qui le voit. Courir une bordée, ( Marine.) c’eft faire route fur un côté, jufqu’à ce qu'on revire pour cozrir de l’autre côté. Courir fur La terre, ( Marine.) c’eft lorfqu'on voit une terre, ou qu’on eftime n’en être pas éloigné, on fait route pour s’en approcher. Courir terre a terre, ( Marine.) c’eft naviger Le long # de la côte ; ranger la côte. Courir le bon bord, ( Marine.) c’eft une façon de parler de corfaires, pour dire qu’il ne faut attaquer* que des vaifleaux marchands, dont la prife peut être bonne 8 avantageufe. Courir, la côte court, ( Marine. ) on fe fert de ce mot pour fignifier que les terres s'étendent & regnent fivant un certain sifflement, ou felon tel air devent. Lorfqu’on ditqu’une chaîne de roche ou qu’un banc de fable court au fud-oueft deux lieues, c’eft dire qu’il s'étend à cette diftance fur cet air de vent. Fais courir, (Marine. ) terme de commandement qu’on fait au timonier, pour qu'il fafle porter plein les voiles , on qu'iln’aille pas au plus près du vent. Courir fur fon ancre, ( Marine.) c’eft lorfque le vaif- feau eft porté ou chaflé parle vent ou le courant de la mer, du côté où fon ancre eft mouillée. (Z) Courir , (Jurifprud.) a dans cette matiere plu- fieurs fignifications. _ Ondit, par exemple, qu'une procédure empêche la peremption ou la prefcription decourir. Il faut une demande exprefle pour faire courir Les intérêts. On dit auffi courir un bénéfice, pour dire envoyer à Rome pour l'obtenir. Foyez COURSE 6 COURSE AMBITIEUSE. (4) . Courir, dans le Commerce, a diverfes fignificaz tions. | On dit que les intérêts d’une fonime commencent 4 courir, quand ils commencent à être dûs. Les in- térêts des fommes dûes pour marchandifes, ne coz- rent que du jour que la demande a été faite en jufti- ce par le créancier, & qu'il eft intervenu un juge- ment qui y condamne le débiteur. Courir fur le marché d'autrui, c’eft vouloir avoir une marchandife dont un autre eft en marché, en enchériffant fur lui, ou en offrant de meilleures con- ditions. Courir franc, terme de négoce d'argent | qui {e dit lorfque les agens de banque ne prennent rien pour leur falaire des lettres-de-change qu'ils font fournir pour de l'argent comptant. Dicfionn., de Comm. (G) Courir, (Manége.) c’eft faire galoper un cheval de toute fa force. Trop courir un cheval, c’eft l’ou- trer , le faire courir trop vite & trop long tems. Courir à toutes jambes ou à tombeau ouvert, c’eft faire cou rir {on cheval tant qu’il peut. (7 Courir, v. neut. rerme d’ourdiffage ; il fe dit d’un fil de laine , de foie, de fil, lorfqu'il fournit beau- coup d’étoffe ou d'ouvrage. Il court d'autant plus, qu'il eft plus fin. CouriR, fe dit aufi ez Géographie, Cette fuite de montagnes, dit-on, court eft-oueft, pour dire qu’elle eft dirigée de l’eft à l’oueft ; cette côte cours entre loueft& l’oueft-fud-oueft, pour dire que fa direétion eft entre l’oueft & l’oueft-fud-oueft, &c. & ainfi des autres. (O0) . COURLIEU. Voyez CORLIEU. COURLIS. Voyez CORLIEU. COURMONTERAL , ( Géog. mod.) petite ville de France, au bas Languedoc, près de Montpellier. COURONDI, f. m. (if. nat. bor. exor.) srand arbre, toüjours verd, qui croît aux environs de Pa- racaro & dans les Indes orientales. Belle defcription! COURONNE, f. f. er Géométrie, eft un plan ter- miné ou enfermé par deux circonférences paralleles de cercles inégaux, ee un même centre , & qu’à caufe de cela on appelle cercles concentriques. On a la furface de la couronne, en multipliant fa largeur par la longueur de la circonférence moyenne arithméti- que entre les deux circonférénces qui la terminent, c’eft-à-dire que fi l’on veut mefurer la couronne dont la largeur eft 4 B, (fig. 11. Géom.) & qui eft termi- née par les cercles dont les rayons font C 4 & CB, il faut prendre le produit de la largeur 4 B & de la circonférence décrite du centre € par le point de milieu D de la largeur 4 8. La démontftration en eft bien fimple ; foit z le rayon du grand cercle, c fa cir- conférence, fera fon aire ; foit r le rayon du pe- PT 2 Y P Tr cr 0 a £ re = titcercle, = x— ou = fera fon aire; donc la aa 24 différence des deux aires, c’eft-à-dire la {urface de TT Le gestr, la couronne = — — 7 — (a r) x RS Or AB=a= r, & la circonférence dont le rayon eft CD, a pour exprefion+ x ("+= )=c 7) Donc, &c. (0) COURONNE BORÉALE , ez Affronomie , eft une conftellation de l’hémifphere feptentrional, où il y a 8 étoiles felon le catalogue de Ptolomée, autant dans celui de Tychobrahé, & 21 felon le catalogue Britannique, &c. (0) | COURONNE MÉRIDIONALE, (4/fronomie.) conf tellation de l’hémifphere méridional, compofée de 13 étoiles. (0) COURONNES DE COULEURS, (Phy/ique.) ou an- neaux colorés qu’on voit autour des aftres ; on les | appellé C O Ÿ appelle autrement & plus communément 4a/os, Foy. HaLo. (0) COURONNE IMPÉRIAEE ; ( Hif£. nat, bot.) corona émperialis; genre de plante dont les fleurs font dif- poiées, pour ainf dire, en couronne furmontée d’un bouquet de feuilles, ce qui a fait donner le nom de couronne impériale à cette plante. Chaque fleur ef li- hacée & faite, pour ainfi dire , en forme de cloche, & compofée de fix pétales ; le piftil qui occupe le milieu de la fleur devient dans la fuite un fruit garni d'ailes longitudinales, & divifé en trois loges, & il renferme des femences applaties , placées les unes fur les autres. Ajoutez au cara@tere de ce genre, que la racine eft compofée de tuniques, & fibreufe dans fa partie inférieure. Tournefort, 22/2. rei herb. Voyez PLANTE. (1) COURONNE 1IMPÉRIALE, (Mutiere med.) Toutes les parties de cette plante font vénéneufes, mais fur- tout fa racine, qui eft un bulbe ou oïgnon, qui, fe- lon Wepfer, pris intérieurement, produit les mêmes effets que la ciguë. Voyez CIGUE. Cette racine eft eftimée réfolutive : elle entre dans Vemplâtre diabotanum de Blondel. COURONNE, 1. f, (Hiff. anc. & mod.) marque de dignité, ornement que les rois & les grands mettent fur leur tête pour marquer leur pouvoir, & qu’on regarde aufli comme un fymbole de vi&toire, de joie. Voyez Roï. L’antiquité la plus réculée ne défera les couronnes qu'à la divinité. Bacchus, f l’on en croit Pline, s’en para le premier après la conquête des Indes. Phere- cydes, cité par Tertullien, de coroné, rapporte l’o- ngine des couronnes à Saturne ; Diodore l’attribue à Jupiter après fa viétoire fur les Titans ; Fabius Pi@tor à Janus, & dit que cet ancien roi d'Italie s’en fervit le premier dans les facrifices. Léon l’'Egyptien affüre v'Ifis fe couronra la premiere d’épis de blé, parce qu'elle avoit appris aux hommes l’art de le femer & de le cultiver. ‘ La plüpart des auteurs conviennent que la couron- ne étoit dans fon origine, plutôt un ornement du fa- cerdoce que de la royauté; les fouverains la prirent enftite, parce qu'alors ces deux dignités, du facer- doce &r de lempire, étoient réunies. Les premieres couronnes n’étoient qu’une bande- lette nommée diadème, dont on fe ceignoit la tête, & qu'on lioit par-derriere, comme on le voit aux têtes de Jupiter, des Ptolomées , & des rois de Sy- rie, fur les médailles. Quelquefois on les faifoit de deux bandelettes, enfuite on prit des rameaux de différens arbres, aux- quels on ajoüta des fleurs. Tertullien ; de coroné , écrit que felon Claudius Saturninus il n’y avoit aucune plante dont ôn n’eût fait des couronnes, Celle de Jupiter étoit de fleurs ; elle eft fouvent de laurier fur les médailles, Celle de Junon, de vigne ; celle de Bacchus , de pampre & de raïfin, de branches de lierre chargées de fleurs & de fruits; celles de Caftor, de Pollux, & des fleu- ves, de rofeaux; celle d’Apollon, de rofeaux ou de laurier ; celle de Saturne, de figues nouvelles; cel- le d'Hercule, de peuplier; celle de Pan, de pin ou d’hyeble ; celle de Lucine , de diétame ; celles dés heures, de fruits propres à chaque faifon; celles des graces, de branches d’olivier, aufli-bien que celle de Minerve; celle de Venus, de rofes ; celle de Ce- rès, d'épis aufh-bien que celle d’'Ifis; celles des La- res, de noÿer ou de romarin, en quoi l’on fuivoit opinion commune dans le paganifme, que ces ar- bres ou plantes étoient particulierement confacrés à cés divinités. J’oyez GUIRLANDE. Non-feulement les couronnes furent employées pour décorer les ftatues &z défigner les images des dieux, pour les prêtres dans les facrifices, pour mar- Tome IF, | COU 393 quer Pautorité dans les prêtres & les fouverains, mais On coronnort encore les autels, les temples, les portes des maïfons , les vafes facrés, les vidimes, les navires ,| 6. On couronnoir auffi les poëtes, ceux qui remportoient la viétoire dans des jeux folennels, les gens de guerre qui fe diftinguoient par quelque exploit. Voyez OLYMPIQUES. À Quelques auteurs concluent de certains paflages d'Eufebe de Céfarée, que les évêques portoient au- trefois des coxronnes, On trouve fur les médaïlles quatre fortes de cou. rornes propres aux émpereurs Romains ; 1°. une coz- ronre de laurier ; 2°. une couronne rayonnée; 3°. une couronne ornée de perles , & quelquefois de pierre- ries ; 4°. une efpece de bonnét À-peu-près femblable à un mortier où bonnet, tel que les princes de l’em= pire le mettent fur leur écu. Jules Céfar.obtint la permiffion du fénat de porter la premiere, à caufe, dit-on, qu'il étoit chauve; fes fuccefleurs l’imiterent. La couronne radiale n’étoit accordée aux princes qu'après leur mort ; mais Né- ron la prit de fon vivant. On les voit fur les médail- les avec la couronne perlée ; mais Juftinien eft lé pre- mier qui ait porté celle dela quatrieme efpece, que Ducange nomme camelancium, & qu'on a confondu avec le mantelet, qu’on appelle camail, à caufe de la refflemblance de ce mot, quoique l’un foit fait pour couvrir les épaules, & l’autre pour couvrir la tête. | ‘LEA La couronne papale‘eft compofée d’une tiare & d’une triple couronne qui l’environne ; elle a deux pendans, comme la mitre des évêques. Voyez Tra- RE 6 PAPE. La couronne impériale eft un bonnet ou tiare avec un demi-cercle d’or qui porte la figure du monde, cintré &c fommé d’une croix. | La couronne du roi d’Angletérre eft rehauflée de quatre croix, de la façon de celle de Malte, entre lefquelles il ÿ a quatre fleurs-de-is ; elle eft couverte de quatre diadèmes,, qui aboutiffent à un petit globe furmonté d’une croix. | Celle du roi de France eft un cercle de huit fleurs: de-lis, cintré de fix diadèmes qui le ferment, & qui portent au-deflus une double fleur-de-lis qui eft le ci- mier de France. Quelques-uns prétendent que Char- les VIT. eft le premier qui aît pris la couronne fermée, lorfqu’il eut pris la qualité d’empereur d'Orient, en 1495; cependant l’on voit dans les cabinets des cu- rieux , des écus d’or & autres monnoies du roi Louis XIT. fucceffleur de Charles VIIL. où la cozronne n°’eft point fermée. Il paroît donc qu’on pourra rapporter cet ufage à François I. qui ne vouloit céder en rien à Charles-Quint &c à Henri VIIL. qui avoient pris là couronne fermée. Celles dés rois de Portugal, de Danemark, & de Suede, ont des fleurons fur le cercle, & font fer- mées de cintres avec un globe croiïfé fur le haut. La couronne des ducs de Savoie ; comme rois de Chy- pre, avoit des fleurons fur le cercle , étoit fermée de cintres, & furmontée de la croix de S. Maurice fur le bouton d’en-haut: celle du grand duc de Tof- cane eft ouverte , à pointes mêlées de grands trefles fur d’autres pointes, avec lafleur-de-lis de Florence au milieu. Celle du roi d’'Efpagne eft rehauflée de grands trefles refendus , que l’on appelle fouvent kaurs flen- rons , & couverte de diadèmes aboutiffans à un glo- be furmonté d’une croix. TENTE La nobleffe fur fes armoiries porte aufli des cou ronnes, qu'on appelle couronnes de cafques ou COHrOTt- nes d’écuffons. Elles font de différentes formes , felon les divers degrés de nobléffe ou d’illuftration: Onen diftingue de cinq foïtes principales : 1°. la couronne ducale ; toute de fleurons à fleurs d’ache ou de per: 3924 COU fil: 2°. la couronne de marquis ; qui eft de fleutons ë£ de perles mêlées alternativement: 3°. celle de coz- te, compofée de perles fur un cercle d’or: 4°. celle de vicomte eft auffi un cercle, avec neuf perles entaf- fées de trois entrois: $°. celle de baroz, qui eft une efpece de bonnet avec un colier de perles en ban- des. Mais tout cela varie & pour la forme des fleurons & pour Le nombre des perles , fuivant les différentes nations ; & même, à l'exception des cowronnes des ducs & pairs, les autres font ordinairement au choix de ceux qui les mettent fur le timbre de leurs armes. À Venife, les nobles ne mettent aucune couronne {ur leurs armes; celles du doge feul font furmontées du bonnet ducal : à Genes, les vingt-huit familles prin- cipales portent fur leurs armoiries la couronne duca- le : à Rome , nul cardinal, quoique prince , n’en met aucune fur fon écuflon. Au refte, toutes ces couron- nes de la noblefle font ouvertes, même celles des princes du fang en France, qui font compofées d’un cercle d’or furmonté de fleurs-de-lis. Le dauphin portoit autrefois une couronne rehauflée de fleurs- de-lis, & fermée de deux cercles en croix avec une fleur-de-lis au fommet : maintenant elle eft fermée par quatre dauphins, dont les queues aboutiflent à un bouton qui foûtient la fleur-de-lis à quatre an- gles, Les Romains avoient diverfes couronnes pour ré- compenfer les exploits militaires. La couronne ovale qui étoit la premiere, étoit faite de myrthe; on la donnoit aux généraux qui avoient vaincu des efcla- ves ou d’autres ennenus, peu dignes d'exercer la valeur romaine, & à qui on décernoit Les honneurs du petit triomphe appellé ovation. Foyez OVATION. La feconde étoit la zavale ou roffrale , qui étoit un cercle d’or relevé de proues & de poupes de navi- rés, qu’on donnoit au capitaine ou foldat , qui le pre- mier avoit accroché ou fauté dans un vaifleau en- nemi. /’oyez ROSTRAL € NAVAL. La troifieme nommée vallaire ou caftrenfe , étoit auf un cercle d’or relevé de paux ou pieux, que le général donnoit au capitaine ou foldat qui avoit fran- chi Le premier le camp ennemi, & forcé la paliflade. La quatrieme appellée murale, étoit un cercle d’or furmonté de creneaux ; elle étoit le prix de la bra- voure de celui qui avoit monté le premier fur la mu- raille d’une ville afiégée, & y avoit arboré l’éten- dart: c’eft auffi fur les médailles l’ornement des gé- nies & des déités qui protégeoient les villes, & en particulier de Cybele. La cinquieme appellée civique, faite d’une bran- che de chêne verd, s’accordoit à un citoyen qui avoit fauvé la vie à un autre dans une bataille ou un aflaut. Voyez CIVIQUE. = La fixieme étoit la riomphale , faite de branches de laurier; on l’accordoit au général qui avoit don- mé quelque bataille ou conquis quelque province : mais lan 569 de Rome, le conful Claudius Pulcher introduifit l’ufage de dorer le cercle de la couronne ; bientôt elles furent converties en or maflif. Les Grecs 'en décernerent une à T. Quintius Flaminius. Poyez TRIOMPHE. . La-feptieme étoit l’ob/idionale ou graminée , parce qu’elles fe faïfoit de gramen , ou des herbes qui fe trouvoient dans la ville ou le camp affiégé ; elle étoit décernée aux généraux qui avoient délivré une ar- mée-ou une ville romaine afliégée des ennemis, & qui les avoient obligés à décamper. La-huitieme étoit aufli-une couronne de laurier, que les Grecs donnoient aux athletes , &c les Ro- mains à ceux qui avoient ménagé ou confirmé la paix avec lesennemis: c’étoit la moins eftimée. C’eft une chofe digne deremarque, que chez les Romains, ui connoïfloient , dit-on , la véritable gloire , cel- COU le d'avoir donné la paix à fon pays, für la moindre de toutes. Chez les Romains on donnoit encore une cowron- ne où bandelette de laine aux gladiateurs qu’on met- toit en liberté. Tout le monde fait que les anciens, dans les facrifices , fe couronnoient d’ache , d’oli- vier, de laurier ; qu’ils portoient dans leurs feftins & autres parties de plaifir, des chapeaux de lierre, de mirte, de rofes, &c. mais que dans les funérail- les ils ne portoient que des couronnes de ciprès. Le P. Daniel dit que S. Louis dégagea à fes frais la couronne d’épines de N. S. qui avoit été engagée par Baudouin , empereur de Conftantinople , pour une très-grofle fomme d'argent, & qu'il la fit tranf- porter en France avec beaucoup de pompe & de cé- rémomie. On la garde encore aujourd’hui dans la Sainte - Chapelle. L'auteur de l’hiftoire de S. Louis affûre qu’elle fubfftoit de fon tems, & que les épi- nes en étoient tohjours vertes. Quelques auteurs après Clément Alexandrin, prétendent qu’elle étoit de ronce, ex rubo ; d’autres,qu’elle étoit de nerprun, ex rhamno ; d’autres, d’épine blanche; & d’autres, de jonc marin. On prétend que ce mot couronne vient de corne , parce que les couronnes anciennes étoient en pointe & que les cornes étoient des marques de puiffance, de dignité , de force, d'autorité , & d’empire ; & dans la fainte Ecriture, les mots de corzz & cornua font fouvent pris pour la dignité royale : delà vient que corne & couronne en hébreu font expliqués par le même mot. Charles Pafcal a donné un traité parti- culier des couronnes. Baudelot, dans fon Aifloire de Ptolomée Auletes , a fait beaucoup de remarques qui avoient échappé à Pafcal. Nous avons de M. Du- cange une favante & curieufe differtation fur les couronnes de nos rois; &c d’un Allemand nommé Shmeïzelle , un traité fur les couronnes royales tant anciennes que modernes. * Couronne royale , Fe y AT it Couronne élettorale , OYEZ 2 ÉLECTORAL. Couronne {e dit aufñ de la tonfure cléricale, qui eft la marque &c le caraëtere des eccléfaftiques. Voyez TonsuRrE. C’eft un petit rond de cheveux qu'on rafe au fommet de la tête, & qui eft plus ou moins grand, felon la qualité des ordres qu’on a re- çus : celle des clercs eff la plus petite, celle des prê- tres & des moines eft la plus grande. Foyez ORDRE. La couronne cléricale n’étoit autrefois qu’un tour de cheveux qui repréfentoit véritablement une cou- ronne : on le remarque aifément dans plufieurs fta- tues 87 autres monumens anciens. Quelques reli- gieux la portent encore ainfi, comme ceux de faint Dominique & de faint François. Chambers. &t Trév. CouRronNNE, (Alf. mod.) ordre de la couronne royale , ou ordre de la couronne , Ou les chevaliers Fri- fons ou de Frife ; il y en a qui prétendent que cette inftitution eft imaginaire ; d’autres la datent de l’an 802, & difent que les chevaliers portoient une cou- ronne en broderie d’or fur un habit blanc. Ordre de la couronne (autre) , inftitué par Enguer- rand VIL. fire de Couci & comte de Soiffons. On a plufieurs monumens de fa réalité, mais aucun de fes ftatuts. COURONNE , en termes d'Archireëture, eft le plus fort membre quarré d’une corniche à qui on a donné ce nom, parce qu'il couronne non-feulement la cor- niche, mais encore l’entablement & l’ordre entier. Les François appellent Zermier, & nos ouvriers gouttiere ; parce que fa grande faillie garantit l’édifi- ce des injures de la pluie. Foyez LARMIER. Il y en a d’autres qui l’appellent corriche, parce qu'il en forme le principalmembre.Vitruve employe {ouvent le mot coroza, pour défigner toute la corni- che, Voyez CoRNICHE. (P) … Couronne, (ouvrage à) Voyez OUVRAGE À COURONNE. COURONNE, 87 Mufique , autrement POINT DE REPOS , eft une efpece de C renverfé avec un point dans le aulieu,.qui fe fait ainfi 7. Quand il eft dans toutes les parties fur la note correfpondante , c’eft la marque d’un repos général : on doit arrêter-là la mefure , & fouvent même on peut, fi l’on veut, f- mir par cette note. Ordinairement la partie princi- pale fait quelque paflage à fa volonté , que les Ita- liens appellent cadezze, fur l'harmonie de cette no- te, pendant que toutes lesautres s’arrêtent fur le fon qui leur eft marqué : mais f la couronne ef fur la no- te finale d’unefeule partie; alors on l’appelle en fran- çois pornt d'orgue, & elle marque qu’il faut continuer le fon de cette note, jufqu’à ce que les autres parties foient arrivées à leur conclufon naturelle. On s’en fert auf dans les canons, pour marquer l’endroit où toutes les parties peuvent s'arrêter quand on veut f- mr. #. Reros , CANON, Point D'ORGUE. (S) COURONNE, ( Comm.) monnoie d'argent d’Angle- terre , au titre de dix deniers vingt-un grains, vaut cinq livres quinze fous onze deniers de France ; il y a des demi-couronnes ; des quarts. COURONNE , ( Comm.) monnoie d'argent de Da- nemark, qui vaut trente-trois fous lubs d’'Hambourg, le fou lubs évalué à un denier un cinquieme , argent de France ; ce qui fait 39 den. & ?, ou 3 fous 3 den. & +. COURONNE, (Fauconnerie.) c’eft le duvet qui eft autour du bec de l’oifeau , à l’endroit où il fe joint à la tête. COURONNE, (greffer en). Jard. voyez GREFFER. COURONNE, ( Maréchall. ) c’eft la partie la plus bafle du paturon du cheval, qui regne le long du {abot, fe diftingue par le poil, joint & couvre le haut du fabot. Arreinte a la couronne ; crapaudine à La cou- ronne. Voyez ATTEINTE 6 CRAPAUDINE. Couronne eft auffi une marque qui demeure à un cheval, qui s’eft fi fort bleffé au genou par chüte ou autrement , que le poil en eft tombe. Trév. (F7) COURONNE o4 CORONAIRE, pattie du moulin à tordre Le fil & à ovaler la foie. Voyez MouLix & OVALE. COURONNE, serme de Couverturier , marques qui fe font à l'aiguille aux quatre coins des couvertures. Ce nom leur vient de leur figure. Les couronnes font le dernier travail de la couverture. COURONNE, (Rubannier.) eft une piece de l’our- difloir rond, aflez reflemblante à une petite table ronde à trois piés : ces trois piés font difpofés de fa- çon qu'ils en fuppofent un quatrieme , qui n’y eff ce- pendant pas. On va voir pourquot il manque : com- me :l faut que l’extrémité de ces piés entre dans les trous des traverfes de la lanterne, le quatrieme pié ‘y nuiroit s'il y étoit, puifqu'il empêcheroit le pafa- ge de la corde du blin. La couronne a un trou au cen- tre de fa petite table, où entre le bout de la broche de l'arbre du moulin : par ce moyen cet arbre eft f- xé, ct ne peut varier d’aucun côté ; ce qui fait que l’ourdiffoir tourne parfaitement rond , ce qui eft d’u- ne nécefñté abfolue. COURONNE, ferme de Tourneur , piece qui s’ajufte à l'extrémité de l’arbre du tour figuré, & qui parfes creux & fes reliefs , fait avancer & reculer cet arbre felon fa longueur , par le moyen d’un reflort ; enfor- te que l’outil creufe plus ou moins la piece que lon tourne , 8 forme fur cette même piece des creux ou des reliefs dépendans de ceux de la couronne : celle- ci fait dans le fens de la longueur de l’axe du tour, à-peu-près les mêmes effets que la piece appellée rofette produit dans le fens perpendiculaire à l’axe. Voyez Tour FIGURE, ROSETTE. Article de M, DE LA CONDAMINE, Tome IF, COU 395 _ COURONNE, (Verrerie. ) calote on voûte ; partie du fourneau de verrerie. Voyez VERRERIE. COURONNÉ , adj. (Jard.) en fait d'arbres veut dire mors & deffèché ; ce qui ne fe dit ordinairément que de la cime d’un arbre : ces chênes font couronnes. Une fleur peñt être couronnée , quand elle eft char- gée à fon fommet d’une couronne : tel eft Le marta- gon, la couronne impériale, 6. (X) COURONNE, adj. (Maréchall.) on appelle cheval couronné , celui qui s’eft emporté la peau des genoux en tombant, de manieré que la marque y refte. Les chevaux couronnés ne font pas de vente, par- ce qu’on les foupçonne d’être fujets à tomber fur les genoux. (7) | COURONNE, en termes de Blafon, fe dit dés lions, des cafques, & des autres chofes qui ontiune.cou- ronne, Ÿ”, le P. Mener. &c le Dit. de Tréy. Bournonville en Flandre, de fable au lion d’ar- gent , couronné d’or, armé & lampafñlé de même, la queue fourchue & paflée en fautoir. (#) * COURONNÉES, (ffances) Belles-Lettres; une ftan- ce eff couronnée , lorfque lés mots qui forment la der- mere ou les deux dernieres {yllabes de chaque vers, font exactement la derniere ou les deux dernieres fyllabes des mots qui les précedent. Exemple: La blanche colombelle , belle, &c. COURONNEMENT ; fm. (Hif. mod.) cérémo- nie dans laquelle on place la couronne fur les têtes des fouverains. Ie COURONNEMENT , ferme d'Architeëlure, ouvrage de fculpture &z d’architedture , fervant à exhauflér quelqu’avant corps qui doit prééminer dans l’ordon- nance d’un bâtiment, connu fous le nom d’emortiffe- ment. Voyez; AMORTISSEMENT. Plufeurs auteurs anciens ont appellé l’entablement couronnement, par- ce que cette partie dans lArchiteéture eft confidé- rée comme le couronnement de l’ordre , quoiqu'il foit - lui-même le plus fouvent furmonté d’une baluftrade ou d’un attique. (P) COURONNEMENT DU CHEMIN COUVERT , Art milite. eft dans l'attaque des places, le logement qu'on fait fur Le haut des glacis, qui enferme ou cou- ronne toutes les branches du chemin couvert du front de l'attaque. (Q) COURONNEMENT , ( Marine.) c’eft la partie du haut de la poupe, qui eff uncornement de menuife- rie & de fculpture pour l’embelliflement de l’arries re. Voyez, Mar. PI. III. fig. le deffein de la poupe d’un vaifleau, où le couronnement eft cotté N: ce qui fuflit pour faire connoître cette partie. (Z) * COURONNEMENT, (Chirurgie.) Il n°y à point de païtie du corps humain qui s’appelle ainfi ; c’eft une pofition de l'enfant, lor{qu’il eft fur le point de ve- nir au monde, dans laquelle l’orifice de la matrice lui embrafle la tête. COUROU , f. m. (Comm.) monnoie de compte en Perfe. Le courou dé roupies'‘vaut cent mille laixs de roupies, & le laix cent mille roupies. COUROUR,, f. m. ( Æiff. mod.) en Perfe fe dit d’une défenfe que le roi où le fophi fait à difiérens . égards. On l’entend principalement de celle que le prince fait à {es fujets ; de fe trouver fur Le chemin par où il doit paflér'avec fes femmes, Ce qui eft beaucoup plus rigoureux que le chelvet du ferrail: cat alorsil faut que tous les hommes abandonnent leurs maïfons , & fuyent dans un quartier éloigné ou à la campagne ; parce qu'il y a peine irrémifhble de mort contre quiconque oferoit feulement regarder les concubines du roi. Ces courouks font tres-fré- quens , & extrèmement fâcheux à [Hpahan. Il y en a d’uné autre efpece qui nele font guere moins : c’eft quand le roi met un courouk {ur la volaille, le poif- {on , ou autres denrées qui font de fon goût; on'n’o- Ddd à 396 COU feroit alors en vendre à perfonne, fi ce n’eft pour Le fophi. Thevenot , voyage du Levant. (G) COUROU-MOELLT, (Æif£. nat. bot.) arbrifleau qui s'éleve à la hauteur de quatre à cinq piés > qui croît aux environs de Baypin &c autres contrées fa- bloneufes , voifines de Cochin aux Indes orientales, & qui porte une baie acide, fucculente, & agréa- ble au ooût. Defcription fi incomplete , qu’elle nous difpenfe de parler des propriètés médicina- les. Voyez-les dans’ Raï. COURPIERES, (Géog. mod.) petite ville de France en Auvergne. COURRE,, v. a@. (Gram.) c’eft la même chofe que courir : mais l’ufage eft de dire courre , au lieu de courir, dans les occafions fuivantes. On dit, à Pégard de la chafle , courre Le cerf, le fanglier ; on dit auñi courre La pofe: Courre en guides, voyez GUIDES. On couroit au- trefois le faquin ou la quuntaine, Voyez FAQUIN 6 QUINTAINE. COURRE LA BOULINE , FAIRE COURRE LA BOU- LINE, ( Marine.) c’eft lorfqu’on pafle du bout du pont à l’autre, ou qu'on y fait pafler quelqu'un de- vant l’équipage rangé des deux côtés , qui frappe avec des bouts de cordes celui qui pañle. C’eft un châtiment qu’on employe fur mer, & qui répond à celui de pafler par les baguettes fur terre. La fentinelle de la dunette qui aura manqué d’a- vertir l'officier, lorfque quelque chaloupe ou bateau aura abordé on débordé du vaifleau , courra une fois la bouline. (Z) CouRrRE, f. m. ox f. (Wenerie.) l'endroit où l’on place les levriers lorfqu’on chafle le loup , le fan- glier , ou le renard, avec ces chiens. COURROI 07 COUROT, voyez COURÉE. COURROIES , f. f. (Bourrelier.) ce font des ban- des de cuir plus ou moins longues ou larges, dont les Selliers & les Bourreliers fe fervent pour atta- cher quelque chofe à leurs ouvrages. Les anciens François fe fervoient autrefois de courroies ou lanieres de cuir, enrichies de plufeurs ornemens d’or, d'argent, &c. pour fe faire des cein- tures : mais cet ufage s’eft perdu lorfqu’on a quitté les robes & habillemens longs , pour prendre les ha- bits courts. COUROUCA , f. m. ( Aiff, rar. bor. ) arbre qui croît dans nos iles de l’Amérique. Il eft gros, haut & droit ; il a l'écorce noire, l’aubier rouge, & le cœur d'un violet fi brun ; qu'il tire fur le noir de Pébene. Son fruit eft en grappe : ce font des gouffes rondes qui renferment un fruit de la même figure, moitié rouge & moitié noir, de la groffeur d’une petite prune. Les perroquets en font friands , quand 1l eft verd ; quand il eft fec, il eft trop dur. COURROUX , COLERE, EMPORTEMENT, voyez COLERE. Le courroux eft une colere qu’on marque au-dehors ; Pemportement eft l’excès du courroux. (©) COURROYER , voyez CORROYER. COURROYEUR , voyez CORROYEUR. COURS, f. m. (Gram.) fe dit des éléméns & des principes d’une fcience, ou rédigés par écrit dans un livre, ou démontrés en public par des expérien- ces. C’eft en ce dernier fens qu’on dit , un cours d’Ana- cornie, de Chimie, de Mathématiques, &c. Le mot de cours vient apparemment de ce qu’on y parcourt tou- tes les matieres qui appartiennent à la fcience qui en eft l’objet. Le cours d’une fcience doit contenir non-feule- ment toutes les parties de cette fcience & leurs prin- cipes , mais les détails Les plus importans. Au refte, comme les principes de chaque fcience ne font pas COU en fort grand nombre, fur- tout pour un efprit phi- lofophique , il ne feroit peut-être pas impoñfible de faire un cours général de Sciences , dans lequel cha- que fcience feroit réduite à fes principes effentiels : un tel ouvrage, s’il étoit bien fait, difpenferoit un géme inventeur de bien des leêtures inutiles ; il fau- roit jufqu’où les hommes ont été, & ce qu'il peut avoir à y ajoûter. Voici quel pourroit être le plan d'un tel ouvrage. On poferoiït chaque principe, on le démonitreroit, & on indiqueroit enfuite en peu de mots tous les ufages & toutes les applications qu’on auroit fait de ce principe, en fe contentant d’indi- quer les auteurs qui en auroient le mieux traité; peu-à-peu cet ouvrage pourroit en produire un plus grand , où prefque toutes les connoïffances hurmai- nes feroient renfermées. Je doute qu’il y ait aucune fcience fur laquelle il ne foit poffible d'exécuter ce projet : il me le paroiït du moins fur le petit nombre de celles que j’ai étudiées, entre autres fur les dif- férentes parties des Mathématiques; & je pourrois tenter de l’exécuter un jour fur ces différentes par- ties, Je ne doute point, par exemple, que des élé- mens de Géométrie 8 de Méchanique faits dans ce goût ou fur ce plan , ne fuffent un ouvrage trèsutile : mais1l ya beaucoupd’apparence qu'untel ouvrage ne reflembleroit guere aux élémens ordinaires qu’on donne de ces Sciences. Voyez ÊLÉMENS. (0) Cours, eft auffi le tems qu’on employe à étudier & à apprendre les principes d’une fcience : en ce {ens on dit, qu’ur écolier a fait fon cours de Philofophie. Cours D'UNE COURBE. Voyez COURBE. (0) COURS ROYALES, COURS SOLENNELLES, Cours COURONNÉES , o4 FÊTES ROYALES , (Æif. mod.) aflemblées pompeufes que les anciens rois de France tenoient aux principales fêtes de l’année, pour fe faire voir à leurs fujets, auffi-bien qu'aux étrangers , dans toute leur majefté & avec une ma- gnificence vraiment royale. Cette cour fe tenoit aux grandes fêtes de Pâques & de Noël, & étoit fort différente des champs de Mars ou de Mai dont on a parlé. Grégoire de Tours rap- porte que Chilperic fit cette cérémonie à Tours aux fêtes de Pâques. Eginhard dit que Charlemagne pa- roifloit dans ces folennités revêtu d’habits de drap d'or,debrodequins enrichis de perles & d’autres or- nemens royaux, avec la couronne fur la tête, Les rois de la 3° race imiterent en cela leurs prédécefleurs, Le moine Helgaud raconte que le roi Robert tint des cours folennelles aux jours de Pâques en fon palais de Paris, où il fit des feftins publics ; &S. Louis nonob- ftant fa modeftie ordinaire, paroiïfloit dans les mêmes occafons avec tout l'appareil de la royauté, comme il fit, dit Joinville , en cette cour E:maifon ouverte qu'il tint à Saumur, où Le roi de Navarre fe trouva ex core 6 mantel, avec le chapel d’or fin ; & comme en ces oc- cafions les rois paroïfoient avec la couronne en têre, on donna à ces folennités le nom de cours couron- nées, curiæ coronatæ, Sous les rois de la feconde ra- ce, on ne les célébroit qu'à Noël & à Pâques ; mais ceux de la troifieme y ajoûterent les aflemblées des fêtes de l’Epiphanie & de la Pentecôte. Elles étoient accompagnées d’un feftin où le roi mangeoït en pu- blic , fervi par fes grands officiers ; leur faifoit des li- béralités,&c faifoit jetter au peuple une grande quan- tité de toutes fortes de monnoies, tandis que les hé- rauts crioient largeffe. À limitation de la France, Guilläume le Conquérant en introduifit l’ufage en Angleterre. Eadmer , parlant du roi Henri L. les ap- pelle Zes jours de la couronne du roi, parce que lé fou- verain y paroïfloit avec la couronne fur la tête. Les marches ou proceflions des rois avec les chevaliers de leur ordre, telle que celle des chevaliers du faint- Elprit à la Pentecôte , des chevaliers de la Jarretiere le jour de l’Epiphanie , ont fuccédé à ces anciennes COU conrs royules, mais n’en ont pas confervé toute la magnificence. Chambers & Morery. ( G) Cours , (Jarifpr.) a plufieurs fignifications. Le “cours du change , c’eft le taux de ce que les banquiers prennent pour droit de change, à raifon de tant pour cent, pour faire tenir de l'argent d’un lieu dans un autre. Voyez CHANGE. Cours d'eau , fignifie une certaine étendue d’eau courante, Cours des insérérs , c’eft le tems pendant lequel les intérêts s'accumulent. Cours de la place, eft la même chofe que cours du change, : Cours de la peremption , c’eftle tems qui eft comp- té pour acquérir la peremption. Cours de la preftription, eft le tems qui fert pour la prefcription. Voyez PRESCRIPTION. (4) Cours, terme fort ufité dans le Commerce, où il a diverfes figmfications. Cours fe dit des longs voyages qui fe font par mer pour le commerce; ainfi l’on appelle les voyages des Indes, des voyages de long cours, Cours fignifie aufh quelquefois la mefure & l’éten- -dué d’une étoffe : certe capifferie a vingt aulnes de cours, … Cours , fignifie encore le crédis ou le diférédis que tes billets d’un marchand, négociant, on banquier, ont dans le commerce. Ils ont cours lorfqu’on les trouve bons , & qu’on veut s’en charger : quand on les trouve mauvais, & que perfonne ne veut les ac- cepter , 1ls n’ont plus de cours. Cours fe prend encore dans le même fens, pour la faveur que prennent ou perdent dans le public, fui- vant les circonftances, les billets introduits dans le commerce ; tels qu'ont été en France les billets de l'épargne , les billets de monnoie, de banque, &c. Cours fe dit aufli parmi les marchands de la bonne Ou mauvaife vente des étoffes, des denrées. C’eft la mode qui donne le cours aux étoffes nouvelles ; cel- les qui font d’ancienne mode n’ont plus de cours. Chambers & Dit. du Comm. COURS D’UNE RIVIERE, voyez RIVIERE. Cours, en serme d’Architeëture, eft un rang de . picrres continu , de même hauteur dans toute la longueur, d’une façade, fans être interrompu par aucune ouverture. Cours de plinthe, c’eft la continuité d’une plinthe de pierre ou de plâtre dans les murs de face, pour marquer la féparation des étages. . PLINTHE. (P) Cours, COURSE, CHEMIN , SILLAGE , (Mar.) ces mots font fynonymes, & s’employent pour dé- figner la route que fait le vaifleau. Voyez Courre ; voyez auff ROUTE & SILLAGE. Cours, voyages de longs cours, ( Marine.) cela fe dit des voyages éloignés, & plus particulierement de ceux où l’on paie la ligne. Cours, COURSE, FAIRE LA COURSE, ARMER EN COURSE , (Marine.) c’eft fe mettre en mer avec un ou plufeurs vaifleaux armés en guerre, pour en tems de guerre attaquer les ennemis, & enlever les vaifleaux marchands: on dit à cet effet, armer en courfe, Voyez CORSAIRE. (Z) Cours, (4 la Monnoie.) eft le prix que le prince & l’hôtel des monnoies attachent tant aux efpeces répandues adtuellement dans le commerce , qu’à celles qui fe reçoivent fuivant leur titre ; confé- quemment aux arrêts du confeil, enregiftrés à la cour des monnoiés. F'oyez Les articles MONNOIE : ÉVALUATION, TITRE, VALEUR, @c. COURS DE PANNES, en termes de Charpente, font toutes les pannes qui font au bout l’une de l’autre, pour faite la longueur du comble : ainfi fur un com- ble il peut y avoir autant de cours de pannes qu'il y COU 397 a de rañgs de pannes. Voyez da fig, 17. Pl. di Char- Pentier, * Cours ou COURSE, (Manuf. en foie, Paflèment. Rubann.) fe dit de l’ordre entier felon lequel il faut faire mouvoir les marches pour exécuter l'ouvrage : ainfi le cours où courfe commence à la premieté mar. che que l’on prefle, & il finit lorfque l’ouvrier reve- nu à la même marche, va lui faire fuccéder les au tres dans le même ordre ; file cours ne confiftoit pas dans un certain nombre fixe & déterminé de mou vemens dés marches , quel eft l’ouvrier qui pourroit travailler ? * COURSE DU CIRQUE, (Häüf. anc.) ces cour. Jès faifoient la partie principale des jeux qu'on y cé- lébroit. Voyez CirQuE. Elles fe faifoient ou fur des chars (voyez CHARS), ou fur des chévaux, ou même à pié. La courfe des chevaux & des chariots fe commençoit à la ligne blanche ; on s’avançoit vers les bornes avec le plus de viîtefte qu’il fe pouvoit : c'étoit-là le moment du triomphe ou de l’écneil dés concurrens. On faifoit fept fois de fuite le tour : ce- lui qui achevoit le premier le feptieme tour » EM portoit la viétoire & Ie prix propolé. Ces cozrfès fe faifoient par fa@ions : c’étoit auff quelquefois des défis de particuliers. Il ne falloit ni {e trop appro- cher des bornes, crainte de s’y brifer ; ni s’en éloi- gner aflez, pour que l’adverfaire pôt paffer entre le Char & fa borne. À chaque tour de courfe , des gens prépolés mettoient un œuf fur des colonnes defti- nées à cet ufage, & autant de dauphins fur d’autres. À la fin de la courfe entiere, il y avoit fept dauphins & fept œufs de placés. Les Grecs n’ont pas été fi uni- formes que les Romains fur le nombre des tours pour une courfe. Homere n’en compte qu’un; Pindare, douze ; Sophocle, fix ou fept. Quant au nombre des mifions, 1l y en avoit chez les Romains jufqu’à vingt- quatre ; c’étoit comme autant de parties différentes : plus anciennement le nombre étoit de vingt-cinq. Du côté des prifons, carceres, il y avoit des balcons d’où le fignal fe donnoit d’abord en élevant une tor- che allumée ; & dans les tems poftérieurs , en jettant une nappe: c’étoit la fonétion des confuls , & en leur abfence , des préteurs. On immola quelquefois à Mars le meilleur cheval. Le vainqueur avoit pour prix, de l'or, de l’argént, dés couronnes, des vête- mens, & des chevaux. Voici une difficulté très-réelle fur les courfes. S1 l’on partoit de la même ligne, com- me tous les auteurs le fuppôfent , il eft évident qué ceux qui occupoient une des extrémités de la ligne, avoient un chemin beaucoup plus confidérable À faire que ceux qui occupoient l’autre extrémité ; & que la différence des chemins s’augmentoit encore par le nombre des tours. Après les courfes des che- vaux & des chariots |, commiençoient les courfés à pié, où celui qui avoit le plûtôt atteint la borne, remportoit le prix. Domitien fit courir de jeunes filles. COURSE, FAIRE LA COURSE, ÂLLER EN COUR- SE, ( Marine. ) fe dit d’un vaifleau armé en tems de guerre pour aller faire des prifes fur l'ennemi. On ne peut aller en courfe fans avoir une commiflion de l'amiral; 8 un vaifleau qui en tems de guerre feroit la courfe fans avoir de commiflion particuliere, feroit traité comme forban. Courfe fe dit quelquefois du tems qu’un vaiffeau met à aller d’un lieu à un autre , fur-tount quand ce font des voyages de long cours. On dit : ce vaiffean a été deux années à faire Ja courfe. (Z COURSE AMBITIEUSE, (Jurifpr.) fe dit en ma- tiere bénéficiale , pour la feteñtion des dates qui eft faite en cour de Rome du vivant du titulaire ; celui quiretient ainfi prématurément des dates , eft indigne du bénéfice, fuivant la regle de zon impetrando bene. Jicta viventium, On peut juftifier la retention des da: 398 C O U tes &e la courfe ambitieufe, en compulfant le resifire | du banquier. Quelque diligence extraordinaire que le courier ait faite pour arriver à Rome, ce n'eft pas ce qui rend la courfe ambirieufe : car S'il n'eft parti quedepuis ledécès dutitulaire, la courfe eft bonne; mais fi. l’on a envoyé à Rome du vivant du titulaire, la courfe eft toûjours réputée ambitieufe, quand mé- me le courier ne feroit arrivé & que la date n’au- toit été retenue que depuis la mort du titulaire. Tel eft le fentiment de Caftel & de Drapier contre Du- molin fur l’édit des petites dates. Voyez Drapier, traité des Bénéfices , tome I. page 183. G tome T1. page ô: Les avocats au confeil appellent aufli cour/fe ambi- sieufe, les démarches que quelqu'un d’entr'eux pour- roit faire pour enlever à fon confrere une affaire dont il eft chargé. Ces fortes de courfes {ont expref- fément défendues par leurs réplemens. (4) Course, (Manege.) On appelle ainfi un défi de plufieurs hommes à cheval, à qui arrivera le pre- mier, en courant de toute la vîtefle du cheval, à un but fixé, Les Anglois font fréquemment de ces cour- fes. Le vainqueur gagne un prix ou une fomme d’ar- gent qu'on appelle ve vai.elle. On dit ure courfe de bague, de téte, de Médufe. On dit auf pourfuivre un homme a courfe de cheval, Voyez Chambers. (7) CoURsE , terme d'Emailleur. On dit sirer l'émail à la courfe , lorfque le fil en eft f long, que le com- pagnon eft obligé de le {oûtenir d’un bout , tandis que le maître le préfente de l’autre au feu de la lampe. COURSE DE RAMES , (Ruban. ) s'entend toüjours (dans un ouvrage fuppofé de fix retours) de cin- quante-quatre rames pañlées dans les hautes lifes, fuivant l’ordre indiqué par le patron. Si ce patron eff fans glacis, ces cinquante-quatre rames feront toutes de figure, finon 1! y en aura trente-fix de f- gure, & dix-huit de glacis, ainfi qu'il fera dit à l’ar- ticle paflage des rames. Les neuf premieres de ces cinquante-quatre ont été prifes fur Le premier retour, 8 paflées de fuite : après quoi on en a pris neuf au- tres fur le fecond retour, & toûjours de même jul- qu’au dernier; & c’eft de ce paflage des cinquante- quatre rames (où il faut recommencer à en prendre neuf du premier retour ) que fe dit le mot courfe de TATLeS. Course, (Serrur. ) c’eft la quantité dont un pêle peut avancer ou reculer. Il fe dit aufi du mouve- ment même de cette partie de la ferrure. COURSIER ., £. f. (Marine. ) eft une efpace ou chemin pratiqué dans le milieu de la galere , large d'environ un pié & demi, fur lequel on va d’un bout à l’autre. (Z) CoursiEr , (Marine) On nomme ainfi la piece de canon qui eftplacée à l’avant d’une galere. Voyez PL IV. de Marine, fig. 2. la fituation de cette piece de canon cortée 19. (Z) CoursiER, (Manepe.) On appelle ainfi un che- val propre à la courie. Les bons courfters viennent de Naples. Ce mor n’eft plus guere d’ufage qu’en Poëfe , où il eft fort noble. ( 7°) Coursier , (Æydraul.) eft un chemin entre deux rangs de pilotis, que l’on donne à l’eau pour arriver aux aubes de la roue d’un moulin, & qu’on ferme uand on veut, en baïffant la vanne qui eft au-de- vant de la roue. (X) COURSIERE,, { f. ( Marine. ) pont mobile dont on fe {ert dans une a@ion fur mer, pour la prompte communication d’une partie du vaifleau à une au- tre. COURSON , £. m. (Œconom. ruffig.) branche de wigne taillée & raccourcie à quatre où cinq yeux au plus, qu’on doit toûjours laïfier au bas du fep, pour COU la renouveller au cas qu’elle vienne à manquer. COURSON 04 CROCHET, s’employe communé- ment pour la vigne; on peut s’en fervir auflren par- lant d’une branche à bois de fix à fept pouces de long , taillée & raccourcie à deux ou trois pouces, pout remplir un vuide, & faire fortir des branches à bois bien placées. (X) * COURT, adj. (Gram.) terme relatif à l’éten- due & à la durée, dont il défigne une portion peu confidérable , relativement à une autre portion à la- quelle nous comparons dans notre efprit celle que ñous nommons courte. Sila chofe que nous nommons courte, eft un individu, nous la comparons à l’éten- due ou à la durée moyenne de celle dé fon efpece, au - deffous de laquelle nous la trouvons: fi cette chofe eft une efpece ,il y a une autre efpece qui n’eft ni la plus grande, ni la plus coure du mème genre, qui nous fert de modele, & ainf de fuite: ainfinous difons d’une telle élégie qu’elle eft courte, relative- ment à la longueur commune des élégies. Nous di- fons qu’une élésie eft entre Les pieces de Poëfie une des plus courtes. COURT, nom que les Anatomiftes donnent à un grand nombre de mufcles, par oppofition à ceux qu iont nommés longs. Voyez LONG. | Le cour extenfeur de l’avant-bras | Foyez AN CONËÉ. Le court radial externe, voyez RADIAL. Le court palmaire, voyez PALMAIRE. Le court fupinateur, voyez SUPINATEUR. ” Le court extenfeur commun des doigts du pié, v0yez ENTENSEUR. Le court peronier, voyez PERONIER, Le court extenfeur du pouce de la main & du pié, voyez EXTENSEUR. Le court fléchifleur commun des doigts du pié, voyez PERFORÉ. (L) Courr, (Manege.) Un cheval court eft celui dont le corps a peu de longueur du garot à la croupe. Voyez; GAROT, CROUPE. | Court-jointé, eft un cheval dont le paturon eft court, Voyez PATURON. CourT , ez Architeülure, Voyez COUR. COURTAGE , f. m. (Comm.) profefhion de celui qui s’entremet de faire acheter, vendre, échanger &z troquer des marchandifes, ou de faire prêter de l'argent. Foyez COURTIER. Courtage fignifie aufli Ze droir ou falaire qu'on paye à celui qui exerce le courtage. Courtage eft auf un droit qui fe leve à Bordeaux : c’eft également le nom de la ferme de ce droit, &z du bureau où on le perçoit. Dit, de Comm. (G) À COURT AMOUREUSE, (Auf. mod.) efpece de fociété divifée en plufieurs clafles , dont la premiere étoit compofée de perfonnages des premieres maï- {ons de France. On ne fait pas Le titre qu'ils avoient dans cette court, parce que les premiers feuillets du manufcrit qui en fait mention, ont été perdus. La {feconde clafle étoit des grands-veneurs ; la troifie- me, des thréforiers des chartres & regiftres amou- reufes ; la quatrieme, des auditeurs; la cinquieme,, des chevaliers d'honneur, confeillers de la court amoureufe ; la fixieme, des chevaliers-thréforiers ; la feptieme, des maîtres des requêtes; la huitième, des fecrétaires ; laneuvieme, des fubftituts du pro- cureur général ; la dixieme, des concierges des jar- dins & vergiers amoureux ; la onzieme & dermiere, des veneurs de la court amoureufe. Il paroït que ce tribunal étoit une efpece de parodie des tribunaux fupérieurs. Ce qu’on y remarque, de plus étrange, c'eft le mélange, dans certaines clafles, des noms les plus illuftres & des noms les plus communs ; ce qui pourroit être encoreune fatyre de l’état des cours de juftice fous Charles VIL: tems auquel on rapporte COU finfitution de la cours amoureufe, dont nous ne fa- vons rien de plus, finon qu’à en juger par le titre, l’art d'aimer devoit être le code de cette magiftratu- re ; code qui étoit aflez du goût de la cout de Char- les VI. & d’Ifabeau de Baviere fa femme. COURTAUD , adj. (Manege.) On appelle ainf un cheval de moyenne taille, à qui l’on a coupé la queue & les orcilles. (77) * COURT AUT , f. m.(Lurh, & Mufique.) Voyez n0$ Planches de Luth, parmi les infirumens à vent 6 à anche, Celui-ci n’eft autre chofe qu’un fagot ou baf- fon raccourci, qui peut fervir de bafle aux mufettes. Il eft fait d’un feul morceau de bois cylindrique, & reflemble à un gros bâton : il a onze trous, fept en- deflus ; les 8,9, 10 & 11 font en-deflous. L’infiru- ment eft percé fur toute fa longueur de deux trous : le feptieme trou indique le lieu où ces deux trous aboutiflent. Pour faire de ces deux trous un canal continu , on y ajufte une boîte ; par ce moyen le vent eft porté depuis anche jufqu’à l’onzieme trou, de forte que l’air defcend & remonte. Outre les trous dont nous venons de faire mention, il y en a fix au- tres ; trois à droite, pour ceux qui jouent de cet inftrument à droite ; & trois à gauche, pour les au- ttes, On bouche avec de la cire ceux dont on ne fe fert pas. On applique aux autres des efpeces de pe- tits entonnoirs de bois qu’on appelle retines , qui pé- netrent jufque dans le fecond canal , où s’ouvrent les trous du deflous de l'inftrument. De tous ces trous , les deux de deflous, 9 & 10, donnent le fon le plus aigu : les fx trous 1, 2, 3, 4, 5, 6, fuivent après ; ainfi celui qui eft marqué 6, fait le feptieme ton. Le dixieme s’appelle le rrox du pouce, parce qu'il eft fermé par ce doigt : il s'ouvre dans le pre- muier canal, ainfi que les fix qui le fuivent. Le feptie- me trou ne donne point de fon, felon qu'il eft ouvert ou fermé ; il continue le canal, ou il l’interrompt : les tetines font les huit, neuf & dixieme trous ; le onzieme ne fert qu'à donner iflue au vent. COURT-BOUILLON , (Cuifine.) maniere parti- culiere d’apprèter le poiflon ; on le fert fec, après lavoir fait cuire dans de l’eau , du vinaigre, du fel & du beurre ; & on le mangeavec la fauce à l'huile, au fel & au vinaigre. COURTE-HALEINE, voyez ASTHME , OR- THOPNÉE. COURT, 1. m. (B/afon.) tête de mort à collier d'argent. COURT-JOINTÉ, adj. en Wenerie & en Maréchal- lerie , fe dit d’un oïfeau , d’un cheval qui a les jam- bes de médiocre longueur. COURTEPOINTE , 1. £. (March, Tapif.) c’eft la partie d’un lit qui le couvre depuis le chevet juf- qu'aux piés, quand il eft fait, & qui defcend jufque fut les foubaflemens. Les courtepointes fe font des étoffes les plus rich2s & les plus fimples ; il y en a d’hyver 85 d'été, les unes légeres, les autres chau- des, & fouvent piquées. COURTES, adj. f, serme de Fondeur de caraëteres d’Imprimerie, pour diflinguer une lettre dont le corps doit être coupé des deux côtés à l'extrémité de l’oœil, pour le laïffer ifolé. Toutes les lettres qui n’occupent que le milieu du corps, font appellées courtes, com- me on appelle longues un d, un 9, dont les traits plus allongés que ceux de l’7 , occupent une plus grande partie du corps ; & ne doivent être çonpés que d’un côte. Voyez PLeines, Loncuess. COURTIER , f. m. (Comm.) forte de négociateur qui s’entremet entre des négocians ou des commer- çans, pour la vente de leurs marchandifes, ou poux leur faire trouver de l'argent; fur quoi ils ont un droit ou un falaire, Voyez CHANGE 6 AGENT DE "CHANGE. En Ecoffe on les nomme éroccari, qui veut dire C OU 399 médiateurs OU entre-metteurs dans quelque affaire. Leur affaire eft de connoïtre les différentes varia- tions dans le cours du change, d’en inftruire les né- gocians , & de faire favoir à ceux qui ont de l’argent à recevoir ou à payer dans les pays étrangers, quel- les font les perfonnes auxquelles 1ls doivent s’adref- {er pour en négocier le change ; & quand la tranfac- tion eff finie, c’eft-à-dire quand l'argent eft payé, ils ont à Paris pour droit de courtage, un quart pour cent, dont la moitié eft payée par chacune des deux Parties qui font lanégociätion. En Angleterre le droit de courtage n’eft que d’un par mille. En France, jufqu’au milieu du dix-feptieme fiécle, on les Cort courtiers de change ; mais par un arrêt du confeil en 1639, ce nom fut changé en celui de agens de change, banque E finance : & au commence- ment du dix-huitieme fiecle on y ajoûta le titre de confeillers du Roi, afin de rendre cet emploi encore plus honorable, Poyez AGENT DE CHANGE. Au Caire & dans plufeurs villes du Levant, on appelle cenfals les Arabes qui font l'emploi de cour- tiers de change. Leur façon de négocier avec les com- merçans européens a quelque chofe de fi fingulier, que nous avons crû devoir en faire un article feparé. Vozez CENSAL. Les courtiers de change à Amfterdam , nommés m2- Kelaers , font de deux efpeces ; les uns font nommés courtiers jurés, à caufe du ferment qu’ils font entre les mains des bourguemaitres ; les autres négocient fans être autorifés pour cela : on appelle ces derniers courtiers ambulans. Les courtiers jurés font au nombre de 395, dont 375 font Chrétiens, & 20 Juifs. Il y a prefque le double de ce nombre de courtiers ambu- lans ; de forte qu’il y a près de mille courtiers de chan- ge à Amiterdam. Il y a cette différence entre les courtiers jurés & les courriers ambulans , que les livres & le témoignage des premiers font recûüs dans les cours Judiciaires, comme des preuves ; au lieu que dans un cas de conteftation, les derniers font récutés & leurs tranfaétions annullées. La même diftinétion a aufhi lieu en Angleterre entre ces deux fortes de COUTÉLETS, Le droit des jurés courtiers de change à Amfterdam, eft fixé par deux reglemens, par celui de 1613, & par celui de 1623 ; pour les affaires du change, à 18 {ols pour 100 livres de gros, qui valent 600 flo- ins, c’eft-à-dire 3 fols par 100 florins , payables moitié par le tireur, & moitié par celui qui paye l’argent; mais l’ufage a autorifé en cela bien des changemens. Dans POrient toutes les affaires fe font par une efpece de courtiers que les Perfans appellent dedal, c'eft-à-dire grands parleurs. Leur façon de négocier eft très-finguliere. Après que les courtiers fe font étendus en de longs & fouvent d’impertinens dif cours, ils ne s’entretiennent plus qu'avec les doists lorfqu’il s’agit de conclure le marché. Le courtier de Pacheteur & celui du vendeur fe donnent récipro- quement la main droite, qu'ils couvrent avec leurs habits ou avec un mouchoir. Le doigt étendu fignifie Jix ; plié, il veut dire czq ; le bout du doigt dénote un ; la main entiere figniñe cer ; & le poing fermé, mille, Ils favent exprimer jufqu’aux fols & deniers avec la main. Pendant que ce commerce myftérieux dure , les deux courtiers paroïflent auffi tranquilles & de fang- froid, que s’il ne s’agifloit de rien en- tr'eux. Voyez Les Ditionn. de Trévoux € du Comm. Chambers. | : COURTIGE , (Comm. ) terme en ufage à Mar- feille & dansle Levant , pour figmifier ce qui manque fur la longueur que doivent avoir Les étoffes. (G) COURTILIERE, {. f. grillotalpa , (Hifi. nat. In feétolog.) grillon , taupe, ou taupe -grillon, infedte qui a été ainf appellé, parçe qu'il fait un bruit com. 40 COU me celui du grillon, & qu'il refte fous terre comme la taupe: Ilreft de la longueur & de la groffeur du petit doigt , & il reffemble en quelque façon.à une fauterelle:; il a auprès de l'anus deux filets garnis de poils ; le corps eff formé par huit anneaux écailleux, un peu velus, & de couleur de châtaigne ; le ventre eft mou, & moins foncé en couleur ; le dos eft re- couvert par deux ailes terminées en pointe , le Jong defquelles il y a une ligne noirâtre ; ces ailes font phflées, & deux autres ailes déployées & marque- tées par des ftries noires, S’étendent jufqu’à la moi- tié des premieres : mais celles-ci fe prolongent juf- qu’à la moitié de la longueur de la queue. Cet infefte a quatre jambes, les deux dernieres font les plus lon- gues ; elles font attachées au premier anneau du corps, & compofées de quatre parties jointes par des articulations. La premiere partie eff une forte de fémur ; la feconde, un tibia dentelé ; la troifieme correfpondautarfe; & la quatrieme eft terminée par un filet fourchu , au lieu de doigts. Les autres jambes refflemblent à celles-c1, quoique plus petites, La poi- trine eft revêtue d’un corcelet fort & velu, de cou- leur noiïrâtre en-deflus , & moins foncé en-deffous. Il y a de chaque côté de la tête, au lieu de bras, deux prolongemens durs comme les ferres des crul- tacées : chacun eft compofé de quatre pieces; la premiere forme, pour ainfi dire, l’aiflelle ; la feconde eft plus longue, plus large, & appliquée contre la poitrine. Cette partie a une forte d’appendice, dans laquelle s'engage la troifieme , que l’on peut compa- rer à une main ; elle a cinq pointes noirâtres qui tiennent la place des doigts, &c deux autres au lieu de pouces : cette forte de main fe fléchit en-dehors, comme celle de la taupe. La tête eft enfoncée en partie dans le corcelet ; elle eft velue; elle a deux antennes placées, comme celles des écréviffes , der- riere le nez & au-deflous des yeux : 1l y a aufli des papilles blanchâtres , &t une forte de barbe. La queue de cet infette eft fourehue; les yeux font durs, bril- lans & noirâtres. Ce qu'il y a de plus fingulier dans les parties de l’intérieur ; c’eft qu'il s’y trouve plu- fieurs eftomacs, comme dans les animaux ruminans. Defcripr. anat. grillotalp. D. J. de Muralto eph. nar, cur. dec. 2. ann. 1 6 2. La courtiliere creufe en terre, comme la taupe, avec les deux fortes de mains dont il a été fait men- tion ; elle fe foùtient fur les jambes de devant, & faute à l’aide de celles de derriere ; elle marche fort lentement, & fon vol ne differe guere d’un faut. Cet infeéte fe loge dans la terre humide ; mais il en fort pendant la nuit, & même au coucher du foleil : le bruit qu'il fait eft aflez fort pour être entendu de loin. La courtiliere ramafle des grains de froment , d'orge & d'avoine ; elle les porte dans fes foñter- reins ; elle coupe la racine des plantes , & porte beaucoup de dommage aux jardins. Aldrovande lui donne le nom de vermis cucurbitarius , parce qu'on la trouve fouvent en Italie fur une forte de courge ou citrouille. On dit qu’elle enferme fes œufs dans une petite motte de terre, jufqu’au nombre de cent cin- quante, & qu’elle approche ce groupe de la furface du terrein lorfque l’air eft doux, &c que dans le froid elle defcend jufqu’au-deflous de la profondeur à la- quelle pénetre la gelée. Mouff. shear, inf. Aldr. de inf. Voyez INSECTE. (1) COURTINE, f. f. (Arc milir. Fortificar.) ef la partie de la muraille ou du rempart, comprile entre deux baftions , dont elle joint les flancs, comme E F, PLI, de Fortificar. fig. r. Voyez REMPART 6 BASTION. Ducange dérive ce mot du latin corcine, quafi mi- nor cortis, petite cour entourée de murailles: 1l dit que c’eft à leur imitation que l’on donnoït ce nom aux remparts & aux parapets qui enferment les villes comme une cour : il ajoute que les rideaux des fits tirent leur nom de la même origine ; que cortis étoit le nom de la tente du général ou du prince, & que ceux qui en avoient la garde étoient appellés corti- naar &T curtifari. Dithionn. étimol, & de Trév. La courtine eft ordinairement bordée d’un parapet de 6 ou 7 piés de hant comme le refte de l’encéinte, qui fert à couvrir les foldats qui défendent le foffé & le chemin couvert. Voyez PARAPET & CoNTRE- SCARPE. Les affiégeans s’avifent rarement d’attacher le mi- neur à la courtine, parce qu’elle eft la partie de la place la mieux flanquée. Voyez FLANC. (Q) COURTISAN, ( Morale.) que nous prenons ici ad- jeétivement, & qu'il ne faut pas toûjours confondre avec homme de la cour; c’eit l’épithete que l’on donne à cette efpece de gens que le malheur des rois & des peuples a placés entre les rois & la vériié, pour lem- pêcher de parvenir jufqu’à eux, même lorfqu’ils font expreflement chargés de la leur faire connoître : le tyran imbécille écoute & aime ces fortes de gens ; le tyran habile s'en fert &z les méprife ; le roi qui fait l'être, les chafle & les punit, & la vérité fe montre alors ; car elle n’eft jamais cachée que pour ceux a ne la cherchent pas fincerement. Jai dit qu’il ne alloit pas toijours confondre courtifan avec homme de la cour, fur-tout lorfque courtifan eft adje&tif ; car je ne prétens point, dans cet article, faire la fatyre de ceux que le devoir ou la néceffité appellent au- près de [a perfonne du prince : il feroit done à fou- haiter qu’on diftinguât tojours ces deux mots ; ce- pendant l’ufage eft pent - être excufable de les con- fondre quelquefois, parce que fouvent la nature les confond ; mais quelques exemples prouvent qu’on peut à la rigueur être homme de la cout fans être courtifan ; témoin M, de Montaufier, qui defiroit f fort de reflembler au mifantrope de Moliere , & qui en efet lui reflembloit aflez. Au refte, il eit encoré plus aïfé d’être mifantrope à la cour, quand on n’y eft pas courtifan, que d’y être fimplement fpe@ateur & philofophe ; la mifantropie eft même quelquefois un moyen d’y réuflir, mais la philofophie y eft pref que toûjours déplacée & mal à fon aife. Âriftote f- nit par être mécontent d'Alexandre. Platon, à la cour de Denis , fe reprochoit d’avoir été éfluyer dans fa vieilleffe les caprices d’un jeune tyran, & Diogene reprochoit à Ariftippe de porter l’habit de courtifan fous le manteau de philofophe. En vain ce même Ariftippe, qui fe profternoït aux piés de De- nis, parce qu'il avoit, difoit-il, les oreilles aux piés, cherchoit à s’excufer d’habiter la cour, en difant que les philofophes doivent y aller plus qu'ailleurs, com- me les medecins vont principalement chez les mala- des.: on auroit pü lui répondre que quand les mala. dies font incurables & contagieufes, le medecin qui entreprend de les guérir ne fait que s’expofer à les gagner lui-même. Néanmoins ( car nous ne voulons rien outrer) il faut peut-être qu'il y ait à la cour des philofophes , comme il faut qu'il y ait dans la répu- blique des lettres des profeffeurs en Arabe ; pour y enfeigner une langue que prefque perfonne n’étudie, &c qu’ils font eux - mêmes en danger d'oublier, s'ils ne {e la rappellent fans cefle par un fréquent exer- cice. (0) COURTISANE, f. f. (Morale. ) on appelle ain une femme livrée à la débauche publique, fur-tout lorfqu’elle exerce ce métier honteux avec une forte d'agrément & de décence, & qu’elle fait donner au hbertinage l'attrait que la proftitution Ini Ôte pret que toùjours. Les courtifanes femblent avoir été plus en honneur chez les Romains que parmi nous, & chez les Grecs que chez les Romains. Tout le mon- de connoit les deux Afpañes, dont l’une donnoit des leçons de politique & d’éloquence à Socrate même; Phryné Phryné, qui fit rebâtir à fes dépens la ville de The: bes détruite par Alexandre, & dont les débauches fervirent ainfi en quelque mamiere à réparer le mal. fait par le conquérant ; Laïs qui tourna la tête À tant . de philofophes, à Diogene même qu’elle rendit heu- reux, à Ariftippe, qui difoit d'elle, je poffede Laïs, mais Laïs ne me poffede pas ( grande leçon pour tout. homme fage) ; enfin la célebre Léontium, qui écri- vit fur la philofophie , & qui fut aimée d’Epicure & de fes difciples. Notre fameufe Ninon Lenclos peut être regardée comme la Léontium moderne ; mais elle n’a pas eu beaucoup de femblables, &c rien n’eft plus rare parmi nous que les courtifanes philofophes, fi ce n’eft pas même profaner ce dernier nom que de le joindre au premier. Nous ne nous étendrons pas beaucoup fur cet article, dans un ouvrage auf grave que celui-ci. Nous croyons devoir dire feule- ment, indépendamment des lumieres de la religion; & en nous bornant au pur moral, que la paflion pour les courtifanes énerve également l'ame & le corps , & qu’elle porte les plus funeftes atteintes à la fortu- ne, à la fanté, au repos & au bonheur. On peut fe rappeller à cette occafon le mot de Démofthene, je n'achete pas 2 cher un repentir ; & celui de l’empe- reur Adrien, à qui l’on demandoit pourquoi l’on peint Vénus nue ; il répondit, guia nudos dimittis. Mais les femmes faufles & coquettes ne font-elles . pas plus méprifables en un fens, & plus dangereu- fes encore pour le cœur & pour l’efprit, que ne le font les courrifanes? C’eft une queftion que nous laif- ferons à décider, | Un célebre philofophe de nos jours examine dans fon hiftoire naturelle, pourquoi l'amour fait le bon- heur de tous les êtres , &:le malheur de l’homme. Il répond que c’eft qu’il n’y a dans cette pafion que le phyfique de bon; & que le moral, c’eft-à- dire le fentiment qui l’accompagne, n’en vaut rien. Ce phi- lofophe n’a pas prétendu que ce moral n’ajoûte pas au plaïfir phyfque , l’expérience feroit contre lui; ni que le moral de amour ne foit qu’une illufion, ce qui eft vraï, mais ne détruit pas la vivacité du plaifir ( & combien peu de plaïfirs ont un objet réel! ) Il a voulu dire fans doute queice moral eft ce qui caufe tous les maux de l’amour, & en cela on ne fauroit trop être de fon avis. Concluons feulement de-là, que fi des lumieres fupérieures à la raifon ne nous promettoient pas une condition meilleure, nous au- riôns beaucoup à nous plaindre de la Nature, qui en nous préfentant d’une main le plus féduifant des plai- firs, femble nous en éloigner de Pautre parles écueils donit elle l’a environné, & qui nous a, pour-ainf di- re, placés fur le bord d’un précipice entre la douleur & la privation. Qualibus in tenebris vite quantifque periclis Degitur hoc avi quodcumque eft ! . Au refte, quand nous avons parlé ci-deflus de honneur que les Grecs réndoient aux courtifanes, nous n’en avons parlé que relativemement aux au- tres peuples : on ne peut guere douter en effet que la Grece n’ait êté le pays où ces fortes de femmes -ont été le plus honorées, ou fi l’on veut le moins méprifées. M. Bertin, de l'académie royale des Bel- Jes-lettres, dansune differtation lûe à cette académie ‘en 1752, & qu'il a bien voulu nous communiquer, s’eft propolfé de prouver contre une foule d'auteurs “anciens & modernes , que les honneurs rendus aux scourtifares chez les Grecs, ne l’étoient point par le corps de la nation, & qu'elles étoient feulement Le -fruit de l’extravagante pañlion de quelques particu- diers. C’eft ce que l’auteur entreprend de faire voir par un grand nombre de faits bien rapprochés, qu'il -a tirés principalement d’Athenée & de Plutarque , sêt qu'il oppofe aux faits qu’on a coûtume d’alléouer Tome LPS d C OU AO en faveur de l’opinion commune.Commie le mémoi: re de M. Bertin n’eft pas encore imprimé en Mars 1754 que nous ÉCrivOns CECI, NOUS ne croyons pas devoir entrer dans un plus grand détail, & nous renvoyons nos lecteurs à fa differtation , qui nous paroît très-digne d’être lüe. (0) COURT-MANCHER , v. act, serme de Boucher c’eft, avec une brochette de bois, tenir le manche d’une épaule de mouton rapproché du gros ; afin de la parer & la rendre plus vénale. , * COURTOISES , (ARMES) Hiff. mod, armes in: nocentes & qui ne pouvoient blefler ; c’eft l’oppofé d'armes à outrance : ce fut des prémieres feule- ment qu'on ufa d’abord dans les tournois ; mais bien- tôt une valeur mal-entendue remit des fers aux lan- ces , rendit des pointes aux épées ; & enfanglanta des jeux où il n'étoit queftion que de montrer de l’adreffe. . COURTOISIE, f. f. (ft. mod.) en Angleterre; fe dit d'une forte de tenure de biens qu’un homme poflede du chef de fa femme, après même qu’elle eft décédée fans lui avoir laiffé d’enfans, pourvü toutefois qu’elle foit accouchée d’un enfant qui foit né vivant; Car en ce cas, quoique la mere & l'en: fant foient morts, l'époux furvivant refte en poflef- fion, pour fa vie, des héritages dont la femme eft morte faifie & vêtue, & fera dit les tenir par cour- toile d'Angleterre ; parce qu’en effet ce privilége n° lieu qu’en Angleterre, fi ce n’eft auf en Ecofle, où il eft appellé curialité d'Ecoffe, curialitas Scotiæ. Cette tenure a été introduite en Angleterre par Guillaume le Conquérant ; qui l’apporta de Nor- mandie ; où elle s’obfervoit fous le nom de veuveré, Chambers. (G) CourToisie, (Fauconn.) faire la courtoife aux autours, c’eft leur laifler plumer le gibier. COURTON, f. m. (Fiaffier.) c’eft, après l’étou: pe ; la plus mauvaile efpece de chanvre, On lappel: le ainfr, parce qu’elle efttrès-coutte. Les autres ef peces font le chanvre proprement dit, la filafle, &c lPétoupe. COURT-PLIS , f. m. (Comm.) c’eft dans l’aunage des toiles à voile , tout:pli qui a moins d’une aune, COURVETTE, f. f. (Marine) c’eft une efpece de barque longue, qui n’a qu'un mât & un petit trin: quet, t qui va à voiles & à rames : on s’en fert pour aller à la découverte & pour porter des nouvelles : il y en a tobjours à la fuite d’une arméenavale. (Z) COURTENAT, (Géog. mod.) petite ville de Fran- ce, dans lile de France au Gâtinoïis. Long. 20. 45: lat, 48. 1. COURTRAÏT, (Géog. mod.) ville des pays-bas Autrichiens, dans la Flandre, fur la Lis. Long. 20. 58, lat. 51.51, COURZOLA , (Géog. mod.) île dans le golfe de Venife, qui eft près des côtes de Dalmatie, avec une ville de même nom, qui porte le titre d’un duché. . COUSIN , culex, fub. m. (Hit. nat, In/etolog.) infette fort connu par fa piquûre & par {on bour- . donnement ; on éprouve aflez l’une êc l’autre de ces incommodités , pour être curièéux d’en connoître la caufe, aufli- nos plus grands obfervateurs n’ont-ils pas négligé cet infe@e. Il n’eft que trop multiplié : on en diftingue dans ce pays-ci plufieurs efpeces de différentes grandeurs ; aux environs de Paris où peut en reconnoitre trois efpeces; ceux de [a plus grande ont fur le corps des marques de-blanc & de noir, & fur le corcelet des ondes brunes ou noires ,Imêlées avec des ondes blanches ou grifâtres ; les yeux font bruns. D’autres coins moins grands ont le corps brun; le corcelet des plus-petits!, qui fontles plus communs, eft de couleur roufle ou de feuille morte, & le corps blanchätre ; ils ont le ventre gris, excep. / : à E e e -$ 40% COU té l'endroit d’une tache brune qui eft fur chaque an- neau, En général les coz/£ns ont le corps allongé, cy- lindrique, & éompofé de huit anneaux ; le corcelet eft court & gros, 1l porte les fix jambes, les deux at- les, & les deux balanciers ou maillets de cet infeéte. On y voit auf quatre fligmates. Dans l’état de re- pôs lés ailes fe croifent l’une fur l’autre ; elles font très-fniñicés 8 tranfparentes ; On ÿ apperçoit au mi- crofcope quelques écailles femblables à celles des ai- les de papillon, ces écailles font placées pour Por dinaire le long des nervures de l'aile, ce quu reffem- ble en quelque forte à des feuilles pofées le long de la tige d’une plante ; 1l y a auffi des écailles fur le corcelet & fur tous les anneaux du corps, & on y découvre des poils longs & extrèmement fins: les an- ténnes font faites en forme de panache , celles des mâles font plus grofles que celles des femelles, Ces infetes ont des yeux à réfeau qui entourent prefque toute la tête ; il y en a qui font d’un beau verd, chan- geanit à certains afpelts oùils paroïfent rouges. Dans quelques efpeces 1l y a deux corps oblongs, arron- dis , & placés près de la trompe comme les barbes des papillons. Les cou/îns piquent par le moyen d’une trompe; c’eft une forte d’infirument compofé de plu- fieurs preces renfermées dans un foufreau , qui pa- roit cylindrique dans la plus grande partie de fa lon- gueur , & qui eft convert d’écailles ; il eft terminé par un bouton pointu , dont l’extrémité eft percée : On apperçoit quelquefois tne pointe qui fort par cet- te ouverture ; mais lorfqu’on prefle linfeéte entre deux doigts par le corcelet près de la tête, on voit le fourreau de la trompe s’entrouvtir dans fa partie fupérieure , & quelquefois d’un bout à l’autre, juf- qu'au bouton qui eft à l’extrémite. Il fort alors de Pouverture du fourreau une efpece de fil rougeätre & luifant, qui fe courbe dans toute fa longueur ; ce fil eft compofé de plufieurs filets que l’on peut fépa- rer les uns d’avec les autres, & qui fe féparent quel: quefois d'eux-mêmes. Lorfque l’infeéte pique, on voit la pointe qui fort de l’ouverture du bouton pla- cé à l'extrémité de la trompe : 1l fait d’abord quel- que tentative, & femble chercher endroit où1l en- foncera la pointe ; alors fi on l’obfexve, par exem- ple, fur la main avec une loupe , on voit qu’à me- fure que l’aiguillon pénetre dans la chair, il glifle à travers Le bouton qui remonte du côté de la tête de linfeéte: le fourreau n'étant pas fait de façon à fe raccourcir en fe phflant, 1l fe plie par le milieu, l’ai- gwllonen fort par la fente dont ila déjà été fait men- tion, & le bouton du fourreau en fe rapprochant de la tête de l’infe@te met le fourreau en double. Cette orgamfation eft particuliere à la trompe du coufrn : c’eft par ce moyen qu'un aigwuillon qui n’a qu’une li- gne de longueur, peut entrer dans la peau à trois quarts de ligne & plus de profondeur fans s’allonger d'autant, fans que le fourreau fe.phffe & fans que le bouton entre dans ouverture que fait Paigwillon. Il y'a quelques différences entre les trompes des diver- {es efpeces de coufirs ; on voit quelquefois deux an- ténines qui fe féparent de la trompe ; dans d’autres Paiguillon a un double fourreau ; l'extérieur eft com: poié de deux pieces latérales, qui fe féparent du {e- cond, & s’élevent jufqu'à la tête de l’infedte avant que le fécond fourreau fe plie lorfque Paiguillon fait une piquûre, Il y a de ces infeétes dont Paigwillon eft plus fort que celui des efpeces les plus communes ; l'extrémité de l’étur s'éloigne de celle de Païguillon, Qui par conféquent ne pañle plus pat le boutonde l’é- tux lorfqul fort au- dehors; l’infeéte s'appuie alors fur lextrémité de l’étui de la trompe, comme fur une jambe qui pofe à une ou deux lignes de Pendroit où fe fait la piquüre de l’aiguillon. Cet aiguillon eft dans tous les cof£ns compofé de plufieurs pieces, mais fi fines, que les obfervateurs COU . ne font pas d'accord ni fur leur nombre ni fur leuf! figure ; mais il n’eft pas douteux que ces infeétes ne fucent le fang des animaux & de l’homme par le moyen de leur trompe; ils s’en rempliflent l’efto- mac & tous les inteftins. Le ventre qu eft plat, flaf que, 6 gris, lorfqu'il eft vuide,. devient arrondi, tendu, & rougeâtre, après qu'il a été rempli de fang; & pour qu’il en contienne une plus grande quantité, on prétend que l’infeéte rend les excré- mens qui y étotent reftés; mais cette quantité eft fi petite, qu’elle feroit très-indifférente fi nous ne ref- fentions pas une petite douleur dans l’inftant'de la piquüre , & fur-tout f elle n’étoit pas fuivie d’une demangeaifon aflez forte, & d’une enflûre aflez con- fidérable. Sur les bords de la mer & dans les lieux marécageux, où il fe trouve un plus grand nombre de ces infettes qu'ailleurs , il arrive que leurs piquü- res {ont fi fréquentes, que des gens en.ont eu les bras & les jambes enflés &c affedtés au point, qu'il étoit à craindre qu'on ne füt obligé de les couper. Pour l'ordinaire les piquûres de ces infeétes ne font pas fi dangereufes, mais on en eft affez incommodé pour en rechercher la caufe & le remede, L’aiguillon qui fait cette piquûre eft fi délié, qu'on a peine à l’appercevoir, & qu'on ne fait comment 1l eft capable de caufer de la douleur & des tumeurs dans la peau: on a cru que ces fymptomes venoient de ce que l’aiguillon avoit une figure particulieres mais il y a-là-deflus une autre opimon, c’eft qu'il fort dé la trompe une liqueur qui peut irriter la pe tite plaie. On a vû dans diverfes circonftances de pe tites gouttes d’une liqueur claire au bout de la trom- pe, G'c. cette eau fert peut-être à délayer le fang, & à le rendre aflez fluide pour qu'il puifle entrer dans la trompe. On a comparé cette liqueur à la fa- live qui prépare les alimens à la digeftion. Quoi qu'il en foit, 1l vaudroit encore mieux avoir un bon re- mede contre les piquiüres du cou/in, que de connoi- tre la caufe des accidens qu’elles font éprouver. On confeille de délayer avec de Peau la liqueur que Pin- feête a laïffée dans la plaie, c’eft-à-dire de laver la plaie aufi-tôt qu’on à té piqué, & même de la grat: ter pour l’aggrandir afin que l’eau y pénetre mieux. Pour l'ordinaire on ne la grate que:trop, & lenflûre n’en eft que plus grande; mais je ne doute pas que l’eau , ou tout autre topique émollient & rafraichif- fant, ne puifle non-feulement adoucir la demangeai fon & prévenir lenflûre, mais même faire difparoï- tre la tumeur lorfqw’elle eft déjà formée ; & je crois qu'on ne doit pas négliger de traiter méthodique ment les piquüres de ces infeétes, lorfqu'il ÿ en a plufieurs far une même partie. ILeft à croire que le fang des animaux n’eft pas un aliment néceflaire pour les infeétes dont il s’agit, & que la plüpart vi- vent du fuc dés plantes, fans jamais fucer de fang,. Les coufins naïflent dans les eaux croupiffantes. Oniles trouve fous la forme de vers aquatiques dans les mates ; depuis le mois de Mai jufqu'au commen- cement de l’hyver. Dans les années pluvieufes leur nombre eft prodigieux : mais il eft toûjours aifé d’en avoir; it fufit de laifler un baquet plem d’eau à Pair, au bout de quelques femaines 1l y a des vers de coz- fins. Ceux dés différentes efpeces peuvent varier en quelque chofe dans leur figure ; mais 1ls fe reflem- blent tous pour les parties eflentielles. Ces vers n’ont ni jambes n1 derits; lé corps eft'allongé ; la tête bien détachée du premier anneau auquel elle tient par une éfpece de cou. Les anneaux font au nombre de neuf; le premier eft beaucoup plus gros & plus long que les autres; ils diminuent fucceflivement de grof- feur jufqu'au dernier | qui eft le plus petit de tous: il ÿ'a une forte de tuyau'qui tient au dernier anneau, & qui pour l’ordiriaire eft dirigé obliquement en ar- rière & à côté : falongueur eft plus grande que celle zx Ües trois anneaux qui le précedent pris enfemble : c’eit par ce conduit que le ver refpire. L'ouverture qui eft à l’extrémité fe trouve à la furface de l’eau, de forte que lPinfcéte eft comme fufpendu la tête en bas. Dès qu'on agite l’eau, ces vers s’y enfoncent ; mais bien-tôt ils reviennent À la furface, où il eft aifé de les voir, quoiqu'ils foient très-petits. Un autre tuyau tient encore au derñier anneau; il eft auff gros, mais plus court que l’autre, & il fert d’anus. Chacun des anneaux a de chaque côté une houpe de poils ; maïs le premier en a trois. La couleur des an- neaux eft verdâtre ou blanchâtre, lorfque lé ver eft nouvellement éclos ; elle devient grifâtre lorfqu'il approche du tems de fa transformation. La tête eft un peu plus brune que le refte de l’infeûte : on voit une tache brune à lendroit de chaque œil, & au- tour de la bouche des barbillons qui fervent à diri- ger les alimens qui nagent dans l’eau. Il y a encore fur la tête deux antennes différentes de celles des in- icétes ailés; elles font courbées en arc, & n’ont qu'une articulation qui eft à la bafe. Le ver du cozffr change trois fois de peau en quin- ze jours ou trois femaines. Avant que de fe transfor- mer à la quatrieme fois, il perd fa premiere forme, il fe raccourcit & s’arrondit ; le corps eft contourné de façon que la queue eft appliquée contre le deffous de la tête, & que le tout a une forme lenticulaire: une partie de fa circonférence eft plus épaifle que l’autre ; celle-là eft à la furface de l’eau, & l’autre en-bas : on diftingue fur la premiere deux fortes de cornes, ou phitôt deux cornets quireflemblent à des oreilles d’âne. Lorfque linfeéte nage, il déplie la par- tie du Corps qui étoit recourbée en-deflous juiqu'au- près de la tête. Dans ce fecond état il peut être ap- pellé zymphe ou chryfatide, parce qu’il a des qualités propres à l'une &c à l’autre: alors il ne mange plus, mais 1l refpire comme auparavant, quoique la fitua- tion des organes foit différente; lair entre par les cornets qui s'élevent fur le corcelet, & qui fe trou- vent à la fürface de l’eau. L'état de nymphe dure plus où moins, felon le degré de chaleur. Quelque- fois la feconde transformation fe fait onze ou douze jours après la naiflance du ver ; & d’autres fois ce n’eft qu'après quatre femaines. Par cette transformation linfete pafle de l'état de nymphe à celui d’infeéte ailé , dans lequel nous lui donnons le nom de cou/in. Pour y parvenir, il étend la partie poftérieure du corps à la furface de l’eau, au-deflus de laquelle le corcelet paroît; alors l'en. veloppe extérieure de la nymphe fe fend aflez près des deux cornets, ou même entre ces deux cornets ; le corcelet fe découvre , la fente s’agprandit, &z bientôt la tête du cou/fn s’éleve au-deflus des bords ; le corps fiut, & à mefure que l’infeûte fort de fon enveloppe, il fe redreffe, & parvient enfin à mettre {on cotps dans une direétion prefque verticale, s’ap- puyant fur {a partie poftérieure qui porte dans le mi- lieu de fa dépouille comme un mât dans le milieu d'un bateau. En effet, la dépouille lui fert de bar- que; & fi par quelqu'accident l’infete perd léquili- bre au point que l’eau pafle par-deflus les bords de l’ouverture qu'il a faite dans {a dépouille lorfqu’il en eff forti, &c qu'elle entre dans la cavité qui eft reftée vuide par le déplacement du corps de linfe&te, la barque eft fubmergée, & il tombe dans l’eau où il pé- rit à l’inftant; ce qui arive à une grande quantité de ces infettes lorfqu’il fait du vent dans le tems de leur transformation. Cependant pour l'ordinaire la barque fe foûtient, & en une minute la manœuvre da plus difficile eft achevée. Le coufin tire d’abord fes deux premieres jambes du fourreau, enfuite les deux fuivantes, & les appuie fur l’eau en penchant fon corps ; enfin il déplie fes ailes ; dans un inftant elles fe fechent, &c l'infeéte prend l'eflor, Tome IF, COU 403 On ne fait pas comment, ni en quel lièü, ni en quel tems fe fait Paccouplement dé ces infeétes ; ce qu'il y a de certain, c’eft qu'ils font très-Féconds ; une feule femelle produit deux cents Cinquante où trois cents , 8 mêmeé jufqu’à trois cents cinquanté œufs d’une feule ponte ; & s’il ne faut Qué trois fes maunes ou tn mois pour chaque génération. il pour: roit y avoir fix ou fept générations chaque année, puifqu'on trouve des œufs dans lés marés depuis le mois de Mai jufqu’à l'hyver. Dès que l’on a vüû des nymphes fe transformer en coyfns, dans un vale qué l'on a rempli d’eau & Expôle à lair, comme il a dé- jà été dit, peu de jours après il fe trouve dans le me- me vafe de nouveaux œufs qui nagent fur la furfacé de l'eau; ils font oblongs, & plus gros à un bout qu'à Pautre : tous ceux qui viennent d’ine même fe: melle font raflemblés en untas tués vetticalement Le gros bout en bas, & l’autre én haut à la furface de l'eau. Ces œufs font collés les uns aux autres , & difpofés de façon qu'ils forment une forte de fadeau dont la figure approche de celle dun bateau plat qui fe foûtient {ur l’eau ; car f elle y éntroit, les œufs n'éclorroient pas. Lorfqw’on les regarde à la loupe, on voit que leur gros bout eft terminé par une {orte de co: d’abord ils font blancs ; bien-tôt ils deviennent verds, & en moins d’une demi-jout- née leur couleur change encore en grifâtre. Lorfque le coufir femelle pond, il s'affermit avec fes quatre jambes antérieures fur quelque corps folide, & étend fon corps fur la furface de l’eau, fans y toucher que par l’avant-dernier anneau : le dernier eft relevé en haut, & l'anus fitué de façon que l’œuf en fort de bas en haut, & fe trouve dans {a poñition verticale tout près des autres œufs déjà pondus, contre lef. quels il fe colle, parce qu'il eft enduit d’une matiere gluante. Dans le commencement de la ponte , l’in- fete foûtient les premiers œufs avec les Jambes dé derriere en les croifant; il les écarte péu-à-peu à mefure que le tas augmente ; enfin il ne l’abandonne qu’à la fin de la ponte. Ces œufs ont fans doute été fécondés dans le corps de la femelle, On la diftingué du mâle en ce que le corps de celui-ci eft moins al. longé & plus cfilé, & terminé par des crochets ;au lieu dé ces crochets, la femelle a deux petites pa- lettes. Meém. pour fervir à Phift. des infèce, tome IF. Ps 573 6: fuiv. Voyez INSECTE. (1) COUSIN, f. m. (Jurifprud.) qualité relative de pa- renté qui fe forme entre ceux qui font fus de deux freres, ou de deux fœurs, on d’un frere & d’une fœur. Les coufîns font paternels ou maternels ; on appelle coufins paternels, ceux qui defcendent d’un frere ou fœur du pere de celui dont il s’agit ; les coufins maternels , font ceux qui defcendent des freres Ou fœurs de la mere. Les cozfins paternels ou maternels font en plu fieurs degrés. Le premier degré eft des coufîns germains, c’eft- àa-dire enfans de freres & fœurs. Les coufins du fecond degré, qu’on appelle ia de germains , font les enfans que les couf£ns germains ont chacun de leur côté. Dans le troifieme degré on les appelle arriere-iÎfus de germains ; ce font les enfans des cou/£ns 1ffus de ger- TILALTIS, Au quatrième degré, on les appelle fimplement coufins au quatrieme degré ; & ainf des autres degrés fubféquens. Les coufins peuvent fe trouver en degré inégal : par exemple , un coufn germain , & un cou/in iflu de germain; en ce Cas, On dit que /e premier a le gera main fur l'autre, & c’eft ce que l’on appelle ozcle ou tante à la mode de Breragne, Si les deux confins font ençore plus éloignés d’un degré, en ce cas le plus Eceï 404 COU proche de la tige commune eft , à la mode de Bre- tagne, le grand oncle du plus éloigné. On voit dans une ordonnance de Charles V. du 5 Septembre, 1368, qu'à Douai deux coufns ger- ‘mains ne pouyoient en même tems être échevins ; & dans'une autre du 28 Janvier fuivant 1l ef dit, qu’entre les trente perfonnes qui éliront le maire & échevins de Péronne, ilne pourra pas y en avoir plus de deux qui foient parens, fi cela eft poflble ; que fi cela ne fe peut, & qu'il y en ait plus de deux qui foient parens, du moins il ne pourra y en avoir plus de deux qui foient coufins germains. (4) COUSOIR A COUDRE. LES LIVRES, (Re/ieur.) Cette machine eft dreflée {ur une table, fur le de- vant de laquelle il y aune mortoife de dix-huit pour ces de longueur ou environ, pour y pañer les fi- celles auxquelles on doit coudre les hyres, On rem- plit cette mortoife par une tringle de bois échan- crée aux deux bouts, pour qu’elle y foit retenue fur Îles rebords taïllés à moitié du bois de la table: on appelle cette tringle emploie. Voyez TEMPLOTE. Sur les côtés de la rainure il, y a un trou, pour y pañler deux morceaux de bois taillés en vis qui s’élevent de deflus la table jufqu’à quinze ou dix-huit pouces. Le bas de ces vis eft rond, pour les pouvoir tourner à la main, On pafle dans le haut des vis un autre morceau de bois rond, ayant à chaque extrémité un bout quarré de trois à quatre pouces de long, dans lequel il y.a un trou vidé pour faire élever ou def- cendre cette barre à volonté, De cette barre def- tendent cinq ficelles nouées à cinq ou fix pouces de longueur, en forte qu’elles tournent autour de la barre : on attache à ces ficelles par un nœud le bout de celles auxquelles on doit coudre le livre; puis on fait paffer l’autre bout par la mortoife , & on l’arrête au-deffous de la table avec une chevillette à l'entour de laquelle on la tourne, en faifant pañler Le bout par le trou de la tête. Quand les cinq chevillettes font arrêtées , & les ficelles bien dreflées & égales, on fait bander ces ficelles en tournant également les deux vis pour faire monter la barre; puis la coutu- riere prend un feuillet de papier blanc: où deux, égaux de grandeur au volume qu’elle doit coudre, & les couchant fur la table, elle en prefente le ph contre les cinq ficelles, où elle les coud ; &c ainfi de toutes les feuilles du volume, jufqu'à ce que le tout foit coufu : alors elle finit fon ouvrage, en met- tant à la fin comme au commencement une ou deux pages de papier blanc ; & lorfque fes fils font arré- tés , elle tourne en fens contraire le collet des vis & fâche les ficelles , qu’elle coupe à hauteur fufifante pour les paffer dans le carton qu’on y doit mettre. F. PI, I. de la Reliure, fig. B. Foy. PLIER , ENDOSSER, € PASSER EN CARTON. COUSSECAYE ox COUSECAILLE, fubft. fém. { Cuifine. ) ragoût des dames Créoles des Antil- les. Il eft compoté de farine de magnoc mêlée tout fimplement dans du fyrop ou dans le vefou chaud fortant des chaudieres à fucre ; on y met du jus de ci- +ron, après quoi on verfe cette efpece de broûet dans des taffes de porcelaine pour le prendre chaud, ‘à-peu-près comme on fait ie chocolat. Ars. de M. LE ROMAIN. COUSSECOUCHE ox COUCHE - COUCHE, 4 f. racine potagere des îles Antilles. Elle croît or- dinairement de la groffeur & à-peu-près de la for- me d’un gros navet; la pellicule gui la couvre eft brune, quelquefois grife, rude autoucher , pouffant plufeurs menus filets en forme de chévelure. La chair de la vouffecouche eft d’une confiftance un peu plus folide que l’intérieur des châtaignes bouillies, 8e plus caflante: la couleur en eft blanche, ou quel- quefois d’un violet foncé. Ceite racine étant cuite dans de Peau avec un peu de fel,, fe mange avec des viandes falées ou du poiflon. NN C’eft un mets fort eltimé des dames Créoles, quoiqu'il foit un peu venteux. 4rricle de M. Le Ro- MAIN, COUSSIN , f. m. On donne en général ce nom à un amas de quelque fubftance molle ,comprefible, élaftique,& renfermée dans une efpece de fac ou de toile ou d’étoffe, deftiné à {oûtenir doucement un corps. He | * Coussin (rt militaire.) bloc de bois placé au- derriere de l’afut, fur lequel la culafle du canon eft foûtenue, | | Coussin, ( Marine.) c’eft un tifu-de menue cor- de à deux fils où à trois, qu’on met fur les cercles des hunes , autour du grand mât , fur. le mât de beau- pré & ailleurs, pour empêcherque les voiles qui por- tent fur ces endroits, ne fe coupent. & s’ufent contre les bois par un trop dur frottement..(Z) | Coussins D’AMURES., (Marine, ) c’eft un tiflu de bitord que l’on met fur le plat-borddw bord , à l’en- droit où porte la ralingue de la voile, afin d’empé- cher qu’elle ne fe coupe. (Z) 1:00 CoOUSSIN SOUS LE BEAUPRÉ , voyez CLAMP. CoOUSSIN, en termes d’Argenteur ; eft un fac de cuir rempli de fable , fur lequel on lie les piés de chandelier , ou autres pieces , qu’on veut cifeler. Voyez, Planche de l’Argenteur , fig. 1. un ouvrier qui cifelle une piece attachée fur un couffin. | CoOUSSIN, ex termes de Batteur-d’ot , eft-une plan- che fourrée de bourre , & recouverte de peau, pour couper l’or quand les lames ont acquis uñé certaine grandeur : ce qui fe fait en répandant fur ce cou/ffîr du brun de plâtre pulvérifé , pour donner du jeu à For & prife au rofeau. | COUSSINET, fubft. m. er Archireture, eft felon Vitruve, un oreiller ou baluftre, à quoi reffemblent les parties latérales du chapiteau ionique antique, & dont les côtés font diflemblables. 7, CHAPITEAU. On appelle auf couffinet , la pierre qui couronne un pié-droit, & dont le lit de deffous.eft de niveau, & celui de deflus incliné pour recevoir le premier voufloir ou la retombée de Parc d’une voñte. (P) COUSSINET, voyez CHEVET,. COUSSINET À MOUSQUETAIRE, ( Ars milis.) étoit un cou/finet que le foldat portoit autrefois fous fa ban- douilhiere, à l'endroit où fe pofoit le moufquet. (Q) COUSSINET , ex rerme d’Aroenteur ; eft une efpece d'oreiller couvert de bazanne , fur lequel on met l'argent pour le couper plus aifément. Cet oreiller ou couffinet et reprélenté {ur la table de 2 figure 4. de La vignette de la Planche de l'Argenteur. CoUsSsiNET , en rermes de Bortier, eft un petit fac plein dé crin & piqué , qui fe met dans les genouil- lieres des bottes, pour empêcher les incommodités qu’elles peuvent caufer. $ COUSSINET, terme de Bourrelier, c’eft une partie du harnois des chevaux de carroffe, compoifée de deux petits couflns de toile B , garnis de bourre & de crin, & recouverte d’une grande plaque de cuir à-peu-près quarrée. Le couffine: pofe fur le garrot du cheval, L’ufage du couffinet eft de foûtemir par deux bandes de cuir l’anneau de fer en forme de boucle, où aboutiffent les reculemens,le poitrail,&r les traits; & par deux autres bandes appellées morrans ; de foûtenir le poitrail, & empêcher qu'il ne bare trop & n’emberrafle le cheval dans fa marche. Le couffiner fert auf à aflujettir le furdos, &c-ainf à contenir toutes les parties du harnois. Foyez la fig. 1. G 2, PI, du Bourrelier. CoussinET, (Couvreur.) rouleau de paille nat- tée, que ces ouvriers attachent fous les piés de leurs échelles, pour Les empêcher de ghffer ; ces échelles en font appellées échelles & couffinet. | | COU COUSSINET , ( Doreur.) Le couffines des Doreurs eft un morceau de bois bien uni, fur lequel eft pote un lit de crin, ou de bourre, ou de feutre, 8c par- deflus une peau de mouton on de veau , bien tendue & attachée avec de petits clous. Ce couffines eft en- touré de deux côtés d’un morceau de parchemin de fix doigts de haut, pour empêcher que le vent ne jette à terre l'or qu’on met deflus. Voyez la figure 6. PI. III, du Doreur. COUSSINET , ex termes de Gravure en Taille-douce , c’eftune efpece de petit couffin que l’on fait de peau, rempli de fablon d’Etampes; il doit avoir fix à fept pouces de diametre, & deux à trois pouces d’épaif- leur, Il fert pour pofer la planche de cuivre , & lui donner tous les mouvemens néceffaires. 7. oyez PI, IT. de la Gravure & La fig. 14. de la PL, I. qui en fait voir l’ufage. COUSSINETS , (4 /a Monnoie. ) font les lames ou bandes d’acier , fur lefquelles font gravés en creux les moltés de légende de la tranche. Voyez MARQUE SUR TRANCHE. COUSU part. (Maréch.) fe dit d’un cheval fort maigre. On dit qu’! à Les flancs coufus , pour dire qu'il y à fi peu d’épaiffeur d’un flanc à l’autre, qu'il Iemble qu’ils font coufus enfemble. On dit qu’ homme ef? coufi dans la fèlle, pour fi- gnifer qu'il eft fi ferme à cheval, qu'il en branle fi peu, qu'il femble y étre attaché. (77) CousU , ex termes de Blajon , fismifie la même cho- fe que rempli, & {e dit d’une piece de métal ou de couleur placée fur le champ de l’écu. On l'appelle ainfi, parce que par la regle générale du Blaion de ne pas mettre métal fur métal , ni couleur fur cou- _ leur, elle ne doit pas avoir place dans l’écu; & l’on fauve cette efpece d’irrégularité, en difant qw’elle y eft coufue. Voyez le P. Menet. 6 /e ditfionn. de Trév. Bonne de Lefdiguieres en Dauphiné, de gueules an Hon d’or, au chef coufx d'azur, chargé de trois vafes d'argent. (77 COÛT, f. m. (Jarifpr.) d'un atle en général > ft ce que l’on paye à l'officier public pour {on falaire de laéte, COÛT d’un arrét, fentence , on autre jugement > font les frais que l’on eft obligé de payer pour obtenir un arrêt & pour le lever: tels que les vacations, épices & autres droits. ; CoûTs (loyaux) , voyez au mor LOY AUX COÛTS. A , ; Cat es , (Géog. mod.) ville confidérable de France en baffle Normandie, capitale du Coten- tin près de la mer. Long, 164, 12!, 25", larir, 494, 2!, SUR * COUTEAU , f. m. ( Gram. ) inftrument tran- chant d'acier, que les Couteliers fabriquent parti- culierement; ce qui les a fait nommer Cozreliers. Il ÿ en a un fi grand nombre de différentes fortes, & ils font à l’ufage de tant d’artiftes, qu’il eft impot. ble d’en faire une énumération exacte. Nous allons faire mention des principaux : on trouvera la def- cription & l’ufage des autres aux articles des ouvra- ges auxquels on les employe ; & la maniere de faire le couteau ordinaire de poche ou de table, à larti- cle Courelier, Voyez l’article Courezrter. COUTEAU , (if anc.) dans les facrifices des anciens, inftrument pointu , ou tranchant fans poin- te, dont les viétimaires fe fervoient pour égorger où dépouiller les viétimes. Ils en avoient de plufieurs efpeces. Le plus connueff le Jécefpisa, olaive aigu & tranchant, qu’ils plongeoïent dans la gorge des ani- maux , & dont [a figure, fuivant la defcription de Fefus, approchoit de celle d’un poignard. La fecon- de efpece étoit le corean à écorcher les vifimes ) _culter excoriatorius , qui étoit tranchant, mais atron- di par le haut en quart de cercle : on faifoit ceux-ci COU 405 d’aitain, comme l’étoient prefque tous les autres inflrumens des facrifices ; les côtés du manche en étoient plats, & à fon extrémité étoit un trou qui {ervoit à y pafler un cordon, afin que le vidimaire pôt le porter plus aifément À fa ceinture. La diffec. tion ou partage des membres de la vidime fe fai- foit avec une troifieme éfpece de couteaux plus forts que les premiers , 8& emmanchés comme nos COUpe- rets : c’eft ce qu’ils appelloient do/abra 6 Jcera. Où en voit fur les medailles des-emperéurs , où cet in- frument eft un fymbole dé leur dignité de grand pontife : les cabinets des antiquaires en Conferyent encore quelques-uns. Chambers. (G) ; COUTEAU COURSE, inftrument dont les Ch: rargiens {e fervent pour couper les chairs dans les amputations des membres, La figure de ce courean répréfente un demi-croiflant ou un fegment de cer- cle, Cet inftrument eft compoté de deux parties, de la lame & du manche. La lame ne doit point excé< der fept pouces fept lignes de long , fans y compren- dre le contour , cette mefüre fe prenant dans l'inter- valle de deux lignes paralleles qu’on tireroit hori- fontalement à fes extrémités ; ou bien fi l’on veut: prendre la longueur dans le milieu de la lame , en fuivant la courbure, elle doit être de huit poucés cinq lignes. Cette étendue eft aflez grande, même pour les plus grands couteaux. La largeur de la lame , dans l’endroit qui a le plus de diametre , eft de quinze lignes, allant doucement en diminuant pour fe ter- mineï par une pointe fort aiguë. Cette lame doit avoir du corps & dela force; aïinf l’épaïfleur de fon dos près le manche doit être de: deux lignes, allant doucement en diminuant à me- füre qu'il approche du tranchant & de la pointe. La courbure doit être leégere, & commencer de- puis le mentonnet, enforte que le tranchant repré fente lé fegment d’un grand cercle. Pour qu'on ait une idée plus parfaite de la courbure que nous de- mandons , en fuppofant une corde tirée de la pointe du couteau au mentonnet, on doit voir l’are pref= que d’une égale rondeur ; & le rayon qui part du milieu de larc pour fe jetter en ligne droite fur le milieu de la corde, ne doit pas avoir plus d’un bon pouce de longueur. L'avantage qu’on tire d’une legere courbute telle qu’on vient de la décrire,eftque le tranchant coupe de long &c dans prefque toute fon étendue ; ce qui adou cit beaucoup fon a@tion , & par conféquent la dou- leur : au contraire, les coureaux dont la pointe feule eft très-courbée, n’embraflent pas le membre dans une fi grande circonférence, & le grand arc devient fort embarraffant. Enfin la lame du cowvan courbe doit être formée par deux bifeaux , un de chaque côté, qui viennent de loin, qui foient très-adoucis &t prefque imperceptibles , afin de former un tran- chant qui ne foit ni trop fin ni trop gros pour porter plus de réfiftance à la feétion des chairs, Il faut auf faire attention à la bafe de la lame du couteau courbe ; c’eit une plaque horifontale dont 1a circonférence eft oftogone, pour quadrer aux huit pans du manche. Cette plaque du milieu de laquelle {ort la lame du couteau , eft renforcée dans cet en- droit par deux éminences de chaque côté, que les ouvriers appellent double coquille : céla donne de: l’ornement & de la folidité à l’inftrument. La plaque horifontale doit avoir dix lignes de diametre, & la lame doit former dans cet endroit : une avance arrondie qui eft limée, & qui ne cou- pe point du tout ; les Couteliers nomment cette avance mentonnet : 1] fert d’appui au pouce de l’o- pérateur. La furface inférieure de la plaque c&o- gone cit limée fans être polie , afin de s’appliquer 406 COU plus uniment fur le manche; & c’eft pour cette räi- on qu’on.la nomme la rirce du couteau. Du milieu de la-mitte.part une tige exaétement quarrée , de quatre pouces fept à huit lignes de-long. On l’appelle la foie. Toute la lame doit être d’un bon acier & d’une trempe dure, afin que le tran- chant réffte 8 coupe bien. Le manche du couteau courbe et ordinairement d’ébene; il a quatre pouces huit lignes de long, treize lignes de diametre à l’endroit de fa tête ; fa partie antérieure -ne doit «pas excéder dix lignes, volume qui peut entierement templir la maim. Le inanche doit être à huit pans, pour être tenu plus fermement;.fa partie poftérieure eft ordinairement terminée par'une avance en forme de tête d’aigle, dont le bec eft tourné: du côté du dos du couteau, afin de fervit de barriere aux doigts de l’opérateur. Voyez la figure, PL XX. fig. 5. ‘COUTEAU DROIT pour les amputations. La lame a quatre pouces deux lignes ; fa largeur près le men- tonnet ne doit pas excéder quatre lignes, & aller toüjours en diminuant jufqu’à la pointe. Ce cow- teau n'a qu'un tranchant ; le manche peut être d’é- bene ou d'ivoire ; il doit être taillé à pans, long de trois pouces quatre lignes, & de fix lignes de diame- tre, dans l’endroit le plus épais. La mitte doit être proportionnée à ces dimenfons. Lifez la conftruc- tion du couteau courbe. Voyez fig. 4. PL XX. Cet inftrument fert à couper les chairs qui font “entre les deux os de lavant-bras ou de la jambe, & d'achever même la fetion de celles qui auroient “échappé à l’aéion du grand couteau courbe : c’eft avec ce couteau droit qu’on incife le periofte ; quel- ques-uns fe fervent d’un couteau à deux tranchans féparés par une vive arrête. La lame de ce couteau doit avoir fix pouces de long: mais il n’eft utile que pour les amputations en lambeaux. Voyez la figure dans les Planches de Chirurgie. Il faut obierver, en fe fervant du couteau droir, de ne pas en tourner le tranchant vers les parties qu'on veut conferver, de crainte de fendre des vaifleaux fuivant leur lon- gueur, & de fcarifier inutilement la partie. Voyez AMPUTATION. . COUTEAU LENTICULAIRE , eft un inftrument compofé d’une tige d'acier, longue d’environ deux pouces & demi; fon extrémité antérieure forme un gouteau d'une trempe douce, plat des deux côtés, long d’un pouce, large de quatre lignes dans fon commencement , & de trois à fa fin, qui eft termi- née par un bouton fait en forme de lentille; fitué borifontalement, large de quatre lignes, plat du cô- té qui regarde le manche , un peu arrondi de Pautre ; le dos de ce couteau doit être bien poli, arrondi, lar- ge d’une hgne ; fa tige eft enchâflée dans un manche Æong.de deux pouces & demi. L'ufage de cet inftrument eft de couper, fans «craindre de bleffer la dure-mere, les inégalités que la couronne du trépan a laïfices à la face interne du crane, Voyez TRÉPAN. Voyez la fig. 13. PI, XVI. «COUTEAU À CROCHET , inftrument de Chirur- gie pour les accouchemens laborieux. Voyez Ac- COUCHEMENT. Son corps eft une tige d'acier de cinq pouces de ongueur, dont la baïe a cinq hgnes de diametre, & fon autre extrémité environ trois lignes : celle-ci eft terminée par un couteau demui-circulaire en forme de crochet, dont la lame a à-peu-près cinq lignes de largeur dans fon milieu. Foyez PL XX, de Chirurgie, _fig. . Cet inftrument tient par une foie quarrée à un manche d’ébene, au-travers duquel elle pañle, & au bout duquel elle eft rivée : ce manche a trois pouces -& dermi de long. L'ufage qu’on donne à cet inftrument eft de dépe- er un enfant monftrueux, afn de pouvoir le tirer « COU par morceaux, Voyez CrocH&rT. On le propofe auf pour percer le ventre des enfans qu'une hydropifie empêche de venir au monde, & pour ouvrir la tête dans les cas où:1l eft néceflaire de vuider le cerveau. Il eft certain que dans ces deux dernieres circonftan- ces, On peut avoir recours à des moyens plus faci- les &c plus sûrs. Pour ouvrir la têre d’un enfant , il eft bien plus commode d'opérer avec des cifeaux longs & pointus : lorfqu’on les a introduits dans le crâne, on y fait une aflez grande ouverture en les retirant les lames écartées, & en les fermant enfuite pour les rouvrir & les retirer dans un fens différent. Dans le cas où une hydropifie empêcheroit la for- tie de l’enfant, la néceflité de lui percer le ventre n’exige pas qu’on fe ferve du coureau 4 crochet, avec lequel on peut, quelque adrefle qu’on ait, blefer la mere ou fe blefler foi-même : l’introduétion du doigt dans l’anneau de l’ombilic, percera aifément le pé- ritoime.M. Levret dit que ce moyen eft préférable à tous les inftrumens que les auteurs ont propofés : nous oblerverons cependant qu’il faut pour cet effet que l’enfant foit mort. On obje&era pelt-être enco- re que dans la pofhbilité de porter le doigt fur le nombril de l'enfant, qui eit la partie du ventre la plus éminente dans le cas d’hydropifie, il n’y auroit point d’obftacle de la part de cette maladie pour la terminaifon de l’accouchement. Mefnard dit qu’a- près avoir dégagé les épaules &c les bras de Penfant, s'il paroïit que fon corps eft hydropique , l’accou- cheur donnera iflue aux eaux avec un long trocart s’il lui remarque de la vie , ou avec la branche de fes cifeaux ou tout autre inftrument , s’il eft mort. Ces diftinétions nous paroïlent diétées par la pru- dence. Voyez TROCART. À l'égard des enfans monftrueux, dans le cas ex- trème où l’on ne peut fe difpenfer de mutiler, le doc- teur Smellié, célebre accoucheur à Londres, dit avec raiion, qu'il eft plus sûr de fe fervir de cifeaux que de couteaux, Avec des cifeaux, on ne craint point de bleffer la matrice; ils ne coupent jamais que ce qui eft entre leurs lames. Voyez l’article JUMEAUX. Le couteau a crochet eft donc un inftrument fuper- flu ou nuifible : nous croyons travailler auf efica- cement au progrès de l’art, en faifant connoïtre les chofes défeétueufes dont l’ufage eft familier, qu’en publiant Les découvertes les plus importantes. (F) COUTEAU À DEUX MANCHES. Les Arquebufers &T beaucoup d’autres ouvriers nomment ainfi ce qu'on nomme plus communément une plane. Les: premiers s’en fervent pour déeroffir & ébaucher les fufts des armes qu'ils veulent monter ; qu’ils appro. chent enfuite avec les écoüennes & les écouennet- tes, & qu'ils finiflent avec les râpes, les limes & la peau de chien matin. Voyez PLANE. COUTEAU À COUPER L'ARGENT, er terme d'Ar- genteur ; c’eit un couteau dont la tranche eff émoui- {ée, afin de ne point couper le couffinet avec lar- gent. Voyez COUSSINET, 6 PI. de L'Argenteur, fie. 11. Le même couteau eft repréfenté fur la table de la fig. 4 de la vignette. COUTEAU À HACHER, e terme d’Aroenteur, eft un couteau tranchant dont on taille les pieces, pour que l’argent y prenne plus aifément. Voyez PL I, fe. 8. | COUTEAU, en terme de Batteur d’or; c’eft une lame d'acier fort mince &c peu‘tranchante, montée fur un manche de bois aflez grofier, avec laquelle on cou- pe l’or en quarré, & dont on fe fert pour gratter les hvrets ou mefures. Voyez MESURES. COUTEAU À PIÉ, inftrument dont les Cordon- mers, les Selliers & les Bourreliers fe fervent pour tailler leurs cuirs. EN Cet outil eft plat, de fer fort trançhant, & garni d'un manche pour le tenir. La partie tranchante a 14 figure d’une portion de cercle, dont le grand diame- tre a environ cinq pouces, & le petit deux à trois pouces. Du milieu du grand diametre fort une queue d'environ fept ou huit pouces de longueur, enfoncée dans un manche de bois qui en a trois ou quatre: Teleft le couteau a pié dont les Cordonniers fe {er- vent. Celui des Selliers & des Bourreliers ne differe de celux des Cordonniers; qu’en ce que la queue en eft plus longue, & qu’elle èft recourbée par le milieu, de maniére qu’elle forme comme une équerre. Foy. la PL, du Bourrelier, fig. 12. | Les Bourreliers ont encore deux autres fortes de: couteaux à-peu-près femblables, & qui reflemblent aflez aux grands couteaux de cuifine ; l’un fenomme couteau à furtailler, & autre fenomme coureau à pa- rer, Le couteau à furtailler fert à couper exaétement de la grandeur qu'il le faut, les différens morceaux de cr qui wont été qu'ébauchés avec le couream à pié. Le conteau à parer fert à amincir ou diminuer de l’épaifleur du cuir. .-CouTeau À Pré ; (Ceinturier:) Ïl a le tranchant _ fait comme mn couperet à pointe ronde ; mais le manche, au lieu d’être droit ,: eft recourbé fur la lame à la diffance de dix-huit lignes, oyez La PL. du | Ceinturier, fig. 3. . COUTEAU À ÉFFLEURER, 04 COUTEAU DE RIVIERE, outil de Chamoifeur & de Mégiffier. C’eft un inftrument-d’acier long & tranchant', qui a une poignée de bois à chaque bout; on s’en fert pour effleurerles peaux de chamois., de chevres, de mou- tons, Gr. fur le chevalet. Payez CHAMOISEUR. COUTEAU À MECHE, fertaux Chandeliers pour cotiper, les meches des chandelles. Ce couteau eft monté fur umpetit banc, ayant deux piés de même largeur que le banc , pour qwil puifle être ftable ; une coule pour allonger & raccourcir ; fuivant les longueurs des meches, Sur.la partié qui ne fe meut point eftattichée perpendiculairement une broche de-fer ronde; & fur la coulifle eft le couteau ; qui forme une ligne-parallele à la broche, & diftant de cette broche fuivant la longueur de la meche qu'on. veut couper. IL y a des couteaux montés diférem- ment, Voyez la Planche du Chandelier, fig. 5. € l'art, CHANDELLE, | - COUTEAU À CHaprezrer. Les Chapeliers font _ufage de deux fortes de couteaux pour arracher & pPour-couper le(poil dé éaftor. | : : Le premuér ; qu'ils appellent Z grand couteau, & qui reflemble aflez au tranchet des Cordonniers,, fert à arracher les longs poils dela peau, qui ne peuvent point entrendans la fabrique des chapeaux. Voyez la PL, du Chapelier, fig. 11. CE Le fecond, qu'ils nomment Le peris couteau, &c qui cft conftriit comme-une ferpette de vendangeur, À lPexception qu'il ne coupe que parle dos ; fert à cou- per, owplütôt à rafer le poil court de l'animal, dont on fait l’étoffe des chapeaux appellés cafors. Voyez CHAPEAU. COUTEAU À TÊTE , en-terme de Cirier ; c’eft une efpece de couteau de buis dont le tranchant eft fair en bifeaw, poux former la tête de la bougie de table, Poyez PL du Cirier, fig ne | COUTEAU À TRANCHER, ez Marqueterie.. Voyez PI, du Ciféleir-Damafquineur, fig. 15. € la fig1+ de da vignette qui repréfentent un ouvrier qui tranche un canon de fufl avec un couteau à trancher, qui n'a tien de particulier. ken CouTEaAU À PIÉ, du Cordonnier; il-fert à couper Les empeignes des fouliers. Foyez-PL, du Cordonnier. Bottiér, fin, 8er, COUTEAU À REVERS, inftrument dont fe fer- | vent kS:Corroyeurs pour travailler leurs: cuirs ; COU 407 c’eft un inftriment d'acier dont le tranchant eft fort émoufñé &c un peutenverfe. Cet inftrument a deux: manches, un à chaque bout , & on s’en fert pour écharner les peatx de vache, &c. | On appelle aufli cet inflrument cowrau- fourd ;) écharnoir ; boutoir & drayoire, Voyez ÉCHARNOIR ; BoUToiIrR, DRAYOIRE. | COUTEAU - SOURD , ferme de Corroyeur. Voyez l'article précédent COUTEAU À REVERS, € Planche du Corroyeur , Jg. 3. | COUTEAU , ez terme de Dorèur fur bois ; s'entend | d’un morceau de buis plat, dOnt'la tranche eft un | peu épaifle , & qui fert à couper Por étendu fur le coufhinet, figure 6. de la largeur: 8c de la longueur dont on a befoin. Voyez PL, du Doreur, fig: 7. COUTEAU À ESCARNER, outil des Doreurs fur cuir ; eft un coreau larse & arrondi du côté du tran- chant , emmanché dans un: manche de bois, comme une lime, dont ils fe fervent pour amincir les bords des pieces de cuir qu'ils veulent collér enfemble; Voyez PL. du Doreur fur cuir, fig: 94 € l'art, PARER j |. sermme de Relinre. COUTEAU À DÉTIRER, outil de Doreur fur cuit 3 eft un outil fait à-peu-près, pont le manche, comme le brunifloir : dans le milieu du manche eft fixée une lame longue & étroite, avec laquelle on étend leg pieces de cuir fur la pierre. Voyez Pi: du Doreur fur cuir, fig. 12. | Couteau À HACHER. Les Doreurs fur métal appellent ainfiun coreau à lame courte 8 un peu large , dont ils fe fervent pour faire des hachures fur le cuivre où-für le fer, avant de les dorerdece qu'on appelle or haché. Voyez DoRURE AU FEU, € PL, de Darmajquineur. CouTEAU À TRANCHER, outil dont fe fervent les Ébéniftes : il confifte en une lame tranchante des deux côtés, & emmanchée dans un bâton long d’un pié & demi ow environ, FWoyez PL. de Marquererie, f8. 5. Cet outil leur fert à couper les pieces de pla= cage felon les contours du deffein qu'ils ont tracé deffus. | CouTEAUx:, (Epicier:) font des morceaux de buis façonnés en forme de couteaux, 8& marqués fur le dos au nom de l’ouvrier qui les met en œuvre. Tous les cierges doivent en avoir l’empreinte , afin qu’on connoïffe le marchand, én cas de défaut dans la cire ou dans Pouvrage. PZ r. fie 3. CouTEAUXx , (Fonderie des canons.) font des bar- réaux d’acier dont les arrêtes font fort vives, que lon monte fur une boîte de cuivre qui s’ajufte fur-la tige de l’alezoir. Ces couteaux fervent à accroître & à unir lame des pieces de canon. #oyez ALEZOIR, 6 Planche de la Fonderie dés canons > figure 3. de l’a- lezoir. … CouTEAU À FONDEUR ; c’eftun inftrument dont lés Fondeurs en fable fe fervent pour dreffer le cour- roi de fable ou de terre-dont ils font leurs moules. IL eft de fer, emmanché de bois, & long en tout d’un pié & demi : ce n’eft ordinairement qu’un morceau de vieille lame d'épée un:peu large, dont on a rom- pu quelques pouces de la pointe, & auquel on à ajoûté un manche, Voyez: FONDEUR EN SABLE, 6 PI. du Fondeur en fable, fig. 13. COUTEAU DE CHASSE, ez terme de Fourbiffeur, eft une efpece d’épée courte & forte , dont la garde n’a qu’une coquille , qu’une croix, &t qu’une poignée fans pommeau: cette poignée: eft ordinairement de corne de cerf, ou autre de cette nature. CouTEaAU , (groffes-Forges.) c’eft dans la machine à fondre le fer, la partie qui divife les barres en plus fiéurs parties. Voyez GROSSES-FORGES. COUTEAU À TATÉLER, (Fozrbiffeur.) Les Four« bifleurs appellent ainfiun petit outil de fer aceré , ou d'acier très-tranchant, dont ils fe fervent pour 48 COU faire les hachures fur lefquelles ils placent le fil d’or ou d'argent, lorfqu'ils veulent damafquiner un ou- vrage : il eft fait comme le coureau avec lequel on taille les petites limes, & peu différent de celui à dorer d’or haché. Voyez Planche du Damafquineur, fig Couteau à refendre ; c’eft aufli un petit outil de Fourbiffeur, du nombre de ceux qu’en général on appelle ciézers. Il eft fait en forme de petit cifeau. d'acier ; on s’en fert'à refendre les feuilles qu’on a gravées en relief fur l'or, l'argent ou l’acier, avec le cifelet qu’on appelle la feuille, parce qu'il en a une gravée en creux à lun de fes bouts. Couteau: a tracer; c'eft encore un des cifelets des Fourbifleurs, avec lequel ils tracent & enfoncent un peu les endroits où 1ls veulent frapper quelqu'un de leurs cifelets gravés. Couteau de Fourbifleur ; c’eft un quatrieme outil dont ces ouvriers fe fervent pour débiter les feuilles de bois de hêtre dont ils font les fourreaux des ar- mes qu’ils montent : il eft de fer avec un manche de bois, la lame médiocrement large, & la pointe tran- chante des:deux côtés. Enfin les Fourbiffleurs ont un cinquieme couteau de forme ordinaire; il fert à diminuer de groffeur le bout des fourreaux , quand 1l s’agit d’y pofer les bouts de cuivre, 6e... COUTEAU À DOLER, ferme de Gantier ; c’eft un outil d'acier fort mince &c bien tranchant, court & large, arrondi par le haut du côté du tranchant, &c garni d’un petit manche de bois, Les Gantiers s’en fervent pour doler les étavillons , c’eft-à-dire pour parer & amincir par les bords, les morceaux de cuir qui ont été taillés pour faire des gants. COUTEAU À COUPER LE BOIS, outil de Gaimier. Ce couteau eft long d'environ fept ou huit pouces , dont le manche eft large & un peu plat; la lame platte & ronde par en-haut, fort afflée, qi fert aux Gainiers pour tailler & rogner le bois. Voyez PL, du Gainier, fig. 11. | Couteau à ébifeler, eft un couteau dont les Gainiers {e fervent pour couper'en bifeau les couvercles des étuis qu'ils fabriquent, afin qu’ils entrent plus faci- lement fur les pieces qu'ils doivent couvrir. Woyez PL. du Gainier, fig. 7. Couteau à parer, terme & outil de Gainier; c’eft un couteau exaËtement fait comme les coureaux de ta- ble ordinaires, qui fert aux Gainiers pour parer & amincir le cuir qu'ils employent pour leurs ouvrages. Ils poutroient {e fervirde celui des Relieurs, repré- fenté Cf PL, de Reliure, lequel eft plus propre à cet ufage. Voyez PARER. COUTEAU, (Horlogerie.) nom que les Horlogers donnent à un pivot, qui, au lieu d’être rond com- me à l'ordinaire , eft formé comme un couteau, dont le dos feroit fort épais. Ils fe fervent de cette ef-. pece de pivot pour des pieces qui font pen de mou- vement, comme des pendules, &c. Ce couteau por- tant fur le tranchant, le frottement eft prefque ré- duit à zéro, parce qu'il ne parcourt aucun efpace, &cqu'il ne fait, pourainfi dire, que balancer tantôt d'un côté, tantôt de l’autre. Voyez SUSPENSION. (7) COUTEAU DE CHALEUR, ( Maréchallerie.) Les Maréchaux appellent ainfiun morceau de vieille faux avec lequel on abat la fueur des chevaux, en le coulant doucement {ur leur poil : al eft long à- peu-près d’unipié”, large de trois à quatre doigts, #mince,8&c ne coupe que d’un côté: Le couteau de feu eft un inftrument.dont les Maré- chaux fe fervent pour donner le feu aux parties des chevaux qui en ont befoin. Il confifte: en un mor- ceau dercuivre ou de fer long à-peu-près d’un pié , gui par une de fes extrémités eft applati & forgé en COU façon de couteau, ayant le côté du dos épais d’un: demi-pouce , & l’autre côté cinq à fix fois moins épais. Après l'avoir fait rougir dans la forge, on l'applique par la partie la moins épaifle fur la peau du cheval, fans pourtant la percer, aux endroits qui en ont befoin. (7) COUTEAUX À ÉCHARNER , voyez l’art. de CHA MOISEUR , 6 les Planches du Mégiffier, figures 11. 124 13: 14 | COUTEAU À SCIER, ex terme d'Orfévre en grof= - Jérie, eft une lame fort femblable à celle d’un co: teau ; à l’exception de fes petites dents, qui la re- dent propre à fcier. Elle eft montée fur un manche de bois, comme un coureau ordinaire. On fe fert de cette efpece de fcie pour les morceaux qui ont plus de longueur que de groffeur, comme fil à moulure, Éc. ce qui emporte moins de tems & fait moins de déchet. Voyez PL. IIL. fig. 4. COUTEAUX , (Papetier.) Ce font des barres d’a= cier dont les cylindres du moulin à papier font re- vêtus. Voyez l'article MOULIN À PAPIER À CY- LINDRES. | COUTEAU DE PALETTE , o4 COUTEAU À COÛ- LEURS , (Peint.) eft un couteau d'environ huit pou= ces de long , dont la lame eft mince & ployantea Les Peintres s’en fervent pour manier leurs cou leurs. COUTEAU À COULEUR, ( Peintre en émail.) I] doit être plus fin & plus délicat que ceux dont fe fervent les Peintres à l’huile ; 1l doit être coupant des deux côtés, & arrondi par la pointe, quoique tran< chante. Son ufage eft de ramaffer les couleurs fur le criftal, la glace ou la pierre d’agate, & pour faire les teintes fur la palette. COUTEAU, er terme de Plumalffrer; c’eft un infirus ment d’acier en forme de couteau court & fort tran= chant, dont le dos forme prefqu’une ligne courbes On s’en fert pour pofer & couper les plumes de lons gueur, Voyez PL 1. fig. 3. Couteau a frifer, chez les Plumaffrers ; e’eft une efpe: ce de couteau fans tranchant, garni d’un manche en veloppé de draplou de peau , pour mieux remplir la main & l’empêcher d’y tourner. Woyez Planche 14 fig. 2. COUTEAU À TAILLER , er rerme de Potier de terres c’eft un couteau à deux manches, dont: on fe fert pour tailler la terre encore en pains. Woyez TAIL- LER, @ PL, 1, fig. 3. CouTEAU À ROGNER , (Relieur.) Il eft compoté d’un talon, & d’une lame qui eft foudée au talon ; il a un trou quarré, taillé en chanfrin ; la lame en eft pointue, & va-en s’élargiflant jufqu’au talon ; il doit être plat en deflous, & avoir fur le deflus une arrête. Voyez PL 1. de la Reliure, fig. 104 6 l’article RELIURE. Couteau à parer, (Reliure. ) eft un outil dont les Relieurs fe fervent pour amincir les bords des cou vertures qu'ils ont préparées pour couvrir un volu- me, afin qu'il fe colle mieux fur le carton, & que l’épaiffeur de la peau ne foit pas un obftacle à la pro-. preté de l’ouvrage; voyez Couvrir: Ce couteau eft un morceau d’acier large, très-aminci par le cou- pant, & emmanché de l’autre côté ä un morceau de bois qui lui fert de poignée. Planc. I. dela Relieure, fig ©. | : n.(ÿ : Quand le cuireft épais, on pare auffi la place.du dos ; il eft néceffaire d’obferver cette façon pour le marroquin. Le ele | Couteau pour couper l'or, (Reliure)\cet outil doit avoir un manche court, la queueunpenrelevée; fa Jame eft une lame: ordinaire , mais le coupant doit être droit & le dos un peu rond. Foyez PI, II, de la Reliure, fig. E. + CouTEAU:À vELOURS , (Rubanier.) eft une ef- | pecg pece de groffe épingle d'acier d’égale groffeur dans toute fa longueur; par l’un de fes bouts elle porte une petite tête de même matiere, pour lui fervir de prife ; fon autre extrémité eff terminée en angle ai- gu, eft mince, plate, & extrèmement tranchante, pour pouvoir couper net les foies fans bavures ni efiloques. Voici fon ufage : l’ouvrier met l’un de fes couteaux dans le pas de la levée de figure ; ce couteau fe trouve arrêté lorfque louvrier enfonce une autre marche ; ayant ainf marché quatre coups de fond, a même levée s'ouvre encore, où 1l eff mis un au- tre coutean , ainfi de même trois ou quatre fois de fuite & guere plus, parce que les coups réitérés du battant entaffant & ferrant à chaque coup la trame contre ces couteaux, en rendroit la fortie prefqu’im- poñible fi on en mettoit davantage. Ces trois ou quatre couteaux étant ainfi employés dans Pouvra- ge, lorfqu'il eft befoin d’y en mettre un nouveau, l'ouvrier tire de l'ouvrage, & cela du pouce & de lindex de la main droite par la tête , le couteau qui eft le plus près de lui, c’eft-à-dire le plus éloigné du battant ; en tirant ce couteau avec une certaine vio- lence il coupe les foies qui le tenoient enfermé ; lorf- qu'il eft dégagé, il eft remis tout de fuite dans le pas aduel de la levée pour attendre fon tour ; les foies de la chaîne formant la figure , ainfi coupées près-à- près, forment ce qu’on appelle velours. COUTEAU, en terme de Rafinerie de fucre, eft un morceau de bois taillé en lame d’épée à deux tran- chans. Il porte environ 4 piés de hauteur, & fert à opaler & à monder le fucre dans la forme. Voyez MONDER. Il faut que ce couteau foit d’une grandeur propor- tionnée aux formés, pour ménager le tems & la pei- ne des ouvriers. Couteau, en terme de Rafineur de [ucre, s'entend en- core d’un couteau ordinaire dont on fe fert pour gra- ter le fucre qui eft tombé fur les bords des formes.en _ empliflant & en mondant, voyez EMPLIR 6 Mon- DER; on le cratte au-deflus d’une efpece de cofre de fapin appellé caiffe. Ce couteau eft encore néceflaire pour nettoyer les formes en plamotant. Foyez PLA- . MOTER. Couteau croche, en terme de Rafineur de fucre, eftun couteau que l’on plie fur le plat de la lame pour cou- per le fucre lorfque la patte du pain eft plus haute d’un côté que de l’autre, afin d’unir le fond & de le rendre bien de niveau. Foyez FONCER. CouTEAUXx ou DiLLes, (Péche.) forte de coquil- lage ; ils fe pêchent dans le fond des fables ordinai- rement vafeux, qui fe trouvent dans les achenaux, craflats ou petites gorges ; d’où les pêcheurs les re- tirent avec une baguette de fer faire en maniere de tire-bourre, & dont le bout a la forme d’un ain ou hamecon. Voyez COUTELIER. COUTELAS, f. m. (Art milir.) épée de fin acier fort tranchante, large, & courte. COUTELAS, (Marine.) V. BONNETTE EN ÉTUI. COUTELIER , Jo/en, (Hiff. nat. Conchiolog.) co- quillage auquel on a donné le nom de couteau, parce que fa coquille reffemble en quelque façon à un man- che de couteau. Elle eft compolée de deux pieces, dont chacune eft creufée en gouttiere ; lorfquelles font réunies elles forment un cylindre ; elles font at- tachées près de lPextrémité inférieure par un liga- ment à reflort. Depuis ce higament juiqu’à l’autre bout de la coquille, il y a fur le joint qui fe trouve entre les deux pieces , une membrane colée fur le bord de l’une & l’autre , & fur le joint qui eft de l’autre côté aux bords oppofés une pareille mem- brane. Ces membranes peuvent être comparées à du parchemin, & ont aflez de reflort pour que les deux pieces de la coquille puiffent s'éloigner l’une de l’au- tre de deux ou trois lignes & fe rapprocher alterna- Tome IF, COU 409 tivement , de forte que la coquille n’eft jamais ou- verte que par les deux bouts. Ces coquillages reftent dans le fable , & s’y en- foncent fouvent à plus d’un pié & demi ou deux piés de profondeur, fans FL la longueur de leur coquille s'éloigne beaucoup de la direétion verticale ; dans cette fituation ils remontent & redefcendent fuccef- fivement , voilà en quoi confifte leur mouvement progrefñf. Dans les grandes marées, lorfque la mer a laïflé à découvert le fable où ces coquillages habi- tent, on voit les orifices de leurs trous, & on les dif- tingue aifement de ceux des autres coquillages, parce qu'ils font d’une figure oblongue: Alors les coureliers font enfoncés dans le fable | mais les pêcheurs les font {ortir en partie de leur trou en jettant du fel de- dans , il tombe fur la partie de l'animal qui fe trou- ve à l'extrémité fupérieure de la coquille: cette par- tie eft compofée de deux canaux dans lefquels Peau circule ; elle entre par l’un & fort par l’autre, mais fa route n’eft pas conftante ; car ce n’eft pas toûjours par le même canal qu’elle entre ou qu’elle fort. Le fel affeête cette partie de façon qu'il en détache des morceaux; auf dès que le coquillage en fent l’im- preflion, il remonte au-deflus du fable pour s’en dé- livrer ; & en effet il ferme autant qu’il le peut les ori- fices des canaux, & il fait tomber le {el en gonflant la partie qui les environne. Lorfque les coureliers pa- - roiflent au-deflus du fable, on les prend à la main; mais comme ils né reftent à découvert qu’un inftant, on les manque.quelquefois, ou on ne les faifit pas affez fortement ; enfin s’ils peuvent rentrer dans leur trou, on prétend qu'il n’y a plus moyen de les faire remonter en leur Jettant du fel ; 1l faut employer des inftrumens que l’on appelle dards où dardillons ce font de longs ferremens pointus, que l’on enfonce dans le fable pour enlever le courelier, Lorfqu'on a tiré ce coquillage de fon trou , & qu’- on l’étend fur le fable, on lui voit faire des mouve- mens qui font connoïtre la maniere dont il defcend dans le fable & dont il remonte. Il fait fortir de l’ex- trémité inférieure de la coquille une petite partiede fon corps, à laquelle on a donné le nom de jambe, qui dans ce moment eft plate, terminée en pointe , & pour ainfi dire tranchante par les bords ; il l’allonge &c l’enfonce dans le fable en la recourbant. A l’aide de ce point d’appui, il fait mouvoir fa coquille & la mene à une poñtion verticale; alors il redrefle fa jambe , 1l l’allonge de nouveau, & l’enfonce verti- calement dans le fable. Lorfqu’elle eft parvenue à une longueur égale à celle de la moitié ou des deux tiers de la coquille , fa forme change, elle fe gonfle & devient cylindrique fans fe raccourcir; de plus, extrémité eft terminée par un bouton dont le dia- metre eft plus grand que celui de la coquille. Dans cet état le coutelier raccourcit la partie de la jambe qui eft entre le bouton & l'extrémité inférieure de la coquille, où 1l fait rentrer cette partie dans la co- quille, ce qui ne fe peut pas faire fans que le bouton remonte ou que la coquille defcende ; mais c’eft la coquille qui defcend, parce qu’elle a moins de fable: à déplacer que le bouton de la jambe, puifque le dia- metre du bouton eft le plus grand. En répétant cette manœuvre, le coquillage defcend fucceflivement, & on conçoit aïfément qu'à l’aide des mêmes organes il peut remonter ;, car en retirant en-haut le bouton: de la jambe, 8 en allongeant enfuite la partie de la jambe qui eft entre le bouton & la coquille , la co- quille doit remonter par la même raifon qui à déjà été rapportée. Mém. de l'acad. royale des Scienc. ann. 1712. Voyez COQUILLE, COQUILLAGE, (1) * COUTELIER , Î. m. ouvrier qui a le droit de faire & vendre des couteaux, cifeaux, rafoirs, & autres inftrumens de Chirurgie, de quelque efpece qu’ils foient, en qualité de membre d'une communauté ap 410 COU pellée communauté des Couveliers, Les ftatuts de cette communauté font de 1405. Ils ont quatre jurés qui {e fuccedent deux à deux tous les ans. Les maïtres ne peuvent faire qu’un apprentif à la fois. Celui qui veut fe faire recevoir doit faire chef-d'œuvre ; il ny a que le fils dé maître qui en foit exempt. Chaque maître a fa marque. Les veuves peuvent tenir bou- tique, mais ne peuvent faire d’apprentifs ; elles con- tinuent feulement ceux que leurs maris ont com- mencé. Les principaux outils du coutelier, font une enclu- me à bigorne d’un côté &t à talon de l’autre, fa for- me eft du refte peu importante ; il fuffit qu’elle foit bien proportionnée &c bien dure. Une forge fembla- ble à celle des Serruriers, dés Taillandiers, des Clou- tiers, & autres Forgerons ; des tenailles & des mar- teaux de toutes fortes ; des meules hautes & bañles ; des polifoires pareillement de différentes grandeurs; des brunifloirs , des forêts, des arçons , des limes, des pierres à aiguifer, à repañler , & à affiler, des grands étaux, & des étaux à main, ec. Voyez a l'article RASOIR , une des pieces de Cou- tellerie les plus difficiles à bien faire, le détail de prefque tout le travail que le courelier ne fait qu’ap- pliquer diverfement à d’autres ouvrages. Voici com- ment il sy prend pour faire un couteau à guaine. Il a une barre d'acier, il y pratique une entaille fur le quarré de l’enclume; il forme la fcie du couteau de la portion d’acier comprife au-deflus de l’entaille ; il conferve de l'autre part autant de matiere qu’il en faut pour la lame : dans cet état cela s'appelle une enleyure de couteau; il forge la lame; ibacheve la fcie : quand on vouloit des coquilles, on avoit des man- drins & des enclumettes à l’aide defquelles les co- quilles fe faifoient : on dreffe le couteau à la lame ; on le trempe, on l’émout , & on le polit; les meules &c les poliffoires doivent être très-hautes pour cet ouvrage dont la lame eft très-plate ; elles ne doi- vent être ni trop n1 trop mal rondes. On peut rap- porter prefque tous les ouvrages du coutelier à cette efpece de couteau ; au rafoir, voyez RASOIR, & au cifeau, voyez CISEAU. COUTELIERE ., f. f, (Guainier.) étui de bois cou- vert de cuir, où l’on met les couteaux de table. Ce font les maîtres Guainiers qui font ces étuis, & de qui les maîtres Couteliers les achetent. Ils font auffi partie du négoce des Quincailliers , qui vendent de la coutellerie foraine. Les couteaux, cuillieres, & fourchettes que l’on met dans les étuis, dont l’intérieur eft tapiflé de ve- Jours ou de quelqu’autre étoffe de laine , comme, par exemple ,-la ratine, font féparés les uns des au- tres par de petites cloifons vêtues & couvertes des mêmes étoffes. COUTELINE , f. f. toile de coton, de 14 aunes de long fur trois quarts à cinq fix de large. Elle vient fur-tout de Surate ; elle eft blanche ou bleue. 7oyez Les dittionn, du Comm. & de Tréy. COUTELLERIE, f. f. (Art méch. & Comm.) ce terme a deux acceptions ; il fe prend premiérement pour l’art du Coutelier, en fecond lieu pour fes ou- vrages. Il entend très-bien la cozcellerte, Il a un grand magañn de coutellerie. COUTER, v. aût. (Comm.) terme relatif à la va- leur des chofes, Combien cela vous coZte-t-il ? peu de chofe. Du verbe coârer on a fait l’adje&tif cox- eux, qui marque toüjours une valeur confidérable uand 1l eft employé feul. COUTIER , f. m. (Manuf. de toile.) ouvrier tiflu- tier qui travaille le coutil. : COUTIL, f. m. groffe toile toute de fl qu’on em- ploye communément en lt, pour matelats de plu- me, traverfins, oreillers , tentes. Les pieces font de- puis 120 jufqu’à 130 aulnes de long, & depuis deux C O Ü tiers jufqu’à trois quarts de large. Les coutils de Bru- xelles font très-eftimés. COUTILLE,, f, f. (Hift. mod.) efpece d’épée plus longue qu’à lordinaire, menue, à trois pans, & tranchante depuis la garde jufqu’à la pointe. Elle étoit en ufage parmi nos foldats fous Charles VII. tre qui s’en fervoient étoient appellés des coril- ers, COUTOIRS ox CLOVISSE , (Péche.) forte de coquillage : on en fait la pêche avec une efpece de houe femblable à celle dont on fe fert pour travail- ler les vignes, les mahis , & le millet. Ce font ordi- nairement les femmes qui les pêchent. Il s’en fait pendant le carême une extrème confommation: on en porte à Bordeaux une grande quantité, outre ce qui s’en renverfe dans les campagnes voifines de la baie : on les met dans des facs on dans des barrils, qui vont quelquefois jufqu’à Touloufe & en Langue- doc, ces fortes de coquillages pouvant fe conferver en hyver plus de quinze jours à trois femaines. COUTON, f. m. (if. nat. bot. exotiq.)'arbre du Canada affez femblable à notre noyer, & rendant par les incifions qu’on y fait, un fuc vineux qui la fait appeller arbor vinifera , couton , juglandi fimilis. COUTRAS , (Géog.) petite ville de France dans le Périgord , fur la Dordogne. Long. 17. 32. latir. 46. 4. COUTRE,, voyez COUTRERIE. CoUTRE, . m. (Œcozom, ruflig.) morceau de fer tranchant fixe à un des côtés de la charrue ordinaire, & dont l’ufage eft d'ouvrir & verfer la terre. Voyez CHARRUE. COUTRERIE, f. f. (Æiff. eccléf.) fonétion fubal- terne qui confifte à fonner les cloches, avoir foin du luminaire, entretenir les lampes, & garder les . clés de léglife. Celui qui en étoit chargé s’appelloit le courre, COUTUMAT , f. m. (Comm. ) quelques-uns pro- noncent contumat, Il fe dit en Guienne, particuhe- rement à Bayonne, des lieux où fe paye le droit de coûtume. Voyez COÛTUME. Le coutumat de Bayonne a dix-huit bureaux. (G) * COUTUME , HABITUDE, f. f. (Gramm. fyr.) termes relatifs à des états auxquels notre ame ne par- vient qu'avec le tems. La coërume concerne l’objet, elle le rend familier ; l’habitude a rapport à l’a@tion, elle la rend facile. Un ouvrage auquel on eft accoù- tumé coûte moins de peine; ce qui eft tourné en habitude {e fait quelquefois involontairement. On s’accoïtume aux vifages les plus defagréables , par l'habitude de les voir. La coérume , ou plütôt Paccoû- tumance, naît de l’uniformité , & l’habitude , de la répétition. CoÛTUME, USAGE, (Gramm. Jynon.) ces mots défignent en général l'habitude de faire une chofe : on dit les v/ages d’un corps, & la coftume d’un pays. On dit encore, avoir cotume de faire une chofe , &c être dans l’fage de la faire ; telle perfonne a de lz- J'age du monde, tel mot n’eft pas du bel zfage. (O0) COÛTUME, (Mor.) difpofition habituelle de Pame ou du corps. Les hommes s’entretiennent volontiers de la force de la cotrume , des effets de la nature ou de Popinion; peu en parlent exaétement. Les difpo- fitions fondamentales & originelles de chaque être, forment cà qu’on appelle /z zature. Une longue ha- bitude peut modifier ces difpofitions primitives ; & telle eft quelquefois fa force , qu’elle leur en fubfti- tue de nouvelles, plus conftantes, quoiqu’abfolu- ment oppolfées ; de forte qu’elle agit enfuite comme caufe premiere, & fait le fondement d’un nouvel être : d’où eft venue cette conclufon très-httérale , que la coérume eft une feconde nature; &c cette au- tre penfée plus hardie de Pafcal, que ce que nous prenons pour la nature n’eft fouvent qu’une premie- re cotume : deux maximes très-véritables, Toute- fois, avant qu'il y eût aucune cofzume , notre ame exittoit 6e avoit fes inclinations qui fondoient fa nature; & ceux qui réduifent tout à l'opinion & à l'habitude, ne comprennent pas ce qu’ils difent. Tou- te coftume fuppofe antérieurement une nature,toute qui appartient au fafcia-Vata, Le couturier agit point feul,, c’eft auxiliaire de plufieurs mufcles ; cependant fon.prin- cipal ufage eft de faire tourner l’os de Ja cuiffe fur fon axe en portant la jambe pliée vers l’autre. | Ce mufcle eft le plus long de tous ceux du corps “hümain ; outre la flexion de la jambe , à laquelle il a part, il {ert aufli, comme M.Winflow la remarque , à faire la rotation de la cuifle de devant en- dehors, {oit qu’elle foit étendue ou fléchie; quand ilopere | cette rotation , la jambe étant fléchie, il faitcroifer | cette jambe avec l’autre ,à-peu-près comme font les tailleurs d’habits lorfqu'ils travaillent étant aflis. Voi- 4à d’où luirvient le nom de couturier ; & en latin celui de fartorius. C’éft fous le mufcle coucurier que font fituées la veine & l’artere crurale, &-un gros nerf appellé eufh crural, qui vont fe diftribuer à la jambe & au pié. Les Chirurgiens doivent y prendre garde, quand ils nt des incifions à faire au-dedans de la cuiffe ; car alors ils pourroient donner atteinte à ces vaifeaux s'ils poufoient jufque-là leurs infirumens, ce qui feroit très-dangereux. Fabrice de Hilden, dans la cinquante -deuxieme obfèrvation de la roifeeme cer zurie, rapporte ce qui arriva en pareil cas à un char- datan, lequel voulant emporter une tumeur qu'un homme de qualité avoit au-dedans de la cuifle, &c ignorant la fituation de ces vaifleaux, ne manqua pas de des ouvrir, & le malade mourut avant que Yon pôt arrêter l’hémorrhagie qui s'enfuivat de cette ‘ouverture. . Je dois obferverici, qu'il fe trouve un petit efpa- centre le couturier & le vafte-interne, autre mut- le de la jambe, où l’on peut appliquer le cautere. Voyez CAUTERE.Par M. le Chevalier DE JAUCOURT. COUTURIERE, f. f. femme autorifée à travail- Jer différens vêtemens , en qualite de membre d’une communauté établie en 1675. Une maîtrefle ne peut faire qu'une apprentifle. L’apprentifage eft de trois ‘ans: cet apprentiflage doit être fuivi de deux ans de travail chez les autres maitrefles, Celles qui veulent fe fäire recevoir , font obligées de faire chef-d’œu- vre : il n’y a que les filles de maïtrefle qui en foient -exemptes. La communauté eft dirigée par fix jurées, “dont trois entrent & fortent tous les ans. Leur corps -eft diftribué en quatre fortes d’ouvrieres : 1l y a des couturieres en habit, elles ne font que des habits, & “autres vêtemens de femmes ; des couturieres en corps | d'enfant ; des couturieres en linge , & des couturieres “en garniture. e COUVÉE, f. f. (@con. rufhig.) eft la totalité des “œufs qu'on a laïflés fous une poule ou un autre oi- ‘feau domeftique, pour en avoir des poulets. Il fe “dit auffi de la totalité des poulets quand ils font éclos. “timent où fe retirent des perfonnes du même fexe, qui confacrées à Dieu, y vivent dans la retraite & “la pratique de la veftu: On appellé les couvens 770- nafleres ; communautés, Où abbayes, {elon qu'ils font gouvernés par des 'abbés où abbeñes, prieurs ou ! prieures. Les bâtimens de ces monafteres confiftent principalement en églifes, cloîtres, réfe&toires, dor- toits, chapitres, parloïts, cours, préaux, jardins, Gc. Voyez chacun de ces termes. Les couvens de filles ‘different de ceux des hommes , en ce que le chœur "(Voyez CHŒUR ) & leurs bâtimens intérieurs font {éparés des dehors par des grilles & des parloirs qui | ‘en défendent entrée. Les deux plus beaux mo- “ numens de ce genre qui fe voyent à Paris, font l’ab- “baye de Saint-Germain-des-Prés & celle du Val-de- COUVENT , f m. rerme dArchiteëture, grand bâ- : Grace, [à premiere pour hommes ,; & la feconde pour filles. Les bâtiments intérieurs doivent être d’une belle difpoñtion , expofésconvenablement , & bâtis avec folidité. Leurs églifes font ordinairement aflez fpa- cieufes, & d’une décoration proportionnée à lim portance du monaftere ; celle du Val-de-Grace eft une des plus belles, & dont lordonnance foit la plus relative à la convenance du lieu , & à l’idée qu'on doit fe former d’un lieu faint. Les éplifes des Petits -Peres ,-des Jacobins , la rotonde des filles Sainte-Marie, dans un genre beaucoup plus fimple, font auffi fort eftimées ; mais une des églifes con- ventuélles de Paris, qui foit la plus conforme à la dignité des cérémonies de la religion , eft celle des Carmelites du fauxbourg faint-Jacques: nous cite- rons aufli les abbayes de Corbie & de Clairvaux, décorées à la moderne avec beaucoup d'art & de goût. Voyez les deffeins de celle de Corbie, dans nos Planches d’Archirettlure ; & ceux du Val-de-Gra= ce, dans l’Architeëlure françoife, tome II, (P) COUVENT , (Jurifpr.) on ne donne ce nom qu’- aux maïfons habitées par:des religieux ou religieu- fes, qui font autorifés.à y formerunecommunauté; car les autres maïfons appartenantes à des religieux, telles que des maifons de campagne & métairies, même celles où 1ls ont des hoïpices , ne font pas des COUVETIS, Il faut même un certain nombre de religieux dans un monaitere, pour -qu'il foit conventuel propre- ment dit: ce nombre eft plus ou moins confidéra- ble, felon les tatuts de chaque ordre ou congréga- t1en. Il y a dans l’ordre de Cluni des prieurés compe- {és de quatre ou cinq religieux qui ne font pas con- ventuels, maisqu'ils appellent prieurés fociaux, Voy, PRIEURÉS 6 MONASTERES. | ‘On ne peut fonder aucun couvent fans une per- mifion de l’évêque diocéfain, autorifée par lettres patentes du-Roï, dûement enregiftrées au parlement. Voyez l’édit du mois d’Août 1749. Les juges & officiers de police, les commis des fermes font en droit de faire la vifite dans les couvens quand ils le jugent à-propos. à Le juge féculier ne peut contraindre des religieu- es de recevoir dans leur couvenr une fille ou une veuve , ‘fans la permiffion de l’ordinaire. Augeard., tome Il. ch. xxiy, G xxxvig | Une femme en puiffance de marine peut pas non plus fe retirer dans un couvent fans lé confentement de fon mari, ou fans y être autorifée par juftice. Petit couvent; fe:prend pour les biens qui ne font pas de la premiere fondation du monaftere : ainfi.on appelle biens du petit couvent, ceux qui ont été acquis par les religieux, ou qui leur ont été aumônés ou donnés pour fondations particulieres, . Lorfqu’il s’agit de faire un partage des biens entre l'abbé ou prieur commendataire & les religieux , on diftingue fi Les biens ont été donnés avant l’introdu- -ÉHon de la commende, ou depuis; ceux qui ont été donnés avant, ne fe partagent qu’à la charge par le commendataire de payer aux religieux l’honoraire ‘pour les mefles ,obits, & autres fondations qui s’ac- quittent dans lemonaftere. Woyezles mém. du clergé, édit, de 1716.4ome 1V, col. 1226, au mot Partage. A) | * COUVER, v.a&.& n. (Gram) au fimple il eft neutre, & il défigne l’affiduité d’un oifeau mâle ou femelle, à refter fur fes œufs jufqu’a ce-qu ilen foit éclos des petits, Les: différens oïfeaux couvent plus ou moins de tems. Au figuré, il eft aétif, & ne fe prend guere qu'enmauvaife part : ainfi on dit, cou- vér un mauvais deffein, pour le renfermer dans fon ame jufqu'au moment qu'il puiffe être accompli. | "COUVERCLE, f. m. (Artméchanig.) en général tout ce qui eft deftiné à fermer une ouverture , en s'appliquañt fur la partie fupérieure ou antérieure. * COUVERÉES, f. f. pl. terme de Péche, forte de filet que l’on nomme ainfi dans l'embouchure de la Loire, & que dans la Seine on appelle fintiers ou alofreres ; 1'eft de l’efpece des filets tramaillés: la nappe du ret du nulieu eft de deux fortes de gran- deur ; les plus larges ont la maille de vingt lignes en quarré ; & les autres de dix-huit lignes auffi en quarté, | Ces rets fervent à faire laspêche des fetes pu- celles ou faufles alofes , que les pêcheurs nomment ici couverts. La pêche de ces poiflons commence un peu après Celle de l’alofe, & finit prefque en mê- me fems, COUVERSEAU , f. m: (Charp.) planche épaifle d’un pouce ou d’un pouce & demi, placée au-def- fous des archures d’un moulin : il y en a quatre. * COUVERT , À COUVERT , À L’ABRI, (Gram.) "a couvert préfente l’idée d’un voile qui dé- robe ; a l'abri, l’idée d’un rempart qui défend. On fe met à couvert du foleil & 4 l'abri du mauvais tems. On a beau s’enfoncer dans l’obfcurité , rien ne met a couvert des pourfuites de la méchanceté, rien ne met à l'abri des traits de l'envie. _ CouvertT fe dit, dans la Fortification , des lieux cachés à l’ennemi par.une élévation de terre , ou par quelque difpofition particuliere. Voyez CHEMIN COUVERT, FLANC COUVERT, &c. (Q CouverT, {. ( Ecrivain. ) eft fynonyme à eve- doppe , & fe dit d’une lettre. On affranchit une let- tre, en la faifant partir fous Le couver: d'un minif- tete. 1 Couvert, adj. ( Manuf. en laine. ) tout ce qui n’a pas été tondu d’aflez près. COUVERT , (Manege.) Voyez MANEGE. CouverT, adj. (Teinrure.) eft fynonyme à /om- bre &'à foncé, & fe dit de toute couleur. COUVERT , ex termes de Blafon, fe dit d’un chà- teau où d’une tour qui a un comble, Leydet Fombefton , de gueules à la tour cou- verte d’or. (F7 COUVERTE, f. f. (Marine.) c’eft le mot des Le- vantins, pour dire porr ou #llac, Ce bâtiment porte couverte, pour dire qu’/ ef? ponté, qu'il a un pont. Cette expreflion n’eft guere d’ufage. (Z) -* COUVERTE , {. f. ( Fayence & Porcelaine.) c’eft une fubftance particuliere , blanche, vitreufe, ou facilement vitrefcible, qu'on applique fur la matiere dont les pieces de porcelaine font faites, & qu’on appelle le Æfeux: c’eft fur la couverte qu’on peint. Ce n’eft pas une découverte facile que celle d’une bonne couverte ; il ÿ en a qui prétendent que la pâte ou le bifcuit d’une bonne porcelaine ne doit point contenir de fels, & qu’une bonne couverte ne doit point être métallique. CouvERTE , (Fauconn. ) vol à la couverte, c’eft celui qui fe fait lorfqu’on approche le sibier à la fa- veur de quelque haie. COUVERTURE , f. f. en général ce qui s’étend fur la furface entiere ou partielle d’un objet, & qui fert, foit à garantir cette furface, foit à préferver l’intérieur de l’a@ion des corps extérieurs. * COUVERTURE, (art du Couvreur.) la partie ex- térieure d’un bâtiment la plus élevée, qui défend toutes les intérieures des injures de lair, & qui eft foutenue de tout côté {ur des bois appuyés d’un bout fur les murs de la maiïfon , & de l’autre aux arc-bou- tés ou aflemblés , foit enfemble foit avec d’autres bois qui font partie de la charpente. On couvre les maïfons oude plomb, ou d’ardoife, ou de tuile, ou de bardeau, où de chaume. Plus la matiere eft pefante, _plusle toit doit être has ; pour l’ardoife , on peut C OU 421 donner au toit une hauteur égale à fa largeur. Pour la tuile, la hauteur n’en peut être que les deux tiers ou tout-au plus les trois quarts de la largeur. S'il y a des croupes ou boîtes de toit qui ne foieñt point bâties en pignon, mais couvertes en penchant com- me le refte du comble, il faut tenir ces croupes plus droites que les autres couvertures. Autrefois on ne failoit que des couvertures droites , hautes, & n’ayant de chaque côté qu’une pente terminée en pointe au comble. Ces toits avoient des avantages, mais ils occafionnotïent trop de dépenfe en tuile , en ardoife, en charpente, 6. & ils renfermoient trop peu d’ef- pace : on les a donc abandonnés pour les manfardes, Foyez MANSARDES, Quand on couvre de tuile, on place les chevrons à deux piés ou feize pouces au plus de diftance. Le millier de tuile du grand moule, fait fept toifes de couverture, Ces tuiles ont treize pouces de long, huit de large, & quatre pouces trois lignes de pureau; on appelle de ce nom, la portion de tuile qui refte dé- couverte quand elle eft en place. La grandeur des tuiles du petit moule eft communément de neuf à dix pouces de long, fur fix de large, & trois pouces & demi de pureau. Les tuiles rondes, ou creufes, ow en f couchée , demandent un toit extrèmement plat. I y a de lardoife de 11 pouces de long fur 6 à 7 de large, & 2 lignes d’épais ; c’eft la quarrée forte. La quarrée fine a 12 à 13 pouces de large fur une ligne d’épais. Le millier fait 4 toifes de couverture, en lui donnant 3 pouces & demi de pureau ; en la ména- geant bien, elle peut former jufqu’à quatre toifes &c demie. Le bardeau , ou ces petits ais qu'on fubftitue à la tuile, ne charge pas les maiïfons; on les appelle aiffis ou aiffantes.On les employe communément aux hangards. Il faut qu'ils foient fans aubier. Si on en fait des toits de maifon, il ne fera pas néceffaire que la charpente foit forte. Il n’y faudra pas épargner le clou, non plus qu’à l’ardoife. Il durera plus long tems fi on le peint à huile. A la campagne, on couvre de chaume ou de paille de:feigle non battue au fleau: après que les faîtes & foûfaîtes font pofés, on y at- tache avec des gros ofiers ou des baguettes de cou- driers 6:c.. de grandes perches de chêne , à trois piés de diftance ; on lie ces perches avec de plus petites qu'on met en-travers, & l’on applique là-deffus le chaume ou la paille qu’on fixe avec de bons liens. Plus ces liens font ferrés & le chaume preflé & épal, nueux la couverture eft faite. Il y a des couvertures de jonc & de rofeaux, Quelquefois on gache la paille avec de la terre & du mortier. On accroche la tuile à la latte ; on y cloue l’ar- doife après l'avoir percée d’un coup de marteau ; c’eft pour cela qu’on remarque à la tuile une encré- nure en-deflous. Le pureau eft plus grand ou plus petit felon la diftance des lattes, Voilà en quoi con- fifte tout ouvrage de couvreur, qui demande plus de hardiefle & de probité que d’adreffe. La latte eft attachée fur les chevrons. Comme il eft quelquefois difficile de vérifier l’ou- vrage de convreur, 1l n’a pas de peine à tromper, Il peut compter plus de tuile ou d’ardoife qu’il n’en employe. Il peut employer de mauvaife latte & de la tuile mal façonnée ; il peut difpofer la neuve de maniere qu’elle foit mêlée avec la vieille, ou qu”- elle hui ferve de cadre. Iln’y a que la fipulation avant que l’ouvrage commence , & un examen attentif après que l’ouvrage eft achevé, qui puifle mettre à couvert de la tromperie. « Le toifer de la couverture n’a rien de difficile , le dimenfons étant données ; mais il eft quelquefois dangereux de les prendre fur le toit. Quand on les a, il faut fuppofer la couverture plane, &c ajoûter au produit pour le battelement un pié quarré; pour la pente un pié quarré ; pour le pofement de gouttiere 422 C OU un pié quarré; pour une vûe de faîture fix piés ; pour un œil de bœuf commun dix-huit piés ; pour les lu- -carnes., demi-toife ou toife, felon leur forme. Il n’éft pas difficile de {avoir ce qu'il doit entrer ’ardoife ou de tuile-dans une couvertures lesdimen- ions de l’ardoife étant données, l'étendue dela-coz- verture, & la quantité de pureau; ce qu'on a toû- jours. .,r | On appelle couverturea la mi-voie, celle où lon a tenu les tuiles moins ferrées que dans la couverture “ordinaire. Cette maniere de couvrir convient à tous Jes atteliers où il faut ménager une iflue à la fumée sou à des vapeurs incommodes ou nuifibles. COUVERTURE, terme a l'ufage-des Couteliers ; Ser- vurierss Taillandiers, & autres ouvriers en fer; c’eft un morceau dé gros acier, forgé comme il convient pour l’efpece d'ouvrage auquel on le deftine ; qu'on refend ou qu’on recourbe, &dans lequel on place ain morceau d’acier fin ; cet acier fin forme le tran- chant de l'ouvrage , & le morceau de gros acier, qu’on appelle couverture, forme le dos, la cie, & les autres parties qu'il eft indifférent de faire d’une matiere fine ou groffiere. Ain, la coxverture fert , comme on voit, à épargner l'acier fin, & elle fait la fon@on de la dorure cher les Chapeliers. CouvEerTURE , (Maréchallerie.) on appelle aïnf un morceau de coutis bordé, qu’on met fur le corps du cheval dans l'écurie. On dit dorer une couverture d'un étalon, lorfqw'on lui fait couvrir une jument. * COUVERTURE , ouvrage d’ourdiflage, qu’on étend fur les draps du lit pour fe garantir du froid pendant la nuit. Les couveriures font ordinairement blanches. Elles fe fabriquent au même métier que le drap, voyez DRAP ; mais elles font croifées comme ja ferge, voyez SERGE. On exécute aux coins, des couronnes; & aux bords, des barres. On les foule ; au {ortir du foulon on les peigne au chardon; vayez J'article DRAP. On en fait à Montpellier d’une inf- mité de fortes différentes , diftinguées par noms, marques, & poids. Il y a /es grand -marchands blancs & roux, marquées de trois barres & demie , &c du poids de fix livres au moins, & de fept au plus, aw fortir des mains du pareur, & prêtes à être tondues, Les paffe-grand-marchands ; tant blancs que roux, marquées de quatre barres & demie, & du poids de neuf livres au moins & dix au plus. Les reforme-mar- chands, blancs & roux, marquées de cinq barres & demie, & du poids de onze livres au moins & douze au plus. Les extraordinaire-marchands , blancs & roux, marquées de fix barres & demie, & du poids de treize livres au moins, & quatorze au plus. Les grand-fins, blancs & roux, marquées de quatre bar- res ,& du poids de fix livres au moins, &fept au plus. Les pafe-grand -fins, blancs & roux, marquées de cinq barres, & du poids de neuf livres au moins, & dix au plus. Les reforme-fins, blancs 8 roux, mar- quées de fix-barres, &c du poids de onze hvres au moins , & douze au plus. Les exzraordinaire- fins, blancs & roux, marquées de fept barres, & du poids de treize livres au moins, & quatorze au plus: Les palfe-extraordinaire-fens ; blancs 8e roux, marquées de huit barres , & du poids de quinze liv. au moins, & de feize livres & demie au plus. Les repaffe-extra- ordiñaire-fins ; blancs & roux , marquées de neuf. barres, & du poids de dix-fept livres au moins, & dix-huit livres & demie au plus: Les grazd-repaffe- éxtraordiniaire-fins, blancs &c roux, marquées:de dix barres, & du poids de dix-neuflivres au moins, & de vingt-une au plus. Les paffe-grand-repalfe-extraor- dinaire-fins , blancs &troux , marquées de onze bar- res, & du poids de vingt-trois livres au moins, & vingt-cinq au plus. Les grandes-fines, blancs & roux, marquées de douze barres, & du poids de vingt-trois livres au moins, & de vingt-cinq au plus. Les gra: des-fenes, blancs &c roux, marquées de treize barres , & du poids de vingt-cinq liv.au moins, & de vingt- fept au plus. Les grandes-fines, marquées de quatorze. barres, & du poids de vingt-fépt livres au moins, & de vingt-neuf au plus. Les grandes fines, marquées.de quinze barres, & du poids de vingt-neuf livres au moins, & de trente-une au plus. Les grandes fines , tant blancs que roux, marquées de feize barres, &. du poids de trente une livres au moins, & de trente- trois au plus. Les grandes fines, marquées de dix-fept barres, & du poids de trente-trois livres au moins, & de trente-cinq au plus : 1l n’y a point de couverture au-deffus de ce poids. Des pergnées, façon d’Angle- serre , marquées de deux croix, & du poids de dix li- vres au moins , & de douze au plus : elles font de laines fines du pays, ou de laine refin d'Efpagne. Des peignées, façôn d'Angleterre, marquées de trois croix, & du poids de douze livres au moins, & qua- torze au plus. Des peignées fènes , façon d'Angleterre, marquées de quatre eroix, & du poids de quatorze livres au moins , & de feize au plus: elles font de laine refin du pays ou refin d'Efpagne. Des pergnées très-fines, fagon d'Angleterre , marquées de cinq croix, & du poids de feize livres au moins, &c dix-huit au. plus. Les mêmes, marquées de fix croix, & de dix- huit livres au moins, & de vingt livres au plus. Des couvertures façon de Roïen , fabriquées de: laine de Conftantinople , marquées de barres comme les au- tres & des mêmes poids. Des grifes, de poids à la difcrétion du marchand, parce qu’elles font de bas prix. , Il eft ordonné par les réolemens des Manufaëlures, que toutes les couvertures {oient de bonne laine & de bon poil; de ne laïffer courir aucun fil ; que les pefelles en foient retirées par le marchand , enles payant aux Tiflerands; qu’elles foient bien foulées, nettoyées , dégorgées, afin qu’elles ayent le corps capable de foûtenir le garmflage du pareur; que les pareurs les épaifliflent, les nettoyent, en coupent les nœuds avant que les garnir ; qu'on veillera à ce que les ouvriers n’en tirent-aucune fuite, bout; ou fil de long ; que les pareurs les garniffent doucement & fans les effondrer ; qu’elles foient vifitées, afin qu'il n’y refte ni trou niinvaladure, ni autre défaut ; que les pareurs n’employent point de cardes de fer, mais feulement des chardons ; & que fi on les teint, elles foïent teintes en bon teint fans garence. CouvEeRTURE: les Relieurs appellent couvertures, les peaux ou étoffes dont ils couvrent les livres après qu'ils ont reçu les façons néceffaires ; elles font ordi- nairement en veau, ou en bafane; quelquefois en marroquin ou en parchemin, rarement en autre cho- {e. IL y en a eu cependant-en velours, 6e. | Pour couper les couvertures lorfqu’elles font.pré- parées,, on étend.la peau fur une table, & on pré- fente le volume qu'on veut couvrir fur cette peau, en ouvrant le volume fur le plat du dos, qui doit tou- cher la:peau, afin:de couper jufte ce qu'ilen faut , en laiffant un rebord pour retourner fur le carton êt.en; dedans. On coupe de même le marroquin, leparche- min, Gc: On dit couper.le cuir. Voyez PARER LES PEAUX, L Fait COUVERTURIER,, f. m. (Art méchan.) ouvrier qui ourdit des couvertures. aie COUVRE-CHEEF , fm. serme de Chirurgie , ban- dage dont on fe fert pour envelopper la tête.fly en a de deux fortes, le grand & le petit, à =: Le grand couvre-chef fe fait avec une ferviette plus longue que large :.on la plieinégalement en-travers, enforte qu'il.y ait un bord plus long que l’autre de trois-ou quatre travers.de doigts. On la plié encore en deux pour en marquer précifément le milieu: On applique cette ferviette par-deffus la tête, obfervant que le. bord le plus long foit en-deffous; que autre, COU qui eft externe, defcende jufqu’au bord des fourcils; que le milieu de la ferviette foit vis-à-vis le nez, & que les quatre coins pendent en-devant fur les joues. On fait tenir les deux coins externes fous le menton par un aide , ou pat le malade s’il eft en état de le faire. On prend enfuite les deux angles du bord de la ferviette qui touche le front ; on renverfe ce bord fur l’autre, & l’on conduit ces angles jufqu’à la nu- que, où on les attache l’un fur l’autre avec une épin- gle forte pofée tranfverfalement. Enfuite on prend les deux bouts qui font fous le menton, pour y faire un nœud plat, qui s'appelle 4 rœud de la cravatte, On réleve les bords de la ferviette qui pendent fur les côtés, & on les attache proprement fur les côtés & derriere la tête avec quelques épingles ; & ce ban- dage forme un bonnet qui convient pour contenir appareil de l’opération du trépan & de toutes les grandes plaies de la tête. Voyez PI. XXX. fig. 1. Le petit couvre-chef {e fait avec un mouchoir quar- ré plié en triangle. On le prend avec les deux mains, les quatre doigts deffous , les pouces deflus ; on le met fur la tête, l’appliquant par le milieu au bas du front : on conduit les deux chefs à la nuque; on les croife en les paffant l’un fur l’autre par-deflus l’an- gle du milieu qui pend derriere le cou, & l’on en vient attacher les bouts en-devant. On releve en- fuite le derriere du mouchoir, &c on l’attache fur la tête. Ce petit couvre-chef fert pour les plaies fimples de la tête. (F) Couvre-FEU, {. m.(Æiff. mod.) nom de la clo- che qu’on fonnoit tous les foirs en Angleterre au ‘commencement de la nuit, du tems de Guillaume le conquérant. Cette coûtume, & le nom de cette cloche, vinrent de ce prince qui après être monté fur lethrone d'Angleterre, ordonna en 1068, qu'au fonde la cloche qui fonneroit à fept heures du foir chacun {e tint renfermé dans fa maifon, qu’on éteignit la lu- miere , & qu’on couvrit le feu ; Le tout à peine d’une grofle amende pour chaque contrevenant. Le fon de cette cloche, qu’on appella le couvre-feu , devint un fujet de grandes vexations, auxquelles les Anglois furent très-fenfibles ; car pour peu qu'ils manquaf- fent d’exaétitude dans l’obfervation de cet ordre nou- veau, ils étoient aflürés d’en être punis rigoureufe- ment. _ Je conviens, avec M. de Voltaire, que la loi du couvre-feu étoit une police eccléfiaftique en ufage dans prefque tous les anciens cloitres des pays du Nord ; mais ce n’étoit pas du moins une police civile qui eût lieu en Normandie. Auf Polydore Virgile remarque que l’une des polices dont Guillaume I. s’avifa, fut de defarmer les Anglois, de leur défen- dre de fortir de leurs maifons depuis les fept heures du {oir, & de leur ordonner de couvrir leur feu, dont ils auroient avis par la cloche que l’on fonne- roit. « Qu'il eût emprunté cette coïtume de nous, » dit Pafquier , je ne le vois ; que nous la tenions de » lui, je ne le crois : mais il y a grande apparence, # ajoûte-t-il, que le couvre-feu fut introduit parmi » nous du tems de Charles VI. lors de la faétion des » Bourguignons & des Armagnacs ; car cet ufage » fubfftoit fous le regne de Charles VIT +. Quoi qu’il en foit, la cloche du couvre-feu établie avec rigueur chez les Anglois, étoit comme un fignal qui fe renou- vellant tous les jours, ne leur permettoit pas d’out blier l’état de leur efclavage. Mais cette oppreffion ne dura pas long-tems chez un peuple prêt à tout facrifier pour fa liberté. Henri Il. abolit le couvre-fen en 1100, c'eft-à-dire trente-deux ans après fon éta- bliffement. Les Anglois n’ont connu depuis que le fon des cloches des églifes , qui ne marquent aucune {ervitude. 4rr. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. COUVREPIÉ, f. m. (Œcorom. domeftig.) petite couverture qui n’occupe que la partie inférieure du | COU 433 lt, L’ufage auquel elle eft deftinée, & qui eft affez clairement défigné par fon nom , indique qw’elle doit être piquée ,ouaitée, doublée, remplie d’aigredon, c. en un mot rendue la plus chaude & la plus lége- re qu'il eft poffble. | COUVREUR, L.m. ouvrier à qui il eft permis de couvrir les maifons, en qualité de membre de la communauté de ce nom. Il ne peut faire qu’un ap- prentif, L’apprentiffage eft de fix ans. Au bout de trois ans l’apprentif fait expérience, afin que le mat. tre puifle prendre profit de fon travail. Au bout des trois autres années 1l eff reçû à chef-d'œuvre. COUVRIR, (Jarifprud.) figmife parer , garantir , Jauver , oppofèr quelqgw'exception ou défenfe. | Couvrir un fief ou arriere-fief, c’eft prévenir & em- pêcher la faifie féodale d’un fief qui.eft ouvert, en faifant la foi & hommage ou offrant de la faire, & de payer les droits fi aucuns font dûs, Couvrir une fin de non-recevoir, c’eft la pater, l’e- carter de maniere qu’elle ne peut plus être oppoiée. La fin de non-recevoir que l’on pouvoit oppofer au demandeur eftcouverte, lorfque le défendeur a pro- cédé volontairement au fond fans oppofer la fin de non-recevoir, & fans qu'elle ait été refervée par au- cun jugement : c'eft pourquoi l’ordonnance de 1667, tt, V, art. 5. veut que l’on employe dans les défenfes les fins de non-recevoir , nullité des exploits, ou au- tres exceptions péremptoires , fi aucunes y a, pour y être préalablement fait droit, Couvrir une nullisé, c’eft l’écarter par une efpece de fin de non-recevoir; ce qui arrive lorfque celui qui pouvoit débattre de nullité un exploit jugement, ou aéte, a approuvé cet aûte, & a procédé volon- tairement en conféquence. Voyez ce qui eft dit dans l'article précédent. Couvrir la péremption, c’eft la prévenir de maniere qu'elle ne puifle plus être oppofée. Lorfqu’il y a eu ceffation de procédures pendant trois ans, celui qui a intérêt de faire anéantir ces procédures, peut en demander la péremption: mais fi avant qu’elle foit demandée 1l fe fait de part ou d’autre la moindre procédure, quoique ce foit depuis les trois ans, la péremption eft couverte. Voyez PÉREMPTION. Couvrir la prefcription ; c’eft lorfque par quelqu’- aéte de poñleffion ou par quelque procédure, on in- terrompt la prefcription qui commencoit à courir. (4) ; COUVRIR, en terme de Cirier, c’eft mettre la der- niere couche aux bougies, en les attachant par la tête au cerceau. Voyez CERcEAU & TÊTE. _ CouvriR, (Jardin.) On dit couvrir de fumier fee un quarré d’artichaux, pour les préferver de la ge- lée; couvrir avec de la litiere des figuiers, des jaf- mins, des grenadiers, une planche de falade nou- vellement 1emée, une de chicorée, On couvre avec des paillaffons ou une toile, des plantes nouvelle- ment levées fur la couche, pour leur ôter le trop grand foleil, (X) COUVRIR UNE AIGUILLE, terme à l’ufage de cent qui font les-filets pour la pêche & La chaj[e : leur aiguille eft ordinairement de bois ; & la couvrir, c’eft mettre du fil deflus. COUVRIR 0 SAILLIR, (Wanége.) fe dit des ju= mens auxquelles on donne l’étalon. C’eft une mau- vaife coûtume de faire couvrir les cavales en main, c’eftà-dire en les tenant par le licou ou par la bri- dé ; il vaut mieux les laifler; dans leur liberté natu- relle , le poulain en et beaucoup mieux formé, (7) Couverir, (Rcliure.) Quand les couvertures {ont parées , on les trempe à la colle, & énfuite on prend le livre prêt à couvrir, on égalife Les bords du carton de chaque côté du. volume ce qui s’appelle épalijer Les chafes. Enfuite on applique le carton qui eft ren verfé fur la table; & quand la colle a attaché la 424 CO W couverture au carton, onmetlelivre fur fonchamp, & en paflant le plat de la main dans toute l’étendue, &c enfuite le plioir, on tire bien le cuir fur les bords, pour qu’il foit exaftement tendu de tonte part fans faire aucun pli. Quand cela eft entierement fait, on renverfe tout-à-l’entour du carton les extrémités de la couverture en-dedans du carton, & on pince exa- €tement les bouts de la peau aux angles, que l’on coupe, afin qu’en-dedans on puifle croiler ce quien refte fans faire une élevation defagréable ; enfuite on coëffe les tranchefils. Voyez COEFFER, TREM- PER À LA COLLE LES COUVERTURES, La même façon fe pratique pour toutes fortes de couvertures. ; COUVRIR , ex terme de Raffineur de fucre; c’eft mettre fur la pâte du pain une couche de terre de- layée en bouillie, pour entraîner le fyrop avec l’eau qui fort de cette terre, & filtre à-travers le pain. COUVRIR , au srittrac ; c’eft placer une dame fur une autre qui étoit découverte ou feule. Voyez Tric- TRAC. COUT , f. m. (ff. mod.) coupe de calebafle fer- vant de vaiflelle aux Negres. Les Caraïbes, après avoir enlevé la pellicule qui couvre ces coupes, les enduifent dehors 8 dedans d’une liqueur qu’ils fa- vent compofer, au moyen d’une décotion de cer- taines écorces, laquelle étant féchée forme un affez beau vernis noir qui s’incorpore de façon qu’il ne s’écaille jamais, quoique ces couys leur fervent fou- vent à mettre de l’eau bouillante. 4rr. de M. LE Ro- MAIN. COWALAM ,f. m. ( if. nar, bot. ) grand arbre du Malabar & de Pile de Ceylan, dont le fruit ref- femble à une pomme ronde, couverte d’une écorce épaifle & verdâtre fous laquelle il s’en trouve une autre dure, ligneufe, qui enveloppe une pulpe vif- queufe, humide, jaunâtre, acide, doucçâtre , & par- femée de graines plates, oblongues, blanches, & piei- nes d’un fuc tranfparent & gommeux. Voyez dans James 8 Ray l'éloge de ce fruit, pour fon goût & pour fes vertus médicinales. : | COWALE , (Géog. mod.) petite ville de la grande Pologne, dans le Palatinat de Brzeftie, fur la Vif tule. | COWLE. (Géog. mod.). petite ville maritime de l’'Ecoffe feptentrionale, dans le comté de Mernmis. COWPER, ( glandes de) Cowper chirurgien à Londres, a publié une anatomie du corps humain enrichie de figures deffinées d’après nature. Il a don- né la defcription de deux glandes dont il fit la décou- verte en 1699, avec celle de leurs conduits excré- reurs, & il les a nommées glandes de Cowper: elles font d’une figure ovale, applatie, & pas plus grof- fes qu'un, pois. Lorfqu’on à écarté la partie du muf- cle accélérateur qui couvre le bulbe de lurethre, on les découvre à la partie poftérieure du bulbe , & en voit leurs conduits dans la partie interne de l’u- gethré en les comprimant. Voyez URETHRE. (2) Cowprer , (Géog. mod.) ville d’'Ecofle au comté de Fife. Long. 15. lat. 56.34. COY COYAU, f. m. (Charpent,) Ce terme a deux ac- ceptions ; ou ce font des bouts de chevrons placés fous la couverture d’un toiét, & qui la portent juf- qu’au bout de l’entablement (veyez CHANLATTES); ou c’eff'une petite piece de bois entaillée fur la roue d'un moulin à eau, 8 ferrant l'aube. COYEMBOUE ox COUYEMBQUE, {. m. uf- tenfile de ménage. C’eftune calebafle vuidée ayant une ouverture à pouvoir y pafler la main; cette ou- Yerture-fe referme au moyen d’une autre calebaffe coupée en forme de calote, & aflujettie par de pe- tites cordes, le tout s’emboîtant exadtement. Les coyemboues fervent aux N egres Êc aux Sau- vages à ferrer leur mangeaïlle, & ce qu'ils veulent conferyer proprement. Are. de M, LE ROMAIN. COYER , f. m. (Charp.) piece qui va d’un poin- çon ou d'un gouffet à l’areftier, & où fe place en- deffous le grand effelier, Voyez Poincon » GOUS- SET, ARESTIER , & ESSELIER. COZ COZRI, (Théolog.) quelques Juifs prononcent cuzart ; titre d’un excellent livre juif compofé il y a plus de $oo ans par R. Juda lévite. C’eft une difpute en forme de dialogue fur la religion, où celle des Juifs eft défendue contre les philofophes gentils, & où lon s’appuie principalement fur l’autorité & fur la tradition, n’étant pas poflible, felon cet auteur, d'établir aucune religion fur Les feuls principes de la raïon. L'auteur attaque en même tems la feéte des Juifs Caraites, qui ne reconnoïffent que l’Ecriture- fainte. On trouve dans ce même ouvrage un abregé aflez exact de la créance des Juifs. Il a té premiere- ment écrit en arabe, puis traduit en hébreu de ra- bin parR. Juda-Ben-Thibbon. Il y en a deux éditions de Venife; lune qui ne contient que le texte, une autre où le texte eft accompagné du commentaire d’un rabin nommé Juda-Mufcato. Buxtorf a fait im- primer le même ouvrage à Bâle en 1660 , avec une verfion latine & des notes. Il y en a une traduétion efpagnole faite par le Juif Aben-Dana, qui y a joint des remarques écrites dans la même langue. Simon, Buxtorf. Biblioth. rabbinig. Chambers. (G) COZUMEL, ( Géog. mod. ) ile confidérable de l'Amérique , fur la côte de Jucatan. Elle ef fertile, & habitée par des Indiens. CR A CRABE , CANCRE,, fub. m. (Æf. rar.) cancer ; genre d'animaux cruftacés qui comprend plufieurs efpeces. En général les crabes ont la queue compofée de tables, rabattue en-deflous, & appliquée fur le ventre. La tête n’eft pas féparée du corps. Ils ont dix jambes, cinq de chaque côté, y compris celles qui portent les ferres, & que lon a comparées à des bras parce qu’elles en tiennent lieu à quelques égards: Les jambes de devant font beaucoup plus grofles que les autres : il y a aufli pour l'ordinaire une dif. férence de groffeur entre l’une & l’autre de ces grof- fes jambes; ce qui vient de ce que les crabes font fu- jets à fe cafler ces jambes, & qu'il en renaït une nouvelle en place de celle qui a été caflée. Ce fait eft prouvé par des expériences faites fur les écrevif- fes, que l’on a aufli obfervées dans le tems qu’elles fe dépouillent de leur taie. Voyez ECREvISSE. La f- - gure des crabes eft arrondie, parce que la queue ,'la tête, & le corps, paroïflent confondus enfemble. Les efpeces de ce genre different par la grandeur du corps êc par les couleurs, par la longueur & la groffeur des pattes & des ferres. Rondelet a mis au nombre des crabes les cruftacés , auxquels on a donné le nom d’araignée de mer, & ceux que l’on appelle poupars. Voya PoupaR. Enfuite il fait mention des efpeces fuivantes de crabes d’eau falée. À Le crabe appellé rrigraire ou ours. Il ne reflemble à ce quadrupede que par la dextérité avec laquelle il fe fert de fes ferres, en quelque façon comme l'ours fe fert de fes piés de devant, & par fa figure informe. Il a auffi quelque reflemblance avec une grenade, foit pour la figure, foit pour la couleur; c’eft pourquoi on lui a donné le nom de rigraine. Le crabe au pié large, latipes, Il differe des autres par par les jambes de derriere, qui font larges à l'extré- mité, & ont fix articulations. Il a quatre petites cor- nes au front, & fa taie eft lifle. Le crabe jaune & onde. Ses pattes font longues & velues ; il a deux grandes cornes, & des aiguillons far le front & à côté du front. Le crabe marbre, cancer varius vel marmoratus. Sa taie eft life ; 8t parfemée, comme un marbre ou un jafpe , de différentes couleurs, telles que le verd, le bleu , le noir, & le cendré. Il y a deux petites cor- nes aux front: la taie eft crenelée en forme de fcie à côte des yeux. Le crabe commun. | a deux petites cornes au front, les jambes de devant courtes, & les autres plus al- longées & terminées en pointe. Le crabe à bras cour. Il eft petit, de couleur mêlée de rouge & de noirätre : la partie poftérieure du corps eft large , & l’antérieure pointue ; les deux jambes de devantont très-courtes, & les deux fui- vantes fort longues, grofles , pointues, & velues; les autres font aufi longues, mais menues & liffes. Le crabe velu. On en diftingue de trois fortes ; les premiers ont les jambes de devant hériflées de pointes, & noires à l'extrémité ; 1l y a deux petites cornes au front ; la partie antérieure de la taie eft dentelée comme une fcie, & le milieu de la face fu- périeure porte la figure d’un cœur. La feconde efpe- ce eft plus petite que la premiere , & n’a point de noir à l’extrémité des bras. Enfin la troifieme efpece ne differe de la feconde, qu’en ce qu’elle eft encore plus petite." Le crabe fait en forme de cœur. Il eft petit ; e’eft le corps qui repréfente la figure d’un cœur. Il a deux _cornes au front. Ce crabe vit en plaine mer: on ena fouvent trouvé dans l’eftomac des merlans. Les petits crabes qui fe logent dans des coquilles. On en trouve dans des moules, des huïtres, des peignes &tdes pinnes marines:ceux des huîtres ne font pas plus gros qu'une féve ; ils fontblancs, excepté le milieu de leur face fupéricure où il y a du rouge. Ceux de la pinne marine font plus grands, & ont plus de rou- ge que de blanc. L’animal des coquillages où font ces crabes eft vivant. Ils fe retirent auffi dans des trous d’éponge , dans des fentes de rocher, &c. Le crabe appellé araignée, Rondelet donne le nom d’aranea cruffata à une petite efpece de crabe qui a la tête un peu plus diftin@e, plus pointue, & plus avancée que les autres crabes : il y a deux petites cornes entre les deux yeux, qui font fort faillans: les jambes font fort longues, à proportion de la groffeur du corps, comme cellés des araignées. On a aufli donné le nom d’araignée à une autre ef- pece de crabe beaucoup plus grofle, appellée #41: Rondelet dit en avoir vû qui avoient la largeur d’un empan, & la longueur d’une demi-coudée. Les jam- bes de ce crabe font courtes à proportion de la gran- deur du corps, & l'extrémité des ferres eft noirâtre: il a quatre cornes : fa taie eft légere, & découpée en demi-cercles à la circonférence: la chair eft dure, & de mauvais goût. Savoir quel crabe Ariftote a défi- gné par le nom de maia: tous les auteurs ne font pas d'accord à ce fujet ; Gefner donne le nom de maia au crabe que Rondelet nomme pagurus. Voyez Poupar, | Le crabe d’eau douce, cancer fluviatilis. I {e trou- ve en Grece, en Candie , en Italie, en Sicile, en Egypte, dans le Nil, éc. Il reflemble aux crabes de mer, mais 1l a la taie plus mince, le corps moins arrondi, & les pattes plus groffes à proportion du corps. Les femelles ont la queue plus large que les mâles. Ces crabes font bons à manger, fur-tout lorf- qu'ils font dépouillés de leur taie. Rondelet, 1/4 des poiflons. . &il y 2 encore d’autres efpeces de crabes, dont on Tome IF, LES -Æ 425 peut voir a defcription dans Aldrovande, Gefner, Jonfton. ) Le crabe des Moluquess Cañcer Mollucenfis ; a une figure particuliere. Voyez La PI. XII. Thef: imag. pife. Sc. Rumphii, On nous à aufli donné la defcription & l’hiftoire de plufieurs efpeces de crabes des Antil: les, favoir les crabes violets, les blancs, &c ceux que l’on appelle dans le pays du nom de rowrlourou, Voyez l’hff. génér, des Antilles par Le P, du Tertre , torne II, Voyez CRUSTACÉE. (1 De toutes les différentes efpeces de crabes qu’on trouve dans les Antilles, celle dont on fait le plus d'ufage font les crabes blancs , les crabes rouges, & les crabes manicoux , ainfi nommés à la Grenade, & connus à la Martinique fous le nom de /ériqtes de ri: Vite, On prétend que les crabes font mallorfqu'ils ont mangé le fruit du manceniller : cependant dans l’île de la Grenade on les prend communément fous ces atbres , &c on ne s’eft jamais apperçû qu'ils ayent in commodé perfonne. Les crabes 8 les fériques demet fentent un peu le marécage, & n’ont pas tant de fubftance que les autres. Arr. de M. LE ROMAIN. CRABIER , f. m, (ff. mar. Orrith.) héron des Antilles, un peu moins gros qu’une poule, haut fur jambes, ayant le cou long , la tête petite, le bec pointu & dur, les yeux vifs , le plumage du corps & des ailes d’un gris-cendré, mais celui du cou chan: geant, couleur d’ardoife tirant furle bleu. Le crai bier fe nourrit de crabes, fréquentant les anfes & les iles défertes: fa chair en daube eft un affez bon manger. Art. de M. LE ROMAIN. CRABRANT , (Æif. rar.) Voyez CRAVANT. CRAC , f. f. (Fauconn.) maladie des oïfeaux de proye. On dit, ce faucon a la crac. Pour remédier à cette maladie, 1l faut purger les oifeaux avec une cure de filafle ou de cotton , & enfuite les paîtré avec des viandes macerées dans l’huile d'amandes douces &c dans l’eau de rhubarbe alternativement puis leur donner encore une cure comme auparai vant. On peut lier la cure avec de la rhue ou de l’abfinthe ; & fi lon remarque que le mal foit aux reins & en-dehors, 1l faudra faire tiédir du vin & en étuver ces parties. On ne dit point en quoi con fifte la crac, | CRACHAT, f. m. ( Medecine.) Les Medecins donnent ordinairement ce nom à toutes les matieres évacuées par la bouche, en conféquence des mou: vemens & des fecoufles de l’expettoration, Foyez EXPECTORATION. Tous les fucs qui aboutiflent à l’intérieur de la bouche par différens couloirs, font donc la matiere des erachats , excepté la falive proprement dite, dont le flux ou l'écoulement contre nature s’appelle Jalivation. Voyez SALIVATION. On ne défigne à proprement parler par le mot de crachar , que les ma tieres qui fortent de la trachée-artere, de la gorce, des narines & des amygdales. Ÿoyez EXPECTORA- TION, AMYGDALES, TRACHÉE-ARTERE, Gc; Il ne fe préfente aucune confidération phyfologique particuliere fur la fecrétion & la nature des crachars. Voyez SECRÉTION , EXCRÉTION, GLANDE. Nous allons donc les confidérer comme uñ phénomene de lhiftoire des maladies, & déterminer d’après les bons obfervateurs, les caracteres diflinétifs des dif férentes efpeces de crachats fur léfquels le medecin peut fonder {on diagnoftic & fon prognoftic. Il faut cependant remarquer d’abord qu’il ne pa- roît point aïfé de décider fr Pexcrétion où même la formation des crachars ; peut jamais être dans l’ordre naturel; car commé il paroït qué la fonétion des glandes, dont ils font les produits, ne confifte qu'à féparer une efpece de mucofité on@ueufe propre à lubrifier certaines parties , il femble que cette mu- hh 420 C R A cofité ne peut fe ramafler & former la matiere des crachats , que les parties dans lefquelles elle s’accu- mule jufqu'à un certain point, ne joient plus ou moins viciées. Selon cette idée, un homme qui fe porteroit par- faitement bien, ne devroit jamais cracher ; cepen- dant comme bien des perfonnes crachent fans paroï- tre réellement incommodées , il femble que les cra- chats peuvent quelquefois tenir lieu d’une excrétion naturelle , & être confidérés {ous cet afpeét. Quoi qu'il en foit, perfonne ne confondra le cra- chement habituel, ou dépendant du vice infenfible dont nous venons de parler, avec celui quieft caufé par les rhumes , les afthmes , les pleuréfies , Les péri- paeumomies , la phthyfe, certaines fievres, & bien d’autres maladies & infirmités, C’eft dans ce dernier cas qu'il eft effentiel que le medecin diftingue les bons rachats d'avec les mauvais ou d'avec les indif- férens. La quantité des crachats, leur confiftence , leur odeur , leur couleur, leur égalité, leur figure, leur goût, le tems de la maladie auquel ils paroïflent, âge & le fexe du malade, font les qualités & les circonftances par lefquelles le medecin fe dirige dans le jugement qu'il porte fur cette évacuation. Voici les principales regles qu’une obfervation conftante a fourni aux vrais maîtres de l’art, qui ont far cepoint une doétrine uniforme & conftante de- puisHippocrate jufqu’à notre fiecle. Nous allons les prendre dans l’illuftre Riviere , & les accompagner, quoique toijours fobrement , de quelques pourquoi , que nous diftinguerons toùjours {oigneufement des oracles de l’obfervation. Les crachats, dit Riviere, font bons en général, lorf{qu’ils font d’une confiftence égale, æqualia, le- via, ni trop gros m trop petits, & qu'ils fortent de la gorge aifément & fans douleur. . .. Ils fuppofent Ja difpoñition des couloirs auffi parfaite qu’il eft pof- fible pour qu'ils fe déchargent des fucs qu'ils con- tiennent. Si les crachats font en petite quantité, qu'ils n’aug- mentènt que peu-à-peu, & qu'ils reftent long -tems cruds, ils ne font pas fans danger .... parce qu'il eft à craindre qu'il ne fe forme dans les glandes qui les fourniflent, des arrêts indomptables, ou un re- lâchement encore plus pernicieux. Les crachars cruds, qu’on nomme auñli pituiteux ou glaireux , font ceux qui reflemblent à du blanc d'œuf , ou bien ceux qui font formés par des glaires mêlées de plus ou moins de fang. . . . . Ceux-là font la fuite de l’expreffion feule , & non celle d’une ré- folution ou d’une maturation complte. Foy. Coc- TION. Les crachars cuits font ceux qui font blancs ou‘ver- dâtres , qui reffemblent à du pus, qui font bien égaux & bien liés . ... [ls font fouvent fi peu diffé- rens du pus, que les plus expérimentés s’y trom- pent. En général l’infpeétion du crachar eft une ref- fource prefqu'’inutile pour découvrir s’il eft purulent ou non. Voyez Pus. Les crachats, quels qu'ils foient, paroïffant pré- cifément au commencement d’une maladie, font favorables , dit Hippocrate. . .... En effet, il eft bon que les efforts de la maladie ayent un aboutif- fant , &c que la partie puifle fe dégager. . ... Ilsne {ont pas dangereux , lorfque le fang y eft un peu mêlé avec la pituite. . ... Cela fuppofe que la ré- folution fe travaille, & que quelque vaiffeau fanguin déchiré ne l'empêche point. | Si les crachats {ont jaunes & fanguinolens dans les inflammations du poumon , ils ne font pas dange- reux, pourvûü que ce ne foit pas après le feptieme jour; dit Hhippoctateen »; 1 0 Re Le feptieme jour &c Les fuivans font des jours après lef- quels les matieres doivent être cuites , fans quoi la maladie va trop lentèment pour pouvoir fe terminer heureufement, Les crachats vifqueux, glutineux, épais dans la pleurèfie ou la péripneumonie, font de mauvais au- gure, fur-tout s’ils font accompagnés d’une forte d’extinétion de voix, ramedo, felon Hippocrate...… En effet, l’extinétion de voix & les crachats de cette nature annoncent un relâchement dangereux , ou une conftri@ion qui n’eft pas moins à craindre. Les crachats verds, très-rotüllés , livides ,: noirs , fétides ou non fétides , font fort à craindre . .. car toutes ces couleurs fuppofent que le fang fe mêle avec les crachars & le pus ; que ces matieres féjour- nent, que le poumon perd fon reflort peu-à-peu. Si les crachats quelconques fe fappriment une fois qu'ils ont paru ; s’il furvient dans les maladies aiguës ou dans les ulceres du poumon plus ou moïns de r4- lement, c’en ef fait du malade . ... le poumon eft pris ; il ne joue prefque plus : la tête va fe prendre. Les crachars qui fuivent un crachement de fang , font toüjours fufpelts, fur-tout dans les maladies chroniques . .. , parce qu’on doit toùjours craindre qu'ils ne forent purulens , ou le produit d’un ulcere prefque toùjours mortel, Les crachars qui nagent fur l’eau font en général moins fâcheux que ceux qui vont au fond ; ces der: niers tiennent toûjours plus ou moins du pus... Îlen eft pourtant de la premiere efpece qui font tout auffi dangereux que ceux de la derniere ; les bons prati- ciens ne s’en laïffent pas impofer par leur légereté , lorfque les fignes fufifans de la fuppuration inté- rieure exiftent d’ailleurs : ils penfent dans ces cas à une forte de fuppuration lymphatique , que Fernel connoïfloit très-bien. Nous avons déjà obfervé que l’infpeétion du crachat étoit un mauvais moyen de s’aflürer s’il étoit purulent ou non. Les mélancoliques font grands cracheurs ; ils pro- diguent leur falive , toûjours rejettée avec la matiere propre & l’efpece de /mulus de leur crachement. Les femmes grofles font aflez fréquemment dans le même cas. Voyez GROSSESSE 6 MÉLANCOLIQUE. C’eft ordinairement une fort bonne pratique contre les inconvéniens de cette indifpoñtion, que celle d’avaler ces crachars très-chargès de falive ; ce fe- cours devient même quelquefois curatif. Les mélancoliques & les femmes grofles jettent quelquefois par la bouche certains grains ou noyaux durs, tran{parens , noirs ou jaunâtres, qui ne fup- pofent qu'un reflerrement des glandes, & qui ne {ont pas de grande conféquence. Les crachats méritent plus d’attention s'ils font fa- lés, amers, ou qu'ils ayent une faveur fade, dégoti- tante; Hippocrate l’a dit, 8: Bennet l’a fur-tout con- firmé parmi les modernes . . . . foit que ces faveurs annoncent des qualités nuifibles , des acrimonies dans les crachars ; foit qu’ils n’impriment la fenfation de falé, d’amer ou de fade, qu'en conféquence d’une certaine difpofition des organes qu'ils affeétent, dé- pendante d’un vice général dans le fyftème des foli- des, vice éminemment dangereux, &c. Les crachats qui femblent être des morceaux de chair fongueufe, jaunâtre ou rougeâtre , font toû.- jours pérnicieux , foit dans les maladies aiguës, foit dans les chroniques, . . .. Ce {ont des portions du parenchime du poumon qui fe détruit ou qui fe gan- grene. Si les crachats, quels qu'ils foient, s'arrêtent fubi- tement , c’eft toûüjours un mauvais figne , comme nous l’avons déjà obfervé; & alors le medecin doit tâcher de les faire paroître de nouveau ; indication qu'il remplit par différens moyens indiqués aux mots EXPECTORANT, SAIGNÉE, VOMITIF. L’expettoration anacacharfis étant une des yaes par laquelle la nature fe délivre utilément quelque- fois de la matiere morbifique , le medecin doit fe propofer quelquefois auffi de évacuer par les cra- chats, Voici les fignes qui dénotent que la crife ou les torrens dés excrétions fe portent vers la poitrine. Ces fignes font les douleurs des côtés, la difficulté de refpirer, la toux ; le crachement de fang qui a aru au commencerhent d’une maladie; & avec cela 1a féchereffe de la peau , la coétion imparfaite des urines , la fécherefle du ventre ; en un mot l’abfence de tous Les fymptomes qu’annoncent les évacuations critiques par d’autres couloirs que par ceux de la poitrine. Le medecin fe détermine & favorife les crachats par les mêmes fecours par lefquels il tâche de les rétablir, & que nous avons indiqués en général plus haut, lorfque nous avons annoncé que nous propo= ferions ces moyens aux mots EXPECTORANT , SAI- GNÉE, VOMITIF. En général , c’eft une fauffe indication que celle d'arrêter les crachars ; mais cette propoftion n’eft problématique que poûr le cas particulier du cra- chement de fang. Voyez HÆMOPT YS1E. (b) CRACHEMENT , {. m. aétion par laquelle on crache. Voyez CRACHAT. CRACHEMENT DE SANG , (Medec.) Voyez HÆ- MOPTYSIE 6 CRACHAT. CRACHER, v. a@. & neut. rendre la falive par la bouche. Voyez CRACHAT. * CRACHER , v.n. ( Fonderie.) Il fe dit de Paétion de rejctter une partie du métal en fufion. S'il y a dans le moule quelqu'humidité ; fi lair preflé par le métal qui defcend, ne trouve pas une prompte 1flue, _ &c. alors le métal coulé eftrepouflé par Pouverture du jet, & l’on dit que le moule a crache. CRACHOIR , £. m. (@con. domeft,) vaiffeau dans lequel les crachats font reçus : il y en a pour les perfonnes malades ou en fanté ; ils font de fayence ou de porcelaine ; d’autres font faits de bois en for- _ me d’auge ; On les remplit de chaux vive ; on les place dans les bureaux 8 dans les maïfons de reli- gieux, de religieufes, 6 autres communautés, par- tout où l’on s’aflemble ; cela entretient la propreté dans ces endroits. CRACK , f. m. (Marine) c’eft le nom que l’on donne dans le Nord à des bâtimens à trois mâts, dont les Suédois & Danois fe fervent pour naviger fur la mer Baltique. CRACKOW , (Géog. mod.) petite ville d’Alle- magne au cercle de bafle-Saxe, dans le duché de Meklenboursg. CRACOVIE, (Géog. mod.) grande ville capitale de la Pologne dans un palatinat de même nom, à peu de diftance des frontieres de Siléfie fur la Viftu- le ; il y a des mines de fel très-abondantes dans fon voifinage. Long. 38. lat. 50.6. CRACOVIE , (4e palatinat de) Géog. province de la petite-Pologne, borné par Le palatinat de Sendo- mir, la Siradie, la Siléfie & les frontieres d’Hon- grie. Ce pays eft fertile en mines de différentes ef- eces. * CRADOS , PESTRES ov PETRES , rerme de Péche ; fortes de poiflons dont on fait la pêche dans le reflort de l’amirauté de Breft, avec la feine pier- rée ; ils ne fervent que d’appas aux lignes des pé- cheurs , qui ont demandé la permiflion de faire cette pêche pendant les mois de Février, Mars & Avril. Ce font les chaloupes à fardimes qui font cette. petite pêche ; elles ont deux mâts , deux voiles, & font du port de deux tonneaux. L’équipage eft de cinq hommes. Les pêcheurs la pratiquent entre le Goulet & Camaret ; ils tendent leur feine de vinet- cinq à trente braffes de longueur, garnie d’une pe- tite pierre , de deux brafles & demie en deux braf- Tome IF, CRA 457 {es & derhié de diftance ; pour la faire caler: un feul homme demeure dans le bateau ; les quatre au tres reftent à terre, ou1ls ont porté Le cordage amar: ré au canon de la feine ; ils fe mettent deux hommes à chaque bout, pour le haler fur des fonds couverts d’herbages , fans aucun plain de fable. Ils préten« dent qu’il n’eft pas pofhble de pêcher de cette ma- mere aucune autre efpece de poiflon que les crados ou petres ; que le poiflon plat & le poiflon rond fuient ces fortes de fonds, & qu'il n’y a que les pe: tres qui fe tiennent toûjours à la furface de l’eau. CRAGOCENO , (Géog. mod.) petite ville de la Walachie fur la riviere d’Alant ou d’Olt, CRAIE, f. f. ( Hifi, nat. Minéralog.) creta ; c’eft une pierre calcaire, plus ou moins friable, qui s’at- tache à la langue, colore les mains; fa couleureft blanche , cependant elle varie quelquefois en raïfon des matieres minérales étrangeres qui y font jointes. Les parties qui compofent la craie, font comme fa- rineufes, & faciles à détacher les unes des autres. 5 Les Naturaliftes font partagés fur la formation de la craie. Henckel dans fon traité de Zapidum origine, penfe qu’elle eft la terre primitive, erra primogenea, telle qu’elle eft fortie des mains du Créateur. Neu- mann &c quelques autres ont crû que la craie fe for- moit par une efpece de décompofñtion du fx ou de la pierre à fufl. Ces dermers fe fondent fur ce que les pierres à fufil noires fe trouvent très-fouvent dans des couches de craie, 87 font environnées d’une écorce qui y reflemble très-fort., Mais de tous les fentimens fur cette formation , 1l n’y en a point qui approche plus de la démonftration , que cehu de ceux qui ne regardent la craie que comme formée des débris de coquilles. En effet, pour peu qu’on confi- dere les parties qui la compofent, on y découvrira toijours des veftiges de coquilles qui en forment le tiflu. Quelques auteurs ont rejetté ce fentiment , fondés fur ce qu’il n’étoit point poflible d’imaginer que des coquilles euffent pù former des montagnes auffi confidérables que le font celles qu'on trouve remplies de craie ; mais fi on fait attention à l’énor- me quantité de coquilles qui font renfermées dans le fein de la terre , & aux couches immenfes qu’on'en trouve, la furprife ceflera, & lon verra qu'il n’y a tien de plus naturel que la formation que nous ve- nons d’affigner à la craie, Cela pofé, la craie doit fon origine à la terre animale, Les principales propriétés de la craie, font de faire effervefcence avec tous les acides, & d’être changée en chaux par l’aétion du feu ; proprié- tés qui lui font communes avec toutes les terres ou pierres calcaires, qui ont d’ailleurs la même ori- pine : & c’eft à ces deux qualités que l’on doit re- connoître la craie ; c’eft par elles qu'on la diftinguera d’une infinité d’autres fubftances argilleufes & tal- queufes, 6c... à qui les Naturaliftes ont donné mal-à- propos le nom de craie, à caufe d’une refflemblance lésere & extérieufe qu’elles ont avec la craie véri- table dont nous parlons. Voyez l’art. CALCAIRE, M. Wallerius compte huit efpeces de craie : 1°, la craie blanche: 2°. la craie d'Angleterre , qui fait une effervefcence confidérable avec l’eau froide: 3°, la craie d’un blanc-fale : 4°. le lait de lune: 5°, le guhe ou la craie coulante : 6°, la craie en poufliere : 7°, la craie rouge : 8°. la craie verte ; mais toutes ces dif- férentes efpeces ne different entr’elles que par le plus ou Le moins de liaifon de leurs parties, par la cou- leur , & par d’autres qualités purement acciden- telles. | | Quoique la craie n'ait pas béaucoup de folidité ; on ne laïfle point que de s’en fervir avec fuccès pour bâtir ; & tout le monde fait que prefque toute la ville de Reims en Champagne eft bâtie de cette ef- pece de pierre, TE Hhkh il 428 C R A _ Perfonné n'ignore les ufages de la cräie pour le deffein, pour la fertilifation des terres ; & l’on trou- vera dans la Lithogéognofie de M. Pott, pag. 17 E fuiv. les différens effets qu’elle produit dans le féu, lorfqu’on la fait entrer en fufion avec des matieres vitrifiables. (—) yat | , CRAIE, (Mar. rned.) La craie eft un alkali ou un abforbant terreux, qu'on peut employer comme fuccédanée du corail, des yeux d’écrevifle, de la magnéfie, &c. Voyez ABSORBANT. On trouvé dans la pharmacopée de Bate une dé- codion fimple & une décoétion compoféé de craie : la premiere a beaucoup de rapport avec le decoëtum album Sydenhami, qui eft beaucoup plus en ufage parmi nous. Voyez DECOCTUM ALBUM. (2) CRAIE DE BRIANÇON, (Hift. nat. Minéralogie.) c’eft une pierre talqueufe, grafle äu toucher, qui paroît compofée de petites lames ou de feuillets ; ce qui ne l'empêche point d’être affez folide.& compa- te. Sa couleur eft ou blanche, ou tirant fur le verd ; elle eft réfra@aire au feu, & ne fe diffout point dans les acides. On peut voir par ce qui a été dit à less. CRAIE, que c’eft très-improprement qu’on a donné ce nom à la fubftance dont nous parlons, puifqu’elle n’eft point foluble dans les acides , & ne fe réduit point en chaux par l’aétion dû feu , qui font les deux caraéteres dif- tinétifs de la craie. Les Taiïlleurs fe fervent de la crate de Briançon pour tracer des lignes legeres fur les étoffes. Quelques medecins ordonnent la craie de Briançon comme abforbant, ou comme aftringent ; mais il pa- roît qu’elle ne peut nullement remplir ces vües , puif- que c’eft une fubftance talqueufe , infoluble dans les acides des premieres voies, & incapable par confé- quent de pañfer dans l’œconomie animale, en s’unif- fant aux humeurs. (—) Egg CRAIE , ( Marine.) vaifleaux Suédois & Danois à trois mâts , fans hunier. CRAIÉ ; mettre en craie, c’eft un terme de Plu- maffier , qui fignifie plonger les plumes dans de l’eau chaude , où l’on a détrempé du blanc d’Efpagne. CRAIE , (Faucon. infirmité qui furvient aux o1- feaux de proie ; c’eft une dureté des émeus fi extra« ordinaire , qu’il s’y forme de petites pierres blanches de la groffleur d’un pois, lefquelles venant à boucher le boyau, caufent fouvent la mort aux oïfeaux, fi l'on n’a foin d'y remédier. Comme ce mal eft caufé par une humeur feche & épaifle , 1l faut l’humeéter & l’atténuer en trempant la viande des oifeaux dans du blanc d'œufs & du fucre candi battus & mêlés en- femble. CRAIL, ( Géog. mod.) petite ville d’Ecoffe dans la province de Fife fur la Mera. CRAILSHEIM , (Géog. mod.) ville d'Allemagne au cercle de Franconie , dans le Marggraviat d’Anf- ach fur la Faxt. | CRAINBOURG, (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la Carniole, fur la Save. Long. 31.55, lat, 46, o. “ CRAINTE, {. f. (Morale) c’eft en général un mouvement inquiet, occafionné dans l’ame par la yvhe d’un mal à venir. Celle qui naît par amour de notre confervation, de l’idée d’un danger ou d’un _ péril prochain, je la nomme peur. Voyez PEUR. Ainfi la crainteeft cette agitation , cette inquiétude de notre ame quand nous penfons à un mal futur quelconque qui peut nous arriver ; c’eft une émo- tion defagréable ,trifte, amere, qui nous porte à . croire que nous n’obtiendrons pas unbien que nous defirons , & qui nous fait redouter un accident , un mal qui nous menace, & même un mal quine nous menace pas , car il repne ici fouvent du délire, Un. état fi fâcheux affedte {ervilement à quelques égards C R A plus où moins tous Les hommes, & produit la ernañ: té dans les tyrans. Cette pañon fuperftitieufe fe fert de l’inftabilité des évenemens futurs pour féduire l’efprit dont elle s'empare, pour y jetter le trouble & l’efroi. Préve- nant en idée les malheurs qu’elle fuppofe, elle les multiplie , elle les exagere, & le mal qu’elle appré- hende luit toûjours à fes yeux. « Elle nous tourmen: » te, dit Charron, avec des marques de maux, com- » me l’on fait des fées aux petits enfans ; maux qui » ne font fouvent maux que parce nous les jugeons » tels ». La frayeur que nous en avons les réalife, & tire de notre bien même des raifons pour nous em affliger, Combien de gens qui font devenus miféra= bles de peur de tomber dans la mifere, malades de peur de l'être? Source féconde de chagrins, elle n’y met point de bornes ni d’adouciflement. Les au. tres maux fe reflentent pendant qu'ils exiftent, & la peine ne dure qu’autant que dure la caufe : maïs la crainte s'étend fur le pañlé , fur le préfent, fur la: venir qui n’eft point , & qui peut-être ne fera jamais, Ennemie de notre repos , non-feulement elle ne con- noît que le mal, fouvent à faufles enfeignes, mais elle écarte, elle anéantit, pour ainf dire , les biens féels dont nous joiflons, & fe plait à corrompre toutes les douceurs de la vie, Voilà donc une paf: fion ingénieufement tyrannique > qiu loin de pren: dre le miel des fleurs , n’en fuce que l’amertume , & court de gayeté de cœur au-devant des triftes fonges dont elle eft travaillée. | Ce n’eft pas tout de dire qu’elle empoifônne le borheur de l’homme , il fant ajoûter qu’elle lui eft à jainais inutile, Je fai que quelques gens la regardent comme la fille de la prudence ; la mere de la précau- | tion, & par conféquent de la sûreté. Maïs y a-t-1l rien de fi fujet à être trompé que la prudence? mais cette prudence ne peut-elle pas être tranquille ? mais la précaution ne peut-elle pas avoir lieu fans mou- vemens de frayeur, par une ferme & fage conduite à Convenons que la crainte ne fauroit trouver d’apo- logie ; & je dirois prefque, avec mademoifelle Scu- dery, qu'il n’y a que la crainte de l'amour qui foit permife & louable. | Celle que nous venons de dépeindre, a fon origi- ne dans le caraëtere, dans la vivacité inquiete , la défiance, la mélancholie, la prudence puñllanime, le manque de nerf dans Pefprit, l'éducation, l’exem. ple, &c. Il faut de bonne heure re@ifier ces malheureufes fources par de fortes réflexions fur la nature des biens & des maux; fur l’incertitude des évenemens, qui font naître quelquefois notre falut des caufes dont nous attendions notre ruine; {ur Finutilité de cette pañon ; fur les peines d’efprit qui l’accom- pagnent, & fur les inconvéniens de s’y livrer, Si le peu de fondement de nos craintes n’empêche pas qu’elles foient attachées aux infirmités de notre na- ture; fi leurs triftes fuites prouvent combien elles font dangereufes, quel avantage n’ont point Les hom- mes philofophes qui les foulent aux piés ? Ceux à qui l’imagination ne fait point appréhender tout ce qui eft contingent & poflble, ne gagnent -ils pas beau coup à penfer fi fagement ? Ils ne fouffrent du moins que ce qui eft déterminé parle préfent, & ils peu- vent alléger leurs fouffrances par mille bonnes ré- flexions. Éffayons donc notre courage à ce qui peut nous arriver de plus fâcheux ; défions les malheurs par notre façon de penfer , & faifflons les armes de la fortune : enfin, comme la plus grande crainte , la plus difficile à combattre, eft celle de la mort, accoù- tumons-nous à confidérer que le moment de notre naïiffance eft le premier pas qui nous mene à la def truétion, & que le dernier pas, c’eft celui du repos. L’'intervalle qui les fépare, n’eft qu'un point, eu CRA égard à la durée des êtres qui eft itimenfe. Si ceft dans ce point que l’homme craint, s’inquiete, & fe tourmentefans cefle, on peut bien dire que fa raïfon n'en a fait qu'un fou. Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT, * CRAINTE, (Mythol.) La crainte étoit auffi une déeffe du paganïime. Elle avoit un temple à Sparte, l’endroit du monde où les hommes avoient le plus de bravoure,& où ils étoient le moins dirigés dans leurs aétions par la crainte, cette pafion vile qui fit mé- prifer & le culte & les autels que Tullus Hoftilius fit élever à la même déefle chez les Romains. La Crainre étoit fille de la Nuit ; j’ajoûterois volontiers & du crime, CRAINTE, (Jurifpr.) on en diflingue en Droit de deux fortes , la crainte grave & la crainte legere. La crainte grave ; qu'on appelle rretus cadens in conflantem virum , eft celle qui ne vient point de pu- fillanimité, maïs qui eft capable d’ébranler l’homme courageux ; comme la craïnre de la mort, de la cap- tivité , de la perte de fes biens. La crainte legere eft celle qui fe rencontre dans Pefprit de quelque perfonne timide, & pour un fu- jet qui n’ébranleroit point un homme courageux ; comme la crainte de déplaire à quelqu'un , d’encou- rir fa diforace. On met au rang des craintes legeres, la crainte ré- vérentielle , telle que la déférence qu’une femme peut avoir pour fon mari, le refpeét qu’un enfant a pour fes pére & mere, & autres afcendans, foit en direéte ou collatérale ; celui que l’on doit avoir pour fes fupérieurs | & notamment pour les perfonnes conftituées en dignité; la foûmiflion des domefti- ques envers leurs maîtres, & autres femblables con- fidérations qui ne font pas réputées capables d’ôter Ja hbherte d’efprit néceflaire, pour donner un con- fentement valable, à moins qu’elles ne foient ac- compagnées d’autres circonftances qui puiffent avoir fait une impreflion plus forte : ainf le confentement qu'un fils donne au mariage que fon pere lui pro- pofe, ne laïfle pas d’être valable, quand même il feroit prouvé que ce mariage n'’étoit pas du goût du fils, vo/untas enim remiffa tamen voluntas eff, - Les lois romaines nous donnent encore plufeurs exemples de cresntes graves & legeres. Elles décident que la crainte de la prifon eft jufte, & que la pro- mefle qui eft faite dans un tel lieu, eft nulle de plein droit. Parmi nous , une promeffe qui feroit faite pour éviter la prifon , feroit en effet nulle ; mais celui qui eft déjà conftitué prifonnier, peut s’obliger en pri- fon , pourvû que ce foit fans contrainte : on obferve feulement de le faire venir entre deux guichets , comme étant réputés lieu de liberté. La crainte d’un procès mû ou à mouvoir, ne vi- tie pas la flipulation ; il en eft de même de l’appré- henfion que quelqu'un a d’être nommé à des char- ges publiques & de police ; ce qui eft fait pour obéir à juftice, n'eft pas non plus cenfé fait par crainte. Mais lorfqu'il y a du danger de la vie, ou que l’on eft menacé de fubir quelque peine corporelle, c’en eft aflez pour la refcifion d’un afte , füt-ce même une tranfa@ion, Un nouveau confentement, on une ratification de laête, répare le vice que la crainte ÿ avoit ap- porté. "un Chez Les Romains , aucun laps de tems ne vali- . doit un aëéte qui avoit été fait par une crainte gra- ve; mais dans notre ufage il faut reclamer dans les dix années du jour qu’on a été en liberté de le faire, autrement on n’y eft plus recevable, Foyez au ff. 4. fit.ag, L, 21, tit, jy, Le 22. au code 8. tit, xxxvig, L, 9 É Liv. IT, tit. jy. L13.t.xx. La, GL8. (A) CRAION, f. m. qu’on devroit écrire craiyon( Hift, aat, G Arts.) c’eft un nom générique, par lequel On C R À 429 défigne plufieuts fubftancés terreufes , pierreufes & minérales , colorées , dont ôn fe fert pour tracer des lignes , defliner, peindre au pañtel ; telles font la craie, la fanguine où hématite , la pierre noiré. Voyez ces mots, & PASTEL. On donne plus particulierement le nom de craiyon à la blende, ou mine de plomb, mo/ybdena , qui eft un minéral contenant quelquefois du zinc, & qui réfifte très-fort à l’a@tion du feu. Voyez BLENDE. On coupe la mine de plomb en morceaux quarrés longs & menus, pour les revêtir de bois & en faire les craiyons ordinaires , où bien on les taille &-on leur donne une forme propre à être mis dans un porte- craiyOn: cette fubftance fe trouve en plufeurs en- droits de l’Europe ; cependant il y a du choix. Les meilleurs éraiyons font ceux qui nous viennent d’An- gleterre; on les fait ayec une efpece de-blende, ou mine de plomb très-pure , non-mêlée de fable ou de matieres étrangeres ; elle fe taille aifément, &c quand on l’a taillée, elle réffemble à du plomb fraichement coupé; celle qui n’a point ces qualités, n’eft pas propre à faire de bons craiyons, La mine qui fournit le bon craiyon d’Angleterre , eft dans la province de Cumberland , à peu de diftance de Carlifle : elle eft unique dans fon efpece , & le gouvernement en à pris un foin tont particulier. L’exportation de cette mine eft défendue fous des peines très-rigoureufes avant que d’être employée en craiyons. Perfonne ni gnore l’ufage du craiyoz dans le deffein , &c. CRAION ROUGE: ce n’eft que de la fanguine, ou de l’ochre rouge. Voyez ces articles. (— CRAIONNER ou mieux CRAIYONNER (Deffiner.) c’eft tracer des lignes au craiyon. On dit: 47 n’a fait qu'un leger craiyon de ce Jufet s les craiyons de tel font fort effimés ; cette façon de par- ler eft moins d’ufage que /es deffèins de tel font fort eflimés. Cela n’eff que craiyonné , fignifie cerre idée eff fort éloignée de la perfeéion. (R) , CRAMANI, fm. (Æif. mod.) c’eft ainfi qu'on appelle aux Indes le premier juge d’une ville. 7% 074 les lettres édifiantes. © CRAMBE, f. m. (Æf. mar. bor.) genre de plante à fleur en croix. Le piftil fort du calice, & devient dans la fuite un fruit oucoque, compofée d’une feule caplule qui s'ouvre en deux parties , & qui renferme une femence ordinairement oblongue. Tournefort : Cnf£. rei herb. Voyez PLANTE. (1) CRAMBORN , (Géog. mod.) ville d'Angleterre dans la province de Dorcefter. CRAMOISI, adj. pris fubft. l’une des fept cou- leurs rouges de la teinture. Voyez RouGe € TEIN- TURE. | | Ce mot vient de l'arabe kermef£, qui a été fait de Kermès , qui fignifie rouge. Les Bollandiftes infinuent que cramoife vient de Crémone , & eft mis pour Cré= monois. Voyez KERMÈS 6 COCHENILLE. Les étoffes qu’on veut teindre en craroif, après avoir été dégorgées de leur favon & alunées forte- ment, doivent être miles dans un bain de cochenille chacune felon fa couleur, Voyez Pourrre € TErn- TURE. Chamb. Difionn. de Trév. Etimol. & du Comnr. CRAMPE, f. f. ( Medecine.) efpece d’engourdife- ment ou de convulfion, accompagnée d’une douleur violente, mais pañlagere , & que le fimple frotte- ment emporte. Les mufcles de la jambe & de fa eniffe font les fiéges les plus ordinaires de cette maladie. Voyez l'hifloire générale des maladies convulfives où Jpafmodiques , au mot SPASME. Ce mot vient de l’al- lemand krampff, qui fignifie là même chofe. (4) CRAMPE , (Maréchall.) même maladie que la pré cédente, qui prend au jarret des chevaux, qui leur fait traîner la jambe pendant cinquante à foixante pas en fortant de l'écurie; & qui fe diflipe par le mouvement, (7) 430 CR À CrAMPE, (Géog. mod.) petite riviere d’Allema pne, dans le duché de Poméranie. CRAMPON, f. m terme d’Archireiture, morceau de fer ou de bronze à crochet ou à queue d’äronde ; qui fcellé à plomb fert à retenir les pierres les unes avec les autres dans la conftruétion du bâtiment. IL s’en fait de droits, de coudés, & de circulaires ; on les appelle auf agrafes. Les plus petits crampons fervent dans la Serrurerie pout la férrure des por- tes, des croifées, 6e. Voyez CRAMPON (Serrdrerie)\ P ç cet ou PATTES d’une preffe d’Imprimerie ; Ce font douze morceaux de fer, chacun de huit à neuf pouces de long fur fept à huit lignes de large, lats d’un côté & convexes de l’autre, dont chaque extrémité fe termine en une patte large percée de lufieurs trous, pour recevoir des clous qi ptuffent fe attacher tranfverfalement par leur furface plate au-deflous de la table, où ils font en effet cloués fix de chaque côté, & de façon que leur partie conve- xe porte fur le berceau & fes bandes qui font revé- tues de fer. L’ufage de ces crampons donnent la fa- cilité de faire rouler & dérouler le train de la preffe le long des bandes & fous la platine, Voyez BANDES, BERCEAU , TABLE. CRAMPON, (Maréchall.) petit morceau de ctur qui eft en forme d’anneau fur le devant de la felle, pour attacher les fourreaux des piftolets. Ce mot défigne auffi le renverfement de l'éponge du fer du cheval , ou la maniere de renverfer cette éponge. Il yena de quarrés, & d’autres en oreilles de lievre. Voyez FER DE CHEVAL. (7) CRAMPON, en terme d'Orfévre en grofferie, fe dit d’un morceau de fil-de-fer plié & élargi vers fes ex- trémités, dont on fe {ert pour retenir enfemble deux pieces qu’on veut fouder : pour empêcher que ce crampon ne gâte la moulure , on l’appuie fur un au- tre morceau de fer de la forme de la moulure. * CRAMPON, (Serrurerie) c’eft un morceau de fer plat, coudé à l’équerre par fes deux bouts. Il y en a de pluñeurs grandeurs & de plufeurs fa- cons. Crampon à pointe ; c’eft celui dont les deux par- ties recourbées font en pointes ; on les appelle auff crampons en bois, Crampon à patte ; c’eft celui qui eft recourbé à double équerre par chaque extrémité, dont chaque patte plate ,ronde, quarrée , en queue d’aronde, 6*c. ou à panache, &c. eft percée de trous, pour atta- cher le crampon où il. eft néceflaire, avec vis ou clous. | Crampon en plâtre ; il eft femblable à celui à-poin- te, excepté que par fes extrémités il eftrefendu, & forme deux crochets; ce qui fert à le retenir dans le plâtre: Crampon en plomb ; il a fes branches de la forme même du corps, plates ou quarrées, mais hachées dans toute la longueur de la patte qui doit entrer dans la pierre, où il doit être fcellé, afin que le plomb entre dans ces hachures & les retienne. On préfere ici les hachures à la refente , pour éviter la quantité de plomb ; car la refente deman- deroit une grande ouverture. . L'ufage des crampons a pointe ou patte , c'eft de re- cevoir le verroux des targettes aux croifées, por- tes ou armoires , de même que les verroux à reffort, Ec. Les crampons en plomb fervent aufli au même ufa- e ; mais ils ont encore celui de lier les pierres en- femble. Voyez CRAMPON , serme d’Architeülure. CRAMPON, (Blafon.) morceaux de fer dont on armoit des extrémités des échelles deftinées à l’efca- lade des villes, & dont quelques Allemans ont or- né l’écu de leurs armes , fous la figuté d’un Z pois tu par les deux bouts. CRAMPONE , adj. ez cermes de Blafon , fe dit des croix & autres pieces dont les extrémités font re- courbées comme celles d’un fer cramponé, où qui ont uüné demi-potence. Menerr. & Trév. (F°) CRAMPONER 7 cheval, (Maréchall.) c’eft rez courber fes fers par le bout, pour qu’il fe tienne plus ferme fur la glace. (F7 * CRAMPONET ; f. m. (Serrur.) c’eft dans une ferfure la partie qui tient la queue du pêle, qui l’em- braffe , & dans laquelle il fe meut ; fes piés font ri. vés fur le palatre de la ferrure; s'il eft à pattes, x eft arrêté fur le palatre avec une vis. | CRAN, rerrre un vaifleau ent cran. Voyez CARENE: Z | die [. m: (Manëge.) On appelle ainfi les iné- galités ou replis de la chair, qui forment comme des fillons pofés de travers dans le palais de la bouche du cheval. Il faut donner un coup de corne au trois fieme, au quatrieme cran au fillon d’un cheval pour le faignet , lorfqw’il a la bouche échauffée. Du, de Trév. & Chambers. ( V) CRAN, terme de Tailleur ; c’eft un morceau d’é+ toffe prefque quarré, qui s’ajufte au derriere d’un habit depuis la premiere boutonniere jufqw’à la fe+ . conde, pour former le pli de derriere à chaque der- riere d'habit. | CRAN, f. m. fe dit en général d’une petite entaille pratiquée fur un corps folide. Il a dans prefque tous Fr articles la même acception que dans Particle qui uit. CRAN, terme de Fondeur de caraïteres d’Imprimerie, eft un petit enfoncement ou breche faite au corps des caraéteres, vers les deux tiers de leur longueur du côté du pié. Ce cran fe forme en fondant les ca- raûeres, & fert à connoître le fens de la lettre: le compofiteur mettant avec foin le cran de chaque lettre du même côté, eft für qu’elles fe trouveront en leur fens. On place ce cran deflus ou deflous la lettre, fuivant le pays, &fuivant la volonté des Im- rimeurs. CRANBROOKE, (Géog. mod.) ville d’Angleter- re dans la province de Kent. CRANCELIN oz CRANCESLIN , f. m. (B/4/07.) portion d’une couronne pofée en bande à-travers l’écu, qui fe termine à fes deux extrémités, tant du côté du chef que de la pointe. Voyez le diélionn. de Trév. CRAND , (Jurifprud.) dans les ordonnances de Metz & dans la coûtume de Hainaut, ch. /xxxvu, lxxxjx. 6 xc. fignifie séreré. Voyez Le glof]. de M. de Lauriere , au mot Crand. (4) CRANE , f. m. (Aratom.) c'eft, comme on fait ; la boîte offeufe qui renferme le cerveau, le cervelet, & la moelle allongée, & défend toutes ces parties des injures extérieures. Cette boîte offeufe a une f- gure approchante de l’ovale ; elle eft éminente dans la partie antérieure &c dans la poftérieure , & appla- tie fur les côtés. | Le’crane eft formé de l’affemblage de huit os , que l'on a diftingué en communs & en propres. Parmu ces derniers on compte pour l’ordinaire le coronal, loccipital, les deux pariétaux, & les temporaux. L'on range parmi les communs l'os fphénoïde & l’ethmoïde : cependant de tous ces os il n’y a que l’occipital 8 les pariétaux qu’on puiffe regarder comme desos propres au créne, les cinq autres étant communs à cette partie & à la face. | Tous ces os font compofés de deux lames nom- mées cables , entre lefquelles fe rencontre une fub- ftance fpongieufe appellée diploé. De plus, ils font percés de plufieurs trons exté- rieurs & intérieurs, qui donnent paflage à la moelle C R À de l’épine , aux nerfs, aux artères, & aux veines. Enfin ils font joints entre eux, & quelques-uns même avec ceux de la face, par futures ; & ces futu- res font d'autant plus apparentes , que les fujets font plus jeunes; | Cépendant il n’en eft pas moins vrai que les di verfes pieces des os du crane n’en font véritablement qu'une feule ; qu’elles ne font pas feulement appli- quées les unes contre les autres, mais que dans tout le crane , dès le moment de fa formation , il n’y a pas une feule interruption de continuité : c’eft une belle découverte qu’on doit à M. Hunauld. & Pour s’affürer de cette vérité, qui en a d’abord fi peu les apparences , il faut avec foin enlever le pé- ricrane deffus une future ; on appérçoïit alors la con- tinuité d’un os avec fon voifin par le moyen d’une fnembrane qui eft placée entre deux, & qui fait par- tie de l’une & de l’autre : on remarque des filets mem- braneux qui fortant du fond des échancrures ; s’im- plantent dans les dents de l’os oppoté , & qui lorf- qu'on rémue en différens fens un des os que forme la _ future, s'étendent & fe relâchent. Après avoir dé- taché exattément la dure-mere, on apperçoit la mê- me chofe au-dedans du crane. Tout cela fe remar- que très-bien dans la tête d’un enfant mort d’hy- drocéphale. Cela fe concevra fans peine, fi l’on fait attention à la maniere dont fe forment les différens os du cra: fe. Le crane, dans un fœtus peu avancé, n’eft qu’u- ne membrane qui fe métamorphofe infenfiblement en os. Un endroit de cette membrane commence peu-à-pen à s'offifier; cette offification gagne & fe continué par des lignes qui partent comme d'un cen- tre de lendroit où l’ofification a commencé : dans différèns endroits de cette calote membraneufe com- imencent en même tems d’autres oflifications , qui de même font du progrès & s'étendent ; lorfqu’elles font parvenues à un certain point, le bord de cha- que oflfication commence à prendré en partie la conformation que le bord de l’os doit avoir par la fuite, & à S’ajufter avec l’oflification voifine. Voyez les mém, de l'acad. des Scienc. 1730. On trouve aflez fouvent entre les futures du cra- re ; maïs fur-tout dans la lambdoïde, de petits os de différente grandeur & figure, que les Anatomiftes nomment clés , & en latin offa wormiana. Voye SUTURE, TROU, DIPLOË, TABLE, Gc. On détail- lera l'explication de tous ces mots dans cet ou- vrage. Le crane eft une partie du corps humain qui four- nit le plus de variétés dans la ffru@ure de fes os, & par rapport aux futures qui les uniflent : ces phéno- menes peuvent mieux fe comprendre que ceux des variétés qu’on rencontre fouvent dans d’autres par- ties du corps humain. Ce qui eft un crane attuelle- ment, n’a été d’abord, comme on l’a dit ci-deflus, qu'une membrane , dans différens endroits de la- quelle offification ayant commencé plus ou moins tôt, a occafionné des conformations particulieres : là où loffification s’eft arrêtée, elle a laiffé des parties membraneufes ; & fuivant qu’elle a été plus ou moins prompte, les futures fe font confervées plus ou moins long-tems. Mais les variétés qu’on tencontre dans la figure de certains erazes font quelquefois fi étranges, qu”- on ne comprend pas comment le cerveau a pû fe dé- velopper d’une façon qui ÿ réponde, & qui foit fi _ différente de celle qu’il doit naturellement avoir: On trouve par toute l’Europe, dans les cabinets des curieux, quantité de crañes de toutes fortes dé figures irrégulieres , & qui préfentent des exemples de ces variètés étranges difficiles à concevoir. Les uns font extrèmement allongés , les autres applatis fur les côtés, les autres fingulierement faillans où ME ER À “ir épais, les autres enfonicés & déprimés de diverfes manieres. - | | Jai vû chez M. Hunauld le crane d’un Cataïbe qui n’avoit abfolument point de front ; ce crane fembloit regagner poftérieurement én longueur ce qui lui manquoit fur le devant. M. Hunauld poflédoit enz core le crane d’un fujet aflez avancé en âge, dans le. quel il y avoit au milieu dé la future fagittale un en- foncement confidérable fait dans la jeuneffe , 87 rem- placé par deux efpecés de boffés fur les côtés. Le mé- me anatomifte confervoit un aûtre crane fort refle- ré fur le côté, & qui en récompenfe s’étendoit de devant en arriere, | Il y à dans le cabinet du Roi à Paris un crane A, cxv. dont l'endroit le plus élevé fur los pariétal gau- che à dix lignés de diftance de la future fagittale, La comprefhon qui a caufé ce défaut de naïflance a été telle, que l'orbite gauche eft plus élevé que le droit, & les machoires {ont plis bafles du côré droit que du côté gauche. | Il y à un autre crane , n°. exviij. dont le bord fu- périeur du côté droit de los occipital déborde d’un pouce, &€ ce même os fe trouve de niveau ati parié- tal vèrs fa partié moyenne. | Il y a un troïfieme crane, n°. exxij. dont le côté droit du front eft plus avancé que le côté gauche ; tandis que le côté droit de l’occipital accompagné d’une dépreflion , éft moins faillant que le gauche, Le n°. cxxjv. eft la coupe d’un crêze dont locci- Pital a jufqu’à demi-pouce d’épaiffeur. On peut par- coufir à ce fujet le rome III. de La defériprion du ca. binet du Roi par M. Daubenton ; & ce n’eft pas le ca- binet de l’Europe qui foit rempli du plus grand nom. bre de pieces rares en ce genre, produites par défaut de conformation, par des accidens, ou des mala= dies. | M. Hunauld a fait voir à l’Académie des Sciences le crane d’un enfant de trois ou quatre ans, dont les os avoient prefque fept ou huit lignes d’épaifleur; ils étoieñt affez mous, & en les preffant on en fai- {oit fortir du fang & de la lymphe en abondance, Le même fait a été obfervé par Hippocrate, & c’eft un cas bien fingulier. Voy, fon traité des plaies de la téte, Jeër. 2. Velchius , dans fes obfèrvations de Phyfêque 6 de Medecine, parle auffi d'un homme dont le crane fut _ trouvé épais d’un doigt, & fans future. Enfin il y a des peuples entiers qui défigurent dé différentes manieres le crane de leurs enfans dès le mo: ment de leur naiffance. Les Omaguas , au rapport de M. de la Condamine (Mém. de l’ac. des Sc. 1745 5 pi 428.), ont la bifarre coûtume de pteffer entre deux planches le front des enfans qui viennent de naître, & de leur procurer l'étrange figure qui en réfulte s pour les faire mieux reflembler, difent-ils, à la pleine lune. On jugéra que le cerveau fera plus difpofé à fe détruire, qu’à fe prêter à un développement difé- rent de celui qu'il doit naturellement acquérir, fi l’on fait attention qu’il eft un affemblage d’une inf- nité de tuyaux d’une petitefle extrèmé, & que les parties qui compofent ces tuyaux n’ont entr’elles qu’une liaifon bien foible, En effet, on fait que lor. que linjetion a pénétré jufque dans la fubftance corticale , fi on remue légerement cette fubftance dans l’eau, fes parties fe dérachent les uñes des au tres, les vafleaux fe détruifent , & il ne refte que des filets prodigieufement petits qui ont pénétré jufque dans leur cavité. Cependant 1l n'arrive chez les peu: ples à tête plate dont nous venons de parler ; aucun accident de la configuration difforme qu’ils procu- rent au crane en le comprimant dès la naïflance , ni aucun développement dé leur cerveau , différent de celui qui fe feroit natufellemént, L’organe des orga- nes , le cérveau ; lé fige dé l'ame ; eft donc pournos 432 C R À foibles luricres d’une nature auffi cachée, aufñi in- compréhenfble, que l'ame même. rs. de M, le Che- yalier DE JAUCOURT: dr: | CRANE, (Bleflures du ) Chirurg. Il my a qu'un chitutgien bien inftruit de la ftruéture du crane, qui puifle être en état de traiter avec fuccès le grand nombre d’accidens auxquels cette partie du corps eft expolée ; accidens, qui {ont fouvent de la der- niere importance pout la fanté &c pour la vie. Envefet, felon la variété de la caufe vulnérante; & le degré de violence du coup, le crane peut être piqué, fendu, rompu, contus, enfoncé ; OU Privé d’une portion de fa fubftance; ce qui pent arriver dans l’une ou dans l’autre de fes tables, ou dans toutes les deux , & cela plus oumoins avant ; les plus profondes plaies dans ces parties font les plus dificiles à guérir. Dans tous Les coups portés au crane, on doit com- mencer par examiner foigneufement s’il n’a point été endommagé ; & on n’y fauroit regarder de trop près, depuis qu'Hippocrate a reconnu avec cette candeur fi digne de lui, qu'il fe trompa dans un cas de cette nature. | L'on tâche de s’affürer que le crane a été endom- imagé ou nôn, 1°. par la violence de la caufe vulné- rante, ce qu’on ne peut cependant pas tobjours fa- voir bien précifément. 1°, Par la grandeur de la plaie comparée avec la figure de la partie bleffée. Il faut encore obferver qu’on porteroit un jugement faux, en fe fondant fur Vapparence de la plaie lorfqu’elle a été faite avec un inftrument moufle , concave, ou qu’elle eft petite, mais accompagnée de contufon confidérable. 3°. Par la fonde moufle, polie, menue, & fou- ple; le Chirurgien habile cherchera d’abord en ta- tonnant avec la fonde, fi los eft tout-à-fait décou- vert, ce qu’il connoîtra par le fon que renverra la fonde fur le crane. S'il eft découvert, il conduira fa fonde fur toute la furface pour fentir s’il n’y a rien de raboteux ; fi l'os paroît continu & poli, excepté dans les endroiïts où il eft naturellement raboteux, il eft vraiflemblable qu’il n’eft pas endommagé. 4°. En verfant fur la partie quelque liqueur inno- cente colorée; mais comme la fonde par la rencon- tre des futures & des afpérités peut induire en er- reur, cette méthode de la fonde peut y induire de même, & à peu-près par Les mêmes raifons ; car la liqueur colorée s’infinue dans les interftices des fu- tures, & peut s'attacher aux inégalités du crane. 5°. Par l’éronnement que fent le malade dans la tête, en ferrant quelque chofe entre fes dents. Ce moyen donne quelques lumieres fi la fraëture eft confidérable;maison ne pourrajamais découvrir une fente ou fiflure au crane par cette méthode. Elle a été imaginée , parce que les mufcles crotaphites qui par-. tent des deux côtés de la partie latérale du crane, font toùjours en ation lorfqu’on mâche. 6°. En voyant le crane rompu, contus, pâle, ou bleuâtre en certains endroits, cette infpeétion dé- couvrira les fiflures ou fra@ures s’il y en a: mais s’il y a contufñon, fans que l'os foit {éparé , 1l fera plus dificile de le découvrir, comme Hippocrate l’a re- marqué ; ce figne tiré de l’altération de la couleur naturelle de l’os, & de fa pâleur, eft très-décifif. 7°. Par le ta@ ; mais il ne faut pas oublier qu’on peut ici par ce moyen tomber dans l'erreur, & croire fouvent que l'os eft affaiflé, quoiqu'il ne Le foit pas, parce que dans de violentes contufons , les téeu- mens du crane font élevés par les parties fubjacen- tes, & la membrane cellulaire fe gonfle par les hu- meurs qui sy déchargent. 8°. Par les accidens que fouffrent les tégumens, par l’abfcès qui fe forme le feptieme jour, plutôt ou plütard, par la douleur, par la nature du pus icho- CR A reux , fétide , pat la malignité étrangere de la plaie; ëc qui ne fui eft pas ordinaire quandil n’y a que les tégumens d’affeétés, En effet, les fimples plaies des tégumens font bien platôt suéries, mais les triftes. fymptomes ici détaillés prouvent feulement que le crane a été offenfé, & que fa plaie a été inconnue ou mal traitée. Telle eft la nature des fignes ici mentionnés ; que fi pluñeurs concourent enfemble , ils fourniffent un diagnoftic certain , & ceux que nous rapporterons tout-à-l’heure, marquent infailiblement le danger arrivé au crane. Mais ce defordre caché fe découvre fouvent trop tard, pour qu’il foit encore tems de le guérir, au lieu que s’il eût été connu plutôt, onau« roit ph y remédier. Les effets de ce defordre font 1°. la mortification ou la deftruétion d’une partie de l’os qui fe fépare du refte. 2°. La corruption des parties voifines. 3%; Sou- vent la putréfaétion ou la carie des tables externes & internes du crane, 4°. Celle du diploë. $°. La cor- ruption des membranes, & même du cerveau. 6°, La fuite de ce dernier accident, font tous les defordres qu’entraine après foi celui de l’affeétion du cerveau, telle que les convulfions, l’afloupiflement profond, la paralyfie, & la mort. | Il eft préfentement facile de comprendre le pro- gnoftic qu'on peut déduire des bleflures du crane; & l’on doit, en le formant , redouter tous les fympto- mes dont nous avons parlé, non pas qu’ils arrivent toûjours, mais feulement parce qu'il eft poffble qu'- ils arrivent. Les indications curatives font 1°. de découvrir l'os endommagé, & feulement lorfqu’on le foupçon- ne violemment d’être endommagé ; car il faut éviter ici les deux extrémités où l’on tombe d'ordinaire = 2°. nettoyer la plaie : 3°. trépaner l’os fi la néceffité le requiert, & en ce cas conduire Le trépan fuivant les regles de l’art : 4°. procurer la régénération du périofte de l'os: 5°. confolider & guérir la plaie par les bandages & la méthode ordinaire. On découvrira la partie, 1°. en faifant avec ur biftouri fort & tranchant , aux tégumens bleflés juf- qu’au crane, une incifion fimple, droite, perpendi- culaire, angulaire, cruciale, 6e. On évitera autant, qu'il fera poflible, de toucher aux groffes arteres , nerfs, tendons, & futures, dont il n’eft pas permis au chirurgien d'ignorer la fituation. Lor{qu'ilf e trouve fous les tégumens des fragmens d'os rompus & va- cillans, il faut beaucoup de prudence, & faire diffé- remment cette incifion , felon la variété du lieu of- fenfé & de la plaie ; 2°. en féparant du crane exaéte- ment avec un biftouri les tégumens coupés: 3°. en rempliffant de charpie la plaie, de peur que les par- ties qu'on vient de féparer ne fe joignent. Il eft bon de prévenir en même tems linflaämmation. On abforbe avec des éponges le fang, le pus, la fanie , & toutes les ordures qui empécheroient de voir à découvert la fuperficie du crane ; enfuite on doit chercher avec tout Le foin poflible s’il n’y a rien à ôter ou à rétablir, afin d'écarter tout ce qui peut gêner ou incommoder dans la cure, Pour les frag- mens d’os, les petites efquilles, & les lames écail- leufes qui fe féparent d’elles-mêmes, il faut les re garder comme des corps hétérogenes nuifbles , les emporter avec des inftrumens convenables, s'ils font petits, & s’ils ne tiennent plus aux parties vi- ves, ne pas tarder à les extirper ; mais d’un autre côté ne pas les tirer avec violence s'ils tiennent en- core aux membranes. C’eft là ce qu’on appelle 770- dification artificielle. Si les fragmens, les efquilles, ou les lames écail- leufes du crane font confidérables & fort adhérentes, ou qu’elles foient tellement cachées qu’on n’y puifle pas atteindre aifément , il faut les laiffer ; elles fe fe- pareront pareront d'elles-mêmes ou fe réuniront aux autres parties. Voilà la mondification naturelle. Si l’os paroît fendu, contus, blanc, brun, livide, alors on y fera, par Le trépan, un grand nombre de petites perforations dans les regles, afin que ces vai£. feaux vivans percent à-travers les trous, & fe dé-. chargent des humeurs putréfiées qui y font*en fta- gnation ; car il fe reformera par cette voie un nou- veau périofte. On fe conduira pour le furplus de la cure, comme dans les fimples plaies des tégumens. On conçoit par-là, pourquoi une fflure du crane eft fouvent d’une conféquence plus dangereufe qu’- une grande contufion, où même qu’une fraûure. De plus, il eft évident que cette conduite eft préférable aux cauteres aêtuels, & aux rugines ou trépans ex- foliatifs fi douloureux dont les anciens fe fervoient ; en effet, notre méthode a le double avantage de fé- parer promptement les parties gâtées, & de créer une nouvelle fubftance qui répare celle qui s’eft per- due. Quand le crane eft enfoncé en-dedans dans les jeunes fujets fans fraéture , & dans les adultes avec fraëture , 1l en réfulte néceflairement la compref- fion du cerveau. Voyez CoMpressioN, CoMmo- TION, CONTUSION, DÉPRESSION, &c. Nous n’entrons ici que dans des généralités ; nous ren- voyons pour les détails aux meilleurs traités fur cet- te matiere, & nous mettons Hippocrate à la tête. N'oublions pas de remarquer qu'un fegment du crane peut être enlevé & emporté tout-à-fait, ce qui arrive quand un inftrument vulnérant coupe avec les tégumens une portion de los, c’eft ce qu’on appelle dédolation ou Jeüfion du crane: l’on ne manque pas d'exemples de blefñés , qui malgré ce malheur ont été parfaitement guéris. Enfin une partie du crane peut s’exfolier dans toute fon épaifleur, & fe féparer du refte ; témoin cette femme de l’hôtel-Dieu dont parle Saviard (obf. xc.) qui demandoit l’aumône dans fon crane. Objet tou- chant pour Phumanité ! C’eft cette même femme dont 11 eft queftion dans l’hift. de l’acad. des Sc. 47. 1700. p.45. Comme elle avoit, dit M. Poupart, en confé- quence de fon accident, la moitié de la dure-mere découverte, un jour que quelqu'un la lui toucha lé- gerement du bout du doigt elle jetta un grand cri, & dit qu’on lui avoit fait voir mille chandelles. Autre fujet de fpéculation pour un anatomifte phyficien! Art. de M, le Chevalier DE JAUcOURT. _ CRANE, (Mar. medic.) Le crane d’un jeune hom- me robuite mort de mort violente , eft mis par plu- fieurs écrivains de la matiere médicale , au rang des rands remedes internes de l’apoplexie & de lépi- Fer en particulier. On le rapera &c on le pulvéri- fera, difent-1ls , fans le calciner pour n’en point dé- truire les vertus, & la dofe fera depuis un fcrupule juiqu’à trois. [Létoit en effet naturel en adoptant une fois des fecours de cette efpece contre ces terribles maladies du cerveau, de recourir piñtôt à la boîte offeufe qui le convre & le défend ,; qu'à tout autre os fort éloigné. Il eft vrai que le bon fens & l’ex- | périence n’ont jamais trouvé de propriété medici- nale dans aucun cree; il eft vrai encore que d’ana- lyfe chymique n’en tire rien de différent des autres os, & que même la corne de cerf feroit préférable à tous égards : mais tous les os enfemble & la corne de cerf ne frappant pas l'imagination du vulgaire comme le crane de quelqu'un qu’on vient d’exécu- ter, ne pouvoient jamais faire fortune ; cependant un auteur moderne par l'attention qu’il a eu d’aver- tir le public de prendre bien garde, à caufe du dan- ger immanquable où l’on s’expoleroit, d'employer pat hafard, en guife de médicament, le crane d’une perfonne qui auroit été infc&tée de virus vénérien!, a peut-être indiqué, fans le vouloir, le vrai fecret de Tome IF, CR A 433 détoutner de ce prétendu remede les gens qui fes roient les plus portés à y mettre leur confiance. Ce que la raifon ne fauroit opérer chez les hommes, la crainte du péril en vient à bout ; c’eft bien un autre agent dans la Nature. Arricle de M. Le Chevalier dt JaucourT. CRANENBOURG, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, au duché de Cleves, entre le Wahal & la Meufe. CRANEQUIN oz PIÉ DE BICHE, £. m. (Æif. mod, & Art mili.) efpece de bandage de fer qui fe portoit à la ceinture, & dont on fe fervoit autrefois pour tendre l'arc, d’où l’on a fait le fubftantif crane quinier, Les cranequiniers étoient une forte d’arbalé- triers : il y en avoit à pié & à cheval ; ils portoient des arbaletes leseres. Ces arbaletes furent d’abord de bois ; on les fit entuite de corne, & enfin d’acier. Le grand maître de l'artillerie a fuccédé à celui des arbalétriers & cranequiniers. CRANGANOR, (Géog. mod.) petit royaume d'Afe, dans l'Inde, en-deçà du Gange, fur la côte de Malabar, dépendant du Samorin. CRANGE, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans la Pomeranie ultérieure, au duché de Wendeon, fur la riviere de Grabow. CRANICHFELD , (Géog. mod.) petite ville d’Ar- ce, avec un territoire qui en dépend, dans la Thu- ringe , fur la riviere d'Ilm, CRANSAC, (Géog: mod. & Medecine.) lieu de France dans le bas-Roüergue, connu feulement par fes eaux minérales qui y attirent beaucoup de mon- de en Mai & Septembre. On puife ces eaux à deux fontaines, qui ne font qu’à fix piés l’une de l’autre, & qui fortent d'une montagne. On trouve au-deflus de ces deux fontaines des grottes qui font des étuves très falutaires pour les maladies du genre nerveux, les tremblemens qui en font la fuite, les paralyfies legeres , & la fciatique. Les eaux de Cranfuc n'ont aucune odeur fenfble ; leur faveur eft un peu âcre & vitriolique. Elles font apéritives, pursgatives, & préfentement fort en vogue à Paris. On n’en a point encore donné d’analyie exaéte & détaillée. Arricle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. CRAON, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la province d'Anjou, fur la riviere d'Oudon. CRAONNE, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la généralité de Soiflons , au diocèfe de Laon. CRAPAUD, f. m. animal amphibie Il y en a de deux fortes , le crapaud de terre, bufo rubeta , 8 le crapaud d’eau, rana palufiris véñnenata. Le crapaudde terre eft plus gros que la grenouilles 2 il a le corps épais, le dos large, le ventre sonflé, & il eft fi pefant , qu'il ne faute qu'à peiné ; &ef lourd, qu'il ne marche que fort lentement. La peaweft dure, couverte de tubercules, & de cotileur livide , tachée de jaune fur le ventre. Cet animal fe retire dans des lieux fombres 8& humides, & fe cache dans des creux infettes de fange & de puanteur: il fe nourrit de vers, d’infeétes , de coquillages de terre. On a trouvé de ces animaux renfermes dans des troncs d’arbres ; 8 même dans des blocs de pierre: où ils devorent avoir pañlé grand nombre d’annéés fans autre aliment que l'eau qui pouvoit fuinter à travers le bois ou la pier. re. Les crapauds $S’accouplent & pondent des œufs comme les grenouilles , voyez GRENOUILLE ; mais leur cri eft différent du croaflement. , D SUP EOTS Le crapaud d’eau eft plus petitique celui de terre: Rondelet a trouvé tant de reffemblanceentre l’un & l'autre , qu'il n’a donné que. la figure du crapaud d’eau, & qu'il y renvoye pour donner une idée de celle du crapaud de terte. "fs On donne encore le nom de crapaud à une forte de grenouille que l’on trouve dans la terre & fons les fumiers ; ellera le muieau plus pointu & les jam Jai 434 C R À bes plus courtes que les autres grenouilles; fa peatt eft tuberculeufe & parfemée de taches de couleur cendrée ; {es yeux font faillans & verdâtres, 6c. Les crapauds paflent communément pour des ani- maux venimeux, fur -tout le crapaud de terre; on prétend qu'il eft plus dangereux , lorfqu'il habite dans des lieux fecs & froids. On a rapporté, dans les éph. des cur. de la nat. Déc, 1, an, 1. qu'il étoit ar- rivé de funeftes accidens à des gens pour avoir ma- nié des pierres avec lefquelles on avoit écrafé des crapauds. On dit que l’eau dans laquelle ces animaux vivent & l’air qui les environne, font un poifon pour les perfonnes qui fe baïignent dans cette eau, ou qui refpirent cet air ; & que les fraifes on les autres plan- tes qui font infeétées de la bave ou de lurine du cra- paud ; produifent de mauvais effets lorfqu’on les mange fans qu’elles ayent été lavées. On croit que cet animal darde fon urine lorfqu'il eft pourfuivi. On raconte qu’un charlatan ayant reçù de cette uri- ne dans fa bouche, en mourut une demi-heure après, quoiqu'il eût pris du contre-poifon; & qu’une autre perfonne eut les yeux fort malades, parce qu'il y étoit tombé de l’urine du même animal. Eph, cenr. 4. Il arriva à une autre de dangereux accidens, pour avoir tenu la tête d’un crapaud dans fa bouche. En- fin on a auf attribué une qualité venimeufe au fang de cet animal, à fes œufs lorfqu’on les avale, &c. Il feroit inutile de rapporter ici tout ce qui a été écrit des effets du vérin dés crapauds, Paflons à d’autres obfervations, qui jettent beaucoup d'incertitude fur l’exiftence de ce prétendu venin. Voyez cependant CRAPAUD (Mat, med.) Les canards mangent fouvent des crapauds, & les fourmis fe nourriflent de ceux que l’on jette dans les fourmilieres, fans qu'il paroïffe que n1 les uns ni les autres en reflentent aucun mauvais effet. On a éprou- vé que lPurine du crapaud , foit qu’on l'avale ou qu’- on l’applique à l'extérieur, n’a aucune qualité veni- meufe ; on a même reconnu que cette urine étoit bonne pour les yeux dans certains cas , au lieu d’e- tre nuifible. Eph. des cur. de la nat. Déc. 3. ann. 7. On prétend que les excrémens du crapaud font diu- rétiques: on dit que des gens ont mangé de ces ani- maux fans en reflentir aucun mal, & qu'ils les ont trouvé d’auffi bon goût que les grenouilles. Tant de faits rapportés pour & contre l’exiftence du venin des crepauds, prouvent au moins que cet animal eft fufpeét, & qu’on doit le fuir jufqu’à ce que des épreuves plus exaétes & mieux conftatées ayent décidé la queftion. Si dans les climats tempé- rés Les -excrémens des crapauds font corrofifs, il y a lieu de croire qu’ils peuvent être venimeux dans les pays chauds ; & que Le crapaud de Surinam, qui eft appellé curucu au Brefil , eft aufi dangereux qu’on l’a dit dans différentes relations ; cet animal eft une fois aufli.-gros que les crapauds de ce pays-c1 ; il a aux deux côtés de la tête des excroiflances femblables à . de groffes verrues ; fon urine & fa bave font, dit-on, très-venimeux, mais fur-tout fon fang , fa graifle & {on fiel. + On a vûen Italie, aux environs d’Aquapendente, un crapaid, qui avoitiplüs d’un pié & dem de lar- geur, & qui étoit plus gros que la tête d’un homme. Æph, des cur. de la nat. Déc. 2. ann. 2. En effet il y a dans plufieurs régions.des &apauds beaucoup plus gros que ceux dece pays-ci: mais je crois que le cra- paud de Surinam appellépipa, eft un des plus fingu- diers de tous, en ce que les œufs éclofent fur Le dos du mâle. Voyez PrpA. (1) CRAPAUD , ( Hifi. nat, infett, aquat.) Le crapaud des Antilles r’eft proprement qu’uné très-groffe gre- nouille grife , mouchètée, ayant la peau fine ; elle {e tient ordinairement dans les coffieres fur le pen- chant des montagnes, & quelquefois au bord des petits ruiffeaux. La chair de ce crapaud eft blanche & délicate; on la prépare en fricaflée de poulet, Deux de ces animaux fuffifent pour former un bon plat. Article de M, 1e ROMAIN. * CRAPAUD , (Mar. med.) on doute de la qualité venéneufe de notre crapaud. Je vais en raconter cé que j'en fai par expérience ; on en conclura ce qué l’on jugera à-propos. J’étois à la campagne vers le tems de la Quafimodo ; j’apperçus fur un baffin , À l'extrémité d’un parc, une mafle de crapauds collés les uns fur les autres : cette maffe flottoit, & étoit fuivie d’une foule d’autres crapauds ; je l’attirai au bord du baflin avec une canne, puis je l’enlevai de l’eau avec une branche d’arbre fourchue, & je me mis à féparer ces animaux, au centre defquels j’ap= perçus une femelle, apparemment étouffée. Tandis que j'étois occupé à mon obfervation, je me fentis prendre au nez d’une vapeur très-fubtile, qui mé pafla de la gorge dans l’eftomac , & de-là dans les inteftins ; j’eus des douleurs de ventre, & je fus in< commodé d’un crachement affez abondant qui dura trois on quatre heures, au bout defquelles ces acci- dens cefferent avec l'inquiétude qu'ils me donnoient & à la perfonne avec laquelle je me trouvois: c’é- toit M. l'abbé Mallét, maintenant profefleur royal en Théologie, alors curé de Pefqueux, village voifin de Vernouillet, lieu de la fcente que je viens de ra- conter. R Il y en a qui prétendent que le crapaud réduit en poudre, foulage dans l’hydropifie ; on l’ordonne de: puis un fcrupule jufqu’à deux ; on fonde cette vertu fur une hiftoire finguliere. On raconte qu’une femme dont le mari étoit attaqué de cette maladie, l’en gué: rit en lui fervant, on ne dit point à quelle fauce, des crapauds | auxquels elle fuppofoit au contraire une qualité venéneufe très-propre à la débarrafler de fon hydropique. On dit que le crapaud mort ou féché, s’enfle des humeurs peccantes qu'il attire , fi on Papplique fous les aifelles , fur la tête, fur la région des reins, & fur les autres parties du corps, où ces humeurs pour- ront caufer des embarras, obftruétions , &c. Credar Judeus. Autre fable; c’eft que fi on le met mort ou vivant fur le lit d’une perfonne attaquée de quelque mala- die maligne & venéneufe , il s’enfléra du venin de la maladie par une efpece d’attrattion animale. CRAPAUD-VOLANT, (Hiff. nat.) Voyez TÈTE- CHEVRE. CrAPAUD, (Hiff. nat. bot. exorig.) arbre qui croît dans les Antilles, principalement à la Grenade. Son bois eft rouge, dur, très-pefant, & d’un fil mêlé, difficile à travailler. On en fait des planches de 12 à 14 pouces de large, qui ne font. bonnes qu’em- ployées à couvert ; elles font fujettes à fe fendre iné- galement, fur-tout lorfqw’on les veut percer à la vrille, ou ‘qu’on y enfonce des clous. Article de M, LE ROMAIN. CrAPAUD , (Maréchal. les Maréchaux appéllent ainfi une groffeur molle qui vient fous le talon du - cheval: on l'appelle auffi fc. (77) * CRAPAUDAILLE , f. f. (Manuf. en foie.) pe- tite étoffe de foie tant en trame qu’en chaîne, fort legere , très-claire, & peu différente de la gafe. Foy. les réglemens du Comm. CRAPAUDIN ; er rermes de Frifeur d’étoffes , ef une plaque de fer creufe , dans laquelle tourne le pivot du grand rotet, Voyez GRAND ROUET ; voy. X. fig. 1. PI X, de la Draperie, I] ÿ en a aufli de pe- tits de cuivre, dans lefquels tournent les fers à fria fer. Ainfi ces ouvriers appellent crapaudin, ce que les autres appellent crapaudines. CRAPAUDINE, f. f. bufonites, dent de poiffon pétrifiée. On a cru que cette pétrification venoit du crapaud , comme le nom le défigne ; mais on fait à préfent que c’eft une vraie dent de dorade ou d’un poiflon du Brefil, appellé le grondeur, Toute la {ur- face intérieure des deux mâchoires de celui-ci, eft couverte de tubercules inégaux pofés les uns contre les autres, comme une forte de pavé; chacun eft une dent : les plus groffes font placées dans le milieu d’un bout à l’autre, & les plus petites fur les côtés, Lorfqu’on les détache de la mâchoire, on voit qu’- elles font concaves en-dedans, & aflez minces; & lorfqu’elles font pétrifiées, on donne aux plus grof- fes le nom de crapaudines | &tles plus petites font ap- pellées yeux de Jérpent. Voyez YEUX DE SERPENT. Mém. de l'acad, roy. des Sc. ann. 1723. Il y a des crapaudines rondes; 1l y en a auf de Tongues. Les prenueres reflemblent à de petites ca- lotes , qui ont environ un demi-pouce de diametre ; . les autres font allongées comme une petite auge, . elles ont le plus fouvent un pouce de longueur fur quatre ou cinq lignes de largeur. Les crapaudines font lifles au-dehors ; leur grandeur varie de même que leurs couleurs. On en voit de grifes , de brunes, de rouffes, de noires, de blanches, de verdâtres , & elles ont quelquefois des taches blanchâtres, rou- geâtres, rouffâtres,, &c. Traité univ. des drogues, &cc. par M. Lémeni. Gemm. & lap, hifl. Boetir de Boot. db. IT. cap. lxcyx. © c. (1) CRAPAUDINE , (Mar. med.) en latin bufonires ; la pierre appellée crapaudine, a paflé pour une excel- lente amulette portée au cou ou au doigt, Mais il y a long-tems qu’on ne croit plus à ces prétendues vertus. (2) CRAPAUDINE, (Æiff, nat. bor.) fideriris , genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre fupérieu- re eft relevée, & l’inférieure eft découpée en trois _ parties. Le piftil fort du calice ; il eft attaché com- me un clou à la partie poftérieure de la fleur , &ileft environné de quatre embryons, qui deviennent dans la fuite autant de femences oblongues renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur : ajoûtez au caractere de ce genre, que les fleurs font difpofées en anneaux dans les aifelles des feuilles, ui font ordinairement découpées en crête de coq es ces endroits , & qui par-là different des autres feuilles, Tournefort, 27/4, rei herb. Voyez PLANTE, ” s di » (Machine.) eft un morceau de fer ou de bronze creufé , qui reçoit Le pivot d’une porte ou de l’arbre de quelque machine, & les fait tour- ner verticalement: on la nomme auf couette ou gre= zouille,. Voyez COUETTE 6 GRENOUILLE. (P) CRAPAUDINE, ex termes de Diamantaire , {e dit d’une mafle de fer, au milieu de laquelle eft un trou dans lequel tourne un pivot : ce trou n’eft point per- cé à jour. Voyez CCC, PL, IT, du Diamantaire. CRAPAUDINE, ( Aydraul,) font des efpeces de boîtes ou coffres de tole, de plomb, de bois, ou fim- plement des grilles de fil-d’archal , qui renfermentles foûpapes pour les garantir des ordures inféparables des fontaines. Elles fe placent encore au-devant des tuyaux de décharge , qui fourniffent d’autres baffins ou qui vont fe perdre dans des puifarts. On les perce de plufieurs trous, pour donner à l’eau un pañlage plus libre. (K) CRAPAUDINE , piece qui fe trouve à quelques prefles d’Imprimerie ; elle eft de fer, de la longueur environ de dix pouces fur un pouce d’épaiffleur dans fon milieu, qui eft la partie la moins large ; elle eft percée d’un grand trou quarré pour recevoir le pié de la grenouille. La crapaudine eft unie du côté par lequel elle eft appliquée fur la platine, & de l’autre eft en quelque façon convexe, Ses quatre extrémi- tés fe terminent en ‘une efpece d’ailes ou de jambes, auxquelles font attachés quatre anneaux qui fervent, Tome IF, CRA 435 avec les duatre-crochets dépendant de la boîte, à lier la platine, & à la maintenir dans fon état. Cette pie: ce ne fe trouve qu'à quelques preflés dont la platine eft de fer: aux prefles dont la platine eft de cuivre, la platine & la crapaudine ne {ont qu’un feul & mé- me morceau, Voyez GRENOUILLE, PLATINE, Boire, | | CRAPAUDINE , (Maréchall.) crevafie que le che: val fe fait aux piés par les atteintes qu'il fe donne fur la couronne , en croifant avec les éponges de fes fers. La crapaudine dégénere en ulcere. (7) CRAPAUDINE, (Curfine.) manierede préparer des pigeons ; fendez-les fur le dos, écartez les parties ouvertes, applatiflez-les , faupoudrez-les de fel & de poivre, faites-les rôtir fur le gril, mettez deflous une fauce piquante avec verjus, vinaigre, échalo= tes, capres, Gc. & vous aurez préparé des pigeons à la crapaudine, | CRAPE, (Æiff. nar.) Voyez CRABE. CRAPONE , (Géog. mod.) petite ville de France dans la province d’Auvergne. Îl y en a encore une de ce nom au Languedoc dans le Vélay. * CRAPULE, ff, (Morale. ) débauche habituelle ou des femmes ou du vin. C’eftle terme auquel abou- tiflent prefque néceffairement ceux qui ont eu de bonne fieure l’un de ces deux goûts dans un degré violent, .& qui s’y font livrés fans contrainte, la force de la paffion augmentant à mefure que l’âge avance , & que la force de l’efprit diminue. Un hom+ me crapuleux eft un homme dominé par fon habitude plus impérieufement encore que l'animal par l’inf tinét &c les fens. Le terme de crapule ne s’appliquoit qu'à la débauche du vin ; on l’a étendu à toute dé bauche habituelle & exceffive. La crapule eft l'oppo- {é de la volupté ; la volupté fuppofe beaucoup de choix dans les objets, & même de la modération dans la jouiffance ; la débauche fuppofe le même choix dans les objets, mais nulle modération dans la joiffance. La crapule exclud l’un & l’autre. CRAQUELIN , f. m. (Pétiffier.) efpece de pâtif ferie , qui-ne differe de l’échaudé que par la forme. L’échaudé eft fait en pain rond & petit ; le craquelin eft plus étendu, &. il eft figuré tantôt en écuelle , tantôt comme le figne dont les Aftronomes fe fer- vent pour défigner le lion. CRAQUELOT , f, m. (Péche.) on donne ce nom au hareng for, lor{qu’il eit encore dans fa primeur * CRAQUER, v. n. produire le bruit d’un bois fec qui s'éclate, Il fe dit, ex Fauconnerie, de celu& que la grue fait en fermant fon bec, ou même de fon cr; & dans les 4rrs , de tous ceux qui annoncent la rupture. ; | CRAQUETER , ( Chaffe. ) terme par lequel on défigne le cri de la cicogne. | CRAQUETTE, f. f, inffrument de Tailleur, c’eft un petit Billot de fer d’un doigt d’épaiffeur, garni des deux côtés de fon plat de plufieurs rainures aflez enfoncées, dans lefquelles on fait entrer les bouton meres du morceau qu’on veut pañler au carreau, afin. de ne point les applatir. Cet inftrument a un petit anneau de fer par où on le prend, & qui fert à Pac crocher. | CRASCHEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allema. gne en Siléfie, dans la principauté de Wolaw, près des frontieres de la Pologne. CRASE, f. f. erme de Grammaire ; la crafe eft une de ces figures de diétion qui regardent les change- mens qui arrivent aux lettres ou aux fyllabes d’un mot , relativement à l’état ordinaire du mot où il eft fans figure. La figure qu'on appelle crafè fe fait. lorfque deux voyelles fe confondant enfemble, il en réfulte un nouveau fon; par exemple, lorfqu’au lieu de dire 4 /e ou de Le, nous difons au ou du, 8&c de même le mois d’Oés au lieu du mois d’Æoér, Nos L11 i] 436 ER À peres difoient :-laville de Cacen , la ville de La-on, un fi-or un pa-or#, en deux fyllabes ; comme on le woit dans les écrits des anciens poëtes : aujourd’hui nous difons par crafeenune feule fyllabe, Car , Lan, par, fan Obfervez qu’en ces occafons la voyelle la plus forte dans le {on, fair difparoître la plus foible. Il y a crafe quand nous dons l’homme , l'honneur, 8tc. Mais il faut obferver que ce mot crafe neft en ufage que dans la Grammaire greque ; lorfqu’on parle des contradions qu'on divife en crafé & en fynchrele. Au refte ce mot crafe elt tout grec , pois , mélange. R. RepaNV OU y mifceo; je mêle. Voyez CONTRACTION. GA , (Medec.) état naturel ou fain du fang, fa conflitution convenable , en vertu de laquelle les différens principes dont il eft compolfé , s’y trouvent “dans la jufte proportion, & dans le degré de pureté & d'union qu'ils doivent avoir. Ce mot a pour op- pole difcrafe, déferafis , qui marque un mélange vi- cieux des principes, ou l’état qui n’eft pas naturel à quelqu'un d'eux. PAS Le mot eft grec, xpèrie, qui fignifie mélange, tem- péramenr. Voyez SANG 6 HUMEURS. Chambers, CRASSAMENTUM , terme dont fe fervent quelques anatomiftes pour marquer les parties pro- prement fanguinés du fang, ou la partie qui, en fe refroidiffant , formée un coagulum , par oppoñtion au _ ferum où à la férofité dans laquelle elles nagent. Foy. SANG & SÉROSITÉ. - Quelques auteurs ont penfé que le craffamentum étoit fpécifiquement plus léger que le /érwm ; mais le doéteur Jurin a démontré le contraire par des expé- rences réitérées. Chambers. (L) CRASSE,, f. f. (Medecine.) La craffe de la peau retenue dans fes pores ou fur fa fuperficie, eft ca- pable de produire plufieurs maladies, comme clous, phlegmons, &c. la gale & les dartres font {ur-tout engendrées par cette craffe : on doit donc obvier à ces maladies en nettoyant exaétement la peau par les bains, les friétions , & les autres moyens propres à enlever la craffe de la circonférence du corps. Les Kabirans des pays chauds qui font plus fujets à la -craffe de la peau , à caufe de la grande chaleur du climat qu'ils habitent , fe baignent auff fort fouvent ‘pour fe garantir de ces maladies , méthode qu'ils ont ‘retenue des anciens. Ÿoyez GALE , ENGELURE, “ÆFRICTION. Chambers. . CRASSE, adj. (Gramm.) ne fe prend guere qu'au figuré ; ignorance craffle; pour ignorance extrème C invétérée. Peut - être l’émploye-t-on en Medecine fyftématique & en Chirurgie, mais rarement, Je ne fai f l’on dit des humeurs crafles , pour des humeurs 2rès - épaifles ; les parties craffes , par oppoñtion aux parties délices. | * CRASSE, chez les Ouvriers en métaux; c’eft le nomqu’on donne à Pécaille qui fe forme fffr le métal chaud , qui s'en dérache quand on le bat, & qu'on +rouve à l’entour dés enclumes des forgerons en pe- tites pellicules noires, minces & fragiles. On lui donne aufli quelquefois Le nom de paille. -CRASSIERS , { m.pl voyez FORGES GROSSES. CRASSNITZ , ( Géogr. mod.) petite ville de la petité-Pologne , au palatiñat de Sendomir. * CRATÉE, {.f (Myth) déeffe des enchanteurs & des forciers, mere de Sylla, &c la même, felon toute apparence, qu'Hécate, Voyez Les dif. de Trév, de Dish. 6 de Mythol. » :# CRATERE , {f. (Hiff. ane. & mod.) On donne ‘cé nom à certains vaifleaux des anciens. Il y a des crateres d'une infinité d’efpeces différentes : on trou- ve fur ces vaifleaux des bas-reliefs de la plus grande beauté ; ils font d’ailleurs de formes très-commodes & très-élégantes. Comment eût-1l été pofiible qu'ils paflaffent de mode ? Il:n°y a que les chofes qui n'ont CE R A aucun modele dans la nature, dont il foit poffible de: fe dégoûter. On ne buvoit point dans les crareres,, mais On y mettoit le vin & l’eau dont on devoit fe fervir. La Sorbonne & le cardinal Lemoine ont en- core aujourd'hur des cratsres; ce font de grandes coupes en écuelle à bords rabattus & fans oreilles. CRATICULAIRE , adj. (Oprique. ) On appelle prototype & eélype craticulaire , le modele d’une ana- morphofe & l’anamorphofe même. Voyez Anamor- PHOSE. (O) | * CRATICULER, v. a@. ( Déffein, ou deffiner aux petits quarreaux.) Pour cet effer on divite les bords de l’image qu’on veut copier ou de grand en petit, ou de petit en grand, en parties égales ; par tous les points de divifions on fiche des pointes fur lefquelles on fait pafler des fils très-dehicats ; ces fils partagent, en s’entre-coupant , toute la furface de l'original en petits quarreaux. On divife la furface . fur laquelle on veut en avoir la copie , en un égal nombre de petits quarreaux , dont les côtés foient aux côtés des quarreaux de l’image , en tel rapport qu’on voudra : cela fait, on tranfporte à la vüe ce qui éft contenu dans chaque quarreau de l'original, . dans l’efpace de chaque quarreau correfpondant de la furface où l’on veut en avoir copie, On peut avoir une toile ou papier divifé en autant de quarreaux qu'il y en a dans un chafis, &c fe fervir de ce chaflis placé au-devant du vifage d’une perfonne dont on fait le portrait, pour en prendre au moins les pro- portions les plus confidérables. Il eft inutile de s’é- tendre davantage fur cette pratique, qui fe conçoit avec beaucoup de facilité. Voyez ANAMORPHOSE. CRAU, (/e) Géog. mod. petit pays de France en Provence , le long de la rive orientale du Rhône. CRAVAN, f. m. anas mufcaria , ( Hifi. mar, Or- nithol.) ofeau qui a été ainfi nommé, parce qu’il prend les mouches qui volent fur Peau. Il reflemble beaucoup au canard domeftique pour la grandeur 8 pour la figure : fon bec eft large & court : la piece du deflus dé jaune , & longue de deux pouces au- delà des plumes : de chaque côté il y a des dents en forme de {cie ; celles de deflus font krges , flexibles, élevées, & pour ainf dire membraneufes ; celles du deflous font moins faillantes, & forment des ftries cblongues. Il fe trouve des plumes de différentes couleurs prefque par-tout, principalement fur le cou en-deffus & en-deflous ; elles font noirâtres, blan- ches , bazannées à-peu-près comme celles de Ia per- drix : les pattes font jaunes , & la membrane des doigts noirâtre : la couleur du fommet de la tête 8 des ailes eft plus noire que celle d’aucune autre par- tie; les ailes & la queue font courtes. Willughb n’a jamais vüû cet oùfeau , & doute qu'il foit diffé rent du canard fauvage, bo/chas, Willughby, Orxirh. Voyez O1SEAU. (1). CRAVAN , (Géog. mod.) petite ville de France en Bourgogne, près du confluent de la Cure & de l'Yonne. Long. 21.15, lat. 47. 42. CRAVATES, f. m. pl. (Hif£. mod.) cotps de ca- valerie étrangere, qu'on eût mieux appellé Croze s mais l’ufage en a décidé autrement : il eft commandé par un colonel. Ils ont les mêmes fonétions à l’ar- mée, que les houfards , pandours, &c. CRAVATE, {. f, (Mod. ) ancien ajuftement de toile fiñe, pliée; on faifoit plufieurs tours autour du cou, &c les deux bouts noués fous le menton, defcen- dotent le long de la poitrine. Les tours de cou ont fuccedé aux cravares. CRAVATE, en terme de Boutonnier; c’eft une bouf. fette compofée de plufeurs brins de milanoiïfe pliés au moule , ferrés & liés à la bobine par le milieu, 8& repréfentant un nœud de bourfe à cheveux. CRAVATE ou CROATE , {. m. ( Maréchallerie & Man.) efpece de cheval qu vient de Croatie, & qui CRE va ordinairement fort vîte. Les cravates battent à la main & portent au vent ; ils ont l’encolure haute, tendent le nez en branlant la tête, & font fujets à être bègus. Voyez BATTRE À LA MAIN, PORTER AU VENT, 6 BÉGUT. (7). CRAVEN ox CRAVENT , ( Hif£, mod.) vieux mot anglois qui fipnifioit coxard ou poltron; étoit dans l’ancienne coûtume d'Angleterre , un terme de reproche dont on fe fervoit dans les jugemens par combat. Foyez COMBAT. La loi étoit qu'on proclamât le vainqueur, & que le vaincu reconnût fa faute en préfence du peuple, Ou prononçât le mot cravez pour aveu de fa lâcheté, Éc. après quoi on rendoit incontinent le jugement, & le poltron amirtebat legem terræ ; c’eft-à-dire de- venoit infame. * Coke obferve que fi lappellant, après avoir été au combat, crioit craven , il perdoit alors Ziberam le- gem ; mais que fi c’étoit l’appellé , on Le faifoit pen- dre. Voyez DuEL. Chambers. (G) * CRAYERS , f. m. pl. (Verrerie) c’eft la cendre du charbon que la violence de la chaleur convertit en une efpece de verre ou de matiere vitrifiée en forme de croûte : cette croûte couvre la grille, & elle étoufferoit le feu, en empêchant l’air de traver- fer la grille, fon n’avoit l'attention de l’en dégager. On l'appelle aufi zouffe. : CRAYON, voyez CRAION ou CRAIYON. * CRAZIT, f. m. (Commerce.) petite monnoie ufi- tée enltalie , & fur-tout dans Le grand duché de Tof- cane &z dans le Florentin, qui revient à un peu plus de quatre {ols de notre argent. CRE * CRÉADIERS, serre de Péche ufîté dans le reffort de l’amirauté de Bordeaux; eftune forte de trameaux dérivans , dont les pêcheurs fe fervent pour la pêche du créac ou efturgeon. Voyez TRAMEAUX. Ce font ceux de la plus grande efpece que les pê- cheurs de Cariot y employent. Le créac ou eftur- .geon, dont la pêche eft accidentelle fur toutes Les autres côtes du royaume, pourroit fe faire dans des faifons reglées, à l'embouchure de la Gironde. Les créadiers {ont ainfi nommés du nom de créac ; ils ont les mailles de l’Armaïl ou des Hameaux, d’un calibre bien plus large que l'ordonnance ne les a fixés pour les hameaux de la Dreige: ces mailles ont quelque- fois jufqu’à dix pouces en quarré ; celles de la charte, carte, toile, nappe, ou ret du milieu, ont deux à trois pouces en quarré. Les créadiers font compofés d’un gros fil, à-peu-près comme les rets des folles ; mais ils ne reftent pas fédentaires fur les fonds , ils dérivent à la marée, ainf que les rets courans. L’efturgeon aimant particulierement les eaux blan- ches ou troubles , la pêche en eft ordinairement plus avantageufe quand elles le font; alors ce poiflon trouve une plus grande abondance d’anguilles & de lamproies, dont il fait fa pâture. La pêche de lefturgeon avec les trameaux déri- vans, commence en quelques endroits en Février, & dure jufqu’en Juillet & Août, & même plûtard ; en d’autres, à la Notre-Dame de Mars, & dure juf- qu’à la fin de Septembre : les pêcheurs la font avec les mêmes rets au haut de la riviere ; mais comme le courant y eft moins rapide qu’à fon embouchure, ils amarrent par un cordage de quelques brafles les bouts de leur treflure , qui a quelquefois plus de cent brafles de long, à un pieux planté à la rive, ou à quelques arbres, de bord & d'autre. Le ret fuit la profondeur des eaux à deux, trois , quatre brafles de chûte ; mais le tramail refte fédentaire, fans dé- rive, & arrête au pañlage les créacs qui montent ou qui defcendent, Foyez ESTURGEON. CRE 437 CRÉANCE, £ £ (Jurifpr.) On entend ordinai- rement par ce terme, une dette a@ive, c’eft-à-dire le droit que le créancier a de fe faire payer d’une fomme d'argent, d’une rente ou autre redevance, foit eñ argent ou en grains, ou autre efpece ; ce qui vient du latin credere, qui fignifie prérer, confier, On comprend néanmoins fous ce terme , toutes fortes de créances , non-feulement pour prêt où commodat, ou dépôt, mais aufli de quelqu’autre caufe qu’elle dérive, comme d’une donation, d’un legs, partage, contrat de vente, &c. Il y a plufieurs fortes de créances, Créance caduque, eft celle dont il n’y a rien à ef- pérer. Créance chirographaire , eft celle qui eft fondée fur un titre fous fignature privée, qui n’emporte point d’hypotheque. On met dans la même clafle les créan- ces pour lefquelles il n’y a aucun titre écrit , parce que c’eft la même chofe vis-à-vis des créanciers hy= pothécaires, de n’avoir point de titre » Ou de n’en avoir qu'un fous {eine privé. Entre créanciers chi- rographaires, le premier faififfant eft préferé fur le prix des effets faifis, parce qu’il a confervé le gagé commun ; mais s'il y a déconfiture , le premier fai- fiffant vient, comme les autres, par contribution au {ol la livre. On diftingue néanmoins deux fortes de créances chirographaires , les unes ordinaires, d’autres pri vilégiées : les créances chirographaires ordinaires {ont toutes celles qui n’ont point de privilége : les créances chirographatres privilégiées , font celles qui font pri- vilégiées par leur nature, foit qu’il y ait un titre ou non ; & les unes ont un privilége fpécial {ur une certaine chofe, comme le privilège du nanti de ga- ges, le propriétaire de la maifon fur les meubles des locataires ; les autres ont un privilége général fur tous les effets du débiteur, comme les frais de jufti- ce, les frais de la derniere maladie du débiteur, les frais funéraires. Créance déléguée, eft celle qu'un tiers eft chargé de payer en l’acquit d’un autre, Voyez DÉLÉGA- TION. Créance douteufe , eft celle dont le recouvrement eft incertain par rapport au peu de ftabilité du dé- biteur. Créance hypothécaire, eft celle qui réfulte d’un titre authentique, tel qu'un jugement ou un ae pañlé devant notaire, & qui emporte hypotheque au profit du créancier fur les biens de l’obligé. Créance ordinaire, eft celle qui n’eft point privilé- giée. Voyez PRIVILÉGE. Créance perfonnelle, eft celle à laquelle la perfonne eft principalement obligée , à la différence d’une créance hypothécaire, qui ne donne droit contre un tiers que comme détenteur d’un bien hypothéqué. Créance privilégiée, eft celle à laquelle les lois ac- cordent une faveur particuliere & une préférence {ur les créances ordinaires ; tels font les frais de juftice, frais funéraires , les créances d’un maçon fur la maïfon qu'il a conftruite ou réparée. Voyez Privis LEGE. Créances privilégiées hypothécaires, font celles que l’on paye fur les immeubles par préférence entre les hypothécaires, & par conféquent avant toutes les créances chirographaires, même privilégiées : tel- le eff la créance du bailleur de fonds pour le prix de la vente. Voyez PRIVILÉGE. Créance folidaire, eft celle qui appartient en com- mun à plufñeurs perfonnes qui font chacune en droit d’en exiger la totalité, comme il arrive lorfque le débiteur s’eft obligé de payer à chacun des créan- ciers la totalité de la dette, fans aucune divifion. Néanmoins lorfque l’un d'eux a exigé la totalité de la dette , les autres ne peuvent pas en exiger une fe- 438 CRE -conde f6ïs le payement, fauf ieur recours contre -celui qui a recü. On appelle dettre de créance, une lettre qu’un ban- quier où marchand donne à-un homme qui voyage, pour lui fervir de lettre de change quand il aura be- 4oin d'argent: c’eft proprement une lectre de crédit, On appelle auf créance à la-chambre des comp- tes, le rapport qui eft fait verbalement à la cham- bre, de ce qui seit paflé en quelque députation ou autre commifiion. (4) CRÉANCE , (Fauconnerie &Venerie.) c’eftun nom qu'on donne à la fliere ‘ou ficelle avec laquelle on retient l’oifeau qui n’eft pas bien aflüré. On appelle un oifeau de peu de créance, celui qui n’eft n1 bon m Joyal, qui eft fujet à s’eflorer ou à fe perdre: on dit -aufh un chien de créance, de celui auquel on peut fe fier. CRÉANCIER, f. m. (Jurifpr.) eft celui auquel Al eft dû quelque chofe par un autre, comme une fomme d’argent , une rente, du grain, ou autre ef- -pece. Pour pouvoir fe dire véritablement créancier de quelqu'un, 1l faut que celui qu’on prétend être fon débiteur {oit obligé, du moins naturellement. On devient créancier en vertu d'un contrat ou quafi-contrat, en vertu d’un jugement , d’un délit, ou d’un quafi-délit. Tous créanuiers font chirographaires ou hypothé- <çaires, & les uns & les autres font ordinaires ou privilégiés. Voyez ci-devant au mo: CRÉANCE, Un créancier peut avoir plufeurs aétions pour la même créance, favoir une aétion perfonnelle contre Pobligé & fes héritiers, une aétion réelle s’il s’agit d’une charge fonciere , une ation hypothécaire con- tre les tiers détenteurs d’heritages hypothèques à la dette. ù Il eft permis au créancier, pour fe procurer fon payement, de cumuler toutes les contraintes qu’il a droit d'exercer, comme de faire des faifies &c ar- êts, &en même tems de faïfir & exécuter les meu- bles de fon débiteur, même de faifir réellement Les immeubles, s'il s’agit d’une fomme au moins de 200 div. & d’ufer auf de la contrainte par corps, fi le tre de la créance y autorife. Mais il n’eft pas permis au créancier de fe mettre de fon autorité en poffeffion des biens de fon débi- teur ; il faut qu’il les fafle faïfir 8&c vendre par auto- rité de juftice. | Les créanciers font en droit, pour la confervation de leur dù, d'exercer les droits de leur débiteur, comme de faifir & arrêter ce qui lui eft dû, de for- mer oppoñition en fous-ordre fur lui, de prendre de fon chef des lettres de refcifion contre un engage- anent qu'il a contraété à fon préjudice, & de faire révoquer tout ce qu'il a fait en fraude des créan- siers ; enfin d'accepter en fon nom une fucceffion mal- gré lui, en donnant caution de l’acquiter des charges. On ne peut pas contraindre un créancier de mor- celer fa dette, c’eft-à-dire de recevoir une partie de ce qui lui eft dû, ni de recevoir en payement une chofe pour une autre, ni d'accepter une délégation -& de recevoir fon payement dans un autre lieu que celui où il doit être fait. Lorfque plufeurs prêtent conjointement quelque :chofe , chacun d’eux n’eft cenfe créancier que de fa part perfonnelle, à moins qu'on n'ait expreflément fpulé qu'ils feront tous créanciers folidaires, & que chacun d’eux pourra {eul pour tous les autres exiger la totalité de la dette. La qualité de créancier eft un moyen de reproche -contre la dépofition d’un témoin; ce feroit auf un moyen de récufation contre un arbitre & contre un :juge. Îl faut ençore remarquer içi quelques -ufages fin- guliers qui fe pratiquoient autrefois par rapport au créaricier. À Boutges, un bourgeois qui étoit créancier pou voit fe fair des effets de fa caution, & les retenir pour gages fans la permiffion du prevôt ou du voyer. . En pourfuivant le payement de fa dette, à Or- léans, le créancerne payoitaucun droit comme étran- ger, Enfin au Périgord &c dans le Quercy, le créancier qui avoit obtenu des lettres royaux pour appeller fes débiteurs devant les juges royaux, n’étoit pas obli- gé de faire les fergens royaux porteurs de ces let- tres ; ce qui eft contraire à l’ufage préfent, felon le- quel l’huifier ou fergent doit être porteur de tous les titres en vertu defquels il inftrumente. Voyez ci- devant CRÉANCE, HYPOTHEQUE, PRIORITÉ , PRI- VILÈGE , SAISIE. (4) | CREAT , f. m. (Manége.) gentilhomme qui eft élevé dans une académie pour fe mettre en état d’en- {eigner l’art de monter à cheval. Il fert auffi de fonsr écuyer, Diéfionn. de Trév. (F CRÉATEUR , f. m. (Gramm.)eft celui quitire un être du néant. Il ne fe dit proprement que de Dieu; mais 1] fe tranfporte par métaphore aux inventeurs originaux, fur-tout d’un genre. Voyez CRÉATION. CRÉATION, fub. £. (Métaphyf.) La création eft l’aéte d’une puiffance infinie qui produit quelque chofe, fans la tirer d’une matiere préexiftante, C’eft une queftion aflez problématique, fi le dogme de la création a été foùtenu par quelques philofophes payens, ou fi les doéteurs Juifs & les Chrétiens font les prenuers qui l’ayent enfeigné. Les favans font partagés là-deflus : le fentiment de ceux qui foûtien- nent la négative par rapport aux payens, paroît le plus vraiflemblable, Nous ne craindrons point d’a- vancer fur la foi de leurs ouvrages, que tous les phi- lofophes anciens ont crû que la matiere premiere avoit été de toute éternité. Cela paroït en ce qu'ils n’avoient même aucun terme dans leurs langues, ni aucune façon de parler , qui exprimaffent la création &t l’anéantiflement. « Ÿ a-t-il un feul phyficien, de- » mande Cicéron, qui fafifle, qui conçoive ce que » c’eft que créer & qu’anéantir»? Ariftote, en pour fant fes fpéculations plus loin, ajoûte que les pre- miers habitans du monde ont toùjours jugé que la matiere exiftoit par elle-même , & fans dépendre d'aucune caufe extérieure. Si elle en dépendoit, di- ‘ foient-ils, on ne pourroit la connoître que par quel- qu’idée qui lui feroit étrangere, qui n’auroit aucun rapport avec elle ; & cette idée dégraderoit certai- nement la matiere du titre de fubftance qui lui ap- partient. L’éternité de la matiere leur fervoit à fau- ver la bonté de Dieu aux dépens de fa puiffance, & à expliquer d’une maniere en apparence moins ré- voltante l’origine du mal moral & du mal phyfique, « Peut-on croire, difoit Platon dans fon Timée, que »ce qui eft mauvais & déreglé foit l'ouvrage de » Dieu? N’eft-1l pas le principe & la fource de toute » vertu, tant en lui-même que hors de lui? S'ilavoit » trouvé plus de docilité dans la terre, plus de dif- » pofition à l’ordre, fans doute qu’il Pauroit remplie » de toute forte de bien. Tel eft en effet fon caraéte- » re, à moins qu'il ne trouve des obftacles invinci- » bles ». Ils étoient perfuadés en général, que f Dieu avoit tiré la matiere du néant, 1l l’auroit ai- fément pliée à fa volonté , au lieude trouver en elle un fujet rébelle, Il avoit fait cependant, difoient-ils, pour mettre l’ordre dans le monde, tout ce qui pou- voit dépendre de fa fagefle ; maiselle fe trouva trop contrariée, & ne put empêcher cet amas de defor- dres qui inondent l'univers, & de miferes, & de difs graces , auxquelles les hommes font aflujettis. L’hiftoire de la création du monde étant la bafe de la loi deMoyte, & en même tems le fceau de fa mif- CRE fon, ileft naturel de croire que ce dogme étoit uni- verfellement reçu parmi les Juifs : on regardoit mê- me comme des hérétiques, comme des gens indignes de vivre dans le fein d'Ifrael, tous ceux qui difotent que la matiere eft de niveau avec l’Être fouverain, qu'elle lui eft coéternelle, & qu’elle ne tient point de lui fon exiftence. Cependant comme malgré les cenfures , & même Les punitions corporelles encore plus puiffantes que les cenfures , il y a toüjours des efprits novateurs & incapables de plier, trois fortes de novateurs s’étoient gliffés parmi les Juifs ; mais ils n'oferent bien fe déclarer qu'après la captivité de Babylone, où apparemment ils apprirent à dégui- fer moins leurs fentimens. Le commerce des gens hardis, & qui penfent librement, infpire je ne fai quelle témérité qu’on n’auroit point de foi-même. Les uns foûtenoient qu’un monde plus imparfait avoit précédé celui-ci; que celui-ci fera relevé fuc- ceflivement par une infinité d’autres , mais tohjours en diminuant de perfe@ion : la durée de chaque mon- de doit être de 7000 ans ; & la preuve qu’ils en ap- portoient, preuve très-vaine, très-frivole, c’eft que Moyfe à commencé la Genefe par la lettre beck, qui eff la feconde de l’alphabet hébreu , comme pour an- noncer qu'il donnoit l’hiftoire à lui feul connue du fecond monde. Les autres infinuoient le même fy1- tème, auquel Spinofa a depuis donné l'apparence géométrique. Les derniers novateurs enfin, plus dé- licats que les autres, convenoient à la vérité que les anges, les hommes, avec le monde fublunaire, avoient été créés; mais en même tems ils difoient qu'il y a plufieurs mondes , tous fortis de Dieu par voie d’émanation, tous compofés de la lumiere cé- lefte fort épaifie.Ce qu'il y avoit de plus remarqua- ble dans ce fyftème, c’eft qu’on avançoit les deux propofñitions fuivantes : l’une, que Dieu n’a pù fe difpenfer de créer plufieurs mondes, parce que fans cela il n’auroit point rempli toute l'étendue, ni du nom de Jehovah, qui fignifie celui qui exifle, m1 du nom d’Adonar, qui figmifie celui qui commande 4 des Jujets : Pautre, que l’origine de tous ces mondes n’a pù être ni avancée mi reculée, parce qu'ils devoient tous paroitre dans Letems même où ils ontparu.Mais le moment marqué par la fagefle de Dieu, eft le feul moment où il foit digne de lui d'agir. Tous ces fyfte- mes enfantés par le libertinage d’efprit, font infini- ment au-deflous de la noble fimplicité que Moyte a fü mettre dans fon liftoire. + Cependant quelques peres de l’'Eglife ont jugé à ropos d’ajoûter quelques réflexions aurécit du légi- hs des Jiufs ; les uns, pour mieux faïre connoi- tre la toute-puiflance divine ; les autres, prévenus de je ne fai quelles propriétés des nombres. «Quand » Moyfe aflüre, dit S. Augufhin, 26, II. decivis, Dei, » que le monde fut créé en fix jours, on auroit tort » de s’imaginer, & que ce tems eût été néceflaire à » Dieu, & qu'il n’éût pû le créer tout à la fois; mais » on a feulement voulu par-là marquer la folennité » de fes ouvrages ». En effet, fx a une diétin@tion particuliere; c'eft le premier des nombresquife com- pofe de fes parties aliquotes , 1, 2, 3 : il ÿ a même des Juifs qui ont adopté ce fentiment; 8 Philon, au- teur d’une affez grande réputation, & habile dans la connoïffance de la loi judaïque, a traité de ridicu- le l’opinion qui admet la diftinétion des journées, qui n’eftrapportée parMoyfe que pour marquer quel- qu’ordre qui donne une idée de génération. Cette difpute ne faant rien au fond de la reli. sion, chacun peut indifféremment embrafler le fen- timent qui lui paroïtra le plus probable, & pour le- quel il aura plus d’mclination. Cependant je crois qu'à examiner avec un efprit philofophique les dif- rentes opinions de la création momentanée ou de la fucceflive , celle de la création dans un inftant donne DEEE CRE 439 une plus grande idée de la puiffance de Dieu, qui n'a pas befoin, comme un vil artifan, du tems & de la matiere pour perfeétionner un ouvrage : il n’a qu'à dire que la lumiere fe fafle , & la Iumiete eft faite s fat lux, © faëta eft lux, C'eft dans cette prompte obéiflance de la chofe créée, que fe manifefté la puiflance du Créateur. Sur ce principe on poutroit fe perfuader que tout ce que Dieu créa fut créé en un inftant, enfemble, dans l’état le plus accompli où il devoit être créé. O Seigneur, dit un auteut infpiré, vous avez parlé , 6 toutes chofes ont'éré produites ; vous avez envoyé vo- tre efprit, € toutes chofès ont été animées : nul ne refrfle 4 Votre voix, Pour la narration de Moyfe, elle ef ‘liée avec tant d’ordre & de fymmétrie, qu’elle pour- roit aufh s'interpréter de cette maniere: Tour reGUÉ en méme tems la vie G l’exiflence, Mais Je Dieu avoit voulu que Les chofès fe Juccédaffent les unes aux autres, après leur avoir imprimé La quantité de 7RouVerment qui devoir fub/ifler tant que le monde Jub- Jifferoir > Voici comme elles fe féroienr débrouillées , diftribuées , arrangéess Ainfi les fix jours ne font qhe les fix mutations par Où paña la matiere pour for- mer l'univers , tel que nous le voyons aujour- d'hui. D'ailleurs le mot de Jour , dans prefque toute la Genefe, ne doit point fe prendre pour ce Que nous appellons jour artificiel, maïs feulement pour un certain efpace de tems : ce qui eft encore à obferver en d’autres endroits de l’Écriture, où les noms d'année , de fémaine, de jour , ne doivent point être reçus au pié de la lettre. Ce qui peut donner encore du poids à ce fentiment, c’eft que Moyfe, après avoir fait féparément l’énumération des cho fes qui furent créées en fix jours divers, il les réduit enfuite toutes à une feule journée, ou plütôt à un feul inftant fixe, En ce jour-là, dit-il, Dieu fit le ciel & la terre, & l'herbe dés champs , &c. Pour les doëteurs Chrétiens, on peut dire en gé- néral que quelques-uns des premiers fiécles ne font pas bien clairs fur cet article. Saint Juftin martyr, Tertullien, Théophile d’Antioche , ont foûtenu que dans la formation du monde, Dieu n’avoit fait que rappeller Les chofes à un meilleur arrangement : com. me 1l eft la bonté même, dit S. Juftin, il a travaillé fur un fujet rébelle, informe, & il en a fait un ou- vrage utile aux hommes. Quoique tous les philofo- phes modernes foient perfuadés de la vérité de la création, il y en a cependant quelques-uns qui regar- dent la queftion , f£ Dieu a fait le monde de rien, ou S'y a employé une matiere qui exifloit éternellement , plûtôt comme une queftion philofophique, que com- me une queftion de religion : ils foûtiennent que la révélation ne s’eft point exprimée là-deflus d’une maniere poñitive, C’eft le fentiment de deux auteurs anglois, dont Pun eft Thomas Burnet, & l’autre Guillaume Whifton, Ils ont avancé que le premier chapitre de la Genefe ne contenoit que l’hiftoire de la formation de la terre, & non du refté de l’uni- vers qui fubfftoit déjà. « En effet, remarque M: » Whifton, lorfque Moyfe raconte que pour mani- » fefter fa puiflance Dieu créa le ciel & la terre, il » n’entendoit que la terre que nous habïtons & le » ciel aérien, l’atmofphere qui l’enveloppe à une » certaine diftance. Moyfe raconte enfuite que la » terre étoit informe & toute nue, que les ténebres » couvroient la face de l’abyfme, : quelle defcription » plus énergique peut-on avoir du chaôs ? Cette pla: » nete ainf dépouillée pafla par fixrevolutions avant » que de recevoir la forme qui lii féoit le mieux. » Une preuve démonfirative que l’écrituren’avoit en » vûe que la formationdela terre, c’eft que dans tous » les endroits oùelle parle de la fin du monde,ces paf » fages ne doivent abfolument s’interpréter que de la » diffolution de cétte même terre, &c de la couche 440 CRE » d'air qui l’environne. Aïnf l’enfemble de Punivers » ne fouffrit aucun changement , à notre globe près, # où les élémens étoient confondus, où les princi- » pes des chofes fe trouvoient compofés. Il y a plus: » quand l’hiftorien des Juifs prononce que le ciel & » la terre furent créés enfemble, on doit foufenten- s dre qu'ils Le furent dans un tems antérieur ; mais » que la tetre étant devenue peu-à-peu chaos, Dieu # lui rendit fon premier luftre, fon premier arran- # gement ; ce qui approchoit aflez d’une nouvelle » création ». Il eft certain que la hardiefle de l’au- teur anglois a quelque chofe de frappant ; mais il faut avouer qu'elle eft dénuée de preuves. Pour revenir aux anciens philofophes , ils onttous cru que la matiere avoit été de toute éternité, & n’ont difputé entre eux que de la différence du tems où l’arrangement & l’ordre que nous voyons dans l’univers avoient commencé. Cela ne doit point nous paroître furprenant de leur part, ils croyoient bien que Dieu étoit lui-même matériel. On peut les ramener à trois clafles différentes : les uns croyoient que la regle & la difpoftion que nous admirons au- jourd’hui avoient été produites &c formées par une premiere caufe intelligente, qu'ils faifoient coéter- nelle avec la matiere; les autres penfoient que le ha- fard & le concours fortuit des atomes avoient été, pour ainf dire , les premiers ouvriers qui euffent donné l’ordre à l'univers; il y en a eu enfin plufieurs qui ont foûtenu que le monde,tel quenouslevoyons, étoit éternel, & que l’arrangement n’étoit point pof- térieur à la matiere. Quand on réfléchit fur l’hiftoire du monde, & fur toutes les connoïflances qu’on pouvoit tirer de tous les monumens de l’antiquité , il eft difficile de s’ima- giner qu'on ait pù croire que ce monde avoit été de toute éternité. Mais d’un autre côté quand on penfe qu’il falloit que la raïfon atteignit jufqu’à la eréacion, on ne peut que plaindre l’efprit humain de le voir occupé à un travail fi fort au-deflus de fes forces ; il étoit dans un détroit plein d’abyfmes & de préci- pices. Car ne connoïffant pas de puiffance aflez gran- de pour créer la matiere de Univers, 1l falloit né- ceflairement dire, ou que le monde étoit de toute éternité, ou que la matiere étant en mouvement l'a- voit produit par hafard. Il n’y a point de milieu , 1l falloit prendre fon parti, & choïfir l’une ou l’autre de ces deux extrémités. C’eft auffi à quoi on fut réduit ; & tous les Philofophes, excepté ceux quiattribuoient la formation de l'univers au mouvement des ato- mes, crurent que le monde étoit éternel. Cenforin, dans fon traité du jour natal, parlant de l'éternité du monde, dit que cette opimion a été fuivie par Pythagore, Lucain, &t Archytas de Ta- rente , tous philofophes Pythagoriciens ; mais en- core, ajoute-t-l, Platon, Xenocrate, & Dicéarque, de Mefline, & tous les philofophes de l’ancienne académie , n’ont pas eu d’autres fentimens. Ariftote, Thcophrafte , & plufeurs célebres Péripateticiens ont écrit la même chofe, & en donnoiïent ces raï- {ons : 1°. que Dieu & la Nature ne feroient pas toù- jours ce qu'il y a de meilleur, f lumivers m’étoit éternel, puifque Dieu ayant jugé de tout tems que l’arrangement du monde étoit un bien, il auroit dif- feré de le produire pendant toute l'éternité : 2°. qu'il eft impofñlible de décider fi les oïfeaux ont été avant les œufs, ou les œufs avant les oifeaux. De forte qu'ils concluoient que le monde étant éternel, tou- tes chofes avoient été & feroient dans une vicifi- tude mutuelle de générations.Les philofophes Grecs avoient été prévenus par les Egyptiens dans lopi- nion de l'éternité du monde; & peut-être les Egyp- tiens l’avoient-ils été par d’autres peuples dont nous n'avons aucune connoiflance. Mais nous ne pou- wons en être éclaircis ; çar c’eft en Egypte où nous Ç CRE découvrons les premieres traces de la Philofophie. Les prêtres étoient ceux qui s’y appliquoient le plus; mais généralement tous les Egyptiens croyoient & admettoient deux divinités premieres & éternelles, le Soleil ê& la Lune , qui gouvernoient tout l’uni- vers. Quoique ce fyftème ne fuppofät point entie- rement le monde éternel, cependant il approchoïit beaucoup de celui d’Ariftote, en fuppofant l’éter- nité du Soleil & de la Lune. Il étoit beaucoup IIOINS abfurde que celui qui rendoit le hafard la cäufe de l’arrangement de l'univers ; au lieu que les deux premiers principes intelligens que fuppofoient les Egyptiens, leur faifoient trouver aifément la caufe de l’ordre & de fa continuation. Ils n’étoient plus furpris de la juftefle que nous appercevons dans le cours des aftres & dans les arrangemens des faifons puifque la regle avoit été faite & éroit encore con. fervée par des êtres intelligens & éternels. Maïs fi le fyftème de l’éternité du monde étoit plus fuivi 8 mieux raifonné que celui des Epicuriens, le fyftème de ces derniers avoit fur l’autre beaucoup d'avantages , que lui fournifloient les veftises fenfi- bles qu’on rencontroit par tout de la jeunefle & de la nouveauté du monde. Pour fe tirer d’affaire. on avoit recours aux déluges & aux embrafemens, Mais rien n’eft plus vain ni plus frivole que cette réponfe ; car ces inondations & ces embrafemens n'ayant pà confumer que quelques contrées puuif- qu’un déluge ou embrafement univer{el n’eft pof- fible que dans lordre furnaturel, le monde ne fe. roit pas retombé dans fa premiere enfance pat ces defordres. Les nations confervées auroient reçu ceux qui feroient échappés à ces malheurs, & leur au- roient communiqué leurs avantages, A fuppofer même que ces triftes reftes du genre humain euflent fubfifté feuls, & qu'ils euflent été engagés à repeu- pler la terre, ils n’auroient pas oublié les COMMO= dités néceflaires À la vie: quand même ils auroient voulu négliger la culture des arts & des fciences: les maifons , les navires , le pain, le vin, les lois À la religion, étoient de ces chofes néceflaires qu'un déluge ou un embrafement ne pouvoit effacer de Ia mémoire des hommes, fans détruire entierement le genre humain. On auroit quelque monument , quel- que tradition , quelque petit recoin dans l’hiftoire qui nous laifleroient entrevoir ces inondations & ces embrafemens, au lieu qu’on ne les trouve que dans les conjeétures ou dans la feule fantaifie des philofophes entêrés du fyftème de la prétendue étét- nité du monde. Ainf il faut néceflairement demeus rer d'accord que toute l’hiftoire de l'Univers récla me contre cette abfurdité. | Mais pourquoi tant d’habiles gens ont-ils embraffé un fyftème fi incompatible avec l’hiftoire? Les rai. {ons n’en font pas difficiles à trouver. Il n’y avoit point de milieu entre le fentiment d’Epicure ; qui at- tribuoit la formation de l'Univers au concours for- tuit des atomes, & l’opinion de l’éternité du monde Car la création n’a été connue que par la révélation : la raifon humaine n’avoit pas affez de force d’ellez même pour faire cette découverte. Ainf étant r€= duits à la néceñlité de choïfir un monde éternel, ow \ un monde formé par l’aveugle hafard, ils trouvoient beaucoup moins de difficultés à prendre le parti de l'éternité, tout contraire qu'il étoit à lhiftoire, con- tre le concours fortuit des atomes, qui tout témé- raire & aveugle qu’il eft, auroit formé néanmoins un ouvrage le plus fage & le plus conftant que l’ef- prit humain fe püt figurer, un ouvrage permanent , uniforme, & tobjours conduit par une fagefle fim- ple dans fes voies & féconde dans fes effets. À pefer les difficultés, ils en trouvoient beaucoup: moins dans leur fyftème, & ils avoient raifon, Mais comme d’un autre côté, mi l’hüftoire , ni les monu- mens CRE xhétis du nonde, ni la nouvéauté des Sciences & des “Arts, ne pouvoient S’allier avec ce fyftème de l’é- ternité ; preflés qu'ils étoient de ces objeétions par les Epicuriens , ils coupoient ce nœud indifloluble par leurs inondations &r leurs embrafemens inven- tés à plaifir, & démentis par l'hiftoire. C’eft un mi- férable retranchement à l’impièté ; de n’avoir que ve refuge imaginaire. | Il y a eu, à la vérité, des philofophes qui ont par- Îé d’un efptit, d’un Dieu. Mais ils ne laifloient pas dé croire l'éternité du monde: les uns, parce qu'ils ne pouvoient concevoir une matiere créée, ni com- ment cet efprit auroit pû la difpofer à fa volonté ; enforte que le dieu qu'ils admettoient étoit un être inutile & fans ation ; & les autres, parce qu'ilsregar- . doïent le mondecomme une fuite & une dépendance deDieu,comme la chaleur left du Soleil. Les premiers raifonnoient ainf : la matiere étant incréée , Dieu ne peut la mouvoir ni en former aucune chofe; car Dieu ne peut remuer la matiere ni l’arranger avec fagefle fans la connoître. Or Dieu ne peut la con- noître s’il ne lui donne l'être. Car Dieu nepeut t1- _rer fes connoiflances que de lui-même; rien ne peut agir en lui ni l’éclairer. Il ne connoît donc point la matiere , & par conféquent il ne peut agir fur elle. D'ailleurs comment auroit-il pù agit {ur elle, &r.de quels inftrumens fe feroit-ilervi pour cela ? - Ce fujet a fervi quelquefois de raillerie aux plus . beaux efprits du paganifme. Lucien , dans un de fes _ dialogues, dit qu'il y a des fentimens différens tou- chantl’originedumonde;que quelques-uns difent que n'ayant point eu de commencement, 1ln’aura point aufi de fin; que d’autres ont ofé parler de l’auteur de l’univers, 8 de la maniere dont il a été forme : il pouvoit bien avoir en vûe les Chrétiens. J’adnure, pourfuit-il, ces gens par-deflus tous les autres, en ce qu'après avoir fuppoié un auteur de toutes chofes, ils n’ont pas ajoûté d’où il étoit venu, ni où il de- meuroit quand il fabriquoit le monde, puifqu'avant la naiffance de l’univers on ne peut fe figurer ni tems nilieu, Cicéron s’eft fort appliqué à détruire l’opi- nion de la formation de l’univers par une caufe in- telligente, dans fon traité de la nature des dieux, qui eft un ouvrage fait exprès pour établir Pathé:f- me. Il dit en fe moquant, qu’on a recours à unepre- miere caufe pour former l’univers,comme à un afyle, Ailleurs il demande de quel inftrument ce Dieu fe feroit fervi pour façonner fon ouvrage, Ariftote fe moque auf d’Anaxagore, & dit, qu'il employe fon mens comme une machine pour former le monde ; car Anaxagore étoit le premier des philofophes qui eût parlé de wens ou d’un être intelligent, pour met- tre en ordre les corps ou la matiere qui fubfiftoit de toute éternité. Platon vouloit que les corps füffent en mouvement quand Dieu voulut les arranger ; mais Plutarque , tout fage qu'il étoit, femoque de ce Dieu de Platon, & demande d’un ton ironique s’il extftoit lorfque les corps commencerent à fe mou- voir. S'il étoit, ajoûte-t1l, ou il veilloit, ou il dor- moit, ou il ne faifoit ni l’un ni l’autre. On ne peut point dire qu'il n’ait pas exifté, car il eft de toute éternité. On ne peut point dire aufli qu'il ait dormi ; car dormir de toute étermité, c’eft être mort. Sion dit qu'il veilloit, 1] demande s’il manquoit quelque chofe à fa béatitude, ou s’il n’y manquoit rien. S'il avoit befoin de quelque chofe , il n’étoit pas Dieu. S'il ne lui manquoit rien ; à quoi bon former le mon- de ? Si Dieu gouverne le monde, ajoûte-t-il, pour- quoi arrive-t-1l que les méchans foient heureux pen- dant que les bons font dans l’adverfité ? Les autres qui faifoient intervenir l’aétion de Dieu dans l’arrangement du monde, n’en foütenoient pas moins fon éternité. Car, difoient-ils , il eftimpoñi- . ble que Dieu fafle autre chofe que ce qu’il fait, à Tome IF, CRE AA caufe quéfa volonté eft immuable, & ne peut rece: _voirancun changement ; deforte qu'elle ne peut vou- loir faire autre chofe que ce qu’elle fait aétuellement, On peut affürer-que ce font là les feules raifons de l’impiété de tousiles tems: Ce font ces objeétions qui ont pouflé les philolophes à parler-de l'éternité du monde; car n'ayant ph comprendre comment Dieu auroit pû agir pour former le monde, ni, fup- pofé qu’il pût agir, comment il auroit laïflé paifer une éternité fans le créer, & le concevant d’ailleurs comme une caufe qui agit néceflairement., ils fe font déterminés à croire que le monde étoitiétérnel, mal. gré la foi de toutes les hiftoires qui démentoient leur fyftème. | Le fophifme de ces raifonnemens vient.de ce qu'un être {piritueleft difficile à connoître, & de ce que nous ne pouvons comprendre léternité, On. eft in- quiet de {avoir ce qu’a fait l’auteur de l’univers pen- dant cette éternité que le monde n’a pas exifté. À ce- la je répons: fi par le nom de-Dieu vous entendez un corps, une matiere qui ait été en mouvement, on ne pourra fatisfaire à votre queftion ; car il eff impofñfi- ble de fe repréfenter une caufe en aétion , une ma- tiere en mouvement , un Dieu faifant fes efforts pour produire le monde, & ne pouvant le former qu'après avoir été une éternité en mouvement. Mais fi on fe repréfente Dieu comme un efprit, on apperçoit cet être dans ce que nous en connoïfions par nous-mê- mes, capable de deux aétions fort différentes; favoir, des penfées qu’il renferme dans fon propre fein, & qui font fes aétions les plus naturelles ; & d’une vo- lonté, par laquelle il peut encore produire des im- preffions fur Les corps. C’ef fa vie, fon aëhion. C’eft ce qu'il faifoit avant de créer le monde par {a volonté, de même, à-peu-près, que nous-voyons un homme long tems en repos, occupé de {es propres peniées, & concentré tout entier dans lui-même. Cela n'im- plique aucune contradiétion, &r ne renferme ancu- nes difficultés à beaucoup près comparables à celles qui fé trouvent dans le fyflème d’une matiere qui ait été en mouvement de toute éternité fans rien pro- duire. Tout ce qu’on peut objecter fe réduit à dire que la comparaïfon de l’homme réfléchiflant fur lui- même & de Dieu renfermé en lui-même ef faufle, en ce que l’homme difcourt & que Dieu ne difcourt point. L’efprit humain eft occupé dans la méditation, parce qu'il pafle du connu à l'inconnu , qu'il forme des raïfonnemens , qu’il acquiert des connoïflances, & que le fpeétacle de fes penfées eft toüjaurs nou- veau; au contraire l'intelligence divine voit en un inffant prefqu'indivifible , & d’un feul aëte , tout ce qu’il y a d’intelligible. La contemplation de Dieu eft d'autant plus oifive, qu'il ne peut pas même fe féli- citer d'être ce qu'il eft. Il n’y a aucune philofophie à l’occuper à méditer la produétion des mondes. Mé- diter la produétion d’un ouvrage, c’eftla précaution raifonnable d’un être fini qui craint de fe tromper. Donc nous ne fayons quelles étoient les peniées de Dieu avant la création des mondes ; j'en conviens, Donciln’y avoit point de Dieu ; je le nie: c’eft mal raifonner que d’inférer la non-exiftence d’une chofe, de l’ignorance où l’on eft fur une autre, Mais pourquoi le monde n’a-t-1l pas été créé de toute éternité? C’eft que le monde n’eft pas une éma- nation néceflaire de la divinité. L’éternité eft le caz ractere de l'indépendance ; 1l falloit donc que le mon- de commencçât. Maïs pourquoi n’a-t1l pas commencé plutôt ? Cette queftion efltout-à-fait ridicule ; car s'il eft vrai que le monde a dû commencer, ila fallu qu'une éternité précédât le tems ; & s'il a fallu qu’- une éternité précédât le tems, on ne peut plus de- mander pourquoi Dieu n’a pas fait plutôt le monde. Il eft vifible que le tôt ou le tard font des propriétés du tems & non de l'éternité ; & fi l’on M que KKK 442 CRE Dieu eût crée le monde plutôt qu'il n’a fait d'autant ‘le millions d'années qu’il y a de grains de fable fur le rivage dés mers, ne pourroit-on-pas encore de- { . gs .e 1 L mander d’où vient qu'il n’auroit pas commencé plu- tÔt2 Ain il fuffit de dire qu'une éternité a dû le pré- æéder, pour faire comprendre qu'il n’a été «réé mi trop tôt ni trop tard. | Les philofophes s’embarrafloient de favoir fi les oi- eaux avoient été avant les œufs, ou les œufs avant les oifeaux ; & ne pouvant décider cette queftion , k ‘ Sy Fe 1 ils fe fauvoient dans l'éternité du monde, & foûte- noient qu’il devoit y avoir une efpece de cercle dans les femences, 8c que les œufs & les oifeaux avoient toûjours été engendrés & produits alternativement l'un par lautre, fans que leur efpece eñt jamais eu ni origine ni commencement. Quand on fuppofe un créateur de l'univers, cette difficulté tombe aufii- tôt; car on conçoit clairement qu’il créz toutes les efpeces d'animaux qui font fur la terre, qui fe con- ferverent enfuite par la génération. Maïs la difficulté feroit beaucoup plus grande à fuppofer l'éternité du monde, parce que le monde étant en mouvement, il femble qu’il y aït de la contradiétion à fuppofer un mouvement éternel. Car tout mouvement étant fuc- « tallatum ; mot forgé de l’anglois ; mais la plüpart di lent pinnatum, de pinna; creneau. Voyez CRE- NEAUX. Mener. & Trév. SOn origine vient fans douté dé ce que l’ôn dons noït ces fortes de figures aux guerriérs qui avoient- les premiers efcaladé une muraille, ou défendu avec plus dé courage. La Lande en Bretagne, d'argent à la face crenelée de gueules. (F9 CRENELER , à la Monnoie, c’eft marquer fuf tranche. Voyez CRENELAGE, MARQUE SUR TRAN: CRENER , ciféau à crener, Voyez l’art, ARDOISE: CRENER , (Fondeur en cara@t. d’Impr.) eft'une fas çon que les Fondeurs de cara@tere d’Imprimerié don: nent à certaines lettres, comme par exemple aux f; f, ÎT, #, dés cara@éres romains , & beaucoup plus à ces lettres en caraéteres italiques. La partie fupé- rieuré & tournante en excede le corps & porte à faux. La facon eft de dégager lépérement avec un ca: nif cette petite païtie d'un peu de matiere qui l’en- Vironne , afin qu’elle puiflé fé loger facilement dans le vuide que lui préféntéra une autré Lettre qui lui fera contigué. EAN de D CRENEQUINIER , fm. (Art milir, & Hiff. mod.) homme dé guerre allant à cheval, &c armé d’un ha- billemént de tête femblable au heaume où cafque. On férmoit, des corps dé crenequiniers dans nôtre ancienne milice. LARAE Se Fin À À CRENON, f. m. (ardoife.) voyez l'article Arz DOISES 1" gt rond fe A __* CRÉOLES , adj. pris fub. (Æf£. mod.) nomqué lon donne aux famulles defcendues des prémiers Ef pagnols qui s’établirent en Amérique, dans le Me: xiqué, Elles font beauçoup plus nemhreufes que les 454 CRE familles efpagnoles proprement dites & les mieftinies, les deux autres fortes de fanulles: qu’on diftingue dans ces contrées ; maïs elles ne petivent parvenir aux grandes digmités. Si cette politique eft réelle ; elle n’a pù manquer d'etre fuivie des inconvétiiens les plusfâcheux, comme d’exciter entre les habitans d’un même pays les diffenfions & la häine, d’affoi- blir Pattachement à la domination dans l’efprit des mécontens, & de tenir le gouvernement en allar- mes, & toüjours attentif aux différens mouvemens d’un grand nombre de fujets dont il eft peu für, * CRÈPE, f. m. (Manufaët. en foie.) étoffe claire, légere, & non croïfée, de foie grife, ou telle qu'- elle eft fortie du cocon ou plûtôt du rouet fur le- quel elle a éte torfe, qui fe fabrique ainfi que la ga- ze & autres étoffes fans croifure, fur le métier à deux marches. Il y a des crépes crêpés , & des crépes liffés, des crépes fimples & des crépes doubles ;.c’eft le plus ou le moins de tors de la foie, fur-tout à la chaîne, qui fait le crêpage , & le plus ou moins de crépage. On crêpe en trempant dans l’eau l’étoffe.au fortir dumétier , & en la frottant avec un morceau de cire préparée. On la blanchit ou on la teint enfuite en noir, fur le cric, à froid, puis on lui donne l’eau gormmée. Les crépes ont des aulnages différens: ces aulnages fe marquent par dix-huit numéros qui commencent à deux, fuivent la progreffion des nom- bres pairs, défignent la largeur, &c marquent cha- cun un accroiflement d’un trente-deuxieme ou en- viron de l’aulne de Paris. L’aulnage fur lequel ils fe vendent a été pris en écru au fortir du métier ; 1l et" marqué par un plomb, La demi-piece des crépes fim- ples eft communément de vingt-fix aulnes, & celle des crépes doubles de dix-neuf aulnes. On porte ces étoffes dans le deuil ; Les liffes dans le petit deuil, & les crêpés dans le grand. Les premiers fe font fabri- qués à Bologne en Italie, d’où ils ont été apportés en France, les uns difent'en 1667 par François Bourgey , d’autres antérieurement par un. nommé Dupuy , Lyonnois. Voyez dans Le diéfionn. du Comm. toutes les tromperies qui peuventavoirlieu, & dans la fabrication , & dans le débit de cette étoffe, dont la plus importante eft de vendre des crépes de Lyon pour des crépes de Bologne. Il n’y a que la chaîne qui .fafle la frifure dans le crépe uni; &e le gros crépe ne differe du crépe crêpé, qu’en ce qu'il eft plus fort. CRÊPE , (Perrug.) Les Perruquiers appellent crépe les cheveux qu'ils ontnattés & tortillés dans leur lon- gueur, après les avoir frifés par le bout, & avant que-de les mettre en pâté. Cette opération les fait bouffer. On employe ces fortes de cheveux dans les perruques ordinaires, mais on n'en met point dans les perruques naturelles. * CREPÉ , adj. (Manufait, foie 6 laine.) fe dit de toute étoffe qui tient du crêpe ou du crépon, où dont la chaîne ef très-torfe , & la trame filée lâche- ment. Îl ya une étoffe qui vient d'Angleterre fous le nom.de crifpée ou crifpé; ce n’eit qu'une efpece d’é- tamine dont le nom indique aflez la fabrication, Voyez CrêÊPE € CRÊPON; voyez ÉTAMINE. CREPÉE, voyez l’article précédent. CREPI, (Géog. mod.) ville de France dans Pile de France, capitale du Valois. Long. 20. 28. lar. 49. foes MS n' _1# CRÉPIDES , fub. f. pl. (Hif. anc.) efpece de chauflure. Voyez l’art. CHAUSSURE. C’étoit chez les Grecs.celle des philofophes, & chez les Romains celle du petit peuple. On ferroit les crépides , &c el- les fe nommoient alors:crepidæ æratæ. Elles ne cou- vroient pas tout le pié. Les femmes les portoient dans la ville. » Es à CREPINE , £.f. (Boutonnier.) eft un ouvrage tra- vaillé à jour par le haut, & pendant en grands filets Ou franges par én-bas, qui fe fait avec l’aiguulle, le crochet, la brochette, les pinces, & le fufeau à lit fer. | | Les crépines fervent à enrichir les ornemens d’é- glife, les meubles, Les carrofles, &c. | Les matieres qu’on y employe le plus ordinaire ment font l'or, largent, la loie, le fil, &c. On les cloue ou bien on les, coud fur les étoffes ; de maniere que les franges tombent perpendiculai- rement en en-bas. Les maîtres Paflementiers- Boutonniers ont droit par l’art. 24 de leurs flatuts de 1653, de fabriquer toutes fortes de crépines fans aucune exception. Mais comme les crépines font de véritables franges , les Frangiers ont auff le droit d’en fabriquer. CREPINE , (Rériffeur & Boucher.) c’eft la toile de graifle qui couvre la panfe de l'agneau, & qu'on étend fur les rognons quand il eft habillé. Foyez le dicfion. de Trèv. CREPIR, v. aétez Bériment , eft employer le plä- tre ou le mortier avec un balai, fans paffer la truelle par-deffus. Lat. arenatum opus , felon Vitruve. (P). CRepir /e crin, (Cordier) c’eft faire bouillir le crin dans l’eau après lavoir cordé, pour le frifer &£ le rendre propre aux Selliers, Tapifiers, & autres artrians,. Suivant les reglemens rendus en faveur des maï- tre Cordiers de Paris , il n’eft permis qu’à eux feuls de faire crin , le crépir & le bouillir. - CREPIR Les cuirs, terme de Corroyeur qui fignife la même choie que #rer a la pommelle. Voyez POM- MELLE, Cette façon fe donne aux cuirs de vache avant que de lés paffer en fuif: elle fait fortir le grain du côté de la fleur. Voyez CORROYER. { CREPITATION, {ub. f. (Chirurg.) bruit que les. bouts ou pieces d'os font en fe froiflant enfemble, lorique le chirugien temue le membre pour s’aflürer, de l’exiftence d’une fracture par l'organe de l’ouie. Un des fignes fenfbles des fraêtures, eft celui de la crépitation. Pour faire avec le moins de douleur cette épreuve, prefque toûjours néceflaire, on tient ou piütôt on fait tenir fixement la partie fupérieure du membre caflé, tandis qu’on remue légerement la partie inférieure. Ce mouvement qu'on doit exécu- ter Le p'us doucement qu'il eft poffbie, fait frotter les extrémités des os les unes contre les autres, & par conféquent occafionne la crépitarion. Il arrive. quelquefois qu’on: ne l'entend point, mais alors la main fupplée à oreille; éar ce mouvement produit dans la main une fenfation, qu'il ne produiroit pas s’il n’y avoit point defraéture, Il faut prendre garde de confondre la crépitation dont il s’agit, avec l’efpece de craquement qu'on fent en preflant les tumeurs emphyfémateufes, & fur-tout avec le cliquetis des articulations: ce der- nier cliquetis, qui peut être plus ou moins fenfible, {e rencontre aflez ordinairement quand les jointures ont fouffert; &1l dépend de.ce que les ligamens en fe gonflant fe raccourciflent, ferrent les’os de plus près, & chafent d’entr’eux la fynovie, | ‘y Nous avons en francois les trois, termes craque= ment, cliquetis , crépitation , qui expriment très-bien le bruit que font les os par leur choc, leur froiffe- ment-ou leur tiradlement dans diverles maladies; mais ils ne carattérifent pas ces maladies ; il faut la théorie & la connoiffance dé l’art pour éviter de les confondre. C’eft ce qui conftitue la différence du chi- rurgien au bailleul, c’eft-à-dire de l’homme éclairé dans fa profeffion à un ignorant téméraire, qui ofe en ufurper la pratique. foyez FRAGTURE. Are, de M Le Chevalier DE JAUCOURT. . LE ER . * CREPON, fub.m. (Marufuit. en. laine.) étoffe non croïfée dont la chaîne eft filée plus torfe que la trame, Elle fe fabrique fur Le métier à deux marches, ainfi que les étamines. Il y en a un grand nombre d’efpeces, qui portent différens noms felon les lieux où elles ont été fabriquées, : les unes font entiere- ment laine, les autres foie & laine, &: même d’en- tieremént foie : ces dernieres fe fabriquent à Naples, où on les appelle rzrorrt, CREPUSCULAIRE, adj. (4/r.) On appelle cer- cle crepufculaire un cercle parallele à l’horifon, & abaïflé au-deflous de l'horizon de 18 degrés; c’eft le cercle terminateur des crépufcules. Voyez a l’article Jfuivant CRÉPUSCULE, CREPUSCULE , f. m. ex Affronomie; eft le tes qui s'écoule depuis la premiere pointe du jour juf- qu'au lever du foleil, & depuis le coucher du foleil jufqu'à la nuit fermée. Voyez Jour, LEVER, &c. On fuppofe ordinairement que le crépuftule com- mence & finit, quand le foleil eft à dix-huit degrés au-deflous de Phorifon. Il dure plus long-téms dans les folftices que dans les équinoxes , & dans la fphere oblique que dans la fphere droite. On en peut voir la raifon dans les ff, affronom. de M. le Monnier, page 405 E Jui. | Les crépuftules font caufés par la réfra@tion que fouffrent les rayons du foleil en paflant par l’atmof- phere , qui réfléchit enfuite ces rayons jufqu’à nos yeux. En effet fuppofons un obfervateur en O (P2.. affronomique , fig. 41. ), dont l’horifon fenfble {oit À B ,& que le foleil foit au-deflous de l’horifon ; le rayon Æ T du foleil entre d’abord dans l’atmof- phere en Æ, & devroit naturellement continuer fa route fuivant Æ T, en s’éloignant de la terre. Or, comme les couches de latmofphere font d’autant _ plus denfes qu’elles font plus proches de la terre, les rayons du foleil pañlent continuellement d’un milieu plus rare dans un plus denfe ; ils doivent donc fe rompre (voyez RÉFRACTION) en s’approchant toû- jours de la perpendiculaire, c’eft-à-dire du demi- diametre C Æ,. Par conféquent ces rayons n'iront point en T, maïs viendront toucher la terre en D pour tomber enfuite fur Z en un point de l’horifon fenfble ; & de tous lesrayons quifontrompusenE, aucun ne peut arriver en À que le rayon À D. Or, comme les particules de l’atmofphere réfléchiffent les rayons du foleil (voyez RÉFLEXION ), & que l’angle D 4 C'eft égal à C4 O, les rayons réfléchis en À viendront en O, lieu du fpeétateur ; ainfi le fpettateur recevra quelques rayons, & par confé- quent commencera à appercevoir la pointe du jour. On peut expliquer de la même maniere le crépuf- cule du foir par la réfraétion & la réflexion des rayons du foleil. bn : L’abaiflement du foleil fous l'horifon , au commen- cement du crépufcule du matin, ou à la fin du crépauf- cule du foir, fe détermine aifément; favoir, en ob- fervant le moment où le jour commence à paroître le matin , ou bien celui où il finit le foir ; & trou- vant enfuite Le lieu du foleil pour ce moment, & par conféquent la quantité dont 1l eft abaïflé au-deffous de l’horifon. Alhazen la trouve de dix-neuf degrés, Tycho de dix-#ept, Stevin de dix-huit, Cafini de quinze ; Ric- cioli le matin dans les équinoxes de 164, le {oir de 204 30/,le matin au folftice d’été de 21425’, & le matin au folftice d’hyver de 174 25/. Wolf, élémens d’Aftronomie. ’ On ne fera point étonné de la différence qui fe trouve entre les calculs de tous ces aftronomes, fi on remarque que la caufe du crépufcule eft fujette aux Changemens. En effet, fi les exhalaifons répandues dans l’atmofphere font plus abondantes ou plus hautes qu’à l'ordinaire, le crépufcule du matin com- mencera plütôt, & celui du foir finira plus tard que de coûtume; car plus les exhalaifons feront abon- dantes, plus il y aura de rayons réfléchis, par con- CRE 455 féquent plus la lumiere fera grande ; &e plus les ex: halaïfons feront hautes, plus elles feront éclairées de bonne heure par le foleil.. À quoi on peut ajoû- tér que quand l’air eft plus denfe, la réfraétion eft plus grande; & que non-feulement la denfité de: latmofphere eft variable, mais auf {a hauteur par rapport à la terre. Cependant 1l paroït qu'aujour- d’hui lès Aftronomes conviennent aflez généralement de prendre 18 degrés pour la quantité du moins moyenne de l’abaiflement du {oleil, à la fin ou au commencement du crépufcule. | De ce que nous venons de dire, il s'enfuit que quand la déclinaifon du foleil & l’abaiffement de l’é- quateur fous l’horifon , font tels que le foleil ne def cend pas de 18 degrés au-deflous de l’horifon , lé crépufeule doit durer toute la nuit, C’eft pour cela que dans nos elimats au folftice d’été nous n’avons, pour ainfi dire, point de nuit, & que dans des clis mats plus feptentrionaux il n’y en a point du tout, quoique le foleil foit fous l’horifon. C’eft ce qui ar- rivé, quand la différence entre l’abaifflement de l’é- quateur &c la déclinaifon boréale du foleil eft plus pe- tite que 18 degrés. Il fuffit de faire la figure pour s’en convaincre. L'élévartion du pole (fig. 42.) 6 la déclinaifon du foteil étant donnés, trouver le commencement du cré- pufcule du matin € la fin du crepufcule d4 foir. Pui£ que dans le triangle P SZ, les trois côtés font don: nés: favoir, P Z complément de l'élévation du po- le P R;, P S complément de la déclinaifon, & $ Z fomme du quart de cercle Z D , & de l’abaiflement D S du foleil , on trouvera l’angle Z P S. Voyez TRIANGLE. Enfuite on convertira en tems le nom- bre de degrés de cet angle, & l’on aura letems qux doit s’écouler depuis le commencement du crépufcule du matin jufqu’à midi: Voyez TEMS, Pour trouver le crépufcule par le moyen du globe artificiel, voyez GLOBE. Le crépufcule eft un des principaux avantagés que nous retirons de notre atmofphere; en effet, fi nous n'avions point d’atmofphere autour de nous , la nuit viendroit dès que le foleil fe cacheroit fous no= tre horifon , ou le jour naîtroit dès que le foleil repa- roitroit, & nous paflerions ainfi tout d’un coup des ténebres à la lumiere & de la lumiere aux ténebres. L’atmofphere dont nous fommes environnés fait que le jour & la nuit ne viennent que par des degrés in- fenfibles. Kepler a prétendu expliquer les crépzfeules par le moyen d’une matiere lumineufe répandue autour du foleil, qui, s’élevant près de l’horifon en forme de cercle, forme, felon lui, le crépufcule ; cette matiere peut bien y entrer pour quelque chofe ; mais le cré- pufèule qui en provient paroït d’une bien moindre durée que celui qui eft caufé par notre atmofphere, lequel ne finit que quand le {oleil eft à environ 18 degrés au-deflous de lhorifon. Il y a apparence que cette matiere qui eft autour du foleil eft ce qui pro- duit la lumiere zodiacale. Voyez LUMIERE ZODIA- CALE 6 AURORE BORÉALE. Les crépufcules d'hyver font moins longs que ceux d'été; parce qu’en hyver l’air étant plus condenfé doit avoir moins de hauteur, & par conféquent les crépufcules finiflent plûtôt ; c’eft le contraire en été. De plus les crépufcules du matin font plus courts que ceux du foir; car l’air eft plus denfe & plus bas le matin que le foir, parce que la chaleur du jour le di- late & le raréfie, & par conféquent augmente fon volume & fa hauteur. Le commencement du crépuf: cule arrive lorfque les étoiles de la fixieme grandeur difparoïffent le matin ; mais il finit quand elles com- mencent à paroître fur le foir , la lumiere du foleil dont l’air eft pénétré étant le feul obftacle quiles em- péchoit de paroïtre, En été vers les folftices, le cré- 46 CRE pufeule s'eft'trouvé quelquefois durer trois heures quatre minutes, & celui du foir prefque la moitié de la nuit, Woyez nf, affron, de M. le Monnier. De tout ce que nous avons dit, 1l s’enfuit que le ‘commencement du crépufeule du matin ou la fin de celui du foir-étant donnés, on trouvera facilement l'élévation de l’air qui réfléchit la lumiere. Car la fin du crépufeule arrive lorfque les rayons $ D (gs. 41.) qui partent du foleil, rafent la terre &c fe réflé- chiffent vers l’œil de l’obfervateur par les parties les plus élevées 4 de Patmofphere ; deforte que me- nant du point O un rayon O À tangent de la terre, qui foit réfléchi en.4 D, & qui rafe la terre en D, il faut que la hauteur 4 N de l’atmofphere foit tel- le, que ce rayon 4 D fafle avec l’horifon 4 B un angle de 18 degrés; parceque le crépufcule commence ou finit, lorfque le foleil eft à 18 degrés au-deffous de l’horifon. M. de la Hire a fait ce calcul dans les mémoires de l'académie des Sciences de Paris pour l’année 1713, en ayant égard à quelques autres cir- conftances dont nous ne faïfons point mention 1c1, & qu'on peut voir dans fon wémoire &c dans les 27/2. affron. page 403 ;il a trouvé la hauteur 4 N de lat- mofphere d'environ r5 + lieues, Dans la fphere droite, c’eft-à-dire pour les habi- tans de Péquateur, les crépuftules font plus courts que par-tout ailleurs, parce que le foleil defcend perpendiculairement au-deflous de l’horifon, & que par conféquent 1l eft moins de tems à s’abaifler fous l’horifon de la valeur de 18 degrés. Plus on s'éloigne de l’équateur,plus Les crépuftules font longs ; & enfin proche des poles ils doivent être de plufñeurs mois. Il y a pour chaque endroit du monde un jour dans l’année où le crépufcule eft le plus court qu'il eft poffible. On trouve dans lanalyfe des infiniment ceits à la fin de la troifieme feétion un problème où ii s’agit de trouver ce jour du plus petit crépuftule , l'élévation du pole étant donnée. On trouve auf une folution de la même queftion dans les 27/. aftr. de M. le Monnier, page 40 7. Ce problème eft réfolu très-élésamment dans les deux onvrages, &c ne pré- fente aucune dificulté confidérable ; cependant M. Jean Bernoulli dit dans le recueil de fes œuvres, come I. page 64. qu’il en a été occupé cinq ans fans en pouvoir venir à bout. Cela vient apparemment de ce qu’il avoit d’abord réfolu le problème analyti- quement , au lieu d'employer l’efpece de fynthèfe qu'on trouve dans l’analyfe des infiniment petits & dans les 22/4. affron, fynthèfe qui rend la folution bien plus fimple. En effet, fi on réfoud ce problème ana- lytiquement, on tombe dans une équation du qua- trieme degré, dont il faut d’abord trouver les quatre racines, & enfuite déterminer celle ou celles de ces racines qui réfolvent la queftion. Comme cette ma- tiere n'a été traitée dans aucun ouvrage que je fa- che avec aflez de détail , je vais la développer ici fuivant le plan que je me fuis fait d’éclaircir dans l'Encyclopédie ce qu’on ne trouve point fufifam- ment expliqué ailleurs, Soit (fig. 41. n°. 2. affron.) P le pole, Z le ze- nith, À O l’horifon, £ C le rayon de l'équateur, E e la déclinaifon cherchée du foleïl Le jour du plus pe- tit crépufcule ; h o le cercle crépufculaire parallele à l’horifon, lequel cercle eft abaïfé au-deffous de l’ho- rifon de 18 degrés, fuivant les obfervations, Soit l'inconnue C c finus de la déclinaifon du foleil =, & foient les données € Z =1,CQ finus de 18 de- rés = k, P N finus de la Hauteur du pole —#, on Aus. k trouvera c T =: TS ="; 8& parcon- =? PAL P Qu hs +k féquent cS = = > ONceou v/1—s s étant prife I—A pour finus total, « S eft le finus de l’angle horaire depuis le moment de fix heures jufqu’à la fin du cré- = 0 ; c’eft-à- dire 54 HE = ss+sshh="E CRE - pufeute ; & © T le finus de l'angle horaire depuis le moment de fix heures jufqu’à linftant où le foleil atteint l’horifon. Donc #5 + EE eff fe finus V qe Wairiss $ —— eft le finus | Vi h h. V@ —5$5 du 2; or la différence de ces deux angles eft pro- portionnelle au tems du crépufcule; Donc nommant le premier finus 4, & le fecond#, on aura f=22 du premier angle, & ä a . L — f > — un aimimum , & par conféquent 22. Vis vw 1—uu d x” mt - Ras E > JL ' ES = fubflituant pour x & »’ leurs valeurs, en ne faifant varier que s, on parviendra à une équa- tion de-cétte foie SR RE mt Re Vi ss hh—2hs k—RkRkRVi-ss-hh 2 h 53 hs £ — hh= 0. Cette équation peut être regardée comme le pro- duit de ces deux-ciss—1=0;ss+L2È 4 k k Æ = 0 ( Voyez EQUATION ) ; d’où l’on tire les quatre . . 1er ani à Li. k valeurs fuivantes de S$S—=1,S—=—1,S=——+4 VAR RE Eh LE BVIZERR &s—— #2 Vi-RE KE FLE rs : Or de ces quatre valeurs, il eft d’abord évident qu'il faut rejetter les deux premieres; car l’une don- neroit la déclinaifon boréale du foleil = 1, l’autre la déclinaifon auftrale = 1, & cela ne fe peut pour deux raïfons: 1° parce que la déclinaifon du foleil n’eft jamais égale à 90 degrés : 2° parce ques = #, donneroit les finus des deux angles horaires égaux à l'infini, comme il eft aïfé de le voir: ce qui ne fe peut ; car tout finus réel d’un angle réel ne fauroit être plus grand que l’unité. Il ne refte donc que les B—RVIRRR &7 À HAVE deux valeurs — . J’exa- mine d’abord la feconde de ces deux valeurs , & je vois qu’elle eft négative, ce qui indique que la dé- clinaifon donnée par cette valeur eft auftrale & non boréale, comme nous l’avons fuppofé dans la folu- tion. Musee : h+EV I ER rs: : D'ailleurs 1l faut que TS foit plus petit que le finus total, & jamais plus grand que Le finus « de 234 !, qui eft la plus grande déclinaïfon du foleil ; ce qui donne k + 2y/1 — kk - MAR : / . : e ; ainfi cette racine s— > ne fervira de rien dans les cas où + ; fera > e. Nous verrons dans la fuite MA Î Teu Te . h ce qu'elle indique lorfque = eft < e. | LEVTCTR À l'égard de l’autre valeur s = #27 1 2êE k JE elle eft évidemment négative auf, puifque 1 eft > V’ikr; ce qui donne encore la déclinaifon du foleil I—VI-KkR k ; auftrale ; &: comme on a 7 D TETE 9 (ce qu'il eft aifé de voir en multipliant en croix les deux membres ) il s'enfuit que cette feconde valeur eft = — x; donc on dira, comme le rayon eft à la tangente de neuf degrés, ainf le finus de la hauteur du pole eft à la déclinaïfon auftrale cherchée : c’eft l’analogie-que M. Jean Bernoulli & M. de l’'Hopital ont donnée pour la folution de ce problème ; & la racine s— — À x réfout par conféquent la queftion, parce que À x eft toüjours plus petit que e; car la tangente x de 9 degrés eft plus petite que le finus e : : ma k de234;. Mais l’autre racine 5 = —* réfout -elle auf le problème ? Voilà où eft la difficulté. Pour la réfoudre, nous n'avons qu'à fuppofer dans la folution primitive que la déclinaifen foit auftrale au lieu d’être boréale, LL. le calcul LS Vs ss. VWr 14 ks rex Vi ss Vi -hh pour l’autre; nous verrons de plus que c’éft alors la fomme de ces angles, & non leur différence, qui eftle tems du crépufcule , comme il eft aifé de le prou- ver en confidérant la figure, Le point e fe trouvant de l’autre côté de £ ; car le point c fe trouvera alors entre les points T & S, & TS fera égale non à la différence, mais à la fomme de c S & de c T. Ache- vant donc le calcul, on trouvera une équation qui ne différera de l'équation du quatrieme degté en s trouvée ci-deflus, que par les fignes des termes im- pairs, c’eft-à-dire des termes où font 53 & s. Cette équation fera le produit de ss— 1 pars s— ve de comme deflus, nous trouverons pour le finus d’un des angles horaires, & k k, & l’on aura deux valeurs poñitives de s, favoir s =? = FIRE, Ce font les deux valeurs de s, lorf- que la quantité du quatrieme degré 54 — Le Gc. ef fuppofée — 0, Cela pofé, on peut regarder cette quantité comme le produit de 1 — 5 s poñitive par LS hhiss; & lorfque s4 — ESC Gc, fera $ 2 hs k À BY1-KRk A APTE ETES ité ; h—hBVI CR k Doncla quantité 54 — 2 Gc. <'odon- k ———_— k Le RE DS + de neras> ++ Æ LE; &s 24 —S$ s—h h+ihks— KE; or, pour que sk — Z foit poñitive dans cette condition, Tome 1F, < 0, & par conféquent s ue £ EVRETFE & (| 457 doncfi s ÿ HE il faut prendre 55 F4 4 PIRE, Vi—kE PIE ae Los nat 0 ——, on a la différence des deux angles horaires k | 4 poftive : je dis Za différence, & non la fomme; car fi c'étoit la fomme, 1l faudroit que 4 dans ie fecond à h membre eût le figne —; donc la valeur de s — ; + ER donne, non la fomme des deux arcs égale à un zznimum , mais leur différence égale à un rxi- rte : Je dis à un mirimum ; car prenant s plus grand BAS EE : gl : que LEVILRT, la différence fe trouve poñtive. 7. Minimum. Donc la valeur de s = + VI kk ne k réloud pas le problème du plus court crépafeute ; mas un aufre problème, qui n’eft ni celui du plus court, m1 celui du plus long crépufèule, & qui néan- moins fe réduit finalement à la même équation du 4 / n « quatrieme degré ; parce que les quantités étant éle- vées au quarté, la différence des fignes difparoït. : Ceci ne furprendra point les algébriftes qui favent que fouvent une équation donne par fes différentes racines non-feulement la {olution du problème qu'on s’eft propoié, mais la folution d’autres problèmes qui ont rapport à celui-là, fans être le même. Plus fieurs équations très-différentes, lorfque l’on n’a pas Ôtc les fignes radicaux, deviennent la même lorf- qu'on les Ôte, Voyez ÉQUATION. = : 3 Enfin, fi. on fuppofe s4— re ; On trouvera que ces conditions donnent Ec, D 0, Es >| h—kY/1—RkE | k 2h55 ENT Ge. < 0, & par conféquent ( à caufe que #— sk eftici pofitif) (—5&)i—ss=28< h VIS RhL2hsk—kE & RV/1—5s—hh=2k5sk REA (SE 4) Viss2hh > 0; donc la diffé rence de la fomme des deux arcs eft— 0; lorfque s = VIT, & ef poñtive, lorfque s eft plus gtand, Donc cette fomme eft un véritable HILNÈAULTE, comi 4 o SE lorfque s — S$, & par conféquent cette vas leur de s eft la feule qui réfolve véritablement le problème du plus couit crépufeule : je dis du plus court, & noh pas du plus long. Car l'équation du plus long crépufeule {eroit la même que celle du plus court, en faifant la différence — o ; parce que la re- gle pour les maxima & pour les minima eft la même; ainfñ 1l pouvoit encore refter ici de l'émuvoque ; mais elle eff levée entierement, lorfque l’on confi- dere que s > D— h, EE donne. la différence Poñtive , Ce qui indique le r7irimum. Si la différence étoit négative, alors le tems du crépufeule feroit un #%azimum, Mais, dira-t-on, quel fera le jout du plus long crépufèute ? Car il y en aura un. Je ré- ponds que le plus long crépuyfèule ne fe trouve pas en faifant la différence de la fomme des arcs égale à zéro , mais en prenant le crépujcule du jour de la plus grande déclinaifon boréale du foleil, & celui du jour de la plus grande déclinaifon auftrale, & en cher- chant lequel de ces deux erépwfeules eft le plus grand. Carikn’y a qu'un feul crépufeule qui foitle plus court, purfqu'il n’y a qu’une valeur de s pour le plus court crépufeule ; donc c’eft un des deux crépufentes extrè- mes qui et le plus long. 7. fur tout cela les arr. Ma X1MUM & MiNrmEm , où nous ferons plufeuts re- marques fur les quantités plus grandes &plus petites. M. de Maupertuis dans la premiere édition de {on Aftronomie nautique ,s’eft propofé la même quef- tion que nous venons de difcuter ; il l’a réfolue en très-grande partie, & nous devons ici lui en faire honneur;cependant il y reftoit encore quelque chofe M m m A58 CRE à difcuter ; & c’eft apparemment pour cette raïfon qu'il a fupprimé cette folution dans la feconde édi- tion de {on ouvrage, pour n’être pas obligé, en la donnant tout au long, d'entrer dans un détail que fon plan ne comportoit pas. Nous avons tâche d’y fuppléer ici, & de remplir un objet que M. de Mau- pertuis auroit fans doute rempli aïfément lui-même, s’il l’avoit jugé à propos. (0). CREQUIER , f. m. (Blajon.) forte de prunier fauvage, qui croît dans les haies de Picardie, & qui porte un fruit qu'on appelle creque, Quelques-uns veulent cependant que le créquier {oit un arbre ima- ginaire. La maifon de Créqui en porte un dans fes armes , où il eft répréfenté avec fept branches dif- polées en forme de chandelier,&r de petits fruits com- me des câpres. Le P, Meneftrier dit que le crequier eft un cerifier fauvage, qui ayant été mal repréfenté dans un tems où les Peintres & les Graveurs n’é- toient point habiles , a toûjours retenu depuis la mê- me figure dans les armoiries..Diionn. de Trév, (F * CREÈS , £ f. (Manuf. en toile.) toile qui fe fabri- que à Morlaix & aux environs. Il y en a de com- munes qu’on appelle Rofconnes, Gratiennes , Peder- necqs , Landernaux , Plougaflel , Saint-Paul, Plou- vigneaux , Prats , & qui ont de largeur la demi-aul- ne de Paris. Les autres font ou de deux tiers juftes, ou de trois quarts juftes. Voyez Les ditfionn. de Trév, de Dish, & les régl. du Comm. CRESCENTINO, (Géog. mod.) ville d'Italie au Piémont , dans le Verceillois, fur le Pô. Long. 25. 40. lat, 45, 30. CRESCIER , ( Géog. mod. ) petite ville de la Suifle dans la principauté de Neufchâtel , apparte- hant au roi de Pruffe. CRESSON , f. m. ( ff. mar. bot.) naffurtium , genre de plante dont la fleur eft à quatre feuilles difpofées en croix ; le calice pouffe du fondun piftil, qui devient, après que la fleur eft paflée , un fruit prefque rond, applati, compofé de deux panneaux féparés par une cloifon tranfverfale, contre les bords de laquelle font aflemblés les panneaux. Ce fruit ren- ferme des femences ordinairement plates. Ajoûtez au caraétere de ce genre que les feuilles font dé- coupées, ce qui fait une différence entre le creffon & le hlapfi.Tournef. inf, rei herb, Voy. PLANTE. (1 CRESSON D'EAU o4 DE FONTAINE , ( Mac. med. Pharm, & Düicte.) Le creffon d’eau eft une des plan- tes anti-fcorbutiques, des plus aétives & des plus efficaces ; elle contient un efprit alkali volatil, af fez fenfible , qui s’éleve dans la diflillation à un très-leger degré du feu : c'eft pourquoi les mede- cins exa@ts ne doivent point la prefcrire fous forme de décoétion ; auffi en ordonne-t-on communément le fuc à la dofe de trois ou quatre onces : on peut exprimer ce fuc commodément de la plante fraîche dans tous les tems de l’année. Si l’on veut faire entrer cette plante dans les bouil- lons anti-fcorbutiques , qui font des remedes fortufi- tés , il faut néceflairement ou fe contenter de l’infu- fion de la plante au bain-marie, & dans des vaifleaux exattement fermés, ou en introduire le fuc dans le bouillon à demi-refroidi. On prépare dans les boutiques une eau diftillée, &c un extrait de creffon; on préparoit auffñ fon fel li- xiviel, lorfqu’on n’avoit pas encore découvert que ces fortes de fels ne retenoient rien des vertus par- ticulieres des plantes dont ils avoient été tirés. Le fuc, l’eau diftillée de creffon, font de très-bons anti-fcorbutiques , très-analogues au fuc & à l’eau de cochléaria, dont ils font même les fuccédanés ordinaires. Voyez COCHLÉARIA. On employe encore aflez communément & avec fuccès le fuc de creffon , foit feul , foit coupé avec du petit-lait, dans différentes maladies de la peau & CRE des reins , dans les maladies des yeux, dans les ob firuétions commençantes , & dans quelques maladies de la poitrine, comme les afthmes & les phthifies at premier degré ; on le fait même manger dans ces der- mers Cas, à poignée , par bottes, ou fans dofe; & l'efficacité de cette plante donnée de cette façon, eft confirmée par plufeurs obfervations. Plufieurs auteurs recommandent l’ufage extérieur du creffor pour la gale de la tête des petits enfans , & pour les dartres legeres. La préparation du fuc de l’eau diftillée qui contient toutes les parties volatiles du creffon , n’ont rien de particulier ; voye SuC , EAU DISTILLÉE : il faut feulement avoir foin dans la difllation de cette plante, comme de toutes celles de la même clafle, de ne point fe fervir de vaifleau de cuivre, ceux mêmes qui font étamés n'étant pas très- sûrs. Il faut fe fervir des vaifleaux d’étain. Voyez Distiz- LATION. Le creffon mangé crud avec les volailles & fous quelqu’autres viandes rôties, en eft un affaifonne- ment très -falutaire ; il excite l'appétit, favorife la digeftion ; 1l produit les mêmes bons effets, mangé en falade , foit feul, foit avec quelqu’autres herbes infipides, dont il corrige la crudité, Son ufage dié- tétique eft fort analogue à celui de la moutarde. Voyez MOUTARDE. Outre l’eau diftillée , & l'extrait de creffor que l’on tient dans les boutiques, cette plante eft encore d’un fréquent ufage en Pharmacie; elle entre dans le de- coëtum , & le vin anti-fcorbutique, dans l’eau géné- rale, dans l’eau, & le firop anti-fcorbutiques. L’eau diftilée entre dans la compoñition de l’eau pour les gencivés. CRESSON ALENOIS 3 le creffon alenois eft très-peu employé en Medecine ; on peut pourtant s’en fervir comme de la plüpart des anti-fcorbutiques alkalins, auxquels il n’eft pas inférieur en vertu, & qui pour- roit même être préféré dans quelques cas, à caufe de fa partie aromatique qui ef aflez fenfible ; {on ufage diététique nous eft beaucoup plus familier : on le mange très-communément en falade , mêlé avec les plantes infipides , comme la laitue, la chicorée, dont il releve non-feulement le goût, mais même dont il facilite la digeftion. Voyez SALADE, (4) CREST (LE) Géog. mod. petite ville de France en Auvergne, près de Allier, Il y a une autre petite ville de ce nom en France dans le Dauphiné, fur la Dorme. Long. 22, 44. lat, 44, 45. CRÊTE DE COQ, crifla galli , terme d’Anato mie ; éminence de l’os ethmoïde qui avance dans la cavité du crane , & à laquelle s’attache la partie de la dure-mere qui fépare le cerveau en deux, & que l’on nomme la faulx, Voyez CERVEAU. Cette éminence eft appellée crée de cog, parce qu’elle en a Ja figure. Voyez CoQ. Dans les adultes elle paroît d’une feule piece ; avec la cloïfon de los cribleux ou ethmoïde. Voyez ETHMOIDE, is On donne encore le nom de créte à différentes éminences inégales & longues, de certains os. La crête du tibia, la crête de l'os des hanches, (L CRÊTE DE CoQ, (Bos. & Mar. med.) efpece de pédiculaire. Cette plante n’eft point en ufage parmi nous : on la croit cependant propre à atrêter les he- morrhagies de toutes efpeces, étant prife en décoc- tion, On la met au nombre des plantes vulnéraires ; & on la dit excellente pour guérir les fiffules. (6) : CRÊTES, ez Bérimenr,ce font les cueillies ou arrê- tieres deplâtre, dont onfcellelestuiles faitieres. (P) CRÊTE DU CHEMIN-COUVERT, O4 plétôt DU GLACIS , eft ex Fortification , la partie la plus éle- vée du glacis. Aïnñ l’on dit qu’on ef logé fur la crée du glacis , lorfqu’on eft établi fur le haut du placis: CRÊTE ou PATÉ, (Jard.) eft un terme de terraf- fier , qui fignifie une élévation ou butte de terre que l’on trouve en dreffant un terrein, & qu'il faut ar- rafer. (X) CRETE, voyez CANDIE. S CRÊTÉ , adj. serme de Blafon ; il fe dit des coqs, à caufe de leur crête. Vaugué en Vivarès, d'azur au coq d'argent , cré- té & barbelé de gueules. CRETENETS, f. m. plur. (Hif£. eccléf.) commu nauté d’eccléfiaftiques, fondée vers le milieu du der- nier fiecle par M. Cretenet. CRETENISTES , f. £. pl. (Æf£. eccléf.) fœurs de Ja congrégation de S. Jofeph, ainfi appellées d’un chirurgien de Champlite en Bourgogne nommé Cretenet, qui les inftitua dans plufeurs lieux. CRETINS , £. m. plur. (ff. mod.) on donne ce nom à une efpece d'hommes qui naïflent dans Île Va- lais en aflez grande quantité , & fur-tout à Sion leur capitale. Ils font fourds, muets, imbecilles, prefque infenfibles aux coups, & portent des goëêtres pen- dans jufqu'à la ceinture; affez bonnes gens d’ail- Îeurs, ils font incapables d'idées, & n’ont qu’une forte d’attrait aflez violent pour leurs befoins. Ils s’abandonnent aux plaïfirs des fens de toute efpe- ce, êc leur imbecillité les empêche d’y voir au- cun crime. La fimplicité des peuples du Valais leur fait regarder les Crerins comme les anges tuté- laires des familles, & ceux qui n’en ont pas fe croyent aflez mal avec le ciel. Il eft difficile d’expli- quer la caufe & l'effet du Cretinage. La malpropreté, l'éducation, la chaleur exceflive de ces vallées, les eaux, les goêtres même, font communs à tous les enfans de ces peuples. Ils ne naïflent pas cependant tous Cretins. I] en mourut un à Sion pendant le fé- jour que fit en cette ville M. le comte de Maugiron, de la fociété royale de Lyon; on ne voulut point lui permettre de le faire ouvrir. Il s’eft borné à exami- ner (apparemment fur le vivant) les deux fexes; 1l n’y a rienremarqué extérieurement d’extraordinaire que la peau d’un jaune fort livide. Voyez VALAIS. Ce détail eft tiré d’un mémoire de M. le comte de Maugiron, dont l’extrait nous a été communiqué , &t qui a été Iù à la fociété royale de Lyon. (O0 * CRETONNE, £. f. (Manuf. en toile.) toile blan- che, ainfi nommée de celui qui en a fabriqué le pre- mier ; elle a la chaîne de chanvre, & la trame de lin; la largeur & la longueur des pieces varient beau- coup. Il y a des creconries fines , grofles , & moyen- nes. Voyez Les dit, du Comm. & de Trév. CREVANT , (Géog. mod?) petite ville de France en Bourgogne, fur la riviere d’Yonne. CREVASSE À LA LEVRE , labri fulcium , (Mal.) fymptome concomitant-des écroüelles, des fievres, “de la chaleur augmentée, de la gale, des dartres, de Tenchifrenement, de la fievre maligne , & des mala- _dies peftilentielles. Voyez GERSURE. CREVASSE , er Bâtiment ou Archireture , eft une fente ou un éclat qui fe fait à un enduit qui boufe. x Dress (Maréch.) les Maréchaux appellent ainfi des fentes qui viennent aux paturons & aux - boulets des chevaux, & qui rendent une eau roufle 8 puante. Di&. de Trév. (VF): CREVECŒUR , ( Géog. mod.) petite ville de France dans les Pays-bas au Cambréfis ; fur PEL .Cautf, . CREVELT, (Géog.-mod.):petite ville d'Allema- | gne dans le cercle de Weftphalie , au comté.de ! Meurs, au roi de Prufle. : : * CREVER , V. a. c’eft rompre avec effort, foit | en éétruifant la continuité de dehors en- dedans, : Tome IV, 2 CHE comte à une peau de tambour ; foït en la détruifant de dedans en-dehors, comme à une veffe ; foit d’un côté à l’autre , comme à un papier. CREVER UN CHEVAL, ( Marege, ) c’eft l’outrer & le fatiguer extraordinairement par de trop lon- gues courfes. (7) CREVER, CREVURES, CREVASSES, er Gravure: on fe fert de ces termes pour exprimer les endroits où les tailles font confondues dans Pouvrage, foit par le défaut de l’eau-forte, ou par l'incapacité du graveur qui a donné des coups de burin qui fe con- fondent les uns dans les autres. CREVET , ex termes d’Aiguilletier , eft une forte de lacet qui ne peut être que de trefle, ferré par un bout en forme de croix, & par l’autre à ordinaire, avec lequel les femmes fe lacent en échelle. Voyez ÉCHELLE DE RUBANS. CREVETTE, (Æif4. nat.) Voyez SQUILLE. CREVILLE,, (Géog. mod.) petite ville de France dans la baffle Normandie , fur la riviere de Seille. * CREVONS, f. m. terme de Péche ufité dans le reflort.de l’amirauté de Poitou, ou des fables d’'O- lone ; ce font de petites pêcheries ou parcs de pier- tes formés par la nature entre les rochers dont cette côte eft couverte, Comme les tempêtes y font fort ordinaires, ils fe trouventfouvent bouleverfés d’une marée à autre; & comme 1l n’y a aucun platin de {a- ble depuis la rive de l’eft de la baie du Perray juf- qu’aux fables d'Olonne, le frai & le poiffon du pre- mier âge ne peuvent y féjourner , & encore moins s’y former. Les battures font trop grandes pour y prendre d’autres poiffons que les ronds, & les plats fuyent toüjours les roches & les fonds deffBtte ef- pece : auf ces fortes de pêcheries font-elles toutes d’une forme très -irréguliere, & ajuftées aufterrein fur lequel on les a faites. Il n’y a point d’autre rete- nue d’eau que des perches plantées aux égoûts, fans gonnes, bourgnes, ni naffes ; &c c’eft pour les diftin- guer des pêcheries bâties de pierres & amoncelées ;: que les riverains nomment celles-ci des crévons, Lori{- qu'il leur arrive d’être détruits ou comblés , les ri= verains ne s’embarraflent point de les réparer ou de les nettoyer. … CREUSAGE,, f. f. (Gravureen bois.) c’eft dans la nouvelle maniere de préparer le bois pour graver les lointains, 6. l’aétion de le creufer aux places néceffaires avec la gouge , & de le polir avec le grat- toir à creufer. 7. CREUSER & GRAVURE EN BOISS Article de M. PAPILLON. CREUSE (LA), Géog. mod. riviere de France qui prend fa fource dans la haute Marche, .& fe jette dans la Vienne. CREUSER , v. at. & n. c’eft en général pratie quer une profondeur; felon la nature de la profon- deur,, la creufure s’appelle srais , crenelure, cannelu- re, rigole, rainure, &c. CREUSER , (Gravure en bois.) c’eft, dans la nou= velle maniere , ajufter le bois pour y graver en- fuite les lointains & portées éclairées ; maniere pra- tiquée pour la premuere fois en 1725, par M. Pa- pillon , & perfeétionnée depuis. Elle confifte, 1° à creufer avec la gouge ces endroits peu à peu, artif tement. &c aflez, pour que les balles en touchant la planche n’y mettent point trop d'encre, & que le papier pofé deflus en imprimant, n’y atteignant que legerement, ces parties ne viennent point trop du- res & trop noires à l'impreflion, & ne foient pas d’égale teinte ou force, que celles qui forment.les grandes ombres : 2°. à fe fervir de quelque grattoir à creufèr, pour polir & unir ces fonds, afin de pou- voir defliner.deflus êz.les graver. Voyez a GRAYU- RE.EN BOIS, immédiatement après les principes de cet art, la maniere de faire proprement ce creufage, Article de M. PAPILLON: dr Mmm i 460 CREUSET , fubft. m. (Chimie.) Le creufes eft un vaiffeau de terre, dont la forme la plus ordinaire eft celle d’un gobelet (voyez La Planche.) , qui eft em- ployé par les Chimiftes pour exécuter diverfes opé- rations qui demandent un feu violent, & des vaif- feanx ouverts on qu’on n’eft pas obligé de fermer très-exattement. Les opérations qui s’exécutent dans les creufers ordinaires , font la fufion & la calcination des fels, la fixation du nitre par différentes maneres, la fufon , la calcination, la réduétion , la cementa- tion & l’alliage des fubftances métalliques, la vi- trification de leurs chaux, la préparation des régu- les, la combinatfon du foufre avec les fubftances al- kalines , la formation du foufre artificiel , la fufion des terres & des pierres, &c: Les creufers employés dans quelques arts chimi- ques, qui s’occupent de quelqu’une des opérations que nous venons d'indiquer, font des creuférs de cette éfpece ; tels font les creufèrs des Verreries, ceux dont on fe fert pour la préparation du cuivre jaune, &c. Foyez VERRERIE € CUIVRE JAUNE. On donne des formes particulieres aux creufers qu'on employe dans les effais des mines, & qu'on appelle, à caufe de cet ufage, creufers d'effai. Voyez EssaAI. Les qualités effentielles d’un bon creufer, font cel- les-ci : il doit réfifter au plus grand feu fans fe cafler & fans fe fendre ; il ne doit rien fournir aux matie- res que l’on traite dedans ; & enfin il ne doit pas être pénétré par ces matieres, & les laiffer échapper à- travers fes pores, ou à-travers des trous fenfibles qu’elles fe pratiquent dans leurs parois & dans leur fond. #9 La matiete la plus propre à former des creufers qui réuniflent dans le plus grand nombre de cas les trois conditions que nous venons d’afligner , eft une ex- cellente terre glaife, purifiée de toute terre calcaire, & mêlée d’un peu de fable, Cette matiere étant bien préparée, & cuite avec foin, prend une dureté con- fidérable, & fes parties fe lient par une forte de de- mi-vitrification. La terre cuite réduite en poudre, celle des fragæ mens de vieux creufets, par exemple, mêlée à de la bonne argille, fournit un mêlange très-propre à don- ner de bons creufetsi | Mais ce n’eft proprement qu’à l'expérience aveu- gle & au tatonnement qu’on doit les meilleurs crez- - fets qu'on employe dans les laboratoires, & ce n’eft prefque que par ce moyen que l’on peut encore rai- fonnablement tenter de les perfeétionner. On prévient facilement l'inconvénient qui pour- roit dépendre de ce qu’un creu/er feroiït fujet à caffer ou à fe fendre, en l’échauffant & le laiflant réfroidir avec précaution ; cé n’eft que‘dans un petit nombre de cas qu'il peut nuire, comme fourniflant quelque principe aux matieres qu'il contiént (je ne connois guere de changement eflentiel obfervé qui dépende decétte caufe , que la réduétion du plomb opérée par la craie dans une expérience de M. Pott, d’après la- quelle cet habile chimifté a condamné la prétention de quelques auteurs quiavoient écrit qu’un morceau de craie-créux , étoit un éxcellent crezfér pour tenir en fonte le verre dé plomb}; mais le grand défant des’creufets ordinaires , c’eft d’être entamés , péné- trés ; & percés parccertaines fubftances , entre lef- quelles le-fel marin, l’alkali fixe ordinaire, & le ver- re de plomb font les plus connues; enforte que tenir long tems le fel marin ; le fel de tartre , & le verre de plormb:en fonte, c’eft-là l’éloge éminent pour un L HART E CREATOR CETTE crenfet, 1e | ** Les’ creufets d'Allemagne, & fur-tout ceux de He : fe, ont été long tems fameux parmi les Chimiftes de | toutes les nations ; nousine nous en fervons prefque plus en Françe , parce que nous en avons de meil- CRE Fe leurs. Les creufèts ordinaires des fournaliftes de Paris font généralement bons pour toutes les opérations ordinaires ; mais ils ne tiennent pas long tems les fels & les verres de plomb, épreuve que les creufers d’Al- lemagne ne foûtiennent pas non plus. Les meilleurs creufers d'Allemagne n’ont pû réfifter À certains mé- langes très-fufbles, que M. Pott a traité dans ces vailleaux (voyez la Lithogeognofre.) ; il y a apparence que les nôtres ne feroient pas plus propres aux mê- mes expériences. M. Rouelle a éprouvé depuis quelques années, que les petits pots de grais dans lefquels on porte à Paris le beurre de Bretagne, & qu’on trouve chez tous les Potiers fous le nom de pots à beurre, étoient les plus excellens creuférs qu'on pût employer, & qu’ils pou- voient remplir les defirs de plufeurs chimiftes, qué ayant des prétentions fur le verre de plomb, fe font plaints de n’avoir point de vaifleaux qui le püffent : long tems tenir en fonte. Voyez PLOMB. Quelques chimiftes ont employé des creufers dou bles, c’eft-à-dire , un creufès emboîté jufte dans un autre creufér, pour, expoler à un feu long tems continué des mélanges difficiles à contenir; M. Pott a eu recours avec fuccès à cet expédient. Voyez La Lithogeognofre. ce On fait une efpece de defcenfum en plaçant l’un fur l’autre deux creufers, dont le fupérieur a le fond percé de plufieurs trous, &c adapté exaétement à l'ouverture de l’inférieur; cet appareil eft princi- palement employé à retirer l’antimoine de fa mine, Voyez ANTIMOINE , DISTILLATION 6 DESscEN- SUM. On fe fert très-commodément d’un creufèr comme d'une capfule à bain de fable, dans plufieurs opéra. tions, par exemple, dans la fublimation en petit. F, SUBLIMATION. (2) CREUSET, c’eft une partie du fourneau des grof- fes forges. J'oyez GROSSES FORGES. - CREUSON , fub. m. (Comm.) écu ou piaftre de Milan ; 1l vaut cinq livres dix-fept foldis du pays. CREUSSEN , (Géog. mod, ) ville d'Allemagne ; dans la Franconie , au margoraviat de Culmbach , fur les confins du haut Palatinat. CREUSURE, £. £. (Horlogerie. ) nom que les Hot: logers & d’autres ouvriers donnent en général à des cavités, mais fur-tout à celles qui font un peu gran- des, & dont le fonds eft plat ; tel eft dans une mon- tre fimple celle de la platine des piliers dn côté du cadran, & qui fert à contenir les roües de la cadra- ture, la barrette, &c. Les creufures fervent en géné- ral dans les montres à contenir des roües, qui par la difpofition du calibre, ne pourroient pas fe trouver au-deflus du plan des platines, Voyez PLATINE, 6c. T ; dREUT Z , (Géog. mod.) ville royale de l’Efcla« vonie, fur la riviere de Hun, capitale d’un comté de même nom, fitué entre La Save & la Drave. Il y a encore une ville de même nom dans la bafle Hongrie, près d'Odenbourg. | CREUTZBERG , (Géog. mod.) ville d’Allema= gne dans la Thuringe , fur les frontieres du pays de Heffe, fur le Werra. | j . CREUTZBOURG , (Géog, mod.) ville d’Allemai gne, dans la Siléfie à la principauté de Bries, fur la Trinnitz. Il y à une autre ville du même nom en Livonie , dans la province de Letten. CREUTZENACH , {Géog. mod.) ville d’Allema- gne, au palatinat du Rhunr, fur la Nave, Long. 25. 16, lat. 49.64 pis" Æ CREUX , adj. & fubft. Creux , adje@if, eft fyno- nyme à profond ; creux, fubftantif, eft fynonyme à cavité, Ces mots font d’un ufage fort étendu dans les CRE Arts; on dit, en Mufique, d’un chanteur qu'il a du éreux, lorfque fa voix defcend fort bas ; en Fonderie, . de l’intérieur d’un moule ; en Architeéture, de lef- pace vuide d’une colonne, &c. CREUX, f. m. ( Marine.) Les marins appellent le creux , la profondeur d’un vaifleau, & c’eft la dif- tance qu'il y a entre Le deflus de la quille & le def- fus du bau du premier pont , non compris le bouge de ce bau. Voyez Planche V. de Marine, fi. 1. où la ligne XX défigne le creux. Le creux fe fait ordinairement des neuf vingtie- mes du bau, c’eft-à-dire d’une dixieme partie moin- dre que fa moitié , & quelquefois d’une douzieme. D'autres conftruéteurs font cette profondeur exa- €tement égale à la moitié du bau ou de la largeur, & cela afin de rendre plus élevée au-deflus de la furface de l’eau la premiere batterie, & l’empêcher d’être noyée. La hauteur du premier pont vers le milieu du na- Vire fe trouve fixée par le creux ; mais comme on donne ordinairement un peu de relevement au pont à l'avant & l’arriere, 1l en réfulte que le creux eft plus grand en ces endroits qu’au milieu ; &c la difé- rence du tirant d’eau augmente encore beaucoup le creux de l’arriere , & diminue celui de l’ayant; mais. uand on parle du creux d’un vaifleau, c’eft du creux de milieu ou vis-à-vis Le maître gabary dont il s’agit. Car Le creux de l'arriere eft le creux du milieu, plusla _ tonture du pont, & encore la moitié de la différence du tirant d’eau ; le creux de l’avant eft le même que celui de l’arriere, moins toute la différence du tirant d'eau. Ce qu'on vient de voir eft tiré des favans trai- tés de MM. Bouguer & Duhamel, fur la conftruétion des vaifleaux, auxquels on peut avoir recours fi l’on a befoin de quelques détails plus particuliers fur cet article. (Z) CREUX D’UNE VOILE, ( Marine.) c’eft l’enfonce- ment que le vent fait dans la voile lorfqu'il fouffle & l’enfle. (Z) CREZEAU , f. m. ( Manuf. en laine.) efpece de grofle ferge à deux envers, & à poil des deux côtés; il y en a de gros & de fins ; de blancs & de colorés. CRI CRI, CLAMEUR, ( Syzor. Gramm.) le dernier de ces mots ajoûte à l’autre une idée de ridicule par {on objet ou par {on excès. Le fage refpele le cri public, & méprife les clameurs des fots. (0) CRI D’ARMES 0% CRI DE GUERRE , (Auf. mod, €& Art milit.) On appelloit ainfi certaines paroles en ufage chez nos premiers François & chez les autres peuples de l’Europe pour animer Les foldats au com- bat ; ou pour fe faire connoïître dans les batailles & dans les tournois. .| On trouve dans l’antiquité des traces de cette coù- tume , & fur-tout bien expreflement dans l’Ecriture au livre des Juges, chap. vi. où Gédeon donna pour mot ou pour cri de guerre, aux foldats qu'il menoit contre les Madianites ces paroles, Domino & Ge- deoni , au Seigneur & à Gédeon. _. Parmiles modernes, le cri de guerre étoitune fuite de Ja banniere, c’eft-à-dire que nul n’étoit reconnu pour gentilhomme de nom, d'armes, & de cri, s’il n’avoit droit de lever banniere, l’un & l’autre fervant à me- ner des troupes à la guerre & à les rallier. Dans les batailles, les bannerets faifoient le cri , deforte que dans une armée il y avoit autant de cris qu'il y avoit de bannieres ou enfeignes. Mais outre ces cris parti- cubers, il y en avoit un général pour toute l’armée, & c’étoit celui du général ou duroi quandil s’y trou- ! voit en perfonne. Quelquefois 1l y avoit deux cris | généraux dans une même armée, lorfqu’elle étoit compofée de deux différentes nations, Ainfi dans la * CRI AGT bataille donnée entre Henri de Tranftamare & Pierre le Cruel, en 1369, les Efpagnols du parti de Henri crierent Ca/flle au roi Henri, & les François auxiliai- res, commandes par Bertrand du Guefclin, prirent pour cri, Notre-Dame, Guefclin. Le cri général fe faifoit unanimement par tous les foldats en même tems à l’inftant de la mêlée, tant pour implorer l’af- fiftance du ciel, que pour s’animer au combat les uns les autres ; & les cris particuliers fervoient aux foldats à s’entre-connoiïtre, & aux chefs à démêler leurs foldats , à les tenir ferrés autour de leur ban- niere, ou à les rallier en cas de befoin. Dans les tournois, c’étoient les hérauts d’armes qui faifoient le cri lorfque les chevaliers étoient prêts d’entrer em lice. Le cri de la famille appartenoit toüjours à l’ai- né ; &c les puinés ne prenoient Le cri de leur maïfon, qu'en y ajoûtant le nom de leur feigneurie. Mais le roi Charles VIT. ayant établi des compa- gmes d'ordonnance vers lan 1450, & difpenfé les bannerets d'aller à la guerre accompagnés de leurs vaflaux, l’ufage du cri d'armes a été aboli ; ilne s’eft confervé que dans les armoiries, auxquelles on joint fouvent le cri de la maifon. Le cr: le plus ordinaire des princes, des chevaliers, & des bannerets, étoit leur nom ; quelques-uns ont pris Le nom des maifons dont ils étoient fortis; d’autres celui de certaines villes , parce qu'ils en portoient la banniere ; ainf le comte de Vendome crioit Chartres : des princes & feigneurs très-confidérables ont crié leurs noms ou ceux de leurs villes principales avec une efpece d’éloge, ainf le comte de Hainaut avoit pour cri , Hainaut au no- ble comte; & le duc de Brabant, Louvain au riche duc. La feconde maniere de cri, étoit celui d’izvocarion ; les feigneurs de Montmorenci crioient Dieu aide, & enfuite Dieu aide au premier chrérien; parce qu’un fei- gneur de cette marfon reçut, dit-on, le premier le bâteme après le roi Clovis. La maïfon de Bauffre- mont, en Lorraine & en Bourgogne, avoit pour cri ces mots, Bauffremont, au premier chrétien, proba- blement pour une pareille raïfon. Les ducs de Nor- mandie croient, Diez aye, Dam Diez aye, c’eft- a-dire , Dieu nous aide, le Seigneur Dieu nous aide » car dans la feconde de ces formules, dam eft pris pour dom , dominus, & non pour Notre-Dame, aïinft que l’a penfé la Colombiere. Le duc de Bourbon crioit Notre-Dame, Bourbon ; & le duc d'Anjou, S, Maurice. La troifieme efpece étoit un cri de réfolu. tion, comme celui que prirent les croïfés pour la conquête de la Terre-fainte fous Godefroi de Bouil- lon, Diez le volt, c’eft-à-dire Dieu Le veut. La qua- trieme forte de crz eft celui d’exhortarion, tel que ce- lui du feigneur de Montoifon de la maïfon de Cler- mont en Dauphiné, à qui le roi Charles VIII. cria & la recouffe Mortoifor, ou celui des feigneurs de Tour non, au plus druy, c’eft-à-dire au plus épais & au plus fort de la mélée. La cinquieme efpece eft celui de défi, comme le cri des feigneurs de Chauvigni, chevaliers pleuvent, c’eft-à-dire viennent en foule. La fixieme forte de cri celui de serreur ou de courage, aïnf les feigneurs de Bar crioient au feu , au feu; & ceux de Guife , place a la banniere. La feptieme efpece eftdes cris d’évenement, comme celui des feigneurs de Prie 4 cant l’oifeaux , parce qu’un féigneur de cette maïfon avoit chargé l’ennemi dans un bois où chantoient des oïfeaux. La derniere efpece étoit le cri de rallie… ment , comme celui de Mont-joye S. Denis, c’eft-à. dire ralliez-vous fous la banniere de faint Denis. Ducange, Diflerr. xj. fur l'hifls de S. Louis. Le P. Meneftrier, origine des armoiries. F Tous ces différens cris de guerre étoient bons dans les batailles avant l’invention de la poudre à canon & l’introduéhion des armes à feu. Malgré le cliquetis des armes &c le bruit des combattans , on pouvoit ençore quelquefois entendre ces différens fignaux, 462 CRI On avoit même autrefois recours aux cris, parce que le vifage des chefs fe trouvant caché par le heau- me qui le couvroit entierement, 1l falloit un ci OÙ fignal pour reconnoître fon chef, & fe rallier à fa troupe. \ Aujourd’hui les troupes ne fe reconnoiffent dans uneaction que par leurs enfeignes, leur uniforme, & d’autres marques vifibles ; ce qui n'empêche pas qu’il n'arrive quelquefois des méprifes & du defor- dre. Au refte ces cris de guerre n’ont pas été tellement propres aux Européens , qu’on n’en ait trouvé de femblables parmi les peuples d'Amérique , fi on en croit d’Acofta. Les Orientaux, tels que les Perfans, les Tartares, & les Turcs, ont coûtume d’attaquer leurs ennemis en pouflant des cris & des hurlemens ; ces derniers fur-tout crient ac/ah , allah Mahomet, Si dans une bataille contre les chrétiens ils voyent que ceux-ci, après les avoir enfoncés, négligent de les pourfuivre, ils crient giaur camar, c’eft-à-dire l’izfi- dele a peur, & c’eft un fignal de ralliement pour re- venir à la charge. Si au contraire ils fe voyent en- foncés & preffés l’épée dans les reins, alors ils crient giaur gildy, c’eft-à-dire Les infideles font a nos talons , ce qui eft une marque de leur fuite & de leur déroute entiere. (G) Cri ou CRY DE LA FÊTE, (Jurifp. & Hifi.) eft un droit qui fe paye en certains endroits au feigneur, pour l'annonce de la fête du lieu. Dans l’origine c’é- toit la rétribution que l’on payoit à celui qui alloit de porte en porte pour annoncer la fête ; enfuite on fe contenta de l’annoncer feulement dans la place publique , & par fucceflion de tems les feigneurs ont appliqué à leur profit la rétribution qui fe payoit à Leur prépoié , & l’ont convertie en un droit teigneu- sial : il en eft parlé dans l’hiftoire de Verdun. (4) Cri PUBLIC , (Jurifp.) {e prend quelquefois pouf clameur publique. Un homme pris en flagrant délit, peut être arrêté à la clameur publique, fans decret ni ordonnance de juftice préalable. Cri public fignifie aufli la proclamation , ban, pu- blication qui {e fait, après avoir amañé le peuple à fon de trompe ou de tambour, dans les places publi- ques & carrefours d’une ville, bourg & autres lieux, 2 l'effet de rendre une chofe publique. Cet ufage eft fort ancien dans la plüpart des villes. Il eft dit dans des lettres-du roi Jean, du 7 Août 1351, que les confuls de Fleurence en la fénéchauflée de “Touloufe , ont droit d’y faire des cris publics dans les affaires qui regardent leur jurifdiction. Les réglemens de police fe publient encore pat cri public ; il n’y avoit point d’autre maniere de les ren- dre vraiment publics jufqu’en 1461, que commença J'ufage des affiches au coin des rues ; & encore pré- fentement on ne laïfle pas de publier à fon de trompe certains réplemens qui concernent jufqu’au menu peuple, afin que ceux qui ne favent pas lire, ne puiflent prétendre caufe d’ignorance des affiches.Ces fortes de publications ne peuvent être faites que par le juré-crieur de la juflice, accompagné des jurés- trompettes ou tambours commis à cet effet. En matiere criminelle, en cas d’abfence de l’ac- ‘cufé , après qu'il a été afligné à la quinzaine par affi- che à la porte de l’auditoire , il eft afigné à la hui- taine par un feul eri public. Cette aflignation & ce cri public {e font dans la place publique, & dans la place qui eft au-devant de la jurifdiétion où le pro- cès s’inftruit, & encore au-devant du domicile ou réfidence de l’accufé. L’huiffier qui donne cette af- fignation à cri public, fe fait accompagner de plu- fieurs jurés-trompettes ; & après que ceux-ci ont aflemblé le peuple par leurs chamades, Phuiflier fait | ‘à'haute voix la ledure de Paffignation. Foyez ci-dev. ÆCoNTUMACE, & ci-après CRIEUR PUBLIC. (4) "CRIAGE DE LA VILLE, (Jurifprud.) c’eft le CRI crieut juré & public, lequel, après que le peuple a été aflemblé à fon de trompe ou de tambour, publie ce dont il eft chargé par ordre du Roi ou de fes offi- ciers. Il eft ainfi nommé dans une ordonnance de Charles VI. de lan 1413, arr. xxij, (4) CRIARDES , (Comm) fe dit des dettes, lorfque ceux avec qui elles ont été contraétées, en follici- tent le payement avec importunite, CRIARDES , (Manuf. en toile.) groffes toiles qui font très-gommées , & qui par conféquent ne fe frottent point fans faire du bruit, ce qui les a fait nommer criardes. | CRIBLE , {. m.(Œcon. ruft.) machine deftinée à nettoyer les grains des ordures dont ils font mêlés. Voyez l'article GRAINS. CRIBLE dans l’œconomie animale, (Phyfcol.) c’eft un plan ou une furface étendue , percée de petits trous, qui, en refufant paflage aux parties épaifles & groffieres, en féparent les plus fines, & les ad- mettent : tels font les petits vaifleaux rouges’ avec leurs branches latérales, où le fang ne peut entrer. On a vi les fermens, les archées, les cribles, l'air étran- ger s’introduire hardiment en Medecine depuis Harvey Boëérhaave, comment. (L CRIBLE, en terme de Fondeur de plomb à tirer; c’eft une peau percée d’une infinité de trous ronds , & montée fur un cerceau de bois. Les Fondeurs s’en fervent pour trier le plomb à l’eau, & en diftinguer les différentes groffeurs, CRIBLE, voyez à l'article JARDINAGE, la défini- tion de cette machine ; & dans nos Planches d'agri- culture , fa repréfentation. | CRIBLEUX , adj. serme d’ Anatomie : on appelle os cribleux , un petit os qui eft au haut du nez, & qui eft percé comme un crible, pour laïfler pañler plufieurs petites fibres qui viennent des produ&tions mammullaires, & qui vont fe répandre dans les membranes qui tapiflent les cavités des narines : on l'appelle aufli echmoide, Voyez Etamoine. Di. de Trév. & Chambers. (L) CRIBRATION, £ f. (Chymie, Pharm.) La cri- bration , ou la cribellation, eft une de ces opérations employées par les Chymiftes, qu'ils appellent m6 chaniques ou préparatoires, Elle fert en général à fé- parer les parties les plus fines d’une poudre feche ou même d’un corps groflierement pilé, de leurs parties les plus groffieres. Les inftrumens employés à cette opération, font les différens cribles. Les cribles les plus férrés ou les plus fins, font connus dans les boutiques fous le nom de semis. Voyez TAMIs. Ils fervent à la préparation des poudres fines } prefcrites dans l’Art fous cette formule : Fiar pulyis per fétaceum trajiciendus, Il eft encore une autre opération pharmaceutique qui s’exécute par le moyen des tamis, &c qui peut être regardée comme une efpece de cribration. C’eft la préparation des pulpes. Voyez PULPE. Les gros cribles font employés par les Apoticai= res &c les Droguiftes, pour monder différentes dro- gues feches , foit de la pouflieré ou d’autres impu= retés dont elles pourroient être chargées , foit même. d’un certain débris ou grabot qui diminueroit leur qualité. (8) NH + CRIC, f. m. (Méchan.) machine dont plufeurs ouvriers, entr'autres les Charpentiers & les Ma- çons , fe fervent pour enlever des corpstrès-pefants, Elle eft ordinairement compofée de plufeurs roûes dentées, qui font fortir d’une forte boîte, par une ouverture pratiquée en-deflus, une barre de fer qui peut monter & defcendre parle moyen des dents qu'on a pratiquées fur fes côtés , & dans lefquelles s’engrennent celles des roûes. Cette barre eft ter minée par un crochet qu'on applique aux poids à _._" élever. Le principe de la force de cette machine eft le même que celui des roïes dentées. Foyez ROUE, 6 PI. du Charpent. fig. 16. CRICOARITHÉNOIDIEN, adj. erme d’Anatom, c'eft le nom que l’on donne à deux paires de mufcles qui fervent à ouvrir le larynx. Il y a les cricoarithénoïdiens poftérieurs, & les eri- éoarithénoïdiens latéraux. BE Les latéraux viennent du bord de la partie laté- rale & fupérieure du cartilage cricoïde, & s’infe- rent à la partie fupérieure & poftérieure du cartilage arithénoide. F’oyez CRICOÏIDE. . Les poftérieurs ont leur origine à la partie pofté- rieure & inférieure du cartilage cricoïde, & s’infe- rent à la partie fupérieure & poftérieure du cartilage arithénoide. Dié, de Trév. & Chambers. (L) CRICOIDE , rerme d’Anatomie; c’eft un cartilage du larynx, qu’on appelle ainfi parce qu'il eft rond comme un anneau, & qu'l environne le larynx, Voyez LARYNX. Le cricoïde , qui eft le fecond cartilage du larynx, eft étroit par devant , large & épais par-derriere, fert de bafe à tous les autres cartilages, & eft com- me enchäflé dans le thyroïde. C’eft par fon moyen que les autres cartilages font joints à la trachée-artere , c’eft pourquoi il eft im= mobile, Chambers. - La face poftérieure eft divifée en deux par une ef pece de ligne faillante longitudinale. On remarque dans ce cartilage quatre facettes ar- tculaires ; deux latérales inférieures, pour la con- nexion avec les cornes inférieures du cartilage thy- _roide ; & deux poftérieures latérales & fupérieures, qui font plus confidérables : elles reflemblent à des petites têtes fur lefquelles roulent les cartilages ary- thénoïdes , dans les cavités defquelles ces têtes font reçues. Voyez THYROIDE 6 ARYTHÉNOÏDE. _ left attaché par fon bord antérieur le plus étroit, avec le thyroïde, par un ligament très-fort ; par plufeurs ligamens courts & forts, autour de l’arti- culation de ces deux facettes latérales inférieures, avec les deux cornes inférieures du thyroïde; par fon bord inférieur au premier cerceau cartilagineux de la trachée-artere ; avec les cartilages arythénoï- des, au moyen d’une membrane capfulaire qui en- vironne leur articulation. Ces cartilages font prefque toûjours offifiés dans les fujets avancés en âge, & beaucoup plus épais que quand ils font cartilages ; les cellules dont ils font alors remplis, & les véficules médullaires qui s’y remarquent , font propres à entretenir la légereté & la foupleffe néceflaires pour les ufages auxquels ils font deftinés. (L . CRICO -PHARYNGIA ; en Anatomie, nom d’une paire de mufcles qui viennent des parties laté- rales, externes & poftérieures du cartilage cricoïde, d'où ils montent obliquement pour fe croifer fur la ligne blanche du pharinx. (L) * CRICO-THYROIDIEN , rerme d’ Anatomie, nom que l’on donne à la premiere paire des mufcles du larynx. Voyez LARYNX. Leur nom leur vient de ce qu'ils prennent leur origine de la partie latérale & antérieure du cartilage cricoïde, & vont s’inférer À la partie inférieure de l’aile du cartilage thyroïde. Dit. de Trév: 8&c Chambers. (L)' : CRICGOW,. (Géog. mod.) ville du grand duché de Lithuanie, dans le palatinat de Mcizlaw. CRIE DE LA VILLE, (Jurifp.) c’eit le crieur- juré qui fait les publications ordonnées par juftice : il eft ainfi nommé dans la coûtume de Bayonne, sr, 13. art. J, 6 y], & dans celle de Solle, z£. 29. arr. xiy. 6 xjx. Voyez ci- devant CRIAGE, 6 & - après CRIER, CRIEUR.. | CRIE, (pierre de la) eft celle où l’on fait les pu- CRI 463 blications ,| &z fur laquelle on vend à l’encan les meubles faiñs. Il y avoit autrefois à Paris la pierre de marbre dans la cour du palais, qui fervoit à cet ufage ; & il y a encore dans le même lieu une pierre où l’on fait les exécutions, quand la cour fait brûler quelque libelle par la main du bourreau, À Bourges & en plufieurs autres endroits où il y a de fembla bles pierres , on les appelle pierre de La crie. Voyez le gloff. de Lauriere, au mot CRië. (4). CRIÉE , (Jur:fp.) eft une proclamation publique qui fe fait par un huiffier ou fergent, pour parvenir à la vente par decret de quelqu'immeuble. On ufoit chez les Romains de femblables procla- mations , qui étoient appellées ozorum publicariones pPreconta. Ces proclamations fe faifoient f4 haflä, de même que la vente forcée des effets mobiliers ; d’où eft venu le terme de fabhaffarions ; qui eft encore ufité dans quelques provinces : on en parlera en fon lieu. Les titres du droit qui ont rapport à nos criées, font de rebus autoritate judicis poffdendis feu vendendis, au digefte & au code ; & le titre de fide & jure hafle fif- calis & adjettionibus , au code. L’ufage des criées en France eft fort ancien, comme il paroït par le ftyle du parlement dans Dumolin ; qui en fait mention fous le titre de cridis & Jubhafta- t1ontbus. La plüpart des coûtumes ont reglé la forme des criées, Celle de Ponthieu, qui fut la premiere rédigée par écrit, en exécution de l’ordonnance de Charles VIT, y à pourvû. Les ordonnances anciennes & nouvelles contien- nent aufli plufieuts difpofitions fur cette matiere. Il y a entrautres l’ordonnance d'Henri I. du 23 No- vembre 1351, connue fous le nom d’édis des criées, qui fait un reglement général pour la forme des CILEES, On confond quelquefois parmi nous les eriées ayec la faifie réelle, & même avec toute la pourfuite de la faifie réelle, &c la vente & adjudication par de- cret. En effet, on dit fouvent que l’on met un bien en criées, pour exprimér en général qu’on le fait faïfir réellement, & que l’on en pourfuit La vente pat de= cet ; & dans la plüpart des coûtumes on a mis fous le titre des criées, tout ce qui y eft ordonné par rap- port aux farfes réelles & ventes par decrét. C’eft aufh dans ce même fens que quelques auteurs qui ont traité des faifies réelles , crides & vente par de- cret, ont intitulé leurs traités fimplement srairé des criées, comme M. le Maître, Gouget , F orget & Bru- neau. Il paroît que dans ces occafons on a pris la partie pour le tout, & que l’on a principalement envifagé les criées comme étant la plus importante formalité de la pourfuite d’un decret. Au refte 1left conftant que les criées font des pro- cédures totalement diftinées & féparées de la faïfie réelle qui les précede toüjours, & de la vente par decretqui ne peut être faite qu'après les criéis.” Auf les derniers auteurs qui ont traité cètte ma- tiere, nont-ils pas intitulé leurs ouvrages srairé des criées, mais craité de la vente des immeubles par decrer : tels que M. d'Héricourt, qui en a donné un foït bon traité ; & M. Thibaut procureur au parlement de Dion, .qui en a donné aufli un fuivant l’ufage du duche de Bourgogne. | Y. Les criées proprement dites ne font donc parmi nous qu'une des formalités des dectets ; ce font des proclamations publiques qui fe font aprés la faifie réelle, à certains jours, par le miniftere d’un huit fier où fergent, pour faire favoir à tous ceux qui peuvent y avoir intérêt, que le bien faïf réellement L « {era vendu & adjugé par décret, 404 CRI On appelle pourfuivant criées, celui qui pour fut la vente par decret. _ Dans quelques provinces les criées font connues fous leiterme d’ixquants. | | L’édit des criées ne dit point qu'il y ait aucun délai À obferver entre la faife réelle & la premiere criée ; c’eft pourquoi on peut commencer la premiere crice auffitôt après la faifie réelle, pourvi que ce foit un dimañche. IL eft feulement ordonné par l’édit, qu'inconti- nent après la faïfe réelle, & avant que de faire la prernicre crie , il fera établi un commifaire au régi- me & gouvernement des chofes criées , à peine de nullité des criées ; ce qui doit s’entendre au cas que Texploit de faifie réelle ne contint pas d’établifiement de commiffaire , à quoi l’on ne manque guere ordi- nairement : en tout cas cette formalité pourroit être fuppléée après-coup avant les criées. il faut auffi faire fignifier la faifie réelle 8 Péta- bliflement de commitfaire à la partie faiñie, après quoi on peut procéder à la premiere criée quand même la faifie réelle ne feroit pas encore enregif- trée. Il faut encore , avant de procéder aux criees , que l'uiffier ou fergent appofe une affiche ou panonceau aux armes du Roi, où l’on marque quand fe feront les criées des biens faifis, & où l’on avertit ceux qui prétendent quelques droits fur les biens faïfis, de former leur oppoñtion. Le procès-verbal d’appoñ- tion de cette affiche , doit être fignifié à la partie faife. Le nombre des crides n’eft point fixé par l’édit de x551, ainfi il faut fuivre à cet égard la coûtume du lieu &c l’ufage. Il y a des pays où l'on fait trois criées de huitaine en huitaine : le parlement de Bretagnë l’a ainf or- donné par provifion en 1545. On en ufe de même au parlement de Fouloufe. On ne fait aufli que trois criées en Auvergne de quinzaine en quinzaïhe, ou, pour parler plus exaétement, de quatorzaine en qua: torzaine, comme le difent quelques coûtumes ; arf la premiere criée étant faite un dimanche, la feconde ne peut être faite que le fecond dimanche enfuite. La coûtume d'Amiens, article 255, veut que l’on fafle quatre crices par quatre quinzaines ; ce qui doit s'entendre de la maniere qui vient d’être expliquée. Celle de Paris ne regle rien pour le nombre des criées, ni pour le délai que l'on doit obferver entre les criées; mais on a toùjours pratiqué l’ufage des quatre criées de quatorzaine en quatorzaine, fuivant l’ancienne coùtume, où le titre des crices étoit auffi intitulé, des quatre quatorgaines, Quand on craint qu’il ne manque quelque chofe aux crides , pour la régularité on ordonne fouvent qu'il fera fait une quinte & furabondante crice. Au furplus , tel nombre de criées que l’on foit obli- gé de faire , &c tel délai que lon y doive obferver, fuivant la coùtume ou l’ufage, 1l fant les faire, fi- vant l’édit des crices, aux jours de dimanche à l’iflue de la meffe paroïfhale ; ce qui s’obferve dans les vil- les auffi-bien que dans les villages. Il n’eft plus d’u- fage de les faire au marché ni à l’audience , comme cela fe pratiquoit autrefois dans quelques provinces avant l’édit d'Henri Il. car ce qu’on appelle au chä- telet l’audience des criées, n’eft pas le lieu‘où elles fe font, mais. celui où elles fe certifient. En quelques pays, comme en Bretagne & à Ne- vers, on fait une quatrieme eyide au marché; mais l’édit des criées ne l’ordonnant point, on ne croit pas qu'il y eût nullité pour avoir omis cette formalité. ” L'obligation de faire les criées le dimanche, eft une exception aux canons & ordonnances , qui dé- Fendent de faire ces jours-là aucunes procédures ; êc une dérogation à quelques coùtumes qui défendent fhécialément de faire les crices le dimanche, comme celle de Nevers! Cette exception a été introduite à caufe de la néceflité qu'il y a de faire Les criées dans le lieu où le peuple fe trouve afflemblé en plus grand nombre ; enforte qu'une criée faite le jour même de la Pentecôte, a été jugée valable : on excepte feu- lement le jour de Pâques. Les criées doivent être faites à l’ifue de la mefle paroïffiale, 8 non à l’iflue de vépres, même dans les coûtumes qui paroïffent l’autoriler ainfi, attendu que l’édit veut, à peine de nullité, que ce foit à if fue de la meffe de paroiïffe. Le procès-verbal que l’huiflier fait pour chaque criée, doit contenir en fubftance qu’il s’eft tranfporté à la grande porte & principale entrée de Péglife pa- roifhale, à l’iflue de la grande mefle, les paroiffiens fortant en grand nombre : & l’huiflier doit en nom- mer & défigner le plus qu'il peut, & ajoûter qu’en leur préfence il a fait letture de l'affiche pour la pre- miere criée ; laquelle affiche il tranfcrit dans fon pro- cès-verbal. | Cette affiche commence par ces mots, De par le Roi, & l’on ajoûte le nom du juge de lautorité du- quel fe pourfuit le decret : enfuite que l’oz fai à avoir à tous qu'il appartiendra, que. ..... (En cet endroit de l’affiche eft tranfcrit le procès-verbal dont on vient de parler.) L’huiflier déclare que c’eft la premiere, feconde, troifieme ou quatrième criée ; que les autres fe continueront fans interruption à pareil jour de dimanche, à ce que fi quelqu'un pré- tend droit de propriété ou créance fur les biens faïfis réellement , il ait à le déclarer & s’oppofer pendant le cours des criées, finon que le decret étant fcellé & délivré, nul n’y fera plus recü. | L’huifler fait aufi mention dans fon procès-ver- bal , fi en procédant aux criées il eft furvenu ou non quelqu’oppoñition. Lorfque les biens faifis réellement , foit fief ou roture , font fitués en différentes paroïfles, on fe {ert de différens huiffiers pour faire les crices. S'il y a des biens dans le territoire d’une églife fuc- curfale, & que l’on y dife une mefle de paroïe , il faut y faire les criées pour ces biens Au cas que la mefle de paroiïffe manquât un di- manche , l’huiffier doit en drefer fon procès-verbal figné de témoins, afin de pouvoir continuer les criées le dimanche fuivant, & qu'il n’y ait point d’in- terruption. En Normandieil y a quelques formalités particu- lieres pour les criées des héritages : celles des rotu- res fe font quarante jours après la faifie ; fi la paroïfle où font les biens eft hors le reflort de Normandie, les criéese font au jour ordinaire du marché plus pro- chain du lieu où font les biens faifis. Les crices des fiefs ne peuvent y être faites que trois mois après la faifie; & fi le fief porte le nom d’une paroïfle, &c que le principal manoir foit dans une autre, 1l faut faire les criées dans les deux paroïfles. Le fergent doit auf dans toutes criées appeller trois témoins, outre {es records ordinaires, Les criées des rentes aflignées fur les hôtels-de- ville, doivent être faites à la porte dela paroiffe de l’hôtel-de-ville, comme l’ordonne la coûtume d'Or- léans. ès Celles des rentes foncieres fe font en la paroïfle de l'héritage chargé de la rente. Pour ce qui eft des rentes fur particuliers, les coÙ- tumes de Paris, Orléans, & Calais, veulent que les criées s’en faflent en la paroïfle de la partie faifie ; ce qui s’obferve de même dans les coûtumes quin’y onf pas pourvû. En Normandie elles fe font en la pa- roïfle du débiteur, fuivant l’arr. 4 du réglement de 1666. Lx. A l'égard des offices, l’idit de Février 1683 veut _ quon qu'on en fafle trois publications Ou criées de quin- zaäiné en quinzaine aux lieux accoütumés ; favoir à la paroïfle du lieu où fe fait le principal exercice, & au lieu où la faifie réellé éft enregiftrée. Les criées des vaifleaux doivent êtréfaites par trois dimanches confécutifs, à la porte de la paroiffe du lieu où lé vaiffeau eft amarre. En Artois, où l’édit de 1551 n’eft point obferve, _ les criées doivent être faites dans l’année de la mife à prix, finon la faifie réelle tombe en péremption: on ne peut les commencer avant lé huitieme jour dé la mife à prix. On les fait au marché Brereque, c’eft- à-dire deftiné pour les proclamations, L’intervalle eft de huitainé en huitaine, pour les rotures, & dé quinzaine pour les fiefs & pour les rotures faifies avec un fief, Le dimanche qui fuit chaque erice faite au mafghé, on en fait uné à l’ifue de la mefle pa- roifliale, Il en faut quatfe, tant au marché qu’à la poïte de l’églife. | En Franche-Comté les quatre crices fe font au marché de quinzaine en quinzaine, & après les pro- clamations on met une affiche générale à la porte de Péglife paroïffiale. Quand l’échéance eft un jour de fête, on remet la criée au marché fuivant, en indiquant la remife. Suivant l’ufage commun il n’eft pas néceffaire de fignifier les criées à la partie faifie , fi ce n’eft dans les coûtumes qui l’ordonnent expreflément. Les criées finies, ôn doit les faire certifier. La cér- tification eft une fentence qui les déclare bien & valablement faites. Cetté formalité étoit déjà ufitée long-tems avant l'ordonnance de 1539. L’édit de 1551 véut que les criées foient ceftifiées devant les juges des lieux, après que la lecture en aura été fai- te au jour des plaids, &c icéux tenant. Quoique le decret fe pourfuive dañs une jurifdic- tion d'attribution particuliere, la certification des criées Le fait toùjours devant lé juge ordinairé du lieu. Le juge de feigneur peut certifier les érices qui fé font dans fa juftice, pourvû qu'il ÿ ait un nombre fuffifant de praticiens pour examiner fi elles font bieñ faites. Le châtelet de Paris jouit à cet égard d’un droit fingulier, qui eft que l’on y certifie les criées de tous les biens faifis réellement dans la prévôté de Paris, en quelque jurifdiétion royale, ordinaire, ou fei- gneuriale, qu'ils foient fitués. | Le rapport des criées qui précede là certification, fe faïfoit anciennément par le premier praticien du fiége qui en étoit requis ; & en Normandie, par le fergent qui les avoit faités. | Au mois de Septembre 1581, Henri IT: créa deux rapporteurs & certificateurs de criées en titre d’offi- ce en,chaque jurifdiétion royale, pour faire le rap- port des criées exclufivement à tous autres. Ces charges furent fupprimées par Henri IT. le- quel, par une déclaration du 12 Juin 1587, en éta- blit d’autres fous le titre de rapporteurs verificateurs des criées ; ce qui fut confirmé par Henri IV. au mois de Juillet 1597. Ce même prince créa auffi en 1606 des confeil- lers rapporteurs des criées, dans chaque jurifdiétion royale de Normandie. Mais tous ces édits ayant été repardés comme burfaux, eurent peu d'exécution. Dans plufieurs fié- ges ces nouveaux offices ne furent point levés ; dans d’autres on les laifla tomber aux parties cafuelles ; ce qui donna lieu à l’édit du mois d'O&obre 1694, par lequel toutes ces charges de rapporteurs & de vérificateurs des criées furent fupprimées. Le roi créa par le même édit des certificateurs de criées _- dans toutes les juftices royales, & même dans les : TomesIF, CRI 460$ juitices feigneuriales où il jugeroit À propos d'en étas br. La plüpart de ces nouvelles charges n'ayant point encore été levées, Louis XIV, en 169$ les réunit, moyennant finance, aux communautés des procus reurs ; dans tous les fièges où il n’y avoit point en: core de vérificateurs en titre; au moyen de quoi il ya préfentement des juftices, tant royales que feis gneuriales, où le rapport des criées fe fait par un cers tificateur en titre, & d’autres où 1l fe fait par un des procureurs du fiége. Pour parvenir à la certification des eriéés, le pour: fuivant remét au certifieateur en titre, ou à celui qui en fait les fon@tions , le commandement recor: dé, la faïfie réelle, l’afiche, la fignification de la faifie réelle & de l'affiche à la partie faifie, le pro= cés-verbal des criées ; & les autres procédures requi- fes par la coûtume du lieu : le certificateur en fait fon rapport à l'audience; & enfuite le juge , après avoir pris l’avis des avocats & procureurs de {on fiége, déclare les criées bien faites, & donne aûte au pourfiuvant. Les ordonnances n’ont point réglé la qualité ni . le nombre de ceux dont on doit prendre l’avis fur la . validité des criées : la coûtume de Normandie vent qu’elles foient certifiées par fept avocats, y compris le juge, qui doivent tous figner la minute. S'il n'y & pas d'avocats, onfait certifier les criées aux plaids fui- vans, ou au fiége royal du refort. Un arrêt de regle ment du parlement de Rouen du 16 Décembre 1662, veut que les fuffrages uniformes des proches parens ne foient comptés que pour un. Dans les autres parlemens il eft d’ufage de pren dre l'avis des avocats & procureurs; & à défaut de ceux-c1, on prend l’avis des notaires-& fergens du liège. Au châtelet de Paris on fait mention que l’on a pris l’avis des anciens avocats & procureurs; mais ce n’eft qu’un ftyle , car pour l’ordinaire les avocats & procureurs n’entendent pas un mot du rapport, & le juge prononce fans avoir pris leur avis ; ce qui fe pratique de même dans plufeurs autres fiéges. Suivant la jurifprudence du parlement de Paris, on doit prendre l’avis de dix avocats, procureurs, ou autres praticiens. | Au parlement de Touloufe, il fufit qu'il y en ait quatre ou cinq: Si le juge du lieu refufoit de certifier les crices, il faudroit s’adrefler au juge fupérieur , qui lui enjoiri- droit de faire la certification, ou commettroit À cet effet un autre juge royal le plus prochain, Quand les biens faifis font fitués en différentes ju rifdiétions, & que l’on veut éviter de multiplier les frais des certifications, on obtient deslettres en chan- cellerie qui renvoyent toutes les criées devant le ju= ge qui a la plus grande partie des biens dans fon ref: fort, Si les criées fé trouvent mal faites, on les rejette comme nulles : l’huifier ou fergent eft tenu , fuivant édit de 1694, des dommages & intérêts du pour fuivant , & condamné en 60 livres d'amende, dont un tiers pour le Roi , un tiers au pourfuivant, l’autre tiers pour le certificateur. | Le certificateur, le juge, ni les avocats, procu- reurs, & autres dont il prend l’avis, ne font point refponfabies de la validité des criées, ni du bien ou mal jugé de la fentence de certification. En débattant la procédure du decret , on peut at- taquer , foit par moyen de nullité, foit par appel, les criées & la fentence de certification: la nullité de la certification n’emporte pas celle des criées. Quand on en fait de furabondantes, il n’eft pas befoin de les certifier. On ne certifie pas non plus les déenu fe font Nha 466 CRI pour les offices, ni celles qui fe font pour les vaif- feaux, attendu que l’édit de 1683 & l'ordonnance de la Marine n’exigént pas cette formalité. Il y a auffi quelques pays où l’on ne fait-point de certification, comme en Brefle, où les biens fe ven- dent fuivant les anciens ftatuts des ducs de Savoie; on y fait feulement crier trois fois à haute voix par un huiffier, que le bien fera vendu: ces proclama- tions fe font de huitaine en huitaine, au marche, à la porte de l’églife, devant le château ou l'auditoire, fuivant l’ufage du lieu. sat, | Pendant que l’on procede aux criées, le commif- faire établi à la faifie doit de fa part faire procéder au bail judiciaire, ou s’il y en a un conventionnel , le faire convéftir en judiciaire, , Celui qui fe fait fubroger à la faifie & eriées, n’a pas befoin de reprendre Pinftance au greffe; le juge- ment qui le fubroge le met aux droits du pourfui- vant. Les criées tombent en péremption , comme les au- tres procédures, par le laps de trois ans fans pour- fuites. S'il furvient quelques oppoftions aux eriées ou au decret, ce qui eft la même chofe, il faut y faire fla- tuer avant de pafler outre à l’adjudication. Les criées finies & duement certifiées , fans aucu- ne opboñition fubfftante , on obtient le congé d’ad- juger. WE : Pour la fuite de la procédure, voyez CONGE D’AD- JUGER , ÉNCHERE DE QUARANTAINE , ADJUDICA- TION , SAISIE RÉELLE , VENTE PAR DECRET. Sur les criées, voyez Bouchel , ex Ja biblioth, aux mots Criées & Decret ; les commentateurs des coñtumes fier Le titre des criées , & Les vraités des crièes que l’on a cités ci-devant. (A) CRIER, (Jurifpr.) voyez PUBLIER, ENQUANT, COLPORTEURS. CRIER HARO , voyez CLAMEUR DE HARO. CRIER À L'ENQUANT , v0Yez ENQUANT. (4) CRIEUR DES BANS (Jurifprud.) de la ville de Paris, c’eft le crieur public qui fait les proclamations & cris publics, appellés autrefois as. Il eft ain nommé dans des lettres de Charles VI. du 3 Janvier 1387, & s Mars 1398, qui lui défendent de faire aucune prife de vivres fur les habitans du Bourg-la- Reine & autres lieux qui y font nommés. (4) CRIEUR PUBLIC: il y en avoit un dès 1350 pour les.ordonnances ; il eftaufli parlé des crzeurs de corps & de vin dans un réglement de la même année, &c Fon voit qu’il yen avoit dès-lors dans la phpart des villes; queces crieurs s’attribuoient différens droits & émolumens ; qu'à Bois-Commun ils prétendoient exiger un droit lors du mariage des habitans ; ce qui leur fut défendu par une ordonnance du roi Jean du mois d'Avril 1355. | Dans des lettres du roi Jean de l’année 1352, 1l eft parlé du erieur qui fafoit les enquants, rcan- £ator.." sjiti eut k On voit'auffñi par des lettres de Charles V. du 9 Mai 1365 , que le crieur public annonçoit par la ville l'heure des enterremens. & des vigiles. D’autres let- tres de 1366 juftifient qu’à Pontorfon le valet du roi, famulus regis, qui publioit.&c crioit le vin qui étoit à vendre, avoit un denier pour chaque cri de vin, une obole pour chaque cri de bierre; qu'il avoit aufli un droit pour le cens dont il faifoit la recette. Crieur Du Roï, c’eft le juré crieur public: il eft ainfi nommé dans des lettres de Charles VI. du 2 Juillet 1388 , & dans d’autres lettres du 16 Février fuivant. (A4) ki À: : * Crieurs de wicilles ferrailles 6"de vieux dra- peaux; ce font des hommes qui rodent dans lesrues, ui vont dans les maïfons, & qui afliftent quelque- fois aux inventaires ; ils achetent les vieux morceaux de fer, & le rebut d’une infinité d’uftenfiles de mé- nage, qu'ilsrevendent. Ils forment communauté. Ils font au nombre de vingt-quatre, & il eft défendu à tous autres de s’ingérer de leur commerce, CRIEUSES ge vieux chapeaux, (Comm.) femmes qui fe promenent dans les rues, qui vont aux inven- tdires, & qui achetent & revendent. Elles forment à Paris un corps très-nombreux, dont les membres s’entendent très-bien: elles n’enchériffent point les unes fur les autres dans les inventaires, parce que toutes celles qui font préfentes à un achat y ont part : elles dégoëûtent facilement les particuliers d’acheter, parce qu’une perte qui deviendroit confidérable pour une feule perfonne, fe répartit entre elles fur un f grand nombre, qu'elle fe réduit prefqu’à rien : enfin elles s’indiquent les maifons où elles ont êté appel- lées, afin qu'aucune n’aille au-deflus du prix qu’une premiere aura offert. Les chofes perdues o volées {e retrouvent aflez fouvent entre leurs mains, quoi- que la police & la juftice les traitent avec beaucoup de févérité. CRIM, (Géog. mod.) ville d’Afie dans la petite Tartarie, capitale de la Crimée, fur la riviere de Gerukefu. « CRIME, FAUTE, PÉCHÉ , DÉLIT, FORFAIT, (Synon.) Faute eft le mot générique, avec cette ref- triétion cependant qu'il fignifie moins que les autres, quand on ne lui joint point d’épithete aggravante, Péché eft une faute contre la loi divine, Dé eft une faute contre la loi humaine. Crime eft une faute énor- me, Forfait ajoûte encore à l’idée de crime, {oit par la qualité, foit par la quantité : nous difons par le quantité, car forfait {e prend plus fouvent au plurier qu’au fingulier ; & il eft rare d’appliquer ce mot à quelqu'un qui n’a commis qu’un crime, (0) CRIME, f. m. (Droit nar.) ation atroce commife par dol, & qui bleffe direétement l'intérêt public ou les droits du citoyen. On peut ranger tous les crimes fous quatre clafles : ceux de la premiere choquent la region; ceux de la feconde, les mœurs ; ceux de la troifieme, la tranquillité ; ceux de la quatrieme, fa füreté des citoyens, Mais cette divifion n’eft pas la feulé qu’on puifle faire ; les jurifconfultes en ont même une autre. Voyez CRIME (Jurifpr.) En con- féquence les peines que l’on inflige doivent déniver de la nature de chacune de ces efpeces de crimes. C’eft le triomphe de la liberté, dit M. de Montef- quieu, lorfque les lois criminelles tirent chaque pet- ne de la nature particuliere du crime: toutl’arbitraire cefle ; la peine ne dépend point du caprice du léei£ lateur, mais de la nature de la chofe ; &c ce n’eft point l’homme qui fait violence à l’homme. Dans la clafle des crimes qui intéreflent la reli- gion , font ceux qui l’attaquent direétement ; tels {ont , par exemple , l’impiété, le blafpheme , les fa- criléges.Pour que leur peine foit tirée de la nature de la chofe, elle doit confifter dans la privation de tous les avantages que donne la religion , Pexpulfion hors des temples, la privation de la {ociété des fideles pour un tems Où pour toljours, les conjurations, les admonitions , les exécrations , & ainfi des autres. . La feconde clafferenferme les crèmes qui font con- tre les mœurs : tels font la violation de la continen- ce publique ou particuliere , e’eft-à-dire des lois établies fur la maniere de jour des plaifirs atta- chés à l’ufage des fens & à l’umion des corps. Les per- nes de ces crimes doivent être encore tirées de la nature de la chofe : la privation des avantages que. la fociété a attachés à la pureté des mœurs, les amen- des, la honte , la contrainte de fe cacher, l’infamue publique , l’expulfon hors de la ville &c du territoi- re, enfin toutes Les peines qui font du reffort de la ju- |. .rifdiétion correftionnelle., fufiient pour réprimer Le témérité des deux fexes; témérité qui éft fondée fux les paflions du tempérament, fur l’oubli ou le mé- pris de oi-même, | Les crimes de la troifieme claffe font ceux qui cho- quent la tranquillité des citoyens : Les peines en doi- vent être tirées de la nature de la chofe, & fe rap- porter à cette tranquilité, comme la prifon, l’exil, les correétions, & autres peines qui ramenent les ef- prits inquiets , &c les font rentrer dans l’ordre établi. Les crimes de la quatrieme claffe font ceux qui troublant la tranquillité, attaquent en même tems la sûreté des citoyens : tels font Le rapt, le viol, le meuttre ; l’afflafhnat , l’empoifonnement, &c, La peine dé ces derniers crèmes eft la mort : cette peine eff tirée de la nature de la chofe, puifée dans la raï- fon & les fources du bien & du mal. Un citoyen mé- rite la mort, lorfqu’il a violé la sûreté au point qu'il a Ôté la vie, où même qu'il a entrepris par des voies de fait de l’ôter à un autre citoyen : cette peine de ‘mott eft comme le remede de la fociété malade. Voyez l'Efprit des Lois , fur ces quatre clafles de crimes, | Comme tous les crimes , renfermés même fous chacune des claffes particulieres dont nous venons de parler, ne font pas épaux, on peut juger de la grandeur de ces crimes en général par Îeur objet, par l'intention & la malice du coupable, par le préjudice qui en revient à la fociété ; & c’eft à cette derniere confidération que les deux autres fe rapportent en dernier reflort, Il faut done mettre au premier rang les crimes quiintéreflent la fociété hu- maine en général : enluite ceux qui troublent l’ordre de la focièté civile, enfin ceux qui regardent les par- ticuliers ; & ces derniers font plus ou moins grands, felon que le mal qu'ils ont caufé eft plus où moins confidérable , felon le rang & la liaifon du citoyen avec le coupable, &c. Aïnfi celui qui tue fon peré, commet un homicide plus criminel que s’il avoit tué un étranger; un prêtre facrilége eft plus criminel qu'un laic ; un voleur qui affafline les paffans,eft plus criminel que celui qui fe contente de les dépouuller ; un voleur domeftique eft plus coupable qu’un voleur étranger, &c. | Le degré plus ou moins grand de malice, les mo- fs qui ont porté au crime, la maniere dont il a été commus , les inftrumens dont on s’eft fervi , le carac- tere du coupable, la récidive, l’âge , le fexe , letems, les lieux, &c. contribuent pareïillement à cara@érifer l’énormité plus ou moins grande du crime ; en un mot lon comprend fans peine que le différent concours des circonftances qui intéreflent plus ou moins la sûreté des citoyens, augmente ou diminue l’atrocité des cries. | | | Les mêmes réflexions doivent s'appliquer aux crz- mes qui ont été commis par plufeurs ; car 1°. on eft plus ou moins coupable , à proportion qu’on eft plus ou moins complice des crimes des autres ; 2°. dans Les crimes COMmMIS par un COrPS, OÙ par Une communau- té, ceux-là font coupables qui ont donné un confen- tement attuel,& ceux qui ont été d’un avis contraire font abfolument mnocens ; 3°: en matiere de crimes commis par une multitude, la raifon d’état & l’hu- manité demandent une grande clémence. Voy. CLÉ- MENCE, ETE | Nous avons dit ci-deflus que les peines doivent dé: river de la nature de chaque efpece de crime. Voyez PEINE, Ces peines font juites, parce que celui qui yiole les lois de la fociété faites pour la sûreté com-« mune , devient l’ennemi de cette fociété. Or les lois naturelles en défendant le crime, donnent le droit d’en punir l’auteur dans une jufte proportion au cri. ne Qu'il a commis ; elles donnent même le pouvoir de faire fouffrir à l’auteur du crie Le plus grand des maux naturels, je veux dire la mort, pour balancer Tome IF, î CRI 407 le crime le plus atroce par un contrepoids aflez puif fant. E..- Mais d’un autre côté , l’inftinét de la nature qui at: tache l’homme à la vie, & le fentiment qui le porte à fuir l’opprobre, ne fouffrent pas que l’on mette un criminel dans lobligation de s’accufer lui-même vo- lontairement, encore mois de fe préfeñter au fip- plice de gaieté de cœur ; & auf le bien public, & les droits de celui qui a en main la puiflance du glat- ve; ne le demandent pas. | | | C’eft par une conféquence du même principe ; qu'un criminel peut chercher fon falut dans la fui- te, 6€ qu'il n’eft pas tenu de refter dans la prifon, s’il apperçoit que les portes en font ouvertes ; qu'il peut les forcer aïfément, &cs’évader avec adrefle. On fait comment Grotius fortit du château de Lou- veflein, & l’heureux fuceès du fratagème de fon époufe , auquel il crat pouvoir innocemment fe pré- ter ; mais 1l ne feroit pas permis À un coupable de tenter de fe procurer la liberté par quelque nouveau crime ; par exemple, d’égorger fes gardes ou de tuer ceux qui font envoyés pour fe fair de lui, Quoique les peines dérivent du crime par lé droit de nature,il eft certain que le fouverairi ne doit jamais les infliger qu'en vûe de quelque utilité : faire fouf fix du mal à quelqu'un , feulement parce qu'il en a fait lui-même, eft une pure cruauté condamnée pat la raifon & par l’humarité. Le but des peines eft la tranquillité &c la sûreté publique. Dans la punition ; dit Grotius , on doit toûjours avoir en vûe ou le bien du coupable même, ou l'avantage de celui qui avoit intérêt que le crime ne füt pas commis ; ou Putilité de tous généralement. Ainfi Le fouverain doit fe propofer de corriger le coupable , en Ôtant au crime li douceur qui fert d’at- trait au vice, paf ka honte, l’infimie ; ou quelques peines afliétives, Quelquefois le fouverain doit fe propofer d’ôter aux coupables les moyens de com: mettre de nouveaux crimes, comme en leur enlevant les armes dont ils pourroient fe fervir , en les faifant travailler dans des maifons de force, ou en les tranf: portant dans des colonies ; mais le fouverain doit furtout pourvoir par les lois les plüs convenables aux meilleurs moyens de diminuer le nombre des crimes dans fes états. Quelquefois alors pour produire plus d'effet , 1l doit ajoûter à la peine de la mort que peut exiger l’atrocité du crime, l’appateil public le plus propre à faire impreffon fur l’efprit du peuple qu'il gouverne. Finiflons par quelques-uhs des principes les plus importans, qu'il eft bon d’établit encore fur cette matiere: 1°. Les légiflatéurs rie peuvent pas déterminer à leur fantaifie la nature des crimes. 2°, Ilne faut pas confondre les crimes avec les er reurs fpéculatives & chimériques qui demandent plus de pitié que d’indignation, telles que la magie, le convulfionifme , Ge: . 3°: La févérité des fupplicés n’eft pas le moyen le plus efficace pour arrêter le cours des crivies, 4°. Les crimes contre lefquels il eft le plus difficile dè fe précautionner, méritent plus de rigueur qué d’autres de même efbece. 5°: Les crimes anciennement commis, n€ doivent pas être punis avec la même févérité que ceux qui ‘font récents, 6°. On ne doit pas être puni pouf un crime d'au“ EATTE ON il , “79, Il feroit très-injufte de tendre refponfable d’uis crime d'autrui, une petfonne qui n'ayant aucune connoïflance de l’avenif , & ne pouvant ni ne de- vant empêcher ce crime, n’entreroit d’ailleurs pous tien dans l’aétiôn de celui qui le doit commettre, 8°, Les mêmes crèmes ne méritent pas tobjours 14 Las Nana à R Ï inême peine , & la même peine ne doit pas avoir Heu pour des crimes inégaux. | Nr 9°. Les aËtes purement intérieurs ne faurorent être aflüjettis aux peines humaines ; ces aétes connus de Dieu feul, ont Dieu pour juge &c pour vengeur. ro°. Les ates extérieurs quoique criminels, mais qui dépendent uniquement de Ja fragilité de notre nature + exigent de la modération dans les peines. 11°. Il n’eft pas toûjours néceflaire de punir les crimes d’ailleurs puniffables ; & quelquefois 1l feroit dangereux de divulguer des crimes cachés par des punitions publiques. | © 2°, Il feroit de la derniere abfurdité , comme le remarque l’auteur de l’Efpri des Lois , de violer les regles de la pudeur dans la punition des crimes , qui doit toüjours avoir pour objet Le rétabliflement de l'ordre. 13°, Un principe qu’on ne peut trop répéter, cft que dans le jugement des crèmes , il vaut mieux rif- quer de laifler échapper un criminel, que de punir un innocent, C’eft la décifion des meilleurs philofo- phes de l’antiquité ; celle de l’empereur Trajan, êz de toutes les lois chrétiennes. En effet, comme le dit la Bruyere, un coupable puni eft un exemple pour la canaille ; un innocent condamné ef l’affaire de tous les honnêtes gens, 14°, On ne doit jamais commettre de crime pour obéir à un fupérieur : à quoi je n’ajoûte qu’un mot pour détourner du crime les perfonnes qu’un mal- heureux penchant pourroit y porter ; c’eft de confi- dérer mürement l’injuftice qu'il renferme, & les fui- tes qu'il peut avoir. Article de M, le Chevalier DE JAU- COURT. CRIME, (Jurifpr.) probubition des lois tant natu- relles que civiles, & qui tend à troubler l’ordre pu- blic, de maniere que la vindiéte publique y eft inte- reflée ; ou qui fait à quelque particulier un grief tel que le fait mérite punition. Il y a des aétions qui font réputées criminelles, felon la religion & felon la morale , maïs que Les lois civiles ne puniflent pas; parce que ces aétions font du reflort du for intérieur, & que les lois civiles ne reglent que ce qui touche le for extérieur. Le terme de crime comprend toutes fortes de dé- lits & de maléfices: ces deux derniers termes pris dans une fignification étendue, comprennent auff toutes fortes de crimes ; cependant chacun de ces termes a ordinairement fa fignification propre, On entend par crime , les délits les plus graves qui intéréffent la vindiéte publique. Sous le nom de délits proprement dits, on n’en- tend que les moindres délits dont la réparation n’in- térefle que quelque particulier, Enfin on appelle proprement waléfices , l’action par laquelle on procure du mal, foit aux hommes ou aux animaux, & aux fruits de la terre, en employant le fortilége , le poifon, ou autres chofes femblables. Tout ce qui eft défendu par la loi n’eft pas réputé crime ; il faut que le fait foit tel qu'il mérite pum- tion. | Pour qu'il y ait un crime, il faut que le fait foit conunis par dol & avec connoïffance de caufe : ainfi ceux qui font incapables de dol, tels que les infen- {és & les impuberes , ne peuvent être pourfuivis pout crime , parce qu'on ne préfume point qu'ils ayent aninum delinquendr, Les crimes &c délits fe peuvent commettre en qua- tte mamieres différentes ; favoir, re, verbis, litteris, &c Jolo confenfu. Re, lorfque le crime eft commis par effet & par quelque aétion extérieure; comme les homicides, aflaffinats, empoifonnemens, facrilèges, vols, larcins, battures, excès , & violences, & au- tres chofes femblables. Werbis: on commet des eri- mes par patoles, en proférant des convices &c injui res verbales, en chantant des chanfons injurieufes» Licreris ? les crimes fe commettent par écrit, en fabri- quant quelque aûte faux , ou en compofant & diftri- buant des libelles diffamatoires. Cozfenfu : on com- met un crime par le feul confentement , en partici- pant au crime d’un autre, foit par fuggeftion , mau« vais confeils , ou complicité. % | Celui qui tue quelqu'un par mégarde & contré fon intention, ne laifle pas d’être puniffable fuivant les lois civiles ; parce que tout homme qui tue mé- rite la mort, mais il obtient facilement des lettres HE CUT el OT La volonté qu'un homme peut avoir eu de com« mettre un crime dont l’exécution n’a point été comi= mencée, n’eft point punie en juftice, cogirationis poœ= nam nemo patitur. La punition de ces crimes cachés, eft réfervée à la juitice de Dieu, qui connoît feul le fond des cœurs: Mais celui qui ayant deffein de commettre un crime s’elt mis en état de l’exécuter, quoiqu'il eæ ait été empêché, mérite prefque la même peine que file crime avoit été confommé ; la volonté dans ce cas eft réputée pour le fait : #7 madeficuis voluntas Jpeitlatur, non exitus. L’ordonnance de Blois, arf. 193. veut que l’on puniffe de mort ceux qui fe loïent pour tuer, ou- trager , & excéder quelqu'un , enfemble ceux qui auront fait avec eux de telles conventions , où qui les y auront induits : dans ce cas, on punit la feule volonté, quoiqu’elle n’ait été fuivie d’ancüne éxé= cution ; parce que la convention ef un aéte complet & un commencement d'exécution de la volonté : tout eft même déjà confommé par rapport à celui qui donne charge à un autre d'exécuter le crime; &e celui qui fe charge de le faire, commet aufli un ér1- me en faifant une telle convention qui bleffe Pordre de la fociété. Cette convention ef un aéte extérieur de la volonté, dont on peut avoir la preuve à la dif- férence d’une fimple volonté qui n’a point été ma- nifeftée, & que par cette raifon lon ne punit points Les crimes font divifés, fuivant le droit romain , en crimes privés & publics. Les crimes ou délits privés, font ceux qui ne regar- dent que les particuliers , & dont la pourfuite n’eft permife par les lois romaines qu'à ceux qui y font intéreflés, & auxquels la réparation en eft dûe. Les crimes publics font ceux qui troublent l’ordre public, & dont la réparation intérefle le public. Chez les Romains , la pourfuite en étoit permife à toutes fortes de perfonnes , quoique non-intéreflées. Mais parmi nous, la pourfuite n’en eft permife qu'- aux parties intéreflées, ou au miniftere public : mais toutes fortes de perfonnes font recües à les dénon- cer. On diftinguoit auffi chez les Rômains les crèmes publics ou privés , en crimes ordinaires ou extraordi- naires. Les premiers étoient ceux dont la peine étoit fixée par les lois, & qui fe pourfuivoient par la voie ordinaire ou civile. Les crimes extraordinaires étoient ceux dont la peine n’étoit point fixée par les lois ; & qui fe pourfuivoient par la voie extraordinaire de la plainte & accufation. En France on n’obferve point cette diftinétion 5 la réparation publique de tous crimes & délits ne peut être pourfuivie que par la voie extraordinai- te :: néanmoins les dommages &c intérèts peuvent être pourfuivis par la voie civile contre le coupa= ble. À l'égard des péines, on dit communément qu’el- les font arbitraires en France; ce qui ne fignifie pas que les juges puiflent prononcer des peines qui ne {ont point décernées par Ja loi contre le crime dont il s’agit, ils ne peuvent au contraire prononcer cor tre chaque crrme une peine plus grave que celle qui eft établie par là loi : ainfi ils ne peuvent condam- ner à mort dans un cas où il ny a point de loi qui prononce la péine de mort ; mais l'application des peines plus ou moins rigoureufes eft arbitraire, c’eft- à-dire qu’elle dépend des circonftances & de la pru- dence du juge, lequel peut abfoudre ou infliger une peine plus legere , s’il ne croit pas que l’accufé foit précifément dans le cas d’une peine plus rigou- reufe. _ On diftingué parmi nous de même que chez les Romains les crimes capitaux , c’eft-à-dire qui empor- tent peine de mort naturelle ou civile de ceux qui ne le font pas, & donnent feulement lieu à quel- que condamnation moins grave. Les crimes les plus legers que l’on qualifie ordi- naïrement de dé/irs fimplement , font les injures fai- tes, foit verbalement , ou par écrit, ou par geftes, comme en levant la canne fur quelqu'un , ou par ef- fet en le frappant de fouflets, de coups de poing vu de pié , ou autrement, ! Les autres crimes plus graves qui font Les plus con nus , font les vols &z larcins , les meurtres , homici- des & parricides , l’homicide de foi - même, le eri- me des femmes qui celent leur groflefle & fe font avorter, la fuppoñtion de part, le crime de lefe-ma- jefté divine & humaine, les empoifonnemens, les crimes de concufñion & de péculat, les crimes de dé- bauche publique, adultere, rapts, & autres procé- dant de luxure ; le crime de faux, de faufle monnoie, les fortiléges , juremens, & blafphemes, l’héréfie, &z plufeurs autres, de chacun defquels on parlera en leur lieu. Nous obferverons feulement ici que les crimes en sénéral font réputés plus ou moins graves , eu égard aux circonftances quu les accompagnent : par exem- ple , linjure eft plus grave lorfqw’elle eff faite à un homme qualifié, & par un homme de néant, lorfqu’- elle ef faite en public ; & ainfi des autres circonftan- ces qui peuvent accompagner les différens crimes, _. La connoïffance des crimes appartient à certains juges, privativement à d’autres ; ainfi qu'on le ver- ra aux w10is COMPÉTENCE, JUGES, LIEUTENANS- CRIMINELS, PREVÔTS DES MARÉCHAUX, PRÉ- VENTION , & PROCÉDURE CRIMINELLE. La maniere de pourfuivre les crimes eft expli- quée aux 70t$ ACCUSATION, ACCUSATEUR, AC- CUSÉ, DÉNONCIATION, PLAINTE, PROCÉDURE CRIMINELLE, & autres termes qui appartiennent à la procédure extraordinaire, Îl y a auf plufeurs chofes à obferver par rap- port aux preuves néceffaires en matiere criminelle : par exemple, que la confeffion de l’accufé ne fufit pas pour le condamner, qu'il faut des preuves très- claires, fur-tout lorfqu’il s’agit de condamner un homme à mort, Il y a des crimes qui fe commettent en fecret, tels que l’adultere, l’incefte, & autres crimes de cette efpece, pour lefquels on n’exige pas des témoins oculaires ; mais on a égard aux autres circonftances qui fourniflent des indices du crie, comme la fréquentation & la grande famuhiarité , les privautés, les difcours libres tenus verbalement & par écrit, qui annoncent la débauche. Voyez In- FORMATION & PREUVE, Les différentes peines que l’on peut infliger aux accufés felon la qualité des crimes &c délits, tels que les amendes, aumônes, peines du carcan, du fouet, d’être marqué , le banniffement, les galeres, la peï- ne de mort , feront expliquées en général au mer Peixes, @c plus particulierement chacune au mot qui leur eft propre. | Tous crimes en général font éteints par [a mort de Faccufé, pour ce qui eft de la peine corporelle & de la peine pécuniaire applicable au fic; mais quant CRI 469 aux réparations pécuniaires qui peuvent être dés à la partie civile, les héritiers de l’accufé font tenus à cet égard de fes faits. Il y a même certains crÎes dont la réparation pu- blique n’eft point éteinte par la mort de l’accuté , tels que l’homicide de foi-même , lé duel, le crime de lefe-majefté, : La peine portée par le jugement peut être remife par des lettres de grace, qu’il dépend de la clémence du prince d'accorder, Voyez LETTRES DE GRACE. … Mais fans le fécours d’aucunes lettres, Le crème oùt plütôt la peine publique, & les condanminations pé- cuniaires prononcées pour raifon du crime, {e prel- crivant au bout d’un certain tèms, avoir après 2a ans , lorfque la condamnation n’a pas été exécutée , & au bout de 30 ans, lorfqu’elle a été exécutée foit par effigie ou par fimple fignification, felon la qualité du jugement. Voyez PRESCRIPTION, Voyez Les livres XLPII. 6 XLVIIL. du dipeft, & le IX, du code ; le lv. W, des décrer. & ACCUSATEUR, ACCUSÉ , & cie après CRIMINEL, PEINES , PROCÉDURE criMts NELLE. | Crime atroce ; eft celui qui bleffe griévement le pu: blic, & qui mérite une punition des plus feveres. Crime capital, eft celui qui emporte peine de mort naturelle ou civile. Crime double , lés lois Romairies donnent cé nom aux aétions qui renferment tout à la fois deux crimes différens, él que l’enlévement d’une femme mariée, dont l’auteur commet en même tems le crime de rapt & celui d’adultere. Le crime double eft oppofé au cri. me Jemple. Voyez au Code, liv, IX. sir. xiiy, L, 1. Crimeñ duorum , eft celui qu’uné perfonné ne peut commettre feule, & fans qu'il y ait deux coupables, tel que le crime d’adultere. : Crime énorme ou atroce , eft la même chofe, Crimes extraordinaires, chez les Romains, étoient Oppofés aux crimes qu’on appelloïit ordinaires, Onen- tendoit par ceux-ci les crimes qui avoïent une peine certaine & fixée par les lois Romaines, & dont la pourfuite fe faifoit par la voie ordinaire des deman- des & des défenfes ; au lieu que les crimes exrraordi: raires, tant privés que publics , étoient ceux dont l4 peine n’étoit point déterminée par les lois, dont par confëquent la punition étoit arbitraire | & qui fé pourfuivoient par la voie extraordinaire de la plain: te & de l’accufation. Parmi nous on fait peu d’at- tention à ces diftinétions de crimes privés & publics, & de crimes ordinaires & extraordinaires ; on ne s’ar» rête principalement qu'à la diftinétion des crimes qui font capitaux d’avec ceux qui ne le font pas; & quoi: que nos lois ayent reglé la peine des crimes les plus connus , on tient cependant qu’en France toutes les peines font arbitraires, c’eft-à-dire qu’elles dépen- dent beaucoup des circonftances & de la prudence du juge. Quant à la voie par laquelle on pourfuit l& vengeance des crèmes, le miniftere public le fait toñ- jouts par la voie de la plainte. Les particuliers inté< reflés à la vengeance du crime, peuvent aufli pren- dre la voie de la plainte ou de la dénonciation ; mais ils peuvent aufli prendre la voie civile pour les in- térêts civils, La voie de la plainte eft bien regardée comme une voie & procédure extraordinaire: cependant la pro- cédure criminelle commencée par une plainte, quoi- qu’elle foit fuivie d’information & de decret , n’eft vraiment réglée à l'extraordinaire que quand il y a un jugement qui ordonne le recollement & la con- frontation , qui eft ce que l’on appelle le réglement à l'extraordinaire; car jufqu'à ce réglement l'affaire peut, fur le và des charges, être civilifée ou dn moins renvoyée à l'audience. Voyez au digefle 47, tit, xj, de extraordinatlis CTIMRIIPUS, Crime graciahle, et celui pour lequel on peut oh« 479 CRI tenir des fettres de srace du prince, tel qu'un homi- cide que l’on a commis involontairement ou à {on corps défendant. \ : Crime grave, eft un crime qui eft de qualité à mé- riter une punition rigoureufe. 7 Crime ordinaire. Voyez ci devant Crime extraordi- faire. : . Crime-parfair, eft celu qui a Été confommé, à la différence du crime imparfait, Qui n’a éte que projetté ou exécuté feulement en partie. Voyez ce qui eft dit ci-devant des crimes en général , & comment On pu- mit la volontés … . Crime preferie, eft celui dont la peine eft femufe par le laps de 20 ans fans pourfuites contre le coupable. Voyez PRESCRIPTION. ‘134 Crime privé: chez les Romains on diftingnoit tous des crimes en publics & privés ; les premiers étoient ceux qui regardoient le public, &c dont la pourfuité étoit permife à toutes fortes de perfonnes, quoique nôn intéreflées , cuilibet à populo; au lieu que les eri- mes privés étoient ceux qui ne regardoient que les particuliers, &c dont la pourfuite n’étoit permile par les lois qu’à ceux qui y étoient intéreflés, & à qu la réparation en étôit düe. Tous crmes & délits érorent æéputés privés , à moins que la loi ne les déclarat publics; mais On régardoit alors comme erme public un mariage prohibé. Parmi nous on ne qualiñe Ôf- dinairement de crimes, que ceux qui bleflent le pu- blic ; ceux qui n'intéreflent que des particuhers né font ordinairement qualifiés que de délits. Toures perfonnes font reçhes à dénoncer un crime public, mais il n’y a que les parties intéreflées ou le minif- tere public qui puifle en rendre plainte &-en pout- fuivre la vengeance. À l'égard des crimes où délits ‘privés, les parties intéreflées font les feules qui puif- Sent en demander la réparation. _ Crime public. Voyez ci-devant Crime privé. Crimen repetundarum ; c’eft ainfi qu’on appelloit ‘chez les Romains, le crime de concuffion. Foy. CON- CUSSION. . . | sis à Crime fimple, eft oppofé à crime double, Voyez ci- devant Crime double. (A) CRIMÉE, (Géog. mod.) vafte contrée de la Tar- tarie, Les anciens l’ont connue fous le nom de Cher- .fonefe Scythique, ou Taurique, ou Cimmertenne, OU Poniique, parce qu’elle avance dans le Pont-Euxin ou la mer Noire, qui la borne au couchant, ati midi, & partie à lorient, On voit en ce pays-là des riüriés des villes grecques, & quelques monumens des Ge- nois, qui fubfftent encore au milieu de la defolation & de la barbarie. Les habitans font Mahométans ; 1ls font gouvernés par un han, que nous appellons kam, nommé par la porte Ottomanne , qui le dépofe, dit M. de Voltaire, fi les Tartares s’en plaignent , & en- core plütôt sil en eft trop aimé. Article de M, le Che- yalier DE JAUCOURT. ns. ne. . CRIMINEL, (Jurifprud.) eft celui qui eft atteurit & convaincu de quelque crime. On confond quel- quefois le terme de criminel avec celui d’accufé ; on en trouve plufieuts exemples dans les anciennes of- donnances ; cependant c’eft improprement que les accufés font qualifiés de criminels avant leur con- damnation, n'étant point jufques-là convaincus dix crime qu'on leur impute, ni jugés criminels. Il paroît par le concile de Carthage en 395, & par le fixieme de Conftantinople , qu'on admimiftroit alors aux criminels, même condamnés à mort, les facremens dé pénitence & de l’eucharifie. Les con- ciles d'Agde & de Wormes , & le fecond de Mayen- ce, & celui de Tibur, tenus en 506, 770, 848, &c 103$, ordonnent de communier les criminels. Ale- xandre IV. ordonna la même chofe, Clement V, en 3411, leur accorda feulement la confeflion. Sous les papes Pie IV, Pie V, & Grégoire XIII, les peres af- | CRI femblés à Rome déciderent que puifque les concileë commandent de confefler ceux qui s’accufent fimple- . ment de leurs péchés, & dé les commuünier quand ils en ont ün finceré repeñtir, on ne doit pas non plus le refüfer à ceux à qui leurs péchés attirént une mort violente. Cependant en France il W’étoit point d’u= fage d'accorder, même la confeffion, aux crérinels condamnés à mort, jufqu'à Charles VI, qui otdonna qu’on leur offriroit le facrement de pénitéñce avant de fortir de prifon: 6n tiént que ce fut à la perfuañion de Pierre de Craon; mais l’ordonnance dit feulèment que ce fut à la perfuafñon de fon frere êc de fes on- cles, par l'avis de fon confeil & de quelques confeil: lers du parlement & du châtelet. On exécutoit au2 trefois les criminels les dimanches & fêtes de même que les autres jours. Par rapport à ce qui concerne la faculté que peux vent âvoir les criminels, dé difpofer de leurs biens avañt ou après leur condamnation, & la confifca= tion de leurs biens, voyez aux mots ACCUSÉS, CON- DAMNATION, CONDAMNÉ, CONFISCATION, 6 MORT CIVILE. | Criminel d'état, eft celui qui a commis quelque crime contre l’état, tel que le crime detrahifon, 6e, Voyez ci-devant CRIME D'ÉTAT. Cruniñel de lefé-majifé. Voyez ci-devant Crime de lefè- majejté. Afféjfeur criminel, éft une efpece de confeiller qui affifte au jugement des procès criminels, avec le lieu: ténant criminel & autres juges. Henri IIT, par édit du aois de Juin 1586, créa dans chaque baïllage, pre vôté, fénéchauflée, & fiége préfidial du royaume ; ün lieutenant particulier ajféffeur criminel, avec titré de confeiller du roi, & rang & féance après le lieu tenant criminel & le lieutenant particulier civil. Ces offices furent fupprimés en 1588, & rétablis pat Henri IV. au mois de Juin 1596. Chambre criminelle, Voyez at mot CHAMBRE. Grand-criminel, Voy. au mot PRO CÈS-CRIMINEL} Greffe criminel, Voyez au mot GREFFE. Greffier criminel, Voyez au mot GREFFIER: Interrogatoire des criminéls. Voyez INTERROGA: TOIRE. J'gé criminel. Voyez au mot JUGE. Jujtice criminelle, Voyez au mot JUSTICE, E aus mots PROCÈS & PROCÉDURE CRIMINELLE. Lieutenant criminel. Voyez au mot Licutenant criminel de robe courte. { LIEUTENANT4 Matieres criminellés: Voyez PROCÈS CRIMINEL. Peris criminel. Voyez PROCÈS CRIMINEL. Procédure criminelle. Voy. aux mots PRO CÉDURE & PROCÈS. Procès criminel. Voyez au mot PROCÈS. Regiftres criminels, Voyez REGISTRES. Tournelle criminelle. Voyez TOURNELLE. (4) CRIMNON , f. m. (Pharmacie) efpece de farine oroffiere, tirée du froment &c du zea, dort on faifoit des bouillies, Hippocrate ordonne quelquefois en boiffon l’eau éù l’on aura fait macérer ou bouillir le crimnon; cet te boïffon pafloit pour rafraichiflante, CRIN , f£. m. On appelle ainfi ces grands poils quy font attachés tout le long du cou, de même que ceux qui forment la quene du cheval: on dit qu’un che- val a tous fes crins, lorfqu’on ne lui a coupé n1 l& queue ni les crins du cou : on noue, on trefle, & on natte les crins, ou pour l’embelliffement du che- val, ou pour les accoûtumer à refter du côté que l’on veut: on coupe les crirs depuis la tête jufqu’à la moitié du cou, pour que celui-ci paroïffe moins gros & plus dégagé. Faire le crin, c’eft recouper au bout de quelque tems le erzz de l’encolure qui a été coupé, lorfqu'il devient trop long. Faire les oreilles ou faire de crin des oreilles, c’eft couper Le poil tout ; CRI au-tour du bord des oreilles. Se senir aux crins, {e dit lorfque le cavalier fe fentant peu ferme, prend les crirs du cou avec la main lorfqu’un cheval faute, de peur qu'il ne le jette par terre. On dit vezdre un cheval crins & queue, pour dire le vendre rrès-cher. 10 “ dx iN, (Corderie.) On diftingne deux fortes de cri, Pun qui eft droit & tel qu’il fort de deffus l’ani- mal; l’autre qu’on appelle crin crépi, c’eft-à-dire du crin qui a été cordé, & qu’on a fait boüllir pour le frifer. Il y a plufieurs fortes d’artifans qui fe fervent de - crin pour les ouvrages de leur métier. Le crin plat ou droit eft employé par les Perru- quers, qui en font entrer dans les perruques. Les Luthiers s’en fervent pour garnir les archets des inf- trumens de Mufique, Les Boutonniers en font de fort beaux boutons ; & les Cordiers en font des longes pour les cheväux, & des cordes pour étendre lé linge. Le crin crépi fert aux Selliers & aux Bourreliers; aux Selliers, pour garnir les carroffes, felles, & couf- . finets ; aux Bourreliers, pour rembourrer les bâts des chevaux & des mulets, & les fellettes des chevaux de chaife & de charrette. | CRINIER,, f. m. artifan qui prépare le crin, & le met en état d’être employé par les différens ouvriers qui s’en fervent dans leurs ouvrages. T Il n’y a que les maîtres Cordiers qui ayent le droit de bouilbr , crépir, & frifer le crin. CRINIERE, f. f. (Marechallerie. C’eft la racine du crin qui eft fur le haut de l’encolure du cheval. Les crinieres larges font moins eftimées que les autres. C’eft un défaut, fur-tout aux chevaux de felle, que d’avoir une criniere large, parce qu’à moins que d’en avoit un foin extraordinaire, elle eft fujette à la gal- le. Lorfque le cheval fe cabre, on Le prend aux crins ou à la criniere. On appelle auffi criniere, une couverture de toile qu'on met fur les crins du cheval depuis Le haut de la tête jufqu’au furfaix. Voyez SURFAIX, Elle a deux trous à l’une de fes extrémités pour pafler les oreilles, d’où elle vient répondre & s’at- tacher au cou fur le devant de la tête, & de-là au furfaix fur Le dos du cheval. Les Anglois donnent des crinieres aux chevaux pendant l’hyver; en France on ne s’en fert que dans les écuries. (77 CRINONS , f. m. pl. (A4. nat, Infeéolog.) crino- 2es, très-petits vers qui fe trouvent dans le corps hu- main : on les appelle crizons, parce qu’il y en a plu- fieurs enfemble, qui forment un groupe qui tefflem- ble en quelque forte à un peloton de crin. Ils naïffent aux bras, aux jambes, & principalement au dos des enfans à la mammelle. Ces vers étant vüs au microf- cope, paroiffent avoir une grande queue & le corps gros, Les anciens ne les connoïfloient pas, & Et- muller les a confondus avec ceux que l’on appelle pets dragons ou dragonneaux. Voyez de la gener. des vers dans le corps de l’homme, &cc.par M. Andry. Foy. DRAGONNEAU, INSECTE. (J° CRIOBOLE,, f. m. (Mych.) facrifice qu’on faifoit d’un bélier , à Cybele. Voyez TAUROBOLE. CRIONERO, (Géog. mod.) riviere d’Afe, en Na- tolie, qui prend fa fource dans Le mont Taurus. * CRIOPHORE , adj. épithete qu’on donnoit à Mercure qui avoit délivré de la pefte les Thébains, qui, lorfqu'ils en furent attaqués ou menacés, por- terent en honneur de ce dieu un bélier autour de leurs murailles , & célébrerent dans la fuite en mé- moire de leur confervation , une fête dans laquelle le jeune Thébain , de la figure la plus belle , faifoit le tour de la ville avec un agneau ou un bélier {ur fes épaules. | CRIQUE,, f. m. (Marine.) on donne ce nom à un CRI 471 petit enfoncement que la mer fait dans la côte, où de petits bâtimens peuvent entrer & s’y mettre à l’a» bri de la tempête. (Z CRIQUES, (Art mit.) font des éfheces de foffés que l’on fait quelquefois dans les environs des pla- ces, pour en couper le terrein de différens fens, de maniere que l'ennemi ne puifle pas y conduire de tranchée, Ils font ordinaitement remplis d’eau, « Lorfqu’il fe rencontre des endroits où le terrein # qu'on veut inonder fetrouve fenfiblement plus éle- _» vé que le niveau des eaux, on le coupe de tous les » fens par des foffés nommés crigues, qui communi- » quent à l’éclufe la plus à portée deles remplir d’eau, » S'il refte encore fur Le même terrein des efpaces » dont l’ennemi puifle profiter pour l’établiffement » de fes batteries dans un tems de fiége, on les oc- » cupe par des redoutes qui prennent des revers fur » fon travail, &c, »s Architeit, hydraulique, féconde partie, tom, IT. On avoit fait anciennement de ces criqués à Dun- kerque, Pour couper un terrein, qui, ayant été ma- récageux, s'étoit enfuite defleché, & fur lequel l’en: nemi auroit pà conduire une tranchée pourarriver à la place. Voyez La defcription de Dunkerque dans le pre. ruer vol, de la feconde partie de L ouvrage que l’on vient de citer. CRIQUET , f. m. (Marechall,) On appelle ainfi un petit cheval de peu de valeur, | CRISE, f. f. ( Medecine.) Galien nous apprend que ce mot cri/e eft un terme du barreau que les Me: decins ont adopté, & qu'il fignifie, à proprement parler, un /#gement, Hippocrate qui a fouvent employé cette expref. fon, lui donne différentes fignifications. Toute forte d’excrétion eft, felon lui, une crife; il n’en excepte pas même l'accouchement, ni la {ortie d’un os d’une plaie, Il appelle erife tout changement qui arrive à une maladie. Il dit aufli qu'il y a crife dans uné ma- ladie, lorfqw’elle augmente où diminue confidéra- blement , lorfqu’elle dégénere en une autre maladie, ou bien qu’elle ceffe entierement, Galien prétend, à-peu-près dans le même fens, que la crife eft un Changement fubit de la maladie en mieux ou en pis ; c’eft ce qui a fait que bien des auteurs ont regardé la crifé comme une forte dé combat entre la nature & la maladie ; combat dans lequel la nature peut vain. cre ou fuccomber : 1ls ont même avancé que la mort : Apres M | - peut à certains égards être regardée comme la crifé d’une maladie, , La doërine des erifés étoit une des parties les plus importantes de la Medecine des anciens : il y en avoit à la vérité quelques-uns qui la rejettoient , comme vaine & inutile; mais la plûpart ont fuivi Hippocrate & Galien, dont nous allons expofer le fyflème, avant de parler du fentiment des medecins qui leur étoient oppofés, & de rapporter les diffé- rentes opimons des modernes fur cette partie de la Medecine pratique. | ! La crife, dit Galien , & d’après lui toute fon école, eft précedée d’un dérangement fingulier des fonc- tons; la refpiration devient difficile, les yeux de. viennent étincelans ; le malade tombe dans le délire, il croit voir des objets lumineux ; il pleure , il plaint de douleurs au-derriere du cou, & d’une im- preffion fâcheufe à l’orifice de l’eftomac ; {a levre in- férieure tremble, tout fon corps eft vivement {e- coué : Les hypocondres rentrent quelquefois, & les . malades fe plaignent d’un feu qui les brûle dans l'in- térieur du corps , ils font altérés : il ÿ en a qui dor- ment ou qui s’afloupiffent ; & à la fiute de tous ces changemens fe montrent une fueur ouun faignement du nez, un vomiflement, un devoiement , ou des tumeurs, Les efforts & les excrétions font propre- ment la ervfe ; elle n’eft, à proprement.parler, qu’un 472 CRI rédoublement où un accès extraordinaire, qui ter- mine la maladie d’une facon ou d’autre. La crife fe fait ou elle finit par un tranfport de ma tiere d’üne partie à l’aütre, ou par une excrétion ; ce qi'établit deux différentes efpeces de crifes. Les crifes different encore en tant qu’elles font bonnes ou mauvaifes, parfaites ou imparfaites, féres ou dan- gereufes. Les bonnes crifes font celles qui font au moins ef- pérer que le malade fe rétablira ; & les mauvaïles, celtes qui augmentent le danger. Les crifés parfaites font celles qui enlevent , qui évacuent où qui tranf portent toute la matiere moïbifique (voyez Coc- TION) ; & les imparfaites , celles qui ne l’enlevent qu’en partie. Enfin la erife füre ou afférée, eft celle qui fe fait fans danger ; 8&c la dangereufe eft célle dans laquelle le malade rifque beaucoup de fuccom- ber dans l'effort de la crife mêmes On pourroit encore ajoûter à toutes ces efpeces de crifes , l’infenfible, ap- pellée /olution par quelques auteurs , & qui eft celle: dans laquelle la matiere morbifique fe diffipe peu-à- peu. Chaque efpèce de crife a des fignes particuliers, & qui font différens, fuivant que la crife doit fe faire par les voies de la fueur, par celles des urines, par les felles , par les crachats, ou par hémorrhagie ; c’eft à la faveur de ces fignes que le medecin peut juger du lieu que la nature a choïfi pour la erife. On trouvera dans tous les articles qui regardent les dif- férens organes fecrétoires, & notamment aux mots URINE, CRACHAT, SUEUR , HÉMORRHAGIE, Ec. les moyens de connoître l'événement de la ma- ladie, relativement aux différentes excrétions criti- ques, ou la détermination de la crife. Les anciens ne fe font pas contentés d’avancer & de foûtenir qu'il y a une crife dans la plüpart des ma- ladies aigués, & de donner des regles pour détermi- ner l'organe, ou la partie fpéciale dans laquelle ou par laquelle la crife doit fe faire ; 1ls ont crû encore pouvoir fixer le tems de la crife : c’eft ce qui a donné lieu à leur doëtrine fur Les jours critiques , que nous allons expofer, en nous attachant feulement à ce qu'il y avoit de plus communément adopté parmi la plûpart des anciens eux- mêmes ; car il y en avoit qui ofoient douter de la vertu des regles les plus re- cûües. Ce font ces regles qui furent autrefois les plus rectes , que nous allons rapporter. Les voici: Toutes les maladies aiguës fe terminent en qua- rante jours, & fouvent plütôt ; il y en a beaucoup qui finiffent vers le trentieme , & plus encore au vingt, au quatorze ou au fept. C’eft donc dans lef- pace de fept, de quatorze, de vingt ou de quarante jours au plus, qu’arrivent toutes les révolutions des maladies aiguës, qui font celles qui ont une mar- che marquée par des crifés & des jours critiques , ou du moins dans lefquelles ce caraétere eft plus fenf- ble, plus obfervable. , Les jours d'une maladie dans lefquels les crifés fe font, {ont appellés cririques, & tous les autres fe nominent non-critiques. Ceux-ci peuvent pourtant devenir critiques quelquefois , comme Galien en convient lui-même ; mais cet évenement eft con- traire aux regles que la nature fuit ordinairement. De ces jours critiques il y en à qui jugent parfaite . ment & favorablement , 8 qui font nommés princi- paux où radicaux par les Arabes, ou bien fimplement critiques ; tels font le feptieme, le quatorzieme, le vingtieme. I en eft d’autres qui ont été regardés comme tenant le fecond rang parmi les jours heu- reux ; ce font le neuvieme, le enzieme & le dix- feptieme : le troifieme , Le quatrième & le cinquième jugent moins parfaitement : le fixieme juge fort fou- vent, mais il juge mal &c imparfaitement ; c’eft pourquoi il a été regardé comme un tyran; au lieu que le feptieme , qui juge pleiremenr & favorable: ment, a été comparé à un bon roi. Lé huitieme & le dixieme jugent mal auffi, mais ils jugent rare- ment. Enfin le douzieme, le feizieme & le dix-hui- tiéme ne jugent prefque jamais. [Noëa. Tout leéteur entendra parfaitement le fens de ce mot /uger que nous venons d'employer, & qui éft technique , s’il veut bien fe rappeller la fignificätion propre du mot crife, qué nous avons expliquée au commencement de cet article.] On voit par ce précis quels font les bons & les mauvais Jours dans une maladie aiguë ; lés éminem- ment bons font le feptieme , le quatorzieme & le vingtieme.Galien ditavoirremarqué dans un feulété plus de quatre cents maladies parfaitement jugées au feptieme ; & quoiqu’on trouve dans les épidémies d'Hippocrate des exemples de gens morts au feptie- me, ce n’eft que par un accident rare, & dû à la force de leur tempérament, qui à fait que leur ma- ladie s’eft prolongée jufqu'à ce terme, qu’elle ne devoit pas atteindre dans le cours ordinaire. C’eft toûjours Galien qui parle , & qui veut fauver fon feptieme jour, qu'il a comparé à un bon prince qui pardonne à fes fujets ou qui les retire du danger, comme nous l'avons déjà obfervé. Le quatorzieme eft le fecond dans l’ordre des jours falutaires ; il eft heureux, & juge très-fouvent : il fupplée au feptie- me , ila même mérité de lui être préféré par quelques anciens. Quant au vingtieme , 1l eft auffi vraiment critique & falutaire ; mais il n’eft pas en pofleffion pañfible de fes droits : Archigene, dont nous parle- rons dans la fuite de cet article, lui a préféré le vingt-unieme, Tous les jours, excepté les trois dont nous ve- ñons de parler, font plus ou moins dangereux & mau- vais; ils jugent quelquefois , comme nous venons de le dire, mais ils ne valent pas les premiers, en tant que critiques ; ils ne font pas même précifement régardés comme tels : c’eft pourquoi on leur a donné des dénominations particulieres , & on les a diflin- guées en zrdices, en éntercalaires , & en vuides. Les jours indices, ou indicateurs, Qi forment le premier ordre après les trois critiques, & qu’on ap- pelle auffi contemplatifs, {ont ceux qui indiquent ou qui annoncent que la crife fera parfaite, 8 qu’elle fe fera dans un des jours radicaux : de cet ordre font le quatrieme, le onzieme & le dix-feptieme. Le qua- trieme qui eft le premier des indices , comme le feptieme eft le premier des critiques, annonce ce feptième , qui n’eft jamaïs aufli parfait qu’il doit le- tre, s’il n’eft indiqué ou annoncé. Ceux qui doivent étre jugés au feptieme, ont ure hypoftafe blanche dans l'urine au quatrieme , dit Hippocrate dans fes Apho- rifmes. Ainfi le quatrieme eft, par fa nature, indice du feptieme, fuivant Galien, pourvû qu'il n'arrive rien d’extraordinaire ; car il peut fe faire non-feule- ment qu’il foit critique lui-même (comme nous#}a- vons remarqué ci-deflus, & comme il eft rapporté dans les épidémies d'Hippocrate , de Périclès qui guérit par une fueur abondante au quatrième ), mais encore qu'il n'indique rien, foit par la nature de la maladie, lorfqu’elle eft très-aigue , foit par les mauvaifes manœuvres du medecin, où par quel- qu'autre caufe à laquelle il ne faut pas s'attendre or- dinaïrement. Enfin le quatrieme indique quelquefois que la mort peut ärriver avant le feptieme ; & c’eft ce qu'il faut craindre, lorfque les changemens qu'il excite pañlent les bornes ordinaires. Le onzieme eft indice du quatorzieme ; il eft moins réguher, moins exaét que le quatrieme, & , comme lui, 1l devient quelquefois critique , & même plus fouvent: car Ga- lien a obfervé que tous es malades furent jugés au onzieme dans un certain automne. Le dix-feptieme eft indice du vingtieme ; mais il perd apparemment | cette * CRT cette prérogative pour la céder au dix-huitiemie, f fi le vingtieme cefle d’être critique, ainfi que nous avons dit qu’Archigene l’a prétendu. Les jours qu'on nomme irrercalaires où provocateurs, font le-troifieme, le cinquieme, le neuvieme, le treizieme & le dix-neuvieme ; ils font comme les Keutenans des critiques , mais ils ne les valent ja- mais : s'ils font la crife, on doit craindre une rechü te; Hippocrate l’a dit nommément du cinquieme, - qui fut mortel à quelques malades des épidémies. Le neuvieme fe trouvant entre le feptieme & le quator- zieme, peut être quelquefois heureux ; Galien le place entre les critiques du fecond ordre, & cela parce qu'il répare la crife du feptieme, ou qu’il avan- ce celle du quatorzieme. Le treizieme & le dix-neu- vième font très-foibles, le dernier plus ençore que le premier. "+ Les jours vuides, qu'on nomme ainf parce qu'ils ne jugent pour l’ordinaire que malheureufement, parce qu'ils n'indiquent rien, &c qu'ils ne fauroient fuppléer aux critiques , font le fixieme, le huitieme, le dixieme , le douzieme, le feizieme , le dix-huitie- me, 6c. Galien n’épargne pas {a rhétorique contre le fixieme ; il fait contre ce jour une déclamation vé- hémente : d'abord il le compare à un tyran, comme nous l’avons déja rapporté ; & après lui avoir dit cette injure, 1l defcend de la fublimité du srope, pour l’accufer au propre de caufer des hémorrhagies mortelles, des jaunifles funeftes, des parotides ma- lignes, ce en quoi Aétuarius n’a pas manqué de le copier. Le huitieme eft moins pernicieux que le fi- xieme, mais il n’en approche que trop , ainfi que le dixieme. Le douzieme eft , fi on peut s'exprimer ainfi, un jour inutile ; il n’eft bon qu’à être compté, son plus que le feizieme & le dix-huitieme. Tous les jours, excepté le redoutable fixieme, font, comme on voit, de peu de conféquence, re- | lativement à la figure qu'ils font dans la marche de la nature ; mais ils font par cela même très-précieux aux medecins, auxquels ils préfentent le tems favora- ble pour placer leurs remedes: auffi ces jours-là ont- ils été appellés medicinaux ; ce font pour ainfi dire les jours de l’Art , qui n’a prefqu’aucun droit fur tous les autres, puifqu'il ne lui eft jamais permis de dé- ranger Ja nature , qui partage fon travail entre les Jours critiques 8 indicateurs, & qui fe repofe ou prend haleine les jours vides. di Nous n'avons parlé jufqu'ici que des maladies qui ne paflent pas le vingtieme jours mais il y en a qui “vont jufqu'au quarantieme, & qui ont auffi dans la partie de leur cours qui s'étend au-delà du vingtie- me, leurs erifes & leurs jours critiques : de ce nombre {ont le vingt-feptieme , le trente-quatrieme, & le quarantieme lui-même, On compte ceux-ci de fept en fept, au lieu que depuis le premier jour jufqu’au vingtieme, on les compte non-feulement par fept Ou par feptenaires, mais encore par quatre ou par quartenaires. Le feptieme, le quatorzieme, le vine- tieme ou le vingt-unieme , font Les trois feptenaires les plus importans ; le quatrieme , le huitieme, le douzieme , le feizieme &r le vingtieme, font les quar- tenaires les plus remarquables, & les feuls auxquels on fafle attention. Quelques anciens ont appellé ces derniers jours demi-feptenaires ; ils ont auf divifé les jours en général , en pairs & en impairs, Les uns & les autres avoient plus ou moins de vertu, fuivant que les maladies étoient fanguines ou bilieufes , Les bilienfes ayant leurs mouvemens aux jours impairs, & les fanguines aux jours pas. | Il paroït que c’eft à ce précis qu’on peut le plus rafonnablement réduire tout ce que les anciens nous ont laiflé au fujet de la différence des‘ jours ; il feroit fort inutile de relever les contradiétions dans Jéfquelles ils font tombés quelquefois, & de les fui- Tome IF, | CRI 473 vré dans toutes les tournures qu'ils ont tÂché de donner à leur fyftème. Nousne nous attacherons ici qu’à parler de quelques-uns de leurs principaux ems barras, & ces confidérations pourront devenir inté: teflantes pour l’hiftoire des maladies, Les anciens ne font pas d’accord fur la manie re dont on doit fixer le jour. Qw’eft-ce qu’un jour en Medecine, ou dans une maladie? Voilà ce que les anciens n’ont pas aflez clairement défini. Ils fe {ont pourtant aflez généralement réduits à faire um Jour qu'ils appelloient sredical ou mieicimal, & qui étoit de vingt-quatre heures, comme le jour naturel. La premiere heure de ce jour medical étoit la pre- micre heure de la maladie, qui ne commençant pas toûjours au commencement d’un jour naturel, pou: voit n'être qu’à fon fecond jour lorfqu’on comptoit le troifieme jour naturel depuis fon commencement. &c, Mais il ne fut pas aufli aifé de fe fixer à l'égard de ce qu'il faut prendre pour lé premier jour dans une maladie. En effet, s’il eft des cas dans lefquels une maladie s’annonce fubitement & évidemment pat un friflon bien marqué, il eft auffi des maladies où le malade traîne deux & trois jours, & quelque: fois davantage, fans prefque s’en appercevoir, On fe bornoit dans ces cas À compter les jours de la ma: ladie du moment auquel les fon@tions étoient décifi- vement léfées ; mais ce moment-là même n’eft pas toüjours aïfé à découvrir. La complication dés ma- ladies eft encore fort embarraffante pour le compte des jours. Par exemple, une femme groffe fait fes couches ayant aétuellement la fievre ; une autre eft faifie de la fievre trois ou quatre jours apres fes cou: ches : où faudra-t-il alors prendre le commencement de la maladie? Hippocrate s’eft contredit fur cette . matiere, & Galien veut qu’on compte toûiouts du ; q moment de l'accouchement, ce en quoi il a été fuivi par Rhazès, Amatus Lufitanus, &c, Il yen a et qui prétendoient faire marcher les deux maladies à la fois, & les compter chacune à part, D’autres, tels qu'Avicenne, Zacutus Lufitanus, &c. ont dif- tingué l’accouchement contre nature d’avec le natu- rel, &c ils ont pris celui-ci pour un terme fixe, & pour leur point de partance dans le compte des jours , en regardant l’autre comme un fymptome de la maladie. Mais tout cela n’éclaicit pas aflez la queftion, parce que les explications particulières ne {ont fouvent que des reflources que chacun fe ména: ge pour éluder les difficultés. L’hiftoire des rechûtes, ët celle des fievres aiguës entées fur des maladies has bituelles ou chroniques , embrouillent encore daa vantage le compte des jours ; &ce qu'il y a de plus fâcheux pour ce fyflème, c’eft qu’une erzfè durant quelquefois trois & quatre jours, on ne fait à quel jour on doit la placer. Il faut Pavoüer, toutes ces remarques que les anciens les plus attachés à la doc- trine des enfés, avoient faites , & dont ils tâchoient d’éluder la force, rendent leur doûtrine obfcure , va gue ; & fujette à des mécomptes qui pourroient être de conféquence, & quu n’ont pas peu contribue à dé- crier Les crifès & les jours critiques. Il y plus, c’eft que Galien lui-même eft forcé de convenir (c4. y, des jours critiques) qu’on ne fauroit diffimuler, Ji on ef? de bonne foi, que la dottrine d'Hippecrate jur les jours critiques ne foie crès-fouvent fujerte a erreur. Si cela eft, fi on rifque de fe tromper srès-/ouvent, à quoi bon s’y expofer en admettant des dogmes incertains à D'ailleurs on trouve des contradiétions dans les Is vres d'Hippocrate, au fujet des jouts critiques. (Ces contradiéhons ont été vivement relevées par Marfs liusCagnatus.) Ce qu'Hippocrate remarque dans {es épidémies, n’elt pas toùjours conforme à fes pro= gnoftics &z à fes aphorifmes, Galien a fenti de quelle conféquence étoient çes contradiétions à il tâche oa 474 CRI d’éluder l'argument qu'on peut en tirer contre fon opinion favorite, en difant que les livres des épidé- mies étoient informes , & deftinés feulement à lPu- fase particulier d'Hippocrate. Dulaurens va plus loin, &c il veut faire croire qu'Hippocrate m’avoit pas encore acquis, lorfqu'il compofoit fes livres des épidémies, une connoïffance complette des jours critiques. Mais à quoi fervent ces fubterfuges ? Tout ce qu’on peut fuppofer de plus rafonnable en faveur d'Hippocrate , s’il eft l’auteur de ces ouvra- ges dans lefquels on trouve des contradiétions, c’eft que ces contradiétions font dans la nature, & qu'il a dans toutes les occafions peint la nature telle qu’elle s’eit préfentée à lui ; mais il a toûjours eu tort de {e prefler d'établir des regles générales : fes épidémies doivent jufhfier fes aphorifmes , fans quoi ceux-ci manquant de preuves , ils peuvent être regardés comme des affertions fur lefquelles il ne faut pas compter. D'ailleurs, Dioclès & Archigene dont nous avons déjà parlé, ne comptoient point les jours comme Hip- ocrate & Galien; 1ls prétendoient que le 21 devoit être mis à la place du 20, d’où il s’enfuivoit que le 18 devenoit jour indicatif, & que le 25, le 28, le 32, & les autres dans cet ordre, étoient critiques. Dioclès & Archigene avoient leurs partifans; Celfe, s’il faut compter fon fuffrage fur cette matiere , don- ne même la préférence au 21 fur le 20. On en appel- loit de part & d’autre à l’expérience & à l’obferva- tion; pourquoi nous déterminerions-nous pour un des partis plütôt que pour l’autre, n’ayant d’autre motif que le témoignage ou l’autorité des parties in- téreflées elles-mêmes? Nous l'avons déjà dit, les anciens fentoient la force de ces difficultés , ils fe les faifoient à eux-mê- mes, & malgré cela la doftrine des jours critiques leur paroïfoit fi effentielle, qu'ils n’ofoient fe réfou- dre à l’abandonner : ceux qui fe donnoient cette for- te de liberté , tels qu'un des Afclépiades , étoient regardés par tous leurs confreres comme tres-peu medecins, où comme téméraires. Cependant Celfe loue Afclépiade de cette entreprife, & donne une très-bonne raifon du zele des anciens pour les jours critiques : c’eft, dit-il en parlant des premiers me- decins qu’il nomme artiquiffimi, qu'ils ont été trom- pés par les dogmes des Pythagoriciens. | | Il y a apparence que les dogmes devinrent à Îa mode, qu’ils pénétrerent jufqu’au fanétuaire des feétes des medecins. Ceux-ci furent aufli furpris de décou- vrir quelques rapports entre les opinions des philo- fophes & leurs expériences, que charmés de fe don- ner l’air favant : en un mot, ils payerent le tribut aux fyftèmes doniinans de leur fiecle ; ce qui eft ar- . rivé tant de fois depuis, 8 ce que nous conclurons {ur-tout d’un pañlage d'Hippocrate que voici. Il recommande à fon fils Theflalus de s'attacher exa@tement à l'étude de la fcience des nombres; parce que la connoiffance des nombres uffir pour lui en- feigner , @ le cireutt ou la marche des frevres , G leur cranfinutation, @ Les crifès des maladies , 6! leur dan- ger ou leur séreté. C’eftévidemment le Pythagoricien qui donne un pareil confeil, & non le medecin. Il n’en faut pas davantage pour prouver qu'avec de pareilles difpofitions Hippocrate étoit trés-porté à tâcher de plier l’obfervation à la théorie des nom- bres. L’efprit de fyftème perce ici mamifeftement ; onne peut le méconnoïtre dans ce paflage , qui dé- couvre admirablement les motifs d'Hippocrate dans toutes les peines qu'il s’eft donné pour arranger mé- thodiquement les jours critiques. C’eft ainfi que par des traits qui ont échappé à un fameux moderne, on découvre facilemént {a maniere de philofopher en Medecine. Voici un de.ces traits, qui paroitra bien fingulier fans doute à quiconque n’aura pas donné CRT dans les illufions de la medecine rationnelle. Après | avoir donné pour la caufe des fievres intermittentes la vifcofité des humeurs , l’auteur dont nous parlons ‘avance, qu'il eff plus difficile de difinguer la vraie caufe des fievres, que d'en imaginer une au moyen de laquelle on puifle tout expliquer ; & tout de fuite il procede à la création de cette caufe, il raifonne, & il propofe des vies curatives d’après fa chimere, Ce Quant à Galien, qui'auroit dù être moins attaché qu'Hippocrate à la doëtrine des nombres quiavoitdé- ja vieilli de fon tems, on peut le regarder commeun commentateur & comme un copifte d'Hippocrate : d’ailleurs, fon opinion fur lation de la lune, dont nous parlerons plus bas, & plus que tout cela, fo imagination vive , fon génie incapable de fupporter le doute, dubii impatiens , ont dû le faire échoïer contre le même écueil. Cependant il faut convenir que Galien montre de la fageffe & de la retenue dans l’examen de la quef- tion des jours critiques ; car outre ce que nous avons déjà rapporté de la bonne-foi avec laquelle il avouoit que cette doétrine pouvoit fouvent induire en er- reur , il paroît avoir des égards finguliers pour les lumieres & les connoiffances d’Archigene &c des au- tres medecins qui n’étoient pas de fon avis, Galien fait d’ailleurs un aveu fort remarquable au fujet de ce qu'il a écrit fur la vertu ou l'efficacité des jours : Ce que j'ai dit [ur cette matiere, Je l’ai dit comme mal- gré moi, & pour me préter aux vives inffances de quel= ques-uns de mes amis: 6 dieux ! vous [avez ce qui er eff ; je vous fais les témoins de ma fencériré, Vos, 6 dit immortales | noviflis ! vos in teflimonium voco. On ne fautoit ce femble foupçonner que Galien ait voulu tromper fes leéteurs & fes dieux fur une pareille matiere ; & cette efpece de ferment indique qu’il n’é- toit pas tout-à-fait content de fes idées : eüt-1l penfé qu’elles devoient pañler pour des lois facrées pen- dant plufeurs fiecles , & qu’en fe prêtant aux inftan- ces de fes amis intéreflés à le voir briller, il devien- droit le tyran de la Medecine? . C’eft donc fur la prétendue efficacité intrinfeque des jours & des nombres , qu'’étoient fondés les dos- mes des jours critiques : c’eft de leur force naturelle que les Pythagoriciens tiroient leurs arcanes, & ces arcanes étoient facrés pour tout ce qui s’appelloit philofophe. On ne peut voir fans étonnement toutes leurs prétentions à cet égard, & fur-tout Pamas fin- gulier de conformités ou d’analogies qu’ils avoient recueillies pour prouver cette prétendue force : par exemple, celle du feptieme jour ou du nombre {ep- tenaire, au fujet duquel, dit Dulaurens, Zs Æzyp- tiens , les Chaldéens, les Grecs, 6 les Arabes , ont laif[é beaucoup dechofes par écrit. Le nombre feptenaire,dit Re- naudot, medecin de la faculté de Paris , ef? ranreflime desPlatoniciens, pour étre compofe du premier nombre ins- pair, G du premier tout pair ou quarré, qui [ont le 3 G le 4 qu'ils appellent mâle & femelle, & dont ils font un tel cas qu’ils en fabriquent l'ame du monde ; 6 C’eff par leur moyen que tout Jubjifte : la conception de l’enfant fe fais au fèprieme jour ; la naïf[ance au feptieme mois, Tant d’autres accidens arrivent aux feptenaires : Les dents pouffent à fept mois ; l’enfantfe foftient à deux fois fpr: il délie fa langue à trois fois fept; il marche fermemenr aquatre fois fépt ; à fept ans les dents de lait [ons chaf Jées ; à deux fois fept il fl pubere ; à trois fois fepr il ceffe de croître, mais 1l devient plus vigoureux jufqu'a Jept fois . . . . . le nombre fept eff donc un nombre plein, appellé des Grecs d’un nom qui veut dire Véné- rable. Hoffman n’a pas manqué de répéter toutes ces belles remarques, dans fa diflertation de fato phyfice & medico. JR | fcauci Voilà la premiere caufe de tous les calculs des : medegins, voilà l’idole à laquelle ils facrificient Leurs propres obfervations, qu'ils retournoient toù- jours juiqu'à ce qu’elles fuflent conformes à leur opi- nion maïtrefle/ou fondamentale; trop femblables dans cette forte de fanatifme à la plüpart des moder- nes, dont les-uns ont toutrappellé à la matiere: fub- tile ; les'autres à l’attraétion ; à l’aétion des efprits animaux, à l’inflammation,, aux acrimonies , &'à tant d’autres dogmes, qui n’ont peut-être d'autre avantage fut la doëtrine des nombres, que celui d’è- tre nès plütard, & d’être par-là plus conformes à notre maniere de penfer. HE + 8 #1 Cette doûrine des nombres vieillifloit du tems de Galien,, nous l’avons déjà dit; elle s’ufoit d’elle-mé- me peu-à-peu; l’opinion des jours critiques s’affoi- blifloit à proportion : la théorie hardie & fublimé d’Afclépiade;, fort oppofée au génie calculateur ou numérique des anciens, fi on peut ainfi parler , au- roitinfalliblement pris le deflus, % Galien lui-même n’avoitménagéunereflourceaux feétateurs des cri/és, C’eftà l'influence de la lune, dontles anciens avoient aufli parlé avant lui, qu'il eut recours pour les ex- pliquer:al porta les chofes jufquà imaginer un mois medical ou medicinal, au moyen. duquel les révolu- tions de la lune s’accordant avec celles des crifes, celles-ci lui paroïffoient dépendre des phafes de la Junesseau| 21 Les Arabes nechangerent prefque rien à la doëri- ne des wcrifes 8x des jours critiques ; ils la fuppo- foient irrévocable & connue, & ils eurent occafon de l’appliquer à la petite-vérole, à laquelle elle ne va pas mal : ils étoient trop décidés en faveur de Galien, d’Ætius & d’Oribafe , pour former quelque doute fur leur fyftème. Hali-Abbas regardoit le 20 & le 2rcom- me des jours critiques ; il {emble qu'il voulüt conci- lier Galien & Archigene. L’Aftrologie étant devenue fort à la mode: dans le tems du renouvellement des Sciences , elle fe glif- fa bien-tôt dans la théorie medicinale : il y eut quel- ques medecins qui oferent traiter le mois medical de Galien de wonfrueux & d’imaginaire. Mais le com- mun des praticiens ne renonça pas pour cela à l’in- fluence de la June”fur les crifes & les jours critiques ; on ne manquoit jamais de confulter les aftres avant d'aller voir un maiade. J’aiconnu un medecin mathé- maticien qui ayant été mandé pour un malade qui avoit la falhvation à la fuite des fritions mercurielles, ne voulutpartir qu'après avoir calculé fi la chofe étoit poffble , vü la dofe de minéral employée. Ce ma- thématicien eût êté fürement aftrologue il y a deux fiecles. La lune, difoient les Aftrologues, a autant d’in- fluence fur les maladies, que fur la plüpart des chan- . gemens qu arrivent dans notre globe; c’eft d’elle _que dépendent les variations des maladies , & la ver- tu ou l’ation des jours critiques. Un calcul bien fim- ple le prouve : fi quelqu'un tombe malade le jour de la nouvelle lune, il fe trouvera qu’au 7 la lune fera au prenuer quartier, qu’on aura pleine lune au 14, & qu’au troifieme feptenaire elle fera dans fon dernier quartier. D’où il paroiït qu'il y a un rapport évident entre les jours critiques , le 7, le 14, & le 21, & les phafes de la lune, fans compter fes rap- ports avec les jours 2rdices. Auf toutes Les maladies - qui fe trouveront fuivre exaétement les changemens de la lune, & commencer avec la nouvelle lune, auront-elles des crifés completes & parfaites. Mais comme:il y a beaucoup de maladies qui ne commencent pas à la nouvelle lune, les révolutions de chaque quartier ne fauroient avoir lieu dans ces cas; cependant il y aura toùjours dans les mou- vemens de la lune des révolutions notables, qui ré- pondront au 7,au 14 & au 21,&cau4,au 11 &au 17, ainfi que peut le découvrir tout leéteur aflez pa- tient & aflez curieux de calculs, Tome IF, LS CRI 473 Parnu les médecins quiront déduit la marche des crifes de cette caule, il'Y en avoit qui ne trouvant pas bien leur compte avec la lune feulé, avoient te: cours à tous les aftres, aux fignes du zodiaque & aux planetes’, qui préfidoient chacune à des maladies particulières. À: jet Dobmagetete raéhenbhes 0 Le diraitje? Cette a@tion de la lune à laquelle Van? helmont même n’a ofe fe difpenfèr de foïmettre fon grand ärchée, & en séneral les influences des aftres fur les corps fublunaires, pourroient peutêtre être expliquées aflez phyfiquement, ainfi que M, Richard Meäd'a commencé de le faire parmi les modernes, Où au moins être recües comme phénoméenes ex1f- tans dans la nature, quoique non compris. Cé n’eft pas qu'il faille ajoûter foi aux ridicules & puériles calculs des anciens: mais On né peut, lorfqu’on exa- mine les chofes de bien près , s'empêcher dé fe ren dre à certains faits généraux , qui méritent au moins qu'on les examine & qu’on doute. On trouve tous les jours tant de gens de bon fens qui affürent avoir des preuves de laétion de Ia lune fur les plantes, &c fur des maladies mêmes, telles que la goute & les thümatifmes , qu’on ne fauroit fe déterminer , ce me femble, fans témérité à regarder ces fortes d’afler- tions comme deflituées de tout fondement, quel- ques folles applications que le peuple en fafle. Car de quelle vérité n’abufe-t-on point en Phyfique ? I! en eft comme des effets ou de l'influence de limagi- nation des femmes grofles fur leurs enfans ; le peu ple les admet; les Philofophes, ceux fur-tout qui ont une antipathie marquée pour toutes les idées populaires, qui ne font que les reftes des opinions de Pantiquité, ces philofophes rejettent l'influence de l’imagination des femmes groffes fur leurs en- fans ; mais 1l'paroïît malheureufement que c’eft par ce qu'ils n’enfavent point la caufe. N’eft-ce pas pour la mème raïon à-peu-près qion rejette lation ou l'influence de la lune &c des autres aftres fur nos corps? Après tout, pourquoi prendre fans héfiter un ton fi décifif contre des chofes que les anciens les plus refpeétables ont admis, jufqu'à ce qu’on ait démontré par des faits conftatés, qu’ils fe font trom- pés autant dans leurs obfervations, que dans les ap- plications qu'ils en ont faites ? On a laïfé préfider la lune au flux & reflux de la mer ; comment péut-on affürer après cela que la lune occafionnant des ré- volutions f fingulieres fur la mer, &c plus que pro- bablement fur air, ne produife pas quelque effet fur nos humeurs ? Pourquoi notre frêle machine fe- ra-t-elle à Pabri de Paétion de cette planete ? n’eft- elle ni compreflble ni attirable en tout ou en par- tie? la fenfibilité animale n’eft-elle pas même une propriété qui expofe plus qu'aucune autre, cette machine dont nous parlons, à un agent qui caufe tant de révolutions dans l’atmofphere ? Quoi qu'ilen foit , Fracaftor qui vivoit au xv. fie- cle, fut un des plus redoutables ennemis du fyftème dominant au fujet de lation de la lune fur les jours: critiques &c les crifes ; 1l étoit d'autant plus intéreflé à la deftruétion de ce fyftème , qu’il en fubftituoit um autre fort ingénieux ; le defir de faire recevoir fes propres idées , a fait faire à plus d’un philofophe des efforts efficaces contre les opinions reçües avant lui. On aura peut-être befoin de l’hypothefe de Fracaf. tor, lorfqu’on viendra à difcuter la queftion des cri Jes & des jours critiques, comme elle mérite de l’ê- tre ; c’eft ce qui nous engage à en donner ici un court extrait. | Fracaftor part des principes recùs chez tous les Galéniftes au fujet des humeurs , la pituite, la bile, & la mélancholie, qui ont, difoient:ls , différens mouvemens , qui occafonnent chacune leurs mala- dies particulieres, leurs fievres, leurs tumeurs, &c. c'étoit débuter d’une maniere bien féduifante pour O00ï 476 CRI des gens qui croyoient à ces humeurs ; Ja mélancho- le, ajoûte-tl, qui fe meut. de quatre en quatre jours, fait que tous les quartenaires font critiques. En effet, 1left vraiflemblable que toutes leshumeurs pechent plus ou moins dans la plüpart des maladies ; ces humeurs peccantes font celles dont a nature.tà- che de fe défaire ; elle ne le peut fi ces humeursne font préparées, la coétion devant toûjours précéder une bonne erife : or. la coëtion de la mélancholie ayant beloin de quatre jours pour être parfaite, puifque la coétion doit fuivre les mouvemens des hu; meurs , il fuit de-là que la crife fe fera de quatre en quatre jours, c'eft-à-dire dans le tems du .mouve- ment de la:mélancholhe, qui étant la plus épaifle & la plus lourde des humeurs , doit pour ainf dire en- trainer toutes les autres lorfqu’elle fe meut, & cau- fer une fecoufle qui fait la crufe. Mais l'humeur mélancholique ne fe trouve pas toûjours en même quantité , & les autres {ont plus ou moins abondantes qu’elle. Ces différences font qu’elle fe meut plus ou moins évidemment ou plus ou, moins vite, & qu'elle paroït fuivre quelquefois le mouvement des autres humeurs ; & c’elt de-là que dépendent les différentes maladies, & leurs diffé- rentes coétions ou crifes : par exemple , les maladies aigues étant occafñonnées par une matiere extrème- ment chaude autre que la mélancholie, leur mou- vement commence dès le premier jour; au lieu que les humeurs étant lentes &c tenaces dans Les ma- ladies longues, rien ne force la mélancholie à fe mouvoir avant le quatrieme jour ; & elle fe meut au deuxieme dans les maladies médiocres , vü le degré d'activité de la matiere qui la détermine, Si donc ia mélancholie fe meut dès le premier jour, les erifes feront au quatrieme jour, au feptieme , au dixieme, au treizieme , fuivant le plus ou le moins de divifion des humeurs ; fi la mélancholie ne fe meut qu’au deu- xieme jour , alors les mouvemens critiques fe mani- fefteront au cinquieme, au huitieme, au onzieme, au quatorzieme, au dix-feptieme , au vingtieme ; & enfin fi la mélancholie ne fe meut qu’au troifieme jour, alors le fixieme, le neuvieme, le douzieme, le quinzieme, le dix-huitieme , le vingt-unieme, le vingt-quatrieme, le vingt-feptieme , & le trentieme, feront les jours critiques, qui font de trois ordres ou de trois efpeces dans opinion de Fracaftor. On voit que ce fyftème dérange les calculs des anciens ; c’elt-là aufli ce qu’on lui a oppoié de plus fort ; & la plüpart des medecins qui ont fuccédé à Fracaftor, s’en font tenus à admettre les jours criti- ques à la façon de Galien, en donnant cependant pour caufes des crifès & des jours critiques la diver- fité des humeurs à cuire, la différence des tempéra- mens, & même l’aétion de la lune à laquelle on at- tribuoit plus où moins de vertu : ils ont établi une de ces opinions muxtes qui font intermédiaires entre les fyftèmes, ou qui font des efpeces de recueils ; reflource ordinaire des compilateurs. Profper Alpin, qu'on doit mettre dans cette clafle, mérite d’être confulté, tant par rapport à fes obfervations pré- cieufes, que par rapport à fes mouvemens combi- nés de l’atrabile & de la bile, &c. On trouvera tous les auteurs Galéniftes qui ont travaillé depuis Fracaftor, occupés des mêmes quef. tions , & fuivant à-peu-près le même plan, c’eft- à-dire ce que leurs prédécefleurs leur avoient ap- ris. Dulaurens chancelier de la faculté de Montpel- Er , & premier medecin d'Henri IV. a été un de ceux qui ont donné un traité des plus complets & des mieux faits fur les erifes:il y a dans cé traité des idées particuheres à l’auteur, qui méritent beaucoup d’at- tention;&fon exathtude a fait que plufieurs medecins qui ont travaillé depuis lui, fe font contentés de le copier: tel eftentr’autres, pour le dire ici en paflant, CFR.I le fameux Sennert: ceux qui ont dit de ce dernier que Riviere, un des plus grands: medecins de fon hecle , lavoit copié & abregé, auroient pü ajoûter que. le medecin françois n’a fait que reprendre aû iujet.des crifes ; ce que Sennert a pris dans Dulau- réns , & que pour le refte Riviere &\Sennert ont puilé dans les mêmes fources , & n'ont fait que fui- xre leurs prédécefleursdans la plûpart des queftionss en'cela fort refflemblans Àbien des modernes qui fe font copiés les uns les autres, depuis Harvée, Vieu£ fens , & Baglivi, jufqu'à nos jours. = be Lu, Les Chinuftes ayant foudroyé le Galénifme, & 1a plüpart des opimions répandues dans les écoles, qui avoient, à dire yrar, befoin d’une pareille fecounfle, Ja doétrine des crifés {e reflentit de: la fougue des ré- formateurs. Ce fut en vain qu’Arnaud de Villeneuve qui fe montre toûjoursfort fage dans la pratique, fe déclara pour les jours critiques, en avançant qu’on pafloit les bornes de la Medecine, fi on prétend a- ler plus loin qu'Hippocrate à cet évard: C’eft en vain que Paracelfe eut recours aux différens fels pour ex pliquer les crifes : Il n’efl rien, difoit Vanhelmont toûjours en colere, de plus impertinent que la.compa- raifon qu'on a fait des criles avec un combat sun vrai médecin doit néceffairement négliger les criles auxquel les il ne faut point avoir recours , lorfqu’on fait enlever La maladie à propos. À quoi férvent tant de pénibles re- cherches fr les jours critiques ? Le vrai médecin eff celui qui fait prévenir ou modérer la malignité des maladies mortelles ; & abréger celles qui doivent être longues , en un mot empêcher les çrifes. J'ai , ajoûte-t-il , compolé. étant jeune cinq livres fur les jours'critiques , 6 je Les ai fait brûler depuis. y avoit déjà long-tems que la doétrine des crifes avoit été combattue par des cla= meurs & des bons mots; on avoit traité la mede- cine des anciens de #réditation fur la mort. Ainfi Van- helmont {e fervoit pour lors des mêmes traits lan- cés par des.efprits non moins ardens que le fien; & ces répétitions ne paroiflent pas devoir faire re- gretter les livres qu'il a brûlés. Il faut pourtant con- venir que les expreflions ou la contenance de Van- helmont ne peuvent que frapper tout leéteur impar- tial; on eft naturellement porté à approuver ou à defirer une medecine héroïque & vigoureufe qui sût refifter efficacement aux maladies & les emporter d’emblée. La doëtrine des crifés & des jours critiques a un air de lenteur qui femble devoir ennuyer les moins impatiens, & donner fingulierement à mor- dre aux Pyrrhoniens. Les chimiftes plus modernes, & moins ennemis des écoles que Vanhelmont, tels que Sylvius-De- leboë , & quelques autres, n’ont pas même dai- gné parler des crifés & des jours critiques, & on les a totalement perdues de vüe, ou du moins on r’a fat qu'étendre les railleries de Vanhelmont ; il faut avouer que la brillante théorie des chimiftes, leurs fpécifiques, & leurs altérans, ne pouvoient guere condure qu’à cela: enfin les chimiftes ont perdu peut-être trop tôt l’empire de la medecine qu’ils avoient arraché à force ouverte à ceux quien étoient en pofleffion, & qui avoient fait dans l’art une de ces grandes révolutions dont les avantages & les defavantages font fi confondus , qu’il eft bien dificile de juger quels font ceux qui l’'emportent. Baglivi parut , il confulta la nature ; il crut la trou- ver bien peinte dans Hippocrate: // ef inurile , s’é- cria-t-1l, de fé moquer des anciens, 6: de ce qu’ils one dis des jours critiques ; laiflons toutes les injures qu’on leur a dites, venons au fait. La fermentation a laquelle on convient que le mouvement du fang a du rapport , a | Jès Lois, € fon tems marqué pour fe marifèfler ; pour- quoi les dépurations du fang r'auroient -elles pas Les leurs ? On obfervera Les crides évidémment fur les pay= | fans qui n’ont pas recours aux medecins ; & il ne faut CRI pas s'éronner qu'elles ne Je faffent point, lorfqu'on les dérange pat la multitude des remedes ; 11 faut pourtant avoser qu'il ya des maladies malignes dans lefquelles on ne doit pas s'attendre aux coffions & aux crifes : d'ailleurs le tempéramens dusmalade, Le pays qu’il ha bite, la conffirution de l’année, 6: la différence des fat- Jons ; font caufe que Les crifes ne fe font point dans nos pays précifèment ; comme en Grece, en Afie ; ce que Houkier avoit déjà avancé avant ln. La comparaïfon que Baglivi fait du mouvement des humeurs animales avec la fermentation des li- queurs fpiritueufes, mérite une réflexion ; elle eft £ortie de l’école des chimiftes , 8 il me femble qu’- elle prouve qu’il falloit bien que Baglivi fût perfua- dé de la vérité des cris & des jours critiques. En effet Pattachement que Baglivi avoit pour le /o/idif- me, ne permet pas de douter qu'il n’eût fait des ef- forts pour l'appliquer à la marche des crifés, Il nous a fait part ailleurs de fes efais à cet égard ; maïs ici il fe fert du fyftème des Awmorifles, foit qu'il voulàt les perfuader ‘par leur propre fyftème, foit qu’il pré- férât de bonne grace la vérité de l’obfervation à fes explications. Il feroit à fouhaiter que tous les Me- decinsimitaflent cette candeur; les exemples de ceux qui ne mettent au jour que lesobfervations qui qua- drent bien avec leur fyfième particulier, & qui ou-. blient ou qui n’apperçoivent peut-être pas celles qui pourroient le déranger, ne font que trop com- muns. Chacnn a fa maniere de voir les objets, cha- cun en juge à fa façon; c’eft pourquoi la diverfité même des fyftèmes peut avoir {es ufages en Mede- cine. Les Medecins plus modernes que Baglivi, ceux de l’école de Montpellier qui ont fuccédé à Riviere, tels que Barbeïrac qui eft un des premiers lépifla- teurs parmi les modernes, & qu'un de fes compa- triotes célebre profefleur du dernier fiecle, un des Châtelains ,regarde ( dans des manufcrits qui mont point vü le jour ) comme le premier auteur de tout ce que Sidenham a publié de plus précieux, Bar- beïrac , & fes autres confreres, qui ont pratiqué & enfeigné la Medecine avec beaucoup plus de nette- té, de fimplicité & de précifion que les Chimiftes &t les Galéniftes, ont négligé les crifes , & n’en ont prefque point parle ; ils ne les ont, ni adoptées com- me les anciens, ni vilipendées comme les Chimiftes, auxquels 1ls n’ont rien reproché à cet égard; enun mot ces queftions font devenues pour eux comme inutiles, comme non avenues, & comme tenans aux hypothèles des vieilles écoles. La même chofe eft arrivée à-peu-près aux medecins de lécole de Paris (à moins qu'on ne doive en excepter Hecquet qui a tant varié). Ils ont été long-tems à fe concilier {ur les fyflèmes chimiques ; & il y en a eu beaucoup qui ont parü refter attachés à la méthode de Hou- her, Duret, Baïllou. Ces grands hommes auront aflüré à l’école de Paris la prééminence fur toutes les autres de l'Europe, principalement fi la doûtrine des crifes vient à reprendre le deflus, puifqu'ils ont été les reftaurateurs des opinions anciennes fur cette matiere, & qu'ils ont fondé un fyftème de pratique qui a duré malgré les Chimiftes jufqu’aux terms des Chirac & des Silva. Il y eut dans le dernier fiecle, qui eft celui dans lequel vivoient les médecins de Montpellier dont je viens de parler, bien de grands hommes dont Hof. man cite quelques-uns dans fa differtation fur les cri- Jes , qui crutent qu'il étoit inutile de s'attacher À la doûrine des crifes dans nos climats, parce qu’elles ne pouvoient pas fe faire comme dans les pays qu'habitoient les anciens médecins. Il ne les ta- xoient point de fuperftition ni d’ignorance , ainfi que les chimiftes ; ils tâchoient de concilier tous les par- tis, én donnant quelque chofe à chacun d’eux. Ces CRI 477 medecins ne.doivent donc pas être repardés comme des ennemis des crifes, &c ils different aufi de ceux de Montpellier dont il a été queftion ci-deflus, & qui gardoient un profond filence au fujet des ersfés, On peut placer Sidenham au nombre de ces me decins,, c’eit-à-dire de ceux que j'appelle de More. pellier : tout le monde connoît la retenue & la modé- ration de Sidenham, auffi-bien.que le penchant qu'il avoit pour l’expeltation, fur-tout dans les-commen- cemens des épidémies. Je ne parlerai ici que d’une de fes prétentions , que je trouvedans fon sraisement de la pleuréfie : cette prétention mérite quelque con- fideration ; elle eft conçûe en ces termes : Medianre ven Jectione morbifica materia Penes meumefl arbitrium, G orficiur a phlebotomo incifum tracheæ vices fubire co- Bitur ; « je peus à mon gré tirer par la faignée toute la » matiere morbifique quiauroit dû être emportée par *les crachats ». Ce n’eit point ici le lieu d'examiner f cette propofñtion eft bien ou mal fondée ; il fuffit de remarquer qu'elle paroît diretement oppofée à la méthode des anciens, ou à leur attention à ne pas troubler la nature, C’eft une affertion hardie , qui appuie fingulierement la vivacité & ladivité des Chimiftes, & de tous les ennemis des crifes | & des jours critiques : car enfin quelqu'un qui fe flatte de maîtrifer la nature comme Sidenharm , & de lui dé- rober la matiere des excrétions, peut-il être regardé comme fon miniftre, dans le fens que les anciens donnoïent à cette dénomination? Joignez à cette ré- flexion les loïanges que Harris donne à Sidenham , pour avoir ofé purger dans tous les tems de la fievre, fans compter la maniere dont celui-ci s’efforçoit de diminuer la force de la fievre par l’ufage des rafrai- chiffans dans la petite vérole , & vous ferez obligé de convenir que la pratique de Sidenham pourroit bien n'avoir pas été conforme au ton de douceur qu'il avoit fü prendre, ni à la définition qu'il don- noït lui-même de la maladie, qu’il regardoit comme un effort utile & néceffaire de la nature, C’eft où j'en voulois venir, & je conclus de-là qu’il ne faut pas toûjours juger de la pratique journaliere d’un medecin par ce quil fe vante lui-même de faire ; tel qui fe donne pour un athlete prêt à combattre de front une maladie, eft fouvent très -timide dans le traitement: d'autre côté, il en eft qui vantent leur prudence , leur attention à ne pas déranger la natu- re, & qui font fouvent fes ennemis les plus décidés, Seroit-ce que dans la Medecine comme ailleurs, les hommes ont de la peine à fe guider par leurs pro- “pres principes ? J'infifterois moins fur cette matiere, fi je n’avois connu des medecins qu: fe trompent, pour ainfi dire, eux-mêmes, & qui pourroient indui- re à erreur les gens qui voudroient les croire fur ce qu'ils difent de leur méthode. C’eft en les voyant agir vis-à-vis des malades, qu’on apprend à les bien connoître : c’eft alors que le mafque tombe. Stahl & toute fon école ont eu un penchant très- décidé pour les crifes & pour les jours critiques ; leur autocratie les condufoit à imiter la lenteur & la méthode des anciens, plûtôt que la vivacité des Chi- miltes ; l’expetation devint un mot pour ainf dire facré dans cette fe&e, d'autant plus qu'il lui attira comme on fait, de piquantes railleries de la part d’un Harvée, fameux fatyrique en Medecine. Nen- ter, Stahlien déclaré, a donné l’hiftoire & les divi- fions des jours critiques à la façon des anciens. En un mot il eft à préfumer , par tout ce qu’on trouve à ce fujet dans les ouvrages de Stahl & dans ceux de fes dfciples, qu'ils auroienttrès-volontiers fuivi & attendu les crifes & les jours critiques, s’ils n’avoient été arrêtés par la dificulté qu'il y avoit de livrer l’or- dre , la marche, & les changemens des redouble- mens à l'ame, à laquelle ils n’avoient déjà donné que trop d'occupation, Comment ofer dire en effet 479 CRI ue l'ame choifit lés feptenaires pour redoubler fes Lcee contre la matiere morbifique, & qu’elle fe détermine de propos délibéré à annoncer ces fepte- naires par des révolutions qu’elle excite aux quarte- naires? A diré vrai, ces prétentions aurolent pü ne pas réuffir; il valut mieux biaïfer un peu fur ces ma- tieres, & refter dans une forte d’indécifion. Nichols a pourtant franchi le pas; mais difons- le puifque l'occafion s’en préfente : 1l feroit à fouhaiter pour la mémoire de Stahl, qu'il fe fût moins avancé au fu- jet de l'ame, ou qu'il eût trouvé des difciples moins dociles à cet'égard ; c’eft-là, il faut l’avouer, une ta- &he dont le Stahlianifine fe lavera difficilement, On pourroïtpeut-être Le prendre fur le pié d’une forte de retranchement , que Stahl s’étoit ménagé pour fuir les hypothefes, les explications phyfiques, & les calculs : mais cette reflource fera toùjours regar- dée comme le rêve de Stahl ; rêve d’un des plus grands génies qu’ait eu la Medecine, ileft vrai, Mais d'autant plus à craindre , qu'il peut jetter les efprits médiocres dans un labyrinthe de recherches & d'i- dées purement métaphyfiques. L'école de Montpellier auroit été infarlhblement entraînée dans cet écueil , fans la prudence des vrais medecins qui la compofoient; & fans la fagefle de celui-là même qui y foûtint le premier le Stahhanif- me publiquement, & qui apprend aujourd’hui à fes difciples à s'arrêter au point qu’il faut. Hoffman avance dans la differtation dont j'ai par- lé ci-deflus, & que M. James a traduite comme tant d’autres du même auteur, qu'il fe fait des cri/es dans les maladies chroniques ; telles que l’épilepfie , les douleurs, & les fievres intermittentes, ainfi que dans les maladies aiguës. Il répete en un mot ce que bien des auteurs ont dit avant lui ; 1l a recours , pour ce qui concerne Les révolutions feptenaires, à la volon- té du Créateur, ce que quelques-uns de fes prédé- ceffeurs n’avoient pas manqué de faire: 1lajoûte qu'il _eft impofñfible que les parties nerveufes ne foient irritées par la matiere morbifique , & par les ftafes des humeurs , & qu'ilarrive par-là de certains mou- vemens en de certains tems, cerfi motuS, Cerfis ferpOri- Bus, 8 il appelle cela, pour le dire en paflant , red- dere rationem crifium , expliquer la maniere dont fe font les cris. 11 donne à fon ordinaire un coup de dent à Stahl fur le principe interne, direéteur de la vie ; il cite Baglivi; il parle des cr1fes dans la petite vérole & la rougeole. Îl avoue qu’il y a des fievres malignes , dans lefquelles on ne fauroit remarquer l'ordre des jours. [l dit enfin qu’il ne faut pas déran- ger les crifes, dans lefquelles il a obfervé à-peu-près la marche que les anciens leur ont fixée: en un mot Hoffman fe décide formellement en faveur des cr1- ès ; cependant il femble laiffer fon lecteur dans une incertitude d’autant plus grande , que lorfqu’il parle du traitement des maladies, telles que l’angine, la fievre finoche , &c. il n’obferve pas les jours criti- ques , ou du moins il ne s'explique pas là-deflus. On ne fait donc pas bien clairement s’il faut mettre Hof- man au nombre des partifans des cerifés, c’eft-à-dire “de ceuxiquiles attendent dans les maladies , ou avec des praticiens qui les négligent , fcrences & volenres, ‘pour me fervir d’une expreffion de Sidenham , & -qui fe dirigent dans le traitement des maladies , fui- vant l’exigeance des fymptomes. La plüpart des an- iciens attendoient:les crifes, les Chimiftes n’en vou- doient point entendre parler non plus qu'Afclepiade qui affüroit que 207 certo ant legitimo tempore morbi _folvuntur ;:ni d’autres qui-ont traité les idées des an- ciens de pures-niaiferies ; zugæ, comme difoit Si- napius. Voilà deux partis bien oppoiés. Il en eft ‘un troifieme qui tâche de les concilier. Hoffman eft “de ce dernier. Les Medecins qui ne parlent des srifes, ni en bien, ni en mal, font un quatrième CRI parti peut-être plus fage que tous Îles autres. Boerhaave , que nous placons ici à côte de Stahl & d'Hoffman, a dit dans {es 2nflirurs ($. 931.) qu’il arrive ordinairement dans les maladies aiguës humora= les & en de certains tes; urchangement [ubit de La ma- ladie , fuivi de la fanté ou de la mort; changement qw'on nomme crife. Il dit ($. 030.) que la crie fulwsaire, parfaite , évacuante, féparant le [ain du malades, {epa- ratio morbof à fano , ef? celle qui eff entr’autres con- ditions, précédée de larcottion ; 1l appelle coëffion (. 27.) l’état de la maladie , dans lequel la matiere crue (c’eft-à-dire celle qui eft ($: 922.) difpofée à caufer ou à augmenter la maladie) , ef? changée de façon qu’ elle foit peu éloignée de l’état de fanté., & par confé= quent moins mufible, & appellée alors cuite: [appelle cochon parfaite ($. 945. ) , celle par laquelle, co&ïo quA, la matiere crue ef? parfairement 6 très-vite ; per= fe&iflimè & citiflimèe, rendue fermblable à l'humeur na- turelle ; matiere réfolue ($.930.), refoluta, celle qui eff devenue très-femblable à la matiere faine, falubri, &e réfolurion , l’ailion par laquelle cela arrive , aülion qu£ fera La guérifon parfaite qui fe fait fans aucune évacua- 4107. D'où il paroît 1°. que par les propres paroles dé Boerhaave, la réfolution & la coion parfaite font la même chofe, puifqu’elles ne font l’une &c l’autre qué l’'aéfion par laquelle La matiere morbifique ef} rendue Jem- blable a l'humeur naturelle ou Jaine,naturah,falubni ; ce qui eft bien, à peu de chofe près, lidéedeSidenham, mais ce qui eft fort éloigné de celle que les anciens ont eu de la coétion : car ils ont dit que Les humeurs étoient cuites , lorfqu'elles font propres a l’excrétion ils prétendoient que soute coëlion Je fait en épaiffiffant; Hippocrate a dit en termes exprès (-Aph. xvy. Jeë. 2. prognoff.) , qu’il faut que tout excrément s’épaiffiffe lorf- que la maladie approche du jugement : or ni l’epaiffiffe- ment ni la difpofition à l'excrétion ne conviennent à la matiere de la réfolution lorfqu’elle eft réfolue , re- Joluta ,furtout fi, comme le veut Boerhaave, elle eft alors devenue srès-femblable a la matiere faune. 2°. Il fuit de ce qu'avance Boerhaave, que la ré- folution guériffant parfaitement une maladie fans au- cune évacuation , La coëtion parfaite qui lu eft analo- gue, pourroit aufli n’être point fuivie d'évacuation; ce qui eft encore fort éloigné des dogmes des an- ciens, & d'Hippocrate lui-même, qui prétend que pour qu’une coétion foit parfaite, elle doit être con- tinue & univerfelle ; continue, en ce qu’elle doit tou- jours charger les urines de fédiment blanc, uni, & égal; & uriverfelle, en ce qu'elle doit fe montrer dans tous les excrémens : en un mot les anciens n’ont jamais jugé de la co@tion que par la nature des éva- cuations , & une coétion de la matiere morbifique fans évacuation, ou fans metaftafe, auroit été pour eux un être imaginaire ; car leur /o/urion fuppofoit des évacuations, 3°.Boerhaave même paroît être de cetavis, lorf- qu'il avance que la crifè parfaite , feparatio morbof à fano, crifis evacuans , dois tohjours étre précédée de la coëtion ; preuve que ce qui eft cuit n’eft point /£ mile falubri , crifis debet fequi cottionem ut bona effe poffit ($. 941. Haller, comment.) ; mais cette coc- tion qui doit précéder la crife, felon Boerhaave , ne doit pas être parfaite, car celle-ci ou la coton par- faite eft, par la définition qu'il en donne lui-même, celle par laquelle la matiere crue ef? rendue parfaitement femblable à Phumeur naturelle ; de forte que la ertfe parfaite n’eft pas précédée d’une coéfion parfaite : ce qui eft auffi fort éloigné des prétentions des anciens, & ce qui, à dire vrai, n’eft pas bien clair. 4°. En fuppofant avec Boerhaave que la coétion fimple où non parfaite, différente de la coéioz parfaï- ze (car il faut en faire de deux efpeces pour fauver CET: La contradiction ); en fuppofant, dis-je, que cette coton eft, conune il l’avancé ($. 027.), l'état dans dequel la matiere crue ef? changée de façon qu’elle foit peu éloignée de l'état de fanté, on ne voit guere comM- ment cette coétion peut être fuivie de la crife ; en ef- fet Boerhaave prétend (K.03 2.) que la cafe du mou- vement critique eff la vie rejiante, vita fuperftes, irri- ée par la matiere morbifique doiiée de différentes qua- dites : maïs comment la matiere cuite, fi elle eft pez éloignée de l’état de fanté, peut-elle irriter la vie & caufer une révolution fubite ? comment eft-elle dotiée de différentes qualités, præ&dita variis condi- éionibus , {elle eft peu éloignée de l’état de fanté? D'ailleurs Boerhaave aflüre ($. 941.) que l’évacua- £LO7 critique qui arrive a un jour critique, eft bonne ; que la doétrine d'Hippocrate ( $. 942. Haller, comm. } fur les jours indices , le quatre indice du fept , le cinq du zenf, ne trompe pas loriqu’on livre la nature à elle- -même : Âæc non fallurit quamdin nature morbum com- 7nietis , neque te trmifces curationt ; il ajoûte (Ç. 941: Hall. ) que /a crife qui fe fais en Norvege ef? différente de celle qui fe fait en Grece , G que celle qui fe fait dans ane femme difjere de celle qui fe fait dans un homme. I dit ($. 1178.), après avoir fait un détail des reme- des, correctifs , des acrimonies, acide, alkaline, mu- riatique, huileufe, aromatique, bilieufe, exufte, putride, rance , acrimonia , aromatica , exufla , &tc. que celui qui entend bien, te6te intellexit, out ce qu’il vient de dire, & qui a lé avec foin les ouvrages d’Hippo- crate © les beaux commentaires de Galien, Galeni in illa eruditas curas, cornoitra certainement, profeéto, Les remedes propres & faire digérer , gouverner la cotion & la crife des maladies , ad excitandam, promoyen- dam, gubernandam , abfolvendam coftionem & crifim. À Fe. Il fuit de ces paflages & de ceux que nous ayons rapporte c1-deflus, ainf que de plufieurs autres que Je pañle fous filence, que Boerhaave ne rejettoit pas la doûtrine des crifës , mais qu’il n’étoit pas bien dé- cidé fur ces matieres, ou du moins qu'il eft difficile de pénétrer le plan qu'il s’étoit formé à cet égard. En eftet s'il eft vrai que l'évacuation critique, qui arrive : à un jour critique, eft bonne, il y a donc des jours critiques : mais quels font-ils? C’eft ce que Boer- haave ne décide point aflez précifément. S'il eft vrai que la doëtrine des jours indices ne trompe point , tandis qu'on livre la maladie à la nature, en quoi cette vérité eft-elle utile à favoir? & jufqu’à quel point faut-il livrer la nature à elle-même, & ne pas fe mêler de la cure, Je immifcere curationi ? Voilà un point d'autant plus embarraflant, que Boerhaave lui-même fuppote que quelquefois ($. 940.) le me- decin, zo7r aufculiat nature neque crifim expeitar, ne fe prete pas aux mouvemens de la nature, & n’at- tend pas la crife. IL eft donc des cas où il eft permis de s’oppofer à la nature , & de ne pas attendre les crifes , expeitare crifim : mais quels font-ils ? C’eft ce que Boerhaavye ne dit point, & ce qu’il falloit dire. Outre cela, fi: un medecin qui entend bien , reée in- æellexit, les préceptes que Boerhaave donne fur les acrimonies ; fun medecin, dis-je, qui fait manier comme 1l faut les médicamens oppofés aux acrimo- mes dont Boerhaave fait autant de fpécifiques , con- noît certainement , profeéto , la façon de faire , de diriger , &z de gouverner la crifé & la co&tion, à quoi bon les attendre de la nature ? comment cette ac- tion permutante des fpécifiques s’accorde-t-elle avec les jours critiques ? pourquoi s’en tenir, comme Bocrhaave le fait ($. 1210. Haller.), À la loi d’'Hip- pocrate , qui Vetat purgare in _. cruditatis ; qui dé- fend de purger pendant que les humeurs font crues , &t qui ordonne d’attendre la coétion ? pourquoi ne pas la faire cette coétion avec les fpécifiques ? & s'ils réufliflent, où fi on croit qu'ils peuvent réufir, CRI 479 quelle néceffité y a-t-il de s’en tenir À des lois an- ciennes ? pourquoi ne pas fe décider contre-elles comme les Chimiftes ? Enfin Boerhaave a bien dit, que la crife eft différente en Grece & en N orvepe ; mais on ne fait point fi cette différence regarde la nature de la er1/e, ou l’organe par lequel elle fe fait, ou bien les jours auxquels elle arrive : & cela n’eft pas mieux décidé au $. 941 , dans lequel Boerhaave prétend que la crife eft différente dans les différens climats, crifis varia ef? ratione regionis ; de maniere qu'il paroît avoir à peiné touché à l’opinion de ceux dont nous parlons ci-deffus, & qui prétendent que les crifès ne fe font point aux mêmes jours en Grece & dans ce pays-ci. En un mot il me femble qu'il eft aflez difficile , quelque parti qu’on prenne, de s'appuyer du fenti- ment de Bocrhaaye. Il a écrit des généralités ; fes Propoñtions ne paroiffent pas aflez circonfcrites. Il n'a pas bien exatement fixé fa façon de penfer; tantôt il femble vouloir concilier les modernes & les anciens, le plus fouvent il donne la préférence à ces derniers : mais, encore une fois, tout ce qu'il avance n'eft ni aflez clair, ni aflez déterminé, fur- tout pour les commencans, Il eft fâcheux que le fa- vant M. Haller n'ait pas jugé qu'il fût convenable de toucher à toutes ces quettions eflentielles, & les feules peut-être qui foient vraiment intéreflantes. Lorfque Boerhaave parle des erifés, qu'il donne des lois à ce fujet, qu'il propofe des chofes, qu'il appelle (941. 6c.) recepta , reches, axiomata , des axiOMES ; M. Haller garde le filence fur ces lois , fur Les four- ces où fon maître les a puifées , fur leur vérité & leur authenticité ; il ne cite pas même les ouvra- ges d'Hippocrate & de Galien, dans lefquels Boer- haave a pris prefque tout ce qu'il ayance de pof- tif. Chacun peut, il eft vrai, s'orienter fur ces ma- tieres par lui-même ; mais lorfqu’il s’agit de la ma- mere dont Boerhaave affüre que ce qu'il dit eft re: çu , & qu'il en fait des axiomes , chofe fort im- portante pour l’hiftoire de la Médecine que M. Hal- ler a tant à cœur, n’eft-il pas furprenant qu'il ne nous apprenne point dans quel endroit ces axiomes étoient reçûs lorfque Boerhaavétcompoñoit fon ou- vrage (en 1709 & 1710), & de quel œil les par- tifans de Silvius Deleboé , qui étoient les domi- nans à Leyde , regardoient ces axiomes? S'il s’agit d’un petit mufcle, d’une figure anatomique, d’une difcufhon curieufe, M, Haller ne s’épargne point, il cite des auteurs avec une abondance qui fait hon- neur à fon érudition , il fait mille pénibles recher- ches, il inftruit fon leéteur en le conduifant dans tous les coins de fa bibliotheque; & lorfqu'il s’aoit des matieres de Pathologie, il n’a rien à dire , rien à citer. Un medecin, par exemple Vanfwieten, que les praticiens peuvent à bon droit appeller l’exfane légitime ou le fs ainé de Boerhaave , auroit fait pré- cifément le contraire. Si on confulte Boerhaave dans fes aphorifmes, il veut que dans l’angine inflammatoire (4p. 809.) om ait recours « à de promptes faignées , & fi abondan- » tes, que la débilité, la pâleur, & l’affaiflement » des vaifleaux s’enfuivent », cita, magna, reperira miffio fanguinis, quoufque us debilitas, palor, vaforum collapfus; & tout de fuite « à de forts purgatifs», valida alvi fubduttio , per purgantia ore haufla; « {ans » oublier les fufumigations humides », yapore humi- do, molli, tepido, affiduè hauflo, Boerhaave prétend que dans la péripneumonie inflammatoire & récen: te (ap. 854 ), « il faut recourir à de promptes, fai » gnées », citaim largam miffionem fanguinis, ut diluer: tibus fpatium concedatur, « pour faire place aux dé- layans ». Il donne Les mêmes préceptes pour l’inflam: mation des inteftins, pour La pleuréfie, &c, mais s’il faut fuivre ces regles, il n’eft plus queftion de choiïfir 480 CRI ! + L des jours déterminés, il ny a pas même lieu d’atten- dre la coëtion &c la crife fans les déranger. Il eft vrai que Boerhaave préfente les mêmes maladies fous #’autres points de vüe; mais on ne trouvera jamais . ‘une conformité parfaite entre le traitement qu'il pret crit, &'la doctrine des jours critiques reçue chez les anciens ; &c il demeure inconteftable que , comme nous Pavons dit, le {yftème de Boerhaave eft inde- terminé , & qu’au refte il a du rapport avec ce que Baglivi, Stahl, Hoffman, & bien d’autres prati- quoient avant lui, L'illuftre Vanfwieten eft plus pré- cis &c.plus décidé que fon maître ; ils’explique au fu- jet des erifès, à l’occafion d’un ouvrage de M. Nihell, dont je parlerai plus bas, & il le fait d’une maniere qui annonce le praticien expérimenté, l’homme qui a vû & vérifié ce qu'il a I. Il eft à fouhaiter que ce medecin puifle communiquer un jour les obferva- tions nombreufes dont il parle, & dans lefquelles 11 s’eft convaincu de la vérité du fond de la doëtrine des anciens. | I n’eft pas douteux enfin, que les modernes, qui ont joint la pratique aux principes de l’école de Boer- haave, parmi lefquels il faut placer quelques Anglois de réputation, tels que M. Heuxam , ne fuffent très- portés à admettre la doëtrine des cri/es ; le doéteur Martine mérite d’être mis dans cette derniere claffe. Chirac, un des réformateurs ou des fondateurs de la medecine Françoïfe, qui fe donne lui-même pour difciple de Barbeïrac & des autres medecins de Mont- ellier, quitta cette fameufe école où il avoit déjà formé bien des éleves, & où il avoit foutenu pen- dant dix-huit ou vingt ans (en s’en rapportant à un paflage d’un de fes ouvrages que je citerai dans uñ moment), des opinions erronnées qui l’égaroient ; al vint prendre à Paris des connoïffances qui y font aujourd’hui les fondemens de [a medecine ordinaire, de forte qu’on ne fauroit bien décider fi le fyftème de Chirac eft né à Montpellier ou à Paris, & sl n’appattient pas par préférence à la medecine de la capitale, où Chirac trouva plus d’une occafion de s’inftruire & de revenir de fes opinions erronnées de Montpellier; d’ailleurs la célébrité de fon fyfte- me eft dûe aux medecins de la faculté de Paris. Quoi qu'il en foit, les idées fimples & lumineufes ue Chirac nous a tranfmifes, font devenues dés lois fous lefquelles la plûpart des medecins François ont plié. On y a pris les maladies dans leurs caufes évi- dentes ; on a combattu les idées des anciens & celles des Chimiftes; on a formé une medecine toute nou- velle, à laquelle la nature a pour ainf dire obér, & qu'on a bien fait de comparer au Cartéfianifme dans la Phyfique. La retenue & les préjugés des anciens, qui n’o- foient rien remuer dans certains jours, ont été fin- gulierement combattus par Chirac. Il a employé les purgatifs , les émétiques , &c les faignées dans tous les tems de la maladie, où les fymptomes ont paru lexiger ; enfin il a bouleverfé & détruit la medecine ancienne : il n’en refte aucune trace dans l’efprit de fes difciples, trop généralement connus &e trop il- luftres pour qu'il foit néceflaire de s’arrêter à les nommer. Ils ont peut-être été eux-mêmes plus loin que leur maître, & ils ont rendu la medecine en ap- parence fi claire, fi à portée de tout le monde, que fi parhafard on venoit à découvrir qu’elle n’a point ac- _quisentre leurs mainsautant de füreté que debrillant & de fimplicité,on ne fauroit s’empècher de regretter des opinions qui femblent bien établies, &r de faire des efforts pour détruire tout ce qu’on pourroit leur oppofer. JS Voici quelques propoñtions tirées du Chiracifme, qui feront mieux juger que je ne pourrois le faire du genre de cette medecine : Æippocrate G& Galien, dit Llurac (trait, des févres malig. & int.) , me doivent Pas avoir plus de privilége qu’ Ariflote; ils n'évoient qu des empyriques, qui dañs une profonde obfeurité ne cher éhoïent qu'a tatons ; ils ne peuvent être regardes par des efprits éclairés, quecomme des maréchaux ferrans qui ont reçu les uns des autres quelques'traditions incertaines. Quand même ils n'auroient jamais exiffé , G que tous leurs fucceffeurs n’auroient jamais écrit, nous pourrions déduire des principes que j'ofe me flatter qu’on trouvera dans mOn Ouvrage ; {Out ce qui a été obfèrvé par Les ar ciens @ par les modernes, .; Les Chirafles pleins de pré. Jomption n’ont fait qu'imaginer, .. leur audace n’a pro- duit qu'un exemple contagieux pour plufieurs medecins; ils m'ont égaré moi-méme pendant plus de dix-huit où Vingt ans, par des opinions erronées que j'ai eu bien de la peine à effacer de mon efprir. C’eft en fuivant les mêmes principes , que M. Fizes s'explique ainf dans fon traité des fiévres (sraëlac, de febrib.) : « la févre » eft une maladie direétement oppofée au principe » vital» : principio vitali direëlè oppofitus., .., Si, ajoute-t-1l, zaturam erranten dirigimus , € collaber tem fuftinemus , non ctiofi crifium fpeifatores : « c’eft »# ain que nous dirigeons la nature qui s'égere» & » que nous la relevons dans fes chûtes, fans attens » dre négligemment les crifes ». Je choïfis ces propofñitions, comme les plus éloi= gnées de l’expeila des Stahlliens, & du 9x0 natura ver= git dés anciens: on pourroit peut-être les trouver trop fortes ; mais ce n’eft ni par des injures , ni paf des épigrammes qu'il faut les combattre. Le fait eft de favoir fi elles font vraies , fi en effet le mede- cin peut retourner, modifier, & diriger les mouve= mens du corps vivant ; fi on peut s’oppofer à des dé: pôts d'humeurs , emporter des arrêts, replier des courans d’ofcillations ; & purger, faigner , & faire fuer, ainfi que Chirac le prétend, dans tous les tems, fans craindre les dérangemens qui faïfoient tant de peur aux anciens ; après tout ce font-là des chofes de fait. Le Chiracifme n’eft fondé que fur un nombre infini d'expériences, qui fe renouvellént chaque jour . dans tout le royaume : eft-on en droit de préfmer que cette méthode, fi elle étoit pernicieufe , füt fui- vie journellement par tant de grands praticiens, & fuivie de propos déliberé, avec connoïflance de cau- fe, par des gens qu’of ne fauroit foupçonner de ne pas favoir tout ce que les anciens ont dit , tout ce que leur fagefle, leur timidité ou leur‘inexpérience leur avoient fi vivement perfuadé, Nous purgeons, Jaltem alternis, au moins de deux en deux jours, dit fouvent M. Fizes ; notre méthode n’effarouche que ceux qui ne voyent que des livres & non des ma- lades, qui ægrotos non vident : nous faignons toutes les fois que la vivacité 8c la roideur du pous l’exigent à la fin des maladies comme au commencement; comment fe perfuaderoit-on que des gens qui par- lent ainf fe trompent, ou qu'ils veulent tromper les autres ? c’eft ce qui s’appelle être décidé , & avoir un fyftème poftif, fixe, déterminé. Ce n’eft pas à dire qu'il ne refte bien des refloir ces aux défenfeurs du fyflème des anciens i Chirac lui-même, qui le croiroit ? a fait des obfervations qui paroïffent favorables à ce fyftème : Que/ques ma- lades (t’eft Chirac qui parle), r’échappotent que pan des fueurs critiques qui arrivoient le eptieme jour, le o7- zieme, & le quatorzieme. . .. Ceux en qui les bubons ox les parotides parurent le qguatrieme , le cinquieme où le Jixieme , perirent tous; il n'échappa que ceux en qui les bubons parurent le féptieme ou le neuvieme.... Il yen avoit qui mouroient avant le quatrieme & au feptieme , au neuvieme, au ongieme. .…. Les purgatifs n’agiffent Jamais pour vuider abfolument qu'après fèpt, quatorze} oZ vingt-un Jours, quoiqu'il foit dangéreux de ne pas purger les malades avant ce tems-las... La réfolution € La Jéparation des humeurs n'arrivent qu'après le [ep- tieme , le quatorçieme, 6 le vingt-unieme, mais 07 peus sokjours CRI cohjours purger en attendant... Les fievres inflamma. coires ne fe terminent houreufement qu'a certains jours fixes, comme le Jéptieme , Le quarorgiemne É vingt-unie- me... On reviendra , au fépt, aux délayans ; c’efl un jour refpectable & qui demande une fufpenfion des grands -semedes : le tems de la digeflion des humeurs , ou celui de lu réfolution effde cinq jours, de fept, de onze, 6: dequatorge, ou bien de dix-huit & de vingtun, & cela plus commu- nément qu'au fix, au neuf, au douze, au quinze... Le premier cerme critique des inflammations eff le feptieme ; G lorfqu’elles ne peuvent y arriver, elles S’arrétent au deuxieme & au troifieme. Habermus confitentem reum , diront les feétateurs de l'antiquité; en faut-1l davan- tage pour faire fentir la certitude , l’invariabilité , & la néceflité de la doûtrine des anciens ? Le feptie- me , le quatorzieme, le vingt-unieme, font ordinai- rement heureux , de l’aveu de Chirac ; le fixieme :Peft moins que le feptieme ; le onzieme* & le qua- - torzieme le fuivent de près : n’eft-ce pas-là précifé- ment ce que Galien & Hippocrate ont enfeigné ?- À quoi {e réduifent donc les efforts & Les projets des medecins a@ifs qui prétendent diriger la Nature, puiiqu'ils font obligés de recourir au compte des jours ? la reflource qu'ils veulent fe ménager par la liberté où ils difent qu’ils font de manier & d’appli- quer la faignée & les purgatifs, ne vaut pas à beau- coup près ce qu'ils imaginent. En effet, la multitude des faignées auxquelles bien des medecins femblent borner tous les fecours de l’art, n’eft pas bien par- lante en faveur de la medecine a&ive : on réitere fouvent ce fecours ou cet adminicule il eft vrai, mais les anciens tiroïent plus de fang dans une feule faignée qu’on n’en tire aujourd’hui en fix : on les traite de timides , ils étoient plus entreprenans que Îes modernes; car quel peut être l’effet de quelques onces de fang qu’on fait tirer par jour ? la plüpart de ces évacuations font fouvent comme non avenues, & heureufement elles ne font qu'inutiles; elles n’em- pêchent pas le cours des maladies. Les medecins qi faignent fréquemment & peu à la fois, attendent des crifes fans le favoir ; & voilà à quoi tous leurs efforts fe bornent : heureux encore de ne rien déranger, ce qui arrive dans quelques maladies , comme on veut bien l’accorder: mais il eft aufi des maladies dans lefquelles le nombre des faignées n’eft point indifté- rent ; & on nie hautement à leurs partifans, qu'ils viennent à bout de ces maladies aufli aifément qu’on pourroit le penfer , en s’en rapportant à ce qu'ils avancent ; il fuffit pour s’en convaincre d’oppofer les modernes à eux-mêmes, ils font partagés. Ceux qui fe laïffant emporter à la théorie des prétendues inflammations,ne veulent jamais qu'évacuer le fang, & qui font feétateurs de Chirac, dont ils mêlent la pratique à la théorie legere &fpécieufe de Hecquet ; ces medecins, dis-je, font direétement oppolés à d’autres fe&tateurs du même Chirac, qui font plus attachés à la purgation qu’à la faignée. C’eft-là au- jourd’hüi un des grands fujets de difpute entre les praticiens ; les uns ont ‘ecours à la faignée plus fou- vent que Chiric même , & les autres prétendent que les purgations fréquentes font très-préférables aux aignées : il y a même des gens qui croyent que c’eft ici une difpute entre les medecins de Paris & ceux de Montpellier ; les premiers, dit-on, faignent fou- vent & purgent peu, 8 ceux de Montpellier pur- gent beaucoup & ne faignent prefque pas. Quoi qu’il en foit, dira le partifan des anciens ou Le pyrrho- nien, voilà les medecins aéifs divifés entr’eux {ur la maniere d’agir, avant d’avoir bien démontré qu'on doit agir en effet. D’xlleurs, ajoûteront-ils, prenez-garde que la plüpart des medecins purgeurs, qui prétendent guérir &t emporterleursmaladies avec les catartiques, pro- fitent comme les medecins Jeigreurs, de quelques Tome 1F, L CR T 481 mouvémens legers auxquels la Nature veut bien fe prêter, quoiqu'occupée au fond à conduire la malas die principale à fa fin; ils attendent les crifes fans s’en douter, comme les medecins qui font des faignées peu copieufes & réitérées : 1ls purgent ordinairement avec de la cafle & des tamarins ; ils ont recours à des lavemens pour avoir deux ou trois felles , qui ne font fouvent que le produit de la quantité de la me- decine elle-même, Quels purgatifs ! Quelle a&ivité que celle de ces drogues! En un mot, il eff très-rare qu'elles faffent un effet de purgation bien marqué : on peut les prendre fur le pié de très-legers laxatifs ou de lavages ; & c’eft à ce titre qu'heureufement ils ne dérangent pas toûjours le cours de la maladie : ainfi, que ceux qui y ont recours avec beaucoup de confiance , ceflent de nous vanter leur efficacité. Il eft vrai qu'il y a quelques medecins qui fem- blent regarder comme des remedes de peu de confé- quence , les lavages, les apozemes, les firops, & toutes les fortes dtifannes légerement aiguiiées ; qu'on employe communément , fous prétexte qu'il faut toûjours tâcher d’avoir quelqu’évacution fans trop irriter. Les medecins vraiment pürgeurs, & en cela fideles fedateurs des anciens, employent com- me eux les remedes à forte dofe ; maïs ils ménagent leurs coups, ils attendent le moment favorable pour placer leurs purgatifs, c’eft-à-dire qu’ils purgent au commencement d’une maladie, ou lorfque la co&ion eft faite, à-peu-près comme les anciens eux-mêmes ; &axceux qui les verront pratiquer auront lieu d’obfer. ver que s'ils manquent l’occafion favorable, & fur- tout s'ils purgent violemment lorfque la Nature a af fetté quelqu'organe particulier pour évacuer la ma- tiere morbifique cuite , ils font de très-grands rava- ges; c’eit ce qui fait qu'ils deviennent d'eux-mêmes très-réfervés, & que peu s’en faut qu'ils ne comptent les jours ainfi que les anciens. | Les mêmes feétateurs des anciens diront encore , que quelques prétentions que puiflent avoir les me- decins modernes zon expetlateurs, quoiqu’ils avan- cent que leurs principes font non-feulement appuyés de l’expérience, mais encore évidens par eux-mé- mes , il feroit aifé de leur faire voir qu'il en eft peu qui puiflent être regardés autrement que comme des hypothefes ingénieufes, ou plutôt hardies, qui, en réduifant toute la medecine à quelques poffibilités & à des raifonnemens vagues, n’en ont fait que des fyf tèmes purement rationnels très-variables, ouvrant ainf dans un art facré, dont l'expérience feule ap- prend les détours, une carriere qu’on parcourt très- facilement lorfqu’on fe livre au defordre de l’ima- gination. | Prenons pour exemple quelques-uns des principes des difciples de Chirac ; principes déjà adoptés par Freind dans fes commentaires fur les épidémies, & quiont, à dire vrai, quelque chofe de fpécieux & de féduifant.. Veulent-ils prouver qu'il faut faigner dans les maladies aiguës ? voici comment ils raifon- nent: La nature, difent-ils, livrée à elle-même, procure des hémorrhagies du nez & des autres par- tes : il fut de-là qu'il eft effentiel de faire des fai- gnées artificielles pour fuppléer aux faignées naturel- les ; maïs on ne prend pas garde que la nature fuit des lois particulieres dans fes évacuations ;, qu’elle choïfit des tems marqués pour agir ; qu'elle af- fefte de faire ces évacuations par des organes, où des parties déterminées. Comment s’eft-on convain« cu que l’art peut à fon gré changer le lieu, le ems & l’ordre d'une évacuation ? En raifonnant fur ce principe, il n’y auroit qu’à faigner une femme qui ef au point d’avoir {es regles, pour fuppléer à cette évacuation ;1l n’y auroit qu'à {aigner une femme qui doit avoir fes vuidanges, dans la même vie : enfn il n’y auroit qu'à faigner un homme qui a des hé- PPP 482 CRI morrhoïdes. Mais l’expérience &c les épretives trop réitérées que la liberté ou plätôrla licence de raxfon- ner &e d’agir ainfi, font naître, prouvent aflez com- bien ces fortes d’affertions font peu fondées , &c com- bien M. Bouillet, qui eft fort attaché aux principes de Chirac, a eu tort de fe perfuader qu'elles avoient les qualités néceffaires à des axiomes ou à des po/iu- datum de Mathématique. Il feroit aïfé de faire les mêmes remarques fur la plüpart des propofitions qui en ont impofé à beau- coup de modernes ; maus 1l {ufiit de dire en un mot, qu’une hémorrhagie ou toute autre évacuation Cri tique où même fymptomatique, ménagée par le na- ture, a des effets bien différens de ceux qu'elle pro- duit lorfqw’elle eft dûe à l’art. Quelques gouttes de fang qui {e vuideront par les narines, par lune des deux par préférence ; quelques crachats, trois ou uatre croûtes fur les levres, très-peu de fédiment a les urines ; ces évacuations, qui femblent de peu de conféquence , feront béaucoup d'effet, &c auront un fuccès fort heureux lorfque la nature les aura préparées, comme elle fait le faire: & des li- yres de fang répandues , des féaux de tifanne rendus par les urines , des évacuations réitérées par les fel- les, que l’art s’efforcera de procurer, ne changeront pas la marche d’une maladie ; ou fi elles font quel- que changement, ce fera de la mafquer ou de l'em- pirer. Ne nous ésarons pas nous-mêmes dans Île laby- ginthe des raifonnemens. Je ne fais , comme on voit; u'ébaucher très-légerement cette matiere, que l'ob- {ervation feule pent éclaircir & décider, & qu'il ef dangereux de prétendre examiner autrement que par la comparaifon des faits bien conftatés. Je ne puis oublier ce qw’a dit fur une matiere à-peu-près femblable un auteur moderne ; c’eft M. de Bordeu pere, doéteur de Montpellier, & célebre medecin de Pau en Béarn. Il eft fort partifan des remedes adifs, même dans les maladies chroniques du pou- mon ; & il paroît avoir abandonné le fyfième de Ghirac, quant à la façon d'appliquer la théorie & le raifonnement phyfique à la Medecine. T7 théoricien (dit-il dans fon excellente differtation fur les eaux minérales du Béarn), un théoricien ne preuveroit-il pas, ne démontreroit-il pas au befoin que des émériques & des purgatifs doivent nécef[airement augmenter les em. barras du poumon dans toutes les péripneumonies; effa- roucher L'inflammation & procurer la gangrene? Qui pourroit ser aux raifonnemens puifés dans la théorie fur cecte matiere? Maïs il eff für que quelque fpécteux qu'ils paroiflent , ils font démentis par la pratique. En un mot il faut convenir qu’on s’égare prefque né- ceffairement,, lorfqu’on fe livre fans réferve au rai- fonnement en Medecine. La difpute entre les anciens & les modernes, dont je viens de dire quelquechofe, ne peut & ne doit être vuidée que par l’obfervation. Or fi, comme je l’ai remarqué ci-deflus, le Chi- racifine ou la Medecine aélive ch le fyflème généra- lement reçù aujourd’hui, fur-tout en France, il y a auff des praticiens refpeétables des pays étrangers, tels que M. Tronchin medecin célebre à Amfterdam, qui font expedlateurs, & qui ménagent les cri/ès dans les maladies aiguës ; ainfi la doftrine des anciens eft pour ainf dire prête à reparoître en Europe, Atta- £hens-nous uniquement à ce qui regarde la France. Nous devons à l’attention &c au goût de M. Lavi- rotte medecin de Montpellier &c de Paris , très-connu dans la république des Lettres ; la connoïflance d’une découverte fort remarquable , publiée en Anglois par M.Nihell, au fujet des obfervationsfurles eri/es, faites principalement par le doéteur Don Solano medecin un au dix-fept un au vingt-un; & cette obfervation auroit dé- montré la différence des jours : car fi de quarante: huit maladies les trois quarts finiffent aux Jours cris tiques , ces jours-là ne fauroient être confondus avec les autres ; & fi parmi ces jours critiques 1l y en a qui de trente maladies en jugent vingt-deux , d’autres {épt, comme le fept & le quatorze l’ont fait dans les cbfervations dont il s’agit, il n’eft pas douteux que ce fept & ce quatorze ne méritent une forte de préférence fur tous les autres jours. En voilà affez ; ce me femble, pour juftifier le calcul des anciens. Au refte je fuis fort éloigné de penfer que tout ce que je viens de rapporter doive diminuer en rien la gloire de M. Aymen. Sa difertation eft des plus fa vantes , & les connoiffeurs la trouvent très-fage- ment ordonnée. Le public me paroît foufcrire en tout à la décifion de l'académie de Dion. Il eft aifé d’appercevoir que M. Aymen eft aflez fort pour ré- fifter à une forte de critique ditée par l’eftime la moins équivoque, ou plütôt à l'invitation qu’on lui fait de continuer fes travaux fur cette importante matiere, & fur-tont de joindre fes obfervations par- ticulières aux lumieres que fon érudition lui fourni- ra. Les amateurs de l’art doivent être bien-aifes qu'il fe trouve parmi nous des gens propres à le cultiver férieufement ; M. Aymen paroît être du nombre de ces defniers, J'ai dit que je ne manquerois pas de parler de la differtation de M. Normand , medecin de Dole, qui s’eft placé de lui-même à côté de M. Aymen. Mais ce n'eft point à moi à prendre garde aux motifs qui l'ont porté à faire imprimer fon ouvrage ; chacun peut voir dans fa préface le détail de fes raifons, fur lefquelles le journalifte de Trévoux s’eft expliqué aflez clairement, M. Normand avoit quelques dous tes, qui ne lu reftent apparemment plus depuis la publicité de la diflertation de M. Aÿymen, Je n’ai qu'un mot à dire fur la raifon qu'il a eu d’écrire fa diflertation en latin: c’eft, dit-1l après Baglivi, de peur d’inftruire les cuïfinieres, & de leur apprendre à difputer avec les Medecins ; Zngud vernaculé doce- re mulierculas à culinä , cum ipfis etiam medicine prins cipibus arroganter difputare. Ces précautions pourront paroitre ufées , &t peu néceflaires aujourd’hui. Celfe auroit ri fans doute de ceux qui lui auroient dit qu'il falloit traiter la Medecine en grec dans le fein de Rome. Quoi qu'il en foit, la differtation de M, Notmand, 436 CRI qui eft un petitir- 4°. de 19 pages en comptant la préface , eft, comme on voit, en latin, &c on pour- roit la regarder, pour m'exprimer dans la langue favorite de l’auteur, veluii elenchum aliquot Medi- cine principum féntentiarum : en effet, l'auteur par- court les Medecins grecs, aräbes, & latins ; il en donne une lifte, & 1l prouve qu'ils étoient la plü- | part attachés au fyftème des crifes , ce dont je crois ue perfonne n’a Jamais douté. M. Normand paroit ge occupé à la leêture des anciens ; c’eft pourquoi fans doute il s’arrêté parmi les modernes à M. Mead & au docteur Bark : de forté qu’on ñe fait pas fi les Vanfvienten , les Solano , les Nihell, & bien d’au- tres, font encore parvenus jufqu’à Dole. Au refte M. Normand cite beaucoup d’auteurs ; {on ouvrage n’eft qu'une chaîne de paflages &c d’au- torités. Une partie de la differtation d'Hoffman, de fato medico & phyfico , dans laquelle ce medecin rap- porte tout ce que l’on a dit des feptenaires , fait le premier chapitre de la differtation de M. Normand, L'auteur termine ce premier chapitre en citant con- tre Themifon difciple d’Afclepiade, & par confé- quent fort oppofé aux crifés, ce vers de Juvenal : Quot Themifon ægros autumno occiderit uno. Bien des gens pourront penfer que cette réflexion #’eft pas plus concluante contre Themifon , que tous les traits de Moliere contre les Medecins françois ; il faut la regarder comme la plaïfanterie de ce roi d’An- gleterre, qui prétendoit que fon medecin lui avoit tué plus de foldats que les ennemis. Ce font -là de ces a mots dont on ne peut jamais fe fervir fé- rieufement contre quelqu'un qu'on veut combattre ; ils font honneur à ceux auxquels on les oppofe , & on pourroit préfumer par le vers feul de Juvénal , que Themifon fut un medecin des plus célebres. Le deuxieme chapitre de la differtation de M. Nor- mand fait, à proprement parler, le corps de l’ou- vrage; on y trouve la plus pure doétrine des an- giens : l’auteur n’y a rien changé. Le troïfieme cha- pitre contient des réflexions fort judicieufes fur l'im- portance des crifes & des jours critiques, &c fur les différentes voies par lefquelles les crifes fe font ; il remarque que les jours critiques font rarement de vingt-quatre heures précifes, adæquate. Enfin per- fonne ne difconviendra jamais que cet ouvrage ne puille être de quelque utilité pour ceux qui travail- leront dans la fuite fur Les crifes. Il eft fâcheux que l’auteur fe foit uniquement livré à Pautorité des an- ciens, & qu'il nait pas rapporté quelques -unes de {es obfervations particulieres, qui n’auroient cer- tamement pas déparé fa diflertation. On doit fe rappeller que j’ai avancé ci-deflus qu’il y avoit toùjours eu dans la faculté de Paris des me- decins attachés aux dogmes de Baiïllou, de Houllier, de Duret, & de Fernel, qui ont renouvellé dans cette fameufe école les opinions des anciens. Je tire mes preuves, tant des différens ouvrages qui font entre les mains de tout le monde , que du recueil des thefes dont M. Baron, doyen de la faculté, vient de faire imprimer le catalogue : ce catalogue fait con- noître parfaitement la maniere de penfer des Mede- cins, & les progrès de leurs opinions. C’eft une ef- pece de chronologie auffi intéreflante pour l'hiftoi- re de la Medecine, que pour celle de lefprit humain; on y découvre les vûes précieufes de nos prédécef- feurs, & les traces des efforts qu'ils ont faits pour perfettionner notre art & toutes fes branches : c’eft- là la fource pure des différens fyftèmes ; 1ls s’y pré- fentent tels qu'ils furent dans leur naïfflance. Sem- blable aux anciens temples dans lefquels on conta- croit Les obfervations & les découvertes en Medeci- ne, la faculté de Paris conferve le dépôt facré que {es illuftres membres lui ont confié ; & il feroit à {ou- CRI baiter que toutes celles de Europe l'imitaflent à cet égard, 2. ; | ‘Or parti les thefes trop peu connues, qu'on a {oûtenues à la faculté, & qui ont quelque rapport au fyftème des crifès ; j’en choifis une qui eft anté- rieure à tous les ouvrages des modernes dont je viens de parler, & dans laquelle on trouve la do&rine des crifes expofée avec beaucoup de précifion & de clar- té. Cette thefe a pour titre: Az 4 reéfé crifium doëtri- ni & obfervatione medicina certior? {avoir fi la faine doétrine des crifes & leurs obfervations rendent la medecine plus certaine. Année 1741. Elle a été foù- tenue fous la préfidence de M. Murry, qui en eft l’auteur ; & on voit qu’elle a beaucoup de rapport avec le programme de l'académie de Dijon. M. Murry, après avoir fait quelques réflexions fur l'importance de la doëtrine des erifes, & fur la maniere dont elle a été arrêtée & pour ainf dire enfevelie par les différens fyflèmes, en fait une ex- _pofñtion tirée d'Hippocrate & de Galien. Il infifte beaucoup après Profper Martianus & Petrus Caftel- lus, fur la nécefité qu'il y a de ne point compter fcrupuleufement les jours naturels dansles maladies; il fait voir qu’il faut s’en tenir aux redoublemens, & qu’en fuivant exaétement leur marche, on trouve fon compte dans le calcul des anciens: ce qui four- nit en effet de très-srands éclairciflemens , &c qui eft conforme à l’avis de Celle , qui étoit ennemi décla- ré des jours critiques. D’ailleurs la thefe dont il eft quéftion, eft pleine de préceptes fages & de réfle- xions très-fenfées. En un mot, on doit la regarder comme un abregé parfait de tout ce que les anciens ont dit de mieux fur cette matiere, & on y trouve bien des remarques qui font propres à l’auteur. Cette thefe qui manquoit à M. Normand, a beau« coup fervi à M. Aymen , qui a eu la précaution de la citer. Il en a tiré notamment trois remarques particulieres. En premier lien , une obfervation rare faite par M. Murry , & conforme en tout à la loï d'Hippocrate ; cette loi éft concüe en ces termes: In febribus ardentibus oculorum diflorfio , aut cecitas, aut teffium tumores , aut mammarum elevatio, febreme ardentem folvit : « La fievre ardente peut fe terminer » par le dérangement du corps des yeux , par la per » te de la vûe, par une tumeur aux tefticules, où » par l'élévation des mammelles ». L'auteur de la thefe a précifément vù le cas de la tumeur au tef- ticule & de la perte de la vüe, & il a cité Hippo- crate , dont il a eu le plaiïfir de confronter la dé- cifion avec fa propre obfervation. La deuxieme re- marque que M. Aymen a pû extraire de la thefe dont il eft queftion , regarde le doëteur Clifton Wi- tringham, qui a obfervé pendant feize ans les ma- ladies des habitans d’Yorck, & le changement des faïfons , qui a découvert que les maladies fuivoient exattement les mouvemens de la liqueur du baro- metre , & qui s’eft convaincu que ces maladies étoient femblables à celles de la Grece. Enfin la troi- fieme obfervation eft une idée très-lumineufe de M. Duverney, medecin de la faculté de Paris, qui foû- tint dans une thefe en 1719, qu'il y avoit beaucoup d’analogie entre la théorie des crifes & celle des pé- riodes des maladies; #7agnam cum periodis affinita- tem haber crifium theoria ; Jr enim flati funt morborure decurfus,cur non & folutiones ? Ce font autant de ma- tériaux pour l’éclairciflement de la doëtrine des e- Jes. | Il y auroit bien des réflexions à faire fur tous les ouvrages dont je viens de parler ; je les réduis à trois principales. 1°. On ne peut qu’admirer la fageñle de tous ces auteurs modernes, qui fe contentent d’ad- mettre la doétrine des crifés comme un tiflu de phé- nomenes démontrés par l’obfervation ils ne rappel- lent qu'avec une forte d’indignation les explications ur que les anciens ont voulu donner de ces phénome- nes ; ils regardent ces explications prétendues com- me des romans, ou plütôt comme des rêveries, qui font autant de taches faites à la pure doëtrine d’Hip- pocrate, Ils ne font pourtant pas bien“’accord fur Pufage qu’on peut faire de la théorie & des fyitè- mes des nouvelles écoles pour l’explication des eri- Jës > & pour en découvrir les caufes : vero corfenta- Zeum non cenfur ; s'écrie M. Normand , propofitum Probare ex phyficis vel hypothericis ratiociniis, ut plu- rm inconflantibus 6 incertis , ut ut magis mulrd Porparn redoleant, « Chaque auteur , dit M. Aymen, » a bâti felon fon idée une hypothefe, & donné un # nom ridicule à la caufe des crifes » ; & il avance bientôt après, que la caufe des crifes eft fimple , & qu’elle fe préfente naturellement. Ce qu’il y a de vrai, c’eft qu'on eft trop avancé aujourd’hui dans la phyfique du corps humain, pour qu’on ne puifle pas tenter au moins de déterminer fi les crifes {ont pofhbles, & tâcher de chercher une explication de leur méchanifme, Je ne doute pas que ces efforts ne fiflent un bien confidérable au fonds de la do@rine des crifes, & qu’elle ne reçût un nouvel éclat, fi on la préfentoit de maniere à fatisfaire l’imagination des Phyficiens. Il faut l'avouer, les faits épars & ifo- lés n’ont jamais autant de grace, {ur-tout pour qui- conque n’eft pas en droit de douter, que lorfqu'ls font hés les uns aux autres par un fyftême quel qu'il puiffé être. Les fyftèmes font la pâture de l’imagina- _ ton, & l’imagination eft toûjours de la partie dans les progrès de l’efprit ; elle peint les objets de l’en- tendement , elle clafle ceux de la mémoire. Sinefius & Plotin appelloient la nature magicienne (Gelée, trad. de Dulaurens) : cette dénomination convien- droit mieux à l'imagination. Voilà la grande magi- cienne qui dirige Les têtes les moins ordinaires com- me les plus communes ; le nombre des élûs qui lui réfiftent eft infiniment petit, il faut qu'il le foit. M'eft-1l permis , cela étant, & pour ne rien né- gliger de ce qui peut fervir à bâtir un fyflème, de rappeller 1c1 ce que j'ai placé dans mes recherches anatomiques fur les glandes ? Suppoé , ai-je dit, . 127 ; que tel organe agiffe tous les jours dans le corps, c'eft- a- dire qu'il exerce fa fonétion à telle heure préci- Jément, ne pourroit-o7n pas foupçonner qu'il con- court a produre les phénomenes qu’on obferveroit dans ce même tems j 6 s’il y a des organes dont Les aëlions ou des jonétions Je rencontrent de deux en deux , ou de trois en trois Jours, ne pourroit-on pas auffi établir les mé- mes foupçons , éclaircir par-la bien des phénomenes dont on a tant parle, les crites € Les jours critiques , & difc tinguer ce qu'il y a d'imaginaire G-de réel jur ces matie- res ? Ce tont-là des problèmes que je me fuis propo- fé, & dont j’attendrai la réfolution de la part de quel- que grand phyfologifte & medecin qui les trouvera dignes de {on attention , jufqu’à ce que je fois en droit de propoter mes idées. Je ne puis m'empêcher de parler d’une prétention d’Hippocrate , qui me pa- roit fort importante : il dit (de morb. lib. I.) que la coton parfaite des alimensie fait ordinairement en trois jours ; & que la nature fuivant les mêmes lois dans les maladies que dans l’état de fanté , les redou- blemens doivent ordinairement être plus forts aux jours impairs. M. Murry tire un grand parti de cette remarque, qui mérite d’être encore examinée avec attention. Ma deuxième remarque roule fur le fameux paffa- ge de Celfe, qui accufoit les anciens d’avoir été trompés par la philoïophie de Pythagore, & d’avoir fondé leur fyflème des jours critiques fur les dog- mes de cette école, dans laquelle les nombres, fur- tout les impairs, jouioient un très-grand rôle. Ce paffage porte un coup mortel à la doétrine des crifes, al en fape les fondemens ; aufhia-t-1l été attaqué vi- CAR 487 veément par tous Îles fe@tateurs des erfès, tant ane ciens que modernes, Gezxina Hippocratis Præceptos rum traditio , dit M. Murry, Celfo non innotuit , cui Per ternpus non Vacabat , aut que animus non lim labat, ut medicine clinice navaret operam… Celfus air ir præfatione recentiores faeri Hippocratem optime pre= Jagiffe, quamvis in curationibus quedam muraverine 3 « Celfe n’a pas eu le tems de s’inftruire, fur-tout par » la pratique de la véritable doërine d’Hippocrate ; » &t 11 dit que les medecins de fon tems avoüoient » qu'Hippocrate étoit fort pour le prognoflic ». Ainfi la plûpart de tous ceux qui ont parlé de Celfe, l'ont acuié de n’être pas praticien, & par conféquent d'être hors d’état de rien ftatuer fur la matiere des crifes. Je me fuis contenté ci-deflus de révoquerfonté. mOignage particulier en doute , &c il me femble que c'eft tout ce qu’on peut faire de plus. En effet , quand Je vois que Celfe prétend, dans le même endroit où il réfute le fyftème des anciens fur le nombre des jours, qu'il faut obferver les redoublemens & non point les jours, ipfas acceffiones intueri debes mmedicus , cap. jv. lib. ILL, &c que tous les modernes font obli- gés d'en revenir à cette façon de calculer, je ne puis m'empêcher d'en conclure qu'il falloir que Celle y eût repardé de bien près, ou du moins qu'il eût reçu dés éclairciffemens de la part des medecins les mieux inftruits. Après tout, fi Celfe n’a pas été praticien, il eft naturel de préfumer qu’il s’en eft uniquement tenu à la:pratique des fameux medecins de fon tems ë & ces medecins difciples d’Afclépiade ne peuvent pas être regardés comme n’ayant point vû de mala- des. Ajoûtez à tout cela la bonne-foi que Celie & ceux dont il expofe le fentiment montrent à l’égard d'Hippocrate : 12 favoir, difent-ils, érès-bien former ure Progñoflic, mais nous avons changé quelque chofe à Ja facon de traiter les maladies ; c’eft-À-dire que fi Hip- pocrate avoit été à portée d’obferver les maladies vénériennes, par exemple , il autoit très - bien {à dire après des épreuves réitérées, & en voyant un malade atteint de cette maladie : dans tant de jours le palais [era carie , Les os feront exoffofts, Les cheveux tomberont;& qu'Afclépiade auroit cherché un remede pour arrêter les progrès de la maladie; lequel vaut le mieux ? 11 eft donc important de ne pas fe décider légerement contre Celle ; & comme Je l'ai déjà re- marqué, c’eft beaucoup faire que de refter dans le doute fur fes lumieres particulieres ; mais il fera toh- jours vrai que les fameux praticiens de fon tems étoient de l’avis qu’il expofe, Troifiemement enfin, quels que foient lestrayaux des modernes que nous venons de citer, quelle que foit leur exaéitude , il ne faut pas penfer que les an- ticritiques demeurent fans aucune reflource ; il leur refte toûjours bien des raifons qui ont au moins l'air fort fpécieux , pour ne rien avancer de plus. En ef- fet, diront-ils, nous avotions qu'il arrive des crifès dans les maladies, & qu'il y à des jours marqués pour les redonblemens ; s’enfuit-il delà que cette do- étrine puiffe avoir quelqu’application dans la prati- que? C'eft 101 qu'il faut en appeller aux vrais prati- ciens, à ceux qui font chargés du traitement des ma- lades : ils ont fouvent éprouvé qu’il eft pour l'ordi. naire impoñhbie de connoître les premiers tems d’u= ne maladie: 1ls nous apprendront qu'ils {ont appel. lés chaque jour pour calmer de vives douleuis, pour remédier à des {ymptomes preflans ; que les malades veulent être foulagés, & que les medecins leur de- viennent inutiles s'ils prétendent attendre & comp= ter les jours. La marche des crifes fera, fi l’on veut, aufh-bien réglée &c aufli bien connue que la circula- tion du fang; en quoi ces connoiflances peuvent-el- les être utiles ? qui oleroit fe propofer d’en faire ufa= ge ? Il peut être auf certain qu'il y a des erifes, comme al eft certain qu'il fe fait des changemens 458 CRI dans les urinés ; on faura lhiftoire des ersjes | COmIME on fait celle de la tranfpiration : tout cela n’aboutit après tout, qu'à quelques regles générales que tout le monde fait, & dont perfonne ne fait ufage. Cette deces traits qui 496 CRI échappent naturellement à l’auteur fans qu'il s’en apperçoive & qu'on s’y attende , & qui font moins des émanations du fujet, que des faillies de cara- étere & des élancemens de génie. Les critiques qui n’en ont pas eu le germe en eux- mêmes, trop foibles pour fe former des modeles in- telleQuels, ont tout rapporté aux modeles exiftans ; c’eft amf qu’on a jugé Virgile, Lucain, le Tafle, & Mülton, fur les regles tracées d’après Homere : Ra- cine & Corneille fur les regles tracées d’après Euri- pide & Sophocle. Les premiers ont réuni les fuffra- ges de tous les fiecles. On en conclut qu'on ne peut plaire qu’en fuivant la route qu'ils ont tenue : mais chacun d’eux a fuivi une route différente ; qu'ont fait les cririques ? Ils ont fait, dit l’auteur de la Hen- riade, comme les Affronomes, qui inventoient tous les _jours des cercles imaginaires, € créoientou anéantifforent un ciel ou deux de cryffal à la moindre difficulté. Com- bien l’efprit didaétique, fi on vouloit l’en croire, ne retréciroit-il pas la carriere du génie ? « Allez au # grand, vous dira un critique fupérieur , 1l n'importe # par quelle voie », non qu'il permette de négliger l'étude des modeles anciens dans la compoñition, ni qu’il la néglige lui-même dans fa critique; il vous dira avec Horace, Vos exemplarta græca Noëurnä verfate manu, verfate diurnd. Mais avec Horace il vous dira auffi, O smitatores , fervum pecus. Il ajoûtera , « que votre narration foit claire & no- » ble ; que le tiflu de votre poëme n’ait rien de for- » cé; que les extrémités & le milieu fe répondent ; » que les caraéteres annoncés fe foûtiemnent jufqu- » au bout. Ecartez de votre aétion tout détail froid, » tout ornement fuperflu. Intéreflez par la fufpen- » fion des évenemens ou par la furprife qu'ils cau- » {ent : parlez à l’ame, peignez à l'imagination; pé- » nétrez-vous pour nous toucher ». Il ne vous dira pas « qu’elle foit importante ou non, pourvû que # vos perfonnages foient illuftres ; car Horace n’ex- » clud que la baflefle des perfonnages ; & dans les » deux poëmes d'Homere l’aétion en elle-même n’a » rién de grand (le P. le Boflu, £. ZI. c, xjx.). Que l’a- » fonde votre poëme ne durepasmoinsde 4Bjours;, # ni plus d’un anzcarcelle de l’Iliade dure 40 jours, » & l’on-peut bornerà un an celle de l’Odifiée & de » l’'Enéide; que celle de vos tragédies foit fuppo- » {ée fe pafler dans une même enceinte; car c’eft # ainf que Sophocle & Euripide l’ont pratiqué quel- # quefois, Gardez-vous de faire un poëme fans mer- » veilleux; car au défaut du merveilieux, le poëme »# de Lucain n’eft pasunpoëème épique : mais il vous dira , « puifez dans ces modeles & dans la nature li. || # dée & le fentiment.du vrai, du grand, du pathéti- » que, &: employez-les fuivant Pimpulfon de votre # géme, & la difpofition de vos fujets. Dans la tra- » gédie, l'illufion & Pintérêt, voilà vos regles ; fa- » crifiez tout le refte.à la nobleffe du deflein & à la » hardieffe dupinceau ; ne méprifez pas les regles » tracées: d’après les anciens ; car elles renferment » des moyens de toucher & de-plaire : mais n’en » foyez pas efclave; car elles ne renferment que » quelques-uns de ces moyens ;: elles font bonnes , # mais elles ne font pas exclufves. Le Cid n’eft point # {uivant les regles d'Ariftote , & n’en eft pas moins » une très-belle tragédie.. Les unités ne font obfer- » vées nidans Machbet ni dans Otello. Les Anglois » n’y pleurent & n’y frémiffent pas moins ; leur théa- » tre aides groflieretés-batbares , mais il a des traits » de forcé & de chaleur! qu’une vaine délicateffe &êc » une féverité mal entendue ne nous permettent que # d’envier. ! | FRE # Dans lepoëme épique;:paflez-vous du merveil- » Jeux comme Lucain, f comme lui vous avez de » grands hommes à faire parler & agir. Imitez l’éle- » vation de ce poëête , évitez fon enflure, & laiflez » donner à votre poëme le nom qu'il plaira à ceux » qui difputent fur les mots. Faites durer votre ac- » tion Le tems e a dû naturellement durer ;pour- » vi qu’elle foit une, pleine, & intéréflante, elle » finira trop tôt. Fondez la grandeur de vos perfon- » nages fur leur caraétere, &ion fur leurs titres ; Ur » grand nom n’annoblit point une aélion, comme » une action héroïque annoblira le nom le plus obf- cur. En un mot, touchez comme Euripide, étonnez » comme Sophocle, peignez comme Homere, & » compofez d’après vous. Ces maîtres n’ont point eu » de regles, ils n’en ont été que plus grands, & ils » n'ont acquis le droit de commander,que parce qu'ils » n'ont jamais obéit. Il en eft tout autrement en Lit- » térature qu’en Politique, le talent qui a befoin de » fubir des lois n’en donnera jamais ». C’eft ainfi que le critique fupérieur laïfle au génie toute fa liberté ; 1l ne lui demande que de grandes chofes , & il l’encourage à les produire. Le crisique fubalterne l’accoïtume au joug des regles , il n’en exige que l'exactitude, & il n’en tire qu'une obéif- fance froide & qu'une fervile imitation. C’eft de cette efpece de critique, qu’un auteur que nous ne faurions aflez citer en fait de goût, a dit, 2/s ont la- borieufement écrit des volumes fur quelques lignes que l'imagination des poëtes a créêes en fe jotiane. Qu'on ne foit donc plus furpris, fi à mefure que le goût devient plus difficile , imagination devient plus timide & plus froide, & fi prefque tous les grands génies depuis Homere jufqu’à Lucrece, depuis Lu- crece jufqu’à Milton & à Corneille, femblent avoir choifi, pour s'élever , les tems où Fignorance leur laifoit une libre carriere. Nous ne citerons qu’un exemple des avantages de cette liberté. Corneille eût facmiféla plüpart des beautés de fes pieces, & eût même abandonné quelques-uns de fes plus beaux fujets, tels que celui desHoraces, s’il eût été auffi fevere dans fa compoñition qu’il l’a été dans fes exa- mens ; mais heureufement il compofoit d’après li, & fe jugeoit d’après Ariftote. Le bon goût, nous di- ra-t-0n, eft donc un obftacle au génie ? Non, fans doute ; car le bon goût eft un fentiment courageux & mâle qui aime fur-tout les grandes chofes, & qui échauffe le génie en même tems qu'il Péclaire. Le goût qui le gêne & qui l’amollit, eft un goût crain- . tif & puérile qui veut tout polir & qui affoiblit tout. L'un veut des ouvrages hardiment conçus, l’autre en veut de fcrupuleufement finis; l’un eft le goût du critique fupérieur, l’autre eft le goût du critique fubal- terne. Mais autant que le critique fupérieur eft au-deflus du critique fubalterne , autant celui-ci l'emporte fur le critique ignorant. Ce que cehu-c1 fait d’un genre eft à fon avis tout ce qu’on en peut favoir ; renfermé dans fa fphere , fa vûe eft pour lui la mefure des pof- fibles ; dépourvû de modeles & d'objets de compa- raifon , il rapporte tout à lui même; par-là tout ce quieft hardi lui paroît hafardé , tout ce qui eft grand lui paroît gigantefque. C’eft un naïn contrefait qui juge d’après {es proportions une ftatue d’Antinoüs ou d'Hercule. Les dermiers de cette dermiere claffe font ceux qui attaquent tous les jours ce que nous avons de meilleur, qui louent ce que nous avons de plus mau- vais, & qui font, de la noble profeffion des Lerrres, ur métier auffi lâche & aufft méprifable qu'eux-mêmes (M: de Voltaire dans les Merfonges imprimés). Cependant comme ce qu’on méprife le plus, n’eft pas toûjours ce qu’on aime le moins , on a vû le tems où ils ne manquoient m de leéteurs ni de Mecenes. Les ma- giftrats eux-mêmes cédant au goût d’un certain pu- blic, avoient la foibleffe de laïfler à ces brigands hi a A me er la Litterature une pleine & entiere licence. I eftvrai qu'on accordoitaux auteurs pourfuivis,la liberté de fe défendre , c’eft-à-dire d'illuftrer leurs critiques, & de s’avilir,mais peu d’entre les hommescélebres ont don- né dans ce piége.Le fage Racine difoit de ces petits au- seurs infortunés (car il y en avoit aufñ de fon tems), ils attendent totjours l’occafion de quelqu’ouvrage qui réuffifle , pour l’attaquer ; non point par jaloufie, car fur quel fondement feroient-ils jaloux? mais dans l'efpéran- ce qu’on fe donnera la peine de leur répondre, 6 qu'on Les tirera de l’obfcurité où leurs propres ouvrages les au- roient laiffés toute leur vie, Sans doute ils feront obf- curs dans tous les fiecles éclairés ; mais dans les tems où regnera l'ignorance orgueilleufe & jaloufe , ils auront pour eux le grand nombre & le parti Le plus bruyant ; ils auront fur-tout pour eux cette efpece de perfonnages flupides & vains , qui regardent les gens de lettres comme des bêtes féroces deftinées à l’amphitéatre pour l’amufement des hommes ; ima- ge qui, pour être jufte, n’a befoin que d’une inver- fion. Cependant fi les auteurs outragés font trop au- deffus des infultes pour y être fenfibles, s'ils confer- vent leur réputation dans l'opinion des vrais juges ; au milieu des nuages dont la baffe envie s’efforce de l’obfcurcir, la multitude n’en recevra pas moins l’im- preffion du mépris qu’on aura voulu répandre furles talens, & l’on verra peu-à-peu s’affoiblir dans les efprits cette confidération umverfelle, la plus digne récompenfe des travaux littéraires, le germe & l'a- lient de l’'émulation. Nous parlons ici de ce qui eft arrivé dans les dif- férentes époques de la Littérature, & de ce qui ar- rivera fur-tout, lorfque le beau, le-grand, Le férieux en tout genre, n'ayant plus d’afyle que dans les bi- bliotheques & auprès d’un petit nombre de vrais amateurs , laifferont le public en proie à la contagion des froids romans, des farces infipides, & des fot- tifes polémiques. | Quant à ce qui fe pafle de nos jours , nous y tenons ge trop près pour en parler en liberté ; nos louanges & nos cenfures paroîtroient également fufpeétes. Le filence nous convient d’autant mieux à ce fujet, qu’il “eft fondé fur l’exemple des Fontenelle , des Montef- quieu, des Buffon, & de tous ceux qui leur refiern- blent. Mais fi quelque trait de cette barbarie que nous venons de peindre, peut s’appliquer à quelques-uns de nos contemporains, loin de nous retraéter, nous nous applaudirons d’avoir préfenté ce tableau à qui- conque rougira ou ne rougira point de s’y reconnoi- tre. Peut-être trouvera-t-on mauvais que dans un ou- vrage de la forme de celui-ci, nous foyonsentrés dans ce détail; mais la vérité vient toüjours à - propos dès qu’elle peut être utile. Nous avouerons, fi lon “veut, qu’elle eût pù mieux choïfir fa place; mais par malheur elle n’a point à choifir. Qu'il nous foit permis de terminer cet article par un fouhait que l’amour des Lettres nous infpi- re, 8 que nous avons fait autrefois pour nous-mé- mes. On voyoit à Sparte les vieillards afffter aux exercices de la jeunefle , l’animer par l’exemple de leur vie pañlée, la corriger par leurs reproches, & L'inftruire par leurs leçons. Quel avantage pour la république littéraire, fi les auteurs blanchis dans defçavantes veilles, après s'être misparleurstravaux, au-deflus de la rivalité & des foiblefles de la jalou- fie, daignoiïent préfider aux eflais des jeunes gens, -& les guider dans la carriere ; fi ces maîtres de l’art -en devenoient les critiques E fi > par exemple : les au- teurs de Rhadamifte & d’Alzire vouloient bien exa- miner les ouvrages de leurs éleves qui annonce- œoient quelquetalent : au lieu de ces extraits mutilés, de ces analyfes feches, de ces décifons ineptes, où J’on ne voit pas même les premieres notions de l’art, on auroit des jugemens éclairés par l'expérience & Tome IF, 4 CR O 497 prononcés par la juftice. Le nom feul du crisique inf- pireroit du refpeét, l’encouragement feroit à côté de la correétion ; l’homme confommé verroit d’où le jeune homme eft parti, où 1l a voulu arriver; s’il s’eft égaré dès le premier pas ou fur la route, dans le choix ou dans la difpofition du fujet , dans le def- fein ou dans l'exécution :1l luimarqueroitle point où a commencé fon erreur, il le rameneroit fur {es pas ; 1l lui feroïit appercevoir les écueils où il s’eft brifé , & les détours qu’il avoit à prendre ; enfin il lui en- feigneroit non-feulement en quoi il a mal fait, mais comment il eût pû mieux faire,&le public profiteroit des lecons données au poëte. Cette efpece de criri- que, loin d’humilier les auteurs , feroit une diflinc- tion flateufe pour leurs talens & pour leurs ouvra- ges ; On y verroit unpere qui corrigéroit fon enfant avec une tendre févérité, & qui pourroit écrire à la tête de fes confeils :: Difte puer virtutem ex me ,; verumque laborem. Cet article eff de M. MARMONTEL. À CRIVITZ, ( Géographie.) ville d'Allemagne dans la bafle-Saxe, au duché de Meklenboure, dans le comté de Schwerin, CRO , CROATIE, (Géog.) pays de Hongrie borné par l'Efclavonie, la Bofnie, la Dalmatie , le golfe de Venife & la Carniole, Il eft prefqu’entierement fous la domination de la maifon d’Autriche ; le gouver- neur qu’elle y établit, fe nomme le bar de Croatie. Ce pays eft fort expofé aux invañons des Turcs. CROC , f. m. (Uflenfile de ménage.) fer recourbé qui a une ou plufeurs pointes crochues, auxquelles on fufpend de la viande de boucherie, de la volaille, &c,. Ce terme a d’autres acceptions. 7”, les are. fuiv. Croc DE CANDELETTE, (Mar.) c’eft un grand croc de fer avec lequel on prend l’ancre qui eff tirée de l’eau, pour la remettre en fa place. Crocs de palans ; ce font deux crocs de fer qui font mis à chaque bout d’une corde fort courte que l’on met au bout du palan, lorfqu’on a quelque chofe à embarquer. : Crocs de palans de canon ; ce font aufñ des crocs de fer mis à chaque bout de ces palans : leur ufage eft de croquer à l’erfe de laffüt, ou à un autre croc qui eft à chaque côté du fabord. Crocs de palanquin ; ce font de petits crocs de fer ENS à la manœuvre dont ils portent le nom. CRoC , ferme de Riviere, perche de batelier ; elle a de longueur neuf ou dix pieds, & a au bout qui touche jufqu’au fond de l’eau, une pointe de fer avec un crochet. La pointe, en s’enfonçant dans l’eau, fixe le'‘croc, & donne lieu au batelier d’em- ployer toute fa force pour faire avancer le bateau. Le crochet fert à faifir les objets folides qui fe trou- vent fur la route du bateau le long de la rive, & à aider le batelier à avancer. Voyez RAME. Crocs où CROCHETS , (Maréchallerie.) On ap- pelle ainfi quatre dents rondes & pointues qui croif fent entre les dents de devant & les dents mâche- lieres, plus près des dents de devant ; & cela au bout de trois on quatre ans, fans qu'aucune dent de lait foit venue auparavant au même endroit. Pref- que tous les chevaux ont des croches, mais il eft affez rare d’en trouver aux jumens, Quelques-uns. difent écaillons, mais ce terme eft hors d’ufage. Pouf: Jer des crochets fe dit d’un cheval à qui les crochers commencent à paroitre. (77) * Croc, (Salines.) pieces de fer de deux piés & demi de longueur ou environ , recourbées par leurs extrémités, de maniere à entrer dans la fappe qui - r Le LE : . R r 3 495 CRO leur fert d’anneau ; elles font terminées en demi- cercle. La pointe du haut, longue de cinq pouces ou environ, en eft feulement abattue, &c tient à de groffes pieces de bois de fapin appellées bourbons. : Voyez les art. BOURBONS 6 SALINES. CROCANTES ox plutét CROQUANTES, f. f. (Péuff.) ce font parmi les Pâtifliers des efpeces de tourtes féchées au four, 8 compofées d'amandes. Crocantes montées. Les Pâtifiers donñent ce nom aux crocantes faites de plufieurs pieces rapportées, & formant un deffein ou compartiment. CROCHE,, f. £. chroma , (Mufig.) eft une note de Mufique qui ne vaut que le quart d’une blanche ou la moitié d’une noire. Il faut huit croches pour une ronde ou pour une mefure à quatre tems. foyer MESURE, VALEUR DES NOTES. La croche fe figure ainf -#-, quand elle eft feule, ou qu’elle fe chante fur une feule fyllabe ; mais fi lon en pafle plufieurs dans un tems ou fur une fylla- be, on les lie de cette maniere — , dE quatre en quatre ordinairement , felon la divifion des tems ; & même de fix en fix dans la mefure à trois tems, felon la divifion des mefures. Le nom de croche a été donné à cette valeur de note, à caufe du crochet par lequel on la défigne. (S) CrOCHE, f. m.(Comm.) petite monnoie de billon fabriquée à Bafle en Suiffe , & qui a cours dans les Treize-cantons. Le croche vaut deux deniers un hui- tieme argent de France. * CROCHET , f. m. on donne en général ce nom à tout inffrument recourbé par la pointe , & deftiné à faifir différens objets, foit pour Les tenir fufpen- dus, foit pour les enlever d’un lieu dans un autre. Le mot crochet a une infinité d’acceptions différentes, voyez-en quelques-unes dans les articles fuivans, CROCHET, (/n/ffrument de Chuirurg.) fon corps eft une tige d'acier de cinq pouces de longueur, fon ex- trémité inférieure eft une foie quarrée de trois vou- ces ou environ; elle doit entrer dans un manche, fur le bout duquel elle eft rivée. Ce manche eft d’é- bene;, il eff taillé à pans, pour préfenter plus de fur- face, & Ctre tenu avec plus de fermeté. L’extrémité antérieure, ou le crochet, eft la continuation de la, tige qui forme Le corps de l’infttument. La figure cylindrique de cette tige va en augmentant de lar- geur & en s’applatiffant jufqu à la hauteur de qua- torze ou quinze lignes ; là fa largeur eft d'environ fix lignes : alors elle fé courbe & forme un angle aigu , dont le fommet eft mouffe & arrondi : le refte va en diminuant de largeur & d’épaiffeur, pour for- mer une pointe moufle & polie. Le manche doit avoir à fa tête un petit crochet, dont le bec tourné du côté du crochet de l'extrémité antérieure de l’inf trument, fait connoître par l’infpettion du manche, la direétion précife de ce croches dans les opérations où il eft d’ufage. Voyez PL. XXI, fig. 6. de Chirurgie. Telle eft la defcription du croches dont on fe fert conununément dans, la pratique des accouchemens laborieux, lorfqu’avec là main ou d’autres moyens plus doux que le crochet, on n’a pü faire l’extraétion de lenfant. Voyez ForcEPs, Maïs le érocher dont nous parlons , quoique deftiné uniquement à tirer un enfant mort, en entier ou pat parties, comme nous l’avons dit ailleurs, a des inconvéniens confidéra- bles. Si les parties fur lefquelles on l’a implanté, “offrent pas aflez de réfiftance à l’eflort néceffaire pour l’extrattion (ce qui arrive fouvent , fur-tout lorfque l’enfant a féjourné long-tems dans la matrice depuis fa mort, & qu’il tend à une putrefaéion par- faite), alors la prife vénant à manquer, on rifque dc bleffer dangereufement la mere. C’eft pour pré- Venir cet accident, prefqu'inévitéble dans Pufage du CR O crochet ordinaire, que M. Levret a imaginé depuis peu un crochet à gaine , dont on peut lire la defcrig- tion &c voir la figure dans la fuite de fes obferva- tions fur les accouchemens laborieux ; mais la tige de cet inftrument eft droite, & M. Mefnard accou- cheur de réputation à Roüen, avoit remarqué que cette direétion n’étoit pas favorable au but qu’on fe propofe : fes correttions fur cet inftrument ont été adoptées parles plus habiles actoucheurs del’'Europe. La tige des crochets de Mefnard eft courbe depuis la partie moyenne jufqu’à l’extrémité où ef le cro- chet proprement dit. Cette figure permet de porter la pointe du crochet jufqu'à la nuque, & de le fixer dans la bafe du crâne, ce qui eft impoñible avec un crochet dont la branche eft droite. Secondement, Mefnard dit avec raifon que pour que lextraétion fe fafle {ûrement & commodément, il faut abfolument avoir deux crochets qu’on place en partie oppofée. Le manche de l’un à une vis aflez longue du côté intérieur, & le manche de l’autre eft percé pour re- cevoir cette vis, que l’on aflujettit extérieurement avec un écrou. Ces crochers courbes ainfi réunis, ont l'avantage dene pouvoir jamais blefler la mere, puifque leur pointe ne peut porter contre la matrice, quand la prife viendroit à manquer, [l impoïte peu par lequel de ces deux infirumens on corimence l’introduétion ; mais 1l faut que le doigt d’une main ferve de conduéteur à la pointe du ‘crochet, qui doit couler de côté jufqu’au-delà de la tête de l’enfant, pendant que fon manche eft tenu “de l’autre main ; de maniere que quand on fait l'in- troduétion de la pointe, le manche foit élevé du côté du ventre de la femme, afin de lui faire faire ‘un demi-tour en le conduifant par-deffus le pubis, pour le faire aller vers la cuifle oppofée au côté où Pon a fait l’introduétion ; & cela afin que la pointe de ce croches fe trouve tournée du côté du crane de l'enfant. On doit prendre les mêmes précautions pour introduire l’autre croche dans Le vagin du côté oppofé. On choiïfit pour l’extraétion de l’enfant , le tems d’une des douleurs expulfives de la mere, dans la fuppofñtion qu’elle en ait encore. Il faut bien connoître les cas où il eft indipenfable d’avoir recours aux crochets; car les ignorans abu- fent de ce moyen dans les accouchemens laborieux, dont plufeurs peuvent fe terminer fans en venir à cette extrémité : il ne fuffit pas même que lopéra- tion foit jugée néceffaire , il faut encore qu’elle foit poffible, L’accoucheur obfervera donc fi la malade a des forces fuffifantes pour fupporter l'opération: la foibleffe du pouls & de la voix, les yeux éteints, le froid des extrémités , les fueurs froides, les dé- faillances , peuvent empêcher le chirurgien d'opé- rer ; &c s’il y a encore une lueur d’efpérance, il fera fon prognoftic de l’état fâcheux de la malade, & lui fera adminiftrer les fecours fpirituels , fi cela eft poflible. | On fe fert principalement des crochers ; lorfqu’on a été obligé d'ouvrir la tête d’un enfant, comme nous l’avons expliqué au mot couteau a crochet, On peut auffi s’en fervir utilement dans les acconche- mens oùla tête de l’enfant a été féparée de fon corps refté dans la matrice , principalement lorfque l’en- fant eft à terme. Il eft utile néanmoins d’obferver que dans ce dernier cas on peut fituer la malade de façon que fes feiles foient beaucoup plus élevées que fa tête, &c dans cette fituation on portera la main dans la matrice, pour tirer l'enfant par lesipiés. Si cette façon de terminer l’accoucheéméent ne peut avoir lieu , il faut abfolument avoir recours aux cro- chets ; ces inftrumens ne peuvent être regandés com- me dangereux que par des perfonnes qui n'ont point d'expérience , où qui ne font pas fufifamumnent inf- TUE) NE semi . CROCHET À CURETTE, inffrumeñt de Chirirgie, d’acier poli, de figure pyramidale, allongé &c évafé par fa partie antérieure en forme de cuillere, dont le “dos & les bords font artondis & fort polis, & dont une partie de la cavité eft garnie de trois rangs de dents en façon de râpe, pour mieux accrocher & retenir lespierres.Cette cuillere eft longue d'environ trois travers de doiet , fur un demi-pouce de large dans fon milieu ; elle eft un peu recourbée en ma- niere de crochet, ce qui lui en a fait donner le nom. L’extrémité eft une pointe fort arrondie, pour ne pas blefler, & s’engager facilement derriere les pier- res. La tige du crocher eft engagée par une foie quar- rée dans un manche de bois taillé à pans, long d’en- viron trois pouces & demu. Tout l’inftrument peut avoir fept pouces de longueur, #oyez Planche XI. FE 7e. : ; Cet inffrument fert pour tirer les pierres dans le petit appareil ; on peut s’en fervir dans toutes les méthodes , lorfqu’une pierre eft enclavée au pañla- ge. On porte la pointe de l'inframent derriere la pierre en paflant par-deflus ; & lorfqu’on la enga- gée on feleve le manche de l'infirument, & on tire à foi pour faire l’extraétion du corps étranger qui réfifte, (7) | CROCHET , voyez l’art, BAS AU MÉTIER. * CROCHETS , iaffrumens fervant aux Blanchf- feurs de toiles, à les mefurer, afin que laulnage y {oit fidellement obfervé : la longueur en eft deter- minée pat les régiemens. CROCHET o4 AILE, voyez travail des chandelles moulées à l’article CHANDELLE. CROCHET DE FER, eft chez les Charpentiers, un outil fait d’un bout en queue d’aronde , & denté à la partie la plus large ; êc de l’autre bout coudé à léquerre, comme une tige quarrée & en pointe : c’eft par cette extrémité qu'il entre dans un mor- ceau de bois quarré qu’on appelle /a boite de l'établi, La boîte eft placée au bout dudit établi, & elle ne l’excede que fuivant l’épaiffeur des bois que l’on met deflus pour les dreffer, & où le crocher les arrête, pour les empêcher d'avancer lorfqu’on pouffe la var- lope. Voyez da vignette de l’établi des Menuifiers, dans des Planches du Menuifrer. : CROCHETS, ( Fonderie en caraîteres.) | pièces du moule fervant à fondre les cara&teres d’Imprimerie. Ce font deux fils d’archal de deux pouces environ de long, & crochus,par un bout ; l’autre bout qui eft pointu, eft piqué &.enfoncé dans le-bois du moule. Lorfqu’on a fondu la lettre & qu'on a ou- vert lé moule, ces crochers fervent à féparer la lettre dudit moule, ce qui s'appelle décrocher. Voyez DE- crocHER , 6 PI, I]. du Fondeur de caraëleres d’Im- -primerie, fig. 1. 62.4, b : TS _ CroCHET,, owtil de Fourbiffeur ; c’eft une meche de lame d’épée, avec environ un doigt de la lame ; elle eft faite en crocher un peu tranchant du côté de la meche : elle fert à décoler le cuir du fourreau pour y placer le crochet, après y avoir fait une petite entaiile avec le couteau. CROCHET , ez terme de Fourbiffeur ; c’eft une pe- tite attache qui eft montée fur le fourreau, à une petite diffance de fon extrémité fupérièure, & qui arrête l’épée dans le ceinturon. _- CROCHET ou ÉSCHOPES, efpece de burin ou d’outil tranchant , trempé foft dur, dont les Horlo- gers {e fervent pour creufer différentes pieces fur le tour. Voyez PL. XIII, de l’Horlogerie, fig. 22. La feconde fert particulierement à creufer les dra- Seoirs des barillets de ces figures. Quand on remonte une répétition fort baffle, ou dont les roùûes font cachées, on fe fert d’un petit outil auquel on donne aufli le nom de crochet : par fon moyen, enpouflantoutirant les tiges des roues, Tome IF, | 2 Ts | He À 493 on et les fivots dans leurs trous, 7oÿez PI, XFT de l’Horlogerie, fig. 73: (T) | : On appelle encore crochet , en Horlogerie, des pie< ces très différentes par leurs figures ; mais dont la fonétion eft à-peu-près la même ; ainfi on appelle crochets de la chaîne ; les pieces T', F, Planche X, d’Horlogerie, fig. 34. dont l’une fert à la faire tenir au barillet, & l’autre à la fufée : ainfi on. nomme crochet de petites éminences fort femblables à la dent d’un rochet, qui {ont rivées fur la circonférence de * Parbre d’un barillet, & dans la circonférence in- terne du barillet, de mamiere qu’elles retiennent f- xement les deux extrémités du reflort, Foyer RES: SORT , (iz DE RESSORT. On appelle encore cro- chet de la fufée, cette partie C, figure 46. qui fert à l’arrêter par le moyen du guide-chaîne, lorfque la montre eft remontée tout, au haut. Voyez FUSÉE ; GUIDE-CHAÎNE, Gc. (T) | CROCHET 04 CROCHETS, termes d’'Imprimérie] Les crochets {ont au nombre des fignes donton fe fert dans lécriture , autres que les lettres, Les crochers font différens des parenthefes ; celles-ci {e- font ainfi ( ), au lieu que les crochets fe font én ligne perpendiculaire, terminée en-haut & en-bas parune petite ligne horifontale [ |. On met entre deux cro- chets un mot qui n’efl point eflentiel à la fuite du difcours , un fynonyme, une explication , un mot en une autre langue, & autres femblables. On ap- pelle auf crochess , certains fignes dont on fe fert dans les généalogies , dans les abrégés faits en forme de table; ce qui fert à faciliter la vüe des divifions & des fubdivifñons. (F) CROCHETS, voyez CROCHETEUR: CROCHET, terme de Mésiffier; c’eft un outil dé fer crochu emmanché d’un long bâton, dont ces ou vriers fe fervent pour tirer avec des feaux l’eau & la chaux des plains qu'ils veulent vuider. Voyez PL, du Mépiffier, fig. 7. rien CROCHET D'ÉTABLI , ( Menu.) eft un morceaw de bois qui s'attache contre le devant de l’établi, plus près du bout que la boîte, & qui fert à arrêter les planches lorfqu’on les drefle fur le champ. Voyez PI, de Menuifèrie, fig: 36. E- CROCHET DE FER, (Menuiferie.) c'eft le même que celui du charpentier. Voyez CROCHET ex Char- penterie. Sa queue entre dans:la boite de l’établi, & fert à tenir l'ouvrage. oyez Planche de Meruifèries fig. 36. Te Al Th CROCHET o4 ÉMERILLON,, ferme de Paflementier: Boutonnier; c’eft un petit outil de fer de trois ou quatre pouces de longueur, recourbé & pointu par un boût , & garni d'un manche de bois par l’autre 5 il fert à faire les cordons de chapeau & les chaînet- tes, à apphquer les fleurs fur le haut des-crépines, & particulierement à doubler & tordre enfemblé les différens fils de poil de chevre & de foie qui dois vent être employés en boutons poil & foie. Foyez les Planches & leur explication. CROCHET, outil de Porier d’érain. Cet outil {ert à tourner l’étain, c’eft tout fon ufage ;:mais il en faut un certain nombre, parce que le mêmene peut pas fervir à tout: 1l yen a pour la vaïfelle, pout la poterie ; pout la menuiferie ; les uns plus gros, les autres plus petits. Ce qu'il s’agit de confidérer ; c’eit la forme du taillant; 1l y en a de quarrés, de demi-ronds, de pomntus, &c. C’eft un morceau dé fer plus ou moins long , plus plat qu’épais, d'environ un pouce de large , &t acéré fur la planche du côté où il eft courbé, ce qui faitle taiilant ; l’autre bout eft pointu, pour y mettre un manche. Voyez la fig, 2. du métier du Potier d'étain, UE: Les crochets dont on {e {ert pour Comméncer à tourner, & qui coupent le plus, s'appellent ébau- choirs; ceux dont one {ert après, qui coupent moins | _ Rrri 55% CRO 8e rendent l'étain plus brun, parce qu’on les frotte de tems en tems fur la potée d’étain, s'appellent p/a- nes. Voyez TOURNER L'ÉTAIN. CrocHET , énjfrument d’ufage dans les Salines ; il fert à tirer les fagots de deflus la mafle. Voyez l'art, SALINE, G les Planches des fontaines falantes. * Crocuer: c’eft un inftrument dont les Serru- riers {e fervent pour ouvrit les portes, quand on n’en a pas les clés ; ileft fait d’un morceau de fer battu, plat, fait en anneau par la poignée , & coudé fur Le champ par l’autre bout, de la longueur à-peu-" près du panneton de la clé : on lintroduit par l’en- trée de la ferrure ; on le tourne dedans, & l’on tä- che d'attraper le reflort & les barbes du pêle, afin de le faire {ortir de la gache. CrocueT, inftrument de fer qui fe met à l’ex- trémité d’un établi, qui eft femblable à celui des menuifiers, & qui a le même ufage. # CROCHET, (Manuf. en foie.) Crochet de devant le mmérier deg éroffes de foie. Ces petits crochets font mon- tés fur une bande de fer de la largeur d’un pouce en- viron, & de la longueur proportionnée à la largeur de l’étoffe. On les attache à l’enfuple, au moyen de plufieurs bouts de ficelles qui, en forme de boucle, tiennent d’un côté à ce crochet, & de l’autre à la verge qui entre dans la chanée de l’enfuple. Ces crochets fervent dans les cas où l’on veut commencer l'étoffe fans perdre de la foie. [l'y a de ces crochets qui, au lieu des bouts de fi- celle dont il eft fait mention ci-deflus, font coufus à une grofle toile que l’on fait tenir à lenfuple, com- me l’étoffe. * CROCHETS de derriere le métier des étoffes de foie. On fe fert aujourd’hui de cordes moyennes auxquel- les on donne le nom de gancettes, parce qu'il n’eft pas poflble de placer des efpolins avec des erochers de-devant. Ces crochets font de moyenne grofleur, ër font attachés à un bois rond proportionné : ôn s’en fert lorfque la chaîne eft fur fa fin, & qu'il ny a plus rien fur l’enfuple de derriere. On commence par faire autour de ces enfuples plufeurs tours d’une groffe corde à deux bouts, à chacun defquels 1l y a une boucle; on y pale les crochets, &r on met la verge fur laquelle eft la chaîne , dans ces crochets; & à mefure que l’ouvrier employe fa chaîne, &e qu'il roule fon étoffe fur l'enfuple de devant, la corde qui eft fur l’enfuple de derriere fe dévide, ce qui facilite l'emploi du-reftant des chaines. CROCHET, en terme de Raffineur de fucre; c’eft une verge de fer recourbée par un bout, garnie de l’autre d’une doiielle où entre fon manche. Ce cro- cher fert à mettre des piles de formes tremper. Voyez TRemMPER 6 FORMES. On met ces formes dans l’eau, lapatte en en-bas ; &, pour plus grande fa- cilité ; pendant que la main de l’ouvrier conduit la tête de la pile, il la plonge doucement dans le bac, en la foûtenant avec le crochet. Woyez BAC À FOR- MES!Ily ena encore d'autres quifont beaucoup plus courts, qui s'attachent aux deux bouts d’une corde, & fervent à defcendre les efquifles par les tracas. Voyez ESQUISSES 6’ TRACAS. CROCHET , (grand) en terme de Raffineur de fucre, ne differe du ftoqueur, (voyez STOQUEUR) , que par un coude qu’il forme à fon extrémité en fe recour- bantd’environ deux pouces & demi. Il fert auf à arranger les feux fous les chaudieres, & à en tirer les mache-fers. CROCHET , ex terme de Raffinerie de fucre, eftune branche de fer plate’, :phée à-peu-près comme une pincette, dont on fe fert pour arrêter le blanchet fur les bords du panier. Joy. BLANCHET PANIER A CLATRÉE. | CROCHET, (Tondeur.de draps.) eft un morceau } CRO de fer recourbé par les deux bouts, dont les Ton deurs fe fervent pour attacher leurs étoffes fur les tables à tondre. | * CROCHET, ( Verrerie.) tringle de fer de neuf lignes de diametre, courbée & pointue par Le bout, avec laquelle le foüet arrange les bouteilles dans Le four à recuire. Il y a d’autres crochets dont on fe fert pour mettre les pots dans le four ; 1ls ont fept piés & demi. * CROCHET , (Ferrerie.) Il en faut trois, de peux qu'ils ne fe caffent ; ils ont neuf piés &t demi de lon- eueur, onze lignes de diametre: les angles en doi- vent être rabattus, ce qui les met à fix pans. Le grand croche elt une barre dont on fe fert à l’ouvroir, pour lever & tenir le pot fur le fiège, & le placer comme il convient, On verra a l’article VERRERIE ;- l’ufage des autres. Ce dernier a dix piés de long fur un pouce dix lignes d’équarrifiage. CROCHETER , v. aû. (Serrur.) Il fe dit feule= ment d’une porte & d’une ferrure : c’eft l'ouvrir avec un crochet. CROCHETEUR , f. m. (Comm.) c’eft un gagne- denier, dont l’occupation journaliere eft de tranf- porter des fardeaux fur fes épaules, à l’aide d’une machine appellée des crochers. Ces crochets font com pofés de deux montans contenus par deux traveries, l’une en-haut & l’autre en-bas ; à la partie inférieure de ces montans ou côtés , 1l y a deux morceaux de bois longs d’un demi-pié ou environ , aflemblés avec ces montans à leur bout inférieur, par le moyen d’une forte planche qu'ils traverfent, de maniere que chaque montant & chaque morceau de boïs for- me comme un y confonne , & que ces quatre pieces forment enfemble comme un coin dont on auroit tranché la pointe. L’afflemblage de ces quatre pieces eft encore fortifié par de petits morceaux de bois qui les joignent deux à deux ; les bouts des deux morceaux de bois & des deux côtés où montans, en débordant un peu la planche qui les contient , fer- _vent de piés aux crochets. On place les fardeaux le long des montans ; leur partie inférieure s’emboîte dans les efpeces d’ confonnes que forment les mor- ceaux d’en-bas avec les mohtans, & y eft retenne. Deux bouts de fangle attachés à une hauteur conve- nable fut les montans ; & recévant dans une boucle aw’ils ont à leur extrémité inférieure , les parties de ces montans qui excedent, au travers de la planche, & qui fervent de piés aux crochets , en forment les brafleres. C’eft par ces brafhieres que le crocheteur fixe fes crochets fur fon dos. Quant au fardeau, il le fixe fur fes crochets avec une corde qui eft atta- chée d’un bout au bas des crochets, qu’on ramene par le haut fur le fardeau, entre les cornes des cro- chets, & dont le crochereur prend en fa main autre extrémité qu'il tiré: parce moyen le fardeau ferré contre Les montans, ne peut vaciller. * CROCHU ,, adj: (Gramm.) On donne cette épi- thete à tout corps folide , long & droit, dontune des extrémités s’écarte de la direétion retiligne , & for me une portion de cercle: plus le cercle eft petit &z la portion du cercle grande, plus le corps eft cro- chu, Voyez COURBE 6 COURBURE. CROCHU , f. m. ez Anatomie, eft le nom de l’un des huit os du carpe fitué dans le fecond rang ; il répond au petit doipt & au doigt annulaire : on l’ap+ pelle ainf à caufe d’une apophyfe mince, longue & large, un peu crochue, à laquelle s’attache le higament ‘qui retient les mufeles qui fléchiflent les doigts. (£) Crocuu, adj. (Maréchall.) fe dit d’un cheval qui a Les jarrets trop près l’un de l’autre: on dit aufli qu'il eft fur fes jarrets, ou qu'il eft jarreté. Les chevaux crochus font ordinairement fort bons: (7) - PAL ae CROCHUAUX , f. mepl serme de Riviere ; pieces de bois ceintrées qui s’entaillent dans le chef d’un bateau-foncet. CROCODILE, f. m, crocodilus , (Hift. rat, Zoo- dog.) animal amphybie qui reflemble au léfard, mais qui eft beaucoup plus grand ; voyez LÉSARD. Ariftote & Pline rapportent qu'il ne ceffe de croitre pendant toute fa vie, & que fa longueur s'étend juiqu’à huit coudées ; Hérodote & Elien prétendent qu'il en a juiqu’à vingt-fix, ce qui fait fix toifes & demie. Selon les nouvelles relations, les crocodiles font bien plus grands ; on en a vü à Madagafcar qui avoient juiqu’à dix toifes. Sur la fin de l’année 1681 on en amenä un à Verfailles dans la ménagerie du Roi; il y vécut pendant près d'un mois. Sa longueur n’étoit que de trois piés neuf pouces & demi; il avoit la queue auf longue que le refte du corps ; le ventre étoit lFendroit Le plus large, & n’avoit que cinq pouces &c demi ; la longueur des bras depuis le corps jufqu’au bout des ongles, étoit'le fx pouces & demi; celle des jambes de fept pouces & demi, & celle de la tête de fept pouces. Les yeux avoient neuf lignes de lon- gueur d’un angle à l’autre ; la tète étoit plate, &c1l n’y avoit.pas un pouce de diflance entre Îles deux yeux. Le deflus du corps & les ongles étoient d’un gris-brun, verdâtre, mêlé en plufieurs endroits d’un autre verd-blanchâtre ; il avoit les dents blanches, & le defious du corps & de la queue , le dedans des jambes & le deffous des pattes, d’un blanc un peu jeunâtre, La plüpart des auteurs prétendent que les crocodiles {ont jaunes , & que leur nom vient de leur couleur de fafran, crocus. Celui dont 1l s’agit ici, avoit tout le corps couvert d’écailles , à exception de la tête, dont la peau étoit colée immédiatement fur lés os. Il y avoit de trois fortes d’écailles ; celles qui fe trouvoient fur les bras, les jambes, lesflancs, & fur la plus grande partie du cou, étoient à-peu- près rondes , plus ou moins grandes, & placées irré- gulierement. Les écailles du dos, du milieu du cou & du deflus de la queue, étoient très-fortes, & for- moient des bandes qui s’étendoient d’un côté à Pau- tre. Ces bandes étoient fillonnées tranfverfalement, &c paroifloient divifées en plufeurs écailles. Ces ef- peces de fillons fembloient être continués d’une bande à l’autre, & fe prolonger le long du corps ; ainfi les écailles formoient.des files longitudinales dans cefens, & des files tranfverfales le long des bandes, & étoient pofées comme des pavés les uns contre les autres : les joints qui fe trouvoient entre les bandes, n’étoient formés que par la peau de la- nimal. Il y avoit fur le milieu de ces écailles, une crête plus eu. moins élevée. Celles de la troifieme {orte couvroient le ventre, le deffous de la queue, le deflous du cou &c de la mâchoire, le dedans des jambes &z le deffous des pates ; elles étoient minces, flexibles , & n’avoient point de crête ; leur figure étoit quarrée : elles étoient jointes les unes contre Jés autres par de forts hgamens. Ce crocodile avoit le bout du mufeau pointu, & deux narines en forme de croiffant. Les yeux étoient pofés de façon que le grand angle fe trouvoit en avant, & le petit en ar- riere. Les paupiéeres étoient grandes & mobiles toutes les deux ; il y avoit fur les bords, des dentelures au Heu de cils ; &x auffi au-deflus des orbites, une autre dentelure au lieu de fourcils. Les ovivertures des oreilles fe frouvoient au-deflus des yeux ; elles * étoient recouvertes par la peau, qui formoit pour ainfi dire deux paupieres fermées exaftement. Les dents étôient au nombre de foixante-huit, dix-neuf de chaque côté de la mâchoire fupérieure, & quinze du côté de l'inférieure ; elles étoient plus longues les ünes que les autres, mais toutes creufes, pointues 8 recontbées vérsle gofier. La bouche étant fermée, fes dents de l’une des mâchoires fe trouvoient pla- çes entre Celles de l’autre. La mâchoire fupérieure CRO SOr n’étoit point mobile, comme on l’a crû autrefois. Les piés de devant avoient cinq doigts, &c ceux de der- riere feulement quatre ; mais les premiers étoient les plus petits : il y avoit des membranes entreles doigts, & des écailles entre les doigts & fur les membranes. Les ongles étoient noirâtres, crochus & pointus, mais moins que les dents. Mém. pour férvir à l’hiff, des animaux , par M. Perrault, some III. Le crocodile eft fort pefant, & ne fe retourne qu’a- vec peine pour changer de chemin. On prétend qu'il a une odeur fuave, mais il eft très-dangereux ; il dé- chire avec fes ongles, dévore avec fes dents, & brife jufqu’aux os les plus durs. Ses œufs font de la groffeur de ceux d’une oye ; il y en a environ foi- xante à Chaque ponte : cet animal les dépofe dans le fable, la chaleur du foleil fait éclorre les petits fans incubation. On trouve des crocodiles dans le Nil, le Niger, le Gange, &c. Ray, fnop. anim. quad. Aux Antilles on appelle le crocodile du nom de cay- nan ; on letrouve dans [a mer, dans les rivieres, & mêmé fur la terre, parmi les rofeaux dans les îles in: habitéés. On en a vû qui avoient jufqu’à dix-huit piés de longueur, & qui étoient aufi gros qu’uné barrique. La peau du dos réfifte à un coup de mouf- quet chargé de bales ramées ; mais on peut le bleffer au ventre, & fur-tout aux yeux. Sa bouche eft fi grande , fes mâchoires font fi fortes, fes dents f pointues, que l’on prétend qu’il peut couper un hom-- me par le milieu du corps ; au moins on aflüre qu'il coupe la cuifle tout net, &c les traces de fes pates font auffi profondes que celles d’un cheval de ca- roffe. Il court aflez vite fur la terre , mais feulement en ligne droite ; ainf lorfqu'on en eft pourfuivi, il faut faire plufieurs détours pour l’éviter plus aifé- ment. Les crocodiles qui font dans l’eau douce, ont une odeur de mufc qui fe répand à plus de cent pas aux environs, & qui parfume l’eau. Ceux qui font dans la mer n’ont point d’odeur. On dit que ces ani- maux ferment les yeux à demi, & qu'ils fe laïffent aller au fil de l’eau fans faire aucun mouvement, comme une prece de bois qui floteroit dans un cou- rant ; & qu'ils furprennent par cette rufe les animaux qui viennent boire fur le bord des étangs ou des ri- vieres , &c même les hommes qui fe baignent. Lorf qu'un crocodile à trouvé le moyen d'approcher d’un bœuf ou d’une vache, il s’élance fur l’animal, le {aifit par le mufle, & l’entraine au fond de l'eau pour le noyer, & manger enfute, | On a appellé les du cayman , certaines îles qui ne font fréquentées que dans lestems où l’on va tourner la tortue : comme on laïfle fur le fable leurs dépoiil- les, il vient un grand nombre de crocodiles les man- ger, d'où vient le nom de ces îles, On rapporte dans différentes relations, que les Chinois apprivoifent les crocodiles, qu’ils les engraï£ fent poux les manger: la chair en éft blanche ; les Européens.la trouvent fade & trop mufquée. Fifi. nat, des.iles Ant. &c. M. della Condamine rapporte, d’après les Neores de la riviere des Amazones, que les tigres réfiffent au crocodile, lorfqu’ils en font attaqués {ur les bords de cetteriviere. Le tigre enfonce fes griffes dans les yeux du crocodile, & fe laïffe entrainer dans l’eau plûtôt que de lâcher prife. Les crocodiles de l’Ama- zone ont jufqu'à vingt piés de longueur, & peut- être plus. M. de la Condamine en a vû un grand nombre fur la riviere de Guayaquil ; ils reftent pen- dant des journées .entieres fur la vafe étendus au {o- leil. Joyage de la riviere des Amazones. | Le crocodile de Ceylan eft nommé kémbula par les habitans du pays ; 1l eft marqué de taches noirâtres, On a envoyé au cabinet d’'Hiftoire naturelle un crocodile du Gange , qui différe des autres par le mu feau, qui eft fort long &c fort filé. (4) 50% CR O * CROCODILE, (Myrh.) Les Egyptiens ont traité cet animal diverfement : il étoit adoré dans quelques contrées, où on l’apprivoifoit : on Vattachoit par les pattes de devant; on lui mettoit aux oreilles des pier- res précieufes, & on le nourrifoit de viandes con- facrées jufqu'à ce qu'il mourtit. Alors on l’embau- moit ; on renfermoit fa cendre dans des urnes , &c on la portoit dans la fépulture des rois. Il y en avoit d'affez fous pour fe féliciter de leur bonheur , s’il arrivoit qu'un crocodile eût dévoré quelques-uns de leurs enfans. Ailleurs on les abhorroit, on les chaf- foit, & on les tuoit, & cela aufli par un fentiment de religion : ici on croyoit que T'yphon le meurtrier d'Ofris & l’ennemi de tous Les dieux, s’étoit trans- formé en crocodile : d’autres en faifoient le fymbole de la divinité, & tiroient des préfages du bon ou mauvais accueil des vieux crocodiles, Si l'animal re- cevoit des alimens de la main qui les lui préfentoit, cette bonté s’interprétoit favorablement; Le refus au contraire étoit de mauvais augure. Il ne s’agit que de mettre l'imagination des hommes en mouvement, bien-tôt ils croiront les extravagances les plus ou- trées. Le crocodile n’aura point de langue ; il aura au- tant de dents qu'il y a de jours dans l'an ; il ÿ aura des terñs & dés lieux où il ceffera d’être malfaifant ; certains Egyptiens en étoient là, & fouffroient très- impatiemment qu'on leur reprochât leur fotte crédu- lité. Celui qui ofoit foûtenir qu’un crocodile avoit at- taqué un Egyptien, quoiqu'il füt fur le Nil & dans une barque de papyrus, étoit un 1mpie. n + CroconiLe , (Belles lett.) en termes de Rhétor:- que , fignifie une forte d’argumentation captieufe êt {ophiftique , dont on fe fert pour mettre en défaut un adverfaire peu précautionne, & le faire tomber dans un picge. Voyez SOPHISME. On a appellé cette maniere de raifonner crocodile, à cauie de Phifoire fuivante imaginée par les Poëres où par les Rhéteurs. Un crocodile, difent-ils , avoit enlevé le fils d’une pauvre femme, lequel fe prome- noit fut Les bords du Nil; cette mere détolée fupplioit lanimal de lvi rendre fon fils ; le crocodile repliqua qu'il le lui rendroit fain & fau’, pourvi qu’elle mê- me répondit jufte à la queftion qu'il lui propoferoit. Peux-je te rendre ton fils ou non ; lui demanda le cro= codile : la femme foupçonnant que l'animal vouloit la tromper , répondit avec douleur : £4 7e veux pas ine le rendre ; & demanda que fon fils lui fût rendu, comme ayant pénètré la véritable intention du ero- codile. Point du tout, repartit le montre, car fi je te Le rendois, tu n’aurois point dit vrai; ainfi je ne puis te 1e donner fans que ta premiere réponfe ne foit fauf- fe, ce qui eft contre notre convention, #oyez Dr- LEMME, L' On peut rapporter à cette efpece de fophilme, les propofitions appellées mentientes ou infolubles, qui fe détruifent elles-mêmes ; telle qu’eft celle de ce poëte Crétois : omnes ad unum Cretenfès femper mentiuntur ; tous les Crétois, fans en excepter un feul , mentent toljours. En effet, ou le poëte ment quand il aflure que tous Les Crétois mentent, ou1l dit vrai, Or dans l'un ou l’autre cas il y a quelques Crétois qui ne men- tent pas. La propoñition générale eft donc néceffai- rement faufle. (G) el * CROCOTE, £.f. (Hiff. anc.) habillement leger, de foie, & couleur de fafran, à lufage des comé- diennes, des prêtres de Cybele, & des femmes ga- lantes. Ceux qui teignoient les crocores s’appelloient crocotaires, crocofarii, du mot crocota, crocoie, CROCUS. Voyez SAFRAN. Crocus MARTIS. Voyez SAFRAN DE Mars. Crocus METALLORUM. Voyez SAFRAN DES MÉTAUX. # CRODON, f.m. (Hiff. anc.) une des principa- les idoles des anciens Germains, C’étoit un vieillard à longue bärbe , vêtu d’une robe longue, fanglé d'une bande de toile , tenant dans la main gauche une rouë, ayant à fa main droite un panier plein de fruits & de fleurs, & placé débout fur un poiffon hériflé de pi- quans & d’écailles, qu’on prend pour une perche ; {outenu horifontalement par une colonne : on l’a- dora particulierement à Hartesbourg près de Goflar, jufque fous le regne de Charlemagne, qui fit abbat- tre la ftatue de Crodo , & beaucoup d’autres. Il y en a qui font venir crodo de cronos, & qui croyent que ce Crodo des Germains eft le Saturne des Grecs & des Romains; mais cette conjetture n’eft autorifée par aucun des attributs de la ftatne de Crodoz. CROIA , (Géog.) ville forte de la Turquie , en Europe , dans l’Albanie, proche du golfe de Venife, fur l’'Hifino. Long. 37. 18. lat. 41. 46, * CROIRE, v. at. & neut. (Meraphyfique.\) c’eft être perfuadé de la vérité d’un fait Ou d’une propo- fition, ou parce qu’on ne s’eft pas donné la peine de l'examen, ou parce qu’on a mal examine, ou parce qu'on à bien examiné. Il n’y a guere que le dernier cas dans lequel l’aflentiment puifle être ferme & fa- tisfaifant. Il eft aufli rare que difficile d’être content de foi, lorfqu'on n’a fait aucun ufage de fä raïon, Ou lorfque l’ufage qu’on en a fait eff mauvais. Celui qui croit, fans avoir aucune raïfôn de croire, eût-il rencontré la vérité, fe fent toûjours coupable d’a- voir négligé la prérogative la plus importante de fa nature, &c ilneft pas poffible qu'il imagine qu'un heureux hafard pallie l’irrégularité de fa conduite. Celui qui fe trompe, après avoir employé les facul- tés de fon ame daris toute leur étendue, fe rend à lui-même le témoignage d’avoir rempli fon devoir de créature raifonnable ; &1l feroit aufli condamna- ble de croire fans examen, qu'il le feroit de ne pas croire une vérité évidente ou clairement prouvée. On aüra donc bien reglé fon affentiment , & on l’au- ta placé comme on doit, lorfqw'’en quelque cas êc fur quelque matiere que ce {oit, on aura écouté la voix de fa confcience & de fa raïfon. Si on eût api autre- ment, on eût péché contre {es propres lumieres, & abufé de facultés qui ne nous été données pour aucu- ne autre fin, que pour fuivre la plus grande évidence & la plus grande probabilité : on ne peut contefter ces principes, fans détruire la raifon & jetter l’homme dans des perplexités ficheufes. /. CRÉDULITÉ, For. * CROISADES, f. f. (H1fl. mod. & eccléf.) guerres entreprifes par les chrétiens, foit pour le recouvre ment des lieux faints, foit pour l’extirpation de l’hé- réfie & du paganifme. | , | Croifades entreprifes pour la conquête des lieux faintsè Les fréquens pélerinages que les chrétiens firent à la Terre-fainte, après qu’on eut retrouvé la croix fur laquelle Ze fls de l’homme étoit mort, donnerent lieu à ces guerres fanglantes. Les pélerins, témoins de la dure fervitude fous laquelle gémifloient leurs freres d'Orient, ne manquoient pas d’en faire à leur retour de triftes peintures , & de reprocher aux peuplées d'Occident la lâcheté avec laquelle ils laiffotent les lieux arrofés du fang de Jefus-Chrift, en la puiffance des ennemis de fon culte & de fon nom. On traita long tems les déclamations de ces bon« nes gens avec l’indifférence qu’elles méritoient, &£ l’on étoit bien éloigné de croire qu'il viendroit Ja- mais des tems de ténebres aflez profondes, & d’un étourdiflement aflez grand dans les peuples & dans les fouverains fur leurs vrais intérêts, pour entrai- ner une partie du monde dans une malheureufe pe- tite contrée, afin d'en égorger les habitans, & de s’emparer d’une pointe de rocher qui ne valoit pas une goutte de fäng, qu’ils pouvoient venérer en ef- prit de loin comme de près » .& dont la pofeffion étoit & étrangere à l’honneur de la religion, CR O _Cepéndant ce tems arriva, & le vertige pafla de Ja tête échauflée d’un pélerin, dans. celle d’un pon- tife ambitieux & politique, & de celle-ci dans tou- tes les autres. Il eft vrai que cet évenement extraor- dinaire fut préparé par plufeurs circonftances , en- tre lefquelles on peut compter l'intérêt des papes & de plufieurs fouverains de l’Europe ; la haine des chrétiens pour les mufulmans ; l'ignorance des laïcs, lautorité des eccléfiaftiques, Pavidité des moines; une paffion defordonnée pour les armes, & fur-tout la néceflité d’une diverfion qui fufpendit des trou- bles inteftins qui duroient depuis long tems. Les laïcs chargés de crimes crûrent qu'ils s’en laveroïent en fe baignant dansle fang infidele; ceux que leur état obligeoïit par devoir à les defabufer de cette erreur, les y confirmoient, les uns par imbécillité & faux zele , les autres par une politique intéreffée ; êc tous confpirerent à venger un hermite Picard des avanies qu’il avoit efluyées en Afe, & dontilrapportoit en Europe le reffentiment le plus vif, L'hermite Pierre s’adreffe au. pape Urbain IT ; 1l court les provinces & les remplit de fon enthoufaf- me. La guerre contre les infideles eft propofée dans le concile de Plaifance, & prêchée dans celui de Cler- mont. Les feigneurs fe défont de leurs terres ; Les moi- nes s’en emparent ; l’indulgence tient lieu de folde: on s’arme ; on fe croife, & l’on part pour la T'erre- fainte. | La croifade , dit M, Fleury, fervoit de prétexte aux gens obérés pour ne point payer leurs dettes ; aux malfaiteurs pour éviter la punition de leurs crimes; aux eccléfaftiques indifciplinés pour fecoüer le joug de leur état ; aux moines indociles pour quitter leurs cloïtres; aux femmes perdues pour continuer plus librement leurs defordres. Qu’on eftime par-là quelle devoit être la multitude des croifés ? Le rendez-vous eft à Conftantinople. L’hermite Pierre, en fandales & ceint d'une corde, marche à la tête de quatre-vingts mille brigands ; car com- ment leur donner un autre nom, quand on fe rap- pelle les horreurs auxquelles ils s’abandonnerent fur leur route? Ils volent, maflacrent, pillent , & brü- lent. Les peuples fe foulevent contr’eux. Cette croix rouge qu'ils avoient prie comme la marque de leur piété , devient pour les nations qu'ils traverfent le fignal de s’armer &c de courir fur eux. [ls font exter- munés ; & de’cette foule, il ne refte que vingt mille hommes au plus qui arrivent devant Conftantinople à la fuite de l’hermite. Une autre troupe qu’un prédicateur Allemand ap- pellé Godefeal trainoit après lui, coupable des mé- mes excès; fubit le même fort. Une troifieme horde compofée de’plus de deux cents mille perfonnes , tant femmes que prêtres, payfans, écoliers, s’avan- ce furles pas de Pierre & de Godefcal; mais la fu- renr de ces derniers tomba particulierement fur Les Juifs. [ls en maflacrerent tout autant qu'ils en ren- contrerent; als croyoient, ces infenfés &c ces impies, venger dignement Ja mort de Jefus-Chrift, en égor- gcant les petits-fils de ceux qui l’avoient crucifié. La Hongrie fut le tombeau commun de tous ces affaf- fins. Pierre renforça fes croïfés de quelques au- tres vagabonds ftaliens & Allemands, qu'il trouva devant Conftantinople. Alexis Comnene fe hâta de tranfporter ces enthoufiaftes dangereux au-delà du Bofphore. Soliman foudan de Nicée tomba fur eux, & le fer extermina en Afie, ce qui étoit échappé à ’indignation des Bulgares & des Hongrois, & à l’ar- tifice des Grecs. Les croifés que Godefroi de Bouillon commandoit furent plus heureux ; ils étoient au nombre de foi- xante & dix mille hommes de pié , & de dix mille hommes de cheval. Ils traverferent la Hongrie. Ce- vendant Hugues frere de Philippe [rot de Françe, v CR O so? marche par l'Italie avec d’autres croifés ; Robert due de Normandie, fils aîné de Guillaume le Conquérant eft parti; le vieux Raimond comte de Touloufe pafle les Alpes à la tête de dix mille hommes, & le Nor- mand Boemond, mécontent de fa fortune en Euro- pe, en va chercher en Afie une plus digne de fon cou- rape. Lorfque cette multitude fut arrivée dans l’Afie mi. neure, on en fit la revûe près de Nicée; & 1l fe trou. va cent mille cavaliers & fix cents mille fantaflins, On prit Nicée. Soliman fut battu deux fois. Un corps de vingt mille hommes de pié & de quinze mille ca- valiers afliégea Jérufalem , & s’en empara d’aflaut, Tout ce qui n’étoit pas chrétien fut impitoyablement éporgé ; & dans un affez court intervalle de tems, les chrétiens eurent quatre établiffemens au milieu des infideles , à Jérufalem , à Antioche, à Edefle, & à Tripoli. | Boemond poffeda le pays d’Antioche. Baudoiuin frere de Godefroi alla jufqu’en Méfopotamie s’empa- rer de la ville d'Edefle ; Godefroi commanda däns Jérufaiem, &c le jeune Bertrand fils du comte de Tou- loufe s’établit dans Tripoli, Hugues frere de Philippe [, de retour en France avant la prife de Jérufalem, repafñla en Afie avec une nouvelle multitude mêlée d’Allemans & d’Italiens - elle étoit de trois cents mille hommes. Soliman en défit une partie ; l’autre périt aux environs de Conf. tantinople , avant que d’entrer en Afie; Hugues Y mourut prefqu’abandonné. | | Baudotin regna dans Jérufalem après Godefroi ; mais Edeffe qu'il avoit quittée ne tarda pas à être reprife , & Jérufalem où 1l commandoit à être me- nacée. "1 Tel étoit l’état foible & divifé des chrétiens en Orient, lorfque le pape Eugene III. propofa une au- tre croifade. S. Bernard fon maître la prêcha à Veze- lai en Bourgogne, où l’on vit fur le même échafaud un moine & un fouverain exhortant alternativement les peuples à cette expédition. Soixante & dix mille François {e croiferent fous Louis le Jeune. Soixante &c dix mille Allemans fe croiferent peu de tems après fous l’empereur Conrad III, & les hiftoriens éva- luént cette émigration à trois cents mille hommes. Le fameux Fréderic Barberoufle fuivoit fon oncle Conrad. Ils arrivent : ils font défaits. L'empereur retourna prefque feul en Allemagne; & le roi de France revint avec fa femme , qu'il répudia bien-tôt après pour fa conduite pendant le voyage. La principauté d’Antioche fubfiftoit toûjours, Amauri avoit fuccédé dans Jérufalem à Baudcüin, & Gui de Lufgnan à ce dernier, Lufignan marche contre Saladin , qui s’avançoit vers Jérufalem dans le deffein de l’afiéger. Il eft vaincu & faitprifonnier. Saladin entra dans Jérufalem; mais il en ufa avec les habitans de cette ville de la maniere la plus honteu- fe pour Les chrétiens, à qui il fçut bien reprocher la barbarie de leurs peres. Lufignan ne fortit de fes fers qu’au bout d’un an. Outre la principauté d’Antioche , les chrétiens. d'Orient avoient confervé au milieu de ces defaftres! Joppé, Tyr, & Tripoli. Ce fut alors que le pape Clé ment JLI, remua la France, l’Angleterre, & l’Alle- magne en leur faveur. Philippe Auguite résnoit en France, Henri Il. en Angleterre, & Fréderic Barbe- rouffe en Allemagne. Les rois de France & d’Angle- terre ceflerent de tourner leurs armes l’un contre l’autre pour les porter en Afie ; & l’empereur partit à la tête de cent cinquante mille hommes, Il vainquit les Grecs & les Mufulmans, Des commencemens fi heureux préfageoient pour la fuite les plus grands fuccès, lorfque Barberoufle mourut, Son armée ré. duite à fept à huit mille hommes, alla vers Antioche fous la conduite du duc de Soüabe fon fils, fe joindre S04 CRO à celle de Lufgnan, Ce jeune prince mourut peu de tems après devant Ptolémaïs , & il ne refta pas le moindre veflige des cent cinquante nulle hommes que fon pere avoit amenés. L’Afie mineure étoit un : goufre où l’Europe entiere venoit fe précipiter ; des flottes d’Anglois, de François , d'Itahiens , d’Alle- mans, qui avoient précédé l'arrivée de Philippe Au- gufte & de Richard Cœur de lion, n’avoient fait que s’y montrer & difparoître. | Les rois de France & d'Angleterre arriverent en- fin devant Ptolémais. Prefque toutes les forces des chrétiens de l'Orient s’étoient rafflemblées devant cette place. Elles formoient une armée de trois cents mille combattans. On prènd Ptolémais. Cette con- quête ouvre le chemin à de plus importantes ; mais Philippe & Richard fe divifent ; Philippe revient en France ; Richard eft battu ; ce dernier s’en retourne fur un feul vaifleau, & il eft fait prifonnier en re- pañfant par l’Allemagne. - Telle étoit la fureur des peuples d'Europe, qu'ils n’étoient ni éclairés ni découragés par ces defaftres, Baudouin comte de Flandres raflemble quatre mille chevaliers, neuf mille écuyers, & vingt mille hom- mes de pié ; ces nouveaux croifés font tranfportés fur les vaiffeaux des Vénitiens. Ils commencent leur expédition par une irruption contre les chrétiens de la Dalmatie : le pape Innocent IIT. les excommunie. Ils arrivent devant Conftantinople "qu'ils prennent & faccagent fous un faux prétexte. Baudouin fut élû empereur ; Les autres alliés fe difperferent dans la Grece & fe la partagerent ; les Vénitiens s’empare- rent du Peloponnefe , de l'île de Candie, & de plu- fieurs places des côtes de la Phiygie; & il ne paffa en Afie que ceux qui ne purent fe faire des établife- mens fans aller jufques-là. Le repne de Baudouin ne fut pas de longue durée. Un moine Breton, nommé ÆErloir, entraïna une multitude de fes compatriotes. Une reine de Hon- grie {e croifa avec quelques-unes de fes femmes. Elle mourut à Ptolémais d’une maladie épidémique, qui emporta des milliers d’enfans conduits dans ces con- trées par des religieux & des maîtres d'écoles. Il n’y a jamais eu d'exemple d’une frénèfie aufh conftante & auf générale. I ne reftoit aux chrétiens d'Orient, rien de plus confidérable que l’état d’Antioche. Le royaume de Jérufalem n’étoit qu’un vain nom dont Emery de Lu- fignan étoit décoré, & que Phihppe Augufte trans- féra à la mort d’Emery à un cadet fans reffource de Ja maifon de Brienne en Champagne. Ce monarque titulaire s’aflocia quelques chevaliers. Cette troupe, quelques Bretons, des princes Allemans avec leurs cortéges , un duc d'Autriche avec fa fuite, un roi de Hongrie qui commandoit d’affez bonnes troupes, les templers, les chevaliers de S. Jean, les évêques de Munfter & d’'Utrecht, fe réunirent ; & il y avoit là beaucoup plus de bras qu'il n’en falloit pour former quelque grande entreprife ; mais malheureufement point de tête. André roi de Hongrie fe retira ; un : comte de Hollande lui fuccéda avec le titre de con- nétable des croïfés. Une foule de chevaliers com- mandés par un légat accompagné de l'archevêque de Bordeaux, des évêques de Paris, d'Angers, d’Autun, & de Beauvais, fuivis par des corps de troupes con- fidérables ; quatre mille Angloïs, autant d’Italiens acheverent de fortifier l’armée de Jean de Brienne : & ce chef parti prefque feul de France , fe trouva devant Prolémais à la tête de cent mille hommes. Ces croifés méditent la conquête de l'Egypte, af fiégent Damictte, & la prennent au bout de deux ans, Mais l'ambition mal entendue du légat , plus propre à benir les armes qu’à les commander , fait échoüer ces foibles fuccès. Damiette eft rendue, & des croifés faits prifonniers de guerre font renvoyés | Æn Phrygie, excepté Jean de Brienne que Meledia garda en Ôtage. « Jean de Brienne forti d’ôtage, donna fa fille à l’em- pereur Fréderic IT. avec fes droits au royaume de Jé- rufalem. Le politique habile preflé par le pape Gré- goire IX, que fa préfence inquiétoit en Europe, de pañler en Âfie, négotié avec le pape & Le fultan Me- ledin ; s’en va plutôt avec un cortége qu’une armée prendre poffeffion de Jérufalem , de Nazareth, & de quelques autres-villages ruinés, dont il ne faifoit pas plus de cas que le fulran qui les lui cédoit, & annon- ce à tout le monde chrétien qu'il a fatisfait à fon vœu, & qu’il a recouvré les faints lieux fans avoir répandu une goutte de fang. Thibaut, ce fameux comte de Champagne, partit auf pour la Terre-fainte ; 1l fut aflez heureux pour en revenir, mais les chevaliers qui lavoient accom- pagné refterent prifonniers, Tout fembloit tendre en Orient à une efpece de treve, lorfque Gengiskan & fes l'artares franchiflent. le Caucafe, le Taurus & l’Immaus ; les Corafmins chaffés devant eux, fe répandent dans la Syrie, où ces idolâtres égorgent fans diftinétion & le mufui- man & le chrétien & le juif. Cette révolution in- attendue réunit les chrétiens d’Antioche , de Sidon &c des côtes de la Syrie, avec le foudan de cette der- niere contrée & avec celui d'Egypte, Ces forces fe tournent contre les nouveaux brigands, mais fans aucun fuccès ; elles font diflipées ; & les chevaliers templiers &c hofpitaliers font prefqu’entierement dé- truits dans une irruption des Turcs quifuccéda à celle des Corafmins. | Les Latins étoient renfermés dans leurs villes mari- times, divifés, & fansefpérance de fecours. Les prin- ces d’Antioche s’occupoient à defoler quelques chré- tiens d'Arménie ; les faétions Perfanes, Génoifes &r Venitiennes déchiroient l’intérieur de Ptolémais ; ce qui reftoit de templiers ou de chevaliers de S, Jean, s’entre -exterminoient avec acharnement ; l’Europe fe refroidifloit fur la conquête des lieux faints , & les forces des chrétiens d'Orient s’éter- gnoient, lorfque S. Louis médita fa crozfade, Il crut entendre dans un accès de léthargie, une voix qui la lui ordonnoit, & 1l fit vœu d’obéir ; 1l s’y prépara pendant quatre ans. Lorfqu’il partit avec fa femme, fes trois freres & leurs époufes, prefque toute la chevalerie de France le fuivit ; il fut accom- pagné des ducs de Bourgogne & de Bretagne , & des comtes de Soiffons , de Flandres & de Vendôme, qui avoient raflemblé tous leurs vaflaux : on comptoit parmi fes troupes trois mille chevaliers bannerets. On marcha contre Melec-fala foudan d'Egypte. Un renfort de foixante mille combattans arrivés de Fran- ce, fe joignit à ceux qu'il commandoit déjà. Que ne pouvoit - on pas attendre de ces troupes d’élite fous la conduite d’un prince tel que Louis IX ? Toutes ces efpérances s’évanoirent ; une partie de l’armée de faint Louis périt de maladie , l’autre fut défaite par Almoadan fils de Melec-fala , près de la Mafloure: le comte d’Artois efttué, S. Louis & les comtes de Poitiers & d’Anjou font faits prifon- niers. Le monarque françois paye fa rançon aux émirs qui gouvernerent après la mort d’Almoadan, affafiné par une garde trop puiflante que {on pere avoit inflituée ; fe retire dans la Paleftine, y de- meure quatre ans, vifite Nazareth, & revient en France avec le deffein de former une autre crorfade. Croifade entreprife pour l’extirpation des rnfideles. Saint Louis, pour cette expédition plus malheureu- fe encore que la premiere, partit à-peu-près avec les mêmes forces ; fon frere devoit le fuivre. Ce ne fut point la conquête de la Terre-fainte qu’il fe pro- pofa. Charles d'Anjou, ufurpateur du royaume de Naples, fit fervir la piété de faint Louis à fes def- feins ÿ fins; il détérmina ce monarque à s’avancer vers Tunis, fous prétexte que le roi de cette contrée lui devoit quelques années de tribut ; & faint Louis conduit par l’efpérance de convertir le roi de Tunis à la religion chrétienne, defcendit fous les ruines de lPancienne Carthage. Les Maures l’afliegent dans fon camp defolé par une maladie épidémique qui hui enleve un de fes fils né à Damiette pendant fa capti- vité ; ilen eft attaqué luismême , & il en meurt. Son frere arrive, faitla paix avec les Maures , & ramene en Europe les débris de Parmée. Ainfi finirent les croifades que les Chrétiens entreprirent contre les Mufulmans, Il ne nous refte plus qu’à dire un motde celles qu'ils entreprirent contre les payens, & les uns contre les autres. . Croifade entreprife pour l’extirpation du paganifine. Il y en eut une de prèchée en Dannemark, dans la Saxe & dans la Scandinavie, contre des payens du Nord, qu’on appelloit Slaves ou Sclaves. Ils occu- poient alors le bord oriental de la mer Baltique, lIn- grie, la Livonie , la Samogetie, la Curlande, la Po- méranie & la Prufle. Les chrétiens qui habitoient depuis Breme jufqu’au fond de la Scandinavie, fe croiferent contreux au nombre de cent mille hom- mes ; ils perdent beancoup de monde , ils en tuent beaucoup davantage, & ne convertiflent perlonne. Croifade entreprife pour l’extirpation de Phéréfre. I] y en eut une de formée contre des feétaires appellés Faudois, des vallées du Piémont; Æ/bigeois ; de la ville d’Alby; ons-hommes , de leurs réoularités ; & manichéens , d’un nom alors commun à tous les he- rétiques. Le Languedoc étoit fur-tout infeété de ceux-ci, qui ne vouloient reconnoître de lois que l’évangile. On leur envoya d’abord des juges ecclé- fiafliques. Le comte de l'ouloufe, foupçonné d’en avoir fait affafliner un, fut excommunié par Inno- cent [IL qui délia en même tems fes fujets du fer- ment de fidelité. Le comte qui favoit ce que peut quelquefois une bulle, fut obligé de marcher à main armée contre {es propres fujets, au milieu du duc de Bourgogne, du comte de Nevers, de Simon comte de Montfort, des évêques de Sens, d’Autun & de Nevers. Le Languedoc futravagé. Les évêques de Paris, de Lifieux & de Bayeux allerent auf groflir le nombre des croïfés ; leur préfence ne diminua pas la barbarie des perfécuteurs, & Linffitution de lin- qiufition en Europe fut une fin digne de couronner cette expédition. On voit par l’hiftoire abregée que nous venons de faire, qu'il y eut environ cent mille hommes de fa- crifiés dans les deux expéditions de S. Louis. Cent cinquante mille dans celle de Barberouffe. Trois cents mille dans celle de Philippe-Augufte & de Richard. _ Deux cents mille dans celle de Jean de Brienne. Seize .cents mille qui pañlerent en Afie dans les croifades antérieures. C’eft-à-dire que ces émigrations occafonnées par un efprit mal-entendu de religion, coûterent à l’Eu- rope environ deux millions de fes habitans , fans compter ce qui en périt dans la croifade du Nord & dans celle des Albigeois, La rançon de $. Louis coûta neuf millions de notre monnoie. On peut fuppofer, fans exagération, que les croïfés emporterent à-peu-près chacun cent francs, ce qui forme une fomme de deux cents neuf millions. Le petit nombre de chrétiens métifs qui refterent fur les côtes de la Syrie, fut bientôt exterminé ; & vers le commencement du treizieme fiecle 1l ne ref- toit pas en Afie un veftige de ces horribles guerres, dont les fuites pour l’Europe furent la dépopulation de fes contrées, l’enrichiflement des monafteres , l’apauvriffement de la noblefle, la ruine de la difci- Tome 1F, | CRO 505 pline eccléfiaftique , le mépris de l’agriculture , Ja difette d’efpeces, & une infinité de vexations exer- cées fous prétexte de réparer ces malheurs, Voyez les ouvrages de M. de Voltaire, &c les difcours fur l'hifoire eccléfiaftique de M. l'abbé Fleuri, d’où nous avons extrait cet article, & où l’origine, les progrès & la fin des croifades {ont peintes d’une ma- niere beaucoup plus forte. CROISADE ox CROISETTE, ez terme d’Affrono= mie ; eft le nom qu’on a donné à une conftellation de l'hémifphere auitral, compofée de quatre étoiles en forme de croix. C’eft par le fecours de ces quatre étoi- les que les navigateurs peuvent trouver le pole an- tarébque. Poy. ÉTOILE 6 CONSTELLATION, (O} CROISAT , f. m. (Comm.) monnoie d'argent qus fe fabrique à Genes, & qui a cours dans les états de la république ; elle a pour effigie une croix, d’où elle a pris le nom de croifat, & fur l’écuffon l’image de la Vierge. Le croifat vaut, au titre de x r deniers 2 grains, $ iv. 15 {. 11 den. argent de France. * CROISÉE, adj. pris fubft. (Manuf, en foie, fil, coton 6 laine.) Il fe dit de toute étoffe fabriquée à quatre marches , & où les fils de chaîne font plus {er- rés par cette raifon, que fi elle n’avoit été travail- lée qu'à deux ; ainfi toute étoffe croifée eft d’un meil- leur ufer que fi elle étoit fimple, | CROISÉE , ady. ez terme de Blafon , fe dit du globe impérial & des bannieres où il y a une croix. Ga- briel, en Italie, d’azur à trois bezans d'argent, croi- Jés de gueules ; un croïffant d'argent en abyfme, & une bordure endentée d’argent & de gueules. (7) CROISEAU , (Æif. nat.) nom qu’on a donné au bifet. Voyez BISET. CROISÉE, . f. rerme d’Archire&ure , en latin fe- nefira , formé du grec @æivew, reluire; ce qui a fait juiqu’à préfentregarder comme fynonymes les noms de croifée & de fenétre : néanmoins celui de croifée eft plus univerfellement reçu, foit parce qu’ancien- nement on partageoït leur hauteur & leur largeur par des montans & des traverfes de pierres ou de maçonnerie en forme de croix , ainfi qu’il s’en re- marque encore à quelques-unes du palais du Luxem- bourg ; ou foit parce qu’à-préfent les chaflis de me- nuiferie qui remplifent les baies, font formés de croifillons affemblés dans des bâtis ; de mamiere qu'on appelle indiftinétement eroijée, non - feule- ment le chafls à verre, mais aufli ouverture qui le contient. Les croifées font une des parties de la décoration la plus intéreffante ; leur multitude, leurs propor- tions, leurs formes & leurs richefles dépendant ab- {olument de la convenance du bâtiment, on ne peut trop infifter fur ces quatre manieres de confidérer les croifées dans l'ordonnance d’un édifice : car comme elles fe réiterent à l'infini dans les façades, c’eft multiplier les erreurs que de négliger aucune des ob- fervations dont on va parler. La trop grande quantité d’ouvertures dans un bà- timent, nuit à la décoration des dehors ; cependant cet abus gagne au point, qu’on néglige l’ordonnance des façades pour rendre, difent quelques-uns, les dedans commodes & agréables. Il eft vrai que les anciens Architeétes font tombés dans un excès op- pofé ; mais eft-il impoñhble de concilier ces deux {yflèmes ? La mode devroit-elle s’introduire jufque dans les bâtimens ? Quel contrafte de voir dans une ville où regne une température reglée, un fentiment fi oppofé d’un fiecle à l’autre, concernant la multi- plicité des croifées dans des édifices toûjours égale- ment deftinés à l'habitation des hommes ! Cette vi- ciffitude provient fans doute de ce que la plüpart des Architeétes ont regardé les beautés de leur art com me arbitraires, d’où eft née l’inégalité de leurs pro- duétions, Pour prévenir çet abusileft un moyen cer- Sss $06 CRO tain, qui confifté à concilier le rapport des pleins avec les vuides d’un mur de face. Or comme la lar- geurdes croifées dépend de leur hauteur, & que l’une & l’autre font aflujetties à la grandeur & à la con- venance du bâtiment, ne doit-il pas s’enfuivre que les murs ou trameaux (voyez TRÜMEAU) qui les fe- parent, doivent avoir de l’analogie avec leur baie ? de forte que fi les croifées doivent être plus ou moins élégantes , felon l’expreflion du bâtiment ( Voyez ExpREssION) , ainfi qu’il en va être parlé , les tru- meaux doivent anfh fe reflentir de cette même ex- preflion; d’où 1l faut conclure que les trumeaux d'u- ne façade confidérée de proportion tofcane, doï- vent être plus larges que ceux diftribués dans une façade dans laquelle on a voulu faire préfider la lé- gereté attribuée à l’ordre corinthien. Les trumeaux de l’ordonnance tofcane feront donc au moins égaux au vuide ; les corinthiens & compofites, au moins égaux à la moitié : & les trumeaux des atres ordon- nances entre ces deux extrèmes, à l'exception des encoignures des avant-cours & des pavillons du bâ- timent, qu'il faut toüjours , autant qu'il eft poffible, tenir de la moitié plus larges, afin de donner aux parties anguleufes une folidité réelle & apparente, mais toûjours/proportionnée à la décoration rufti- que, folide , moyenne ou délicate qui préfidera dans les dehors. La proportion des croifées confifte à leur donner une largeur relative à leur hauteur, felon la folidité ou l'élégance de la décoration du bâtiment. Plufeurs croient qu'il fufit de leur donner de hauteur le dou- ble de la largeur. I feroit vicieux fans doute de leur en donner moins ; mais il faut favoir que cette regle générale ne peut être propre à toutes Les ordonnan- ces ; & que ces parties fi effentielles à un édifice, doivent avoir dans leurs dimenfions des proportions plus ou moins élégantes, qui répondent à la diverfité des ordres que lon peut employer enfemble ou fé- parément dans les bâtimens : enforte que la hauteur d’une croifée d'ordonnance tofcane, puifle être ré- duite au plus à deux fois la largeur ; celle dorique à deux fois un quart; celle ionique à deux fois un quart ; & celles corinthienne & compofite, à deux fois & demie ; & diminuer ces différentes hauteurs à raifon de la fimplicité qu’on aura erû devoir affeéter dans ces diverfes ordonnances, c’eft-à-dire felon qu’on aura fait parade de colonnes ou de pilaftres dans fa décoration, que ces pilaftres ou colonnes y feront traités ayec une plus ou moins grande ri- chefle ; ou enfin felon qu'on les en aura fouftraits tout-à-fait, pour n’en retenir dans fa décoration que l’expreffion, le caraétere & la proportion. La forme des croiftes eft encore une chofe fur la- quelle il eft indifpenfable de réfléchir dans la déco- ration des bâtimens ; & quoique nous n’en recon- noiffions que de trois efpeces, les droites , Les plein- ceintres, & les bombées (les furbaiflées étant ab- folument à rejetter) , il n’en eft pas moins vrai qu'il n’y a que les bombées & les droites, nommées 4 plates-bandes ; dont il faut faire ufage ; autrement, lorfqu’on les fait à plein-ceintre , elles imitent la for- me des portes ; & c’eftune licence condamnable en ArchiteQure, de donner à ces ouvertures une forme commune , lorfque ces deux genres d'ouvertures doivent s’annoncer différemment, malgré l'exemple de plufieurs édifices de réputation, où l’on voit des fenêtres à plates-bandes où bombées : preuve incon- teftable du peu de réflexion qu’on a eue d’afligner à chaque partie du bâtiment des formes qui défignent d’une maniere ftable & conftante leurs diversufages. De cette imitation réfulte le defordre de la décora- tion, qu’on remarque dans les façades. Celui-ci imite ce qu'il a vù faire à celti-là. La plüpart n’ont aucun principe. On fait un deflein, il plait au vul- CR O gaire : Enfin on pañle à l’exécution fans s’apperce- voir que , plus ignorant encore que ceux qui ont précedé , on laïffe à La poftérité les témoignages hon- ® teux defon incapacité ; fans réfléchir qu’aujourd’hui le mérite principal de PArchiteéture ne confifte pour ainf dire que dans larrangement & l'application raifonnée des préceptes des anciens, & dans la ma- mere ingénieufe de les ajufter aux ufages de ce tems , felon les loix de la convenance & les principes du goût, | Par la richefle des croifées on entend les croffettes, & les chambranles (voyez CHAMBRANLE ) qui Les entourent ; les arriere-corps qui les accompagnent, les corniches, les frontons , les confoles , les cla- veaux ou agrafes qui les couronnent. Mais l’aflem- blage de tous ces membres divers , dont on mefufe le plus fouvent, devroit être réprimé, & n’être em- ployé abfolument que relativement à l'importance du bâtiment ; car 1l faut favoir en général qu’un chambranle d’un beau profil, qu'une agrafe d’une forme 87 d’un galhe intéreffant , une table, un ar- riere-corps , devroient faire tous les frais de leur décoration ; rien n’étant plus abufif que de prétendre qu'une croifée ne peut être belle qu'autant qu’elle eft furchargée de membres d’Architeéture & d’orne- mens fouvent aufh peu vraiflemblables que contrai- res aux regles de la convenance. Voyez AGRAFE, CLAVEAU, FRONTON, CROSSETTE, &c, Il eft des croifes qu’on nomme aftiques , parce qu’elles tiennent de la proportion de cet ordre rac- courci (voyez ATTIQUE). Il en eft aufli qu’on nom- me rezanines , de l'italien mezanin: , parce qu’elles ont moins de hauteur que de largeur, amnf qu'il fe remarque aux façades du palais des Tuileries. Il eft encore des croifees appellées asticurgues par Vitruve, parce qu’elles font moins larges dans leur fommet que dans leur bafe ; genre. d'ouverture qu’ont employé fréquemment les anciens dans leurs portes & croifées, parce qu’ils prétendoient qu’elles étoient plus folides que celles dont Les piédroits font paralleles. Néanmoins cette prétendue raifon de{o- lidité n’a pas lieu en France , les obliquités dans l’Architeure réguliere étant reconnues comme une licence défeueufe. On donne encore différens noms aux croifées, felon leurs diverfes applications dans les bâtimens. Par exemple, on appelle croifée a balcon, celle qui defcend jufqu’au niveau du plancher ; eroë- fees a banquettes , lorfqu’elles ont un appui de pierre de quatorce pouces, & le refte en fer; enfin croifée en tour ronde, en tour creufe, biaife, &cc. felon la forme du plan qui les reçoit. (P) CROISÉE D'OG1ves, font les arcs ou nervüres qui prennent naïflance des branches d’ogives, & qui {e croifent diagonalement dans les voïütes gothi- ques. (2) _ CROISÉE 04 CROSSE D’UNE ÂNCRE, (Marine. eft fa partie courbe qui s’enfonce dans la mer. Voyez ANCRE. CROISÉES D'EAU, voyez BERCEAUX D'EAU. * CROISÉE, (Couverturier.) efpece de petite croix de bois qui porte les bofles de chardon propres à lainer les couvertures. Voyez COUVERTURE. CROISÉE , ex terme d'Epinglier; c’eft une croix de fer dans chaque bras de laquelle pañle un fil de laiton qu’on recroife fur les plaques, pour les fcier enfemble dans le blanchiflage. Poyez PLAQUER 6. BLANCHIR , & la PI, de l’Epinglier, fig. 14. CROISÉE, terme dont fe fervent /es Horlogers. Ce mot parmi eux n’a pas une fgnification trop déter- minée ; tantôt 1ls entendent par croifées, les efpaces vuides compris entre les barrettes d’une roue, {on bord & fon centre, comme l’efpace 5 c de la roue de champ, fig. 26. tantôt ils entendent par ce mot, la figure de ces efpaçes vuides , lorlque les barret= CRO tes, au lieu d’être terminées par des lignes droites , le font par des lignes courbes , telles que celles des UT) de la pendule à reflort. PZ, LIT, de l’Horlog. 14 CROISÉE , (Menuiferie.) eft ce qui ferme les baies des fenêtres des appartemens , & ce qui porte les vitres. Voyez la PL, IV: de Menuiferie, fig. 1. Devant de croïfée, deffous d'appui, foubaflement de croifée , eft la partie de lambris qui remplit depuis la croifée juiques fur le parquet ou quarreau. | CROISÉE , er terme d’Orfevre en grofferie; ce font les trois branches d’une croix affemblée, aux extré- mités defquelles on met des fleurons , fleurs-de-lys ou autres ornemens, pour les terminer avec grace. * CROISEMENT, £ f. (Soterie.) c’eft l’aétion d’unir & tordre les uns fur les autres Les brins qui forment le fil de foie , ce qui s'exécute au moulin. Il n’y a point de croifement à la foie plate. CROISER , (Jurifpr.) en matiere de taxe de dé- pens, figmifie marquer d'une croix fur la déclaration de dépens , les‘articles dont on fe plaint. Lorfqu'il y a appel de la taxe, l'intimé fait mettre au greffe la dé- claration de dépens , avec les pieces juflificatives ; & en conféquence il fomme l’appellant de crozfer les . articles dont 1l fe plaint, & ce dans trois jours, fui- vant l'ordonnance : faute par le procureur de l’ap- pellant de croifer dans ce délai, on peut fe pourvoir pour faire déclarer l’appellant non-recevable en fon appel. Après que le procureur de l’appellant a croifé, l'intimé peut fe faire délivrer exécutoire des articles non croifés dont il n’y a pas d’appel. Si l’appel eft fous deux croix ou chefs d’appels feulement , il faut fe pourvoir à l’audience ; mais s’il y a plus de deux croix, 1l faut prendre au greffe l’appointement de conclufon, pour inftrure l’appel comme procès par écrit. L’ordonnance veut que l’appellant foit condamné en autant d’amendes qu'il y aura de croix & chefs d’appels fur lefquels 1l fera condamné, à moins qu'il ne {oit appellant des articles eroifés par un moyen général. | L’appellant réunit fouvent fous deux chefs d’ap- pel fept ou huit articles de la déclaration dont il fe plaint, {oit pour éviter l’appointement, foit pour éviter la multiplicité des amendes, au cas qu’il fuc- combe. Si la taxe eft infirmée , on ordonne que les arti- cles croifés feront réformés ; favoir, l’article tel, {ous la premiere croix, taxé à .. . fera réduit à... &c ainfi des autres Voyez. l’ordonn. de 1667. titre des dépens; art. 28.29, 30. & 31. G ci-après DÉPENS. A ‘ D ae ; (Mar.) c’eft faire différentes routes & courfes dans quelques parages ou parties de la mer dans lefquels on va & revient pour obferver tout ce qui s’y pale, ou pour y rencontrer des vaifleaux ennenmus , Où pour en aflurer la navigation contre les corfaires. (2) | .= CROISER LES TRAITS,, (Charp.) c’eft, l’orfqu'on trace quelqu'ouvrage, faire pañler les traits les uns fur les autres , fans répandre de confufion fur le deffein. | CRO1SER ; (Jardinage) {e dit des branches d’un arbre en efpalier qui pañlent les unes fur les autres, ce qui eft quelquefois néceflaire pour remplir. un #20 dans le mur : ce n’eft plus alors un défaut. K CROISER {a gaule par derriere, ( Maréchal.) voyez GAULE. (7). | * CROISER LES LACS, ( Manuf. en foie.) Lorf- qu'un fond d’or eft.en quatre dorures, & qu’on le veut mettre en deux , on tire le premier & le troi- fieme lacs, le fecond & le quatrieme ; ce qui s’ap- pelle les croifer. - | Tome IF, CRO 07 CROISERIE , f. £. (J’ann.) ouvrages de croiferie s ce font des ouvrages à jour que les Vanniers appel- lent de ce nom, parce qu'äls font faits de brins d’o- fier croifés les uns fur les autres de différentes ma- nieres.: | CROISÉS, adj. pris fubft. (Æ/£. mod.) c’eft ainfi qu'on appelle dans l’hiftoire, depuis le onzieme juf- qu’à la fin du treizieme fiecle, les gentilshommes & les foldats qui s’unifloient pour faire le voyage de la Terre-fainte , ou pour y combattre contre les inf- deles. On les nommoit ainfi d’une croix d’étoffe qu’- ils portoïent coufue fur l’épaule. Ce mot fignifie la même chofe dans les anciennes cottumes d'Angleterre. Il défigne auff les chevaliers de S. Jean de Jérufalem, qui portoient cette croix fur l’eftomac , & protégeoient les pélerins. On entend encore par ce terme tous les nobles qui fous les re- gnes d'Henri IT, de Richard premier, de Henri II, & d’Edouard premier , {e croiferent » cruce fgnati , c'eft-à-dire fe confacrerent aux guerres entreprifes pour le recouvrement de la Terre-fainte. 7. Crot- SADE, (G CROISETTE., fubft. £. (if. nat. bor,) genre de plante qui ne differe du caille-lait & du grateron, que par le nombre de fes feuilles, qui naïffent qua- tre à quatre à chaque nœud des tiges. Tournefort, tnff. rei herb. Voyez; CAILLE-LAIT, GRATERON, PLANTE. (7) CROISETTE , (Mat. med.) cette plante pale pour vulnéraire, aftringente , deficative : on la recom- mande fur-tout dans les cas où Le fcrotum eft gonflé par la defcente de l’inteftin. La décoëtion prife dans du vin eft bonne dans les defcentes. Cette plante eft très-rarement , ou plutôt n’eft jamais prefcrite par les medecins. (6) CROISETTE,, ( Marine.) quelques marins donnent ce nom à la clé ou cheville qui fert à joindre & en- tretenir le bâton du pavillon avec le mât qui eft au- deffous. (Z) CROISETTE, éérme de Blafon | petite croix. Il y a des écus femés de croifèrtes, Les faces & autres pie- ces honorables font quelquefois chargées ou accom- pagnées de: croifertes, Menerr, & Trév. (7) CROISIC , (LE) Géog. mod. petite ville maritime de France, dans la province de Bretagne avec un OETr Li CROISIERS, f. m. pl. (Æi/f£. eccl. )nom d’une con- grégation de chanoines réguliers. Voyez CHANOINE. Il y a trois ordres qui ont porté ou portent encore ce nom. L'un eft d'Italie, l’autre a pris fon origine dans les Pays-Bas, & le troifieme en Boheme. Is prétendent venir de S. Clet, & ajoûtent que S.Quiriace Juif, qui montra à S. Helene le lieu de la vraie croix, & qui fe convertit enfuite, les réforma. Ce qu'il y a de certain, c’eft que cèt ordre étoit éta- bli en Italie avant. qu'Alexandre III. montât fur la chaire dé S. Pierre, puifque ce pontife fuyant la per- fécution de l’empereur Frédéric Barberoufle, trouva un afyle dans le monaftere des croifers, qu’il prit en- fuite fous fa proteétion en 1169, lui donnant la re- gle de S. Auguftin. Pie V.Vapprouva de nouveau ; mais la difcipline réguliere s’y étant extrèmement affoiblie, Alexan- dre VII. Les fupprima tout-à-fait en 1656. Mathieu Paris dit que des croifiers ou religieux por te-croix , portant des bâtons au bout defquels il avoit une croix, vinrent en Anoleterre en 1244, Ë préfenter au fynode que tenoit l’évêque de Roche- fter , pour être reçus. | Dodfwarth & Dugdale parlent de deux monafte- tes de cet ordre en Angleterre, l’un à Londres, l’au- tre au bourg de Ryegate ; celui-ci fondé en 1245, & l’autre en 1298. Quelques -uns en comptent un troifieme à Oxford, où ils furent feçis en 1349. M. Sssi $08 CR O Allemand dit qu'il y avoit quatorze monaîteres de croifiers en Irlande, & qu'ils étoient venus de ceux d'Italie, puifque ceux de France &c des Pays-Bas ne les reconnoifloient point. | Les croifiers de France &c des Pays-Bas fürent fon dés-en r211, par Theodore de Celles, qui ayant été {ervir en Paleftine en 1188, & y ayant trouvé quel- ques-uns des cros/rers inflitués par S. Clet, conçut dès-lors le deffein d’en fonder une congrégation dans fon pays. Ce qu’il y a de certain , c’eft que Théo- dore étant de retour de la Paleftine, s’engagea dans l’ordre eccléfaftique , & alla en qualité de miffion- naire à la croifade contre les Albigeois. Etant re- tourné dans fon pays en 1211, l’évêque de Liege lui donna l’églife de $. Thibault près de la ville d'Hui, où avec quatre de fes compagnons il jetta les fonde- mens de fon ordre, qu’Innocent III. & Honorius III. confirmerent. Théodore envoya de fes religieux à Touloufe , qui fe joignirent à S. Dominique pour combattre les Albigeois, & cette congrégation s’e- tablit & fe multiplia depuis en France. Les papes ont voulu foùmettre les croifiers d'Italie à ceux de Flandres. Les eroifiers ou porte-croix avec l'étoile en Boheme, Font remonter leur origine jufqu’au tems de S. Qui- riace, puifqu'ils difent qu'ils font venus de Paleftine en Europe, où ils ont embraffé la regle de S. Anguf- tin & bâti plufieurs monafteres. Ils ajoûtent que Ste Agnès de Boheme pour les diftinguer des autres eroz- fers, obtint du pape Innocent IV. qu’ils ajoûteroient une étoile à la croix qu’ils portent. Mais ce que l’on dit de S. Quiriace n’a aucun fondement, &r c’eft Agnès fille de Primiflas roi de Boheme , qui inflitua cet or- dre à Pragues en 1234. Ils ont maintenant deux gé- néraux, & font en très-grand nombre 7’oyez les did, de Moreri & de Chambers. (G) CROISIERE, f. f. (Marine.) fe dit des endroits & parages où l’on va croïfer. On dit établir fa croi- f£ere à l’oueft de la Manche , aux Açores, aux Ca- naries , Gc, fuivant les endroits où l’on va croifer. Z és RoRILLE , f. f. terme de Cordier, eff une piece de bois taillée en portion de cercle , qui eft fur le roûet des fileurs, & qui porte les molettes. Voyez La Planc. I. de la Corderie, CROISILLONS, £. m. pl. ez Bétiment ou Archi- zetlure, font des meneaux de pierre faits de dales fort minces, dont on partageoit autrefois la baie d’une fenêtre, comme il s’en voit au Luxembourg. Croifillons de modernes, {ont les nervures de pierre quiféparent les panneaux des vitraux gothiques. (P) CROISILLON , {. m. rerme de Metteur en œuvre; ce {ont de petits chatons ou fleurons qu'ils placent en- tre les grands dans une croix. Voyez CRo1x. * CROISOIRE,, f.m. (Manufaë. d’ourdiffage.) ef- pece de peigne de fer ou.de bouis , à Pufage des Bou- Jangers qui font le bifcuit ; 1ls s’en fervent pour tra- cer des façons à fa furface. CROISSANCE , f. f. (Jardinage. ) On dit qu’un arbre prend bien de la croiffance, loriqu’il poufle vi- soureufement; cependant cette croiffance a des bor- nes : il vient un tems qu’un arbre a fa jufte propor- tion fuivant cette exaéte fymmetrie que le créateur a établie entre tous les êtres créés; alors cet arbre ne croît plus , il ne fait que s’entretenir. (X) CROISSANT, f. m. ( 4/fron. ) fe dit de la Lune nouvelle, qui montre une petite partie éclairée de fa furface en aboutiffant en pointes, quand elle com- mence à s'éloigner du Soleil ; cette partie éclairée augmente jufqu'à ce que la lune foit pleine &c dans fon oppoñtion. Foyez LUNE. Ce mot eft latin, crefcens, 8 vient de creféere, crefco , je crois, j'augmente, Les pointes ou extrémi- tés du croiffanr s'appellent cornes ; l'une eft méridio- nale, l’autre botéale. Terre, dit Virgile, jam lun fe cornua lumine complent, pour dire voila Le troifieme MOIS. On appelle auf croiffanr, la même figure de la Lune en décours : mais alors fes pointes où cornes font tournées du côté de l’occident, au lieu que dans l’autre cas elles font du côté de lorient. Peu avant ou après la nouvelle Lune, lorfque le croiffant paroït aflez foible & mince, on peut appèr- cevoir, outre le croiffant , le refte du globe de la Lu- ne, à la vérité d’une lumiere beaucoup moins vive que le croifflanr. C’eft qu’alors la partie éclairée de la Terre étant prefque toute entiere tournée vers la Lune, renvoye à la Lune une certaine quantité de lumiere, qui eft de nouveau réflechie par la Lune & renvoyée à la Terre, Plus la Lune approche des qua: dratures, plus cette lumiere s’affoiblit. (©) CROISSANT, adj. (Géom.) On appelle quantité croiffante, une quantité qui augmente à l’infinr ou jufqu’à un certain terme, par oppoñition à une quan- tité conftante (voyez CONSTANT) ou à une quantité décroiffante. Ainf dans l’hyperbole rapportée aux afymptotes, l’abfcifle étant décroifante, l’ordonnée eft croiffante. De même dans un cercle l’abfcife prife depuis le fommet étant croiffante, ordonnée ef croif= 15 jufqu'au centre, & enfuite décroiflante, &c, O CROISSANT, (Æif?. mod.) eft le nom d’un ordre militaire, inftitué par René d'Anjou roi de Sicile, &c, en 1448 les chevaliers portoient fur le bras droit un croiffant d’or émaillé, duquel pendoient autant de petits bâtons travaillés en forme de colonne, que le chevalier s’étoit trouvé de fois en bataille ou autres occafions périlleufes. Ce qui donna occafion à l’établiffement de cet or- dre, c’eft que René avoit pris pour dévife un croif= Jant, fur lequel étoit écrit Le mot os, ce qui en ftyle de rébus vouloit dire los-en-croiffant , c’eft-à-dire qu’ en avançant en vertus on mérite des lotianges. Les chevaliers portoient le manteau de velours cramoif, le mantelet de velours blanc, avec la dou- blure & la foutane de même. L'ordre étoit com pofé de cinquante chevaliers, y compris Le fézateur ou préfident , c’eft-à-dire le chef, & nul n’y pouvoit être reçu ni porter le croiflant s’il n’étoit duc, prince, marquis, comte , Vicornte, Ou if[u d’ancienne chevalerie, G gentilhomme de [es quatre lignées, 6 que fa perfonne für fans vilain cas de r:proche. D’anciens manufcrits de la bibliotheque de S. Viétor nous ont confervé la formule du ferment qu'ils prêtoient en vers de ce tems-là. La meffe oïir, ou pour Dieu tout donner, Dire de Notre-Dame, ou manger droit Le jour Que pour le fouverain , ou maître, ou fa cour, Armer fes freres ou garder fon honneur, Fête & dimanche doit Le croïflant porter, Obéir fans contredit toëjours au fénateur. Cet ordre étoit fous la proteétion de S. Maurice, &z s’aflembloit dans l’églife de S. Maurice d'Angers. Favin, chéar. d’honn. (G) CROISSANT. On appelle ainf , ex termes de Blafon, une demi-lune. Les Ottomans portent de finople au croiffant montant d'argent. Avant que les Turcs fe fuflent rendus maîtres de Conftantinople, & de toute antiquité, la ville de Byfance avoit pris un croiffant pour fymbole, com- meil paroît par les médailles des Byfantins, frappées à l'honneur d’Augufte, de Trajan, de Julia Domna, de Caracalla. On appelle croiffant montant, celui dont les poin- tes font tournées en-haut vers le chef, qui eft fa re- préfentation la plus ordinaire. Les os adoffés, {ont ceux qui ont leurs parties Les plus groffes & les CR O plus pleines à Poppoñite l’une de l’autre, & dont les pointes regardent le flanc de l’écu. | Le croiffant renverfë ou couché, eft celui dont lés pointes font au rebours du montant. Les croiffans tournés fe pofent comme les adoffés : la différente eft, qu'ils tournent toutes leurs pointes d’un même côté vers le flanc dextre de l’écu, foit en face, foit en bande ; les croiffäns contournés, au contraire, ont leurs pointes vers le côté gauche de l’écu. Les croif Jens affrontés ou appointés ont leur afiette contraite à celle des adoffés, parce que leurs pointes fe regar- dent. Voyez le Di. de Trév. Mener, & Chambers. a ) CROISSANT, (Bas au métier.) M y a le croiffant du bes de prefle. Voyez l'article BAS AU MÉTIER. CROISSANT, en cerme de Boutonnier; c’eft un outil aigu plat, & creufé en forme de eroifJanr; il-eft gar- ni d’un manche, & fert à faire des coulans. #oyez COULANS. CROISSANT, outil de Jardinage. V. JARDINAGE. CROISSANT , ( Maréchal.) fuite de la fourbure. Voyez FOURBURE. (F) CROISSANT , (Lutherie.) Les Faëteurs d’orgue ap- pellent ainfi des planches entaillées en demi-cercles concaves, dont l’ufage, après qu’elles ont été affer- mies contre les montans des tourelles du fût d’orgue, eft de foûtenir les grands tuyaux de montre par-der- riere, & les tenir écartés les uns des autres à une dif tance convenable. CROISSANTÉ, adj. erme de Blafon : on dit d’une croix qu’elle eft croiffantée, lorfqu’elle a un croiïffant ou une demu-lune attachée à chacune de fes extré- mités. Voyez CROIX. (77) CROISSER. Voyez RENETTE. CROIST pu BÉTAIL, (Jurifprud.) fe dit pour accroïflement ou multiphcation : les veaux & les agneaux qui proviennent des troupeaux de bœufs 8 de moutons font le croiff du bétail, Le droit du pro- priétaire du troupeau & du fermier ou chéptelier pat rapport au croif? du bétail , dépend de la coûtume ou ufage du lieu , & auff des claufes du bail à cheptel, Voyez CHEPTEL. (4) * CROISURE, £.f. c’eft le travail d’une étoffe croifée ou fabriquée à quatre marches. Ce terme eft oppofe à f/ure, "qu fe dit de la tiffure des étoffes fa- briquées à deux marches, | , CROÎTRE, AUGMENTER , (Gram. & Synon.) ces mots défignent en général ce qui devient plus grand. Les enfans &r les arbres croiffent ; le froid & la chaleur augmentent. (O ) | CROIX , 1. f, (Zi/.) inftrument compolé dé deux . pieces de bois, quife coupent & fe traverfent ordi- Snairement à angles droits. Le pere Pezron fait venir le mot crux du celtiqué croug &T crouas, quoique peut-être on puifle avec autant de raifon dire que croug & crouas font dérivés de crux. La croix étoit anciennement le fupplice des mal- faiteurs & des efclaves. On la plantoit en differens endroits pour infpirer de la terreur aux fcélérats , comme on faïfoit autrefois les eftrapades, & comme on fait encore aujourd’hui en quelques occafons les potences. Selon Sozomene, Conftantin converti au Chriftianifme aboli le premier le fupplice de la croix, au jufque-là avoit toijours été en ufage chez les omains. Il l’avoit aufh été chez les Afyriens, les Egyptiens, les Perfes, les Carthaginois, & même les Grecs , comme il paroîït par les auteurs profanes. A légard du crucifiement ou de La maniere dont @n attachoit les criminels à la croix, on peut voir ce que nous en dirons au mot CRUCIFIÉMENT. Nous ajouterons feulement ici, que les critiques font fort partagés fur cet article. Les principaux points de leur difpute confiftent à favoir fi on y at- taçhoit le patient avec trois cloux ou avec quatre : CR O soÿ fi fes piés étoient immédiatement attachés À Ia cross ou s'ils étoient polés fur un petit taffeau qui fervoit à les appuyer : fi l’on commeñçoit par planter la croix en terre pour y attacher enfuite fe patient par le moyen d’un échafaud élevé à la hauteur de l’ens droit où fes piés devoient être placés, ou fi l’on at- tachoit le patient à la croix avant que de l’élever 8 de la planter, comme les peintres le reépréfentent dans le crucifièment de Jefus-Chrift ; enfin file cruz cifié étoit entierement nud ou couvert. (G CRoïx (Invention de la fainte), fête très-ancienne dans lEglifé , & qu’on célebre le 3 de Mai, en mé moire de ce que Ste Helene mére du grand Conftan- tin trouva [a croix de Jefus-Chrift enfoncée en terre fous le mont Calvaire. Cette princefle fit bâtir une églife au même endroit pour y conferver une partie de la croix, & fit porter le refte À Rome , où elle fut placée dans une églife fomptueufe que fit bâtir l’em- pereur, & qu'on nomma l’églife de fainte croix de Jé rufaler. ] | Théodoret dit qu’en creufant bout faire cette res cherche, on trouva-trois croix, celle de Jefus-Chrift 3 ët celles des deux voleurs qu’on avoit crucifiés avec lui, & qu’on trouva même le titre que Pilate avoit fait mettre au-deflus dé la croix de Jefus-Chrift , Mais détaché, enforte qu’on ne pouvoit découvrir quelle étoit celle du Sauveur, mais qu'on la reconnut pat l’apphcation qu’on en fit à une femme dangereufe- ment malade qui fut guérie fur le champ. S. Paulin, dans fon épitre xxx]. à Severe, dit qu’on coucha un cadavre’d’abord fur deux de ces croix, qui ne pro- duifrent aucun effet, mais qu'il reflufcita lorfqu’on l’eut approché de la troifiemé, qu’on reconnut à ce figne éclatant pour être celle de Jefus-Chrift. (G CROIX (Exalration de la fainte), fête qu’on cé lebre dans l’Eglife Romaine le 14 de Septembre, en mémoire de ce que l’empereur Heraclius rapporta au Calvaire , l’an 642, la vraie croix qui en avoit été enlévée 14 ans auparavant par Cofroés roi des Per fes , lorfqu'il prit Jérufalem {ur l’empereur Phocas. Voyez EXALTATION. CRO1x (Porte-), cruciger: €’eft dans l’éslife Ro maine un clerc ou chapeläin d’un évêque, archevé: que ou primat, qui porte une croix devant le prélat dans les occafons folennelles. Le pape a une croix qu'on porte dévant lui partout. On porte auffi celle d’un patriarche partout devant lui, excepté à Rome. Les primats, métropolitains , ceux qui ont droit de porter le pallium , font porter la croix devant eux dans tous les Heux de leurs jurifdiétions refpe@ives. Cet ufage ne remonte , pour les quatre patriarches d'Orient , qu’au concile de Latran , tenu en 121$ fous Innocent III, encore Grégoire IX. ne leur permit-il pas de la porter en préfencé des cardinaux. Depuis,les papes ont accordé la eroix aux archevé- ques de Bourges, de Cologne, d’Auch, de Gnefne, de Cantorberi, d’'York , &c. & enfin aux évêques. La croix de ceux-c1 eft fimple, celle des archevêques a deux branches en-travers , 8 celle du pape en a trois, Il ne paroïît pas que les archevêques Grecs ayent fait porter une croix devant eux. Mais comme on portoit une lampe allumée devant les empereurs, cette marque d'honneur fut accordée au patriarche de Conftantinople , & énfüite, felon Balfamon, aux archevêques de Bulgarie & de Chypre, & à quel- qués autres métropolitains. (Ceft l’origine du bou: géoir qu'on porte aux offices ; & même à la mefle, devant les évêques, & même devant les curés de Pas ris. Thomafl. Diféipl, eccléf, part, IF, Liv. 1. c xxxjx: G c et PECTORALE ; c’eft uñe érôzx d’or où d’ars gent ou de quelqu’autre matiere précieufé, même de diamans , que les évêques, archevêques , 6, por tent pendue au çou, On la nomme peéforale, batce SO CRO qu’elle defcend fur la poitrine, peus. Les abbés & abbefles réguliers & régulieres en portent auf. C eft une dévotion autorifée par plufieurs exemples de lé- glife greque & latine. J can diacre nous repréfente S. Grégoire dans fon maufolée, avec ce qu il appelle f- larera, c’eft-à-dire un reliquaire d argent pendu au cou. S. Grégoire exphiquant lui-même ce terme, dit . que c’efl une croix enrichie de reliques. Innocent III. dit, que par cette crozx les papes ont voulu imiter Ja lame d’or que le grand-prètre des: Juifs portoit fur le front: Les évêques ont depuis imité les papes. Tho- maffn. Zbid. (G) | Croix (Ordre de la) ou croifade. Ordre de che- valerie compolé feulement de dames , & inflitué en 1668 par l’impératrice Eléonor de Gonzague fem- me de l’empereur Leopold, en reconnoiflance de ce ? G J É 4 ? qu’elle avoit recouvré une petite croix d'or, dans la- quelle étoient renfermés deux morceaux du bois de la vraie croix. Cette croix d’or avoit échappé à l’em- brafement d’une partie du palais impérial, & fut re- trouvée dans les cendres. Le feu, dit-on, avoit brülé la boîte où elle étoit renfermée, & fondu le cryftal, fans toucher au bois de la vraie croix. (G) Croix DE S. ANDRÉ ; c’eft une croix compofée de deux pieces de bois égales & pañlées en fautoir. On la nomme ainfi, parce qu’on prétend que ce fut avec une pareille croix que l’apôtre faint André fut martyrifé à Patras en Achaïe. La croix de S, André eft l'inftrument du fupplice des affaflins, voleurs de grand-chemin, & autres malfaiteurs que l’on con- damne à la roûe. Le bourreau les étend & les lie fur cette croix pofée fur un échafaut, &c leur y brife les bras, les jambes, les cuiffes, &c les reins. 7. ROUE. Croix (Filles dela), Hifi. eccléf. communauté de filles inftituée en 1265 à Roye en Picardie, & répan- due de-là à Paris & dans d’autres villes. Elles tien- nent écoles & inftruifent les jeunes perfonnes de leur fexe. Il y en a de deux fortes; les unes ont fait les trois vœu: fimples de pauvreté, de chafteté, 8 d’o- béiffance ; les autres ont confervé toute leur liberté. Elles ont les unes & les autres chacune un fupérieur qui gouverne toutes les maifons de leur congréga- tion. Cro1x (Jugement dela), Hifi. mod. il étoit en ufage en France au commencement du x. fiecle , &c confiftoit à donner gain de caufe à celui des deux parties qui tenoit le plus long tems fes bras élevés en croix. Il femble que cette maniere comique &c folle de décider les différends des particuliers, ne pouvoit venir que dans l’efprit des Indiens du Para- guay nouvellement convertis au Chriftianifme. 4r- zicle de M. le Chevalier DE JAWCOURT. Croix, (Jurifprud.) eft la marque que le procu- reur de celui qui eft condamné aux dépens , met fu les articles de la déclaration dont il eft appellant. Voyez ci-devant CROISER- Croix de cens, fignifie un /#r-cens, comme qui diroit croît de cens, ézcrementum cenf4s. Dumoulin, fur Ze $.31.de l’ancienne coùûtume de Paris, g2. 1. n°. 174 & Loifeau , sr. du déguerpiffement , liv. I. ch. v. n°, 7, {e font trompés en difant que le croix de cens n’a pas été ainfi nommé de l’accroiflement du cens , mais de ce qu’anciennement, & jufqu'au tems d'Henri IT, toute la petite monnoie qui fervoit à payer le cens étoit marquée d’une croix, On reconnoït le contraire par une ordonnance de Philippe de Valois, du 6 Jan- vier 1347, qui porte, arr, x. que tous cens 6 croix de cens fe payeront, &c. On peut voir aufh ce que dit Brodeau dans fon commentaire fur Le tit. des cenfives de La coftume de Paris; n.23. le glof]. de M. de Lauriere, som. II. p.306. & 307. & la note de M, Secoufle, fur l'ordonnance de 1347. CROIX, marquée par quelqu'un qui ne fait pas écrire, autrefois tenoit lieu de fignature. Heribal ; comte du palais fous le regne de Louis le Débonnai- re, dans un cartulaire du monañftere de Cafaure , mit ainfi fa foufcription , f£grum Heribaldi comitis facri pa= lagii, qui ibi fui, 6 proter ignorantiam litterarum [ig= num S. crucis feci, Depuis que l’ufage des lettres eft devenu commun, cela ne fe pratique plus guere que parmi des gens du peuple, & fur-tout de la campa- gne; mais une fimple croix où marque n’eft plus re. gardée comme une fignature qui ait l’effet de rendre un acte valable ; ceux qui ne favent point figner ne peuvent s’obliger par écrit que pardevant notaire, CROIX, peine; autrefois, à S. Geniez dans Le Lan- guedoc, on bouchoit d’une croix la porte de ceux qui refufoient de payer la taille. Ordonnance du roi Jean, du 3 Mars 1356. (4) . CRO1X, en termes de Blafon. On la définit une piece de l’écu compofée de lignes quadruples , dont deux font perpendiculaires , &c les deux autres tranf- verfales ; car il faut les imaginer telles, quoiqu’elles ne foient pas tracées exaétement , mais qu'elles fe rencontrent deux. à deux en quatre angles droits près du point de fafce de l’écuflon. Voyez Piece. Elle n’occupe pas toüjours le même efpace dans le champ de l’écu ; car quand elle n’eft point char- gée, cantonnée ni accompagnée, elle ne doit occu- per que la cinquieme partie du champ: mais felle eft chargée, elle doit occuper le tiers. 7. CROISETTE. Cette armoirie fut accordée originairement à ceux qui avoient exécuté ou au moins entrepris quelque a@ion d’éclat pour le fervice de Jefus-Chrift & pour l’honneur du nom chrétien, & eft regardée par plu- fieurs comme la plus honorable de tout le Blafon. Ce qui la rendit fort fréquente, ce furent fans doute les expéditions & les voyages multipliés qu'on fit en la Terte-fainte ; car la plüpart de ceux quien re- vinrent, chargerent leur écu d’une croix, & la croix devint une enfeigne militaire. | On prétend que dans ces guertes faintes les Ecoflois portoient la croix de S. André, les François une croix d'argent, les Anglois une croix d’or, les Allemands de fable, les Italiens d’azur, les Efpagnols de gueules. On compte trente - neuf différentes fortes de croix ufitées dans le Blafon, dont voici les noms; les defcriptions des principales d’entr’elles termine- ront cet article : Croix vuidée, croix ondée-vüidée, croix patée-frangée , croix patée-fichée fur le pié, croix patée fur trois pates , & fichée fur la quatrie- me ; croix engrelée, croix patonnée, croix fleurie croix patonnée-vuidée , croix avelane, croix patée avec l’ambel , croix fourchée, croix recroifettée croix recroïifettée-fichée en pointe , croix bouton- née, croix pommée, croix ordée, croix dégradée fichée , croix potencée , croix potencée-fichée, croix du calvaire , croix recroifettée à deorés , croix pa triarchale, croix ancrée, croix moulinée , croix clé- chée, croix fleurdelyfée, croix double fichée, croix à feize pointes, croix moulinée, croix ragulée, croix pointée-vuidée, croix pallée, croix en tau, ou croix de $. Antoine, croix vuidée & coupée, croix coupée- percée, croix moulinée percée en lofanges ,, croix moulinée percée en quatre, croix en fautoir , ou croix de S. André, dont on parlera plus en détail à {on rang, auffi-bien que des autres. R La Colombiere fait mention de 72 fortes de croix différentes ; nous n’en nommerons ici que celles que nous n'avons pas nommées plus haut, telles que la croix remplie, qui n’eft autre chofe qu’une croix chargée d’une autre croix ; la croix partie, c’eft-à- dire moitié d’une couleur & moitié d’une autres la croix écartelée, c’eft-à-dire.dont les quartiers oppo: {és font de différentes couleurs; la croix de cin pieces, c’eft-à-dire celle qui eft de cinq pm: à férentes ; la croix mouflue & abaïflée, la croix croi fantée, la croix fourchée à troïs pointes ; la croix pometée de trois pieces, la croix recrenclée , la croix pointée, la croix ancrée & fur-ancrée, la croix an- crée avec dés têtes de ferpent, la croix aïlée, la croix exhauflée., la croix rayonnañte , ou qui répand à l’entour des rayons de gloire ; la croix de Malte, la croix du $S. Efprit , la croix fourchée à la maniere des anciennes fourchettes , la croix à huit pointes, la croix bourdonnée , la croix cramponnée & tour née, la croix cablée, la croix inclinée, la croix de patenôtre; c’eft-à-dire faite de grains de chapelet; la croix de treffle , la croix fleuronnée, la croix vui- dée , cléchée & pommetée ; la croix crenelée & bal- tillée , la croix à quatre branches pour chaque bras, la croix arrondie, la croix & demie, la croix étoilée ou en étoile , la croix cordée , la croix doublée de fix piecès enfemble , la double croix fendue en pal, la longue croix coupée en pieces & démembrée, la croix coupée ou divifée en fafce, de deux couleurs contraires à celle du champ ; le chevron furmonté d’une demi-croix , quatre queues d’hermine en croix , les bouts de l’hermine oppofés lun à l’autre au mi- lieu ; quatre pieces de vair difpofées en croix, & contrepointées au centre; la croix ou l'épée de S. Jacques ; une croix potencée cramponnée au bras dextre fupérieur avec une potence vers le milieu de - Ia fleche, Mererr. Trév. & Chambers. Voilà toutes les différentes fortes de croix qu’on trouve dans les deux auteurs que nous avons cités. Elles peuvent n'être pas toutes ufitées en France; mais le Blafon eft pour tous les pays, & il eft bon - d’en connoïître au moins les termes. Et ce n’eft pas feulement par rapport aux croix qu'il y à unefi grande variété ; il y en a tout au- tant par rapport à plufeurs autres pieces ufitées, . &z fingulierement par rapportaux lions & à leurs par- ties, dont la Colombiere compte quatre-vingt-feize poñtions différentes. Leigls ne parle que de quarante- fix croix différentes ; Sylvanus Morgan, de vinet-fix; Upton, de trente ; Joannes de Bado-aureo , de dou- ze ; & plufieurs autres qu'il eft inutile de nommer ici, difiérens nombres plus où moins grands. Upton à là vérité convient qu'il n’ofe entrepren- dre de détailler toutes les différentes croix ufitées dans les armoiries, parce qu’elles font, dit-il, in- nombrables ; c’eft pourquoi il ne parle que de celle qu'il a vües en ufage de fon tems. Voici les princi- pales: La croix ordinaire fe nomme croix pleine, crux plena, comme celle de Savoie, &c. Afpremont en Lorraine, de gueules à la croix d'argent, Elle eft dite engrelée, quand elle a une ef- pece de dentelle fur tous les bords. D’Aillon du Lude , d’azur à la croix engrelée d'ar- gent. Elle ef dite parée, quand fes quatre extrémités s’élargiflent | comme Argentré en Bretagne, d’ar- gent à la croix patée daqur. Elle eft dite alezée, ou coupée, Ou rétrécle, quand de nul de fes bouts elle ne touche aux bords de l’écu. Aïntrailles , d'argent a la croix aleyée de gueules. Celle des Squarciafichi, de Genes, eff d’autant plus extraordinaire, qu’étant potencée, c’eft-i-dire, terminée par quatre plates-bandes ; elle eft repo- tencée ou cramponnée en quatre endroits au bout droit d’en-haut, au droit du côté dextre, & aux deux d’en-bas. Gelle de Damas eft ancrée , c’eft-à-dire , crochue en fes extrémités , comme les ancres des vaifleaux, Celle des Allegrains eft non-feulement ancrée, mais partie de l’un à l’autre d’argent & de gueules, l’écu étant contreparti de même ; ainfi on dit: Allégrain, parti de gueules & d'argent ; à la croix ancrée ; tontrepartie de l’une a L'autre, | CR O STI Celle des Venafques, femblable à celle des com- tes de Tolofe, dont ils fe difent defcendus, eft vui- dée , c’eftà-dire percée à jour; cléchée, c’eftà-dire qu’elle a fes quatre extrémités, comme les anciens anneaux de clés ; & pommetée, c’eft-à-dire qu’à chaque angle des anneaux il y a une pomme: ainfi on blafonne ces armoiries d’or à La croix vuidée, clés chée Gpommetée de gueules. La croix des Sauteraux , de Dauphiné , eft accom- pagnée de quatre oïfeaux de proie d'argent, be- qués, membrés & grillétés d’or : on dit 2egué pour le bec, membré pour les jambes, grilleté pour les fonnettes. \ La croix des Kaer en Bretagne, eft dité en térmes d’armoiries, grirgolée, c’eft-à-dire que fes extrémités fe terminent en têtes de ferpens, que le vulgaire nomme gargouilles ; & par corruption, gringoles à ainfi il faut blafonner, Kaer en Bretagne, de gueules à la croix d’hermine gringolée d'or. Celles de Des-Efcures, en Bourbonnois, eft an: crée, & chargée d’une étoile en cœur, c’eft-à-dire au milieu où au centre de la croix, Des-Efcures, de finople a La croix ancrée d Argent 5 chargée en cœur d’une étoile de fable. | Il s’en peut faire de cordes & de cables, comme celle qu Upton donne en Angleterre à un nouvel an- nobli, de deux tortils de cables, Ces croix fe difent cablées, Hurlefion ; en Angleterre , d'argent à une croix de quatre queues d’hermine aboutée. Laurencs, d'argent à une croix écoiée de gueules. Bierley, d’afgent à une croix recroiferée de gueules. Villequier, de gueule à une croix fleurdelifée d'or, accompagnée de douze billettes de même, Trouflel, une croix patée € fleurdelifée. Defiile, une croix pommetée, Rubat, une croix potence, La Chaftre, une croix ancrée de vair, La croix des Toheftke , en Siléfie, eft une croix que nous nommons croix de Lorraine , parce qu’une femblable croix eft l’ancienne devife de la maïfon de Lorraine. C’eft une croix greque alezéé à double traverfe ; la travérfe la plus haute, plus courte que la bafle : ici la plus bafe eft cramponnée à feneftre. Il faut donc dire, porte d'azur à la croix de Lorraine d'argent, cramponnée au flanc feneffre de la traverfe d’en-bas. Celle de Salicèta, à Génes, eff breteflée ou re= croifetée à double, Celle des Wevers, au pays du Rhin, eft recerce- lée en fes extrémités , & chargée en cœur d’un écuf fon de fable à trois befans d’or. Herfchfelt, abbaye d'Allemagne , a pour armoi- res une croix de Lorraine, dont le pié eft enhendé = ce terme vient de l’efpagnol ezherdido, qui fignifie refendu, Ces croix à refente font communes dans les armoiries d'Allemagne. Celle de Tigny eft alezée, patée & écartelée. Celle du Bofc , en Normandie, eft échiquetée. Celle des Truchfes, fourchettée. Celle de S. Gobert, treflée. Celle de a Riviere, frettée. Des Ardinghelli, lofangée. De Viri, ouverte en fer de moulin. Echaute, porte celie de Lorraine. La croix longue fur un mont, avec une couronne d’épines & les clous, fe nomme croix du calvaire, Les peres Théatins la portent ainfi, parce que leur congrégation commença le jour de l’exaltation de la fainte Croix. Celle qui la fuit, fe dit perronnée. Celle des Manfredi de Lucques eft retranchée & pommetée, 512 CR O Celle des Knolles , d'Angleterre , eft refarcelée d’or. Celle des Rouffets eft au pié fiché. La fuivante eft de lofanges. La pénultieme , guivrée. Et la derniere a le pié cramponné comme le flanc fenetre de la pointe. (7°) | s Cro1Ix DE JERUSALEM 04 DE MALTE , Jfos confhantinopolitanus ; (Botanique 6: Jardin.) eft une efpece de Iychnis à qui lon a donné le nom de croix de Jerufalem où de Malte, C’eft une plante dont les tiges, hautes de deux piés, fe partagent en plufeurs rameaux dont les longues feuilles fe terminent en pointes, & qui ont à leurs extrémités des fleurs à cinq feuilles difpofées en ombelle, commeautantde croix ; de couleur d’écarlate, ou blanche , ou variée, Ces fleurs fe convertiffent en fruits de figure coni- que, qui contiennent beaucoup de femence, ce qui les multiplie. Ces croix viennent en été dans toutes fortes de terres , aiment le grand foleil , & on les place dans les parterres. (K) Croix DE $. ANDRÉ , (Bor, & Jardin.) eft une allée qui, en croïfant une autre de traverfe, forme la figure d’une croix allongée. Ces fortes d’allées fe rencontrent dans un parterre également comme dans un bois. (Æ) CROIX, terme d’Architeëtlure, Sous ce nom où eñ- tend un monument de piété qui fe plaçoit indiftinc- tement autrefois dans les cimetieres, les places pu- bliques , les carrefours, les marchés, les grands- chemins, les routes principales, 6e, Les croix aujourd’hui femblent réfervées pour les cimetieres & les devants des églifes ; on les éleve fur des piés-d’eftaux ornés d’architeéture & enrichis de {culpture, furmontées fur des gradins & entourées de bornes. Dans nos grands-chemins, nos places &r autres lieux publics , l’on préfere les obélifques , les pyramides & les fontaines, ainfi qu’on le remarque dans les bois deVincennes & deBoulogne,fur laroute de Juvify, &c. & l’on ne voit plus guere de ces mo- numens de piété que fur la route de S. Denys, où fe remarquent quantité de ces monumens dans le goût gothique. On appelle auffi croix , les amortiffemens placés au-deflus des portails & des faîtes des monumens fa- crés. Enfin on appelle croix greque ou latine dans une églife, la partie qui traverfe l’églife entre Le chœur & la nef. Voyez ÉcuisE. (P) Croix, (Marine) On dit, £/ y a une croix ur les cables ; ce qui fignifie que les cables qui font mouil- lés, font pañlés l’un fur l’autre. (Z) CroIx DE S. ANDRÉ, (Charpenterie.) fervent a remplir & à entretenir les combles & pans de bois où ils font employés. Voyez PI. du Charpentier, fig. 17. 7x Croix, (Manufait, en drap.) morceau de bois dont le nom défigne aflez la figure, fur lequel font montées les têtes de chardon qui fervent au lainage des étoffes. * Croix, (Manuf. en drap.) petite courroie de cuir qui appartient à la manicle des Tondeurs de draps. Voyez MANICLE. * Croix, (Manuf. de fer-blanc.) marque que ces Manufa@uriers placent fur Le fond des barnils qu'ils templiflent de fer-blanc : elle défigne que ce fer eft de la forte la plus forte : elle s’imprime avec un fer chaud : elle donne au fer-blanc le nom de Jer 4 la croix , qui fe vend plus cher que l’autre. CROIX, en terme de Roue font deux fortes de bras recourbés en-deflous , qui paflent au haut du corps de la garde, l’un deffous la branche, & l’autre vis-à-vis; ce qui avec Le corps repréfente effeétivement une croix, Voy. La fig. PL, du Cifeleur- Damajquineur, CRO Croix, Faire La croix à courbertes, à ballorades; en termes de Manege , c’eft lorfqu’on fait ces fauts en-avant, en-arriere & de côté tout d’une haleine, de façon qu'ils forment la figure d’une croix fur le terrein. Quelques-uns ont dit auf faire la croix à caprio= les , ce qui ne fe peut pas ; car les chevaux qui fe- roïent des caprioles en-arriere , fembleroient tenir du ramingue &c du rétif, & ne travailleroient pas felon la juftefle du manege : outre qu'un cheval, quelque vigoureux qu’il foit , ne peut faire d’une ha- léine toute la croix à caprioles, Voyez RAMINGUE, RÉTIF, CAPRIOLE. (F) | CROIX, en terme de Metteur en œuvre, eft une piece d’ajnftement à l’ufage des femmes , dont la fi- gure eft {emblable à une croix, ce qui la fait appeller ainfi. Perfonne n'ignore que les croix fe portent an cou. On diftingue de trois fortes de croix ; branlante, croix à la dévote, & croix d’évêques ou de cheva- liers. Voyez ces mots à leur article. CRoO1IX:À LA DÉVOTE, en terme de Merteuren œus vre, eft un ornement de femmes qui leur tombe du cou fur le fein: elles ont pour l'ordinaire un cou- lant d’un deffein qui eft aflorti au leur, Voyez Cou- LANT, | Croix D'EVÊQUE, er terme de Metteur en œuvres eft pour lordinaire une croix d’or mat, ou quelque- fois émaillée. Il eft auffi difficile d’en déterminer le deffein , que de fixer le caprice & la mode. Croix , (Hiff. mod. & Monnoyage.) Autrefois ; & encore aujourd’hui, dans plufieurs états de l’Eu- rope on méttoit une croix fur Les monnoïies à la place de Peffigie, Voyez EFFIGIE, PILE, En France toutes les monnoies porterént depuis le commencement de la monarchie & pendant la premiere race de nos Rois, l’effigie du prince re- gnant. Cet ufage ne fut pas continué fous la fecon- de ; après le regne de Louis le Débonnaire , on ne voit plus de monnoie à croix. Henri II. par édit de 1548, ordonna que fa pour- traiture, d’après fon pourtrait, feroit gravée & em- preinte fur les monnoies d’or, d'argent. . . 6%, ce qui a été continué jufqu’à préfent. Croix DE S. ANDRE, éerme de Riviere, char- pente qui porte en décharge la liffe d’un pont. CROIX DE CERF, (Wenerie.) c’eft un os que Pon trouve dans le cœur de cet animal : il a à-peu-près la forme d’une croix. On croit que mis en poudre dans du vin, c’eft un remede pour les femmes en tra- vail ; & que pendu au cou en amulette , 1l foulage dans les palpitations de cœur. Crorx ou PILE, (analyfe des hafards.) Ce jeu qui eft très-connu , & qui n’a pas befoin de définition, nous fournira les réflexions fuivantes. On demande combien il ya à parier qu’on amenera croix en jouant deux coups confécutifs. La réponfe qu'on trouvera dans tous les auteurs , & fuivant les principes ordi- naires, eft celle-ci: Il y a quatre combinaïfons, Premier coup. Second coup. Croix. Croix. Pile. Croix. Croix. Pile. Pile. Pile, De ces quatre combinaifons une feule fait perdre; & trois font gagner ; il y a donc 3 contre 1 à parier en faveur du joueur qui jette la piece. S'il parioit en trois coups, on trouveroit huit combinaïfons dont une feule fait perdre, & fept font gagner; ainfi il y. auroit 7 contre 1 à parier. #oyez COMBINAISON es AVANTAGE. Cependant cela eff-il bien exaét ? Car, pour ne prendre ici que le cas de deux coups , ne | faut-il Faut-il pas réduire à une les deux combinaïfons qui donnent croix au premier coup ? Car dès qu’une fois croix eft venu, le jeu eff fini , & le fecond coup eft compte pour rien. Ainfi il n’y a proprement que trois eombinai{ons de poflibles : Croix , premier coup. Pile, croix, premier & fecoñd coup, Pile, pile, premier & fecond coup. Donc il n’y a que 2 contre 1 À parier, De même dans . le ças de trois coups, on trouvera Croix. Pile , croix. Pile, pile, croix, Pile, pile, pile. Donc 1l n’y a que 3 contre 1 à parier: éeci eft di- gne , ce me femble, de l’atténtion des Calculateurs, ëc 1roit à réformer bien des regles unanimement re- çües fur les jeux de hafard. Autre queftion. Pierre joe contre Paul à cette condition, que fi Pierre amene croix du premier coup, il payera un écu à Paul; sl n’amene croix qu’au fecond coup, deux écus ; fi au troifieme coup, qua- tre, & ainfi de fuite. On trouve par les régles ordi- ñaires ( en fuivant le principe que nous venons de pofér), que l’efpérance de Paul, & par conféquent ce % - As L+2+4 + 6e qu'il doit mettre au jeu eft fe trouve infinie. Cependant il n’y a perfonne qui voulût mettre à ce jeu une fomme un peu confidé- table. On peut voir dans les mémoires de l'académie de Petersbourg , tome P, quelques tentatives pour ré- foudre cette difficulté ; mais nous ne favons fi on en fera fatisfait ; & il y a ici quelque fcandale qui mé- rite bien d'occuper les Algébriftes. Ce qui paroît furprenant dans la folution de ce problème, c’eft la quantité infinie que l'on trouve pour l’efpérance de Paul. Mais on remarquera que l’efpérance de Paul doit être égale au rifque de Pierre. Aïnfi il ne s’agit que de favoir fi le rifque de Pierre eft infini, c’eft-à- dire (fuivant la véritable notion d'infini) fi ce rifque eft tel qu'on puifle toüjours le fuppofer plus grand qu'aucun nombre fini affignable. Or pôtir peu qu’on réfléchiffe à la queftion, on verra que ce rifque ef tel en effet. Car ce rifque augmente avec le nombre des coups, comme il eft très-évident par le calcul, Or le nombre des coups peut aller & va en effet à Pinfini , puifque par les conditions du jeu le nombre n’eft pas fixé. Ainfi le nombre indéfini des coups eft une des raïfons qui font trouver ici le rifque de Pierre infini. Voyez ABSENT 6: PROBABILITÉ, Selon un très-favant géometre avec qui je raïfon- nois un jour fur cette matiere, l’efpérance de Paul &c fon enjeu ne peut jamais être infini, parce que le bien de Pierre ne left pas ; & que fi Pierre n’a, par exemple, que 2 “° écus de biens, il ne doit y avoir que 21 coups, après lefquels on doit cefler , parce que Pierre ne fera pas en état de payer. Aïnfi le nombre dés coups pofñlibles eft déterminé, fini, & égal à 21, & on trouvera que l’efpérance de Paul eft ES PREE ——— Quoique cette fomme ne foit plus infinie, je doute que jamaïs aucun joüeur voulût la donner. Ainf cette folution, toute ingénicufe qu’elle eft, ne paroït pas d’abord réfoudre la dificulté. Cependant toutes chofes bien examinées , il me femble qu’on doit en être fatisfait. Car il ne s’agit pas ici de la peine ou de la facilité que Paul doit avoir à rifquer la fomme en queftion , il s’agit de ce qu'il doit don- ner pour joier à jeu égal avec Pierre; & il eftcer- tan que ce qu'il doit donner eft la fomme ci-defflus. Paul feroit un fou fans doute de la donner ; mais il ne le feroit, que parce que Pierre eft un fou auff de propofer un jeu où lui Pierre peut perdre en une Tome IF, ; ris je, quantité qui CRO $13 minute des fommes immenfes. Or, pour joïer avee un fou à jeu égal, il faut fe faire fou comme lui, Si Pierre jouant en un feul coup , parioit un million qu'il amenera pre, il faudroit que chacun mît au jett un demi-millon: cela eft inconteftable, I] n’y pourtant que deux infenfés qui puflent joïer un pa- reil jeu, Nous remarquerons à cette occafon, que pour rendre plus complettes, & pour ainf dire plus ufuels les ; les folutions de problèmes concernans les Jeux, il feroit à fouhaiter qu’on pôût y faire entrer iés con- fidérations morales , relatives , {oit à la fortune des joueurs, foit à leur état , foit à leur fituation ÿ' à leur force même (quand il s’agit des jeux de com: mercé) , & ainfi du refte. Il eft certain, par exem- ple , que de deux hommes inégalement riches quë jouent à jeu égal fuivant les regles ordinaires, ce- lui qui eft lé moins riche rifque plus que l’autre. Mais toutes ces confidérations étant prefque im- poffibles à foïmettre au calcul À caufa de la diver= fité des circonftances , on eft obligé d’en faire abf traétion , & de réfoudre les problèmes mathémati- quement , en fuppofant d’ailleurs les circonftances morales parfaitément égalés de part & d'autre > OU en les négligeant totalement. Cé {ont enfuite ces circonftances, quand on vient à y faire attention ÿ qui font croire le calcul en faute , quoiqu'il n’y foit pas. Voyez AVANTAGE, JEU, PARI, Ec. (O CROIX, (Sainte. ) Géog, ile de l'Amérique fep= tentrionale, l’une des Antilles, CROIX , (Sainre-) Géog. pétite ville de France dans la haute Alface. CROKETHORN, (Géog.) petite ville d’Angle= terre dans la province de Sommerfet, fur la riviere de Perd, | CROLER , (Fauconn.) il fe dit du bruit que font les oifeaux en 1e vuidant par bas. Quand un oïfeaw de proie crole, c’eft en lui üne marque de fanté. CROMARTYE ; (Géog. mod.) petite ville d& l’Ecoffe feptentrionale , dans la province de Rofs. CROMAU , (Géog.) ville du royaume de Bohé: me, près de Budweis. | L CROMORNE , fub. m. ( ;ex d'Orgue.) fonne l’u- niflon du 8 piés. Voyez la table du rapport de l'étendue des jeux de l'Orgue. C’eft un jeu d’anche dont le Corps AB , fig. 47. PL. d'Orgue, eft partout du même dia+ metre ou de forine cylindrique; il eft terminé par embas par une portion conique 8 C qu’on appelle Zz pointe, à l'extrémité de laquelle eft foudée une noix garnie de fon anche & de fa languette, que l’on ac- corde par le moyen de la rafette qui traverfe la noix & vient appuyer deflus. Voyez TROMPETTE, dont ce jeu ne différe que parce que le corps du tuyau eft d’un bout à l’autre du même diametre. L'anche, la noix, la rafette, & une partie de la pointe du tuyau, entrent dans la boîte D Æ, qui res çoit le vent du fommier par l’ouverture £ pratiquée à fon pié. Voyez ORGUE, où la faêture de ce jeu qué eft d’étain eft expliquée. N” CRON o4 CRAN, (Æiff. nat. Minéral.) On nom: me ainfi une terre Ou un fable qui n’eft formé que: par un amas de fragmens de coquilles qui. ont été ré duites en poudre : cependant on y diftingue prefque toïjours de petites coquilles encore entieres; mais ce n’eft guere fans l’aide de la loupe ou du microf- cope. Quand ces coquilles font dans un état de def: truétion encore plus grand, & que cette poudre à pris de la confiftance, il y a lieu de croire que c’eft elle qui forme la craie. Voyez Particle CRAtE. Le croz eft très-propre à fertilifer les terres ; on s’en fert dans plufeurs endroits avec autant de fuc= cès que de la marne. On le nomme fa/ur dans de certaines provinces. (— Lan CRONACH , (Géog, mod.) ville fortifiée d’Alle+ Tate sI4 CRO magne au cercle.de Franconie, avec une citadelle, fur une riviere qui porte le même nom, & fe jette dans le Mein. | CRONBERG, (Géog. mod.) petite ville d’Alle- | magne dans la Wéteravie , près de F rancfort, fur le Mein. CRONE {. m. rerme de Péche; c’eft ainf qu’on ap- pelle des endroits au fond de l’eau remplis de racines d’atbres, de grands herbages, & autres chofes de cette nature. C’eft ordinairement où fe retire le poif- fon. Dit. de Trév. CRONENBOURG , (Géog. mod.) ville & forte- refle du royaume de Danemark, dans l’île de Sée- and. Long. 30. 25. lat. 56, CRONENBOURG , (Géog. mod.) ville d’Allerma- gne dans le cercle du haut Rhin, au landgrave de Hefle Cañel. | - * CRONIENES , (Myzhol.) fêtes qu'on célébroit à Athenes eñ l’honneur de Saturne , au mois Héca- tombéone. Les cronienes des Grecs étoient la même chofe que les faturnales des Romains. On prétend “qu’à Rhodes on refervoit un malfaiteur pour l’immo- ler à Saturne dans cette efpece de folennité, CRONOS ou SATURNE, voyez SATURNE. CRONSLOT , (Géog. mod.) ville forte de Pempi- re Ruflien dans l'Ingrie, fur l’île de Retufari, avec un bon port. CRONST'ADT , (Géog. mod.) ville confidérable de Hongrie dans la Tranflvanie, aux confins de la Moldavie & de la Walachie. = CROON, f. m. (Comm. ) ancienne monnoie d’ar- gent qui fe fabriquoit autrefois en Hollande : elle eff aflez rare aujourd’hui. Le crooz vaut deux florins, & quatre Liv. un fou trois deniers argent de France. CROPPEN , (Géog. mod.) petite ville de l’empire Rufien en Livonie, dans la province de Letten. CROQUANTES. Voyez CROCANTES. CROQUER, v. a@. (Marine) fignifie accrocher. Croquer Le croc de palan, c’eft le paffer dans l’orga- neau de l’ancre, pour le remettre au bofloir. (Z) CROQUER , er Peinture, c’eft defliner ou peindre à la hâte les premieres idées mal digérées qui vien- nent fur un fujet qu’on fe propofe d’exécuter. Je n’ai fait que croquer cela, je le reétifierai à lofir. Ce pein- tre ne fait que croquer fes ouvrages. Cela n’eft que croqué. (R CROQUET , f. m, c’eft chez les Pain-d’epiciers un / “pain-d’épice fort mince, & de pâte à menu. Voyez PATE À MENU. CROQUIS, f. m. (Def. & Peinr.) eft en Peinture une efquiffe moins finie qu’elles ne le font ordinaire- “ment. On dit j'ai fair un croquis de cette idée, c’eft-à- dite j'ai jetté fur le papier une premiere penfée de cette compofition. (AR CROSSE, f. f. (AE. eccléf.) bâton pañtoral que portent les archevèques, évêques, & les abbés ré- guliers, ou qu'on porte devant eux dans les cérémo- nies. Il y a beaucoup d'apparence que la croffe dans fon origine n'étoit qu'un bâton pour s’appuyer, dont on a fait depuis une marque de diftinétion. Il n’en eft point parlé dans l’hiftoire des premiers fiecles de l'Eglife ; nous lifons feulement dans le concile de Troyes.de l'an 867, que les évêques de la province de Rheïms qui avoient été confacrés pendant lab- fence de l’archevêque Ebbon, reçurent de lui, après qu’il eut été rétabli, anneau & le bâton pañtoral, fivant l’ufage de l’Eglife de France : ce qui prouve que cette marque de la dignité épifcopale y étoit connue avant cette époque. En 88% dans le concile de Nimes, on rompit la croffe d’un prétendu arche- vêque de Narbonne nommé Se/va. Balfamon dit qu’il n'y avoit que les patriarches en Orient qui la por- faflent, CRO On donne cette croffe à l’évêque dans l’ordination, | felon S, [fidore de Séville, pour marquer qu'il a droit de corriger & qu'il doit foûtenir les foibles. L'auteur de la vie de S. Céfaïre d'Arles, parle du clerc qui portoit fa croffe ; & celui qui a écrit la vie deS. Bur- chard évêque de Wurtsbourg , le loue de ce que fa croffe n’étoit que de bois, Les abbés réguliers portent. auffi la croffe quand ils officient. [l n’en eft pas de mê- me des abbés commendataires , qui ne peuvent qu’en faire graver ou peindre la figure fur leurs armoiries. fe Difaipl. eccléf. part, IV. Liv. L. ch. xxxjx. G | CROSSE d’une ancre, ( Marine.) voyez CROISÉE. CROSSE, (Epinglier.) n’eft autre chofe, chez les Epingliers, que la traverfe de la chauffe qui pafle dans fes deux anneaux , & fous laquelle on place les tronçons pour les contenir & les couper plus facile- ment. Voyez q , fig. 19. & n° fig. 20. PI. I. de l’Epin- glier, | CROSSE, terme de Riviere ; piece de bois fervant au gouvernail d’un bateau foncet. CROSSEN, (Géog. mod.) ville d'Allemagne en Siléfie, capitale de la principauté de même nom, au confluent du Bober & de l’Oder. Long. 23. Lae, D. CROSSETTE, {.f. terme d’Architetture, On ap pelle ainfi les reffauts que l’on fait faire aux cham- branles des portes ou croifées , & qui ne compren- nent ordinairement que les moulures extérieures du chambranle. Les anciens ont fait un ufage ridicule de ces croffertes ; ils en mettoient aux quatre angles de leurs chambranles, à leurs tables, à leurs amor- tiflemens , &c. Il s’en voit encore très-fréquemment dans les bâtimens du dernier fiecle, Nos architetes en ufent aujourd’hui ayec plus de circonfpettion, ayant reconnu que leur multiplicité tourmentoit l’ar- chitetture, & formoit de trop petites parties. Mais lorfqu’on les admet dans une ordonnance, leur lon- gueur doit avoir le quart de la hauteur ou de la lar- geur du chambranle hors d'œuvre, & de faillie la f- xieme partie de la largeur du profil du chambranle; au-delà de ces proportions elles font vicieufes, au tant que leur répétition eft defagréable. (P) CROSSETTE , {. f. (Jardin) en fait de plants , fi- gnifie un rameau qui ne Vient m par le moyen de la graine , ni d'aucune racine, telle que la marcotte; c’eft une fimple branche, un jetton que l’on taille : comme un farment. Il y a des plants où la marcotte eft préférable à la crofferte & à la graine ; tels font les tilleuls, les fs; les figuiers, & qui feroient trop longs à élever de graine. Mais les ormes, les maronniers, la char- mille, l’hérable, le hêtre, veulent être élevés de graine. La vigne vient aïfément de crofferte. Les fruits doivent tous être de pepin ou de noyau . qui eff leur graine. | Les faules, les ofiers , les peuples, viennent de bâtons épointés par un des bouts fichés en terre, ap- pellés éoutures & plançons. La croffeite eft appellée dans certains pays, cheve- lée. (K) | # CROSSETTES , £erme de Marine, voyez Vous- SOIRS. ”. CROSSILLON , serme d’'Orfévre en grofferte; c’eft | l'extrémité recourbée d’une crofle, & la fin des tours | | qu’elle fait en-dedans, Le cro/fillon eft terminé ordi- nairement par une feuille de refente ou autre orne- ment qui lui donne de la grace. | | CROTALAIRE, £ f. crosolaria (if. nat. bor.) ; | genre de plante différent du genêt pour la forme de fes filiques qui font renflées comme celles de l’arrê- | te-bœuf, dont elle differe en ce que fes feuilles naifs fent une à une. Tournefort , i2/£, re herb, Voyez Gx- NET, ARRÊTE-BŒUF, PLANTE. ( J . CROTALE, f. m. (Mufig. ancienne.) efpece de caftagnette qu'on voit fur les médailles dans les mains des prêtres de Cybele. Voyez CORYBANTE. Le crotale étoit différent du fiftre , quoiqu’on fem- ble avoir confondu quelquefois ces noms. Il confif- toit en deux petites lames ou petits bâtons d’airain que l’on remuoit de la main , & qui en fe choquant faifoient du bruit. Voyez SISTRE. On en faifoit auffi d’un rofeau fendu en deux, dont on frappoit les deux parties l’une contre l’autre ; & comme cela faïfoit à-peu-près le même bruit que ce- Jui du bec d’une cicogne, on appelloit cet oifeau crotaliffria , joueufe de crotales. Un ancien, dans Paufanias , dit qu’Hercule ne tua pas les oifeaux du lac Stymphale, mais qu’il les chaf- fa en jouant des crocales : fi cela eft vrai, les crorales étoient en ufage dès le tems d'Hercule. Clément d'Alexandrie en attribue l'invention aux Siciliens , & en défend l’ufage aux Chrétiens, à cau- fe des mouvemens & des geftes indécens que l’on faifoit en jotiant de cet inftrument. Voyez Le didionn. de Trév. Chambers , & l’article CASTAGNETTES. CROTAPHITE,, adj. pris fub. (Æxarom.) mufcle temporal qui occupe la cavité des tempes, & tire la mâchoire inférieure en-haut. Voyez MUSCLE. (L . CROTIN, ( Maréchall.) on appelle ainf la fente fraîche du cheval. (7) | - CROTIN de mouton , (Œconom. ruflig. € Jardin.) c’eft ainfi que l’on nomme le fumier de mouton, qui eft le meilleur de tous pour engraiffer toute forte de terre , pourvü qu'on le laiffe long-tems repofer, & perdre à l’air fon trop de chaleur. Rien n’eft fi a@tif que les fels de ce fumier. Voyez ENGRA1S. (Æ) CROTONE, (Géog. mod.) ville d'Italie au royau- me de Naples, fur le golfe de Tarente. Long. 35. 8. lat, 39.10. | CROTOY , (Ze) Géog. mod. petite ville de Fran- ce en Picardie , dans le Ponthieu, à l'embouchure de la Somme. Long. 19.20. lat, 50. 15. CROT -PESCHEROT , (Æf. nat.) voyez On- FRAIE. CROTTE,, fe dit de la fiente de lievre, lapin, des chevres, des brebis, &c. _CROULARE,, voyez TRAQUET. CROULER , v. a&t. (Marine) on s’en fert pour rouler. Crouler un bäériment , c’eft le lancer à l’eau. (Z) CROULER Le queue, (Venerie.) fe dit du mouve- ment que lanimal fait de cette partie lorfque la peur le fait fuir. 7 * CROUMA, f. m. (Hiff. anc. Mufig.) efpece de crotales dont on jouoit dans Les contrées méridiona- les de l'Efpagne. C’étoit ce qu’on appelle amjour- d’hui des. caffagnertres. On les faifoit ou avec des : têts de pot caflé, ou avec des os bien nettoyés. 47- tiq. explig. Voyez CROTALE. CROUPADE , £. £f. (Manége.) c’eft un faut plus relevé que la courbette, & qui tient le devant & le derriere du cheval en une égale hauteur, enforte ul trouffe fes jambes de derriere fous le ventre, … les allonger ni montrer fes fers ; & c’eft ce qui met de la différence entre cet air, la ballotade où le cheval s’épare à demi, & la capriole où il s’épare de toute fa force. Voyez BALLOTADE & CAPRIOLE. Hautes croupades , font des croupades plus relevées que les croupades ordinaires. On dit manier à croupa- des, mettre un cheval à Pair des croupades. (F7) CroOUPE d’églife, en Architeëlure, eft la partie ar- rondie du chevet d’une églife confidéré par-dehors. Voyez CHEVET. (P) CROUPE, f. f. (Maréchall.) la partie poftérienre du cheval, comprife depuis l’endroit où la felle por- Tome IF, CRO SI$ te jufqu'à la quene. Ce mot vient de crouppa, qui fe trouve dans les glofes , & eft formé de l’allemand grob, qui fignifie gros, gras , épais, Cette partie répond au haut des feffes de l’hom= -me. Les bonnes qualités de la croupe {ont d’être lar- ge & ronde. La croupe de mulet, qui fait voir une élévation ou arrête fur toute la partie fupérieure , depuis les reins jufqu’à la queue, eft une marque de force. Les mauvaifes qualités de la crowpe font d’être avalée, c’eft-à-dire de defcendre troptôt, ce quieft caufe que la queue eft trop baffle. La croupe trop étroite défigne peu de force, & la croupe coupée eft creufe dans le milieu. Tortiller la croupe , fe dit d’un cheval fans force, qui en marchant fait aller fa croupe de côté & d’au- tre. Gagner la croupe , c’eft lorfqu’un cavalier étant en préfence d’un autre, fait un demi-tour pour le pren- dre en croupe. Dans un combat, il faut faire la demi pirouette au bout de la paffade , pour gagner la crou- pe d’un ennemi qui prefle, fans que la crope échap- pe. On fe fert de cette expreffion pour les voltes & _ le galop, & elle fignifie, fans que le cheval fe tra- verfe, fans que la croupe forte de la volte ou de la pifte du galop. Voyez Vote, Garop , TRAVER- SER. La croupe eft quelquefois fujette à des dartres , ac- compagnées d’une démangeaifon extrème. Lorfque le cheval a les cuifles bien fournies & proportionnées à la rondeur de la croupe, il s’appelle bien gigotré; & mal gigotté, lorfque cette propor- tion manque. (77 CRouPrE, (Charp.) fe dit aufñi de la charpente d’un pavillon quarré. CROUPE DE CERF, (Vénerie.) c’et ce qu’on ap- pelle cérier. | CROUPIAT, f. m. (Mar. ) c’eft un nœud qu’on fait fur le cable ; & l’emboflure eft proprement quand on frappe, ou l’aétion de frapper le croupiat fur le cable. Cependant on fe fert indifféremment de croz- piat & d’emboffure pour le nœud même. Voyez Em- BOSSURE. (Z) C CROUPIER , £. m. (Comm.) aflocié fecret qui prend part dans une entreprife de commerce ou de finance , ou dans un jeu, qui fe fait fous le nom d’un autre, & qui en partage les gains & les pertes à pro- portion de la part qu'il a prife dans l'affaire de fes fonds & de fes avances. Ce terme eft plus en ufage chez les gens d’affaires que parmi les négocians,, qui fe fervent plus volon- tiers de celui d’affocié anonyme. Voyez ANONYME. Voyez le dit. de Comm. & Chambers. (G) CROUPIERE , serme de Bourrelier , c’eft une par- tie du harnoïs des chevaux, tant de monture que de tirage, qui confifte en une efpece de bourrelet, gar- n1 dé bourre ou de crin, qui pañle fous la queue du cheval, & tient à une bande de cuir fendue en deux parties par le bout : cette bande eft la fuite du furdos dans les chevaux de tirage, & elle eft attachée dans les chevaux de felle par une boucle à un crampon de fer, enfoncé dans l’arçon de derriere de la felle. La croupiere fert à empêcher que par le mouvement que le cheval fait en marchant, le harnoïis ou la felle ne vienne trop en-devant. Voyez CC, fig. 1. € 2. PL. du Bourrelier. CRoupPIERE , CROUPIAS ; ( Marine.) c’eft une corde qui tient un vaifleau arrêté par fon arriere. Mouiller en croupiere , Ou de croupiere , ou en croupe, c’eft mouiller à poupe, afin de maintenir les ancres de l’avant , & empêcher le vaifleau de fe tourmen- ter, ou faire enforte qu’il préfente toüjours le même côté. Pour mouiller de croupiere, le cable pañle le long des ceintes, & de-là il va à des anneaux de fer Ttti 516 CRO qui font vers la fainte-batbe ; quelquefois on Îe fait pañler par les fabords de la fainte-barbe.. (Z) CROUPIERES , terme de riviere fe dit des pieces de roiettes qui fervent à tenir le devant ou le derriere d’un train en état. CROUPISSEMENT , f. m. (Phyftologie.), dans l’œconomie animale, fe dit de l’état de différentes matieres quu croupifient. Le croupiffement des alimens dans les intefhins , leur fait contraëtler leur mauvaife odeur. Le croupiflement de La bile dans la véficule du fil, la rend fufceptible d'un 1nouvement fpontané > Putride ; imparfait. Le croupiffement parfait ef? nécef[aire pour exciter La pourriture dans le corps, Quefnay, Ef. ph. fur L'Œconomie animale, (LE). . CROUPON, f. m. rerme de Tanneur , qui fe dit des gros cuirs tannés de bœuf, de vache, dont on a Ôté le ventre & la tête, comme fi on vouloit dire : cuirs de croupe. Ainfi on dit: un croupon de bœuf, un croupori de vache. CROUPON D’AVALON, ( Tannerie.) c’eftla même chofe que Le crowpon fimple. Voyez l’article précédent. La feule différence qu'il y ait, c’eft que croupor fe dit de tout cuir tanné, au lieu que croupon d’avalon ne fe dit que d’un cuir fort, le feul prefque qui vienne des tanneries d’Avalon. . CROUTAC , f. m. monnoie d’argent fabriquée à Dantzik, & qui a cours à Riga, Conisberg, & au- tres villes du Nord. Le croutac vaut la moitié d’un dantzikhors. CROUTE,, f. f. (Boulang.) fe dit au propre de la partie dure & extérieure du pain ; & par'analogie, de beaucoup d’autres chofes. CROUTE LAIÏTEUSE.o4 DE LAIT, ( Maladie des enfans.) Les croutes de lair font ordinaires aux enfans er qui le lait efttrop gras, latranfpiration diminuée, les humeurs vifqueutes & ondueufes, les fibres là- ches & trop flexibles. Ces croutes fe fuccedent les unes aux autres, couvrent le vifage & la tête des enfans. é. _ On lés confond avec les achores, mais elles en font diftinguées ; on les guérit en donnant aux nourt- rices les fudorifiques , les évacuans purgatifs, les al- térans; on purge les enfans des humeurs vicieufes , par les purgatits doux & proportionnés à la caue , à. l’âge , & au tempérament. | On oindra plufieurs fois par jour la partie affeétce avec un liniment fait de creme de lait, de cerufe, avec l'huile d'œuf combiné avec les cerats ordinai- res. Les onguens répercufifs & ceux qui font trop actifs, font nuifibles : ainfi on ne doit employer que des topiques doux. Au cas que l’on eüt employé ces remedes mal-à-propos, & que les enfans en fuflent incommodés, où menacés de quelque dépôt fur les vifceres, 1l faudroit réitérer les purgatifs, & em- ployer les fudorifiques coupés avec le lait, le gruau, l'orge , ou donnés feul. Le régime doit être proportionné à a maladie & à la cure ; il faut fur-tout infifter fur la propreté & empêcher les enfans de ramafler & de manier mille ordures comme ils font. | Ces croutes ou négligées ou repercutées font périr des enfans. James & Chambers. CROUTE , (Peinture. ) on appelle de ce nom cer- tainstableaux anciens prefque toüjours noirs & écail- lés, quelquefois eftimés des curieux, &c méprifés par les connoifleurs. Ce n’eft pas qu'il n’y ait des croures dont le fond ne foit véritablement eftimable. Il y en a des plus grands maîtres ; mais le tems ou les bro- canteurs les ont tellement altérés, qu'il n’y a qu’u- ne ridicule prévention qui puife les faire acheter. CROUTE , (Tannerie.) on appelle cuirs en croutes , les cuirs de vache, de cheval, & de veau, qui ont été planés, coudrés, & tannés, & qu’on a fait fécher en fortant de la fofle au tan, Foyez TANNEUR. Parchemin en croute. Voyez COssE. * CROUTE DE GARENCE , (Commm.) fe dit de la fuperficie dure de cette matiere mife en pipes ou en facs , lorfqu’elle a été pulvérifée , & qu’elle a con- traëte un peu d'humidité. Ces croures ne font pas . ce.qu'il y a de meilleur. CROWLAND , ( Géog mod, ) petite ville d’An- gletérre dans la province de Lincoln. CROWN ,f. m. (Comm.) monnoie d’argent d’An- gleterre, qui eft au titre & de la valeur d’une cou- ronne, Voyez COURONNE. | :CROUY , (Géog. mod.) petite ville de France dans la Brie. | CROYANCE,, FOI, (Gramm. & Syn.) ces deux mots different en ce que le dernier fe prend quel- quefois folitairement , & défigne alors la perfuañon où lPon eft des myfteres de la religion. La croyance des vérités révélées conftitue la foi. Ils different auffi par les mots auxquels on les joint. Les chofes auxquelles le peuple ayoure foi , ne méritent pas toù- jours que le fage leur donne, fe croyance: (O0) | CROYANCE, f. f. (Théol.) ce terme dans fa f-. gnification naturelle , veut dire une per/tafion ou le confentement abfolu que l’efprit donne à une propofi- tion quelconque. | Ainf l’on dit, croyance fondée fur les {ens , fur l'évidence, fur l'autorité ; & quoique la foi ne s’in- troduife pas par la voie du raïlonnement , elle peut néanmoins être fondée fur tous les motifs dont nous venons de parler : caril n’eft pas néceflaire que tou- tes les vérités qui font l’objet de la foi, foient abfolu- ment & indifpenfablement quelque chofe d’obfcur. L’exiftence de Dieu comme créateur eft fondée {ur l'évidence , & elle eft cependant de foi, puifqu'elle eft auf fondée fur la révélation. On croit limmor- talité de l’ame, parce que cette vérité paroiït évi- dente ; mais la foi qu’on a de ce point de doëtrine n’en eft pas moins une foi proprement dite, quand. on eft dans la difpoñtion de Le croire fur l'autorité feule de Dieu, fuppofé même qu'on n’eût pas des raifons invincibles & péremptoires fur cette ma- tiere. 1 T2 | Croyance , dans le fens moral & chez les Théolo- siens, eft employé pour fignifier cette forte de con-, fentement qui eft fondé feulement fur l'autorité ow le témoignage de quelques perfonnes qui affûrent la vérité d’un fait, & c'eft ce qu’on appelle évidence de témoignage : en ce fens la foi n’eft pas fondée fur le même motif que la fcience on connoïffance qui a pour bafe l'évidence de l’objet ; c’eft-à-dire celle qui développe d’une maniere claire & diftinéte la con- venance ou la difconvenance qui fe trouve entre Le fujet & l’attribut d’une propoñtion. Par exemple celle-ci, deux fois deux font quatre, eft évidente d’u- ne évidence d’objet , parce qu'on voit clairement le rapport de proportion qu’il y a entre deux fois deux & quatre : au lieu que cette propofñtion, Jefus- Chrif? eft reffufcite , n’eit évidente que d’une éviden- ce de témoignage, parce qu’elle nous a été atteitée par les apôtres, témoins oculaires , véridiques , qui n’ont pù mi être trompés ; ni avoir intérêt de trom- per en publiant ce fait. L’adhéfion d’efprit que nous y donnons s’appelle proprement croyance. De même nous ne pouvons pas dire, zous croyons que la neige ef} blanche, où que le tout eff égal a fa pare rie , mais que nous voyons & que nous connoïfions que cela eft ainfi. Ces autres propoñtions , Zes trois angles d’un triangle font égaux à deux angles droits, tout corps fe meut narurellement en ligne droite, ne font pas des chofes de croyance, maïs de fcience ; c’eft-à-dire que nous les croyons d’après l'expérience , &t non d’après la foi. Voyez ÉVIDENCE, FOI, SCIENCE, Grec. | Lors donc qu’une propoñition ne tombe pas fous rios fens ni fous notre entendement livré à fes feules fumieres , qu’elle n’eft point évidente d’une évidence d'objet , ni liée clairement & néceflairement avec fa caufe, enfin qu’elle ne tire fa fource d'aucun argu- ment réel, m d'aucune vérité clairement manifeftée ; que néanmoins elle paroït vraie, non par évidence, mais par une atteftation de fait, non par elle-même, mais par le témoignage qu’on en a porté : alors cette propofition eft cenfée de foi, & le confentement qu”- on y donne eft une adhéfion de confiance ou de foi. L’évêque Pearfon & la plüpart des théologiens penfent que la croyance contenue dans le fymbole, £ff de cette derniere efpece. Le do&teur Barrow au contraire foûtient qu’elle eft de la premiere efpece, & que nous en croyons les articles d’après la perfua- fion intime que nous avons de la vérité de chaque propofition prife en elle-même, & non d’après les motifs d'autorité, ajoïtant que nous fommes feule- ment fondés fur des raifons propres à perfuader les différens points que nous fuivons ; c’eft, dit-il, en ce fens que Le mot misère, credere, eft employé dans PEcriture, & qu'il eft dit que S. Thomas a cru parce ul a vû : donc, conclut-il, dans cette occafon la Fe étoit fondée fur Les fens. Ajoûtez que Jefus-Chrift lui-même ne demandoit point aux Juifs ni à fes dif- ciples de s’en fier uniquement à fon propre témoi- gnage pour le connoître, mais de fe fervir de leurs lumieres pour juger de fes œuvres, afin d'appuyer leut croyance fur leur raïfon. Ainfi S. Jacques dit, que les démons croyent qu'il y a un Dieu ; mais comment Le croyent-ls ? Ils le connoïffent par lex- périence &, fi l’on veut, par la fagacité de leur gé- nie, &c non par révélation ou par témoignage. D’ail- .Aeurs la croyance de l’exiftence d’un Dieu ne peut être fondée feulement fur l’autorité ; car l'autorité humaï- ne feule ne peut en donner des preuves , & c’eftlau- torité divine qui eft la principale bafe de cette croyaz- ce. Enfin on ne peut pas dire que la foi des premiers Chrétiens ait été fondée purement fur l’autorité, car elle l’étoit en partie fur les principes de la raifon , & en partie fur le témoignage des fens. Telle étoit la connoiffance qu'ils avoient de la fincérité & de la pureté des mœurs du Sauveur, dont ils étoient con- vaincus par fa converfation, par la fagefle & la ma- jefté de fes difcours. Telle étoit l'opinion qu’ils en pouvoient avoir, en confidérant la-fainteté de fa doëtrine , la grandeur de fon pouvoir, éclat & la force de fes miracles : toutes ces confidérations avoient leur poids aufli bien que fon propre témoi- gnage ; 1l femble même que Jefus-Chrift ait infinué, vù leurs difpoñtions à l’incrédulité , que fon propre témoignage étoit infufifant , & pouvoit être révo- qué en doute. Les apôtres eux-mêmes employent ce motif pour fonder la certitude du témoignage qu'ils vont rendre de J. C. Quod audivimus , quod vidimus oculis noftris , quod perfpeximus, & manus noflræ con- treclaverunrt de verbo vitæ.. . Quod vidimus & vidimus, annuntiamus vobis, Joan. epift, I. c. j. v.1.@& 3. Ainf c'étoit en formant ce raifonnement que les premiers Chrétiens croyoient à Jefus-Chrift : celui dont les paroles, les aétions, le caraétere, en un mot toute la vie, font fi admirables , fi conformes à ce qu’en ont prédit les prophetes ; celui-là , difoient-ils, ne peut être accufé de faux, & nous pouvons nous fier à fes paroles : or, continuoient-is , nous favons par expérience que Jefus eft puiflant en œuvres & en paroles, qu'il a fait un grand nombre de miracles éclatans, Éc. donc nous pouvons croire toutes les vérités qu'il nous annonce. Tel ef le fyftème du do- £teur Barrow. | Mais en conclure que notre foi doit avoir le mê- me fondement, c’eft une conféquence vifiblement dangerenfe ; car par rapport à nous la chofe eft fort différente, La mineure de cet argument qui étoit CRU $17 évidente pour les premiers Chrétiens , d’une éviden- ce de fait, n’eft évidente parmi nous que d’une évi- dence de témoignage & d'autorité, c’eft-à-direque nous nous y confions par les hifoires qui font paf- fées jufqu’à nous, qui font confirmées par une tra- dition fi conftante &c appuyées de circonftances fi miraculeufes , que l’on n’en voit aucunes fi fortes dans aucune matiere de fait. Or, cela eft fufifant pour fondef une certitude quitende notre croyarce raifonnable, Lés objets de la foi enjeux-mêmes,, {es myfteres qui font l’objet de. notre croyance, ne font pas évidens ; mais les motifs de crédibilité le font. I y a une très-grande différence entre cette propofi- tion, ce que l’on doi croire eff évident , & celle-cr , 14 ef évident qu’on doit croire telle chofe : la premiere fup- pofe effentiellement une évidence d’objes ; & la {econ- de ne fuppofe néceffairement qu’une évidence. de ré- moignape , {oitque.ce témoignage établifieunelchofe. claire en elle-même, foit qu’il dépofe en faveur d’u- ne chofe incompréhenfible. Pour avoir une croyance parfaite , al eft néceflairé d’avoir une pleine.éviden- ce de la certitude du témoignage des hommes, ou de Pinfaillhibilité du témoignage de Dieu & du fait de la! révélation. Or nous avons fur la premiere, c’eft-à- dire fur le témoignage des apôtres, une certitude au-deflus de toute certitude miftorique ; & fur la {e- conde, nous avons toutes les preuves deraifon & d'autorité qu’on peut defirer : ce n’eft pas à dire pour cela que notre croyance foit fondée fur la raïfon , cel- le-ci y prépare les voies; mais en dernier reflort, elle eft appuyée fur l’autorité humaine & fur la vé- racité de Dieu. Voyez VÉRACITÉ. De-là il s'enfuit qu’en matiere de croyance, ce n’eft point la raïfon feule qu’on doit écouter , mais aufli qu’on n’en doit point exclure l’ufage dans la difcuffion des points de croyance ; ilne s’agit que de la regler & de la foùmet- tre à l'autorité, fur-tout quant aux objets qui furpaf- fent fa portée, tels que font lesmyiteres. Pour la difi cuffion des faits, Pufage de la raifon efl très-permiss car tien n'empêche qu’on ne foit perfuadé d’un fair par fon évidence, & qu'on ne le croye en même tems par le motif de lautorité. (G) CROZET , (Géog. mod.) petite ville de France: dans Le Forès, fur les frontieres du Bourbonnois. CRU CRU ,£. m. (Gramm.) c’eft le produit d’un fonds de terre qui nous appartient. C’eft en ce fens que l’on dit, ce vin ef? de mon cru. | Cru eft auf fynonyme à accroiffement ; & l’on dit en ce fens , voila Le cru de l'année. Cru À cru, Manége.) Monter a cru, voyez Mox-. TER. Un homme armé 4 cru. Botté 4 cru, c’eft-à-dire fans bas fur la peau. (7°) Cru, CRUDITÉ, fe dit e2 Peinture, de la lumiere &c dés couleurs d’un tableau: de la lumiere, c’eff lorf- que les grands clairs font trop près des grands bruns; des couleurs, c’eft lorfqu’elles font trop entieres &z trop fortes. On dit, i/ faur diminuer ces lumieres , ces ombres font crop crues , font des crudités : il faut rom= pre les couleurs de ces draperies , de ce ciel, qui Jon trop crues , qui font des crudités. De Piles. (R) Cru, (Chafle.) c’eft le milieu du buiffon où la per- drix fe retire quelquefois pour éviter la pourfuite des chiens. On l'appelle aufli ,creux du buiffon. CRUAUTÉ, f. f. (Morale.) \pafñion féroce qui renferme en elle la rigueur, la dureté pour les au- tres , l’ivcommifération , la vengeance , le plaïfir de faire du mal par infenfbilité de cœur, Ou par Le plaï- fir de voir foufirir. Ce vice déreftable provient de la lâcheté, de la tyrannie, de Ja férocité du naturel, de la vie des horreurs des combats & des guerres civiles , de celle. 518 CRU des autres fpeétacles cruels, de l'habitude à verfer le fang des bêtes, de l'exemple, enfin d’un zele def truéteur & fuperftitieux. Je dis que la crvauté émane de la lâcheté : lempe- reur Mäufice ayant fongé qu’un foldat nommé P4o- cas devoit le tuer, s’informa du caraétere de cet hom- me ; & comme on lui rapporta que c'étoit un lâche, il conclut qu’il étoit capable de cette aétion meur- triere. Augufte prouva que la lâcheté & la cruauté font fœurs, par les barbaries qu'il exerça envers les prifonniers qui furent faits à la bataille de Philippes, où il paya fi peu de fa perfonne , que la veille même dé cette bataille il abandonna l’armée & s’alla ca- cher dans le bagage. La vaillance eft fatisfaite de voir l’ennemi à fa merci, elle n’exige rien de plus; Ja poltronnerie répand le fang. Les meurtres des vi- étoires ne fe commettent que par la canaille ; ’hom- me d'honneur les défend, les empêche, & les ar- rête. | Les tyrans font cruels & fanguinaires ; violateurs des droits les plus faints de la focièté , ils pratiquent là cruauté pour pourvoir à leur confervation. Phi- lippe roi de Macédoine agité de plufieurs meurtres commis par fes ordres, & ne pouvantfe confier aux familles qu’il avoit ofenfées , prit Le parti, pour af- fûrer fon repos , de fe faifir de leurs enfans. Le regne de Tibere, ce tyran fourbe & diffimulé qui s’éleva à l’empire par artifice, ne fut qu'un enchainement d’aétions barbares : enfin dégoûté lui-même de fa vie, commesil eût eu déflein de faire oublier le fouve- nir de fes cruautés par celles d’un fuccefleur encore plus lâche 8 plus méchant que lui, il choïfit Caligu- da. Ceux qui prétendent que la nature a voulu mon- trer par ce monftre le plus haut point où elle peut étendre fes forces du côté du mal, paroïffent avoir rencontré jufte. Il alla dans fa férocité jutqu’à fe plai- re aux gémiflemens de gens dont il avoit ordonné la mort ; dernier période de la cruauté ! T4 homo ho- mine non timens, tantuim fpettaturus , occidat. So- phifte dans fa barbarie, il obligea le jeune Tibere, qu'il avoit adopté à l’empire , à fe tuer lui-même, parce que, difoit-il , il n’étoit permis à perfonne de mettre la main fur le petit-fils d’un empereur. Lorf- que Suétone écrit qu'une des marques de clémence confifte à faire feulement mourir ceux dont on a été offenfé, 1l paroït bien qu'il eft frappé des horribles traits de cruauté d’un Augufte, d’un Tibere, d’un Ca- ligula, & des autres tyrans de Rome. ” La vûe continuelle des combats, d’abord d’ani- maux, enfuite de gladiateurs , au milieu des guer- res civiles & d’un gouvernement devenu tout-d’un- coup arbitraire, rendit les Romains féroces & cruels. On remarqua que Claude qui paroïfloit d’un naturel aflez doux, & qui fit cependant tant de cruaurés, de- vint plus porté à répandre le fang , à force de voir ces fortes de fpettaclies. Les Romains accoûtumés à {e jouer des hommes dans la perfonne de leurs efcla- ves, ne connurent guere la vertu que nous appel- lons Aumanité. La dureté qui regne dans les habitans des colonies de l'Amérique & des Indes occidenta- les, & qui eft inoûte parmi nous , prend fa fource dans l’ufage des châtimens fur cettemalheureufe par- tie du genre humain. Quand on eft cruel dans l’état civil, la douceur & la bonté naturel s’éclipfent bien promptement ; la rigueur de juftice, que des gens inflexibles nomment difcipline nécef[aire , peut étouf. fer tout fentiment de pitié. * Les naturels fanguinaires à l’égard des bêtes, ont un penchant vifble à la cruauté. C’eft pour cette raïfon qu'une nation voifine, refpetueufe à tous égards envers l'humanité, a exclu du beau privilé- ge de jurés, ces hommes feuls qui font autorifés par leur profeflion à répandre le fang des animaux : on æ conçu que des gens de cet ordre n'étoient pas faits pour prononcer fur la vie & fur la mort de leuts pas reils. C’eft du fang des bêtes que le premier glaive a été teint, dit Ovide. à Primoque à cede ferarum Incaluiffe puio maculatum fanguine fèrrum. Métam. lib. XV. fab. 1. La fureur de Charles IX. pour la chafle , & l’ha< bitude qu’il avoit contraétéede tremper fa main dans le fang des bêtes, le nourrirent de fentimens féro- ces, & le porterent infenfiblement à la cruauté, dans un fiecle où l’horreur des combats, des guerres ci= viles , & des brigandages , n’en offroit que trop d’e. xemples. Que ne peuvent pas l'exemple & le tems ! Dans une guerre civile des Romains, un foldat de Pom- pée ayant tué involontairement {on frere qui étoit dans le parti contraire, il fe tua {ur le champ lui- même de honte & de regret. Quelques années après, dans une autre guerre civile de ce même peuple, un foldat , pour avoir tué fon frere, demanda récom- penfe à fon capitaine. Tacite, Ziv. III. ch. ÿ. Une aétion qui fait d’abord frémir , devient par le tems une œuvre prétendue méritoire. Mais le zele deftructeur infpire fur-tout la cruau- té, & une cruauté d'autant plus affreufe , qu’on le- xerce tranquillement par de faux principes, qu’on fuppofe légitimes. Voilà quelle a été la fource des. barbaries incroyables commifes par les Efpagnols fur les Maures , les Américains, & les habitans des Pays- bas. On rapporte que le duc d’Albe fit pafler dix- huit mille perfonnes par les mains du bourreau pen- dant les fix années de fon gouvernement; & ce bar- bare eut une fin païfible, tandis qu’Henri IV. fut af- faffiné. | Lorfque la fuperftition, dit un des beaux efprits du fiecle , répandit en Europe cette maladie épidémique nommée croifade, c’eft-à-dire ces voyages d’outre- mer prêchés par les moines , encouragés par la po- litique de la cour de Rome, exécutés par les rois , les princes de l’Europe, & leurs vaflaux, on égorgea tout dans Jérufalem, fans diftinétion de fexe n1 d’à- ge; & quand les croifés arriverent au faint fépulcre, ornés de leurs croix encore toutes dégouttantes du fang des femmes qu'ils venoient de maflacrer après les avoir violées, ils baïiferent la terre & fondirent en larmes. Tant la nature humaine eft capable d’af- focier extrayagamment une religion douce & fainte avec le vice déteftable qui lui eft le plus oppofé! Voyez CROISADE. On a remarqué (confultez Pouvrage de l’efprir des lois), & la remarque eft jufte, que les hommes ex- trèmement heureux & extrèmement malheureux, font également portés à la cruauté ; témoins les con- quérans & les payfans de quelques états de l’Euro- pe- Il n’y a que la médiocrité & le mêlange de la bonne & de la mauvaife fortune, qui donnent de la douceur & de la pitié. Ce qu’on voit dans les hom- mes en particulier , fe trouve dans les diverfes nations. Chez les peuples fauvages qui menent une vie très-dure, & chez les peuples des gouverne- mens defpotiques , où il n’y a qu'un homme exorbi- tamment favorifé de la fortune, tandis que tout le refte en eft outragé, on eft également cruel. Il faut même avouer ingénuement ; que dans tous les pays l’humanité prife dans un fens étendu eftune qualité plus rare qu’on ne penfe. Quand on lit l’hi- foire des peuples les plus policés, on y voit tant d'exemples de barbarie, qu’on eft également afligé & confondu. Je fuis toùjours furpris d'entendre des perfonnes d’un certain ordre ; porter dans la conver- fation des jugemens contraires à cette humanité gé- nérale dont on devroit être pénétre. Il me femble , par exemple, que tout ce qui eft au-delà ‘de la mort en fait d'exécutions de juflice, tend à la cruauré, Qu’- on exerce la rigueur fur le corps des criminels après leur trépas , à la bonne-heure : mais ayant ce terme, je ferois avare de leurs fouffrances ; je refpete encore l’humanité dans les fcélérats qui l’ont violée; je la refpeéte envers les bêtes ; je n’en prends guere en vie à quije ne donne la liberté, comme faifoit Montagne; & je n’ai point oublié que Pythagore les achetoit des oïfeleurs dans cette intention. Mais la plüpart des hommes ont des idées fi différentes de cette vertu qu'on préfente ici, que je commence à craindre que la nature n’ait mis dans l’homme quelque pente à l'inhumanité, Le principe que ce prétendu roi de _ Punivers a établi, que tout eft fait pour lui, & l’abus de quelques pañlages de lEcriture, ne contribue- roient-ils point à fortifier fon penchant ? Cependant « la religion même nous ordonne de » Paffeétion pour les bêtes ; nous devons grace aux # créatures qui nous ont rendu fervice, où qui ne # nous caufent aucun dommage ; il y a quelque com- s merce entre elles & nous, & quelqu’obligation # mutuelle », J’aime à trouver dans Montagne ces fentimens & ces expreflions , que j’adopte égale- ment. Nous devons aux hommes la juftice &c la bon- té; nous devons aux malheurs de nos ennemis des marques de compañlion , quand ce ne feroit que par les fentimens de notre bonheur ; & de la viciffitude des chofes d’ici-bas. Cette compañfon eft une efpece de fouci tendre, une généreufe fympathie, qui unit tous les hommes enfemble & les confond dans le mê- me fort. Voyez COMPASSION. irons le rideau fur les monftres fanguinaires nés _ pourinfpirer de l’horreur, & jettons les yeux fur les êtres faits pour honorer la nature humaine & re- préfenter la divine. Quand après avoir lüù les traits de cruauté de Tibere & de Caligula , on tombe fur les marques de bonté de Trajan & de Marc-Aurele, On commence à avoir meilleure opinion de foi-mê- me, parce qu'on reprend une meilleure opinion des hommes : on adore un Périclès qui s’eftimoit heu- reux de n'avoir fait porter le deuil à aucun citoyen; ün Epaminondas, cette ame de fi riche complexion, f je puis parler ainfi, qui allioit à toutes fes vertus celle de lhumanité dans un degré éminent, & de humanité la plus délicate ; il la tenoit de naïfflance, fans apprentiflage, & l’avoit toüjours nourrie par l’exercice des préceptes de la Philofophie. Enfin on Tent le prix de la bonté, de la compañfon, on en eft rempli, quand on en a foi-même été digne : au con- traire on détefte la cruauté, & par bon naturel & par principes , non-feulement parce qu’elle ne s’aflocie avec aucune bonne qualité, mais parce qu’elle eft l’extrème de tous les vices ; je me flate que mes leéteurs-en font bien convaincus, #rr. de M, Le Chey. DE JAUCOURT. _ CRUCHE, L f. (Œcon. doMeft.) vaïfleau de terre ou de gtais large par le bas, & retréci par le haut, qui fert à puifér de l’eau ou d’autres liquides. Il a une anfe, Une pleine cruche s’appelle zne cruchée ; une petite crache, un crachon. _ CRUCIFIEMENT , fm. (Æif. anc, €& mod.) fup- plice en ufage chez les anciens pour faire mourir les criminels condamnés par la juftice à ce genre de mort , & qui eft encore ufité dans quelques contrées de PAñe, | Les anciens Latins nommoient {a croix gabalus; les Romains l'ont appellée paribulum , & les Grecs gaupoc. Elle n’a pas eu la même forme chez toutes les nations : d’abord ce n’étoit qu'un pal ou poteau de bois tout droit fur lequel on attachoit le criminel, ou avec des cordes par les bras & par les jambes, où avec des clous qu’on lui enfonçoit dans les mains &t dans les piés, & fouvent pour cette exécution on | “Le fervoit d’ün arbre, Maïs ordinairement les croix À | CRU s19 étoient compofées de deux pieces de boïs qu’on af- fembloit en trois différentes manieres : 1°, en les croïfant & formant la figure d’un X, ce que nous appellons encore aujoutd’hui croix de S, André: 2°, en plantant une de ces pieces de boïs droite , & met- tant l’autre en-travers au bout de celle-là, ce qui reflembloit à notre lettre T : 3°. en attachant la pie- ce qui étoit en-travers un peu au-deflous du bout de la piece droite, & c’eft de cette derniere figure qu’- étoit la croix où Jefus-Chrift fut attaché, comme on infere de Pinfcription que Pilate fit mettre au-deflus, & du concert de tous les Hiftoriens. On trouve, tant dans les livres faints que dans les auteurs profanes , une foule de paflages qui prou- vent que les Egyptiens, les Hébreux , les Perfes, les Grecs , Les Romains, ont puni les criminels par le fupplice de la croix ; ce qu’on ne peut pas enten- dre d’un gibet ou d’une potence où l’on les étran- olât, mais d’un genre de mort plus lent & plus cruel, puufqu'il eft dit , entre autres dans J ofephe, Aif£, iv. XIII, qu'Hircan ayant fait mettre en croix jufqu’à huit cents de fes fyets rébelles, fit égorger à leurs yeux leurs femmes & leurs enfans , pour augmenter leurs tourmens par ce fpe@acle tragique. Les Perfes y condamnoient les grands , les Carthaginois leurs propres généraux, les Romains ceux qui s’étoient révoltés, & quelquefois les femmes , mais commu- nément les efclaves ; les Juifs, ceux qu'ils resar- doïent comme d’infignes fcélérats. Les auteurs fe font contentés de nous tranfmettre les termes de crucifer, d’attacher, ou de fifpendre er croix, fans nous détailler les particuralités de ce fupplice. On conjetture , avec vraifflemblance, qu'à l'égard de ceux qu’on y attachoit avec des clous, on les couchoit fur la croix étendue par terre, & que les bourreaux les y cloïoiïent par les piés & par les mains ; enfuite de quoi l’on élevoit la croix avec des cordes & des leviers, 8 on la plantoit en en affer- miflant le pié avec des coins. A l'égard de ceux qu”- on y attachoit fimplement avec des cordes, on pou- voit au moyen de quelques échelles les garroter fur la croix déjà plantée. On eft plus inftruit fur les au- tres circonftances de ce fupplice , & fur fes différen- ces chez les Juifs & chez les autres nations. Les Grecs, par exemple, & les Romains y laifloient mou. . rit les condamnés, & n’en détachoient jamais les corps, qu'on laïfloit tomber de pourriture. Les Juifs au contraire avoient coûtume d’ôter les corps de la croix & de les enterrer, après avoir comme épuifé fur eux plufeurs rafinemens de cruauté, Ils les déta- choient à la vérité à la fin du jour , mais après leur avoir brifé les os des cuifles s'ils n’étoient pas en- . core morts; cé qui étoit un furcroit effroyable de douleur : & afin de ne la leur pas épargner, avant que de les mettre en croix ils leur faifoient boire du vin excellent mixtionné de drogues qui fortifioient & donnoïent de la vigueur , 8 qu'on appélloit virure myrrhatum, parce qu'on le préfentoit à ces malheu- reux dans des vafes de myrrhe. D'ailleurs ils avoient coûtume de leur appliquer de tems en tems pendant le fupplice du vinaigre où Pon avoit fait infufer de l’hyflope, & dont ils remplifloient une éponge: trois chofes propres à étancher Le fang,felon Pline & Diof- coride ; de forte qu’en arrêtant par-là le fans du pa- tient, ils lui prolongeoient s'ils pouvoïient la vie juf- qu’au foir , & ajoûtoient à cette continuité de tour- mens celui de lui rompre les os des cuiffes. L’épon- ge dont ils fe fervirent au crucifiement de N.S.1.C. &t qu'on conferve avec grande vénération dans l’é- glife de S. Jean de Latran à Rome, au rapport de Ceux qui l'ont vüe , paroît rougeâtre, comme ayant été imbibée de fang & enfuite preflée. Les Juifs & les Gentils regardoient auffi les plus hautes croix comme les plus infâmes, & ce fupplice comme le se CRU plus deshonorant, auquel on condamnoit les voleurs -de grand-chemin, les traîtres, & les efclaves, que les Romains regardoient à peine comme des hom- mes. Auf les lois romaines en exemptoient-elles nommément les citoyens ; & l’on.peut voir dans Ci- -céron quel crime il fait à Verrès d’avoir fait cruci- fier un citoyen., contre la difpofition des ces mêmes lois. Sous les empereurs payens ce genre de mort con- tinua d’être le fupplice des fcélérats : mais Pimpéra- trice Hélene mere du grand Conftantin ayant retrou- ‘vé la vraie croix de Jefus-Chrift à des indices confir- més par des miracles éclatans, cet empereur aboht entierement le fupplice de la croix , & défendit qu'à l’aveñir on y condamnât aucun criminel dans l’é- tendue de l’empire ; ce qui a été depuis obfervé dans tout le Chriftianifme. Ainfi ce qui avoit été lPinftru- ment d’un fupplice réputé infâme, eft devenu l’ob- jet de la vénération & du culte des Chrétiens ; fi lon en excepte les Calviniftes, qui à l'exemple de leur chef ont tâché de répandre des doutes affeétés, tant fur les clous avec lefquels Notre Seigneur fut attaché , que fur le bois de la vraie croix. Sans en- trer dans une difpute qui n’eft point du reflort de ce Diionnaire ,, il fuffit de dire que les Catholiques ont des preuves convaincantes de l’authenticité de ces pieules reliques, & que le culte qu'ils leur ren- dent pris dans le véritable efprit de l'Églife, n’eft rien moins qu’une idolatrie, comme le leur repro- chent les prétendus Réformés. CRUCIFIX,, f. m. (Théologie. croix fur laquelle Jefus-Chrift eft repréfenté attaché. Les catholiques romains honorent le crucifix en mémoire de la mort & pañlion de Notre Seigneur Jefus-Chrft. Les pro- teftans ont Ôté les crucifix des églifes, & ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que du tems de la réfor- mation en Angleterre, la reine Elifabeth put en con- ferver un dans fa chapelle. (G) CRUCIFORME, adj. (Géom.) hyperbole cruci- forme, eft une hyperbole du troifieme ordre, ainfi appellée par M. Newton, parce qu’elle eft formée de deux branches qui fe coupent en forme de croix. Voyez CoURBE. (0 ) | CRUDITÉ, f. f. (Medecine.) c’eft proprement la qualité des fruits & des viandes par rapport à leur deftination pout la nourriture de l’homme, qui n’ont pas été préparés à cet ufage par la coétion , c’eft-à- dire par l’a@ion du feu, de quelque maniere qu’elle {oit appliquée. Voyez ALIMENT, FRUIT, VIANDE, CocTION proprement dite, où CUISSON. Le terme de crudiré eft employé dans la théorie médicinale , d’après les anciens, par oppoñtion à ce- lui de coéfioz , dont ils fe fervoient pour fignifier 1°. l’altération qu'éprouvent dans le corps humain la fubftance des alimens & de leurs parties fécales ; celle des humeurs, qui en font formées ; des recré- mens & excrémens de toute efpece qu’elles fournif fent ; par laquelle ces fubftances reçoivent (chacu- ne différemment felon fa difpofition particuliere ), les qualités qui leur conviennent pour le bien de l’œ- conomie animale : 2°. le changement qui fe fait dans Les humeurs morbifiques, qui les difpole à être moins nuifibles, & à être évacuées des parties, dont elles troublent les fonétions : effets qu'ils croyoient être roduits par la chaleur naturelle, calidum innatum, e feul agent qu'ils fembloient reconnoître comme fufifant pour ces opérations. Poyez CHALEUR. C’eft conféquemment à cette idée qu'ils appelloïent par la raïfon du contraire crudiré en général, 1°. les mauvaifes qualités des alimens confidérés dans le corps humain , entant qu’ils ne font pas fuflifamment préparés par la digeftion, pour fournir un chyle de bonne nature & féparé convenablement de leuts par- ties groflieres, {oit parce qu’ils n’en font pas fufçep- CR Ü tibles par leur difpofition particuliere, foit parce que: la puiffance concoëtrice, c’eft-à-dire felon eux, la cha- leur naturelle, ne produit pas l'effet néceflaire pour cette élaboration : les vices du chyle mal formé , ceux du fang & des autres humeurs, que ce chyle vicié ne renouvelle qu'imparfaitement, & ceux de tous les excrémens qui en font féparés & en lefquels elles fe réfolvent, dont les parties n’ont pas été fuf- fifamment élaborées & font mal aflimilées. 2°, L’é- tat dans lequel les matieres morbifiques nuifent ac- tuellement à l’exercice des fonétions, en conftituant des caufes de maladies , & n’ont point encore été difpofées par la coétion à être portées hors du corps. Ainf la crudité prife dans ce fens , eft une qualité vicieufe dont peuvent être affectées les matieres con- tenues dans les premieres voies, c’eft-ä-dire celle de la digeftion des alimens , dans le fyftème des vai feaux fanguins, qui conftitue les fecondes voies, & dans celui des varfleaux féreux, Îymphatiques, nour- riciers, nerveux, fecrétoires & excrétoires, qui conf titue les troïfiemes voies ; par conféquent 1l peut être contenu des matieres crues dans toutes les parties du corps, puifqu'il peut y avoir partout des matières qu pechent par défaut de coftion; d’antant plus que celles qui ont contraété ce vice, par une fuite de la mauvaife digeftion des alimens, qui eft la premiére coétion, ne peuvent pas être corrigées par la fangui- fication, qui eit la feconde coétion , & les matieres qui pechent par le défaut de celle-ci ne peuvent pas le réparer par la troifieme coëtion, qui fe fait par l’é- laboration & la fecrétion des humeurs de différente efpece, dans tout le fyftème des vaifleaux , excepté les fanguins. Ainfi les vices des fluides, er général, proviennent le plus fouvent des crudités des premie- res voies. A ls Quelqu’étendue que foit la fignification du mot crudité, télle qu’elle vient d’être expofée, puifqu’elle conéerne toutes les matieres qui peuvent être con- tenues dans les parties folides du corps humain , Hip- pocrate & les anciens qui l’ont fuiviemployent quel- quefois ce terme dans un fens encore plus générique, qui comprend fans diftintion toutes les altérations nuifibles qui troublent l’ordre de Pœconomie anima- le ; ainfi ils appellent cr4, tout ce qui peut canfer ou augmenter une maladie ; & crudité de la maladie, l’état dans lequel fubfiftent les phénomenes qui dé- pendent de la caufe morbifique: par conféquent tout effet qui s’écarte des conditions requifes pour la con fervation ou pour le rétabliffement de la fanté, for- me un état de crudité dans les maladies , & la crudité eft d'autant plus contraire à l’oœconomie animale , que les qualités des maladies font plus différentes de celles de la fanté ; par où l’on doit diftinguer les ef- fets provenans de ce qui eft étranger au corps mala- de, &c qui en trouble les fonétions, de ceux qui font produits par l’aétion de la vie, qui tend à détruire la caufe morbifique : ceux-là font une fuite néceffaire de la crudité, ceux-ci une difpofition à la coton, un travail pour opérer ce changement falutaire. Tant que la crudiré fubfifte en fon entier, la mala- die eft dans toute fa force. C’eft fur-tout au come mencement des maladies que la crudité eft à fon plus haut degré , qui eft plus ou moins dangereux, felon la différente nature de la caufe morbifique , c’eft-à= dire felon qu’elle eft plus ou moins difpofée à la coc- tion, & que l’aétion de la vie eft plus ou moins pro- portionnée pour produire cette préparation à la cri- fe, La durée de la cradiré dépend de ce que la matie- re morbifique réffte aux effets de la puiffance cozco érice, ou de ce que cette puiffance ne peut être mife en ation, ou ne left qu'imparfaitement. Les effets qui tendent à procurer la coétion peuvent feuls pro- curer la guérifon : plus ils tardent à paroître, ou à produire des changémens falutaires en détruifant le UE el OR TS AT "érHAité a CRU. érudiré, pluslé fort des malades refte indécis, La ès dité diminue à mefure que lès maladies approchent de leur état, & elle cote à leur déclin, &c. Voyez l'article COCTION, pepfis, dans lequél il eft traité de bien dé chofes concernant là crudité, apep- Jia, telle qu’on la confidere en général dans la théorie médicinale,& di ne pourroient qu'être répetées 1c1. * L’ufage a reftraint, parmi les modernes, l’emploi qu'on fait du-mot crudiré, On s’en fert particuliere- ment pour figniñer les zzatieres c'ues, contenues dans les premieres voies, produites par les alimens mal digerés: on les appelle crudités fimplement, Jaburra ) On y trouve des cavités remplies de cry/faux ; d’autres fois on rencontre des:prifmes hexagones ; ou des pyra- mides détachées : mais il y a tout lieu de croire que c’eft par quelque accident qu’elles ont été féparées de ia matrice dans laquelleelles ont été formées. Il fe trouve de grandes mafñles de cry/fal de roche dans l'ile de Madagafcar: fi l’on en croit les relations de quelques voyageurs , on en a tiré des morceaux de fix piés delong,dequatre de large, fur autant d’épaif- feur. Voyez L’hifloire générale des voyages , rom. WIIL. pag. G20. Il y a lieu de penfer, fi. ce fait eft vrai, que ces mañles ne font autre chofe que du quartz tranfparent , dans lequel les colonnes de cry/flal fe font formées. On peut dire la même chofe du eryffal de roche, dans lequel quelqués auteurs difent qu’on rencontre une cavité hexagone , qui y a été faite par une colonne. de cry/fal hexagone,, qui en ayant été: arrachée par quelque accident, y a laiflé fon em- preinte, Le cryffal que Langins appelle cry/lallus ca- riofa , & qui eit rempli de trous, n’eft probablement que du quartz qui a fervi de bafe à des cryflaux. Pour quele cry/fal de roche foït parfait , on exige qu'il foit clair & tranfparent comme de l’eau, & qu'il n'ait ni couleur, ni tache, ni crevañle : celui qui a toutes ces qualités étoit très-eftrme des anciens , qui en faifoient différens vafes dont le prix étoit très= confidérable. Aujourd'hui Pufage:en eft moins com- mun parmi nous ; cependant on admire ‘encore les beaux Iuftres de cryffal de roche: mais ceux que l’on fait à préfent font ordinairement dé verre de Bohé- me. On leur donne la préférence, à caufe que le prix en eff moins haut. : MEN : nd nie + Les curieux en hritoire naturelle recherchent par préférence , pourorner leurs cabinets, des morceaux de cryffal de roche, accompagnés-d’accidens , c'eft-à: dire qui renferment des cotps étrangers, tels que du bois , des plantes , des gouttes d’eau, é*c. # 7°] Un grand nombre de Naturaliftes ont cru'quele cryffal de roche étoit la bafe des pierresprécienfes ; & ce fentimentn’arien que de très-probable, puique réellementil n’endiffere que par laduretés d'ailleurs ileft fufceptible de recevoir comme elles différentes couleursdanslefeinde la terre. Quandile ery/lalde rez che eftcoloré, :on'lui donne fouvent:le-nom de fiujfè pierre précienfe (pfeudo-gemma).) où bienon l'appelle du nom: de la pierre précieufeà laquelle it reflemble parla couleur:;emyajoûtant lépitliete de fezr ; c'eft ainfi qu'on nomme faux rubis le eryflal de rocherous ge ; faux faphir, celui quieft bleu;faufle éneraude celui qui eft verd,;&c. il ya aufh duiery/falibrux &z noir ; ce dermeræftailez rare :mais tous cescry/aux 526 CRY ne different du-cry/fal de roche ordinaire que pat la couleur qui leur eft purement accidentelle. On peut aufli colorer le cry/fal de roche par at : en voicile procédé, fuivant Néri. On prend d’orpi- ment & d’atfenic blanc de chacun deux onces , d’an- timoine crud & de fel ammoniac de chacun une on- ce; on pulvérife ces matières, on les mêle bien exac- tement, & on les met dans un creufet aflez grand ; on place par-deflus ce mélange des morceaux de cry- ffal'de roche ; on couvre le creufét d’un autre creufet renverfé, au fond duquel eft une petite ouverture pour laifler paflage à la fumée qui eft dangereufe ; on les lutte avèc foin ; enfuite on place le creufet qui contient les matieres dans un fourneau au milieu des charbons ; on laifle le feu s’allumer peu-à-peu ; &c quand il fera une fois allumé , on le laiffera continuer jufqu'à ce qu'il s'éteigne de lui - même : on laïffera refroidir le tout ; pour lors on retirera du creufet les morceaux de cry/fal qui feront de différentes cou- leurs , de topafe, de rubis, de chryfolite, 6c. mais Kunckél prétend ‘avec raifon que cette couleur ne pénètre point Le cryffal, & ne s’y attache que fuper- ficiellement. Voyez l'art de la Verrerie dé Neri, page EX E ol is P | Les propriétés di cry//al de roche font les mêmes que celles de toutes!les pierres qu'on nomme virifia- bles, c’eft-à-dire de donner des étincelles lorfqu’onles frappe avec un briquet d’acier , & d’entrer en fufion lorfqu’on y mêle une ceftaine quantité d’alkali fixe: On $’en eft quelquefois fervi pour imiter les pierres précieufes ; pour lors 6n'ÿ joint déux ou trois parties de plomb pour en faciliter la fufion ; avec quelque fubftance métalliqueprôpre à donner au mélange la couleur qu'on demande. EEE, Beccher. prétend avoir connu un diflolvant, au moyen duquel 1l réduifoit le cry/la! en vine maffe ge- latineufe tranfparente, propre à recevoir toutes {or- tes de formes comme la cire. Voyez Becher1, Phyfica fubrerranea , pag. 63. Il y a encore des gens qui ont prétendu avoir le fecret de faire avec le cryffal une liqueur, dont une partie jointé avec deux parties d’eau commune , avoit la propriété de la changer au bout d’un certain tems en une véritable pierre. L’art de la Verrerie nous fournit les moyens d’imi- ter par art le cryffal de roche ; on pourra les voir dans l’article fuivant. Voyez CRYSTAL FACTICE. Il s’eft trouvé des medecins ou plütôt des charla- tans,, qui ont attribué des vertus merveilleufes au cryftal. de roche dans certaines maladies ; ils en re- commandoient l’ufage interne, prétendant qu'il étoit propre à-guérir les .obftruétions, la pierre: &c. &e que réduit en poudre, il faifoit les mêmes fonétions qu’une terre abforbante. Cette prétention eft fi ab. furde’, que nous ne nous arrêterons point à la réfu- ter:-nous nous, contenterons de remarquer que: le cryftal de roche ne peut pas faire plus de bien en Me- decine, que des caillous.ou du verre pilés. Nous nous, difpenferons donc de parler. des préparations puériles du cxy/fal de roche, que l’on rencontre dans quelques auteurs; :: CRYSTAL FAGTICE ; ( Chimie. ) Pour faire un beau cryflal, qui n’eft proprement qu'un:beau verre blanc ; il eft important de commencer par bien pu- tifier la potafle qu'omveut y faire entrer; ce qui. fe fait en la diflolvant dans dé l’eau bien claire , en laiflant tomber! au-fond:du vafe;, où l’on fait diffou: dre cefel, toutes les filetésqui peuvénts’ytrouver:, on décanté enfuitel’eau:,-on la filtre, on la met en- fuite évaporer à ficcité, on cafe en morceaux le {el quirefte, & onle fait calciner doucement; on le diffout de nouveau dans de l’eaiss 8&c on:la filtre de nouveau ; plus on-réitere ices opérations , plus le cryflal qu'on veut faire {era blanc & clair : mais lorf CR Y qu'on veut donnerune couleur aucryflal , une fetdé purification fufira. LES sn TrtaR L'on prend enfuite des caïllous (les meilleurs font les pierres:à fufil noires) , on les fait rougir au fout- neau , & loriqu’elles font bien rouges on lés éteint dans l’eau froide : cette opération-les rend plus ten- dres & plus friables ; on la fait done à plufieurs re- prifes, après quoi on les réduit.en une: poudre im- palpable dans un mortier de marbre; car ceux qui {ont de métaux ne valent rien pour cet ufage , parce qu’il fe détache toijours quelques partieules métal- liques qui contribuent à ternir éclat & la blancheur du cryftal. Par la même raifon, le pilon doit être de bois. Lorfque les caillous calcinés' font réduits en une poudre bien fine, & nettoyés-de toute faleté par de fréquentes lotions, on met cette poudre fécher, en obfervant de la ranger à l’abfi de toute ordure. , Les chofes ainfi difpofées , on prend 60 livres de ces caillous en poudre , & 46 livres defel alkali fixe purifié comme il a été dit ci-deflus; on les mêle en- femble bien exaétement fur une-table de marbré', & on les met:en fufion dans un creufet ou pot placé au fourneau de verrerie: plus le mêlange y refte, plus le cryflal devient beau ; cependant en général quatre jours fufifent, pourvû que le feu foitviolent; &aw bout de ce tems, le cryflal eften état d’être travaillé, Outre cette méthode qui.eft de Neri, dansfon'ers de La Verrerie, le célebre Kunckel.en donne quelques autres dans fon. commentaire fur le même ouvrage; on a cru les devoir joindre ici. Voici la premiere. ; Prenez du fable blanc très-fin.& bien purifié, ou, ce qui vaut encore mieux, de caillons préparés com- me on l’a dit ci-deflus , 150 livres; de potaffe bien purifiée ; 100 livres; de craie, 20 livres; de bonne maganefe, ÿ onces:.on mêle exaétement ces mätiez res, on les laiffe long -tems en fufon ; on aura.par ce moyenaun cryffal très-beau. Siles matieres dont on s’elt fervi ont été bien purifiées, le cry/fal feræ toûjours fort blanc & tranfparent. On pent.s’en fer- vir pour contrefaire toutes fortes de pierres précieus fes tranfparentes., en y portant les matieres coloran- tes propres à chaque pierre précieufe qu'on veut imiter. | 1 L LÉ Si on veut préparer un cry/fal propte à contrefaire les pierres précieufes non tranfparentes, telles.que les turquoiïfes , les agates , les jafpes, 6. voici la méthode que Kunckel:indique. FRPT, - - On prendra Go livres de fable ou de caillous blancs pulvérilés & préparés comme nous avonsdit , 40 hi: vres de potafñle, 10 livres d'os où de corne de cerf calcinée ; on aura foin de bien mêlerices différentes matieres, qu'on mettra en-fufon:. ce cryflal au {or- tir du fourneau eft clair & tranfparent ; mais lorf- qu’on l’a travaillé, f on le remet au feu, 1l devient opale ou d’un blanc de lait, à proportion.du plus ou du moins de corne de cerf ou d’os calcinés qu'on y aura fait entrer, & fuivant qu’on le remet au feu plus ou moinsfouvent. L ax let sal Voici une autre maniere qui eft plus couteufe mais qui fournit un cry/fal encore-plus: beau, :.cleft de prendre de.caillous blancs. ou-de-pierres, à.fufik calcinés & préparés ,.130 livres; de falpetre-purifié & pulvérifé, 70 hvres; de borax,12livres; tartre purifié , 12 livres; d’arfenic,.; livres; d’os-ou-de cos ne de cerf, 15 livres plus où moins à volontés c’eft- à-dire que fon ne veut qu’une couleur opale,x 2 {ufiront ; fon veut le ery/al d’un blanc d'ivoire où de lait, on peut y en faire entrer davantage;-c'eft.à chacun à en faire l'épreuve en-petit, Cette derniere maniere eft la meilleure pour contrefaire toutes for; tes de pierres précieufes nontranfparentes : ces dif= férentes recettes font tirées.de,lers, de Werrerte. de Neri, Merret, & Kunckel, pag. 100. ë Juiv..é pag: 149, de latraduétion françoife, Foyex , a L'article VER: RERIE , le travail plus détaillé du cryffal artificrel & dés fourneaux de cette branche curieufe de la Ver- rerie, (—) | CRYSTATL MINÉRAL , ( Pharmacie.) Le cryffal minéral , ou le fel de prunelle , eft le produit d’une opération chimique, qui confifte à jetter fur une livre de nitre en fonte & commençant à rougir, en- viron un gros de fleur de foufre, qui détonne avec une petite portion de ce fel, & qui la convertit en tartre vitriolé. Le foufre détonné avec du nitre, n’étant capable d'en convertir en {el polychrefte ou tartre vitriolé ; re quantité à-peu-près égale à fon propre poids, il doit fe trouver dans la livre de cry/fal minéral dont nous venons de parler, environ ün gros de nitre (c’eft-à-dire la cent vingt-huitieme partie du tout), changé en tartre vitriolé ; tout le réfte de la mafle doit être du nitre parfait. L’ufage medicinal de cette préparation doit donc être le même que celui du ni- tre. Voyez NITRE. (6) CRYSTAL, (cieux de) en Affronomie, étoient deux orbes que les anciens Aftronomes avoient imaginés entre lé premier mobile & le firmament, dans le fyftème de Ptolomée, où les cieux étoient fuppofés folides, & n'être fufceptibles que d’un mouvement fimple. Les Aftronomes anciens s’en fervoient pour expliquer différens mouvemens apparens de la fphe- re celefte, Voyez CIEL & CoPERNIC, Mais les modernes expliquent tous ces mouve- mens d’une maniere plus naturelle & plus aïfée. Il leur fuffit pour cela de fuppofer dans l’axe de la terre un petit mouvement ; & la plüpart des phénomenes céleftes, que les anciens n’expliquoïent qu’à force de-cieux de cryflal, s'expliquent aujourd’hui avec une facilité furprenante, dans l’hypothefe du mou- vement de la terre ; ce qui prouve que cette hypo- thefe eft bien plus fimple & plus contorme à la vraie Philofophie. L/embarras de tous ces cieux de cryflal étoit fi grand, pour les anciens même , que le roi Alphonfe qui étoit obligé d'en imaginer de nou- Veaux , parce qu'il ne connoiïfloit rien de meilleur, difoit que À Dieu l’eût appellé à fon confeil quand il fit le monde, il lui auroit donné de bons avis. Ce grand prince vouloit feulement dire par-là qu'il lui paroïfloit difficile que Dieu eût fait le monde ainfi. Voyez LIBRATION, NUTATION , 6c. (O) CRYSTAL, (Gravure fur cryflal), voyez l’article GRAVURE. CRYSTAL, ( Horlog.) fignifie auf #r petit verre circulaire € bombé qui s’ajufte dans la lunette d’une boîte de montre ou de pendule. I] doit être approchant d’égale épaifleur par-tout, afin qu'il n’y ait point de réfraétion. Avant qu'on eût penfé à en faire, les boites de montres avoient deux fonds, & l’on étoit obligé d'ouvrir la boîte pour voir l'heure. On a com- mencé à en faire vers la fin du fiecle pañlé : les meil- leurs viennent d’Angleterre : on prétend qu'ils fe percent fur le touret des Graveurs en pierres fines, Voyez; GRAVURE EN PIERRES FINES. (T) CRYSTALLIN , e7 Anatomie, eft une efpece de lentille folide, fphérique devant & derriere, com- pofée d’une infinité de fegmens fphériques, fibreux, étroitement unis, fort tranfparens ; il eft plus près de la cornée que la rétine , & il eft compofé d'une infinité de vaiffleaux , comme nous l’apprennent le deflechement , la diminution du poids, la contrac- tion de ce corps. Il eft deftiné à rompre les raiyons, de maniere qu'il les raflemble fur la rétine, & y forment l’image des objets qu'y doit produire la vi- fon. Voy. ŒiL , RÉFRACTION, VISION, RÉTINE, Éc. Le cryfallin eft placé à la partie antérieure de Thumeur vitrée, comme un diamant dans fon cha- ton, & il y eft retenu par une membrane qui l’en- CR YŸ 527 vironné, & qui pour cette raïfon eft appellée copie du cryftallin. Cette membrane eft auffi appellée quel- quefois cryffalloïde, & par d’autres arachnoïde, à caufe de fa finefle , qui la fait reffembler à une toile d’araignée. Voyez ARACHNOÏDE. On trouve antérieurement fous cette membrane une eau fixe , fort tranfparente; après cette eau , une fubftance molle qui entoure uñ noyau plus dur, plus compaëte dans les poiflons , où il eft prefque comme de la corne, & plus folide dans l’homme. C’eft de ce noÿyat que commence la cataraëte : après la mort il eft auffi le premier à s’obfcurcir : il eft d’une grande tranfparence dans le jeune âgé ; il commence peu- a-peu vers l’âge de trente ans à devenir jaune, & dans les vieillards il reflemble aux topaies pour la couleur : en même teims il s’endurcit, | Le diametre du eryffallin dans l'homme a pout l'ordinaire 4 lignes, 4 lignes ? ou , Son épaifleur 2 lignes , ou 2 lignes +; fa convexité antérieure eftuné portion de fphere dont le diametre eft de 6 lignes, 6 lignes ; ; la convexité poftérieure eft une portion de fphere dont le diametre eft de ÿ lignes ow $ le gnes à Voyez des mémoires de l’académ. année 1 730» nm, page S. | C’eft la configutation particulieré du cry/fallin qui fait qu’une perlonne eft myope ou presbyte , c’eft: a- dire qu'elle a la vüe courte ou longue. Voyeg MYOPE G PRESBYTE. Plufeurs auteurs perfent que fa figure peut chan- ger, & ils fuppofent que ce changement eft l'effet du ligament ciliaire ; ainfi le doéteut Grew & quelques autres, donnent à ce ligament la faculté de rendre le cryftatlin plus convexe » auffi-bien que ded’appro- cher ou léloigner de la rétine, felon qu'il eft né= ceffaire par les lois de l’Optique, pour que la vifion {oit diftinéte. En effet, comme les rayons des objets éloignés font moins divergens que ceux des objets proches, il eft néceffaire , pour que ces rayons fe réuniflent tous fur la retine , ou que le cryftallire change de figure, ou que le globe de l'œil en change, & puiffe s’allonger ou s’applatir au befoin ; ou au moins que le cryflallin puifle changer de place par rapport à la rétine, Voyez LIGAMENT CILIAIRE & VÜE. Quand le cryflallin eft defféché , il paroït compo: fé , comme nous lavons dit, d’un grand nombre de lames fphériqués très-minces , appliquées les unes fur les autres ; Lewenhoeck en compte 2000. Selon cet auteur, chacune de ces lames confifte en une fimple fibre, ou en un filtrès-fn, dont les parties ont différentes direétions & fe rencontrent en difié- rens centres , fans néanmoins fe croifer les unes fur les autres. Tranf. philof. n. 165 & 293. Les anciens croyoient que c’étoit le cryffallin même, opaque, qui formoit les glaucomes ; ils attri- buoient les cataraétes à une perite pellicule nageant dans l’humeur aqueufe. Le cryffallin étoit unique- ment regardé comme l'organe de la vifion juiqu’à Kepler & Scheiner, qui corrigerent cette grofiere erreur : mais les Medecins & les Philofophes du fie- cle pañlé, tels que Carré, Rolfinck, dif. anar. L €, xt. paget 79. les Chirurgiens, principalement Laf- mer, dont Gaflendi fait mention; Palfyn, Anar. chir. p. 68. 8 des auteurs célebres tels que Rohauit, Phyf. I. c, xxxvy. & Mariotte dans {es nouvelles d?. couvertes fur la vifon; les obfervateurs enfin trouve- rent que le cry/fallin feul étoit affe@té dans les cata- raétes , fans qu'elles fuffent produites par qnelque pellicule. Sténon trouva le cryffallin endurci dans deux aveugles, 2. c. pag. 104. & Borelli adopta la même opinion, cer. obf. III, p.279. € ait. Han. vol. P, oëfervat, VI, D'autres d'fent qu'après avoir abattu la çataraëte, On ne trouva plus de cryfhaliir, 525 CR Y Zod. Gall, ann. 41 p. 160. Plempius avoit déjà ob- fervé que la vifion pouvoit toïjours fe faire, le eryf° tallin abattu, au moyen de l'humeur vitrées Pi 109: la plüpart des modernes l’ont remarqué. M. Mery eft le premier de MM. de l'académie des Sciences qui changeant ingénuement d'avis, a trouvé le cryf sallin opaque dans deux cataraëtes , mém. de l’acad. 1708. pag. 313. 8 hift. de l’acad. 1709. obf. IT, M. Pétit le medecin l’a auffi trouvé tel deux fois ; F. Briffeau, p. 164. M, Maréchal trois fois, pag. 153. La célébre obfervation faite fut les yeux de Bourdelot, le.confrme auffi, p. 164. Et enfin le jeune la Hire chantant la palinodie, a avoué, pag. 258. du même livre, qu'on pouvoit abattre le cryffallin fans dan- ger' La vérité s’eft encore mieux montrée de nos jouts. Le célebré Briffeau , 6 Ayrili705, trouva le cryftallin obfcurci dans un œil qui avoit la cata- fa@e, 1e. p. 3. Maître-Jean , dans fon livte für les . maladies des yeux, tapporte qu'il fit en 1682 &t 1685 des expériences qui le conduifirent à la même véri- té, & qu'il publia en 1707. Boerhaave fut des pre- niers à fuivre Maître-Jean , dans la premiere édition de fes Jnfliturs, 1707. n°. Go7. Heïfter trouva la mêmeidée vérifiée dans la diffeétion d’un cadavre, qu'il fit en 1707, & la foûtint dans plufieurs écrits. Le éélebre Petit a rendu cette opimon prefqu'auff certainé qu'une propoñtion de Mathématique , fl bien qu'il ne fe trouve prefque perfonne qui penfe autrement , fur-tout préfentement qu'il eft démontré que/lachambre poftérieure de l’œil eft très - petite, & n’a pas aflez d’efpace pour une membrane libre & flotante. Duverney, Littre & la Hire, dans l’aca- démie, & parmi les medecins oculiftes, Woolhoufe ; ontenvain voulu ruiner cette opinion. On fait aflez par expérience que les catarates membraneufes font très-rares ; telles font celles de Geïfler!, p. 380, êe ai, Breflav. 1718, menfe Mart. de Woolhoule , pag. 23.237.245. de Walther, sranfaë&, philof. 2. 399. de Hovius, p. 86, de Galtald, a, Breflav. 1718. p. 20.32, & d’autres dont Palfyn fait mention, Azaë. chirurg. p. 69. S. Yves dit que c’eft le pus qui les forme, d’au- tres veulent que ce foitl’opacité de la capfule ; mais il y a une infinité de cas où le cryffallin , même obicurci , eft la caufe & le fiége de la maladie. Hal- ler, comment. Boerhaav. Voyez CATARACTE. (L) CRYSTALLIN , (extraëlion du) opération de Chirur- gie, par laquelle on rend la vûe à ceux qui lont perdue par la formation de la cataracte; &c que M. Daviel, qui a toüjours fait fa principale occupation des maladies des yeux a pratiqué avec fuccès, voyez CATARACTE. L'ancienne opération confifte à placer ouranger au fond de l’œille cry/fallin, devenu parf{on opacité un obftacle à la pénétration des rayons lu- mineux, Cette méthode a des inconyéniens ; la ca- taraûte peut remonter après l'opération la nueux faite, & répandre.encore fes voiles fur l’organe de la lumiere : cette opération n’eft pas praticable, lorfque la cataraëte n’a pas acquis aflez de folidité pour foûtenir l'effort de l’aiguille ; on déchire le corps vitré, & ilen réfulte quelquefois des inflam- mations intérieures qu'aucun fecours ne peut cal- mer. M. Mery célebre chirurgien de Paris, a connu ces inconvéniens , &c il a propoié l’extraétion du cryffallin , dès qu'on a été généralement convaincu que la cataraéte n’étoit point une pellicule formée dans l'humeur aqueufe de l’œil. Il étoit naturel qu’a- près qu'il a été démontré par l'opération même qui a pour but d’abaifler la cataraëte, quil eft poffible de voir fans cryffallin ; il étoit, dis-je, naturel qu'on fongeât non-feulement à déplacer ce corps quand 1l étoit devenu opaque, mais à l’extraire totalement, à délivrer l'œil d’une partie deformais inutile. C’eft ge que M. Mery avoit propoié de faire dès l’année CRY 1707, dans les mémoires de l'académie royale des Sciences. Nous nous contenterons de rapporter ici le réfultat des obfervations de cet habile chirurgien, d’après le fecrétaire de Pacadémie, Ai/£ p. 24. « Sur ce que la cornée ayant été coupée fe re< » prend aifément , & fur ce que la perte de humeur _» aqueufe fe répare avec la même facilité, M:Mery » croit qu'on pourroit tirer les cataraétes hors de » l'œil par une incifion faite à la cornée ; &cique » cette maniere, dont il ne paroït pas qu'il yait rien » à appréhender, préviendroit tous les périls &:les » inconvéniens-de l'opération ordinaire. Ileft bien » für que la cataraéte ne remonteroit point, &c ne » cauferoit point les inflammations qu'elle peut:cau- » fer lorfqu’on laloge par force dans le bas de Pœil», Malgré les avantages qu’on vient d’expofer, les chirurgiens qui faifoient l'opération de la cataraéte, la pratiquoient fuivant l’ancienne méthode, & M.. Daviel lui-même n’a pas opéré autrement jufque dans ces derniers tems. Ce n’eft pas qu’on objeétât rien au projet de M. Mery, il n’étoit peut-être entré dans la tête d’aucun praticien d'examiner fi cette opération pouvoit avoir des inconvéniens ; &t ce qu’on peut penfer de plus avantageux fur leur comp- te, pour les difculper d’un fervile attachement à la routine, c’eft qu'ils ne connoifloient pas l’expofé de. de M. Mery. Si M. Daviel étoit.dans ce cas, on ne peut lui refufer la gloire d’être l'inventeur de Fex= traétion du cryffallin ; & dans la fuppoñtion même où il auroit été guidé par les lumieres de M. Mery, il ne mériteroit pas un moindre éloge pour avoir pratiqué une méthode aufli utile à la perfetion de laquelle il auroit toûjours eflentiellement contri= bué par l'invention des divers inftrumens qui fervent à fon opération, Le malade mis dans la fituation convenable, comme nous l’avons dit au mot CATA: RACTE, M. Daviel incife la cornée tranfparente in- férieurement près de la conjonétive, avec une a guille pointue, tranchante & demi-courbée, ayant la forme d’une lancette ; une aiguille pareille, mais moufle , fert à aggrandir cette incifion. On acheve de couper demi-circulairement la cornée tranfpa- rente à droite & à gauche jufqu’au-deffous de la pru- nelle, avec de petits cifeaux courbes & convexes. Il faut avoir recours à ces inftrumens, parce que la cornée qui devient lâche par l’effufion de l'humeur aqueufe , ne pourroit être coupée avec un inftrument tranchant. M, Daviel décrit une autre petite ai- guille pointue & tranchante des deux côtés, pour ouvrir la membrane qui recouvre antérieurement le cryflallin ; & une petite curette d’or pour faciliter quelquefois l’iflue du cryffallin, outirer les fragmens de ce corps, s’il en reftoit dans le trou de la prunel- le : enfin une petite pincette pour emporter Les por« tions de membrane qui pourroient fe préfenter, Dans les différentes opérations que J'ai vù pras tiquer à M. Daviel, ces trois derniers inftrumens n’ont point fervi; car dès que la cornée étoit inci= fée, le cryflallin pañloit dans la chambre antérieure & tomboit fur la joue , même fans le fecours de la comprefion légere que M. Daviel recommande de faire fur le-globe de l’œil. Par cette opération, dont la cure n’a rien de particulier, la cataraéte ne peut remonter : l’on opere également dans le cas des cata- radtes molles ou folides ; iln’eft plus néceffaire d’ats tendre ce qu’on appelloit La maturité dé la cataraite. Ce font des avantages qui rendent la nouvelle mMéÉ- thode précienfe, &c il eft évident qu’on a beaucoup d'obligation au zele & auxtravaux de M. Daviel fur ce point de l’art. Son mémoire eftinféré dans le fe- cond volume de l'académie royale de Chirurgie, &g iln’yeft annoncé que comme l’extrait de ce que Pau- teur publiera fur cette matiere dans un traité complet des maladies des yeux, (F) CRYSTALLIN ; CRYSTALLIN , (Emaill.) c’eft une forte de verre fait avec de la foudre d’Alicant & du fablon vitrifiés enfemble ; les Orfevres & les Rocailleurs s’en fer- vent comme de corps & de matiere pour compofer les émaux clairs & les verres brillans qu'ils foufflent à la lampe , pour les mêler avec les émaux faits d’é- tain. Voyez ÉMAIL. CRYSTALLINE, capfule cryflalline , voyez CRYSs- TALLOIDE. (L) ° CRYSTALLISATION , ( Chi. & Hifi. nar.) On entend en général par ce mot , un phénomene phy- fique par lequel les parties folides & homogenes d’un corps quia été diflous & atténué dans un liquide, fe réuniflent enfemble , & forment une mañfle folide dont la figure eft conftante & déterminée, Cette dé- finition convient à toutes les fubftances falines & minérales qui préfentent ce phénomene. Les Chimiftes employent plus particulierement le mot de cryfullifation , pour exprimer une opération chimique par laquelle on difpofe les molécules d’un fel neutre diflous dans un menftrue convenable, à fe réunir enfemble en gardant entr’elles un or- dre fymmétrique , & à former des corps différem- ment figurés , fuivant la nature de chaque fel. Voyez SEL. Les Phyficiens font partagés fur les caufés de ce phénomene : les Cartéfiens expliquent par limpul- fion de la matiere fubtile : les Newtoniens ont re- cours aux lois de l’attraétion ; &c difent que la cryf° tallifation des fels fe fait parce que les molécules fa- lines s’attirent en raïon de leurs mafles. Becher & Stahl veulent que ces molécules s’attirent & s’unif- {ent en raïon de la nature de leurs faces. Sans nous arrêter à difcuter cette queftion, nous nous conten- “terons de décrire 1c1 les faits principaux qui accom- pagnent la cryffallifation. Îl n’entre point feulement des molécules falines dans la formation des cryftaux de fels , il y entre auff une portion d’eau qui ne leur eft point effen- tielle , attendu qu'elle peut leur être enlevée fans que les fels perdent aucune de leurs propriétés , fi- non la figure. C’eft cette eau que M. Roüelle appelle l'eau de la cryfallifation | pour la diftinguer de celle qui a fervi à mettre les {els en diffolution , qu'ilnom- me l’eau de la diffolution. Voyez dans les mémoires de l’académie royale dés Sciences, année 1744 , p. 353. & Juiv. le mémoire de M. Rouelle , dont cet ar- ticle eft entierement tiré. Voici en général les regles de la cryffallifation. I] faut que la fubftance qu’on veut faire cryftallifer , ait été mife en diflolution dans un diflolvant conve- nable ; fur quoi l’on obfervera que plus Les fels ont d’eau dans leur cryffallifation | moins il en faut pour les mettre en diflolution , 6 vice verf4. Quand on veut que la cryffallifation foit faite avec foin, on paf- fe la diflolution au-travers d’un filtre , afin de la dé- gager des parties étrangers qui pourroient y être mèêlées. Il faut enfuite , pour que la cryflallifation s’opere , qu'une partie de la liqueur qui tient les mo- lécules du corps diflous écartées les unes des autres, {oit chaflée (c’eft ce qu’on nomme l’évaporation), afin que ces molécules puiflent fe rapprocher. Ce rapprochement commence à fe faire à la furface dur liquide où les molécules fe rénniffent , & forment une toile ou pellicule faline qui n’eft qu’un amas de petits cryflaux, qui, après avoir acquis une pefan- teur fpécifique plus grande que celle du diflolvant, tombent au fond, & s’y cryftallifent fous des figures différentes dont on parlera en traitant de chaque fel, Voyez SEL. | * L'évaportion eft d’une grande conféquence dans la cryflailifation ; elle y produit des phénomenes très-différens, fuivant qu’elle a été plus ou moins ra- pide : quand elle la été trop, les cryftaux qu'elle C U B 529 fournit font confus , & il eft très-difficile d’éñ obfer- ver la figure ; au lieu que plus l’évaporation a été lente, & plus l’on a employé d’eau dans la diffolu- tion, plus les cryftaux qu’on obtient font gros, par- faits & réguliers. Le grand froid nuit auffi à la répu- larité de la cryffallifarion, 1l eft caufe que les cryftaux fe forment trop promptement & fans ordre. Voyez SEL G ÉVAPORATION. Toutce qui aëté dit dans cet article fur la cryffallifarions desfels , peut s’appliquer aux cryffallifation que la nature opere dans le regne minéral. Voyez CRYSTAL ou CRYSTAUX. (—) CRYSTALLOIÏDE, f. f. ( Anatomie.) membrane très-fine qui, felon quelques auteurs , renferme le cryftallin. Les Anatomiftes font divifés même fur l’e- xiftence de cettemembrane , qu’on appelle auffi em- brarie arachnoïde , à caufe de la finefle de fon tiflu. Voyez ARACHNOÏDE. (L CRYSTALLOMANCIE , f. £. (Divinarion.) eff ; felon quelques-uns , l'art de prédire ou de deviner les évenemens futurs pat le moyen d’une glace ou d’un miroir , dans lefquels on voit repréfentées les chofes qu’on demande. Cette cryffallomancie conçüe de la forte , eft peut-être la même que la catoptro- mancie ; ou du moins elle a beaucoup d’affinité avec elle. Vüyez CATOPTROMANCIE. Cependant Delrio les diftingue , & croit que la cryffallomancie proprement dite employoit pour inf- trumens , non un miroir, mais des morceaux de cryf- tal enchâffés dans un anneau, où même tout unis , ou façonnés en forme de cylindre , dans lefquels on feint que le démon réfidoit. Il cite à ce fujet di- verfes hiftoires qu’on peut voir dans fes Difquifi- Fi lag dau , Liv. IV, queft. ©. Jet. 4. page 545. ULIVe Ce mot cryffallomencie vient du Tec ApÜeTa AAC ÿ | glace, eau congelée , ou cryflal ; & de ayrelu , divina- tion, (G . CRYSTINE, f. f. (Comm.) monnoïe d’argent fa: briquée & de cours en Suede ; elle vaut r4 fols 1x den. de France : il y a des demi-cryffines, La cryfline & la caroline font les déux feuls monnoies que l’on fabrique en Suede. Foyez Le dit, du Comm. C U * CUBA , f. f. ( Mythol.) divinité des Romains ; ainfi appellée de cubo. On l’invoquoit pour faire dor- mir les enfans. Il eft difficile que ceux qui ont tant de dieux ayent beaucoup de religion ; ils ont fi fou- | ventraïfon de s’en plaindre. Un accès de colique qui faifoit crier un petit enfant toute une nuit, devoit | atracher à fa nourrice mille blafphèmes contre la déefle Cuba. CuBA, (Géog. mod.) grande île de l’Amérique | feptentrionale , à l’entrée du golfe du Mexique. La | Havane en ef la capitale, CUBAGUA ; (Géog, mod.) île de l'Amérique mé- ridionale, près la Terre-ferme , où il fe faifoit ci-de- vant une grande pêche des perles. CUBATURE 04 CUBATION D'UN SOLIDE ; (Géométrie. ) c’eft l'art ou lation de mefurer l’efpa- ce que comprend un folhide , comme un,cone ; un cy- linidre , une fphere, Voyez CONE ; PYRAMIDE , CY- LINDRE , &c. | La cubature confifte à mefuter la folidité du corps; comme la qguadrature confifté à en mefurer la furface. Quand on a déterminé cette folidité , on trouve en- fuité un cube qui foit égal au folide propeté, & c’eft là proprement la cubature. Cé fecond problème eft fouvent fort difficile ; même après que le premier eft réfolu. Ainfi fi l’on trouvoit un folide qui fût double d’un certain cube connu , par exemple ; d’um pié cu- bé , il feroit enfuite fort difficile d'affigner exactes 539 C UB ment un cube qui ft égal au folide trouvé, 8 par conféquent double du cube connu. Foyez DupLi- CATION DU CUBE. Ainf le problème de la cubarure de la fphere , outre la difficulté de la quadrature du cercle qu'il fuppofe , renferme encore celle de cuber le folide qu'on auroit trouvé égal en folidité à la fphere. (0) CUBE, fub. m. e7 terme de Géométrie, fignifie un corps folide régulier , compofé de fix faces quarrées & égales , & dont tous les angles font droits, &c par conféquent égaux. Poyex Corps & SOLIDE. Ce mot vient du grec #v6ve , teflera , dé. Le cube eft auffi appellé hexaedre, à caufe de fes fix faces. Voyez HEXAEDRE. On peut confidérer le che comme engendré par 1e mouvement d’une figure plane quarrée le long d’une ligne égale à un de fes côtés , à taquelle cette figure et toûours perpendiculaire dans fon mouve- ment. D'où il fuit que toutes les feétions du cube pa- ralleles à fa bafe , font égales en furface à cette bafe, 8 conféquemment font égales entr’elles. Pour conftruire le développement du cube , c’eft- à-dire une figure plane dont les parties étant pliées forment la furface d’un cube ; il faut d’abord tirer une ligne droite 4 B ( PL, géometr. fig. 49.) fur la- quelle on portera quatre fois Le côté du cube qu’on veut conftruire. Du point 4 on élevera une perpen- diculaire 4 C égale au côté du cube À TI, & on ache- vera le parallélogramme 4BC D : d’un intervalle égal au côte du cube, on déterminera dans la ligne C Dlespoints K, M&O ; enfin on tirera les lignes droites 1K,LM, NO,& BD ; on prolongera TK & L Mde E vers F & de G vers H, de maniere que El=I1K=KRF;&GH=LM=MA:en- fin on tirera £ G , FH. Voyez DÉVELOPPE- MENT. Pour déterminer la furface & la folidité d’un cube, on prendra d’abord le produit d’un des côtés du cube par lui-même, ce qui donnera Vair d’une de fes fa- ces quarrées ; & on multipliera cette aire par fix, pour avoir la furface entiere du cube ; enfuite on multipliera l'aire d’une dés faces par le côté pour avoir la folidité. Voyez SURFACE 6 SOLIDITÉ. Ainf , le côté d’un cube étant dix piés, fa furface fera fix cents piés quarrés , & fa folidité mille piés cubes ; fi le côté eft 12, la folidité fera 1728 : par exemple ; la toife étant de fix piés & le pié de 12 pouces , la toife cube fera de 216 piés cubes , & le pié cube de 1728 POUCES, Cuge fe dit auffi adjetivement. Un nombre cube ou cubique , en terme d’Arithmétique fignifie un zom- bre qui provient de la multiplication d’un nombre quarré par la racine, Voyez RACINE. Donc , puifque l'unité eft à la racine comme la racine eft au quarré, &c que l’unité eff à la racine comme le quarré eft au cube , ils’enfuit que la racine eft au quarré comme le quarré eft au cwbe , c’eft-à- dire que l'unité , la racine , le quarré & le cube, font en proportion continue, & que la racine du cubeeft la premiere des deux moyennes proportionnelles en- tre l'unité & le cube. Voyez PUISSANCE. Théorie de La compofition des nombres cubes. Tout nombte cube, dont la racine eftun binome , eft com- pofé du cube des deux parties de cette racine ; de trois fois le produit de la feconde partie par le quarré de la premiere , & de trois fois le produit de la pre- miere par le quarré de la feconde. Démonffration. Un nombre cube eft le produit d’un quarré par fa racine. Or le quatré d’une racine bi- nome contient le quarré de chacune des deux par- ties, & deux fois le produit de la premiere par la fe- conde. Joyez QUARRÉ. Par conféquent le nombre cube eft compofé du eube de la premiere partie, du cxbe de la feconde , du C U B triple produit de la premiere par le quarré de Îa {e- conde , && du triple produit de la feconde par le quar- ré de la premiere. Voyez RACINE. L'exemple fuivant donnera une démonftration à l'œil de cette regle. Suppofons que la racine foit 24 Où 20 + 4, on aura 24 = 20 +2X4X 2044 à. Le | 20 + 4 247 = 10° +2X4X20 +20 X4"_ + 4X204+2X20X4 +4 Pr ee LE a NE TAN 20 3XA4AX20 +3X20X4 +4" Or 20°= 8ooo 3X4X20 = 48 00 3X20X4 = 960 4 = 6 4 Donc 24 = 13 8 2 4 Comme la partie qui eft le plus à la droite défi: gne des unités, & que la partie qui fuit vers la gau- che défigne des dixaines , le cube de la partie qui eff à droite doit fe terminer au dernier chiffre vers la droite ; le produit de trois fois le quarré de la fe- conde partie par la premiere, doit fe terminer au fecond chiffre vers la droite ; Le produit de trois fois le quarré de la premiere par la feconde, au troifie- me chiffre vers la droite ; enfin le cwbe de la premiere partie, au quatrieme chiffre vers la droite. Si la tacine eft un multinome, en ce cas deux ou un plus grand nombre de caraéteres vers. la droite doivent être regardés comme n’en faifant qu’un feu, afin que cette racine puifle être confidérée comme un binome. il eft évident que le cube eft compofé en ce cas des cubes des deux parties de la raci- ne; du produit du triple quarré de la premiere par- tie du binome par la feconde, & du produit du tri- ple quarré de la feconde partie par la premiere. Sup- pofons, par exemple , que la racine foit 243, fon prend 240 pour une partie de la racine, 3 fera l’au- fre partie ; & l’on aura 1j043/—240-+3% 240 x343X 3" X 2404-3°« Or _240°= 1 3824000 3X 240 X3= 18400 3X3 x240— 6430 33 == 2 7 Dh 10 00 TS GP RE ER A Ainfi 243°= 1 4 3 4 8 9 O 7. Les places des différens produits fe déterminent par ce qui a été dit ci-deflus ; & on doit remarquer que fi ces produits font écrits feuls, il faudra laïfler la place du nombre de zéros convenable, qui doit {e trouver au bout de chaque produit. La compoftion des nombres cubiques étant une fois bien conçue, l'extraction de la racine cubique eft fort aifée. Voyez EXTRACTION. Racine cube ou racine cubique eft un nombre qui étant multiplié par lui-même, &e étant de nouveau multiplié par le produit , donne un nombre cube. F. CUBIQUE. Extraire la racine cubique, eftdonc la même chofe que de trouver un nombre comme 2, lequel étant multiplié deux fois de fuite par lui-même, donne le cube propofé, par exemple, 8. Voyez les articles EXTRACTION & RACINE. É CuBr-Du-CUBE, cubus-cubi, nom que les écri- vains Arabes, & ceux qui les ont fuivis, ont donné à la 9° puiffance d’un nombre, ou au produit d'un nombre multiplié neuf fois de fuite par lui-même. Diophante, & après lui Viette, Oughtred, 6, ap- péllent cette puiffance éxbo-cubo-cubus , cubo-cubo- cube. (O) * CUBEBE, (Æüff. nar, bor, exor. ) efpece de fruit Fc. vient de Java; il eft en grains femblables pour la forme & la groffeur au poivre long, & ra- maflés comme les baies de lierre. La plante qui lés porte n’eft pas encore bien connue; on dit que les indiens les font boiillir avant que de les vendre, afin qu’on ne puifle les femer. Voyez leur propriété dans l’article fuvant. Cuseges. ( Mat. medic.) Les cubebes contiennent une huile effentielle aromatique, fubtile, que l’on enetire en abondance par la diftillation ; c’eft pour- quoi elles ont beaucoup de vertu dans l’apoplexie, le vertige, la paralyfe, la puanteur de la bouche, le dégoût. Elles fortifient le ton de l’eftomac relä- ché, chaffentles vents, atténuent la pituite vifqueufe & tenace qui s’attache aux parois de l’eftomac &c des autres vifceres : elles font utiles dans les mala- dies froides du cerveau & de la matrice. On ies re- commande pour l’extinétion de la voix &c l’enroue- ment ; la dofe en fubftance eft depuis trois grains jufqu’à un fcrupule, & macérée dans du vin, ou au- tre liqueur convenable, depuis un gros jufqu’à deux ros. Les cubebes entrent dans l’eau antinéphrétique, dans l’eau générale , dans l’elixir de vitriol, dans Pelpritdelavandé compofé. L'huile effentielle qu’on en retire par la diftillation entre dans la thériaque célefte. Geoffroy, Mar. médic. (b) | - CUBER vw folide. Voyez CUBATURE & SOLIDE. CUBIQUE , adj. fe dit de tout ce qui a quelque rapport au cube. Une équation cubique eft une équa- tion où l’inconnue a trois dimenfions, comme x3= a$ , ou x? +px+g—o, Gc. Voyez ÉQUATION. _! Sur la conftruion des équations cubiques , voyez CôonsTRUCTION. Sur leur réfolution , voyez RÉsO- LUTION, ÉQUATION, & CAS IRRÉDUCTIBLE. Sur leuts racines, voyez RACINE 6 CUBE. Pié cubique ou pié cube. Voyez P1É 6& CUBE. * Premiere parabole cubique eft une des paraboles du fecond genre, dont l'équation eft a? x = y3. - Séconde parabole cubique eft celle dont l’équa- tion eft a x? = y3. PV, COURBE 6 PARABOLE. (0) * CUBISTIQUE , adj. f. pris fubft. un des trois genres dans lefquels la danfe ancienne étoit divifée. Les deux autres étoient la fphériftique & lPorchefti- que. La cubifhique étoit accompagnée de mouvemens violens & de contorfons. | CUBIT ox COUDÉE, (Comm.) c’eft une des mefures applicatives, dont on fe fert en Angleterre | pour mefurer les longueurs. * Au-deflous du cubir font le pié, la poignée, l’inch ou doigt , & le grain d'orge, qui ef la plus petite de toutes les mefures Angloifes. Au-deflus du cubir {ont l’yard, Paune, le pas, Îa brafle, la perche qu’on nomme aufli gaule & verge, & le furlong. Voyez tous ces mots fous leur titre. Di. - de Comm. & Chambers, (G) - CUBITAL., adj. ez Anatomie , fe dit de quelques parties relatives au cubitus. Poyez CUBITUS. * Le mufcle cubital externe ef fitué le long du cou- de extérieurement. Il vient du condyle externe de Phumerus ; & pañant fon tendon fous le ligament annullaire , 1l s’infere au quatrieme os du métacar- _pe, qui foûtient le petit doigt. Le cubital interne eft placé obliquement le long de l’avant-bras. Il vient du condyle interne de l’hu- mérus, & d’une partie de l’os du coude, fous lequel il fe porte , jufqu’à ce qu'il vienne pañler fous le li- gament annulaire, &c il s’infere par un tendon court & fort au quatrieme os du premier rang du carpe. L’artere cubitale s'enfonce dans le pli du bras, où elle touche à l’os du coude ; elle devient enfuite un Tome IF, TUE 5e peu plus fuperficielle; elle fe porte 1e Tong de la par- tie interne de cet os entre le mufcle fublime & le mufcle cubiral intèrne jufqu'au poignet ; elle gagne le dedans de la main, & s’anaftomofe avec la radiale en formant un arc, duquel il part differens rameaux qui fe diftribuent aux doigts. (L) CUBITUS, en Anatomie, eft un os du bras, qui eft long, dur, 8&c creux dans fon milieu. Le eubirus eftifitué à la partie interne de l’avant- bras, & s'étend dépuis le coude jufqu’au poignet ; il eft gros à fon extrémité fupérieure, & devient plus . Hince à fon extrémité inférieure. A fon extrémité fupérieure il a deux apophyfes, une antérieure nommée coronoïde, qui eft reçue dans la foffe antérieure; l’autre poftérieure appellée o/é- crane ; qui eft reçue dans la fofle poftérieure de l’ex- trémité de l’humerus. | L’apophyfe la plus antérieure eft petite & courtes la plus poftérieure, appellée o/écrane, eft plus groffe & plus longue. Elle arrête l’avant-bras lorfqu'il eft en droite ligne avec le bras. Voyez OLÉCRANE. Entre ces deux apophyfes eft un finus ou cavité demi-circulaire, qui reçoit l’éminence interne de l'extrémité inférieure de l’humerus, fur laquelle por- te l’avant-bras quand'on le plie ou qu’on l’étend; & le long du milieu de cette cavité eft un petit rebord, au moyen duquel cet os eft articulé avec l’hurmerus par ginglyme.' | Si cette articulation avoit été une fimple arthro- die, elle auroit été beaucoup plus foible , &c la main n’en auroit pas reçu plus de mouvement qu’elle en reçoit maintenant de l’épaule. , Le côté externe de l'extrémité fupérieure du cx- bitus, a une petite cavité qui recoit la tête du radius. L’extrémité inférieure, qui eft ronde & mince, eft reçue dans un finus qui fe trouve à l’extrémité infé- rieure du radius. Cette extrémité inférieure du cwbi- tus a une petite & courte apophyfe, de laquelle par- tent les Hosamens qui l’attachent aux os du carpe. Cette apophyfe, appellée f£yloide, fert à maintenir les os du carpe dans leur place. (L) CUBO-CUBE, f. m. cubo-cubus, (Geomet.) terme dont fe fervent Diophante , Viete, Gc. pour expri- mer la fixieme puiflance, que les Arabes appellent guadratum cubi, quarré du cube. Voyez PUISSANCE & Cusz. (0) CuBo-CUBO-CUBE. Voyez CUBE-DU-CUBE. CUBOIDE ox OS CUBOIDE, (Anarom.) ef le nom que les Anatomiftes ont donné à un os du tarfe, parce que cet os a fix faces. Voyez l’article PIE. Quelques auteurs l’appellent os mulriforme. I] eft fitué à la partie antérieure du ca/caneum , dans le même rang que les os cunéiformes. Des fix faces de cet os, troïs fervent à fon articu- lation avec les autres os, & font revêtues d’un car- tilage. De ces trois faces, l’une eft poftérieure &c articulée avec le calcaneum, l’autre antérieure & eft articulée avec le quatrieme & le cinquieme os du métatarfe, ce qui la diftingue de la poftérieure ; la troifieme latérale interne, & eft articulée avec le moyen cunéiforme. Des trois faces qui ne font pas articulaires, l’une eft latérale externe & la plus étroite ; l’autre fupé- rieure & aflez unie ; la troiñieme eft inférieure & divifée en deux par une tubérofité tranfverfale. On remarque à fa partie antérieure une gouttiere , par laquelle gliffe le tendon du péromier poftérieur. (Z) CUBO-SAMA , f. m. (Æift. mod. ) c’étoit autre- fois la premiere dignité de l'empire Japonois. Cxbo fignifie chef de milice, & fama, {eigneur. CUCI , f: m. (Bor. exor.) fruit des Indes orienta- les & occidentales ,. de l'Egypte, de la Nubie, de l'Ethyopie, rond & oblong, de la grofleur d’un œuf Xxxi 532 C UC. -d’oie, couvert tonrentier d’une peau de couleur jau- mâtre-femblable à celle du coing ; d’un goût doux & agréable, ayant un pédicule Pet en fix parties, trois grandes & trois petites, &c renfermantunnoyau gros comme une noix, de forme quadrangulaire , large deffous , un peu pointu au bout, d’un jaune de moifette, revêtu d’une coque très-dure, de couleur roule. | | Ce fruit croît à l’arbre nomimé ouciofera palme fa- ile; J.B. Palma cujus fruëlus cuci; ©. B. Cet arbre paroît être le même que le cuciophoron de Théophraf- te,qua été mis, ce me femble, mal-à-propos par prefque tous les Botaniftes dans la clafle des pal- miers , dont 1l paroît néanmoins fort différent ; car le palmier n’a qu’un feul tronc, au lieu que l'arbre qui porte le euci , s’eft à peine élevé de terre, qu'il fe partage en deux ou plufeurs corps, & chaque corps a plufieurs branchés ; de plus le fruit ezez n’eft point en grape. Il me femble auflique la r2ux 2ndica sninor de Cordus, doit être notre cuci, ou du moins : le coco. | : Quoi qu'il en foit, la tunique du bézoard de Po- met, qu'il foûtenoit être une des plus grandes curio- fités qi’on eût vù, cette enveloppe fi finguliere dont il prétendoit avoir fait la découverte, qu'il a décrite & repréfentée dans fon traité des drogues ( p. 10.), comme faifant une partie de l'animal d'Orient qui porte le bézoard, n’étoit autre chofe-que notre fruit exotique cuci , dans lequel ou Pomet lui-même, où quelqu’autre charlatan par qui il s’eft laiffé tromper, avoit enchâflé une pierre de bézoard fort adroite- ment. Cette fraude ourdie avant 1694, puifque l'ou- vrage de Pomet parut cette année, n'a été décou- verte-qu'en 1712. Un mémoire de M. Geoffroy le jeune fur Les bézoards, inféré dans le recueil de l’a- cadémie des Sciences, année 1712, en eft la preuve. Ecoutons cet académicien parler lui-même. « Comme j'étois, dit-1l, à examiner avec M. # Vaillant & M. de Juffieu démonftrateur des plan- # tes au jardin royal, cette piece finguliere du dro- » guier de feu M, Pomet, nous nous apperçumes » que cette prétendue enveloppe ne pouvoit point » être une partie d'aucun ammal, & qu'il falloit # que ce fût quelque fruit peu connu. C’eft ce qui # fut enfnite vérifié par M. Vaillant, qui fe trouva # avoir de ces fortes de fruits, & qui n'eut pas de + peine à en faire des bézoards avec leurs enve- # loppes , tout femblables au bézoard tant prifé par s Pomet; j'en ai fait, ajoute-t-1l, de pareils. Ce # fruit eft celui du palrma cuciofera, &c. Il eft'néceflaire , pour le bien de l’hiftoire natu- telle , que ces fortes de fraudes foient divulguées, ou que des traits d’une fi pitoyable crédulité dans un droguifte confommé, & un auteur accrédité tel que Pomiet, foient mis au jour en plus d’un lieu. En ef- fet, « nous ne fommes pas feulement lâches à nous » défendre de la piperie (comme dit Montagne), »# mais nous cherchons & convions à nous y enfer- # rer & à y enferrer les autres ». Arricle de M, Le Chevalier DE JAUCOURT. CUCO, (Géog. mod.) ville forte & royaume d'Afrique en Barbarie , fur le Bugia ; le roi eft ti- butaire du royaume d’Alger. CUCUBALUS, f.m. (Hiff. nat. bot.) genre de plante à fleur en œillet, compofée de plufieurs péta- les difpofées en rond, qui fortent d’un calice mem- braneux. Le piftil fort du même calice & devient un fruit mou prefqu’ovoide , ou une baïe qui renferme des femences faites ordinairement en forme de rein. Tournefort, 21/4. rei herb. Voyez PLANTE. (1) CUCUIJO , f. m. (Æif{. na.) efpece d’efcarbot on de fcarabée d'Amérique. Voyez SCARABÉE. CUCULLE , fubit. f. (A. anc. 6 mod.) étoit au- trefois la cappe des voyageurs : on l’appelloit auffi cohles &t gula: ce nom a pañlé chez les moines, & fignife leur froc & leur cappe, qui étoient autrefois d’une feule piece. Voyez CouLLE. (G CUCUPHE & DEMI-CUCUPHÉ, (Pharmacie.) bonnet piqué , garni de poudres céphaliques, qu’on applique fur la tête des malades pour fortifier Le cer- veau. On l’employoit dans la migraine; mais il eft de peu d’ufage préfentement. Voilà la poudre que lon employoit dans les cucuphes. Prenez clous de girofle, canelle, calamus aromatique, jonc odorant, iris , marjolaine, romarin , bétoine, fauge , ftéchas, de chacun un gros ; baies de laurier, ftyrax, benjoin, gommetacamahaca, de chacun un démi-gros : mettez en poudre tous ces ingrédiens, & répandez-la fur du coton, qu’on enfermera dans la doublure de cette ef pece de bonnet piqué. James & Chambers. CUCURBITE,, £ f. (Chimie.) La cucurbite ou la courge eft un vaiffleau chimique faifant partie de la- lembic (voyez ALEMBIC), & fervant à contenir les matieres que l’on veut foûmettre à la diftillation. On appelle auffi ce vaifleau, à caufe de fa figure , veffle & poire. Voyez les Planches de Chimie. Les cucurbites fe font de cuivre étamé, d’étain, de verre , & de terre. Celles qui font deftinées à la difiillation des eaux fimples , des ules effentielles , de l’eau-de-vie / & généralement de toutes les matieres, qui, traitées avec l’eau, doivent prendre le degré bouillant, font toijours de cuivre, l’étain ne pouvant lui être fubf- titué à caufe de la facilité avec laquelle il entre en fufon ; mais il faut , pour prévemir autant qu'il eft poñfible les mauvais effets de la qualité venéneufe du cuivre, avoir foin de les faire étamer de temsen tems ; c’eft à quoi les Apoticaires ne fauroient faire trop d'attention , eux qui pendant le cours d’une an- née fe fervent de l’alembic de cuivre pour diftiller un très-grand nombre de différentes’plantes, dont il y en a plufieurs qui attaquent facilement le cuivre, je veux dire les plantes alkalines. Voyez DisTiLLA:- TION, CUIVRE. Les cucurbites que l’on doit employer à faire des diftillations au bain-marie, doivent toûjours être d’étain; 1l n’y a rien ici à craindre de la grande fu- fibilité de ce métal, le degré de feu qu’on leur ap- plique ne pouvant jamais furpafler celui de Peau bouillante. On en exclurra donc le cuivre, même le mieux étamé. ; Le verre feroit de toutes les matieres celle qu’il conviendroit d'employer à faire toutes les cucurbi- tes, s’il étoit poffible; mais fa grande fragilité, la difficulté de former ces fortes de vafes fans être obligé de faire à la partie inférieure externe un bou- ton que les ouvriers appellent portée, qui eft l’en- droit par où caflent tous les vaifleaux de verre lorf- qu’on les échauffe: trop promptement & trop fort ou bien lorfqu’on les fait pañler trop vite du chaud au froid. L’impoffbilité où l’on eft de pouvoir ra- fraîchir exaétèment & continuellement le chapi= teau, avantage que les feuls vaiffleaux métalliques nous procurent , ajoutent un nouvel inconvénient à l'emploi des cuxurbites de verre : toutes ces rai-. fons, dis-je, font caufe qu’on ne fe {ert pas des cu curbites de verre aufh fouvent qu’on le feroit ; elles font cependant d’un ufage fort étendu; celles dont nous nous fervons à Paris, quoique d’un affez mau- vais verre, fupportent très-bien au bain de fable le degré de feu qui fait bouillir l’eau, fur-tout fi elles font d’un verre fort mince. C’eft pourquoi on peut fans crainte les employer à la difhflation de l’eau de pluie, de neige, 6:c. ayant la précaution de ne chauf. fer le fable qu’autant qu'il eft néceflaire pour faire bouillir l’eau légerement ; c’eft de ces fortes de cu- curbites que les Chimiftes fe fervent pour retirer l’ef. prit-de-vin de différentes teintures que l’on veut L CUE concentrer , de différentes infufions réfineufes que Jon veut deflecher, &c. pour rectifier des alkalis vo- latils tirés des fubftances animales, Ge. &c. Nous nous Contentons d'indiquer ici une partie des ufages de la cucurbite de verre dans les diftillations , nous laiflons au Chimifte le foin de l’employer dans tou- tes les circonftances où l’exa@titude le requiert, & où lexpérience lui a appris qu'il le pouvoit faire fans rifquer la fraêture. La certitude où l’on eft que le verre ne peut rien communiquer aux matières ss lon veut y traiter, eft un avañtage qui doit lui aire préférer tous les vaiffleaux qui en font faits, dans tous les cas où.il eft poffible de les employer. : Les cucurbites de terre n’ont pas été d’un aufl fré- quent ufage qu’elles pouvoient l'être , & elles ne ont que peu ou point recommandées par les auteurs de Chimie qui ont le mieux travaillé ; cependant on peut en tirer de grands avantages : celles qui nous viennent de Picardie , par exemple, vont très-bien au feu nud, & on peut s’en fervir à diftiller bien des liquides qu’on ne fauroit traiter dans les vaif- {eaux de cuivre ou d’étain, par exemple, le vinai- gre, certaines huiles eflentielles, celle de tereben- une, & de tous les autres baumes liquides, celle de fuccin que l’on veut rettifier par des diftillations ré- étées ; car quoique ces huiles puiffent fort bien être cifhllées dans les alembics de cuivre étamé , il faut autant qu’on pourra ne le pas faire à caufe de La mau- vaife odeur que la plûpart de ces hiules leur com- muniquent. On peut encore très-bien fe fervir de cucurbices de terre à la diftillation de l’efprit-de-fel ammomiac , & à la fublimation de lalkali volatil concret du même fel; & comme elles font fort éle- vées, elles font très-avantageufes pour la diftlla- tion des matieres qui {e raréfient beaucoup, comme de miel, la manne, 6%. C’eft à M. Roüelle, qui ne laifle rien échapper de ce qui peut rendre le manuel de la Chimie aifé & commode, que nous fommes re- devables de l'emploi journalier que nous faifons au- jourd’hui de cette forte de cucurbite dans nos labora- toires ; nous donnerons la façon de s’en fervir & de lappareiller dans le fourneau clos, lorfque nous par- lerons de la diftillation du vinaigre. #7. VINAIGRE. _ Les cucurbites des Potiers de Paris font fort mau- vaïfes : elles ne fouffrent pas le feu, ou du moins y caflent facilement : elles font trop poreufes & pas aflez cuites; aufli ne nous en fervons-nous que rare- ment, où même point du tout. Ils en font pourtant de petites qui nous fervent à fublimer le fel fédatif du borax, mais qu’il faut avoir foin de luter fi on veut les empêcher de caffer. Voyez LUT. Les cucurbites deterre font recommandées par tous les auteurs de Docimafie pour La diftillation de l’eau- forte qui a fervi au départ, & on s’en fert tous Les jours avec avantage, en ce cas, dans les monnoies. Voyez DÉPART. Les cucurbites, principalement celles de terre, font encore employées par les Chimiftes pour différentes fublimations ; celle du foufre, celle de Mars par le {el ammoniac , celle du fel fédatif. Voyez SOUFRE, Mars, BORAX, SUBLIMATION. On fait communément ufage des cucurbites, & fur- tout de celles de verre, pour les digeftions & cireu- ations ; voyez DIGESTION 6 CIRCULATION. Dans ces opérations on couvre la cxcurbite où d’un chapi- teau aveugle, voyez CHAPITEAU , ou bien d’une au- tre cucurbite renverlée, ce qui s’appelle vaiffeau de rencontre. Voyez VAISSEAU DE RENCONTRE. (b) * CUEILLAGE., f. m. ( Verrerie. ) c’eft la portion de matiere vitrifiée, qu'a tiré fucceffiyement à quatre reprifes le gentilhomme apprenti d’une Verrerie de verre à vitre, & qui eft néceffaire pour faire un plat. Poyez CueiLLeUR. Lorfque le cuellage eft formé, le cueilleur le remet au boflier, qui va reprendre GUE 533 | une cinquième fois de la matiere dans le pot, ce qui s'appelle couvrir Le cueïllage : on dit d’un cxeillage qu’il eft bon, lorfque le cuéilleur n’a point brouillé ou en- fumé la matiere qu'il a tirée du pot, & qu’il l’a hien arrondie également fur là felle, Foyez FeLLE, Bos- SIER, CUEILLIR, VERRE À VITRE, Ce terme eft auf à l’ufage des autres Verreries , &c s’y prend dans Je -même fens we. RS ve … CUEÏLLE, ff, (Marine) C’eft un des lez où des bandes de toile qui compofent une voile. Pour déf= gner la grandeur d’une voile, on dit qu’elle a tant de cueilles, c’eft-à-dire tant de léz. Foy. Voite. (Z} * CUEILLEMENT, {, m. une des opérations däns lefquelles on diftribue la fabrication des ouvrages fur le métier à bas, Voyez BAS AU METIER. CUEILLERET CT (Jariprud.) eft un extrait du papier terrier d’une feigneurie quiiert de mémoire au receveur pour faire payer les cens & rentes dûs à la feigneurie. Ce terme vient de cucif/erte qui figni- fioit autrefois recerte | comme on voit en l’article 86 de l’ancienne coûtume de Bretagne. Les cwez/leress font la même chofe que ce qu’on appelle ailleurs lieves Où papiers de recette. Voyez LiEvES. (A) CUEILLETTE , {ubff, f. serme de commerce de mer. C'eit un amas de diverfes fortes de marchandifes qu'un maïtre de vaiffeau fait, & qui lui font remifes par plufeurs perfonnes pour former la cargaïfon de fon bâtiment, Ain l’on dit, charger un vaifleau à cueil- Lette , quarid divers particuliers concourent à en faire le chargement. Ce terme n’eft en ufage que fur l'Océan; fur la Méditerranée ondit, charger au quintal, Voyez Quin- TAL, Diéiionn. du Comm..de Trév. &c de Dish. (G) CUEILLETTE, (Jurdinage.) eflle tems où l’on cueille les fruits lorfqu’ils fe détachent de l’arbre. On le connoït encore au toucher , en mettant douce- ment le pouce du côté de la queué fur chacun des fruits fondans, fi le fruit obéit il eft mûr. Pour les fruits caflans.,. le soût feul en décide, On doit prévenir la maturité des fruits d’été dont plufeurs deviendroient cotoneux , s'ils reftoient trop long-tems fur l'arbre. Un fruit fi mûr eft fujet à pourrir; &c l'infeéte ou le lézard qui le mange, n’y toucheroit point sil étoit un peu verd. Les fruits font même plus aifés à tranfporter d’un lieu à un autre, #oyez FRUIT. E - Les poires d’automne dans lès années feches {e cueilleront au 15 Septembre, & celles d’hyver aw 15 Oftobre , le bon-chrétien d’hyver une femaine plütard ; les pommes font de cette clafle. Dans les années humides vous cueillerez plütard de quinze jours : choififfez un tems fec afin que le fruit fe con- ferve mieux, que toutes lesspoires ayent leur queue, & mettez-les doucement dans la fruiterie ; fans les meurtrir ni les laiffer tomber. (X) , * CUEILLEUR, ( Verrerie. ) nom d’un jeune gentilhomme apprenti, qui commence à travailler à la fabrication des ouvrages de verre. C’eft lui qus met la felle dans Le pot, pour en tirer la matiere vi= trifiée. Pour qu'un cueillèur puifle devenir boflier dans les Verreries de verre à vitre, il faut qu'il fa- che cueillir quatre coups, 8 couvrir le cueillage. Voyez CueizLAGE. C’eft de fon habileté que dépend principalement la beauté & la netteté du plat. Yoyez VERRERIE, CUEILLEUR & PORTE-CUEILLEUR, fub. m. ( Fileur d'or. ) ce font les noms de deux pieces du toüet on moulin à filer l’or. Voyez des articles OR, FILER L’OR @ FILEUR D'OR, CUEILLIE.. f. f. er Bätiment, eft du plâtre dreffé le long d’une regle qui fert de repere pour lambri£ fer, enduire de niveau, & faire à plomb les piés droits des portes, des croifées & des cheminées, (P) * CUEILLIR, v, a, c’eft au propre détacher les 534 CUI fruits des plantes. On a tranfporté cette expreffion à beaucoup d’autres aétions qui ont peu de rapport avec la premiere. * CUEILLIR, v. neut, (ex Verrerie.) c’eft prendre la matiere dans le pot avec une felle ou efpece de canne dé fer creufée dans toute fa longueur. Pour cet effet, le cucilleur tourne trois où quatre tours l'extrémité de la felle dans le pot : la matiere qui ett vifqueufe s’y attache; il en emporte à peu-pres de la groffeur d’un œuf, dans les Verreries à vitre. Il va appuyer fa felle fur une barre de fer pofée fur une auge de bois pleine d’eau , ayant foim de tourner fans cefle, mais fort doucement, fa felle, afin que la matiere s’arrondifle également. Quand elle eft affez refroidie , il va cueillir de nouvelle matiere qui s’at- tache à la premiere ; il revient à la barre de fer après avoir cueilli ; il réitere la même opération à cette barre ; il retourne au pot, & cueille une troi- fieme fois. Cette matiere enlevée du pot à quatre dif- férentes reprifes, s’appelle cueillage ; le cueillage paf fe entre les mains du boffier. Voyez CUEILLAGE, Bossier 6 VERRERIE. | CUENÇA , (Géog. mod.) ville d'Efpagne dans fa nouvelle Caftille , capitale du pays de la Sierra, fur la riviere de Xucar. Long. 15. 50. lat. 40. 10. CUENGA (/a nouvelle) Gtog. mod. ville de PAméri- que méridionale au Pérou, dans l'audience de Quito. CUFA , (Géog. mod.) ville de la Turquie en Afe, dans la province d’Yerak, fur les frontieres de l’A- rabie deferte. CUJAR A, f. in. (Æiff. mod.) chaïfe fermée en ufa- ge aux Indes, où elle doit fon origine à la jaloufie. Un chameau en porte deux, une de chaque côté. On y enferme les femmes pour les tranfporter d’un lieu dans un autre fans être vües. CUJAVIE , (Géog. mod.) province aflez grande de la Pologne arrofée par la Viftule, aux frontieres de la Prufle. Elle contient deux palatinats. CUIETE, f. f. (Hiff. nat, bot.) cuiete ; genre de plante dont la fleur eft monopétale, irréguliere, renflée , & découpée. Il s’éleve du fond du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partie po- ftérieure de la fleur, & qui devient dans la fuite un fruit charnu dont l'écorce eft dure. Il y a dans ce fruit plufieurs femences qui ont la forme d’un cœur. Plumier, nova pl. Amer. genera. Voyez PLANTE. (1) CUILLER oz CUILLERE, f. f. voyez PALETTE, € Les mots fuivans. CurLLer , ez Batiment , eft une pierre plate creu- fée en rond ou en ovale, de peu de profondeur, ayec une goulette pour recevoir l’eau d’un tuyau de defcente & la conduire dans un ruiffeau de pa- vé. C’eft auffi un oûtil emmanché d’un manche fort long , qui fert à prendre le grais dans le feau &c le jetter fur le trait de fcie pour fcier la pierre. (P) CUILLER , {. £. énffrument de Chirurgie propre à fa- ciliter lincifion qu’on fait en opérant pour la fiftule lacrymale. Cet inftrument eft ordinairement d’ar- gent ; ilreflemble en quelque chofe aux cueilleres en ufage pour manger la foupe ; ilen differe en ce que le cueilleron eft exatement ovale, que fa plus grande profondeur eft précifément dans {on nulieu, & que fa cavité eft fort fuperficielle. Il a un pouce & demi de long, & onze lignes où un pouce de large. L’an- gle extérieur de ce cueiïlleron eft échancré, &c for- me deux petites cornes ou avances un peu moufles, qui font fort utiles pour bander la peau tant & fi peu qu'on veut, & permettre de voir la réunion des paupieres qu’elles mettent à déconvert. L’échancruré à cinq lignes & denne de profon- deur, trois lignes & demie de diametre, Le manche du cueïlleron eft plat, & a trois pouces quatre à cinq lignes de long , de façon que tout l’inftrument a Environ cinq pouces de longueur. On comprend , L l’afage de cet inftrument par ce qui vient d’être dit. Voyez la fig. 1. PL XXV, 6 voyez FISTULE LACRY- MALE. | Le /peculum oculi annulaire, fig. fert au même ufage. (Y Cuiicer , c’eit parmi les Ciriers. une machine de fer blanc longue, creufe, garnie d’un manche, & applatie à fon autre extrénuté où elle fe termine en diminuant de groffeur. On s’en fert à puifer la matiere fondue pour la jetter fur les meches accro- . chées au cerceau , qu’on fait tourner pour les pré- fenter fucceflivement les unes après les autres au- deffus de la cuve. Voyez PL. du Crrier , fig. 7. 62. , CUILLER À SOUDER, (Férblantier:) Cette cuiller eft commune à ces ouvriers & à beaucoup d’autres. Elle eft ronde, aflez profonde, mais médiocre, avec une efpece de bec pour mieux verfer le métal fondu. C’eft dans cette cuiller que ces ouvriers fondent leur foudure , & quelquefois même leur plomb , lorfqu'ils n’ont que de petits ouvrages à faire. Voyez le dit, du Comm, & PLOMBIER , VITRIER, 6C. | CUILLER , outil de Bimblotier , faifeur de dragée au moule : il leur fert à tirer le plomb fondu de la chau- diere pour le verfer dans les moules. 4 la cxiller qua a un bec pour verfer le plomb dans la gouttiere du moule ; le manche eft terminé par une poignée de bois B qui empêche l’ouvrier de fe brûler. Voyez la fig. 5. PL, de la fonte des dragées au moule. | CuiLLer, Fondeur de caraütere d’Imprimerie. Cette cuiller a un petit baflin au bout d’une queue de trois à quatre pouces de long, le tout de fer. Cette queue eft piquée dans un petit manche de bois pour la te- nir , & que la chaleur n’incommode point la main du fondeur. C’eft avec cette petite czi//er que Pouvrier 7. Plan, XXTIT, _puife dans la grande où eft le métal fondu, pour jet- ter cette petite portion de matiere dans le moule, Voyez la fig. 13. Plan. I: du Fondeur. de caraët, La cziller du fourneau a huit ou neuf pouces de diametre , &eft perpendiculairement divifée en deux ou trois parties comme autant de cellules, pour con- tenir la matiere forte & foible à la fois , qu'on entre- tient fluide par le feu qui eft continuellement def- fous , & qui peut en contenir trente ou quarante li- vres à la fois, chacune de ces {éparations pour,cha- que ouvrier. Ils font deux ou trois, fuivant la for- me du fourneau, qui puifent dans la même cuiller, mais chacun dans la féparation qui lui eft deftinée... CUILLER AUX PELOTES, (Fondeuren fable.) Les cuillers des Fondeurs en fable ne reflemblent que par leur long manche aux cwillers des Plombiers, & par le nom qu’elles ont confervé, à caufe qu'on s’en fert comme de exiller pour porter les pelotes de cuivre dans le creufet où le métal eft en fufion. Cet inftrument eftde fer; au bout du manche qui a plus de deux piés , eft la moitié d’un cylindre auffi de fer, de quatre pouces d'ouverture & de fix de lon- gueur. Cette moitié de cylindre eft creufée en-de- dans , & neft pas fermée par le bout d’en-bas, afin que les pelotes qu’on y met coulent plus aïfément lorfque le fondeur incline doucement l’inftrument jufqu’à la bouche du creufet. Foyeg le ditionn. di Comm. FONDEUR EN SABLE, & la fig: 8, dk la Plan- che du Fondeur en fable. AU CUILLER , (Monnoyage.) on s’en fert pour tirer le métal en fufñion du fourneau & le jetter en moule, Cette cuiller eft de fer, longue de fix à fept piés.On ne fe fert de cuiller que pour l’argent & le billon, parce que l’on verfe Por dans le moule avec le creu- fet même. ” Cur£LER , terme de Plombier; c’eft un uftenfile de fer qui a un manche par un bout & qui eft creux par l’autre , & dont la profondeur eff fphérique. Les Plombiers fe fervent de trois fortes de eux ers : la. premiere eft la cxiller à puifer , avec laquelle fs prennent le plomb fondu: la feconde eft la cuiller percée ; ils s’en fervent pour écumer le plomb ; ce . “'eft à proprement parler qu’une vieille poële à Ia- quelle on a fait des trous : la troifieme eff la cuifler à fouder ; elle eft ronde & profonde , & a d’un côté de fa circonférence un bec par lequel on verfe Le plomb fondu : c’eft dans cette cuiller que les Plombiers fon- dent leur foudure , & même aufli leur plomb, quand ils n’ont que de petits ouvrages à faire. Voyez les ft- gures 2 € 3 ,.PL, ITT. du Plombier ; la derniere repté- 1ente l’écumoire. | CUILLER 4 jerter en moule, (Potier d’étain.) c’eft une cuiller de fer dont fe fervent les Potiers d’étain pour cet ufage. Îl én faut de différentes grandeurs : on en trouve chez les Quincaillers qui tiennent de- puis une demi-livre d’étain jufqu’à vingt livres & lus. s CUIR FossiLe, (Æiff. nar. Mineral.) alnta mon- tana , corinm foffile. C’eft une efpece d'amiante fort légeré : les fibres ou filets qui compofent cette pierre font flexibles , & s’entrelacent de maniere qu’ils for- ment comme des feuillets. M. Walletius en diftin- gue deux variétés ; la premiere ef le cuir foffile grof- fier ; la feconde eft le cuir foffile fin : ce dernier ef compofé de feuillets fort minces qui le font reflem- bler à du papier gris, ce qui fait qu’on le nomme auff papier foffile (papyrus montana). Voyez la mi- néralogie de Wallerius, rome I. pag. 260. € [uiv. (=) CUIR, {. m. (Tanneur.) c’eft la peau des animaux différemment préparée, fuivant les divers ufages qu’on en veut faire. Poyez PEAU 6 TANNER. Lés cuirs ont divers noms, qu'ils prennent ou dé l’état aQuel où ils font, ou dé leurs différentes ef- peces, qualité , & apprêts. Cuir corroyé, eft uriéuir qui après avoir été pelé, coudré, & tanné , a pañlé par les mains du corroyeur, _ qui lui a donné les dernieres préparations, pour le difpofer à être employé par ceux qui le mettent en ufage. Voyez CORROYER. | Cuir verd ou crud, eft celui qui n’a reçù aucune préparation , étant encore tel qu'il a été levé par le boucher de deflus le corps de l’animal. Voyez Bou- CHER. Cuir falé, et un cuir verd qu'on a falé avec du. fel marin & de l’alun, ou avec du falpetre, pour émpècher qu'il ne fe corrompe, foit en le gardant trop long-tems dans les caves, foit en le tranfpor- tant dans les tanneries éloignées pendant les gran- des chaleurs. Cuirs fecs à poils ; ce font pour l’ordinaire des _ peaux de bœufs, dé vaches, ou de bufles, qu’on nous apporte de l'Amérique, Voyez BUFLE & Bou- CANNIER. Cuir tanne, eft ün cuir verd , ou falé ,oufec, dont . On fait tomber lé poil dans le plain par lermoyen dé la chaux détrempée avec de l’eau, & qui a été Mis enfuite dans la fofle au tan. Voyez TANNER. Cuir plaqué, eft un cuir fort ou gros cxir, qui après avoir été tanné a été féché à l'air, & nettoyé dans fon tan. Jr | * Les Tannéurs mettent ces fortes de cuirs dans des lieux mn trop humides n1 trop fecs, bien étendius & émpilés les uns fur les autres, avec de grofles pier- res ou poids pai-EMUE POUE les bien rédreffer & ap- platir ; & c’efft cette derniere façon qui leur a fait don- net le nom de cairs plaques. Cuir coudre, ou cuir palfé en coudrement ; c’eft un cuir de vache, de cheval, ou de veau, qu’on à éten- du dans une cuve où l’on a jetté de l’eau chaude & &t du tan par-deflus, pour lé rougir ou coudrér, & pour li Has le grain. | On ne donné cet apprêt au ezir qu'après l'avoir fait pañler par e plain, & avant de lé mettre dans da foile avec le tan, Voyez Le dittion, du Comm CUI 539 Cuir roRT; ce font de gros cuirs tels que ceux de bœufs, vaches, orignal, & autres qui ont été préparés dans le plain avec la chaux, & enfuite dans la foffe avec le tan, On les appelle fors, pour les diftinguer des autres cuirs plus foibles , COMME céux de veaux, de moutons, d’agneaux, de chevres, Ôt autres femblables. | Les cuirs de vaches tahnés en fort, font ceux qu” On n'a pas pailés en coudrement, mais qui ont été tannés à la maniere des cars foris. Voyez TANNER. . CUIR DORÉ ; on appelle aïnfi une efpéce de ta- pifferie faite de cuir, où font repréfentées en relief divéries lortes de grotefques relevées d’or, d’atgent, de vermillon, ou de différentes autres couleurs. Cette tapifferie eft compofée de plufieurs peaux de mouton pañlées en bafanne, coupées eu feuilles quarrées , qu'on a coufues les unes avec les autres après leur avoir donné une nouvelle préparation, qui les a difpofées à recevoir le relief, l'or, l'argent, les couleurs , & le vernis dont les ouvriers les énri= chiffent. Les lieux dé France où il fe fabrique le plus de tapiflerie ‘de cuir doré, font Paris, Lyon, & Avi- gnon ; il en vient auf beaucoup de F lindtes qui fe manufaéturent prefque toutes à Lille, À Bruxélle à L s 5 XEIICES à Anvers, & à Malines; celles de cette dérhisré ville font les plus eftimées de toutes. Plufieurs prétendent que les premieres tapifleries de cuir doré qui ont parû en France venoient d’E£. pagne , & que ce font les Efpagnols qui en ont inventé la fabrique: cependant il ne s’en voit plus en France de leur manufa@ure, foit qu’ils aÿent difcontinué, ou qu'ils l’ayent tranfportée en Flandre. Diéfionn. du Comm. | CUIR DE POULE, (Gantier.) peau très-mince dont ces ouvriers font des gants de femme. . Cuir pe HONGRIE, (Hongrieur.) c’eft une efpe- ce de cuir qui tire fon nom des Hongrois, qui feuls avoient autrefois le fecret de le préparer. I n’y a pas long-tems que l’on connoît en France là maniere de préparer le cuir de Hongrie, On prétend que ce fut Henri IV. qui en établit la premiere ma- nufatture; pour cet effet il envoya en Hongrie un tanneur fort habile nommé Roze, qui ayant decou- vert le fecrèt, revint en France, oùil fâbriqua cette éfpece de cuir avec beaucoup de fuccës. Maniere de fabriquer les cuirs d'H. ongrie, Toutés for= tes de cuirs de bœufs, de vaches, de chevaux , & de veaux, font propres à recevoir cet apprêt: mais if s’en fabrique plus de ceux de bœufs que d’autres. Les peaux de bœufs étant arrivées de la boucherie On en coupe les cornes, & on les fend en deux ban des de la tête à la queue ; après quoi on les écharne fur un chevalet avec un inftrument appellé ve faux qui éft émmanché par un bout , en prenant bien gar- de de ne point enlever la fleur du ézir. Voyez la f- gure O. Planche de l'Hongrieur, Enfuite on les jette dans la riviere pour y être rincés, dans laquelle néanmoins elles ne doivent pas féjourner long= tems, de Crainte que le gravier ne s’y attaché, Om les retourne de tems en tems avec une longue pince de fer, afin d’en ôter le plus gros du fang qui peut ÿ être refté , & en même téms d’humeéter le poil. Après | les avoir tirés de la riviere, on les étend cinq où fix à la fois fuf un chevalet, le côté de la chair en-def: fous , & alors on en fafe le poil 4vec une faux que , l’on a foin d’éguifer de tes en téms avec le queux * cela fait, on les rejette encore dans là riviere, o\on . les laïflé boire pendant deuxyJours plus où moins : | félonle téms,afin d’en faire fortit tout le refte du £ ange : Cette opération s'appelle dé/zipnèr; enfuité on iës : tiré de l’eau, on:les roule, &:dans cet état on le$ | met égoutter {ur un banc pendant un tems lufifant, : & jufqu'a ce qu'il n’en forte plus d’eau, 4 $36 CUI ‘Quand tes cuirs ont été bien défaignés 8 égout- tés , on les alune., c’eft-à-dire que l’on fait bouillir dans de-l’eau trois livres d’alun & cinq livres de fel par peau, dans une chaudiere (fg. 7.) qui peut bien contenir douze feaux, d’où on en tire deux feaux que l’on met dans une baignoire, où un ouvrier pref- ue nud foule trois czirs à la fois pendant une heure, da Jequel tems on renouvelle l’eau quatre fois ; après quoi on retire les cuirs de la baignoire, on les couche pliés en quatre la chair en-dehors dans une cuve. On fait la même opération aux autres peaux ; -& lorfque toute la fonte eff faite, &c toutes les peaux ainf étalées dans la cuve , on jette cette eau alunée par-deflus les cuirs ; ce qui s'appelle mestre les cuirs en retraite pour prendre de la nourriture, Le lendemain on les retient & change de cuve, | après quoi on fait réchauffer la même eau & on les y trempe pendant trois ou quatre jours l'été, & plus pendant l’hyver; on les refoule de nouveau, 6c le lendemain on les met égoutter &c fécher à l’air pen- dus par la culée. Cette opération faite, on les deti- re ;.& quand ils font à moitié fecs, on les.dreffe , c’eft- à-dire que l’on les pafle à la baguette ( Foyez Ba- GUETTE 6 /a fig. 5.), après quoi on les met en pile. I!ne s’agit plus pour lors que de les mettre en ff; pour cet effet on les roule encore avec la baguette de fleur & de chair, c’eft-à-dire des deux côtés, & on les étend fur des perches G G G dansune étuve, pour les préparer à prendre ce fuif. Dans cet état on les met fur une table bien étalés, & on les frotte de fuif chaud avec un guippon, beaucoup fur la chair, & légerement fur la fleur; chaque peau prend environ fept à huit livres de fuif. On reporte les peaux fuif- frées fur une autre table, où on les empile jufqu’à ce que la même opération ait été faite à tous les cuirs, Voyez la fig. 1. Cela fait, deux ouvriers (fig. 3. € 4.) les tiennent fufpendus les uns après les autres au- deflus d’une grille de fer €, fous laquelle il y a des charbons allumés , afin que la chaleur fafle pénétrer le fuf dans le cuir; enfuite on les remet à l’étuve pendant une demi-heure, toùjours la chair en-def- fus, après quoi on les met fécher fur des perches. Le Jendemain l’ouvrier y applique fa marque , les pele, & en marque le poids. Les inftrumens dont fe fervent les Hongrieürs pour la fabrique du cuir d’Hongrie, font une broëerte pour porter les peaux à la riviere & les en rapporter; un couteau ordinaire pour en Ôter les cornes ; un chevales 8 une faux emmanchée d’un manche de bois; un queux pour aiguifer la faux ; un banc pour les égout- ter; une chaudiere pour faire bouillir le fuif; des Jéaux pour en puifer l’eau; une baignoire pour fouler les cuirs ; des cuves pour leur faire prendre nourri- ture ; des perches pour les étendre ; la bzguerte E pour les couler ; une sable pour les fuuffrer ; une grille de fer pour leur faire prendre le fuif; un gzippor pour y appliquer le fuif; & un fourneau pour faire chauf- fer lalun & le ff. Voyez chacun de ces articles à leur lettre. CuiRs DE BALLES, termes d’Imprimeur, ce font des peaux de mouton crues dont la laine a été fépa- rée, & qui font préparés pour l’ufage des Imprime- ries. On taille dans ces peaux des coupons d’envi- ron deux piés & demi de circonférence, lefquels fer- vent à monter les balles. On a foin de les entretenir humides , au moyen d’une autre peau de cette efpe- ce qui les double, & que l’on appelle doublure. Voyez BaLLEs 6 LAINE. Cuir (monnoie de), Commerce : Vhiftoire eft rem- plie de faits où les évenemens & les occafons pref- fantes.ont forcé des princes, des généraux d’armées,. ou des gouverneurs , de faire frapper des monnoies de cuir. | On coupoit un morçeau de çuir noir en cercle, CUT & on pañloit au centre une efpece de clou d’or ow d'argent, & au lieu de le river, on le frappoit au marteau à l’oppoftion de la tête avec un poinçon à fleur-de-lis , & l’on attachoit un prix felon les occur- rences à cette efpece de monnoie. On en trouve dans les cabinets des curieux. Il y en eut de frappées fous Louis IX. le royaume ayant été épuifé alors d’argent par les malheurs qui fuivi- rent l’entreprife de la Terre-Sainte. Voyez CRoI- SADE, | Cuir À RASOIR, (Perrug.) eft une bande de cuir préparé, appliquée fur un morceau de bois qui luf fert de manche, & à l’aide de laquelle on donne le fil aux rafoirs, & on en adoucit le tranchant en les frottant deflus, après qu'ils ont été repañlés fur la pierre. On fait à préfent de ces fortes de cuirs qui font quarrés , & ont quatre faces moins unies les unes que les autres, fur lefquelles on pañle fucceffivement le rafoir, en commençant par la furface la moins po- lie, & finiffant par la plus douce , afin d’adoucir le rafoir par degrés. CUIRASSE, f. f. (Listér. Art milis.) en latin Lo- rica. On la définit dans le diionnaire de l’académie Françoife, la principale partie de l’armure qui eft or- dinairement de fer fort battu, & qui couvre le corps par-devant & par-derriere , depuis les épaules juf= qu'à la ceinture. Dans le fameux tableau de Polyenote de la prife de Troie, dont Paufanias nous a laïflé la defcrip- tion, on voyoit fur un autel la repréfentation d’u- ne cuiraf]e d’airain compofée de deux pieces, lune : defquelles couvroit le ventre & l’eftomac, l’autre couvroit le dos &z les épaules ; la partie antérieure étoit concave , & les deux pgeces fe joignoïent en- femble par deux agrafes. Chez les Grecs &c les Romains on connoïffoit de trois fortes de cuiraffes. Il ÿ en avoit qui n’étoient faites que de toile & de drap battu & piqué : quel- ques-unes étoient de cuir , & les autres de fer. Pour ce qui eft des premieres, Pline (%6. VIII. c. xlvuy.} affüre qu’elles étoient compofées de plufieurs dou- bles, battus 8& piqués enfemble : telle étoit la cur- raffe d'Alexandre , au rapport de Dion de Nicée ; ê£ celle de Galba, dont il eft fait mention dans Suéto- ne, qui parlant de la fédition qu’excita à Rome la révolte d'Othon, dit : Loricam tamen induit linteam » quam haud diffimulant parëm adyerfus tot mucrones pro- futuram. Saumaïle , dans fes obfervations {ur Lam- pridius , remarque qu’on avoit autrefois inventé cette armure pour le foulagement des foldats : on peut ajoûter qu’il y a bien de l’apparence que ces exc . raffes de lin & de toile n’empêchoient pas qu'on ne mit par- deflus des cuiraffes de fer ; on peut même croire que les anciens avoient donné aux premieres le nom de fubarmale ,| mais il n’étoit pas toüjours néceflaire d’avoir d’autres cuiraffes que celles de lin & de toile, puifqu’il y en avoit de fi bien faites, qu’elles étoient à l'épreuve des traits, Nicétas, dans la vie de l’empereur Ifaac I. rapporte que lempe- reur Conrad combattit long-tems fans bouclier , couvert feulement d’une curaffe de linge. La feconde efpece de cziraffe étoit de cuir, & c’eft celle que Varron appelle peéforale corium. Tacite QUE Liv. I, ch. lxxjx.) nous apprend que les chefs es Sarmates s’en fervoient quelquefois : Z4 principi- bus ac nobilliffimo cuique tegmen , ferreis laminis aut prædurio corio concertum. Cependant le fer étoit la matiere la plus ordinai- re. des ciraffes. Les Perfes appelloient les foldats qui portoient ces fortes de cuirafles, clibanarios, du mot clibanum , qui fignifoit une £urle de fer , apparemment * parce que ces cuiraffes étoient faites d’une plaque. _ fort épaiffe de ce métal: mais leur trop grande pe- fanteur fanteur fit qu’on les changea bientôt pour des cui- raffes compofées de lames de fer, couchées les unes für les autres ,.&c attachées fur du cuir ou de la toi- le. À celles - ci on fubftitua dans la fuite la cotte de maille & l’haubergeon ; terme quine figniñie qu’une armure plus ou moins longue, faite de chainettes de fer ou de mailles entrelacées. Il paroît par ce que apportent les anciens , que la cziraffe ne pafloit pas la ceinture , quoique la frange dont elle étoit bordée defcendit jufqu'aux genoux. On mettoit la cotte-d’armes fur a cuiraffe ; la cot- te-d’armes a pañlé de mode, la cxiraffe fubffte toù- jours. Autrefois le droit de la porter étoit un titre d'honneur, dont on étoit privé, lorfqu’ayant douze métairies on manquoit au fervice que l’on devoit au Roi, comme il.eft décidé dans les capisulaires , où la cuiraffe eft appellée Erunia. Il n’y a plus guere à-préfent que les officiers gé- néraux & les officiers de cavalerie qui portent des cuiraf[es ; elles doivent être au moins à l'épreuve du | piftolet, A l'égard des brigadiers , gendarmes, che- vaux-legers, &.cavalenie, ils portent un plaftron de fer qui leur couvre le devant {eulement. [ls doivent la porter dans tousles exercices,, revûes, marches, Ge. Il eft au moins à l’épreuve du piftolet, Il eft or- donné aux officiers & ingémeurs de porter des cuiraf- fées, à peine d’être cafiés. £xerait de l’hiff. de l'acad, des Infcript, & Belles-Lertres., tome II, Article de M, Le CHEVALIER DE JAUCOURT, CUIRE, en cermes de Cnifiñe, c'eft donner aux viandes, aux léeumes, & au poiflon, une forte de préparation qui les rend communément plus tendres & plus propres à être broyées fous les dents, en les _expofant à l’aétion du feu, foit qu’ils la fouffrent im- médiatement , foit qu'on les fafle bouillir dans de l’eau, ou dans d’autres liqueurs. CUIRE , en terme de Doreur , c’eft mettre une piece xougir fur le feu, pour la rendre plus maniable & plus douce. Woyez la fig. 7. PI, du Doreur. .. CUIRE DES CHEVEUX, cerme de Perruquier , c’eft mettre des’cheveux au four après les avoir roulés autour des moules ou bilboquets, & enfermés dans une pâte de fon faite en forme de pâté. Cette opé- ration fert à leur faire prendre la fnfure. Foy. CHE- VEUX & PERRUQUE. CUIRE , ex terme de Rafineur, C’eft l'a&ion de pé- trifier le fucre en clairée , en le faifant bouillir un tems fuMifant. On met dans la chaudiere à cuire ( Voyez CHAUDIERE À CUIRE) un peu de beurre avec la claée, pour empêcher que le bouillon ne s’éleve par-deffus les bords de la chaudiere, Quand la clairée a bouilli pendant trois quarts-d’heure en- viron , le rafineur la jugeant cuite par la preuve qu'il en prend (foyez PREUVE) , on la tranfporte dans les rafraichifloirs. On remet de nouvelle clai- rée dans da chaudiere à ezzre ; on la fait cuire com- me la premiere , avec laquelle on la tranfporte quand elle l’eft ; on la mouve bien pour mêler le grain de la premiere qui eft defcendu au fond avec celui de la feconde cuite en attendant la troifieme , ce qui fe fait jufqu'à ce qu’on ait raflemblé un nombre de cuites fufifant pour l’empli qu'on fe propofe de faire. Voyez EMPzr. On obferve à chaque cuite qu’- on fait, d’éteindre les feux dès que le rafineur l’or- donne, avec du charbon bien mouillé & deux ou trois pucheurs d’eau (Voyez PucHEUR), afin que le feu ne reprenne point que la cuite ne foit tirée. Voyez PUCHER. CUIRE LE VERRE , terme de Peinture fur verre, c’eft après que les pieces ont été peintes , les met- ire dans la poêle du fourneau, & les y laiffer juf qu’à ce que les couleurs foient bien cuites & bien Ancotporées. Voyez VERRE 6 PEINTURE SUR jVERRE. Ce mot fe dit aufli de la fünte des foudes, Tome IF, CUI 537 & autres matieres qu'on employe dans les verte: ‘mes. Dit. de Comm. CUIRÉ, adj. ( Coffreterie, ) fe dit d’une malle dont les joints ont été radoubés tant en - dedans qu’en- dehors, avéc une toile épaifle enduite de colle-forte, avant que d'être couverte de cuir. CUIRET , rerme de Chapelier, c’eft un petit mor: ceau de cuir qu’on met entre la chantrelle & la corde de lParçon, dont ces ouvriers fe fervent pour faire voguer l’étoffe. Voyez CHAPEAU, & la fig. 17. PL, du Chapelier. Voyez aufft l'article CHAMOISEUR Où ce terme à une acception toute différente, L CUISINE, £. £. (Are méchan.) cet att de flatter le goût, ce luxe, j’allois dire cette luxure de bonne chere dont on fait tant de cas, eft ce qu’on nomme dans le monde la cxiffne par excellence ; Mont: gne [a définit plus brievement la féience de La gueule : & M. de la Mothe le Vayer, /a Gaftrologie. Tous ces ter- mes défignent proprement le fecret réduit en métho- de favante, de faire manger au-delà dû néceffaire ; Car la cxtfine des gens fobres ou pauvres, ne fignifie que l’art le plus commun d’apprêter les mets pouf fatisfaire aux befoins dé la vie. | Le laitage, le miel, les fruits de la terté, les légu: mes aflaifonnés de fel, les pains cuits {ous la cen= dre, furent la nourriture des premiers peuples du monde. [ls ufoient fans autre rafinement de ces bien faits de la nature, & ils n’en étoient que plus.forts plus robuftes, & moins expofés aux maladies. Les viandes bouillies, grillées, rôties, ou les poiflons cuits dans l’eau, fuccéderent ; on en prit avec mo dération , la fanté n’en fouffrit point , la tempérance régnoit encore, l'appétit feul régloit le tems & le. nombre des repas, Mais cette tempérance ne fut pas de longue durée 5 l’habitude, de manger toüjours les mêmes chofes ,& à-peu-près apprètées de la même maniere, enfant le désoût, le dégoût fit naître la curiofité, La curio= fité fit faire des. expériences , l'expérience amena la fenfualité ; l’homme goûta, effaya, diverfifia, choë fit, & parvint à fe faire un art de l’aétion la plus fim- ple & la plus naturelle, Les Afiatiques, plus voluptueux que les.autres peuples, employerent les premiers, dans la prépa- ration de leurs mets, toutes les produétions de leurs climats ; le commerce porta ces produétiôns chez leurs voifins ; l’homme courant après les richefles, n’en aima la joiflance que pour fournir à {a volup- té, & pour changer une fimple & bonne nourriture en d’autres plus abondantes, plus variées, plus fen- fucllement apprêtées , & par conféquent plus nuifi- bles à la fanté : c’eft ainfi que la délicateffe des ta - bles paffa de l’Afie aux autres peuples de la terre: Les Perles communiquerentaux Grecs cette branche de luxe , à laquelle les fages légiflateurs de Lacédé= mone s’oppolerent toüjours avec vigueur. | Êes Romains devenus riches & puiffans ; fecouez rent le joug de leurs anciennes lois , quitterent leur vie frugale, & goûterent l’art de la bonne chere: Turc coquus (dit lite-Live, L.xxxjx.) v4/ffimum an. ciquis mancCipiun, effimatione & ufu, in pretio effe., € guod minifiertum fuerat, ars haberi cæpta ; vix tamen illa que tunc confpicichantur , fémina erant future lu æuriæ. Ce n’étoit-là que de legers commencemens de la fenfualité de la table, qu'ils pouflerent bientôt au plus hautpériode de dépenfe & de corruption. Ii faut lire dans Séneque le portrait qu’il en fait ; je dis dans Séneque, parce que {a févérité, ou fa bile f l’on veut, nous apprend bien des chofes fur cette matie- re , que des efprits plus indulgens pour les défauts de leur fiecle , paflent ordinairement fous filence, On ne voyoit, nous dit-1l, que des Sibarites cou- chés mollement fur leurs lits , contémplant la ma gnihçence de leurs tables, fatisfailant leurs oreilles Yyy des concerts les plus harmonieux , leur vûe des fpec- tacles les plus charmans, leur odorat des parfums les plus exquis, & leur palais des viandes les plus . délicates. Mollibus , lenibufque fomentis totum laceffr: äir corpus , ne nares interim cefent ,; odoribus varlis inficitur locus ipfe, in quo luxuriæ parentatur. En effet c’eft des Romains que vient l’ufage de la multiplier- té des fervices, & l’établiffement de ces domeftiques qu'on nomme échanfons , maitres d'hôtel , écuyers srahchans, &c. mais leurs cuifiniers fur-tout étoient des gens importans , recherchés , confidérés , gapés à proportion de leur mérite, c’efl-à-dire de leur pré- éminence dans cet artflateur & pernicieux, qui bien loin de conferver la vie, produit une fource intarif- fable de maux. Il y avoit à Rome tel artifte en cwr- Jêne à qui l’on payoit quatre talens par année , qui font au calcul du doéteur Bernard 864 livres fter- : ling, environ 19000 livres de notre monnoie. An- toine fut fi content d’un de fes cuifiniers, dans un re- pas donné à la reine Cléopatre, qu'il lui accorda une ville pour récompenfe. Ces gens-là aiguifoient l'appétit de leurs maîtres par le nombre, la force, la diverfité des ragoûts, &c ils avoient étendu cette diverfité jufqu’à faire chan- ger de figure à tous les morceaux qu’ils vouloient apprèter ; ils imitoient les poiflons qu’on defroit &c qu’on ne pouvoit pas avoir , en donnant à d’autres poiflons le même goût & la même forme de ceux que le climat ou la faifon refufoient à la gourmandife. Le cuifinier de Trimalcion compofoit même de cette maniere , avec de la chair de poiffon , des animaux diférens , des pigeons ramiers, des tourterelles:, des poulardes, &c. Athénée parle d’un cochon à demi- rôti, préparé par un cuifinier qui avoit eu l’adrefle de le vuider & de le farcir fans l’éventrer. Du tems d’Augufte, les Siciliens lemporterent fur les autres dans l'excellence de cet art trompeur ; c’eft pourquoi il n’y avoit point à Rome de table délicate qui ne fût fervie par des gens de cette nation. Non ficulæ dapes Dulcem elaborabunt faporem. dit Horace. Apicins, qui vivoit fous Trajan , avoit trouvé le fecret de conferver les huitres fraiches; il en-envoya d'Italie à ce prince pendant qu'il étoit au pays des Parthes, & elles étoient encore très-faines quand elles arriverent : auffi Le nom d’Apicius long- téms affe@é à divers ragoûts, fit une efpece de feéte parmi les gourmands de Rome. Il ne faut point dou- ter que le nom de quelque voluptueux de cette ca- pitale , mieux placé à [a fuite d’un ragoût qu’à la tête d’un livre, ne s’immortalife plus sûrement par fon cuifinier que par fon Imprimeur. Les Italiens ont hérité les premiers des débris de la cuifine romaine; ce font eux qui ont fait connoi- tre aux François la bonne chere , dont plufieurs, de nos rois tenterent de réprimer l’excès par des édits; mais enfin elle triompha des lois fous leregne d’Henri Il. alors les cuifiniers de de-là les monts vinrent s’é- tablir en France, & c’eft une des moindres obliga- tions que nous ayons à cette foule d'Italiens cor- rompus qui fervirent à la cour Catherine de Médicis. J'ai vû, dit Montagne, parmi nous, un de ces at- tiftes qui avoit fervi le cardinal Caraffe: 1l me fit un difcours de cette fcience de gueule avec une gravité & contenance magiftrale, comme sl eût parlé de quelque grand point de Théologie; 1l me déchiffra les différences d’appétit, celui qu'on a à jeun, & celhi qu’on a après le fecond & tiers fervice, les moyens tantôt de lui plaire, tantôt de l'éveiller & piquer ; la police des fauces, premierement en gé- néral, & puis particularifant les qualités des ingré- diens & leurs effets ; les différences des falades fe- lon leur befoin, la façon de les orner & embellir EU + pour lés tendre encore plus plaifantes à la vüe : en- fuite 1l entra en matiere fur l’ordre du fervice plein de belles & importantes confidérations , & tout cela enflé de riches & magnifiques paroles, & de celles- là même qu’on employe à traiter du gouvernement d’un empire. Il m’eft fouvenu de mon homme : Hoc falfum eff, hoc aduflum eff ; hoc lautum ef? paräm : | Uud reëlè ; iterm fic memento. Ter. Adelph. « Cela eft trop falé: ceci eft brülé; cela n’eft pas » aflez relevé : ceci eft for bien apprèté ; fouvenez- » vous de le faire de même une autre fois ». Les François faïfiffant les faveurs qui doivent domi- ner dans chaque ragoût, furpaflerent bientôt leurs maîtres , & les firent oublier : dès-lors, comme s'ils s’étoient défié d'eux-mêmes fur les chofes importan- tes , il femble qu’ils n’ont rien trouvé de fi flateur que de voir Le goût de leur ci/ine l'emporter fur ce- lui des autres royaumes opulens, & régner fans con- currence du feptentrion au midi. Il eft vrai cependant que graces aux mœurs & à la corruption générale , tous les pays riches ont des Lucullus qui concourent par leur exemple à perpé- tuer l’amour de la bonne chere. On s’accorde aflez à défigurer de cent manieres différentes les mets que donne la nature, lefquels par ce moyen perdent leur bonne qualité, &c font, fi on peut le dire, autant de poifons flateurs préparés pour détruire le tempéras ment, & pour abréger le cours de la vie. Ainfi la cuifine fimple dans les premiers âges du monde, devenue plus compofée & plus rafinée dé fiecle en fiecle , tantôt dans un lieu , tantôt dans l’autre , eft atuellement une étude , une fcience des plus pénibles , fur laquelle nous voyons paroître fans ceffe de nouveaux traités fous les noms de Cuz- Jénier François , Cuifinier royal , Cuifinier moderne ; Dons de Comus , Ecole des officiers de bouche , & beau coup d’autres qui changeant perpétuellement de mé- thode, prouvent aflez qu'il eft impoñhble de réduire à un ordre fixe , ce que le caprice des hommes & le déréglement de leur goût , recherchent, inventent ; imaginent , pour mafquer les alimens. Il faut pourtant convenir que nous devons à l’art de la cuifine beaucoup de préparations d’une grande utilité , & qui méritent l'examen des Phyficiens. De ces préparations , les unes fe rapportent à la confer- vation des alimens, & d’autres à les rendre de plus facile digeftion. | La confervation des alimens eft un point très-im= portant. Indépendamment de la difette dont les ré- gions les plus fertiles font quelquefois affligées, les voyages de long cours exigent nécéffairement cette confervation. La méthode pour y parvenir eft la mê- me par rapport aux alimens du regne végétal, com me à l’écard des alimens du regne animal. Cette mé- thode dépend de laddition , ou de la fouftraétion de quelques parties qui tendent à empêcher la corrup- tion, & ce dernier moyen de conferver les alimens tirés des animaux , eît le plus fimple. Il confifte dans la defficcation qui s’opere à feu lent & doux, & dans les pays chauds à la chaleur du Soleil. C'eft , par exemple , de cette derniere maniere, qu’on fait def- fécher Les poiffons qui fervent enfuite de nourriture. On peut auffi fouftraire aux fucs des animaux toute leur humidité fuperflue , & la leur rendre à-propos;, puifqu'ils font mucilage, ils peuvent éprouver cette viciflitude : de-là vient l'invention des gelées &c des tablettes de viande, qui foufrent le tranfport des voyages de long cours ; mais comme ces tablettes ne font pas fans addition , elles appartiennent plus particulierement à l’efpece de confervation qui eft trés-ordinaire , & qui fe fait par l'addition de quelque corps étranger capable d’éloigner la putréfa@tion par CUI fuimême : c’eft ce que produifent le fel marin & le fel commun. Les acides végétaux, le vinaigre, les fucs de verjus, de citron, de limon, 6c. font encore propres à cet effet, parce qu'ils reflerrent les folides des animaux fur lefquels on les employé, &ürendent leurunion plusintime & moins difloluble. + On conferve aufli les viandes tirées des animaux par des fels volatils atténués par la déflagration des végétaux , & par des fels acides-volatils mêlés inti- mement avec une huile fort atténuée ; tels font les alimens fumés : mais cette préparation eft compofée de la defficcation qui en fait une grande partie; ce- pendant il eft certain que l’huile qui fort de la fu- mée , & ces fels très-fubtils prenant la place de l’eau qui s’évapore du corps de la viande, doivent la ren- dre beaucoup moins altérable. L’expérience le dé- montre tous les jours, car les viandes & les poiflons que l’on prépare de cette façon fe gardent davanta- ge que par toute autre méthode, Il eft plufieurs autres manieres de conferver les alimens ; mais comme elles font fondées fur les mê- mes principes, je ne m'y dois pas arrêter. Ainfi en . cuifant les viandes, foit qu’on les fafle bouillir ou rôtir , on les conferve toüjours mieux qu'autre- ment, parce qu’on retranche beaucoup de leur mu- cilage. On peut aufi conferver pendant quelque tems les parties des animaux & les végétaux, fous la graifle, fous l’huile, fous les fucs dépurés, qui empêchent leur fermentation ou leur pourriture en les défendant de l'air extérieur. Enfin les aromati- ues, tels que le poivre, les épices, font des con- tre d'autant plus ufités, qu'ils donnent ordi- nairement une faveur agréable aux alimens : cepen- dant il eft rare que le fel n’entre pas pour beaucoup dans cette préparation. Ajoûtons que la defliccation concourt tobjours ou prefque toûjours avec les aro- matiques, pour les alimens qu’on veut long-tems conferver. Dans ce qui concerne l’art de rendre les alimens des deux regnes plus faciles à digérer, la premiere regle en ufage eft une préparation de feu préalable & forte, fur-tout à l'égard des viandes, parce que les fibres de la chaïr crue adherent trop fortement enfemble pour que l’eftomac des hommes pruffe Les féparer, &c que le mucilage qui les joint a befoin d’une atténuation confidérable , afin d’être plus fo- luble & de digeftion plus aifée. C’eft pourquoi on employe l’ébullition dans quelque liquide, comme dans l’eau, dans l’huile, dans le vin, &c. ou l’act tion d’un feu fec qui les rôtit & les cuit dans leur fuc intérieur, L’addition des différentes fubftances qu’on joint à cette premiere préparation, concourt encore à faciliter la digeftion , ou à fervir de corre&tif. L’aflai- fonnement le plus ordinaire pour faciliter la digef- ton, eft le fel, qui en petite dofe irrite léserement l’eftomac, augmente fon ation & la fecrétion des liqueurs. Tout correëif confifte à donner aux ali- mens le caractere d’altération contraire à leur excès particulier. Mais à l’égard de la /cience de la gueule, fi culti- vée, qui ne s'exerce qu'à réveiller l'appétit, par l’ap- prêt déguifé des alimens, comme j'ai dit ci-deffus ce qu’on devoit penfer de ces fortes de recherches ex- périmentales de fenfualité , je me contente d’ajoüter ici, que quelque agréables quêé puiffent être les ra- goûts préparés par le luxe en tout pays, fuivant les caprices de la Gaffrologie , il eft certain que ces ra- goûts font plütôt des efpeces de poifons , que des alimens utiles & propres à la confervation de la fan- té. On trouvera dans l’eflai fur les ahimens par M. Lorry , Médecin de la Faculté de Paris 1754, in- 12, une judicieufe théorie phyfiolosique fur cette Tome IV, | EAU re 539 matiere. Cet article eft de M. le Chevalier DE Jau- COURT. | CUISINE, terme d’Architeëture , eft une piece du département de.la bouche ordinairement au rez-de- chauflée d’un bâtiment, & quelquefois dans l'étage foûterrein. En général elles doivent être fpacieufes, bien éclairées, avoir une grande cheminée pour le rôt, lorfqu'il n’y a pas de rôtifferie particuliere, une autre pour les potages, des fourneaux ou potagers pour les ragoûts ; un four, quand on n’a pas un lieu deftiné pour la pâtiflerie.cf particuher; une paillaffe pour entretenir les viandes chaudes, des tables pour le fervice des cuifiniers; un billot pour hacher & couper la viande, &c. Les cuifines doivent être voû-. tées pour éviter le feu , ou au moins plafonnées de plâtre, & leur plancher doit être tenu fort élevé : elles doivent avoir de l’eau abondamment, foit par des conduits amenés de dehors, ou par le fecours d’une pompe pratiquée dans la cuifine. (P) Cuisines ; c’eft dans l’4rt miliraire des trous que font les foldats à la queue du camp, pour en for- mer des efpeces de fourneaux où ils font cuire les chofes néceffaires à leur nourriture. (Q) CUISINE , (Marine) Dans un vaifleau du premier rang ,-la cxifine a neuf à dix piés de long fur huit ou neuf de large. Il faut la garnir de plaques de cuivre qui foient bien jointes. La cheminée doit être de ma- çonnerie. À l'égard de l'endroit du vaiffleau où on la place, cela peut être arbitraire, & fuivant les vües particulieres qu'on a. Quelquefois dans les navires de guerre on la place au fond-de-cale par le travers du vaifleau ; dans les vaifleaux marchands, on la place fous le premier pont vers l'arriere ; quelque- fois auf elle eft au milieu du vaiffeau ; on la place encore dans le château-d’avant. Voyez PL, IF. fig. 1. 2° 133. la cuifine placée vers l'avant du bâtiment, & fes dimenfions. (Z). CUISINIER , f. m. celui qui fait faire la cuifine & apprèter à manger. Voyez CUISINE. CUISSARD , f. m. arme défenfive qui s’attachoit au bas du devant de la cuirañle, pour défendre les cufles. (Q) CUISSE , f. f. ( Anar.) La cuiffe eft une partie du corps de l’homme, des quadrupedes, & des oïfeaux, fituée entre la jambe & le tronc. Voyez JAMBE, Éc. Les parties qui compofent la cxiffe ont différens noms ; fa partie interne & fupérieure forme les ai- nes ; les côtés latéraux, externes, & fupérieurs forment les hanches ; la partie fupérieure poftérieu- re, les fefles ; l’inférieure poftérieure, le jarret; & la partie antérieure , le genou. | L'os de la czuffe eft le plus gros & le plus fort de tous ceux qui compofent le corps humain, dont il porte tout le-poids ; c’eft ce qui lui a fait Wonner le nom de fémur , de fero, je porte. On donne encore le nom de cuiffe à différentes. au- tres parties du cerveau; les cziffes du cerveau, les cuifles du cervelet, les cuiffes de la moelle allongée. On leur donne auffi le nom de #ras. Voyez BRAS & MOELLE ALLONGÉE. Chambers. (L) Cuisses , (Maréchall.) on appelle ainfi les parties du cheval qui vont depuis les feffes & le ventrejuf- qu'aux jarrets. Renfermer un cheval dans les ciufles, voyéz REN- FERMER, () * CuissE, f. f. (Verrerie) matiere vitnfiée quia coulé des pots dans Le fond du four , & qui fe retire tous les jours avant que de commencer l'ouvrage, Elle eft mêlée avec la cendre & le charbon. Elle fe remet dans les arches ; on la mêle avec les charées, le fable, & les autres matieres dont on emplit enfui- te les pots. Yyy i 340 CUI CUISSETTE, f. f serme de Mannufait. en laine, c’eft la moitié d’une portée. Voyez PORTÉE. * CUISSON, f. m. a différentes acceptions dans lès afts où l’on fait cuire. Il fe dit & des-différentes ma- nierées de faire cuire la même fubitance (Voyez Curs- SON Gonfif. dans les articles fuivans), & du degré convenable auquel il faut faire cuire ; foit la même fubftance , foit des fubftances différentes. CUISSON , ex rerme de Confifèrie ; c’eft une forte de préparation qu’on donne gu fucte en le faifant paf- fer fur le feu. La cuiffon du fucre eft le fondement principal de l’art de corifire. Il y à diverfes fortes de chiffons ; comme cziffon du fucre à liflé, à perlé, à foufllé, à la plume, à caflé , & au caramel ; & quel- ues-unes de ces caiffons fe diftinguent encore & fe foùdivifent en d’autres degrés moindres, comme le petit, le grand Mffe ; Le petit , le fort perlé ; la petite & la grande plume. Voyez ci- deffous Cuif[on à life ; Cuiffon a perlé, &c, & les foùdivifions à leurs ar- ticles. Cuiffon au caramel ; c’eft le fucre cuit au degré néceflaire pour fe cafler net fous la dent fans s’y attacher , comme lé fucre cuit à caflé. Lorfqu’on manque cette cxifforz en laiffant brûler le fucre, il n’eft plus bon à rien ; ce qui le rend encore.diffé- rent des autres degrés de cziffon, qu'on peut toù- jours réduire & rendre propres à tout ce qu'on veut en les décuifant dans de l’eau. Cuiflon a caffé. Les Confifèurs donnent ce nom au fucre qui fe cafle en faifant un petit bruit , lorf- qu’on le détache du doigt qu’on a trempé dans ce fucre après l’avoir mouillé d’eau fraiche. Caifon du fucre a liffé ; c’eft , en Confiferie, du fucre cuit feulement à un degré néceflaire pour former d’un doigt à l’autre un petit filet qui fe rompt d’abord, & refte en goutte fur le doigt. Cuiffon a perlé, Les Confifèurs appellent aïnf le de- gré de cxiffon qui eft immédiatement après ce- lui qu'ils nomment a Ziffé, c’eft-à-dire le fucre qui forme un filet plus fort, & qui s’étend plus loin en ouvrant les doigts. Cuiffort à la plume; c’eft le degté d’après la cuif- fon à foufflé : 1l fe connoît aux bouteilles où étin- celles qui s’élevent en haut en foufflant à-travers les trous de l’écumoire, lorfque ces bulles font encore plus grofles & en plus grand nombre, enforte qu’el- les fe tiennent plufeurs lune à l’autre, & font com: me une filaffe volante. Cela s'appelle 4 /a grande Plurne. Cuiflon à foufflé. Les Confifeurs appellent de ce nom du fucre cuit de façon qu’en foufflant à-tra- vers les trous d’une ééumoire qu’on y a trempée en allant & revenant d’un côté à l’autre, il forme com- me des étincelles ou petites bouteilles qui avertif- fent de fon degré de cuiffon. CUITE, f. m. terme de Boulanger, Pétiffier, 6 au- tres ouvriers qui fe fervent de four ou de fourneau ; c’eft la quantité d'ouvrage qu’on a mife & retirée du four à chaque fois. Cuire, 1. f. (Pharmac.) opération dans laquelle on réduit par le moyen du feu différentes prépara: tions à certains degrés de confiftance déterminés dans l’art. C’eft die qu’on dit cuire d’un fyrop , cui- te de tablettes , cuite d'emplätres , cuite de fel, cuire de falpetre, cuite de fayence, &cc. Voyez SYROP , TA- BLETTES , EMPLATRES, SEL, SALPETRE. (4) CUITE, en terme de Raffinerie de Jucre ; c’eit pro- prement la clairée ou Le fyrop cuit, & prêt à être mis dans les formes. On appelle encore cuite la quan- tité de fucre cuit qu’on tire de la chaudiere après la . preuve prife, C’eft en ce fens qu’on dit, 4 premiere , la féconde, &cc. cuite. Voyez CUIRE. CUIVRE, fm. (Æif. rar. Métallurg. & Minér.) cuprum ; @s, venus, &c, C’eft un métal imparfait, d’un rouge éclatant, très-fonore, très-dur , dudtile, & malléable. 11 paroît compofé d’une fubflance ter- reufe rouge , & de beaucoup de phlogiflique on de principe inflammable, Le cuwre differe des autrés métaux, non-feule- ment par fa couleur,'mais encore par le fon qu'il poflede à plus haut degré que tous les autres. Son poids eft à celui de l'or, comme 4 eft à o. Ileft moins péfant que l'argent ; il n’y a que le fer qui foit plus dut & plus difficile à fondre que lui, Il rougit long- tems au feu avant que d’entrer en fufon ; il donne à la flamme une couleur qui tient du bleu 8c du verd: un feu violent & continué pendant dong-téms, dif. fipe une portion de ce métal fous la forme de va- peurs ou de flimée, tandis qu'une autre partie eft réduite en une chaux rougeâtre qui n’a plus fa for- me métallique ; c’eft ce qu’on appelle chaux de cuivre ,Où @s ufhiun. Voyez ces article, Si on frotte le cuivre avec les mains, il répandune odeur defagréable qui lui eft particuliere ; & mis fur la langue, il y imprime une faveur fliptique , aufte- re, & capable d’exciter des naufées : expofé à l’air, il fe couvre d’une rouille verte, Tous les diflolvans, tels que l’eau, les huiles, les acides, les alkalis, les fels neutres, les réfines, &c. agiflent fur le cuivre, & il les colote en verd ; c’eft à cette couleur verte qu'il eft facile de reconnoïtre la préfence du cuivre. Les alkalis volatils changent cette couleur verie en bleu. Quand ce métal eft en fufñon, le contaë de la moindre humidité ou d’une goutte d’eau lui fait fai- re une explofon très-confidérable & très-dangereufe pour ceux qui voudroient en tenter l'expérience. La nature ne nous préfente qué rarement & enpe- tite quantité le cuivre fous fa véritable forme ; il faut pour cela qu’il foit tiré de fa mine, féparé d’une inf- nité de fubftances étrangeres qui contribuent à Le mafquer tant qu'il eft dans le fein de la terre : ce- pendant 1l fe trouve quelquefois tout formé , com- me nous le dirons plus bas, mais il n’eft point fi pur que celt qui a pañé par les travaux de la Métal- lurgie. Îl y a des mines de cuivre dans toutes les parties du monde connu ; il s’en trouve en Europe, en Afe, & en Amérique : celles de l’île de Cypre étoient les . plus fiches que les anciens connuffent. Aujourd’hui la Suede & l’Allemagne font les pays qui fourniffent le plus de cxivre, Il s’en trouve auffi en France que l’on travaille avec aflez de fuccès. Le cuivre qui vient du Japon eft fort eftimé ; il eft en petits lingots afléz minces : fon mérite confifte à être extrèmement pur; Mais 1] n’a d’ailleurs aucun avantage fur Le cxivre de. rofette d'Europe qui a été bien purifé. Le cuivre eft de tous les métaux celui dont les mi- nes font les plus variées, foit pour les couleurs, foit pour l’arrangement des parties: quelquefois on le trouve par filons, quelquefois par couches dilatées , d’autres fois par morceaux détachés répandus dans la terre : nous allons donner une defcription fuccin- éte des différentes efpeces de mines de cæivre qui font connues. Il y a, 1°. Le cuivre natif, C’eft du cuivre tout formé qui fe trouve attaché à des pierres de différentes efpe- ces , & fur-tout à de Pardoife, fans affecter de figure déterminée : on ne le trouve pas crdinairement pa: groffes mañles ; mais 1l eft ou par petites paillettes, ou par feuillets minces, ou par petits grains. Ce cxi- vre n’eit pas tout-à-fait f1 pur que le cxivre de rofette. 2°, Le cuivre précipite, I] eft très-pur ; il a été pre- cipité, ou naturellement, ou par aft, des eaux vi- trioliques cuivreufes. Foyez(l'article EAU CÉMEN- TATOIRE. | 3°. Le verd de montagne ou chryfocolle verte. Cette mine reflemble à du verd-de-pris ; c’eft du cxivre qui a été mis en diflolytion dans le fein de la terre, & qui en fe précipitant s’eft uni à différentes efpeces de pierre ou de terre; c’eft ce qui fait que la ckryfo- colle varie pour la confiftance & pour larrangement. On la trouve, ou compaéte, où en globules ; quel- quefois elle préfente de petites cryftallifations en bouquets ou en houpes foyeufes, La mine de cxivre verte de la Chine, qui eft fi recherchée des curieux, eft de cette efpece. | ) * 49, Le bleu de montagne où chryfocolle bleue. C’eft du czivre qui a été diflous naturellement, qui par le concours d’un alkali volatil a pris une couleur bleue, & qui de même que le verd de montagne s’eft atta- ché à quelque fubftance terreufe où pierreufe : fon bleu eft plus ou moins éclatant. Le Zapis laguli eft une mine de cuivre de cette efpece. 9, La mine de cuivre azuré. Elle eft d’un tiflu qui la fait reflembler à du vetre dans l’endroit où elle a été rompue. Elle eft d’un bleu plus où moins mélan- gé : ce n’eft vraiflemblablement qu'une variété de la mine qui précede. 6°. La mine de cuivre virreufe. La couleur de cette mine eft aflez variée; elle reflemble à du verre, ce qui lui a fait donner le nom qu'elle porte. 7°. La mine de cuivre grife. Elle eft d’un gris plus ou moins foncé. Il eft aflez difficile au fimple coup- d'œil de la diftinguer d’avec une mine de fer. 8°, La mine de cuivre hépatique. Elle eft d’un rou- ge mat où d’un brun jaunâtre qui la fait reffembler à du foie : c’eft la quantité de parties martiales qu’elle contient qui lui donne cette couleur. Elle contient auf du foufre. 0°. La mine de cuivre blanche. Cette blancheur n’eft que relative; c’eft proprement un gris clair qui tire un peu fur le jaunâtre. Cette mine contient du fer, de larfenic, & mème un peu d'argent. 10°. La pyrite cuivreufe, où mine jaune de cuivre ; c’eft la moins riche & la plus commune des nunes de cuivre ; elle contient, outre le cuivre, du fer, du foufre & de l’arfemc. Cette mine eft'quelquefois d’un jaune d’or très-éclatant , entre-mêlé de diffé- rentes couleurs très-brillantes , rouges, violettes, bleues, vertes, gorge de pigeon, &c. Quelquefois cette mine eft d’un jaune-pâle, ou d’un jaune tirant fur le verdâtre ; mais ces deux dernieres mines ne font que des pyrites cuivreufes, à qui plus ou moins d’arfenic & une moindre quantité de cuivre ont fait prendre une nuance plus claire. 11°. Les mines de cuivre figurées. On peut nommer ainf les mines de cuivre dans lefquellés on remarque une fioure étrangere au regne minéral. Ces mines de cuivre fe trouvent tohjours dans dé l’ardoife. Il y a uné mine de cette efpece à Mansfeld en Thurin- ge, dans laquelle on trouve des empreintes de poif- {ons ; dans d’autres on voit des empreintes de végé- taux. * 52®, Lamine de cuivre terrenfe : elle eft de diffé- rentes couleurs, comme grife, jaune, brune, &c. c’eft du cuivre unt avec de l’ochre ou avec de la terre de diflérente efpece. On reconnoît fouvent la pré: fence du cuivre dans ces terres, par l’enduit du verd- de-gris qu'on y remarque. L’ochre de Goflar paroit être de cette nature; on la mêle avee de l'huile dé fin ; on en forme des globules qu'on met en diftilla- tion dans une cornue bien luttée ; on dofine un très- grand feu, enfuite on écrafe les globules, on les pañle au-travers d’un tamis, & für la poudre qui eft pañlée on verte de l’eau pour en faire le lavage : on fépare la partie la plus lègere d'avec la plus pefante qui va au fond : on mêle cette derniere avec deux parties de flux noir, & on la fait fondre dans un creufet : on obtient par-là du czivre. Foye#Tuncker ;: de cupro, tab. xxxv. p.905. C’eft-là ce que quel- ques Chimiftes ont appellé exivre artificiel. D’autres ont crû qué dans cette opération 1l fe faïfoit une CUI ÿ4I tranfmutation ; maïs il eft évident qué ce n’eft autre chofe qu'une féparation & une rédu@ion de la par- tie cuivreufe qui étoit contenue dans l’ochre de Goflar. - Outre les mines dont on vient de faire l’énumé- ration , il fe trouve encore des parties cuivreufes mêlées avec les.mines des autres métaux ; il ÿ a aufli des portions de ce métal unies avec une grande quantité de terres & dé pierres : en général on a lieu de fonpçonner fa préfence dans la plûpart de celles où l’on remarque du verd où du bleu ; cependant cette regle n’eft point fans exception, attendu que le fer peut auffi quelquefois produire les mêmes cou- leurs. Il eft certain néanmoins que le cuivre eft ce qui donne le bleu & le verd à un grand nombre de fubfances minérales, telles que l’éméraude, le fa- phir, la turquoife, le lapis lazuli, &c. Glauber prétend avoit trouvé du cuivre dans les tourbes de Hollande, & fur - tout dans celles qui font le plus profondément fous terre. Si l’on veut un détail plus circonftancié fur les mines de cuivre, on peut con- fulter /z Minéralogie de Wallerius, rome L. p. 4 05 & HLIV, Les différentes opérations en ufage pour titer le cuivre de fa mine, font un chef-d'œuvre de la Mé- tallurgie : 11 n’y a point de métal plus difficile à trai- ter; on en pourra juger par le détail abregé de ces Opérations, qu’on va trouver dans cet article, Ces difficultés viennent des matieres étrangeres, mar- tiales , fulphureufes, arfénicales , terreufes ou pier- reufes, Éc. qui font quelquefois étroitement unies avec le cuivre dans fa mine. Les Fondeurs fuédois diftinguent trois éfpeces de mines de cuivre: 1°. les mines de cuivre femples ; ce font celles qui font déga- gées des parties terreufes &c pierreufes : 2°. les mi- nes de cuivre dures; ce font celles qui font unies ayec des pierres vitrifiables , telles que le quartz, ce qui en rend la fufon difiicile : 3°, les mines de cxivre ré- frailaires ; ce font celles qui font mêlées avec des pierres qui réfiftent à l’aétion du feu, telles que le talc, lantiante, Gc. Voyez La Minéralogie de Wal- lerius, some Lip. 517 6 fuiv. | Il arrive fouvent que dans les mines de cwivre les parties hétérogenes , telles que le fer, la terre, la pierre, Gc. s’y trouvent en beaucoup plus grande abondance que ce métal : ces inconvéniens n’em- pêchent point de travailler ces mines pauvres dans les pays , comme la Suéde & quelques parties de PAllemagne , où le bois eft commun & la main- d'œuvre à bon marché ; hors ces cas, il y auroit beancoup deperte à vouloir les traiter. Maniere de traiter la mine de cuivre. C’eft une fuite de différentes opérations , dont nous allons donner le détail le plus exatt. Ces opérations ne font pas abfolument les mêmes partout; elles varient felon la . qualité des mines : mais c’eft à l’expérience à inftruire de la nature & du béfoin de ces variétés, Il fuffit dans É À , . . un ouvrage de décrire avec précifion & clarté ut procédé général qui puiffe fervir de bafe dans toutes les circonftances poflibles, *-Du triage de la mine. C’eft l'opération par laquelle . oncommence : elle confifté, 1°. à féparer les mor- | céaux puremengpierreux, des morceaux tenant mé- | tal, êc à rejetter ceux-là : 2°. à féparer ceux qu’on | cfôit purement métalliques, pour les envoyer à la | fonderie : 3°. à féparer ceux qui font mêlés de pierre &'de mine, qu’on appelle rire a bocard, & qu'on . fait bocarder. 1Dérail du triage. On commence par pañler toute . Ja mine par un crible à mailles quarrées , de la lar- | geur d’un pouce ou quinze lignes: ce crible a dix- neuf pouces de diametre fur cinq pouces de profon- déur. La mine eff ramaflée dans un coin; on en va charger fon crible, & on fe tranfporte dans un autre _$42 CUI endroit où on la fafle: ce qui refte fur le crible fe lave ; pour cet effet on a un baquet de fer percé par le bas de trous d’une ligne de diametre. On jette dans ce baquet ce qui eft fefté de mine fur le crible, * & l’on plonge le baquet dans une cuve d'eau. On donne ce lavage à toute la mine nouvellement trice, & l’on répand fur une table les morceaux de mine lavés. 5 Quant à ce qui a pañlé à-travers les mailles du crible dans le premier faffement, on y revient : on a un autre crible dont les mailles font de fix à fept lignes en quarré; on le charge de cette mine, & on la faffe pour la feconde fois ; ce qui refte fur le crible eft jetté dans le baquet, lavé dans la cuve, comme on l’a pratiqué après le premier fafflement, & ré- pandu fur une feconde table. On travaille énfuite ce qui a pañlé à-travers le fecond crible au fecond faffement , en le faffant une troifieme fois à-travers un troifieme crible qui a les mailles d’un quart de pouce. On met ce qui refte fur ce troifieme crible, dans une efpece de febille dont le fond eft garni d’un petit treilli de fil-de-fer très-ferré. Un ouvrier fecoue cette febille dans la cuve; par fes fecoufles, mouvemens & tours de poignet , il parvient à élever à la furface les parties pierreufes, qu'il fepare du refte en lès prenant par pincées. Les parties métalliques qui occupentle fond de la febille, vont à la fonderie ; les pierreufes font envoyées au bocard pour y être écrafées denouveau. On a donc des gros morceaux de mine lavée fur une table, des moindres morceaux fur une autre ta- ble , une poufliere qui s’eft précipitée dans la cuve au lavage , & des parties pierreufes qu'on envoye au bocard ou pilon, comme nous l’avons dit. Quant à la poufiere qui s’eft précipitée dans Peau de la cuve : pendant le lavage, on la porte au lavoir. Voyez un . de ces inftrumens PL, IV. de Métallurg. Voicice qu’on fait des morceaux expofés fur les tables. Ces morceaux de mine font triés par des filles & par des petits garçons inftruits à cette manœuvre. Dans ce triage, tout ce qui eft purement métallique va À la fonderie; ce qui ef tout pierreux eft rebuté ; È A1! « ! 4 ce qui eft mêlé de pierre &c de métal, paile au maitre trieur. Le maître trieur cafle ces morceaux, & tâche de féparer exaétement le pierreux du métallique. S'il rencontre des morceaux où le mélange de la pierre & de la mine lui paroïfle intime, il les écrafe, & rejette ce qui eft purement pierreux ; le refte eft cri- blé , lavé à la febille, & féparé en deux parties , dont l’une va au bocard , & l’autre à la fonderie. Cela fait, le triage eft achevé, & l’on porte à la fonderie tout ce qui doit y aller. | De La calcination où du grillage. Entre les mines il y en a qui, avant que d'être mifes au fourneau, ont befoin de cette préparation: d’autres peuvent s’en paffer. Pour les diftinguer , & s’affürer f la mine exige une calcination préliminaire, on cherche à découvrir par l’effu, fi elle n’eft point arfénicale, {ulphureufe ou martiale .Le fer donne lieu à des pores ou cochons. On appelle porcs ou cochons , des mañfes qui fe figent aux fourneaux de fufon, & qui n’ayant pris au feu qu’une efpece de mollefle,, & ne pouvant entrer dans une fufon parfaite, les obftruent, & font qu’on eft obligé. de recommencer l'opération. D'ailleurs ces porcs tiennent du cuivre ; Mais quand la mine a été grillée , 1l ne s’en fait plus : le grillage a difpofé une partie du fer à fe vitrifer, & le fer cal- ciné coule & fe vitrifie facilement à l’aide de cer- tains mélanges. Les mines qui ont befoin d’être grillées ou calci- nées, le font dans un fourneau fort fimple , & tel qu'on en voit un au bas de la PZ, II. de Mérallurgie fig. 4. & l’on procede au grillage de la maniere fiu- CUI vante au Ti//ot en Lorraine. On fait un lit de buches dans les féparations du fourneau 4; on répand fur ce lit les gros morceaux de mine, puis les morceaux moins gros, & enfuite la pouffere: on allume le ‘ feu, on l’entretient pendant vingt-quatre, trente, trente-fix heures de fuite. Le grillage fe réitere com- munément une ou deux fois ; il y a des mines qu’on. grille jufqu’à huit : il y en a auffi qu'on grille beau coup moins. Lorfque la mine eft grillée, elle pafle au fourneau voifin, qu’on appelle fourneau de fon- derie , où fourneau a manche. De la fonderie. La mine grillée ou non grillée fe traite d’abord dans le fourneau B , Métalluraie, PL. F. fig. 1. on y voit en entier ce fourneau, dont on a donné les coupes & la conftruétion détaillée , PZ. VI. de Métallurgie, fig. 1. 2.3.4. La figure 1. re- préfente une coupe fur la longueur ; la figure 2. une autre coupe fur la profondeur ; la fig. 3. les évents pratiqués au terrein plein ; la figure 4. la vûe 1nté- rieure du fourneau. On charge ce fourneau avec un mélange de mine & de charbon de bois & de fcories, en certaine pro- portion : ces fcories font de la fonte précedente : on met plus ou moins de charbon. La mine lavée de- mande plus de charbon que celle quine l’a pas été; il y a même des mattes à qui 1l en faut plus qu'à la mine ordinaire. On remplit de ce mélange le fourneau jufqu’en- haut : on fait jouer les fouflets. L’ouverture qu'on a pratiquée au bas du mur antérieur du fourneau, eft toûjours libre. À mefure que la matiere fond, elle coule dans un refervoir qu’on appelle poche ou catin, qureft fous l'ouverture : cette poche eft creu- fée dans un maffif un peu élevé au-deffus du terrein. Quand il y a dans la poche une certaine quantité de matiere, les ouvriers en enlevent la partie fupérieu- re, qui eft vitreufe ou en fcorie, avec un grand inftrument de fer ; ils la prennent en-deffous avec cette efpece de pelle ; elle eft alors figée. Ils conti- nuent d’enlever ces furfaces vitreufes &c figées, juf qu'à ce que la poche foit pleine de matiere métalli- que. Les poches font faupoudrées & enduites d’un mé- lange de terre grafle & de charbon en poudre, qu'ils appellent érafque ou braffe. Lorfque la poche fupé- rieure eft pleine , ils dégagent l'ouverture qui con- duit de cette poche à une autre poche inférieure, &c la matiere coule dans celle-ci. Auffi-tôt que la matiere a coulé & que la poche fupérieure eft vuide, les ouvriers la réparent en l’en- duifant d’une nouvelle couche de terre graffe mêlée de charbon : cette couche peut avoir environ deux pouces d’épais. On referme alors la communication de la premiere poche, cafle ou catin (car ces trois mots font fynonymes) , à l’inférieure. Quand la matiere contenue dans la feconde po- che , fe refroïdit, les ouvriers lenlevent de la ma- niere fuivante, & dans l’ordre que nous allons dire. Ils commencent par Les couches fupérieures qui font {cories : la fcorie enlevée, ils afpergent la furface de la matiere reftante, d’un peu d’eau, qui en fait prendre ou figer une certaine épaïfeur : ils enlevent cette épaïfleur ; ils continuent d’afperger ,. de re- froidir, & d'enlever des épaifleurs de matiere prife ou figée , jufqu'à ce que la cafe en foit tout-à-fait épuifée , & ces efpéces de plaques s’appellent pierres de cuivre, Ou mattes. | Du travail de la matte où pierre de cuivre. On porte : les mattes dans les fourneaux de calcination ou de grillage 4, PL, II, de Métallurgie, fig. 4. on les y calcine àæinq, huit, dix, vingt feux, felon le plus ou le moins de pureté de la matte. Cette pureté s’eftime 1°. par l’ufage & par la qualité de la mine: 2°, par la fufion premiere, feconde ou troifieme, dont elle eft le produit. Calciner a un feu, c’eft traiter une fois la matte de la maniere que nous avons dit, en parlant du grillage ou de la calcination, qu’on commençoit par traiter la mine qui avoit befoin d’être calcinée ou grillée : la griller à deux feux, c’eft la pañfer d’une des féparations du fourneau 4, dans une autre, &c l’y traiter comme elle l’avoit été dans la précedente, & ainfi de fuite. * On ne met qu’un lit de buches pour le premier grillage ou feu ; on augmente la quantité de bois à mefure que le nombre des feux augmente, & avec raifon : car plus la matte contient de foufre, plus il faut faire durer Le feu, chauffer doucement , & ufer d’un feu qui n’aïlle pas fi vite. _ Les mattes calcinées fe fondent dans le fourneau B , PI, V. de Mérallurgie, fig. 1. avec cette feule dif- férence , que les fouflets vont moins vite, & qu’on pouffe moins le feu. La matiere coule du fourneau dans la premiere cafle, de la premiere caffe dans la feconde , d’où on l’enlevé par plaques ou pains, comme nous l’avons décrit c1i-deffus ; & l’on a des fecondes mattes & un peu de cuivre noir : ce cuivre noir eft mis apart, | Ces fecondes mattes fe reportent encore au four- neau de grillage 4, pour y être recalcinées, d’où elles reviennent enfuuite ‘pour être fondues au four- . neau B. On les calcine cette fois au fourneau À à cinq ou fix feux ; & par cette nouvelle fufon au fourneau B , il vient une troifieme matte plus riche que la feconde , ainfi que la feconde étoit plus riche que la premiere , avec du cuivre noir. On obtient du refte une troifieme matte par la même manœuvre que les mattes précédentes, & l’on met aufli à part le cuivre noir. On reporte au fourneau de grillage ou de calci- nation , la troifieme matte, où elle efluie encore cinq à fix feux ; on la remet au fourneau de fufon, d’où il fort cette fois une matte riche , avec trois quarts de cuivre noir. Telle ef la fuite des opérations de la fonderie ou fufñon , & l’ordre dans lequel elles fe fuccéderoient dans une mine & des fourneaux où l’on travailleroit pour la premuere fois ; mais on procede autrement quand les fourneaux font en train. Alors on fond la mine & les différentes fortes de mattes dans un mê- me fourneau B, dont le travail eftininterrompu. On commence par fondre les mattes, & entre les mattes on choïfit les plus riches, pour les faire pañler les premieres ; on leur fait fuccéder les mattes les moins riches ; à celles-ci, celles qui le font moins encore, ou les mattes pauvres, & l’on finit par la mine. | Laraïfonde cet ordre, c’eft que le fourneau s’ufe, qu'il s’y forme , fur-tout au fond , des cavités, & qu'il vaut mieux que ces creux fe rempliffent de matte pauvre que de matte riche. Il arrive cepen- dant dans la fucceffion ininterrompue des fufons,que lon à quelquefois dans les poches ou cafles des mattes plus ou moins riches, & du cxivre noir; & il ne faut pas craindre que ces différens produits fe . confondent , & que l’on perde le fruit des calcina- tions : car les mattes riches étant plus pefantes que les autres, gagnent toùjours le fond de la caffe, en- forte qu’on a dans les cafles le cuivre noir, la matte riche , la matte moins riche, la matte pauvre, à- peu-près dans l’ordre des calcinations. Onobferve toutefois dans les fourneaux de cal- Cinations , de griller enfemble les mattes les moins riches, Il.y à à ce procédé de l’œconomie ; caril ne faut pas plus de bois pour griller trente quintaux de matte ; que pour n’en griller que cinq à fix. Conféquemment on à foin d’attendre qu’on ait beaucoup de mattes riches, & l’on en ramañle le plus qu'on peut, pour en faire le grillage à part, ou CUI 543 du moins on ne la confond qu'avec celle qui lui fuc- ceéde immédiatement en richefle. Voici donc l’ordre des produits de toutes les dif- férentes opérations : fcories, matte pauvre, matte moyenne, matte riche, cuivre noir. Le cuivre noir eft l’état dernier auquel on tend par les calcinations & les fufons réitérées, À réduire toute la mine, en la faifant pañler par ces états de mattes différentes. Du raffinage du cuivre. Raffiner le cuivre, c’eft le conduire de l’état de cuivre noir à celui de cuivre de rofetre, ou c’eft diffiper le refte de foufre qui le con. flitue cuivre noir, Cette opération fe fait au fourneau C, P/anck, F: de Métallurg. fig. 2. qu’on y voit en entier , & dont on a repréfenté une coupe & l’intérieur , Plan. VI, de Métallurg. fig. 6. & les évents de fon terre-plein, fi9. 5. même Planche, On commence par garnir la cafle on poche qui eft au-dedans avec le mélange de terre grafle & dé charbon en poudre dont nous avons parlé plus haut, Après ce préliminaire, on la fait fécher avec du char- bon, qu’on y entretient allumé pendant une ou deux heures. Céla fait, 1l s’agit de travailler. Pour cet effet on remplit toute la cafe de charbon de bois ; on place fur ce charbon un pain de cuivre noir ; on fait fur ce pain un lit de charbon ; on met fur ce lit trois ou quatre pains, enfuite du charbon , puis lit fur lit des pains alternativement , du charbon, jufqu’à la con- currence de cent, cent vingt, cent cinquante, deux cents, deux cents cinquante, trois cents pains , fuis vant la grandeur de la cafle, qui s’étend confidéras blement pendant le travail. | On chauffe, Les foufflets marchent à -peu-près pendant deuxheures , au bout defquelles le rafinenr trempe une verge de fer dans le cuivre qui a gagné le fond de la cafe; c’eft un effai : an fortir de la caf: fe, il plonge fa baguette enduite d’une pellicule de cuivre, dans de l’eau froide ; elle s’en détache ; ilen examine la couleur, & il juge à cette couleur fi la matiere eft ou n’eft pas afinée, Cet eflai fe répete d’un moment à l’autre; car la matiere prend avec beaucoup de: vitefle des nuances fuccefives, diffé rentes & perceptibles pour l’affineur. Dans le couts de cette fufion, on décrafle la maz tire, une, deux, trois, ou quatre fois; ce qui fe fait en écartant le brafer qui nage à fa furface avec un rable , ou en fe fervant de cet inftrument pour en enlever les ordures : enfuite on repoufe le brafier , & l’on y fubftitue de nouveau charbon, s’il en eft befoin. | Lorfque l’affineur s’eft affñré par un dernier eflai de la perfeétion de fa matiere & de fon degré d’aft- nage, on écarte encore le charbon, on décraffe de nouveau, on balaye les bords de la cafe ; le cuivre paroïîtalors dans un état de fluidité très-fubtile, fans toutefois bouillonner ; il fremit feulement , il élance dans l'air une pluie de grains menus, qu’on peut ramafler en paflant une pelle de fer à -travers cette elpece de vapeur, à un pié ou environ au-deflus de la furface du fluide, Elle s’appelle ffurs de cuivre ou cendre de cuivre, Pour en arrêter l’effluvium , & empê: cher la matiere de s’éparpiller af, le fondent af perge legerement la furface avec un balai chargé d’un peud’eau. Pour faire cette afperfion fans péril, on laifie refroidir la furface du cuivre ; céla eft effen- tiel, car fi l’on répandoit l’eau avant que la furface eut commencé à fe figer, il fe feroit une explofion confidérable , capable de faire fauter l’attelier. Lots donc que la furface commence à fe confoli= der un peu, on a un petit baquet plein d’eau , on en jette une flaquée lesere fur la furface du métal : cette eau bouillonne & difparoïten un moment ; on a alors 544 CUI un pic de fer avec lequel on détache du tour de fa cafle la lame figée, & l’on enleve cette lame ou pla- que avec des pinces. On répand fur la furface du métal reftant une feconde flaquée d’eau froide ; on détache avec le pic & l’on enleve avec la pince une fecondé lame; & ainf de fuite, jufqu’à ce que la cafe foit épuifée & l'ouvrage fait. Le dernier mor- ceau de czivre qui refte au fond de la cafe , après qu’on en a détaché & enlevé le plus de lames qu'il étoit poffible, s'appelle le roi; & toutes les lames ou pains de cuivre qui l’ont précédé & qu’on a for- més, détachés , & enlevés fuccefivement, s’appel- lent cuivre de rofètte , & fe vendent dans cet état 8z fous ce nom dans le commerce. C’eft de l’allage de la pierre calaminaire avec le cuivre de rofète , qu’on fait le cuivre de lation. Voyez, à l'article LAITON, l’art de le faire, & celui de cou: ler le laiton en table, de le battre, & de le trifiler. Voyez auffi les articles CALAMINE , CADMIE , 6 Zinc. Nous n’avons examiné jufqu’à préfent que le tra- vail de la mine qui ne contient que du exivre ; mais il arrive fouvent qu’elle contienne du cwivre &c de l'argent, & du czivre, du plomb, & de l'argent : telle eft la qualité de celle de Sainte-Marie-aux-Mi- nes ; alors elle demande à être traitée d’une maniere particuliere, que nous allons expoler. Du travail de la mine de cuivre & argent ; & cuivre, plomb, & argent, Le triage de cette mine n'eft pas différent du triage de la mine de cuivre fmple. Quant à la calcination, elle fe fait au fourneau de reverbe- re en grand , Où paf la flamme : cette maniere de calciner épargne du bois & du tems, parce qu'on n’y employe que du fagot , &c qu'on exécute en deux fois vingt-quatre heures , ce qu'on ne fait auTillot qu’en quinze jours & par vingt grillages. On ne fuit pas au Tillot la même voie; parce qu'entre tous les ouvriers il n’y en a point qui ayent un attachement plus fcrupuleux pour leurs vieilles manœuvres , que ceux qui travaillent les mines, parce qu'il nyena aucun dont la pratique foit moins éclairée. Les fourneaux de grand reverbere ;itels qu’on les voit PL. VII, de Mécall. fig. 1. & fig. 2, font en ufage à Giromagni. Ils y ont été apportés par des Anglois. lis s’en fervirent d’abord pour la fonte du plomb; enfuite pour celle du cuivre. Ils y calcinoient, fon- doient, Éc. travailloient cette mine par la flamme; ils s’affüroient qu’elle étoit cxivre de rofette, comme nous l'avons dit plus haut, & ils continnotent le tra- vail de la maniere que nous l’allons dire en peu de mots. | Ils avoient de petits moules de terre, qu'ils ran- geoient devant la cafe ; ils puifoient avec une gran- de cuillere dans le cuivre en fufion , & ils jettoient une de ces cuillerées dans chaque moule. Ils reve- noient enfuite au premier de ces moules , fur lequel ils jettoient une feconde cuillerée, & ainf de fuite des autres moules, continuant de la même maniere jufqu’à ce que toute la matiere de la caffe fût épui- fée. Avant que de verfer dans le premier moule une feconde cuillerée , la premiere verfée avoit eu le tems de fe refroidir aflez pourne pas fe fouder avec la feconde. Quand la cafle étoit entierement épui- {6e , la feule fraîcheur de l’eau fufifoit pour féparer les produits de toutes ces différentes fufñons, & en former autant de pains. On voit, PL WI. fig. 1. & 2. deux de ces four- neaux de grand reverbere en entier ,1éc l'on en voit différentes coupes ; Plan. VIII. fige 142. 3. 4. 6 5: La figure 1. eft le plan du fourneaude grand rever- bere A de la Planche VIT. pris au niveau du com- mencement des voûtes: La figure 2.reit une coupe du même fourneau ,prife verticalement & {elon ia largeur, La figure 3. eft une coupé horïontaie du fourneau de grand reverbere I de la Planche VIE. prife à la hauteur de la voûte. La fig. 4. eft une coupe du même fourneau fur la ligne 4 8. La f- gure $, en eft une autre coupe verticale. Dans les coupes du fourneau de grand reverbere À, fig. 1 6 2. PI, VIII. C, C eft a srille; D, la cheminée de la fumée; £, la cheminée des vapeurs métalliques. * Dans les coupes du fourneau de grand reverbe- re 1, même PI, VIII, fig. 3. 4. 5. C'eft la erille & le cendrier , fig. 3. & 43 & c eft la grille & le cen- drier, fig. 5 ; d la cafle ; e l'ouverture extérieures; f: f, la cheminée des fumées, antérieure & exté- rieure ; 4, u, la cheminée des vapeurs; g, g,g, la cheminée poftérieure & intérieure des vapeurs. Nous avons dit ce qui concernoit le triage é&c le grillage des mines tenant evivre & argent, & cuivre, plomb, & argent : c’eft dans ces fourneaux de rever- bete que fe fait auf le grillage des mattes qui pro- viennent de ces mines. Quant à la fonderie, elle s’exécute dans un fourneau tel que celui qu’on voit en B, PL V. fig. 1. & de la même maniere que f la mine étoit cuivre feul. On obtient par des fufons réitérées la même fuite de produits dans l’un & l’au- tre cas, avec cette difference que le cuivre noir con- tient dans celui-ci du caivre"& de l'argent, qu'il fau- dra féparer par une autre opération dont nous al- lons parler. Cette opération eft fondée fur la propriété qu’a le plomb fondu avec le cuivre & l'argent , d'enlever l'argent au cuivre noir : d’où 1l s'enfuit que quand la mine tient cuivre, plomb, & argent, le plomb mé- me qu’elle contiendra commencera dès la premiere fonte à fe faifir d’une partie de l’argent; & le mê- lange de plomb & d’argent étant plus pefant que le refte, on aura dans le fond de la cafe des pains de plomb tenant argent. On met de côté ces pains de plomb tenant argent, & l’on traite les autres mattes, comme nous avons dit ci-deflus, réduifant tout par calcinations & fu- fions à l’état de civre noir tenant argent. On fait enfuite l’effai du exivre noir, pour favoir quelle eft fa richefle, & ce qu’il y faut ajoûter de plomb. Après l’effai, on met ce cuivre noir dans un fourneau tel que le fourneau B, PL. F, fig. 1. on le travaille comme la mine ordinaire , & l’on a dans le fond des caffles des pains tenant plomb & argent, & fur ces pains d’autres pains de cuivre noir. On ap- pelle rafraichir le cuivre , opération par laquelle on lui joint du plomb. On met de côté ces feconds pains plomb &c ar- gent avec les premiers ; mais ceux du cuivre noir n’e- tant pas à beaucoup près entierement dépouillés d'argent, on tire ce qu'ils en contiennent de la ma- mere fuivante. On place verticalement dans le fourneau D, PZ. F. fig. 1. qu'on voit entier, & dont on a des coupes fig.s. & 7. PI, VI. les pains de cuivre noir avec du charbon ; on contient le tout avec une efpece d’af- femblage en forme de boîte , compofée de‘quatre plaques de tole. Le feu qu'ils effuient fufit pour faire fondre & couler le plomb tenant argent, & pour en épuifer à-peu-près le cuivre. Ce plomb tenant argent tombe dans le cendrier du fourneau, d’oùil defcend par une rigole inclinée vers une cafe placée au-de- vant du cendrier. On a donc dans cetre cafle des troifiemes pains tenant plomb & argent ; qu’on met de côté avec les autres. Cette opération s'appelle liguation , & le fourneau fe nomme fowrreau de liqua- tion ou de reffuage. - Mais au fortir du fourneau D, ces pains de cuivre roirt contenant encore de l'argent, ils {ont portés, pour en-être entierement dépoullés , au fourneau qu'on voit entier en G, fig, 3+ PI, VII, & dont on VOL woit la coupe fig. 6. PI, VIII. on les y étale comme des rouleaux de jettons fur une table ; on fait def- fous un violent feu de bois ; & pour donner au feu plus d’ation , on ferme le devant du fourneau, de maniere que l’air ne poufle que par l’ouverture du cendrier : ce feu acheve d’épuifer ces pains de caivre Aoër de tout l’argent & plomb qu’ils contenoient. Il y a auff à ce fourneau rigole &z caffe fur le devant. Toute la matiere fe trouve donc maintenant ré- duite, partie en pains tenant plomb & argent, par- tie en pains de cuivre noir pur. Le pain de cuivre noir pur fe conduit à l’état de cuivre de roferte, comme nous l’ayvons expliqué plus haut; & l’argent &c le plomb fe féparent dans le travail des autres, com- me nous allons l'expliquer. Pour féparer le plomb & l'argent, on coupelle au fourneau, qu’on voit en entier PZ. IX. fermé en F, fig. 1. 8 ouvert en partie, méme PL. fig. 2.en E, & dont on a différentes coupes, PZ. VI, fi, 8, 0,10. La figure 8. eft le plan de ce fourneau au niveau de Pâtre; la fgure 9. en eft une coupe fuivant la ligne CL; & la figure 10. eft un plan des évents du four- neau F, & du feul étage où il y ait des évents au fourneau Æ£, Pour cet effet, on couvre le fond du fourneau d’une couche de cendres lefivées, & pré- parées à la maniere de celles qu'on employe aux coupelles d’effai ordinaires. Voyez Les articles Essai & CoureLzLE. On bat cette cendre ; on lui donne un peu de concavité : cela fait, on y difpofe un pe- tit lit de foin, afin qu’en pofant les pains on ne fafle point de trous à la couche de cendres, qu’on appelle cendrée. Voyez cêt article. On range enfuite les pains . les uns fur les autres à plat & circulairement ; on al- lume un feu de bois, on couvre le fourneau avec fon couvercle; on dirige le vent des foufflets fur la fur- face du métal: les pains fondent, Quand la fufion eft complete, une partie du plomb fe vitrifie, & fe met en litharge liquide : cette litharge gagne les bords. On Tui a menagé une rigole; & avec un ringard, on l’attire au-dehors, où elle ne tarde pas à fe figer. C’eft fous cette forme qu’on fe débarraffe d’une par- tie du plomb; le refte ou fe diffipe en vapeur, ce qu’on appelle fumer ; ou pénetre dans la cendrée & s’y fige , entrainant avec lui tout ce qui n’eft pas ar- gent. Ce qui eft argent demeure feul & fe purifie. On ne dit rien 1c1 du feu ; 1l fe doit ménager felon l'art. Voyez l’article FEU. Aufitôt que le plomb a été épuifé par les voies que nous venons d'indiquer , argent fe fige au mi- lieu de la coupelle ; le figer de l’argent fuit fi rapide- ment la défeétion du plomb , que les ouvriers ont donné à ce phénemene le nom d’éclair. Voyez Parsi- cle EcLAIR. Si l’on n'a pas foin de retirer le cuivre auflitôt après qu'il a fait éclair, il fe brûle &c fe ré- duit en chaux. On a trois matieres, l'argent pur, la litharge , & la matiere imbibée dans la coupelle ou cendrée, La litharge & la coupelle ont leur utilité ; on peut les fubflituer au plomb dans l'opération même que nous venons de détailler plus haut : mais il eft à-propos d’obferver que la litharge & la coupelle ne font au- tre chofe que des chaux de plomb , qui ne fe rédui- fent pas toutes dans la fonte en grand. On trouve dans ces travaux qu’un quintal de litharge réduite, ne donne guere que foixante & quinze livres de plomb, & qu’un quintal de coupelle n’en donne guere plus de cinquante: ainfi , quand äu lieu de plomb on employe la litharge & la coupelle, il faut avoir égard à ces déchets. Dans les coupellations en grand, on prend communément partie plomb neuf, partie litharge, partie coupelle. Voyez fur la même matiere. les articles FONDERIE , MÉTALLUR- GIE, 6& DociMAS1E. Les opérations qui viennent d’être décrites fufi- Tome IV, CUI 54$ fent pout dônnet une idée générale de la maniere de traiter les mines de cuivre: au refte dans chaque pays on fuit, comme nous l’avons dit plus haut ; des méthodes différentes, parce qu’on a à traiter des mines de différente nature ; 1l faudroit des volumes entiers pour donner tous les détails qui fe pratiquent. Ceux qui feront curieux de s’inftruire à fond {ur cette matiere, pourront confultet le éraité de la fonte des mines d’André Schlutter, publié en françois par M. Hellot de l’académie des Sciences ; & Schweden« borg de cupro ; ouvrages dans lefquels on a recueilli prefque toutes les manieres de traiter les mines de cuivre pratiquées par différens peuples de l’Europe Quand le cuivre a paflé par les travaux que nous venons de décrire, il eft pur, dégagé de toutes ma tieres étrangeres , & on l’appelle cuivre de rofette, ow fimplement exivre : c’eft alors qu'il a les proprictés indiquées dans la définition que nous ayons donnée au commencement de cet article , & qu'il préfente les autres phénomenes dont nous allons parler. Le cuivre a la propriété de s’unir très-facilement par la fufion avec plufeurs fubftances métalliques. Il s’unit très-aifément avec le fer ; il y a même des chimiftes qui prétendent qu’il n’y a point de fer qui n’en contienne une portion, Si on le fond avec l’an< timoine, il fait le régule d’antimoine cuivreux ; avec le zinc, il fait le tombac & Le métal de prince; avec la calamine ou la cadmié des fourneaux, il fait ce qu'on appelle le cuivre jaune ou laiton. Voyez les arti< cles CALAMINE, CADMIE , & LAITON. $i on le mêle avec de lorpiment & de l’étain , on aura une compofition propre à faire des miroirs métalliques. Uni avec de Parfenic détoné avec le nitre, il devient blanc, fragile , & caflant : c’eft ce qu’on appelle cui vre blanc, Allié avec de l’étain, il fait une compof- tion très-fonnante, propre à faire des cloches , des fatues, Éc. cette compofition s’appelle #ronze. Voyez BRONZE. On mêle une petite portion: de cuivre avec, l'or & l’argent, pout donner à ces métaux une dureté &tune confiftance qu'ils n’auroient point fans cela,ê pour les rendre plus faciles à être travaillés: outre cela 1l conferve leur duétilité à ces métaux qui font fujets à la perdre très-aifément. Lorfque le civre a. été roupi dans le feu, fi on lui joint du foufre, il én- tre en fufñon avec beaucoup plus de facilité que file cuivre étoit tout feul. | Le cuivre expofé pendant long-tems au feu de re- verbere, fe change en une chaux métallique qu’on nomme æs wflum , Ou faffran de venus, ou écaille de cuivre ; qui eft propre à colorer en verd les vertes, les: émaux , & à peindre la fayence & la porcelaine. On peut réduire cette chaux en ezivre , en y joignant du charbon & du verre de plomb. Kunckel nous dit que cette chaux de cuivre , calcinée avec partie égale de foufre dans un plat découvert , s'allume & fulmine 3 ce qui n'arrive plus, fi on y remet de nouveau foufre = mais fi on en dégage tout le foufre , & qu’on fañle reverbérer de nouveau la chaux de exivre, elle s’al- lumera de nouveau avec le foufre. Voyez Kunckel, laboratorium chimicum. Nous avons déjà remarqué que tous les diflolvans agiflent fur le cxivre : voici les phénomenes qui ac- compagnent ces différentes diflolutions, L’acide vitriolique diffout le cuivre difficilement lorfqu'il eft entier ; 1l faut pour que la diflolution {e fafñle promptement, que le cuivre {oit ou en limaille ou en chaux, c’eft-à-dire dans un état de divifion. L'union de l’acide vatriolique & du cxivre, fait le vi triol de vénus; voyez l’article ViTr10L : il eftrhom= boide ou lofange. | L’acide.nitreux diflout le cuivre avec une rapidité étonnante, quandul eft concentré ; il s’éleve beau- coup de vapeurs rougeâtres : la difolution eft d’un bleu qui tire fur le verd: les cryftaux ge en réfuls ZZ CU: ‘46 tent font d’un beau bleu. En diftillant ia diffolution du cuivre dans l’efprit de nitre, il paflera une liqueur d’un beau verd , & le réfidu de la diftillation fera un fl inflammable, Si on joint de l'huile de vitriol à la même difolution | & qu'on diftlle sil paflera des gouttes fort pefantes d’une liqueur verte. S1 on fait évaporer jufqu’à moitié la difolution delczivre dans Pefprit de nitre , 8 que tandis qu’elle eft encore chaude, on y verfe une certaine quantité d'huile de vitriol , 8 qu’on y 'ajoûte trois fois autant de mer- cure que d’huile de vitriol, après qu'on aura diftillé à grand feu pour faire pañler toute la liqueur, on aura un fublimé d’un très-beau rouge: fi on reitere ce travail à plufieurs reprifes, en faifant diffoudre de nouveau le réfidu dans de lefprit de nitre, & re- mettant du mercure pour la fublimation , le cwvre fera , dit-on, à la fimentierement désruit , & du réfi- du on pourra en tirer un vrai fel métallique. Foyez lalchymia denudata. En joignant du {el marin à la diflolution de cuivre dans de lefprit de nitre , elle jaunit. L’efprit de fel marin diflout Le cuivre; dans cette diflolution l’effervefcence eft confidérable, mais la ‘diflolution eft lente: elle produit des cryftaux foyeux ou par bouquéts, qui font d’un beau verd, &z qui attirent l'humidité de l’air. Ce fel neutre eft propre à colorer en verd lesfeux d'artifice; pour peu qu’on en mette dans un brafer, la flamme conferve long- tems une couleur d’arc-en-ciel très-vive. » Le cuivre {e diflout dans l’acide du vinaigre, mais il faut pour cela que ce métal foir dans un état de divifion, comme dans l’œs sflum. Cette diffolution donne des cryftaux verds, qu’on nomme cryffaux de verder. Pour les faire il ne s’agit que de mettre du veïd-de-pris & du vinaigre dans une baffine de cx- vre. On fait bouillir ce mélange. Quand le mouve- ment d’effervefcence eft paflé, on filtre la liqueur, &t on la fait évaporer : par ce moyen on a des cryf- taux, fans courir les mêmes rifques que fi on faioit digérer le vinaigre &c le verd-de-gris dans des ma- tras fermés. Voyez l’art. VERD-DE-GRIS, En mettant en diftillation les cryflaux de verdet, on obtient le vinaigre radical , ou le prétendu 2/kaheff de Zwelfer. Le cuivre qui a été mis en diflolution dans un acide quelconque, peut être précipité fous fa forme natu- relle par le moyen du/fer. Il n’eft donc queftion que de tremper du fer dans la diflolution, & pour lors le cuivre fe met à la place du fer qui fe diffout , & le fer paroît enduit de particules cuivreufes : c’eft ce que quelques gens ont voulu faire pafler pour une rranfinusation, tandis que ce n’eft qu'une précipita- tion ; ou plütôt une révivification du cxivre. - Les alkalis fixes agiflent fur Le cuivre, de même que les acides, & la diflolution en eft bleuâtre : les alkalis volatils rendent la diflolution d’un bleu plus foncé. Rien n’eft plus propre à indiquer la préfence du cuivre, que l’alkali volatil. En effet , quelque pe- tite que foit la portion de ce métal contenue dans une liqueur, lalkali volatil en développe fur le champ la couleur. Un phénomene très- digne d’at- tention, c’eft que fi on met de la limaille de cuivre dans uné-phiolé qu’on remplifle enfuite d’efprit de {el ammoniac ; fon bouche ce vaifleau , on ne re- marquera aucune couleur dans la liqueur ; mais dès gu’on débouchera la phiole , &c qu'on Ôtera une par- tie de la liqueur pour donner paflage à l'air, on lui verra prendre une couleur bleue très-vive &c très- belle. Cela prouve que pour que la diffolution du cuivre {e fafle dans l’alkali volatil , 1l faut le contaét de l’air. Un autre phénomene, c'eft que le cuivre qui a été diflous par un acide , peut être précipité ou non précipité à volonté par les alkalis fixes & volatils. Si on veut que la précipitation fe fafle , il faut nen mettre qu'un peu; fi on veut qu'il ne fe CUI fafle point de précipité, il n’y a qu'à y mettre une pite, y aqua y . trop grande quantité d’alkali: pour lors l’alkali re- diflout le cuivre fur le champ, & le précipité difpa- roit. Cette expérience eft de M. Roïüelle, | La diflolution du cuivre dans Palkali volatil, four- nit une preuve des plus convainquantes de la grande divifibilité de la matiere. Boyleayant diffous un grain de cuivre dans de l’efprit de fel ammontac, & ayant enfuite mêlé cette diflolution avec 28534 grains d’eau pure, ce grain de czivre teignit en bleu ross7 pouces cubes ; & comme un pouce a , felon lim, 2160000600 particules vifbles, il s'enfuit qu'un grain de cuivre peut être divifé en 227880000 parties vi= fibles. Le cuivre peut s’amalgamer avec le mercure, mais il faut pour cela qu'il foit en limaille, & qu’on le fafle rougir au feu : alors on triture le mélange. Cet amalgame fe fait aufi par la voie humide. Le czivre difflous dans un acide, eft précipité par le mercure ; qui Le trouvant dans un état de divifion, fait union avec lui. Par exemple, on prend parties égales de . Vitriol bleu & de mercure ; on met ce mélange à bouillir dans du vinaigre dans un vaïfleau de fer : par-là il fe fait un amalgame du mercure avec le cu: vre, qu’on a voulu faire pafler pour une sranfmuta- tion du cuivre en argent ; mais dans cette opération l'acide attaque le varfleau de fer &c lâche le cuivre, qui pour lors s’unit au mercure. Borrichius prétend que par l’amalgame le cuivre eft décompofé , & n’eft plus réduétible. | Plufieurs chimiftes fondées fur quelques analogies ont prétendu que le cuivre contienfrune portion ar- fénicale & faline qui eft intimement unie à fa terre, & que c’eft la raifon de la facilité qu'il a à fe diffou- dre dans toutes les liqueurs, &c des mauvais effets qu'il produit lorfqu’onle prendintérieurement. Quoi qu'il en foit de ce fentiment , 1l eft certain que le cuivre eft un poifon très-dangereux; en effet les ou= vriers qui travaillent le cuivre font fujets à l’afthme &c à la phthifie; cela vient des particules cuivreufes: répandues dans leurs atteliers qu'ils refpirent conti= nuellement : d’ailleurs le cuivre eft un violent éméti- ._ que; il excite de cruelles naufées, & donne à l’efto- mac des fecoufles épouvantables accompagnées de douleurs très-aigues & de fpafmes , parce qu'il eft très-corrofif. Malgré ces mauvaifes qualités, quel- ques medecins en ont vanté l’ufage médicinal inter- ne dans certains cas. Boerhaave entr’autres a beau- coup célebré la teinture du czivre faite par l’alkalt volatil comme un puiffant remede contre l’hydropi- fie. D’autres ont attribué de grandes vertus à la ix- ture de venus, c’eft du cuivre diflous dans le vinaigre & précipité par de l’alkali volatil ; en évaporant cette diflolution, on a des cryftaux bleus qui don- nent cette couleur à de l’efprit-de-vin retifñé. Mais malgré ces éloges, l’ufage du cuivre pris intérieure- ment doit toujours être regardé comme très-{ufpe&t, &c par conféquent il faut abfolument le bannir de la Pharmacie : il n’en eft pas de même de l’ufage exté- rieur ; on regarde les préparations cuivreufes com- me propres à nettoyer les ulceres & les plaies, à les deffecher , à ronger les chairs baveufes , & à les faire cicatrifer, &c. Les ufages du cuivre dans les arts & métiers font très-connus ; on en fait un grand nombre de vafes & uftenfiles, des canons, des planches pour la gra- vüre, des cordes pour les clavecins; il en entre dans les cara@teres d’Imprimerie. En trempant le cuivre &c le travaillant au marteau, on peut lé rendre prefque auf dur que l’acier, & en faire toutes fortes d’in- ftrumens tranchans , comme avec le fer : il y a des preuves que les anciens fe fervoient de couteaux de facrifices , de haches , &c. de cuivre. On en fait de la monnoie, & l’on allie une petite portion de cuivre aux CUT éfpéces d’or & d'argent, pour leur donner plus de’ |! confiftence & pour empècher qu’elles ne s’ufent trop promptement : on en fait des ffatues & des orne- mens. Il feroit fort heureux qu’on fe bornât Là ; mais par un aveuglement impardonnable , on ne fe fert que de cuivre pour faire la batterie & prefque tous les uftenfiles de la cuifine : malgré les inconvéniens facheux qui en réfultent journellement, on continne toüjours à fe fervir d’un métal dont les dangers font reconnus de tout le monde. On fe croit en füreté par Pétamage , fans faire attention qu'il y a de la téméri- té à ne mettre entre la mort & foi qu'une lame très- mince d’une compofition métallique très-dangereufe par elle-même : en effet, l’étain & le plomb qui {er- vent à étamer les cafleroles & les autres morceaux de batterie de cuifine, ne fe diflolvent-ils point par les fels , les acides des plantes, le vinaigre, 6e, & pour lors ne font-ils point de vrais poifons ? Joignez à cela qu’il faut un degré de feu fi leger pour fondre l’étain & le plomb, qu'il eft prefqu'impofñble de préparer un ragoût ou une fauce fans que l’étamage n'entre en fufñon, ce qui donne aux matieres grafles la facilité d'agir & de diffoudre Le cuivre qui en eft recouvert. Un abus pour le moins aufi dangereux & contre lequel tout bon citoyen devroit s'élever, c’eft l’ufa- ge que font quelques apoticaires de mortiers de bron- ze pour préparer leurs médicamens & piler des dro- gues; on fent aifément que prefque toutes les fubf- tances réfineufes, grafles, &c. agiffant fur Le cuivre, & d’ailleurs les coups redoublés des pilons pouvant détacher des particules métalliques d’un pareil mor- tier , 1l réfulte des dangers évidens de l’ufage inter né de médicamens ainfi préparés ; c’eft de-là qu’on voit fouvent des remedes opérer d’une façon tout- à-fait contraire au but que s’eft propofé celui qui les a ordonnés, & produire dans les malades des vo- miflemens , des fpafmes , des naufées, & d’autres accidens fâcheux auxquels on n’avoit point lieu de s'attendre, & qui peuvent fe terminer par la mort, Il feroit donc bien à fouhaiter que ceux qui font dépofitaires de l’autorité publique priflent ces abus en confidération, & cherchaflent à y remédier ef- tacement. Quiconque pourroit venir à bout de pro- duire un changement fi favorable à l'humanité, mé- titeroit qu’on lui élevät, du métal qu'il auroit fait profcrire , une ftatue, au pié de laquelle on met- troit OB CIVES SERV ATOS ; infcription mille fois plus glorieufe que celle qu’on pourroit graver fur la ftatue d’un conquérant, dont les armes vi&o- rieufes n’auroient fait que defoler une portion de l’u- hivers. On fait que le cuivre fait une partie très-confidé- ’rable du commerce des Suédois; cette confidération quelqu’importante qu’elle paroifle au premier coup- d'œil, n’a point empêché le gouvernement de prof- crire l’ufage du cuivre dans tous les hôpitaux &c éta- bliffemens qui font de fon reflort : un exemple auffi généreux doit-il n’être point fuivi par des nations moins intéreflées que la Suede au commerce du cxi- vre? (—) Cuivre DE CORINTHE , (Métallurgie. en latin æs Corinthiacum , & par Virgile, Ephyreia æra. C’eft cette fameufe 8 prétieufe compoñition métallique fi vantée pour fa beauté, fa folidité, fa rareté, &c. qu'on préféroit à l’or même. Il ne faut pas fe perfuader avec quelques moder- nes, fur le témoignage de Florus & autres hiftoriens, que ce fût un alliage de cuivre, d’or, & d’argent qui {e ft accidentellement lors de l’embrafement de Co- rinthe par l’armée Romaine, l’an de Rome 607, & 147 ans avant Jefus-Chrift : c’eft une pure fable qui ne mérite aucune croyance. Le cuivre de Corinthe étoit réellement une compoftion d’un mélange de Tome IF, CUL S 47 cuivré, d’ot, & d'argent fäit par art, & l’orichal- que faétice des anciens étoit fuivant toute apparen- ce une efpece de cuivre de Corinthe; maïs le fecret de cette compofñtion étoit déjà perdu un fiecle avant là deftruétion d’Ephyra par les Romains. L’interprete Syriaque de la Bible prétend que les vafes que Hi- ram donna à Salomon pour lé temple étoient de cui: vre Corinthien, I] femble qu’on peut recueillir de cette Opinion , que le cuivre de Coriñthe étoit en ufage lorf- que Salomon bâtit le remple, c’eft-à-dire, plus de 900 ans avant [a ruine de cette malheureufe ville. Sa rareté femble avoir été la principale caufe de ce que fon prix devint exorbitant, On en faifoit un fi grand cas, qu'il pafla en proverbe que ceux qui vouloient paroître plus habiles que les autres fur les Arts, flairoient la pureté du cxivre de Corinthe, C’eft le fujet d'une des jolies épigrammes de Martial : Confuluit nares an olerent æra Corinthum , Culpayit flatuas, & Polyclete, tuas. « Mon cher Polyclete , il a condamné vos ftatues » parce qu’elles n’ont point à fon nez l’odeur du cxis » vre de Corinthe », Savot a parlé plus exaétement de ce cuivre, que divers naturaliftes. Il en établit, comme Pline , de trois efpeces ; l’une où l'or étoit le métal domirantz l’autre où Pargent prédominoit ; & la troifieme où Por, Pargent, & le cuivre fe trouvoient par égales portions. Nous imiterions peut-être fort bien ces di= verfes efpeces de cuivre de Corinthe, fi nous voulions nous donner la peine d’allier ces trois métaux, Les médailles qu’on nous donne aujourd’hui pour être de cuivre de Corinthe , n’en font {ürement pas, fuivant la remarque de Swedenborg, Celles qu’on connoït même pour être du tems d’Augufte, & qu’on range parmi le moyen bronze, font de cuivre rouge, Il y en a aufli de cuivre jaune, parmi le grand &le moyen bronze. Arricle de M, le Chevalier DE J AU- COURT. CUIVRÉ. On appelle, én termes de Doreurs ; ouvrage cuivre, une faufle dorure , c’eft-à-dire une dorure avec du cuivre en feuille, employé de la même mamere que l’or fin. ù CUIVREUX , adj. pris fubft, (Teznr.) e dit de lécume qui paroît à la furface du baïn de la cuve. . CUIVROT, f. m. ovul d'Horlogerie ; c’eft une petite poulie de laiton qui a-un trou, pour entrer fur les tiges des différentes pieces que l’on veut tour: ner : les Horlogers en ont un grand nombre qui ont tous des trous de différentes groffeurs, Voyez Planche XIII, de l'Horlogerie, figure 26, qui repréfente un arbre garni de fon cuivros., C’eft fur le cuivror que _pañle la corde de Parchet, qui y-fait un tour. Les forets & les fraizes ont aufli chacun leur czivror. Cuivrot à vis, eft un cuivror À un très-grand trou, &t une vis qui Le traverfe de la circonférence à fon centre. Par le moyen de cette vis on peut faire tenir ce cuivrot fur des tiges de toutes fortes de groffeurs, en la ferrant plus ou moins : il y en a de cette efpece qui ont une fente 4, qui va du centre à la circons férence. Ils font ordinairement d’acier ; on s’en {ert particulierement pour mettre fur les palettes d’une verge de balancier. Voyez PALETTE, VERGE, Ge, G Les fig. 24. 6 25. de la même Planche. Celles qui font au-deflous , font le plan defdits cuivrors , ainfi nommés parce qu'ils font de cuivre. (T CUIZEAUX, (Géog. mod.) petite ville de France dans la Brefle Châlonoïfe. CUIZERY , (Géog. mod.) petite ville de France dans la Brefle Châälonoife, fur la Seille. CUL , f. m. ( Anar.) le derriere , cette partie de l’homme qui comprend les fefles 87 le fondement, Ce mot s’applique à plufeurs autres chofes. CuL D’ASNE, voyez ORTIE DE MER, ZLz7i 548 ET D Cuz dE CHEVAL, Voyez ORTIE DE MER: .“CUL ROUGE, v0ye? ÉPEICHE. CUE. D'UN VAISSEAU , ( Mar.) #on arrieré, Voyez Planche LI. fs. 1 le deffein de la poupe d'univaiffeau. (Z) Cul de port ou de porc ; (Mar.) ce font de certains mœuds qu’on fait à des bouts de cordes: il y en à de doubles & de fimples. (Z) Cut-pE-LAMPE , verme d’'Architeëlure ; efpece de pendantif-en forme pyramidale renverfée , fervant À foûtenir une tourelle, une guérite, ou tout autre ouvrage d’Architeéture qui ne monte pas de fond. On appelle auffñi cul-de-lampe, tout ornement de Sculpture qui conferve cette forme, & qui foûtient uneifigure, un trophée ou un vafe , ainfi que ceux qui tiennent lieu de confoles & qui portent les fta- tues qui font placées au-devant des pilaftres de la mef & du chœur de faint Sulpice , à limitation des anciens, qui plaçoient ordinairement à la hauteur du tiers inférieur de leurs colonnes, des efpeces d’encorbellemens fur lefquels ils pofoient des figu- res ; aïnfi qu’on le remarque dans les defleins des guines de Palmire , dont un recueil fort eflimé vient d’être mis au jour par les Anglois. (P) CuLs-bE-LAMPE, (Gravure.) c’eit dans la Gra- yure , tant en bois qu’en cuivre, & mème en fonte, des ornemenÿ qu’on met à la fin-d’un livre ou des chapitres , lorfqu’il y a du blanc qui feroit un trop grand vuide, & feroit defagréable à voir nud. On les tient de forme un peu pointue parle bas, & telle à-peu-près qu'unelampe d’égliie : de-là leur eft venu le nom de cu/-de-lampe. À l'égard des grandeurs qu'ils ont, ceux quifervent à de grands #7-fo/. font d’en- viron quatrepouces enquarté ; ils ont quelque chofe de moins pour les petits in-fol, pour les 2n-4°. trois pouces au plus ; aux /2-8°. un pouce & demi ; & aux é7-12. un pouce ; ce qui cependant n’eft qu'une mefure générale, chacun les ordonnant fuivant les places à remplir. Voyez FLEURONS 6 PLACARDS.. Les Imprimeurs compofent des cu/s-de-lampe de différentes petites vignettes de fonte, arrangées de façon que le premier rang foit plus long que le fe- cond , le fecond plus long que le troifieme, & ainfi de fuite jufqu’à la fin, totjours en rétréciflant ,, &c terminé par une feule ou deux pieces au plus. An- ciennement on faifoit volontiers les frontifpices ou premieres pages dans ce goût, mais cela n'eft plus d'ufage. | _Cut-DE-SAC , en Archiretture, eft une petite rue fermée par un bout. -CUL-DE-FOUR , (Coupe des pierres.) eftune voûte fphérique-ou fphéroïde , de quelque ceintre qu’elle foit , furhauflée ou en plein ceintre , quoique les culs-de-four dont elle tire fon nom, foient très-fur- baiflés. L’arrangement de leurs voufloirs peut va- rier & leur donner différens noms, comme ex pen- dannif, en plan de voëte, d’arrête, &cc. (D) _«QUL DE CHAPEAU, fe dit communément d’un chapeau dont on a coupétoutle bord jufqu’au lien, c’eft-à-dire jufqu’au bas de la forme ; mais en terme de Chapelier ; le cu/ du chapeau ne s'entend que du deffus de la tête: ainf, faire lecul d'un chapeau, eft une .expreflion qui fignifie mestre le chapeau fur une plaque chaude; converte depapier 6 de toile un peu hurmi- de, 6. le tourner fur le fond de la forme, après avoir mis une forme de bois dans la cavité dela tête. V.CHAPEAU. : CUL DE POELE , (Jard:), fe dit en fait de deflein d'une allée, d’un tapis de gafon, ou d’un canal fait en Long’, &cterminé par un ovale formant une poile. (Æ) CuLs-DE-SAC , (Jardin.) ce font des extrémités d’allées qui n’ont point d'iflue, telles qu’on en trou- ve dans les bofquets & les labyrinthes. On donne le même nomaux rues-qui n’ont point de fortie. CuL DE VERRE , (Maréchall.) efpece de browl- v On nomme ainfi | CUC : lard vérdâtre qui paroït au fond-de l'œil de quelques chevaux, & qui dénote qu'ils ont la vûe mauvae, Farcin ; cul de poule 5 voyez FARCIN. Avoir le cul dans la [elle, {e dit du cavalier, quand il-eft bien afis dans la felle, de façon que fon der- riere ne leve pas, & ne paroïîtpashorsdelafelle. (#7), CUL DE CHALANS, terrne de Riviere; efpeces de bateaux quife fabriquent aux ports de Saint-Dizier, Moellin & Eftrepy. | CUL-PENDANT , terme de Riviere ; expreflion ufi- tée dans les ports, pour le placement des bateaux. ! CULAGE, CULLAGE, ox CULIAGE, f. m.(Jur.} étoit un droit que certains feigneurs exigeoient aus trefois de leurs vaflaux & fujets qui fe marient. Plufieurs feigneurs exerçant dans leurs terres un pouvoir arbitrawe & tyrannique , s’étoient arrogé divers droits, même honteux & injuftes , à l’occa- fion des mariages, tels que la coûtume infame qui donnoit à ces feisneurs la premiere nuit desnouvelles mariées. Le feigneur de S. Martin-le-Gaïllard dans le comté d'Eu, étoit un de ceux qui s’étoient attribué ce pré- tendu droit, comme on le voit dans un procès-verbal fait par M. Jean Faguier auditeur en la chambre des comptes, en vertu d'arrêt d’icelle du 7 Avril r507, pour l'évaluation du comté d'Eu tombé en la garde du Roi pour la munorité des enfans du comte de Ne- vers & de Charlotte de Bourbon fa femme. Au cha- pitre du revenu de la baronie de S, Martin-le-Gail- lard, dépendant du comté d’Eu, ileft dit: Jsem, a ledit fergneur, audit lieu de S. Martin, droit de cullage quand on fé marie. Les feigneurs de Sonloire avoient autrefois un droit femblable ; & l'ayant obmis en l’aveu par eux rendu au feigneur de Montlevrier feipgneur fuzerain, l’aven fut blâmé : mais par aéte du 15 Décembre 1607, Le fieur de Montlevrier y renonça formelle: ment, & ces droits honteux ont été par-tout con- vertis en des preftations modiques, | On tient que cette coûtume fcandaleufe fut intro- duite par Even roi d’'Ecofle , qui avoit permis aux principaux feigneurs d'Ecofle d'en nfer ainfi ; mais les fuites fâcheufes qu’avoit ordinairement le reflen- timent des maris, dont l'honneur étoit bleffé en la perfonne de leurs femmes , engagerent Marcolm III. roi d’Ecoffe à abolir cette coùtume , &c à la convertir en une preftation appellée marchera; con fiftant en une fomme d'argent ou un certain nombre de vaches, felon la qualité des filles. Voyez Bucha= nan, dv. IV, de fon hifl, le 4°. div. des lois d'Ecofles c. 31. G ihi Skæneus, | Les feigneurs de Prelley & de Parfanny en Pie- mont, joufloient d’un pareil droit, qu'ils appelloient carragio; & ayant refulé à leurs vaffaux de commuer ce droit en une preftation licite, ce refus injuite Les porta à la révolte, & fit qu'ils fe donnerent à Amé fixieme.du nom, quatorzieme comte de Savoie. On voit encore plufeurs feigneurs en France 8r ailleurs , auxquels 1l eft dû un droit en argent:pour le mariage de leurs fujets ; lequel droit pourroit bien avoir la même origine que celui de culage. Mais il y en à beaucoup aufli qui perçoivent ces droits feulement à caufe que leurs fujets ne pouvoient.au- trefois fe marier fans leur pernuflion | comme: font encore les ferfs & mortaillables dans certaines coû- tumes. ca: L'évêque d'Amiens exigeoit aufi autrefois tun droit des nouveaux mariés, mais C’étoit pour leur donner congé de coucher avec leurs femmes la pre- miere, feconde & troifieme nuits de leurs nôces. Ce droit fut aufli aboli par arrêt du 19 Mars 1409, rendu à la pourfuite des habitans 8 échevins d’Abbeville. A le gloff. de M. de Laynere., au mot Cillages CU EL CULASSE., £ £ (Arill. & Fond.) c’eft là partie : du canon la plus épaifle , & qui eft oppofée à la vo- Jée ; elle comprend la lumiere , la derniere platte- bande & le bouton. Voyez CANON. (Q) CULASSE , serme d’Arquebufier; c'eftune vis de fer ronde, de la groffeur du dedans du tonnerre d’un nur deux ou trois pour le même objet. Prefque tou tes ces communautés font riches en droits de mar: que , de réception, & autres: il en eft même qui le {ont à l’excès aux dépens du commerce & des ou- vriers, pour enrichir quelques jurés. Enfin toutes ont du credit; & la fpéculation étant lucrative par elle-même , ne pent être onéreufe aux membres. I] feroit à-propos que ces communautés adminiftraf {ent par elles-mêmes leurs greniers, & que le comp- te de cette partie fe rendit en public devant les ofi- ciers de la ville. Lorfqu'une fois l’établiflement feroit connu par fon utilité publique & particuliere, il eft à croire que lefprit de charité tourneroit de ce côté une pat: tie de fes libéralités : car la plus fainte de toutes les aumônes eft de procurer du pain à bon marché à ceux qui travaillent, puifque l'arrêt du Créateur or- donne que nous le mangions ce pain à la fueur dé notre Corps. | Les approvifñionnemens propofés, & ceux de nos Îles à fucre, avec ce qu'emporte la confommation courante, aflürent déjà au cultivateur un débouché confidérable de fa denrée dans les années abondan- tes. Mais pour que cette police intérieure atteigne à fon but, il faut encore qu’elle foit fuivie & foûtenue par la police extérieure, L'objet du légiflateur eft d’établir, comme nous l'avons dit plus haut, l'équilibre entre la claffe des laboureurs & celle des artifans. Pour encourager les laboureuts, il faut que leur denrée foit achetée dans la plus grande concurrence poflible dans les années abondantes. Il eft effentiel que la plus grande partié de ces achats foit faite par leurs concitoyens : mais ceux- ci ne feront invités à faire des amas que par l’efpé- rance du bénéfice. Ce bénéfice dépend des récoltes inégales , & de la diminution de la mafle des grains dans une cer- taine proportion avec le befoin. D'un côté , il n’eft pas ordinaire que fept années fe paffent fans éprouver des récoltes inégales : d’un autre côte, on voit fouvent plufeurs bonnes moif- {ons fe fuccéder. Si les grains ne fortent jamais , la diminution de la maffe des grains fera infenfible ; il n’y aura point de profit à lés garder, point de gre= miers établis, plus d’abondance ; ou bien il en fuivra un autre mauvais effet : fi les grains font à vil prix, les plus précieux feront indifféremment deftinés à la nourriture des animaux, qui pouvoient également être engraiflés avec d’autres efpeces. Ces moindres efpeces étant ainfi avilies, les terres mauvaifes ou médiocres qui les produifent feront abandonnées ; voilà une partie confidérable de la culture anéantie, La diminution de la male des grains après une 558 CUL moiffon abondante , ne peut donc s’opérer utilement que par les achats étrangers. Il:doit done y avoir des permiffions d'exporter les grains ; pour parvenir à 5en procurer ne quantité fufifante aux befoins, & établir l'équilibre fur les prix. Une queftion fe préfente naturellement ; c’eft de déterminer la quantité qui doit fortir. Je répondrai que c’eft précifément celle qui aflü= re-un bénéfice à nos magafiniers de grains, fans ge- ner la fubfftance des ouvriers, des matelots, & des foldats. | C’ett-donc fur le prix du pain ou des grains qu'il convient de régler l'exportation, & ce prix doit être proportionné aux facultés des pauvres. Etabliflons des faits qui puiflent nous guider. Le prix commun du fetier de froment pefant 230 liv. s’eft trouvé de 18 liv. 13 f. 8 den. depuis 1706 juf- qu’en 1745 inclufivement : mais depuis 1736, 1l pa- roît que le prix commun a été de 19 à 20 liv. {up- pofons de 19 liv. ro f. tant que ce prix ne fera point excédé, ni celui des autres grains en proportion, 1l eft à croire que le pain fera à bon marché fur le pié des falaires aétuels. | Deux tiers d’année font réputés fournir la mafle de grains néceflaire à la fubfiftance de la nation. Mais il eft dans la nature des chofes que les prix augmentent au-delà du prix commun de 19 iv. 10 [. lorfqn’il ne fe trouve que cette quantité jufte. Ceux qui font commerce de grains, doivent, fi on leur fuppofe la plus petite intelligence de leur profeffion, amafler dans leurs magafins , outre ce qu'ils defti- nent à leur débit journalier , une quantité réfervée pour les cas fortuits, jufqu’à ce que les apparences de la récolte fuivante les décident. Le rifque d’une pareille fpéculation eft toûjours médiocre, fi les grains.ont été achetés à bon compte. Dès que les apparences promettent une augmentation de PHX, le grain devient plus rare dans les marchés, parce que plufieurs forment à l’infçû les uns des autres le même projet ; & à toute extrémité chacun fe flate de ne pas vendre, même en attendant, au-deflous du prix aétuel. Le prix des blés doit donc augmenter au-delà du prix commun , lorfque la quantité exif- tante fe trouve bornée dans l'opinion commune au néceflaire exa& : ceux qui connoiffent ce commerce ne me dédiront pas. Evaluons ces referves des marchandifes à + feu- lement, lorfque les fromens font à leur prix commun de 19 livres 10 fols Le fetier, & les autres grains à proportion. De ce raifonnement on pourra inférer qu'au prix de 16 liv. 5 . le fetier defroment, & en proportion celui des autres grains, il fe trouve dans le royaume pour une demi-année de fubfiftance au- delà de la quantité néceffaire, ou + de bonne ré- colte. Ainfi quand même la récolte fuivante ne feroit qu’autiers , on n’auroit point de difette à éprouver. Le peuple alors fait un plus grand ufage de cha- taignes, de blé noir, millet, pois, fèves, Éc. ce qui diminue d'autant la confommation .des autres grains. LAS. La multiplicité des greniers accroîtroit infiniment ces réferves ; & quand même il n’y en auroit que le double de ceux qui exiftent aujourd’hui, la ref- {ource dureroit deux années : ce qui eft moralement fufifant pour la füreré de la fubfiftance à un prix modéré. Il paroîtroit donc que le prix de 16 liv. 5 fols le fetier de froment , feroit le dernier terme auquel on pourtoit en permettre la fortie pour l'étranger. Peut- être feroit-il convenable, pour favorifer un peu les terres médiocres qui ont befoin d’un plus grand en- couragement , de ne pas fuivre exaétement la pro- portion fur le meteil, Le feigle & l'orge, On pourroit fixer le prix de la fortie du meteil au-deffous de 14 lv. 5 fols, celle du feigle au-deflous de 13 livres, celle de l’orge au-deflous de 10 1. le fetier. Le prix’ commun du fetier d'avoine, de quatre cents quatre- vingts livres pefant , s’étant trouvé pendant quas tante ans à 12 livres environ, On en pourroit per- mettre l’extradtion au-defflous du prix de 11 lv. Si nous fuppofons à-préfent les greniers remplis dans untems d’abondance, lorfque le froment feroit à r4 livres le fetier, le bénéfice qu’on en pourroit efpérer, avant même que le prix annonçât la dé- fenfe de l'exportation, feroit de 172. La fpéculation étant évidemment avantageule , les fpéculateurs ne manqueroient point. À ce même prix le laboureur qui n’eft pas en état de garder, trouveroït encore aflez de profit dans fa culture pour la continuer & l’augmenter : car je fup- pofe une année abondante , où la récolte des terres moyennes feroit de quatre pour un par arpent. Le froment à ce prix, & les menus grains à proportion, la récolte de trois années produiroit , {uivant l’an- cienne culture, 88 livres ; la dépenfe va à 45 livres, ainfi refteroient pour le fermage, le profit du culti- vateur & les impôts, 34 Liv. fans compter le profit des beftiaux : c’eft-à-dire que les impôts étant à 3 f. pour livre , pour que l’arpent füt afferme 7 liv. 10 f, par an, 1l faudroit que le cultivateur fe contentât par an de 36 f. de bénéfice & du profit des beftiaux. Comme d’un autre côté 1l eft beaucoup de terres capables de produire du froment , qui exigeront plus de 541. de dépenfe par arpent en trois années , &c qui rapporteront moins de 88 livres, même dans les bonnes moiflons, il s'enfuit évidemment qu’il eft à fouhaiter que jamais Le froment ne foit acheté au- deflous de 14 livres le fetier, lorfque l’impôt fur les terres eft à 3 fols pour livre, & ainf de fute : fans quoi l'équilibre de ceite profeflion avec les autres fera anéanti ; beaucoup de terres refteroient en fri- che , & beaucoup d'hommes fans fubfiftance. La concurrence intérieure & extérieure des acheteurs bien combinée, eft feule capable de garantir les grains de cet aviliffement , tandis qu’elle conferve- roit aux autres ouvriers l’efpérance de ne jamais payer le froment, dans les tems de rareté, au-deffus de 21 à 22 livres le fetier : car à la demi-année de fubfftance d'avance, que nous avons trouvée de- voir exifter dans le royaume lorfque le froment eft à 16iv. 5 f. le fetier, il faut ajoüter l’accroiffement naturel des récoltes, lorfqu’une fois le laboureur fera affüré d’y trouver du bénéfice. Auff je me per- fuade que fi jamais on avoit fait pendant fept à huit ans l'expérience heureufe de cette méthode , 1l fe- roit indifpenfable, pour achever d'établir là propor- tion entre tous les falaires, d'étendre la permifhion des exportations jufqu’au prix de 18 & même 19 f. Egalement fi la France fait un commerce annuel de deux cents millions, & qu’elle en gagne vingt-cinq par la balance, il eft clair que dans quarante ans il faudroit, indépendamment des réduétions d’intérét de l’argent, étendre encore de quelque chofe la per- miflion d'exporter les grains, ou bien la clafle du _ laboureur feroit moins heureufe que les autres. Aux prix que nous venons de propoler, l’état nauroit pas befoin de donner des gratifications pour l'exportation , puifque leur objet principal eft de mettre les négocians en état de vendre en concur- rence dans les marchés étrangers ; mais il feroit très- convenable de reftraindre la faculté de Pexportation des grains aux feuls vaifleaux françois , & conftruits en France. Ces prix font fi bas, que la cherté de notre fret ne nuiroit point à l'exportation ; & pour diminuer le prix du fret, ce qui eff eflentiel, les feuls moyens font l’accroiffement de la navigation ‘& la diminution de l'intérêt de l'argent, On objectera peut-être à ma derniere propoñtion , que dans le cas où lés capitaux feroient rares dans le commerce , ce feroit priver le cultivateur de fa ref- fource. Mais les capitaux ne peuvent deformais être rares dans le commerce, qu’à raifon d’un difcrédit public. Ce difcredit feroit occafionné par quelque vice in- térieur : c’eft où1l faudroit néceflairement remonter. Dans ces circonftances funeftes, la plus grande pat- tie du peuple manque d'occupation ; il convient donc pour conferver fa population, que la denrée de pre- nuere nécefité foit à très-vil prix sil eft dans l’ordre de la juftice qu'un defaftre public foit fupporté par tous, D'ailleurs f. les uns reflerrent leur argent, d’autres refferrent également leurs denrées : des ex- portations confidérables réduiroient le peuple aux deux plus terribles extrémités à la fois, la ceflation du travail, & la cherté de la fubfftance. La rédu&ion des prix de nos ports & de nos fron- tieres fur les prix propofes, relativement aux poids & mefures de chaque lieu, eft une opération très- facile , 8& encore plus avantageufe à l’état, par deux raons. 1°. Afin d’égaler la condition de toutes les provin- ces, ce qui eft juite. 2°. Afin d'éviter l’arbitraire prefqu'inévitable au- trement. Dès ce moment l'égalité de condition cef- feroit entre les provinces ; on perdroit tout le fruit de la police, foit intérieure, foit extérieure, qui ne peuvent jamais fe foûtenir l’une fans l’autre. À l'égard des grains venant de l’étranger, c’eft une bonne police d’en prohiber l'importation pour favorier fes tertes : la prohibition peut toûjours être levée, quand la nécefité l’ordonne. Nous n’a- vons point à craindre que les étrangers nous en re- fufent ; & fi par un évenement extraordinaire au- deflus de toures les lois humaines, l’état fe trouvoit dans la difette, 1l peut fe repofer de fa fubfftance fur Pappas du gain & la concurrence de fes négo- cians. La circonftance feule d’une guerre, & d’une guerre malheureufe par mer, peut exiger que le gou- yernement fe charge en partie de ce foin. Il ne feroit pas convenable cependant de priver l’état du commerce des grains étrangers, s’il pré- fente quelque profit à fes navigateurs. Les ports francs font deftinés à faire au-dehors toutes Les fpé- culations illicites au-dedans. Avec une attention médiocre il eft très-facile d'arrêter dans leur enceinte toutes les denrées , qu’il feroit dangereux de com- muniquer au refte du peuple , fur-tout lorfqu’elles {ont d’un volume auf confidérable que les grains. Il fufit de le vouloir, & de perfuader à ceux qui font chargés d'y veiller, qu'ils font réellement payés pour cela. Ainf en tout tems on pourroit en füreté laifler les négocians de Dunkerque , de Bayonne & de Mar- feille entretenir des greniers de grains du Nord, de Sicile ou d'Afrique, pour les réexporter en Italie, en Efpagne, en Portugal, en Hollande, mais jamais en France hors de leur ville. Ces dépôts, s’il s’en formoit de pareils , ne pourroient que contribuer à nous épargner les révolutions fur les prix, en rafü- rant l'imagination timide des confommateurs. Les perfonnes qui compareront les prix de l’An- gleterre avec ceux que je propofe, regretteront fans doute de voir nos terres aufhi éloignées d’un pareil produit en grains : outre que ce n’eft pas nous priver de cette efpérance , les principes que nous avons établis au commencement, calmeront en partie ces regrets. Il eft eflentiel de conferver notre main- d'œuvre à bon marché jufqu’à un certain point , & fans gêne cependant , tant que l'intérêt de notre ar- gent fera haut: notre commerce extérieur en {era plus étendu ; Îes richefles qu'il apporte augmentent . CUL 559 le nombre des confommateurs de la viande, du vin, du beurre, enfin de toutes les productions de la terre de feconde , troifieme & quatrieme néceffité. Ces confommations payent des droits qui foulagent la terre ; car dans un pays Où 1l ny auroit point de pro- duétions de linduftnie, ce feroit la terre qui payeroit feule les impôts. Réciproquement les manufa@ures augmentent avec la multiplication des beftiaux, & celle-ci fertilife les terres. | 4 Nous avons encore remarqué que l'état eft obligé d'entretenir un nombre très-confidérable de mate lots & de foldats ; il eft infiniment avantageux qu'ils puiflent fubfifter avec leur paye médiocre, fans quoi lés dépenfes publiques s’accroîtront , & les taxes avec elles. Ce n’eft point non plus fur une quantité d'argent qu'on peut comparer l’aifance des fujets de deux états. Cette comparaïfon doit être établie {ur la na- ture &c la quantité des commodités qu'ils font en état de fe procurer avec la fomme refpettive qu'ils poffedent en argent. Si la circulation de nos efpeces eft établie au mêz me point que left en Angleterre celle des valeurs repréfentatives , fi nos terres ne font pas plus char- gées dans la proportion de leur revenu , fi le recou- Yrement des taxes eftaufli favorable à l’induftrie du laboureur , notre agriculture fleurira comme la leur 3 nos récoltes feront aufli abondantes , À raïfon de l’étendue , de la fertilité des terres réciproques ; le nombre de nos cultivateurs fe trouvera dans la même proportion avec les autres clafles du peuple , & en- fin ils jouiront de la même aifance que ceux de l’An- gleterre. | Cette obfervation renferme plufieurs des autres conditions qui peuvent conduire l’agriculture à fa perfeétion. Les principes que nous avons préfentés fur l’objet le plus effentiel de la culture , ont befoin eux-mêmes d'être fecondés par d’autres, parce que les hommes étant fufceptibles d’une grande variété d’impreffions , le légiflateur ne peut les amener à fon but que par une réunion de motifs. Ainfi la meil- leure police fur les grains ne conduiroit point feule la culfure à fa perfe@ion, fi d’ailleurs la nature & le recouvrement des impôts ne donnoient au cultiva- teur l’efpérance, &, ce qui eft plus sûr, n'éta- bliffoient dans fon efprit l’opinion que fon aifance croîtra avec fes travaux , avec l'augmentation de fes troupeaux, les défrichemens qu'il pourra entre- prendre , les méthodes qu’il pourra employer pour perfeétionner fon art, enfin avec l’abondance des moiflons que la providence daignera lui accorder. Dans un pays où le labouteur fe trouyeroit entre un maître avide qui exige rigoureufement le terme de fa rente, &c un receveur des droits que preffent les befoins publics, 1l vivroit dans la crainte conti- nuelle de deux exécutions à la fois ; une feule fuffit pour le ruiner & le décourager. _ Sile colon ne laïfle rien pour lafubfftance de l’a- beiïlle: dans la ruche où elle a compofé le miel & la cire, lorfqw'elle ne périt pas elle fe décourage, & porte fon induftrie dans d’autres ruches. La circulation facile des denrées eft encore un moyen infaillible dé les multiplier. Si les grands che- mins n’étoient point {ürs oupraticables, l'abondance onéreufe du laboureur le décourageroit'bientôt de {a culture, Sipar des canaux ou.des rivieres navigables bien entretenues , les provinces de l’intérieur n°a- voient l’efpérance de fournir aux-befoins des provin- ces les plus éloignées , elles s’occuperoient unique- ment de leur propre fubfiftance : beaucoup desterres fertiles feroient négligées ; 1l y auroit moins de tra- vail pour les pauvres, MOINS de richefles chez les propriétaires de ces terres, moins d'hommes & de reflources dans l’état. à 560 CUL Dans un royaume quela nature a favorifé de plu- fieurs grandes rivieres, leur entretien n'exige pas de dépenfes autant qu'une vigilance contmuelle dans la police ; maïs fans cette vigilance , la cupidité des particuliers fe fera bientôt créé des domaines au milieu des eaux : les îles s’accroitront continuelle- ment aux dépens des rivages ; & le canal perdra toijours en profondeur ce qu'il gagne en largeur. Si les îles viennent à s'élever au-deflus des rivages, chaque année le mal deviendra plus preflant, ëc le remede plus dificile ; cependant le rétabliffement d’une bonne police fufira le plus fouvent pour ar- rêter le defordre & le réparer infenfiblement. Puif- qu’il ne s’agit que de rendre au continent ce que les iles lui ont enlevé , l'opération confifte à empêcher dans celles-ci l’ufage des moyens qui les ont ac- crues, tandis qu'on oblige les riverains à employer ces mêmes moyens qui ne font pas difpendieux , & avec la même affiduité. Ces avantages de l’art & de la nature pourroient encore exifter dans un pays, fans qu'il en reffentit les bons effets ; ce feroit infailliblement parce que des droits de douanes particulieres mettroient les provinces dans un état de prohibition entrelles, ou parce qu'il feroit.levé des péages onéreux fuiles voi- tures , tant par terre que par eau, Si ces dotanes intérieures font d’un tel produit que les revenus publics fuflent altérés par leur fup- preffion , il ne s’agiroit plus que de comparer leur produit à celui qu'on pourtoit efpérer de l’augmen- tation des richefles fur les terres, & parmi les hom- mes qui feroient occupés à cette occafion. À égalité de produit, on auroit gagné fur la population ; mais un calcul bien fait prouvera que dans ces cas l’état recoit fon capital en revenus : il ne faut qwu'attendre le terme. Si ces droits rendent peu de chofe au prin- ce, & que cependant ils produfent beaucoup à fes fermiers , il devient indifpenfable de s’en procurer une connoïflance exacte, & de convenir à l’amiable du bénéfice modéré qu'ils auront été cenfés devoir faire, pour le comparer au profit réel. A l’ésard des péages, il convient de partir d’un principe certain ; les chemins & les rivieres appar- tiennent au Roi. Les péages légitimes {ont , ou des aliénations anciennes en faveur d’un prêt, ou les fonds d’une réparation publique. Le domaine eft inaliénable , ainfi le fouverain peut toûjours y rentrer. Le dédommagement dé- pend de l’augmentation du revenu du péage à raifon de celles du commerce : fi cette augmentation a fuff pour rembourfer plufieurs fois le capital & les inté- rêts de la fomme avancée, eu égard aux différences des monnoies, & aux différens taux des intérêts ; l'état en rentrant purement & fimplement dans fes droits, répare un oubli de la jufice diftributive. Si après cette opération les fermiers du domaine conti- nuoient à percevoir le péage, l’agriculture , le com- merce, & l’état, n’auroient point amélioré leur condition ; le fermier feroit plus riche. | Lorfque les péages font confidérés comme les fonds d’une réparation publique, il refte à exami- ner fi ces réparations font faités , fi la fomme per- cue eft fuflifante ou fi elle ne léft pas: dans ces deux derniers cas, il ne feroit pas plus jufte qu'un particulier y gagnât, que de le forcer d’ÿ perdre. En général le plus für eft que le foin des chemins, des canaux, & des rivieres, appartienne au prince aui en eft lé propriétaire immédiat. | Ceffons un moment d’envifager l’agriculture du côté du commerce, nous verrons néceflairement s'élever l’un après lautre tous les divers obftacles dont nous venons d’expofer lé danger. Ils n’ont 'exi- fté, que parce qu’on avoit négligé cette face impor- tante du premier de tous les objets qui doivent oc- cupet les légiflateurs. Cette femarqué eft uné preu= ve nouvelle qui confirme que les progrès de l’agri- culture font toujours plus décidés dans un pays à meflure qu'il fe rapproche des faines maximes, ou qu'il les conferve mieux. Cependant comme un principe ne peut être à la fois général & juite dans toutes fes applications, nous ajoûterons à celui-ci une reftriétion très-eflen- tielle, & que nous avons déjà trouvée être une con- féquence de nos premiers raifonnemens. L’établiffement de l'équilibre le plus parfait qu'il eft poffible entre les diverfes occupations du peuple, étant un des principaux foins du légiflateur, ik lux eft également important dans l’agriculture de favo- rifer les diverfes parties en raifon du befoin qu'il en reflent. On n’y parviendra point par des gènes & des reftritions , ou du moins ce ne peut être fans defor- dre ; & à la fin les lois s’éludent lorfqu'il y a du pro- fit à le faire. C’eft donc en reftraignant les profits qu’on fixera la proportion. Le moyen le plus fimple eft de taxer les terres comme les confommations, c’eft-à-dire toùjours moins en raifon du befoin ; de maniere cependant que l’on n’ôte point l'envie de confommer les moin- dres néceflités : car on tariroit les fources de l’im- pôt &-de la population. Cette méthode feroit fans doute une des grandes utilités d’un cadaftre ; en at- tendant il ne feroit pas impoñhble de l’employer. Si nous avons trop de vignes en raïfon des terres la- bourables, cela ne fera arrivé le plus fouvent que parce que les vignobles produifent davantage. Pour les égaler, feroit-il injufte que les vignes payaffent le quinzieme, tandis que les terres labourables paye roient le vingtieme ? C’eft ainfi que chaque efpece de terre fe trouveroit employée fürement & fans trouble à ce qui lui con- vient le mieux. Il ne refte rien de plus à defirer quand une fois les befoins urgens font afürés. Quels qu’ils foient d’ailleurs , les lois ne peuvent forcer la terre à produire ; leur puiflance peut bien limiter fes pro- duétions,mais elle limite la population en même tems. De toutes les lois, la plus efficace eft celle de l’in- térêt. Quoique mon deflein n’ait point été d’envifager l'agriculture du côté pratique, cé que nous avons dit des progrès de l’Angleterre dans cet art, & en particulier des améliorations prodigieufes faites dans le comté de Norfolk, m'engage à donner ici la tra- du&tion d’une lettre écrite l’année dermiere dans cette province: elle peut être inftruétive pour les terres de même nature qui peuvent fe rencontrer parmi nous. Mais auparavant il ne fera point inutile de donner une legere efquifle des diverfes méthodes de l’agriculture angloïfe , & de propofer les doutes qui fe rencontrent à la leéture de leurs livres œco- nomiques : ils réduifent leurs terres propres à la cuZ, ture, à fix qualités. es | 1°, Les terres mouillées ; celles qu'on cultive font de trois fortes : les terres qui ont une pente font def- féchées par le moyen de tranchées ou de rigoles ; f les eaux viennent d’une fource, on tâche d’en dé- tourner le cours en formant une digue avec la terre même qu'on enleve des tranchées. | Les tèrres voifines des rivieres ne font jamais f abondantes qu'après les débordemens de lhyver, parcé que les rivieres charient la plüpart un limon gras. Ainfi ces terres font continuellement en rap- port & fans art. Mais ces avantages font quelque- fois payés chér par les ravages que caufent les dé- bordémens de l'été. Pour y remédier autant qu'il eft pofñible, ces terres font enceintes de haies &c de fof- {és très-hauts. Dé’toutes les terres, les meilleuresfont ce qu’on appelle es marais proche la mer : elles font extrème- ment C U E ment propres à engraifler promptement les beftiaux; ona même l'expérience que le mouton n’y contraéte jamais cette maladie qui lui corrompt le foie. Lorf- qu'on s’apperçoit qu'un troupeau en eft infe@té, on lé defcend promptement dans les marais; & fi l’on n'a point trop attendu, il fe rétablit. C’eft du moins ce qu'on a jugé par l'ouverture de plufieurs de ces animaux qui avoient été vifiblement attaqués de ce mal, & dont la partie du foie corrompue s’étoit def- féchée : preuve fans replique de la néceflité de mê- ler beaucoup de fel dans la nourriture des beftiaux. Ces terres exigent une grande dépenfe en chauffées êt en foflés profondes pour empêcher l’eau d’y fe- journer , fur-tout celle de la mer. Elles font aufü fu- jettes à manquer d’eau douce; on y fupplée par des citernes. On a également foin de planter des arbres & des haies élevées pour fervir d’abri aux trou- peaux, foit pendant les chaleurs, foit pendant l'hy- ver. | 2°, Lesterres marneufes. Voyez MARNE. Je ne fais cependant fi je dois rendre ainfi cha/Kly-lands, Le mot anglois cza/k dérive du mot teutonique ka/ck, 8 tous deux fignifient chaux & craie. Ce dernier n’eft appliqué dans notre langue à la marne, que lorfqu'- elle eft caléinée: mais en anglois on la diftingue en ce dernier état par le mot Ze. Au contraire ils nom- ment 7arle Où marne, une terre grafle froide de fa nature ; ce qui eft:bien différent de notre marne dont là qualité eft brûlante. Cetteterre grafle & froide eft bonne & propre às’enfoncer par fa pefanteur, moins cependant que la pierre à chaux me, On en diftin- gue cinq efpeces. La premiere eft brune, veinée de bleu, mélangée de petites moftes de pierre à chaux Zre-ffone : ils nomment cette efpece cowshut-marle, ce qui je crois veut dire serre a bange; dès-lors c’eft une efpece de glaife. La feconde eft une mamere d’ardoife grafle ; elle en a pris le nom de Yare-marle : elle eft bleue ou bleuâtre , & fe diflout aifément à la gelée ou à l’eau. | La troifieme efpece eft appellée diving - marle : ce mot fignifie l’aclion de fouiller une mine ; cette ef- pece eft ferrée, forte, & très-grafle. La quatrieme eft nommée c/4y-marle où marne ar- gilleufe, fort femblable à la glaife, tenant de fa natu- re, mais plus grafle, & quelquefois mêlée de craie en pierres, chalkffones. Enfin la cinquieme eft connue fous la dénomina- tion de ffeel-marle onu marne dure, Elle fe fépare d’el- le-même en petites mottes de forme cubique, & fe trouve communément à l’entrée des puits que l’on creufe. Celle-là me fembleroit plütôt appartenir au genre des terres appellées chalklylands, & être no- tre véritable marne. Il y a fûrement de la confufion parmi les écrivains œconomiques de cette nation ; Car je remarque qu'ils confeillent tantôt l’ufage de la marne marle pour les terres froides, tantôt pour les terres chaudes. Ce qui confirme ce foupçon, c’eft que dans le dernier cas ils nomment indifféremment cet engrais, clay qui veut dire glaife , & marle que nous rendons par marne, | La bonne ou la mauvaife qualité de cette marne angloife ne fe difcerne pas, tant par fa couleur que par fa pureté , c’eft-à-dire que la moins mélangée eft préférable. Elle doit fe brifer en petits morceaux cu- biques, être égale & douce comme de la mine de plomb, fans aucunes parties graveleufes ni fablo- neufes. Si elle s’écaille comme l’ardoife , & qu’après une pluie ou expofée au foleil elle feche dé nouveau . & fe réduife en pouffere , elle eft certainement bon- ne. Quant à la qualité ghiffante au ta@, gluante, ou buileufe , on n’en peut tirer aucune conjefture pour la bonté ; car on en trouve dans les mines qui eft pu- Tome IF, C UL SGI te, feche, qui fe divife aifément , & qui devient gluante fi on la mouille. Comme j'ai moins eu en vûe d'inftruire que de propofer un point d’inftruétion à éclaircir, & que je: n'ai pointété en Angleterre, je ne rougis pas de mon embarras : je ferois porté à croire que les Anglois Ont mal-à-propos établi deux genres dans les terres argilleufes , & que nous n’avonspas aflez diftingué les efpeces ; il en réfulteroit que des expériences & des recherches fur cette matiere pourroient contri- buer infiniment à l’ayancement de PAgriculture. Car il eft certain que toutes ces terres ont leur utilité pour en engraïffer d’autres, & que nous manquons de mots pour rendre les diverfes efpeces comprifes fous celui de rrarle. Soit que le mot cha/kly-lands fignifie fimplement terres d chaux OÙ marneufes ou crécacées, cette qualité eft aflez commune en Angleterre. On en diftingue de deux fortes : l’une eft dure , feche , forte , & c’eft la plus propre à calciner : l’autre eft tendre & grafle ; elle fe diffout facilement à l’eau & à la gelée ; elle eft propre au labourage, & à améliorer prefque tou- tes les autres terres, principalement celles qui font froides où aigres : pour cet effet on en mêle une charretée avec deux où trois, foit de fumier, foit de vale ou de terreau, & l’on répand enfite ce mê- lange fur les champs ou fur les prairies. Ces terres produifent naturellement du-pavot , & toutes les autres efpeces d'herbes qui croiflent dans des terreins chahds & fecs: elles font propres au fain-foin ,-au trefle ; & f elles font un peu grafles, la luferne y réuflit. Le froment, l'orge, & l’avoine, font les femences ordinaires qu’on leur donne. L'engrais de ces terreseft le parcage des moutons, le fumier ordinaire, de vieux chiffons, desrognures de draps qu’on coupe en très-petits morceaux, & qu'on jette fur la terre immédiatement après qu’on a femé. Ces rognures fe vendent par fac ; on en ré- pand quatre par acre : chaque fac contient fix boif- {eaux , qui pefent environ trois cent quatre - vingts livres poids de marc. S'il vient à pleuvoir immédiatement après les {e- mailles avant que le grain ait levé, cette terre eft fujette à fe lier de façon que la pointe de l’herbe ne peut la pénétrer. Dans la province de Hartford on prévient cet in- convénient , en fumant ces fortes de terres avec du fumier à moitié confommé : quelques-uns y mêlent une certaine quantité de fable, Ordinairement on les enfemence avec du froment, du méteil, de l’or- ge ; feulement après le froment on fait une récolte de pois ou de vefces. | Troifieme qualité, les terres argillenfes on c/ay- lands. On diftingue cinq fortes de glaifes en Angle- terre. La premiere appellée pure, eit tendre & molle à la dent comme du beurre, fans le moindre mélan- ge graveleux; du moins, elle eft plus parfaite à me- fure qu'elle eft plus pure: elle fe divife elle-même en plufieurs qualités dont on tire la terre à foulon & l’engrais des terres. La terre à foulon eft jaunätre à Northampton, brune à Hallifax, & blanche dans les mines de plomb de la province de Derby. Cette qualité eft ta plus rafinée de celles de là premiere. efpece. | Il fe trouve de la glaife pure dans les puits de mar- ne, qui eft d’un jaune pâle. Dans les mines de charbon de terre on en ren- contre une qualité qu’on appelle écai//e de favon. Enfin il y a cette glaife brune tirant {ur le bleu, que les Anglois appellent indifféremment c/ay & rmarle. Is en font un très-erand ufage dans la culture des terres maigres, légeres , & fabloneufes. C’eft dans le comté d’York que cette pratique a commen- cé, ou pour parler plus exaétement, se HÉSRyEE 562 CU L ide. le pitôt. C’eft ordinairement fur le pénchant: d’une colline qu’elle fe trouve, fousmne couche de {able de la profondeur de quatre à cinq piés. Lorfque la glaïfe eft découverte, on creufe unpuits d’envi- ron huit-à dix piés de: profondeur , & de quinze à vingt piés en quarré. La.bonne glaife eft bleuâtre, fans aucun mélange de fable, compaëte, grañle, &r très-pefante ; elle eft très-bonne à faire. de la bri- que. C’eft vers le milieu de l'été qu’on la tire , &c par untems fec. Cent charretées font réputées néceffai- res fur un acre de térre, environ un arpentun cin- quieme de Paris. Onvobferve que pendanttrois ou quatre ans cette glaife refte en mottes fur la furface de la terre. La premiere année unchamp jainfi en- graïffé rapporte de l'orge en abondance:, d'ungrain large, mais de mauvaife-couleur. Les années fui- vantesle grain y croît plein, & arrondi comme du froment. Ona l’expérience que-cet engrais fertilife les terres pendant quarante-deux ans, &.dansd’au- tres endroits plus long-tems. Dès qu’on s’apperçoit quelesterres s’amaigriflent , il faut avoir foin de re- commencer l’opération. Les terres fabloneufes aux- quelles la glaife convient, ne rapportent jamais que du:feigle, quelqu'autre engrais: qu'on leur donne, füt-ce delamarne cha/k : une fois glaïfées ; elles font propres à Pavoine ;à lorge, aux pois, Ge. Nous ne : manquons pointien France de cette efpece de glaife, mais-je meme remetspas d'en avoir vù faire ufage. A légardide la terre à foulon, nous n’en connotfions point encore de bonne :1l feroit cépendant difficile d'imaginer que la nature nous l’eût refufée, en nous prodiguant le refté. Ona vendu à Paris de préten- dues pierres decompoftion propres à détacher, qui étoient blanches, polies , tendres , favoneufes, tail- lées en quarré. pour lordinaire : ellesiétoient à-peu- près de laïqualité de ces écailles de favon dont nous venons de parler, 8 qui font cendrées ; pas tont-à- fait auff grafles dans l’eau, quoiqu’elles le paruffent davantage! étant feches. Le hafard me fit découvrir quelles fe prenoïent dans l’enclos de l’abbaye de Marmoutiers près Tours, dans un endroit appellé les fèpt Dormans. J'y ai fait chercher ; mais la terre s'étant écroulée depuis quelque tems, on ne nva en- voyé que de la prerre dure. Peut-être avec quelque légere dépenfe, dans lesendroits qui produifent des qualités approchantes, pourroit-on parvenir à trou- ver la qualité fupérieure, On trouve aflez communé- ment:en Touraine de ces petites pierres d’un gris cendré, très-favoneufes , femblables à des écailles _ d’ardoïfe. | : La deuxieme efpece eft une glaife rude , 8 qui fe réduit en poufliere lorfqu’elle eft feche : c’eft pro- prement de la craie. Il y a d’autres qualités compri- fes fous cette efpece, qui fervent aux potiers : elles font jaunes, jaunes-pâles, bleues ou rouges, plus ou moins grafles. * La troifieme efpece eft une pierre : lorfqw'elle eft feche, elle eft blanche, bleue, & rouge. La quatrieme efpece fe trouve mêlée d’un fable ou gravier rond. - La cinquieme efpece eff diftinguée par un mêlan- ge de fable gras ou très-fin, & de tal hufant. Il s’en’rencontre de blanche dans la province de Der- bi, avec laquelle fe font des fayences à Nottingham. Il y en a une autre qualité grife ou bleue dont on fait des pipes à fumer à Hailifax. L’exportation de cette derriere efpece eft défendue fous peine de mort , comme celle de la premiere efpece: Les terres argilleufes labonrables font noires , bleues , jaunes , ou blanches. Les noires &c les jau- nes font réputées Les plus propres à porter du grain; quelques-unes font plus grafles, d’autres plus gluan- tes: mais toutes en général font fujettes à garder EU D l’eau, cé qui engendre une quantité de ;mauvailes plantes mortelles principalement aux nioutons. Ges terres fe reflerrent par la fécherefle,, fe durciflent à Pardeur du Soleil & au vent, jufqu'à.ce qu'on les ouvre à force de-trayail pour donner paffage aux in: fluences fécondes de l'air. La pläpart font propres au froment, à Porge., aux pois aux feves , furtout fi elles font mêlées de.pièrres à chaux. Les meilleu- res font bonnes pour la luzerne , 8 pour cette efpe- ce de. prairie artificielle appellée r«y-grafs ou faux Jegle; elles foûütiennent l’engrais muéux qu'aucune autre : ceux qu'on ÿ employe font le fumier de.che: val & de pigeon, la marne chaude , le parcage des moutons , de la poufliere de malt, des cendres, de la chaux, de la fuie, de cette efpece:de marne que les Anglois appellent chalck ou pierre a chaux. Nous obferverons én pañlant que les cendres font répu- tées & reconnues par expérience, être un des meil- leurs moyens de féconder la terre. Les cendres de bruyere , de fougere:, de genêt ,-de jonc, de chau- me , enfin celles de tous.les végétaux font bonnes ; mais il n’y en a pomt de meilleures & dont l'effet foit plus durable, que les cendres du charbon de terre, principalement dans les terres froides, Il faut avoir attention de les garantir dela plufe, qui, en les lavant, emporteroit leurs fels : fi.cet. accident eft arrivé cependant, on y remédie en les arrofant d’urine.ou d’eau-de favon. Dans:tous les cas cette préparation efttrès-bonne, puifque deux charretées de ces cendres ainfi apprêtées, feront plus d'effet fur un acre de terre que fix qui ne Pauront point été. Quatrieme qualité , les terres graveleufes &fa- bloneufes. On én tire très - peu de parti, parce que la plüpart font ftériles 8 fujettes , foit à fe brüler par la chaleur, {oit à fe détremper trop parles pluies; alors.elles ne produifent que de la moufle, & fe cou- vrent d’une efpece de croûte. Celles qui ont un peu de terreau fur leur furface, ou dont le fond eft:de gravier, produifent quelquefois de très-bonne her be, & font deftinées au pacage; parce que f d’un côté elles fe deflechent promptement, de l’autre la moindre; pluie. les-fait revivre. Les terres de pur fa- ble font blanches, noires, bleuâtres, rouges , jau- nes , plus ou moins dures les unes que les autres.l y en a de couleur cendrée qui font ordinairement couvertes de lande on de bruyere, & dont on fait des pacages. Les terres graveleufes {ont à-peu-près de la même nature ; & celles qui font les plus pier- reufes , mêlées d’un fable dur , font les plus ftériles. Les meilleures de ces terres font enfemencées de {e- gle, de blé noir , & de gros navets appellés s#rr1- | pes qui font deftinés à nourrir les beftiaux. L’engrais le meilleur de ces terres , eft une efpece de glaife qui {e diflount à la gelée, de la vafe, du fumier de vache, & du chaume à demi-confommé dans le fumier, Dans là province d'Hartfortd , l'amélioration des terres qui portent de la moufle, confifte à la brüler, à labourer enfuite ; elles donnent une ou deux belles récoltes de feole, & forment enfuite un pacage, de très-bonne qualité. Avant de quitter ces terreins arides , 1l eft bon de remarquer que le fable r’eft point inutile.dans la cZ- sure des terres froides;comme les glaifes fortes, pour les empêcher de fe ferrer. On choifit ordinairement celui des rivieres par préférence, ou celui que les eaux ont entrainé des collines. Ceux qui ont des étables y renferment leurs moutons pendant Phy- ver; cela eft fort rare cependant en Angleterre : deux fois la femaine on répand dans'cette étable quelques charretées de fable , que l’urine &c la fente des animaux rendent un fort bon engrais. Le fable de la mer & celui du rivage. eft encore d’un grand ufage fur les côtes. H eft ordinairement rouge, gris tirant fur Le bleu, ou blanc: les deux CUL remiers font les meilleurs. Lorfqu’il eft répañdu fur la terre , on le laboure , & l’on en tire quatre récol- tes de fuite , après lefquelles on laïffe la terre en pa- cage pendant fix ou fept ans: & l’on recommence. On obferve que l'herbe qui croït dans ces champs, engraifle très-promptement les animaux, & leur donne une grande quantité d’excellent lait. Les grains qu'on y feme ont nn tuyau fort court, mais les épis font très-longs & très-gros. Cinquieme qualité , les terres à brique: elles dif: ferent de la glaife en ce que l’eau filtre aifément au- travers, & qu’elles ne font point mêlées-de pierres. Leurs produétions naturelles font du genêt, de Îa bruyere , du chiendent, & toutes fortes de mauvai- fes plantes. Les meilleures, lorfqu’elles font bien fumées, font enfemencées d'orge, d'avoine, de fro- ment , de farrafin, de turnipes, & de pois, Dans quelques-unes on feme du trefle ou de la luferne ; mais ces plantes n’y durent pas : en fait de prairies artificielles, c’eft le faux fegle qui y convient le mieux. Les engrais les plus convenables à ces ter- res, font la marne &c les cendres dé charbon de terre. Mais le mêlange de ces terres à brique avec les autres , eft regardé comme une très-bonne améliora- tion, étant un moyen entre les extrèmes, liant les terres trop tendres, & tafraichiflant celles qui font trop chaudes, Sixieme qualité, Les terres pierreufes ; elles font ordinairement mélangées de diverfes qualités de ter- res ; leur fertilité & leur cu/sure dépéndent de la na- ture de ce mêlange. Si ces pierres font de qualité froide , on tâche d’en purger le champ, excepté dans les terreins fecs & legers où on les laifle, Lorfque la terre eft maigre, mêlée de petites piér- res de la qualité du moilon , ou bien que le terroir eft pierreux, mêlé de terre aigre, comme dans la province d'Oxford , on la cultive fuivant qu’elle eft plus ou moins couverte d'herbes ; fi elles y font * abondantes, on brûle la terre vers le mois de Juillet ou d’Août : c’eft la méthode employée dans toutes les terres ftériles, aigres, couvertes de bruyerés & de jones, foit qu’elles foient froides ou chaudes, fe- ches ou mouillées ; & dans deux ou trois récoltes el- lés rendent, tous frais faits, plus que l’on en eüt re- tiré de capital à les vendre. Pour brûler ces terres on a coùtume de Îles parer: on fe fert d’un inftrument armé d’un foc recourbé fur un de fes côtés, de huit à neuf pouces de long ; un homme le poufle devant foi, & enleve le gafon par formes d’un pié & demi, qui fe renverfent d’el- les-mêmes ; on mord d’environ un demi-pouce, à moins que la terre ne foit remplie de racines ou de filamens: pourvû que ce foient des matieres com- buftibles, l’épaifleur des formes fera un bon effet ; on a foin de les renverfer afin qu’elles fechent plus facilement , à moins que le tems ne foit très-fec, & alors on n’a pas befoin de tant de précaution. Dès que ces formes font feches, on Les entañle par petits monceaux de deux brouettées, & l’on y met le feu, qui prend aïfément s'il fe trouve beaucoup de raci- nes ; finon on l’anime avec de petits fafceaux de fougere ou de bruyere. On a l’attention de ne pas confumer cette terre par un feu vif au point de la réduire en cendres blanches ; les fels nitreux s’éva- poreroient , & l’opération feroit inutile. Avant de répandre ces cendres, on attend qu’un peu de pluie leur ait donné aflez de confiftance pour réfifter au vent. Les endroits où l’on a allumé les fourneaux font parés de nouveau un peu au-deflus de la furfa- ce; on laboure, mais peu avant, & l’on n’employe que la quantité ordinaire de femences ; fi même c’eft du froment, l’on feme tard en Oétobre, afin de pré- venir la trop grande abondance : preuve certaine de Tome I F. CUL 503. la bonté de.cetté méthode dans les plus mauvaifes terres, Quelques perfonnes mettent dans ces monéeaux dé cendres un quart de boiffleau de chaux dure , & les laiffént ainfi jufqu’à ce que la pluie vienne & fon de cette chaux ; lorfque le mélange s’éff ainfi opéré, on le répand fur la terre. rs a | Lorfqué le terrem dont nous parlons n'eft pas fort couvert d’hérbes, on lui donne de bonne-héure un labour, afin que la terre fe couvre d'herbes finés qui la garantiflent pendant l'été de l’ardeur du Soleil ; d’autres y font parquet les moutons pendant Phy< ver, & y fement un peu d'herbe ; ou bien on fe con- tente d'y mettre du fumier & d'y laïffer du chanme: . Dans les mois de Septembre, O&obïe, ou Noyeim: bré , on prépare la terre fuivant qu’elle eft plus où moins garnie d'herbes : l’on à éprouvé que cette mé- thode réuflit mieux dans ces terres que des labours en règle, - En général les terrés pierreufes en Angleterre, tenant davantägé de la nature des glaifés, on les gouverne à-peu-près dè mêmé. | Les prairies artificielles dont nots avons èu occa: fion de parler, font une des grandes richefles de l’a- griculture angloife : elle ne {épare jamais la ñourri- ture des beftiaux du labourage, foit à caufe du pro: fit qu’elle donne par elle-même, foit parce qu’elle même fertilife les terres : ainfi alternativement une- partie des terres à blé d’une ferme éft labourée &” femée en grande & petite luferne, en trefle, én fain- foin, en gros navets, dont il paroît que nous con fervons le nom anglois rürnip , pour les diftinguer des navets des potagers ; enfin avéc une herbe qi'ils appellent ray-grafs , qui éft inconnue à nos cultiva= teurs , puifque nous n’avons pas de mot pour la ren« dre. Quelques perfonnes ont traduit ray-graf$ par, Jegle avec peu d’exaétitude , car il répond au grameri fècalinum majus : ainfi c’éft une dés efpeces de chien’ dent que les Botaniftes ont reconnues. Je le tradui< rai par faux fegle ; & ce fera la feule efpece.de prai- rie artificielle dont je parlerai, puifque nous con- noïflons aflez les propriétés & la culsure des autres. Nous n’en tirons cependant prefque point de part£ eñ comparaifon des Anglois ; auffi fommes-nous bien: moins riches en troupeaux de toute efpece : dès-lors toutes chofes égales d’ailleurs, nos récoltes doivent: être moins abondantes, notre agriculture moins luë crative, nos hommes moins bien nourris, ou à plus otands frais. Le faux feglé eft une dés plus riches prairies aftificiellés, parce qu'il vient dans toutes {ortes de terres froides, aigres, argilleufes, humi- des, dans les plus feches & les plis maigres, com- me les terres pierreufés, legeres , & fabloneufes où le fainfoin même ne réufliroit pas. Il réfifte très-biers aux chaleurs, & c’eft le premier fourrage que l’on recueille, puifqu’on peut le couper dès le printems. I! devient très-doux à garder ; Lés chevaux n’en peu vent mangér de meilleur, & 1l a des effets merveil- leux pour les moutons qui ñe fe portent pas bien. On en feme érdinairement trois boifleaux pat acre de loi, ce qui fait un péu plus que notré fetier de Paris & l’acre de loi eft de 160 perches quarrées, la per- che de 16 p. +. Le plus sûr eft d’y mêler un peu de graine de luferne , ou de nompareille autrément dite fleur de Conftantinople & de Briftol. La raïfon de ce mélange eft que l’épi du faux fegle vient naturelle- ment très-foible & clair-femé ; fi on ne [ui aflocioit pas une autre plante , 1l ne talleroiït point la premiere année. Quatre acres ainfi femés ont rendu jufqu’à 40 quarters de graine, & 14 charretées de fourrage , fans compter l’engrais de fept à huit vaches au prin tems, & autant dans l’atomne. Ces notions préliminaires fufiront pourliré avec éruit & avec plaïfir la lettre que jai annoncée : mais BBbbi S64 CUL je m'étois pas aflez vetrfé dans l’Agriculture pour poufler mes recherches plus avant ; je fouhaite qu”- elles faflent naître le goût de l’inftruétion dans ceux pour qui. elles feront nouvelles, ou que les méprifes dans lefquelles jai pà tomber, excitent le zele de cêux qui font en état d’inftruire. L'expérience eft la meilleure de toutes les leçons en fait de cwlrure ; il #eroit fort à defirer que ceux qui ont le bonheur de vivre dans leurs terres, faififlent ce moyen de va- rier leurs plaifirs, êc d'accroître leuts revenus, Des expériences en grand font toûjours imprudentes , mais en petites parties [a dépenfe de celles que je confeille eftiegere. La feule voie de fe procurer un corps complet d'agriculture , feroit fans doute de raflemblerles diverfes obfervations qu’aurotent four- ni dans chaque province chaque nature de fol : on ne peut attendre d'inftruétions des mains auxquelles le {oc eft uniquement confié aujourd’hui. Etat de l’agriculture dans le comté de Norfolk, & de la méthode qu’on y fuir. L'application que les Anglois ont apportée à l’agriculture depuis un nombre d’an- nées, leur a affüré dans ce genre une telle fupério- rité fur Les autres nations, qu'il eft intéreflant de connoître la gradation de leurs fuccès dans chaque contrée. On croit communément à Londres que feu mi- lord Thownshend a le premier imaginé de fécon- der nos terres avec de la glaife. Cette opinion n’a d’autre fondement que le parti que prit ce feigneur de faire une dépenfe, par laquelle très-peu de nos gentilshommes fongent à améliorer leurs terres qu’ ils ne voyent prefque jamais : celui-ci enrichit fes fermiers, & doubla fes revenus. Il y a très-peu de grandes terres dans le royaume fur lefquelles mille guinées dépenfées à-propos, ne rapportent au moins dix pour cent ; malgré l’abfen- ce de nos feigneurs & la difipation de la plüpart d’entr’eux, 1l n’eft point rare de voir des perfonnes de la premiere qualité s’appliquer à ces fortes d’a- méliorations. | Milord Thownshend s'étant retiré dans fes terres, imita d’abord, mais il furpafla bientôt fes modeles. Par fes foins 1l établit des fermes au milieu des bruye- res & des pacages ; il forma des champs fertiles, en- clos de haies vives, dans des terreins réputés trop maigres jufque-là pour les labourer. Ces fortes de défrichemens avoient déjà été pouf- fés très-loin dans la partie occidentale de cette pro- vince. M. Allen, de la maifon de Lynge, eft le pre- mier que l’on fuppofe y avoir glaifé une grande éten- due de terres. Avant lui cependant on le pratiquoit ; mais les gens âgés de quarante à cinquante ans, ne fe fouviennent pas de lavoir vù faire fur un plus srand efpace que de deux ou trois acres. Ces méthodes font très-anciennes dans les pro- vinces de Sommerlet & de Staflord; je ne doute point qu’elles ne le foient également dans celle-ci. Nous avons beaucoup de carrieres dont il paroït que l’on a tiré de la glaife , & qui même en ont con- {ervé le nom dans des titres qui ont plus de 200 ans. Divers anciens auteurs œconomiques parlent de cette maniere d'améliorer les terres par des engrais tirés de fon fein même. . En Angleterre, la régence eft l’époque de plu- fieurs établiffemens avantageux à l’agriculture : un des principaux, à mon avis, eft l’introduéhon des prairies artificielles ; elles ne furent d’un ufage com- mun que fous le regne qui fuivit: cependant on voit par les ouvrages de MM. Hartlip & Blith, qu'elles commencerent alors à prendre pié. En 1689, on éta- blit la gratification fur la forte des blés. Au com- mencement de ce fecle, on introduifit l’ufage de aourrit des beftiaux avec des navets ou turpines. L'avantage d’enclore les pieces de terre a été con: CUE nu depuis long -téms dans nos provinces ; & depuis qu’on s’eft dégoûté du partage des terres en petits. héritages , l’ancienne coûtume eft revenue plus faci- lément ; fouvent ieur mêlange empéchoit que l’on ne püt clore de grandes enceintes. La province de N orfolk à été particulierement,dans ce cas, au point qu'autrefois les chefs-lieux n’étoient pas fermés. La plüpart des terres de cette province font mol- les & legeres , un peu grafles, & en général affez profondes ( Lozm ). Les fermiers de la partie occi- dentale ont long-tems borné leur cure à nourri des brebis pour avoir des agneaux, qu’ils vendoient aux provinces voifines pour faire race. Depuis la défenfe de l’extraétion des laïnes, le prix en a diminué ; celui des moutons en a fouffert également , tandis que la valeur du blé, du beurre, & du gros bétail augmentoit. Cette révolution n’a pas peu contribué à introduire la nouvelle culture dans cette province, où les grains, le beurre, & le gros bétail, font par conféquent devenus plus abon- dans. À cette caufe j’en joindrai une autre plus éloi- gnée, mais qui doit aufli avoir influé fur ce chan- gement. On fait que les Hollandois ont beaucoup diminué des achats qu’ils faifoient des blés de la Po- logne par Dantzick ; foit que les guerres civiles ayent laiflé dans ce royaume des veftiges de leurs rava- ges ordinaires ; foit que la plus grande demande des Suédois depuis la paix de Nyftad y ait renchéri les prix, En effet , par ce traité la Ruffie eft en poffeffion des feules provinces qui puiffent fournir à la fubf{- tance de la Suede , & l’extraétion des grains n’y eft pas toljours permile. Ces deux dernieres circonftances peuvent avoir contribué à l’amélioration des terres dans le comté de Norfolk, plus qu’en aucun autre endroit ; parce que fa fituation eft la plus commode pour le tranf- port en Hollande; elle a dû faire en même tems plus de bruit, parce que fous la reine Elifabeth c’eft la province où le labourage fut le plus abandonné pour la nourriture des moutons. Toutes ces caufes ont vraiflemblablement con- couru aux progrès rapides de notre province dans l’agriculture , & y ont accrédité une méthode con- nue il y a près de cent ans, mais dont l’ufage s’eft in- finiment accrü depuis. Pour en concevoir mieux la différence , il faut en examiner l’état progreflif dans plufieurs métairies dont les propriétaires n’ont encore pù fe réfoudre à quitter une pratique qui les a fait vivre &c leurs peres , quoiqu'ils voyent leurs voifins s’enrichir par la nouvelle. | Il refte encore un petit nombre de fermes dont les champs font ouverts, & ne peuvent joüir du béné- fice des prairies artificielles. Quelques-uns de ces propriétaires cependant ont glaifé leurs terres ; mais ils n’en retirent pas autant d'avantage que leurs voi- fins qui font enclos. La raifon en eft fimple , ils fui- vent la routine de leurs quadrifayeuls. À une récolte de froment fuccede une année de jachere ; enfuite deux, trois ou quatre moiflons au plus d'orge , d’a- voine, de pois, après lefquelles revient une année de repos. Par conféquent fur trois, quatre ou cinq ans, 1l y en a toüjours au moins une de perdue, pen- dant laquelle la terre refte en friche & s’amaigrit. Les meilleures de ces terres rapportent de $ à 8€ par acre (de 6 à 9 liv.1of. tournois), & aucunfer- mier ne peut vivre deflus. Quelques-nns fement un peu de trefle ou de luferne , mais avec peu de pro- fit, étant obligés de donner du fourrage à leurs bef- tiaux pendant l’hyver ; & dans la faion où chacun les envoye paître dans les champs, leur herbe de= vient commune aux troupeaux des autres. Quelques-unes des parties enclofes né font point rlaifées, & Pon y feme peu de luferne ; on fe con- tente d'y recueillir du froment ou du fegle après une année de repos. Tous à la vérité fement des navets, mais en général ces laboureurs ufent leurs terres pa . des récoltes fuccefives , &c qui dès lors font peu abondantes. Ceux qui ne glaifent point laiffent pour la plüpart leurs champs ouverts ; d’autres glaifent & ne ferment point non plus leurs pieces de terres, par - conféquent ils perdent l'avantage des prairies artifi= cielles. | Il s’agit maintenant d'expliquer en quoi confifte cet avantage, & comment il eft plus confidérable dans nos terres qu'ailleurs. J'ai dit que le revenu ordinaire de nos meilleures terres eft de ÿ à 8 {. par acre. Lorfqu’un homme en poffede en entier une certaine étendue, il peut y faire avec profit les améliorations dont nous parlons; mais en général c’eft dans les défrichemens qu'il y a le plus à gagner. fe | Les terres en pacage font eftimées communément du produit de 2 à 4 f. par acre. Lorfqu’elles avoient nourri des moutons pendant fept, dix ou quinze ans, l'ufage étoit de les labourer ; elles donnoïent com- munément une récolte de fegle, qui étoit fuivie par une autre d'orge ou d'avoine, Ces terres retour- noient enfuite en pacage pour autant de tems , &c d’autres prenoïent leur place. Au bout de quelques années elles fe trouvoient couvertes d’une croûte dure & afflez mince. C’eft dans cet état que je les prends. On répand fur la furface de chaque acre environ quarante à quarante-fix charretées de glaife grafle. La moins dure eft réputée la meilleure ; elle eft grifätre , au lieu que notre marne eft brune. On penfoit autre- fois que la marne étoit la feule fubftance capable de féconder ces terres ; mais l’expérience a prouvé que la glaife eft préférable dans les terres chaudes & légeres. Il eft d’ailleurs plus facile de fe la pro- curer. Il eft rare que fur trente à quarante acres de terre , il ne s’en trouve pas quelque veine. Si elle étoit éloignée, la dépenfe deviendroit trop confidé- table. Les puits que l’on creufe retiennent l’eau pour lor- dinaire, & forment un réfervoir dans chaque piece de terre ; avantage que j’ai fouvent entendu évaluer par nos fermiers à un quart du revenu d’un champ, lorfque les beftiaux y païflent en été ; ce qui arrive deux fois en cinq ans. La clôture de ces pieces de terre eft une haie ali- gnée d’épine blanche. À chaque perche de diftance (16 piés +) nous plantons un chêne. Plufeurs qui Pont été dans le tems où l’on a commencé à clore les pieces de terre, promettent de très-beau bois de conftruétion à la prochaine génération. Ces haies croïflent fort hautes, & forment avec les arbres un abri très-falutaire tant aux grains qu'aux beftiaux, Dans nos terres nouvellement défrichées, nous femons rarement autre chofe que des navets pour la premiere fois. Les façons que l’on donne à la terre la purgent des mauvaifes herbes, & aident à la mé- ler avec l’engrais qui a été répandu fur la furface. Ce dernier objet eft perfeétionné par la récolte des navets, foit qu’on les leve de terre pour nourrir Les beftiaux pendant l’hyver, foit qu'on les fafle man- ser fur le lieu. La feconde méthode eft préférable , elle améliore la terre & opere mieux le mélange. Si cependant le champ eff fujet à être trop mouillé pen- dant l’hyver, on tranfporte les navets dans une au- tre piece ; mais comme cette terre eft bénéficie, elle paye fuffifamment cette dépenfe fur fa récolte. Après les turnipes vient l'orge ou Pavoine. Avec l’une ou l’autre on feme de la graine de luzerne qui produit une récolte pour l’année fuivante , {oit qu’- on la fauche, foit qu'on la laifle paître par les bef- o Ù D 56% | taux, Le froment fuccède régulietement à là luécrs ne, & de cette façon on ne perd aucune moiflons. La terre recoit quelquefois jufqu’à trois labours ; mais le plus fouvent on fe contente d’un feul, Les racines de luzerne ou de trefle fe trouvant labourées & enfoncées dans le fillon , al en pourroit réfulter qe la terre fe chargeroït d'herbes; on y remédie en emant dés navets ou turnipes immédiatement après le froment. Si cependant la récolte du froment s’eft trouvée nette, on la remplace par de l'orge, Au moyen de cette culture nous femons cinq fois plus de froment que nous ne faifions ,:& deux fois plus d'orge. Le froment nous rend trois fois plus qu'il ne faifoit, & l’orge deux fois feulement. Le pays eft devenu plus agréable à la vüe au moyen des plantations, qui forment en même-tems un abr falutaire contre l’ardeur du foleïl & la violence des vents ; il y a trois fois plus de travail qui foutient le double de familles qu’il n’y en avoit auparavant ; & quoique notre population fe foit fi fort accrue, nous avons les denrées à meilleur marché. Une ancienne ferme eft partagée en deux, trois ou quatre, fuivant fa force. On a conftruit de nouveaux bâtimens, les anciens fontréparés, toutes les maifons font de bri- que: chaque jour nos chefs-lieux & nos marchés de: viennent plus confidérables, Il s’y trouve déjà dix fois plus de maifons qu'il n’y en avoit ; le nombre des ouvriers s’eft multiplié dans la même propor- tion. Nos gentilshommes ont doublé leurs revenus ; & quelques-uns l’ont augmenté par - delà, fuivant que la terre s’eft trouvée plus où moins propre à re- cevoir les améliorations. M. Morley de Barsham re« tire 800 livres fterling d’un bien qui m’étoit lotié, 1} y a quelques années, que 180 livres. Il y a une fer- me à Scultorque, qui, à ce qu’on m’a aflüré, a mon- té de 18 livres à 240 livres fterling. Ces exemples font rares : cependant nos terres font communément louées de 9 à 12 f. fterling par acre, dixme payée (de 11 liv. à 14 iv. tournois) , & les fermiers font à leur aife. Plufeurs dans des baux de 21 ans, fur des terres afermées à l’ancien taux, ont gagné des dix mille livres fterling & plus. . La glaife que nous mettons fur nos champs eft une terre neuve, dont le mêlange avec l’autre en faitune grafle, mais en même tems chaude & legere. Nous recueillons quatre quarters & plus de froment par acre, quoique nous labourions avec des chevaux de 40 f, à 3 liv. piece. Un petit garçon les conduit, & laboure fes deux acres par jour : tandis que dans prefque tout le refte de l'Angleterre on laboure avec quatre chevaux, même fix ; & deux hommes ont de la peine à labourer trois quarts d’acre par jour. Les provinces d’'Effex & d’Hartford paflent pour les plus fertiles du royaume ; c’eft ainf qu’on y laboure. Ja- mais on n’y fait une récolte de froment fans laïffer repofer la terre ; les aféagemens y font plus chers : il faut pour que le fermier vive, que le froment vail- le 12 livres le laft (26 à 27 livresle fetier de Paris), tandis qu’à ce prix les nôtres s’enrichiflent. Îne faut pas croire que cette amélioration né dure qu'un certain nombre d’années : nous fommes con vaincus que fi la qualité de la glaife eft bonne , que la terre foit bien conduite, c’eft-à-dire fi les champs font fermés, la luzerne & les turnipes femés à pro- pos, c’eft pour toùjours. Nous avons des terres ainfi améliorées depuis 30, 40, 50, & même 60 ans, qui font auf fertiles que celles qu’on a défrichées depuis peu. Il n’y a eu de différence que pendant les cinq ou fix premieres moiffons , qui font réellement prodi- gieufes. Après tout, on peut fe procurer ce bénéfice en faifant tous les 30 ans la dépenfe d’y répandre en- viron 20 à 30 charretées : elle eft toüjours bien aflu- rément payée. Jai dit que notre terre en général eft molle & pro- 566 CUT fonde , mais dans la partie occidentale elle eftfile- : gere que c’eft de pur fable. Jai où dire qu'elle n’é- toit fufceptible d'aucune amélioration, je n'en fais tien par moi-même : je fuis bien affüré feulement que je n’en ai vû aucune où on l'ait tenté en vain ; &c j'en connoïis beaucoup qui ont très-bien répondu aux dépenfes , quoiqu'on les eût tohjours regardées comme abfolument ftériles. Nous avons une efpece de glaife bleuätre extra- ordinairement compaéte, & en général fort remplie de pierres à chaux ; on dit communément qu’elle n’eft bonne à rien parce qu’elle refte en motte, &c que ne fe brifant jamais , elle ne s’incorpore point avec le fol où elle eft dépofée. Tant d’honnèêtes gens m'ont afluré qu’on avoit en vain eflayé de lem- ployer dans ces terres fabloneufes dont je parle, que je fuis obligé de les croire. Ils prétendent qu'à la longue elle s’eft enfoncée dans la terre par fa pro- pre pefanteur, fans lui avoir procuré la moindre fé- condité. Avec tout cela j'ai peine à me perfuader qu'une partie ne fe foit pas defféchée &r réduite en pouffiere. J’en ai bien obfervé moi-même qui ref- toit ainfi pendant des années fur la terre fans fe di- vifer, mais je faifois alors cette réflexion dont con- viennent unanimement les habiles cultivateurs, que pour améliorer il faut labourer avec art. La plüpart des glaifes employées aux améliora- tions, excepté Les blanches , font mêlées de petites pierres à chaux, qui échauffent fans doute les terres froides, où j'ai vù ce mélange opérer les mêmes ef- fets que fi les terres euflent été chaudes. Dans ces dernieres elle retient l'humidité, ce qui eft très-con- venable à nos terres molles; car autant elles font fer- tiles dans les années mouillées , autant elles fe com- portent mal par les féchereffes. C’eft une chofe rare en Angleterre que ces années-là ; on en voit au plus une fur dix : mais lorfqu’au printems feulement la faifon femble fe mettre au fec, le fol de nos cantons s’échauffe d’une maniere étonnante, & déperit plus que d’autres qui ne valent pas la moitié autant. Le tranfport de 120 charretées de glaife nous coûte environ 1 liv. 4. (28 liv. 14. tourn.) La dépenfe de les bécher, de les charger, & de les répandre, va au même prix. Ainfi 8o charretées par acre nous coûtent 1iv. 121. (38 liv. 12 f. tourn.) Avec les frais de clôture des pieces & autres, 1l faut compter 2 liv. fterl. (47 lv. tourn.) Nos revenus angmen- tent de 4 fols par acre ( 4 liv. 141.) ainfi nos avan- ces nous rentrent fur le pié de 10 pour ?. Cet intérêt paroïtra peut-être médiocre dans d’autres parties du monde : mais en Angleterre c’eft la meilleure me- thode de faire valoir fon argent ; car les terres s’y vendent très-rarement au denier vingt, & commu- nément fort au-deflus , fans compter les charges & les réparations. Ce changement eft un des plus utiles qui fe foient faits dans cette province : mais une chofe remarqua- ble, c’eft que tandis que agriculture nouvelle a en- richi les contrées les plus pauvres & les plus éloi- gnées de la capitale; ce qu’on appelloit Zes riches £er- res d'Angleterre a diminué de valeur, par le moyen des prairies artificielles. Nous cueillons du froment dans des milliers d’acres qu’on croyoit ftériles ; à l’aide des turnipes nous engraiflons en toute faifon une quantité de bétail aufli heureufement que dans les meilleurs pacages; la luferne, le trefle, le fain- foin , ont doublé la quantité de nos fourrages. Enfin tandis que toutes chofes hauffent de prix, les rentes feules des prairies naturelles & des terres à froment ont baïfle. C’eft une obfervation très-judicieufe que celle de M. Elliot, lorfqu'il dit dans fes effais , qu'après les guerres civiles rien ne contribua plus au prompt ré- tabliflement de l'Angleterre, que l’ufage introduit alôts des prairies artificielles. M. Hartlib vanta & publia le premier cette méthode d'améliorer les ter- res. Il vécut aflez pour én voir de grands fuccès : mais 4l eft rare que ces fortes d'expériences devien- nent générales en peu de tems. Depuis so ans l’a- griculture eft réformée fans doute, mais ce n’eft que depuis les vingt dernieres années que nous en reflen- tons les effets furprenans. ‘Autrefois nous n’exportions point de froment , &c même la Pologne nous approvifionnoit fouvent ; nous fommes devenus le grenier de l’Europe le plus abondant. Les biens, depuis so ans, ont augmenté d’un tiers en valeur au moins ; les prairies naturelles feules , &c les pâtures, ont baïflé d’un tiers, & baiffent cha- que jour. Le prix du foin eft confidérablement dimi- nué, quoique la confommation s’en foit fort accrue. Le prix du pain eft diminué, malgré la gratifica= tion fur la fortie des grains. Enfin pour juger de la richefle de nos récoltes, il fuffit de faire attention qu'en une feule année l’état a payé un million fter= Lang en gratifications [Il pourroit bien y avoir er- reur; cat la fomme eft exorbitante, & je n’ai vü ce fait que dans cet endroit | ; & que pendant plufeurs années de fuite, cette dépenfe n’a pas été beaucoup moins forte. f Nous devons ces fuccès à la nouvelle agriculture, c’eft-à-dire aux prairies artificielles, mais principa- lement à la luferne & aux turnipes. La luferne eft fans contredit la plus avantageufe de ces prairies ar- tificielles ; mais dans des {ols particuliers les autres Ont mieux réufli, comme le fain-foin dans les terres feches & qui n’ont point de fond. le ne vois pas qu’on ait eu une confiance aufli générale dans les tur- rupes , excepté dans la province de Norfolk &c dans les cantons adjacens : cependant l’ufage en eft connu dans tout le royaume, où il eft plus ou moins com- mun felon les endroits. C’eft un fourrage excellent pour les troupeaux pendant l’hyver, & une prairie pendant l'été : ils réufiflent à merveille dans une terre profonde , quoique legere , & même dans la plus legere fi elle eft bien entretenue. Enfin depuis que nos champs font enclos ; que nous faifons fuc- céder régulierement une récolte de froment à une de trefle ou de luferne, & cela dans des endroits qui le plus fouvent n’avoient jamais rien produit, nos fermiers tirent de leurs terres cinq fois plus qu”- ils n’avoient jamais fait. Nous avons dans cette province au moins 20 mille acres de terres à froment cultivées depuis quelques années , qui ne l’étoient point du tout auparavant ; fans compter que les autres terres qui l’étoient ne rapportoient pas la moitié autant. Encore nos dé- penfes font elles moins grandes que par-tout ailleurs : nous ne labourons & ne herfons qu’une fois. Il faut avouer que c’eft à l’ufage de la glaife que nous fom- mes redevables de la fécondité de nos terres & du fuccès de‘notre luferne. Voyez l’article GRAINS; voyez auffr les élemens du Commerce, Ces article ef? de M. V.D.F. CULVERTAGE, {. m. (Jurifp. & Hiff. anc.) cul- vertagium ; nom que l’on donnoit anciennement à, une fervitude très-ignominieufe , dont l’étymologie & la fignification ne font pas bien connus. On croit que ce terme fignifioit a confifcation du fief du val[al. On appelloit cuverts certains ferfs de main -morte dont il eft parlé dans l’ancienne coûtume d’Anjou glofée ; il y a un titre de homme étrange & cuver. I y eft dit que fun gentilhomme a cuvert en [a terre; ce que l’on explique par le terme de /érf. On appuie cette explication d’un paffage de Mathieu Paris fous lan12r2, qui porte que le Roi ordonna à tous ceux qui étoient capables de porter les armes, de fe trou- veravec des chevaux, fous peine de culvertage, /z8 notminer culvertagii, G':perpelue, fervituris.:; que-chàr cun ne craignoit rien tant, hi] magis quañ\oppro; brium culyertagii (metentes. Mathieu de Wieftmunfter dit la même,chofe fous l'an 1213. Voyez Guillaume Prynuenn:,bia liberr. Angl,.rome Il. p..260.1Quel ques-uris-prétendent que-ce terme culvert vient.de colibereus-qu fignifie celui qui.a été affranchi\avec;un autte efclave par nn même, feigheur ou patron, M de Lauriere en fa note. féconde fur-le chap. xcwjs des êta= bliffemens.defaint Louis!, rapporte cette étymologie: d’autres-la tirent dur latin eu/um vertere, e"eft-à-dixe tournenile £uls-prendre; la-fuite.s Le gloffäire. de Du- cange réjette cette étymologie; comme.étant fans fondement. L'auteur convient que la fignificatiôn de ce-terme eftinceftaine, & iprefqu'inconnue aux plus habiles grammairiens des langues françoite & angloife : 1l fait feulement entendre querce cu/ver- tage étoit une fervitude très-1gnominieufe ; 8 que sil eft permis de hafarder des conjeétures, on peut préfumer que ce terme. c/vertage fignifioit conf/ca- tiomde fiefs, ce qui paroît appuyé fur la coûtume de Sole, 4, x. art.8.oileft-dit couvrir le feu du vaf- Jal, pour confifquer Jon fief. (A) . CUMANA, (/a) Géog, mod. ville de PAmerique méridionale-dans la Tétre-ferme,, capitale de la pro- vince de:même nom. Long: gi4dlats 9:46, Mic CUMANIE, (Géog. mod.) pays de la Moldavie & de la Valachie , entre le Danube & la riviere d’Olt; du côté de la Tartarie. 11:51: CAS CUMBERLAND , (Géog, mod.) province mari- _ time d'Angleterre avec titre de duché ; elle\eft très- tâles ‘ E. abondante en pâturages, mines de plomb , de cui- vre & de charbon de terre: Carlifle en‘eft la capi- | CUMIN, Lom. (Hiffnar. bot.) cuminum ;:plante ombellifere dont la tige-s’éleve environ d’uh pié ; &c qui a la feuille lafciviée | 8 la fleur enombelle, blanche & petite: cettefleur fait place à des femen- ces-oblongues, cannelées légerement fur le.dos, blanchâtres ou cendrées, & d’une-odeur:& d’un goût aromatiques. Tournef, Zzfhir. rei herb. (1) Cumin , (Mariere medic.) La {emence de cette plante, qui eft la feule de fes parties que l’on em- ploye en Medecine, aide la digeftion & diffipe Les vents ; c’éft pourquoi quelques-uns la mettent dans le pain & dans les fromages’: elle eft utile dans la colique vénteufe , dans la tympanite & le vertige qui vient d’üne mauvaife digeftion, foit qu'on le prenne intérieurement , foit qu’on l’applique à lex- térieur, Cependant pour l’ufage interne on prefere la graine de carvi à celle de cumin : celle-ci eft moins agréable & plus forte, mais on employe pré- férablement la graine de cumin à l'extérieur. (Geof- froy; Mar, med.) La graine de cumin eft fort peu ufitée parmi nous dans les préparations magiftrales , mais les-Alle- mands l’employent aflez communément; 1ls les font entrer danslleurs efpeces cordiales , ftomachiques, emmeénagogues, 6c. ba : ges On employe beaucoup plus cette femence dans nos boutiques ; on en tire par la difllation une eau & une huile eflentielle. | Les compofñitions de la Pharmacopée de Paris dans lefquelles elle entre, font celles-ci : l’eau générale, l’eau hyftérique , l’orviétan,, l’élettuaire de baies de laurier , le ceryocoffin, le baume oppodeldoc , Fon- - guent zartiatum , V'emplâtre diabotarum. = La femence de cumin:eft une des quatre grandes femences chaudes. Voyez SEMENCES CHAUDES,. Les Allemands la mangent communément far du me) mêlée avec du gros {el, pour s’exciter à boire, b ET. c CUMINOIDES , (Hiff. nat. bot.) genre de-plante à fleur en rofe, compofée de plufñeurs pétales fran- EUN 367 géspourilotdinaire ;difpatés en rond ;:& foûtemis par le calice: qundevient-dans la fuitesiné: fémence le plus fouvent oblongue. Tournef, Z2ff, reivhenb. Poye? PLANTE. Ghrbasmns"h slt sors H -LCUMUE, fnac Jurt/prud:) eft undroit fingulier qui n'a lien-que: dans quelqhesheoëtumes:qui, l’étié bliffent expreflément. Hvorififte dansdal faeuité que les héritiers des propres/ontilofquerles meublés &c acquêts font confitlérables, &iqueiles propres font en:petite quantité ;\de demañder que.lomaccimmule le tout ; &qu’on leurén donne leitieff, imaisJpour cela il fait que lesimeubles& acquêts éxcedent-des trois quarts: là valetir des propres: , 2al oh»: Cedroit de cumzu/n’a lieu qu'en favémdesenfans, & non, pour les-collatéraux il n’a pas lieu noiplis dans les coûtumes de fubrogation., telles qu'Anjou & Maine , attendu qu'ellés Ont afles pontviab l'in: térét des héritiersdes proptes , :en:fubrogeant les acquétsaux propres ‘kenfn al ne s'étend poiathaux biens Quifont fituésidans d'autres:coûïtumes que cel- les qui Détabliflent. WoyepleBrunrénaisé des facceff. lvl. ch. gs 7nr ON (624:) non als . TYMANS à» CUMULER ;moa6 (Juri/prudi)fignifie réunir € Joindre enfémble plufteurs objets. On ne.peut pas cr zruler endapetfonneldsuxcaufes lncratitess ce deft pas-à dite néanmoins qu'ik foit. défendu: de méunir deux titrés pour avoirsune imênie choféin ôn cemule au-côntraire tous lésjouts droit dursltoiti& différens titres pour ävoir une méme:chôfe.;:méision ne: peut pas demander deux foisla même chofelenvertu de En titres différens. #oyez: CAUSES: LUGRAMIVES: A 1 3 SONT Cr NOT 110 Le At > CUNÉIFORME:05.du crâne: v0yey SPH£- NOIDE A sh ealls5 eg samrod ,alsnoibmèm 5024" CUNÉIFORMES.) (Arärom:) 05 du tarfe, C’eft le nom qu’on donne auxtroïs dérmersios du tatle, à caufe-de quelqué reflemblance qu'ils ontravéc des coins. Dans un fœtus de neuf mois ; les-trois 65 cunéiformes ne font.tous! encore ‘que des) cattilages qui s'ofifient.dans:la fuite: ils font. fitiés entre les trois premiers os du métatarfe, le cuboïde &'le fca- phoide: leur groffeur & leur grandeur n’eftpoint la même dans-tous les trois ; car le premier ou le plus intérieur eftle plus grand ; le troifieme l’eft plus que lé fecond.;:& il a moins de volume que le premier. :r Les Anatomiftes,confiderent dans chacun de ces os cinq faces, de même.que dans un! coin; leur fi- tuation, eff telle , que de fecond &c le:troifieme ent leur ;pointe tournée vers: la plante. dpié,, tandis que le prenuer. a la fienne tournée vers le. deflus du pi. Ils font joints par-leur-face antérieure aux trois premiers-osdu métatarfe., & par la poflérieure avec losfcaphoide: Onmobferve que le troifieme eftjoint aufli par fa face externe au cuboide:ssruel à 21 : L'articulation des trois curéiformes avec l’os cu- boide , celle de ces:quatre:os avec les os durméta- tarfe, & celle des os du métatarfe entr'eux, ontun mouvement très-obfcur, C’eft au moyen de ces ar- ticulations que l’on peut-courber ou!voûter le pié felon fa longueur, 8citänt.foit peu felon fa: largent : ce dernier mouvement eff moins obfcur vers lesitè. tes dés os du métatarfe | que vers leur bafe ;,& vers les osidutarfe quifont:dans le voifinage,.: | Ajoûtons:un mot des: hgamens qui attachent les troiscunéformes au {caphoïde & au:euboide. Hs font joints.enfemble dans leur partie fupérieure: 8 infé- rieure ;- par. des plans ligamenteux particuliers qui vont plus ou moins tranfverfalementd'ur osà un au- tre, étant unis à une bande ligamenteufe: commune quilescouvretous,&qus étendmêmefurlecuboides Ils font encore joints dans leur partie fupérieure 8 inférieure,;avec les quatre premiers os:du métararfe par plufeurs ligamens ; maïs ceux de la partie fupé- rieure ne font-que des bandes ligamenteufes très- Ta d de (FN LE, à / 568 CUN courtes! Qui Hetla particrantérieure de ces\6$ vont {e-rendre à lapoftérieure des quatre derniers-du mé- tatarfe, .\" D let {13 OT Apec) Le ie TEE LE ua: ll feroit inutile d'entrer dans de plus grands dé- tails ; les figures même ne\les rendroient pas fenf- bies. Pour comprendre l’arrangement deitous ces 06 en place, leurs articulations , les divers Ligamens quilés attachent, il faut avoiridevant les yeux un. fquelete frais préparé», « 8 un démonftrateur pour guide: Ces art.eft de Mile Chevalier DE JAUCOURT. CUNETTE-02 CUVETTEL;f, f. e7 terme de\For- zificarion, eft-une profondeur:de dix-huit à vingt piés de large, pratiquée dansile milieu d’un foflé fec, pour'emfaire écouler l’eau on pour en mieux difputer:le-paffage à l'ennemi. Woyez FOSSÉ." ON ? Cét'onyrage doit êtreconftruit de maniere à ne pasidonner de couvert à l'ennemi lorfqu'il veut paf {et le foffé; c’eft pourquoi ik eft-néceflaire qu'il ÿ ait-des caponières dans ‘le foffé, pour flanquer la cunetre,; Voyez CAPONIERE; 6 PL. 1. de Fortif, fig, 11 une cynette-marquée patiles lettres a; a. (Q):_- CUNEUS , eft le nom latin d'une des puiflances méchaniques ; appellée plus communément. cos. Foyez Coin. sui) ele can, NE | * CUNINA 1 f. (Myth) divimté fous la pro: teétion de quitonmettoit owl’on fuppoloit les petits enfans ; fi elle:préfidoit à leurs premiers cris, c’étoit un dieu ,-& elle s’appelloit waricanus deus ;\'f elle les difpofoit ätfaire les premiers pas, elle devenoit déeffe , &'elle prenoit le nom de dea levana ; 4 elle veilloit pour eux dans le berceau, on la nommoit cunina ou cunaria, Voyez l'art. CUBA. CUNNINGHAM., (Géograph. mod.) province de l’'Ecoffe méridionale, bornée par celles de Kye, dé Cluydefdale, de Lenox; & par la mer : elle eft une des plus abondantes de l’Ecoife. CUNGEHANG , (Géogr: mod.) ville forte de la Chinedans la provinceide Chienfi, Las. 26, 52% CUNTUR , CONTOUR, 04 CONDOR , f. m: (Hifi. nat. Ornithol.) très-grand oïfeau ;: il a quinze piés d'envergure ; fes ongles reflemblent plütôt à ceux des poules qu'aux griffes des oïfeaux de proie, cependant fon bec eft aflez fort pour ouvrirle ven- tre xun bœuf. Il a fur la tête une crête qua n’eff pas découpée comme celle du coq ; fon plumage eft noir & blanc, comme celui d’une pie. Les cwmurs font un très-grand bruit en s’abattant fur terre ; auffi les Indiens du Pérou où il y a de cesoifeaux, & même les Efpagnols, en ont-ils grand’peur. On en a tué un fur la côte de Chily, qui avoit feize piés d’en- vergure. La longueur de l’une de fes plumes étoit de deux piés quatre pouces ; le tuyau avoit cinq pouces trois quarts de longueur, & un pouce. & demi de largeur’ à l’endroit le plus gros ; la plume entiere pefoit trois gros & dix-fept grains 8 demi ; {a couleur étoit d’un brun-obfcur. Les cunturs reftent fur Les montagnes, ils n’en def- cendent que dans les tems de pluie & de froid ; ils vivent alors de quelques gros poiffons que la tem- pête jette aflez fouvent fur les côtes : on dit qu'ils ont quelquefois dévoré des enfans de dix à douze ans. On prétend, dit M. de la Condamine , que les Indiens préfentent à ces oifeaux pour appas une fi- gure d'enfant d’une argile très-vifqueufe ; ils fon- dent déflus, ¥gagent leurs ferres de façon qu'ils ne peuvent plus s’en dépétrer. M. de la Condamine a vû des cuneurs dans plufeurs endroits des mon- tagnes de Quito, & on lui a rapporté qu'il s’en trouvoit aufli dans les pays-bas des bords du Maran- non. ’oyage de la riviere des Amaÿones ; 6 hifl. des Incas, &tc. | On croit.qu'il y a aufñ de ces oifeaux dans la ré- gion de Sophala, des Caffres & de Monomotapa, juf- au’au royaume d’Angola , & on foupçonne qu'ils ne different pas de ceux que les Arabes ont appellés > 'CUPANIE , L'f (Æiff.-nat. bor.) énpania, genre dé plante dont le nom a été dérivé de pere François Cupani. de Sicile , religieux du tiers: ordre de faint François. La fleur des plantes de ce genreteft en rofe compofée de plufeurs pétales difpofés en rond : il s’éleve du fond du calice un piftil qui dévient dans la fuite un fruit dur comme du ciur, fait en forme de poire, qui s'ouvre d’unbout à lPautre en trois parties , & qui renferme dés femences rondes, dont chacune-eft attachée à une: petite coeffe charnue: A nova plant. Amer, gener. Voyez PLANTE. LUE ITÉ ,. £ (Morale) Voyez CONCUPIS- CENCE.! : ) CUPIDON , £. m. (Myth) voyez l’art. AMOUR. CUPOLO , (Mérallurg.) Les Anglois donnent ce nom à un fourneau à reverbere dont on fe fert pour faire fondre les mines de plomb. On emploie le char- bon de terre dans ces fourneaux ; on s’en fert aufli à Kunsberg en Norwege pour traitèr dés mines de cuivre. Voici comme ce fourneau eftconftnut. Le. minerais fe met fur un plan couvert d’une voûte ovalé |‘oblongue : le foyer où fe mettent les char- bons’, eft à l’un des bouts de cette voute avec quiil communique par une ouverture: le métal fondu va fe rendre dans un creux qui eft à côté. On peut en voir une defcription dans la Mérallurgie de Schlutter, ch, &iij, (— rN * CURA, 1. f. (Myth.) l'inquiétude, déefle qui a formé l’homme , & qui depuis ce tems n’a jamais perdu :de vûe fon ouvrage : poflequitem feder. CURACAO ox COROSSOL , (Géog. mod.) île dé l’Amérique à feize lieues de la terre-ferme, fur la côte de Venezuela. Longir. 31. lait, 12. 40.-Elle appartient aux Hollandois, qui dans la partie méri- dionale de cette île ont conftruit .une jolie ville & une citadelle, laquelle défend lentrée d’un port très-commode pour les gros vaifleaux, qui y mowil- lent fort près de terre à différentes profondeurs. Quoique ce lieune produife que du gingembre & des citrons , il pafle cependant pour un des plus commerçans de l'Amérique équinoxiale ,: fervant d’entrepôt aux nations qui trafiquent le long de la côte. Par M. LE ROMAIN. CURATAY, (Géog. mod.) riviere de l'Amérique méridionale dans la province de Quixos: elle fe jette dans la riviere des Amazones. : CURATELLE,, £. £. (Jurifpr.) c'eft la charge & fondion de curateur, c’eft-à-dire la commiflion don- née à quelqu'un d’adminiftrer les biens d'un autre, qui, par rapport à la foibleffe de fon âge ou par quelqu’autre empêchement , ne peut le faire par lui- même. La curatelle a quelquefois feulement pour ob- jet d’aflifter quelqi’un en jugement, ou de lPautori- fer à pafler quelqu’aéte important & de flipuler fes intérêts dans quelqu’affaire, foit judicraie ou extra- judiciaire. Voyez ci-après CURATEUR. (4) CURATEUR,, f. m. (Jurifprud.) eft celui qui eft établi pour veiller aux intérêts de quelqu'un qui ne peut y veiller par foi-même. Voyez ci-devant 4e de- finition de la CURATELLE. La fonétion de curateur a quelque rapport avec celle de tuteur ; mais elles different en un point ef- fentiel ; c’eft que le tuteur eft donné principalement pour prendre foin de la perfonne du mineur ; l’admi- niftration des biens n’eft à fon égard qu’un objet fub- ordonné,au lieu que le c#rateur eft donné principale- ment pour prendre foin des biens; de {oïte qu'un mineurdans biens n’auroit pas befoin d’un curateur comptable. Mais on donne auffi un curateur pour d’autres obiets. Le cas le plus ordinaire de la curatelle , c’eft lorf- que CUR que les mineurs font fortis de tutelle. Eû pays de droit écrit, où la tutelle finit à l’âge de puberté, les! mineurs pouvoient autrefois fe pafler de cvrareurs, La loi des douze tables n’avoit rien ordonné par rap port à ceux qui étoient fortis de tutelle ; ils entroïent par la puberté dans lPadminiftration de leurs biens ; & l’on ne pouvoit pas les forcer de prendre un év- rateur, excepté pour les affifter én jugement lor{qu”- ils avoient un procès, ou pour récevoir un paye- ment, Ou pour entendre un compte de tutelle. La-oi letoria ordonna que l’on donneroit des cufateurs aux adultes qui fe gouverneroient mal, Mais Marc An- tonin pouffa la chofe pfus loin, & ordonna que tous Les mineurs fans diftinétion auroient des curateurs juf- qu'a l’âge de vingt-cinq ans. C’eft pourquoi Uipien , «ans le, 3. de la loi j. au ff. de minor. dit que pré- entement les mineurs ont des curateurs jufqu’à vingt- cinq ans, & qu'avant cet âge on.ne doit pas leur confier l’adnuniftration de leurs biens, g#@mvis bene rem Juam gerentibus ; de forte que le mineur qui fort de tutelle en pays de droit écrit, lorfqu’il a atteint l’âge de'puberté, ne peut refufer de recevoir un cw- rateur , qu'au cas qu'il foit émancipé en fortant de là tutelle ; encore hui en donne-t-on un en l’émanci- pant ; non pas à la vérité pour l’ädminiftration de fes biens , mais pour l’afüfter en jugement lorfqul a des procés, foit en demandant ou en défendant, ou pour l’autorifer à recevoir un rembourfement, eu enfin pour entendre & régler un compte de tu- telle, En pays coûtumier la tutelle dure jufqu’à la majori- té: mais fi les mineurs font émancipés plûtôt, on leur donne aufli un cwrateur pour les aflifter en jugement, c'eft-à-dire dans les caufes qu’ils peuventavoir; c’ef pourquoi on l'appelle curaceur à l'émancipation, ou curateur aux caufes. £ | On donne quelquefois un erateur au pupille non émancipé, pour faire les fonétions du tuteur; ce qui arrive lorfque le tuteur a des a@ions à diriger con- tre {on pupilie : ou fi letuteur n’eft pas idoine , & néanmoins qu'il foit non fufpeët, on lui adjoint un cz- rateur. Il en eft de même quand le tuteur n’eft excufé que pour un tems, le juge nomme en attendant un EUraicur, Il eft auffi d’ufage de nommer un curateur à l’en- fant pofthume à naître, On en donne aufli en certains cas aux majeurs, comme aux furieux, aux prodigues , aux infenfés, aux accufés , fourds ou muets , aux abfens. Enfin on en donne à des biens vacans, à une fuc- ceflion vacante, & dans plufieurs autres cas que nous expliquerons ci-après. Les féqueftres, commiflaires, gardiens, font auffi des efpeces de cxrareurs ; maïs on ne donne le nom de curateur qu'à ceux qui font établis pour repréfen- ter la perfonne , ou du moins pour l’afifter en juge- ment, Les curateurs comptables different en pen de chofe des tuteurs ; c’eft pourquoi dans Les pays coûtumiers l’on ne donne guére de curateurs comptables aux mi- neurs qui fe font émanciper; on leur donne feule- ment un c#rateur aux caufes , pour les affifter en ju= gement. S1 on ne Juge pas à propos de les faire éman: ciper , la tutelle continue de droit jufqu’à la majo- rité. Mais en pays de droit écrit, où la tutelle finit à l’âge de puberté, quand les mineuts ne font pas en: core en état d’adminiftrer eux-mêmes leurs biens, comme 1l eft rare qu’ils Le foient, les parens ont or- dinairement foin de leur faire nommer un curateur comptable; ce que le juge peut ordonner malgré le mineur, quand cela paroît néceflaire. Quelques coûtumes ordonnent que les mineurs en {ortant de tutelle feront pourvus de curateurs : d’autres ne font aucune diftinétion entre la tutelle & Tome IF, CUR 569 là cufatelle ; quelquestuñes même difent que tutelle & curatelle n’eff qu'un, Ve g: dhiie: Nous avons déjà annohcé que la tutelle & la ét ratelle fe rapportent en plufeurs points ; favoir que lune & l’autre font données en la même forme & par 128 mêmes jupes ; que lesituteurs & crareurs comp" tables font tenus, fuivant le droit romain, dé don- ner caution; ce qui ne fe pratiqué point en pays - coûtumier. Les mêmes caufes-qui exemptent de la tutelle, exemptent auffi de la AA Curateurs comme Les tuteurs pouvant être exclus 8 même def- titués lorfqu’ils font fufpeds on peut aufficontrain- dre les uns & les'autres à gérer; & ce qui eff jugé contre le curateur, s’éxécute contre le mine , de même que ce qui a Été jugé contre le tutebrre H Ent néanmoins Obferver que fi le mineur eft émancipé , le jgement doit être rendu avec lui affifté de fon curatenr, & qu'il ne feroit pas régulier dé procéder contre le curateur {eul, UE 5 Th Pour ce qui eft des différences qui font éntte la tu= telle &'la curatelle, elles confiftent en ce que le tu- teur eft donné principalement à la perfonne ; au lieu que le curateur eft donné principalement aux biens: On comptoit auffi autrefois Comme une dés dif rences entre la tutelle & la curatelle, que le tuteur fe dônne au pupille eriam invito au lieu que fuivant l’ancien droit qui s’obfervoit en pays de droit écrit, lé curateur ne fe donnoït au mineur pubere qu’autant qu'il le demandoit. Mais on a vû que fuivaht le der. niér état du droït romain, on peut obliger les mi neurs puberes de recevoir des curateurs. On ñe don- ne pas de tuteur pour une affaire en particulier ; mais on donne quelquefois en ce cas un curateur : on ne donne pas non plus de tuteur à celui qui er a déjà un; mais en cas de befoin où lui donne un cwrarewr: On peut auffi, quoique le mineur ait déjà un cure: teur, lui en donner un autre pour quelqw’objet par- ticulier. Le tuteur que l’on donne au pofthume ne commencé à gérer qu'après la naïffance de l'enfant: c’eft pourquoi en attendant on lui nomme un cwra= zur pour avoir foin des biens. Le pupille ne peut pas rendre plainte contre fon tuteur, au Heu que le mineur peut fe plaindre de fon curareur s’il le trouve fufpett. Enfin la nomination d’un tuteut fite par teftament eft valable par elle-même, au lieu que celle d’un eurateur doit être confirmée par le juge. Lorfqu'un mineur eft émancipé, foit par mariage ou par lettres du prince, le curareur qu’on ki donne n’eft point comptable : mais fi le mineur émancipé fe conduit mal , on peut lui ôter l’adminiftration def fes biens & la donner au curareur, lequel en ce cas devient comptable. S'il n’y a pas eü d’inventdire du mobilier du mi- neur avant la geftion du curateur comptable, il doit faire inventaire & faire vendre les meubles du mi- neur, de mème que le tuteur, & fous les mêmes peines. La fon@ioni du éxrateur comptable eft de recevoir ce qui eft dû au mineur, en donner quittance, pour: fuivre les débiteurs , défendre aux a@ions iritentées contre le mineur, faire les baux de fes biens, veiller à entretien & aux réparations, fournit te qui eft néceflaire à l'entretien du mineur felon fes facultés, en un mot faire la même chofe que le tuteur feroit obligé de faire par rapport aux biens. Le mineur même émancipé ne peut valablement recevoir un rembourfeméfit d’un principal; fans être aflifté & autorifé de fon curatenr. | Le curateur ne peut aliéner les immeubles de ce: lui qui eft fous fa curatelle, fans un avis de patens omologué en juftice. | La curatélle eft une charge civile & publique, de même que la tutelle; & l’on peut être contraint de l'accepter, foit qu'il y ait adminiftration de biens, CCce [Um | 570 CUR ouque ce.ne foit que pour aflfter la perfonne en jugement ou dans quelqu’autre aëte: | _ Il yra certaines inçapacités perfonnelles.qui ex- cluent de la curatelle, _Par.exemple, les femmes en général font'incapa- bles de cette charge, excepté la mere.ë l’ayeule. ! La femme ne peut être curatrice de, fon mari fu- LA LOOUNBEES : ! ; ] ds rieux.où prodigue. FOyez CURATRICE.. ;,, .- A 1 Le mari ne peut être curateur de fa femme en pays de droit écrit, "Aou Eee ne peut en avoir befoin. que pour fes paraphernaux., dont le mari ne doit point avoir l'admiration. - En pays couftumier le marine peut pas non plus être curareur de fa femme lorfqu’elle eft féparée de biens d'avec lui, foit par contrat de mariage ou. de- puis; quand même elle tomberoïit en démence, : Les mêmes caufes qui exemptent de tutelle exemp- tent auffi de la curatelle.. Voyez TUTELLE. À quoi il faut ajoûter que celui qui a été tuteur, peut s'excu- fer d’être enfuite curateur. | _Lorfque les curateurs mal-verfent dans leuts fonc- tions , ils peuvent être deftitués, de même que le tu- teur. oyez TUTEUR. | La curatelle des mineurs finit À leur majorité. La mort naturelle ou civile, du curateur ou de celui qui eft én curatelle, foit mineur ou majeur, fait auff finir la curatelle. | ‘Il y a certaines curatelles qui n’étant données que pour une caufe ou affaire particuliere , finifent lorfque leur objet eft rempli. , Les curateurs comptables des mineurs, doivent rendre compte de leur geftion, lorfque le mineur elt devenu majeur. Ceux qui font curateurs des furieux & autres ma- jeurs interdits, ne doivent. pas attendre la fin de la curatelle pour rendre compte; on peut les obliger à rendre compte de tems en.tems. Quand ces comptes ne peuvent être réglés à l’a- miable, ils doivent être rendus devant le juge qui a déféré la curatelle. Voyez au digeffe les titres de autorirate G& confenfu sutorum vel curatorum , curatoribus furiofo & aliis ex- tra minores dindis ; de curatore bonis dando ; de ventre in poffeffonem mittendo G& curatore eus ; de rebus eo- rum qui fub sutelé vel curé funt , fine decreto non alie- nandis vel fupponendis, Aux inftitutes les titres de cu- ratoribus ; de fatis datione, tutorum vel curatorum ; de excufatione tutorum vel curatorum ; de fufpeëlis tuto- ribus vel curatoribus. Et au code les titres qui dare tu- Mores vel curatores poffunt ; de curatoribus furiofo, quan- do cutores vel curatores effè definunt ; de excufatione tu- corum vel curatorum ; de fufpectis tutoribus 6 curatori- bus ; de his qui œtatis veniam impetraverunt, Voyez auf es traités de Gillet & de Meflé fur Les turelles 6 curatelles, Curateur à l'abfent ; on lui en nomme un pour dé- fendre fes droits. Curateur à l’accufé. On en donne en différens cas; favoir lorfque l’accufé n’entend pas la langue fran- çoife, añquel cas on lui nomme aufli un interpre- te ; lorfque l’accufé eft muet, ou tellement fourd qu'il ne peut oi ; ou fourd & muet tout enfemble, Mais on ne donne pas de curateur à celui qui ng veut pas répondre le pouvant faire. Onen donne encore au cadavre acculé qui eft encore extant, & à la mé- moire d’un défunt qui eft accufé. Enfin on en donne auf aux communautés déévilles, bourgs, villages, corps & compagnies qui font accufés. Il faut que ces curateurs fachent lire & écrire, & qu'ils prêtent ferment; & l’inftrudion fe fait contre eux audit nom. Ïs fubiflent interrogatoire debout derriere le bar- reau. La condamnation ne fe prononce pas contre eux, mais contre l’accuié. Voyez l'ordonnance crimi- alle > Tite XJV art, 23e til, Ki, CH, CUR - Curateur au bénéfice d'inventaire efticehù que Phé- ® » f 1 , = 0 f » ., e ee ritier bénéficiaire fait créer pour liquider contre lux . fes créances, & les pafler enfute dans fon compte de bénéfice d'inventaire. Curateur aux biens abandonnés, eft celui que lon établit pour l’adminiftration des biens abandonnés par un débiteur qui a fait ceffion ou faillite ; on faifit réellement les héritages fur ce curateur. Voyez ci- après Curateur aux biens deguerpis 6 délaif]es. : Curateur aux biens du condamné ou aux biens cor: ffqués; c’eft la partie civile qui le fait nommer, à . l'effet de fe faire payer par lui de fes intérêts civils & autres condamnations péclniaires. De Curateur aux biens déguerpis, eft créé lorfque le détenteur d’un héritage chargé de rente fonciere dé- oguerpit cet héritage; le bailleur fait hquider contre lui les arrérages de rentes qui font dûs , & fes dom- mages &c intérêts. , Curatelbaux biens délaiffés ou abandonnés, eft la même. chofe. Quelques-uns le confondent , mais . mal-à-propos, avec le curareur aux biens déguerpis ou au déguerpiflement ; le délaiffement parHypothe- que étant différent du déguerpiflement dans {a caufe & dans fes effets, notamment en ce que dans le cas du délaiffement le créancier fait faifir réellement fur . le curateur; au lieu que dans le cas du déguerpifle- ment proprement dit, Le bailleur-de fonds peut ren- trer dans fon héritage fans faifie réelle. … Curateur aux biens faifis , c’eft la même chofe que FE: Es RESTE le commiffaire à la faifre : dans les endroits où il n’y a point. de commuflaire aux faifies réelles en titre, Phuiflier doit en établir un. Curateur aux biens vacans : on entend ordinaire= ment par-là celui qui eft établi curareur à une fuccef- fion vacante, à laquelle tous les héritiers ont renon- cé, & que perfonne ne reclame en qualité d’héri tier. C’eft contre ce curareur que tous prétendans droit aux biens vacans doivent diriger leurs pour- fuites , & c’eft fur lui que les créanciers font vendre ces biens, & que le feigneur haut jufticier peut fe les faire adjuger par droit de deshérence. Curateur au cadavre, c’eft-à-dire au corps mort d’un accufé auquel on fait le procès, voyez ci-devant Cu rateur à l’accufe, Le juge nomme d'office un curareur’ au cadavre du défunt s’il eft encore extant, finon à fa mémoire. On préfere pour cet emploi le parent du défunt, s’il s’en offre quelqu'un. La condamna- tion fe prononce contre le cadavre & non contre le curateur, lequel peut interjetter appel de la fentence ; il peut même y être obligé par quelqu'un des parens, lequel en ce cas eft tenu d’en avancer les frais. Les cours fouveraines peuvent élire un cwrateur autre que . celui qui a été élu par les premiers juges. Voyez le cit, xxij, de l’ordonn, crimin, On ne donne de curateur au cadavre, que lorfqu'il s’agit de crimesqui ne s’é- teignent pas par la mort du coupable, comme quand il s’agit de faire le procès à un homme qui s’eft tué lui-même , ou qui a été tué en duel, ou qui eft dé- cédé coupable d’un crime de lefe-majefté, Payez Ar- gou , ex fon inflr, ëtr. des curateurs, Curateur*du ‘calendrier , curator kalendariü , étoit chez les Romains le thréforier ou receveur des de= niers de la ville. [l en eft parlé au code théodofien, 12. tit, xj. & au digefte , lv. L. tir, vid, 9... Curateur aux caufes , eft celui qui eft nommé au mineur émancipé , à l'effet feulement de l’affifter en rateurs aux mots CURATELLE & CURATEUR , 6 au code de his qui œratis veniam impetraverune. Curateur comptable , eft celui qui a le maniement de quelques deniers dont il doit rendre compte ; tel que le curateur à une fuccefhion vacañte , ou le cura- teur d’un interdit, &c. à la différence de plufeurs au- tres fortes de curateurs ; qui n’ayant rien en manie= jugement. Voyez ce qui eft dit ci-devant de ces cura- ment ne font point comptables, tels que les exrateurs aux caufes. Curateur datif, dativus, eft celui qui eft nommé par le juge. On le diftinguoit chez les Romains des curateurs légitimes & teftamentaires. Mais en Fran- ce, toutes les tutelles & curatelles font datives. Curateur au délaiffement par hypotheque ; voyez ci- devant Curateur aux biens abandonnés 6 aux biens délaif[és, Curateur au déguerpiffement ; voyez Curateur aux biens déguerpis. Curateur à la démence , eft celui que l’on donne à quelqu'un qui a l’efprit foible ou aliéné. Curateur à l'effet d'entendre le compte, eft celui que l’on nomme feulement pour entendre & regler un compte, foit de bénéfice d’inventaire ou autre. Curareur à l'émancipation , c’eft celui que l’on nom- me aux mineurs en les émancipant , à l’effet de les affifter en jugement lorfqu’il y échet. C’eft la même chofe que le curateur aux caufes. Voyez ci-dev. Cu- RATELLE 6 CURATEUR. Curateur de l'empereur ; Voyez ci-après Curateur de la maifon de l’empereur. Curateur au furieux, eft celui que l’on donne à un majeur furieux , à l'effet de veiller fur fa perfonne & biens. Cette matiere eft traitée au dig. lv. XXVII. tit. x. de curator. furiofo vel alris perfonis extra minores dandis. Cette curatelle eft une efpece de tutelle. Voyez ci-devant au mot CURATELLE @& CURATEUR ;, & ce qui eft dit craprès au mot Curateur légitime. Curateur ad hoc, c’eft celui qui n’eft établi que pour une fonttion paflagere , comme pour entendre un compte, faire une liquidation, autorifer le mi- neur pour recevoir un rembourfement. , Curateur a d'interdiction , eft celui que l’on nomme à uninterdit, foit pour caufe de démence, de fureur, ou de prodigalité. Curateur a l'inventaire , eft celui qui eft créé pour affifter à un inventaire, & y fervir de légitime con- tradiéteur vis-à-vis de quelque partie intéreflée à linventaire. On l’appelle ainf en Bretagne, A Paris on l'appelle /ubrogé tureur. Voyez le traité des minori- tés , ch. vi. n°, 26, Curateur légitime, c’étoit chez les Romains celui qui, fuivant la loi, étoit le curateur né du mineur ou du majeur furieux ou prodigue, comme fon plus proche héritier. Le pere étoit curateur légitime de fon fils. émancipé, devenu furieux on en démence ; le frere l’étoit pareillement de fon frere ou de fa {œur, dans le mêmecas ; au défaut du pere & du frere, c’é- toit Le plus proche aprar. Le curateur légitime ne ve- noit cependant qu'après le teftamentaire ; & s’il n’a- voit pas lui-même la capacité néceflaire, il étoit ex- clus. Voyez code V. tit. Ixx. 1, 7. Curateur au majeur , eft celui qui fe donne en cas de démence, fureur, ou prodigalité. Curateur de la maifon de l’empereur, chez les Ro- mains , étoit celui qui avoit foin du revenu de l’em- pereur &c de la dépenfe. Voyez ce qui eft dit dans la loi 3. au code de quadrienni prefcriprione , où Jufti- mien l’appelle curator nofter : c’étoit proprement l’in- tendant de la mafon. Curateur à la memoire d’un défunt, eft créé pour foûtenir les droits du défunt lorfque le cadavre n’eft plus exiftant, & qu’on veut lui faire fon procès, ou au contraire lorfque la famille vent faire réhabiliter la mémoire du défunt qui a été condamné. La no- mination & fonétion de ce curateur fe reglent com- me celles du crateur au cadavre, Voyez Le titre xxij, de l'ordonnance criminelle. Curateur d’un mineur, eft celui qu’on donne à un mineur émancipé, Voy. ci-devant CURATELLE & CURATEUR. Curateur des ouvrages publics, chez les Romains, | Tone I Fe CUR 571 étoit celui qui én avoit Pintendance & l'infpeétion ; il étoit garant des défauts de ces ouvrages pendant quinze ans. Cod. Lib, VIII, tir, xij, L, 8. Curateur au pofthume, &ft celui que l’on donné à un enfant qui n’eft pas encore né après le décès de fon pere, pour défendre fésintérêts au cas qu’il vien- ne au monde, Voyez la loi 8. de turor. 6 cur. la Loi 8, À. de curar. furiof. & L. 24. ff. de teb. aut. jud. poffid. Curateur du prince ; voyez ci- devant Curateur de la maifon de l'empereur. Curateur au prifonnier de guerre; on lui en donnoit un chez les Romains pour la confervation de fes biens. Voyez au code, liv, VIII. tir. lj. L 3. Curateur d'un prodigue, eft célui que l’on donné à un majeur interdit pour caufe de prodigalité. Voyez au code, div. PV, rie. Zxxe. Li. Curateur d’une province, chez les Romaïns , étoit proprement lintendant de cette province, Voyez an code , Liv. V. sit, xl, L 2, Curateur d'un pupille | eft celui qu’on lui doûne pour fuppléer à fon tuteur, qui fe trouve hors d’é- tat de veiller à fes intérêts à caufe de quelque longue maladie ou infirmité, ff. Gy. XXVI. vis, j. 4, 13, ir princip. Curateurs des quartiers ; curatores regionum , chez les Romains étoient des officiers publics , dont la fonétion revenoit à-peu-près à celle des commiffai: res au châtelet de Paris, entre lefquels la police de . la ville eft diftribuée par quartiers. Curatores regionum ; voyez Ci-devant Curateurs des quartiers, Curateur de la république, curator reipublicæ feu procurator, étoit chez les Romains celui qui avoit foin des travaux &c lieux publics ; il devoit veiller à ce que les maifons ruinées fuffent rétablies, de crain- te que lafpe& de la ville ne füt deshonoré, Foy. au ff iv. XXXIX, ci. 1. 1, 46. Curateur à la fucceffien vacante, eft celui que l’on crée pour veiller à une fucceflion , à laquelle tous les héritiers ont renoncé, ou du moins pour laquelle il ne fe préfente aucun héritier. Dès que les héritiers préfomptifs ont renoncé, les créanciers fonten droit de faire nommer un curateur, fans être obligés de rechercher s'il y a d’autres héritiers qui pourroïent accepter la fuccefion. Au bailliage de Nevers, il y a un ufage fingulier ; on affigne fept procureurs, lef- quels après en avoir conféré entre eux nomment le curateur, Celui qui eft une fois nommé ne peut être deftitué fans caufe, & l'héritier qui fe repréfenteeft tenu de procéder fuivant ce qui a été fait êc jugé avec le curateur, pourvü qu'il n’ait pas excédé fon pou- voir : par exemple, le curateur ne peut pas former une infcription de faux fans y être autorifé par les créanciers. Voyez les arrêts d'Augeard, s. I. c. xevii. &c tom. III. arr. 72. Curateur teflamentaire, c’eft celui qui eft nommé par le teftament du pere à {es enfans mineurs ; mais il ne peut pas exercer qu'il ne foit confirmé par le juge. Voyez. 1. inflir. de curat. Voyez ci-devant Cu- rateur datif &t Curateur légitime. Curateur en titre, en Lorraine eft un officier pu- blic, établi pour veiller en juftice aux intérêts des abfens , des étrangers, & autres, qui ne peuvent fe défendre par eux-mêmes. Curateur aux travaux publics ; voyez ci-devant Cu- rateur de la république. Curateur au ventre , {e donne pour deux caufes dif- férentes ; favoir, pour obferyver f effe&tivement la femme qui fe dit enceinte, accouche dans le tems où elle doit naturellement accoucher, ce qui fe fait lorf- que la famille foupçonne que la groflefle eft feinte & fimulée : ou bien pour veiller aux intérêts de l’en- fant à naître. Voyez ff. 37. ür, 7x. L1. Ç. 23. (A) 2 CURATIF , adj. (Med.) c'eftune épithete par la- bi : Ceci | 4 ir 572 CUR quelle on ééfigne une indication qui fe préfente à remplir dans le traitement d’une maladie , ou le trai- tement même de la maladie, ou les remedes qui y font employés, lorfque ces différentes chofes ont pour objet de détruire la caufe de la maladie, & d’en faire cefler les effets. C’eft l'indication curative quu détermine le mede- -cin à faire ufage de la méthode de traiter , &c des re- medes qu'il croit propres à produire des changemens dans Le corps des malades, qui tendent à terminer avantageufement les defordres de l’œconomie ani- male : ce traitement & ces remedes font appellés conféquemment curatifs , pour les difinguer de ceux qui ne font par exemple que préfervatifs ou pallia- tfs. Voyez CURE , REMEDE PRÉSERVATIF, PAL- LIATIF, G&c. (d) CURATRICE, f.1. (Jurifprud.) eft celle qui eft chargée de la curatelle d’une autre perfonne. Les femmes en général ne peuvent être curarrices , parce que la curatelle,de même que la tutelle, eft un office civil. La mere & l’ayeule peuvent néanmoins être curatrices de leurs enfans & petits-enfans, de même qu’elles en peuvent être tutrices. La femme ne peut être curatrice de fon mari, foit prodigue ou furieux , ni pour aucune autre caufe. La coûtume de Breta- gne, art. 523, permet cependant de donner la fem- me pour curatrice au mari prodigue; ce qui eft une exception au droit commun, & contre l’ordre na- turel, fuivant lequel la femme eft en la puiffance du mari. oyez ci-dev. CURATELLE 6 CURATEUR. (4) CURCUMA , f. m. (Med.) eft une racine médi- cinale, dont fe fervent aufli les Teinturiers pour teindre en jaune. Le curcuma eft jaune en-dedans & en-dehors , fort dur, comme sil étoit pétrifié, & aflez femblable au gingembre par fa figure & fon volume. Les feuilles qu’il produit reflemblent à celles de. Pellébore blanc. Ses feuilles viennent en forme d’é- pi, & fon fruit eft raboteux comme celui d’une jeu- ne chataigne. Le curcuma eft apporté principalement des Indes orientales. L'île de Madagafcar en fournit aufli. Il faut le choifir gros , nouveau, réfineux, pefant, & difficile à rompre. Quelques-uns ont cru fauflement qu’il y avoit un curcuma naturellement rouge : cette erreur eft venue de ce que le curcuma devient brun à mefure qu’il eft vieux, & qu'étant pulvérifé il eft rougeâtre. Les Gantiers , 6. s’en fervent beaucoup pour teindre leurs gants, comme auffi les Fondeurs pour - donner au cuivre une couleur d’or. Les Indiens l’em- ployent pour teindre en jaune leur ris & leurs autres noutritures : de-là vient que quelques-uns le nom- ment fafran indien. Nos Teinturiers trouvent qu'il ne donne pas un jaune auf durable que la gaude ; maïs il eft admira- ble pour rehauffer la couleur rouge des étoffes tein- tes avec la cochenille ou le vermillon, comme les écarlates , &c. Chambers, CurcumaA, ( Mar. med.) La racine de curcuma OU verra merita des boutiques, qu’on appelle auffi en francois faffran des Indes, a été célébrée comme un bon apéritif & un bon emménagogue , comme favo- rifant l'accouchement, Éc. mais il eft furtont recom- mandé comme un fpécifique contre la jaunifle, & cela principalement à caufe de fa couleur jaune. Voyez SIGNATURE. (#) CURDES , (Les) Géog. mod. peuples d’Afie dont partie eft en Turquie, l’autre en Perfe, Les Curdes occupent un pays voifin de l’ancienne Aflyrie & de la Chaldée ; ils font indépendans , ne font jamais fta- bles dans un endroit, mais ne font qu’y camper. €EURDISTAN, (LE) Géogr, mod. c'eft ainñ CUR que l'én nomme le pays habité par les Curdes en Afie au nord-eft du Diarbek & de l’Irac. Betlis en eft la capitale. ; CURE, (Jurifprud.) ainfi appellée du latin cura, qui fignifie en général /oix , charge: en matiere ec- ciéfiaftique fignifie ordinairement une églife & béné- fice eccléfiaftique, auxquels eft attaché le foin des ames de certaines perfonnes ; & lorfque cette églife a la charge des ames d’un territoire limité, elle forme une paroïfle : & en ce cas les termes de cure & de pa- roiffe {ont fouvent employés indifféremment , quoi- qu'ils ne foient pas abfolument fynonymes. Il y a plufeurs fortes de cures , comme on l’expli- quera dans les fubdivifions fuivantes. Celui qui poffede un bénéfice cure eft ordinaire ment appellé curé ; mais fi cette cure eft attachée à un bénéfice régulier, celui qui en eft titulaire eft appellé prieur - curé ou prieur fimplement. Voyez ci- après CURÉ. Les fonétions curiales feront aufi expliquées au mème endroit. Les revenus des cures confiftent en dixmes, obla- tions & offrandes, gros, portiontcongrue : chacun de ces objets fera auffi expliqué en fon lieu. Cure- bénéfice | eft tout bénéfice qui a charge d’a- mes. Ces fortes de bénéfices ne forment pas tous des paroïfles; car on peut avoir charge d’ames de certaines perfonnes , fans avoir un territoire circon- {crit & limité, lequel eft néceffaire pour confiituer une paroïifle. Les chapitres , par exemple, ont char- ge d’ames, & font les fon@ions curiales pour leurs chanoines & chapelains ; ils leur adminiftrent les fa- cremens & la fépulture , quoiqu’ils demeurent hors du cloître. Cures exemptes , c’eft-à-dire celles qui dépendent d'ordres exempts de la jurifdiétion de l'ordinaire: les églifes paroïfliales de ces cures, quoique deffer- vies par des réguliers , ne laïffent pas d’être fujet- tes à la vifite des évêques ; & fi les curés réguhers commettent quelque faute dans leurs fonétions cu riales ,ou adminiftration des facremens , ils font foù- mis à cet égard à la jurifdiétion de l’évêque diocé- fain , & non au fupérieur de leur monaftere. Cures perfonnelles , {ont des églifes qui font Les fon- étions curiales pour certaines perfonnes, fans avoir de territoire limité. Cure à portion congrue eft celle où Le curé n’a point les grofles dixmes, au lieu defquellesles gros décima: , teurs lui payent annuellement une fomme de 3001. à titre de portion congrue. #. PORTION CONGRUE: Cures - prieurés ; {ont des prieurés réguliers , mais non conventuels, auxquels font attachées les fone- tions curiales d’un certain territoire ou paroïfle, Il en a beaucoup dans l’ordre deS. Benoît, & dans ceux de faint Auguftin , de Prémontré , &crautres ; les pre- miers, c’eft-à-dire ceux de l’ordre de S. Benoit, font remplis par des religieux qui font feulement curéspri- mitifs, & les fonétions curiales font faites par un vi-. caire perpétuel : dans les ordres de S. Auguftin & de Prémontré , les prieurés-cures font remplis par des re- ligieux qui font titulaires des cures , &c font eux-mé: mes les fonétions curiales. | 21 Cure primitive ef Le droit qui appattenoit ancien nement à une églfe de faire les fonétions curiales dans une paroiïfle dont le foin a depuis été confié 4 des vicaires perpétuels. ” | L Cures régulieres , font les prieurés-cures dépendant d’un ordre régulier, comme il y en a beaucoup dans l’ordre de S. Auguftin & de Prémontré.qui font rem- plies par des chanoïnes réguliers deces ordres. Foy. ci-apr. au mot CURÉ l’article Réguliers & Religieux, Cures féculieres | font celles qui peuvent être pof- fédées par des prêtres fécnhers ; à la différence des prieurés-cures qui-font des cures régulieres , qui font affetés aux réguliers du même ordre. Feyez ci-devant Cures-prieurés & Cures régulieres. Cures des villes murées : 1] faut être gradué pour les pofléder ; elles ne peuvent être permutées par des gradués avec d’autres eccléfaftiques qui ne le fe- roient pas. Voyez le code des curés. (A ) CURE , dans quelques anciennes ordonnances, eft dit pour curarelle des enfans mineurs. Voyez Le IF. tome , pag. 30, 173. & 183. (4) CURE, f. f. (Medecine) Ce terme a différentes fignifications , felon les différens cas dans lefquels il eft employé. | 1°. On s’en fert pour exprimer le fuccès d’un me- decin (ou de tout autre guériffeur) dans le traitement d’une grande maladie , qui eft fuivi ou de la guéri- fon que l’on n’avoit pas lieu d’efpérer, felon toutes les apparences , ou qui fembloit extrèmement difi- cile à opérer ; ainfi on dit à cette occafon qu'il a fait une belle cure, lorfque par l’évenement 1l eft cenfé avoir réufli, ou qu'il a réufli en effet à empé- cher que la maladie wait été fuivie de la mort, ou qu’elle ne reftât incurable, comme il y avoit lieu de le craindre dans la fuppoñition. Le mot cure n’eft employé dans ce fens que dans le cas où la maladie eft terminée, ou comme terminée par le rétabliffe- ment de la fanté ; ainf il eft alors prefque fynonyme à guérifon. Voyez GUÉRISON. IL eft bien des medecins, ou autres gens foi-difans tels, qui fe vantent ou fe font honneur d’avoir opéré des cures merveïlleufes par des méthodes de traiter qui ne font le plus fouvent (aux yeux des connoïffeurs) qu'un tiflu de fautes, & autant de preuves de leur ‘ignorance dans le véritable art de guérir; leur mé- rite bien apprécié, ne confifte donc, dans ce cas, qu’en ce qu'ils ont été aflez heureux pour avoir eu à traiter des fujets dans lefquels la zature a été affez robuite, non-feulement pour détruire feule la caufe de ces maladies, mais encore pour furmonter tous les cbflacles qu’on a mis à fes opérations dans le cours du traitement , par les effets multipliés des re- medes employés mal-à-propos , & conféquemment fans qu’on l’ait confultée, &c fans qu'on ait cherché à connoitre ce qu'elle indique, parce qu’on ne l’a jamais connue elle-même comme rorborum medica- trix. C’eft cependant d’un femblable bonheur que naît le plus fouvent la plus grande réputation & la moins méritée, parce que très-peu de perfonnes {ont en état de difcerner le vrai medecin, parce que le grand nombre ne juge que d’après évenement, qui eft très-fouvent un fort mauvais garant, & qui n’eft jamais sùr pour les conféquénces qu’on peut entirer. « Le fage préjugé fut toujours pour la regle, » dit M. de Fontenelle. S’il n’y a pas de moyen ab- »# folument sûr pour éviter de fe tromper dans le » choix d’un medecin , il eft au moins certain qu’il » eft de la prudence de ne donner fa confiance qu’à » celui dont l’expérience a toûjours été éclairée par | » de bonnes études ; & qu’il eft au contraire très-dan- # gereux de la donner à celui qui travaille à confer- » ver l’efpece humaine, comme Deucalion & Pyr- #rha travailloient à la réparer ». 2°. Il eft aufñi d’ufage d'employer le mot curecom- me fynonyme de curation , traitement de maladie, Sepameie, laois , Janatio, curatio, & par conféquent pendant le cours de la maladie que l’on traite, en employant les moyens propres à en procurer la gué: tifon: ainfi un medecin dit qu'il a eu-un tel fympto- me à combattre, qu'il a fait ufage de tel remede pendant toute la cure d’une telle maladie. | Les auteurs d'inftitutions de Medecine diftinguent dans ce dernier fens quatre fortes de cures : 1°, la confervative où vitale , fous laquelle eft aufli com- prile l’analeptique : 2°. la préfervative ou prophylaëki: que : 3°. la palliative où smitigative , qui renferme CUR 573 l'urgerte : 4°, la radicale, qui eft proprement le trai. tement £hérapeutique où curatif. Ces différentes fortes de cures font reglées, pour le choix, par autant de fortes d’rdicasions corref- pondantes , qui déterminent les différens objets que doit fe propofer le medecin dans le traitement de chaque maladie, d’après la connoïffance bien ac quife de la nature du vice qui trouble l’œconomie animale , dans le cas qui fe préfente. La partie de la Medecine qui enfeigne la maniere de procurer la cure (guérifon) des maladies, & de procéder dans leur cure (traitement), eft la Théra- peutique. Voyez THÉRAPEUTIQUE , MÉTHODE DE TRAITER LES MALADIES, 04 TRAITEMENT ; ÎN- DICATION , REMEDE , € l’article MEDECINE. (4) CURE , ( Fauconnerie.) c’eft une forte de pillule compofée de coton, d’étoupes & de plumes, que les Fauconmiers font prendre aux oifeaux de proie pour deflécher leur flegme. Armer les cures de l'oifeau , c’eft mettre auprès quelques petits morceaux de chair , pour lui faire mieux avaler la cure. Tenir Je cure; {e dit de l’oiféau quand la pillule fait fon de- voir. On dit, des oïfeaux fe portent bien, quand ils ont rendu leur cure. CURE , (Jzrifp.) en général eft un eccléfiaftique qui poflede un bénéfice-cure auquel eft attaché le {oin des ames d’une paroifle , c’eft-à-dire dû terri- toire de cette cure, pour le fpirituel. Le titre de prétre étoit autrefois fynonyme de curé, parce qu'on n’ordonnoit point de prêtre qu’on ne lui donnât en même tems la diretion d’une églife. On appelloit aufli les curés, perfonæ eccleftarum. Le nom de curé vient de habet curam animarum , d’où les auteurs latins du bas fiecle ont dit curatus pour curalor. Dans quelques pays, comme en Bretagne, on les appelle recfeurs. Il y a des paroïfles dont les curés ont laïffé ancien- nement la conduite des ames à des vicaires, & ne fe font réfervé que le titre de curé avec les dixmes ou une portion d'icelles , & quelques marques de prééminence : on les appelle curés primitifs ; & ceux qui font chargés de la conduite des ames, font auf qualifiés de curés ou vicaires perpétuels | pour les dif- tinguer des vicaires amovibles ; avec cette reftric tion néanmoins, que ces vicaires perpétuels ne peu- vent prendre le titre de curés dans tous les aîtes & cérémonies où fe trouve le curé primitif. Les curés repréfentent à certains égards les lévites de l’ancien Teftament qui étoient chargés des fonc tions du facerdoce ; ils ont comme eux de droit com- mun la dixme de tous les fruits de la terre pour leur fubfiftance ; mais ils repréfentent encore plus parti- culierement les difciples auxquels ils ont fuccédé, de même que les évêques aux apôtres. Ils tiennent le fecond rang dans la hiérarchie eccléfiaftique, c’eft- a-dire qu'ils ont rang immédiatement après les évé- ques. Leur puiflance de jurifdiétion eft également de droit divin dans fa premiere inftirution; mais toüjours avec fubordination à l’autorité des évêques, comme 1l eft aifé de le voir dans les monumens de l’Eglife dès les premiers fiecles. Dans quelques lieux exceptés de Pordinaire, 1l y a des prêtres commis à la deflerte des facremens, qui prennent auffi le titre de curés, Voyez ci-après Exemp- ton de l'ordinaire. Les devoirs & fon@ions des curés, & leurs droits, vont être expliqués dans les fubdivifions fuivantes. Abfence du Curé, voyez Réfidence. “Age, VOYEZ ci-deffous Capacités. " Bannalité, voyez Exemprion. Baptême, VOyez Sacremens. Bis cantat. Quand il fe trouve deux églifes voi- fines , fi pauvres qu’elles n’ont pas de quoi-entretenis 574 CUÜUR ‘chacune un curé, l'évêque diocéfain donne un cure la permifion de dire deux mefles par jour, une dans chaque paroifle, ce que l’on appelle un bis cantar ou bis cantando. L’ordonnance de Blois, areicle 22, permet d’unir d’autres bénéfices non cures, & de procéder à la diftribution des dixmes ; auquel cas, fi le céré fe trouve avoir fuffifamment de quoi fub- fifter, on ne lui donne point de bis cantar, Capacités. Ceux qui font nommés pour être pout- wûs de cures, doivent être de bonne vie & mœurs, 8 gens lettrés: on doit les examiner, & préférer.le plus capable ; &t en cas d'égalité, celui qui eft natif | du lieu. Ceux qui font de doétrine fufifante, accom- pagnée de bonnes mœurs 8& de piété, doivent être préférés à ceux qui auroient une doétrine plus émi- nente, mais auxquels manqueroient les mœurs & la pièté : 1l faut qu'ils foient âgés de vingt-trois ans & un jour, on n’accorde point de-difpenfe à cet égard, Si le pourvû n’eft pas encore prêtre , 1l faut qu'il fe faffe promouvoir à la prêtrife dans l’an, finon au bout de l’an la cure feroit impétrable. Les étrangers ne peuvent pofféder aucune cure dans le royaume, à moins qu'ils n’ayent obtenu des lettres de natura- lité, ou qu'ils ne foient originaires de France. Clefs. Les curés & les marguilliers ont conjointe- ment la garde des clefs de l’églife & du chœur, pour y entrer lorfqu'il eft néceffaire , foit pour l'adminif- tration des facremens, ou pour autre caufe. Le curé a feul la garde des clés du lieu où eft l’euchariftie. Cloches. Elles ne peuvent être fonnées après le décès des paroïfliens & autres qui font inhumés dans la paroïfle, que le curé n’en ait été averti & n’y ait œonfenti. L’émolument de la fonnerie appartient à la fabrique. Comptes des fabriques, Le curé n’a pas ladminiftra- tion des revenus de l’éolife, mais feulement de ceux deftinés pour fa fubfiftance. Ce font les marguilliers qui ont la charge de l’œuvre & fabrique , & qui font chargés de l’entretien des ornemens & acquittement du fervice divin & fondations, dont ils doivent vendre compte. Les curés, comme marguilliers nés, peuvent affñiter à la reddition de ces comptes. Convois , voyez Sépulrures. NE Deux curés. I] ne peut y avoir deux cures dans une même églife & paroïfle : on a vü néanmoins quelques exemples du contraire, comme à S. Méry de Paris, où il y avoit deux curés qui exerçoient al- ternativement chacun pendant fix mois, mais cela ne fubffte plus. Il y a auf quelquefois des curés qui font leurs fonétions dans une églife voifine , en at- tendant que la leur foit rebâtie; mais ils ne font dans cette églife que par emprunt & pour un tems feulement, & les territoires des deux paroiffes font féparés. | Dixme. Le curé ef-fondé de droit commun À per- cevoir la dixme de toutes fortes de fruits, felon l'ufage du pays ; 1l n’a pas befoin pour cela d’autre titre que fon clocher, c’eft-à-dire fa qualité de curé, Les novales, menues & vertes dixmes lui appar- tiennent , à l’exclufon des autres gros décimateurs, faufquelques exceptions qui feront expliquées au mor Novazes. Un curé peut lever lui-même fa dixme ; 1l peut prendre à ferme les dixmes de fa paroïfe, “oit eccléfaftiques ou. inféodées, fans déroger ni devenir taillable. ARE. Droits honorifiques. Pour favoir comment les curés doivent fe conduire à ce fujet, voyez ci-après au mot DROITS HONORIFIQUES. TI Eau benire. Le curé doit la faire tous les diman- ches, conformément au rituel ; & après avoir afper- _gé l'autel &c le clergé, ildoit en donner aux feigneur &t dame du lieu, & à leurs enfans par préfentation, ! Æt au furplus des fideles par afperfion, CUR ; E coles. Les maîtres & maîtrefles d'écoles doivent Être approuvés par les curés, Enterremens, voyez Sévultures. Exemptions de l'ordinaire. Les curés exempts de la jurifdiétion des évêques diocéfains » & foumis à celle du chapitre où immédiatement au faint fiége, ne laiffent pas d’être fujets à la vifite & corredion de Pévêque diocéfain , pour ce qui concerne les fonc- tions curiales & l’adminiftration des facremens. Fabrique; voyez Comptes des Fabriques , & au mor FABRIQUE. _Fonélions curiales, voyez CurtAL, & l’art. Fonc- TIOTNS, “- Fondations, Les marguilliers ne peuvent en accep- ter, fans y appeller Le curé & avoir fon avis. Voyez au In0t FONDATIONS. Gros décimateurs. Quand les curés ont les grofles dixmes, ou quelque portion de ces dixmes , ils ne peuvent demander de portion congrue aux autres gros décimateurs, à moins qu'ils ne leur abandon- nent tout ce qu'ils poffedent dans les groffes dixmes ; tant qu'ils en pofledent quelque portion, ils doivent contribuer à proportion avec les autres codécima- teurs, aux charges des grofles dixmes , telles que {ont les réparations du chœur & cancel. | Incompabilité, Les cures fontincompatibles avec tous autres bénéfices qui demandent réfidence & fonéton habituelle ; & par conféquent on ne peut pofléder en même tems deux cures, quand elles {e- roient dans le même lieu. Les cures font aufi in- compatibles avec les offices d’official & de promo- teur. Mariages. 11 eft défendu aux curés de conjoindre par mariage d’autres perfonnes que ceux qui font leurs vrais & ordinaires paroïffiens. Voyez au mot MARIAGE. Meffe de paroïiffe. Autrefois les curés , avant de la dire, interrogeoient les affiftans pour favoir s'ils étoient tous de la paroïfe , & renvoyoient ceux qui n’en étoient point : ce qui ne fe pratique plus ; quoi: que dans la regle étroite chacun doive affifter an fervice & inftruéions de fa paroïfle autant qu’il le peut. Voyez ci-après férvice divin. Oblations 6 offrandes appartiennent au curé ou vicaire perpétuel, Voyez Wicaire perpétuel. Paroiffe , paroiffiens. Pour favoir ce que c’eft que paroiffe, & ce qui concerne les ére&tions de nou- velles paroïffes , Punion d’une paroiïfle à une autre, Voyez an mot PAROISSE. | Penfion, voyez Réfignation. | Portion congrue des curés eft de 300 liv. voyez au r10t PORTION CONGRUE. Presbytere. Le curé doit être logé aux frais dé fes paroiïfliens dans l’étendue de fa paroifle : ils font obligés de lui faire conftruire un presbytere s’il n° én a point, de le réparer s'il eft dégradé de vétufté ou par quelque force majeure. S'il n’y a pas de lieu commode pour lui bâtir un presbytere, 1ls doivent lui payer fon logement en argent. Lost Curé primitif; a droit de percevoir la moitié des oblations les quatre fêtes annuelles & le jour du pa- tron, pourvûü qu'il fafle ces jours-là le fervice, Il doit avoir un-vicaire perpétuel & non amovible, I eft tenu aux réparations du chœur de l’églife: Il ya des religieufes qui jotiflent du droit de primitives quoiqu’elles ne puiffent faire les fonétions curiales 3 telles que l’abbèfle de S: Pierre de Lyon, les reli- gieufes de Cuflet en Auvergne; ce. qui vient de ce que l’on a uni ä ces abbayes des bénéfices qui avoient les droits de curés priminifs. Prône. Les curés & vicaires ne font point tenus de publier au prône ce qui regarde.les affaires pure- ment temporelles. - Qualités du curé, voyez Gi-devant Cpacirés, Quére. Le curé ne peut empêcher que l’on ne quête pour les pauvres dans fon églife, quand il y a per- mifion de l’évêque diocéfain. | Régale. Les cures n’y font point fujettes, À moins qu'elles ne foient unies à des dignités, perfonnats ou canomicats ; mais fi c’eft la dignité ou canonicat qui eftunie à la cure, l’un & l’autre eft exempt de la régale. … Regiffres des baptêmes, mariages & fépuliures. Les curés doivent lés tenir exaftement, & en faire deux; un pour garder par-devers eux, l’autre pour en- voyer au greffe de la juftice royale du lieu. Foyet au mot REGISTRES. | Réguliers, Les chanoines, réguliers de S. Auguftin & de Prémontré ont coûtume de nommer quel- qu'un d’entr'eux aux cures de leur ordre. Ils appel- lènt ces bénéfices des prieurés-cures. Religieux. Anciennement les moines deffervoient la plüpart des cures, à caufe de la difette où lon étoit alors de prêtres féculiers. Ce furent principa- lement les religieux de l’ordre de S. Benoît qui fup- pléerent ainfi pour les cures : les chanoines réguliers de S. Auguftin y eurent auf bonne part. Lorfque les religieux fe retirerent dans leurs cloîtres , ceux de S. Benoît mirent dés vicaires perpétuels ; ceux de S. Auguftin & quelques autres continuerent à nom- mer de leurs religieux pour remplir les cures de leur ordre. Les cures & autres bénéfices féculiers qui ont charge d’amés, ne peuvent être tenus par des reli- gieux mendians : Les autres moines & religieux ne peuvent auff les pofléder. Unreligieux qui a obtenu une cure, doig la faire deflervir par un vicaire, & ne peut la deflervir lui-même, à moins qu'il n’en ait obtenu difpenfe du pape, ou que ce ne foit un béné- fice de fon ordre, & qui y foit affeété par la fonda- tion. Voyez ci-devant Réguliers, … Réparations, voyez ci-dev. Presbytere & Curé pri- mitif. Réfidence. Les curés y font obligés ; ils ne peuvent s’abfenter fans. caufe légitime , & ne doivent pas ex- céder le tems de deux mois. Une difpenfe de réfider {eroit abufive. | Réfignation, Les curés qui réfignent leur cure en faveur d’un autre, ne peuvent point referver de penfon qu'ils n’ayent deflervi leur cure pendant quinze années ; fi ce n’eft que la réfignation foit faite pour caufe de maladie ou infirmité connue de l’or- dinaire , qui les mette hors d’état de fervir; &c dans ce cas même.les penfions ne peuvent excéder le tiers du revenu. Il faut auf qu'il refte au titulaire 300 liv. par an francs de toute charge, non com- pris le cafuel & le creux de léglife. Sacremens. Les curés ont le droit & font tenus d’ad- miniftrer ou faire adminiftrer les facremens de l’é- -glfe à leurs paroifliens, excepté ceux de l’ordre & de la confirmation dont la difpenfation eft refervée aux évêques. Il y a cependant quelques paroïfes où les curés n’adminiftrent pas certains facremens, com- me dans la ville du Puy en Velay, où le chapitre de la cathédrale eft en poffeffion de baptifer tous les enfans nouveaux-nés dans cette ville privativement au curé. Les curés ne peuvent exiger aucune chofe pour l’adminiftration des facremens , fi ce n’eft pour les mariages , fuivant les ftatuts du diocefe autorifés par lettres patentes duement reoïftrées. Sépulture. Le patron eccléfiaftique ne peut pas _ donner droit de fépulrure dans le chœur ; cela n’ap- partient qu’au czré. Quand quelqu'un fe fait enter- rer hors léglife paroïfliale, & néanmoins dans le même lieu, le curé doit conduire le corps, & le lu- minaire fe partage par moitié entre le curé & l’églife où le défunt eft inhumé. Les pauvres doivent être enterrés gratuitement. | | Service divin, Les feigneurs, gentilshommes, & A CU R 575$ autres perfonnes piuffantes, ne peuvent obliger le curé de changer ou différer l'heure du fervice divin, . Tailles, Les curés font exemptsde tailles , tant pour leurs biens patrimoniaux que d’acquêts ; ils peuvent même être fermiers des dixmes de leur paroïffe fans devenir taillables. Leurs domeïtiques qui levent ces dixmes ne {ont pas non plus taillablés. . Teflamens, Les curés peuvent dans leurs paroïfles recevoir eux-mêmes les teftamens de leurs paroïf- fens , en la forme prefcrite par l'ordonnance & par la cofûtume du lieu, quand même il y auroit des legs pieux & au profit de leur églife, pourvû qu’il n'y ait point de legs pour eux ni pour leurs parens : quandil y a des legs pieux, ils doivent en donner avis au procureur général du reffort, & lui remettre un extrait en bonne forme du teftament. Vicaire perpétuel ; eft un eccléfaftique qui eft titu- laite d’une cure dont un autre eft curé primitif, Voyez ci-devant Cure &z Curé primitif, & au mot Vi- CAIRE PERPÉTUEL. l’oyez le code des curés, & n02 samment les décifions de Borjon. (4 * CUREAU , fub. m. (Manufaë, en drap.) inftru- ment de bois qui s'appelle auffi mailleau quand il eft emmanché: 1l reffemble à la tête d’un petit mar- teau , & les Tondeurs en drap s’en fervent pour fai re agir le côté de leurs forces qu’ils appellent lé male, | CURÉE, f. f. (Fénerie.) c'eft faire manger le cerf ou autres bêtes aux chiens. On fait aufl la curée du levre. Durant la curée point de gants; autrement les valets de chiens font en droit de demander pour boire. Pour la curée,, Les hmuers pour le premier ont pour leur droit le cœur & la tête, & les chiens courans ont le cou qu’on leur dépouille tout chaudement ; car les curées chaudes font les meilleures. Les curées qui fe font'au logis font de pain décou: pé, avec fromage arrofé du fang de cerf, Voyez l’ar- zicle CERF. Donner la curée a loifeau , (Fauconn.) cela s’ap- pelle effemer. Voyez ce mot. M Curer les oifeaux , c’eft leur donner une cure: il ne faut point paître un oïfeau qu'il n’ait curé ouberdu la cure. Voyez CURE (Fauconnerie.). CURE-FEU , {. m. ez terme de Forgeron, eft un morceau de fer long & applati par un bout, un peu arrondi , dont on fe fert pour ôter le mâche-fer de la forge. Foyez les Planches de Serrurerie, CURE-OREILLE, f. f. inftrument avec lequelon nettoye l’oreille, & qui fert à d’autres opérations relatives à cette partie. Voyez OREILLE, CERU- MEN. * CUREOTIS , f. m. (Mych.) le jour des apatu- ries, auquel les jeunes gens qui entroient dans l’âge de puberté alloient fe faire couper les cheveux dans un temple, & les confacrer à Apollon ou à Diane. C’étoit letroifieme. Voyez APATURIES. , CURE PIÉ , (Maréchall.) inftrument de fer long de cinq à fix pouces, crochu d’un côté, plat & poin- tu de l’autre, qui fert à nettoyer le dedans du pié deschevaux, à en Ôter la terre, la crotte ou le fable, {oit après qu'ils ont travaillé au manège, foit après quelque courfe. Lorfqu’on n’eft pas exaét à les faire nettoyer avec ce cure-gié, la poudre qui y refte def- feche le pié & y produit les feymes, foyer Seymes. C’eft un bon expédient pour humééter les piés, que d'y mettre de la fente de vache après les avoir nettoyé avec le cure-pié. Chambers. (W CURET , f. m. en terme de Fourbiffeur ; c’eft une peau de buffe ou autre animal fur laquelle on frotte les pierres fanguines avec de la potée d’étain, lorf- qu’on dore quelque piece. CURETES , {, m. pl. (Æf, anc.) prêtres ou peu 576 CUR ples de Pile de Crete, qu’on appélloit autrement éo- rybantes. Voyez CORYBANTES. Strabon dit qu’on leur donna le nom dé curetes,, parce qu'ils fe coupoient les cheveux pardevant afin de ne point donner de prife à leurs ennemis : car ce mot eft gTEC ; XBPATES 9 & vient de “Spa n tonfure ; de xelpu, tondre, D'autres difent que ce nom leur fut donné de #uporpogia , Qui fignifie nourriture d’un en- fant, parce qu'ils furent les nourriciers de Jupiter, fuivant la fable, [ls étoient , difent quelques auteurs, originaires du mont Ida en Phrygie, &t on les nommoïit encore pour cela idæi daëlyli, Voyez DACTYLES: Ovide dit qu'il avoient été produits par uné gtañ- de pluie, Lucien & Diodore de Sicile font les feuls qui difent qu'ils avoient l’art de lancer des fleches ; tous les autres ne leur donnent pour armes que des boucliers & des piques : tous leur donnent auffi des tambours dé bafque & des caftagnettes , & rappor- tent qu'ils avoient coûtume de danifer au bruit de leurs armes & de leurs tambours. Quelques autetirs parlent des curetes d’urié manie- re tout-à-fait différente. S1 l’on en croit le P. Pezron &c quelques autres, les curetes n’étoient autre chofe du tems de Saturne & de Jupiter, dans la Crete & la Phrygie , que ce qu'ont été dans les fiecles fuivans les druides & les bardes, fi célebres parmi les Gau- lois. C’étoit les prêtres & les facrificateurs qui avoient foin de ce qui regardoit la religion & le culte des dieux. Voyez DRUIDES. Et comme on s’imaginoit alors que l’on né com- muniquoit avec les dieux que par Part des divina- tions & dés augures, & par les opérations de la ma- gie , cela étoit caufe que tous ces curetes étoient ma- giciens , devins, & enchanteurs. [ls joignoient à ce- la la fcience des aftres , de la nature & de la poëfie ; ainfi ils étoient encore aftronomes, phyficiens , poë- tes, & medecins. Voyez DIVINATION. Voilà quels ont été les cwreres, & après eux les druides ; avec cette différence, que les cureces du tems des Titans ne manquoient point d’allet à la guerre; c’eft pourquoi ils étoient armés: ils fau- toient même & danfoient fi habilement avec leuts armes, frappant leurs boucliers de leurs javelots, que c’eft de cet exercice qu'ils ont été appellés cu- retes ; car curo en langue celtique , eft la même chofe que le xpw des Grecs , qui en a été formé par la tranf- pofñition d’une lettre , & fignife 7e frappe ou bars. Selon Kirker, les curetes font dans Orphée, ce que font les puiffances dans S. Denis, les efprits chez les Cabaliltes, les démons chez les Platoniciens, & les génies chez les Egyptiens. Voyez DÉMON, GÉ- NIE, &c. Voflius , de idolol. diftingue trois fortes de curetes ; ceux d’Etolie, ceux de Phrygie, & ceux de Crete qui étoient originaires de Phrygie , & une efpece de colonie de ceux-ci que Réa fit venir de Phrygie dans l’île de Crete, quand elle fut prête d’accoucher de Jupiter. À | | Le nom de ceux d’Etolie vient de #£p«, sonfure ; & il leur fut donné parce que depuis que dans un com- bat leurs ennemis les prirent par les cheveux qu'ils portoient fort longs , ils fe les couperent. Ceux de Phrygie & de Crete furent appellés eure- Les, de »wpoc, Jeune homme, parce qu'ils étoient jeu- nes, ou parce qu'ils éleverent Jupiter encore fort jeune. Diéion. de Trév, Morery & Chambers. Les Mythologiftes attribuent aux cureres de Phry- gie l'invention de forger le fer: le feu, difent-ils, ayant pris dans les forêts du mont Ida, fit couler une grande quantité de fer, que la violence & l’ac- tivité des flammes avoit mis en fufion. Les cwretes qui en furent témoins, profiterent de cette décou- werte pour établir des forges de fer. [ls ont eu des temples après leur mort, & on leur facrifioit toutes fortes d’ammaux comme aux dieux, (G) CURETE, {. f. infirument de Chirurgie pour tirer les fables de la veffe. Il eft à l'extrémité d’un autre inftrument nommé bouton, Nous avons donné la def- cription de toutes fes parties. Poyez BOUTON À cu- RETE, Cureté eft auffi un inftrument en forme de crochet, pour faire l’extraétion des pierres. Voyez CROCHET À CURETÉ: Curete eft auf un petit inftrument fait en forme de cure:oreille, avec lequel on peut tirer de Pare- thre des petites pierres qui fe feroient engagées dans ce conduit. Quelques-uns fe fervent de petites curetes tranchantes pour tirer les grains de poudre engagés dans la peau du vifage. Chir, PI, III, (F } CURETE, (Manufait, en drap.) efpece de crochet emmanché de bois, qui fert aux Couverturiers à nettoyer leurs chardons quand ils lainent leurs ou- vrages. CURIA , (Hiff. mod.) s’eft dit en Angleterre de certaines aflemblées que faifoient les rois, des évê- ques , des pairs, & des grands feigneurs du royau- me, en certains lieux aflignés pour cet ufage aux grandes fêtes de l’année, où l’on délibéroit des af- faires importantes de la nation. On appelloit encore cette forte d’aflemblée fo/emnis curia, generalis curia, auguftalis curia, & curta publica. Voyez WiTHMA- MOT. 20 On ä quelquefois appellé en France de pareilles aflemblées parléemens. Voyez PARLEMENT. Curia baronum , voyez BARON & Gour. Curia militum, en Angleterre, étoit une cour ou juftice militaite qui fe tenoit à Carisbrook dans l’île de Wight , toutes les trois femaines. Curia adyifare vuls , en Angleterre, eft ce quenous appellons dans notre ftyle de Pratique un délibéré, Voyez DÉLIBÉRÉ. Chambers. (G) CURIA-MARIA , (Géog, mod.) ile de l'Océan en Afie ; fur la côte de l’Aräbie heureufe, vis-à-vis de l’emibouchuré de là riviere de Prim. Long. 71, lat. 77: | CURIAL , (Jurifpr) fignifie tantôt ce qui eft rela- tif à une cute, tantôt ce qui eft relatif à une cour de juftice, foit fouveraine ou fubalterne, Droit curial, eft l’honoraire dû aux curés pour les mariages & convois, fuivant les ftatuts du diocefe omologués au parlement, | Eglife curiale, eft celle où l’on fait toutes les fon- étions curiales, Voyez l’article fuivant. Fonitions curiales , font celles qui font propres aux curés , comme de baptifer, marier, inhumer les paroïfliens, dire la mefle de paroifle, bénir le pain qui y eft deftiné, faire le prône, 6e, Maifon curiale , eft celle qui eft deftinée à loger le curé ; c’eft la même chofe que presbytere, Voyez PRES- BYTERE.n , Curiaux , en Brefle, font des officiers ou commis qui fervent de fcribes ou grefliers aux châtelains ou autres juges. Ces curiaux font obligés de réfider fur les lieux : en cas d’empêchement de leur part, ils peuvent commettre quelqu'un en leur place. Les châtelains font obligés d’avoir des curiaux pour écrire les aétes, &c ces curiaux ne peuvent pas ren- dre de jugemens, mais feulement écrire fous les or- dres du juge. Voyez Collet fur les flatuts de Breffe, pag. 174 G fuiv. Dépens curiaux, font les frais de juftice. L'art. 35 de la coûtume de Normandie porte que le feigneur contre le vañal, & le vaflal contre le feigneur, étant en procès en la cour dudit feigneur, ne peuvent avoir aucuns dépens que les curiaux ; ce qui fignifie les fimples débourfés de cour , tels que le coût-des fentences, ades du greffe, fignifications, & autres débouriés débourfés qui auroïent été faits par Le feigneur ou le vaflal; celui qui a fuccombéne doit point d’autres dépens que ces débourfés : mais s'ils plaidoient en un autre tribunal , celui qui fuccomberoit pourroit être condamné en tous les dépens. Bafnage, fur Le. tit, de jurifdit, art, 35. (A CURIE, f. f. (Æiff, rom.) en latin curia ;'portion d’une tribu chez les anciens Romains. Romulus divifa le peuple Romain en trois tribus, quiformerent trente curies , parce que chaque tribu fut compofée dé dix cwries, c’eft-à-dire de mille hom- mes. Les cérémonies des fêtes fe faifoient dans un lieu facré deftiné à chaque curie, dont le prêtre ou le facrificateur s’appella curion, 4 facris curandis, par- ce qu’il avoit foin des facrifices. Le peuple s’aflem- bloit par curies dans la place de Rome appellée co- mitium , pour y gérer toutes les affaires de la répu- blique. Il ne fe prenoit aucune réfolution, foit pour la paix, foit pour la guerre, que dans ces aflem blées. C'’eft là qu’on créoit les rois, qu’on élifoit les magiftrats & les prêtres, qu'on établiffoit des lois, & qu'on adminiftroit la juftice. Le roi de concert avec le fénat, convoquoit ces aflemblées, & deci- doit par un fénatus-confulte du jour qu’on devoit les tenir, & des matieres qu’on y devoit traiter. Il fal- loit un fecond fénatus-confulte pour confirmer ce qui y avoit été arrêté. Le prince ou premier magif- trat préfidoit à ces aflemblées , qui étoient toüjours précédées par des aufpices & par des facrifices , dont les patriciens étoient les feuls miniftres. Les curies fubffterent dans toutes leurs préroga- tives jufqu'à Servius Tullius , qui ayant trouvé par fon dénombrement la république accrue d’un très- grand nombre de citoyens capables de porter les armes , les partagea en fix clafles générales , & com- pofa chaque clafle d’un nombre plus ou moins grand de centuries. Il établit en même tems, & du confen- tement de la nation, qu'on recueilleroit à l’avenir les fuffrages par centuries , au lieu qu'ils fe comp- toient auparavant par tètes. Depuis lors les aflem- blées par curies ne fe firent guere que pour élire les flamines, c’eft-à-dire les prêtres de Jupiter, de Mars, de Romulus ; comme auffi pour l'élection du grand- curion & de quelques magiftrats fubalternes. De cette maniere les affaires importantes de la républi- que ne fe déciderent plus d'ordinaire que par cen- turies. Nous en expoferons la maniere dans le fup- plément de cet Ouvrage az mor CENTURIE, parce que cette connoiffance eft indifpenfable pour enten- dre l’miftoire romaine, qui de toutes les hiftoires eft la plus intérefflante. Cependant le peuple chercha toüjours à faire par caries les aflemblées qu’on avoit coûtume de faire par centuries, & à faire par tribus, Qui leur donnoient encore plus d'avantage, les af- femblées qui fe faifoient par curies. Ainfi quand l’on établit en faveur du peuple les nouvelles magif tratures de tribuns & d’édiles, le peuple obtint qu'il s’aflembleroit par curie pour les nommer; & quand fa puiffance fut afflermie, 1l obtint qu’ils feroient nom- més dans une aflemblée par tribus. Voyez TriBu. Varron dérive le mot curie du latin cure, foin, comme qui diroit une aflemblée de gens chargés du foin des affaires publiques, ou qui fe tient pour en prendre foin; & cette étymologie me paroît la plus vraiflemblable de toutes. Quand les curies ,curiæ, furent abolies, le nom curia pañla au lieu où le fénat fe tenoit ; & c’eft peut- être de-là qu’eft venu le mot de cour, que nous em- ployons pour fignifier tout corps de juges & de ma- giftrats. Arc. de M. le Chevalier DEJAUCOURT. * CURIEUX, f. m. (Æif. anc.) curiofus ; officier de lempire romain fous les empereurs du moyen âge, commis pour empêcher les fraudes & les mal- verfations , {ur-tout en ce qui regardoit Les poftes & TomeIlF, | CUR S77 les voitures publiques, & pour donner avis à la cour de tout ce qui fe pafloit dans les provinces. Cet emploi rendoit les curieux redoutables, & leur donnoit le moyen de faire beaucoup plus de mal qu’ils n’en empéchoient; ce qui fit qu'Honorius les caffa dans quelques patties de l’empire, Pan 41$ de J, C. | Ce nom revient à-peu-près à ce que nous appel- lerions contréleurs, On les appelloit curieux du mot cura; foin, qguod curis agendis € evettionibus curfus publici infpictendis operam darent, Diftionn, de Tre- voux & Chambers, Académie des curieux de La Nature, voyez ACAD É- MIE. Voyez auffi Curiosité. (G CURIEUX, adj. pris fubft. Un curieux, en Peintu- re, eft un homme qui amafñe des defleins, des ta- bleaux, des eftampes, des marbres, des bronzes, des médailles, des vafes, &c. ce goût s'appelle cx- riofité, Tous ceux qui s’en occupent ne font pas con- noifleurs ; & c’eft ce qui les rend fouvent ridicules, comme le feront toüjours ceux qui parlent de ce qu’- ils n’entendent pas. Cependant la’ curiofité, cette envie de pofléder qui n’a prefque jamais de bornes, dérangeprefque toüjours la fortune ; & c’eft en cela qu’elle eft dangereufe. Foyez AMATEUR. (AR) CURIGA , (Geog. mod.) ville & royaume d’Afie dans la prefqu'’ile de l’Inde, en-deçà du Gange, fur la côte de Malabar, tributaire du roi de Calicut. CURION, f. m. (Æiff. anc.) curio ; chef &c prêtre d’une curie. Voyez CURIE. Romulus ayant divifé le peuple romain en trois tribus & en trente curies, dont chacune étoit de cent hommes, donna à chaque curie un chef, qui étoit le prêtre de cette curie, & qu’on appella curio, & flamen curialis, Ciétoit lui qui faifoit les facrifices de la curie, qui s’appelloient curionies , curionia : fa curie lui don- noit quelque fommg d'argent pour cela. Cette pen- fion ou ces appointemens s’appelloient curionium, C’étoit chaque tribu qui choififfoit fon curion, Mais tous ces curions avoient un fupérieur & un chef, un curion général qui étoit à la tête du corps & qui gou- vernoit les autres. On l’appelloit grand curion, curio maximus, Celui-ci étoit élu par toutes les curies af- femblées dans les comices, qu'on nommoit curiata. Voyez COMICES. Toutes ces inftitutions furent faites par Romulus, &t confirmées par Numa , au rapport de Denis d'Ha- licarnafle. Quelques auteurs difent qu’il y avoit deux curions dans chaque curie. Diéfionn. de Trév. & Chambers. Jule Capitolin nomme auf curions certains crieurs publics, qui dans Les jeux & les fpetacles lifoient les requêtes que les comédiens adrefloient au prin- ce ou au peuple. (G CURIOSITÉ, fub. f. ( Mor. Arts & Scienc. ) defir empreflé d'apprendre, de s’inftruire, de favoir des chofes nouvelles. Ce defir peut être louable ou blä- mable, utile ou nuifible, fage ou fou, fuivant Les objets auxquels il fe porte. La FN de connoître l’avenir par le fecours des fciences chimériques , que l’on imagine qui peuvent les dévoiler , eft fille de l'ignorance & de la fuperfti- tion, Voyez ASTROLOGIE & DIVINATION. La curiofité inquiete de favoir ce que les autres penfent de nous, eft l’effet d’un amour-propre defor- donné. L'empereur Adrien qui nourrifloit cherement cette pafñon dans fon cœur , devoit être un malheu- | reux mortel. Si nous avions un miroir magique, qui nous découvrit fans cefle les idées qu’ont fur notre compte tous ceux quinous environnent , il vaudroit mieux le cafler que d’en faire ufage. Contentons- nous d’obferver la droiture dans nos aétions, fans chercher cuxieufement à pénétrer le or qu'en 578 CUR portent ceux qui nous obfervent, & nous rempli- rons notre tâche. La curiofité de certaines gens, qui fous prétexte d'amitié & d'intérêt s’informent avidement de nos affaires, de nos projets, de nos fentimens, & qui fuivant le poëte, - A L L s Scire volunt fecreta domis , atque inde timert ; cette curiofité, dis-je, de faifir les fecrets d'autrui par un principe fi bas, eft un vice honteux. Les Athé- niens étoient bien éloignés de certe baffeffe, quand ils renvoyerent à Philippe de Macédoine les lettres qu'il adrefloit à Olympias, fans que les juftes allar- mes qu'ils avoient de fa grandeur, ni l’efpérance de découvrir des chofes qui les intéreffaflent, püt les perfuader de lire fes dépêches. Marc Antonin brüla des papiers de gens qu’il fufpetoit, pour n'avoir, difoit-1l, aucun fujet fondé de reffentiment contre perfonne. La curiofité pour toutes fortes de nouvelles, eft l'apanage de l’oifiveté ; la curiofité qui provient de la jaloufie des gens mariés eft imprudente ou inutile; la curiofité . . . . . Mais c’eft aflez parler d’efpeces de curiofités déraïfonnables; mon deflein w’eft pas de parcourir toutes celles de ce genre: j’aime bien mieux me fixer à la curiofité digne de l’homme, & la plus digne de toutes, je veux dire le defir qui Pani- me à étendre fes connoïfflances , foit pour élever fon efprit aux grandes vérités, foit pour fe rendre uti- le à fes concitoyens. Tâchons de développer en peu de môts l’origine & les bornes de cette noble curiofite, | L’envie de s’inftruire, de s’éclairer, eft fi natu- relle, qu'on ne fauroit trop s’y livrer, puifqu’elle fert de fondement aux vérités intelleétuelles, à la fcience & la fageffe. ” Mais cette envie de s’éclairer, d'étendre fes lu- mieres , n’eft pas cependant unegdée propre à l’ame, qui lui appartienne dès fon origine, qui foit indè- pendante des fens, comme quelques perfonnes l’ont imaginé. De judicieux philofophes, entre autres M. Quefnay, ont démontré ( Voyez fon ouvrage de l’econ. anim. ) que l'envie d’étendre fes connoiffan- ces eft une affe&tion de l’ame qui eft excitée par les fenfations ou les perceptions des objets que nous ne connoiflons que très-imparfaitement. Cette idée nous fait non-feulement appercevoir notre ignoran- ce, mais elle nous excite encore à acquérir, autant qu'il eft pofhble, une connoïffance plus exaéte & plus complete de l’objet qu’elle repréfente. Lorfque nous voyons, par exemple , l’extérieur d’une mon- tre, nous concevons qu'il y a dans l'intérieur de cette montre diverfes parties, une organifation mé- chänique, & un mouvement qui fait cheminer l’ai- guille qui marque les heures : de-là naît un defir qui porte à ouvrir la montre pour en examiner la conf- truétion intérieure, La curiofité ne peut donc être at- tribuée qu'aux fenfations & aux perceptions qui nous affeétent, & qui nous font venues par la voie des fens. Mais ces fenfations, ces perceptions, pour êtte un peu fruétueufes, demandent un travail , une ap- plication continuée; autrement nous ne retirerons aucun avantage de notre curiofité paflagere ; nous ne découvrirons jamais la fruéture de cette mon- tre, fi nous ne nous arrêtons avec attention aux parties qui la compofent, & dont fon organifation, fon mouvement , dépendent. Il en eft de même des fciences ; ceux qui ne font que les parcourir légere- ment, n’apprennent rien de folide : leur empreffe- ment à s’inftruire par néceflité momentanée , par va- nité, ou par légereté, ne produit que des idées va- gues dans leur efprit ; & bientôt même des traces fi iégeres feront effacées. | CUR Les connoïffances intelle@&tuelles font donc à plus forte ratfon infenfibles à ceux qui font peu d’u- fage de lattention : car ces connoïflances ne peu- vent s’acquérir Que par une application fiuvie, à laquelle la plüpart des hommes ne s’aflujettiflent guere. Il n’y a que les mortels formés par une heu- reufe éducation qui conduit à ces connoiffances in- telleêtuelles , ou ceux que la vive euriofité excite puiflamment à les découvrir par une profonde médi- tation, qui puiflent les faifir diftinétement. Mais quand ils font parvenus à ce point, ils n’ont en- core que trop de fujet de fe plaindre de ce que la nature a donné tant d’étendue à notre curiofite, & des Bornes fi étroites à notre intelligence. 4r£. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. CURLANDE oz COURLANDE , (Géog. mod.) province avec titre de duché, dans la Livonie, fous la proteétion de la Pologne. Il eft borné par la Livo- Me, la Lithuanie, la Samogitie, & la mer Baltique. Ce pays fe divife en déux parties, la Courlande &c le Semigalle. Ce pays eft fertile, Mittau en ef la ca- pitale. | CURLES, serme de Cordier. Voyez MOLETTES. CURMI, f. m. (Œcon. ruftig.) boïflon ancienne qui fe fait avec l’orge, &c qui a beaucoup de rapport avec la bierre. Elle eft encore d’ufage dans les con- trées du Nord. Les anciens en bûvoient au lieu de vin : mais leurs medecins la regardoient comme mal faine. CUROIR,, f. m. ( Agriculture.) c’eft dans quelques endroits une ferpe, dans d’autres un bâton dont le laboureur fe fert pour dégager l’oreille de la char- rues de la terre qui s’y attache lorfqu’elle eft grafle & humide. CUROVIA , (Géog. mod.) ville de la petite" Po- logne , dans le palatinat de Sendomir. CURSEUR , f. m. (Géom.) fe dit d’une petite re- gle ou lame, ou pointede cuivre ou d'autre matiere, qui ghfle dans une fente ou coulifie pratiquée an mi- lieu d’une autre lame ou regle, fur laquelle le cerfeur eft toüjours à angles droits. Ainf on appelle cur/èur une pointe à vis, qui s’enchâfle dans le compas à couliffe, & qu’on peut faire glifler à volonté le long du compas pour tracer de prands ou de petits cer- ns fuivant Le befoin. Voyez CoMpas À COULISSE, E Chacbeie APOSTOLIQUES , QE ecclef.) off- ciers de la cour de Rome,qui repréfentent les anciens curfeurs dont l’hiftoire eccléfiaftique fait mention, & qui du tems des perfécutions portoient les lettres des évêques pour avertir les fideleside fe trouver aux af femblées. Les curfeurs apofloliques ont la fonction d’a- vertir les cardinaux, les ambaffadeurs , & les prin- ces du throne de fe trouver aux confftoires, aux ca- valcades , aux chapelles papales, felon la volonté du pape dont 1ls prennent les ordres qu’ils vont en- fuite annoncer à qui il appartient, portant une robe violette &c à la main un-bâton d’épine. Chaque cardi- nal eft obligé de leur donner audience fur le champ, debout & découvert ; &c les curfeurs mettant un ge- nou en terre, s’acquittent de leur meflage avec les formules accoûtumées ; mais ils ne s’agenouillent pas devant les ambaffadeurs ni devant les princes du throne. Ils intiment auff les obfeques d’un cardinal à tout le facré collége & aux quatre ordres mendians. Les héritiers du cardinal leur donnent dix ducats, di camera, vingt-quatre livres de cire, &c huit ducats di moneta. Chaque nouveau cardinal leur doit dix ducats & camera. Dans les cavalcades du pape ils ac- compagnent fa litiere , montés fur des mules, reyê- tus de leur robe violette, & portant une maffe d’ar- gent. Ils font au nombre de dix-neuf, dont l’un exer- ce pendant trois mois l'office de raitre des curfeurs, . & c’eft à lui feul que font adreffées toutes les com- CUR miflions fignées par le pape ou par Le préfet de la juf- tice. Deux de ces curfèurs {ont obligés d’aller tous Les jours au palais prendre les ordres du fouverain pon- tife. Piazza, de la cour de Rome , trait. T1, chap; xvj. G ; CURSITEUR, {. m, (if. mod.) en Angleterre, eftun clere de la chancellerie, qui dreffe les origt- naux des aétes qui y doivent être expédiés. Ils iont au nombre de vingt-quatre, & forment une commu- nauté. À chacun eft afigné un nombre de comtés dans l’étendue defquelles ils dreflent les aétes dont les particuliers les requierent. Chambers, (G) | CURSOLAIRES, (LES) Géog. mod. petites iles de la Grece, dans le golfe de Patras. CURTATIO, qu'on peut traduire curtation où accourciffement , eft un terme d’Aftronomie plus ufité en latin qu’en françois; c’eft la différence entre la dif- tance d’une planete au foleil, & fa diftance réduite au plan de l'écliptique, qu’on appelle dflantia cur- tata, diftance accourcie. Voyez PLANETE. .… Il eft aifé de voir que la diftance réduite au plan de léchiptique, fe détermine par Le point où ce plan eft rencontré par une perpendiculaire menée du cen- tre de la planete : il eft donc facile de conftruire des tables de curtation. Voyez ECLIPMIQUE. Comme la diftance d’une planète à l’écliptique,. la rédudtion de fon lieu au même plan, & fa curta- tion, dépendent de l’argument de la latitude,Kepler, dans fes tables Rudolphines, a réduit toutes les ta- bles de ces quantités en une feule, fous le titre de tabule laritudinarie. Wolf & Chambers. (0) CURTICONE, f. m. en terme de Géomerrie, figni- . fie un core, dont le fommet a été retranché par un plan parallele à fa bafe : on l’appelle plus communé- ment come tronqué. Voyez TRONQUÉ. (0) CURVILIGNE, adj. terme de Géometrie. Les figu- res curyilignes font des efpaces terminés par des li- gnes courbes ; comme le cercle, l'ellipfe, le triangle fphérique, &c. Voyez Cour8E 6 FIGURE. Angle curviligne, eft un angle formé par des lignes courbes. Pour la mefure de l’angle curviligne , tirez au point de concours des deux courbes ou fommet de l’angle les tangentes d&chacune de ces courbes, l'angle formé par les tangentes fera égal à l'angle cwr- yiligne. Cela vient de ce que l’on peut regarder une courbe comme un polygone d’une infinité de côtés, dont les tangentes font le prolongement ; d’où il s’en- fuit qu’en tirant les tangentes, on a la pofition des petits côtés & par conféquent leur inclinaïfon. (0 ) CURULE, adj. (if. anc.) chaife curule; c’étoit un fiége d'ivoire, fur lequel certains magiftrats de Rome avoient droit de s’affeoir. Voyez CHAISE. Les magïtrats curules étoient les édiles, les pré- teurs, les cenfeurs, & les confuls. Voyez EDILE. Les fenateurs qui avoient exercé ces prenneres magiftratures curules, fe faifoient porter au fenat fur ces chaïfes. Ceux qui triomphoient étoient auf fur une chaife pofée fur une efpece de char, currus, d’où eft venu le nom de curule, Voyez TRIOMPHE. La chaïfe curule fur les médailles marque la ma- giftrature. Quand elle eft traverfée par une bafte, c’eft le fymbole de Junon, dont on fe fert pour mar- quer la confervation des princefles. Foy. le P. Jobert, Science des médailles. Statues curules. Voyez STATUE. (G) CURUPA, ff. (Bor. exot.) plante de l'Amérique méridionale, que nous connoïtrons peut-être bien- tôt fi elle peut lever de graine en Europe. Voici en attendant ce qu’en dit M. de la Condamine. .« Les Omaguas font grand ufage de deux fortes » de plantes: lune, que les Efpagnols nomment fo- » ripondio, dont la fleur a la figure d’une cloche ren- + verfée, & qui a été décrite par le P. Feuillée; l’au- # tre qui dans la langue Omagua fe nomme curupa, Tome 1F, CUS 579 : # 8c dont j'ai rapporté [4 graine : l’une & l’autre eft » purgative. Ces peuplesfe procurentparleurmoyen » une yvrefle qui dure 24 heures, pendant laquelle » ils ont des vifons fort étranges, [ls prennent aufi # la curupa réduite en poudre, comme nous prenons » le tabac, mais avec plus d'appareil : 1ls fe fervent » d’un tuyau de rofeau terminé en fourche, & de la. » figure d’un Y ; ils inferent chaque branche dans » une narine : cètte opération fuvie d’une afpira- » tion violente, leur fait faire une grimace fort ri= » dicule aux yeux d’un Européen, qui ne peut s’em- » pêcher de tout rapporter à fes ufages » Mém. de l'acad. des Sc. année 1745, pag. 428, Article de M le Chevalier DE JAUCOURT, N CURURES, f. f. (Jardinage.) fe dit des boues ê de la vafe qui reftent au fond des foffés, mares, ca- naux, étangs, lorfqu’ils font vuides, ce qui fait un bon engrais, Voyez ENGRAIS. On en a dérivé le mot curer, (K CURURU , fm. (Æiff, nat. bot.) genre de planté dont la fleur eft en rofe ; compolée ordinairement de quatre pétales difpofées en rond. Le piftil s’élevé du fond du calice, qui eft à plufieurs feuilles, Ce pif til devient dans la fuite un fruit en formé de poire à trois lobes, qui s'ouvre d’un bout à l’autre en trois parties, & qui renferme trois femences charnues re2 couvertes d’une coeffe fort tendre. Plumier, 10væ plant, Amer, gener. Voyez PBANTE. (1) CuRURU-APE, (Hife. nat bot. exot.) arbre ram: pant du Bréfil. Ses feuilles vertes, broyées & appliquées fur les bleffures récentes les guériffent, en uniflant leurs le: vres, dés la premiere application, Di&. de Med. CURUTU-PALA, (Hif, nat. bor. exot.) arbrif- feau du Malabar. L’écorce de fa racine broyée & prife dans l’eau chaude arrête la diarrhée, & dans du lait foulage la dyffenterie : broyée dans de Peau & appliquée fur les abfcès , on dit qu’elle les termine par réfolution. Dif, de Med. CURZOLA , (Géog. mod.) île du golfe de Venife; fur les côtes de Dalmatie, aux Vénitiens, Long. 344 30. lat. 43. 6. | CUSCO , (Geog. mod.) grande ville de l’'Améri- que méridionale, autrefois capitale du Pérou, & le féjour des incas, près de la riviere d’Vucay. Long: 04. lat, mérid. 13. CUSCUTE, 1. f, cuftuta, sénre de plante parañite, à fleur monopétale, faite à peu-près en forme de clo: che, & découpée. Le piftil fort du calice. Il eft at: taché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur , & il devient dans la fuite un fruit membra- neux , arrondi, anguleux , & rempli de femences très-petites. Ce fruit eft percé dans Le fond , & il s’applique fur une petite capfule qui eft au fond du calice. Tournefort, 22/2. ret herb, app. Voyez PLAN- TE. (1) | La cufcure eft une parafite d’une efpece bien fins guliere, puifqu’elle ne le devient qu'après avoir tiré de la terre fa premiere nourriture. Elle s’accommo- de de toutes les plantes, qui font pour elle ce que là terre eft pour celles qui y jettent leufs racines, Le fuc mucilagineux des plantes papilionacées lui cons vient aufli-bien que celui des labiées , qui femblent par leur odeur marquer un fuc éthéré & fpiritueux ; elle fuce également celui des cruciferes, qui a quel- que chofe de cauftique & de brûlant; elle pouffe avec la derniere vigueur fur la vigne &r fur l’ortie, où elle eft toüjours beaucoup plus forte , pour ne pas dire monftrueufe. C’eft elle qui forme ce qu’on appelle un raifin barbu. Voyez RAISIN BARBU. La différence des plañtes auxquelles elle s’attache, lui a fait donner les noms d’épithyme , épithymbre, goutte de lin, épimarrube , &c. qui tous défignent la plante fur laquelle elle vivoit : elle ne vient pas ce- BDdda 5$0 CUS pendant feulement fur les plantes dont elle a em- prunté le nom, ces noms marquent qu’elle fe trouve plus communément fur ces plantes, mais elle fe ren- contre {ur piufeurs autres. On la voit fouvent fur l'ivraye , le genêt , le chardon , la garence. On l’a vûe fur Le thlafpi , appellé par les fleuniftes sharafpic, fur le laiteron, la mulle-feuille, le chanvre, le fer- polet , l'hyflope, la lavande, éc. enfin elle s’attache fur plufieurs plantes à la fois, elle embrafle toutes celles qu’elle trouve à fa portée; quelquefois, ce qui eft aflez finguler , elle fe fuce elle-même. On trouve fouvent des branches où elle s’eft crampo- née, & où elle a infinué la partie avec laquelle elle tire des autres plantes le fuc qui la doit nourrir. En un mot la cufcute poufle également fes tiges en tout fens ; toute direétion lui eft bonne , & c’eft par le moyen de petits tubercules que fes tiges s’attachent, s’entortillent autour des autres plantes de bas en- haut, de haut en-bas, ou s'étendent par-deflus ho- rifontalement. Entrons dans les détails. Cette plante a d’abord pour racine un filet qui pé- netre la terre où 1l fe defleche bientôt ; alors elle n’a pour racines que des tubercules coniques, d’envi- ron une ligne de longueur & d’une demi-ligne dans leur plus grande largeur , arrangés au nombre de deux, trois, ou quatre, jufqu'’à celui de douze, quin- ze, ou vingt, fur la partie concave des courbures de la tige, qui eft dans®@es endroits plus groffe, plus renflée que dans le refte. Ces tubercules font d’abord fermés à leur pointe, enfuite ils s’ouvrent, s’éva- fent, prennent la forme d’une ventoufe, dont les bords ieroient chagrinés , & s’attachent à la plante qui doit nourrir la cufcute. Ses tiges font rondes, caflantes , épaifes d’une ligne au plus, longues depuis un demi-pié jufqu’à 2 piés, & même plus, coupées de plufeurs nœuds, qui donnent naïflance à des branches femblables aux tiges, & qui pouffent de leurs nœuds d’autres bran- ches qui fe ramifient ainf plufieurs fois. À chacun des nœuds fe trouve placée alternativement de cha- que côté des tiges & des branches une petite feuille courbe , large dans fon milieu d’environ une ligne, qui finit en pointe, & qui embrafle une ou plufeurs jeunes branches, felon qu’il en a pouffé , & fouvent un bouquet compoté de plufieurs fleurs, qui par leur réunion forment un corps demi-fphérique. Le calice de ces fleurs eft d’une feule piece en for- me de cloche, épais & folide dans fon fond, décou- pé en quatre ou cinq parties pointues qui n’ont point de nervures. La fleur eft d’une feule piece, de la forme du cali- ce, divifée également en quatre ou cinq parties fem- blables , fans nervures. Ces parties s'ouvrent beau- coup, & s'étendent horifontalement lorfque la fleur eft avancée ; elles font placées, par rapport à celles du calice, de façon qu’une partie de la fleur fe trou- ve entre deux de celles du calice. Cette fleur ne tom- be point. Les étamines font quatre ou cinq en nombre; leurs filets font coniques , attachés à la fleur depuis fon fond jufqu’à l'endroit où elle commence à fe divi- {er ; leur pouffere très-menue paroît à la loupe être compofée de petits grains fphériques. On obierve à l'endroit où les étamines font attachées à la fleur, une frange découpée dans fon pourtour en quatre ou cinq parties. Le piftil eft placé au milieu de la fleur & fur fon fond qu'il perce , de forte qu’on l’enleve aifément avec la fleur. | L’embrion eft une capfule qui devient un fruit ar- rondi , applati en-deflus, renfermant quatre graines arrondies par un bout, & finiflant à l’autre bout par une perite pointe courbe. La plante eft contournée dans le fens de la cour- bure de la graine. CUS -On peut donc maintenant établir le caraétere gé- nérique de la cu/cure. Le calice eft en cloche, décou- pé en cinq parties , & {ert d’enveloppe aux graines. La fleur eft monopétale, & ne tombe qu'avec le fruit. Les étamines font cing en nombre. Le neétarium où lalvéole eft une frange à fimple découpure. Le piftil eft placé au milieu de la fleur. L’embrion eft une cap- fule arrondie, qui s'ouvre horifontalement & renfer- me quatre femences. La plantule eft tournée en fpi- rale dans la femence. La plante eft monocotyledone. Il n’y a qu’une efpece de cufcure connue ; de forte que les plantes que l’on a toûjours appellées du nom . de grande & de petite cufcute, ne font en réalité que la même plante: ainfi tous les fynonymes que l’on leur a donnés ne doivent appartenir qu’à une feule. Les différences que l’on a tirées de la couleur rouge ou jaune que prennent quelquefois les branches , ne peuvent former des efpeces. Si l’on met les branches de l’une ou l’autre couleur fur une plante qui foit à l'ombre, alors elles perdent cetre couleur & devien- nent blanchâtres. Il faudroit donc défigner la cufcute par fon nom feul comme a fait M. Guettard, cu/cute à feuilles alternes & à fleurs conglobées ; & puiiqu’il n’y a qu’une feule efpece de cufcure, ce nombre prodi- gieux d’exprefionéèt phrafes différentes employées pour la caraétérifer doit être rejetté. La bafelle d’A= mérique , que Linnæus range avec la cufcure, eft di- cotyledone, &c conféquemment d’un genre bien dif férent de celui de la cufcure. Tous les pays chauds, froids, tempérés , produi- fent la cufcute. Elle vient en Suede, dans les Alpes, en Suifle , en Angleterre, par toute la France, en Italie, même en Egypte; & nous devons à M. de Tournefort, dans {es voyages du Levant, une belle. defcription de celle d’Arménie. Quand les différens commentaires fur les anciens botaniftes , comme celui de Marhiole , de Valerius Cordus fur Diofcoride, & le traité de Jean le Feb- vre contre Scaliger, traité où une érudition profonde fe trouve mêlée à une diétion pleine de fiel: quand, dis-je, ces différens ouvrages ne prouveroient pas que la plante que nous connoiflons fous le nom de cufcute ou lépithyme , eff celle que les anciens con- noifloient , une {emblable difcufñon ne feroit plus du goût qui regne à préfent, au moins en France. Mais 11 paroït que ce trait hiftorique de la cufeure eft bien conftaté par le travail pémible & aflidu des favans que je viens de nommer. Nous avons vû que la cufcute naïît en terre, qu’el- le y pouffle une efpece de filet ou racine, au moyen de laquelle elle s’éleve pour s’attacher aux plantes qu’elle rencontre , & faute defquelles elle periroit bientôt ; mais ce qui eft bien digne d’obfervation, c’eft qu'avant cette rencontre on n’y remarque au cun organe propre à s'attacher aux plantes, ou à en tirer la nourriture. Ils exiftent cependant ces organes , mais ils ne font pas développés, & ne le feroient jamais fans la rencontre d’une autre plante; point délicat fur le- quel M. Guettard n’a pü s’éclaircir que par des ob- fervations réitérées , aidés de l’anatomie la plus exaéte. Les tiges de la cufcute contiennent des vaifleaux longitudinaux, & une fubftance parenchymateufe ou véficulaire ; lorfqu’un corps étranger eft enve- loppé par fes tiges, le pli ou la courbure y produi- fent deux effets différens ; dans la partie extérieure, l'écorce a la liberté de croître, & par conféquent les vaifleaux &z les véficules de ce côté ne font point gênés : mais dans la partie concave de la courbure, l'écorce plifée n’a pas la liberté de s’étendre ; bien- tôt les véficules y font des ouvertures , & paroïffent fous la figure des mammelons qui s’attachent & fe collent à la plante, aux dépens de laquelle la cu/cure va vivre. Elle commence à y contraéter une adhé- _ rence, qui n’eft pourtant encore que l’effet de Pap- plication des mammelons contre la plante, & juf- que-là elle n’en a rien tiré : aufli ne la trouve-t-on ordinairement que dans les lieux frais, & à Pabni du Soleil ; par-tout ailleurs elle en auroit été defféchee. Peu de tems après, des vaifleaux longitudinaux , que les mammelons avoient apparemment entrainés avec eux , fortent de leur extrémité, & s’introdui- fent dans la plante nourriciere, en écartant les vaif- feaux & fe gliflant dans la partie la plus tendre de R tige : c'eft cette partie que M. Guettard nomme Juçoir, qui fert à la cufcute à tirer la nourriture de la plante à laquelle elle s’attache, & de laquelle on ne peut plus alors la féparer facilement : pour lordi- naire les fucoirs y reftent attachés, étant plus aifé de les rompre que de les en tirer. M. Guettard ce- pendant en eft venu à bout, & a vû diftinétement le fuçoir introduit dans l’écorce , & quelquefois dans la tige des plantes nourricieres : après cela il n’eft pas difficile de comprendre comme fe nourrit la cxf- 772 Par ce que nous venons de dire, le fuçoir eft en quelque forte diftinét du mammelon , quoique géné- ralement parlant on puifle dire qu'il ne fait qu’un tout avec lui. Les mammelons font placés dans la partie conca- ve des contours que les tiges prennent en s’entortil- lant , & il n’y en a ordinairement qu’un rang , fur- tout dans la petite\cu/cure : dans la grande fouvent , outre*ce rang , il y en a un de chaque côté dont les mammelons font plus petits : dans le rang du milieu on en remarque aufli très-fouvent un petit proche un grand, ou deux petits à côté l’un de l’autre ; la groffeur d’un chacun eff la moitié de celle d’un gros. Quelquefois un mammelon eft divifé en deux, ou plütôt ce font deux petits mammelons réunis par le haut ; fouvent il en fort par les côtes des courbu- res , & quelquefois même de la partie convexe. Il n’eft pas difficile de trouver la caufe de la fortie êt de la formation des mammelons ; 1l n’y a pas lieu de douter qu’elle ne foit dûe à l’aétion du fuc nour-, ricier , qui s’accumule dans les parties de la tige qui font contournées : ces endroits preflés par.ceux de la plante où la cyfcute s'étend, doivent groffr par la partie extérieure qui ne touche Pas, & augmenter leur courbure. La peau de la concavité de ces cour- bures doit néceflairement alors | ARE s'ouvrir, & faciliter ainfi l’extenfon des partiès pirenchymateu- fes , le fuc nourricier devant s’y porter en plus gran- de quantité, puifque les véficules ne font plus rete- nues par la peau: cette diftenfion doit même venir jufqu’à un point qu’elles foient forcées de s’ouvrir, &t par conféquent le mammelon, qui a pour lors af- fez la figure d’une ventoufe. Cette ouverture faite, les vaifleaux longitudinaux doivent fe gonfler, fe courber de ce côté, & s’allonger pour former le fu- çoir. Ajoûtons une remarque fur l’ufage des mamme- -lons. Lorfqu’ils ne font pas encore ouverts, la cuf= cute tient peu aux plantes où elle fe trouve, ou plü- tôt elle n’y tiendroit, fi tous fes mammelons étoient fermés , que par fes entortillemens ; mais lorfque les mammelons font ouverts, l’adhérence devient plus grande, quand même aucun des fuçoirs ne feroient entrés dans la plante ; comme ils ont alors une figu- re approchante d’une ventoufe conique , ils en ont Peffet, & ils doivent ainfi affermir la cufcure : mais {on adhéfion n’eft jamais plus grande que lorfque les fuçoirs fe font infinués dans la plante nourriciere ; elle eft telle alors , qu'il eft plus rare de détacher les mammelons avec les fuçoirs, que de les avoir fans eux. | | Concluons que la cfêute a befoin pour vivre d’u- CU T S8r ne plante étrangere. Il eft vrai qu’elle fe renouvelle tous les ans par le moyen de fa graine qui tombe; il eft encore vrai qu’on la fait venir en la femant dans des pots de terre : maiselle périt bientôt quand elle ne rencontre pastprès d’elle des plantes dont elle puiffe tirer le fuc nourricier. rsicle de M. Le Cheva- lier DE JAUCOURT. CusCUTE, (Mat, med. & Pharm.) La cufcute des boutiques eft de deux fortes ; l’une nous vient de Crete , & l’autre de Venife. L'une & l’autre font du genre de cu/éure qu’on appelle épythime, ou qui croif- {ent fur le thim, - La cyfcute indigene , roffras, qui eft celle du lin, eft abfolument rejettée comme étant de nulle vertu. On a cru autrefois que les deux premieres en pof- fédoient beaucoup, mais on fait peu de cas aujour- d’hui de ce remede dont l’ufage eft abfolument aban- donné dans les préparations magiftrales ; il eft feu- lement demandé dans quelques compoñtions offici- nales |, comme l’éleétuaire de p/ÿllium , les pilules fœtides, &c. defquelles encore les meilleurs artiftes la retranchent le plus fouvent. (4) CUSSET, (Géog. mod.) petite ville de France en Bourbonnois. Long. 21. 10. lar, 46, 2. CUSTODES , f. m. pl. (Æif, anc.) nom de cer- tains officiers Romains, qui prenoïent garde qu’on n’usât de fupercherie’ 87 dé mauvaile foi dans la dif te) des bulletins pour l’éleétion des magiftrats. CUSTODE, (Jurifpr.) dans certaines églifes eft la même chofe que curé. L’ufage du terme de caffode pris dans ce fens eft fort ancien ; car on voit dans la regle de S, Chrodegand évêque de Mets, qui vi- voit vers le milieu du vi. fiecle , qu’éntre les mem: bres du chapitre de la cathédrale il y avoit des cu/lo- des ou gardiens des trois principales éghfes de la ville. Woyez le chapitre xxvij, Dans le chapitre de Lyon, il y a un chanoine qui a le titre de grand. cuflode ; & l’églife paroiffiale de Sainte-Croix qui eft la premiere paroïffe de la ville, & unie à l’é- ghfe cathédrale dont elle fait partie, eft deflervie conjointement par deux curés qui font qualifiés cufà todes de Sainte-Croix. (A CusronE, f. f. (Bourrelier.) on appelle ainfi le chaperon ou le cuir qui couvre les fourreaux de piftolets, pour empêcher qu'ils ne fe mouillent. Ce mot eft moins ufité que celui de chaperon. - C’eft auf la partie garnie de crin qui eft à cha que côté du fond d’un carroffe, & fur laquelle on appuie la tête & le corps. Di. de Trév. (F CUSTODERIE, f. f. (Jurifp.) à Lyon eft la maifon où loge les cuftodes ou curés de Sainte-Croix ; c’eit la même chofe que presbytere, Voyez Cusrone. (4) CUSTRIN, (Géog. mod.) ville forte & confiaé- rable d'Allemagne au cercle de baffe - Saxe , dans la nouvelle marche de Brandebourg. Long. 32. 35. lat, 52. 34. CUTANÉ , adjeét. ez Anatomie, fe dit des par- ties voifines de la peau. Ærteres cutanées , veines cue tanëes , mufcles cutanés , nerfs cutanés. Le nerf cutané interne eft le plus petit dés nerfs: brachiaux ; il naït de l’union de la {eptieme paire cervicale avec la premiere dorfale ; il defcend le long de la partie interne du bras, entre la peau & les mufcles, jufque vers le condyle interne de l’hu- merus , en accompagnant la veine bafilique; & après avoir jetté plufeurs rameaux, il va fe rermi- ner dans la peau que couvre le poignet en tour- miflant des rameaux jufqu’au petit doigt. Le zerf cutané extèrne, Voyez MuscuLra-cuTA- NÉ. (L) | CUTANÉE, (glande) Anatomie, nom.qu’on don- ne à plufieurs petits grains , dont la furface interne de la peau eft toute parlemée, & dont les çon- 582 CUT duits excréteuts percent tantôt à côté des mam= melons’, tantôt dans les mammelons même, fui- vant les obfervations de M. Winflow. Les Anatomiftes diftinguent ordinairement ces glandes en deux clafles; Stenon & Malpighi ont appellé les unes wiliaires ; Morgagni & Valfalva ont nommé les autres fébacées. Voyez SÉBACÉE , Mivraire. Ruyfch n’adopte point ces glandes; Boerhaave au contraire admet en outre un troifieme genre de glandes cutanées, qui font fimples , n'ont qu'un follicule, dans SL les arteres s'ouvrent de toutes parts; &c leurs fucs plus tenus enduifent les poils, les cheveux, & empêchent leur defléche- chement. Ce font-là les cryptes de Boerhaave qui en a fait la découverte. Il y a peut-être encoe d’autres fortes de glandes cutanées, qui forment ce mucus qu’on apperçoit dans tous les endroits où l’épiderme fe détache; on trou- ve par-tout la néceñité d’enduire la peau ; &c l’ana- logie des poiffons donne lieu de préfumer que dans l’homme lesiparties externes de la peau, comme les parties internes du corps, font tapiflées de follicu- les muqueux. On ne peut s'empêcher d'accorder à Ruyfch, que tous les tubercules csarés ne font pas des glandes ; mais on peut encore moins fe difpen- fer de croire avec Stenon, Malpighi, Littre, Duver- ney, Van Horn, Cowper, Morgagni, Boerhaave, Winflow, &c. que parmi ces tubercules curanés , il y en a un très-grand nombre qui font de vraies glan- des. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. CuTANÉE, (maladie) en Medecine ; terme généri- que qui défigne toute maladie de la peau. Lorfqu’on connoït l’æœconomie animale, on n’eft pas furpris que la peau, cette efpece de membrane qui recouvre toutes les parties du corps, foit expo- {6e à un grand nombre de maux. Elle eff faite d’un tiflu merveilleux de fibres tendineufes & nerveufes, parfemée d’un nombre prodigieux de vaïfleaux , dont la plüpart font lymphatiques. Elle eft percée dans-toute fon étendue d’une infinité de très - petits trous que l’on nomme pores, lefquels donnent pañla- ge à la matiere de la tranfpiration infenfible. En un mot elle eft l’émonétoire général du corps, & par conféquent fujette à diverfes maladies qui peuvent réfulter de l’altération des folides & des fluides. Comme ces maladies font nombreufes, on leur a donné des noms particuliers, felon leur caraétete, leur nature, & leur degré : ainf on les appelle der- cre , feu volage, éréfipele , gratelle ; gale, lepre, teignes herpe miliaire, rongeante , maligne, &c. Foyæ-er Les articles. Quelques-unes de ces maladies font conta- gieufes, & fe communiquent; mais le fige de tou- tes eft dans le tiflu tubuleux de la peau. | Elles font ordinairement accompagnées de cha- leur, de rougeur, d’inflammation, de demangeaïi- fon , aflez fouvent d’élevures , de boutons , de puf- tules , de taches, de douleur , de petites croutes fa- xineufes , feches, humides, quelquefois de plaques, d’exulcérations , & d’autres accidens provenant d’u- ne férofité acre, qui féjourne entre les vaïflcaux ex- crétoires de la peau & les petites fibres nerveufes qu’elle ronge. où 1. Quantauxcaufes médiates &c éloignées de la forma- tion de cette férofité acre, qui produit généralement les maladies cutanées, nous les trouverons dans une altération & une diminution de la force des folides, qui entraîne celle de la vîteffe du fang & de la fe- crétion &excrétion des humeurs fuperflues : d’où 1l arrive que les parties fluides n'étant pas fufifamment atténuées , dégénerent de leur état falutaire, Les indications curatives doivent donc tendre à diminuer , à chaffer du corps la mafle d'humeurs actes & corrompues , à la corriger, & à rétablir les folides. Les remedes qui y conviennent, fe rédui- CUT fent à la faignée , aux purgatifs ; aux diaphorétiques; aux médicamens , & au régime oppofé à Pacreté pré- dominante , aux alimens d’un fuc lotable, enfin aux topiques qui, appliqués extérieurement, détergent ; confolident , deffechent , & font propres à appaifer les demangeaifons , à guérir les tumeurs, à fermer _ les ulceres , & à calmer les douleurs. Les anciens étoient fort verfés dans l’art de trai- ter les affeétions cutanées. Deux caufes principales, comme Le remarque Hoffman, y contribuoïent; la fréquence de ces maladies dans le pays qu'ils habi- toient, & la violence de ces mêmes maladies : c’eft donc fur leur méthode que nous devons établir la nôtre , en reftraignant l’ufage de leurs remedes dans. de certaines bornes, & en ne les employant qu'avec les précautions que notre climat différent du leur exige que nous prenions. La faignée convient à ce genre de maladie dans la-pléthore & la furabondance du fang. On ÿ peut fuppléer par des fcarifications , ou par l'application des fangfues, quand le mal eft caufé par la fuppref- fion des excrétions ordinaires du fang dans Pun & dans l’autre fexe. Entre les purgatifs on doit nommer à jufte titre les infufions de manne, de rhubarbe, la creme de tartre, la cafle, les tamarins, les fels, les eaux mi, nérales; mais fi ces purgatifs doux font fans effet , ilfaut recourir à des fecours plus puiffans tirés de la claffe des cathartiques, & de celle des diaphoréti- ques , la réfine de jalap, l’'éthyops minéral , le mer+, cure doux, les décottions de gayac, les antfmo- niaux: de tels remedes pris en dofes convenables avec des décoétions altérantes ou diaphorétiques ,| tendent tous à mouvoir la lymphe, à lever les ob- ftrudions des canaux glandulaires, & conféquem= ment à dépurer efficacement le fang & les humeufs ; enfin quand les aladies cutanées fe trouvent jointes à quelque virus vénérien, il faut pour les fubjuguer recourir au mercure & à fes préparations d’après les: regles de Part. LE On ne peut trop louer les poudres diaphorétiques préparées d’antimoine diaphorétique, le foufre do- ré, le régule médicinal d’antimoine, & générale- ment toutes ces fortes de préparationsantimoniales, On y joindra le nitre, les émulfions convenables,, Les infufions , éclésdécoétions des plantes propres à dépurer le fang ; têlles que font la fumeterre , la fca- bicufe, le fcordium, la fcolopendre , le creffon aqua- tique, la bourôche’, l’endive , la chicorée, les fleurs de fureau, les racines de pimprenelle, & autres qui font pourvûes en partie d’un fel volatil & pénétrant, | & en partie d’un principe amer & balfamique : de plus , les décoétions abondantes faites avec les in grédiens capables de defflécher l'humidité fuperilue &c dé fortifier en même tems les parties folides, font . fouvent très-néceflaires dans les affeétions cufanées, Les plus ufités d’entre ces ingrédiens font les racines d’efquine, la falfepareille , les écorces de faffafras , decafcarille,les fantaux, & autres de la mêmenature, Je ne fai s'il faut compter entre les remedes im: portans , les viperes, dont l’ufage eft fi fort vanté dans plufieurs livres ; il eft du moins certain que quantité d'expériences confirmées par des raïfons fa+ tisfaïfantes, ont déjà convaincu de grands praticiens de l’infuffifance de ces fortes de remedes. Quoi qu'il en foit, fi les viperes produifent ic1 quelque efferfa- tutaire, on en peut attendre autant de toutes les par- ties defléchées d'animaux, qui contiennent un fuc gélatineux, volatil, & modérément fulphureux. Parmi les diététiques, tout le monde s’accorde à recommander le lait feul,, ou coupé avec de l’eau, de même que le petit-lait de vache &c de chevre pris en quantité, & l’on comprend fans peine l’excellens ce decerégime. Les topiques font de très-bons moyens pour di- minuer la douleur, la rougeur, la chaleur, la de- mangeaifon , les déformations, & les exulcérations de la peau. On les émployera fuivant qu’il s’agira de deffécher, de refferrer, de déterser , de confolider : mais perfonne n’ignore que leur emploi demande une extrème circonfpettion. Ils doivent toùjours être appliqués les derniers , & toûjours conjointe- ment avec les remedes internes ; l'expérience a mille fois appris que leur ufage inconfidéré étoit fuivi des fymptomes les plus fâcheux, qui mettent la vie du Malade en danger, & même quelquefois la détrui- fent. Les bains tant naturels qu’artificiels entrent dans la clafle des remedes extérieurs; ils font fur-tout fa- lutaires dans les affeétions cutanées qui naïflent d’hu- meurs féreufes & lymphatiques , vitiées par leur acreté ou leur épaifhflement; telles que la gale {e- che, les dartres, les herpes, & fur-tout dans les de- mangeaifons incommodes qui furviennent aux vieil- lards. * ; Mais comme les caufes de la maladie de la peau varient extrèmement, il eft évident que la cure doit varier de même, tant pour les remedes externes, que pour les remedes internes. En effet ces mala- dies pouvant provenir d’une vie fédentaire, d’in- tempérance ,.d’humeurs furabondantes , acides, al-' kalines , falées, bilieufes, de la fuppreffion de quel- que évacuation critique du fang , de celle de linfen- fble tranfpiration, de l’obftruétign des conduits de de la peau, de fon tiflu particulier, de Pâge , de vi- rus fcorbutique ou vénérien, &c. il en réfulte une grande diverfité dans la méthode curative , qu'il faut mettre en ufage fuivant les caufes du mal ; & c’eft d’après des principes d’une favante théorie qui pour- roit nous conduire dans cette application , que l’on defire encore en Medecine un bon ouvrage fur cette matiere. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. CUTICULE oz EPIDERME, £. f. (Anar.) c’eft une membrane mince, tranfparente, qui n’a point de fentiment , & qui fert à recouvrir la péau, Voyez PEAU. | | | La curicule eft cette première enveloppe ettérieu- re du corps, appellée aufli épiderme , mais plus com- munément f#r-peau ; ou bien c’eft ce tégument mou qui s'élève en ampoule après une brülure ou Pappli- cation d’un cautere. Elle eft étroitement unie à la furface de la peau ou à la vraie peau, à laquelle elle eft auffi attachée par le moyen de vaifleaux qui la noutiflent, quoique l’on ne puifle difcerner ces vaifleaux à caufe de leur énorme petitefle. Quand on lexamine avec un microfcope, il pa- roît qu’elle eft compofée de différentes couches d’é- cailles exceffivement petites qui fe couvrent lune l'autre, plus ou moins, furvant leurs différentes épaifleurs dans les différentes parties du corps; & aux levres où les écailles paroïffent mieux, parce que la peau y eft plus mince, elles ne font guere que à toucher. | Les écailles font les canaux excrétoires des glan- des de la peau, comme il paroït évidemment dans lés poiflons ; ou bien les glandes ont leurs tubes ou conduits quis’ouvrent entre les écailles. Foy. GLAN- . DE MILIAIRE, Éeuwenoëeck compte que dans une écaiïlle cuticu- … aire il peut y avoir cinq cents canaux excrétoires, & qu’un grain de fable eft en état de couvrir deux cents cinquante écailles ; de forte qu’un grain de fa- ble pourra couvrir 125000 pores ou orifices par lef- quels fe fait notre tranfpiration journaliere. Voyez TRANSPIRATION & PORE. x Néanmoins malgré Pexceflive porofité de la curi. eule ou de l’épiderme , elle bouche le paflage à une grande partie des humeurs féreufes qui s’évacue- roient autrement par les glandesde la peau ; çomme C U V 5983 il paroît évidemment par la décharge copiéufe qui s’en fait lorfque l’on a appliqué les véficatoires, & qu'il eft arrivé quelqu’autre accident qui a emporté la curicule & laïfé la peau à découvert, Foyer Vésr- CATOIRE, Les écailles font fouvent collées enfemble par les parties les plus gfoffieres de notre tranfpiration infenfible, où elles s’y endurciffent par la chaleur du corps qui emporte les particules les plus volati- les; & c’eft en quoi confifte, à ce que l’on croit , cette imdifpoñtion que l’on appelle vulgairement un rhime L'humeur féparée par les glandes de la peau étant enfermée entre les écailles, caufe dé fréquentes de: mangeaïfons ; & quand ja matiere y a long-tems {é- journé , elle y produit de petites puftules & d’autres impuretés : c’eft pour nous en délivrer que nous fom- mes portés naturellement à nous froter fouvent, nous laver & nous baigner , tous remedes qui font fort falutaires. Voyez LEPRE. Quelques-uns penfent que la cxricule eft formée des parties les plus grofieres de l'humeur féreufe ex- crémentitielle, chaîfées par les pores de la peau, & condenfées fur fa furface femblable à la pellicule qui paroït dans une évaporation fur la furface de la par- tie féreufe du fang. Mais Leuwenoeck penfe, avec plus de probabilité, qu’elle vient d’une expanfon des canaux excrétoires des glandes de la peau. Elle fert à défendre les nerfs de la peau, qui font l’origine du fentiment du toucher, ou à les garantir des injures des corps rudes & trop durs, aufli-bien que dés impreflions de Pair : car les nerfs étant dé- couverts , 1l en naïîtroit fn fentiment trop délicat & trop douloureux , ou bien l’air les fécheroit de ma- mere qu’ils en feroient moins fufceptibles des im- preflions délicates du plaifir. Voyez Toucuer. Riolan & plufieurs autres foûtiennent que la curi- cule des femmes n’a point de pores, Molinette foû- tient que leur fueur démontre le contraire ; mais il convient avec eux que cela eft vrai des chiens & des chats , quine fuent jamais quelque fatigués qu’ils foient. Voyez SUEUR. Chambers. (£) CUTICULE , (Jardinage.) eft la premiere peau ou enveloppe du corps de la graine mife en terre » & dépouillée des quatre premieres enveloppes qui n'ont fervi qu'à fournir de nourriture à la graine lorfqw’elle germoit, & qui font péries depuis. La curicule renferme les lobes & s'étend fur toute la graine. (X CUTTEMBERG, (Géog. mod.) petite ville de Boheme dans le cercle de Czaflau. Il y a des mines d'argent dans fon voifinage. | CUVE , fub. f (Tonnel.) grand vaiffeau de bois propre à contenir des liqueurs. Les cuves {ont faites de donves de bois de chêne ou de fapin , reliées avec de grands cerceaux de bois ou des cercles de fer , & garmes d’un fond feulement. On fe fert des cuves pour mettre la vendange & y fouler le raifin. Les Braffeurs de bierre mettent fermenter leur grain dans des cuves avant que de les cuire dans les chaudieress Les Teinturiers fe fervent aufli de cuves pour téindre les étoffes. Ce font les Tonneliefs qui fabriquent les cuves, Voyez Les articles fuivans. CUVE , en terme de Blanchifferie de cire, eft un grand vaïfleau de bois en forme de tonneau, dans lequel la cire fondue tombe & fe repofe. Poyez RE- _ POSER. Elle eft garnie fur‘le devant d’un gros robi- net qui donne 1ffue à la cire dans la gréloire. Voyez GRÊLOIRE, & X K, PI. de la Blanchifferie des cires ; fig. 1. Ces cuves qui font cerclées de fer ont trois crochets de fer à la circonférence fupérieure, qui fervent à accrocher des anneaux qui terminent des cordages au moyen defquels & du treuil on Ôte & on met la cuye fur fon fupport, 584 CU V CUVE-MATIERE, ( Brafferie. ) eft celle dans la- quelle les Braffeurs mettent la farine ou le grain bruifiné avec l’eau pour être braffé. Elle differe des autres en ce qu’elle a un faux fond percé de petits trous, & diftant du fond de deux pouces. Lorfque l’on jette l’eau dans la cuve par le moyen d’une pom- pe qui la conduit entre les deux fonds , elle remonte dans la cuve par les petits trous du faux fond , foù- leve La farine , & la rend plus aifée à voguer. Cette diftance entre les deux fonds facilite l’égoutter des métiers lorfqu’on met à la voie. Au-deffous gt faux fond eft un cordon éttoit autour de la cuve fert à le retenir en place. Au haut il y a encore ün cor- don, mais plus fort que celui du bas. #. BRASSERIE. Cuve-MOULOIRE , (Brafferie.) eft celle dans la- quelle les Brafleurs font tremper le grain pour le faire germer. Cuve-GuiLLoiRe, (Brafférie.) eft celle dans la- quelle on jette les métiers pour les mettre en le- vain. Cuve, chez les Cartonniers , eft une grande caïffe de bois de chêne fans couvercle, de trois piés & de- mi de largeur, & environ cinq à fix piés de long, dans laquelle ces ouvriers puifent avec la forme la matiere dont ils fabriquent le carton. Voyez la fig. 2. PJ. du Cartonnier, qui repréfente l’ouvrier appellé leveur qui leve la matiere dont le carton eft fait fur la forme ; la cuve eft devant lui qui contient cette matiere délayée dans de l’eau. Voyez PAPETERIE. CUVE du moulin à papier à cylindres, voyez la def cription & l’ufage des différentes parties qui la com- ofent à l’article MOULIN A PAPIER À CYLINDRES, € La fig. Planc. IT. de Papeterie. Cuve, em terme de Raffineur de fucre, font de grands vaifleaux de planches de chène environnées de cerceaux de fer, femblables aux cuves où l’on foule les raifins. C’eft où on amaffe Les écumes &c les fyrops. Voyez ECUME & SYROP. * Cuve ,(Teinture.) grands vaifleaux dont les Teinturiers fe fervent pour teindre les étoffes. On appelle cuve d'inde, une cuve compofée d'indigo fans paitel , dans laquelle on teint à froid ; cuve en œuvre, celle qui n’a ni trop nitrop peu de chaux, & à quil ne manque que d'être chaude pout travailler ; cuve garnie, celle qui a tous les ingrédiens , mais qui n’eft pas aflez formée ou qui n’a pas aflez fermenté pour travailler ; cuve rebutée, celle qui ne jette du bleu que quand elle eft froide; cuve qui fouffre, celle qui n’a pas aflez de chaux ; cuve ufée, celle qui avoit trop de chaux, & dont on n’a pà fe fervir que la chaux n’en füt ufée; cuve fourde, celle qui commence à faire du bruit, & à faire connoître par des petille- mens qu’elle fe forme. On dit affoir ou pofer une cu- ve, pour y mettre les ingrédiens dont’elle doit être compofée ; pallier la cuve, pour remuer ou brouiller le marc ou pâtée de la cuve, & le mêler avec le flui- de; heurter La cuve, pour pouffer brufquement & avec force la furface du bain jufqu’au fond de la cu- ve, & y donner de l'air par cette manœuvre; dégar- nir la cuve, pour y mettre du fon & de la garence à difcrétion, pour qu’elle foit moins chargée ; reyailler une cuve , pour la remplir d’eau chaude deux ou trois jours après qu'elle a travaillé, & qu’elle fe trouve trop diminuée; réchauffer la cuve, pour remettre le brevet ou le bain fur le feu quand la cuve commence 3 fe refroidir ; ouvrir la cuve, pour y jetter la pre- miere mife de la laine ou de l’étoffe quand elle eft neuve; retrancher La cuve, pour la pallier fans lui donner de chaux. Voyez l’article TEINTURE. CUVÉE, £.£ (Agriculture.) c’eft la quantité de vin qu'une feule cuve fournit. Les cuvées ne font pas toutes également bonnes, Voyez les articles VIN & VIGNES. * CUVER,, v. n.(@con. ruffig.) c'eft laifler fer- menter dans la cuve le raifin avec le mout, autant qu'il eft à propos pour donner au vin le corps, la couleur & la qualité , qui lui conviennent le mieux, Voyez VIGNE & VIN. . CUVERT. (Jurifprud, & Hiff.) Voyez ci-devant CULVERTAGE. (4 CUVETTE,, f. f. er Bâtiment , eft un vaifleau de plomb de différentes figures pour recevoir les eaux d’un chêneau & les conduire dans le tuyau de def- cente. Area felon Vitruve. (P) CUVETTE, en terme de Fortification , eft un petit foffé qu’on conftruit au milieu du foffé fec pour l’é- coulement des eaux. Voyez FOSSÉ. (Q) CUVETTE, dans les Ardoifieres , voyez l'article AR- DOISE. CUVETTE, (Jardinage.) eft un vaiffeau de plomb ou de cuivre qui reçoit l’eau d'une {ource pour la diftribuer enfuite à différens endroits. Alors on le nomme cuvette de diffribution. | Souvent une cuverte n’eft faite que commeune ba- che ou récipient tenant dix ou douze muids, pour re- cevoir l’eau d’une machine, fompre le coup de pif- ton, & l'envoyer dans un réfervoir élevé à même niveau. (X) | * CUvETTE, ( Verrerie.) vaifleau ovale & plus pe- tit que Les pots, d'où l’on tiré la matiererafinée dont on les remplit, lorfqu'il s’agit de couler les glaces. Voyez l'article VERRERIE. CÜVIER , f. m, (Tonnelier.) petite cuve dont les lavandieres & blanchiffeufes fe fervent pour faire la leffive. Les cuviers font un ouvrage de Tonnelerie,. & ne different des cuves que par la grandeur, CUYCK, (4e pays de) Géog. mod. diftriét des Pays-Bas dans le Brabant Hollandois arrofé par la Meufe , dont Grave eft la capitale. CUYŸLEMBOURG, (Géog. mod.) ville des Pays- Bas dans les Provinces-Unies du duché de Gueldre, fur le Leck. Long. 22. 43. lat. 51. 58. | . CUZUM, (Géog. mod.) ville d'Afrique en Abyfi- nie. On y garde les titres authentiques qui prouvent que les rois d’Abyffinie defcendent du roi Salomon ée de la reine de Saba. CUZZI, (Géog. mod.) c’eft le nom d’un peuple de la Grece fort vaillant & belliqueux, que les Turcs . n’ont point encore pù venir à bout de foûmettre. C Y CY, (Comm.) terme de Teneur de livre, On fe fert de cet adverbe dans les comptes & livres des mar- chands, pour marquer qu'on tire en chiffres com- muns & en ligne la fomme qu’on a mife tout au long dans un article. Exemple. Payé à lacquit de Louis Du- bois trois mille livres, cy . . . . . . 1. 3000 IL. Rec de Jacques Dulyon banquier à Bordeaux en deux lettres fe change quatre mille cinq cents livres, cy . . . . . . . L. 4500 Les gens d’affaires & de finance fe fervent aufh du cy dans leurs comptes; avec cette feule différen- ce, qu'ils répetent & tirent les fommes en chiffres de finance. Voyez CHIFFRE. Dicfionn. de Comm. (G) * CYANÉES, f. f. (Mychologie.) rochers placés à l'entrée du Pont-Euxin, les uns du côté de PAñe, les autres du côté de l'Europe, à environ vingt ftades de diftance. Les Argonautes arrivés à ce paflage dif- ficile, y lâcherent une colombe qui perdit la queue en le traverfant. On croît que cette colombe fut une galere legere dont le gouvernail fut brifé contre les rochers qui auroient fait périr le navire Argo, fiNep- tune ne les eût fixés ; & fi Junon à qui les Argonau- tes facrifierent dans ce danger, ne leur eût accordé un tems ferein & une heureufemavigation. CYANOIDES , ( Æiff, naë, bot, ) genre de plante dont G'Y À dont les fleurs font compofées de demi-fleutons ran- és autour d’un difque faits en forme de tuyaux & ftériles, & de fleurons proprement dits raffemblés fur le difque en forme de tête écailleufe & inégale: La femence eft nue & mûrit entre les poils qui font {ur la couche. Pontedera, diff. nova. V. PLANTE. (1) CYATHE, fm. (if. anc.) en latin cyathus , en grec vaboc,de tua, verfer: c’étoit un très-petit gobelet avec lequel on mefuroit le vin ou l’eau que l’on ver: foit dans les tafles , 87 cette mefure étoit la donzie- me partie du feptier ; aïnf le feptier ( féxserius) étoit une mefure compofée dé douze cyarhes, Augufte bü- VOit à la fois deux cyarhes de vin, &c fa plus grande mefure pour tout un repas étoit le feptier. On ne dit pas combien il y mettoit d'eau. | Le cyathe étoit par rapport au féptier ce que lon- ce étoit par rapport à l’as ou à la livre; c’eft pour- quoi on donnoit aux parties du feptier les mêmes noms qu'aux parties de l'as. La douzieme partie du feptier étoit donc un cyarhus ou uncia | & ainfi de fuite. | 2L. Le cyathe étoït fait pour verfer lé vin & l’eau dans des tafles. L’ufage de ce petit gobelet avoit fon in- commodité. Celui qui verfoit à boire étoit obligé pour remplir une feule tafle, poculum , de puifer à plufeurs reprifes , & jufqu’à neuf ou dix fois dans le. Ternos ter cyathos attonitus petet Vates , &c. Od. XIX. lib. 1. « Un poëte qui fait fa cour aux mufes, ne fe fera + point prier dans fon enthoufiafme pour boire en » un feul coup un verre de neuf cyarhes », Il ne dit pas boire neuf fois ; mais boire neuf cyarhes en une {eule fois. Foyez Sanadon fur Horace, & la differr. de M. Boivin le cadet, dans Les Mém. de l'académie des Infcripe, tom. I. | , On ne fe fervoit pas feulement chez les Grecs & les Romains de cyarhes pour mefurer l’eau & le vin à table , mais en général pour mefurer toutes les fubftances liquides , & même les feches. La Me- decine en faifoit un grand ufage; aufli les anciens Lome IF, CYB 585 medécins en patlènt tres-fouvent, Galien qui a écrit des mefurés des liquides, en marquant leur propor- tion entre élles par la quantité d’huile ou de vin que chacuneicontenoit ;:dit: (de pond, € menf. ch. JV.) que le, cyathe tenoit douze dragmes ‘d'huiles treize dragmes & un ferupule de vin, d’eau, de vinaigre, &. dix-huit. dragmes:de, miel.:Nos mede: cins font aujourd’hui.le cyarhe:d'une once & demie: Article de M, le Chévalier DE JAUCOURT.:: CYATHOIDES, (il. rus:bor:) genré de plante qui à la forme-.d’une tafle.3»d’un creufet ;:ou. d’un petit plat. Sa fubftance eft mince & dures tandis qu’elle prend fon accroïfflement; fon orifice eft fer- mé par une pellicule très-mince!, & fa cavité eftreme plie de fruits faits en forme de lentilles qui tiennent aux parois intérieures par un:pédicule fort court. Ces fruits renferment une forte de colle fort épaiffe qui eft mêlée avec des femenices ovoides très -petià tites. Micheli, xov. plant, gen. Voyez PLANTE. (1} . “ CYBELE, £. f. (Myzk.) divinité du Paganifme; On l’adora fous les noms d'Ops, Rhée, Vefta, la Bonne-déefle , la mere des Dieux, Dyndimene:, la mere Idée, Bérécinthe, &c. Ellesétoit fille du ciel & de la terre, & femme dé Saturne. Elle fit appellée Cybele du mont Gybelus en Phrigie , où l’on raton= toit qw’elle avoit été expofée après fa naiflance nourrie par des bêtes fauvagés, & époufée par un patre, & où elle avoit un culte particulier. On l& repréfentoit fur un char traîné par des lions , avec une tour fur:la tête, une clé à la main, & un habit parfemé de fleurs. Elle aimä Atys, qui eut tant’ de mépris pour.cette bonne fortune, qu'il aima mieux fe priver de ce dont il auroit eubefoin pour en bien pro fiter, que de céder à la pourfuite dé la bonne déeffe. Il fe fit cette belle opération fous un pin où il mou- rut, & qui lui fut confacré. La-mere Idée fut en: voyée de Peflinunte à Rome fous la: forme d’üne pierre brute, où elle fut introduite par Scipion Na fica, pour fatisfaire aux livres fibyllins où les Ro mains avoient [à que l’expulfion des Carthaginois dépendoit de l’établiflement de fon culte en Italie 5 1ls ordonnoïent encore que Cybele fût récueà {on ar- rivée par le plus honnête homme ; ce:qui fixa le choix fur Nafica. Ses prêtres s’appellerent galli , dac= tyles , curetes, corybantes ; ils promenoient {a {latue dans les rues, chantant, danfant, faifant des con- torfions , fe déchiquetant le corps & efcamotant des aumônes. C’étoit à fon honneur qu’on célébroit la taurobolie. Voyez TAUROBOLIE; voyez auf Co: RYBANTES, DACTYLES, CURETES, Éc. On lui facrifoit tous les ans à Rome une truie, au-nom des préteurs, par la main d’un de fes prêtres & d’une prétreffe de Vénus. On a prétendu que fes lions dé- fignoient fon empire fur les animaux qu’elle produit &t nourrit; fa couronne, les lieux habités dont la terre eft couverte; fa clé, les greniers où l’on ren2 ferme les femences après la récolte; fa robe, les fleurs dont la terre s’émaille ; fon mariage avec Sa turne, la néceflité du tèms pour la génération de toute chofe. À la bonne heure. SU _ CYBERNÉSIES, 1. f. (Myrk.) fêtès inftitüées pañ Théfée , en l'honneur des pilotes qui le fervirent dans fon expédition de Crete. Cybernéfte vient de zuRepraw , je gouverne. _ CYCEON, (Diese) Le cyceon (ruxcov) dés anciens Grecs eft une efpece de potion, qui tenoit lieu em même tems de nourriture & de boiflon, Il paroît qu'ils en avoient de deux efpeces principales ; le plus commun n’étoit autre chofe que de la farine délayée dans de l’eau ; autre plus délicat, & dônt la compofition étoit plus recherchée , étoit préparé avec le vin, différentes farines, le miel, & quelque fois même du fromage, | Hippocrate fait fouvent mention des différens cya Eee ne EC E # © ceons ; &fur-totit dans fon fecond livre de dieri , où ilexpofe aflez au long les différentes qualités dé ces préparations, à auto | #4 Il paroït par ce paffage même, que par lermot de cyceon on n’entendoit quelquefois autre chofe que la farine ordinaire de différens grains , comme froment, orgeséc. ou celle qui étoit appellce polenta ; a\gr- “ovÿ Qui étoit tirée des mêmes grains torrefiés. Tous les cyceons nourriffent bien dans du lait. Hippoc. 2 de “dieta , IX. Cornarius & Vandus-Linden , après ces mots, rous les cyceons ; omnes cyceones ; ajoütent , #4 «eff farine. | Le cinnus des Latins paroît être une potion fort analoguerau cyceon des Grecs. Nonn. de re cibaria, Voyez Rieger, zntrod. Caftel Zexic. &c. (b) CYCINNIS, f. fidanfe des Grecs. Elle avoit re- tenu le nom de fon inventeur , qui étoit un des fa- tyres fuivans de Bacchus: elle étoit moitié grave, moitié gaie, & réumfloit ces deux caraëterés ; tel- les font à-peu-près nos chaconnes , dont le majeur a pour lordinaire des couplets legers, forts & fers, &c le mineur des couplets tendres , doux , & vo- Juptueux. Voyez CHAGCONNE. Bonnet , dans fon hifi. de la danfe ; croit qu’elle étoit du cara@ere de nos bourrées, de nos branles, 6:c. Ce n’eft pas la feule erreur dans laquelle cet auteur eft tombé ; fon ouvrage en eff plein. Le branle & la bourrée font en «ntier d'un genre vif, leger, & gai. La cycinnis ne pouvoit donc pas être d’un pareïl genre, puifqu’elle toit moitié grave, moitié gaie. Voyez DANSE. (B) *CYCLADE, f. f, (if. anc.) habillement de femme, arrondi par le bas & bordé d’un galon de pourpre. C’étoit aufli l’étoffe de la robe; on y bro- doit quelquefois des fleurs en or. Les femmes la por- toient fous le pallium ; & des hommes l’emprun- toient pour fe traveftir en bouffons. CyYcLaDEs, (Géoy. mod.) c’eft lenom de plufieurs iles de PArchipel, qui paroïflent rangées les unes près des autres en forme de cercle. Joy. ARCHIPEL. CYCLAMEN ox PAIN DE POURCEAU , (Bos, & Jard.) eft une plante vivace qu’on appelle pair de pourceau, à caufe que ces animaux s’en nourrif- {ent dans les champs. Elle jette des ferulles larges, prefque rondes, d’un verd brun, marquetées par- deflus, & purpurines par-deffous. Il fort de leur mi- lieu des pédicules longs, dont la fommité eft chargée de fleurs rouges, blanches, ou jaunes, à une feule feuille divifée en cinq parties repliées fur elles-mê- mes. Un piftil s’éleve de fon calice, lequel dans la fuite devient un fruit rond s’ouvrant en différentes parties, qui contiennent des femences qui en perpé- tuent l’efpece. Il y a deux cyclamen , le printannier qui veut le Soleil, & l’automnal qui aime l'ombre , & qui fent fort bon. Comme cette plante eft vivace , on détalle des cayeux en les coupant de la mere, enforte qu’il refte un œil à chaque , & on recouvre ces plaies de terebenthine où de cire d’Efpagne avant de les met- tre enterre. On ne les arrofe que quand ils commen- _cent à poufler. (Æ) CYCLAMOR , f. m. (B/afon.) efpece de bordure que d’autres appellent or/erond, Barbaro de Venife porte d'argent à un cercle ou gyclamor de gueules. CYCLE, {. m. cerme de Chronologie, qui fignifie une cerraine période ou fuite de nombres qui proce- dent par ordre jufqu’à un certain terme, & qui re- viennent enfuite les mêmes fans interruption. Voyez PERIODE, | Voici quelle a été l’origine des cycles. La révolu- tion apparente du foleil autour de la terre, fut d’a- bord divifée arbitrairement en 24 heures ; & cette divifion devint la bafe &c le fondement de toutes les mefures du tems, Dans l’ufage civil on ne connoît que les ‘hèures ; ou-plñtôt des multiples d’heurés ; comme les jours, fés années, &c, Mais ni le mous vement annuel du foleil , ni célui d'aucun autre corps célefte , ne peut être mefuré & divifé exafement par | le moyen des heures ou de leurs multiples, Par exem: pie, la révolution annuelle du foleil eft de 364 jours _ & ÿ heures, 49 minutes, à très-peu de chofe près; celle de la lune de 29 jours, 12 heures, 44 minutes, Voyez ANNÉE & Mois. PL C’eft pour faire évanoiur ces fra&tions & pour les changer en des nombres entiers, qui ne renfermaf- fent que des jours & des années, que l’on a inventé les cycles ; ces cycles comprennent plufieurs révolu- tions du même aftre, & par ce moyen l'aftre 1e trouve après un certain nombre d'années au même endroit du ciel, d’où on a fuppofé qu'il étoit partis ou ce qui eft la même chofe, 1l fe trouve à la même place dans le calendrier civil, Voyez CALENDRIER, Tel'eft le fameux cycle de 19 ans. L AU | Ce cycle eft aufli nommé cycle de la lune ou cycle * lunaire ; c’eft une période de 19 années folaires équi- valente à 19 années lunaires, & 7 mois intercalai- rés ; au bout de ces 19 ans, les pleines & les nouvel: les lunes retombent au même jour de l’année Juliens ne. Voyez LuNE. Wolf, élér. d’Aftron, & Chambers, On appelle auffi cette période période Mérhonien- ne, du nom de fon inventeur Merhon Athénien ; on la nomme encore 2ombre d’or ; cependant le nom- bre d’or fe dit plus proprement du nombre qui in- dique l’année du cycle lunaire pour une année quel- conque donnée, Voyez NOMBRE D'OR. Ainfi à quelque jour que ce foit que les nouvelles & les pleines lunes arrivent dans une certaine an- née, On peut être affüré qu'après 19 ans écoulés, ces nouvelles & pleines lunes tomberont encore aux mêmes jours du mois; & même felon l’opinion de Methon, qui a été adoptée par les peres de la pris mitive Eglife, mais qui n’eft pas tout-à-fait jufte, comme nous le dirons plus bas, elles répondront aux mêmes heures & aux mêmes minutes des jours correfpondans. Les anciens avoient une fi grande idée de la commodité & de l'excellence de ce cy= cle, qu'ils le firent graver en lettres d’or; & c’eft pour cela qu’on a donné le nom de zombre d’or au nombre du cycle de Methon, qui répond à chaque année propolée. Voici donc de quelle maniere les nombres de ce cycle répondoient aux jours du calendrier , On du moins de quelle maniere ils au- roïent dù y répondre : ayant pris une année quel- conque pour le commencement du cycle, & faifant enforte que le nombre 1 du cycZe lui répondit, il ne s’agifloit plus que de trouver par obfervation les jours de chaque mois auxquels arrivoient les nou- velles lunes, & marquer vis-à-vis des jours de cette même année le caraétere I ; or fuppofant que les nouvelles lunes fuflent arrivées, par exemple, le 23 Janvier, 21 Février, 23 Mars, 21 Avril, 27 Mai, 19 Juin, &c, & ainfi de fuite, on auroit donc mis dans la colomne du cycle lunaire , vis-à-vis ces _ jours-là, le nombre I; mais l’année fuivante, obfer- vant de même les nouvelles lunes , 1l falloit mettre encore , ainf que le pratiquoient les anciens, le nom- bre II dans la colomne du cycle lunaire vis-à-vis les jouts de chaque obfervation, c’eft-à-dire vis-à-vis le 12 Janvier, le 10 Février, le 12 Mars, le 10 Avril, &c ainf de fuite. Car l’année lunaire eft compolée de 12 lunaïfons ou mois lunaires, qui font 354 jours; elle eft donc plus courte de 11 jours que l’année ci- ” vile commune qui eft de 36 jours ; ainfi les nouvel- les lunes d’une année quelconque doivent arriver environ 11 jours plütôt que celles de l’année pré- cédente, De même la troïfieme année il a fallu met- tre le cara@tere III vis-à-vis des jours auxquels les nouvelles lunes ont été obfervées , & ainf de fuite fes autres années jufqu’à ce que le cycle entier de 19 ans fût achevé. Z7/£, affr. de M. le Monnier, Pour déterminer les jours de la nouvelle ou de la pleine lune, on auroit pù s’y prendre comme les Juifs , qui n'ayant point d’autres regles que celles de Fobfervation , attendoient foigneufement que la lu- ne füt à fon lever héliaque, ou parûüt pour la pre- miere fois hors des rayons du foleil un peu après le coucher de cet aftre ; & on auroit pù appeller ce jour-là le premier jour de la lune. Cependant au lieu de lobfervation de la premiére phafe du croiffant, il auroit été beaucoup plus sûr (car c’eft-là ce qu’on auroit pù pratiquer de plus exaét ) d'employer pour la difpofition de ces nombres les tables aftronomi- ques, en calculant pour chaque mois, &c par con- féquent pour chaque année du cycle lunaire, les nou- velles lunes, & marquant les caraéteres ci-deflus vis-à-vis les jours auxquels on trouve qu’elles au- roientdü arriver. Mais de quelque maniere qu’on s’y foit pris, il eft certain que le mois lunaire aftrono- mique étant de 29 jours 12}, 44. 33". comme le vulgaire ne fauroit diftinguer ces petites quantités qui fuivent le nombre de jours, on a été obligé ce fuppofer alternativement les mois lunatres dun cer- tain nombre de jours entiers, comme de 30 & de 29 jours, dont ceux-ci fe nomment caves ou fimples , & ceux-là pleins, & cela pour fatisfaire pleinement aux 29 jours 12 heures du mois aftronomique. Enfin par- ce que, outre ces 29 jours &, demi, nous avons en- core 44, ou près de trois quarts d’heure de plus dans chaque lunaïfon ou mois lunaire , il doit s'enfuivre qu’au bout de 32 lunaifons la fomme de ces mi- nutes accumulées vaudra un jour entier. Ce jour doit donc s’ajoûter à un des mois fimples ; & c'eft ainfi que les lunaifons du calendrier peuvent s’ac- . corder avec les lunaifons obfervées dans le ciel, ou déterminées par les tables aftronomiques. Préfentement fi le nombre du cycle lunaire eftdon- né,onaura parle moyen ducalendrier eccléfiaftique les jours des nouvelles lunes pendant le refte de cette même année; car dans chaque mois le nombre du éycle défignera la nouvelle lune, & la pleine lune doit être 14 jours après. On croyoit anciennement, comme nous l’avons dit un peu plus haut, que le cycle de 19 ans compre- noit exactement 235 lunaifons ; & qu'après une ré- volution des années du cycle lunaire, les nouvelles lunes revenoient précifément aux mêmes jours & heures de chaque mois. Mais la chofe bien examinée ne s’eft pas trouvée véritable. Car dans l’efpace de 19 années Juliennes il y a 6939 jours 18 heures; & s’il eft certain, felon les plus exaétes obfervations _ des affronomes modernes, que chaque lunaiïfon ou mois lunaire foit de 29i. 12h. 44/. 3". il s'enfuit que 235 lunaifons répondroient à 69391. 16h. 31°. 45. Il n’eft donc pas vrai de dire que 235 lunaïfons ré- pondent exaftement à 19 années Juliennes ; mais il s’en faut environ une heure +. Ainfi les nouvelles lu- nes, après 19 ans écoulés, n’arriveront pas préci- - fément à la même heure qu'auparavant, mais envi- ron une heure & demie plütôt; de maniere que dans l’efpace de 304 ans les nouvelles lunes anticiperont d’un jour dans l’année Julienne. Donc le cycle lu- naire fuit feulement pour marquer aflez bien-les nouvelles lunes dans l’efpacé de 300 ans, & felon d’autres, d'environ 312 (cette différence venant de la orandeur du mois lunaire, fur laquelle les Aftro- nomes ne font pas parfaitement d’accord'). Pendant ces 300 ans l'erreur ne montera pas à plus d'un jour ou 24 heures. Mais après 300 ans; il faudra nécef- fairement réformer le cycle. Voyez l’article PROEMP- TOSE. Au reffe ïl ne faut pas confondre le cyc/e lunaire de Methon avec la période ou faros Chaldaique qui Tome IF, EU € 589 ne contient que 223 lunaïfons. Cette période ou {a- ros étant de 18 ans & environ 11 jours, ramene les échpfes à-pen-près dans les mêmes points foit du ciel, foit de l’argument annuel; au lieu qu'il s’em faut bien que les pleines lunes qui arrivent aux mê- mes jours tous les 19 ans, fe retrouvent dans une pofition femblable, tant à l'égard du nœud que de anomalie moyenne, le lieu de l'apogée de la lune étant d’ailleurs dirigé bien différemment à l'égard de la ligne qui doit pañler par le foleil, Zrfhi. aironom, de M, le Monnier. L’ufage du cycle de 19 ans dans l’ancien calendrier eft d'apprendre par le moyen de la nouvelle lune de chaque mois Le jour où doit par conféquent tomber pâques. Car la fête de pâques doit fe célébrer le di- manche d’après la pleine lune qui fuit ou qui tombe fur l’équinoxe du printems fixé au 21 de Mars. Foy. PASQUES. Dans le nouveau calendrier, lufage du cycle lunaire fe borne à faire trouver les épattes. Voy, EÉPACTE. Les Orientaux commencerent à fe fervir de ce cycle au tems du concile de Nicée , & ils prirent pour la premiere année du cycZe, celle où la nouvelle lu- ne pafcale tomboit au 23 de Mars; de forte que le cycle lunaire IT tombe au premier Janvier de la troi= fieme année, | Au contraire les Occidentaux mirent le nombre [ au premier Janvier, ce qui produifit une différence très-confidérable dans le tems de la pâques pour l’O- rient & pour l'Occident ; aufli Denis le Petit cher chant à drefler un nonveau calendrier , perfuada aux chrétiens d'Occident d’anéantir cette différence, & de fuivre la pratique de l’églife d'Alexandrie. On forma donc une table générale par laquelle ontrouvoit facilement les nouvelles lunes pour cha- que année, & qui fervit par toute l’Eglife chrétien- ne. Cette table avoit le nombre IIT au premier Jan- vier, & elle étoit conftruite du refte felon la mé- thode que nous avons expofée ci-deffus. On peut [a voir dans le some 1W, des élémens de Mathématiques de M. Wolf. De forte que quand on avoit trouvé le nombre du eycle lunaire pour une année , on trou voit vis-à-vis de ce nombre dans la table-ou calen= drier Les jours des nouvelles lunes pour toute cette A année. Lorfque les peres du concile de Nicée réfolurent d'adopter dans leur calendrier le cycle de 19 ans, ce cycle marquoit pour lors affez bien les nouvelles lue nes, ce qui fe continuoit à-peu-près de même pen- dant quelques centaines d'années, Mais depuis , come me les lunaïfons ont anticipé d’un jout en 304 ans, elles arrivent aujourd’hui cinq jours plûtôt que dans le calendrier établi du tems du concile de Nicée ; ou ce qui revient au même , les nouvelles lunes célef= tes anticipent de cinq jours celles qui réfultent du nombre d’or de l’ancien calendrier eccléfiaftique, Malgré ces dificultés l'Eglife anglicane a confervé l’ancienne méthode de calculer les nouvelles lunes par les nombres d’or, tels qu'ils ont été reçûs dans le calendrier du tems du concile de Nicée ; ces nouvelles lunes ainfi calculées fe nomment ecc/efraf- riques ,; pour les diftinguer des véntables; &c la table générale & perpétuelle dont on fe fert dans la Litur gie en Angleterre, a été calculée pour le tems de pâ- ques.par le moyen de ces nombres d'or, felon les différentes lettres dominicales. s-Le On ne doit pas négliger d’avertir que la premiere année de l’ere chréiienne répondoit au nombre 2 du cycle lunaire , c’eft-à-dire que le cycle lunaire a dû commencer fa période l’année qui a précédé immé- diatement la naïffance de Jelus-Chrift. C’eft pour- uoi fi à une année courante quelconque on ajoûte 1, & qu'on divife la fomme par 19, en négligeant hu WE 538 CAE le quotient , le refte fera le nombre du cycle lunarre pour cette année-là. Z2ff. aftr. de M. le Monnier, Les imperfedtions que nous venons de remarquer dans le cyc/e lunaire , obligerent Grégoire XII. à lui fubftituer les épaëtes dans la réformation du calen- drier; de forte que dans le nouveau ftyle on ne détermine plus les nouvelles & pleimes lunes par le cycle lunaire , mais par les épaëtes. Cependant cette méthode n’eft pas encore elle-même aufli exaéte qu’on pourroit le fouhaiter, Voyez ÉPACTE. | Cycle des indiéfions , eft une période de 1$ ans qui revient conftamment la même, comme les autres cycles , &t qui commence à la troifieme année avant J. C. Voyez INDICTION, Les Chronologiftes font fort partagés fur le tems. où le cycle des indi&tions s'établit parmi les Romains, | &c fur Pufage auquel ce cycle fervoit. Le P. Petau n'a pas crû devoir prendre de parti fur cette queftion. L'opinion la plus probable eft que le cyce des indi- étions commença à être en ufage lan 312, après la mort de Conftantin. Pour trouver-le cycle d’indiéäon d’une année pro- pofée, il faut ajoûter 3 à cette année, & divifer la fomme par 15, le refte eft Le cycle d’indiétion; s il ne refte rien, l’indiétion ef 1,5. La raifon de cette opération eft que l’année qui a précédé la naïffance de J. C. le nombre de l’indiétion étoit 3. C’eft pour cela qu’on ajoûte 3 au nombre des années de J. C. Cycle folaire eft une période de 28 ans qui com- mence par 1, & finit par 28. Cette période étant écoulée,les lettres dominicaleséc celles quidéfignent les autres jours de la fémaine, reviennent en leur premiere place, & procedent dans le même ordre qu'auparavant. Voyez LETTRE DOMINICALE. On appelle ce cycle, cycle folaire ; non à caufe du cours du foleil avec lequel 11 n’a aucun rapport, mais parce que le dimanche étoit autrefois appellé jour du foleil, dies fois, & que les lettres dominica- les, ou qui fervent à marquer le dimanche, font principalement celles pour lefquelles cette période CYC , L4 » Û > # a été inventée: ces lettres qui font les premieres de l’alphabet, ont fuccédé aux anciennes lettres nun- dinales des Romains, La réformation du calendrier fous le pape Gré- goire XIII. produifit dans le cycle dont il s’agit un changement confidérable ; car dans le calendrier Grégorien le cycle folaire n’eft pas conftamment & perpétuellement le même, parce que fur quatre cen- tiemes années il n’y en a qu'une de biflextile, au lieu que toutes {ont biffextiles dans Le calendrier Julien. Voyez CALENDRIER 6: BISSEXTILE. L’époque ou le commencement du cycle folaire dans l’un & l’autre calendrier tombera à la neuvieme année avant J. C. Pour trouver le cycle folaire d’une année propo- fée, ajoûtez 9 au nombre donné,& divifez la fomme par 28 , le nombre reftant exprimera le cycle cher- ché, & le quotient marquera le nombre des pério des du cycle folaire depuis J. C. | S'il n’y à point de refte, c’eft une marque que Pannée dont il s’agit eft la vingt-huitieme ou la der- mere de fon cycle, La raifon de cette opération eff qu’au tems de la premiere année de J. C. neuf an- nées du cycle s’étoient déjà écoulées, ou étoient cen« fées s’être écoulées. ; Pour bien entendre la diffribution des lettres do- minicales dans le cycle folaire , il faut favoir qu’on a établi qu'une année biffextile feroit la premiere du cycle Jolarre , & que les lettres dominicales qui lui ré- pondent féroient G & F'; car chaque année biffex- tile ayant un jour de plus que les autres, elle a auffi deux lettres dominicales dont la premuere fert juf- qu'à la veille de faint Matthias, & la feconde jufqu'à la fin de l’année. La lettre dominicale de la feconde année du cycle eft Æ', celle de la troifieme D , celle de la quatrieme C'; mais la cinquieme année étant biffextile , aura pour lettres dominicales B & 4, & ainfi de fuite. La table fuivante fait voir quelle eft la lettre dominicale qui répond à chacune des an- nées du cycle folaire, Cycle folaire dessannées Juliennes. I GEF |; BA] 9 DC |:13 2 E |6G G|10 B | 14 3 D |7 F |: A 15 A C\8 ARE G | 16 Grégoire XIIL. en réformant le calendrier, a fait plufieurs changemens à cette table. Le cycle Jolaire de l’année 1582 dans laquelle s’eft fait cette réfor- mation, étoit 23, & par conféquent G étoit la let- tre dominicale, fuivant la table du cycle folaire des années Juliennes. Or cette année 1582, fuivant le decret du fouverain pontife, on retrancha dix jours du mois d'Oûobre, de façon qu’au lieu du $ Oéto- bre on compta le 15 (afin que l’équinoxe fût remis au 21 de Mars, comme il étoit du tems du concile de Nicée ), par conféquent la lettre dominicale qui étoit G en cette année-là, devint C'; car le 7 d'Oc- 1 C B $ ED| 9 GF | 13 2 A|6 C | 10 E | 14 3 G|7 B |71t D |: 4 F8 A | 12 C | 16 Les années 1700, 1800 & 1900, ne devant point être biflextiles, comme elles auroient dû l'être fiui- vant le calendrier Julien, cette table ne peut plus férvir, & on eft obligé de la changer ; par exemple, Tannée r700 le cycle folaire eft 1, & par conféquent les lettres dominicales devroient être C & B par la table précédente, Mais comme 1709 n’eft point bit FE l17 AG la: CB|2 E D POST MT EE A | 26 e C |19 E | 23 G | 27 B B |20 D | 24 F | 28 A | tobre où fe trouve la lettre G devoit être un diman- che ; par conféquent le 4 d'Oétobre qui a la lettre D étoit un jeudi, & le 15 qui a la lettre 4 fut un vendredi, & le 17 qui a la lettre C fut un dimanche. Subftituons donc dans le cycle folaire des années Ju- liennes au lieu de G la lettre C, pour le cycle folaire 23 ; c’eft-à-dire faifons enforte que la colonne où fe trouve la lettre ©, & qui eff la quatrieme , fe trouve à la place de la colonne où eft la lettre G, c’eft-à- dire foit la pénultieme ; nous aurons la table fuivan- te depuis l’année 1482 jufqu’à l’année 1700. BA |17 DC |\2: FE | 25 AG G |:18 B | 22 D | 26 F F |19 A | 23 C | 27 E E | 20 G\24 B | 28 D fextile, C eft feule lettre dominicale pour toute l’année, par conféquent l’année fuivante la lettre dominicale eft 2 , & les deux années d’après 4 & G. Ainfi on voit que dans le cyc/e folaire dépuis l’année. 1700 jufqu’à 1800, la premiere colonne doit avoir DC,B, A, G,On aura donc la table fuivante, CYC CYC | Cycle folaire depuis l’année Grégorienne 1700 jufqu’à l’année 1800. | | | a HDC FE AGlssz | CBliy l'EDia Gras 84 , B È D. "+ Æ Vr4 A|18 Claz ÆE | 26 G 13 A|7 Élire MENT G\19 B | 03 D | 27 F 4 G|38 . B'|712 D | 16 F | 20 A | 24 C | 28 E Ce même cyck doit encore changer en l’année 1800. Carle cycle folaire de l’année 1800 eft 17, par conféquent £ , D, devroient être les lettres domini- cales ; maiscomme cette année ne fera point biflexti- le , la lettre dominicale fera E pendant toute l’an- née, & celles des années fuivantes D, C, B. Ainfi la colonne où eft FE, D,C,B, doit être la pre- .miere du cycle depuis 1800 jufqu’en 1900. Par [a mé- me raifon on trouvera que la colonne 4G,F,E, D, doit être la prennere du cycle depuis 1900 juf- qu’à 2000, & depuis 2000 jufqu'à 2100, parce que f’anhée 2000 fera biflextile. Ce même cycle devra encore changer l’année 2100. Car dans l’année 2100, fuivant l’ordre du cycle folaire depuis 1900 jufqu’à 2100, les lettres dominicales devroient être C, B. Mais on n’aura que C pendant toute l’année 2100 > à caufe qu’elle ne fera point biffextile, & par confé- quent B, 4, G, pendant les fuivantes. Aïnfi la co- lonne DC, B,4,G, doit être la premiere du cycle depuis 2100 jufqu'à 2200. Or 2100 eft la premiere de trois années féculaires non biflextiles, ainfi que 1700 ; & la table pour 1700 commence par cette même. colonne D C', B, 4, G ; on aura donc une _ table générale pour tous les cycles folaires , en for- mant quatre petites tables particulieres, dont la pre- miere ait pour premiere colonne € B,A,G,F; la feconde DC, B, A, G; la troifieme F E, D, C, B ; la quatrième 4 G,F,E, D.La premiere de ces tables fera pour le fiecle qui a commencé par l’année 1600; la feconde pour les fiecles qui com- mencent par les années 1700, 2100, 2500, 2900 ; 3300, Ge, & ainfide fuite de 400 en 400; de même la troifieme pour les années 1800, 2200, 2600, 3000, 3400, &c. la quatrieme pour les annees 1900 jufqu’à 2100, 2300 jufqu'à 2500, 2700 jufqu’a 2900, 3100 juiqu'à 3300, 3500 jufqu'à 3700, 6e. On peut même omettre [a premiere de ces tables qui n’eft que pour l’année 1600, parce que cette ta- ble ne doit plus être d’ufage ; mais fi on veut la con- ferver, & qu’on y ajoûté la table du cycle folaire pour les années Juliennes, on aura une table géné- rale de tous les cycles folaires depuis le commence- ment de l’ere chrétienne jufqu'à 1582, & depuis 1582 jufqu'à la fin des fiecles, Il paroît par ce que.nous venons de dire que la ta- ble perpétuelle des lettres dominicales qu’on trouve dans la chronologie de Wolf (élémens de Mathémas. come 1, ),eft beaucoup plus ample qu’il n’eft né- ceflaire., puifqu’au lieu des fept tables particulieres des différens cycles folaires,. l’auteur auroit pü fe con- tenter de n’en mettre que trois. Il eft vrai que fui- vant la table que nous venons de donner , il faudroit changer les nombres du cycle /olaire, 8 que parexem- ple, le cycle folairétde 1800, au lieu d’être 17, de- yroit être 1; &.que de même le cycle Jolaire de 1900 jufqu’à 2100 devoit être 1 SC ainfides autres. Mais 1lme femble que cet-inconvénient ne feroit pas fort grand; car, par exemple, depuis 1800 jufqu’à 1900, on auroit le nombre du.cyc/e folaire en .divifant par 28 le nombre des années écoulées depuis 1800 , aug- menté,de-l’unité, & prenant ce qui refteroit après ia divifion pour le nombre du,cycle, ou 28 , s'il n° avoit point derefte. Ainfi le cyc/e folaire de 180$ fe- roit 6, celui de 1827.feroit 28, celui.de 1831 feroit 4. Car 31 plus 1, ou 32 éfant divifé par 28, il refte À. Mais fi on veut conferver la maniere ordinaire de trouver le cycle folaire , alors il faudra une table plus ample que celle que nous venons d'indiquer pour le cycle folaire perpétuel ; & en ce cas il fau- dra recourir à celle de M. Wolf. Ainfi le cycle fo- laire de 1800 étant 17, & EE, D,C, B, devant être les lettres dominicales de 1800, 18ot ) 1802, 1803 9 il s'enfuit que l’ordre du cyc£e folaire , depuis 1800 jufqu’à 1900, doit être tel que la colonne FE, D, C, B, y foit la cinquieme , comme la colonne £ D, C,B,A,eft la cinquieme de la table du cycle [oz laire de 1700, & répond au nombre 17. Donc £ D, C,B, A, doit être la premiere colonne pour 1800, de même on trouvera facilement que FFC DAC B, fera la premiere colonne depuis r900 jufqu’à 2100 ; depuis 2100 jufqu’à 2200, ceferaGF,E, D, C, depuis 2200 jufqu’à 2300, ce fera 4 CES Æ, D ; depuis 2300 Jufqu'à 2500, ce fera B 4, Gÿ F, E : & depuis 2500 jufqu'à 2600, ce fera C B k A4, G,F. Or cette derniere colonne eft la premiere depuis 1582 jufqu’à 1700. Ainf on formera par ce moyen fept tables, dont la premiere fera pour les fiecles qui commencent par les années 1600, 2500, Gc. la feconde pour ceux des années 1700, 2600, Éc. la troifieme pour ceux des années 1809, 2700» 2800, Gc. la quatrieme pour ceux des années 1900, 2000, 2900 , 6c. la cinquieme pour ceux des années 2100, 3000, &c. la fixieme pour ceux de 2100, 3100, 3200, Ge. la feptieme pour ceux des années 2300, 2400, 3300, &c. De iorte qu'après avoir rangé ces fept tables verticalement les unes à côté des autres, on écrira au-deffous les chiffres des an- nées féculaires dans l’ordre fuivant : Îere Table, II. TITI. IV. F. VI. PTIT, 1600 1800 1700 1900 2100 2200 2360 2000 2400 2500 2600 2700 2900 8009 3100 3309 2800 3200 êt ainfi de fuite, Gc. On voit que dans cette table les années féculai: res fe fuivent immédiatement dans chaque rang ho- rifontal, avec cette exception que les années QUE doivent être biflextiles font placées immédiatement au-deffous de l’année féculaire précédente, parce que le cycle folaire continue alors à être le même pendant 200 ans. Voyez MeTEMPTOsE 6 LETTRE DOMINICALE. On peut obferver que le mot cyc£ eft non feule= ment appliqué en général à tous les nombres qui compofent la période, mais à chaque nombre en particulier, Ainfi. on dit que l’époque commune dela naifance de J, C; a pour cycle Jolaire 1, pour cycle lunaire ou nombre d’or 2, pour lettre dominicale B, & pour cycle d’indiéhion 4. a: Cycle pafchal, Si on multiplie le cycle folaire par le cycle lunaire, c’eft-à-dire 19 par 28, il en réful- tera une période de 532 ans appellée cycZe pafcha?, Voici pourquoi on lui a donné ce nom, Dans l’an cien calendrier on faifoit généralement chaque quatrieme année biflextile: & on fuppofoit, en adoptant le cycle Juraire , qu’au bout de 19 ans les pleines lunes tomboïent aux mêmes jours ; de forte qu'au bout de 28 fois 19 ans ou 532 ans, le jour de $90 CYC pâques tomboit au même jour, &c le cycle recom- mençoit. Voyez PÉRIODE D'YONISIENNE. , Dans la préface de l’ars de vérifier les dates (voyez CHRONOLOGIE ) on remarque que le cycle pafchal ou produit du cycle folaire 28 par le cycle lunaire 19, a été appellé par quelques anciens anus magnns , &t pat d’autres crcu/us ou cyclus magnus. On lappelle encore période vittorienne du nom de 7° zélorius {on au- teur, qui l’a fait commencer à l’an 28 de J. C. De- nis le Petit qui a corrigé cette période, l’a fait com- mencer un an avant l’ere chrétienne; ce quu lui a fait donner le nom de période Dyonifienne , qu’elle a retenu. 1 ee Dans le même ouvrage on remarque qu'il y a une différence entre le cycle lunaire & Le cycle de 19 ans, Le premier commence trois ans plûütard que le fecond. Mais le cycle de 19 ans a prévalu, &t ona oublié Pautre. Voyez un plus ample détail dans l'ou- vrage cité, préf. page 34. & fuiv. Si on multiplie le cycle folaire , le cycle lunaire, 8 le eycle des indi&ions, l’un par l’autre, on forme une période de 7980 ans appellée période Julienne. Voyez PÉRIODE JULIENNE. (0) CYCLOIDAL, adj. ( Géomer. ) L’efpace cycloidal eft l’efpace renfermé par la cycloide & par fa bafe. M. de Roberval a trouvé le premier que cet efpace eft triple du cercle générateur ; & on peut le prou- ver aïfément par le calcul intégral. En effet foit x Fabfcife du cercle générateur prife au fommet de la cycloïde, y l’ordonnée du demi- cercle, & z celle de la cycloïde , arc correfpondant du cercle fera a dx 4 ———"— , a étant le rayon du cercle ; € on aura Via Lo XX par la propriété de la cycloïde 7 = y + f Via -x% ad x EE az dx = vViax—xx +] VZax— x x ; cette quantité étant multipliée par d x donnera pour lélément de Paire adx de la cycloide dx Vraax—xx+dx Lee Vanax—xx ad x donc l’intésraleeftfdxy/2ax—xx+x a. LA K— XX axdx — f” V2La x—%x# moitié de l’efpace cycloïdal = 1° le demi-cercle, 2° le diametre multiplié par la demi-circonférence, c’eft-à-dire le double du cercle entier, d’où il faut retrancher le produit du rayon par cette demi-cir- conférence, c’eft-à-dire le cercle entier ; ainfila moi- tié de l’efpace cycloïdal eft égale à trois fois Le demi- cercle. Donc l’efpace cycloidal total vaut trois fois le cercle générateur. | On peut démontrer encore par une méthode fort fimple,que lefpace renfermé entre le demi-cercle &c la demi-cycloide eft égal au cercle générateur. Pre- nez deux ordonnées de la cycloïde terminées au cer-, cle. & à égales diftances du centre, la fomme de ces ordonnées fera égale.au demi-cercle ; d’où 1l fe- ra facile de faire voir, en divifant lefpace cycloidal en petits trapefes, que Paire de deux trapeles pris enfemble, eft égal au produit de la demi-circonfé- rence par l'élément du rayon. Donc la fomme des trapefes eft égale au produit de la demi-circonférence ar le rayon, c’eft-à-dire égale au cercle. (0) CYCLOIDE, £. f. er Géomgr, eft une des courbes, méchaniques, ou, comme Îles nomment d’autres au- teuts , sranféendanses. On l'appelle auffi quelquefois érochoïde & roulette. Voyez COURBE , ÉPICYCLOIDE, & TROCHOIDE. Mat en Elle AE: | ” Elle eft décrite par.le mouvement d'un point 4 {fg. 55. PI. de Géomérr.) de la circonférence d’un cercle , tandis que le cercle fait ime révolution fur ane ligne droïte 4 P, Quand nne roue dé carrofle ; d’où il eft facile de conclure que la tourne, un des clous de la circonférence décrit dans lair un cycloide, De cette génération il eft facile de déduire plu- fieuts propriétés de cette courbe, favoir que la li- gne droite 4 £ eft égale à la circonférence du cer- cle 4 BCD, & A C égale à la demi-circonférence ; & que dans une fituation quelconque du cercle gé- nérateur, la ligne droite 4 d eft égale à l'arc a d'; & comme a d'eft égale & parallele à dc, a d fera égale à l’arc du cercle générateur 2 F, De plus la longueur de la cycloïde entiere eft égale à quatre fois le dia- metre du cercle générateur ; & l’efpace cycloidal A F E eft triple de l’aire de ce même cercle, Voyez ci-deffus l’article CYcLoIDAL. Enfin une portion quelconque FI de la courbe prife depuis le fommet, eft toùjours égale au double de la corde correfpon- dante F5 du cercle; & la tangente G I à l’extrémité Æ eft toüjours parallele à la même corde F £. Si le cer- cle tourne & avance en même tems, de maniere que fon mouvement reétiligne foit plus grand que {on mouvement circulaire, la cycloide eft alors nommée cycloïde aliongée, & la bafe 4 E eft plus grande quela circonférence du cercle générateur. Au contraire , file mouvement reétiligne du cercle eft moindre que le mouvement circulaire , la cycloide eft nommée cy- cloide accourcie ; & fa bafe eft moindre que la circon- férénce du cercle. Foyez ROUE D’ARISTOTE. La cycloïde eft une courbe affez moderne ; & quel: ques perfonnes en attribuent l'invention au P. Mer- {enne, d’autres à Galilée ; mais le doéteur Wallis prétend qu’elle eft de plus ancienne date ; qu’elle a été connue d’un certain Bovillus vers l’année 1500, & que le cardinal Cufa en avoit même fait mention long-tems auparavant, c’eft-à-dire ayant Van 1451. Il eft conftant, remarque M. Formey, que le P. Merfenne divulgua le premier la formation de la cy- cloïde , en la propofant à tous les géometres de fon tems, lefquels s’y appliquant à l’envi, y firent alors plufieurs découvertes ;. enforte qu’il étoit difficile de juger à qui étoit dû honneur de la premiere inven- tion. Delà vint cette célebre conteftation entre MM. de Roberval, Toricell,. Defcartes, Lalovera, &c. qui fit alors tant de bruit parmi les favans. Depuis ce tems-là à peine a-t-on trouvé un ma- thématicien tant foit peu diftingué, qui n’ait éprou- vé fes forces fur cette ligne, en tâchant d’y décou- vrir quelque nouvelle propriété. Les plus belles nous ont été laiflées par MM. Pafcal, Huyghens, Wallis, Wren, Leibnitz, Bernoulli, 6c. Cette courbe a des propriétés bien fingulieres Son identité avec fa développée, les chûtes en tems égaux par des arcs inégaux de cette courbe, & la plus vite defcente, font les plus remarquables. En général à mefure qu'on a approfondi la cycloide ; on y a découvert plus de fingularités. Si l’on veut qu'un pendule fafle des vibrations inégales en des tems exaftement égaux, il ne faut point qu'il -décrivé des arcs de cercle, mais des arcs de cycloide. Silom développe une demi-cycloide, en commençant par le fommet, elle rend par fon développement une au- tre demi -céÿcloide femblable & égale; & l’on fait quel ufage M. Huyghens fit de ces deux propriétés pour l’'Horlogerie. Voyez plus bas ; voyez auffi Par- ricle PENDULE. En 1697, M. Bernoulli profefleur de Mathématiques à Gromingue, propofa ce pro- blème à tous les séometres de l’Europe ; fuppoié qu'un corps-tombât obliquement à l’horifon , quelle étoit là ligne courbe qu'il devoit décrire pour tom- ber le plus vite qu'il füt poffible. Car, ce'qui peut paroître étonnant, il ne devoit point décrire une = gne droite, quoique plus courte que toutes des h- gnes coûtbes terminées par les mêmes points. Ce problème féfoluz il fe trouva que cette courbe étoit , wine éycloide. Une dés plus importantes connoiffan- ces que l’on puiffe avoir fur les courbes, confifte à mefurerexaétement l’efpace qu’elles renferment, ou feules, où avec des lignes droites ; & c’eft ce qu’on appelle leur guadrarure. Si cet efpace fe peut mefu- rer, queile que foit la portion de la courbe qui y en- tre, & les ordonnées, ou les parties du diametre qui le terminent avec elle, c’eit la quadrature ab- folue où indéfinie, telle qu’on l’a de la parabole. Mais il arrive quelquefois que l’on ne peut quarrer que des efpaces renfermés par de cértames portions de la courbe & par de certaines ordonnées, ou de certaines parties du diametre déterminées, On vit d'abord que la quadratute indéfinie de la cycloïde dé- pendoit de celle de fon cercle générateur, & que par conféquent elle étoit impofhble felon toutes les apparences, Mais M. Huyghens trouva fe premier la quadrature d’un certain efpace cycloidal déterminé. M. Leibnitz enfuite trouva encote celle d’un autre efpace pareillement déterminé ; & l’on croyoit qu’a- près ces deux grands géometres, on ne trouveroit plus aucun efpace quartable dans la cycloide, Ce- pendant M. Bernoulli découvrit depuis dans la cy- cloide une infinité d’efpacesquarrables , dans lefquels font compris, & pour ainfi dire abforbés les deux de M. Huyghens & de M. Leibnitz. C'eft ainfi que Ja Géométrie, à mefure qu’elle eft maniée par de grands génies, va prefque toüjours s’éleyant du par- ticulier à l’univerfel, & même à l'infini. Hiffoire 6 iném, de l'acad, 1609. rer M. Huyghens a démontre le premier que de quel- que point ou hauteur que defcende un corps pe- fant qui ofcille autour d’un centre, par exemple, un pendule ; tant que ce corps fe mouvra dans une cy- cloide, les tems de fes chûütes ou ofcillations feront toujours égaux entr'eux. Voici comment M, de Fon- tenelle eflaye de faire concevoir cette propriété de la cycloïde. La nature de la cycloïde ; dit-il, eft telle qu'un corps qui la décrit, acquiert plus de vîteffe à mefure qu'il décrit un plus grand arc, dans la raifon précife qu'il faut, pour que le tems qu’il met à dé- crire cet arc foit tohjours le même , quelle que foit la grandeur de l’arc que le corps parcourt; & de-là vient l'égalité dans le tems, nonobftant l'inégalité des arcs, parce que la vitefle fe trouve exaétement plus grande où moindre, en même proportion que Parc eft plus grand ou plus petit. C’eft cette propriété de la cycloïde qui a fait ima- giner l'horloge à pendule. M. Huyghens a donné fur ce fujet un grand ouvrage intitulé, korologium ofeit latorium. Voyez la [fuite de cet arricle ; voyez auffi BRACHYSTOCHRONE, TAUTOCHRONE, Iso- CHRONE, 6c. Ceux qui voudront s’infruire dans un plus grand détail de Phiftoire de la cycloide, pour- ront confulter la vie de Defcartes in-4°, par M. Bail- let, div. IV. chap. xüij. xjv. xv. Il réfulte de l’hiftoire aflez étendue que cet auteur en donne : 1°. Que le premier qui à remarqué cette ligne dans la nature, mais fans en pénétrer les proprié- tés, a été Le P. Merfenne qui lui a donné le nom de roulerre. | 2°. Que le premier qui en a connu la nature, & qui en a démontré l’efpace, a été M. de Roberval qui l’a appellée d’un nom tiré du grec, srochoide. 3°. Que le premier qui en a trouvé la tangente, a été M. Defcartes, & prefque en même tems M. de Fermat , quoique d’une mamere défettueufe ; après quoi M. de Roberval én a le premier mefuré les plans & les folides, & donné le centre de gravité du plan &t de fes parties. 4°. Que le premier qui l’a nommée cycloïde , a été M. de Beaugrand ; que le premier qui fe left at- tribuée devant Le public, & qui l’a donnée au jour, a été Toricelli, CYC SOI 5°. Que le premier qui en a mefuré la ligne cour- be & fes parties, & qui en a donné la comparaifon avec la ligne droite, a été M. Wren, fans la démon- trer. | 6°. Que le premier qin a trouvé le centre de gra- vité des folides , & démi-folides de la ligne & de fes parties , tant autour de la bafe qu’autour de l’axe, a été M. Pafcal ; que le même a auffi trouvé le pre- mier le centre de’gravité de la ligne & de fes par- ties ; la dimenfion & le centre de gravité des furfa- ces, demi-furfaces, quart-de-furfaces, &c. décrites par là ligne & par fes parties tournées autour de la bale &c autour de l’axe : 8 enfin la dimenfion de toutes les lignes courbes des cycloïdes allongées ou accourcies. M. Pafcal publia ces propriétés de la cy- cloide dans un petit livre imprimé au commence- ment de 1658, fous le titre de rrairé de la roulette, & fous le nom de 4. d’Erronville. Il eft fort rare, le libraire n’en ayant tiré que 120 exemplaires. La bi- bliothèque des Peres de la Doëûtrine en poflede un. Baillét, vie de Defcartes , /oco citaro. (O Application de la cycloide an pendule des horloges, M. Huyghens ayant cru que les erreurs auxquelles les horloges font encore fujettes, naïfloïient des pé- tités inégalités qui regnent entre les tems des vibra= tions d’un même pendule fimple , lorfqw’elles font différemment étendues ; il imagina de faire ofciller ce régulateur entre deux arcs de cycloide, fa lentille décrivant par ce moyen une femblable courbe, de- voit, felon lui, achever toutes fes vibrations en des tems.égaux ( Foyez CYCLOIDE), & communiquer une parfaite juftefle à l'horloge : mais l’expérience & la théorie ont démontré le contraire. Ce qu'il y eut de plus païrticulier dans l'erreur de M.Huyghens, c’eft que tous les favans de l’Europe y tefterent plus de trente années, malgré les irréoula- rités qu'on remarquoit tous les jours dans les pendu les à cycloide. Tantôt ils les attribuoïient au peu d’at- tention que les artiftegprenoïent dans la formation de ces courbes, ce qui pouvoit en effet y avoir aflez fouvent part ; tantôt ils s’en prenoient à la maniere dont elles étoient pofées ; d’autres fois les principa- les erreurs venoient, felon eux, de plufeurs effets phyfiques: enfin ils n’en purent découvrir la véri table caufe , jufqu'à ce qu'un artifte intelligent, M. Sully, vint deffiller leurs yeux. | | Il leur fit voir qu'à la vérité le pendule fimple qui ofcille dans une cycloïide, fait des vibrations parfai- tement 1fochrones; mais que pour celui qui eft ap- pliqué aux horloges, deux caufes concourant dans fes vibrations , la pefanteur & l’aftion continuelle de la force motrice par le moyen de l’échappement , caufes dont 1l n’y a que la premiere qui foit propor- tionnelle aux arcs, l’autre ne fuivant pointdu tout ce rapport ; il éft impoffble que cet ifochronifme ne foit pas troublé parles variations de cette derniere force, Il confirma fon raifonnement par l'expérience, & fit voir qu’on pouvoit à volonté faire avancer ou rétar: der une pendule à cycloïde, en changeant la forme de {on échappement, Quoique la cycloïde, dans le tems où elle étoit d’u- fage , loin de concourir à la juftefle des horloges leur fût au contraire defavantageule ; cependant pat la découverte des échappemens à repos, faite de- puis ce tems, cette courbe pouvoit leur être favora- ble quand elles ont des pendules courts : elle feroit auf fort utile pour certains régulateurs qu’on pour- roit peut-être découvrir, & dont la gravité {eule cauferoit les vibrations. Ces raïfons m’ont engagé à donner ici la méthode prefcrite par M. Huyghens, horol, ofcill, pars prima ; pour former cette courbe, La longueur de vote pendule étant donnée; fur une table aufh platte qu’il eft poflible , pofez une re- gle épaifle d’un demi-pouce environ ; ayez enfuite 6 Un 592 CAS un cylindre de même épaifleur & d’un diametre, moitié de la longueur du pendule ; prenez un fil de foie, ou fi vous voulez de laïton, afin qu'il ait plus de confiftance ; attachez-le à la petite regle, & en un, point de la circonférence du cylindre : cela fait, appliquez ce dernier contre la regle, de façon quil | foit enveloppé par le fil , que vous développerez énfuite en faifant mouvoir le cylindre le long de la regle. Par ce moyen une petite pointe de fer que vous aurez fixé à la circonférence du cylindre, tra- cera une cycloide {ur la table ; car la courbe décrite era formée par le mouvement d’un point pris fur la circonférence d’un cercle ‘ou cylindre , lequel en roulant aura appliqué toutes fes parties fur une H- : gne droite, favoir la régle. Ce fera donc une cy- cloide, ‘Cette opération faite, fi vous difpofez des lames de laiton en telle forte qué les appliquant fur la cour- beelles répondent exaétement à chacun defes points, vous aurez pout lors des cycloïdes telles que vous pouvez les defirer ; f. vous les attachez au point de fufpenfion d’un pendule dans l’ordre où le point dé- crivant les a formées ; la foie envéloppant &c déve- loppant alternativement les deux courbes, fera dé- crire à votre lentille des arcs cycloïdaux, dans cha- que point defquels la pefanteur lui imprimera des vitefles proportionnelles à fa diftance du point de “repos. (7) | CYCLOMÉTRIE,, f. f. (Géom.) c’eft l’art de me- furet des cercles & des cycles. Voyez CYCLE € CErcLe. (0) | CYCEOPÉDIE , voyez ENCYCLOPÉDIE. * CYCLOPÉE, £. €. (Hiff. anc.) danfe pantomi- me des anciens, dont le fujet étoit un cyclope, ou piütôt un polypheme aveugle & ennivré. Il paroït que dans cette pantomime le cyclope étoit le jouet d’autres danfeurs ; d’où l’on fit en Grece le prover- be, danfer La cyclopée, c’elt-à-dire étre balote. * CYCLOPES, f. m. pi. (Mych.) peuples qui ha- “biterent les premiers la Sicileavec les Leftrigons. Ils étoient enfans du ciel & de la terre, felon Héfode; & de Neptune & d’Amphytrite, felon Euripide &c Lucien. On pretend qu'ils n’avoient qu’un œil au mi- lieu du front, d’où ils furent appellés Cyclopes. On en fait les compagnons de Vulcain. On raconte qu’A- pollon tua les plus habiles d’entre eux, pour avoir forgé le foudre dont Jupiter frappa fon fils Efculape. Tout le monde fait les avantures de Polypheme avec Uliffe & Galatée. On leur donne une ftature gigan- tefque. | CYDNUS, (Géog.) riviere de Cilicie dans l’Afie mineure, qui arrofoit la ville de T'arie. Elle eft fa- meufe dans l’Hiftoire ancienne par le péril que cou- rut Alexandre, pour s'être baïigné dans fes eaux qui font très -froides ; & dans l’Hiftoire moderne , par la mort de l’empereur Frédéric IL. qui ypérit en 1180, Lorfqu’il pañla en Afe à la tête de 150 mille hommes pour reprendre Jérufalem conquife par Saladin, 4r- zicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. CYGNE,, f. m. cygrnus manfuetus , (Hiff. nat, Orn.) oïfeau qui.pefe jufqu'à vingt livres , quand il eft un peu avancé en âge. Il a quatre piés trois pouces de longueur , depuis la pointe du bec jufqu'à l’extrémi- té de la queue ; quatre piés cinq pouces jufqu'au bout des pattes, &c plus de fept piés d'envergure. Tout le corps eft couvert de plumes très-fines & douces au toucher, qui font blanches comme la neige quand le cygne eft vieux; dans les jeunes, elles font au con- traire de couleur cendrée. Les tuyaux des grandes plumes des ailes font plus gros dans le cygre privé, que dans le fauvage. Le bec eft de couleur livide, & terminé par une appendice en forme d’ongle. Il y a une marque noire à côté des narines, & entre les yeux & le bec, un efpace triangulaire de la même coufeur, & dégarni de plumes ; la bafe de ce trians gle eft du côté du bec, & la pointe du côté des yeux: Quand les cygres font plus avancés en âge, le bec devient rougeûtre, & l’ongle qui eft à l'extrémité, prend une couleur noirâtre. Ils ont auffi à la bafe du bec une tuteur charnue, noire, élevée, & recour- bée en-avant & en-bas. La langue eft comme hérif fée de petites dents ; les ongles font noirâtres , & les pattes de couleur livide, & dégarnies de plumes juf: qu'au-deflus du genou. On prétend que le cygne vit très long -tems. Il fe nourrit de plantes aquatiques & d’infeétes ; il pond cinq ou fix œufs, qu'il couve pendant près de deux mois. | | ; Il y a dés cygnes fauvages ; ils font moins grands & moins pefans que le cygne domeftique ; toutes leurs plumes ne font pas blanches, ils en ont de cou- leur cendrée & de roufles ; la bafe du bec eft recou- verte par une peau jaune, &c. Willughby, Orrirk. Rai, fnop. meth. avium. Voyez Oiseau. Le duvet du cygne fert à remplir des couffins & des oreillers; & {a peau, garnie du duvet, eft préparée chez les four: reurs, & fait une fourrure fort chaude. (J CYGNE, (Mar. medic.) La graifle du cygne eft la partie de cet oïfeau dont on fe fert principalement en Medecine ; elle pafle pour émolliente, atténuan- te, & laxativé : on la recommande dans les hémor- thoïdes & dans les contraétions fpafmodiques de la matrice ; mêlée avec le vin, elle diffipe les taches de rouffeur fi on les en frotte. … On applique avec fuccès la péau de cyg7e fur dif férentes parties du corps que l’on veut préferver du froid extérieur, & dont on veut foûtenir ou augmen« ter la tranfpiration, comme dans les rhumatifmes. CYGnE, (Affron.) conftellation de l’hémifphere boréal, proche de la Lyre, de Cephée, & de Pesafe, Gette conftellation s’étend dans la diredion de la voie laétée.Il y a près de la queue du cygre une étoile fort brillante. Voyez LYRE, CEPHÉE, VOIE LA= CTÉE. (0) * CYGNE, (Mythol.) cet oifeau étoit confacré à Apollon. On hui croyoit un ramage très-mélodieux, mais c'étoit feulement lorfqul étoit fur le point de mourir. Je ne fai fur quel fondement on le regardoit comme un oifeau voluptueux ; mais c’étoit à ce titre, ou peut-être à caufe de la beauté de fon plumage. qu'il étoit confacré à Vénus. Jupiter s’eft métamor- phofé en cygne en faveur de Léda. Le char de Vénus eft quelquefois attelé de cygnes. | CYGNE, (Marethallerie.) encolure de cygne. Voyez ENCOLURE. (7) CYLINDRE, . m. nom que les Géomertres donnent à un corps folide, terminé par trois furfaces, dont deux font planes & paralleles, & l’autre convexe & circulaire. On peut le fuppofer engendré par la rota- tion d’un parallelogramme reftangle C BE F (PL, Géom. fig. 56.) autour d’un de fes côtés CF, lorfque le cylindre eft droit, c’eft-à-dire lorfque fon axe CF eft perpendiculaire à fa bafe. Un bâton rond eft un cylindre. Voyez SOLIDE. La furface d’un cylindre droit, fans y comprendre fes bafes, eft égale au reétangle fait de la hauteur du cylindre par la circonférence de fa bafe. Aïnfi la circonférence de la bafe, & par confé- quent la bafe elle-même , étant donnée, fi on mul- tiplie l’aire de cette bafe par 2, & qu’on ajoûte ce produit à celui de la circonférence de la bafe par la hauteur du cylindre, on aura la furface entiere du cy- lindre, & {a folidité fera égale au produit de la hau- teur par l'aire de la bafe. Car il eft démontré qu’un cylindre eft égal à un prifme quelconque qui a même bafe & même hauteur, ce qui eft aïfe à voir; & l’on démontre aufli aifément que la folidité d’un prifme eft égale au produit de fa bafe par fa hauteur, ME & ta folidité du cylindre elt égale à celle de ce prif- ‘me , qui eft le produit de fa hauteur par fa bafe. Foy. PRISME. | ’ De plus, le cone pouvant être regardé comme ane pyramide d’une infinité de côtés, & le cylindre comme un prifme d’une infinité de côtés, il s'enfuit wun coné eft Le tiers d’un cylirdre de même bafe & e même hauteur. Voyez CONE. Outre cela , un cyAndre eft à une fphere de même bafe & de même hauteur, comme 3 à 2. Ÿ. SPHE- RE. Voyez auffi CENTROBARIQUE. Tous les cylindres, cones, &c. font entr'eux en raifon compofée de leurs bafes & de leurs hauteurs. Donc f les bafes font égales, ils font entr'eux com- me leurs hauteurs; & fi leurs hauteurs font égales, ils font entr’eux comme leurs bafes. De plus, com- me les bafes des cones & des cylindres font des cer- cles, & que les cercles font en raifon doublée de leurs diametres ; il s’enfuit que les cylindres, les co- nes, &c. font entr’eux en raifon compofée de leurs hauteurs & du quarré des diametres de leurs bafes ; & que par confèquent fi leurs hauteurs font égales, ils font entr’eux comme les quarrés de leurs diame- tres. | L . Donc fi les hauteurs des cyZndres font égales aux diametres de leurs bafes, ils font entr’eux en raïfon triplée , ou comme les cubes de ces diametres. Les cylindres femblables font encore entr'eux en raifon triplée de leurs côtés homologues, comme auf de leurs hauteurs. Les cylindres, cones, Ec. égaux ont leurs bafes en raifon réciproque de leurs hauteuts, Foy. CONE. Enfin, un cylindre dont la hauteur eft égale au dia- metre de fa bafe , eft au cube de ce diametre à-peu- près comme 785 à 1000. Pour trouver un cercle égal à la furface convexe d’un cylindre droit, on fe fervira du théoreme fui- vant : la furface convexe d’un cylindre eft égale à un cercle dont le rayon eft moyen proportionnel entre la hauteur du cylindre & le diametre de fa bae, Voyez SURFACE, ÂIRE, Ec. | Le diametre d’une fphere & la hauteur d’un cy/in- dre qui lui doit être égal étant donnés , pour trouver le diametre du cylindre on fe fervira de ce theorème : le quarré du diametre de la fphere eft au quarré du diametre d’un cylindre qui lui eft égal, comme le tri- ple de la hauteur du cylindre eft au double du diame- tre de la fphere. Voyez SPHERE. Pour trouver le développement d’un'cyZzdre ou un efpace curviligne, qui étant roulé fur la furface du cylindre s’y applique & la couvre exattement, on décrira deux cercles d’un diametre égal à celui de la bafe ; on en trouvera la circonférence, & fur une li- gne égale à la hauteur du cylindre, on formera un reétangle dont la bafe foit égale à la circonférence trouvée. Ce rectangle roulé fur la furface du cyZ7- dre la couvrira exaétement. Ÿ. DÉVELOPPEMENT. Quand le cylindre eft oblique , la détermination de fa furface courbe dépend de la reéification de lellipfe ; car ayant imaginé un plan perpendiculaire à l’axe, & par conféquent à tous les côtés du cyl7- dre, ce plan formera fur le cylindre une ellipfe, &c la furface-du cylindre fera égale au produit de la cir- conférence de cette ellipfe par le côté du cylindre. Donc, 6c. (0) * CYLINDRE , ( Pharmacie, ) forme oblongue que Pon donne aux emplâtres quand on les a préparés, & que l’on veut les garder pour l’ufage. Voyez MAG- DALEON. 41 | | CYLINDRE, en terme de Blanchifferte de cire, eft un gros rouleau de bois appuyé de chaque bout par deux tourillons fur la baignoire ; lun des tourillons {e termine en manivelle. Ce cylindre tourne fans cef- fe dans la baignoire de d par e vers f (fig. 2.) ; il eft Tome IF, € Y M 593 couvert par-devant, für toute fa longueur, d’une bande de toile attachée à une barre de boïs qui porte fur les deux parois de la baignoire ; ce linge empê- che que le cylindre ne fe charge de plus d'eau qu'il n’en faut , ce qui rendroit les rubans défedtueux. F7, RuBAN 6 BAIGNOIRE, & la fig. PI, de la Blans chifferie des cires, & Varticle BLANCHIR. CYLINDRE, serme d’ Horlogerie, c’eft une piece de l’échappement des montres de M. Graham. Foyez EcHAppeMENT, voyez À CD, fig. 57 2: (T) CyLinores du Moulin à papier. Voyez l'article PAPETERIE. CYLINDRIQUE,, adj. (Géom.) fe dit de tout ce qui a la forme d’un cylindre , ou qui a quelque rap port au cylindre, Compas cylindrique, Voyez COMPAS. Miroir cylindrique. Voyez MIROIR. CYLINDROIDE, fub. m. fignifie quelquefois en Géométrie ; un corps folide qui approche de la figure d’un cylindre, mais qui en differe à quelques égards, par exemple , en ce que fes bafes oppofées & paral- leles font elliptiques , 6c, Ce mot vient des mots grecs ævawdhos , cylindre 5 & eidos, forme. (0) CYLINDROÏDE, (Géom.) eft aufli le nom que M. Parent a donné, d’après M. Wren, à un folide for mé par la révolution d’une hyperbole autour de fon {econd axe. On trouve dans lhiftoire de l’académie royale des Sciences de 1709, l'extrait d’un mémoire que M. Parent donna fur ce fujet à cette académie. Il démontra entr’autres une propriété remarquable du cylindroïide, favoir, que quand les deux axes de l’hyperbole génératrice auront un cèértain rapport avec ceux d’un fphéroïde applati qui y fera infcrit, les furfaces de ces fphéroïdes feront en égalité con tinue , comme celles de la fphere & du cylindre cir- confcrit, Foyez l’article CONO1DE , où vous trou- verez une méthode pour déterminer la furface des conoïdes , qui peut fervir à démontrer la.proprièté dont il s’agit C’eft un travail que nous faïffons à l’in- duftrie de nos leéteurs, (0 ) . CYMAISE ox CIMAISE, £ f, (Architeët.) quel- ques auteurs ont donné ce nom à la doufine (voyez MouLuREs): mais en général on doit entendre par ce terme la cime ou partie fupérieure de la corniche d’un entablement ; de forte-que toutes les moulures circulaires, grandes ou petites, qui fe trouvent {é- parées par des larmiers ( voyez LARMIER), font ap- pellées enfemble cimaife: c’eft pourquoi l’on dit dans l’entablement tofcan (voyez ENTABLEMENT), qu'il eft compofé de deux cimaifes & d’un larmier , l’une fupérieure & l’autre inférieure, ainfi dès autres en- tablemens des ordres. L’on appelle auffi cmaife la partie du chapiteau tofcan & dorique (voyez CHa- PITEAU), placé entre le gorgerin & Le tailloir. Foy GoRGERIN & TAILLOIR, (P) | CYMBALE. (Lurherie.) On a fait venir ce môt de trois racines différentes ; favoir, de #ugos, courbes de xUrenAors unie raffe ou gobeler , & de gevn, voix. [fi= dore tire cymbalum, de cum, avec, & ballematice ; danfe immodefte, qui fe danfoit en jouant dé cet inftrument. La véritable étymologie de ce mot eft xupGac ’ cavité, ; L'inftrument que les anciens appellent cyrbale, enlatincyrrhalum , 8 en grec xuubañay, étoit d’airain comme nos tymbales , mais plus petit &c d’un ufage différent. Cafiodore & Ifidore les appellent acérabule, c’eft- -dire l’emboîture d’un os, la cavité ou la finuofité d’un os dans laquelle un autre'os s’emboîte , parce qu’elle reflembloit à cette finuofité. C’eft encore pour cela que Properce les appelle des ir/frumens d’airain qui font ronds, & que Xenophon les com- pare à la corne d’un cheval qui eft uS pas F S94 CYM toit encore, parce que cymbale s’eft pris non-feule- ! ment pour un inftrument de mufique, mais encore pour-un.baflin, un chauderon , un gobelet, un caf- que, & même pour un fabot, tels que-ceux qu'Em- pedocles portoit, & qui étoient de cuivre. Du refte ils ne reflembloient point à nos tymba- les, & lufage en étoit différent. Les cyrmhales avoient un manche attaché à la cavité extérieure, ce quifait | que Pline les compare au haut de la cuifle , & d’au- tres à des phioles. 7 On les frappoit l’une contre Pautre en cadence, _& elles formoient un fon très-aigu. Selon les Payens &’étoit-une invention de Cÿbele: de-là vient qu’on en jouoit dans fes fêtes & dans fes facrifices. Hors de-là il n’y avoit que des gens mous & efféminés qui jouaflent de cet inftrument. On en a attribué linvention aux Curetes &c aux habitans du mont Ida dans l’île de Crete. Il eft cer- tain -que ceux-ci, de même que les Corybantes, milice qui formoit la garde des rois de Crete:, les Telchiniens peuple de Rhodes, & les Samothraces, ont été célebres par le fréquent ufage qu'ils faifoient de’cet inftrument & leur habileté à en jouer. Voyez CORYBANTES. Les Juifs avoient aufi des cymbales, où du moins un inftrument que.les anciens interpretes grecs, la- tins, & les traduéteurs anglois nomment cyrrbale. Mais il eft impoffble de favoir au juite ce que c’é- toit que cet inftrument. Otave des bafles. UT & RÉ ) MI FA & SOL & LA |} SI 5 .…0- .0. OO O 0O O O O GO 0.0 ir O OO, O O Oo O O O OLLUO OMC. J 9 O0 0 0 Q (e] O O0 Oo Oo 0 UT % RÉ |, MI FA x SOL KX LA |, SI 3l0 0 © 0 0 © 0 0 o 0 00 5 | 0, 20:80, 107 0: NOMOIMOMIO TS 00 0 TIVOUMOM OT O0 4-0 00. 0 2 DAC O 10 Clé de C-fol-ur. Clé de G-ré-fo1, Les tuyaux UT, UT, ut, ur, font à l’uniflon de même que les tuyaux RÉ,RÉ,ré,ré, &c. au lieu que. fi la fourniture étoit un jeu fans reprifes, le tuyau UT feroit à l’oétave du tuyau T; le tuyau ut, à l’'ottave d’UT feroit à la double oétave de UT: le tuyau wr, à l’oftave d’ur feroit à la triple oûtave de celui UT; ainfi l’on voit que la fourniture n’eft ._ compofée que d’une oûtave répetée quatre fois, & par conféquent qu'il n’a point de bafles , puifque tous les #r 8 tous les ré, font à l’uniflon. C’eft pour- quoi on,ne peut employer le jeu feul, non plus que la cymbale, qui ne diffère de ce jeu-ci qu’en ce que les-tuyaux font de plus menue taille, & qu’elle fon- ne J’ottaye ou la quinte au-deflus de la fourniture ; du refte elle a les mêmes reprifes que nous avons marqué fe faire en C'fol ur, & qui pourroient égale- ment bien fe faire en Fur fa ; ainf que quelques fa- éteurs le pratiquent. Les chiffres 1, 3, $, placés au commencement des rangées dezéros, font connoître que le premier rang 1 étant regardé comme fon fondamental, le fe- cond rang 3 fonne la tierce au-deflus, le troifieme $ forme la quinte; enforte, comme 1l a été dit, que fur chaque touche on entend l'accord parfait ze mi ol, ré pr La, mi fol fr, &c. auquel on peut ajoûter l’'oétave, fi on ajoûte un rang de plus. On peut mé- me encore ajoûter plufeurs rangs, en répétant par uniflon l’ottave, la quinte ou la tierce. La fourni- ture, qui eft l’autre partie du plein jeu, ne differe point de la cymbale. RP OR La cymbale moderne eft un inftrument de mufiqué dont les gueux accompagnent le fon de la vielle. C’eft un fil d’acier de figure triangulaire , dans le- quel font pañlés cing anneaux, qu’on touche & qu’- on promene dans ce triangle avec une verge auf de fer, dont on frappe de cadence les côtés du trian- gle. Voyez Le didlionn. de Trév. & Chambers. (G) CYMBALE, Jeu d'Orgue, eft un de ceux que l’on appelle compofés, c’eft-à-dire qui ont plufieurs tuyaux fur chaque touche qui parlent tous à la fois. Elle eft compofée des oétaves de deflus des jeux , dont les cornets font compotés , mais avec cette différence que les tuyaux ne fuivent la regle du diapafon que par une oftave, au lieu que ceux des autres jeux vont.continuellement en diminuant de largeur pen- dant quatre oftaves. La cymbale n’a donc propre- ment qu'une oétave, qui fe répete autant de fois que le clavier en contient; l’exemple fuivant va en faire voir la difpofition : les rangées de zéros verticales repréfentent les tuyaux qui parlent à la fois fur une même touche, & la fuite des mêmes zéros prife fe- lon les lignes horifontales, ceux qui répondent aux différentes touches du clavier. On faura auffi que les tuyaux qui répondent à une même touche font l’ac- cord parfait, dont ondouble les oétaves , les quin- tes ou les tierces, fi on met plus de trois rangs de tuyaux à la fourniture. Otave des bafles tailles. UT x RÉ } MI FA x SOL X LA 4 SI OuOMD RO TOM OO NOR CCRTAIOES OpuO 20% 00e = DL OL N OT MO MOLEOTO O0 O0 0.10 - 0. COPSOMEO ON Or Clé F-ut-fa. Octave des deflus, UT x RÉ |, MI FA x SOL X LA } SI UT O7" 01400 M0 ON 107 MON OM OMONOMET 01,0 ‘0,0 "0 -© "Of 407 MO 1r0 07107 "10 0°" 0" ©. "O' l'O M OC Dm OO OMOMO D . * CYNIQUE, feête de philofophes anciens. (Æ/4. de la Philofophie.) Le Cynifme fortit de l’école de Socrate, & le Stoicifme de l’école d’Antifthene. Ce dernier dégoüté des hypothefes fublimes que Pla- ton & les autres philofophes de la même fete fe glo- rifioient d’avoir apprifes de leur divin maître, fe tourna tout-à-fait du côté de létude des mœurs & de la pratique de la vertu , & il ne donna pas em cela une preuve médiocre de la bonte de fon juge- ment. Il falloit plus de courage FER fouler aux piés ce qu'il pouvoit y avoir de faftueux & d’impofant dans les idées Socratiques, que pour marcher fur la pourpre du manteau de Platon. Antifthene , moins connu que Diogene fon difciple, avoit fait le pas difficile. Il y avoit au midi d’Athenes, hors des murs de cette ville , non loin du Lycée, un lieu un peu plus élevé, dans le voifinage d’un petit bois.Celieu s’ap- pelloit Cyrofarge. La fuperftition d’un citoyen allar- mé de ce qu’un chien s’étoit emparé des viandes qu'il avoit offertes à fes dieux domeftiques , &c les avoit portées dans cet endroit, y avoit élevé un temple à Hercule, à linftigation d’un Oracle qu’il avoit inter- rogé fur ce prodige. La fuperflition des anciens tranf- formoit tout en prodiges, 6 leurs oracles ordonnoient toñjours ou des autels ou des facrifices. On facrifoit aufli dans ce temple à Hébé, à Alcmene, & à lolas. Il y avoit aux environs un symnafe particulier pour les étrangers & pour les ezfans illégitimes. On don- noit çe nom, dans Athenes, à ceux qui étoient nés CYN "dun pere Athénien & d’une mere étrangere. C’étoit à qu'on accordoit aux efclaves la liberté , & que des juges examinoient & décidoient les contefta- tions occafñonnées entre les citoyens par des naïf- Tances fufpeltes ; & ce fut aufli dans ce lieu qu'An- tifthene fondateur de la feéte cynique s’établit & don- na fes premieres leçons. On prétend que fes difciples en furent appellés Cyriques, nom qui leur fut confir- mé dans la fuite, par la fingularité de leurs mœurs 6c: de leurs fentimens , & par la hardieffe de leurs ac- tions & de leurs difcours. Quand on examine de près la bifarrerie des Cyniques, on trouve qu’elle confif- hoit principalement à tranfporter au milieu déia {o- cièté les mœurs de l’état de nature. Ou ils ne s’ap- percurent point, ou ils fe foucierent peu du ridicule qu'il y avoit à affecter parmi des hommes corrompus & délicats, la conduite & les difcours de l’innocen- ce des premiers tems , & la rufticité des fiecles de l’Animalité. | _ Les Cyniques ne demeurerent pas long tems ren- fermés dans le Cynofarge. Ils {e répandirent dans toutes les provinces de la Grece, bravant les pré- jugés , préchant la vertu, & attaquant le vice fous quelque forme qu’il fe préfentât. Is fe montrerent particulierement dans les lieux facrés & fur Les pla- ces publiques. Il n’y avoit en effet que la publicité qui pût pallier la licence apparente de leur philofo- phie. L’ombre la plus legere de fecrer, de honte, & de ténebres., leur auroit attiré dès le commencement des dénominations injurieufes & de la perfécution. Le grand jour les en garantit. Comment imaginer, en effet, que des hommes penfent du mal à faire & à dire ce qu'ils font & difent fans aucun myftere ? Antifthene apprit l’art oratoire de Gorgias le fo- phifte , qu'il abandonna pour s'attacher à Socrate, entraînant avec lui une partie de fes condifciples. Il fépara de la doétrine du philofophe ce qu'elle avoit de folide & de fubftantiel , comme il avoit démêlé des préceptes du rhéteur ce qu'ils avoient de frap- pant & de vrai. C’eft ainfi qu'il fe prépara à la pra- tique ouverte de la vertu & à la profeflion publique de la philofophie. On le vit alors fe promenant dans les rues l’épaule chargée d’une beface , le dos cou- vert d’un mauvais manteau, le menton hériffé d’une longue barbe , & la main appuyée fur un bâton, mettant dans Le mépris des chofes extérieures un peu plus d’oftentation peut-être qu’elles n’en méritoient. C’eft du moins la conjetture qu'on peut tirer d’un mot de Socrate, qui voyant fon ancien difciple trop fier d’un mauvais habit, lui difoit avec fa fineffe or- dinaire : Aruffhene, je t’apperçois a-travers un trou de ta robe. Du refte, 1l rejetta loin de lui toutes les commodités de la vie : il s’affranchit de la tyrannie du luxe & des richefles, & de la pañlion des fem- mes, de la réputation & des dignités, en un mot de tout ce qui fubjugue & tourmente les hommes ; &c ce fut en s’immolant lui-même fans réferve qu’il crut acquérir le droit de pourfuivre Les autres fans mé- nagement. Il commença par venger la mort de So- crate ; celle de Mélite & l'exil d’Anyte furent les fuites de l’amertume de fon ironie. La dureté de fon caractere , la févérité de fes mœurs, & les épreuves auxquelles il foûümettoit fes difciples , n’empêcherent point qu'il n’en eût: mais il étoit d’un commerce trop difficile pour les conferver ; bien-tôt 1l éloigna les uns, legautresfe retirerent, & Diogene futpref- que le feul qui lui refta., _ La fee cynique ne fut jamais fi peu nombreufe & f refpetable que fous Antifthene. Il ne fufhfoit pas pour être cyrique de porter une lanterne à fa main, de coucher dans les rues ou dans un tonneau, & d’ac- cabler les paffans de vérités injurieufes. « Veux-tu # que je fois ton maître, & mériter le nom de mon #» difciple, difoit Antifthene à celui qui fe préfentoit . Tome IF, CYN 95 » à la porte de fon école : commence par ne te ref- » fembler en rien, & par ne plus rien faire de ce que » tu faifois. N’accufe de ce qui t’arrivera ni les hom- » mes ni les dieux. Ne porte ton defir & ton aver- » fion que fur ce qu’il eft en ta puiffance d'approcher » ou d’éloigner de toi. Songe que la colere, l'envie, » l'indignation, la pitié, font des foiblefles indignes » d’un philofophe. Si tu es tel que tu dois être, tu » n'autas jamais lieu de rougir. Tu laïfferas donc la » honte à celui qui fé reprochant quelque vice fe- » cret , n’ofe fe montrer à découvert. Sache que la » volonté de Jupiter fur le cyrique, eft qu'il annon- » ce aux hommes le bien & le mal fans flaterie, & » qu'il leur mette fans ceffe fous les yeux Les erreurs » dans lefquelles ils fe précipitent ; & fur-tout ne » crains point la mort, quand il s'agira de dire la vé- » rité ». | Il faut convenir que ces leçons ne pouvoientgunere germer que dans des ames d’une trempe bien forte. Mais auf les C'yriques demandoient peut-être trop aux hommes, dans la crainte de n’en pas obtenir af- fez. Peur-être feroit-1l auf ridicule d’attaquer leur philolophie par cet excès apparent de févérité, que de leur reprocher le motif vraiment fublime fur le- quel ils en avoient embraflé la pratique. Les hom- mes marchent avec tant d’indolence dans le chemin de la vertu, que l’aiguillon dont on les prefle ne peut être trop vif, & ce chemin eft fi laborieux à fuivre, qu'il n’y a point d’ambition plus louable que celle qui foûtient l’homme &c le tranfporte à-travers les épines dont il eft femé. En un mot ces anciens philofophes étoient outrés dans leurs préceptes, par- ce qu'ils favoient par expérience qu'on fe relâche toùjours aflez dans la pratique ; & ils pratiquoient eux-mêmes la vertu, parce qu'ils la regardoient com- me la feule véritable grandeur de l’homme ; & voilà ce qu'il a plà à leurs détraéteurs d’appeller varise ; reproche vuide de fens & imaginé par des hommes en qui la fuperflition avoit corrompu l’idée natu- relle & fimple de la bonté morale. Les Cyniques avoient pris en averfon la culture des Beaux- Arts. Ils comptoient tous les momens qu’on y employoit comme un tems dérobé à la pra- tique de la vertu & à l'étude de la Morale. Ils rejet- toient en conféquence des mêmes principes, & la connoiïflance des Mathématiques & celle de la Phy- fique, & l’hiftoire de la Nature ; ils affectoient fur- tout un mépris fouverain pour cette élégance parti- culiere aux Athéniens, qui fe faifoit remarquer & fentir dans leurs mœurs, leurs écrits, leurs difcours, leurs ajuftemens, la décoration de leurs matfons ; en uñ mot dans tout ce qui appartenoit à la vie civile. D'où l’on voit que sil étoit très-difficile d’être auffi vertueux qu'un cyzique, rien n’étoit plus facile que d’être aufh ignorant &c auffi groflier. | L’ignorance des Beaux-Arts & le mépris des dés cences furent l’origine du difcrédit où la feête tom- ba dans les fiecles fuivans. Tout ce qu'il y avoit dans les villes de la Grece & de l'Italie de boufons , d’um- pudens, de mendians, de parafites, de gloutons, 8&c de fainéans ( & il y avoit beaucoup de ces gens - là fous les empereurs } prit effrontément le nom de cy- niques. Les magüttrats, les prêtres, les fophuftes, les poëtes, les orateurs, fous ceux qui avoient été au paravant les viétimes de cette efpece de philofophie crurent qu'il éroit tems de prendre leur revanche; tous fentirent le moment ; tous éleverent leurs cris à la fois ; on ne fit aucune difinétion dans-les invec- tives, & le nom de cyzique fut univerfellement ab- horré. On va juger par les principales maximes de la morale d’Antifthene, qui avoit encore dans ces der- niers tems quelques véritables difciples , fi cette con- damnation des Cyriques fut auf juite qu'elle fut gés nérale, “is | FFffi 596 CYN Antifthene difoit : La vertu fuffit pour le bonheur. Celui qui la poflede n’a plus rien à defirer , que la perfévérance & la fin de Socrate. L'exercice a quelquefois élevé l’homme à la ver- tu la plus fublime. Elle peut donc être d’infütution & le fruit de ladifcipline. Celui qui penfe autrement ne connoît pas la force d'un précepte , d’une idée. C'’eft aux aions qu'on reconnoit l’homme ver- tueux. La vertu ornera fon ame aflez , pour qu'il pufle négliger la faufle parure de la Science, des Arts, & de l’Eloquence. Celui qui fait être vertueux n’a plus rien à ap- prendre ; & toute la Philofophie fe réfout dans la pratique de la vertu. La perte de ce qu’on appelle g/oire eft un bonheur; ce font de longs travaux abrégés. Le fage doit être content d’un état qui lui donne la tranquille jouiffance d’une infinité de chofes , dont les autres n’6nt qu’une contentieufe propriété. Les biens font moins à ceux qui les poffedent, qu’à ceux qui favent s’en pañler. C’eft moins felon les lois des hommes que felon les maximes de la vertu, que le fage doit vivre dans la république. M Si le fage fe marie, il prendra une femme qui foit belle , afin de faire des enfans à fa femme. Il n’y a, à proprement parler, rien d’étranger ni d’'impoffible à l’homme fage. L’honnête homme eft l’homme vraiment aimable. Il n’y a d'amitié réelle qu'entre ceux qui font unis par la vertu. | La vertu folide eft un bouclier qu’on ne peut nt enlever, ni rompre. C’eft la vertu feule qui répare la différence & l'inégalité des fexes. La guerre fait plus de malheureux qu'elle n’en emporte. Confulte l’œil de ton ennemi; car 1l ap- percevra le premier ton défaut. Il n’y a de bien réel que la vertu, de mal réel que le vice. Ce que le vulgaire appelle des biens & des maux , font toutes chofes qui ne nous concernent en rien. Un des arts les plus importans & les plus difici- les, c’eft celui de defapprendre le mal. On peut tout fouhaiter au méchant, excepté la valeur | La meilleure provifion à porter dans un vaiffeau qui doit périr, c’eft celle qu’on fauve toüjours avec {oi du naufrage. Ces maximes fuffifent pour donner une idée de la fageffe d’Antifthene ; ajoütons-y quelques-uns de fes difcours fur lefquels on puifle s’en former une de {on caractere. Il difoit à celui qui lui demandoit par quel motif 1l avoit embrafté la Philofophie, c’e/? pour vivre bien avec moi ; à un prêtre qui l’initioit aux myfteres d’Orphée, & qui lui vantoit le bonheur de l’autre vie, pourquoi ne meurs =tu donc pas? aux Thébains enor- gueillis de la viétoire de Leuétres , qu’ils reffembloient a des écoliers tout fiers d’avoir battu leur maïtre : d’un certain Ifmenias dont on parloit comme d’un bon fi- teur, que pour cela mémelil ne valoit rien ; car s’il va- loit quelque chofè, il ne feroit pas ft bon fliteur. D'où l’on voit que la vertu d’Antifthene étoit cha- grine. Ce qui arrivera toüjours, lorfqu'on s’opiniä- trera à fe former un caractere artificiel & des mœurs fadices. Je voudrois bien être Caton; mais je crois qu'il men coûteroit beaucoup à moi & aux autres, avant que je le fuffe devenu. Les fréquens facrifices que je ferois obligé de faire au perfonnage fublime que j’aurois pris pour modele, me rempliroient d’une bile Âcre & cauftique qui s’épancheroït à chaque inftant au-dehors. Et c’eft-là peut-être la raïfon pour laquelle quelques fages& certains dévots aufteres {ont fiujets à la mauvaife humeur. Ils reflentent fans cefle Ja contrainte d’un rôle qu'ils {e font impolé, & pour CYAN lequel la nature ne les a point faits ; & ils s’en prene nent aux autres du tourment qu'ils fe donnent à eux- mêmes. Cependant il wappattient pas à tout le monde de fe propofer Caton pour modele. « Diogene difciple d’Antifthene nâquit à Sinope ville de Pont, la troifième année de la quatre-vingt- onzieme olympiade. Sa jeunefle fut difolue. Il fut banni pour avoir rogné les efpeces. Cette avanture fâcheufe le conduifit à Athenes où il n’eut pas de peine à goûter un genre de philofophie qui lui pro- mettoit de la célébrité, & qui ne lui prefcrivoit d’a- bord que de renoncer à des richefles qu'il n’avoit point. Antifthene peu difpofé à prendre un faux monnoyeur pour difciple , le rebuta ; irrité de fon attachement opimiâtre, il fe porta même jufqu’à le menacer de fon bâton. Frappe, lui dit Diogene , ne trouveras point de bäton afle; dur pour m'éloigner de toi, tant que tu parleras. Le banni de Sinope prit, en. dépit d’Antifthene, le manteau, le bäton & la be- face : c’étoit l'uniforme de la feéte. Sa converfon fe fit en un moment. En un moment il conçut la hax ne la plus forte pour le vice, & il profefla la fru- galité la plus auftere. Remarquant un jour une fou- ris qui ramafoit les miettes qui fe détachoïent de fon, pain ; &c m0 auffr, s’écria-t-1l, 7e peux me contenter. de ce qui tombe de leurs tables. Il n’eut pendant quelque tems aucune demeure fi xe ; il vêcut, repofa, enfeigna, converfa , par-tout où le hafard le promena. Comme on différoit trop à lui bâtir une cellule qu'il avoit demandée, il fe ré- fugia, dit-on, dans un tonneau, efpece de maïfons à l’ufage des gueux, long-tems avant que Diogene les mit à la mode parmi fes difciples. La févérité avec laquelle les premiers cénobites fe font traités par efprit de mortification, n’a rien de plus extraor- dinaire que ce que Diogene & fes fuccefleurs exé- cuterent pour s’endurcir à la Philofophie. Diogene fe rouloit en été dans les fables brûülans ; il embraf- foit en hyver des ftatues couvertes de neige; il mar- choit Les piés nuds fur la glace; pour toute nourri- ture il fe contentoit quelquefois de brouter la pointe des herbes. Qui ofera s’offenfer après cela de le voir dans les jeux 1fthmiques fe couronner de fa propre main, & de l'entendre lui-même fe proclamer vaine queur de l’ennemi le plus redontable de l’homme, la volupré ? | Son enjoüement naturel réfifta prefque à l’aufté- rité de fa vie. Il fut plaifant, vif, ingénieux, élo- quent. Perfonne n’a dit autant defbons mots. Il fai- foit pleuvoir le fel & l'ironie fur les vicieux. Les Cy- niques n’ont point connu cette efpece d’abftraétion de la charité chrétienne, qui confifte à diftinguer le vice de la perfonne. Les dangers qu’il courut de la part de fes ennemis, & auxquels il ne paroït point qu’Antifthene fon maître ait jamais été expoié, prou- vent bien que le ridicule eft plus difficile à fupporter que l’injure. Ici on répondoit à fes plaifanteries avec des pierres ; là on lui jettoit des os comme à un chien. Par-tout on le trouvoit également infenfble. IL fut pris dans le trajet d’Athenes à Egine, conduit en Crete, & mis à l’encan avec d’autres efclaves. Le crieur public lui ayant demandé ce qu'il favoit : commander aux hommes , lui répondit Diogene; & tu peux me vendre à celui qui a befoin d’un maïtre. Un corinthien appellé Xerzade, homme de jugement fans doute, l’accepta à ce titre, profita de fes le çons, & lui confia l’éducation de fes Éhfans. Dio- gene en fit autant de petits Cyniques ; & en trés-peu de tems ils apprirent de lui à pratiquer la vertu, à manger des oignons, à marcher les piés nuds, à n’a- voir befoin de rien, & à fe moquer de tout. Les mœurs des Grecs étoient alors très-corrompues. Li- bre de fon métier de précepteur , il s’appliqua de tonte {a force à réformer celles des Corinthiens. I! fe:montra donc dans leurs aflemblées publiques ; il ÿ harangua avec fa franchife & fa véhémence or- dinaires ; &c il réuflit prefque à en bannir les mé- chans, fi non à les corriger. Sa plaifanterie fut plus redoutée que les lois. Perfonne n’ignore fon entre- tien avec Alexandre ; mais ce qu’il importe d’obfer- ver, cet qu'en traitant Alexandre avec la derniere hauteur, dans un tems où la Grece entiere fe prof- ternoit à {es genoux, Diogene montra moins encore dé mépris pour la grandeur prétendue de ce jeune ambitieux, que pour la lâcheté de fes compatriotes. Perfonne n’eut plus de fierté dans l’ame, ni de cou- rage dans l’efprit, que ce philofophe. Il s’éleva au- deffus de tout évenement, mit fous fes piés toutes les terreurs, & fe joia indiftintement de toutes les folies, À peine eut-on publié le decret qui ordon- noit d’adorer Alexandre fous le nom de Bacchus de l'Inde, qu’il demanda lni à être adoré fous le nom de Serapis de Grece. Cependant fes ironies perpétuelles ne refterent point fans quelque efpece de reprefaille, On le noir- cit de mille calomnies qu’on peut regarder comme la monnoie de fes bons mots, Il fut accufé de fon tems, & traduit chez la poftérité comme coupable de l’obfcénité la plus exceffive. Sôn tonneau ne fe préfente encore aujourd’hui à notre imagination pré- venue qu'avec un cortépe d'images deshonnèêtes ; on n’ofe regarder au fond. Mais les bons efprits qui s’occuperont moins à chercher dans l’hifloire ce qu'elle dit, que ce qui eft la vérité, trouveront que les foupçons qu’on a répandus fur fes mœurs n’ont eu d'autre fondement que la licence de fes princi- _pes. L’hiftoire fcandaleufe de Lais eft démentie par mille circonftances ; & Diogene mena une vie fi fru- gale & fi laborieufe , qu'il put aïfément fe pañler de femmes, fans ufer d'aucune reffource honteufe. Voilà ce que nous devons à la vérité, & à la mé- moire de cet indécent , mais très-vertueux philofo- phe. De petits efprits , animés d’une jaloufie bañle contre toute vertu qui n’eft pas renfermée dans leur fete , nes’acharneront que trop à déchirer les fages de l'antiquité, fans que nous les fecondions. Faifons plûtôt ce que l'honneur de la philofophie & même de l'humanité doit attendre de nous : reclamons con- tre ces voix imbécilles , & tâchons de relever, s'il fe peut, dans nos écrits Les monumens que la recon- noiïflance & la vénération avoient érigés aux phi- ofophes anciens, que le tems a détruits, & dont la fuperftition voudroit encore abolir la mémoire. Diogene mourut à l’âge de quatre-vingts-dix ans. On le trouva fans vie, enveloppé dans fon manteau. Le miniftere public prit foin de fa fépulture. Il fut inhumé vers la porte de Corinthe, qui conduifoit à l’Ifthme. On plaça fur fon tombeau une colonne de marbre de Paros, avec le chien fymbole de la feéte ; &t fes concitoyens s’empreflerent à l’envi d’éterni- ferleurs regrets, & de s’honorer eux-mêmes, en enri- chifflant ce monument d’un grand nombre de figures d’airain. Ce font ces figures froides & muettes qui dépofent avec force contre les calomniateurs de Diogene; & c’eft elles que j'en croirai, parce qu’el- les font fans pafñon, Diogene ne forma aucun fyftème de Morale; il fuivit la méthode des philofophes de fon tems. Elle confftoit à rappeller toute leur doétrine à un petit nombre de principes fondamentaux qu'ils avoienttoüjours préfens à l’efprit, qui diétoient leurs réponfes , &c qui dirigeoient leur conduite. Voici ceux du philofophe Diogene. | Îl y a un exercice de l'ame, & un exercice du corps. Le premier eft une fource feconde d'images fublimes qui naiflent dans l’ame , qui l’enflamment & qui l’élevent. Il ne faut pas négliger le fecond, CYAN 597 parce que l’homme n’eft pas en fanté, fi l’une des deux parties dont il eft compofé eft malade. Tout s’acquiert par l'exercice ; il n’en faut pas même excepter la vertu. Mais les hommes ont tra- vaillé à fe rendre malheureux, en fe livrant à des exercices qui font contraires à leur bonheur , parce qu'ils ne font pas conformes à leur nature. L’habitude répand de la douceur jufque dans le mépris de la volupté. On doit plus à la nature qu’à la loi. | Tout eft commun entre le fage & fes amis. ILeftau milieu d'eux comme l’Etre bien-faifant & fuprème au milieu de fes créatures. Il n’y a point de fociété fans loi. C’eft par la Lot Ses le citoyen jouit de fa ville, & le républicain de a république. Mais fi les lois font mauvaifes, lhom- me eft plus malheureux & plus méchant dans la {o- ciété que dans la nature. Ce qu’on appelle gloire eft l’appas de la fottite , & ce qu’on appelle zob/efle en eft le mafque. Une république bien ordonnée feroit l’image de l’ancienne ville du Monde. | Quel rapport effentiel y a-t-il entre l’Aftronomie , la Mufique , la Géométrie, & la connoïffance de fon. devoir & l’amour de la vertu ? Le triomphe de foi eft la confommation de toute philofophie. La prérogative du philofophe ef de n’être furpris par aucun évenement. Le comble de la folie eft d’enfeigner la vertu, d’en faire l'éloge, & d’en négliger la pratique. Il feroit à fouhaiter que le mariage fût un vain nom, & qu’on mit en commun les femmes &c les en- fans. | Pourquoi feroit-il permis de prendre dans la Na- ture ce dont on a befoin , & non pas dans un Tem- le ? L'amour eft l'occupation des defœuvrés. L'homme dans l’état d’imbécillité reflemble beau« coup à animal dans fon état naturel. Le médifant eft la plus cruelle des bêtes farou- ches, &c le flatteur la plus dangereufe des bêtes pri- vées. Il faut réfifter à la fortune par le mépris , à la loï par la nature, aux paffons par la raifon. Aye les bons pour amis, afin qu'ils encouragent À faire le bien ; & les méchans pour ennemis, afin qu'ils empêchent de faire le mal. Tu demandes aux dieux ce qui te femble.bon, & ils t'exauceroient peut-être , s'ils n’avoient pitié de ton imbécillité. Traite les grands comme le feu, & n’en fois ja- maïs ni trop éloigné, ni trop près. | Quand je vois la Philofophie & la Medecine, l’homme me paroît Le plus fage des animaux, difoit encore Diogene ; quand je jette les yeux fur l’Aftro- logie & la Divination, je n’en trouve point de plus fou ; & il me femble, pouvoit-il ajoûter, que la fu- perftition & le defpotifme en ont fait le plus mifé- rable. | Les fuccès du voleur Harpalus (c’étoit un des lieu- tenans d'Alexandre) m'inclineroient prefque à croi- re, ou qu'il n’y a point de dieux, ou qu'ils ne pren- nent aucun fouci de nos affaires. Parcourons maintenant quelques-uns de fes hons mots. IL écrivit à fes compatriotes : « Wous m'avez » banni de votre ville, € moi Je vous relepue dans vos » maifons. Vous refleya Sinope, € je m'en vais à Athe- » nes, Je m'entretiendrai tous Les jours avec les plus hon- » néêtes gens » pendant que vous Jerez dans la plus mau- » vaifé compagnie »#, On lui difoit un jour : 07 fe mo- que de toi , Diogene ; & 1 répondoit, € moi je 11e me Jens point moqué. Il dit à quelqu'un qui lui remontroit ‘dans'une maladie qu’au lieu de fupporter la douleur, 598 CYN il feroit beaucoup mieux de s’en débarraffer en fe don- want [a mort, lurfurtout qui paroifloit tant méprifer la vie: « Ceux qui favent ce qu'il faut faire Eee qu'il » faut dire dans le monde , doivent y demeurer ; & c’ef? % dtoi d'en fortir qui me parois ignorer l'un Gr autre ». Il difoit de ceux qui Pavoient fait prifonnier : « Les » lions font moins les efclaves de ceux qui les nourrif= » fent, que ceux-ci re font les valets des lions ». Con- fulté fur ce qu’on feroit de fon corps après fa mort: » Vous L2 laifferez » dit-il, fir la serre ». Et fur ce qu”- on lui repréfenta qu’il demeureroit expofé aux bêtes éroces & aux oïfeaux de proie : « Now, repliqua-t- » il, vous n'aurez qu'a mettre auprès de moi mon ba- » con ». JPomets fes autres bons mots qui font afez connus. Ceux-ci fufifent pour montrer que Diogene avoit le caraëtere tourné à l’enjouement, & qu'il y avoit plus de tempétament encore que de philofophie dans cette infenfibilité tranquille & gaie, qu’il a pouflée aufli loin qu'il eft poffible à la nature humaine de la porter, « C’éreit, dit Montagne dans fon ftyle éner- # gique & original qui plaît aux perfonnes du meil- # leur goût, lors même qu'il paroït bas & trivial, # une efpece de lawrerie fpirituelle , qui a un air de fanté s» que la Philofophie ne méprife pas ». Il ajoûte dansun autre endroit : « Ce cynique qui baguenaudoit à part » foi & hochoit du nez le grand Alexandre , nous efii- » mant des mouches ou des veffies pleines de vent , éroit » bien juge plus aigre & plus poignant que Timon , qui » fut furrommé le haifleur des hommes ; car ce qu’on » hair, on le prend a cœur : celui-ci nous fouhaïtoit du # mal, étoit pafionné du defir de norre ruine , fuyoit no- » tre converfation comme dangereufe ; l’autre nous efli- » moit ft peu , que nous ne pouvions ni le troubler, ni » l’altèrer par notre contagion ; s’il nous laiffoit de com- » pagnie, c'étoit pour le dedain de notre commerce, 6 # non pour la crainte qu’il en avoit ; il ne nous tenoir » capables ni de lui bien ni de lui mal faire à. Il y eut encore des Cyrigues de réputation après la mort de Diogene. On peut compter de ce nom- bre: Xéniade , dont il avoit été l’efclave. Celui-ci jetta les premiers fondemens du Scepticifme , en foûte- nant que fous étoit faux , que ce qui paroiffoit de nou- veau naiffoit de rien ; 6 que ce qui difparoiffoit retour- J2OLÉ 4 .FLeTz, Onéficrite, homme puflant &z confidéré d’Alexan- dre. Diogene Laërce raconte qu'Onéficrite ayant envoyé le plus jeune de fes fils à Athenes où Dio- gene profefloit alors la Philofophie , cet ehfant eut à peine entendu quelques-unes de fes leçons, qu’il devint fon difciple ; que l’éloquence du philofophe prodiufit le même effet fur fon frere aîné, & qu'O- néficrite lui-même ne put s’en défendre. Ce Phocion, que Démofthene appelloit Zz coignée de fes périodes , qui fut furnommé l’homme de bien, que tout l’or de Philippe ne put corrompre, qui de- mandoit à fon voifin, un jour qu’il avoit harangué avec des plus grands applaudifflemens du peuple, s’il n’avoit point dit de fottifes. Stilpon de Megare, & d’autres hommes d’état. Monime de Syracufe , qui prétendoit que ous étions trompés fans ceffe par des fimulacres ; fyftème . dont Malbranche n’eft pas éloigné, & que Berkley a fuivi. Voyez CoRPs. | . Cratès de Thebes , celui qui ne fe vengea d’un foufflet qu'il avoit reçu d’un «certain Niccdromus , qu’en faifant écrire au bas de fa joue enflée du fout- flet:s « C’eft de la main de Nicodrome , NrcoDro- » MUS FECIT » ; allufon plaifante à l’ufage des Peintres, Cratès facrifia les avantages de la naiffan- ce & de la fortune à l4 pratique de la Phxlofophie cy- nique. Sa vertu lui mérita la plus haute confidération dans Athenes, Il connut toute la force de cette ef- pece d'autorité publique, & ilen ufa pour rendre fes compatriotes meilleurs. Quoiqu'il fût laid de vi- fage ê boflu , 1l infpira la pañlion la plus violente à Hipparchia , fœur du philofophe Métrocle. Il faut avouer à l’honneur de Cratès qu'il fit jufqu’à l’indé-. cence inclufivement tout ce qu’il falloit pour déta- cherune femme d’un goût un peu délicat, & à l’hon- neur d’Hipparchia que la tentative du philofophe fut fans fuccès. Il fe préfenta nud devant elle, & Ini dit; en lui montrant {a figure contrefaite & fes vêtemens déchirés : voila l'époux que vous demandez , & voilà tout Jon bien. Hipparchia époufa {on cyrique boflu , prit la robe de philofophe , & devint auf indécente que fon mari , s’il eft vrai que Cratès lui ait propofé de confommer le mariage fous le portique, & qu’- elle y ait confenti. Mais ce fait, n’en déplaïfe à Sex- tus Empiricus, à Apulée, à Théodoret, à Ladance, à S. Clément d'Alexandrie, & à Diogene Laërce, n'a pas l’ombre de la vraiflemblance; ne s’accorde ni avec le caraëtere d'Hipparchia, nt avec les prin- cipes de Cratès, & reflemble tout-à-fait à ces mau- vais contes dont la méchanceté fe plaît à flétrir les grands noms, & que la crédulité fotte adopte aveg avidité , 8 accrédite avec joie. Métrocle , frere d'Hipparchia & difciple de Cra- tès. On fait à celui-ci un mérite d’avoir en mourant condamné fes ouvrages au feu ; mais fi l’on juge de fes produétions par la foibleffe de fon efprit & la pu fillanimité de fon caraëtere , on ne les eftimera pas dignes d’un meilleur fort, Théombrote & Cléomene , difciples de Métrocle, Démétrius d'Alexandrie , difciple de Théombrote. Timarque de la même ville, & Echecle d'Ephefe, dif ciples de Cléomene, Menedeme, difciple d’Echecle. Le Cynifine dégénera dans celui-ci en frénéfie ; il fe déguifoit enT yfphone,prenoit une torche à la main, & couroit les rues, en criant que les dieux des enfers l'avoient envoyé fur la terre pour difcerner les bons des méchans. Ménédeme le frénétique eut pour difciple Créfébius de Chalcis, homme d’un caraétere badin & d’un ef- prit gai, qui, plus philofophe peut-être qu'aucun de fes prédéceffeurs, fut plaire aux grands fans fe pro- ftituer, & profiter de leur familiarité pour leur faire entendre la vérité & goûter la vertu. Ménippe, le compatriote’ de Diogene. Ce fut ur des derniers Cyniques de l’école ancienne ; 1l fe ren- dit plus recommandable par le genre d’écrire , au- quel il a laïffé fon nom , que par fes mœurs & fa philofophie. Il étoit naturel que Lucien qui lavoit pris pour fon modele en Littérature, en fit {on héros en Morale. Ménippe faoit le commerce , compo- foit des fatyres, &c prétoit fur gage. Dévoré de la foif d'augmenter fes richefles , il confia tout ce qu'il en avoit amafñlé à des marchands qui le volerent. Diogene brifa fa taffé , lorfqu'il eut reconnu qu'on pouvoit boire dans Le creux de fa main. Cratès ven- dit fon patrimoine , & en jetta l'argent dans la mer en criant: Je fuis libre. Un des premiers difciples d’Antifthene auroit plaifanté de la perte de fa fortu- ne, & fe {eroit repoié fur cet argent qui faifoit com- mettre de fi vilaines aétions, du foin de le vanger de la mauvaife foi de fes aflociés ; le cyrique ulurier en perdit la tête, & fe pendit. Ainf finit le Cynifme ancien. Cette philofophie reparut quelques années avant la naïffance de J. C. mais dégradée. Il manquoit aux Cyriques de l’école. moderne les ames fortes, & les qualités fingulieres d’Antifthene, de Cratès, & de Diogene. Les maxi- mes hardies que ces philofophes avoient avancées, & qui avoient été pour eux la fource de tant d’ac- tions vertueufes ; outrées, mal entendues par leurs derniers fuccefleurs, les précipiterent dans la débau- che & le mépris, Les noms de Carzéade, de Mufe- … EAN plus, de Demonax , de Déetrius, d'Œnomaus, de Creftence , de Pérégrin , & de Sallufle , font toutefois parvenus jufqu'à nous ; mais ils n’y font pas tous parvenus fans reproche & fans tache. : ous ne favons rien de Carnéade le Cyrique, Nous ne favons que peu de chofe de Mufonius. Julien a loué la patience de cedernier. Il fut l’ami d’Appollo- nius de Thyane, & de Démétrius ; il ofa affronter le monfîre a figure d'homme & à tête couronnée, & lui reprocher fes crimes. Néron le fit jetter dans les fers & conduire aux travaux publics de Piftime, où il acheva fa vie à creufer la terre & à faire des ironies. La vie & les aétions de Démétrius ne nous font gue- re mieux connues que celles des deux philofophes précédens ; on voit feulement que le fort de Mulo- mius ne rendit pas Démétrius Ds réfervé. Il vécut . fous quatre empereurs, devant lefquels il conferva toute l’aigreur cyrique, & qu'il fit quelquefois pâlir fur le throne. Il aflifta aux derniers momens du ver- tueux Thrafea. [| mourut fur la paille, craint des mé- chans, refpeété des bons, & admiré de Séneque. Œnomaus fut l’ennemi déclaré des prêtres & des faux cyriques, Il fe chargea de la fonétion de dévoi- ler la faufferé des oracles, & de démafquer lhypocri- fie des prétendus philofophes de fon tems ; fonétion dangereufe: mais Démétrius penfoit apparemment qu'il peut à avoir du mérite, mais qu'il n’y a aucu- ne générofité , À faire Le bien fans danger, Demonax vécut fous Hadrien, & put fervir de modele à tous les philofophes; 1l pratiqua la vertu fans oftentation, &c reprit le vice fans aigreur ; il fut écouté, refpec- té, & chéri pendant fa vie, & préconifé par Lucien même, après fa mort. On peut regarder Crefcence -eomme le contraîte de Demonax, & le pendant de Pérégrin. Je ne fais comment on a placé au rang des philofophes un homme fouillé de crimes & couvert d’opprobres , rampant devant les grands, infolent avec fes épaux, craignant la douleur jufqu’à la pu- fillanimité , courant après la richefle & n'ayant du véritable Cyrique que le manteau qu'il deshonoroit. T'el fut Crefcence. Pérégrin commença par être adul- tere ,gédérafte, & parricide, & finit par devenir cy- nique , chrétien, apoftat, & fou. La plus louable ac- tion de fa vie, c’eft de s’être brülé tout vif: qu’on ju- ge par-là des autres. Sallufte, le dernier des Cyriques, étudia l’éloquence dans Athenes, & profefla la phi- lofophie dans Alexandrie, Il s’occupa particuliere- ment à tourner le vice en ridicule, à décrier les faux cyniques, & à combattre les hypothefes de la philo- {ophie Platonicienne. Concluons de cet abregé hiftorique , qu'aucune fecte de philofophes n'eut, s’il m’eft permis de m'ex- primer ainfi, une phyfonomie plus décidée que le Cynifme. On fe faifoit académicien, écleétique, cyrénaique , pyrrhonien, fceptique ; mais. 1l falloit naître cyrigue. Les faux cyriques furent une popu- | ace de brigands traveftis en philofophes; & les cy- riques anciens, de très-honnètes gens quine mérite- rent qu'un reproche qu'on n’encourt pas communé- ment : c’eft d’avoir été des Erzhouftaffes de vertu.Met- tezun bâton à la main de certains cénobites du mont Athos, qui ont déjà lignorance , l’indééence, la pau- vreté, la barbe, l’habit grofer, la beface:, & la fan- dale d’Antifthene ; fuppofez-leur enfuite.de l’éléva- tion dans l’äme, une paffion violente pour la vertu, & une haine vigoureufe pour le vice , & vous en:fe- rez une fecte de Cyniques, Voyez Bruck. Stan. €& lhiff. de La Philof. CYNIQUE, ( Jpafme) en Medecine, eft une forte de convulfion dans laquelle le malade imite les geftes, le grondement & les hurlemens d’un chien. | Freind,, dans les arf. philof. décrit un fpafme ex- . traordinaité de cette forte dont furent attaqués deux familles à Blaftothorn, dans la province d'Oxford, CYN 599 La nouveauté de cet évenement attira quantité de curieux à ce village, & entr’autres Willis, qui de bien loin entendit un bruit tesible d’aboves mens & de hurlémens, Dès qu’il fit-entré dans 14 maifon, il fut aufli-tôt falué par cinq filles qui croient À qui mielix mieux, faifant en même tems de violeñs mouvernens de tête, Il né paroïfloit À leur vifage d’autres marques de convulfon que des dif. torfions & des ofcillations cyriques de la bouche : leur pouls étoit parfaitement bien reglé; les cris qu’. elles faifoient reflembloient plürôt à des hurlemens qu'à des abboyemens de ‘chiens, fi ce n’eft qu'ils étoient fréquens &entrecoupés de profonds foupirs. .… Ce /pafine les avoit toutes prifes de même; Ja plus Jeune des cinq n’avoit que fix ans, & la plus âgée n'en avoit que quinze, Dans les intervalles du fpafc me elles avoient leur raifon & leur connoïffance toute entiere ; mais l'intervalle ne duroit pas long- tems fans que quelqu'’une d’elles fe remit à heurlér “ juiqu'à ce que toutes à la fin tomboïent en défaillan- ce, fe jettoient comme des épileptiques furun lit qu'on avoit placé exprès au milieu de la chambre. Elles s’y tenoient d’abord tranquilles &‘dans unié pofture décente ; mais un nouvel accès furvenant clles fe mettoient à fe battre & à fe heurter l’une l’autre. Les deux plus jeunes revinfent À elles tan- dis que Willis y étoit encore, & elles laiflerent leurs trois autres fœurs fur Le lit : mais elles ne fu rent pas long-tems fans que Le fpafme les reprit. Au mois de Juillet de l’année 1700, Freind luik mème vit une autre famille dans le même village Où un garçon & trois filles ayoient été attaqués de ce. même /pafmne, fans qu’il y eût eu auparavant aucu- ne caufe précédente. Une des filles Pavoit été d’a- bord feule, à ce que rapporta la mere; & le frere 8x les deux fœurs furent f. frappés, qu'ils en furent èux-mêmes attaqués. * | Lorfque Freind arriva ils étoient tous quatre devant leur porte à s’amufer , de fort bonne hu-: meur, & ne fongeant à rien moins qu’à leur état = mais à, la longue la: plus âgée des trois filles, qu£ avoit environ quatorze ans, tomba dans l’accès.i Le feul,fymptome qui en marqua l'approche fut le. gonflement de fon eflomac., qui montant,par degrés: jufqu'à la gorge, communiqua la convulfion aux mufcles du larynx & à la tête. Cefymptomeieftdans ces fortes de gens une marque certaine de l’approche du paroxyfme ; & s'ils le vouloient arrêter ,:l’enflu- re n’en auroit que plus d'intenfité!, & l'accès plus-de durée. . cn dite Le bruit qu'ils faifoient étoit perpétuel & defaz gréable : ce n’étoit pourtant pas précifément des abboyemens ni des. heurlemens de chien ,'comme on dit que font les perfonnes attaquées de ce fpafines mais plätôt une efpece de‘chant confiftant en trois notes ouù tons qu’ils répétoient chacuri deux fois, 8&c qui étoit terminé par de profonds foupirs-âccome pagnés de geftes & de branlemens de-rête extrasrdie naires. A 220 IS Fréind ne trouve rien qué'de naturel À cetté maladie, laquelle, felon lui, naît de la caufe com mune de toutes les convulfons, favoir de ‘ce que les «efprits animaux fluent d’une maniere ifrébu- liere dans les nerfs, & caufent aux mufeles diféz rentes contra@ions , felon les circonftances’46 l'in difpofition. Voyez SPASME: Chambers, NT p. CYNOCÉPHALE , T m.(Æif£: rar. Zoolog.) cy- Tr C7). ù 2 * CxNOCÉPHALE, (Mythol.) animal fäbuleux à tête de chien, révéré par les Esyptiens On prétend 605 CYN que c’étoit Anubis ou Mercure. ‘On ajoûte fur fon compte beaucoup de fottifes, comme d’avoirdonné lieu aux prêtres Egyptiens de partager le jour en douze heures , parce qu'il pifloit douze fois par jour à des intervalles égaux. Pline & quelques anciens difent qu'il y avoit dans les montagnes de PInde êc de l'Ethiopie des hommes à tête de chien qui ab- boyoient & mordoient ; mauvais conte de voya- ‘euts. Voyez L'article précédent. | CYNOGLOSSE , (Mas. med, Pharmac.) La raci- ne de cynogloffe qui eft la partie de cette plante la plus uftée, eft un remede très-anciennement connu des Medecins : elle eft tempérante & narcotique; c’eft de cet ingrédient que tire fon nom une ancien- ne compofition pharmaceutique très en ufage enco- re à préfent, & connue fous le nom de pilules de cy- rogloffe. On garde auffi dans quelques boutiques un fyrop fimple préparé avec le fuc exprimé de la plante en- tiere ; on épaiflit aufh ce fuc déféqué, on en prépare un extrait. Ce fyrop & cet extrait font des narcotiques doux, mais qui ne font prefque d’aucun ufage depuis que les Medecins ont appris à manier l’opiurm & les autres préparations tirées du pavot. #oyez NARCOTIQUE. La cynogloffe n’eft pas d’un ufage ordinaire dans les prefcriptions magiftrales. Pilules de cynogloffe felon la pharmacopée de Pa- ris, 2 racines de cyzogloffe mondées & féchées, fe- mence de jufquiame blanche, laudanum, de chaque demi-once ; myrrhe choifie, fix gros; encens mâle, cinq gros ; faffran , caftoréum , de chaque un gros & demi: faites du tout une mafle de pilules que vous incorporerez felon l’art avec le fyrop de fuc de cy- nogloffe. La dofe de ces pilules eft depuis quatre grains jufqu’à dix. (2) | * CYNOGLOSSE , (Boranique.) Voyez LANGUE DE CHIEN. | CYNOGLOSSOIDES , (Botan.) plante exotique borraginée, à fleur complete, monopétale, régulie- re, & andropyne, contenant l’embryon du fruit. Cette plante ne mérite aucun intérêt, quoique M. Danty d’Ifnard en ait donné dans les Mér. de l’acad, des Scienc. ann. 1718 , la figure, avec une defcrip- tion prolixe où aucune minutie n’eft omife. Ars. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | : CYNOMORION, (Hif!. nar, bor.) genre de plante parafite qui croit {ur les racines d’autres plantes de même que l’amblatum, la clandeftine, l’hypopitys, Forobanche, &c. Elle eft d’abord couverte d’écail- les, enfuite les écailles s’écartent & laiflent {ortir de .lefpace qui eft entre elles de petites feuilles & des fleurs monopétales irrégulieres reflemblantes au {oc d’une charrue ou à un coin, concaves d’un cô- té & convexes de l’autre. Ces fleurs portent une grofle-étamine dont le fommet eft à double cavité: elles font ftériles, & n’ont point de calice. L’em- bryon tient de près à ces fleurs ; il a une trompe, & il eft enveloppé.dans les fleurs de la plante comme dans un calice. Il devient dans la fuite une femence arrondie. Michéli, z0v. plant, gen, Voyez PLANTE. y 4 CYNOSARGE, adj. (Myth.) nom d’Hercule, ainf appellé d’un autel qu’un citoyen d’Athenes lui éleva dans l’endroit où s’arrêta un chien blanc qui emportoit une viétime qu’il étoit fur le point d’im- moler. Dydimius, c'étoit le aom de l’Athénien, en- tendit une-voix qui lui crioit d’en-haut: Æ/eve un autel où. le chien blanc s’arrétera. On raconte encore ce fait autrement. Voyez CYNIQUE. . * CYNOPHANTIS, (Myrh.)-fête fâcheufe pour les chiens de la ville d’Argos, où on en tuoit autant qu’on en rençontroit, Elle fe célébroit dans les jours ganiculaires.… EW'R CYNOSURE., . f; rèrme d’Affronomie ; C’eft un nom que les Grecs ont donné à la petite ourfe, Foy. OURSE. Ce mot fignihñe queue de chien ; il eft formé de épee j queue ; & UC » 2Uyos 9 chien, C’eft la conftellation la plus voifine de notre po le , & elle eft compofée de fept étoiles, dont quatre font difpofées en reétangle comme les quatre roues d'un chariot, & les trois autres en long qui repré- fentent un timon; ce qui fait que l’on appelle ces étoiles le charior, Voyez CHARIOT, OURSE , Ec. C’eft de leur nom qu’on a appellé le pole fepten- : trional , & feptem trionibus. Voyez POLE , Norp Harris & Chambers, (O | * CYNTHIUS & CYNTHIA , ady. m. 8 fém. fur- noms d’Apollon & de Diane, ainfi appellés du mont Cynthie fitué au milieu de Pile de Délos où ils avoient pris naïflance. CYPERELLA , (if. nat. bor.) genre de plante à fleur fans pétale compofée de deux étamines qui for- tent d’un calice d’une feule piece en forme d’écaille. Le piftil qui fe trouve entre les deux étamines, de- vient dans la fuite une femence plate & triangulaire, dont la bafe eft environnée de filamens qui reflem- blent à des barbes d’épis. Ajoutez aux caraéteres de ce genre que les calices des fleurs font rafflemblés & forment une forte de tête, & que ces têtes font dif- pofées en ombelles ou en épis. Micheli, zoy, gerer. plant. Voyez; PLANTE. (7) CYPERUS, (ff. nat. bot.) genre de planteà fleur fans pétale, compofée ordinairement de trois étamines, & qui fort d’un calice d’une feule piece en forme d’écaille. Le piftil qui s’éleve entre les éta- mines devient une femence qui eft le plus fouvent triangulaire. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les tiges ont trois arrêtes régulieres , & que les calices des fleurs font arrangés en épis à deux rangs. Ces épis’ forment des têtes peu garmies dans quel: ques efpeces, & bien fournies dans d’autres. Mi- chéli., roy. plant. gen. Voyez PLANTE. (1) . CYPHI, (Mar. med.) mot arabe qui fignifie une efpece de parfum fortifant. Voyez PARFUM. Mithridate donna ce nom à des trochifques dont les prêtres d'Egypte parfumoient anciennement leurs dieux pour en obtenir ce qu’ils leur deman- doient. Il les fit aufi entrer dans la compofition du mithridate , parce qu’ils font réputés excellens con- tre le venin, contre la pefte, contre les maladies froides, contre les fluxions , &c. | Ils font compofés de raïfins fecs, de terebenthine, de myrthe, de fchénante, de canelle, de jonc odo- tant, de bdellium, de fpicanard, de caffa lignea, d’afpalath, & de fafran, &c. auxquels on ajoûte un peu de miel & de vin pour en former une mañle, Diclionn. de Trév. de Medecine , 8 de Chambers, Ces trochifques ne font abfolument employés au- jourd’hui que dans la préparation du mithridate, dont ils font même un ingrédient très-inutile ; car la plûpart des drogues’ qui entrent dans leur compo- fition, entrent d’ailleurs aufli dans le mithridate. (2) *CYPHONISME , f. m.(Æiff.anc.) Lecyphonifme eft un ancien tourment auquel les premiers mar- tyrs ont été fréquemment expofés. Il confiftoit à être frotté de miel & expofé au foleil à la piquüre des mouches & des guêpes. Cela fe faifoit de trois manieres ; ou l’on attachoit fimplement le patient à un poteau, ou on le fufpendoit en l’air dans un pa- nier, ou on l’étendoit à terre les mains liées der- riere le dos. | | PEU . Ce mot vient du grec ; on le fait dériver dextgur, qui fignifie le poteau ou épieu auquel on attachoit le patient, ou le carcan qu’on lui mettoit all COU, OÙ un inftrument dont on fe fervoit pour le tourmen- ter, Le Scholiafte d’Ariftophane dit que c’étoit une efpece dfpece de cage de bois ainfi appellée de RUBTE courber, parce qu’elle tenoit le patient qu’on y en- fermoit le corps incliné ou courbé. D’autres enten- dent par row un morceau de bois qu'on plaçoit, difent-ils , fur la tête du patient, pour l'empêcher de fe tenir droit. Héfychius décrit le xugur comme une piece de bois fur laquelle l’on tenoit les crimi- nels étendus pour les tourmenter. Il eft affez vraif- femblable que toutes ces acceptions différentes con- venoient à ce mot, & que c’étoit un genre dont nous avons détaillé les efpeces. Nous trouvons dans Suidas un fragment d’une ancienne loi qui condamnoit au cyphonifme pendant vingt jours, & à être enfuite précipités du haut d’un rocher en habit de femmes, ceux qui traitoient les lois avec mépris. CYPRE , (Géog. mod.) grande île d’Afe dans la mer Méditerrance. Elle eft très-abondante en cui- vre, & produit un vin fort eftimé. Nicofie en eft la capitale. Elle eft foûmife aux Turcs, ainfi que toute l’île. CYPRÈS , f. m. (H/4. nat. bor.) genre de plante qui porte des chatons ftériles compofés de plufeurs petites feuilles en forme d’écailles , entre lefquels 1] y a des fommets qui répandent une poufliere très- fine. L’embryon devient dans la fuite un fruit arron- éi qui s'ouvre par plufeurs fentes irrégulieres, qui laiffent entre elles des efpeces de têtes de clous, & qui renferment des femences ordinairement angu- Jeufes. Tournefort, inff, re herbar. Voyez PLANTE. (1) Le cyprès eft un arbre toljours verd, qui ne croït naturellement que dans les pays méridionaux de l’Europe, & fur-tout dans la plüpart des îles de l’Ar- chipel où il eft fort commun. On diftingue deux ef- peces de cyprès qui font anciennement connues, & qui n’ont de différence entre elles que dans la difpo- fition de leurs branches : l’une par la direétion de fes rameaux prend & conferve de fo-même une forme pyramidale, & c’eft le cyprès femelle des Botaniites : Pautre efpece prenant une forme toute oppolée, étend fes branches de côté, & on la nomme le cy- près méle; qualifications impropres ou plütôt erro- nées, .puifque chacun de ces arbres produifant des fleurs & des fruits, eft en même tems mâle & fe- melle. Auf eft:il arrivé que quelques auteurs fe fon- dant fur ces cara@teres imaginaires, ont avancé que le cyprès mâle ne rapporte aucun fruit. Mais ces deux efpeces ne fe reproduifent pas conftamment les mé- mes; on prétend qu’en femant la graine de l’une ou de l’autre il en vient de deux fortes. Ce fait a été _très-anciennement agité ; Theophrafte le rapporte; je l'ai vû dans un des ouvrages manufcrits de Tourne- fort intitulé plantarum adyerfaria ; peut-être que ce botanifte s’en étoit aufli rapporté àT'heophrafte com- me à tant d’autrés auteurs : car après avoir femé fi fouvent des wraines du cyprès appellé femelle, qui eft celui que l’on cultive le plus à caufe de fa forme agréable, 8 que l’attention que jy ai donnée ne m’a jamais fait faifir le fait en queftion, je pourrois le trouver fufceptible de doute fi M. Miller n’aflüroit qu'il l’a vérifié lui- même par plufieurs épreuves. Combien n’y a -t-il pas d’inconvénient en effet à s’en rapporter à des auteurs qui n’ont pas vü l’objet par eux-mêmes , & qui copient fans difcernement les faits les plus abfurdes ? On trouve dans un diétion- naire d'Agriculture qui a paru en 1751, & dans plu- fieurs autres ouvrages tout aufhi nouveaux, que le cyprès donne du fruit trois fois Pannée, en Janvier, Mai, & Septembre: fait auffi étrange que faux, dont on devroit au moins fe défier comme d’un fait uni- que qui feroit un prodige de fécondité , que l’on ne connoît encore dans auçun des végétaux qui croif- fent en Europe. Tome 1F, C Y P Goi Ces deux efpeces de cyprès font des arbres qui ne s’élevent qu’à une moyenne hauteur, qui prennent une tige droite, mais fort mince. L’efpece qui répand fes branches de côté eft moins fournie de rameaux, &c fon tronc n’en eft garni qu’à une certaine hauteur comme les autres arbres ; 1l devient plus gros que l’autre, & ileft un peu plus tobufte. Le cyprès pyra- midal fe garnit de branches prefque depuis le pié : & comme les plus baffes contre l'ordinaire font celles qui prennent le moins d’accroifflement, & que les unes & les autres s’approchent naturellement de la princi- pale tige ens’élevant perpendiculairement; cet arbre prend de lui-même une forme réguliere , d'autant plus agréable , que l’art n’y a point de part ; &c il eft très-propre à border des terrafles, à former des al- lées » & à terminer des points de vüe dans de grands jardins, où fur-tout il fait une belle décoration lorf- qu’on l’employe dans des places difpofées en demi- cercle. Cependant cet arbre a déplà, & on l’a exclu des jardins parce qu’on a prétendu qu’ihportoit len- nui par-tout où il étoit, & qu'il annonçoit la trif- tefle. Mais c’eft une idée bifarre, qu’on ne s’eft faite qu’à force d’avoir vûù dans les Poëtes que les anciens faïfoient planter cet arbre autour de leurs tombeaux, fans faire attention qu’on ne le préféroit pour cet ufage, que parce qu'il fait naturellement décoration. On n’a pas à choïfir pour ces arbres fur la qualité du terrein ; il leur faut une terre légere, graveleufe ou mêlée de fable ; & s’il y a de la profondeur, ils fe plairont aux expofñtions chaudes ; 1ls fe foûtiendront auf fort bien dans une fituation entierement décou- verte ; ils y feront beaucoup moins fujets à être mu- tilés par les grandes gelées que dans les terres baf- fes, fortes, & humides, où s'ils reprennent, ils ne feront que languir & périront bien-tôr. Mais il eft ai- fé de les multiplier. On ne connoît encore au’un feul moyen d’y réuf- fir, qui eft d’en femer la graine. Cette opération fe doit faire au mois d'Avril : on tire la graine des pom- mes qui la contiennent en les expofant au foleil ou À un feu doux, & on la feme aflez épais dans du terreau bien pourri & furanné , foit à plein champ, ou mieux encore pour la commodité de farcler, en rayon d’un demi-pouce de profondeur, qu'on recou- vrira légerement du même terreau. Les plans leye- ront au bout d’un mois, & ils auront en automne 4 ou $ pouces de hauteur. Il faudra les arrofer au be- foin, mais avec de grands ménagemens, fur-tout la premiere année , durant laquelle le trop d'humidité eft tout ce qu'il y a de plus contraire au cyprès com- me à tous les arbres toüjours verds. On pourra les laïfler dans la même place pendant deux ans , au bout defquels ils fe trouveront parvenus à environ deux piés de hauteur. Mais pour la tranfplantation de ces arbres, il n’eft pas indifférent d’en confulter l’âge. Elle réuflit rarement lorfqu’ils ont plus de qua- tre ou cinq ans ; & dès qu'ils en ont dix ou douze jamais elle ne réuflit, quelque précaution que l’on prenne pour les enlever avec une bonne motte de terre. Cette difficulté de reprendre vient de ce que la taille nuit en tout point à ces arbres, & fur-tout aux racines. On pourra donc, lorfqu'ils feront âgés . de deux ans, les mettre en pepiniere pendant deux ou trois autres années.au plus ; bien moins pour les faire profiter, que pour retarder l’accroiflement des racines qui cherchent toüjours à s'étendre près de la furface de la terre. Loriqu'il fera queftion de tranf- planter ces arbres, il faudra y donner les attentions & y prendre les précautions qu’exigent les arbres toûjours verds; éviter le froid, le hale, le grand fo- leil; choïfir un tems fombre & humide, & préférer la fin d'Avril au commencement de Septembre, qui, quoiqu’aflez convenable pour planter les arbres toû. GLS 602 C Y P jours verds , left moins pour la tranfplantation du cyprès, Ces arbres placés à demeure fixe fe pafleront d'aucune culture, qui pouvant déranger les racines nuitoit aux plants au lieu de leur profiter. On peut tailler le cyprès pour Pamener plus par- faitement à une figure pyramidale ou cylindrique, pourvû qu’on ait attention de lui retrancher moins de branches qu’on ne lui en laifle ; mais on s’eft mal trouvé de les aflettir pat des liens, qui en reffer- rant les branches empêchent la communication de l'air & font deffécher les rameaux intérieurs. L’accroiflement de ces arbres fe fait aflez régulie- rement ; fi l’on excepte la premiere année, ils pouf- {ent ordinairement d’un pié ou de 1$ pouces par com- mune année ; ils s’éleveront à 12 ou 15 piés en dou- ze ans, & auront environ trois pouces de diametre. Mais n'étant pas aflez robuftes pour réfifter à tous les hyvers dans les provinces feptentrionales de ce royaume , on ne peut l’y multiplier pour le profit. Les grands hyvers des années 1683 & 1709 ont fait périr tous les cyprès du royaume, &c la rigueur des gelées qui fe font fait fentir depuis quinze ans, ont fouvent détruit les jeunes cyprès d’un âge au-deffous de cinq ou fix ans, & ont mutilé les plus grands, Au premier afpeét on ne diftingue point de feuil- les {ur ces arbres, on n’apperçoit qu'une multipli- cité de rameaux herbeux, fort menus, dont les plus jeunes font quadrangulaires & uniquement compo- fés de feuilles charnues & anguleufes, aux dépens defquelles la branche devenant ligneufe , alors les feuilles La revêtiflent en façon d’écailles , d’abord verdâtres, enfuite defléchées, & qui enfin fe réunif- fent avec l’écorce, enforte qu’on ne voit jamais cet arbre quitter fes feuilles. Leur verdure fe rembrunit en hyver ; mais au retour du printems le verd des rameaux s’éclaircit & devient agréable à la vüe, même avant la furvenance des nouvelles feuilles. C’eft alors que fur les arbres âgés de 10 ou 12 ans il naît au bout des jeunes rameaux de petits chatons qui ont peu d'apparence. Le fruit, en plus petit nom- bre, paroït en même tems fur le bois qui a deux ans; il neft mûr qu'après l’hyver, & il le faut recueillir avant le mois de Mars ; car les pommes s’ouvrent aux premieres chaleurs & laïflent échapper les grai- nes. Quelques auteurs cependant , M. Miller entr°- autres, recommandent de ne tirer la graine des pom- mes de cyprès que dans le moment qu’on veut la fe- mer, ce qui femble infinuer que cette graine s’altere lorfqu'on l’en tire plütôt, & que cela peut nuire à fa confervation. J'ai pourtant fait l'épreuve que cet- te graine tirée des pommes de cyprès, & confervée dans une boîte, avoit bien levé pendant cinq annéés de fuite, mais non au-delà. Le bois du cyprès eft extrèmement dur, affez com- pat, d’une grande fohidité, & d’une très-longue durée. Il eft d’une couleur jaunâtre , il n’a point d’aubier ; foit qu’on le coupe à droit fil ou tranfver- falement, on y diftingue les couches annuelles auf aïfément que dans le bois du fapin ; & comparaïfon faite de ce bois avec celui des autres arbres qui croif- fent en Europe, il eft plutôt leger que pefant. Tous les anciens s'accordent à donner au bois du cyprès la qualité d’être aufi odoriférant que le bois de cédre, 8 de conferver cette odeur tant qu'il fubfifte ; de - n'être fujet ni à la vermoulure, mi à la pourriture, ui à fe gerfer ; de recevoir un poli parfait, & d’être propre à faire des échalas ; en effet, j'ai quelques échalas de ce bois, qui, quoiqu’employés depuis 12 ans dans une paliffade d’arbres en contre-efpalier , font encore fohdes & très-peu altérées. Ces échalas qui ont environ un pouce &z demi de diametre, ne font auellement endommagés par la pourriture que d'environ un fixieme de diametre dans la partie de l’échalas qui eft dans la terre, tout le refte s’eft con- fervé en bonne qualité ; même dureté , même {ol dite, fi ce n’eft qu'il y a quelques trous de vermou- lure dans le bas des échalas, quelques gerfures dans le deflus entre des nœuds ; maïs le bois n’a plus au- cune odeur. Peut-être que le pleïn air & la vicifli- tude des faifons caufent à ce bois des altérations que l'abri lui fauveroit, puifqu’on aflüre que des portes de l’ancienne églife de S. Pierre de Rome ; qui étoient faites de bois de cyprès, ont duré onze cents ans. Mais M. Duhamel membre de l’académie des Scien- ces de Paris, ayant obfervé que des pieux de bois de cyprès faits en 1709 duroient & étoient encore foli- des en 1740, il n’y a nul doute qu'il ne füt infiniment avantageux d'employer ce bois à de tels ufages, s'il pouvoit devenir aflez commun pour cela dans ce royaume. R Quoique depuis Théophrafte on n’ait ceffé d’écri- re que les fourmis font fi friandes du cyprès, qu'on ne voit aucun de ces arbres où il n’y ait une four- milliere au pié ; je crois ce fait fans fondement, puif- qu’au contraire je nai jamais vÜ mi fourmis ni aucun autre infecte s'attacher au cyprès ; c’eft un arbre ré- fineux , dont l’odeur forte doit néceflairement éloi- gner toute fréquentation d’infeéte. On aflüre même que ces arbres purifient l'air qui les environne, parce qu’il en fort des exhudations aromatiques & balfa- miques qui font un fpécifique falutaire pour les pul- moniques. Il y a encore trois efpeces de cyprès, que jufqu’à préfent les Botaniftes ont affociés à ceux dont on vient de parler. Le cyprès de Portugal, Cet arbre eft plus petit, moins robufte , & plus lent à croître que les efpe- ces qui précedent ; fes feuilles font audi plus peti- tes, {es rameaux plus menus, fes chatons moins ap- parens. Les pommes de ce cyprès font d’une couleur bleuâtre , & tout au plus de la groffeur d’une cerife ordinaire. Cet arbre fe garnit ordinairement jufque contre terre de beaucoup de branches, qu’il étend à une grande diftance, prefqu’horifontalement & avec fi peu de régularité , que ce cyprès a un afpeét tout différent des efpeces précédentes, M. Miller a vù un de ces arbres en Angleterre, qui n’avoit qu'environ quinze piés de hauteur , & qui cependant étendoit {es branches à plus de huit piés de chaque côté du tronc. On peut le multiplier & l’élever de la même façon qu’on a dit pour l’efpece commune, fi ce n’eft qu'il conviendra de les abritter pendant les deux pre- miers hyvers. Il fe prête à une facilité de plus, qui eft de fe multiplier en plantant les jeunes branches des boutures , qui n’auront qu’au bout de deux ans des racines fufifantes pour la tranfplantation. Mais il faut faire ces boutures en automne, & leur faire de Pabri pendant l’hyver. Les Portugais donnent à cet arbre le nom de cedre de Buffaco , parce qu'on a commencé à le cultiver à Bufaco, qui eft un grand couvent de carmes, à quatre lieues de Coimbre en Portugal. | . Le cyprès de Virginie. Cet arbre ef très-différent des autres cyprès dont on vient de parler. Ses feuilles reflemblent à celles de lacacia, & il les quitte en hyver ; il prend beaucoup plus de hauteur & de grof- feur, & il fe plaît dans les terres marécageufes. Mais pour la defcription de cet arbre , nous nous en rap- porterons à Catesby, de qui j'ai tiré ce qui fuit. « C’eft le plus haut & le plus gros arbre qu'il y ait » en Amérique, excepté l’arbre qui porte des tuli- » pes. Quelques-uns ont 30 piés de circonférence » près de terre ; ils s’élevent en diminuant toûjours » jufqu’à la hauteur de fix piés, où réduits aux deux » tiers de la groffeur dont ils font au pie, ils conti- » nuent de croître ordinairement 60 ou 70 piés juf- » qu'à la tige, avec la même proportion que les au- » tres arbres, Il fort d’une maniere finguliere à 4 ou E ar. 2 + CYP » $ piés autour de cet arbre plufeurs chicots de dif- » férente forme & de différente grandeur, quelques- » uns un peu au-deflus de terre, & d’autres depuis >» un pié de haut jufqu’à quatre; leur tête eft couver- » te d’une écorce rouge & unie. Ces chicots fortent #» des racines de l’arbre, cependant ils ne produifent > ni feuilles m1 branches ; car l'arbre ne vient que dt » grain de femence, qui eft de la même force que » celui des cyprès ordinaires , & qui contient une » fubftance balfamique & odoriférante. Le bois de » charpente qu’on fait de cet arbre eft excellent, fur- » tout pour couvrir les maifons , à caufe qu'il eft Le- » ger, qu'il a le grain délié, & qu'il réfifte aux in- » jures du tems mieux que ne fait aucun autre que » nous ayons dans ce pays-ci. Il eft aquatique, &c # croît ordinairement depuis un pié jufqu’à cinq & » fix de profondeur dans l’eau. Il femble que fa fi- » tuation invite un grand nombre de différentes for- » tes d’oifeaux à fe loger fur fes branches, pour ÿ # multiplier leur efpece ; le perroquet entr'autres y » fait volontiers fon nid, & fe nourrit des pepins en » Ottobre qui eft le tems de leur maturité». On peut multiplier cet arbre de femences qui le- vent aufli promptement que celles des autres cyprès, & qui s’éleveront jufqu’à feize pouces la premiere année, Mais comme il’s’en faut bien qu'il y ait dans te royaume des arbres de cette efpece aflez âgés pour donner des graines, & qu’à peine il s’en trouve en Angleterre un ou deux qui en rapportent, il faut tirer ces graines foit de la Caroline, foit de la Virginie où il croit une grande quantité de ces arbres, & les fe- mer dans des caïfles afin de pouvoir abriter les jeu- nes plans pendant les deux ou trois premiers hyvers. _ Car quoique M. Miller affüre que ces arbres font ex- trèmement robuftes, & qu'ils ne craignent nullement le froid, je crois que cela ne peut leur être applicable que lorfqu'ils font parvenus à un certain âge, puif- que J'ai toljours vù périr au bout de deux ou trois ans tous ceux qu'on avoit voulu élever en plein air. Les jeunes plans qu’on à effayé de faire venir dans des pots n’ont pas mieux réufh, & ne fe font pas fou- tenus plus long tems ; les grandes féchereffes les ont toûjours détruits , malgré de fréquens arrofemens. Mais n’y auroit-1l pas un moyen de fauver ces ar- bres en leur procurant de bonne heure toute l’humi- dité qu’ils demandent? C’eft l'épreuve que je fais faire aQuellement, en faifant enfoncer peu-à-peu dans l’eau, & en y laiffant féjourner pendant les {é- cherefles , les caïfles &z les pots où ces arbres font plantés. Cependant M. Miller affüre qu'il y a en An- gleterre deux fort gros arbres de cette efpece, qui ÿ Ont bien réufhi fans être dans un terrein maréca- geux , & même dont l’un eft placé fur un terrein ec. Celui-ci, dit l’auteur cité , a été tranfplanté étant déjà très-grand, & 1l rapporte des graines ; l’autre a été planté dans une cour, où quoiqu’on ne lui ait donné aucune culture, 1l eft parvenu à trente piés de haut & à une groffeur confidérable , mais il n’a point encore donné de graine. L'auteur attribue 1a ftérilité de ce dernier arbre au manquement d’eau, &x la fertilité de l’autre à la tranfplantation. On peut auffi multiplier cet arbre de bouture, fuivant que le même auteur s’en eft | plufieurs épreuves. Cyprès d’ Amérique ou le cêdre blanc. Cet arbre n’é- tant point encore connu en France, nous avons re- cours pour fa defcription & fa culture à M. Müller, dont nous ne prendrons que les principaux faits. Cette efpece de cyprès fe trouve dans les terreins humides & marécageux du nord de l’Amérique ; il eft toûjours verd ; 1l prend une figure réguliere; il s’éleve à une hauteur confidérable ; il fournit un bois de fervice très-utile, & le froid ne lui fait jamais de tort.'Ses jeunes branches font garnies de feuilles qui reflemblent à celles de l’arbre-de-vie, & les baies | Tone IV, s CAP 603 qu'il produit ne font pas fi groffes que celles du ge: mévre, dont il n’eft pas aïe de les diftinguer du pre- mier afpeét; mais en examinant leur enveloppe, on voit que ce font des cones parfaits qui ont plufieurs cellules comme la,pomme du cyprès ordinaire, On éleve cet arbre de graine , que l’on doit femer au printems dans des caïfles où elles ne léveront qu’au bout d’un an; il faudra les abritter l’hyver fuivant, parce que cet arbre eft un peu délicat dans fa jeu- nefle. On pourra les planter en pepiniére au com- mencement d'Avril, mais il faudra les enlever avec {oin par un tems couvert ou de pluie. Trois ou qua- tre ans après , lorfque ces arbres auront environ 3 piés de haut , il faudra les tranfplanter à demeure fixe dans le tems & avec les mêmes précautions que la premiere fois, & fur-tout les enlever avec uné motte de terre, fi l’on veut qu'ils ne courent pas le rifque de périr. La tranfplantation réuffit rarement à ces arbres lorfqw’ils font un peu âgés, &c il leur faut de fréquens arrofemens dans les fécherefles ; autre- ment en été il en périra la plàpart, attendu qu’ils fe refufent abfolument à un terrein fec. Il leur faut une terre forte & humide, où ils feront de grands pro- grès ; circonftancé qui doit rehauffer le mérite de cet arbre, parce qu’elle fe trouve rarement dans les ar: bres toüjours verds. (c) CyPRÈsS, (Mar. med.) Les fruits de cyprès font en ufage en Medecine ; 1ls font aftringens, fortifians 3 on les donne intérieurement, {foit en fubftance, foit en décottion dans les cas d’hémorrhagie ou de relâ- chement, où l’adftriétion proprement dite eft abfo- lument indiquée, comme dans les diarrhées invété= rées & colliquatives, dans les hémorrhagies inter nes , qui font craindre par leur abondance pour la vie du malade. Elles paflent pour fébrifuges ; on en donne dans cette vûe la poudre dans du vin à la dofé d’un gros; on en peut effettivement efpérer de bons effets dans les fievres intermittentes, & furtout dans les fievres quartes automnales qui attaquent Les ha bitans des lieux marécageux. Plufeurs auteurs les vantent comme fpécifiques dans les incontinences d'urine. Mathiole recommande beaucoup la décoc- tion des pommes de cyprès, fraiches ou nouvelles , faite dans du vin , & donnée tous Les jours à la dofe de trois onces dans les hernies. On peut employer auff leur décoétion dans tous les cas où il eft queftion de remédier aux relâche- mens & aux gonflemens œdémateux de quelques parties. Les fruits de cyprès font nommés par les Pharmacolooiftes, fruirs , cones , noix , où.pilules de cyprès, & font ceux de gabulæ , galbuli, & gallule, Voyez l’article précédent. Le fruit de cyprès entre dans plufeurs compof: tions pharmaceutiques externes , dont les plus ufi- tées font l’emplâtre ad hernias de Fernel, & dans l’onguent de la comtefle de Zweifer, (2) _ * CxrrÈs, (Myrh) fymbole de la triftefle. On le plantoit autour des tombeaux. Il étoit confacré à PRO 8 Le Re + * CYPRINE ox CYPRIS , (Mychol.) furnom de Vénus , ainf appellée de l’île de Cypre qui lui étoit confacrée, &: aux environs de laquelle on préten- doit qu’elle avoit été formée de l’êcume de la mer. CYRBES & AXONES , (Æif£ arc.) noms donnés aux lois que Solon établit à Athenes, parce qu’elles étoient écrites {ur des tables de bois faites en trian- gle. Les cyrbes contenoient tout ce qui regardoit particulierement le culte des dieux, & les autres lois pour le civil étoient comprifes dans les axones. On gardoit toûjours l’original de ces lois dans l’a- cropolis ou forterefle d’Athenes : mais Ephialte en fit tranfporter des copies au pritanée ; afin que les jugés puffent les coniulter plus cofimodément. Bo- chart prétend que les cyrbesétoient écrites de la forte; | GGegi 604 CYR la premiere ligne alloit de la gauche à la droiîte, la feconde de la droite à la gauche, & ainfi de fuite. F. BOUSTROPHEDON. Diét, de Trév. & Chamb. (G) * CYRÉNAIQUE. (secte) if, anc. de la Phi- lofophie & des Philofophes. On wit éclore dans l’é- cole Socratique, de la diverfité des matieres dont Socrate entretenoit fes difciples , de fa maniere pref- que fceprique de les traiter, & des différens caraéte- res de fes auditeurs, une multitude furprenante de fyftèmes oppoés , une infinité de feétes contraires qui en fortirent toutes formées ; comme on lit dans le poëte, que les héros grecs étoient fortis tout ar- més du cheval de Troye; ou plütôt comme la My- thologie raconte, que naquirent des dents du fer- pent des foldats qui fe mirent en pieces fur Le champ même qui les avoit produits. Ariftippe fonda dans la Lybie & répandit dans la Grece & ailleurs , la Jeile Cyrénaique ; Euclide, la Mégarique ; Phedon, l’Ebaque ; Platon , l'Académique ; Antifthene, la Cynique, &c. La feéte Cyrénaiïque dont il s’agit ici, prit fon nom de Cyrene, ville d'Afrique, & la patrie d’Ariftippe fondateur de la fete. Ce philofophe ne fut ennemi ni de la richefle , ni de la volupté, ni de la réputa- tion, ni des femmes, ni des hommes, m1 des digni- tés. Il ne fe piqua n1 de la pauvreté d’Antifthene , ni de la frugalité de Socrate , ni de l’infenfbilité de Diogene. Il invitoit fes éleves à jouir des agrémens de la fociété & des plaifirs de la vie , & lui-même ne s’y refufoit pas. La commodité de fa morale don- na mauvaife opinion de fes mœurs ; & la confide- ration qu’on eut dans le monde pour lui & pour fes feétateurs , excita la jaloufie des autres philofophes : tante ne animis cœleffibus , &tc. On mefinterpréta la familiarité dont il en ufoit avec fes jeunes éleves, & l’on répandit fur fa conduite fecrette des foup- cons qui feroient plus férieux aujourd’hui qu’ils ne létoient alors. Cette efpece d’intolérance philofophique le fit {ortir d’Athenes ; 1l changea plufieurs fois de féjour, mais 1l conferva par-tout les mêmes principes. Il ne rougit point à Egine de fe montrer entre les ado- rateurs les plus aflidus de Lais, & il répondoit aux reproches qu’on lui en faifoit, gu’il pouvoir pofféder Laiïs fans ceffer d’être philofophe , pourvi que Laïs ne le. poffédät pas ; & comme on fe propofoit de mortifier fon amour propre en lui infinuant que la courtifane fe vendoit à lui & fe donnoit à Diogene, il difoit : Je l’achete pour m'en fervir, 6 non pour empécher qu’- un autre ne s’en férve. Quoi qu'il en foit de ces pe- tites anecdotes, dont un homme fage fera toüjours très-refervé, foit à mier, foit à garantir la vérité, je ne comprens guere par quel travers d’efprit on permettoit à Socrate le commerce d’Afpañe , & lon reprochoit à Ariftippe celui de Laïs. Ces fem- mes étoient toutes deux fameufes par leur beauté, leur efprit, leurs lumieres , & leur galanterie. Il eft vrai que Socrate profefloit une morale fort auftere, & qu’Ariftippe étoit un philofophe très-voluptueux ; mais il n’eft pas moins conftant que les philofophes n’avoient alors aucune répugnance à recevoir les courtifanes dans leurs écoles , & que le peuple ne leur en faifoit aucun crime. Arifhppe fe montra de lui-même à la cour de De- nis, où 1l réuflit beaucoup mieux que Platon que Dion y avoit appellé. Perfonne ne fut comme lun fe plier aux tems, aux lieux, & aux perfonnes ; jamais déplacé , foit qu'il vecüt amec éclat fous la pourpre, & dans la compagnie des rois, foit qu'il enfexgnàt obfcurément dans l'ombre & la poufliere d’une école. Je n’ai garde de blämer cette philofophie verfatile ; j'en trouve même la pratique, quand elle eft accom- pagnée de dignité, pleine de difficultés & fort au- deflus des talens d’un homme ordinaire, Il me paroît feulement qu’Ariftippe manquoit à Socrate, à Dio: gene, & à Platon, & s’abaïfloit à un rôle indigne de lui, en jettant du ridicule fur ces hommes refpeéta- bles, devant des courtifans oififs & corrompus, Qui reffentoient une joie maligne à les voir dégradés ; parce que cét avilflement apparent les confoloit un peu de leur petiteffe réelle. N’eft- ce pas en effet une chofe bien humiliante à fe repréfenter,qu’une efpece d’amphithéatre élevé par le philofophe Ariftippe où 1l fe met aux prifes avec les autres philofophes de l’école de Socrate, les donne & fe donne lui-mê- me en fpeétacle à un tyran & à fes efclaves ? Il faut avouer cependant qu’on ne remarque pas dans le refte de fa conduite, ce défaut.de jugement avec lequel il laiffoit échapper fi mal-à-propos le mé- pris bien ou mal fondé qu’il avoit pour les autres fec- tes, Sa philofophie prit autant de faces différentes , que le caraétere féroce de Denis ; 1l fut, felon les circonitances , ou le méprifer , ou le réprimer , oule vaincre, ou lui échapper, employant alternative- ment'ou la prudence ou la fermeté , ou l’efprit ou la liberté , & en impofant toüjours au maître & à fes courtifans. Il fit refpetter la vertu, entendre la vé= rité, & rendre juftice à l'innocence, fans abufer de fa confidération ;, fans avilr fon caraétere , fans compromettre fa perfonne, Quelque forme qu'il prit, on lui remarqua toùjours l’ongle du lon qui diftin= guoit l’éleve de Socrate. Arifüippe cultiva particulierement la morale, & il comparoit ceux qui s’arrêtoient trop long -tems à l'étude des beaux arts , aux amans de Pénélope, qui négligeoient la maitreffe de la maifon pour s’amufer avec fes femmes. Il entendoit les Mathématiques ÿ & il en faifoit cas. Ce fut lui qui dit à fes compagnons de voyage, en appercevant quelques figures de Géo- métrie fur un rivage inconnu où la tempête les avoit jettés: Courage mes amis , voici des pas d’homme, 11 eftima fingulierement la Dialeétique, fur-tout appli- quée à la Philofophie morale. Il penfôit que nos fenfations ne peuvent jamais être fauffes ; qu’il eft poffble d’errer fur la nature de leur caufe, mais non fur leurs qualités &c fur leur exiftence. ; Que ce que nous croyons appercevoir hors de nous eft peut-être quelque chofe , mais que nous lis gnorons. À Qu'il faut dans le raifonnement rapporter tout à la fenfation, & rien à l’objet, ou à ce que nous pre- nons pour tel. Qu'il n’eft pas démontré que nous éprouvions tous les mêmes fenfations, quoique nous convenions tous dans les termes. Que par conféquent en difpute rigoureufe, il eft mal de conclure de foi à un autre , & du /oi du mo- ment préfent, au /oi d’un moment à venir. Qu'’entre les fenfations , 1l y en a d’agréables, de fâcheufes, & d’intermédiaires. Et que dans le calcul du bonheur & du malheur, il faut tout rapporter à la douleur & au plaïfir, para ce qu'il ny a que cela de réel; & fans avoir aucun égard à leurs caufes morales, compter pour du mal les fâcheufes, pour dwbien les agréables , & pour rien les intermédiair A . Ces principes fervoient de bafe à leur plulofo- phie. Et voici les induétions qu'ils en tiroient, ren- dues à-peu-près dans la langue de nos géometres modernes. Tous les inftans où nous ne fentons rien, font zéro pour le bonheur & pour le malheur. Nous n’avonsde fenfations à faire entrer en comp: te dans l'évaluation dé notre bonheur & de notré malheur, que le plaifir & la peine. Une peine ne differe‘d’une peine, & un plaïifir ne differe d’un plaïfir, que par la durée & par le degré. à Le-momentum de la douleur & de lapeïné,eftlepro- duit inftantané ( woowporor) de la durée parle degré. Ce font les fommes des #0omentum de peine & de plaifr paflés , qui donnent le rapport du malheur au bonheur de la vie. _ Les Cyrénaïques prétendoient que le corps four- . mifloit plus que l’efprit dans la fomme des women um de plaifir. Que l’infenfé n’étoit pas toûjours mécontent de fon exiftence , ni le fage toijours content de la fienne. Que l’art du bonheur confiftoit à évaluer ce qu'u- ne peine qu’on accepte doit rendre de plaifir. Qu'il n’y avoit rien qui fût en foi peine ou plaïfir. . Que la vertu m’étoit à fouhaiter qu’autant qu’elle étoit ou un plaifir préfent, ou une peine qui devoit rapporter plus de plaïfir. Que le méchant étoit un mauvaisnégociant , qu’il étoit moins à-propos de punir que d’inftruire de fes intérêts. Qu'il n’y avoit rien en foi de jufte & d'imjufte, d'honnèête & de deshonnète. Que de même que la fenfation ne s’appelloit pere ou plaifir qu'autant qu’elle nous attachoit à ’exiften-" ce, ou nous en détachoit ; une aétion n’étoit jufte ou injufte, honnête ou deshonnête, qu’autant qu'elle étoit permife ou défendue par la coûtume ou par la loi. | Que le fage fait tout pour lui-même, parce qu'il eft l’homme qu'il'éftime le plus ; & que quelque heu- reux qu’il foit, il ne peut fe diflimuler qu'il mérite de l’être encore davantage. Ariftippe eut deux enfans , un fils indigne de lui qu'il abandonna ; une fille qui fut célebre par fa beauté , fes mœurs, & fes connoïffances. Elle s’ap- pelloit Areré. Elle eut un fils nommé Arifippe dont elle fit elle-même l'éducation, & qu’elle rendit par {es leçons digne du nom qu'il portoit. Ariftippe eut pour difciples Théodore , Synale, Antipater , & fa fille Areté. Areté eut pour difciple fon fils Ariftippe. Antipater enfeigna la doëtrine cy- rénaïque à Epimide ; Epimide à Peribate ; & Peribate à Hégéfias & à Anniceris, qui fonderent Les feétes Hegefaques & Annicériennes dont nous allons par- ler. Hegefas furnommé le Pifithanate , étoit tellement convaincu que l’exiftence eft un mal, préféroit fi fincerement la mort à la vie, & s’en exprimoit avec tant d’éloquence, que plufeurs de fes difciples fe dé- firent au {ortir de fon école. Ses principes étoient les mêmes queceux d’Arifippe ; ils inftituoient l’un & l’autre un calcul moral, mais ils arrivoient à des ré- fultats différens. Ariftippe difoit qu'il étoit indifférent de vivre ou de mourir, parce qu'il étoit impoñfble de favoi®h la fomme des plaïfirs feroit à la fin de la vie, plus grande ou plus petite que la fomme des per- nes ; & Hegefñas qu'il falloit mourir, parce qu’en- core qu'il ne püt être démontré que la fomme des peines feroit à la fin de la vie plus grande que celle des plaïfirs,, 1l y avoit cent mille à parier.contre un qu'il en arriveroit ainfi , & qu'il n’y avoit qu’un fou qui dût joüer ce jeu-là: cependant Hegefias Le joüoit «dans le moment même qu'il parloit ainfi. La doûrine d’Anniceris différoit peu de celle d’'E- picure ; il avoit feulement quelques fentimens affez finguliers. Ilpenfoit, par exemple, qu’on nedoitrien à {es parens pour la vie qu'on en a recüe; qu'il'eft beau de commettre un crime pour le falut de la pa- trie; & que de fouhaiter avec ardeur la profpérité de fon ami, c’eft craindre fecrettement peur {oi les fuites de fon adverfité. - Théodore l’athée jetta par fon pyrrhonifme le trouble & la divifñion dans la fete Cyrénaïque, Ses adverfaires trouverent qu’il étoit plus facile de lé- CYR 60$ loigner que de lui répondre ; mais il s’agifloit de l’en- voyer dans quelque endroit où il ne pût nuire à per- fonne.Après y avoir férieufement refléchi, ils le relé- guerent du fond de la Lybie dans Athenes, Les juges de lAréopage lui auroient bientôt fait préparer la çi gue , fans la proteétion de Démétrius de Phalere, On ne fait fi Théodore nia l’exiftence de Dieu, ou s’il en combattit feulement les preuves ; s’il n’admit qu'un Dieu, ou s'il n’en admit point du tout : ce qu'il y a de certain, c’eft queles magiftrats & les prêtres n'en» trerent point dans ces difinétions fubtiles ; que les magiftrats s’apperçurent feulement qu’elles trou- bloïent la fociété ; les prêtres, qu’elles renverfoient leurs autels ; & qu’il en conta la vie à Théodore & à quelques autres. . On a attribué à Théodore des fentimens très-hars dis, pour ne rien dire de plus. On lui fait foûtenir que l’homme prudent ne doit point s’expofer pour le falut de la patrie ;.parce qu’il n’eft pas raifonnable que le fage périfle pour des fous ; qu'il n’y a rien en Loin d’injufte ide deshonnète ; que le fage fera dans loccafñon voletir, facrilége , adultere ; & qu’il ne rou- gira jamais de fe fervir d’une courtifane en public: Mais le favant & judicieux Bruckher traite toutes ces imputations de calomnieufes ; & rien n’honore plus fon cœur que le refpe& qu’il porte à la mémoiré des anciens philofophes , & fon efprit , que la manie- re dont il les défend. N’eft-il pas en effet bien intérefs fant pour l'humanité & pour la philofophie , de per- fuader aux peuples que les meilleurs efprits qu’ait eus l'antiquité , regardoient l’exiftence d’un Dieu comme un préjugé , & la vertu comme un vain nom | Evemere le cyfénaique fut encore un de ceux que les prêtres du Paganifme accuferent d’impiété, pare ce qu'ilindiquoit fur la terre les endroits où l’on avoit inhumé leurs dieux. Bion le borifthénite pañla pour un homme d’un efprit excellent & d’une piété fort fufpeéte. IL fut cynique fous Cratès ; 1l devint cyrézaique fous Théo- dore; il fe fit péripatéticien fous Théophrafte , & finit par prendre de ces feétes ce qu’elles avoient de bon, & par n'être d'aucune. On lui remarqua la fermeté d’Antifthene, la politefle d’Ariftippe, & la dialeétique de Socrate. Il étoit né de parens très- obfcurs, & ne s’en cachoit pas. On l’accufe d’avoir traité de fottife la continence de Socrate avec Al4 cibiade ; mais on n’a qu'à confulter l’auteur quenous avons déjà cité , pour connoître quel degré de foi il faut accorder à ces anecdotes fcandaleufes , & à quelques autres de la même nature. Les prêtres du Paganifme ne pouvoient fupporter qu’on accordât de la probité aux inconvaincus de leur tems : ou ils leur reprochoient comme des crimes les mêmes foi. bleffes qu’ils fe pardonnoïient ; ou ils en accufoient leur façon de penfer, quoiqu’avec des fentimens.plus orthodoxes ils ne fiffent pas mieux qu'eux ; ow ils les calomnioient fans pudeur, lorfqu'ils en étoient réduits à cette reflource : C'eff tokjours montrer de la piétéenvers les dieux , difoient-ils , que de dénigrer atort G a-travers ces hommes pervers. | Tels furent les principaux Philofophes eéyréraie ques. Cette fete ne dura pas long-tems. Et com- ment auroit-elle duré? Elle n’avoit point d'école en Grece; elle étoit divifée en Lybie, foupconnée d’a: théifme par les prêtres, accufée de corruption par les autres philofophes , & perfécutée par les magife trats. Elle exigeoit un concours de qualités, qui fe rencontrent fi rarement dans la même perfonne; qu'il ny a jamais eu que fôn fondateur qui les ait bien réunies ; &x elle ne fe {oûtenoit que paf quel= ques transfuges des Stoïciens , que la douleur defa- bufoit de Papathie, Voy: Bruck, Stand. hifi, de La Phil. CYRÈÊNE, (Géog, mod. ) ville autrefois célébre. 606 CYS d'Afrique dans la Barbare, au royaume de Barca, dans la province de Meftrata, autrefois appellée la Lybie Cyrénaique, : CYRICENES , f. f, pl. (Æiff. anc.) étoient chez les anciens Grecs des efpeces de falles de feftin fort magnifiques , qui étoient toujours tournées vers le nord, & qui ordinairement avoient vie fur des jar- dins. Elles avoient pris leur nom de Cyrique, ville fort confidérable par la grandeur de fes bâtimens, & fi- tuée dans une île de Myfie qui portoit le même nom. Les cyricenes étoient chez les Grecstce que les #ric- nia & les cœnacula étoient ch27 les Romains ;, des falles à manger ou falles de feftin. (G) CYRNA , (Géog. mod.) ville & territoire de la Pologne dans le palatinat de Mazovie. CYST-HÉPATIQUE, (CONDUIT ) Anatomie, eft un canal par où le pore biliaire décharge partie de fa bile dans la’véficule du fiel. Voyez VÉSICULE DU FIEL, | | Ce canal a été décrit pour la price fois par Glifon; & long-tems après, Perrault a prétendu en avoir fait la découverte. Voyez PI, anar, (Splanc.) fig. 5. lerr. cc. Verheyen, dans fon traité fur la bile, renverfe le nom ; & au lieu d'appeler ce canal cy/f-héparique, 1l l'appelle héparicyflique, ce qui eft mieux. Voyez HÉ- , PATICYSTIQUE. Ce conduit n’a pas encore été dé- couvert dans l’homme. Chambers. (L) CYSTIQUE, adj. ez Anatomie, le dit des arteres &t des veines qui fe diftribuent à la véficule du fiel. Voyez PL. Anatom. (Angéiol,) fig. 1, n°, 34. Voyez auf VESICULE DU FIEL. Les arteres cy/fiques font des branches de Phépati- que qui aboutiflent à la véficuledu fiel & y fourniffent du fang. Les veines cyffiques reportent ce qui refte de ce fang dans la veine-porte. Voyez PORTE. Par remedes cyfliques on défigne les remedes contre les maladies de la veffe. Voyez PIERRE, LITHON- TRIPTIQUE, Gc. Le canal cyffique eft un conduit. biliaire de la groffeur d’une plume d’oie, qui fe joint au canal hé- patique à environ deux doigts de diftance de la vé- ficule du fiel ; les deux réunis formant enfemble le conduit commun ou canal cholidoque. Foyez Planc. Anatom. (Splanch.) fig. 1. less. d, fig. 5, lecr, gg. Voy. “auffi FIEL. (1) * CYTHÉRÉE, adj. (Myrh.) furnom de Vénus, ainf appellée deCythere à préfent Curgo, île fituée vis-à-vis de la Crete, où elle avoit un temple qui pafloit pour le plus ancien de la Grece, & fur les bords de laquelle on croyoit qu’elle avoit été portée par les Zéphirs au milieu des Amours, des Tritons, & des Néréides, couchée mollement fur une conque marine ; l’écume de la mer venoïit à peine de la for- mer. On donna le nom de Cyrhériades aux Graces qui l’attendoient fur le rivage, & qui ne la quitte- rent plus que dans des occafions où Vénus aimoit mieux fe faire accompagner des Plaifirs. - * CYTHERONIUS, adj. (Mych.) furnom de Jupi- ter, ainfi appellé d’une montagne qui fépare la Béo- tie de l’Attique, qui eft confacrée aux Mufes & à Bacchus , où Les Poëtes ont placé le fphinx, dont ils _ont fait le lieu des fcenes d’Aéteon, d’Amphyon, &c. Les genre de plante qui difiere du genêt & du cyufe, en ce que les unes de fes feuilles naïflent une à res & les autres trois À trois. Tournefort , inf. rei herb. Voyez CYTISE, GENET, PLANTE. ( 7) | Le cyife eft un arbrifieau qui a la feuille en trefle ; & la fleur légumineufe. On en connoît à préfent de beaucoup d’efpeces , qui varient entre elles pour la hauteur de Parbrifleau, pour la couleur des fleurs , la verdure du feuillage , & pour être plus ou moins robuftes, Tous les cysifes craignent le trop grand froid; auffi n’en voit-on aucun dans les pays du nord: la plüpart au contraire fe trouvent dans les contrées méridionales, & quelques-uns s’accommodent des cli- mats tempérés ; d’où il s’enfuit que dans la partie feptentrionale de ce royaume il faut leur fuppléer différentes températures. Les uns, tels que ceux qui font originaires des Alpes , réfiftent aux plus grands froids de ce climat. La plûüpart peuvent auf pañler en pleine terre dans les hyvers ordinaires ; d’autres ont befoin de l’orangerie, & quelques-uns veulent la ferre chaude, Il regne auf une grande différence dans le volume de ces arbrifleaux:ily ena de di- verfes tailles, depuis Le.cys/e rampant qui s’éleve à peine à un pié, jufqu'au cysÿfe des Alpes qui fait un arbre. Il n’y a pas moins de variété dans la couleur des fleurs , qui font blanches ou pourprées dans quel- ques efpeces, ou jaunes dans la plûpart ; & dans la verdure de leur feuillage qui eft de bien des nuances, depuis le verd le plus foncé jufqu’au plus blanchä- tre. Maïs 1l eft peu de ces arbrifleaux dont on puiffe , tirer quelqu’utilité ; un peu plus que l’on cultive pour l’agrèment , & le plus grand nombre fert tout au plus d’amufement à quelques curieux qui veu lent faire des colleétions de tout, & qui {e trouve- ront les plus intéreffés au détail qui fuit. Le Le plus grand, le plus beau, & le plus utile des cytifes ; c’eit le faux ébenier ou le cyzfe des Alpes: il s’éleve à dix-huit ou vingt piés, & il.prend avec de la culture & du tems jufqu’à trois piés de tour: il donne au mois de Mai une grande quantité de gra- pes dé fleurs jaunes qui ont fouvent un pié de long, & qui font d’une fi belle apparence qu’on admet cet arbre dans la plüpart des plantations que l’on fait pour l'agrément. Son bois qui eft fort dur, & qui fe noircit dans le cœur en vieilliffant, lu a fait don- ner le nom d’éberier : on s’en fert à faire des palis & des échalas qui durent très-long-tems. Cet arbre fe plait dans les expofñtions les plus découvertes; H vient dans tous les terreins , & réuflit le mieux dans ceux qui font médiocres. Il fe multiplie fort aïé- ment & de plufieurs façons, dont la plus courte eff de femer la graine. Il croît fi prompiement dans fa jeunefle, qu’en deux ans il s’éleve à fix ou fept piés : mais la grande quantité de-fleurs qu’il donne bien- tôt rallentit fon accroiflement. Il eft fi robufte, que les hyvers les plus rigoureux ne lui porte*t aucune atteinte dans, ce climat. Sa jeuneffe eft Le tems où la tran{plantation lui réuflit le mieux. Il ne craint point la taille, par le moyen de laquelle on peut le palifer ou lui faire une tête réguliere. Il a de plus avantage de n'être point fujet aux attaques des infe&es , & de fupporter l’ombre des autres arbres, qui peuvent même le dominer fans lui nuire. Cependant cet ar- bre qui eft de tout agrément au printems, n’en a plus aucun en automne, par rapport à la grande quantité de graines qui le couvrent, & qu'il retient pendant tout l’hyver. On diflingue plufeurs varié- tés dans-les cyrifes des Alpes. L’un a la feuille laroe ; c’eft celui qui s’éleve le plus : on le trouve aufli à feuille panachée de blanc. Un autre a la feuille étroite, & la grape de fes fleurs plus longue : c’eft celui qui a le plus d’agré- ‘ment. L> : Et un troifieme qui a les grapes de fes fleurs plus courtes : c’eft le moindre de tous. | » Le cytife de jardins. On peut bien appeller ainñ lefpece défignée par C. Bauhin fous la phrafe de cy- aie a feuilles liffes arrondies dont le pédicule efe crès- court, parce qu’en effet c’eft le cyzife qu’on cultive le plus pour l'agrément. C’eft un arbrifleau fleuriflant fort joli, qui s'éleve à cinq ou fix piés, & qui pro- duit au mois de Mai une grande quantité de fleurs jaunes d’une belle apparence. On peut le multiplier de branches couchées ou de graines qui font mûres au mois d’Aoùût, & qui tombent promptement ; mais ie plus court fera de le faire venir de boutures, qui étant faites au printems, s'éleveront à deux piés, ë feront en état d’être tranfplantées l'automne fui- vante : & même j'ai vù réuflir des boutures de cet arbrifleau qui n’avoient été faites qu’au mois de Juillet ; ce qui eft très-rare parmi les arbres qui quit- tent leurs feuilles. Ce cytfe eft fort fufceptible de plufieurs formes : on peut lui faire une tête ronde, & fur-tout en former de petites paliflades pour lef- quelles 1l eft tout-à-fait convenable, à caufe qu’il fe garnit de quantité de rameaux, qu'il ne quitte fes feuilles que des derniers, & que tous les terreins lui conviennent. | Le cytife verd foncé. C’eft encore un bel arbrifleau fleuriffant qui eft très-robufte, qui ne s'éleve qu'à cinq ou fix piés, & auquel on peut donner une for- me réguliere. Il fe couvre au mois de Juin d’une quantité de grapes de fleurs jaunes plus longues que celles du précédent, qui fe foûtiennent auffi droites, mais qui durent plus long-tems. On peut Le multi- plier & l’élever de la même maniere que celui qui précede. Le cytife velu , eft ainfi nommé parce que fes feuil- les font couvertes d’une efpece de duvet rouffâtre, C’eft un petit arbrifleau fleuriffant qui a pris faveur en Angleterre, où on le cultive à préfent en quantité dans les pepinieres. Il eft affez robufte pour pañler lhyver en pleine terre. Il fleurit dès le commence: ment d'Avril, & on peut le multiplier & lélever aufi aifément que les précédens. Le cytife rampant. Cet arbrifleau qui s’éleve d’en- viron un pié, fe trouve communément en Bourgo- gne fur les montagnes, au couchant de la ville de Dijon. La plüpart de fes branches s’inclinent natu- rellement & rampent par terre. Ses fleurs d’un jaune obfcur viennent en maniere de couronne au bout des branches au commencement de Juin, & durent jufqu’à la fin de Juillet : les souffes qui renferment la graine font garnies d’une forte de duvet, de mé- me que les feuilles en-deflous. Cet arbrifleau eft très- robufte, vient dans les plus mauvais terreins, & fe multiplie très-aifément ; mais il n’a nul agrément. Ce font là les efpeces de cyzife les plus robuftes, &t qui étant par conféquent les plus intéreffantes & les plus utiles, puifqu’elles peuvent réfifter en plein air dans ce climat ; j'ai eu plus occafion de les ob- ferver que les fuivantes, fur lefquelles on peut très- bien s’en rapporter à M. Milleridont j'ai extrait ce qui fuit. Le cytife des Camaries. C’eft un petit arbriffeau toû- jours verd dont la feuille eft blanchâtre, & qui eft trop délicat pour pañler l’hyver en pleine terre dans ce climat : 1l lui faut l’orangerie, dont il fait l’orne- ment aux mois de Mars & d'Avril, qui eft le tems de fes fleurs. On peut le multiplier de graines & de branches couchées, Vi. Le cytife épineux. I faut des précautions pour éle- ver cet arbrifleau de femence pendant les premieres années; & on ne doit pas manquer de lui faire pafler lhyver dans l’orangerie. Mais quand il fera devenu ligneux, on pourra l’expofer en pleine terre à une fi- tuation chaude, où il réfiftera aux hyvers ordinai- res. Îl fleurit au mois de Mars, & n’a pas grand agré- ment, CG VTT 607 Le cytife de Montpellier. Arbrifleau affez joli qui s’éleve à huit piés, qui fleurit au mois de Mai, & auquel on peut faire une tête réguliere : mais com- me les grands hyvers le font périr lorfqu’il eft en pleine terre, 1l faut pour l’élever de feménce autant de précautions que pour le précédent, Le cytifè a feuilles blanchätres & à gouffes longues. La meilleure qualité de cet arbrifleau eft de fleurir au mois de Septembre, où bien peu d’autres arbrif- feaux donnent des fleurs. Le cytife velu à fleurs jaunes pourprées. Le cyrife verd. Le cytife de Portugal à feuilles de luyerne, Ses fleurs naïflent aux aiflelles des feuilles. Le cytifégde Portugal à fleur blanche. Ses feuilles font argentées & très-petites. Le cytifè de Portugal à grande fleur. Ses feuilles font petites, & les gouffes qui renferment fa graine font larges & velues. Le cyrife a feuilles argentées. Le cytifè du Levant 4 grandes feuilles blanchätres en-deffous. Ces huit dernieres efpeces de cyrife font de petits arbrifleaux qu’on cultive rarement, & dont il ne pa- roît pas qu'on fafle grand cas. Maïs comme ils font originaires des pays méridionaux, ils ne font pas af fez robuftes pour réfifter aux grands froids de ce climat. Cependant lorfqw'ils feront forts & ligneux, | ils pourront y pañler les hyvers ordinaires en pleine terre, dans une bonne expofñition, où ils fe défen- dront encore mieux des gelées fi on les plante parmi d'autres arbrifleaux. On pourra les multiplier de graine avec quelques précautions & le fecours de l’orangerie. Le cytife d'Afrique. Cet arbrifleau dont la feuille eft étroite & velue, étant plus délicat que tous ceux qui précedent , &c ne pouvant pañler l’hyver en plein air, il faut le traiter comme les orangers. Le cytife d'Amérique. Cet arbriffeau a l’écorce gar- me d’une efpece de duvet qui la fait paroître foyeu- fe. Il eft fi délicat qu’il ne réuffira pas dans ce climat, à moins que de lui faire pafler l’hyver dans une bon- ne ferre. Le cytife a fruit blanc. On cultive cet arbrifileau dans les Indes occidentales à caufe de fon utilité: il fe plait dans les plus mauvais terreins, & il rap- porte quantité de fruits , qui étant bons à manger , fervent quelquefois d’aliment aux gens du pays: mais le principal ufage qu'ils en font c’eft d’en nourrir les pigeons ; ce qui l’a fait nommer Ze pois des pigeons. On donne auffi les branches de l’arbriffeau avec le fruit même &c les feuilles à différens beftiaux pour les bien engraïfler. Mais on ne fauroit en tirer le même parti dans ce climat, parce qu’il eft fi délicat qu'il lui faut une ferre à feu pour pañler l’hyver. Le cytife-irdigo. C’eft une plante vivace qu’on di- füngue des autres efpeces de cyrifés , en ce que fes feuilles n’ont prefque point de pédicule, & que le calice qui foûtient la fleur eft garni de trois petites écailles. On fe fert de cette plante dans la Louifiane pour faire de l’indigo. Cependant on ne l’éleve que difficilement en Angleterre , où elle fe trouve délica- te pour le climat : & comme elle ne réuflit pas bien en pot, & qu'il faut la tenir en pleine terre, il faut avoir foin de la défendre des gelées pendant l’hyver. Elle trouveroit probablement un degré de chaleur plus convenable dans les provinces méridionales de ce royaume. Le cyvife a feuilles ovales. C’eft un petit arbrifleau qui ne s’éleve qu'à trois piés, & dont on fait quel- qu’eftime parce que fes fleurs viennent de bonne- heure au printems. Il eft très-robufte, mais fort rare. Le cytife de Sibérie, Sa feuille eft blanchâtre & e 6o8 CZ étroite , & fes fleurs viennent en bouquets au bout des branches. Cet arbriffeau, quoique robufte , eft encore peu répandu. Enfin Tournefort rapporte encore plus de quinze efpeces de cyifés, qui ne font pas aflez connues pour en parler ici. (c) CyTise, (Mar. med.) Cette plante n’eft d’aucun ufage parmi nous : cependant on attribue à fes feuul- |? les de rafraichir & de réfoudre les tumeurs. Leur dé- codion, felon Diofcoride , prife intérieurement, poule par les urines. (4) CLZ CZAKENTHURN , ( Géog. mod.) ville forte d'Allemagne en Stirie, dans l’Autrichéffifur les fron- tieres de Hongrie, entre la Drave & le Muhir. Lozg. 34: 54. lats 46, 24. CZAPOZAKLI, (Géog. mod.) petite ville de la Tartarie d'Ocrakow, fur la riviere Rog. CZAR , fub.m. (Æiff. mod.) nom ou titre d’hon- neur que prend le grand duc de Mofcovie, ou com- me on l'appelle aujourd’hui, empereur de Ruflie. Voyez EMPEREUR. Les naturels du pays prenoncent #zar ou zaar; êc felon Becman ce nom eft corrompu de Ce/ar ou em- pereur ; car il prétend defcendre des empereurs Ro- mains , & porte un aigle dans fes armoiries comme un fymbole de fon empire. Voyez César. D’autres prétendent que le nom de s7ar veut dire feulement /eigreur. Le premier qui a pris le titre de czar a été Bafile fils de Jean Bafilide, qui fecoua le joug des Tartares vers l’an 1470, & jetta les premiers fondemens de la puiffance où cet empire eft aujourd’hui parvenu. Sperlingius prétend que ces princes n’ont porté Le nom de œar,que depuis que les Ruffiens ont em- braflé la religion des Grecs ; il prétend qu’aupara- vant ils s’appelloient kozger, roi. Voyez RoOt. Chamb. G Je fai que quand le cyar Pierre I. exigea de la cour de Vienne qu’on le qualifiât du titre d’ezzpereur, ce- la forma beaucoup de difficulté à la cour impériale ; mais le czar Pierre fit préfenter par fon ambañladeur une lettre originale que Maximilien I. avoit écrite au czar Jean Bañlowitz. Le comte Sinzendorff grand chancelier de la cour de Vienne, fit chercher dans les archives de la maïfon d’Autriche l’original de cette lettre. On ne la trouva point ; mais l'écriture du fecréraire & ‘la fignature de Maximilien ayant été reconnues & bien vérifiées, on ne fit pas difi- culté d'accorder à Pierre I, & à fes fuccefleurs le ti- HSE tre d’empereur, dont ils joüiflent encore à préfent. Cet du comte Sinzendorff que j'appris à Vienne même ces particularités , en 1722. Arsicle de M. l’abbé LANGLET. | CZARNOPEL, (Géog, mod.) ville de Pologne en Volhinie, fur la riviere d’Ytza. CZARTIKOW , (Géog. mod.) ville de Pologne en Podolie. CZASLAU , (Géog,. mod.) petite ville de Boheme, capitale du cercle de même nom, fur la Crudemka, Long. 33. 18. lat. 49.50. CZASNIKI, (Géog. mod.) ville de la Ruffie li- RE au palatinat de Witepsk, fur la riviere UL CZEBRIN, (Géog. mod.) petite ville forte de Po- logne dans la Volhinie, fur le Tatmin. | CZEMIERNIKOVW , (Geog. mod.) ville de la pe- tite Pologne dans le palatinat de Sendomir. CZENSTOCHOVW , (Géog. mod.) petite ville de Pologne au palatinat de Cracovie, fur la Warte. Long. 36.50. lat 50. 48. CZEREMITZES, (LES) Géog. mod, nation tar- tare qui habite près du Wolga, fur les frontieres des royaumes de Cafan & d’Aftrakan. Ils font Mahomé- tans ou Idolatres, & ne vivent que de lait & de miel. Ils font tributaires de la Ruffe. CZERK ASKI, (Géog. mod.) ville principale des Cofaques du Don, fur la riviere du Don, à peu de diftance d’Afof, CZERNICK , (Géog. mod.) petite ville de la hau- Pis Hongrie dans le comté de Zips , où 1l y a des mi- nes d’or & d’argent. Il y a une ville de même nom en Walachie , fur le Danube, CZERNIENSK , (Géog. mod.) ville de Pologne dans le palatinat de Mazovie. CZERNIKOVW , (Géog. mod.) ville confidérable de la Mofcovie, capitale du duché de même nom, fur la Defna. Long. 50. 58, lat. 51. 20. CZERNOBEL , (Géog. mod.) ville de Pologne dans la Volhinie, fur la riviere d’Uza. CZERSKO, (Géog. mod.) ville de Pologne dans le palatinat de Mazovie, fur la Viftule. CZIRCATSI, (Géog. mod.) petite ville de Polo- gne dans l'Ukraine, au palatinat de Kioire, près du . Nieper. Long. 50.40. lat. 49. CZIRCKWITZ, (Géog. mod.) petite ville d’AI- lemagne en Siléfie. CZONGRAD , (Géog. mod.) ville de la haute Hongrie, capitale du comté de même nom, au con- fluent de la Theifs & du Keres. Long. 38. 32, lar. 46, 30. PSS ET + À Ve à TRE. EME 5% QN \ —= CA EE D, fm ] , fm. (Ecriure.) la quatriemé lettre de notre alphabet. La partie intérieure du D itali- que fe forme de l'O italique entier ; & fa partie fupérieure ou fa queue des feptieme & huitieme parties du même ©. Le d coulé & le d rond n’ont pas une autre formation ; il faut feulement le rappor- ter à l’o coulé & à lo rond. Ces trois fortes de d de- mandent de la part de la main un mouvement mixte des doigts & du poignet, pour la defcription de leur portion inférieure ; les doigts agiflent feuls dans la defcription de la queue ou de leur partie fupérieure. D , (Gramm. &c.) Il nous importe peu de favoir d’où nous vient la figure de cette lettre ; 1l doit nous fuffire d’en bien connoitre la valeur & l’ufage. Ce- pendant nous pouvons remarquer en paflant que les Grammairiens obfervent que le D majeur des Latins, & par conféquent le nôtre, vient du A de/ra des Grecs arrondi de deux côtés, & que notre d mineur vient auf de d delta mineur. Le nom que les maîtres ha- biles donnent aujourd’hui à cette lettre, felon la re- marque de la grammaire générale de P.R. ce nom, dis-je, eft de plütôt que 4, ce qui facilite la fyllabi- fation aux enfans. Voyez la grammaire raifonnée de PR. chap. v]. Cette prätique a été adoptée par tous les bons maïtres modernes. Le d'eft fouvent une lettre euphonique : par exem- _ple, on dit profum , profui, &c. fans interpofer aucu- ne lettre entre pro & fum ; mais quand ce verbe com- mence par une voyelle on ajoûte led après pro. Ainf on dit, pro-d-es , pro-d-ero , pro-d-effe : c’eft le mé- chanifme des organes de la parole qui fait ajoûter ces lettres euphoniques, fans quoiil y auroit un bäil- lement ou kzatus, à caufe de la rencontre de la voyel- le qui finit le mot avec celle qui commence le mot fuivant. De-là vient que l’on trouve dans les au- teurs rederga , qu'on devroit écrire me-d-erga, c’eft- à-dire erga me, C’eft ce qui fait croire à Muret que dans ce vers d'Horace, Orne crede diem nb: diluxiffe fupremum. I. epiit. jv. verf. 13. Horace avoit écrit, ibid iuxiffe, d’où on a fait dans la fuite diluxiffe. Le d & le s fe forment dans la bouche par un mou vement àä-peu-près femblable de la langue vers les dents: le Z ef la foible du s, & le la forte du d ; ce qui fait que ces lettres fe trouvent fouvent l’une pour l’autre, & que lorfqu’un mot finit par un d, fi ke fuivant commence par une voyelle, le d fe change en £, parce qu'on appuie pour Le joindre au mot fui- vant ; ainfi on prononce graz-1-homme, le froi-t-eft rude, ren-t-il, de fon-t-en comble, quoiqu’on écrive grand homme ; le froid eff rude, rend-il, de fond en comble. . Mais fi le mot qui fuit le d'eft féminin, alors le d étant fuivi du mouvement foible qui forme l’e muet, & qui eft Le figne du genre féminin, il arrive que le d eft prononcé dans le rems même que l’e muet va fe perdre dans la voyelle qui le fuit ; ainfi on dit, gran- æ'ardeur, gran-d’ame , 8c. C’eft en conféquence du rapport qu'il y a entre le d & lez, que l’on trouve fouvent dans les anciens & dans les infcriptions, guir pour quid , at pour ad, ft pour fed, haut pour haud , adque pour atque, &cc. Nos peres prononçoient advis , adyocat , addition , &c. ainf ils écrivoient avec raïfon advis, advocat , gddition , &c. Nous prononçons aujourd’hui avis, Tome IF, avoëat , adition ; nous aurions donc tott d'écrire ces mots avec un d. Quand la raifon de la loi cefle, di. fent les jurifconfultes, la loi cefle aufli: ceffante ra- tione legis, ceflat lex. | D numéral, Le D en chiffré romain fignifie cg cents. Pour entendre cette deftination du D, il faut obferver que le M étant la premiere lettre du mot mille, les Romains ont pris d’abord cette lettre pour fignifier par abréviation le zombre de mille, Or ils avoient une efpece de M qu'ils faifoient ainfi C19, en joignant la pointe inférieure de chaque C à la tête de l’Z. En Hollande communément les Imprimeurs marquent mille ainfi CZ9, & cinq cents par 2, qui eft la moitié de C19. Nos Imprimeurs ont trouvé plus commode de prendre tout d’un coup un D quieftle € rapproché de V7. Mais quelle que puifle être l’origine de cette pratique, qu'importe, dit un auteur, pour- vâque votre calcul foit exaë & jufte? 07 multum refert , modo reile € jufle numeres, Martinius. D abréviation. Le D mis feul, quand on parle de feigneurs Efpagnols ou de certains religieux, fignifie don ou dom. Le diétionnaire de Trévoux obferve que ces deux lettres N. D, fignifient Norre- Dame. “Ontrouve fouvent à la tête des infcriptions & des épitres dédicatoires ces trois lettres D. F, C, elles fi- gnifient dicat, vovet ; confécrat. Le D fur nos pieces de monnoie eft la marque de la ville de Lyon. (F) D, (Antiquaire.) Hiff, arc. Dans les infcriptions & les médailles antiques fignifie dvus ; joint à la lettre M, comme D M, il exprime diis manibus , mais {eu- lement dans les épitaphes romaines : en d’autres oc: cafons, c’eft deo magno ou diis magnis ; 8& joint à N, il fignifie dominus nofler, nom que les Romains don: nerent à leurs empereurs, & fur-tout aux derniers. Cette lettre a encore beaucoup d’autres fens dans les infcriptions latines. Alde Manuce en rapporte une cinquantaine , quand elle eft feule, autant quand elle doublée, & plus de trente quand elle ef tri- plée fans parler de beaucoup d’autres qu’elle re- çoit, lorfque dans les anciens monumens elle eft ac. compagnée de quelques autres lettres. Foyez l'ou- vrage de ce favant littérateur italien ; Ouvrage né- ceflaire à ceux qui veulent étudier avec fruit l'Hif- toire &c les Antiquités. Son titre eft, de vererum no sarum explanatione que in antiquis monumentis occur= runt, Aldi Manutii Pauli F, commentarius : in-8° Ve. netiis ; 1566 ; 1l eft ordinairement accompagné du traité du même auteur, ethographie ratio in-8°, Ves netlis , 1566. (4 D, (Mufique.) D-la-ré, D-fol-ré, ou fimplement D. Caraëtere ou terme de Mufique qui indique la note que nous appellons ré, Voyez GAMME. (5) D ,(Comm.) cette lettre eft employée dans les journaux ou regiftres des marchands banquiers & teneurs de livres, pour abréger certains termes quil faudroit répéter trop fouvent. Ainfi d° fe met pour dito Où dir ; den. pour denier ou gros. Souvent on ne met plus qu’un grand D ou un petit pour dernier tours ño1s &t dit. Dal. on D pour daldre, duc, ou Dé pour ducat. V, ABRÉVIATION. DIE, du Com. & Chamb. (G} DABACH, (Æf. rar.) animal d'Afrique qu'on dit être femblable à un loup, avec cette différence qu'il a des pattes qui reffemblent aux mains & aux piés des hommes. Il eft fi carnacier, qu’il déterre mê- meles cadavres. Voilà toutce qu’onfait de cetanimal, DABOUIS, f. m. (Comm.) toile de coton de ef pece des taffetas; on nous l’apporte des [ndés orien: tales, #, Les diclionn, du Comm, de Trév. & de Disk, HHhh Gro D À C DABUL, (Géog. mod.) grande ville d'Afie au royaume de Vifapour, fur la côte de Malabar. Lar. 418. long. 91. ! DACAÀ , (Géog. mod.) ville d’Afe dans les Indes : au royaume de Bengale, fur le Gange. Long. 106. 4.9. lat, 24, * DACES, fm. pl. (Géog. anc.) peuples qui ha Ditoient Les bords du Danube &c les environs de la forêt Hercinienne , d’où ils fe retirerent fur les cô- tes de la Norwege. Quelques auteurs les font origi- naires de Grece , les confondent avec les Getes, & les regardent par conféquent comme Scythes. Trajan fut furnommé le Dacique,, de la vi@toire qu'il rem- porta fur Décebale Le dernier de leurs rois. la fep- tieme année de fon tribunat ; & l’on prétend que la colonne Trajane lui fut élevée en mémoire de cette expédition. La Dacie qui comprenoit alors la partie de la haute Hongrie, qui eft à l’orient de la Feïfle, la Tranfylvanie, la Valaquie & la Moldavie, devint une province Romaine, La colonie de Daces que Au- rélien établit entre les deux Mæfes, s’appella Dacie Aurélienne, Cette Dacie fe divifa en Alpeñtre &c en Cis-inftrienne ; & celle-ci en Ripenfe ou Pannoda- cie, & en Méditerranée ou Gépide. DACHSTEIN, (Géog. mod.) petite ville de la bafle Alface. Long. 25. 20. lat. 48. 35. DACTYLE,, f. m. (Lirrérature.) forte de pié dans la poéfie greque & latine, compofé d’une fyllabe longue fuivie de deux breves, comme dans ce mot cärminé, &c. Ce mot vient, dit-on, de duxluaoe, di- gitus ; parce que les doigts font divifés en trois join- tures ou phalanges, dont la premiere eft plus longue que les deux autres : étymologie puérile. | On ajoûte que ce pié eft une invention de Bac- chus, qui avant Apollon rendoit des oracles à Del- phes en vers de cette mefure. Les Grecs l’appellent ones. Diom, 3° Page 474. , Le daityle & le fpondée font les deux principaux piés de la poéfie ancienne, comme étant la mefure du vers héroïque, dont fe font fervis Homere, Vir- gile, &c. Ces deux piés ont des tems éfaux, mais ils ne marchent pas avec la même witefle. Le pas du fpondée eft égal, ferme &z foûtenu ; on peut Le com- parer au trot du cheval: mais le daéfyle imite davan- tage le mouvement rapide du galop. Voyez QUAN- TITÉ , MESURE, &c. (G) … Les vers françois les plus nombreux font ceux où le rithme du daëfyle eft le plusfréquemmentemployé. Les poëtes qui compofent dans le genre épique où 1l importe fur-tout de donner aux vers la cadence la plus rapide, doivent avoir l’attention d’y faire en- trer le daëtyle le plus fouvent qu'il eft poffible. Les anciens nous ont donné l'exemple, puifque dans le vers.afclépiade qui répond à notre vers de douze fyl- abes, ils fe font fait une regle invariable d'employer trois fois le daëtyle ; favoir dans le fecond pié, avant lémiftiche , & dans les deux piés qui terminent le vers. Voyez l’ode d'Horace, Mecenas atavis , &c. Ad- dition de M, MARMONTEL. Daïtyle étoit encore chez les Grecs une forte de danfe que danfoient fur-tout les athletes, comme l’obferve Hezichius. Voyez DANSE. Daëlyle eft auf le fruit du palmier ; on l'appelle plus communément detre. Voyez DATTE. (G) Dacrvres, (Hifi. & Mythol.) nom des premiers prêtres de la déeffe Cybéle. Tout ce que l’on ditdes daëlyles eft aflez incertain. On les croit originaires de Phrygie province de lAfe mineure aujourd’hui la Natolie. On prétend que depuis ils vinrent habi- ter l’île de Crete, & que là on s’en fervit pour ca- cher à Saturne les cris du jeune Jupiter encore en- fant ;parce que ce prétendu dieu avoit promis aux Tuans dans le partage qu'il ft avec eux, de n’élever aucun enfant mâle, pour leur laiffer en entier l’hé- | J ritage dont il avoit dépouillé fon pere Ourane. Les daétyles pour empêcher que les cris de Jupiter ne vinf- {ent jufqu’à Saturne, inventerent une forte de danfe accompagnée d’un bruit harmonieux d’inftrumens d’airain , fur lefquels ils frappoient avec mefure ;'8r? cette mefure a retenu le nom de daëéfyles, & s’eft confervée dans la poéfie greque & latine. Leurs def- cendans s’appellerent cureres &c corybantes, On les prit pour les prêtres de Cybele ; ils fe mettoient com- me en fureur par une forte d’enthoufiafme, &-par l'agitation qu'ils {e donnoient dans leur danfe: On leur attribue l'invention du fer, c’eft-à-dire la ma- niere de le tirer des entrailles de la terre, de le fon= dre, & de le forger. Les uns établirent leurs atte- liers fur le mont Ida de Phrygie, d’autres fur le mont Ida de l’île de Crete. Mais le fer avoit été trouvé. par Tubalcain le fixieme defcendant de Cain, long- tems avant qu'il füt queftion des curetes. Il fe peut. faire néanmoins que-fur les connoïffances qui $’é- toient confervées de la fabrique de ce métal, les dac= syles en ayent fait l'épreuve en Phrygie 8 en Crete, où ils pürent trouver des terres qui leur en fuggere- rent le deffein. (a). . DACTYLIOMANCE oz DACTYLIOMANCIE ; f. f, (Divinar.) forte de divination qui fe fait par le moyen d’un anneau. Voyez DIVINATION, ANNEAU. Ce mot eft compofé du Grec , & vient de d'uruxes, doigt, & de pavreiæ, divination, La daëtyliomancie confiftoit eflentiellement à tenir un anneau fufpendu par un fil délié au-deflus d’une table ronde, fur le bord de laquelle on pofoit diffé- rentes marques où étoient figurées les vingt-quatre lettres de l’alphabet ; on failoit fauter l'anneau qui venoit enfin s'arrêter fur quelqu’une des lettres ; 8c ces lettres affemblées formoient la réponie qu'on demandoit. Cette opération étoit précédée & accompagnée de plufieurs cérémonies fuperfitieufes. L’anneaw étoit confacré auparavant avec bien des myiteres ;: celui qui le tenoït n’étoit vêtu que de toile depuis la tête jufqu’aux piés; il avoit la tête rafée tout au- tour, & tenoit en main dela verveine, Avant de pro= céder à rien, on commençoit par appaifer les dieux en récitant des formules de prieres faites exprès. Am- mien Marcellin nous a laïffé un ample détail de ces fuperftitions dans le xxyx. Liv, fon hifloire. Chambers. : On rapporte à la daélyliomancie tout ce que les anciens difent du fameux anneau de Gygés qui le rendoitinvifble, & de ceux dont parle Clément Ale- xandrin dans fes ftromates, par le moyen defquels un tyran des Phocéens étoit averti des conjonétures favorables à fes deffeins , maïs qui ne lui découvri= rent cependant pas une confpiration de fes fujets: qui l’aflaflinerent. Delrio, difquifit. magicar. Gb. jvs cap.wij. queft. 6. fe. 4. page 547. (G) DACTYLIQUE, adj. (Lutérature.) fe dit de ce qui a rapport aux daétyles, C’étoit dans l’ancienne mufique l’efpece de rithme, d’où la mefure fe partageoït en deux tems égaux. Voyez RITHME. Il y avoit des flûtes daéfyliques, ant fi-bien que des flûtes fpondaïques. Les flûtes daëfy= ligues avoïent des intervalles inégaux, comme le pié appellé daëlyle avoit des parties inégales. Les vers daëyliques font entre les vers hexame- tres, ceux qui finiflent par un daétyle au lieu d’un. fpondée, comme les vers fpondaiques font ceux qu ont au $° pié un fpondée au lien d’un daétyle. Ainfi ce vers de Virgile, Æneid. L. vj. 33. eft un vers dailylique : Bis patriæ cécideré manus , quin profinus OMNIA ; Perlegerent oculis. CT] Voyez VERS € SPONDAIQUE ; voyez auffi le ditlionres . de Trév. & Chambers, (G) | ci de D A D DACTYLONOMIE, f. f. (Arich.) ce moteft for- mé de deux mots grecs, d'uxrunos, doigt, & vouoss loi ; l'art de compter parles doigts: Foy. NUMÉRATION. - En voici tout le fecret : on donne 1 au pouce de la main gauche, 2 à l’index, & ainf de fuite jufqu’au pouce de la main droite, qui.étant le dixieme, a par conféquent le zéro, o. Voyez CARACTERE. Cette façon de compter ne peut être que fort in- commode. Comment, en effet, faire commodément les additions & autres opérations de l’Arithmétique par cette méthode? comment peut-on feulement 1n- diquer commodément un nombre donné, parexem- ple 279 Je fais qu’on l’indiquera en levant les trois doigts de la main qui défignent ces trois nombres, & en baïflant les autres ; mais comment diftinguera- t-on l’ordre dans lequel les chiffres doivent fe trou- ver placés , enforte que ce foit 279 & non pas, par exemple 207iou 729, 6c.Ce fera apparemment en ne montrant d’abord que 2, & tenant les autres doigts baiflés, puis en montrant 7, puis 9: mais une ma- niere encore plus commode d'indiquer ce nombre par fignes feroit de lever d’abord deux doigts, puis fept, puis neuf. Au refte tout cela ne feroit bon qu'- entre des muets. L’Arithmétique écrite eft bien plus commode. Il y a apparence que ce font les dix doigts de La main qui ont donné naiflance aux dix caracteres de l’Arithmétique ; & ce nombre de caraéteres augmen- té ou diminué changeroït entierement les calculs. Voyez BINAIRE. On auroit peut-être mieux fait en- core de prendre douze caraéteres, parce que 12 a plus de divifeurs que 10; car 12 a quatre divifeurs 2,349 6, & 10 n’en a que deux, 2, 5. Aurefte il eft à remarquer que les Romains n’employoient point l’arithmétique décimale; ils n’avoient que trois ca- ra@teres jufqu’à cent, 1, #, X: C, étoit pour cent, D, pour cinq cents, M, pour mille : mais comment calculoient-ils ? C’eft ce que nous ignorons, & qu'il {eroit affez curieux de retrouver. (0 DADEÉS, f. f. (Mythol.) fète qu'on célebroit à Athenes , & qui.prenoit fon nom des torches, dudve, qu’on y allumoit durant trois jours : le premier, en mémoire des douleurs de Latone lorfqu’elle accou- cha d’Apollon; le fecond , pour honorer la naïffance des dieux; & le dernier, en faveur des noces de Po- dalirnis & d’'Olympias mere d'Alexandre, (G) DADIX , mefure ufitée en Egypte, qui tient, dit- on, environ douze pintes. DADUQUE ox DADOUQUE, f. m. (Æiff. anc. & Myth.) c’eft le nom que donnoient les Athéniens au grand prêtre d'Hercule. Ces daduques furent aufli les prêtres de Céres ; c’eft pourquoi dans leurs cé- rémonies religieufes 1ls fe fervoient de flambeaux en mémoire de la recherche que cette prétendue déeffe fit de fa fille Proferpine, qui lui avoit été enlevée. (4) DAFAR oz DOFAR. (Géog.) DAGHESTAN , ( Géog. mod, ) province d’Afe, bornée à l’orient par la mer Cafpienne, à l'occident par le Caucafe, au feptentrion par la Circaflie, & au midi par le Chirvan. Tarki en eft la capitale. Les habitans font des Tartares mufulmans. Ils font gouvernés par des chefs, & protégés par la Perfe. DAGHO ox DAGHOA, (Géog. mod.) île de la mer Baltique, fur la côte de Livonie , entre le golfe de Finlande & Riga. Long. 40. lat. 50. DAGNO, (Géog. mod.) petite ville d’Albanie, fituée fur le Drin. Long. 37.23. lat. 42. * DAGON, f. m. (Æiff. anc. & Théol.) idole des Philiftins , repréfentée {ous la figure d’un homme fans cuiffes , dont les jambes fe réunifloient aux aï- nes, & formoient une queue de poifon recourbée en arriere, & couverte d’écailles depuis les reins jufqu’au bas du ventre , à l’exception de la partie correfpondante aux jambes. Dagon, fienifie poiffon Tome IF, D À Ï Gti en hébreu. Quelques moderres l’ont confondu avec Atergatis. Mais Bochart prétend avec les anciens, que Dagon 8 Atergatis étoiént feulement frere & iœur, Les. Philiftins s'étant emparés de l'arche d’al- lance , la placerent dans le temple de Dagon. L’hif. toire des Hébreux nous raconte que cette idole fut brifée en pieces à fa préfence, sl DAGUE, ff. (Are milit.) gros poignard dont,on fe fervoit autrefois dans les combats finguliers. (Q) DAGUE DE PREVÔT , (Marine) c’eft un bout de corde dont le preyôt donné des coups aux matelots pour les châtier, lorfqu'ls y ont été condamnés pour s'être mal comportés. (Z | DAGUE , (Venerie.) c’eft le premier bois du cerf pendant fa feconde année ; il forme fa premiere té- te ; 1l a fix à fept pouces de longueur. DAGUE , (Relieur.) c’eft un demi-efpadon em manché pat les deux bouts d’une poignée de bois ; on s’enfert pour racler les veaux, & en enlever tout ce que le taneur y a laiflé d’ordure. On dit ue da- gue à rariffer. Voyez la PL. I. du Relieur, & la fig, P, DAGUER, verb. neut. (Fauconnerie.) on dit que l'oifeau dague , lorfqu’il vole de toute {a force, & travaille diligemment de la pointe des ailes, DAGUET , {. m. (Venerie.) jeune cerf à fa fecon- de année, pouflant fon premier bois, appellé dague, Voyez DAGuE. DAIL, £. m. (Æ1ff. nar.) coquillage du genre des pholades. On en trouve deux efpeces fur les côtes du Poitou & d’Aunis. Leurs coquilles font compo- fées de trois pieces, dont deux font femblables & égales, & fituées à-peu-près comme les deux pieces des coquilles bivalves ; la troifieme piece des dails eft fort petite en comparaïfon des deux autres, & pofée fur leur fommet. La coquille entiere eft de figure oblongue &c irréguliere, plus grofle dans le milieu qu'aux extrémités ; la charniere eft fur l’un des côtés , plus près de l’une des extrémités que de l’autre ; les deux grandes pieces ne font pas faites de façon à fe joindre exattement par les bords. Ces coquilles font ordinairement des cannelures qui fe croifent & qui font hériflées de petites pointes. On trouve ces dails dans une pierre aflez molle, que l’on appelle hanche dans le pays ; ils font logés dans des trous dont la profondeur eft du double de la longueur de la coquille ; ils ont une diredion un peu oblique à l’horilon ; leur cavité eft à-peu-près {emblable à celle d’un cone tronqué ; ils communi- quent au-dehors de la pierre par une petite ouver- ture qui eft à leur extrémité la plus étroite. A me- fure que le 4x1! prend de l’accrouflement, il creufe fon trou & defcend un peu plus qu'il n'étoit , ce mouvement eft très-lent. Il paroït que le duil perce fon trou en frottant la pierre avec une partie de fon corps qui eft près de l’extrémité inférieure de la co- quille ; cette partie eft faite en forme de lofange, & aflez grofle à proportion du corps ; quoiqu’elle foit molle , elle peut agir fur la pierre à force de frottement & de tems. On a vû des dails tirés de leurs trous & pofés fur la glaife , la creufer aflez pro- fondément en peu d'heures, en recourbant & en ou- vrant fucceflivement cette partie charnue. À Il y a des dails dans la glaife comme dans la ban- che; cette pierre ne forme pas leur loge en entier, le fond en eft creufé dans la glaife. Quoique la ban- che foit une pierte molle, elle eft cependant affez du- re en comparaïfon de la glaife , pour qu’on eût lieu de s’étonner que les daïs encore jeunes euflent pû la percer ; mais il eft à croire que les trous des der/s ont été pratiqués d’abord dans de la glaife qui s’eft pétri- fiée dans la fuite; car.on ne trouve point de jeunes dails dans la banche, mais feulement dans la glaife; d’ailleurs la banche, quoique pierre, a beaucoup de rapport avec la glaife. Au refte les dai/s pourroient, HHRh 4 612 DA'I peut-être bien percer la pierre : on en a trouvé de fort petits dans des corps aflez durs. PE La coquille des dails n’occupe que la moitié 1nfé- rieure de Leur trou ; il y a dans l’autre moitié une partie charnue dé figure conique, qui s'étend jufqu'à l'orifice du trou, & rarement au - delà : l'extrémité de cette partie eft frangée ; le dedans eft creux ê&c partagé en deux tuyaux par une cloifon ; Panimal attire l’eau par le moyen de ces tuyaux, &c la rejette par jet. Mérm. de l'acad. roy. des Scienc. annéel712, Les dails, daëtyli Plimi, ont la propriété d’être lu- mineux dans les ténebres , fans qu'il y ait d’autre lumiere que celle qu'ils répandent , qui eft d'autant plus brillante que le coquillage renferme plus de li- queur : cette lumiere paroît jufques dans la bouché de ceux qui mangent des dails pendant la nuit, fur leurs'mains, fur leurs habits, & fur la terre dès que la liqueur de ce coquillage fe répand, n’y en eñt-il qu’une goutte; ce qui prouve que cette liqueur a la même propriété que lé corps de l'animal. Æf. nat. Plin. lb. LX, cap. lxr. Ces faits ont été vérifiés nouvellement fur les cô- tes de Poitou, & fe font trouvés vrais dans tous les détails. On n’a vû fur ces côtes aucune autre efpece de coquillage , qui fût comme les das lumineux dans l’'obfourité ; il n’y a même aucun poïflon ni aucune forte de chair d'animaux qui ait cette propriété avant d’être pourris, tandis que les dails n’en répandent ja- mais plus que lorfqu’ils font plus frais, & ils ne jet- tent plus aucune lumiere lorfqu’ils font corrompus à un certain point. L'animal dépouillé de la coquille eft lumineux dans toutes les parties de fon.corps, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ; carfion lecoupe, il fort de la lumiere du dedans comme du dehors. Ces coquillages en fe defléchant perdent la proprié- té d’être lumineux. Si on les humeéte, il reparoît une nouvelle lumiere, mais elle eft beaucoup plus foible que la premiere; de même celle que jette la liqueur qui fort de ce coquillage s’étend peu-à-peu à mefure que cette liqueur s’évapore. Cependant on peut la faire reparoître par le moyen de l’eau , par exem- ple , lorfqw'’on a vû cette lumiere s’éteindre fur un corps étranger qui avoit été mouillé de la liqueur du coquillage , on fait reparoître la même lumiere en trempant ce corps dans l'eau. Mér. de l'acad. roy. des Scienc, annèe1723. (1) | D'AILLEURS, DE PLUS, OUTRE CELA, (Gramm. Synon.) Ces mots défignent en général le furcroît ou l’augmentation. Voici une phrafe où lon verra leurs différens emplois. M. un tel vient d’ac- quérir par la fucceffion d’un de fes parens dix mille livres de rente de plus qu'il n’avoit; outre cela , il à encore hérité d’ailleurs d’une fort belle terre. (O0) DAILLOTS ox ANDAILLOTS , f. m. pl. (Ma- æine.) ce font des anneaux avec lefquels on amarre la voile, qu’on met dans le beau tems fur les étais. Ces anneaux font le même effet fur l’étai, que font les garcettes fur la vergue. Dir. de Trév. (Z) DAIM , £. m. (Zff, nat. Zoolog.) dama recentio- rum., cervus platyceros; animal quadrupede, différent de celui que les anciens appelloient dema, &c qui étoit une efpece de bouc ; 1} avoit les cornes diri- ges en-avant, & la queue s’étendoit jufqu’au jarret. L'animal auquel nous donnons le nom de daim, effemble beaucoup au cerf, mais il eft plus petit, & il en‘differe fur-tout en ce que {és corries font lar- ges & plates par le bout. On a comparé cette partie à la paume de la main, parce qu’elle eft entourée de petits andouillers en forme de doigts , c’eft pourquoi on appelle ces cornes cornua palmata. Voyez CERF. Willnghby a diftingué des daims de quatre efpe- ces , qui étoient en Angleterre dans une ménagerie: 2°. des.daims d'Efpagne; ils étoient aufii grands que des cetfs , mais ils avoient le cou plus mince &t une DAI couleur plus brune; leur queue étoit plus longue que celle des daims ordinaires, & de couleur noirâtre, fans qu'il y eût de blanc en-deffous : 2°. des dans qui avoient différentes couleurs , telles que le blanc, le noir, & une couleur d’arene £ 3°. dés dams de Virginie, qui étoient plus grands & plus forts que les daims ordinaires ; ils avoient le cou plus grand, & leut couleur -approchoit plus dé la couleur cen- drée que de celle de l’arene; leurs membres & leurs tefticules étoient plus gros que ceux des autres : 4°. enfin il y avoit des dams dont les fabots des piés de derrièré étoient marqués d’une tache blanche ; ils avoient les oreilles grandes, la queue longue, les cornes branchues , & l’enfoncement qui fe trouvoit entre les yeux peu profond ; on les nourrifloit avec du pain, des pommes, des poires, & d’autres fruits. Ray, Syrop. anim. quad (1) DAim , (Venerie.) lorfque cet animal fe fent pour- fuivi des chiens , il ne fait pas fi longue fuité que le cerf:ilrecherche toûjours fon pays; 1l fuit les voies autant qu'il peut, & prend fur-tout lé change des eaux où il fe laife forcer. Quand on veut quêter un dei” , on va volontiers le chercher dans le pays fec où il fe met en hardes avec les autres, à la rélerve du mois de Maï jufqu’à la fin d’Août ; pendant cé tems il fe retire dans des buiffons pour {e garantir de l’importunité des mou- cherons qui le piquent dans cette faifon, Il faut quêter le daim comme le cerf; & à la ré- ferve du limier & de la fuite, on pratique la même chofe à l'égard du daim. On remarque feulement que pour y réuflr, 1l fuf. fit de prendre cinqou fix chiens des plus fages pour lui donner en chafle; & f l’on rencontre par hafard l'endroit où le daim aura fait fon viandis le matin, ou bien de relevée, ou-celui de nuit, on laïffera pour lors faire les chiens, obfervant feulement qu’ils pren- nent le droit pié, car autrement ce-feroit en vain qu’ on chercheroit cet animal. Voyez l’article CERF. On appelle fes petits denneaux. Dai, (Art méchanig. Chamoï[eur.)) le daim four- nit dans le commerce lés mêmes marchandifes que le cérf, Sa peau eft aflez eftimée après qu’elle a été pañlée en huile chez les Chamoifeurs , où en mégie chez les Mésifiers. On en fait des gants , des culo: tes, & autres ouvrages femblables, Voyez l’article CHAMOISEUR. Les DAINTIERS, f. m. pl. (Vererke.) ce {ont les-tef ticules du cerf. On dit aufh dntier, DAIRI ox DAIRO (Le), f. m. Æff, du Jap, c’eft aujourd’hui Le fouverain pontife des Japonois, ou comme Koœmpfer l’appelle , le monarque hérédi- taire eccléfaftique du Japon. En effet, l'empire du Japon a préfentement deux chefs; favoir, l’ecclé- fiaftique qu’on nomme duiro, & lé féculier qui porte le nom de kxbo. Ce dernier eft l’empereur du Japon, & le premier loracle de la religion du pays. : Les grands prêtres fous le nom de dairi , ont été long terms les monarques de tout le Japon, tant pour le fpirituel que pour le temporel. Ils en ufurperent le throne par les intrigues d’un ordre de bonzes venus de la Corée, dont ils étoient les chefs. Ces bonzes faciliterent à leur duir: le moyen defoñimettre toutes les puiflances de ce grand empire. Avant cette révoz lution il n’y-avoit que les princes du fang ou les en: fans des rois , qui puffent fuccéder à la monarchie : mais après la mort d’un des empereurs , Lés bonzes ambitieux éleverent à cette grande dignité unde leurs grands-prêtres , qui étoit dans tout le pays en odeur de fainteté. Les peuplés qui le croyoient defcendu du foleil, le prirent pour leur fouvéraïin. La religion de ces peuples eft tout ce “qu’on peut imaginer de plus fou & de plus déplorable. Ils rendirent à cet homme des hommages 1dolatres : ils fe perfuaderent D A I que c’étoit réfifter à Dieu même, que de s’oppofer à fes commandemens. Lorfqu'un roi particulier du pays avoit quelque démêlé avec un autre, ce dairi connoïfloit leurs différends avec la même autorité que fi Dieu leût envoyé du ciel pour les décider. Quand le dairi regnoit au Japon, & qu'il mar- choit, dit l’auteur de l’ambaffade des Hollandois,, il ne devoit point toucher la terre ; il falloit empêcher que les rayons du foleil ou de quelqu’autre lumiere ne le touchaffent auf ; c’eût été un crime deluicou- per la barbe & les ongles. Toutes les fois qu'il man- geoit ; on lui-prépatoit fes repas dans un nouveau | fervice de cuifine qui n’étoit employé qu’une fois. Il prenoit douze femmes , qu'il époufoit avec une grande folennité , & fes femmes le fuivoient d’or- dinaire dans leurs équipages. Il y avoit dans fon chä- ! teau deux rangs de maïfons, fix de chaque côté pour y loger fes femmes. Il avoit.de. plus un férail pour fes-concubines. On apprêtoit tous les jours un ma- gnifique fouper dans chacune de ces douze maïons : ilortoit dans un palanquin magnifique, dont les co- lonnes d’or maflif étoient entourées d’une efpece de jaloufie , afin qu'il pût voir tout lemonde fans être vû de perfonne. [Il étoit porté dans ce palanquin par quatorze gentilshommes des plus qualifiés de fa cour. Ïl marchoit ainfi précédé de fes foldats, & fuivi d’un grand cortége, en particulier d’une voiture tirée par deux chevaux, dont les houffes étoient toutes femées de perles & de diamans : deux gentilshommes te- noient les rênes dés chevaux, pendant que deux au- tres marchoiïent à côté ; l’un d'eux agitoit fans cefle un éventail pour rafraîchir le pontife, & l’autre lui portoit un parafol, Cette voiture étoit deftinée pour la premiere.de fes femmes ou de fes concubines , 6, Nous fupprimons d’autres particularités femmbla- bles qui peuvent être fufpeétes dans des relations de voyageurs ; il nous fuffit de remarquer que le culte fuperftitieux que le peuple rendoit au darro, n’étoit guere différent de celui qu'ils portoient à leurs dieux. Les bonzes dont le nombre’ eft immenfe, montroient l'exemple , & gouvernoient defpotiquement fous leur chef. C’étoit autant de tyrans répandus dans les villes 8 dans les campagnes : enfin leurs vices & leurs'cruautés aliénerent les. efprits des peuples & des grands ; un prince qui reftoit encore du fang royal forma un f puiffant parti, qu'il fouleva tout l'empire contr’eux. Une feconde révolution acheva d'enlever aux dairos la fouveraineté qu’ils avoient ufurpée , & les fit rentrer avec les bonzes dans leu état naturel. Le prince royal remonta fur le throne de fes ancêtres , & prit vers l’an 1600 le titre de kubo qui lui eft encore affe@té. Ses defcendans ont laïflé au dairo fes immenfes revenus , quelques hommages capables de flatter fa vanité, avec une ombre d’autorité pontificale & religieufe pour le confoler de la véritable qu’il a perdue ; c’eft à quoi fe bornent les reftes de fon ancienne fplendeur : Méaco eft fa demeure ; 1l y occupe une efpece de ville à part avec fes femmes , fes concubines , & une très-nombreufe cour. L’empereur ou lé Kxbo ré- fide à Yedo capitale du Japon, & jouit d’un pouvoir abfolu fur tous fes fujets. Voyez KuüBo. L'article du dairo qu’on lit dans le diéionnaire de Trévoux a be- foin d’être reétifie. Confultez Koœmpfer & les re- cueiïls des voyages de la compagnie des Indes orien- tales au Japon, #. V. Art. de M. le Ch. pEJAUcoURT. DAIS , {: msez Archirechire , eft un morceau d’Ar- chiteéture & de Sculpture ; de bronze , de fer, d’étof- fe, oude bois, qui fert à couvrir & couronner un autel, un throne, un tribunal, une chaire de prédi- cateur, un œuvre d’églife, &c, On lui donne la for- me de: tente ou pavillon, de couronne fermée, de confolles’adoflées. Voyez BALDAQUIN. On appelle kaut dais lexhauflement qui porte uf D AT 61? throné couvert d’un dis, qu’on dreffe pour le Roi dans. une églife ou dans une grande falle pour une cérémonie publique. Ce hauridais dans le parterre d’une falle de ballet & de comédie , eft un enfonce- ment fermé d’une baluftrade. (P) | DAKON, eft une pierre bleue femblable à du co- rail, que les femmes de Guinée portent dans leurs cheveux pour fervir d'ornement. DALE, f. f. (Archieët,) pierre dure comme celle d’Atcueil ou de lais débitée par tranches-de- peu d’épaifleur , dont on convre les terrafles, les: bals cons, & dont on fait du carreau, (P) ve DALE DE POMPE, ( Marine.) c’eft un. petit canal qu'on met fur le pont d’un vaifleau pour, recevoir l'eau. La dale vient jufqu’à lamanche,, ou jufqu’à la humiere quand il n’y a point de manche. Far, La dale de la pompe fe met ordinairement À fix pouces du mât par-derriere, Voyez POMPE. On donne encore ce nom à une petite auge de bois qu s'employe dans un brulot , & qui fert à con- duire la poudre jufqu’aux matieres combuitibles.(Z) DALE, ex terme de Raffineur de fucre , weft autre chofe qu'un tuyau de cuivre rôùge qui conduit la matiere que l’on a clarifiée du baflin à clairée fur le blanchet, à-travers lequel elle paffe & tombe dans la chaudiere. Voyez ces mors à leurs articles, DALECARLIE , (Géog. mod.) province de Suede fituée fur la riviere de même nom, proche la Nor- wege. Elle a énviron 70 lièues de longueur, {ur 40 de large. - DALECHAMPIA , ff. (CAF. nat bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Jacques Dalechamp de Caen. La fleur des plantes de ce gen- re eft monopétale, en forme d’entonnoir | pofée fur un calice compofé de trois coques. Ce calice de- vient dans la fuite un fruit qui a la même forme, & qui fe divife en trois capfules qui renferment chacu- ne une femence ronde. Ajoûtez aux caraéteres de ce genrequ'il vient le plusfouventtrois fleurs entre deux petites feuilles , dont chacune eft découpée en trois parties: Plum. zov. pl. Amer, gen. V. PLANTE. (1) DALEM , (Gcog. mod.) petite ville des Provin- ces-unies, fur la riviere de Bervine. Long. 23. 34. lat, 50. 40. | | DALHACA ox DALACA , (Géog. mod.) île de la mer Rouge, vis-à-vis la côte d’Abex, Lar, 14. 20-16. 15. long. 58. 30-59. 1. DALIE , (Géog. mod.) province de Suede dans la partie occidentale de la Gothie. Elle a environ 30 lieues de longueur, fur 13 de largeur. DALKEÏITH, ( Géog. mod.) ville d’Ecoffe : elle eft dans la Lothiane & fur l’Ehsk. Long. 14,35, La. S'ÉANOL ME DALLER GERMANIQUE,, f. m. (Comm.) mon- noie d'argent ayant cours en Allemagne, au titre de onze deniers onze grains, du poids de fept gros un denier vingt grains, & valant argent de France cinq livres neuf fous cinq deniers. DALLER , monnoiïe d'argent de Hollande au titre de huit deniers vingt grains , & valant ärgent de France trois Livres quatre fous deux deniers. - DALLER ORIENTAL, monnoie d’argent qui fe fa, brique en Hollande , & que la république fait pafler chez les Turcs & dans l'Orient pour le commerce. Les Turcs l’appellent glari , & les Arabes, abukeff. Elle varie continuellement de titre, foit par politi- que, foit par d’autres motifs.Ily a des demi-quarts, des quarts, des quints de dal/er oriental. On fe plaint hautement aux échelles du Levant de cette forte de monnoie ; elle eft mêmeaflez fouvent refufée: La plus grande partie en eft de très-bas alloi, ou totale- ment faufie, DaLLer S. GAL, monnoie d’argent qui a cours à Bâle & à S, Gal; elle eft du titre de dix demers C14 D AL huit grains, pefe comme le daller de Hollande fept gros un denier vingt grains, & vaut argent de Fran- ce quatre livres fix fous quatre deniers: * DALMATES,, fub. m. pl. (Géog. anc.) peuples originaires de l’Illyrie ; la Dalmatie en étoit la par- tie orientale : elle étoit anciennement compofée de vingt villes, dont les Dalrmates révoltés fur le roi Gentius s’emparerent d’abord, Ils étendirent enfuite leurs conquêtes jufqu’à la mer Adriatique. Ils furent appellés Dalmates de Dalmium la capitale du pays. Les Romains les fubjuguerent. Mais ils n’appartine rent pas long-tems à Pémpire Romain; ils fecoue- rent le joug, prirent aux Lyburniens leur pays, & lillyrie aux Romains, La Dalmatie s’étendit enco- re ; maisles limites en furent refferrées dans la fuite, & il s’en faut beaucoup que la Dalmatie nouvelle {oit comparable à l’ancienne. Voyez Particle futvant. DALMATIE, ( Géog. mod.) province d'Europe bornée au nord par la Bofmie, au midi par le golfe de Venife , à lorient par la Servie, à l’occident par la Morlaquie. Elle fe divife en Vénitienne, Ragu- fienne, & Turque. Spalatro eft la capitale de la par- tie Vénitienne, Ragufe de la partie Ragufenne, &c Herzegorma de la partie Turque. DALMATIQUE, fub.f. (Æiff. eccléf.) ornement que portent les diacres & les foûdiacres quand ils afftent le prêtre à l’autel, en quelque proceffion ou autre cérémonie, On peint S. Etienne revêtu d’une dalmatique. Ducange dit que les empereurs & les rois dans leurs facres & autres grandes cérémonies, étoient revêtus de dalmatiques. Cet ornement étoit autrefois particulier aux diacres de l’églife de Ro- me ; les autres ne le pouvoient prendre que par in- dult & conceffion du pape , dans quelque grande {o- lennité. D’autres difent que les foüdiacres prenoient a tunique, les diacres la da/marique ; cles prêtres la chafuble. Le pape Zacharie avoit coûtume de la por- ter fous fa-chafuble , & les évêques en portent en- core. Cet ornement facerdotal a fouvent été confon- du avec la chafuble qui étoit blanche mouchetée de pourpre. On lit dans Amalatius que ce fut un habit militaire avant que d’être un ornement eccléfiafti- Le pape Sylveftre en introduifit le premier l’u- (age dans l’églife, felon Alcuin. Mais cette chafuble différoit de la nôtre ; elle étoit taillée en forme de croix, avoit du côté droit des manches larges, & du côté gauche de grandes franges : elle étoit, felon Durand, un fymbole des foins &c des fuperfluités de cette vie; fi elle n’avoit point de franges du côté droit, c’eft que ces vanités font inconnues dans l’au- tre. Les chappes des crieurs & des maîtres de con- frairies font faites en da/matique ou tunique. L’ufage en eft originaire de la Dalmatie, d’où leur eft venu Le nom de delmatique , à ce que difent Ifidore & Pa- pias. En Berri & en Touraine elle s’appelle cowrti- bant, Les payfans de ces provinces portent des cafa- ‘ques longues qu'ils appellent daumais , mot corrom- “pu dedadmatique. Voyez Chambers 8&c Trév. (G) ‘DALOT , £ m. (Marine) DALON , DAILLON, “ORGUE, GOUTIERE : ces mots font fynonymes, &z fe donnent à une piece de bois placée aux côtés du vaifleau, dans la longueur de laquelle on fait ne ouverture d’environ:trois pouces de diametre, qui fert pour l'écoulement deseaux de pluie ou des vagues qui tombent fur le pont. Ceux qu'ont met fur les ponts d’en-haut fe font ordinairement quar- rés & de plufeurs pieces de’ bois. Voyez BORDAGES d’entre les préceintes. Les dalots du pont d’en“bas d’un vaiffeau de cin- ‘quante canons, doivent être faits avec des pieces de Bois qui ayent fix pouces de large & cinq-pouces d'épais, dont les trous ayent trois pouces de dia- smetre. D'AM Les dalots du pont d’en-haut ont quatre pouces de large fur quatre pouces d’épais, & les trous deux pouces. | Les dalors font auffi des tuyaux de bois qu’on met dans un brulot, qui répondent d’un bout aux dales où il y a des trainées de poudre couvertes de toile soudronnée , & de l’autre bout aux artifices & au- tres matieres combuftibles qui compofent Le brulot. Quélqués-uns confondent quelquefois les dales avec les dalots, 8 nomment ces tuyaux conduits des da lots. (Z) . Le, DAM, DOMMAGE, PERTE, (Gramm. Synon.) Le premier de ces mots n’eft plus en ufage que par- mi les Théologiens, pour défigner la peine que les damnés auront d’être privés dé la vüe de Dieu; ce qu’on appelle /2 peine du dam : &t dommage différe de perte, en ce qu'il défigne une privation qui n’eft pas totale. Exemple. La perte de la moitié de mon revenu me cauferoit un dommage confidérable. (0) Dam ou Dam, (Géog. mod.) ville des Pays-bas au comté de Flandre. Elle appartient à la maiïfon d'Autriche. Long. 20. So. lat, 51.14. Dam ou DAMME, (Géog. mod.) petite ville des Provinces-unies dans la feigneurie de Groningue, fi- tuée fur le Damfter. Long. 24.23, lat, 53.36. Dam, (Géog. mod.) ville d'Allemagne à la Pomé- ranie : elle appartient aux Suédois. Elle ef fituée fur l’'Oder. Long. 32. 40.lar. 53. 4. DAMAN, (Géog. mod.) ville des Indiens , à l’en- trée méridionale du golfe de Cambaye. La riviere de Daman la traverfe & la divife en deux parties, dont l'une s’appelle Ze nouveau Daman, & Vautre Le vieux. Elle appattient aux Portugais. Long. 90. 10. lat. TES À DAMAR , (Géog. mod.) ville de l’Arabie heureu- fe en Afe. Long. 67. lat, 16. DAMARAS, f. m. (Comm.) efpece d’armoifin: c’eft un taffetas des Indes. * DAMAS, f. m. (Manufaël. en foie.) Le diétion- naite deSavari définit le damas une étoffe en foie dont les façons font élevées au-deflus du fond , une efpe- ce de fatin mohéré, une mohere fatinée, où ce qui a le grain par-deffus l’a de mohere par-deffous, dont le véritable endroit eft celui où les fleurs font rele- vées & fatinées, & dont l’autre côté n’eft que l’en- vers, 8 qui eft fabriquée de foie cuite tant en tra- me qu’en chaîne. On verra bien-tôt par la fabrica- tion de cette étofe dont nous allons donner le dé- tail, ce qu'il peut y avoir de vrai & de défeétueux dans cette définition. Nous nous contenterons d’ob- ferver feulement ici, 1°. que la feule définition com- plette qu’on puiffe donner d’une étoffe, & peut-être d’un ouvrage de méchanique en général, c’eft d'ex- pofer tout au long la maniere dont il fe fait : 2°. que le damas ne fait point gros-de-tours; car pour faire gros-de-tours ou le grain de cette efpece, il faut baif- fer la moitié de la chaîne , au lieu qu’on n’en leve ou baifle au damas que la cinquiemepartie ; le grain du damas feroït plütôt grain de ferge : mais il n’eft ni grain de ferge ni gros-de-tours. Les damas de Lyon ont tous + d’aulne de large. On diftingue les damas en damas ordinaires pour tobes, en damas pour meubles, en damas liféré , &£ en damas broché. Tous les damas en général font montés fur cinq liffes de fatin & cinq de rabat, auxquelles il en faut ajoûter cinq de liage quand üls font liférés ou bro- chés. | Les damas ordinaires pour meubles liférés & bro- chés, font fixés en France parles réglemens à 90 por- tées. À Turin, ceux pour meubles, à 96 ; & à Gênes, à 100 ; & ils font plus étroits.que les nôtres. Les àrmûtes des fatins à cinq lifles font une prife -& deux laiflées , comme dans les fatins à huit lifles. Voyez l'article SATIN: Il ne s’agit ici que durabat. * Les cinqliffes de rabat contiennent la même quan- tité de marlles que les cinq lifles de fatin, de manie- re que chaque fil de chaîne pañlé fur une life de fa- tin eft pañlé fous une de rabat , afin de baïfler après que Ja tireufe a fait Lever La foie. | La diftribution des fils doit être telle, que celui qui pañle {ur la premiere life du fond pañle auf fur la premiere liffe du rabat, & ainfi des autres. Voici l’armure du damas ordinaire, tant pour Le fatin ou le fond , que pour le rabat. Armure du damas courants f-4 32 7 “UNE SP SAIT ‘Jequ1 9P SOIT Marches. _ Le damas n'a point d’envers, fi ce n’eft le côté qui repréfente le deffein : ce qui fait damas d’un cô- té fait fatin de l’autre, & réciproquement. Quand il arrive que la figure du demas eft trop pefante, pour lors on tire le fond qu’on fait rire pour cela, &rle damas fe trouve deflus ; & quand on a lié la figure, le damas fe trouve deflous. D’où l’on voit que l’on n’a, de quelque côte qu’on envifage le damas, que fatin & damas ; mais qu'en travaillant on a deflus ou deflous le fatin ou le damas à difcrétion. Il n’eft pas poffble que le rabat du damas foit ar- mé autrement que nous venons de le montrer ; par- ce que dans Le cas où on voudroit en varier l’armu- re, 1l arriveroit que la life du rabat feroit précifé- ment celle qui répondroit à la life du fatin, & qui par conféquent feroit baïfler les mêmes fils que la lifle de fatin leveroit ; ce qui ne produiroit rien, l’u- ne des liffes détruifant ce que l’autre life feroit., On voit que l’armure du rabat eft précifément celle du fatin , c’eft-à-dire une prife & deux laiflées. Quant au liage, 1l n’eft pas néceflaire de fuivre un autre ordre en le paflant que de cinq & fix; & comme il faut deux coups de navettes ou deux mar- ches pour une de liage, & qu'il faut deux courfes de fatin pour une courfe de liage, 1l faut néceffaire- ment commencer à faire baifler la Life du milieu ou la troifieme, enfuité la quatrieme, puis la cinquie- me, la premiere , & finir par la feconde ; fans quoi ‘ilarriveroit au fil qui auroit levé au coup de navet- te, d'être contraint de baifler ; ce qui occafionne- roitun défaut dans l’étoffe qui la-rendroit mauvaife & non marchande , toutes les parties liées par un fil de cette efpece étant totalement ouvertes &c éraillées, D AM 615$ Armure d'un damas ordinaire broché feulemenr, * Yi 2e deÿe ST deb 2e Er à. d | 1. 5 Q° 2, CE ° vu a 3. Eh el sr ae) » sr = p Éd our , œ La LE Ze : (®] 37 418 TRS] "A Marches de liage. Cette étoffe travaillée à cinq marches de fatin & à cinq de liage , demande que le courfe complet foit conduit comme nous allons l’expofer. Premier lac. Le premier coup de navette pañle fous la premiere life ; le fecond fous la quatrieme que la feconde marche fait lever. On baïfle pour le brocher la premiere marche de liage, dont le fil ré- pond à la troifieme lifle. Second lac. On baïfle la troi- fieme marche qui fait lever la feconde life, & la quatrieme marche qui fait lever la cinquieme life; après quoi on baifle pour lier la feconde marche qui fait baïffer le fil qui fe.trouve fur la quatrieme life. Troifieme lac. On baïfle la cinquieme marche qui fait lever la troifieme Life , &c on reprend la pre- miere marche qui fait lever la premiere Life ; après quoi on fait baïffer la troifieme marche de liage qui fait baïffer le fil de la cinquieme fe. Quatrieme lac. On fait baïfler la feconde marche qui fait lever la quatrieme liffe , & la troifieme qui fait baïffer la fe- conde ; on fait enfuite baïffer la quatrieme marche qui fait baïffer le fil qui répond à la premiere life. Cinquieme lac, On fait baïfler la 4° marche de liage qui fait lever la cinquieme lifle , & [a cinquieme Marches. “marche qui fait lever la troifieme ; après quoi onfait baïffer, pour lier, la cinquieme marche qui fait baifler le fil qui répond à la feconde hfe, &c. : On voit par les différentes combinaifons de mou vemens de cette manœuvre, qu'il faut la régularité la plus grande, tant dans le paffage des fils quand on monte le métier , que dans le courfe quand on travaille l’étoffe ; & que s’il arrivoit qu'une liffe fe mût à contre-tems, ou qu'un fl fût irrégulierement placé, il s’enfuivroit dans l’étoffe un vice trop réis téré pour n’être pas apparent. | gr + Paflons maintenant à l’armure d’un das liféré , ou rebordé, & broché. Cette étofe eft compofée de quinze marches 5 ‘cinq pour les lifles de fatin, cinq pour le liféré, & cinq pour le liage. Dans ces étoffes, les matches du liféré doivent être plus courtes d’un demi-pié au moins que celles du fatin ; parce que l’ouvrier étant obligé de faire baiffer fucceflivement deux marches de fatin pour une de liféré, & chacune des marches du liféré fuivant une marche du fatin, fi elles éfoient de même longueur, l’ouvrier auroit trop d’embar- ras de fauter la liffe du liféré , pour prendre la fe- conde du fatin : au lieu que celle du difèré étant plus G16 D AM courte, il va de fuite de l’une à l’autre; & quand il veut pañler fon coup de liféré , pour lors il prend la marche plus coutte avec la pointe du pié feulement 4 paile enfuite fon coup de navette. Armure de damas liféré 6 broche. Le Zoe 3e 4e ÿe ÿ> $e 4e 4: 3e 3e Ze Ze Ie Le EE - Lo) ® w (e] Le] fun Lo) A (2) Te) ‘0 Le atepuodjos Liffes de rabat, Je] 36 SpIt ne SE SP SIL sp $ Lifles de liage, d sui 21212121 B|SIESIS IS se © Q O (a slelslslé a A EE © cu cu @œ ® [a os a a |. : D à om LU Es EN] 5 Es] 2 O7 À 6 6 à Be SE + Hi 2 [@) (o) (a) D D D D Du :@ ® ® o o® +) nn ar rh = , m. © © © © (el 4 5 = = Marche de liage. Arles mt Eu On voit clairement par la difpoñition de cette ar- mure , que la premiere life du liféré eft la quatrie- me dans l’ordre des marches , & qu’elle fait baïffer “la même liffe de liage qui fe rencontre fur la premie- te marche de ce même liage ; que la feconde mar- che du liféré eft la huitieme dans l’ordre des mar- ‘ches , & qu’elle fait baïffer la même lifle qui fe trou- ve fur la feconde marche; que la troifieme marche “du liferé eft la feconde dans l’ordre des marches, & “qu’elle fait baïfler la même Life qui fe trouve fur la troifieme marche de liage; que la quatrieme mar- ‘che de liféré eff la fixieme dans l’ordre des marches, _& qu’elle fait baïffer la même Life qui fe trouve fur “la quatrieme marche de hage ; que la cinquieme mar- “che de liféré eft la dixieme dans l’ordre des marches, “& qu'elle fait baïfer la même life qui fe trouve fur ‘la cinquieme marche de liage : ce qui acheve le “courfe. | Si les fatins font fur fil, ils fe font comme les au- ‘tres, & fe trament feulement de fil au lieu de foie. Obfervations fur Le damas. Toutes les manufaétures de damas qui font en Europe, ne le fabriquent pas de _même.La foie qu’elles y employenteft différente, foit en quantité, foit en qualité, fur-tout dans les chaînés: Nous allons entrer dans quelque détail lä-deflus, & examiner notre main-d'œuvre & nos réglemens.Nous exhortons nos fabriquans à refléchir {ur ce qui fuit, & à achever de remporter fur étranger par la bon- té de l’étofte & la perfe@tion du travail , un avantage qu'ils ont déjà obtenu par le goût du deffein, Le réglement du 1 Oétobre 1737 ordonne , arti= cle 68, queles damas ne pourront être faits à moins de 90 portées de chaîne, & chaque portée de 80 fils. Et l’article 1 du réglement du 8 Avril 1724, pour la manufaëture de Turin , veut 4°, que les damas foient faits avec une chaîne de 96 portées, & cha que portée de 80 fils , dans un peigne de 24 portées, afin qu'il fe trouve 8 fils par dent ; 2°, qu'il ne foit employé à l’ourdiffage de ces étoffes que des organ- fins du poids de fix oftaves au moins chaque ras, étant teints : ce qui revient au poids d’une once & demie chaque aune de chaine de ceux qui s’ourdif- {ent en France. de. D'où l’on voit que la quantité de foie ordonnéepar notre réglement devroit être plus confidérable, & que d’un autre côté on n’y parle point de la qualité qu'il n’étoit pas moins important de fixer que la qualité: La fixation du poids feroit inutile, fi le nombre des portées n’étoit pas défigné; parce qu’on pourroit diminuer le nombre des portées, & augmenter la groffeur de l’organfin, fi fa qualité n’étoit détermi- née, afin que le poids fe trouvât toijours le même à la chaine : ce qui donneroit lieu à un défaut d’au- tant plus confidérable, que ce n’eft ni le fil le plus gros ni le plus. pefant qui fait la plus belle toile ; mais le plus fin & le plus leger, comme tout le mon- de fait ; la quantité néceflaire étant fuppolée com- plette. Les Piémontois ont eu l'attention de fixer 8 le nombre des portées, & la qualité de la foie, & le poids, & le peigne. Les Génois font de 100 portées leurs moindres damas meubles. Leur peigne eft de 25 portées, & ils ont 8 fils par dent ; ce qui doit donner une étofe plus parfaite que fi elle n’étoit que de 90 portées. Si ces étrangers ont fixé le poids des chaînes, c’eft qu'ils ont craint d’un-autre côté qu’un organ- fin trop fin ne garniflant pas aflez, la qualité de l’é- toffe affimée, comme difent les ouvriers, ne fût al- térée. Il faut que le filage de la matiere foit propor= tionné à la nature de l'ouvrage. Les Génois ont encore des damas pour meubles de 120 portées , & faits avec 30 portées de per- gene, pour avoir encore 8 fils par dent. On ne dif: tingue ces damas des autres que par la lifiere ou cor: don qu'ils appellent cémoffe. Voyez l'art. CIMOSSE. Cette lifiere eft faite en gros-de-tours , non en taffetas , c’eft-à-dire que les deux coups de la na vette dont la trame fert à former l’étoffe & qui font pañlés à chaque lac, pañlent aufli par le cordon fous un même pas, & font un parfait gros:de-tours, & une lifiere très-belle &c SE La façon detravailler cette lifiere ou cordon du damasen gros- de-tours, ainfi que la cordeline, eft fi ingénieufe qu’- on peut aflürer que des dix nulle fabriquans qui rem plffent nos manufattures , il n’y en a peut-être pas dix qui pufent fur le champ en entendre & démon- trer la manœuvre , peut-être même quand on leur laifferoit le tems de l’étudier : ce font cependant des payfans très-groffiers qui en ont été les inventeurs, qui l’exécutent tous les jours, & qui font les plus , beaux damas & les plus beaux velours. Les chaînes des étoffes façonnées qui fe fabriquent à Lyon ne reçoivent l’extenfon forte qu’elles doi- vent avoir pendant la fabrication , que d’une groffe corde qui eft arrêtée par un bout au pié du métier ; fait trois ou quatre tours fur le rouleau qui porte la chaîne, & a fon autre bout pañfé dans nn valet ou | une D À M une efpéce de bafcule de la fongueut d’un pié 8 de< mi, plus ou moins, dont une-partie enveloppe le rouleau. On fufpend à fon extrémité un poids d’une groffeur proportionnée à la longueur de la bafcule ; on tient la toile tendue en tournant le rouleau oppo- 1é , fur lequel l’étoffe fe plie à mefure qu’on la tra- vaille , & au moyen d’une roue de fer & d’une ga- chetté dont l'extrémité entre dans les dents de la roue : quand on a forcé le rouleau de derriere à fe de- vider , on tient la chaïne toüjours tendue. | Cette maniere d'étendre la chaîne des étoffes fa- connées.eft très-commode, fur-tont pour les étoffes riches dont la chaîne eft continuellement chargée d’une quantité de petites navettes; mais n’eft-elle pas fujette à un inconvénient , en ce que les grandes fecouffes que les cordes donnent à la chaîne pendant le travail de l’étoffe , jointes aux coups de battant, & à la liberté que la bafcule accorde au rouleau de derriere de devider, font à chaque inftant cher un peu plus ou un peu moins la chaîne, qui perdant de fon extenfon , la fait perdre également à l’étoffe fa- briquée,d’où naît le défaut qu’onremarque à certains damas qui paroïflent froiffés en quelques endroits, lorfawils font levés de deffus Le rouleau, ce qui s’ap- pelle en manufa@ure griper;gripure qui n’a point lieu quand on s’y prend autrement pour tendre la chaine. Les Génois n’ont ni corde, ni bafcule,, nichien, ni gâchette pour tendre les chaînés ; ils n’employent à cela que deux chevilles de bois ; l’une de deux piés de longueur ou environ entre dans un tron de deux pouces en quarré fait au rouleau de devant qui eff percé en croix en deux endroits de part en part, & attaché par le bout à une corde qui tient au pie du métier. Le rouleau de derriere eft percé de même ; & quand il s’agit d'étendre la chaîne ; on fiche dans une des quatre ouvertures des deux trous qui traverfent de part en part Le rouleau & quife croiïfent , uneche- ville longue de trois piés & demi au moins, à l’aide de laquelle on donne l’extenfion qu'on veut à la chaîne, en attachant le bout de la cheville une cor- de placée au-deflus de l'endroit où répond le bout de la cheville, Des manufaéturiers habiles m'ont aflüré que cette façon de tenir la chaîne tendue n’étoit fu- jette à aucun inconvénient; qu'on ne donnoit à la chaîne que ce qu’elle demañndoit d’extenfion ; que la fécherefle & l'humidité n’avoient plus d’aétion qu’on ne pût réparer fur le champ; qu'on n’appercevoit plus dans l’étoffe ni froiflement , ni gripure ; que Pef- fet des fecoufles étoit autant anéanti qu'il étoit poffi- ble ; & que ce moyen donnoit même lieu à une efpe- ce d’aprêt que la chaîne recevoit pendant la fabri- cation, & qu’on ne remarquoit qu'aux dazas de Ge- nes &c autres fabriqués de la même maniere. - Cela fuppoté , il ne faudroit pas attribuer feule- ment la différence des damas de Gênes & de Lyon, à la différence des foies: nous pouvons avoir, &c nous avons même d’aufi bonnes foies ; nos ouvriers ne le cedent en rien aux leurs ; nous avons plus de goût : il ne s’agit donc que de conformer nos métiers aux leurs, tant pour le velours que pour le damas, Quelque lepere que puiffe paroïtre cette obferva- tion fur l’extenfion des chaïnes, il faut confidérer qu’elle a lieu depuis le commencement du travail qjuiqu'à fa fin. Nous n’avons fait aucune mention jufqu’à préfent du nombre de brins dont l’organfin doit être com- pofé ; mais on conçoit bien que les demas faits avec des organfns à trois brins, doivent être plus beaux que ceux qui ne font fabriqués qu'avec des organfins à deux brins. I Ourre les damas dont nous avons parlé ci-deflus, il yen a encore d’autres fortes dont nous allons dire un mot. Îl y a le damas caffart ; étoffe qui imite le vrai du- Tome IF, “af | D A M Gr7 mas, dont la trame eft:ou poil, ou fleuret , ou fil, ou laine, ou coton, 8 qui fe fabrique dé différentes largeurs.. Le damas de la Chine ou des Indes ; 1 y en a de toutes couleurs ; als font meilleurs que les nô tres ; ils confervent leur beauté après Le désraiflage 3. les nôtres la perdent ; 1ls prennent auffi beaucoup mieux la teinture, Le damas d’Abbeville, qua fe tra- vaille comme le damas de foie | qui a fond & fleur , mais dont la chaîne & là trame font fil. Le damas de Caux , qui ne differe du danas d’ Abbeville qu’en ce qu'il eft à raie & non à fleurs. Îl y aencore le durmas de Hollande , qui n’eft qu’une étoffe en foie plus le- gere que nos damas. DAMAS, f. m. On appelle ainfi un fabre d’un acier très-fin , très-bien trempé, & fort-tranchant. Les premiers ont été faits à Damas en Syrie ; d’où eft venu leur nom. Damas, (Géog. mod.) ville d’Afe, capitale de la Syrie. Elle eft renommée par fes raifins, fes ma- nufatures.en foie, fes fabres, & fes couteaux : elle eft fituée fur la riviere de Paradi, Long. 54. 53. lat. 32. DAMASONIUM , 1, m. (if. nat. bot: ) genre de plante à fleur en rofe, compolée pour l'ordinaire de trois pétales difpofés en rond. Il fort du calice un pifül , qui devient dans la fuite un fruit fait en for- me d'étoile, qui eft compofé de plufeurs capfules , & qui renferme des femences ordinairement oblon- gues. Tournefort, 22/f. rei herb. Voyez PLANTE. (7) DAMASQUETTES, f. f. ce font des étofes à fleur d’or & d'argent , ou feulement à fleur de foie. Elles fe fabriquent à Venife , & fe débitent au Le- vant. Diéé, du Comm. 6 de Trév. DAMASQUIN , £. m. (Comm.) on le nommeplus communément roite ; c’eft un poids dont on fe fert dans le Levant, & particulierement à Seyde. Le damafquin ou rotte eft de fix cents dragmes, ou de quatre livres onze onces de Marfeille. Cent daniafquins font trois cents quatre-vingt livres de Paris. Voyez ROTTE. Voyez les di&t, du Comm, de Trév. Chamb, & Dish: (G) DAMASQUINER , v. at. (€z/ez.) c’eft l’art d’en- joliver le fer ou l'acier, 6c. en lui donnant une fa- çon qui confifte à le tailler ou graver, puis à rem- plir les raies qu'on y fait d’un fil d’or ou d’argent. C’eft une efpece de mofaique : auffi les Italiens lux donnent-ils le même nom saufra ; qu'à la marque- terie. Cette forte de travail a pris fon nom de la vil, le de Damas, où 1l s’eft fait quantité de beaux ou- vrages dans ce genre ; aufli-bien qu’en plufieuts au- tres endroits du Levant. Les anciens s’y font beau- coup appliqués. C’eft un affemblage de filets d’or ow d’argent, dont on fait des ouvrages plats ou des bas reliefs fur du fer. Les ornemens dont on les enrichit font arabefques, morefques, ou grotefques. Voyez ces mots à leurs articles, Il fe trouve encore des an neaux antiques d’acier avec des figures & des feuil- lages travaillés de cette maniere, & qui font parfai- tement beaux. Mais dans ces derniers tems on a fait des corps de cuitafle, des cafques damafquinés , en- richis de morefques & d’arabefques d’or , & même des étriers, des harnois de chevaux, des mafles de fer , des poignées, & des gardes d’épées, & unein- finité d’autres chofes d’un travail très -exquis. De- puis qu’on a commencé à faire en France de ces for- tes d'ouvrages (c’eft fous le regne d'Henri IV. ), on peut dire qu’on a furpaflé ceux qui s’en font mêlés auparavant. Curfinet fourbiffeur à Paris, qui eft mort il y a environ cent ans, a fait des ouvrages incom- parables dans cette forte de travail, tant pour le deffein que pour la belle maniere d’appliquer fox or & de cifeler par-deffus. LÀ Quand on veut damafquiner fur le fer, on le met au feu pour lui donner le pafle violet, qe eft ce qu's A1 618 D ÀA M on appelle couleur d’eau ; puis on defline legerement deflus ce qu’on veut figurer, & on le taille avec un couteau à tailler de petites limes ; enfuite avec unfil d’or ou d'argent fort délié , on fuit le deffein , & on remplit de ce fil les endroits qu’on a marqués pour former quelques figures , le faifant entrer dans les hachûres avec un petit outil qu’on nomme éz/ean ; êT avec un matoir on amatit l'or. Voyez MATOIR. Si l’on veut donner du relief à quelques figures, on met l’or & l'argent plus épais , & avec des cife- ets on forme deflus ce qu’on veut. Mais quand avec la damafquinure on veut mêler un travail de rapport d’or ou d'argent, alors on gra- ve le fer profondément en -deflous & à queue d’a- ronde , puis avec le marteau & le cifelet on fait en- trer l'or dans la gravure ; après en avoir taillé le fond en forme de lime très-déliée afin que l’or y en- tre, & y demeure plus fortement attaché. | Cet or s’employe aufli par filets, & on le tourne &E manie comme en damafquinant fuivant le deffein qu'on a gravé fur le fer. Il faut avoir attention que les filets d’or foient plus gros que le creux qu’on a gravé, afin quäls y entrent par force avec le marteau. Quand Por ou l'argent eft bien appliqué , on forme les figures def- fus, foit avec les burins ou cifelets, foit par eftam- pes avec des poinçons gravés de fleurons , ou antres objets qui fervent à imprimer ou effamper ce que l’on veut. Voyez CISELURE , & la figure 14. du Cifeleur- Damafquineur , qui repréfente une plaque de métal fur laquelle eft une feuille taillée & damafquinée en partie. Cet article eft tiré du di. du Com. qui l’a em- prunté du diétionnaire des principes de l’Architec- ture , Peinture, & Sculpture. Nous n’y avons rien changé, parce qu’il nous a paru contenir ce qu'il y avoit d’effentiel à remarquer fur cet art,plus difficile à pratiquer qu’à entendre. DAMASSÉ , adj. (Manufaët. en fil.) il fe dit d’une forte de linge très-fin deftiné au fervice de la table, où l’on remarque un fond & un deffein ; d’où Pon voit qu'il n’a été appellé Zamaffé que parce que le travail en eft le même que celui du damas. On lui donne encore le nom de petite Venife. F, DAMaASs. DAMASSER , v.a@. en termes de Vannier , c’eft faire à une piece de lafléré des ornemens en lofan- ge, en croix, ou autres figures femblables à celles qu'on voit fur les ferviettes damaf]ces, * DAMASSIN , f. m. (Manuf. en foie.) petit da- mas moins garni de chaine & de trame que les da- mas ordinaires. * DAMATER , (Myth) furnom de Cérès. Les Grecs appelloient Damatrius le dixieme de leur mois, qui répondoit à-peu-près à notre mois de Juil- let : c’étoit le tems de leurs moïflons, ou de fa ré- colte des dons dont ils rendoient graces à Cérès. DAMBÉE,, (Géog. mod.) province d’Abyffnie en Afrique , fur un grand lac de même nom proche le Nil. DAME, f. £. (Hife. nat.) Voyez Pie. Dame, f. f. (Hifi. mod.) titre autrefois très-dif- tingué , très-honorable parmi nous, & qu'on n’ac- cordoit qu’aux perfonnes du premier rang. Nos rois ne le donnoient dans leurs lettres qi’aux femmes des chevaliers ; celles des écuyers les plus qualifiés étoient fimplement nommées wademoifelle : c’eft pourquoi Françoiïfe d’Anjou étant demeurée veuve avant que fon mari eût-été fait chevalier, n’eft ap- pellée que mademoifelle. Brantome ne donnoit en- core que le titre de mademoifèlle à la fénéchale de Poitou fa grand-mere, Il parleroit différemment au- jourd’hui que la qualification de madame eft deve- nuc fi multiphée, qu’elle n’a plus d'éclat , & s’ac- gorde même à de &nples femmes de-bourgeois, Tous D A M les mots qui défignent des titres, des dignités, des charges , des prééminences , n’ont d'autre valeur que celle des lieux & des tems, &il-n’eit pas inu- tile de fe le rappeller dans les leures hiftoriques. Article de M. le Chevalier DE JAUcOURT. g DAME Du PALAIS, (Hi. de France.) titre d’ofi- ce chez la reine de France avec penfon. François Le introduifit les femmes à la cour, & la reine Cathe- rine de Médicis , les filles d'honneur qu’elle em ploya comme un moyen des plus propres à fervir fes deffeins, à amufer les grands, & à découvrir leurs fecrets. Enfin en 1673 la trifte aventure de ma» demoifelle de * *** * , une des filles d'honneur de la reine mere Anne d'Autriche, dont le malheur eft connu par le fonnet de l’avorton, donna lieu à un nouvel établiflement. « Les dangers attachés à l’état » de fille dans une cour galante & voluptueufe, dit M. de Voltaire dans fes Anecdotes de Louis XIV. « dé- » terminerent à fubftituer aux douze filles d'honneur # qui embellifloient la cour dela reine , douze dames » du palais ; & depuis, la maifon des reines de Fran- » ce fut ainfi compofée ». Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT, DAME, ez Architelure : on appelle aïnfi dans un canal qu’on creufe ; les digues du terrein qu’on laïfle d’efpace en efpace pour avoir de l’eau à diferétion, &c empêcher qu’elle ne gagne les travailleurs, On nomme aufli dames de petites langues de terre couvertes de leur gazon , qu’on pratique de diftance en diftance pour fervir de témoins de la hauteur des terres qu’on a fouillées afin d’en toifer les cubes; alors on les appelle sémoins, (P) DAME ou DEMOISELLE, (Forrification.) eft une piece de bois ayant des bras, que l’on tient à deux mains, pour battre & refouler la terre ou le gazon qui fe mettent dans le mortier, Voyez MORTIER. Les paveurs fe fervent du même inftrument pour affermir les pavés des rues & des cours après qu’- ils font placés, Celui-ci eft un gros bloc de bois dont l'extrémité eft un peu allégie ; fa tête eft ceinte d’u ne bande de fer , & armée en-deffous de gros clous de fer. Dame eft encore une partie de terre qui refte comme ifolée entre les fourneaux des mines qui ont joué. (Q) | DAME JEANNE , . f. (Marine.) Les matelots ap« pellent ainfi une groffe bouteille de verre couverte de nattes, qui fert à mefurer fur les vaiffleaux mar- chands les rations de la boiflon de l'équipage ; elle tient ordinairement la douzieme partie d’une bari- que, c’eft-à-dire dix-fept à dix-huit pintes. (Z) Dame Lopre, f. f. (Marine,) On donne ce nom en Hollande à une forte de petit bâtiment dont on fe fert dans ce pays pour naviguer fur les canaux &e fur les autres eaux internes. Cette forte de bâtiment a ordinairement cinquante ou cinquante - cinq piés de long de l’étrave à létam- bord , fur une largeur de onze à douze piés. On lui donne quatre pieds de creux depuis les vaigres du fond jufqu’au bordage où les dalots font percés, &c cinq pieds derriere le côté du banc où le mâttouche, qui regarde larriere. À l'égard de la quefte qu’on donne à ces fortes de bâtimens , le charpentier fe regle à la vüe; cepen- dant le plus qu’on leuren peut donner eft le meilleur. On fait la quille d’une feule piece , d’un pié de large fur quatre à cinq pouces d’épais. (Z) * DAME, 1 f. (abs forges.) c’eftune piece d’en- viron un pié de hauteur, qui ferme la porte du creu- fet qui donne dans la chambre , à la réferve d'un efpace d’environ fept à huit pouces , qu'on appelle la coulée 8 par lequel pafle toute la fonte conte nue dans le creufet. # DAME (Je. ) On donne çe nom à de petites tranches cylindriques de bois où d'ivoire qui font peu épaifles » qui ont à-peu-près pour diametre le côté d'un quarreau du damier, & dont on ie fert pour jouer aux dames, Il ÿ en a de deux couleurs ; un des joueurs prend les dames d’une couleur, & Pautre joueur les dames de l’autre couleur. Foyez DAMES, (Jeu de) 6 DAMIER. FDA (Jeu de ) Le jeu de dames fe joue avec les Fr. 2e les art. DAME & Damiïer. Il ya deux fortes principales de jeu de dames; on appellé lun les dames françoifes, & l’autre les dames polo- noifes. Aux daines françoiles, chaque joueur a douze dames ; aux dames polonoïfes, vingt. On commence le jeu par placer fes dames. Aux dames françoifes le joueur 4 place fes douze dames fur les douze quarreaux ou cafesa, b, c, ds éc. & le joueur B, les douze fiennes.fur les douze cafes 1,2,3,4, ÿ, Ge. fig. 1. Chaque joueur joue alternativement. Lorfque le jotieur À a pouflé une de fes dames, le joueur B en poule une des fiennes. Les dames ne font qu’un pas; elles vont de la cafe - où elles font, fur les cafes vuides de même couleur qui leur font immédiatement contigues par leurs angles, fur la bande qui eft immédiatement au-def- fus : d’où l’on voit qu'une dame quelconque ne peut jamais avoir que deux cafes au plus à choifir. Au bout d’un certain nombre de coups, il arrive nécef- fairément à une des dames du joueur 4 ou B, d’être immédiatement contigue à une des dames du jotieur B ou 4. Si c’eft au joueur 4 à jouer, & que la dame M doit contigue à la dame N du joüeur B, enforte que celle-ci ait une cafe vuide par-derriere elle, la dame M fe placera dans la cafe vuide, & la.dame N . fera enlevée de deflus le damier. S'il y a plufeurs dames de fuite en avançant vers le fond du damier, placées de maniere qu’elles foient toutes féparées par une feule cafe vuide contigue , la même dame M les enlevera toutes, & fe placera fur la dermere cafe vuide. Ainfi dans le cas qu’on voit ici, fig. 2. la dame M enlevera les dames 9, 7, 5,3, & s'arrêtera fur la cafe #. Quand une dame eft arrivée fur la bande d’en-haut de l’adverfaire , on dit qu’elle eft arrivée à dame : pour la diftinguer des autres on la couvre d’une autre dame , & elle s'appelle dame da- mée, Ladame damée ne fait qu'un pas, non plus que les autres dames , mais les dames fimples ne peuvent point reculer; elles avancent toùjours ou s'arrêtent, & ne prennent qu’en avant: la dame damée au con- traire avance, recule, prend en avant, en arriere ,- en tout fens, tout autant de dames qu’ellé en ren- contre féparées par des cafes vuides , pourvi qu’elle puifle fuivre l’ordre des cafes fans interrompre fa marche. Que cet ordre foit ici en avançant, là en reculant, la dame damée prend toüjours ; au lieu que quand elle n’eft pas damée , il faut que ordre des dames prifes foit toüjours en avançant ; elles ne peuvent jamais faire nn pas en arriere. Ainfi, fig. 2. la dame damée M prend les dames 1, 2, 3, 4, ÿ, &c. au lieu que la dame fimple ne pourroit prendre que les dames 1, 2. Si on ne prend pas quand on a à prendre, &t qu'on ne prenne pas tout ce qu’on avoit à prendre, on perd la dame avec la- quelle on devoit prendre, foit fimple , foit damée ; cela s'appelle fouffler : votre adverfaire vous fouffle & joue, car fouffler n’eft pas jouer. Le jeu ne finit que quand lun des joueurs n'a plus de dame ; c’eft celui à qui il en refte qui a gagne. Les dames polonoïfes fe jouent comme les dames françoifes , mais fur un damier polonois , c’eft-à- dire à cent cafes, &c chaque joueur a vingt dames, Les dames polonoïfes fimples avancent un pas feule- ment, comme les dames françoifes fimples ; mais elles prennent comme les dames damées françoifes, 8x les dames damées polonoiles marchent comme les Tome IF, D À M 619 fous aux échécstelles prenneñt d’un bout d’une ligne à l’autre toutesles dames qui fe trouvent féparées les unes des autres par une Ou plufieurs cafes vuidés ; paflentfans interrompreleur marche, d’un feul & mé: me coup, fur toutes leslignes obliques , tant qu’elles rencontrent des dames à préndre , & ne s'arrêtent que quand elles n’en trouvent plus. On fouffle auffi à ce jeu les dames fimples &c dâméés ; & on perd eu gagne , comme aux dames françoifes , quand où manque de dames ou qu'on en garde le dermer, DAMERY , (Géog. mod.) petite ville de Cham- pagne en France ; elle eft fituée fur la Marne, entre Ay & Chätillon. DAMGASTEN , (Géog. mod.) ville d'Allemagne à la Poméranie, fur la riviere de Recknitz : elle eft aux SuédoisgLong. 30. 45. lar. 54. 20. | DAMIANISTE , {. m. (Æ/£. ecclef.) nom de feëte: Les Damianifles étoient une branche des Acéphales Séverites ; ils recevoient le quatrieme concile avec les Catholiques , mais ils rejettoient toute différence de perfonnes en Dieu, n’admettant qu'une ferle na: ture incapable d'aucune diftin@ion. Ils né laifloient pourtant pas d’appeller Dieu, Pere, Fils, & S. Ef- prit; c'eft pour cela que les Séverites Pétrites, autré branche des Acéphales , les appelloient Sabellianifles, & quelquefois Téradites. C’eft-là à-peu-près cé que nous en apprend Nicéphore Callifte, Z XVIII, c, HE) Les Darianiffes étoient ainfi appellés d’un évêque nommé Damian qui fut leur chef, Voyez le diélionn. de Trév. (G) DAMIANO, (SAINT) ville d'Italie dans le Mont- ferrat, à trois lieues d’Albe. * DAMIER , f..m. (Jez.) furface plane divifée en quarreaux alternativement blancs & noirs. Le da- mier qui fert pour les dames françoifes & pour les échecs , n’a que foixante - quatre quarreaux ou cafes. Chaque bande de quarreaux eft de huit; & dans chaque bande , fi le quarreau d’une bande eft noir , les correfpondans dans les bandes immédiate- ment au-deflus & au-deflous, feront blancs. Ainf dans une bande quelconque, fuppofé que les quar- reaux foient, en allant de la gauche à la droite, blanc , noir , blanc, noir , &c, dans la bande au - deffous & au-deflus de cette bande, les quarreaux feront, en allant pareïllement de la gauche à la droite , noir, blanc, noir, blanc , &c....., Le damier qui fert pour les dames polonoïfes,, ne differe de celui-ci que par le nombre de fes cafes ou quar- reaux;ilena cent, dix fur chaque bande. V. l'arricle DAME, JEU, 6 l'art. ECHEC. Ÿ. auffr.la PL, du Jeu, * DAMIE, £ f. (Mytholog.) c’eft ainf qu’on ap- pelloit la bonne déefle , ainf que les facrifices qu’on lui fafoit. Voyez l’article CYBELE. DAMIETTE, (Géogr. mod.) ville d'Afrique en Egypte ; fur l’une des bouches orientales du Nil. Long. So. lat. 31. DAMITES ox DAMITONS, f. m. pl. (Comm.) toiles de coton qui fe fabriquent en Chypre, & qui s’y débitent. Difionn. du Comm. € de Trév. DAMMARTIN , (Géog. mod.) petite ville de l'ile de France } à la Goëlle. * DAMNATION , f. f. (Théol.) peine éternelle de lPenfer. Le dogme de la damnation ou des peines éternelles eft clairement révelé dans l’Ecriture. I ne s’agit donc plus de chercher par la raïfon, s’il eft poffible ou non qu’un être fini fafle à Dieu une in- jure infinie ; fi l’étermité des peines eft où n’eft pas plus contraire à fa bonté que conforme à fa jufice; fi parce qu’il li a plü d’attacher une récompenfe infinie au bien, il a pù ou non attacher un châti- ment infini au mal. Au heu des’embarrafler dans une fuite de raifonnemens captieux, & propres à ébran- ler une foi peu affermue, 1l faut {e foûmettre à l’au- , JTi11) 60. DAM torité des livres faïints &caux décifions de l’Eglife, 8 opérer fon falut en tremblant, confidérant fans cefle que la grandeur de l’offenfe eft en raifon direéte de la dignité de l’offenfé , & inverfe de l’offenfeur ; &c quelle eft l’énormité de notre defobéiffance , puif- que celle du premier homme n’a pù être effacée que par le fans du Fils de Dieu. : HDAMOISEAU, DAMOISEL , DAMOISELLE, (Æift. mod.) Ce terme a fouftert, comme bien d’au- tres, beaucoup de révolutions. C’étoit ancienne- ment un nom d’efpérance , & qui marquoit quelque forte de grandeur & de feigneurie : aujourd’hui dans le langage ordinaire 1l reflent moins le titre d’un guerrier que d’un petit-maître. Sous la feconde race de nos Rois , & même fous la troifieme ; dans l’on- zieme & douzieme fiecle , le titre de daoiféau étoit propre aux enfans des rois & des grands princes. Les François & les peuples de la Grande-Bretagne, foit Anglois , foit Ecoflois, qualifioient ainf les pré- fomptifs héritiers des couronnes : à leur imitation les Allemans en ont ufé de même. On trouve dans lhiftoire damoifel Pepin , damoifel Lois le Gros , damoifel Richard prince de Galles ; & un ancien écrivain de notre hiftoire (c’eft Philippe de Monkes) appelle le roi S. Louis damoiïfèau de Flandres , parce qu'il en étoit feigneur fouverain ; ainfi ce terme fgnifie encore féigneur fuyerain. Il eft même demeuré par excellence aux feigneurs de Commercy fur la Meufe, entre Toul & Bar-le-Duc, parce que c’eft un franc-alleu, qui en quelque forteamite la fouve- raineté. Dans la fuite ce nom fut donné aux jeunes per- fonnes nobles de l’un & de l’autre fexe , aux fils & filles de chevaliers & de barons, & enfin aux fils de gentilshommes qui n’avoient pas encore mérité le grade de chevalerie. Pafquier prétend que damoifil ou damoïféau eff le diminutif de dam, comme fon féminin, damoifelle, left de dame ; & que le mot dam d’où il dérive , fi- enifie féigreur, comme on le voit effectivement dans plufeurs anciens auteurs, qui difent dam Dieu pour feigneur Dieu ; dam chevalier, &c. D’autres le font vénir de domicellus ou domnicellus, diminutif de do- mnus, quafi parvus dominus ; nom auquel répond ce- lui de dominger, qui, comme l’obferve Ducange, fe prenoit aufli dans ce fens-la. M. de Marca remarque que la nobleffe de Béarn fe divife encore aujourd’hui en trois corps ; les ba- tons, les cavers ou chevaliers, & les damorfeaux, domicellos , qu’on appelle encore domingers en lan- age du pays. : Fe Ab ee rois de Danemark & ceux de Suede ont auf porté ce titre, comme il paroït par l’hiftoire de Danemark de Pontanus, Z. WII. & VIII, & par celle de Suede d'Henri d’Upfal, /v. III. Ces noms ne font plus d’ufage aujourd’hui ; mais nous avons celui de denoifelle, qui fe dit préfente- ment de toutes les filles qui ne font point encore ma- riées, pourvû qu’elles ne foient point de la lie du . peuple. Le nouveau Ducange, au mot domicellus , comprend quelques curiofités utiles. Demnoifelle fignifie encore un uftenfile que l’on met dans le lit pour échauffer les piés d’un vieillard. C’eft un fer chaud que lon renferme dans un cylindre creux que l’on enveloppe dans des linges, &c qui entretient long-tems fa chaleur. Quelques-uns l'ap- pellent soëine ; & les Anglois, d’un nom qui dans leur langue fignifie une zone, une religieufe. Foyez Moine. (G) (a) | DAMOISELLES , (Marine. ) Voyez LISSES DE PORTE-HAUBANS. DAMVILLIERS, (Géog. mod.) ville de France an duché de Luxembourg ; elle ef fituée fur une mon- fagne. Long, 23. 0, lat, 49.22: DANAIDES , {. m.pl. (Mycholog.) Ce font dans l’ancienne Mythologie les filles de Danaïs on Da- naus onzieme ro1 d’Argos, & frere d’'Eeyptus. Elles étoient cinquante , & épouferent les cin- quante fils de leur oncle Egyptus. Danaus craignant laccompliffement d’un oracle qui lui avoit prédit qu'il feroit chaflé du throne par un gendre , perfuada à fes filles de tuer chacune leur mari la premiere nuit de leurs noces ; M. f- rent, excepté Hypermneftre qui épargna fon mari Lincée. | | En punition de ce crime, les poëtes les ont con- damnées dans l’enfer à verfer continuellement de l’eau dans un tonneau fans fond ; fupplice affez fem- blable à celui des philofophes qui veulent enfeigner aux hommes la juitice & la vérité. On les appelle aufñi quelquefois Bélides, parce qu’elles étoient les petites-filles de l’'Egyptien Bélus. Hygin nous a confervé les noms de quarante-fept d’entr’elles. Chambers. (G) * DANAQUEÉ, £. f. (Mychol.) C’eft ainfi qu’on appelloit chez les Grecs la piece de monnoiïe ou Po- bole qu’on mettoit dans la bouche des morts, & avec laquelle 1ls devoient payer à Caron leur paf- fage aux enfers. Ce n’étoit pas un excellent moyen de détromper les hommes de lappétit qu'ils ont pour la richefle, que d’attribuer à l’argent une va- leur jufque dans l’autre monde, . DANCALE, (Géog. mod.) royaume d’Afrique fitué à l'occident du détroit de Babelmandel , dans PAbyffnie. | DANCHÉ, adj. serme de Blafon ; il{e dit du chef, de la fafce, de la bande & du parti, coupé, tran- ché, taillé & écartelé, lorfqu'ils fe terminent en pointes aigues comme des dents. Coflé en Anjou, de fable à trois fafces danchées par le bas d’or, au- trement nommées feuilles de ftie. (F7) DANCK., f. m. (Comm.) petite monnoie d’ar- gent de Perfe ; par corruption on a transformé le mot dark en danck. Voyez DANK. DANDA, (Géog. mod.) ville des Indes au royau- me de Scéan. Long. 88. 50. la. 18. 20, DanDpa, (Géog. mod.) riviere d'Afrique dans Le Congo. DANEBROG oz DANEBORG , ( Hiftoire mod.) ordre de chevalerie en Danemark, inftitué le jour de la fête de S. Laurent en 1219 par Waldemar II, roi de Danemark, à l’occafion d’un drapeau qui tomba, dit-on, miraculeufement du ciel, dans une bataille que ce prince donnoit contre les Livoniens, &c qui ranima le courage de fes troupes. Ce drapeau, fur lequel on voyoit une croix blanche, fut nommé en langué du pays, danebrog ou danenburg, c'eft-à- dire Za force ou Le fort des Danois. On le portoit à la tête des troupes , comme autrefois l’oriflamme en France ; mais ce drapeau ayant été perdu vers l’am 1500, & l’ordre de chevalerie qu'’avoit inftitué Wal- demar, s’étant infenfblement éteint, Chriftian V. roi de Danemark , le renouvella à la naiflance de fon premier fils en 1671. Les chevaliers dans les fo- lennités, outre l’habit de l’ordre, portent une chaîne compofée des lettres W. & C. entrelacées l’une dans l’autre, dont la premiere défigné le nom de linfti- tuteur, & la feconde celui du reftaurateur de cet ordre. La marque ordinaire qui les diftingue, eftune croix blanche émaillée & bordée de rouge, garnie d’onze diamans : ils la portent à un ruban blanc bordé de rouge , paflé en baudrier de la droite à la gauche ; & fur le côté droit du jufte-au-corps les chevaliers portent une étoile à huit rayons brodée en argent, furmontée d’une croix d’argent bordée de rouge & de ces paroles C. V. refutor, Quoi- qu’on ait attention à la naïffance dans le choix des. chevaliers, 1lfuflit d’avoir rendu des fervices im- D A N portans au royaume pour être honoré de l’ordre de danebrog. Chambers, (G) DANE - GELT , ( if. mod.) la premiere taxe fonciere établie en Angleterre ; elle fignifie argent des Danois où pour les Danois. En voici Porigines Les Danois ravageant l’Angleterre en 1001, Ethel- red IT. prince timide , fe foûmit , pour éviter leurs incurfions, à leur payer une fomme de trente mille livres angloifes. Cette fomme , qui étoit alors très- confidérable , fut levée par impofition annuelle de 12 fols fur chaque Lyde de terre, c’eft-à-dire fur le labourage d’une charrue , fur l'étendue de terre qu’on peut labourer avec une feule charrue. Après cette impoñition les Danois ceflerent de piller, & fe retirerent dans leur pays. Il y en eut pourtant un grand nombre qui trouvant que l’Angleterre valoit bien le Danemark, prirent le parti de s’y fixer ; mais le dane- gel continua d’être très -onéreux à la nation, même long -tems après que les Danois eu- rent quitté le royaume. Avant que cette taxe eût lieu , les rois Saxons n’avoient que des fervices per- fonnels pour les expéditions militaires, & des fub- fides en deniers pour les bâtimens, la réparation des villes , châteaux, ponts, 6c. c’eft pourquoi la levée du dane-gelt a excité de tems à autres de grands foù- levemens : aufli Edouard l’abolit, & Guillaume I. en le renouvellant avec rigueur en 1067, retraça vivement dans le fouvenir des Anglois , les maux qu'ils avoient fouflerts fous une domination étran- gere; ce qui fit qu'ils ne regarderent plus ce prince que comme un conquérant odieux. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. À DANEMARK , (Géog. mod.) royaume de l’Eu- rope , borné à lorient par la mer Baltique, au fud par l’Allemagne, à l'occident & au nord par PO- céan. Il fe divife en état de terre-ferme & en état de mer. Le pays eft riche, peuplé, & devient flo- tiffant par des manufatures & par le commerce aux Indes. La Norwege & l’Iflande en font des dépen- dances : Copenhague eff la capitale : la religion lu- thérienne eft la dominante. Long. 25-30. 30. latit, 34-57. 30. Le roi a la préféance fur celui de Suede, parce que fon royaume eft réputé Le plus ancien des trois royaumes du Nord. La forme du gouverne- ment eff bien différente de ce qu’elle a été jufqu’en 1669; la couronne d’éleûtive eft devenue hérédi- taire, & le roi joiit d’un pouvoir abfolu. Voyez l’état du Danemark par mylord Molefworth. Arr. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DANGALA ou DONGOLA , (Géog. mod.) ville d'Afrique, capitale de la Nubie, fituée fur le Nil. ‘ Lors Sao dar 36. DANGER , PERIL, RISQUE, (Syz. Gramm.) Ces trois mots défignent la fituation de quelqu'un qui eft menacé de quelque malheur ; avec cette dif- férence que péril s'applique principalement aux cas où la vie eft intéreflée; & rifque, aux cas où l’on a heu de craindre un mal comme d’efpérerunbien.Ex. Un général court le r:/que d’une bataille pour fe tirer d’un mauvais pas ; & il eft en danger de la perdre, fi fes foldats abandonnent dans le péril. (O) DANGER, (Jurifp.) en matiere d'eaux & forêts, fignifie dxme ou dixieme , droit de dixieme. Si nous en croyons Beraut dans fon traité du tiers & dangers, & quelques autres auteurs qui l’ont fuivi, le terme de danger vient du latin 22dulgere, & figni- _ fie Ze droit que l’on paye au feigneur pour la permit fion de vendre un fief ou un bois qui releve de lui. Mais l'ordonnance de la chambre des comptes, de lan 1344, qui eft rapportée par Terrier fur l’an- cienne coûtume de Normandie, Zv. XIV, ch. 11, 2°. 8. dit que quand un bois à tiers & danger eft vendu par les tresfonciers, le Roï prend le tiers fur toute la fomme, avec la difme ou danger de 2 fols D AN Got pour livre; ce qui fait voir que danger eft la même chofe que dixme ou dixieme. M. de Brieux qui étoit natif de Caën , & qui avoit fait pendant quelque tems la profeffion d'avocat au parlement de Rouen, l'explique de même dans fes anciennes coûtumes ou façons de parler, au mot Jergens dangereux. WU dit que ce terme danger vient du latin denarius, deniarius, que quelques-uns ont lù ‘apparemment comme s’il y avoit den;arius, d’où l’on a fait en françois denjer, & par corruption danger. . Ce droit de danger eff fort ancien, puifqu'il en eft parlé dans la chartre normande de Louis Hutin , de l'an 1315 ; dans une ordonnance de la chambre des comptes , des l’an 1344 ; & dans une ordonnance de Charles V. de l’an 1376. Il eft dû au Roi fur plufieurs forêts du royaume & particulierement en Normandie : il confifte au dixième ou danger des bois vendus par le feigneur très-foncier : il fe paye en argent ou en effence. On conjoint fouvent les termes de riers & danger; parce qu'il y a des bois qui font fujets au droit de tiers & à celui de danger; mais il y a des boïs qui ne font fujets qu'au droit de tiers fans danger, & d’au- tres au droit de danger {ans tiers. L’ordonnance de 1669 a pourvû dans le titre 231 à ce qui concerne le droit de danger appartenant au Roi. Il eft dit que dans tous les bois fujets aux droits de grurie, grairie, tiers & danger, la juftice & tous les profits qui en procedent, appartiennent au Roi, enfemble la chafle, paiflon & glandée, privative- ment à tous autres, à moins que pour la paiflon &c glandée il n’y eût titre au contraire. Le tiers & danger doit être levé & payé felon læ coûtume ancienne , qui eft de diftraire au profit du Roi fur le total de la vente, foit en efpeces ou em deniers, au choix du Roi, le tiers & le dixieme ; enforte que fi Padjudication eft de trente arpens pour une fomme de 300 liv. Le Roi en doit avoir dix ar- pens pour le tiers de trente, & trois pour le dixie- me de la même quantité : ou fi le Roi le prend em argent, 100 liv. pour le tiers de 300 liv. & 30 liv. pour le dixieme de la même fomme de 300 liv. S'il fe trouve quelques bois en Normandie pour lefquels les particuliers ayent titre & pofleffion de ne payer qu'une partie de ce droit, favoir le tiers fimplement , ou feulement le danger, qui eft le dixie- me, l’ordonnance veut qu'il ne foit rien innové à. cet égard. Les poñleffleurs de bois fujets à tiers & danger, peuvent prendre par leurs mains, pour leur ufage , des bois des neuf efpeces contenues en Particle o de la chartre normande de Louis X. de Pan 131$, qui font faulx, marfaux, épines, puifnes, fenis, aul- nes, genets, gemevres & ronces , & le bois mort en cime & racine, ou gifant. L'article 6 déclare le droit de tiers & danger dans les bois de la province de Normandie, imprefcripti- ble & inaliénable, comme faifant partie de l’ancien domaine de la couronne. Tous bois fitués en Normandie , hors ceux plan-. tés à la main, & les morts-bois exceptés par la : chartre normande, font fujets à ce droit, fi les pof fefleurs ne font fondés en titres authentiques 8c ufa- ges contraires. Enfin l’ordonnance veut que les droits de pro- priété par imdivis avec d’autres feisneurs, & ceux de grurie, grairie, tiers & danger, ne puiflent être donnés, vendus n1 aliénés en tout ou partie, ni même donnés à ferme pour telle caufe ou prétexte. que ce foit ; renouvellant en tant que befoin feroit la prohibition contenue à cet effet au dixieme article de l’ordonnance de Moulins, fans même qu’à l’ave- mir tels droits puiflent être engagés ou ‘affermés ; ; 6 DAN mais leur produit ordinaire doit être donné én re- couvrement aux receveurs des bois ou du domaine, téfquels en doivent compter ainfi que dés deniers provenans des ventes des forêts du Roi. Foyer Ter- rier fur l'ancienne coftume de Normandie, liv. XIV, ca. nm 8. Etc. xxxvij. le traité du tiers 6 danger, par Beraut ; celui de M. Greard, donné au public par M. Froland'; /a bibliorh. de Bouchel , ax mot tiers 6 dan- ger; Bacquet, des droits de juffice, chap. x. n..5. 6 l'édis du mois d'Avril 3673. * Daxncer (Jef de) voyez FIEF. (4) Dancer, {. m. (Medecine) {e dit de l’état d’un malade menacé d’un évenement permicieux, foit qu'il y ait à craindre que la maladie fe termine par la mort, ou par quelqu'autre maladie pire que celle qui exifte adtuellement ; foir qu'ayant une partie af- feëtée , il y ait à craindre que la fuppuration, par exemple, ou la gangrene ne la détruife. Aïnf l’on dit d’un homme qui efluie une attaque d’apoplexie, qu'il eft en danger de mort, ou de de- venir paralytique dans quelques parties de fon corps. On dit d’une perfonne qui a les os d’un membre fra- caflés avec grande contufion des chairs, qu’elle eft en danger de le perdre par la mortification ou par lamputation. On dit d’une maladie qu’elle eft dan- gereufe en général, lorfqu'il y a plus à craindre qu’à efpérer pour l’iflue qu'elle aura. La vie confifte dans une certaine difpoñtion du corps humain ; la maladie confifte auffi dans une certaine difpofition, différente de celle qui conftitue la fanté, & qui eft plus où moins contraire à la vie: la fin de la maladie eft la mort. Le medecin juge pat les changemens plus ou moins grands que la maladie fait dans le corps , s’il y a à craindre pour les fuites, ou non; 1l compare les forces de la vie avec les forces de la maladie, & il infere de cette comparaifon, f la vie fera fupé- rieure au mal, ou non. Plus il y a de léfion dans les fonétions , & plus ces fon@ions léfées font eflen- tielles à la vie , enforte que la caufe de la maladie furpafle confidérablement la caufe de la vie, plus il y a de danger; & il dure d’autant plus long-tems, que la maladie qui en eft accompagnée, parvient plus lentement à fon dernier accroiflement , que les forces de la vie font plus diminuées, & que la caufe de la maladie eft plus difficile à détruire. Le danger eft d’autant moindre pour l’intenfité & pour la du- rée , que le contraire de ces propofitions a plus lieu. La fcience de prédire les évenemens heureux ou malheureux dans les maladies en général, eft toute fondée fur ces principes Voyez PROGNOSTIC. (4) DANGERS, (Marine.) fe dit des rochers ou des bancs de fable cachés fous l’eau ou même à fleur d’eau, fur lefquels un vaïfleau peut fe brifer ou faire naufrage en donnant deflus. Lor{qu’il fe trouve des dangers à l'entrée de quel- que port ou de quelque riviere, on met deflus des balifes on des boués, qui fervent de marques pour les éviter. (Z) Dangers civils, ou autrement de la Jergneurie, ou rifques de terre, fe dit foit des défenies, foit des doiianes ou contributions que certains feigneurs peuvent exiger des marchands ou de ceux qui font naufrage. (Z) DANGEREUX , adj. (Jurip.) Sergens dangereux font des fergens particuliers établis pour avoir inf- peétion fur les bois oùle Roï a droit de danger. Voyez ci-devant DANGER € SERGENS. (4) DANIEL, (PROPHÉTIE DE) Hife, ecclef. Ë: théol, nom d’un des livres canoniques de l’ancien Tefta- ment , ainfi nommé de Daniel prophete du Seigneur, forti de la race royale de David , & qui prophétifa à Babylone où 1l avoit été mené fort jeune en cap- tivité avec un grand nombre d’autres Juifs fes com- \ patriôtes , fous le regne de Joakim roi de Juda. « Nous ne traitons ici de ce livre, qu’entant qu’on a contefté la canonicité de quelques-unes de fes pat- ties; & nous emprunterons du P.Calmet ce qu’il en a dit dans fon diétionnaire de la Bible, some Î. page 499 6 fuiv. Parmi les écrits de Daniel, dit ce favant Béné- di&tin , il y a des pieces qui ont toljours conftam- ment pañlé pour canoniques ; d’autres quisont été conteftées fort long-tems. Tout ce qu eft écrit en hébreu ou en chaldéen, car il y a quelques mor- ceaux de chaldéen mêlés avec l’hébreu, tout cela eft généralement reconnu pour canonique , fant chez les Juifs que chez les Chrétiens ; mais ce qui ne fe trouve qu’en grec a fouffert de grandes contra- diétions , & n’a proprement été reçù pour canonique parmi tous les orthodoxes fans exception , que de- puis la décifion du concile de Trente, Du tems de faint Jerôme les Juifs étoient partagés à cet égard, comme nous l’apprend ce pere dans fa préface fur Daniel, & fur le chap. xüij. du même prophete. Les uns admettoient toute l’hiftoire de Sufanne, d’autres la rejettoient toute entiere ; quelques-unsien recc- voient une partie & en rejettoient une autre. Jofeph l’hiftorien, par exemple, n’a rien dit de Phiftoire de Sufanne , ni de celle de Bel & du dragon; mais Jo- feph Ben-Gorion auteur juif, qui a écrit en hé- breu , rapporte tout au long ce qui regarde Bel & le dragon, & ne dit rien de lhiftoire de Sufanne. Les douze premiers chapitres de Daniel font par- tie en hébreu, partie en chaldéen : les deux derniers font en grec. Il parle hébreu lorfqu'il récite fimple- ment ; mais il rapporte en chaldéen les entrètiens qu'il a eus en cette langue avecles Mages &c les rois Nabuchodonofor , Balthafar & Darius le Mede. II rapporte dans la même langue lédit que Nabucho- donofor donna après que Daniel eut expliqué le fon- ge que ce prince avoit eu d’une grande ftatue d’or ; ce qui montre l’extrème exaétitude de ce prophete, qui rend jufqu’aux propres paroles des perfonnages qu’il introduit. Le chap. üij. v. 24 6 Juiv. jufqu’au 9°. font en grec, aufi-bien que les deux derniers chapitres ; & c’eft une grande queftion parmi les critiques , de favoir s’ils ont jamais été écrits en hé- breu. La verfion greque que nous avons de tout Daniel, eft de Théodotion ; celle des Septante eft perdue il y a très-long tems. Les prophéties de Daniel font fi claires, que Por- phyre n’a crû pouvoir fe délivrer de leur témoigna- ge & de leur autorité, qu’en fuppofant que Daniel avoit vécu du tems d’Antiochus Epiphanes, & qu'il avoit alors décrit les évenemens qui fe pafloient fous fes yeux ; & que d’ailleurs 1l avoit contrefait l’homme infpiré, en affürant qu'il avoit été con- temporain de Nabuchodonofor & de Balthafar ; mais l’abfurdité de lafuppofñition de Porphyreeft pal- pable , & lPexiftence de Daniel au tems des monar- ques aflyriens , eft atteftée autant qu'aucun fait hif- torique le puiffe être. La plüpart des Rabbins le re- tranchent du nombre des prophetes , & fe conten- tent de mettre fes écrits au rang des hagiographes. Voyez HAGIOGRAPHES. (G) DANNIWARTACH, (if, nat.) arbrifleau des Indes dont les feuilles font femblables à celles du - camphrier. Il produit un fruit femblable à une grape de raïfin, & la graine en eft blanche & reflemble à - du poivre blanc. Les Indiens fe fervent de cette plan- te pourbattre leurs beftiaux malades, dans l'idéeque ce remede les guérit. | DANK ,, f. m. (Comm.) petite monnoïe d'argent fabriquée en Perfe & qui a cours en Arabie , du poids de trois grains, à un titre aflez bas. Le dark vaut argent de France environ 10 den. À DANNEBERG , (Géog. mod.) ville d'Allemagne au cercle de baffle Saxe, fur le Tetze. Long. 29. 20. dar, 53.18. DANOIS , (IMPÔT) Æi/f. mod, c’étoit une taxe ‘annuelle impofée anciennement fur les Anglois , qui n’étoit d’abord que d’un fchelin, & enfuite de deux, pour chaque mefure de 40 arpens de terre par tout le royaume, pour entretenir un nombre de forces que Von jugeoit fufifantes à nettoyer les mers de pirates Danois, qui auparavant defoloient les côtes d’An- leterre. | Ce fubfide fut d’abord impofé comme une taxe annuelle fur toute la nation , fous le roi Ethelred , Tan 991: « Ce prince, dit Cambden , ix Brirennia , »# étant réduit à de grandes extrémités par les inva- » fions continuelles des Danois, voulut fe procurer #» la paix, & fut obligé de charger fon peuple de ces # taxes appellées impôr danois. Il paya d’abord 16000 -# liy. enfuite 16000 I. après 24000 Il. puis 36000 I. -» & enfin 48000 I. Edouard le Confefleur remit cette taxe; les rois Guillaume I. & IL la continuerent. Sous le regne d'Henri [, on mit cet impôt au nombre des revenus fixes du royaume ; mais le roi Etienne le fnpprima entierement le jour de fon couronnement. Les biens d’églife ne payoïent rien de cet impôt ; parce que le peuple d'Angleterre , comme on le voit dans une ancienne loi faxonne, avoit plus de con- fiance aux prieres de l’Eglife, qu’à la force des ar- mes. Voyez ci-devant DANE-GELT , 6 le difionn. de Chambers. (G) | DANS, EN, fynonymes, (Gram.) ces mots dif- ferent en ce que le fecond n’eît jamais fuivi des ar- ticles Ze, La, ne fe met jamais avec un nom propre .-de ville ; & que le premier ne fe met jamais devant un mot d’où l’article eft retranché. On dit, je fuis en peine, & je fuis dans la peine ; je fuis dans Pa- ris, & jy fuis ez charge. (0) DANSE, ff. (Are & Hiff.) mouvemens reglés du corps, fauts, & pas melurés , faits au fon des inftru- mens ou de la voix. Les fenfations ont été d’abord exprimées par les différens mouvemens du corps & du vifage. Le plaifir & la douleur en fe faifant fentir à l’ame, ont donné au corps des mouvemens qui pei- gnoient an- dehors ces différentes impreffions : c’eft ce qu'on a nommé greffe. Voyez GESTE. Le chant fi naturel à l’homme, en fe développant; a infpiré aux autres hommes qui en ont êté frappés, des geftes relatifs aux différens {ons dont ce chant étoit compofé ; le corps alors s’eft agité, les bras fe font ouverts ou fermés, les piés ont formé des pas lents ou rapides , les traits du vifage ont participé à ces mouvémens divers, tout le corps a répondu par des poñitions, des ébranlemens , des attitudes aux fons dont l'oreille étoit affeétée: ainfi le chant qui étoit lexpreffion d'un fentiment (Voyez CHANT) a fait développer une feconde expreflion qui étoit dans l’homme qu’on a nommée danfe. Et voilà fes deux principes primitifs. On voit par ce peu de mots que la voix &r le gefte ne font pas plus naturels à efpece humaine, que le chant & la danfe ; & que l’un & l’autre font, pour ainf dire , les inftrumens de deux arts auxquels ils ont donné lieu. Dès qu'il y a eu des hommes, il y a eu fans doute des chants & des danfes ; on a chanté & danfé depuis la création jufqu’à nous, & il eft vraïffemblable que les hommes chanteront & dan- feront jufqu’à la deftruétion totale de efpece. Le chant & la danfe une fois connus, il étoit na- turel qu’on les fit d’abord fervir à la démonftration d’un fentiment qui femble gravé profondément dans le cœur de tous les hommes. Dans les premiers tems où 1ls fortoient à peine des mains du Créateur , tous les êtres vivans & inanimés étoient pour leurs yeux des fignes éclatans de la toute - puiffançce de l'Étre D AN 623 fuprême, 8: des motifs touchans de reconnoiflance pour leurs cœurs. Les hommes chanterent donc d’a- bord les lotianges & les bienfaits de Dieu , & ils dan- ferent en les chantant , pour exprimer leur refpe& & leur gratitude. Ain la denfe facrée eft de toutes les danfes la plus ancierine, & la fource dans laquelle on a puifé dans la fuite toutes les autres. (8) DANSE sACRÉE, c’eft la danfe que le peuple Juif pratiquoit dans les fêtes folennelles établies par la loi , ou dans des occafions de réjotiffance publique, pour rendre graces à Dieu, l’honorer, & publier fes louanges. On donne encore ce nom à toutes les dazfes que les Egyptiens , les Grecs, & les Romains avoient inflituées à l’honneur de leurs faux dieux, & qu’on exécutoit ou dans les temples , comme les danes des Jacrifices , des myfleres d’Iris , de Cérès, &cc. ou dans les places publiques , comme les hachanales ; ou dans Les hois, comme les denfès rufliques , &tc. On qualifie auffi de cette maniere les denfes qu’on Pratiquoit dans les premiers tems de l’églife dans les fêtes folennelles , & en un mot toutes les danfes qui dans les différentes religions faifoient partie du culte reçu, Après le paflage de la mer Rouge, Moyfe & fa fœur raffemblerent deux grands chœurs de mufique, l’un compofé d'hommes , l’autre de femmes , qui chanterent & danferent un ballet folennel d’adions de graces. Sump/it ergo Maria prophetif[a foror Aaron Lyrmpanum in manu fua. Egreffeque funt omnes mulie- res cum tympanis 6 choris, quibus precinebat , dicenrs : cantemus Domino, guoniam gloriofè magnificatus efl ; equum € afcenforem dejecir in mare, &tc. Ces. inftrumens de mufque raflemblés {ur le. champ, ces chœurs arrangés avec tant de prompti- tude, la facilité avec laquelle les chants & la danfe furent exécutés, fuppofent une habitude de ces deux exercices fort antérieure au moment de l'exécution, & prouvent affez l'antiquité reculée de leur origine, Les Juifs inftituerent depuis plufeurs fêtes folen- nelles, dont la dunfe faifoit une partie principale, Les filles de Silo danfoient dans les champs fuivant lufage, quand les jeunes gens de la tribu de Benja- min, à qui on les avoit refulées pour époufes, les enleverent de force fur l'avis des vieillards d’Ifrael, Lib, Jud. cap. ur. Lorfque la nation fainte célébroit quelque évene- ment heureux, où le bras de Dieu s’étoit manifefté d’une maniere éclatante , les Lévites exécutoient des danfes folennelles qui étoient compofées par le facerdoce. C’eft dans une de ces circonftances que le faint roi David fe joignit aux miniftres des autels, & qu’il danfa en prefence de tout le peuple Juif, en accompagnant l'arche depuis la maifon d’'Obededon jufqu’à la ville de Bethléem. Cette marche fe fit avec fept corps de danfeurs ; au fon des harpes & de tous les autres inftrumens de mufique en ufage chez les Juifs. On en trouve la f- gure & la defcription dans le premier tome des coms mertaires de La bible du P. Calmet, Dans prefque tous les pfeaumes on trouve des traces de la danft facrée des Juifs. Les interpretes de l’Ecriture font fur ce point d’un avis unanime. Exif= simo (dit l’un des plus célebres) 272 utroque pfalmo no- mine chori intelligi poffe cum certo inffrumento homines ad fonum ipfîus tripudiantes ; 8&t plus bas: de sripudio Jeu de mulritudine faltantium 6 concinentium minime dubiro. Lorin, 2 pfalm. cxljx. y. 3, On voit d’ailleurs dans les defcriptions qui nous reftent des trois temples de Jérufalem, de Garifim, ou de Samarie, & d'Alexandrie, bâti par le grand prêtre Onias , qu’une des parties de ces temples étoit formée en efpece de théatre, anquel les Juifs donnoient le nom de chœur, Cette partie étoit oc 024 D'AN cupée par le chant & la danfe, qu'on ÿ exécutoit avec la plus grande pompe dans toutes les fêtes fo- lennelles. La danf facrée telle qu’on vient de l'expliquer, &c qu’on la trouve établie chez le peuple Hébreu dans les tems les plus reculés, pañla fans doute avec les notions imparfaites de la divimuté chez tous Les au- trés peuples de la terre. Aïnfi elle devint parmi les Egyptiens, & fucceflivement chez les Grecs &c les Romains, la partie la plus confidérable du culte de leurs faux dieux. Celle que.les prêtres d'Egypte inventerent pour exprimer les mouvemens divers des aftres, fut la plus magnifique des Égyptiens. Voyez DANSE AS- TRONOMIQUE. Et celle qu’on inventa en l'honneur du bœuf Apis fut la plus folennelle. C’eft à limitation de cette derniere , que le peu- ple de Dieu imagina dans le defert la danfe facrilège autour du veau d’or. $. Grégoire dit que plus cette danfe a été nombreufe, pompeufe, & folennelle , plus elle a été abominable devant Dieu, parce qw’- elle étoit une imitation des dan/ës impies des 1dola- tres. Il eft aifé de fe convaincre par ce trait d’hiftoire de l’antiquité des fuperftitions égyptiennes, puif- qu’elles fubfftoient long-tems avant la fortie du peu- ple Juif de l'Egypte. Les prêtres d’Ofiris avoient d’a- bord pris des prêtres du vrai Dieu une partie de leurs cérémonies, qu'ils avoient enfuite déguifées & cor- rompués. Le peuple de Dieu à fon tour entrainé par le penchant de limitation fi naturel à l'homme , fe rappella après fa fortie de l'Egypte les cérémonies du peuple qu'il venoit de quitter , & il les imita. Les Grecs dürent aux Égyptiens prefque toutes leurs premieres notions. Dans Le tems qu'ils étoient encore plongés dans la plus ftupide ignorance ; Or- phée qui avoit parcouru l'Egypte & qui s’étoit fait initier aux myfteres des prêtres d’Ifis, porta, à fon retour , dans fa patrie leurs connoïffances & leurs erreurs. Auf le fyftème des Grecs fur la religion n’étoit-il au’une copie de toutes les chimeres des prètres d'Egypte. La danfe oh donc établie dans la Grece pour ho- norer les dieux , dont Orphée inftituoit le culte; & comme elle faïfoit une des parties principales des cé- rémonies & des facrifices , à mefure qu'on élevoit des autels à quelque divinité , oninventoit aufh pour l’honorer des danfes nouvelles, & toutes ces danfes différentes étoient nommées /zerces. IL en fut ainfi chez les Romains, qui adopterent les dieux des Grecs. Numa, roi pacifique, crut pou- voir adoucir la rudeffe de fes fujets, en jettant dans Rome les fondemens d’une religion ; & c’eft à lui que les Romains doivent leurs fuperftitions, &c peut-être leur gloire. Il forma d’abord un collège de prêtres de Mars ; il répla leurs fonétions, leur affigna des reve- nus , fixa leurs cérémonies, & 1l imagina la danfe qu'ils exécutoient dans leurs marches pendant les fa- crifices, & dans les fêtes folennelles. Voyez DANSE DES SALIENS. Toutes les autres danfes facrées qui furent en ufa- ge à Rome & dans l'Italie, dériverent de cette pre- miere. Chacun des dieux que Rome adopta dans les fuites eut des temples , des autels, & des danfès. Telles étoient celles de la Zonne déeffe, les farurna- les, celles du premier jour de Mai, &c. Voyez -les a leurs articles. Les Gaulois, les Efpagnols, les Allemands, Îles Anglois, eurent leurs danfes facrées. Dans toutes les religions anciennes, les prêtres furent danfeurs par état ; parce que la danfé a été regardée par tous les peuples de la terre comme une des parties effentiel- les du culte qu’on devoit rendre à la divinité. Il n’eft donc pas étonnant que Les Chrétiens,en purifant par une Mtention droite une inflitution auf ancienne ; l’euffent adoptée dans Les premiers tems de l’établit- fement de la foi. | L’Eglife en réuniflantles fideles , en leur infpirant un dégoût légitime des vains plaifirs du monde, en les attachant à amour feul des biens éternels, cher- choit à les remplir d’une joie pure dans la célébra- tion des fêtes qu’elle avoit établies, pour leur rap- péller les bienfaits d’un Dieu fauveur. Les perfécutions troublerent plufieurs fois la fainte paix des Chrétiens, Il fe forma alors des congréga- tions d'hommes & de femmes, qui à l'exemple des Thérapeñtes fe retirerent dans les deferts : là ils fe raflembloient dans les hameaux les dimanches & les fêtes , & 1ls y danfoient pieufement en chantant les prieres de Eglife, Voyez l’hiffoire des ordres monalfti- ques du P. Heliot. | On bâtit des temples lorfque le calme ent fuccé- dé aux orages, & on difpofa ces édifices relative ment aux différentes cérémonies, qui étoient la par- tie extérieure du culte recu. Ainf dans toutes les églifes on pratiqua un terrein élevé, auquel on don- na le nom de chœur : c’étoit une efpece de théatre féparé de l’antel, tel qu’on le voit encore à Rome aujourd’hui dans les églifes de S. Clément & de S, Pancrace. C’eft-là qu’à l'exemple des prêtres & des lévites de l’ancienne loi, le facerdoce de la loi nouvelle for- moit des danfes facrées en l'honneur d’un Dieu mort fur une croix pour le falut de tous les hommes, d’un Dieu reflufcité le troifieme jour pour confommer le myftere de la rédemption , &c. Chaque myftere, chaque fête avoit fes hymnes &c fes danfës ; les prê- tres, les laics , tous les fideles danfoient pour hono- rer Dieu; fi l’on en croit même le témoignage de Scahger , les évêques ne furent nommés præfules dans [a langue latine 4 prafiliendo, que parce qu'ils commençoient la danfe. Les Chrétiens d’ailleurs les plus zélés s’affembloient la nuit devant la porte des églifes la veille des grandes fêtes ; &z là pleins d’um zele faint, ils danfoient en chantant les cantiques, les pfeaumes, & les hymnes du jour. La fête des agapes ou feftins de charité , inftituée dans la primitive églife en mémoire de la cene de Jefus-Chrift , avoit fes danfes comme les autres, Cette fête avoit été établie, afin de cimenter entre. les Chrétiens qui avoient abandonné le Judaifme & le Paganifme une efpece d’alliance. L’Eglife s’effor- çoit ainfi d’affoiblir d’une maniere infenfble Péloi- gnement qu'ils avoient les uns pour les autres, en les réuniffant par des feftins folennels dans un même efprit de paix & de charité. Malgré les abus qui s’é= toient déjà ghiffés dans cette fête du tems de S. Paul, elle fubfiftoit encore lors du concile de Gangres en l’année 320 , où on tâcha de les réformer. Elle fut enfuite totalement abolie au concile de Carthage, fous le pontificat de Grégoire le grand en 397. Aïnfi la danfe de l’'Eglife, fufceptible comme toutes les meïlleures inftitutions, des abus qui naïflent toù- jours de la foibleffe & de la bifarrerie des hommes, dégénera après les premiers tems de zele en des pra- tiques dangereufes qui allarmerent la piété des papes & des évêques : de-là les conftitutions &r les decrets qui ont frappé d’anathème les danfës baladoires , cel- les des brandons, Voyez ces deux mots à leurs articles. Mais les PP. de l’Eglife, en déclamant avec la plus grande force contre ces exercices fcandaleux, par- lent tobjours avec une efpece de vénération de la danfe facrée. S. Grégoire de Nazianze prétend même que celle de David devant l'arche fainte, eft un myf- tere qui nous enfeigne avec quelle joie & quelle promptitude nous devons courir vers les biens fpi- rituels ; &c lorfque ce pere reproche à Julien Pabus qu'il faifoit de la danfe, il lui dit avec la vensse un ! D AN d’un orateur & le zele d’un chrétien: 57 ze 4 lete ce- lebritatis © fefforum amantèm falrare oportet ; falra tu guidem ; fèd non inhoneflæ illius Herodiadis Jalrationem quæ Baptifle necem attulit , verum Davidis ob arcæ Fée : Quoique la danfe facrée ait été fucceflivement re- tranchée des cérémonies de l’Eglife ; cependant elle én fait encoré partie dans quelques pays catholi- ques. En Portugal, en Efpagne , dans le Rouflllon, on exécute des danfes folennelles'en l’honneur de nos myfteres & de nos plus grands faints. Toutes les veil- les des fêtes dé la Vierge, les jeunes filles s’aflem- blent devant la porte des églifes qui lui font confa- crées, & pañlent la nuit à danferen rond & à chan- ter des hymnes & des cantiques à fon honneur. Le cardinal Ximenès rétablit de fon tems dans la cathé- drale de Tolede l’ancien ufage des mefles mofara- bes, pendant lefquelles on danfe dans le chœur &c dans la nef avec autant d'ordre que de dévotion: en France même on voyoit encore vers le milieu du dernier fiecle, les prêtres & tout le peuple de Limo- ges danfer en rond dans Le chœur de S. Léonard, en chantant : fort Marciau pregas per nous, G nous epin- garen per bous. Voyez BRANDON. Et le P. Menetrier Jéfuite, qui écrivoit fon traité des ballets en 1682, dit dans la préface de cet ouvrage, qu’il avoit vé en- core les chanoines de quelques églifes qui le jour de P&- ques prenoient par la main les enfans-de-chœur , 6 dan- foient dans le chœur en chantant des hymnes de réjoif- ane. C’eft de la religion des Hébreux , de celle des Chrétiens, & du Paganifme, que Mahomet a tiré les rêveries de la fienne. Il auroit donc été bien extra- ordinaire que la danfe facrée ne füt pas entrée pour quelque chofe dans fon plan : auff l’at-1l établie dans les mofquées , & cette partie du culte a été refervée au feul facerdoce.Entre les denfes desreligieuxTurcs, il y en a une furtout parmi eux qui eft en grande con- fidération : les dervis l’exécutent en pirouettant avec une extrème rapidité au fon de la flûte. Voyez Mou- LINET. La danfe facrée qui doit fa premiere origine, ainfi que nous l'avons vû, aux mouvemens de joie & de reconnoiffance qu’infpirerent aux hommes les kien- faits récens du Créateur , donna dans les fuites l’idée de celles que l’allégreffe publique, les fêtes des par- ticuliers , les mariages des rois, les viétoires , Gc. fi- rent inventer en tems différens ; & lorfque le génie, en s’échauffant par degrés , parvint enfin jufqu’à la combinaifon des fpe@acles réguliers, la-dez/e fut une des parties principales qui entrerent dans cette gran- de compoftion. Foy. DANSE THÉATRALE. On croit devoir donner ici une idée de ces dan/es différentes, avant de parler de celles qui furent confacrées aux théatres des anciens, & de celles qu’on a porté fur nos théatres modernes. Murfius en fait une éfiuméra- tion immenfe , que nous nous garderons bien de co- pier. Nous nous contentons de parler ici des plus im- portantes. (B) DANSE ARMÉE; c’eft la plus ancienne de toutes les danfes profanes : elle s’exécutoit avec lépée, le javelot, & le bouclier. On voit affez que c’eft la mê- me que les Grecs appelloient remphitique, Ils en at- tribuoient linvention à Minerve. Voyez MEMPHI- TIQUE. Pyrrhus qui en renouvella lufage, en eft encore tenu pour l’inventeur par quelques anciens auteurs. La jeunefle greque s’exerçoit à cette danfe, pour fe diftraire des ennuis du fiége de Troie. Elle étoit très-propre à former les attitudes du corps ; & pour la bien danfer il falloit des difpofitions très-heureu- fes, & une très-srande habitude. Toutes les différentes évolutions militaires en- troient Es la compofition de cette darfe, & l’on rome IF, D AN 62$ vérra dans les articles fuivans qu’ellé fut lé germe de bien d’autres. (B) DANSETASTRONOMIQUE: Les Esyptiens en.fus tent les inventeurs: par des mouvemens variés, des pas aflortis, & des figures bien defhinées, ils repré fentoient fur des airs de caraétere l’ordre;, le cours des aftres, & l'harmonie de leur mouvement. Cette darfe fublime pafla aux Grecs, qui l’adoptérent pour le théatre. Voyez STROPHE, ÉPODE, 6e. Platon'& Lucien parlent de cette daz/e comme d’une invention divine. L'idée en effetren-étoit auffi grande que magnifique : elle fuppofe une foule. di dées précédentes qui font honneur à la fagacité de lefprit humain. (8) ri | DaANSESs BACCHIQUES ; c’eft le nom qu’on don- noit aux danfes inventées par Bacchus, &c qui étoient exécutées par les Satyres & les Bacchantes de fa fuite, Le plaifir & la joie furent les feules armes qu'il employa pour conquérir les Indes, pour foùmettre la Lydie, & pour dompter les Tyrrhéniens. Ces dan- Jès étoient au refte de trois efpeces; la grave qu£ répondoit à nos dan/és terre à terre ; la gaie qui avoit un grand rapport à nos gavotes légeres, à nos pafle- piés , à nos tambourins ; enfin la grave & la gaiemée- lées l’une à l’autre, telles que font nos chacones 8 nos autres airs de deux ou trois caraéteres. On don- noit à ces danfes les noms d’errmelie , de cordace, &c de cycinnis. Voyez ces trois mots a leurs articles, (8) DANSES CHAMPÊTRES 0% RUSTIQUES. Pan, qui les inventa, voulut qu’elles fuflent exécutées dans la belle faifon au milieu des bois. Les Grecs & les Ro- mains avoient grand foin de les rendre très-folen- nelles dans la célébration des fêtes du dieu qu’ils en croyoient l'inventeur. Elles étoient d’un caraétere vif & gai. Les jeunes filles & les jeunes garçons les exécutoient avec une couronne de chêne fur la tête, … & des guirlandes de fleurs qui leur defcendoient de l'épaule gauche, & étoient rattachées fur le côté droit. (B) | [ DANSE DES CURETES & DES CORYBANTES: Selon l’ancienne mythologie , les curetes 8 les co- rybantes qui étoient les miniftres de [a religion fous les premiers Titans, inventerent cette danfe : ils Pexécutoient au fon des tambours, des fifres, des chalumeaux, & au bruit tumultueux des fon- nettes, du cliquetis des lances, des épées, & des boucliers. La fureur divine dont ils paroïfloient fai- fis , leur fit donner le nom de corybantes. On pré- tend que c’eft par le fecours de cette dan/e qu'ils fau- verent de la barbarie du vieux Saturne le jeune Ju- piter, dont l'éducation leur avoit été confiée. (3 DANSE DES FESTINS. Bacchus les inftitua à fon retour en Egypte. Après le feftin le fon de plufieurs inftrumens réunis invitoit les convives à de nou- veaux plaïfirs ; 1ls danfoient des danfes de divers genres: c’étoient des efpeces de bals où éclatoient la joie, la magmificence & l’adrefle. Philoftrate attribue à Comus l'invention de ces danfes ; & Diodore prétend que nous la devons à Terpfcore. Quoi qu'il en foit, voilà l'origine des bals en regle qui fe perd dans l'antiquité la plus re- culée. Le plaïfir a tojours été l’objet des defirs des hommes ; 1l s’eft modifié de mille manieres différen- tes, & dans le fond il a toûjours été le même. (B) DANSE DES FUNÉRAILLES, « Comme la nature » a donné à l’homme des geftes relatifs à toutes fes » différentes fenfations , il n’eft point de fituation de » l’ame que la denfé ne pue peindre. Auf les an- » ciens qui fuivoient dans les arts les idées primiti- » ves, ne fe contenterent pas de la faire fervir dans » les occafñons d’allegreffe ; ils l’employerent enco- » re dans les circonftances {olennelles de triftefle &c » de deuil. | » Dansles funérailles des rois d’Athenes, une trou: KKKkk 626 D] À N «pe d’élite.vêtue de longues robes blanches com- » mençoit la marche ; deux rangs de jeunes garçons »précédoient le ceicueil, qui étoit entouré par deux rangs'de jeunes vierges. Ils portoient tous # des couronnes & des branches de cyprès, & for- » moient des denfes graves & majeftueufes fur des x fymphonies lugubres. n 4 1! » Elles étoient jouées par plufieurs muficiens qui D » étoient diftribués entre les deuxpremieres troupes. Les prêtres des différentes divinités adorées dans »PAttique, revêtus. des marques diftinéhives de » leur caraétere , venoient: enfuite : ils marchoïent »# lentement & en mefure, en chantant des vers à la » loïange du roi mort. | » Cette pompe étoit fuivie d’un grand nombre de + vieilles femmescouvertes de longs manteauxnoirs. # Eiles pleuroient & faiforent les contorfons les » plus outrées , en pouflant des fanglots & des cris. 5 On les nommoit Les! pleureufes , & on regloit leur » falaire fur les extravagances plus où moins gran- » des qu’on leur avoit vü faire. # Les funérailles des particuliers formées fur ce # modele, ‘étoient à proportion de la dignité des » morts, & de la vanité des furvivans: l’orgueil eft # à-peu-près le même dans tous les hommes; les # nuances-qu’on croit y appercevoir font peut-être # moins en eux-mêmes, que dans les moyens divers # de le développer que la fortune leur prodigue ou # leur refufe », Traité hiflorique de la danfe , tome I. By. IL chap. vj. (B) - DANSE Des LACÉDÉMONIENS. Licurgue, par ane loi exprefle , ordonna que les jeunes Spartiates dès l’âge de fept ans commenceroïent à s'exercer à des danfes fur le ton phrygien. Elles s’exécutoient avec des javelots, des épées & des boucliers. On voit que la denfe armée a été l’idée primitive de cette inftitution; & le roi Numa prit la danfe des Saliens de l’une &de l’autre. Voyez DANSE DES SALIENS. La gymnopédice fut de linftitution exprefle de Licurgue. Cette danfe étoit compoiée de deux chœurs , l’un d'hommes faits, l’autre d’enfans : ils danfoient nuds, en chantant des hymnes en l’hon- neur d’'Apollon. Ceux qui menoient les deux chœurs étoient couronnés de palmes. 7. GYMNOPÉDICE. La danfe de l’inrocence étoit très-ancienne à La- cédémone: les jeunes filles l’exécutoient nues de- vant l’autel de Diane, avec des attitudes douces & modeftes , & des pas lents & graves. Hélene s’exer- çoit à cette danfe lorfque Théfée la vit, en devint amoureux, & l’enleva. Il y a des auteurs qui pré- tendent que Paris encore prit pour elle cette vio- lente pafhion qui coûta tant de fang à la Grece & à V'Afe ; en lui voyant exécuter cette même denfe, Li- curgue en portant la réforme dans les lois & les mœurs des Lacédémoniens, conferva cette denfe, qui cefla des-lors d’être dangereufe. Dans cette république extraordinaire, les vieil- dards avoient des danfés particulieres qu'ils exécu- toient en l’honneur de Saturne, & en chantant les : lotianges des premiers âges, Dans une efpece de branle qu’on nommoit kor- mus , un jeune homme lefte & vigoureux, & d’une contenance fiere, menoit la dan/é ; une troupe de jeunes garçons le fuivoit, fe modeloit fur fes atti- tudes ; & répétoit fes pas : une troupe de jeunes fil- les venoit immédiatement après eux avec des pas lents & un air modefte. Les premiers fe retournoient vivement, fe mêloient avec la troupe des jeunes fil- les, & repréfentoient ainf l’union & l'harmonie de la tempérance & de la force. Les jeunes garçons doubloient les pas qu'ils faifoient dans cette danfe, tandis que les jeunes filles ne les faïfoient que fim- ples ; & voilà toute la magie des deux mouvemens différens des uns & des autres en exécutant le même air. Voyez HoRMUS. (3) DANSE Dés LaprTrHes: elle s’exécutoit au foti de la flüte à la fin.des feftins, pour célébrer quelque grande viétoire. On croit qu'elle fut inventée par Pirrithous. Elle étoit difficile & pénible, parce qu?- elle étoit une imitation des combats des Centaures & des Eapithes : lès diférens mouyernens de ces monftres moitié hommes & moitié chevaux , qu'il étoit néceflaire de rendre, exigeoient beaucoup de force ; c’eft par cette raifon qu’ellé fut: abandonnée aux payfans. Lucien nous apprend:qu'eux {euls l’e- xécutoient de fon tems: (8) n 45.400 DANSE DE L’ARCHIMIME., dans les funérailles des Romains. « On adopta fucceflivement à Rome » toutes les cérémomies des funérailles des Athé- » riens ; mais on y ajoûta un ufage digne de la fas » gefle des anciens Egyptiens. -:»# Un homme inftruit en l’art de contrefairé air j » la démarche, les manieres des autres hommes, » étoit choifi pour précéder le cercueil; il prenoit » les habits du défunt, & fe couvroit le vifage d’un » mafque qui retraçoit tous fes traits ; fur les fym- » phomies lugubres qu’on exécutoit pendant la mar- » che, il peignoit dans fa danfe les aétions les plus » marquées du perfonnage qu’il repréfentoit. » C’étoit une oraifon funebre muette, qui retra< » çoit aux yeux du public toute la vie du citoyen » qui n’étoit plus. » L’archimime , c’eft ainfi qu'on nommoit cet ora= » teur funcbre, étoit fans partialité ; il ne faifoit gra- » ce, ni en faveur des grandes places du mort, nipar » la crainte du pouvoir de fes fucceffeurs. » Un citoyen que fon courage, fa générofité, l’é2 » levation de fon ame, ayoient rendu l’objet du ref- » pett & de l’amour de la patrie, fembloit reparoï- »tre aux yeux de fes concitoyens ; ils joinfloient » du fouvenir de fes vertus ; 1l vivoit, il agifoit en- » core ; fa gloire fe gravoit dans tous les efprits; la » jeuneffe Romaine frappée de l’exemple , admiroit » fon modele; les vieillards vertueux goûtoient déjà » le fruit de leurs travaux, dans l’efpoir de reparoi- » tre à leur tour fous ces traits honorables quand » 1ls auroient ceflé de vivre. | » Les hommes indignes de ce nom, &c nés pour le » malheur de l’efpece humaine, pouvoient être rete- » nus par la crainte d’être un jour expofés fans mé+ » nagement à la haïne publique , à la vengeance de » leurs contemporains , au mépris de la poftérité. » Ces perfonnages futiles, dont plufieurs vices ; » l’ébauche de quelques vertus, l’orgueil extrème, » & beaucoup de ridicules, compofent le caraétere, » connoïfoient d'avance le fort qui les attendoit un » jour, par la rifée publique à laquelle ils voyoient » expofés leurs femblables. » La fatyre ou l'éloge des morts devenoit ainfi » une leçon utile pour les vivans. La dan/e des archi- » mimeslétoit alors dans la Morale, ce que l’Anato- » mie eft devenue dans la Phyfique ». Trairé hiflori- que de la danfe, some I. liv. II. ch. vi. (B) DANSES LASCIVES. On diftinguoit ainf les dif- férentes danfes qui peignoient la volupté. Les Grecs la connoïfloient, & ils étoient dignes de la fentir; mais bientôt par l'habitude ils la confondirent avec la licence. Les Romaïns moins délicats, & peut-être plus ardens pour le plaifir, commencerent d’abord par oùles Grecs avoient fini. 7. DANSE NUPTIALE, C’eft aux bacchanales que les darfés lafcives dü- rent leur origine. Les fêtes inftituées par les bac- chantes pour honorer Bacchus , dont on venoit de faire un dieu , étoient célebrées dans l’ivrefle & pen- dant les nuits ; de-là toutes les libertés qui s’y intro- duifirent : les Grecs en firent leurs délices , & les Ro- mains les adopterent avec une efpece de fureur, lorfqu'ils eurent pris leurs mœurs, leurs arts, & leurs vices. (8) DAN = Danséve L'HymEn. Unetroupelegeredejeunes garçons & de jeunes filles couronnés de fleurs exécu- toient cette darfe dans les mariages, &c ils expri- moient par leurs figures , leurs pas, & leurs geftes, la joie vive d’une noce. C’eftrune des dar/és qui étoientigravées , au rapport d'Homere, fur le bou- clier d'Achille. Iline faut pas la confondre avec les _ danfes nuptiales dont on parlera plus bas; celle-ci n’avoit que des expreflions douces & modeftes. Foy. fur cette denfe & {on origine le I. tome du traite de la danfe. (B) | | Danse DES MATASSINS ou des BourFons. Elle étoit une des plus anciennes dan/es des Grecs. Les danfeurs étoient vêtus de corcelets; ils avoient la tête armée de morions dorés , des fonnettesaux jam- bes , & l'épée & le bouclier à la main: ils danfoient ainfi avecdes contorfions guertieres & comiques , fur des airs de ces deux genres. Cette forte de danfe a été fort en ufage fur nos anciens théatres : on ne l'y connoît plus maintenant , & les délices des Grecs font de nos jours relégués aux marionnettes. Thoi- not Arbeau adécrit cette danfe dans {on Orchefo- graphie. (B) DANSE MEMPHITIQUE. Elle fut, dit-on, inven- tée par Minerve, pour célébrer la viétoiredes dieux &c la défaite des Titans. C’étoit une danft grave & guerriere, qu’on exécutoit au fon de tous les inftru- mens militaires. Voyez MEMPHITIQUE. (B) DANSES MILITAIRES. On donnoit ce nom à tou- tes les danfès anciennes qu'on exécutoit avec des armes, & dont les figures peignoiïent quelques évo- lutions militaires. Plufieurs auteurs en attribuent l'in- vention à Caftor & Pollux ; mais c’eft une erreur qui et fufifamment prouvée par ce que nous avons dé- jà dit de la derfe armée. Ces deux jeunes héros s’y exercerent fans doute avec un fuccès plus grand que les autres héros leurs contemporains ; & c’eft la caufe de la méprife. Ces danfes furent fort en ufage dans toute la Gre- ce, mais à Lacédémone fur-tout ; elles faifoient par- tie de l'éducation de la jeuneffe. Les Spartiates al- loient toüjours à l'ennemi en danfant. Quelle valeur ne devoit-on pas atrendre de cette foule de jeunes guerriers, accoûtumés dès l'enfance à regarder coin- ne un jeu les combats les plus terribles! (B) DANSE NUPTIALE. Elle étoit en ufage à Rome dans toutes les noces: c’étoit la peinture la plus dif- folue de toutes les aétions fecretes du mariage. Les danfes lafcives des Grecs donnerent aux Romains l'idée de celle-ci, & ils furpañlerent de beaucoup leurs modeles. La licence de cet exercice fut pouflée fi loin pendant le regne de Tibere , que le fénat fut forcé de chafler de Rome par un arrêt folennel tous les danfeurs & tous les maîtres de danje. Le mal étoit trop grand fans doute lorfqu’on y ap- pliqua le remede extrème ; il ne fervit qu'à rendre cet exercice plus piquant : la jeuneffe Romaine prit la place des danfeurs à gages qu’on avoit chaffés ; le peuple imita la noblefle, & les fénateurs eux-mé- mes n’eurent pas honte de fe livrer à cet indigne exercice. Il n’y eut plus de diftinétion fur ce point entre les plus grands noms & la plus vile canaille de Rome. L'empereur Domitien enfin, qui n’étoit rien moins que délicat fur les mœurs, fut forcé d’exclure du fénat , des peres confcripts qui s’étoient avilis jufqu'au point d’exécuter en public ces fortes de danfes. (B) DANSE PYRRHIQUE ; c’eft la même que celle que lon nommoït armée, que Pyrrhus renouvella, & dont quelques auteurs le prétendent l'inventeur. Voyez DANSE ARMÉE. (B) DANSE DU PREMIER JOUR DE Mai. À Rome & dans toute l'Italie, plufeurs troupes de jeunes citoyens des deux fexes fortoient de la ville a upoint Tome IF, D A N 635 dix jour ; elles alloient en dañfant au fon des inftru mens champêtres, cueillir dans la campagne dés raz meaux verds; elles les rapportoient de la mêmé ma- niere dans la ville ; & elles en ornoient les portes des maïfons de leurs parens, de leurs amis ; &c dans les fuites, dé quelques perfonnes conflitüées en dignité. Ceux-ci les attendoient däns les rues ; où on avoit eu le foin de tenir dés tables férvies de toutes fortes de mets. Pendant éé jour tous les tra- vaux cefloient, on ne fongeoit qu’au plaifit. Le peu- ple, les magiftats, la nobleffe confondus êc réunis par la joie générale, fembloient ne compofer qu’une feule famille ; ils étoient tous parés de rameaux naïffans : être fans cette marque diftinéive dela fête, auroit été une efpete d’infamie. Il y avoit une forte d’émulation à en avoir des premiers; & de-là cette maniere de parler proverbiale en ufage encore de nos jours, o7 ne me prend point fans verd, Cette fête commencée dès l’aurore & continuéé pendant tout le jour, fut par la fuccefion des tems pouflée bien avant dans la nuit. Les danfes, qui ne: toient d’abord qu’une expreflion naïve de la joie que caufoit le rétour du printems ; dégénérerent dans les fuites en des dunfées galantes | & de ce pre- mier pas vers la corruption, elles fe précipiterent avec rapidité dans une licence effrénée, Rome, toute l'Italie étoient plongées alors dans une débau- che fi honteufe, que Tibere lui-même enrougit, & cette fête fut folemnellement abolie. Mais elle avoit fait des impreflions trop profondes : on eut beau la défendre ; après les premiers momens de la promul- gation de la loi, on la renouvella, & elle fé répan- dit dans prefque toute l’Europe. C’eft-là l’origine de ces grands arbres ornés de fleurs, qu’on plante dès l'aurore du premier jour de Mai dans tant de villes, au-devant des maifons de gens en place, Îl ÿ a plus fieurs endroits où c’eft un droit de charge. LA Plufieurs auteuts penfent que c’eft dé la danje du premier jour de Mai que dériverent enfuité toutes les danfes baladoires frondées par les peres de l’Eclife, frappées d’anathème par les papes, abolies par les ordonnances de nos rois , & féverement condaim= _nées par les arrêts des parlemens. Quoiqu'il enfoit, il eft certain que cette danfe réunit à la fin tous les différens inconvéniens qui devoient réveiller latten- tion des empereurs & des magiftrats. (8) Danse DES SALIENS, Numa Pompilius lPinflitua en l'honneur du dieu Mars. Ce roi choifit parmi la plus illuftre noblefle, douze prêtres qu'il nomma faliens , du fautillage &c pétillement du fel qu’on jet- toit dans le feu lorfqu'’on brüloit les viétimes. Ils exécutoient leur duzfe dans le temple pendant le fa- crifice & dans les marches folennelles qu’ils faifoient dans les rues de Rome, en chantant des hymnes à la gloire de Mars. Leur habillement d’une riche bro- derie d’or, étoit couvert d’une efpece de cuiraflè d’airain: ils portoient le javelot d’une main & le bouclier de l’autre. ; De cette danfe dériverent toutes celles qui furent inftituées dans les fuites pour célebrer les fêtes des dieux. (B) DANSE THÉATRALE. On croit devoir donner cette dénomination aux dan/es différentes que les anciens & les modernes ont portées fur leurs théa= tres. Les Grecs unirent la danfe à la Tragédie & à la Comédie, mais fans lui donner une rélation 1in- time avec l’a@tion principale ; elle ne fut chez eux qu’un agrément prefqu'étranger. Foy. INTERMEDE, Les Romains fuvirent d’abord l’exemple des Grecs jufqu’au regne d’Augufte ; 1l parut alors deux hommes extraordinaires qui créerent un nouveau genre, & qui le porterent au plus haut degré de perfettion. Îl ne fut plus queftion à Rome que des fpe&tacles de Pilade & de Bayle. Le premier , qui KKKEki 628 D AN étoitné en Cilicie, imagina de repréfenter par Îe feul fecours de la darfe, des a&tions fortes & pathé- tiques. Le fecond, né à Alexandrie, fe chargea de la repréfentation des a@ions gaies, vives &t badi- nes. La nature. avoït donné à ces deux hommes le génie & les qualités extérieures ; Papplication , Pé- tude , l’amour de la gloire, leur avoient développé toutes les reflources de l’art. Malgré ces avantages nous ignorerions peut-être qu'ils euflent exifté, &c leurs-contemporains auroient été privés d’un genre qui fit leurs délices, fans la.proteéion fignalée qu’- Augufte accorda à leurs théatres & à leurs compo- fitions. Ces deux hommes rares ne furent point rempla- cés ; leur art ne fut plus eñcouragé par le gouver- nement , êc 1l tomba dans une dégradation fenfble depuis le regne d’Augufte jufqu’à celui de Trajan,, où 1l fe perdit tout-à-fait. La danfe enfevelie dans la barbarie avec les au- tres arts, reparut avec eux en Italie dans le quin- zieme fiecle ; l’on vit renaître les ballets dans une fête magnifique qu’un gentilhomme de Lombardie nommé Bergonce de Botra, donna à Tortone pour le mariage de Galéas duc de Milan avec Ifabelle d’Arragon. Tout ce que la poëfie, la mufque ; la danfe, les machines peuvent fournir de plus bril- lant, fut épuifé dans ce fpettacle fuperbe ; la def- cription qui en parut étonna l’Europe, & piqua l’é- ulation de quelques hommes à talens, qui prof- terent de ces nouvelles lumieres pour donner de nouveaux plaifirs à leur nation. C’eft l’époque de la naïflance des grands ballets, voyez BALLET, & de lopera, soyez OPERA. (B) DANSE D'ANIMAUX. Voyez BALLET. (B) DANSE DE SAINT WE1T, felon les Allemans, oz DE S. GUY , felon les François, chorea fanéti Wii, (Medec.) eft une efpece de maladie convulfive qui a été connue premierement en Allemagne, où elle a recçù le nom fous lequel nous venons de la défigner; êc enfuite en Angleterre, en France. Sennerten fait mention dans fon troifieme tome, Zy. V1. part. 2. c. jv. il la regarde comme une efpece de tarantifme. C’eft ce que font aufli Horftius, 26. IT. de morb. cap. Bellini, de morb. cap. Meflonier , traité des ma- dad. extr. Nicolas Tulpius rapporte une obfervation de cette maladie dans fon recueil, 4y. I. Sydenham la décrit très-exattement (ce que ne font pas les au- tres auteurs cités) dans la partie de fes ouvrages in- titulée Schedula monir. de nova febris ingreffu. I] en dit encore quelque chofe pour la curation dans fes pro- ceffus inter, &tc. L’illuftre profefleur de Montpel- lier, M. de Sauvages , dit dans fes nouvelles clafes de maladies, l’avoir obferyée dans une femme de cinquante ans. Tous ceux qui parlent de cette maladie, convien- nent qu’elle eft très-rare ; mais ils ne conviennent pas tous des mêmes accidens qui l’accompagnent. On fuivra ici la defcription qu’en donne l’Hippo- crate anglois, qui dit avoir vü au moins cinq per- fonnes qui en étoient atteintes, & qui en ont été guéries par fes foins. Cette maladie attaque-les enfans des deux fexes depuis l’âge de dix ans jufqu’à l’âge de puberté : elle fe fait connoître par les fymptomes fuivans. Le ma- lade commence à boïîter & à refflentir une foibleffe dans une des deux jambes, fur laquelle il a peine à {e foûtenir ; ce qui augmente au point qu'il la traîne après foi, comme font Les innocens : il ne peut re- tenir quelques inftans de fuite dans la même fitua- tion, la main du même côté appliquée à fa poitrine, à fes flancs, ou à toute autre chofe fixe ; les con- torfions convulfives de cette partie l’obligent à la changer fans cefle de place , quelqu’effort qu’il fafle pour la fixer. Lorfqul veut porter un verre à fa bouche, il fait milletpeftes &c mille contours, ne pouvant l'y porter en droite ligne, fa main étant écartée par la convulfion, jufqu'à ce: que fe trou- vant à la portée de la bouche, il fxe-lé verre avec fes levres , 88 il avale tout. d’un trait précipité la boiffon qui y eft conténne ; ce qui fait un fpedacle triftement rifible, mais qui ne peutpouftant pasêtre appellé proprement une denft ; mêmelavec tous les fymptomes réunis, tels: qu'ils viennent. d'être dé- crits. VEN | TE Cette maladie a êté vraiffemblablement appellée danfe de S. Weit , à caufe d’une chapelle qui exiftoit, dit-on, proche d'Ulm. en Allemagne ; fous le nom de ce faint, que l’onalloit vifiter avec grande dévotion, & dont on invoquoit l’interceflion pour la guérifon de ce mal, parce qu'on prétend qu’il en avoit été attaqué lui-même; & comme ce font des jeunes gens qui y font plus fujets que d’autres , äl s’en rendoit un grand nombre à cette chapelle pen- dant le printems, qui mêloient le plaifir de la dune aux exercices de piété. dans une faifon qui porte à la joie. Il s’en trouvoit parmi ceux-ci qui avoïent la maladie convulfive ; on les appelloit des denfèurs , par dérifion , à caufe des fecouffes qu'ils éprouvoient dans les bras & dans les jambes , qui Les faïfoient gefticuler involontairement. | | On doit conclure de Pexpofition des accidens qui accompagnent cette maladie, qu’elle n’eft pas une fimplé convulfon , mais qu’elle eftcompliquée avec une difpofition à la paralyfie ; ce que lon peut affà- rer d'autant plus, que la danfe de S. Weir a beaucoup de rapport avec le tremblement, &:qu'il ef connu des medecins qu'il y a deux efpeces de tremble- mens, dont l’un eft à demi-convulfif, & l’autre à demi-paralytique. f1 | La maniere dont Cheyne traite cette maladie, fem- ble confirmer ce fentiment. On doit d'autant plus déférer à celui de cet auteur, qu'ila eu plus d’oc- cafions d’obferver &c de: traiter cette affetion fin- guliere, qui eft plus commune parmi les Anglois que par-tout ailleurs. | On a attribué mal-à-propos la caufe de cette ma- ladie à un venin particulier, à une matiere conta- gieufe, virulente. On la trouve, cettecanfe, plus naturellement dans un vice de diftribution du fluide nerveux, qui fe fait inégalement, fans ordre & fans dépendance de la volonté, dans les mufcles du bras, de la jambe, & de toutes Les parties du côté affe@é. Or cette diftribution du fluide nerveux eft tantôt plus confidérable, mais inévalement faite, dans les mufcles antagoniftes ; tantôt elle fe fait, de même qu'auparavant , dans quelques-uns, pendant qu’elle diminue confidérablement dans quelques autres ; tantôt elle fe fait moins dans tous les mufcles de la païtie, mais d’une maniere difproportionnée. De ces différentes combinaifons vicieufesil réfulte une contrattion déréglée & fans relâche des mufcles du côté attaqué. Le vice topique des parties détermine l’affeion plutôt d’un côté que d’un autre ; favoir, la foibleffe des nerfs on des mufcles , ou une tenfion. inégale de ces organes, foit que ces mauvaifes dif poftions doivent leur origine à un défaut de con- formation ou à un vice inné, foit qu'elles viennent: d’une caufe accidentelle: tout ce qui peut y avoir: donné lieu, doit être mis au nombre dés caufes éloi- gnées de cette maladie : on peut les réduire à deux genres ; favoir, à tout ce qui peut relâcher ou ten- dre outre mefure , de maniere cependant que l’une ou l’autre de ces caufes fafle fon effet irréguliere- ment & avec inégalité. Ces difpoñitions étant éta- blies, les mauvais fucs fournis à la mafle des hu- meurs par les premieres voies, fufifent fouvent à déterminer la maladie, comme caufes ocçafñon-, nelles. | » C'eft-dans cette idée que Cheÿne commençoit toùjours-le traitement de cette maladie par un. vo- mitif,-& que le bon. effet lengageoit à en répeter Pufage; pratique analogue à celle qui eft ufitée dans les maladies convulfives compliquées avec une dif- pofñtion à la paralyfie. Lesindications curatives doivent donc tendre à évacuer les-mauvais fucs .des-premieres voies ; à côtriger l'épaiffiffement de la lymphe, à l’atténuer par des remedes appropriés: à. raffermir les folides des parties affe@ées , f.c’eft la difpoñtion paralyti- que qui domine; & à les relâcher au contraire, "6e les affouplir en quelque façon, fi c’eft la difpofition convulfive , qui vient prefque: toñjours de. {éche- reffe dans les fibres. ETES | .. Cheyne remplifloit la premiere indication avec les vomitifs 3:Sydenham employoit pour cet effet les purgatifs, & ils en répetoient chacun l’ufage de deux en deux jours au commencement de la mala die. Cettesméthode pratiquée par de fi célebres me- decins doit être préferée à toute autre : on doit donc ne pas héfiter, d’après ces grands maîtres , à commencer le traitement de la danfe de S. Weit par les évacuans vomitifs ou purgatifs , felon que la na- ture femble demander plus ou moins lun ou l’autre de ces remedes, ou tous les deux enfemble ; apres avoir fait préceder une ou deux faignées , felon que le pouls l’indique , qui doivent être répetées felon lexigence des cas. Il faut après cela travailler à remettre les digef- tions en regle parle moyendes ftomachiques chauds, auxquels on pourra aflocier fort utilement l'écorce du Pérou & la racine d’aunée., On doit auñfli faire ufage en même tems de légers apéritifs, & fur-tout des antifpafmodiques , tels que la racine de pivoine mâle , & celle de valériane fauvage: On doit outre cela s’appliquer à remédier aux caufes antécédentes de la maladie, par des délayans & des incififs ; par des topiques propres à fortifier, comme des embro- cations d'eaux minérales chaudes ; ou bien au con- traire par des remedes propres à relâcher &c déten- dre la rigidité des fibres. | Tous ces différens moyens de guérifon doivent être employés féparément , ou combinés entr’eux, .felon la variété des circonftances. On doit enfin ob- ferver d'engager les perfonnes fujettes à cette ma- ladie , à employer dans le tems de l’année fuivante, qui répond à celui auquel l’attaque eft furvenue, des remedes convenables, pour en prévenir une fe- conde , ainfi de fuite : on ne doit pas fur-tout omettre alors la faignée & la purgation. (4) DANSER, v. a. (Boulang.) c’eft travailler la pâte à bifcuit fur ane table au fortir du pétrain, jufqu’à ce qu’elle foit bien ferme & bien refluyée.Ce travail confifte à tourner, retourner, prefler, ma- nier avec les mains, pétrir avec les poings pendant environ un quart-d’heure. DANSEUR , DANSEUSE, fubft. nom générique qu'on donne à tons ceux qui danfent , & plus parti- culierement à ceux qui font profeflion de la danfe. La danfe de l’opera de Paris eft auellement com- pofce de huit danfeurs & de fix danfeufes qui danfent des entrées feuls, & qu’on appelle premiers danfeurs. Les corps d’entrée font compofés de douze danfeurs & de quatorze danfeufes , qu’on nomme fgurans ; & la danfe entiere, de quarante fujets. Voyez Ficu- RANT. - Dans les lettres patentes d’établiflement de l’o- pera, le privilege de non-dérogeance n’eft exprimé que pour les chanteurs & chanteufes feulement. Voyez CHANTEUR , DANSE, OPERA. (8) Danseur, { maf. (Maire de danfe.) celui qui dan{e ou qui montre à danfer, en qualité de maître de la communauté de cet art, D AN 629 Les ftatuts de cette communauté font de l’année 1658, donnés, approuvés, confirmés par lettres pas tentes de Louis XIV. énresiftrées au châtelet le 13 Janvier 1659, 8 au.parlement.le 12 Août fuivanit, IL eft bien fait mention dansile vù des lettres, de plufieurs autres ftatuts 8& ordonnances donnés de temis immémorial par lesrois de France ;;:mais com. me on n’en rapporte aucune date, on hé peut rien dire de plus-ancien fur fon établiffement dans la ca- pitale &c.dans les autres villes du royaume. | . Le chef qui eft à la tête de la communauté, & qui la gouverne ayec les maîtres dela confrairie, a le titre-ëz la-qualité de 701 dettous les violons, maitres à danfer-& joïeurs d’inftrumens, tant hauts que bas, du royaume. | Ce roi de la danfe n’entre point dans cette charge par éleétion , mais par des lettres de provifion du Roi, comme étant un des officiers de fa maifon. . À l'égard: des maîtres. de la confrairie, ils font élus tous lestans à la pluralité des voix , & tiennent lieu dans ce corps, pour leur autorité & fon@tions, de ce que {ont les jurés dans les autres commu nautés. | Il y a deux regiftres où les brevets d’apprentiffage & les lettres de maîtrife doivent être enrepgiftrés s celui.du roi des violons, & celui des maîtres de F confrairie. 1 dus Les apprentis font obligés pour quatre ans: on peut néanmoins leur faire grace d’une année, Les afpirans doivent montrer leur expérience devant le roi des-violons , qui peut y appeller vingt-quatre maitres à fon choix; mais feulement dix pour les fils & les maris des filles de maîtres. C’eft aufi de ce roi que les uns & les autres prennent leursletrres. Les. violons de la chambre du Roi font recüs fur leurs brevets de retenue ; ils payent néanmoins les droits. Fr Nul, s’il n’eft maitre, ne peut tenir falle ou éco- le, foit pour la danfe, foit pour les inftrumens, ni donner {érénades , ni donner concerts d’inftrumens aux noces, aux aflemblées publiques ; mais il eft défendu aux mêmes maîtres de jouer dans les caba= rets & les lieux infames, fous les peines & amendes portées par les fentences du châtelet du 2 Mars 1644. &t arrêt du parlement du 11 Juillet 1648, | Enfin il eft permis au roi des violons de nommer des lieutenans dans chaque ville du royaume, pour faire obferver ces flatuts, recevoir & acréer les maitres, donner toutes lettres de provifions fur la préfentation dudit roi; auxquels lieutenans il appar- tient la moitié des droits dûs au roi pour les récep- tions d’apprentis 8 de maîtres. Rég/ement des maïrres a danjer , & diction. du Comm. y DANSEUR DE CORDE, f.m. (4. ) celui quiavec uncontre-poids ou fans contre-poids dans fes mains marche , danfe , voltige fur une corde de différente groffeur , qui quelquefois eft attachée à deux po- teaux oppolés, d’autres fois eft tendue en l'air, 14 che ou bien bandée. Les Littérateurs qui recherchent curienfement l’origine des chofes ; prétendent que l’art de danfer fur la corde a été inventé peu de tems après les jeux corniques , où les Grecs danfoient fur des outres de cuir , & qui furent inftitués en l’honneur de Bacchus vers l’an 134$ avant J. C. Quoi qu'il en foit de cet- te opinion, il eft toùjouts vrai qu’on ne peut douter de l’antiquité de l'exercice de la danfe fur la corde dont les Grecs firent un art très-périlleux » SC qu'ils porterent au plus haut point de variété & de rafnee ment : de-là les noms de Newrobates , Oribares > Schæ- nobates , Acrobaïes , qu'avoient chez eux les danfeurs de corde ; {uivant la diverfe maniere dont ils exécu- toient leur art, « Mercurial nous a donné dans fa gymnaftique cing 630 D'A'N figures de danfeurs de corde | gravées d’après des pier- res antiques. Les Romains nommoient leurs denfesrs de corde funambuli , & Térence en fait mention dans le prologue de fon Hecyre ; mais pouf abréger, je renvoye fur ce fujet le le&eur à la differtation d’un favant d'Allemagne ; de M: Grodeek. Elle eft impri- mée à Dantzick (Gedari) en 1702, in-8°, Je me con- tenterat d’ajoûter que les Cyzicéniens firent frapper en l'honneur de l’empereur Caracalla ne médaille inférée & expliquée par M. Spon dans fes recherchés d’antiquités; & cette feule médaille prouve afflézque les danfeurs de corde faifoient dans ce tems-là un des principaux amufemens des grands & du‘peuple. Bien des gens ont de la peine à comprendre quel plaifir peut donner un fpeétacle qui agite l'ame, qui limportune avec inquiétude , qui l’effraye, & qui n'offre que des craintes & des allarmes;, cependant il ef certain, comme le dit M. l’abbe du Bos , que plus les tours qu’un voltigeur téméraire fait fur la corde font périlleux , plus le commun des fpeftateurs s’y rendattentif. Quand ce fauteur, ce voltigeur fait un faut entre deux épées prêtes à le percer fi dans la chaleur du mouvement fon corps s’écartoit d’un point de la ligne qu’il doit décrire, 1l devient un ob- jet digne de toute notre curiofité. Qu'on mette deux -.bâtons à la place des épées, que le voltigeur faffe tendre fa corde à deux piés de hauteur fur une prai- rie, 4l fera vainement les mêmes fauts &r les mêmes tours, on ne dédaïgnera plus le regarder, l’atten- tion du fpettateur cefle avec le danger. D'où peut donc venir ce plaïfir extrème qui ac- compagne feulement le danger où fe trouvent nos femblabies ? Eft-ce une fuite de notre inhumanite ? Je ne le penfe pas, quoique l’inhumanite n’ait mal- heureufement que des branches trop étendues : mais je crois avec l’auteur des réflexions für Ja Poëfie & [ur la Peinture , que le plaïfir dont il s’agit ici eft l'effet de l'attrait de l'émotion qui nous fait courir par in- ftin@ après les objets capables d’exciter nos pañlions, quoique ces objets faflent fur nous des impreflions #âcheufes. Cette émotion qui s’excite-machinale- ment quand nous voyons nos pareils dans le péril , eft une paflion dont les mouvemens remuent lame, a tiennent occupée, & cette paflion a des charmes malgré les idées triftes & importunes qui l’environ- nent. Voilà la véritable explication de ce phénome- ne, & pour le dire en pañffant, de beaucoup d’autres qui ne femblent point y avoir de rapport ; comme ‘par exemple de l'attrait des jeux de hafard , qui n’eft un attrait que parce que ces fortes de jeux tiennent f’ame dans une émotion continuelle fans contention d’efprit ; en un mot , voilà pourquoi la plüpart-des hommes font aflujettis aux goûts & aux inclinations ui font pour eux des occafions fréquentes d’être oc- cupés par des fenfations vives & fatisfaifantes. Vous trouverez ce fujet admirablement éclairci dans l’ou- vrage que j'ai cité, & ce n’eft pas ici le lieu d’en dire davantage. Voyez COMPASSION. Article de M. Le Chevalier DE JAUCOURT. DANTA , f. m. (Hiff. rar. des quadrup.) nom que donnent les Efpagnols du Pérou au plus grand des quadrupedes de l'Amérique méridionale. Les Portu- gais du Para l’appellent auré. Il eft plus petit & moins gros qu'un bœuf, plus épais & moins élancé que le cerf & l'élan ; il n’a point de coïnes, & a la queue fort courte ; 1l eft extrèmement fort & leger à La courfe , & fe fait jour au milieu des bois les plus fourrés. Il ne fe rencontre au Pérou que dans quel- ques cantons boifés de la Cordeliere orientale ; mais il n’eft pas rare dans les bois de Amazone , n1 dans ceux de la Guiane. On le nomme vagra dans la lan- gue du Pérou ; éapiira , dans celle du Brefil ; maypou- ri, dans la langue Galibi fur les côtes de la Guiane. Comme la terre-ferme, voifine de l’île de Cayenne, fait partie du continént que traverfel’Amazone, & eft contigué aux terres arrofées p4r ce fleuve , ont trouve dans lun & dans l’autre pays la plüpart des mêmes animaux. Voilà tout ce que M. de la Con- darine dit du danra dans fon voyage de l'Amérique méridionale (Mém. de l'acad. des Sc 1545. p. 468.), &t je m'en tiens à fa fimple defcriftiony parce que celles des autres voyageurs ne s'accordent point en- femble: Marmol, par exemple, aflüre que le danra d'Afrique a une corne au milieu de la tête courbée en rond en maniere d’anneau ; ce n’eft point-là notre animal qui eft fans cornes. Léry donne au daza d’A- mérique pour défenfes deux dents tournées en rond comme la corne de Marmol. M. de la Condamine ne parle ni de ces deux défenfes, ni d'aucune autre fin- gularité du denta. Il en eût été fans doute inftruit, mais 1l n’écrivoit pas {es voyages pour tranfmettre des faits imaginaires. Arsicle de M, le Chevalier DE JAUCOURT. | #C DANTZICK , (Géog. mod.) ville libre-8t anféa- tique, & capitale de la Prufle royale &c de la Pome- relle en Pologne. Elle ef fituée fur les petites rivie- res de Rodaune & de Morlaw , proche la Viftule & le golfe d’Angil , fur la mer Baltique. Long. 36. 40. lat. 34. 22, C’eft une ville d’un commerce très- étendu. ” 3 DANUBE, f. m. (Géog. mod.) en allemand Douaw , le plus célebre & le plus grand fleuve de l'Europe après le Wolga. Héfiode eft le premier au- teur qui en ait parlé. ( Théog. v. 339). Les rois de Perfe mettoient de l’eau de ce fleuve & du Nil dans Gaza avec leurs autres thréfors , pour donner à con- noïtre la grandeur & l'étendue de leur empire. Le Danube prend fa fource-au-deffous de Tonefchingen village de la principauté de Fürftemberse , traverfe la Soüabe, la Baviere, l’Autriche, la Hongrie, la Servie , la Bulgarie, &c. & finalement fe décharge dans la mer Noire par deux embouchures. L'abbé Regnier Defmarais , dans fon voyage de Munich, dit affez plaifamment fur le cours de ce fleuve : Déja nous avons vi le Danube inconftant , Qui tantôt Catholique, & tantôt Proteflant , ; Sert Rome & Luther de fon onde , | Æ1 qui comptant après pour rien Le Romain, le Luthérien , Finit fa courfe vagabonde Par n'être pas même Chrétien. Rarement à courir le monde On devient plus homme de bien. Le leéteur curieux de connoître le cours du Da nube , l'hiftoire naturelle & géographique d’un grand nombre de pays qu'il arrofe , le moderne & l’anti- que favamment réuni, trouvera tout cela dans le magnifique ouvrage du comte de Marfgly fur le Danube. Il a paru à la Haïe en 1726 en 6 volumes in-folio , décorés d'excellentes tailles-douces, Peu de gens ont eu des vûes aufli étendues que fon illu- ftre auteur : 1l y en a encore moins qui ayent eu af {ez de fortune pour exécuter comme lui ce qu’il a fait en faveur des Sciences. Arricle de M. le Chevalier DE JAucOURT. * DAPALIS, ( Mych. ) furnom que les Romains donnoient à Jupiter, comme confervateur des mets & intendant des feftins. j * DAPHNÉPHORE , f. m. (Myth.) jeune hom- me choifi entre les mieux faits , les plus robuftes, & les mieux nés, qui pendant les fêtes qu’on céle- broit en Grece tous les neuf ans en l’honneur d’A- pollon , avoit la fonétion de porter la branche de laurier orn Les dartres qui fe manifeftent fur Le vifage par quel- ques puftules fimples ont peu befoin du fecours de l’art; car quoiqu’elles canfent un fentiment de cuif- fon, de brülure, où de demangeaifon pendant deux ou trois jours, elles viennent d’elles-mêmes à fup- puration, fe defféchent enfuite fous forme de farine, &z difparoiflent bientôt ; elles ne proviennent que d’un vice topique qui fe corrige aifément. La feconde efpece de dartre ne vient jamais à ma- turité, mais il en fort feulement une humeur claire quand on fe grate; elle eft très-dificile à guérir; Car lorfqu’elle paroît tout-à-fait éteinte , elle renaît de nouveau en différentes faifons, défigurant les par- ties qu'elle attaque, &c réfiftant à tous les remedes : le peuple a coûtume de fe fervir d'encre pour la gué- rir : mais dans une maladie fi opiniâtre il faut avant toutes chofes employer les remedes généraux, & y joindre les mercuriels, fur-tout s’il y a le moindre foupçon de virus vérolique. Les eaux minérales pur- gatives font de très-bons effets dans cette maladie : on peut enfuite employer extérieurement des lini- mens, des lotions, déterfifs, mondificatifs, légere- ment aftringens. Galien recommande les fucs deplan- tain,de morelle,;mêlés avec l’oxicrat. La faliye d’une perfonne faine, à jeun, l'urine, peuvent auffi fatif- faire aux indications felon Barbette ; parmi les rez medes fimples utiles dans ce cas, il loue aufli avec plufieurs praticiens la litharge entr’autres , le maftic, la tuthie , la cérufe , le plomb calciné, le foufre ; le mercure; Turner y ajoûte le vitriol & le nitre: les compoñtions qu'ils confeillent font les onguens égyptiac, de pompholix, dé minium, &c. & l’on- guent gris. Dans certains cas d’une virulence extra- Ordinaire & phagédénique, on a hafardé de toucher légerement les dartres avec l’eau-forte ou huile de vitriol, qui en ont à la vérité rallenti les progrès, tandis que des remedes moins aëüfs n’opéroient rien; mais On ne peut en venir à cette extrémité qu'a- vec la plus grande précaution ; & tandis qu’on fe fert de médicamens ainfi piquans & defléchans, ilen faut appliquer de tems en tems d’autres adouciffans pour entretenir la foupleffe de la peau, & confolider les excoriations : tel eft en abregé le traitement pro: poié pour le férpigo. Celui des dartres miliaires eft le même à l'égard des remedes internes que pour l’éréfypele; voyez ERESv- PELE ; les externes doivent être un peu différens des précédens , parce que lefpece de darsre dont il s’agit ne peut pas fupporter les applications piquantes & defficcatives. On doit aufli avant d'employer des to- piques, travailler avec plus de foin à corriger le vice dominant des humeurs, à en tempérer lacrimonie, & à empêcher qu'il ne fe fafle de dépôt fur des par tiesimportantes ; dans cette vie on ne peut trop fetez nir fur fes gardes contre ladminifiration imprudénte des répercufffs, par rapport à l'humeur qui eft déjà fixée à l'extérieur. On peut aider à la fortie de la maz tiere des puftules quand elle paroît être parvenue à fa maturité, en ouvrant la pointe avec des cifeaux, On efluie & on déterge ces petits ulceres autant qu’il eft poffible : on y applique enfuite des linges enduits de cérat ordinaire. On fe fert, fur le déclin, des on- guens de pompholix, de minium, de chaux, de la pommade faite avec le précipité blanc; ce detnier remede pale pour aflüré. Exrrait de Turner, m4/4- dies de la peau. Pour ce qui eft de la curation de la derrre rongéarte qui forme des ulceres phagédéniques, voyez ULGERE 6 PHAGÉDÉNIQUE. (d) _ DARTRE, (Marechallerie.) ulcete large à-peu-près comme la main, qui vient ordinairement à [a crou- pe , quelquefois à la tête, & quelquefois à l’encolure des chevaux, &c qui leur caule une demangeaifon f violente, qu’on ne peut les empêcher de fe gratter, 634 D AS & d'augmenter par conféquent ces fortes d’ulcerés. DARUGA. Poyez DAROGA. DASSEN-EYLANDE ox ISLE DES DAIMS, (Géog. mod.) l’une des trois petites iles fituées au nord du cap dé Bonne-Efperance. Elle eft abondan- te en daims &en brebis, dont on dit, peut-être fauf- fement, que la queue pefe jufqu’à 19 livres. DASSERI, f. m. (Æ/f. mod.) le chef de la reli- gion auprès du roi de Cagonti s'appelle gourou , & {es difciples dafferis. DATAIRE, f. m: (Jurifpr.) eft le premier & lé plus important des officiers de la daterie de Rome, où il a toute autorité. Quand cette commuffion eft remplie par un cardinal, comme elle eft au-deffous de fa dignité, on l'appelle prodataire, c’eft-à-dire qui eft au lieu du dasaire, Cet officier repréfente la perfonne du pape pouf la diftribution de toutes les graces bénéficiales & de tout ce qui y a rapport, comme les difpenfes & au- tres aétes femblables. Ce n’eft pas lui quiaccorde les graces de fon chef; tout ce qu'il fait relativement à fon office, eft ré- puté fait par Le pape. C’eft lui pareillement qui examine les fuppliques 6e les graces avant de les porter au pape. Son pouvoir dans ces matieres eft beaucoup plus orand que celui des revifeufs ; car il peut ajouter ou diminuer ce que bon lui femble dans les fuppliques, même les déchirer, s’il ne les trouve pas convena- bles. C’eft lui qui fait la diftinétion des matieres conte- nues dans les fuppliques qui lui font préfentées ; c’eft lui qui les renvoye où il appartient, c’eft-à- dire à la fignature de juftice ou ailleurs, sil juge que le pape ne doive pas en connoître direétement. Le dataire ou le fokdataire , ou tous deux con jointement , portent les fuppliques an pape pour les figner. Le dataire fait enfuite l’extenfion de toutes les dates des fuppliques qui font fignées par le pape. Il ne fe mêle point des bénéfices confiftoriaux , tels que les abbayes confiftoriales , à moins qu’on ne les expédie par daterie & par chambre ; n1 des évêchés, auxquels le pape pourvoit de vive voix en plein confiftoire. Le fodataire, qui n’eft aufli que pat commif- fion, n’eft point un officier dépendant du daraire ; c’eft un prélat de la cour romaine choïfi & député par le pape. Il eft établi pour affifter ordinairement le daraire, lorfque cehui-c1 porte les fuppliques au pape pour les figner. Sa principale fonétion eft d’extraire les fommaires du contenu aux fuppliques importantes, qui font uelquefois écrites de la main de cet officier ou de {on fubflitut; mais ce fommaire au bas de la fuppli- que eft prefque toüjours écrit de la main du ban- quier ou de fon commis, & figné du foédataire qui enresiftre le fommaire, fur-tout quand la fupplique contient quelqu’abfolution, difpenfe ou autres gra- ces qu'il faut obtenir du pape. Le foédataire marque au bas de la fupplique les difficultés que le pape y a trouvées; par exemple, quand il met cum fanthffimo , cela fignifie qu'il en faut conférer avec fa fainteté. Lorfqu'il s’agit de quelque matiere qui eft de na- ture à être renvoyée à quelque congrégation , com- me à celle des réguliers, des rites, des évèques &c autres, que le pape n’a point coûtume d’accorder fans leur approbation, le fodataire met ces mots, ad congregationem regulartum , ou autres, felon la matiere. Quand l'affaire a été examinée dans la congréga- tion établie à cet effet, le billet contenant la ré- D AT ponfe & la fupplique , font rappoïtés au Joédataire pour les faire figner au pape. | : S1 le pape refufe d’accorder la grace qui étoit de- mandée, le foédataire répond au bas de la fuppli= que, z1hil, ou bien zon placei fan&ifiimo. La fon@ion du foédataire ne s'étend pas fur les vacances par mort des pays d’obédience, lefquelles appartiennent au daaire per obitum dont on va par- kr4649 : DATAIRE ou REVISEUR PER OBITUM; eft un officier de la daterie, & dépendant du daraire général ou préfet des dates. Ce daraire per obitum a la charge de toutés les vacances per obicum dans les pays d’o- bédience , tels qu’eft en France la Bretagne, où le pape ne donne point les bénéfices au premier impés trant, mais à celui que bon lui femble. C’eft à cet officier que l’on porte toutes les fup= pliques des vacances par mort en pays d’obédience, pour lefquelles on ne prend point de date à caufe des réferves du pape: Il eft auffi chargé de l’examen des fuppliques par démiflion, privation & autres en pays d’obédience, & des penfions impofées fur les bénéfices vacans, en faveur des mimftres & autres prélats courtifans du palais apoñftolique. (4) DATAIRE o4 REVISEUR DES MATRIMONIALÉS 3 éft auf un officier de la daterie de Rome, & dépen- dant du dataire général. La fonétion de ce dataire particulier eft de revoir les fuppliques des difpenfes matrimoniales , avant & après qu’elles ont été fi- gnées ; d’en examiner les claufes, & d’y ajoüter les augmentations & teftritions qu'il juge à propos. C’eft lui qui fait figner au pape ces difpenfes, & qui y fait mettre la date par le dataire général, lorfque les fuppliques font conformes au ftyle de la daterie. DATAIRE, (pro) voyez ci-devart D'ATAIRE, Sur les datairés en ‘général , voyez lé traité de l’ufage 6 pratique de cour de Rome, par Caftel, rome I. au commencement. (4) DATE, . f. (Chronol.) indication du temis précis dans lequel'un évenement s’eft pañlé , à l’aide de la- quelle on peut lui afligner dans la narration hiftori- que & fucceflive , & dans l’ordre chronologique des chofes , la place qui lui convient. On trouve à la tête de l'ouvrage qui a pour titre, l’ars de vérifier les dates, dont nous avons parlé à l’article CHRONO- LOGIE & ailleurs, une très-bonne differtation fur les dates des anciennes chartes & chroniques, & fur les difficultés auxquelles ces dates peuvent donner occafion. Une des fources de ces difficultés vient des divers tèms auxquels on a commencé l’année, & du peu d’uniformité des anciens auteurs là-deflus. Les uns la commençoient avec le mois de Mars, les au- tres avec Le mois de Janvier ; quelques-uns fept jours plûtôt, le 25 Décembre ; d’autres le 25 Mars, d'au tres le jour de Pâques. Voyez fur ce fujet un détail très-curieux &c très-inftruhf dans l'ouvrage cité. Voyez auffi les articles AN , CYCLE ; ÉPACTE, ERE, INDICTION, Éc. (0) DATE , (Jurifp.) eft néceflaire dans certains aétes pour leur validité ; tels font tous les aétes judiciaires & extrajudiciaires, les aétes pañlés devant notaires && autres officiers publics. Dans les attes fous feing privé la dare eft utile, pour connoître dans quelles circonftances l’aéte a été . fait; mais il n’eft pas nul faute d’être daté. Avant l’ordonnance de 1735, l’obmiflion de la date dans un teftament olographe, ne le rendoit pas nul ; mais fuivant l’article 20 de cette ordonnance, les teftamens olographes doivent être entierement écrits de la main du teftateur, & datés. Dans les aétes faits par des officiers publics , on marque toûjours l’année, le mois & le jour : on ne fhatque pas ordinairement fi c’eft devant où après smidi ; l'ordonnance de Blois ,-arsicle 167, enjoint ce- pendant aux notaires & autres officiers de juftice, de déclarer dans les aétes qu'ils font, fi c’eft devant ou après midi; mais cela n'eft pas obfervé, excepté dans certains exploits de rigueur, tels que les faifies & exécutions, conformément à l’arr. 4 dutitre xxx. de l'ordonnance de 1667, qui l’ordonne exprefé- ment pour ces fortes de faifies. Il feroit même à propos dans tous les ates, de marquer non-feulement s'ils ont été pañlés avant ou après midi, mais même l'heure à laquelle ils ont été faits : cette attention ferviroit fouvent à éclaircir certains faits & à prévenir bien des difficultés ; & dans les aétes authentiques cela ferviroit beaucoup pour l’ordre des hypotheques : car entre créanciers du même jour 1l y a concurrence, au lieu que celui dont le titre marque qu’il a été fait avant midi, paffe avant le créancier dont le titre eft feulement daté du jour ; & celui dont le titre eft daté de onze heu- res du matin, pafle devant celui dont le titre mar- que feulement qu'il a été fait avant midi. Il eft d’ufage aflez commun dans la plüpart des exploits & dans beaucoup d’autres aétes, d'y mettre Ja date au commencement ; 1l feroit cependant plus convenable de la mettre à la fin, ou au moins de la répeter, afin de mieux conftater que tout l’aête a été fait dans le tems marqué : autrement il peut arriver qu'un adte commencé fous fa date, n’ait été achevé qu'un ou plufieurs jours après ; auquel cas, pour procéder régulierement, on doit faire mention des différentes dates, Les aëtes authentiques ont une date certaine du 2 CL ! \ LP 2 jour qu'ils font pañlés, à la différence des aûtes fous fignature privée, qui n’acquierent de date certaine ue du jour du décès de celui ou ceux dont ils font écrits & fignés, ou du jour qu'ils font contrôlés ou reconnus en juftice. (4) DATE EN MATIERE BÉNÉFICIALE, fuivant Jufage de cour de Rome, s'entend des dases fur lef- quelles on expédie les provifions des bénéfices que l’on impetre en cour de Roine, Elles font de deux fortes, favoir, les dates en abregé, ou petites dates ; 8 celles qui s’appofent au bas des bulles & des fignatures. Dates en abregé, ou petites dates, font celles que les correfpondans des banquiers de France retien- nent à la daterie de Rome à l’arrivée du courier, pour conftater les diligences de limpétrant. Les François ont le privilège en cour de Rome, que toutes provifions deftinées pour eux, font expé- diées fur perites dates, ou dates en abregé. On les appelle pesires , parce qu’elles font en abre- gé, & pour les diftinguer de celles qui s’appofent au bas des bulles & des fignatures. | La raifon pour laquelle on ufe de ces petites dates, eft que les correfpondans des banquiers de France ne pouvant dreffer leurs fuppliques, les faire figner & revoir par les officiers de la daterie à l’inftant de Parrivée du courier, ils retiennent feulement de pe- zites dates, c’eft-à-dire e2 abregé, afin d’aflürer le droit de l’impétrant. | Ceux qui requierent un bénéfice de cour de Ro- me, retiennent ordinairement plufieurs dates à dif férens jours : on a vû des eccléfiaftiques qui en avoient retenu jufqu'à quinze cents, pour tâcher de rencontrer un jour où ils fuflent feuls requérans le bénéfice ; parce que tant qu'il y a plufieurs requé- rans du même jour, on ne donne point de provifons: e à Les Grecsn'ontrien changé à ce nombre ; ils n'éñt que cinq cas: am le génitif eft toûjours demeuré génitif, le desif tobjours datif, en un mot chaque | | Fo 4 cas a gardé la dénomination de {a terminaifon. Mais il eft arrivé en latin que le darif a en avec Je tems deux terminaïfons différentes; on difoit au datif rzort1 & morte , Poffquam ef! morte datus Plaurns, comedie luger, Gell. roi, artic, 1, 24, où norte eft au darif pour morri, Enfin les Latins ont diftingué ces deux terminai- fons ; ils ont laïffé à l’une le nom ancien de dif, & ils ont donné à l’autre le nom nouveau d’ablarif. Ils ont deftiné cet ablatif à une douzaine de prépoñ- tions , &c lui ont afligné la dermiere place dans les paradigmes des rudimens, enforte qu'ils l'ont placé le dernier & après le vocatif, C’eft ce que nous ap- prenons dePrifcien dans fon cinquieme livre, au cha- pitre de cafu, Tgisur ablativus proprius ef? Romanorum, @ quia novus videtur a Latinis inventus, vetuflari reli quorum cafuum conceffit, C’eft-à-dire qu’on l’a placé après tous les autres, | : H n’eft rien arrivé de pareil chez les Grecs ; en- {orte que leur daiif n’ayant point doublé fa termi- naïfon , cette terminaifon doit toïjours être appel- lée darif : il n’y à aucune raifon lévitime qui puiffe nous autorifer à lui donner une autre dénomination en quelque occafon que ce puifle être, Mais, nous dit-on, avec la méthode de P,R, quand la terminaifon du dariffert à déterminer une prépofñition , alors on doit l’appeller ablarif, parce - que l’ablatif eff le cas de la prépoñition, cafus pre pofitionis ; ce qui met, difent-ils, une merveilleufe analogie entre la langue greqne & la latine. Si ce raïfonsement eft bon à légard du dauf, pourquoi ne left-1l pas à l’écard du génitif, quand le génitif eft précédé de quelqu’une des prépofitions qui fe conftruifent avec Le sénitif, ce quieft fort or- dinaire en grec? Il eft même à obferver, que la maniere la plus commune de rendre en grec un ablatif, c’eft dé fe fervir d’une prépoñition & d’un génitif, L’accufatif grec fert auf fort fouvent à détermi- ner des prépoñtions: pourquoi P.-R. reconnoît-il en ces occafions le génitif pour génitif, & l’accufa- tif pour accufatif, quoique précédé d’une prépoñ- tion ? & pourquoi ces mefhieurs veulent-ils que lorf- que le darif fe trouve précifément dans la même po- fition , il foit le feul qui foit métamorphoié en abla- tif? Par ratio paria jura defiderat. Il y a par-tout dans l’efprit des hommes certai nes vûes particulières, ou perceptions de rapports, dont les unes font exprimées par certaines combi- naifons de mots, d’autres par des terminaifons , d’au- tres enfin par des prépofñitions, c’eft-à-dire par des mots deftinés à marquer quelques-unes de ces vües; mais fans en faire par eux-mêmes d’application in- dividuelle. Cette\application ou détermination fe fait par le nom qui fuit la prépofñtion ; par exemple, fi je dis de quelqu'un qu'il demeure dans, ce mot dans énonce une efpece où maniere particuliere de demeurer, différente de demeurer avec, ou de de- meur fur où fous, ou auprès, Gtc. Mais cette énonciation eft indéterminée: celui à qui je parle en attend l'application individuelle. Pa- joûte , zl demeure dans la maïfon de fon pere: l'efprit eft fatisfait, Il en eft de même des autres prépof- tions, avec, fur, &, de, &tc. Dans les langues où les noms n’ont point de cas ; on met fimplement le nom après la prépofition. Dans les langues qui ont des cas, l’ufage a affecté certains cas à certaines prépoñtions, Il falloit né- ceflairement qu'après la prépoñtion le nom parüt pour Ia déterminer : or le nom ne pouvoit être énon- cé qu'avec quelque-une de fes terminaifons. La dif- tribution de ces terminaifons entre les prépoñitions ; a été faite en chaque langue au gré de l’ufage. Or il eft arrivé en latin feulement, que l’ufage a affe@té aux prépoñitions & , de, ex, pro, &tc. uneter- minaifon particuliere du nom ; enforte que cette terminaifon ne paroït qu'après quelque-une de ces prépofitions exprimées ou foufentendues : c’eft cette terminaifon du nom qui eft appellée ablatif dans les rudimens latins. Sanétius & quelques autres gram- mairiens l’appellent cafus prepofitionis , c’eft-à- dire cas affeété uniquement non à toutes fortes de pré- poñitions , mais feulément à une douzaine ; de forte qu’en latin ces prépofñtions ont toüjours un ablatif pour complément, c’eft-à-dire un mot avec lequel elles font un fens déterminé ou individuel, & de fon côté l’ablatif ne forme jamais de fens avec quelque- une de ces prépofitions. _ Ily en a d’autres qui ont toüjours un accufatif, &c tôt d’un ablatif ; enforte qu’on ne peut pas dire que Pablatif foit tellement le cas de la prépoñtion, qu'il n’y ait jamais de prépoftion fans un ablatif: on veut dire feulement qu’en latin l’ablatf fuppofe toûjours - quelqu’une des prépoñtions auxquelles il eft affeëté. Or dans les déchinaïfons greques , 1l n’y a point de terminaifon qui foit affeétée fpécialement & exclu- fivement à certaines prépofitions, enforte que cette terminaifon n’ait aucun autre ufage. | Tout ce qui fuit de-là, c’eft que les noms grecs ont une terminaifon de moins que les noms latins. Au contraire les verbes grecs ont un plus grand nombre de terminaifons que n’en ont les verbes la- tins. Les Grecs ont deux aoriftes, deux futurs, un paulo pof? futur. Les Latins ne connoïffent point ces ‘tems-là. D'un autre côté les Grecs ne connoïffent point lablatif, C’eft une terminaifon particuliere aux noms latins , affle@ée à certaines prépoñitions, Ablativus latigis proprius , undè € latinus Varroni appellatur : ejus enim vim græcorum genitivus fufliner qui cé de causé & apud latinos haud rard ablativi vi- cem obit. Gloff. lat. græ. voc. ablat. Ablativus pro- prius ef? Romanorum. Prifcianus , /ib. V, de cafu p. So. vero Ablativi formé grec carent , non vi, Canini Helle- mimi, pag. 87. | _ Il eft vrai que les Grecs rendent la’ valeur de Pa- blatif latin par la maniere établie dans leur langue, _ formé carent, non vi ; 8 cette maniere eft une pré- pofition fuivie d’un nom qui eft, ou au génitif, où au datif, ou à l’accufatif, fuivant lufage arbitraire de cette langue, dont les noms ont cinq cas, & pas davantage, zominatif, geninif, datif, accufatif , & vocatif. Lorfqu’au renouvellement des lettres les Gram- mairiens Grecs apporterent en Occident des con- notflances plus détaillées de la langue greque & de la grammaire de cette langue , ils ne firent aucune mention de l’ablatif, & telle eft la pratique qui a été généralement fuivie par tous les auteurs de rudi- mens grecs. | Les Grecs ont deftiné trois cas pour déterminer les prépoñitions : le géxnif, le danif, & l'accufarif. Les Latins n’en ont confacré que deux à cet ufage ; favoir l’accufarif 8c l’ablauf. . Je ne dis rien de sezus qui fe conftruit fouvent avec un génitif pluriel en vertu d’une ellipfe Mtont cela eft purement arbitraire. « Les langues, dit un # philofophe , ont été formées d’une maniere artif- » cielle, à la vérité ; mais l’art n’a-pas été conduit # par un efprit philofophique »: Loquela artificiost , d’autres qui font fuivies tantôt d’un accufatif & tan- DAT 639 tion tameh accuratè 6 philofophicè fabricata. (Guillel. Occhami, Logice prafat.) Nous ne pouvons que les prendre telles qu’elles font. EU S'il avoit plû à l’ufage de donner aux noms grecs 8 aux noms latins un plus grand nombre de termi- naïfons différentes, on diroit avec raifon que ces lan- gues ont un plus grand nombre de cas : la langue ar: ménienne en a jufqu'à dix, felon le témoignage du P. Galanus Théatin, qui a demeuré plufienrs années en Arménie, (Les ouvrages du P. Galanus ont été imprimés à Rome en 1650; ils l'ont été depuis en Hollande). 1 Ces terminaifons pourroient être encore en plus grand nombre ; car elles n’ont été inventées que pour aider à marquer les diverfes vûes fous lefquelles l’ef- prit confidere les objets les uns par rapport aux au- tres. | Chaque vûe de l’efprit qui eft exprimée par une prépoñition & un nom, pourroit être énoncée fim= plement par une terminaifon particuliere du nom. C’eft ainfi qu'une fimple terminaifon d’un verbe paf- fif latin équivaut à plufieurs mots françois: amamur, nous fommes aimés ; elle marque le mode, la per: fonne , le nombre, le tems , & cette terminaifon pourroit être telle, qu’elle marquéroit encore le gen- re, le lieu, & quelque autre circonftance de l’aétion ou de la pañion. | Ces vües particuliéres dans les noms peuvent être multipliées prefque à l'infini, aufi-bien que les ma- nieres de fignifier des verbes, felon la remarque de la méthode même de P. R. dans la differtation dont il s’agit. Ainfi il n’a pas été poflible que chaque vûe particuliere de l’efprit fût exprimée par une termi- naïfon particuliere & unique , enforte qu’un même mot eût autant de terminaifons particulieres, qu'il y a de vües ou de circonftances différentes fous lef- quelles il peut être confidéré. _ Je tire quelques conféquences de cette obferva- ft10n. , 1°, Les différentes dénominations des terminaifons des noms grecs ou latins, ont été données à ces ter- minaifons à caufe de quelqu'un de leurs ufages , mais non exclufivement : je veux dire que la même termi- naïfon peut fervir également à d’autres ufages qu’à celui qui lui a fait donner fa dénomination, fans qu’- on change pour cela cette dénomination. Par exem- pleenlatin, dare aliquid alicui , donner quelque chofe à quelqu'un , a/icui eft au datif, ce qui n'empêche pas que lorfqu’on dit en latin, rer alicui demere , adi- mere; eripere, detrahere, Ôter, ravir, enlever quel- que chôfe à quelqu'un, alicui ne foit pas également au darif ; de même foit qu’on dife, accufare aliquem , accufer quelqu'un, ou aliquem culpéä liberare, ou de re aliqué purgare , juftifier quelqu'un , aliquem eft dit également être à l’accufatif. | Ainfi les noms que l’on a donnés à chacun des cas diftinguent plütôt la différence de la terminaifon,, qu’ils n'en marquent le fervice : ce fervice eft déter- miné plus particulierement par l’enfemble des mots qui forment la propoñtion. | I19, La differtation dela méthode de P.R, p. 475, dit que ces différences d’offices, c’eft-à-dire les ex- preflions de ces différentes vües de l’efprit peuvent être réduites à fix en toutes les langues : mais cette obfervation n’eft pas exdéte , & l’on fent bien que l’auteur de la méthode de P. R; ne s'exprime ainfi que par préjugé ; Je veux dire qu’accoûtumé dans l’en- fance aux fix cas de la langne latine , il a cru que les autres langues n’en devoient avoir ni plus ni moins ue fix, Il eft vrai que les fix différentés terminaifons des mots latins, combinées avec des verbes ou avec des prépoñtions, en un mot ajuftées de la maniere qu’il plait à l’ufage & à lanalogie de la langue latine, fuf. 649 DAT fifent pour exprimer les différentes vües de l’efprit de celui qui fait énoncer en latin ; mais je dis que ce- lui qui fait affez bien le grec pour parler ou pour écrire en grec, n’a befoin Fe des cinq terminaifons des noms grecs, difpofées felon la fyntaxe de la lan- gue grèque; car ce n’eft que la difpofition ou com- binaïfon des mots entre eux, felon l’ufage d’une lan- gue , qui fait que celui qui parle excite dans l’efprit de celui qui écoute la penfée qu’il a deffein d’y faire naître. Dans telle langue les mots ont plus ou moins de terminaifons que dans telle autre ; l’ufage de cha- que langue ajüfte tout cela, & y regle le fervice & J’emploi de chaque terminaifon , & de chaque figne de rapport entre un mot & un mot. Celui qui veut parler ou écrire en arménien a be- foin des dix terminaifons des noms arméniens, & trouve que les expreffions des différentes vûes de lefprit peuvent être réduites à dix. Un Chinois doit connoître la valeur des inflexions des mots de fa langue, & favoir autant qu’il lui eft poflible le nombre & l’ufage de ces inflexions, auffi bien que des autres fignes de fa langue. Enfin ceux qui parlent une langue telle que la nô- tre où les noms ne changent point leur derniere {yl- labe , n’ont befoin que d'étudier les combinaifons en vertu defquelles les mots forment des fons particu- liers dans ces langues, fans fe mettre en peine des fix différences d'office à quoi la méthode de P. R. dit vainement qu'on peut réduire les expreflions des différentes vües de l’efprit dans toutes les langues. Dansles verbes hébreux il y a à obferver, comme dans les noms, les trois genres, le mafculin , Le fémi- nin , & le genre commun : enforte que l’on connoît par la terminaifon du verbe, fi c’eft d’un nom maf culin ou d’un féminin que l’on parle. Verborum hebraicorum tria funt genera, ut in nomi- nibus , mafculinum , femininum , & commune ; variè eriim pro ratione ac gernere perfonarum Verba terminan- tur. Undè per verba facilè eff cognofcere nominum , à quibus reguntur , genus, Francifci Mafclef, gram, heb. Cap. Li]. art. 2. PA, 74: Ne feroit-1l pas déraifonnable d'imaginer une forte d’analogie pour trouver quelque chofe de pareïl dans les verbes des autres langues ? Il me paroît que l’on tombe dans la même faute, lorfque pour trouver je ne fai quelle analogie entre la langue greque & la langue latine, on croit voir un ablatif en grec. Qu'il me foit permis d’ajoûter encore ici quelques réflexions , qui éclairciront notre queftion. En latin l’accufatif peut être conftruit de trois ma- nieres différentes, qui font trois différences fpéciales dans le nom, fuivant trois fortes de rapports que les chofes ont les unes avec les autres. Mesh, greg. Mid. pag. ; 1°, L’accufatif peut être conftruit avec un verbe adif : vidi Regem , j'ai vü le Roi. 2°. Il peut être conftruit avec un infinitif, avec lequel il forme un fens total équivalent à un nom. Horninem effe folum non eff bonum : Il n’eft pas bon que l’homme foit feul. Regerz victoria retuliffe , mi- bi di&um fuit : le Roi avoir remporté la viétoire , a été dit à moi: on m'a dit que le Roi avoit remporté la viétoire. 3°. Enfin un nom fe met à l’accufatif, quand il eft le complément d’une des trente prépoñtions qui ne fe conftruifent qu'avec l’accufatif. Or que laccufatif marque le terme de l’aétion que le verbe fignife , ou qu'il faffe un fens total avec un infinitit, où enfinequ’il foit le complèment d’une prépoñtion , en eft-1l moins appellé accufarif ? Il en eft de même en grec du génitf, le nom au génitif détermine un autre nom ; mais s’il eft après une prépofition, ce qui eft fort ordinaire en grec, il devient le complément de cette prépoñrion. La pré- pofition greque fuivie d’un nom grec au génitif, for me un fens total , un enfemble qui eft équivalent au fens d’une prépoñition latine furvie de {on complé- ment à l’ablatif: dirons - nous pour cela qu’alors le génitif grec foit un ablatif? La méthode greque de P. R. ne le dit pas, & reconnoît totjours le géritif après les prépofñtions qui font fuivies de cef cas. IL ÿ a en grec quatre prépoñtions qui n’en Ont jamais d’autres: <£ , avri, mp0, ae, n’ont que le génitif; c’eft le premier vers de la regle VI. c. ïj. 1. VIL. de la méthode de P. R. N’eft-il pas tout fimple de tenir le même langage à l'égard du dasif grec? Ce datif a d’abord, comme en laün, un premier ufage : il marque la peérfonne à qui l’on donne, à qui l’on parle , ou par rapport à qui Paétion fe fait ; ou bien il marque la chofe qui eft le but, la fin, le pourquoi d’une ation. P'adia œuyræ @0 (Jupple #30: , funt) toutes chofes font faciles a Dieu, co cit au datif, felon la méthode de P.R, mais fije dis ape To O:o , apud Deum , @: fera à lablatif, fe lon la méthode de P. R. & ce qui fait cette différen- , ce de dénomination felon P. R. c’eft uniquement la prépofition devant le darif: car fi la même prépofi- tion étoit fuivie d’un génitif ou d’un accufatif, tout Port-Royal reconnéitroit alors ce génitif pour gént- tif, Tape Ocoy #a1 av po wy , devant les dieux 6: devant les hommes , @eûy & ar9poœur ce font-là des génitifs felon P. R. malgré la prépoñition œapa. Il en eft de même de laccufatif rap roc Tod'uc Tüy ATOCTOAWY, AUX piés des apôtres , rods rodus'eft à Vaccufatif, quoique Ce {oit le complément de la prépoñition rep. Ainfije perfifte à croire, avec Prifcien, que ce mot ablatif, dont l’étymologie eft toute latine , eft le nom d’un cas particuher aux Latins, proprius eff Romanorum , & qu'il eft aufli étranger à la grammaire greque, que le mot d’aorife le feroit à la grammaire latine. Que penferoit-on en effet d’un grammairien latin qui, pour trouver de l’analogie entre la langue gre- que ëc la langue latine, nous droit que lorfqu'ur prétérit latin répond à un prétéritfarfait grec, ce : prétérit latin eft au prétérit : fi Aonoravi répond à += rina , honoravieft au prétérit ; maïs fi Aororavi répond à évice qui eft un aorifte premier, alors Lozorayi fera en latin à l’aorifte premier. F Enfin fi kozoravi répond à #1, qui eft Paorifte {e- cond , honoravi fera à l’aorifte fecond en latin, Le danf grec ne devient pas plus ablatif grec par l'autorité de P. R. que le prétérit latin ne deyiendroit aorifte par l’idée de ce grammairien. Car enfin un nom à la fuite d’une prépofñitioh , n’a d'autre office que de déterminer la prépofition felon. la valeur qu'il a, c’eft-à-dire felon ce qu'il fignifie ; enforte que la prépofition ne doit point changer la dénomination de la terminaifon du nom qui fuit cet- te prépoñtion; gémitif, dasif, ou accufatif, felon la deftination arbitraire que l’ufage fait alors de la ter- minaifon du nom, dans les langues qui ont des cas, car dans celles qui n’en ont point, on ne fait qw’ajot- ter le nom à la prépofition, dans la ville, à l’armée; & l’on ne doit point dire alors que le nom eftà un tel cas, parce que ces langues n’ont point de cas; elles ont chacune leur maniere particuliere de marquerles vües de l’efprit : mais ces manieres ne confiftant point dans la définance ou terminaifon des noms, ne doi- vent point être regardées comme on regarde les cas des Grecs & ceux des Latins ; c’eft aux Grammaïi- riengqui traitent de ces langues à expliquer les difté- rentes mamieres en vertu defquelles les mots combi- nés font des fens particuliers dans-ces langues, Il eft vrai, comme la méthode greque l’a remar qué , que dans les langues vulgaires même les Gram- mairiens difent qu’un nom eff au nominatif ou au gé: | nitif, tif, c’eft-à-dire que ce mot aura la terminaifon par- hitif, où à quelqu’autre cas : mais ils ne parlent ain, que parce qu'ils ont l'imagination accoûtuinée dés l'enfance à la pratique de la langue latine ; ainfi com- ie lorfqu’on dit en latin pieras Regine, on a appris que Regine étoit au génitif; on croit par imitation & par habitude, que lorfqu’en françois on dit Ze piéré de la Reine, de La Reine eft auffi un génitif. , Maïs c’eft abufer de l’analogie & n’en pascon- noître le véritable ufage , que de tirer de pareilles induéhons : c’eft ce qui a féduit nos Grammairiens & leur a fait donner fix cas & cinq déclinaifons à notre langue, qui n’a ni cas ni déclinaifons. De ce que Pierre a une maiïfon, s’enfuit-il que Paul en ait une aufh ? Je dois confidérer à part le bien de Pierre, &t à part celui de Paul. | Aïnfi le grammairien philofophe doit raïfonner de la langue particuliere dont il traite, relativement à ce que cette langue eft en elle-même, & non par rap- port à une autre langue. Il n’y a que certaines analo- gies générales qui conviennent à toutes les langues, comme 1l n’y a que certaines propriétés de l’huma- nité qui conviennent également à Pierre , à Paul, & à tous les autres hommes. Encore un coup , en chaque langue particuliere les différentes vûes de l’efprit font défignées de la mantere qu'il plait à l'ufage de chaque langue de les défigner. En françois fi nous voulons faire connoître qu’un nom eft le terme ou l’objet de lation ou du fenti- ment que le verbe aëtif fignifie , nous plaçons fim- plement ce nom après le verbe , aimer Dieu, crain- dre les hommes, j'ai vi le roi & La reine. Les Efpagnols, comme on l’a déjà obfervé, met- tent en ces occafons la prépoñition 4 entré le verbe & le nom, amtar & Dios, remer a los hombres: hè viflo al rey y a la reyna. Dans les langues qui ont des cas, on donne alors au nom une términaifon particulière qu'on appelle accufatif, pour la diftinguer des autres terminaifons, mare patrem , pourquoi dit-on que patrem eft à l’ac- cufatif ? c’eft parce qu'il a la terminaifon qu’on ap- pelle accufatif dans les rudimens latins. Mais f felon l’ufage de la langue latine nous met- tons ce mot pafrem après certaines prépoftions , Propter patrem , adversus patrem , Gc. ce mot patrem fera-t-il également à l’accufatif ? oui fans doute, puilqu'il conferve la même terminaifon. Quoi, il he deviendra pas alors un ablatif ? nullement. Il eft cependant le cas d’une prépoñition ? j’en conviens ; mais ce n’eft pas de la pofition du nom après la pré- -poñirion ou après Le verbe que fe tirent les dénomi- nations des cas, | Quand on demande en quel cas faut-il mettre un nom après un tel verbe ou une telle prépoñition, on veut dire feulement: desoutes les terminaïfons d’untel ñom, quelle eft celle qu’il faut lui donner après ce verbe ou après cette prépofition, fuivant lufage de la langue dans laquelle on parle? Si nous difons pre patre , alors parre {era à l’abla- ticuliere que les rudimens latins nomment z4/arif. l'égard du grec ? pourquoi imaginer dans cette [an- gue un plus grand nombre de cas qu’elle n’a de ter- minaifons différentes dans fes noms {elon les para- digmes de fes rudimens ? _ L’ablatif, comme nous l’avons déjà remarqué, eft un cas particulier à la langue latine, pourquoi en tranfporter le nom au dasif de la langue greque , quand ce daif eft précédé d’une prépoñition . ou «a P Prép , pourquoi ne pas donner également le nom d’ablatif au génitif ou à l’accufatif grec, quand ils font éga- lement à la fuite d’une prépoñtion, qu'ils détermi- Tome IF. Pourquoi ne pas raifonner de la même maniere à . D A T G4I nent de la même maniere que le Z:#f détermine celle qui le précéde ? Tranfportons-nous en efprit au milieu d’Athenes dans le tems que la langue greque , qui n’eft plus au- Jourd’hui que dans les hvres, étoit encore une lan gue vivante. Un Athénien qui ignore la langue & la grammaire latine, converfant avec nous , commen ce un difcours par ces mots: Fapa TOÏs SUQUAIOIG TOAE= mois, C’eft-à-dire, dans Les guerres civiles. Nous interrompons l’Athénien, & nous lui de- mandons en quel cas font ces trois mots, roc eUQU- Aois roeuoic, Îls font au dasif, nous répond-il : Au datif ! vous vous trompez, répliquons-nous , vous n'avez donc pas lû la belle differtation de la métho- de de P.R. ils font à l’ablatif à caufe de la prépofi- tlOn rap, Ce qui rend votre langue plus analogue à la langue latine. L’Athénien nous réplique qu'il fait fa langue ; que la prépoñition œapa fe joint à trois cas y au génitif, au datif, ou enfin à l’accufatif ; qu'il n’en veut pas favoir davantage ; qu'il ne connoît pas notre ablatif, & qu'il fe met fort peu en peine que fa langue ait de l’analogie avec la langue latine : c’eft plutôt aux La- tins, ajoûte-til, à chercher à faire honneur à leur langue , en découvrant dans le latin quelques façons de parler imitées du grec. En un mot, dans les langues qui ont des cas » ce n'eft que par rapport à la terminaifon que l’ont dit d’un nom qu'il eft à un tel cas plutôt qu'à un autre. Il eft indifférent que ce cas foit précédé d’un verbe ; d’une prépoñition , ou de quelqu’autre mot. Le cas conferve toüjours la même dénomination, tant qu'il garde la même terminaifon. Nous avons obfervé plus haut qu’il y a un grand nombre d'exemples en latin, où le datif eft mis pout l’ablatif, fans que pour cela ce datif {oit moins un danf, ni qu’on dife qu’alors il devienne ablatif ; fraz ler anate m1h1, Pour 4 me. Nous avons en françois dans les verbes deux pré- térits qui répondent à un même prétérit latin : J'ai l4 ou Je lËs, legi ; j'ai écrit ou j'écrivis, Jéripfe. Suppofons pour un moment que la langue fran- çoïfe fût la langue ancienne, & que la langue latine fût la moderne, l’auteur de la méthode de P.R. nous diroit-1l que quoique legi quand il fignifie je ls, ait la même terminaïlon qu'il a lorfqu’il fignifie j'ai 4, ce n’eft pourtant pas le même tems, ce font deux tems qu'il faut bien diftinguer ; & qu’en admettant une diflinétion entre ce même mot, on fait voir ur rapport merveilleux entre la langue françoife & la langue latine. Mais de pareilles analogies, d’une langue à une autre, ne font pas juftes : chaque langue a fa ma- mere particuliere, qu’il ne faut point tranfporter de Pune a lautre. La méthode de P.R. oppofe qu’en latin l’ablatif de la feconde déclinaifon eft toüjours femblable au datif, que cependant on donne le nom d’ablatif à cette terminaifon , lorfqu’elle eft précédée d’une. prépofition. Elle ajoute qu’en parlant d’un nom in- déclinable qui fe trouve dans quelque phrafe , om dit qu'il eft ou au génitif ou au darif, &c. Je répons que voilà loccafon de raifonner par analogie , par- ce qu'il s’agit de la même langue; qu’ainfi puifqu’on dit en latin à l’ablatif à patre, pro patre, &c, & qu’a- lors patre, fruilu, die, &c. {ont à l’ablatif, domino étant confidéré fous le même point de vûe, dans la même langue, doit être regardé par analogie com- me étant un ablatif. À l’égard des noms indéclinables, il eft évident que ce n’eft encore que par analogie que l’on dit qu'ils font à un tel cas, ce qui ne veut dire autre chofe, fi ce n’eft que fi ce nom n’étoit pas indécli- nable , on lui donneroit telle ou telle terminaifon, M M mm | G42 D AT parce que les mots déclinables ont cette terminai- on dans cette langue; au lieu qu’on ne fauroit par- ler ainfi dans une langue où cette terminaifon n’eft pas connue, &c où il n’y a aucun nom particulier pour la défigner. 90 Pour ce qui eft des paffages de Cicéron où cet au- teur après une prépofition latine met, à la vérité, le nom grec avec la terminaifon du dauf, 1l ne pou- voit pas faire autrement; mais il donne la terminai- fon de l’ablatif latin à l’adjeéuif latin qu'il joint à ce METTTE LE À nom grec; ce qui feroit un folécifme, dit la méthode de P. R. ff Le nom grec n’etoit pas auffi a l’ablatif, Je répons que Cicéron a parlé felon l’analogie de fa langue , ce qui ne peut pas donner un ablatif à la langue greque. Quand on employe dans fa propre langue quelque mot d’une langue étrangere, chacun le conftruit felon l’analogie de la langue qu’il parle, fans qu’on en puifle raifonnablement rien inférer par rapport à l’état de ce nom dans la langue d’où il eft tiré. C’eft ainfi que nous dirions qu’Azribal défia vainement Fabius au combat ; ou que Sylla contraïgnit Marius de prendre la fuite, {ans qu’on en püt conclure que Fabius, ni que Marius fuffent à l’accufatif en la- tin, ou que nous euffions fait un folécifme pour n’a- voir pas dit Fabium après défia, ni Marium après con- iTalg nil. Enfin, à l'égard de ce que prétend la méthode de P.R. que les Grecs , dans des tems dont il ne refte aucun monument, ont eu un ablatif, &c que c’eft de- là qu’eft venu l’ablatif latin ; le doëte Perizonius foù- tient que cette fuppofñition eft fans fondement, & que . les deux ou trois mots que la méthode de P.R. alle- gue pour la prouver font de véritables adverbes, bien loin d’être des noms à l’ablatif. Enfin ce favant prammairien compare l’idée de ceux qui croient voir un ablatif dans la langue greque, à l'imagination de certains grammairiens anciens, qui admettoient un feptieme 87 même un huitieme cas dans les déclinai- fons latines. Eadem eff ineptia horum grammaticorum fingentiurm inter græcos fexti cafis vim quandam , quæ aliorum in latio , nobis obtrudentium feptimum G ofavum. Illa éupavc er funt adyerbia , locum undè quid verit aut pro- ficifcitur, denotantia , quibus aliquando per pleonaf- um , præpofitio &£ que idem fermè notat à poëtis, præ- rnittitur. (Jacobus Perizonius , zoté quart in cap. v]. Libri primi Miner. Sanüii, édit. 1714.) Mais n’ai-je pas lieu de craindre qu’on ne trouve que je me fuis trop étendu fur un point qui au fond n'intérefle qu'un petit nombre de perfonnes ? C’eft l'autorité que la méthode de P. KR. s’eft ac- quife, & qu’on m’a oppofée, qui m’a porté à traiter cette queftion avec quelque étendue, & il me fem- ble que les raifons que j'ai alléguées doivent l’em- porter fur cette autorité ; d’ailleurs je me flatte que je trouverai grace auprès des perfonnes qui connoif- fent le prix de l'exactitude dans le langage de la Grammaire, & de quelle importance il eft d’accoû- tumer de bonne heure, à cette juftefle, les jéunes gens auxquels on enfeigne les premiers élémens des lettres. | Je perfifte donc à croire qu’on ne doit point re- connoître d’ablatif dans la langue greque, & je me réduis à obferver que la prépoñtion ne change point la dénomination du cas qui la détermine , & qu’en grec le nom qui fuit une prépofition eft mis ou au sénitif ou au datif, ou enfin à l’accufatif, fans que pour cela il y ait rien à changer dans la dénomina- tion de ces cas. Enfin, j’oppofe Port Royal à Port Royal, &c je dis des cas, ce qu’ils difent des modes des verbes. £z grec , dit la grammaire générale, chap. xv]. 7/y ades infléxions particulieres qui ont donné lieu aux Gram- æairiens de les ranger fous un mode particulier, qu'ils DAT appellentoptatif; mais en latin comme les mêmes infle: xions fervent pour le [ubjonétif € pour l’opratif, on a fort bien fait de retrancher l'optatif des conjugaifons la- sines , puique ce n'eff pas feulement la maniere de figni- frer , mais les différentes inflexions qui doivent faire les mnodes des verbes. en dis autant des cas des noms, ce n’eft pas la différente maniere de fignifieriqui fait les cas, c’eft la différence des terminaifons. (F) DATI, (Jurifprud.) fe dit de ce qui eft donné par juftice, à la différence de ce qui eft déféré par la loi ou par le teftament, comme la tutelle & la curatelle datives, qui font oppolées auxtutelles & curatelles lé- gitimes & teftamentaires : on dit dans le même fens un {uteur Où curateur datif. En France toutes les tu- telles & curatelles comptables font darives,8&r doivent être déférées par le juge fur avis des.parens. Arrétés de M. de Lamoiïgnon. (4) DATION, (Jurifprud.) eft l’aéte par lequel on donne quelque chofe. La donation eft une libéralité, au lieu que la darion confifte à donner quelque chofe fans qu'il y ait aucune libéralité ; 1l y a, par exem- ple, la dation en payement , la dation de tuteur. Dation en payement , appellée chez les Romains datio in folurum , eft V'aéte de donner quelque chofe en payement: La darion en payement en général eft un contrat qui équipole à une véritable vente, fi- vant la loi 4. au code de eviihionibus ; c’eit pourquoi elle produit les mêmes droits feigneuriaux qu’une vente, dumoins quand elle eft faite entre étrangers. Si le débiteur donne fon héritage, &c que le créan- cier fafle remife de fa créance, c’eft une vente dé- guifée fous la forme-d’une donation. L’abandonnement de biens qu’un débiteur fait à fes créanciers , ne fait cependant pas ouverture aux droits feigneuriaux ; les créanciers en ce cas ne font que les mandataires du débiteur pour vendre, & le débiteur demeure propriétaire jufqu’à la vente, & en payant avant la vente il peut toüjours rentrer en poñeflion. Si on donne à la femme en payement de fes rem- plois des propres du mari, comme elle eft étrangere à ces biens, c’eft une vente dont elle doit les droits feigneuriaux : mais fi on lui donne des conquêts, comme elle y avoit un droit habituel elle n’en doit point de droits, quand même elle auroit renoncé à la communauté. Le propre du mari donné à la femme pour fon doùaire préfx , eft une vente à fon égard. Mais fi c’eft aux enfans qu’on le donne, foit pour le douaire, foit en payement de la dot qui leur à été promife, ou d’un reliquat de compte de tutelle, 1ls ne doivent point de droits, parce que tôt ou tard ils auroient eu ces biens par fucceflion , s’ils ne les avoient pas pris à autre titre; cependant fi le pere faifoit une véritable vente à fon fils, il feroit dû des droits. Voyez DROITS SEISNEURIAUX , VENTE, Lops ET VENTES, QUINT , MUTATIONS. Dation, ad medium plantum, étoit un bail de quel- que fonds ftérile & inculte que le preneur s’oblige de cultiver, à la charge d’en rendre la moitié au baïl- leur au bout de cinq ou fix années, l’autre moitié demeurant incommutablement acquife au preneur, fauf la préférence au bailleur & à {es fuccefleurs en cas de vente. Voyez Salvaing, de l’ufage des fiefs , ch, lxxxxviy. p.492. Dation de tuteur € curateur, eft V’aête par lequel le juge nomme un tuteur où un curateur. Ÿ, TUTELLE & CURATELLE, TUTEUR 6 CURATEUR, 6 ci-dev, DarTir. (4) DATISME,, f. m. (Lirrérature.) maniere de parler ennuyeufe dans laquelle on entafle plufieurs fyno- nymes pour exprimer une même chofe. On prétend quesc’étoit chez les Grecs un proverbe auquel avoit donné lieu Datis , fatrape de Darius fils d'Hyftafpes & gouverneur d’Ionie, qui affeétant de parler grec remplifloit fon difcours de fynonymes pour le ren- dre, felon lui, plus énergique. Ainf il difoit, douar, naiTépœouas, toi #æipouets, deleitor, gaudeo, lætor: je fs bien-aife , je me réjouis, je fuis ravi. Encore Jjoi- gnoit-il à la répétition ennuyeufe le barbarifme raipo- pas au lieu de ape ; ce qui fit que les Grecs appel- lerent datife la fotte inutation du langage de Datis. Ariftophane en fait mention dans fa comédie de la Paix, & appelle ce jargon /a mufique de Datis , Aam- doses. (G) + DATIVE. (Jurifprud.) Voye DATIr. DATTE., { f. (Boran.) fruit du palmier-dattier, fur lequel je trouve dans Kæmpfer des détails dont le précis doit avoir place ici, avec d’autant plus de raïon, que cet habile voyageur a bien vü ce dontil a parlé. Ar cu | Les dattes qu'on devroit écrire daëles, & qu’on ap- pelle en latin dadyli, font des fruits cylindriques, communément de la groffeur du pouce , de la lon- sueur du doigt , de la figure d’un gland , revêtus d’une pellicule mince de différente couleur, d’ordi- naire rouflâtre , dont la pulpe ou la chair, bonne à manger, eft grafle, ferme, d’un goût vineux, doux ; “elle environne un gros noyau cylindrique, dur, & creufé d’un fillon dans fa longueur. . Lorfqueles dartes font müres, on en diftingue trois -claffes, felon leurs trois degrés de maturité. La pre- miere eft de celles qui font prêtes à mürir, ou quifont mûres à leur extrémité ; la feconde contient celles qui font à moitié mûres ; la troifieme renferme celles qui font entierement mûres. On cueille ces trois clafles en même tems, de peur qu’elles ne fe meurtriffent en tombant d’eilles- mêmes : on ne peut pas différer de cueillir celles qui font entierement mûres ; à égard de celles quiappro- chent de leur maturité, elles tomberoient en peu de jours , fi on n’avoit foin d’en faire la récolte en mé- me tems. Les payfans montent donc au haut des pal- miers, cueillent avec la main les dartes qui {ont par- venues à l’un de ces trois degrés de maturité, &c ils laifent feulement fur l’arbre celles qui font encore vertes , pour les cueillir une autre fois. Queiques- uns fecouent les grapes, & font tomber les darres dans un filet qui eft au-deffous ; cette maniere s’ob- ferve pour les palmiers qui font les moins hauts, On fait la récolte des dartes à automne en deux ou trois reprifes, jufqu'à ce qu'on les ait toutes cueillies, ce qui prend deux à trois mois. On fait trois clafles de ces fruits felon le degré de leur maturité, & on les expofe au foleil fur des nat- tes de feuilles de palmier, pour achever de les {é- cher. De cette maniere elles deviennent d’abord molles, & fe changent en pulpe : bien-tôt après elles s’épaifliffent de plus en plus, jufqu’à ce qu’elles ne foient plus fujettes à fe pourrir. Leur humidité abon- dante {e diflipe, fans quoi on ne pourroit les confer- ver facilement, au contraire elles fe moifiroient & deviendroient aigres. Dès que les darres {ont feches, on les met au pref- {oir pour en tirer le fuc mielleux, & on les renfer- me dans des outres de peaux de chevre, de veau, de mouton, ou dans de longs paniers faits de feuil- les de palmiers fauvages en forme de facs. Ces {or- tes de dattes 1ervent de nourriture au peuple, ou bien après en avoir tiré le fuc, on les arrofe encoreavec ce même fuc avant que de les renfermer ; ou enfin on ne les prefle point, &c on les renferme dans des cruches avec une grande quantité de {yrop ; ce font celles -là qui tiennent lieu de nourriture commune aux riches. . Fous ces différens fruits s'appellent par les Ara- bes samar, par les Medecins latins caryoiæ , & par les Grecs Saxo, gurto-fanaro ; Mots qui fignifient ; Tome 1F, D AT 643 fimplement dartes, On les diftingue par ces expref- fions, des darres qui font feches & ridées, que l’on apporte deSyne & d'Egypte en Europe. Celles-ci ont étéféchées fur l’arbre même, ou cueillies Lorf. qu’elles étoient prêtes à mbrir, & enfuite percées, enfilées & fufpendues pour les faire fécher. Après avoir fait la récolte de ces dattes, 6t les avoir féchées de la maniere que nous venons de le dire, on en tire par l’expreflion un fyrop gras &c doux, qui tient lieu de beurre, 8cqui fert de fauce & d’aflaifonnement dans les nourritures, On tire ce fyrop de plufeurs façons. Les uns met- tent une claie d’ofer fur une table de pierre ou. de bois inclinée, & font un creux au plancher pour y placer un vale de terre propre à recevoir le {yrop: enfuite ils chargent ces claies d’autant de dartes fe- ches qu’elles en peuvent contenir, Ces darres preflées par leur propre poids, & macérées pendant quelques jours par la chaleur, laiffent échapper beaucoup de liqueur qui coule dans le vafe de terre. Ceux qui veulent avoir une plus grande quantité de {yrop, ferrent de tems en tems les claies avec des cordes, &c mettent deflus de groffes pierres. Ces dattes étant ainf dépouillées entierement de la plus grande partie de leur miel, font renfermées dans des inftru- mens propres à les conferver. On réitere cette opé- ration, qui fe fait en plein air, jufqu’à ce qu’on ait exprime le fuc de toutes les darres. Les Bafréens & les autres Arabes, qui ont une plus grande quantité de palmiers, ont bien plûtôt fait ; car à la place de prefloirs ils fe fervent de cham- bres ouvertes par le haut, planchéiées ou couvertes de plâtre battu , dont les murailles font enduites de mortier, qu'ils recouvrent de rameaux pour éviter la malpropreté : ils y portent les dartes, & ils en ti- rent le fyrop, qui tombe dans des baffins qu’ils ont pratiqués au-deffous. Si la quantité de fyrop ne ré- pond pas à leurs defirs, ils verfent de l’eau‘ bouil- lante fur ces dattes , afin de rendre plus fluide le fuc mielleux &z épais qu’elles contiennent. Ceux qui habitent les montagnes & qui n’ont pas de palmiers , tirent le fyrop d’une autre maniere, Ils pilent les dastes, que les habitans du pays des palmiers ont déjà fait pañler au prefloir ; ils les font bouillir dans une grande quantité d’eau, jufqu’à ce qu'elles foient réduites, en pulpe, dont ils ôtent les ordures, & qu'ils font bouillir jufqu’à la confiftence defyrop; mais ce fyrop n’eft pas comparable pour la bonté à celui que l’on retire par le moyen des claies. Les dartes fourniffent aux habitans des pays chauds, foit fans apprêt, foit par les différentes fnanieres de les confire, une nourriture falutaire & très-variée. Les anciens, felon le témoignage de Sifabon, jet- toient de Peau fur les dastes pour en tirer du vin, ce ne on pratique encore dans la Natolie, rarémen à la vérité &c en cachette, parce que cela eft féve- rement défendu par la religion de Mahomet. Mais on en diftille plus fouvent un efprit ; & quoiqu'il foit aufli défendu, on le fait pañler fous le nom de remede pour foulager les crudités & les coliques d’eflomac: & afin de micux guérir ces maux, les gens riches ajoûtent avant la difüillation, de la fqui- ne, de l’ambre & des aromates ; mais Le commun du peuple y met de la racine de réglife & de Pab- fynthe, ou de la petite racine du vrai jonc odorant, ou de la fémentine de Turquie. Voilà lufage prin- cipal que lon tire des dattes pour la nourriture & le luxe, dans tous les pays chauds où les dattiers prof. perent, c’efl-à-dire dans l’Afie, dans l'Afrique y & dans les Indes. La principale vertu medicinale de ce fruit con. fifte dans fa iégere aftrition. L'expérience a appris | que c'eft par cette qualité que les dattes rendent la M M mm C44 D À V force à l’eftomac , arrêtent le flux de ventre qui vient du relâchement des fibres, & fortifient les in- teftins : c’eft par leur douceur mélangée d’aftriétion, qu’elles fecourent affez efficacement dans la toux, en adouciffant les organes du poumon. C’eft encore à cette même vertu que l’on doit rapporter Les bons effets qu'elles produifent , appliquées extérieure- ment. Enfin c’eft par ces qualités qwelles font quel- quefois utiles dans les maladies des reins & de la veflie. Profper Alpin détaille tout cela. Diofcoride parmi les anciens, eft un de ceux qui s’eft Le plus étendu à exalter les vertus medicinales des dates ; & les modernes en le copiant, fuivant leur coûtu- me, ont encore renchéri fur fes éloges : c’eft pour- quoi on a fait entrer les dasres dans le looch de fante, le fyrop réfomptif, les efpeces appellées diathamaron Nicola , léleétuaire diaphénic, le diaphénic folide, &c autres préparations barbares, plus propres à don- ner du ridicule à la Medecine qu’à foulager un ma- lade. Rejettons toutes ces compofñtions grotef- ques ; & puifque nous ne vivons point dans le pays des dattes thébéennes & égyptiennes , contentons- nous d'employer celles qui nous viennent de Tunis, ou extérieurement en cataplafme pour amolkr, ou intérieurement avec les figues, les jujubes, les raifins fecs, dans les décoétions peétorales : alors choifif- fons pour ces décoétions les datres qui ne feront point percées, vermoulues, cariées ; car celles de Salé , par exemple , de Provence & d'Italie , font prefque toüjours gâtées , & celles d'Efpagne font rarement cueillies mûres. Arsicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DATURA ox STRAMONIUM , (Jardin.) Voyez STRAMONIUM. DAURBE., f. f. en terme de Cuifine; eft le nom qu’on donne à une maniere d’apprêter une piece de vo- laille ou autre viande, On la fait cuire à moitié dans du bouillon , de fines herbes & des épices ; on la retire enfuite de ce bouillon pour la pañfer dans le fain doux, puis on acheve de la faire cuire dans {on premier bouillon. Les volailles à la daube font ordi- nairement piquées de lard, & farcies. DAUCUS , f. m. (Botan.) Voyez CAROTTE. Daucus DE CANDIE, daucus Crericus, (Pharm. E matiere medic.) I] n’y a que la femence du daucus de Candie ou de Crete qui foit en ufage dans la Phar- macie. Elle entre dans beaucoup de compoñitions officinales\; favoir, dans la thériaque, le mithridate, le diaphoenix , le philonium romanum , V’élettuaire de baies de laurier, le fyrop d’armoife , l’eau hyfte. rique, .Éc, Cette femence eft une des quatre petites femences chaudes. Voyez SEMENDES CHAUDES. La femence de daucus eft recommandée pour les douleurs & les maladies de la matrice, dans la toux chronique, le hoquet & la colique venteufe. Geof- froy, mat. med. Îl y a une autre efpece de daucus connue fous le nom de dancus vulgaris, en françois chyrouis , ca- rotte fauvage. On fubfüitue fouvent la femence de celui-ci à celle du daucus de Candie. DAUGREBOT , (Mar.) Voyez DOGRE-B0T. DAVID, (SAINT-) Géog. mod. ville d'Angleterre au pays de Galles, dans le comté de Pembrock, non loin de la mer. Long. 12. 22. lat. 82. 4. Davip, (Sant) Géog. mod. fort des Indes orien- tales fur la côte de Coromandel, au midi du fort Saint-Georsges : 1l appartient à la compagnie des In- des orientales d'Angleterre. Lonpir. 97. 30. lat. 11. 0. È DAVIDIQUES, Davidies, {. m. (Hif£. ecclefraft.) forte d’hérétiques fedateurs de David George vi- trier, ou, felon d’autres, peintre de Gand, qui en 152; commença à prècher une nouvelle doëtrine, IL publhoit qu’il étoit le vrai Mefie envoyé pour rem- plir le ciel, qui demeuroit vuide faute de gens qui méritaflent d’y entrer. | Il rejettoit le mariage avec les Adamites ; il nioit la réfurre@tion, comme les Saducéens ; il foûtenoit avec Manès, que lame n’étoit point fouillée par le péché, & il fe mocquoit de l’abnéeation de foi-mé- me , tant recommandée par J. C. C’étoient-là fes principales erreurs, Il fe fauva de Gand , & fe retira d’abord en Frife, puis à Bâle, où il changea de nom, prenant.celui de Jean Bruch, Il mourut en 1556. I laiffa quelques difciples, auxquels il avoït pro- mis de reffufciter trois ans après fa mort. Il ne fut pas tout-à-fait faux prophete en ce point; cat les magiftrats de Bâle ayant été informés au bout de trois ans de ce qu'il avoit enfeigné, le firent déter- rer, & brûler avec {es écrits par la main du bour- reau. Il y a encore des reftes de cette feête ridicule dans le Holftein, fur-tout à Friederikftadt , où ils font mêlés avec les Arminiens. Voyez ADAMITES, AR MI- NIENS, MANICHÉENS , &c. Diülionn. de Trév. & Chambers, (G) 6 DAVIER , {.m. 22ffrument de Chirurgie qui fert à lextraétion des dents; c’eft une efpece de pincette dont Le corps à jonétion pañlée, divife linfirument en extrémités antérieure & poftérieure. L’extrémité antérieure qui fait le bec de la pins cette, reflemble à un bec de perroquet. Il y a denx mâchoires ; la fupérieure, qui eft la continuité de la branche femelle, eft plus grande & beauconp plus courbée que l’inférieure, puifque larc qu’elle forme fait plus du demi-cercle, & qu’à peine linférieure forme un fegment de cercle. Pour concevoir la cour- bure de cette mâchoire , il faut fuppofer une corde qui aille d’une des cornes du cercle à l'autre ; elle aura dans un inftrument bien conftruit neuf lignes de longueur , & le rayon qui viendra du centre du cercle à celui de la corde, aura cinq lignes. <: Comme cet inftrument doit être très-fort, la lars geur de la mâchoire fupérieure près de la jonéhon, eft de quatre lignes fur trois lignes d’épais ; elle va enfuite en diminuant un peu de largeur & d’épait- feur, pour fe terminer par une extrémité qui eft di- vifée en deux dents, ce qui lui donne plus de prife fur la rondeur de la dent. La mâchoire inférieure eft moins grande que la fupérieure ; elle a huit lignes de long , la même lar- geur & épaïfleur, diminuant en tous fens à mefure qu’elle approche de fon extrémité, où elle eft, de même que la précedente, divifée en deux dents : fa courbure eft fort petite, & à peine le rayon de fon arc a-t-1l une ligne. | Il faut que les mâchoires dont nous venons de parler foient d'ine trempe très-dure, afin de réfifter à l’effort qu'elles font fur les dents. L’extrémité poftérieure , ou le manche de Pinftru- ment , eft compolée de deux branches qui font plus ou moins contournées, pour rendre la prife plus commode. La branche fupérieure, ou branchemäle, a une courbure qui regarde le dedans , & eft fi lé- gere qu’à peine s’éloigne-t-elle de l’axe de cinq lignes. La branche femelle a une couthbure beaucoup plus grande qui l’éloigne de l’autre , pour donner de la prife & de la force à l’inftrument. La longueur de ces extrémités poftérieures eft au moins de trois pouces fept lignes, & celle de tout l'inftrument n’a pas plus de cinq pouces deux lignes. Chaque branche eft plate & va enaugmentant, ayant à fa fin fept lignes de largeur. Foyeæ PI. XX. de Chirurgie, fig. 10 & 11. Cet inftrument qui forme une pincette des plus fortes , parce que la réfiftance ef fort proche du point fixe, & que la puiffance en eft éloignée, fert à pincer & à embrafler exaétement une dent qu’on D À U veut arracher. Il faut, pour y réuflir, la tirer tant. foit peu obliquement , obfervant que les deux mâ- choïres de linftrument tirent également ; car f la fupérieure agit fur l’inférieure, on caflera imman- quablement la dent, & les racines refteront dans Palvéole. Les Dentiftes ont différentes fortes de pincettes, qu'ils appellent daviers, dont les jon@ions & les courbures font en différens fens pour arracher les dents du devant , ou pour l’extration des autres, à des perfonnes qui ne peuvent point ouvrir com- modément la bouche ; maïs il faut que la dent foit ébranlée, parce que ces daviers n’ont pas la force de celui dont on vient de donner une defcription extraite du traité d’inftrumens de M. de Garengeot. La figure 10 montre une autre efpece de davier qui convient très-fort pour les perfonnes qui ne peu- vent pas ouvrir la bouche, & principalement pour l'extraction des dents incifives & canines. (7) DAVIER , ({mprimerie.) Les Imprimeurs donnent ce nom à une petite patre de fer ou de bois qui, pla- cée entre les deux couplets, fert, au moyen d’une vis qui traverfe le grand tympan, à maintenir par en-bas le petit tympan dans l’enchaflure du grand, Foyez TyMPAN, & les Planches d’Imprimerie, DAVIS, (DÉTROIT DE) Géogr. mod. bras de mer entre l’île de Jacques & la côte occidentale du . Groenland , ainfi nommé de Jean Davis Anglois, qui le découvrit. On dit que les Sauvages qui habi- tent les environs de ce détroit, font robuites, & vivent communément plus de cent ans; & que les _ femmes fe font des coupures au vifage & les rem- phiffent d’une couleur noïre, pour s’embellir. Ils vi- _vent.de leur chañfe & de leur pêche: ils font errans : ils campent fous des tentes : le fang des animaux eft une boiffon qui leur eft agréable. Lar. 64. 10. * DAULIES, adj. pris fubft. (Mysk.) fêtes qu’on célebroit dans Argos en l’honneur de Jupiter-Protée, &t de la féduétion de Danaé ; a@ion bien digne qu’on en confervât la mémoire. DAUMA , (Géog. mod.) royaume & ville d’Afri- que , à la Négritie. Long. 94. 10. Lar. 8. DAUNE, (Géogr. mod.) ville de l’élettorat de Treves fur le Lezer, à quatre lieues de Mont-royal. DAVOS o2 TAFEAS, (Géog. mod.) communauté des Grifons , la premiere de la troïfieme ligue ; il n’y a qu'une paroïfle, appellée /ainr Jean de Davos. DAUPHIN , delphinus, {. m.(ÆHifl. nat, Ichthiol.) . poiflon cétacée ; on l’a auffi appellé bec d’oie, parce qu'il a les mâchoires allongées & reffemblantes en quelque façon à celles de l’oie, On donne à ce poif on différens noms, dont la plûpart fignifient en di- vérfes langues ou jargons , porc de mer ou poiflon- porc, parce que le dauphin a de la graifle & du lard comme le cochon, & qu'il reflemble, dit-on, à cet animal par la conformation des parties intérieures, c’eft-à-dire qu'il reflemble à cet évard , comme les autres cétacées , aux quadrupedes en général. La peau de ce poiflon eft dure & life, le corps allongé , le dos voñté, le mufeau long , la bouche grande , les dents petites & pointues, la langue char- nue, mobile, & déconpée par les bords ; les veux grands &c recouverts par la peau, de façon qu’on n'en voit que la prunelle ; ils font placés près de la commiflure des levres: l'ouverture de l'oreille eft derriere l'œil , mais fi petite qu’on la voit à peine: il y'a au-deflus du mufeau un orifice fait en forme de croïffant, qui communique à un double conduit par lequel le dauphin refpire Pair & rejette l’eau. Ce porflon a deux fortes nageoires qui tiennent à la Oitrine, & en a une autre polée verticalement, en’ 2 3 partie offeufe & en partie cartilagineufe, fans arré- tes n1 aigwllons. La queue eft compofée de deux na- geoires qui fortent des côtés, & qui forment un demi- D AU C4$ cercle, On voit fous le bas-ventre l’ombilie , les Len É parties de la génération, & l’anus, Le dos eft noir & le ventre blanc , la peau épaifle & ferme ; cepen- dant elle cede fous la main, parce qu’il y a de la graiile deffous, comme dans les cochons. La chair du dauphin eft noirâtre, &c ne differe pas beaucoup de celle du cochon & du bœuf : en Languedoc on n’en mange que parnéceffité , car elle a une mau- vaife odeur, Ce poiflon a des os, comme les qua- drupedes ,,8c leur reffemble par les parties intérieur. res du corps, comme les autres poiflons cétacées : il n’a point de vefcule du fel. Le mâle & la femelle ont les parties de la génération femblables à celles des animaux quadrupedes ; ils s’accouplent en s’ap- prochant l’un de l’autre par le ventre, & en s’em- braflant avec leurs nagcoires. La femelle n’a ordi- nairement qu'un fœtus à la fois, ou deux au plus; fon terme eit à fix mois : elle allaite fes petits, & les porte lorfqu'ils ne peuvent pas nager , & les ac- compagne pendant long-tems, Ces animaux pren- nent tout leur accroiflement en dix années : on croit qu'ils vivent vingt-cinq ou trente ans. On dit qu’ils dorment en tenant le mufeau au-deffus de l’eau pour refpirer, & en remuant doucement les nageoires pour fe fofñtenir : on prétend auffi qu'ils ronflent. Ils peuvent vivre plus long-tems hors de l’eau-que de- dans ; ils y meurent fuffoqués , f on les y retient: Gefner en a yü un qui a vécu trois jours hors de l’eau. Lorfqw’ils font pris, ils fe plaignent & ils ré- pandent des larmes ; ces animaux rendent quelques fons , & ont une forte de voix. Bellon dit qu'ils vont dans la mer auf vite qu'un oïfeau dans l’air ; ce- pendant leurs nageoires font petites, & il y a lieu de croire que la rapidité & la continuité du mouve- ment de ces animaux, vient de l’agiliré & de la force de leur corps. Lorfqu’on les voit s’agiter à la fur- face de l’eau , & pour ainf dire fe jouer fur la mer, On en tire l’augure d’une tempête. Îls vont par trou- pes ou feulement deux à deux, le mâle avec la fe- melle ; mais jamais feuls, au rapport de Bellon. Cet auteur a appris des Grecs de la Propontide , que les dauphins font des migrations ; ils vont de la mer Mé- diterranée vers le feptentrion , dans les mers de l’Hellefpont & de la Propontide ; ils reftent quelque tems au Pont-Euxin, & enfuite ils reviennent d’où ils font partis: ils fe battent par troupes contre les bonitons. Le dauphin differe du marfouin par la bou- che, voyez MarsOUIN. On fait aflez que la vraie figure du dauphin a peu de rapport à celles qui en- trent dans le Blafon, &à celles que font les fculp- teurs &r les peintres fous le nom de cet animal. Il ne fera pas queftion de l'amour qu'il a, dit-on, pour les enfans,, & de fon goût prétendu pour la mufique , m de l'attention qu'on a crû remarquer en ce poif- fon , lorfqu’on appelle du nom de Simon; ce qui a été rapporté à ce {ujet par différens auteurs, tant anciens que modernes, paroît fi fabuleux, qu’un Naturalifte ne pourroit guere être tenté d’en faire l’objet de {es obfervations. Rond. 4e pift. Willugh- by, X1/£. pife. Voyez Poisson. (1) DAUPHIN, (Affronom.) eft le nom que les Aftro- nomes ont donne à une conftellation de l’hémifphere boréal. Les étoiles de cette conftellation font au nombre de dix, felon Ptolomée & felon Tycho, & au nombre de dix-huit felon Flamfteed. Foy. Coxs- TELLATION. (0). DauPpxin, Î. m.(Æf. anc.) arme ofenfive ou machine de guerre chez les anciens ; ils s’en fervoient pour percer & couler à fond les galeres. C’étoit une mañe de plomb ou de fer qui produifoit cet effet par Pimpétuofté avec laquelle elle étoit lancée. Peut- être étoit-ce la mème chofe que ce qu’on nomma de- puis corbeau. Voyez CORBEAU. Il eft fait mention de ces dauphins dans la bataille navale que les Athé- G46 D A U niens commandés par Nicias perdirent contre les Sy- racufans. (G) * Daupain, (Hiff, ane.) otnement des cirques anciens. On les y voyoit fur de petites colonnes à lendroit appellé /a /pina circi, Voyez CIRQUE. On prétend qu’on élevoit un deuphin à chaque courle, êt qu'on pouvoit compter le nombre des courfes par celui des dauphins. D’autres ajoûtent qu'ils étoient placés fur des globés, comme onvoit quelquefois les coqs au haut des clochers. Dauræin ou D'AUFIN, (Hifi. mod.) eft le nom que l’on a donné depuis le milieu du douzieme fiecle au prince qui poflédoit la province viennoïfe. L’o- rigine de ce nom eff aflez incertaine : les uns le font venir d’un dauphin que Bofon fit peindre dans fon écu, pour marquer la douceur de fon regne; mais cétte étymologie eft faufle, puifque Bofon vivoit au nuilieu du neuvieme fiecle, &c que les dauphins ne prirent ce titre que plus de trois cents ans après, c’eft-à-dire au milieu du douzieme fiecle: d’autres du château Dauphin, bourg dans le Briançonnois, que ces princes avoient fait bâtir. Mais {on origine la plus vraiffemblable eft que Guy V. dit Ze vieux prit le titre de dauphin pour faire honneur à Albon comte de Vienne furnommé dauphin, dont il avoit époufe la fille aînée. D’abord les feigneurs de cette province porterent le titre de comtes d’Albon & de Grenoble, ou de Grefivaudan. Quatre princes du nom de Guy ou de Guignes eurent le même titre. Mais Bertholde IV. duc de Zeringhen céda le comté de Vienne à Guigue V, & ce fut lui qui le premier fut furnommé dauphin au milieu du douzieme fiecle. Il fut le dernier mâle de fa maïfon , & Béatrix fa fille & fon héritiere porta le Dauphiné dans la maïfon des anciens ducs de Bourgogne. Elle mourut en 1228, & {on fils Guigne VI. ou André fut le chef de la feconde race des dauphins. Cette feconde race ne fubfifta pas long-tems, & finit par la mort de Jean. lan 1282, Sa fœur Anne porta cette principauté dans a maïfon de la Four Dupin, en époufant Humbert. Trois autres dauphins lui fuccéderent, dont le der- nier fut Humbert IT, qui donna fa principauté en 1349 à Charles de France petit-fils de Philippe de Valois, & l’en revêtit la même année en lui remet- tant l’ancienne épée du Dauphiné, la banniere de _ S. George, avec le fceptre & un anneau. L’amour qu'il avoit pour fes fujets continuellement rourmen- tés par les comtes de Savoie, l’engagea à les donner à un prince puiflant, capable de les protéger &c les dé- fendre contre une puiflance étrangere. Depuis cet heureux moment il y a eu vingt-trois dauphins du fang des rois de France, & ce titre ne s'accorde qu”- au fils aîné du Roi, & ne pañle à un cadet qu’en cas de mort de lainé. (a) | DauPHin. On dit, dans le Blafon, dauphins vifs & dauphins pémés : le dauphin vif a la sueule clofe, êc un œil, des dents , &c les barbes, crêtes & oreil- les, d’émail différent. Le dauphin pâmé a la gueule béante, comme évanoii ou expirant, & il'eit d’un feul émail. On dit que Les dauphins font couchés, lorf- qu’ils ont la queue & la tête tournées vers la pointe de l’écu. Trév. & Le P, Ménerr. (V7) DauPHin, (Arificier.) On appelle ainf vulgaire- ment cet artifice d’eau que les gens de l’art appellent genouillere, parce qu'on le voit entrer & fortir de l’eau à-peu-près comme les dauphins. Diéionn. de Trév. | DAUPHINE, {. f. (Manufaë, en foie 6 en laine.) petit droguet de laine non croïfé , léverement jafpé de diverfes couleurs, & fabriqué au métier à deux marches. | Il s’en eft fait auf en foie, mais 1l ne s’en fabri- que plus, D À Ü La jafpure naît du mélange de laines ou de foies teintes de différentes couleurs. DAUPHINÉE, (Géog. mod.) province de France bornée à l’occident par le Rhône, au feptentrion par le Rhône & [a Savoie , au midi par la Provence, GT à lorient par les Alpes. Elle eft arrofée par le Rhône, la Durance, l’ere, & le Drame. Elle eft fertile en blé, vin, olives, paftel, couperofe, foie, cryftal, fer, cuivre, fapins, &c. Elle fe divife en haut &c bas, Le haut comprend le Grefivaudan , le Briançonnois, l’Embrunois, le Gapançois, le Royan- nez, êc les Baronmies. Le bas contient le Valentinoïs, le Diois, & le Tricaffinois. C’a été autrefois un pays d'états. Grenoble enef la capitale. Long. 26-20. lar. -46. JL DAUPHINS, (Lis) on nomme aïnfi les commen tateurs fur les anciens auteurs latins employés à ce travail par ordre du roi Louis XIV. pour l’ufage de Monfeigneur, fur lé confeil de M. de Montaufer fon gouverneur, & fous la direétion de MM. Bofluet & Huet fes précepteurs. On en compte trente-neuf, dont voici le détail par ordre alphabétique. Apuleius, per Julian. Floridurm. Par, Leonard, 1688 , 2 vol. in-4°. | Aufonius, per Julianum Floridum , ex edit, & cum armimadverfionibus Joann. Bapt. Souchay. Parif. Jac. Guerin, 1730, in-4°. … Boetius, per Per, Callyum, Pari. Leonard. 169$ ; in-40. Jul, Cafar ; per J. Goduinum. Parif. le Petit, 1678, in-4°, | | Catullus, Tibullus & Propertius, per Phil, Silyiume Parif. Leonard , 1685, 2 vol. in-4°. Ciceronis operum philofophicorum tom. I. complec- tens tuféulanas queftiones , de natura deorum , academi- cas queffiones, de finibus bonorum € malorum , 6 de officus, per Franc. l’Honoré, Parif. vidua Thibouft, 1689 ;, in-4°. Ejufdem Ciceronis libri oratorii, per Jac. Prouff. Parif. vidua Thibouit, 1687, 2 vol. in-4°, Ejujdem Ciceronis orationes , per Car. de Merouville. Parif. Thierry, 1684, 3 vol. in-4°. ÆEjufdem Ciceronis epiftole ad familiares , per Phitib. Quartier. Parif. Thierry, 1685 ,in-4°. Claudianus , per Guill. Pyrrhonem. Parif. Leonard, 1677 ,in-4°. Q. Curtius cum fupplementisT. Freinshemii, per Mic. le Fellier. Parif, Leonard, 1678 ,in-4°. Dicfys Cretenfis & Dares Phrygius , per Annam Fa- bri filiam Andreæ Dacerii conjugem , editio nova auc= tior ; cui acceffit Jof. Ifcanus de bello Trojano , cum nos 15 Sam. Drefemii, & numifmatibus Lud. Smids, & différt, Jac. Perigonit de Diélie Cresenft. Amft. Gallet, 1702, in-4°. ÆEnutropius , per eandem Annam Fabram. Paris, vi dua Cellier, 1683, in-4°. Pomp. Feflus & Marcus Verrius Flaccus, per Andr. Dacerium , nova editio auéfior notis Jofephi Juffi Scali- geri, Fulvit Urfini & Ant. Auguft. Amft. Huguetan, 1699 , in-4°. Florus, per Apnam Fabram, Pari. Leonard, 1674, in-4°. | rs Gellius , per Jac. Prouff. Parif, Benard, 1681, in-4°. ' Horatius , per Lud. des Prey, Parif, Leonard, 1691, 2 volin-4°. L Juflinus, per Petrum Jof. Canxel. Parif, Leonard, 1677 ,in-4°. Juvenalis & Perfius ; per Lud, Prateum. Pari. Leo- nard , 1684, in-4°. | T, Livius, cum fupplementis Joannis Freinshemit, per Joan. Doujatium, Parif. Leonard, 1679, 6 vol. in-14°, Lucretius , per Mic, Fayum. Pari. Leonard , 1680, in-4°. | | | D E Manilius, per eundem Fayum, cum notis Petri Dan. Hueni. Parif. Leonard, 1679, in-4°. Val. Martialis, per Vinc, Colleffonem. Parif. Cel- lier, 1680 , in-4°. Val. Maximus, per Pet. Jof. Cartelium, Pari. Thi- bouft, 1679, in-4°. Cornel, Nepos, pèr Nic. Courtin. Parif. Leonard, 167$, 1n-4°. | Ovidius, per Dan. Crifpinum. Luod. Rigaud, 1686, A vol. in-4°. Panegyrici veteres , per Jac. de la Baune. Parif. Be- nard, 1676, in-4°, Vel, Paterculus ; per Rob. Riguer, Parif. Leonard, 75 » 1-4°. ai. Phedrus » per Petrum Danetium. Parif. Leonard, 167$ ,in-4°. Plautus, per Jac. Operarium. Parif. Leonard, 1679, 2 vol. in-4°. | Plinii Secundi hifloria naturalis , per Joan, Hardui- num. Pari. Muguet, 168$, $ vol. in-4°, Prudentius, per Steph. Chamillard., Parif. Thibouft, 1687, in-4°. Salluffius, per Dan. Crifpinum. Parif. Leonard, 1674, in-4°. | er Sratius , per Claud, Beraldum. Parif. Roulland, 1685, 2 vol. in-4°. Suetonius , per Aug. Babelonium, Parif, Leonard, 1684, in-4°. Tacitus, per Julianum Pichon. Parif. Thibouft, 1682, 4 vol. in-40. Terentius, per Nic, Camus. Parif. Leonard, 1675 ; in-4%. .… Aurel. Viflor, per Annam Fabram, Parif. Thierry, 1687, in-4°. Virgilius, per Car. Ruœum, fecunda editio. Parif, Benard , 1682 , in-4°. À DAURADEoz DAURADILLE, voyez; DORADE. DAURÉE, voyez POISSON DE S. PIERRE. DAX ox ACQS, (Géog. mod.) ville de France en Gafcogne, C’eft la capitale des Landes. Elle eft fituée fur l’Adour. Long. 16. 36. 5. lat. 43. 42. 23. DDAFAR, (Géog. mod.) ville de l'Arabie heu- reufe, au royaume d’Yemen, Long, 70. lat, 15. D E DE, prép. voyez ARTICLE (Gramm.). | _ DÉ, (Jeu de) f. m. Lister. forte de jeu de hafard fort en vogue chez Les Grecs & chez les Romains. L'origine en eft très-ancienne, fi l’on en croit So- phocle , Paufamias, & Suidas, qui en attribuent l'invention à Palamede. Hérodote la rapporte aux Lydiens, qu'il fait auteurs de tous les jeux de ha- fard. Ÿ Les dés antiques étoient des cubes de même que les nôtres; c'eft pourquoi les Grecs les appelloient xu60 : ils avoient par conféquent fix faces , comme Peépigramme xvij. du li. XIV. de Martial le prouve. 16 Hic mihi bis feno numeratur teffèra punéto. Ce qui s’entend des deux dés avec lefquels on jouoit quelquefois. Le jeu le plus ordinaire étoit à trois dés , fuivant le proverbe, à spec &E , à pee xuCur 3 érois fix ou trois as , out ou rien. | Jé ne parcourerai point les diverfes manieres de jouer aux dés qui étoient en ufage parmi les anciens, il me fuffira d'indiquer les deux principales : je ren- voye pour les autres aux ouvrages des érudits, qui les ont raflemblés dans des livres exprès. | La premiere maniere de jouer aux dés, & qui fut toüjours à la mode, étoit la rafle, que nous avons adoptée. Celui qui amenoit Le plus de points empor- toit ce qu'il y avoit fur le jeu. Le plus beau coup étoit, comme parmi nous, rafle de fix, mot dérivé D E 647 de jade agsro. On le nommoit venus, qui défignoit dans les jeux de hafard le coup le plus favorable, Les Grecs avoient donné les premiers les noms des dieux, des héros, des hommes illuftres , & même des courtifanes fameufes, à tous les coups différens des dés. Le plus mauvais coup étoit trois as. C’eft {ur cela qu’Epicharme a dit, que dans le mariage comme dans le jeu de dés, on amene quelquefois trois fix & quelquefois trois as. Outte ce qu’il ÿ avoit fur le jeu , les perdans payoient encore pour chaqué coup malheureux : ce n’étoit pas un moyeñ qu'ils euffent imaginé pour doubler lé jeu ; c’étoit uñe fui- te de leurs principes fur les gens malheureux, qu'ils méritoiert des peines par cela méme qu'ils étoient mal= heureux. Au refte comme les dés ont fix faces , cela faifoit cmquante-fix combinaifons dé coups, favoir fix rafles, trente coups où il y a deux dés femblables, & vingt où les trois dés font diférens. La feconde maniere de joïüer aux dés générale- ment pratiquée chez les Grecs & chez les Romains, étoit celle-ci : celui qui tenoit les dés nommoit avant que de jouer le coup qu’il fouhaitoit ; quand il ame noit, 1l gagnoit le jeu : ou bien il laïfloit le choix à fon adverfaire de nommer ce coup; & fi pour lors il arrivoit , 1l fubioit la loi à laquelle il s’étoit {où mis. C’eft de cette feconde maniere de joùer aux dés que parle Ovide dans fon art d'aimer, quand il dit, Et mod tres jailet rumeros , modd copiter aptà, Quarn fubeat partem callida , qguamque vocer. Voyez les mém, des Inftripr. & Belles:lert, tome I, &é les diéfionn. des antig. greg. & rom. Comme le jeu s’accrut à Rome avec {a décadence de la république, celui de dés prit d’autant plus fa veur, que les empereurs en donnerent l’exemple.' Quand les Romains virent Néron rifquer jufqu’à quatre mille fefterces dans un coup de dés, ils mirent bien-tôt une partie de leurs biens à la merci des dés. Les hommes en général goûtent volontiers tous les jeux où les coups font décififs, où chaque évene= ment fait perdre ou gagner quelque chofe : de plus ;! ces fortes de jeux remuent l’ame fans exiger une at- tention férieufe dont nous fommes rarement capa- bles ; enfin on s’y jette par un motif d’avarice , dans . lefpérance d'augmenter promptement fa fortune ; & les hommes enrichis par ce moyen font rares dans le monde, mais les paflions ne raifonnent ni ne cal: culent jamais, 2 Ceux qui tirent avec Ducange l’étymologie di mot Jeu de dé, du vieux Gaulois jus de dé, auront * beaucoup de perfonnes de leur avis; car nous {a+ vons que /4s autrefois fignifioit jugement , que nos anciens poëtes ont dit De pour Diez ; & perfonne n'ignore que la fuperftition n’a fait que trop fouvent intervenir la divinité dans les évenemens qui dé- pendent entierement du hafard. Are, de M. le Cheva= lier DE JAUCOURT. 4 DÉ , (Anal. des haferds.) I eft vifible qu'avec deux dés on peut amener trente-fix coups différens x car chacune des fix faces du dé peut fe combiner fix fois avec chacune des fix faces de l’autre. De même avec trois dés on peut amener 36 X 6, ou 216 coups différens : car chacune des 36 combinaifons des deux dés peut fe combiner fix fois avec les fix faces du troifieme dé. donc en général avéc un nombre de dés = 2, le nombre des coups poflbles eft 67, Donc il y a 35 contre 1 à parier qu’on ne fera pas rafle de 1,de2,de3,de4, de ÿ ,de6, avec deux dés. Voyez RAFLE. Mais on trouveroit qu’il y a deux manicres de faire 3,3 de faire 4, 4 de faire 5, 5 de faire 6, & 6 de faire 7, 5 de faire 8, 4 de faire 9, $ de faire 10, 2 de faire 11, 1 de faire 12; ce qui eft évident par la table fuivante qui exprime toutes les 36 comhinaifons, | 648 2 3 4 5 7 SA AMEN 8 4 5 6 7 9 56 7 8 9 10 6 7 8 9 1011 7 8 9 10 II 12 Dans la premiere colonne verticale de cette ta- ble, je fuppofe qu’un des dés tombe fucceflivement {ur toutes {es faces , l’autre dé amenant toùjours 1; dans la feconde colonne, que l’un des dés amene toùjours 2, l’autre amenant fes fix faces, &c. les nombres pareils fe trouvent fur la même diagonale. On voit donc que 7 eft le nombre qu'il eft le plus avantageux de parier qu’on amenera avec deux dés ; & que 2 & 12 font ceux qui donnent le moins d’avan- tage. Si on prend la peine de former ainfi la table des combinaifons pour trois dés, on aura fix tables de 36 nombres chacune, dont la premiere aura 3 à gauche en haut, 13 àdroite en bas, & la derniere aura 8 à gauche en haut, & 18 à droite en bas; & l’on verra par le moyen des diagonales, que le nombre de fois que le nombre 8 peut arriver eft égal à 6 + 5+4+3+2+:, ceft-à-dire à 21; qu'ainfi il y a 21 cas fur 216 pour que ce nombre arrive, qu'il y à 15 cas pour amener 7, 10 pour 6,6 pour 5, 3 pour 4, 1 pOur 3 ; que pour amener 9 il y a un nom- bre de combinaons= ; +6+5+4+3+2=25; que pour amenef 10 il y a 4 + S+C+HsS+4+3 = 27 ; que pour amener 1111 y a 3 + 445 + 6 + ÿ+4—27; que pour amener 12 i1ya 24344 + S+6+5— 25; que pour amener 13 1l ya 1 + 24+3+4+5+6—21; que pour amener 14il y a 15; que pour amener 15 il y a 10; que pour amener 16 il y a 6; que pour amener 17 il y a 3 ; & pour amener 18, une feule combinaïfon. Ainfi 10 & 11 font les deux nombres qu'il eft le plus avanta- geux de parier qu’on amenera avec trois des ,1l y a à parier 27 fur 216, c’eft-à-dire 1 contre 8, qu’on les amenera ; enfuite c’eft neuf ou douze, enfuite c’eft huit ou treize, &c. On peut déterminer par une méthode femblable quels font les nombres qu'il y a le plus à parier qu’- on amenera avec un nombre donné de-des ; ce qu’il eft bon de favoir dans plufieurs jeux. Voyez BARAï- CUS ; TRICTRAC , &c. (O0) DÉ , en terme d’Archite‘ture ; c’eft le tronc du pié- d’eftal, ou la partie qui eft entre fa bafe & fa cor- | niche. Les Italiens l’appellent dado , & Vitruve le nom- me rronc. Voyez PIÉ-D’ESTAL. Dé fe dit auffi, & des pierres qui fe mettent fous des poteaux de bois qui portent un engard, pour les élever de terre crainte qu’ils ne pourriflent, & des petits quarréside pierre avec une moulure fur Par- rête de deflus, qui fervent à porter des vafes dans un jardin. (P) DÉ, petit cylindre d’or, d'argent, de cuivre ou de fer, creufé en-dedans , & grené tout-au-tour avec fymmétrie, qui fert aux ouvrieres & tailleurs à ap- puyer la tête de leur aiguille, afin de la pouffer plus facilement & fans fe piquer les doigts à-travers les étoffes ou autres matieres qu'ils veulent coudre en- femble. Le dé fe met ordinairement au doigt du mu- lieu de la main qui tient l’aiguille. Il y a deux fortes de dés ; les uns font fermés par le bout avec la même matiere du dé; les autres font ouverts par Le bout: c’eft ordinairement de ceux-ci que fe fervent les Talleurs, Tapifiers, &c. Les. dés qui fe font à Blois font extrèmement re- cherchés. Les dés de cuivre & de fer font partie du négoce des Merciers, & des maîtres Aiguilliers & Epingliers qui les fabriquent, Voyez la Planche du Tailleur, à la baffette épuifer le banquier , & lui gagner tout D E B DE À EMBOUTIR , eft un cube de cuivre à fix fa- ces, fur chacune defquelles font pratiqués des trous de forme & grandeurs différentes, dans lefquels s’emboutiflent les fonds des chatons en frappant deffus avec des morceaux.de fer appellés houteroles. Voyez BOUTEROLE. Chez les Groffiers, ce n’eft qu’un morceau de bois avec des trous de diverfes grandeurs, dans lefquels ils enfoncent au marteau les pieces d'argent qu'il faut retraindre, Poyez RETRAINTE. Voyez auffi les figures du Metteur en œuvre 6 du Jouaïllier. DÉALDER , fub. m. (Comm.) monnoie d’argent qui fe fabrique, a cours en Hollande au titre de dix deniers cinq grains, eft du poids de quatre gros deux demiers, & vaut en France trois livres trois fous quatre deniers. | DÉARTICULATION , ez Anatomie, voy. DiAR- THROSE. DÉBACLE, f. f. DÉBACLAGE,, £ m. rerme de Marine & de Riviere ; c’eft un mot dont on fe {ert pour défigner l’aétion de débarraffer les ports. Faire la débacle, c’eft retirer les vaifleaux vuides qui font dans le port, pour faire approcher des quais ou du rivage ceux qui font chargés. (Z) DÉBACLE, terme de Riviere ; c’eft la tupture des glaces qui arrive tout-à-coup après qu’une riviere à été prife pendant quelque tems. Voyez DÉGEL. (Z) DÉBACLE, terme de Riviere, {e dit encore du bois qui refte d’un train dans la riviere , après que le bois à brûler en a été tiré. DÉBACLER , v.a@. rerme de Marine & de Rivie- re ; c’eft débarrafler un port. Voyez DÉBACLE. DÉBACLER, v.n. ferme de Riviere, {e dit de la ri- viere quand les glaces partent & s’envont tout-d’un- coup. DÉBACLER Za riviere, c’eft la débarrafer des bois ui y forment un arrêt. (Z DÉBACLEUR , f,m. serme de Riviere; c’eft ua pe- tit officier de ville qui donne fes ordres fur le port quand il faut faire retirer les vaiffeaux vuides pour faire approcher ceux qui font chargés. Ces officiers furent fupprimés en 1720, & des commis fubftitués en leur place avec même fom de débaclage, mais avec attribution de moindres droits pour leur fa- laire. Six articles du quatrieme chapitre de l’ordonnan- ce de la ville de Paris de 1672, à commencer au di- xieme inclufivement, traitent des fonétions des dé- bacleurs. (Z) DÉBAIL, f. m. (Jurifpr.) en quelques coûtumes ; fignifie l’état d’une femme qui devient libre par la mort de fon mari. Baï! fignifie garde & gardien. On dit ail de mariage, pour exprimer la puiffance que le mari a fur fa femme. On dit aufli que le mar eft bail de fa femme ; c’eft-à-dire gardien. Débail eft op- pofé à bail. Il y a baïl quand la femme eft en la pui fance de fon mari , & débail quand elle en fort. Voyez BAIL DE MARIAGE. (4) DEBALLER ox DESEMBALLER , v. a&. (Com.) faire l'ouverture d’une balle ou en défaire l’embal- lage. Voyez BALLE 6 EMBALLAGE. On déballe les marchandifes aux bureaux des douanes & aux foires, pour être vifitées par les com- mis, infpeéteurs des manufattures, gardes, jurés-vi- fiteurs, & autres prépofés à leur examen, pour ju- ger fi elles font conformes aux réglemens. Déballer fe dit aufi dans une fignification con- traite, des marchands qui quittent une foire & re- mettent leurs marchandifes dans des balles. Il faut déballer, c’eftà-dire, en cette occafon, remballer fes marchandifes. Voyez les ditlionn, de Comm. 6 de Trév, (G) DÉBANQUER, v.a@. (Jez.) c’eft au pharaon ou ce te qu'il avoit d'argent , ce qui le force de quitter la partie. DÉBARCADOUR , f, m. (Marine.) c'eft un lieu établi pour débarquer ce qui eft dans un vaifleau, ou pour tranfporter les marchandifes avec plus de facilité du vaifleau à terre. (Z) DÉBARDAGE.,, f. m. cerme de Riviere; il fe dit de la fortie des marchandifes hors du bateau lorfqu’- on le décharge. Ce mot s’employe plus particuhere- ment pour le bois à brûler qu’on décharge fur le port. Z S Hrrie (Œconom. ruflig.) On dit debarder le bois quand onle fort du taillis, afin d'empêcher les voitures d’y entrer, ce qui pourroit endommager _ les nouvelles pouffes du jeune bois. Les bois doivent être entierement débardés à ia S. Martin ou au plus tard à Noël, fuivant les régle- mens deseaux & forêts. (X) DÉBARDER, v.a@t. serme de Riviere ; c’eft déchar: ger un bateau lorfqw'il eft au port (Z) DÉBARDEUR , f. m. £erme F Riviere ; c’eft celui qui aide à décharger un bateau &t en mettre les mat- chandifes à terre. Il y a fur les ports de la ville de Paris des gens dépendans de la jurifdiétion du prevôt des marchands & échevins, à qui il appartient feuls de faire le débardage des bois & autres marchandi- fes qui arrivent par riviere. (Z) . DÉBARQUEMENT, f. m. ( Marine.) c’eft la for- tie des marchandifes hors du vaifleau pour les met- tre à terre. Il {e dit aufi des équipages ou troupes qu’on met à terre & qu'on débarque, foit pour quel- qu'expédition, foit pour refter dans le pays où on les tranfporte. Le débarquement des marchandifes étant fait fur les quais, les propriétaires font obligés de les faire enlever à leurs frais & dépens dans l’efpace de trois jours ; paflé lequel tems 1ls peuvent être condamnés à l'amende ; & les maîtres des quais font obligés d’y veiller & de faire les diligences néceffaires, fuivant Pordonnance de la Marine de 1685 , art, 7. du tir. 7. du iv. IV. (2) DÉBARQUER , v. a&. & n. (Mar.) c’eft ôter du vaifleau les marchandifes pour les mettre à terre, ou mettre du monde à terre. C’eft aufli quitter le navire après la traverfée. (Z) DÉBARRER, v.a@t. 4x fimple, c’eft ôter les bar- res qui fermoient une porte & qui lempéchoient de s'ouvrif. Au figuré, c’eft décider entre plufeurs perfonnes dont les avis étoient également partagés. Au palais, lorfqu'une chambre fe trouve dans ce cas , l'affaire eft portée à une autre chambre , qui par fon avis débarre la premiere. DÉBAT, f. m. (Jurifpr.) fignifie en général une conteffation que l’on a avec quelqu'un , ou la diféuf- fion par écrit de quelque point contefté. (4) DÉBATS DE COMPTE, font les conteftations que : forme l’oyant fur les articles du compte, foit en la recette, dépenfe ou reprife, qu'il veut faire rayer ou réformer. On entend auf par le terme de débars de compte, ® des écritures intitulées débats, qui contiennent les obfervations & moyens tendans à débattre le comp- te: ces fortes d’écritures peuvent être faites par les avocats ou par les procureurs concurremment , fui- vant le réglement du 17 Juillet 1693. Les réponfes aux débats font appellées Joérere- mens. Voyez SOUTENEMENS & COMPTE. (4) DésAT DE TENURE, eft la conteftation qui fe meut entre deux feigneurs pour la mouvance d’un héritage, foit en fief ou en cenfive. On entend aufhi quelquefois par débat de tenure, un mandement donné au vaflal ou cenfitaire par le juge royal, à l'effet d’afligner les deux feigneurs Fome IF, À D E B 649 qui conteftent fur la mouvance pour s’accorder én« tr'eux. (4 | TE 4: _ DEBENTUR, {: m. (Jurifprud.) terne latin qui étoit ufité à la chambre des comptes pour expri mer le certificat que chaque officier des cours {ou= veraines donnoit au payeur des gages de la compa« gnie pour toucher les gages qui lui étoient dûs: On l'appelle ainf parce que dans le tems qu'on rédigeoir les aétes en latin, ce certificat commençoit par ces mots, debentur mihi, &c. Le contrôleur du thréfor vérifioit ces debentur, Ils n’ont plus lieu depuis que l’on a fait des états des gages des officiers. (4) DÉBET,, f. m. (Jurifpr.) eft ce qui refte dû entre les mains d’un comptable, On dit e déber d'un.comp= te. Les payeurs des rentes fur la ville :& autres payeurs publics appellent débers , les anciens arréra- ges de rentes qui font dûs outre le payement cou« rant. Voyez COMPTABLE, COMPTE, & RENTE, DÉBET DE CLAIR 4 la chambre des comptes, figni fie un déber liquide. DÉBET DE QUITTANCE, aufli ex ffyle de la chama bre des comptes , eft lor{qu’un comptable doit rappor ter une quittance. Ces fortes de parties doivent être mifes en fouffrance. (4 _ DEBILITÉ , £. £. (Phyfiol.) {e dit en général des fibres dont le corps humain eft compolé , qui font affoiblies par le relâchement de leur tiflu , par la trop orande diminution ou le défaut de leur reffort, 6e. volé; FIBRE. Le même terme s’employe encore par« mi les medecins, pour exprimer les mêmes vices dans les vaifleaux, les vifceres & autres parties or ganiques. ds! Ainfi, comme il faut que la fibre , pour avoir une folidité proportionnée à l’état naturel, puifle foûtenir les mouvemens , les efforts néceffaires pour l’exercice des fonétions dans la fanté , fans qu’elle fouffre aucune folution de continuité ; de même les vaifleaux & toutes les parties vafculeufes qui font compolfées de fibres, doivent avoir les mêmes qua- lités qu'elles , & participent par conféquent aux mêmes dépravations; ainfi ce qui doit être dit des fibres, fera appliquable à tout ce qui en dérive com- me de fon principe. Il eft démontré par les injeétions anatomiques , que tous les vifceres font un aflemblage de vaifleaux innombrables différemment difpofés, felon la diffé- rence des organes qu’ils compofent. Il eft certain auffi que c’eft de lation de ces vaifleaux que dé- pend l’aétion du vifcere entier, attendu que c’eft par leur moyen que les humeurs y font apportées & di- verfement préparées. Si ces vaifleaux n’ont pas le degré de force néceflaire pour que ces fonétions fe faflent conformément à ce que requiert l’œconomie animale faine, 1ls agiront moins fur les fluides qu'ils contiennent ; ils ne pourront pas leur faire fubir les changemens néceffaires, ou au point qu'il faut. Ainfi les poumons qui pechent par foiblefle, ne peuvent pas travailler fufifamment le chyle pour le convertir en fang : fi le foie eft trop relâché, le fang circulera dans les vaifleaux de ce vifcere, fans qu'il puifle fournir la matiere de la fecrétion de la bile, qui n’eft pas aflez élaborée pour pénétrer dans fes - couloirs ; de-là peut fuivre l’hydropifie. Lorfque . l’eftomac eft trop languiflant , tout l'ouvrage de la chylification refte imparfait. D'où on peut conclure aifément que la débiliré en général peut produire biendes maladies, telles que la dilatation trop facile des vaifleaux , conféquemment leur engorgement par les humeurs qu'ils contiennent ; les tumeurs ; la compreffion de leurs parois par la moindre caufe, attendu le défaut de réfiftance ; l’obli- tération de leurs cavités, l’obftacle au cours des liqui- des, la trop grande réfiftancé que trouve Le cœur à les mouvoir ; leur corruption, parce qu’elles crou- NNan 6so DEB piflent : d’ôù toutes les fonéions naturelles, vitales &t animales font léfées dans leur exercice : d’où s’en- fuivént une infinité de maux qui naïflent les uns des autres, &c qui font très-difficiles à guérir, fur-tout la cachexie , la cacochymie, qui en font prefque toüjouts les fuites inévitables. La débilité générale qui produit de fi mauvais ef- fets, eft elle-même caufée par celle des fibres, des petits vaifleaux ; par linertie des fluides dans les grands vaifleaux, où ils ne font pas en fuffante quantité après de trop grandes évacuations ; qui ont trop de fluidité, parce qu'ils font trop aqueux ; qui tie font pas aflez mis en mouvement par l’aétion muf- culaire ; par le trop grand nombre de petits vaif- feaux , qui tendent trop à fe convertir en fibres fo- lides , Éc. ” La débiliré eft un vice dominant qu'il faut obfer- ver foigneufement, pout bien connoître les mala- dies qui en dépendent & bien juger de leurs évene- mens, & pour difcerner les remedes qu’il convient d'employer pour en obtenir fürement guérifon. On doit fur toutes chofes avoir attention de ne pas fe hâter de produire des changemens dans l’état de débilisé, parce qu’il n’eft point de cas dans lef- quels 1l foit fi dangereux d’en procurer de prompts : il convient donc de procéder lentement & avec pru- dence, & d’avancer par degrés dans l’adminiftration &t l’ufage des fecours convenables , proportionné- ment toüjours au degré de force des vaifleaux. Lés principaux remedes que l’on peut employer contre la débilité , font principalement le bon régi- me, les alimens, les médicamens propres à fortifier, l'exercice reglé : on les trouvera indiqués plus par- ticulierement dans la partie de l’arricle FIBRE, où il eft queftion dela curation desfibres débiles ; celui-ci eft extrait de Boerhaave & de Wanfwieten. Voyez auffi CACHEXIE, CACOCHYMIE. (d) DÉBILTÉ , (Medec.) foibleffe du corps en géné- ral, défaut de forces , fymptome de maladie, & fur- tout de fievre. C’eft l’impuiffance d'exercer les mou- vemens mufculaires, qui dépendent de la volonté ; comme lorfqu'’un malade alité par la fievre, peut à peine remuer & lever les membres, quoiqu'il en ait le deffein , & qu'il fafle fes efforts pour l’exécuter, fans cependant qu'aucune douleur l’en empêche. Caron n’appelle pas foibleffe la caufe qui empé- che quelqu'un de fe mouvoir, qui fouffre des dou- leurs violentes de rhumatifme ou de goutte. On dif- tingue aufli la débilité de la paralyfe , en ce que dans. celle-ci 1l y a impuiflance totale & invincible ; au lieu que dans la premiere , quelque grande qu’elle foit, on peut par un grand effort de la volonté par- venir à remuer quelque partie du corps, quoique très-difficilement & pour peu de tems. D'ailleurs la paralyfe ne fupprime pas en même tems le mouve- ment de tous les mufcles fans exception , & dans la débiiiré ils font tous également affeétés ; & il y a au- tant de difficulté à mettre en mouvement les uns ue les autres, à proportion des forces qui doivent être employées pour chacun d’eux : ainfi un homme très-foible peut encore remuer les levres, la langue, les yeux, les doigts fans beaucoup de peine, qui ne peut pas étendre le bras , fe lever mi fe tourner, parce qu'il fant pour ces effets mettre en jeu un grand nombre de mufcles confidérables en même tems. Comme l’Anatomie n’a pas laïflé de doute fur la fttuéture du cerveau, & qu’il eft bien établi qu'il eft compofé de vaifleaux qui, quoique très-déhiés, ne laiflent pas d’avoir une cavité /*& de contenir un fluide très-fubtil ; 1l y a donc lieu de penfer que la débilicé dont 1l s’agit ici, eft un effet des obftacles que trouve le fluide nerveux à être diftribué par la déternunation de la volonté dans les nerfs, qui doi- _thoriques fontfouvent vent le porter aux mufcles qui lui font foümis, où du défaut de ce même fluide. F Les caufes de cet empèchement du mouvement mufculaire » {ont principalement les fuivantes; fa= voir, | 1°. Le défaut des fluides dans Les vaïffeaux én gé= néral , à la fuite de quelque grandé évacuation. Ceux-ci n’étant pas pleins, les liquides qu'ils con tiennent n’offrent point de réfiftance aux mouve- mens de contraétion du cœur ; ils ne font par con= féquent pas dilatés : ils ne fe contraétent pas non plus. Le fang ne reçoit pas fon mouvement progtef- fif vers les extrémités des vaifleaux ; il n’en eft pas diftribué fuffifamment au cerveau , pour fournir la matiere du fluide.nerveux qui manquera pour être diftribué aux mufcles ; d’où fuivra néceflairement la débiliré : ce qui eft prouvé journellement par cé qui arrive aux hommes ou aux animaux les plus ro: buftes , qui après une grande perte de fang qui di- minue confidérablement la plénitude des vaifleaux, tombent dans la lañgueur 8 dans la foibleffe, 2°. L’imméabilité des fluides & l’obftruétion des conduits. De-là vient que dans les maladies inflam- matoires , lorfque le fang privé de fon véhicule, pañle difficilement par les extrémités de fes vaifleaux, il arrive fouvent une fi grande foiblefle, fur-tout fi l'effort de la maladie fe porte vers la tête, & que les vaifleaux du cerveau foient plus particulierement engorgés. C’eft aufli ce qui arrive dans les corps ca- cochymes, froids, remplis d’humeurs lentes, vif queufes , qui ñe pt pénétrer dans les vaif- feaux du cerveau, “&: s’y arrêtent : il en réfulte un engourdiflement ne ftupidité, & une impuif- fance à l’exercice des mou. Re mufculaires. 3°. La compreflion des’nerfs, {ur-tout vers fon origine , dans le cerveau. C’eft fouvent la caufe d’une grande foibleffe dans les hommes pléthori- ques, dont lés humeurs ne pechent que par labon- dance du‘bon#hg , qui venant à remplir Les vaif- feaux dans l’intérieur du crâne, qui ne peut pas cé- der, fe porte à comprimer toute la fubftance pul- peufe du vd nt ce qui empêche le libre cours du fluide chtent dans les nerfs. Ces perfonnes plé- guéries de cette débiliré par une faigfiée , qui fait cefler la compreffion en dimi- nuant le volume du fang qui la caüfoit. La raréfac- tion du fang qui excite la chaleur de la fievre, peut produire les mêmes effets# qui peuvent aufli cefler p lke-«même remede. L’épanchement d’humeurs quelconques, qui pefent fur le cerveau | empêche aufl le cours des efprits d’une maniere plus conftante & prefqu’incurable. | 4°. La foibleffe du cœur, dont les fibres fe trou- vent diftendues , relâchées, qui ne peuvent plus vaincre la réfiftance des fluides ; qui fouffrent toù- jours par leurs propres efforts de plus grandes dif. traétions , & s’affoibliffent toùjours davantage, juf qu'à {e rompre, comme 1l confte par plufeurs @b- fervations. Mais comme c’eft de l’impulfon.du cœur que dépend l’abord du fanp'au cerveau, pour y four. nir de la fecrétion du fluide nerveux ; fi ce mufcle, le plus effentiel de tous , n’agit que foiblement,; les nerfs feront mal fervis , & la foiblefle de tout le corps s’enfiuivra. | 5°. Elle eft auffi quelquefois occafonnée par une efpece de matiere venéneufe qui fe ramafle autour du cœur, comme on croit le fentir, c’eft-à-dire dans lPépigaftre ; de maniere que l’abattement des forces , qui furvient en conféquence , fans qu'il paroifle d’autres fymptomes fâcheux , & aucun qui affe@te le cerveau, peut cependant quelquefois cefler tout de fuite, par l'effet d’un vomiflement qui em porte cette humeur d’un caraétere fi pernicieux, Wepffer obferve aufli que certains poifons produi- fent un grand accablement, On ne peut expliquer ces eftets que.par la communication des nerfs ; mais comme cela ne fatisfait guere, à1l faut fe borner à fa: voir le faitfür, & à y chercher des remedes. La premiere caufe mentionnée de la débiliré, eft prouvée par les fymptomes pañlés ou préfens des grandes évacuations , comme font la durée de la ma- ladie ; les hémorrhagies , effets de la maladie ou de Part ; les fueurs, les urines abondantes , la faliva- tion , la diarrhée , le défaut de nourriture par quel- que caufe que ce foit, la pâleur, la maigreur, la petitefle du pouls, l’affoibliflement des vaifleaux, lPélaficité des mufcles. L’imméabilité des liquides gluans, vifqueux ou inflammatoires , fe manifefte par Les fignes qui lui font propres, felon fes diffé- rentes qualités. Il en eft de même de l’obftruétion, dont on peut voir le diagnoftic en fon lieu. La com- preflion du cerveau & du cervelet, comme caufe de foiblefle, fe fait connoitre, s’il y a en même temsdes autres{ymptomes relatifs, comme le délire & l’affou- piflement , le tremblement, le vertige, &c. Pour ce quieft de la débilité des fibres du cœur, qui peut produire la foiblefle générale de tout lecorps, onne peut enjuger que parles fignes du mouvement circu- laire rallenti. On a lieu de foupçonner que la foibleffe eft l’effet de quelqu’humeur venéneufe, ou de quel- queiq ; q que poifon dansleftomac, lorfque rien n'indique au- cune des caufes précedentes, & que le malade éprou- ve certain fentiment qui lui fait croire que le fiége du mal eft dans la région épigaitrique , qu'il défigne en difant qu'il eft autour du cœur, . La curation de la foiblefle doit être différente, _felon fes différentes caufes : celle qui provient d’un épuifement à la fuite de quelque grande évacuation, doit être traitée avec des alimens liquides, de bons fucs de facile digeftion , qui fe changent aïfément en fang ; des gelées douces tirées des animaux & des vé- gétaux 3 rendues un peu aétives par le vin & les aro- mats mêlés avec art, dont on fera üufer fouvent & à petite dofe. On employera les friétions extérieures modérées , qui fervent à diftribuer Le fuc nourricier. On aura attention de choïfir une nourriture qui foit de nature à {ervir de corre&tif au vice dominant. La foibleffe qui eft caufée par l’imméabilité des fluides, doit être traitée felon la nature de celle-ci ; fi elle eft froide, vifqueufe, les legers incififs, les délayans pénétrans , les cordiaux, conviennent ; fi elle eft inflammatoire, on doit employer les reme- des contre l’inflammation qui vient d’obftruétion. Voyez INFLAMMATION , OBSTRUCTION. | Ces derniers font également indiqués dans les cas où 1l y a compreffion du cerveau ; on peut y joindre utilement les moyens propres à détourner ailleurs lPhumeur qui fe jette fur cette partie, en faifant des applications émollientes autour de la tête, en hu- meétant les narines, la face, la bouche par des fo- mentations; en appliquant aux piés des épifpañti- ques. | On ne peut guere corriger le vice du cœurdébile, fur-tout lorfque c’eft fon propre tiflu qui eft relâché : alors il efftrès-dificile de connoître ce mal; & quand on le connoïtroit , 1l ne fe préfenteroit guere d’indi- cations à remplir pour y remédier. Le repos feroit utile dans ce cas ; mais cet organe doit être dans un mouvement continuel, ce qui augmente toûjours plus le vice de fes fibres, qui font continuellement tiraillées, Le vomiffement , comme on la dit ci-deflus, gué- rit ordinairement la foibleffe qui provient d’un em- barras de nature maligne dans l’épigaftre. Il fuit de tout ce qui vient d’être dit, que les cor- diaux ne font pas tofjours le remede convenable contre la foibleffe ; qu'ils doivent être employés avec beaucoup de ménagement dans les cas où ils Tome IF, D E B st conviennent, & qu'il eft bien raré qu'ils puiflent. être employés avec füreté dans les maladies aigues. Il réfulte encore de-là, que la foibleffe dans les fie-r vres eft fouvent un fymptome très-difiicile à guérir. Extrait de Boerhaave & de Wanfwieten. Woyez FIEVRE, (d DÉBILLARDER , V: aët, eft, dans la coupe des bois , enlever une partie en forme de prifme trian- gulaire ou approchant, qui empêche que lune des faces de la piece de bois ne foit perpendiculairé à celle qui hu eft contigue. (D) DÉBILLER , v.n. serme de Riviere , détachertles chevaux qui tirent les bateaux fur les rivieres. On eft obligé de débiller quand on trouve un pont. | D EBIT, f. m. ( Mufique.) maniererapide de: rendre un rôle de chant. Le débir ne 2 jamais prendre fur larticulation; il eft une grande partie. du chant françois : fans le débir , la fcene la mieux faite languit & paroït infipide, | La lenteur eft un des grands défauts du chant: _ françois de fcene , qu’on nomme auffi déclamarions Il faut cinq minutes pour débiteren exprefion trente vers, voyez RÉCITATIF. On parle ici pour les chan- teurs qui pofledent le mieux le Zébir, Voilà le prin-: cipe de l’ennut que caufe une trop grande quantité de récitatif. Quelque bien modulé qu’onle fuppofe, s’il a quelquefois en fa faveur l’expreffion, il a aufit contre lui uneforte de monotonie dont il ne fauroit fe défaire, parce que Les traits de chant qui le compos fent font peu variés. Le plaïfir & l'ennui ont toû- jours des canfes phyfiques : dans les arts agréables , le moyen für de procurer l’un & d'éviter l’autre, eft de rechercher ces caufes avec foin, & de fe ré- gler en conféquence lorfqu’on les a trouvées. Le débir diminue la langueur du chant , & jette: du feu dans Pexpreffion ; mais il faut prendre {oin- d’y mettre beaucoup de variété. Le débis fans nuan- ces eft pire que la lenteur qu’on auroit l’art de nuan- cer. Mademoïfelle Lemaure n’avoit point de débir, la lenteur de fon chant étoit excefive ; mais l'éclat, le timbre , la beauté de fon organe , la netteté de: fon articulation, la vérité, le pathétique, les graces de fon expreflion , dédommageoient de cette len- teur. Voyez RÉCITATIF. (B) DÉBIT, serme de Teneur de livres ; il fe dit de la page à main gauche du grand titre ou livre d’extrait ou de raïfon , qui eft intitulé dois, où l’on porte tou- tes les parties ou articles que l’on a fournis ou payés pour un compte , ou tout ce qui ef à la charge de ce compte; ainfi l’on dit : Je vous ai débité, je vous ai donné débit, j'ai palfé à votre débit une tell fomme que j'ai payée pour vous. Voyez les dittionn. de Comm. 6 de Tréy. € Chambers. (G) DÉgir, (Comm.) fe dit aufi de la vente prompte & facile des mafchandifes : quelquefois leur bonne qualité, & quelquefois auf le bon marché, en faci- lite le débir, Id. ibid. (G) * Désir pu Bois, (@conom. ruff.) c’eft l’art de connoîïtre fa deftination , & de le couper, fendre, tailler, façonner en conféquence. On débite le bois ou pour la charpente, ou pour le fciage, ou pour le charronnage, ou pour le foyer ; ou pour le four à charbon. Le taillis peut donner la falourde , le fa- got, du charbon, du cotteret, de la bourée ; rare- ment des pieces de fente, de fciage on de charpente : c’eft des futayes qu’on les tire. Le tronc des arbres de haure-futaye fe débite en bois de fente , de fcia- ge & de charpente ; fa tige en falourdes, bois de corde, bois de cottetet, bois de charbon, bou- rées ; & les groffes branches quelquefois en bois d'équarriffage, de fciage, de fente, &c. Il ya des échantillons auxquels 1l faut s’aflujettir, de quelque maniere qu'on débite le bois ; fans cette attentionil ne feroit pas de vente, Il faut aufli confulter la cong | NNanïi 65 _DEB fommation ; é’eft cétte connoiffance qui déterminera en tel endroit &'en telle circonftance à débiter fon bois d’une manière ; & dans un autre endroit & dans une autre circonftance, à le débitér autrement. - DEBITANT, £. m. (Comm) terme en ufage dans l'exploitation de la ferme du tabac. On entend par. ce mot ceux qui font en détail le débit du tabac, qu'ils vont chercher en gros dans les bureaux géné- raux du tabac. On fait aux débirans une remiie de quelqu’once où demi-once par livre de tabac, fi vant la qualité de cette marchandife , à caufe du déchet que produit le trait, quand on la pefe par petite patte. Les débirans de Paris ont ordinairement un compte ouvert avée le receveur du bureau. On ne peut être débitant fans permifion du fermier, fous peine d’a- mende & de confifcation. Di. de Comm. de Trév. & Chambers, (G) DEBITER , verbe a&.(Mufique.) terme d’opera ; rendre avec vivacité, nuances & précifion un rôle de déclamation. Le débir eft le contraire de la Zenteur ; ainfi de- biter eft chanter un rôle avéc rapidité, en obfervant les tèms, en répandant fur le chant l’expreflion , les nuances néceflaires ; en faifant fentir les chofes de fentiment, de force, de tendrefle, de vivacité, de noblefle, & tout cela fans manquer à la juftefle 8 à l'articulation, & en donnant les plus beaux fons pofbles de fa voix. Voyez DÉBIT, TEMS, DÉCLA- MATION. La fcene d’opera languit , f elle n’eft pas débiree ; l’aéteur qui ne fait point débirer, quelque bien qu’il chante, en affoiblit l’intérêt & y répand l’ennui. Il faut bien cependant fe garder de croire que rendre un rôle avec rapidité, fans le nuancer, fans ÿ mettre des tems, &c. foit la même chofe que le dé- biter, Une atrice qui n’eft plus, & dont on peut maintenant parler fans fcrupule, parce que la vé- tité, qui ne fauroit plus mure à fa perfonne , peut : fervinau progrès de l’art, chantoit très-rapidement fes rôles , faïfoit faire à fes bras de très-grands mou- vemens, & malgré tout cela ne débitoit point, parce qu’elle ne nuançoit point fon chant, & qu’elle man- quoit de juiteñle. . Elle a fait pendant long-tems fur ce point illufon au gros du public; on la louoit fur cette partie qu’elle n’avoit point, parce qu’elle chantoit avec beaucoup de rapidité, mais fans aucun agrément &c fans nulle forte de variété. Si Thevenard débrcoir, commeonne fauroit le difputer; que ceuxquiontvü Paéteur & l’ac- trice, & qui doivent être maintenant de fang-froid fur ces points, jugent s’il eft poffible qu’elle de- birat. Mais comme l’a@rice dont on parle étoit fuppo- fée débiter, en conféquence de cetté prévention on la donnoit pour modele. Tel eft le pouvoir de l’ha- bitude , que fa figure mal deflinée, coloffale & fans graces, pañloit pour théatrale : on prenoit pour de Ïa noblefle, une morgue infupportable ; pour geftes d’expreflion , des mouvemens convulfifs qui n’é- toient jamais d'accord avec les chofes qu’elle devoit exprimer ; & pour une voix propre à la déclama- tion, des fons durs, prefque toüjours forcés , & fou- vent faux. De toutes ces erreurs, que d’inconvé- ñiens n’ont pas dù naître | On s’accoûtume par degrés aux difgraces des ac- teurs que l’on voit tous les jours ; on les juge fou- vent corrigés des mêmes défauts qui avoient d’abord choqué , qu'ils ont encore, & dont ils ne fe déferont jamais, parce que les fpeétateurs ont eu la bonté de s’y faire. Les étrangers cependant arrivent de fang- froid , nous leur parlons de notre opera, & ils y courent ; mais ils ouvrent envain les yeux & les greilles, ils n'y voyent & n’y entendent rien de çe D E B que nous croyons y Voir &cry entendre : 1ls fe: par+ lent, nous examinent , nous jugent, & prennent pour defaut d’efprit & pour prévention, quelque fois même pour orgueil!, ce qui n’eft réellement l’efs fet que de l'habitude ; de lindifférence pour le pro- grès de l’art, ou peut-être d’un fond de bonté natus relle pour les perfonnes qui fe dévotient à nos plai= firs. au | Débiter eft donc à l’opera une partie eflentielle à l’aéteur ; & débirer eft rendre un rôle de chant avec rapidité , juftefle, expreffion, grace &c variété. Pros diguons des éloges & dés applaudiflemens aux ac- teurs qui par leur travail auront acquis cette partie très-rare. Par cette conduite nous verrons infailli- blement l’art s’accroître, & nos plaïfirs devenirplus piquans. Voyez CHANTEUR , DÉBIT, DÉCLAMA« TION , RÉCITATIF. (B) | DÉBITER , terme d’Archire@ure , c’eft fcier de la pierre pour faire des dales on du carreau. (P DÉBITER LE CABLE, ( Marine, ) c’eft détacher un tour que le cable fait fur la bitte. (Z ) DÉBITER une partie, un article, furunlivre, dans un compte, ( Commerce. ) c’eft la porter à la page à main gauche du livre, qu'on appelle Le côté du débie, Voyez DÉBIT. (G DÉB1TER , je dit auffi des marchandifes que l’on veud facilement & avec promptitude. C’eft un grand talent dans un marchand, que de favoir bien débiter fa marchandife., Dihonn. de Comm. & Trév. (G) DÉBITER , ( Œcon. ruflig.) fe dit dans une forêt de l’exploitation des bois en planches, en cerceaux, en échalas, en merrein, lattes , chevrons, poteaux, folives, poutres, gouttieres, & autres. (Æ) DÉBITER du bois, (Menuifèrie,) c’eft, après qu'il eft tracé, le couper à la fcie fuivant les longueurs & largeurs convenables aux ouvrages qu'on en veut faire. | DÉBITER (4 la Monnoie) , c’eft l’aétion de couper les flancs de lames de métal avec l’inffrument ap- pellé coupoir; les monnoyeurs au lieu de dire couper une lame en flancs, fe fervent du terme déhirer. Foy, l’article COUPOIR. DEBITEUR , 1. m. (Juri/prud.) eft celui qui eft tenu de payer quelque chofe en argent, grain, li- queur, ou autre efpece, foit en vertu d’un jugement ou d’un contrat écrit on non, d’un quafñ-contrat, délit ou quaf-délit. Le débiteur eft appellé dans les loïs romaines bi tor ou reus debendi , reus promittendi , & quelquefois reus fimplement; mais 1l faut prendre garde que ce motreus quand il eft feul, figmifie quelquefois le cou- pable ou l’accufé. L’Ecriture défend au créancier de vexer fon débireur, & de l’opprimer par des ufures, Exod. xxiy. v. 25. Ce précepte a cependant été bien mal pratiqué chez plufieurs nations ; chez les Jinfs, par exemple, le créancier pouvoit , faute de payement, faire em- prifonner fon débiteur, même le faire vendre, lui, fa femme, & fes enfans : le débireur devenoit en ce cas l'efclave de fon créancier. , La loi des douze tables étoit encore plus fevere ; car elle permettoit de déchirer en pieces le débireur, &z d’en diftribuer les membres aux créanciers, par forme de contribution au fol la livre, Cette loi leur donnoit auffi l'option d'envoyer vendre leur débiteur comme efclave hors du pays, & d’en partager le prix; s’il n’y avoit qu'un créancier , il ne pouvoit Ôter la vie à fon débiteur, ni même la liberté qui lui étoit plus chere que la vie. On ne trouve même pas d'exemple que des créanciers ayent été aflez inhu mains pour mettre en pieces leur débireur, 1l fe trou- voit toûjours quelqu'un des créanciers qui aimoit mieux que le débireur fût vendu que tué, pour en ti: ter de l’argent; deforte qu'il arrivoit ordinairement DEB êque les créanciers fe faifoient adjuger leurs débireurs comme efclaves. Cet ufage continua jufqu’à ce que é tribun Petilius fit réformer cette loi risoureufe, & ordonner que le débireur ne pourroit être adjugé comme efclave au créancier, ce qui fut renouvellé & amplifié 7oo ans après par l’empereur Dioclétian, Ièquel prohiba totalement cette maniere de fervitu- de temporelle appellée zexus , dont il eft parlé dans la loi ob æs alienum , codice de obligat. les créanciers avoient feulement totjours le pouvoir de retenir Leurs débiceurs dansaune prifon publique jufqu’à ce qu'ils euflent payé. Enfin Jules Céfar touché de com-. filération pour les débiteurs malheureux, leur accor- da le bénéfice de ceffion , afin qu'ils püflent fe tirer de captivité en abandonnant tous leurs biens ; & afin qu'ils ne perdiflent pas toute efpérance de fe rétablir À l'avenir, il ordonna que les biens qu'ils acquére- toient depuis la ceflion ne pourroient leur être ôtés qu'au cas qu'ils euffent au-delà de leur néceffaire. . Ainf la peine de mort & la fervitude étant abolies, il ne refta plus contre le débiteur que la contrainte par corps, dans les cas où l’on pouvoit en fer ; & le de- bireur eut la trifte reflource de faire ceffion, qui étoit toûjours accompagnée d’une forte d’ignominie , & fuivie de la proclamation générale destbiens du dé- biteur. La contrainte par corps avoit lieu chez les Ro- Mains contre le débiteur, lorfqu'il s’y étoit foûmis ou qu'il y étoit condamné pour caufe de ftellionat: mais les lois veulent que le créancier ne foit point trop dur pour fon débiteur ; qu'il ne pourfuive point un homme moribond ; qu'il r’affe@te rien pour faire ou- trage à fon débiteur : elles veulént auffi que le débiteur ne foit pas trop délicat fur les pourfuites que l’on fait contre lui; elles regardent comme une injure faite à quelqu'un, de lavoir traité de débiteur lorfqu’il ne Pétoit pas; ce qui ne doit néanmoins avoir reu que quand la demande paroît avoir été formée à deflein de faire injure, & qu’elle peut avoir fait tort au dé- fendeur, par exemple, f. c’eft une perfonne confti- tuée en dignité ou un marchand auquel on ait voulu faire perdre fon crédit. | Chez les Gaulois, les gens du peuple qui ne pou- voient pas payer leurs-dettes, fe donnoient en fer- vitude aux noblestqui étoient leurs créanciers, lef- quels acquéroient par-là fur eux les mêmes droits que les maitres avoient fur leurs efclaves ; c’eft ce que les Latins appelloient addidi homines. En France nous ne fuivons pas fur cette matiere fous les principes du Droit romain. Le débiteur ne peut pas s’obliger ni être condamné par corps, que dans les cas où cela eft autorité par les ordonnances. Voyez? CONTRAINTE PAR CORPS, I! falloit chez les Romains difcuter les meubles du débiteur avant d’en venir à fes immeubles, & enfuite à {es dettes atives, au lieu que parmi nous La dif- cuffion préalable des meubles & effets mobiliers n’eft néceflaire qu’à l'égard des mineurs ; du refte on peut cumuler contre le débiteur toutes fortes de pourfui- tes , faifie &c arrêt, faifñie & exécution, & la faïfie réelle pourvû qu'il s’agifle au moins de 200 livres, & la contrainte par corps, fi c’eft un cas où elle ait heu. | Le principal débiteur doit être difcuté avant fes cautions, à moins qu'ils ne foient tous folidaires. #7, Discussion. Le débiteur peut fe libérer en plufeurs manieres ; favoir, par un payement effeétif, ou par des offres réelles fuivies de confignation ; ce qui pent fe faire en tout tems, à moins qu'il n’y ait claufe au con- traire : pour ce qui eft de l’imputation des paye- mens, voyez au not IMPUTATION : il peut aufli fe Hbérer par compenfation, laquelle équivaut à un payement ; par la perte de la chofe qui toit düe fi D E B 653 c’eft un corps certain & qu'il n’y ait point eu de là faute du débireur; par la prefcription & par la ceffion de biens, &c. ; Celui qui eft en état d’oppofer quelque exceptior peremptoire , telle que la compenfation ou la pre cription, n’eft pas. véritablément débireur, P, Com- PENSATION , OBLIGATION NATURELLE, & PRES- CRIPTION. | Quand le créancier n’a point de titre, on défere ordinairement l’affrmation au débiteur: cela fouffre néanmoins quelques exceptions. Voyez au mor SERE- MENT. La ceffion de biens ne liberte pas abfolument le débiteur; car il peut être pourfuivi fur les biens qui lui font advenus depuis la ceffion. Le débireur qui fe trouve hors d’état de payer pou- voit, chez les Romains, obtenir terme & délai de deux ans, même jufqu’à cinq années. En France, fui- vant l'ordonnance de 1669, les juges, même fouve- tains, ne peuvent donner répi ni délai de payer, f ce n'eft en vertu de lettres,du grand fceau appellées lettres de répi ; maïs ces fortes de lettres ne {ont plus gueres ufitées : les juges accordent quelquefois un délai de trois mois ou fix mois & plus, pour payer en deux on trois termes ; il n’y a point de regle cer- taine là-deflus , cela dépend de la prudence du juge & des circonftances. | Il n’eft pas permis au débiteur de renoncer en frau- de de fes créanciers, aux droits qui lui font acquis ; il lui étoit cependant libre, chez les Romains, de re- noncer à une fuccefhion déjà ouverte, afin qu'il ne fût pas expofé malgré lui aux dettes ; mais cela n’eft pas obfËrvé parmi nous ; les créanciers peuvent à leurs rifques exercer tous les droits acquis à leur débiteur; 11 lui eft feulement libre de ne pas ufer des droits qui ne confiftent qu’en une fimple faculté, comme d’intenter un retrait. La réunion des qualités de créancier &c débiteur dans une même perfonne, opere une confufion d’a- tions, Voyez ci-devant CONFUSION. Poyez les tex- tes de droit indiqués par Brederode au mor Débireur, & ci-après au mot DETTES. (4 À DEBITIS, {. m. pl. (Jurifprud.) on appelloit an- ciennement lettres ou mandement de debiris, des let- tres à-peu-près femblables à celles que nous appel- lons aujourd’hui lettres de commitrimus, C’étoit un mandement général, qui étoit fait au premier huiffier ou fergent fur ce requis, de faire payer à l’impétrant toutes les fommes qui lui étoient dûes par fes débi- teurs; & c'eft de-là que ces lettres étoient appellées lettres de debitis. On obtenoit ordinairement ces for- tes de lettres , quand on vouloit agir en vertu de quelque titre qui n’avoit pas fon exécution parée, tel qu'un aéte paflé devant un notaire ou greffier au- tre que de courlaye, comme il eff dit en Par. 360 . de la coùtume d'Orléans. Au commencement on avoit le choix d'obtenir les debitis en chancellerie ou du juge royal ; &c l’archevêque de Reims en qua- lité de premier pair de France, fut maintenu par ar- rêt du 6 Avril 1418, dans le droit de faire expédier des debiris généraux d’autorité royale; mais en 1540 il fut jugé que le roi auroit feul pouvoir d’accorder des lettres de debrris, Quand il y avoit appel des debiris, 1] reflortifloit au parlement & non devant le juge royal. Préfentement ces fortes de lettres ne font plus en ufage. Voyez l’ordonn. de Louis XII, de l'an 1512, art. C6. la pratique de Mafnet, £ir. vi, 6 xxx. Duümo- lin, f&r l'art. 52 de l’ancienne coétume, € le 74 de La nouvelle, n.109 & 110. M, de Lauriere au mot De- bisis. (A} | DEBLAER ox DEBLAVER , v. n. (Jurifprud. ) c’eft couper les blés-pendans par les racines, faire la récolte des blés, Coûtume d'Auxerre, ars, 117, Ce Gs4 D E B terme eft oppofé à emblaver , qui fignihie merrre les blésen terre , les femer. Voyez ci-après DEBLÉE 6 DEBLEURE. (4 DEBLAI, {. m. rerme d’Architeëlure ; c’eft le tranf- port de terres provenant des fouilles qu’on a fait pour la conftruétion d’un bâtiment. (P ) DEBLÉE, £. f. (Jurifprud.) dans quelques coûtu- mes fignifie /es emblaves, c’eft-à-dire , les blés pen- dans par les racines. (4) DEBLEURE ox EMBLEURE,, { f. (Jurifprud.) eft la même chofe que deblée, ce font les blés pen- dans par les racines; debleure ou deblée fe prend fou- vent pour la levée ou récolte que l’on fait des blés. Voyez Auxerre, art. 22. (4) DEBLOQUER, v. at. ce mot eft d’ufage dans l’Imprimerie ; c’eft remettre dans une forme les Let- tres , qui ayant manqué dans la cafe, ont été blo- quées, c’eft-à-dire dont les places ont été remplies par d’autres lettres de la même force, mais que l’on a renverfées. Voyez BLOQUER. DEBOITER , v. a. (#ydraulig.) eft féparer des tuyaux de bois ou de grès endommagés, pour en re- mettre de neufs. (K) DEBONDER , v. a@. (Œcon. rufhiqg.) c’eft ouvrir Ja bonde d’un tonneau , d’un étang, foit pour les vui- der quand ils font pleins, foit pour les remplir quand ils font vuides. DEBORD , (4 la Monnoi) c’eft la partie de la circonférence d’une monnoie, ou cette efpece d’é- levation qui borde une piece, placée entre la tran- che & le greneti, Voyez TRANCHE & GRENETI. * DEBORDEMENT, f. m.serme de Riviere, ile dit de lélevation des eaux d’une riviere, d’unlac, d’un fleuve , au-deffus des bords de fon lit. Inondation, au contraire, eft relatif au terrein fitué au-delà des bords , &t que les eaux ont couvert en s’étendant. DEBORDEMENT, grande & belle machine de la feconde entrée du ballet des fêtes de l’'Hymen & de Amour , dont on trouvera la figure & la defcrip- tion dans un des volumes de planches gravées. Voy. MERVEILLEUX. (2) DEBORDER, v. n. (Marine. ) on dit d’un vaif- feau qu'il /e déborde , lor{qu'il fe dégage du grapin & des amarres qu'un vaifleau ennenu lui avoit jettées pour l’aborder , ou lorfqu'il fe débarrafle d’un brû- lot qu’on lui avoit accroché. (Z) DEBORDER, v. n. (Marine.) fe dit d’un petit bâ- timent qui s'éloigne d’un plus grand, à bord duquel il étoit. Lorfque la chaloupe ou le canot quittent le vaifleau, c’eft déborder. La chaloupe ne doit point déborder du vaiffeau que le capitaine n’en foit infor- mé, & l'officier de garde doit en faire la vifite aupa- ravant. Du mot de déborder, eft venu celui de dbor- de, terme de commandement, pour dire à une cha- loupe de s'éloigner du vaiffeau. (Z) DEBORDER , er Ganterie, c’eft tirer la peau par le bord avec le doigt ou un couteau, afin que les extrémités foient aufhi umies & aufli égales que le refte du gant. DEBORDER , terme qui figniñie en général rer Les bords de quelque chofe. Ainfi les Plombiers appellent déborder les tables, ’aëtion par laquelle ils rognent les bords des tables de plomb avec une plane ou un dé- bordoir rond, pour Les unir des deux côtés. Les maîtres Plombiers ne doivent, fuivant leurs ftatuts, vendre aucune table de plomb fans l'avoir bien débordée auparavant. Voyez PLOMBIER. DEBORDOIR RON», outil à lufage des P/om- biers; c’eft un inftrument de fer tranchant, qui a une soignée de bois à chaque bout , qui fert à déborder les tables de plomb. Il eft fait comme une plane, à l’exception que le fer en.eftrecourbé en demi-cercle ; c’eft pourquoi on le nomme débordoir rond, Poyez La fig. 6. PL I, du Plombrer, _"DEBOSSER Ze cable, ( Marine.) c'eft demarrer la boffe qui tient le cable. (Z) = DEBOTTER, (Manége.) ôter les bottes à quel Las Se debotter, tirer {es bottes avec un tire-botte: DEBOUCHÉ,, £. m. (Comm.) fe dit dans le Com: merce de la facilité de fe défaire de fes marchandi-= fes ou autres effets, On dit, par exemple: j'aitrouvé un débouché pour mes toiles, je voudrois trouver un débouché pour mès a&ions. (G DEBOUCHEMENT , {. m. (Comm. & Finance.) fe prend encore dans le même fens que débouché. Le Roi accorda en 1722 plufeurs débouchemens pour fe défaire des billets de banque. Dion. de Comm, & de Trév. (G) DEBOUCHOIR , f. m. ez terme de Lapidaire, eft un morceau de fer fur lequel eft creufée la forme de la coquille & de fa queue, qu’on repoufle avec un poinçon hors de cette coquille lorfqw’elle eft caflée. Voyez; COQUILLE, & P , Planc. I. du Diamantaire , A DEBOUCLER , v. a@. (Manépe.) c’eft ôter les boucles qu'on avoit mifes à La nature d’une jument pour empêcher d’être faillie. Voyez Boucze, Sarc- LIR, (V3) » | * DEBOUILLE, fub. m. (Tesr.) c’eft la partie de l’art de la Teinture qui confifte à s’aflürer par difé- rentes expériences de la qualité du teint qu’on a donné aux étoffes , aux foies, aux laines, &c. Nous en traiterons au long à l’article TEINTURE. Voyeg cer article. DEBOUQUEMENT , f. m. (Marine.) Ce mot eft en ufage dans l'Amérique pour défigner un paffage formé par plufieurs îles entre lefquelles les vaifleaux font obligés de pafler, On le diftingue de détroit & de canal, quoique ce foit au fond la même chofe. Le terme de débouquement s'applique particulierement aux Antilles & aux iles qui font au nord de l’île de Saint-Domingue, dont les principaux déhouquemens font ceux de Krooked, de Mogane, des Cayques, des îles Turques, 6c. (Z) : DEBOUQUER, c’eît {ortir d’un débouquement:. Voyez DÉBOUQUEMENT. DEBOURRER zx cheval, (Manépe.) c’eft rendre les mouvemens d’un jeune cheval fouples & lians par l'exercice du trot. Voyez TROT. | Débourrer les épaules d’un cheval, c’eft pour ainf dire les dégeler lorfqu’elles n’ont pas aflez de mou- vement, (7) DEBOURSE, f. m. (Comm.) ce qu'il en coûte d'argent comptant pour l’expédition d’une affaire, pour l’envoi ou la réception des marchandifes. Il ne {e dit ordinairement que des petites fommes qu’on. avance pour un autre, Par exemple, je vous rendrai vos débourfës. (G : DEBOURSEMENT , f. m. (Comm.) payement que l’on fait des deniers que l’on tire de fa bourfe. G) DEBOURSER , v. at. tirer de l’argent de fa bour- fe ou de fa caïfle pour faire quelque payement ou quelqu’achat. Voyez les diélionn. de Comm. de Tréy. & Chambers. (G) | DEBOUT , adv. (Phy/folog.) étre debour , fe tenir debout , ffare , fe dit de l’homme qui eft dans cette attitude où Le corps eft droit fur les piés. Pour que l’homme fe foûtienne fur fes piés, de quelque, maniere que le corps foit dreflé, panché, courbé, plié, il fufit que la ligne que l’on conçoit tirée du centre de gravité lequel eft, felon Borelli, dans fon incomparable ouvrage de motn amimalium , Lib, I, prop. cxxxny. entre les os pubis & les fefes, tombe dans l’efpace quadrangulaire qui comprend le fol occupé par les deux plantes des piés & celui qui peut être laïflé entre elles; ou que cette ligne tombe feulement fur celui qu’occupe une des plan: tes du pié dans le cas où on fe tient fur un feul. Mais pour que l’homme fe tienne debour, il faut mue lé corps foit dans une fituation perpendiculaire à l’horifon de la tête aux piés ; ce qui fe fait par la contradtion de tous les mufcles extenfeurs des tarfes, des tibia, des fémurs, de la colonne des vertebres & de la tête. Cette aétion eft très-compliquée , parce qu’elle s’opere par le concours des forces d’un nom- bre très-confidérable de mufcles ; c’eftpourquoirien _n’eft plus pénibleque de bien repréfenter des hommes changés en flatue, comme léprouvent les aéteurs d'opéra, par exemple, dans certains enchantemens : feur rôle exige alors néceflairement qu'ils reftent long-tems debour immobiles, fans paroïtre bouger d'aucune partie du corps : ils reflentent une fi gran- de laffitude par leffet de cette fituation forcée, qu’- ils ne peuvent s'empêcher à la fin de chanceler. On n’a pas jufqu'à préfent exaétement déterminé quelles font les puiflances qui font miles en œuvre pourtenirle corps ferme dans la fituation droite; Part même ne peut pas en repréfenter l'effet dans les fque- letes humains, ni aucun quadrupede ne peut affeéter exaétement cette attitude : car les animaux qui mar- chent à deux piés ne peuvent le faire que pendant très-peu de tems, & ne foûtiennent cette fituation qu'avec beaucoup de peine, parce qu'ils n’ont pas les os des îles qui forment le baflin auffi larges, ni les cavités cotyloides qui reçoivent les fémurs auffi éloignées entre elles, ni la furface des piés fur lef- quels ils fe portent aufli étendue que l’homme Haller. | | _ Le corps humain ainfi fuppofé peut être comparé à un édifice foûtenu par des colonnes ; fi on en con- fidere la charpente dans le fqueleté, on voit que les pieces qui fervent à porter le tronc font comme deux piliers divifes , dont les parties font lices entre elles par des joints arrondis, polis, fufceptibles de fe mou- voir aifément les uns fur les autres ; cette ftruure fait que ces pihers ne peuvent pas être placés dans une fituation droite, fans y être retenus &c mis pour ainfi dire en équilibre par le moyen des puiffances ambiantes. La raifon de. cette difficulté fe préfente aifément, fi l’on fait attention aux bafes des pieces dont ces piliers font conftruits; on voit que ces pie- ces ne portent les unes fur les autres que par de très- etites furfaces, attendu la rondeur de leur extré- mité, bien différentes des pierres dont font conftrui- tes des colonnes: celles-là font pofées leswunes fur les autres de la manieré la plus ftable, c’eft:à-dire par des furfaces planes étendues felon toute leur lar- geur, {ufceptibles d’une contiguité proportionnée, Il fuit de-là que les os des extrémités du corps hu- main font non-feulement fonétion de colonnes ou pi- liers, mais encore de leviers ; ils foûtiennent par leur fermeté le poids de tout le corps dans une fituation droite ; & lorfque les pieces offeufes font inclinées les unes fur les autres, 8 que leur propre poids & ce- lui des parties qu’elles fupportent les retiennent dans cet état, elles font pliées de plus en plus, à moins que l’homme n’employe la force qui lui eft naturelle pour les arrêter dans leur chüte, par la contraétion des mufcles qui tirent les cordes tendineufes par lef- quelles ils ont leur attache fixe aux os. Cela pofé , lorfque l’homme eff debout, les colon- nes ofleufes compofées des os des piés, de ceux des jambes, des cuifles & de l’épmé du dos, font dreflées de façon qu’elles portent les unes fur les autres, à condition cependant que la ligne d’inclinaifon du centre de gravité qu'a toute la mafle tombe perpen- diculairement entre les deux plantes des piés ou fur une des deux; autrement le corps ne pourroit pas refter dans cette fituation droite, il tomberoit du D EB 055$ côté vers lequel la ligne du centre de gravité pan- cheroit fur le plan horifontal, | Voici donc par quel méchanifme l’homme fe tient droit fur fes piés ou fur un feul. L’expoñition qui fuit eft extraite du traité des mufcles du célebre Winf 1ow : on ne peut rien dire , 8 on ne trouve dans au- cun auteur rien d’aufh exaft & d’aufli complet {ur ce fujet, # Dans la ftation la plus natutelle,, la plante de cha. » que pié eft pofée horifontalement comme la bafe # commune de tout le corps: pour foûtenir les jame » bes fur cette bafe comme.des colonnes fans bran- » ler, il faut une coopération proportionnée des » mufcles qui les environnent, & qui y font atta- » chés. Les principaux moteurs font les grands jus » meaux & le foléaire ; les modérateurs font le jam » bier antérieur , le moyen & le petit péronier ; les » direéteurs font le jambier poftérieur, & le grand » péronier ou péronier poftérieur. » Les jambes étant foûtenues verticalement par » la coopération de tous ces mufcles, comme par » autant de cordages proportionnément tendus , el= » les portent les os des cuifles qui font affermis dans » leur attitude par laétion des vaftes & du crural ; » le grêle antérieur ne contribue rien à cette atti- » tude par rapport à l’os fémur. Les vaftes & le cru= » ral font les principaux moteurs , & ils agiffent fans » modérateurs ; car ces os étant courbés en-arriere, » la pente & le poids tiennent lieu non-feulement de » modérateurs , mais d’antagoniftes très-forts; il n’y » a point ici de direfteurs: » Les cuiffes ainfi fermement dreflées fur les jam » bes foütiennent le baffin : c’eft ici que les princi- » paux “moteurs, les modérateurs & les directeurs » font tous employés pour affermir le baffin dans » cette attitude. Mais ces différens offices changent, » felon qu’on fe tient plus ou moins droit pour la fta- » tion : c’eft pourquoi dans la ftation bien droite on »# peut regarder comme prefqu’uniforme , & comme » une’efpece de mouvement tonique, la coopéra- » tion de tous les mufcles, qui dans cette attitude _» peuvent mouvoir le baffin fur les cuifles, princi- » palement celle dès fefliers, des triceps, des grêles » antérieurs , des couturiers, & même des demi-ner- » veux, des demi-membraneux, & des biceps, fur- # tout quand on panche tant foit peu la tête en- » avant. » L’épine du dos avec le thorax eft foûtenue dans » la ftation par la coopération des mufcles vertébraux » & des longs dorfaux, qui font ici les principaux » moteurs, par celle des facrolombaires, qui font » en partie principaux moteurs & en partie direc- » teurs ; enfin par celle des quarrés des lombes , qui » font. ici la fonétion de dirééteurs. Dans cette atti- » tude de l’épine le poids de la poitrine & de la tête, # dont la pente’ naturelle eft en-devant, contreba- # lance les vertébraux, les longs dorfaux & les fa- # crolombaires, & par conféquent y coopere à la » place des modérateurs. # Dans cette même attitude de flation, la tête » avec le cou eft foûtenue droite par la coopération » proportionnée de tous les mufcles qui fervent à la » mouvoir, foit en particulier, foit conjointement » avec le cou. Il n’y a que les obliques poftérieurs » inférieurs, appellés communément les grands obli. » ques , que l’on pourroit croire être en inaétion, pen- » dant qu’on tient fimplement la tête dtoite fans la » mouvoir & fans mouvoir le cou. » Ce font les fplenius &c les complexus qui font » ici les principaux acteurs , avec les épineux & les » demi-épineux du cou; les vertébraux antérieurs » du cou font alors plütôt de vrais coadjuteurs , que » des modérateurs, par rapport à l’attitude de la té- » te; mais par rapport au cou ils font des antago- # miftes parfaits, fans lefquels le cou pliéroit en-de- »# vant, & la tête tomberoit en-arriere. #-Les fterno-maftoidiens n’agiflent pas dans cette #attitude comme fléchiffeurs, ni comme modéra- + teurs de lation uniforme des fplenius,, des com+ # plexus,êc des vertébraux.poftérieurs; c’eft le poids # 8zla pente de la tête qui contrebalancent cette ac- # tion. Cependant le fterno-maftoidien d’un côté, # conjointement avec le fplenius voifin , & le fterno- # maftoidien du côté oppofé avec l’autre fplenius # qui lui eft voifin , font réciproquement aéteurs & # modérateurs latéraux , aidés par les tranfverfaires #» & les fcalenes. | » Ce n’eft pasfeulementla coopération desmufcles » qui paroît évidemment par tout ce que je viens de » dire de la ftation, c’eft auffi la varièté de Leur ufa- » ge, & la faufleté de leur dénomination vulgaire. Les » grands jumeaux, le foléaire, & le jambier pofté- # rieur, font ici extenfeurs de la jambe;êr non pas » du pié ; les vaftes & le crural étendent ici {a cuifle # & non pas la jambe ; les grêles antérieurs ne fer- # vent point ici à étendre les jambes, ni les coutu- # riers à les fléchir; ils font tous quatre employés à » arrêter le baflin fur les cuifles. » La progreflion ou l’aétion de marcher démon- # tre encore d’une maniere plus palpable tout à la s» fois [a coopération des mufcles & la variété de » leurs fon@tions ; alors on eft alternativement ap- » puyé fur une des extrémités inférieures, pendant »# qu'on tient l’autre extrémité comme fufpendue en » l'air. Etre appuyé fur une feule extrémité, c’eft # une efpece de ftationincomplete, dans laquelle la # coopération mufculaire eft à-peu-près femblable à # celle qui fe rencontre dans la ftation complete par # rapport au pié, à la jambe, à la cuifle; mais par rap- » port au baffin il y a une différence confidérable. » Pour fe tenir droit debout fur les deux extrémi- n tés, il fuffit d'empêcher le baflin de tomber en-ar- # riere, & même quelquefois en avant ; mais quand # on fe tient debout fur une feule extrémité, fans au- # cun appui étranger, l’autre extrémité étant levée » & fufpendue , il faut non-feulement arrêter Le baf- » fin fur la cuiffe de maniere qu'il ne tombe du côté » de l'extrémité foûlevée qui l’entraîne , mais enco- # re empêcher l’épine du dos d’y pencher. » Le baffin eft dans ce cas-ci foûtenu contre la # pente latérale par une coopération très-forte du »# moyen & du petit feflier, comme des principaux » aéteurs, & par celle du grand feffier & du mufcle » de la bande large , comme des coadjuteurs. L’épi- # ne du dos eft en même tems arrêtée & foûtenue » par le facro-lombaire, par le grand dorfal, & par » le lombaire du même côté. | ._# Dans la feflion la tête & le tronc reftent com- # me debout fur le baflin , qui eft appuyé fur les deux » tubérofités des os ifchion, & par conféquent ne » peut tomber d’un côté ni d’autre : mais il doit être # afferm contre la pente ou la chûte en-arriere & # en-ayant. C’eft à quoi fert la coopération des gré- » les antérieurs , des couturiers, des demi-membra- #neux, des demi-tendineux , & de la portion lon- # gue de lun & de l’autre biceps. Les iliaques, les # pfoas ordinaires,& même les pfoas extraordinaires, # quand ils fe trouvent, y peuvent aufli coopé- # rer ». On peut fe convaincre aifément de l’aétion de tous ces mufcles dans l’exercice de la fonétion dont il s’agit, par la dureté que l’on y fent en les touchant; fi quelqu'un de ces muftcles vient à fe rompre ou à être coupé , le tendon d'Achille par exemple ou ce- lui de la rotule, on ne pourra plus fe tenir debour. Les hommes ne peuvent pas refter droits fur un feul talon la pointe du pié étant élévée, ou fur cette même pointe du pié feule; ils fe foûtieanent difficile- E B meñt fut-une feule plante du pié, -& ils fe tienhent très-aifément fur les deux piés : ces tnôis propofi tions font prouvées de la maniere qui fuit. 1°. Si quelqu'un ayant le pié Aéchi & la plante du pié élevée, ne porté fur le pavé que paf le talon, comme cette partie eft arrondie > 1l s'enfuit qu’elle ñe peut toucher le fol prefque que par un point, que tout le poids du corps porte fur ce point: mais pour que l’homme puifle fe tenir debout dans cette fituation, il faut que la ligne de diretion du centre de gravité tombe conftamment fur ce point , c'efà- dire qu’elle foit perpendiculaire au même plan hori- {ontal. Cette attitude ne peut pas être confervée : 1 eft impofñfible qu’elle fubfifte un certain têms, parce que jamais le corps humain ne peut refter en repos, à caufe du mouvement continuel de fes parties foli- des & fluides, des organes de la refpiration, & de mulle autres caufes externes qui l’agitent & l’ébran- lent fans relâche. L'homme ne peut donc fans chan- celer continuellement, s’appuyer fur la pointe d’un Pié, fur un caillou ou fur un pieu. 2°, Si toute la plante du pié porte à terre, il fera encore aflez difficile de fe tenir debout dans cette at- titude appuyé fur un pié. On pourra cependant S'y tenir , parce que l’homme au moyen de la force muf- Culaire peut fe tourner, fe plier, & fe dreffer pour ramener le centre de gravité, qui parcourt tout l’ef pace du terrein occupé par la plante du pié : cette ligne d’inclinaifon peut totjours être renfermée dans cet efpace, & fans cefler d’être perpendiculaire au plan de l’horifon ; de cette maniere l’homme pourra refter fur un pié. ' 3°. Enfin fL le corps porte fur les deux plantes des piés,, il fe tient debour très-aifément, parce que le centre de gravité peut être enfermé dans l’efpace quadrangulaire occupé par les deux plantes des piés : la ligne de propenfion peut conferver aifément fa fituation perpendiculaire fur le plan horifontal, fans être portée hors de la furface étendue du fol mehtionné ; & par conféquent, quoique l’homme chancele, il peut conferver fa fituation droite fans faire aucune chûte, L'état chancelant d’un homme debout fur les deux plantes des piés, peut être aifé- ment corrigé par l’aion mufculaire, en tenant les cuifles perpendiculaires à l’horifon, & en contrac- tant très-peu, plus ou moins, les extenfeurs & les fléchifleurs des piés. | Mais lorfqu'il arrive que la ligne de dire&ion du centre de gravité tombe hors du fol qu’occupe üne des plantes du pié, ou hors du parallélogramme for mé par les deux plantes du pié, il n’y a point d’effort mufculaire qui puifle garantir l’homme de la chûte, à moins que Le poids de fon corps ne foit contreba- lancé par des fecours méchaniques, tels que les fui. vans. S1 la chûte du corps obliquement penché fur le terrein ne fe fait que par un mouvement lent &avec peu d'effort , on peut l’empêcher , fi on fe hâte de tourner le corps de maniere à ramener la tête & le cou vers le côté oppofé au penchant, jufqu’à ce que la ligne de direétion du centre de gravité du corps rentre dans l’efpace occupé par les piés; par ce moyen on évite fa chüûte : le poids de la tête ou de la poitrine compenfe aïfément dans ce cas celui du. refte du corps, dont la quantité qui l’emportoit hors de fa bafe , n’avoit pas encore beaucoup d’incli- naïfon. L'effet eft plus fenfible encore, lorfqu’on étend le bras ou la jambe vers le côté oppofé à celui de la chûte commençante ; car alors le membre allongé fait fonttion de levier, dont la longueur compenfe, - dans le bras fur-tout, le défaut de poids, parce qu”- elle ramene aifément & promptement la ligne de gravité au lieu d’où elle étoit fortie, On DEB On fe garantit fouvent aufli de tomber, en s’ap- Puyant pour anfi dire, & en frappant l’air ambiant, dont la réfiftanée repoufle le corps vers le centre dé gravité dont il s’étoit écarté : c’eft ainfi que les oi- féaux en frappant l’air de aile droite, font portés vers le côté gauche, On obferve aufli la même chofe dans les danfeurs de corde , qui non-feulement fe mettent en équilibre au moyen d'une longue perche qu'ils tiennent entre les mains, de maniere à pou: voir l’allonger à droite & à gauche toûjours du côté oppofé à celui vers lequel ils penchent, maïs encore dans le cas où‘ils font lé plus menacés de tomber, ils frappent fortement l’air avec la perche du côté vers lequel ils penchent, ce qui les remet en équi- Lbre dans une fituation droite. : Tous ces mouvemens méchaniques qui paroïflent fi bien reglés, fe font cependant par une forte d’ha- bitude contrattée dès l’enfance , & par cette raïfon s’exercent fans que nous nous en appercevions avec une promptitude qui précede toute réflexion. Un homme qui fe plie par la flexion des articula- tions des curfles, des jambes, & des piés, peut ce- pendant fe garantir de tomber, pourvû qu'il retien- ne la ligne du centre de gravité entre les deux plan- tes du pié, ou fur lefpace du terrein occupé par le pi fur lequel 1l fe porte : cela arrive toüjours, de 4 quelque maniere qu'il fe tienne replié, tant en repos qu'en mouvement, s’il a attention de porter autant en-arriere le levier formé par les fefles, que celui qui eft formé par la tête & la poitrine eft porté en- avant, pour conferver toüjours le centre de gravité ‘dans l’efpace mentionné. | . C’eft une chofe admirable que cette loi de nature ‘qui tend à conferver l’équilibre entre toutes les par- ties du corps, s’obferve dans la courfe, la danfe, & le trépignement ; & que la chûte ait lieu toutes les fois que cette loi eft négligée, ou qu’on affeéte de ne pas s’y conformer. | | _ C’eft toüjours par cette raifon , que l’on ne peut “pas s'appliquer à un mur, tout le long du corps de la tête aux piés, fans tomber, attendu que la ligne de gravité fort alors en-avant de l’efpace occupé par les piés : c’eft encore pourquoi ceux qui font affis fur “un fiége ne peuvent pas fe lever, parce que le cen- tre de gravité porte en-arriere loin des piés, à moins qu'ils inclinent en-avant la tête & la poitrine, ou qu'ils ne reculent les piés, ou qu'ils ne les accrochent “à quelque chofe de ferme ; parce qu’alors le centre “de gravité eft changé refpeétivement à la premiere attitude , ou bien parce que les fefles & la poitrine ‘peuvent être fufpendues & courbées en-avant par une forte aétion des mufcles, pour le dernier cas. L'expérience apprend que lon fe fatigue moins, quand on eft oblige de refter debour fans quitter la “même place , de fe tenir tantôt fur un pié tantôt fur Pautre, que de refter toüjours furles deux piés, par- ce que la principale caufe de laffitude eft l’aétion conftante des mêmes mufcles ; au lieu que par une ation fufpendue par intervalles, on foûtient avec _ moins de peine les plus grands fardeaux , les fibres : mufculaires n'étant pas dans un état de diftra@ilité _ continuelle qui tend à les déchirer. C’eft auffi pour cela que l’on eft plutôt las de fe tenir debour fans bouger, que de faire dans le même tems donné une “douce promenade ; de même quand on eft affis, on porte volontiers une jambe l’une fur le genou de autre alternativement pour relâcher les mufcles ; "quoiqu’elles fe fupportent entierement tour-à-tour, ce changement fait une fituation plus commode & “moins fatiguante, C’eft d’après tous les principes établis dans éet at ticle, & d’après plufieurs autres qui ne peuvent pas. ‘trouver place ici, que Borelli dans fon ouvrage cité, “explique & démontre en détail toute la merveilleufe Tome 1F, DEB méchanique des différentes attitudes dés homimes & des änimaux de toute efpecé : on peut le éonfulter. Voyez; MARCHER, PIE: (4) ss DEBOUT , serme de Marine, qu'on applique diffé: rémment, : ÉT DEBOUT AU vENT ; un Vaifléau va debout au vent quand'il va direétement contré le lit du vent, ce qui ne peut arriver que quand il fé trouvé dans un cou- rant direétément contraire au vent, & plus fort qué le vent, alors le vaifleau peut avancer contre le vent. Dans le canal de Bahama les courdns y font fi forts, que les vaiffeaux peuvent en lortir debout at vent, C'eft-à-dire quoiqu'ils ayent le vent direc- tément oppolé, DEBOUT À TERRE; donner debout à terre, c’eft- a-dire courir droit à terre, L DEBOUT À LA LAME; naviguer debout a la lames croifer la lame , c’eft quand /2 lame prend le vaifleau par l'avant, & qu'il là coupe en croix pour avancer. DEBOUT AU CORPS ; aborder un vaileau debout au corps, c'eft mettre l’éperon de navire dansile flane dé celui qu’on veut aborder: (Z) : | DEBOUT, en termes de Blafon , fé dit des animaux qu'on tepréfente tout droits, &c-pofés fur les deux piés de derriere, (77) AUTRE: DEBOUTÉ , adj. (Jurifp.) fignifie déch4. Debou- ter quelqu'un d’une demande ou prétention, c’ef déclarer qu’il en eft déchtr. Du tems que les jugemens fe rendoient en latin ; On difoit en latin barbare debotare pouf debonter ; ce qui donna lieu à une plaïfanterié d’un gentilhom- me, qui étant interrogé par François I. du fuccès d’un procès pour lequel il étoit venu en pote à Pa- ris , répondit qu'auffi-tôt fon arrivée la cour l’avoit débotté , faïfant allufion au difpoñitif de l’arrêt , qui portoit dicfa curia ditfum aëlorem debotavir € debotar ; le roi furpris d’un langage fi bifarre, ordonna peu de tems après que lés contrats, teftamens , & aûtes judiciaires feroient rédigés en françois. (4) DEBOUTÉ DE DÉFENSES, étoit un jugement qui fe rendoit autrefois contre le défendeur, lorfque ayant comparu fur l’affignation , il n’avoit pas four: ni de défenfes dans le tems de l’ordonnance; ces de- boutés de-définfès ont été abrogés par l’ordonnance de 1667, tie. v. art. 2. (4) DEBOUTÉ FATAL, eft un jugement par défaut qui deboute quelqu'un d’une demande ou d’une op- pofition, & qui n’eft pas fufceptible d’oppoñition, Dans la plüpart des tribunaux le premier debouré d’op. poñtion eft fatal; dans quelques autres, comme aux requêtes du palais, il n’y a que le fecond debouté d’oppofition qui produife cet effet. (4) . | Dernier debouté ; eft la même chofe que deboure fa: tal; mais cette dénomination ne convient véritable: ment qu’au fecond debouté d’oppoñtion. (4) . DEBOUTÉ D’OPPOSITION, en général eff un jt- gement qui déclare quelqu'un déchu de l’oppoñition pat lui formée à un précédent jugement, ou à quel- qu'autre acte judiciaire ou extrajudiciaire, Pay, Opa POSITION. (4) sh à Premier debouté , eft le jugement qui deboute de la premiere oppoñition. (4) Second debotité ; eft le jugement qui deboute de la féconde oppoñtion. (4) a” £ * DEBREDOUILLER , V.aét, (Jez. )il fe dit au triétrac dans le fens qui fuit : il faut prendre un cer: tain nombre dé points (douze) pour gagner un trou, &c un certain nombre destrous (douze) pour gagner la partie; fi l’on prend ou tous les points qui don- nent le trou, ou tous les trous qui donnent la partie, fans que l’adverfaite vous interrompe , foit en.ga- gnant quelques points, foit en gagnant un-troui on gagne ou le trou bredouille ou la partie bredouille. Le trou & la partie fimples ne valent qu’un Er. ; qu'une 0009 658 D EB partie ; le trou bredouille & la partie bredotlle va- lent deux trous, deux parties. On marque qu’on a la bredouille, c’eft-à-dire qu’on a pris ce qu’on a de points fans interruption, avec un jetton qu’on prend ou qu’on Ôte, felon qu’il convient. , TRICTRAC. * DEBRIDER , serme de Carrier , c’eft détacher le cable de deflus la pierre , lorfqu’elle eft arrivée au haut de la carriere. Il {e dit auf de l’ation de dif- pofermieux ce cable fur la pierre au fond de la car- | riere, lorfqu’on s’apperçoit dans lesypremiers mou- vemens.de la roue qui doit enlever , ou que leca- : ble fe dérange ou qu’il a été mal difpofé. La pareffe de debrider a quelquefois coûté cher aux ouvriers ; ils ont perdu la vie pour avoir voulu ménager un quart-d'heure de tems. DEBR1IDER , v.a@, (Manege.) c’eft ôter la bride. Poyez BRIDE. DEBRIGUER LE FIEF, (Jwrifprud.) ce terme ef ufité en Savoie, pour dire vérifier fi l'héritage con- tentieux eft dans étendue du fief d’un feigneur ou d’un autre ; c’eft proprement dégager le fief de la conteftation qui le tenoit en fufpens. Foyez Le traité des fiefs de M. Guyot, tom. III. sir. du droit de quine, ch.xjv. p, 56o. &t cr-après au mot D'ESIMBRINGUER, dont debriguer paroît avoir été formé par corruption ou contraction. (4) DEBRIS , DECOMBRES , RUINES, (Gramm. . Syn.) ces trois mots fignifient en général /es refles difperfés d’unétchofe détruite, avec cette différence que les deux derniers ne s’appliquent qu'aux édifi- ces, & que le troifieme fuppofe même que l'édifice ou les édifices détruits foient confidérables. On dit les debris d’un vailleau, les décombres d’un bâtiment, les ruines d’un palais ou d’une ville. Decombres ne {edit jamais qu’au propre; debris 6 ruine fe difent fou- vent au figuré ; mais ruine, en ce cas, s’employe plus fouvent au fingulier qu’au plurier ; ainfi on dit les debris d’une fortune brillante , la ruine d’un particu- lier, de l’état, de la religion, du commerce : on dit auffi quelquefois, en parlant de la vieiilefle d’une femme qui a été belle, que fon vifage offre encore des belles ruines. (O0) Desris, {. in. plur. (Marine.) ce font les pieces d’un vaifleau qui a fait naufrage , celles d’un vieux bâtiment qu’on a dépecé. Il fignifie auffi les effets naufragés que-la mer jette fur-le rivage , ou qu’on trouve en plaine mer. En terme de Marine on dit ordinairement bris, & ce mot eft employé dans l’ordonnance touchant la Marine de 1681, au livre IV. tit. jx. des maufrages, bris, & échonuemens. Ce titre renferme quatante-cinq articles , dans lefquels font reglés tout ce qui con- cerne les naufrages & les fuites qui en peuvent ré- fulter , doit pour les fecouts à donner, foit pour re- tirer les marchandifes, les conferver aux propriétai- rés, &c. On croit inutile de tranfcrire ici tout cet article de l’ordonnance , auquel on aura recours en cas de befoin. (Z) DEBRUTIR oz DEBROUTIR , en termes de Mi- roirier, c’eft aommencer à désroflir les glaces de mi- soirs. Voyez GLACE. DEBRUTISSEMENT, f. m. fignifie arc d’adou- “cr ou de polir jufqu'à un certain point la furface d’un corps folide, & fur-tout les glaces , nuroirs, Éc. Voyez MIROIR. Suivant la nouvelle méthode de faire de grandes glaces en les jettant, pour ainf dire, en moule, à- -peu-près de la même maniere que l’on jette le plomb -& d’autres métaux, comme 1l fera dit à l’arricle VER- RERIE , leur furface demeurant inégale & raboteu- fe, elles ont befoin d’être debrutées & polies. Pour cet effet, la piece de glace fe met horifonta- lement fur une pierre en forme de table, & on la “celle en plâtre on en maftic afin de l’aflürer davan- D E C tage, & qu’elle ne branle & ne fe déplace point par l'effort de l’ouvrier , ou de la machine dont il fe fert pour la débrutir, On met autour une forte bordure de bois qui foûtient la glace , & qui eft d’un pouce ou deux plus-haut qu’elle. Le fond ou la bafe de la machine avec laquelle on débrutit, eft une autre glace brute qui a environ la moitié des dimenfions de l’autre : on y attache une planche avec du ci- ment : on charge.cette planche d’un poids néceffaire pour faciliter le.frottement , & on lui donne du mou- vement par le moyen d’une rotie; cette roüe qui a au moins ÿ ou 6 pouces de diametre, eff faite d’un bois fort dur & fort leger : elle eft maniée par deux ouvriers qui font placés l’un vis-à-vis de l’autre , & qui la pouffent & la tirent alternativement, deforte cependant qu’ils la font tourner quelquefois en rond fuivant que l’opération le demande : par ces moyens il y a une attrition conftante & réciproque entre les deux glaces , laquelle eft facilitée encore par l’eau & le fable que l’on y employe. À mefure que l’ou- vrage s’avance on fe fert de fable plus menu, &.en- fin on prend de la poudre d’émen. Il n’eft pas néceflaire d’ajoûter que la petite glace fupérieure venant à fe polir à mefure par l’attrition, il faut en prendre de tems en tems üne autre plus brute : mais ilfaut.obferyer que l’on ne debrutit ainfi par le moulin que les plus grandes pieces de glace ; car pour ce qui.eft des pieces de la moyenne & de la petite efpece , on les travaille à la main, & pour cet effet on attache aux coins de la planche qui cou- vre la glace fupérieure, quatre ances desbois que les ouvriers empoignent pour lui donner les mouve- mens néceffaires: Ce qui refte à faire pour donner la derniere perfe- ion aux glaces, eft rapporté fous l’article po/iffure. Voyez Chambers. DEBUCHER, v.n. (Jererie.) On dit débucher Le cerf, c’eft le faire fortir du buiflon , de fon fort. DEBUT,, f. m. 1l fe dit en général ou d’une aétion que l’on fait pour la premiere fois, ou du commen- cement d’une aétion: ainfi on dit d’une aëtrice, elle debutera dans certe piece; d’un orateur, beau debur ? il ne prévient pas par fon debut, &c. DECADE, f. f. (Arithm. & Hiff.) Quelques an ciens auteurs d’Arithmétique fe font fervis de ce mot pour défigner ce que nous appellons aujourd’hui di- xaine ; il eft formé du mot latin decas, dérivé lui- même d’un mot grec qui figmifie la même chofe. On ne fe fert plus de ce mot que pour défigner les di- xaines de livres dans lefquelles on a partagé l’hiftoire romaine de Tite Live. Il ne nous refte plus de cet ouvrage, qui contenoit quatorze décades, que trois décades & demie, La feconde décade, qui contenoit entr’autres l’hiftoire de la premiere guerre Punique, eft perdue ; de fonte que la décade appellée aujour- d’hui la féconde, eft réellement la troifieme. On a avancé fans aucun fondement , que cette décade per- due exiftoit dans la bibliotheque des empereurs de Conftantinople. Dans ce qui nous refte de Tite Li- ve, le fiyle paroït fe reffentir des différens âges où il peut avoir compofé. La premiere décade, qu'il a écrite étant plus jeune, eft d’un ftyle plus orné & plus fleuri ; la feconde eft d’un ftyle plus ferme & plus mâle ; le ftyle de la troifieme eft plus foible. On regarde cet hiftorien comme le premier des hif= toriens latins ; cependant il n’eft pas douteux que Tacite ne lui foit fort fupérieur dans le grand art de démêler & de peindre les hommes, qui eft fans cen- tredit la premiere qualité de l’hiftorien : & pour ce qui concerne le ftyle , il paroït que la narration de Sallufte , fans être trop coupée, eft encore plus énergique & plus vive. À l'égard de la véracité, on lui a reproché d’être trop partial en faveur des Ro- mains ; on peut en voir un exemple dans Pexcel- lente differtation de M. Melot fur la prife de Rome ar les Gaulois, imprimée dans le recueil de l’aca- démie des Belles-Lettres. On lui a reproché auf l’efpece de puérilité avec laquelle il rapporte tant de prodiges ; puérilité qui paroïît fuppofer en lui une crédulité bien peu philofophique ; 1l n’y à peut-être que Plutarque qui puifle le lui difputer {ur ce point. Néanmoins Tite Live peut avoir été digne en effetde la place qu’on lui a donnée, par l'excellence , la pureté, & les autres qualités de fon ftyle: mais c’eft de quoi aucun moderne ne peut juger. Foyez LATINITÉ. (0) i DECADENCE , RUINE , (Sy. Gramm.) Ces deux mots different en ce quefle premier prépare le fecond , qui en eft ordinairement l'effet. Exemple. La décadence de l'empire romain depuis Théodofe, annonçoit {a ruine totale. On dit aufü des Arts qu'ils tombent en décadence, & d’une maifon qu’elle tombe en ruine. (O) DECAGONE, {. m. (Géom.) nom qu'on donne en Géométrie à une figure plane qui a dix côtés &c dix angles. Voyez FIGURE. Si tous les côtés & les angles du décagone font égaux , il eft appellé pour-lors décagone régulier, & peut être infcrit dans un cercle. Les côtés du décagone régulier font égaux en gran- e] deur & en puiflance au plus grand feoment d’un exa- gone infcrit dans le même cercle, & coupé en moyenne & extrème raifon. En voici la démonftra- #10n. . Ù Soit 4 B (fig. 54. Géomér.) le côté du décagone, Cle centre, l'angle 4CB eft de 364, par confé- _quént les angles 4 & B font chacun de 72 : car les trois angles d’un triangle font égaux à deux droits. Woyez TRIANGLE. Si on divife l’angle 4 en deux également par la ligne 4 D, l'angle BA D fera de 361, & les angles B & D chacun de 72 : donc le triangle B 4 D ïera femblable au triangle 4 B C. Deplus, l'angle D 4C & l’angle € étant chacun de 36%. on aura CD= 48 : donc on aura AC eft à AB, ou AD, ou CD:: AD ou CD eft à DB : or le rayon 4 C'eft le côté de l’exagone. Voyez EXAGONE, &c, donc, &c. Voyez MOYENNE ET EXTREME RAISON. Un ouvrage de fortification compofé de dix baf tions, s'appelle quelquefois un décagone. (0) DECAISSER , v. a&t. (Comm.) c’eft tirer hors de la caifle des marchandifes qui y font renfermées. Il ne fe dit que de la premiere ouverture qu'on fait d’une caïlle. L'auteur du diétionnaire de Commerce prétend qu’il faudroit dire deféncaiffer ; mais l’ufage eft pour décaifler. (G) np Décaisser, (Jardin.) c’eft ôter de leur caïfle des arbres de fleurs , ou des figuiers, pour les re- mettre dans de meilleures caïfles, &c plus grandes. K ( ETES , {. m. (Hifloiré anc.) monnoies d’Egine , de Corinthe & de Syracufe, toutes les trois de même poids ; elles valoient 16 5 d’obole d’A- thenes. DECALOGUE, f. m. (Théol. Morale.) nom que lon donne aux dix commandemens de Dieu gravés fur deux tables de pierre, & donnés à Moyfe fur le mont Sinaï. Ce mot eft compofé du grec Jéxa, dix, & de à0- oc , difcours ou parole, comme fi l’on difoit Zes dix paroles; c’eft pourquoi les Jufs les appellent de tems immémorial les dx paroles. | _ Le nombre des dix préceptes eft certain ; mais les commentateurs ne conviennent pas de leur diftinc- tion: car quelques-uns comptent dix préceptes qui regardent Dieu , en diftinguant la défenfe de faire des figures taillées , du précepte qui ordonne de n'avoir point de dieux étrangers, Les autres n’en Tome IF, | D EC 659 comptent qüe trois qui tegatdent le Seigneur , & fept qui concernent le prochain , en féparant ce pré: cêpte, Vous ne defirerez point la maïfon de votre pro- chain, d'avec celtu=ci, #2 fa femme, &cc. Ces pré- ceptes ont été confervés dans la loi évangelique, À l'exception de l'obfervation du fäbbat, qui eft chan- gée en celle du dimanche, & ils obligent les Chré: tiens comme les Juifs. Voyez DIMANCHE. Les Samaritains, dans le texte &'dans les verfions. qu'ils ont du Pentateuque , ajoûtent après le dix feptieme verfet du vingtieme chapitre de l’Exode ; ët après le xx1°. verfet du v°. chapitre du Deutero2 nome, un X1°. commandement ; favoir, de bâtir un autel fur le mont Garigim. C’eftrune interpolation qu'ils ont faite dans le texte, pour s’autorifer à avoir un temple & un autel fur cette montagne , afin de juftifier leur fchifme , & de décréditér, s'il leur étroit pofhble , le temple de Jérufalem, & la maniére dont on y adoroit Dieu. Cette interpolation paroît même étre de beaucoup antérieure à Jefus-Chrift, à quilæ femme famaritaine dit dans faint Jean > Ce JV. V, 20: paires noflft in monte hoc adoraverunt. Le mot patres marque une tradition ancienne , immémoriale ; & en effet cette opinion pouvoit être née avec le fchif me de Jéroboam. Les Talmudiftes, & après eux Poftel dans fon traité de Phenicrum listeris, difent que le Décalogue ou les dix commandemens étoient entierement gravés fur les tables que Dieu donna à Moyfe; mais que cependant le milieu du mem final & du famech de: meuroient nuiraculeufement fufpendus, fans être at- tachés à rien. Voyez la differtatien fur les médailles Jamaritaines, imprimée à Paris en 1715. Les mêmes auteurs ajoûtent que le Décalogne étoit écrit en let- tres de lumiere , c’eft-à-dire en caraéteres brillans & éclatans. Tous les préceptes du Décalogue fe penvent dé- duire de la yuftice & de la bienveillance univerfelle que la loi naturelle ordonne , &z c’eft un beau fyflème que nous allons développer. La premiere table du Décalogue prefcrit nos devoirs envers Dieu; Pautre, envers les hommes, & touùtes deux fe réduifent à amour de Dieu & des hommes. Or il eft clair que Pune & l’autre eft renfermée dans le précepte de la bienveillance univerfelle, qui ré- fulte néceflairement de la confidération de la nature, en tant qu'elle a Dieu pour objet, comme le chef du fyftème intelle@tuel , & Les hommes comme foû- mis à fon empire. | - La premiere table du Décalogue fe rapporté particu- lierement à cette partie de la loi de la uffice univer | Jélle, qui nous enfeigne au’il eft néceffaire pour le bien commun , & par conféquent pour le bonheur de chacun de nous en particulier, de rendre à Dieu ce qui hui appartient, c’eft-à-dire de reconnoitre que Dieu eft le fouverain maître de tout & de toutes chofes. Pour ce qui eff du droit ou de la néceflité de lui attribuer un tel empire , on le déduit de ce que Dieu , infiniment bon, peut & veut obtenir cette fin de la maniere la plus parfaite , étant doïé d’une bonté & d’une fageffe infinie, par laquelle il décou- vre pleinement toutes les parties de cette grande fin, & tous les moyens Les plus propres pour y parvenir s ayant une volonté qui toüjours embrafe la meil- leure fin, & choifit les moyens les plus convena- bles, parce qu’elle eft effentiellement d’accord avec fa fageffe & fa bonté ; étant enfin revêtu d’une puif- fance qui ne manque jamais d'exécuter ce à quoi fa volonté fouverainement fage s’eft déterminée. 4 Dès que l’on a découvert les perfettions de l’Être fouverain, & la néceflité de. l’émpire de cet Être fouverain par rapport au bien commun, qui eft le plus grand de tous , on eft fufifamment averti de ne rendre à auçun autre que ce foit, un culte égal à 0OOooï 660 D E C celui que lon rend à Dieu ; ce qui eft défendu dans le prerier précepte du Décalogue: de ne fe repréfenter jamais Dieu comme femblable aux hommes, moins encore à d’autres animaux, Ou comme ayant une forme corporelle dans laquelle il foit renfermé ; ce qui eft défendu dans le fécond précepte: de ne s’atti- rer point le courroux & la vengeance de Dieu par quelque parjure ;.ce-qui fait la matiere du #ro1/teme précepre : de deftiner au culte divinune portion con- venable de notre tems.; ce que le quatrieme & der- nier précepe de la premiere table infinue par l'exemple du fabbat, dont il recommande l’obfervation., La feconde table peut être de, même déduite.de cette partie de la /uffice univerfelle, par laquelle la loi naturelle ordonne. comme une chofe néceffaire pour le bien commun, d'établir & de maintenir in- violablement entre: les hommes des domaines duf- tinéts, certainsidroits. de propriété fur les chofes, fur les perfonnes & fur les aétions de celles.ci ; c’eft- à-dire qu'il s’en fafle une diftribution fagement ac- commodée à la plus excellente fin, & que l’on garde celle que l’on trouve ainf établie ; de forte que cha- cun ait en propre du moins ce qui lui eft néceflaire pour fe conferver & pour être utile aux autres ; deux effets qui l’un & l’autre contribuent au bon- heur public. Si nous cherchons-plus diftinétement ce qu'il fant de toute néceflité regarder comme appartenant en propre à chacun, poule bien de tous, nous trou- verons que tout fe réduit aux chefs fuivans. 1°. Le droit que chacun a de conferver fa vie & fes membres en leur entier, pourvü qu'il ne com- mette rien de contraire à quelqu’utilité publique, qui foit plus confidérable que la vie d’un feul hom- me. C’eft à un tel droit que le /£xieme précepte du Décalogue défend de donner aucune atteinte ; & par- là 1l permet non-feulement , mais encore il ordonne un amour de foi-même reftraint dans certaines bor- nes. De plus, chacun a droit d'exiger la bonne foi &c la fidélité dans les conventions qui n’ont rien de contraire au bien public. Entre ces conventions, une des plus utiles au genre humain , c’eft celle du mariage , d'où dépend toute l’efpérance de laïffer des fucceffeurs de famille, & d’avoir des aides dans la vicillefle ; c’eft pourquoi le éptieme précepte or- donne à chacun de refpecter inviolablement la fidé- lité des engagemens de ce contrat; c’eftle moyen d’é- tre plus aflüré que le mari de la mere eft Le vrai pe- re; & en même tems ce précepte fraye le chemin à cette tendreffe toute particuliere que chacun a pour fes enfans. 2°. Chacun a befcin abfolument de quelque por- tion des chofes extérieures & du fervice des autres hommes , pour conferver fa vie & pour entretenir fa famille ; comme auf pour être en état de fe rendre utile aux autres, Ainf le bien public demande que dans.le premier partage qu’on doit faire, on afigne à chacun de tels biens, &c que chacun conferve la proprièté de ceux qui lui font échüs ; enforte que perfonne ne le trouble dans la joüiflance de {on droit : c’eft ce que prefcrit le huirieme précepte. 3°. Il eft bon encore pour l'utilité publique, que chacun, à l’égard de tous les droits dont nous ve- nons de parler, comme lui étant acqtus, foit à l’a- bri non-feulement des attentats réels, mais encore des,atteintes que les autres pourroïent y donner par des. paroles nuifibles ou par des defirs illégitimes. Tout cela eft défendu dans le zeuvieme & dixieme précepte du Décalogue. Au refte, de l’obéiflance ren- due à tous ces préceptes négatifs , il réfulte ce que l’on appelle zrrocence. Il ne fufit pourtant pas de s’abftenir de faire du mal à qui que ce foit; le bien commun demande en- çore mamfeftement que l’on foit difpofé par des DEC fentiners d'afettion à rendre fervice aux autres; & qu’on le fafle dans l’occafion, par des paroles &c par des aétions , en tout ce.que les préceptes du Dé: calogue indiqués ci-deflus, infinuent être néceflairé pour la fin que, l’on doit {e propofer. De plus, ia bienveillance univerfelle acquiert de nouvelles for- ces par les fecours de la reconnoiflance , ou même par la feule vûe de ceux qu’elle en peut tirer, Cette vertu eft prefcrite dans le cxquieme précepte du Dé- calogue, dont J'ai renvoyé exprès à parler dans cet endroit ; & quoique dans ce. cinquieme précepte il ne foit fait mention exprefle que de la reconnoif= fance ‘envers nos parens qui font nos premiers bienfaiteurs après Dieu, le pere commun de tous, c’eft un exemple d’où nous pouvons apprendre, à caufe de la parité de raifon, qu'il faut montrer les effets de ce fentiment à tous ceux qui nous ont fait du bien, de quelque maniere que ce {oit. On ne peut étendre plus loin l’idée de l'humanité, car on trävaille fufifamment au bien public, en éloignant d’un côté les obftacles qui s’y oppofent, & prenant d’autre côté des fentimens de-bienveil- lance qui ferépandent fur toutes les parties du fyftè- me des êtres rafonnables, & procurent à chacun, au- tant qu’il dépend de nous , ce qui lui eft néceffaire. Enfin ; comme les hommes ont en partage uné raifon qui leur enfeigne l’exiftence d’un être fouve- rain, auteur de tous les biens dont ils jouiflent, cet être fouverain veut par conféquent qu'ils lui ren- dent l’honneur qu'ils lui doivent, non parce qu’il en a befoiñ pour lui-même, mais parce qu’il ne peut point fe contredire , ui autorifer rien de contraire à ce qui fuit néceffairement de la relation qu'il y a entre le Créateur & les créatures : toutes les lois qu’il leur a prefcrites tendent à les rendre heureufes ; or pourroient-elles obferver ces lois, fi elles n’en véné- roient pas l’auteur ? notre propreavantage ne deman: de-t-ilpas encore que nous obfervions avant toutes chofes ce premier devoir, puifqu’il eft le fondement des autres, & que fans l’obfervation de ceux-là,on ne fauroit pratiquer ceux-ci comme il faut ? Ces idées font donc très-conformes à l’ordre des deux grands préceptes du Décalogue, qui font le fommaire de toute la loi, d'aimer Dieu par-deflus toutes chofes, & otre prochain comme nous-mêmes ; c’eft-à-dire de reconnoitre le Créateur comme notre fouverain feigneur tout-puiffant , tout bon, tout fage, tout parfait, & de procurer à nos femblables leur bon heur, autant que cela dépend de nous. , | Voilà un commentaire également judicieux & philofophique du Décalogue; je l'ai extrait du beau traité des lois naturelles du doëteur Cumberland, & je n'ai rien vû de fi bon dans aucun ouvrage de Morale ou de Théologie fur cette matiere. Je n’ajoù- terai qu’une feule remarque. Quoiqu'il foit vrai que les préceptes du Décalogue fe rapportent par eux-mêmes au droit naturel, ainfi que le démontre lilluftre évêque de Péterborough, il me paroît néanmoins qu'en tant qu'on confidere ces préceptes comme gravés fur deux tables & don- nés aux [fraëlités par Moyfe , on pent les appeller les oëx civiles de ce peuple, ou plûtôt les principaux chefs de fon droit civil, auxquels le légiflateur ajoûte enfuite divers commandemens particuliers, accom- pagnés d’une détermination précife des peines dont il menaçoit les contrevenans. En effet, le Décalogue ne parle point de tous lés crimes, pas même de tous ceux qui étoient puniflables devant le tribunal civil ; il ne parle que des plus énormes de chaque efpece, Il n’y eft point fait mention, par exemple, des coups que l’on porte fans allerau-delà d’une bleflure, mais {eulement de l’homicide; ni de tout profit illicite qui tourne au détriment d'autrui, mais {eulement du larçin ; ni de toute perfdie, mais du feul faux té- D E C moignape. Le Décalogne ne contient done que les principaux chefs, où les fondemens du gouverne- ment politique des Juifs ; mais néanmoins ces fon- demens (mettant partce qu regardoit en particulier la nation judaique ) renferment des lois qui font naturellement impofées à tous les hommes, & à l’obfervation defquelles ils font tenus dans l’indé- pendance de l’état de la nature, comme dans toute fociété civile. Ars. de M, le Chevalier DE JAUGOURT. DÉCALQUER , voyez CALQUER. DÉCAMÉRIDE, f. f. eft, er Mufique, le nom des élémens du fyflème de M. Sauveur, qu’on peut voir dans les Mérmotres de l'académie des Sciences , an- née 1701. Pour former un fyftème général qui fournifle le meilleur tempérament, & qui fe prufle accommo- der à rous Les fyflèmes ; cet auteur, après avoir di- vifé l’otave en 43 parties qu'il appellé mérides , & fubdivifé chaque méride en 7 parties qu'il appelle eptamerides , divife encore chaque eptaméride en 10 autres parties, auxquelles il donne le nom de déca- mérides, L’oûtave fe trouve ainf divifée en 3010 par- tiés aliquotes , par lefquelles on peut exprimer fans erreur fenfible les rapports de tous les intervalles de la Mufique. Ce mot'eft formé de Jixa, dix , & de pepre, partie, (S) - DÉCAMERON , f. m. ( Listérar. ) ouvrage con- tenant des aétions qui font paflées , ou des conver- fations tenues pendant l’efpace de dix jours. Le dé- caméron de Bocace eft compofé de cent nouvelles, qu’on fuppofe racontées en dix journées. Ce mot eft compoté des deux termes grecs, Ju, dix , &t nut- pe, Jour, (G) DÉCAMPER, v.n. c’eft, dans l'Art milir, quitter ua camp pour en aller occuper un autre. Ainfi lort- qu’une armée quitte fon camp ou qu’elle leve le fié- ge d’une place, on dit quig//e décampe. On fe fervoit autrefois du terme de déloger pour dire décamper. Il eft dangereux de décamper devant lennemi, parce qu'il peut tomber fur l’arriere-garde , & la mettre en defordre. Lorfqu’on eft obligé de le faire, on met toutés les troupes en bataille, & lon fait marcher la premiere ligne par les intervalles de la féconde : on fait enforte de lui faire pañler diligem- ment les défilés & les ponts, 8 de la mettre en fi- tuation de protéger & de foûtemir la marche de la feconde ligne qui pale par les intervalles de la pre- miere, Comme il eft difficile d'exécuter sûrement cette manœuvte lorfqw’on eft à portée de l’ennemi, & qu'il en eft inftruit, on décampe ordinairement la nuit & fans bruit , pour lui en dérober la connoif- fance. Quand on veut décamper de jour & dérober ce mouvement aux ennemis, on envoye fur leur camp un gros corps de cavalerie avec les étendards, com- me fi l’on avoit deflein d’en attaquer quelque par- tié; & pendant le tems que l’armée ennemie em- ploye-à fe préparer pour s’oppofer aux attaques de ce corps, & qu’elle cherche à pénétrer fon deflein , Parmée qui décampe fait fon mouvement tranquil- lèment en arriere ; elle fait occuper les différens poftes qui fe trouvent fur fa route les plus propres à arrêter l'ennemi. Lorfqu’il y a des défilés, on en fait garder l’entrée par des corps de troupes , capa- bles de foûtenir l’arriere-varde en cas qu’elle foit pourfuivie par l'ennemi. M. le marquis de Feuquieres prétend que la ba- taille de Senef ne fut occafionnée que par l’oubli de cette attention de la part du prince d'Orange. « Il # Voulut, dit ce célebre officier, décamper de Senef # & marcher à Binche , en prétant le flanc à l’armée » du Roï dans le commencement de fa marche, Il » avoit à pañler + ou 3 petits défilés, féparés les uns # des autres par de petites plaines, capables pour- D E (C 661 » tant dé conténit un corps affez puiflant pour rècez # voir fon arriéré-garde, en cas qu’elle fit chargée » & renverféer Since: Prince avoitieu la précaution » de laïffer des troupes dans'la premiere petite:plai- » ne, pour y recevoir fotratriere-särde qui étoit dea » dans & derriere le village de Seref, il'eft certain » que M. le prince de Condé n’auroit pù éntreprenc » dre que fur cette arriere‘garde; dans lé fers qu’: » elle fe feroit mife en mouvement pour quitter ce » village & la petite plaine qui étoit derticre ; & » qu'il nauroit ph pouffer lés-troupes que jufqu’aii » prenner défile. Maïs l’énnémi préfomptueux , ‘dit » toûjouts M. de Feuquiéres , à qui M. le‘ptince; à » la faveur d’une petite hatteur qui étoit au -deflus » du village de Senef, cachoïit toute fa difpofition » pour l’attaquer | méprifant les attentions particuz » lieres & judicieufes fur cette conftitution de pays, » continua fa marche comme fi la colonne n’avoit » pas été occupée par ces défilés, & qu’elle n’eût » pas à craindre un ennemi voifin de qui on ne pou » Voit pas voir les mouvemens : faute dont M. 18 » prince profita fur le champ par le fuccès que tout » le monde a sù qu'avoit eu la bâtaille de Senef y: Mém. du marq. de Feuquieres: AVE SH} . M. le maréchal de ‘Puyfegur prétend , dans fon livre de l’A4re de la guerre ; que c’eft une opinion vul: gaire de-crôire que toute’armée qui fe retire-étant campée très-proche d’uné autre, foit toûjours en rif que d’être attaquée dans fa retraite avec defavanta- ge pour elle , &' qu'il y a fort peu d'occafionsoù Pon 1e trouve expofé au danger lorfqu’on à étudié cette matiere, & qu’on's’y’eft formé fur le terrein. Fayeg MARCHE GRETRAITE. (QY +". 1 DÉCAMYRON, fm. (Pharm.) c’eft le nom d’un cataplafme dont il eft parlé dans Oribafe, à qui on a donné ce nom, parce qu'il eft compofé de dif: férens aromats, Chambers & James. À DECAN, (Géog. mod.) royaume des Indes dans la prefque île en deçà du Gange, au midi du Mogol dont il eft une province confidérable: Hamenadävor en eft la capitale. | | DÉCANAT, £. m. (Jurifp. & Hif.) eft la qualité & la fonttion de‘doyen d’une compagnie ; dans un chapitre on dit le doyenné ; dans lescompagnies lai- ques on dit lé décanar. Dänsles chapitres, le doyen: né efl ordinairement une dignité ; dans les compas gries laiques,, le décanat n’eftcommunément attaché qu’à la qualité de plus ancien. On'parvient à fon tout au décanar ; 8 quoiqu'il ñ’y ait point d’autre mérite à être plus ancien que les autres, & qu’en ce fens la qualité de doyen ne foit point du tout flatteufe ni ho- norable, fi ce n’eft parce qu’elle peut faire préfumer plus d'expérience que dans ceux qui font moins an- ciens,cependant comme l’homme tire vanité de tout, celui qui eft le plus ancien d’une compagnie ne man- quepoint de prendre la qualité de doyen. Voyez ci- après DOYEN 6 DOYENNE. (4) | | 2 DÉCANISER , v. n. (Jurifpr.) fignifie remplir L place de doyen, en faire les fon@ions. Il my: a que le doyen d’une compagnie qui ait droit de‘décamifer; mais en fon abfence Le fous-doyen, ou à défaut de celui-ci , le plus ancien fuivant l’ordre du tableau, décanife, Voyez DÉCANAT € DOYEN ,:DOYENNé. DÉCANTER, v. a@&. & DÉCANTATION , ff, (Chimie & Pharmacie, ) on {e fert de ce terme pour exprimer l’attion de verfer doucement & fans trou- _bler , une liqueur qui s’efticlarifiée d'elle-même par le dépôt qui s’eft formé au fond du vafe où elle eft contenue ; c’eft ce qu'on nomme aufli verfèr par in- clination. | La décantation eft employée , foit pour féparer une liqueur dont on a befoin de deflus des feces que l’on veut rejetter ; foit qu’on ait le dépôt en 662 DEC vie, & que fa liqueur furnageante foit inutile ; foit enfin que l’on fe propofe de féparer deux matieres que l’on veut enfuite traiter chacune à part. La décantation eft mife en œuvre dans toutes les défécations pour la premiere vüe (Foyez DÉFÉCA- TION.) au contraire dans’ la pulvérifation, par le moyen de l’eau, c’eft la poudre fubtile dépofée par le repos que l’on fe propole de retenir, & c’eft l’eau que l’on doit rejetter.. Dans les édulcorations des précipités vrais, l’eau éclaircie par le repos & fé- arée par décantation ,eft ordinairement inutile. Le lavage des mines eft une décantation conti- nuelle de cette feconde efpece. Foyez LA v À GE. Dans le lavage de la chaux d’or départie par l’eau- forte , & dans la décantation de la diffolution de l’ar- gent de deflus cette chaux, la liqueur & le dépôt {ont fort précieux, & l’artifte doit les ménager éga- lement. DECANUS, {, m1. (Hifi. anc.) étoit chez les Ro- mains un officier quisavoit fous lui dix autres ofü- ciers ou-perfonnes fubalternes ; de:là eft venu notre mot doyen , qui s'exprime en latin par le mot deca- nus. Îl a été approprié à bien des offices. On lattri- bue au chef d’un chapitre de chanoine ; dans la regle al doit. y avôir dix chanoines fous fa direétion. Et comme: le-doyen fe prenoit ordinairement parmi les plus anciens chanoines, le.titre de doyen a été attri- bué au plus ancien de chaque compagnie, foit ecclé- fiaftique, foit féculiere. Le doyez de,la faculté de Théologie , le doyer du confeil , le doyez de chaque chambre du parlement. Voyez ci-apr. au mot DOYEN quelques autres fignifications.. (a) DÉCAPER, v.a@, (Chime.) c’eft enlever: le verd-de-sris avec de l’eau-forte. DECAPITÉ, adj. (Jurifprud.) terme de Blafon. Voyez l’article [uivant. DÉCAPITER yv. a&. (Jzrifpr:) en France c’eft la peine des nobles que l’on condamne à mort, lorf- que le crime n’eft pas affez atroce pour les dégrader de nobleffe. Ce fupplice ne déroge point ; mais il ne fait pas une preuve fufhifante de nobleffe pour attri- buer la nobleffe aux defcendans de celui qui a été décapité. Voyez la Roque, sr. de la nobleffle. (4) DÉCAPOLIS, ( Géog. anc.) petite province de Cæléfyrie, appellée Décapolis des dix villes princi- pales qui la compofoient. Les favans ne font'point d'accord fur ces villes. On prétend que le pays de Décapolis étoit fitué à lorient du Jourdain , & s’é- tendoit du nord au midi, depuis l’Antiliban jufqu’à la mer de Galilée. | DECAPROTI ou DECEMPRIMI, {. m. plur. (Hit. anc.) étoient chez les anciens des officiers qui recevoient les tributs ou recueilloient les taxes. Ce mot vient de déxa, dix, &C œpôrcs, premier ; vraiflemblablement parce que les perfonnes qui fai- {oient ces levées étoient prifes parmi les dix premie- res perfonnes de chaque communauté. Les. decaproti étoient obligés de payer pour les morts ,.ou de répondre à l’empereur fur leurs pro- pres biens pour la quote-part de ceux qui étoient morts. Cicéron, dans fon. oraifon pour Rofcius, les appelle decemprimi. Et même, fans avoir égard à la finance, c’étoient les dix principaux magiftrats d’une ville , ou les dix principaux feigneurs d’une province. Chambers. (G) * DECARGYRE , f. m. (H:ff. anc.) monnoie qu’- on appelle aufli wajorina. Elle valoit dix argentei , ce qu'on évalue à environ 11 liv. $ f: de notre mon- noie aduelle. # DECASYLLABIQUE., adj. ( Belles - Lerr.) de dix fyllabes : c’eft certainement le nom qu'il faudroit donner à.nos vers de dix fyllabes, & non celui de 4f _{yllabique , qui fignifie de deux fÿllabes. Il me femble . cependant que l’ufage.a prévalu contre la raïfon, & DEC qu’on les appelle toûjours vers diffyllabiques. Ceux qui font pour cet ufage devroient au moins écrire & prononcer dixfÿllabe & dixfÿllabique ; alots ce terme feroit un compofé de deux mots françois. La prononciation en feroit un peu dure, mais il figni: fieroit ce qu’on lui fait fignifier. DÉCASTYLE, f, m. fignifioit dans l’ancienne Ar: chiteüture , un bâtiment dont Le front étoit orné de dix colonnes. Le temple de Jupiter olympien étoit déca- Jlyle. Ce temple a été bâti à Athenes par Coflutius, architeéte romain, & s’appelloit Hypæthre, c’eftà- dire découvert & expofé aux injures du ciel, & étoit pycnoftyle, c’eft-à-dire à colonnes ferrées. Foyer Hy- PŒTHRE 6 PYCNOSTYLE. 304 ÈS Le mot décaftyle eft formé de Sexe ; dix, & qunce, colonne, (P) | DECEINTRER , v. aû. rerme d’Archireéture, c’eft démonter un ceintre de charpente après qu’une voù- te ou un arceft bande , & que les joints en font bien: fichés. Voyez CINTRE. (P) DÉCEINTROIR , f. m, (Maçonnerie.) efpece de: marteau à deux taillans tournés diverfement, dont les Mäçons fe fervent foit pour équarrifer les trous: commencés avec le têtu, foit pour écarter les joints des pierres dans les démolitions. DÉCELER , DÉCOUVRIR , MANIFESTER, RÉVÉLER , fynonymes. (Gramm.) ces mots défi- gnent en général l’aétion de faire connoître ce qui: eft caché. Voici les nuances qui les diftinguent, On- découvre fon fecret, on révele celui des autres. on. manifefls fes vertus, on décele fes vices. (0) | DÉCEMBRE, {. m. (Chroz.) c’étoit le dixieme. mois de l’année romaine , comme fon nom le défi- gne aflez: & c’eft le douzieme de la nôtre, depuis que nous commençons l’année en Janvier, c’eft-à.… dire depuis l’édit de Charles IX. en 1564. À la fin de ce mois le Soleil entre au figne du Ca-. pricorne , ou plûtôt laterréentfe réellement au figne. du Cancer, oppofé au Capricorne; ou, pour parler encore plus jufte, la terre entre dans la conftellation. des Gemeaux, & le Soleil dans celle du Sagittaire, qui à caufe de la précefflion des équinoxes (voyez ce mot ) occupent aujourd’hui les places que paroif- foient occuper autrefois le Cancer & le Capricorne. Voyez ZODIAQUE. (0) + (pose DECEMPED A, {. m. (Hiff. anc.) verge de dix: piés ; étoit un inftrument dont les anciens. fe fer voient pour mefurer. Voyez MESURE 6 VERGE. Le decempeda étoit une verge ou regle divifée en. 10 piés , c’eft de-là que lui eft venu fon nom, quieft dérivé de decem, dix, & pes, pedis, pié. Le pié étoit fubdivifé en 12 pouces, & chaque pouce en 10 doigts. Voyez PIE. On fe fervoit de cet inftrument pour la mefure des terres, comme on fe fert aujourd’hui de la chaî- ne, de la toife, ou de la verge. Les Architeétes s’en fervoient aufh pour donner à leurs bâtimens les pro- portions & les dimenfions convenables aux regles de l’art. , . Horace ; Ziv. IT, od. 15. fe plaignant de la magnif- cence & de la délicatefle excefive des bâtimens de fon tems , dit qu'ils n’étoient pas ainfi.du tems de Romulus & de Caton; qu’on ne voyoit point alors dans les maifons des particuliers , des portiques me- furés avec le decempeda , & tournés au nord pour y; prendre le frais. Chambers. (G) DÉCEMVIR , f.m.(Æiff. rom.) magiftrat des Ro- mains qui fut créé avec autorité fouveraine pour faire des lois dans l’état. On le nomma décemvir, parce que ce grand pouvoir ne fut attribué qu’à dix perfonnes enfemble, & feulement pendant le cours d’une année. Mais à peine eurent-1ls joui de cet état de fouveraineté, qu'ils convinrent par ferment de ne rien négliger pour le rétenir toute leur vie, DEC Rappellons au leéteur les principaux faits de cette époque de l’hiftoire romaine, & difons d’abord à quelle occafion.les décemvirs furent inflitués. : Dans de feu des difputes entre les patriciens &.les plébéiens, ceux-ci demanderent qu’on établit des dois fixes & écrites, afin que Les jugemens ne fuflent plus l'effet d’une volonté capricieufe ou d’un pou- voir arbitraire. Après bien.des réfiftances , le fénat y acquiefça. Alors pour compofer ces lois on nom- ma les décemvirs , l'an 301 de Rome. On crut qu'on evoit leur accorder un grand pouvoir, parce qu'ils ayoient à donner des lois à des partis qui étoient prefqu'incompatibles. On fufpendit la PES de tous les magiftrats, & dans les comices ils furent | élus feuls adminiftrateurs de la république. Ils fe trouverent revêtus de la puflance confulaire & de la puiffance tribunitienne; l’une donnoit le droit d’af- fembler le fénat, l’autre celui d’aflembler le peuple. Mais ils ne convoquerent ni le fénat m1 le peuple, & s’attribuerent à eux feuls toute la puiffance des ju- gemens : Rome fe vit ainfi foùmife à leur empire ab- {olu. Quand Tarquin exerçoit fes vexations , Rome étoit indignée du pouvoir qu'il avoit ufurpé; quand les décemvirs exerçoient les leurs, Rome fut étonnée du pouvoir qu’elle avoit donné, dit l’auteur de la grandeur des Romains. _ Ces nouveaux magiftrats entrerent en exercice de leur dignité aux ides de Mai ; & pour infpirer d’a- bord de la crainte & du refpeët au peuple, 1ls paru- . xent en public chacun avec douze liéteurs , auxquels ils avoient fait prendre des haches avec les faifceaux, comme en portoient ceux qui marchoient devant les anciens rois de Rome. La place publique fut remplie de cent vingt liéteurs, qui écartoient la multitude avec.un faite & un orgueil infupportable , dans une ville où régnoit auparavant la modeftie & l'égalité. Outre leurs héteurs, 1ls étoient en tout tems envi- : ronnés d’une troupe de gens fans nom & fans aveu, Ja plüpart chargés de crimes & accablés de dettes, & qui ne pouvoient trouver de füreté que dans les troubles. de l’état : mais ce qui étoit encore plus dé- _plorable, c’eft qu’on vit bien-tôt à la fuite de ces nouveaux maotrats une foule de jeunes patriciens, qui préférant la licence à la hiberté, s’attacherent TER Ce aux difpenfateurs des graces ; & même pour fatisfaire leurs pafñons & fournir à leurs plai- rs , ils n’eurent point de honte d’être Les miniftres _& les complices de ceux des décemvirs, Cette jeunefe effrénée à l’ombre du pouvoïr fou- verain, enlevoit impunément les filles du fein de leurs meres ; d’autres fous de foibles prétextes s’em- paroiént du bien de leurs voifins qui fe trouvoit à leur bienféance : en vain on en portoit des plaintes au tribunal des décernvirs ; les malheureux étoient rejettés avec mépris, & la faveur feule ou des vûes "d'intérêt tenoient lieu de droit & de juftice. On ne fauroit s’imaginer à quel point tomba la république pendant une femblable adminiftration ; il fembloit que le peuple romain eût perdu ce*cou- -rage qui auparavant le faifoit craindre & refpe@ter par fes voifns. La plüpart des fénateurs fe retire- rent ; plufieurs autres citoyens fuivirent leur exem- -ple, & fe bannirent eux-mêmes de leur patrie, & quelques-uns chercherentdesafleschez les étrangers, - Les Latins & ceux qui fe trouvoient aflujettis à l’au- torité dela république, mépriferent les ordres qu’on leur envoyoit, comme s'ils n’euffent pù fouffrir que Fempire demeurât dans une ville où il n’y avoit plus de-liberté ; & les Eques & les Sabins vinrent faire impunément des courfes jufqu’aux portes de Rome. Quand tous ces faits ne feroient pas connus, on jugeroit aifément à quel excès les décemwvirs porterent » le fyftème de la tyrannie, par le çaraétere de celui … D E C 663 qu'ils nommétent conftammént pour leur chef, par cet Appius Claudius Craffinus, dont lès crimes fu- rent plus grands que ceux du fils de Tarquin, On fait, par exemple, qu'il fit aflaffiner Lucius Siccius Dentatus, ce brave homme qui s’étoit trouvé à fix vingts batailles, 8: qui avoit rendu pendant qua rante ans les plus grands fervices à l’état. Mais on fait encore mieux le jugément infâme qu'Appius porta contre la vertueufe Virginie; Denis d’Haly- carnafle, Tite-Live, Florus, Cicéron , ont immor- tahfé cet événement; il artiva l’an de Rome 304: & pour lors le fpeétacle de la mort de cette fille immolée par fon pere à la pudeur & à la liberté, fit tomber d’un feul coup la puiffance exorbitante de cet Appius & celle de fes collegues. Cet évenement excita la jufte indignation de tous les ordres de l’état : hommes & femmes , à la ville & à l’armée , tout Le monde fe foûleva : toutes les trou- pes marcherent à Rome pour délivrer leurs citoyens de l’oppreffion ; & elles fe rendirent au mont Aven- tin, fans vouloir fe féparer qu’elles n’euflent obte- nu la deftitution & la punition des décemvirs. Tite-Live rapporte qu’Appius , pour éviter l’in- famie d’un fupplice public, fe donna la mort en pri- fon. Sp. Oppius fon collesue eut le même fort; les huit autres décemvirs chercherent leur falut dans la fuite ou fe banmirent eux-mêmes. Leurs biens fu- rent confifqués; on les vendit publiquement , & le prix en fut porté par, les quefteurs dans le thréfor public. Marcus Claudius, l’inftrument dont Appius s’étoit fervi pour fe rendre maître de la perfonne de Virgimie, fut condamné à mort, & auroit été exé- cuté fans fes amis, qui obtinrent de Virginius qu’il fe contentât de {on exil. C’eft ainfi que fut vangé le fans innocent de l’infortunée Virginie, dont la mort, comme celle de Lucrece, tira pour la feconde fois les Romains d’efclavage. Alors chacun fe trouva li: bre, parce que chacun avoit été offenfé ; tout le monde devint citoyen, parce que tout le monde fe trouva pere : le fénat & le peuple rentrerent dans tous leurs droits. Le feul avantage qui revint à la république de l’adminifiration des décemvirs, fut le corps de droit romain connu fous le nom de lois décemvirales, 8 plus encore {ous celui de Lois des douze tables. Les décemvirs travaillerent avec beaucoup de zele pen- dant la premiere année de leur magiftrature, à cette compilation de lois, qu'ils tirerent en partie de cel- les de Grece, & en partie des anciennes ordonnan- ces des rois de Rome. Voyez TABLES. Je ne doute point du mérite de plufeurs de ces lois, dont 11 ne nous refte cependant que des frag- mens ; mais malgré les éloges qu’on en fait, il me femble que la vüe de quelques-unes fuffit pour dé- voiler le but principal qui anima les décemvirs lors de leur rédaétion ; &c cette remarque n’a pas échap- pé à lilluftre auteur de l’efprit des lois. Le génie de la république, dit-l, ne demandoit pas que les décemvirs miffent dans leurs douze tables les lois royales , fi féveres , &c faites pour un peuple compoié de fusitifs, d’efclaves, & de brigands : mais des gens qui afpiroient à la tyrannie n’avoient gar- de de fuivre l’efprit de la république ; la peine capi- tale qu'ils prononcerent contre les auteurs des libel- les & contre les poëtes, n’étoit certainement pas de l’efprit d’une république, où le peuple aime à voir les grands humiliés : mais des gens qui vouloient renverfer la liberté, craignoient des écrits qui pou- voient rappeller la liberté; & Cicéron qui ne defa- prouve pas cette loi, en a biéh peu prévû les dan- gereufes conféquences. Enfin la loi qui découvre le mieux les projets qu'ayoient les décemvirs de mettre la divifion entre les nobles & le peuple, & de ren- dre par cet arüfiçe leur magiftrature perpétuelle, efk % des autres. 664 D E C celle qui défendoit les fnatiages entre les nobles &e le peuple. Heureufement après l’expulfion des de- cemvirs cette derniere loi fut caffée, l'an 308 de Rome, & prefque toutes celles qui avoient fixé les peines s’évanouirent : à la vérité on ne les abrogea pas expreflément ; mais la loi Porcia ayant défendu de mettre à mort un citoyen romain, elles n’eurent plus d'application. Arr, de M. le Chevalier DE JAv- COURT. | —* DÉCENCE, £. f. (Morale.) c’eft la conformité des adions extérieures avec les lois, les coûtumes, les ufages, l’efprit, les mœurs, la religion, le point d'honneur, & les préjugés de la fociété dont on ef membre : d’où l’on voit que la décence varie d’un fie- cle à un autre chez le même peuple, & d’un lieu de la terre à un autre lien, chez différens peuples ; & qu'elle eft par conféquent très-différente de la vertu ‘& de l'honnêteté, dont les idées doivent être éter- nelles, invariables, & univerfelles. Il y a bien de TPapparence qu’on n’auroit pù dire d’une fémme de Sparte ani fe feroit donné la mort parce que quelque malheur ou quelqu'iure lui auroit rendu la vie mé- prifable, ce qu'Ovide a f bien dit de Lucrece: Tunc quoque/jam moriens, ne non procumbat honefl ; Refpicir ; hec etiam cura cadentis erar, Qu'on penfe de la décence tout ce qu'on voudra, il eft certain que cette derniere attention de Lucrece expirante répand fur fa vertu un caraétere particu- ‘lier, qu'on ne peut s’empècher de refpecter. DÉCENNA ou DÉCURIE, (Aiff. ane.) étoit au- “trefois en Angleterre un nombre où une compagnie de dix hommes avec leurs familles , formant eniem- ble une efpece de fociété, & qui tous étoient obligés de répondre au roi de la conduite tranquille les uns Ïl y avoit dans chacune de ces compagnies un principal chef qui étoit appellé dixerier , du nom de fon office ; & encore à préfent dans quelques contrées ce mot eft en ufage, quoique cet ofhcier ne foit main- tenant autre chofe qu’un commiffaire, & que l’an- _ciennie coûtume des décuries foit tombée depuis long- tems. Chambers, (G) Ces fortes de dixeniers fe font confervés dans Ia police de la ville de Paris & de plufieurs autres vil- les de ce royaume, où lon trouve des quarteniers _pour chaque quartier, puis des cinquantemiers , qua- tre par chaque quartier, & des dixeniers qui font ou doivent être feize dans chaque quartier. Autrefois _ils avoient droit les uns & les autres d’aflembler les bourgeois de leurs départemens ; mais depuis l’éta- bliffement d’un lieutenant général de police, ces of- fices de ville font des titres fans fonétions. (az) DÉCENNALES , adj. pr. fub. (H1/4. anc. & 04.) étoit le nom d’une fête que les empereurs romains ” célébroïent la dixieme année de leur regne, & pen- dant laquelle ils offroient des facrifices , donnoient au peuple des jeux, lui fafoient des largefles, &c. Augufte fut Le premier auteur de cette coûtume, & fes fuccefleurs l’imiterent, Pendant la même fête on faifoit des vœux pour _ l’empereur & pour la durée de fon empire. On ap- _ pelloit ces vœux vosa decennalia. Voyez Vœu. Depuis le tems d’Antonin le Pieux, nous trouvons ces fêtes marquées fur les médailles ; prit decenna- Les, fecundi decennales ; vora fol. decenn. 17. vota fuf- |” cepr, decenn. tj. ce qui même fert de preuves pour la _ chronologie. 11 paroït que ces, vœux fe faifoient au commen- cement de chaque dixaine d’années, & non à la fn ; car fur des médailles de Pertinax, qui à peine régna quatre mois, nous lifons , vora decenn, &c votis decen- | nalibus. On prétend que ces vœux pour la profpérité des empereurs furént fubflitués à ceux que le cer: feur failoit dans les tems de la républigne pour le falut & la confervation dé l’état. En effet ces vœux avoient pour objet, non -feulement le bien du prin- ce, mais encore celui de empire , comme on peut le remarquer dans Dion, dy, VIII. & dans Pline le jeune , Liv, X, ép. 1017. | . L'intention d’Augufte en établiffant les decenaz la, étoit de conferver l'empire & le fouverain pou voit, fans offenfer ni gêner le peuple. Car durant le terms qu’on célebroit cette fête, ce prince avoit coûtume de remettre fon autorité entre les mains du peuple > qui rempli de joie, & charmé de la bonté. d’Augufte, lui redonnoit à linftant cette même au- torité dont il s’étoit dépouillé en apparence. Voyez le ditlionn. de Trév. & Chambers. (G) DECEPTION, £. £. (Jurifp.) fignifie furprife. Dé: ception d’outre moitié du jufte prix, c’eft lorfque quel- qu’un a été induit par erreur à donner quelque chofe pour moins de la moitié de fa valeur. Foy. ERREUR & LÉZION. (4) DECERNER , v. a@. (Jurifp.) fignifie ordonner 3 prononcer. 4 Décerner un décret contre quelqu'un, c’eft le decré ter, prononcer contre lui un decrét, foit de prife de corps, ou d’ajournement perfonnel, ou d’affigné pour être où. Un commuiffaire décerne anffi fon or- donnance. Les receveurs des confignations, les com- miflaires aux faifes réelles, les fermiers généraux & leurs foûfermiers , décernent des contraintes contre les redevables, pour les obliger de payer. Foy. Cow- TRAINTE. (4 | DECES, MORT , TREPAS, (Gramm. Synon.) M. l'abbé Girard remarque, avec raifon, que décès eft du ftyle du palais, srépas du ftyle poétique, & mort du ftyle ordinairé”: nous ajoïûterons 1°. que zers s’employe au ftyle fimple & au ftyle figuré, & que décès & trépas ne s’employent qu’au ftyle fimples; 2°. que srépas qui eft noble dans le ftyle poérique a fait trépal]e , qui ne s’employe point dans Le ftyle noble. Ce n’eft pas la feule bifarrerie de notre langue. (O} DÉcés,f. m. (Jurifprud.) fe prouve par les regif- tres mortuaires des paroifles, monafteres , hôpitaux; êc autres lieux où celui dont il s’agit eft décédé ; ou en cas de perte des regiftres mortuaires , par des ac- tes équipollens. Ordonn. de 1667, tit. xx. art, 7,6 fuiv. Le décès d’un juge, d’une partie, on de fon pro- cureur, apporte divers changemens dans la procé- cédure. Voyez ARBITRE, JUGE, CRIMINEL, EVO- CATION, PROCUREUR. (4) DECHALASSER , (@conom. ruffig.) c’eft ôterles échalats des vignes après qu’on a fait la vendange, On dit dans l’'Orléanois décharneler, | DECHANT , f. m. (Mu/iq.) terme ancien par le= quel on défignoit ce que nous entendons par le coz. trepoint. Voyez l'article CONTREPOINT. DECHAPERONNER , v. at. (Fadconnerie.) c’eft Ôter le chaperon d’un oïfeau quand on veut le lä« cher. On dit, déchaperonnez cet oifeau. DECHARGE, f, f. (Jurifpr.) en général, eft un ate par lequel on tient quitte quelqu'un d’une chofe. Donner une décharge à quelqu'un d’un billet ou obli- gation , c’eft lui donner une reconnoifflance comme il a payé, ou le tenir quitte du payement. On donne aufli une décharge à un procureur ou à un homme d’affaire , par laquelleson reconnoït qu'il a remis les deniers & papiers dont il étoit chargé. Obtenir [a décharge, c’eft obtenir un jugement qui libere de quelque dette ou de quelque charge réelle, comme d’une rente fonciere, d’une fervitude, ; & dé quelque charge perfonnelle, telle qu'une tutelle ou curatelle. Décharge de da contraïnte par corps; c’eft lorfque le débiteur, fans être quitte de la dette, eft affranchi de la contrainte par corps. Woyez de tir, xxxyv. de l'ordonnance de 1667 , de la décharge des contraintes par corps, qui traite des cas où la contrainte par corps n’a plus lieu. | . Décharge d'un accufe, c’eft le jugement qui Le dé- - Clare pleinement abfous du crime qu'on lui impu- toit. Quand on met {eulement hors de cour fur l’ac- cufation, cela n’emporte pas la décharge de l’accué, il n’eft pas pleinement juitifié. La décharge d’un accu- JE n’emporte pas toûjours une condamnation de dé- pens contre l’accufateur. Voyez ACCUSATEUR 6 ACCUSÉ, @ ci-après DÉPENS. (4) DÉCHARGE, terme d’Architeïfure , piece fervant à dépofer près d’une cuifine ; d’un office, ou dans une bafe-cour, les uftenfiles qui ñe font pas d’un fervi- ce continuel. Ces fortes de pieces doivent avoir - leur dégagement près des lieux auxquels ils fervent de dépôt. Sous le nom de décharge on entend auf celui de bouge, petit lieu obfcur placé près des antichambres, pour contenir le bois deftiné pour les foyers d’un appartement, les houfloirs, balais, brofles, & au- tres uftenfiles à l’ufage des valets pour l’intérieur de la maïfon. Décharge fe dit auffi d’un arc de voûte placé au- deflus d’une plate-bande de porte ou decroïlée, pour empêcher que la muraille qui eft au-deflus de la croi- fée ne s’affaifle. Les anciens avoient deux fortes de dégharge ; la premiere étoit celle dont nous venons de parler ; l’autre fe faifoit par deux poteaux qui étant pofés fur le linteau au droit de chaque pié droit, fe joi- gnoiïent en pointe comme deux chevrons pour foû- _ tenir la charge du mur, qui par ce moyen étoit dé- chargé d’une partie de fon faix. Décharge fe dit encore de la fervitude qui oblige un propriétaire à fouffrir la décharge des eaux de fon voifin par un égoût ou par une gouttiere. (P) DÉCHARGE , (Aydraulique.) {e dit de tout tuyau qui conduit l’eau fuperflue dun baffin dans un au- tre, ou dans un puifart. Il yen a de deux fortes ; celle du fond , & celle de fuperficie. La décharge du fond a plufeurs ufages : elle fert 1°. à vuider entierement un.baflin, quand on le veut nettoyer: 2°. à faire jouer des baflins plus bas, _& alors le bafin où eft cette décharge {e peut appeller le refervoir de celui qu'il fournit. 1 36 La décharge de fuperficie'eft un tuyau qui fe met fur le bord d’un baffin ou d’un refervoir, & fert à écouler l’eau à mefure qu’elle vient, de mamiere que le baffin refte toûjours plein. Cette fuperficie fe met quelquefois à un pié plus bas que le fond, añn qu’elle fe trouve un peu chargée, pour faire monter le jet qu'elle fourmut. (Æ) DÉCHARGE LE PETIT HUNIER, (Mar.) terme -de commandement qui fe fait lorfqu’on donne vent devant, pour ôter le vent de deflus le hunier de mifene , & le tenir au plus près du vent. (Z). DÉCHARGE, ex Brafferie. Voyez l’article BRAs- SERIE. | | DÉCHARGE , (Charp.) eft une piece de bois qui fe met dans les cloïfons qui portent fur les poutres ou fablieres en diagonale, & fert à foulager la pou- tre, Gc. & à empêcher qu'elle ne reçoive tout le fardeau des cloifons ou pans de bois. Voyez PL, du Charpentier, fig. 17. n°. 30. DÉCHARGE, (Orfévr.) eft un poinçon qui s’ap- -plique fur les ouvrages d'Orfévrerie, lorfqu'ils font finis, qui marque qu'ils ont payé les droits impofés par le Roïur lefdits ouvrages, & leur en fert de Tome IF, . | DEC 66$ p quittahcè. Lorfque l’ouvragé’eft encore brüt, l’Or- févre fait fa fomiflion au fermier, de la quantité des pieces qu'il a à faire ; le fermier y fait appofer . un poinçon, qu'on appelle lepoirçon de charge, ence qu'il charge POrfévre envers le fermier , & le rend comptable envers lui de toutes les pieces empreintes _ de ce poinçon, jufqu’à ce qW'après avoir acquitté les droits, on y ait appofé celui de décharge, DÉCHARGE, (Serrur.) c’eft, dans un ouvrage en fer, toute piece pofée où horifontalement ou obli- quement, comme une traverle, & deftinée à fup- porter l'effort des autres, & à les contenir dans leur fituation. DECHARGÉ de tête, d'épaule, d'encolure, (Ma- nege.) Voyez ces mots a leurs lettres. (V7) DECHARGEMENT , f. m. (Mar.) c’eft l’aétion de décharger un vaifleau. (Z DECHARGEOIR , f. m. ( Hydraul.) dans une éclufeil fert à écouler l’eau de fuperficie ou fuperflue que le courant d’une riviere ou ruifleau fournit con- tinuellement , & qui vient, par le moyen d’une bufe ou d’un contre-foflé , fe joindre à l’eau qui eft en-bas, & dont on peut faire encore d’autres ufages. On ouvre fouvent la conduite du déchargeoir, par le moyen d’un moulinet où d’une bonde placée fur la fuperficie de la terre. (Æ) DÉCHARGEOIR , terme de Tifferand ; eft un cylin- dre de bois autour duquel louvrier roule la toile qu'il a faite, & qu'on Ôte de deflus la poitriniere. Voyez MÉTIER DE TISSERAND. Le déchargeoïr eft attaché par les deux bouts À une corde-qui le tient fufpendu aux traverfes d’en-bas, de la longueur du métier. - DECHARGER yn vaiffeau , (Mar.) c’eft en ôter les marchandifes. (Z) « DÉCHARGER Les voiles , (Mar.) c’eft Ôtèr le vent ‘de deflus pour le mettre dedans. (Z) DÉCHARGER, terme qui dans le Commerce a divers fens : il fignifie en général dozrer 4 quelqu'ur un écrit qui leMdéclarc quitre de quelqu’obligation , desre, ou autre engagement Jenblable. Décharger la feuille d'un meffager, C’eft la quittan- cer, y mettre fon récépiflé des marchandifes, har- des , ou autres chofes qu’on a reçûes du faéteur ow commis de la meflagerie. … Décharger fon livre, c’elt, parmi les marchands , négocians & banquiers, rayer dé deflus le livre- journal ou autre regiitre équivalent, les articles des marchandifes vendues à crédit, à mefure qu’on em recoit le payement. Outre la rature des articles , il eft du bon ordre de les apoñtiller, & d’y marquer le jour qu'ils ont été payés, tant pour lintérêt des dé- biteurs, qui fans cela pourroient en quelques occa- fions courir rifque de payer deux fois, que pour celui des marchands, à qui un défaut de mémoire pourroit donner une réputation de mauvaife foi, en répetant une fomme qu'ils auroient déjà reçûe. Décharger fignifie auffi rer ou tirer de deffus une voiture des marchandifes, pour les mettre en magafin ou dans une boutique. Voyez les diction. de Comm. de Trév. € de Chambers. (G) | DÉCHARGER, v. paf. fe dit ez Peinture des cou- leurs’, lorfaw’elles perdent de leur vivacité, Toutes les couleurs fe déchargent, excepté les brunes, qui noirciflent toùjours en vieilliflant. Les couleurs qui font faites avec des terres, fe déchargent moins que celles que la Chimie nous donne , & qui font com- pofées. On dit: J’ai fair cette partie de couleur trop vive; mais elle viendra au ton qui convient, lorfqu’elle fe fera déchargée. (A) DECHARGEUR , f. m. rerme de Riviere, oMicier de ville qui eft comnus fur les ports pour décharger les bateaux qui y arrivent. . DÉCRARGEURS DE Vins, (Aris & Met.) quas Fe | Ne... 666 DEC dité que prennent les maîtres T'onneliers de fa ville : de Paris, &c qui leur eft donnée par leurs flatnts. Les maîtres de cette communauté, à qui feuls 1 ‘appartient préfentement de décharger &c labourer les vins, cidres & autres breuvages qui arrivent à Paris, foit par terre, foit par eau, ont été troubles pendant long -tems dans ces fonétions ; mais après plufieurs fentences, arrêts &c lettres patentes qu Les y ont maintenus , 1ls en font reftés en poñleffion , en conféquence d’une tranfaétion du 21 Novémbre 1649 ; pañée entr'eux & les autres déchargeurs. DESACHALANDER oz DECHALANDER , v. a&. (Comm.) faire perdre les chalands, L’impoliteffe ou la brufquerie d’un marchand fufit pour déchalan- der fa boutique. Voyez CHALAND. Di, de Comm, 6 de Trév. (G) DECHAUMER , v.a@. (Œconom. ruffig.) c’eft ouvrir, foit à la beche, foit à la charrue , une terre qui n’a point encore été cultivée. Cr: “4 DECHAUSSÉS , voyez TRINITAIRES 6 CAR- MES. DÉCHAUSSÉ , adj. m. serme d’Archite&ure. On dit qu’un bâtiment eft déchauffe , lorfque les premie- res aflifes du fol & le fommet des fondations font dégradés. (2) DECHAUSSER , (Jardinage.) Pour connoître la caufe de la langueur d’un arbre, il faut le chauffer d’un côté; ce qui m’eft autre chofe que de pratiquer un petit cerne à fon pié, en tirer la terre & vifter les racines, Cet examen ne peut être fait que hors le tems des deux feves. (KX) DECHAUSSOIR, f. m. petit inftrument de Chz- rurgie qui fert à féparer les gencives d’autour des dents qu'on veut arracher. C’eft une tige d’acier dont l'extrémité eft une pe- tite lame recourbée ,-pointue, tranchante dans fa cavité , arrondie dans fa convexité. L’autre extré- mite eft terminée ordinairement par une fonde , une lime, ou autre petit inftrument femblable. Il faut obferver que le tranchant {ôff fait à la li- me, afin qu'il ne coupe prefque pas, du moins fine- ment. La fig, 12. Planche X XV. repréfente un double déchauffoir, ou deux de figure différente, féparés par un manche taillé à pans. Celui de l'extrémité infé- rieure peut fervir à ratifler un os carié ; où à dé- chauffer les chairs qui recouvrent une efquille qu’on veut enlever. (7) DECHAUSSIERES , f. £. pl. (7er.) c’eft le lieu ‘où le loup a gratté, où il s’eft déchaufé. DECHÉANCE,, £ £. (Jurifpr.) fignifie exc/ufion. Le juge prononce la déchéance d’une aftion ou d’une “demande , d’une oppoñition ou appel, lorfqu’il dé- boute le demandeur, oppofant ou appellant de fon “oppofition. | Ermporter la déchéance d’une ation ou d’un droit, c’eft opérer une fin de non-recevoir qui empêche de Vexercer ; ainfi le défaut d'offres à chaque journée de la caufe, emporte la déchéance du retrait ; la pé- remption d'inflance emporte la déchéance de la de- mande. (4) DECHEOIR, v. n. (Gramm.) c’eft en général fe détériorer dans fon état ; ainfi on dit d’un homme qui vieillit, 47 commence à décheoir; d’un auteur qui fe néglige, 27 eff déchi , &c. DÉcHEO!R, v: n. (Mar.) c’eft dériver, s’abattre, & ne pas faire fa route bien directe, Foy. DER1IvE. (Z one , perdre fon crédit. Ce banquier eft bien déchi, c’eft-à-dire qu’il n’a plus le même crédit qu'autreéfois. Didfionnaire de Commerce, de Trév. € Chambers. (G) DÉCREOIR , (Jardin,) fe dit des arbres, quand ils ne rapportent pas la moitié de la récolte ordi- naire. Ces arbres, dit-on, fonr déchis. (K) DECHET , fm. (Gramm.) fe dit en général de la pêrte ou diminution Qui fe fait fur la totalité d’une fubftance , quelle qu’elle foit, par des caufes phyfiques. R DÉCHET , rerme de Marine ; appliqué à la route es l’on fait , 1l fignifie la même chofe que dérive. DÉCHETS, fe dit de la perte qui fe fait dans la confommation des vivres, foit bifcuit, foit vin. Voyez COULAGE. (Z) DÉCHET , en vermes de Commerce, eft 1°. une dé. duétion que l’on fait pour le dégât ou pour la pouf fiere qui fe trouve mêlée avec certaines marchan- difes ; 2°. une perte, une diminution de prix, de valeur ou de quantité, arrivée par quelque révolu- tion que ce foit: 3°, une diminution des marchan- difes fujettes à couler , comme les huiles; ou de celles dont la mode n’a pas coùtume de durer, com- me de certaines étoffes , & les ouvrages de pure curiofité. (G) | DÊÉCHET, (Æydraul.) eft la diminution des eaux d’une fource ; c’eft auf ce qui manque d’eau à un jet, par rapport à ce qu’il devroit fournir où dépen- fer. Voyez DÉPENSE DES EAUX. (X) DÉCHET, (Orfév.) fe dit proprement des pertes indifpenfables que fait l’'Orfévre en élaborant les matieres d’or & d'argent, caufées par la fonte, la menue limaille , le poliment, & toutes les opéra- tions fucceflives par lefquelles il eft obligé de les faire pafler pour les tirer de leur premier état &c les conduirétà perfeétion. De quelqw’attention & pro- prêté que l’ouvrier foit capable, il ne lui eft jamais poflible d'éviter cette perte ; &c c’eft une des caufes qui enchérit les façons des ouvrages, & fur-tout des ouvrages d’or, les plus petits objets fur cetté ma- tiere étant toûjours de grande valeur. | DÉCHET, (Ruban) c’eft la perte qui fe fait {ur la foie par différentes caufes ; comme lorfque l’hu- midité dans laquelle elle a été achetée, ceflfant, & la foie devenant ainf plus légere, le décher eft tout pour l'acheteur. On appelle encore déchet, toute dif- fipation volontaire où involontaire qui fe fait dans cette marchandife , par la négligence ou peut-être par la friponnerie de ceux entre les mains de qui elle pafle. ILE DECHIFFRER , v. a@. (Analyfe 6 arr des com- binaif. ) c’eft l’art d'expliquer un chiffre, c’eft-à- dire de deviner le fens d’un difcours écrit en carac- teres différens des caraéteres ordinaires. Voy, CH1r- FRE. [Il y a apparence que cette dénomination vient de ce que ceux qui ont cherché les premiers, du moins parmi nous, à écrire en chifftes, {e font fer- \vis des chiffres de l’Arithmétique ; & de ce que ces chiffres font ordinairement employés pour cela, étant d’un côté des caraéteres très-connus, & de l'autre étant très-différens des carateres ordinaires de Palphabet. Les Grecs, dont les chiffres arithmé- tiques n’étoient autre chofe que les lettres de leur alphabet, n’auroïent pas pû fe fervir commodément de cette méthode : aufi en avoient-ils d’autres ; par exemple, les fcytales des Lacédémoniens, dont il eft parlé à l’article CHIFFRE. Voyez Plutarque dans la vie de Lyfander. Yobferverai feulement que cette efpece de chiffre ne devoit pas être fort difficile à deviner : car 1°. il étoit aïfé de voir, en tâtonnant un peu, quelle étoit la ligne qui devoit fe joindre par le fens à la ligne d’en-bas du papier: 2°. cette feconde ligne connue , tout le refte étoit aifé à trou. ver; car fuppofons que cette feconde ligne, fuite im. médiate de la premmere dans le fens, fût, par exem- ple , la cinquieme; il n’y avoit qu’à aller de-là à ia neuvieme , à la treizieme, à la dix-feptieme, 6, & DEC ainfi de fuite jufqu’au haut du papier, & on trou- voit toute la prenuere ligne du rouledu. 3°. Enfuite on n’avoit qu'à reprendre la feconde ligne d’en-bas, puis la fixieme , la dixième , la quatorzieme, éc. & ainfi de fuite, Tout cela eft aifé à voir, en confidé- rant qu'une ligne écrite fur le rouleau, devoit être formée par des lignes partielles également diftantes les unes des autres. Plufieurs auteurs ont écrit fur l’art de déchiffrer : nous n’entrerons point ici dans ce détail immenfe, . qui nous meneroit trop loin ; mais pour l'utilité de nos leéteurs , nous allons donner l’extrait raifonné d'un petit ouvrage de M. S’gravefande fur ce fujet, _ quife trouve dansle chap. xxxv. de la feconde partie de fon {ntroduitio ad Philofophiam , c’eft-à-dire de la Logique ; Leyde, 1737, feconde édition. M. S’eravefande , après avoir donné les regles générales de la méthode analytique , & de la ma- niere de fairé ufage des hypothefes , applique avec beaucoup de clarté ces regles à l’art de déchiffrer, dans lequel elles font en effet d’un grand ufage. La premiere regle qu'il prefcrit, eft de faire un catalogue des caraéteres qui compofent le chiffre, & de marquer combien chacun eft répeté de fois. I avoue que cela m’eft pas toüjours utile ; mais 1l fufit que cela puiffe l’être. En effet, fi, par exem- ple, chaque lettre étoit exprimée par un feul chif- fre, & que le difcours füt en françois, ce catalogue ferviroit à trouver 1°. les e par le chiffre qui fe trou- veroit le plus fouvent; car le eft la lettre la plus fréquente en françois : 2°. les voyelles par les autres chiffres les plus fréquens : 3°. les z & les 4, à caufe . de da fréquence des 6 & des gui , que, fur-tout dans un difcours un peu long: 4°. les s, à caufe de la terminaifon de tous les pluriers par cette lettre, &c. &c ainfi de fuite. Voyez à l’art. CARACTERE , pag. 638. du tomelIl. les proportions approchées du nom- bre des lettres dans le françois, trouvées par l’ex- péfience. | Pour pouvoir déchiffrer, 1l faut d’abord connoître la langue : Viète, 1l eft vrai, a prétendu pouvoir s’en pañler ; mais cela paroït bien difficile, pour ne pas dire impofñble. Il faut que la plüpart des caraéteres fe trouvent plus d’une fois dans le chiffre, au moins fi l'écrit eft ün peu long, & fi une même lettre eft défignée par - des caraéteres différens. A B * Exemple d’un chiffre en latin: abcdefghikf: ‘ C D Imkgnekdgeïhekf:bceeficlahfcegfe | nr G H inebhfbhiceïkf: fmfpimfhiabe I K L gibchieicacgbfbcbgpigberbkd M ghikf:smkhitefim. Les barres, les lettres majufcules 4, 2, &ec. & les : ou comma qu’on voit ici, ne font pas du chiffre: M: S'gravefande les a ajoûtés pour un objet qu'on verra plus bas. Dans ce chiffre on a, 14 f 10 £ 5 72 22 1r 14 2 ARENA EC 12 D MO sm) I 0 TL 11 e 8 k 2 L I q Ainfi il y a en tout dix-neuf cara@teres ; dont cinq feulement une fois. Maintenant je vois d’abord que g 4 i k ffe trouve en deux endroits, 8, M; que : k f {e trouve encore Tome IF, | D E C 667 en F; enfin que hekf(C), & hikf(B, M), ont du rapport entr'eux. D'où je conclus qu'il eft probable que ce font-l des fins de mots, ce que j’indique par les : ou comma. Dans le latin il eft ordinaire de trouver des mots où des quatre dernieres lettres les feules antepénul- tiemes different, lefquels en ce cas font ordinaire ment des voyelles,comme dans amant, legunr, docens,; &c. donc z,.e font probablement des voyelles. Puifque fm f (voyez G) eft le commencement d’un mot : donc #7 ou feft voyelle; car un mot n’x jamais trois confonnes de fuite, dont deux foient le! même : & il eft probable que c’eft f, parce que f fe trouve quatorze fois, & "7 feulement cinq: donc 7 eft confonne. De-là allant à X ou g 4 fbcbg, on voit que puif- que feft voyelle, & fera confonne dans 4 fb, par les mêmes raifons que ci-deflus : donc c fera voyelle à caufe de 2cb, Dans L ou gbgrb, b eft confonne ; 7 fera con- fonne, parce qu'il n’y a qu’une 7 dans tout lécrit = donc g eft voyelle. Dans D ou fcgfg, il y auroit donc un mot ow une partie de mot de cinq voyelles ; mais cela ne fe peut pas , il n’y a point de mot en latin de cette ef- pece : donc on s’eft trompé en prenant f c, g, pour voyelles : donc cem’eft pas f, mais # qui eft voyelle & f confonne : donc £ eft voyelle, (voyez K). Dans cet endroit À , on a la voyelle 8 trois fois, féparée feulement par une lettre ; or on trouve dans le latin des mots analogues à cela, edere , legere , emere ; amara ;_ft tibi, &tc. & comme c’eft la voyelle e qui eft le plus fréquemment dans ce cas, j’en con- clus que à eft e probablement , & que c eft proba- blement r. Écre . Jécris donc l,ougibcbieie, &je fais que i,es font des voyelles, comme on l’a trouvé déjà ; or cela ne peut être ici, à moins qu'ils ne repréfentent en même tems les confonnes 7 ou v. En mettant yon trouve revivi : donc z eff y : donc y eft z. [7 ENTÉ LETEVLVIL Jécris enfute 2abcgibchieleac, & je lis aterque revivit , les lettres manquantes étant faciles à fuppléer. Donc a eftz, & q eft 4. € UT Lu Enfuite dans £ F, ou hfbhice:kf, je lis aifé- ment e/uriunt : donc keft j', keft 7, & fé r. Mais on a vû ci-deflus que 4 eft s : lequel ef le plus pro- bable ? La probabilité eft pour f; car f fe trouve plus fouvent que 2, & r eft très-fréquent dans le latin : donc il faudra chercher de nouveau + & 9, qu’on a crûü trouver ci-deflus. | On a vû que > eft voyelle, & on a déja trouvé e, 1, u: donc = eft a ouo: donc dans G, Hona or uotfu DHLZ TE zatffu fmf p imfhi Il eft aifé de voir que c’eft le premier qu'il faut choïfir, & qu'on doit écrire 10z quor funt: donc # eft o, & p eft q. De plus, à endroit où nous ayions Iù mal-à-propos wterque revivir , on aura tot quot fx er uere vivi ; & on voit que le mot tronqué eft /zper- Jfuere : donc a eft p, & g eft z. | Les premieres lettres du chiffre donneront donc per it funt; d’où l’on voit qu'il faut lire perdira fun à donc deft d, &gefît a. On aura par ce moyen prefque toutes les lettres du chiffre ; 1l fera facile de fuppléer celles qui man= quent, de corriger même les fautes qui fe font glif= fées en quelques endroits du chiffre, & l’on lira Perdita funt bona: Mindarus interis : Urbs ffrati hums et: Efuriunt tot quot fuperfuere vivi : Preterea que agenda funt confulito. * Dans les lettres de Wallis, some III. de fes onvras PPppi 668 D E C ges , On trouve des chiffres expliqués, mais fans que a méthode y foit jointe : celle que nous donnons ici, pourra fervir dans plufieurs cas ; mais 1l y a toüjours bien des chiffres qui fe refuferont à quelque méthode que ce puifle être. Voyez CHIFFRE- SET On peut rapporter à l’art de déchiffrer, la décou- verte des notes de Tyron par M. Pabbé Carpentier (voyez Notes DE TYRON); & celle des caraéteres Palmyréniens, récemment faite par M. l’abbé Bar- thelemy de l'académie des Belles - Lettres. Voyez Parmyre. (O0) DÉCHIQUETER , v. a@. ex terme de Potier de serre , c’eft lation de faire plufieurs trous à une pie- ce avec la pointe de la palette (Foyez PALETTE) , à l'endroit où l’on veut appliquer une oreille , un man- che, &c. | DÉCHIRAGE (Bo1s DE), Comm. c’eft ainfi que l’on appelle le bois qui provient de vieux bateaux que l’on dépece. DÉCHIRÉ, adj. ex Anatomie, fe dit de quelques trous de la bafe du crane , ainfi nommés parce que leurs bords font en partie dentelés. C’eft dans ce fens-que lon dit : le srou déchiré antérieur ; le pofte- rieur.de la bafe du crane, &c. (L) DÉCHIREMENT , {. m. ( Chr.) Le déchirement ou la dilacération eft une folution de continuité faite en longueur dans des parties membraneufes du corps humain , foit extérieurement par accident, foit inté- rieurement par effort ou par maladie. La différence eft legere entre la folution de conti- nuité produite par la contufon, ou le déchirement , parce que dans l’une & dans l’autre la féparation des fibres eft inégale : cependant elle fe fait dans le déchirement par allongement ou extenfon ; au lieu que dans la contufon , c’eft par brifement, par com- preflion. Le déchirement eft moins dangereux que la contufon, parce qu’il porte rarement fur les parties fubjacentes. | Il faut dans la cure tâcher d’éviter que les parties déchirées ne fouffrent pas une trop grande diften- fon , & qu’elles ne foient pas trop defféchées. Il faut encore éviter, s’il eft pofhble , le dépôt fur la partie maltraitée par le déchirement des fibres, des mufcles, & des membranes ; mais comme en général le diagno- ftic, le prognoftic , & la méthode curative de la di- lacération , font prefqué les mêmes que dans la con- tufñon,nous ne nous y arrèterons pas davantage. Foy. ConTusion. Article de M, le Chev. DE JAUCOURT. DÉCHIRER , (Æyd.) On dit qu’une nappe d’eau 4e déchire, quand l’eau fe fépare avant que de tom- ber dans le baflin d’en-bas. Souvent quand on n’a pas affez d’eau pour fournir une nappe , on la de- chire; c’eft-à-dire que pratiquant fur les bords de la coquille ou de la coupe des reffauts de pierre ou de plomb, l’eau ne tombe que par efpaces : ce qui fait un aflez bel effet, quand ces déchirures font ména- gées avec intelligence. (X) DÉCHIREURS, f. m, pl. rerme de riviere, offi- ciers fur les ports, établis pour empêcher qu’on ne déchire aucun bateau propre à la navigation. DÉCHIREURS DE BATEAUX, terme de riviere, ou- vriers qui achetent des bateaux qui ne font plus en état de fervir, qui les déchirent, & en vendent les planches & débris. DÉCHOUER, v. a@. (Marine.) c’eft relever un bâtiment qui a touché ou échoué fur un fond où il n’y a pas afez d’eau pour lui, & le remettre à flor. (Z) DÉCHÜ , part. (Jurifpr.) fignifie exclus. Etre dé- ché de fes droits, c’eft les avoir perdu. On eft déché de fon appel, lorfqu'il y a un jugement par défaut ui donne congé à l’intimé ; & pour le profit, décla- re Le défaillant déché de fon appel : cela s’appelle en ftyle de palais, uz congé déché de l'appel. (4) DÉCIDER, JUGER , fyn. (Gram.) ces mots dé- D E C fignent en général l’a&tion de prendre fon parti fut une opinion douteufe , on réputée telle. Voici les nuances qui les diftinguent. On décide une contefta- tion & une queftion ; on ge une perfonne & un ou- vrage. Les particuliers & les arbitres décident ; les corps & les magiftrats jugenr. On décide quelqu'un à prendre un parti; on Juge qu’il en prendra un. Déci- dér differe auf de /uger, en ce que ce dernier déf- gne fimplement l’ation de l’efprit, qui prend fon parti fur une chofe après l’avoir examinée, & qui prend ce parti pour lui feul, fouvent même fans le communiquer aux autres ; au lieu que décider fup- pofe un avis prononcé, fouvent même fans examen. On peut dire en ce fens, que les Journaliftes déci- dent, & que les connoïffeurs }ugenr. (O0) DÉCIL ox DEXTIL, adj. serme d "Afironomie où plütôt d’Af/rologie, qui fignifie l’afpeëf ou la pofttion de deux planetes éloignées l’une de l’autre de la di- xieme partie du zodiaque, ou de 36 degrés. Ce mot n’eft plus en ufage depuis que l’Aftrologie eft prof- crite. Voyez ASPECT 6 ASTROLOGIE. (O) DÉCIMABLE , adj. (Jzrifpr.) fignifie qui eff fujer a la dixme. I] y a des fruits décimables , & d’autres qui ne le font pas: ce qui dépend des titres & de l’ufage de chaque pays. Voyez ci après DixME. (4) DÉCIMAL , adj. (Arithm.) L’arithmétique déci- male eft l’art de calculer par les fraétions décimales. Cette arithmétique a été inventée par Regiomon- tanus, qui s’en eft fervi dans la conftruétion des ta- bles des finus. Voyez ARITHMÉTIQUE & FRAG- TION. Les fraétions décimales font celles dont le dénomi- nateur eft 1 , fuivi d’un ou plufieurs zéros , comme 10, 100, 1000, 10000 ; ainfi LE, 5 ,-, êc. font des fraétions décimales, Quand on écrit des fraétions décimales, on fuppri- me ordinairement le dénominateur, & en fa place on met un point au-devant du numérateur ; ainfi 5 =.5; À —.46 ; de même . 125 exprime cent vingt- cinq parties d’une chofe quelconque divifée en mille patties. Comme les zéros, que l’on écrit à la droite des nombres entiers , les font croître en raifon décuple (puifque 2 devient 10 fois plus grand, ou 20, en lui mettant un zéro vers la droite) ; les fraétions décima- les décroiflent pareillement en raïfon décuple, ou croïffent en raïfon fous-décuple, c’eft-à-dire devien- nent dix fois plus petites, en leur mettant des zéros fur la gauche. Si vous voulez donc rendre la frac- tion décimale. $ dix fois plus petite, c’eft-à-dire, fi vous voulez qu’elle n’exprime que des centiemes, ÉCrivez . O5. | d Les zéros que l’on met à la droite des décimales ne fignifient rien; ils ne fervent qu’à remplir des places : ainfi. 000 ne vaut pas plus que. $ : c’eft la même chofe, dans un fens oppoié, par rapport aux nombres entiers : 000$ ne vaut que 5. Pour réduire une fraétion ordinaire quelconque, telle que £, à une fraétion décimale dont le déno- minateur {oit 1000 , fans changer fa valeur , faites cette regle de trois. Le dénominateur 8 de la fraftion propofée eft à fon numérateur 5 , comme le dénominateur donné 1000 eft à un quatrieme terme, qui fera le numé- rateur de la nouvelle fraétion , dont le dénomina- teur eft 1000. Après avoir fait le calcul, on trou- vera que ce quatrieme terme eft 2, ou, fiuvant l’exprefion décimale, 625 : ainf la fraétion décima- le . 615 = + | On opere fur les fraétions décimales de la même maniere que fur les entiers. L’attention particuliere qu’elles demandent , a rapport uniquement au point qui doit féparer les décimales des entiers, Nous al- lons faire voir comment cela s'exécute, +9. Pour ajoûter deux ou plufeurs fraétions déez- #ales , il n’y a qu’à les pofer l’une fous Pautre, les entiers fous les entiers, les dixiemes fous les dixie- mes, les centiemes fous les centiemes, &c, & faire l’addition à l’ordinaire. Opération, ÿ 3 . I 2 O © 7 Jomme, Où vous voyez qu’il y a autant de décimales dans la fomme qu’en contient le plus grand nombre . 42687 des fraétions décimales dont on a propofé l’addition: ce qui forme une regle pour cette opération. 2°. Il faut fuivre la même regle pour la fouftrac- tion ; c’eft-à-dire que pour fouftraire une fraction décimale d’une autre, 1l faut les pofer de même que ci-deflus , la petite fous la grande, & faire la fouf- traction à l’ordinaire, ainfi qu’on l’a exécuté dans l'opération fuivante. i Opération. Fu r0t.3. OVELO EN TEA 528.728 8 re 3°. Pour multiplier une fra@ion décimale 34.632 par une autre .5234, on multipliera d’abord les nom- bres qui Les expriment, comme s’ils étoient des nom- bres entiers; & pour favoir après quel chiffre il faut . mettre le point, 1l faut que la fraétion du produit, c’eft-à-dire que les décimales du produit contiennent autant de chiffres qu'il y en a dans la fra@ion des deux produifans , c’eft-à-dire fept dans cet exemple ; ainfi On placera le point après le feptieme chiffre, en commençant à compter de la droite vers la gauche, Opération. NIMES 4°. Pour divifer une fraétion décimale par une au- tre, on divifera les nombres qui Les expriment, l’un par l’autre, comme s’ils étoient des nombres entiers. Et pour favoir après quels chiffres du quotient il faut mettre le point , on Ôtera du nombre des chiffres dela fra@ion du dividende, celui de la fration du divi- feur. Ainf le quotient de 18. 1263888, dont la frac- tion contient fept chiffres, par 1. 5234, dont la frac- tion en contient quatre, eft 34.632, dont la frac- tion en doit contenir 3. (Æ) Lorfqu'il n’y a pas de nombre entier dans une fra@ion décimale, on met ordinairement un zéro avant le point; ainfi au lieu de .$ on écrit o.5 : ce zéro au fond eff inutile ; mais on s’en fert apparem- ment afin que le point qui le fuit foit plus remarqua- ble, & ne forme point d’équivoque dans le difcours; fouvent au lieu de point on fe fert d’une virgule , ce qui revient au même. | Tout le calcul des frations décimales eft fondé fur ce principe trés-fimple, qu’une quantité décimale, {oit fraionnaire, foit qu’elle contienne des entiers en partie, équivaut à une fra@iox dont le dénomina- teur eft égal à l’unité fuivie d’autant de zéros, qu'il y a de chiffres après le point ; ainfi 0.563 eft = D E C 669 #66 5 0e ODO$ © pass 36,2 De 36 GE & ainf des autres. Par conféquent fi on veut ajoûter enfemble Îles quatre fraétons ci-deflus, il faut fuppofer que ces : quatre frattions font réduites au même dénomina- teur commun 100000, c’eft- à-dire fuppofer 1,053 — 1.05300, 15.86 =1ÿ. 86000, & 35. 7801= 35. 78020 ; c’eft ce que lon fait du moins tacitément en écrivant les nombres comme on le voit plus haut, & la fomme eft cenfée avoir 10000 pour dénomina teur. Il en eft de même de la fouftraion, A l'égard de la multiplication, on n’a point cette préparation | à faire de réduire toutes les fraétions au même dé: nominateur, en ajoütant des zéros à la droite de celles qui en ont befoin, On multiplie fimplement à l'ordinaire ; & il eft vifible que fi 10” eft cenfé lé dé: nominateur d’une des fraétions, & 10" l’autre ; le dénominateur du produit fera ro” *”, Donc fuppri- mant ce dénominateur , il faudra que le produit ait autant de parties décimales, c’eft-à-dire de chiffres après le point, qu'il y a d'unités dans 7 + ». Il em fera de même de la divifion, avec cette différence que le dénominateur au lieu d’être 10° +? ferai 07"? ; © que par conféquent » — # fera le nombre des chiffres qui doivent fe trouver après le point dans le quotient. Voyez FRACTION & DivisioN. Nous avons expliqué à l’article APPROXIMATION comment par le moyen des frations décimales on approche auffi près qu’on veut de la racine d’un nom- bre quelconque. Ilne nous refte plus qu’à obferver qu’on ne réduit pas toûjours exaétement & rigoureufement une frac- tion quelconque en fraétion décimale, par la regle que nous avons donnée plus haut. Soit, par exem- ple à une fraétion à réduire en fraction décimale; 10 er GO on aura doncr=—— Or10"=2" 5",&onver. 3 7L A ra à l'article Diviseur quel X2_X5 ye fauroit 9 être égal à un nombre entier r, à moins que g ne foit égal à quelque puiffance de 2 ou de ;, ou de 2 X 5, ou au produit de quelque puifflance de 2 par quelque puiflance de $, puiffances moindres que 2; car on fuppofe que= eft une fraftion réduite à la plus fimple expreflion, c’eft-à-dire que p & q n’ont aucun divifeur commun, Voyez Diviseur. Dans p X107 È A tout autre cas Ne pourra Jamais être exaéte= ment & rigoureufement égal à un nombre entier r. Mais il eft vifible que plus z fera grand, c’eft-à-dire 4 Q . plus le dénominateur de la fra@ion aura de Zéros, r x ’ plus 10 fera près d’être égal à ; car l'erreur, s’ily e e I 0 L en a, fera totjours m 7, puifqu’en fais a, Jours moindre que “7 , puiiq fant la divifion de p X 10” par q le quotient r qu’on trouvera, & qui fera trop petit, fera au contraire trop grand, fi on l’angmente d’une unité. Donc De T+ Donc, 6e. Ainfi la réduétion des frations en décimales elt toû- jours utile ; puifqu’on peut du moins approcher de leur valeur aufi près qu’on voudra , quand on ne les a pas exaétement. On appelle aufli arithmétique décimale , l’arithmé- tique telle que nous la pratiquons, & dans laquelle on fe fert de dix chiffres : furquoi voyez BINAIRE & ÉCHELLES ARITHMÉTIQUES, au m0t ARITHMÉ”= TIQUE , & DACTYLONOMIE. Il feroit très à fouhai« ter que toutes les divifions , par exemple dela livre, du fou , de la toife, du jour, de heure, 6e, fuflent. 670 D EC de ro en ro; cette divifon rendroit le calcul beau- coup plus aifé & plus commode, & feroit bien pre- férable à la divifion arbitraire de la livre en 20 fous, du fon en 12 deniers , du jour en 24 heures, de l’heu- re en 6o minutes, &c. (0) d DécimaL , adj. (Jurifp.) fe dit de ce qui a rap- port à la dixme. Par exemple, le droit d’un déci- mateur s'appelle fon droit décimal » comme le droit d’un curé s'appelle fon droit curial, On dit une 774- riere décimate. L'article 3. de la coùtume de Norman- die, porte que le baïlli connoît des matieres bénéf- ciales , décimales , &c. Voyez D ÉCIMATEUR 6 Dixme. (4) DÉCIMATEUR , f. m. (Jurifpr.) eft différent du dixmeur. Le premier eft celui qui a droit de percevoir uné dixme foit eccléfiaftique ou inféodée; au lieu que le dixmeur eft celui qui leve la dixme pour un autre. On appelle gros-décimateurs , ceux qui ont les grof- fes dixmes , les curés n’ayant èn ce cas que les me- nues & vertes dixmes, & les novales. | Décimateur eccléftaftique, eft un eccléfiaftique qui à caufe de fon bénéfice a droit de dixme. Décimareur laïc, eft un feigneur dire& qui tient en fief d’un autre feigneur des dixmes inféodées. Les gros-décimateurs {ont tenus à caufe des dixmes à plufieurs charges ; favoir, de faire les réparations du chœur & cancel , & de fournir les ornemens & livres nécefaires. Ils font auffi obligés de fournir la portion congrue au curé & à fon vicaire, fi mieux 1ls n'aiment aban- donner tout ce qu'ils poffedent des dixmes. Quand il y a plufieurs gros-décimateurs , ls con- tribuent aux charges chacun à proportion de leur part dans les dixmes. Voyez les mém. du clergé, cin- quieme édition, some III, part. III. tie. 5. L'art, 21. de l'édit de 1693 ; le Preître , cenr, I, ch. xxy. & ci- après au:mot DIXME. (4) . DÉCIMATION, £. f. (Æft. Rom.) Voyez les hif- toriens , entr'autres Polybe , Ziv. XI. les Lexicogra- phes, & les auteurs qui ont traité de la difcipline militaire des Romains. La décimation étoit une peine que les Romains in- fligeoient aux foldats, qui de concert avoïent aban- donné leur pofte, qui s’étoient comportés lâchement dans le combat, ou qui avoient excité quelque fédi- tion dans le camp. Alors on aflembloit les troupes , le tribun militaire amenoit Les coupables auprès du général , qui après leur avoir vivement reproché leurs fautes ou leurs crimes en préfence de l’armée, mettoit tous leurs noms dans une urne ou dans un cafque, & fuivant la nature du crime, il tiroit de Purne , cinq, dix, quinze, ou vingt noms d’entre les coupables , de forte que le cinquieme, le dixieme, le quinzieme, ou le vingtieme que le fort dénom- moit, pafloit pañle fil de l’épée ; le refte étoit fau- vé : & cela s’appelloit décimer , decimare. Pour faire une jufte eftimation des fautes ou des crimes. par un corps, &-pour y proportionner les peines , 1l faut toùjours confidérer qu'on fe trrompe- roit beaucoup de croire qu'il y ait dans un corps au- cun crime qui puifle être véritablement regardé com- me un crime égal dans chaque particulier qui com- pofe ce corps. Lorfque fes membres font affemblés pour les affaires du corps , ils ne fauroient apporter le même fens froid, la même prudence, la même fa- gefle, que chacun a dans fes affaires particulieres. La faute que commet alors la communauté , eft l’ef- fet de fon état de communauté, & de l’influence de quelques membres qui ont le crédit ou l’art de per- fuader les autres. La multitude s’échauffe, s’anime, s’irrite, parce qu’elle fait corps, & qu’elle prend né- ceffairement une certaine confiance dans le nombre qu’elle ne fauroit prendre quand elle eft féparée. IL fuit de-là que les peines qui tomberoient fur Le corps D E C entier, doivent être très-douces & de courte durée: La vérité de cette réflexion n’échappa pas aux Ro- mains, malgré la févérité de la difcipline militaire qu'ils avoient à cœur de maintenir, C’eft pourquoi nos peres, difoit Cicéron, cherchant un {age tem- pérament, imaginerent la décimarion des foldats qui ont commis enfemble la même faute, afin que tous foient dans la crainte, & qu'il n’y én ait pourtant que peu de punis. (Orar, pro Cluentio), Article de M. de Chevalier DE JAUCOURT. DÉCIME,, (Hiff. anc. & mod. & Jurifprud.) ef un ancien droit, fubvention , ou fecours de deniers, que nos rois leyoient autrefois fur tous leurs fujets, tant eccléfiaftiques que laïcs, pour les befoins extraordi- naires de l’état. Dans la fuite, le terme de décime eft demeuré propre aux fubventions que les eccléfafti- ques payent au roi, & ces décimes {ont devenues annuelles & ordinaires ; le clergé paye aufli de tems en tems au roi des décimes ou fubyentions extraor- dinaires. Ce mot décime vient du latin decima , qui fignifie en général la déxierne partie d'une chofe. Ce mot decis ma a d’abord été appliqué à la dixme, parce que dans l’origine elle étoit par-tout du dixieme des fruits : ce même mot decina a aufli été appliqué aux décimes , parce que les premieres levées qui furent faites de cette efpece , étoient auffi du dixieme des fruits & revenus ; enforte que le mot latin decima fi- gnifie également dixme &c décime, quoique ce {oient deux chofes fort différeñtes,puifque la dixme fe paye à l’Eglife , au lieu que les décimes font fournies au roi par le clergé : c’eft pourquoi dans notre langue on a eu l'attention de diftinguer ces deux objets en appellant dixme la portion des fruits que les fideles donnent à l’Eglife; & décime, ce que l’'Eglife paye au roi pour cette fubvention. | La premiere levée faite par nos roïs qui ait été qualifiée de décime, & dont les autres levées fem- blables ont emprunté le même nom, eft celle qui fut faite fous Philippe-Augufte.Saladin , foudan d'Egyp- te, ayant le 26 Septembre 1187 pris la ville de Jé- rufalem & chañlé les Chrétiens de prefque toute la Paleftine , toute la Chrétienté prit les armes ; l’em- pereur , le roi d’Angleterre, & Philippe-Augufte , fe croiferent, & tout ce qu'il y avoit de plus illuftre dans le royaume. Pour fournir aux frais de cette ex- J - pédition, 1l fut ordonné dans une affemblée d'états tenue à Paris au mois de Mars +188, qu'on leveroit fur les eccléfiaftiques le dixieme d’une année de leur revenu, & fur les laics qui ne feroient point le voya- ge, le dixieme de tous leurs biens-meubles & de tous leurs revenus. Cette levée fut appellée la 4xme ou décime Saladine , à caufe qu’elle étoit du dixieme & qu’elle fe faifoit pour la guerre contre Saladin. Pierre de Blois écrivit contre cette levée pour le clergé ; cependant elle fut payée par tous les fujets du roi. Il y en eut une femblable en Angleterre. Depuis ce téms , prefque toutes les levées que lon fit fur le clergé pour les croifades ou autres guer- res, que l’on appelloit fainres, furent nommées &- xiemes Où décimes. Il y en eut en effet dans la fuite encore quelques- unes qui furent pareillement du dixieme ; mais 1l y en eut aufli beaucoup d’autres qui furent moindres, comme du cinquantieme, du centieme : on ne laiffa pas de leur donner à toutes le nom de décimes ; de forte, par exemple , que la levée du centieme fut appellée la décime - centieme | & ainfi des autres ; & pour diftinguer de celles-ci les décimes qui étoient réellement du dixieme, on les appelloit décimes en- tieres. Il y eut auf des doubles-décimes êt des demi- décimes , c’eft-à-di:+ qui fe levoient pendant deux années, ou pendant une demi-année. Enfin ce nom _de décimes eft demeuré à toutes les levées ordinai- D E C rès & extraordinaires qui fe font fut le clergé, quoi- w’elles foient. communément beaucoup au-deflous “e dixieme de leur revenu. Les croïfades pour iefquelles on faifoit ces levées _ für le clergé , n’avoient lieu d’äbord que contre les infideles. On en fit enfiute contre les hérétiques & contre les excommuniés ; & ce fut autant d’occa- ions pour lever des décimes, ” Les papes en levoient auffi pour les guerres qu'ils avoient perfonnellement contre quelques princes chrétiens, qu'ils faifoient pañér pour ennemis de VEghfe. Les Souverains qui partageoïient ordinaire- ment le profit de ces impoñitions , confentoient qu'- elles fuflent levées dans leurs états par les officiers du pape. On voit par une lettre de Philippe-Augufte aux églifes de Sens datée de lan 1210 au mois de Mars, qu'il accorda une aide fur le clergé de France à Innocent III. pour la guerre que celui-ci avoit cOn- tre l’empereur Othon IV. On ne peut pas dire à quoi montoit cette aide ; car le pape & le roi s’en remet- toient à la difcrétion du clergé, Boniface VII. impofa en 1295 fur les églifes de France une décime-centieme,, & voulut s’appropfier certains legs ;"il avoit même déjà commis deux per- fonnes pour en faire la perception , mais Philippe- le-Bel ne le voulut pas foufirir ; & le pape ayant con- fenti que cet argent demeurât en fequeftre, le toi défendit à ceux qui en étoient dépoñitaires d’en rien donner que par fes ordres. On verra dans un mo- ment la fuite qu’eut cette affaire, en parlant des dé- cimes levées par Philippe-le-Bel, Pendant que le faint-fiége fut à Avignon, les pa- pes traitant de guerres faintes celles qu'ils avoient contre leurs compétiteurs, tenterent plufieurs fois de lever des décimes en France, mais ce fut le plus fouvent fans fuceès ; ou s'ils en obtinrent quelqu’- une, ce fut par la permiffion du roi. Ce fut dans cette circonftance que Jean XXII. follicita long-tems Charles IV. dit le Bel, pour ob- tenir de lui la permifion de lever des décimes en France. Charles-le-Bel après l'avoir plufeurs foiste- fufée, la lui accorda enfin en 1326 ; mais à condi- tion de partager par moitié le produit de ces déci- nes. Benoît XIII. accorda en 1399 , du confentement du roi Charles VI. une décime fort lourde au patriarche d'Alexandrie, pour le rembourfer des dépenfes quil difoit avoir fait pour l’Eglife. Les eccléfiaftiques s’y oppoferent ; mais les grands du royaume, qui peñ- dant la maladie de Charles VL. avoient tout pouvoir, tinrent la main à cette levée, dont on prétend qu'ils eurent [a meilleure part. | n Ce même Benoît XIII. impofa en.140$ fur le cler- gé de France, une décime pour l’union de lEolife qui étoit alors agitée par un fchifme qui dura près de 0 ans ; mais le parlement de Paris par un arrêt de 1406, défendit à tous, les eccléfiaftiques & autres de payer aucune fubvention au pape , au moyen dequoi cette décime ne fut point levée. Te Alexandre V.fit auffi demander au roi par fon lé. gat, en 1409, deux décimesfur le clergé pour les né- cefhtés du faint-fiège ; à quoi l’univerfité s’oppofa au nomde toutes les églifes du royaume, & la demande du légat fut rejettée. | 414 La même chofe fut encore tentéepar Jean XXII en 1410, & ce fut pour cette fois fans fuccès : mais en 1411 il obtint du confentement du roi, des prin- ces , des prélats, & de l’'univerfité : un demi-dixieme payable moitié à la Madeleine, moitié à la Pente- côte fuivante. Le concile de Bâle ordonna en 1433 la levée d'un | denu-dixième fur le clergé ; & il y a lieu de croire L’anti-pape, Pierre de Lune, qui prit le nom de D £ € 67: que cctté levée de fit dans toute la chrétienté 3 VE que le concile travailloit pour toute ’Eglife, Calixte IL, obtint auf en 1456 de Charles VIL. la permiffion de lever uné décime fur le clergé de France pour la guerre contre les Turcs; il écrivit au roi lé premier Mai de la même année, pour lere- mércier d’avoir permis cettélevée. M;Patin, enfon memoire [ir les décimes » Croit pourtant que celle-ci n'eut pas lieu. Mais on trouve une preuve du contraire dans ce quife pafla par rapport à Pie IT, car ce pape ayant demandé en 1450 aux ambafladeuts de Charles VIE. qu'on lui accordât une nouvelle taxe fur le clergé de France; les ambaffadeurs lui répondirent qu’ils n'avoient point de pouvoir , & fon prédéce feur ayant;obtenu depuis peu une Pareille levée , On ne lui en accorderoit pas une nouvelle; 8 enefet, celle qu'il propofoit n’eut pas lieu, | On trouve encore qu’en 1469 , Louis XI. À la re- commandation du cardinal Balle, pérmit au pape de lever en France une décime qu montoït àtr27 mil le livres ; 8 depuis ce tems, les décimes pupalesw’ont plus eu lieu en France. Pôur revenir aux décimes royales, ontadéja vüû que les premigtes levées auxquelles on donna le nom de décime | furent faites {ur tous.les fujets du roi indiftinétement, Pour ce qui eft des fubventions fournies par le clergé en particulier, quelques-unes furent appel- les aides, & non pas décimes, foit parce qu’elles n°é. toient pas du dixieme , ou plûtôt parce qu'on ne donnoit alors le nom de décimes qu'auxlevées qui fe fafoient pour les guerres faintes. ‘ Toutes les décimes 8 autres fubventions payées par les eccléfiaftiques , foit pour les guerres faintes!, 4oit pour les autres befoins de l’état , ont toûjours été levées de l’autorité-de nos rois ; &juiqu'aure- . gne de: Charles IX. elles fe faifoient fans attendre le confentement du clergé. Il n’y avoit’même point encore d’aflemblées: particulieres du clergé , télles que celles qui fe font aujourd’hui pourträiter dé fes contribntions!; car les conciles & les fynodes ayant pour objet les matieres de foi & de difcipline ecclé- fiaftique ; filon y traitoit quelquefois du temporel de l'églife , ce-n’étoit qte par occañon:; ou fi le clergé s’aflembloit quelquefois pour délibérer fur les fub- Ventions qui lui étoient' demandées , une: on-deux aflemblées confommoient l'affaire ; &ces-affemblées n’avoientrien de fixe, ni pour le tems de leur {£an= ce ; ni pour la forme. HO : Les premieres décimes ayant été levées pour des croïfades ou guerres faintes , les papes’, pour éten- dre leurpouvoir , prirentide-1à occafon de doriner des bulles pour approuver ces fortes de levées; com- me fi leur permiflion ou confentement eût été nécef. faire; ilsavoient auf quelquefois pour but-d'obtenir une partie de ces décires., ou la permiffion d’en lever quelque autre pour eux: : ê THE Nos rois permettoient la publication de ces bul.. les, tant par refpeét:&'par déférence pour le faint fige, que pour engager plus facilement les eccléfiaf tiques à leur fourmries fubventions dont ils avoient befoin ; maïs elles étoient toüjours toutes levées de l’autorité du roi & par fes officiers ; il yet mème dès-lors plufieurs occafions oùronen leva de la feule autorité du roi fans l'intervention d'aucune bulle des papes , 8 ceux-ci ont eux-mêmes reconnu fo-. lemnellement que nos rois font en droit de faire ‘de. telles levées’ fur le clergé pour les befoins de Pétat, fans la permifion du faint fiépe ; & depuis plus de. deux fiecles il n’a paru en France aucune bulle des papes pour autoriferles décimes &r autres fabven- tions, foit ordinaires ou extraordinaires quife lévent fur le clergé, NAT T HU, | À 672 D EC Quelques exemples de ce qui s’eft paflé à ce fujet fous chaque regne juftifieront ce que l’on vient d'a- vancer. Nous reprendrons la fuite des faits à Philippe Au- ‘gufte, fous lequel il y eut quatre décimes levées en France. La premiere fut la dixme faladine en 1188, quife leva, comme on l’a và ci-devant , fur toutes fortes de perfonnes. La feconde fut l’aide qu’il accorda en 12710 à In- mocent Ill. pour la guerre que ce pape avoit contre ‘Othon IV. Il y en eut une troifieme à l’occafñon d’un fecond voyage d’outremer , pour lequel le pape & le roi permirent de leger fur toutes ee de perfonnes le vingtieme de leûrs biens. Baudouin, comteFlandres, s’étant croifé avec plufieurs princes & feigneurs de tous les états chrétiens , au lieu d’allerà la terre fain- te, s'étant par occañon arrêté à Conftantinople , prit cette ville, & fe rendit maître de l'empire d'Orient: JInnocentIll. pour faciliter cette expédition , fe taxa lui-même aufli-bien que les cardinaux, & ordonna que tous les eccléfiaftiques payeroïient pendant trois ans le vingtieme de tous leurs reyenus ; il modéra depuis cette taxe au quarantieme "dm moins pour Îles églifes de France. HonoriusIil. fon fucceffeur , dans une lettre par lui écrite aux archevêques du royau- me en 1217 ou 1218 , dit que pour la guerre d’ou- tremer , il avoit, dès fon avénement au pontificat , ordonné la levée d’un vingtieme fur tous les biens du clergé de France & de tous les autres états de la chrétienté; que le roi qui s’étoit croifé pour la guer- re des Albigeois lui demandoit le vingtieme qui de- voit fe prendre fur les eccléfiaftiques de fon royau- me ; & après avoir exprimé fon émbarras, ne vou- lant ni éconduire le roi , ni détourner les deniers de leur deftination , il applique la moitié de ce vingtie- me pour la guerre d’outremer , & l’autre pour la guerre des Albigeoïs. Enfin , il paroït par des lettres de Philippe Au- gufte, de l’an 1214, qu’en faveur de la croifade en- treprife par Jean, roi d'Angleterre , il. y eut fous ce regne une quatrieme décime ; que le roi avoit promis d'employer la quarantieme partie de fés revenus d’une année ; que cela fe fit à la priere des croïfés &c de tout le clergé ;.que perfonne ne devoit être exempt de cette contribution, mais que le roi en s’engageant d'envoyer ce fecours marquaque c'étoit abque confuetudine ; c’eft-à dire fans tirer à confé- quence pour l’avenir. | Le regne de Louis VIIT. qui ne fut pas de longue durée, ne nous offre qu'un feul exemple de levée faite fur le clergé en 1226, & qui fut probablement employée à la guerre des Albigeois. Depuis ce tems les befoins de l’état fe multipliant, les levées fur le clergé devinrent aufñ plusfréquentes. Les mémoriaux de la chambre des comptes font mention que S. Louis s'étant croifé en 1245, le pa- pe lui accorda en cétte confidération premierement les décimes de fix années , & enfuite de trois autres années. Innocent IV. dans une bulle de l'an 1252 , dit qu’il avoit ci-devant accordé à ce prince pour fa déli- vrance deux décimes entieres , c’eft-à-dire qui étoient réellement du dixieme du revenu du clergé, au lieu que la plüpart des décimes étoient beaucoup moin- - dres ; le pape ajoûte que ces deux décimes n’étoient pas encore tout-à-fait payées , & il permetid’ache- ver de les lever en la maniere que le royaume avi- fera, à condition que ceux qui avoient payé les deux décimes ne payeroient rien fur ce nouvel ordre de levée , & que ceux qui payeroient fur ce nouvelor- dre ne payeroïent rien des deux décimes. Urbain IV, accorda, du confentement des, Louis, me à une double décime. à Charles d'Anjou fon frere , comte de Provence, & depuis roi de Naples,une autre décime pour la guer- re contre Mainfroy qui avoit ufurpé le royaume de Naples ; c’eft ce que l’on voit dans deux lettres écrites par Urbain [V, à S. Louis, vers l’an 1263 ou 1264, dans lefquelles le pape prie le roi d’avancer à fon frere l’argent qui devoit revenir de cette dé: cime qui ne pourroit être levée qu'avec beaucoup de tems, ce que l’état des affaires ne permettoit pas d’attendre. | Dans une autre lettre que ce même pape écrivit encore à $. Louis à- peu- près vers le même tems, on voit qu'Alexandre IV. fon prédécefleur, avoit du confentement du roi, impofé un centieme fur le clerz gé pour la terre-fainte ; en effet le pape prieS. Louis d'aider au plütôt d’une partie de ce centieme Gode: froy de Sarcenes qui foutenoit alors prefque feul les affaires d’outremer. | Ainfi en moins de 20 ans , S. Louis tira du clergé treize décimes ou fubventions. Sous Philippe IIT. dit le Hardi, fon fils & fon fuc= cefleur , il y en eut deux différentes. L’une fut celle qu'il obtint de Grégoire X. an concile de Lyon en 1274: elle étoit deftinée pour {a terre-fainte, & fut accordée pour fix années : l’e., xécution en fut donnée au cardinal Simon, alors légat en France, qui fut depuis le pape Martin IV. L'autre lui fut accordée en 1283 dans une célebre affemblée d'états tenus à Paris, où le roi accepta pour fon fils Le royaume d’Arragon, & prit la croix des mains du cardinal Cholet légat du pape. Les longues guerres que Philippe-le-Bel eut à foù- tenir tant contre Pierre d’Arragon que contre les Flamands, l'Angleterre, & l’Empire, l’obligerent de lever plufeuts décimes , tant fur le clergé que fut fes autres fujets. On en compte au moins 21 dans le couts de fon regne ,. qui fut d'environ 28 années. On voit dans l’hiftoire de Verdun que Martin IV. accorda à ce prince une décime fur toutes les éghfes du diocèfe de Verdun, & de plufieurs autres de PAI- lemagne ; & qu'Honorius IV. en accorda la quatriez me partie à l’empereur Rodolphe. pr Nicolas IV. en accorda une autre à Philippe-le-Bel en 1289 pourla guerre d’Arragon, & fuivant le mé- morial crux , le roi pfèta au pape le quart des deniers de cette décime qui n’avoit êté accordée qu'à condition que le pape en auroiït 2000001iv. Le même mémorial fait mention d’une autre décr- me de quatre ans qui fut accordée au roi pour les af- faires d'Arragon & de Valence. ; Ce même prince, pour fubvenir, tant aux frais de la guerre contre les Anglois , qu'aux autres né- ceffités de l’état, fit en 1295 une impofition d’abord du centieme, & enfuite du cinquantieme fur tous les biens du royaume , tant du clergé du royaume que fur fes autres fujets : ces impofitions ne fe per- cevoient pas feulement à proportion du revenu,’ mais du fond des biens -meubles & immeubles , de forte que le centieme du fond revenoïit à-peu-près à la décime ou dixieme durevenn , & le cinquantié: : {Boniface VIIL. voulut de fa part lever auffipour lui une décime , maïs Philippe-le-Bel s’y oppofa, com- meon l’a déjà obfervé en parlant des décimes papa les : le reffentiment que le pape en conçut contre Philippe-le-Bel , ft qu'il chercha à le traverfer dans la levée du centieme & du cinquantieme , du moins par rapport au clergé ; ce fut dans cette vüequil donnaen 1296 la fameufe bulle c/ericis /aicos , par laquelle il défendoit aux ecclefiaftiques de payer aus cun fubfide aux princes fans l’autorité du faint fié- ge , à peine d’excommunication dont labfolution feroit référvée au pape feul. Cette bulle ft agiter pour la premiere fois fi les biens de l’églifé étoient | | tenus D E C tenus de contribuer aux charges de l’état, Fdoüard roi d'Angleterre, irrité de ce que le clergé réfufoit de lui accorder un fubfde dans la crainte de l’exe communication portée par la bulle c/ericis laicos , fit fafir tous les biens eccléfiaftiques qui fe trouvoient fur les fiefs laïcs : la bulle n’excita pas moins de mur- mures en France, | Enfin en 1297, à la priere des prélats , le papé en donna une autre datée du dernier Juillet en explica- tion de la précédente, par laquelle après en avoir rappellé la teneur, il déclare que cette conftitution ne s'étend point aux dons , prêts & autres chofes volontaires que les eccléfiaftiques peuvent donner au roi, pourvû que ce foit fans aucune contrainte ni exacton ; 1l excepte auf les droits féodaux , cen- fuels | & autres qui peuvent avoir été retenus dans la ceffion des biens eccléfiaftiques, ou autres fervi- ces dûs , tant de droit que de coûtume , au roi & à fes fuccefleurs , ainfi qu'aux comtes, barons , no- bles, & autres feigneurs temporels. Il ajoûte que fi le roi ou fes fucceffeurs, pour la défenfe générale ou particulhere du royaume , fe trouvoient dans une néceflité preflante , la précédente bulle ne s’étend point à ce cas de néceflité ; même que le roi & fes fucceffeurs peuvent demander aux prélats, & autres perfonnes eccléfiaftiques , & recevoir d'eux, pour la défenfe du royaume , un fubfide ou contribution, & que les prélats & autres perfonnes eccléfiaftiques feront tenus de le donner au roi & à fes fucceffeurs, {oit par forme de quotité ou autrement , même fans confulter Le faint fiége , & nonobftant toute exem- ption ou autre privilège tel qu'il pût être. Si Le roi & fes fuccefleurs reçoivent quelque chofe au-delà de ce qui fera néceflaire , 1l en charge leur confcience. Enfin il déclare que par cette bulle ni par la précé- dente , 1l n’a point eu intention de faire aucune di- minution , Changement, ni dérogation aux droits, libertés , franches, ou coûtumes , qui au tems de la premiere bulle, ou même avant , appartenoient au roi &t au royaume , aux ducs , comtes ; barons, nobles , & autres feigneurs , ni d’impofer aucunes nouvelles fervitudes ni foùmiflions , mais de con- ferver en leur entier ces mêmes droits, libertés , franchifes, & coûtumes. Les derniers termes de cette bulle méritent d’au- tant plus d'attention, que Boniface VIII. y recon- noît formellement que l’ufage dans lequel eft le roi de demander au clergé des fubventions, n’eft point un privilège, mais un droit attaché à la couronne! dont il peut ufer même fans confulter Le pape; droit dont nos rois ne fe font jamais dépouillés comme ont pù faire quelques autres fouverains, qui fe font foû- nus au decret du concile de Latran tenu fous le pape Innocent II. Ainfi nos rois n’ont pas befoin de s’aider de cette feconde bulle de Boniface VIII, ni d’une troifieme qu'il donna l’année fuivante, par laquelle il étendit encore l'exception , au cas où Les fubventions fe- roient levées pour la rançon du roi, de la reine, ou de leurs enfans ; étant inconteftable que nos rois par le droit de leur couronne & fuivant les principes du droit naturel, font fondés à lever, comme ils ont tot. jours fait, fur le clergé de même que fur leurs autres fujets, des fubventions, foit ordinaires ou extraor- dinaires, toutes les fois que les befoins de l’état le demandent. Après la reconnoïffance authentique faite par Bo- niface VIITL, que le roi pouvoit fans fon confente- ment lever des fubfides fur le clergé de France, il lui accorda dans la même année des decimes, qui conti- nuerent Jufqu'en 1300 ou environ. Benoït XI. fuccefleur de Boniface VIII, accorda encore à Philippe le Bel trois années de decimes, fa- voir depuis Noël 1304 jufqu’à Noël 1307. Q FT 2 3941 397 D E C 673 Clément V. ajoûta d'abord deux années à eetre conceflion, ce qui fit cinq années ; & par une bulle du 6 Février 1309, il lui accorda encore une annéé de décimes. | | Indépendamment de ces différentes Æécimes aca cordées par les papes à Philippe le Bel, il en leva encoïé une autre enr 303 pour la guerre de Flandres: c'étoit alors le fort des démélés du roi avec Bonifa- ce VIII ; auffi cette décime fut elle levée de l'autorité feule du roi fans le confentement du papé : il avoit écrit des lettres circulaires à tous les évêques & ar» chevêques de fon royaume , pour qu’ils euflent à {e rendre à fon armée de Flandres ; 8 par d’autres let tres du 3 Oétobre de la même année, il ordonna qué tous archevêques , évêques , abbés » & autres prés lats, doyens, chapitres, couvents, collèges, & tous autres gens d’éplife, religieux & féculiers , exempts & non exempts, ducs, comtes , barons , damés , da: moifelles , & autres nobles du royaume, de quelque état & condition qu'ils fuflent, feroient tenus de lux faire fubvention 6: aide du leur pour la guerre pendant quatre mois ; favoir, Juin, Juillet, Août, & Septem bre lors prochains ; que ceux qui auroient soo livres de terre, fourniroient un homme d’armes ou gentil- homme bien armé & monté; que celui qui auroit 1000 livres de terre, en fourniroit deux, & ainfi des autres à proportion, Philippe le Bel demanda auffi dans le même tems aux prélats & barons un fubfde en argent, qui lui fut accordé, Ce fubfide en argent fut qualifié de décime par rap- port aux eccléfiaftiques, comme il paroît par des let- tres de Philippe le Bel, du 13 Août 1303 , adreflées à l’évêque d'Amiens, portant ordonnance de faire lever une decime dans fon diocèfe, comme elle fe paÿoit dans les autres, pour fubvenir aux dépenfes de la guerre de Flandres. Il y eut aufi une double 4ecime ou cinquieme im pofée par Philippe le Bel fur tous fes fujets en r 30% Il paroît par des lettres de ce prince du ro Oétobre, que pour tenir heu de ce cinquieme on lui offrit une certaine fomme, & que ces offres font qualifiées de don gratuit ; mais cette expreflion ne concerne pas les eccléfiaftiques en particulier, elle eft également relative aux offres des fujets laïcs. Cette décime le- vée de l'autorité feule du roi ne doit point être con- fondue avec celle que Benoît XI. lui accorda en 1304 jufqu’en 1307 : on peut voir les raifons qu’en donne M. Patru en fon mémoire fur les décimes. Philippe Le Bel leva encore d’autres décimes danse les années fuivantes : en effet, on trouve une com miflion du 25 Août 1313, adreflée par ce Prince au colleéteur des’ décimes qui fe leyoient alors.dans le pays Bordelois. Ordonn, de La croifterne race , tom. I. page 527. M. Patru, /oc. cir. a cru que fous Louis Hutin if _m’avoit été fait aucune levée de cette efpece : il pas roît néanmoins qu’en 1315 on levoit encore des déz cimes pour le voyage d’outremer , fuivant des let tres de ce prince du 3 Août de cette année, par lef. quelles 1l permet au colleéteur des décimes qui étoient levées dans le diocèfe de Reims, de créer des fergens & de les révoquer. On en levoit encore fur tout le clergé en 1316 ; ainfi que l’obferve M. le préfident Henault. Philippe V. dit le Long, frere & fuccefleur de Louis Hutin, obtint dans la même année de Jean XXII. la permifiion de levér aufli des décimes pour le pañlage d'outremer ; mais celles-ci n’eurent pas lieu, le roi s’en étant déporté volontairement par des raifons d'état. La dificulté que firent les eccléfaftiques de payer cette levée ne fut pas fondée fur une exemp- tion particuliere pour eux ; car les hiftoriens de ce tems font mention que le peuple fe défendit auf de QQqq 674 DEC payer certains impôts qu’on avoit voulu établir. Jean XXII. voulant obtenir de Charles IV. dit le Bel, la permifion de lever des décimes en France, lui accorda de fa part deux décimes , c’eft-à-dire une levée proportionnelle au revenu des eccléfiaftiques, qui devoit fe faire pendant deux années confécu- tives, La mort de Charles IV. étant arrivée en 1328, aVant que ces décimes fuflent entierement levées, Jean X XII. les confirma en faveur de Philippe VI. dit de Valois, fucceffeur de Charles le Bel ; il lui en accorda encore d’autres vers l’an 1335, à loccafon de la croifade projettée par Philippe VI. Benoît XIT. lui accorda auffi en 1338 les décimes de deux anhées; ce font fans doute ces dernieres, dont il eft parlé dans des lettres de ce prince du $ Novembre 1343, où il regle en quelle monnoïe on devoit lui payer les dixiemes ; c’eft ainfi qu'il appelle les décimes que le pape luiavoit, ditil, o@troyées dernierement pour la néceffité de fes guerres. Enfin Clément VI. lui ac- corda encore en 1348, deux décimes pour les nécef- fités de l’état; & dans une lettre que ce prince lui écrivit, 1l marque que les prélats & ceux qui com- pofent fon confeil lui ont dit qu'il pouvoit lever des decimes pour les befoins de l’état. Il y a lieu de croi- re que celles qu'il avoit déjà levées précédemment étoient aufli chacune pour plufieurs années, les hif- toriens difant de ce prince qu'il chargea exceflive- ment le clergé de décimes, pour fubvenir à la nécef- fité de fes affaires. | Il yeut pareillement plufeurs levées de décimes fous le regne du roi Jean. Il falloit qu'il y en eût déjà d’établies dès 1350; puifque dans des lettres de ce prince, du dernier Novembre de cette année, adreflées au prieur de S. Martin des Champs, 1l eft parlé des colleéteurs & fous-colleéteurs des décimes du pays de Languedoc. Innocent VI. lui accorda en 1353 les décimes de deux années. Ces levées font appellées dixiemes dans des lettres du roi Jean, de même que dans celles de Philippe VI. Les trois états aflemblés à Paris au mois de Mars 1355, ayant oroyé au même prince une aide pour la guerre contre les Anglois, 1l donna dans le même tems fon ordonnance , portant que les gens d’églife payeroient cette aide felon la valeur de leurs reve- aus, fauf que l’on n’eftimeroit point leurs biens meu- bles ; que les revenus de leurs bénéfices feroient pri- {és felon le taux du dixieme ; que s'ils avoient rentes ou revenus de patrimoine ou autres que d’éghife, on en eftimeroit la jufte valeur comme pour les autres perfonnes ; que l’on auroit égard à la valeur de leurs revenus jufqu'à cinq mille livres, & non plus ; que pour le premier cent ils payeroient quatre livres, & pour chaque autre cent, 40 fols. Que l’aide feroit payée de même par toutes fortes de religieux, hofpitahers , ou autres quelconques , excepté les mendians ; fauf que les religieux cloïtrés ne payeroient rien, mais feulement que les chefs des églifes payeroïent ainfi que ceux qui avoient tentes, reyenus, ou qui aurorent office où adminif- fration. Enfin, que toutes perfonnes d’églife payeroïent ce fubfde , & ne s’en pourroient exempter pour quel- que privilége que ce füt; de même qu'il payoit les dixiemes , que l’aide feroit ainfi payée par les reli- gieux & nonnains qui auroient du-moins dix hvres de rente, & que ceux dont le revenu feroit au-def- fous ne payeroient rien. | L'inftruétion qui fut envoyée pour la perception de cette aide, marque, par rapport aux gens d’égli- fe, que toutes perfonnes de cette qualité, exempts & nonexempts, hofpitaliers & autres quelconques ayant temporalité, payeroient pour cette année aux termes ordonnés, un dixieme & demi de leursreves nus, felon le taux auquel leurs bénéfices étotent ta- xés au dixieme ; &c pour les bénéfices non taxés, qu'ils payeroient de même fuivant l’eftimation-; 8€ que les gens d’églile qui auroïent des rentes à ie, à volonté , où à heritage, payeroient pareillement une dixieme: & demie pour cette année. " Une partie des habitans dur Limoufn & des pays voifins ayant pareïllement oftroyé au, roi Jeansune aide pour les délivrer des ennemis qui étoient dans leur pays, le roi fit à ce fujet une ordonnance au mois de Juillet 1355 ,portant entr’autres chofes que les gens d’églife avoient avifé que tout homme d’é- glife payeroit pour-cette aide , une fois, telle fom- me qu'il avoit coûtume de payer pour une année à caufe du dixieme ; & il eft dit que c'étoit libéralement € pour charité en aumofne, fans compulfion & de leur bon gré ; ce qui annonce bien que les eccléfiaftiques payoient fans que l’on fût obligé d’ufer contr’eux de contraintes, mais il ne s'enfuit pas de-là qu'ils ne fuffent pas obligés de payer. Le roi Jean fit encore une autre ordonnance au mois de Mai 1356, en conféquence d’une aflemblée des états pour l’établiffement de deux fubfides qui devoient être payés confécutivement : elle porte que ces deux fubfides feront payés par toutes fortes de perfonnes, gens d’églife & autres, excepté les gens d’églife payans dixieme : il paroît par-là que l’on qualifioit de dixiemes ou décimes Les levées qua étoient faites fur le clergé du confentement du pape; au lieu que les levées qui étoient faites de l'autorité feule du roi, tant fur le clergé que fur le refte du peuple , étoient feulement qualifiées d'aides ou /4b- fides, lorfqu’elles n’étoient pas employées à des guer- res faintes. Il y eut plufieuts de ces aides levées fur le clergé pendant la captivité du roi Jean. Le dauphin Charles régent du royaume, fit une ordonnance à Compiegne le 3 Mai 1358, en confe- quence d’une affemblée des trois états du royaume de France de la Languedoïl, portant établiffement d’une aide pour la délivrance du roi &c la défenfe du royaume ; au moyen de quoi toutes autres aides, impofitions , dixiemes , 8&c autres oétroyés au roi où au dauphin pour le fait de la guerre, devoient cefler, excepté ce qui pouvoit être dû des dixiemes oftroyés par le pape fur les prélats & autres gens d'éplife, avant l’aflemblée de Paris faite au mois de Février 1356, qui fe leveroit-par les ordinaires {elon la for- me des bulles fur ce faites. Il eft dit par la même ordonnance , que les gens d’églife exempts & non exempts, hofpitaliers, & autres de quelqu'état, condition ou religion qu'ils fuflent, avoient odroyé au roi un plein &c entier dixieme de tous leurs bénéfices taxés ; que quant aux bénéfices non taxés , les ordinaires y pourvoi- roient de fubfde convenable, & le feroient lever parleur main, excepté toutefois les hofpitaliers qui payeroient le.dixieme entier de toutes lenrs poifef- fions & revenus, encore qu’ils ne fuffent pas taxés. … Les trois états d'Artois, du Boulonnois, & du comte de Saint-Pol , o@royerent aufhi en 1362 une aide pour la délivrance du roi Jean & de fes ôtages: ils en accorderent encore une autre pour la même caufe en 1365. Les.eccléfaftiques payoient ces ai- des de même que les précédentes; en effet, Char- les V. par une ordonnance du 27 Août 1365, leur accorda le privilége de ne pouvoir être contraints au payement de leur contingent g4e par des bras de l'Eglife ; mais il mét cette reftri@ion, & moins qu'il n'y eût négligence notable de la part des bras de l’E- ghfe, auquel cas il fe réferve dy pourvoir de re- mede convenable, ayec le moins de dommage que faire fe pourra | Les privilèges que Philippe le Bel avoit accordés en 1304 à l’évêque de Mende & aux eccléfiaftiques de ce diocele, & qui furent confirmées par Charles V. au mois de Juillet 1373 , contiennent entr'autres dif- pofñtions, que pendant le tems que l’évêque de Men- de &c les eccléfiaftiques de fon diocèfe payeront les decimes & fubventions qu’ils ont accordées au rot, ils ne payeront point les autres décimes que le pape pourta lui oûtroyer; ce qui fournit une nouvelle preuve que nos rois leyvoient des décimes & autres fubventions fans le confentement du pape. Clément VIT. qui fiégeoit à Avignon , accorda en 1382 des décimes à Louis duc d'Anjou , qui étoit régent du royaume à caufe du bas âge du ro1 Char- les VIT. fon neveu ; ces décimes furent employées à la guerre que le régent entreprit pour conquérir le royaume de Naples. Il accorda encore en 1392 à ee même duc d’An- jou , qu'il venoit de couronner roi de Naples, une autre décime fur le clergé de France ; ce qui fut fait du confentement de Charles VI. L’univerfité de Pa- ris s’y oppofa vainement ; cette décime fut levée. Le duc d'Orléans & le duc de Bourgogne, qui eurent fucceflivement le gouvernement du royau- me, tenterent en 1402 de faire une levée fur le cler- gé, de même que fur les autres fujets du roi ; mais l'archevêque de Reims & plufieurs autres prélats s’y étant oppolés , celle - ci n’eut pas lieu à l'égard du clergé. Quelques auteurs difent que du tems de Charles VI. le clergé divifa fes revenus en trois parts, une pour l'entretien des églifes & bâtimens, l’autre pour _ les eccléfiaftiques , & la troifieme pour aïder le roi dans fes guerres contre les Angloïs : mais les chofes changerent par rapport aux Anglois , au moyen de la treve faite avec eux en 1383 ; & depuis ce tems ils devinrent fi puiffans en France,qu’en 1421lesétats duroyaume accorderent à Charles VI. & à Henri V. roi d'Angleterre , qui prenoit la qualité d’héritier & de régent du royaume , attendu la maladie.de Char- les VI. une taille de marcs d'argent , tant fur les ec- cléfaftiques que fur les nobles, bourgeois, & autres pérfonnes aifées : cette taille fut impofée par les commiflaires des deux rois. Le duc de Bethford , régent du royaume pour le roi d'Angleterre , voulut en 1428 prendre les biens donnés à l’églife depuis 40 ans ; mais le clergé s’y oppofa fi fortement , que le duc changea de deffein. Aux états aflemblés à Tours en 1468 , le clergé promit à Louis XI. de le fecourir de prieres & orai- ons , & de fon temporel pour la guerre de Bretagne, laquelle n’eut pas de fuite ; ce qui fait croire à quel- ques-uns que les offres du clergé n’eurent pas d’ef- fet; mais ce qui peut faire penfer le contraire, eft que le roi accorda l’année fuivante au pape une de- cime | comme nous l’avons diten parlant des décimes papales. Voyez auffi plus bas DECIMES PAPALES. On publia fous Louis XIL. en 15071, une croifade contre les Turcs qui faifoient la guerre aux Véni- tiens , & on leva à cette occafon une cime fur le clergé de France. Jufqu'ici les décimes n’étoient point encore ordi- naires ; les fubventions que le clergé payoit dans les befoins extraordinaires de l’état , étoient qualifiées, tantôt de dixme ou décime, & tantôt d’aide ou fub- fide , de dixieme, centieme , cinquantieme, taille, &c. Les aflemblées du clergé, parrapport à ces con- tributions , étoient peu fréquentes , & n’avoient point de forme certaine ni de tems préfix ; mais en 1516 les chofes changerent de face ; la négociation du concordatpaflé entre Léon X.. &c François I. don- na lieu à une bulle du 16 mai 1516 , par laquelle, fous prétexte que le Turc menaçoit la chrétienté, le pape permit an roi la leyée d’une décire fur le clergé Tome IF, D EC 673 de France le motif exprimé dans la bullé ef qiie le roi avoit deflein de païlèr en Orient ; mais ce mo- tif n'étoit qu'un prétexte , François [. né pénfant guere à pañler les mers, On fit à cette océafion un département où répartition de cette décime par ché- que diocèfe fur tous les bénéfices ; & ce départe- ment eft fouvent cité, ayant été fuivi , du moins en partie, dans des aflemblées du clergé ; il ÿ a ce- pendant eu depuis un autre département en 164r, qui fut rectifié en 1646, | On tient communément que c’eft depuis cé tertis que les décimes font devenues annuelles & ordinai- res ; il paroît cependant qw’elles ne l’étoient point encore en 1557, puifqu'Henriil. en créant alors des receveurs des deniers extraordinaires & cafuels, leur donna pouvoir entr’autres chofes de! recevoir les dons gratuits & charitatifs équipollens à décimes, Ce qui eff de certain , c’eft que la taxe impofée en 1516 fur tous les bénéfices fut réitérée plufieurs fois fous le titre de don gratuit & de charitatif équ- pollent à décime, | Les lettres patentes de François I. du 24 Septerä- bre 1523 , font mention que le roi avoit demandé depuis peu un fubfide de 1200 mille livres tournois à tous archevêques , évêques , prélats , & autres gens Ace > pour la folde des troupes le- vées pour la défenfe du royaume : on trouve même dans ces lettres qu'il y avoit eu une impofñition dès 1518 , & il ne paroït point qu’il y eût aucun con- fentement du pape. En 1527, lorfqu’il fut queftion des affaires d’Ef- pagne pour le traité de Madrid , en laflemblée du parlement où étoient le chancelier & les députés de fix parlemens ; la cour, du confentement, vouloir & opinion des préfidens & confeillers des autres par- lemens , & d’un commun accord, ordonna que la ré- ponfe feroit faite au roi, qu’il pouvoit faintement & juftement lever fur fes fujets, favoir l’églife, la nobleffe , peuple , exempts & non exempts, deux millions d'or pour la délivrance de fes enfans ( qui étoient reftés prifonniers), & pour le fait de la guer- re contre l’empire. Au lit de juftice tenu Le 20 Décembre de la même année , où étoient plufeurs évêques , le cardinal de Bourbon ditquel’Eglife pourroit donner & faire pré- fent au roi de 130000 livres. Le prenuer préfident répliqua qu’il n’étoit hom- me quin’eüt dit que le roi devoit leverles deux mil- lions d’or fur l’Eghfe , la nobleffe, &c. IL voulut traiter fi les gens d’églife pouvoient être contraints de contribuer ; mais le cardinal de Bourbon craignit l'examen d’une prétention que le clergé avoit tou- jours cherché à éviter par des offres : Z cardinal, dit le regiftre , Zui a clos la bouche , v4 l'offre qu'il a fait, © de traiter & entretenir l'églife en fa liberté, & fes prérogatives, prééminences 6: franchifes, difant que le roi le devoit faire:, mais qu’ils peuvent & doivent ra1- Jonnablement contribuer pour le cas qui s'offre, fans Je con/feiller n1 attendre le confentement du pape. Il y eut là-deflus deux avis : l’un de demanderen Particulier aux évêques & prélats ce quils vOu- droient donner de leur chef, & de lesexhorter d’af- fembler enfuite leur clergé pour impofer fur eux ce qu’ils pouvoient raifonnablèment porter ; l'avis le plus nombreux fut quel’églife & la nobleffe devoient contribuer , & n’en devoient point être exempts 3 combien, eft-il dit, qu'ils foient francs, que la portion du clergé devoit fe lever par décimes pour accélérer ; qu’il convenoit que le roi choisit cinq ou fix arche- vêques & évêques, autant de princes & nobles, & autant des cours fouveraines , pour faire la diftribu- tion, afiete & départ de l’impofñtion, & enfuite dé pêcher des mandemens aux archevêques, évêques, & autres prélats, poux faire lever fur eux & fur leur QQagqi 676 DEC clergé les fommes qui leur feroient impofées, pour- quoi le roi leur donnera main-forte. La guerre qui fe préparoit contre la France en 1534, obligea encore François I, de s’aider du re- venu temporel de léglife : il témoigne à la vérité par fes lettres patentes du 12 Février, que c’eft à fon très-grand regret ; mais il marque en même tems le danger qui menaçoit le royaume , & le fervice au- quel feroient tenus les propriétaires des fiefs s'ils étoient hors les mains des eccléfiaftiques ; & par ce motif il enjoint à tous officiers royaux de faire faifir pour cette fois feulement, & fans tirer àconféquence, le tiers du temporel des chapitres, colléges & com- munautés , & la moitié de celui des archevêques , évêques, abbés , prieurs, & de leurs couvens. Les eccléfiaftiques n’eurent main -levée de cette faifie qu’en offrant, fuivant leur ufage , trois déci- mes , payables moitié à la Toufaints, & moitié à Noël ; & le roi par une déclaration du 28 Juillet x53senexempta les confeillers-clercs du parlement. Il eft vrai que cette déclaration , & une autre du 19 Août fuivant, en faveur du commis au grefle ci- vil du parlement , qualifient ces trois décimes de don gratuit & charitauf équipollent à trois décimes ac- cordées par le clergé : mais François. fe mettoit peu en peine de ces qualifications , pourvû qu'il eût ce qu'il demandoit ; & l’adrefle de ces deux déclara- tions qui eft faite à la chambre des comptes ou au- tres commiflaires commis & députés par le roi pour oùir les comptes du don gratuit , fait aflez fentir que l’impofition fe levoit par autorité du roi. On continua de lever des décimes jufqu’au decès de François [. comme il paroït par trois déclarations des 7 Décembre 1542, Février 1543, & 19 Mai 1547, dont la premiere ordonne que les décimes des gens d'églife & autres deniers extraordinaires fe- ront portés ou envoyés aux recettes générales des finances par les receveurs de ces deniers , aux dé- pens des gens d’éghife ;-la feconde attribue la con- noiffance des comptes des décimes à la chambre des comptes , ce qui prouve de plus en plus que ces im- pofitions étoient faites de l'autorité’ du roi ; & la troifieme donnée par Henri IL. fait mention des de- cimes levées en l’année précédente qui étoit 1546. Les décimes fubfifterent pareillement fous Henri IT. puifque par la déclaration dont on vient de parler du 19 Mai 1547, il en exempte les confeillers-clercs du parlement de Paris, & que par une déclaration du 15 Février de la même année , il en exempte de même les confeillers-clercs du parlement de Roïüen. La déclaration du 19 Septembre 1547, contient un réglement pour les décimes du diocèfe de Bour- ges ; & celle du 21 Avnil15s0, contient un fembla- ble réglement pour le diocèfe de S. Brieux. Lors du lit de juftice tenu par Henri IL. le 22 Fé- vrier 15$1 , Ce prince ayant expolé la nouvelle guerre qu'il étoit prêt d’avoir , le cardinal de Bour- : bon dit en s’adreffant au roi, qu’oyant les grandes offres que lui faifoit la noblefle de fa vie & de fes biens M. ... que le clergé avoit deux chofes , Ir. ne l’oraifon & priere , que la feconde étoient les biens temporels dont le roi & fes prédéceffeurs les avoient fi libèralement départis ; que la veille ils s’é- toient aflemblés jufqu’à fix cardinaux & environ trente archevêques & évêques , qui tout d’un com- mun accord avoient arrêté de donner au roi fi grande part en leurs biens, qu’il auroit matiere de contentement , aflürant S. M. que fi les corps n’é- toient volés à Dieu & à la religion , ils ne lui en feroient moindres offres que la nobleffe. Les déclarations des 6 & 20 Janvier 1552, con- tiennent des réglemens pour la perception des déc. ques dans les diocèfes de Chartres & d’Evreux, ce qui fuppofe que dans le même tems on en levoit aufü dans les autres diocèfes. Le clergé accorda encore à Henri II. en 1557 fix s 1 . A ci cents mille écus ; le roi de fon côté, par un édit du . mois de Juin , créa un office de receveur pour le roi de toutes les impoñitions extraordinaires, y com- pris les dons gratuits des eccléfaftiques ; & par fes déclarations des 8 Décembre , 3 & 4Janviet 1 558» 1l exempta Les confeillers au parlement, & quelques autres perfonnes , des décimes, dons, oétroys charita- tifs équipollens 4 Zcelles à lui accordés, & qui l'avoir ordonné étre levés fur le clergé de fon royaume pour cette année ( 1558. C’eft ainfi que les décimes furent levées jufqu’en 1567, fans qu'il y eût aucune affemblée fixe du cler- gé, nm aucun contrat pañlé à ce fujet avec le roi ; & l’on voit par l’analyfe qui a été faite des différens réglemens intervenus fur cette matiere , que l’on confondoir alors avec les décimes , les dons sratuits ou dons charitatifs que l’on qualifioit d’équipollens à décirnes. Ce ne fut que depuis le contrat de Poiffy en 1567, que ces deux objets commencerent à être diftingués, Les prélats qui.étoient alors affemblés à Poiffy pour le fameux colloque qui fe tint avec les miniftres de la religion prétendue réformée , firent au nom de tout le clergé de France un contrat avecle roi, qu’on a appêllé /e contrat de Poiffy , par lequel ils s’enga- gerent à payer au roi 1600000 livres par an pendant fix années , & de racheter dans dix ans 630 mille li- vres de rente au principal de fept millions cinq cent foixante mille livres , dont l’hôtel-de-ville de Paris étoit chargéenvers divers particuliers qui avoient prêté de l’argent au roi : c’eft-là l’origine des ren- tes fur le clergé , qui ont depuis été auügmentées au moyen des divers contrats pañlés entre le roi & le clergé. Nous n’entrerons point ici dans le détail de ces rentes, qui fera mieux placé ax mot RENTES. Le clergé ayant été obligé de s’aflembler plufieurs fois , tant pour l’exécution du contrat de Poify, que par rapport aux nouvelles fubyentions qui fu- rent demandées au clergé dans l’intervalle de l’exé- cution du contrat de Poiffy ; les affemblées du cler- gé devinrent depuis ce tems plus fréquentes , fans néanmoins qu'il y eùt encore rien de fixé pour le tems de leur tenue. Ce ne fut qu’au commencement du fiecle dernier qu'il fut reglé que les affemblées générales qui fe tiens nent pourrenouveller Le contrat de Poifly, fe feroient tous les dix ans , d’où on les appelle décernales : les affemblées qui fe font pour régler les comptes fete- noient d’abord tous les deux ans , enfuite on les a fixé de cinq ans en cinq ans. Dans l’aflemblée du clergé tenue à Melun en 1579 , où fut établie la forme d’adminiftration qui - fubfifte encore préfentement ; le clergé prétendit avoir rempli tous les engagemens qu'il avoit pris par le contrat de Poiffy , & que fes députés n’a- voient pü l’engager au-delà par des actes pofté- rieurs. : Cependant au mois de Février 1680 , il fut pañlé un nouveau contrat avec le roi , par lequel le clergé s’obligea de payer pendant fix ans 1300000 livres pour fatisfaire au payement de.r206322 livres de rentes dûes fur les hôtels-de-villes de Paris & de Touloufe , & le furplus être employé au rachat de partie de ces rentes. Le termé pris par le contrat de Poifly & par celui de 1580, qui étoit en tout de feize années, étant ex- piré, il fut renouvellé à Paris par le clergé le 3 Juin 1586 pour dix années, & depuis ce tems il a toù- jours été renouvellé de dix ans en dix ans. Ces contrats ne differentes uns des autres, qu’- en çe que les rentes dont le clergé eft chargé ont aw- gmenté où diminué, felon les divers engagemens pris par le clergé avec le roi: elles ne montoient, fuivant le contrat de Poiffy., qu’à 630000 liv. elles furent depuis augmentées jufqu’à 1300000 liv. par différens contrats pañlés par les députés du clergé, lequel protefta contre cette augmentation de char: ges ; prétendant que les députés avoient excédé leur pouvoir. Néanmoins par le contrat de 1586 levcler- ge s’eft obligé à la continuation de ces rentes: & ce contrat a depuis été renouvellé tous les dix ans, ex- cepté que par le contrat de 1636 & autres contrats poftérieurs, les rentes furent réduites à 1296961 li- vres, à caufe de deux parties rembourfées par les diocèles de Bourges & de Limoges. Elles ne montent préfentement qu'à 12920906 livres 13 fous 9 den. Ces rentes dont le clergé eft chargé forment ce que l’onappelle es anciennes décimes ou Les décimes du contrat, c’eftà-dire qui dérivent du contrat de Poifly. Les décimes extraordinaires , felon l’'ufage préfent, font de deux fortes ; les unes qui font aufli des im- poñtions annuelles , de même que les décimes ordi- naires , Mais qui ont une origine différente; Les au- tres font Les dons gratuits que le clergé paye au Roi tous les cinq ans, & autres fubventions extraordi- naires qu'il paye de tems en tems, felon les befoins de l’état. Le contrat que le clergé pañle avec le Roï pour les anciennes décimes ou rentes qu’il s’efffobligé de payer, fe renouvelle, comme nous l'avons obfervé, tous les dix ans, & les autres fubventions ou déci- mes extraordinaires font accordées & réglées par un contrat féparé qui fe paffe tous les cinq ans, & quel- quefois plus fouvent. Nous expliquerons plus par- ticulierement ce qui concerne ces décimes extraordi- naires , aux mots D'ON GRATUIT 6 SUBVENTION. Ce que Le clergé en corps paye au Roi pour les anciennes décimes Ou décimes ordinaires, eft impofé fur tous les membres du clergé, tant du premier que du fecond ordre , chacun felon le revenu de leurs bé- néfices. Les décimes extraordinaires fe payent quelquefois de même au Roi par voie d’impofition : quelquefois pour en accélérer le payement, le clergé fait un em- prunt à conflitution de rente ; & en ce cas les fom- mes néceflaires, tant pour payer les arrérages de ces rentes que pour faire le rembourfement & four- nir aux frais d’'aminiftration, font levées fous le nom de décimes & autres fubventions, par contri- bution fur tous les membres du clergé en la forme qu'on l’a déjà dit. L'impofition des décimes & autres fubventions, tant ordinaires qu’extraordinaires, ne peut être fai- te fur les membres du clergé, qu’en vertu de lettres patentes düement enregiftrées. Le rôle des aides, dixiémes, décimes, & autres “impofitions fur le clergé, fe faïfoit autrefois par des élus, de même que l’afliete des tailles. L’ordonnance de Charles VI. du 7 Janvier 1400, dit qu’il n’y au- ra à Paris fur le fait des aïdes que trois élus, & un fur le fait du clergé, lefquels auront les gages accoû- tumés fans aucun don; que dans chaque ville du royaume & autres lieux où 1l y afége d'élus, il n°y aura dorénavant que deux élus au plus avec celui du clergé, ès lieux où 1l y a coûtume d’y en avoir un, avec un receveur; que ces élus & receveurs feront pris entre les bons bourgeois , par l’ordon- nance des généraux des aides & par le confeil de la chambre des comptes. La répartition des décimes & autres impoñitions fe fait fur chaque diocèfe dans l’affemblée générale du clergé ; & la répartition fur chaque bénéficier du diocèfe fe fait par le bureau diocéfain ou chambre des décimes , qui eft compofée de l’évêque , du fyn- dic , 8c des députés des chapitres, de ceux des curés D E C 677 & des monafteres, Ces bureaux dioccfains ont été établis par lettres patentes, füivant les conventions du contrat de 161$, | Chaque diocèfe en général & chaque bénéficier en particuher , eft impolé fiivant la proportion du département de 1516; excepté pour ceux qui de- puis trente ans ont été cottifés für un autre pié, où lorfqu'1l y a eu des jugemens où tsanfadions qui en ont difpofé autrement. | Les bénéfices qui avoient été omis dans le dé. partement de 1516, où qui ont été établis depuis , {ont taxès en vertu d’un édit de 1606 , & les nou- veaux monafteres en vertu d’un édit de 1635. Ce qui eft impofé en vertu de ces réglemens doit être à la décharge des curés les plus chargés. À Pécard des bénéfices qui fe trouvent annexés à d’autres béné- fices ou à des communautés, ils font taxés du-chef lieu, même pour ceux fitués dans des provinces qui ne font pas du clergé de France > Ni fujettes aux dé- cimes ; à moins que ces bénéfices ne foient employés ÊT taxés féparément au rôle des décimes ordinaires, fuivant le département de 1641, rectifié en 1646. Les hôpitaux, les maladreries , les fabriques , les communautés de mendians , & quelques autres com: munautés de nouvelle fondation, ne {ont point commis dans les rôles des décimes ordinaires ; mais ils font quelquefois compris dans les rôles des fub- ventions extraordinaires, fuivant ce qui eft porté dans les contrats faits avec le Roi. | Léon X. exempta auffi des décimes l’ordre de Saint Jean de Jérufalem qui réfidoit alors À Rhodes ; mais depuis que les décimes font devenues ordinaires , On les y a compris ; fur quoi il y a eu une tranfadion en 1686, qu'on appelle Zz compofition des Rhodiens. Le clergé exempte quelquefois des décimes les ec- cléfiaftiques qui font fils de chanceliers de France ou de miniftres d’état ; mais c’eft toûjours avec la claufe que cela ne tirera point à conféquence. Les décimes ont lieu dans toutes les provinces du royaume, même dans celles qui ont été réunies à la couronne depuis le département de 1516, excepté dans les évêchés de Metz, Toul & Verdun » & leurs dépendances, l’Artois, la Flandre françoïfe, la Fran- che-Comté, l’Alface, & le Rouffillon. Entre les pays qui ne font pas fujets aux décimes, il y en a quelques-uns où les eccléfiaftiques fe pré- tendent exempts de tonte impoñition, d’autres où ils payent quelques droits: en Artois, par exemple, limpoñition fur les fonds eft du centième, qui fut établi par les Efpagnols en 1569. Dans les befoins Le extraordinaires de l’état on double & on triple ce droit. Les eccléfiaftiques féculiers & réguliers le payent comme les laics, excepté qu’ils ne payent jamais qu’un centieme par an. Dans le Hainaut les eccléfiaftiques font fujets à tous les droits qu’on leve fur les fonds, fur les bef. tiaux & denrées. : À Lille le clergé & la nobleffe accordent ordinai- rement au Roi le vingtieme & demi des biens qu’ils font valoir par leurs mains. Il y à quelques provinces du nombre de celles où les décimes ont lieu , qui font abonnées avec le cler gé à une certaine fomme, tant pour les décimes or. dinaires que pour les fubventions extraordinaires ; ce font des arrangemens qui ne concernent que le clergé. Les curés à portion congrue ne pouvoient, fui vant la déclaration de 16090, être taxés qu’à so li- vres de décimes ; ils pouvoient être augmentés pour les autres fubventions à proportion. Mais fuivant le contrat pailé avec le clerpe Le 27 Mai 1742, ils ne peuvent être taxés que jufqu'à Go livres par an, pour toutes impoñtions généralement quelconques faites en vertu des précédentes délibérations > À 673 DEC moins que les curés ou vicaires perpétuels n’aÿent des cafuéls confidérables, novales ou vertes dixmes; auquel cas ils peuvent être augmentés felon la pru- dence & confcience des archevêques , évêques, & députés des bureaux diocéfains , fans aucun recours contre les gros décimateurs. . On peut demander au bénéficier trente années de décimes ordinaires & extraordinaires , lorfqu’elles font échûes de fon tems ; fes héritiers en font pa- reillement tenus: mais s’il y a trois quittances çon- fécutives , les années antérieures font cenfées payées, à moins qu'il n’y eût quelques pourfutes faites à ce fujet. Les fucceffeurs au bénéfice peuvent être contraints de payer trois années de décimes , tant ordinaires qu’- extraordinaires, échûes avant leur prife de poffef- fion , fauf leur recours contre l’ancien titulaire ou fes héritiers ; mais on n’en peut demander que deux au pourvi per obiturr, Les décimes font payables en deux termes, Février & O&obre ; & faute de payer à l'échéance, l’inté- rêt des fommes eft dû par le contribuable au denier feize, à compter du jour du terme, d'autant que le receveur particulier eft lui-même obligé, en cas de délai, de payer de même les intérêts au receveur général du clergé. La répartition des décimes ou fubventions extraor- dinaires fe fait fur Les diocèfes & bénéficiers, felon le département fait en l’affemblée tenue à Mantes en 1641. s | Ceux qui ont des penfons fur bénéfices, font te- nus de contribuer aux fubventions extraordinaires fur le pié qui eft reglé par l’afflemblée générale , ce qui a changé plufeurs fois, Aucun concordat ne peut difpenfer de cette contribution , excepté pour les curés qui ont réfigné au bout de quinze années , ou à canfe de quelque infirmité notable. Les faifies pour décimes font privilégiées ; & dans {a diftribution des deniers le receveur des décimes eit préféré à tous oppofans & faififlans , excepté pour ce qui concerne le fervice divin. Pour ce qui eft des perfonnes prépofées à la levée des décimes ordinaires ou extraordinaires, la recette des décimes papales , dans le tems que nos rois les permettoient, fe faifoit par des perfonnes commifes par le pape. À l'égard des décimes , aides ou fubfides que nos tois ont en divers tems levé fur le clergé, la recette s’en faifoit anciennement par des colleéteurs & fous- colleéteurs des décimes, qui n’étoient pas des officiers en titre, mais des perfonnes prépofées par le roi; ils avoient auf le pouvoir d'établir des fergens pour contraindre les redevables : ils ont encore la faculté d’en établir & de les révoquer. Nos rois permettoient quelquefois aux évêques ‘de faire eux-mêmes la répartition & levée des ai- des, décimes, ou autres fubventions dans leur dio- cèfe ; on en trouve des exemples fréquens fous Phi- ippe le Bel &c fous le roi Jean. Ce dernier autorifa ‘les “ordinaires à faire lever par leur main un fubfde convenable fur les bénéfices non taxés ; & l’on a dé- à vè qu’en 136$ il accorda aux eccléfiafliques le privilége de ne pouvoir être contraints au payement de leur contingent que par les bras de l’Eglife, mais ‘avec réferve d’y pourvoir, s'il y avoit négligence de la part de l’Eghfe, Les eccléfiaftiques ne jourent pas toüjours de ce privilége, puifque la taille de marcs d'argent accor- dée par Îles trois états à Charles VI. & à Henri V. roi d'Angleterre, fut impofée., comme on la vû ci- ‘devant, par les commiflaires des deux rois. Les receveurs des décimes & autres {ubventions prépofés par le roi, n’étoient que par commifon juiqu’au tems d'Henri II, lequel par édit du mois de Juin 1557, créa dans chaque ville principale des archevêchés & évêchés du royaumeun receveur en titre d'office des deniers extraordinaires & cafuels ; êt notament des dons gratuits & charitatifs équipole lens à décimes ; & par les lettres de juffion données pour l’enregiftrement , il les qualifa de receveurs des décimes. Il leur attribua pour tous gages & droits un fou pour livre , qui fetoit levé fur les eccléfiafti- ques outre le principal des décimes, Préfentement les receveurs diocéfains n’ont que trois deniers pour li- vre de leur recette, quand l’impoñition des décimes extraordinaires eft à long terme, & fix deniers pour livre quand l’impofition fe paye en deux ou trois ans ou environ. : Ces officiers furent fupprimés au mois de Mars 1559, enfuite rétablis par édit de Janvier 1572; puis de nouveau fupprimés fur les inftances du clergé, lequel les rembourfa fuivant la permiffion que le roi lui en avoit donnée , ainf que cela eft énoncé dans un édit du 14 Juin 1573, par lequel Charles IX. créa de nouveau dans chaque diocèfe des receveurs des dècimes, dont il laifla la nomination aux évêques, & permit au clergé de chaque diocèfe d'acquérir ces charges , pour les faire exercer par les particuliers que ce même clergé nommeroit , & de rembourfer quand il le jugeroit à-propos, ceux qui s’en feroient fait pourvoir. On cré@auffi par édit du mois de Février 1588, un receveur particulier des décimes alternatif; & par un autre édit du mois de Juin 1628 , on en créa un triennal. Tous ces receveurs particuliers furent fupprimés par arrêt du confeil du 26 O&tobre 1719, & mis en commiflion jufqu’en 1723, que l’on a rétabli un re- ceveur diocéfain en titre d'office. Ces receveurs , lorfqu’ils font en titre, ont des provifons ; ils donnent caution devant les thréfo- riers de France ; ils font exempts du marc d’or, du quart denier de la confirmation d’héredité, des re- cherches de la chambre de juftice, des taxes fur les officiers de finance, de taille, & de logement de gens de guerre. Ils font vraiment officiers royaux : on les regarde cependant communément comme des officiers du clergé, parce qu’en créant ces charges on a donné au clergé la faculté de les rembourfer, auquel cas le clergé en peut commettre d’autres en titre ou.par commiffon. Il y a eu auffi des contrôleurs anciens, alterna- tifs, triennaux des décimes dans chaque diocèfe , qui ont été créés & fupprimés en même tems qué les re- ceveurs particuliers , alternatifs, & triennaux. Outre les receveurs particuliers, Henri HI. par édit du 1; Juillet 1581, créa des receveurs provin- ciaux dans les dix-fept anciennes généralités. Ces offices furent fupprimés par édit du mois de Mars 1582, puis rétablis, & rendus héréditaires par autre édit du mois de Septembre 1594. En 1621 onen créa d’alternanifs, & en 1625 de triennaux : on leur don- na auf à chacun des contrôleurs. Les receveurs par- ticuliers des décimes, étoient obligés de remettre les deniers de leur recette entre les mains de ces rece- veurs provinciaux, tant pour les décimes ordinaires que pour les fubventions extraordinaires , dont le produit devoit paffer par les mains de ces receveurs provinciaux, & ceux-ci remettoient le tout au re- ceveur général : mais tous ces offices de receveurs provinciaux & leurs contrôleurs ayant été fuppri- més , les receveurs diocéfains portent préfentement les deniers de leur recette diretement au receveur général du clergé. Il avoit aufli été créé par édit du mois de Novem- bre 1703, des offices de commiffaires pour le recou- vrement des décimes dans tous les diocèfes du royau- me: mais ces offices furent unis à ceux de receveuts -&c contrôleurs généraux & particuliers des décimes, par une déclaration du 4 Mars 1704. | Les receveurs des décimes comptoient autrefois de leur recette à la chambre des comptes; préfentement _ils doivent donner tous les fix mois à l’évêque & aux députés du diocèfe, un état de leur recette & dés patties qui font en fouffrance, & fix mois après l’ex- piration de chaque année rendre compte au bureau diocéfain. La place de receveur général du clergé n’eft qu- .une commifhion que le clergé donne à une perfonne -qu'il choïfit, & avec laquelle il fait un contrat pour percevoir les décimes pendant les dix ans que dure -l’exécution du contrat pañlé entre le clergé & le rot; dans l’affemblée générale de 1726 le clergé donna à M. de Senozan la qualité d'intendant général des af- faires temporelles du clergé, avec pouvoir de faire la recette pendant les dix années du contrat ; préfen- tement celui qui eft chargé de cette même recette n’a d'autre qualité que celle de receveur général du clergé; il rend compte de fa geftion aux députés du clergé tous les cinq ans. Les conteftations qui peuvent naître au fujet des décimes ordinaires & extraordinaires, étoient autre- fois portées au confeil du Roi: elles furent renyoyées à la:cour des aides; d’abord à celle de Paris, par édit du mois de Mars 1551; & enfuite à celle de Montpellier, par édit du mois de Février 1553 , & dernier Septembre 1555. Quelque tems après, la connoiffance de ces matieres fut attribuée aux fyn- .dics généraux du clergé. L’aflemblée de Melun, te- nue en 1579, fupprima ces fyndics , & demanda au Roi Pétabliflement des bureaux généraux des décr- 7nes, lefquels par édit de 1580 furent établis au nom- bre de huit ; favoir, à Paris, Lyon, Rouen, Tours, Bourges, Touloufe, Bordeaux, & Aix. Il en a été établi un neuvieme à Pau en 1633. Les bureaux diocéfains ou chambres particulieres des décimes , furent établis dans chaque diocèfe par des lettres patentes de 1616, conformément äu con- trat pañlé entre le clergé & le Roi le 8 Juillet 1615. On y juge les conteftations qui peuvent s'élever par rapport aux décimes & autres taxes impofées fur le clergé, telles que les oppofitions de ceux qui pré- tendent être furchargés. Ceux qui veulent fe pour- voir contre leur taxe , ne peuvent en demander la modération qu'ils n’ayent payé les termes échûs & la moitié du courant, & qu'ils n’ayent joint à leur requête un. état certifié d'eux, desrevenus du-béné- fice ou de la communauté. Ces bureaux diocéfains jugent en dernier reffort les conteftations pour les décimes ordinaires qui -n'’excedent pas la fomme de 20 liv. en principal ; &c les différends pour les fubventions ou décimes extra- ordinaires, quand elles n’excedent pas 30 liv. L’appel de ces bureaux diocéfains, pour les autres affaires qui fe jugent à la charge de l’appel, reflortit au bureau général, ou chambre fouveraine du clergé ou des décrmes, dans le département de laquelle eft le bureau diocéfain. Sur la matiere des décimes , voyez le recueil des or- donnances de la troifieme race, les mémoires du clergé, Les mémoires de M. Patru fur les affemblées du clergé € fur les décimes , @ les lois eccléfiaftiques de M. d'Héri- court, sir, des décimes. Voyez auffi ci-après aux mets Don GRATUIT, SUBVENTION, TAXE. (4) DeEciMEe CENTIEME, étoit une fubvention qui fut levée fur les eccléfiaftiques du tems de Philippe . le Bel, ainf appellée parce qu’elle montoit au cen- tieme des fonds. l’oyez Gaguin & du Haïllan , ez Z7 vie de Philippe le Bel. (A) | ) DECIME CINQUANTIEME, étoit une autre fub- vention levée auf du tems de Philippe le Bel, & qui étoit le double de la précédente. (4) D EC 679 DECIME DES CLAMEURS, c’étoit le dixieme des fommes dûes au créancier par fon débiteur, que l’on percevoit au profit du roi pour l'expédition des cla- meurs ou contraintes expédiées fous le {cel rigoureux deMontpellier. L’ordonnance de Louis XIE. du mois de Mars 1498, défend aux lieutenans de la garde du petit {cel de Montpellier, de prendre à. ferme les de. cimes & émolumens du petit fcel ; & ordonne que pour la decime , il ne fera levé que la jufte &z vraie decime de la fomme pour laquelle la clameur a été expofée, avec l’émolument d’une maille pour livre quand la dette excédera la fomme dé 20 livres tour- nois. (4) DECIME ENTIERE, eft une fubvention payée par le clergé, montante au dixieme de fes revenus. Les prenueres decimes furent ainfi appellées, parce qu’el- les étoient du dixieme. Les autres levées de deniers qui ont été faites depuis fur les eccléfiaftiques , ont toutes retenu de-là le nom de æecimes, quoique læ plûpart foient beaucoup au-deffous du dixieme, c’eft pourquoi lorfqu’on en a fait quelques-unes quiétoient effeivement du dixieme, on Les a nommées decimes entieres ; telles furent celles qu’Innocent IV. accorda à S. Louis pour fa délivrance en 1252. (4) DECIME EXTRAORDINAIRE ; toutes les decimes eccléfiaftiques étoient extraordinaires jufqu’en 1516, qu’elles commencerent à devenir annuelles & ordi- naires; préfentement fous le nom de decimes extraor- dinaires, on entend les dons gratuits ou fubventions que le clergé donne au roi de tems en tems outre les decimes annyelles. Foyez DONS GRATUITS 6 Sus- VENTIONS. (4) DECIMES ORDINAIRES, font les decimes annuel- les dont le contrat fe renouvelle de dix ans en dix ans. Voyez ci-devant DECIME. (4) DECciMEs PAPALES, étoient des levées de deniers qui fe faifoient fur le clergé au profit du pape : il y en a eu plufieurs en France, fur-tout pendant que les papes fiégeoient à Avignon. Ces levées fe fai- foient par la permiffion du roi ; mais 1l n’y en a point eu depuis le concile de Conftance. Voyez ci-devan DEciME. (4) | . _DECIME PASCHALINE, eft le nom que l’on don- ne vuloairement aux décimes annuelles & ordinaires. (4) | DECIME SALADINE, eft une levée du dixieme ; qui fut faite en France en 1188, tant fur le clérgé que fur les laïcs : elle fut nommée /z/adine , parce que Philippe Augufte mit cette impofñition pour la guerre qu'il entreprit contre Saladin foudan d'Esyp- te, qui venoit de prendre Jérufalem. (4) DECIMER UNE TROUPE, verb. aët. (Are milis.) c’eft en faire mourir la dixieme partie ; pour cet ef- fet on fait tirer les foldats dix par dix, & celui fur lequel le fort tombe eft condamné à la mort. Cette exécution étoit en ufage chez les Romains , pour punir les corps qui avoient mérité le châtiment. On s’en eft aufi fervi en France en plufeurs cas, entre autres pout punir la garnifon de Treves, quien 1675. avoit capitulé & rendu cette place malgré le mare- ‘chal de Créqui , qui y commandoit. Voyez DEcrma- TION & CHATIMENS MILITAIRES. (Q) DECISION, f. f. (Jarifprud.) réfolution prife fur quelque queftion qui étoit controverfée ou en doute. On dit la décifion d’une loi , d’un jugement , c’eft- à-dire , portée par une loi ou par un jugement; & plufieurs arrêtiftes nous ont donné des précis d’ar- rêts fous le titre de décifions notables, décifions foren- fes, décifions du palais, décifions fommaires. Les arbi- tres donnent aufli des décrftons qui ont l’autorité des jugemens ; les avocats confultans donnent des deci… fions fur les queftions qui leur font propofées , mais elles n’ont d'autre autorité que celle d’un avis doc- trinal, (4) r 680 D E C DECISIONES BURDIGALENSES, font des ar- æèts du parlement de Bordeaux donnés par Boarius. {4 à Diet DE LA CHAPELLE DE TOULOUSE, font-un recueil des jugemens rendus dans la chapelle archiépifcopale de Touloufe , fous le titre de decifro- “nes capellæ Tolofane : l'auteur eff Jean Corfèrius offi- cial de Touloufe ; fon recueil contient so décifions qui regardent principalement les matieres eccléfaf- tiques , &la forme de procéder dans Les cours d'e- glife: 1 y'a auffi quelques autres queftions de droit qui y font traitées, mais légerement. Aufrerius pro- fefleur de droit, official de Touloufe, & confeiller au parlement , a fait des additions fur prefque toutes ces-decifions. Voyez la préface de M. Bretonnier, d#ss fon recueil de queftions, & l’hift. licréraire de Lyon , par le P, Colonia, tome Il. vers la fin, a l’article de M. Bretonnier. (4) | Décisions pu Conserz , font les réfolutions prifes au confeil des finances fur les requêtes , mé- moires, & placets qui y font préfentés. Ces décifions {ont des-arrètés fommaires , quife mettent au bas du mémoire on placet fans rendre de jugement en for- me. (4) | DÉCISIONS DE JUSTINIEN , font les cinquante ‘ordonnances que cet empereur fit après la publica- tion de fon premier code , par lefquelles il décida les grandes queftions qui partageoient les jurifconful- tes. (4) DÉcisi10NSs DE LA ROTE, font les jngemens ren- dus par le tribunal de la rote à Rome 1l y en a un recueil fous le titre de decifiones rotæ novæ 6 antique, imprimé en 1515. Voyez ROTE. (4) DECISOIRE, adj. (Junifp.) fignifie ce qui fert à la décifion d’une conteftation. Les moyens /iis décifoires, font ceux qui fervent à la décifion du fonds. On fuit à cet égard la loi du lieu qui régit les parties ou les biens ; au lieu que dans les chofes qui ne concernent que la forme ou l'inftruétion appellée Zris ordinatoria , on fuit l’ufage du fiége où l’on procede. Serment décifoire, eft celui duquel dépend la déci- ion de la conteftation, Woyez SERMENT. (4) DECIZE , (Géog. mod.) ville de France, au Ni- vernois, proche la Loire. Long. 21. 67, 18". lat46. TOME UN * DECLAMATEUR , f. m. On donne ce nom à tout orateur bourfouflé, emphatique, foible de pen- fée, & bruyant d’expreffion. L'éloquence fera né- ceflairement foible ou déclamatoire, toutes les fois que le ton ne fera pas convenable à la chofe. Foyez l’article DÉCLAMATION , (Belles lettres.) DECLAMATION , f. f. (Belles lettres.) c’eft l’art de rendre le difcouts. Chaque mouvement de l'ame, dit Cicéron, «for expreffion naturelle dans les traiss du vifage, dans le gefte, 6 dans la voix. Ces fignes nous font communs avec d’autres ani- maux: ils ont même été le feul langage de l’homme, avant qu'il eût attaché fes idées à des fons articulés, & il y revient encore dès que la parole lui manque ou ne peut lui fuffire, comme on le voit dans les muets, dans les enfans , dans ceux qui parlent difi- cilement une langue, ou dont l'imagination vive ou d'impatiente fenfibilité repugnent à la lenteur des tours & à la foibleffe des termes. De ces fignes na- turels réduits en regle, on a compofé l’art de la de- clamation. Comme cet art ne convient décemment qu’au théatre, nous ne croyons devoir en appliquer les re- gles qu'à la déclamation théatrale. Porter en chaire Où au barreau l’artificieux apprêt du ton, du gefte, ê du vifage, c’eft donner à la vérité le fard dumen- fonge, & à la juftice le manége de la fédustion, En un mot, l'orateut qui compote fa déclamation, eftun comédien qui s'exerce. Foyæ PRONONCIATION. DÉCLAMATION THÉATRALE. La déclamation naturelle donna naïffance à la Mufique, la Mufique à la Poéfie, la Mufique &c da Poéfie à leur tour firent un art de la déclamation. Les accens de la joie , de l'amour, & de la dou- leur fort les premiers traits que la Mufque s’eft pro- pofé de peindre. L’oreille lui a demandé l’harmo- nie, la mefure & le mouvement ; la Mufique a obéi à l'oreille; d’où la mélopée. Pour donner à la Mu- fique plus d’expreflion & de vérité, on a voulu ar- ticuler les fons donnés pat la nature, c’eft-à-dire, parler'en chantant ; mais la Mufique avoit une me- fure & un mouvement reglés; elle a donc exigé des mots adaptés aux mêmes nombres ; d’où l’art des vers, Les nombres donnés par la Mufique & obfer- vés pat la Poëfie, invitoient la voix à les marquer; d’où l’art rythmique : le gefte a fuivi naturellement lPexpreffion & le mouvement de la voix, d’où lart hypocritique ou l’aétion théatrale, que les Grecs ap- pelloient orcheffs , les Latins falsatio , & que nous avons pris pour la Danfe. C’eft là qu’en étoit la déclamation , lorfqu’Efchyle fit pailer la tragédie du chariot de Thefpis fur les théatres d’Athenes. La tragédie, dans fa naiffance, n'étoit qu’une efpece de chœur, où l’on chantoit des dithyrambes à la lotiange de Bacchus ; & par con- féquent la déc/amation tragique fut dabord un chant mufical. Pour délaffer le chœur, on introduifit fur la fcene un perfonnage qui parloit dans les repos. Efchyle lui donna des interlocuteurs ; le dialogue devient la piece , & le chœur forma l’intermede. Quelle fut dès-lors la déclamation théatrale ? Les fa- vans font divifés fur ce point de littérature. Ils conviennent tous que la Mufique étoit em= ployée dans la tragédie : mais l’employoit-on feu- lement dans les chœurs, l’employoit-on même dans le dialogue ? M. Dacier ne fait pas difficulté de dire; c’éroit un affaifonnement de l'intermede & non de toute la piece ; cela leur auroit paru monftrueux. M. l'abbé Dubos convient que la déclamation tragique n’étoit point un chant, attendu qu’elle étoit réduite aux moindres intervalles de la voix : maisul prétend que le dialogue lui-même avoit cela de commun avec les chœurs, qu’il étoit foumis à la mefure & au mou- vement, & que la modulation en étoit notée. M. l’abbé Vatri va plus loin : il veut que l’ancienne de- clamation füt un chant proprement dit. L’éloigne- ment des tems, l'ignorance où nous fommes fur la profodie des langues anciennes, & l’ambiguité des termes dans les auteurs qui en ont écrit, ont fait nai- tre parmi nos favans cette difpute dificile à termi- ner, mais heureufement plus curieufe qu'intérefan- te. En effet, que l’immenfité des théatres chez les Grecs & les Romains ait borné leur déclamation théa- trale aux grands intervalles de la voix , on qu'ils ayent eu l’art d'y rendre fenfibles dans le lointain les moindres inflexions de l’organe & les nuancesles plus délicates de la prononciation; que dans la pre- miere fuppofñtion ils ayent aflervi leur deéclamarion aux regles du chant, ou que dans la feconde ils ayent confervé au théatre l’expreflion libre & naturelle de la parole; les tems, les lieux, les hommes, les lan- gues, tout eft changé au point que l’exemple des an- ciens dans cette partie n’eft plus d’aucune autorité pour nous. A À l’égard de l’a&tion, fur les théatres de Rome & d’Athenes l’expreflion du vifage étoit interdite aux comédiens par l’ufage des mafques ; & quel charme de moins dans leur déclamation.! Pour concevoir comment un ufage qui nous paroît fi choquant dans le genre noble & pathétique a pû jamais s’étabkr chez les ançiens, il faut fuppofer qu’à la faveur de Pétendue DEC l'étendue de leurs théatres, la dionance monftrueu- e de ces traits fixes & inanimés avec une aétion vive éc une fuccefhon rapide de fentimens fouvent oppo- és, échappoit aux yeux des fpectateurs. On ne peut -pas dire la même chofe du défaut de proportion qui réfultoit de l’exhauflement du cothurne; car le loin- tan, qui rapproche les extrémités, ne rend que plus frappante la diformité de l’enfemble. Il falloit donc que l’aéteur füt enfermé dans une efpece de flatue coloffale, qu'il faifoit mouvoir comme par reflorts ; &T dans cette fuppofñtion comment concevoir une ‘aftion libre & naturelle ? Cependant il eft à préfu- “mer que les anciens avoient porté le gefte au plus haut degré d’expreflion, puifque les Romains trou- verent à fe confoler de la perte d’Efopus & de Rof- cius dans le jeu muet de leurs pantomimes : il faut même avouer que la déclamation muette a fes avan- ages, comme nous aurons lieu de l’expliquer dans la fuite de cet article ; mais elle n’a que des momens, & dans une action fuivie il n’eft point d’expreffion qui fupplée à la parole. | 1E Nous ne favons pas, dira-t-on, ce que faifoient ces pantomimes : cela peut être ; mais nous favons ‘ce qu'ils ne faifoient pas. Nous fommes très-fürs, par exemple, que dans le défi de Pilade & d'Hilas, l'aéteur qui triompha dans le rôle d’Agamemnon, quelque talent qu'on hui fuppofe , étoit bien loin de l'expreflion paturelle de ces trois wers de Racine : Heureux qui fatisfait de fon humble fortune , Libre du joug fuperbe où Je fuis attaché, V'it dans L'état obfcur où les dieux l’ont caché ! ‘Ainf loin de juflifier l’efpece de fureur qui fe ré- pandit dans Rome du tems d’Augufte pour le fpec- tacle des pantomimes , nous la regardons comme une de ces manies bifarres qui naïflent communé- ment de la fatiété des bonnes chofes : maladies con- tagieufes qui alterent les efprits, corrompent le goût, & ancantiflent les vrais talens. ( Voyez l’article [ui- ant fur déclamation des anciens , o4 l’on traite du partage de l’aëtion théatrale, 6 de la poffibilisé de noter La déclamation; deux points très- difficiles à difcuter, €: qui demandoient tous les talens de la perfonne qui s’en ef? chargée.) On entend dire fouvent qu'il n’y a guere dans les arts que des beautés de convention ; c’eft le moyen de tout confondre : mais dans les arts d'imitation, la premiere regle eft de reflembler ; & cette conven- tion eft abfurde & barbare, qui tend à corrompre ou à mutiler dans la Peinture les beautés de lori- inal. Telle étoit la déclamarion chez les Romains, lorf- que la ruine de l’empire entraina celle des théatres ; mais après que la barbarie eut extirpé toute efpece d'habitude, & que la nature fe fut repofée dans une longue ftérilité, rajeunie par fon repos elle reparut telle qu'elle avoit été avant l’altération de fes prin- cipes. C’eft ici qu'il faut prendre dans fon origine la différence de notre déclamation avec celle des an- ciens. | Lors de la renaïflance des lettres en Europe, la Mufique y étoit peu connue ; le rythme n’avoit pas mème de nom dans les langues modernes ; les vers ne différoient de la profe que par la quantité numé- rique des fyllabes divilées également , & par cette confonnance des finales que nous avons appellée rime, invention gothique, refte du goût des acrofti- ches, que la plüpart de nos voifins ont eu raïfon de méprifer. Mais heureufement pour la poëñe drama- tique, la rime qui rend nos vers fi monotones , ne fit qu'en marquer les divifions, fans leur donner ni cadence ni metre ; ainfi la nature fit parmi nous ce que l’art d'Efchyle s’étoit efforcé de faire chez les Athémiens, en donnant à la Tragédie un vers auf Tome IP, | DEC 681 approchant Le étoit poflible de la profodie libre &c variée du langage familier. Les oreilles n’étoient point accoûtumées au charme de lharmonie ; & Pon. n’exigea du poëte ni des flûtes pour foûtenir la décla- mation, ni des chœurs pour fervir d’intermedés, Nos : falles de fpetacle avoient peu d’étendue. On n’eut donc befoin ni de mafques pour groflir les traits & la voix, ni du cothurne exhauflé pour fuppléer aux gradations du lointain. Les a@eurs parurent fur la fcene dans leurs proportions naturelles ; leur jeu fut auffi fimple que les,vers qu'ils déclamoient, & faute d’art ils nous indiquerent cette vérité qui en eft le comble, Nous difons qu’ils nous l’indiquerent, car ils em étoient eux-mêmes bien éloignés; plus leur décla- mation étoit fimple , moins elle étoit noble & digne: or c’eft de laflemblage de ces qualités que réfulte limitation parfaite de la belle nature. Mais ce mi- lieu eft-difiicile à faifir, & pour éviter la baflefle on fe jetta dans l’emphafe. Le merveilleux féduit & entraîne la multitude ; on fe plut à croire que les héros dévoient chanter en parlant : on n’avoit vu jufqu’alors fur la fcene qu’un naturel inculte & bas, on Fou avec tranfport à un artifice brillant & noble. Une déclamation applaudie ne pouvoit manquer d’être imitée; & comme les excès vont toùjours er croiflant , l’art ne fit que s'éloigner de plus en plus de la nature, jufqu’à ce qu’un homme extraordinaire ofa tout-à-coup l’y ramener : ce fut Baron l’éleve de Moliere , & l’inftituteur de la belle déclaration, C’eft fon exemple qui va fonder nos principes ; & nous n'avons qu'une réponfe à faire aux partifans de la. déclamation chantante : Baron parloir en déclamant ou plütôt en récirant , pour parler le langage de Ba- ron lui-même ; car il étoit bleffé du feul mot de dé- clamation, I] imaginoit avec chaleur, il concevoit avec finefle , il fe pénétroit de tout. L’enthoufafme de fon art montoit les reflorts de fon ame au ton des fentimens qu'il avoit à exprimer ; il paroïfloit, om oubloit l’atteur & le poëte : la beauté majeftueufe de fon a@ion &c de fes traits répandoit l'illufion & Pintérêt. Il parloit, c’étoit Mithridate ou Céfar ; n£ ton, ni gefte, n1 mouvement qui ne füt celui de la nature. Quelquefois fanulier , mais toüjours vrai, 1f penfoit qu’un roi dans.fon cabinet ne devoit point être ce qu’on appelle un heros de théarre. La déclamation de Baron caufa une furprife mêlée- de raviflement ; on reconnut la perfection de l’art. la fimplicité & la nobleffe réunies; un jeu tranquille, fans froideur; un jeu véhément, impétueux avec dé- cence ; des nuances infinies, fans que l’efprit s’y: laiflfât appercevoir. Ce prodige fit oublier tout ce qui avoit précédé, & fut le digne modele de tout qui ce devoit le fuivre. Bientôt on vit s'élever Beaubourg , dont le jeu moins correét & plus heurté, ne laifloit pas d’avoir une vérité fiere & mâle. Suivant l'idée qui nous refte de ces deux adteurs, Baron étoit fait pour les roles d’Ausufte & de Mithridate ; Beaubourg pour ceux de Rhadamifte & d’Atrée. Dans la mort de Pom- pée ; Baron jouant Céfar entroit chez Ptolemée, comme dans {a {alle d’audience , entouré d’une foule de courtifans qu'il accueilloit d’un mot, d’un coup d'œil, d’un figne de tête. Beaubourg dans la même fcene s’ayançoit avec la hauteur d’un maitre au mi- lieu de fes efclaves, parmilefquels il fembloit comp- ter les fpetateurs eux-mêmes, à qui fon regard fai- Soit baïfler les yeux. Nous pañlons fous filence les lamentations mélo- dieules de mademoifelle Duclos, pour rappeller le langage fimple , touchant & noble de mademoifelle Lecouvreur, fupérieure peut-être à Baron lui-même, en çe qu'il n'eut qu'à fuivre la nature, ” He eut RRrr 632 D EC à la corriger, Sa voix n’étoit point harmonienfe ; elle fut la rendre pathétique ; fa taille n’avoit rien de majeftueux, elle l'ennoblit par les décences ; fes yeux s’embellifloient par les larmes, & fes traits par l’expreflion du fentiment : fon ame lui tint Heu de tout. \ On vit alors ce que la fcene tragique a jamais reuni de plus parfait ; les ouvrages de Corneille &c de Racine repréfentés par des aéteurs dignes d’eux. En fuivant les progrès &c les vicifitudes de la déc/a- mation théatrale, nous eflayons de donner unedée des talens qu’elle a fignalés, convaincus que les prin- cipes de l’artne font jamais mieux fentis que par lé- tude des modeles. Corneille & Racine nous reftent, Baron & la Lecouvreur ne font plus ; leurs leçons étoient écrites, fi on peut parler ainfi, dans le vague de l’air , leur exemple s’eft évanoui avec eux. Nous ne rious arrêterons point à la déclamatior comique ; perfonne n’ignore qu’elle ne doive être la peinture fidele du ton & de l’extérieur des per- fonnages dont la Comédie imite les mœurs. Tout le talent confifte dans le naturel ; & tout l’exercice, dans l’ufage du monde : or le naturel ne peut s’enfei- gner, & les mœurs de la fociété ne $’étudient point dans les livres ; cependant nous platerons ici une réflexion qui nous à échappé en parlant de la Tragé- die, & qui eft commune aux deux genres. C’eft que par la même raïfon qu'un tableau deftiné à être vû de loin, doit être peint à grandes touches, le ton du théatre doit être plus haut, le langage plus foûtenu, la prononciation plus marquée quedans la focièté, où l’on fe communique de plus près, mais toùjours dans les proportions de la perfpeätive, c’eft-à -dire de maniere que l’expreffion de la voix foit réduite an degré de la nature, lorfqu’elle parvient à l'oreille des fpeétateurs. Voilà dans l’un & l’autre genre la feule exagération qui foit permife ; tout ce qui l’ex- cede eft vicieux. On ne peut voir ce que la déclamation a êté, fans preflentir ce qu’elle doit être, Le but de tous les arts eft d’intérefler par l’illufion; dans la Tragédie l’in- tention du poëte eft de la produire ; l'attente du fpec- tateur eft de l’éprouver ; l’emploi du comédien eft de remplir l'intention du poëte & l'attente du fpec- tateur, Or le feul moyen de produire &-d’entretenir l'illufon, c’eft de reffembler à ce qu'onimite. Quelle eft donc la réflexion que doit faire le comédien en entrant furda fcene ? la même qu'a dù faire le poëte en prenant la plume. Qui va parler ? quel eff fon rang ? quelle ef? [a firuation ? quel eff [on caractere ? com- ment s’exprimeroit-il S'il paroiffoit lui-même ? Achille € Agamemnon fe braveroient-ils en cadence? On peut nous oppoier qu'ils ne fe braveroïent pas en vers, & nous l’avouerons fans peine. Cependant, nous dira-t-on, les Grecs ont crû devoir embellir la Fragédie par le nombre & l’har- monie des vers. Pourquoi, f l’on a donné dans tous les tems au ftyle dramatique une cadence marquée, vouloir la bannir de la déclamation ? Qu'il nous foit permis de répondre qu'à la vérité priver le ftyle hé- roique du nombre & de l’harmonie , ce feroit dé- poiuller la nature de fes graces les plus touchantes ; mais que pour l’embellir il faut prendre fes orne- mens én elle-même , la peindre, finon comme elle a coûtume d’être, du moins comme elle eft quelque- fois. Or il n’eft aucune efpece de nombre que la nature n’employe librement dans le ffyle, maïs :l n’en eft aucun dont elle garde fervilement la pério- dique uniformité. Il y a parmi cès nombres un choix à faire & des rapports à obferver ; mais de tous ces rapports, les plus flateurs ceflent de l’être fans le charme de la variété. Nous préférons donc pour la poëfie dramatique , une profe nombreufe aux vers. Oui fans doute : & le premier qui a introduit des interlocuteurs fur la fcene tragique, Efchyle lui- même, penfoit comme nous ; puifqu’obligé de céder au goût des Athéniens pour les vers, il n’a employé que le plus fimple & le moins cadencé de tous, afin de fe rapprocher autant qu'il lui étoit poffible de cette profe naturelle dont il s’éloignoit à resret. Voudrions-nous pour cela bannir aujourd’hui les vers du dialogue ? non, puifque l’habitude nous ayant rendus infenfbles à ce défaut de vraiflem- blance, on peut joindre Le plaifir de voir une penfée, un fentiment ou.une image artiftement enchâflée dans les bornes d’un vers, à l'avantage de donner pour aide à la mémoire un point fixe dans la rime, & dans la mefure un efpace déterminé, Remontons au principe de lillufion, Le héros dif. paroit de la fcene, dès qu’on y appercoit le comédien : ou le poëte ; cependant comme le poëte fait penfer & dire au perfonnage qu'il employe, non ce qu’il a dit 8 penfé, mais ce qu'il a dû penfer & dire , c’eft à l’aéteur à l’exprimer comme le perfonnage eût dû 2 le rendre. C’eft-là le choix de la belle nature, & le point important &c difficile de lart de la déclamation. La nobleffe & la dignité font les décences du théatre héroïque : leurs extrèmes font lemphafe & la fami- larité ; écueils communs à la déc/amariors & au ftyle & entre lefquels marchent également le poëte & le comédien. Le guide qu'ils doivent prendre dans ce détroit de l’art, c’eft une idée jufte de la belle na- ture. Refte à favoir dans quelles {ource:s le comédien doit la puifer. | La premuere eff l'éducation. Barora avoit coûtume de dire qu’ur comédien devroir avoir été nourri fur Les genoux des reines; expreflion peu méfurée, mais bien fentie. | La feconde feroit le jeu d’un aûteur confommé ; mais ces modeles font rares, & l’on néglige trop la tradition , qui feule pourroit les. perpétuer. On fait, par exemple, avec quelle finefle d'intelligence & de fentiment Baron dans le dé'out de Mithridate avec fes deux fils, marquoit {on amour pour Xipharès & fa haine contre Pharnace. On fait que dans ces vers, Princes , quelques ratfo ns que vous me puiffiez dire, Votre devoir ici n’a point dû vous conduire, Ni vous faire quitter en de ft grands befoins Vous le Pont, vous (Colchos, confiés à vos foins. il difoit à Pharnace, vous le Pont, avec la hauteur d’un maître & la froide févérité d’un juge ; & à Xi- pharès , vous Colchos ; avec l’expreffion d’un repro- che fenfible & d’une furprife mêlée d’eftime, telle qu'un pere tendrela témoigne à un fils dont la vertu n’a pas rempli fon attente. On fait que dans ce vers de Pyrrhus à Andromaque, | Madame, en l'embraffant Jongez à le fauver, A D , n Ë - le même aëteur employoit au lieu de la menace ; l’expreffion pathétique de l'intérêt &c de la pitié; & qu’au gefte touchant dont il accompagnoit ces mots, en l’embraf[ant , 1 fembloit tenir Aftyanax entre fes mains, & le préfenter à fa mere. On fait que dans ce vers de Severe à Felix, | + Servez bien votrerot , Jérvez votre monarque, il permettoit l’un & ordonnoit l’autre avec les gra- dations convenables au caraétere d’un favori de Décie, qui n’étoit pas intolérant. Ces exemples, & une infinité d’autres qui nous ont été tranfmis par des amateurs éclairés de la belle déclamarion , de- vroient être fans cefle-préfens à ceux qui courent la même carriere ; mais la plüpart négligent de s’en inftruire, avec autant de confiance que s'ils étoient par eux-mêmes en état d’y fuppléer. ,; La troifieme (mais celle-ci regarde l’a&ion, dont nous parlerons dans la fuite) , c’eft l'étude des mo« DEC numens de l’antiquité. Celui qui fe diftingue le plus aujourd’hui dans la partie de l’ation théatrale, & qui foûtient Le mieux par fa figure l'illufion du mer- veilleux fur notre fcene lyrique, M. Chañfé doit la fierté de fes attitudes, la noblefle de fon gefte, & la belle entente de fes vêtemens , aux chefs-d’œuvre de Sculpture & de Peinture qu'il a fçavamment ob- fervés. À La quatrieme enfin , la plus féconde & la plus né- chigée , c’eft l'étude des originaux, & l'on n’en voit guere.que dans les livres. Le monde eft l’école d'un comédien ; théatre immenfe où toutes les pañlions, tous les états, tous les caracteres font en jeu. Mais comme la plûpart de ces modeles manquent de no- bleffe & de correétion, l’imitateur peut s’y mépren- dre, sl n’eft d’ailleurs éclairé dans fon choix. Il ne fuffit donc pas qu'il peigne d’après nature, 1l faut en- core que l’étude approfondie des belles proportions & des grands principes du deffein lait mis en état de la corriger. L'étude de l’hiftoire & des ouvrages d’imagina- tion, eft pour lui ce quelle eft pour le peintre & pour le fculpteur. Depuis que je lis Homere, dit un ar- tifte célebre de nos jours (M. Bouchardon), es zom- fes me paroiffent hauts de vingt pés. Lés livres ne préfentent point de modele aux yeux, mais ils en offrent à l’efprit : ils donnent le ton à l’imapination & au fentiment ; l'imagination & le fentiment le donnent aux organes. L’adrice qui liroit dans Virgile, Tlla graves oculos conata attollere, rurfis AE Bt ORNE Ter Jèfè attollens ; cubitoque innixa levavit ; Ter revoluta toro eft, oculifque errantibus alto Quejivit cœlo lucem, ingemuitque reperta. L’aûtrice qui hroit cette peinture fublime , appren- droit à mourir fur le théatre. Dans la Pharfale, Aframius lieutenant de Pompée voyant fon armée pénir par la foif, demande à parler à Céfar ; il pa- roit devant lui, mais comment ? Servata precanti Majeftas, non fraëla malis ; interque priorem Fortunam , cafufque novos gerit omnia vith, Sed ducis, 6 veniam fecuro peétore pofcir. Quelle image, & quelle leçon pour un aéteur intel- hgent! On a vi des exemples d’une belle déclamation fans étude, & même, dit-on, fans efprit ; oui fans doute , fi l’on entend par efprit la vivacité d’une conception légere qui fe repole fur les riens, & qui voltige fur les chofes. Cette forte d’efprit n’eft pas plus néceflaire pour jouer Le rôle d'Ariane, qu’il ne Va été pour compofer les fables de la Fontaine & les tragédies de Corneille. Il n’en eft pas de même du bon efprit ; c’eft par lui feul que le talent d’un a@teur s'étend & fe plie à différens caraéteres. Celui qui n’a que du fentiment, ne joue bien que fon propre rôle ; celui qui joint à l'ame lintelligence , l’imagination & l'étude, s’af- feéte & fe pénetre de tous les caraéteres qu'il doit imiter ; jamais le même , & toûjours reflemblant : ainf l'ame, l’imagination, l'intelligence & l'étude, doivent concourir à former un excellent comédien, C’eft par le défaut de cet accord, que lun s’emporte où 1l devroit fe pofléder ; que l’autre raifonne où il devroit fentir : plus de nuances, plus de vérité, plus d'illufion , & par conféquent plus d'intérêt. Il eft d’autres caufes d’une déclamation défeQueu- fe ; il en eft de la part de l’a@eur, de la part du poëte, de la part du public lui-même. L'aéteur à qui la nature a refufé les avantages de la figure & de l’organe , veut y fuppiéer à force d'art; mais quels font les moyens qu'il employe ? Tome IF, | DEC 68 Les traits de fon vifage manquent de nobléffe, il les charge d’une expreflion convulfive ; fa voix eft {our- de ou foible, il la force pour éclater : fes poñtions naturelles n’ont rien de grand ; il fe met à la tor- ture, & femble par une gefticulation outrée vouloir fe couvrir de fes bras. Nous dirons à cet aéteur quelques applaudiflemens qu'il arrache au peuple : Vous voulez corriger la nature, & vOus la rendez monftrueufe ; vous fentez vivement, parlez de mê- me, & ne forcez rien : que votre vifage foit muet; on fera moins bleflé de {on filence que de fes con- torfons : les yeux pourront vous cenfurer, mais les cœurs vous applaudiront , & vous arracherez des larmes à vos critiques, . À l'égard de la voix, 1l en faut moins qu'on ne penfe pour être entendu dans nos falles de fpecta- cles, & il eft peu de fituations au théatre où l’on foit obligé d’éclater ; dans les plus violentes même, qui ne fent l'avantage qu’a fur les cris & les éclats , l’expreflion d’une voix entrecoupée par les fanglots, ou étouffée pat la pafñion ? On raconte d’une aûtrice célebre qu’un jour fa voix s’éteignit dans la décla- ration de Phédre : elle eut l’art d’en profiter ; on n’entendit plus que les accens d’une ame épuifée de fentiment. On prit cet accident pour un effort de la paflion , comme en effet il pouvoit l’être , & jamais cette fcene admirable n’a fait fur les fpetateurs une fi violente impreffion. Mais dans cette a@rice tout ce que la beauté a de plus touchant fuppléoit à la foiblefle de l'organe. Le jeu retenu demande une vive expreflion dans les yeux & dans les traits, & nous ne balançons point à bannir du théatre celui à qui la nature a refufé tous ces fecours à la fois. Une voixingrate, des yeux muets & des traits inanimés, ne laïflent aucun efpoir au talent intérieur de fe ma- rufefter au-dehors. Quelles reffources au contraire n’a point fur la fcene tragique celui qui joint une voix flexible , {o- nore , & touchante, à une figure expreflive & ma- jeftueufe ? & qu'il connoît peu fes intérêts, lorfqu’il employe un art mal-entendu à profaner en lui la no- ble fimplicité de la nature ? »$: Qu'on ne confonde pas ici une déclamation fimple avec une déclamation froide, elle n’eft fouvent froi- de que pour n’être pas fimple , & plus elle eft fimple, plus elle eft fufceprible de chaleur ; elle ne fait point fonner Les mots, mais elle fait fentir les chofes ; elle n'analyfe point la pañion , mais -elle La peint dans toute fa force. | Quand les pañlions font à leur comble, le jeu le plus fort eft le plus vrai: c’eft-là qu’il eft beau de ne plus fe pofféder ni fe connoître. Mais les décences à les décences exigent que l’emportement foit noble, & n’empêchent pas qu'il ne foit exceflif. Vous vou lez qu'Hercule foit maître de iui dans fes fureurs ! n'entendez-vous pas qu’il ordonne à fon fils d’aller affafliner fa mere ? Quelle modération attendez-vous d'Orofmane ? Il eft prince, dites-vous ; il eft bien autre chofe, il eft amant, &c il tue Zaïre. Hecube, Clitemneftre, Mérope, Déjanire , font filles & fem- mes de héros; oùi, mais elles font meres, & l’on veut égorger leurs enfans. Applaudiflez à lPa@rice (mademoifelle Duménil} qui oublie fon rang , qui vous oublie, & qui s'oublie elle-même dans ces - tuations effroyables , & laïflez dire aux ames de gia- ce qu'elle devroit fe pofféder. Ovide a dit que l’a- mour fe rencontrôit rarement avec la majefté. Il en elt ainf de toutes les grandes paflions ; mais comme elles doivent avoir dans le ftyle leurs gradations & leurs nuances , l’aéteur doit les obferver à l’exemple du poëte; c’eft au ftyle à fuivre la marche du fenti- ment ; c’eit à la déclamation à fuivre la marche du ftyle, majeftueufe & çalme, violente & impétueufe comme lui, | | RRrri 634 DEC Une vaine délicatefle nous porte à rire de ce qui fait frémir nos voifins, & de ce qui pénétroit les Athéniens de terreur ou de pitié : c’éft que la vigueur de l’ame & la chaleur de l'imagination ne font pas au même deoré dans le caraétere de tous les peuples. I n’en eft pas moins vrai qu'en nous la réflexion du moins fuppléeroit au fentiment , & qu’on s’habitue- roit ici comme ailleurs à la plus vive expreflion de la nature , fi le goût méprifable des parodies n’y difpofoit l’efprit à chercher le ridicule à côté du fu- blime : de-là cette crainte malheureufe qui abat & refroidit le talent de nos aéteurs. Voyez PARODIE. Il eft dans le public une autre efpece d'hommes qu’affeéte machinalement l’excès d’une déclamation outrée. C’eft en faveur de ceux-ci que les Poëtes eux-mêmes excitent fouvent les comédiens à char- _ ger le gefte & à forcer l’exprefion, furtout dans les morceaux froids & foibles , dans lefquels au défaut des chofes ils veulent qu’on enfle les mots. C’eft une obfervation dont les ateurs peuvent profiter pour éviter le piége où les Poëtes les attirent. On peut diviler en trois clafles ce qu’on appelle les beaux vers : dans les uns la beaute dominante eft dans l’ex- preffion : dans les autres elle eft dans la penfée ; on conçoit que de ces deux beautés réunies fe forme l’efpece de vers la plus parfaite & la plus rare. La beauté du fond ne demande pour être fentie que le naturel de la prononciation ; la forme pour éclater & fe foûtenir par elle-même, a befoin d’une déc/a- mation mélodieufe & fonnante. Le poëte dont les vers réumront ces deux beautés, n’exigera point de l’acteur le fard d’un débit pompeux ; il appréhende au contraire que l’art ne défigure ce naturel qui li a tant coûté : mais celui qui fentira dans fes vers la foibleffe de la penfée ou de l’expreffion, ou de lune & de l’autre ,ne manquera pas d’exciter le comédien à les déguifer par Le preftige de la déclamation : le co- médien pour être applaudi{e prétera aifément à l’ar- tifice du poëte ; il ne voit pas qu’on fait de lui un charlatan pour en impoñer au peuple. Cependant il eft parmi ce même peuple d’excel- lens juges dans l’expreflion du fentiment. Un grand prince fouhaitoit à Corneille un parterre compofé de miniftres , & Corneille en demandoit un compofé de marchands de la rue faint Denis. Il entendoiït par-là des efprits droits & des ames fenfbles , fans préjugés, fans prétention. C’eft d’un fpeétateur de cet- teiclafle, que dans une de nos provinces méridiona- les, l’aétrice (mademoifelle Clairon) qui joue le rôle d'Ariane avec tant d’ame &c de vérité, reçut un jour cetapplaudiflement fi fincere & fi jufte. Dans la fce- ne où Ariane cherche avec fa confidente quelle peut être fa rivale, à ce vers Æff-ce Mépifle, Églé, qui le rend infidele , Va@rice vit un homme qui les yeux en larmes fe penchoit verselle, & lui crioit d’une voix étoufiée :.c’eff Phedre, c’eft Phedre, C’eft bien - là le _cride la nature qui applaudit à la perfeétion de l’art. Le défaut d’analogie dans les penfées , de liaifon dans le fyle , de nuances dans les fentimens, peut entraîner infenfiblement un aéteur hors de la décla. mation naturelle. C’eft une réflexion que nous avons faite, en voyant quélestragédies de Corneille étoient éonftamment celles que l’on déclamoit avec le plus de fimplicité. Rien n'eft plus difficile que d’être na- turel dans un rôle qui ne left pas. Comme le gefte fuit la parole, ce que nous avons dit de l’une peut s’appliquer à l’autre : la violence de la paffion exige béaucoup de geftes,& comporte méê- me les plus expreflifs. Si l’on demande comment ces detniers font fufceptibles de noblefle, qu'on jetteles “yeux fur les forces du Guide, {ur le Pætus antique, fur le Zaocoon, &cc. Les grands peintres ne feront pas cet- te difficulté. Les regles défendent, doit Baron, de lever des bras au-deffus de la téte ; mais fi la paffton les y por- 4 D E C te, ils feront bien : la palfion en fair plus que les regless Il eft des tableaux dont l’imagination eft émfe > dont les yeux feroient bléflés: mais le vice ef dans le choïx de l’objet , non dans la force de l’exprefion, Tout ce qui feroit beau en peinture, doit être beau fur le théatre. Et que ne peut-on y exprimer le def- efpoir de la fœur de Didon, tel qu'il eft peint dans J’Enéide ! Encore une fois, de combien de plaifirs ne nous prive point une vaine délicatefle ? Les Athé- niens plus fenfibles & aufli polis que nous, voyoient fans dégoût Philoétete panfant fa bleflure, & Pilade efluyant l’écume des levres de fon ami étendu fur le fable. L’abattement de la douleur permet peu de geftes 3 Ja réflexion profonde n’en veut aucun: le fentiment demande une aëtion fimple comme lui : l’indigna- tion, le mépris, la fierté, la menace, la fureur con- centrée, n'ont befoin que de l’expreffion des yeux & du vilage ; un regard, un mouvement de tête, voilà leur aétion naturelle; le gefte ne feroit que l’affoiblir. Que ceux qui reprochent à un a@teur de négliger le gefte dans les rôles pathétiques de pere, ou dans les rôles majeftueux de rois, apprennent que la dignité n’a point ce qu’ils appellent des #ras. Augufte tendoit fimplement la main à Cinna, en lui difant : foyons amis. Et dans cette réponfe : Connoifez-vous Céfar pour lui parler ainfi ? Céfar doit à peine laifler tomber un regard fur Ptolez mée. | Ceux-là fur-tout ont befoin de peu de geftes, dont les yeux & les traits font fufceptibles d’une expref- fion vive & toucharce. L’expreflion des yeux & du vifage eft l’ame de la déclamarion ; c’eft- là que les paflions vont fe peindre en caraéteres de feu; c’eft de-là que partent ces traits, qui nous pénetrent lorf- que nous entendons dans Iphigénie , vous y fèrez mæ Jille : dans Andromaque, Je ne fai point aimé cruel, qu’ai-Je donc fait ? dans Âtrée, reconnois-tu ce fans À &c. Mais ce n’eft ni dans les yeux feulement, n1 feu- lement dans les traits, que le fentiment doit fe pein- dre ; fon exprefñon réfulte de leur harmonie, & les fils qui les font mouvoir aboutiffent au fige de las me. Lorfque Alvarès vient annoncer à Zamore & à Alzire l’arrèêt qui les a condamnés, cet arrêt funefte eft écrit fur le front de ce vieillard , dans fes regards abattus, dans fes pas chancelans ; on frémit avant de l’entendre. Lorfque Ariane litle billet de Thefée ,: les caraëteres de la main du perfide fe répetent com- me dans un miroir fur le vifage pâlifant de fon amante, dans fes yeux fixes & remplis de larmes ,: dans le tremblement de fa main. Les anciens n’a voient pas l’idée de ce decré d’exprefion; & teleft parmi nous l’avantage des falles peu vaftes, & du vifage découvert. Le jeu mixte & le jeu muet de- voient être encore plus incompatibles avec les maf- ques ; mais il faut avouer aufhi que la plûpart de nos. ateurs ont trop négligé cette partie, l’une des plus cffentielles de la déc/amarion. Nous appellons 7e mixte ou compofé , l’expreflion d’un fentiment modifié par les circonftances, ou de plufieurs fentimens réunis. Dans le premier fens , tout jeu de théatre eft un jeu mixte : car dans l’ex- preflion du fentiment doivent fe fondre à chaque trait les nuances du caraëtere & de la fituation du perfonnage ; ainfi la férocité de Rhadamifte doit fe peindre même dans l'expreffion de fon amour ; ainf Pyrrhus doit mêler le ton du dépit & de la rage à l'expreflion tendre de ces paroles d’Andromaque qu'il a entendues , & qu'il répete en frémiflant : OR ET A 5 EEE Voila es yeux, fa bonche, & déjà fon audace ; C’eft lui-même ; c'efl roi cher époux que j ’embraffe. ien de plus varié dans fes détails que le monologue de Camille au 4° aëte des Horaces ; maïs fa douleur elt un fentiment continu qui doit être comme le fond de ce tableau. Et c’eft-là que triomphe Padrice , qui joue. ce rôle avec autant de vérité que de noblefle, d'intelligence que de chaleur. Le comédien a donc toûjours au moins trois expreffions à réunir, celle du fentiment , celle du caraétere , & celle de la fitua- tion : regle peu connue, 8 encore moins obfervée. Lorfque deux ou plufeuts fentimens agitent une ame , 1ls doivent fe peindre en même tems dans les traits 8 dans la voix , même à-travers les efforts qu”- on fait pour les diffimuler. Orofmane jaloux veut s'expliquer avec Zaïre ; il defire & craint l’aveu qu'il exige ; le fecret qu’il cherche l’épouvante, & il brûle de le découvrir: il éprouve de bonne -foi tous ces mouvemens confus, 1l doit les exprimer de même. La crainte, la fierté, la pudeur, le dépit, retiennent quelquefois la pafhon : mais fans la cacher, tout doit trahir un cœur fenfble, Et quel art ne demandent point ces demi-teintes, ces nuances d’un fentiment répandues fur l’exprefion d’un fentiment contraire, lut-tout dans les fcenes de diflimulation où le poëte a fuppofé que ces nuances ne feroient apperçûües que des fpettateurs, & qu’elles échapperoïent à la péné- : tration des perfonnages intéreflés ! Telle eft la diffi- mulation d’Atalide avec Roxane, de Cléopatre avec Antiochus, de Néron avec Agrippine. Plus les per- fonnages font difficiles à fédure par leur caraétere ëc leur fituation, plus la diffimulation doit être pro- fonde , plus par conféquent la nuance de faufleté eft difficile à ménager. Dans ce vers de Cléopâtre, c’ez fait, je me rends, 6 ma colere expire ; dans ce vers de Néron, avec Britannicus je me reconcilie, l’expref- fion ne doit pas être celle de la vérité, car le men- fonge ne fauroit y atteindre : maïs combien n’en doit- elle pas approcher? En même tems que le fpe&a- teur s’apperçoit que Cléopatre & Nérondiflimulent, il doit trouver vraïflemblable qu’Antiochus & Agri- pine ne s’en apperçoivent pas, & ce milieu à faifir eff peut-être le dernier effort de l’art de la déclamation. Laïffer voir la feinte au fpe&tateur , c’eft à quoi tout comédien peut réuflir ; ne la laïffer voir qu’au fpec- tateur,c’eft ce que les plus confommés n’ont pas toû- jours le talent de faire. De tout ce que nous venons de dire, il eft aïfé de fe former une jufte idée du jeu muet. il n’eft point de fcene, foit tragique, foit comique, où cette efpe- ce d’aétion ne doive entrer dans les filences. Tout perfonnage introduit dans une-fcene doit y être in- téreflé , tout ce qui l’intéreffe doit l’émouvoir , tout ce qui l’émeut doit fe peindre dans fes traits & dans fes geftes : c’eff le principe du jeu muet ; & il n’eft perfonne qui ne foit choqué de la négligence de ces aëteuts, qu'on voit infenfibles & fourds dès qu’ils ceflent de parler, parcourir le fpe@acle d’un œil in- différent & diftrait, en attendant que leur tour vien- ne de reprendre la parole, En évitant cet excès de froïdeur dans les filences du dialogue , on peut tomber dans l’excès oppoté. Il eft un degré où les paflions font muettes, irgenres Jupent : dans tout autre cas, il n’eft pas naturel d’é- couter en filence un difcours dont on eft violemment émü, à moins que la crainte, le refpe&, ou telle au- | ire caufe, ne nous retienne. Le jeu muet doit donc être une expreflion contrainte & un mouvement re- prime. Le perfonnage qui s’'abandonneroit à l’a@ion dévroit, par la même raïfon, fe hâter de prendre la parole: ainfi quand la difpofirion du dialogue l’obli- ge à fe taire, on doit entrevoir dans l’expreffion muette &c retenue de fes fentimens, la raïfon qui lui ferme la bouche, Une circonftance plus critique eft celle où le poë- te fait taire l’aéteur à contre -tems. On ne fait que trop combien l'ambition des beaux vers a nui à la IDVE: .C 685 vérité du dialogue. Foyez DIALOGUE. Combien de fois un perfonnage qui interromproit fon interlocu= teur , s’il fuivoit le mouvement de la pafon , fe voit. il condamné à laifler achever une tiradé brillante à Quel eft pour lors le parti que doit prendre l’aûteur que le poëte tient à la gêne ? S'il exprime par fon jeu la violence qu'on lui fait, il rend plus fenfible en- core ce défaut du dialogue, & fon impatience fe communique au fpedateur ; sil diffimule cette im- patience, 1l joue faux en fe poffédant où il devroit s’emporter. Quoi qu'il arrive, il n'y a point à ba- lancer: il faut que l’aéteur foit vrai, même au péril du poëte. Dans une circonftance pareille, Pa@rice qui joue Pénélope (mademoifelle Clairon) a eu Part de faire d’un défaut de vraifflemblance infoûtenable à la lec- ture, un tableau théatral de la plus grande beauté. Ulfie parle à Pénélope fous le nom d’un étranger. Le poëte, pour filer la reconnoiffance, a obligé lac- trice à ne pas lever les yeux fur fon interlocuteur : mais à mefure qu’elle entend cette voix » les grada- tions de la furprife, de l’efpérance, & de la joie, fe peignent fur fon vifage avec tant de vivacité & de naturel, le faififlement qui la rend immobile tient le fpeétateur lui-même dans une telle fufpenfon , que la contrainte de l’art devient l’expreffion de la nature, Mais les auteurs ne doivent pas compter fur ces coups de force, & le plus sûr eft de ne pas met- tre les aËteurs dans le cas de joüer faux. Il ne mous refte plus qu’à dire un mot des repos de la déclamatior | partie bien importante & bien négligée. Nous avons dit plus haut que la déc/ama- tion muette avoit fes avantages fur la parole : en ef. fet la nature à des fituations & des mouvemens que toute l'énergie des langues ne feroit qu’afoiblir : dans lefquels fa parole retarde l’aétion , & rend l’ex- prefüon trainante & lâche. Les peintres dans ces fi- tuations devroient fervir de modele aux poëtes & aux comédiens. L’Agamemnon de Timante, le faire Bruno en oraifon de le Sueur , le Layare du Rembran, la defcente de croix du Carrache, font des morceaux fublimes dans ce genre. Ces grands maîtres ont laïffé imaginer &c fentir au fpetateur ce qu'ils n’auroient pü qu'énerver, s'ils avoient tenté de le rendre. Ho- mere & Virgile avoient donné l'exemple aux pein- tres. Ajax rencontre Ulifle aux enfers, Didon y ren- contre Enée. Ajax & Didon n’expriment leur indi- gnation que par le filence : il eft vrai que lindigna- tion eft une paflion taciturne , maïs elles-ont toutes des momens où le filence eft leur exprefion la plus énergique & la plus vraie. | Les ateurs ne inanquent pas’de fe plaindre , que les Poëtes ne donnent point lieu à ces filences élo- quens, qu'ils veulent tout dire, & ne laiflent rien à l’aétion, Les Poëtes gémiflent de leur côté de ne pou- voir fe repofer fur l'intelligence & le talent de leurs aëteurs pour lexpreffion des réticences, Et en géné- ralles uns & les autres ont raifon ; mais l’a@eur qui fent vivement, trouve encore dans l’exprefion du poëte aflez de vuides à remplir. Baron, dans le rôle d’'Ulife, étoit quatreminutes à parcourir en filence tous les changemens qui frap- poient fa vüe en entrant dans fon palais, Phedre apprend que Thefée eff vivant. Racine s’eft bien gardé d'occuper par des paroles le premier moment de cette fituation. Mon époux efl vivant, Œnone, c’efl affè, J’ai fait l’indigne aveu d’un amour qui l’outrage ; LL vit, Je ne veux pas en Javoir davantage, C’eft au filence à peindre l'horreur dont elle eft faifie à cette nouvelle, & le refte de la fcene n’en eft que le dévéloppement. Phedre apprend de la bouche de Thefée, qu'Hip- 686 D E C polyte aimeAricie, Qu'il nous foit permis de le dire: fi le poëte avoit pû compter fur Le jeu muet de l’ac- trice, il auroit retranché ce monologue : 17 fort: quelle nouvelle a frappé mon oreille , &c. & n’auroit fait dire à Phedre que ce vers, après un long filence. Et je me chargerois du foin de le défendre. Nos voifins font plus hardis, & par conféquent plus grands que nous dans cette partie. On voit fur le théatre de Londres Barnweld chargé de pefantes chaînes, fe rouler avec fon ami fur le pavé de la prifon, étroitement ferrés l’un dans les bras de l’au- tre ; leurs larmes, leurs fanglots , leurs embrafle- mens , font l’expreflion de leur douleur. Mais dans cette partie, comme dans toutes les autres , pour encourager & les auteurs & les ac- teurs à chercher les grands effets , & à rifquer ce qui peut les produire, il faut un public férieux, éclai- ré, fenfible, & qui porte au théatre de Cinna un au- tre efprit qu'à ceux d’Arlequin & de Gille. La maniere de s’habiller au théatre , contribue plus qu’on ne penfe à la vérité & à l'énergie de l’ac- filon; mais nous nous propolons de toucher cette partie avec celle des décorations, Voyez DÉCORA- TION. Cet article eff dé M. MARMONTEL. DÉCLAMATION DES ANCIENS, ( Lätérature. ) L'article qui fuit nous a été communiqué par M. Duclos de l’académie des Infcriptions & Belles- Lettres, l’un des quarante de l'Académie françoie, &c Hiftoriographe de France. On y reconnoiïtra la pénétration, les connoiffances & la droiture d’ef- prit que cet objet épineux exigeoit, & qui fe font remarquer dans tous les ouvrages que M. Duclos a publiés : elles y font fouvent réunies à beaucoup d’autres qualités qui paroïtroient déplacées dans cet article ; car il eft un ton propre à chaque matiere. De l'art de partager l'aülion théatrale, qu'on prétend avoir été en ufage chez les Romains. Il feroit difficile de ne pas reconnoitre la fupériorité de nosouvrages dramatiques fur ceux même qui nous ont fervi de modeles ; mais comme on ne donne pas volontiers à fes contemporains des éloges fans reftriéion , on prétend que les anciens ont eu des arts que nous lgnorons, & qui contribuoient beaucoup à la per- fe&ion du génre dramatique. Tel étoit, dit-on, l’art de partager l’a@ion théatrale entre deux aéteurs, de maniere que l’un faifoit les geftes dans le tems que l’autre récitoit. Tel étoit encore l’art de noter la déclamation. Fixons l’état de la queftion, tâchons de l’éclair- cir , c’eft le moyen de la décider; & commençons par ce qui concerne le partage de l’aétion. Sur l'atlion partagée, L’attion comprend la réci- tation &c le gefte; mais cette feconde partie eft fi naturellement liée à la premiere, qu’il feroit difficile de trouver un aéteur qui avec de l'intelligence & du fentiment , eût le gefte faux. Les auteurs les plus attentifs au fuccès de leurs ouvrages, s’attachent à donner à leurs aéteurs les tons, les inflexions, & ce qu’on appelle l’e/prit du rôle, Si l'aëteur eft en- core capable de s’affecter, de fe pénétrer de la fitua- tion où il fe trouve, c’eft-à-dire s’1l a des entrailles, il eft alors inutile qu'il s’occupe du gefte, qui fuivra infailliblement : il feroit même dangereux qu'il y donnât une attention qui pourroit le diftraire & le jetter dans l’afedation. Les aéteurs qui gefticulent le moins, font parmi nous ceux qui ont le gefte le plus naturel. Les anciens pouvoient à la vérité avoir plus de vivacité & de variété dans le gefte que nous n’en avons, comme on en remarque plus aux Îta- Jiens qu’à nous ; mais il n’eft pas moins vrai que ce gefte vif & marqué leur étant naturel, il n’exigeoit pas de leur part plus d’attention que nous n’en don- gons au nôtre. On ne voit donc pas qu'il ait jamais DEC Êté néceffaire d'en faire un art particulier, êc il eût été bifarre de le féparer de la récitation, qui peut feule le guider & lé rendre convenable à lation. J'avoue que nous fommes fouvent fi prévenus er faveur de nos ufages, fi affervis à l'habitude, que nous regardons comme déraïfonnables les mœnts & les ufages oppolés aux nôtres. Mais nous avons um moyen d'éviter erreur à cet égard ; c’eft de diftin- guer les ufages purement arbitraires d'avec ceux qui font fondés fur la nature : or il eft conftant que la repréfentation dramatique doit en être l’image; ce feroit donc une bifarrerie de féparer dans lPimi- tation, ce qui eft effentiellement uni dans les chofes qui nous fervent de modele. Si dans quelque cir- conftance finguliere nous fommes amufés par un fpeétacle ridicule, notte plaifir naît de la furprife ; le froid & le dégoût nous ramenent bientôt au vrai, que nous cherchons jufque dans nos plaïfirs. Le par- tage de l’action n’eüt donc été qu’un fpeétacle pués rile, du genre de nos marionnettes. Mais cet ufage a-t-il exifté ? Ceux qui foûtien- nent cette opimon , fe fondent fur un pañlage de Tite-Live dont J'ai déjà cité le commencement dans un mémoire, & dont je promis alors d'examiner la fuite. #. some X VIT, des mêm. de l’acad. des B. L. Nous avons fait voir comment la fuperflition don= na naïiflance au théatre de Rome, & quels furent les progrès des jeux Scéniques. Tite-Live ajoûte que Livius Andronicus ofa le premier fubitituer aux fa- tyres une fable dramatique (240 ans avant Jefus- Chrift , & 124 depuis l’arrivée des farceurs Etrufs ques), ab faturis aufus eff primus argumento fabulam Jérere : d’autres éditions portent argumenta fabularum,, expreflions qui ne préfentent pas un fens net. Cice- ron dit plus fimplement & plus clairement, primus fabulam docuir. Les pieces d’Andronicus étoient des imitations des pieces greques (academ. quef?. I.) non verba, [éd vim græcorum expréflerunt poëtarum , dit Ciceron. Cet orateur ne faifoit pas beaucoup de cas des pieces d’Andronicus , & 1l prétend qu’elles ne méritoient pas qu’on les relùt (7 Brut.) Liviane fabulæ non [a- ts digne ut iterum legantur. Et Horace, epifl, 1. 1. IE. à Aupufte, parle de ceux qui les eftimoient plus qu’elles ne méritoient, pour quelques mots heureux qu’on y rencontroit quelquefois. Andronieus avoit fait encore une traduétion de l’'Odyflée, que Ciceron compare aux ftatues attribuées à Dédale, dont l’an- cienneté faoit tout Le mérite. Il paroït cependant qu'Andronicus avoit eu au= trefois beaucoup de réputation, puifqu'il avoit été chargé dans fa vieilleffe (l’an 207 avant J. C.) de compofer les paroles & la mufique d’une hymne que vingt-fept jeunes filles chanterent dans une procef- fon folennelle en l’honneur de Junon. Mais il eff particulierement célebre par une nouveauté au théas tre, dont 1l fut l’auteur ou l’occafon. | Tite-Live dit qu'Andronicus qui , fuivant l’ufage de ce tems-là , jouoit lui-même dans fes pieces , s'étant enroûé à force de répeter un morceau qu’on ‘redemandoit, obtint la permifhion de faire chanter ces paroles par un jeune comédien, & qu’alors if repréfenta ce qui fe chanta avec un mouvement ou un gefte d’autant plus vif, qu'il n’étoit plus occupé du chant : canricum egif[e aliquanto magis vigenti mo= tu, quia nihil vocis ufus impediebar. Le point de la difficulté eft dans ce que Tite= Live ajoûte: De-là, dit-il, vint la coûtume de chanter fuivant le gefte des comédiens , & de réfer- ver leur voix pour Le dialogue : £2de ad imanum can: tari hiftrionibas cæptum , diverbiaque tantum ipforum voci relicta. Comme le mot canticum fignifie quelquefois un monologue, des commentateurs en ont conclu qu'il ne fe prénoit que dans cette acception ,. & que de- puis Andronicus la récitation & le sefte des mono- logues fe partageoient toûjours entre deux aëteurs. Mais le paffage de Tite-Live dont on veut s’ap- puyer, ne préfente pas un fens bien déterminé. Je vis, lorfque je le difcutai dans une de nos aflemblées, combien il reçut d’interprétations différentes de Îa part de ceux à qui les anciens auteurs font le plus familiers, & la plüpartadopterent celui que je vais propofer. Le canticum d’Andronicus étant compofé de chants & de danfes, on pourroit entendre par les termes cantieurn egiffe, &cc. que cet auteur qui d’abord chan- toit fon cantique , ou, fi l’on veut, fa cantate, & qui exécutoit alternativement ou en même tems les _intermedes de danfes , ayant altéré fa voix, chargea un autre aéteur de la partie du chant, pour danfer avec plus de liberté & de force, & que de-là vint lPufage de partager entre différens aëteurs la partie du chant & celle de la danfe. Cette explication me paroïit plus naturelle que le {yftème du partage de la récitation & du gefte ; elle ft même confirmée par un pañlage de Valere Ma- xime, qui, en parlant de l’avanture d’Andronieus, dit, cacitus gefhiculationem peregit ; Or gefhiculario eft communément pris pour la danfe chez les anciens. . Lucien dit auffi (Dialogue fur la danfe) : « Autre- » fois le même aéteur chantoit & danfoit ; mais'com- » me on obferva que les mouvemens de la danfe # nuifoient à la voix & empêchoient la refpiration, » on jugea plus convenable de partager le chant & » la danfe. » Si le jeu muet d’Andronicus étoit une fimple gef- ticulation plütôt qu’une danfe, on en pourroit con- clure encore que l'accident qu reftreignit Androni- cus à ne faire que les geftes, auroit donné l’idée de l'art des pantomimes. Il feroit plus naturel d’adop- ter cette interprétation, que de croire qu’on eût, par un bifarrerie froide, confervé une irrégularité que la néceflité feule eût pù faire excufer dans cette circonfiance. Si l’on rapporte communément l’art des pantomi- mes au fiecle d’Augufte, cela doit s'entendre de fa perfettion , & non pas de fon origine. En effet, les danfes des anciens éroient prefque toùjours des tableaux d’une aétion connue, ou dont le fujet étoit indiqué par dés paroles explicatives. Les danfes des peuples de POrient, décrites dans Pietro della Valle & dans Chardin ; font encore dans ce genre ; au lieu que les nôtres ne confiftent guere qu'à montrer de la légereté, ou préfenter des attitudes agréables. Ces pantomimes avoient un accompagnement de mufique d'autant plusnéceflaire , qu'un fpeétacle qui ne frappe que les yeux, ne foûtiendroit pas long- tems l’attention. L’habitude où nous fommes d’en- tendre un dialogue, lorfque nous voyons des hom- mes agir de concert, fait qu'au lieu du difcours que notre oreille attend machinalement , il faut du moins l’occuper par des fons muficaux convenables au fujet. Voyez PANTOMIME. Si Pufage dont parle Tite-Live devoit s'entendre du partage de la récitation & du gefte, il feroit bien étonnant que Ciceron ni Quintilien n’en euffent pas parlé : il eft probable qu'Horace en auroit fait men- fon. À Donat dit fimplement que les mefures des canti- ques, où, fi l’on veut, des monologues, ne dépen- doïent pas des aéteurs, mais qu’elles étoient reglées . par un habile compofiteur : diverbia hiftriones pro- nuntiabant; cantica verd temperabantur modis, non à poëté, féd a perico artis mufices fattis. Ce pañlage ne prouveroit autre chofe, finon que les monologues , C ‘AE F ” . w LE A 7 étoient des morceaux de chant ; mais 1l n’a aucun tapport au partage de lation. Lan . Jené m'étendrai pas davantage fur cet article, & Je pañle au fecond, qui demandera beaucoup plus ‘ de difcuffon. Sur la déclamation norte. L'éclairciflement de cette queftion dépend de l'examen de plufeurs points ; & pour procéder avec plus de méthode & de clarté , il eft néceflaire de définir & d’analyfer fout ce qiu peut y avoir rappoit. | La déclamarion‘théatrale étant une imitation de la déclamation naturelle ; je commence par définir celle-ci. C’eft. une affeétion où modification que la voix reçoit , lorfque nous fommes émûs de quelque paflion, & qui annonce cetté émotion à ceux qui nous écoutent, de la même maniere que la difpo- fition des traits de notre vifage l’annonce À ceux qui nous regardent. Cette expreflion de nos fentimens eft dé toutes les langues ; & pour tâcher d’en connoître la nature, il faut pour ainfi dire décompofer la voix humaine ! . ? & la confidérer fous divers afpe&s. 1°. Comme un fimple fon, tel que le cri des en- fans. 2°. Comme un fon articulé , tel qu’il eft dans la parole. 3°. Dans le chant, qui ajoûte à la parole la mo- dulation & la variété des tons. | 4°. Dans la déclaration , qui paroït dépendre d’u- ne nouvelle modification dans Le fon & dans la fub- ftance même de la voix; modification différente de celle du chant & de celle de la parole , puifqu’elle peut s’unir à l’une & à l’autre , ou en être retranchée, La voix confidérée comme un fon fimple, eft produite par l’air chaffé des poumons, & qui fort du larynx par la fente de la glotte ; & il eft encore augmenté par les vibrations des fibres qui tapiffent l’intérieur de la bouche & le canal du nez. La voix qui ne feroit qu’un fimple cri, reçoit en fortant de la bouche deux efpeces de modifications qui la rendent articulée , & font ce qu’on nomme la parole. Les modifications de la premiere efpece produi- {ent les voyelles, qui dans la prononciation dépen- dent d’une difpofition fixe & permanente de la lan- gue, des levres & des dents. Ces organes modifient par leur pofition , air fonore qui fort de la bouche; & fans diminuer fa vitefle , changent la nature du fon. Comme cette fityation des organes de la bou- che, propre à former les voyelles , eft permanente, les fons voyelles font fufceptibles d’une durée plus ou moins longue, & peuvent recevoir tous les de- grés d’élevation & d’abaiflement poffbles : ils font même les feuls qui les reçoivent ; &c toutes les va- riétés, foit d’accens dans la prononciation fimple ; foit d'intonation muficale dans le chant, ne peuvent tomber que fur les voyelles. Les modifications de la feconde efpece, font cel- les querecoivent les voyelles par le mouvement fubit & inftantané des organes mobiles de la voix, c’eft- à-dire de la langue vers le palais ou vers les dents, & par celui des levres. Ces mouvemens produifent les confonnes, qui ne font que de fimples modifica- tions des voyelles, &z toüjours en les précedant. C’eft l’aflemblage des voyelles & des confonnes mêlées fuivant un certain ordre, qui conftitue la parole ou la voix articulée. Voyez CONSONNE, &c. La parole eft fufceptible d’une nouvelle modif- cation qui en fait la voix de chant. Celle-ci dépend de quelque chofe de différent du plus ou du moins de vitefle, & du plus ou du moins de force de l’air qui fort de la glotte & pañle par la bouche. On ne doit pas non plus confondre la voix de chant avec le plus ou le moins d’élevation des tons, pudque 633 DEC cette variété fe remarque dans les accens de la pro- ‘noñciation du difcours ordinaire. Ces différens tons ou accents dépendent uniquement de l'ouverture 4 plus ou moins grande de la glotte. En quoi confifte donc ia différence qui fe trouve æntre la parole fimple & la voix de chant ? | _Les anciens Muficiens ont établi, après Arifto- xene (E/emenr. harmon.) 1°. que la voix de chant ‘pañle d’un degré d’élevation ou d’abaiffement à nn autre degré, c’eft-à-dire d’un ton à l’autre, par Jautr, fans parcourir l'intervalle qui les fépare ; au lièu ‘que celle du difcours s’éleve & s’abaïfle par un -“mouvemént continu : 2°, que la voix de chant fe ‘foûtient fur le même ton confidéré comme un point indivifble, ce qui n'atrive pas dans la fimple pro- nonciation, | | Cette marche par faults & avec des repos, eft en effet celle de la voix de chant. Mais n’y a-t-il rien de plus dans le chant ? Il y a eu une déclamation tragi- que qui admettoit le paffage par fault d’un ton à l’au- tre , & le repos fur un ton. On remarque la même chofe dans certains orateurs. Cependant cette décla- mation eft encore différente de la voix de chant. M. Dodart qui joignoit à l’efprit de difcuffion êc de recherche , la plus grande connoïffance dela Phy- fique , de l’Anatomie , & du jeu méchanique des parties du corps , avoit particulierement porté fon attention fur les organes de la voix. Il obferve 1°. que tel homme dont la voix de parole eft déplaïfan- te, a le chant très-agréable , ou au contraire : 2°. que fi nous n'avons pas entendu chanter quelqu'un, quelque connoiffance que nous ayons de fa voix de parole, nous ne le reconnoîtrons pas à fa voix de chant. M. Dodart, en continuant fes recherches, décou- vrit que dans la voix de chant il y a de plus que dans celle de la parole, un mouvement de tout Le larynx, c’eft-à-dire de cette partie de la trachée-artere qui forme comme un nouveau canal qui fe termine à la glotte, qui en enveloppe & qui en foûtient les muf- cles. La différence entre les deux voix vient donc de celle qu'il y a entre le larynx affis & en repos fur {es attaches dans la parole, & ce même larynx fuf- pendu fur fes attaches, en aétion & müû par un ba- lancement de haut en-bas & de bas en-haut. Ce ba- lancement peut fe comparer au mouvement des oi- {eaux qui planent, ou des poiflons qui fe foùtien- nent à la même place contre le fil de l’eau. Quoique les ailes des uns & les nageoires des autres paroïf- fent immobiles à l’œil , elle$ font de continuelles vibrations , mais fi courtes &c fi promptes qu’elles font imperceptibles. Le balancement du larynx produit dans la voix de chant une efpece d’ondulation qui n’eft pas dans la fimple parole. L’ondulation foûtenue & moderée dans les belles voix, fe fait trop fentir dans les voix chevrotantes ou foibles. Cette ondulation ne doit pas fe confondre avec les cadences & les roulemens ui fe font par des changemens très-prompts & très- délicats de louyerture de la glotte , & qui font com- ofés de l'intervalle d’un ton ou d’un demi-ton. La voix, foit du chant, foit de la parole, vient toute entiere de la glotte , pour le fon & pour le ton ; mais l’ondulation vient entierement du balan- £cement de tout le larynx : elle ne fait point partie de Ja voix, mais elle en affeéte la totalité. Il réfulte de ce qui vient d’être expofé, que la voixde chant confifte dans la marche par fault d’un ton à un autre, dans le fejour fur les tons , & dans < Cette ouverture elt ovale ; fa longueur eft depuis quatre fuiqu’à huit lignes ; fa largeur ne va A qu’à une ligne dans Îes voix de bafle- taille. Plus elle elt reflerrée , plus les {ons deviennent aigus; & plus elle eft ouverte, plus le {on eft grave & e porte plus loin. | cette ondulation du larynx qui affeéte la totalité de la voix & la fubftance même du fon. Après avoir confidéré la voix dans le fimple cri dans la parole, & dans le chant ; il refte à l’examiner par rapport à la déclamation naturelle, qui doit être le modele de la déclamation artificielle , {oit théatra- le, foit oratoire, La déclamation eft, comme nous l’avons déjà dit, une affeétion ou modification qui arrive à notre voix lorfque paflant d’un état tranquille à un état agité, notre ame eft émüe de quelque paflion ou de quelque fentiment vif, Ces changemens de la voix font invo- lontaires, c’eft-à-dire qu’ils accompagnent néceflai- rement les émotions naturelles, & celles que nous venons à nous procurer par l’art, en nous pénétrant d’une fituation par la force de l'imagination feule. La queftion fe réduit donc a@tuellement à favoir 1°. fi ces changemens de voix expreflifs des pafions confiftent feulement dans les différens degrés d’élé- vation & d’abbaiflement de la voix, & fi en paflant d’un ton à l’autre, elle marche par une progreffion fucceflive & continue, comme dans les accens ou in- tonations profodiques du difcours ordinaire ; ou fi elle marche par fauts comme le chant. 29, S'il feroit poffible d'exprimer par des fignes ou notes, ces changemens exprefffs des pafñons. L'opinion commune de ceux qui ont parlé de la déclamation , fuppofe que fes inflexions font du gen- re des intonations muficales , dans lefquelles la voix procede dans des intervalles harmoniques , & qu’il eft tres-poffible de les exprimer par les notes ordinai- res de la mufique, dont il faudroit tout au plus chan- ger la valeur, mais dont on conferveroit la propor- tion & le rapport. C’eft le fentiment de l’abbé du Bos, qui a traité cette queftion avec plus d’étendue que de précifion. Il fuppofe que la déclamation naturelle a des tons fi- xes, & fuit une marche déterminée. Mais fr elle con- fiftoit dans des intonations muficales & harmoni- ques , elle feroit fixée & déterminée par le chant mé- me du récitatif. Cependant l’expérience nous mon- tre que de deux aéteurs qui chantent ces mêmes mor- ceaux avec la même juftefle, l’un nous laiffe froids & tranquilles, tandis que l’autre avec une voix moins belle & moins fonore nous émeut & nous traniporte: les exemples n’en font pas rares, Il eft encore à-pro- pos d’obferver que la déclamation fe marie plus diffi- cilement avec la voix & le chant, qu'avec celle de la parole. L'on en doit conclure que l’expreffion dans le chant, eft quelque chofe de différent du chant mê- me & des intonations harmoniques ; & que fans man« quer à ce qui conftitue le chant, l’aéteur peut ajoü- ter l’expreflion ou y manquer. Il ne faut pas conclure de-là que toute forte de chant foit écalement fufceptible de toute forte d’ex- preflion. Les aéteurs intelhigens n'éprouvent que trop qu'il y a des chants très-beaux en eux-mêmes, qu’il eft prefque impofñfble de ployer à une déclama: zon convenable aux paroles. Nous pouvons encore remarquer que dans la fim- ple déclamation tragique deux aéteurs jouent le mê- me morceau d’une maniere différente , & nous af- feétent également ; le même aéteur joue le même morceau différemment avec le même fuccès, à moins que le caraétere propre du perfonnage ne foit fixé par l’hiftoire ou dans l’expoñtion de la piece. Si Les inflexions exprefives de la déc/amation ne font pas les mêmes que les intonations harmoniques du chant ; fi elles ne confiftent ni dans l’élévation , ni dans l’abbaiflement de la voix, n1 dans fon renfle- ment & fa diminution, ni dans fa lenteur & fa rapi- dité, non plus que dans les repos & dans les filen- cesz DEC. ces ; enfin fi la déclamarion ne réfulte pas de 'affern- blage de toutes ces chofes, quoique la plûpart l’ac- compagnent, 1l faut donc que cette expreffion dé- pende de quelque autre chofe ; qui affeétant le fon même de la voix, la met en état d’émouvoir & de tran{porter notre ame. Les langues ne font que des inftitutions arbitrai- res, que de vains fons pour ceux qui ne les ont pas apprifes. Il n’en eft pas ainfi des inflexions expref- fives des pañlions, n1 des changemens dans la dif- poñition des traits du vifage : ces fignes peuvent être plus ou moins forts, plus ou moins marqués ; mais ils forment une langue univerfelle pour tou- tes les nations. L'intelligence en eft dans le cœur, dans l’organifation de tous les hommes, Les mêmes fignes du fentiment , de la pañion , ont fouvent des nuances diftinives qui marquent dés affeions dif- férentes ou oppoiées. On ne s’y méprend point, on diftingue les larmes que la joie fait répandre, de celles qui font arrachées par la douleur. _ Si nons ne connoïflons pas encore la nature de cette modification expreflive des paflions qui conf- titue la déc/amation , fon exiftence n’en eft pas moins conftante. Peut - être en découvrira-t-on le mécha- nifme. Avant M. Dodart on n’avoit jamais penfé aumou- vement du larynx dans le chant, à cette ondulation du corps même de la voix. La découverte que M. Ferrein a faite depuis des rubans membraneux dans la produétion du fon & des tons, fait voir qu'il refte des chofes à trouver fur les fujets qui femblent épui- fés. Sans fortir de la queftion préfente , y a-t-il un fait plus fenfble , &c dont le principe foit moins con- nu, que la différence de la voix d’un homme & de celle d’un autre; différence fi frappante, qu'il eft auffi facile de les diftinguer que les phyfionomies ? L'examen dans lequel je fuis entré fait aflez voir que la déclamation eft une modification de la voix diftinéte du fon fimple, de la parole & du chant, & que ces différentes modifications fe réuniflent fans s’altérer. Il refte à examiner s’il feroit poffible d'ex- primer par des fignes ou notes ces inflexions expref fives des pañfions. Quand on fuppoferoit avec l'abbé du Bos que ces inflexions confiftent dans les différens degrés d’élé- vation & d’abbaiffement de la voix, dans fon ren- flement & fa diminution, dans fa rapidité & fa len- teur, enfin dans les repos placés entre les membres des phrafes, on ne pourroit pas encore fe fervir des notes muficales. La facilité qu’on a trouvé à noter le Fo vient de ce qu'entre toutes les divifions de l’oéfave on s’eft borné à fix tons fixes & déterminés , ou douze femi- tons , qui en parcourant plufieurs oaves, fe tépe- tent toûjours dans lé même rapport malgré leurs combinaïfons infinies. [| M. Burette a montré que les anciens employoient pour marquer les tons du chant jufqu’à 1620 caraëteres , auxquels Gui d’Arezzo a fubftitué un très-petit nombre de notes qui par leur {eule pofition fur une efpece d'échelle , deviennent _fufceptibles d’une infinité de combinaifons, Il feroit encore très-poflible de fubftituer à la méthode d’au- jourd’hui une méthode plus fimple , fi le préjugé d’un ancien ufage pouvoit céder à la raifon, Ce feroient des muficiens qui auroient le plus de peine à l’ad- mettre, & peut-être à la comprendre. | Mais il n’y a rien de pareil dans la voix du difcours, foit tran- quille, foit paffionné. Elle marche continuellement dans des intervalles incommenfurables , & prefque toljours hors des modes harmoniques : car je ne pré- tens pas qu'il ne puiffe quelquefois fe trouver dans une déclamation chantante & vicieufe, & peut-être mème dans le difcours ordinaire , quelques inflexions qui feroient des tons harmoniques ; mais ce font des Tome 1F, DEC 689 inflexions-rates, qui ne rendroient pas la continuité du difcours fufceptible d’être noté. L'abbé du Bos dit avoir confulté des muficiens , qui l'ont aflüré que rien n’étoit plus facile que d’ex2 primer les inflexions de la déclamarion avec les n02 tes aétuelles de la mufique ; qu'il fufiroit de leur don: ner la moitié de la valeur qu’elles ont dans le chant 5 &t de faire la même réduétion à l'égard des mefures, Je crois que l’abhé du Bos & ces muficiens n’avoient pas une idée nette & précife de la queftion, 1°, Il y a plufieurs tons qui ne peuvent être coupés en deux parties égales. 2°, On doit faire une grande diftinc- ton entre des changemens d'inflexions fenfibles , & des changemens appréciables, Tout ce qui eft fenfi= ble n’eft pas appréciable, & il n’y a que les tons fi- xes & déterminés qui puiffent avoir leurs fignes à tels font les tons harmoniques ; telle eft à l'égard dui fon fimple l'articulation de la parole, | Lorfque je communiquai mon idée à l'académie M. F reret l’appuya d’un fait qui mérite d’être remat- que. Arcadio Hoangh, chinois de naïffance & très inftruit de fa langue, étant à Paris, un habile mufz cien qui fentit que cette langue eft chantante ; Par= ce qu’elle eft remplie de monofyllabes dont les ac4 cens font très-marqués pour en varier & déterminer la fignification , éxamina ces intonations en les com parant au {on fixe d’un inftrument, Cependant il ne put jamais venir à-bout de déterminer le degré d’é- lévation ou d’abbaiffement des inflexions chinoifes. Les plus petites divifions du ton, telles que l’epta- méride de M. Sauveur, ou la différence de la quinte juffe à la quinte tempérée pour l’accord du clavecin, étoient encore trop grandes , quoïque cette eptamé- ride foit la 49° partie du ton, & la 7° du comma : de plus, la quantité des intonations chinoifes varioit prefque à chaque fois que Hoangh les répétoit ; ce qui prouve qu'il peut y avoir encore une latitude fenfible entre des inflexions très - délicates, & qui cependant font aflez diftinétes pour exprimer des idées différentes. | . S'il n’eft pas poñble de trouver dans la propor- tion harmonique des fubdivifions capables d’expri- mer les intonations d’une langue , telle que la chi- noife qui nous paroît très-chantante, où trouveroit- on des fubdivifions pour une langue prefque mono- tone comme la nôtre? 1 La comparaifon qu’on fait des prétendues notes de la déclamation avec celles de la chorégraphie d'aujourd'hui, n’a aucune exa@itude , & appuie mê- me mon fentiment. Toutes nos danfes font compo fées d’un nombre de pas aflez brnés , qui ont cha- cun leur nom, & dont la nature eft déterminée. Les notes chorégraphiques montrént au danfeur quels pas il doit faire, & quelle ligne il doit décrire fur lé terrein; mais c’eft la moindre partie du danfeur: ces notes ne lui apprendront jamais à faire les pas avec grace, à regler les mouvemens du corps, des bras, de la tête, en un mot toutes les attitudes cônvena: bles à fa taille, à fa figure, & au caraétere de fa danfe. Les notes déclamatoires n’auroiïent pas même l’u- tilité médiocre qu'ont les notes chorégraphiques. Quand on accorderoit que les tons de la déclamariort feroient déterminés , & qu’ils pourroient être Expri- més par des fignes ; ces fignes formeroient un dic- tionnaire fi étendu , qu'il exigeroit une étude de plu- fieurs années. La déclamation deviendroit un art en core plus difficile que la mufique des anciens, qui avoit 1620 notes. Aufh Platon veut-il que les jeunes gens, qui ne doivent pas faire leur profeflion de la mufque, n’y facrifient que trois ans. Enfin cet art, s’il éroit pofible, ne {erviroit qu’à former des aéteurs froids, qui par l’affeétation & une attention fervile défigureroient l’expreflion que le j SSss | … 690 D EC fentiment feul peut infpirer ; ces notes ne donne roient ni la finefle, ni la délicateffe, ni la grace, mt la chaleur, qui font le mérite des aéteurs 6 le plaï- fir des fpeétateurs. . De ce quejelviens d’expofer, il réfulte deux cho- fes. L'une eff l’impoffbilité de noter Les tons décla- matoires comme ceux du chant mufical, foit par- ce qu'ils ne font pas fixes &c déterminés , foit parce qu'ils ne fuivent pas les proportions harmoniques! foit enfin parce que le nombreten feroit infini: La feconde eft linutilité dont feroient ces notes ,) qui ferviroient toutau plus à conduire-des-a@teurs mé: diocres , en les rendant plus froïds qu'ils ne le:fez roient en fwivant!la nature. Il refte une queftion de fait à examiner : favoiw fi les anciens ont eu des notes pour leur déc/amarion: Ariftoxene dit qu’il y a un chant du difcours qui naît de la différence des'accens ; 8: Denis d'Halicarnafe nous apprend que chez les Grecs l’élévation dela voix dans l'accent aigu ; & fon abbaïffement dans le grave, étoient d’une quinte entière ; &ique dans Paccent circonflexe, compofé des deux autres , la voix parcouroit deux fois la même quinte en mon- tant & en defcendant fur la même fyllabe. Comme il n’y avoit dans la fangue orearie au- cun mot qui n'eût fon accent , ces élévations & abbaifflemens continuels d’une quinte devoient ren- dre la prononciation greque affez chantante. Les La- tins (Cic. orar. 57. Quint. Z. IX.) avoient, ainfi que les Grecs, les accens aigu, grave, & circonflexe ; & ils y joignoient encore d’autres fignes , propres à marquer les longues, les breves, les repos, les fuf- penfons , l'accélération, 6. Ce font ces notes de la prononciation dont parlent les prammairiens des fiecles poftérieurs, qu’on a prifes pour celles de la déclamation. Cicéron en parlant des accens employe Îe terme général de Jozus , qu'il prend encore dans d’autres acceptions. | On ignore quelle étoit la valeur des accens chez les Latins: mais on fait qu'ils étoient, comme les grecs, fort fenfbles à l’harmonie du difcours ; ils avoient des longues &c des breves, les premieres en général doubles des fecondes dans leur durée, & ils en avoient aufli d'indéterminées , érrationales. Maïs nous ignorons la valeur de ces durées , & nous ne favons pas davantage fi dans les accens on partoit d’un ton fixe & détermine. Comme l'imagination ne peut jamais fuppléer au défaut des impreffôns recûes par les fens, on n’eft pas plus en état defe repréfenter des fons qui n'ont pas frappé l'oreille, que des couleurs qu’on n’a pas vües, ou des odeurs & des faveurs qu'on n’a pas éprouvées. Ainfi je doute fort que les critiques qui fe font le plus enflammés fur le mérite de l’harmo- nie des langues greque &c latine, ayent jamais eû une idée bien reflemblante des chofes dont ils par- loient avec tant de chaleur. Nous favons qu’elles avoient une harmonie ; mais nous devons avoïer qu’elles n’ont plus rien de femblable , puifque nous Îles prononçons avec les intonations & lesinflexions de notre langue naturelle qui font très-différentes. Je fuis perfuadé que nous ferions fort choqués de la véritable profodie des anciens ; mais comme en fait de {enfations l’agrément & le defagrément dépendent de l’habitude des organes, les Grecs & les Romains pouvoient trouver de grandes beautés dans ce qui nous déplairoit beaucoup. Cicéron dit que la déclamation met encore une nouvelle modification dans la voix, dont les infle- xions fuivoient les mouvemens de l’ame (Orator. n°. 16.) Vocis mutationes totidem funt quot animorum qui maxime voce moventur ; 8 il ajoûte qu'il y a une DEC efpece de chant.dans larécitation animée du fimple difcours + Æfférian in: dicendo cantus obfeurior. Mais cette profodie qui avoit quelques caraéteres du chant ;-n’en-étoit pas un véritable, quoiqu'il y eût des acéompagnemens deflütes ; fans quoi 1l fau- droit dire que Caius Gracchus haranguoït en chan- tant, puifqu'il avoit derriere lui un efclave qui re- gloit fes tons avec une flûte. Il eft vrai que la déc mation du théatre, #odulario fcenica | avoit pénétré dans la tribune, & c'étoit un vice que Cicéron & Quintihien après lui recommandoient d'éviter. Ce- pendant on ne doit pas s’imaginer que Gracchus eût dans fes harangues un accompagnement fuivi. La flûte oule sororion de lefclave ne fervoit qu’à ra- mener lôrateur à un ton modéré , lorfque fa voix montoit trop haut, ou defcendoit trop bas. Ce flù- teut qui étoir caché derriere Gracchus, qui ffarer ot- culiè pot ipfum , n'étoit vraïflemblablement entendu quede lui, lorfqu'il falloit donner ou rétablir le ton. Cicéron, Quintilien, & Plutarque, ne nous donnent pas une autre idée de l’ufage du sozorion. Quo illum aut remiffum excitaret ; aut à contentione revocarer. Cic. I. ITE. de orat: Cui concionanti confiflens pot eum mu- Jrces fiffuli ; quam tonorion vocanñt, modos quibus de. beret intendi miniffrabar. Quintil. 6. I. c, x. Il paroît que c’eft le diapafon d’anjoutd’hui. « Caius Gracchus l’orateur, qui étoit de nature » homme âpre , véhément & violent en fa façon de » dire, avoit une petite flûte bien accommodée avec » laquelle les muficiens ont accoûtumé de conduire »tout doucement la voix du haut en-bas & du bas en- » haut par toutes les notes pour enfeignerä entonner; » &c ainfi comme il haranguoïit , il y avoit l’un de fes » ferviteurs qui étant debout derriere lui, comme il » fortoit un petit de ton en parlant, lui entonnoit un »ton plus doux & plus gracieux en le retirant de fon »exclamation, & lui ôtant Pâpreté & l'accent coléri- » que de fa voix ». Plutarque, dans fon traité com met il faut retenir la colere , traduétion d’Amyot. Les flûtes du théatre pouvoient faire une forte d'accompagnement fuivi, fans que la récitation fût un véritable chant; il fuffifoit qu’elle en eût quel- ques caraéteres. Je crois qu’on pourroit prendre un parti moyen entre ceux qui regardent la déclamatior. des anciens comme un chant femblable à nos opé- ra , & ceux qui croyent qu’elle étoit du même genre que celle de notre théatre. Après tout ce que viens d’expofer, je ne ferois pas éloigné de penfer que les Romains avoient un art de notér la prononciation plus exaétement que nous ne la marquons aujourd’hui, Peut-être même y avoit-il des notés pour indiquer aux aéteurs com- mençans les tons qu'ils devoient employer dans cer- taings impreflions , parce que leur déc/amation étoit accompagnée d’une bafle de flûtes, & qu’elle étoit d’un genre abfolument différent de la nôtre. L’ac- teur pouvoit ne mettre guere plus de fa part dans la récitation, que nos acteurs n’en mettent dans Le ré- citatif de nos opéra. . . Ce qui me donne cette idée, car ce n’eft pas un fait prouvé, c’eft l’état même des aéteurs à Rome; ils n’étoient pas , comme chez les Grecs, des hom- mes libres qui fe deftinoient à une profefion, qui chez eux n’avoit rien de bas dans l’opinion publi- que, & qui n’empêchoit pas celui qui l’exerçoit de remplir des emplois honorables. À Rome ces aéteurs étoient ordinairement des efclaves étrangers ou nés dans l’efclavage : ce ne fut que l’état vil de la per- fonne qui avihit cette profeffion. Le latin n’étoit pas leur langue maternelle, &c ceux mêmes qui étoient nés à Rome ne devoient parler qu’un latin altéré par la langue de leurs peres &c de leurs camarades. Il falloit donc que les maîtres qui les drefloient pour le théatre commençaflent par leur donner la vraie prononciation, foit par rapport à la durée des nef: res, {oit par rapport à l’intonnation des accens ; & il-eft probable que dans les leçons qu’ils leur don- noient à étudier , 1ls fe fervoient des notes dont les Grammairiens poftérieurs ont parlé. Nous ferions ._ obligés d’ufer des mêmes moyens, fi nous-avions à former pour notre théatre un aéteur normand ou provençal, quelqu'intelligence qu'il eût d’ailleurs. Side pareils foins feroient néceflaires pour une pro- fodie auf fimple qe la nôtre, combien en devoit- on prendre avec des étrangers pour une profodie quiavoit quelques-uns des caraéteres du chant ? ILeft allez vraiflemblable qu’outre les marques de ia pro- nonciation réguliere, on devoit employer pour une déclamation théatrale qui avoit befoin d’un accom- pagnement des notes pour les élevations & les abaif- femens de voix d’une quantité déterminée ,-pour la valeur précife des mefures, pour prefler ou rallentir la prononciation, l’interrompre, l’entrecouper,aug- menter ou diminuer la force de la voix, Gc. Voilà quelle devoit être la fonétion de ceux que Quintilien nomme artifices pronuntiandi. Mais tous ces fecours n’ont encore rien de commun avec la déclamation confidérée comme étant l’expreflion des fentimens & de l’agitation de l’ame. Cette expreflion eft fi peu du reflort de la note, que dans plufñeurs morceaux de mufique les compofteurs font obligés d'écrire en marge dans quel caraétere ces morceaux doivent être exécutés. La parole s'écrit, le chant fe note ; mais la déclamarion expreflive, de l’ame ne fe prefcrit point; nous n’y fommes conduits que par l’émotion qu’excitent en nous les paflions qui nous agitent. Les atteurs ne mettent de vérité dans leur. jeu, qu’autant qu'ils excitent en nous une partie de ces émotions. Sz vis me flere, dolendum eff, &c. À l'égard de la fimple récitation, celle des Ro- mains étant fi différente de la nôtre, ce qui pouvoit être d’ufage alors ne pourroit s’employer aujour- d’hui. Ce n’eft pas que nous n’ayons une profodie à laquelle nous ne pourrions manquer fans choquer fenfiblement l'oreille : un auteur ou un orateur qui emploioit un é fermé bref au lieu d’un é ouvert long ,révolteroit. un auditoire, & paroïtroit étran- ger au plus ignorant des auditeurs inftruit par Le fim- ple ufage ; car l’ufage eft le grand-maître de la pro- nonciation, fans quoi les regles furchargeroient inu- tilement la mémoire. | Je crois avoir montré à quoi pouvoient fe réduire les prétendues notes déclamatoires des anciens, & la vanité du fyflème propofé à notre égard, En re- connoiffant les anciens pour nos maîtres & nos mo- . deles, ne leur donnons pas une fupériorité imagi- naire : le plus grand obftacle pour les égaler eft de les regarder comme inimitables. Tâchons de nous préferver également de l’ingratitude & de la fuperf tition littéraire. Nos qui fequimur probabilia , nec ultra 1d quod verifi mile occurrit progredi poffumus , € refellere fine pertina- cid, & refelli fine tracundié, parati fumus. Cicér. Tufe cul, 2. DÉCLAMATION, (Mufig.) c’eft le nom qu’on don- ne au chant de fcene que les Muficiens ont appellé improprement récitatif. Voyez RÉCITATIF. Cette efpece de déclamation n'eit &cne doit être autre cho- fe que l’exprefion en chant du fentiment qu’expri- ment les paroles. Voyez EXPRESSION. . Les vieillards attachés aux beaux vers de Qui- nault, qu'ils ont appris dans leur jeunefle avec le Chant de Lui, reprochent aux opéra modernes qu'il y a trop peu de vers de déclamarion. Les jeunes gens qui ont favouré le brillant, la variété, le feu de la nouvelle Mufique, font ennuyés de la trop grande quantité de déclamation des opéra anciens. Les gens de goût qui favent évaluer les chofes , qu'aucun pré- Tome IF, DE C 698 jugé n’entraine, & qui defrent le progrès dé Part, veulent que l’on conferve avec foin la belle déclare tion dans nos opéra, & qu'elle y foit unie à des di- vertiflemens ingénieux, à des tableaux de mufique, . à des chants legers , &c. & enfin ils penfent que la déclamation doit être la bafe & comme lés gros murs de l'édifice, & que toutes les autres parties doivent concourir pour en former les embellifle- mens. Le fuccès des fcenes de déclamation dépend pref- que toûjours du poëte : on ne connoît point de fcené bien faite dans ce genre qui ait été manquée par un muficien, quelque médiocre qu'il ait été d’ailleurs, Le chant de celles de Médée & Jafon a été fait par l’ab- bé Pelegrin, qui n’étoit rien moins que muficien fu blime. | - L’effort du génie a été d’abord de trouver le chant. propre à la langue & au genre: il en eft de cette in vention comme de prefque toutes les autres ; les premiers raryons de lumiere que l’inventeur arépan- dus Ont fufñ pour éclairer ceux qui font venus après lui : Eulli a fait la découverte; ce qui fera prouvé à l'article RÉCITATIF. (B) DÉCLAMATION, (Belles-lettres.) difcours ou ha- rangue fur un fujet de pure invention que les an- ciens rhéteurs faifoient prononcer en public à leurs écoliers afin de les exercer, "Chez les Grecs la déclamation prife en ce fens étoit l’art de parler indifféremment fur toutes fortes de fu- jets, & de foûtenir également le pour & le contre, de faire paroître jufte ce qui étoit injufle, & de dé- truure au moins de combattre les plus folides raifons. C’étoit l’art des fophiftes que Socrate avoit décré- dité, mais que Démétrius de Phalere remit depuis en vogue. Ces fortes d'exercices, comme le remar- que M. de S. Evremont, n’étoient propres qu'à met- tre de la faufleté dans l’efprit & à gâter le goût, en accoütumant les jeunes gens à cultiver leur imaci- nation phûtôt qu'a former leur jugement, &4 cher- cher des vraiflemblances pour en impofer aux audi- teurs, plütôt que de bonnes raïfons pour les con- vaincre. Voyez SOPHISTE. Déclamation eft un mot connu dans Horace, & plus encore dans Juvénal ; mais il ne le fut point à Rome avant Cicéron & Calvus. Ce fut par ces for- tes de compofitions que dans fa jeuneffe ce grand orateur fe forma à l’éloquence, Comme elles étoient un image de ce qui fe pañloit dans les confeils & au barreau , tous ceux qui afpiroient à l’éloquence , ow qui vouloient s’yperfetionner, c’eft-kdire les pre- mieres perfonnes de l’état, s’appliquoient à ces exer. cices, qui étoient tantôt dans le genre délibératif, & tantôt dans le judiciaire, rarément dans le démonf. tratif, On croit qu’un rhéteur nommé P/orins Gallus en introduifit le premier l’ufage à Rome. Tant que ces déclamations {e tisrent dans defjuf tes bornes, & qu'elles imiterent parfaitement la forme &r le ftyle des véritables plaidoyers, elles fu- rent d’une grande utilité ; car les premiers rhéteurs latins les avoient conçues d’une toute autre manie: re que n’avoient fait les fophiftes grecs : mais eïles dégénérerent bien-tôt par l’ignorance & le mauvais gout des maîtres, On choïfifloit des fujets fabuleux tout extraordinaires ; & qui n’avoient aucun rap- port aux matieres du barreau. Le ftyle répondoit au choix des fujets : ce n’étoient qu’expreffions recher- chées, penfées brillantes, pointes, antithefes , Jeux de mots , figures outrées, vaine enflure, en un mot ornemens puériles entaflés fans jugement, comme on peut s’en convaincre par la leéture d’une ou de deux de ces pieces recueillies par Seneque : ce qui failoit dire à Pétrone que les jeunes gens fortoient des écoles publiques avec un goïtgâté, n’y ayant rien vû n1 entendu de ce qui eft d’ufage, mais des imagina- SSssi 692 D'ECcC tions bifarres & des difcours ridicules. Auffi convient- on généralement que ces déclamations furent une des principales caufes ide la corruption. de l’éloquence parmi les Romains. l Aujourd’hui la déclamation eft bornée à certains exercices qu'on fait faire aux étudians pour les ac- .-coütumer à parler en public. C’eft en ce fens qu’on dit une déclamarion contre Annibal, contre Pyrrhus, les déclamarions de Quintilien. "Dans certains colléges on appelle déclamations , de petites pieces de théatre qu’on fait déclamer aux écoliers pour les exercer, owmême une tragédie qu'ils repréfentent à la fin de chaque année, Onen a reconnu J’abus dans l’univerfité de Paris, où on leur a fubftitué des exercices fur les auteurs claf fiques , beaucoup plus propres, à former le goût, & qui accoûtument également les jeunes gens à cette confiance modefte néceflaire à tous ceux, qui font obligés de parler en public. Voyez COLLEGE. | Déclamation {e prend aufli pour l’art dè pronon- cer un difcours , avec les tons & les geftes convena- bles. Voyez les deuX arricles précédens. (G) DÉCLARATION, f. £ (Jurifpr.) {e dit d’un aëte verbal ou par écrit, par lequel on déclare quelque chofe. Il y a plufieurs fortes de déclarations... Déclaration ; quand on n’ajoûte point d’autre qua- lfication, fignifie ordinairement ce qui eft déclaré par quelqu'un dans un aéte, foit judiciaire ou extra- pudiciaire. On demande äéte lou lettres de la décla- ration d’une partie on de fon procureur , & le juge en donne aéte; quand il l’a fait, la déclaration ne peut plus être révoquée. (4) Déclaration cenfuelle, eft celle qui eft paflée pour ün héritage tenu en cenfive: Voyez ci-après déclara- tion d’héritages. (A) Déclaration d’un condamné à mort ; voÿez ÀACCU- SÉ G& CONDAMNÉ À MORT. (4) Déclaration des’ confins, c’eft l'explication &+la défignation des limites d’un héritage! Voyez Cow- FINS. (4) , Déclarerion de dépens, eft l’état des dépens adju- gés à une partie. Le procureur de celui qui a obtenu une condamnation de dépens, fignifie au procureur adverfe fa déclaration de dépens | contenant’un'état dé ces dépens détaillés article par article ; & après qu’ils ont été réglés on en délivre un exécutoire. La déclaration de dépens differe dumémoire de frais, en ce que celle-ci ne:comprend que les dépens qui ont été adjugés à une partie contre l’autre, & qui pañlent en taxe ; au lieu que lé mémoire de’frais eft l’état que le procureur donne à fa partie de tous'les frais, faux frais & débourfés qu'il a faits pour elle. (4) Déclaration de dommages & inrérêrs ,'eft Pétat qu’- une partie fait fignifier à l’autre des dommages & intérêts qui luront été adjugés , lorfque léfugement ne les a point fixés à une fomme certaine,mais à feu- lement-condamné une partie aux dommages & in- térêts de l’autre, à donner par déclaration } c’eft-à- dire furvant la déclaration qui en fera donnée , & {ur laquelle le juge fe réferve de ftatuer!} (4) Déclaration d'héritages ; eft | une feconnoiffance que le cenfitaire pañle awprofit du feigneur direét, & : par laquelle il confeffe tenir de lui certains héritages dont il fait l’énumération & en marque les charges. Quand le feigneur a obtenu des lettres. de terrier, le cenfitaire doit. pafler fa. déclaration au terrier; au- quel cas. il-eft dû, au notaire par le cenfitaire cinq fous pour le premier article, & fix blancs pour cha- cun des articles fuivans. Voyez] TERRIER. Le lfei- oneur qui n'a pas obtenu de lettres de terrier, peut néanmoins obliger chaque cenfitaire.de hu /pañer déclaration tousles vingt-neuf ans, pour la-confer- ation de la quotité du cens & autres droits; tonte la différence eft qu’en cetcas lércenfitaire peut paf {er fa déclaration devant: tel notaire qu'il veut. (4) Déclaration d'hypotheque:jreit ce qui tend à décla- rer un héritage affe@té 8 hypothéqué à quelque créance. On forme une demande en déclaration d’hy- potheque ; lorfque l’on a un droit acquis & exigible fur Phéritagey au lieu que lorfqu'on n’a qu'un dtoit éventuel, par-exempleun droit qui n’eft pas encore ouvert, onformelfeulement une aétion ou demance enanterruption pour empêcher la prefcription. La demande en déclararion d’hypotheque doit être formée avant que la prefcription de l’hypotheque foit ac- quife.: (4) 9 Déclaration en jugement, eft celle qui eft faite de- vant le jugez pro tribunali fedenre, (A Déclaration au profit d'un'tiers, eft'un a@te ou une claufe d’un aéte où quelqu'un réconnoît n'avoir agi que pour un tiers qu'il nomme. (4) ° DÉCLARATION DUROT, €ft une loi par laquelle le Roi explique ; réforme où révoque une ordon- nance Ou édit. Les déclarations du Roï font des lettres patentes de grande chancellerie qui commencent par ces mots, atous ceux qui ces préfentes lettres verront : elles font fcellées du grand'fceau de cire jaune , fur une dou- ble queue de parchemin, & font datées du jour, du mois & de Pannée; en quoïelles different des ordon- nances & édits, qui commencent par ces mots, 4 tous prèfens 6 avenir; & font fignés du Roi, vifés par le chancelier, fcellés du grand fceau en cire verte fur des lacs de foie verte & rouge , & ne font datés que du mois & de Pannée. Il ÿ à néanmoins quelques édits où ces différences n’ont pas été bien obfervées, 8 auxquels on n’a donné la formé que d’une déclaration, tels que Pédit de Cremieu du 19 Juin 1530. (4) DÉCLARATION , ( Lertres de) {ont des lettres pa- tentes accordées à ceux qui après avoir été long- tems abfens hors du royaume!, & avoir en quelque forte abdiqué leur patrie, reviennent en France; comme ils ne font pas étrangers, ils n’ont pas befoin de lettres de naturalité , mais de Zerrres de déclaration, -pour purger le vice de la longue abfence. Bäcquet, tr. du droit d'aubaine, ch. jx, (4 DÉCLARATION DE GUERRE), (Alf anc. GE miod*) c’étoit chez les anciens un a@te public fait par lés hé- rauts ou féciaux ,; qui fignifioiènt aux ennenus les griefs qu'on avoit contre eux, & qu'on les éxhor- toit d’abord à réparer, fans quoi on leur déclaroit la guerre. Cette coûtume fut religieufement obfer- vée chezles Grecs& chez les Romains. Elle fe pra- tiquoit de la forte chez ceux-ci, où Ancus Martius leur quatrieme roi Pavoit établie. L'officier public nommésecal où héraut,latête couverte d’un voile de lin, {e tranfportoit fur les frontieres du peuple au- quel on fe préparoit à faire la guerre, & là il expo- foit à haute voix les fujers de plainte du peuple ro- main , & la fatisfaétion qu’il demandoit pour les torts qu'on lui avoit faits, prenant Jupiter à témoïn en ces termes qui renfermoient une horrible imprécation contre lui-même, &encore plus contre le peupledont il m’étoit que la voix: « Grand dieu ! fi c’eft contre » l’équité & la juftice que je viens ici au nom du peu- » ple romain demander fatisfaétion, ne fouffrez pas » que je revoye jamais ma patrie ». Il répétoit la même chofe, en changeant feulement quelques ter- . mes, à la premiere perfonne qu’il rencontroit à l'entrée de la ville.& dans la place publique. Si au bout detrente-trois Jours on ne faïfoit point fatisfac- tion , le même officier retournoit vers ce peuple, & _prenoiït hautement les dieux à témoins que tel peuple qu'il nommoit étant injufté, & refufant la fatisfac- tion demandée, on alloit délibérer À Rome fur les moyens de fe la faire rendre. Et dès que la guerre avoit été rélolue, dans le fénat le féciahretournoit fur les frontieres de ce peuple pour laitroifieme fois, & là En préfence au moins de trois perfonnesil pro- nonçoit la formule, de déclaration deiguérre:; après quoi 1l lançoit une javeline furdesiterres de ce peu- ple ennemi, ce.qui étoit regardéicomme!le:premier atte d’hoftlité, Aujourd’hui laguerre fe déclareavec moins de cérémoniesg:maisiles-rois:pout-montrer l'équité de la déclaration, enexpofentlesraifons dans des manifeftes, que l’on publie, foit dans le-royau- me, foit chez l'étranger. Koyez MANIFES TE: (GC) DÉCLARATION, (Comm) sy-dit des mémoires qu'un débiteur donne à fes créanciers dé fes effets:& de fes biens, lorfqu’à caufe dus mauvais état de fes affaires, ou il en veut obtenir une remiferde partie de ce qu’il leur.doit, ou un délai pourle:payement. Voyez BANQUEROUTE. | ‘Déclaration fignifie encore la même :chofe que contre-lerres. Voyez CONTRE-LETTRE, DÉCLARATION, en termes de Dotianc € de Com- merce ; eft un état ou fa@ure circonftanciée de ce qui eft contenu dans les balles, ballots-oucaiffes que les Voituriers conduifent, dans les bureaux .d’entrée ou defortie.. “ Par l'ordonnance des cinq groflesfermes de 1687, les marchands.on voituriers qui-veulent faire:entrer des marchandifes dans leroyaume ouwen faire fortir, font obligés d’en-faire leur déclaration; ceux quien {ortent, au premier &-plustprochain bureau du char- gement deleursmarchandifes ; & ceux qui y entrent, au bureau le plus proche deleur route. Ces déclarations, {oit d'entrée foit de fortie , doi- « vent contenir la qualité, let poids, lemombre & la mefure des marchandifes, le nom:du marchand ou faéteur.qui les envoyet & de celui à qui elles font adreflées , le liéu du chargement & celui de la defti- nation, enfin les marques:& numéros des ballots. De plus,.elles doivent être fignées par les mar- chands ou propriétaires des marchandifes ou leurs * faéteurs , où même fimplenient par les conduéteurs & voituriers, &. être enregiftrées par les commis" des bureaux oùelles fe font, .… En un mot c’eft proprement un double des fa&u- res qui reftent entre les mains des vifiteurs, rece- veurs ou contrôleurs ; pour leur füreté ,:& pour juf- tifier qu'ils ont fait payer les droits fur le‘pié porté par les tarifs. C’eft fur ces déclarations fournies au bureau,que les commis délivrent ce qu’on appelle en termes de douane-acquir de payement. Voyez) Ac- QUIT. - | Les capitaines, maîtres, patrons de barques & de vaifleaux, & autres bâtimens marchands qui arri- vent dans les ports. owautres lieux oil ya des bu- reaux, font tenus. de donner pareilles. déclarations dans les vingt-quatre heures après leurarrivée , & de préfenter leur connoïffement : cen’eft qu'enfuite que les. marchandifes font vifitées ,;.pefées, mefn- rées & nombrées, & les droits payés. | Les voituriers & conduéteurs de marchandifes 4 foit par eau foit par terre, qui n’ont pas en main leurs faétures ou déclarations à leur arrivée dans lés bureaux, font tenus de déclarer fur les regiftres le nombre de leurs balles, ballots, &:c. leurs marques & numéros ; à la charge de faire ou de rapporter dans quinzaine, fi c’eft par terre, & dans fix femai- nes fi c’eft par mer, une déclaration des marchandi- fes en détail ; & cependant les balles; ballots, &e. doivent reftér en dépôt dans le bureau. Quand une fois on a donné fa déclaration, on n'y peut plus augmenter ou diminuer, fous prétexte d’o- mifion ou,autrement ; & la vérité ou la fauffeté de la déclaration doit être jugée fur ce qui aiété déclaré en premier lieu. Lorfqu'une déclaration {e trouve faufle dans la qualité des marchandifes , elles doi- DIE 693 vent Être Confifquées, & toutes celles de là même faéture appartenantes à celui qui a fait la faufle dé claration ; même l'équipage, s’il lui appartient : mais non la marchandife ou l’équipäge appartenant! à d’autres marchands ,'} moïns qu'ils n’aÿent contri- bué à la fraude &f la wéclararionte rencontre faufle dans la quantité | Ja tonfiféation n’a lièu que pour ce ‘quin’a point étéMléclaré. p.5S Quoique ces difpofitions de l’éfdonnance de 168 7 fémblaffent prévenir foutes! les conteftations qui “Pourroient furvenir éntre les marchands & les com mis des bureaux, l'éxpérience ayant apptis qu’elles n étorent Encore que trop fréquentes , le roi ff dret- fer au Confeil en 1723 un nouveau réclement {ur le même fuet. Il eft rédigé en rieuf articles, qui eX- phquent, modifient ouconftnent l'ordonnance de 1687. Onpeur Ie Voir dans le Zonnaire de Comm. de Savary, d'où Cet Article EE tiré. (G) DECLARATOIRE,, adj. (/zrifpr.) On appelle aëte déclaratoire, celui qui.ne ténd fimplement qu’à faire une déclaration d’un fait ou À expliquer quel- que chofe,, fans contenir aucune nouvelle obliga- LE ou dfpoñrion, Voyez ci-devant DÉCLARATION. D | DECLICOQ , .m. (Art méchan. € Hydraul.) Ce terme défigne toute efpece de reflort, tel que celui qu'on attache à un bélier ou mouton d’une pefan- teur extraordinaire qu’on éleve bien haut; & par le moyen d’une petite corde qui détache le déclica, On fait tomber le mouton fur la tête d’un pilot. (K) DECLIN , fm. (Pathol,) decrementum , Tapak UN. Les Medecins appellent de ces:noms le tems de la maladie auquel , comme dit-très-bien Aëtius TUE. tout ce qui établit cet état contre nature , fe-fait d’une maniere oppofée à ce-qui.fe faifoit dans le tems de l’angment ou accroiflement; car tous les {ymptomes diminuent dans\le déclin. Le malade 1 quoique fouvent. très-affoibli par la: violence du mal, Commence cependant à le fupporter plus faci- ment, -&tout.ce qui reftoit de la fanté augmente fenfblement. On voit par conféquent que le danger quifetrouve dans l’état le; plus violent des maladies algues, eft pailé (voyez ÉTAT) quand la maladie va en dimi- nuant, : C’eft fur, ce principe que Galien , Zv. LIT. des cri Jes ; a prétendu qu'iln?y a plus rien à craindre pour la vie après l’état de la maladie; & que fi quelques malades ont péri après ce tems ; cela n’eft arrivé que, par leurs fautes particulieres ou par celle du medecin; car après que la nature a repris le deflus, dit-1l, qu’elle a vaincu en réfiftant aux plus grands efforts du mal, &, qu'elle a détruit.les plus grands obflacles qu’elle trouvoit À l’exercice de fes fonc- tions , 1l ne-peut pas.fe. faire qu’elle fuccombe en- fuite. . Cependant Jes folides & les fluides du corps ont fouffert de f,grands changemens parla maladie qui a précedé, qu'il.en réfulte quelquefois de nouvelles maladies auxquelles les malades fuccombent 3: maïs alors ce n’eft pas, à proprementparler, la-premiere qui les fait mourir, c'en eft une autre qui eft une fuite de celle-ci. Le déclin n’eftipas fenfible dans'toutes les mala- dies ; celles qui fe: terminent par l4 mort n’en ont point, parce qu'elle arriverordinairement pendant que lés fymptomes {ont dans l'état le plus violent. On ne l’obferve fouvent-pas non plus dans certaines maladies, où il fe fait des crifes fi parfaites, qu'il ne refte rien après: qui puifle encore faire fubfiter quelques fymptomes ; fi ce n’eft la foibleffe qui fuit la maladie, &qui eft proportionnée à fa violence: I n’eft pas queftion de déclin dans.ce cas-là, il fufit au 694 DEC medecin de bien s’affürer que la maladie eft füre- ment & parfaitement terminée. (4) | DECLINABLE,, adj. m. & f. serme de Grammaire. Il y a des langues où l’ufage a établi, que l’on pût changer la terminaifon des noms , felon les divers rapports fous lefquels on veut les faire confidérer. On dit alors de ces noms qu'ils font déclinubles, c’eft- a-dire qu'ils changent de terminaïfon felon l’ufage établi dans la langue. Il y a des noms dont la ter- minaifon ne varie point ; on les appelle ndeclina- bles : tels font en latin veru & cornu, indéclinables au fingulier ; fas, nefas, &cc. Il y a plufieurs adjeétifs indéclinables, requam , tot , totidem, quot, aliquot , &c. Les noms de nombre depuis quatuor jufqu’à cer- cum , {ont auf indéclinables. Yoyez DECLINAISON. Les noms françois ne recoivent de changement dans leur terminaifon , que du fingulier au pluriel ; le ciel, les cieux : ainfi ils font indéclinables. Il en eft de même en efpagnol , enitalien, &c. On connoît en françois Les rapports refpettifsides mots entr'eux , 1°. Par l’arrangement dans lequel on les place. Voyez Cas. 2°, Par les prépofitions qui mettent les mots en rapport, comme par, pour, Jur; dans, en, a , de, &tc. 3°.+Les prénoms ou prépoftifs, ainfi nommés parce qu’on les place au-devant des fubftantifs, fer- vent aufli à fairé connoître fi l’on doit prendre la propoñtion dans un fens univerfel, ou dansun fens particulier, ou dans un fens fingulier, ou dans un fens indéfini, ou dans un fens individuel. Ces pré- noms font tout, chaque, quelque, un, le, la; ainf on dit, out homme, un homme, l'homme, &tc. 4°. Enfin après que toute la phrafe eft lüe ou énoncée , l’efprit accoutumé à la langue, fe prête à confidérer les mots dans l’arrangement convenable au fens total, & même à fuppléer par analogie, des mots qui font quelquefois fous-entendus. (Æ) DECLINAISON , f. f. cerme de Grammaire. Pour bien entendre ce que c’eft que déclinaifon , 1l faut d’abord fe rappeller un grand principe dont les Gram- mairiens qui raonnent peuvent tirer bien des lu- mieres. C’eft que fi nous confiderons notre penfée en elle-même, fans aucun rapport à l’élocution, nous trouverons qu’elle eft très-fimple ; je veux dire. que l’exercice de notre faculté de penfer fe fait en nous par un fimple regard de lefprit, par un point de vûe, par un afpe@& indivifble : 1l n’y a alors dans la penfée ni fujet, ni attribut, ni nom, ni verbe, Éc. Je voudrois pouvoir ici prendre à témoin les muets de naïffance , & les enfans qui commencent à faire ufage de leur faculté intelle@uelle ; mais ni les uns ni les autres ne font en état de rendre té- moignage ; & nous en fommes réduits à nous rap- peller, autant qu'il eft poffible , ce qui s’efbpañfé en nous dans les premieres années de notre vie. Nous jugions que le foleil étoit levé, que la lune étoit ronde, blanche & brillante , & nous fentions que le fucre étoit doux , fans unir, comme on dit, l’idée de l’attribut à l’idée du fujet; expreflions métapho- tiques, fur lefquelles il y a peut-être encore bien des réflexions à faire. En un mot, nous ne faifions pas alors les opérations intelleétuelles que l’élocu- tion nous a contraints de faire dans la fuite. C’eft qu’alors nous ne fentions & nous ne jugions que pour nous ; & c’efl ce que nous éprouvons encore aujourd’hui, quand il ne s’agit pas d’énoncer notre penfée. Mais dès que nous voulons faire pañler notre pen- fée dans lefprit des autres, nous ne pouvons pro- duire en eux cet effet que par l’entremufe de leurs fens. Les fignes naturels qui affeétent les fens, tels font le rire, les foupirs, les larmes, les cris, Les regards, certains mouvemens de la tête, des piés & des mains, Ec. ces fignes, dis-je, répondent jufqu’à un certain point à la fimplicité de la penfée; mais ils ne la détaillent pas aflez, & ne peuvent fufire à tout. Nous trouvons des moyens plus féconds dans . lufage des mots ; c’eft alors que notre penfée prend une nouvelle forme, & devient pour ainfi dite un corps divifble. En effet, pour faire paffer notre pen- fée dans l’efprit des autres par leurs fens, qui en font le feul chemin ,mous fommes obligés de l’ana- lyfer, de la divifer en différentes parties, & d’a- dapter des mots particuliers à chacune de ces par- ties, afin qu'ils en foient les fignes. Ces mots rap- prochés forment d’abord divers enfembles, par les rapports que l’efprit a mis entre les mots dont ces enfembles font compolés : de-là les fimples énon- çiations qui ne marquent que des fens partiels : de- là les propofitions , les périodes , enfin le difcours. Mais chaque tout, tant partiel que complet, ne forme de fens ou d’enfemble | & ne devient rous que par les rapports que l’efprit met entre les mots qui le compofent ; fans quoi on auroit beau aflem- bler des mots, on ne formeroit aucun fens. C’eft ainfi qu'un monceau de matériaux & de pierres n’eft pas un édifice ; il faut des matériaux, mais il faut encore que ces matériaux foient dans l’arrangement & dans la forme que l’architeéte veut leur donner, afin qu'il en réfulte tel ou tel édifice : de même il faut des mots ; mais il faut que ces mots foient mis en rapport, fi l’on veut qu'ils énoncent des pen- fées. Il y a donc deux obfervations importantes à fai- “re, d’abord fur les mots. Premierement on doit connoître leur valeur, c’eft- à-dire ce que chaque mot fignife. sd Enfuite on doit étudier les fignes établis en chaque langue , pour indiquer les rapports que celui parle met entre les mots dont 1l fe fert ; fans quoi il ne feroit pas poñible d'entendre le fens d’aucune phrafe. C’eft uniquement la connoiffance de ces rap: ports qui donne lintelligence de chaque fens partiel "& du fens total: /urt declinari cafus, ur is qui de altero diceret , diflinguere poffet cum vocaret , cim darer, cam accufarer ; fic alia quidem diftrimina que nos&. Græcos ad declinandum duxerunr, Narr. de Ling. las lib. VII. Par exemple, F rigidus , agricolam, f? quando continet 2mber. Virg. Géorg. 1. I, v. 259. Quand on entend la langue, on voit par la ter- minaifon de frigidus, que ce mot eft adjeétif d’erber; 8 on connoit par la terminaifon de ces deux mots, imber frigidus , que leur union, qui n’eft qu’une par- tie du tout, fait le fujet de la propoñtion. On voit aufli par le même moyen, que continer eft le verbe de znber frigidus, & que agricolam ef le déterminant, ou, comme on dit, le régime de coztinet, Ainfi quand on a là toute la propofñtion, l’efprit rétablit les mots dans l’ordre de leurs rapports fucceffifs : /? quando (aliquando’) 1mber frigidus continet agricolam , &c. Les terminaifons & les mots confidérés dans cet arran- _gêment, font entendre le fens total de la phrafe. Il paroït par ce que nous venons d’obferver, qu’en latin les noms & les verbes changent de terminai- fon, & que chaque terminaifon a fôn ufage propre, &c indique le correlatif du mot. Il en eft de même en grec & en quelques autres langues, Or la lifte ou fuite de ces diverfes terminaifons rangées felon un certain ordre, tant celles des noms que celles des verbes ; cette lifte, dis-je, ou fuite, a été appellée déclinaifon par les anciens Grammairiens : gt, dit Varron, declinatum ef? à lego Varr. de Ling, las. L.VI Po. Mais dans la fuite on:a reftreint le nom de coryugai- Jon à la lifte ou arrangement des terminaifons des verbes, & on a gardé le nom de déclinaifon pour les feuls noms. Ce mot vient de ce que tout nom a d’a- bord fa premiere terminaifon, qu eft laterminaifon abfolue ; mufa, dominus, &c. C’eft ce que les Gram- mairiens appellent le cas direét, ir reéfo. Les autres terminaifons s’écartent, déclinent , tombent de cette premiere , & c’eft de-là que vient le mot de décli- Aaifon, & celui de cas : declinare, {e détourner, s’écarter, s'éloigner de : zomina reëlo cafu accepto, în reliquos obliquos declinanr. Varr. de lingilé latina ; 2, FIL. Ainfi la déclinaifon eft la lifte des différentes inflexions ou définances des noms, felon les divers ordres établis dans une langue. On compte en latin cinq différens ordres de terminaifons, cé qui fait les cinq déclinaifons latines : elles different d’abord l’une de l’autre par la términaifon du génitif. On apptend le détail de ce qui regarde les déclinaifons, dans les grammaires particulieres des langues qui ont des cas, c’eft-à-dire dont les noms changent de términaifon . ou définance. __ Éa Grammaire générale de Port-royal, chap. xvj. dit qu’on ne doit point admettre le mode optatif en latin nien françois, parce qu’en ces langues l’opta- tif n'a point de terminaifon particuliere qui le dif- tingue des autres modes. Ce n’eft pas de la différence de fervice que l’on doit tirer la différence des modes dans les verbes, ni celle des déclinaifons ou des cas dans les noms ; ce font uniquement les différentes inflexions ou définances qui doivent faire les divers modes des verbes, & les différentes décliraifons des norns. En effet, la même inflexion peut avoir plu- fieurs ufages, & même des ufages tout contraires, fans que ces divers fervices apportent de change- ment au nom que l’on donne à cette inflexion. Mu- Jarr n’en eft pas moins à l’accufatif, pour être conf- truit avec une prépoñition ou bien avec un infinitif, ou enfin avec un verbe à quelque mode fini. On dit en latin dere alicui & eripere alicut, ce qui n'empêche pas que a/icui ne foit également au datif, foit qu'il fe trouve conftruit avec dare on avec eri- pere, | _ Je conclus de ces réflexions, qu’à parler exacte- ment il n’y a mi cas ni déclinaifons dans les langues, où les noms gardent totjours la même terminaifon, & ne different tout au plus que du fingulier au plu- riel. Mais il doit y avoir des fignes dela relation des mots, fans quoi il ne réfulteroit aucun fens de leur afflemblage. Par exemple, fi je dis en françois Céfar vainquit Pompée , Céfar étant nommé le premier, cette place ou pofition me fait connoïître que Céfar eft le fujet de la propofition ; c’eft-à-dire que c’eft de Céfar que je juge , que c’eft à Céfar que je vais attri- buer ce que le verbe fignifie, aétion, pafñon , fitua- tion ou état. Mais je ne dirai pas pour cela que Ce- Jar foit au nominatif ; il eft autant au nominatif que Pompée. A : Vainquit eft un verbe ; or en françois la terminai- fon du verbe en indique le rapport : je connoïs donc par la terminaifon de vainquit , que ce mot eft dit de Céfar. Pompés étant après le verbe , je juge que c’eft le nom de celui qui a été vaincu: c’eft le terme de Pac- tion de vairquit : maïs je ne dis pas pour cela que Pompée foit à l’accufatif. Les noms françois gardant tobjouts la même terminaifon dans Le même nombre, ils ne font ni à l’accufatif ni au génitif; en un mot ils n’ont mi cas n1 déclinai/on, | S'il arrive qu’un nom françois foit précedé de la prépoñtion de, ou de la prépoñition 4, il n’en eft pas plus au génitif ou au datif, que quand il eft précedé de par ou de pour, de fur ou de dans, &c. Atnfi en françois & dans les autres langues dont les noms ne fe déclinent point, la fuite des rapports des mots commence par le fujet de la propofition ; D EC 695$ après quoi viennent les mots qui fe rappottént à ce fuet , ou par le rapport d'identité, ou par le taps port de détefmination : je veux dire que le correlatif eft énoncé fucceflivement après le mot auquel il fe rapporte, comme en cet exemplel, Céfar vainquis Pompe, | te Le mot qui précede excitelarcuriofité, le mot qui fuit la fatisfait, Céfar, que fit-1hà ipeinquis, 8 qui? Pompée, WAR Les mots font aufi mis en rappottpar le moyen des prépofitions ? 4n temple del marbre, l'âge de fer. En ces exemples | 8 én'un très-orand nombre d’es xémples fémblables ;'onne doit pas direlquele nom qui fuit la prépoñition foit auisémitif ouh lablatif, parce que le nom françois ne change point: fa termi- naïon, après eus prépoñitionique cefoit ; ainfe il n’a ni génitif ni ablatif. En latinmermoris & ferré féroient au génitif, & marmore & férro à l’ablatif. La terminaïfon éft différente; & ce qu’il y a dé res marquable , c’eft que notre équivalent au génitif des Latins , étant un nom avec la prépoñition &, nos Grammairiens ont dit qu'alôrs lenom étoit a gé= nitif, ne prenant pas garde que cette façon de parler nous vient de la prépofition latine de, qui fe conf- truit tohjours avec le nom à l’ablatif: Er viridi in campo templum de marmote ponam. Virg. Géorg. L LIL, y. 138 Et Ovide parlant de l’ége de fer, qui fut le dernier, dit : De duro ef? ultima ferro, Ovid. Mér. L, I. v. 127. Il y a un très-prand nombre d'exemples pareils dans les meilleurs auteurs, & encore plus dans ceux de la baffle latimité. Voyez ce que nous avons dit à ce fujet ax mot ARTICLE 6 au mot D'ATIF. Comme nos Grämmäiriens ont commencé d’ap- prendre la Grammaire relativement à la Langue la- tine , 1l n’eft pas étonnant que par un effet du pré- jugé de l'enfance, ils ayent voulu adapter à leur propre langue les notions qu'ils avoient prifes de cette Grammaire, fans confidérer que hors certains principes communs à toutes les langues, chacune a d’ailleurs fes idiotifmes 8 fa Grammaire ; & que ns noms confervant toûjours en chaque nombre la même terminaifon , il ne doit y avoir dans notre langue ni cas ni déclinaifons. La connoiflance du rapport des mots nous vient ou des terminaifons des vérbes, ou de la place des mots, où des prépoñtions Par, pour, en, 4, de, &c. qui mettent les mots en rappoit, ou enfin de lPenfemble des mots de la phrafe. S'il arrive que dans la conftruétion élégante Por- dre fucceflif dont j'ai parlé foit interrompu par des tranfpofitions ou par d’autres figures, cés pratiques ne {ont autorifées dans notre langue, que lorfque , lefprit, après avoir entendu toute la phrafe, peut aifément rétablir les mots dans l’ordre fuccefhif, qui feul donne l'intelligence. Par exemple dans cette phrafe de Télémaque, /4 coulent mille divers ruif2 Jeaux, on entend auf aifément le fens, que f l’on avoit là d’abord , rrille divers ruiffeaux coulens-la, La tranfpofition qui tient d’abord l’efprit én fufpens , rend la phrafe plus vive &c plusélégante. Voyez Ar- TICLE , CAS, CONCORDANCE , CONSTRUCTION, (F) DÉCLINAISON , ez terme d’Affronomie , fisnifie la . diflance qu’il y a du foleil, d’une étoile, d’une pla- nete , ou de quelqu’autre point de la fphere du monde, à l'équateur, foit vers le Nord, foit vers le Sud. Voyez EQUATEUR. | La déclinaifon eff ou réelle ou apparente, felon que le lieu où l’on confidere l’aftre eft fon lieu vrai ou fon lieu apparent, Voyez LIEU. La déclinaifon 696 D EC eft boréale, fi l’aftre eft dans l’hémifphere boréal: 4] &c auftrat dans l’hémifphere auftral. La déclinaifoneft mefurée par un arc de grand cer- cle GS (PL affron. fig. 4.) compris entre le point donné S, où l’on fuppofe l’aftre, & l'équateur 4 Q, & perpendiculaire au plan de Péquateur ; par con- féquent le cercle &S, dont Parc fert à mefurer la de- clinaifon, pafle par les poles du monde, &c ce cercle s'appelle cercle de déclinaifon , ou méridien. La déclinaifon d’une étoile fe trouve, en obfer- want d’abord la hauteur du pole PR , (fig. 5.) Cette hauteur du pole étant ôtée de 90. donne la hauteur de l’équateur 4Æ. On obferve enfuite la hauteur méridienne 4 D de l'étoile; & fi elle eft plus grande que la hauteur de l'équateur, on en Ôôte la hauteur de l'équateur, & le refte eft la déclinaifon boréale A D de l'étoile. Mais fi la hauteur méridienne de l’é- toile eft moindre que la hauteur de l'équateur, on - la retranche de la hauteur de l'équateur, & on a la déclinaifon auftrale TA. Par: exemple, Tycho a obfervé à Uranibourg {a hauteur méridienne de la queue du Lion: H D. sod, 9. o!, Hauteur de l'équat. H A. 34 $ 20 Donc la déclinaifon 4 D. 16 53 40 Si l'étoile eft dans le quart Z À, alors fa plus pe- . tite hauteur MR étant Ôtée de la hauteur du pole PR, on aura la diftance P M de l'étoile au pole ; & cette diftance étant Ôtée du quart de cercle PQ; on aura la déclinaifon M Q. Par exemple, on a obfervé P M diftance de l’étoile polaire au pole de 2° 18/ so"! qui étant Ôtée de 90° donne Q M de 87° 41° 10"; c’eft par cettemméthode que font conftruites les ta- bles de déclinaifon des étoiles fixes, données par Riccioli , par Dechales , &c, Nous fuppofons au refte que dans ces calculs on ait égard à la réfrattion, à l’aberration , & à la mu- tation, toutes. quantités dont on doit tenir compte pour déterminer au jufte la déclinaifon de l'étoile. On doit même avoir égard encore à la parallaxe, lorfqu'’il s’agit du Soleil ou de quelque planete, fur- tout fi cette planete eft la Lune. Joy. ABERRATION, NUTATION, RÉFRACTION , PARALLAXE, M. le Monnier, dans fes én/fhit. affron. pag. 397. nous a donné une table des déclinaifons des princi- pales étoiles. On voit dans cette table que cette dé- clinaifon n’eft pas conftante, ce qui vient de plu- fieurs caufes : 1°. de ce que l’angle de l’équateur avec l’écliptique n’eft pas toüjours le même, voyez NUTATION : 2°. de ce que l’axe de la terre a un mouvement autour des poles de Pécliptique ; voyez PRECESSION: 3°. de ce que quelques étoiles peuvent avoir des mouvemens particuliers dont on ignore encore la caufe. Voyez ÉTOILE, SATELLI- TES, SOLEIL, 6 ATTRACTION. La déclinaifor, en Aftronomie, eft la même chofe que la latitude en Géographie. Voyez LATITUDE. Les Mathématiciens modernes ont fort agité la ‘queftion, fi la déclinaifon & l’obliquité de l’éclipti- que font variables ou non. Voyez OBLIQUITÉ 6 ÆÉCLIPTIQUE. Parallaxe de déclinaifor , ef l'arc du cercle de dé- clinaifon, qui mefure la quantité dont la décliraifon d’un aftre eft augmentée ou diminuée par la paral- laxe de hauteur. Voyez PARALLAXE. Réfraütion de la déclinaifon, eft un arc du cercle de déclinaifon , qui mefure la quantité dont la réfra- &tion augmente ou diminue la décliraifor d'une étoi- le. Voyez RÉFRACTION. Déclinaifon de l'aiguille ou du compas de variation , eft la quantité dont l’aiguille aimantée s’écarte du méridien. foy, AIGUILLE AIMANTÉE, BOUSSOLE, .COMPAS, D € QC. Nous avons donné à l’article Æfcenfion droite l'af- cenfion droite des principales étoiles, d’après M. le Monmier. Nous allons ici donner d’après lui La déc/i- naifon des mêmes étoiles, | Noms Déclinafon | Déclinaifon, des étoiles. en 1742. en 1750. DSNTIRES. DOME La Polaire. 87 55 20bor. | 87 58 Achartar. 58 33 22au/f | 58 30 4$ « du Bélier. EE DTA 2,2. LOT ÆAldebaran. 15 57 504. 15 58 57 « de la Chevre, 45 42 Sb. 4ÿ 42 50 Ripel. 8 31 124 8 30 32 a d'Orion. 7. LON C7. Pr 7 20 124 Canopus. 52 33 55% |52 34 15 Sirius. 16 22 554. 16 23 26 Procyon, ÿ $1 506. j 50 38 a de l’'Hydre. 7 33 94. 7 37 IE Repulus. ; 13 13 156. 13 II © L’Epi de la Vierge, | 9 48 Sa 9 49 37. Arilurus. 20 32 320. 20 29 ÿ9 Antares, 25 49 554 25 $I 10 « de la Lyre, 36 33 560. 38 34 24 « de l’ Aigle. 8 12 376, 8 13 47 a du Cygne. 44 22 126, 44 23 47 a de Pégafe. 13 49 220, 13 S1 57 Fomalhaut. 30:59 a. 30 56 36 Déclinaifon d'un plan vertical, en terme de Gno- monique, eft un arc de l’horifon compris ou entre le plan du cadran & le premier cercle vertical, ou en- tre le méridien & le plan du cadran. On peut ensgé- néral définir la déclinaifon d’un plan, vertical ou non, l’angle de ce plan avec le premier vertical, ou le complément de cet angle, ce qui au fond revient au même. Voyez DÉCLINANT. | Les auteurs de Gnomonique nous ont donné dif- férens moyens pour trouver la déclinaifon des plans : le plus commode & le plus facile de ces moyens eft celui qui fe pratique par le déclinateur. Foyez DÉ- CLINATEUR. Cependant il faut convenir que ce moyen n’eft pas d’une exaétitude infinie, parce que la déclinaifon de la bouflole eft fujette à des variations. Voici ce me femble le moyen le plus für & le plus fimple de déterminer la déclinaifon d’un plan vertical: on tra- cera fur ce plan une ligne horifontale , & on appli- quera fur cette ligne un plan horifontal , fur lequel on tracera une méridienne ; par le point où cette mé- ridienne rencontre la ligne horifontale , on élevera dans le plan vertical une ligne qui fera la commune fe&ion du méridien &c du plan vertical ; d’où il fera aifé de voir que l’angle de la méridienne horifontale avec là ligne horifontale tirée dans le plan vertical, | fera la déclinaifon du plan, c’eft-à-dire, fon angle avec le méridien ; le complément de cet angle à 90 degrés, eft l’angle du plan avec le premier vertical, qu'on appelle auffi fa déclinailon. Un de ces angles fait todjours trouver l’autre, dont 1l eft le complé- ment. Lorfque le plan n’eft pas vertical, on peut fe fer- vir de la même méthode ; car ayant tracé la méri- dienne du plan horifontal, on élevera fur cette mé- ridienne un plan vertical, dont on mefurera l’angle avec le plan donné, & cet angle fera la déclinaifor du plan. Voyez PLAN. On peut aufli dans ce der- nier cas employer la trigonométrie fphérique ; voyez TRIANGLE SPHÉRIQUE ; Car on aura un triangle fphérique , où l’on connoît un côté & deux angles. Le côté eff l’are compris entre les deux lignes hori- fontales, & des deux angles l’un eft droit, l’autre eft. l'angle du plan avec l’horifon , angle qu'il eft toû- jours facile de mefurer. On peut voir dans tous les traités de Gnomoni- d QUE » que, différèntes méthodes de trouver la dcfnaifon d'un plan gnomonique. Celle que nous venons de donner nous paroît la plus fimple de toutes , & celle qui fuppofe le moins d’apprêt & de calcul. (@) DÉCLINAISON DE L’AIGUILLE 0% VARIATION DE L'AIGUILLE AIMANTÉE. Voyez AIMANT, BOUSSOLE, AIGUILLE AIMANTÉE, (Z) DÉCLINANT , adj. Cadrans déclinans, en Gno- monique, font des cadrans verticaux, dont le plan coupe obliquement le plan du premier cercle verti- cal. Foyez CADRAN. Si on imagine que le plan du premier cercle ver= tical fe meuve autour de la ligne du zénith & du nadir, ce plan deviendra déclinant; & il ne fera plus coupé à angles droits par le méridien, mais par quel- qu'autre vertical paffant pat d’autres points que les deux poles. En général on peut appeller déclinanr, tout plan vertical ou non, qui fait angle avec le premier ver. tical ou avec le méridien. Il #’y a proprement que ces deux plans qui ne foient pas déclinans. Voyez DÉGLINAISON 6 DÉCLINATEUR. On peut appeller auffi décliranr, en général, tout cadran qui ne regarde pas direétement quelqu'un des points cardinaux ; ainfñ pour qu’un cadran ne foit pas déclinant , il faut qu’il pafle par la commune fe- “tion du méridien & de l'horifon, ou du premier vertical & de l’horifon. à, Les cadrans déclinans font fort fréquens, parce que les murs verticaux fur lefquels on trace des ca- drans, déclinent prefque toûjours des points cardi- naux, Les cadrans inclinés & réclinés, & fur-tout les cadrans déinclinés , font fort rares. Voyez Ca- DRAN. (O0) , DÉCLINATEUR oz DÉCLIN ATOIRE, fub. m. {Gnomon.) eft un inftrument de Gnomonique, par le moyen duquel on détermine la déclinaifon &+ l’in- clinaïfon du plan d’un cadran. Voyez PLAN. En voici la ftruêture : fur une planche quarrée de bois 4B C D ‘Planc. Gnomon. fig. 1.), on décrit un demi-cercle 4 E D, & on divife les deux quarts de cercle 4E & E D en 50 degrés chacun; lefquels 90 degrés commencent en Æ£, comme dans la figure, Enfuite on ajufle au centre un régulateur A1, fixé tellement qu’il Pr fe mouvoir librement autour de ce centre : fur ce régulateur on fixe une boudo- le en X, de maniere que le déclinateur étant pofé contre un plan perpendiculaire au méridien, & la par- tie À du régulateur étant en £, la ligne nord & fud de la bouflole foit la continuation de la ligne £ F; ce qui donne le méridien magnétique, Maintenant pour trouver par le moyen de cet inf- trument la déclinaïfon du plan, on applique au plan propoié MN, le côté 4 D de l’inftrument (Jig. 2.), &t on fait mouvoir le régulateur FG autour du cen- tre F, jufqu'à ce que l'aiguille refte fur la ligne du méridien magnétique du lieu. Enfuite fi le régulateur dans cet état coupe le demi-cercle en Æ, le plan eft ou vers le nord ou vers le fud : mais s’il le coupe entre D & Æ, le plan décline à l’oueft; & s’il le coupe entre 4 & £ , le plan décline à left de la quantité de l’angle GFE, Le même inftrument peut auf {ervir pour trou- ver fi un plan eff inclinant ou réclinant. Pour cela ; au lieu de régulateur & de l'aiguille, il faudra atta- cher au centre Fun fil avec un plomb par le moyen d’une pointe : on appliquera enfuite fur le plan pro- pofé 12 (figure 3. ), le côté BC du déclinateur BCD; & fi la ligne à plomb FG coupe le demi- cercle 4 £ D au point £, le plan eft horifontal,; maïs fi elle coupe le quart de cercle £ Den un point quelconque G, alors £ FG fera l'angle d’inclinai- don : enfin fi lorfqu’on applique le côté 4 B an plan le fil à plomb pañle par le point Æ, le plan fera ver. Tome 1F. D E C 697 tical. Si l'oh compare l'angle d’inclinaïifon avec la hauteur du pole ou dé l'équateur, on coñnoîtra faci- lement fi le plan eft inclinant ou réclinant. Voyez CADRAN, INCLINANT 6 RÉCLINANT. (T DÉCLINATOIRE , f. m. (Jurifprud.) eft une ex- céption par laquelle le défendeur refufe de procéder en la jurifdi@ion où il eft affigné , & demande fon renvoi devant un autre juge : on dit quelquefois ex céption déclinatoire, 8 quelquefois fimplement #7 dé clinatoire, Propofer un déclinatoire, C’'eft propofer fon exception déclinatoire, On doit propofer le déclinatoire, in Bimine liris y C’eft-à-dire avant d'engager le fond, conformément à la loi 33. 4x digeff, Liv, V vie, j. On doit auffi ftatuer préalablement für le Zéc/ine> core, avant de ftatuer fur le fond. Le déclinatoire doit être jugé à l'audience, où en cas de difficulté On ne peut ordonner qu’un délibéré, & non un ap= pointement. Lés déclinatoires {e jugént ordinairement au parquet de la jurifdi&tion où ils font propofés. Lorfque celui qui demande fon renvoi obtient à fes fins , le juge du déclinaroire ordonne que lès parties fé poutvoiront devant le juge que lon réclame , fi c'eft un juge qui lui foit inférieur, ou fi c’eft un juge fupérieur ou qui ne dépende pas de lui, le juge du déclinatoire ordonne que les parties fe pourvoiront dévant les juges qui en doivent connoître. Si le de- clinatoire eft mal fondé , le juge prononce que fans s’arrêter au déc/inatoire, les parties procéderont par- devant lui, & alors le défendeur et obligé de dé- fendre au fond, Voyez l'ordonnance de 1663. tit. vj. & aux m01s EXCEPTION DÉCLINATOIRE, RENVOI ; INCOMPÉTENCE , PRIVILÉGE, (4) DEÉCLINER , v. a@. rerme de Grammaire , Ceft dire de fuite les terminaifons d’un nom felon l’ordre des cas; ordre établi dans les langues où les noms changent de terminaïfon. Poyez Cas, Décrixar- SON, ARTICLE, (#) DÉCLINER (Jurifprud.) La Jurifdifion d'un juge ; c’eft refufer de procéder pardevant lni, & déman- der fon renvoi devant un autre. Voyez ci-devanr D£- CLINATOIRE. (4) DÉCLIQUETER , v.n. fignifie, ez Horlogerie ; dégager le cliquer des dents de fon rochet, 7 Gyez CLr- QUET, ROCHET, Ec, (T DECLIVITAS,f. f. pente d’une ligne ou d’un plan incliné, prife en defcendant. Voyez AccrtrirTas. Ce mot latin eft formé des mots de, & clivas > pénté. Nous n’avons point de mot françois qui diftingue la pente prife en montant de la pente prife en defcens dant. Talud renferme les deux. (0) DÉCOCTION, £ £. ( Pharmacie, ) médicament interne , fluide , femblable à l'infufion, préparé au moyen d’une liqueur menftruelle qu’on fait boüillir avec la matiere à diffoudre. Cette matiere en géné- ral, eft la même que dans l’infufon. Elle fe divife èn trois, le menftrue, le corps à difloudre, & l’accef- foire. Le menftrue eft de trois fortes, aqueux, vineux | {piritueux. La matiere à difloudre fe tire paréillement des trois regnes ; il faut qu’elle foit propre à être prile intérieurement, & qu'à l’aide de l’ébullition, elle puiffe communiquer au menftrue une vertu qu'il lui {eroit impoflible d’avoir, ou qu’on auroit difficile: ment par une fimple macération, | Les accefloires font ceux qui aident la diflolution, {oit en aiguifant les parties du menftrué, {oit en dila- tant celles du corps à difloudré, foit enfin en les ren: dant propres l’un pour l’autre : tels font fur tous les différens genres de fels ; les acides, les alkalis, les neutres ; & même , quoique plus rarement, lés ef. prits ardens fermentés fimples, ou impregnés de la vertu de quelques végétaux db tt 698 D E C Les accefloires font encore ceux qu’on mêle apres ” que la decothion eft faite, ou pour en augmenter la vertu, Où pour corriger quelque qualité, foit nuifiz ble, foit defagréable ; tels font les fyrops, les éléo- facharum, le miel, les confetions molles, les tein- tures, les effences, les efprits, le vin, &c. Le choix doit fe faire avec difcernement. Il faut connoître la nature de la matiere qu’on doit extrai- re, la vertu diflolvante des menftrues, celle des ac- cefloires , l’adion du feu qu'on doit employer. Il nous fufira d’expofer quelques-uns.des principes gé- néraux fur ce fujet, & d’obferver: 1°, Que dans les décoétions on fe fert par préfe- rence d’un menftrue aqueux, parce que par l'ébul- lition il perd moins que les autres : ainfi on n’em- ploye guere ici des eaux diftillées. 2°. Les fpiritueux, comme l’efprit-de-vin ordinaire ou reétifié, & autres efprits ardens fermentés, fouffrent l’ébullition dans les vafes chimiques fans {e difliper ou s’altérer fen- fiblement. 3°, On ne doit pas donner le même degré de chaleur à tous les menftrues pour les faire bouil- lir. 4°, La cofion, fuivant qu’elle eft plus où moins forte, & qu’elle dure plus ou moins de tems, pro- duit une grande différence, deforte qu’une décotlion longue ou forte, ne vaut rien pour certains ingré- diens, & convient beaucoup pour d’autres : lé con- traire arrive auf. 5°. Il faut choifir un menftrue con- venable, ou le rendre tel en lui joignant un accef- foire qui lui foit approprié. 6°. Quand la matiere m’eft pas propre pour la décoétion , il faut lui donner une préparation préliminaire , comme la concafla- tion , la macération des matieres dures, acides, & qui fe diflolvent difficilement. 7°. De plus, en chor fiffant un vafe convenable, on peut faire de bonnes décoitlions de certaines drogues, qui, fans ce vafe, “’auroient jamais pù fervir dans cette opération. 8°, Les aqueux ne conviennent point pour, les déco- étions des terreux, des pierreux , des réfineux, des fulphureux , des gras, à moins qu'on ne fe ferve d’accefloire. On doit dire la même chofe des métaux & des demi-métaux non falins. 9°. Quand la macé- ration fufñt pour faire pafler la vertu des ingrédiens dans le menftrue , il ne faut point employer la co- étion ; car alors la grande chaleur produit prefque toûjours plus ou moins de changemens : on. peut néanmoins quelquefois procurer une ébullition dou- ce & courte pour accélerer la diflolution : e’eft ce qu’on pratique pour les parties des végétaux qui {ont molles & tendres ; ainfi les ingrédiens dont la vertu par l’ébullition fe changeflen une autre vertu qui ne répond point au but du medecin, ne doivent point être mis en décoéfion : le cabaret en décofion eft plus diurétique qu'émétique : la réglifle long tems bouillie devient amere, & les feuilles de fenné pur- gent avec tranchées, 6'c. la rhubarbe , les myrobo- lans par une longue coétion acquierent , outre leur vertu purgative, une vertu aftringente : les muci- lagineux, les racines de grande confoude , de gui- mauve, demauve, les graines, les fruits, les fucs, &c autres femblables, cuits long-tems, rendent le li quide vifqueux & defagréable. 10°. Il n’eft pas in- différent que la matiere de la décottion foit nouvelle ou vieille, verte ou feche ; parce que la premiere ordinairement fe diflout très-aifément , même dans des menftrues aflez peu convenables, & que l’autre au contraire s’y diflout quelquefois très-difiicile- nent | _ L'ordre, en général, s’obferve dans la décoétion comme dans l’infufon. S’il y a des ingrédiens qui de- mandent, les uns une longue, les autres une courte coëtion , il faut ou ordonner, ou s’en rapporter à | l'intelligence de l’apothicaire, La plüpart des foffi- des, bois compafts, demandent fouvent une coétion de plufieugs heures, & même une macération préli- D EC nunäiré ;tandis que les parties tendres des végétaux ne doivent être que fimplement jettées dans la décor on encore bouillante, La dofe eft plus où moins grande à raifon de l’ef: ficacité de la matiere mife en décoéhion, de la nature du menftrue , de l'intention du medecin, de l’âge du malade , & de la facilité qu'il a à prendre les.reme- des. Cette dofe fe détermine par poids ou par me- fure, c’eft-à-dire par cuillerég, par verre, par tafle, La quantité générale n’eft point fixe ; elle contient quelquefois plufieurs livres, & d’autres fois une feu. le dofe. | La proportion mutuelle des ingrédiens n’eft auf déterminée par aucune regle; elle varie beaucoup, eu égard à la matiere de la déco&ion , au menftrue,, à l’ufage , 8 même aux malades. | La proportion du menftrue avec la matiere de la décoition, differe, fuivant que {a vertu eft plus ou moins grande, qu’elle eft plus ou moins facile à dif foudre, que la coétion fe fait avec évaporation ou fans évaporation. La foufcription du medecin, s’il ne veut pas s’en rapporter à l’apothicaire, indique cé qu’il faut pra- tiquer avant la coûtion; favoir la concaffation , l’hu- meétation , la manfation, les ingrédiens , le yafe con- venable, la co@ion, le degré de feu, l’ordre de la décoétion ;, 8&& la durée du tems de la cuifon : il pref- crit enfin ce qu'il faut faire après la coétion; comme la dépuration, la clarification lorfqu’elle eff nécef- faire , le mélange des accefloires, &c, La décoflion pour une feule dofe s'appelle posion, ceinture ; quand c’eft pour plufeurs dofes ,.décoifion s apozeme; quand la matiere a pour bafe des parties d’a: nimaux , ouillon ; quand on fait cuire àvec de nou- velle eau une matiere qui a déjà fervi à une décoc- tion ,; on l’appelle décoëtion fecondaire. Au furplus on n’a que trop multiplié toutes ces dénominations pué- riles. 1 L’ufage des décoilions eft univerfel , convient.dans _prefque toutes les maladies, à tout âge , & dans tou- tes fortes d’intentions ; mais cette forme a l’incon- vénient d’être ordinairement defagréable à la vûe êc au goût : au refte on ne s’en fert point dans les cas urgens , parce qu’elle ne peut pas s’exécuter avec promptitude. Tout«e qu’on vient de bre eft extrait des formu- les de M. Gaubius, qüi a traité ce fujet avec beau- coup d’ordre & de précifion. Mais nous devons au génie de Boerhaave, d’avoir fourni le premier dans fa chimie des vûes, des lumieres vraiment utiles aux Medecins , fur la nature & la vertu des végétaux, dont on fait les décofions , les infufons, les robs, les fapas, les extraits, & toutes les autres prépara- tions de ce genre. On ne connoïfloit avant lui que le manuel de ces opérations ; ila remonté aux prin- cipes qui doivent fervir de guides. Les principes font aux Arts, ce que la bouflole eft à la navigation. 4r- ricle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DÉCOFEFFER , ez termes d’Artificiers , c’eft ôter le couvercle qu’on avoit mis fur l’amorce d’un arti- fice, pour empêcher que le feu ne s’y introduisit trop tôt. Dit. de Trév. & Chambers. L DÉCOGNOIR , flenfile d'Imprimerie ; c’eft un morceau de bois, ou de"bouis pour le-meilleur ufa- ge, de cinq à fix pouces de long , taillé comme un coin de fer à fendre le bois ; il {ert d’agent. médiat au marteau , foit pour ferrer foit pour defferrer les formes: au moyen de cet uftenfile , on n’eft point en rifque de détériorer ou éclater le marbre fur le- quel fe pofent les formes, &c on jotit cependant de la force & du fecours du marteau, par le coup du quel le décognoir force le coin de ferrer ou de def- {errer la forme , en frappant plus ou moins fur la tête du décognoir que l’on tient de la main gauche, Vi, nues +. jé appuyant l’autre extrémité fur le coin qu'on a def. fein de chafler de haut ou de bas, DÉCOLLATION , f.f. (AU. ecclef. ) ce mot n’eft guere d’ufage en françois que pour exprimer le mar- tyre de S. Jean-Baptifte, à qui Hérode, comme on fait, fit couper la tête. Il fe dit même moins fré- quemment du martyre de ce faint , que de la fête qu'on célebre en mémoire de ce martyre , ou des tableaux de $. Jean dans lefquels la tête eft repré- lentée féparée du tronc. On. dit qu'un ambafladeur de France à Conftan- tinople, montroit un jour à Mahomet II. une décolla- tion de $. Jean admirablement repréfentée ; le grand- feigneur n’y trouvoit d'autre défaut , finon que le peintre n’avoit pas obfervé que quand un homme eft décapité, la peau fe retire un peu en arriere. Le pince voulant en convaincre l’'ambafladeur , fit à l'inftant décapiter un homme & apporter la tête, afin de fervir de preuve de ce qu’il difoit, Tel eft le récit de Catherinot, srairé de La Peinture. Mais il eft très - douteux que ce fait foit arrivé à un ambafña- deur de France : on prétend que ce fut à Jacques Bel- lin, fameux peintre de Venife, que cette avanture arriva. Chambers. (G DÉCOLLÉ, adj. voyez DÉcaprter. (Jurifpr.) DÉCOLLEMENT , f, m. ex rerme de Charpenterie , eft une entaille que l’on pratique du côté de l’épau- lement, pour dérober la mortoife. DÉCOLLER (5e) , Jerd. fe dit de la tige d’un arbre, qui par une altération de la feve {e détache du pié, à l’endroit de la greffe. (Æ) _ DÉCOMBRER, v. a. (Archirez.) c’eft enlever les gravois d’un attelier de bâtiment. DÉCOMBRER UNE CARRIERE , fe dit pour en faire ouverture & la fouiller. (P DÉCOMBRES, £. f. plur. (4rchireë.) ce font les moindres matériaux de la démolition d’un bâtiment qui ne font de nulle valeur, comme les menus pl- tras , gravois, recoupes , &c. qu'on envoye aux champs pour affermir les aires des chemins. (2) DÉCOMBRES & VUIDANGES D'UN ATTELIER DE CONSTRUCTION. ( Marine. ) On appelle décom- bres , tous les copeaux, bouts de bois , & autres pe- _tites pieces qui fortent de la coupe & du travail des bois; on permet aux ouvriers de les enlever du chan- tier , pour faire place nette , quoique l’ordonnance de la Marine de 1689 défende fous peine d’un écu d'amende aux ouvriers d’emporter aucun morceau de bois & copeaux. Voyez DÉBRis. (Z) DÉCOMPOSE, adj. (Chim.) decompofitum , ter- me employé par Becher & par Stahl, pour défigner les corps formés par l’union chimique de deux ou de plufieurs compoiés. Voyez MixTION. Nous nous fervons plus communément dans le même fens du mot de /urcompo/ë, (b) DÉCOMPOSITION DES FORCES, (Méchan.) On a vù à Particle COMPOSITION, que deux où plufieurs puiflances qui agiffent à la fois fur un corps, peuvent être réduites à une feule, & ona expliqué de quelle maniere fe fait cette réduétion : c’eft ce qu’on appelle compofition des forces. Réciproquement on peut transformer une puiflance qui agît fur un corps en deux autres ; leurs diretions & leurs va- _ leurs feront repréfentées par les côtés d’un parallé- logramme , dont la diagonale repréfentera la direc- tion & la valeur de la puiffance donnée ; il eft vifi- ble que chacune de ces deux puiffances, ou l’une des-deux feulement , peut fe changer de même en deux autres. Cette divifion, pour ainf dire, d’une puiflance en plufeurs autres s'appelle décompofition. Elle eft d’un ufage extrème dans la Statique & dans la Méchanique ; & M. Varignon entre autres en a fait beaucoup d’ufage pour déterminer les forces des machines , dans {on projet d’une nouvelle méchani- Tome IF, L DEC 699 que, &c dans fa nouvelle méchanique imprimée de puis fa mort. Voyez-e7 un exemple à l'arricle Coin. Quand une puiflance À fait équilibre à plufieurs au- tres B, C, D, &c. il faut qu’en décompofant cette puiflance en plufieurs autres que j’appellerai 4, & à d, &c. & qui foient dans la direétion de Z, de C3 & de D, les puiffances 4, c, d, foient égales aux puiflances B,'C, D, & agiflent en fens contraire. Poyez; MACHINE FUNICULAIRE. Quand une pui ance ne peut exercer toute fa force à caufe d’un ob« ftacle qui l’arrête en partie , il fant la décompofer en deux autres, dont l’une foit entierement anéantie par l'obfacle, & dont l’autre ne foit nullement ar- rêtée par l’obftacle. Ainf quand un corps pefant eit pofé fur un plan incliné, on décompofe la pefan- teur en deux forces, l'une perpendiculaire au plan, que le plan détruit entierement ; l’autre parallele au. plan,que le plan n'empêche nullement d'agir, Quand plufieurs puiflances agiffent de quelque maniere que ce puifle être, & fe nuifent en partie, il faut les dé. compofer en deux ou plufieurs autres , dont les unes fe détruifent tout-à-fait , & les autres ne fe nuifent nullement. C’eft-là le grand principe de la Dynami. que. Voyez ce mor. À On fe fert auffi des mots Zécompofrion & décom- Pofér dans d’autres parties des Mathématiques, lorf£ qu'il eft queftion en général de divifer un tout en plufieurs parties ; par exemple on décompofe un po- lygone quelconque en triangles, pour en trouver la NE. 20 on décompofe une équation en plufieurs mem- bres ou en plufieurs équations partielles’, afin de la réfoudre ; on décompofe un produit dans fes fa&teurs s Ec. | Au refte, quand on décorpofé une puiflance en Méchanique, 1l ne faut pas croire que les puiflan- ces compofantes ne faffent qu’un tout égal à la com- pofée ; la fomme des puiflances compofantes ef toi: Jours plus grande, par la raiïfon que la fomme des côtés d’un parallélogramme eft toñjours plus srande que la diagonale. Cependant ces puiffances n'ÉqUI= valent qu’à la puiffance fimple , que la diagonale re- préfente ; parce qu’elles fe détruifent en partie, & font en partie confpirantes, Voyez CONSPIRANTES G& ComPosiTIoON. (0) DÉCOMPOSITION, f. f. fe dit, ex Medecine, en parlant des humeurs compotées de globules ou mo- lécules, dont les parties intégrantes {e féparent les unes des autres , fe réfolvent en un Auide plus atté- nué : foit par l’aétion naturelle des Organes qui con= ftitue la vie ; ainfi les globules du fang étant décom- poiés, fourniflent chacun fix globules féreux , felon _ Lewenhoeck, &c. foit par l’aétion. contre nature des folides fur les fluides , qui diffout ceux-ci en parties plus atténuées , qui font plus fufceptibles d’être pot- tées hors du corps, & de s'échapper par la voie des humeurs excrémentitielles : ainfi la fieyre par fon ac tivité &c fa continuité, décompofe le fang, Le dif- fout, le difipe par les fueurs , ou le difpofe à four- mir la matiere de Phydropifie, quelquefois même celle de la jauniffe, lorfqu’il ne fe porte prefque dans les vaiffeaux fanguins de la peau, que des olobules jaunes , au lieu des rouges, qui ont été décompolés en férofité du premier genre. Voyez SANG, FIEVRE, HYDROPISIE, JAUNISSE. (4) DÉCOMPOsiTION, (Chim.) réduétion d’un Corps en fes principes. Nous expoferons la dorine des Chimiftes modernes fur cette partie effentielle de la Chimie pratique, & la maniere séniérale dy procé- der, au mot principe, Voyez PRINCIPE. La décompofition chimique eft plus connue dans l'art fous le nom d’analyfe. Elle eit encore défignée par divers chimiftes fous les noms de diffolution , ré: Jolution, corruption. (b) DÉCOMPTE, { m. (Jurifpr. ) fignife ce qu’un Sd TTitiy. 700 D E € comptable a droit de déduire & retenir par fes mains fur ce qu'il doit. | Le décompte {e prend aufi pour le bordereau des fommes qui ont été dépenfées par le comptable pour Foyant. Voyez ComPrTe & ci-après DÉPENSE, &c re: liqua, (A) un 7 Décomere, (Ar: rnilir.) c’eft une fupputation qui fe fait de tems en tems entre le capitaine &c le {oldat , pour regler l'argent avancé ou retenu fur la folde, & pour fe remboutrfer mutuellement. On dit faire lé décompte à un cavalier &c à un fantaflin. (Q) DÉGOMPTER , v.a@. (Comm.) déduire , rabattre quelque fomme qu’on a avancée fur une plus gran- É: , que l’on doit ou que l’on paye. Voy. DÉcomp- TE. DÉCOMPTER, fignifie aufi rabatrre de la grande éfpérance qu’on avoit de quelque entreprife. Exem- Ple.Ce négociant efpéroït de s’enrichir dans telle af- fairé ; 11 y a bien à décompter ; il s’y rume. Diéfionn. du Comm. 6 de Trév. (G) DÉCONFITURE , £'£ (Jurifpr.) fignife lPinfol- vabilité du débiteur, dont les biens font infufhifans pour payer tous fes créanciers. Le cas de la déconfiture eft prévû dans les lois ro- maines, au digefte de sributorié adlione , & aux inf. L. IV, tic. viy. 4 3. par rapport à un efclave qui fait commerce au vi & au fü de fon maitre. Ces lois veulent qu'il fe fafle une contribution, comme en effet cela {e pratique pour toutes fortes de débiteurs infolvables , quand il y a lieu à la contribution. L'article 179 de la coûtume de Paris porte, qu’en cas de déconfiture chaque créancier vient à contribu- tion au fou la livre fur les biens meubles du débiteur, & qu'il n’y a point de préférence ouprérogative pour quelque caufe que ce foit,encore qu'aucun dés créan- ciers eût fait premier faifir. r L'article 180 dit, que le cas de déconfiture eft quand les biens du débiteur , tant meubles qu'im- meubles, ne fufifent aux créanciers apparens, & que fi pour empêcher la contribution fe meut diffé- rend entre les créanciers apparens fur la fufhfance ou infuffance defdits biens , lés premiers en dili- gence qui prennent les deniers des meubles par eux arrêtés, doivent bailler cautionde les rapporter pour être mis en contribution, en cas que lefdits biens ne fufffent. Quand il y a déconfiture, on commencé par con- tribuer les meubles entre tous les créanciers, foit hypothécaires ou, chirographaires ; ce qui eft plus avantageux aux créanciers hypothécaires , que fi on les colloquoit d’abord fur le prix des immeubles, puifque par ce moyen ils toucheroient moins fur le prix des meubles. | Dans le cas de déconfiture , le premier faififfant n’a aucun privilége, fi ce n’eft pour les frais qu'il a faits utilement pour la confervation du gage com- mun des créanciers. L’ufage des pays de Droit écrit eft conforme à celui de pays coûtumier, dans le cas de la décozf- Être, Maïs en Normandie on n’a point d’égard à la dé- confiture ; les biens meubles & immeubles fe diftri- buent toijours par ordre d’hypotheque, quand il y a des créanciers hypothécaires. Voyez ci-dey. CoN- TRIBUTION, 6 HYPOTHEQUE, PRIVILÈGE, SAI- SISSANT. (4) % DÉCORATEUR , f. m. (Speilacle.) homme expé- fimenté dans le deffein, la peinture , la fculpture , ParchiteQure , & la perfpettive, qui invente ou qui exécute & difpofe des ouvrages d’architeéture pein- te, & toutes fortes de décorations, foit pour le théa- tre , foit pour les fêtes publiques, les pompes fune- bres, les proceffions,,. éc. Il y a un décorareur à l'opéra de Paris : On ge fau- | tueufe à ce fpe@acle. Voyez DÉCORATION. roit choïfir pour cet emploi un homme trop intelli- gent ; c’eft-là où le génie, l'expérience, & la fécon- dité feroient extrêmement néceflaires. Ce n’eft point par le défaut de dépenfe que cette partie eft défec- 10N. (B) 1, DÉCORATION, 1. . (Belles-Lettres.) ornemens d’un théatre, qui fervent à repréfenter le lieu où l’on fuppofe que fe pafle l’aion dramatique. Comme les'anciens avoient trois fortes de pieces, de comiques , de tragiques , & de fatyriques , ils avoient aufli de trois fortes de fcenes, c’eft-à -dire des décorations de ces trois différens genres. Les tra- giques repréfentoient tohjours de grands bâtimens , avec des colonnes, des ftatues, &r les autres orne- mens convenables, Les comiques repréfentoient des édifices particuliers avec des toîts & de fimples croi- fées , comme on en voit communément dans les vil- les. Et les fatyriques, quelques maïfons ruftiques, avec des arbres , des rochers , & les autres chofes qu’on voit d'ordinaire à la campagne. Ces trois fcenes poñvoient fe varier de bien des manieres ; mais la difpofition en devoit être toûù- jours la même en général, & il falloit qu’elles euf- ent chacune cinq différentes entrées , trois én face, deux fur les ailes. L’entrée du milieu étoit roû- jours celle du principal a@teur : ainfi dans la fcene tragique , c’étoit ordinairement la porte d’un palais 3 celles qui étoient à droite & à gauche, étoient defti- nées à ceux qui jouoient les feconds rôles ; & les deux autres qui étoient fur les ailes, fervoient l’une à ceux qui arrivoient de la campagne, & l’autre à ceux qui Vénoient du port ou de la place publique. C’étoit à-peu-près la même chofe dans.la fcéne co- mique. Le bâtiment le plus confidérable étoit au mi lieu ; celui du côté droit étoit un peu moins élevé, & celui qui étoit à gauche repréfentoit ordinaire- ment une hôtellerie. Mais dans la piece fatyrique il y avoit toüjours un antre aû milieu, quelque mé- chante cabane à droite & à gauche , un vieux temple ruiné, ou quelque bout de payfage. On ne fait pas bien fur quoi ces décorations étoient peintes ; mais il eft certain que la perfpe&tive y étoit obfervée : car Vitruve, Zv. VIT, remarque que les regles en furent inventées & mifes en pratique dès, le tems d'Efchyle , par un peintre nommé Agatar- chus, qui en laiffa même un traité. Quant aux changemens de théatre , Servius nous apprend qu'ils fe faifoient ou par des feuilles tour- nantes qui changeoïent en un inftant la face de la fcene , ou par des chaflis qui fe tiroient de part & d'autre comme ceux de nos théatres. Mais comme il ajoûte qu’on levoit la toile à chacun de ces chan- gemens, 1l y a bien de l’apparence qu'ils ne fe fai- faient pas encore fi promptement que les nôtres. D'ailleurs comme les ailes de la fcene fur lefquelles la toile portoït , n’avançoïent que de la huitieme par- tie de fa longueur, ces décorations qui tonrnoient derriere la toile, ne pouvoient ayoïr au plus que cette laroeur pour leur circonférence : aïnfi il fal- loït qu'il y en eût au moins dix feuilles fur la fcene, huit de face & deux en aile ; & comme chacune de ces feuilles devoierit fournir trois changèmens, il failoit néceffairement qu’elles fuffent doubles, & difpofées de maniere qu’en demeurant pliées fur el- les-mêmes, elles formaflent une des trois fcenes, & qu’en fe retournant enfuite les unes fur les autres de droite à gauche , ou de gauche à droite , elles for maflent les deux autres ; ce qui ne fe pouvoiït faire qu’en portant de deux en deux fur un point fixé commun, c’eft-à-dire en tournant toutes les dix fur cinq pivots, placés fous les trois portes de la fcene & dans les deux angles de fes retours. Difcours de M. Boindin f#r/es chéatres des anciens, Mém, de l’acad, des Belles-Legtres ; tom. I, (G) Pr PARMI LES DÉCORATIONS THÉATRALES, les unes font dé décence , & lés autres de purornement. Les décorations de pur ornèment font arbitraires , & n'ontpourregle quele goût. On peuten puiferles prin- cipes généraux dans les arf, ARCHITECTURE, PERS- PECTIVE, DESSEIN, Gc, Nous nous contenterons d’obferver ici que la décoration la plus capable de charmer les yeux, devient trifte & effrayante pour Pimagination ; dès qu’elle met les acteurs en danger ; ce qui devroit banni de notre théatre lyrique ces vols fi mal exécutés, dans lefquels, à la place de Mercure ou de l’Amour, on ne voit qu’un malheu- reux fufpendu à une corde , & dont la 5e fait trembler tous ceux qu’elle ne faît paërire. Voyez L'art. [uiy. DÉCORATION, (Opera). Les décorations de décence font une imitation de la belle nature, comme doit l'être l’a@ion dont elles retracent le lieu. Un homme célebre en ce genre en a donné aü théatre lyrique , qui feront long -téms gravées dans le fouvenir des connoïffleurs. De ce nombre étoit le périftyle du palais de Ninus, dans lequel aux plus belles proportions & à la perfpec- tive la plus favante , lé peintre avoit ajoûté un coup de génie bien digne d’être rappelle. . Après avoir employé prefque toute la hauteur du théatre à élever fon.premier ordre d’architeéture , 1l avoit laiflé voir aux yeux la naiflance d’un fecond ordre qui fembloit fe perdre dans le ceintre, & que l’imagination achevoit ; ce qui prétoit à ce périftyle une élévation fitive, double de l’efpace donné. C’eft dans tous les arts un grand principe, que de laifer l'imagination en.hberte : on perd toùjours à lui circonfcrire un efpace; de-là vient que lesidées générales n’ayant point de limites déterminées, font les fources les plus fécondes du fublime. Le théatre de la Tragédie ,.où Les décences doi- vent être bien plus rigoureufement obfervées qu’à celui de l’opera, les a trop négligées dans la partie des décorations, Le poëte a beau vouloir tranfporter les fpeétateurs dans le! Leu’ de l’aétion ; ce que les yeux voyent, devient à chaque inftant ce que l’ima< gination fe peint. Cinna rend compte à Emilie de fa conuration, dans le même fallon où va délibérer Auvufté ; & dans le premier aéte de Brutus ; deux valets de théatre viennent enlever l’autel de Mars pour débarraffer lafcene. Le manque de décorations éntraine l’impoffibilité des changemens , & celle-ci borne les auteurs à la plusrigoureufe unité de lieu ; rople pênante qui leur interdit un grand nombre de beaux fujets, ou lesoblige à les mutiler, Foy. TRA- GÉDIE, UNITÉ, G. - | Il eft bien étrange qu’on foit obligé d’aller cher: cher au théatre de la farce italienne, un modele de décoration tragique. Il n’eft pas moins vrai que la prifon de Sisifmond er eft une qu’on aurott dû-fui- vre. N'’eft-1l pas ridicule que dans les tableaux les plus vrais & les plus touchans des pafñions & des malheurs des hommes, on voye un captif où un coupable avec des liens d’un fer blanc, leger & poli? Qu'on fe repréfente Eleëtre dans fon premier monologue , trainant de véritables chaînes dont elle fe voit accablée : quelle différence dans l'illufion & l'intérêt ! Au lieu du foible artifice dont lé poëte s’eft fervi dans le corste d'Effèx pour retenir ce pri- fonnier dans le palais de la reine, fuppofons que la facilité des changemens de décoration lui eût permis de lenfermer dans un cachot ; quelle force le feul afpe& du lieu ne donneroit-il pas au contrafte de fa fituation préfente avec fa fortune pañlée ? On fe plaint que nos tragédies font plus en difcours qu’en aCtion ; Le peu de reffource qu'a le poëte du côté du fpe&acle , en eft en partie la caufe. La parole eft fouvent une expreflion foible & lente; mais il faut IDIEIC 701 bienrfe réfoudre à faire paffer par les oreilles ce qu’on ne peut offrir aux Yeux 0 fran Ce-défaut de nos fpettaclesne doit pas êtrerim. puté aux comédiens, non plus.que le mêlange indé- cent-des fpettateurs ayecdles a@eurs, dont on s’eft plaint tant de fois. Corneille, Racine & leursrivaux n’attirent pas aflez le vulgaire, cette partie fi nom- breufé du public, pour fournir leurs atteurs de quoi les repréfenter dignement; laVille elle feule pourroit donner à ce théatre toute la pompe qu’il doit avoir, f. les mapiftrats vouloient bien envifager les {pe£ta- cles publics comme une branche de la police & du commerce. Mais la partie des décorations qui dépend des ac- A È f | teurs eux-mêmes, c’elt la décence des vêtemens. Il s’eft introduit à cet égard un ufage aufli difcile à concevoir qu'à détriure. Tantôt c’eft Gultave qui fort des cavernes de Dalécarlie avec un habit bleu- célefte à paremens d’hermine ; tautôt c’eft Pharale mane qui, vêtu d'un habit de brocard d’or, dit à Pambafladeur de Rome : La-Natute marâtre.en ces affreux climats , Ne produit, au lieu d’or, que du fer, des foldats. ” De quoi donc faut-il que Guftave & Pharafmané foient vêtus ? l’un de peau, l’autre de fer. Comment fes habilleroit un grand peintre? Il faut donner, dit- on, quelque chofe aux mœurs du tems. Il falloit done auf que Lebrun frifdt Porus & mit des gants à Alexandre ? C’eft au fpettateur à fe déplacer, non au fpeétacle ; & c’eft la réflexion que tous les aéteurs devroiïent faire à chaque rôle qu'ils vont joùer: on ne verroit point paroître Céfar en perruque quarrée, ni Ulyffe fortir tout poudré du milieu des flots. Ce dernier exemple nous conduit à une remarque qui peut être utile. Le poëte ne doit jamais préfentet des fitnations que l’atteur ne’ fauroit rendre :telle eft celle d’un héros mouillé. Quinault a imaginé un tableau fitblime dans Ifis, en voulant que la fürie tirât [0 par les cheveux hors de la mer : maïs ce ta- bleau ne doit avoir qu'un inftant ; il dévient ridicule fi l'œil s’y repofe ,| & la fcene qui le fuit immédia- tement, le rend impratiquable au théatre. Aux reproches que nous faifons aux comédiens fur lindécence de leurs vêtemens , ils peuvent op- pofer l’ufase établi , 8cile danger d'innover aux yeux d’un public quicondamné fans entendre , & qui rit avant de raïfonner. Nous favons que ces excules ne font que trop bien fondées : nous favons de plus que nos réflexions ne produiront aucun fruit: Mais notre ambition ne va point jufqu'a prétendre cotri- ger notre fiecle ; 1l nous fufit d'apprendre à la pof. térité , fi cet ouvrage peut y parvenir, ce qu’auront penfe dans ce même fiecle ceux qui dans les chofes d’art & de goût, ne font d’aucun fiecle n1 d'aucun pays. Voyez l’article fui. DÉCORATION ; (Opera. } Article de M. MARMONTEL. | 1 DÉGORATION ; (Opera) Ce fpettacle eft celui du merveilleux ; c’elt-Kà qu'il faut fans cefleébloiir & furprendre, La décoration commence :Pilufion; ellé doit'par favérité, par fa magnificence ; & l'en. femblé de fa compoñtion ; repréfentér le lieude:la fcené & arracher le fpeétateur d’un local réel.; pour le tranfporter dans un! lôcal-femt. L'invention ,: le deflein & la peinture , l'en forment les trois prinvi- pales paities. La premiere regarde lepoëte lyrique, &c ildoit avoir une connôiffance fort étendue de la feconde & de la troifieme, pour pouvoir avec fruit &c fans danger donner unelibre carriere à fon imar gination. | à st: SN EtS Rien n’eft plus commun que d'imaginer une déco. ration en formant le ‘plan d'un opera ; on place les lieux diférens dans léfquéls fe pafleront fes différens a@es, Ce point.une fois décidé, on croit que Le refté 702 . MIMEIC regarde le décorateur, & qu'il n’eft queftion que de peindre méchaniquement les locaux , pour établir aux yeux du fpeétateur le lieu où {e pafle la fcene. Ce qui nous reflte des ouvrages dramatiques des Grecs, montre aflez qu'EÉfchyle , Euripide & So- phocle étoient mieux inftruits , & rhettoient une plus grande importance dans tout ce qui avoit quel- que rapport à la repréfentation de leurs tragédies. Par les difcours qui font à la tête des pieces en machines de P. Corneille, & en parcourant les dé- tails clairs & raifonnés qu'il y fait de tout ce qui regarde leur fpeétacle , il eït aifé de fe convaincre de la connoïflance profonde que ce grand homme avoit acquife de toutes ces grandes parties qu'on croit peut-être fort étrangeres à la poëfie. Qu'on s'occupe à fonder avec quelque foin la marche , l’ordre & la méchanique des opera de Quinault, malgré la modeftie de ce poëte, qui n’a cherché à nous donner ni par des exphications, ni par des préfaces , ni par des détails raifonnés , au- cune idée de fes études, de fes connoiffances, de {a fécondité, de fon inverition &c de fes travaux ; 1l eft impoñfible de ne pas s’affürer qu’il poffédoit à fond toute cette matiere, & que jamais homme peut- être avant lui n’avoit fà là mettre en pratique avec tant de méthode , d'intelligence , de variété & de goût. | Ces exemples feroient fans doute fuffifans pour prouver qu’un poëte lyrique ne peut acquérir trop de lumieres fur les arts qui doivent concourir à ren- dre parfaite l'exécution de fes ouvrages. Ce que les Grecs, P. Corneille & Quinault ont crû néceffaire, eux qui avoient tant de talens divers, un fi beau génie, un feu poétique fi brillant , ne doit pas fans doute paroitre inutile aux poëtes qui viennent après eux , quelques talens qu’ils fe flatent d’avoir d’ail- leurs. Mais pour le bien & le progrès de l’art, 1l faut qu'ils fachent encore les avantages que les connoif- ee de cette efpece peuvent leur procurer, & les inconvéniens qu’ils ont à craindre, s'ils mettent le pié dans la carriere fans avoir pris la précaution de les acquérir. La décoration à l'opera fait une partie de l’inven- tion. Ce n’eft pas aflez d'imaginer des lieux conve- nables à la fcene , il faut encore varier le coup- d’œil que préfentent les lieux, par les décorations qu'on y amene. Un poëte qui a une heureufe inven- tion jointe, à une MR cfa profonde de cette partie, trouvera mille moyens fréquens d’embellir {on fpeétacle , d’occuper les yeux du fpeétateur, de préparer l'illufon. Aïnfi à la belle architetture d’un palais magnifique ou d’une place fuperbe , 1l fera fuccéder des deferts arides , des rochers efcarpés, des antres redoutables. Le fpettateur effrayé fera alors agréablement furpris de voir une perfpeétive ciante coupée par des payfages agréables, prendre a place de ces objets terribles. De-là, en obfer- want des gradations , il lui préfentera une mer agi- tée. ‘un horifon enflammé d’éclairs, un ciel chargé de nuages, des arbres arrachés par la fureur des vents. file diftraira enfuite de ce fpeétacle par ce- dui-d’un temple augufte : toutes les parties de la belle.architedure des anciens raflemblées. dans cet édifice, formeront un enfemble majeftueux.; & des jardins-embellis par la nature, l’art 8&c le goût, ter- mineront d’une maniere fatisfaifante une repréfen- tation dans laquelle on n’aura rien négligé pour faire naître & pour entretenir l’illufion. Les machines qui tiennent fi fort à la décoration , lui prèteront encore de nouvelles beautés ; mais comment imaginer des machines, fon ignore en quoi elles confiftent, la #namere dont on peut les compofer, les refforts qui D E C peuvent les faire mouvoir, & fur-tout [eur poffbi- lite ? Woyez MACHINE, MERVEILLEUX. | Le décorateur , quelque génie qu’on lui fuppofe ; n’imagine que d’après Le plan donné. Que de beautés ne doivent pas réfulter du concours du poëte & de. l’artifte ? Que de belles idées doivent naître d’une imagination échauffée par la poëfie & guidée par l'inftruéion, & de la verve d’un peintre à qui le premier deffein eft donné par une main füre qui a fà en écarter tous les inconvéniens , & qui en indi- que tous les effets ? D'ailleurs , l’œil vigilant d’un poëte plein de fon plan général, doit être d’un grand fecours au peintre qui en exécute les parties. Que de défauts vente | que de détails embellis ! que d’études & de réflexions épargnées ! | Outre ces avantages , celui de fe mettre à Pabri d’une foule d’inconvéniens qu’on peut par ce feuk moyen prévenir, doit paroïître bien puiffant à tous les poëtes qui fe livrent au genre lyrique. Comment imaginer, comment fe faire entendre; fi on ignore & la matiere fur laquelle il faut que l'imagination s'exerce , & l’art qui doit mettre en exécution ce qu’on aura imaginé ? Le goût feul peut- il fuffire pour empêcher qu’on ne s’égare ? & le soût lui-même eft-il autre chofe qu’un fentiment exquis, que la connoïffance dès matières auxquelles il s’ap- plique, la comparaïfon, l'expérience peuvent feu- les rendre für ? La pompe, la variété, le contrafte toûjours jufte & plein d’adreffe de tous les opera de Quinault , {ont encore de nos jours un des points les moins fuf= ceptibles de critique de ces heureufes compoftions.' On dit plus : il n’y a point d’opera de Quinault, dans lequel un homme de goûr verfé dans l’érude des dif- férens arts néceflaires à l’enfemble de pareils fpec- tacles, ne trouve à produire en machines & en de- corations des beautés nouvelles , capables d’étonner les fpeétateurs & de rajeunir les anciens ouvrages Qu'on juge par-là du fonds inépuifable fur lequel Quinault a travaillé. Chez lui d’ailleurs l’effet , le fervice d’une décora- tion, ne nuifent jamais au fervice ni à l'effet de celle qui fuit. Les tems de la manœuvre, les con- traftes néceflaires pour attacher les fpeétateurs , l’ordre, l’enchaînement , les gradations, tontes ces chofes y font ménagées avec un art, une exactitude, une précifon qui ne fauroient être aflez admirées, & qui fuppofent la connoiffance la plus étendue de toutes ces parties différentes. Voilà le modele : malheur aux poëtes lyriques s euffent-ils même le génie de Quinault , s'ils négli- gent d'acquérir les connoïffances qu'il a erû lui être néceflaires. Joy. MACHINE, MERVEILLEUX, OPE- RA. Voyez auffi l'article fuiv. DÉCORATION, Archi- tetlure. (B) DÉCORATION, terme d’Architeüure. On entend fous ce nom la partie de l’Architeëture la plus inté- reffante, quoique confidérée comme la moins utile relativement à la commodité & à la folidite. En ef- fet, combien d’édifices publics & particuliers où la décoration devient peu néceffaire, tels que les cafer- nes, les hôpitaux , les manufaëtures, les marchés & autres bâtimens œconomiques, élevés dans les villes pour la retraite des gens de guerre , ile foula- gement des pauvres, la facilité du commerce , ou pour l'habitation des citoyens deflinés au trafic, aux arts méchaniques, &c ? À Plus il nous feroit aifé de démontrer l’inutilité de la décoration dans les bâtimens que nous venons de nommer, & plus néanmoins il doit paroïtre impor- tant que la décoration que nous entendons ici, foit de toute beauté, puifqw’elle eft deftinée à caraéte- tifer les édifices facrés , Les palaïs des fouverains, la demeure des grands feignçurs , les places publiques, | DEC les arcs dé triomphe, les fontaines , les théatres, é'e. qui ne peuvent s’attirer le fuffrage des nations étrangeres que par les embelliffemens que leur pro- curent la décoracion des dehors & la magnificence des dedans. : | On difingue en général quatre genres de décora- tion ; celle dés façades , celle des appartemens, celle des jardins , & celle des théatres, qui toutes demandent des caraéteres diftin@ifs, quoique fou- mies également aux lois de la convenance, de la bienféance, & aux principes du goût : connoïffances qui ne peuvent jamais s’acquérir fans l'exercice du deflein, & l’examen réfléchi des plus beaux ouvra- ges antiques & modernes concernant l’Architeëture, la Sculpture , la Peinture, &c, De ces quatre genres de décoration, celle des fa- çades eff fans contredit celle qui exige le plus les préceptes de l’art. L’architeéture & la fculpture concourent également à leur embelliflement ; mais cette derniere doit être abfolument fubordonnée à la premiere. | Par décoration d'architetlure on entend Papplica- tion des ordres, colonnes ou pilaftres, les frontons, les portes, les croifées, les niches, les attiques, les foübaflemens, les baluftrades ; différentes parties qui {e doivent accorder fi bien avec les mafles & la di- menfon du bâtiment, que l’une ne puiffe être fup- primée fans nuire au refte de lédifice. Par décoration de feulpture on entend les flatues, les trophées, les vafes qui fervent à compofer les amortiflemensi& les couronnemens des façades, ou à enrichir chacune de leurs parties, telles que les chapiteaux des ordres , leurs entablemens , leurs pié- deftaux , par des ornemens en bas rélief, en demi- bofle, en rond de bofle, 6. L’on appelle éncore décoration de fculpture , celle où l’architeétuge entrant pour quelque chofe , fert à la compoñtion des tom- beaux, des fontaines jailliflantes ou tout autre ou- _vrage pittorefque & contrafté , foûtent feulement fur des focles ou des empatemens qui leur fervent . de bafe. _ Les Grecs & les anciens Romains l’ont emporté de beaucoup fur nous pour la décoration d’architec- ture & de fculpture. Nos édifices en France les plus généralement approuvés , font ceux qui approchent le plus de la compoñition de ces maîtres du monde ; néanmoins il nous réfte beaucoup à faire pour arri- ver à la perfe@ion des monumens qui nous reftent de ces peuples. Sans doute la différence de notre climat , la difette des matieres, moins d’opulence, êt peut-être un goût trop national, ont contribué à ne les imiter que d’aflez loin, Mais d’un autre côté nous pouvons avancer fans prévention que, fi ces nations nous ont montré une fi belle route, nous Tommes à-préfent Les feuls qui puifions être imités des autres peuples, pour l’élésance des formes, le détail des ornemens & la commodité de la diftribu- tion; de maniere que dans les fiecles à venir on n’hé- fitera point de citer l’Architedure françoife à la fuite de la greque & de la romaïne, nos architeétes en ayant pour ainfi dire créé une relative à notre cli- mat & à nos befoins. La décoration intérieure a pour objet la magnif- cence des appartemens. Cette partie de l’Architec- ture eft fans contredit celle qui , après la diftribu- tion , fait le plus d’honneur à la France ; & on peut avancer qu'a l'exception de quelques ornemens peut-être trop frivoles que nos {culpteurs ont intro- duits dans leurs décorations, il n’eft point de nation, fans excepter l'Italie, qui entende auffi-bien cette partie que nous. Les hôtels deTouloufe, de Soubife, de Thiers , de Mazarin, de Biron, de Villars, €. peu- vent être regardés. comme autant de chefs-d’œuvre L: en ce genre, & l’on trouve dans leurs appartemens , D EC 702 la richeffe des matieres, la magnificence des meu- bles, la fculpture , la peinture , les bronzes, les gla- ces; diftribués avec tant de goût, de choix & d’in- tellisence, qu'il femble que ces palais foient autant de lieux enchantés, élevés par l’opiffence pour le {é- jour des graces & de la volupté. La décoration des jardins confifte dans l’art de cul- tiver avéc goût la nature, de maniere que ces deux parties concourent à former ces lieux délicieux que nous offrent abondamment les jardins de Verfailles, de Marly, de Meudon, de Sceaux "de Chantilly, &c. la plüpart-exécutés fur lés deffernstdele Nautre & de Manfard , & où fe trouvent raflemblés avec autant de choix que de profufon, les chefs-d'œu- viæde fculpture de nos plus célebres artiftes, les canaux, les fontaines, les cafcades, les bofquets , les terrafles, les efcaliers , les paliflades , les ber- ceaux de treillage ; enfin des pavillons, des fallons, des belvéderes, des vertugadins, des boulingrins., des figures & des vafes de métal, de marbre, de bronze , tout ce que l’art, le génie , Le goût & la ma- onificence peuvent offrir de plus fomptueux. C’eft l’aflemblage de toutes ces différentes parties, aidé d’une fituation avantageufe , d’une expoñtion convenable & dirigée par des mains habiles, qui attire Chez nousles nations les plus éloignées, & qui nous ont mérité la réputation de grands jardiniers ; nom célebre dû äux foins, à la vigilance & à la ca- pacité de la Quuntinie , de le Nautre & de le Blond ; enfotte que l’on dit de l’art du jardinage en France, comme de l’Architeéture, les yardins françois, qui fe diffinguent de ceux de l’Angleterre & de l’Italie ; les premiers n'étant recommandables que par leur gran- deur étonnante, une belle fimplicité, & un entretien très-recherche ; les feconds, par la difpofition des lieux, l'abondance des eaux & la fertilité du terroir; ceux-ci, quoiqu'embellis par le fecours de l’art & des artiftes, doivent leur plus grande beauté à leur f- tuation, & à un ciel plus favorable pour les produc- tions de la nature : avantage qui ne fe rencontrant pas chez nous, nous fait avoir recours à l’art, quoi- que l’on ne puifle difconvenir que nos jardins en général font plus verds, moins triftes, moins arides, & plus capables par cet endroit de fe plier au pou- voir deTart ; féduétion fatisfaifante pour nos jardins de propreté, & qui oppofe un contrafte ingénieux avec nos potagers , nos vergers, NOS parcs, nos bois & nos forêts | qui nous fait pafler alternative- ment dans un même lieu de l’agréable à l’utile, du merveilleux au féduifant, & enfin de la nature à l’art, Voyez plus bas DECORATION. (Jardinage. La décoration des théatres confifte en l’art de réndre par le fecours de la perfpe@ive , de la peinture & d’une lumiere artificielle , tous les objets que nous offre la nature. Rien de fi féduifant que ce que nous pourtoit préfenter l’art dans ce genre de chofes ; ce- pendant nous fommes forcés de convenir que de toutes les parties de la décoration, celle des théatres eft celle que nous entendons le moins. Je ne fais par quelle fatalité, avec les talens fupérieurs de plu- fieurs de nos artiftes, les François font encore fi éloignés des peintres d’Italie dans ce genre. Sans doute l’œconomie, le peu d’efpace de nos théatres, la difette de méchaniciens, l’indifférence de notre nation pour Les fpeétacles à cet égard ; le dirai-je l’ignorance des chefs ou des entrepreneurs de nos fpeétacles , eft la fource du peu de fuccès de nos dé: corations théatrales. À l'exception du célebre Ser= vandomi peintre italien, qu’eft-ce que la plüpart de nos décorateurs ? des peintres de chevalet qui n’ont jamais forti de leurs cabinets, qui ignorent l’hiftoiré, . les principes de l’arcmteéture , les regles de la pert- pèdive ; & qui bien loin de faifir le génie , le goût ou l’opimon des peuples d’où le poëme eft tiré, ap- 704 D € C -pliquent indiftinétement dans les paftorales preques, Les hameaux des environs de Paris ; dans les tragé- dies romaines, nos décorations françoifes ; dans leurs temples, des ornemens chimériques & hafar- <és : qui noustbréfentent des carrefours at leu de places publiques, des colonades , des péryftiles, des -portiques aufli peu relatifs à l'exécution, que peu vraïflemblables ; & où on ne remarque enfin ni cor- æeétion , ni effet, niplan, nienfemble ; déréglement “dont on ne parviendra jamais à corriger labus, qu’en envoyant pafler plufieurs années de fuite en Italie, les fujets qu’on deftine aux décorations théa- trales, comme la feule école qui foit en Europe pour ce genre de talens, Paris manquant abfolument d’ar- tiftes à cet égard. Joy. DECORATION ci-deffus. {P) DÉCORATION, (Jardin.) Cette partie qui dépend entierement du génie, eft pour ain dire la maniere d'inventer & de diftribuer les beaux jardins. Woyez DISTRIBUTION. On pourtoit entendre par décoration, les orne- ‘mens qui contribuent à embellir un jardin : il ne peut être mieux décoré que par de belles figures, des va- fes, des canaux, des fontaines, des cafcades, des portiques, des treillages, des caifles d’orangers , & des théatres, gradins & pots de fleurs. La décoration regarde encore les changemens de {cenes occafonnés par les fleurs des faifons : 1l y en a trois. Celle du printems dure pendant les mois de Mars, Avril & Mai, & préfente en oignons , pattes, &t gref- fes, les tulippes, les anemones, renoncules de Tri- poli, les jonquilles, baffinets, jacinthes, iris, nar- cifles, ciclamen printanier, couronne impériale, €rocus, En plantes & racines, les oreilles d’ours, hépati- ques, penfées, giroflées, primevers, violettes , mar- guerites , muguet. La décoration de l'été regne dans les mois de Juin, Juillet 8& Août, & eft moins abondante en oignons; mais elle eft très-riche en plantes & racines. En oignons 6: pattes , les tulippes tardives, les lys, martagons, frittilaires, pivoines, hémerocales, tu- béreules. - En plantes @ racines , les œillets, la véronique, les campanules, les croix de Jérufalem, mignardife, fain-foin d’'Efpagne , coque lourde , jaflée , siroflée, perficaire, fraxinelle, fcabieufe, marjolaine, genèt d’Efpagne, thlafpi, pavots, piés d’alouette, balfa- munes, tournefols, julienne , aconit, matricaire, valérienne, coquelicot, camomille, mufcipula, muf- fle de lion, immortelle, bafilic, œil de bœuf, fta- tiflée, | L'automne qui comprend les mois de Septembre, d'Oftobre & de Novembre, offre dans fa décoration en oignons ; La tubéreufe, le crocus, & le ciclamen autom- nal. En plantes & racines , les amarantes, les pafle-ve- lours , tricolor, oculus-chrifii, fouci, belle-de-nuit, _palma-chrifli, rofes d'Inde , œillets d’Inde, valérien- ne, rofes trenieres, reine-marguerite, œillets de la Chine, volubilis. (K) | DECORDER. Deécorder les moules, terme de Per- ruguier qui figmifie détacher & ôter les ficelles qu'on avoit mifes fur les moules pour aflujettir les che- veux qu’on y avoit roulés, & les empêcher de fe dé- frifer. Cette opération fe fait lorfque les cheveux ont été cuits fufhfamment dans le four, & qu'ils font .tefroidis. DECORTICATION.,{.£ (Pharmac.) eft l'aétion d’écorcer ou de peler des racines, des graines, des fruits, des branches d’arbres, 6c. ou de les dégarnir de leur écorce, de leur peau, de leur coffe, &c. Foyez ECORCE. DECOUDRE, v. a. c'eft en général defaflemi- bler ce qui wétoit unique par une couture, Foyeg COUDRE, DÉcoupre, (Marine) c’eft décloter quelques pieces du bordage ou du ferrage ; ce qui fe Fe lorf- qu’on a befoin de voir s’il n’y a pas quelque chofe de défeftueux fous ces pieces. (Z) DECOUPÉ, adj. er Blafon, eft un mot qu’on ap- plique à une piece de l’écuflon, par exemple à une croix dont les lignes extérieures font découpées, Il porte de fable à la croix découpée. Découpe eft différent d'avec édenté, en ce que le dernier eft régulier, mais le premier ne left pas. Voyez ÉDENTÉ. ) Ce blafon eft bien ancien : Jule Céfar portoit pour fymbole une tête de fanglier fur un bâton découpé. Découpé 1e dit auf au lieu de sronqué & coupé, & s'applique à une branche qui a été fciée à un arbre ou à une tige qui a été coupée & {éparée de la ra- cine. Chambers. Ronqueroles, de gueules découpé d'argent. (7) DECOUPER , ez termes de Blondier, c’eft lation de divifer à la main les centaines qui compofent une écale, en tournant la matiere autour de deux tournettes. Voyez cette opération décrite plus au long à l’article BLONDE. DÉCOUrER, ex terme de Boutonnier; c’eft l’aétion de retrancher d’un cerceau tout ce qui eft fuperflu au deffein qu’on veut lui faire prendre. On a pour cela des emportes-piece gravés en creux de ces def- feins , femblables à ceux du fleurifte artificiel ; on place le cerceau battu fur un billot, ou quelque chofe de cette nature, & on frappe fur la tête de l’emporte-piece qui couvre le cerceau entierement, & par-là celui-ci fe trouve découpé d’un feul coup. Découper, en terme de Découpeur ; c’eft former divers defleins dans une piece d’étoffe avec des fers faits à cet éffet, DÉcOUPER, (Jardin) On dit d’un parterre où l’on veut élever des fleurs , qu'il faut le découper eñ différentes pieces. (X) _ DECOUPEUR,, ouvrier qui fait des deffeins fur des étoffes par le moyen de fers gravés qu'il y appl- que à chaud. S , Cette efpece d'ouvriers forme une communauté peu nombreufe à Paris. Ils ont été fépares de celle des Brodeurs dont ils étoient membres autrefois. La mode des découpures étant venue, cette commu nauté fe vit compofée de plus de foixante maîtres à leur aife; mais Le terms de la nouveauté étant pañlé, ces ouvrages font fort déchüs, & le nombre des maîtfes fe réduit à huit, qui font même encore peu occupés. DÉCOUPEUR, f. m. (Pêche de La baleine) ceux des. mätelots qui débitent en petits morceaux les grandes pieces de lard qu’on enleve de deffus le poiffon. Les déconpeurs font armés d’un couteau très-plat, & ils font couverts de haïllons pour fe garantir de la graif- fe ; dont l'effet fur les parties nues du corps pañle pour fort dangereux. DECOUPEUSE, f. f. (Gazier.) c’eft une ouvrie- re occupée à couper les fils de la trame, qui quand fa gaze figurée eft faite, remplifent les intervalles des fleurs entre elles, Voyez l’article GAZE. Cette matiere tantôt fil, tantôt fil & foie, eft en quantité très-confidérable, & pourroit être employée à quel- qu'ufage , comme à la fabrique du papier. La décou- pure de la gaze peut être de reffource à toutes les perfonnes du fexe qui manquent de fortune , & qui feroient bien-aifes de trouverune occupation qui n’e- xigeât qu'un peu d’adreffe, & qui fournit dequot fubfiter, DECOUPLÉ , DECOUPLÉ, adj. er terme de Blafon; fignifie la même chofe que partagé ou divife, | Ainfi un chevron découplé, eft un chevron qui manque de pointe, & dont les deux extrémités font à une certaine diftance l’une de l’autre. (77) DECOUPLER , ferme de Riviere ; c’eft délier les bateaux qui font en trait lorfque l’on pañle des ponts ou pertuis. | _ DÉCOUPLER LES CHIENS, (Venerie,) c’eft les dé- lier quand ils font deux à deux. DECOUPORR , f. m. c’eft le cifeau dont fe fer- vent les ouvrieres qui découpent la gaze ; iln’a rien de particulier, finon que fes deux lames s’appro- chent &c fe féparent'comme les deux branches d’u- ne pince par un reflort fixé à la partie convexe d’u- ne des branches. DECOUPURE, f. f. voyez T'APISSERIE e7 papier, DECOURBER , £erme de Riviere ; c’eft dételer des chevaux attelés aux cordages. G DECOURS, f. m. (4f/ronom.) On dit que la lune eft en décours pendant le tems qu’elle pañle de l’op- poftion à la conjonétion, c’eft-à-dire dans la der- riere moitié de fon mois, qui s’écoule entre la pleine lune & la nouvelle lune fuivante. Il y a apparence que ce mot vient de ce que la lumiere de la lune di- minue depuis la pleine lune jufqu’à la nouvelle ; auffi ce mot eft-l oppofé à croiffanr. Voyez CROISSANT. Au refte on n’en fait plus guere d’ufage qu’en Aftro- logie, c’eft-à-dire pour des obfervations fans fon- dement & des prédiétions ridicules. Foyez INFLUEN- CE, ASTROLOGIE, &c. (O) DECOUSU , adje@. voyez CouDre. Cet adje@if marque la deftruétion de l’affemblage appellé cou- aure. DECOUSURES, f. m. ( Venerie.) c’eft ainfi qw°- on appelle les bleflures que le fanglier fait aux chiens avec {es défenfes. DECOUVERT , adj. voyez Les articles Décou- VERTE G DÉCOUVRIR. DÉCOUVERT , manëoe découvert. Voyez MANÉGE. DECOUVERTE, f. f. (PAïlofoph.) On peut don- ner ce nom en général à tout ce qui fe trouve de nouveau dans les Arts &c dans les Sciences ; cepen- dant on ne l’applique guere, & on ne doit même Pappliquer, qu’à ce qui eft non-feulement nouveau, mais en même tems curieux, utile, & difficile à trouver, & qui par conféquent a un certain degré d'importance. Les découvertes moins confidérables s'appellent feulement zzventions. Voyez DÉcou- VRIR. . Au refte il n’eft pas néceflaire pour une découverte que l’objet en foit tout à la fois utile, curieux, & difficile; les découvertes qui réumiflent ces trois qua- lités font à la vérité du premier ordre ; il en eff d’au- tres qui n'ont pas ces trois avantages à la fois; mais il eft néceffaire qu’elles en ayent au moins un, Par exemple, la découverte de la boufole eft une chofe très-utile, mais qui a pù être faite par hafard, & qui ne fuppofe par conféquent aucune difficulté yain- cue. La découverte de la commotion éleëtrique (voyez Coup ‘FOUDROYANT) eft une découverte très-cu- rieufe, mais qui a été faite aufli comme par hafard, qui par conféquentn’a pas demandé de grands efforts, .&t qui d’un autre côté n’a pas été jufqu’à préfent fort utile. La découverte de la quadrature du cercle fuppo- {eroit une grande difficulté vaincue ; mais cette de- couverte ne feroit pas figoureufement utile dans la pratique, parce que les approximations fuffifent , & qu’on a des méthodes d’approximation aufli exactes qu'il eft néceflaire. Voyez QUADRATURE. Obfervons cependant que dans une découverte dont le principal mérite eft la difficulté vaincue } il faut que lutihté au moins poflible s’y joigne, on du Tome 17, D E C 703$ moins la fingulatité: la quadrature du cercle dont nous venons de parler {eroitidans ce dernier cas; ce feroit une découverte difficile & finguliere, parce qu'il y a long-tems qu’on là cherche. Les découvertes, fuivant ce que nous venons de di- re, font donc le fruit du hafard ou du génie : elles font fouvent le fruit du hafard dans les chofes de pratique , comme dans les Arts & Métiers ; c’eft fans doute pour cette raïfon que les inventeurs des cho- fes les plus utiles dans les Arts nous font inconnus ; parce que le plus fouvent ces chofes fe font offertes à des gens qui ne les cherchoïent pas, & qu’ainfi le mérite de les avoir trouvées n’ayant point frappé, l'invention eft reftée fâns qu’on fe fouvint de l’in- venteur. À cette raifon on pourroit encore en join- dre une autre; c’eft que la plüpart des chofes qui ont été trouvées dans les Arts, ne l’ont été que peu- a-peu; qu'une découverte a été le réfultat des efforts fucceffifs de plufieurs artiftes, dont chacun a ajoù- té quelque chofe à ce qui avoit été trouvé avant lui, de maniere qu’on ne fait proprement à qui lPat- tribuer. Ajoûtez enfin à ces deux raifons, que les Ar- tiftes pour l'ordinaire n’écrivent point, & que la plüpart des gens de lettres qui écrivent, uniquement occupés de leur objet, ne prennent pas un intérêt bien vif à conftater les découvertes des autres, Les découvertes faites par le génie ont lieu princi- palement dans les Sciences de raifonnement: jene veux pas dire par-là que le génie ne découvre auffi dans les Arts ; je veux dire feulement que le hafard, en mâtiere de Sciences, découvre pour l'ordinaire moins que le génie. Cependant les Sciences ont aufi des, découvertes de pur hafard : par exemple, l’at- traction du fer par l’aimant ne pouvoit pas fe de- viner , ni par elle-même, ni par aucune analogie ;if a fallu qu'on approchât par hafard une pierre d’ai- mant d'un morceau de fer, pour voir qu’elle l’atti roit. En général on peut dire en matiere de Phyf- que, que nous devons au hafard la connoiffance de beaucoup de faits. Il y a auffi dans les Sciences des découvertes, qui font tout-à-la-fois le fruit du génie ou du hafard; c’eft lorfqu’en cherchant une chofe, & employant pour cela différens moyens que le génie fuggere, on trouve une autre chofe qu’on ne cherchoit pas. Ainf plufeurs chimiftes en cher- chant à faire certaines découvertes, & en imaginant pour cela difiérens procédés compofés & fubtils, ont trouvé des vérités fingulieres auxquelles ils ne s’attendoient point. Il n’y a aucune fcience où.cela n'arrive. Plufienrs géometres, parexemple, en cher chant la quadrature du cercle, qu’ils ne trouvoient pas, ont trouvé par hafard de beaux théorèmes, & d’un grand ufage, De pareïlles découvertes font une efpece de bonheur ; mais c’eft un bonheur qui n'arrive qu'à ceux qui le méritent ; & fi on a dit qu'- une repartie fine & faite à propos étoit la bonne for- tune d’un homme d’efprit, on peut appeller une dé. couverte de Pefpece dont il s’agit 24 bonne fortune d’ur horrime de génie : nous rappellerons à cette occafon ce que le roi Guillaume difoit du maréchal de Luxem- bourg fi fouvent fon vainqueur : {eff trop heureux pour n'être que cela. Les découvertes qui font le fruit du génie ( & c’eff de celles-là fur-tout qu'il doit être queftion) fe font, de trois mamieres ; ou en trouvant une ou plufeurs idées entierement nouvelles,:ou en joignant une. idée nouvelle à une idée connue, ou en réuniffant deux idées connues. La découverte de PArithmétique: femble avoir été de la premiere efpece ; car l’idée de repréfenter rous les nombres par neufchiffres, 8&z fur-tout d’y ajoûter le zéro, ce qui en détermine la valeur, & donne le moyen de faire d’une maniere abregée les opérations du calcul; cetteidée, dis-je, paroit avoir été abfolument neuve & D Er êc | VVvv 706 DEC a pù m'être occafionnée par aucune autre; c’eft un coup de génie qui a produit pour ainf dire fubite- ment toute une fcience à la fois. La découverte de l’Algebre femble être de la feconde efpece: en effet c’étoit une idée abfolument nouvelle, que de repré- fentertoutes les quantités pofhbles par des caraéteres généraux, & d'imaginer le moyen de calculer ces quantités , ou plûtôt de les préfenter fous Pexpreffion la plus fimple que leur état de généralité puifle com- porter. Voyez ARITHMÉTIQUE UNIVERSELLE, & le Difiours préliminaire du I. Volume. Mais pour rem- lir abfolument cette idée , 1l falloit y joindre le cal- cul déjà connu des nombres ou de l’Arithmétique ; car ce calcul eft prefque toüjours néceffaire dans les opérations algébriques , pour réduire les quantités à leur exprefion la plus fimple. Enfin la découverte de l'application de l’Algebre à la Géométrie eft de la troifieme efpece; car cette application a pour fon- dement principal la méthode de repréfenter les cour- bes par des équations à deux variables. Or quel rai- fonnement a-t-il fallu faire pour trouver cette ma- niere de repréfenter les courbes ? Le voici : une courbe, a-t-on dit, fuivant l’idée qu'on en a toù- jours eûe , eft le lieu d’une infinité de points qui fa- tisfont à un même problème. Foyez COURBE. Or un problème qui a une infinité de folutions eft un pro- blème indéterminé ; & l’on fait qu'un problème indé- terminé en Algebre eft repréfenté par une équation à deux variables. Voyez EQUATION. Donc on peut fe fervir d’une équation à deux variables pour repré- fenter une courbe. Voilà un raifonnement dofit les deux prémifles, comme l’on voit, étoient connues ; il femble que la conféquence étoit aifée à tirer: ce- pendant Defcartes eft le premier qui ait tiré cette conféquence : c’eft qu’en matiere de découvertes le dernier pas, quoique facile à faire en apparence, eft fouvent celui qu'on fait le plus tard. La décou- verte du calcul différentiel eft à-peu-près dans le mê- me cas que celle de Papplication de l’Algebre à la Géométrie. Voyez DIFFÉRENTIEL, APPLICATION, 6 GÉOMÉTRIE. Au tefte les découvertes qui confiftent dans la réu- nion de deux idées dont aucune n’eft nouvelle, ne doivent être regardées comme des découvertes, que quand il en réfulte quelque chofe d’important, ou quand cette réunion étoit dificile à faire. On peut remarquer aufh que fouvent une découverte confifte dans la réunion de deux ou plufeurs idées, dont chacune en particulier étoit ou fembloit être ftérile, quoiqu'elle eût beaucoup coûté aux inventeurs. Ceux-ci pourroient dire en ce cas de l’auteur de la découverte, J£c vos non nobis ; mais ils ne feroïent pas toùjours en droit d’ajoûter , suit alter honores : car la véritable gloire eft à celui qui acheve, quoi- que la peine foit fouvent pour ceux qui commencent, Les Sciences font un grand édifice auquel plufieurs perfonnes travaillent de concert : les uns à la fueur de leur corps tirent la pierre de la carriere; d’autres la traînent avec effort jufqu’au pié du bâtiment; d’autres l’élevent à force de bras & de machines; mais l’architeéte qui la met en œuvre & en place a tout le mérite de la conftruétion. En matiere d’érudition les découvertes proprement dites font rares, parce que les faits qui font l’objet de l’érudition ne fe devinent ê7 ne s’inventent pas, & que ces faits par conféquent doivent être déjà écrits par quelqu’auteur. Cependant on peut donner le nom de découverte, par exemple, à explication folide & ingénieufe de quelque monument antique qui auroiït jufqu’alors inutilement exercé les favans ; à la preuve & à la difcuffion d’un fait fingulier ou important jufqu'alors inconnu ou difputé ; & ainñ du refte. Voyez DECHIFFRER. - Il paroît que Les deux feules fciences qui ne foient 1, 4 EC pas fufceptibles de découvertes d'aucune efpece, font la Théologie & la Métaphyfique: la premiere, par- ce que les objets de Ia révélation font fixés depuis la naïflance du Chriftianifme , & que tout ce que les Théologiens y ont ajoûté d’ailleurs fe réduit à de purs fyflèmes plus ou moins heureux , mais fur lef- quels on eft libre de fe divifer , tels que les fyflèmes pour expliquer l’aétion de la grace, & tant d’autres objets; matiere perpétuelle de difputes , & quelque- fois de troubles. A l'égard de la Métaphyfique, f on en Ôte un petit nombre de vérités connues & dé- montrées depuis long-tems, tout le refte eft auf purement contentieux. D’ailleurs, les hommes ayant toûjours eu le même fond de fentimens & d'idées pri- nutives, les combinaifons en doivent être bien-tôt épuifées. En Métaphyfique les faits font pour ainft dire au-dedans de chacun ; un peu d’attention fufit pour les y voir: en Phyfique au contraire, comme ils font hors de nous, il faut d'ordinaire plus de fa- gacité pour les découvrir; & quelquefois même en combinant des corps d’une maniere nouvelle, ,on peut créer pour ain dire des faits entierement nou- veaux : telles font, par exemple, plufeurs expé- riences de l’éleétricité, plufieurs manœuvres de Chi- mie, &c. Je ne prétends pas conclure de-là qu'il y ait peu de mérite à écrire clairement fur la Métaphy- fique ; Locke l’auteur du sraité des [ÿflèmes fufn- roient pour prouver le contraire : & on pourroit leur appliquer le paffage d'Horace , difficile eff propriè communia dicere, 1] eft difficile de fe rendre propre ce qui femble être à tout le monde. (O0) DÉCOUVERTE, (Marine. ) être à la découverte, fe dit d’un matelot qu’on met dans la hune ou haut du mât pour découvrir de loin en mer. (Z) : DECOUVRIR , TROUVER, v. at. ( Gramm, Synon.) ces mots fienifient en général, acquérir pan Joi-même la connoïflance d’une chofe qui eft cachée aux autres. Voici les nuances qui Les diftinguent. En cherchant à découvrir, en matiere de Sciences, ce qu’on cherche, on srouve fouvent ce qu’on ne cher- choit pas; nous découvrons ce’ qui eft hors de nous , nous #rouvors ce qui n’eft proprement que dans no- tre entendement, & qui dépend uniquement de lui; ainfi on découvre un phénomene de phyfique ; on srou- ve la folution d’une difficulté. Trouver, fe dit auffi-des chofes que plufeurs perfonnes cherchent , 8 décou- vrir, de celles qui ne font cherchées que par un feul: c’eft pour cela qu’on dit, srouver la pierre philofo phale, les longitudes, le mouvement perpétuel, &c, &c non pas les découvrir : on peut dire en ce fens que. Newton a trouvé le fyftème du monde, & qu'il a dé: couvert la gravitation univerfelle, parce que Le fyftè- me du monde a été cherché par tous les philofophes, & que la gravitation eft le moyen particulier dont Newton s’eft fervi pour y parvenir. Découvrir, fe dit aufñ lorfque ce que l’on cherche a beaucoup d’im- portance , & srouver, lorfque l'importance eft moin- dre. Ainfi en Mathematique, & dans les autres Scien- ces, on doit fe fervir du mot de découvrir, lor{qu’il eft queftion de propoñtions & de méthodes généra- les, & du mot trouver, lorfqu’il eft queftion de pro- pofitions ou de méthodes particulieres, dont lufage eft moins étendu. C’eft dans ce même fens qu'on dif- tingue une découverte d’une fimple irvernon. Voyez Découverte. On dit auff, tel navigateur a décou. vercuntel pays, & il ya srouvé des habitans ; &c ainfi du refte. (O0 ) | Découvrir, ( Archireët.) c’eft ôter la couver- ture d’une maïfon, pour en conferver à part {es ma- tériaux. (2) DÉCOUVRIR LES TERRES, ( Marine.) c’eft com- mencer à les voir & à les diftinguer. (Z ) Découvrir, ex terme de Chauderonnier, c’eft donner le luftre aux pieces de chauderonnerie, Cela: s'exécute, pour celles de cuivre.jaune, en les.faifant bouillir dans de l’eau, de la gravelle, & de l’alun, &c les y remuant à plufieurs reprifes. Pour les preces de rouge, on les frotte d’une faumure quelconque, on les chauffe fur le feu, & on les jette dans Peau. Découvrir, v.a@, (Merteuren œuvre.) c’eft en- lever avec le poinçon propre à cet effet , les parties fuperflues de la fertiflure qui couvrent la pierre au- deflus de fon feuilleti,& qui lui ôteroient de fon éten- due : le poinçon dont on fe fert pour cela, eft nom- mé fer à découvrir, & n’eft autre chofe qu'un mor- ceau d’acier quarré non trempé, armé d’un bouchon de liege par le milieu, afin que l’ouvrier puifle s’en fervir commodément , & limé en pointe aux deux extrémités, l’une en s’arrondiffant, & l’autre quar- rément ; c’eft de l’extrémité ronde qu’on fe fert le plus fréquemment ; la quarrée n’eftique pour enle- ver les parties qui réfiftent à l’aétion du côté rond; car cette opération fe fait en appuyant avec force, avec le poinçon, fur la fertiffure par un mouvement de bas en-haut ; d’où il arrive que l’extrémité de la {ertiflure du côté de la pierre à force d’être compri- mée s’amincit & vient enfin à fe couper fur le feuil- leti de la pierre, qui eftun angle, & à s’en détachér. Découvrir, en terme de Rafineur, c’eft lever les efquires de deflus les formes, pour les retourner & les rafraîchir, ou les changer. Foyez RAFRAICHIR. DECRASSER. Décraffer un cuir, terme de Cor- royeur; c’eft une façon que ces ouvriers donnent aux cuirs, lorfqu’ils en ôtent, tant du côté de chair que du côté de fleur, ce qu'il peñt y avoir de trop de fuif, d'huile, & autres matieres qu'on a employées pour les préparer. Cette opération fe fait avec une pontelle de bois ou de liége, felon la qualité de la peau ou de l'ouvrage. Voyez CORROYEUR. DÉCGRASSER , v. a. (Orfévrerie.) ce terme a deux acceptions : il fignifie 1°. l’aétion d’épurer les matie- res lorfqw’elles font en fufon , & d'enlever de deflus le bain toutes les matieres terreufes qui pourroient faire corps, &c rendre les lingots poreux. Du favon jetté dans l’argent immédiatement avant que de le verfer dans la lingotiere , acheve de le nettoyer ; 1l rend même le lingot brillant. Pour l'or, l’adouciflement au borax eft Le plus für moyen de rendre le lingot fain. Ïl fignifie 2°. l’adion de bien nettoyer, décraffer les ouvrages deftinés à être foudès anx endroits que doit couvrir la foudure, & où la crafle pourroit em- pêcher la fufion, ou du moins la rendre imparfaite ; &g l'attention à ne pas ménager les lotions fur les bi- joux d’or qu’on eft obligé de mettre en couleur, à caufe du mat; dans ce cas les faletés occafionnent des taches, & obligent fouvent de recommencer l’o- pération. | | DECREDITÉ , qui n'a plus de crédit. Un négo- ciant décrédité eft un homme qui ne trouve pas à emprunter la moindre fomme. Une boutique décré- _ dirée eft une boutique où l’on ne voit plus de cha- lands, Une étoffe décrédirée eft celle qui n’eft plus de mode. Diéfionn. du Comm, &c de Trév. (G) DECREDITER , ôter le crédit à quelqu'un, li faire perdre fa réputation; cette expreflion a lieu dans le Commerce: par exemple, les envieux de ce négociant le décréditent par-tout par leurs calomnies, Décrépiter (Je), perdre foi-même fon crédit ou par fa mauvaife conduite ou par des accidens qui dérangent les affaires. Didhion. du Comm. E de Trev. Voyez CREDIT. (G) nn DECREPITATION , f. f. (Chimie. ) on entend par ce mot l’efpece d’explofion fucceflive ou par coups fecs & fouvent repétés , de certains fels ex- pofés au feu. Jufqu’ici on ne connoït communément que deux fels qui ayent cette propriété ; favoir le fel marin & le tartre vitriolé, Tome IF, D EC 707: Dans la décrépiration ces fels perdent l’eau de leur cryftallifation, & la fymmétrie de leurs cryftaux fe dérange totalement. "38 L'opération par laquelle on fait décrépiter un fel, s'appelle auffi décrépitation dans les laboratoires ; & le fel privé de l’eau de fa cryftalhfation, & réduit en poudre ou en petits éclats, s'appelle /e7 décrepiré. Cette opération n’eft uñtée que pour le fel marin en voici le manriel : « Faites rougir entre les char- » bons ardens un pot qui ne foit point verni; jettez » dedans environ une once de fel marm, puis le cou- » vrez ; 1h pétiliera & fe réduira en poudre : quand » le bruit fera ceflé, vous mettrez encore autant de » fel dans le pot, & vous continuerez de même juf- » qu'à ce que vous en ayez aflez. Lorfqu'ilne petil- »# lera plus, vous leretirerez du feu; & étant encore. » chaud, vous Le mettrez dans une bouteille que vous » boucherez bien, afin d'empêcher que l'air ne l’hu- » meéte ». Lemery, cours de chimie. | Le but de la décrépiration du fel marin eft de lui faire perdre l’eau de fa cryftallifation, mais fur-tout de lui ôter cette propriété même de décrépiter , qui deviendroit incommode dans la plüpart des opéra tions chimiques où ce fel eftemployé. Voyez SEL MARIN. (2) réa DECREPITUDE , f. f. (Medecine) fuite du dé- croiflement de l’âge , qui fe fait par degrés ; rerme de la vieilleffe , eft l’état de défléchement de tout Le corps, effet inévitable de la vie faine même, en con- féquence de laquelle tous les vaifleaux acquierent un tel degré de folidité, de rigidité , qu’ils font une réfiftance prefqu’invincible aux fluides qui font pouf fés dans leurs cavités, enforte qu’il fe contraétent , & fe refferrent pour la plüpart au point , que tont le corps devient aride, fans fuc ; prefque toute la graif- {e fe confume , ce qui faifoit auparavant une grande partie du volume du corps ; d’où il réfulte que l’on voit fur le dos de la main &êc au poignet des vieil. Jards , les tendons faïllans & recouverts de la. {eule peautude, écailleufe : les cartilagesintervertébraux {e raccorniffent, s’aminciüflent jufqu’à devenir pref- que nuls, êc laiffer les corps des vertebres fe tou- cher entr'eux, ce qui diminue confidérablèment la hauteur du corps, fait courber en-avant lépine du dos, rend les vieillards: comme boffus, en fait des fqueletes vivans par un vrai matafme dont la cau- fe eft naturelle, & dont la yie dure, laborieufe ,& trop exercée peut hâter les progrès, qui fe termi- nent par la mort; effet naturel de la conflitution du corps, dont les parties ayant perdu la flexibilité re- quife pour entretenir le mouvement qui fait la vie, ceflent d'agir, & reftent dans l’état de repos : d’où l’on peut conclure que les promeffes de ceux qui fe flattent d’avoir des moyens de prolonger la vie pref que jufqu'à l’immortalité, ne font que ja@tance & dupperie. Voyez MARASME. (4) DECRET , {. m. (Jurifprud. canomig.) on appelle ainfi plufieurs compilations d’anciens canons ; tels font le decrer de Bouchard de Wormes, ceux d'Yves de Chartres, & de Gratien : nous allons donner une idée de chacune de ces colleétions, ; Bouchard évêque de Wormes, s’eft rendu céle- bre, non-feulement par le zele avec lequel il rem- plifloit tous les devoirs de l’épifcopat, mais encore par le recueil de canons qu'ilcompofa vers l’an 1008, & qu'il nous a laïflé. Plufñeurs favans ayec lefquels il étoit lié, l’aiderent dans ce travail. Les anciens exemplaires de cet ouvrage ne portent aucun titre ; néanmoins divers paffages de Sigebert , chroricon, circa annum 1008 , 6 de fériptor. ecclef. donnent lieu de croire qu'il eut celui de rzagrum decrecorum volu- men, comme fafant un volume plus confidérable que la colleétion de Réginon & autres précédentes, Mais par la fuite on fe contenta de l’appeller decrer, VVvvi - 708 DEC & c’eft ce qui ef pareillement arrivé aux compila- tions d'Yves de Chartres & de Gratien, quoique dans l’origine ces auteurs leur euflent donné d'au- tres titres. | PA 12" A la tête de la colle®ion de Bouchard, on trouve une énumération dés principales fources’où il a pur- fé. Ces fources font le recueil dés canons, vulgaire- ment appellé /é'corps des canons, les canons des ap6- trés , les concilés d’outremer, par lefquels il entend ceux qui ont été tenus ez Grece, en Afrique : Gen 1Fa- lie, les conciles d'Allemagne, des Gaules, &'d’'Ef- pagne, les confäitutions des fouvérains pontifes, les évanoiles, & les'écrits des apôtres, l’ançien tefla- ment, les écrits de S. Gresoire,; de S. Jérome, de S.Auguftin, de S. Ambroife!, de S. Benoît, de S.'Ba- file, de S. Ifidore, le pénitentiél romain, ceux de Théodore archevêque de Cantorbery , & de Bede prêtre, dit Ze vénérable, Bouchard divife {on ouvrage en 20.livres. Il traite d’abord de l'autorité du pape, de l’ordination des évêques, de leurs devoirs, & de . de la maniere deles juger. Il pañle enfuite aux autres ordrés du clergé, aux églhifes , à leurs biens tempo- rels, & aux facremens. Dans le fixieme livre 6 les füivans , il traite des crimes &'des pénitences qu’on doit impofer pour leur expiation. Il entre à-cet évard dans le plus grand détail : 1l explique la maniere d’im- pofer & d’obferver la pénitence, &c les moyens de læ racheter, lorfqu’on fe trouvé dans limpoflbihté de l’accomplir. Tout ceci compofe la plus grande par- tie du decres de Bouchard , & conduit jufqu'au dix- feptieme livre. Dans le dix-huitieme, il eft parlé de la vifite, de la pénitence, & de la réconciliation des malades. Le dix-neuvieme, furnommé X corretfeur, traite des mortifications corpotelles , 8 des remedes pour lame que le prêtre doit prefcrire à chacun, {oit clerc, foit laic, pauvre ou riche, fain ou malade; en un mot aux perfonnes de tout âge, & de lun où de lautre fèxe. Enfin dans le vingtieme , qu’on ap- pelle Ze ivre des fpéculations, left queftion de la pro- vidence, de la prédeftimation , de l’avenement de l’antechrift, de fes œuvres, de la réfurre@ion, du jour du jugement, des peinès de l’enfer; & de la béatitude éternelle. | Cette colleétion de Bouchard eft extrèmement dé- feQueufe. Premterement , l’auteur n’a pas confulté les originaux des pieces dont il Pa compoiée, mais il s’eft fé aux compilatiôns antérieures ; de-là vient qu'ayant fait ufage , fur-tout de celle de" Reginon, connue fous le titre de diféplinis ecclefiafhicis & reli- gione chrifhuñé, d'où il a tiré, fuivant la remarque de M. Baluze, 670 articles , il en a copié toutes les fautes. Il fut eft même arrivé d’en ajoûter qui lui font propres , parce qu'il n’a pas entendu fon original, êx c’eft ce que nous allons rendre fenfible. Le recueil de Revinon eft partagé en deux livres; chacun d’eux commence par divers chefs d’information, auxquels Pévêque doit avoir égard dans l'examen qu'il fait de la conduite des clercs 87 des laïcs de fon diocèfe, Ces différens chefs font appuyés fur l'autorité des canons que Reginon a foin de rapporter. S'il fe fon- de fur plufeurs canons , après en avoir cité un, îl ajoûte fouvent dans l’article qui fuit ces paroles 24e Japrà, pour marquer qu'il s'agit en cet endroit du même chef d’information dont il étoit queftion à l’ar- ticle précédent. Maïs Bouchard s'eit imaginé que par ces paroles, wrde [upra, Réginon vouloit indi- quer la fource d’où Particle étoit tiré , "8" qu'ainfi elle étoit la même pour lors que celle du précédent. Céla eft canfe que les inferiptions de ces articles font fouvent faufles : par exemple ,Reginon , 26. II. cap. ccclxitj. cite un canon du concile d’Ancyre, & dans l'article fuivant il cite un antre canon avet l’infcrip- tion wrde fupra. Bouchard rapportant ce dernier ca- DE C venons de parler , 4u concile d'Ancyte.. C’eft par une femblable erreur qu’au Zv. IT. chap. 1. é5iy. où il rapporte les articles 407 & 408 du fiv. Il. de Re- ginon, 1 les attribue aù concile de Rioüen , parce qu'ils fuivent immédiatement l’article 406 tiré de ce concile, & qu'ils font accompagnés de la note vrde | Japra: En fecond lieu, on pent reprocher à Bouchard fon affeGation à ne point citer les lois civiles, {ur tout les capitulaires de nos rois , & en cela il n’a pas pris ReBinon pour modele. Aïnf ce qu'il emprunte réellement des capitulairés , il lattribue aux conci- les mêmes dont les capitulaires ont tranfcrit les ca- nons, Où aux faufles decrétales qu'ils ont adoptées en plufieurs endroits. Bouchard va même jufqu’à ci- ter à faux, plutôt que de paroître donner quelque autorité aux lois des princes. Nous nous contente- rons d'indiquer ici au leéteur Ze chapitre xxxviy. du lv, VIT, où 1l rapporte un paflage tiré de l’article 10$ du premier livre des capitulaires, commé étant d’un concile de Tolede, fans dire néanmoins de quel concile dé Tolede, quoique furvant la remarque des corretteurs romains au decret de Gratien fur le canon 34 de la caufe 27,queftion 2, le paffage ne fe trouvé dans aucun de ces conciles. Sion confulte M. Baluze dans fes notes fur Reginon, $, 22, & dans celles fur les capitulaires, on trouvera beaucoup d’autres exemples de cetté efpece. Il n’y a qu'une feule oc- cafion où Bouchard cite les capitulaires de Charle- magre, favoir au Zv. FT. chap. celxxxj. &E même it ne le fait que comme ayant été confirmés par les évêques aflemblés à Aïx-la-Chapelle. On ne peut rendre d'autre raïfon de cette conduite, finon que dans la décadence de la race de Charlemagne, l’em- pire des François étant divifé en partie orientale &r occidentale, & l'Allemagne s'étant fouftraite à la domination de nos rois Carlovingiens , un Allemand rougifloit de paroître refpeéter Les decrers des rois & des prélats de France. Enfin cette colleétion eff par femée de faufles decrétales ; mais en ceci Bouchard n'a fait que fiuvre le torrent de fon fiecle, pendant lequel Fautorité de ces decrétales s’établifloit de plus en plus. | L'importance &-la multiplicité de ces imperfec- tions n’ont point empêché Sigebert, ck. cx/. de fcrip- cor. ecclef. de prodiguer à cet ouvrage les éloges les plus outrés, comme fi en effet Bouchard n’eût jamais employé que des monumess authentiques, & qu'il. eût apporté à cet égard la plus fcrupulenfe exaditu- de. Mais telle étoit l'ignorance de ces tems-là, qu'on recevoit fans aucun examen tout ce qui étoit recuerllt par des auteurs de quelque réputation. Il n’eft donc pas étonnant fi ceux qui ont fait après lui de nou- veaux recueils de canons, ont négligé de remonter aux véritables fources, & ont par cette raïfon con- férvé les mêmes erreurs dans leurs compilations. Paflons maintenant au decrer d'Yves de Chartres. Yves de Chartres, né au diocèfe de Beauvais d'u ne famulle 1lluftre , entra dans fa jeuneffe dans l’ab- baye du Bec, & y fit de tels Do dans l'étude de la, Théologie fous le célebre Lanfranc, qu’il fut bien- tôt en état de l’enfeigner. Guy évêque de Beauvais, ayant raflemblé des chanoines dans un monaftere qu'il avoit fair bâtir en Phonneur de S. Quentin, il mit Yves à leur tête : cet abbé renouvella avec zele les pratiques aufteres de la vie canomiale , qui étoit tombée dans le relâchement. Dans la fuite Ur- bain IF. après ayoir dépofe Geoffroi évêque de Char- tres, nomma Yves à fa place, & le facra évêque : plufieurs prélats, furtout l’archevêque de Sens, s’op- poferent d’abord à cette entreprife du pape, 6€ chaf- ferent Yves de fon fiége ; mais il y fut rétabli. Dans le tems qu’il gouvernoit l'églife de faint Quentin à Beauvais, & qu'il y enfeignoit la théologie, il com- non, 44. X, cap. 7. Parttibue ; dans l'idée dont nous | pofa, vers l'an 1110, {oh grand recueil des canons & ; connu fousle nom de décres, quoiqu'il l’eût intitulé, ÆExcerptiones ecclefiafticariur regularum. Ce titre étoit d'autant plus convenable, qu'on ne trouve dans ce recueil aucun decres d'Yves de Chartres , mais {eu- lement des extraits tirés , foit des aftes de. divers conciles,, foit des lettres des fouverains pontifes, des écrits des SS, peres , ou bien enfin des ordonnan- ces des princes chrétiens, La préface qu'il y æjointe, annonce dans quelle vüe il a ramaflé ces monumens : c'eft, dit-il, afin que ceux qui font hors d'état de fe procurer fous ces écrits, puifent dans cette collec- tion ce qui peut leur être utile ; nous commençons, ajoûte-t-il, par ce qui concerne la foi, comme étant la bafe de la religion chrétienne ; nous met- tons enfuite fous différens titres ce qui regarde les facremens , la morale, la difcipline : & de cette fa- çon chaçun trouvera facilement ce qu’il lui importe de connoître. Cette préface mérite d’être Iîe ; elle montre un grand fonds d’érudition dans fon auteur, 6 fait fentir avec force combien il eft néceflaire aux prélats d’être verfés dans la difcipline eccléfiaftique. : L'ouvrage eft divifé en dix-{ept parties, dont cha- cune renferme un nombre confidérable d’articles : elles répondent aux 20 livres de Bouchard, & font rangées à-peu-près dans le même ordre. La premiere partie traite du baptême & de la confirmation, La. feconde, de leuchariftie, ‘du facrifice de la mefle , Êc des autres facremens. La troifieme , de l’'Eglife &t des chofes qui lui appartiennent, & du refpett qu'on doit avoir pour elles. La quatrieme, des fé- tes, des jeùnes, des écritures canoniques , des coû- tumes , & de la célébration du concile. La cinquie- me, de la primatie de l’évêque de Rome, du droit dés primats, des métropolitains, & des évêques. La fixieme , de la vie, dé l’ordination, & de la correc- tion des clercs , & des cas okelle a lieu: La feptie- me, de la tranquillité & de la retraite prefcrites aux religieux & religieufes, & des peines que méritent ceux qui n’ont point gardé le vœu de continence. Dans la huitieme, il eft parlé des mariages légiti- mes, des vierges, & des veuves non voilées, de ceux qui les raviflent, des concubines. Dans la neu- vieme, des différentes efpeces de fornication; du degré dans lequel les fideles peuvent fe marier, où doivent être féparés. Dans la dixieme, des homi- cides volontaires où involontaires. Dans la onzie- me, de la magie, des forciers. Dans la douxieme ’ du menfonge, du parjure, des accufateurs, des ju- ges , des faux témoins. Dans chacune de ces par- tes , On voit auf quelle eft la péniterñice qu’on im- pofe à ceux qui font dans l’un de ces différens cas. Les voleurs , les médifans, livrognerie, les furieux, &c les Juifs, font la matiere de la treizieme. La fui- vante traite de lexcommunication, des caufes pour lefquelles on l’encourt , &z de la procédure furvant laquelle elle doit être lancée, La quinzieme, de la pénitence de ceux qui font en fanté ou malades, & comment elle pent être adoucie. La feizieme, des devoirs & des caufes des laïcs. Enfin la derniere con. tient les fentences des SS. PP. fur la foi, l’efpérance, & la charité. | Yves a emptunté dans fa colle@ion beaucoup de chofes de Bouchard de Wormes ; fouyent même il fe contente de le copier mot à mot, & il ne l’aban- donne totalement qu’en deux circonftances : 1° fur ce qui regarde l’héréfie de Berenger qui s’étoit éle- vée de fon tems, & qu'il réfute en rapportant dans fa feconde partie beaucoupide paflages des conciles & des SS. PP. pour confirmer le dogme catholique fur la préfence réelle de J. C. dans le factément de l’euchariftie ; au lieu que Bouchard a gardé fur cette matiereun profond flence : 2°. ence que dans fa fei- ziéme partie à l’occafion des caufes des laïcs dont il parle, 1l cite fouvent le code Théodofien , les pan- DEC 709 | deétes:, le code, les novelles, les inflituts de Jufs tinien , & les capitulaires de nos rois ; ce que Bou chard n’a point fait. Vves eft même regardé com me Île premier qui dans l'Occident ait joint le dtoit civil au droit canonique ; il a été imité en cela par les compilateurs qui l’ont fuivi, Nous avons un autre recueil de canons d'Yves de Chartres, divifé en huit livres, qui porte le nom de Parnormie, Ce nom eff compolé des mots grecs war &C voue, où à la place de ce dernier du mot latin #or- ma ; 8Til indique que cette compilation renferme toutes les regles de la difcipline eccléfiaftique : quel- ques-uns doutent que cette colleétion foit d'Yves de Chartres, & ils fe fondent, 1°. fur ce que la préface eft la même que celle du æcrer, d’où ils concluent que Pun des deux ouvrages n’eft point de cet auteur: 2°. fur ce qu’on y trouve des decrers des papes Caklix- te IT, & Innocent II. qui n’ont cependant occupé le faint-fiége que depuis la mort d'Yves de Chartres : 3°. fur cé que les livres de Juftinien y font cités, Or ces livres n’ont été recouvrés, fuivant J acques Go- defroi in manuali juris, qu’en l’année ri 36 dans les ruines de Melphi ville de la Pouille , lorfque l’em- pereur Lothaire Il. chafla les Normands d'Italie, & Yves de Chartres eft mort en 1115 : ainfils croyent qu'il faut l’attribuer à un certain Hugues de Châlons. fur-Marne, ou à quelqu’autre écrivain Qui aura fait un extrait du décres d'Yves. Ils alleguent le témoi gnage de Vincent de Beauvais, qui dit 48. XXF- Jpeculi hiflorialis , cap. lxxxjv. que d’après le decreë d'Yves de Chartres, Hugues a compoié un petit li- vre portatif intitulé Z4 fomme des decrers d'Yves dé Chartres. Mais M. Baluze, dans fa préface fur les dialogues d'Antoine Aucuftin, de emendatione. Gra- tiani, rapporte qu'il a confulté un manufcrit très- ancien de l'abbaye de S. Vidtor de Paris, & deux autres manufcrits du monaftere de S, Aubin d’An- gers ; que cette colleétion ÿ eft appellée par-tout Pañnorrie, &t jamais /omme des decrers d'Yves : d’où 1l paroît, dit il, que le livre dont Vincent de Beau Vais fait mention, eft différent de celui - ci, [l préfu- me même que le manufcrit de S, Vi@tor eft antérieur au tems d’Hugues de Châlons, &c il juge ainfi fans doute par le caraétere de l'écriture : ajoûtez à cela que, felon la remarque d'Antoine Aupuftin évêque | de Lérida, puis archevêque de T'arragone en Efpa- gne , la parnormie ne peut être un extrait du dcree d'Yves, puifque ces deux collettions fe reffemblent en très-peu de chofes, Quant aux objeétions précédentes, on répond à la premiere qui naît de la répétition de la préface , qu’elle n’eft point dans plufieurs exemplaires de la pannormie ; voyez Antoïne Auguftin, Xb, L. de èmen- dat. Gratiant ,çap. j. D'ailleurs auteur a pi fe fervir de la même préface pour deux ouvrages qui ont le même objet, quoique diftribués & traités diférem- ment. La feconde obje@tion eft détruite par Le P. Ma: . billon: ce favant Bénédiétin, dont on ne peut fans imjuftice foupconner La bonnefoi, aflüre avoir vit deux manufcrits très-anciens de ce recueil, où le nom d'Yves de Chartres eft écrit , & où les decrers des papes Calixte IT. & Innocent Il. ne font point. En troifieme lieu, fi les livres de Juftinien fe trou2 vent cités dans ce recueil, cela prouve fimplement qu'ils ont été connus en France avant la prife de Mel: Phi, quoique ce foit-là l’époque où on ait commen cé à les enfeigner publiquement dans les écoles. Nous ne balançons donc point à reconnoître la pan- normie pour être d'Yves de Chartres, mais on igno- Vre fielle a précédé le decres ou non ; on eft obligé de s'en tenir fur ce fujet à des conjeQures bien legeres. Les uns difent qu'il eft aflez vraiflemblable que la pannormie étant d’un moindre volume, & fon au< teur la voyant recûe favorablement, & entre les . 710 DEC mains de ceux qui s’appliquoient à l'étude du-droit canonique, il fe foit dans la fuite propofé un plus grand ouvrage, tel que Le decrer, pour y traiter les chofes avec plus d’étendue. Les autres prétendent au contraire que par cela même que la pannormie eft plus abregée , 11 y a lieu de croire qu'elle a été faitedépuis , & avec plus de foin. D'ailleurs elle a, dit-on, dans plufieurs exemplaires cette infcription, decreta parva Yvonis, qui temble avoir rapport à quelque ouvrage antérieur plus confidérable , qu’on aura fimplement appellé decreta, Quoi qu’il en foir, ces deux compilations d'Yves de Chartres font re- commandables, en ce qu'il y traite avec précifion tout ce qui regarde la difcipline eccléfiaftique , & ail les a enrichies de décifions tirées du droit vil; comme nous l'avons déjà obfervé : de plus, elles font d’un grand ufage pour réformer Gratien; & Du- moulin, profeffeur en droit de Louvain, qui nous a donné en 1561 la premiere édition du decrer d'Yves de Chartres, déclare s’en être utilement fervi à cet égard. Mais Yves de Chartres eft repréhenfble d’a- voir finivi les faufles decrétales, & de n'avoir pas confulté les véritables fources. Ce que nous venons de dire fur ces deux colleétions nous paroïît fufire ; nous nous étendrons davantage fur celle de Gratien comme plus importante , &c faifant partie du corps du droit canonique. | Gratien de Chiufi en Tofcane, embraffa la regle de S. Benoît dans le monaftere de S. Felix de Boulo- gne. Vers l’an 1151, fous le pontificat d’Eugene Ii. & le regne de Louis VII. dit le Jeune, il publia un nouveau recueil de canons, qu'il intitula /2 concorde des canons difcordans , parce qu’il y rapporte plufeurs autorités qui femblent oppolées , & qu'il fe propofe de concilier, Dans la fuite il fut appellé fimplement decret. La matiere de ce recueil font les textes de lé- criture , les canons des apôtres , ceux d’environ 105 conciles, favoir des neuf premiers conciles œcumé-. niques, en y comprenant celui de Trulle ou le Quini- Sexte, & de 96 conciles particuliers ; les decrétales des papes, les extraits des SS. PP. comme de S. Am- broife, S. Jérôme, S. Auguftin, S. Grégoire, Ifidore de Seville, &c. les extraits tirés des auteurs ecclé- faftiques, les livres pénitentiaux de Théodore, de Bede, & de Raban-Maur archevêque de Mayence; le code Théodofien, les fragmens des jurifconfultes Paul & Ulpien , les capitulaires de nos rois, lhifioi- re eccléfiaftique, le livre appellé porrifical, les mé- moires qui font reftés fur les fouverains pontifes, le diurnal & l’ordre romain. À ces autorités il joint fréquemment fes propres raifonnemens, dont la plû- part tendent à la conciliation des canons : il met auffi à la tête de chaque diftinéion, caufe, ou quefhon, des efpeces de préfaces qui annoncent en peu de mots la matiere qu'il va traiter. Au refte l'énumération des fources qu'employe Gratien, prouve qu'il étoit un des hommes les plus favans de fon fiecle, malgré . le grand nombre de fautes qu’on lui reproche avec raïfon, comme nouslle démontrerons inceflamment. L'ouvrage de Gratien eft divifé en trois parties. La premiere renferme cent & une diftinétions ; il nomme aïnf les différentes feétions de cette premie- re partie & de la troifieme, parce que c’eft furtout dans ces deux parties qu’il s'efforce de concilier les canons qui paroiffent fe contredire , en diftinguant les diverfes circonftances des tems & des lieux, quoi- qu'il ne néglige point cette méthode dans la fecon- de. Les vinet premieres diftinétions étabhffent d’a- bord l’origine, lautorité, & les différentes efpeces du droit, qu'il divife en droit divin & humain, ou # . . , 0 naturel & pofitif; en droit écrit & coûtumier, en droit civil & eccléfiaftique. Il indique enfuite les principales fources du droit eccléfiaftique , fur lef- quelles il s’étend depuis la diftinétion 15° juiqu’à la D E C 20° : ces fources font les canons des conciles, les decrétales des papes , êc les fentences des SS. PP: De-là il pañle aux perfonnes, & on peut foûdivi- fer ce traité en deux parties , dont l’une qui tient depuis lasa 1° diflinétion jufqu’à la 92°, regarde l’or- dination des clercs 8 des évêques ; & l’autre , qui commence à la 93° difinétion & conduit jufqu'à la fin, parle de la liérarchie & des différens degrés de’ jurifdiétion. La feconde partie du decrer contient trente -fix caufes, ainfi nommées de ce qu’elles font autant def. peces & de cas particuliers, fur chacun defquels il éleve plufieurs queftions. Il les difcute ordinaire- ment en alléguant des canons pour & contre , & les termine par l’expoñition de fon fentiment. Cette partie roule entierement fur les jugemens eccléfiaf- tiques ; il en diftingue de deux fortes, les criminels & les civils. Il traite en premier lieu des jngemens criminels comme plus importans, puifqu’ils ont pour fin la punition des délits, & pañle enfuite aux juge-1 mens civils inflitués pour décider les conteftations qui naïffent entre les particuliers. Dans cette fecon- de partie, Gratien obferve peu d’ordre , non-feule- ment il intérrompt celui que d’abord il femble s’e- tre prefcrit, & s'éloigne de fon objet, mais quel- quefois même il le perd entierement de vûe : c’eft- ce qui lui arrive à la queftion 3 de la caufe 35°; il avoit commencé dans la caufe 27° à parler du ma- triage , & avoit deftiné dix caufes à cette matiere qui eft très-abondante ; mais à l’occafon d’un rai- fonnement qu'il fait avant le canon XIL que/£. 17. caufe 3. il quitte fon fujet pour examiner s’il eft per- mis aux pénitens de contracter mariage. Une pa- reille digreflion w’étoit peut-être pas tout-à-fait de-: placée, à caufe que fuivant l’ancienne difcipline , la pénitence publique étoit un des empêchemens du mariage; du moins on pouvoit l’excufer, fur-tout: Gratien reconnoïffant au commencement de la quef- tion 3° qu'il s’étoit un peu écarté : mais dans cet en- droit là même il fait un autre écart bien plus con- fidérable ; car à l’occafon de cette queftion 3° dont Le fujet eft, fi on peut fatisfaire à Dieu par la feule: contrition intérieure fans aucune confeflion de bou- che, il s’étend fur la pénitence d’une mamiere fi pro- lixe, que les interpretes ont jugé à -propos de foûdi- vifer ce traité en fept diftinétions : enfuite à la quef- tion 4° ilreprend le mariage, & continue d’en par- ler jufqu’à la caufe 36°, où finit la feconde partie du decrez. La troifieme partie eft divifée en cinq diftinétions, & eft intitulée de la confécration. Dans la premiere il s’agit de la confécration des églifes & des autels : dans la feconde , du facrement de Peuchariftie : dans la troifieme, des fêtes folennelles : dans la quatrie- me, du facrement de baptème : & dans la derniere, du facrement de ia confirmation , de la célébration du fervice divin, de l’obfervation des jeûnes, & en- fin de la très-fante Trinité, Cette troifieme partie n’eft point entremêlée des rafonnemens deGratien, fi ce n’eft au canon 50° de la diftinétion 1°, & aux canons 19 & 20 de la 4° : la raifon qu’en donne l’au-- teur de la glofe , eft qu'il faut parler fobrement & avec retenue des facremens ; un pareil motif dans Gratien eût été extrèmement fage , & mériteroit fans doute nos éloges : mais nous croyons être en droit de les lui refufer à ce fiet, & c’eft ce dont le leéteur jugera , lorfque dans la fuite nous lui aurons rendu compte de la réflexion que fait cet auteur fur les ca- nons de la diftinétion 1° de pœnitenrid, #7, L’obfervation que nous venons de faire fur la troi- fieme partie du decret étant particuhere à cette par- tie, il convient de joindre ici celles qui regardent toutes les trois également, excepté néanmoins que fur la maniere de citer les canons, nous envoyons à CITATIONS DU DROIT CANONIQUE. La premiere ui fe préfente eft que Gratien n’a point mis à {es di- Andions ou caufes ; des rubriques, c’eft-à-dire des ti- tres qui annoncent le fujet de chacune, comme on avoit déjà fait dans les livres du droit civil, & com- me les compilateurs des decrétales qui font venus après lui , l'ont pratiqué ; mais les interpretes y ont fuppléé dans Gratien , & ont pris foin de placer à la tête de chaque diftinétion ou queftion des fommai- res de ce qui eft traité dans le courant de la feéion. En fecond lieu , on trouve fouvent dans le decrer,des canons avec cette infcription , palea : les canoniftes ne s’accordent pas entre eux fur la fignification de ce mot; quelques-uns penfent qu’il eft métaphori- que, & fert à défigner que les canons ainf appellés méritent peu d’attention , & doivent être féparés du trefle comme la paille doit l'être du bon grain ; d’au- tres ont cru qu'il dérivoit du mot grec ra maAaiæ, c'efl-à-dire antique , comme fi cette infcription indi- quoit que ces canons renferment des points de dif- cipline entierement abrogés par l’ufage : plufeurs enfin le font defcendre defadverbe grec œaaw, en latin iserum , & veulent lui faire fignifier que ces ca- nons ne font autre chofe que des répétitions d’au- tres canons ; mais ces différentes étymologies font toutes fans aucun fondement , puifqu’en effet ces canons contiennent fouvent des chofes importantes qui ne fe trouvent point être répétées ni contraires à l’ufage moderne : ainfi nous préférons comme plus vraiflemblable Îe fentiment de ceux qui croyent que le mot palea eft le nom propre de celui qui a fait ces additions , qu'il étoit un des difciples de Gra- tien, qu’on l’éleva par la fuite à la dignité de car- dinal. Antoine Auguftin, qui penche vers cette der- niere opinion , /b. I. de emendatione Gratiani , dialog. IT. in fine ; nous dit que de fon tems il y avoit à Cré- mone une famille qui portoit le nom de Palea. Il conjeQure, que Palea le difciple de Gratien & l’au- teur des canons qui ont cette infcription, étoit de la même famille. Quoi qu’il en foit , les correcteurs ro. mains dans leur avertiflement nous apprennent qu’il y a très-peu de ces canons dans trois exemplaires manufcrits de Gratien, fort anciens, qui paroiïflent écrits peu de tems après lui; que dans un manufcrit très-corrigé ils font en marge fans aucune note par- ticuhere, mais qu’on n’y trouve point tous ceux qui font dans les exemplaires imprimés , & récipro- quement qu'il y en a plufieurs dans celui-ci qui man- quent dans les imprimés ; que dans un autre manuf- crit dont le caraétere eft très-antique , tous les ca- nons ainf. dénommés font à la tête du volume , & d’une écriture plus récente ; que dans un autre exem- plaire ils y font tous, ou du moins la plüpart, les uns avec l’infcription pale, & les autres fans rien qui les diftingue. Ils concluent de ces diverfes obferva- tions , que ces additions ne: font point toutes du mê- me tems; qu’elles onfd’abord été mufes en marge; que plufeurs font peut-être de Gratien lui - même ; qu’enfuite par l’inattention des Libraires, les unes auront été omifes, les autres inférées dans le texte, tantôt en les joignant aux canons précédens , tantôt en les en féparant. Antoine Auguftin dans l'endroit cité ci- deflus , va plus loin ; il prétend qu'aucune de ces additions n’eft de Gratien; qu’elles ont tou- tes été mifes après coup; & que même pour la plus grande partie , elles n’étoient point inférées dans le decret du tems de Jean Semeca , furnommé le Teuto- nique, un des premiers interpretes de Gratien, at- tendu qu’on trouve peu de glofes parmi celles qu’il a écrites fur Le decres qui ayent rapport à ces canons. Mais ce qu’il importe le plus de remarquer dans cette colle@ion, ce font les imperfeétions dont elle €ft remplie ; il fuffira de les réduire ici à quelques chefs prinçipaux, & d’en indiquer les caules, Pre- D E C TI mierement Gratien à fait ufage de la compilation d’I= fidore & de plufieuts autres monumens uppotés. I nous a propoié comme la vraie difcipline de l’Eglife, celle qui a pour bafe ces faufles decrétales & ces mo- numens apocryphes ; & parce qu’elle ne s’accorde pas avec la difcipline établie fur les écrits de S. Léon, de S. Grégoire & des autres peres pendant l’efpace de plus de huit fiecles,il les a fouvent altérés lorfqu'il les a cités, en y ajoûtant, rettanchant où changeant quelque chofe ; ou bien il a employé des moyens de conciliation abfolument incompatibles, tant avec ces écrits qu'avec la difcipline dont ils nous donnent l’idée. Il s’eft pareillement fervi fans aucun examen de tout ce qui pouvoit contribuer à étendre la juif. diétion eccléfiaftique , & à fouftraire les glercs à la jurifdiétion féculiere. C’eft dans cette vüe qu'il mu- tile des canons ou des lois, ou qu'il leur denne un fens contraire à celui qu’ils préfentent. De plus, il a inféré dans fon decres touchant l’ordre judiciaire eccléfiaftique beaucoup de chofes empruntées du droit civil, & entierement inconnues pendant les premiers fiecles. Bien loin de rappeller À ce fujet les anciens canons & les écrits des SS. PP. il na cher ché qu’à fomenter la cupidité des juges eccléfiafti- ques, en autorifant à la faveur des faufles decrétales la coûtume déjà introduite dans leurs tribunaux d’a- dopter toutes les formalités des lois civiles, & les abus pernicieux qui en réfultent. Outre les altéras tions & les faufles interprétations dont nous venons de parler, il a mis fouvent de fauffes infcriptions à fes canons ; il attribue aux papes ceux qui appar- tiennent à des conciles ou à de fimples évêques. C’eft ainfi qu'il rapporte des canons comme étant du pape Martin tenant concile, quifont ou de conciles orien- taux , ou de Martin de Brague auteur d’une compila- tion. Il fe trompe encore fréquemment fur les noms des perfonnes., des villes, des provinces & des con- ‘ciles. Enfin il cite comme d’auteurs recommanda- bles , tels que S. Grégoire, S. Ambroiïfe, S. Auguftin & S. Jérôme, des paflages qui ne fe trouvent nulle part. Ce feroit néanmoins une imprudence de re- jetter fans exception comme apocryphe ce que Gra- tien rapporte, par la raifon qu’on ne trouve point le paflage dans l’auteur ou le concile qu’il cite. Gra- tien a pü fans doute voir beaucoup de chofes qui ont péri dans la fuite par l’injure des tems, ou qui demeurent enfevelies dans les bibliotheques. Pour rendre fenfble la pofbilité de ce fait, nous nous contenterons d’un feul exemple. Le canon jv. cauf. j. quef£. 3. a pour infcription, ex concilio Urbani papæ habrco Arvernie : le P. Sirmond favant jéfuite n'ayant pas trouvé ce canon parmi ceux de ce concile qui ont été publiés, mais parmi les canons non impri- més d’un concile que tint à Nîmes Urbain II. à la fin du fecond fiecle , il avertit, #2 ancirrherico fecundo ad verfus Petrum Aurelium, p. 97. que l’infcription de ce canon eft faufle dans Gratien, & qu’on doit l’at- tribuer au concile de Nimes. Mais ce reproche eft mal fondé ; car les anciens manufcrits prouvent que ce canon a d’abord été fait au concile de Clermont en Auvergne , tenu fous Urbain II. & enfuite renou- vellé dans celui de Nimes. Voyez les nores de Gabriel Coffart, rome X. col, 530. Les erreurs de Gratien proviennent en partie de ce qu’il n’a pas confulté les conciles mêmes, les mé- moires fur les fouverains pontifes, ni les écrits des faints peres , mais uniquement les compilateurs qui l'ont précedé , dont il a adopté toutes les fautes que leur ignorance, leur inattention,ou leur mauvaife foi leur ont fait commettre ; & en cela il eft lui-même imexcufable : mais d’un autre côté on doit en impu- ter le plus grand nombre au fiecle où il vivoit. En effet, l’art de l’Imprimerie n’étant pas alors décou- vert, on ne connoloit les ouvrages des favans 712 D EC que par les manufcrits ; les copifles dont on étoit obligé de fe fervir pour les tranfcrire, étoient ordi- nairement des gens peu exa@s & ignorans : les fau- tes qu’ils avoient faites fe perpétuoient, lorfque fur un même ouvrage on n'avoit pas plufieurs manuf- crits, afin de les comparer enfemble, ou lorfqu’on négligeoit de prendre cette peine. D'ailleurs, du tems de Gratien on recevoit avec vénération des picces fuppoées, entr'autres les faufles decrétales ; la difcipline qu’elles renferment étoit généralement reconnue pour celle de l’Eglife, fur-tout dans l'u- niverfité de Bologne. Avouons de plus, pour n’ê- tre pas injuftes, qu’au milieu des faufles autorités qu'il allegue, ou de celles qu'il interprete mal , 1l rapporte des canons & des pañlages des faints peres, qui font un miroir fidele de l’ancienne difcipline ; ainf en féparant le vrai d’avec le faux, fon ouvrage eft d’une grande utilité pour bien connoître cette difcipline que l’Eglife a prefcrite autrefois; qu'elle a toûjours fouhaité & qu’elle fouhaite encore de re- tenir, autant que les circonftances des tems & des lieux le permettent, ou de rétablir dans les points qui font négligés. Elle a dans tous les tems exhorté les prélats de travailler à cette réforme, Ge a fait des efforts continuels pour remettre en vigueur la pratique des anciens ujages. Après le tableau que nous venons de tracer, & où nous avons raffemblé fous un point de ve facile à faifir, les imperfe@ions du recueil de Gratien, qui ne s’étonnera de la prodigieufe rapidité avec laquelle il parvint au plus haut degré de réputation ? cepen- dant à peine vit-il le jour, que les jurifconfultes & les théologiens fe réunirent à lui donner la préféren- be fur toutes les colleétions précedentes: on l’en- feigna dans les écoles, on le cita dans les tribunaux, on en fit ufage dans les nouveaux traités de jurifpru- dence & de théologie fcholaftique ; les compilations des decrétales qui lui fuccéderent, en emprunterent pareillement beaucoup de chofes, ou y renvoyerent, comme au code univerfel des canons. On s’embar- rafla peu fi Gratien étoit conforme aux originaux qu'il citoit, fi ces originaux étoient eux-mêmes au- thentiques & non fuppofés, ou du moins interpolés ; il parut fufifant de lavoir pour garant de ce que l’on avancoit. Nous voyons que dans le cap. 1. de capellis nonachorium in prima colleëlione ; on attribue au con- cile de Clermont fous Urbain IL, un decres qui ne fe trouve dans aucun des conciles tenus fous ce pape , fuivant la remarque des correcteurs romains, au canon IT. caufe xvj. queff. 2. mais dans cet endroit Gratien avoit rapporté ce canon comme appafte- nant à ce concile ; & dans le cap. xy.extra de renun- siat. le pape Innocent III. objeéte l'autorité du faux concile de Conftantinople tenu fous Photius contre Tonace ancien patriarche de ce fiége, parce que Gra- tien avoit cité le deuxieme canon de ce conciliabule fous le nom du vrai concile de Conftantinople, C’eft ainfi que l’autorité de Gratien en impofoit ; & pour en concevoir la raifon, il faut recourir aux circonf- tances. Premierement , la méthode dont il fe fert lui fut avantageufe ; avant lui les compilateurs s’étoient contentés de rapporter fimplement les canons des conciles, les decrers des papes , & les paflages tirés foit des faints peres, foit des autres auteurs : mais Gratien voyant qu'il repnoit peu de conformité en- tre ces canons & ces paflages, inventa pour les con- cilier de nouvelles interprétations, & c’eft dans cette vèe qu'il agite différentes queftions pour & contre, & les réfout enfiute. Or la fcholaftique qui traite lesmatieres dans ce goût, avoit pris naïflance environ vers ce tems-là ; c’eft pourquoi la méthode de Gratien dut plaire aux doéteurs de fon fiecle. En fecond lieu , Gratien ayant emprunté beaucoup de ghofes des livres de Juftinien retrouvés en 1137, & DE € qu'on commençoit de fon tems d’enfeigner publi- quement dans les écoles de l’univerfité de Boulogne, les doéteurs de cette univerfité ne purent qu'accueil- lir favorablement un pareil ouvrage : or cette uni- verfité étant la feule alors où florifoit le droit ro-: main , le concours des étudians qui y venoient de toutes parts étoit prodigieux. Ils virent qué fur le droit canonique les profefleurs fe bornoient à expli- quer & commenter le decrer, & de-là ils enrent in- fenfiblement pour ce recueil une grande eftime. Lorfqu’après avoir fini leur cours d’études 1ls re- tournerent dans leur patrie, ils y répandirent l’idée favorable qu’ils avoient prife du decrer, & de cette maniere 1l devint célebre chez toutes les nations policées. Mais ce qui contribua le plus à fon fuccès, ce fut l’ufage que fit Gratien des faufles decrétales fabriquées par [fidore, à deffein d’angmenter la puif fance du pape, & des autres pieces fuppofées , ten- dantes au même but, que celui-ci n’avoit ofé hafar- der de fon tems ; ainfi l’ouvrage de Gratien fut ex- trèmement agréable aux fouverains pontifes & à leurs créatures : il n’eft donc pas étonnant qu'ils fe foient portés à le faire recevoir par-tout avec autant d’ardeur qu’ils en avoient eu auparavant pour la col- leétion d’Ifidore. re La célébrité même du decrer fut ce qui excita dans la fuite plufieurs favans à le revoir avec foin, pour . en corriger les fautes. Il parut honteux que ce qui faifoit le corps du droit canonique , demeurât ainf défiguré. Vers le milieu du feizième fiecle, MM. de Monchy & Leconte, l’un théologien, & l’autre pro- feffeur en droit, furent les premuers qui fe hvrerent à ce pénible travail. Ils enrichirent cette colleétion de notes pleines d’érudition, dans lefquelles ils ref- tituerent les infcriptions des canons , &c diftingue- rent les vrais canons des apocryphes. M. Leconte avoit joint une préface où il montroit évidemment que les lettres attribuées aux fouverains pontifes qui ont précedé le pape Sirice, étoient fuppoñées. Il confia {on manufcrit à une perfonne , qui le fit im- primer à Anvers l’an 1570, mais entierement mutilé & imparfait. Cette édition eft défeétueufe, en ce qu’on y a confondu les notes de MM. de Monchy & Leconte, quoiqu’elles foient très-différentes, & fe combattent quelquefois. De plus, le cenfeur des livres s’imaginant que la préface portoit atteinte à l'autorité légitime du pape, en retrancha beaucoup de morceaux ; il s’y prit néanmoins fi mal-adroite- ment, qu'il nous refte des preuves certaines de fa fupercherie. Cette préface de M. Leconte eft rap- pellée dans quelques-unes de fes notes. Par exem- le, fur le canon L. caufe xxx. quefl. 5. qui eft tiré de la faufle decrétale du pape Evarifte, M. Leconte fait cette remarque : ous les decrers qui portent le rom de ce pape, doivent être regardes comme Juppofés, ainfe que je l'ai fait voir dans ma préface. Nous avons d’ail- leurs un long fragment de cette même préface à la tête du some IV. des œuvres de Charles Dumoulin, édit. de Paris de 1681. On y retrouve le jugement que porte M. Leconte fur les faufles decrétales &c les autres monumens apocryphes employés par Gra- tien. Un pareil jugement lui fait d’antant plus d’hon- neur, que le flambeau de la critique avoit pas en- core difñpé les ténebres profondes de l'ignorance où l'on étoit plongé à cer égard. | | On vit bientôt fuccéder d’autres corrections, tant à Rome qu’en Efpagne , à celle qu'avoient faite MM. de Monchy &c Leconte. Les papes PieI V. & Pie V. avoient d’abord conçu ce deflein, & choif, pour l’exécuter quelques perfonnes habiles ; mais les recherches qu’entraînoit après elle une revifon exatte , étoient fi confidérables, que du tems de ces, fouverains pontifes on ne put rien achever. A la. mort de Pie V, on éleva fur le faint fiége Hugues Buoncomp- PE TC Buoncompagno, qui prit à fon avénement le nom de Grégoire XIII. Il étoit de Boulogne, & y avoit profeflé le droit canonique. Étant enfuite parvenu au cardinalat, 1l fat un de ceux qu’on chargea de corriger le decrer. Ce fut fous fon pontificat qu'on mit la derniére main à cette grande entreprife. Dans le tems qu'on s'y apphquoit à Rome, Antoine Auguftin travailloit de fon côté en Efpagne , & écrivoit fur ce fujet deux livres de dialogues. Il étoit à la fin de {on ouvrage quand'on lui apporta l’édition de Rome, ce qui hui fit compofer des additions qu'il plaça à la lite de chaque dialogue, & on y retrouve lés cor- rettions romaines. Ces deux livres de dialogues ont été téimprimés par les foins de M. Baluze , qui y a joint des notes, tant fur Antoine Auguftin que fur Gratien. Elles fervent fur-tout à indiquer les diffé- fentes leçons des plus anciens exemplaires de Gra- ‘tien, foit imprimés , foit manufctits. Pour parvenir au but qu’on fe propofoit à Rome, de purger le recueil de Gratien de toutes les fautes dont ilétoitrempli, on fouilla dans la bibliotheque du Vatican, dans celle du monafteré deS. Dominique, & das plufieuts autres On invita les fcavans de tous les pays à faire la même chofe, & à envoyer À Rome leurs découvertes, Ces précautions ne furent point inutiles ; on réuflit en grande partie à remettre chaque chofe dans le vrai rang qu’elle devoit oc- cuper dans cette colleétion ; c’eft-à-dife qu’on difingua avec aflez d’exaétitude ce qui appartenoit aux conciles généraux, aux papes, aux concilés provinciaux & aux faints peres. L’avertiflement au lecteur qui eft à la tête du decres, annonce le plan qu'on a {uivi dans la revifion es en à faite, foit pour reflituer les véritables infcriptions des canons, {oit pour corriger le texte même. À l'égard de la ref ütution des infcriptions , fi l’erreur étoit évidente, ëc fi quelques exemplaires de Gratien s’accordoient avec la véritable infcription & la citation faite par les autres compilateurs, on ne balançoiït pas dans ce cas d'ôter la faufle infcription, & de fubftituer la vraie à fa place. Si le canon, quoique de l’auteur cité par Gratien, fe trouvoit pareillement dans un autre auteur (car fouvent lés mêmes fentences fe rencontrent dans plufeurs auteurs) , alofs on rete-. noît la citation de Gratien , & on fe contentoit d’in- diquer l'endroit où l’on tronvoit le même canon dans un autre auteur ; & comme quelquefois il ar- rive qu’une partie du canon foit de l’auteur cité, & VPautre n’en foit pas, ou du moins que les paroles en foient fort changées, on a eu foin de prévenir le leéteur fur toutes ces chofes ; & de plus on a noté en marge les endroits où fe trouvoit ce même canon dans les autres compilateurs, fur-tout dans ceux qui ont beaucoup fervi à réformer Gratien. Quant à la corre@ion du texte, voici la méthode qu'on a obfervée, 1°. On n’a point changé les com- iencemens desfanons ; mais lorfqu'ils différoient de l'original, on a mis à la marge où dans une note la vraie leçon. La précaution de retenir les com- mencemens des canons étoit néceflaire, parce que jufqu'au jems de M. Leconte, qui le premier a dif- tingué les canons par chiffres, on les citoit par les premiers mots ; enforte que fans cette précaution on aufoit eu peine à trouver dans les compilateurs plus anciens , les endroits de Gratien rapportés par M. Leconte, 2°. On a eu cet égard pour la glofe, qu’on n'a point changé le texte, toutes les fois que le Changement pouvoit empêcher de fentir ce que la glofe avoit voulW dire; mais on a indiqué feulement la faute à la marge ou en note. Si le changement du téxte ne produifoit pas cet inconvénient, on fe dé- terminoït pour lors fuivant l’intention que Gratien paroïfloit avoir eue. S'il fembloit avoir voulu rap- porter les propres termes des auteurs qu'il çitoit, on Tome IF, o 4 Far, D E C 733 les corrigéoit d’après l'original; quelquéfois mème, fi cela étoit très-utile , on ajohtoit quelques mots : mais fi la leçon vulgaire paroïfloit la meilleure, on la confervoit, & on meéttoit En marge le rexté oti- ginal, Si lintention de Gratien m'étoit pas de rap= porter les mêmes paroles, mais feulement un fom- maire qu'il eût fait lui-même, ou Yves de Chartres, Ou quélqu’autre compilatéut, alors on Cortrigeoit , Ou On n’ajoûtoit prefque rien, à moins qu'il ne parût très-utile de reftituér la leçon de l’endroit d’où Gra- tien avoit tiré ce qu'il tapportoit, Enfin on a répeté très-louvent cette noté, qu'o7 4 rapporté Les termes de l'original, afin que céla n’échappe point au lec- teur, & qu'il puifle s’épargner la peine d'aller con- fulier les originaux. Tél eft le plan auquel les cor- reéteurs romains fe font conformés exa@tement >» & dont on a la preuve dans Le texte des notes , & dans les différencés qui fe rencontrent éntre le déeres cor- rigé & celui qui ne left bas. On préfimé aifémént que la corredion du derer de Gratién fut agréable aux fcavans ; mais ils trou. verent qu'on avoit péché dans la forme en plufieurs ponts. Îls auroiént fur-tout defiré qu’on n’eût pas altéré les anciennes & vulgaires lécons de Gratien À & qu'on fe fût conténté d'indiquer les variantes, en. laiffant au leéteur la faculté de juger pat lui-même laquelle de ces leçons étoit la plus vraie, Cette va- rièté de leçons auroit quelquefois fervi, foit à éclair cit l’obfcurité d’un canon , foit à lever les doutes qu'il préfente , foit à découvrir l’origine de la leçon employée par des auteurs plus anciens. On crut en core qu'il n’étoit pas convenable que les correttèurs romains euflent pris fur eux de changer linfcription de Gratien, quoiqu’elle fe trouvât quelquefois conf. tamment la même dans tous les exemplaires , foit imprimés foit manufcrits. En effet, il eft arrivé de-là qu'on a fouvent fait dire à Gratien autre chofe que ce qu'il avoit en vüûe ; le canon üj, de la diftinc- tion ÿ4°. en fournit une preuve, Dans toutes les anciennes éditions il y a cette infcription, ex con- cilio Moguntienfi, fi ce n’eft que MM, de Monchy & Leconte au lieu de Mogunrienfi mettent Guntinenfe , êt 11s réemarquent à la marge que ce canon eft tiré du canon 8°. du premier concile de Carthage, Les cor- rétteurs romains voyant que cette obfervation étoit jufte , ont effacé l’infcription qui fe trouve dans tou: tes les éditions, & ont fubflitué celle-ci, ex concilio Carthaginenf: primo, ce qui ne devoit être mis qu'en marge , comme avoient fait MM. de Monchy & Le- conte. À la vérité dans la note qui eft au-deflous, ils font mention de l’ancienne infcription, & indi- quent la fource d’où la correétion eft tirée; mais ils n’ont pas toüjours eu pareïlle attention dans toutes les occafons : prenons pour exemple le canon 34» de la diftinétion so. qui a cette infcription dans toutes les anciennes éditions , Rabañus archiepifcopus feribit ad Heribaldum, Les correéteurs romains ont ajoûté, Lib. pœnitentiali, cap. 1°. fans faire aucune mention que c’étoit une addition de leur part. Or cette inf cription non-feulement n’eft point celle de Gratien, mais elle eft faufle en elle-même , tandis que l’inf- cription de Gratien étoit la vraie. Il n’y a aucun livre pémitenciel de Raban qui foit adreflé à Héribalde ; mais nous avons une lettre de lui à ce même Héri- balde , où l’on trouve ce canon au chap. x, & non au premier. Voyez La-deffus M. Baluze , tant dans fes notes fur ce canon, que dans fa préface {ur cette lettre de Raban. De même l’infcription du canon jv. de la diftinétion 68. fuivant la correction romaine ; eft : de his ita fcribit Leo primus ad epifcopos Germania & Galliæ, Cette infcription eft non-feulement con- traire à celle de toutes Les éditions de Gratien , elle eft encore manifeftement faufle. Îl eft certain par la teneur de la lettre, qu’on ne peut l’attribuer 4S. Léon X Xxx Va: 714 D EC comme l’obferye M. Baluze dans fes notes fur ce ‘canon , & comme le prouve très-folidement le LS Quefnel dans fa onzieme differtation , qui eft jointe aux œfivres de S. Léon, où il avertit qu’elle ef de- lon les apparences de Léon III. & conféquemment que l’infcription de Gratien qui la donne fimplement à Léon, fans marquer fi c’eft au premier ou au troi- fieme, peut être vraie. Ces exemples font voir qu'on {e plaint avec raifon de ce qu'on a ôté les inferip- tions de Gratien pour en fubflituer d’autres; mais on fe plaint encore plus amerement de ce qu’on n’a point laiflé le texte même du canon , tel que Gratien Pavoit rapporté. C’eft ainfi que dans le cazon III, canfe viij. que. 1. après ces mots, /4dicio epifcopo- rum , les correéteurs romains ont effacé , de leur aveu, celles-ci qui fuivoient , & eletfione clericorum , qu’on trouvoit dans tous les exemplaires de Gratien, même manufcrits. Ils juftifient cette licence en di- fant que ces paroles ne font ni dans la fource origi- nale, ni dans les autres compilateurs. Mais m’eût-il pas été plus à-propos de conferver le texte en en- tier, & d’avertir feulement dans les notes que cette addition ne fe trouvoit nulle part? Peut-être Gra- tien avoit-il vû quelqu’exemplaire du concile d’An- tioche d’où eft tiré ce canon III. qui contenoit cette addition. Quélquefois ils ont changé le texte, en avertiflant en général qu'il y a quelque chofe de changé, fans dire en quoi confifte ce changement , comme dans Le can. VII. caufe xxxjv. queft. 1. Enfin ils ont fait des additions fans faire mention d'aucune corredion , comme au canon I V. de la diftinétion xxij. dans lequel, après ces paroles, de Conffantino- poliranä ecclefié quod dicunt, quis eam dubitet Jèdi apofiolicæ efle fubjeétam, on lit celles-ci, qued & D. pülfimus imperator, & frater nofler Eufebius ejufdem c1- vitaris epifcopus , affiduè profitentur. Or cette phrale n’eït ni dans les anciennes éditions de Gratien, ni dans les manufcrits, ni. dans l’édition de MM. de Monchy & Leconte ; d’où il eft évident qu’elle a été ajoûtée par les corretteurs romains, quoiqu'ils ne l'infinuent en aucune maniere. Il s’enfuit de ces di- vers changemens dänfcriptions & de textes, que c’eft moins l'ouvrage de Gratien que nous avons, que celui des correcteurs romains. Il s'enfuit encore que beaucoup d’autres paffages cités d’après Gratien par d’autres auteurs, ne fe trouvent plus aujour- d’hui dans fa colle&ion. En un mot, il eft hors de doute que les fautes mêmes des auteurs ne fervent fouvent qu’à éclaircir la vérité, fur-tout celles d’un auteur qui pendant plufieurs fiecles a été regardé dans les écoles, dans les tribunaux , & par tous les théologiens & canoniftes , comme un recueil com- plet de droit eccléfaftique. Concluons donc que quoique le decres corrigé foit plus conforme en plu- fleurs endroits aux textes des conciles, des peres, & des autres auteurs où Gratien a puifé, cependant fi on veut confulter la colleétion de Gratien, telle qu’elle a été donnée par lui, reçue & citée par les anciens théologiens & canoniftes, il faut alors re- courir aux éditions qui ont précedé celle de Rome. Lorfque la revifon du décrer fut finie à Rome, Grégoire XIIL. donna une bulle qui en fait l'éloge, & où il ordonne à tous les fideles de s’en tenir aux correttions qui ont été faites, fans yrien ajoûter, changer ou diminuer. Mais les éloges du fouverain pontife n’empêchent pas qu’il ne foit refté dans le de- cret beaucoup de fautes qui ontéchappé à la vigilance des corretteurs romains, & de pieces fuppofées qu'ils ont adoptées ; & c’eft ce dont Bellarmin lui-même convient, de Jéripe. eccl. in Gratian. En effet qui ne fait que le decrec eft parfemé de faufles decrétales fabri- quées par Ifidore, fans qu'il ait efluyé à cet égard la cenfure des correcteurs romains ? Ils y renvoyent mê- me fouvent , comme à des fources pures ; & bien D E C loin de regarder ces decrétales comme fuppofées , ils ont omis de deffein prémédité les notes de M. Le- conte, qui les rejettoit pourla pläpart. Que dirons- nous des canons que Gratien rapporte fous le nom du concile d’'Elvire, & fur lefquels les corretteurs ro- mains ne forment aucun doute, quoique le fçavant Ferdinand Mendoza, 4h. 1. de confirm. conc. Eliberir. cap. vj. fafle voir évidemment qu’ils font fuppofés, &c que plufeurs d’entr’eux font des canons de divers conciles confondus en un feul ? Qui ignore que dans ces derniers fiecles nous avons eu des éditions corrigées de plufeurs faints peres , où l’on rejette comme faufles beaucoup de chofes que Gratien a rapportées fous le nom de ces peres, & que les cor- reéteurs romains ont crû leur appartenir. Cela étant aipfi, onne doit point, d’après la correéhon ro- maine , admettré comme pur & conforme aux four- ces originales, tout ce dont Gratien a fait ufage, ni les changemens & les notes que les correéteurs ont faits. Il faut convenir en même tems que depuis cette: correttion , celle de M. Leconte n’eft point inutile , 1°, parce qu'il a rejetté plufeurs canons dont tout le monde reconnoit aujourd’hui la faufle- té, quoique les correéteurs romains les aient rete- nus : 2°. parce qu'il a mis en marge bien des chofes d’après original pour fuppléer aux fragmens de Gra- tien , lefquelles ont été omifes par les correéteurs : 3°. parce que les mêmes corretteurs ont quelquefois fuppléé d’après l'original aux canons rapportés par Gratien, fans faire aucune diftinétion du fupplément & du texte de Gratien ; enforte qu'on ne peut fa- voir précifément ce que Gratien a dit. Mais lorfque M. Leconte fupplée quelque chofe d’après les fources ou d’ailleurs, foit pour éclaircir ou rendre le texte complet, il diftingue le fupplément du refte dutexte, par un caraétere différent. La liberté néanmoins qu'il prend de fuppléer, quoiqu’avec cette précaution, lui eft reprochée par Antoine Auguftin, parce que, dit-il, la chofe eft dangereufe, les libraires étant fu- jets à fe tromper dans ces occafions, & à confondre ce qui eft ajoûté avec ce qui eft vraiment du texte. Nous avons vû en quoi confiftent les diverfes cor- reétions du decret , il nous refte à examuner quelle eft l'autorité de cette colleétion. Il n’eft pas douteux que le recueil de Gratien n’a recu de fon auteur aucune autorité publique, puif- qu'il étoit un fimple particulier, & que la légiflation eft un des attributs de la fouveraine puiflance. On ne peut croire pareillement que le fceau de cette au- torité publique ait été donné au decrer, parce qu’on l’enfeigne dans les écoles ; autrement la pannormie auroit été dans ce cas, puifqu’avant Gratien on l’ex- pliquoit dans plufeurs univerfités ; & c’eft néan- moins ce qui n’a été avancé par qui que ce foit. Plu- fieurs écrivains ont prétendu que le decrez avoit été approuvé par Eugene IIT, fous Le pontificat duquel . Gratien vivoit : mais ils ne fe fondent que fur le feul témoignage de Tritheme ,'qui en cela paroït très-fu£ pet ; puifque S. Antonin archevêque de Florence, dans fa fomme hiftorique; Platina, de vitis pontifi- cum, & les autres auteurs qui font entrés, fur l’hif- toire des papes, dans les plus grands détéils, n’en font. aucune mention. Aufhi voyons-nous qu'Antoi- ne Auguftin dans fa préface fur les canons péniten- ciaux, n’héfite point à dire que ce qui eft rapporté _par Gratien, n’a pas une plus grande autorité qu'il n’en avoit auparavant. C’eft ce que confirme une differtation de la faculté de Théologie deParis, écrite en 1227, & qu'on trouve à la fin du maître des fen- tences. Le but de cette differtation eft de prouver que ce que difent S. Thomas, le maître des fenten- ces, & Gratien, ne doit pas toüjours être regardé comme vrai; qu'ils font fujets à l'erreur; qu'il leur eft arrivé d’y tomber, & on en cite des exemples, S'il étoit permis d’avoir quelque doute fur autorité du decrer de Gratien, il ne pourroit naître que de la Bulle de Grégoire XIII. dont nous avons parlé c1- défflus; par laquelle il ordonne que toutes Les cor- rections qu’on y a faites foient ferupuleufement con- fervées , àvec défenfes d’y rien ajoûter, changer ou retrancher. Mais fi Pon y fait attention, cette bulle raccorde réellement aucune autorité publique à la colleétion , elle défend feulément à tout particulier d'entreprendre de fon autorité privée de reroucher à un ouvrage qui a été revû par autorité publique. Si l’on entendoit autrement les termes de cette bulle, comme ils regardent indiftinétement tout le decrer dé Gratien, il s’enfuivroit que non-feulement ce que Gratien cite fous le nom de cazons, d’après les con- ciles, lesdettres des papes, les écrits des SS, peres, & autres montimens, devroit avoir cette autorité, mais encore fes opinions particulieres & fes raifon- nemens, ce qui feroit abiurde, & ce que perfonne n’a ofé foûtenir. En effet, lorfque Gratien dans la diff. 1. de pœnitentiä , après avoir difcuté pour. & contre, s'il eft néceffaire de fe confefler au prêtre, ou s’il {ufit de fe confefler à Dieu, pour obtenir la remiflion des pechés mortels dans le facrement de pénitence , conclud à la fin du canon 89, après avoir cité de part & d'autre une infinité de paffa- ges, qu'il laifle au lecteur la faculté de choïfir celle de ces deux opinions qu'il croit être lasplus conve- nable, mais que toutes deux ont leurs partifans gens fages & très-religieux : dira-t-on que ce jugement de Gratien , qui flotte entre ces deux opinions, a été approuvé par l’Eglife? ne dira-t-on pas au contraire avec les correéteurs romains , qu’on doit être per- fnadé de la néceffité de fe confefler au prêtre , ainfi que le prefcrit le concile de Trente après les autres conciles ? Il réfulte de tout ceci, que Le recueil de Gratien n’a aucune autorité publique , ni par lmi- même, ni par aucune approbation exprefle des fou- Verains pontifes ; que ce qui y eft rapporté n’a d’au- tre autorité que celle qu’il a dans l’origine, c’eft-à- dire, que les canons des conciles généraux ou par- ticuliers, les decrétales des papes , les écrits des SS. peres qu'on y trouve , ne tirent aucune force de la colledion oùils font raflemblés, mais ne confervent que le degré d'autorité qu'ils avoient déjà par eux- mêmes ; que les raïfonnemens inferés par Gratien dans cette colle@ion, n’ont d'autre poids que celui que leur donne la vérité, & qu'on ne doit tirer au- cune conféquence des rubriques ajoûtées par les do- teurs qui font venus après lui aix différentes fcétions de cet ouvrage. | Après avoir rempli les divers objets que nous nous étions propofés pour donner une idée exaête du ge- cret de Gratien, nous croyons ne pouvoir mieux tet- miner cet article, pour ceux qui cherchent à s'inf- truire dans Gratien de l’ancienne difcipline, qu’en leur indiquant les meilleurs auteurs qu’on puifle con- fulter fur cette colle@ion. Nous les réduifons à trois : favoir Antoine Auguftin, de emendatione Gratiani , avec les notes de M. Baluze : Vanefpen, nouvelle édition de Louvain 1753, qui non-feulement a fait fur le decres de Gratien un commentaire abrégé très- bon, mais encore des remarques fort utiles fur les Canons des anciens conciles, tels que les 1°" conciles tecuméniques, ceux d’Ancyre, de Néocéfarce, de Gangres, d'Afrique, &c. dont beaucoup de canons font rapportés dans Gratien ; voyez le trosfieme volume de Vanefpen: enfin M. Dartis qui a commenté aflez au lons tout le decrer, eft Le troifieme auteur que nous indiquons , en avertiflant néanmoins qu'il eft infé- rieur aux deux, premiers. Ces article ef? de M. Bou- CHAUD, doiteur agerégé de la facalié de droit. DecrerT, (Jurifp.) ce terme eft quelquefois pris pour la loi faite par le prince: quelquetois il fignifie Tome IF, D E C NS cé qui éft ordonné pat le juge , & fingulieremient certaines contraintes décernées contre les accufés, ou la vente qui fe fait par juftice des immeubles fai- fis réellement ; enfin ce terme fe prend auffi pour les délibérations de certains corps. (4) DECRET D’AJOURNEMENT PERSONNEL, eft un jugement rendu en matiere criminelle contre l’ac- cuié, qui le condamne à comparoître en perfonne devant le juge, pour être oùi &'interrogé fur les faits rélultans des charges & imformations & autres fur lefquels le mimiftere public voudra le faire interro- ger, & pour répondre à fes conclufions. On ordonne le decres d’ajoïlrnement perfonnel, lorf- que les charges ne font pas aflez graves pour decre- ter de prife de corps, & qu’elles font trop fortes pour decreter fimplement d’afligné pour être oui. On con- vertit aufh le decret d'afligné pour être oùti en decres d’ajournement perfonnel, lorfque l’accufé ne eompare pas. | a. Le decret d’ajournement perfonnel n’eft communé= ment ordonne qu'après avoir où les conclufons du procureur du roi ou du procureur fifcal, fi c’eft dans une juftice feigneuriale ; cependant le juge peut auf decreter d'office, lorfqu’en voyant un procès il trou- ve qu'il y a lieu à decréter quelqu'un. Ce decrer por- te que l’accufé fera ajourné à comparoir en perfonné un tel jour ; le délai en eff reglé fuivant la diftance des lieux comme en matiere civile. Ce decrer: emporte dé plein droit interdiétion con- tre l’accufé de toutes les fonétions publiques qu'il peut avoir. Les procès-verbaux des juges inférieurs ne peu- vent être decretés que d’ajournément perfonnel, juf: qu’à ce que leurs afliftans ayent été repetés ; & les procès-verbaux des fergens & hunffiers, même des cours fupérieures, ne peuvent être décrétés, finon en cas de rébellion, & d’ajournement perfonnel feu- lement ; mais quand ils ont été repetés & leurs re- cords , le juge peut decréter de prife-de-corps s’il y échet. La déclaration du roi du mois de Décembre 1680, défend à toutes les cours d'accorder des arrêts de défenfes d'exécuter les decrers d’ajournement perfon- nel qu'après avoir vü les informations ,-lor{qu'ils fe- ront émanés des juges eccléfaftiques ou des juges royaux ordinaires pour faufleté, malverfation d’of ficiers en Pexercice de leurs charges, ou lorfqu'il y aura d’autres co-accufés decrétés de prife-de-corps. Il eft auffi ordonné par la même déclaration, que les accufés qui demanderont des défenfes attache- ront à leur requête la copie du decres qui leur a été fignifie ; que tous juges feront tenus d'exprimer dans les decrets d’ajournement pérfonnel le titre de l’accu- fation , à peine d’interdiétion , & que toutes les re quêtes foient communiquées au procureur général de la cour où elles font pendantes. Il dépend de la prudence du juge, d'accorder ou de refufer les défenfes requifes. | La peine de celui qui ne compare pas fur l’ajour- ment perfonnel, eft que l’on convertit le decres en pfife-de-corps. Voyez l’ordonn. de 1670 , tit. x. (4) DECRET D'AJOURNEMENT SIMPLÉ, c’eft le nom que l’on donnoit autrefois au decres que nous appel lons préfentement d’affigné pour être oùi.. (A DECRET D’ASSIGNÉ POUR ÊTRE QUI, eft un jus sement rendu en matière criminelle , par lequel le juge ordonne que l’accufé fera affigné pour être oi par fa bouche iur les faits réfultans des charges &c informations, & pour répondté aux conclufons que le procureur du roi voudra prendre contre lui. , On ordonne ce decres lorique les charges font le- geres, ou que l’accifé eft une perfonne de confidé- tation ou officier, public, afin de ne lui point faire perdfe trop légérement fon état par un decrer de pri- Re 736 DEC fe-de- corps ou un ajournement petfonnel qui em- porteroit interdiétion ; car c’eft le feul point en quoi le decrer d'affigné pour étre oùi differe de l’ajournement perfonnel. Si l’accufé ne compare pas, le décret d'affigné pour être oi doit être converti en ajournement perfonnel. Celui contre lequel il y a feulement un decres d'af- figné pour étre oùi , ne peut être arrêté prifonmier s'il ne furvient de nouvelles charges, ou que par délibé-- ration fecrette (fi c’eft dans une cour fouveraine), il ait été arrêté, ce qui ne peut être ordonné par au- cun autre juge. Voyez l’ordonn, de1670o, tit.x. (4) DECRETS DES CONCILES, font toutes les déci- fions des conciles, foit généraux, nationaux, ou pro- vinciaux : le concile prononce ordinairement en ces termes, decrevit fanla [ynodus ; c’eft pourquoi ees décifons font appellées decrets. On comprend fous ce nom toutes les décifions, tant celles qui regar- dent le dogme & la foi, que celles qui regardent la difcipline eccléfiaftique : on donne cependant plus volontiers le nom de cuzon à ce qui concerne le dogme & la foi, & le nom de decrers aux reglemens qui ne touchent que la difcipline. Les decrers des con- ciles, même œcuméniques, qui concernent la difci- pline, n’ont point force de loi dans le royaume, qu’- ilsn’ayent été acceptés par le roi & par les prélats, & publiés de l'autorité du roi. En les acceptant, le roi & les prélats peuvent y mettre telles modifica- tions qui leur paroïffent néceflaires pour le bien de l'Eglife & la confervation des droits du royaume. C’eft en conféquence de ce principe, que le concile général de Baïle fit préfenter fes decrers fur la difei- pline au roi Charles VII. & aux évêques de Péglife gallicane, pour les prier de Les recevoir & de les ac- cepter. Le concile de Trente n’a point été reçu en Fran- ce, quoique les papes ayent fait propoler plufieurs fois de le recevoir fans préjudice des droits du roi & des libertés de l’églife gallicane. Il ne laiffe pas d'y être obfervé pour les canons qui regardent la foi êc le dogmé, mais il ne l’eft pas pour les decrers qui re- gardent la difcipline. Il a été reçu dans les états du roi d'Efpagne, mais avec des modifications. Les decrets des conciles nationaux & provinciaux doivent aufl être préfentés au roi pour avoir la permifhon de les publier ; autrement ils n’ont point force de loi dans le royaume, parce que le roï en qualité de Fhaoes de l’églife gallicane a le droit de veiller ce que les regles eccléfaftiques que l’on veut éta- blir ne contiennent rien de contraire aux droits de fa couronne, ni aux libertés de l’églife gallicane dont il eft le défenfeur. Voyez M. d'Hericourt, ex fes lois eccléfiaff. part. I. chap. xyv. & ce qui a été dit au mor CoNCILe. (4) DECRET DANS LES BULLES, eft une claufe par laquelle le pape ordonne quelque chofe au fujet du bénéfice qu'il confere, où pour mieux dire c’eft une loi qu’il impofe au bénéficier. foyez BULLE. (4) Decrer FoRCÉ, eft la faifie réelle & adjudica- tion par decres d’un immeuble qui fe pourfuit en juf- tice à la requête d’un créancier qui n’agit point de concert avec la partie faife, à la différence du decres volontaire où le pourfuivant ne fait que prêter fon nom à la partie faifie, Voyez SAISIE RÉELLE & VENTE PAR DECRET. (4) Decrers (faculté des), eft le nom que l’on don- ne quelquefois à la faculté de droit, conjultiffima fz- cultas decreti : le terme decret eft pris en cet endroit pour le droit en général, ou peut-être fingulierement pour les faints decrets ou doit canon, qui étoit antre- fois le feul que cette faculté enfeignoit. DecReTs DES FACULTÉS, {ont des délibérations & décifions formées dans l’affemblée d'une faculté, pour regler quelque point de fa difcipline. D EC DECRET IRRITANT : on appelle ainf la difpofi- tion d’une loi ou d’un jugement qui déclare nul de plein droit, tout ce qui pourroit être fait au contrai- re de ce qu’elle ordonne par une précédente difpo- fition ; par exemple, le concordat fait entre Léon X. & François [, après avoir expliqué le droit des gra- dués , leur accorde le decret irritant en ces tèrmes : Si quis vero cujufcumque flatés..... contra prediéturz crdinem,.... de dignitatibus.... officiis feu... bene- Jiciis..… aliter quam præditlo modo difpofuerit, difpojs- tiones ipfe fént ipfo jure nulle , &c. (4) DECRET DU JUGE, s'entend quelquefois de tout ce qui eft ordonné par le juge, foit en matiere civile ou criminelle. (4) DECRET EN MATIERE CRIMINELLE, eff de trois fortes ; favoir, d’afligné pour être oi, os ment perfonnel ,'& de prife-de-corps. Foy. DECREX D’ASSIGNÉ POUR ÊTRE OUI, &c. (A4) Decrer pu PRINCE, fe dit quelquefois pour tout ce que le prince ordonne. (4) DECRET DE PRISE-DE-CORPS, eft un jugement rendu en matiere criminelle, qui ordonne qu'un ac- cufé fera pris & apprehendé au corps, fi faire fe peut, & conftitué prifonnier , pour être oùi & in- terrogé fur les faits réfultans des charges & infor- mations &c autres fur lefquels le procureur du roi voudra le faire oùir; finon qu'après la perquifition de fa perfonne, il {era afligné à comparoir à quinzai- ne & par un feul cri public, à la huitaine enfuivant. Le decres porte aufli que les biens de Paccufé feront faifis & annotés ; au lieu que les jugemens rendus en matiere civile, qui condamnent un débiteur, & par corps, à payer ou rendre quelque chofe, ordonnent feulement que faute d’y fatisfaire, il fera conftitué prifonnier &c detenu dans Les prifons jufqu’à ce qu'il ait fatisfait. , On ordonne le decret de prifè-de-corps dans plu= fieurs cas, favoir : 1°. Lorfque l’accufé n’a pas comparu fur l’ajour- nement perfonnel à lui donné. 2°, Sur la feule notorieté publique pour un crime de duel. . 3°. Contre les vagabonds & gens fans aveu fur Îa. plainte du procureur d'office , ou fur celle des maï- tres contre leurs domeftiques. 4°, Lorfque l’accufé ef pris en flagrant délit, ow arrêté à la clameur publique ; auquel cas après qu'il a été conduit dans les prifons, Le juge ordonne qu’il fera arrêté & écroué, & l’écroue lui eft fignifié par- lant à fa perfonne. & 5°. Hors Les cas dont on vient de parler, on n’or- donne le decret de prife de-corps que fur le vù des char- ges &c informations : on en peut ordonner contre toutes fortes de perfonnes , lorfqwelles paroïffent coupables de quelque crime grave & qui merite pei- ne affitive ou au moins infamante. | Le juge peut, fi le cas le requiert, decréter de pri- fe-de-corps des quidams non connus, fous la défigna- tion de leur habit & autres marques, & même fur l'indication qui en fera faite par certaines perfon- nes.” Quand laccufé eft domicilié, on ne décerne pas facilement le decrer de prife-de-corps, fur-tout fi c’eft contre un officier public, afin de ne pas compro- mettre trop légerement l’état d’un homme qui peut, fe trouver innocent ; il faut que le titre d’accufation foit grave ou qu'il y ait foupçon de fuite. Les decrets, même de prifé-de-corps, s'exéêttent nonobftant toutes appellations , même comme de jugé incompétent ou récufé, & toutes autres, fans demander permiflion ni pareatis. Les lieutenans généraux des provinces êc villes ; les baillis & fénéchaux, les maires & échevins, les prevôt de maréchaux, vice-baillis ; vice-féné- D E C chaux, leurs liéutenans, & archers, font tenus de prêter main-forte à l'exécution des decrers & autres ordonnances de juftice. Les accuiés qui font arrêtés, doivent être incef- _ famment conduits dans les prifons publiques, foit royales ou feigneuriales , fans pouvoir être detenus dans des maïfons particulieres, fi ce n’eft pendant leur conduite & en cas de péril d’enlevement , dont il doit être fait mention dan le procès-verbal de cap- ture & de conduite, | Les procureurs du roi des juftices royales doivent envoyer aux procureurs généraux, chacun dans leur reflort , au mois de Janvier & de Juillet de chaque année, un état figné par les lieutenans criminels & par eux , des écroues & recommandations faites pen- dant les fix mois précédens dans les prifons de leurs fièges , & qui n’ont point été fuivies de jugement dé- fmitif, contenant la date des decrers, écroues, & re- commandations , le nom, furnom, qualité, & de- meure des accufés, & fommairement le titre d’ac- cufation & l’état de la procédure: les procureurs fif- caux des juftices feigneuriales font obligés de fire la même chofe à l'égard des procureurs du roi des féges royau#où ces juftices reflortiffent. Aucun prifonnier pour crime ne peut être élarei que par ordonnance du juge, & après avoir vû les informations , l’interrogatoire , les conclufions du miniftere public, & les réponfes de la partie civile s'il y en a une, ou les fommations qui lui ont été faires de fournir fes réponies. Les accufés ne peuvent pas non plus être élargis après le jugement, s’il porte condamnation de peine afliéhve , on que le minifiere public en appelle, quand les parties civiles y cohfentiroient, & que les amendes, aumônes, & réparations auroient été confignées. Woyez l’ordonn, de 1670 , tit. 10. (A) DECRET RABATTU, c’eft lorfque la partie faifie qui a été évincée par une adjudication par decret , eft rentrée dans fon bien en payant les caufes de faifie réelle. Le rabattement de décres n’eft nfité qu’au par- Iement de Touloufe ; il doit être exercé dans les dix ans. Foyez RABATTEMENT DE DECRET. (4) DECRETS ( Jairis ) ; on entend fous cenomles ca- nons des conciles. Joy, Canon 6 ConciLe. (4) DECRET DE SORBONNE, eft une décifion de la ‘faculté de Théologie de Paris, dont les affemblées fe font en la maïfon de Sorbonne, {ur quelque matiere de Théolooie. (4) DECRET DE TUTELLE, c’eft le jugement qui dé- cerne la tutelle. Voyez le traité des minorités, ch. vif. n°, 36. (4) DECRET VOLONTAIRE, eft une pourfuite de fai- fie réelle & adjudication par decrer, qu’un acquéreur par contrat volontaire fait faire {ur lui, ou fur fon vendeur, pour purger les hypothèques, droits réels, ou fervitudes , que quelqi’un pourroit prétendre fur le bien par lui acquis, Lorfque Pacquéreur craint de n’avoir pas fes sû- retés, 1l ftipule ordinairement qu’il pourra faire un decret volontaire, & qu’il ne fera tenu de payer le prix de fon acauifition qu'après que le décret aura été fcellé fans aucune oppoftion fubfiftante. : Pour parvenir à ce decrer volontaire, on paile une obligation en brevet d’une fomme exigible au profit d’un tiers , qui en donne à l’inftant une contre-lettre: & en vertu de cette obligation, celui qui en paroît créancier fait faifir réellement le bien dont il s’agit, &t en pourfuit la vente par decrez. . Les formalités de ce decrer font les mêmes que celles du decret forcé , fi ce n’eft que quand le 4- cret volontaire e pourfuit fur l’acquéreur, on doit marquer dans la procédure quel eft le vendèur ,afn que fes créanciers foient avertis de former leur Op- poñtion, HAE DEC 717 L’adjudication par decrer volontaire ne fait par rap: Poÿt au vendeur &c à l’acquéreur qu'un même titre, qui ne leur donne pas plus de droit qu'ils en avoient en vertu du contrat: ainfi quand l’adjudication eft faite à un prix plus haut que celui du contrat, le ven- deur ne peut pas pour cela exiger plus que le prix Porté par le contrat; mais les créanciers appofans peuvent obliger l’adjudicataire de payer le prix fui- vant ladjudication , parce que le contrat ne fait point leur loi. Si l'acquéreur a payé quelques créanciers délé- gués ou non par le contrat, & qu'ils ne foient pas privilégiés, oules plus anciens, ileft obligé de payer une feconde fois les mêmes fommes aux créanciers oppofans s'il y en a; & fi le decres volontaire devient forcé, ce qui arrive lorfqu’il y a des oppofitions fub- fiftantes au décrer, qui ne font point converties en fai- fiés & arrêts fur le prix , en ce cas Pacquéreur doit lui-même former oppofition au decrer, pour être col: loqué en fon rang pour les fommes qu'il a payées. Quand toutes les oppoñtions à fin de conferver font converties en faifies & arrêts fur le prix , l’ad- judicataire n’eft point obligé de configner , & il n’eft dû aucun droit au receveur des confignations, L'adjudication par décret volontaire ne produit point non plus de nouveaux droîts au profit du fe1- gneur ; mais fi le prix de l’adjudication eft plus fort que le prix porté par le contrat , il eft au choix du feigneur de prendre fes droits fur le pié du contrat ou de l’adjudication. Le vendeur qui eft léfé d’outre moitié, peut re- venir dans les dix ans du contrat, nonobftant qu'il y ait eu un decret volontaire, Un juge qui fait une acquifition dans fon reflort, peut auf fé rendre adjudicataire par decrer volontai- re dans fon fiége : ce qu'il ne pourroït pas faire fi le decres étoit forcé. On créa en 1708 des commiffaires-confervateurs généraux des decress volontaires, & des contrôleurs de ces commiflaires : mais ces officiers furent fup- primés en 1718, & les droits que l’on payoït pour les decrets volontaires réduits à moitié. Les approprièmens qui font en ufage dans la coûe tume de Bretagne , ont quelque rapport avec les de: crets volontaires. Voyez APPROPRIEMENT 6 BAN- NIES ; Voyez auf ABANDONNFMENT DE BIENS G DIRECTION, & les auteurs qui ont traité de la ma= tire des decrers & criées. (A DECRET DE L'UNIVERSITÉ,, eft une délibération & décifion d’une univerfité fur quelque point de doc: trine ou de fa difcipline. Voyez UNIVERSITÉ, (4) DECRETS IMPÉRIAUX, (Hiff. mod.) en latin re- ceffus imperii ; c’eft le réfultat des délibérations d’u- ne diete impériale. Voyez DIETE. À la fin de chaque diere, avant que de la rompre, on en recueille toutes les décifions qu’on met en un cahier ; & cette colle&tion s’appelle receffus imperii, parce qu’elle fe fait au moment que la diete va fe {éparer. Voyez EMPIRE, On ne publie ordinairement ces decrers que quand la diete eft prête à fe féparer, pour éviter les con tradiétions & les plaintes de ceux qui ne fe trouvent pas contens de ce qui a été réfolu. Heïfl, kiffoire de l'empire. L'article concernant des levées de troupes contre les Tures ; fafoit autrefois la plus grande-partie du receffus; quand il n’en à plus été queftion, difent quel- ques auteurs, on ne favoit qu'y mettre, ni comment le drefer. Les. defordres de la chambre impériale:de Spire furent fi excefhfs, qu'on fe vit contraint en 1654 de faire des réglemens pour y remédier, 8 ces régle= mens furent inférés dans le recefus imperii, Voyez CHAMBRE, Chambers, (G) | 718 DEC DECRÉTALES, £. f. pl. (Jurifpr. canon.) Les de- crêtales font des lettres des fouverains pontifes, gr répondant aux confultations des évêques ; où mêtne de fimples particuliers, décident des points de dif- cipline. On les appelle decrérales , parce qu’elles font des réfolutions qui ont force de loi dans l’Eglife. Elles étoient fort rares au commencement, à on s’en tencit à l'autorité des canons des premiers con- ciles : aufi voyons-nous que les anciens recueils de canons ne renferment aucune de ces decrétales. De- nis le Petit eft le premier qui en ait inféré quelques- unes dans fa colle&ion; favoir, celles depuis le pa- pe Sirice jufqu’à Anaftafe IL. qui mourut en 498 : la premiere decrérale que nous ayons du pape Sirice eft datée du 11 Février de l’an 385, &c eft adreflée à Hymerius évêque de T'arragone. Les compilateurs Qui ont fuccédé à Denis le Petit jufqu’à Gratien in- clufivement, ont eu pareillement l’attention dejoin- dre dux canons des conciles les décifions des papes : mais ces dernieres étoient en petit nombre. Dans la fuite des tems, diverfes circonftances empêcherent les évêques de s’affembler, & les métropolitains d’e- xercer leur autorité : telles furent les guerres qui s’é- leverent entre les fuccefleurs de l’empire de Char- lemagne , & les invañons fréquentes qu’elles occa- fonnerent. On s’accoûtuma donc infenfblement à confulter le pape de toutes parts, même fur les afaï- res temporelles; on appella très -fouvent à Rome, & on y jugea les conteftations qui naïfloient non- feulement entre les évêques & les abbés , mais en- core entre les princes fouverains. Peu jaloux alors de maintenir la dignité de leur couronne, &c unique- ment occupés du foin de faire valoir par toute forte de-voies les prétentions qu'ils avoient les uns con- tre les autres , 1ls s’empreflerent de recourir au fou- verain pontife, & eurent la foibleffe de fe foûïmet- mettre à ce qu'il ordonnoit en pareil cas, comme fi la décifion d’un pape donnoit en effet un plus grand poids à ces mêmes prétentions. Enfin létabliffement . de la plüpart des ordres religieux & des univerfités qui fe mirent fous la proteétion immédiate du faint- fiégé , contribua beaucoup à étendre les bornes de {a jurifdiétion ; on ne reconnut plus pour loi géné- rale dans l’Eglife , que ce qui étoit émané du pape, ou préfidant à un concile, ou aflifté de fon clergé, c’eft-à-dire du confiftoire des cardinaux. Les decre- tales des fouverains pontifes étant ainfi devenues fort fréquentes , elles donnerent lieu à diverfes col- ledions , dont nous allons rendre compte. La premiere de ces colle@ions parut à la fin du x11° fiecle : elle a pour auteur Bernard de Circa, évêque de Faenza , qui l’intitula breviarium extra, pour marquer qu’elle eft compofée de pieces qui ne fe trouvent pas dans le decret de Gratien. Ce recueil contient les anciens monumens omis pâr Gratien ; les decrétales des papes qui ont occupé le fiège de- puis Gratien , êc fur-tout celles d'Alexandre IIT. en- fin les decrets du troifieme concile de Latran, &c du troifieme concile de Tours , tenus fous ce pontife. L'ouvrage eft divifé par livres & par titres, à-peu- près dans le même ordre que l'ont été depuis les de- crétales de Grégoire IX. on avoit feulement négligé de diftinguer par des chiffres les titres &z les chapi- tres : mais Antoine Augultin a fuppléé depuis à ce défaut. Environ douze äns après la, publication de cette colletion, c’eft-à-diré au commencement du treizieme fiecle , Jean de Galles, né à Volterra dans le grand duché de Tofcane, en fit une autre dans la- quelle il raflembla les decrétales des fouverains pon- tifes qui avoient été oubliées dans la prémiere , ajot- ta celles du pape Céleftin IL. & quelques autres beaucoup. plus anciennes, que Gratien avoit pañlées fous filence.. Tancrede, un des anciens interpretes des decrésales , nous apprend que cette compilation D EC * fut faite d’après celles de l'abbé Gilbert, 8&z d'Alain évêque d'Auxerre. L’oubli dans lequel elles tombe- rent, fut caufe que le recueil de Jean de Galles a confervé le nom de /éconde colleëlion : au refte elle eft rangée dans le même ordre que celle de Bernard de Circa , & elles ont encore cela de commun l’une & l’autre, qu’à peine virent-elles Le jour, qu’on s’em- prefla de les commenter: ce qui témoigne afez la grande réputation dont elles jotifloient auprès des favans, quoiqu’elles ne fuffent émanées que de fim- ples particuliers ; & qu’elles n’euffent jamais été re- vêtues d'aucune autorité publique. La troifieme col- lettion eft de Pierre de Benevent ; elle parut auff au commencement du treizieme fiecle par les ordres du pape Innocent III. qui l’envoya aux profefleurs & aux étudians de Bologne, & voulut qu'on en fit ufa- ge, tant dans les écoles que dans les tribunaux : elle fut occafñonnée par celle qu’avoit faite Bernard ar- chevêque de Compoftelle , qui pendant fon féjour à Rome avoit ramaflé & mis en ordre les conftitutions de ce pontife : cette compilation de Bernard fut quel- que tems appellée la compilation romaine ; mais com- me il y avoit inféré plufieurs chofes qui ne s’obfer- voient point dans les tribunaux, les Remains obtin- rent du pape qu’on en fît une autre {ous fes ordres, & Pierre de Benevent fut chargé de ce foin: ainf. cette troifieme colleétion differe des deux précéden- tes, en ce qu’elle eft munie du fceau de autorité pu- blique. La quatrieme colleétion eft du même fiecle ; elle parut après le quatrieme concile de Latran cé-. lébré fous Innocent ÎIT. & renferme les decrets de ce concile & les conflitutions de ce pape , qui étoient poftérieures à la troïfieme colle&tion.On ignore l’au- teur de cette quatrieïne compilation, dans laquelle on a obfervé le même ordre de matieres que dans: les précédentes. Antoine Auguftin nous a donné une édition de ces quatre colleëtions , qu'il a enrichies de notes. La cinquieme.eft de T'ancrede de Bologne, & ne contient que les decrétales d'Honoré III. fuccef- feur immédiat d’Innocent III. Honore , à l’exemple de fon prédécefleur, fitrecueillir toutes fes conftitu- tions ; ainfi cette compilation a été faite par autori- té publique. Nous fommes redevables de l'édition qui en parut à Touloufe en 1645, à M. Ciron pro- feffeur en droit, qui y a joint des notes favantes. Ces cinq colle&tions font aujourd’hui appellées Îles anciennes colleétions, pour les diftinguer de celles qui font partie du corps de droit canonique. Il eft utile de les confulter en ce qu’elles fervent à l’intel- Boence des decrérales , qui font rapportées dans les compilations poftérieures où elles fe tronvent ordi- nairementtronquées, & qui par-là font très-difhiciles à entendre , comme nous le ferons voir ci-deflous. La multiplicité de ces anciennes colleétions, les. contrariétés qu’on y rencontroit, l’obicurité de leurs commentateurs, furent autant de motifs qu firent defirer qu’on les réunit toutes en une nouvelle com-. pilation. Grégoire [X. qui fuccéda au pape Honoré III. chargea Raimond de Pennaford d’y travailler;. il étoit fon chapelain & fon confeffeur , homme d’ail- leurs très- favant & d’une piété fi diftinguée, qu'al. mérita dans la fuite d’être canonifé par Clément. VIIL. Raimond a fait principalement ufage des cinq colleétions précédentes; il y a ajoûté plufeurs con-, flitutions qu’on y avoit omifes,&c celles de Grégoire [X. mais pour éviter la prolixité, il n’a point rap- porté les décrétales dans leur entier ; il s’eft contenté d’inférer ce qui lui a paru néceflaire pour lintell- gence de la décifion. Il a fuivi dans la diftnibution des matieres le même ordre que les anciens compi-, lateurs ; eux-mêmes avoient imité cehu de Juftinien dans {on code. Tout l’ouvrage eft divifé.en cinq li. vres, les livres entitres, les titres non en chapitres, mais en capitules, ainfi appellés de ce qu’ils ne con- . DIE 6 tiennent qué des extraits des decrétales, Le premier livre commence par un titre fur la fainte Trinité , à l'exemple du code de Juftinien ; les trois fuivans ex- pliquent les diverfes efpeces du droit canonique, écrit & non écrit : depuus Le cinquieme titre jufqu’à celui des paétes, il eft parlé des életions, dignités, otdinations, & qualités requifes dans les clercs ; cette partie peut être regardée comme un traité des perfonnes : depuis Le titre des pattes jufqu’à la fin du fecond livre, on expofe la maniere d’intenter , d'in- ftruire , &c de terminer les procès en matiere civile eccléfaftique, & c’eft de-là que nous avons emprun- té, fuivant la remarque des favans, toute notre pro- scédure. Le troifieme livre traite des chofes ecclefaf- tiques , telles que font les bénéfices , les dixmes , le droit de patronage : le quatrieme , des fiançailles , du mariage, & de fes divers empêchemens ; dans le cinquieme, il s’agit des crimes eccléfiaftiques, de la forme dés jugemens en matiere criminelle, des peines canoniques, & des cenfures. | Raimond ayant mis la derniere main à fon ouvra- ge , le pape Grégoire IX. lui donna le fceau de Pau- torité publique, & ordonna qu’on s’en fervit dans les tribunaux & dans les écoles , par une conftitu- tion qu'on trouve à la tête de cette colleétion, & qui eft adreflée aux doéteurs & aux étudians de lPu- niverfité de Bologne : ce n’eft pas néanmoins que cette collettion ne fût défettueufe à bien des égards. On peut reprocher avec juftice à Raimond de ce que pour fe conformer aux ordres de Grégoire IX. qui hui avoit recommandé de retrancher les fuperfluités dans le recueil qu'il feroit des différentes conftitu- tions éparfes en divers volumes, il a fouvent regar- dé & retranché comme inutiles des chofes qui étoient abfolument néceflaires pour arriver à l'intelligence de la decrétale, Donnons-en un exemple. Le cap. jx. extra de confuetud. contient un refcrit d'Honoré II. æireflé au chapitre de Paris , dont voici les paroles : Cum confuetudinis ufufque longævi non fit levis autori- £as , 6 plerumque difcordiam pariant novitates : auto- ritate vobis prefentium inhibemus , ne abfque epifcopi vef?ri confenfu immutens ecclefie veftre conflirutiones & confuetudines approbatas , vel novas etiam inducatis : f£ quas forte feciflis , trriras decernenres. Le refcrit con- cù en ces termes ne fignifie autre chofe, finon que le chapitre nejpeut faire de nouvelles conftitutions fans le confentement de l’évêque : ce qui étant ainfi en- tendu dans le fens général, eft abfolument faux. Il eft arrivé de-là que ce capitule a paru obfcur aux anciens canonites ; mais 1] n’y auroit point eu de dificulté, s’ils avoient confulté la decrérale entiere, telle qu’elle fe trouve dans la cinquieme compila- tion, cap. j. eod. tit, Dans cette decrétale , au lieu de ces paroles, ff quas forte (conftitutiones) feciflis , irri- zas decernentes , dont Raimond fe fert , on lit celles- C1 : érritas decernentes (novas inflitutiones) fî quas forte fecifhis in ipfîus epifcopi prejudicium , pofiquam eft regi- men Parifrenfis eccleftæ adeptus. Cette claufe omife par Raimond ne fait- elle pas voir évidemment qu’Ho- nore III. n’a voulu annuller que les nouvelles conf- titutions faites par le chapitre fans le confentement de l’évêque, au préjudice du même évêque? & alors la décifion du pape n’aura befoin d’aucune interpré- tation. On reproche encore à l’auteur de la compi- lation, d’avoir fouvent partagé une decrérale en plu- fieurs ; ce qui lui donne un autre fens, ou du moins 1a rend obfcure. C’eft ainfi que la decrérale du cap. v. de foro competenti , dans la troifieme colle&ion, ef di- Vifée par Raimond en trois différentes parties , dont Pune fe trouve au cap. x. extra de conf?. la feconde, dans le c. 1j. extra ut lite pendente nihilinnovetur ; & 1a troifieme, au cap. jv. 1bid. cette divifion eft caufe qu'on ne peut entendre le fens d’aucun de ces trois capitules, à moins qu'on ne les réunifle enfemble, D EC 719 comme ils le font dans l’ancienne colle&tion : de plus en rapportant une decrétale, il omet quelquefois la précédente ou la fuivante, qui jointe avec elle, offre un fens clair ; au lieu qu’elle n’en forme point lorf- qu’elle en eft féparée. Le cap. ii. extra de conflie, qui eft tiré du cap.jv. eod. in primé compilar, en eft une preuve. On lit dans les deux textes ces paroles : srans. lato facerdotio , necef]e eft ut legis tranflatio fiat ; quia enim femul € ab eodem 6 fub eadem fponfione utraque data funt , quod de uno dicitur , necefe ef? ut de altero intelligatur, Ce paflage qui fe trouve ifolé dans Raï- mond eft obfcur, & on ne comprend pas en quoi confifte la tranflation de la loi : mais fi on compare le même texte avec le cap. 7. & y. de la premiere colleétion que Raimond a omis dans la fienne, alors on aura la véritable efpece propofée par l’ancien compilateur, & le vrai fens de ces paroles, quifigni- fient que les préceptes de l’ancienne loi ont été abro- gés par la loi de grace; parce que Le facerdoce & la loi ancienne ayant été donnés en même tems & fous la même promefle, comme il eft dit dans notre capi-. tule , & le facerdoce ayant été transféré, & un nou- veau pontife nous étant donné en la perfonne deJ.C. il s'enfuit de là qu'il étoit néceffaire qu'on nous don- nât auffi une nouvelle loi,& qu’elle abrogeât l’ancien- ne quant aux préceptes myftiques & aux cérémonies légales dont il eft fait mention dans ces capit. ni. & v. omus par Raimond. Enfin il eft repréhenfible pour avoir altéré les decrérales qu'il rapporte , en y faifant des additions : ce qui leur donne un fens différent de celui qu’elles ont dans leur fource primitive. Nous nous fervirons pour exemple du c. 7. extra de judicis où Raimond ajoûte cette claufe, donec fatisfathione premif[é fuerit abfolutus , laquelle ne fe trouvé ni dans le canon 87 du code d'Afrique d’où originairement la decrétale eft tirée , ni dans l’ancienne colleétion , & qui donne au canon un fens tont-à-faic différent, On lit dans le canon même & dans l’ancienne colle&tion : nullus eidem Quod-vult-déo communicet , donec caufe Jus qualem potuerit , terminum fumat ; ces paroles font aflez connoitre le droit qui étoit autrefois en vi- gueur, comme le remarque très-bien M. Cuyjas furce capitule. Dans ces tems-là on n’accordoit à qui que ce foit l’abfolution d’une excommunication , qu’on n’eût inftruit juridiquement le crime dont il étoit ac- cufé , & qu’on n’eût entierement terminé la procé- dure. Mais dans les fiecles poftérieurs , l’ufage s’eft établi d’abfoudre l’excommunié qui étoit contuma- cé, aufh-tôt qu'il avoit fatisfait, c’eft-à-dire donné caution de fe repréfenter en jugement , quoique laf- faire n’eût point encore été difcutée au fond ; & c’eft pour concilier cet ancien canon avec la difcipline de fon tems, que Raimond en a changé les termes. Nous nous contentons de citer quelques exemples des imperfeétions qui fe rencontrent dans la collec tion de Grégoire IX. mais nous obferverons que dans les éditions récentes de cette colle@ion, on a ajoûté en caracteres 1taliques ce qui avoit été retranché par Raimond, & ce qu’il étoit indifpenfable de rappor- ter pour bien entendre l’efpece du capitule. Ces ad- ditions,, qu’on a appellées depuis dans Les écoles pars decifz, ont été faites par Antoine le Conte, François Peogna Efpagnol, & dans l’édition romaine : il faut avouer néanmoins qu’on ne les a pas faites dans tous les endroits néceflaires, & qu’il refte encore beau- coup de chofes à defirer; d’où 1l réfulte que nonob- ftant ces fupplémens , ileft très-avantaseux non-feu- lement de recourir aux anciennes decrétales, mais mê- me de remonter jufqu'aux premieres fources, puifque les anciennes colleétions fe trouvent fouvent elles- mêmes mutilées, & que les monumens apocryphes y font confondus avec ceux qui {ont authentiques : telle eft en effet la méthode dont MM. Cujas, Florent, Jean de la Cofte, & fur-tout Antoine Auguftin dans fes 720 DEC notes fur la prémiere colleétion, fe font fetvis avec le plus grand fuccès. LA GrégoireIX, en confirmant le nouveau recueil de decrétales; défendit par la même conftitution qu’on ofât en entreprendre un autre fans la permif- fion exprefle du faint fiége, & 1l n'en parut point jufqu'à Boniface VIIL. ainfi pendant Pefpace de plus dé ‘70 ans le corps de droit canonique ne renferma que le decret de Gratien & les decrérales de Grè- goire [X. Cependant après la publication des de- crétales, Grégoire IX. & les papes fes fuccefleurs donnerent en différentes occafñons de nouveaux refcrits 3. mais leur authenticité n’étoit reconnue mi dans les écoles, ni dans les tribunaux : c’eft pour- quoi Boniface VIII. la quatrieme année de fon pon- tificat , vers la fin du treizieme fiecle , fit publier fous fon: nom:une nouvelle compilation ; elle fut l'ouvrage de Guillaume de Mandagotto archeyèque d'Embrun,de Berenger Fredoniévèque de Beziers, & de Richard de Senis vice-chancelier de l’Eglife ro- maine, tous trois élevés depuis au cardinalat. Cette “colleéion contient les dernieres épitres de Grégoire IX. celles des papes qui lui ont fuccéde; les decrets des deux conciles généraux de Lyon, dont lun s’eft tenu ex l'an 1245 fous Innocent.I V, & l’autre en l'an 1274 fous Grégoire X. & enfin les conftitutions de Boniface VIII. On appelle cette colleétion Ze Sexte, parce que Boniface voulut qu’on la joïgnit au livre des decrétales, pour lui fervir de fupplèment. Elle eft divifée en cinq livres, foûdivifée en titres & en capitules, & les matieres y font diftribuées dans le même ordre que dans celle de Grégoire IX. Au commencement du quatorzieme fiecle , Clément V. qui tint le faint fiége à Avignon, fit faire une nou- velle compilation des decrétales, compofée en partie des canons du concile de Vienne, auquel il préfida, & en partie de fes propres conftitutions ; mais fur- pris par la mort, il n’eut pas le tems de la publier, & ce fut par les ordres de fon fucceffeur Jean XXII. qu’elle vit le jour en 1317. Cette colleétion eft ap- pellée Clémentines, du nom de fon auteur, &c parce qu’elle ne renferme que des conflitutions de ce fou- verain pontife : elle eft également divifée en cinq titres ; qui font auffi foûdivifés en titres & en capi- tules, ou Clémentines. Outre cette colleétion, la même pape Jean X XII. qui fiégea pareïllement à Avignon, donna différentes conftitutions pendant l’efpace de dix-huit ans que dura fon pontificat , dont vingt ont été recueillies & publiées par un auteur anonyme, & c’eft ce qu’on appelle les exsravagantes de Jean XXII. Cette colleétion eft divifée en qua- torze titres , fans aucune diftinétion de livres, à caufe de fon peu d’étendue. Enfin l’an 1484 il parut un nouveau recueil qui porte le nom d’extravagantes communes, parce qu'il eft compofé des conflitutions de vingt-cinq papes, depuis le pape Urbain IV. (f l'infcription du cap. 1, de fimonié, eft vraie) jufqu’au pape Sixte IV. lefquels ont occupé le faint fiége pen- dant plus de deux cents vingt ans, c’eft-à-dire depuis l’année 1262 jufqu’à l’année 1483. Ce recueil eft divifé en cinq livres ; mais attendu qu’on n’y trouve aucune decrétale qui regarde le mariage , on dit que le quatriéme livre manque. Ces deux dernieres col- le&ions font l'ouvrage d'auteurs anonymes, & n'ont été confirmées par aucune bulle, ni envoyées aux uriverfités ; c’eft par cette raifon qu’on Îles a appel- lées exrravagañtes , comme quidiroit vagantes extra corpus juris canonici ; &t elles ont retenu ce non, quoique par la fuite elles y ayent été inférées. Ainfi le corps du droit canonique renferme aujourd’hui fix collettions ; favoir, le decret de Gratien, les decre- tales de Grégoire IX. le Sexte de Boniface VIII. les Clémentines, les Extravagantes de Jean XXII, & les Extravagantes communes, Nous avons vû dans l’er- ‘preuve de ce qu'il avance, il cite ur ticle DECRET de quelle autorité eft le recueil de Gratien, nous allons examiner ici quelle eft celle des diverfes colleétions des decrérales. Nous avons dit en parlant du decret de Gratien, : qu'il n’a pat lui-même aucune autorité , ce qui doit s’é- tendre aux Extravagantes de Jean X XIE, & aux Ex- ravagantes communes , qui font deux ouvrages ano- nymes êr deftitués de toute autorité publique, Il n’en eft pas de même des decrérales de Grégoire IX. du Sex- te & des Clémentines, compofées & publiées par or- dre de fouverains pontifes ; ainfi dans les pays d’obé- dience , où le pape réunit l’autorité temporelle à la fpirituelle, 1l n’eft point douteux que les decrérales des fouverains pontifes , & les recueils qu’ils en ont fait faire, n’ayent force deloi ; maisen France & dansles autres pays libres, dans léfquels les conftitutions des papes n’ont de vigueur qu’autant qu’elles ont été ap- prouvées par le prince, les compilations qu'ils font publier ont lemême fort, c’eft-à-dire qu’elles ontbe- foin d'acceptation pour qu’elles foient regardées comme lois. Cela pofé, on demande fi les decrétales de Grégoire IX. ont jamais été reçues dans le royaume. Charles Dumoulins dans fon commentaire fur l’édit de Henri II. vulgairement appellé l’édis des perires dates, obferve, glofe xv. num. 250. que dans les re- giftres de la cour on trouve un confeil donné au roi par Eudes duc de Bourgogne, de ne point recevoir dans fon royaume les nouvelles conftitutions des papes. Le même auteur ajoûte qu’en effet elles ne font point admifes dans ce qui concerne la jurifdic- tion féculiere , ni même en matiere fpirituelle , f elles font contraires aux droits & aux libertés de lPEglife gallicane ; & il dit que cela eft d’autant moins furprenant, que la cour de Rome elle-même ne recoit pas toutes les decrétales inférées dans les colleétions publiques. Conformément à cela, M. Florent , dans fa préface de auctoritate Gratiani & aliarum colleétionum , prétend que les decrétales n’ont jamais reçu en France le fceau de l’autorité publi- que, & quoiqu’on les enfeigne dans les écoles, en vertu de cette autorité, qu'il n’en faut pas conclure qu’elles ont êté admifes, mais qu’on doit les regar- der du même œil que les livres du droit civil qu’on enfeigne publiquement par ordre de nos Roïs, quoi- qu'ils ne leur ayent jamais donné force de loï. Pour lettre ma- nufcrite de Philippe-le-Bel adreflée à l’univerfité d'Orléans, où ce monarque s'exprime en ces termes: Non putet igitur aliquis nos recipere vel primogenitores noftros récepiffe confuermdines quaflibet fève leges, ex eo quod eas in diverfis locis & ffudirs repni noftri per [cho- lafficos legi finatur ; multa nempe namgue erudiriont & doctrine profictunt , licet recepta non fuerint , nec ecclefca recipit quamplures canones qui per defuetudinerr abierunt, vel ab initio non fuére recepti, licet in [cholis a ffudiofis propter eruditionem legantur. Scire namque Jfenfus, ritus & mores hominum diver[orum , locorum € temporum , Valdè proficit ad cujufcumque dottrinam. Cette lettre eft de l’année 1312. On ne peut nier cependant qu’on ne fe foit {ervi des decrérales, & qu’on ne s’en ferve encore aujourd’hui dans les tri- bunaux, lorfqu’elles ne font pas contraires aux li- bertés de l’églife gallicane ; d’où l’on peut conclure que dans ces cas-là elles font reçues, du moins ta- citement, par l’ufage, & parce que nos rois ne s’y font point oppofés : 6 il ne faut point à cet égard féparer le Sexte de Boniface VII. des autres coilec- tions, quoique plufieurs foûtiennent que celle -1à fpécialement n’eft point admife , à caufe de la fa- meufe querelle entre Philippe le Bel & ce pape. Ils fe fondent fur la glofe du capitule xvj. de eleif. in fèxto, où il eft dit nommément que les confltutions du Sexte ne font point reçues dans le royaume ; mais nous croyons avec M. Doujat , 46, IF, prænor. ca- n07, 70h. cap. xxjv. tum. 7. devoir rejeter cêtté opinion comme faufle ; premierement , parce que la compi- lation de Boniface a vû le jour avant qu'il eût en aucun démêlé avec Philippe le Bel. De plus, la bulle unam fanttam , où ce pape, aveuglé par une ambi- tion demefurée, s'efforce d'établir que le fouverain pontife à droit d'inflituer, de corriger & de dépofer les fouverains , n’eft point rapportée dans le Sexte, mais dans le cap. j. de majoritate 6: obedientié , extra- vag. comm. où l’on trouve en même tems, cap. y. ibid, la bulle Meruit de Clément V. par laquelle il déclare qu’il ne prétend point que la conftitution de Boniface porte auçun préjudice au roi ni au royau- me de France, ni qu’elle les rende plus fuets à l'E- glife romaine, qu'ils l’étoient auparavant. Enfin 1l eft vraiflemblable que les paroles attribuées à la glofe fur Le cap. xv7. de elilione in fexto, ne lui ap- partiennent point, mais qu'elles auront été ajoûtées après-coup , par lezele inconfidéré de quelque doc- teur françois. En effet, elles ne fe trouvent que dans l'édition d'Anvers, & non dans les autres, pas mê- me dans celle de Charles Dumoulins, qui certaine- ‘ment ne les auroit pas omifes, fi elles avoient ap- partenu à la glofe. je Au refte, l’'illuftre M. de Marca dans fon traité de concordiä facerdotii & imperit, lib. III, c. vj. prouve la néceffité & l'utilité de l'étude des decrérales. Pour réduire en peu de mots Les raifons qu'il en apporte, il fufit de rappeller ce que nous avons déjà remar- qué au commencement de cet article ; favoir, que l'autorité des conciles provinciaux ayant diminué infenfiblement , & enfuite ayant été entierement anéantie , attendu que les aflemblées d’évêques étoient devenues plus difficiles après la divifion de l'empire de Charlemagne, à caufe des guerres fan- glantes que fes fuccelleurs fe faioient les uns aux autres, il en étoit réfulté que les fouveraïns pontifes étoient parvenus au plus haut degré de puifance, & qu'ils s’étoient arrogés le droit de faire des lois, & d'attirer à eux feuls la connoiffance de toutes les af- faires ; les princes eux-mêmes, qui fouvent avoient befoin de leur crédit, favorifant leur ambition. Ce : changement a donné lieu à une nouvelle maniere de “procéder dans les jugemens eccléfiaftiques : de-là tant de différentes conftitutions touchant les élec- tions, les collations des bénéfices , les empêchemens “du mariage, les excommunications , les maifons re- ligieufes , les privilèges , Les exemptions, & beau- coup d’autres points qui fubfftent encore aujour- d’hui ; enforte que l’ancien droit ne fufit plus pour ‘terminer les conteftations, & qu’on eft obligé d’a- voir recoursaux decrétales qui ont engendré ces diffé- tentes formes.Mais s’il eft à-propos de bien connoître ces colleétions & de Les étudier à fond, il eft encore néceffaire de confulter les auteurs qui les ont inter- -pretées; c’eftpourquoi nous croyons devoir indiquer ici ceux que nous regardons comme les meilleurs. Sur les decrêtales de Grégoire IX. nous indiquerons Vanefpen, some 1W. de fes œuvres, édir. de Louvain 1753. Cet auteur a fait d'excellentes obfervations fur les canons du concile de Tours, & ceux des conciles de Latran 111. & 1V. qui fontrapportés dans cette colleétion. Nous ajoûterons M. Cujas, qui a commenté les fecond, troifieme & quatrieme livres prefqu’en entier ; MM. Jean de la Cofte & Florent, qui ont écrit plufieurs traités particuliers fur diffé- ens titres de cette même colle&tion ; Charles Du- moulins, dont on ne doit pas négliger les notes, tant fur cette colleétion que les fuivantes; M. Ciron, ui a jetté une grande érudition dans fes paratitles de les cinq livres des decrétales ; M, Hauteferre, qui a commenté les decrérales d’Innocent III, On y peut joindre l'édition qu’a faite M. Baluze des épitres du même pape, &c celle de M. Bofquet évêque de Mont- Tome 17, D E C 721 pellier ; enfin Gonzalès , dont le grand commentaire fur toute la colle&tion de Grégoire I X. eft fort efti mé : cet auteur néanmoins étant dans les principes ultramontains , doit être lù avec précaution. Sur le Sexte, nous nous contenterons d’indiquet Vañefpen, tome I. ibid, qui a fait également des obfervations fur les canons des deux conciles généraux de Lyon, qu’on trouve répandus dans cette colleétion ; fur les Clémentines , le commentaire qu’en a fait M. Hau- teferre. À l'égard des deux dermieres colleétions, on peut s’en tenir à la leéture du texte, & aux notes de Charles Dumoulins.Cez arricle ef? de M. BOUCHAUD, docteur aggrégé de la faculté de Droit. | DECRÉTALES, (faufles) Hifi. eccléf. Les faulles decrétales font celles qu'on trouve raffemblées dans la colle@ion qui porte le nom d’Ifidore Mercator: on ignore l’époque précife de cette colleétion , quel en eft le véritable auteur, & on ne peut à cet égard que fe livrer à des conjetures. Le cardinal d'Aguir- te, come], des conciles d'Efpagne, differtat, j. croit que les fazffes decrérales ont été compofées par If- dore évêque de Séville, qui étoit un des plus céle- bres écrivains de fon fiecle ; il a depuis été canomifé, & 1l tient un rang diftingué parmi les do@eurs de l’Eglife. Le cardinal fe fonde principalement fur l’au- torité d’Hincmar de Reims, qui les lui attribue nom- mément , pif. vi. cap. 12. mais l'examen de l’ou- vrage même réfute cette opinion. En effet, on y trouve plufeurs monumens qui n’ont vù le jour qu'après la mort de cet illuftre prélat ; tels font les canons du fixieme concile général, ceux des con- ciles de Tolede, depuis le fixieme jufqu’au dix- féptieme ; ceux du concile de Merida, & du fecond concile de Brague. Or [fidore eft mort en 636, fui- vant le témoignage unanime de tous ceux qui ont écrit fa vie, & le vi concile général s’eft tenu l’an 680 ; le Vif de Tolede, l’an 638, & les autres font beaucoup plus récens. Le cardinal ne fe difimule point cette difficulté ; mais il prétend que la plus grande partie , tant dela préface oùil eftfait mention de ce fixieme concile, que de l’ouvrage , appartient à Ifidore de Séville, & que quelqu’écrivain plus mo- derne y aura ajoûté ces monumens. Ce qui le dé- termine à prendre ce parti, c’eft que l’anteur dans fa préface annonce qu’il a été obligé à faire cet ou- yrage par quatre-vingt évêques êc autres ferviteurs de Dieu. Sur cela le cardinal demande quel autre qu'Ifidore de Séville a été d’un aflez grand poids en Efpagne, pour que quatre-vingt évêques de ce royaume l’engageaflent à travailler à ce recueil ; & il ajoûte qu'il ny en a point d'autre fur qui on pue jetter les yeux, ni porter ce jugement. Cette réflexion néanmoins eft bientôt détruite par une au- tre qui s'offre naturellement à l’efprit ; favoir, qu'il eft encore moins probable qu’un livre compofé par un homme aufli célebre & à la follicitation de tant de prélats, ait échappé à la vigilance de tous ceux qui ont recueilli fes œuvres, & qu'aucun d’eux n’en ait parlé. Secondement, 1l paroit que l’auteur de la compilation a vécu bien avant dans le huitieme fie- . cle, puifqu’on y rapporte des pieces qui n’ont paru que vers le milieu de ce fiecle ; telle ef la lettre de Boniface I. archevêque de Mayence, écrite au toi Thibaud en l’an 744, plus de cent années par con- féquent après la mort d’Ifidore. De plus , l’on n’a découvert jufqu’à préfént aucun exemplaire qui por- te le nom de cet évêque. Il eft bien vrai quéle car- dinal d’Aguirre dit avoir vù un manufcrit de cetté colleétion dans la bibliotheque du Vatican, qui pa roît avoir environ 830 années d’ancienneté , & êtré du tems de Nicolas [. où il finit, &c qu'à la tête du manufcrit on lit en grandes lettres, 2ncipit præfario Tfidori epifcopt : mais comme il n’ajoûte point H/pa- lenfis, on ne peut rien en conçlure ; ee quand bieñ YY D E € 722 rnême ce mot y feroit joint, il ne s’enfuivroit pas | que ce füt véritablement l'ouvrage d’Ifidore de Sé- ille : :car fi l’auteur a eu la hardiefle d’attribuer fauflement tant de Zecrérales aux prémiers papes, ‘pourquoi n’auroit-1l pas eu celle d'ufurper le nom d'Ifidore de Séville, pour accréditer fon ouvrage ? Par la même raïfon, de ce qu’on trouve dans la pré- ace de ce recueil divers paflages qui fe rencontrent au cinquieme livre des étymologies d’Ifidore, fui- want la remarque des correcteurs romains, ce n’eft pas une preuve que cette préface foit de lu, comme le prétend le cardinal. En effet, l’auteur a pù cou- dre ces paflages à fa préface, de même qu'il a coufu différens paflages des faints peres aux decrétales qw’il rapporte. Un nouveau motif de nous faire rejetter le fentiment du cardinal, c’eft la barbarie de ftyle qui regne dans cette compilation, en cela différent de celui d’Ifidore de Séville verfé dans les bonnes lettres, & qui a écrit d’une maniere beaucoup plus pure. Quel fera donc l’auteur de cette colleétion à Suivant lopinion la plus généralement reçue , on la donne à un Ifidore furnommé Mercator, &c cela à caufe de ces paroles de la préface, lffdorus Mercator Jervus Chrifl: , le&tori confervo fuo : c’eft ainf qu’elle eft rapportée dans Yves de Chartres & au commen- cement du prémier tome des conciles du P. Labbe ; elle eftun peu différente dans Gratien fur le canon . IV. de la diffinétion xvj. où le nom de Mercator eit fupprimé ; & même les correéteurs romains, dans leur feconde note fur cet endroit de Gratien, obfer- vent que dans plufieurs exemplaires, au lieu du fur- nom de Mercaror, on lit celui de Peccator : quelques uns même avancent, & de ce nombre eft M. de Marca, Zb. III. de concordià facerd. & imp. cap. v. que cette leçon eft la véritable, & que celle de Mer- casor ne tire {on origine que d’une faute des copiftes, Ils ajoûtent que le furnom de Peccator vient de ce que plufieurs évêques foufcrivant aux conciles, pre- aoient le titre de pécheurs, aïinfi qu’on le voit dans le premier concile de Tours, dans le troifieme de Paris, dans le fecond de Tours, &z dans le premier de Mâcon ; & dans l’églife greque les évêques af- feétoient de s’appeller auaproao. Un troifieme fyf- tème fur l’auteur de la colleétion des fazffes decréta- les, eft celui que nous préfente la chronique de Ju- lien de Tolede, imprimée à Paris dans le fiecle der- mer, par les foins de Laufent Ramirez Efpagnol. Cette chronique dit expreflément que le recueil dont 1] s’agit ic1, a été compoié par [fidore Mercator évê- que de Xativa (c’eft une ville de l'ile Majorque, qui releve de larchevèché de Valence en Efpagne ) ; qu'il s’efl fait aider dans ce travail par un moine, & ul eft mort l’an 80$ : mais la foi de cette chroni- que eft fufpeéte parmi les favans, & avec raïfon. En eltet, l'éditeur nous apprend que Julien arche- vêque:de Tolede, eft monté fur ce fiège en l’an 680, & eft mort en 690 ; qu'ilapréfidé à plufieurs con- ciles pendant cet intervalle, entr'autres au douzie- me concile de Tolede, tenu en 681. Cela pofé, 1l na pù voir ni raconter la mort de. cet évêque de Xativa, arrivée en 805, non-feulement fuivant l’hy- pothefe où lui Julien feroit décédé en 690, maïs en- core {uivant la date de l’année 680, où il eft par- venu à l’archevêché de Tolede ; car alors il devoit être âgé de plus de trente ans, felon les regles de la difciphne, êc 1l auroit fallu qu’il eût vécu au-delà de cent cinquante-cinq ans pour arriver à l’année 805, qu eft celle où l’on place la mort de cet [fidore Mer- çator : & on ne peut éluder l’objedion en fe retran- chant à dire qu'il y a faute d’impreflion fur cette derniere époque , & qu'au lieu de l’année 80; on doit lire 7o$ ; car ce changement fait naître une au- ire difficulté. Dans la colleétion il eft fait mention du pape Zacharie, qui néanmoins n'eft parvenu au LA + fouverain pontificat qu'en 741. Cominent accordér la date de l’année 705, qu’on füppofe maintenant _être celle de la mort d'Ifidore, avec le tems où ie pape Zacharie a commencé d'occuper le faint fiége ? Enfin David Blondel écrivain proteftant, mais ha- bile critique , foûütient dans fon ouvrage intitulé pfeudo-Ifidorus, chap. jy. & v. de fès prolégomenes, que cette colleétion ne nous eft point venue d'Efpagne, Ilinfifte fur ce que depuis l’an 850 jufqu’à Pan 900, qui eft l’efpace de tems où elle doit être placée, ce royaume gémifloit fous la cruelle domination des Sarrafins , fur-tout après le concile de Cordoüe tenu en 852, dans lequel on défendit aux chrétiens de rechercher le martyre par un zele indifcret, & d’at- tirer par-là fur léglife une violente perfécution. Ce decret, tout fage qu'il étoit , & conforme à la pru- dence humaine que la religion n’exclud point, étant mal obfervé, on irrita fi fort les Arabes, qu'ils brü- lerent prefque toutes les églifes, difperferent ou fi= rent mourir les évêques, & ne fouffrirent point qu'ils fuflent remplacés. Telle fut la déplorable fi- tuation des Efpagnols jufqu’à l’année 1221, & il eft hors de toute vraiflemblance , felon Blondel , que dans le tems même où ils avoient à peine celui de refpirer, 1l fe foit trouvé un de leurs compatriotes aflez infenfble aux malheurs de la patrie, pour s’oc- cuper alors à fabriquer des pieces fous les noms des papes du fecond & du troifieme fiecles, Il foupçonne donc qu'un Allemand eft l’auteur de cette collec- tion, d'autant plus que ce fut Riculphe archevêque de Mayence, qui la répandit en France , comme nous lapprenons d’Hincmar de Reims dans fon opufcule des $ schapitres contre Hinemar de Laon, ch. /v. Sans adopter précifémentle fyftème de Blondel, qui veut que Mayence ait été le berceau du recueil des fauffés decrérales, nous nous contenterons de remarquer que le même Riculphe avoit beaucoup de ces pieces fup- pofées. On voit au livre VTI. des capitulairès, cap. cev, qu'il avoit apporté à Wormes une épître du pape Grégoire, dont jufqu’alors on n’avoit point entendu parler, & dont par la fuite 1l n’elt refté aucun vef- tige. Au refte, quoiqu'il foit aflez conftant que la compilation des faufles decrésales n'appartient à au- cun [fidore, comme cependant elle eft connue fous le nom d’{fidore Mercator, nous continuerons de Pap peller ainfi. | Cette collettion renferme les cinquante canons des apôtres, que Denis le Petit avoit rapportés dans la fienne ; mais ce n’eft point ici la même verfon. Enfuite viennent les canons du fecond concile géné- ral & ceux du concile d’Ephefe, qui avoient été. omis par Denis. Elle contient auf les conciles d’A- frique , mais dans un autre ordre, & beaucoup moins exaét que celui de Denis, qui les a copiés d’après le code des canons de lEglife d'Afrique. On y trouve encore dix-fept conciles de France, un grand nom- bre de conciles d'Efpagne , & entr'autres ceux de TFolede jufqu’au dix-feptieme , qui s’eft tenu en 694. En tout ceci Hidore n’eft point repréhenfble , fi ce n’eft pour avoir mal obfervé l’ordre des tems, fans avoir eu plus d’égard à celui des matieres, comme avoient fait avant lui plufieurs compilateurs. Voici où 1} commence à devenir coupable de fuppofition, Il rapporte fous Le nom des papes des prenuers fie- cles, depuis Clément I. jufqu’à Siice, ua nombre infini de decrétales inconnues jufqw’alors, & avec la même confiance que fi elles contenoïent la vraie difcipline de lEglile des premiers tems. Il ne s’ar- rête point là, 1l y Joint plufieurs autres monumens apocryphes : tels font là faufle donation de Conftan- tin ; le prétendu concile de Rome fous Sylveftre ; la lettre d'Athanafe à Marc, dont une partie eft citée dans Gratien, diflinét. xvj. can. 12. celle d’Anaftale faccefleur de Sirice, adreflée aux évêques de Gers - “manie & de Bourgogne; celle de SixteIIl, aux Orien- taux. Le grand faint Léon lui-même n’a point été à l'abri de {es téméraires entreprifes ; l’impofteur lui attribue fauflement une lettre touchant les privilé- ges des chôrévèques. Le P. Labbe avoit conjetturé la fauffeté de cette piece, mais elle eft démontrée dans la onzième difiertation du P. Quefnel. Il fuppofe pareillement une lettre de Jean [. à l’archevêqe Zacharie, une de Boniface II. à Eulalie d’Alexan- drie, une de JeanIII. adreffée aux évêques de France -& de Bourgogne, une de Grégoire le Grand, con- tenant un privilege du monaftere de faint Médard ; une du même, adreflée à Félix évêque de Mefline, & plufieurs autres qu'il attribue fauflement à divers auteurs. Voyez le recueil qu’en a fait David Blondel dans fon “ne Ifidore. En un mot l’impofteur n’a épargné pérfonne. L’artifice d'Ifidore, tout grofier qu'il étoit, en impofa à toute Ée + Les noms qui fe trou- voient à la tête des pieces qui compofoient ce re- cueil, étoient ceux des premiers fouverains pontifes, dont plufieurs avoient fouffertle martyre pour la cau- fe de la religion. Ces notns ne pürent que le rendre re- commandable, & le faire recevoir avec la plus gran- de vénération. D'ailleurs l’objet principal de l’impof- teur avoit été d'étendre l'autorité du $. fiége & des évêques. Dans cette vüe il établit que les évêques ne peuvent être jugés définitivement que par le papé feul, & il répete fouvent cette maxime. Toutefois ontrouve dans l’hiftoire eccléfiaftique bien des exem- ples du contraire; & pour nous arrêter à un des plus remarquables, Paul de Samofate évêque d’Antioche fut jugé & dépofé par les évêques d'Orient & des provincesvoifines , fans la participation du pape. Ils le contenterent de lui en donner avis après la chofe faite Micomme il fe voit par leur lettre fynodale, & le pape ne s’en plaignit point : Eufeb. Xy. VII. cha- pitre xxx. De plus, le fauMaire repréfente comme ordinaires les appellations à Rome. IL paroît qu'il avoit fort à cœur cet article, par le foin qu’il prend de répandre dans tout fon ouvrage , que non-feule- ment tout évêque , mais tout prêtre, & en général toute perfonne opprimée , peut en tout état de caufe appeller direétement au pape. Il fait parler fur ce fujet jufqu’à neuf fouverains pontifes, Anaclet, Six- te I, SixteIT, Fabien, Corneille, Vi@tor, Zeplurin, : Marcel, & Jules. Mais S. Cyprien qui vivoit du tems de S. Fabien & de S. Corneille, non-feulement s’eft oppofé aux appellations, mais encore a donné des raions folides de n’y pas déferer, epiff. Lx. Du tems de S. Auguftin, elles n’étoient point encore en ufage dans l’églife d'Afrique, comme il paroît par la lettre du concile tenu en 426, adreflée au pape Céleftin ; &t fi. en vertu du concile de Sardique on en voit quel- ques exemples’, ce n’eft, jufqu’au neuvieme fiecle , que de la part des évêques des grands fiéges qui n’a- voient point d’autre fupérieur que le pape. Il pofe encore comme un principe inconteftable, qu’on né peut tenir aucun concile, même provincial, fans la permifion du pape. Nous avons démontré ailleurs qu’on étoit bien éloigné d’obferver cette regle pen- dant les neuf premiers fiecles, tant par rapport aux conciles œcuméniques, que nationaux & provin- ciaux ; voyez l’arricle CONCILE. Les faufles decrétales favorifant l'impunité des évé- ques , & plus encore les prétentions ambitieufes des fouverains pontifes , 1] n’eft pas étonnant que les uns éales autres les ayent adoptées avec empreflement, & s’en foient fervi dans les occafons qui fe préfen- térent, C’eft ainfi que Rotade évêque de Soïfflons, qui dans un concile provincial tenu à S. Crefpin de Soiflons en 861 , avoit été privé de la communion épifcopale pour caufe de defobéiffance , appella au 5. fiege. Hincmar de Reïms fon métropolitain, non- Tome IF, DE C 723 obftant cet appel, le fit dépofer dans un concile af femblé à S. Médard de Soiffons, fous le prétexte que depuis il y avoit renoncé & s’étoit foûmis au jnge- ment des évêques, Le pape Nicolas I. inftruit de l’af faire , écrivit à Hincmar, & blâma fa conduite. Vous deviéz, dit-il, honorer la mémoire de S, Pierre, & attendre notre jugement quand même Rotade n’eût point appellé. Et dans, une autre lettre au même Hincmar fur la même affaire , il le menace de l’ex- commumer s’il ne rétablit pas Rotade, Ce pape fit plus encore; car Rotade étant venu à Rome , il le déclara abfous dans un concile tenu la veille de Noel en 864, & le renvoya à fon fiége avec des lettres. Celle qu'il adreffe à tous les évêques des Gaules eft digne de rémarque ; c’eft la lettre 47 de ce pontife : voici comme le pape y parle : « Ce que vous dites ».eft abfurde (nous nous fervons ici de M. Fleuri) , » que Rotade, après avoir appellé au faint fiége, ait » Changé de langage pour fe fouméettre de nouveau # » votre jugement. Quand il l’auroit fait, vous deviez » le redrefer & lui apprendre qu’on n’appelle point » d’un juge fupérieur à un inférieur. Mais encore qu'il » n'eût pas appellé au faint fiége, vous n'avez dû en » aucune maniere dépofer un évêque fans notre par- » ticipation , ax préjüdice de tant de decrétales de nos » prédéceffeurs; car fi c’eft par leur jugement que les » écrits des autres doéteurs font approuvés ou re- » jettés , combien plus doit-on refpe&ter ce qu'ils » Ont écrit eux-mêmes pour décider fur la doëtrine » où la difcipline ? Quelques-uns de vous difent que » ces décrétales ne font point dans lé code des canons; » cependant quand ils les trouvent favorables à leurs » intentions, 1ls s’en fervent fans diftin@ion , & ne » les rejettent que pouf diminuer la puiffance du faint » fiège. Que s’il faut rejetter les Zecrérales des anciens » papes, parce qu’elles ne font pas dans le code des » canons , 1l faut donc rejetter les écrits de S, Gré- » goire & des autres peres, & même les faintes Ecri- » tures ». Là-deflus M. Fleuri fait cette obferva- tion, que quoiqu'il foit vrai que dé n’être pas dans le corps des canons ne fût pas une raifon fufifante pour les rejetter, il falloït du moins examiner f elles étoient véritablement des papes dont elles portoient les noms ; mais c’eft ce que l’ignotance de la critique ne permettoit pas alors. Le pape enfuite continue & prouve par l'autorité de S. Léon & de S. Gélafe, que l’on doit recevoir généralement toutes les decrérales des papes. Il ajoute : « Vous dites que les jugemens » des évêques ne font pas des caufes majeures ; nous » foûtenons qu'elles font d’autant plus grandes, que » les évêques tiennent un plus grand rang dans l’E- » glife. Direz-vous qu'il n’y a que les affaires des mé- » tropolitains qui foient des caufes majeures ? Mais » ils ne font pas d’un autre ordre que les évêques, » & nous n'exigeons pas des témoins ou des juges » d'autre qualité pour les uns & pour les autres; c’eft » pourquoi nous voulons que les caufes des uns & » des autres nous foient refervées ». Et enfuite : «Se » trouvera-t-1l quelqu'un aflez déraifonnable pour » dire que l’on doive conferver à toutes les éplifes » leurs'priviléges, &c que la feule églife romaine doit # perdre les fiens »? Il conclud en leur ordonnant de recevoir Rotade & de le rétablir. Nous voyons dans cette lettre de Nicolas I. l’ufage qu'il fait des fzuffes decrétales ; il en prend tout l’efprit & en adopte tou- tes les maximes. Son fucceffeur Adrien Il, ne paroît pas moins zélé dans l'affaire d’'Hincmar de Laon, Ce prélat s’étoit rendu odieux au clergé & au peuple de fon diocèfe par fes imuftices & fes violences. Ayant été accufé au concile de Verberie, en 869 , où préfi- doit Hincmar de Reims fon oncle & fon métropoli- tain , il appella au pape, & demanda la pérmiffion d'aller à Rome, qui lui fut refufée. On fufpendit feu lement la procédure, & on ne pafla pas outre, Mais YY i 724 D EC fur de nouveaux fujets de plaintes que le roi Char- les le Chauve & Hincmar de Reims eurent contre lui, on le cita d’abord au concile d’Attigmi où 1l come parut, mais bien-tôt après il prit la fuite ; enfuite au concile de Douzi, où 1l renouvella fon appel. Après avoir employé divers fubterfuges pour éviter de té- pondre aux accufations qu’on lui intentoit, 1l y fut dépofé. Le concile écrivit au pape Adrien une lettre fynodale, en lui envoyantles aëtes dont il demande la confirmation, ou qué du moins fi le pape veut que la caufe foit jugée de nouveau , elle foit renvoyée fur les lieux, & qu'Hincmar de Laon demeure ce- pendant excommunié : la lettre eft du 6 Septembre 871. Le pape Adrien loin d’acquiefcer au jugement du concile, defaprouva dans les termes les plus forts la condamnation d'Hincmar de Laon, comme 1l pa- soît par fes lettres , l’une adreflée aux évêques du concile, & l’autre au roi, som, VIT, des congiles, pag. 932. €& fuiv. Il dit aux évêques, que puifqu”- Hincmar de Laon crioit dans le conele qu’il vouloit fe défendre devant le faint fiège, il ne falloit pas prononcer de condamnation contre lui. Dans fa let- tre au roi Charles, il repete mot pour mot la même chofe touchant Hincmar de Laon, & veut que le roi l’envoye à Rome avec efcorte. Nous croyons ne pouvoir nous difpenfer de rapporter la réponfe vi- goureufe que fit le roi Charles. Elle montre que ce prince juftement jaloux des droits de fa couronne, étoit dans la ferme réfolution de les foûtenir. Nous nous fervirons encore ici de M. Fleuri. « Vos let- # tres portent , ditle roi au pape, zous voulons 6: » nous ordonnons par l'autorité apoflolique, qu'Hinc- » mar de Laon vienne a Rome, & devant nous, ap- » puyé de votre puiflance. Nous adnurons où l’au- » teur de cette lettre a trouvé qu'un roi obligé à cor- » riger les méchans, & à venger les crimes, doive # envoyer à Rome un coupable condamné felon les » regles, vù principalement qu'avant fa dépoñtion # il a été convaincu dans trois conciles d’entreprifes »# contre le repos public, & qu'après fa dépoñition » il perfevere dans fa defobéiffance. Nous fommes # obligés de vous écrire encore , que nous autres # rois de France, nés de race royale, n’avons point » pañlé jufqu'à préfent pour les lieutenans des évê- # ques, mais pour les feigneuts de la terre. Et, com- # me dit S. Léon & le concile romain, les rois & les 3 empereurs que Dieu a établis pour commander fur # la terre, ont permis aux évêques de regler les af- » faires fuivant leurs ordonnances : mais ils n’ont » pas été les œconomes des évêqués; & fi vous feuil- » letez les regiftres de vos prédécefleurs, vous ne » trouverez point qu'ils ayent écrit aux nôtres com- » me vous venez de nous écrire ». Il rapporte en- fuite deux lettres de S..Grégoire, pour montrer avec quelle modeftie 1l écrivoit non-feulement aux rois de France, mais aux exarques d'Italie. Il cite le paf- fage du pape Gélafe dans fon traité de l’anatheme, fur la diftinétion des deux puiffances fpirituelle & temporelle, où ce pape établit que Dieu en a fépa- ré les fonétions. « Ne nôus faites donc plus écrire, » ajoûte-t-il, des commandemens & des menaces » d’excommumication contraires à l’'Ecriture & aux »# canons; car, comme dit $, Leon, le privilége de » S. Pierre fubffte quand on juge felon l'équité : d’où » il s'enfuit que quand on ne fuit pas cette équité, Le » privilége ne fubfifte plus. Quant à Paccufateur que # vous ordonnez qui vienne avec Hincmar, quoique » ce foit contre toutes les regles , je vous déclare » que fi l’empereur mon neveu m'aflüre la liberté » des chemins , & que J’aye la paix dans mon royau- » me contre les payens , j'irai moi-même à Rome » me porter pour accufateur, & avec tant de té- # moins irréprochables, qu'il paroïtra que j'ai eu # taifon de l’accufer. Enfin , je vous prie de ne me Le DEC » plus envoyer à moi ni aux évêques de mon royau- » me de telles lettres, afin que nous puiflions toù- » jours leur rendre l'honneur & le refpeët qui leur » convient ». Les évêques du concile de Douzi ré- pondirent au pape à-peu-près fur le même ton; & quoïque la lettre ne nous foit pas reftée en entier. il paroïît qu'ils vouloient prouver qué l'appel d’Hinc- Mar ñe devoit pas être jugé à Rome, mais en Fran- ce par des juges délegués , conformièment aux ça- nons du concile de Sardique. | Ces deux.exemples fufifent pour faire fentir com bien les papes dès-lors étendoient leur jurifdi@tion à la faveur des fauffes decrétales : on s’apperçoit néan- moins qu'ils éprouvoient de la réfiftance de la part des évêques de France, Ils n’ofoient pas attaquer l’authenticité de ces decrétales , maïs ils trouvoient l'application qu’on en faifoit odieufe & contraire aux anciens canons. Hincmar de Reims fur-tout fai- foit valoir, que n'étant pos pportSes dans Le co- de des canons, elles ne pouVOtent renverfer la dif- cipline établie par tant de canons & de decrets des fouverains pontifes, qui étoient & poftérieurs & contenus dans le code des canons. Il foutenoit que lorfqw’elles ne s’accordoient pas avec ces canons & ces decrets, on devoit les regarder comme abro- gées en ces points-là. Cette façon de penfer lui at- tira des perfécutions. Flodoard , dans {on hiftoire des évêques de l’églife de Reims, nous apprend, 4- vre TITI, chap. xxy. qu’on l’accufa auprès du pape Jean VIII. de ne pas recevoir les décrésales des pa pes ; ce qui l’obligea d'écrire une apologie que nous n'avons plus, où 1l déclaroit qu'il recevoit celles qui étoient approuvées par les conciles. Il fentoit donc bien que les faufles decrétales renfermoient des maximes inoiies ; mais tout grand canonifte qu’il étoit , il ne put jamais en démêler la faufleté Il ne favoit pas affez de critique pour y voir les preuves de fuppoñtion , toutes fenfibles qu’elles font ,:& lui- même allegue ces decrétales dans fes lettres & fes autres opufcules. Son exemple fut fuivi de plufeurs prélats. On admit d’abord«elles qui n’étoient point contraires ax canons plus récens ; enfuite onfe ren- dit encore moins fcrupuleux : les conciles eux-mê- mes en firent ufage. C’eft ainfñ que dans celui de Reims tenu l'an 992, les évêques fe fervirent des fauffes decrétales d'Anaclet , de Jules, de Damafe, & des autres papes, dans la caufe d’Arnoul , comme fi elles avoient fait partie du corps des canons. Voyez M. de Marca , lib. IT. de concordiä facerdot, & imp. cap. y, $. 2. Lés conciles qui furent célebrés dans la fuite imiterent celui de Reims. Les papes du on- zieme fiècle, dont plufeurs furent vertueux & zélés pour le rétabliffement de la difcipline eccléfiaftique, un Grégoire VII, un Urbain IT, un Pafcal IT, un Urbain IIL, un Alexandre IIl, trouvant l'autorité de ces fauffes decrérales tellement établie que perfonne ne penfoit plus à la contefter, fe crürent obligés en Æonfcience à foûtenir les maximes qu'ils y lifoient, perfuadés que c’étoit la difcipline des beaux jours de l’Eglife, Ils ne s’apperçurent point de la contra- riété & de l’oppofition qui regnent entre cette difci- pline & l’ancienne. Enfin, les compilateurs des ca- nons, tels que Bouchard de Wormes, Yves de Char- tres, & Gratien, en remplirent leur colleétion. Lorf- qu’une fois on eut commencé à enfeigner le decret publiquement dans les écoles & à le commenter, tous les théologiens polemiques & fcholaftiques , & tous les interpretes du droff canon, employerenttà l’envi l’un de l'autre ces fauffes decrétales pour con- firmer les dogmes catholiques, ou établir la difcipli- ne, & en parfemerent leurs ouvrages. Ainfi pendant l’efpace de 800 ans la colleétion d’Ifidore eut la plus grande faveur. Ce ne fut que dans le feizieme fiècle que l’on conçut les premiers foupçons fur fon an- DEC thenticité. Erafine & plufeurs avec lui la révoque- rent en doute, fur-tout M. le/Conte dans fa préface fur le decret de Gratien, voyez l’arricle DECRET ; de même Antoine Aupuftin, quoiqu'il fe foit fervi de ces faufles decrérales dans fon abregé du droit ca- Mmonique , infinue néanmoins dans plufieurs endroits qu'elles lui font fufpeétes ; &cfur le capitule 36 de la colleétion d’Adrien T, il dit expreflément que l’épt- tre de Damafe à Aurelius de Cartage, qu'on a nnfe à la tête des conciles d'Afrique, eff regardée par la plüpart comme apocryphe, aufi-bien que plufieurs -pitres de papes plus anciens. Le cardiñal Béllarmin qui des défend dans fon traité de romano pontifice , ne nie pas cependant /2. IT, cap. xjv. qu’il ne puiffe s’y être gliffé quelques erreurs, & n’ofe avancer qu’el- les foient d’une autorité inconteftable. Le cardinal Baronius dans fes annales, & principalement 44 an- num 865, num. 8 & 9, avoue de bonne foi qu’on n’eft point für de leur authenticité. Ce n’étoit en- core là que des conjeétures ; maïs bien-tôt on leur porta de plus rudes atteintes : on ne s'arrêta pas à telle ou telle piece en particulier, on attaqua la com- pilation entiere : voici fur quels fondemens on ap- puya la critique qu'on en fit. 1°. Les decrétales rap- portées dans la colleétion d’Ifidore, ne font point dans celles de Denis le Petit, qui n’a commencé à citer les decrétales des fouverains pontifes qu’au pape Sirice. Cependant 1l nous apprend lui-même dans {a lettre à Julien, prêtre dutitre de Ste Anaftafe , qu'il avoit pris un foin-extrème à les recueillir. Comme il faifoit fon féjour à Rome, étant abbé d’un monaf- tere de cette ville, 1l étoit à portée de fouiller dans les archives de l’églife romaine ; ainfi elles n’auroient pù lui échapper fi elles y avoient exifté. Mais fi elles ne s’y trouvoient pas, & fi elles ont été inconnues à l’églife romaine elle-même à qui elles étoient fa- vorables, c’eft une preuve de leur fauffeté. Ajoûtez qu'ellesliont été également à toute l’Eglife ; que les peres &les conciles des huit premiers fiecles, qui alors étoient fort fréquens , n’en ont fait aucune mention. Or comment accorder un filence auff uni- verfel avecleur authenticité? 2°. La matiere de ces épitres que l’impofteur fuppofe écrites dans les pre- muers fiecles, n’a aucun rapport avec l’état des cho- fes de ces tems-là : on n’y dit pas un mot des perfé- cutions , des dangers de l’Eglife , prefque rien qui concerne la doëtrine : on n’y exhorte point les fide- les à confeffer la foi : on n’y donne.aucune confo- lation aux martyrs : on n’y parle point de ceux qui font tombés pendant la perfécution, de la pénitenci qu'ils doivent fubir. Toutes ces chofes néanmoins étoient agitées alors, & fur-tout dans le troifieme fiecle, & les véritables ouvrages de ces tems-là en font remplis: enfin , on ne dit rien des héréti- ques des trois premiers fiécles , ce qui prouve évi- demment qu’elles ont été fabriquées poftérieure- ment. 3°. Leurs dates font prefque toutes faufles : leur auteur fuit en général la chronologie du livre pontifical, qui, de l’aveu de Baronius, eft très-fau- tive. C’eft un indice preflant que cette colle&ion n’a été compofée que depuis le lfvre pontifical. 4°. Ces fauffes decrétales dans tous les endroïts des paffages de l'Ecriture, employent toùjours la verfion des li- vres faints appellée vu/gate, qui, fi elle n’a pas été faite par S. Jérome, a du moins pour la plus grande partie été revüe & corrigée par lui : donc elles font plus récentes que S. Jérome. $°. Toutes ces lettres font écrites d’un même ftyle, qui eft très-barbare, & en cela très-conforme à l'ignorance du huitieme fiecle. Or il n’eft pas vraiflemblable que tous les dif- férens papes dont elles portent le nom, ayentaffedé de conferverle même ftyle. Il n’eft pas encore vraif- femblable qu’on ait écrit d’un ftyle auf barbare dans les deux premiers fiecles, quoique la pureté de la lan- D EC 725 gue latine eùt déjà fouffert quelqu'altération. Nous avons des auteurs de ces tems-là qui ont de l’élésans ce, de la pureté, &c de l'énergie , tels font Pline , Suétone, & Tacite. On en peut concluré avec aff rance,que toutes ces decrérales {ont d’une même main, & qu'elles n’ont été forgées qu'après l’irruption des barbares & la décadence de l'empire romain, Outré ces raifons générales , David Blondel nous fournit dans fon faux [fidore de nouvelles preuves de la faut. feté de chacune de ces decrétales : il léa toutes exa- minées d’un œil fevere, & c’eft à Ini principalement que nous fommes redevables des lumieres que nous avons aujourd’hui fur cette compilation, Le P. Lab be favant Jéfuite, a marché fur fes traces dans le to- me I, de fa colleétion des conciles. Ils prouvent tous deux fur chacune de ces pieces en particulier, qu’el- les font tiflues de pañlages de papes, de conciles , de peres , & d'auteurs plus récens que ceux dont elles portent lé nom ; que ces paflages font mal confus enfemble, font mutilés & tronqués pour mieux in: duire en erreur les leéteurs qui ne font pas attentifs. Ils y remarquent de très-fréquens anacronifmes ; qu'on y fait mention de chofes abfolument incon- nues à l’antiquité : par exemple, dans l’épitre de S. Clément à S. Jacques frere du Seigneur, on y parle des habits dont les prêtres fe fervent pour célébrer l'office divin, des vafes facrés, des calicés, & auz tres chofes femblables qui n’étoient pas en ufage du tems de S. Clément. On y parle encore des portiers, des archidiacres , & autres miniftres de l’Eglife, qui n’ont été établis que depuis. Dans la premiere decré: tale d’Anaclet, on y décrit les cérémonies de l’Eglife d’une façon qui alors n’étoit point encore ufitée : on y fait mention d’archevêques , de patriarches, de primats, comme fi ces titres étoient connus dès la naïflance de l’Eglife. Dans la même lettre on y fta- tue qu'on peut appeller des juges féculiers aux juges eccléfiaftiques ; qu’on doit referver au {ant fiége les _Caufes majeures , ce qui eft extrèmement contrairé à la difcipline de ce tems. Enfin chacune des pieces qui compofent le recueil d’Ifidore, porté avec elle des marques de fuppoñtion qui lui font propres, & dont aucune n’a échappé à la critique de Blondel & du P, Labbe : nous ne pouvons mieux faire que d’y renvoyer Le leéteur. Au refte Les fauffes decrétales ont produit de sran- des altérations & des maux pour ainfi dire irrépara- bles dans la difcipline eccléfiaftique ; c’eft à elles qu’on doit attribuer la ceffation des conciles provin- - ciaux. Autrefois ils étoient fort fréquens; il n’y avoit que la violence des perfécutions qui en inrerrompit le cours. Si-tôt que les évêques fetrouvoient en li- berté , ils y recouroient , comme au moyen le plus efficace de maintenir la difcipline : mais depuis qu’en vertu des fauffes decrétales la maxime fe fut établie de n’en plus tenir fans la permifion du fouverain pontife , ils devinrent plus rares, parce que les éyê- ques fouffroient impatiemment que les légats du pape y préfidaflent, comme il étoit d’ufage depuis le douzieme fiecle ; ainfi on s’accoùtuma infenfble: ment à n’en plus tenir. En fecond lieu, rien n’était plus propre à fomenter l'impunité des crimes, que ces jugemens des évêques réfervés au faint fiége, Il étoit facile d’en impofer à un juge éloigné, diff- cile de trouver des accufateurs &z des témoins. De plus, les évêques cités à Rome n’obéifloient point , foit pour caufe de maladie, de pauvreté ou de quel: qu’autre empèchement ; foit parce qu'ils fe fentoiené coupables, Ils méprifoient lès cenfures prononcées contr'eux ; & file pape, après les avoir dépotés, nommoit un fuccefleur , ils Le repoufloient à main armée; ce qui étoit une fource intariflable de rapi- nes, de meurtres & de féditions dans l’état, de trou- bles & de fcandales dans l’Eglife, Troïfiemement, 76 DEC c’eft dans les fauffes decrérales que les papes ont puifé de droit de transférer feuls les évêques d’un fiège à “un autre, & d’ériger de nouveaux évêchés. À l’é- gard des tranflations,, elles étoient en général févé- rement défendues par les canons du concile de Sar- dique & de plufieurs autres conciles : elles n’étoient tolérées que lerfque l'utilité évidente de l’églife les demandoit, ce qui étoit fort rare; & dans ce cas elles fe faifoient par l'autorité du métropolitain &c du concile dla province. Mais depuis qu’on a fuivi les fauffes décrésales, elles font devenues fort fré- quentes dans l’églife latine. Ona plus confulté lam- , bition & la cupidité des évêques, que lutilité de VEglife ; & les papes ne les ont condamnées que lorfqu’elles étoient faites fans leur autorité, comme nous voyons dans les lettres d’Innocent Ill, L’érec- tion des nouveaux évêchés , fuivant l’ancienne dif- cipline, appartenoït pareillement au concile de la province, & nous en trouvons un canon précis dans les conciles d'Afrique ; ce qui étoit conforme à Pun- lité de la religion & des fideles, puifque les évêques du pays étoient feuls à portée de juger quelles étoient les villes qui avoient befoin d’évêques , & en état d’y placer des fujets propres à remplir digne- ment ces fonétions. Mais les fauffes decrétales ont donné au pape feultle droit d’ériger de nouveaux évêchés ; & comme fouvent il eft éloigné des lieux dont il s’agit, il ne peut être inftruit exaétement , quoiqu'il nomme des commiffaires & faffe faire des, informations de la commodité & incommodité, ces procédures ne fuppléant jamais que d’une maniere très - imparfaite à l’infpeétion oculaire & à la con- noïiffance qu’on prend des chofes par foi même. Enfin une des plus grandes plaies que la difcipline de l'Eglife ait reçue des fauffes decrétalespc’elt d’avoir multiplié à l’inhni les appellations au pape : les 1n- dociles ayoient par-là une vote füre d’éviter la cor- redtion, ou du moins de la différer. Comme le pape étoit mal informé, à caufe de la diftance des lieux, il arrivoit fouvent que le bon droit des parties étoit léfé ; au lieu que dans le pays même, les affaires euf- fent été jugées en connoïffance de caufe & avec plus de facilité. D'un autre côté, les prélats rebutés de la longueur des procédures , des frais &t de la fa- figue des voyages, & de beaucoup d’autres obfta- cles difficiles à furmonter , aimoient mieux tolérer les defordres qu’ils ne pouvoient réprimer par leur feule autorité, que d’avoir recours à un pareil remede. S'ils .étoient obligés d’aller à Rome, ils étoient détournés de leurs fon@ions fpirituelles ; les peuples reftoient fans inftruétion, & pendant ce tems-là l'erreur ou la corruption faïfoit des progrès confidérables. L’églife romaine elle-même perdit le luftre éclatant dont elle avoit foui jufqu’alors par la fainteté de fes pafteurs. L’ufage fréquent,des appel- lätions attirant un concours extraordinaire d’étran- gers, on vit naître dans fon fein l’opulence, le fafte & la grandeur : les fouverains pontifes qui d’un côté enrichifloient Rome, & de l’autre la rendoient ter- rible à tout l'univers chrétien, ceflerent bientôt de la fanéifier. Telles ont été les fuites funeftes des fanfles decrétales dans l’églife latine; & par la raïfon qu'elles étoient inconnues dans l’églife greque, l'an- ciénne difcipline s'yeft mieux confervée fur tous le$ points que nous venons de marquer. On eft ef- frayé de voir que tant d'abus, de relâchement & de defordres, foient nés de l'ignorance profonde où l’on a été plongé pendant l’efpace de plufieurs fie- cles : & l’on fent en même tems combien il importe d’étre éclairé fur la critique, l’'hiftoire, &c. Mais fi la tranquillité & le bonheur des peuples, fi la paix & la pureté des mœurs dans lEglife, fe trouvent fi étroitement liées avec la culture des conñoiflances humaines, les princes ne peuvent témoigner trop de zele à protéger les Lettres &r ceux qui s’y adonz nent, comme étant les défenfeurs nés de la religion & de l’état. Les fciences font un des plus fohides remparts contre les entreprifes du fanatifme , fi pré- judiciables à l’un & à l’autre, & l’efprit de médita- tation ‘eit auf le mieux difpofé à la foumiffion & à Vobéiffance. Ces areicle ef? de M. BOUCHAUD , dofteur aggrégé de la faculté de Droit. DECRETÉ , adj. (Jurifpr.) fe dit communément de celui contre qui on a ordonné un decret. On dit, par exemple, l’accufé a été decréré de prife de corps. En Normändie le decrére c’eft la partie faifie, c’eft- à-dire celui fur qui on pourfuit Padjudication par decret d’un bien faifi réellement. Cofsume de Nor- mandie, art. 567. (A) DECRETER , v. aët. (Jurifpr.) fignifie ordonner un decret, On decrere l’accufé d’afligné pour être oui, ou d’ajournement perfonnel , ou de prife de corps. (4) | Decreter Les informations, c’eft ordonner un decret fur le vû des charges & informations. (4) Decreter une cottume, c’eft l’autoriler, la revêtir de lettres patentes pour lui donner force de loi, (4) DECRETISTE.,, f. m. ( Æiftoire mod.) canonifte chargé d’expliquerdans une école de Droit à de jeu- nes éleves dans cette partie de la Jurifprudence , le decret de Gratién, DecreTiste, (Jurifp.) dans quelques provinces, comme en Languedoc, eft celui qui pourfuit la vente & adjudication par decret d’un bien faifi réel- lement. (4) | DECRI, f. m. (Comm.) défenfes faites par les édits, ordonnances &c déclarations du Roi, par ar- rêt du confeil, on autorité des juges à qui la con- noiflance en appartient, d’expofer en public & de fe fervir dans le Commerce de certaines efpeces de monnoie d’or, d'argent, de billon ou de cuivre. Foy. MONNOIE. : 1 L Décri fe dit auffi des défenfes faites par la même autorité, de fabriquer , vendre ou porter certaines étoffes, dorures & autres chofes femblables, com- me le décri des toiles peintes, mouflelines & etoites des Indes, &c. Dit. du Comm. & de Trév. (G) DECRIÉ , adj. (Comm.) ce qui eft défendu par autorité fupérieure. Les toiles, étoffes &c autres mar- chandifes étrangeres qui font décriées, font fujettes à confifcation, quelques-unes même à être brülées. Di, du Comm. DECRIER , v. aût. (Comm.) défendre le com- ierce de quelques marchandifes , ou l’expoñition en public de quelques efpeces de monnoies. Foyez Decri. Di&, du Comm. (G) . , DECRIRE, verbe aût. On dit ez Géométrie qu'un point décrit une ligne droite où courbe par fon mous vement, lorfqu’on fuppofe que ce point fe meut , & trace enfe mouvant laligfie droite ou courbe dont il s’agit. On dit de même qu'une ligne par fon mouve- ment décrit une furface , qu’une furface décris un folide. Voyez DESCRIPTION , GÉNÉRATION. (0} DECRIVANT, adj. cerme de Géométr. qui fignihe un point, une ligne ou we furface dont le mouvement. produit une ligne, une furface, un folide. Ce mot n’eft plus guere en ufage ; on fe fert le plus ordinai- rement du mot générateur. Voyez GÉNÉRATEUR 04 GENÉRATION. Voyez auffi DIRECTRICE. (0) DECROCHER , v. at. cerme de Fondeur de carac- teres &'Imprimerie ; c’eft féparer la lettre du moule dans lequel elle a été fondue. Pour cet effet ouvrier {e {ert d’un des crochets de fer qui font oubout du moule : l'ayant ouvert, louvrier accroche la lettre par le jet, & il la fait tomber fur Le banc qui eft vis- à-vis de lui; après quoi ilseferme le moule, fond une nouvelle lettre, 8 recommence l’opération. Décrocuer, (Xydraul.) On décroche une ma- DAC nivelle dañs wñé machine hydraulique ; quand on : eut en diminuer le produit, ou qu’on a deflein de fa raccommoder. (K) DECROISSEMENT , (Pkyfiol.) diminution du corps humain en hauteur & en fubftance ; état op- )0fé à fon accroifflement , voyez ACCROISSEMENT. FEU l’état de décroiffemens, les lames offeules faites de vaifleaux ligamenteux & cartilagineux , étant privées de leurs fucs, font fans élafhicité, les ver- tebres manquent de coalefcence , l’épine du dos fe courbe ; & comme les mufcles extenfeurs font plus foibles, ils laiffent néceffairement le corps fe porter en-devant. On fait que Le nombre des vaifleaux du corps hu- main , qui eft fi prodigieux dans l’enfant nouveau-né, diminue à proportion qu’on avance en âge; que dans les jeunes fujets qui prennent leur accroïfe- ment, la force des liquides furpañle celle des parties folides, qu’elle les égale enfuite ; qu'après cela les parties folides furpaflent en force & en quantité les fluides ; & que finalement tous les vaifleaux fe chan- gent en Cartilages & en os. C’eft fur ces principes démontrés qu’eit fondée la théorie de l’accroiffe- ment & du décroifflement de notre machine. Nous concevons en gros ce merveilleux phénomene, mais la connoiïffance des détails eft au-deflus de nos foi- bles lumieres. | . La plus grande partie des vaifleaux fe trouvant entrelacés & comme enveloppés dans l'enfant qui vient de naître, les liquides pouffés perpétuellement par les canaux, faifant effort contre cette réfiftance, ils étendent ces canaux, & en élargiffent les parois _ ‘dans toute leur longueur ; de forte qu'il arrive de-là que tout s’allonge , & que l’accroifflement du corps Âe forme , s'établit, fe perfeétionne. Lorfque dans Pâge qui fuit la puberté tous les vaifleaux font dé- veloppés, lorfque l'abondance & l’impétuoñté des fluides fe tronvent balancées par les forces des foli- des réfiftans, la ceflation de croiflance arrive. Dans cet état 1l naît peu-à-peu dans tous les vaifleaux une force telle, qu'ils commencent à oppofer trop de réfiflance aux liquides qui y affluent : alors le corps vient à fe reflerrer infenfiblement, & à fe deffécher ; {a graiffe qui environne les parties folides fe difipe, & l’on apperçoit déjà les cordes des tendons fur les mains & fur les autres parties du corps. Bientôt les ligamens qui fe trouvent. entre les vertebres s’ufant par le frottement, les vertebres viennent à fe tou- cher; le corps en conféquence fe raccourcit, & Tépine du dos fe jette en-devant. Enfn tous les vaif- feaux s’offifient par l’âge ; les glandes fe détruifant, les eines laées qui fe bouchent, deviennent inu- tiles & callenfes, la vie fe termine fans maladie : voilà la mort naturelle & inévitable. Voyez MorT, Vie, VIRILLESSE. Ne nous arrêtons pas ici à réfoudre les queftions curieufes qui fe préfentent fur cette matiere, les plus habiles phyfciens n’y répondent que par des hypothefes. Aflez femblables à des taupes dans le champ de la nature, nous ne pouvons guere mieux expliquer en détail les fingularités de l’accroifflement êc du décroiffement du corps humain, qu’une taupe habituée au grand jour pourroit juger du chemin qu'un cerf parcourt dans un tems donné ; elle ver- roit En gros que ce cerf parcourt promptement un grand efpace ; elle conjettureroit le refte à fa ma- niere : c’eft notre pofition. Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT. | … DECROTOIRES, f. f. petites broffes faites avec du poil de porc enchäffé par houpes dans des trous faits à un petit ais mince , & coupé plus ou moins long, fclon qu'on veut que les décrozorres foient plus ou moins fortes : les fortes retiennent le nom de dé- érotoires : les autres s’appellent po/iffoires, DEC 77 DECROUTER, v. a@. (Venerie.) fe dit des cerfs lorfqu'ils vont au frayoir nettoyer leurs têtes après la chûte de leur bois. | DECRUEMENT , £ m. (Marufait, en fil) Voyez DECRUER. | DECRUER, v. aét. (Manuf. en fl.) c’eft prépa. rer le fl à recevoir la teinture, en lui donnant une forte leffive de cendres, létordant, &.le relavant dans de l’eau claite. DECRUSEMENT , 1. m. (Manufaël. en foie, & Teintur. Voyez DECRUSER, DECRUSER , y. a&. (Manuf. en foie.) Il fe dit dans les endroits où l’on file & devide: la foie de deffus les cocons, du tems convenable qu’on les à laïflés dans Peau bouillante, pour que le dévidage s'en fafle facilement ; ainfi il y a les foies crues, & les foies décrufées ou décrnes, Les crues , ce font cel- les qu’on a tirées de deflus Les cocons fans le fecours de l’eau & de la baffine ; & les décrues ou décrufees , ce font les autres, Les premieres ont différentes cou- leurs, que l’eau ne manque jamais de leur enlever, Lès Teinturiers décrufens auffi leurs foies, & cette opération qui précede la teinture, confifte chez eux à les cuire avec de bon favon, les laver & dégorger dans de l’eau claire , & les laifler tremper dans un bain d’alun froid. Voyez l’article Sors. DECUIRE /e fucre, en Confiferie; c’eft remettre le : fucre dans fon état naturel, & le rendre tel qu'il étoit auparavant d’avoir été cuit; ce qui fe fait par le moyen d’eau dans laquelle on le pañfe, &c, * DECUMAINS , f. m. pl. (Æif, anc.) les fer. miers des décimes , ou de la dixieme partie de la récolte des fruits de la terre. Ces traitans étoient durs ; & files magiftrats fupérieurs n’euffent éclairé de près leur conduite, l’hiftoire qui nous a tranfmis leurs noms, nous auroit aufli tranfmis leurs vexa- tions , car ils étoient très-difpofés à vexer. DECUPLE, adj. ex terme d’Arithmétique, fignifie la relation ou le rapport qu’il y a entre une chofe, & une autre qu'elle contient dix fois, voy. RAPPORT; ainfi 20 eft décuple de 2. [l ne faut pas confondre décuple avec décuplé : une chofe eft À une autre en raifon décuple, lorfqu’elle eft dix fois auffi grande; &c deux nombres font én raïifon décuplée de deux autres nombres , lorfqu’ils font comme la racine di- xieme de ces nombres: ainñ 2 eft 1. en raifon décu plée de 21° à 1 ; car la-racine dixieme.de 212 eff 2, ce Ain Voyez auf: DouUBLE & DOUBLÉE, ce (O est DECURIE, f. f. (Hiff. anc.) compagnie ou {o- ciété de dix perfonnes rangées {ous un chef appellé décurion. Woyez D'ÉCURION. | La cavalerie romaine étoit rangée par décuries. Romulus divifa le peuple romain en trois tribus; à chacune defquelles commandoit un tribun, & chaque tribu en dix centuries , à la tête defquelles étoient les centurions ; & chaque centurie en dix décuries , à laquelle commandoit le décurion, Foyez CENTURIE. Chambers, (G) | DECURION , f, m. ( Hiff, anc.) c’étoit le chef ou.commandant d’une décurie, foit dans Les armées romaines, {oit dans le college, {oit dans l’affemblée du peuple. Voyez DÉCURIE. | | DÉCURION MUNICIPAL , ( Hiff. anc.) étoit le nom.qu'on donnoit aux fénateurs des colonies ro« maines. Voyez MUNICIPAL. On les. appelloit décu« rions , parce que leur cour-ou compagnié confiftoit en dix perfonnes. Voyez DÉCURIE. . Les villes d'Italie’, aumoins celles qui étoient colonies romaines, avoient part fous Augufte à Pé: leétion des. magiftrats municipaux de la république, & cela par le moyen de leurs décurions ou {énateurs, qui envoyoient leur fufrage cacheté à Rome, un peu avant l’éleion.| : | 728 D E D . 5 : ‘ r- F : . Décurion étoit auf un nom qu'on donnoit à cer- stains prêtres deftinés à quelques facrifices particu- liers ou autres cérémomes religieufes, même aux facrifices de quelques familles où! maifons particu- lieres, felon la conjeäture du commentateur Ser- vius , qu croit que c'eft de -là que venoït leur nom. “y ‘Quelle que foit l’origine.de ce nom, nous voyons dans Gruter une infcription qui confirme ce que mous avons dit de leur fonétion: ANCHIALUS Cuve. 4ED. Q. TER. IN. 4EDE. DECURIO 4B- ‘LECTUS. EX CONSENSU DECURIONUM. FAMI- LIÆ VOLUNTATE. Cette infcription prouve que ©. Térentius étoit décurion dans la maifon d’un par- ticulier. Chambers, (G) * DECUSSATION , f. f. on appelle, ez Oprigue, le point de décuffation , le point où plufieurs rayons fe croifent , tels que le foyer d’une lentille, d’un mi- roir, Gc. I y a une décuffation des rayons au-delà du cryftallin, fur la rétine, quand la vifion eff diftinéte. * DECUSSIS, (Hiffoire anc.) monnoie romaine évaluée , qui a eu différentes valeurs. Elle fut d’a- ‘bord de 10 as, fous Fabius de 16, fous Auguite de 12, & dans un autre tems égale au denier. DEDAIGNEUR , adj. pris fubit. ez Anat. nom ‘du mufcle abluéteur de œil, Foyez Œiz. (L) DEDazE ou LABYRINTHE, (Jard. ) ce morceau de jardin tire fon nom du fameux labyrinthe dont Dedale eft Pinventeur, Les labyrinthes conviennent dans un grand jardin, pour remplir Les places éloi- gnées du château. Il faut leur donner un peu de ter- rein. Voyez LABYRINTHE. (X) ? DEDALES, (Æift, anc. Myth.) fêtes que les Pla- téens, peuples de l’Épire, aujourd’hui lAlbanie, célébroient depuis leur retour dans leur patrie! c’é- toit pour remercier les dieux de ce qu'ils y étoient rentrés , après en avoir été chaflés parles Thébains, &T avoir demeuré foixante ans chez les Athéniëns, qui donnerent généreufement afile dans leurs villes à ces infortunés citoyens. D’autres difent que ces fêtes furent inftituées au fujet d’une ftatue de bois, qui repréfentoit Platea fille d’Afopus, & dont Jupiter fe fervit pour confondre la jaloufie de Junon. Les Platéens, ajoûtent -ils, en mémoire de cet évene- ment, donnerent à ces fêtes lé nom de dédales , par- ce qu'anciennement toutes les ftatues de bois étoient appellées dédales. Paufanias , Zv. IX, chap. üj. rap- porte les cérémonies de cette fête, & diftingue deux fortes de ces folennités , les grands & les petits dé- dales. Dans les premiers, tous les Béotiens y affif- toient, mais ils ne fe célébroient que de foixante en foixante ans: ce qui revient à la premiere origine que nous avons rapportée. Les petits dédales étoient moins folennels, & fe célébroient tous les ans felon quelques-uns, & felon d’autres tous les fept ans. On refervoit pour porter en proceflion le jour de cette fête , toutes les flatues que l’on avoit faites pendant l’année , & huit villes tiroient au fort à qui auroit l'honneur de porter cés flatues: Platée, Coronée, Thefpie, Tanagre, Cheronée, Orchomene, Lepa- dée , & Thebes. Cette diffin&ion concilie la feconde opinion fur l’origine des dédales avec la premiere, Ga d: > ï DEDANe { Gram.) prépofñition qui fe rend en latin par 2ntus ; elle eft au fimple relative à un lieu qu'onoccüpe, & elle conferve la même analogié au figuré. | DEbANS ; mettre les voiles dedans, terme de Ma- rine dont on fe {ert pour dire plier ou férrer les voiles, lorfqu'on y eft contraint par le mauvais tems, ou pour quelque autre manœuvre. (Z) . DEDANS , (Faucon.) mettre un oifeau dedans , c'eft d'appliquer adtuellement à la chafle. DED DEDANS, terme employé de plufients façons dans le Manege. Avôirur, deux, rrois dedans , c’eft en courant la bague l’enlever une , deux, trois fois. Le talon du dedans , la réne du dedans , la jambe du de- dans , par oppoñtion à celles de dehors, Cette façon de parler eft relative à plufieurs cho- fes, fclon que le cheval Manie à droite ou à gauche fur les voltes, ou felon qu'il travaille Ie long d’une mutaïlle, d’une haie, ou de quelqu’autré chofe fem- bläble ; ainf elle fert à diffinguer à quelle inain ou de quel côté il faut donner les aides au cheval qui manie. Auprès d’une muraille, la jambe dé dedans eft [a jambe du côté oppofé à celui de la muraille, Sur les voltes, fi le cheval manie à droite, le talon droit fera le talon de dedans, la jambe droite la jam- be de dedans. Quelques académiftes pour fe faire mieux enten- dre , fe fervent ordinairement des expreffions 4 droi- te, à gauche , & difent : aidez Le cheval du talon droit, de la rêne droite , de la jambe droite , {elon la fituatiom des talons &c des rênes, eu égard à la volte. Yoyez VOLTE. | Un cheval à la tête & les hanches dedans , quand on fait pañleges , ou que l’on porte un cheval de biais, ou de côté fur deux lignes. Mestre un che- val dedans, c’eft le drefler, le mettre bien dans la main & dans les talons. Cheval qui s’eff bien 1mis de- dans , c’eft-à-dire cheval qui s’eft bien dreflé. (7) Dapans, efpete de jeu de paume, qui differe d’a- vec les autres qu’on appelle qguarrés , en ce que dans le grand mur du côté de la grille il ÿ a un tambour, & qu'au lieu du mur du bout où il y a le trou & Vais, 1l eft garni dans prefque toute fa largeur d’une galerie a jour, qui avance d'environ trois piés dans le jeu, & eft couverte d’un toit femblable à celui qui eft à l’autre bout. Cette galerie qui eft à l’extrémité fe nomme auffi le dedans ; elle eft garnie d’un filet on réfeau de f- celle, qui ne tient que par le haut, pour amortir le coup des balles, & empêcher que ceux qui regar- dent jouer n’en foient frappés. DÉDICACE, f. f. (Hifi. profane & eccléf:) céré- monte par laquelle on voue ou l’on confacreuntem- pile, un autel, une ffatue, une place, 6€. en l’hon- neur de quelque divinité. Voyez TEMPLE, AUTEL, Éc. L’ufage des dédicaces eft très-ancien , tant chez les adorateurs du vrai Dieu, que chez les Payens, Les Hébreux appelloient cette cérémonie kharuchak , imitation : ce que les Septante ont rendu par éyañræ éyaæviomos ,; renouvellement, Il eft pourtant bon d’ob- ferver que les Juifs n1 les Septante ne donnent ce nom qu'à la dédicace du temple faite par les Ma- chabées, qui y renouvellerent l'exercice de la re- ligion interdite par Antiochus qui avoit profané lé temple. On trouve dans l’Ecriture des dédicaces du taber nacle, des autels, du premier & du fecond temple, & même des maïfons des particuliers. Nomb. c. viy. v. 10.11, 84, & 88. Deus. c.xx.v. 5. Liv. T, dés Rois, c. vi. v. 63. Liv. IT. c. viy, v. 5. & 9, Liv. I. dEf- dras, c: #7. v. 16, & 17. Pfal xxx. v, 1. Hebr, €. 7x. y. 18. On y voit encore des dédicaces des vafes, d’or- nemens, de prêtres, de lévites. Chez les Chrétiens on nomme ces fortes de cérémonies , con/écrations , bénédiétions , ordinations , &: non dédicace : ce terme n'étant ufité que lorfqu'il s’agit d’un lieu fpéciale- ment deftiné au culte divin. | La fête de la dédicace dans l’'Eglife romaine eff l’an- niverfaire du jour auquel une églife a été confacrée. Cette cérémonie a commencé à fe faire avec folen- nité fous Conftantin, lorfque la paix fut rendue à l’E- olife. On affembloit plufieurs évêques pour la faire, & ils folennifoient cette fête ; qui duroit plufieurs | jours D E D jours par la célébration des SS. myfteres:, 8 pat. des _difcours fur le but & la fin de cette cérémonie. Eu- .febe nous a conferve la defcription des dédicaces des égliies de Tyr & de Jérufalem. On jugea depuis cette confécration fi néceflaire, qu’il n’étoit pas permis de célébrer dans une églife qui n’avoit pas été dé- dice, & que les ennemis de S. Athanafe lui firent un crime d’avoir tenu les aflemblées du peuple dans une pareille églife. Depuis Le neuvieme fiecle , on a ob- ‘ervé diverfes cérémonies pour la dédicace, qui ne peut fe faire que par un évêque ; elle eft accompa- gnée d’une otave folennelle, dans chaque jour de laquelle un évêque officie dans les grandes villes, & un prédicateur parle fur le fujet dé la fête. Il y a ce- pendant beaucoup d’églifes, furtout à la campagne, -qui ne font pas dédiées, mais feulement bênites : comme elles n’ont point de dédicaces propres , elles ‘prennent célles de la cathédrale ou de la métropole du diocèfe dontelles font. On faifoit même autrefois la dédicace particuliere des fonts-baptifmaux, comme nous l’apprenons du pape Gelafe dans fon f&cramen- l'aire. . La fête de la dédicace, ou plütôt du patron d’une églife ; eft appellée par les Anglois,, dans leurs livres de droit, dedicaze ; & avant la réformation elle n’é- toit pas feulement célébrée chez eux par les habitans de la paroïiffe on du lieu , mais encore par ceux des villages voifins qui avoient coûtume d’y venir. Ces _ Tortes d’aflemblées étoient autorifées par Le soi : 4d dedicationes , ad fynodos, &c. venientes fumma pax. On conferve encore en Angleterre quelques reftes de cet ufage fous le nom de wakes , veilles , ou y2- giis , vigiles, Voyez VEILLES & VIGILES. Les Juifs célébroient tous les ans pendant huit jours la fête de la dédicace du temple ; & c’eft ce que nous trouvons appellé , dans la verfion vulgate du nouveau Teflament , ezcænia : cet ufage fut établi par Judas Machabée & par toute la fynagogue, lan de l’ere fyromacédonienne 148, c’eft-à-dire 164 ans avant Jefus-Chrift, à l’occafion que nous avons dit, &c pour célébrer la viétoire que les Machabées rem- porterent fur les Grecs. Léon de Modene remarque fur ce fujet , dans fon traité des cérémonies des Juifs , qu'ils allument dans leurs maifons une lampe le pre- mier jour de cette fête deux le fecond,& ainfi fuccef- fivement jufqu’au dernier qu'ils en allument huit ; Le même rabbin ajoûte, qu'ils célebrent auffi pendant cette fête la mémoire de Judith, & qu'ils mettent dans leurs repas quelque coûtume différente de cel- les qu’ils obfervent ordinairement. Liv. IIL. c. 7x. . Les Payens failoient auffi des dédicaces des tem- ples, des autels, & des images de leurs dieux. Na- buchodonofor fit faire une dédicace folennelle de fa ftatue, comme on le voit dänsle prophete Dähiel, cap. y. y. 2. Pilate dédia à Jérufalem des boucliers d’or en l’honneur de Tibere, au rapport-de Philon de Lepat. Pétrone dans la même ville dédia une fta- tue à l’empereur. 14. p. 701. & Tacite, kiff. LB. IV. cap. li. parle de la dédicace du capitole , après que Vefpañen l’eut fait rebâtir. Ces dédicaces fe célé- broient par des facrifices propres à la divinité à [a- quelle où rendoit ces honneuts, & on ne les faïifoit jamais fans une pernuffion bien authentique. On ne voit point par qui elle étoit donnée chez les Grecs: mais c’étoient des magiftrats qui l’accordoient chez les Romains. Voici les principales cérémonies que ceux-ci obfervoient dans la dédicace de leurs tem- ples. D’abord on entouroit le nouveau temple de guirlandes & de feftons de fleurs: les veftales y en- troierit portant à la main dés branches d’olivier, & artofoient d’eau luftrale les dehors du temple: celui qui dédioit Le temple s’approchoit, accompagné du pontife qui l’appelloit pour tenir le poteau de la por- êe, &t il répétoit mot pour mot d’après le pontife ; 7 TRI | D E D 729 c'eût été le plus mauvais augute du monde, que d’ omettre Ou changer une feule fyllabe : enfuite il M froit une vidime dans le parvis ; & en entrant.dans le temple , il oïgnoit d’huule la ftatue du dieu auquel Je temple étoit dédié, & lasmettoit fur un oreiller (pulvinar) aufh frotté d'huile. La cérémonie étoit marquée par unekn{cription qui portoit l’année de la dédicace , & le nom de celui qui l’avoit faite, & - l’on en renouvelloit tous les ans la mémoire à pareil Jour, par un facrifice ou quelqu’autre folennité par- ticuliere. Rofin , artig. rom. & Chambers.( G) . DÉDIT, f. m. (Commerce.) peine ftipulée dans un marché contre celui qui ne veut pas le tenir. C’eft ordinairement une fomme d’argent convenue , que paye celui qui manque à fa parole. (G) DÉDOCTOIRE, f. m. (Vénerie.) bâton de deux piés, dont on fe fervoit autrefois pour parer les gau- lis.:On fe fert à-préfent du manche du foüet. DÉDOUBLER, v. a@. il fe dit des pierres dont on peut féparer les lits, felon toute leur longueur, avec des coins de fer. Il faut fcier ou couper celles qu'on ne peut dédoubler ; travail fort long, Entre les différentes pierres qu’on tire des carrieres voifi= nes de Paris ,iln’ya, à ce qu’ondit, que la lambour- de ou le franc-ban qui {e dédouble, Les autres n’ont. point de lit ou litage aflez marqué pour comporter cette manœuvre. DÉDUCTION , f. f. ( Philofophie, ) ce mot fe prend en notre langue dans deux fens différens. En matiere de calcul, d’affaires, &c, il fignifie Joufraition , ’aëtion d’écarter , de mettre à part, &c, comme quand on dit: ce bénéfice, déduition faite des charges, des non-valeurs , des réparations, vaut 10000 livres de revenu: cette fucceffion, déduélior faite des dettes & legs, monte à 200000 liv. & ainf des autres, | En matiere de Sciences, & fur-tout de Logique, déduition fe dit d’une fuite & d’une chaîne de raifon- nemens, par lefquels on arrive à li preuve d’une propofition : ainfi une déduthion eft formée d'un pre mier principe, d’où l’on tire une fuite de conféquen- ces. Donc, pour qu'une déduéfion foit bonne , il faut 1°. que le premier principe d’où l’on part foit ow évident par lui-même, ou reconnu pour vrai : 2°, que chaque propofition ou conféquence fuive exac- tement de la propoftion ou conféquence précéden- te: 3°. on peut ajoûter que pour qu'une dédutfiorz foit bonne, non -feulement en elle - même & pour celui qui la fait, mais par rapport aux autres , il faut que la baifon entre chaque conféquence & la fuivan- te puiffe être facilement appercçüe , ou du moins que cette laïfon foit connue d’ailleurs. Par exemple, fi dans une fuite de propoñtions on trouvoit immédia- tement l’une après l’autre ces deux-ci : Zes p/anetes gravitent vers le Soleil en raifon inverfe du quarré des diffances :: donc elles décrivent autour du Soicil des el _lipfés. Cette conféquence, quoique jufte, ne feroit pas fuffifämment déduite, parce qu’il eft néceffaire de faire voir la-liaïfon par-plufieurs propoñitionsin- termédiaires : ainfi on ne pourroit s’exprimer ainf que dans un-ouyrage dont le leéteur feroit fuppoté connoïitre d’ailleurs la liaifon de ces deux vérités. . D'où il s'enfuit en général, que pour juger de la bonté d’une déduétion, 1l faut connoître le genre d’oux yrage où elle fe trouve, & le genre d’eiprits &.de leéteurs auxquels elle eft deftinée. Telle dédr&ion et mauvaife dans un livre d’élémens , qui {eroit bonne ailleurs. : : RARE Les ouvrages de Géométrie font ceux où lon peut trouver plus facilement des exemples de bonnes déa duëfions ;parce que les principes de cette fcience {ont d’une évidence palpable, & que les conféquences y font rigoureufes : par conféquent s’il faut un certain degré plus Ou moins grand de patience ann ZZ 730 D ED & même de fagacité, pour entendre la plüpart de | nos livres de Géométrie tels qu'ils font , il en fau- droit très-peu, & même fi peu qu'on voudroit pour es entendre tels qu'ils pourroiïent être ; car 1l n'y ‘a point de propofition mathématique fi compliquée welle foit en apparence , de laquelle on ne puifle dorer une chaîne continue jufqu'äux premiers ax10- mes. Ces axiomes font évidens pour les efprits les plus bornés , & la chaîne peut être fi bien ferrée que Pefprit le plus médiocre apperçeive immédiatement la liaifon de He propofñtion à la fuivante. Cha- que propofition bien entendue eft, pour ainfi dire, un lieu de repos où il prend des forces pour pañer aux autres, en oubliant , s'il veut, toutes les propo- fitions précédentes. On pourroit donc dire qu'en ma-, tiere de Sciences exactes , les efprits ne different que par le plus ou le moins de tems qu'ils peuvent met- tre à comprendre les vérités : je dis à comprendre , car je ne parle ici que de la faculté de concevoir, & non du génie d'invention, qui eft d’un genre tout différent. On pourroit demander ici, fi dans une déduéfion l’efprit'apperçoiït ou peut appercevoir plufieurs pro- pofñtions à la fois. Il'eft certain d’abord qu'il en ap- perçoit au moins deux; autrement il feroit impofñli- ble de former un raifonnement quelconque : & pour- uoi d’ailleurs l’efprit ne pourroit-il pas appercevoir dei propofitions à la fois , comme il peut avoir à la fois deux fenfations , par exemple celle du toucher & de la vûe , ainfi que l’expérience le prouve ? mais l’efprit apperçoit-il ou peut-il appercevoir à la fois plus de deux propoñtions ? C’eft une queftion que la rapidité des opérations de notre efprit rend très - difficile à décider. Quoi qu'il en foit, 1l fuffit pour une déduëlion quelconque, qu’on puifle apper- cevoir deux vérités à la fois, comme nous Pavons prouvé. j'a | A toutes les qualités que nous avons exigées pour une bonne déduélion | on pourroit ajoûter encore qu’- afin qu’elle foit abfolument parfaite, il eft néceffaire qu’elle foit le plus fimple qu'il eft poflible , c’eft-à- dire que les propofitions y foïent rangées dans leur ordre naturel ; enforte qu’en fuivant tout autre che- min, on füt obligé d'employer un plus grand nombre de propofitions pour former la déduhion, Par exem- ple , les élémens d’Euclide font un exemple de bon- he déduifion, maïs non pas de déduchion parfaite ; par- : ce que l’ordre des propoñtions auroit pù être plus naturel & plus fimple. Voyez fur cela Les différens éle- mens de Géométrie , & l'art de penfer. Voyez auffi ÊLE- MENS , GÉOMÉTRIE, &c. (0) - DÉDUIRE, v. a&. (Commerce) fouftraire , dimi- nuer , rabaïtre , retrancher. Un négociant ne peut dire que fon fonds eft à lui, s'il n’a entierement déduit fes dettes paflives. Voyez l’article DÉDUCTION. (G) - DEE, (Géog. mod.) il y a trois rivieres de ce nom, deux en Ecofe , une én Angleterre qui fe jette dans la mer d'Iflande. DÉESSE, £. f. (Myth) faufle divinité du fexe fé- ‘ ininin. Voyez DIEU. = Les anciens avoient prefque autant de déeffes que de dieux : telles étoit Junon , Diane , Proferpine, Vénus, Thétis, la Viétoire, la Fortune, 6, Voyez FORTUNE. = Ils ne S’étoient pas contentés de fe faire des dieux femmes , où d'admettre les deux fexes parmiles dieux ; ils en avoient aufli d’hermaphrodites : ainfi Minerve, felon quelques favans étoit homme & femme, appellée Lunus & Luna. Mithra chez les Perfes , étoit dieu & déejfe ; & le fexe de Vénus & de Vulcain, étoit auf douteux. De - là vient que dans leurs invocations ils difoient : f£ vous êtes dieu ; fi vous éres déeffe , comme Aulugellé nous lapprend. #oyez; HERMAPHRODITE. tr man 7. (DEŒ C’étoit le privilége des déeffes d’être repréfentées toutes nues fur les médailles : l'imagination demeu- roit dans le refpe@ en les voyant. Didionnaire de Trévoux 6 Chambers, | Les déeffes ne dédaignoïent pas de s’unir quelque- fois avec des mortels. Thétis époufa Pelée, & Vé- nus aima Anchife, &c. Mais c’étoit une croyance commune , que les hommes honorés des faveurs des déefles ne vivoient pas long -tems ; & fi Anchife pa- roit avoir été excepté de ce malheur, il en*fut, dit- on, redeyable à fa diferétion, (G) DÉESSES-MERES, (Lirt. Antiq. Infe. Myth. Hifi.) divinités communes à plufeurs peuples, mais par- ticulierement honorées dans les Gaules & dans la Germanie, & préfidant principalement à la cam- pagne &c aux fruits de la terre. C’eft le fentiment de M. l'abbé Banier, qu'il a étayé de tant de preuves dans le V7. volume des mémoires de l'académie des Belles-Lertres, qu’on ne peut s’y refufer. Les furnoms que les déeffes- meres portent dans les infcriptions , femblent être ceux des lieux où elles étoient honorées : ainfi les infcriptions fur lef- quelles on lit matribus Gallaicis ,marquoient les déef- fes-meres de la Galice ; ainfi les Rumanées font celles qui étoient adorées à Rhumaneim dans le pays de Juliers, &c. Leur culte n’étoit pas totalement borné aux cho= fes châmpêtres , puifqu’on les invoquoit non-feule- ment pour la fanté &c la profpérité des empereurs & de leur famille , mais auffi pourdes particuliers. Les déefles-meres étoient fouvent confondues , & avoient un même culte que les Suleves', les Com- modeves, lés Junons, les Matrones , les Sylvati- ques , & {emblables divinités champêtres. On le juf- tifie par un grand nombre d’infcriptions qu’ont re- cueillies Spon , Gruter , Reynefius, & autres anti- quaires. Il n’eft pas vraiffemblable que les déeffes-meres ti- rent leur origine des Gaules ou des Germains, com- me plufeurs favans le prétendent , encore moins que leur culte ne remonte qu’au tems de Septime Sévere. On a plufeurs infcriptions qui prouvent que ces déeffes étoient connues en Efpagne & en Angle- terre ; & il eft probable que les uns & les autres avoient reçu le culte de ces déeffes , foit des Romains, {oit des autres peuples d'Italie, qui de leur côté le devoient aux Grecs, tandis que ceux-ci le tenoient des Egyptiens & des Phéniciens par Les colonies qui étoient venues s'établir dans leurs pays. Voilà la premiere origine des déeffes-meres, & de leur culte: en effet il paroïît par un paflage de Plutarque, que les Crétois honoroient d’un culte particulier, même dès les premiers tems, les déeffes-meres, & perfonne n’ignore que les Crétois étoient une colon phéni- cienne. C’eft donc de la Phénicie que la connoïffance des déeffes-meres s’eft répandue dans le refte du monde. Si l’on fuit les routes des fables & de l’idolatrie, on les trouvera partir des peuples d'Orient qui en fe difperfant altérerent la pureté du culte qu'ils avoient teçu de leurs peres. D'abord ils rendirent leurs hom- mages à ce qui parut le plus parfait & le plus utile, au Soleil, & aux aftres ; de leur adoration, on vint à celle des élémens, & finalement de toute la natu- re. On crut l'univers trop grand pour être gouverné par une feule divinité ; on en partagea les fonétions entre plufeurs. Il y en eut qui préfiderent au ciel, d’autres aux enfers, d’autres à la terre; la mer, les fleuves, la terre, les montagnes, les bois, les cam- pagnes, tout eut fes divinités. On-n’en demeura pas la : chaque homme, chaque femme , eurent leurs propres divinités, dont le nomibre , dit Pline, excé- doit finalement celui de La race humaine, Les divi- nités des hommes s’appelloient les Génies, celles dés femmes les Junons. | Aïnfi fe répandit la tradition parmi prefque tous les peuples de la terre; que le monde étoit rempli de génies ; opinion, qui après avoir tant de fois chan- gé de forme, a donné lieu à l’introduétion des fées, aux antres des fées, &c s’eft enfin métamorphofée en cette cabale myftérieufe, qui a mis à la place des dieux , que les anciens nommoient Dufii & Piloft , les Gnomes, les Sylphes, &c. Voyez GENIE, 6'c« Il n’eft guere douteux que c’eft du nombre de ces divinités, en particulier des Junons & des Génies, que fortoient Les déeffes-meres, puifqu’elles n’étoient que les génies des lieux où elles étoient honorées , {oit dans les villes, foit dans les campagnes , com- me le prouvent toutes les infcriptions qui nous en reftent. oi On leur rendoit fans doute le même culte qu'aux divinités champêtres ; les fleurs & les fruits étoient la matiere des facrifices qu’on offroit en leur hon- neur; le miel & le lait entroient auffi dans les of- frandes qu’on leur faifoit. | Les Gaulois en particulier qui avoient un grand refpeë& pour les femmes, érigeoient aux déeffes - me- res des chapelles nommées cencelli, & y portoient leurs offrandes avec de petites bougies ; enfuite après avoir prononcé quelques paroles myftérieufes fur du pain ou fur quelques herbes , ils les cachoïent dans un chemin creux ou dans un arbre, croyant par-là garantir leurs troupeaux de la contagion & de la mort même. Ils joignoient à cette pratique plu- feurs autres fuperftitions , dont on peut voir le dé- tail dans les capitulaires de nos rois, & dans les an- ciens riuels qui les défendent. Seroit-ce de-là que vient la fuperftition finguliere pour certaines ima- ges dans les villes & dans les campagnes? Se- roit-ce encore de-là que vient parmi les villageois la perfuafon des enchantemens & du fort fur leurs troupeaux,qui fubfifte toûjours dans plufieurs pays ? C’eft un fpettacle bien frappant pour un homme qui penfe, que celui de la chaîne perpétuelle & non in- terrompue des mêmes préjugés, des mêmes crain- tes, & des mêmes pratiques fuperftitieufes. Arsicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DEFAILLANCE, f. f. (Medecine. ) fe dit en Me- decine de la diminution des forces vitales qui ten- dent à s’éteindre ; ainfi la défaillance précede la fyn- cope qui eft comme le plus haut degré de cette di- minution, Voyez SYNCOPE. (4) DEFAILLANCE, en latin deliquinum , terme de Chi- mie. On entend par défaillance la diflolution ou la réfolution en liqueur de certains fels par l’eau de l’atmofphere. Ainfi tout fel qui étant expofé fec à l’air libre , devient liquide, s’appelle /e/ défaillant, fel déliquefcent , ou bien fe! qui tombe en défaillance, en deliquium. Voyez SEL. | DEFAILLANT , part. pris fubft. (Jurifprud. ) eft celui qui ne comparoît pas à l'audience ou à quel- que aéte extrajudiciaire ; tel qu’un procès-verbal qui fe fait en l’hôtel du juge ou devant notaire, quoi- qu’il eût été fommé de fe trouver. (4) Défaillant fignifie auf quelquefois #7anquant.C’eft en ce fens que l’on dit une Zigne défaillante , pour dire une ligne éteinte. Les héritiers de la ligne maternelle fuccedent aux propres paternels, lorfque la ligne pa- ternelle eft défaillante. (4) | DEFAIRE,, v. a&. eft applicable à tout ouvrage; l’adion par laquelle on le produit, s’appelle faire ; celle par laquelle on le détruit, s'appelle défaire. DEFAIT, VAINCU, BATTU, (Are militaire & . Gramm. Syn.) Ces termes s’appliquent en général à une armée qui a eu du deffous dans une aétion. Voici les nuances qui les diftinguent. Une armée eft vain- 1cue, quand elle perd le champ de bataille. Elle ef Tome 1F, | D EF 731 | battue, quand elle le pesl avec un échec confidé- rable, c’eft-à-dire en laïflant beaucoup de morts & de prifonniers. Elle eft défaite, lorfque cet échec va au point que l’armée eft difiipée ou tellement affoi- blie, qu'elle ne puifle plus tenir la campagne, On a dit de plufieurs généraux qu'ils avoient été vaincus, fans avoir été defairs, parce que le lendemain de là perte d’une bataille ils étoient en état d'en donner une nouvelle. On peut auf obferver que, les mots vaincu & défait ne s'appliquent qu’à des armées ou à de grands corps; ainfi on ne dit point d’un déta- chement qu'il a été défair ou vaincu , mais qu’ila été battu. (O0 F, DEFAIT ox DECAPITÉ, terme dont les auteurs françois qui ont écrit fur le B/afon , {e fervent pour défigner un animal dont la tête eft coupée net, & pour le diftinguer de celui dont la tête eft comme arrachée , & comme frangée à l’endroit de la cou- pure. (F7) DEFAITE, DEROUTE, fubft. f. (Are mile. & Gramm. Syn.) Ces mots défignent la perte d’une ba- taille faite par une armée ; avec cette différence que déroute ajoûte à défaite, & défigne ne armée,qui fuit en defordre, & qui eft totalement difipée. (0) DEFAITE, (Comm. ) eft fynonyme à débir, &r fe prend en bonne où mauvaife part, felon lépithete qu’on y ajoûte. Cette étoffe, ces blés, font de bon- ne défaire ; ces laines font de mauvaife défaire, pour dire que les uns fe vendent bien, & les autres mal. Didionn. du Comm. (G) | DEFAIX , £ m. (Jurifprud.) font des lieux an dé- fenfes, tels que la garenne &c l’étang du feigneur, ‘Voyez Touraille fur l’article 171 de la coutume d’An- jou. (4) DEFALQUATION, f. f. (Commerce) dédu&tion, fouftraétion qu'on fait d’une petite fomme fur une plus grande. (G) DEÈFALQUER, v. a@. (Commerce.) fouftraire , re- trancher, diminuer, déduire une petite fomme d’u- ne plus confidérable. On fe fert pour cette opéra- tion de la fouftraétion , qui eft la feconde des quatre premieres regles d’Arithmetique. Foyez SOUSTRAC- TION. Dicfionn. du Comm. (G) DEFAUT , VICE , IMPERFECTION ,(Gramm. Synonym.) Ces trois mots défignent en général une qualité repréhenfible , avec cette différence que vice marque une mauvaile qualité morale qui procede de la dépravation ou de [a bafefle du cœur; que défaut marque une mauvaife qualité de l’efprit , ou une mauvaife qualité purement extérieure, & qu’ir- perfetion eft le diminutif de défaut. Exemple. La né- gligence dans le maintien eft une émperfechion ; la dif- formité & la timidité font des défaurs ; la cruauté & la lâcheté font des vices. , Ces mots different aufli par les différens mots aux- quels on les joint, fur-tout dans le fens phyfique ou figuré. Exemple. Souvent une guérifon refte dans un état d’imperfeélion , lorfqu’on n’a pas corrigé le vice des humeurs ou le défaut de fluidité du fang. Le commerce d’un état s’affoiblit par l’imperfetion des manufa@tures, par le défaut d’induftrie , & par le vice de la conftitution.s(0) DEFAUT DE LAIT. Voyez LAIT, DEFAUT DE TRANSPIRATION. Voyez TRANSPI- RATION. DEFAUT DE LA VOIx. Voyez Voix. DerFAUT, (/urifprud.) appellé chez les Romains contumacia rei abfentis Ou eremodiciu , fignifie en ter- mes de Pratique l’oiffion de quelque chofe. On en- tend auff par-là le jigement qui en donne afte. Doz- ner defaut , c’eft donner aûte du défaut; prendre dé. faut, c’eft obtenir un jugement qui donne défaur. Le jugement par défaur eft celui qui eft rendu en l’abfence d’une des parties: il y a des défauts que ZZLzzi 732 DE F Pon prend à l’audience: il yen a que lon leve au greffe. Il y a auffi d’autres officiers publics , tels que les commilfaires,, notaires ,: huifiers, qüi donnent défaut dansleurs aûtes & procès -verbauxrcontre ceux quine comparentpas. Le profit du défaur, c'eft ceiquel'on ordonne fur le fond ;:en conféquence du défastion.adjuge ordinairement au demandeur des conchifions , pourvû qu’elles foient juftes & bien vérifiées autrement il doit être débouté de fa de- mandesquoique ce foit par défaur contre l'autre par- tie, Lerdemandeur prend défut contre le: défen- deur. &c celui-ci prendicongé, c’eft-dire fon:ren- voi, lorfque le demandeur eft défaillant. Le défail- tant peut revenir par ‘oppoftion dans la: huitaine contre le défaut que l’on a pris contre lui, à moins que le défaut ne foit obtenu à tour de rôle ou fatal. Le défaillant peut aufñi, foit dans la huitaine ou après , fe pourvoir par appel, file défaur n’eit qu'u- ne fentence. (4 ) Ve DEFAUT FAUTE DE COMPAROIR, eft un juge- ment que le demandeur obtient contre le défendeur qui ne fe préfente pas au greffe dans les délais de l'ordonnance, Voyez PRESENTATION. j Ce défaut fe prend au greffe huiïtaine après l’é- chéance de l’afignation, & on en fait juger le pro- fitaprès une autre huitaine pour ceux quifont ajour- nés à huitaine ; & à l'égard de ceux qui font ajour- nés à plus longs jours, le délai pour faire juger le défaut, outre celui de laflignation & de hwitaine pour défendrèe, eft encore de la moitié dt tems por- té pa laflignation, LE défaillant eft rect-oppofant à ce défaut, même après-huitaine , en refondant les frais de contuma- CEA) - | DEFAUT FAUTE DE CONCLURE , eft celui que l’on obtient lorfque le procureur d’une des parties refufe de pafler l’appointement de conclufon dans un procès par écrit. En conféquence de ce defaut, &t après qu’il a été figmifié , on forme la demande en profit du défaur. Si c’eft l’intimé qui refufe de pañler l’appointement de conclufñon , le profit du défaur eft qué l'intimé eft déchu du profit de la fentence: fi c’eft au contraire l’appellant qui refufe de conclure le procès, le profit de ce défaut eft qu’on déclare l’appellant déchu de fon appel. foyez APPOINTE- MENT € PROCÈS PAR ECRIT. (4) | . DEFAUT coNTUMACE , eft celui que l’on pro- nonce contre l’accufé qui eft en demeure de fe re- préfenter à juftice. Voyez l’article 18 du tit. xviy. de l'ordonnance de 1670. & ci-dev. CONTUMACE. (4) «+ DÉFAUT DECULPÉ au parlement de Bourgogne, eft la même chofe que défaut rabattu. Voyez Bouror, some IT, div. JL, tir. x. n, 20. & ci-après DEFAUT RA- BATTU. (4) DEFAUT FAUTE DE DEFENDRE, eft celui que le demandeur obtient contre le défendeur qui s’eft pré- {enté fur l’affignation, mais qui n’a pas fourni de défenfes dans les délais ded’ordonnance. Dans les jurifdittions inférieures ces fortes de défauts fe don- nent à l’audience , fans autre aûte, délai, n1 fomma- tion préalable, & l’on en juge Le profit {ur le champ; mais dans les cours fouveraines ces défauts fe le- vent au grefle, on les fignifie au procureur du dé- fendeur ,_& huitaine après on les donne à juger. L’oppofition eft reçue à ce défaut , de même qu’à celui de comparoir, en refondant les frais de contu- mace, & à la charge de fournir de défenfes dans le délai prefcrit par le juge. (4) DEFAUT FATAL, eft celui contre lequel l’oppo- fition n’eft point recevable, tel qu’un jugement don- né par défaut dans une caufe continuée , ou un ar- rêt par défaut donné à tour de rôle, ou un fecond débouté d’oppofñition. (4) - DEFAUT EN MATIÈRE CRIMINELLE eft appellé coMmunément corumace. Voyez ci-devant CONTU- MACE. (4) An nl 202024 60 b “DEFAUT AUX ORDONNANCES, étoit accordé par finple ordonnance du juge, & non à l'audience ni au greffe. Ces fortes de défauts. ont été abrogés par l'ordonnance de 1667, tit: xJ, art. 7. néanmoins au châtelet de Paris, où les défauts faute de comparoir {ont rapportés par un confeiller ; ondes qualifie en: core de défauts aux ordonnances. Voyez:ite fyle du châteler. (A) PE | DÉFAUT ; (petir) c’eft le premier défaur qw'onle- ve au greffe pour obrenir un défuur faute de compa- roir : ce perit défaut ne porte autre chofe , finon &- faut à un tel demandeur contre un tel défendeur & dé. faillant faute de comparoir , après que le délai porté par ordonnance efl expiré. Faite « . . à ; (4 DEFAUT SURIECES VUES ; lorfque l’affignation contient plus de trois chefs de demande, le profit du défaur peut être jugé fur les pieces vües & mifes fur le bureau , fans néanmoins que les juges puiflent prendre aucunes épices, Ordonnance de 1667, vir. y. article, 4. (4) DEFAUT FAUTE DE VENIR PLAIDER, eft celui qui fe donne à une partie contre l’autre, qui s’étant préfentée & ayant fourni fes défenfes, manque de comparoir à l’audience pour plaider. Pour que ce défaur foit obtenu régulierement, il faut que lon ait fignifié un avenir ou fommation de plaider ce jour-là. Si c’eft le défendeur qui ne compare pas, le de- mandeur, fon avocat ou fon procureur demande dé- faut contre le défaillant, & pour le profit fes con- clufions; fi c’eft le défendeur qui prend défaut , il demande congé, & pour le profit d'être renvoyé de la demande. (4) DEFAUT, (premier) eft le premier jugement ob- tenu par défaur à l'audience contre la partie défail- lante ; le fecond eft ordinairement fatal : dans quel- ques tribunaux ce n’eft que le troifieme. Il n’eft pas vrai, comme le difent quelques praticiens, qu’un Premier défaut ne foit proprement qu’un avenir en parchemin ; car quoïqu’on ait la faculté de s’y op- pofer, l’oppofition ne l’anéantit pas totalement, quand ce ne feroit que pour l’hypotheque qui prend date du jour du premier jugement, lorfque par l’é- venement il eft confirmé, Voyez DEFAUT FATAL € "OPPOSITION. (4) DEFAUT EMPORTANT PROFIT , eft ufité dans les jurifdiétions confulaires 3 quand l’une des deux parties ne compare pas à la premiere aflignation, les juge & confuls donnent défaur ou congé emportant profit, fuivant l’article $ du tit. xvj. de l'ordonnance de 1667 ; c'eft-à-dire qu’on ne leve point d’abord de petit défaut au greffe, & que le même Jugement qui donne défaur, en adjuge le profit. Tous congés & défauts qui s’obtiennent à l’audience à tour de rôle ou fur avenir, non feulement fur des appellations, mais aufh fur des demandes qui s’y portent direte. ment, emportent profit & gain de caufe définitive- ment, même aux requêtes civiles, qui vont contre l'autorité des chofes jugées. Louet , /ec. c. fom. 55. (4) Fa DEFAUT PUR ET SIMPLE, eft celui qui eft adju- gé dès-à-préfent fans aucune condition ni reftric- on. (4) | DEFAUT RABATTU, c’eft celui que le juge a ré- voqué ; les défauts même à tour de rôle peuvent être rabattus dans la même audience en laquelle ils ont été prononcés ; le juge prononce en ce cas fimple- ment le défaut rabattu. Il eft fort différent de fe faire recevoir oppofant à ur jugement par défaur ou de le faire rabattre ; car dans le premier cas le jugement fubfifte fans néanmoins qu'ils puiffent préjudicier ; au lieu que quand le défaur eft rabattu , c’eft la mê- me chofe que s’il n’avoit pomt été accorde ; &'lon n’en délivre point d'expédition non plus que du ju- ément quien ordonne le rapport ourabat, à peine “a nullité , &c:de 20 liv. d'amende, contre chacun des procureurs & grefliers qui les auroient obtenus & expédiés ; fuivant l’arss5 du'rir, xjv. de l’ordon- nance de 1667: (4) Sail | DEFAUT FAUTE DE REPRENDRE, eft celui que l'on accorde coftre un héritier donataire ou léga- taire univerfel, où autre fuccefleur à titre univer{el, qui étant affigné en reprife d’inftance au lieu &c place du défunt, refnfe de mettre fon acte de reprile au greffe; on ordonne en ce:cas que dans trois Jours pour tout délai le défaillant fera tenu de reprendre, finon pour le profit du défzur on ordonne que l’inf- tance fera tenue pour reprife. F’oyez REPRISE D'INS- TANCE, (4) - DEFAUT SAUF L'HEURE, eft un jugement qui fe donne à l’audience par défaut faute de venir plai- der: le juge en prononçant défaut , ajoûte ces mots, fauf l'heure ; c’eft-à-dire que f le défaillant fe pré- _ fente dans une heure , le défaut pourra être rabattu: il eft néanmoins d’ufage de les rabattre jufqu’à la fin de lPaudience , à moins qu’il n’y eût une fuite mar- quée della part du défaillant. (4) _.DErAUT, (/auf) étoit une forme de jugement par défaut ufitée avant l’ordonnance de 1667. Le juge donnoit défaur, mais avec une claufe commen- çant par ce mot /auf, qui laifloit au défaillant une voie pour empêcher l'exécution du défaur, Un dé. faut levé fans aucun /euf étoit nul, aufli-bien que le jugement donné dans le délai ordinaire du fauf. Ces fortes de défauts ont été abrogés par l’ordon- nance de 1667, tir. xj. art. 7, Voyez Baflet, come LT. Liv. IL. ch. ij. (A) DerAuT, (/écozd') c’eft le débouté d’oppoñition au premier défaut, Voyez DEBOUTÉ D’oPPosiI- TION. (4) : DEFAUT TILLET, au parlement de Touloufe étoit un {eécond defaur qui fe levoit au greffe fur une réafignation. Voyez Le flyle du parlement de Touloufe par Cayron, div. IV. nt.j, (A) DEFAUT .À TOUR DE RÔLE, eft un arrêt par dé- faut obtenu à appel de la caufe fur le rôle. Ces for- tes de défauts ne {ont pas fufceptibles d’oppofition, parce que le défaillant eft fufhfamment averti par la publication du rôle fur lequel la caufe a été ap- pellée à fon tour. Voyez La bibliotheg. de Bouchel au mot DEFAUT ; le ffyle du parlement dans Dumoulin, comme II. page 415, l'ordonnance de 1667, tit. 11. jy. 6 y. (4) _ DÉFAUT, (Efcrime.) Prendre le défaut d'un mou- yvement , d’une attaque, &tc. c'eft profiter du mouve- ment que l'ennemi fait, pour le frapper pendant qu'il fe découvre. Exemple. Le défaur de la parade eft de ne pouvoir fe garantir de deux côtés en même tems, puifque (voyez ESCRIME, précepte 24.) un efcrimeur né peut parer dans les armes fans découvrir le dehors; &z hors les armes , fans découvrir le dedans : donc fi l’on acquiert l’adrefle de frapper l'ennemi dans les armes tandis qu'il pare le dehors , ou hors les armes pendant qu'il couvre le dedans , ce fera le prendre dans le défaut. Il yen a qui prétendent que la parade du cercle, “ou du contre du contre-dégagement (voyez PARADE DU CONTRE DU CONTRE), couvre les deux côtés à la fois, & les garantit en même tems. Je dis au contraire que cette parade ne couvre ni le dedans ni Le dehors ; car la parade du cercle décrit un cone qui a pour fommet le pommeau de l'épée, & pour bafe une circonférence de cercle formée par la ré- volution de la pointe : or il eft clair que pendant la révolution de ce cone on peut faire pañler par fon D ETF intérieur une infnité de lignés droites par la circon- férence de la bafe jufqu’au fommet , {ans être cou- pées par les côtés ; d'ou 1l fuit que cette parade n’eft pas bonne, 6c de plus tous ceux qui s’en fervent ne l’exécutent qu’en reculant. . DÉFAUT, (Hydraulique.) eft la différence qui fe trouve entre la hauteur où les jets s’élevent, & celle où ils devroient s'élever. Ces défaurs font dans la raifon des quarrés des hauteurs des mêmes jets, avec la hauteur des refervoirs. (Æ) DÉFAUTS HEREDITAIRES , (Manege.) font ceux que l'étalon communique aux poulains qui naïflent de fon accouplement, favoir tous les maux de jar- ret & la lune, Voyez LUNATIQUE. (7°) | DÉFAUT, (Wenerie.) être en défaur, ou demeurer en défant; termes de chaffe qui fe difent des chiens qui ont perdu les voies d’une bête qu’on chañe. DEFECATION , f. f. (Pharm.) Ce terme s’em- ploye pour exprimer la dépuration d’un fuc de plante ou de fruit, qui fe fait par réfidence, ou par la pré- cipitation fpontanée des parties qui la troubloient. Les fucs des différens fruits & de certaines plantes fe clarifient par défécaion. On met ces fucs dans des bouteilles de verre, que Pon remplit de façon qu'il y ait aflez de vuide pour y mettre environ un tra- vers de doigt d’huile d'amandes douces ou d’olives, & le bouchon ; on place ces bouteilles dans un en- droit frais, & on les larffe en repos. Il s’excite bien- tôt dans la liqueur un petit mouvement de fermen- tation qui rompt la légere union qui retenoit fuf- pendus les débris des petites cellules qui contenoient ce fuc dans la plante ou dansle fruit, &les fait tomber au fond du vafe. Ce font ces parties précipitées qui fe nomment féces, dépôs ou réfidence, La liqueur étant dévenue claire, on enleve l'huile, &"à l’aide d’un fyphon où de la décantation, on retire le fuc. Voyez DÉCANTATION. La-déféction dont nous parlons s’employe plus fréquemment pour les fucs des fruits, & même on ne fauroit guere s’en paler dans ce cas, parce que ces fucs ne pañlent point par le filtre, & qu'ils ne s’éclairciffent pas par l’ébullition ; au lieu que ces moyens font ordinairement fufifans pour les fucs des plantes, c’eft-à-dire la filtration pour celles qui contiennent des parties volatiles , & une légere ébullition pour celles qui ne font ni aromatiques ni alkalines. IL eft cependant certaines plantes qui fourniffent des fucs qui ne fe clarifient pas bien par lébullition mi pat la filtration, quand ils font récemment ex: primés, parce qu'ils contiennent une partie mucila- gineufe &c vifqueufe , qui leur donne une ténacité qui ne peut fe détruire que par le petit mouvement de fermentation dont nous avons parlé ; & c’eft auffi pour les fucs de plantes de cette efpece qu’on a recours à la défécation , comme pour Le fuc des fruits: Voyez Suc, & Les articles particuliers, où vous trou- verez la façon la plus propre à purifier chaque fuc ufité. (4) DEFECTIF ox DEFECTUEUX , adj. rerme de Gramm, qui {e dit ou d’un nom qui manque, ou de quelque nombre, ou de quelque cas. On le dit auffi des verbes qui n’ont pas tous les modes ou tous le ; q $ tems qui font en ufage dans les verbes répuliers. Poy. Cas, CONSUGAISON, DECLINAISON, VER- BE. (F ère, nombres défeilifs, (Arichmérig.) eft la même chofe que nombres déficiens. Foyez Dert- CIENT. (0) DerecTir, adj. (Géomer.) hyperboles défédives, font des courbes du troifieme ordre, ainfi appellées par M.Newton, parce qu'ayant une feule afymptote droite , elles n’en ont qu’une de moins que lhyper- bole conique ou apollonienne, Elles font oppotées 733 734 D EF aux hyperboles redundantes du même ordre. Voyez HYPERBOLE & REDUNDANT. Nous avons vü à l’arricle COURBE que x y y + ey=axi+bx?+cx+ def l’eéquationde la pre- miere divifiôh. générale des courbes du troifieme ordre. On tire dé cette équation y = — — LE — V(axt+bx+e+i4f). Or il eft vifible, 9, que fix=0, —=—<,2°.quefixeftinfineon, ay=+vaxt= "t x ya. D'où l’on voit, 1° qu’- au point où + = 0, la courbe a une afymptote qui eft l’ordonnée même; 2° que fi z eft négatif, la va- leur x V/a eft imaginaire , & qu’ainfi y = x V4 ne ‘ défigne alors qu’une afymptote imaginaire. L’hy- perbole dans ce cas eft donc défe&tive, puifqu’elle n’a qu'une afymptote réelle. Voyez aux arr, COUR- BE 6 SUITE, &c, pourquoi y = x y/a défigne une afymptote, quand x eft infinie & a pofitif. (O0) DEFECTION, £. f. (Æiff. mod. Art milir.) c’eft l’aétion d'abandonner le parti ou les intérêts d’une perfonne à laquelle on étoit attaché. Ce mot eft formé du latin defcio, je manque, & n’a pas en fran- çois un fens aufli étendu que defértion. On peut bien dire qu'un confpirateur a échoüé par la défeétion de fes partifans , & l’on ne diroit pas également qu'une . a été fort affoiblie par la défeéfion des foldats. G DEFENDANT , adj. en terme de Fortific. fignifie ordinairement la même chofe que ffanquant. Aïnf on dit: /e flanc défend les courtines & la face oppofte du baftion ; la demi-lune flanque ou défend l’ou- vrage a cornés, ou l'ouvrage couronne; les villes an- ciennement fortifiées fort aifées a prendre, parce qu'il n'y a rien qui flanque ou défende leurs fortifications. Quand 6n dit que le flanc défend la c@urtine ; on entend non feulement qu'il eft diftingué de la cour- tine, mais qu'il en défend l'approche ; c’eft-à-dire que ceux qui font poftés fur Le flanc d’un bafton, peuvent voir tous ceux qui Viennent pour attaquer la courtine , & peuvent tirer deflus & les empè- «0 d'approcher. Voyez FLANQUER, Chambers. DEFENDEUR , {. m. (Jzrifpr.) appellé dans le droit romain rezs, eft celui qui eft afligné en juftice pour défendre , c’eft-à-dire répondre à une demande formée contre lui ; on lui donne la qualité de defen- deur dès qu'ileft afligné , même.avant qu'il ait fourni fes défenfes. Le défendeur doit être affigné devant fon juge, fuivant la maxime, alor féquitur forum rei, S'il n’eft pas afligné devant fon juge, ou devant un juge com- pétent pour connoître de la matiere, il peut deman- der fon renvoi, à moins qu’il n’y ait quelque raifon dé privilege on connexité pour le traduire ailleurs. On doit laifler au défendeur copie de l'exploit: & des pieces juftificatives. | A l’échéance de Paffignation le déférdeur doit fe préfenter, & enfuite fournir fes défenfes, faute de quoi on obtient défaut contre lu. Quand le demandeur ne comparoît pas, le défer- deur demande congé contre lui, c’eft-à-dire défaut; & pour le profit, d’être renvoyé de la demande. Voyez DEFAUT 6 CoNGé. Lorfqu'il y a du doute fur la demande, on incline plûtôt pour le défendeur que pour le demandeur, par la raifon qu’on fe porte plus volontiers à décharger qu’à obliger. L. 125. ff. de regul, jur. & leg, 38, ff. de re Judic. (4) DeFrENDEUR 6 DErAïLLANT ; c’eft le défendeur qu laifle prendre défaut contre lui. (4) DEFENDEUR 6 DEMANDEUR; cet celui qui étant ab enitio défendeur, s’eft conftitué de fa part demandeur pour quelqu’autre objet. (4). DEFENDEUR AU FOND: cela fe dit du défendeur, lorfqu’il eft en même tems demandeur par rapport à quelqu’incident de la forme. (4 | DEFENDEUR EN LA FORME; c’eft celui qui dé- fend à quelqu’incident fur la forme. (4) DEFENDEUR INCIDEMMENT DEMANDEUR. Voyez ci-devant DEFENDEUR 6 DEMANDEUR. (4) DEFENDEUR ORIGINAIRE EN MATIERE DE GARANTIE, eft celui contre lequel on a forme quel- que demande, pour laquelle il prétend avoir un ga- rant auquel il a dénoncé la demande ; il eft défendeur originaire ou à la demande originaire, & devient demandeur en garantie. On l’appelle défendeur ori- ginaireÿ pour Le diftinguer du déferdeur à la demande en garantie. Voyez l'ordonnance de 1667. tit. vu. & GARANTIE. (4) | DEFENDEUR AU PRINCIPAL, fe dit de celui qui eft défendeur à la premiere demande , &c incidem- ment demandeur en la forme , par rapport à quel- qu'autre demande incidente. (4) DEFENDEUR EN TAXE, c’eft-à-dire à la taxe des dépens. Voyez ci-après DEPENS 6 TAXE. (4) DEFENDRE , PROTEGER , SOUTENIR , v. a&. (Synon.) Ces trois mots fignifient en général l’aétion de mettre quelqu'un ou quelque chofe à cou- vert du mal qu’on lui fait ou quipeutluiarriver. Voici les nuances qui les diftinguent. On défend ce qui eft attaqué, on foétient ce qui peut l'être, on prorege ce qui a befoin d’être encouragé. Exemple. Un roi fage & puiffant doit protéger le commerce dans fes états, le foÂcenir contre les étrangers, & le défendre contre fes ennemis. On dit défendre une ville, foérenir un affaut, & protéger un pays contre les incurfons de l'ennemi ; déféndre une caufe, foñtenir une entreprife, protéper les fciences & les arts. On eft protégé par fes fupérieurs, on peut être défendu & foûtenu par {es égaux ; on eft protégé pär les autres, on peut fe dé- fendre & {e foñtenir par foi-même. Protéger fuppole de la puiflance , & ne demande point d’aétion ; dé- féndre & foñrenir en demandent, mais le premier fuppofeune aétion plus marquée. Exemple. Un petit état en tems de guerre eft ou défendu ouvertement, ou fecretement foécenu par un plus grand , qui fe contente de le protéger en tems de paix. (0) DEFENDRE, JUSTIFIER QUELQU'UN, /ÿyz07. (Gramm.) Ces deux mots fignifient en général l’ac- tion de prouver l'innocence ou le droit de quelqu'un. En voici les différences. Jufhiferfuppofele bon droit, ou au moins le fuccès : défendre fnppofe feulement le defir de réufir. Exemples. Ciceron défendir Milon , mais il ne put parvenir à le 7ufhfer. L'innocence a rarement befoin de fe défendre, le tems la juflife pref- que toüjours. (0) DEFENDRE, (Je) en terme de Manege, fe dit d’un cheval qui réfifte, en fautant ou en reculant , à ce qu’on veut qu'il fafle ; c’eft fouvent figne qu'il n’a pas la force de l’exécuter. Se défendre des levres, eft la même chofe que s’armer de la levre. Voy. ARMER. DEFENDS , (Jurifprud.) eft un terme de coûtume, qui fignifie une chofe er défenfe, c’eft-à-dire dont l'u- fage eft défendu : on dit en ce fens, des bois, des rerres , vignes & prés en défends : on dit aufli que des animaux font en déférds, pour exprimer qu’il eft dé- fendu de les mener en certains endroits. La coûtume de Normandie contient un titre de banon & défends ; banon fignifie ce qui eff permis, &c défends eft oppofé à banon. Dans cette coûtume le terme de défénds fe prend aufli pour le tems pendant lequel les terres font en défenies. | Les difpoñitions de ce titre font que toutes terres DEF cultivées & enfemencées, font en défends en tôut tems, jufqu’à ce que les fruits foient recueillis. ue les prés, terres vuides & non cultivées font en défends depuis la mi-Mars jufqu’à la fainte Croix en Septembre , & qu’en autre tems elles font com- munes, 6'c. . Que les chevres , porcs & autres bêtes malfai- fantes , font en tout tems en défends. | Enfin que les bois font toùjours en défends, à la réferve de ceux qui ont droit de coùtume & ufage, lefquels en peuvent ufer, fuivant l'ordonnance. A c DEFENDU , PROHIBÉ , fyron. (Gramm.) Ces deux mots défignent en général une chofe qu’il n’eft pas permis de faire, en conféquence d’un ordre où d’une loi pofñitive. Ils different en ce que prokibé ne » fe dit guere que des chofes qui font défendues par une loi humaine & de police. La fornication eft de- fendue , & la contrebande prohibée. (0) . DEFENDU, adj. On dit, ex termes de Blafon, qu'un fanglier eft déférdu d’une telle couleur ou d’un tel métal, pour dire qu® fa défenfe ou fa dent de deflous eft d’un autre émail aus fon corps. (7) DEFENS, c’eft, er terme de Marine, un comman- dement pour empêcher que le vafleau n’approche de quelque chofe qui le pourroit incommoder. (Z _ DErENs pu Norp, DEFENS pu Sup, (Mar. c’eft commander au timonier de ne pas gouverner de ce côté-là , & de ne pas trop s’en approcher, fuivant la nature du danger. (Z) , . DEFENSABLES, adj. (Jurifprud.) Les héritages défenfables {ont ceux dont l’ufage n’eft pas abandon- né à chacun pour y faire païtre fes beftiaux, ou du moins qui {ont en défends pendant un certain tems. Les coûtumes contiennent diverfes difpofitions à ce fujet, & impofent des peines à,ceux qui font * paître leurs beftiaux dans des héritages defenfables, pendant le tems qu'ils font en défends. Voyez le gloff. de Ducange , au mot DEFENSA. (4) DEFENSE DE SOI-MÊME, ( Religion, Morale, Droit rat. & ci.) ation par laquelle on défend fa vie , foit par des précautions, foit à force ouverte, contre des gens qui nous attaquent injuftement. » Le foin de fe défendre, c’eft-à-dire & repoufler les maux qui nous menacent de la part d'autrui, & qui tendent à nous perdre ou à nous caufer du dom- mage dans notre perfonne , eft une fuite néceffaire du'foin de fe conferver, qui eft infpiré à chacun par un vif fentiment de l’amour de foi-même, & en même tems par la raifon. Mais comme il'réfulte fouvent un conflit apparent entre ce que l’on fe doit & ce que l’on doit aux autres, par la néceflité où l’on fe trouve contraint, ou de repouffer le danger dont on eft menacé, en faifant du mal à celui qui veut nous en faire ; ou de fouffrir un mal Confidéra- ble, & quelquefois même de périr: nous allons tâ- cher d'indiquer comment on a droit de ménager la jufte défenfe de foi-mêéme dans l’état naturel & dans l’état civil. | : On fe défend ou fans faire du mal à l’aggrefleur, en prenant des précautions contre lui; ou bien en lui faifant du mal jufqu’à le tuer , lorfqu’il n’y a pas moyen de fe tirer autrement du péril: car quelque injufte que foit l’entreprife d’un pos la fo-, ciabilité nous oblige à l’épargner , fi on I peut, fans en recevoir un préjudice confidérable. Par ce jufte tempérament on fauve en même tems les droits de l’amour propre & les devoirs de la fociabilité. - Mais quand la chofe eft impoffble, 1left permis dans certaines occafñons de repoufler la force par la force, même jufqu'à tuer un injufte aggreffeur. Les lois de la fociabilité font établies pour la conferva- tion & l'utilité commune du genre humain, & on ne doit jamais les interpréter d’une maniere qui ten- DEF 735 ‘de à la deftru@tion de chaque perfonne en particu- lier, Tous les biens que nous tenons de la nature ow de notre propre induftrie, nous deviendroïent inu- tiles, fi lorfqu'un injufte aggrefleur vient nous em dépouiller, 1l n’étoit jamais jufte d’oppofer la force à la force ; pour lors le vice triompheroit hautement de la vertu , & les gens de bien deviendroiïent fans reflource la proie infaillible des méchans. Concluons que la loi naturelle, qui a pour but notre conferva- tion, n’exige point une patience fans bornes , qui tendroit manifeftement à la ruine du genre humain. Voyez dans Grotius les folides réponfes qu'il fait à toutes les objeétions contre le droit de fe défendre. Je dis plus : la loi naturelle ne nous permet pas feulement de nous défendre , elle nous l’ordonne. pofitivement , puifqu’elle nous prefcrit de travailler à aotre propre confervation. Il eft vrai que le Créa- teur y a pourvà par l’inftinét naturel qui porte cha- cun à fe défendre , enforte qw’on péchera plütôt de l’autre côté que de celui-ci ; mais cela même prouve que la jufte défenfe de Joi-méme n’eft pas une chofe abfolument indifférente de fa nature, ou feulement permifé. | Il eft vrai cependant que non-feulement l’on peut dans l'état de nature, mais que l’on doit même quel: quefois renoncer aux droits de fe défendre. De plus, on ne doit pas toùjours en venir à la derniere ex- trémité contre un injufte aggrefleur ; il faut au con: traire tâcher auparavant de fe garantir de fes infultes par toutes autres voies plus füres & moins violentes. Enfin la prudence & la raifon veulent encore qe l’on prenne le parti de fe tirer d’affaire en fouffrant une légere imure , plütôt que de s’expofer à un plus grand danger en fe défendant mal-à-bropos. Mais fi dans l’état naturel on a droit de repounfler le danger préfent dont on eft menacé, l’état civil y met des bornes. Ce qui eft légitime dans l’indépen dance de l’état de nature, où chacun peut fe défen:- dre par fes propres forces & par les voies qu’il juge les plus convenables, n’eft point permis dans une fociété civile, où ce droit eft fagement limité. Ici on ne peut légitimement avoir recouts pour fe dé- fendre , aux voies de la force , que quand les cir- conftances feules du tems ou du lieu ne nous per- mettent pas d’implorer le fecours du magiftrat contre une infulte qui expofe à un danger preflant notre vie, nos membres , ou quelqu'’autre bien irrépa- rable. . La défenfe naturelle par la force a’ lieu encore dans la fociété civile, à l'égard des chofes qui, quoi- que fufceptibles de réparations , font fur le point de nous être ravies, dans un tems que l’on ne connoît point celui qui veut nous les enlever, ou qu’on ne voit aucun jour à efpérer d’en tirer raïfon d’une au- tre maniere ; c’eft pour cela que les loïs de divers peuples ; 8la loi même de Moyfe, permettoient de’ tuer un voleur de nuit. Dans l’état civil, comme dans l’état de nature, après avoir pris toutes les pré- cautions imaginables , mais fans fuccès, pour nous garantir desgnfultes qui menacent nos jours, il eft alors toùjours permis de fe défendre à main armée contre touté perfonne qui attaque notre vie, fort qu’elle le fafle malicieufement & de propos délibéré, ou fans en avoir deflein; comme, par exemple, fr l’on court rifque d’être tué par un furieux, par un fou, par un lunatique , owpar un homme qui nous prend pour un autre auquel 1l veut du mal ou qui eft fon ennemi. En effet, il fuffit pour autonifer la défenfe de fa vie, que celui de la part de qui on eft expofé à ce péril, wait aucun droit de nous atta- quer , &c que rien ne nous oblige d’ailleurs à fouffrir la mort fans aucune néceflité. | Il paroît même que les droits de la jufte Zferfe de , fes jours ne-ceflent point, f Paggrefleur injuite qui 736 DEF veutnous Ôter a vie par la violence, fe trouve être un fupérieur: car du moment que ce fupérieur fe porte malicieufement ou de propos déliberé à cet excès de fureur, il fe met en état de guerre avec celui qu’il attaque ; de forte que l’inférieur prêt à pénir, rentre dès-lors dans les droits de la nature. Nous avons dit ci-deflus que l’on peut fe défendre ‘à main armée, pour prévenir la perte de quelque membre de notre corps. En effet, les lois civiles, d'accord avec les lois naturelles, n'’obligent point les citoyens à fe laïffer mutiler, plütôt que de pré- venir les effets d’une pareille violence : car comment s’aflürer qu’on ne mourra pas de la mutilation ou de la bleflure ? & le lépiflateur peut-il favorifer Les en- treprifes d’un fcélérat , quoique par fes entreprifes il n’ôte pas néceflairement la vie à La défenfe de l'honneur autorife pareillement àsen venir aux dernieres extrémités, tout de même que fi l’on étoit attaqué dans la perte de fes membres Ou dans fa propre vie. Le biende la fociété demande que l'honneur du fexe , qui eft fon plus bel ornement, foit mis au même rang que la vie, parce que c’eft un aéte infâme d’hoftilité, une chofe irréparable, qui par conféquent autorife l’ation de fe porter dans ce moment aux dernieres extrémités contre le coupable : Paffront eft d'autant plus grand, qu'il peut réduire une femme vertueufe à la dure néceffi- té de fufciter de fon propre fang des enfans à un homme qui agit avec elle en ennemi. Mais, d’un autre côté , il faut bien fe garder de placer l’honneur dans des objets fi&tifs , dans de faufles vües dz point d'honneur, qui font le fruit de la barbarie, le triomphe de la mode, dont la raïfon & la religion condamnent la vengeance, parce que ce ne font que des outrages vains & chimériques qui ne peuvent véritablement deshonorer. L’honneur fe- roit fans contredit quelque chofe de bien fragile, fi la moindre infulte , un propos injurieux, ou info- lent, étoit capable de nous le ravir. D'ailleurs, s’il y a quelque honte à recevoir une infulte ou un af- front les lois civiles y ont pourvû, & nous ne fom- mes pas en droit de tuer un aggrefleur pour toute : forte d’outrage, ni de nous faire quftice à notre fan- taifie. | Pour ce qui eft des biens, dans l'indépendance de l'état de nature, on peut les défendre jufqu'à tuer l’injufte ravifleur , parce que celui qui veut les en- lever injuftement à quelqu'un, ne fe montre pas moins fon ennemi que s’il attentoit direftement à fa Vie ; mais dans une fociété civile , où l’on peut avec le fecours du magiftrat recouvrer ce qui aura été pris, les hommes font jamais la permiffion de dé- fendre leurs biens à toute outrance, qué dans les cas tares où l’on ne peut appeller en juftice le ravif feur qui s’en empare avec violence dans certaines conjonétures , & fans que nous ayons d’autres moyens de les défendre que la force offverte , qui concourt en même tems au bien public : c’eft pour cette rafon qu’il eft permis de tuer un corfaire, un voleur de nuit ou de grand chemin. Voilà pour ce qui regarde la défenfe 2 Joi-même ; de fes membres & de {es biens contre ceux qui les attaquent, Mais il y a un cas où l’aggrefleur même acquiert à fon tour le droit de fe défendre ; c’eft lorf qu'il offre la réparation du dommage, avec toutes les füretés néceflaires pour l’avenir : alors fi la per- fonne offenfée fe porte contre lui à une injufte vio- lence, elle devient elle-même aggrefleur, eu égard aux lois naturelles & civiles qui lui défendent cette voie, & qui lui en ouvrent d’autres. Les maximes que nous venons d'établir , fe dé- duifent vifiblement des principes de la raifon ; & nous penfons que les préceptes de la religion chré- #iénne, ne contiennent tien qui y foit contraire, Il DEF eft vrai que Notte-Seïigneur nous ordonne d'aimer notre prochain comme nous-mêmes; mais ce pré- cepte de Jefus-Chrift eft un précepte général, qui ne fauroït fervir à décider un cas particulier & revê- tu de circonftances particulieres , tel qu’eft celui où l’on fe rencontre, lorfqu’on ne peut fatisfaire en mê- me tems à Pamour de foi-même & à l'amour du prochain. Si toutes les fois qu'on fe trouve dans le même danger qu’une autre perfonne , on devoit indifpen- fablement fe réfoudre à périr pour la fauver, on {e- roit obligé d’aimer fon prochain plus que {oi-même. Concluons que celui qui tue un aggrefleur dans une jufte défenfe de fa vie ou de fes membres, eft inno- cent. Mais concluons en même tems qu’iln’y a point d’honnèête homme qui fe voyant contraint de tuer un aggrefleur, quelqu'innocemment qu’il le fafle, ne regarde comme-une chofe fort trifte cefte nécef- fité où il eft réduit. Entre les queftions les plus délicates & les plus importantes qu’on puifle faire fur la jufte défenfe de foi-même , je mets celle d’un fils qui tue fon pere ou fa mere à fon corps défendant : furquoi voyez PAR» RICIDE. Quant aux droits que chacun a de défendre fa li. berté, je m'étonne que Grotius & Puffendorf n’en parlent pas; mais M. Loke établit la juftice & l’é- tendue de ce droit , par rapport à la déferfe légitime de foi-même, dans fon ouvrage du gouvernement civil. Enfin le leéteur curieux de s’éclairer complet- tement fur cette matiere , peut confulter avec fruit Puffendorf , droit de la nature 6 des gens ; Gundlin- gius , Jus naturæ & gentium ; & Wollafton, ébauche de la religion naturelle, Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. , un DÉFENSE, urifpr.) ce terme a plufeuts fignifi4 cations: on entend par-là quelquefois la prohibition portée par une loi, par un jugement , ou autre afte de faire quelque chofe. (4) | | DÉFENSE, eft aufli tout ce que l’on employe pour foûtenir fon droit : on appelle défenfé péremptoire >: celle qui tranche toute difhculté. (4) | DÉFENSES, font une procédure que le procureur du défendeur fignifie, contenant fa réponfe fur le fond de la demande formée contre lui. Ce qui ca- rattérife ces défenfes proprement dites , eft qu'après les qualités en ces termes, #7 tel défendeur contre ur tel demandeur , on met ces mots: dir pour défenfès ,! &c. Les exceptions different des defenfes en ce que: les premieres font fur la forme , au lieu que les æe- fenfes {ont fur le fond. Quand le défendeur fournit des exceptions déclinatoires ou dilatoires,, il faut ÿ ftatuer préalablement avant de. pouvoir obliger le défendeuñtà fournir des défénfes. Lorfque le défen- deur n’a point d’exception à propofer , ou que l’on a fatisfait, ou ftatué autrement, il doit fournir fes : défenfes dans le délai de l’ordonnance ; autrement on peut prendre contre lui un défaut faute de défen- dre. Dans les défenfes, doivent être employées les fins de non-recevoir, nullités des exploits, ou au- tres exceptions péremptoires, s’il yen a , pour y, être préalablement fait droit, Le demandeur peut, fi bon lui femble ,. fournir des repliques aux défer Jès : mai elles ne font pas néceffaires ; icar dès qu'il. y a eu des défenfes fournies, on peut porter la caufe à Paudience. L’ufage.des dupliques, tripliques; ad- ditions premieres & fecondes, & autresiécritures : femblables , a été abrogé par l'ordonnance. qui dé- fend aux juges d'y avoir égard, & de les pañler en taxe. Dans les tribunaux où le miniftere des procu- reurs n’eft pas néceflaire , le défendeur n’eft pas non plus obligé de fournir de défénfés. A l'échéance de l'afignation , les parties peuvent fe préfenter à l’au.. : ience à dience, où le défendeur propofe verbalement fes exceptions, défenfes , & autres moyens. (4) DÉFENSES ; arrét de défenfes , {entence ou autre jugement de dé/erfès , qu'on appelle communément défenfes fimplement , font des jugemens portant de- fenfes d'exécuter une fentence, foit indéfiniment ou jufqu’à ce qu'il en ait été autrement ordonné. (4) DÉFENSES PAR ATTÉNUATION ,; font des ex- ceptions en matiere criminelle, propofées par l’ac- cufé pour détruire les preuves & moyens dont fe {ert l’accufateur, pour prouver que l’accufé a com- mis le crime dont eft queftion. Ces fortes de défenfes ont été abrogées par Île #r. xxüj. de l'ordonnance criminelle , arf, z. mais l’ac- cufé peut répondre par requête fignifiée , avec copie de fes pieces juflificatives , fans néanmoins que le défaut de donner une telle requête de la part de l’ac- cufé , puifle retarder le jugement du procès, #4, art. 3. (A) DÉFENSES AU CONTRAIRE, c’eft une claufe que l’on infere dans des jugemens qui contiennent quel- que réglement provifoire , fans ftatuer fur les in- cidens formés refpeétivement par les parties ; par exemple {ur un appel, lorfque lintimé foûtient que lPappellant eft non-recevable , & que fans ftatuer fur les fins de non-recevoir, on appointe les parties: en ce cas le même jugement joint les fins de non-re- cevoir de l'intimé , défenfes au contraire, c’eft-à-dire que le juge réferve aufli à l’appellant la liberté de propofer fes défenfès contre les prétendnes fins de non-recevoir ; de maniere que par cette claufe les chofes reftent entieres , & que l’appointement ne fait aucun préjugé ni pour ni contre les fins de non- recevoir. (A) ' DÉFENSES GENERALES , font des lettres de chan- cellerie , ou un jugement obtenu par un débiteur contre tous fes créanciers pendant un tems, pour faire omologuer le contrat qu'il a fait avec la plus grande partie d’entr’eux , ou pour fare entériner les lettres de répi qu'il a obtenues. | Ceux qui ont obtenu de telles défénfes, ne peu- vent plus être confuls, adminiftrateurs d’hôpitaux , échevins , ni parvenir à aucunes charges ou fonc- tions publiques , à moins qu'ils n’obtiennent des let- tres de réhabilitation, & ne prouvent qu’ils ont de- puis entierement payé leurs créanciers. Foy. RÉpr, & l’ordonn. de 1673. tit.jx. (A) Dérenses (/entence de) , voyez ci-devant D'ÉFEN- SES , arrêt de défenfes. (A) DÉFENSE (/a), dans la guerre des fiéges , eff la re- fiftance que font les troupes enfermées dans une pla- ce aux attaques de l'ennemi. (Q) . DÉFENSES , er terme de Fortification , fe dit de tout ce qui fert à conferver & à couvrir les ouvrages & les foldats qui défendent une place. Aïnf les para- pets, les flancs, les demi-lunes, &r tous les autres ouvrages de la place, en font les défenfes. Woy. PA- RAPET , FLANC, 6. ” On appelle particulierement les défén/es d’un ou- vrage , les parties d’un autre ouvrage ou du même, par lefquelles le premier eft défendu. Aïaf on dit ne les flancs font les défenfes du baftion; les faces, celles des demi-lunes, 6c. Lorfque le canon a battu ces fortes d’ouvrages, de maniere qu'ils ne peuvent plus couvrir les fol dats, ni avoir d’embrafures , on dit que les défenfes de la place font ruinées. L _ Ilya deux fortes de défenfes ; favoir, la défenfe de front , & celle de flanc. _ La défenfe de front eft commune à tous les ouvra- ges: c’eft celle que font les foldats placés fur les par- ties faillantBs de l'ouvrage, comme celle des foldats placés fur les faces du baftion, qui ne peuvent tirer Toms IF, DEF 737. devant eux qi'à une certaine diftance du pié du re vêtement, La défenfe de flanc eft celle qui découvre le anc des foldats qui attaquent un ouvrage : c’eft la plus eflentielle de la fortification, & elle eft infiniment préférable à la défenfe de frons. Pour Le prouver, foit 4DC (P1, I, de Forr. fig.3.) la coupe ou le profil d’une enceinte formée d’un rempart & d’un parapet : le foldat qui eft placé der- riere le parapet en 4, ne peut à caufe de l’épaif- feur 4 D du parapet, découvrir le pié © du revé- tement € D ; il ne peut même découvrir la campa- gne qu'à l’extrémité Z du prolongement de la par- tie fupérieure 4 D du parapet: ainf la défenfe di- retté"de cette enceinte re commence qu'au point B , enforte que l’efpace C B n’eft point défendu. La défenfe de flanc n’a pas cet inconvénient ; elle décou- vre toute la longueur des parties qu’elle défend, & c’eft elle qui contribue , pour ainfi dire , uniquement à la défenfe des ouvrages. La défenfe de flanc peut être de deux efpeces , fa- voir directe ou oblique. Elle eft dire&te, lorfque les parties qui fervent de flancs font à-peu-près perpendiculaires à celles qu'ils défendent ; & elle eft oblique, quand ce, 5ar- ties font dans une fituation oblique, ou inclinée à l'égard des parties défendues. Aiïnfi , dans les fyftèmes de M. de Pagan & de M. de Vauban, où le flanc eft à-peu-près perpendicu- laire à la ligne de défenfe , les flancs défendent direc- tement les faces des baftions oppolés , parce que le foldat en s’appuyant ou en fe plaçant parallelement an côté intérieur du parapet des flancs, découvre devant lui les faces qu'il doit défendre. Dans les fyftèmes d’'Errard, de Marolois, du che- valier de Ville, 6. où le flanc fait un angle aigu avec la ligne de défenfe, la défenfe eft oblique, atten- du que le foldat placé fur le flanc , ne peut décou- vrir la face du baftion oppoñé qu’en fe mettant de côté, dans une pofture gênante, & qui demande de l'attention. Cette forte de défenfe eft généralement méprifée, parce que l’expérience fait voir dans Les attaques, que les {oldats tirent toïjours vis - à - vis d'eux, fans fe donner la peine de fe placer de côté pour tirer fur l’ennemm: ainfi la défenfe oblique ne doit être employée que lorfqu’on ne peut faire au- trement , ou que le foldat eft peu expofé à lennenu, comme dans les tenailles du foflé , fur-tout dans les fimples, qui n’ont qu'une defen/é très-oblique. Foyez TENAILLES. (Q) | Dérense pes Praces, c’eft l’art de refifter aux attaques de l’ennemi, qui veut s'emparer de la ville par un fiége en forme. #. ATTAQUE, SIÈGE , Ge. Cette partie de l’art militaire étoit beaucoup plus parfaite chez les anciens que chez les modernes : 1l étoit ordinaire , avant l'invention de la poudre à canon, de voir des villes médiocres fe défendre plu- fieurs années. L’ufage du canon &c des mines a don- né depuis une fi grande fupériorité à l'attaque , que les villes les plus fortes & les mieux défendues ne peuvent guere fe foûtenir plus de deux outroismois, maloré la défenfe d’une nombreufe & courageufe gar- nifon. Il eft aifé de conclure de-là, que notre fortifica- tion a@uelle a befoin d’une reétification, qui remette plus d'équilibre entre la défenfe & l'attaque. Depuis la fortification avec des baftions, c’eft-à-dire depuis que la poudre a fait fubftituer le canon aux ancien nes machines avec lefquelles on battoit les places, la fortification a fait peu de progrès. Les ingénieurs fe font occupés d’abord de la difpoñition &c de la grandeur des angles, & des autres parties du baf. tion. Lorfque la nombreufe artillerie employée dans les fiéges a rendu çes fortes de confidérations peu AAaaa 735 DEF importantes , ils ont pris Le parti de s’attacher à aug- menter les dehors : ce qui occafionne une dépenfe exceflive dans la fortification, &c qui exige d’ailleurs de fortes garnifons dans les places. Tout cela ne de- mande ni une grande capacité, ni un grand effort de géme. Il s’agiroit de trouver quelque expédient pour empêcher l'ennemi d’approcher des places , & d’en détruire les ouvrages aufli aifément qu’il le fait aus jourd’hui : car il faut convenir que le peu de réfif- tance des villes fortes ne mérite affürément pas la dépenfe qu’on a faite pour les fortifier. Il n’eft point de fimple enceinte formée feulement d’un rempart, d’un foffé, & d’un chemin -couvert, que des trou- pes courageufes ne puiflent défendre trois femaines ou un mois. Or fi les villes fortifices avec le M: de dépenfe ne peuvent faire qu’une aufh courte défer- Je ; l'argent de leur conftruétion pourroit être em- ployé plus utilement. Les défauts de notre fortifica- tion moderne font plus aifés à fentir qu’à corriger : mais pour donner des vües nouvelles qui remédient à fa foibleffe , il eft important de bien {e convaincre d’abord de cette foibleffe ; c’eft le premier pas pour aller en avant. Voyez FORTIFICATION. On propofe dans les différentes académies de l’'Eu- rope, des prix pour ceux qui traitent le plus favam- ment des queftions d’Aftronomie , de Phyfique, 6c. plufieurs fouverains font la dépenfe de ces prix: ne pourroit-on pas auf en propofer pour perfeétion- ner notre fortification ? On demandera peut - être quel feroit le tribunal qui pourroit en juger ? Une académie militaire , compofée des officiers généraux les plus habiles & les plus diftingués par leurs con- noïflances dans l’art de la guerre, & des ingénieurs dont les talens font les plus recommandables. Il eft certain qu’un tel établiflement pourroit fervir à aug- menter nos connoïflances fur la fortification, & mé- me fur la Taétique ; & que l’exécution d’un projet de cette efpece , ne pourroit que faire beaucoup d’hon- neur au fouverain qui voudroit y donner quelque at- tention. « Nous n'avons point, dit M. le chevalier » de Folard, de lois qui obligent les gens de guer- #re, à étudier les Sciences qui ont rapport à leur » profeflion. Nous ne voyons ni académies ni écos » les militaires, ni champ de Mars; aucun monar- # que n’a penfé à un tel établiffement : néanmoins # ces académies feroient auf utiles à plufieurs puif- # fances de l’Europe, & auffi glorieufes aux fouve- # rains que toutes les autres que l’on a établies ; dans # celles-ci on fait des découvertes ; enferoit-on moins # dans la fcience de la guerre? ÿ trouveroit-on moins » dequoi s'occuper ? car elle n’eft point ifolée & fé- » parée des autres fciences, &c. » Préf. du VI. vol, du comment. fur Polybe. L'école militaire que Le Roi vient d’établir , re- nouvellera les anciennes écoles de Taëtique des Gtecs & des Romains. Le plan qui fera fuivi dans le. ducation des cinq cents gentilshommes qui y feront éle- vés, pourra fervir à détruire l’ancien préjugé qui fait croire que la valeurifeule fait l’homme de guerre , 6: Le faire céder infenfiblement au goût des études militaires qu'on fera dans cette école. Voyez ECOLE Mii- TAIRE. | DÉFENSE pu CHEMIN COUVERT : lorfque l’en- nemi travaille à fe loger fur le glacis ,1l faut redou- bler les orties, & les foûtenir avec plus d’opimä- treté, On le peut fans inconvénient, à caufe de la facilité de la retraite. Lorfque la fortie eft rentrée, on met le feu aux fourneaux & caïflons, qui déran- gent beaucoup l'ennemi. Les fourneaux bien difpo- és, doivent endommager fes logemens ; aufli-tôt qu'ils ont joué, on peut tomber fur l'ennemi: c’eft un moment favorable pour le furprendre en defor- dre, & pour détruire toûjours quelque partie de fes travaux, Cette forte de manœuvre doit être répétée très-fouvent pour fatiguer l’ennemi, & reculer la prife du chemin couvert. a" _Lorfque l’ennemi eft à portée de s’en emparer de vive force, il faut s’apprêter à le bien recevoir : un double rang de paliffades dans le chemin couvert, peut lui augmenter la dificulté de s’y établir ; celles du fecond rang doivent être un peu plus bafles que celles du premier, afin que l’ennemi ne puifle pas s’en appercevoir, Ces deux rangs doivent être éloi- gnés l’un de l’autre de quatre à cinq piés, pour que l'ennemi ne puiffe pas fauter dans le chemin couvert par-deflus, Entre ces deux rangs de paliflades , on peut pratiquer un petit foflé ; la plüpart des grena- des de lennemi y tomberont, & leur effet fera moins dangereux pour les troupes du chemin couvert. Il ne faut pas manquer de bien retrancher les places d'armes, foit en élevant dans l’intériétir de la place d'armes, & parallelement à fes faces, un parapet au pié duquel on conduit un petit foflé, foit par de fim- ples rangs de paliflades qui empêcheront toûjours l’ennemi d’y pénétrer aufh aifément qu’il le feroit fans cela. On met dans chaque place d’armes un ow deux tonneaux de poudre , avec du plomb, & les armes de main néceffaires pour la défenfe du chemir Ccouveré, On prépare toutes les batteries pour les mettre en état de faire un grand feu fur l’ennemi lorfquw’il travaillera à fon logement ; toutes les parties de la place qui ont vüûe fur le chemin couvert , doivent être garnies de troupes pour faire aufli feu fur l’af fiégeant. On doit feulement ne pas en garnir Les par- ties qui font vis-à-vis les places d’armes , afin que ceux qui font dedans ne foient pas expolés à être fufiliés pat ceux de la place. On peut être inftruit par des deferteurs du jour où l’ennemi doit faire {on attaque : on peut auf faire obferver fes mouvemens par des hommes pla. cés dans le haut des clochers de la ville ; & lorfqu’- on s’apperçoit d’un grand mouvement de troupes dans les tranchées, qu’elles en paroïfflent plus rem- plies qu’à l’ordinaire, on doit s'attendre à une pro- chaine attaque. La proximité des travaux de l’en- nemi doit aufli faire juger de ce qu’il peut entrepren- dre; tout cela réuni enfemble peut faire prendre les arrangemens convenables pour Le bien recevoir. : Lorfqu’on s’apperçoit que les affiégeans fortent de leurs tranchées, on fait fur eux un feu continuel de moufqueterie & de toutes les batteries qui peu- vent les découvrir. Ce feu leur fait perdre bien du monde avant que de parvenir aux paliffades. Les deux rangs qu'ils en trouvent dans le chemin cou- vert, les empêchent de s’y jetter brufquement. Il faut qu'ils Les faflent brifer & rompre fucceffivement à coups de hache ; & pendant ce travail, le feu de la place, qui doit être fervi avec la plus grande vi- vacité, caufe une grande perte d'hommes à l’enne- mi. Lorfqu'après une longue réfiftance on fe trouve trop preffé de l’ennemi,, on lui abandonne le chemin couvert, & on fe retire dans les places d’armes ; & pendant qu'il travaille à fon logement , il fe trouve en butte au feu de la place, qui le voit direétement, & à celui des places d'armes qui lui découvrent le flanc ; enforte que fa perte s’augmente de plus en plus, Si l’on a des fourneaux préparés, comme nous le fuppofons , on les fait jouer, après avoir laiflé l'ennemi travailler pendant quelque tèms à fes lo- gemens, & fait agir fur lui tout le feu de la place ; enfuite de quoi l’on fort brufquement des places d’ar- mes, & profitant du defordre dans lequel il ne peut manquer d’être, on lui fait abandonner tout le che- min couvert. ” Si l’on ne peut pas empêcher l’ennemi de faire quelque logement fur la crére du chemin couvert, ou ce qui eft la même chofe, fur le haut du olacis, ‘on tâche de l’empêcher de le prolonger , & de lui -difputer le plus long tems qu'on le peut les places d'armes. Les fougafles y doivent être employées avec fuccès, & répétées un grand nombre de fois, file terrein le permet. Lorfque l’afliégeant a une fois bien établi fon logement, & qu'il le foûtient avec attention , il ne lu fafft plus que du tems pour l’é- tendre & fe rendre entierement maître du chemin couvert. Les chicannes des affiégés ne penvent qu’- en retarder la prife, fans pouvoir l'empêcher ab{o- lument. » Ces fortes d'attaques de vive force font extrème- ment meurtrieres, & leur fuccès n’eft pas toüjours certain. Les alliés, qui en 1708 atraquerent le che- min couvert de Lille de cette maniere, y eurent plus de 2000 hommes de tués & 2667 bleflés ; & ils ne pürent fe loger que fur deux angles faillans , qui ne fe trouverent pas défendus d’un fi grand nombre de - troupes que les autres, En 1713 M. le maréchal de Villars fit attaquer de même le chemin couvert de Fribourg ; 1l vint à bout de s’y établir par la grande valeur des troupes qu'il y employa : mais cette ac- tion coûta 1500 hommes tués ou bleffés. Le feul ré- giment d’Alface y perdit fes quatre capitaines de grenadiers, & 1l eut 643 hommes tant tués que blef- és. La méthode de fe rendre maître du chemin cou- vett par la fape , eft infiniment moins meurtriere & plus füre ; & fuivant M. le maréchal de Vauban, elle ne peut guere retarde”la prie du chemin couvert que de quatre ou cinq jours. Suppofons préfentement que l'ennemi prenne le parti de s'emparer du chemin couvert par la fape, & qu'il éleve des cavaliers de tranchée pour plon- ger dans le chemin couvert : il. faut en retarder l’e- xécution par toutes les chicannes que l’on pourra imaginer; car lorfque ces cavaliers font bien éta- blis, le féjour du chemin couvert devient trop dan- gereux. [l faut par des fourneaux arrêter l’ennemi à chaque pas, le fatiguer par un grand feu, & ne lui abandonner le terrein que pié à pié, en fe dé- fendant derriere chaque traverfe, & dans Les places d’armes autant qu’on peut le faire fans trop s’ex- poler, & que la retraite n’eft point coupée. DÉFENSE DES BRECHES, c’eft la réfiftance qu’on fait à l'ennemi, pour l'empêcher d’y monter & de fe rendre maître de l’ouvrage dont il s’eft ouvert lentrée par les mines ou par le canon; ou bien c’eft la maniere de réfifter à l’affaut de l'ennemi. Voyez ASSAUT. On peut empêcher l'ennemi de monter à l’aflaut, s'il eft en état de le faire avant qu’on foit préparé à le recevoir, en entretenant un grand feu au pié des breches, avec des artifices & toutes fortes de ma- tieres combuftibles. | À Turin, les ennemis firent par ce moyen diffé- ter l’affaut pendant plufeurs jours, aux pieces du front de l’attaque. On doit, lorfque l’ennemi fe pré- fente au pié de la breche, lui jetter une grande quan- tité de grenades, de facs à poudre , pour mettre du defordre parmi fes troupes : des bouteilles de terre ou de verre remplies de poudre, entortillées de qua- pe ou cinq bouts de mêche allumée , peuvent auf aire beaucoup de mal à l’afiégeant. On pent enco- re femer ou répandre une grande quantité de poudre fur la breche, lorfque l’ennemi eft prêt de monter à : laflaut, & y jetter, lorfqw’il y monte, des mêches allumées ou des charbons ardens pour mettre le feu à cette poudre ; la flamme s’éleyera d’abord & pour- ta brûler & mettre hors de combat un grand nom- Dre de ceux qui fe trouveront fur la breche. Il eft bon de jetter aufi dans la breche quantité de herfes à longues pointes, c’eft-ädire piquées par des clous dont les pointes s’élevent beaucoup de la herfe : pour que l'ennemi ne puifle pas les Ôter ; il faut les atta- Tome IF, DEF 739 cher avec des chaînes, ou au moins avec de groffes cordes. Il faut aufli être munis de chauffe-trapes , ent femer labreche , & avoir quantité de chevaux-de: frife & des hériffons de la longueur des breches ; ce {ont des grofles poutres ou des arbres armés de poin- tes fort longues , attachés avec des chaînes ou des cordes, enforte que file canon en rompt une, ils {oient retenus par les autres. On les fait rouler fur les breches avec des rouleaux ; 1ls dérangent beau coup l’ennemi en tombant fur lui lorfqu'il monte à l'affaut. Des bombes attachées aufi avec des bouts de chaines , pour ne les laïfler aller que jufqu’aux endroits où l’on peut le plus endommager l’ennemi ; font aufi excellentes. On leur met des fufées beau- coup plus courtes qu’à l'ordinaire, afin que leur ef fet fe fafle plus promptement. Les fafcines goudron- nées, les barils foudroyans , tout doit être employé pour empêcher l'ennemi de s’établir fur la breché. Lorfque l’ennemi, franchiffant tous cés obftacles , {e préfente enfin au haut de la breche, on met le feu aux fourneaux pratiqués fous la breche pour la faire fauter, &c l’on place des chevaux-de-frife fur toute la largeur de la breche. Les troupes {e mettent der: riére, où elles continuent de faire un grand feu fur l'ennemi, pendant qu’il fait fes efforts pour pénétrer dans l'ouvrage ; & lorfqu'il commence à y pénétrer, le premier rang des troupes qui le défendent, & que l’on doit avoir armé de faux emmanchées de revers, de pertuifannes ou hallebardes, doit tomber fur l’en- nemi, &c en faire un grand carnage, étant foûtenues des autres troupes : mais enfin fi l’ennemi à force de monde trouve le moyen de faire abandonner la bre- che , on fe retire dans le retranchement , d’où l’on fait encore fur lui un feu très-violent : & lorfqu'on le voit en état de forcer ce retranchement, on fait retirer dans la place les canons & autres munitions qu’on peut encore y avoir; & enfin fi l’on a des four- neaux, on les fait fauter en fe retirant, pour caufer toute la perte & tout le dérangement qu’on peut à Pennemi. | Une chofe qui mérite bien de l’attention, 8 qui peut beaucoup fervar à faire trouver de la dificuité à l'ennemi pour monter à l’affaut ou s'établir fur læ breche par le moyen de la fape, c’eft d’avoir atten- tion de déblayer les décombres de la breche. On le peut dans le fofé fec aflez facilement: à l’évard du foffé plein d’eau, lentreprife eft plus difficile ; mais auffi dans ce dernier cas , la breche eft plus aifée à défendre que dans le premier , parce que l’ennemi qui ne peut arriver au pié que par Le pot de fafci- nes pratiqué dans le foflé , lequel pont n’a guere que dix ou douze piés de large, ne peut pas fe préfenter fur la breche avec un auf grand front que dans le foffé fec , ce qui donne plus de facilité de le repouf- . fer aux troupes qui défendent l'ouvrage attaqué. DÉFENSE des petites Villes & des Châteaux, On fe trouve fouvent dans la néceflité , à la guerre, de foûtenir de petits poftes qui n’ont nulles fortifica- tions, mais qui fervent à garder des paflages pour la füreté des convois ou munitions de guerre & de bouche, qu’on fait venir pour l’armée, ou à empé- cher l’ennemi d’approcher du lieu où l’armée eft campée, ou enfin qui fervent de retraite aux trou- pes pendant le quartier d’hyver, & qui font à por- tée de pouvoir {e raflembler promptement & aïfé- ment lorfqu'il en eft befoin. Lorfque l’on fe trouve enfermé dans un tel lieu ; où l’on peut être infulté d’un moment à l’autre, on doit d’abord s’affürer des portes, & travailler pour en défendre l’approche à l'ennemi. Pour cet effet, il faut conftruire une petite demi-lune de terre vis- a-vis la porte d'entrée, & une autre devant celle de fortie ; s’il y à d’autres portes, il faut les faire mu- rer, Si le lieu n’a pas de foflé , ou qu’il en aït de fort AAaaai 740 DEF mauvais, on-pêut les mettre en état, &'même, lorf- qu'il y a une aflez grande quantité de monde dans le lieu, y ajoûter "un bon chemin couvert. # Sile poite ne mérite pas qu’on fafle ce travail, on üe l’on wait pas affez de monde pour pouvoir le tenir , iline faut au moins rien négléer pour n'ê- tre point durpris dans le pofte. Il faut enfuite relever les murailles dans les endroits où elles font démolies ou abattues, & veiller exaétement à ce.qu'il n’ap- proche aucun parti ennemi pour reconnoïtre le lieu. Il faut pendant Le jour faire rouler des patrouilles dans les environs du pofte ; garder avec grande at tention toutes fes avenues ; faire la ronde toutes les nuits avec grande attention, & ne laifler, fous au- cun prétexte, approcher perfonne dés portes afin d'empêcher qu'on y attache le petard.. S'il y a quel- ques petites tours auprès des portes, comme il eff d’ufage d’y en avoir, il faudra y percer des crénaux pour pouvoir tirer fur le petardier en cas de befoin, êz faire feu fur ceux qui approcheront de la porte. Lorfqu’on a lieu de craindre d’être petardé, &c qu’on n’a m le loïfir ni le monde néceflaire pour conftruüire quelques petits dehors de terre vis-à-vis les portes , on doit mettre derriere la porte une grande quantité de tèrre & de fumier mêlé avec de la terre, ce qui diminue l'effet du pétard. Il faut auffi dans ces fortes de cas avoir une gran- de provifion de chevaux-de-frife , ou ce qui feroit la même chofe, avoir de grands arbres dont les groffes branches foient coupées en pointes. On s’en fervira en cas de befoin, pour fe retrancher contre l'ennemi & pour l'empêcher de pénétrer dans le lieu. La fentinelle qui eft au-deflus de la porte doit, pendant la nuit, prêter l’oreille avec la plus grande attention pour écouter tout ce qui fe pañle dehors : & comme l'ennemi prend ordinairement des nuits fort obfcures , où il fait beaucoup de vent, pour s'emparer par furprife des portes dont 1l s’agit; on pourroit pour plus grande füreté mettre quelques tourtereaux ou autre compofition d'artifice vis-à-vis les portes pour éclairer pendant la nuit. Par cette précaution 1l feroit fort difficile à l’ennemi de par- venit à faire attacher le petard aux portes. Sil y a des machicoulis au-deflus de la porte, comme il y en a encore aflez communément dans les anciens châteaux , la fentinelle doit avoir auprès d’elle de fort grofles pierres, qu’elle doit jetter fur le petar- dier pour tâcher de l’écrafer. Lorfqu’on prend tou- tes ces précautions , 1l eft bien difficile d’être forcé par une petite troupe dans les lieux dont 1l s’agit ici. Si l’on craint que l’ennemi veuille tenter de fe rendre maître du lieu par l’efcalade, il faut, lorfque le lieu eft entouré de fimples murailles , difpofer tout-autour de grofles poutres pour les faire tomber fur les échelles lorfque l’ennemi montera deflus , lef- quelles Le feront tomber dans le foffé. On doit auffi avoir des crocs ou des fourches , pour pouffer les échelles en-bas, avec ceux qui font deflus. Des créneaux ou meurtrieres placées dans diffé- #ens endroits du mur, ne peuvent que faire un très- bon effet dans ces fortes d’occafions. Des artifices aufi préparés pour jetter dans le foffé fur ceux qui s’apprêtent à monter à l’efcalade , font d'un grand ufage en pareil cas : lorfqu’on eft bien préparé pour recevoir l'ennemi, il eft bien difficile que fon entre- prife puifle lui réuffr. Dans toutes ces fortes de défenfes on fuppofe qu’il ne s’agit point de réfifter à un corps d’armée confi- dérable , mais à des détachemens particuliers, qui n’ont ni canon nt mortiers pour battre le lieu dont ils veulent s’emparer. En fe défendant comme on vient de le dire, on oblige l’ennemi, ou d’abandon- ner le projet de prendre le pofte, ou d’y reveniravec plus d'appareil, çe qui doit lui caufer beaucoup de rétardement,, 8e le mettre fouvent hors d'état d’exé: cuter fon deflein. Ælern, de la guerre des fieges , 10- me III. (Q) | DÉFENSE. On dit er rerme de Blafon, qu'un hérif- fon eft en défenfe "pour dire qu'il eftroulé & en pe- loton , comme il a coutume de fe rouler pour er pêcher qu'on le prenne. ( | | DÉFENSES 04 BOUTE-HORS. ( Marine. ) Ce font des bouts de mâts , longs de quinze à vinet piés, -que l’on attache en faillie à l’avent ou à l'arriere du vaifleau pendant le combat, pour repoufler &éloi- gner un brülot, où empêcher qu'un autre vaiffleau ne puifle vous aborder. On peut s’en fervir dans un mouillage pour empêcher le choc d’un vaifleau qui dériveroiït fur un autre. On donne aufli ce nom à des bouts de mâts , de cables , ou de cordes qu’on laïffe pendre le long des côtés du Vaifleau, pour empêcher l'effet du choc contre un autre bâtiment ; au lieu de bouts de ca- bles , on fe fert quelquefois de fagots qu’on laiffe pendre le long du flanc. Les petits bâtimens fe fervent ordinairement de bouts de cables pour déféenfes. Voyez CORDES DE DÉFENSES. | Défenjes pour chalonpes. Ce font des pieces de bois endentées deux à deux ou trois à trois fur les pré- ceintes du vaifleau, & qui fervent à conferver les chaloupes contre les préceintes & les têtes des che- villes de fer quand on les embarque , ou quand 1l faut les mettre à l’eau. Voyez le Did, de Trév. (Z) DÉFENSE, ( Couvreurs.) eft une corde à laquelle ces ouvriers s’attachent lorfqu'ils vont fur quelque toiét où 1l y a du danger : 1l fe dit aufli d’une corde au bout de laquelle ils fufpendentune latte, & la lai fent pendre de deflus les toits pour avertir les paf fans dans la rue qu'ils travaillent fur la maïfon. DérFensE ; on appelle en Manege défenje d’un cheval , la maniere dont il réfifte à ce qu'on de- mande de lui. DÉFENSES , ( Venerie, ) Ce font les grandes dents d'en bas du fanglier. DÉFENSEURS, f.m.plur. (Hift ecclef) nom d'office & de dignité qui a été fort en ufage autre- fois dans l’Eglife & dans l'empire, C’étoient des perfonnes chargées par état de veiller au bien public, de protéger les pauvres & les mal- heureux , & de défendre les intérêts & les caufes des églifes & des monafteres, Voyez PROTECTEUR. Le concile de Chalcédoine , can. 2. appelle le dé: fenfeur de l'Eglile éxxnnciendiros ou fimplement éxduros Codin de offic. aulæ Conflantinopol, parle des aéfen- fèurs du palais , ainfi que Bollandus , A. des SS, Janv. tom, I. pag. $or. Il y avoit encore un défen- eur du royaume, defenfor regni, des défenfèurs des villes , defenfores civitaris | des défenfeurs du peuple, defenfores plebis, ceux qui connoïfloient des caufes civiles jufqu'à certaine fomme , & même des crimi- nelles dans les faits qui n’étoient pas importans. Les donations, les teftamens , & autres aétes de cette nature, fe pafloient par-devant eux, &c ils avoïent à cet effet leurs grefers & leurs archives. On trou- ve aufli des défenfeurs des pauvres , des orphelins; des veuves, &cc. défignés nommément dans les an- ciens auteurs. Quant à ceux des églifes, on en rapporte l’ori- gine à l’an 420 ou 23. [l en eft fait mention dans le 42. canon du concile d'Afrique. Chaque églife pas triarchale commença à avoir fon défenfeur : celle de Rome avoit en particulier des défenféurs du patri- moine de S. Pierre, & le pape S. Grégoire ÿ créa fept défénfeurs régionnaires , un pour chaque quar- tier de Rome : ufage quispaffa depuis à toutes les autres églifes , & s’eft perpétué jufqu'aujourd’hut fous d’autres noms, tels que ceux d’aroié, de vida- me pour les grandes églifes; de profifèur ; fabni- cien | marguillier, receveur, pour les églifes de moin- dre confidération., Payez AVOUE , VIDAME , PRo- VISEUR, | + | Dès lan 407 , on voit cependant un concile de Carthage demander à l’empereur pour les églifes des défenfeurs qui fuflent fcholaftiques , c’eft-à-dire des avocats en charge, ayant pouvoir du prince d'en- trer & de faite des recherches dans les cabinets, dans les papiers des juges & d’autres magiftrats, tou. tes les fois qu'il feroit jugé néceffaire pour l'intérêt de l'Eglife. On ignore ce qui fut ftatué fur cette de- mande, Voyez SCHOLASTIQUE. Chambers. LeP. Pétau croit que d’abord ces défenfèurs étoient laïques ; mais le P. Morin & M. Godefroi montrent par les aûtes du concile de Chalcédoïne qu’ils fai- foient partie du clergé, & mème que quelques-uns d’éntr’eux étoient prêtres. Bingham remarque qu'on ne doit point confondre les défenfeurs avec une autre éfpece d'officiers eccléfiaftiques que l’on nommoit éancellarit , ces deux offices étant expreflément dif- tingués dans la novelle IT. d'Héraclius, rapportée par Leunclavius , Jurif. Grec. Roman. rom. Ï. pag. +9. On croit que ces derhiersétoient des notaires ou des écrivains ; au lieu que les défenfeurs des églifes étoient chargés de l’infpethon fur la conduite des fnoines & des clercs, du foin particulier du téempo- rel des éplifes , & d’en pourfuivre devant les ma- piftrats les caufes ; foit civiles , foit criminelles. Poflidius, dans là vie de S. Auguftin, rapporte que le défènfeur de l'églife d'Afrique employa les voies de droit pour réprimer les violences que les circoncel- lions exerçoient contre les catholiques. Voyez CTR- CONCELLIONS. Bingham. Orig. eccle[. som. IT. Liv. IT. chap. xj. $. 123. 6 Jèq. L’empereut dans la cérémonie de fon facte prend éhcoré la qualité d'avocar ou d’avoië de léglife. Et les rois de la Grande-Bretagne confervent encore äujourd'hble titre de défenfeurs de la foi , donné en - 1$21 à Hénri VIIL. par le pape Léon X. à ’occafion dés écrits que ce prince fit contre Luther , & con- firmé depuis par Clément VII. Chambérlayne pré- tend que long-téms avant cette époque les rois d'Angleterre portoient ce titre ; & il cite pour preu- vé plufeurs patentés plus anciennes , accordées à l'univérfité d'Oxford ; enforte que felon cet auteur, {a bulle dé Léon X. n’eft que le renouvellement ou la confirmation d’un anfien droit , dont jowifioient depuis long-tems les monarques Anglois. Érat pré- fêrt de la Grande-Bretagne ; iv. 1. Chambers.(G) DÉFENSIF, adj. sèrme de la Chirurgie médicale, temede topique qu’on applique fur une partie pour émpêcher l’inflammation & le gonflement qui pour- roit y furvenir. Ce mot vient du vérbe latin defen- dere. Les défenfifs {e tirent communément de la claffe des temedes aftringens & répercufüfs. Ils excitent dans lés folides une contraétion &c un reflort qui em- pêche les vaiffeaux de fe laïfler éngorger au point où ils auroient pù l'être fans cette précaution. Fabrice d’Aquapendente ne vouloit pas qu'ils fufflent appli- qués fur le lieu d’uné bléflure ; mais en chemin , un peu plus haut que la plaie; c’eft pourquoi il leur donne auffi le nom de remedes qui interceptent , 2n- rercipientia. L’ufage dés défenfifs peut être dangereux. Les anciens s’en fervoient communément dans toutes les plaies qui demandent une prompte réunion. Ces médicamens qui refferrent le calibre des vaifleaux, s’oppofent à l’inflammation ; & c’eft un bien d’évi- ter un accident qui eft un grand obflacle à la réu- niôn, Mais ces exemples de réuflite ont produit des abus, Il ne faut pas confondre l’inflammation avec ce genre de tumeur ou de gonflement qui arrive aux plaiés accompagnées d’étranglement. On rifqueroit beaucoup à employer les défez/ifs altringens dans ce DEF 741 de cas. Les remedes huileux & rélchäns con: viennent bièn mieux pour prévenir ces fortes dé vonflèmens , qui font fur-tout à craindre dans les plaies , où quelque partie téndinéufe ou aponéyroti- que a été intéreflée. Lesfanciens ÿ étotent affez at- tentifs , car ils prefcrivent fouvent comme defen/ifs l'huile de myrthè, l’huile rofat omphacin , c’eft-à- dire, qui eft faite avec des olives qui n’avoient point acquis leur matutité, & dans laquelle on & fait infufet des boutons de rofes rougés aftringen- tes : mais l’huile, malgré la vertu que d’autres més dicämens peuvent lui donner , agit toujours princi- palement comme topique adouciflänt & relächant. Voilà donc deux claffes de défenfifs, c’eft-à-diré , dé médicamens capables de défendre une partie mala- dé de quelque accident : il faut donc être attentif à bien faifir l'indication pour faire choix de ces reme- des , & les approprier à l’efpece d’accident dont on veut préférver la partie. 4 Dans les entorfes, & dans toutes les éxtenfñons forcées des tendons, ligamens & aponévrofes, on applique avec fuccès, dans les prémiers tems, avant que l’inflammation ait pû fe former, un défenfif fait avec lé blanc d'œuf, dans lequel on fait fondré dé l’'alun crud : c’eft la formule la plus ufitée ; on y ajoute ordinairement du bol d'Arménie. Ce liniment éft très-convenable fur le voifinage dés plaies con- tufés pendant les premiers jours. Maïs le reméde lé plus efficace , & fans lequel tous cés répulfifs fe: roient peu profitables , c’eft la faignée, qu'il faut réiterer prudemment , fuivant la nature de la mala- die, le danger qu’elle préfente ou qu’elle fait crain- dre, finvant l’âge & les forces. On incorpore lé bol d'Arménie dans de la térébenthine ; c’eit un dé- fenfif qu’on applique avec fuccès fur tes parties con- tufes intérieurement par la réfiftance des os , ou par leur fraéture ou diflocation. Dans ces derniers cas, la prémiere piece de l’appareiïl des anciens étoit Ze: coupade. C’étoient des étoupés trempées dans des blancs d'œufs , auxquels on ajoutoit des poudres aftringentes , lorfque lé cas paroïfloit demander beau- coup d’aftrition, Ces poudres fe préparoient avec le bol d'Arménie , le fang-de-dragon, les myrtilles, les balauftes ou fleurs de grenadier , &c. Onles mé- langeoit avec le blanc d'œuf en dofe fufifante pour donnet au médicament [a confiftance de miel, La douleur étoit une contre-indication pour ces t6pi= ques. On fe fervoit alors d’huilé de myrthe ou rofat, ou du cérat rofat étendu {ur un linge ; & par-deflus on mettoit Les étoupes trémpées dans lé blanc-d’œuf avec lés poudres aftringentés : mais alors on devoit plûtôt les regarder comme un moyen glutinatif, pour contenir les parties, que comme remède 4£fen/if. Dans lés plaies dès jointures, Ambroife Paré rez commande le défez/if fait de blanc d'œuf , d’huilé tofat ,avéc du bol , du maftic, & de la farine d’orge, _ Il dit qu’il faut éviter les remedes émolliens & relà- chans , & il prefcrit lé cataplafme fuivant : prenez fon , farine d'orge & de fêves, de chacun trois on- ces ; fleurs de camomille & de mélilot, demi - poi- gnée ; térébenthine, quatre ônces ; miel commun une once ; oximel fimple, oxycrat, ou lefive com- mune , autant qu'il en faut pour faire le cataplafme. Voici uñe autre formule du même auteur pour lé même cas: prenez lie de vin , fon dé froment ; du tan, noix de cyprès , de gallés , & térébenthine, pour en faire un cataplafme défenfif.. On néglige peut-être trop dans la Chirurgie mo- derne l’application des défenfifs dans le premier ap- pareil des grandes opérations. Les anciens ne mans quoient jamais d'appliquer l’alun & le bläne-d’œuf fur l’œil après lopération de la cataraéte, de la fif: tule lacrymale ; @c. Ils Mettoient des défenfifs plus composés fur le périnéé & le fcrotim , aprés Popés 742 DEF ration de la Iythotomie, &c. Les accidensi’on voit furvenir quelquefois , faute d’avoir pris ces Précautions , juftifient la pratique des anciens. M. Quefnay reconnoït une troifieme claffe de de- Jenfifs , qu'ilnomme défenfifs animés : 11 en fait deux genres ; Car ces défen/ifs peuvent être employés pour ranimet des chairs contules , ou les chairs dont l’ac- tion organique languit par une flupéfaétion caufee par la violence d’un coup , ou par quelque mau- Vaife difpofition qui menace de gangrene. Dans le premuer cas , on doit recourir aux reme- des adifs & diflolvans, pour procurer le dégorge- ment des chairs. Une forte décoëtion de racine d’a- tiftoloche , de bryone , ou d’autres plantes âcres ou ameres , peut fervir à difloudre du fel armomac, ou , à {on défaut , du fel de nitre , du fel marin, des fels Hxiviels , & à mouiller les plumaceaux & les comprefles qu’on applique extérieurement. L’ufage de ces remedes doit être borné aux chairs qui font fort contules : car fi lation organique des chairs inédiocrement contufes pouvoit fe réveiller aïfé- ment , les fpiritueux fuffroient ; les remedes fpiri- tueux nous fournirotent donc le fecond genre de de- fen/ifs animés. Is ont aflez de vertu pour entretenir la fluidité & le mouvement des fucs, en excitant l’ac- tion des fohides. D'ailleurs onobferve que dans les plaies contufes, le froiflement des chairs n’a pas été égal dans toute l'étendue de la contufion ; iln’y a fou- vent que les chairs les plus voifines de la plaie qui exigent des défenfifs diffolvans. On peut appliquer par-deflus les premieres comprefles, chargées de ces remedes & bofnées à ces chairs , d’autres compref- fes plus étendues , 8c trempées dans des liqueurs fpi- ritueufes , pour couvrir le refte de la partie qui eft moins contufe. C’eft à ce dernier genre de remede qu’on a re- cours, quand la débilité de Paétion organique de- pend d’une difpofition qui tend à la gangrene. Ces défenfifs fpwitueux font le vin, Peau-de-vie , lefprit- de-vin , l’eau vulnétaire , le camphre diffous dans les liqueurs remplies d'huiles volatilesaromatiques , les plantes aromatiques bouillies dans le vin , ou ré- duites en poudre , & cuites avec le vin en forme de cataplafme. Avec ces poudres , les quatre fari- nes réfolutives & le vin , on peut faire des cataplaf- mes qui feront d’excellens défenfifs pour ranimer l’attion organique des chairs de la partie bleflée, & par-là prévenir la mortification. (F) DÉFÉRENT , adj. pris fub. ( Æ4ffron. ) cercle in- venté dans l’ancienne Aïftronomie , pour expliquer l’excentricité , le périgée, & l'apogée des planetes, Voyez EXCENTRICITÉ , Gc. Comme l’on avoit obfervé que les planetes font différemment éloignées de la terre en différens tems; on fuppofoit que leur mouvement propre fe faifoit dans un cercle qui n’étoit pas concentrique à la terre; & ce cercle excentrique étoit appellé déférens, parce que paffant par le centre de la planete, il fembloit la porter & la foûtenir, pour ainfi dire, dans fon orbite. On fuppofoit que ces déférens étoient inclinés dif- féremment à l’écliptique , mais qu'aucun ne l’étoit au-delà de huit degrés , excepté celui du foleil qu'on plaçoit dans le plan de l'équateur même , & qu’on fuppofoit coupé par les déférens des autres plane- tes en deux endroits appellés rœuds. Dans le fyftême de Ptolomée , le déférent eft auffi appellé déférent de l’épicycle | parce qu'il traverfe le centre de lépicycle , & femble le foûtenir. Foyez ÉPICYCLE. | Il eft évident qu’on expliquoit affeze bien par le moyen de ces cercles excentriques pourquoi les planetes étoient tantôt plus éloignées , tantôt plus proches de la terre : on auroit pù même s’en pañler abfolument dans le fyftème des épicycles.Car fuppo- DEF fant le déférent concentrique à laterre, & imaginant que la planete parcoureun épicycle dont le centre fe meuve fur la circonférence du déférens ; il eft évident que la planete fera le plus éloignée lorfqu’elle fera. au point le plus haut de l’épicycle, & le plus proche lorfqu’elle fera au point le plus bas. Auff on n’a fait principalement ufage des déférens excentriques que lorfqw’on a eu banniles épicycles, & qu’on a fuppofé que les planetes fe mouvoient autour du foleil, Car comme alors on expliquoit fort facilement les ftations & rétrogradations des planetes , les épicycles que Ptolemée avoit imaginés pour cela, devenoient inu- tiles ; mais il reftoit à expliquer l’excentricité, &les pointsde l’apogée & du périgée ; c’eft ce qui fitimagi- ner que les planetes décrivoient autour du foleil des cercles excentriques. Kepler a depuis changé ces cercles en ellipfes dont le foleil occupe le foyer com- mun , & M. Newton a fait voir par fon fyftême de la gravitation univerf{elle ,'que les planetes devoient en effet décrire des ellipfes autour du foleil | fui- vant les loix que Kepler avoit indiquées. 7. New- TONIANISME , ATTRACTION , PLANETE, &c. (O DÉFÉRENS , ( Vaiffeaux ) Anar. Ce font deux tuyaux du corps humain blancs , fermes , & un peu applatis , un à droite & un à gauche , qui naïf fent chacun de extrémité interne , où de la queue de l’épididyme dont ils font la continuation, & finif- {ent enfin après un long cours par fe terminer aux véficules féminales. Il faut en remarquer, 1°. La fituation & le cours. Ils marchent paral- lelement , fans pARARE communiquer enfemble, remontent avec les vaifleaux & les nerfs fpermati- ques, & entrent dans la cavité du bas-ventre , em paflant par l’anneau du grand oblique. C’eft alors qu'ils quittent les arteres & veines fpermatiques , pour fe jetter du côté de la veflie ; ils rencontrent dans leur trajet l’artere ombilicale , derriere laquelle ils paffent , ainfi que derriere l’uretere du même côté avec lequel ils croifent , fe portent à la partie pofté- rieure du cou de la veflie, & LR 24 de leur côté dans le réfervoir cellulaire qui porte le nom de véfrcules féminales. 2°. Leur extrémité : elle fe termine , comme je viens de dire , à la partie antérieure des véficules fé: minales. Là elle s’unit en maniere d’angle pour for- mer avec les extrémités voifines des véficules fémi- nales une efpece de languette qui avance dans Le ca- nal , & qui fait l'office de, foûpape , c’eft-à-dire qu’elle permet l’entrée de Mineur féminale dans la véficule , mais qu’elle ne permet pas de même le retour de cette liqueur dans le canal déférenr. 3°. Leur fubftance qui eft forte, prefque femblas ble à celle d’un nerf, plus folide & plus ferme que celle des vaifleaux ordinaires. | 4°. Leur cavité, qui au commencement , & dans fa continuation , peut à peine recevoir une foie, s’élargit de plus en plus derriere la veflie , ehfuite fe retrécit à fon extrémité , & ne laïfle rien couler dans l’urethre , hormis dans les convulfions caufées par les plaïfirs de l'amour. Enfin quoique l’épaifleur. du canal déférent {oit applatie , fa cavité eft néan- moins cylindrique. Voilà les principales fingularités des vaifleaux 4- férens, dont on peut voir la repréfentation, le cours & les contours , dans Vefale, dans Graaf,& dans Ruyfch. Ariicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DEFERENT (4 /a Monnoie) et une marque que chaqüe direéteur met fur fa monnoie, pour recon- noître les efpeces de fa fabrication. Il y a trois efpeces de déférens ; celui de la mon- noie, qui eft ordinairement une lettre qui fe place au bas de l’écuffon ; celui du directeur, qui fe place an bas de l'effigie, & celui du graveur, qui fe met avant le milléfime, Le déferent des monnoïes eft conftant en Frañce, mais celui du direéteur & du graveur font arbitraires. Déferens des hôtels des monnoies de France. A, Paris. H , LaRochelle. O, Riom. B, Rouen. T, Limoges. P, Dijon. GC... Caen... K, Bordeaux. ©, Perpignan, D, Lyon. L, Bayonne. R , Orléans. E, Tours. M, T'ouloufe, S , Reims. G, Poitiers. N, Montpellier. T, Nantes. D EFERLER ox DEFRELER LES VOILES (Marine) ; c'eft déployer les voiles pour en faire. ufage & les mettre dehors. (Z) - DEFERMER un bateau (serme de riviere Ÿ; c’eft détacher la corde qui le tient attaché aux anneaux de fer ou ailleurs. Fermer eft le contraire. Foyez Les anciennes ordonnances. DEFERRER (5E) (Maréchall.) fe dit d’un cheval dont le fer quitte le pié fans que perfonne y tou- che. Les chevaux qui ont mauvais pié ou qui for- gent, fe déferrent fouvent. Foyez FORGER. (#) DEFETS , {. m. pl. (#erme de Librairie & Inprime- rie); ce font les feuilles imprimées d’un Livre qui reftent après que les aflemblages font faits. Woyez ASSEMBLAGES. Comme il eft moralement impofli- ble que toutes les feuilles d’un livre foient au.même nombre immédiatement après l’impreflion, foit par- ce que les rames de papier qui doivent être de cinq cens feuilles, ne font pas toutes également bien comptées, foit parce qué dans le cours de l’impref- fion le nombre des différentes feuilles qui fe gâtent ou qui fe déchirent, eft inégal ; ilarrive qu’une ou plufñeurs feuilles du livre manquent à la fin des aflem- blages lorfqu'il en refte encore des autres. Ces feuil- les qui reftent, fe nomment défers, du mot latin de- feilus, parce que réunies elles ne peuvent pas former des exemplaires complets. On a l’attention de les recueillir & de les conferver, pour fervir à com- pletter dans la fuite les exemplaires du même livre qui peuvent fe trouver imparfaits ou défeftueux. DEFI-D’ARMES , {. m. (Hiff. mod.) fe dit propre- ment du cartel ou provocation aû combat , fort en nfage dans les fiecles précédens, de particuliers à particuhers, pour foûtenir la réputation de bravoure de leur nation. | M. de Sainte-Palaye, dans fon ouvrage fur la Che: valerie ancienne & moderne ; remarque que la France & l’Angleterre, fi long-tems ennemies , ont vû fou- vent, même dans les tems de treve ou de paix, leurs champions fe faire des défs mufuels pour foûtenir la prééminence de valeur, fans cefle difputée entre les deux nations. On lit dans l’hifoire de Charles VI. par le moine de S. Denis (iv, XXII. ch. viij.) ia fubftance des lettres de dé# du duc d'Orléans , adref: fées en 1402 au duc de Lancaftre, pour le combat- tre à la têre de cent gentilshommes, fous la condi- tion que les vaincus feroient à la difcrétion des vain- queurs. Le cartel fut mal reçu ; le héraut qui le porta, renvoyé fans préfent contre la noble coûtume, & le combat rejetté comme inégal, depuis que Lancaftre _ Étoit monté fur le throne d'Angleterre. Nos hiftoriens ont décrit quantité de 44£-d’armes des Angloiïs contre les François, outre les défis dès Efpagnols & des Portugais. Voyez , par exemple, dans Froiffard, liv, [F, le détail d’un dé£ d'armes près de Calais, pendant trente jours confécutifs ( à lex- ception des vendredis) qui fut propofé par trois che: valers chambellans du roi, & vous trouverez plu- fieurs faits curieux fur cette matiere. | On fait que l'amour & les dames figuroient fou. vent avec honneur dans les cärtels envoyés pour ces défi-d’armes, Monftrelet nous a confervé foigneufe- ment les exploits-qui fe donnerent de part & d’antre Rour un pareil dé, en Pannée r400 ;: entre uniche: DEF 74% valier Anglois, demandeur , & Michel Dotris Arra- gonois, défendeur. | Ces fortes de déf avoient leurs loïs, mais celle qui _ Exigeoit la permifhon du roi fut communément né4 gligée. Un feigneur d'Angleterre , nommé Corrouails Le, en 1409 , étant paflé en France fous tn fauf-con+ duit pour le 4f-d'armes à outrance, pour l'ariour de Ja dame, trouva un chévalier tout prêt à li accom- … plir le fait d'amour, & ils étoient fur le point de com mencer le combat quand ils furent féparés par ordre du roi. | | £ fé Of pourroit ajoûter à Ces défis tous Ceux qui fu rent propofés dans diverfes fa&tions , qui trop fou. vent partagerent notre nation & nos princes, comme celle des Armagnacs, des Orléanois , des Bouroti- gnons , des Royaliftes. Jean le Fevre de Saint-Remy fait le récit du déf-d'armes qui fut propofé en r4T4, pendant le fiege d'Arras à Lens en Artois, éntre qua tre François & quatre Bourguignons. PRET Enfin , on pourroit infcrire dans la lifte de tant de défi-d'armes, celui que Henri IV. en 1590, après la levée du fiege de Paris, offrit par un héraut au duc de Mayenne pour vuider leur querelle , afin qu'un combat décifif terminât une fois les calamités de la | France. Le chevalier Novenaire fait auffi mention, fous l’an 101, du d{f du comte d’Eflex au comte de Villars qui commandoit dans Rouen ‘pour la ligue. Le comte d’Effex offroit de foûtenir à pied ou à che- val, atmé où en pourpôint, que la querelle du roi étoit plus jufte que cellé de la ligne ; qué lui comte d’Effex étoit meilleur que Villars & qu'il ayoit une plus belle maitrefle que Villars, Celui-cirépond qu'it ne croit point ce que le Comte d'Efex avançoi de l'excellence de fa maîtrefle. ITA JA Ces divers.exemples querapporte M. de Saint Palaye, dans, Pouyrage curieux-que j’ai-déja cité au commencement de cetarricle, peuvent fire, j’ÿ renvois le leéteur, demème.qu'au Théatre d'honneur, de la Colombiere, &gje. finis paï une remarque-ima portante. Les déf'd'armes de particuliers, à partieu. liers ont pris leur origine dans, la.pratique.dé défier fon ennemi ayant que de l'attaquer à force ouverte; pratique qui, desGrecs & des Romains, a:paflé dans toutes les nations qui ont connu les lois de la guerres Nous lifons.dans Froiflard come. ch. xxx). Qu'Ezs douard roi, d'Angleterre ayant été fait vicaire de l'empire, avec umpouvoir très-ample : « Fut-là., dit » l’hiftorien , renouvellé un jugement & fatut, & » affermé quiavoit étéfait au-tems pañfé à-la cout de » l’empereur, 'qui.étoit.tel ;-que qui, vouloit: autrui » grever.Qu porter dommage, il le dévoit défier trois » jours, devant lon. fait : qui autrement!le faifoit 1 » devoit être atteint déCmauvais, & vilain fait.» Confrontez. les articles HERAUT ,/CARTEL, COMBAT JUDICIAIRE, COMBAT SINGULIER , D'UEL ,-Dés CLARATION DE GUERRE, Ge. Ces article e/l de UM, le Chevalier DE JAUCOURT. 1510 DÉFICIENT , adj. ( Arischmérique.) Les nombres déficiens {ont ceux dont les parties aliquotes aj6û2 tées enfemble font une fomme moindre que lé’tout doñt elles font parties. Voyez NOMBRE, 0 <15 Tel eft lernombre 8 ; dont les parties ‘akquores à; 2, 4,prifes erifemble, nefont que 7. Voyez ARONà DANT. ; or 31194 Soit ab un nombre quiteft ler produit: de :déux nombres premiers 4, b, b étant > 4. Pour due#8 foit un nombre-ééficrent , il faut que 124 4 H61< 289 c’eft-à-dire que ie < 2. Ainfi, par exemple ,'z * 5 ou 10 eft un nombre déficients, Ed Puifque # eftfuppofé © a, &:que 4.8 a {ont des nombres premiers, donc eft au moins 3.Or,.quel “ ps ss [= _" { qisitr que {oites ona 2e = Sa, c'elsàs dire 744 æ np Donc, r°.fiz=2, & que b foït > 3, «ab fera un nombre défettif. 2°. Si a > 2,ab fera totjours défe@if, On peut, à l'exemple de ce théo- rême, en faire une infinité d’autres pareils fur ces #ortes de nombres. Foyez NOMBRE PARFAIT, Hyperbole déficiente ou défettive. Voy. DEFECTIF. DEFICIT, f. m. (Jurifprudence) terme latin ufité au palais pour exprimer quelque chofe qui manque. On dit, par exemple, qu'une telle piece ‘ou une cote entiere d’un inventaire ou d’une produétion eft en defcit ; on dit auffi qu’une telle fomme eft en de- _ficit dans-la caïffe d’un tréforier ou receveur public. A DIE Pancre du bord , (Marine. ) c’eft empêcher que l’ancre ne donne contre bord. (Z) | DÉFIE DU VENT, ( Marine.) c’eft un avertifle- ment que l’on donne à celui qui gouverne, afin qu'il ne prenne pas vent devant, & qu'il ne mette pas en ralingue, c’eft-à-dire, mettre le vaifleau de façon que lé vent ne donne point dans les voiles. (Z). DÉFIER (SE), en termes de Marine, c’elt être en garde & préndre fes précautions pour empêcher qu'il arrive quelque accident, comme de faire un abor- dage, de toucher fur des bas fonds, &c. (Z) DEFILÉ , ez terme de guerre, eft un pañlage ou chemin étroit , à-travers lequel un corps d'infanterie du de cavalerie ne peut pafler qu’en défilant , & en formant un très-petit front, de forte que l'ennemi peut profiter de cette occafon pour arrêter ce corps dans fa marche, & pour l’attaquer avec avantage ; parce que lé front & la queue ne peuvent en cet état fe fecourir réciproquément l’une l’autre. Chambers. Quand tine armée eft obligée de lever un fiége, ou de s’éloigner de l’ennemi , elle aflüre fa retraite, s’il lui eft poffible, en faifant enforte que l’ennemi, pour la fuivre, foit contraint de pafler quelques dé- Jilés que l’on: fait garder. Ces défilés, en cas d’atta- que, peuvent être défendus facilement , parce que l’ennemine peut profiter de fa fupériorité ; ne pou- vantattaquer qu'avec un front égal à l'ouverture du défilé. Lorfqu’une armée s'engage dans un défilé, le général doit toûjours en faire garder l'entrée par un corps des troupes de l’arriere-garde jufqu’à ce que Parmée foit entierement pañlée. Voyez DÉCAMPER E RETRAITE. Les anciens donnoient le nom de por- tes aux défilés qui avoient peu d'ouvertures, & qui he pouvoient être franchis ou paflés ni à droite mi à gauche, à caufe des montagnes efcarpées , entre lef. quelles le paffage ou le défilé fe trouvoit ; telles font les portes cafpiennes fi célebres dans l’hiftoire d’Ale- xandre le Grand, dans la retraite des dix mille, Ge. Ces fortes de défilés s'appellent co/s dans les Pyré- nées & dans les Alpes. (Q). : DEFILER , ALLER PAR FILE; c’eft marcher fur un petit front , ou fur très-peu de files, Voyez FILE. GE DEFILÉ. à On dit : l’armée commença à df/er par la gauche, & elle-étoit obligée de défiler à chaque inftant , à caufe des marais & des bois. Chambers. : Toutes les fois qu’une troupe marche fur un moin- dre front que celui fur lequel elle étoit en bataille , cette manœuvre s'appelle filer, quoique ce terme foit plus exa@ lorfque la troupe marche fur un très- petit front. | + eff très-commin, pour la commodité feule de l'infanterie, de la faire marcher fur un moindre front que celui du bataillon. Auff rien n’eft:il fi commun que-de défiler. ” Les manieres de defiler font fort variées ; mais elles fe réduifent aux mêmes principes, foit que l’on défile par petites parties-du-bataillon, c’eft-:à-dire que peu d'hommes marchent'enfemble-& de même front, ou que l’on «ef peu de grandes parties... DÉF On appelle défiler par rangs, lorfque tous les home mes d’un même rang marchent les premiers , enfuité ceux d’un autre rang , & ainfi des autres. On appelle défiler par file, lorfqu’un nombre de files marchent enfemble , puis un autre nombre pa= reil , & ainfi de fuite. Défiler de fuite, c’eft faire marcher une troupe pour-occuper le terrein qui eft à un de fes flancs. Ce terme n’eft guere en ufage dans notre T'aétique mo- derne ; mais il eft employé parles anciens ta@ticiens, & 1l n’y en a point d'autre fubftitué à fa place. Dé filer marche ou quart de marche, Voyez DIVISION, Q | DÉFILER, v. a. (terme de Chandelier.) ; c’eft lever de deflus les baguettes les chandelles quand elles font finies, &c qu'il ne s’agit plus que de les encaïffer. F, l’article CHANDELLE. DÉFINI, adj. (£erme de Grammaire.) qui fe dit de Particle Ze, la, les, foit qu'il foit fimple ou qu’il foit compofé de la prépoftion de. Ainfi du, au, des, aux, font des articles définis ; car du eft pour de le, au pour 4 le, des pour de les, & aux pour 4 es, Onles appelle définis, parce que ce font des préroms ou pré- pojitifs qui ne {e mettent que devant un nom pris dans un fens précis, circonfcrit, déterminé & indi- viduel. Ce, cet, cette, eft aufi un prépoñtif défini à mais de plus il eft démonftratif. Les autres prépoftifs, tels que rour, nul, aucuns chaque, quelque, un , dans le fens de quidam, ont cha- cun leur fervice particulier, Ÿ Quand un nom eft pris dans un fens indéfini, on ne met point l’article Ze, la, les ; on fe contente de mettre la prépofition de ou la prépoñtion 4, que les grammairiens appellent alors mal-à-propos «rticles indéfinis ; ainfi le palais du roi pour de Le roi , c’eft le: fens défini ou individuel : #7 palais de roi, c’eft un fens indéfini, indéterminé ou d’efpece, parce qu’il n’eft dit d'aucun roi en particulier. Voyez ARTICLE, Défini & indéfini fe difent aufli du prétérit des: verbes françois. En Latin un verbe n’a qu’un prété- rit parfait, féci; mais en François, ce prétérit eft rendu par J'ai fair, ou par je fis. L’un efl appellé prétérit défini ou ab/olu, & l'autre izdéfini ou rela= £if ; fur quoi les grammairiens ne font pas bien d’ac- cord, les uns appellant défni ce que les autres nom- ment irdéfini: pour-moi je crois que 7’ai fair eft le defini & l’abfolu, & que je fis eft indéfimi & relatif ; je. fis alors, je fis l’année palfée. Mais après tout l’effen- tiel eft de bien entendre la valeur de ces prétérits &c la différence qu’il y a de l’un à Pautre, fans s’arrêter à des minuties. (#) DEFINITEUR, { im. (Jurifprudence.) définiror feu confultor, eft le titre que l’on donne dans certains ordres religieux à ceux qui font choiïfis dans le nom= bre des fupérieurs & religieux du même ordre, af- femblés pour le chapitre général ou provincial, à l'effet de régler les affaires de l’ordre ou de la pro- vince ou congrégation. Pendant la tenue du chapi- tre, toute l’autorité eff commife aux défriteurs pour faire les réglemens, définitions, ftatuts, decretsqu'ils jugeront convenables au bien du corps : cé font eux aufli qui font les élections des fupérieurs pour les. maifons de leur ordre. À Le lieu où s’affemblent les dfnireurs s'appelle le définitoire ; on donne aufli quelquefois ce nom à Paf- femblée des définiteurs ; c’eft proprement Le tribunal de l’ordre par lequel toutes les affaires purement ré- gulieres font jugées. Il y a deux fortes de définiteurs ; favoir , les défini- teurs généraux, & les définiteurs particuliers. Les défini- teurs généraux font ceux que chaque chapitre pro= vincial députe au chapitre général pour régler les affaires de tout l’ordre ; l’aflemblée de ces définireurs s'appelle le défrisoire général, Les définiteurs partiou- | À | hers liers font ceux que chaque monaftere députe au cha- pitre provincial, pour y tenir le définitoiré dans le- quel fe reglent les affaires de la province. L'ufage des différens ordres religieux n’eft pas uniforme pour l’éleétion , n1 pour le nombre & les prérogatives des définiteurs. Dans plufieurs ordres & congrégations, les défini- teurs font ordinairement choifis en nombre impair de fept, neuf , quinze, & plus grand nombre: dans Pordre de Citeaux il y en a vingt-cinq, dans celui de Cluny quinze, dans la congrégation de S. Maur neuf, ‘ dans celle de S. Vanne il n’y en a que fept. l Dans cette derniere congrégation, ils font choïfis par tous ceux qui compofent le chapitre, foit fupé- rieurs, foit députés des communautés ; mais ces der- niers ne peuvent être élüs dfénireurs , ils n’ont que voix active. L’élettion des dfinireurs , dans la congrégation de S. Maur, fe fait par les feuls fupérieurs qui font de- putés au chapitre général par des aflemblées parti- culieres qui fe font avant la tenue du chapitre, & qu’on appelle dieres. | Dans l’ordre de Cluny, ils font choifis par ceux qui étoient défniteurs au chapitre précédent , & ainfi fucceflivement d’un chapitre à l’autre ; en forte que ceux qui étoient déféniteurs au chapitre précédent, n’onteplus au chapitre fuivant que voix aétive, ét ne peuvent être choifis pour être de nouveau défnr- seurs. Comme il y a deux obfervances dans Pordre de Cluny, des quinze défiriteurs, huit {ont de l’an- cienne obfervance , & fept de l’étroite ; ils s’unifent tous pour connoître des affaires communes à l’ordre, &z fe féparent pour connoître ce qui régarde chaque obfervance ; tous les réglemens, ftatuts, &c. font rapportés énfuite dans un feul corps au définitoire commun, & font fignés de tous les définiteurs. Dans l’intervalle d’un chapitre à l’autre, 1l n’y à ni droit ni prérogative attachée au titre de défiziteur, fi ce n’eft celui d’afifter au chapitre fuivant. Les chanoines réguliers de la congrégation de France s’aflemblent tous les trois ans par députés dans l’abbaye de faite Genevieve, pour y faire l’'éle&ion d’un abbé général: ce chapitre, compoté de vingt-huit députés, eft partagé en trois cham- bres. a ? La premiere &c principale, qu’on appelle*le défr- nitoire ; & à laquelle préfide l'abbé , eft compotée de dix définiteurs choïfis par fuffrages fecrets parmi les députés. Ils font ainfi nommés, parce qu’ils met- tent la derniere main aux réglemens qui doivent être obfervés dans cette congrégation, & nomment les fupérieurs des maïfons : leur fon£tion ne dure, de même que dans les autres ordres dont on a parlé, que pendant la tenue du chapitre, qui eft ordinaire- ment d'environ douze ou quinze Jours. La feconde chambre, appellée des decrers, eft celle où l’on forme d’abord les réglemens , qui font enfuite portés au définitoire, lequel les adopte ou rejette, & y met la derniere main. La troifieme chambre enfin, qu’en appelle char. bre des comptes, eft celle où l’on examine les comptes dés maifons. Les députés qui compofent cette cham- bre, après un examen des comptes, en font le rap- port au définitoire, c’eft-à-dire en la chambre des définiteurs ; lefquels reglent ces comptes. * Pour être dfiniteur dans cette congrégation , il faut avoir au moins neuf années de priorature. Les définiteurs ont la préféance fur les autres députés pendant la tenue du chapitre. Suivant les conftitutions de l’étroite obfervance our les réformés de l’ordre des Carmes, approu- vées & confirmées par Urbain VIIL. avec les articles ajoûtés par Innocent X. publiées par decret du cha- pitre général tenu à Roïme en 1645, dont la troifie- Tome IF, DEF 745 me partie traite du chapitre provincial, après avoir parlé de la maniere en laquelle doit être tenu ce cha- pitre provincial : voici ce qui s’obferve par rapport aux définiteurs, fuivant le chap. y. intitulé de e/edione defiritorum : | Ii eft dit que l’on élira pour définireurs ceux qui feront les plus recomandables par leur prudence, expérience , doëtrine & fainteté : qu'ils feront les aides du provincial, lequel ferattenu de fe fervir de leur fecours & de leur confeil pour le gouvernement de, la province , de maniere qu'il ne pourra point fans raifon s’écarter de leur avis: que cette éle&tion fera faite par tous ceux qui font de gremio : que les fuffrages feront fecrets ; & que l’on choïfira quatre des religieux , aufli du même ordre, qui n'ayent point Êté définireurs au dernier chapitre : que celui qui aura.le plus de voix, fera le premier ; celui qui en aura enfuite le plus, fera le fecond , & ainfi des autres : que fi plufeurs fe trouvent avoir ÉTa- lité de fufrages , le plus ancien en profeflion {era définiteur, L’éleétion étant faite , elle doit être publiée par le préfident du chapitre, lequel déclare que les déf- Aiteurs élüs ont autorité de décider toutes les affaires qui fe préfenteront pendant la tenue du chapitre ; enforte que ces définiteurs ainfi élûs ont tout pou- voir de la part du chapitre , excepté lorfqw’il s'agit de faire des réglemens qui concernent toute la pro- vince: car en ces matieres, tOus ceux qui font du chapitre ont droit de fuffrage ; & l’on y doit même procéder par fuffrages fecrets , fi cela paroît plus convenable. Les définiteurs ainfi élûs & annoncés commencent aufli-tôt à être comme afliftans auprès du provincial & du préfident. On publie auffi Les noms de ceux qui ont eu après eux le plus de fuffrages, & on les inf- crit dans le livre de la province, felon le nombre des fuffrages que chacun d’eux a eus, afin que l’on puifle en prendre parmi eux pour fuppléer le nom- . bre des définireurs, fi quelqu'un d’eux venoit à être élù provincial ou à decéder, ou fe trouvoit abfent par quelqu’autre empêchement. Aucun ne peut être élû défnireur, qu’il ne foit pré- tre, qu'il n'ait cinq années accomplies de profeflion, qu'il ne foit âgé de trente ans au moins. Pendant le chapitre &r les congrégations ou affem- blées annuelles, les défnireurs tiennent le premier rang après lé provincial ; hors le chapitre, ils ont “rang après le prieur, le foüprieur & le maître des novices: dans leurs couvens , ils font néanmoins foümis en tout , & doivent recevoir de leurs prieurs les monitions & correétions , comme les autres re- hgieux , auxquels ils doivent l'exemple, Les confti- tutions ne veulent pas qu'on les appelle défénireurs dans le couvent, mais ce dernier article ne s’ob- {erve pas. Ceux qui ont eu voix dans l’éleion du difcret ou religieux qui accompagne le prieur ou vicaire au- chapitre provincial, ne peuvent avoir voix dans le chapitre pour l’éleétion des défniteurs ; excepté le préfident & fon afiftant, qu'il choïfira lui - même felon fa confcience , pourvû qu'il foit de la provin- ce, & du nombre de ceux qui obfervent ces flatuts. Enfin le préfident & fon afhftant doivent avoir voix & féance dans le chapitre, quoiqu'ils ayent eu voix dans léleétion de quelque difcrer. Telles font les regles prefcrites pour les dfnireurs par les conftitutions dont on vient de parler. On n’entrera pas 101 dans un plus grand détail de ce qui fe pratique à cet égard dans les autres ordres ; les exemples que l’on vient de rapporter fufilent pour en donner une idée. (4 DEFINITIF, (Juri/p.) eft ce qui finit & termine une conteftation, Un arrêt défruuif, une fentence BBbbb 740 DEF définitive, font oppofés aux jugemens préparatoires ou interlocutoires , & qui ordonnent feulement quelque chofe pour l’inftruétion, ou en attendant le jugement du fond des conteftations. (4) | DEFINITION , f. f. ez Logique, eit une énumé- tation que l’on fait des principales idées fimples dont eft formée une idée compolée, pour déterminer ou expliquer fa nature &c fon caractere. | Les philofophes de l’école donnent des notions fort imparfaites de la définition. Quelques-uns la définiflent la premiere notion ou idée que l’on a d’une chofe, qui fert à la diftinguer de toute autre, & de laquelle on peut déduire tout ce que lon fait & que l’on conçoit de cette chofe, Mais on la définit plus ordinairement oratio explicans quid res eff, un dif- couts qui explique ce qu’une chofe eft, c’eft-à-dire un difcours qui détaille les attributs par lefquels la nature d’une chofe eft déterminée : car expliquer n’eft autre chofe que deraïller féparément les par- ties qui étoient auparavant mentionnées implicite- ment & conjointement ; de forte que toute explica- tion a toûjours un rapport à tout. Or comme on peut diftinguer dans une chofe des parties de différente nature, favoir des parties phy- fiques, des parties métaphyfiques, 6’. on peut donner auf différentes définitions d’une même cho- fe ; ainfi on peut définir l'homme #7 animal compofé de corps & dame, ou bien un animal raifonnable. Il y a, ajoûte-t-on, deux fortes de définitions; l’une nominale, ou de nom ; l’autre réelle, ou de chofe, La définition de nom eft celle qui explique le fens ou la fignification propre d’un mot; ou, comme le dit plus exaétement M. Wolf, c’eft l’'énumération qu'on fait d’un certain nombre de marques ou de ca- rateres fufifans pour faire diftinguer la chofe qu’on définit, d’avec toute autre ; de forte qu'il ne refte point de doute fur ce que c’eft que la chofe qu’on a voulu faire entendre & défigner par le nom. Telle eft la définition qu’on donne d’un quarré, en difant que c’eft une figure de quatre côtés égaux, &c. qui font entr’eux des angles droits. Par la déf- nition de nom on veut faire connoitre ou les idées qu’on attache à un mot dans l’ufage ordinaire, ou bien les idées particulieres qu’on a déffein d’y atta- cher, c’eft-à-dire le fens particulier dans lequel on veut qu'un mot foit entendu, pour l’employer en ce fens dans la fuite du difcours. La définition de chofe eft proprement une énumé- ration qu'on fait des principaux attributs d’une cho- fe, pour expliquer & faire connoître fa nature. Ainfi on définit un cercle, une figure dont tous les: points à la circonférence font également éloignés du centre, | M. Wolf dit que la définition de chofe eft une no- tion diftinfte qui explique la génération de cette chofe , c’eft-à-dire la maniere dont elle eff faite ou dont elle fe fait. Telle eft la défuition qu'on donne d’un cercle, quand on dit que c’eft une figure for- mée par le mouvement d’une ligne droite autour d’une de fes extrémités. Sur ce pié , la défrition pré- cédente que nous venons de donner d’un cercle, ne fevoit plus une défririon de chofe , mais fimplement une définition de nom. La notion que nous avons donnée de la défni- sion de chofe, d’après plufeurs philofophes, fuf- fit pour faire connoître en quoi elle differe de la dé- rition de nom. Mais quoique cette notion ait de fon côté l'avantage de l’analogie, de la clarté &s de la convenance, cependant comme elle n’eft elle-même qu’une définition de nom, c’eft-à-dire une défiririon du mot, c’eft fous ce point de vüe principalement que nous devons la confidérer, en la regardant com- me une idée attachée arbitrairement à ce mot, & que l’auteur doit toüjours y conferver attachée DEF _dans toute la fuite de fon ouvrage. Mais cette no- tion ne renferme point en effet le fens ou la fignif- cation ordinaire qu’on a coûtume de donner à ce mot, & qui eft beaucoup moins jufte & moins dif- tinéte ; & c’eft à cette fignification ordinaire que nous devons principalement avoir égard. Ainf, quoique les dfinirions d’une chofe ne foient que des explications du mot qui la figmfe, il ya cependant de la différence entre définir la chofe & définir le mot. L’une & l’autre défririon à la vérité n’eft que l'explication de la figmification d’un mot ; mais la défénition de mot eft l'explication d’un mot établi par l’ufage reçû , conformément aux idées qu'il a plû aux hommes d’y attacher: au lieu que la définition de la chofe eft l’explication d’un mot fup- pofé arbitraire, dont je me fers à mon gré, en forte que Jj'attache à ce mot, felon qu'il me plait, le nom- bre &r la qualité d’idées que je déclare avoir aétuelle- ment dans l’efprit. , Au refte cette déffnirion d’un mot pris même arbi- traitement, peut en un fens très-lépitime s’appeller la nature de la chofe définie: car alors la définition ex- prime parfaitement la nature de la chofe que je dé- finis, telle que je la conçois ; mais ce que je conçois alors n’eft pas toûjours la nature effettive des chofes, Mais pour le bien comprendre, il faut expliquer les différentes idées qui font attachées au mot ra re. 1°. Il fignifie Paflemblage de tous les êtres que l’efprit humain eft capable de connoître : 2°. le prin- cipe univerfel qui les forme & qui les conduit, 3°. 11 fignifie la conftitution particuliere & intime qui fait chaque être en particulier ce qu'il eft: 42. la difpo- fition qui fe trouve dans Les êtres , indépendamment de notre induftrie ou de la volonté humaine ; & en ce fens-là ce qui eft naturel eft oppofé à lartificiel. Ainfi difons-nous que la chüte de l’eau qui tombe dans une cafcade de jardin , eft artificielle , entant qu’elle a été difpofée par linduftrie humaine pour tomber de la forte. 5°. Enfin le mot zaiure fignifie l’idée que nous nous formons de ce que nous ju- geons de plus intime en chaque chofe, êc que nous exprimons par la définition : c’eft ce .qui s'appelle dans les écoles, effénce métaphyfique. V, NATURE. Ces divers fens qu’on donne au mot zarure, étant ainfi fixés & déterminés , 1l eft aifé de comprendre quel ef le fens que les philofophes donnent à la na- ture des chofes, lorfqu'ils prétendent l’expliquer par leurs définitions. Comme ils entendent par la na- ture des chofes, la conftitution particuliere & inti- me qui fait chaque être en particulier ce qu'il eft, il eft évident que toutes leurs défaitions fur la nature des fubftances, font vaines & frivoles ; elles feront toûjours défeétueufes, par l’impuiflance où ils {ont de connoître les effences des fubitances; impuiffance dont ils ne fe doutent pas, parce qu'ils fe prévien- nent pour des idées abftraites qu'ils réalilent, & qu'ils prennent enfuite pour l’effence même des cho- fes. Ce qui les a engagés dans cette méprife, c’eft 1° qu'ils ont crû qu’en Mathematiques la notion de la chofe emporte la connoiffance de foneflence;2° qu'ils ont conclu précipitamment qu’il en étoit de même en Phyfiques & fe font imaginés connoître l’efflence même des fubftances. Au lieu de s’amufer à les dé- finir par leur genre & par leur différence la plus prochaine , ils auroïent dû plütôt faire ne analyfe exa@e de toutes les idées fimples qui peuvent leur appartenir, en un mot développer l’origine &c la génération de toutes leurs notions abftraites. Mais 1Left bien plus commode de fuppofer dansles chofes une réalité dont on regardeles mots comme les vé- ritables fignes ; d’entendre par ces noms, omme,ani- mal, &c. une entité qui détermine & diflingue ces chofes, que de faire attention à toutes les idées fim ples qui entrent dans la notion qu'on s’en forme, Cette voie fatisfait tout-à-la-fois notre impatience & notre curiofité. Peut-être y a-t-il peu de perfon- nes, mème parmi celles qui ont le plus travaillé à fe défaire de leurs préjugés, qui ne fentent quelque penchant à rapporter tous Les noms des fubftances à des réalités inconnues, V’oye ABSTRACTION. C’eft-là certainement une des fources les plus étendues de nos erreurs. Il fuffit d’avoir fuppofé que les mots répondent à la réalité des chofes, pour les confondre avec elles, & pour conclure qu'ils en expliquent parfaitement la nature. Voilà pourquoi celui qui fait une queftion, & qui s’informe ce que c’eft que tel ou tel corps, croit, comme Locke le re- marque,demander quelque chofe de plus qu’unnon ; & que celui qui lui répond, c’e/f du fer, croit auf lui apprendre quelque chofe de plus. Mais avec un tel jargon il n’y a point d’hypothèfe, quelqu’inintelligi- ble qu’elle puuifle être, qui ne fe foûtienne. 11 eff donc bien important de ne pas réalifer nos abftra@ions. Pour éviter cet inconvénient je ne con- noiïs qu'un moyen ; c’eft de fubftituer totjours des analyfes aux définitions des philofophes : les analyfes font les meilleures défzitions qu'on puifle en faire. Mais ce moyen, tout fimple qu'il eft, a été inconnu aux philofophes. La caufe de leur ignorance à cet égard, c’eft le préjugé où ils ont toûjours été qu’il fal- loit commencer parles idées générales ; carlorfqu’on s’eft défendu de commencer par les particuheres, il n’eft pas pofñlible d'expliquer les plus abftraites qui en tirent leur origine. En voici un exemple. Après avoir défini l’impoflible par ce qui implique contradidion , le poffble par ce qui ne l'implique pas, & l'être par ce qui peut exiffer, on n’a pas {à donner d'autre définition de l’exiftence, finon qu’elle eft Ze complément de la poffibilité. Mais je demande fi cette définition préfente quelqu’idée, & fi l’on ne feroit pas en droit de jetter fur elle le ridicule qu’on a donné à quelques-unes de celles d’Ariftote. Si le poffble eft ce qui n'implique pas contradi&ion , la poffibilité eft 4 non -implication de contraditlion. L’exiftence eft donc Ze complément de la non-implica- tion de contradiction. Quel langage ! En obfervant mieux l’ordre naturel des idées , on auroit vû que la notion de la poffibilité ne fe forme que d’après celle de l’exiftence. Je penfe qu’on n’adopte ces fortes de définitions , que parce que connoïffant d’ailleurs la chofe définie, on n’y regarde pas de fi près : l’efprit qui eft frappé de quelque clarté , la leur attribue, & ne s’apperçoit point qu’elles font inintelligibles, Mais fi toutes les défrisions qu'on fait fur les fub- flances, n’en font point connoître la nature, il n’en eft pas de même dans les fciences où l’on raifonne fur des idées archétypes. L’effence d’une chofe étant, felon les philofophes, ce qui la conffitue ce qu’elle eft, c’eft une conféquence que nous prifiôns dans ces occafions avoir des idées des eflences ; leurseffences fe confondent avecles notions que nous nous en fommes faites : aufli leur donnons-nous des noms qui font également les fignes des unes & des autres. Un efpace terminé par trois lignes peut être regardé dans ce fèns comme l’effence du triangle. Le nom de /ujlice fignifie également celle du jufte ; ce- lui de Jagefe , l’eflence & la notion du fage, &c. C’eft peut-être là une des raifons qui a fait croire aux {cholaftiques , que pour avoir des noms qui expri- _maffent les effences des fubftances, ils n’avoient qu’à fuivre l’analopie du langage ; ainfi ils ont fait les mots de corporéité, d’animalité & d'humanité , pour défigner les eflences du corps, de l'animal & de l’horr- me: ces termes leur étant devenus familiers, il eft bien difficile de leur perfuader qu’ils font vuides de 1C0S | | Il fant obferver que la nature des chofes purement idéales étant une fois fixée , on en tire des confé- Tome IF, Dub dc DEF 747 quences dont le tiflu forme une fcience auf vérita- ble que la Géométrie, qui a pour bafe la déririon des mots. Tout géometre commencé par dire: J’en- tends par le mot por: telle chofe, pat la Zone telle autre chofe ; & de cette défnirion de mots, qui font autant d’effences qué l’efprit forme à fon gré, on par- vient aux connoïflances les plus profondes, aux con- féquences les plus éloignées, & aux démonitrations les plus infaillibles & les plus évidentes : mais il faut toüjours fe fouvenir que ce {ont-là des vérités qui n’ont pour fondement que des natures idéales de ce qu’on s’eft mis arbitrairement dans l’efprit. Nous pouvons ici, après M. Locke, färe utile- ment l’analyfe de la méthode établie dans les écoles, de définir par le moyen du genre & de la différence. Le genre comprend ce que la chofe définie a de com- mun avec d’autres chofes ; la différence comprend ce que la chofe à de particulier, & qui ne lui ef commun avec nulle autre chofe, Cette méthode n’eft qu’un fupplément à l’énumération des diverfes qualités de la chofe définie : comme quand on dit de l’homme, c’ef? un animal raifonnable, le mot ari- mal renferme les qualités de vivant, mourane, ferfe- ble. Cela eft fi vrai, que s’il ne fe trouve point de mot particulier qui exprime toutes les qualités de la chofe définie, alors il faut avoir recours À l’énumé- ration des qualités mêmes, Par exemple, f l’on veut définir une perle, on ne le pourra faire en marquant fimplement un genre & une différence précife, com- me on en marque dans la déférition de l'homme; & cela parce qu’il n’y a point de mot qui feul renferme toutes les qualités qu’une perle à de commun avec d’autres êtres. C’eft ainfi que la méthode de définir par voie de genre & de différence, eft Le fupplément ou l’abregé de l’énumération des qualités qu’on dé- couvre dans la chofe définie ; mais ce que l’on en découvre n'étant pas toute fa nature , la défnirion ne fe trouvéra autre chofe que l’explication de 1x vraie fignification d’un mot, & du fens que l’ufage y a attaché, & non pas de la nature effedtive, réelle êt totale de la chofe indiquée par le mot. On demande ordinairement trois chofes pour qu’- une défrition foit bonne : 1°. qu’elle foit claire, c’eft- à-dire qu’elle nous ferve à avoir une idée plus claire & plus diflinéte de la chofe qu’on définit, & qu’elle nous en fafle, autant qu'il fe peut, comprendre la nature : 2°. qu'elle foit umiverfelle ou adéquate , c’eft-à-dire qu'elle convienne à tout ce qui eft con- tenu dans l’efpece définie : 3°. qu’elle foit propre ou particulieré à la chofe définie. On peut faire fur la déférition en général les ré- flexions fuivantes, | 1°. L'ufage des définitions eft impoñfible , quand il s’agit des idées fimples. Locke l’a fait voir, & il eft aflez fingulier qu'il foit le premier qui l'ait remar- qué. « Il n’y a aucune définition, dit-il, de la /umie- » re Ou de la rougeur , qui foit plus capable d’exciter » en nous aucune de ces idées, que le fon du mot Z4- » miere Ou rougeur pourroit Le faire par lui-même : » car efpérer de produire une idée de lumieré ou de » couleur par un fon, de quelque manière qu'l foit » forme, c’eft fe figurer que les fons pourront être » vüs, ou que les couleurs pourront être oüies, & » attribuer aux oreilles la fonétion ce tous les autres » fens; ce qui eft autant que fi l’on difoit que nous » pouvons golter , airer , & voir par le moyen des » oreilles : efpece de philofophie qui ne peut conve- » nir qu’à Sancho Pança, quiavoit la faculté dé voir » Dulcinée par oùi-dire, Le feul moyen donc qu'il y » ait de faire connoître à quelqu'un la fignification » des mots qui expriment des idées fimples , c’eft de » frapper fes fens par les objets qui leur {ont pro- » pres, & de prodtuire ainfi en lui les idées-dont il » à déjà appris le nom, Un homme aveneléiqui ai- PRETE 9 PEU BB D Del ONE 748 D EF » moît l'étude, s'étant fort tourmenté la tète fur le » fujet des objets vifibles , & ayant confulté fes li- 3 vres & fes amis, pour pouvoir comprendre les » mots de lumiere & de couleur qu'il rencontroit fou- # vent dans fon chemin, dit un jour avec une extre- » me confiance, qu'il comprenoit enfin ce que figni- 5 foit l’écarlare : fur quoi fon ami lui ayant deman- s# dé ce que c’étoit ; c’eft, répondit -il, guelqwe chofe 5 dé femblable au fon de la trompette. Quiconque pre- » tendra découvrit ce qu'emporte le nom de quél- # que autre idée fimple par le feul moyen d’une de- » finition, ou par d'autres termes qu'on pent em- » ployer pour l'expliquer , fe trouvera juftement » dans lé cas de cet aveugle ». Locke, Z. LIT. c. jv. Les philofophes qui font venus avant ce philofo- he Anglois, ne fachant pas difcerner les idéés qu'il falloit définir de celles qui ne devoient pas l'être, w’on juge de la confufion qui fe trouve dans leurs écrits. Les Cartéfiens n'ignoroient pas qu'il y a des idées plus claires que toutes les définitions qu'on en peut donner; mais ils n’en favoient pas la raifon , quelque facile qu’elle paroïfle à appercevor. Ainfi ils font bien des efforts pour définir des idées fort fimples,tandis qu'ils jugent inutile d’en définir de fort compofées. Cela fait voir combien en philofophie le plus petit pas eft dificile à faire. Foyez Nom. 2°, Les définitions par lefquelles on veut expli- quer les propriétés des chofes par un genre & par une différence, font tout-à-fait inutiles , fi par gezre 8 par différence vous n’entendez le fupplément ou l’abregé de l’énumération des qualités , que la feule analyfe fait découvrir. Le moyen le plus efficace d’éténdre fes connoïffances, c’eft d’étudier la géné- ration des idées dans lé même ordre dans lequel elles fe font formées. Cette méthode eft fur-tout indifpenfable , quand il s’agit des notions abftrai- tes : c’eft le feul moyén de les expliquer avec net- teté. Or c’eft-là le propre de l’analyfe. 3°. Les définitions né nous aident jamais à con- noître la nature des fubftances , mais feulement les effences qui fe confondent avec les notions que nous nous faïfons des chofes ; notions fondées fur des idées archétypes, & non pas d’après des modeles réellement exiftans , ainfi que font les fubftances. 4°. Comme les définitions , {oit dé nom, foit de chofe, ne font que des explications des mots, qui fignifient le fens qu'on y attache , aux différences près que nous avons marquées entre les unes &c les autres ; il s’enfuit qu’élles ne peuvent être contef- tées, & qu’on peut les prendre pour des principes. La raifon en eft, qu’on ne doit pas contefter que l'idée qu'on a défignée, ne puifle être appellée du nom qu'on lui a donné ; maïs on n’en doit rien con- clure à l’avantage de cette idée, ni croire pour ce- la feul qu’on lui à donné un nom , qu’elle fignifie quelque chofe de réel : car, par exemple , fi un philofophe me dit , j'appelle pefanteur le principe intérieur qui fait qu'une pierre tombe fans que rien la poufle ou l'attire ; je ne contefterai pas cette définition : au contraire, je la recevrai volontiers, parce qu’elle me fait entendre ce qu'il veut dire; mais je pourrai nier que ce qu'ilentend par ce mot de pefanteur foit quelque chofe de réel 5°. Une des grandes utilités qu'apporté la défzi- tion , c’elt de faire comprendre nettément dequoi 1l s’agit, afin de ne pas, difputer inutilement fur des mots, comme on fait fi fouvent même dans les dif- cours ordinaires. Mais , outre cette utilité, 1l y en a'encore une autre; c’eft qu'on ne peut fouvent avoir une idée diftinde d’une chole, qu’en y employant beaucoup de mots pour la défigner. Or 1l feroit im- portun, Le dans les livres de fcience, de répé- ter tobjours cette grande fuite de mots: c’eft pour- quoi, ayant fait comprendre la chofe par tous ces D Æ , mots, oh attaché À'un feéul mot l'idée complexe qu’- on a conçüé , qui tient lieu de toutés les autres. Ainfi ayant compris qu'il y a des nombres qui font divifi- bles en deux épalèment ; pour éviter de répétér tous ces termes, on donné ün nom à cette propriété, en difant : j'appelle toutnombre qui ft divifiblé em déux également zombre païr:cela fait voir que tottes les fois qu'on fe fért du mot qu'on a définr, il faut fubfituer méntälement la défririon à la place du défini, & avoir cette définiion fi préfente, qu’aufli-tôt qu'on nomme par éxemple le nombré pair, on éñténde précilément que c’eft celui qui eft divifible en deux également, &t que ces deux chofës foient tellement jorntés 8 im= féparables dans la penfée, qu'aufi-tôt que le dif= cours én exprime une, l’efprit y attaché immediate- ment l’autre : car ceux qui définiflent les tèrmes, comme font les Géometres avec tant de foin, ne le font que pour abréger lé difcours, que de fi fréquen- tes circohlécutions réndroient ennuyeux. 6°. Il ñne faut point changer les dnitions déjà re= cûes, quand on n’a point fujét d’y trouver à redire; car il eft totjours, plus facile de faire entendre un mot lorfqu’il eft déjà confacré par l’ufage, aü moins parmi les favans, pour fignifier une‘idée , que lorf- qu'il faut l’attachér de nouveau à uné autre idée, & le détacher de celle à laquelle il étoit otdinairemént lié. La raifon dé cétte obfervation eft, que lés hom- mes ayant une fois attaché une idée à ün mot, né s’en défont pas facilement ; & ainfi leur ancienne idée révenant toijours, leur fait aifément oublier la | nouvelle que vous voulez leur donner en définiffant ce mot : de forte qu’il feroit plus facilé de lès accoû- tumer à un mot qui né figniferoit rien, que de les accoûtumer à dépouiller lé mot de la premiere idée quiénétoitliée. C’eft un défaut dans léquel font tombés quelques Chimiftes, qui ont pris plaifir de changer les noms de la plûpart des chofes dont ils parlent, fans qu'il en revienne aucune utilité, & de leur en donner qui fignifient déjà d’autres chofes qui n’ont nul vérita= blé rapport avec les nouvelles idéés auxquelles ils les lient : ce qui donne mêmé lieu à quelques-uns de faire des raifonnemens ridicules , comme eft celui d’une perfonné qui s’imaginant que la pefte étoit un mal faturnin , prétendoit qu'on avoit guéri des peftiférés en leur pendant au cou un morceau de plomb , que les Chimiftes appellent facurne, fur lequel on avoit grâvé, un jour de famédi, qui porte auff le nom de Sarurne, la figure dont les Aftrono- més fe fervent pour marquer cette planète ; & com- ie fi des rapports arbitraires entre le plomb & la planéte de Saturne, & entre cette planète & le jour du famedi, & la petité marque dont on la défigne, pouvoit avoir dés effets réels, & guérir effétive- ment des maladies. Arricle de M. FORMEY.., DÉFINITION , 67 Mathématiques , c’eft lexplica- tion du fens, ou de la fignification d’un mot ; ou, fi l’on veut, une énumération de certains caraéteres qui fufifent pour diftinguer la chofé définie de toute autre chofe, | sue Scan 5 M Telle eft, comme on l’a déjà obfeivé , la défritior du mot guarré, quand on dit qu'on doit entendre par ce moturie figure tenfermée par quatre côtés égaux & perpéndiculaires l’un à l’autre. On né fauroit , en Mathématiques, s’appliquer avec trop de foin à donner des définitions exaëtes : car l’inexa@titude de la définition empêche de bien faifir la vraie fignification des mots ; le leéteur eft à chaqué inftant en danger de s’écarter du vrai fens des propoftions. : . ee Les définitions mathématiques ne font à la rigueur que des définitions de nom (pour ufer de l’expreffion des Logiciens ) ; c’eft-à-dire qu'on s’y borne à ex: pliquér ce qu’on entend par un mot, .& qu'on ne ptétend pas expliquer par la défririon la nature de la chofe : äinfi lés Mathématiciens font plus refer= vés que bien des philofophes, qui croÿent don- net des définitions de chofe, entendant par ce mot Pexphcation dé la nature de la chofe, comme fi la nature des chofes nous étoit connue, comme fi même lés mots de zarure & d’effence préfentoient des idées bien nettes. Voyez ci-deffus dans quel fens les définitions mathématiques peuvent être prifes pour des définitions de chofe. Ce qu'l y a de fingulier, c'eft que les défritions des philofophes dont nous parlons, & celles du géometre, font fouvent les mêmes, quoique leurs prétentions foient fi diffé- fentes. Le géometre dit: un triangle re@iligne ef une figuré renfermée par trois lignes droites; le philofophe diroit la même chofe: mais lé premier explique feulement ce qu'il entend par sriangle; le fécohd croit en expliquer la nature, quoiqu'il n’ait peut-être üné idée bien nette, ni de l’efpace, ni dé l’angle, ni de la ligne, 6e. Les définitions des Mathématiciens regardées com- me définitions dé nom , font abfolument arbitrai- rés , C'éft-à-dire qu'on peut donner aux objets des mathématiques tel nom , & aux mots tel fens qu’on veut. Cependant 1l faut autant qu’il eft poffibie fe conformer à l’ufage de la langue & des favans ; il fe- toit ridicule, par exemple , de définir le triangle une figure rondé, quoiqu'on pût faire à la risueur dès élémens dé Géométrie exatts (mais ridicules) en appellant sangle ce qu’on appelle ordinairement cercle. Voyez DICTIONNAIRE. (0) DEFINITION, ez Rhétorique , c’eft un lién com- mun; & par définition, les rhéteurs entendent une explication courte & claire de quelque chofe. Les définitions de l’orateur différent beaucoup dans la methode de celles du dialé@icien & du philofo- phe. Ces derniers expliquent fritement & féche- ment chaque chofe par fon genre & fa différence : ainft ils définiflent l’homme #7 animal raifonnable. L’orateur fe donne plus de liberté, & définit d’une maniere plus étendue & plus ornée. Il dira, par exemple : l’homme cff un des plus beaux ouvrages di Créateur, qui l’a formé à fon image, lui à donné la rai- Jon, € l'a deffinéa l'immortaliré : mais cétté définition, à parler exaétement, tient plürôt de la nature d’uné défcription que d’une définition proprément dite. Il y a différentes fortes de définitions oratoires. La premiere fe fait par l’énumération des parties d’une chofe ; comme lorfqu’on dit, que l’éloquence éft un art qui confiflé dans l'invention, la difpofition , l’élocution, & la prononciafion. La feconde définit une chofe par fes effets: ainfi l’on peut dire que la guerre eft x monffre cruel qui traine fur [es pas l’injufhice, la violence, & la fureur ; qui Je repair du ang des malheureux , [e plaft dans les larmes € dans le‘ carnage ; 6 compte parmi fes plaifirs , la défolarion des campagnes , l'incendie des villes , le ravage des pro: vinces, &tc. La troifiéme éfpece eff comme un amas de diverfes notions pour en donner une plus magni- que de la chofe dont on parle, & c’eft ce que les rhéteurs nomment déféririones conglobatæ : ainfi Ci- céron définit le fénat romain, semplum fanititatis, caput urbis , ara fociorum , portus omnium géñtinrre. La quatrième confifte dans la négation & l’afirmation, c’eft-à-dire à défigner d’abord ce qu'une chofe n’eft pas , pour faire énfuite mieux concevoir ce qu'elle eft. Cicéron, par exemple, voulant définir la con- fulat , dit que cette dignité n’eft point caradérifée par les haches, les fafceaux, les héteurs , la robe prétexte, ni tout l'appareil extérieur qui l’accompa- gne, mais par l'activité , la fagéfle, la vigilance , Pa- mour de la patrie ; & il en conclud que Pifon qui n’a aucune de ces qualités, n’eft point véritablement conful , quoiqu'il en porté le nom & qu'il en occu- | TA: DE 4 pe la place. La cinquième définit une chofe par ce qui l'accompagne ; ainf l’on a dit de l’Alchimie, que C'eft un attinfenfé, dont la fourberie ef? le commence- ment, qui a pour rilieu le travail, & pour fin l'indi= geñce. Enfin da fxieme définit par des fimilitudes & dés métaphores : on dit, par exemple, gze a mort efl une chüte dans les ténebres, & quelle n’eft pour cer. taines gens qu'un fomimeil paifible. Que On peut rapporter à cette derniere clafle des def. zitions métaphoriques , cinq défrinions de l’homme affez fingulieres pour trouver placé ici. Les Poëtes feignent que les Sciences s’affémblerent un jour par l’ordre de Minerve pour définir l'homme. La Logi- que Île définit, #7 court enthyrieme , dont La naiflance.e l’antécédent, & La mort Le conféquent : l’Aftronomie A une lüné chañgeante, qui ne refe jamais dans le même érat : la Géométrie, 2ne figure Jphérique , qui commen Ce au méme point ox clle finie : enfin la Rhétorique le définit , 27 difcours dont l'éxorde ef? La naiflance, dort la narration eff le trouble, dont'I2 peroraifon eff la more, G dont les figures Jont La triffeffe , les larmes , ou re joie Pire que le triféeffe. Peut-être par cette fdion ont-ils voulu noûs donner à entendre que chaque art, cha- que fciénce , a fes térmes propres & confacrés pour définir fes objets. (G) À l'égard des 4fritions philofophiques, elles font d'autant plus effentielles dans les chofes mêmes les plus familieres, que les hommes ne font jamais en contradiéhion que pour n’avoir pas défini, ou pour avoir mal défini. L'erreur n’eft guere que dans les termes. Ce que j’affüre d’un objet, je l’affire de Pi. dée que j'y attache : ce que vous niez de ce même objet, vous le niez de l’idée que vous y appliquez. Nous ne fommes donc oppofés de fentimens qu'en apparence, putfque nous parlons de deux chofes dif tinétes fous un même nom. Quand vous lirez claire- ment dans mon idée, quand je lirai clairement dans la vôtre, vous affirmerez ce que j’afirme, je méerai ce que vous miez; @& cette communication d'idées ne s'opere qu'au moyen des défririons, Voyez IDÉE, VÉRITÉ, ÉVIDENCE, ERREUR, Éc. Article de M. MARMONTEL. DÉFINITOIRE, (Jurifpr.) eft l’aflembléé des dé- finiteurs , où fe reglent les affaires d’un ordre reli- gieux , Ou d'üné province du même ordre. Voyez cz- devant DÉFINITEUR. (4) DEFLAND, (Géog. mod.) contrée méridionale de la Hollande ; elle eft fituée entre lé Rhinland, le Icfeliand, la Meufe, &c la mer : & elle a pour ca- pitale Delft, DÉFLEURIR , v.a@. (Jard.) on dit qu’une plante cf? défleurie , quand ellé a perdu fa fleur, On le dit en- core d’une prune ou d’une pêche, qui en la maniant auroit perdu fon velouté. (K DÉFLEXION, f. f. (Phyf.) eft l’aétion par la- quelle un corps fe détourne de fon chemin , en vertu d’une caufe étrangere & accidentelle ; où, fi l’on ai- me mieux, déflexion e dit du détour même. Ce mot vient du latin deffeéfere , detournet. Déflexion des raiyons de lumiere, eff cette propriété desraiyons , que M.Newtona nomméeirfexion, 8e d’autres diffraction. Voyez ces mots, Elle confifte en ce que lés raiyons de lumiere qui rafent un COrps opa- que ne continuent pas leur chemin en ligne droite, mais fe détournent en fe pliant , 8 fe plient d’autant plus qu'ils font plus proches du corps. Il paroït que le P. Grimaldi Jéfuite , eft le premier qui ait remar- qué cette propriété. Mais M. Newton l’a examinée beauconp plus à fond, comme on le peut voir dans fon optique, (0) | DÉFLORATION, f. f. (if. mod.) ation par la- quelle on enleve de force la virginité à une fille, Voyez VIRGINITÉ. La mort ou le mariage font l’a! ternative ordonnée par les juges ; pour réparer le 759 D E F crime de défloration. Plufñeurs anatomiftes faifoient de l’hymen la véritable preuve de la virginité ; per- -fuadés que quand on ne le trouve point , il faut que la fille ait été déflorée. Voyez HYMEN. Les anciens ayoient tant de refpeët pour Les vier- ges, qu'on ne les faifoit point mourir fans leur avoir auparavant Ôté leur virginité. Tacite l’aflüre de la fille éncore jeune de Sejan, que le bourreau viola dans la prifon avant que de la faire mourir. On at- tribue aux habitans de la côte de Malabar la bifar- re coùtume de payer des étrangers pour venir dé- florer leurs femmes, c’eft-à-dire en prendre la pre- miere fleur. | Chez les Ecoflois, c’étoit un droit de feigneur de déflorer la nouvelle mariée ; droit qui leur fut, dit- on, accordé par leur roi Evenus, qu’on ne trouve pas néanmoins dans la lifte que nous en avons. On prétend que ce droit leur fut ôté par Malenne, qui permit qu'on s’en rachetât pour un certain prix qu- on appelloit #orcheta, ou un certain nombre de va- ches par allufion au mot de marck, qui dans les lan- gues du Nord fignifie un cheval. Buchanan dit auf qu’on s’en rachetoit pour un demi-marc d'argent. Cette coûtume a eu lieu dans la Flandre, dans ja Frife , & en quelques lieux d'Allemagne, fi lon en croit différens auteurs. Par la coùtume d'Anjou & du Maine, une fille après vingt-cinq ans fe peut faire déflorer, fans pouvoir être exhérédée par fon pere. Ducange cite un arrêt du 19 Mars 1409, obtenu par les habitans d’Abbeville contre l’évêque d’A- miens, qui faifoit racheter pour une certaine fom- me d’argent la défenfe qu’il avoit faite de confom- mer le mariage les trois premieres nuits des noces : ce qui étoit fondé fur le quatrième concile de Car- thage , qui avoit ordonné pour la révérence de la bénédiétion matrimoniale. Chambers. (G) DÉFONCER , ( Arrificier, ) ce mot fignifie l'effet | de l’aétion du feu fur la compoñition d’un artifice, lorfque n'étant pas fuffifamment retenue par un étran- glement, ou du carton bien replié, elle ef, chaflée hors du cartouche avant que d'être confumée., Di, de Trév. DÉFONCER UN CUIR ,. terme de Corroyeur, qui fignifie le fouler aux piés après qu’on l’a mouillé. Foy. CORROYER. | DéronceRr , (Jard.) c’eft creufer un jardin de deux ou trois piés de bas, & y mettre un lit de fu- mier & de nouvelle terre par-deflus : ce qui fe pra- tique en ouvrant des tranchées. W.EFFONDRER.(X) DÉFOUETTER , (Reliure.) quand les livres font fouettés (voyez FOUETTER) , on les fait fécher ; &c quand ils font fecs, on les défait de dedans Les ais , & on replote les ficelles fur les ais: cette manœuvre s'appelle défouerter. DÉFOURNER , v. a@. en général tirer d’un four. DÉFOURNER , (Verrerie.) c’eft tirer les ouvrages du four, lorfqu’ils font aflez cuits ou affez froids. DÉFRICHER , v. a@. (Jard.) défricher une terre, c’eft en ôter les mauvaifes herbes par des labours, lorfqw’elle a été long-tems abandonnée. (K) DEFTARDAR oz DEFTERDAR , f. m. (Æf. mod.) furintendant des finances ou grand-thrélorier de l’empire Ottoman. Ce nom eft compofé du mot defier, qui fignifie dans langue turque cahier, mémoire, &cc. & qui felon la conjecture très-vraiflemblable du très-favant Mefgnien Meninski, eft originaitement un nom grec que les Turcs ont pris des peuples qu'ils ont conquis ; Car d'olépa fignifie we peau ou parchemi fur lequel on écrivoit anciennement. Le fecond mot dont defiardar eft compofé eft dar, nom turc &c per- fan, qui fignifie qui prend , qui tient; de forte que def: rerdar fignifie celui qui tient le livre de la recette &c le la dépenfe du grand feigneur, DEF Meninski l'appelle fapremus thefaurarius , grand thréforier, prefes cameræ , comme qui diroit préfident de l’échiquier ou furintendant des finances. Caftel le fait gardien & contrôleur des finances de l'empire. Le defierdar, ou comme Vigenere l’appelle depk- cerderi, eft celui qui tient les rôles & les états de la milice & des finances, qui reçoit tous les revenus. du grand-feigneur , qui paye les troupes , & qui fournit toute la dépenfe néceflaire pour les affaires publiques ; & par-là cette charge eft différente de celle du chafnadar, qui eft feulement thréforier du ferrail , au lieu que le defterdar l’eft de l’état. Voyez CHASNADAR. | ya, fiuivant Ricant, un defterdar dans chaque beglerbeglio ou gouvernement. Vigenere aflure qu’il n’y en a que deux; l’un pour l’Europe & l’autre pour l’Afie. Le premier réfide à Conftantinople, & a fous lui deux commis généraux ou intendans ; l’un pour la Hongrie, Valachie, Tranfylvanie, Croatie, Bul- garie, Servie, Bofnie, &c. l’autre pour la Grece, la Morée, & les îles de l'archipel. Chacun d’eux a autant d’agens qu’il y a de fan- giackats dans fa province ; & chacun de ceux-ci, autant de commis fubalternes qu'il y a de fabaflifs dans leur fangiackat, pour tenir un regiftre de fima- riots dans leur diftriét. Le defterdar d'Afie a fous lui deux députés ou intendans généraux, lun pour la Natolie & l’autre pour la Syrie, l'Arabie, & l’E- gypte, qui ont pareïllement plufieurs commis ou clercs comme ceux d'Europe. Chambers. Autrefois le defterdar n’étoit point du nombre des grands de la porte, & ne prenoit que le titre d’efféz- di, c’eft-à-dire révérend. Mais depuis que quelques defierdars {e font diftingués par leur habileté dans le maniement des finances , & fe font rendus néceflai- res à l’état & au grand-feigneur, on a illuftré cet of- ficier de la qualité de pacha. Il a féance au divan, & en tient un particulier dans fon ferrail pour ce qui concerne les finances. Cette place eft ordinairement remplie per une créature du grand-vifir. Sa charge eft des plus confidérables de état. Outre le détail de toutes les finances , il a encore foin des armées, des fiéges, & des travaux. Ses ordres font par-tout exécutés comme ceux du fultan même; & il eff ordi- nairement en bonne intelligence avec le grand-vifir, qui procure fouvent cette charge à un de fes amis. La fuite de fes officiers & domeftiques n’eft guere moins grande que celle du grand-vifir. (G) (a) DEFUNER LEs MATS, ( Marine.) c’eft les désar- nir de l’étai, & de toutes les autres manœuvres & cordages. Quand dans un gros tems on vent mettre bas le mât de hune ou le perroquet , il faut les dé- funer. (Z) L DEGAGEMENT , {. m. ez Archiretture , s'entend de tout petit paflage ou corridor pratiqué derriere un appartement, par lequel on peut s’échapper fans pañfer par les grandes pieces. (P DEGAGEMENT FORCÉ, (Æfcrime.) eft celui que l’ennemi nous contraint de faire, parce qu'il fe force de détourner notre épée de la ligne, voyez Lr- GNE. il peut la détourner de deux façons, & ainfi le dégagement forcé eft de deux fortes : le premier, lorfque l’ennemi place le fort de fon épée fur le foi- ble de la vôtre, & le prefle de forte qu’il en eft le maître : le fecond , lorfque l’ennemi veut frapper votre épée de la fienne pour vous la faire tomber, ou feulement pour la détourner. Pour exécuter le premier dégagement forcé, il faut dans l’inftant que l’ennemi force votre épée, déga- ger comme il eft enfeigné au dégagement volontaire ; voyez DEGAGEMENT VOLONTAIRE ; en obfervant que votre lame ne quitte pas la fienne , & en parant de quarte fi vous avez dégagé de tierce en quarte, & en parant de tierce fi vous avez dévagé de quarte en tiefses , Lin | D EG Pour le deuxieme dégagement forcé , dès qu’on s’äp- perçoit du mouvement que l'ennemi fait pour frapper votre épée, 1l faut en baïffer la pointe comme fi vous vouliez lui piquer le bout du pié droit, & la remon- ter tout de fuite à fa place, en obfervant qu’elle ne remonte pas plus haut ; z0-4, que pour éviter de faire ce mouvement avec fecoufle, il faut qu’il parte de lPépaule, & que le bras & l'épée ne faflent qu’un. Remarquez qu'il eft indifférent de quel côté l’en- nemi veuille frapper votre épée, puifque pour évi- ter qu'il ne la touche, vous devez toûjours faire le même mouvement. Obfervez de plus, qu'il ne faut ni dégager ni tourner la main, parce que l'ennemi par fon mouvement fait pafler fon épée d’un côté à l’autre, & que vous n’avez pas befoin d’oppofer. On dit de celui qui exécute bien ce dégageïnenr, qu'il a le dvagement fin, parce que l’ennemi ne peut jamais frapper fon épée. DEGAGEMENT VOLONTAIRE, (Æ/crime.) eft ce- Jui qui fe fait de foi-même, fans y être contraint par l'épée de l’ennemi. | Pour exécuter ce dégagement, il faut que la pointe de votre épée pañle très-près de la garde, & du def- {ous du talon de celle de l’ennemi, & qu’en même tems vous leviez le poignet à la hauteur du nœud de l’épaule, & que vous tourniez la main comme fi vous pariez tierce ou quarte, Gc. de quarte ou de quarte-bafle fi vous dégagez du dehors des armes au- ae , & de tierce ou de tierce-baffe fi vous déga- gez du dedans des armes au-dehors. DEGAGEMENT , c’eft, dans la Gravére en bois, laétion de repaffer fortement la pointe à graver au- tour des traits & des contours déjà gravés, foit qu”- ils embraflent ou non les places ou champs à vui- der; ainfi c’eft avoir difpofé le bois à ces endroits à pouvoir être enlevé fans courir rifque d’enlever en même tems les traits & contours. Voyez GRAVÜRE EN BOIS, les principes de cet art. DEGAGEMENT, c’eft encore, dans la Gravire en bois, ’aétion d’avoir enlevé peu-à-peu le bois avec le fermoir autour des traits ou contours qui bordent les champsà vuider, de forte qu’il n’y refte que le mi- lieu du bois de fes champs à enlever avec la gouge, quelquefois à coup de maillet, quandil eft trop grand pour l'enlever avec la main & fans Le fecours de cet outil. Voyez 4 GRAVURE EN BOIS, &c. les principes de cet art. Plufeurs Graveurs en bois, au lieu du terme de dégager, {e fervent fimplement de celui de dire avoir palfé la pointe, pour dire qu'ils ont préparé les champs à lever, de maniere à ne pas craindre qu’en les vui- dant ils enlevent avec les contours ou les traits gra- vés fur la planche. Voyez PASSER LA POINTE. Ces articles fur la Graväre font de M. PAPILLON, Graveur £n bois. DEGAGER , (Marine.) fe dit d’un vaifleau gar- dé , ou fur lequel on chañle; c’eft le délivrer de l’en- nenu , & le mettre en liberté de continuer fa route. CZ) DEGAGER, v. n, (Eftrime.) c’eft faire pañler fon épée d’un côte à l’autre de celle de l'ennemi ; ainf on dit en terme d’Efcrime , dégagez de tierce en quar- te ou de quarte en tierce, c’eft-à-dire votre épée fe trouvant hors des armes, faites-la pafler dedans les armes, ou étant dans les armes faites-la pafler hors des armes. - . Ily a deux fortes de dégagemens , qui font le vo- lontaire & le forcé. Voyez DEGAGEMENT,; DEGAGER, v.a@. ( Merteur en œuvre.) c’eft, quand une pierre a reçu fon premier ferti, c’ef-à- dire , qu’elle a été ferrée au poinçon , former à l’é- chope les griffes qui la doivent retenir, & dépouil- ler d’alentour la matiere fuperflue. - À DEGAGER LA GRILLE, ( Verrerie.) c’eft féparer D E G 751 à Coups de barres les crayers ou craffes qui s’atta- chent aux fiéges, & les nettoyer de cette croûte en la rompant. Voyez l'article VERRERIE. * DEGARNIR , w. aét. (Gramm.) eft l’oppofé de garnir ; & ces deux térmes fe difent de tout ce qui n'eft pas effentiel à la chofe à laquelle on les appli: que, & dont on peut priver cette chofe fans la dé. truire, parce qu'on ne le lui a ajoûté que pour plus de commodité & de perfetion. Ainfi on dit une cham- bré garnie de meubles, une ville dégarnie de foldats. Se dégarnir, fe prend à-peu-près dans le même fens ; on dit, fa tête /e dégarnit de cheveux: Ce verbe a beaucoup d’acceptions, tant au fimple qu'au figuré. DEGARNIR un vaiffeau, ( Murine. ) c’eft en Ôter les agrès. Dégarnir le cabeftan, c’eft ôter les barres & la tournevire. (Z) DEGARNIR, (Jardinage.) eft à-peu-près le même que dégrader, DEGAT , f. m. (Droit de la guerre.) terme géné- ral , qui défigné tous les maux que l’on peut caufer à l’ennémi en ravageant fes biens & fes domaines pendant le cours de la gterre. Il eft inconteftable que lé cruel état dé guerre per: met d'enlever à l'ennemi fes biens ; fes poflefons, fes domaines, de les eridommager, de les ravager ; & mème de les détruire ; parce que fuivant la re2 marque de Cicéron, il n’eft point du-tout contraire à la nature de dépouiller de fon bien une perfonné à qui l’on peut ôter la vie avec juftice : Neque ef£ contra naturam fpoliare eur JÈ Poffis, quern honeflum ef£. necare. De offic. lb. IIE, cap. vj. | Les degäts que la guerre occafionne font uri mal néceflaire, dont le peuple eft la vidime. Un fouve: rain qui fait une guerre injufte, eft refponfable à Dieu de tous les dégérs que fouffrent fes fujets & fes ennemis; & c’eft bien ici le cas de dire, Qzidquid delirant reges, pleëluntur achivi, Puiffent apprendre les rois ce que vaut Le fang des hommes | Le fameux connétable Bertrand du Guefclin recommandoit en mourant aux vieux capitaines qui l’avoient fuivi pendant quarante ans, de fe fouvenir roüjours, qu’en quelque lieu qu’ils fiffent la guerre, lés femmes, les enfans, & le pauvre peuple, n’étoient point leurs enenmis. M. de Turenne,digne imitateur de ce grand homme , gémifloit comme lui de ces maux inévita- bles que la guerre traîne après foi, & que la néceffi- té oblige de diffimuler, de fouffrir, & de faire. Mais le droit des gens, véritablementtel, & met: tant à part les autresreples denos devoirs, n’excepte- t-1l pas du dégér les chofes facrées, c’eft-à-dire les cho: fes confacrées ou au vrai Dieu, ou aux faufles divi- nités dont les hommes font l’objet de leur culte ? Il eft d’abord certain que les nations ont eu des coûtu: mes différentes & oppofées fur ce fujet; les unes fe font permis le déoér des chofes facrées, & les autres l'ont envifagé comme une profanation criminelle, Il faut donc recourir aux principes de la nature & du droit des gens, pour décider du droit réel que donne la guerre à cet égard; & cependant les avis fé trou: vent encore ici partagés. | Les uns font convaincus que la confécration des chofes au fervice de D'eu, leur donne la qualité de faintes & de facrées, comme un caradere intrinfe= que & ineffaçable dont perfonne ne peut les dépouil: ler ; que ces chofes par une telle deftination chan gent ;, pour ainf dire, de maîtres; n’appartiennent plus aux hommes en propriété, & font entierement 8 abfolument fouftraites du commerce. | D’autres foûtiennent au contraire que les chofes facrées he font pas dans le fond d’une nature diffé. rente des profanes ; qu’elles appartiennent tobjours au public où au fouverain, & que rien n’empêche 752 D E G que le fouverain ne change la deftination de ces cho- {es pour fes befoins, en les appliquant à d'autres ufa- ges. Après tout, de quelque maniere qu'on décide cette queftion, il eft du moins inconteftable que ceux qui croyent que les chofes facrées renferment une deftination divine & inviolable , feroient très-mal d’y toucher, puifqu'ils pécheroient en le faifant con- tre leur propre confcience, PAL | Convenons toutefois d’une raifon qui pourroit juftifier les payens feulement du reproche de facri- lége, lorfqu'ils pilloient les temples des dieux qu'ils reconnoifloient pour tels ; c'eft qu ils imaginoient que_.quand une ville venoit à être prife , Les dieux qu’on y adoroit abandonnoient en même tems leurs temples & leurs autels , fur-tout après qu ils les avoient ÉVOQUES , EUX & toutes les chofes facrées, avec certaines cérémonies. | Mais tous les princes chrétiens font aujourd’hui d'accord de refpeéter dans le dégér des chofes que le droit de la guerre autorife, toutes celles qui {ont def- tinées à des ufages facrés; car quand même toutes ces chofes feroïent à leur maniere du domaine de l’é- tat, & qu’on pourroit impunément felon le droit des gens les endomnfager ou les détruire, cependant fi lon n’a rien à craindre de ce côté-là, 1] faut par ref- pe pour la religion conferver les édifices facrés & toutes leurs dépendances, fur-tout fi l'ennemi à qui elles appartiennent fait profeflion d’adorer le même Dieu, quelque différence qu'il y ait par rapport à certains fentimens ou certains rits particuliers. Plu- fieurs peuples en ont donné l’exemple ; Thucidide témoigne que parmi les Grecs de fon tems, c’étoit une efpece de loi générale de ne point toucher aux lieux facrés lorfqu’on faifoit irruption dans les terres d’un ennemi. Ils refpeétoient également les perfon- nes, à caufe de la fainteté des temples où elles s’é- toient réfugiées. Les mêmes égards doivent s'étendre fur les mai- {ons religieufes, les fépulcres & les monumens vui- des , érigés en l'honneur des morts ; parce qu'outre que ce feroit fouler aux piés les loix del humanité, un dégét de ce genre ne fert de rien , ni pour la de- fenfe, ni pour le maintien des droits, ni pour au- cune fin légitime de la guerre. Concluons qu'en tous ces points on doit obierver fcrupuleufement les loix de la religion, & ce qui eft établi par les coùtumes des peuples. Florus , parlant de Philippe, ( div. IT. chap. vij.) dit qu’en violant Les temples &r les autels, il porta les droits de la viétoire au-delà des juftes bornes. Détruire des chofes , dit le fage Polybe, (iv. V. chap. xj.) qui ne font d'aucune utilité pour la guerre, fans que d’ailleurs leur perte diminue les forces de l'ennemi , fur-tout détruire les temples, les ftatues , êc autres femblables ornemens , quand même on le feroit par droit de repréfailles, c’eft le comble de lextravagance. | Après avoir mis à couvert les chofes facrées ê leurs dépendances, voyons avec quelle modération on doit ufer du dégét , mème à l'égard des chofes rofanes. Premierement , fuivant les obfervations de Gro- tius, pour pouvoir fans injuftice ravager ou détruire le bien d’autrui , il faut de trois chofes l’une ; ou une néceffité telle qu'il y ait lieu de préfumer qu’- elle forme un cas excepté, dans un établiffement primitif de la propriété des biens ; comme par exem- ple , fi pour éviter le mal qu’on a à craindre de la art d’un furieux , on prend une épée d’autrui dont il alloit fe faifir, & qu’on la jette dans la riviere ; fauf à réparer enfuite le dommage que le tiers fouf- fre par-là , & on n’en eft pas même alors difpen- fé : ou bien il fant ici une dette qui provienne de quelque inégalité , c’eft-à-dire que le dégér du bien ‘d'autrui fe faffe en compenfation de ce qui nous eft dù ; comme f alors on recevoit en payement Îa chofe que l’on gâte ou que l’on ravage , apparte= nante au débiteur , fans quoi on n’y auroit aucun droit : ou enfin 1l faut qu'on nous ait fait quelque mal qui mérite d’être puni d’une telle maniere , ou jufqu'à un tel point ; car, par exemple, l’équiténe permet pas.de ravager une province pour quelques troupeaux enlevés , ou quelques maïlons brûülées. Voilà les raifons légitimes, & la jufte mefure de lufage du droit dont il s’agit. Du refte, lors même qu'on y eft autorifé par de tels motifs , f l’onwy trouve pas en même tems un grand avantage , ce feroit une fureur criminelle de faire du mal à au- tri fans qu’il nous en revienne du bien. Quoiqu'on ne puifle condamner un dégér qui en peu de tems réduiroit l'ennemi à la néceflité de de- mander la paix , cependant à bien confidérer la cho- fe , animofité a fouvent plus de part à ces fortes d’expéditions , qu’une délibération fage &c réflé- chie. | Il faut s’abflenir du dégér lorfqu'il s’agit d’une chefe dont on retire du fruit , & qui n’eft point au pouvoir de l'ennemi : par exemple , des arbres frui- tiers, des femences, &c. il faut aufli s’en abftenir quand on a grand fujet d’efpérer une prompté vic- toire. Il faut encore ufer de pareille modération lorfque l'ennemi peut avoir d’ailleurs de quoi vivre, com- me fi la mer lui eft ouverte , ou l’entrée de quelqu’- autre pays entierement bibre. Dans les guerres de nos jours on laifle labourer & cultivex en toute fù- reté , moyennant des contributions que les ennemis exigent de part & d'autre ; & cette pratique n’eft pas nouvelle , elle avoit lieu parmi les Indiens du tems de Diodore de Sicile. Le fameux capitaine Ti- mothée donnoit à ferme les meilleurs endroits du pays où 1l étoit entré avec fon armée. Enfin toutes les chofes qui font de nature à ne pouvoir être d’aucun ufage pour faire la guerre, ni contribuer en quoi que cé foit à la prolonger , doi- vent être épargnées , comme tous les bâtimens pus blics facrés & profanes , les peintures , les tableaux + les ftatues , tout ce qui concerne les arts &c les mé- tiers. Protogene peignoit tranquillement dans une maifon près de Rhodes, tandis que Demetrius laf, fiégeoit : Je ne puis croire, difoit le peintre au com quérant, que tu falfes la guerre aux Arts. Finiflons par les réflexions que fait le même Gro: tius pour engager les princes à garder dans le dégée une jufte modération en conféquence du fruit qui peut leur en revenir à eux-mêmes. D’abord, dit-il, on Ôte à l’ennemi une des plus puiflantes armes , je veux dire le defefpoir : de plus, en ufant de la mo- dération dont il s’agit , on donne lieu de penfer que l’on a grande efpérance de remporter la viétoire , & la clémence par elle-même eft le moyen le plus pro- pre pour gagner les cœurs. Il eft encore du devoir des fouverains & des généraux d'empêcher le pilla- ge, la ruine , l’incendie des villes prifes, & tous les autres aêtes d’hoftilité de cette nature , quand même ils feroient d’une grande conféquence pour les affaires principales de la guerre ; par la raïfon que de tels aétes d’hoftilité ne peuvent être exécu- tés fans caufer beaucoup de mal à un grand nombre . de perfonnes innocentes ; & que la licence du foldat eft affreufe dans de telles conjonétures , fi elle n’eft arrêtée par la difcipline la plus févere. » L'Europe , ( dit l’hiftorien du fiecle de Louis » XIV.) vit avec étonnement l’incendie du Palati- » nat; les officiers qui l’exécuterent ne pouvoïent » qu'obéir: Louvois en avoit à la vérité donné les » confeils ; mais Louis avoit été le maître de ne les » pas fuivre, Si Le roi avoit été témoin de ce fpec- »tacle , D E G ÿ 1! auroit lui - mème éteint les flammes, Il figna du » fond de fon palais de Verfailles, la deftru@ion » de tout un pays, parce qu'ilne voyoit dans cet » ordre que fon pouvoir, & le malheureux droit » de la guerre ; mais de plus près il n’en eût vü que s les horreurs. Les nations qui jufques-là n’avoient # blâmé que fon ambition, en l’admirant , blâme- # rent alors fa politique ». A4rsicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. s Si on en croit M. de Folard, les entreprifes qui confiftent uniquement à ravager & à faire le dégér bien avant dans une frontiere, ne font suere utiles, ët elles font plus de bruit qu’elles ne font avanta- geufes ; parce que fi l’on n’a pas d’autre objet que celui de détruire le pays, on fe prive des contri- butions. « Si l’on faifoit , dit Montecuculi, le rava- » ge au tems de la récolte , on ôteroit à l'ennemi » une partie de fubfiftance ; mais comme on ne peut » le faire alors , parce que lennemi tient la cam- » pagne , &c qu'il l'empêche , on le fait dans l'hiver » quand 1l eft entierement inutile. » Il eft certain que le ravage d’un pays , lorfqu'il n’eft pas fort éten- du , ne change rien ou peu de chofe à la nature de la guerre. L’ennemi fe pourvoit d’une plus grande quantité de provifñons , & le mal ne tourne, com- me le dit l’auteur qu'on vient de citer , qu’à l’op- preflion des pauvres payfans , ou des propriétaires des biens qu’on a détruits. Si l’on remporte enfuite quelque avantage fur l'ennemi , on ne peut fuivre fa viétoire : on fouffre les mêmes inconvéniens qu’on a voulu faire fouffrir à fon ennemi : ainfi , « loin » que ces dégéts nous foient avantageux, dit encore >» Montecuculi , ils nous font au contraire très-pré- » judiciables , & nous faifons juftement ce que l’en- » nemi devroit faire s’1l n’étoit pas en état de tenir s la campagne ». Un général prudent & judicieux ne doit donc pas faire le dégés d'un pays fans de grandes raifons ; c’eft-à-dire lorfque ce dégér eft abfolument néceffaire pour fauver ou conferver les provinces frontieres ; mais lorfque le dégér ne peut produire que du mal, & l’intérêt de quelques particuliers chargés de cette trifte fonétion bieri des habitans , celui même de l’armée qu’on commande s’oppofent à cette deftruc- tion. On dit Ze bien de l’armée même ; parce que le pays qu'on pille fournit des provifions pour {er- vir de reflource dans Le befoin. (Q) | DÉGAUCHIR , ( Coupe des pierres. ) c’eft for- mer une furface flane ; ce qui fe fait par le moyen de deux reples, AR, CD, fig. 9, que l’on appli- que fur la pierre , & que l’on regarde d’un point O, tel que les lignes ou rayons vifuels OC, O B, tou- chent la regle 4 B ; alors les deux regles font dans un même plan, & la pierre étant taillée felon leur direétion fe trouve dégauchie. ( D DÊÉGEL , f. m. (Phyf. ) fonte de glace , qui par la chaleur de Pair reprend fon premier état de fluide, Voyez GLACE. Nous allons donner en fubftance les principaux phénomenes du dégel d’après l'ouvrage de M. de Mairan , qui a pour titre : Differtation fur La glace, Paris 1749. Nous fupprimerons les explications phy- fiques , tant parce qu'elles font purement conjec- tutales, que parce ‘qwelles doivent être Iûes dans l'ouvrage même. | _ - La glace nuife fur une affete d'argent moins froi- de qu’elle , fond plus vite que fur la paume de la main, parce que la glace s’applique plus exaéte- ment à la furface polie du métal. La glace fond plus vite furle cuivre que fur Les autres métaux, &: fur un fer à repañler, que fur un fer ordinaire; & il eft bon d’ajoûter que le cuivre, & fur-tout le cui- vre jaune , eft celui de tous les métaux que la cha- leur dilate le plus. . Tome IF, La glace fe fond beaucoup plus lentement qu’elle ne s’eft formée ; elle commence à fe fondre par la furface: mais au lieu que l’eau fe gele du centre à la circonférence , elle fe dégele de la circonférence au centre, | Dans tout ce que nous venons de dire, nous en- tendons en général par dépel la fonte de la glace ; mais dans l’ufage ordinaire ce mot fignifie l'adocif. Jement du tems , qui fait fondre dans un pays Les gla- ces & les neiges. Les caufes oénérales du dége! {ont le retour du {oleil vers nous , la précipitation des corpufcules nitreux & falins de lair , les vents de fud chauds , ou tempérés , & humides , & fur- tout le relâchement des parties extérieures du ter- rein par une fortie plus abondante des vapeurs ter« teftres. Mezeray rapporte qu’en 1608, il fe forma. dans le dégel, par le mouvement des glaçons, une mafle de glace fur la Saône à Lyon devant l’églife de l’'Obfervance. Le froïd paroît augmenter au com- mencement du dége!, quoiqu'il diminue réellement ; c'eft que l’air eft alors plus humide & plus péné- trant. Voyez CHALEUR, CAVE, THERMOMETRE, GDEGRÉ. Les murailles & les autres corps folides & épais ayant été refroidis par la gelée, & fe réchautfant plus lentement , il arrive que pendant le dége/ les particules humides de Pair qui s’y attachent , for- ment encore une efpece de gelée ou de neïge : ces mêmes particules fe condenfant ainf dans les fillons très-fins & prefque imperceptibles que le fable des vitriers fait {ur les panneaux de vitre, y forment des courbes plus on moins régulieres & remarquables. Voyez Differtation fur la glace, page 319, 6 fui- vantes, (0) DÉGÉNÉRER , (Jardinage. ) fe dit d’un oignon inférieur en beauté à la mere qui l’a produit ; une graine qui dégénere, (K) DEGLUTITION , f. f. (Medec. Phyfcol.) fignifie une des aétions principales de l’œconomie anima- le, qui confifte dans l’exercice d’une des fonctions naturelles, par laquelle les alimens mâchés ou ren- dus prefque fluides par quelqu’autre moyen que ce foir, & ceux qui font naturellement liquides, font portés de la bouche dans l’œfophage, font avalés & portés dans Peftomac. Foy. MASTICATION, Œso- PHAGE. Les alimens, après avoir été fuffifamment hachés par les dents incifives , percés & déchirés par les canines , & broyés par les molaires; après avoir été aflez humeétés , pénétrés, ramollis par les différens fucs falivaires (voyez SALIVE) , font convertis en une efpece de pâte, laquelle fe trouvant éparfe dans. les différentes parties de la bouche, en-dedans & en- dehors des gencives, eftenfuite ramaflée par Le con- cours de l’aétion des mufcles, des levres & des joues, & par celle de la langue , quifeft fufceptible de fe mouvoir, de fe plier & de fe replier, de s’al- longer &c de fe raccourcir en tous fens , au moyen des différens plans de fibres mufculeufes dont elle.eft compolée. Voyez LANGUE. Cette pâte étant réumie en une feule mafle fur le dos de la langue , celle-ci s’élargit, de maniere qu’elle eft contigne aux deux côtés des mâchoires ; elle éleve fa pointe vers le palais , elle fe rend con- cave par fa partie moyenne , enforte qu’elle tient renfermée de tous côtés la matiere alimentaire en- tr'elle & la voûte de la bouche: elle eft relevée aux deux côtés de fa bafe par la contra@ion des mufcles ftylogloffes, & fa bafe elle-même eft en même tems: abaiflée parle raccourciffement des fternohyoidiens & des homohyoidiens, ce qui forme comme un ca- nal incliné vers le fond de la bouche. La langue dans cette fituation n’agiflant que RÉ fa pointe , 5» CECG rés: 754 D E G quelle éleve & applique totjours plus fortement vers le palais, prefle la pâte molle des alimens , la détermine vers la racine de la langue , 8 la pouñle fous l’arcade du voile du palais à l’entrée du gofier, par une voie rendue lifle & gliffante par la mucofité dont elle eft enduite, aufli-bien que toutes Les furfa- ces des autres parties qui fervent à la déglussion, Poy. MucosiTé , Gosier, CRyPTE;: Elle eft por- tée contre l’épiglotte, toüjours élevée dans fa fitua- tion naturelle par fon propre reflort, & quelques ligamens qui l’attachent à la racine de la langue. La pâte alimentaire, qui prend une forme arron- die dans le canal mentionné , prefle l’épiglotte & l'abaifle fur le larynx, dont elle ferme l'entrée & fert de pont , par-deflus lequel le bol alimentaire pafle pour parvenir au fond du gofer. Dans Pinftant que cela fe fait, différens mufcles, & fur-tout les digaftriques , dont la mâchoire inférieure, qui eft élevée & fixée, favorife la contraétion, & les ftylo- hyoïdiens, par leur aétion combinée , élevent l'os hyoide , & par conféquent la racine de la langue qui y eft attachée ; elle eft portée contre le voile du pa- lais, qui eft tenu élevé par l’aétion des ftaphilins ou de l’azygosdeMorgagni, des cératoftaphilins & des ptérigo-ftaphilins. Ce qui fe trouve entre deux, ef preflé & porté en arriere, la langue roidie contre la voûte de la bouche empèchantle retour vers le-de- vant : le voile étant élevé, ferme le paffage vers les arriere -narines. En même tems le génio-hyoi- . dien fe contra@te, & tire vers le menton los hyoiïde ; le géniogloffe tire auffi en-avant la langue, & par conféquent le larynx eft auffi tiré en-avant , puuf- qu'il eft attaché très- étroitement à l’os hyoide. La mâchoire inférieure eft éncore portée antérieure- ment, enforte que par cette méchanique la cavité du fond de la bouche s’augmente confidérablement. Ainfi la bafe de la langue par fon élévation étant comme renverfée en arriere, détermine aifément la pâte alimentaire vers cettecavité, avec le concours de la preffion du voile du-palais, qui s'applique for- tement fur elle & la poufle vers le pharynx, qui eft prefque pérpendiculairement pofé au-deflous; parce que los hyoïde, le larynx & la langue étant tirés én-avant & en-haut, entraînent la portion anté- tieure du pharynx ; & l’écartent de la poftérieure, qui éft retenue en arriere par les céphalopharyn- giens , tandis que les portions latérales font tirées , écartées & élevées par les ftylopharyngiens, par les ftaphylopharyngiens & les falpingopharyngtens ; de _ façon que le pharynx eft ouvert en tont {ens : fa par- tie antérieure {e trouvant donc prefque fous le voile du palais pat fa dilatation , celui-ci eft tiré en en-bas par les palato-pharyngiens , & {ur- tout par les thy- réo-palatins & les cérato-ftaphilins. Ces mufcles &c les glofo-palatins abaïffent le voile vers le larynx & la racine de la langue, ce qui acheve de déter- miner le bol alfmentairevers le pharynx, & lui fer- me entièrement toute iflue vers la cavité de la bou- che ; ainfi l’épiglotté continuant à refter abaïffée tant-qu’il y à des alimens dans le gofer, la fente de la glotte étant d’ailleurs fermée par les mufcles ari- thénoidiens, arithénoépiglotidiens & tiro-arithénoi- diens., les arriere -narines étant fermées par le voile du palais, qui eft affez élevé pour empêcher la com- mumcation avec ces cavités, fans être exaétement appliqué à leurs ouvertures, la trompe d’Euftachi étant aufi-bouchée parle relâchement des ptérigo- falpingoïdiens, qui fervent à en dilater la partie mol- le, & par la contra@ion des pétro-falpingoftaphilins qui ’affaiflent , il ne refte de voie libre vers laquelle les alimens puiflent fe porter, que l'ouverture du pharynx ;1ls'y font pouflés par le concours de toutes les puiflanées mentionnées: en même tems le muf- cle œfophagien, qui eft le même que les laringo- pharyngiens ; felon quelques anatomiftes, fe relâche pour donner plus de fond à l’entonnoir, c’eft-à-dire à la partie fupérieure de l'œfophage, qui en ef la plus dilatée. Le bol alimentaire reçù dans le pha- rynx, eft pouffé ultérieurement jufques dans l'œfo- phage, par le concours de plufeurs autres puiflan- ces, Tous les mufcles qui tenoient le larynx relevé &c porté en-avant, venant à fe relâcher tout-ä-coup, il eft tiré en-bas & en-arriere par la contra@ion des fterno-tyroidiens, des homohyoïdiens, &c des fter- no-hyoidiens. Les hio-pharyngiens, les tiro-pha- ryngiens & les crico-pharyngiens, concourent auf à cet effet ; ainfi tout ce qui eft encore contenu dans . le pharynx, eft pouffé en-avant dans l’entonnoir : la partie fupérieure étant vuidée, fe laifle compri- mer & ne permet point de retour, dur-tout avec le fecours du mufcle œfophagien, qui vient à fe con- traéter comme un fphinéter , & reflerre entierement le canal. | Cependant les fibres mufculeufes orbiculaires de l’œfophage, étant relâchées au-deflous du bol ali- mentaire, celles qui font au-deffus & autour fe con- tractent, le preflent, & le forcent à fe porter où al. y a le moins de réfiftance, c’eft-à-dire vers la partie de l’œfophage qui n’eft pas encore refferrée. Celle- ci fe contracte à fon tour, & fait toljours plus avan- cer les alimens vers l’eftomac, & ainfñ fucceffive- ment dans toute la longueur de l’œfophage, jufqu’à ce qu'ils foient parvenus dans la cavité de ce vif- cere. Il faut obferver que la déglurition ne peut ce- pendant pas lui fournir fans interruption des alimens, quoiqu’on ne difcontinue pas d’avaler, parce que la partie de l’œfophage qui s’unit au ventricule, pafle un peu au-deflus de fa fin à-travers le diaphragme, qui en reflerre le diametre dans le tems de fa con- traction ; ainfi le paffage n’eft libre que quand il eft. relâché dans le court intervalle de tems entre linf- piration & l’expiration. Voyez en fon lieu chacune: des parties , foit mufcles ou autres, mentionnées dans cet article, pour en avoir la defcription anato- mique. | Ce qui vient d’être dit ci-deffus de la dégluririon , eft l’expoñition du méchanifme par lequel on avale les alimens folides. Il y a quelque différence dans la déglutition des fluides.Pour avaler ceux-ci, lorfqu'on veut le faire d’un trait, on infpire l’air qui eft dans la bouche ; on y forme pour ainfi dire un vide, pour que le liquide pafle fans réfiftance jufqu’au go- fier; c’eft ce que font la plüpartiles animaux qui boivent ayant la tête plus baffle que la poitrine ; ils pompent la matiere de leur boiflon. Si on boit par fimple effufion du liquide dans la bouche; lorfqw'elle eft faite en fuffifante quantité pour une gorgée , les mufcles des joues & des levres fe contraétent forte- ment contre les gencives; & la boucheëtant fermée, la langue difpofée en canal , fa pointe élevée contre la voûte du palais, la glotte fe ferme exaétement, & le liquide, qui n’eft pas fufceptible d'agir en male contre l’épiglotte pour labaifler , & qui élude la preffion de la langue pour cet effet, coule le long de deux efpeces de rigoles pratiquées à la bafe de l'épi- glotte , & la contournent pour parvenir au pharynx. Le voile du palais refte abaïflé, & la luette qui def: cend vers la racine de l’épiglotté’, d'autant plus que le larynx eft élevé par fes mufcles à cette fin, fert beaucoup à détourner:le liquide à droite :8&c à gau- che, & à l'empêcher de remonter pardevant & par- deflus l’épiglotte. Les deux échancrures du voile du. palais, qui font à côté de la luette, femblent indi, -quer plus particulierement l’ufage qui vient d’être. affigné à cette derniere partie. 1 -Le voile du palais n’eft vraïffemblablement élevé dans.la dégluririon des liquides ; que dans le cas de | ceux qui boivent ayant la tête perpendiculairement DE G en-bas ; car 11 né parôït pas même néceflairé qu'il s’éleyve dans l’attitude où font plufeurs animaux quand ils boivent. La colomne du liquide s'éleve dans la bouche & dans le gofer d’un cheval, par exemple, & redefcend dans l’œfophage, pour ainfi dire, comme dans les deux branches d’un fyphon, à l’aide cependant d’un peu d’aétion des fibres fpi- rales, qui {e trouvent, dans toute la longueur du canal, différentes de cellés de l’œfophage dans l’homme, qui font orbiculaires. La facilité avec laquelle les liquides paflent par les arriere-narines, pour peu que l’on expire en riant ou en touffant , &c. femble aufñ une preuve que le voile du palais n’eft pas élevé quand on boit comme quand on mange. D Enfin les liquides portés dans le pharynx élevé & dilaté , pour les recevoir , entrent dans l'œfopha- ge par la preffion du larynx porté & comprimant en arriere le muféle œfophagien, qui s’eft relâché pour admettre la matiere de la déglutition, &fe refferre en- fuite : il fe fait dans l’œfophage la même aétion fuc- ceflive que pour les alimens folides, avec cette dif- férence feule, que les efforts font.beaucoup moin- dres. Les liquides parviennent ainfi à l'eftomac par la répétition du même méchanifme, proportionnée à la quantité de boïflon, tout comme les folides font avalés peu-à-peu, à mefure qu'ils ont acquis par la maftication , les qualités convenables pour être portés dans l’eftomac par le moyen de la déglu- tition. (d) DEGLUTITION LESÉE , (Medec. Parhol.) Cette fonétion peut être viciée de trois mamieres différen- tes ; faVoir par diminution dans fon exercice, on par fon abolition, ou par fa dépravation. Elle peut être diminuée ou abohe, ce qui ne dif- fere que du plus au moins par rapport aux caufes, 1°, Par Le défaut de la langue, lorfqu’elle éft para: tique, ou raccourcie , ou enflammée, enforte qu’elle ne puiffe pas faire les mouvemens néceflaires pour ramañler les alimens mâchés &r les porter vers le gofer, afin d’exciter à agir les organes de la dé- glutition } c’eit ce qui arrive, par exémple, dans la {alivation, lorfque la langue eft enflée. 2°. Par le défaut du gofer, lotfqu'il eft infenfible, œdémateux , calleux, enforte qu'il ne peut pas être affeGté par les alimens qui y font portés, & qu'il ne peut pas contribuer à la dégluriion par le jeu de fes parties : c’eft ce qui a lieu dans les apopleétiques , les carotiques, éc. FR qi 3°. Par le défaut des mufcles qui fervent à dilater lé pharynx, à élever le larynx, & de ceux qui en- trent dans la compofñtion de l’œfophage, lorfqu'ils font enflammés, ou paralytiques , où dans un état de fpafme. | 4°. Pat le vice du pharynx même, lorfqu'il eft enflammé , ulceré, comme dans l’angine; lorfqu’il eftcomprimé oureflerré par une tumeur, par une vertebre du cou luxée en:avant , par l’enflure des amygdales ; par le reflerrement convulfif di mufcle * æfophagien ; lorfque le pharynxeft defféché & pri vé de la mucofité, qui fert à lubrifiér fa furface in- térieure ; par l’obftruétion , le skirrhe des glandes qui Ja fourmflent; lorfqu’il eft rendu calleux par lé grand ufage des boïffons trop chaudes. Dans ce cas On avale une partie; mais le bol alimentaire s'accroche ; pour ainfi dire , 6 ne peut pas être pouifé plus avant: 1l caufe une inquiétude & une douleur qui forcent à le rejetter par un mouvement inverfe des fibres mufculeufes. | La dégluririon peut être dépravée , lorfqu'elle fé fait d’une maniere contre nature. - Comme, 1°, lorfque la luettereft allongée ; en flée , pendante : elle excite à agir les organes qui fer: vent à avalers de la même façon que s’il fe préfen- Tome IF, D E G 755 toit a gofer uñe portion d’alimens, Le méchanif me de la dégluririon s’exerce comme dans l’état na: turel , mais à pure perte & avec des efforts inu+ tiles. - | 2°, Lôrfque lé voile du palais eft fendu , où qué la luette manque entierement , les alimens paflent par les arriere-narines, parce qu'ils trouvent moins de réfiftance vers cette partie-là que vers toute au- tre, dans le gofer , étant preflés par la langue & par le latynx, & ne l’étant par aucune puiflance qui les écarte des ouvertures du nez. Quand la luetté mans que , on touffe aifément en büvant, par la raïon donnée ci-devant , que cet organe fert à détourner les liquides de la-cavité du larynx , & par :confé- quent de l'ouverture de la glotte, oùhilne peut pas entrer lemoindre corps étranger, füt-ce la plus pe- tite goutte de lait, fans exciter des expeétorations violentes pour l’expulfer. : 3°. Lorfque les alimens font fi fecs qu'ils abfor= bent en pañlant par les voies de la dégluririon , toute humidité qui s’y trouve, pour les rendre gliflantes ; alors ils s’arrêtent, & ne peuvent pas céder aux for- ces par lefquelles on tente de les avaler. La même chofe arrive, fi les alimens font rudes ou âpres ; les membranes du gofer & du pharynx, qui font extrè- mement fenfibles , fe reflerrent, & font de violens efforts pour {e débarrafler de ce qui les blefle, Il ne fera pas hors de propos de rapporter ici quelques obfervations des différentes manieres dont la dég/us zition peut être léfée. Le célebre Boerhaave dit avoir vü une parotide fi fort tuméfiée , qu’elle avoit entierement aboli Pexercice de la déglutition, Ruyfch fait mention d’une tumeur des glandes dor- fales devenues skirrheufes , qui produifoit le même effet. Il dit en même tems qu'il ne put guérir cette maladie que par le fécours du mercure. Boërhaave rapporté qu'ayant été confulté pour un enfant né avec le voile du palais fendu dans fa partie moyenne, le long dela luette, enforte qu’il ne pou- voit point avaler, & l’ayant examiné, 1l s’apperçut de cette déchirure, & ordonna qu'on lui fermät les narines quand il feroit en difpoñition d’avaler. De cette facon la déglutition fe fit bien , &c il parvint même à parler ; mais il ne pouvoit le faire que lorf- qu'il fe fermoit les narines avec les niains. Le même ‘obfervateur fait encore méntion d’un enfant qui ayant été furpris par fa mere lorfqu’il portoit un navet très-chaud à la bouche, & s'étant preflé de lavaler, il ne fut pas parvenu à l’eftomac , que le petit miférablé mourut. Jai vh moi-même ; il n’y a pas long -tems, un cocher à qui on avoit donné üne prifé de bétoine ; qu'il tira par lé nez comme du tabac ; il fe mit à étérnuer en conféquence avec violence: fe trou- vent un aflez gros morceau de croûte de pain chaud dans la bouche pendant léternment , 1l fe prefla de l’avaler fans l'avoir mâché : un nouvel éternû- ment furvenu avant que la déglutition füt achevée , fixa cette croûte dans l’œfophage , enforte qu’elle | ne put pas être pouflée plus avant ; ce qui caufa à ce malheureux de fi grandes douleurs, avec des agi- | tations continuelles , qu’il en mourut en moins de | trois jours, fe plaignant toüjours d’envie de vomir êt d’une douleur fixe à la hauteur du cardia', fans que le vomiflement ni aucun autré remede püt lui procurer aucun foulagement conftant. Il étoit obli- gé de plier extrèmement fon corps ; & il fentoit re- doubler fa douleur chaque fois qu'il vouloit avaler une sorgée de liquide, dont la déglurition s'achévoit cependant , fans doute parce que la croûte n'oc- eupoit pas toute la cavité du-contour de l’œfophage. Auroit-on pà dans ce cas tenter, felon la méthode propofée par Rhuyfch dans fa premiere décade, dé CGEccci 756 D E G fes adverf. dhatom. d'introduire une éponge bien | imbue d'huile au bout d’une baguette de baleine , pour ébranler le corps étranger fixé dans l’œfopha- ge? N’auroit-on pas eu à craindre d’augmenter lir- Hitation fans la détacher, puifque les efforts du vo- miflement -m’avoient pù le faire? Il eft cependant bien d’autres cas dans lefquels on peut employer utilement ce moyen méchanique de déboucher l’œ- fophage (voyez ce qu’en dit l’auteur cité ,-en rappor- tant une très-belle obfervation au fujet de la dépluri- sion léfée , dans la partie mentionnée de fes œuvres.) On en trouve aufli de très-intéreffantes fur le même {ujet, dans le /épulchresum de Bonnet. On ne peut pas finir cet article, fans réfoudre les principales queftions que l’on fait ordinairement {ur la fingularité apparente des fymptomes fuivans, qui accompagnent fouvent les vices de la déoluri- ÉLONL. Par quelle raifon avale-t-on dans certains cas les folides avec plus de facilité que les fluides ? Il paroïit que l’on peut répondre avec fondement , que cet effet provient de ce que le pharynx étant ref- ferré par inflammation ou par paralyfie de fes muf- cles, qui ne peuvent pas le dilater, les puiflances fupérieures qui pouffent-le bol alimentaire, comme un coin, ont plus de prife fur ce bol que fur les li- quides, & le font-pénétrer jufqu’à l’œfophage, qui a enfuite la force néceffaire pour le conduire dans l’eftomac. Riolan a remarqué que cette difiiculté d’avalerles fluides, plus grande que pour les folides, a lieu quelquefois , lorfqu'il ya des tumeurs qui pref- fent l’œfophage ; car alors les alimens qui ont de la confiftance , peuvent vaincre un obftacie que la boiflon ne peut furmonter, parce qu’elle élude Pac- tion des 'puiflances qui la pouffent. Mais pourquoi arrive-t-1l au contraire que dans d’autres cas de dé glatition léfée, on ne peut avaler que des fluides ? C'eft parce que les organes qui, dans le cas précé- dent, fervent à introduire les alimens dans le pha- tynx, fe trouvent enflammés dans celui-ci, & ne peuvent pas agir fans des douleurs extrèmes ; tandis ue les fluides peuvent pañler par un canal plus étroit, & être avalés fans d’aufli grands efforts que les folides, pourvüû que l’œfophage ne foit pas en- flammé. On peut voir fur ces problemes & plufieurs autres de cette nature, -& fur la maniere d’y ré- pondre, Bornius, Progymn, 7x. æconom. corp. ani- als (d:) DÉGORGEMENT., f. m. Voyez l’article DÉ- GORGER. | DEGORGEOIR , {. m. eft dans l’Arszllerie un pe- tit-fer ou fil d’archal qui fert à fonder la lumiere du canon, êc à la nettoyér pour y mettre l’amorce. On fait les dégorgeoirs de bon fer doux, ou de gros fl d’archal, de crainte qu’ils ne rompent dans la lu- miere | : On les fait en tariere à vis ou en triangle du côté de la pointe. Leur longueur.eft depuis 12 jufqu’à 20 pouces, y compris la boucle qui doit être à la tête. Leur groffeur pour les lumieres neuves doit avoir environ 2-ignes. Ils doivent être un-peu plus gros pour-lés lumieres évafées. Voyez Planche VI, del Ars militairesfig. €. la figure du déporgeoir. (Q) * DEGORGEO!IR, (Serrurerie. ) efpece de cifeau à chaud-dont.le forgeron. fe {ert , où pour enle- ver des pieces qu'il forge des parties qu'il.ne peut détacher avec le marteau, ou pour leur donner des formes qu’elles ne peuvent recevoir que d’un inftru- ment tranchant. Il y a des déporgeoirs de différentes efpeces & grandeurs. Ils fe rougiflent & fe détrem- pent prefqu'à chaque fois qu’on s’en fert; mais ils {ont autant de fois retrempés, l’ouvrier ayant l’at- tention de les plonger dans l’eau immédiatement après s’en être {ervi. | | | DEGORGER,, serme de Corroyeur , qui à la même fignification que drayer, excepté qu'il ne fe dit que des cuirs de têtes de veaux. On dégorge les cuirs fur le chevalet avec la drayoïre ou couteau à revers, Voyez CORROYEUR. DEGORGER LES CUIRS, terme de Tanneur, qui fignifie les faire tremper dans la riviere, pour en ôter le fang & autres immondices , & les difpofer à être tannés, | DEGORGER, v.a@. (Hydraul.) fe dit d’un tuyau que l’on vuide pour le nettoyer. Il faut fouvent faire jouer long-tems un jet, une cafcade , pour faire for- tir les ordures & l’eau fale amañlée ou rougie dans les tuyaux. Voyez JET-D’EAU ; &c. (X) DEGORGER, (Manuf. en foie & laine, & Teinture.) il fe dit de toute étoffe de laine qu’on fait fouler à l’eau claire, pour la dégager de la terre, du favon, de lurine , & de toutes les autres impuretés qui lui reftent du dégraiflage, On dégorge la foie, en la battant dans de l’eau claire, pour la débarrafler du favon & de l’alun qu’= elle contient. | | On donne le même nom dans la Tesnture, à la foule, aux pieces des étoffes nouvellement teintes, ou à leur fimple lavage dans la riviere, pour les dé: charger de ce qu’elles ont de teinture fuperflue. On dégorge les foies & les läines décrufées, en les battant &lavant dans de l’eau claire , pour en ôter lé fuperflu qui y refte du décreufement. 7. DEcRUSER, DEGORGER, (Péche.) il fe dit du poiflon. Le faire dégorger , c’eft le tenir dans l’eau claire & courante, pour Ôter à fa chair un goût de bourbe qu’elle a contraété dans les lieux fales & marécageux. On a pour cela des boutiques fur les rivieres. Les poiflons de mer qui remontent les rivieres, dégorgent en re- montant. DEGOUT, f. m. fe dit, ez Medecine, des alimens que l’on a de la répugnance à prendre, du défaut d’appétit : c’eft l’inappétence, affeétion oppofée àl a fin canine, que les Grecs appellent avops£ie , dovrie 3 aæociriæ. On peut cependant diftinguer ces deux derniers noms l’un de l’autre, parce que #orros font proprement ceux qui ne mangent pas, fimplement parce qu'ils manquent d’appétit ; érocrru font ceux qui ont de l’horreur pour les alimens lorfqw’on leur en préfente ; l’appétit diminué , Jucopeéla , doit auff être rapporté au dégoét, attendu. que c’eft la difpoñi- tion à celui-ci, fon commencement, fon premier de gré. Nic. Pifon, Car l’appétit peut être vicié de quatre manieres ou par fa dimunution , ou par fon abolition, ou par fon augmentation demefurée, ou par fa dépravation, Les deux derniers vices n’appartiennent pas à cet article ; nous allons examiner les deux premuers. Le goût pour les alimens peut être diminué, 1° parce qu'il ne fe fépare pas dans l’eftomac une fufi- fante quantité de fuc digeftif, à caufe du défaut de fang, comme après une hémorragie , à caufe de toute autre évacuation trop abondante ,:comme le ptya- tyfme ou la falivation, le diabete, la trop grande fueur, qui épuifent les humeurs, à caufe des obftruc- tions, des compreffions de l'organe deftiné à la fé- crétion du fuc gaftrique. 2°. Parce que la falive qui fe fépare dans l’eftomac eft viciée, & manque des propriétés néceflaires pour exciter l'appétit, par la trop grande quantité de {érofités dans laquelle elle eft noyée, qui délaye trop les parties falines propres à produire une douce irritation fur les fibres de l’ef- tomac, par l’épaifliffement de cette lymphe digeftive qui émoufle ces mêmes parties falines. 3°. Parce que le ferment de l’effomac eft corrompu par une boif- fon trop abondante qui fe mêle avec lui, & lui Ôte toute fon adivité , comme l’éprouvent les buveurs; pat des reftès d’alimens groffiers, vifqueux, pourris, ou par des matieres indigeftes ramaflées à la fuite de plufieurs mauvaifes digeflions ; par un reflux de bile trop abondante dans l’eftomac. 4°. Parce que le tflu de ce vifcere ayant fouffert de trop grandes diften- fions , comme après de grands repas, où on mange immoderément, ce qui en relâche le reflort ; ou parce que ne recevant pas aflez du fluide nerveux qu'doit être diftribué aux fibres de cet organe, ou parce que étant trop abreuvé de féroftés , il n’eft prefque plus fenfble aux caufes qui peuvent exciter Pappétit. | : Le goût pour les alimens eft entierement aboli, 1°, par les vices des fermens digeftifs de même na: ture, mais d'une plus grande intenfité. 2°. Par le dé- faut de l’eftomac , s’il eft calleux, œdémateux ou paralytique, & par-là même infenfble à tout ce qui peut exciter l'appétit. Aftruc, Pathol, On voit par l’expofition de toutes ces caufes de dépoñé, qu'il peut être produit dans les uns, dit Ni- colas Pifon , par une intempérie chaude, & dans les autres par une intempérie froide de l’eftomac, mais plus fouvent par cellescr. | La foif & l’ardeur que l’on reflent dansl’épigaftre, l’haleine forte, les rapports comme d'œufs couvés, la digeftion facile d’alimens froids & pefans, font les fignes d’une trop grande tenfon , de roideur dans les’ fibres de l’eftomac : dans les cas oppofésiln’y a point de foif, on ne digere pas les alimens froids , les rap- ports font aigres. Si c’eft une humeur bilieufe qui caufe le dégoir, on reflent comme une morfure à lorifice fupérieur de leftomac, avec foif & naufée, & quelquefois amertume de bouche & vomiflement. Si c’eft par des matieres indigeftes corrompues, il y a quelquefois fievre. Si c’eft par des humeurs lentes, Vifqueufes, 1l n’y a ni foif, ni érofions , on réffent une pefanteur ; & communément dans ce cas, on a toüjours des envies de vomir, fi elles font attachées ou rencoignées dans l’eftomac; & après qu’elles'en font détachées , le vomiflement fuit. Si elles ont leur fiége dans l’intérieur des vaifleaux fecrétoires dé. l’eflomac, & que fes tuniques en foient comme far- cies, on n'a que des naufées, &c. Le prognoftic du dégoér varie fuivant fes desrés, fes caufes & les circonftances dans lefquelles 1l à Leu. Si c’eft au commencement des maladies, où en- viron l’état, dans ce tems où il y a encore afez de forces pour fupporter le défaut de nourriture, il n°’eft pas nuifble , parce que les malades n’ont pas alors befoin d’en prendre beaucoup : il annonce du dan- ger à la fin d’une maladie, ou à la fuite d’une longue foiblefle , d’une abondante évacuation ; le dépoñr annonce auf fouvent larechüte. Il eft très-nuifible aux enfans, qui font naturellement mangeurs ; 1l in- dique-une grande dépravation de fon@ions. Il vaut mieux, être dégoûté au commencement des mala- -dies, enfuite prendre les alimens fans répugnance, appétit vient au déclin; & au contraire , ceux qui en ont au commencement , le perdent dans la fuite, & le dégor eft alors nuïfible. C’eft un bon figne dans les maladies, de n’avoir pas du dégoér pour les ali- mens quand ils font préfentés. Il y a toûjours à crain- dre les longues inappétences, fur-tout quand la ma- ldie vient d’intempérie froide. Pifon, y. III. cv, L'expérience journaliere a appris que dans les hommes & les animaux, certaines maladies étant établies, excitent fouvent, comme par inftinét, à faire ufage de certaines chofes par remedes, dont on ne connoît pas la propriété ; qu’il naït fouvent.un defir infurmontable d’y avoir recours, & qu’au con- traire On prend de l’averfion pour certains alimens qui font préfentés : nous ne comprenons pas pour- quoi & comment cela fe fait, mais la vérité du fait eft inconteftable. Dans les grandes chaleurs qui def- LL 7 D E G HE Le féchent le corps, la foif nous oblige , mêmié malgré nous, à nous procurer de la boïflon : fi l’on a quel- que matiere pourrie dans le corps, onfe fent en con: léquence un dépoér fouvent invincible pour tout cé qui eft fufceptible de pourrir, la nature répugne à ce qui peut atigmenter la caufe du mal, S'il fe pré: fente des oranges, des citrons, des fruits, on les fai» fit avidement ; il n’eft donc pas déraïfonnable d’avoir égard à ce que la nature indique dans ces cas ; & de fe relâcher un peu de la régularité du régime, pour rappeller l'appétit même par le moyen d’une forte d’alimens ou de boiflons qui ne font pas des plus louables, | Mais en général, pour la gnérifon du dégoér, on doit avoir égard aux cinq indications fuivantes, 12. d'employer les remedes convenables pour évacuer l’eftomac de toutes les crudités qui s’y font ramaf> fées, pour qu’elles ne continuent pas à corrompre fes fermens. Les délayans pris en grande quantité avec du vinaigre ou autres acides, fi les matieres font bilieufes , ardentes ; avec des fels muriatiques, f. elles font lentes , vifqueufes, pourront produiré cet effet en entraînant dans les inteflins , & précipi- tant par la voie des felles la faburre de l’eftomac : f elles réfiftent, 1l faut avoir recours aux doux vomi tifs & aux purgatifs minoratifs, aux eaux thermales. 2°, D'exciter une plus grande fecrétion du fuc gaf- ttique, pour qu'il ranime l’appétit par fon adivité : ce que l’on pourra faire par une diete analeptique , par l’ufage modéré des aromates infufés, confits, en opiate, en poudre prife à jeun ; par celui des ftoma- chiques, des éleuaires, des baumes , par celui des fels & fubftances falines appropriées féparément où unies aux précédens remedes. 3°. D’émoufler l’acri- monie bilieufe chaude de la falive flomacale, qui done trop de tenfon, de rigidité aux fibres du vif- cere, par le moyen des juleps adouciffans , tempé- rans, des émulfñons, des bouillons rafraïchiflans, des laitages purs ou coupés, felon qu'il convient, avec des infufons où décoétions appropriées, des eaux minérales froides, de la limonade ; par les bains, les demi-bains. 4°, De corriger l’acidité do- minante des fermens de l’eftomac , quiles affoiblit; les aromatiques peuvent aufli convenir pour cet effet : on peut encore l'obtenir parle moyen des amers, des abforbans ; des boiffons de café, de cho- colat,;affez continuées. 5°. De remédier au relâéhe- ment des: tuniques internes du ventricule, qui en gourdit le fentiment de cet organe, en employant les remedes mentionnés pour remplir la feconde & qua- trieme indication ; les eaux de Balaruc modérément &c à reprifes ; les infufons des herbes vulnéraires de Swufle;, les bochets fudorifiques pour boiffon ordi- naîre ; les breuvages fpiritueux , les bons vins cuits, comme les vins, d'Efpagne , de Canarie , mais fur- tout lé vin d’Alicante, &c. Extrait d’Aftruc, Therap. Voyez ANOREXIE. (d) 15 DEGRADATION (Jurifprudence.) d’un bien , ef tout ce qui peut y caufer du dommage ou le dété- rioter; par exemple, fi ce font des terres qu’on né- glige de cultiver, fi ce font des bois qu’on abattre ou coupe contre les ordonnances, fi ce font des bâti- meps-qu’on néplige de réparer &c entretenir. / Celui qui fe plaint des dégradations commifes , de- mande qu’elles foient réparées ; &.en cas de contef: tations , il demande que les lieux foiënt vüs & vifités parexperts, pour conftater les dégradations , & éva- luer les dommages & intérêts. (4) DEGRADATION D'UN BENEFICIER. Voy. c-après DEGRADATION D'UN ECCLESIASTIQUE. ‘ DEGRADATION D’UNE DIGNITE. #Oy. ci-après DEGRADATION D'UN ORDRE: : DÉGRADATION D'UN ECCLÉSIASTIQUE, eft lorfqu’étant condamné pour crime à fubir quelque 758 DE G peine affliéhve où infamante , on le dégrade avant l'exécution! c’eft-à-dire qu’on le dépouille de tou- tes les marques extérienres de fon caraétere: La dégradation des perfonnes confacrées au culte divin, a été en ufage chez différens peuples dans les tems les plus reculés ; il n'y avoit pas jufqu'aux vef- tales chez les payens , qui ne pouvoient être exécur tées à mort qu'elles n’euffent été folennellement dé gradées par les pontifes, qui leur Gtoient les bande- lettes & autres ornemens du facerdoce. Chez les Juifs, les prêtres convaincus de crimé étoient dégradés. L’Ecriture-fainte nous en fournit un premier exem- ple bien remarquable en la perfonne d’Aaron, que Dieu ayant condamné à mort pour fon incrédulité, il ordonna à Movie de le dégrader auparavant du facerdoce , en le dépouillant pour cet effet de larobe de grand-prêtre, & d’en revêtir Eléazar fils d’Aaron; ce que Moyfe exécuta comme-Dieu le lui avoit or- donné. Nomb. ch. xx. Il y avoit auffi une autre forte de dégradation fem- blable à celle que les Romains appelloient regrada- rio , dont l’effet étoit feulement de reculer la per- fonne à un grade plus éloigné , fans la priver totale: ment de fon état, 3 C’eft ainfi que dans Ezechiel, ck. x/jv. il eft dit que les lévites qui auront quitté le Seigneur pour fuivre les idoles, feront employés dans le fanétuai- re de Dieu à l’office de portiers. S. Jérome , iz chronicis , fait mention de cette deé- gradation où regradation ; il dit qu'Heraclius d’évé- que fut réduit à être fimple prêtre, 27 preshyterum re- gradatus ef Pour ce qui eft de la dégradation telle que nous l’entendons préfentement, c’eft-à-dire celle qui em- porte privation abfolue de la dignité ou office, dans la primitive Eglife on dégradoit les prêtres avant de les livrer à l’exécüteur de la juftice : on penfoit alors qu’à caufe de l’onétion facrée qu'ils ont, la juftice ne pouvoit mettre la main fur eux en quelque façon ue ce fût ; qu’étant dégradés, cette prohibition cef- et parce qu’alors lonétion leur étoit Ôtée.& ef- fuyée, & que l’Eglife elle-même les rendoit au bras féculier, pour être traités felon les lois comme le commun des hommes. Au commencement, les évèques & les prêtres ne potivoient être dépofés que dans un concile ou fy- node ; maïs comme on ne pouvoit pas toùjours at= tendre la convocation d’une aflemblée f nombreu- fe, 1l fut arrêté au fecond concile de Carthage, qu’- en cas de néceflité, ou fi l’on ne pouvoit pas affem- bler un fi grand nombre d’évêques, il fufroit qu'il y en eût douze pour juger un évêque, fix pour un prêtre, & trois avec l’évêque du lieu pour dégrader un diacre. Boniface VII. ch. ij. de pœnis in 6°, décide que | pour exécuter la dégradation il faut le nombre d’évé. ques requis par les anciens canons. Maïs cette décifion n’a jamais été fuivie parmi nous , & l’on-a tojours penfé avec raïfon qu'il ne falloit pas plus de pouvoir pour dégrader un prêtre que pour le confacrer ; aufh le concile de Trente, Jef. 13.cap:jv. décide-t-1l qu'un feulévêque peut déérader un prêtre , & même que le vicaire général de l’évêque, ir fpiritualibus, a le même pouvoir, en appellant toutefois fix abbés, s’il s’en trouve aflez dans la wille, finon fix autres perfonnes conftituées en dignité eccléfiaftique. La novelle 83 de Juftinien ordonne que les clercs feront dégradés par l’évêque avant d’être exécutés. - I étoit d’ufage chez les Romains, que l’éccléfiaiti- que dégradé étoit incontinent curiæ traditus ; ce qui ne fignifioit pas qu'on lelivrât au bras féculier pour le punir , comme quelques eccléfiaftiques ont autre- fois voulu mal-à-prôpos le faire entendre, puifqué ce criminel étoit déjà jugé par le juge féculier, mais cela vouloit dire qu’on lobligeoit de remplir lem- ploi de décurion , qui étoit devenu une chargé très- onéreufe, & une peine fur-tont pour ceux qui n’en avoient pas les honneurs, comme cela avoit lieu pour les prêtres dégradés & pour quelques autres perfonnes. Et en effet, Arcadius Grdonna que qui- conque feroit chaffé du clergé, feroit pris pour dé- curion où pour collégiat, c’eft-à-dire du nombre de ceux’ qui dans chaque ville étoient choïfis entre les afliftans pour fervir aux néceflités publiques. En France, fuivant une ordonnance de l’an 1577, les prêtres & autres promüûs aux ordres facrés, né pouvoient être exécutés à mort fan$ dégradarion préalable. à Cette dégradation fe faifoit avec beaucoup de cé: rémonie. L’évêque Ôtoit en public les habits & or: nemens eccléfaftiques au criminel , en proférant, certaines paroles pour lui reprocher fon indignité, La forme que l’on obfervoit alors dans cet aéte pa- roît aflez femblable à ce qui eftipréfcrit par le cha- pitre de pœnis in 6°, excepté par rapport au noms bre d’évêques que ce chapitre requiert. Juvenal des Urfins rapporte un exemple d’une dé. gradation de deux Auguftins, qui ayant trompé le roi Charles VI. fous prétexte de lé guérir , furent condamnés à mort en 1308:, & auparavant dégra- dés en place de Grève en la forme qui fuit. On drefla des échaffauts devant l’hôtel-de-ville & léglife du S. Efprit, avec une efpece de pont de plan- ches qui aboutifloit aux fenêtresde la falle du S. Ef- prit, de maniere qu'une de ces fenêtres fervoit de porte ; l’on amena par-là les deux Auguftins habillés comme s'ils alloient dire la meñle. L’'évêque de Paris en habits pontificaux leur fit une exhortation, enfuite il leur Ôôta la chafuble, Pé- tole, le manipule, & l’aube ; puis en fa préfence on rafa leurs couronnes, Cela fait, les miniftres de la jurifdiétion féculiere les dépouillerent & ne leur laiflerent que leur che- mife & une petite jacquette par-deflus ; enfiute on les conduifit aux halles où ils furent décapités. M. le Prêtre tient qu'un eccléfiaftique condamné à mort pour crime atroce, peut être exécuté fans dé- gradation préalable ; ce qui eft conforme au fenti- ment des canoniftes, qui mettent l’aflaflinat au nom- bre des crimes atroces. Quelques évêques prétendoient que pour la dgra- dation on devoit fe conformer au chapitre de pœnis, &c qu'il falloit qu’elle fût faite par le nombre d’évé- ques porté par ce chapitre; d’autres faifoient diff- culté de dégrader en conféquence du jugement de la juftice féculiere , prétendant que pour dégrader en connoiflance de caufe , ils devoient juger de nou- veau, quoiqu'une fentence confirmée par arrêt du parlement fuffife pour déterminer l’Eglife à dégra- der le condamné , autrement ce feroit ériger la juf- tice eccléfaftique au-deflus de la juftice fécuhiere. Comme toutes ces difficultés retardoient beaucoup l'exécution du criminel , & que par-là le crime de- meuroit fouvent impunti, les magiftrats ont pris fa- gement le parti de fupprimer Pufage de la dégrada- tion , laquelle au fond n’etoit qu’une cérémonie fu- perflue, attendu que le criminel eft fuffifamment dé- gradé par le jugement qui le condamne à une peine affliétive. On ne doit point confondre la dégradarion avec la fimple fufpenfon , qui n’eft que pour un tems, ni mème avec la dépofition qui ne prive pas abfolu- ment de l’ordre ni de tout ce qui en dépend, mais feulement de l'exercice. Voyez DÉPOSITION E& Sus- PENSION. F'oyez Loifeau, tr. des ordres , chap. x, n29. CG fuivans, (A) > . E G DÉGRADATION D'UN OFFICE 04 ORDRE CIVIL, eft Iorfque quelqu'un revêtu d’un office, ordre, ou dignité , en eft dépouillé avec ignominie pour fes démérites , & privé des honneurs, fonétions , &c pri- viléges qui y font attachés. Cette peine a lieu lorfque l’officier a fait quelque chofe contre l'honneur de fa place, ou qu'il a pré- variqué autrement. L’ufage de cette forte de dégradation eft fort an- cien; on en trouve.nombre d'exemples dans l’anti- quité : mais il.faut bien prendre garde que par le ter- me de dégradation les anciens n’entendoient pas la même chofe que nous. Il y avoit, par exemple , chez les Romains trois fortes de peines contre les foldats qui avoient dé- mérité ; favoir , zilitie mutatio , de gradu dejethio feu repradatio , © ignominio|a miffio. | La premiere de ces peines étoit lorfqu’on pañloit . d’un corps dans un autre , comme quand de cheva- lier on devenoit fantaflin, on qu’un fantaffin étoit transféré dans les troupes auxiliaires de frondeurs , commeileft dit dans Ammian Marcellin, Zv.X'XIX, que Théodofe , pour punir des chevaliers qui s’é- toient revoltés, & néanmoins voulant marquer qu’il fe contentoit d’une legere peine, les remit tous au dernier grade de la milice. Il y a eu beaucoup d’au- tres exemples dans le code Théodofien 8z dans ce- lui de Juftinien. Ce qui vient d’être dit des foldats & officiers mi- litaires, avoit aufi lieu pour les autres officiers qui étoient dans le même cas : on les transféroit pareil- lement d’un corps dans un autre corps inférieur. ‘ La dégradation que les Romains appelloient de gra- du dejeitio ; Jeu regradatio quaf£ retrogradatio, & non pas degradatio qui n’eft pas latin, étoit lorfque quel- qu’un perdoit le grade ou rang qu’il avoit dans fa compagnie, comme quand de tribun il étoit fait fim- ple foldat, ex sribuno £yro febat ; ou comme on voit dans Lampride 7 Alexand. Sever. qu'un fénateur qui avoit donné un mauvais avis étoit reculé à la der- niere place du fénat , 22 ultimum rejiciebatur locum. La derniere peine, qu’ils appelloïient zgominiofa m1{fio où exauütoratio , étoit une expulfion entiere de la perfonne à laquelle on ôtoit toutes les marques d'honneur qu’elle pouvoit avoir. C’eft ainfi que l’on traitoit les foldats & officiers militaires qui s’étoient revoltés, ou qui avoient man- qué à leur devoir: dans quelqu’autre point effentiel on leur Gtoit les marques d’honneur militaires, 27- Jigria miliraria, On en ufoit de même pour les offices civils : les officiers qui s’en étoient rendus indignes étoient dé- . gradés publiquement. - Plutarqué, en la vie de Cicéron, rapporte que le préteur Lentulus complice de la conjuration de Ca- tilhina, fut degradé de fon office, ayant été contraint d’ôter en plein fénat fa robe de pourpre, & d’en prendre une noire. 17 Sidoine Apollinaire ; Liv. WII. de fes épitres , rap- porte pareillement qu'un certain Arnandus qui avoit été préfet de Rome pendant cinq ans, fut dégradé, exauguratus, qu'il fut déclaré plébeien & de famille plébeienne , & condamné à une prifon perpétuelle. Les lois romaines , & notamment la loi /zdices, au ! . Code de dignie. veulent que les juges qui feront con- vaincus de quelque crime, foientdépouillés de leurs marques d'honneur & mis au nombre des plébeïens. Ii en eft à-peu-près de même en France. | Les foldats & officiers militaires qui ont fait quel- que chofe contre l'honneur, font cafés à la tête de leur corps, & dépouillés de toutes les marques d’hon- neur qu’ils pouvoient avoir ; c’eft une efpece de 4é- gradation , maïs qui ne les fait pas déchoir de noblef/ fe, à moins qu'iln”y ait eu un jugement qui lait pro- RORCE, D E G 759 Lorfqu’une perfonne conftituée en dignité eft con: damnée à mort ou À quelque peine infamante, on lui ôte avant l'exécution les marques d'honneur dont elle eft revêtue ; ce fut ainfi qu'avant l’exécution du maréchal de Biron, M.le chancelier lui Ôta le collier de l’ordre du S. Efptit. Il lui demanda auffi fon bâton de maréchal de France, mais il lui répondit qw’il n’en avoit jamais porté. | La dégradation des officiers de juftice fe fait auffi publiquement, Loifeau, dans fon raité des ordres, dit avoir trouvé dans les recueils de feu fon pere, qu’en l’an 1496 un nommé Chanvreux confeiller au parlement fut privé de fon état pour avoir falfifié une enquête; qu'il fut en l’audience du parlement dépouillé de fa robe rou- ge, puis fit amende honorable au parquet & à la tas ble de marbre. Il rapporte auffi l'exemple de Pierre Ledet cons {eïller clerc au parlement, lequel, en 1528, fut par arrêt exauctoré folennellement, fa robe rouge lui fut ôtée en préfence de toutes les chambres, puis il fut renvoyé au juge d’églife. On trouve encore un exemple plus récent d’un confeiller au parlement dégradé publiquement le 15 Avril 1693, pour les*cas réfultans du procès. Il fut amené de la concierserie en la grand-chambre fur les neuf heures , toutes les chambres du parlement étant affemblées & les portes ouvertes ; il étoit re- vêtu defa robe rouge , le bonnet quarré à la main: il entendit debout la leêture de fon arrêt qui le ba nifloit à perpétuité, ordonnoit que fa robe & autres marques de magiftrature lui feroient ôtées par les * huifiers de fervice, avec condamnation d’amende envers le roi, & réparation envers la partie, Après la leéture de l’arrêt, il remit fon bonnet entre les mains d’un huiflier , fa robe tomba comme d’elle- même ; 1l fortit enfuite de la grand-chambre par le parquet des huiffers, defcendit par le grand-efca-. lier, & rentra en la conciergerie. Voyez Brillon au mot Confeillers, n. 6. Quand on veut imprimer une plüs grande flétrif. fure à un jüge que l’on dégrade, on ordonne que fa robe & fa foutane feront déchirées par la main du bourreau, … Loifeau diftingue deux fortes de dégradation, {ui- vant ce qui fe pratiquoit chez les Romains ; l’une, qu'il appelle verbale, & l’autre réelle &c attuelle. Il entend par dépradation verbale, la fimple dépo- fition ou deftitution qui fe fait d’un officier fans caufe m note d'infamie , femblable au congé que l’empe- reur donnoit verbalement à certains foldats, qui n°’é- toient pas pour Cela notés d’infamie, par exemple, lorfqu’ils avoient fini leur tems ou qu’ils étoient hors d'état de fervir. La dégradation réelle, qui eft la feule proprement dite dans le fens ordinaire que l’on donne parmi nous aux termes de dégradation, eft celle qui eft faite par forme de peine & avec ignominie. Voyez ci-devans DÉGRADATION D'UN EC CLESIASTIQUE, 6 craprès DÉpPosiTion , DESTITUTION, & Loifeau, srairé des ordres, ch. jx. (A) DÉGRADATION DE NOBLESSE, eft la privation dé la qualité de noble, & des privilèges qui y {ont attachés. | | Cette désradarion a lieu de plein droit contre ceux qui font condamnés à mort naturelle ou civile, à l’ex- ception néanmoins de ceux qui font condamnés à être décapités , &c de ceux qui font condamnés à mort pour fimple délit militaire par un jugement du confeil de guerre, qui n’emporte point infamie, Elle a auff lieu lorfque le condamné eft exprefé.. ment déclaré déchu de la qualité & des priviléges de nobleffe, ce qui arrive ordinairement {orfque le jugement condamne à quelque peine affiétive ou qui emporte infamie. 769 D E G Toute condamnation qui-emporte dégradation de 'A r . fl - nobleffe contre le condamné, en fait aufñ déchoir fes ; CI + 0 Dés defcendans, quitenoient de lui la qualité de noble. (4) DÉGRADATION DES ORDRES SACRÉS. Woyeg ce- devant DÉGRADATION D'UN ECCEESIASTIQUE. DÉGRADATION D'UN PRÊTRE. Voyez ci-devant DEGRADATION D'UN EÉCCLESIASTIQUE. (4). DEGRADATION, DEGRADER , ex Peinture, c’eft | faugmentation ou la diminution des lumieres & des ‘ombres, ainfñ que de la grandeur des objets. Ces de- _gradations doivent être infenfbles ; celle de la lu- miere, en s’affoibliflant peu-à-peu jufqu'aux plus grandes ombres; celles de la couleur, depuis la plus entiere jufqu’à la plus rompue relativement à leurs plans. Voyez COULEUR ROMPUE. On dit, ce pein- “tre fait bien dégrader les lumieres, fes couleurs , fes objets. Toutes ces chofes dégradent bien , c’eft-ä- dire, font bien traitées par la lumiere , la couleur, & la grandeur. (R) DÉGRADER UN VAISSEAU, ( Marine.) c’eft aban- donner un vaifleau après en avoir Ôté les agrès & aparaux, & tout ce qui fervoit à l'équiper, lorf- qu'il eft trop vieux, ou que le corps du bâtiment eft endommagé & hors de fervice. (Z) DÉGRADER UN HOMME , ex terme de Marine, c’eft lui faire quitter le vaiffeau, & le mettre fur quel- que côte ou quelque île deferte où l’on l’abandonne: ce qui fe fait quelquefois pour punir des criminels qu’on ne vouloit pas condamner à la mort. (Z) DÉGRADER , (Jardinage.) on dit dégrader un bois, quand on y coupe ou dégarnit trop d'arbres , ce qui y forme des clairieres. (K) DÉGRAIS, (Draperie.) Voyez, à Particle LAINE, Manufaitures d’étoffes en laine. ‘ DÉGRAISSAGE , (Draperie.) Voyez, à l’article Laine, Manufaëlures d’étoffes en laine. | DÉGRAISSER UNE ÉTOFFE DE LAINE , (Man. en laine.) c’eft la faire fouler avec la terre & l’urine, pour en féparer la graïffe ou l'huile. On donne la même façon aux laines avant que de les travailler. On les dégraiffe dans unsbain chaud fait de trois quarts d’eau claire, & d’un quart d’uri- ne. Enfuite on les dégorge à la riviere. Voyez DÉ- GORGER. Il eft important que les laines & les étoffes ayent été bien dégraiflées & bien dégorgées. Voyez l'arti- cle LAINE. Les falpétriers dégraïffent , dit-on, leur falpetre; Îes uns avec la colle forte d'Angleterre, les autres avec le fel ammoniac, le blanc d'œuf, l’alun, & le . vinaigre: mais la colle vaut mieux. Voyez Particle SALPETRE. | DÉGRAIÏSSER LE VIN, (@con, ruflig.) Il y a des vins qui tournent à la graifle en vieilliffant. Pour leur ôter cette mauvaïfe qualité lorfqu'ils l’ont con. traêtée, on prend de la meilleure colle de poiflon, ‘deux onces ; on la met en morceaux , on la diffout à froid dans une chopine de vin blanc, on pañfe la diflolution dans un linge, & on la jette par la bon- de dans un tonneau de vin, qu’on rémue fortement à deux ou trois reprifes avec un bâton, au bout du- ‘quel on a attaché une ferviette. Cela fait, on le laïffe repoler. _ Mais cette recette n’eft pas la feule qu’on em- ploye; il y en a qui fe fervent de blé grillé fur le feu , & arrofé d’eau-de-vie; d’autres , de cire jaune ‘fondue & jettée chaude dans le tonneau ; quelques- ‘us, d’alun blanc pulvérifé & fricaflé bien chaud avec du fable ; quelques autres, de blé & de fable xôtis enfemble ; où d’un fachet de fel commun, de “2omme arabique, & de cendre de farment,, qu'ils attachent au bout d’un bâton , & qu'ils remuent “ans le vin. | DÉGRAISSER LES CHEVEUX, (Perruquier.) C’eft frotter à {ec avec les mains les meches les unes après les autres, dans du gruau: le but de cette prépara- tion eft d’en ôter la graifle, pour les tirer plus aifé- ment par la tête. DÉGRAISSEUR,, f. m. (4rt méch.) on donne ce nom à des ouvriers qui font partie de la communau- té des Fripiers, & qui détachent les étoffes. Voyez l'article FRIPIER. DÉGRAISSOIR , f. m. (Drap.) Voyez à l’article LAINE , Manufaitures d'étoffes en laine. DÉGRAS , f. m. serme de Chamoifeur, c’eft un nom qu’on donne à l’huile de poiflon qui a fervi à pañler des peaux er chamoïs. Voyez; CHAMOISEUR. Cette huile n’eft point perdue, quoïqu’elle ait dé- jà fervi. On s’en fert chez les Corroyeurs pour paf- fer principalement les cuirs blancs. Voyez Cor- ROYEUR. DÉGRAVELER un TUYAU , (Æydr.) c’eft ôter d’un tuyau de fer ou de plomb, fervant à conduire les eaux dans les fontaines , le fédiment qui s’y forme. DÉGRAVOYER , v. a&. & DÉGRAVOYE- MENT, {. m.(Hydr.) c’eft l'effet que produit l’eau courante de déchaufler & defacoter des pilotis de leur terrein, par un mouvement continuel, On y peut remédier en faifant une creche autour du pi- lotage. Voyez CRECHE. (K) DEGRÉ DE COMPARAISON ox DE SIGNI- FICATION ; on le dit , ez Grammaire , des adjec- tifs, qui par leur différente terminaïfon ou par des particules prépofitives, marquent ou le plus, ou le moins, ou l’excès dans la qualification que l’on don- ne au fubftantif, favant , plus avant , moins Javant, très ou fort favant. Ce mot degré fe prend alors dans un fens figuré: car comme dans le fens propre un degré {ert à monter ou à defcendre , de même ici la terminaifon ou la particule prépoñtive fent à rele- ver ou à rabaïfler la fignification de l'adjectif, Foy. COMPARATIF. (7) | | DEGRÉ, f. m. (Méraph.) c’eft en général la diffé- rence interne qui fe trouve entre les mêmes qualités, lefquelles ne peuvent être diftinguées que par-là, c’eft-à-dire par le plus on le moins de force avec le- quel elles exiftent däns divers fujets, ou fucceffive= ment dans le même fujet. Par exemple , vous avez chaud, G moi auffi; la même qualité nous eft commune, &t nous ne pou- vons diftinguer entre chaleur & chaleur , que par le degré où elle fe trouve en nous : à cet égard, votre chaleur peut être à la mienne , comme tant à tant. De même en Morale, quant aux vertus, la tempé- rance , par exemple, eft la même vertu dans Pierre & dans Paui; mais l’un peut la pofléder & la pra- tiquer dans un depré fupérieur à celle de l’autre. Les degrés font donc les quantités des qualités paf oppoñtion aux quantités des mafles, qui confiftent dans la grandeur & dans l'étendue. Les degrés exif= tent toûjours dans les qualités, maisils ne fauroient être compris que par voie de comparaifon. | Comme la longueur d’un pié ne fauroit être dé= terminée qu’en rapportant. le pié à une autre mefu- re, de même nous ne faurions expliquer le degré de froid qui eft dans un tel corps, ou le plus.grand froid d’un certain jout d’hyver, fi nous ne connoïflons un degré de froid donné, auquel nous appliquons celui dont nous voulons juger. Les vîteffes ne fe détermi- nent non plus que de la même maniere. Comme une ligne droite peut être double , triple, quadruple , éc. d’une autre; de même.un degré de froid, de lumiere, de mouvement, peut avoir de pareilles proportions avec un autre degré. Les deprés {e fubdivifent en d’autres plus petits. Je fais une échelle pour le barometre ou le thermome- À Jet | tre, D E G tre, j'y prens arbitrairement la grandeut d’un degré mais enfuite je puis divifer ce degré en quatre, fix, huit portions égales, que J’envifagerai comme de moindres degrés , qui font partie de l’autre. Les parties qui conftituent les qualités , ne font pas comme celles de l’étendue, l’une hors de l’au- tre : un degré de vitefle ne fauroit être coupé en tant de morceaux, comme une planche ou un fil; mais il peut s’augmenter ou fe diminuer, fans qu'il arrive aucun changement à l'étendue du fujet dans lequel il exifte. Mais en comparant les parties.de l’efpace parcouru par deux mobiles en même tems, ou par le même mobile dans des tems égaux, nous attribuons aux forces les mêmes proportions que nous trouvons entre les efpaces & le temss & nous difons que la vi- teffe de ce mobile dans la premiere feconde étoit à fa vitefle dans la feconde fuivante , comme tel nombre à un autre, ou telle ligne à une autre. Ces notions imaginaires ne font point chimériques ,. &c elles font les plus.efficaces pour nous conduire aux idées dif- tinctes ; 1l faut feulement prendre garde de ne leur pas préter une réalité d’exiftence dans les fujets mê- me. Article de M. FORMEY. _ Suivant ces principes, il faut, 1° être attentif à n’employer le mot degré qu’à propos , pour une plus grande précifion ou clarté du difcours, & pour.ex- primer fimplement des rapports , & non pas des quantités ablolues : 2°1l faut ne s’en fervir que lorf- - u’il eft queftion de quantités qu’on peut mefurer q He q dE $ P ; & par conféauent comparer entr’elles , & non pas P eq P , P lorfqu'il eft queftion de quantités purement méta- phyfques & incomparables. Ainfi on peut dire qu’un corps a tant de degrés de mouvement ou de vitefle, parce que le mouvement ou la vitefle d’un corps fe détermine par lefpace parcouru en un certain tems donné, & que cet efpace eft une quantité qui peut fe mefurer. Il faut même ajoûter qu’on ne doit fe fervir du mot dé degré de vitefle ou de mouve- ment, que lorfqu'il s’agit de comparer le mouve- ment de deux ou plufeurs corps, & non pas lorf- qu'il eft queftion d'un corps folé ; car le mouve- ment d’un corps ifolé n’a point en lui-même de grandeur abfolue , ni qu'on puile repréfenter par des degrés, Mais on ne peut pas dire , par exemple, en comparant deux fenfations ou deux affe&ions en- trelles, que lune de ces deux fenfations ou affec- tions eft plus grande que l’autre d’un certain nom- bre de d2grés ; car on ne peut jamais dire qu’une fen- fation foit double, triple, moitié, &c. d’une autre ; on fent feulement qu’elle eft plus ou moins vive ; mais nous n'avons point de mefure pour comparer exaftement nos fen{ations les unes aux autres. Ceci fufira pour faire fentir le ridicule des degrés d’être, que l’auteur de la Prémotion phyfique imagine dans notre ame. Selon cet auteur, toute modifica- tion , toute idée de notre ame, eft un degré d’étre de plus ; comme fi la fubftance de notre ame s’augmen- toit réellement par de pareilles modifications, & comme fi d’ailleurs ces augmentations ( fuflent-elles auf réelles qu’elles {ont chimériques) pouvoient fe comparer & {e mefurer.C’eft pourtant {ur cetteidée fi peu vraie & fi peu philofophique , que l’auteur a bâti toutes fes propofitions fur la prémotion phyfque ; propofitions qu'il a honorées des noms de shéoremes & de démonftrations ; mais , comme l’obferve très- bien M. de Voltaire , il ne faut juger, ni des hom- mes, nides livres par les titres. /. APPLICATION de La méthode des Géometres à la Métaphyfique ; V. auffi Le traité des Syflèmes de M. Pabbé de Condillac, où lon a fait à ce {yflème fur les degrés d’être l'honneur de le réfuter. Nous ne croyons pas devoir nous étendre ici fur ce qu’on a appellé dans l’école degrés métaphyfiques, & qui ne font autre chofe que les attributs généraux, Tome IF, DE G 761: défignés par les mots d’ére, de fubffance, de ma difé cation , &c, ou, comme d’autres les définiffent . les propriétés eflentielles d’un être, depuis fon genre luprème juiqu'à fa différence fpéciñique ; comme être , Jubflance , vivant , fentant , penfant , &c. On de- mande quelle diftinétion il faut admettre entre ces degrés ; queftion frivole. Il eft évident que ce font au. tant d’abftraétions de notre efprit, qui n’indiquent rien de réel & d’exiftant dans l'individu. En effet qu’- efl-ce que l’être & la fubftance en général ? Y a:t:il autre chofe quedesindividus dansla Nature ? L’efprit, il eft vrai, opere fur ces individus; il y remarque des propriétés femblables ; celle d’exifter, qui conftitue ce qu on appelle ére ; celle d’exifter ifolé > Qui conf- titue la /xb/fance ; celle d’exifter de telle maniere . qui confütue la modification, Mais l'erreur confifte à s'imaginer qu'il y ait hors de l’efprit même » quelque chofe qui foit l’objet réel de ces abftrad@ions, (O0 DEGRÉ. Ce mot, ez Géométrie , fignifie la 360° partie d’une circonférence de cercle. Poy. CER CLE. Toute circonférence de cercle grande & petite eft fuppoiée divifée en 360 parties qu'on appelle degrés. Le degree fubdivife en 60 parties plus petites » qu'on nomme 7zrutes ; la minute en Go autres appellées Jecondes , la feconde en 60 tierces, &c, d’où il sens fuit que les degrés, les minutes, les fecondes. &c: dans un grand cercle font plus grands que dans un petit. Voyez MINUTE , SECONDE, Ex. VP Il y a apparence qu'on a pris 360 pour le nombre des degrés du cercle, parce que ce nombre quoi- qu'il ne foit pas fort confidérable, à cependant beau- coup de diviieurs ; car il eft évalà2x2X 2 X3X3X55 & par conféquent il peut fe divifer par 2, par M par $, par 6, par 8, par 9, par 10, & par beau- coup d’autres nombres. Voyez DivisEur. Les fubdivifons des degrés {ont des fra@tions, dont les dénominateurs procedent en raifon der N 60, _ c’eft-à-dire que la minute eft 2 de degré, la feconde 7é5s » la tierce = ; mais comme ces dénomina- teurs font embarraffans, on fubftitue à leur place des expreflions plus fimples dans l’'ufage ordinaire pour les indiquer. | | Ainfi un degré étant l’unité ou un entier , eft ex primé par 4, la minute ou prime par /, la feconde par ”, la tierce par ///; c’eit pourquoi 3 degrés, à minutes, 16 tierces, s'écrivent ainfi 34 2s/ 164 Stevin > Ougthred , Wallis, ont defiré que l’on prof- crivit cette divifion fexagéfimale du degré, pour met- tre la décimale à fa place. Il eft certain que cela abrégeroit les opérations. Car fi au lieu de divifer. par exemple, le degré en 6o minutes, on le divifoit en 100, la munute en 100 fecondes, 6. on rédui- roit plus promptement les fraétions de deorés en mi- nutes. Ainf pour réduire de depré en minutes sil / faudroit fimplement diviler ÿ100 par 72, au lieu qu'il faut d’abord multiplier sr par 60, &divifer en- {uite par 72: on s’épargneroit donc une multiplica- tion. En général 1l feroit à fouhaiter que la divifion décimale füt plus en ufage. Voyez DecImaL. La grandeur des angles fe défigne par les Zeprés : aindi On dit un angle de 00 degrés, de 70 degrés, sa minutes ,; de 25 degrés, 15 minutes, 49 fécondes. F OV ANGLE, On dit aufli: Telle étoile ef} montée de tant de degrés au- dejfus de l’horifon ; décline de l'équateur de tant de degrés, &c. #, HAUTEUR € DECLINAISON. La raïon pourquoi on mefure un angle quelcon= que par les degrés ou parties d’un cercle, c’eft ro que la courbure du cercle eft uniforme & parfaitement la même dans toutes fes parties ; enforte que des an gles égaux dont le fommer eft au centre d’un cercle é renferment toûjours des arcs parfaitement égaux de ce cercle; ce qui n’arriveroit pas dans une autre courbe ,. par exemple, dans l’ellipie dont la cour- bure n'eft pas uriforme: 2° deux angles égaux ren« dd . DD 762 DEG ferment des ates de cercle du même nombre de de- grés ; quelque rayons différens que l’on donne à ces cércles. Ainfi on n'a point d’équivoque ni d'erreur à craindre, en défignant un angle par le nombre de degrés qu’il renferme ; c’eft-à-dire par le nombre de degrés que contient un arc de cercle décrit du fom- miet de l'angle comme centre, & d’un rayon quel- conque. | Un figne du Zodiaque renferme 30 degrés de lé- cliptique. Voyez SIGNE & ZODIAQUE. iDèpré de latitude ‘en fuppofant la terre fphérique, n’eftautre chofe qüe la 360° partie d’un méridien, parce que c’eft fur le méridien que fe mefure [a la- titude. Voyez LATITUDE. | | . Maïs ,'en fuppofant la terre fphérique où non, on appelle plus générälèment & plus précifément degré de latitude , l'éfpace qu'il faut parcourir fur un mé- ridien pour que la’diftance d’une étoile au zénith croïffe oui diminued’un degré. ‘En-effet fuppofons deux obfervateuts placés fur le même méridien, de maniere qu'il y ait un degré de différence dans la hauteur de la même étoile par rapport à leur zénith. Par les points où font placés les deux obfervateurs, imaginons deux tangentes au méridien qui repréfentéront leurs horifons, & deux perpendiculaires à ces tangentes , qui repréfenteront les lignes de leurs zéniths. L'étoile pouvant tre cenfée à une diftance infinie (voyez ÉToire), les rayons vifuels dés deux fpeétateurs à l'étoile feront paralleles ; donc la différence de la hauteur ne peut venir que de la différence de l’inclinaifon des deux hôtifons. Donc l'angle des deux horifons ou tangen- tes {era d’un degré ; donc auffi l’angle des deux per- péndiculaires fera d’un degré. Si la terre eft fphéri- que, les deux perpendiculaires concourront au cen- tre , & la diftance des deux obfervateurs fera un de- gré où la 360° partie du méridien. Quoique la terre ne foit pas exaétement fphéri- aqué , on peut la fuppofer à-peu-près telle. Dans cette hypothèfe un degré de latitude eft d'environ 57000 toifes. C’eft ce que nous difcuterons plus bas, & en- core plus exaétement à l’ars, FIGURE DE LA TERRE, Mais il.eft bon d'expliquer ici comment on me- fure un degré de latitude. On prend la diftance d’une étoile au zénith, enfuite on avance vers le midi ou versle nord jufqu'à cé que la hauteur de cette toile {oit différente d’un gré; on mefure par des opéra- tions géométriques la diftance des deux lieux, & on a en toifes la grandeur du degré, Pour mefurer la dif- tañce en queftion, on forme une fuite de triangles, dont les deux extrèmes ont un de leurs ‘angles aux deux lieux dont il s’agit ; on mefure les angles de ces triangles, enfuite on mefure fur le terrem une bafe, &'on forme un triangle dont cette bafe eftun des!côtés, & dont le fommet comcide avéc quel- qu'un des angles des triangles. Connoïffant les côtés de’ce triangle, ce quieft facile, on connoït tous les autres, & par conféquent la diffancée des deux lieux, en faifant lés réduétions & opérations néceffaires. Voye TRIGONOMETRIE. Les degrés de latitude fe comptent depuis Péqua- teur; on les appelle degrés de latirude fepténitrionale dans l’hémifphere {éptentrional, & de latitude auf- trale dans l’hémifphere auftral. Si la terre eft fphérique , tous les degrés de lati- tude font égaux ; mais fi les degrés ne font pas égaux comme les obfervations le prouvent, la terre n’eft pas fphérique. Si les degrés vont en diminuant vers le nord, la terre eft allongée ; s’ils vont en augmen- tant, la terre eft applatié: c’eft ce qui fera explique 82 difcuté à l’article FIGURE DE LA TERRE. Suppo- ons d’abord la terre fphérique. La grandeur du degré du méridien où d’un autre grand cercle de la terre , eft différemment détermi- a ——— D E G | née par les différens obfervateurs, & les méthodes dont ils feférvent pour cela font auff fort différentes, Ptolomée fait le degré de 68 milles arabiqués +, en . comptant 7 flades & = pour un mille. Les Arabes qui ont fait un calcul aflez exaët du diametre de la terre ,-en mefurant la diftance de deux lieux fousle : dit, Pa e 4» F . . nème méridien dans les plaines de Sennaar; par or- dre d’Almamon, ne donnent au degré que ÿ6 milles. Keépler détermine le diamètre de la terre par la-dif: tance de deux montagnes, &c fait le degréder3"mile | les d'Allemagne ; mais fa méthode eft bien éloignée d’être exacte. Snellius s'étant fervi de-deux métho= des pour chercher le diametre de la terte par kdif- tance de deux paralleles à l'équateur, trouva par , lune que le degré étoit de ÿ7064 toifes dé Päris'ow 342384 piés, & par l’autre il le trouva de 57057 toïfes où 342342 piés. M. Picart dans la méfurede 14 terre qu’il fit en 1669, depuis Amiens jufqui’à Male voiine, trouva par une opération plus exa@te le de: gré de la terre de 7066 toifes où 3433 60 piés!, Cet: à-dire moyen entre les deux degrés de Snéllius. Cette mefure réduite aux autres, donne la quantité du ei gré de la terre: v 30 Sn SAN Sue En milles angloifes de 50060 piés Chacune 73": En milles de Florence , dé 63 22. "7 7260704 En liéües communes de France'de 2200 toifes, 254 En perches du Rhin de 12 piés, 29556. 77 107 - Cependant M. Caflini ayant répeté le même tra- ! vail en 1700 par l’ordre du Roi, mefura un efpace de 6 degrés 18 minut. depuis l’obfervatoire de Paris jufquà la ville de Collioure en Roufillon, afnque la grandeur de l’efpace mefuré pût diminuer ler- reur ; 1l trouva que la grandeur du degré étoit de 57292 toiles ou 343742 piés de Paris, Suivant cette mefure, la quantité d’une minute de dégré d’un grand cercle, eft de 5710 piés de Paris, & cellé d’une fe: conde de os piés. - | | - Le travail de M. Caffini s'accorde , à très-peu de chofe près, avec celui de Norwood, qui vers l’an- née 163 ÿ mefura la diftance entre Londres & Yorck, &c la trouva de 905751 piés anglois ; & comme la diflérence des latitudes entre ces deux villes eft de 24 28/,1l en conclut là grandeur du æpré de 367196 piés anglois, ou 57300 toiles de Paris, qui font 69 milles d'Angleterre & 288 toifes. Voyez Les princip: mathémat. de M, Newton, prop. xjx. p. 378. & l'hifl. de l’acad, royale des Sciences , année 1700 , page 153: # M. Caffini le fils en 1718 trouva le degrémoyer de Paris à Collioure de ÿ7097 toiles, & de Paris * Dun- kerque de 56960; d’où il conclut le degré milieu de 57060 toiles, comme M. Picard. Je dis dpré milieu, c’eft-à-dire celui qui pafferoit par le milieu de la France ; car le véritable degré de M, Picard , le pre- mier degré au nord de Paris qu'il avoit méfuré , fut trouvé par M. Caflini de 56973 toifes. Il y a pourtant à remarquer fur ces opérations de M. Caffim, 1° qu’il a trouvé que les degrés alloïient en diminuant vers le Nord ; au lieu quil eft cer- tain par les opérations faites en Laponie & au Pé- rou, que c’eft tout le contraire. Il eft vrai que les degrés immédiatement confécutifs fonttrop peu diffé- rens, pour qu'il ne s’y gliffe pas d’erreur plus grande que leur différence même. 2°. Cette valeur du de- gré eft fondée fur la bafe de M. Picard, dont MM. Caffini prétendent que la mefure eft fautive : c’eft ce qui fera peut-être vérifié un jour, & qui mérité bien de l'être. Voyez FIGURE DE LA TERRE, Quoi qu'il en foit, on peut prendre en attendant 57060 toifes en nombres ronds pour la melure du de- gré. M. Muffchenbroeck par des opérations particu- lieres l’a trouvé de 57033 toiles entre Alcmaer &c Bergopzom. Fernel medecind’Henri IL. avoit trouvé à-peu-près de 37046 toiles le degré de France, mais D E G bar ge méthode bien fautive ; car 1l comptoït le chemin par le nombre des. tours des roues de fa voi- * ture, & rabattoit ce qu'il jugeoit à propos pour les inégalités & les détours, | En 1739, MM. les académiciens qui avoient me- furé au Nord le degré, trouverent celui de Paris de 56925 , en corrigeant l'amplitude de l’arc de M. Pi- card pe un excellent inftrument & par l’aberration des fixes; mais ils ont fuppotfé fa bafe bien mefurée. Les mêmes académiciens ont trouvé en 1736 le de- gré du Nord de ;7438 toiles. MM. de Thury.& la Caille, en corrigeant ou changeant la bafe de M. Picard, trouverent le degré de Paris de 37074 toiles. MM. les académiciens du Pérou ont trouvé le pre- mer degré du méridien de 56753 toiles. Il eft aflez fingulier que Le degré de France auquel on travaille depuis plus de 80 ans, foit aujourd’hui celui qu'on connoît le moins. DEGRÉ de longitude, eft proprement un angle d’un degré compris entre deux méridiens. Voyez LonciTupe. Ileft vifible que tous les arcs des pa- ralleles à l'équateur renfermés entre les deux méri- diens dont il s’agit, feront chacun d’un degré. Il eft vifible de plus que ces degrés feront d’autant plus petits, que l’on fera plus proche du pole. Le foleil par fon mouvement apparent faifant 360 degrés pat jour, il fait un degré en 4 minutes. Ainfial y à 4mi- ñutes de différence entre les deux méridiens dont il s’agit. Donc pour mefurer un degré de longitude , 1l faut aller fur le même parallele jufqu’à ce qu’on foit à 4 minutes de différence du lieu où l’on eft parti, & mefurer enfuite par des-opérations géographiques . la diftance des lieux. Cela fera plus amplement ex- pliqué au ot LONGITUDE. / La quantité du degré d'un grand cercle étant don- née, amf que la diftance d’un parallele à l'équateur, on trouvera la quantité du degré de ce parallele par cette regle: Comme le finus total eft au co-finus de la diftance du parallele à l'équateur; ainfi la gran- deur du degré de l’équateur eft à la grandeur du de- gré de parallele. - Suppofons , par exemple, que ia latitude du pa- xallele foit de ÿ1d, 8 que le degré de l'équateur foit &e 69 milles. Log. du finus total, . . . . . .:. 100000000, Log. du co-finus de 51 . . . . « : 079887t8. Log.69............1: 18388491. Los Cher ET Rd: ur 16377209. Le nombre qui répond dans les tables à ce dernier logarithme, eft 43 4 mulles à-peu-près ; & ce der- eïer nombre étant multiplié par 5280, qui eft le nombre de piés contenus dans un mulle d'Angleterre, donne le nombre de piés anglois que contient un de- gré de ce parallele, &c. Voyez MESURE, Le mot degré s’employe auffi dans l’Algebre en parlant des équations. On dit qu’une équation eft du fecond degré , lorfque l’expofant de la plus haute puiflance de l’inconnue eft 2; du troifieme depré, lorfque l’expofant eft 3, & ainfi de fuite. 7. Equa: TION , EXPOSANT, PUISSANCE, 6c. On fe fert encore du mot degré en parlant des courbes. On dit qu'une courbe eft du fecond degré, dorfque la plus haute dimenfion des deux inconnues ou d’une feule ; eft 2 ; du troifieme degré, lorfque cette plus haute dimenfion eft 3. Voyez COURSE. Au lieu du mot gré, on fe fert quelquefois de celui de gezre ; courbe du fecond genre eft la même chofe que courbe du fecond degré, F DEGRÉS DE FROID ET DE CHAUD, er Phyfique, fe méfurent par les degrés du thermometre: Yoyeg THERMOMETRE. Sur quoi il faut remarquer deux Chofes : 1°, que mos propres fenfations, étant un moyen très fautif de juger de Paugmentation (du Tome IF, D E G 763 froid.& du chaud, il eft néceffaire de déterminer cette augmentation par ‘un. inftrument phyfique. Voyez CAVE & CHALEUR. 2°. Que cet inftrument même nous apprend fimplement l'augmentation du froid & du chaud, fans nous apprendre au jufte la proportion de cette augmentation : car. quand le thermometre, par exemple, monte de 30 deprés à 31, cela fignifie feulement que le chaud eft augmen- té, & non pas que la chaleur eft augmentée d’une trente-umieme partie, En effet, fi on prend la chaleur pour la fenfation que nous éprouvons , il-eft im- pofble de déterminer f une certaine chaleur que nous fentons, eft le double, le triple, la moitié , les deux tiers, 6, d’une autre; parce que nos fenfa- tions ne peuvent pas fe comparer comme des nom bres. Si on prend la chaleur pour un certain mouve: ment ou difpoñtion de certaims corps, il eft impoñfi- ble de s’affürer fi les degrés de ce mouvement ou de cette difpofñtion quelconque , fdnt proportionnels au degré du thermometre; parce que l’élévation de la liqueur eft un effet qui peut provenir ou qui pro- vient réellement de la complicationtde plufeurs cau- . fes patticulieres, & de plufeurs agens, dont l’aéion réume octafñonne la chaleur plus ou moins grande; Voyez CAUSE. (0) DEGRÉ, (Hifi, mod.) dans les univerfités, efbüune qualité que l’on confere aux étudians ou membres ;; comme un témoignagne du progrès qu'ils ont fait dans les arts &c les facultés : cette qualité leur donne quelques privilèges, droits, préféances , &c, Voyez UNIVERSITÉ , FACULTÉ, G’c. Les degrés font à-peu-près les mêmes dans toutes les univerfités : mais les regles pour les obtenir, 8 les exercices qui doivent Les précédé, font différens.. Les degres font ceux de bachelier, de licentié, & de dotteur."Nous ne parlerons ici que des formalités en ufage dans l’univerfité de Paris & dans celles d’An- glèterre. - À Paris , après le guirquennium ou tems de cinq années d’études , doht deux ont été confacrées à la Philofophie , & trois à la Théologie , le candidat dé- jà reçu maïtre-es-arts, & qui afpiré au degré de bâche- lier, doit fubir deux examens de quatre heures cha- cun,, l’un fur la Philofophie , l’autre fur.la premiere partie de la fomme de $. Thomas , & foûtenir pen- dant fix heures une thèfe nommée seniarive. S'il la foûtient avec honneur , la faculté lui donne des let- tres de bachelier. On en réçoit én tout tems, mais plus communément depuis la S, Martin jufqu’à P4- ques. Voyez BACHELIER 6 TENTATIVE. | Le degré füivant eft celui de licentié. La licence s’ouvte de deux ans en deux ans , &eft précédée de deux examens pour chaque candidat fur la feconde - &c la troifieme partie de S. Thomas, Ecriture fain- te, & l’hiftoire eccléfaftique. Dans le cours de ces deux: ans, chaque bachelier eft obligé d’afifter à toutes:les thèfes fous peine d'amende , d'y argu- menter fouvent , & d'en foûtenir trois ; dont l’une fe nomme #ineure ordinaire: elle roule fur les facre- mens, &.dure.fix heures. La feconde, qu’on appelle majeure ordinaire dure dix heures ; fa matière eft la. religion; l’écriture-fainte. l’éghfe,.les conciles, & divers points de critique de l’hiftoire eccléfiaftique. La troifieme, qu'on nomme /orbonique, parce qu’on la foûtient toüjours en Sorbonne, traite des péchés, des vertus; des lois, de l’incafnation , 8 de la gras ce ; elle dure depuis fix heures du matin jufqu’à fix du foir: Ceux qui ont foûtenu ces trois aétes & dif- puté aux thèfes pendant ces. denx années, pourvi qu'ils ayent d’ailleurs les fuffrages des doéteurs pré: pofés à l'examen de leurs mœurs & de leur capaci- té, font licentiés, c’eft-à-dire renvoyés du couts d’études, & reçoivent la bénédifion apoftolique du | DDddd 1 764 D E G chancelier de l’églife de Paris. Voyez LICENCE. "Pour le degré de doëleur , le licentié foftient un aéte appellé vefperies, depuis trois heures après midi juf- qu’à fix : ce font des doéteurs qui difputent contre li. Le lendemain , if préfide dans la falle de l’arche- vêché de Paris à une théèfe nommée aulique, ab aulé, ‘du lieu où on la foûtient. Après quoi il reçoit le bon- met de la main du chancelier de l’univerfité; & fix ans après il eft obligé de faire un aéte qu'on nomme re= fumpte ; ceft-à-dire récapirulation de tous les traités de Théologie , s’il vent joiir des droits & des émolumens attachés au doétorat. Voy. Docteur & DocTo- RAT. | Les facultés de Droit & de Medecine ont aufli leurs degrés de baccalauréat, de licence , & de doc- torat, qu'on n'obtient qu'après des examens , des thèfes ; & pour ceux qui fe deftinent à être membres de ces facultés, quant aux fonétions académiques, par l’affiduité & l'argumentation fréquente aux ac- tes publics. Voyez Dro1T & MEDECINE. La faculté des Arts ne reconnoît que deux degrés ; favoir , de bachelier-ès-arts & de maitre-ès-arts, qu'on acquiert par deux examens. Dans les univerfités d'Angleterre , en chaque fa- culté il n’y a que deux degrés ; favoir, cehu de ba- chelier, & celui de doéteur, qu’on appelloit ancien- nement bachelier & maître : & la faculté des Arts n’en admet que deux, qui retiennent encore l’ancienne dénomination, favoir bachelier &C maître. A Oxford , on ne donne les degrés de maître & de dotteur qu'une fois l'an, favoir le lundi après Le fept de lullet ; & l’on fait pour cette cérémonie un aëte folennel. Les frais du do@orat dans toutes les facultés fe montent, tant en droits qu'en repas, à cent livres fferlings ; & ceux de la mañrife ès arts, à vingt ou trente livres, On reçoit ordinairement par an envi- ron cent cinquante docteurs & maïtres. Voy. Doo- TEUR 6 MaAîTRE. On ne donne le degré de bachelier qu'en carême, & l’on en fait ordinairement deux cents par an. Il faut quatre ans d’érudés pour pren- dre le degré de bachelier-ès-arts, & trois de plus, pour prendre celui de maître ës-arts. Voyez BACHE- LIFR. À Cambridge , les chofes font à-peu-près fur le même pié. La difcipline y eft feulement un peu plus févere, & les exercices plus difficiles. L'ouverture de cés exercices , qui répond à l’aéte d'Oxford, fe fat le lundi qui précedele premier mardi de Juillet. On prend les degrés de bachelier en carême, en com- mençant au mercredi des cendres, * Ceux qui veulent prendre le degré de bachelier-ès- arts, doivent avoir réfidé près de quatre ans dans l'univerfté ; &c fur la fin de ce tems , avoir foûtenu des actes de Philofophie, c’eft-à-dire avoir défendu trois queftions, de Philofophie naturelle , de Mathé- matiques , ou de Morale, & avoir répondu en deux différentes occafions aux objeétions de trois adver- faires ; ils doivent aufli avoir argumenté eux-mêmes trois fois. Après cela, lé candidat eft examiné par les maîtres & membres du collège , qui en font le rapport à l’univerfité, & déclarent qu'il fe préfente pour recevoir les degrés dans:les écoles. Il eft enfuite fur les bancs pendant trois fours , afin d’y être exa- miné par deux maîtres-ès-arts députés à cet effet. On ne donne le degré de maître-ès-arts que plus de trois ans’après celui de bachelier. Durant'cet in- tervalle ; le éandidat eft obligé de foûtenir trois dif- férentes fois deux queftions philofophiqües dans les écoles publiques , & de répondre aux objeétions que lui fait un maître-es-arts', 1l doit auf foûtenir deux ates dans les écoles des bacheliers , & déclamer un difcours, T2 | | + Pour pafñer bachelier en Théologie’, il faut avoir DEG été fept ans maître-ès- arts, avoir argumenté deux’ fois contre un bachelier, foftenu un aête de Théo- logie, & prêché deux fois devant l’univerfité, l’'u- ne en latin , & l’autre en anglois. | Pour ce qui concerne le deyré de doéteur, voyez Docteur & DocToraz. Il ne fera pas inutile de faire ici une obfervation en faveur des perfonnes qui confondent ces deux manieres de parler, avoir des grades &t avoir des de grés , qui pourtant fignifient des chofes très - différen- tes. Avoir des grades, c’eft en France avoir droit à cer- tains bénéfices , en vertu du tems des études faites dans une univerfité où l’on a reçà le titre de rraitre- ès-arts ; & avoir des degrés , c’eft être outre cela ba- chelier, ou licentié, ou doëteur. Dans la faculté de Droit, homme gradué & homme qui a des degrés, font des termes fynonymes : c’eft pourquoi l’on appelle gradués les avocats , & autres officiers de judicarure qui doivent être licenries ès lois, pour opiner & juger dans les procès criminels. De même on peut avoir des degrés , & n'être point gradué avec prétention aux bénéfices, comme ces mêmes avocats qui ont les de- grés de bacheliers & licentiés en Droit, fans avoir ne maïtres-ès-arts, Voyez GRADE, GRADUÉ. $ DEGRÉ , (Jurifpr.) Ce terme dans cetté matiere s'applique à plufeurs objets. | DEGRÉ D’AFFINITÉ, eff la difance qu’il y a en tre deux perfonnes alliées par mariage ou par une conjonétion illicite, ou par le facrement de bapté- me , qui produit une affinité fpirituelle. | Les degrés de parenté fe comptent par générations; ce qui ne peut avoir lieu entre alliés, attendu que l’affinité ne {e forme pas par génération, mais elle fuit l'affnité pour la computation des degrés; de forte que tous les parens du mari font tous alliés de la femme au même degré qu'ils font parens du mari, & vice verfà. L’affinité en ligne collatérale empêche le mariage aux mêmes degrés que la parenté , mais le pape en peut accorder difpenfe, F4 2 À l'égard de l’afféniré qui provient d’une conjonc- tion illicite, elle n’empêche le mariage que jufqu’au fecond degré. (4) Eè 7 DEGRÉS'DE COGNATION. Woyez ci-après DE- GRÉS DE PARENTÉ. DEGRÉS DE COGNATION SPIRITUELLE, #oÿyez ci-devant D'EGRÉS D’AFFINITÉ, DEGRÉ DE CONSANGUINITÉ. Voyez ci-après DEGRÉ DE PARENTÉ. : ë DÉGRÉ ÉGAL. Voyez ci après MÊME DEGRE”’.. DEGRÉS DE FIDEICOMMIS. Voyez ci-après DE£ GRÉS DE SUBSTITUTION. DEGRÉS DE SURISDICTION; c’eft la fupériorité qu’une jurifdiéhon a fur une autre. Il y a plufieurs degrés dans l’ordre des jurifdiétions , tant {éculiéres qu'eccléfaftiques. | Il ya, quant au pouvoir, trois degrés de jurifdic: tion feigneuriale , favoir la baffle , la moyenne &tla haute juflice; mais on n’appelle point de la bañle juftice à la moyenne, on va direétement à la haute juftice, ce qui eft une exception à la regle, qui veut que tout appel foit porté par gradation au juge fu- périeut , z0n omiffo medio ; enforte que pour le ref- fort d'appel, & pour parvenir jufqu'au juge royal, il n’y à proprement que deux degrés de juftices fei- gneuriales. La baffle & la moyenne juftice forment lepremier degré, & la haute-juftice le fecond. | Îl y a trois degrés de juftices royales. . "Le premier eft celui des châtelains , prevôts royaux ou viguiers, qui connoiflent des appellations interjettées des fentences des hauts-jufticiers. ‘Le fecond eft celui des baillis, fénéchaux &c pré- . fidiaux , qui connoiflent des appellätions'interjettées LI des fentences des châtelains &prevôts royaux. De- puis quelques années on a fupprimé prefque toutes les prevôtés ou châtellenies royales, dans les villes où 1l y a bailliage royal, afin que dans une même ville 1l n’y eût pas deux degrés de jurifdiétion royale. Le troifieme degré eft celui des parlemens, qui ju- gent fouveranement & en dernier reflort les appel- lations des baillis, fénéchaux & préfidiaux. Dans les matieres que les préfidiaux jugent au premier chef de l’édit , ils font le dernier degré des juftices royales. | Quoique dans certains cas on puifle fe pourvoir au confeil du Raï contre les arrêts des cours fouve- æaines & autres jugemens en dernier reflort, le con- feil ne forme pas un quatrieme degré de jurifdiétion , attendu que les requêtes en caflation ne font point une voie ordinaire, & qu’elles font rarement ad- mifes, Dans certaines matieres dont la connoïffance eft attribuée à des juges particuliers , le nombre des de- gres de jurifdiétion fe compte différemment. Par exemple en matiere d'eaux & forêts, le premier de- gré eft la gruerie, le fecond eft la maîtrife, le troi- fieme eft la table de marbre, & le quatrieme le par- lement. En matiere d’amirauté 1l n’y a que trois degrés , favoir les anurautés particulieres , l’amirauté géné- tale, & le parlement. En matiere de tailles, de gabelles & d’aides , il n’y a que deux dégrés de jurifdiétion ; le premier eft celui des éleétions, greniers à fel , juges des traites foraines, jugesde la marque des fers, rc. le fecond _ eff celui des cours des aides. Pour les monnoies il n’y a pareïllement que deux degrés; {avoir les prevôtés des monnoies, & les cours des monnoies. Dans les matieres où il y a plus de deux degrés de jurifdiétion , on n’obferve pleinement l’ordre de ces degrés que dans les appellations interjettées en ma- tiere civile ; car dans lesmatieres criminelles, quand la condamnation eft à peine affié&ive , lappel des premiers juges reflortit toujours aux cours fupérieu- res, Chacune en droit foi, oiffo medio. Ordonnance de 1670, ft. xx. art. 1. Les appels comme de juge incompétent font auff portés diretement aux cours, oiffo medio. Dans la jurifdi@ion eccléfiaftique il y a quatre degrés ; le premier eft celui de l’évêque ; Le fecond, celui du métropolitain ; le troifieme, celui du pri- mat ; & le quatrieme, celui du pape. Ces degrés de la jurifdition eccléfiaftique doivent toûüjours être gardés ; on ne ya point même par ap- pel devant un juge fupérieur, owiffo medio. Il y a feulement une exception, qui eît le cas d'appels comme d’abus , lefquels font portés direc- tement aux parlemens , chacun dans leur reffort. Quelques évêques & archevêques font foûùmis immédiatement au faint fiége, ce qui abrege à leur égard le nombre des degrés de jurifdiétion. Quand il y a en cour d’églife trois fentences dé- fnitives ue les unes aux autres, on ne peut plus appeller; enforte que fi ces fentences font éma- nées des trois premiers degrés de jurifdiéhon, on w'eft pas obligé d’en efluyer un quatrieme, qui eft celui du pape. (4) Fog | DEGRÉ DE LIGNAGE, eft la même chofe que degré de parenté, fi ce n’eft que le terme de lignage femble exprimer plus particulierement le degré que Von occupe dans la ligne. (4) DEGRÉ , (rréme.) On appelle étre en même degré de parenté ou de fuccéder, lorfque deux perfonnes font toutes deux au premier, fecond, troifieme ou autre degré, relativement à une tierce perlonne; ce qui eft différent de ce que l’on entend par ‘ére en D E G 765 pareil depré, ou en éval degré, Ce detnier cas eft lor{- ue deux perfonnes font en un femblable degré ou éloignement, eu égard à la fouche & à la tige com- mune, comme deux grandes-tantes, deux oncles, deux freres , deux coufins ; au lieu que ceux qui font au même degré, né font pas toûjours en pareil degré. Par exemple, une grande-tante & une coufine germaine font toutes deux au même degré du défunt, tontes deux au quatrieme ; mais elles ne font pas en pareil degré: la coufine eft plus proche que la grande-tante , parce qu’elle trouve plütôt une tige commune, qui eft l’ayeul ; au lieu que la grande- tante ne trouve de tige commune qu’en la perfonne du bifayeul, qui eft d’un degré plus éloïgné que l'ayeul. (4) _Decré DE NOBLESSE eft la diftance qu'il y a d une génération à l’autre, depuis le premier qui a été annobli. Ces degrés ne fe comptent qu’en ligne direéte , afcendante & defcendante ; de maniere que l’annobli fait dans fa ligne le premier degré, fes en- fans font le fecond , les petits-enfans le troifieme, &c ainfi des autres. | I! y a des offices qui tranfmettent la nobleffe au premier degré, c’eft-à-dire qui communiquent la no- bleffe aux enfans de l'officier qui meurt revêtu de fon office, ou qui a acquis droit de vétérance. Tels font les offices de préfidens & confeillers des parle- mens de Paris, de Dauphiné & de Befançon ; ceux du confeil & du parlement de Dombes ; ceux des fénats, confeil$ & cours fouveraines de toute l’Ita- lie ; les offices de fecrétaires du Roi du grand collé. ge ; les offices d’échevins, capitouls & jurats, dans les villes où ils donnent la noblefle. La plüpart des autres offices qui annobliffent celui qui en eft pour- vû, ne tranfmettent la nobleffe aux defcendans de l'officier, qu’au fecond degré , ou, comme on dit ordinairement, patre G avo confulibus ; c’eft-à-dire qu'il faut que le pere &c le fils ayent rempli fucceffi- vement un office noble pendant chacun vingt ans, ou qu'ils foient décedés revêtus de leur office, pour tranfmettre la nobleffe aux petits-enfans du premier qui a été annobli. Pour entrer dans certains chapitres & monaîte- res, & dans certains ordres militaires , tels que ce- lui de Malthe & celui du faint Efprit , il faut faire preuve d’un certain nombre de deorés de nobleffe. Voyez a l’article de ces ordres. (A | DEGRÉ DE PARENTÉ, eft la diffance qui fe trouve entre ceux qui font joints par les liens du fang: La connoïffance des degrés de parenté eft néceflaire pour régler les fuccefions , & pour les mariages. Dans quelques coûtumes, comme en Normandie, on ne fuccede que jufqu’au feptieme degré inclufive- ment; mais fuivant le droit commun on fuccede à linfini, pourvû que l’on puiffe prouver fa parenté, & que l’on foit le plus proche en degré de parenté. Les mariages font défendus entre parens jufqu’aw quatrieme depré inclufivement. Les titres que l’on donne à chacun de ceux qui forment les degrés, font les mêmes dans le droit civil & dans le droit canon, tant en direéte qu’en colla- térale. | En ligne direéte afcendante, les déprés font les peres & meres, les ayeux & ayeules, les bifayeux, trifayeux , quatrièemes ayeux , 8 ainfien remontant de degré en degré. | En ligne directe defcendante, les prés font les enfans , petits-enfans . arriere-petits-enfans, &c. En collatérale, les degrés afcendans font les on- cles & tantes, grands-oncles & grandes-tantes , &c. en defcendant, ce font les freres & fœurs, les neveux êtnieces , les petits-neveux, arriere-petits-neveux, coufins-germains, coufins iflus de germains, coufins 16 MER EC atricre- iflus de sgermains, &c. On défigne ordinai- rement les différentes générations de coufins, en les diftinguant par le titre de couffrs au fecond, trot- 3 _feme 3 quatriere : cinquierne OÙ Jexieme degr En NCe Il y a deux manieres de compter le nombre des degrés de parenté, favoit celle du droit romain, &c -celle du droit canon : la prenuere eft obfervée pour les fueceffions, &c la feconde pour les ma- riages, Fe Jegrés en ligne direéte fe comptent de la mée- me maniere , fuivant le droit civil & le droit canon. On compte autant de deprés qu’il y a de générations, dont on en retranche néanmoins toûjours une ; de orte que de pere & le fils font au premier degré, attendu qu'ils ne font fucceffivement que deux gé- nérations, dont il faut retrancher une pour compter eur degré relatif de parenté. De même l’ayeul & le petit-fils font au fecond degré, parce qu'il y a entre eux trois générations , l’ayeul, le fils, & le petit- fils: le bifayeul & Parriere-petit-fils font par con- féquent au troifieme depré, &c ainfi des autres. Cela .$’appelle compter les degrés par générations ; au lieu qu'il y a certaines matieres où les degrés fe comptent par têtes, comme dans les fubftitutions. La maniere de compter les degrés de parenté en ‘collatérale , fuivant le droit civil, eft de remonter de part & d’autre à la fouche commune de laquelle font iflus les parens dont on cherche le degré; &c l’on ‘compte autant de degrés entr’eux qu'il y a de perfon- nes, à l'exception de la fouche commune, que l’on ne compte jamais ; c’eft pourquoi il n’y a point de pre- mier degré de parenté en ligne collatérale. | Ainfi quand on veut favoir à quel degré deux fre- xes font parens, on remonte au pere commun, &c de cette maniere on trouve trois perfonnes ; mais comme on ne compte point la fouche commune, il ne refte que deux perfonnes qui compofent le fe- cond depré, | Pour connoître le degré de parenté qui eft entre l'oncle & le neveu, on remonte jufqu’à l’ayeul du nevèu, qui eft le pere de l'oncle &c la fouche com- _ mune. On trouve par ce moyen trois perfonnes, fans compter l’ayeul, au moyen de quoi l'oncle & le neveu font an troifieme degré. On compte de même les degrés de parenté entre les autres collateraux , en remontant d’un côté jufqu’à la fouche commune ; & defcendant de-là jufqu’à l’autre collateral, dont on cherche le degré relative- ment à celui par lequel on a commencé à compter. Pour compter les degrés en collatérale , fuivant le droit canon, il y a deux regles à obferver. L’une eft que quand ceux dont on cherche le de- gré de parenté , font également éloignés de la fouche commune, on compte autant de degrés de diftance entr'eux tranfverfalement, qu'il y en a de chacun d’eux à la fouche commune. L'autre regle eft que quand les coilatéraux dont il s’agit, ne font pas également éloignés de la fouche commune, on compte les degrés de celui qui en eft le plus éloigné ; ainfi oncle êc le neveu font parens entr’eux au fecond degré, parce que le neveu eft éloigné de deux degrés de fon ayeul pere de oncle, & ainf des autres collatéraux. Quand on:veut mieux défigner la poñtion de ces collatérauxs on explique l'inégalité de degré qui eft entr’eux, en difant, par exemple, que l’oncle & le neveu font parens du premier au fecond degré, c’eft-à-dire que l’oncle eft diftant d’un degré de la fouche commune, & le neveu de deux degrés, ce qui fait toûjours deux degrés de diftançe entr'eux. (4) Maniere de compter les degrés en directe, fuivant de droit civil 6: canonique, Quatrieme Cinquieme, _ Ayeul, , fi RP È | A Tai” lrOuE uatriemes A | Toy e LA #1 : | Le) # Troifiemes Bifayeuk : FA] M qu ._# a | Seconde ‘À Ayeul. | nl Ge mn} (de) NS Premier degré. fl Pere. | Celui : de cujus. Premier dègré. | Petit-fils. Troifieme. Arriere- petit-fils. Quatrieme, | | Maniere de compter les degrés ex collatérale; *fuivant le droit civil, °AINVONTOSHO ALOHUIG ANOIT a SOUCHE COMMUNE. | À Freres, Sécond degré, RE 7 Le Re pee os Coufins- germains, ; DR el Troifieme degré, SE Confins. iflus dé germain. Quätriéme degré. LE: | rene iflus de germain. Coufins'arriere | Cinquieme degré, L | ) PERRET TRES < « Manicre de compter les degrés en collatérale, Juivant le droit canon, 44 1 y han |SOUCHE, COMMUNE, —— int n , = Fretes. | 15 [1 Premieridegrés à rmaimmapentne-t: of | à Ep | | hoisis ee a cm nn QT Se me Lu" To inCenffss 0 bi: 2aob germains, j in & dcr | Secondiæepré. 4 D LA es SE Ga LEE. K |: HN 4 à PATOT" ! nu =: LA RU RE Res NT à à | Confins 33 pe re L 2114 1 1 F1 72 A] MS'TeS iffus!: MERE ii RE L Sul 664 | de germaine pl C'o, de rl Troifieme degré. CUT — Coufins arriere | "à fus 29 | de germain. Quatrieme degré, | vd | * DEGRÉS DES SUBSTITUTIONS, font les diffé- rentes parties de la durée des fubftitutions , laquelle” fe compte par degrés. Chacun de ceux qui recueil- lent la fubflitution , forme ,ce que lon appelle un degré. elles pouvoient s'étendre à linfint. "L'on en ufoit auffi de même autrefois en France ; mais l’ordonnance d'Orléans , faite en 1560, dé? cida, art. 59. qu'à Pavenir les fubfitutions n’au- roient lieu après deux degrés ; non compris l’inftitu- ton. . , or. : L’ordonnance de Moulins , en 1566, ordonna que les fübftiturions faites avant l'ordonnance d'Orléans, féroient reftraintes au quatrième degré, outre l’infti- tution & préniere difpofition. ‘* Dans les provinces qui ont été réumies à [a Cou- ronne depuis les ordonnances d'Orléans & de Mou- lins , les fubflitutions penvent encore s'étendre à l'infini, comme au parlement de Befançon & dans celui de Pau, & dans les provinces’de Brefle , Bu- gey, Gex & Valromey. L’ordonnance de r629 eft la premiere qui ait dé- terminé la maniere de compter les deprés de [ubffi- cution : elle porte, article 124. qu’ils feront comptés par tête , & non par fouches 8 générations ; en- {orte que plufieurs freres qui ont recueilli fuccefli- vement la fubftitution, rempliffent chacun un degre, On obfervoit néanmoins le contraire au parle- ment de Touloufe. La nouvelle ordonnance des fubftitutions ordonne l'exécution de celle d'Orléans ; 8&c , en conféquence, que toutes fubfhtutions , par quelqu’aéte & en quel- ques termes qu'elles foient faites, ne pourront s’é- tendre au-delà de deux degrés, non compris linfti- tütion ; fans néanmoins déroger à l’ars. 57 de l’or- donnance de Moulins, par rapport aux fubftitutions qui feroient antérieures à ladite ordonnance : ” Que dans les provinces où les fubflitutions au- roïent.été étendues par l’ufage jufqu'à quatre degrés, outre linftitution , la reflriion à deux degrés n’aura lieu que pour l'avenir, & non pour les fubflitutions faites entre-vifs avant la publication de cette-ordon- nance ; ou pat teftament , fi le teftateur eft décedé avant ladite publication : Enfin que c’eft fans rien innover, quant à-pré- fent , à l'egard des provinces où les fubflitutions n'ont pas encore été reftraintes à un certain nombre Les loïs romaines n’avoient point fixé la durée des fidéicommis , que nous appellons /xb/frutions ; | | | folibémol , &c> 1102 15, D E G F6 de degrés, Sa Majefté 1e réfervant d’ypourvoiridans la fuite. (A), 2%, À si LAN ë te n°3 DEGRÉS DE SUCCEDER, 04 DE SUCCESSIONS font les degrés dé parenté qui rendent-häbiletÀ Yxc- céder, Le parent le‘plus proche du défuntengené: ral, Jiccede aux/meubles 80 acquétsgrcelut qui eft le plus proche en degré dans la lignerpatetnelle:;fzcs cede aux: meubles :paternels $. letplüs proche «de: la hpne maternelle; fuccede aux proprés.de aligné ma: ternelle, VoyenAGQUÊTS, MEUBLES, PARENTÉ ; PROPRES, SUCCESSION.: (4): , 121 91 : à DEGRÉ fe dit , es Medecine, endiffiétens {ens. 1! On détermine les degrés de chaleur que doit avoif uh poêle, pour que Pair. ne foit pas trop rarefié) & foit doué des qualités convenablés pour fervitsà: là refpiratiôn.On employe le thermometré pot régler cette chaleur; FYTHERMOMETRE, 6 plis haut DE- noir GRÈS DE CHAUD 6 DE FROID, : : à JUL On déterminieauMiiles dorés de pefanteur dell’at: mofphere ; pour que l'air ait la force nécéflaire pouf dilater les poumons par fon propre poids s äls doi. vent être différens, feloniles différensitempéramens & le différent état des poumons, dans les maladies olce vifcere réfifteplus'ou moins à fadilatation fat le propre reflort de fon tiffu:17'oyez BAROMETRE. ‘One fert du‘barometre pour détérntinerle degré ordinaire de la plus grande où dela moins grande pefanteur de l’atmofphere dans un paÿsyoi io eocx Enfin on emploÿe le ferme de degré; pont déter- muner les différensétats desimalades heëtiques,tans lefquels la caufe dumala fait moinsou plus del pro: grès. On compte troïsdifférens degrés d'heétifiesLorf que la maladie eft parvenne autroifiemé Zegré, elle ef abfolumentincurable; 6. Foÿez At) ATMos- PHERE, CHALEUR; HECTISLE67)9 ur 4 Vs DEGRÉS DE FEU J:(Chim.). Foyez FEU > (Chim:) E MANUEL, ( Chine, ) earbrulys fu xusslyorru3b "DEGRÉ , 62 Mafigue s'éft lardiffétence de pofition où d’élévation qui fetrouve entre:demx notès-pla: cées fur une même portée. Sur la rmêmefione où dans le même efpace , elles font au même desré;'8r elles y feroient encore, Quand mêmelanedés deux feroit hauflée ou baïflée d'un femiston'parune-dièfé ou par un bémol: au contraire, eflesponrroient êtré à l'union’ ; quoique ‘polées furv différensidegtés , comme l’4s bémol 8c lesf naturel," leÿz dièfe &ile Je 31) 33,0 299 941c 4 ( agi 1 © " + -! Si elles fe fiivent diatoniquement ; (de forte! que Pune étant fur ane ligne, Pautre fit dans l’efpace voifin , intervalle eft d’un degré, de deux f elles font à la tierce ,\de trois fi elles-font à la quarte , de fept fi elles font à l’oûave, &c. AIAIAZAV Ainfr en tant r'du nombre exprimé par 18 om de intervalle ; on a toûjours lenombredes prés diatoniques qui féparent les deuxnotesip 2 . 15053 Ces dégrés diatoniques, où fimplement degrés, font encore ‘appellés'deprés conjoints par oppofition aux degrés disjoints qui font compofés de plufieurs deorest conjoints. Par exemple, Fintervalle de feconde eft un degré conoinfi, mais celui de tiercerefliun.e- gré disjoint compofé de deux degrés conjoints ; 182 ainfi des autres: 7. CoNromT 6 Dissomnr; (5) DEGRÉ, (Archiseële) Voyez MARGHES UN Drcré , 1 m,(Fauconneri) c'eftlendroitiyers lequel un ifeaul durant fa montéeou fon élévation tourne la tête & prend'une nouvellélcarfieter, ce’ quon appellé /écond où zroifieme degré ui à ce | qw'onle perde de vüe.: DÉGRÉER 04 DÉSAGRÉER uN VArssEAU » | (Marine. ) c’eft en ôter tous les agrès, On dit qu'ur vaifleau a été dépréé ou défagréé lorfque dans un com- batil a eu fes cordages & les manœuvres coupés & | emportéspar le Canon.: on employe auffi ce motor . qu'on perdquelque paftie Où manœuvre particulière, 768 D EG foit par la tempête, foit par le canon de l’ennemi. On dit dégréé du mât d’artimon ; dépréé du mât d'a- vant , &c(QY. + . | . * DÉGROSSIR , v.a@. fe dit dans plufeurs Arts méchaniques des premieres façons que l’on donne préliminairement à un ouvrage , &t qui le difpofent à d’autres façons qui fe fuccedent &c qui le condui- fent à fa perfedion. Ainfi les ouvriers qui travail lent les glaces, les dégroffiffent d’abord ou débrutif- fent. Voyez DÉBRUTISSEMENT. Les ouvriers qui travaillent le fer, le dégroffiffent avant que de le po- Br; les Coutèliers dégroffiffent les rafoirs fur:la meu- le, 6e. Dé GROSSIR ,.ez terme d'Architeëture, c’eft dans le travail d’un bloc de pierre ou de marbre qu'il s’agit d'équarnir ; faire la premiere ébauche. (P) 7 DÉGROSSIR l'acier , terme d’Aiguillier ; c’eft paf- fer un cylindre d’acier par les différens trous de la filiere jufqu'à ce: qu’il foit parvenu au degré de fi- nefle néceflaire pour en faire des aiguilles. -DÉGROSSIR 04 DÉGROSSER L’OR 6 L'ARGENT. C’eft eri faire: pañler les lingots par les divers pertuis outrousd'une forte de moyenne filiere appellée ras, pour. les réduire à la grofleur d’un ferret de lacet. Le dégroffageï{e fait pat le moyen d’une efpece.de banc fcellé. en:plâtre; qu’on appelle banc à dégroffir, qui eft une efpece de petite argue que deux hom- mes font tourner. | …DÉGROSSIR., serme de Batteur d'or ; qui ifignifie battre Les feuilles d’or où d'argent dans une forte de moule de vélin, appellé peris moule à gaucher. C’eft par cette façon qu'on commence à étendre le mé- tal. Voyez BATTEUR D'OR. LE j Décrossrr, (4/4 Monnoie. ) Lorfque le métal a été fondu en lames , on le récuit;’enfuite on le fait pafler à-travers le premier laminoir , dont les deuxrouleaux ou cylindres, font mûs par des axes de fér ,: paffant à-travers les roues dentées, & font fufceptibles par ce moyen d’une plusgrande aétion : l’efpace des cylindres étant plus confidérable au la- minoir qu'aux autres, il né-fait.que commencer à unir, & préparer la lame à acquérir l’épaiffeur de l’efpece pour laquelle elle eft deftinée. (Voyez La- MINOIR }, & c’eit ce qu’on-appelle la dégroffir. Déérossir , v.a@. (Orfévrerie). c’eft. donner aux métaux leur premier travailen mettant au mar- teau Les pieces d’épaifleur, en corroyant &r épaillant à la lime ou à l’échope les lingots , & les purgeant des impuretés provenues de la fonte. Voyez ÉPAIL- LER. DéGrossir la glace , ( Verrerie) Voyez l'article VERRERIE. DÉGUELLEUX , f. m. ( Hydr.) ce font de gros mafques de pierre ou de plomb dont on orne les caf- cades , & qui vomiflent l’eau dans un baffin. (X) DÉGUERPISSEMENT , £. m. (Jurifprud. ) eft le délaiflement d’un héritage fait par le détenteur à ce- lui auquel il eft redevable de quelque charge fon- ciere , pour s’exempter de cette charge. Loyfeau qui a fait un excellent traité fur cette matiere , trouve dans le caftor un exemple naturel du déguerpiffement & des autres fortes de délaiffe- mens ufités parmi nous : ilLobferve qu'au rapport des anciens, le caftor ou bieyrera cet inftinét, qu’é- tant pourfuivi des chaleurs 8 ne pouvant fe fau- ver par la courfe, il s’arrache avec les dents les gé- nitoires pour lefquelles 1l fent qu’il eft pourfuivi,, à caufe qu’elles fervent à plufieurs médicamens , & qu’en facrifiant cette partie , il fauve le refte & fe garantit de la mort. Pat Le déguerpiflement a quelque rapport avec cette conduite ; ceux qui font pourfuivis pour quelque charge fonciere qu'ils trouvent trop onéreufe , dé- gacrpiffent Vhéritage ; & fe foümettent volontaire- D £ G ment à cette perte pour fe préferver d’une qui feroit | felon eux plus confidérable. On ne doit pas confondre le déguerpiffement avec les diverfes autres fortes de délaiffemens qui ont été | inventées pour fe délivrer de toutes pourfuites, tel- | les que-la ceffion de bien ou l’abandonnement , la renonciation , le défiftement , & le délaiffement par hypotheque. st La ceflion ou abandonnement fe fait de tousbiens fans réferve , & néanmoins elle n’anéantit pas l’o- bligation ; elle-modere feulementles pourfiuites ; la renonciation fe fait à des biens que l’on n’a point encore acceptés ; le défiftement eff d’une chofe qui | appartient à autrui : dans le délaiffement par hypo- | theque, celui qui abandonne fon immeuble en de-. meure propriétaire jufqu’à la vente , & retire le . furplus du prix ; au lieu que-dans le-déguerpiffement | on abandonne dès-lors au bailleur la propriété & la poffeffionide l'héritage que l’on tenoit de lui à | rente. — | Le terme de déguerpiffement vient de l’Allemand | Werp Où gquerp , qui fignifie prifè en poffeffion ; de forte que déguerpiffemens qui eft le contraire fignifie | délaiffement de la poffeffion.. Les ordonnances ont exprimé le déguerpifflement ®) Ve LUN ET ANAL) | par le terme de rezonciation à l'héritage ; quelques coûtumes par celui d’exponfion ;, celle de Paris le nomme déguerpiflement , de même que la plüpart des autres coùtumes, 1 L— . 7 = L . Le déguerpifement » tel que nous le pratiquons ; étoit peu ufité. chez les Romains , d’autant qu'il y : avoit chez eux fort peu de rentes entre particuliers ; ou s’il y en avoit, elles étoient fort petites , & feu- lement pour reconnoiffance du domaine direét, cha- que détenteur n’en étoit tenu qu’à proportion de ce } qu'il poffedoir ; c’eft pourquor il arrivoit rare- | ment qu'il quittât l'héritage pour fe décharger de la | rente. Cependant cette efpece de délaiffement n’étoit pas abfolument inconnue aux Romains, & l’on trouve plufieurs de leurs lois qui peuvent s’y adapter, no- tament la loi rura au code de omni agro déferto, & les lois 3 & 5 cod. de fundis patrimon. où l’on voit que relinquere &c refundere fignifient déguerpir. Les dettes perfonnelles & hypothéquaires ne font point l’objet du déguerpiffement proprement dit ; on . ne le fait que pour fe délibérer des charges foncie- res , foit feigneuriales , ou autres , telles que font le cens ,fur-cens , le champart, terrage agrier , & au- tres redevances femblables ; l’emphitéolfe , les fim- ples rentes foncieres , & de bail d’héritage. On peut aufli par la voie du déguerpiffement fe li- bérer des charges foncieres , cafuelles , êc extraor- dinaires , telles que font les réparations &c entretien de l’héritage , les tailles réelles , & autres impoñi- tions femblables , telles que le dixieme , vingtieme, cinquantieme ; l’entretien du pavé des villes, & de leurs fortifications ; l’impofition pour les bouës & lanternés ; les droits feigneuriaux , ou profits de fiefs , cafuels , & autres charges femblables. L'héritier foit pur & fimple ou bénéficiaire ne peut déguerpir la fuccefion entiere pour fe délibé- _rer des charges à caufe de la maxime /émel heres, fémper heres ; mais il peut déguerpir l'héritage , char- ges, & rentes foncieres ; & par ce moyen ilfe li- bere de la rente. Les autres fuccefleurs à titre univerfel , tels que font les donataires & légataires umiverfels, les feï- gneurs qui fuccedent à titre de confifcation , deshé- rence , ou autrement , peuvent dgaerpir toute la fuccefion , pourvû qu'ils ayent fait inventaire , quand même ils auroient déjà vendu une partie des biens, pourvû qu'ils en rapportent la véritable va leur &c les fruits. | Mais D E G Maïs ce délaiffement univerfel eft plütôt une re- nonciation qu’un déguerpiffement proprement dit, le- quel n’a véritablement lieu que pour les charges fon- cieres dont on a parlé ci-devant. : Tout détenteur en général peut dépxerpir ; cela demande néanmoins quelque explication. Le tuteur ne peut &ouerpir pour fon mineur qu’en conféquence d’un avis de parens omologué en juf- tice. | | Le bénéficier ne le peut faire auf qu’en cas de néceffité , & d’une autorifation de juftice qui ne doit lui être accordée qu'après une enquête de commodo 6 incommodo. Le déguerpiffement du bien de la femme ne peut être fait par le mari fans fon confentement. La faifie réelle de l'héritage n'empêche pas le dé- tenteur de le déguerpir. Le preneur à rente & fes héritiers peuvent auff déoterpir, quand même le preneur auroit promis de payer la rente , & qu'l y auroit obligé tous fes biens ; car une telle obligation s'entend toûjours tant qu'il fera détenteur de l'héritage. : Mais f le preneur avoit expreflément renoncé au déguerpifflement , ou promis de ne point déguerpir, ou qu'il eût promis de fournir & faire valoir la vente, il ne pourroit pas déguerpir ni fes héritiers. Si par le bail à rente il s’étoit obligé de faire quel- que amendement, mme de bäur , planter, 6c. 1l ne pourroit pas déguerpir qu'il n’eût auparavant rem- pli fon engagement. Le déguerpiffement doit être fait en jugement, par- tie préfente , ou dûement appeliée , à moins que ce ne foit du confentement des parties; auquel cas il peut être fait hors jugement. On peut deguerpir par procureur , pourvü que ce- lui-ci foit fondé de procuration fpéciale ; & il ne fuffit pas de figmfier la procuration , 1l faut qu’en conféquence Le fondé de procuration pañle un aéte de déguerpif[ement. Celui qui déguerpit doit fournir à fes frais l’aéte de déguerpiffement ; 1l doit aufli remettre les titres de propriété qu'il peut avoir , finon fe purger par fer- ment qu'il n’en retient aucun. Le détenteur peut dépuerpir, quand même il ne pofféderoit pas tout ce qui a été donné à la charge de la rente: Le preneur même ou fes héritiers qui au- roïent vendu une partie des héritages , pourroient toûjours déguerpir l’autre, pourvû que le déouerpiffe- ment comprenne tout ce que le preneur ou détenteur poffede des héritages chargés de la rente; & en de- guerpiffant ainf fa portion, il eft libéré de la totalité de la rente. L'héritage doit être rendu entier ; d’où il fuit que le bailleur doit être indemnifé des hypotheques & charges réelles & foncieres impofées par Le preneur u autre détenteur. | Lorfque le détenteur a acquis à la charge de la rente, ou qu'il l’a depuis reconnue, 1l eft obligé en déguerpiflant de rendre l’héritage en aufli bon état qu'il l’a reçu, &t d’y faire les réparations néceflai- res, & de payer les arrérages de rente échus de fon tems. Quelques coûtumes veulent encore que celui qui déguerpit paye le terme fuivant ; comme celle de Paris, art. 109. Mais fi le détenteur n’a point eu con- noiffance de la rénte, 1l peut dépuerpir l'héritage en d'état qu'ileft, pourvüque ce foit de bonne foi & {ans fraude, & eft quitte des arrérages, même échus de {on tems, pourvû qu'il déguerpife avant conteftation en caufe; s’il ne déguerpit qu'après la conteftation , il : doit payer les arrérages échus de fon tems. L'effet du déguerpiffement eft qu’à l’inftant le dé- tenteur cefle d’être proprietaire de l’héritage , & que la propriété en retourne au bailleur : mais ce n'eft pas ex anciqué caufä ; de forte que tout ce que Tome IF, | DEH 769 le détenteur a fait comme propriétaire jufqu’au dé. guerpiffement eft valable, comme on l’a obfervé pour les hypotheques & charges foncieres qu’il peut avoir impoñées fur l’héritage , pour lefquelles le bailleur a feulement fon recours contre celui qui a déguerpi. Voyez Loifeau, du déguerpiffement; Bouchel, #ibliosh, au mot Déguerpifl. la coûtume de Paris, arucl, 101 102. 103.104, & 110. & autres coûtumes femblas bles & leurs commentateurs. (4) DEGUISEMENT, TRAVESTISSEMENT, (Syr. Gramm.) ces deux mots défignent en général un habillement extraordinaire, différent de celui qu’- on a coûtume de porter : voici les nuances qui les diftinguent ; il femble que déguifement fuppofe une dificulté d’être reconnu, & que travefhifement {up- pofe feulement l'intention de ne l'être pas, ou mé- me feulement l’intention de s’habiller autrement qu'= on n’a coûtume : on dit d’une perfonne qui eft au bal, qu’elle eft déguifée , & d’un magiftrat habillé en homme d’épée, qu'il eft sravefli. D'ailleurs déguifemenr s’employe quelquefois au figuré, & jamais sravefliffement. (O) DEHARDER, {Vexerie,) quand on veut tenir plufieurs couples de chiens enfemble, on prend des couples particulieres qu’on pafle dans le milieu de celles qui Les uniflent deux à deux ; & quand on veut les remettre par couples de deux à deux, on ôte les couples particulieres dont nous venons de parler & c’eft ce qu’on appelle déharder. + DEHORS , f. m. pl. ez termes de Fortifications , fe dit de toutes les pieces détachées & de tous les tra vaux avancés, qui fervent de défenfe au corps de la place du côté de la campagne. Voyez OuvRAGE & FORTIFICATION. Les dehors, qu’on appelle auffi ouvrages avancés ou détachés , fervent non-{eulement à couvrir la place, mais auf à en tenir l’ennemi éloigné , &c à l’empê- cher de prendre avantage des cavités & élévations qui fe trouvent ordinairement vers la contrefcarpe , dont 1l pourroit profiter pour fe retrancher & poin- ter fes batteries contre la place; tels font les demi lunes , les ouvrages à corne & à couronne. Voyez chacun de ces mots à fon rang. Les plus ordinaires font les demi-lunes , placées fur l’angle flanquant de la contrefcarpe & devant la courtine pour couvrir les portes & les ponts. Woyez RAVELIN 6 DEMI -LUNE, TENAILLON, CONTRE- GARDE , Gc. Charnbers. La pofition &c la figure de tous les dehors eft éta- blie fur les mêmes principes que ceux qui ont donné lieu à la figure de l’enceinte du corps de la place. Il ne doit y avoir aucune de leurs parties qui ne {oit flanquée , foit du corps de la place ou de quel- ques autres parties des dehors voifins ou de l’ouvra- ge même. Îls doivent être conftruits ou placés de maniere que l’ennemi ne puifle pas, après s’en être emparé , s’en fervir avantageufement pour fe cou- vrir &c battre plus arfément les autres ouvrages qui en font proches.Le rempart de la place doit être plus élevé que celui des dehors. Lorfqu’il y en a plufieurs les uns devant les autres, celui qui eft le plus près de la place, doit avoir {on rempart plus bas que ce- lui de la ville de trois piés. Le dehors qui eft immé- diatement avant celui-c1, doit aufhi avoir fon rem- part plus bas de trois piés ; & ainfi de fuite ; enforte que s’il y a trois dehors les uns devant les autres, & que le rempart de la place ait dix-huit piés de hau- teur, celui du premier dehors n’en aura que quinze, celui du fecond douze, & celui du troifieme neuf, Ainfi les dehors les plus près de la place commandent ceux qui en font plus éloignés, & la place comman- de généralement à tous les dehors. À Chaque dehors a toüjours un rempart, un parapet, & un foflé, Le rempart des dehors eft ordinairement bec 2 770 D fe. H de trois où quatre toifes. Pour le parapet, il eft dans les dehors de la même épaifleur qu'au corps de la place. Les foffés des dehors ont dix ou douze toifes de largeur ; ils font arrondis vis-à-vis Les angles flan- qués ou faillans. Lorfqu’on conftruit un plan auquel on veut ajob- ter des dehors, l'enceinte de la place étant tracée an crayon avec fon foflé, il ne faut point y marquer le chemin couvert, mais conftruire les dehors aupara- vant, & y ajoûter le chemin couvert enfuite, qui eft comme l'enveloppe de toutes les fortifications. Au refte, quoique les dehors ayent plufieurs uti- lités, leur grand nombre dans une place peut être fujet à plufieurs inconvéniens : il faut des armées pour les défendre pié à pié, & faire payer chere- ment leur prife à l’ennenu; autrement 1l s’en empare fans obftacles , ou du moins leur défenfe ne peut être foûtenue autant qu’elle pourroit l'être. Il fuit de-là qu’on doit les proportionner à l'importance des pla- ces, aux garnifons qu’elles peuvent avoir, &c aux munitions dont on croit pouvoir les approvifionner. Q < 2 ORS, ettre un vaiffeau dehors, (Marine) c’eft le faire fortir du port lorfqu'il eft équipé &c en état de faire le voyage pour lequel il eft deftine. Lorfqu’un navire eft affreté du confentement des propriétaires , & que pour le mettre dehors ils refu- {ent de donner leur contingent pour les frais nécef- faires ; alors Le maître peut emprunter à groffe aven- ture pour le compte & fur la part de ceux qui font refus de donner les fommes auxquelles ils font en- gagés pour cet armement, & ce, vingt-quatre heu- res après leur en avoir fait la demande & la fomma- tion par écrit. (Z) DEHORS, cerme de Manege , c’eft le côté oppofé à celui fur lequel le cheval tourne; fi le cheval tour- ne à droite, toutes les parties gauches du cheval &z du cavalier, comme les hanches , la main, l’épau- le, &c. font les parties de dehors; enfin c’eft loppofé de dedans. Voyez DEDANS , MURAILLE. Le quartier de dehors du pié, voyez QUARTIER. (7) DEICIDE, £. m. (Théolog.) On ne fe fert de ce mot qu’en parlant de la mort à laquelle Pilate & les Juifs condamnerent le Sauveur du monde. Ce mot eft formé de Deus, Dieu, & cædo, je tue. Deicide fignifie mort d’un homme-Dieu , comme homicide le meur- tre d’un homme, parricide, celui d’un pere, & autres femblables compofés. Cependant c’eft comme hom- me, & non comme Dieu, que le Chrift eft mort. (G) DÉJECTION, f. f. fe dit, er Medecine, de l’éva- cuation des excrémens par l'anus : on appelle aufli très-fouvent de ce nom les matieres mêmes éva- cuées. Il fe préfente à ce fujet plufñeurs chofes à confi- dérer : 1°. l’aéion ou la fonétion par laquelle cette évacuation fe fait naturellement : 2°. les dérange- mens de cette fonction : 3°. la nature des matieres fécales dans l’état de fanté : 4°. les changemens qu’- elles éprouvent dans les maladies, & les prognoftics que l’on peut en tirer. I. Les excrémens évacués par Le fondement dans l’état naturel, ne font autre chofe que le marc des alimens, & les parties les plus groflieres des fucs di- geftifs qui ont fervi à leur diflolution & à l’élabora- tion du chyle ; celles-ci font en petite quantité : Les alimens ne peuvent être tirés que du règne végétal ou du regne animal : ils font donc des corps ou des portions de corps compofés de différens canaux , conduits ou vaifleaux , qui contiennent des fluides , des fucs de différente efpece. Par Les diverfes prépa- rations qui s’en font, {oit au-dehors foit au-dedans du corps, avant que d’être convertis en fuc alimen- taire , il n’en réfulte autre chofe qu’une divifion des parties contenantes & une effufñion des contenues, qui font enfuite broyées , diffoutes , mêlées enfem- ble : tout cela fe fait par le concours de différentes puiffances méchaniques & phyfques. Voyez DIiGES- TION. La matiere alimentaire ayant été digérée par l’a- tion de ces puiffances dans la bouche, dans l’efto- mac, & dans les inteftins grêles, a été exprimée & a perdu la plus grande partie de la fluidité qu’elle avoit acquile par le mêlange des fues diffolvans, par la diflolution qui en a réfulté , par la divifion des fo- lides atténués au point d’être convertis en flnides ; prefque tout ce qui a pù pénétrer les pores des vei- nes laétées , a été exprimé des parties reftées grof- fieres, enforte que le réfidu, qui n’eft qu’un com- pofé de folides rompus, déchirés , qui ont réfifté à une divifion ultérieure, continue à avancer dans le canal inteftinal par le mouvement périftaltique des gros boyaux, {avoir le cecum, le colon, & le recfurre fucceffivement de l’un à l’autre. Les tuniques de ces . organes, plus fortes que celles des inteftins grêles, attendu quelles font deftinées à agir fur des matie- res plus réfiftantes , expriment de plus en plus le marc des alimens qu’elles contiennent, ce qui ache- ve la féparation du peu de chyle qui y reftoit, qui eft abforbé par les veines laétées qui répondent à leur cavité en petit nombre, attendu qu'il y a peu de chyle à recevoir. De cette maniere, la partie fécale des alimens parvient enfin à l’extrémité dt canal inteftinal , qui eft enduit d’une matiere muqueufe dans toute la lon- gueur des gros boyaux, fur-tout pour en faciliter le tranfport {ur des nr elifantes. Les excrémens s'arrêtent dans la partie du reum la plus voifine de Panus, & s’y placent fucceflivement: ils y font re- tenus par le fphinéter de l’anus, dont les fibres or- biculaires tendent à refter toûjours-en contraétion , & à fermer par conféquent le bout du canal, qui eft entouré d’un tiflu cellulaire rempli de graifle, pour en faciliter la dilatation par un plus grand amas de matiere, & pour empêcher qu'il ne foit froiflé con- tre les os voifins, Le féjour qu’elles font dans cette efpece de cul-de-fac, expofées à la chaleur &r à Phu- midité , impregnées des parties les plus âeres &c les plus grofieres de la bile, les difpofe à fe corrompre d'autant plus qu’elles font arrêtées plus long tems : il s’y excite un mouvement inteftn de putréfation qui en divife de plus en plus les parties vifqueufes. Les particules d’air qui s’y trouvent enchainées fe développent ; étant unies elles recouvrent leur élaf- ticité, elles fe raréfient, gonflent les boyaux, font réprimées , mifes en mouvement vers les endroits où elles trouvent moins de réfiftance , d’où réfultent les bruits d’entrailles, qu’on appelle borborigmes , && les vents qui fortent du derriere avec ou fans bruit, felon qu'ils font plus ou moins forcés de fortir. Foy. BORBORIGME, PET. Ce qui vient d’être dit des ex- crémens dans le relum, doit aufñ s’entendre de toute la longueur des gros boyaux, felon que la matiere y eft plus où moins retenue dans les intervalles des valvules, qui forment comme autant de poches , d’où elle fort plus difficilement, à proportion qu’elle eft d’une confiftance plus épaifle, plus defféchée. La mafle fécale compofée de matieres très-difpe- fées à fe pourrir, armées des parties groffieres de la bile, fur-tout de celle de la véficule du fel la plus épaifle & la plus âcre, qui y font mêlées, étant, avec ces qualités, dépofée dans le rectum, cauie en- fin par le volume & par l’acrimome qu’elle y con- trade ultérieurement , une irritation dans les tuni- ques mufculeufes de cette portion du canal intefti- nal, qui par leur forte contraétion dans toute {on étendue , en reflerrent la partie fupérieure , tandis que par une comprefhion redoublée elles forcent les matieres contenues, qui ne peuvent pas retrograder, DEJ à fe porter vers l’orifice du reum ou l’anus, dont le fohinéter, qui ne peut oppofer que l’élafticité de fes fibres , n'offre par conféquent qu’une foible réfif- tance ; ainfi les excrémens preflés de toute part font pouflés vers cet orifice : le diaphragme & les muf- clés abdominaux, d’antagoniftes qu’ils font ordinai- rement , deviennent congeneres pour concourir auf à l’expulfion des matieres fécales , fur famment exprimé par ces termes, dans les delais de l'ordonnance. (4) DELAI PEREMPTOIRE , eft la même chofe que délai fatal, c’eft-à-dire celui qui eft préfix, & non pas fimplement comminatoire. La plüpart des délais font péremptoires : 1l y en a cependant qui peuvent être prorosvés en connoiflance de caufe , quand il ne s’agit pas d’une matiere de rigueur. (4) Dezar , terme d'Horlogerie, Voyez PIGNON DE DELAI. DELAISSEMENT , f. m. (Jurifpr.) fignifie l’a. bandonnement de quelque chofe, comme le délaifz fément d’un héritage, & même le délaiffemenr d’une perfonne. On dit dans certaines provinces , qu’ure femme ef? délaiflée d'un tel fon mari: ce qui ne fignifie pas que fon mari lait quittée,mais qu’elle eft veuve, On diftingue cinq fortes de délaiffement de biens ; favoir la cefion des biens, qui eft un délaiffement univerfel que le débiteur fait à fes créanciers ; la renonciation à une fucceffon , ou à unie communaus té de biens ; le defiftement d’un hérirage ; le déguer. piflement ; & le dé/aiffément par hypotheque. Plu- fieurs de ces différentes fortes de dé/aiffemers {ont déjà expliquées çi- devant; les autres le feront en eur lieu. 1] ne s’agit plus ici que d'expliquer le der- nier de ces délaffemens. (4) DELAISSEMENT PAR HYPOTHEQUE , eft Paban- donnement d’un immeuble, fait par celui qui en ef, propriétaire, à un créancier anquel cet héritage eft hypothéqué , pour fe libérer des pourftites de ce ; créancier. | ln Cette efpece d’abandonnement differe du défifte- ment, lequel fe fait d’un héritage qui appartient à autrui. Il différe aufli en plufieurs manieres du dé- guerpiffement : 1°. en ce que celui-ci n’a lieu que pour les charges & rentes foncieres ; au lieu que le delaiffement ne {e fait que pour de fimples hypothe- ques & rentes conftituées : 2°. le déguerpiffement fe fait au profit du bailleur de héritage, le déZaiffe- ment à un fimple créancier hypothécaire: 3°. le dé- guerpiflement fe fait pour éviter l’ation perfonnelle écrite iz rem ; le délaifflement pour exécuter & ac- complir la condamnation de laétion hypothécaire : 4°. celui qui déguerpit quitte non-feulement la pof- feflion , mais aufli la propriété de l'héritage ; au lieu - que celui qui délaiffe quitte feulement la poffeffion , &t demeure propriétaire jufqu’à ce que l'héritage foit vendu par decret: enfin celui au profit de qui le dé- guerpifement eft fait, peut accepter & garder l’hé- ritage ; au lieu que celui à qui on fait un délaiffe- ment par hypotheque , ne peut prendre l'héritage pour lui fans formalité de juftice ; s’il veut être payé, 1l faut qu'il fafle vendre l'héritage par decret, & alors il peut s’en rendre adjudicataire comme feroit un étranger. Ce délaiffement avoit lieu chez les Romains. En effet il paroït que c’étoit-là l’objet de laëtion hypo- thécaire, en laquelle on concluoit wr poffeffor rem pi- gaoris jure dimittat ; maïs il fe pratiquoit autrement qu’on ne fait parmi nous. Comme il n’y avoit point alors de rentes conffituées à prix d’argent, Les de- tenteurs d’héritages hypothèqués étant pourfuivis pour quelque dette hypothécaire à une fois payer, n’offroient pas d'eux-mêmes de délaïffer l'héritage comme ils font aujourd’hui, pour fe libérer des ar- rérages de la rente, & pour éviter d’en pañer titre nouvel; leffet de l’ation hypothécaire étoit feule- ment qu'ils étoient condamnés à délaiffer Phéritage, non pas pour être régi par un curateur, comme on fait parmi nous , mais pour en céder la poffeflion au créancier hypothécaire qui en jotiffoit par fes mains jufqu'à ce que la dette eût été entierement acquit- tée. | Le détenteur d’un héritage qui eft pourfuivi hy- pothécairement, n’a pas befoin de déguerpir l’hé- ritage, parce que ce féroit l’abandonner entiere- ment & fans retour ; il lui fuffit d'en faire le déaif- fément pour être vendu fur un curateur, attendu que s’il refte quelque chofe du prix de la vente après les dettes payées, c’eft le détenteur qui en profite. Si l’aétion hypothécaire n’eft intentée que pour une forme à une fois payer , 1l n’eft pas de Pinté- rêt du détenteur d’aller au-devant du créancier , & de lui faire le délaiffèment; il peut attendre que le créancier fafle faïfir l’héritage. Mais lorfqu'il s’agit d’uné rente , & qu'il ne veut ni en payer les arrérages , ni pañler titre nouvel , en ce cas il eft plus à-propos qu'il fafle le de/aiffe- ment de héritage. L'effet de ce délaiffement eft de libérer le détenteur des pourfuites du créancier hypothécaire , à moins que ce détenteur ne fût obligé perfonnellement , ou ‘héritier de l’obligé, ou qu'il ne fût encore bien-te- nant, C’eft-à-dire détenteur de quelque autre héri- ‘tage hypothéqué à la dette ou rente confhituée; car comme d’hypotheque eft roca in 110 € tota in quali- bet parte , 1l fuffit que le détenteur poflede encore la moindre portion des héritages hypothéqués au DEL. créancier , pour que Le dé/aiffement qu’il fait du fur- plus ne puifle le libérer. Il eft indifférent pour le dé/aiffement qui fe fait par rapport à des rentes conftituées,que cesrentes ayent été créées avec aflignat ou non, attendu que lafi- gnat ne rendant point ces rentes foncieres, c’eft toù- jours le délaiffement , 8 non le déguerpiffement que le débiteur doit employer pour fe libérer. | Celui qui fait le délaiffement ne quitte, comme on l'a déjà dit, que la pofeffion de l'héritage, & en demeure toüjours propriétaire jufqu’à la vente par decret ; tellement que jufqu’à l’adjudication , il peut reprendre fon héritage en payant Les fommes ExIp1- bles, & s’il s’agit de rentes , en payant les arréra- ges & pañlant titre nouvel ; & fi après la vente par decret, le prix qui en eft provenu n’étoit pas en- tierement abforbe , le reftant du prix appartiendroit à celui qui a fait le délaiffement, &c lui feroit pré- compté fur le prix de fon acquifition , & fur les dommages & intérêts qu'il pourroit avoir à répé- ter contre fes garans. | On ne peut plus pourfuivre la vente de l’hérita- ge fur celui qui en fait le dlaiffement ; 1l faut y faire créer un curateur, fur lequel le créancier fait faïfir réellement l'héritage, & en pourfuit la vente. Les hypotheques, fervitudes , & charges foncie: res impolées fur l'héritage par le détenteur, demeu-. rent en leur force jufqu’à la vente; de forte que fes créanciers perfonnels peuvent y former oppofñition,, & doivent être colloqués dans l’ordre qui fe fait du prix de ladjudication : ce qui diminue d’antant le recours qu'il peut avoir contre fes garans. l Le détenteur de l'héritage peut lui-même former oppofñtion au decret de l'héritage, qu'il a délaiflé pour les hypotheques, fervitudes , & charges fon- cieres , qu'il avoit à prendre fur cet héritage avant de lavoir acquis, la confufion de ces droits ceffant par le moyen du déaiffement par hypotheque. Ce délaiffement opérant une véritable évi&ion., le détenteur a fon recours contre fon vendeur, tant pour la reftitution du prix, que pour fes dommages & intérêts ; il a même en ce cas deux avantages : l'un eft que s’il avoit acheté l'héritage trop cher, ou que depuis fon acquifition il eût diminué de prix, il ne laïfle pas de répéter contre {on vendeur le prix entier qu'il lui a payé, quand même l'héritage dé: laïffé feroit moins vendu par decret: l’autre avanta- ge eft que fi au contraire l’héritage délaïfé eft ven- du par decret à plus haut prix que le détenteur ow fes auteurs ne l’avoient acheté, celui qui a fait le délaiffëment eff en droit de répéter contre fes garans le prix entier de l’adjudication; parce que s’il n’eût point été évincé , il auroit pü faire une vente vo- lontaire de l'héritage, dont le prix auroit été au moins égal à celui de l’adjudication. Mais pour que le détenteur ait ce recours contre fon vendeur, 1l faut qu'avant de faire le Zé/aiflemens par hypotheque , il ait dénoncé à fon vendeur les pourluites faites contre lui pour les dettes & hypo- theques de ce vendeur, & que celui-ci ne lui ait pas procuré fa décharse ; car fi le détenteur avoit atten- .du trop tard à dénoncer les pourluites à fon ven- deur , 1l auroit bien toûjours fon recours pour la portion du prix qui auroit fervi à acquitter les det- tes du vendeur, mais du refte il n’auroit point de dommages & intérêts à prétendre. Il en feroit de même fi le délaiffement par hypo- theaue n’avoit été fait au’après que l'héritage étoit q qu apres q £ faifi réellement pour les dettes perfonnelles du-dé- tenteur, quand même les créanciers du vendeur auroient par l’évenement touché feuls tout le prix de lPadjudication , il n’y auroïten ce cas de recours contre lui que pout ce qui auroit té payé en for acquit fur le prix de l'héritage délarfé, | Le DEL . Le délaiffement par hypotheque n’opere point feul de mutation de propriétaire, & ne produit point de droits feigneuriaux : ce n’eft que la vente par decret qui eft faite après le déluifférmere. L’acquéreur qui a fait des impenfes & améliora- ions en l'héritage , ne peut pas pour cela fe difpen- fer de le délaifler , s’il ne veut pas reconnoitre & payer les dettes ; mais il peut s’oppofer afin de con- ferver au decret de l’héritage , afin de répéter la va- leur de ces impenfes. Voyez Le tr. du dépuerpiflement de Loyfeau, Zv. IF. ch, 1j. & liv, VI. ch. vi à (A) DÉLAISSEMENT , DÉLAISSER , ABANDONNER, termes ufités e7 fais de Cornmerce maritime par rapport aux aflürances, & dont on n’a point parlé à cet ar- ticie. Le délaiffement eft un afte par lequel un mar- chand qui a fait affürer des marchandifes fur quel- que vaifleau dénonce la perte de ce vaiïffeau à laf- füreur , & lui aéandonne les-effets pour lefquels Paf- fürance a été faite , avec fommation de lui payer la forme aflürée, Ce qui regarde le délaiffement & les formalités à | obferver dans ce cas, fe trouve reglé par lordonnan- ce de la Marine de 1681 , au sitre WI, du troifieme livre. ‘ Lorfque l’affüré a eu avis de la perte du vaifleau où des marchandifes qu’il avoit affürées, foit par l'arrêt du prince ou autres accidens, il fera tenu de le faire fignifer à fes aflüreurs , avec proteftation de faire fon déleiffemenr en tems & lieu. [l peut cepen- dant au lieu de proteftation faire fon délaiffement tout de fuite, avec fommation aux afidreurs de lui payer les fommes aflürées dans les tems portés par la poli- ce d’aflurance. -_ Si le tems du payement n’eft point porté dans la police, Paflüreur fera tenu de payer laffürance trois mois après la fionification du délaiffément. En cas de naufrage ou échouement, l’affüré pour- ra travailler au recouvrement des effets naufragés, fans préjudice du délaiffement qu'il pourra faire en tems & lieu , & du remboutrfement de fes frais, dontil fera crû fur fon affirmation jufqu’à concur- rence de la valeur des effets recouvrés. Le délaiffement ne pourra être fait qu’en cas de prie, naufrage, bris, échouement , arrêt du prin- ce, ou perte entiere des effets aflürés. Les délaiffemens 8 les demandes en: exécution de la police feront faites aux aflüreurs dans fix fe. maines après la nouvélle des pertes arrivées aux cô- tes de [a mêmeprovince où l’aflürance aura été faite & pour celles qui arriveront en une autre provin- ce duroyaume dans trois-mois ; pour-les côtes d’An- gleterre , Flandres, Hollande, dans quatre mois; pour les autres parties de l’Europe & de la Barbarie, -dans un an ;-pour les côtes de l'Amérique, d’Afe, & d'Afrique, dans deux ans ; & le tems pañé, les aflürés ne feront plus recevables en leur demande. - En cas d’arrêt de prince , le délaiflement ne pourra être fait qu'après fix mois fi les effets arrêtés {ont en Europe ou en Barbarie, & après une année f c’eft en pays plus éloigné. Si les marchandifes ar- rêtées {ont périflables . le délaiffement en pourra être fait après fix femaines fi elles font arrêtées en Eu- rope, & trois mois pour les pays plus éloignés. S1 le vaifleau étoitarrêté en vertu.des ordres du roi dans un ges ports du royaume avant le voyage commencé , on nc pourra faire de délaiffèmenrt. Un navire affüré dont on ne reçoit aucune nou- yelle un an après fon départ pour les voyages ordi- naires , & deux ans pour les voyages de lons cours, peut être regardé par le propriétaire comme perdu, it en conféquence il peut en faire le délaiffement à 1s affüreurs & leur demander payement , fans qu’il foit befoin d'aucune atteftation de la perte ; à après le délaifèment fignifié , les effets aflürés appartien- Tome IF, D EE CES diont à Pafflireur , qui ne pourra fous prétexte du retour du vafleau fe difpenfer de payer les fom- mes affürées. Comme le d//affément eft un article impoftant , on a crû devoir le développer dans tout {on entier, ( Z,) | DELAL, f. m. ( Commerce. ) nom que les Perfans donnent à certaines perfonnés qui agiflent pour eux dans l'achat & dans la vente de leurs marchandifes. C’eit ce que nous appelons courtiers , faéleurs ; com- mifféonnaires, Foyer COURTIER, &c. Voyez les dif, du Comm. & de Trév. (G) DELARDEMENT , £. m. coupe des pierres & des bors , eft pour les pierres la même chofe que le dé- billardement pourles bois ; ile dit paiticuherement de l’amaigriflement que l’on faitau-deffous des mar- à pour former l'intrados d’une rampe d’efcalier. * DÉLATEURS!, £. m. pl. ( Hit. anc. ) hommes qui s’avilirent fous les empereurs jufqu'à devenir les accufateurs , ou déclarés , ou fecrets, de leurs concitoyens. Les tyrans avertis par leur confcience qu'il ne pouvoit y avoir de füreté pour eux au mi- leu des peuples qu'ils opprimoient , crurent que le feul moyen qu'ils avoient de connoître les périls dont ils étoient environnés , & de s’en garantir , c’é- toit de s'attacher par l'intérêt & par l'ambition , des ames viles qui fe répandiflent dans les familles en furpriflent les fecrets, & les leur déféraflent ; ce qui fut exécuté, Les délareurs commencerent par {a- crifier leurs ennemis: leur haine fatisfaite , ils fon- gerent à contenter leur avarice ; ils accuferent les particuliers les plus riches , dont ils partagerent la dépouille avec l’homme fanguinaire & cruel qui lès emplovyoit. Ils confulterent enfuite les frayeurs incertaines & vagues du tyran; & les têtes mal- heureufes fur lefquelles fes allarmes s’arréterent un moment ; furent des têtes profcrites, Lorfque les 42: lateurs eurent dévafté la capitale, exterminé tout ce qu'il y avoit d’honnêtes gens, & fatisfait les paffions des empereurs & les leurs, ils fe vendirent aux paf- fions des autres ; & celui qui étoit emibarraflé de la vie d’un homme , n’avoit qu’à acheter le crédit d’un délatenr. On leur avoit accordé la hnitieme & même la quatrieme partie des biens de l’accufé ; ils en furent appellés qguadruplatores. Néron les paya moins, fans doute pour engager un plus grand nom- bre. Antonin le pieux en fit mourir plufieurs ; d’au- tres furent battus de verges , envoyés en exil, ou mis au rang des efclaves : ceux qui échaperent à ces châtimens , échaperent rarement À l’infamie. Les bons princes n’ont point eu de dé/areurs. Voyez Tacite ; voyez auffr l'article fuivanr, & CALOMNIE. | DÉLATEUR , (Jurifprud. ) eft celui qui dénonce à la juftice un crime ou délit , & celui qui eñ eft l’auteur , foit en le nommant, ou le dé De de quelque autre maniere , fans fe porter partie cis vile. La qualité de délateur &t celle de dénonciäteur font dans le fond la même chofe ; il femble néane moins que la qualité de dé/areur s'applique fingnlie- rement aux dénonciations les plus odieufés : en France on ne fe fert que du terme de dénonciarenr : mais comme ce qui eft reglé dans le droit pour les délateurs a rapport aux dénonciateuts, nous expli- querons ici ce qui fe trouve dans les loïs contre ces fortes de perfonnes , tant fous la qualité de délareurs que fous celle de dénonciateurs : au parlement de Provence on les appelle zrfioureurs. Les lois romaines difent que les défateurs font la fonétion d’accufateur ; ren effet , ils accufent le coupable: on diffingue néanmoins dans notre ufa- ge les délareurs &c dénonciateuts d’avec les accufa- teurs proprement dits. Le délateur , où dénonciateur , eft celui qui fans FF£fFf 775 DEL être intéreflé perfonnellement à [a vengeance du crime, le dénonce à la juftice qui fait feule la pour- fuite ; au lieu que l’accufateur eft celui qui étant in- téreflé à la vengeance du crime en rend une plainte à la juftice, & en pourfuit la réparation pour ce qui le concerne comme partie civile. Il y a toûjours eu des délareurs , & leur conduite a été envifagée différemment felon les tems. Les plus fameux délateurs qui font connus dans l’hiftoire , font ceux qui fe rendoient dénonciateurs du crime de léfe - majefté ; ils avoient le quart du bien des condamnés. Cneius Lentulus, homme qualifié, fut accufé par fon fils. Caïus permit aux efclaves d’accufer leurs maîtres, Claude au contraire défendit d'écouter même les affranchis. Galba fit punir les délateurs efclaves ou libres. Ils furent pareïllement punis fous l’empereur Ma- crin : les efclaves qui avoient accufé leurs maïîtres étoient mis en croix. Conftantin par deux loix faites en 312 & en319, défendit abfolument d'écouter les delareurs | & or- donna qu'ils feroient punis du dernier fupplice. Les chofes furent reglées tout différemment par le code Théodofien ; car outre-les dénonciateurs particuliers qui étoient autorifés , 1l y en avoit de publics appellés curioff 6 ffationari ; on y voit auff qu'il y avoit des gens qui'fe dénonçoient eux-mé- me pour avoir la part du dénonciateur. Suivant les lois du digefte & du code , les déla- teurs étoient odieux ; & le nom en étoit honteux tellement que c’étoit une injure grave d’avoir à tort traité quelqu'un de délateur. Les efclaves ne pouvoient accufer leurs maîtres, ni les affranchis leurs patrons ; ceux qui contreve- noient à cette loi devoient être pumis. Le patron qui avoit accufé fon affranchi étoit ex- clus de la poffeflion de fes biens. Cependant les délareurs non-feulement étoient autorifés, mais il y avoit plufieurs cas dans lefquels il n’étoient point réputés infâmes ; c’eft ce qu'expli- que la loi 2 au digefte de jure fifi ; c’étoient ceux qui ne s’étoient point rendus dénonciateuts par aucun efpoir de récompenfe ; ceux qui avoient dénoncé eur ennemi pour en obtenir réparation , où qui avoient eu pour objet l'intérêt public ; enfin ceux qui avoient été obligés de faire la dénonciation à caufe de leur miniftere , ou qui lavoient faite par ordonnance de juftice. L'empereur Adrien avoit même décide que celui qui avoit des titres nécefaires à la caufe du fifc, & ne les repréfentoit pas, quoiqu'il püt le faire , étoit coupable de fouftration de pieces. En France les délateurs ou dénonciateurs font regardés peu favorablement ; ils font néanmoins autorifés , tant en matiere criminelle qu'en matiere de police , & de contravention aux édits & décla- rations concernant la perception des deniers pu- blics , ou pour les contraventions aux ftatuts & re- glemens des Arts & Métiers. Dans les matieres de contraventions, les reglemens attribuent au dénonciateur une portion des amendes & confifcations. Lors de la chambre de juftice établie en 1716, les dénonciateurs furent mis fous la proteétion & fauve-sarde du roi par un arrêt du confeil du 20 Oc- tobre de la même année , qui prononçoit peine de mort contre ceux qui pourroient les intimider ; me- nacer , fequeftrer , féduire, & détourner. Il y a parmi nous deux fortes de dénonciateurs, les uns volontaires , les autres forcés : les premiers font ceux qui fe portent volontairement à faire une dénonciation fans y être obligés par état ni par au- D E EL cune loi : les dénonciateurs forcés font ceux qui par état font obligés de dénoncer les délits dont ils ont connoïffance ; tels font les fergens-foreftiers, le mefliers , & autres prépofés femblables , qui pré- . tent même ferment à cet effet. Il y a aufli certain cas où la loi oblige tous ceux qui ont connoïflance d’un crime à le dénoncer, comme en fait de crime de léfe- majefté humaine ; ce qui comprend toutes les conf- ‘ pirations faites contre le roi ou contre l’état, Celui qui auroit connoïffance de ces fortes de crimes , &c ne les dénonceroit pas , feroit puniffable aux termes des ordonnances. Il y a néanmoins certaines perfonnes qui ne font pas obligées d’en dénoncer d’autres , comme la ferm- me à l'égard de fon mari & vice versé , le pere à l’é- gard de fon fils, & le fils pour fon pere. On ne doit recevoir aucune dénonciation de la part des perfonnes notées d’infamie , c’eft-à-dire que le mimfterepublic ne doit point affeoir une pro- cédure fur une telle dénonciation ; il peut feule- ment la regarder comme un mémoire, &c s'informer d’ailleurs des faits qu’elle contient. L’ordonnance criminelle veut que les procureurs du roi & ceux des feigneurs ayent un repiftre pour recevoir & faire écrire Les dénonciations, qui feront circonftanciées & fignées parles dénonciateurs;finon aw’elles foient écrites en leur préfence par le gref- fier du fiége qui en fera réception : il n’eft pas per- mis de faire des dénonciations fous des noms em- pruntés, comme de Titius & de Mœvius ; 1l faut que le dénonciateur fe fafle connoîitre. Les dénonciateurs dont la déclaration fe trouve mal fondée , doivent être condamnés aux dépens, dommages & intérêts des accufés, &c à plus gran- de peine s’il y échet : s’il paroît que la dénoncia- tion ait été faite de mauvaiïle foi, par vengeance, & à deflein de perdre l’accufé , Le dénonciateur doit être puni comme calomniateur. Celui quine feroit plus recevable à fe porter par- tie civile, parce qu'il auroit tranfigé avec l’accu- fé , peut encore fe rendre dénonciateur. Si le dénonciateur fe défifte de fa dénonciation 3 il peut être pourfuivi par l’accufé pour fes domma- ges & intérêts ; ce qui eft conforme à la difpoñition du fénatufconfulte Turpillien , dont il eft parlé au, digefte , Zy. XLVIIL. ris. xvj. & au code, Liv. IX. tir, xy, | Les procureurs généraux , les procureurs du roi, & procureurs fifcaux , font tenus en fin de caufe de nommer leurs dénonciateurs à l’accufé lorfqu'l eft pleinement déchargé de l’accufation , mais non pas s’il eft feulement reçu en procès ordinaire ; on ren- voie à la charge de fe repréfenter toutes fois & quan- tes. Si le procureur du roi ou fifcal refufoit de nom- mer fon dénonciateur au cas qu'il en ait eu quel- qu’un , il feroit tenu perfonnellement des domma- ges & intérêts & dépens des accufés ; mais le mr niftere public peut rendre plainte d'office fans dé- nonciateur. Quoique le regiftre du miniftere ne fit pas mens tion de celui qui s’eft rendu dénonciateur , Paccu- fé peut être admis à en faire preuve , tant par titres que par témoins. Voyez au code le tit. de delatori- bus, & au digefte, iv. XLIX: rit. xiv. Bouchel, «4 mot délateur & dénonciateur ; l’ordonnance de 1670 ;, sis, ii, & Botnier , chid. Bouvot , quæff. not. part. 3. Let. D. verbo défifter, queff. 1. Guy Pape, guæf. 169. Imbert, 2e. for. liv. II. p. 334. & en fon erchi- ridion au mot accufer ; Papon, Liv. XXI. tie. j. n. 2. Journal des aud. tome I. liv. I. chap. ec. Le Prêtre, ar- réts célebres ; Boniface , com. W, div. LIT. tit. 1x. ch. ii Coquille, quæff. xij. Voyez aufli ACCUSATEUR , À C- CUSÉ , PARTIE CIVILE, PARTIE PUBLIQUE , Mi1- DE. E NISTERE PUBLIC, PROCUREUR GÉNÉRAL, DU Ror, & FiscaL. (4) . DÉLAYANT, adj. (Therapeut. Mat. médic.) nom que les Humoriftes"ont donné à une clafle de re- medes altérans qu'ils ont crû agir, en fourniflant de la férofité à la mafle des humeurs , en les humeétant, en les détrempant, en diflolvant leurs fels maflifs & groffiers, & les rendant par-là non feulement moins irritans, mais même plus propres à être évacués par les différens couloirs, &c. Les Solidiftes ont appellé Les mêmes remedes é70/- liens & relächans. Voyez EMOLLI1ENT & RE- LACHANT. Quoi qu’il en foit de la préférence que mérite l’u- ne ou l’autre de ces dénominations, & du plus ou du moins de réalité de la vertu que chacune défigne; l’eau commune & toutes les boiflons dont l’eau eft le principe dominant, & n'’eft chargée d’aucune fub- ‘ftance qui ait une vertu médicinale connue , ou, en deux mots, l’eau & les boiflons aqueufes comme telles, font les vrais remedes délayans, hume@tans, relâchans , émolliens. Les fubftances qui peuvent fe trouver mêlées à l’eau en petite quantité, fans altérer fa vertu de- layante , {ont les farineux , les émulfifs, les doux, les aigrelets végétaux , les extraits legers faits par infu- fion theiforme, les eaux diftillées aromatiques , les fucs gélatineux des jeunes animaux, Gc. La théorie moderne a prétendu que ces fubftances (qu’il me paroît très-raifonnable de regarder comme indifférentes , relativement à l’effet délayanr) a pré- tendu, dis-je, que ces fubftances étoient au contrai- re fort eflentielles, & qu’elles fervoient de moyen, medium , par lequel l’eau mouilloit les humeurs ; car l’eau pure, dit cette théorie, ne les pénetre point, mais gliffe inutilement fur elles. Voyez EAU, ex Me- decine. Les délayans {ont indiqués, ou du moins employés prefque généralement dans toutes les maladies ai- gues. Ce font dest dé/ayans qu’on donne aux mala- des qu’on fait boire, qu’il faut faire.boire, à qui on ne fauroit crop recommander de boire, C’eft prefque uni- quement fous la forme de tifane qu’on donne les dé- layans. Voyez TisANE. Les délayans font encore employés dans toutes les maladies chroniques, qui ne dépendent point de relâchement ou de férofités épanchées. I1 n'y a que les affe@ions œdémateufes vraies & la plüpart des hydropifies qui n’en admettent pas l’ufage. Dans toutes les incommodités qui font regardées comme dépendant d’échauffement & d’aridiré, telles que la fenfbilité exceflive, le fentiment incommode de chaleur , les légeres ophthalmies , les demangeai- ons & les picottemens de la peau, la chaleur, la rougeur, & la paucité des urines, la foif habituelle, la maigreur fpontanée , ou fans caufe fenfible, &c. l’ufage des délayans eft regardé comme très-falu- taire. Les délayans font des diurétiques faux. Voyæ DIURÉTIQUE. » Le bain eft un grand délayant ou relâchant. Foyeæ Bain & RELACHANT. (4) DELBRUGH, (Géogr. mod. ) ville d'Allemagne au cercle deWeftphalie, proche lesfources de l’Ems, dans l'évêché de Paderborn. DÉLECTATION VICTORIEUSE, (Théologie. terme fameux dans Le fyftème de Janfenius, qui par cette expreflion entend un fentiment doux & agréa- ble, un attrait qui pouffle la volonté à agir, & la porte vers le bien qui lui convient ou qui lui plait. .Janfenius diflingue deux fortes de déle&ations : l’une pure & célefte, qui porte au bien & à l’amour de la juffice ; l’autre terreftre, qui incline au vice & à l'amour des chofes fenfibles. Il prétend que ces Tome IF, DEL 779 deux délettarions produifenr trois effets dans la vo- lonté : 1°. un plaifir indélibéré & involontaire : 2°, un plaifir délibéré qui attire & porte doucement êe agréablement la volonté à la recherche de l’objet de la déletfarion : 3°. une joie qui fait qu’on fe plaît dans fon état, Cette déletarior peut être vXorienfe ou abfolu- ment, c'eft-à-dire par des moyens ineffables, & que Dieu feul peut employer : iris & incffabilibus r0- dis ; dit S. Auguftin, L6. de corrèpr. & gratid , cap, v. ou relativement, entant que la déleilation célefte, par exemple, furpaffe en degrés la déleéation terrel- tre, & réciproquement. Janfenius, dans tout fon Oùvrage de gratiä Chr:ffi, & nommément Zv, IF, ch vj, je, &x. Liv. W. ch, v. & Liv. VIIT. chap. ij. fe déclare pour cette délefarion relativement viéorieufes & prérend que, dans toutes fes a@ions, la volonté eft foûmife à l'imprefion né- ceflitante & alternative des deux dé/e&ations » c’eit- à-dire de la concupifcence & de la grace. D'où il conclut que celle des deux délëarions qui dans le moment décifif de l’aétion fe trouve a@uellement fuperieure à l’autre en degrés, détermine nos vo- lontés , & les décide néceflairement pour le bien ou pour le mal. Si la cupidité l'emporte d’un degré fur la grace, le cœur fe livre néceflairement aux objets terrefires. Si, au contraire, la grace l'emporte d’un degré fur la concupifcence, alors la grace eft v%o- rieufe, elle incline néceffairement la volonté à l’a- mour de la juftice. Enfin, dans le cas où les deux déleifations font égales en degrés, la volonté refte en équilibre fans pouvoir agir. Dans ce fyfteme, le cœur humain eft une vraie balance, dont les baffins montent , defcendent ou demeurent au niveau l’un de l’autre , fuivant l'égalité ou l'inécalité des poids dont ils font chargés. _['n'eft pas étonnant que de ces principes Janfe- nius infere qu'il eft impofible que l’homme faffe le bien quand la cupidité eft plus forte que la grace ; que l’aéte oppofé au péché n’eft pas en fon pouvoir lorfque la cupidité le domine ; que l’homme, RE l'empire de la grace, plus forte en degrés que la con- cupifcence, ne peut non plus fe refufer à la motion du fecours divin, dans l’état préfent où il fe trouve, que les bienheureux qui font dans le ciel peuvent {e _refufer à l'amour de Dieu, Jan/èn. Lib, VIII. de grat. Chrifli, c.xv. 6 Lib. IF. de flat. nature lapfe, c. xxjv. C'eft par cette découverte de la déleéfarion rela- tivement viéorieufe , qui eft la bafe de tout fon fyt teme, que Janfenius eft parvenu à réduire le myftere de lation de la grace fur la volonté » à une expli- cation fondée fur les lois de la méchanique. Voyez JANSENISME. (G) v DÉLÉGATION, ff (Jurifprud.) en général , eft l’aéte par lequel quelqu'un fubftitue un autre en fa place. Il y en a de deux fortes ; fçavoir, celle faite par un officier public, &c celle que fait un débiteur, Nous allons expliquer chacune de ces deux dé/é. gations {éparément. Délégation faite par un officier public, eft celle par laquelle cet officier commet quelqu'un pour exercer fes fonétions en tout ou partie. Pour bien entendre cette matiere, il faut obfer- ver qu’à Rome, où les offices n’étoient d’abord que des commifhions annales, & enfuite fous les empe- reurs des commiffions à vie, tous Officiers, grands ou petits, foit de juitice , militaires ou de finance avoient la liberté de déléguer où commettre à da tres perfonnes tout ce qui dépendoit de leur office, de forte que la plüpart déléguoient une partie de leurs fonétions , & pour cet effet fe choififloient des commis ou lieutenans. Déléguer ainfi ou commersre, s’appelloit alors rardare, FEfffi 780 DEL Les fonctions même de juftice pouvoient prefque toutes être déléguées par les magiftrats, foit à des perfonnes publiques ou privées ; c’eft ce qu'on voit dans plufieurs textes des lois romaines, &c fingulie- rement danse titre de officio ejus cui mandaïa eft ju= rifdiétio. Le délégué général pour la juftice, étoit ce- lui auquel mandata erat jurifditio ; quelquefois le magiftrat ne faifoit qu'une délégation fpéciale à quel- qu'un pour juger une telle affaire, & celui-ci s’ap- pelloit jxdex datus. On comprenoit auf fous le mê- me nom, celui qui étoit fubdélégué par le délégué général pour certains aétes. Le délégué général prononçoit lui-même fes {en- tences, & avoit droit d'infliger des peines légeres pour la manutention de fa jurifdiétion &c l’exécution de fes fentences. Le délégué particulier ou fubdélégué ne donnoit proprement qu'un avis arbitral, &c n’avoit pas le pou- voir de le faire exécuter; il ne pouvoit fubdéléguer. L'appel du délégué général étoit relevé devant le juge fupérieur du magiftrat qui avoit délégué, atten- du que le délégant & le délégué général n’avoient w’un même auditoire & une même juftice ; au lieu que l’appel du délégué particulier ou fubdélégué fe televoit devant celui qui l’avoit commis. Nous avons dit que les fonétions de juftice pou- voient prefque toutes être déléguées, & non pas toutes indiftinétement, parce qu’en effet il y en avoit quelques-unes qui ne pouvoient pas être déléguées. Le magiftrat pouvoit déléguer tout ce qui étoit de fimple jurifdiétion, c’eft-à-dire le pouvoir de jnger, dé prononcer Les jugemens : le délégué général avoit auffi le pouvoir de les faire exécuter par des peines légeres ; ce qui faifoit partie du pouvoir appellé chez les Romains wixtum émperium, qui tenoit plus du commandement que de Îa jurifdiétion proprement dite ; mais il n’avoit pas ce mixtum imperium tout entier, c’eft pourquoi 1l ne pouvoit pas affranchir les efclaves , recevoir les adoptions , aflembler le con- feil. À l'égard du pouvoir appellé chez les Romains hixtum imperium, qui confiftoit en la puiflance du glaive, & à infliger d’autres peines graves, ce qui revient à peu-prés à ce que l’on appelle en France aile de haute juflice , le magiftrat ne pouvoit pas le déléguer même par une commiflion générale, parce qu'il n’étoit réputé l'avoir lui-même que par dé/éou- sion fpéciale & particuliere | & par conféquent ne le pouvoit fubdélèguer. Tel étoit l’ufage obfervé chez les Romains par rapport aux délégations , tant que dura le gouverne- ment populaire. Comme les magiftrats étoient en petit nombre, & qu'il étoit difficile d’aflembler fou- vent le peuple pour commettre aux différentes fonc- tions publiques qu'ils ne pouvoient remplir par eux- mêmes , on leur laïfa la liberté de commettre d’au- tres perfonnes pour les foulager dans la plüpart de leurs fonétions. Mais fous les empereurs on reconnut peu-à-peu Vabus de toutes ces délégations, en ce que des ma- giftrats qui avoient été choïfis pour leur capacité, commettoient en leur place des perfonnes privées qui pouvoient n’avoir point les qualités néceffaires, & que d’ailleurs ceux auxquels l'exercice de la pif fance publique eft confié perfonnellement , ne peu- vent pas transférer à d’autres un droit qu'ils n'ont pas de leur chef; auffi ne trouve-t-on dans tout le code aucune loi qui autorife les magiftrats à faire une délégation générale , & fur-tout à des perfonnes privées : on leur permit feulement de renvoyer les caufes légeres devant leurs confeillers &c affeffeurs, qui étoient des juges en titre d'office ; &c comme ceux-ci n’avoient point de tribunal élevé, mais ju- gcoient de plano., feu plano pede, on les appella 74- ges pedanés , 8&c l'appel de ces délégués particuliers alloit à un magiftrat qui leur avoit renvoyé la caufe, En France, les ducs & comtes avoient autrefois, comme les préfidens & proconfuls romains , le gou: vernement militaire de leurs provinces &ladminif- tration de la juftice qu'ils déléguoient à des lieute- nans. Les baïllifs 8 fénéchaux qui fuccéderent aux ducs &c comtes pour l’adminiftration de la juftice, eurent bien le pouvoir de commettre des lieutenans de robbe longue , mais ils ne pouvoient pas leur dé- léguer toute la jurifdiétion ; ils étoient au contraire obligés de réfider & d'exercer en perfonne. Louis XII. leur Ôta le pouvoir de deftituer leurs lieute- nans ; & François I. leur Ôta enfuite le droit de les inftitüer, au moyen de la vénalité des charges qui fut introduite fous fon regne., | Les juges ne peuvent donc plus aujourd’hui faire de délégation générale de leur jurifdiétion. A l'égard des délégations particulieres , elles n’ont lieu qu’en certain cas ; favoir, 1°. lorfqu'il s’agit de faire quelque expédition de juftice dans un endroit. éloigné, comme de faire une enquête ou informa- tion : en ce cas, le juge, pour le foulagement des parties , les renvoye devant le juge royal plus pro- chain. 2°, Dans ce qui eft d’inftruétion, comme pour une enquête, un interrogatoire, un procès-verbal dé defcente, on commet un des officiers du fiége qui peut rendre feul des ordonnances fur le fait de fa commiflion. 3°, Le juge renvoye quelquefois les parties devant des experts, mais ceux-ci ne donnent qu'un avis ; 1l en eft de même des renvois de cer- taines caufes légeres, faits devant un avocat ou de- vant un procureur. Les appointemens que donne l’a- vocat ou le procureur ne font que des avis, à la ré- ception defquels on peut former oppoñtion. Les procureurs généraux du roi dans les parle- mens commettoient autrefois les procureurs du roi dans les bailliages & fénéchauflées ; c’eft de-là qu’au parlement on les qualifie encore de fubftituts du procureur général, quoique préfentement ils ayent le titre de procureur du roi ; ils commettoient auf leurs fubflituts au parlément. Les procureuts du roi des bailliages 8 fénéchauflées commettotent pareil- lement des fubftituts pour eux dans les fièges infé- rieurs , c’eft pourquoi ils prenoient alors Le titre de procureurs généraux ; mais depuis 3522, On a érigé des procureurs du roi en titre d’offices dans tous les fièges royaux. Les commiffaires départis par le Roi dans les pro- vinces font confidérés comme des déléoués généraux, c’eft pourquoi ils peuvent faire des fubdélégations patticulieres, comme en effet ils ont coutume d’en faire plufeurs à différentes perfonnes, qu’on appelle leurs fubdélégués. Voyez SUBDELEGUÉS. | Les commiffions que donnent plufieurs autres offi- ciers, foit de juftice ou de finance, font encore des efpeces de délégations ; mais ceux qui font ainfi com- mis pour quelque fonétion particuliere, n'ont point le cara@ere ni le pouvoir d'officiers publics, à moins qu’ils n’ayent ferment en juftice, & ne foient inftitués publiquement pour le fait de la commuiffion qui leu eft- déléguée svauquel cas, fi ce font des commis pour le fait désfinances , ils peuvent faire des pro- cès-verbaux, décerner des contraintes, &e La délégation ou fubdélégation ne finit pas par la mort du délégué , on fait fubroger uné autre per- fonne en fa place ; maïs elle finit quand l’objet pour lequel elle a été établie fe trouverempli. Voyez au digefte, Liv. I. it.xvy. li. IX. 6 liv. IT. cit. j. Liv, . au code, iv. III, tit. jv. leg. G rit. vip, by. L Liv. WII. tie, xlviij. div. 11,6 IP tir, Lai, Liv. XV. vie. lxjv. Liv. VI. & plufeuts autres. Voyez ci= après DELEGUË 6 JUGE DELEGUÉ. | DÉLÉGATION D'UN DÉBITEUR , eft une efpece DEL deceffion & tranfport que fait un débiteur au profit de fon créancier, en lui donnant à prendre le paye- ment de fon dû fur une autre perfonne. Pour faire une délégation valable , il faut le con- fentement de trois perfonnes, favoir le débiteur qui délegue, celui qui eft délégué, & le créancier qui accepte la délégation. Chez les Romains une dé/épa- tion pouvoit être faite par un fimple confentement verbal ; mais dans notre ufage il faut qu’elle foit par écrit. | Quand la délégation n'eft point acceptée par le débiteur délégué, ce n’eft qu’un fimple mandement que le délégué peut refufer d’acquitter ; mais quand il a confenti à la délégation, il fait fa propre dette de celle qui lui eft déléguée. | La délégation étant acceptée par le créancier, | tient lieu de payement à l'égard du premier débi- teur ; elle éteint fon obligation & opere novation, à moins que le créancier n’ait réfervé {es priviléges &t hypotheques , & fon recours, en cas d'infolva- bilité du débiteur déléoué, | Quoique le créancier n’ait pas été partie dans la délégation, elle ne laïffe pas d’obliger le débiteur délégué qui y a confenti, tant envers le déléguant qu'envers le créancier, lequel peut fe fervir de ce qui a été flipulé pour lui, quoiqu'il fût abfent. Le tranfport eft différent de la délégarion, en ce qu'il ne produit point de novation ; qu'il fe peut faire fans le confentement du débiteur, & qu’il a befoin d’être fignifié. Le débiteur dont la dette a été tranf- portée, peut oppofer au ceflionnaire les mêmes ex- ceptions qu'il auroit oppofées au cédant ; au lieu que le débiteur délégué qui a confenti à la dé/éva- #on, ne peut plus contefter ie payement de la dette qui eft déléguée. L'ufage des délégations eft fréquent dans les con- trats de vente. Lorfque le vendeur a des créanciers, _ al leur délegue ordinairement le prix. Cette déléga- #ion opere que le prix ne peut être faifi par d’autres créanciers, au préjudice de ceux qui font déléoués ; & fi Pacquereur fait faire fur lui un decret volontai- re , & que la délégation ait été acceptée par les créan- ciers délégués, avant le decret, ils font confervés dans leurs droits, de même que s'ils s’étoient oppo- fes. Voyez au digefte Le titre de novationibus @ déle- gationibus ; & au code, iv, VIIT. vie, xlij. La loi 52... $. de peculio , ff. de peculio ; LK.20. inflit, de inutili flipular. les lois civiles, liv, IW. ris. jv. Defpeifles, tome I. p. 733. Chorier fur Guypape, p. 255. dit. civil € canon. au mot Délépation. (A! DÉLÉGUÉ, adj. (Jurif.) cette qualité s’applique à deux objets différens : on dit v7 Juge délégué, & une fomme déléguée, Pour ce qui concerne les juges délépuis, voyez ci- devant au mot DÉLÉGATION faite par un officier public, & ax mor IucEe & SuBDÉLÉGUÉ. . À l'égard des Jommes déléguées, voyez ce qui eft dit at mot DÉLÉGATION D'UN DEBITEUR. (4) DÉLESTAGE, f. m.( Mar. \c’eft l’a@ion de déchar- ger le left d’un vaiffeau. Le déleffage des bâtimens dans un port ou rade, eft aflujetti en France à des regles dont les maîtres & patrons ne peuvent s’écarter ; & l'ordonnance de la marine de 168% %y. IF, cir. jv. fert d’inftruétion à cet égard. Tous capitaines ou maïîtres de navires venans de là mer, font tenus de déclarer la quantité de left qu'ils ont dans leur bord , à peine de 20 livres d’a- mende, On doit marquer une place pour recevoir le left qu'on ôte des bâtimens , fituée de façon qu'il ne puifle Être emporté dans la mer, & combler les ports ou les rades. ” Tous bâtimens embarquant ou dechargeant du left, auront une voile qû tiendra au bord, tant du de. (ue TA DEL 78 vaïfleau d’où on le tire, que de la gabare ok on lé met pour le tranfporter aux lieux deftinés, à peine de ço iv. d'amende. | Il eff défendu , fous peine de $oo liv, d'amende, à tous capitainés de jetter leur left dans les ports, Canaux , baffins & rades ; & en cas de récidive, ce confifcation du bâtiment, À | Défenfes, fous pareilles peines, de travailler au déleflage & au leftage pendant la nuit. , On donne aufli ce nom au vieux left qu’on tiré d'un bâtiment, & qu’on jette; comme pierres, cail- loux, fable. Voyez Lesr. (Z) | DÉLESTER, v. ad, (Marine.) c’eft Ôter le left d'un vaïfleau , & le porter dans l'endroit marqué pour le recevoir. (Z | DÉLESTEUR,, f. m. ( Mar.) c’eft celui qui dans un port eil chargé de faire exécuter les réglemens pour le déleftage des vaifleaux, (Z DÉLESTEURS, {. m. pl. (Marine. ) On donneice nom aux maîtres & patrons des gabares où bateaux qui travaillent à enlever Le left, & qui le portent aux lieux deftinés. On appelle auffi bareaux délef= teurs , ceux dont on fe fert pour le déleftage, (Z° DELFT , (Géog. mod.) ville de la Hollande mé ridionale : elle appartient aux provinces-unies : elle eft fituée fur la Schie. Long. 21. 48. lat, 52, DELFZY, (Géog. mod.) forterefle des provinces: unies , fur le Fivol, à la feigneurie de Groningue. Long. 24, 20, dat, 53,18. DELHI ox DELT, (Géog. mod.) ville de l'Indof. tan , fituée fur le Gemma. Long. 97. lat, 28. 20. DÉLIBÉRATIF, adj. (Belles-leitres.) nom qu’on donne à un des trois genres de la Rhétorique. Voyez GENRE, ELOQUENCE, & RHETORIQUE. Le genre délibératif eft celui où on fe propofe de prouver à une affemblée l’importance ou la néceffité d’une chofe qu’on veut lui perfuader de mettre à exécution, ou le danger & l’inutilité d’une entre prife qu’on tâche de lui diffuader. _ Le genre délibératif étoit fort en nfage parmi les Grecs & les Romains, où les orateurs haranguoiïent fouvent le peuple fur les matieres politiques. Il & encore lieu dans les confeils des princes & dans le parlement d'Angleterre, où les bills & propoñ- tions relatives au gouvernement , paient ou font rejettés à la pluralité des voix. Il en eft de même dans toutes les républiques & dans les gouverne- mens mixtes. Si l’on veut porter les hommes à une entreprife , on doit prouver que la chofe fur laquelle on déli- bere eft ou honnête ou utile, ou néceflaire ou jufte , ou poflble , ou même qu’elle renferme toutes ces qualités. Pour y réufir il faut éxaminer quelle fn om fe propofe , & voir par quel moyen on peut y arri- ver; car On peut fe méprendre & dans la fin & dans les moyens. On doit confidérer fi la chofe dont il s’agit eft utile par rapport au tems, au lieu, aux perfonnes, En effet, une chofe peut convenir dans un certain tems, mais non pas au tems préfent ; peut réuffir par un tel moyen, &c manquer par tout autre ; peut être avantageufe dans une province, & dangereufe dans une autre. À l'égard des perfonnes, l’orateur doit varier fes motifs felon l’âge, le féxe, la dignité, les mœurs & le caractere de fes auditeurs. A Si jamais la citation des exemples eft nécefaire , c’eft particulierement dans le genre élibérarif. Rien ne détermine plus les hommes à faire une chofe, que de leur montrer que d’autres l’ont exécutée avant eux, & avec fucces. À l'égard du fyle, Ciceron dans fes partitions oratoires en trace le caraftere en deux mots : vor autem oratio , dit-il, f’mplex € gravis, € fententiis deber effe ornatior quam verbis ; c’elt-à-dire qu'il faut 782 DEL que dans le genre délibératif l’orateur parle d’une ma- : q 8 P niere fimple, mais pourtant avec dignité, & qu'il employe plûtôt des penfées folides que des expref- fions fleuries. Mais en général on peut dire que lim- portance ou la médiocrité de la matiere doivent ré- gler l’élocution. L’ufage des pañfions entre auffl dans ce genre, tantôt pour les exciter, & tantôt pour les réprimer dans l’ame de ceux qu’on veut porter à une réfolu- tion, ou qu’on fe propofe d’en détourner. Il eft aïfé de comprendre que pour diffuader ou détourner quelqu’un d’une entreprife, on doit fe fervir de raïfons contraires à celles que lon em- ploye pour perfuader; c’eft-à-dire qu'alors nous devons prouver que la chofe pour laquelle on deli- bere eft contre l'honneur ou l'utilité, peu néceflaire ou imjufte, ou impofñble , ou du moins environnée de tant de difficultés, que rien n’eft moins aflüré que le fuccès qu’on s’en promet. (G). DÉLIBÉRATIF, (Æift.) en termes de fuffrages , fignifie le droit qu'une perfonne a de dire fon avis dans une aflemblée, & d’y voter. Les juges dans les parlemens & autres cours, n’ont pas voix déli- bérative avant vinet-cinq ans pour les matieres civi- les, ni avant vingt-fept en matiere criminelle, à moins d’une difpenfe d’âge accordée par le prince. Dans les conciles les évêques feuls ont voix dé/ibé- rative, & les députés du fecond ordre n’ont que voix confultative. (G) DÉLIBÉRATION , . f. (Jurifpr.) eft le confeil que l’on tient fur quelqu’affaire. Les ordonnances, édits & déclarations des princes fouverains portent ordinairement qu’ils ont été donnés après avoir eu fur ce grande & mûre délibération. Les ordonnances fe délibéroient autrefois en par- lement : à ces délibérations ont fuccédé les enregif- tremens. On dit qu’une compagnie délibere, quand elle eft aux opinions fur quelqu'affaire. Délibération fignifie aufi Z4 réfolurion qui ef? prife dans une affemblée, telle qu'un chapitre, une com- pagnie de juftice, un corps de ville, une commu- nauté d’habitans, ou de marchands & artifans, & autres communautés & compagnies. Pour qu’une délibération foit valable , il faut que laffemblée ait été convoquée dans les regles, que la délibération aït été faite librement & à la pluralité des voix ; & elle doit être rédigée par écrit fur le regiftre commun, conformément à ce qui a été ar- rêté. Ceux qui compofent la communauté ne peu- vent contrevenir à fes délibérations, tant qu’elles fub- fiftent & ne font point anéanties par autorité de juitice. Les délibérations capitulaires ne peuvent être for- mées que par ceux qui font capitulaires, c’eft-à-dire qui ont voix en chapitre. Dans les affemblées de créanciers unis en corps de diredion, les délibérations qui fe forment pour les affaires communes , doivent être arrêtées à la pluralité des voix ; & pour que ces délibérations fer- vent de regle contre ceux qui étoient abfens, ou qui ont refufé d’y foufcrire, il faut qu’elles foient faites par des créanciers dont les créances forment les trois quarts au total des créances , & faire omolo- guer en juftice ces délibérations avec ceux qui refu- fent d'y acquiefcer. (4 ) DÉLIBÉRÉ , adj. (Jurifpr.) fignifie ce qui a été réfolu & arrêté, après y avoir tenu confeil. Les avocats mettent à la fin de leurs confulta- tions, délibéré en tel endroit le , . . . pour dire que : la confultation a été faite en tel lieu. Quand les juges trouvent de la difficulté à juger une caufe fur le champ à l’audience , ils ordonnent qu'ilen fera délibéré; & çe jugement préparatoire s’appelle un délibéré, parce qu'il ordonne que l'on délhibérera. On appelle aufi délibéré, le jusement definitif qui intervient après qu’il a été délibéré, On rappelle or- dinairement dans ce jugement définitif, celui qui a ordonné le délibéré ; entuite on ajoûte ces mots: & après qu'il en a té délibéré, la cour ordonne, &c. ou fi c’eft un juge inférieur, zous difons , &tc. Un juge, quoique feul en fon fiége, peut ordon- ner un délibéré, pour avoir le tems de réfléchir fur l'affaire. . L'objet des délibérés eft d'approfondir les affaires , & néanmoins d'éviter aux parties les frais d’un ap- pointement ; c’eft pourquoi les délibérés fe jugent en _ l’état qu'ils fe trouvent, c’eft-à-dire que la caufe fe juge fur les pieces feulement dont on fe fervoit à Paudience : c’eft pourquoi on fait ordinairement laïffer fur le champ les facs &c pieces fur le bureau. Quélquefois on donne aux parties letems de faire, fi bon leur femble, un mémoire pour joindre à leurs pieces & inftruire les juges, & en ce cas on leur laifle quelquefois Les pieces pour faire le mémoire. Le délibéré fe juge quelquefois fur le champ ; c’eft- à-dire qu'après avoir fait retirer l’audience, on la fait rouvrir dans la même féance, pour prononcer le délibéré. | Quelquefois on remet le jugement délibéré à un autre jour, fans le fixer; & alors on nomme un rap- porteur du délibéré, devant lequel on joint les pieces de la caunfe &z les mémoires ; mais on ne peut n1 pro- duire de nouvelles pieces , ni former de nouvelles demandes : c’eft pourquoi l'on dit que les délibéres fe jugent en l’état qu'ils fe trouvent. Lorfqu’une partie a quelque nouvelle demande à former depuis le délibéré, il faut la porter à lau- dience ; & fi on trouve qu’il y ait connexité, on or- donne {ur cette nouvelle demande un délibéré, & Joint au premier délibéré. ” Le rapporteur ayant examiné l'affaire, en fait fon rapport au confeil ; & quand oneft d’accorddujuge- ment, on fait avertir les procureuts de faire trouver les avocats de la caufe à l'audience, pour repren- dre leurs conclufions, enfuite on prononce le juge- ment: c’eft ce que l’on appelle un délibéré fur pieces yves. | À la cour des aides il y a certaines caufes lége- res , telles que les appels de fur-taux, où il eft d’ufa- ge d’ordonner des délibérés, Il arrive quelquefois qu”- au lieu de prononcer à l'audience le jugement qui intervient fur le délibéré, on le met tout-d’un-coup fur la feuille du greffier : c’eft ce que l’on appelle un délibéré fur le regiffre. Un arrêt de la cour des aides de Paris, du 14 Décembre 1683 , ordonne que les délibérés fur le regiftre dans les éleétions du reffort, feront jugés dans trois jours, & prononcés à l’au- dience fiivante, À peine par les officiers des élec- tions d’en répondre en leurs propres & privés noms. Les délibérés ne produifent point d'épices, Foyez le mémorial alphabétique des tailles , au mot Délibéré, À DELIBÉRER. v. n. (Jurifprud.) e dit des juges & autres perfonnes qui tiennent confeil fur une af- faire. oo On dit aff qW’un héritier a le droit de délibérer, F délibérer, c’eft-à-dire pour fe déter- miner s'il acceptera la fucceflion , ou s’il y renon- cera. ps Cette faculté de délibérer tire fon origine du droit romain. Le digefte & le code contiennent chacun nn titre exprès de jure deliberandi. Suivant les lois du digefte, fun efclave étoit inf- titué héritier, ce n’étoit point à lui qu’on accordoit un délai pour dé/ibérer, mais à fon maïtre, parce que les efclaves étoient comptés pour rien par le préteur qui accordoit ce délai ; que fi l'efclave ap- partenoit à plufieurs maîtres , tous avoient le délai. L’édit du préteur portoit que fi on lui demandoit un délai pour délibérer, il l’'accorderoit; ce qui fait connoître que l’on n’avoit point ce délai fans le de- mander. La durée de ce délai n’étant point fixée par l’édit, al étoit au pouvoir du juge de le fixer : on ne devoit pas accorder moins de cent jours, ce qui revient à trois mois & quelques jours. Le premier délai n’é- tant pas fufifant, on en accordoit quelquefois un fecond , & même un troifieme ; mais cela ne fe de- voit faire que pour une caufe importante. Le délai pour délibérer fut introduit non-feulement en faveur des créanciers, mais auffi pour l’héritier inftitué ; c’eft pourquoi le juge devoit accorder aux uns & aux autres la facilité de voir les pieces, pour connoître s'ils acceptéroient ou non. Si l’hérédité étoit confidérable, & qu’il y eût des chofes fujettes à dépérir, comme certaines provi- fions de bouche ; ou de trop grande dépenfe, comme des chevaux, on permettoit à l’héritier qui dé/ibé- roit, de les vendre. Quand C’étoit pour un pupille que l’on donnoit du tems pour délibérer, on ne devoit point pendant ce délai permettre aucune aliénation, ni d'exercer au- cune afhon qu’en orande connoiflance de caufe, où q ; pour une néceflité abfolue. Le fils héritier de fon pere, devoit être nourri ux dépens de l’hérédité, pendant qu'il délbéroir. Enfin s’il y avoit plufeurs degrés d’héritiers infti- tués au défaut les uns des autres, on devoit obfer- ver dans chaque degré les mêmes regles par rapport au délai pour délibérer. Les lois du code veulent qu’on accorde un délai modéré pour délibérer; que le droit de délibérer fe tranfmette à toutes fortes d’héritiers & fuccéffeurs de celui qui délibere ; que l'héritier qui ne fait point. d'inventaire , renonce ou accepte dans trois mois du jour qu'il a eu connoïffance que la fucceflion eft ou- verte à fon profit ; que s’il veut faire inventaire, il doit le commencer dans trente jours au plûtard, & le finir dans les foixante jours fuivans ; que fi les héritiers ne font pas dans le lieu où font les biens, ils auront un an pour faire inventaire ; que le prince peut accorder délai d’un an, & le juge de neuf mois feulement. L’ordonnance de 1667, tir. viy. porte que l’héri- tier aura trois mois depuis l’ouverture de la fuccef- fion, pour faire inventaire, & quarante jours pour délibérer ; que fi l'inventaire a été fait avant les trois mois , le délai de quarante jours commencera du jour qu'il a été achevé. | Celui qui eft affigné comme héritier en a@ion nouvelle ou en reprife, n’a aucun délai pour déli- bérer, lorfqu’avant échéance de l’'afignation il y a plus de quarante jours que linventaire a été fait, en fa préfence ou de fon procureur, ou lui dûement appellé. Si au jour de l’échéance de l’affignation les délais de trois mois pour faire inventaire, & de quarante jours pour délibérer, n’étoient pas encore expirés, l'héritier en ce cas a lerefte du délaMs/Mpour faire inventaire , foit pour faire fa déclarant & fi les délais étorent expirés, 1l n’aura aucun délai pour délibérer, quand même il n’auroit point été fait d’in- ventaire. _ Cependant fi l’héritier juftifioit que l'inventaire ma pù être fait dans les trois mois, pour n’avoir pointeu connoiffance du décès du défunt, ou à caufe des oppoñtions ou conteftations furvenues , ou au- trement, on doit lui accorder un délai convenable pour faire inventaire, &-quarante jours pour dé/i- D E L 783 bérerz &t ce délai doit être réglé à l'audience, fans que la caufe puife être appointée. Enfin l’ordonnance veut que la veuve afignée en qualité de commune , ait les mêmes délais que l’héri- tier, & fous les mêmes conditions, pout faire inyen- taire &c pour délibérer. Quand on dit que l'héritier & la veuve ont qua- rante jours après l'inventaire pour délibérer s'ils ac- cepteront ou s'ils renonceront à la communauté , cela doit s'entendre lorfqu’ils font pourfuivis pour prendre qualité ; car hors ce cas l'héritier peut en tout tems renoncer à la fucceflion, & parerllement la veuve à la communauté, pourvû que les chofes foient entieres, c’eft-à-dire qu'ils ne fe foient point immifcés. Voyez HERITIER, INVENTAIRE, RE- NONCIATION, COMMUNAUTÉ, VEUVE. (4) DÉLIBÉRER, ex cermes de Manege, fe dit d’un cheval qu'on accoûtume, qu’on rélout, qu'on dé- termine à certains airs, comme au pas, au trot, au galop, ou à quelques manèges relevés. Il ne faut point délibérer un cheval à caprioles, qu’on ne l’ait bien délibéré au manege de guérre & au terre-à-terre. Il ne faut point faire lever le devant d’un cheval qu'il ne foit délibéré, & n’obéifle à la main & aux aides du talon ; qu'il n'échappe de vitefle & forme bien fon arrêt. Voyez ARRÊT. Chambers. (VF * DÉLICAT , adj. (Gramm.) {e dit au fimple & au figuré. On dit au fimple qu’un ouvrage eft dé/i- cat , lorfque les parties qui le compofent font déliées, fragiles, & n’ont pà être travaillées qu'avec beau coup de peine, d’adreffe & d’attention de la part de l’ouvrier : en ce fens, rien n'eft fi délicat que ces petites chainés qui nous viennent d'Allemagne, rien n'eft fi délicat que les montres en bague du fieur Jo- din. On dit encore au fimple, d’un ouvrage, que le travail en eft délicat : alors lé mot délicat ne con- cirne pas les partiés de ouvrage qui peuvent être très-folides, mais la main d'œuvre qui a exécuté fur cés parties des ornemens, des formes qui montrent une grande légereté de deffein, de burin, de lime, &t un goût exquis. Au figuré, on dit d’une penfée qu'elle eff délicate, lorique les idées en font liées en- trelles par des rapports peu communs qu’on n’ap- perçoit pas d’abord , quoiqu'ils ne foient point éloignés ; qui caufent une furprife agréable ; qui ré- véillent adroitement des idées accefloires & fe- crettes de vertu, d’honnêteté, de bienveillance, de volupté, de plaïfir, & qui infinuent indireétement aux autres [a bonne opinion qu’on a ou d’eux ou dé foi. On dit d’une expreflion qu’elle éft délicate, lorf qu’elle rend l’idée clairement, mais qu’elle eff em- pruntée par métaphore d'objets écartés, que nous voyons tout-d’un-coup rapprochés, avec plaïfir & furprife, On dit qu'une table eft délicarement fervie, lorfque les mets en font recherchés & pour la qua lité & pour l’aflaifonnement. Faire entre les objets des diftinétions délicates , c’eft y remarquer des dif= férences fines qui échappent, même aux bons yeux, & quine frappent que les excellens. DÉLICAT, adj. ez Peinture, eft une façon de pein- dre & de deffiner, qui approche du mefquin, fans qu'on puifle cépendant lui reprocher ce vice. On dit en éloge, cela eft délicatement touché, délicate- ment exprimé , rendu avec délicareffe ; ce qui pour, lors a rapport à l’efprit. (R) * DÉLICIEUX , adj. (Gramm.) ce terme eft pro- pre à l'organe du goût. Nous difons d’un mets, d'un vin, qu'il eft délicieux ; lorfque le palais en eft flatté le plus agréablement qu'il eftpoffible Le délicieux eft le plaifir extrème de la fenfation du goùûr. On a géné- ralife fon acception ; & l’on a dit d’un féjour qu'il eft délicieux , lorfque tous les objets qu’on y rencon- tre reveillent lés idées les plus douces, ou excitent les fenfationsles plus agréables, Le fuave extrème eft 754 DEL le délicieux des odeurs. Le repos a auf fon. délice ; mais qu'eft-ce qu'un repos délicieux ? Celuwu-là feul en a connu le charme inexprimable , dont les orga- nes étoient fenfibles & délicats ; qui avoit reçu de la nature une ame tendre & un tempérament volup- tueux ; qui jouifloit d’une fanté parfaite ; qui fe trou- voit à la fleur de fon âge ; quin’avoit Pefprit troublé d'aucun nuage, l’ame agitée d'aucune émotion trop vive ; qui fortoit d’une fatigue douce & legere, &c qui éprouvoit dans toutes les parties de fon corps un plaiñr f également répandu , qu'il ne fe farfoit diftinguer dans aucun. Îl ne lui reftoit dans ce mo- ment d’enchantement & de foiblefle, n1 mémoire du pañé , ni defir de l’avenir, niinquiétude fur le prée- fent. Le tems avoit ceflé de couler pour lui, parce qu'il exiftoit tout en lui-même ; le fentiment de fon bonheur ne s’affoiblifloit qu'avec cehu de fon exif- tence. Il pafloit par un mouvement imperceptible de la veille au fommeil ; mais fur ce paflage impercepui- ble , au miliéu de la défaillance de toutes fes facultés, il veilloit encore aflez, finon pour penfer à quelque chofe de diftinét, du moins pour fentir toute la dou- ceur de fon exiftence: mais il en jouifloit d’une jouuf- fance tout-à-fait paflive , fans y être attaché, fans ‘y réflechir, fans s’en rejouir, fans s’en féliciter. Si l’on pouvoit fixer par la penfée cette fituation de pur {entiment, où toutes les facultés du corps &c de l'ame {ont vivantes fans être agiffantes, &c attacher à ce quiétifme délicieux l’idée d'immutabilité, on fe for- meroit la notion du bonheur le plus grand & le plus ur que l’homme puifle imaginer. DELICOTER (se), Manége, fe dit d’un cheval, qui étant attaché avec fon licol, trouve moyen de l’ôter de fa tête, & auquel il faut mettre une fous- gorge. Voyez SOUS-GORGE. (77 * DÉLIÉ, adj. (Gramm.) il fe dit au fimple, de tout ce. qui a très-peu d’épaifleur relativement à fa longueur, un fl dlié, untrait délié, &cc. &c au figuré, d’un efprit propre aux affaires épineufes, fertile en expédiens , infinuant, fin, fouple, caché, qualités qui lui font communes avec l’efprit fourbe & mé- chant ; cependant on peut être délié fans Être ni mé- chant ni fourbe. Un difcours délié, eft celui dont on ne démêle pas du premier coup d’œil Partifice & la fin. -[l ne faut pas confondre le délié avec le délicar. Les gens délicats font aflez fouvent délies ; mais les gens déliés font rarement délicats. Répandez fur un difcours délié la nuance du fentiment, & vous Le ren- drez délicat. Suppofez à celui qui tient un difcours délicat, quelque vûe intéreflée & fecrette, & vous en ferez à l’inftant un homme délié. Quoi qu'il en foit de toutes ces diffinétions , il feroit à fouhaiter que quelqu'un à qui la langue füt bien connue, 6e qui eût beaucoup de fineffe dans l’efprit, s’occupât à définir toutes ces fortes d’expreflions, & à mar- quer avec exaétitude les nuances imperceptibles qui les diftinguent. Tel fait développer toutes les regles de la fyntaxe, qui ne feroit pas une ligne de cette grammaire. Outre une grande habitude de penfer & d'écrire, elle exige encorede la délicateffe & du goût. On fent à chaque inftant des chofes pour lefquelles on manqüe.de termes, & l’on eft forcé de fe jetter dansiles exemples. … DÊLE , adj. pris fubft. (Æcriture.) il fe prend dans cet àrt par oppôfition à plein: On dit les dériés &c les pleins de Pécriture: les dédiés font les parties fines &z menues des lettrès ; les pleins font les parties erof- {es & fortes. Les déliés fe tracent communément par J'adion d’un des becs. de la plume, & les pleins par J'aion des deux. DELIES, adj. pris fubft. ( Æ/. ac. & Mythol. ) delia , fète qui fe célebroit à Athenes en l'honneur d’Apolion, furnommé de/ius. La principale cérémo- nie de cette fête étoit une ambaflade des Athémiens à l’Apollon de Délos , ou bien un pélerinage qu'ils y faïoient faire tous les cinq ans. Ils choïfiffoient pour cela un certain nombre de citoyens, qu’on chargeoit de cette commilion; c’eft pourquoi on les appelloit Déliafles, Ankasar, où T'héores ; @eopei c’eft-à-dire les voyans, ceux qui vont voir. Le chef de l’ambaflade ou de la députation s’appelloit arcki- théore , apysbewpos. On.y joignoit quatre perfonnes de la famille des Ceryques, prêtres defcendans de Mer- cure , qui demeuroient à Délos toute l’année pour y {ervir dans le temple. Toute cette députation par- toit fur cinq vaiffeaux, qui portoient tout ce qui étoit néceflaire pour la fête &c les facrifices. Le vaifleau qui portoit les déliaftés ou théores, étoit appellé Déliade, Aynas où Théoride; les quatre autres vaifleaux facrés qui laccompagnoïent fe nom- moient le Parale, l’Antigonide, la Ptolemaïde , V Am- monride. Cette circonftance a donné lieu à plufieurs difputes entre les favans qui fe repaiffent des maïfe- ries de la critique. Les déliaftes qui montoient le premier vaïffeau ; étoient couronnés de laurier. Quand ils étoient ar- rivés , ils offroient d’abord un facnifice à Apollon, après lequel de jeunes filles danfoient autour de l’au- tel une danfe nommée en grec y:pavor | 8 dans la- quelle, par leurs mouvemens embarraflés & la ma- mere dont elles figuroient enfemble, elles repréfen- toient les tours &c les détours du labyrinthe.f. Dan- SE. Quarid les déliaftes revenoient, le peuple alloit au-devant d’eux , &t les recevoit avec de grandes acclamations & de grands cris de joie. Ils ne quit- toient point leur couronne que toute leur commif- fion ne füt terminée, après quoi ils les alloïent con facrer à quelque divinité dans fon temple. Tout le tems que duroit l'allée & le retour, & toute la cérémonie, s’appelloit les délies ; & pendant tous ces jours-là les lois défendoient d'exécuter au cun criminel, privilége fingulier de cette fête d’A: pollon, & que n’avoient pas même celles de Jupiters car Plutarque remarque que ce fut un jour confacré à Jupiter, qu’on fit prendre à Phocion Le poifon au- quel 1l avoit-été condamné ; & on attendit au con- traire trente jours: pour le donner à Socrate, parce que c’étoient les délies , & que le vaifleau envoyé à Délos n’étoit point encore de retour. | Thucydide dir que ce fut pendant Phyver de la fixieme année de la guerre du Péloponnefe, que les Athéniens inftituerent les délies , après qu'ils eurent expié l’ile de Délos, & en eurent Ôté tous les tom- eaux, & ordonné que perfonne n’y naîtroit & n’y mourroit dans la fuite, mais que l’on tranfporteroit tous les moribonds dans une petite île appellée Rhe- nie ; qui touche prefqu’à Delos. Long tems avant ce tems-là, les loniens & les infulaires voifins de l’Ionie faiioient des efpeces de délies, c’eft-à-dire des fêtes 8 des jeux femblables aux épheñes qu’ils célebre- rent dans la fuite. Di&, de Trév, & Chambers. (G) DELIAQUE, (if. anc.) Les déliaques chapon- noient les cogs, engraifloient la volaille ; & on les appelloit ainf, parce que c’étoit les habitans de l'ile de Délos, qui les premiers avoïent inventé cette forte de pratique. Ils vendoient aufli les œufs, com- me il paroït par Cicéron dans fes queftions acadé- miques , AW. Pline, 6. X, cap. xxx, & Colu- melle , 42 1. cap. vi. parlent auf des. délraques. Problème déliaque , problema deliacum , fameux problème chez les anciens , fur la duplication du cue be. Voyez Cu8E & DuPLicarTIoN. (G). DELILERS, f. m. pl. (Æiff. mod.) efpece de huf= fards Turcs, qu’on tire de la Servie, de la Bulgarie, & de la Croatie, Ce font de vieux foldats robuftes &: expérimentés, fort adroits à manier le cimeterre qu'ils portent pendu à larçon de Ja felle, Ils font ar- més d’ailleurs d’un bouclier & d’une lance plus lon- | - guë gue & plus grofle que celles dont fe fervoient autre- Pis nos hommes d'armes. Ces foldats mettant com- me la plüpart des Turcs toute leur confiance dans la fortune , leur croyance fur la prédeftination les rend comme furieux & hors de fens ; & c’eft de-là qu'ils ont té nommés délilers, c’eft-à-dire fous, infenfes, Autrefois 1ls fondoient fur l'ennemi fans ordre ni dif cipline , & réuflifloient quelquefois par cette fougue impétueufe. On les a depuis aflujettis à des regles, qui femblent avoir diminué leur valeur. Un bonnet de peau de léopard, dont les ailes leur battent fur les épaules, furmonté d’un grand vol d’ai- gle avec la queue fufpendue à un fil de fer ; de lon- gues chaufles de peau d’ours ou de loup, le poil en- dehors, avec des éperons à la hongroife longs d’un pié, & une vefte de peau de lion, forment leur habit militaire ; leurs chevaux font de même caparaçon- nés de foururres. Les bachas, beglerbegs, & autres principaux of- ficiers, ont des délilers à leur folde quand ils vont à la guerre. Guer. mœurs des Turcs, tom II. (G) DÉLINQUANT , adj. pris fubft. (Jurifprud.) eft celui qui commet ou qui a déjà commis quelque cri- mé ou délit. Ce terme vient du latin delinquere. Voy. ci-après DÉLIT. (4) | DÊLIRE , f. m.(Medecine.) eft un genre de léfion des fonttions animales. L’étymolopie la plus vraif- femblable de ce nom vient, ielon plufieurs auteurs, du mot Zra, qui fignifie un foffé en ligne droite que Pon fait dans Les champs, qui fert à diriger Les fiilons; ainft d'aberrare de lirä, s’écarter du principal filon, a été fait le mot delirus, appliqué par allufion à un homme qui s’écarte de la regle de la raïfon, parce que le déZire n’eft autre chofe que l’égarement , l’er- eur de l’efprit durant la veille , qui juge mal des chofes connues de tout le monde. L’ame eft toùjours dans le même état, elle n’eft fufceprible d’aucune altération ; ce n’eft donc pas à elle à qui il faut attribuer cet égarement , cette er- reur, ce défaut de jugement, qui conftituent le délire, mais à la difpofition des organes du corps, auquel il a plù au Créateur de l’unir ; cela eft hors de doute, Eneffet les idées, en vertu de l’umion des deux fubf tances, font attachées aux changemens qui fe font fur la furface extérieure ou intérieure de la fibre mé- dullaire du cerveau , aux impreflions de mouve- ment qu’elle eft fufceptible de recevoir ; & felon que ces vibrations font d'accord entr’elles ou ne le font pas, l’ame qui eft affeftée d’une maniere femblable ou diflemblable par les idées , les unit ou les fépare ; &c après en avoir jugé, elle s’y attache plus ou moins fortement, felon que cette confonnance ou diffon- nance eft plus ou moins grande, à proportion de la longueur, de la groffeur , & de la tenfion de la fibre. Voyez AME, CERVEAU, SENSATION. _ De ces trois qualités les deux premieres éprou- vent rarement quelque altération; il y a même lieu de douter fi cela arrive jamais. Elles ne font diffé- rentes que refpettivement aux différens fujets, dont les uns ont le tiffu des fibres en général plus fort, plus roide; les autres plus foible, plus lâche, avec des combinaifons prefqu’infinies. Pour ce qui eft de la tenfion, elle eft fufceptible d'augmentation ou de diminution dans cet état naturel &2eontre-naturel, c’eft-à-dire lorfqu'il y a excès. * Tant que les fibres du cerveau, dit M, de Sauva- ges dans fon livre des nouvelles claffes de maladies (1732) jouiffent de l’harmonie que l’auteur de la nature a formée entr'elles par une tenfon propor- tionnée, les idées & les jugemens qui réfultent du changement qu’elles éprouvent par les caufes ex- ternes ou internes, font fains & naturels, confor- mes à leurs objets ; mais dès que cet accord eft dé- rangé , que les fibres deviennent trop tendues, trop Tome IF, D E L 785 elaftiques, comme dans la phrénéfe, la manie (voyez MantE, PHRÉNÉSIE ) dans lefquelles maladies tou- tes les fibres qui fervent aux fon@ions de l’ame , ont le mème défaut: dans la mélancolie, la démonoma- mie, où 1l n’y en a que quelques-unes de viciées de la même maniere (voyez DÉMONOMANIE , MÉLAN=- COLIE); dans des cas au contraire où elles font trop relächées, comme dans la léthargie, La ftupi- dité (voy. LÉTHARGIE, STUPIDITÉ) : alors les idées & les jugemens, qui ne font que la comparaifon que l’efprit fait de ces idées, font à proportion plus fortes ou plus foibles que l’imprefhion des objets; & comme fes opérations font finies, les plus fortes occupant toute la faculté de penfer, fixant toute fon attention (voye ATTENTION), iln’apperçoit pas les autres : de -là vient qu’il n’en fauroit porter un Jugement fain & naturel. Cet effet eft commun à toutes les maladies qui viennent d’être citées, &c à plufieurs autres à-peu-près femblables, dans lefquel- les les fibres pechent par excès de tenfion, foit en général, foit quelques-unes en particulier ; elles con- fituent donc ces différentes efpeces de délire, puif- que dans toutes ces différentes affe@tions il y a er- reur de l’efprit dans la veille, il fe préfente des idées qui ne font pas conformes à leurs objets. On diftingue deux fortes principales de délires; fa- voir le délire univerfel , dans lequel toutes ou un très-grand nombre de fibres du cerveau font viciées de la maniere qui vient d’être dite ; & le délire par- ticulier, dans lequel il n’y a que très - peu de fibres qui foient dérangées, | On obferve auffi différens degrés de délire : car quelquefois ce changement, cette altération qui fe fait dans l’organe des fenfations, c’eft-à-dire le /£z- forium commune, par une caufe interne, {ont fi peu confidérables , qu'ils font une plus legere impreffion que ceux qui font produits par les caufes externes qui agent fur les fens : dans ce cas les idées qui font excitées par cette legere impreflion s’effacent aifément, & cedent à celles qui viennent par la per- ception des fens : c’eft-là , en quelque façon, le pre- mier degré de délire; lorfque les malades croyent ap- percevoir certain objet par la voie des fens, & qu’- étant avertis par les afliftans , ils voyent aifément qu'ils fe font trompés. Mais lorfque l’aétion de la caufe interne fur l’ot- gane des fenfations eft fi forte qu’elle égale & qu’elle furpaffe même l’impreffion qui fe fait par le moyen des fens, on ne peut pas perfuader aux malades que la caufe de ce qu’ils {entent n’eft pas hors d’eux-mé- mes, fur-tout s'ils ont eu autrefois de femblables idées à l’occafon des objets extérieurs: car alors ils fe perfuadent abfolument que les mêmes caufes ex- ternes les affeétent , & ils fe fAchent contre leurs amis qui ofent nier des chofes qui leur paroïffent évidentes ; c’eft qu’alors l’impreflion qui s’eft faite par la caufe interne, cachée dans l’organe des fen- fations , eft fi efficace qu’elle eft fupérieure à toute autre impreflion qui pourroit s’y faire. L'idée qui en réfulte eft toüjours préfente à lefprit, & ne peut être corrigée par aucun raifonnement: cependant les organes eux-mêmes qui fervent aux jugemens fains ne font pas entierement dénués de leurs facul- tés; car s’il arrive quelque accident fubit & impré- vù qui attire une forte attention de la part du ma- lade , cette nouvelle impreffion l'emporte {ur La pré- cédente ; ils paroïffent pour le moment s’occuper de ce qui fe pafle réellement hors d’eux ; ils raifonnent jufte en conféquence: mais la caufe de cette dernie- re attention venant à cefler, celle qui dominoit au- paravant produit {on effet, & ils retombent dans leurs fauflés idées comme auparavant. Tout ce qui fe paîle en nous, qu’on appelle 7uge. ment ; dépend de lintime facuité de penfer , qui GGggg 786 DE L compare fes idées: ainf un homme qui eft dans le délire fe perfuade que les idées qui lui font repré- {entées à. l’occañon de la caufe interne qui les ex- cite, font vraies, parce qu’elles font aufhi vives &c lui patoïffent femblables à celles qu'excitoient au- trefois en lui les objets externes. | Toutes les idées qui naïflent en nous, repréfen- tent un objet agréable, Ou defagréable , ou indiffé- rent, On fe détermine en conféquence à agir pour fe procurer la continuation de ce fentiment agréable, ou pour éloigner celui qui déplaît , Où on ne fait pas d'attention à ce qui eft indifférent. | Ainf lorfqu’il furvient à ceux qui font dans le dé- lire quelques-unes des idées des deux premieres ef- peces , qui font propres à exciter de violentes affec- tions de l’ame , ils s’agitent beaucoup, ils bleflent les afliftans qui veulent les contenir, ils renverfent tous Les obftacles qui fe préfentent , pour parvenir à fe procurer les chofes qu'ils defirent, où à éloi- gner celles qu'ils craignent : telles font les délires qu'Hippocrate appelle gsplodv ; dans lefquels ni les menaces, ni les dangers, ni la raïfon, ne peuvent retenir les malades qui en font attaqués , ni les em- pêcher de nuire à eux-mêmes & aux autres. Il Les éompare à des bêtes fauvages , felon la fignification du mot grec ci-deflus : mais lorfqu'ils ne font occu- pés que d'idées qui n’ont rien de bien attrayant ni de déplaïfant, il ne s’enfuit aucune agitation du corps, aucun mouvement violent, ils n’en font ce- pendant pas moins dans le délire; tels que ceux dont Hippocrate dit dans fon 4. I. des prédiétions : « Les » délires obfcurs accompagnés de legers tremble- » mens des membres , & dans lefquels les.malades ».cherchent à palper quelque chofe en taronnant » continuellement , font très -phrénétiques ». Ainfi les Medecins fe trompent quand ils ne croyent pas dans le délire leurs malades, qu’ils ne fortent du lit, qu'ils ne s’agitent violemment , & ne faflent de grands cris. Ces délires obfcurs font de très-mau- vais augure, & il eft très-néceffaire de les connoi- tre : car, comme dans toute forte de délire il ya todjouts une portion de la fubftance médullaire af- feêtée, dans le cas dont il s’agit il peut y avoir un très-grand danger , quoiqu'il ne paroifle pas de grands troubles. | Si le changement qui fe fait dans l’organe des fen- fations par la caufe morbifique interne, donne lieu à ce qu'il naïfle une idée d’un objet que l’on n’a jamais vù & dont il ne s’eft jamais fait aucune re- préfentation à l’efprit, l’ame eft toute occupée à le confidérer , & elle en eft troublée ; le malade paroît comme frappé d’étonnement , fes yeux font ouverts, fa bouche béante, & peu de tems après il eft atta- qué de convulfons d’autant plus violentes que l’ob- jet de la crainte eft plus grand: c’eft ce qu arrive aux épileptiques qui font affeétés dans les paroxif- mes de différentes couleurs, de différentes odeurs, de différens goûts , Ge. qu'ils ne peuvent rappor- ter à aucune fenfation connue; les fimples fonges repréfentent même quelquefois des chofes que l’on n’a jamais ni vûes ni wmaginées. C’eft fans doute fur ce fondement qu'Hippocrate a dit dans les Coz- ques , « que dans les fievres , les agitations de l'ame » qui ont lieu, fans que le malade dife mot, quoi- # qu'il ne foit pas privé de la voix , font pernicieu- » fes ». De tout ce qui vient d’être dit, il réfulte qu'il y a bien des différens genres de délires, que l'on peut cependant réduire aux trois fuivans : 1°, lorf- qu’il s’excite par la caufe interne cachée différen- tes idées fimples feulement , qui font plus ou moins vives , felon que l’impreffion eft plus ou moins for- te : 2°. lorfque de ces idées il fuit un jugement, c’eft an autre genre de délire: 3°. lorfque ces idées font DEL préfentées à l'ame comme plus ou moins agréables ou defagréables , & font accompagnées d’agita- tions du corps , de mouvemens plus ou moins vio- lens ; ce qui établit une troifieme différence de dé- lire, Les fuites de toutes ces fortes de délires font difé- rentes , felon que cette paflion ou telle autre fera ex- citée. Les changemens apparens du corps ne font pas les mêmes pour les idées accompagnées de plai- fr, & pour celles qui font accompagnées de triftef- fe , de crainte. C’eft ce qui a fait dire à Hippocrate dans fes aphorifmes , que « les délires dans lefquels » les malades {emblent de bonne humeur, font moins » dangereux que ceux dans lefquels ils paroiffent fé- » rieux , fortement occupés ». Comme auf dans les Coaques, il regarde comme très - funeftes Les délires dans lefquels Les malades refufent ce qui leur eft le plus néceffaire | comme les bouillons , la boïffon , dans lefquels ils font très-éveillés par la crainte des objets qu’ils fe repréfentent. Le délire eft eflentiel ou fymptomatique, idiopa- tique ou fympathique. Voyez ces rermes. Il eft enco- re maniaque ou mélancholique, avec fievre ou fans fievre , habituel ou accidentel, aigu ou chronique. Après avoir expliqué la nature du délire, & avoir expotfé fes principales différences, d’après lefquelles on peut aifément fe faire une idée de toutes les au- tres , il fe préfente à rechercher les caufes du délire d’après les obfervations les plus exaétes. Dans le délire il s’excite des idées par la caufe in< terne cachée, qui change la difpofition du cerveau: ces idées font femblables à celles qui font naturelle- ment excitées par l’impreffion des objets extérieurs + conféquemment il fe réveille différentes paflñons dans l’ame ; ces pañlions font fuivies de différens mouvemens du corps, par conféquent la caufe du délire agit fur l’organe des fenfations , duquel naïf- fent fans divifion & fans interruption tous les nerfs de toutes les parties du corps qui tendent aux muf- cles & aux organes des fens ; & comme les injeétions anatomiques nous ont appris que toute la fubftance médullaire du cerveau eft vafculeufe , puifqu’elle eft une fuite de fa corticale que l’on démontre n’être qu’un compofé de vaifleaux, & que les petits ca- naux qui compofent celle-là contiennent & fervent à diftribuer le fluide le plus fubtil du corps, ils peu- vent donc être fujets aux mêmes vices qui peuvent affe@ter les gros vaifleaux remplis d’un fluide grof- fier. Ces canaux , tous déliés qu'ils font, peuvent être obftrués, comprimés : par conféquent tout ce qui peut empêcher le cours libre des fluides dans leur cavité, peut produire le défire. On fait que dans tous les autres vifceres, il faut que lesliquides qui fe meuvent dans les folides dont ces vifceres font com- pofés, ayent une vitefle déterminée , & que les fonc- tions de ces vifceres font troublées par un mouve- ment trop rapide ou trop rallenti. On peut dire la même chofe du cerveau. Le délire furvient à plu- fieurs dans les fievres intermittentes, par la feule agitation des humeurs mûes avec trop de vitefle pendant la violence de l'accès, & l’on voit ce dé- lire cefler dès que le trop grand mouvement des hu- meurs diminue. Le délire peut donc être produit par toutes les caufes de l’obftruétion , de l’inflammation , par tout ce qui peut augmenter ou retarder le cours des flui- des en général, & par conféquent ceux du cerveau ; plufieurs caufes peuvent par conféquent donner lieu au délire : mais toutes celles dont il vient d’être fait mention, ont leur fiége dans le cerveau. Cependant plufeurs autres caufes qui n’y agiffent pas immédia- tement, mais qui affectent d’autres parties du corps, peuvent affeéter la fubftance médullaire de l’organe des fenfations , comme fi c'étoit une caufe phyfque préexiftanté dans le cerveau même, quoiqu’ellé en {oit bien éloignée, C’eft-là une chofe très-importante dans la pratique, & qui, comme on voit, mérite beaucoup d’attention, Les anciens medecins avoient déjà obfervé dans les autres différentes parties du corps, les change- mens qui s’y faifoient, comme pouvant fervir de fi- gne du délire prochain. C’eft ainfi qu'Hippocrate a dit dans fes progñoflics, que « s’il y à un battement » dans un des hypocondres ; cela fignifie où une # grande agitation, ou un délire. Les palpitations que » lon reffent dans le ventre, font fuivies de‘trouble » dans Pefprit, 6e. »Ileft conftant par l’hiftoire dés plaies , des douleurs, des convulfions , de la manie, de l’épilepfe, dela mélancholie, &:c. que l’organe des fenfations peut être affecté par le vice de différentes parties du corps, même des plus éloignées, On obferve aufli particulierement que le délire : corime fymptome de fievre, eft occafionné par la matiere morbifique qui a fon fiége dans la région épigaftrique, laquelle étant emportée par quelque moyen que ce puifle être ; la fievre ceffe, quoiqu’on n'employe aucun remede dont l'effet fe fafle dans la tête même, Hippocrate avoit dit à ce fujet, dans fon livre des affeilions , que « quand la bile émûe fe # fixe dans les vifceres qui font près du diaphragme, » elle caufe la phrénéefe ». … On fait combien influe für le cerveau l’a@ion de bien des remedes, & celle des porfons fur l’eftomac, lefquels étant emportés, le mal cefle. C’eft la puif. fance d’une partie éloignée fur une autre, que Van- helmont appelloit aflez à-propos a@ion de fubordi- nation , aüio regiminis. Cette correfpondance fe ma- nifefte aflez par ce quife pañle dans les parties où il ya concours d’un grand nombre de nerfs qui fe diftri- buent à plufieurs autres parties , comme dans l’ori- fice fupérieur de l’eftomac, dont les irritations occa- Fonnent des defordres dans tout l'organe des fenfa- tions ; la caufe de l’irritation ôtée , Le calme fuit. La raifon de ces effets ne fe préfente pas aifément ; mais il fufiit que le fait foit bien obfervé , pour qu’on en puiffe tirer des indications falutaires pour diriger les Opérations dans la pratique. On peut voir ce qui regarde plus particulierement les différentes caufes de délire, dans les articles des différentes efpeces de cette maladie, comme MANIE, MÉLANCHOLIE, PHRENESIE , &c. Ce qui vient d’être dit convient au délire proprement dit, que l’on obferve dans la plüpart des maladies aiguës , fur-tout dans les fie- vres. C’eft aufli de cette derniere efpece de délire, que les fignes qui la font connoître vont être rap- portés : « car, comme dit Hippocrate, celui qui par + les affe&tions préfentes juge de celles qui peuvent » furvenir , eft en état de conduire parfaitement le # traitement d’une maladie ». . Comme le délire a différens degrés , & qu'il eft ac- compagné de fymptomes très-funeftes , fur- tout quand il parvient à celui de fa plus grande violence par les fortes pañlions de l’ame qu'il fait naître, & par les mouvemens &c les agitations extraordinaires qui les accompagnent, il eff très-important d’en connot- tre les moindres principes, pour pouVoir en préve- nir l’accroiflement & les fuites : ce qui demande beaucoup d'application. Galien ufe à ce propos d’u- ne comparaifon qui eff très-ingénieufe : 1l dit « que » comme 1l n’y a que les habiles jardiniers qui con- # noiïflent les plantes , & les diftinguent les unes des » autres lorfqu’elles ne font que fortir de terre , pen- » dant que tout le monde les connoît quand elles font + dans leur force ; de même il n’y a que les habiles # medecins qui apperçoivent les fignes d’un délire # prochain où commençant, tandis que perfonne # n'en méconnoît les fymptomes, lorfquele malade Tome 1F, D EL 787 » s’agite fan taifon apparente, fe jette hors du lit ÿ # devient furieux, 6; C’eft l'importance de.cetté connoiffance desfignes du délire, qui les a faitobférver fi foigneufement à Hippocrate tels que nous allons en rapporter quel: ques-uns, H dit dans fes progroffhics , qué« c’eftun » figne de dé/ire on de douleur de quelque:partie de » l'abdomen de fe tenir couché fur le ventre, pout » celui qui n’eft pas accoûtumé dé fe coucher däns » cette attitude en fanté ». Il dit aufli dans le mème livre, que «le malade qui grince des dents y n'ayant » pas eu cette habitude depuis fon enfance , eft me- » nacé de délire & de mort prochaine .#1 Où ydit encore , que « la refpiration longue &-profonde:f ».pnifie aufli le délire ; Iorfqu'il y a battementdans » les flancs, &c que less yeux paroïffent:agités on: » doit s'attendre audéfre 3 La douleur aigue dé Poreille dans une fevre violente , la langue rudée:êr feche, la lañguetremblante, le vifage enflammé., le regard féroce, le vommflement des matieres bilieu fes, poracées, les urines tougeâtres, claires , & quelquefois blanches, ce qui eft bien plus mauvais ; font tous des fignes d’une difpofition au 4/ire, Mais ce qu'Hippocrate regarde comme Le plus sûr indice d'un délire prochain, c’eft que le malade s'occupe des chofes auxquelles il n’étoit pas en coûtume de penfer, ou même contraires : c’eft à ce figne géné- ral que fe rapportent les fignes particuliers fuivans.,! comme une réponfe brufque de la part d’un homme ordinairement modéré, une indécence de. la part d’une femme modefte, & autres chofes femblables.: Galien avoit éprouvé furfoi-même, que de regar- der fes mains, de paroiïtre vouloir ramafñler des flo cons, de chaffer aux mouches, font des fignes de: délire ; s’en étant apperçü par les afiftans qu’il en- tendoit le remarquer, il demanda du fecours pour prévenir la phrénéfie dont il fe fentoit menacé. Le délire obfcur que l’on prendroit prefqué pour une lé- thargie, fe difingue par un pouls dur, quoique très. languiffant, On trouve dans Hippocrate beaucoup d’autres fignes diagnoftics du délire, On fe borne à ceux qui viennent d’être rapportés, pour pafler aux prognoftics. Exrais de Van. Swieten, commenr. aph Boerh. Les délires qui ne fubfiftent pas continuellement & donnent quelque relâche , font les moins mau= vais, fur-tout ceux quisne durent pas long-tems, & qui ne font accompagnés d’aucun mauvais figne :ils” occafionnent plus de crainte que de danger; comme dans les fievres intermittentes où ils paroiffent dans la violence de l'accès, &c fe terminent avec elle, pourvü que les forces du malade fufiifent à fuppor= ter la violence du mal. Cependant aucun délire n’eft regardé comme un figne de fécurité dans les maladies, ni comme un fi: gne de mort certaine par lui feul ; non plus qu’on ne doit pas fonder une efpérance aflürée fur la feule liberté de lefprit. Quelquefois pendant que fubfftent les fympto= mes les plus violens , s’il furvient un délire fubit, c’eft un figne d’une hémorrhagie ou d’une ctife, {e- lon Hippocrate dans les Coaques. L’urine fort char- gée, qui donne beaucoup de fédiment ‘annonce la fin du délire, dans le V1. livre des épid. Une bonne _ fueur, f elle fe fait abondamment & avec chaleur à la tête, le refte du corps fuant aufli, termine le 74/:- re ; cela arrive encore quelquefois par une hémor- rhagie, par les hémorrhoides , par de violentes dou- leurs, qui furviennent aux aines, aux cuiffes, aux jambes , aux piés, aux mains : ce qui fe fait alors par un tranfport de la matiere morbifique des parties plus effentielles à la vie, dans celles qui né le font pas. | C’eft auffi un très-bon figne lorfque le fomme:il GGggsi 758 D ET calme le-délire (Eipp fe. IT aphor.2.)pourv que le fommeil foit tranquille : c’eft le contraire sil eft agité; c’eft un figne mortel, aphor. 1. Jeët. IL, HU faut auf déftinguer le fommeil des maladies foporeufes qui dénotent mal, quand elles fuccedent au délire, Lorfqu'il eft accompagné de foibleffe , il eft mor- tel ; patce qu'il acheve d’épuifer le peu de force qui refte, d | Si Ja perte de la voix qui furvient dans la fievre par convulfion dégénere en délire obfcur filen- tieux, c’eft très-mauvais figne : le tremblement dans le délire violent procede de la convulfion , & la mort la fuit. Les-fréquens changemens dela tranqullité à lagi- tation font:pernicieux : le dé/ire accompagné de dé- faut de mémoire, d’affaiffement, de ftupidité, eft un figné de mort évident ; parce qu'il mdique un re- Hchement de toutes:les fibres du cerveau qui ont pérdu-leut reffort ; effet toùjours funefte après la chaleut contre nature, quiravoit fait naître le de- life : file froid ou la roideur des membres s’y joint, la-perte-du malade eft inévitable ; comme aufli dans le cas où ayant les yeux onverts 1l n’y voit rien; dans celüi où les yeux. fe ferment à la lumiere, ré- pandent des larmes involontairement , font inéga- lementientr'ouverts ; font rouges ou teints de fang. Les palpitations , le hoquet , la langue rude, {eche, fans. foif, la perte de la voix , linquié- tude, les fueurs froides-de la tête, du cou, des épaules , les moiteurs-par tout le corps , les urines aqueufes:, blanches ; claires, les déjeétions blan- châtres , abondantes , fans calmer le délire , les ab- cès dont là matiere rentre dans l’intérieur, & les éruptions cutanées qui difparoïfent , les douleurs dans lès membres qui ceffent bien-tôt , la dificulté de-refpirer , le pouls petit &.languiflant, & l’hor- reur pour les alimens & la boïflon : tous ces acci- déns font très-funeftes, chacun pris féparèment, toûjours d’après notre grand maître Hippocrate; à plus forte raifon,, fplufeurs & la plüpart font réu- msavec le déZire. Les trois derniers: fur-tout font d’unigrand poids dans quelque maladie que ce foit pour annoncer une fin prochaine , & les fignes oppolés à ceux-là font aufñ importans pour difliper la crainte du danger. Extrair de Profper Alpin, de prafag. vita & morte, - Tel eft l’abregé des fignes prognoftics qui peu- vént trouver place ici pour fervir à juger des évé- nemens dans l’affe&ion dont il s’agit , qui eft extre- mement variée par fa nature &c {es fymptômes : il refte à dire quelque chofe dé fa guérifon. . On ne peut guere donner de méthode univerfelle de traitément dans une affeétion dont les caufes font fi différentes ; mais les remedes doivent être variés à proportion : car dans les inflammations du cer- veau auxquelles donne lieu un fang épaifñ qui s’ar- rête dans fes vaifleaux , ‘& caufe le délire : il faut en employer de bien différens de ceux qui doivent être employés dans le cas de délire qui provient d’un épuifement à la fuite d’une longue fevre. Mais vü que le délire confidéré comme fymptôme de fievre, eft prefque toùjours déterminé paf une trop grande vélocitédans le mouvement circulatoire du fang ; 1l s'enfuit que tout ce qui peut contribuer à diminuer la mafle des humeurs , à en détourner leffort vers quelqu’autre partie plus réfiftante , à corriger ou à diminuer l’irritation , à délayer & atténuer les hu- meurs &cà en calmer lagitation , convient très-bien dans ce cas. | | La faignée au pié plus ou moins répetée , le réta- bliflement ou l'accélération du flux hémorrhoïdal, menftruel , par lemoyen des relächans ; les lave- mens , les vomitifs ; les purgatifs placés à propos, felon les diférens befoins ; la diete ; fatisfont à la premiere indication. vibes bains de piés ; l'application des fangfés ant temples, des vefcatoires à la nuque, entre les deux épaules, aux mollets des bras , des jambes ; celles _des fomenñtations émollientes; fur la tête; fur le ‘ventre ; à la plante dés piés ; les friétions des ex- trémités ,. peuvent férvir à remplir la féconde indi cation. +9 à LOS . Pour lés autres on. peut employer les décoëtions farineufes , légeres , favoneufes ; les boiflons adou- ciffantes., rafraîchiffantes , acidules.; les tifanes, les apofèmes antiphlogiftiques , defobftruans ; les calmans., les anodyns légers, placés dans lescom- méncemens du délire, 8 après les évacuans; dans la fuite les narcotiques prudemment adminiftrés ; les ténebres ; le repos. c | Avéc ces différens moyens on peut parvenir à détruire la caufe du mal; cependant fouvent l'effet refte après elle ; les violentes impreffions faites fur lorgane des fenfations ne s’effacent pas tout de fuite. | Il faut quelquefois avoir recours aux expédiens extraordinaires & finguliers , comme les inftrumens de mufique , le chant , la danfe, lesbruitséclatans, les bruitsreglés, la lummere , @c. pour fubfhituer de nouvelles idées plus fortes, mais plus conformes à leur objet , à celles qui conftituent le dé/ire , en op+ pofant toüjours des affeétions contraires à celles qui font dominantes. Voyez la curation du dre dans Vän. Swieten, dont on à extrait la plus grande par= tie de cet article. (2) DÊLIRE lofier. Voyez OSIER. DELIT , {. m. (Jurifprud.) du latin delirquere, de- Jilum , fignifie en général une faute commile au prés judice de quelqu'un. ; On comprend quelquefois fous ce tèrme de dlirs routes fortes de crimes, foit graves ou légers , mê- me lé dommage que quelqu'un caufe à autrui, foit volontairement ou par accident, & fans qu'il y ait eu deffein de nuire ; mais plus ordinairement on n’employe ce terme de dé/: que pour exprimer les crimes légers ou le dommage caufé par dés ani- maux, US ae Les principes généraux en matiere de dé/irs font que tous délirs font petfonnels , c’eft-à-dire que chacun eft tenu de fubir là peine & fa réparation dûe pour fon délir , & que le délir de l'un ne nuit point aux autres. Cette derniere maximé reçoit. néanmoins trois excéptions : la prentiere eft que le délit du défunt nuit à {on héritier pour les amendes, la confifcation , & autrés péinés pécuniaires qui font à prendre fur fes biens : la feconde exception eft que les peres font rénus civilement des 4/irs com- mis par leurs enfans étant en bas âge &c fous leur puiffance ; les maîtres font pareillement tentis des délirs de leurs efclaves & domeftiques , & du dé/s ou dommage caufé par leurs animaux : la troifieme ex-, ception eft qu'il y à quelques exemples qu’en purif- fant le pére pour certains crimes très-graves, on a étendu lignominie jufques fur les enfans , afin d’inf- ) pirer plus d’horreur de ces fortes de crimes. | Tous délits font publics ou privés ; ils font répu- tés de la derniere efpece ; à moins que la loi ne dé- clare le contraire. Poyez ci-après DÉLIT PUBLIC & DÉLIT PRIVÉ. Perfonne ne doit profiter de fon délis, c’eft-à- dire qu'il n’eft pas permis de rendre par un délit fa” condition meilleure. ; 34 La gravité du dés fe confidereeu égard à la qua- lité de celui qui le commet, à l'habitude où 1l peut" être de le commettre, à la qualité de celui envers" lequel il eft commis , en égard au lieu où les chofes” fe font pañlées, aux perfonnes qui étoient préfentes & autres circonftances qui peuvent mériter attén<" tions Us tes dits nedbivént point dérnbüfer impunis 5 il -eft du devoir des juges d'informer dés dlirs publics, “ont la véngeance eft réfervée au miniftere public. |: ‘La peine doit te proportionnée äu déhr ; &'les “particuhers ne peuvent point pourfuivre la peinte “un délir, mais féulement [a réparation civile & ‘pécuniaite. ru Là On dit communément qu'il n’y a point de com- penfation en matière de durs ; ce qui doit s’enten- “dre quant à là peine affliétive qui eff dire pour la vin- “diéte publique , mais fon quant aux.pemes pécuniat- res & aux dommages & intérêts qui en peuvent ré- fulter. Il y à même certains Air privés qui peuvent : fe compenfet ; par exemple, la négligence ou le dol Commis réciproquement par des affociés , Liv. IT. ff. de compenf. & lv. XXXFT. ff. dolo malo. Il en eft de même des injures & autres délirs légers qui ne méritent point la peine afliéhive , on les compenfe ordinairement en mettant les parties hors de cour. Le délir n'eft point excufé fous prétexte de colére ou de premier mouvement, ni fous prétexte d’e- xemple ou de coûtume ; l’erreur même ne peut l’ex- - cufer que dans les cas où Dry a point de dé/ir fans dol. H y a certains ds dont l’aétion eft annale, tel que les injures. La peine des autres dé/its en général fe prefcri- voit autrefois par dix ans fuvant le droit du digefte; mais par le droit du code, auquel notre ufage eft à ces égards conforme, il faut préfentèment Vingt an- nées. | _ La pourfuite du &Zi eft éteinte par la mort na- turelle du coupable, quant à la peine, mais non quant aux réparations pécuniaires. | Il y.a même certains délirs graves que la mort n’é- teint point, tels que le crime de léfe-mayjefté divine & humaine, le duel , l’homicide de foi-même , la ré- béllion à juftice à force armée, (4) _ Dézit D'ANIMAUX, eff de deux fortes; favoir le dommage qu'ils peuvent caufer à autrui en blef- fant quelqu'un, ce que les Romains appelloient pau- periem facere ; & le dommage qu’ils peuvent faire en paffant fur l’héritage d'autrui, foit dans des grains ou dans des bois en défenfe, ce que les Romains ap- pelloient depaflionem. Chez les Romains le maitre du bétail qui avoit commis le délit en étoit quitte en abandonnant la bête a celui qui avoit fouffertle dom- mage. Parmi nous le maitre eft obligé de réparer le dommage, lorfqu'il y a de fa part du dol ou de la négligence. Voyez au digefle, li. IX, ir. J. © aux ënfht. tit. f£ quadrupes, (À) DÉLIT CAPITAL ou CRIME CAPITAL, eft cel qui mérite peine de mort: on dit plus ordinairement un crime capital. Voyez au mot CRIME. (4) DÉLIT COMMIS 04 COMMUN. La coûtume d’An- goumois , ch. 7. art. 23. dit que le clerc pour le dé- lis commis {era renvoyé pardevant fon ordinaire, doyez la note de M. Angevin fur cet article, dans Le coëtumier général, (A4) . DÉLIT COMMUN , ne fignifie pas un dé/ir qui fe commet fréquemment, mais un dé/it ordinaire & non privilégié, c’eft-à-dire qui n’eft point d’une na- ture particuliere , & dont la connoïffance n’appar- tient point au juge par privilège, mais de droit com- inun. Ce térme délit commun eft oppofé à délir priviléz gié, c'eft-à-dire dont la connoïffance appartient au Jugé par privilésé. Ces termes font ufités lorfqu'il s’agit de délirs commis par des eccléfiaftiqués. On diftingue le défi commun & le délir où cas privilégié, pour régler la compétence du juge d'éstite & celle du juge fécu- lier ; la connoiffance du ir commun appartient au DEL 8 juge d'éplife, & celle du 47 privilgié âu juge | royal. Telles font lés notions vulgaires que l’on a de ces termes délit commun &c délit privilégié; mais pour bien enténdre leur véritable fignification & l’äbhs que l’on en à fait, il faut remonter jufqu'a l’origine de la diftin@ion du déhé commun & du cas privi- légié. ; On appelloit lirs communs!, chez les Romains , tous ceux dont la punition appaftenoit aux jugés Or dinaires; &t délirs propres a vwune certaine profefféon , ceux quiétoient commis contre les devoirs de cette -profeflion. | Ainfi pour les gens de guerte On appelloit délirs communs ; céux dont la vengeance étoit regléer par les lois communés à tous.les autres hommes; & 4£- lits propres ceux qui étoient contre les devoirs du fervice militaire, comme d’avoir quitté fon pofte. ‘On peut appliquer aux eccléfaftiques la même diftinéion, d'autant mieux que Les lois romaines les appellent. /4 milice facrée. Ce n’eft pas 1c1 le lieu de traiter de la jurifdi@tion eccléfiaftique en général; cependant pour léclair- ciflement de ces termes, délirs communs &c cas privi= légiés , on ne peut s'empêcher de remonter jufqu’aux premiers fiecles de l’Eglife, pour voir de quelles caufes les juges d’églife ont connu felon les diffé- rens tems, : Dans la primitive églife où les eccléfiaftiques n°a- voient point de jurifdiétion extérieure contentieufe, les prêtres & les diacres concilioient charitablement lés différends qui s’élevoient entre les fideles, lef- quels fe faifoient un fcrupule de recourir à des juges payens ; ce qui n’empéchoit pas que les Chrétiens, 8t même les eccléfaftiques , né fuflent foûmis à la juftice féculiere. ; | Conftantin fut le premier qui fit un reglement en- tre Les officiers eccléfiaftiques & les féculiers ; il ot- donna que les caufes légeres & celles qui concer- noient la difcipline eccléfaftique , fe traïteroient dans les affemblées fynodales ; qu’à l’ésard des cau- fes eccléfiaftiques , l’évêque en féroit juge entre ec- cléfiaftiques ; qu’en fait de crimes les eccléfaftiques feroient jugés par les évêques, excepté pour les cri- mes graves dont la connoïffance étoit réfervée aux juges féculiers; ce qui s’obfervoit même pour les évêques accufés, On diftinguoit à leur égard, de mê- me que pour les autres eccléfiaftiqués , le deélr civil & commun, d'avec celui que l’on appelloit eccléfcaf= rique, Cette diffinion des délits communs d'avec les dé lits eccléfrafliques | fut obferyée dans le jugement d’Athanafe évêque d'Alexandrie : il étoit accufé par deux évêques ariens d’avoir confpiré contre l’empe- reur Conftantin; il étoit aufli accufé d’un homicide, & d’avoir voulu violer fon hôtefle : l’empereur le renvoya pour ces crimes devant des juges féculiers qui l’interrogerent. Mais lorfqu’il fut accufé d’avoir rompu des calices, d’avoir malverfé dans la vifite de fes éslifes, & d’avoir ufé de violence envers les prêtres de fon diocèfe, il fut renvoyé au fynode af- femblé à Tyr. Le même ordre fut obfervé fous les émpéreurs Conftans & Conftantius, En effet Etienne évêque d’Antioche, qui étoit arien, ayant fait un complot contré les ambafladeurs de Conftans , 1ls demaride- rent à l’empereur que le procès fût fait à cet évêques & celui-c1 ayant demandé fon renvoi au fynode des évêques, on lui foûtint qu'étant accufé de crimes capitaux, il devoit être jugé en cour féculiére; ce qui fut ainfi ordonné. | Il eft vrai que les mêmes empereurs accorderent par faveur fpéciale aux évêques, de ne pouvoir pour quelque crime que ce ft Être jugés que par les me (DELT “évêques ; mais celaine changea rien pour les autres æccléfiaftiques; & depuis, les empereurs Valens, Gra- | tien, -& Valentinien, révoquerentilexteption qu | avoit été faite pour.les évêques, &-ordonnerent que pour crimes.eccléfiaftiques tous clercss foitévèques | ou autres, feroient jugés dans le fynode de leur dio- .:cèfe ;.mais que pour les crimes communs & civils, || qui font précifément ceux que l’on appelle aujour- ! d’hui improprement cas privilégiés, ils feroient pour- fuivis devant les juges {éculiers. Les empereurs Honorius & Théodofe rétablirent “leprivilége qui avbitété accordé aux évêques, & l’é- tendirent même à tous ecclefiaftiques en général -pour quelque délir que ce fût. Le tyran nommé Jezr qui eflaya d’ufurper l’em- “pire d'Occident, révoqua tous ces priviléges, & “fofûimit les eccléfiäftiques à la juftice féculiere, tant pour le civil que pour toutes fortes de crimes indif- ‘tindterment. Mais Théodofe 87 Valentinien IL. qui füuccéderent | à Honorius, rendirent aux eccléfiaftiques le privi- Tége de ne pouvoir être jugés qu’en la jurifdi&ion “eccléfiaftique , tant pour le civil que pour Le crimi- “nel. | Tel fut l’état de la jutifdiétion eccléfiaftique pour ‘les matieres criminelles jufqu’au tems de Juftinien, equel par fa novelle 83 diftingua expreflément les délirs civils des délirs eccléfiaftiques. Par les déliss ci- vils il entend les délirs communs, c’eft-à-dire ceux “qui font commis contre les lois civiles, & dont la punition eft refervée aux lois civiles. C’eft ce que le doûe Cujas a remarqué fur cette novelle, où 1l -employe comme fynonymes ces deux mots ciyi/ & commun ; & les'oppofe au délir eccléfiaftique. “Tultinien ordonna donc que fi le crime étoit ec- cléfiaftique, & fujet à quelqu’uné des peines que l’Eglife peut infliger, la connoiffance en appartien- droit à l’évêque feul; que fi au contraire le crime étoit civil'& commun, le préfident fi c’étoit en pro- vince, ou le préfet du prétoire fi c’étoit dans la ville, en connoitroient, & que s'ils jugeoient l’ac- cufé digne de punition, ils le livreroïent aux minif- tres de la juftice après qu'il auroit été dégradé de Vétat de prêtrife par fon évêque. Peudetems après, Juftinien changea lui-même cet ordre par fa novelle 123, où 1l permit à celui qui accuferoit un eccléfaftique de fe pourvoir, pour quelque délir que ce fût, devant l’évêque : fi le cri- me fe trouvoit eccléfiaftique, l’évêque pumifloit le coupable felon les canons; fi au contraire l’accufé £e trouvoit convaincu d’un crime civil, l’évêque le -dégradoït, après quoi le juge laic faifoit le procès à Pacculé. L’accufateur pouvoit auffi fe pourvoir devant le juge féculier ; auquel cas fi le crime civil étoit prou- vé, avant de juger le procès on le communiquoit à l'évêque. & fi celu-ci trouvoit que le délir füt com- run & civil, il dégradoit l’accufé, qui étoit enfuite remis au juge féculier : mais fi l’évêque ne trouvoit pas le délic fufifamment prouvé, ou que la qualité du délis lui parût équivoque , il fufpendoit la dégra- .dation., &c Les deux juges s’adreffoient à l’empereur, qui en connoïffance de caufe ordonnoit ce qu'il croyoit convenable. En France fous les deux premieres races de nos rois, 8& même encore aflez avant fous la troifieme, les eccléfiaftiques qui avoient beaucoup empiété fur la jurifdition féculiere , ne la reconnoifloient aucu- nement pour les matieres criminelles, de telle natu- re que füt le délit; c’eft pourquoi Prétextat archeve- que de Rouen étant accufé-par Chilperic de crime de léfe-majefté, le roi permit qu'il fût jugé par les gyèques & prélats du royaume ; il leur obferva néan- DEL imoins en même téms que les juges-royaux auroïent püle condamner pour un tel crime. !, by Grégoire de Tours apporte plufñeurs exemples Jemblables , entre autres que Salonius & Sagittafius accufés d’homicide, d’adultere, Ê&. autres crimes -énormes , furent renvoyés au jugement des évêques, On trouve aufi dans Monftrelet qu’en 141$, 1460 , & (aux additions) en 1467 ,.des clercs accu= fés.de léfe-majefté ,. fortiléges, homicides, étoient renvoyés au juge d’églife , qui les condamnoit à une prifon perpétuelle , & à jeüner au pain & à Peau. . Les capitulaires de Charlemagne, de Louis le Débonnaire, &autres princes leurs fuccefleurs, con- tiennent plufeurs défenfes de pourfuivre les ecclé- fiaftiques dans les tribunaux {éculiers pour quelque crime que ce füt. | | Philippe IL. ordonna en 1274 qu'on auroit re- cours au droit écrit, pour favoir fi un clerc accufé d’homicide feroit pourfuivi devant le juge eccléfia- flique ou laic. De tous ces différens faits 1l réfulte que l’on n’i- gnoroit point dès-lors en France la diftinétion des délits civils & communSid'avec les déliss eccléfiafti- ques , qui fe trouve établie par les lois romaines , & notamment par les novelles de Juftinien qui forment le dernier état du droit romain fur cette matiere’; que fi l’on renvoyoit aux évêques la connoïffance de tous les déliss commis par les eccléfiaftiques, c’é- toit par déférence pour les évêques , & par refpeét pour les anciens decrets des conciles. Mais bientôt après les gens d’églife commence- rent à reconnoitre l’autorité des juges féculiers pour les délirs graves : on°en trouve un exemple fous lé regne de Charles V. Pierre d’Eftang évêque de Saint-Flour , & depuis archevêque de Bourges & cardinal, ayant fait décider dans un fynode qu'il convoqua à Bourges, que les clercs ne pouvoient être pourfuivis en la juftice féculiere. pour aucun crime, fut contraint de révoquer ce decret, & d’en donner fa déclaration par écrit en 1369, qui fut re= cûe par Jean duc de Berri, & enfuite acceptée par le roi. Il paroît donc par-là que les eccléfaftiques fe re- connoifloient dès-lors fujets à la juftice féculiere quant aux crimes graves, qu'ils appellerent impro- prement délirs privilégiés; comme fi les juges fécu- liers n’en connoïffoient que par privilége, quoique ce fût tout le contraire, les juges féculiers connoif- fant par droit commun de tous les délirs, & les juges d’églife feulement par privilége des délits eccléfiaf- tiques. ns: L'exercice de la jurifdiéton féculiere fur les ec- cléfiaftiques accufés de cas privilégiés, c’eft-à-dire de crimes graves & dont la punition n'appartient qu’à la juftice féculiere ;n’eft même point un ufage particulier à la France, mais un droit commun à toutes les nations chrétiennes. | « . En Efpagne autrefois les eccléfiaftiques ne pous voient être pourfuivis, pour quelque crime que ce fût, que devant le jnge d’églife ; mais limpunité qui réfultoit de ce privilège fut caufe que les rois d'Efpagne le révoquerent pat rapport aux crimes atroces, tels que les affaffinats, adulteres, concu binages publics, &c autres femblables , dont Philip- pe IL. par un édit de 1597 donna pouvoir à fes juges d'informer contre toutes fortes de perfonnes fans exception. : .s : La même chofe eft arrivée en Angleterre, où les eccléfiaftiques accufés de crimes étoient auf exempts de la-juftice féculiere : ce privilége occa- fionnoit un tel defordre, que fous le regne d’Hen- ri IL. il y eut plus de cent affaffinats commis par des clerçs ; ce qui engagea Henri I, à donner un édit DUÉ"L portant que les clercs accufés de crimes éccléfafti- | ques répondroient devant les juges d’églife, & de- vant les juges féculiers pour les crimes graves & qualifiés ; ce qui fut confirmé par Edouard IT. Damhoudere en fa pratique de Flandre; obferve aufñ que les eccléfiaftiques y font foûmis à la juftice féculiere pour les crimes graves, tels que l’homici- de, l’affaflinat , port d’armes , & autres femblables. Il eft donc étrange que l’on traite de déliss & cas privilégiés, des faits dont la connoïflance appartient de droit commun au juge royal , & dont il eft le juge naturel, & de traiter de délits communs ceux dont le juge d’éolife connoit feulement par exception & par privilége. À Cependant l’ufage a prévalu au contraire , même dans les tribunaux féculiers, pour l’application de ces termes de/ir commun &c délif ou cas privilégié ; & fi nous avons relevé cette erreur, c’eft moins pour reclamer la véritable fignification de ces termes, que pour foûtenir les vrais principes par rapport à la jurifdiétion que le Roi a de droït commun fur les eccléfiaftiques , & non pas feulement par exception &t par privilége. Au refte, {elon la façon commune de parler, on mét dans la claffe des déliss privilégiés tous ceux qui fe commettent contre le bien & le repos publie, & que le Roi a intérêt de faire punir pour l'exemple & la füreté de fes fujgets , comme font les crimes de Iéfe-majefté divine & humaine, l’incendie, la faufle monnoie, l’homicide de guet-à-pens, le vol fur les grands-chemins, le vol noéturne, le port d'armes défendues, la force & la violence publique, la con- travention aux défenfes faites par un juge royal, & autres délirs femblables. Les délits communs font tous ceux qui ne font point privilégiés, tels que le fimple larcin , l’homi- cide fait fans deflein prémédité , les injures faites à des particuliers, & autres femblables déZrs dont les juges d’églife connoïffent quand ils font commis par des eccléfaftiques. Il y a auf des délits purement eccléfiaftiques, c’eft-à-dire qui font des contraventions aux faints decrets & conftitutions canoniques , tels que la fi- monie, la confidence, le facrilége commis fans vio- lence ; tels font auf les délits commis par des ecclé- fiaftiques, tant en omettant à faire ce qui eft de leur devoir ou en faifant ce qui leur eft défendu , comme fi. un curé omettoit malicieufement de dire la mefle & faire le fervice divin les jours de fêtes & diman- ‘ches, s’il refufoit d’adminiftrer les facremens à fes paroiïffiens , s’il célebroiït les faints myfteres d’une maniere indécente, s’il exerçoit quelqu’art ou mé- tier indigne de fon caraëtere. Quoique ces délirs foient de la compétence du juge d’églife, le juge royal en peut aufli connoître lorfqu’il y a fcandale public, & que l’ordre public y eft intéreñé. Un eccléfiaftique peut donc pour un même fait être jufciable du juge d’églife & du juge royal, lorfque le fait participe tout à la fois du défie commun &t du délit privilégié. Les juges des feigneurs ne peuvent connoître d’au- cuns déliss commis par les eccléfaftiques, mais feu- lement en informer, & enfuite renvoyer l’informa- tion au greffe royal. Suivant lordonnance de Moulins, quand il y avoit délit commun 8 privilégié , ie juge royal de- voit d’abord faire le procès à l’eccléfiaftique pour le cas privilégié, & enfuite le renvoyer au juge d’é- ghfe pour le délir commun ; & en attendant lé juge- ment de l’official, Paccufé devoit tenir prifon pour la peine du cas privilégié, dont le juge d’églife étoit refponfable fuppofé qu’il élareît le prifonmier. Mais depuis par l’édit de Melun il a été ordonné que le procès pour Le défis commun & le délir privi- D E L 791 légié fera fait par le juge d’églife & pa le juge royal conjointement ; & en ce cas le juge royal doit fe trañtporter au fiége du juge d’églife, ils y inftruifent conjointement le procès ; mais ils rendent chacun féparément leur fentence. La forme de cette protédure a encore été réglée par deux déclarations des mois de Février 1682 &- Juillet 1684, & par l'arc. 38 de l’édit de 169$, qui ordonne lPexécution des précédentes ordonnances L notamment de l’édit de Melun & de la déclaration de 1684, La déclaration du 4 Février 1711 ordonne que dans les procès qui feront faits conjointement par le juge d’églife pour le delir commun, & par le jugé royal pour le cas privilégié, le juge d’églife aura la parole, prendra le ferment des accufés &e des té. moins, & fera en préfence du juge royal les interro- gatoires, recolléemens & confrontations. Quand leccléfaftique eft jugé par le juge d’églife feul, & condamné pour le délis commun > il peut , quoiqu'il ait fatisfait à la condamnation , être encore repris par le juge royal, & puni de nouveau par lui pourle cas privilégié, Il en feroit de même fi leccléfiaftique avoit été abfous par le juge d’églife; le juge royal pourroit néanmoins encore lui faire fon procès. Mais f l’eccléfaftique avoit été renvoyé abfous par le juge royal, ou qu’il eût obtenu grace du Roi qui eût été entérinée, Le juge d’églife ne pourroit plus intenter procès à l’accufé pour Le délis commun ; & s’il le faïfoit il y auroit abus. Les peines que le juge d’églife peut infliger pour le délit commun font la fufpenfon, l’interdit, l’ex- communication , les jeûnes, les prieres, la privation pour un tems du rang dans l’églife, de voix délibéra- tive dans le chapitre, des diftributions manuelles ow d’une partie des gros fruits, la privation des bénéf ces, la prifon pour un tems, & la prifon perpétuelle. L’Eglife n’a point de punition qui puifle aller au-de- là. Foyez JUGE D'EGLise. Voyez la loi xxüij. au code Théod. de epifcop. &c cleric, a novel. 123. de Juftinien; Le sr. du délir com mun 6 cas privilégié ; celui de l'abus par Fevret, livre VIIL, ch. 7. 7. tj. 6 jv. Bouchel, éibliorh. du droir franç. au mot Cas ; @ Za biblior, canon. au mot Cas PRIVILÉGIÉ. Leprêtre, cens. 20. Henrys, tome II li, Le quefi. 16. Le tr, de l'abus par Fevret, üv. VIIT. ch, j. (4) DÉLIT ECCLÉSIASTIQUE, eft celui qui eft com- nus fingulierement contre les faints decrets & conf. titutions canoniques, comme la fimonie, la confi- dence , l’héréfie. Voyez ce qui en eft dit ci-devant 4x 7%0t D'ÉLIT COMMUN. (4) DÉL1IT, (flagrant.) eft le moment même où le coupable vient de commettre le crime ou le dom- mage dont on fe plaint. On dit qu'il eft pris en f£a- grant délit , lorfqu'il eft faifi & arrèté, ou du moins furpris en commettant le fait dont il s’agit. Voyez l’art, 1x. du tit, 10. de l'ordonnance criminelle ; Julius Clarus, 4. V. fentent. quel. vi. n. 5. (4) DÉLIT GRAVE, eft celui qui mérite une punition févere : on dit en ce cas plutôt crime que délis, (4 DËÉLIT 1MPARFAIT, eft celui que l’on a eu def. fein de commettre, ou même qui a été commencé mais qui n’a pas été achevé. Pour favoir comment on punit ces fortes de délirs, voyez ce qui en eft dit au mot CRIME. (4) DÉLIT LEGER , eft celui qui ne mérite pas une punition bien rigoureufe : telles font la plûpart des injures, lorfqw’elles n’ont pas caufé d’ailleurs un pré- judice notable. (4) DÉLIT MILITAIRE, eft une faute commife con- tre la difcipline militaire, Voyez Le titre de re railirari y 792 DEL au digefle xljx, tit, 16. 8t au code Liv. XIT, ne, 36. Gt le code militaire du baron de Sparre. (4) DÉcIT MONACHAL, ce font les fautes commifes par un religieux contre fa regle. Foy. la n0v. xxx, ch, 4. & MOINES & RELIGIEUX. (4) Dérir PERSONNEL, eft celui que l’on prétend avoir été commis par celui auquel on en demande raifon, à la différence de certains délirs dont nn tiers eut être tenu, comine le pere eft tenu civilement du délit de fon fils, &c. (4) Dézir PRIVÉ eft oppofé à délit public ; c’eft ce- lui dont la réparation m'intérefle point le public, mais feulement le plaignant, comme des injures où une rixe, (4) DÉLIT PRIVILÉGIÉ ,où CAS PRIVILÉGIÉ , eft oppofé à délit commun. Voyez ci-dev. DÉLIT GOM- MUN. (4) IE DéLir, (quafi) eft le dommage que lon fait à quelqu'un fans qu'il y ait eu deffein de nuire, comme quand il tombe par accident quelque chofe d’un toit ou d’une fenêtre, qui bleffe les paflans ou qui gate leurs habits. Ces fortes de quafi-délirs engendrent une obliga- tion de la part de celui qui a caufé le dommage, en vertu de laquelle il eft tenu de le réparer. Voy. aux inflitutes le titre de obligationibus quæ ex quafi-deliéto nafcuntur. Les lois romaines mettent aufli au nombre des guafi-délirs, Vaétion d’un juge qui litem fuam fecit; &c la conduite d’un maître de navire ou d’une hô- tellerie, chez lequel il s’eft commis quelque dol ou larcin : élles le rendent refponfable de ces éve- nemens, parce que quoiqu'il n'ait pas eu deflein de nuire, il y a toûjours de fa faute de n'avoir pas pris les précautions convenables pour prévenir le délit, & cette négligence eft ce que l’on. appelle quafi-délit, (4) Déxir, ou fimplement LAT, Î. m. (Coupe des pier- res) eftune divifon naturelle qui fe trouve dans les pierres par couches, comme aux feuilles d'un livre. Pofèr en lit, c’elt donrier à une pierre une fituation différente de l’horifontale dans les piés droits, &t de dis en joint dans les voutés. Il ÿ a des pierres fi compaétes qu’elles n'ont ni li ni délit ; tels font la plüpart des marbres que l’on peut pofer comme on veut , obfervant cependant de mettre quelque chofe entre les joints d’affife , comme une lame de plomb, pour conferver les arrêtés, & empêcher qu'il ne s’y fafle des balevres. D Done , (Bois de) Comm. c’eft ainfi qu’on appelle ceux qui dans les forêts ont été ou coupés, où mal- traités clandeftinement & contre les ordonnances. DÉLITER UNE PIERRE , (Coupe des pierres.) c’eft en couper une tranche, fuivant fon lit: quelquefois elle fe delire d'elle-même. (P) DÉLITESCENCE, f. f, serme de Chirurgie; retour fubit de la matiere d’un apofteme ou d’un ulcere dans les vaifleaux. Voyez APOSTEME. La délirefcence eft avantageufe au malade, quand la matiere rentrée dans les vaifleaux, fort par les urines, par les felles, ou par la tranfpiration : cette députation empêche qu'il n’artive aucun accident au malade. La délitefcence eft fort à craindre dans les inflammations malignes & dépuratoires : elle eft defavantageufe quand l'humeur fe dépole dans quel- ques parties ; mais elle l’eft plus ou moins, felon que l'humeur eft bénigne ou maligne, & que Les parties où elle fe dépofe font externes ou internes. Parmi les internes il y en a certaines où 1l eff plus dangereux qu’elle fe fafle que dans d’autres : par exemple , il eft plus dangereux qu’elle fe faffe dans le cerveau que dans le foie; il eft plus dangereux qu’elle fe fafle dans le foie que dans la poitrine, Les caufes de la délireféence font la fluidité de l’huc meur, le mauvais ufage des repercufffs, lexpofñ- tion de la tumeur à l’air froid , un régime mal ob- fervé, la fievre , l’'ufage des narcotiques , les paf- fions de lame, &c. On peut prévenir la délitefcence, en éloignant Les caufes autant qu'il eft poffible, ou en les combattant par les moyens que l’art indique. La diminution de la tumeur, les friflons irréeu- liers , la fievre, les douleurs dans une partie diffé- rente de celle où eft la maladie , annoncent la dé tefchnce. | g La phrénéfie, l’afloupiflement, l’accablement, les mouvemens convulfifs, le délire, &c. font connoï- tre que la matiere s’eft dépolée dans le cerveau. La dificulté de refpirer , la douleur de côté, 6'c, mar- quent quelle. s’eft faite à la poitrine. La douleur & la tenfon de l’hypocondre droit , . leshoquets, font connoître qu’elle s’eft faite au foie. FR MÉTASTASE. (7) DÉLIVRANCE , f. f. (Jurifpr.) eft la remife que quelqu'un fait d’une chofe à une autre perfonne. Ce terme eft confacré pour la remife de certaines chofes : on dit, par exemple, la délivrance d’une chofe donnée ou léguée , d’un ufufruit des deniers faifis, &c, Celui qui prétend droit à des deniers fai- fis, doit en faire ordonner la délivrance à {on profit avec la partie faifie , & avec les faififlans 8 oppo- fans. | DÉLIVRANCE DE LEGS. Tout legs eft fujet à dé- livrance , c’eft-à-dire qu’il n’eft point acquis de plein droit au lésataire, s’il n’en obtient la délivrance de l'héritier. Cette délivrance peut être faite par un aéte devant notaire, ou par une fentence qu’on appelle fentence de délivrance. L’héritier n’eft point obligé de confentit à la délivrance des legs, qu'il ne foit lui- même en poffeffion de l’hoirie, Le légataire ne gagne les fruits de la chofe léguée, que du jour de la de- mande en délivrance. (A) | DÉLIVRANCE DE NAMPS, eft un terme ufté en Normandie, pour exprimer la remife des effets fai- fis. Namps fignifie meubles faifis : ce mot vient de nantir. Il y a un titre exprès de la délivrance des namps dans la coûtume de Normandie, qui porte entr’au- tres chofes , que fi le feigneur ayant faïfi les zamps de fon vaflal , eft refufant de les délivrer à caution ou plege, le fergent de la querelle peut les délivrer à caution , & affigner les parties aux prochains plaids ou aflifes. Voyez Namps. (4) DÉLIVRANCE TRANCHÉE , terme ufité dans le duché de Bourgogne , pour exprimer une délivrance définitive : cela fe dit en matiere d’adjudication par decret. (4) DELIVRANCE, 4 la Monnoie. Faire une délivrance, c’eft donner permiflion d’expofer les monnoies en public, ce que les officiers ne font qu'après Les avoir bien examinées. Les juges-gardes répondent de la jufteffe du poids, les eflayeurs de la bonté du titre; en conféquénce on drefle un aéte de cette déliyran- ce, que l’on fournit au direéteur, qu’il employe dans les comptes qu'il rend. On prend des efpeces de chaque breve (voyez BREvE) pour faire les eflais néceflaires, & pour aflürer la bonté du titre. Le refte de ces efpeces eft confervé, il fe nomme peuille (voyez PEUILLE) : on le rend au direéteur avec les boutons d’effais, lorf- que la cour des monnoïies a jugé le travail. DÉLIVRÉ, adj. (Fauconn.) c’eft-à-dire qui n’a point de corfage, & qui eft prefque fans char, On dit que le héron eft délivré, lorfqu'il eft maigre , &e que fon vol n’eft point retardé par le poids que lui - donneroit fa chair, s’il en avoit beaucoup. * DÉLIVRER, AFFRANCHIR, v. fyn. (Gram } Au fimple, on affranchit un elclave, on délivre un captif : DEL captif: au figuré, on s'afranchit de la tyrannie des. grands, on fe délivre de l'importunité des fots. 4f= franchir marque plus d'effort que d’adrefle ; délivrer marque au contraire plus d’adreffe que d'effort : 1ls nt rapport tous les deux à une aétion qui nous tire, & nous-mêmes, ou les autres, d’une fituation pé- nible ou de corps ou d’efprit. DÉLIVREUR , f. m. (Manege.) On appelle ainñi un domeftique d’écurie, dont la fon@ion eft d’avoir la clé du coffre à avoine , & de la diftribuer aux heures marquées. Voyez COFFRE. (7°) DELMENHORST , (Géopr. mod.) ville d’Alle- magne au cercle de Weftphalie, capitale du comté de même nom: elle eft au roi de Danemark; ellé eît fituée fur le Delm. Long. 26. 12. lat, 53. 10. DÉLOGER,, v. a@. (Art milir.) c'eft un terme qui étoit autrefois en ufage parmi les militaites, pour dire décamper : M. de Turenne s’en fert dans plufieurs endroits de fes mémoires, Foye; DECAM- PER. (Q) DÉLONGER ox DÉLONGIR , (Fauconn.) c'eft Ôter la longe à un oïfeau , foit pour le faire voler, {oit pour quelqu’autrefbefoin. DÉLOS, (Géog. € Hiff. anc.) île de la mer Egée, Vune des Cyclades, célebre chez les poëtes par la naiflance d’Apollon & de Diane. L'ile de Délos ap- partient aux Turcs, & on l’appelle préfentement Sdile. Les meilleurs endroits de cette île font cou- verts de ruines & de recoupes de marbre, Tous les maçons des îles voifines y viennent comme à une carriere, choifir les morceaux qui les accommodent. On caffe une belle colonne pour faire des marches d’efcalier, des appuis de fenêtres, ou des linteaux de portes; on brife un pié-d’eftal pour en tirer un mortier ou une faliere. Les Turcs, les Grecs , les Latins y rompent, renverfent , enlevent tout ce qui leur plaît; & ce qui prouve les révolutions du mon- de, c’eft que les habitans de Myconé ne payent que 30 écus de taille au grand-feigneur, pour pofléder une île qui étoit autrefois le plus riche pays de l’Eu- rope, une île fi chere aux Athéniens, une île où l’on tenoit le thréfor public de la Grece. Voy. les auteurs grecs, & les relations des voyageurs modernes, Art. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DELPHES , (Géog. anc. Litér. Hifi.) ville de la Grece dans la Béotie, ou plutôt dans la Phocide, autrefois très-célebre par fon temple, fon oracle, la Pythie, le mont Parnafle, &c. & qui n’eft plus aujourd'hui qu'un amas de ruines fur lefquelles on a bâti un petit village appellé Ca/ri, entre Salone & Livadia. Les Grecs croyoient que Delphes étoit le milieu de toute la terre; & ce ne font pas les feuls qui ont cherché un milieu à la terre, quoique ce foit à-peu- près vouloir trouver la droite ou la gauche d’une colonne. Cette ville comprenoit feize flades dans fon cir- cuit, c’eft-à-dire 2000 pas géométriques ; elle de- voit toutes fes fortifications à la nature , & rien au travail des hommes. Un des fommets du mont Par- nafle, dont la pointe fufpendue avoit la forme d’un dais, la convroit du côté du nord: deux vañtes ro- chers l’embrafloient par les côtés , & Îa rendoient inaccefhble : un troïfieme rocher que l’on appelloit Cirphis, en défendoit l’abord du côté du midi; de forte qu’on n’y pouvoit arriver que par des fentiers étroits qu'on avoit pratiqués pour la commodité des citoyens. Entre la baffle -ville & la roche que je viens de nommer Cérphis, couloit le fleuve Pliftus. Les rochers qui environnoient la ville, s’a- baiflotent doucement & comme par degrés, ce qui a fait dire à Strabon qu’elle avoit la figure d’un théa- re. * Elie fe découvroit dans toutes fes parties ; & à Tome IF, D E L 70%! he réparder feulement que l’arrangement & l’äppas rat de fes édifices , elle offroit la plus belle peripecs' tive du monde aux yeux des étrangers qui y abor- doient, Maïs lorfqu'ils confidéroiént cet amas pro digieux de ftatues d’or & d'argent, dont le nombre, - furpañloit de beaucoup celui des habitans, s’imagis noient-ils voir une ville plutôt qu’une afflemblée de dieux? Tel éft cependant le fpettacle qu’offtoient aux yeux les magnificences de Delphes ; &c ce fut la vie de ces magnificences , dit Juftin, qui feule put déterminer l’armée gauloife À grimper pour fon mal- heur fur les rochers qui défendoient l’abord de cette ville. Ajoûtez que parmi ces rochers, les cris des hommes & le bruit continuel des trompettes fe mul- tiphoient de maniere, que tous ces échos augmen« toient dans l’efprit de ceux qui en ignoroient les cau- fes , l'admiration où l’on étoit pour cette ville chérie des dieux, & redoubloient la fainte horreur qu’on avoit conçue pour le dieu de l’oracle, Nous ayons encore des médailles de Delphes, AEADON. M. Spon (4v. III.) en rapporte une fu laquelle il paroît un temple magnifique avec une tête d'homme fans barbe, & couronnée de lautier. Un autre auteur a fait graver une autre médaille qui a une tête de Jupiter couronnée de laurier, & au re- vers un foudre, Pour ne pas entrer dans un plus grand détail, je renvoye le leéteur à Strabon, Paufanias, Pindare, Juftin ; parmi les modernes , à Vigenere dans {on commentaire fur Céfar ; & à la differtation de M. Hardion fur l’origine, la fituation & les divers noms de cette ville : cependant comme elle dut fa naiffan- ce & fa fplendeur à fon oracle, 7”, Le fecond des deux articles fuiv. Article de M. le Chevalier De JAUCOURT. Derpnes, (Temple de) Hiff, anc. Littér. 1] ny à perfonne qui n'ait où parler du semple de Delphes , de fes richeffes , des révolutions qu'il a efluyées, des oracles qui fe rendoient dans fon fanétuaire , enfin du nombre prodigieux de gens deftinés au fervice de ce temple. Empruntons 1c1 les lumieres des favans,. pour rafflembler avec ordre fous un point de vûe tous-ces faits célébrés par Les Poëtes, & trop dif perfés dans l’hiftoire. Le premier temple d’Apollon à Delphes, fi l’on en croit les anciens, fut conftruit de branches de lau- rier entrelacées, qu’on apporta de la vallée de Tem- pé. Ce temple avoit précifément la forme d’une ca- bane , & le laurier étoit particulierement confacré à Apollon ; il fe l’appropria lorfque Daphné, fes premieres amours, fut métamorphofée en cet arbre, Ce temple ruftique ayant été détruit, des abeilles, felon la tradition populaire, en formerent un autre avec leur cire & des plumes d'oifeaux. Quelques- uns aiment nueux fuppofer que ce fecond temple avoit été conftruit d’une plante appellée ærépre, ef- pece de fougere ; mais je préférerois à cette opinio® celle des auteurs qui ont écrit que ce temple avoit été l'ouvrage d’un habitant de Delphes nommé Pre. ras ; qu'il avoit porté le nom de fon fondateur: & fur l’équivoque du mot préra , qui fignifie des ar/es,! on avoit feint que les abeilles l’avoient conftruit avec des ailes d’oifeaux. Le troifieme temple fe reflent bien encore du ré- cit fabuleux. Il étoit, dit-on, louvrage de Vulcain À qui, pour le rendre plus durable, lavoit fait d’ais rain, & avoit place fur fon frontifpiceun groupe de’ figures d’or qui charmoïent les oreilles par d’agréa= bles concerts. Paufanias fe déclare contre cette tra- dition , & obferve que ce ne feroit pas grande mer- veille qu’Apollon eût eu un temple d’airain, puifau’- Acrifius roi d’Argos fit faire une tour de ce métal pour enfermer fa fille. On ne fait pas trop de quelie maniere ce temple d’airain fut détruit : les uns pré. tendent qu'il fut abyfmé dans un tremblement de | HHhhh 794 DÆÉ'L terre ; d’autres, qu'il fut confumé par le feu. Difons plutôt, avec M. Hardion, qu'il difparut à-peu-près comme les palais enchantés de nos Nécromanciens. Le quatrieme temple exifta réellement , & fut . bâtitout de pierre la premiere année de la cinquieme olympiade , par Trophonius & Agamedès excellens architeétes. Apollon, au rapport d’Homere qui em- bellit tous les fujets qu’il traite, en jetta lui-même les fondemens. Ce beau temple s’embrafa dans la cinquante-huitieme olymprade, 548 ans avant lére vulgaire. | | Le cinquieme fut conftruit 5 13 ans avant J. C. en- viron 44 ans après que celui de Trophonius &c d’A- gamedès eut été brûlé. Les Amphyétions, ces juges f célebres de la Grece, qui s’étoient rendus les pro- tetteurs de l’oracle de Delphes , {e chargerent du {oin de rebâtir ce cinquieme temple. Ils firent mar- ché avec l’architeëte (c’éroit un Corinthien nommé Spinthare) à 300 talens, environ foixante mille louis. Toutes les villes de Grece furent taxées, & Amañis, alors roi d’Epire , donna pour fa part mille talens d’alun. Les Alcméonides, famille puiflante d’Athe- nes, chaffés de leur patrie par les Pifftratides, vin- rent à Delphes en ce tems-là, & s’offrirentde conduire l'édifice : ils le rendirent beaucoup plus magnifique qu'on ne fe l'étoit propofé dans le modele. Entre les autres embelliffemens qu'ils ajoûterent, ils firent à leurs dépens un frontifpice de marbre de Paros. Le refte du temple étoit d’une pierre qu'Herodote appelle mapwes Aros, qui eft peut-être la même que le porus de Pline, efpece de pierre blanche, dure comme le marbre de Paros, mais moins pefante. Il n’eft pas pofñble de détailler les offrandes dont les divers temples de Delphes furent fucceflivement enrichis. Ces tréfors ont été fi vantés, que les Grecs les défignoient par le feul mot Tanasoraoûror, le palais des richefles. Ces richeffes ne confiftoient néanmoins dans les commencemens qu’en un grand nombre de vafes & de trépiés d’airain , fi l’on en croit Théo- pompe, qui nous affüre qu’il n’y avoit alors aucune ftatue, pas même de bronze. Mais cette fimplicité ne dura guere ; les métaux les plus précieux y pri- rent bientôt la place de l’airain. Gygès roi de Lydie fut le premier qui fit au temple de De/phes des of- frandes d’une très- grande quantité de vafes d’or & d'argent; en quoi ce prince fut imité par Crofus {on fucceffeur , par plufieurs autres rois & princes, par plufeurs villes, & même par plufeurs riches particuliers , qui tous comme à l’envi les uns des autres y accumulerent par monceaux trépiés, vafes, boucliers, couronnes, & ftatues d’or & d’argent de toutes grandeurs. Nous dirons , pour les évaluer en bloc , que dès le tems de Xerxès on faifoit monter les tréfors de Delphes auf haut que ceux de ce fou- verain des Perfes qui couvrit l'Hellefpont de fes vaif- feaux, & qui envahit la Grece avec une armée de 6oo mille hommes. Ne foyons pas furpris que des thréfors fi confidé- rables ayent excité fucceflivement la convoitife & la cupidité des rois & des nations. Le premier qui tenta de s’en rendre maître , fut un fils de Crius roi des Eubéens : cet évenement eff fiancien, qu’il n’eft pas poffible d’en fixer l’époque. Le fecond pillage fe fit par Danaüs roi d’Argos, qui étant entré à main armée dans la Grece, vola & brula le temple de Delphes, Van 1509 avant J..C. Enfuite les Dryopes s’emparerent des richefles du temple d’Apollon, fous la conduite de Phylas leur roi : Hercule défit ce roi, & le tua l’an 1295 avant J. C. Phlégias frere d’I- xion & roi des Phlésiens, fut le quatrieme qui pilla le temple de Delphes, environ 1295 ans avant N.S. Soixante & dix-huit ans après, Pyrrhus fils d’Achil- le , tenta la même dépouille, Les Crifféens porterent leurs mains impies fur les richefles du mêmé temple, DEL 60$ ans avant J. C. Le fameux Xerxès, lan 480 ave N. S.envoya à Delphes un détachement de fon armée formidable , avec ordre de piller le temple d’Apol- lon, &c de le détruire : mais fon entreprife ne réuffit pas. | Les Phocéens proches voifins de Delphes, pille- rent le temple à trois différentes reprifes, dont la premiere s’exécuta 365 ans avant l’ere chrétienne. Les Gaulois qui n’avoient pas moins d’avidité que les Phocéens , tenterent deux fois le même projet ; la premiere fois l’an 2709 avant J. C. fous Brennus qui y fut tué, defefpéré d’avoir manqué fon coup : . & la feconde fois 114 ans avant N. S. avec un fuc- cès plus heureux, mais non pas fans avoir perdu beaucoup de monde à cette expédition. Trente ans après, c’eft-à-dire 84 ans avant l’ere vulgaire, les Thraces porterent leurs mains facrilèges fur le tem- . ple de Delphes, & le brülerent l’an 670 de Rome. Enfin l’an 819 de la fondation de cette capitale du monde, Néron voyageant en Grece n’oublia pas de vifiter le temple d’Apollon ; & y ayant trouvé à fon gré 500 belles ftatues de bronze, tant d'hommes illuftres que de dieux, 1l les enleva, les chargea fur fes vaifleaux , & les emporta avec lui à Rome. Ce font-là les principaux pillages qu'efluya le fameux temple de Delphes, avant & même depuis la ceffa- tion de fes oracles. On conçoit bien qu’un temple de cet ordre de- mandoit un grand nombre de miniftres pour le def- fervir, & jamais {on autel n’en manqua. Il y avoit d’abord plufeurs colléges de devins ; cinq facrifica- teurs perpétuels en chef qui immoloient les viéti- mes , faifoient pafler la facrificature à leurs enfans, & avoient fous eux quantité de facrificateurs fubal- ternes ; un nombreux cortége de grands & de petits prêtres étoient chargés, les uns du dehors, &z les au- tres de l’intérieur du temple: ceux qui pafloient pour être les mieux inftruits de fes antiquités , les expli- quoient aux étrangers, & leur montroient foigneu- fement toutes les ofrandes que la piété des peuples avoit confacrées ; ils leur apprenoient par qui telle ftatue, tel tableau avoit été envoyé , quel en étoit le ftatuaire ou le peintre, dans quel tems & à quelle occafion on l’avoit envoyé. À l'entrée du fanétuaire habitoit le gardien de l’or d’Apollon ; emploi de confiance , maïs des plus éten- dus & des plus pénibles. Les prophetes défignés pour accompagner la Pythie dans le fanétuaire , & pour être aflis autour du trépié facré, tenoient un des pre- miers rangs entre les miniftres d’Apollon , parce que c’étoit à eux que l’on adrefloit les demandes, & que c’étoit d'eux que l’on fecevoit les réponfes de l’oracle. En fortant du fan@tuaire fe trouvoient les femmes confacrées au fervice du dieu, & qui fe rangeoient en haie fur le perron , pour empêcher que les profa- nes n’approchaffent du trépié. D’autres prêtrefles étoient occupées à la garde &c à l'entretien du feu facré qui brûloit jour & nuit. Il y avoit encore des hommes & des femmes prépofées uniquement pour les bains & les purifications du temple. Si nous ajoûtons à tout ce monde, les joueurs d'inftrumens, les hérauts qui annonçoient les feftins publics, les chœurs de jeunes garçons & de jeunes filles choïfis pour chanter les louanges , & pour dan- {er les danfes en ufage dans le temple d’Apollon, nous conclurons fans peine que la plus grande par- tie des habitans de Delphes étoient employés à le fervir. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DELPHES (Oracle de) : Myth. Hit, Lister, le plus fameux de tous les oracles du Paganifme, & qui de- vint, pour ainfi dire, l’oracle de toute la terre ; il précéda le regne de Cadmus , & étoit même établi | avant le déluge de Deucalion. DEL + Diodore de Sicile, Strabon, Paufanias, & Plutar- que, racontent que des chevres qui paifloient dans les vallées du mont Parnafle, s’étant avancées vers une efpece d’antre peu connue , firent des bonds étonnans , & pouflerent des cris extraordinaires. Bientôt les pâtres, les villageois , & tous les habi- tans du lieu:, furent à leur tour faifis des mêmes mou- vemens, & fe perfuaderent que quelque dieu étoit venu fe cacher dans le fond de l’abyfme , afin d’y rendre fes oracles: On attribua d’abord l’oracle à Neptune & à la Terre ; dela Terre, l’oracle pañla à Thémis fa fille: enfuite elle s’en démit en faveur d’Apollon, qu’elle chériffoit particulierement. En- fin celui-ci par fes lumieres dans la fcience de devi- ner, à laquelle il s’appliqua dès fa plus tendre jeu- nefle , demeura maître de l’oracle, & l’éleva au plus haut point de célébrité. Le fingulier de ce détail fa- buleux, eft qu’on le puife dans les Hiftoriens com- me dans les Poëtes. | Apollon fut donc le dernier poffeffeur de lore- cle de Delphes ; &:$ y mantint avec plus ou moins de gloire, fuivant les conjon@ures , le degré de fu- perftition des peuples ou de linduftrie des prêtres, jufqu’au tems que les Thraces pillerent fon dermier temple, & le brülerent vers l’an 670 de la fondation de Rome. Pendant celong efpace de fiecles, le tem- ple d’Apollon regorgea de préfens qu'on yenvoyoit de toutes les parties du monde. Les rois, les poten- tats, les républiques , & les particuliers, n’entrepre- noient rien qu'ils ne l’euffent confulté ; tout ce qu’il y avoit d'habitans à Delphes travailloient à l’envi à lui procurer des confultations, & à lui attirer les étrangers, afin de leur vendreles oracles au prix des plus fomptueux facrifices & des plus magnifiques offrandes ; tous étoient occupés ou de l'entretien du temple, ou des facnifñices, ou des cérémonies qui concernoient les oracles ; tous briguoïent avec zcle Jhonneur d’être Les miniftres d’un dieu qui les com- bloit chaque jour de nouveaux bienfaits. Voyez l’ar- zicle précédent. Parmi ces miniftres fe diftinguoient ceux qu’on nommoit les propheres , rpogures. Is avoient fous eux des poëres, qui mettoient les oracles en vers ; caril n'y a eu que de courts intervalles de tems où on les rendit en profe. L’antre d’où fortoient les oracles, étoit fitué vers ie milieu du mont Parnafle, du côté qui regardoit le midi: c’étoient les prophetes qui re- cevoient les paroles de la Pythie ; elle montoit fut le répié facré pour rendre les oracles du dieu, quand 1l vouloit bien fe communiquer aux hommes : mais les oracles qu'elle prononçoit n’étoient point faits pour le plaifir des'oréilles, n1 pour porter dans l’a- me cette tendrefle q itoient les poëfies de Sa- pho. La voix de la Pythie, dit Plutarque , attei- gnoit juiqu'au-delà de dix fiecles, à caufe du dieu qui la fauoit parler. Voyez PYTHIE. C’eft à l’oracle d’Apollon que la ville de Del- phes dut fa naïffance & fon aggrandiflement; elle: lui dut fa réputation, & ce grand éclat qui la fit re- garder comme le centre de la religion , comme le fé- jour favori des dieux. Quoique cetté ville n’eût que des précipices & des rochers pour pourvoir à {es be- {oins, l’oracie d’Apollon ini tenoit lieu des plus ri- ches côteaux & des plaines les plus fertiles : mais ce dieu n'étoit pas toüjours en humeur de'le rendre ; d’ailleurs il étoit très-friand de facrifices , & très-dif- ficile à cet égard. Si l’on entroit dans le fan@tuaire de fon temple fans avoir facrifié , le dieu étoit iourd, la Pythie étoit muette. Voyez, fur cette matiere , Plu- tarque; les mém. de l’acad des Infcript, Van-Dale, de oraculis Ethnicorum , & Vhifloire des oracles de M. de Fontenelle. J'ai parcouru tous ces ouvrages la plume à la main ; & le faifant dans les mêmes vûes que Montagne, je pratique fa méthode : « Ce que je » lis je m'en dégorge , non fans deffein de publique » inftruétion ; je-prete attentivement l'oreille aux li- _» vres de ce genre, en guettant fi j'en puis fripon- » ner beaucoup de chofes pour émailler ou érayer » celui-ci ». Article de M, le Chev. DE JAUCOURT. * DELPHINIES , (Hifl. ant. & Myth.) fêtes que les habitans d’Egine célébroient en l'honneur d’A- pollon delphinius, Ce dieu avoit été ainf appellé , fur ce qu’on prétendoit qu'il avoit pris la forme d’un dauphin pour conduire Caftalins & fa colonie, de- puis l’île de Crete jufqu'au ffrus Criffeus, aux envi- rons duquel on bâtit dans la fuite la ville de Del- phes, fi fameufe par loracle d’Apollon. RS * DELPHINIUM , (Hifi. anc.) une des cours de judicature des Athéniens ; on y écoutoit ceux qui ne defavotoient point un meurtre , mais qui prétendoient l’avoir commis innocemment. On en attribue l’inftitution à Egée ; & fon fils accufé de la mort de Pallante fut, à ce qu’on dit, le premier coupable qu'on y jugea. On l’appella de/phinium » de la proximité du lieu où elle tenoit fes féances , & du temple d’Apollon delphinius. DELPHINUS, en Aftronomie, nom d’une conftel- lation. Voyez DAUPHIN. DELSPERG ox DELEMORES , ( Géog. mod. } ville de Suifle, Long. 29, 58, lat. 47. 18. | DELTOIDE, f. m. (Anar. ) eft le nom quelles Anatonuftes ont donné au mufcle triangulaire de épaule ; als l’ont appellé ainfi , à caufe de la reffem- blance avec le A ou dela des Grecs. Voyez l’article MUSCLE. | | Ce mufcle, dire@ement oppofé au trapefe, s’at- tache à un tiers du rebord antérieur de la clavicule, vers fa portion humérale, à l’acromium & à l’épine de Fomoplate,, & 1l s'infere par un tendon fort à la partie moyenne de l’humerus. Il éleve le bras. Foy. nos Planches d’Anatomie, (L DÉLUGE, f. m. (Hifi. facrée, profane , & natur,) c’eft un débordement ou une inondation très-conf- dérable, qui couvre la terre en tout ou en partie. Poyez INONDATION & DÉBORDEMENT. L'Hiftoire facrée & profane parle de plufieurs dé. luges. Celui qui arriva en Grece du tems de Deuca- lion , appellé diluvium Deucalidoncum, eft fort re- nommé, « Ce deluge inonda la Theffalie. Deucalion » qui en échappa, bâtit un temple à Jupiter phry= » «us , C'éft-a-dire à Jupiter, par le fecours duquel » il s’étoit fauvé du déluge. Ceffñonument duroit aw » tems de Pififirate , qui en le réparant & le confa- » crant à Jupiter Olympien , en fit un des beaux édi- » fices de la Grece. Il fubfftoit encore fous ce titre » au tems d’Adrien, qui y fit beaucoup travailler. » Deucalion établit auffi des fêtes en l'honneur de » ceux qui avoient péri dans l’inondation ; elles fe » célébroient encore au tems de Sylla, au premier » du mois Anthifterion, & fe nommoient ifpcpopia ». Voilà les monumens qui établiffent la certitude de cet évenement : du refte on en a fixé l’époque à l'an 1529 avant J, C, trois ans avant la fortie des Liraé- lites de l'Egypte. C’eft le fentiment du P. Petau. Ras. temp. part, À, div. EL. ch. var. . Le déluge d'Ogyges eit arrivé, felon plufieurs fa- vans, environ 300 ans avant celui de Deucalion, 1010 avant la premiere olympiade, & 1796 avant J. C. C'eft en particulier le fentiment du même au- teur. Rar. temp. part, Z. iv, I. ch. jy. part. IT, Liv. IL, ch. v. « Mais il faut convenir avec les Grecs eux-méê- » mes, que rien n’eft plus incertain que l’époque de » ce déluge. Elle étoit fi peu fixée & fi peu connue, » qu'ils appelloient ogygier tout ce qui étroit obfcur » 6 incertain. Ce déluge dévaita PAttique; quelques » auteurs y ajoûtent la Béotie, contrée bafle & ma- » récageule, qui fut près de deux cents ans à rede- » venir habitable, s’il en faut croire les traditions, HHhhh ÿ 796 D £ L - On rencontre fouvent dans les anciens auteurs grecs ces deux déluges, défignés par les noms de chtaclyfmus prior , Sccataclyfmus poflertor. # Leshifforiens parlent encore des dé/uges de Pro: » méthée de Xifuthrus, d’unantre très fameux qui S'4E GE dans l'ile de Samothrace, &c qui fut caufé 5 par le désgorgement {ubit du Pont-Euxin qui rom- » PitiéBofphore ; déluges dont Les époques font peu #Connies , & qui pourroient n'être que le même, dont la mémoire s'éft différemment alrérée chez 5 ls différens peuples qui y ont été expolés ». Dans nos fhecles modernes nous avons eu les inondations des Pays-Bas, qui enfevehrent toute sétte partie appellée aujourd’hui le go Doffart dans-la Hollande, entre Groningue &: Embden, & en 14214 toute cette étendue qui fe trouve entre le Brabant-& la Hollande, « Ainfñi on peut juger que ces contrées ont été encore plus malheureufes que né furent -autrefoisla Theflalie, l'Attique, & la x Béctie dans teurs déluges, qui ne furent que paf- » fâcers dur ces contrées ; au lieu que dans ces trif- » tes provinces dé la Hollande le /uge dure en- » COFÉ Mais le déluge le plus mémorable dont Phiftoire dt parlé ; & dont la mémoire reftera tant que le monde fubfitera , eft celui qu’on nomme par excel- lentéle déluge , ou le déluge univerfel , oule déluge de Noë #'ce fut une inondation générale que Dieu per- mit pour punir la corruption des hommes, en dé- truifant tout ce qui avoit vie fur la face de la terre, excepté Noé, {a famille, les poiflons, & tout ce qui fut renfermé dans l'arche avec Noë. Cet évenement mémorable dans l’hiftoire du mon- de, eft une des plus grandes époques de la chrono- logie. Moyfe nous en donne l’hiftoire dans la Gene- fe, ch. v. & vij. Les meilleurs chronologiftes le fi- xent à l’an de la création 1656 , 2293 ans av. J, C+ Depuis ce déluge, on diflingue le tems d'avant &r d’après le d/uge. . Ce déluge , qu'on eùt dû fe contenter de croire, a fait & fait encore le plus grand fujet des recher- chest@& des réflexions des Naturahftes, des Criti- ques, 6. Les points principalement conteftés peu- vénit être réduits à trois : 1° fon étendue, c’eft-à-dire s’il a été général ou partiel: 2° fa caufe: & 3° fes effets. 1°. L'immenfe quantité d’eau qu'il a fallu pour former un déluge univerfel, a fait foupçonner à plu- fieurs auteurs qu'il métoit que partiel, Selon eux un déluge univerfel étoit inutile , eu égard à fa fin, qui étoit d’éxtirper la race des méchans ; le monde alors étoit nouveau , & les hommes en très-petit nombre ; l'Ecniture-fainte ne comptant que huit générations depuis Adam, 1l n’y avoit qu’une partie de la terre habitée ; le pays qui arrofe lEuphrate , & qu'on fup- pofe avoir été l'habitation des hommes avant Le dé- luge ; étoit fuffifant pour les contenir : or, difent-ils, la providence qui agit tohjours avec fagefle & de la maniere la plus fimple’, n’a jamais difproportionné les moyens à la fn, au point que pour fubmerger une petite partie de la terre, elle l'ait inondée toute entiere. Ils ajoûtent que dans le langage de PEcri- ture, la terre entiere ne fisnifie autre chofe que sous fes habitans,; & fur ces principes , 1ls avancent que le débordement du Tigre & de l'Euphrate, avec une pluie confidérable , peut avoir donné lieu à tons les hénomenes & les détails de l’hifloire du déluge, Mais le déluge a été univerfel. Dieu déclara à Noé, Gen: vj. 17. qu'il avoit refulu de détruire par un dé- lige d’eau tout ce qui refpiroit fous Le ciel & avoit vie fur la terre. Telle fut fa menace. Voyons fon exécution. Les eaux , ainfi que lattefte Moyfe, cou- vrirent toute la terre, enfevelirent les montagnes, & furpafferent les plus hautes d’entr’elles de quinze IE TI coridées: tont'périf, oiféaux, animaux , hommes, . ê généralementtout cequi avoit vie excepté Noé, les: poiflons, &ciles perfônnes! qui étoient avec lui dans l'arche. Gex. vijs 19: Un déluge univerfel peut: 1] être plus clairement exprimé ? S1 le déluge n'eût été que partiel , 1] ent été inutile. de mettre 100 ans à bâur l'arche , & d'y renfermer des ammaux de toute efpece pourien repeupler la terre :5l leur eût été facile de le fauver des endroits de la terre qui étoient inondés , dans ceux qui ne Pétoient point; tous Les oïfeaux aumoins n’auroient pä être détruits, comme Moyfe dit qu'ils le furent, tant qu'ils auroïent . eu des ailes pour gagner les lieux-ob le déluge ne fe: roit point parvenu. Siles eaux n’euffent inondé que les pays arrofés parle Tigre & par l'Euphrate, ja- mais cllesn’auroient pù furpafler de quinze coudées les plus hautes montagnes ; elles ne fe feroïent point élevées à cette hauteur: mais fuivant les lois de la pefanteur, elles auroient été obligées de fe repan- dre fur toutes les autres parties de la terre, à moins que par un miracle elles n’euflent été arrêtées; & dans ce cas, Moyfen’auroit pas manqué derappor= ter ce miracle comme il a rapporté celui des eaux, de la mer Rouge, & du Jourdain , qui furent fufpen- dues comme une muraille pour laïfler pañler les I raélites. Ex. xjv..22. Jof. ti. 16. « À ces autorités tirées des expreflions pofñtives » de la Genefe , toutes extremement dignes de no- » tre foi, nous en ajoüterons encore quelques-unes , * quoique nous penfions bien qu’elles ne font pas » néceflaires au véritable fidele : mais tout le mon- » de n’a pas le bonheur de l’être. Nous tirerons ces » autorités de nos connoiffances hiftoriques & phy- » fiques; & fi elles ne convainquent pas ävec la » même évidence que celles puifées dans PEcriture- » fainte, on doit être aflez éclairé pour fentir l’ex- » trème fupériorité de celles-ci, fur tout ce que no- » tre propre fond peut nous fournir ». # On peut alléouer, en fiveur de luniverfalité » du déluge mofaique, les traditions prefque univer= : » felles qui en ont été confervées chez tous Les peu- » ples des quatre parties du monde, quoique les na- » tions ayent donné à leurs dé/uges des dates 8c des » époques aufli différentes entr'elles qu’elles le font » toutes avec la date du déluge de Noë. Ces différen- » ces n’ont point empêché un grand nombre d’hifto- # riens chrétiens de faire peu de cas de la chrono- » logie des tems fabuleux & héroïques de fa Grece » & de l’Esypte, & de ramener tous ces faits parti- » culers à l’époque & à l’évenement unique que » nous a tranfmis l’hiftorien des Hébreux. » Si ce fyftème dérangesk ucoup les idées des » chronologiftes de bonn , néanmoins on doit » reconnoître combien il eft fondé en raïfon, puuf- » qu'il n’y a pas un de ces déluges, quoique donnés » comme particuliers par les anciens, où lon ne re- » connoïfle au premier coup d'œil les anecdotes &r » les détails qui font propres à la Genefe. On y voit » la même caufe de ce terrible châtiment, une fa- » mille unique fauvée, une arche, des animaux, & » &z cette colombe que Noë envoya à la décou- » verte, meflaser qui n’eft autre chofe que la cha- » loupe ou le radeau dont parlent quelques autres » traditions profanes, Enfin on y reconnoît jufqu’au » facrifice qui fut offert par Noé au Dieu qui Pavoit » fauvé. Sous ce point de vüe, tous ces déluges par- » ticuliers rentrent donc dans le récit &c dans lépo-. » que de celui de la Genefe. Deucalion dans la fa- » mille duquel on trouve un Japet , Promethée, » Xifuthrus , tous ces perfonnages fe réduifent au » feul Noé ; & ce font-là les témoignages qui ont « paru les plus convaincans de Puniverfalité de no- » tre déluge. Auffi cette preuve a-t-elle êté déja très- » fouvent employée par les défenfeurs de traditions DEL »judaiques ; mais d’un autre.côté, un fyftème qui #renverfe toutes les antiquités & les chronologies des peuples eft-il refté fans replique ? Non, fans » doute ; il a trouvé un grand nombre d’oppofans. 4 Quoique ce foit un des lieux communs des preu- » ves du déluge, il n’a été adopté d’ancun-chrono- » logifie, & chacun d’eux n’en a pas moins afligné »# des époques diverfes & diftinétes à chacun de ces » déluges, 8& il ne faut pas fe hâter de les.condam- ner. Ce fyflème, f favorable à l’univerfalité du » déluge par l'analogie frappante & finguliere des # détails des auteurs profanes avec ceux de lau- » teur facré, eft extrèmement défavorable d’ailleurs; » & loin d'en conclure que le déluge mofaïque a » été umverfel, &n’a laifié qu’une feule famille de » tout le genré humain, on pourroit au contraire »# juger par les anecdotes particulieres & propres # aux contrées Où ces traditions difperfées fe {ont # confervées , qu'il eft évident qu’en toutes. il ef + refté quelques-uns des ancienstémoins & des an- » ciens habitans, qui après en être échapés, ont. » tran{mis à leur poltérité ce qui étoit arrivé en leur » pays à telle & telle riviere, à telle & telle mon- » tagne , & à telle ou telle mer ; car Noé réclu & » enfermé dans une arche, errant au gré des vents » fur les fommets de l’Arménie, pouvoit-il être » inftruit de ce qui fe pafloit alors aux quatré coins # du monde. Les Theflaliens, par exemple, difoient # qu'au tems du déluge, le fleuve Penée enflé confi- » dérablement par les pluies, avoit franchi les bor- » nes de fon lit & de fa vallée, avoit féparé le mont # Offa du mont Olympe qui lui étoit auparavant uni » & continu, & que c'étoit par cette fraure que les |» eaux s’étoient écoulées dans la mer. Hérodote qui, # bien des fiecles après, alla vérifier la tradition fur » les heux, jugea par Pafpe@ des côteaux & par la »pofñtion des efcarpemens, que rien n’étoit plus » vraiflemblable 8: mieux fondé. » On avoit de même confervé en Bœotie la mé- # moire des effets du déluge fur cette contrée. Le » fleuve Colpias s’étoit prodigieufement accru ; {on » lit & fa vallée érant comblés, il avoit rompu les » fommets qui le contenoient à l'endroit du mont »Ptous, & fes eaux s’étoient écoulées par cette » nouvelle iflue. Le curieux Wheler qui, dans fon » voyage de la Grece eut occafñion d'examiner le » terrein, vérifia la tradition hiflorique fur les mo- x numens naturels qui en font reftés, & il convient » que le fait eff certainement arrivé de la forte. . # Le dégorsement du Pont-Euxin dans l’Archipel »6c dans la Méditerranée avoit auf laiflé chez Les » Grecs &c chez les pegples de l’Afie mineure une #infinité de circonftances propres aux feuls lieux » où 1l avoit caufé des ravages ; & le fameux M. de » Tournefort a dé même reconnu tous les lieux & » les endroits où l’effort des eaux du Pont-Euxin dé- » bordé s’étoit alternativement porté d’une rive à » l’autre, dans toute la longueur du détroit de Conf- » tantinople. Le détail qu'il en donne & la defcrip- » tion qu'il fait des prodigieux efcarpemens que cette » fubite & violente irruption y a produits autrefois, » en tranchant la malle & le folide de ce continent, #eft un des morceaux des plus intéreffans de fon » voyage, ôt des plus inftrutifs pour les phyficiens » 6t autres hiftoriens de la nature. On ne rapportera » pas d’autres exemples que ceux-là ( quoiqu'il y » n'ait un plus grand nombre, {oit en Europe, foit »en Âfe, foit en Amérique même ), de ces détails # propres & particuliers aux contrées où les tradi- » tions d’un dé/uge font reflées, & qui, prouvant ce » femble d’une maniere évidente qu’en chacune de + ces contrées 1l y a eu des témoins qui y ont fur- » vêCU, feroient par conféquent très-contraires au » texte formel de la Genefe fur l’univerfalité du dé- DEL 797 » luge, Mais’ tous ces déluges nationaux font, dit-on » toûjours , de la même date.que celui des Hébreux. » Quelque favorables que foient les obfervations » qui précedent, aux chronologiftes qui n’ont point » voulu confondre tous les dé/yges nationaux avec » le nôtre, la preuve-quinaît de l’analogie qu’ils ont » d’ailleurs avec lui eft f forte, qu’elle doit nous en. » gager à les réunir ; &elleseft fi convenable & fi » conforme at texte qui parle dé l’univerfalité, que # tout bon chrétien doit tenter de réfoudre les ob » jeétions.qui s'y oppofent.; cé qu n'eft pas auf » difficile que l’on penfe peut-être, du moins relati- » Vement aux obfervations particulicresaux peuples » & aux contrées, Les traditions qui nous parlent » des effets du délugefur la Theflalie, Ja Bœotie, & » fur les contrées de la Thrace & de l’'Afe mineure, # font appuyées de monumens naturels fi authenti- » ques , que lon ne peut douter, après les obferva- » tions des Voyageurs qui les ont examinés en hifto= # riens & en phyficiens, que les effets deces déluges » n'ayent été tels que les traditions du pays le por: » tent, Or ces effets, c’eft-à-dire ces furienfes 87 épou- » vantables déoradations qui fe réemarquent dans ces: » contrées. fur les montagnes & les continens qui #'Ont autrefois été tranchés par les débordemens » extraordinaires du Pénée , du Colpias, & du Pont- » Euxin, font-ils uniques fur la terre & propres feu- » lement à ces contrées? N’eft-ce » par exemple, que # dans le détroit de Conftantinople que fe remar- »quent ces côtes roides, efcarpées & déchirées, » toùjours & conftamment oppofées à la chûte des » eaux des contrées fupérieures & placées dans les » angles alternatifs & correfpondans que forme ce » détroit ? Et n’eft-ce enfin que dans ce feul détroit » que l’on trouve ces angles alternatifs, & qui fe » Correfpondent avec une f parfaite régularité ? La »phyfque eft inftruite aujourd’hui du contraire. »# Cette admirable difpofition des détroits , des val- n lées &cides montagnes, eft propre à tous les lienx »# de la terre fans aucune exception. C’eft même un » problème des plus intérefans &des plus nouveaux » que les obfervateurs de ce fiecle fe foient PFOpO= »1és, & dont/ils cherchent encore la folution, Or » ne fe préfente-t-elle pas ici d'elle-même ? Ces po- » fitions & ces efcarpemiens régulierement diftri- » buës, les un$ à péenre des autres ; dans le cours » de, toutes les vallées de la terre, font femblables » en tout aux difpofñtions qui fe voyent dans le dé: » troit de Conftantinople & dans les vallées du Pé- »# née & du Colpias: Elles ont done la même origine ; » elles font donc les monumens du même fait, mais » ces monumens font univerfels ; il eft-donc conf. » tant que le fait a été umverfel; c’eftA.dite, il eft » donc vrai, ainfi que dit la Genefe, que Péruption » des fourcés & la chûte des pluies ayantiété géné- » rales, les torrens & les inondations qui en ont été » les fuites, ont parcourn la furface entiere de la » terre , ce qu'il nous falloit prouver. A cette folu- » tion fe préfentent deux objeétions: 19, les phyfi- » CIEns ne conviennent point encore que ces angles » alternatifs & tous ces efcarpemens qui fe voyent » daris nos vallées foient les effets du dé/uga ; il les » régardent au contraire comme les monumens du » féjour des mers , & non comme ceux d’une inon » dation paffagere. 2°, Toute favorable que cette » folution paroïffe , on fent encore néanmoins qu'il » faut toijours qu'il foit refté des témoins en difdé- » rentes contrées de la terre, puifque les anecdotes » phyfiques qui font la bafe de notre folution ont: » été confervées en plufieurs contrées particulieres. » Le déluse, à la vérité, aura-été univerfel , maision » ne pourra point dire de même que la deftu@iôn » de l’efpece humaine ait été univerfelle, Nous ré » pondrons à la premiere objeétion au troifieme ar« 798 DEL s ticle fur les effets du déZuge, & nous tâcherons de » répondre ici à la féconde. Les terribles effets du » déluge ont été connus de Noë & de fa famille dans » les lieux'de l’Afe où il a demeuré ; ceci ne peut » fe contefter. Quoiau’enfermé dans Parche, Noé » dès lé commencement des pluies voyoit autour de » lui tout ce qui fe pañloit ; 1 vit les pluies tomber » du ciel, les goufres de la terre s’ouvrir & vomir » les. eaux fouterraines ; 1l vit les rivieres s’enfler, » Lortir de leur lit, remplir les vallées, tantôt fe ré- » pandre par-deflus les fommets collatéraux qui diri- » geoient leur cours, & tantôt rompre ces mêmes » fommets dans les endroits Les plus foibles, & fe » frayer de nouvelles routes au-travers des conti- »nens pour aller fe précipiter dans les mers. Le » mont Ararat ne porte fans doute ce nom, qui fi- »gnifie en langue orientale maléditlion du tremble- » ment, que parce que la famille de Noé qui prit » terre aux environs de cette montagne d'Arménie, # y reconnut les affreux velliges & les effroyables » dégradations que l’éruption des eaux, que la chüte » des torrens, & que les tremblemens de la terre, » maudite par Le Seigneur , y avoient caufé & laïffé. # Orilen a pù être de même pour les autres lieux » de la terre, où des détails particuliers fur le dé/uge » fe font confervés. C’eft de cette même famille de » Noé que nous les tenons ; à mefure que les def- » cendans de ce patriarche fe font fucceflivement » répandus fur tous les continens, ils y ont reconnu » par-tout les mêmes empreintes qu’avoient laïffé le » déluge en Arménie, &c ils ont dû juger par la na- » ture des dégradations, de la nature des caufes def- » trudtives. Telle eft donc la fource de ces détails » particuliers 8 propres aux contrées qui nous Îles » donnent ; ce font les monumens eux-mêmes qui » les ont tranfmis & qui les tranfmettront à jamais. » Maïs, dira-t-on encore, les dates ne font point les » mêmes. Et qu'importe, fi c’eft toïjours le mêmé » fait? Les Hébreux, de qui nous tenons l’hiftoire » d’un déluge univerfel, font-ils entr’eux plus d’ac- » cord fur les époques ? N’y a-t-1l pas dans celles » qu'ils nous donnent, de prodigieufes différences, » & en convenons-nous moins qu'il n’y a cependant » dans leurs differens fyftèmes qu’un feul & même » déluge? Croyons donc qu'il en eft de même à l'égard » de l’hiftoire profane , qu’elle nemouS préfente que » le même fait, maloré la difference des dates ; &c » quant aux circonftances particulieres, que ce font » les feuls monumens qui les ont fuggérées aux nou- + veaux habitans de la terre, & non comme onle vou- » droit conclure, la préfence des differens témoins » qui y auront furvécu; ce qui feroit extrèmement » contraire à notre foi. Les chronologiftes, à la vé- »rité, n’adopteront peut-être jamais ce fentiment : » mais dès qu'ils conviennent du fait, c’eft une raï- » fon toute naturelle de s’en tenir pour l’époque au » parti des théologiens qui trouvent ici les phyf- » Ciens d'accord avec eux. Au refte, s’il y a encore » dans cette folution quelque dificulté phyfique ou » hiftorique, c’eft aux fie cles, aux tems & au progrès » de nos connoiïflances à nous les refoudre. » On a regardé encore comme une preuve phyfi- »5 que de l’univerfaliié du déluge & des grands chan- » gemens qu'il a operés fur toute la face du monde, » cette multitude étonnante de corps marins qui fe »trouvent répandus tant {ur la furface de la terre » que dans l'intérieur mème de tous les continens, » fans que l'éloignement des mers, l'étendue des ré- » gions, la hauteur des montagnes, ou la profondeur » des fouilles, ayent encore pü faire connoïtre quel- » que exception dans cette furprenante fingularité. » Ce font-là fans contredit des monumens encore »# certains d’une révolution univer{elle, telle qu'elle # foit ; & fi on en excepte quelques naturaliftes mo- DEL » dernes , tous les favans & tous les Hommes mêmes » font d’accord entr’eux pour les regarder comme » les médailles du déluge, 8e comme les reliques du » monde ancien qu'il à détruit. | » Cette preuve eft très-forte ; auf a -t-elle été »'fouvent employée. Cependant on luia oppofé l’an- » tiquité des pyramides d'Egypte ; cés monumens » remontent prefqu'à la naïffance du monde : cepen- » dant on découvre déja des coquilles décompofées » dans la formation des pierres dont on s’eft fervi » pour les conftruire. Or quelle fuite énorme de fie- » cles cette formation ne fuppofe-t-elle pas ? Et com- » ment expliquer ce phénomene, fans admettre lé- » ternité du monde ? Expliquera-t-on la préfence des » Corps marins dans les pierres des pyramides par » une caufe, & la préfence des mêmes corps dans » nos pierres, par une autre caufe ? cela feroit ridi- » cule : mais d’un autre côté, dans les queftions où » la foi eft mêlée, quel befoin de tout expliquer » » D'ailleurs on doit noter ici que fi la preuve que » nous avons tirée des efcarpemens que l’on voit » régulicrement difpoiés dans toutes les vallées dur » monde, étoit reconnue pour bonne &folide, certe » feconde preuve, tirée des corps marins enfevelis » dans nos continens, ne pourroit cependant con- » courir avec elle comme preuve du même fait, Car » fi ce font les eaux & les torrens du déuge qui, en » defcendant du fommet & du milieu des continens » vêrs les mers , ont creufé en ferpentant fur la »furface de la terre, tous ces profonds fillons » que les hommes ont appellés des vallées ; & f » ce font eux qui, en fouillant ainfi le folide de nos »continens & en les tranchant, ont produit les » efcarpemens de nos côteaux, de nos côtes & de » nos montagnes dans tous les lieux dont la réfif- » tance & l’expofition les ont obligés malgré eux à » changer de direétion ; ce ne peut être par con- » féquent ces mêmes torrens qui y ayent apporté » les corps marins, puifque ces corps marins fe trou- » vent dans ce qui nous refte de la mafñfe des anciens » terreins tranchés. Le tremblement de terre qui a » brifé le mont Ararat, & qui l’a rendu d’un afpe& » hydeux & effroyable, n’eft pas l’agent qui a pûù » mettre des foffiles dans les débris entiers qui en » reftent ;.ce n’eft pas non plus l’aéte qui a féparé » l’Europe de l’Afie au détroit du Pont-Euxin, qui a » mis dans les bancs dontl’extrémité & la coupe fe dé- » couvrent dans les efcarpemens &r les arrachemens » des terreins qui font reftés de part & d'autre, les » corps marins que contient lintérieur du pays. Ce- » ci, je crois, n’a pas befoin de plus longue expli- » cation pour être jugé naturel & rafonnable, 1} » n’en réfulte rien de défavorable au déluge, puif: » qu’une feule de ces deux preuves fufht pour mon- » trer phyfiquement les traces de fon univerfalité, Il » s'enfuit feulement qu’un de ces deux monumens » de l’hiftoire de la terre appartient à quelqu’autre » fait fort différent du déluge, & qui n’a point de » rapport à l'époque que nous hui affignons », Il. Le déluge reconnu univerfel, les philofophes ne favent où trouver l’eau qui l’a produit ; « tantôt » ils n’ont employé que les eaux du globe, & tantôt » des eaux auxiliaires qu'ils ont été chercher dans » la vafte étendue des cieux, dans l’athmofphere, » dans la queue d’une comete ». Moyfe en établit deux caufes ; les fources du grand abyfme furent lâchées, & les cataraëtes du ciel furent ouvertes : « ces exprefñons ne femblent nous » indiquer que l’éruption des eaux foûüterraines &c » la chûte des pluies ; mais nos phyficiens ont donné » bien plus de carriere à leur imagination ». , Burnet, dans fon livre sllwris cheorta facra , prou- ve qu’il s’en faut de beaucoup que toutes les eaux de l’océan euflent fuffi pour fubmerper la terre, & DEL furpafñler de quinze coudées le fommet des plus hau- tes montagnes ; fuivant fon calcul il n’auroit pas fal- lu moins que de huit océans. En fuppofant que la mer eût été entierement mife à {ec, & que toutes les nuées de l’atmofphere fe fuflent diffloutes en pluie, il manqueroit encore la plus grande partie des eaux du déluge. Pour réfoudre cette difficulté plufieurs ex- cellens naturaliftes, tels que Stenon, Burnet, Wood- vard, Scheuchzer, &c. adoptent le fyftème de Def cartes fur la formation de la terre : ce philofophe prétend que la terre dans fon origine étoit parfaite- ment ronde & égale, fans montagnes & fans vallées; il en établit la formation fur des principes de Mé- chanique , & fuppofe que dans fon premier état c’étoit un tourbillon fluide & épais rempli de diver- fes matieres hétérogenes, qui après avoir pris con- fiftance infenfiblement & par degrés , ont formé fui- vant les lois de la pefanteur des couches ou lits con- centriques , & compofé ainfñ à la longue le folide de la terre. Burnet poule cette théorie plus loin ; il pré- tend que la terre primitive n’étoit qu'une croûte or- biculaire qui recouvroit l’abyfme, ou la mer qui s’étant fendue & brifée en morceaux dans le fein des eaux, noya tous ceux qui l’habitoient. Le même au- teur ajoûte que par cette révolution le globe de la terre non-feulement fut ébranlé & s’ouvrit en mille endroits, mais que la violence de Îa fecoufle chan- ea fa fituation, enforte que la terre qui auparavant étoit placée directement fous Le zodiaque , lui eft en- fuite devenue oblique ; d’où eft née la différence des faifons , auxquelles la terre, felon lui & felon les idées de bien d’autres , n’étoit point fujette avant le delupe. Mais comment accorder toutes les parties de ce fyflème , & cette égalité prétendue de la furface de la terre, avec le texte de l’Ecriture que Pon vient de citer ? il eft expreffément parlé des montagnes comme d’un point qui fert à déterminer la hauteur des eaux ; & avec cet autre paflage de la Genefe, Yi. 22. où Dieu promettant de ne plus envoyer de déluge & de rétablir toutes chofes dans leur ancien état, dit que le tems des femences & la moiflon, le froid & le chaud, l'été & l’hyver, le jour & la nuit, ne cefleront point de s’entre-fuivre. « Circonftances # qune fe concilient point avec les idées de Burnet, » ÊT qui en nous apprenant que l’ancien monde étoit » fujet aux mêmes viciflitudes que le nouveau, nous > fait de plus connoiïtre une des anecdotes du déluge » à laquelle on a fait peu d'attention ; c’eif cette in- » terruption du cours reglé de ja nature, & fur-tout » du jour & de la nuit, qui indique qu'il y eut alors » un grand dérangement dans le cours annuel du » globe, dans fa rotation journaliere, & une gran- » de altération dans la lumiere ou dans le foleil mê- » me. La mémoire de cette altération du foleil au » tems du déluge s’étoit confervée aufli chez les Ecyp- » tiens & chez les Grecs. On peut voir dans l’hiftoi- » re du ciel de M. Piuche, que le nom de Deucalion » ne fignifie autre chofe qu'affoibliflement du foleil», D’autres auteurs fuppofant dans l’abyfme ou la mer une quantité d’eau fuflifante, ne font occupés que du moyen de l’en faire fortir; en conféquence quelques-uns ont recours à un changement du cen- tre de la terre, qui entraînant l’eau après lu, l’a fait fortir de fes refervoirs, & a inondé fucceflivement plufieurs parties de la terre. Le favant Whifton, dans fa zouvelle théorie de La £erre, donne une hypothèfe extrèmement ingénieufe & tout-à-fait nouvelle: il juge par beaucoup de circonftances fingulieres qu’une comete defcendant fur le plan de l’écliptique vers foh périhélie, paffa direétement au-deflus de la terre le premier jour du deluge. Les fuites qui en réfulterent furent premiere. ment que cette comete, lorfqu’elle fe trouva au-def- DEÆ 39% fous de la lune, occafionna une marée d’une étens due & d’une force prodigieufe dans toutes les peti= tes mers, qui fuivant fon hypothèfe faifoient partie de la terre avant le déluge (car il croit qu’il n’y avoit point alors de grand océan) ; que cette marée fut ex. citée jufque dans l’abyfme qui étoit fous la premiere croûte de la terre; qu’elle groffit à mefure que la comete s’approcha de la terre, & que la plus gran. de hauteur de cette marée fut lorfque la comete fe trouva le moins éloignée de la terre. IL prétend que la force de cette marée fit prendre à l’abyfme une f- gure elliptique beaucoup plus large que la fphérique qu'elle avoit auparavant ; que cette premiere croûte desla terre qui recouvroit l’abyfme, forcée de fe pré- ter à cette figure, ne le put à caufe de fa folidité & de lenfemble de fes parties ; d’où il prétend qu’elle fut nécefitée de fe gonfler, & enfin de fe brifer par l'effort des marées & de l’attraétion dont on vient de parler ; qu'alors l’eau fortant des abyfmes où elle fe trouvoit renfermée , fut la grande caufe du déluge : ce qui répond à ce que dit Moyfe , que les fources du grand abyfme furent rompues. De plus, il fait voir que cette même comete s’ap- prochant du foleil, fe trouva fi ferrée dans fon paña- ge par le globe de la terre, qu’elle ’enveloppa pen- dant un tems confidérable dans fon atmofphere & dans fa queue, obligeant une quantité prodigieufe de vapeurs de s'étendre & de fe condenfer fur {a furface ; que la chaleur du foleil en ayant raréfié enfuite une grande partie, elles s’éleverent dans l’atmofphere & retomberent en pluie violente ; ce qu'il prétend être la même chofe que ce que Moyfe veut faire entendre par ces mots, es cataraëles du ciel furent ouvertes, & {ur-tout par la pluie de gua- rante jours : car quant à la pluie qui tomba enfuite, dont la durée forme avec la premiere un efpace de cent cinquante jours , Whifton l’attribue à ce que la terre s'eft trouvée une feconde fois enveloppée dans l’atmofphere de la comete, lorfque cette derniere eft venue à s'éloigner du foleil. Enfin pour difliper cet immenfe volume d’eau , il fuppofe qu'il s’éleva un grand vent qui en deflécha une partie, & força le refte de s’écouler dans les abyfmes par les mêmes ouvertures qu’elles en étoient forties , & qu’une bonne partie refta dans le fein du grand océan qui venoit d’être formé, dans les autres petites mers, & dans les lacs dont la furface des continens eft cou- verte & entrecoupée aujourd'hui, | Cette curieufe théorie ne fut d’abord propofée que comme une hypothèfe, c’eft-à-dire que l’auteur ne fuppofa cette comete que dans la vûe d'expliquer clairement & philofophiquement les phénomenes du déluge, fans vouloir aflürer qu’il ait efeivement paru dans ce tems une comete fi près de la terre. Ces feuls motifs firent recevoir favorablement cette hy- pothèfe. Maïs l’auteur ayant depuis approfondi la matiere , 1] prétendit prouver qu'il y avoit eu en effet dans ce tems une comete qui avoit pañlé très- près de la terre, & que c’étoit cette même comete qui avoit reparu en 1680 ; enforte qu'il ne fe conten- ta plus de la regarder comme une hypothèfe, 1l don- na un traité particulier intitulé a caufe du déluge démontrée. Voyez COMETE. « S1 on doit faire quel- » que fond fur cette décifion hardie, nous croyons » que ce devroit moins être fur l'autorité deWhifton » & de fes calculs, que fur l’efroi de tous Les tems » connus, & fur cette terreur univerfelle que l’ap- » parition de ces aftres extraordinaires a toûjours » caufée chez toutes les nations de la terre, fans que » la diverfité des climats , des mœurs, des religions, » des'ufages & des coûtumes, y ayent mis quelqu’- » exception. On n’a point encore aflez refléchi fur » cette terreur & fur fon origine, & l’on n’a point, » comme on auroit dû faire, fondé fur cette matiere 8 DEL » intéreffante les anciennes traditions, & les allégo- # ries fous lefquelles Ecriture & le ftyle figuré des » premiers peuples rendoient les grands évenemens » de la nature. __ » On peut juger par les feuls fyftèmes de Burnet » & de Whifton, qui ont été adoptés en tout ou en # partie par beaucoup d’autres phyficiens après eux, #» combien cette queftion des caufes phyfiques du 5 déluge eft embatraflante. On pourroit cependant # foupçonner que ces favans fe font rendus à eux- » mêmes ce problème plus difcile qu'il n’eft peut- » être en effet, en prenant avec trop d’étendue ce » que dit la Genefe des quinze coudées d’élevation # dont les eaux du dé/uge furpafferent les plus hautes » montagnes. Sur cette expreflion ils ont prefque # tous imaginé que la terre avoit dù par conféquent » être environnée en entier d’un orbe d’eau qui s’e- # toit élevé à pareille hauteur au-deflus du niveau # ordinaire des mers; volume énorme qui les a obli- # gé tantôt de rompre notre globe en morceaux » pour le faire écrouler fous les eaux, tantôt de le » diffoudre & de le rendre fluide, & prefque toû- # jours d'aller emprunter au refte de Punivers les » eaux néceffaires pour remplir les vaftes efpaces » qui s'étendent jufqu’au fommet de nos montagnes. » Mais pour fe conformer au texte de Ia Genele, » eft-il néceffaire de fe jetter dans ces embarras, & » de tendre fi compofés lesaétes qui fe pañferent alors » dans la nature ? La plüpart de ces auteurs ayant » conçu qu’il y eut alors des marées exceflives , ne # pouvoient-ils pas s’en tenir à ce moyen fimple &c » puiflant, qui rend fi vraïfflemblable la fouplefle # qu’on à lieu de foupçonner dans les continens de # la terre? fouplefle dont l’auteur d’une mappemon- >» de nouvelle vient d’expliquer les phénomenes &c #» les effets dans les grandes révolutions. » Si cette flexibilité des couches continues de la » terre eft une des principales eaufes confpirantes # au mouvement périodique dont nos mers font ré- »# gulierement agitées dans leurs bafins, il eft donc » très-pofible que le reffort de la voûte terreftre » fortement agitée au tems du déluge, eût permis # aux mers entieres de fe porter fur les continens , # & aux continens de fe porter vers le centre de la » terre en fe fubmergeant fous les eaux avec une al- » ternative de mouvement toute femblable à celui » de nos marées journalieres; mais avec une telle # ation & une telle accélération, que tantôt l’hé- # mifphere maritime étoit à fec quand lhémifphere » terreftre étoit fubmergée, & que tantôt celui-ci #» reprenoit fon état naturel en repouffant les eaux # dans leurs baffins ordinaires. La furface du globe » eft aflez également divifée en continens & en # mefs , pour que les eaux de ces mers ayent feules » fuffñi à couvrir une moitié du globe dans les tems » où l'agitation du corps entier de la terre lui faifoit # dons lPautre. Le phyficien ne doit conce- # voir rien d’impoffble dans une telle opération, & # le théologien rien de contraire au texte de la Ge- » nefe ; il n'aura point fallu d’autres eaux que celles » de notre globe, & aucun homme n’aura pû échap- # per à.ces marées univerfeiles. # La troifieme queftion fur le déluge roule fur fes #.effers, & les favans font extrèmement partagés » là-deflus : ils fe font tous accordés pendant long- .—# téms à regarder la difperfion des corps marins com- » me.un des effets de ce grand évenement ; mais la » difficulté eft d'expliquer cet effet d’une maniere »# conforme à la difpofition & à la fituation des bains, # des couches & des contrées où on les trouve ; &c » c’eften quoiles Naturaliftesne s'accordent guere ». Ceux qui fuivent le fyftème de Defcartes, comme Stenon , 6:c. prétendent que ces reftes d’animaux de da terre &c des eaux, ces branches d'arbres, ces feuul- DEL les, &c. que Pon trouve dans les lits & couches des carrieres, {ont une preuve de la fluidité de la terre dans fon origine ; mais alors ils font obligés d’admet- tre une feconde formation des couches beaucoup po- férieure à la premiere, n’y ayant lors de la premie- re m1 plantes ni animaux: c’eft ce qui fait foûtenir à Stenon qu'il s’eft fait dans différens tems de fecondes: formations , par des inondations, des tremblemens de terre, des volcans extraordinaires, &c, Burnet Woodward, Scheuchzer, 6c. aiment mieux attribuer au déluge une feconde formation générale fans ce- pendant exclure les formations particulieres de Ste- non. Maïs la grande objettion qui s’éleve contre le {yftème de la fluidité, ce font les montagnes ; car fi le globe de la terre eût été entierement liquide comment de pareilles inégalités fe feroient-elles for. mées ? « comment le mont Ararat auroit-il montré à » Noë fon pic & fes effroyables dégradations, telles » dès ces premiers tems que M. Tournefort les a » vües au commencement de ce fiecle, c’eft-à-dire » infpirant l’horreur &c l’effroi » ? Scheuchzer eft du fentiment de ceux qui préten« dent qu'après le déluge Dieu, pour faire rentrer les eaux dans leurs réfervoirs foûterrains, brifa & ôta de fa main toute-puiflante un grand nombre de cou- ches qui auparavant étoient placées horifontale- ment , Ôc les entafla fur la furface de la terre; rai- fon, dit-il , pour laquelle toutes les couches qui fe trouvent dans les montagnes, quoique concentri- ques , ne font jamais horilontaies. Woodward regarde ces différentes couches com- me les fédimens du déluge; & il tire un grand nom bre de conféquences des poiflons , des coquillages , & des autres débris qui expliquent aflez clairement felon lui les effets du dé/uge. Premièrement que les corps marins & les dépouilles des poiflons d’eaw douce ont été entraînés hors des mers & des fleuves par le déluge univerfel, & qu’enfuite les eaux ve- nant à s’écouler les ont laïflés fur la terre. 2°, Que pendant que l’inondation couvroit le globe de la terre, tous les folides, tels que les pierres, les mé- taux, les minéraux, ont êté entierement diflous , à l’exception cependant des fofliles marins ; que ces corpuicules fe font trouvés enfuite confondus avec les coquillages & les végétations marines & terref- tres, & ont formé des mafes communes. Troifie- mement que toutes ces mañles qui nageoient dans les eaux pêle-mêle, ont été enfuite précipitées au fond; êc fivant les lois de la pefanteur, les plus lourdes ont occupé les premieres places, & ainf des autres fucceflivement: que ces matieres ayant de cette ma- niere pris confiftance , ont formé les différentes cou- ches de pierre, de terre, de charbon, 6'c. Quatrie- mement que ces couches étoient originairement tou- tes paralleles, égales & régulieres, & rendoient la furface de la terre parfaitement fphérique ; que tou- tes les eaux étoient au-deflus, & formoient une fphe- re fluide qui enveloppoit tout le globe de la terre. Cinquiemement que quelque tems après par l'effort d’un agent renfermé dans le fein de la terre, ces couches furent brifées dans toutes les parties du glo- be, & changerent de fituation; que dans certainsen- droits elles furent élevées, & que dans d’autreselles s’enfoncerent ; & de-là les montagnes, les vallées, les grottes, 6’. le lit de la mer, les îles, &c. en un mot tout le globe terreftre arrangé par cette rupture & ce déplacement de couches, felon la forme que nous lui voyons préfentement. Sixiemement que par cette rupture des couches, l’enfoncement de quel- ques parties & l’élevation d’autres qui fe firent vers la fin du déluge, la mafle des eaux tomba dans les parties de la terre qui fe tronverent les plus enfon- cées & les plus bafles, dans les lacs & autres cavi- tés, dans le lit de Pocéan, & remplit l’abyfme par les les ouvertures qui y communiquent, jufqu’au point qu’elle fut en équilibre avec l’océan. « On peut ju- » ger par cet extrait, que l’auteur a recours pour » expliquer les effets du déluge à un fecond chaos: » fon fyflème eft extrèmement compofé; & fi en » quelques circonftances il paroît s’accorder avec » certaines difpofñitions de la nature, il s’en éloigne » enuneinfinité d’autres: d’ailleurs, le fond de cette # théorie roule fur un principe fi peu vraiflemblable, s fur cette diflolution univerfelle du globe, dont il > eft forcé d’excepter les plus fragiles coquillages, # qu'il faudroit être bien prévenu pour s’y arrêter. » Mais tous ces fyftèmes fur l’origine des fofliles + deviendront inutiles, & feront abandonnés en en- » tier, fi le fentiment qui n’attribue leur pofition & + leur origine qu’à un long & ancien féjour de toutes » nos contrées préfentement habitées fous les mers, # continue à faire autant de partifans qu’il en fait au- » jourd’hui. La multitude d’obfervations que nous # devons de notre fiecle & de nos jours , à des per- » fonnes éclairées, & dont plufieurs ne font nulle- # ment fufpeétes de nouveauté fur le fait de la reli- # gion , nous ont amené à cette idée, que toutes les » découvertes confirment de jour enjour;&vraiflem- + blablement c’eftoùlesPhyficiens &lesThéologiens # mêmes vont s’en tenir : Car On à Cfu pouvoir aifé- » ment allier cette étrange mutation arrivée dans la » nature, avec les fuites & les effets du dé/uge felon » l’hiftoire fainte ». M. D. L. P. eft un des premiers qui ait avancé qu'avant le déluge notre globe avoit une mer exté- rieure , des continens , des montagnes, des rivieres, _ &c. & que ce qui occafionna le déluge fut que les ca- vernes foûterraines & leurs piliers ayant été brifés par d’horribles tremblemens de terre, elles furent, finon enentier , du moins pour la plus grande par- tie, enfevelies fous les mers que nous voyons au- jourd’hui ; & qu’enfin cette terre où nous habitons étoit le fond de la mer qui exiftoit avant le déluge; & que plufieurs îles ayant été englouties, il s’en eft formé d’autres dans les endroits où elles font pré- fentement. Par un tel fyftème qui remplit les idées & les vûes de lEcriture-fainte, les srandes difficultés dont font remplis les autres fyftèmes s’évanouiflent ; tout ce que nous y voyons s'explique naturellement, On n'eft plus furpris qu’il fe trouve dans les différentes couches de la terre, dans les vallées, dans les mon- tagnes, &t à des profondeurs furprenantes, des amas immenfes de coquillages , de bois, de poiffons, & d’autres animaux, & végétaux terreftres & marins : ils font encore dans la pofition naturelle oùils étoient lorfque leur élément les a abandonnés, & dans les lieux où les fraîures 8c les ruptures arrivées dans cette grande cataftrophe leur ont permis de tomber &de s'enfevelir. Tranfaë. philof. n°. 266, « M. Pluche n’a pas été le feul à embrafer un fy£ » tème aufli chrétien, &c qui lui a paru d’autant plus » vraiflemblable, que nous ne trouvons fur nos con- » tinens aucuns débris des habitations & des travaux - » des premiers hommes, ni aucuns veftiges fenfibles » du féjour de l'efpece humaine; ce qui devroit être, » à ce qu'il lui femble, fort commun fi la deftrudion » univerfelle des premiers hommes étoit arrivée fur + les mêmes terreins que nous habitons ; obje@ion » puiflante que l’on fait à tous les autres fyflèmes , » maïs à laquelle ils peuvent néanmoins en oppofer # une autre qui n'a pas moins de force pour détruire » toutes les idées des modernes. # M. Pluche & les autres qui ont imaginé que » l’ancienne terre où il ne devoit point ÿ avoir de » fofliles marins a été précipitée fous les eaux, & + que les lits des anciennes mers ont pris leur place, » font forcés de convenir que les régions du Tigre Tome IF, | z7 d " an DEL SOI » & de l'Euphrate n’ont point été compriles -dans » cette terrible fubmerfon, & qu’elles feules en ont » Été exceptées parmi toutes celles de l’ancien mon- » de. Le nom de ces fleuves & des contr£ce circon- * voifines, leur fertilité incroyable , la férenité dur * ciel, la tradition de tous les peuples, & en parti- » lier de l’hiftoire faite, tout les a mis dans la né » ceflité de foufcrire à cette vérité, & de dire voici » encore le berceau du genre humain ; Spe@, de la Nat. » tom, VITL. pag. 93. Si on examine à préfent com- ? ment cette exception a pi fe faire & ce qui a dû » s’enfuivre, on ne trouvera rien que de’très-con- » traire à l’époque où le nouveau fyftème fixe la * fortie de nos continens hors des mers. Siles pays » qu'arrofent le Tigre & l’Euphrate n’ont point été’ » effacés de deflus la terre, & n’ont point changé * comme On eff obligé d’en convenir, c’eft fans doute » parce qu'il n’y eut point d’affiiffement dans les’ » fomméts d’où ces fleuves defcendent, dans ceux * qui les dirigent à lorient & À l’occident'en y con= * duifant les ruifleaux & les grandes rivières qui les” » forment, ni aucune élévation au lit de cette pat- » tie de nos mers où ils fe déchargent ; d’où il doit » fuivre que toute cette étendue de terre bornée par » [a mer Cafpienne, la mer Noire ; la mer Méditer= »*ranée, & le golfe Perfique , n’a dû recevoir auf * aucune altération dans fon ancien niveau & dans” * fes pentes, & dans la nature de fes tetreins puif- » que les revers de tous les fommets qui régardent les’ * grandes vallées du Tigre & de l’Euphrate n'ayant » point baïflé ni changé, ileft conftant que le revers’ * de ces mêmes fommets qui regardent l'Arménie ; ” la Perfe, l’Afie mineure , la Syrie} l'Arabie, &e * n'ont point dû baïffer non plus, & qu’ainfi toutes » ces vaftes contrées fituées à l’entour & au-dehors # du baflin de l’Euphrate & des rivieres qui le for- * ment, n'ont fouffert aucun affaiflement, & onté € » néceflairement exceptées de la foi générale en fa- »veur de leur proximité du berceau du genre hu= » main: elles font donc partie de cet illufire échan- »# tillon qui nous refte de l’ancien monde , & cet * donc là qu’on pourroit aller pour juger de la diffé » rence qui doit fe trouver entr’eux, & voir enfin f * elles ne contiennent point de foffiles marins com » me tout le refte de la nouvelle terre que nous ha- » bitons ; c’eft un voyage que les naturaliftes & les » voyageurs nous épargneront ; nous favons que tou- » tes ces contrées font remplies comme les nôtres de » produétions marines qui font étrangeres à leur état » préfent ; Pline même connoifloit les boucardes fof- » files qu’on trouvoit dans la Babylonie : que devient » donc le fyftème fur l’époque de la fortie des conti- » nens hors des mers ? N’eft-il point vifible que ces » obfervations le détruifent, & que fes partifans n’en » font pas plus avancés, puifqu'il n’y a point de dif. # férence entre Le nouveau & l’ancien monde , Cho- » fe abfolument néceflaire pour la validité de leur # fentiment? Au refte ces réflexions ne font point # contraires au fond de leurs obfervations. $i M. » Pluche & un grand nombre d’autres ont reconnu #que nos continens après un long féjour {ous les #eaux, où leurs couches & leurs bancs coquilleux » s’étoient conftruits & accumulés , en font autre- » fois fortis pour devenir l'habitation des hommes, » c’et une chofe dont on peut convenir, quoiqu’on » ne convienne point de l’époque. » Quant aux preuves hiftoriques & phyfiques du » déluge & de fon univerfalité , il nous reftera ton- » jours celle de l’uniformité destraditions, de leur gé- » néralité, & celles que l’on peut tirer des grands » efcarpemens & des angles alternatifs de nos val- » lées, qui au défaut des corps marins nous peuvent » donner des preuves, nouvelles à la vérité, mais »aufh fortes néanmoins que toutes celles qu’on: [Tia 802 D EL » avoit jufqu'à ce jour : on en pourra juger par les » obfervations fuivantes. | » M. Bourguet, & plufeurs antres obfervateurs # depuis lui, ayant remarqué que toutes les chaines » des montagnes forment, des angles alternatits & » qui fe correfpondent ; & cette difpoñtion des mon- » taghes n'étant que le réfultat & l’effet conféquent » de la direction finueufe.de nos vallées, on en a » conclu que ces vallées étoient les anciens lits des # courans des mers qui Ont COuVErt nos continens , » & qui y nourrifloïent & produifoient les êtres ma- » fins dont nous trouvons les dépouilles. Mais fi le » fond des mers s’étant autrefois élevé au-deflus des » eaux quiles couvroient;, les anciennes pentes & » les direétions anciennes des courans ont été alté- »rées & changées , comme il a dû arriver néceffai- » rement dans un tel aéte ; pourquoi donc. aujour- » d'hui, dans un état de la nature tout différent & » tout oppofé à l’ancien, puifque ce qui étoir bas eft » devenu élevé, & ce qui étoit élevé eft devenu » bas ; pourquoi veut-on que les eaux de nos fleu- » ves & de nos rivieres fuivent les mêmes routes que » fuivoient les anciens:courans ; ne doivent-elles » pas au contraire couler depuis ce tems-là fur des » pentes toutes différentes & toutes nouvelles; & »-n'eft-1 pas plus raifonnable & en même tems tout » naturel de penfer que fi les anciennes mers & leurs # courans Ont Tite Lu leur lit quelques empreintes »_.de leur couts, ces empreintes telles qu’elles foient »ne doivent plus.avoir.de rapport à la difpofition » préfente, des chofes., :&.à la forme nouvelle des »#continens. Ce raifonnement doit former quelque # doute fur le fyftème dominant de l’origine des an- # gles alternatifs. Les finuoftés de nos vallées qui » les forment, ont dans tout leur cours & dans leurs »ramifcations , trop. de rapport avec la pofition de » nos fommets & l’enfemble de nos continens, pour. » ne pas foupçonner qu'elles font un effet tout natu- » rel 8&cidépendant de leur fituation préfente au-def- » fus des mers, & non les traces & les vefliges de »-courans des mers de l’ancien monde. Nos conti- » nens depuis leur apparition. étant plus élevés dans » leur centre qu’auprès.des.mers quiles baignent, il » a été néceflaire que les eaux des pluies & des four- » ces fe fillonaffent dès les premiers tems une multi- » tude de routes pour fe rendre malgré toutes inéga- » lités aux lieux les plus bas où les mers les englou- » tiffent toutes. Il a été néceflaire que lors de la vio- » lente éruption des fources êc des grandes pluies du » déluge , les torrens qui en réfulterent fouillaffent & » élargiffent ces fillons au point où nous les voyons » aujourd'hui. Enfin la forme de nos vallées , leurs » replis tortueux , les grands efcarpemens de leurs » côtes & de leurs côteaux, font tellement les effets » & Les fuites du cours des eaux fur nos continens, » & de leur chûte des fommets de chaque contrée » vers les-mers, qu'il n’eft pas un feul de ces efcar- ».pemens qui n’ait pour afpeét conftant & invariable » le continent fupérieur , d'où la vallée & les eaux » qui y pañent defcendent ; enforte que s'il arrivoit » encore de nos jours des pluies & des débordemens »aflez violens pour remplir les vallées à comble »# comme au tems du déluge. les torrens qui en réful- # teroient viendroient encore frapper les mêmes ri- » ves efcarpées qu'ils ont frappées êc déchirées aut- » trefois. Il fuit de tout ceci une multitude de con- » féquences, dont le détail top long ne feroit point #ici placé ; on les trouvera aux mois VALLÉE, » MONTAGNE , RIVIERE. C’eft aux obfervateurs » de nos jours à réflechir fur ce fyfième, qui n'a » peut-être contre lui que fa fimplicité : s'ils ladop- #tent, qu’elle preuve phyfique n’en réfulte-t-il pas #.en faveur de l’univerfalité du déluge, puifque ces #efcarpemens alternatifs de nos vallées fe voyent DEL » dans toutes les contrées & les régions de la terre À » & quel poids ne donne-t-il point à ces différentes » traditions de quelques peuples d'Europe & d’Afe » fur les effets du déluge fur leurs contrées? Tout fe » lie par ce moyen, la phyfique & Phiftoire profane » fe confirment mutuellement, & celles-ci enfemble » fe concilient merveilleufement avec l’hiftoire fa- » crée ». Il refte une derniere difficulté fur le déluge ; c’eft qu’on a peine à comprendre comment après cet éve- nement, de telle façon qu'il foit arrivé, les animaux pañlerent dans les diverles parties du monde , mais fur-tout en Amérique ; car pour les trois autres, comme elles ne forment qu'un même continent, les animaux domeftiques ont pù ÿ pañler facilement en fuivant ceux qui les ont peuplées, &c les animaux fauvages, en y pénétrant eux-mêmes par fucceflion de tems. La difficulté eft plus grande par rapport à l'Amérique pour cette derniere efpece d’animaux, à moins qu’on ne la fuppofe jointe à notre continent par quelque 1ffhme encore inconnu aux hommes , les animaux de la premiere efpece y ayant-pû être tranfportés dans des vaifleaux : mais quelle appa- rence qu’on allât fe charger de propos déliberé de peupler un pays d'animaux féroces , tels que le lion, le loup, le tigre, &c. à moins encore qu’on ne fuppofe une nouvelle création d'animaux dans ces contrées ? mais fur quoi feroit-elle fondée ? Il vaut donc mieux fuppofer , ou que l'Amérique eft jointe à notre continent , ce qui eft très-vraïflemblable , ou qu’elle n’en eft féparée en quelques endroits que par des bras affez étroits, pour que les animaux qu’- on y trouve y ayent pü pañler : ces deux fuppofñ- tions n’ont rien que de très-vraiflemblable. Terminons cet article par ces réflexions de M, Pluche, imprimées à la fin du troifieme volume du Speitacle de la Nature, « Quelques favans, dit-il, » ont entrepris de mefurer la profondeur du baflin » de la mer, pour s’aflürer s’il y avoit dans la nature » aflez d’eau pour couvrir les montagnes ; & pre- » nant leur phyfique pour la regle de leur foi, ils » décident que Dieu n’a point fait une chofe, parce » qu'ils ne conçoïvent point comment Dieu la faite: » mais l’homme qui fait arpenter fes terres &c mefu- » rer un tonneau d'huile ou de vin, n’a point reçu » de jauge pour mefurer la capacité de l’atmofphere, » ni de fonde pour fentir les profondeurs de l’aby{- » me: à quoi bon calculer les eaux de la mer dont » on ne connoit pas l'étendue ? Que peut-on con- » clure contre l’hiftoire du déluge de l’infufifance des » eaux de la mer, s'il y en à une mafñfe peut-être plus » abondante difperfée dans le ciel? Et à quoi fert-il » enfin d'attaquer la poflbilité du déluge par des rai- » fonnemens , tandis que le fait eft démontré par » une foule de monumens » ? RE Le même auteur, dans le premier volume de l’h1f toire du ciel, a ramaflé une infinité de monumens hiftoriques du déluge , que les peuples de l'Orient avoient confervés avec une finguliere & relgieufe attention, & particulierement les Egyptiens. Com- me le déluge changea toute la face de la terre, « les » enfans de Noé, dit-il, en conferverent le fouvenir » parmi leurs defcendans , qui, à l'exemple de leurs » peres faifoient toüjours l'ouverture de leurs fêtes » ou de leurs prieres publiques par des regrets &c des » lamentations fur ce qu'ils avoient perdu» , c’eft- à-dire fur les avantages de la nature dont les hom- mes avoient été privés par le déluge, & c’eft ce qu’il prouve ainf plus en détail. « Les Egyptiens & la: » plüpatt des Orientaux, quels que foient des uns » ou des autres ceux à qui on doit attribuer cette: » invention , avoient une allégorie ou une peinture » des fuites du déluge, qui devint célebre &c qu’on » trouve par tout; elle répréfentoit le monftre aqua- # tique tué 8 Ofris reflufcité ; maïs il fortoit de la + terre des figures hydeufes qui entreprenoient de le # déthrôner ; c'étoient des géans monftrueux, dont » l’un avoit plufieurs bras, Pautre arrachoit les plus + grands chênes, un autre tenoit dans fes mains un >» quartier de montagne & le lançoit contre le ciel : » on les diftinguoit tous par des entreprifes fingulie- # res & par des noms effrayans. Les plus connus de » tous étoient Briareus, Othus, Ephialtes, Encela- » de, Mimas , Porphyrion , & Rouach ou Rhæcus. # Ofiris reprenoit le deflus, & Horus fon fils bien # aimé, après avoir été rudement maltraité parRhæ- » cus, fe délivroit heureufement de fes pourfuites » en fe préfentant à fa rencontre avec les griffes & # la gueule d’un lion. » Or pour montrer que ce tableau eft hiftorique, # & que tous les perfonnages qui le compofent font » autant de fymboles ou de caraëteres fignificatifs » qui expriment les defordres qui ont fuivi le déluge, » les peines des premiers hommes, & en particulier » l’état malheureux du labourage en Egypte, il fuf- » fra de traduire ici les noms particuliers qu’on » donne à chacun de ces géans. Briareus. dérivé » de beri, férenitas, & de harous, fubverfa , fignifie » la perte de la férenité ; Othus, de ozitcorh , tempef- » satum vices, la fucceffion on la diverfité des faifons ; » Ephialtes, de evi ou ephi, nubes, & de althah, ca- » Zigo, c’eft-à-dire rubes caliginis ou nubes horrida , » les grands amas de nues auparavant inconnues ; En- » celade, ez-celed , fons temporaneus ; torrens , le ra- » vage des grandes eaux débordées ; Porphyrion, de » phour, frangere, & en doublant, fruffulatim defrin- » gere, Les tremblemens de terre ou la fraëlure des terres » qui crevale les plaines & renverfe les montagnes; >» Mimas, de aim, les grandes pluies ; Rhæcus, de + rotach, le vent. Comment fe pourroit-il faire, dit # avec raïfon notre auteur, que tous ces noms conf- » piraflent par hafard à exprimer tous les météores # qui ont fuivi le déluge, fi ce n’avoit été là l’inten- # tion &cle premier fens dé cette allégorie ? La figu- » re d'Horus en étoit une fuite. Æif£. du ciel, rom. I. #p. 107 6108 », Ces obfervations fingulieres font pour ainfi dire , démontrées avec la derniere évi- dence dans le refte de’ouvrage, & prefque toutes les fables de l’antiquité y concourent à nous ap- prendre que les fuites du déluge influerent beau- coup fur la religion des nouveaux habitans de la terre , & firent fur eux toute l’impreflion qu'un évenement aufh terrible & qu’un tel exemple de la vengeance divine devoit néceflairement opérer. Article où tout ce qui ef}en guillemets eff de M. BoU- LANGER. DE L’'UN À L'AUTRE, en termes de Blafon, fe dit des pieces étendues, qui paffent fur les deux de la partition, ou fur toutes les faces, bandes, paux, en alternant les émaux de ces partitions, comme Rodes Barbarel en Dombes, porte parti de fable & d’argent à treize étoiles rangées en trois paux, Les cinq du milieu de l’un à l’autre, & les quatre de cha- ue flanc de l’un en l’autre, Trév. & Ménérr. (V7) _ DE LUN EN L'AUTRE, fe dit , ex rermes de Blafon, du parti, du coupé, du tranché, de l’écar- telé, du fafcé , du pallé, du bandé, &c. lorfqu'ils font chargés de plufeurs pieces , qui font fur lune de ces parties , de l’émail de l’autre réciproquement &c alternativement , comme aux armoiries de Buil- loud, où l’écu eft tranché d’argent & d’azur, à trois tourteaux d’azur fur l’argent , & trois befans d’ar- gent fur l’azur. Ménérr. & Trév. (77) DÉMAIGRIR ox AMAIGRIR UNE PIERRE, (Coupe des pierres.) c’eft en Ôter pour rendre l’angle que font deux furfaces plus aigu. (D) DEMAILLER LA BONNETTE, (Marine) Voyez DÉRANGER. (Z). Tome IF, DEM 8303 DEMANDE, QUESTION, fjr. (Gramim.) Ces deux mots fignifient en général une prepofirion pat laquelle on interroge. Voici les nuances qui les dif tinguent. Queflion fe dit feulément en matiere de fciences : une gweflion de phyfique, de théolopié, Demande, lorfqu'il fignifie ieterrogation, ne s’en ploye guere que quand le mot de réporé y ef joint; ainf On dit, ze/ livre eff par demandes € par réponfes. Remarquez que nous ne prenons ici demande que lorfqu’il fignifie 2rterrogation } car dans tout autre cas {a différence d'avec gueflion eft trop aifée à voir. (0) DEMANDE , {. f. terme de Mathématique; c’eft une propoñtion évidente , par laquelle l’on affirme qu’- une chofe peut ou ne peut pas être faite, oy. Pro- POSITION. Une propofñtion déduite immédiatement d’une définition fmple, fi elle exprime quelque chofe qu£ convieñt ou ne convient pas à une autre, eft appel= lée un axiome; fi elle affirme qu'une chofe peut ot ne peut pas être faite, c’eft une demande. Par exemple, il fuit évidemment de la génération du cercle, que toutes les lignes droites tirées du centre à la circonférence, font égales, puifqu’elles ne repréfentent qu’une feule & même ligne dans une fituation différente ; c’eft pourquoi cette propox fition eft regardée comme un axiome, Ÿ. AXIOME Mais puiiqu'il eft évident par la même définition y qu'un cercle peut être décrit avec un intervalle quel conque & d’un point quelconque, cela eft regardé comme une demande ; c’eft pourquoi les axiomes & les demandes femblent avoir à-peu-près le même rapport l’un à Pautre, que les théoremes ont aux pro= blemes. Voyez THÉOREME , @c. Chambers, (Æ) Les demandes s'appellent aufi kyporhefes ou poflu= lata , mot latin qui fignifie la même chofe. On leur donne fur-tout le nom d’Ayporhefe, lorfqu’elles tom- bent fur des chofes qui à la rigueur peuvent être miées , mais qui font néceflaites pour établir les dé- monftrations. Par exemple, on fuppofe en Géomé- trie que les furfaces font parfaitement unies, les lignes parfaitemenit droites & fans largeur ; en Mé- chanique, que les leviers font inflexibles, que les machines font fans frottement & parfaitement mo- biles ; en Aftronomie , que le foieil eft le centre im- mobile du monde , que les étoiles font à une dif- tance infime, Gc. Il eft vifible par cette énuméra= tion, que les hypothefes influent plus où moins fur la rigueur des démonfitrations. Par exemple, en Géométrie les inégalités des furfaces & des lignes n’empêchent pas les démonftrations d’être fenfible= ment & à très-peu près exaétes; mais en Mécha- nique les frottemens, la mafle des machines, la fle- xibilité des leviers, la roïdeur des cordes, &c alte- rent beaucoup les réfultats qu’on trouve dans la fpéculation, & 1l faut avoir égard à cette altération. dans la pratique. C’eft bien pis encore dans les fciences phyfico= mathématiques ; car les hypothefes que l’on fait dans celles-ci, conduifent fouvent à des conféquences très-éloignées de ce qui eft réellement dans la na ture. En Méchanique les hypothefes font utiles , non-feulement parce qu’elles fimplifient les démonf- trations, mais parce qu’en donnant le réfultat pure- ment mathématique, elles fourniflent le moyen de trouver enfuite par l'expérience ce que les qualités & circonftances phyfiques changent à ce réfultat x mais dans les fciences phyfico-mathématiques, où il eft queftion du calcul appliqué à la Phyfique toute hypothefe qui s’éloigne de la nature eft fou- vent une chimere, & toüjours une inutilité. Voyez le Difcours préliminaire, © la préface de mon Effai fur La réfiffance des fluides. Paris 1752. (0) | DEMANDE; (Jurifbr.) en ermes de palais; fgnifie 11 1] 804 D E M un ae par lequel le demandeur conclut contre le défendeur à.ce qu'il foit tenu de faire ou donner quelque chofe. A Une demande peut être formée.par une,requete ou. par unexploit ; elle doit être pour un objet cer- tan, &énoncer fommairement les moyens fur lef- quels elle eft fondée : on doit en/laïffer copie au dé- fendeur, aufi-bien.que des pieces juftificatives de la demandess-51 231 Les peines établies par les Romains contre ceux qui demandoient plus.qu'il ne leur. étoit dû , n’ont pas lieu parmi nous. Woyez PLUS-PETITION. Il y a prefqu’autant de. fortes de demandes, qu'il a de différentes chofes qui peuvent faire l'ob- jet des demandes ; c’eft pourquoi nous nous conten- terons d'indiquer ici les principales, &t finguliere- ment celles qui ont uñe dénomination particuliere. A ( SR fur le barreau, eft celle que la partie ou {on procureur ,.ou l'avocat aflifté de la partie ou du procureur, forment judiciairement fur le barreau en plaidant la caufe, fans qu’elle ait été précedée d'au- cune demande par écrit. (4) Demande en complainte, voyez COMPLAINTE. Demande en contre-fommation, voyez CONTRE- SOMMATION. Demande connexe, eft celle dont l’objet eft natu- rellement lié avec celui d’une autre demande. (4) Demande en déclaration d'hypotheque , voyez DÉ- - CLARATION D'HYPOTHEQUE 6 HYPOTHEQUE. Demande en dénonciation; voyez DÉNONCIA- TION. Demande en défiflement , voyez DÉSISTEMENT. Demande en évocation , voyez EVOCATION. Demande en faux, voyez FAUX ; FAUX PRINCI- PAL, & FAUX INCIDENT. Demande en garantie, voyez GARANT & GARAN- TIE. | Demande incidente, eft celle qui eft formée dans le couts d’une conteftation , pour obtenir quelque chofe qui a rapport à l’objet principal. Les demandes incidentes {e forment par requête fignifiée de procu- reur à procureur, au lieu que les demandes princi- pales doivent être formées à perfonne ou domicile. A N Donne indefinie, eft celle dont l’objet, quoique certain, n’eft pas fixe, comme quand on demande tout ce qui peut revenir d’une fucceflion, fans dire combien. (4) Demande en interlocutoire ,. voyez ÎNTERLOCU- TOIRE. Demande en interruption , voyez HYPOTHEQUE 6 INTERRUPTION. Demande.en intervention, voyez INTERVENTION. Demande. introduilive, eft la premiere demande qui a donné commencement à. une; conteftation. A ù CR judiciaire ;reft celle qui eft formée fur le barreau. Voyez ci-devant Demande fur le barreau, ‘(4 ( CN libellée, eft celle dont l'exploit contient lesmoyens, du moins fommairement. L’ordonnance de 1667, titre des ajournemens , ar£. j. Veut que les ajournemens & citations en toutes matieres & Jurif- didions, {oient libellées & contiennent les conclu- fions , & fommairement les moyens de la demande, à peine de nullité. (4) Demande en main-levée, voyez MAIN-LEVÉE. Demande nulle, eft celle qui eft infeétée de quel- que vice de forme qui lanéantit. Voy.NuLri TÉ.(4) Demande originaire {e dit, ex matiere de garantie, de la premiere demande qui a donné lieu à la demande en garantie. Voyez l'ordonnance de 1667, site des ga- rants, 6 GARANTIE, (4) Demande en partage, voyez PARTAGE. Demande en péremption , voyez PEREMPTION. Dernande petitoire , voyez PETITOIRE. Demande poffeffoire, eft celle quitend à conferver ou recouvrer la poffeffion de quelque chofe. Voyez PETITOIRE 6 POSSESSOIRE. (4) Demande préparatoire ,..eft celle. qui. tend-feule- ment à faire ordonner quelque chofe pour l’inftruc- tion; par exemple, que l’on communiquera des pie- ces, ou que l’on en donnera copie. (4) Demande principale, eft toute nouvelle demande qui donne commencement.à une conteftation ; elle doit être formée à perfonne ou domicile, à la diffé- férence des demandes incidentes, qui peuvent être formées dans le cours de la conteftation, Voyez ci- devant demande incidente. (A4 Demande provifoire , eft celle qui ne tend pas à faire juger définitivement la conteftation, mais feu- lement à faire ordonner quelque chofe par provi- fion , & en attendant le jugement de la conteftation, (4) Demande en retrait, voyez RETRAIT. Demande en revendication , voyez REVENDICA- TION. | Demande en fommason, voyez; SOMMATION. Demande fubfidiaire, eft celle qui tend à obtenir une chofe , au cas que la partie ou les juges faffent difficulté d’en accorder une autre, Voyez CONCLU- SIONS SUBSIDIAIRES. (4) DEMANDE , (Marine. ) en terme de conftruétion , la demande du bois, c’eft la jufte grandeur que de- mande chaque membre, planche ou autre piece de bois dans la conftruétion d’un vaifleau. On dit auf faire une piece felon la demande du bois , c’eft-à-dire qu’on peut employer le bois que l’on a , fans avoir tout-à-fait égard aux proportions. (Z) . DEMANDE, (Marine.) On dit f{/er de cable, fi ce navire en demande : c’eft lorfquw'on a mouillé l'ancre; filer du cable, fi l’on trouve que le vaiffeau le fait trop roïdir. (Z) ‘ah DEMANDER , en termes de Manege, ne fe dit guere qu'avec une négation , lorfque le maître d’a- cadémie voit que l’écolier veut exiger quelque chofe de fon cheval : fi ce n’eft pas fon avis , 1l dit, 22e de- mandez: rien à votre cheval , laiffez-le aller comme il vous dra. (VF) | DEMANDER, au jeu de Quadrille, fe dit d’un joueur qui n'ayant pas par fon propre jeu, de quoi faire les fix mans qu’il fautavoir pour gagner, nom- me un roi, qui eft de moitié avec lui, en cas qu'il agne , & de moitié de perte, s’il perd. DEMANDEUR , f. m. (Jurifprud.) eft celui qui intente en juftice une ation contre quelqu'un, pour l’obliger de faire ou donner quelque chofe. Chez les Romains on l'appelloit a@or, &g il étoit d’ufage chez eux de l’obliger iz /imine lisis de prêter le ferment que l’on appelloit 7uramentum calumniæs autrement il étoit déchù de fa demande. On l’obli- geoit auf de donner caution de pourfuivre le juge= ment dans.deux mois, finon de payer le double des dépens : s’il ne:comparoïfloit pas , on le mettoit en demeure par trois édits ou fommations qui portoient chacune un délai de trente jours; mais tout cela ne s’obferve point parmi nous. On obferve néanmoins à l'égard du demandeur, plufieurs autres regles qui font tirées du droit ro- main. Une des premieres regles eft celle aéor fequitur forum rei, c’eft-à-dire que le demandeur doit faire af- figner le défendeur devant fon juge naturel, qui eft le juge ordinaire du lieu de fon domicile. | Cette regle reçoit néanmoins quelques excep- tions ; favoir, lorfque le demandeur a droit de com- mitimus, ou qu'il s’agit d’une matiere dont la con- D E M noïffance eft attribuée à quelque juge autre que ce- hu du domicile. ; Le demandeur doit être certain de ce qu’il de- mMande.;. == Je Le À l'égard dela forme de la demande , voyez au mot DEMANDE. C’eft au demandeur à prouver ce qu'il avance; & faute par lui de Le faire ; le défendeur doit être dé- chargé de la demande, : #ù j; | Mais quelquefois, dans l'exception , le défendeur devient lui-même demendeur en cette partie, & alors l'obligation de faire preuve retombe fur lui à cet égard. Voyez PREUVE. a: Quand le demandeur eft fondé'entitre, c’eft à lui Een défere le ferment fupplétif, oy. SERMENT. A ù = DEMANDEUR &@& DÉFENDEUR, c’eft celui qui eft demandeur de fa part, & défendeur aux demandes de fon adverfaire. (4) DEMANDEUR INCIDEMMENT , voyez Derande 2ncidente. DEMANDEUR ORIGINAIRE, voyez Demande ori- ginaire, & GARANTIE. DEMANDEUR EN REQUÊTE, c’eft celui qui a formé une demande par requête. (4) DEMANDEUR EN REQUÊTE CIVILE, voye RE- QUÊTE CIVILE. DEMANDEUR EN TAXE, eft celui qui pourfuit la taxe des dépens à lui adjugés. Voyez DÉPENS 6 TAxE. Voyez auffi au digefle 36. nr. j. L. 34. & au code, iv, IT, tie. xlvij, L, 2. & iv. LIL, tit. jx. auth. libellum ; 6 liv. VIL. tir, xliij. auth. quod. (4) DEMANGEAISON, f. f. (Phyfiol. Medecine.) en latin prurirus , en grec æynouce ; fenfation fi vive & fi inquiete dans quelque partie extérieure du corps, qu'elle nous oblige d’y porter la main, pour la faire cefler par un frottement un peu rude & prompte- ment répeté. Il paroît que le prurit confifte dans un léger ébran- lement des mammelons nerveux, qui ne caufe d’a- bord que la fenfation d’un fourmillement incom- mode ; qu’on augmente cet ébranlement en frottant ou en grattant la partie dans laquelle on reflent ce fourmillement, cette demangeaifon : l’ébranlement des mammelons nerveux devient plus confidérable, & produit un des plus grands plaifirs dont nos or- ganes foient fufcepuibles ; un plaifir cependant qui excede le chatouillement, de quelques degrés d'in- flammation ou de tenfion : qu’on fe livre à ce plaifir en continuant de fe gratter, le nerf devient trop tendu , trop tiraillé, & pour lors le plaifr fe change en cuiflon, en douleur. Jufüifions ce fait par un exemple commun ; par celui de la gale, qui excite un fi grand prurit. L’é- piderme qu’elle éleve, laïfle une cavité entr’elle & les papilles : cette cavité fe remplit par une férofité âcre, laquelle irrite un peules nerfs, & les étend ; il en réfulte une demangeaifon qui devient bientôt un plaifir fi vif qu'il eft infupportable, tant le plaifir même eft ingrat ! Pour lors, qu’on arrache ou qu’on fatigue trop l'endroit galeux qui démange, en le frottant ou en le grattant rudement , ce qui arrive prefque toüjours, la trop grande tenfion fpafmodique de quelques petits nerfs, ou leur rupture, caufe de Pinflammation , de la cuiflon, de la douleur, & jette même quelquefois, fuivant fa violence, le pa- tient dans des états qui demandent des remedes ; tant il eft vrai que la douleur & le plaïfir fe touchent, & que [à où finit la fenfation du plaïfir, là commence celle de la douleur : c’eft une vérité phyfiologique. Maïs quels remedes à cette demangeaïfon , qui eft un plaïfir qu’on ne peut foûtenir fans le changer en douleur ? Ce feront des remedes contraires aux çaufes qui produifent la demangeaifon ; & comme D E M 80$ ces caufes font très- variées , les remedes doivent l'être femblablement : on peut toutefois les rappor- ter à deux clafles générales, ser) * Les remedesexternes généraux feront tous ceux qui concoutront à dimituer la tenfion & l’inflam- mation des houpes nérveufes de la peau; fans caufer une répercufion- dans les humeurs : telles font les fomentations, les bains ; les vapeurs d’eau tiede, de vinaigre, @c. Le mucilage de l'écorce moyenne de tilleul, fait avec l’eau-rofe, adoucit les demen geaifons feches ; l’onguent de cérufe uni aux fleurs de foufre, convient dans les demangeaifons humi- des ; le mucilage de graine de coings, le jus de ci tron & les fleurs de foufre , appaifent Les demangeais Jons douloureufes ; l’efprit-de-vin pur, ou mêlé avec de l'huile de pétrole & le baume de foufre, calme la demangeaifon des engelures, qui ne cefle néan- moins entierement que par leur guérifon. Les remedes internes feront ceux qui ferviront à corriger l’âcreté du fang, des humeurs, de la lym- phe portée dans les plus petits vaifleaux, Ces ders niers remedes font la faignée; la purgation, les dia- phorétiques , les altérans, les préparations d’anti- moine , la diette ou le régime oppofé aux caufes du mal, & proportionnellement à fa nature, à fa vio- lence , à fa durée, aux fymptomes qui l’accompa- gnent , à l’âge, au fexe. La dermangeaifon qui réfulte d’un leger attouche- ment méchanique , comme d’infeétes velus, ou de la circulation qui revient après la comprefion d’une partie, ou après le froid violent qu’elle a fouffert , ceffe d'elle-même avec la caufe. Une humeur parti- culiere laiflée dans la peau par Le frottement de l’or- tie, des cantharides, de l’alun de plume , de la motfure de quelqu’infeéte, produit une demangeaifor qui ne requiert que d’être lavée & fomentée par quelque liquide anti-feptique. Une humeur âcre qui fe jette fur la peau , & qui y excite une demangeaijor tresincommode , requiert l’ufage des diaphoréti- ques, quand la matiere de la tranfpiration a été ar- rêtée par l’air froid ; & les lotions des liqueurs fpiri. tueufes , quand elle a été retenue par lapplication des chofes grafles. Dans la demangeaifon qui naît après la fupprefion d’un ulcere , il faut tâcher de ramener l'humeur ulcéreufe à la partie; celle qui vient par l’âcreté de la bile, par une acrimonie aci- de, alkaline, muriatique, exige des remedes & un régime oppofés à leurs caufes connues. Mais quand le prurit eft accompagné de boutons , de puftules de rougeur , de douleur; de croûtes farineufes , d’exulcérations & d’autres fymptomes, il forme alors une maladie cutanée , voyez CUTANÉE. On ne détruit la demangeaifon qui les accompagne , qu’en guériffant la maladie, Il en eft demême, comme je lai dit ci-deflus, de la violente demangeaifon qu’on éprouve dans les engelures. Voyez ENGELURE. Art, de M. le Chevalier DE JAUGOURT. DÉMANTELER , RASER, DÉMOLIR , fÿr. (Gram.) Ces mots défignent en général la deftruc- tion d’un ou de plufeurs édifices. Voici les nuances qui les diftinguent. Démolir fignifie fimplement dé truire : rafer & démanteler figniènt décrutre par puni- tion ; & démanteler ajoûte une idée de force à ce qu'on a détruit. Un particulier fait démolir{a maifon : le parlement a fait rafer la maifon de Jean Charel : un général fait démantelerune place après lavoir prife, c’eft-à-dire en fait détruire les fortifications. Ce der- nier mot n’eft plus guere en ufage; on dit plus coms munément rafer ou démolir Les fortifications d'une place, que la démanteler. Rafer fe dit lorfqu’on n’employe point le fecours du feu pour détruire ces fortifica- tions ; démolir, lorfqu’on employe le fecours du feu par le moyen des mines : on dit alors, pour ordi. naire , qu'on à fait Jaurer les fortifications. (0) C2 806 DEM DÉMARQUE , £. m.(Hiff. anc\) c’étoit le nom du chef d’une région , on d’un diftriét de la province d’Attique. Les Athéniens divifoient leur pays en un certain nombre de régions , de quattiers , OÙ de dif- tits y 8 ils mettoient des magiftrats à la tête de chacun de ces difiri@s , fous le titre de d'uuapros , demnarchus : ce mot eft formé de duos, peuple, & d’avxn 9 principe. ( G) DÉMARQUER , v.n. ( Manége.) c’eft lorfque le cheval ne donne plus à connoïtre par fes marques l’âge qu'il a. Voyez MARQUE. (7) DÉMARRAGE , f. m. ( Marine.) il fe ditlorfque le vaifleau rompt les amarres qui l’attachoient dans le port ; ce qui peut arriver par la force du mau- vais tems & dans une tempête. (Z) DÉMARE,( Marine. ) c’eft le commandement pour détacher quelque chofe. Vaiffeau qui démare, c’eft-à- dire lorfqu’après qu’on a levé ou coupé fes amattes', il commence à faire route. (Z) DÉMARER , v. aët. ( Marine. ) c’eft détacher : on lapplique à la mer à toutes chofes qu’on déta- che.(Z) DÉMATÉ.On dit d’un vaifleau démäté, qu'il a per- du fes mâts. Un vaifleau qui perd quelques -uns de fes mâts doit y remédier le plus promptement qu'il eft poflible. Manœuvres à faire quand on eff démété. On ne dé- mäte guere de l’artimon : il s’agit fur-tout du grand mât, du mât de mifaine , & de celui de beaupré, le démâtement de celui-ci emportant ordinairement & comme néceflairement celui des deux autres. Dès que ces mâts font tombés, on coupe inceflam- ment les haubans à coups dehaches, êc on frape, fi le tems le permet, à quelques-uns de ces haubans une hauflere que l’on file , afin de remorquer le mât & fes manœuvres , & en fauver enfuite ce que l’on pourra. On déréte enfuite le mât d’artimon , & on le met à la place du mât de mifaine , & en avant du tronçon de ce mât ; car les mâts ne rompent qu’au- deflus de l’étembrai, & même à cinq ou fix piés au- deflus du pont. Le grand mât de hune de rechange fe met à la place du beaupré, & le petit mât de hu- ne en place du grand mât: on metles deux premiers de l'avant , afin que comme plus grands, portant plus de voilure , ils fervent à faire arriver plus aifé- ment le vaifleau dans l’état où il eft, l’élévation de fa poupe faifant fon@ion d’artimon pour le faire ve- nir au vent : que fi le vaifleau arrive enfuite trop aifément , on pourra mettre à la place de l’artimon une vergue de hune avec un voile d'état, la grande difficulté étant de faire gouverner un vaifleau dé- mäte. Cette répartition des mâts eft ce que la raïon & l’expérience ont trouvé de mieux pour cela. Pour affermir enfuite ces mâts , on place au pié de l’ancien mât , fur le pont , une piece de bois qui doit fervir de carlingue , & que l’on aflujettit forte- ment avec le bau le plus voifin. On faifit enfuite avec de fortes linres ou roftures le nouveau mât avec le tronçon de l’ancien , & entre les vuides on y infere des coins de bois que lon chafle avec force. Les mâts étant ainfi aflujettis, on donne à celui de hune qui fert de grand mât une vergue & une voile du petit hunier, avec les manœuvres nécef- faires, &c. Voyez MAT, Gc: (Z) DÉMATER ,, v. a. (Marine.) c’eftabatre fes mâts : être démäté , c’eft avoir fes mâts menés par l’ef- fet des guindereffes. Démäter {e dit dans le port lorfqu’on ôte les mâts du vaiffleau. Démäter à la mer, c'eft avoir perdu fes mâts ou une partie de fes mâts , foit dans un combat par le canon de l’ennemi , ou dans le mauvais tems par 1e violence du vent & de la mer, DEM DÉMELER un cheval de voiture , c’eft lui remèt= tre les jambes où elles doivent être quand il vient à les pafler par-deflus fes traits, (F7) DÉMÊLER LA VOIE, ( Vénerie. \ c’eft trouver la voie dû cerf couru , païnu d’autres cerfs. DÉMEMBRÉ , adj. dans le Blafon, {e dit des oi: feaux qui n’ont ni piés m1 cuifles , aufh-bièn que du lion & des autres animaux , dont les membres ont été féparés. Voyez MEMBRÉ. DÉMEMBREMENT D'UN FIEF, (Juri/prud. ) c’eft lorfque la foi & hommage d’un fief eft divi- fée ; que de ce même fief on en forme plufieurs in- dépendans les uns des autres , & qui font tenus cha- cun féparément du même feigneur dominant. Le démembrement eft la même chofe que ce que les coûtumes de Picardie & d’Artois appellent écZ- chement du fief, comme qui diroit échipfement d'une partie du fief ; celle de Boulogne dit éc/echer. Les coûtumes d'Anjou , du Maine , & de Tou- traine , appellent dépié de fief ce que nous appellons démernbrement, Mais le démembrement | & le jeu même exceflif de fief , font deux chofes fort différentes ; quoique quelques auteurs ayent confondu le jeu exceffif de fief avec le démembrement. Le jeu de fief eft lorfque le vaffal aliene une par- tie de fon fief fans en former un fief féparé & inde- pendant du fien , au lieu que le démembrement eft lorfque d’un fief on en fait plufieurs féparés & in- dépendans Les uns des autres, Voyez FIEF & JEU DE FIEF. Par l’ancien ufage des fiefs le vaffal ne pouvoit difpofer d'aucune portion de fon fief fans la permif- fion & le confentement de fon feigneur , parce qu'a lors les fiefs n’étoient donnés qu'à vie , & après la mort du vaflal, foit qu’il eût des enfans ou non, le fief retournoit au feisneur qui l’avoit donné , au moyen de quoi tout démembrement de fief étoit alors prohibé. Quoique les fiefs foient devenus depuis hérédi« taires, néanmoins les feigneurs dominans ont con- fervé autant qu'ils ont pü les fiefs de leurs vaflaux dans leur intégralité , foit afin que la dignité du fief ne foit pas diminuée , foit afin que le revenu du fief ne foit pas non plus diminué , & que le vañal foit plus en état de fecourir fon feigneur ; car c’é- toit anciennement une condition impofée à la plü- part des fiefs , que le vaflal étoit obligé de fecourir fon feigneur en cas de guerre générale ou privée : tels font les motifs qui ont fait défendre le démem- brement de fief dans la plüpart des coûtumes. Préfentement que les guerres privées font défen- dues , & que le fervice militaire ne peut plus être dû qu’au roi, le démembrement ne laïfle pas d’être toüjours défendu , & fingulierement pour les fiefs de dignité ; tels que les principautés, duchés, com- tés , marquifats, & baronies ; ce qui tire fon origi- ne de la loi falique, où il eft dit que ces fiefs ne fe démembrent pas. La coûtume de Paris, arr. 31. porte que le vaf= fal ne peut démembrer {on fief au préjudice & fans le confentement de fon feigneur, mais qu’il peut feule- ment fe joüer de fon fief, fans payer aucun profit au feigneur dominant , pourvû que l’aliénation n’ex- cede pas les deux tiers, & qu'il retienne la foi en- tiere , & quelque droit feigneurial & domanial fur ce qu'il ahene. | L’ancienne coûtume contenoit déjà la même pro- hibition. . Elle eft auffi portée dans plufeurs autres coû« tumes. Il y a néanmoins plufeurs coûtumes qui autori- fent le démembrement de fief, proprement dit : telles font les coûtumes de Picardie & d'Artois ; mais la noïflance eft attribuée à quelque juge autre que ce- lui-du domicile. : : Le demandeur doit être certain de ce qu’il de- mande. - À l'égard dela forme de la demande, voyez au m0t DEMANDE. e C’eft au demandeur à prouver ce qu’il avance ; & faute par lui de le faire ; lé défendeur doit être dé- chargé de la demande, ‘ -:: Mais quelquefois, dans l’exception, le défendeur devient lui-même demandeur en cette partie, & alors l'obligation de faire preuve retombe fur lui à cet égard. Voyez PREUVE. ab Quand le demandeur eft fondé‘entitre, c’eft à lui ie défere le ferment fupplétif, Voy. SERMENT. DEMANDEUR 6 DÉFENDEUR, c’eft celui qui eft demandeur de fa part, & défendeur aux demandes de fon adverfaire, (4) DEMANDEUR INCIDEMMENT , voyez Derrande ancidente. DEMANDEUR ORIGINAIRE , vOyez Demande or:- ginaire, & GARANTIE. L DEMANDEUR EN REQUÊTE, c’eft celui qui a formé une demande par requête. (4) DEMANDEUR EN REQUÊTE CIVILE, voyez RE- QUÊTE CIVILE. DEMANDEUR EN TAXE, eft celui qui pourfuit la taxe des dépens à lui adjugés. Voyez DÉPENS 6 TAXxE. Voyez auffi au digefle 36. tit. j. L, 34. 6 au code, div. IT, vie. xlviy. L 2, & Liv. III, tir. jx. auth. Bbellum ; & liv. VII. tir, xliij. auth. quod. (4) DEMANGEAISON , f. f. (Phyfcol. Medecine.) en Tatin pruritus , en grec zvnomos 3 fenfation fi vive & fi inquiete dans quelque partie extérieure du corps, qu’elle nous oblige d’y porter la main, pour la faire cefler par un frottement un peu rude & prompte- ment répeté. Il paroît que le prurit confifte dans un léger ébran- fement des mammelons nerveux, qui ne caufe d’a- bord que la fenfation d’un fourmillement incom- mode ; qu’on augmente cet ébranlement en froftant ou en grattant la partie dans laquelle on reflent ce fourmillement , cette demangeaifon : l’ébranlement des mammelons nerveux devient plus confidérable, & produit un des plus grands plaïfirs dont nos or- ganes foient fufcepribles ; un plaifir cependant qui excede le chatouillement, de quelques degrés d'in- flammation ou de tenfion : qu’on fe livre à ce plaïfir en continuant de fe gratter, le nerf devient trop tendu , trop tiraillé, & pour lors Le plaïfir fe change en cuiflon, en douleur. Juftifions ce fait par un exemple commun ; par celui de la gale , qui excite un fi grand prurit. L’é- piderme qu’elle éleve, laïfle une cavité entr’elle & les papilles : cette cavité fe remplit par une férofité âcre, laquelle irrite un peu les nerfs, &c les étend ; 11 en réfulte une demangeaifon qui devient bientôt un plaifir fi vif qu'il eft infupportable, tant Le plaïfir même eft ingrat ! Pour lors, qu’on arrache ou qu’on fatigue trop l’endroit galeux qui démange, en le frottant ou en le grattant rudement , ce qui arrive prefque toüjours, la trop grande tenfon fpafmodique de quelques petits nerfs, ou leur rupture, caufe de Pinflammation , de la cuiflon, de la douleur, & jette même quelquefois, fuivant fa violence, le pa- tient dans des états qui demandent des remedes ; tant il eft vrai que la douleur & le plaifir fe touchent, & que [à où finit la fenfation du plaifir, là commence celle de la douleur : c’eft une vérité phyfiologique. Mais quels remedes à cette demangeaifon , qui eft un plaifir qu’on ne peut foûtenirfans le changer en douleur ? Ce feront des remedes contraires aux çcaufes qui produifent la demangeaifon ; & comme D E M 80$ ces caufes font très- variées » les remèdes doivent Pêtre femblablement: on peut toutefois les rappor- ter à deux claffes générales, heu, * Ees remedestexternes généraux feront tous ceux qui concotitront à diminuer la tenfon. & l’inflam- mation des houpes nérveufes de la peau, fans canfer une répercuffion dans les humeurs :/ telles font les fomentations, les bains, les vapeurs d’eau tiede, de vinaigre, 6. Le mucilage de l'écorce moyenne de tilleul, fait avec l’eau-rofe adoucit les demar+ gtaifons feches ; l’onguent de cérufe uni aux fleurs de foufre, convient dans les demangeaifons humi- des ; le mucilage de graine de coings , lejus de ci: tron & les fleurs de foufre , appaifent les demangeai: Jon$ douloureufes ; l’efprit-de-vin pur, ou mêlé avec de l’huile de pétrole & le baume de foufre | calme la demangeaifon des engelures, qui ne ceffe néan- moins entierement que par leur guérifon. Les remedes internes feront ceux qui ferviront à corriger l’âcreté du fang, des humeurs, de la lym- phe portée dans les plus petits vaifleaux, Ces der- niers remedes font la faignée; la purgation, Les dia- phorétiques , les altérans , les préparations d’anti- moine , la diette ou le régime oppofé aux caufes du mal, & proportionnellement à {a nature, à {a vio- lence , à fa durée, aux fymptomes qui l'accompa- gnent , à l’âge , au fexe. La dernangeaifon qui réfulte d’un leger attouche- ment méchanique , comme d’infeétes velus, ou de la circulation qui revient après la compreffion d’une partie, ou après le froid violent qu’elle a fouffert, cefle d'elle-même avec la caufe. Une humeur parti- cuhere laiffée dans la peau par le frottement de l’or- tie, des cantharides, de l’alun de plume , de la morfure de quelqu’infeéte, produit une demangeaifor qui ne requiert que d’être lavée & fomentée par quelque liquide anti-feptique. Une humeur âcre qui fe jette fur la peau , & qui y excite une demangeaifor trésincommode , requiert l’ufage des diaphoréti- ques, quand la matiere de la tranfpiration a été ar- rêtée par l’air froid ; & les lotions des liqueurs fpiri- tueufes , quand elle a été retenue par application des chofes grafles. Dans la demangeaifon qui naît après la fuppreffion d’un ulcere, il faut tâcher de ramener l'humeur ulcéreufe à la partie ; celle qui vient par l’âcreté de la bile , par une acrimonie aci- de, alkaline, muriatique, exige des remedes & un régime oppofés à leurs caufes connues. Mais quand le prurit eft accompagné de boutons, de puftules, de rougeur , de douleur, de croûtes farineufes , d’exulcérations & d’autres fymptomes , il forme alors une maladie cutanée |, voyez CUTANÉE. On ne détruit la denangeaifon qui les accompagne , qu’en guérifant la maladie, Il en eft demême, comme je lai dit ci-deflus, de la violente: demargeaifon qu'on éprouve dans les engelures. Voyez ENGELURE. Are, de M. le Chevalier DE JAUGOURT. DÉMANTELER , RASER, DÉMOLIR, fÿr. (Gram.) Ces mots défignent en général la deftruc- : tion d’un ou de plufieurs édifices. Voici les nuances qui les diftinguent. Démolir fignifie fimplement dé- truire: rafer &c démanteler fignihient désruire par puni- tion; & démanteler ajoûte une‘1dée de force à ce qu'ona détruit. Un particulier fait émolirfa maifon : le parlement a fait rafer la maifon de Jean Chatel : un général fait démanteler une place après lavoir prife, c’eft-à-dire en fait détruire les fortifications. Ce der- nier mot n’eft plus guere en ufage; on dit plus coms munément ra/er ou démolir les fortifications d’une place, que la démanteler. Rafer fe dit lorfqu’on n’employe point le fecours du feu pour détruire ces fortifica- tions ; démobr, lorfqu’on employe le fecours du feu par le moyen des mines : on dit alors, pour Pordi: naire, qu'on a fait faurer les fortifications, (0) 808 D E M | tent le plus fouvent, fans bouger de la place oùils fe trouvent : quelques-uns font extremement pâles, ont les extrémités froides, la circulation & la ref- piration lentes, &c, La Phyfologie enfeigne que l'exercice de l’enten- dement Îe fait parle moyen du changement de l’im- preflion que reçoit la furface ou la {ubftance des f- bres du cerveau. La vivacité des affettions de lame répond à la vivacité des impreflions faites fur ces f- bres : cet exercice eft limité à certains degrés de ces changemens , en-deçä ou au-delà defquels 1l ne fe fait plus conformément à l’état naturel. Il peut donc être vicié de trois mamieres ; s’il y a excès , s'il y a dépravation, & s'il y a abolition de la difpofition des fibres du cerveau à éprouver ces changemens : c’eft à ce dernier vice auquel il faut rapporter la dé- Fmerice. Cette abolition a lieu, 1°. par le défaut des fibres mêmes de ce vifcere , fi elles ne font pas iufceptibles d’impreffion, par le trop grand relâchement, ou par- ce qu’elles pechent par tiop de rigidité, & qu'elles font comme calleufes ; fi el'es n’ont point de reflort ou qu’elles l’ayent perdu par de trop grandes tenfions précédentes , par de violentes pafhons , toutes ces caufes peuvent être innées par vice de conforma- tion, ou être l’effet de quelque maladie, comme la paralyfe, & les différentes affeétions foporeufes , ou celui de la vieillefle. 2°. Par le viee des efprits, s'ils n’ont pas aflez d’aétivité pour mouvoir les fibres ; s'ils font languiffans, épuités ; s'ils font trop féreux ou trop vifqueux. 3°. Par le petit volume de la tête, & encore plus par la petite quantité de cerveau. 4°. Par une fecoufle violente de la tête, ou quelque coup reçù à cette partie, à la temple fur-tout, qui ait cauié une altération dans la fubftance du cer- veau. 5°. Enjuite d’une maladie incurable , comme Vépilepñe ; felon l’obfervation d’Aretée. 6°. Par quelque venin, felon ce que rapporte Bonnet dans fon fépulchretum , d’une fille qui tomba en démence par l'effet de la morfure d’une chauve -fouris: ou par le trop grand ufage des narcotiques opiatiques ; la cigué, la mandragore, produient aufli cette ma- ladie. Elle eft très-difficile à guérir, parce qu’elle fup- pofe, de quelque caufe qu’elle provienne , un grand vice dans les fibres médullaires , ou dans le fluide nerveux. Elle eft incurable , fi elle vient d’un dé- faut de conformation ou de vieillefle : on peut cor- riger moins difficilement le vice des fluides que ce- lui des folides. Cette maladie eft prefque toùjours chronique, ou continuelle, ou paroxifante; celle- ci peut fe guérir quelquefois par le moyen de la fie- vre. La premiere eft ordinairement incurable. La curation doit donc être conforme aux indi- cations que préfente la caufe du mal ; elle doit être auf différente que celle-ci: on doit conféquem- ment employer les remedes qui conviennent con- tre le relâchement des fibres , la férofté furabon- dante, comme les vomitifs , les purgatifs , les fu- dorifiques, Les diurétiques ; contre la langueur, la boiffon de thé, de caffé , & fur-tout de fauge ; con- tre l’épuifement des elprits , les cordiaux analep- tiques, le repos, 6c. dans les cas où ces différens remedes paroïflent fufceptibles de produire quel- que effet ; car le plus fouvent il eft inutile d’en tenter aucun. | La démence qui vient d’une contention d’efprit trop continue, comme l’étude , les chagrins , pourroit être guérie par la diffipation, les amufemens, les délayans legerement apéritifs , 6. Valleriola dit avoir guéri une démence cauée par l'amour : mais 1l ne dit pas le remede qu’il a employé. Les bergers & les bouchers ont obfervé, dit M. de Sauvages dans fes Clafles des maladies, qu'il y a D E M des brebis qui étant dans une efpece de démence n'ont pas le fens de manger ni de boire 3 1l faut les embecher. On trouve à la fuite de cette maladie leur cerveau réduit prefqu'à rien, où à quelques férofi- tés , felon Tulpius, Ly. 1. & Kerkringius, obferr, anat. 46. 1] y a donc lieu de foupçonner dans les bêtes une efpece de fagefle & de folie, (d) DEMENCE , (Jurifp.) ceux qui font dans cet état n'étant pas capables dedonner leur confentement en connoifiance de caufe, ne peuvent regulierement ni contracter, ni tefter, ni efter en jugement ; c’eft pour- quoi on les fait interdire , & on leur donne un cura- teur pour admimitrer leurs biens. À l'égard des adtes-pañlés avant l’interdi@ion, ils font valables , à moins que l’on ne prouve que la démence avoit déjà commencé au tems de l’aûe. La preuve de la demande fe fait tant par les écrits de la perfonne , que par fes réponfes verbales aux interrogations qui lui font faites par le juge , par le rapport des medecins , & par la dépoftion des témoins qui atteftent les faits de démence, La déclaration faite par le notaire que le tefta- teur étoit fain d’efprit & d'entendement , n'empêche pas la preuve de la démence , même fans être obligé de s’inicrire en faux ; parce que le notaire a pû être trompé par les apparences , ou qu'il peut y avoir eu. quelque intervalle de raifon. | La démence feule n’eft pas une caufe de féparation de corps, à moins qu’elle ne foit accompagnée de fureur : mais elle peut donner lieu à la féparation de biens, afin que la femme ne foit pas fous la tutelle du curateur de fon mari. | Ceux qui font en démence ne peuvent être promüs aux ordres & bénéfices. Lorfque la démence furvient depuis la promotion, on donne au bénéficier un co- adjuteur pour faire fes fonétions. Voyez la loi j. de cur, furiofo dandis. Franc. Marc. tome II. quel, 435. Catelan, Zv. IX, ch. x. n. 16. Augeard, som. II. ch. Ixyx. 6 tom. III, pag. 55. 6 432. Lapeyrere , Lerr. N. pag. 275, letr, 1. n. 3, lert. S. n. 40 , & les. Te n. 82. Duperray, de la capacité des eccléf. p. 302. Soefve, tom. II. cent. 4. 59. & tome IL. cenr. 1. chap. lxxviy, 6 xxx, Plaid, de Servin, r. I. in-4°. p, 488. Boniface, rom. I. liv. W.c. 5. ch. 1. liv. VIIL., r. 27, ch. xiij, G tom. V. liv. IL. uit, xvii, G 10m, IF, iv". rit. tj. ch, ii, Journ. du pal, part, V, p. 202, 6 parts VIII. pag. 92. Dupineau, qwefl. 7. pag. 26. Bouvot, tom. 1, part. I. verbo infenfé. Coquille fur Nivern. ur. des teflam, art. 13. Henrys,, tit. des teflam. queft. 7. Carondas ez fes réponfes, liv. IV. ch. jv. & Liv. IX. cie, ij. ch. vy. Defpeifles, tom. I. p. 489. Bafnage,, art, 237. de la coûr, de Norm. Voyez FUREUR , [M- BECILLITÉ , INTERDICTION. (4) DÉMENTI, f. m. (Æiff. mod.) reproche de men- fonge & de faufleté fait à quelqu'un en termes for- mels , & d’un ton qui n’eft pas équivoque. Le démenti regardé depuis fi long -tems comme une injure atroce entre les nobles, & même entre ceux qui ne le font pas, mais qui tiennent un cer- tain rang dans le monde, n’étoit pas envifagé par les Grecs & les Romains du même œil que nous l’envifageons ; ils fe donnoient des démentis {ans en recevoir d’affront, fans entrer en querelle pour ce genre de reproches , & fans qu'il tirât À aucune conféquence. Les lois de leurs devoirs & de leur point d'honneur prenoient une autre route que les nôtres ; cependant, fi l’on recherche avec foin l'o- rigine des principes différens dont nous fommes af- feêtés fur cet article, on trouvera cette origine dans l'inftitution du combat judiciaire, qui prit tant de faveur dans toute l’Europe, & qui étoit intimèment lié aux coûitumes & aux ufages de la chevalerie; on trouvera, dis-je, cette origine dans les lois de ce combat, lois qui prévalurent fur les lois fiduee ur fur les lois roraïnes, &c fur les capitulaires ; lois qui s’établirent infenfiblement dans le monde, fur- tout chez les peuples qui faifoient leur principale occupation des armes ; lois enfin qui réduifirent tou- tes Les aétions civiles & criminelles en procédés & en faits , fur lefquels on combattoit pour la preuve. Par l'ordonnance de l’empereur Othon II. l’an 088 , le combat judiciaire devint Le privilége de la nobleffe , & l’affrance de la propriété de fes heri- rages. [l arriva de-là, qu’au commencement de la troifieme race de nos rois, toutes les affaires étant gouvetnées par le point d’honneur du combat, on en réduifit l’ufage en principes & en corps complet de jurifprudence. En voici l’article le plus impor- tant qui fe rapporte à mon fujet. L’accufateur com- mençoit par déclarer devant le juge qu'un tel avoit ‘commis üne telle ation, & celui-ci répondoit qu'il en avoit menti : fur cela le juge ordonnoit le combat judiciaire. Ainfi la maxime s'établit, que lorfqwon avoit recû un démenti , il falloit fe battre. Pafquier en confirmant ce fait (Zv. IV. ch. J.), obferve que dans les jugemens qui permettoient le duel de fon tems , il nétoit plus queftion de crimes , mais feule- ment de {e garantir d’un démeñri quand 1l étoit don- né : en quoi, dit-il, les affaires fe font tournées de telle facon , qu’au lieu que lorfque les anciens accu: foient quelqu'un , le défendeur étoit tenu de propo- fer des défenfes pour un démenti , fans petdre pour cela fa qualité de défendeur ; au contraire, conti- nue-t-il, fi jimpute aujourd’hui quelque cas à un homme, & qu'il me démente, je demeure dès-lors offenfé , & il faut que pour purger ce démenti, je de- mande le combat. L'on voit donc que le démenti donné pour quelque caufe que ce füt, a continué de pafler pour une of- fenfe fanglante ; & la chofe eft fi vraie qu’Alciat, dans fon livre de féngulari certamine , propofant cette queftion : fi en donnant un démenti à quelqu'un, on ajoûtoit ces mots, fauf fon honneur, ou, fans l’offen- Jer; le démenti cefle d’être injurieux; 1l décide que cette referve n’efface point l’injure, Enfin les lois pénales du démenti établies fous Louis XIV. depuis la défenfe des duels, & plus en- core l’inutilité de ces lois que perfonne ne reclame, prouvent aflez la délicatefletoûjours fubfiftante par- mi nous, fur cet article du point d'honneur. Je ne puis être de l'avis de Montagne , qui cher- chant pourquoi les François font fi {enfibles au dez menti, répond en ces termes: « Sur cela je treuve » qu'il eft naturel de fe défendre le plus des défauts » dequoi nous fommes le plus entachés ; 1l femble # qu’en nous défendant de l’accufation, & nous en » émouvant , nous nous déchargeons aucunement » de la coulpe: fi nous l'avons par effet, au moins # nous la condamnons par apparence ». Pour moi, j eftime que la vraie raifon qui rend les François fi délicats fur le démenti, c’eft qu’il paroït envelopper la baflefle & la lâcheté du cœur. Il refte dans les mœurs des nations mihitaires,& dans la nôtre en par- ticulier, des traces profondes de celles des anciens chevaliers qui faifoient ferment de tenir leur parole & de rendre un compte vrai de leurs avantutes : ces traces ont laïffé de fortes impreflions , qui ne s’effa- ceront jamais ; & fi l'amour pour la vérité n’a point pañlé jufqu’à nous dans toute la pureté de l’âge d’or de la chevalerie, du moins a-t-1l produit dans notre ame un tel mépris pour ceux qui mentent effronté- ment, que l’on continue par ce principe de reoar- der un démenti comme l’outrage le plus irréparable qu'un homme d'honneur puifle recevoir. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | DÉMENT: , (Jurifprua.) Le démensi eft confidéré comme une iyure plus ou moins grave, felon les girconftances. Tome IF. DEM 809 Le réslemerit des maréchaux de France dû mois d’Août 1653, condamne les gentilshommes & of- ciers qui auront donné un démenti, à deux mois dé prifon , & à demander pardon à l’offenfé. L’édit du mois de Décembre *604, ordonne qué celui qui aura donné un déenti à un officier de ro- be, fera condamné à demander pardon , & à quatre ans de prifon, I n’eft pas non plus permis de donner un démenti à un avocat dans {es fonétions. Dufail ( Zv. ZI. ch. clxjv.) rapporte un arrêt de fon parlement du 19 Décembre 156$ , qui pour un démenti donné à un avocat par la partie adverfe , condamna ce dernier à déclarer à l’audience , que témérairement il avoit proféré ces paroles su as menti, À en demander par don à Dieu, âu roi, & à juftice, & en 10 livres d’a- mende , le tout néanmoins fans note d’infamie : cet adouciffement fut fans doute ajoûté , à caufe que le reproche qui avoit été fait à la partie étoit fort inju= lieux ; cé qui néanmoins ne l’autorifoit pas à inful- ter l'avocat. Un vañal fut privé de fon fief fa vie durant pour avoir donné un démenti à fon feigneur , & fut con- damné à dire en jugement, que par colere il avoit démenti fon feigneur. Papon, iv. XIII, rit. j. n. 18. Le démenti donné à quelqu'un n’eft point excufé fous prétexte qu’on auroit ajoûté,, fañf fon honneur. Voyez la bibliotheg. de Bouchel 4x mot Jugement, Laæ Rôche-Flavin , des dr. fig. ch. xxxij. art, 4. Bodin ; republ. liv. I. ch. vi. Guypape, quefl. 466. (A) DEMER (La), Géog. mod. riviere du Brabant qui fe jette dans la Dile. $ DÉMEÉRITE, f. m. (Droit nat.) conduite qui nous attire le jufte blâme des autres membres de læ focièté ; c’eft la qualité oppofée au mérite. Voyez ce mot. C’eft-là que, pour éviter les répétitions, nous parlerons du mérite & du démérite des aétions des hommes , relativement à la fociété. Arricle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. * DEMETRIA , ( Hifi. anc. & Myth. ) fêtes que les Grecs célébroient à l’honneur de Cérès ; une des principales éérémonies , c’étoit de fe frapper avec des fotièts d’écorce d'arbre. Il y avoit une autre fête inflituée fous le même nom à l’honneur de Démé- trius Poliorcete, le 30 de Munichion. DEMETRIOWITZ, (Géog. mod.) ville dé Rufie au duché de Smolenskau , fituée fur l’'Ugra. Long. 54. lat. 52, 30. DÉMETTRE (s£), ABDIQUER ,, fyn. ( Gram.) cés mots figmuifent en général quitter un emploi, une charge , avec cette différence qu'abdiquer ne fe dit guere que des poftes confidérables, & fuppofe de plus un abandon volontaire ; au lieu que /e démer- *zre peut être forcé, & peut s’appliquer aux petites places. Exemple: Chriftine reine de Suede , a abdique la couronne. On a forcé tel prince à fe dérnettre de la royauté. M. un tel s’eft dérmis de fon emploi en faveur de fon fils. (O0) DEMEURE, £. f. (Jurifpr. ) fignifie recardement ; appellé en Droit mora. Etre en demeure de faire quel que chofe, c’eft lorfqu’on a laïffé pañler le rems dans lequel on auroit dû remplir fon obligation. Conflituer ou mettre quelqu'un en demeure, c’eft le fommer juridiquement de faire ce qu'il doit. On peut mettre quelqu'un en demeure par un aéte extrajudi- ciaire ; mais pour faire courir les intérêts , il faut une demande judiciaire, Voyez INTÉRÊTS MORA= TOIRES. Il y a dés cas où 1l n’eft pas befoin de mettre fon adverfaire en demeure ; favoir lorfque dies inter pellat pro homine : tels {ont les délais portés par leg coùtumes & par les ordonnances, pour faire quels que chofe. Voyez DÉLAI. | On dit qui! y a péril en la demeure, lorfqu’il s’a- KKKkKk 810 DEM git des chofes qui peuvent dépérir, comme des pro- vifions de bouche ; ou lorfque le retardement d’une affaire peut caufer quelqu’autre préjudice à une des parties. Voyez Les rextes de droit indiqués dans Bro- “lerode, au mot wora. (4) DEMEURER , v. n. (Mar.) on fe fert de cette expteffion dans la Marine , demeurer au nord, de- meurer au fud , demeurer à bas bord, pour dire qu”- une côte ou une île eft fituée & refte au fud ou au nord par rapport à vous, On dit auf, zous ap- perçämes ur navire qui nous demeuroit au nord-oueft, &c. | | Lorfqu’on parle de vaiffeaux qui font route en- femble, ceux qui ne vont pas fi bien, font dits de- aneurer de l'arriere. (Z) DEMEURER, terme qui, joint avec d’autres, a plufieurs fignifications dans le Commerce. DEMEURER EN SOUFFRANCE : on dit e72 fermes de compte, qu'une partie, qu’un article eft demeure en fouffrance, lorfqu'il n’eft pañlé & alloué qu’à la charge d’en juftifier par quittances, décharges, or- dres ou autrement. DEMEURER EN RESTE , DEMEURER EN AR- RIERE, c’eft ne.pas payer entierement les fommes contenues dans une obligation, dans un mémoire, dans le débet d’un compte. DEMEURER GARANT, c’eft répondre de l’exé- cution d’une promefle faite par un autre, ou du payement d’une fomme qu'il emprunte &c qu'il doit : c’eft fe rendre fa caution. Voyez CAUTION. DEMEURER DU CROIRE ; c’eft être garant de la folvabilité de ceux à qui l’on vend des marchandifes à crédit pour le compte d'autrui. Les commiflion- naires doivent convenir avec les commettans , s'ils demeureront du croire, ou non; car dans le premier cas les commettans doivent payer aux commifion- naires un droit de commiflion plus fort , à caufe des grands rifques que courent ceux-c1 en faifant les de- miers bons ; & dans ce même cas les commifionnai- res doivent avoir trois mois, à compter du jour de l’échéance de chaque partie de marchandife qu'ls auront vendue à crédit, pour faire les remifes aux commettans , où avant qu'ils puiflent faire aucunes traites fur eux. Si au contraire les commuflionnaires ne demeurent pas d’accord du croire des débiteurs , ils doivent remettre aux commettans à mefure qu'ils reçoivent les deniers provenans de la vente de leurs marchandifes, ou leur en donner avis, afin que les commettans s’en prévalent en tirant des lettres de change fur eux, ou pour remettre en d’autres lieux, fuivant les ordres qu’ils en reçoivent. Savary, par- fait Négociant, liv. TITI. chap. ti. part, 2. Demeurer du croire, e dit aufh à l'égard des difpo- fitions ou négociations que les commiffionnaires ou correfpondans des négocians & banquiers font pour leurs commettans, concernant la banque. Lorfqu'il y a convention précife par écrit entre un commifionnaire & un commettant , laquelle porte que le commiffionnaire demeurera du croire, le com- miflionnaire doit être refponfable envers le com- mettant, de l’évenement des lettres de change qu'il lui remet, foit par fon ordre ou autrement : au con- traire fi le commiflionnaire n’en eft pas convenu, quelques ordres qu'il ait pù mettre fur les lettres, cela ne peut lui nuire ni préjudicier à l’égard de fon commettant, mais feulement à l’égard d’une tierce petfonne qui feroit porteur de la lettre. Savary, par- fait Négociant, part. II. Liv, III, ch. jv. 6: les diëtion- naires de Comm. &t de Trév. (G) DEMEURER , ex termes de Manege, fe dit du che- val. lorfque l’écolier ne le détermine pas aflez à aller en-avant : alors le maître dit, vorre cheval de- ameure. (G) DEMI, adj, (Grammaire & Arithm.) terme qui - fignife la moisié de quelque chofe, & au lieu dtquel on fe fert quelquefois du mot fé, principalement dans les mots formés du latin; ainf on dit demi-boif: Jeau, demi-ton ou fémi-to7, fête femi- double, &cc. Voyez les articles fuivans., | so * Demrpéesses &DEMI-DIEUX, f. in. pi. (Myck.) on donna ce nom aux enfans nés du commerce des dieux avec les hommes. L'état de demi-dien & de derni-déeffe étoit dans le fyftème de la Métempfycofe, le fecond état de perfeétion par lequel les ames paf- foient après leur mort. | Demi, DEMIE , (Comm.) ces adjeëtifs appliqués aux poids & aux mefures, donnent la demi-ivre, le : demi-quarteron , Ya demi-once, le demi-gros , la demi- aulne, le demi-boiffeau, le demi-litron , la dermi-queue, le derni-muid, le demi-feptier, la demi-douzaine, la demi-groffe, le demi-cent , le demi-écu , &cc. pour fignt fier une moirié de toutes les mefures, poids, mon- notes, ou.chofes qui portent ces divers noms. La demi- livre poids de marc eft de huit onces, Poyez LIVRE. Le demi-quarteron eft de deux onces. La demi-once eft de quatre gros. Le dermi-oros eft un denier & demi. La demi-aulne de Paris eft d’un pié neuf pouces dix lignes de longueur : celle de Hollande a un pié cinq lignes & demie de long. Foyez AULNE. Le demi-boiffeau de Paris doit avoir fix pouces cinq lignes de haut, & huit pouces de large. Yoyez BOISSEAU. Le demi-litron eft de deux pouces dix lignes de haut fur trois pouces une ligne de diametre. Voyez LITROX. La demi-queue d'Orléans, de Blois, de Nuy, de Dion & de Mâcon , eft de deux cents feize pintes de Paris. Voyez QUEUE. La demi-queue de Champagne contient cent quas tre-vingt-douze pintes de Paris. Le demi-muid de vin contient cent quarante-quas tre pintes de Paris. Foyez Muip. Le demi-feptier fait la moitié d’une chopine & le quart d’une pinte. La demi-douzaine eft compofée de fix chofes d’une même efpece, qui font la moitié de douze. Une demi - groffe eft fix douzaines , ou foixante- douze fois une même chofe. Voyez GROSSE. Un demi- cent en fait de compte ou de nombre ; c’eft cinquante unités ou parties épäles de la même valeur. Lorfqu'il s’agit du poids, un deri- cent fignifie cinquante livres ; qui font la cent. Un demi-écu eft trente fous, ou la moitié de trois livres tournois. , En fait de fra@ions , demi s'écrit ainfi, +. Diéfion. de Comm. de Trèv. & Chambers. (G) \ DEMi-AIR ou DEMI-VOLTE, (Man.) eft un des fept mouvemens qu’on fait faire au cheval. Dans ce mouvement les parties antérieures du cheval font plus élevées que dans le terre-à-terre ; mais le mou- vement des jambes du cheval eft plus prompt dans le terre-à-terre que dans la demi-volte, Voy. VOLTE, REPOLON , PASSADE , COURBETTE , HANCHE, TERRE-À-TERRE , @& MES-AIR. DEmI-ARRÊT , voy. ARRÊT, Serrer la demi-volle ; voyez SERRER. (F). | DEMI-AUTOUR , (Fauconnerie.) c’eft la feconde efpece ; elle eft maigre, & peu prenante, La premiere efpece , & la plus noble, eft l’exrour femelle. Il y en a cinq efpeces: les autres fe trouveront à leurs articles, Foyez AUTOUR. | DEMI-BASTION, {. m. (Art milir.) eft la partie du baftion comprifeagntre la capitale , la face , le flanc & la demi-gorge. | moitié d’un DEM - La capitale coupe le baflion en deux demi-bajlions. Voyez CapiTALE. Voyez aufft BASTION. (Q) _ Demi-cANON d’'Efpagñe, eftune piece de canon de 24 livres de balles, qui pefe s1o0livres, & qui eft longue de 10 piés mefurés depuis la bouche juiqu’à l'extrémité dela premiere platte-bande de la culaffe ; elle a r1 pouces & demi depuis cet endroit jufqu’à l'extrémité du bouton: ainfi toute fa longueur eft de ro piés 11 pouces & demi. Mémoires d'Arellerie de Saint-Remi. (Q) | DEMmMI-CANON defranceou COULEVRINE, eftun canon de 16 livres de balle, qui pefe 4100 livres, êc qui eft long de ropiés mefurés depuis-la bouche juf: qu'à l’extrémité de la premiere platte-bande de la culaffe : depuis cet endroit jufqu’à l'extrémité du bouton ,,1l a 10 pouces; enforte que toute {a lon- gueur eft de 10 piés 10 pouces. (Q) | k Demi-CASE, au Trittrac, {e dit de celle où àl ny a qu’une dame abattue fur une fleche, : DEMi-ceinT , f. m. (Æif. mod.) ceinture faite de chaînons dé métal. anciennement à lufage des femmes. Il partoit à droite & à gauche du er- ceints d’autres chaines pendantes avéc des anneaux eù l’on accrochoit les clés, les cifeaux , les étuis, &c. Il y avoit des demi-caints d'argent, de fer, de laiton, de cuivre, de plomb , d’étain , 6, il yen avoit aufli d’argentés & de dorés. Qu DeMi-CEINTIER, f. m. (L4rt méch.) c’eft un des noïns que les Chainetiers prennent dans leurs fta- tuts, parce que c’étoient eux qui faifoient les demi- ceints lorfqu'ils étoient à la mode. Voy, l’art, DEMI- CEINT. « DEMI-CERCLE, {. m. er Géométrie ; c’eft la moi- tié d’un cercle ou l’efpace compris entre le diametre d’un cercle & la moitié de la circonférence. Voyez CERCLE. + Deux demi-cercles ne peuvent pas s’entre-couper en plus de déux points : ils peuvent fe couper ou fe toucher en un feul ; mais deux cercles entiers, dès qu'ils fe coupent, fe coupent néceflairement en deux points. (O0) TES + DEMI- CERCLE eft auf un inftrument d’Arpenta- ge, que l’on appelle quelquefois graphometre, Voy. ARPENTAGE & GRAPHOMETRE; C’eft un limbe demi- circulaire, comme F7 G ( PL, d’Arpent. figure 16.) divifé en 180 degrés, & quelquefois divifé en minutes diagonalement ou au- trement. Ce limbe a pour fous-tendante le diametre FG , aux extrémités duquel font élevées deux pin- nules. Au centre du derzi-cercle ou du demi-diametre, 1] y a un écrou êc un ftyle ; avec une alidade ou regle mobile, qui porte deux autres pinnules, com- me 7, I. Le tout eft monté fur un bâton ou fup- port, avec un genou. .! Le dem-cercle en cet état n’eft pas différent de la moitié du zhéodolite ou demi-bâton d’Arpenteur: tou: te la différence confifte en ce qu’au lieu que lelimbe du bâton d’Arpenteur étant un cercle entier , donne fucceflivement tous les 360 degrés ; dans le demi- cercle les degrés allant feulement depuis r jufqu’à x80, pour avoir les autres 180 degrés, c’eft-à-dire ceux qui vont depuis 18ojufqu’à 360, onles gradue fur une autre ligne du limbe, en - dedans de la pre- miere ligne. . Pour prendre un angle avec le demi-cercle, placez linftrument de maniere que le rayon CG puifle ré- pondre direétement & parallelement à un côté de l’an- gle à mefurer, &cle centre C fur le fommet du même angle. | La premiére de ces deux chofes fe fait en vifant par les pinnules F & G , qui font aux extrémités du diametre , à une marque plantée à l’extrémité d’un côté : &c la feconde , en laiffant tomber un plomb du centre de l'inftrument. Après cela, tournez la Tome IF, | D E M 811 regle mobile AI fur fon centre vers l’autre côté de l'angle , jufqu’à ceique par les pinnules qui font élevées fur cette regle, vous puifiiez appercevoir la marque plantée à l'extrémité du côté : alors le des gré que l’adidade coupe fur le limbe, eft la quantité de l'angle propoté, . | Quant aux autres ufages du demi-cercl, ils font les mêmes que ceux du bâton d’Arpenteur, ou théo- dolite. #oyez BATON D’ARPENTEUR, GRAPHO- METRE, PLANCHETTE. (E) DEeMI-CLÉ ; {. m. (Mar.) c’eft un nœud que l’on fait d’une corde fur une autre corde; ou fur quel- qu'autre chofe. (Z) DEMI-DIAMETRE, fm. (Géom.) c’eft une ligne droite tirée du centre d’un cercle ou d’une fphere, à fa circonférence ; c’eft ce que l’on appelle autre: ment un rayoz Voyez DIAMETRE, CERCLE, & RAYON. Les Aftronomes évaluent ordinairement en demi: diametres de la terre , les diftances, les diametres, &e. des corps céleftes ; sainfñ ils difent que la lune eft éloignée de la terre d'environ 6o demi - diametres de la terre, que le demi-diametre du foleïl eft environ égal à 100 derni - diametres de la terre, Gc. Voyez TERRE. Voyez auffi SOLEIL, PLANETES, 6e. Pour connoître en demi-diamerres de la terre les de- #i-diametres des principales planetes , fuppofant que le véritable derei-diarnerre du foleil vaut 100 derni-dia- rnetres de la terre, & ayant le rapport des diametres : des planetes principales à celui du foleil , voy. Dra: METRE, PLANETE, SOLEIL, Éc; Le demi-diamerre d’une planete n’eft proprement que la moitié de l’angle fous lequel le diametre de cette planete eft vü de la terre, Cet angle éft pro: portionné à la grandeur apparente de la planete. Les demi-diametres du foleil & de la lune font à-peu-près égaux, quoique ces aftres ne le foient pas. Voyez-en la raïfon # l’article APPARENT. (O0) . DEmi-cORDE ox VoiëE DE BOIS , ( Comm.) voy: l’article CORDE. La demi-corde eft ce qu'il peut y avoir de buches dans une membrure haute de quatre piés, & longue de quatre. DEMI-FUTAYE ox HAUT-REVENU, (Commerce. ) forêt dont les arbres-ont depuis quarante ans jufqu’à foixante. Foyez Bois , FORÊT. | DEMI-GORGE,, f. f. en terne de Fortification , eft le prolongement de la courtine depuis l'angle du flanc, ou le flanc , jufqu’à la rencontre de la capi- tale du baftion. Voyez BASTION. La demi-gorge du baftion doit être au moins égale au flanc ; afin que le baftion foit bien proportionné ; anf elle peut avoir depuis vingt jufqu’à trente toi fes : elle peut être plus grande, lorfqué l’angle du polygone que lon fortife eft fort obtus. De grandes derei-gorges font plus avantageufes que de petites, parce qu'elles rendent le baftion plus grand, &c ca pable d’un plus grand nombre de retranchemens. pour fa défenfe : d’ailleurs les bombes & les mines font moins de ravages dans un grand baftion que dans un petit. | La demi-gorge dans les différens ouvrages de Fo: tification, eft la moitié du côté qui les termine vers la place, ou fur lequel ils font conftruits. Ainf les demi-gorges des demi-lunes font Les par: ties de la contrefcarpe comprifes entre fon angle rentrant & l’extrémité des faces de la demi-lune. DEMI-GORGES des places d'armes du chemin cou vert , font les parties du côté intérieur fur lefquelles fe font les places d'armes. Foy. PLACES D’ARMES, dre f. f. (Commerce. ) toiles de lin blanches & fines, qui fe fabriquent prefque toutes en Picardie , fur quinze aulnes de long & trois quarts de large. us 2 KKKKK 1} 812 DEM DEMISENTÉ , (Danfe.)pas de danfe. Foy. Cou- PÉ DU MOUVEMENT , € TOMB£. DEMI-JEU , À DEMI-FEU, serme de Mufique inftru- mentale ; qui répond à l'italien /osto voce OU meyga voce SËT qui indique une maniere de jouer quitienne le milieu entre le fors &c le doux, Vowy. ces deux mots, (s) Demri-Lune, (cerme d’Archireét.) portion: circu- laire en tour creufe, qu'on employe avec aflez de fuccès dans la diftribution des portes-cocheres,, lorf que la voie publique.eft trop reflerrée pour le paf fage des voitures; dans lintérieur des cours, pour donner plus détendue aux murs de face, & faciliter les dégagemens, pour l'entrée des remifes, des écu- ries , des cuifines & offices, ou pour éclairer des anti-chambres , des falles à manger, ow enfin pour autorifer un autre gente d’architeéture dans les éle- vations, qui ne pourroit être continuée la même au pourtour de la cour, par quelque confidération par- ticuliere. le En général il faut favoir que les plans quadran- gulaires font préférables aux circulaires. Ces der- niers ont quelquefois plus de grace , mais ils dégé- nerent en architetture efféminée, qui ne peut être autorifée que par le genre d’une décoration particu- liere. L’architeéture re@ihigne au contraire a quelque chofe de plus ferme & de plus analogue à la virilité de l’ordredorique ; expreflion dont on fait ufagé af- fez ordinairement au rez-de-chauflée des cours & des façades des bâtimens, du côté de l’entrée. (P) DEMI-LUNE,, terme de Fortification, eft un ouvra- ge prefque triangulaire qu’on conftruit vis-à-vis les courtines , & qui eft compofé de deux faces L M, MN, PL IPde Forufic. fig. 2: qui formenttun an- gle faillant Z M N vers la campagne, & de deux demi-gorges RL, RN, prifes fur la contrefcarpe de la place. Cet ouvrage eft appellé revelir dans les anciens auteurs qui ont écrit {ur la Fortification ; mais le ter- re de demi-lune a prévalu depuis. Voyez CONTRE- GARDE. | Pour conftruire une demi-lune vis-à-vis une cour- tine 3 F, 1l faut marquer deux points O &c P fur les faces E 1, H 2 des baftions qui accompagnent cette courtine , à quatre ou cinqtoifes de diftancedes an- gles de l'épaule £ & Æ : puis du point F pris pour centre, & de l'intervalle FO, décrire un arc qui fera coupé par le prolongement de la perpendicu- laire 8 À dans un point M, lequel fera le fommet de l'angle faillant de la demi-lune, Ontirera après cela les lignes M O, M P , qui couperont la contrefcarpe en L& en N; & l’on aura M L & M N qui feront les faces de la demi-lune, dont LR & R N feront les demu-gorges. La ligne R M tirée de l’angle faillant de la derr- lune à l'angle de la contrefcarpe , fe nomme fa capi- tale. Le parapet 8 le rempart de la demi-lune fe menent parallélement à {es faces. Le-parapet a trois toifes d’épaifleur, & le terre-plein du rempart quatre de largeur. La demi-lune{ert principalement à couvrir la cour- tine, les flancs , 8 les portes des villes qui fe conf- truifent au milieu des courtines, comme dans Le lieu le mieux défendu de la place. Les faces des baftions n’étant défendues que par le feu des flancs oppofés, lapproche de leur foffé ne peut être défendue que fort obliquementpar ces mêmes flancs. La deri-lune augmente la difficulté de cette approche, & par conféquent la force de la place. Les parties r O , P n des faces des baftions com- prifes entre le prolongement des faces de la demi- lune & le prolongement de fa contrefcarpe, lui fer- D E M vent de flancs: ce font ces parties qui flanquent {es faces & fon foffé, On prend les points O 8 P à quatre oucinq toi- fes des angles de l’épaule £ & AH, c’eft-à-dire vers l'extrémité du parapet & de la banquette des flancs aux angles de l'épaule , afin que toute la partie des faces qui eft vis-à-vis le foffé de la demi-lurepuifle défendre ce foffé ; ce qui n’arriveroit point files fa- ces de la demi-lune étant prolongées , aboutiffoient aux angles de Pépaule £ & A: l’épaiffeur du para- pet en cet endroit occuperoitune partie de l’efpace qui flanque la demi-lune ; 8 alors elle ne feroït point défendue par un feu égal à la largeur de fon foflé. Pour augmenter la défenfe du foffé de la demi lune, on y conftruit, lorfque ce foffé eft fec, des traverfes ou places d’armes #2 #. Voyez TRAVERSES G PLACES D’ARMES. On fait quelquefois des flancs aux démi-lunes s alors elles refemblent à des baflions détachés de Penceinte. Pour faire: des flancs à une demi-lune ab c d , il faut des points & & d porter dix toifes fur {es faces fept fur les demi-gorges ; puis joindre les extrémités de ces mefures par les lignes p e , k f, qui feront les flancs de la dermi-lune. Ces flancs doivent avoir un rempart & un para- pet comme les faces : ils fervent principalement à la défenfe du chemin couvert qui eft vis-à-vis les faces des baftions , lequel peut en être enfilé. Voyez EN- FILER. Comme ces flancs ne peuvent fe conftruire fans découvrit l’épaule du baftion, ils font condamnés par plufieurs ingénieurs: cependant M. de Vauban * s’en ft fervi dans beaucoup de places. On conftruit quelquefois une autre demi-lune ul dans la premiere, pour en augmenter la défenfe. Voyez RÉDUIT. On couvre auf dans plufeurs occafons la demi lune par une efpece de contregarde , qui fe conftruit comme celle qui eft devant le baftion. Voyez Cox- TRE-GARDE. Mais l’ufage le plus ordinaire eft de la couvrir par de grandes lunettes. Voyez TENAILLON. On fait un pont fur le foflé des demi-lunes placées vis-à-vis les portes des villes ; il fe conftruit vers le milieu d’une des faces de la deri-lune. Il a un pont- levis qui touche immédiatement la face de cet ou- vrage. Le rempart eft coupé en cet endroit à-peu= près de la largeur du pont, enforte que du pont on entre de plain-pié dans la demi-lune. (Q) DEMI-LUNE , (Jardinage. ) c’eft ordinairement la moitié d’un cercle, tel que le bout d’un parterre tracé en demi-lune au-deflus du principal baffin. On dit encore la derni - lune d’une patte-d’oie, d’une étoile. (Æ) DEMI-MET AUX , f. m. pl. (Chimie) Les Chi- miftes ont donnée le nom de demi-méraux à certaines fubftances qui fe trouvent dans les entrailles de 14 terre, minéralifées à la façon des métaux, qui com- me ces derniers étant féparées des matieres étrange- res avec lefquelles elles étoient minéralifées , ontun éclat, une pefanteur, un afpect qui fait qu'on les prendra toûüours pour des fubftances métalliques. C’eft cette derniere qualité que les Chimiftes expri- ment très-bien par ces mots latins, facies metallica. Lorfqw’onlesexpofe au feu,elles entrent enfonte à la façon des métaux; elles prennent le f/4or métalli- que , pour parler le langage de l’art. Mais les demi- métaux different des vrais métaux en plufieurs points: 1°, ils font bien moins fixes au feu, & même ils font prefque tous fufceptibles d’une volatilfation totale : 29. ils perdent leur phlogiftique beaucoup plus vite & à un feu bien moindre que celui qu'il faut pour calciner les métaux ; excepté cependant le plomb & Pétain, qui fe calcinent aufh très-aifément : 3°. & c'eft rer la différence effentielle, les métaux font du- @iles & malléables , au lieu que les demi- métaux ne léfont point du tout ; au contraire, cesderniers font aigres & caffans, & fe réduifent en poudre avec aflez de facilité fous le marteau ou le pilon, à l’exception duzinc'qui fouffre plufieurs coups de marteau fans fé rompre, & que l’on peut même couper avec le cifeau. | WOñ'a toüjours compté jufqu’à préfent cinq demi- métaux, favoir l’antimoine, c’eft-à-dire le régule d’antimoine ( car l’antimoine vulgaire on l’antimoi- ne crud' eft proprement ce demi-méral uni avec du foufre, & non l’antimoine pur), le bifmuth, le zinc, le régule d’arfenic (8 non pas l’arfenic, parce que l'ufage qui fait donner ce dernier nom à la chaux d’arfenic a prévalu), & enfin le mercure. Ce der- nier corps n’eft pas mieux placé parmi les dei- métaux que parmi les métaux, où les anciens & les modernes, peu verfés dans les connoïflances métalliques, l'ont placé; car 1l differe des uns &des autres par cette fluidité qu'il conferve fi conftam- ment à quelque froid qu’on l’expofe, & par quelques autres qualités qui lui font particuheres. Voyez MERCURE. Nous avons dit que jufqu'à préfent on ravoit compté que cinq demi-métaux : Cramer, dans fon excellent sraité de Docimafre , édit. 1744, n’en comp- te que quatre ; le régule d’antimoine, le bifmuth, le zinc, & le régule d’arfenic: mais M. George Brandt favant chimifte Suédois, doéteur en Mede- cine, cenfeur de la Métallurgie, & direéteur du la- boratoire chimique de Stokolm, a découvert un nouveau demi-méral; e’eft le régule de cobalt. Fayez Les art. particul. ANTIMOINE, BISMUTH, ZINC, ARSENIC, COBALT. (4) | DEMI-METOPE, terme d’Archirefure , voyez METOPE. | DEMI-ORDONNEES, f. f. pl. ez Géométrie ; ce font les moitiés des ordonnées ou des appliquées. Les demi-ordonnées {ont terminées d’un côté à la courbe, & de l’autre à l’axe de la courbe, ou à fon diametre, ou à quelqu’autre ligne droite. On les ap- pelle fouvent ordonnées tout court. Voyez ORDON- NÉES. (O0) DEMI-PARABOLE, ez Géometrie, c’eft le nom que quelques géometres donnent en général à toutes les courbes définies ou exprimées par l'équation ax =y";commeax?=7y3,ax3 = y4. Voyez PARABOLE & COURBE. Il me femble que la raifon de cette dénomination eft que dans l’équation de ces courbes , les éxpofans de x & de y different d’une unité comme dans l’équa- tion ax= y? de la parabole ordinaire: ce qui a fait imaginer que ces courbes avoient par-là quelque tapport à la parabole. Mais cette dénomination eft bien vague & bien arbitraire ; car paruneraifon fem- blable on pourroit appeller demi-paraboles toutesles courbes, dont l'équation eft y = 4" x", parce ue équation de ces courbes a deux termes comme celle de la parabole ordinaire. On dira peut-être que les courbes a x” "=y”, ont toûjours, comme la parabole ordinaire , deux branches épales & fem- blablement fituées, ou par rapport à l’axe des x, fi m eft pair, ou par rapport à celui des y, fi 2 eftim- pair. Mais par la même raifon toutes les courbes alx T7 — y" feroient des demi-paraboles toutes les fois que # ou — » feroient pairs. Ainf il faut aban- donner toutes ces dénominations, & fe contenter d’appeller dei-parabole la moitié de la parabole or- dinaire ; & en général derr-ellipfe, demi-hyperbole, 8 demi-courbe , la moitié d’une courbe qui a deux por- tions égales & femblables par rapport à un axe, 7 Course, (0) D EM 312 DEMI-PARALLELES ox PLACES D’ARMES, (Forsific.) font dans Pattaque des places des parties de tranchée à-peu-près paralleles au front de l’atta- que, de quarante ou cinquante toifes de long, qui fe font éntre la feconde-&r la troifieme parallele pour pouvoir foûtenir de près les têtes avancées de la tranchée, jufqu’à ce qué la troifieme ligne foit ache- vée. Leufs larseurs 8 profondeurs doivent "être comme celles des tranchées où commecelles des pa- ralleles. Elles ne fe conftruifent ordinairement que lorfque la garnifon de la plice qu’on attaque eft nombreufe & entreprenante. Ces demi-paralleles font marquées À R, Planche XV. de Fortification, fig:2. Q) , DEMI-PONT, {. m. (Marine) corps-de-garde: Voyez CORPS-DE-GARDE. (Z DEMI-REVETEMENT , f. m. c’eft dans la For tification des places un revêtement de maçonnerie qui foûtient les terres du rempart feulement depuis lé fond du foffé jufqu'au niveau de la campagñe, ou un pié au-deflus. Lés contre-gardes ou baftions détachés du neuf- Brifack font à derni-revétement, Voyez REVÊTEMENT. Le demi-revétement coûte moins quelle revêtement entier, & il réunit les avantages du revêtement de maçonnerie & de celui de gafon. foyez REMPART! Q D ÉMESG AU {em (Æi/4, mod.) c’eft celwirdont on fe fert à la: chancellerie d’Angletérre pour fcel- ler les commiffions des juges délégués fur un appel en matiere eccléfaftique ou de Marine. Nous n’a- vons'rien en France qui reflemble à ce demi-fteau : ce feroit tout au plus la petite chancellerie du palais & près les autres parlemens du royaume, qui expé: dient & fcellent des aêtes qui de droit ne vont point a la grande chancellerie: mais les aëtes s’expédient totjours fous les ordres du chancelier de France. (G) (a). DEMI-SEXTILE , adj. (Æ4/fronom.) eft la même chofe que Jéri-fexrile: Voyez SEMI-SEXTILE. (O0) DEMI-SOUPIR, caraütere de Mufique qui fe’ fait ainfi+, & qui marque un filence dont le tems doit être égal à celui d’une croche ou de la moitié d’un foûpir. Voyez SOUPIR , SILENCE, MESURE. (S) DEMI-TON , intervalle de Mufigue, voyez SEMI: TON. (S) | | DEMI-TEINTES ; voyez TEINTES. DEMI-TOUR A DROITE ox DEMI-TOUR À GAUCHE, er termes militaires , font les commande- mens dont on fait ufage pour faire changer de front à un bataillon, foit à droite foit à gauche. Foyez EVOLUTION, QUART DE CONVERSION, & CoN- VERSION. Lorfqu'il eft queftion de faire un demi-rour ou quart de converfon à droite, le foldat qui eft dans angle droit doit tourner très-lentement, & les au- tres doivent tourner autour de lui comme centre en allant ide gauche à droite; & réciproquement lorf- qu'il eft queftion du demitour à gauche. Quand une troupe eft en marche, fon veut lui faire faire un demi-tour à droite ou à gauche, celui qui eft à la droite où à [a gauche refte fixe en tour- nant feulement fur {on talon, tandis que tous ceux qui font fur le même rang tournent autour de lui avec promptitude, jufqu'à ce qu'ils ayent formé à droite ou à gauche une nouvelle ligne perpendicu- laire à la premiere. Chambers. Le demi-rour a droite dans la cavalerie s’appelle wider-zourouk, qu'on écrit en allemand w1eder-quruck: nous l’avons appris des Allemands, dit M.le maré- chal de Puyfégur, vers l’année 1670. Pour que l’efcadron puifle faire demi-tour à droite, il'eft obligé de marcher un peu en-avant, afin de pouvoir ouvrir fes files enmarchant, & que chaque 814 DE M cavalier aït plus de facilité pour toufner. Les tns s’avancent à la diftance du rang qui eft devant eux; d’autres reftent dans le rang:1ls tournent alors à droite où à gauche comme ils peuvent. Quand 1ls Ont tous tourné pour faire tête où -1ls avoient la queue , & que chacun eft rentré dans le rang, l’ef- cadron marche alors du côté oùil fait tête. . Il faut convenir que les mouvemens de la cava- lerieont un peu plus de difficulté dans Pexécution que ceux de l'infanterie, à caufe du cheval, lequel, À moins que d’être fort exercé, ne fe prête pas faci- lement à ces mouvemens. On peut voir dans le srez- féeme art. ch. xiij. de l'art de la guerre de M. de Puyfe- our , les arrangemens qu’il propofe pour faire faire à la cavalerie les mêmes mouvemens que ceux qui font d’ufage dans l'infanterie. On ajoütera 1c1 une maniere d'exécuter le wider-zouronk ou le demi-tour à droite ou a gauche , qui paroît fort fimple. &c fort aifée. L'efcadron étant en bataille, on difpofe les rangs de maniere que leur intervalle foit à-peu-près de la longueur d’un cheval ; on fait enfuite ce comman- dement, avancez par un cavalier d'intervalle ; c’eft-à- dire que chaque rang en doit former deux; ce qui fe fait de la même mamere qu'on doubleles rangs dans l'infanterie : ou qu’alternativement danschaque rang un cavalier avance & l’autre refte ; que le fuivant s’avance de même êrque l’autre refte;ce quis’exécute dans le moment. L’efcadronayant fait ce mouvement fe trouve fur fix rangs: alors chaque cavalier fetrou- ve avoir entre lui & fes voifins l’efpace néceflaire pour tourner: On commande le demi-tour à droite; chaque cavalier le fait fur fon terrein. Comme les fixrangs fubfiftent toùjours , on les réduit à trois par ce commandement, rertrez, qui fe fait comme le doublement des files dans l'infanterie. Ces comman: demens peuvent fe réduire à un feul lorfque les trou- pes y font un peu exercées. On peut former ainfi le demi-tour à droite très-facilèment, & d'une mamere plus réguliere que celle qu’on a d’abord expliquée, DEMI-VOL, rerme de Blafon qui fe dit d’une aile feule d’un oïfeau. Il n’eft pas befoin d’en marquer l’efpece ; mais il faut que les bouts des plumes foient tournés vers le flanc feneftre. DÉMISSION , f. £. (Jurifprud.) en général eft un ae par lequel on quitte quelque chofe. Il y a dérezf- fion d’un bénéfice, démiffion de biens, d’une charge ou st , démiffion de foi, démiffion de poñleffion. A ‘ DÉMISSION D'UN BÉNÉFICE, qu'on appelle auf réfignation ; eft l’aête par lequel un eccléfaftique re- nonce à un bénéfice dont il étoit pourvü. On diftingue deux fortes de démiffions, favoir la démiffion pure & fimple, & celle qui fe fait en fa- veut d’un autre. La démiffion pure & fimple , qui eft la feule pro- prement dite, eft celle par laquelle le pourvû re- nonce purement & fimplement à fon bénéfice, fans le tranfmettre à un autre ; au lieu que la déxiffion en faveur, qu'on appelle plus ordinairement ré/gna- tion en faveur, eft un acte par lequel le pourvü ne quitte fon bénéfice, que fous la condition, & non au- trement , qu'il pañlera à fon réfignataire. La voie la plus canonique pour quitter un bénéfi- ce, eft la démiffion pure & fimple; aufli n’en con- noïfloit-on point d’autre dans la pureté de la difci- pline eccléfiaftique. C’eft de cette efpece de dé fon qu'il eft parlé aux decrétales, tit. de renuntiar, les réfignations en faveur ne fe font introduites que dans le tems du fchifme, qui étoit favorable au re- lâchement. | La démiffion pure & fimple fe fait communément entre les mains de l'ordinaire, lequel au moyen de cette démiffion peut difpofer du bénéfice au profitide qui bon lui femble. ft Il arrive néanmoins quelquefois que la démiffion pure &c fimple fe fait entre les mains du pape; mais ces fortes de dériffions {ont extraordinaires, étant inutile de recourir à l’autorité du pape pour une fim- ple abdication d'un bénéfice, laquelle fe. fait par une voie bien plus courte entre les mains de l’ordi- naire, On ne pratique guere ces -démiffions pures & fimples entre les mains du:pape, que quand le réfis gnant fe: défie de la légitimité de fa pofñleflion, & qu'il craint que fa réfignation ne fût inutile auréf- gnataire ;emce cas on s’adrefle au pape, qui après. avoir admis la déniffion pure & fimple , accorde or- dinairement le bénéfice à celui pour qui on Le de- mande. On fait aufli de ces déraffions quand on veut faire continuer la collation d’un bénéfice en com- mende : il y a prefque toüjours de la confidence de la part de ceux qui pourfuivent Padmiffion de ces: fortes de démiffions pures & fimples en cour de Rome, : Quoi qu'il en foit, lorfque le pape confere fur une telle déraiffion , les provifons qu'il donne en ce cas ne font pas datées du jour de l’arrivée du cou- rier comme les autres qu'il donne pour la France; elles ne font datées que du jour qu’elles font expé- diées. | Lorfque la démiffion pure & fimple fe fait entre les mains de l'ordinaire , il ne donne point d’autre aîte fur la démiffion que les provifions mêmes, en ces ter- mes : donnons dd rome ledit bénéfice vacant par la démiffion pure € fimple faite en nos mains. Au lieu. que quand la démiffion {e fait entre les mains du pa- pe,il ya en ce cas deux fignatures ; une pour l’ad- mifion de la démiffion, & qui déclare que le béné- fice eft vacant par cette démuffion; l’autre eft la f- gnature de provifion fur la démiffion. Voyez la prari- que de cour de Rome de Caftel, tome II. p.28. 6 fuiv. Pour ce qui eft de la démiffion en faveur, qu’on appelle plütôt ré£gration en faveur, voyez RESIGNA- TION. (4) . - DÉMISSION DE BIENS, eft un aéte & une difpo- fition par lefquels quelqu'un fait de fon vivant un abandonnément général de fes biens à fes héritiers préfomptifs. Ces fortes d’abandonnemens fe font ordinaire- ment en vûe de la mort & par un motif d’affedtion du démettant pour fes héritiers. Quelquefois aufx le démettant, âgé & infirme, a pour objet de fe dé- barrafler de l’exploitation de fes biens , à laquelle 4 ne peut plus vaquer, & de fe procurer une vie plus douce & plus tranquille , au moyen des conditions qu’il ajoûte à fa démiffion , comme de le nourrir, loger & entretenir fa vie durant, ou de lui payer une penfon viagere. La démiffion de biens doït imiter l’ordre naturel des fucceflions, car c’eft une efpece de fucceffion an- ticipée ; c’eft pourquoi elle eft fujette aux mêmes regles que les fucceflions : par exemple, un des dé- nuffionnaires ne peut être avantagé plus que les au- tres, à l’exception du droit d’aîneffe ; le rapport a lieu dans les démiffions en direéte comme dans les fucceffions ; la démiffion fait des propres , & produit les mêmes droits feigneuriaux qu’auroit pù produire la fucceffion. | La plus grande différence qu'il y ait entre une fucceflion & une démiffion, c’eft qu'aux fucceffions c’eft le mort qui faïfit le vif, au lieu qu'aux démiffions c’eft une perfonne vivante qui faifit elle-même fes héritiers préfomptifs , du moins, quant à la proprié- té ; elle leur tranfmet aufñli quelquefois la poffeffion actuelle. | Ces fortes d’aétes peuvent fe faire dans toutes fortes de pays; mais ils font plus fréquens qu'ailleurs dans les provinces de Bourgogne, Bourbonnois, Ni- vernois, Normandie, & fur-tout en Bretagne, Les dériffiens ne fe pratiquent guere que de la part des pere, mere , & autres afcendans en faveur de leurs enfans & petits-enfans , & fur-tont entre les gens de la campagne & autres d’un état très-mé- diocre. On ne peut pas regarder la démiffion comme une véritable donation entre-vifs, attendu qu’elle eft re- vocable jufqu’à la mort, du moins dans la plüpart des parlemens où elle eft ufitée. Elle peut bien être regardée, par rapport au dé- mettant, comme une difpofition de derniere volonté faite intuitu mortis , & femblable à cette efpece de donation à caufe de mort, dont il eft parlé dans la loi feconde, au digefte de mortis caufé donar. cepen- dant la dériffion n’eft pas une véritable donation à caufe de mort ; car, outre qu’elle n’eft point fujette aux formalités des teftamens , quoiqu’elle foit révo- cable , elle a-un effet préfent, finon pour la poffef- fion, au moins pour la propriété. On doit donc plütôt la mettre dans la claffe des contrats innommés"do é des, puifque le démettant met totjours quelques. conditions à. l’abandonne- ment général qu'il fait de fes biens, attendu qu'il faut bien.qu'il fe réferve fa fubfiftance de façon ou d'autre, foit par une réferve d’ufufruit, ou d’une penfon viagere, où en ftipulant que fes enfans fe- ront tenus de le loger , nourrir & entretenir fa vie durant. Les conditions néceflaires pour la validité d’une démiffion , {ont : 1°. Le confentement de toutes les parties, & l’ac- ceptation exprefle des démiflionnaires ; car on n’eft point forcé d'accepter une dériffion, non plus qu’une fucceffion. 3. 2°. Il faut qu’elle foit en faveur des héritiers pré- fomptifs, fans'en excepter aucun de ceux qui font eu degré de fuccéder, foit de leur chef, ou par re- préfentation. | 3°. Si la démiffion contient un partage, il faut qu’il foit entierement conforme à la loi. 4°. Que la démiffion {oit univerfelle comme le droit d’hérédité : le démettant peut néanmoins fe réferver quelques meubles pour fon ufage , même la faculté de difpofer de quelques effets, pourvi que ce qui eft réfervé foit fixe & certain. 5°. Que la dérmiffion foit faite à titre univerfel, & non à titre fingulier ; c’eft-à-dire, que fi l’afcen- dant donnoit feulement tels & tels biens nommé- ment, fans donner tous fes biens en général , ce ne feroit pas une démiffion. . 6°, La démiffion doiït avoir un effet préfent , foit pour la propriété ou pour la poffeffion ; tant que la dériffion n’eft point révoquée. Quand le démettant eft taillable, & veut fe faire décharger de la taille qu’il payoit pour raifon des biens dont il s’eft démis, il faut que la dériffron foit afée devant notaires, qu’elle foit publiée à la porte de l’églife paroïffale un jour de dimanche ou fête, les. paroïfliens fortant en grand nombre ; que l’a@e de démiffion {oit enfuite homologué en léleétion dont le lieu du domicile dépend ; que cet aéte & la fentence d’homologation foient fignifiés à l’iffue de la mefle de paroïfe , un jour de dimanche ou fête, *en parlant à cinq ou fix habitans, & au fyndic ou marguillier de la paroïffe à qui la copie doit en être laifée ; enfin, que le démettant réitere cette figni- fication avant la confeétion du rôle. Au moyen de ces formalités, le démettant ne doit plus être impofé à la taille que dans la clafle des in- valides & gens fans bien ; & ce qu'il payoit de plus auparavant, doit être rejette {ur les démiflionnaires DEM 815 s'ils font demeurans dans la paroiffe , finon les habi- tans peuvent demander une diminution, La démiffion proprement dite, eft de fa nature toû- Jours révocable jufqu’à la mort, quelque efpace de tems qui le foit écoulédepuis la démiffion , & quand même les biens auroient déja fait fouche entre les mains des démifionnaires & de leurs repréfentans ; ce qui a été ainfi établi, afin que ceux qui fe fe- roient dépouillés trop légerement de la totalité de leurs biens puffent y rentrer, fuppofé qu'ils euffent lieu de fe repentir de leur difpofition, comme il ar rive fouvent, & c’eft fans doute pourquoi PEcriture femble ne pas approuver que les pere & mere fe dépouillent ainfi totalement de leurs biens de leur vivant : #melius ef ut quam te rogent | quam te recipere th manus fliorum tuorum, Ecclef. cap, xxiij. v° 22. 1r tempore exitus tui diffribue hwreditatem tnam, bidem, Vnt2dt On excepte néanmoins les démiflions faites par contrat de mariage, qui font irrévocables, comme les donations entre-vifs. La démiffion faite à un collatéral eft révoquée de plein droit jar la furvenance d’un enfant légitime du démettant, fuivant /a Loi 8. au code de rev. donar. Quand la deémiffion eft faite en direéte , la fürvez nance d’enfant n’a d’autre effet, finon que l’enfant qui eff furvenu eft admis à partage avec les autres enfans démifionnaires. La révocation de la déxiffion a un effet rétroa@if,, &t fait que la démiffion eft regardée comme non-ave- nue , tellement que toutes Les difpoñitions, aliéna- tions &z hypotheques que les démiflionnairés au roient pü faire, font anullées. Lorfqu’un des démiffionnaires vient à décéder du vivant du démettant , la dériffion devient caduque à fon égard, à moins qu'il n’ait des enfans ou petits- enfans habiles à le repréfenter ; s’il n’en a point, fa part accroit aux autres démiflionnaires, Il eft libre aux démiffionnaires de renoncer à {a fucceflion du démettant, & par ce moyen ils ne font point tenus des dettes créées depuis la déruffion ; ils peuvent aufhi accepter la fucceflion par bénéfice d'inventaire, pour n'être tenus de ces dettes que juf- qu'à concurrence de ce qu'ils amendent de la fuc- ceffion. En Bretagne on fuit des principes particuliers pour les démiffions de biens ; elles n’y font permifes qu’en faveur de l’héritier principal & noble , & non entre roturiers. On y peut faire une démiffion d’une partie de fes biens feulement. Les démiffions doivent être bannies & publiées en la maniere prefcrite par l’art, 53 7. ce qui n’eft néceffaire néanmoins que par rapport aux créanciers. Les démiffions y font telle- ment irrévocables , que fi le démettant fe marie , les biens dont il s’eft démis ne font pas fujets au doüaire. Enfin les droits feigneuriaux ne font acquis au fei- gneur qu'au tems de la mort du démettant. Voyez les queflions fur les démiffions de biens par M. Boulenois. Dargentré, fur la coût. de Bretagne, art. 537. 560. & 377. Perchambaut, fur Le tir. xxiiy. $. 9. Frain, plaid, 87. Devolant, aëfe de notoriété de 1695. Dufail, Liv. LIL. ch. xl, Ricard, des do- nations , nr. 994. & 1150. Dupineau, Lv. WI, de fes arrêts , ch. xviy, Le Brun, des fucceffions, Liv. I. ch. j. fe. s. & div. II. ch. uy. fe, 1. n. 7: Auzanet & Fer« rieres /ur les art. 274. 6 277. de la coftume de Paris. Bardet, some II. div. VIII, ch. xx. Journ. des aud, 2.1, Liv. IV. ch. xxiy. & Liv, V. chap.v, & xvj. Journ. du palais, arrêt du 17. Mars 1671. La coétume du Ni vernois , tir, des fuccef]. art. 17. celle du Bourbonnois, art. 216. celle de Bourgogne, tir, des fucceffions, are. 8. Bafnage fur Les arricles 252, 434.6 448. de la coût, de Normandie, (A) DÉMISSION D’UNE CHARGE, V0ÿez ci-après DEMISSION D'UN OFFICE. 14 DÉMISSION DE For eft lorfque le vaflal, en‘dé- «membrant fon fief, ne retient point la foi & hom- mage de la portion qu'il akene, c'eft-à-dire, qu'il me fe charge point de porter ‘la foi au feigneur do- minant pour cette portion, mais en forme un fief #éparé & indépendant du furplus, de maniere que d’acquérenr de cette portion doit porter direétement “la foi 8: hommage au feigneur dominant de la tota- lité du fief, &'non au vaflal qui a fait le démembre- ment ; la plüpart des coûtirmes permettent au vafal -de fe jouer de fon fief, mais jufqu’à démiffion de for. “ DÉMEMBREMENT 6 Foi ET HOMMAGE. (A DÉMIssION D'UN OFFICE, CHARGE où COM- MISSION, eft lorfque celui quieft pourvà d’un office ou autre place, déclare purement & fimplement qu’il s’en démet, c’eft-à-dire qu'il y renonce, & n’en- tend.plus l'exercer ni en faire aucunes fonétions. Un officier royal qui donne fa démiffion entre les mains de M. le Chancelier, ne peut pas quitter fes #on€tions que-fa démiffion ne foit acceptée ; ce qui -eft conforme à ce qui fe pratiquoit chez les Ro- mains pour les magiftratures ; en effet, on voit que Dion fe plaint que Cefar avoit violé les lois du pays, æn.fe démettant du confulat de fa propre autorité. Depuis que la plüpart des ofhces font devenus parmi nous vénaux & héréditaires, on n’en fait point de démiffion pure & fimple; mais celui qui veut fe .démettre, fait une réfignation-en faveur de celui au- quel il veut tranfmettre fon office, de forte qu'il n’y a plus que les charges & commuflions non véna- les dont on fafle quelquefois une déruffion pure & fimple. DL. Un officier de feigneur donne fa dérmiffion au fei- gneur duquel il tenoit fon pouvoir. Voyez OFFICE & RESIGNATION D'OFFICE. (4) | DÉMISSION DE POSSESSION & DE PROPRIÉTÉ dans les coùtumes de vêt & dévèêt, eft une forma- ité néceffaire pour mettre en pofñleffion le nouveau propriétaire : celui qui lui tranfmet la propriété, déclare dans le procès-verbal de prife de poffeflion que fait le nouveau propriétaire , qu'il s’eft démis & dévéru en faveur de’ce nouveau propriétaire de l’hé- -ritage dont il s’agit. Voyez VÊT 6: DEVÊT. (4) DEMITTES, f. m. pl. ( Commerce. ) toile de coton ‘qui vient de Smyrne, & qui fe fabrique à Mene- men. Voyez le dittion. du commerce & de Trévoux. DEMITTONS , f. m. pl. (Comm.) toiles de coton -de Pefpece de demittes, mais moins larges & moins {errées. Elles viennent aufli de Smyrne , & fe fabri- quent au même endroit que les demittes, Poyez DE- “MITTES. DEMIKIN , (Géogr. mod.) ville d'Allemagne, au duché de Stétin, en Poméranie ; elle eft fituée fur la Peene. Long. 32. 20. lat. 54. 3. DÉMOCRATIE, f. f. (Droit polir.) eft une des formes fimples de gouvernement, dans lequel le peu- ple en corps a la fouveraineté. Toute république où a fouveraineté réfide entre les mains du peuple, eft une démocratie ; & fi la fouveraine puiffance fe trouve entre les mains d’une partie du peuple feule- ment, c’eft une ariftocratie. Fay. ARISTOCRATIE. Quoique je ne penfe pas que la démocratie foit la plus commode & la plus ftable forme du gouverne- ment ; quoique Je fois perfuadé qu’elle eft defavan- tageufe aux grands états , je la crois néanmoins une des plus anciennes parmi les nations qui ont fuivi comme équitable cette maxime : « Que ce à quoi # les membres de la fociété ont intérêt, doit être # adminiftré par tous en commun ». L’équité natu- _ relle qui eft entre nous, dit Platon, parlant d’Athe- pes fa patrie, fait que nous cherchons dans notre gouvernement üne égalité qui foit conforme à la loi, & qu'en même tems nous nous foûmettons à ceux d’entre nous qui ont le plus de capacité &c de fagefle. … Ime femble que ce n’eft pas fans raïfon que les démocraties fe vantent d’être les nourrices des grands hommes. En effet, comme il n’eff perfonne dans les gouvernemens populaires qui m’ait part à l’ad- miniftration de l’état, chacun felon fa qualité & fon mérite ; comme il n’eft perfonne qui ne participe au bonheur ou au malheur des évenemens, tous les particuliers s’appliquent & s’intéreffent à l’envi au bien commun, parce qu’il ne peut arriver de révo- litions qui ne foient utiles ou préjudiciables à tous’: de plus, les démocraties élevent les efprits, parce qu'elles montrent le chemin des honneurs & de la gloire, plus ouvert à tous les citoyens , plus accef- fible & moins limité que fous le gouvernement de peu de perfonnes, & fous le gouvernement d’un feul , où mille obftacles empêchent de fe produire. Ge font ces heureufes prérogatives des démocraties qui forment les hommes, les grandes aétions, & les vertus héroiïques. Pour s’en convaincre , il ne faut que jetter les yeux fur les républiques d’Athènés & de Rome, qui pat leur conftitution fe font élevées au-deflus de tous les empires du monde. Et par-tont où l’on fuivra leur conduite & leurs maximes, elles produiront à peu-près les mêmes effets. Il n’eft donc pas indifférent de rechercher les lois fondamentales qui conftituent les démocraties, & le principe qui peut feul les conferver &tles maintenir ; c'eft ce que je me propofe de crayonner ici. Mais avant que de pafler plus avant , il éft nécef- faire de remarquer que dans la démocratie chaque citoyen n’a pas le pouvoir fouverain, ni même une Partie ; ce pouvoir réfide dans l’aflemblée générale du peuple convoqué felon les lois. Ainf le péuple, dans la démocratie, eft À certains égards fouverain, à certains autres il eft Le fujet. Il eft fouverain par {es fuffrages , qui font fes volontés ; il eft fujet, en tant que membre de l’aflemblée revêtue du pouvoir fouverain. Comme donc la démocratie ne {e forme proprement que quand chaque citoyen a remis à une aflemblée compofée de tous, le droit de régler toutes les affaires communes ; il en réfulte diverfes chofes abfolument nécefaires pour la conftitution de ce genre de gouvernement. 1°. Il faut qu’il y ait un certain lieu & de certains tems réglés, pour délibérer en commun des affaires publiques ; fans cela, les membres du confeil fou- verain pourroient ne point s’aflembler du tout, & alors on ne pourvoiroit à rien ; ou s’affembler en di- vers tems & en divers lieux, d’où il naîtroit des fac- tions qui romproient l’unité eflentielle de l’état. 2°, Il faut établir pour regle, que la pluralité des fuffrages pañlera pour la volonté de tout le corpsz autrement on ne fauroit terminer aucune affaire, parce qu'iléft impoffible qu’un grand nombre de per= fonnes fé trouvent toljours du même avis 3°. Il eft effentiel à la conftitution d’une dérocra- tie, qu'il y ait des magiftrats qui foient chargés de convoquet l’affemblée du peuple dans les cas extra- ordinaires , & de faire exécuter les decrets de l’af- femblée fouveraine, Comme Le confeil fouverain ne peut pas tobjours être fur pié , il eft évident qu'il ne fauroit pourvoir à tout par lui-même; car, quant à la pure démocrarie, c’eft-à-dire, celle ole peuple en foi-mème & par foi-même fait feul toutes les fonc- tions du gouvernement , je n’en connois point de telle dans le monde, fi ce n’eft peut-être une bico- que, comme San-Marino en Italie, où cinq cents payfans gouvernent une milérable roche dont per- fonne n’envie la poffeflion. 4°, Il eft néceffaire à la conftitution démocrati- que de divifer le peuple en de certaines clafles, & c'elt c'eft de-là qu'a toñjours dépendu la durée de la dé- mocratie, & {a profpérité. Solon partagea le peuple d’Athenes en quatre clafles. Conduit par l'efprit de démocratie , ilne fit pas ces quatre clafles pour fixer ceux qui devoient élire, mais ceux qui pouvoient être élüs.; -& laiffant à chaque citoyen le droit de fuffrage , il voulut que dans chacune de ces quatre clafles on pût élire des juges, mais feulément des maoiftrats dans les trois premieres, compofées des citoyens aufés. 1 bd Fe g Les lois qui établiffent le droit du fuffrage, font donc fondamentales dans ce gouvernement. En ef- fet , il eft auffi important d’y regler comment , par qui, à qui, fur quoi les fuffrages doivent être don- nés , qu'il left dans une monarchie de favoir quel eft le monarque , & de quelle maniere il doit gouverner. Il eft en même tems eflentiel de fixer l’âge , la quahi- té, & le nombre de citoyens qui ont droit de fufira- ge ; fans cela on pourroit ignorer file peuple a par- lé , ou feulementune partie du peuple. La maniere de donner fon fufrage, eft une aur- tre loi fondamentale de la démocratie, On peut don- ner fon fuffrage par le fort ou par le choix , & même par Pun & par l’autre. Le fort laïfle à chaque ci toyen une efpérance raifonnable de fervir fa patrie ; mais comme 1l eft défettueux par lui-même , les grands lépiflateurs fe font toûjours attachés à Le cor- ‘riger. Dans cette vüe , Solon régla qu'on ne pour- roit élire que dans le nombre de ceux qui fe préfen- teroient ; que celui qui'auroit été élû , feroit exami- né par des juges, & que chacun pourroit laccufer fans être indigne. Cela tenoit en même tems du fort -& du choix. Quand on avoit fini le tems de fa ma- giftrature , il falloit efluyer un autre jugement fur la maniere dont on s’étoit comporté. Les gens fans ca- pacité, obferve ici M. de Montefquieu , devoient avoir bien de la répugnance à donner leur nom pour être tirés au fort. La loi qui fixe la maniere de donner fon fuffrage, eft une troifieme loi fondamentale dans la démocratie. On agite à ce fujet une grande queftion, je veux dire fi les fuffrages doivent être publics ou fecrets ; car l’une & l’autre méthode fe pratique diverfement dans différentes démocraties. Il patoit qu'ils ne fau- toient être trop fecrets pour en maintenir la liberté, ni trop publics pour les rendre authentiques, pour que le petit peuple foit éclairé par les principaux , & contenu par la gravité de certains perfonnages. A Genêve , dans l’éleétion des premiers magiftrats, les citoyens donnent leurs fuffrages en public, & les écrivent en fecret ; enforte qu’alors l’ordre eft main- tenu avec la liberté. Le peuple qui a la fouveraine puiffance , doit faire pat lui-même tout ce qu'il peut bien faire ; & ce qu’il ne peut pas bien faire , 1l faut qu’il le fafle par {es miniftres : or les miniftres ne font point à lui, sil ne les nomme. C’eft donc une quatrieme loi fonda- mentale de ce gouvernement , que le peuple nomme fes miniftres, c’eft-à-dire fes magiftrats. Il a befoin comme les monarques , & même plus qu’eux , d’é- tre conduit par un confeil ou fénat : mais pour qu'il y ait confiance , il faut qu'il en élife les membres , foit qu’il les choïfiffe lui-même , comme à Athenes, ou par quelque magiftrat qu’il a établi pour les éli- ré, ainfi que cela fe pratiquoit à Rome dans quel- ques occafions. Le peuple eft très-propre à choi- , fr ceux à qui il doit confier quelque partie de fon autorité. S1 l’o8 pouvoit douter de la capacité qu'il a pour difcerner le mérite, 1l n’y auroit qu’à fe rap- peller cette fuite continuelle de choix excellens que firent les Grecs & les Romains : ce qu’on n’attfibue- ra pas fans doute au hafard. Cependant comme la plüpart des citoyens qui ont aflez de capacité pour élire, n’en ont pas aflez pour être élûs; dé même le Tome IF, DEM 817 | peuple ; qui à aflez de capacité pour fe faire rendre compte de la geftion des autres , n’eft pas propre à gérer par lui-même, ni à conduire les affaires, qui aillent avec un certain mouvement qui ne foit ni trôp lent ni trop vite. Quelquefois avec cent mille |. bras il renverfe tout ; quelquefois avec cent mille piés, il ne va que comme les infeétes. C’eft enfin une Joi fondamentale de [a démo. cratie , que le peuple foitlésiflateur. Îl y a pourtant mille occafons où il eft néceffaire que Le fénat puifle ftatuer ; il eft même fouvent à-propos d’eflayer une loi avant que de l’établir. La conftitution de Rome & celle d’Athenes étoient très-fages ; les arrêts du fénat avoient force de loi pendant un an; ilsne de- venoient perpétuels que par la volonté du peuple : mais quoique toute démocratie doive néceflairement avoir des lois écrites | des ordonnances, & des ré- glemens ftables, cependant rien n’empêche queile peuple qui les a donnés, ne les révoque, ou ne les change toutes Les fois qu'il le croira néceflaire, à moins qu'il n'ait juré de les obferver perpétuelle- ment; & même en ce cas-là, le ferment n’oblige que ceux des citoyens qui l’ont eux-mêmes préte. Telles font les principales lois fondamentales de la démocratie, Parlons à préfent du reflort, du prin- cipe propre à la confervation de ce genre de gouver- nement. Ce principe ne peut être que la vertu, & ce n’eft que par elleque les démocraties {e maintiennent, : La vertu dans la démocratie eft l'amour des lois & de la patrie : cet amour demandant un renoncement à foi-même , une préférence continuelle de l’intérêt public au fien propre , donne toutes les vertus par- ticulieres ; elles ne font que cette préférence. Cet amour conduit à la bonté des mœurs, &la bonté des mœurs mene à l’amourde lapatrie ; moins nous . pouvons fatisfaire nos pañlions particuheres, plus nous nous livrons aux générales, La vertu dans une démocratie , renferme encore l’amour de l'égalité & de la frugalité ; chacun ayant dans ce gouvernement le même bonheur & les mê- mes avantages , y doit goûter les mêmes plaifirs, &, former les.mêmes efpérances: chofes qu’on ne peut attendre que de la frugalité générale. L’amour de l'égalité borne l’ambition au bonheur de rendre de plus grands fervices à fa patrie, que les autres ci- toyens. Ils ne peuvent pas lui rendre tous des fer- vices égaux, mais ils doivent également lui en ren- dre. Ainfi les diffinétions y naïflent du principe de l'égalité , lors même qu’elle paroït ôtée par des fer- vices heureux, & par des talens fupérieurs. L’amonr de la frugalité borne le defir d’avoir à l’attention que demande le néceffaire pour fa fanulle, & même le fuperflu pour fa patrie. L'amour de l'égalité & celui de la frugalité font extrèmement excités par l'égalité & la frugalité mê- me, quand on vit dans un état où les lois établiflent l’un & l’autre. Il y a cependant des cas où l'égalité entre les citoyens peut être ôtée dans la démocratie’, pour l’utilité de la démocratie. Les anciens Grecs pénétrés de la néceffité que les peuples qui vivoient fous un gouvernement populai- re,fuflent élevés dans la pratique des vertus néceffai- res au maintien des démocraties , firent pour infpirer ces vertus, des infhtutions finguheres: Quand vous lifez dans la vie de Lycurgue les lois qu'il donna aux Lacédémoniens, vous croyez lire l’hifloire des Sévarambes. Les lois de Crete étotent l’original de celles de Lacédémone, & celles de Platon en étotent la corretion. L'éducation particuliere doit encore être extre. mement attentive à infpirer les vertus dont nous avons parlé ; mais pour que les enfans les puiffent avoir, 1l y a un moyen sûr, c’eft que les peres les ayent eux-mêmes. On et se : ais 815 DEM de donner à fes enfans fesconnoiflances ; on left en- core plus de leur donner fes paffñons : fi cela n’arri: ve pas, c’eft que ce qui a été fait dans la maifon pa- ternelle eft détruit par les impreflions du dehors. Ce n’eft point le peuple naiflant qui dégénete à al ne fe perd que lorfque les hommes faits font déjà corrompus. Le principe de fa démocratie fe corrompt, lorfque l'amour des lois & de la patrie commence à dégéné- rer, lorfque l'éducation générale & particuliere font négligées, lorfque les defirs honnêtes changent d’ob- jets , lorfque le travail & les devoirs font appellés des gênes ; dès-lors l’ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir, & l’avarice entre dans tons. Ces vérités font confirmées par l’hiftoire. Athenes eut dans fon fein les mêmes forces pendant qu’elle domina avec tant de gloire ; & qu’elle fervit avec tant de honte; elle avoit vingt mille citoyens lorf- qu’elle défendit les Grecs contre les Perfes , qu'elle difputa l'empire à Lacédémone , & qu’elle attaqua la Sicile ; elle en avoit vingt mille, lorfque Déme- trius de Phalere les dénombra , comme dans un mar- ché l’on compte les efclaves. Quand Philippe ofa dominer dans la Grece, les Athéniens le craignirent non pas comme l'ennemi dela liberté, mais des plaï- frs. Ils avoient fait une loi pour punir de mort celui qui propoferoit de convertir aux ufages de la guerre, l'argent deftiné pour les théatres. W Enfin le principe de la démocratie fe corrompt , non-feulement lorfqu’on perd l’efprit d'égalité, mais encore lorfqw’on prend l’efprit d'égalité extrème , & que chacun veut être égal à celui quil choïfit pour fui commander: pour lors, le peuple ne pouvant fouffrir le pouvoir qu’il confie, veut tout faire par lui-même , délibérer pour le fénat, exécuter pour les magiftrats , & dépouiller tous les juges. Cet abus de la démocratie le nomme avec raïfon une vé- ritable ochlocratie. Voyez ce mor. Dans cet abus, il n’y a plus d'amour de l’ordre, plus de mœurs, en un mot plus de vertu: alors il fe forme des corrup- teurs , de petits tyrans qui ont tous les vices d’un feul ; bien - tôt un feul tyran s’éleve fur les autres, &cle peuple perd tout jufqu’aux avantages qu'il a eru tirer de fa corruption. Ce feroit une chofe bienheureufe fi le gouverne- ment populaire pouvoit conferver Pamour de la ver- tu , l'exécution des lois, les mœurs, & la frugalité ; s'il pouvoit éviter les deux excès, j’entens l’efprit d'inégalité qui mene à l’ariftocratie, & l’efprit d’é- galité extrème qui conduit au defpotifme d'un feul : mais 1l eft bien rare que la démocraiie puiïffe long- tems fe préferver de ces deux écueils. C’eft le fort de ce gouvernement admirable dans fon principe, de devenir prefque infailliblement la proie de Pam- bition de quelques citoyens, ou de celle des étran- gers, & de pañler ainfi d’une précieule liberté dans la plus grande fervitude. Voilà prefque un exttait.du livre de Pe/prit des dois fur cette matiere ; & dans tout autre ouvrage que celui-ci, 1l auroit fufi d'y renvoyer. Je laiffe aux leéteurs qui voudront encore porter leurs vües plus loin, à confulter Le chevalier Temple , dans fes œuvres poflhumes ; le rraité du gouvernement civil de Locke, &c le difcours fur le gouvernement par Sidney. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. # DEMOGORGON , f. m. (Mych.) vieillard qui habitoit dans les entrailles de la terre, au milieu du chaos & de l'éternité. Sa folitude lennuya, & il fit un petit globe fur lequel il s’aflit & s’éleva dans l’ef- pace. Il forma le ciel dans un autre moment d’en- nui.… [| tira de la terre une petite portion de limon enflammé qu’il plaça dans l’efpace, & les ténebres difparurent, La nuit, le jour, & le tartare, naqui- tent des regards du Soleil fur la terre. Demogorgonen- gendra de lui-même Pan, les trois parques, la Di corde, & l’Erebe, Toute cette cofmogsonie n’eft qu”- un embleme de la création , fous des images très- générales & très-grandes. rh DEMOISELLE DE NUMIDIE , f. f. (Hiff. nat. Ormir.) oïfeau très-différent du coq d'Inde, que l’on appelle auffi avis Numidica , car'ils font tous les deux originaires d'Afrique. On a donné à celui dont il s’a- _git ici, les noms de dernoiftlle , bareleur, danfeur, bouffon , parafite , baladin , & comédien , à caufe des attitudes fingulieres & pour ainfi dire affeétées , que prend la demoifelle de Numidie, On prétend qu’elle imite, autant qu'elle le peut les geftes qu’elle voit faire aux hommes ; & on a rapporté que les chaf- feurs qui veulent prendre ces oifeaux, fe frottent les * yeux en leur préfence avec de l’eau qu'ils tirent d’un vale , & qu'enfuite ils s’éloignent en emportant ce vafe , auquel ils en fubftituent un autre pareil qui eft plein de glu. Les demoifelles de Nurmidie viennent auprès du nouveau vale, & fe collent les piés &c les yeux avec la glu, en imitant les geftes qu’elles ont vüfaire aux hommes. Cet oifeau reffemble beaucoup à celui que les anciens ont décrit fous les noms de Scops, d'Olus, & d’Afio. | M. Perrault a donné la defcription de fix demoi- felles de Numidie. Elles furent difféquées après être mortes dans la ménagerie de Verfailles ; tous ceux qui les y avoient vües vivantes, difoient que leurs geftes & leurs fauts avoient quelque rapport à la danfe des Bohémiennes , & que ces oifeaux fau- toient en fuivant les gens qu'ils rencontroient, de façon qu'ils fembloient vouloir plütôt fe faire regar- der , que fe faire donner à manger. Ces demoifelles de Numidie avoïent aux côtés des oreilles des appendices de plumes blanches de trois pouces & dem de longueur , & compofées de fibres longues & déliées : tout le refte du plumage étoit de couleur grife & cendrée, excepté quelques plumes de la tête & du cou, & les grandes plumes des ailes qui étoient d’un gris fort brun à l'endroit où la plu- me eft découverte, L’un de ces oïfeaux avoit fur la tête une huppe de plumes longues d’un pouce & de- mi ; dans les autres, les côtés de la tête étoient gar- nis de plumes noires & courtes. On voyoit un filet de plumes blanches , qui commençoit à l’angle exté- rieur de l'œil, & qui s’étendoit au-deflous des appen- dices de plumes qui étoient aux côtés des oreilles. Il y avoit au-devant du cou un bouquet de plumes noï- rés qui pendoit fur l’eftomac , de la longueur de neuf pouces. Ces oifeaux avoient trois piés & demi de longueur, depuis le bout du bec jufqu’à l'extrémité des piés ; le bec étoit droit & pointu ; il avoit deux pouces de long, & le cou quatorze pouces. La lon- gueur de la patte avoit vingt pouces depuis l’extré- mité de l’os de la cuiffe jufqu’au bout du plus grand doiot. Les yeux étoient grands , & les panpieres gar- nies de petites plumes noires. Il y avoit fur le devant des jambes de grandes écailles formées en tables, dont la longueur étoit de cinq lignes, & la largeur de quatre , & des écailles plus petites & de figure he- xagone, derriere les jambes. La plante du pié étoit ogrenée comme du chagrin; le doigt du milieu qui étoit Le plus grand avoit quatre phalanges. Le plus petit qui étoit en-dehors en avoit cinq. Le moyenten avoit trois, & étoit en-dedans ; celui de derriere en avoit deux. Les ongles étoient noirs & un peu cro- chus. Mém. pour fervir a l'hiff. nat, des animaux ; IE, partie. Voyez OISEAU. (1) DEMOISELLE , yulis Rond. Iralis donxellina & z1- - gurebla , (Hiff. nat. Ichthyol.) petit poifion de mer. Toute la face fupérieure du corps eff noire depuis le bec jufqu’à la queue ; une bande bleue s'étend fur le milieu des côtes du corps, depuis la tête juiqu'à a queue, & il y a au-deffous de cette bande une ligne parallele de couleur jaune; le bas- ventre eft d’un ne fale oubleuâtre ; les yeuxfont petits ; l'iris eft d’un roux ardent, ou de couleur de feu. La bouche eft petite & pointue à l'extrémité : chaque mâchoire a un sang de dents, dont les premieres font les plus grof- fes & les. plus longues, fur-tout dans la mâchoire anférieure. Il n’y a qu’une nageoire fur le dos, qui commence près de la tête , & qui fe prolonge pref- que jufqu’à la queue: cette nageoire a vingt-un pi- quans ; elle eft jaune à fa racine, bleue à l’extrémi- té, & rouge dans le milieu. La queue n’eft pas four- chue ; elle a une couleur jaune , mêlée d’une teinte de rouge. La nageoire de l'anus eft compofée de quatorze piquans , & a la même couleur que la na- geoire du dos, Celles des oùies font molles 8: com- pofées de quatorze piquans ; les nageoires du ventre {ont petites, & n’ont que fix piquans. Les poiflons mâles de cette efpece ont de plus belles couleursque les femelles ; le dos eft d’un verd foncé: il y a uné bande qui s'étend depuisle bec juf- que fur les côtés, en pañfant fur les yeux ; elle eft jaune jufqu’à l’angle que forment les ouies , & noire dans le refte de fa longueut : cette couleur noire eft terminée de chaque côté par une ligne bleue; en- fuite il y a un trait qui fe‘prolonge jufqu’à la queue, &c qui eft dentelé des deux côtés, & de couleur jau- ne. Il fe trouve vers l'extrémité des trois premuers piquans de la nageoire du dos, une tache d’une bel- le couleur rouge, & une autre tache noire entre le fecond & le troifieme piquant. us | Ce poiffon eft fort commun fur la côte d'Antibes &t fur celle de Genes ; il n’eft guere plus grand que le doigt, au rapport de Rondelet qui lui donne le nom de girella. La chair en eft tendre & caflante. Les poifions de cette efpece que l’on pêche en plai- ne mer, font meilleurs que ceux qui fe trouvent fur les côtes. Willug. de pifc. Rondelet, ff, pifc. Voyæ Poisson (1) DEMOISELLE , Xbella, perla, mordella; (Hifi. nat. Infeétologie.) infeéte du genre des mouches à quatre ailes ; fon corps eft très-long & très-délié : on y compte aifément onze anneaux. Les ailes font tranf- parentes & brillantes comme du talc ; lorfaw’on les regarde à certains afpe@s, elles paroïffent dorées ou argentées ; elles ont aufli dans quelques efpeces des taches colorées , maïs les plus belles couleurs font fur la tête, le corcelet, & Île corps : on y voit diffé- rentes teintes de bleu, du verd, du jaune, du rou- ge; quelquefois ces couleurs font difpofées par raies êt par taches fur des fonds bruns ou noirs : il y a aufñ des endroits qui paroïffent dorés; mais on ren- contre de ces infectes, dont les couleurs brunes ou grifes font moins apparentes. Ces mouches fe trou- vent dans les jardins, dans les campagnes, le long des haies, &c fur-tout dans les prairies près des ruif- feaux, des petites rivieres, des étangs, & des gran- des mares. Elles vivent d’autres efpeces de mouches, de moucherons , de papillons, 6e. On diftingue plufeurs efpeces de ces infeétes , & en général on peut les divifer en terreftres & en aquatiques. Les premiers ne font connus que des naturalftes ; ils viennent de la transformation des vers, que l’on appelle perirs Lions ou lions des puce- rons parce qu'ils s’en nourriflent , & de la transfor- mation des fourmus-lions. Quoique les demoifelles aquatiques ayent les ailes moins grandes que les au- tres, cependant elles volent avec plus de facilité. Il "y en a de trois genres différens : celles du premier ont le corps court & applati en comparaifon des au- tres : celles du fecond genre ont la tête groffe &c ar- ronde ; enfin celles du troifieme ont la tête plus me- nue, maïs courte & large. Les demoifelles du premier & du fecond genre portent leurs ailes dans une di- ‘ ” D E M 819 réhioniperpendiculaire au corps; elles font toutes fituées. à la même hauteur, deux en-avant 8 deux en-arriere; au contraire les ailes des demoifelles du troifieme font les unes au-deflhs des autres, deux én-haut.& ‘deux en-bas, & leur direétion varie dans les différentes efPeces'de ce genre. TER Rous ces infeétes naïflent dans l’eau, ,& y pren nent leur accroiïfflement, Ils paroïffent d’abord fous la forme de vers qui ont fix jambes, & qui devien- nent bien-tôt des nymphes, quoique très-petits ; ce changement n’eft marqué que par quatreipetits corps. plats.& oblongs qui A lé dos , & qui renfer- ment des ailes. La plûpart de ces nymphes font d’un verd-brun, & quelques-unes ont des taches blanchä- tres ou verdâtres. Elles ont toutes une tête ,run cou, un corfelet , un corps compofé de dix anneaux, & fix jambes attachées au corfelet. Elles vivent dans l’eau, y nagent, & la refpirent à-travers une ouver- ture qui eft au bout du corps, & qui a au moins une demi-ligne de diametre dans des nymphes de médio- cre grandeur ; il en fort deux jets d’eau qui:la rem pliffent quelquefois entierement, & qui font pouflés a deux ou trois pouces de diftañce. Ces infeétes ont auff des ftigmates pour refpirer l'air ; il y en a quatre fur le corfelet, & d’autres fur Les anneaux:du corps; mais les plus apparens font placés fur la face fupé- rieure du corfelet près du corps : l’infeéte ne meurt pas lorfqu’on:huile ces ftigmates. Les nymphes.ont quatre dents folides, larges , & longues, qui fe ren- contrent deux à deux fur le devant d’une grande bou- che : mais la bouche & les dents font recouvertes par des pieces cartilagineufes , & même écailleufes, qui font mobiles en différens fens, &c. qui par leur réunion forment dans les différentes efpeces difé- rentes figures auxquelles on a donné le nom de maf° ques | pour quelques rapports de conformation ou de pofition ; mais ces pieces fervent comme de fer: res pour faifir & pour arrêter les infeétes dont les nymphes fe nourrifent; aufli en voit-on qui man- sent des teftards aflez gros, dont une partie du corps eft engagée entre les ferres. La plüpart de ces nymphes, & peut-être toutes , vivent dix à onze mois fous l’eau ayant de fe trans- former ; & tous les jours depuis le mois d’Avril juf- qu'à la fin de Septembre, 1l y a de ces infeêtes qui fe métamorphofent. Ce changement eft annoncé non- feulemént par l’accroiflemgit de la nymphe , mais encore par la poftion des fourreaux des ailes, qui fe détachent les uns des. autres & fe redreffent fur le corps. Dès qu’une de ces nymphes s'éloigne de l’eau à la diftance de quelques piés, ou fe crampone fux une plante la tête en-haut, le tèms de fa transforma- tion approche ; 1l arrive quelquefois une heure ou deux après que la nymphe eff fortie de l’eau, d’au- tres fois ce n’eft qu'après un jour entier. Un quart- d'heure ou une demi-heure avant que la demoifelle ne paroïfle , les yeux de la nymphe cefent d’être ter- nes & opaques, & deviennent brillans êc tranfpa- rens ; enfuite le fourreau fe fend fur la partie fupé- rieure du corfelet ; cette fente s'étend jufques fur la tête, & bien-tôt le corfelet & la tête de la demoifelle fortent de la dépouille, & fe renverfent en-arriere pour tirer les jambes de leurs étuis. Dès qu’elles font dégagées , l’infeête les agite pendant deux ou trois minutes, après lefquelles il tombe dans une ina&tion totale qui dure un quart-d’heure on une demi-heure. Pendant ce tems les parties nouvellement découver- tes prennent aflez de folidité pour que l’infeéte puifle porter en-avant les parties de fon corps qui étoient renverfées en-arriere, appuyer les jambes fur fa dé- pouille, & faire un effort pour en tirer toute la par- tie poftérieure du corps qui y étoit encore engagée. Alors quoique la demoifelle paroïfle en entier, & que fon corps foit déjà plus long que la dépouille & la LLILIgy $20 tête plus érofle , il s’enfaut'bien que les ailés ni lé Corps ayént tonte l’étendue qu'ils doivent avoir, fur- tout les ailès, qui ne paroiffent que comme dés pla- ques courtes, épaifles, étroites, & pliflées en lüng &E en travers; mais en moins d’un quart-d'heure tous les plis s’affaiflent , Sr elles s’aminciflent en S’éten- dänt tañt éh Ibngnetit qu'en largeur. En fe dévélop- pant aitifi elles font plus fléxiblés & plus molles qu’- ün papier mouillé, le moindre obftacle qui fe ren- contreroit les rendroit difformes; aufli l’mfeéte les tiënt éloignées les unes des autrès, &' quelquefois ne les meut pour les ranger que deux heures après 'qu- élles ont été développées, 6 les laiffe Encore s’affer- mir pendant deux ou trois heures dé plus avant que de préndre fon vol. Le coôfps ne s’allonge qu'après les ailes, és anneaux s’éténdent, fe déboitent en entier; & pendant que lé corps prend du volume , les couleurs qui font d’abord très-foibles, devien- nént plus foncées & plus belles. C’eft ainfi que fe transforment les nymphes du premier & du fecond genre : la métamorphofe dé cellés du troifieme gen- re n’a rien de remarquable , fi ce n’eft qu’elle fe fait plus promptement. Ces infeétes s’accouplent depuis le printems juf- ques vefs lé milieu de l'automne. On les voit voler par paites dans les prairies, & fe pofer fur des plan- tes au borddes ruifleaux & des rivieres. Leur accou- plementfe fait d’une maniere fort finguliere : le mâle pourfuit la femelle en l'air dès que la chaleur du jour commence à fe faire fentir ; il la faifit par le cou au moyen de deux crochets, qui foftent du dernier an- neau de fon corps : étant ainfi accrochés l’un à l’au- tre , ils volent de compagnie ; le mâle eft en-avant ayant le corps étendu en ligne droite ; il entraîne la femelle, dont la tête & le cou font fous la partie pof térieure du corps du mâle , le refte de celui de la fe- melle fuit dans la même direétion ; tous les deux s’ai- dent de leurs ailes & volent de concert : quelquefois auffi lé mâle trouve la femelle pofée fur des plantes, & l’accroche dans cette fituation. Ceci n’eft qu'un prélude de l’accouplement ; car dans cette potion les parties de la génération de chaque fexe font bien éloignées, celles du mâle étant fous fon corps près du corcelet, & celles de la femelle au deffous de l’a- nus. Si le mâle ayant accroché la femelle en Pair ils ceffent bien-tôt de voler & fe pofent fur des plantes, ils ne reftent que deux & changent trois ou quatre fois de place fans s’éloi- gnet beaucoup , enfuite le mâle fe courbe en arc, fait un effort pour attirer la femelle fous fon corps ; mais ce n’eft qu'après plufieurs mouyemens réitérés de la part du mâle, qu’elle en fait elle-même à diffé- rentes fois pour s'approcher ; enfin, au bout d’une heure ou d’une heure & dermie elle fe replie en-def- fous, & au point que l'extrémité de fon corps tou- che à la partie inférieure des premiers anneaux du corps du mâle. Alors ils forment l’un avec l’autre üne forte de boucle ; car la partie poftérieure du mâle tient au cou de la femelle, & la partie pofté- rieure de la femelle eft unie à l’extrémité antérieure du corps du mâle ; c’eft dans cette attitude finguliere que fe fait l’accouplement : il dure plus ou moins de tems, de même que le prélude, à proportion de la - Chaleur qu'il fait. On a vù de ces infeêtes refter ac- couplés pendant plus d’une demi-heure , 8 ne fe é- parer que par accident. Il arrive fouvent que durant l’accouplement ils font forcés à changer de place, dans ce cas le mâle emporte la femelle ; car élle eft dans une fituation fi gênée, qu’elle né peut pas fe fervir de fes ailes ; mais le mâle eft aflez fort pour la foûtenir en Pair, & il eft le plus gros dans plufieurs efpeces de ces infetes. On a fait les obfervations précédentes fur deux efpeces , dans l’une defquelles les-mâles étoient au moins auf grands que les fe- trois minutes fur chacune, iellés. Dans la plüpart des efpeces , les femelles ont des couleurs difféfentes de celles dés mâles. La ponte fuit de près l’accouplement ; on croit qu’elle fe fait le même jour, & que les œufs fortent tous à la fois raflemblés en grappe tils font blancs; leur f- gure Varie dans différentes efpeces ; on foupconne auf que dans quelques unes ils ne fortent qu'un à un, &c. Mém. pour fervir à l'hifl. dès Infeit. tom, VI, Voyez INSECTE, (1) | A PEL ESULLL DEMOISELLES. ( Marine.) Voyez LISSES DE POR- TE-HAUBANS. (Z ) x} AS + DEMOISELLE , ex termé d’Epinglier, éft une brofle avec laquelle on étend lervermillon fur les marques pout imprimer le nom & le fceau, qu'on me per- mette le terme, de l’ouvrier, Voyez la fig. 18, PI, I. de l’Epinglier. V, eft la démoifelle, compofée de mé- me que les balles dès Imprimeurs ; S, le billot furle- quel on marque les paquets d’épingles ; 7, les plan- ches gravées qui font lés empreintes. Foÿyez Planc, en bois. enr . ; DEMOISELLES , ( Lutherie.) dans l'orgue , font de petits morceaux de fil de fer d’environ trois pouces de long, qui ont un anneau à chacune de leurs ex= trémités. L’anneau inférieur eft pañlé dans l’anneau de la touche du clavier inférieur ; le corps de la de- moifelle pale dans la mortoife de la touche du clavier fupérieur , & l’anneau fupérieut de la demoifelle re- çoit Le fil de fer de la targette, qui va du clavier æ l’abrégé. Les demoifelles m, ( fig. 17.) attachées au clavier inférieur, doivent être d’un pouce plus long que les deux claviers ne font enfemble d’épaifleur. Ïl y a des orgues où les demoifelles du premier clavier en traverfent deux ; ainfi elles doivent être plus lon- gues à proportion. On fait les anneaux avec des pin- cettes rondes , les mêmes qui font repréfentées dans les planches d'Orfévrerie. Lorfqu’il n’y a point de pédale à un orgue, on met une tirafle, c’eft-à-dire un clavier de pédale qui tire le grand orgue; pour cela il faut que le clavier du poftif, qui eft le premier clavier, foit entaillé, On fait paffer des demoifelles par ces entailles, qui vont s'attacher par leur anneau fupérieur aux anneaux qui font au-deflous des touches du clavier du grand orgue, qui eft le fecond, & par leur annéau infé- rieur elles vont s’attacher aux targettes de l’abrégé du clavier de pédale , fur les touches duquel en po- fant le pié on fait baïfler les touches correfpondan- tes du clavier du grand orgue, & même auffi celles du clavier du pofitif, fi le clavier du grand orgue eft tiré deflus. Voyez TALON. DEMOoISELLE (4 la Monnoie), efpece de verge de fer en efpadon, qui fert à empêcher que les char- bons ne coulent avec la matiere, de la cuillere dans les moules. DÉMOLIR , ex Bätiment , c’eft abattre un bâti- ment pour mal-façon, changement ou caducité ; ce qui fe doit faire avec précaution, pour conferver & faire reflervir les matériaux qu’on nomme démoli tions, (P DÉMON, f. m. (Hiff. anc. mod, & Belles-lettres.) nom que les anciens donnoiïent à certains efprits ow génies , qu’on croyoit apparoître aux hommes pour leur rendre fervice ou pour leur nuire. Foy. GÉNIE. La premiere idée des démons eft venue de Chal- dée ; de-là elle s’eft répandue chez les Perfes, chez les Egyptiens, & chez les Grecs. Pythagore & Tha- lès font Les premiers qui ont introduit les démons en Grece. Platon a embraflé cette opinion, & l’a dé-# veloppée d’une maniere plus étendue & plus claire qu'aucun des philofophes qui l’avoient précédé, Par démons, il entendoit des efprits inférieurs aux dieux, mais fupérieurs aux hommes ; des efprits qui habs- toient la moyenne région de Pair, & entretenoient la communication entre les dieux & les hommes; DEM portatit aux dieux les offrandes & les prieres des | hômies ; 8c annonçant aux hommes la volonté des dieux. Ilin’en admettoit que de bons & de bien-far- fans. Maïs fes difciples ; dans la fuite, émbarraflés de rendre raifôn de l’origine du mal, en adopterent : d’autres, ennemis des homfmes: Chambers. (G) Cette nouvelle opinion.n’étoit pas moins révol- tante pour la taïfon, querlà néceflité du mal dans l’ordre dés éhofes: Car en fuppofant, comme on y étoit obligé, un être fupérieur dont ces efprits étorent dépendañs, comment cet.être léur'auroit-il laïffé la liberté de amire à dés créatures qu'ildeftinoit au bon- her ? c’éroit un abyfme pour l'intelligence himai- ne, & dans lequel la religion feule a pù porter le flambeau, Arriclé de M. MARMONTEL. Il n’y a riénide plus commun dans la théologie payenne, que ces bons & ces mauvais génies. Cette opinion fuperftitieufe pafà chez les Ifraëlites par le commerce qu'ils eurent avec lésChaldéens ; mais pat les démons ils n’entendoient point le diable ou un éf ptitimalin. Cé mot n’a été employé dans ce derñier fens aue par les évangéliftes & par quelques Juifs modètnes. P* MMS | ) Un aüteur anglois norme Gal, s’eft efforcé de prouver que l’origine & létabliflement dés démons étoit une invention d’après l’idée du Meffie. Les Phé: ficiens les appelloient bazlim. [ls réconnoifloient un être fuprème , qu'ils nommoiènt Baa/ êt Moloch ; mais outre céla de admettoient fous le nom de haalim quantité de divinités inférièures ; dont 1l eft fi fous vent fait mention dans l’ancien Teftament. Le pre: mier démon des Egyptiens fut Mercüre ou Theut. L'auteur que nous venons de citer trouve beaucoup de reflemiblance entre différentes fonétions attribuées aux démons, & celles du Meflie. Chambers. (G) DÉMON DE SOCRATE, (if. anc. € hijf. de la Philofophie.) Ce philofophe difoit ayoir un génie fa- fhilier, dont les avertiflemensne le portoient jamais à aucune entreprife , mais le détournoiènt feulement d’agir lorfqu’uñe aËtion lui auroit été préjudiciable. Cicéron rapporte dans fon livre de la divination, qu’: après la défaite de l’armée athénienne , commandée par le préteur Lachez, Socrate fuyant âvec ce géné- ral, & étant arrivé dans un lieu où aboutiffoient plu- fieurs chemuns différens , 1l ne voulut jamais fuivre la même route que les autres, alléguant pour raïfon que fon démon l'en détoufnoit. Socrate en effet fe fauva, tandis que tous lés autres furent tués ou pris par la cavalerie ennemie. Ce trait, & quélqhes au= tres femblables , perfuäderent aux contemporains de Socrate, quil avoit eféctivenient un démoz où un énie familier. Les écrivains, tant anciens que mo éties , ont beaucoup recherché cé que ce pouvoit être que ce démon, & pluñeurs ont été jufqu’à met- tre en queftion fi C’étoit un bon ou mauvais ange. Les plus fenfés fe font réduits à dite que ce n’étoit autre chofe que la jufteffle & la force du jugement de Socrate, qui par lesxegles de la prudence & par lé fecours d’une longue experience foûitenue de férieu- fes réflexions, failoit prévoir à ce philofophe quelle feroit l’iflue des affaites fur lefquelles 1l étoit confül- té, où fur lefquelles il déliberoit pour litismême. Le fait rapporté par Cicéron; & qui parut alors mér- veilleux , tient bien moins du prodige que du fens froid que Socrate conferva daris fa fuite ; la connoif: fance d’ailleurs qu'il avoit du pays put le déterminér à préférer ce chemin, qui le préferva des ennemis, à la cavalerie defquels il étoit peut-être impratica= ble, Mais on conjettureïque Socrate ne fut peut-être pas fâché de perfuader à fes concitoyens, que quel: que divinité s’intérefloit à fon foft, & par le com= . mércé particulier qu’elle entretenoït avec lui, le ti- toit du nivéau des autres hommes. (G) DÉMONA , VAL DE DÉMONE , ( Géog. mod. ) D E M ‘811 vallée de la Sicile ; élle a quarante lieues-de long , fur vingtséinq de largé. Méffine en eftla villé la plus Abo EH ES AMONT Se EAP ! 0710 . DÉMonA 07 DEemMoNT ; fort d'Ttalie, au marquie fat dé Saluces , danstle Piémont ;11 ft fitué fur La Stur. Long. 25: 1. at, 44% 182 eos À DÉMONITAQUE,, L'#,(Théolog.) fe dit d’une perfonne poilédée d’un efpritiou démozr Foyez POs- SESSION. ETS ae “HE ds DaiWéglife romaine il y à des prietes & dés for- mules particulières pour éxorcifer les dmontagues. Voyez EXORCISME. (G) + et DÉMONTAQUES, f. m. pl. (AH. éccléf,) où a auf donñfé cé hôm à un païti d’Anabaptiftes qui fe font diflinpués dés autres en foûiténant que les démons feroient fauvés à la fin du monde, Voyez ANABAP- FISTES. L al A DÉMONOGRAPHE ; f im, ( Divinar. ) écrivain qui tfaite dés démons où gÉmies mal-fäifans!, dé la mabie ou forcellerie, & dés anagiciens 6ù foréiers, Parmi les plus célebrés dénoñographes ën compte Aorippa ; Flud , Bodin, Wÿer, Deltio, &c. Ce mot eft es du grec Agfuwr, génie ; & de ÿpagu, j’é- cris. | DÉMONOMANIE , 1. f, (Médécine.) e’eft ne efpece de maladie fpirituelle ; qui eft uñe variété dé la mélancholie : le délire dont font affeëtés les dé: moniaques , confifte à fe croire poflédés ou obfédés du démon, d’autres s’imaginent avoir aflifté & pou- voir afifter aux aflémbléeés chimériques dés malins efptits, au fabbat ; d’autres fe perfuädent d’être enforcelés : on peut joindre à tous ceux-là les fana- tiques & lés faux prophètes, qui croyent agir ou parler pat l’infpiration d’un bon géme , être en re: lation itnmédiate avec Dieu, converfer avec le S: Efprit , avoir le don des miracles , &c. Voyez DE: MON , POSSEDÉ , SORCIER , MAGICIEN , FANA: TIQUE, PROPHETE , MIRACLE , MEDECINE MA- GIQUE. Voyez la recherche de la vériré de Malbran che ; les /errres de Bayle ; Delrio, difquifit. magic, &cc. On peut mettre au nombre des mélancholies dé: moniaques , celle de cettaines folles dont parle Wil: lis , & dont les exemples ne font pas bien rares , qui ayant l’efprit frappé des vérités de la religion , & de la crainté de l’énfer ; defefperent du falut éter: nel, & en conféquénce fe précipitent , fe noÿent. Poyez les obfervations de Schenkius , & la vie de Mos liere. | | L'illüftre Baldus tomba dans une mélancholie fa fatique , pour avoir été motrdu par fon chat, felon le rapport de M. de Sauvages, dans fes c/uffes de mas ladies. Le même auteur dit, d’après M. Antoine de Jufs fieu & Boérhaave , que lé Jfremoniim fruéfu 6blongo Jpinofo flore violacéo | &c. fournit une hüilé, qui, appliquée aux tempes , caufe les vifions dés for- ciers ; la femence prife à démi-dragime rend fou. Hurnius fait mention d’une démonomanie phréné tique. (2). | . DÉMONSTRABLE , adj. (Méraph.) cé térme n’eft pas fort en ufage ; il fignifie qui peut étre démon éré,. Voyez DÉMONSTRATION, | DÉMONSTRATEUR , f. m. ( Médecine & Chirurs gie. ) On donne particulierement ce nom à celui qui donifie des leçons d’Anätornie fur le cadavte, dans un amphitéatre public ou particulier: DÉMONSTRATIF , er Grammaire, fe dit des pro: noms qui fervent à indiquer, matquer, ou faire connoïtre une chofe, Corame ie, 2ffe , hic, celui-ci, ce, cette, ce jeune homme, cette ville. Ÿoyez PRO- NOM. (G £: Mie DÉMoNSTRATIF , adj. ( Belles: Lettres. ) nom que lon donne à un des trois genres de la Rhétori« que, 3 8 DEM Le.genterdémonftrarif eft celui qui fe propoïe la Jouange oude blâme., Telle eft la fin qu’on fe pro- pole dans les panégyriques , les oraifons funebres., des difcours-académiques:,-les invetlives ; rc. | -Onitire les louanges de la patrie, des parens , de éducation , des qualités du cœur.& de l’efprit , des biens-extérieurs , du bon ufage que: l’on a fait du crédit, des-richefles, des emplois , des charges. Au contraire la bañlefle de l’extraétion, la mauvaife édu- cation ,les défauts de Pefprit & les vices lu cœur, l'abus du crédit , ée l’autorité , des‘richefles , 60. fourniflent matiere à l’inveétive. Les catilinaires de -Ciceron & les philippiques.font de ce dernier genre, «mais non-pas uniquement ,;, car à d’autres égards, elles rentrent dans le genre délibératif 8c dans le judiciaire. (G) Parmi les fources de la loïüange & de l’invec- tive dont on vient de-faire l’énumération , al en eft oùla juftice & la raïfon nous défendent de puifer : on peut en loïant un, homme recommandable rap- peller-la gloire & les vertus de fes ayeux ; mais il eft ridicule d’en tirer pour lui un éloge. L’on peut &. l’on doit démafquer l’artifice & la fcélérateffe des méchans , lorfqu’on eft chargé par état de dé- fendre contre eux la foiblefle & l’innocence ; mais c’eft eux-mêmes, non leurs ancêtres que l’on eft en droit d'attaquer, & il eft abfurde & barbare de re- procher aux enfans les malheurs, les vices, ou les crimes des peres. Le reproche d’une naïffance ob- {cure.ne prouve que la baffeffe de celui qui le fait. L’éloge tiré des richefles, ou le blâme fondé fur la pauvreté, font également faux & lâches. Les noms, le crédit , les dignités exigent le mérite & ne le donnent pas. En un mot, pour louer ou blâämer juf- tement quelqu'un , il faut le prendre en lui-même, & le dépouiller de tout çe qui n’eft pas lui. Arricle de M. MARMONTEL. . . Le genre démonftratif compotte toutes les richef- fes & toute la magnificence de l’art oratoire. Cice- ron dit à cet égard que l’orateur , loin de cacher l’art, peut en faire parade , & en étaler toute la pompe ; mais il ajoute en même tems qu'on doit ufer de réferve & de retenue ; que les ornemens qui ont comme Les fleurs & les brillans dela raifon, ne doivent pas fe montrer par-tout , mais feulement de diftance en diftance. Je veux, dit-il, que l’ora- teur place des jours & des lumieres dans fon ta- bleau ; mais j’exige auf qu'il y mette des ombres & des enfoncemens , afin que. les couleurs vives en {ortent avec plus d'éclat. Aabeat igitur illa in dicendo adrmiratio ac Jumma laus ; umbram aliquam ac recef- fum , quo magis , id quod erit illuminatum, extare at- que: eminere videatur. Orat. n°. 38. (G) = DÉMONSTRATIF , ( Jurifprud. ) eff ce qui fert à défigner une chofe. Bartole , fur la loi demon/fratio , au digefte de conditionibus G& demonffrationibus , défi- nit la démonftration , guædam ex inflantibus vel pre- ceritis accidentibus notitia ; êTc. On dit un aflignat démonftratif, un legs démonfira- zif, une difpofition démonjtrative. Ge qui eft fimplement démnonftratif, eft fort dif- férent de ce qui eft limitatif ; par exemple , un af- fignat eft démonftratif, lorfqu’en conftituant une ren- te à prix d'argent , on dit à prendre fur un tel hé- ritage, cela n’empêche pas le créancier de fe pour- voir fur les autres biens du débiteur ; au lieu que fi unhommelegue une rente à prendre fur un telfonds, cet aflignat.eft limitatif. , | Les principes en fait de démonftration & de clau- {es démonfiratives , font qu’une faufle démonftration ne vitie pas La difpofition lorfque l’objet de celle-ci eft d’ailleurs certain; par exemple , fi le teftateur dit, je legne ma maïfon de Paris que j'ai achetée , le legs de la maifon eft valable , quoique la maifon D EM m'ait-pas cté âchetéé : il en eft de même fi l'erreut eft dans les qualités que l’on donne à l’héritier ; att légataire ou autre perfonne , la difpoñition eft toi Jours valable | pourvit qu’il paroifle conftant de quelle perfonne on a entendu parler. Voyez au ff. 28. tit, y, liv, XLVITI. & lv. XX XII: rit, j, Liv, XXX PV. . 2. € Liv, VI. ff. de rei vindicarione ; Ri- card , des difpofitions démonftrarives ; Le Prêtre , 4. 0 chap, ij. Voyez aufi ASSIGNAT &-LEGSs. À Pet DÉMONSTRATION, TÉMOIGNAGE D’aAMr- TIÉ , fyn. (Gramm. & Morale.) Ces deux mots font {ÿnonymes, avec cette différence d’un ufage bifarre, que le premier dit moins que le fecond. Le P. Bou- hours en a fait-autrefois la remarque , & le tems n’a point encore changé l’application impropre de ces deux termes. En effet, les démon//rations en matiere d’amitié tombent.plus fur l’extérieur , l'air du vifa- ge, les careffes ; elles defignent feulement des ma- hieres , des paroles flateufes , un accueil obligeant. Les sémoignages, au contraire, vont plus à l’inté- rieur , au folide , à des fervices effentiels , &c fem- blent appartenir au cœur. Ainfi un faux anmi fait des démonftrations d'amitié ; uñ véritable ami en donne des sémoignages, Ce font des démonffrations d'amitié d’embraffer les perfonnes avec qui l’on vit, de les accueillir obligeamment , de les flater , de les ca- refler. Ce font des rémoignages d’amitié de les fer- vir, de prendre leurs intérêts , & de les fecourir dans leurs befoins. Rien de plus commun à la cour que des démonftrations d'amitié ; rien de plus rare que des sémoignages. En un mot , les démonffrations d'amitié ne font que de vaines montres d’attache- ment , d’affeétion ; les sémoignages en font des ga- ges ; mais l'union des cœurs conftitue féule la par- faite amitié. Article de M, le Chevalier DE J'AU- COURT. DÉMONSTRATION , f. f. ( Ph:lof.) eft un rai fonnement qui contient la preuve claire & invinci- ble de la vérité d’une propofition. Fayez VÉRITÉ, PROPOSITION , 6c. Une démonftration eft un argument convainquant, par lequel on prouve que les deux premieres propo- fitions d’un fyllogifme font certaines ; d’où réfulte néceflairement la certitude de la conclufion qu’on veutentirer. Voyez SYLLOGISME. | Une démon/fration eft ordinairement compofée de trois parties : l'explication , la préparation , & la conclufon. Dans l'explication, on expofe & on fait connoi- tre les chofes qui font données ou accordées , & dont on fe fervira pour arriver à la dmonffration. Dans la préparation, on fait quelques remarques ou opérations préliminaires , néceflaires à la de- monftration. Voyez PRÉPARATION. Enfin dans la conclufon on établit par des argu- mens invincibles , la vérité de la propofñtion qu’on s’eft propofé de prouver. Voyez CONCLUSION. La méthode de démontrer des Mathématiciens , eft la même que celle des Logiciens , pour tirer des conclufions des principes. En effet , les démonfira- tions des Mathématiques ne font autre chofe que des fuites d’enthymèmes , ou de fyllogifmes dont on omet les prémifles , foit en les fous-entendant, foit en les rappellant par des citations. Pour qu’une dé- monffration {oit parfaite , il faut que les prémifles de chaque fyllogifme foient prouvées par de nou- veaux {yllogifmes , jufqu’à ce qu’enfin onarrive en. remontant à un fyllogifme dont les prémifles loient ou des définitions , ou des axiomes. Voyez DÉFI- NITION & AXIOME, En effet , on pourroit prouver qu'on ne fauroit faire une bonne démonffration ; à moins qu’on né | fuive exatement les regles des fyllogifmes, Cla- vius , comine l’on fait , a réduit en fyllogifme la premiere propoftion d’Euclide;d’autres ont mis fous une forme fyllogiftique les fix premiers livrés d'Eu- clide ; & d’autres enfin en ont fait autant pour toute l’Arithmétique. Cependant bien des gens, même parmiles Ma- thématiciens , s’'imaginent ordinairement que les démonffrations mathématiques ont des lois fort dif- férentes de celles des fyllogifmes ; mais Popinion contraire eft foûtenue avec raifon par des auteurs du premier ordre. M. Leibnitz dit qu'une dérmonftra- tion pour être bonne, doit être conforme aux rè- gles de la Logique : & Wallis avoue que tout ce qu'on démontre dans les Mathématiques peut toù- jours fe réduire en un ou plufeurs fyllogifmes : lil luftre M. Huyghens remarque aufli que les paralo- gifmes où l’on tombe dans les démonftrations ; Vien- nent fouvent de ce qu’on manque à y obferver les regles fyllogiftiques. Au refte, 1l ne faut pas conclu- re que la forme fyllopiftique doive êtretoûjours em- ployée dans les démonftrations de Géométrie : la forme enthymématique eft plus commode , plus courte ; & fouvent plus claire. | Un problème eft compofé de trois parties : la pro- poftion , la réfolution, &c la démonftrar:onr. Dans la propofñirion , on expofe ce qu'il faut prou- ver. Voyez PROPOSITION. Dans la réfolution, on expofe en détail & par ordre Les différens pas qu'il faut faire pour arriver à ce que l’on cherche. Vayez RESOLUTION. Enfin, dans la démonftration , on prouve que les chofes étant données telles qu’elles font dans la pro- pofition , on a trouvé ce que l’on demandoit. Auf- f on peut fouvent changer un problème, démontré * en théorème , en prenant la réfolution pour hypo- thefe , & la propoñition pour thefe. Car tous les problèmes qui peuvent être démontrés , ont cette propriété , que la chofe prefcrite dans la réfolution étant faite , la chofe demandée eft faite auffi. Voyez PROBLÈME. Les Philofophes de l’école divifent les démonfira- tions en deux efpeces : les unes qu'ils appellent prop- ter quod, & dans lefquelles on prouve un effet par la caufeprochaine ; comme quand on prouve que la lune eft éclipfée par l’interpofñition de la terre entre cette planete & le foleil : les autres qu'ils nomment quia , & dans lefquelles on prouve une caufe par {on effet éloigné ; comme quand on prouve que le feu eft chaud, parce qu'il brûle ; ou que les planetes ne refpirent point, parce que ce ne font point des animaux; diftiné@ion & nomenclature frivole. - DÉMONSTRATION AFFIRMATIVE , eft celle où on procede par une fuite de propoñtions afirmati- ves & évidentes qui dépendeñt l’une de l’autre, pour arriver à la chofe qu’on doit démontrer. DÉMONSTRATION APAGOGIQUE , eft celle où l’on ne prouve point une chofe direétement , mais par l’abfurdité & l'impofibilité qu'il y auroit dé la nier. Où l'appelle äufli pour cette raifon, rédutfion à limpoffible , ou à l’abfurde. C’eft de cette maniere qu’on démontre en Mathématique torites les pro- poñitions qui regardent les incommenfurables , & la plûpart des propofitions converfes, Voyez INcoMm- MENSURABLE 6 CONVERSE. | DÉMONSTRATION GÉOMÉTRIQUE , eft celle qui eft appuyée fur des propofñtions géométriques. Voyez GÉOMÉTRIQUE. | DÉMONSTRATION MÉCHANIQUE , eft celle où les raifonnemens font appuyés fur les regles des Méchaniques. Voyez MÉCHANIQUE. Chambers. DÉMONSTRATION @ priori, difent les Scholafti- ques, eft celle dans laquelle on prouve un effet par fa caufe, foit prochaine, foit éloignée , ou dans la quelle une conclufon eft prouvée par quelque DEM 823 chofe' qui la précede, foit comme caufe ,foitcomme antécédent feulement, At DÉMONSTRATION 4 pofferiori , eft celle dans la. quelle une caufe eft prouvée par {es effets , ou dans laquelle une conclufion eft prouvée par quelque chofe qui lui eft poftérieure, foit comme éflet , foit comme conféquent feulement, Proprement démozf tration a priori eft une démonftration direlte , tirée de la nature de la chofe qu'on veut prouver; dé- monftration a pofterior:, eft une démonftration indi- recte , tirée de quelque circonftance étrangere, ou propriété fecondaire, Ainfi démontrer qu'il y a un Dieu , en faifant attention à la nature de l’Etre in- finiment parfait & à fes attributs, c’eft-démontrer l'exiftence de Dieu 4 priori, ou par des raifonnie- mens tirés de la nature même du fujet: démontrer l’exiftence de Dieu par l’exiftence du monde & de l'univers , c’eft la démontrer 4 poftriori ; cette der- niere efpece de preuve eft celle qui eft lé plus géné- ralement admule, Les Philofophes , &: même les Théologiens font partagés furlesdémonftrations a prio- 11, & quelques-uns même les rejettent : toutes ces démonftrations, difent-ils, fuppofent l’idéé de l'infini, qui n'eft pas fort claire, Quoi qu'il en foit, peu im- porte que l’on foit partagé fur quelques preuves de cette vérité, pourvû qu’on l’admette. Au fond, les preuves fenfibles en ce genre font les meilleures, Aux yeux du peuple , & même du philofophe ,un infecte prouve plus un Dieu que tous les raifonne- mens métaphyfiques ; & aux yeux du même philo- fophe , les lois générales de la nature prouvent en- core mieux l’exiftence de Dieu qu’un infeéte : lois fimples qui dérivent de laforme même imprimée par l’Etre fuprème à la matiere, qui ne changent ja- mais , & en vertu defquelles l'univers eft aflujetti à un méchanifme uniforme & reglé, réfultant dupre- mier mouvement que lui a donné l'intelligence fou- vetaine. Voyez COSMOLOGIE, | Dans les fciences zarurelles ( car je ne parle point ici des objets de la foi ) il n’y a que les Mathéma- tiques dont l’objet foit abfolument fufceptible de dé. nonftration ; cela vient de la fimplicité de cet objet, & des hypothefes fous lefquelles on le confidere. 7, DEMANDE. Dans les autres fciences, les preuves font ou purement conjetturales , ou en partie dé- monftrations & en partie conje@ures : par exemple, en Phyfique on a des démonffrarions de la caufe de larc-en-ciel , & on n’a que des conjetures für la caufe de la lumiere. C’eft que dans prefque toutes les Sciences les premieres caufes font inconnues , & les premiers principes obfcurs; il n’y à de clarté que dans les effets & les conféquences qu’on en tire. C’eft bien pis encore en Métaphyfique , où à Pex- ception de quelques vérités primordiales, tout efl obfcur & fujet à difpute. Cependant on a vù des auteurs employer dans ces matieres la forme géo- métrique , comme fi cette forme rendoit plus cer- tain ce qui ne left pas. Tel eft le livre de l’aétion de Dieu fur les cPéatures , où l’on voit les térmes de Géométrie à toutes les pages ; on eft étonné que l’auteur n’y ait pas mis des figures. Pour juger de la force de ces prétendues démonffrations | on n’a qu’à lire l’arricle DEGRÉ, &c le srairé des fyfièries de M. l'abbé de Condillac. Parmi ces démonffrations , l’auteur employe le témoignage de Vireile, & de quelques autres auteurs anciens, comme fi ces écri vains étoient des peres de l’Eglife. Foyez APPEICA- TION. (0) DÉMONSTRATION , {. f, ( Med.) Ce terme eft auf enufage parmi les Médecins , qui prétendent que les principes de leur fcience font fufceptibles de dé, monftration , c’eft-à-dire que l’on peut en établir là vérité par des preuves certaines, évidentes & indus . 824 DEN bitables , tout comme de ceux des autres fciences phyfico-mathématiques. | «En effet, pour en être perfuadé , dit M. Bouillet s dans fon fupplément aux élémens de la Medecine # pratique , il n’y a qu’à examiner fur quoi la Mede- # cine eftprincipalement fondée. On doit mettre au » nombre des principes fondamentaux de cette fcien- # cé, tout ce que l’Anatomie aidée de la Géométrie, 5 des Méchaniques, de l’'Hydrodynamique, &c. »# nous a appris fur la ftruêture, la fituation , les liai- » ons, les mouvemens & l’ufage des,parties du corps » humain ; tout ce que des obfervations exattes & # de müres réflexions nous ont fait découvrir des » fonétions vitales, animales & naturelles, foit dans » l’état de fanté, foit dans l’état de maladie ; tout # ce que l’ouverture des cadavres nous a fait con- » noître de l’altération des humeurs & des parties # folides , caufée par les maladies ; enfin tout ce »# qu'une longue expérience & des eflais réitérés # nous ont prouvé des propriétés de certains reme- # des. | » On doit encore regarder comme des principes » de l’art de guérir, la connoiffance des fignes par # lefquels on diflingue une maladie d'avec une au- # tre, on en fpécife le caraétere, on en découvre # Les caufes , on en prédit l’évenement. # On ne fauroit auffi difconvenir que les indica- # tions ou les raifons d'agir, que les Medecins tirent 5 de la connoïffance des fonétions , du caraétere de # chaque maladie, de fes caufes, de fes fymptomes, # ne foient des regles füres & conftantes. . # Enfin tout ce qu’on vient de rapporter, doit # pafler pour de véritables#principes dans l’efprit de » ceux qui favent que la plüpart des fciences n’en ont # guere d’autres que ceux que les fens , l'expérience ss & le raifonnement ont fait découvrir ». Yoyez MEDECINE, PRINCIPE. (à) * DÉMONTER, v. a@. dans les Arts méchan. c’eft defaflembler les parties d’une machine : ainf, chez les Rubaniers, démonter fe dit lorfqu’on eft obligé de dépaffer un patron pour en pañler un autre, & généralement quand il faut changer confiderable- ment le métier pour quelqu’autre ouvrage, & ainfi des autres occafions, qui {ont fans nombre. Nous remarquerons feulement qu’on demonte une partie, comme on démonte le tout : on démonte l'aiguille d’u- ne montre, comme toute la montre. DÉMONTER , dans l'Art militaire, c’eft defarçon- ner ou faire mettre pié à terre ; ainfi démonter la ca- valerie, les dragons ou autres troupes femblables , c’eft leur faire mettre pié à terre. (Q) DÉMONTER LE CANON, c’eft brifer Les afuts les roues, les aifieux ou toute autre chofe, pour le mettre hors d’état de fervir. Voyez CANON, &c. On dit aufli que des chevaux font démontés , lor- qu'ils font rendus incapables de fervice. Chambers, Ne $ ÉMONTER UN GOUVERNAIL, ( Marine.) c’eft l’ôter de l'arriere du vaifleau , où il étoit attaché. Voyez; MONTER. (Z) DÉMOUVOIRR, v:a@. (Jurifpr.) fignifie derour- ner quelqu'un de faire une chofe , l’'engager a Je déporter d'une demande ou prétention. (4 DENAIN , (Géog. mod.) village de France fis dans les Pays-bas, fur l'Efcaut : il eft célebre par la viétoire que le maréchal duc de Villars remporta en 712. Long. 21. 3. lar. 50.20. DENAT , (Géog. mod.) petite ville de France au diocèfe d’Alby dans le Languedoc, fur lAflore , à trois lieues d’Alby. DENATES , £. m. pl. (Mythol. ) dieux do nef 1- ques , que l’on appelle plus fréquemment Pre s. Voyez PÉNATES. Denys d’Halicarnafle, /, I. où 1l parle des dicux Pénates, dit que l’hiftorien Timée a écrit que [a = gure , flatue ou l’effigie des dieux Pénates, n’étoit autre chofe que des bâtons de cuivre ou de fer cour- bés, & un vale troyen de terre cuite ; & que c’eft- là tout ce qu'Enée apporta de Troye, Mais il dit avoir vü un temple à Rome, près de la grande pla- ce, où ces dieux étoient repréfentés aflis, fous la forme de deux jeunes hommes, ayant chacun un dard en main; qu'au refte l’infcription étoit Derates, parce que les anciens, avant l'invention délalettré P fe fervoient de la lettre D. Tel eft le récit de l’hifto- rien des antiquités romaines, qui pourroit.bien s’ê- tre trompé : {ouvent la queue du P eft fi petite fur les médailles, qu'il n’y a nulle différence entre cette lettre & un D. La même chofe pourroit bien être de linfcription qu’avoit vüe Denys d’Halicarnafle; car que les anciens habitans de l'Italie n’euflent point de P, c’eft une erreur que plufeurs noms propres qui nous reftent de cette antiquité fi reculée, réfu- tent fufifamment ; par exemple, Capys, Capetus, Picus , Pilumnus | Pallas. Les Troyens avoient aufi la même lettre, témoins les noms Palinurns, Paris, Priamus , &c. Di. de Trév. 8 Chambers. (G) | DENBIGH , ( Géogr. mod.) ville d'Angleterre, capitale du Denbighshire, dans la principauté de Galles. Long. 13. 55, lat. 33. 13. DENBIGHSHIRE , (Géogr. mod.) Voyez DEN- BIGH. DENCHÉ , adj. terme de Blafon , qui a de petites dents. (7) DENDERMONDE , o4 DERMONDE, ou TENERMONDE , ville des Pays-bas autrichiens : elle eft fituée au confluent de la Dendre & de l'E caut: Long. 21. 38. lat, 51,3. DENDRITE , (Orzytholog.) eft le nom que l’on donne à différentes pierres, pour défigner certaines ramifications qui y font marquées, & qui reflem- blent en quelque forte à des plantes ou à des arbres: on les appelle aufli pierres herborifées. Voy. AGATE. I | ENDRGPHORIE , fubit. f. (Hif. anc. 6 My- thol.) cérémonie ancienne des Payens, qu conf toit à porter un ou plufeurs arbres par la ville dans certains facrifices , & en l’honneur de quelques dieux. | |: Ce mot eft formé de dévdho, arbre, & œipm, je porte. ONE £ La dendrophorie fe faoit aux facrifices de Bac- chus, à ceux de Cybele & du dieu Sylvain. Arnobe ; L, IV, parle de celle qui fe faifoit aux facrifices de la mere des dieux ; elle confiftoit à porter un pin par la ville, que l’on plantoit enfuite, en mémoire de celui fous lequel Atysfavori de la déefle, s’étoit mu- tilé. On couronnoit les branches de cet arbre, parce que Cybele l’avoit fait : on entouroit fon tronc de laine , parce que la déeffe avoit couvert de laine la poitrine d’Atys, pour la rechauffer. On appelloit dendrophores ceux qui portoient ces arbres par la ville. [left fait mention dans l’hiftoire romaine, d’une compagme ou collège de dendrophores qui fuivoit Les armées. On ne fait pas trop quel éroit leur art & leur fonéion. Quelques-uns difent qu'ils faifoient le bois des tentes, c’eft-à-dire tout le bois qui fervoit à les dreffer ; d’autres foûtiennent que c’étoit ceux qui fournifloient le bois néceffaire pour la conftruétion des ouvrages & des machines de guerre. Saumaife dans fes notes fur la vie de Caracalle par Spartien, avoue que c’étoit-là le fentiment gé- néral de tous Les favans de fon tems; mais il foûtient avec fa modeftie ordinaire qu'ils {e trompent, & que les dendrophores des armées ne différoient point de ceux des iacrifices dont nous venons de parler : en tout cas , la chole ne vaut pas la peine de s’en. tourmenter, tourmenter, ni de donner à ce fujet aucun démenti à perfonne. Diéfionn. de Tréy. & Chambers, (G) _ DENEB, terme Arabe qui fignifie queue, & dont Jes Aftronomes fe fervent dans La dénomination de différentes étoiles fixes ; ainfi deneb elecer fignife l’e- soile brillante de la queue du lion ; deneb adigege, celle de la queue du cygne. Chambers. Ces mots ne font plus en ufage , on ne les trouve que dans quelques anciens livres d’Aftronomie qui ônt confervé les dénominations des Arabes, ces peu- ples ayant beaucoup travaillé à l’'Aftronomie , & Payant en quelque maniere renouvellée dans l’Eu- rope. Voyez ASTRONOMIE. On a même encore gé- néralement confervé quelques-uns des mots dont ils fe fervoient , comme a/manach, azimuth , almican- tarath, &cc. (O0) DÉNÉGATION , f. f. (Jurifp.) eft la déclaration par laquelle on foûtient qu’un fait ayancé par quel- qu'autre perfonne , n’eft pas véritable. Une partie dénie un fait par fes défenfes, ou dans un interroga- toire, ou à l'audience, ou dans des écritures. Le juge ordonne quelquefois qu'une partie fera tenue d’avouer ou de dénier précifément & par écrit, la vérité d’un fait ou d’une piece. Un témoin dénie un fait dans une enquête. Un vaffal qui dénie mal-à- propos la mouvance à fon feigneur dominant, tombe dans le cas du defaveu. foyez DÉFENSES, INTER- ROGATOIRE , ENQUÊTE, DESAVEU , INSCRIP- TION DE FAUX. (4) DENERAL , £. m, à la Monnoie , forte de poids étalonné , dont les ajuiteurs & les taillereffes font obligés de fe fervir pour ajufter les flancs au poids .“prefcrit par l'ordonnance : les juges-gardes doivent aufñ s’en fervir pour pefer les efpeces nouvellement monnoyées, avant d'en faire la délivrance. DENI, f. m. (Jurifprud.) {e dit de quelque chofe que l’on refufe d’accorder. DENI DE DROIT, o4, comme on l'appelle plus communément , déni de jufice, voyez ci-apr. DÉNI DE JUSTICE. (4) DÉNI DE GARANTIE, eft lorfque l’on foûtient n'être point garant. (4) DÉNI DE JUSTICE 04 DE DROIT, eft lorfque les officiers prépolés pour rendre juftice, refufent de faire ce qui dépend d’eux pour lexpédition de quel- qu’affaire. Si c’eft par le fait du feigneur que fes officiers ont commis un dés de juflice, il eft repréhenfible auffi- bien que fes officiers. | On voit dans les resiftres du parlement des années 1309 & 1311, qu'un appellant de déni de juflice ayant gagné fa caufe contre la comteffe d'Artois , fut dé- claré exempt de fa jurifdi@ion, lui, fa femme, fa famille, & fes biens étant en fa feigneurie & juftice ; il fut abfous de la foi & obéiffance qu'il lui devoit, & déclaré vaffal du feigneurfupérieur. La même chofe fut jugée contre le roi d’Angle- terre, touchant l’hommage du château de Gimel, fuivant les arrêts de la Touffaint en 1279, & pour le comte de Flandre contre ceux de Gand, par arrêt de l'an 1282. Un appellant de déri de juflice du comte de Bre- tagne, fut reçù à fe départir de fon appel, fauf {on fief qu’il tenoit de ce comte, en payant l’amende, par arrêt de la Pentecôte de l'an 1285. Le déni de juflice donne lieu contre le juge à la prife à partie ; mais avant d’appeller comme de dézi de juflice , il faut faire au juge des fommations de juger. Anciennement 1l falloit trois fommations ; mais fuivant l'ordonnance de 1667, titre des prifes à partie, art. 4. deux fommations de huitaine en hwu- taine fuffifent , fi c’eft un juge reflortiffant nuement aux cours; & de trois en trois jours pour les autres juges. Tome IF, — DEN 825 Îl y a des cas où le juge peut refufer de juger, notamment lorfque les parties n’ont pas fatisfait à un précedent jugement. 4 . L'appel comme déni de jufhice des officialités | peut être pourfuivi par appel fimple devant le juge: fupérieur eccléfaftique ; mais on peut aufli dans ce: cas fe pourvoir au parlement par appel comme d’a- bus. Voyez L. 26. ff. ex quibus caufrs majores ; la no- velle 86. Ulpien iz Z, 2. de his qui Jui vel alicur jur. Franc. Marc. som, II, qu. ceclxxv, André Gaiïll, 4. I. obferv. 28. Ducange , au mot defeëtus ; Bouchel, bibliothh. au mot déni; Papon, arrêts, liv, XIX, at. J. n. 30. Boniface, rome I. Liv. I. tic. xxvüy. ch. ï. Biblioth. canon. tome I. p. GS. Journ. du palais » arrét du 26, Janvier 1690. (A4 \z DÉNI DE RENVOI, eft le refus que fait un juge d'accorder le renvoi qui lui eft demandé par une des parties , {oit pour caufe d’incompétence, privilége, litifpendance, ou autre caufe. Les appels comme de déni de renvoi font portés: directement au parlement , & font jugés au parquet par l’avis d’un des avocats généraux, fur lequel on obtient arrêt conforme. Voy. l'ordonnance de 1667; tit. vi, article 4. & l’article APPEL. (4) DENIA , (Géog. mod.) ville d'Efpagne au royau- me de Valence; elle eft fituée au pié d’une mor: tagne proche la mer, vis-à-vis l’île d'Yrica. Long, NET DENICALES , (Hi. anc. & Mythol.) cérémonie qui fe faifoit chez les Romains après les obfcaues des morts, pour purifier la famille. DEÉNIER , v. a@. (Jurifpr.) c’eft foûtenir qu’un fait n’eft pas véritable. Voyez DÉNÉGATION. (4) Ce mot s’employe quelquefois en Poéfe, pour dire refufer. Iplug. ae L. fèene 1. DENIER . f. m. (1/4, anc.) étoit autrefois Le fow romain ; il équivaloit à 10 fous de France. Les Romains fe font fervis pendant long-tems de monnoie d’airain qu'ils appelloient as au lieu d’æs, ou lbra ou pondo, parce que cette monnoie pefoit une livre. Ce fut l’an de Rome 48$ que l’on com- mença à battre de la monnoie d’argent. La premiere qui parut, fut le denier, denarius, qui étoit marqué de la lettre X. parce qu'il valoit dix as ; 1l étoit di- vifé en deux quinaires marqués d’un V. &t ces deux quinaires fe divifoient en deux /éfferces marqués de de ces trois lettres, L LS. que les copiftes ont chan- ges en celles-ci, HS. Foyez SESTERCE. Ce denier fut nommé con/fulaire, à la différence de celui qu’on frappa fous les empereurs, & qui fut furnommé smpertal. Le denier confulaire pefoit une dragme jufte, ou la feptieme partie d’une once, & valoit environ fept fous trois liards monnoie d’An- gleterre. Le denier impérial n’étoit que la huitieme partie d’une once, & valoit à-peu-près fix fous & demi d'Angleterre. M. de Tillemont remarque que le derarius fuffifoit par jour pour entretenir comme il faut une perfon- ne, & il préfume que le denier romain équivaloit à la piece de douze fols de notre monnoie, ou aux onze fous d'Angleterre; mais cette évaluation eft conteftée : M. Rollin , après plufeurs autres, évalue le denier romain à dix fous monnoie de France. Le denier confulaire portoit pour empreinte d’un côté une tête ailée de Rome, & de l’autre un char: riot à deux ou quatre chevaux, ce qui faifoit que les deniers étoient appellés bigari 8 quadrigati. Dans la fuite on mit fur le revers Caftor & Pollux, & quelquefois une victoire fur un char à deux ou qua- tre chevaux. Foyez MoNNoïIE, SOU, 6. Il y a eu en France fous la premiere race de nos rois , des deniers d’argent de même figure que les fous, mais fouvent fans aucune empreinte de tête, Le denier n’eft maintenant d'aucun ufage , commé M M m m m 826 DEN monnoie , dans le commerce ; maïs dans le calcul il fait la douzieme partie d’un fou tournois. — Denarius eft employé chéz les Anglois dans leurs livres de droit ÿ pour leur pezzy, où fou : denarius Anglie qui nominatur flerlingus,rotundus, fine tonfura, Poñderabit 32 grana frumenti in medio Jpicæ ; G& 20 denarii faciunt urician:, & 12 unciæ facient libram. Stat. edir, 1. de menfuris. Voyez MESURE & LIVRE. Chambers. (G) Dexter eft aufli le nom d’un ancienne monnoie, ui felon les tems étoit fabriquée d’or, d'argent, ou “ cuivre, & dont la valeur a auf varié. Du tems de Charlemagne, & encore pendant deux fiecles après le denier étoit la cent vingt - quatrieme partie d’une livre pondérale d'argent compoiée de douze onces ; ce qui a depuis recû diverfes diminutions. Dans les derniers tems les deriers ont été fabriqués de cuivre. Un denier fait la moitié d’un double, & la douzieme partie d’un fou. Il y a encore quelques provinces où les deniers ont cours. À l’égard des doubles, ils font décriés , & ne valent plus qu’un dernier. (4) DENIER fignifie encore une valeur numéraire qui eft la douzième partie d’un fou. Le denier a lui-même fes parties ; 1l fe divife en deux oboles, l’obole en deux pites, & la pite en deux femi-pites ; de forte qu’un denier vaut deux oboles, ou quatre pites, ou huit femi-pites. On ne diftingue plus guere ces por- tions du denier que par rapport aux cenfives. Il y a des terres qui font chargées envers certains feigneurs d’un dernier, obole, pite 8& demi de cens par arpent ; on additionne en ce cas ces deniers , oboles , & pites, & l’on en forme des fous. (4) DENIER fe prend aufli pour argent en général, en quelque efpece ou monnoiïe que ce foit, comme quand on dit qu’une fomme eft payable en deniers &c non en billets , ni en grains ou autres efpeces. (4) DENIER figniñe quelquefois le aux qu’il n’eft pas permis d’excéder pour les rentes & intérêts, com- me quand on dit le denier huit, dix, douze, feize, dix-huit, vingt, vingt-cinq, trente, quarante, cin- quante, cent. Voyez ARRÉRAGES , CONSTITUTION DE RENTES, RENTES, USURE. (4) Denrer-À-DIEu, eft une piece de monnoie que celui qui achete on loue quelque chofe donne au vendeur ou propriétaire, pour preuve de l’engage- ment qu'il a contraëté avec lui verbalement. On appelle cette piece denier-a-Dieu , apparem- ment parce qu’autrefois on ne donnoit qu'un derier, &t que cette piece eft deftinée à faire quelqu’aumô- ne, fuppofé qu’elle demeure au vendeur ou proprié- taire. . Il eft d’ufage en fait de locations verbales, que ce- luiqui eft convenu de prendre à loyer peut retirer fon denier-a-Dieu dans les vingt-quatre heures , au moyen de quoi la convention eft comme non ave- nue : au bout des vingt-quatre heures il n’eft plus re- cevable à retirer le derier-a-Dieu , & la convention tient. Ce denier-a-Dieu a quelque rapport avec les ar- thes ; mais celles-ci font un à compte fur le prix, au lieu que le denier-&-Dieu , qui eft ordinairement quel- que piece de monnoie d’une valeur modique, ne s’impute point fur le prix. Denier-a-Dieu étoit aufñi une piece de monnoie de billon que les marchands billonneurs mettoient à part dans une boîte ; on employoit ces demiers aux réparations des ponts & chauflées, & à faire cer- taines aumÔnes : mals comme on engageoit fouvent le roi à faire des dons de ces deniers , 1l fut défendu par une déclaration du 13 Oétobre 1346 d’y avoir égard. (4) DENIERS AMEUBLIS, font ceux que la femme met en communauté ; à la différence des deniers ftipulés propres, qui n’y entrent point. Hors ce cas ou ne parle point des deniers arneublis ; cax les deniers font meubles de leur nature. (4) DENIER , (ceztieme) voyez CENTIEME. DENtïER CEsaR, c’eft un droit qui fe perçoit dans la châtellenie de Lille {ur chaque chef de fa- mille, à raifon de trois deniers par année, Sa déno- mination prouve aflez qu'il eft purement royal : mais il n’eft pas facile d’en fixer l’origine ; tout ce que l’on peut conjeéturer de plus vraiflemblable , eft que ce droit nous repréfente le cens perfonnel , qui fuivant l’auteur de l’efprit des lois, Liv. X XX. ch. xv. étoit anciennement une efpece de capitation à laquelle les ferfs feuls étoient afujettis. Et en effet le denier Ces Jar ne fe paye que par les habitans de la campagne qui ont fuccédé aux colons , dont les noms étorent infcrits dans le regiftre du cens. On dira peut-être que fous ce point de vûe le denier Céfar pourroit être feigneurial, puifque les feigneurs avoient droit de le- ver le cens fur leurs ferfs; ce qui a fait dire à Loy- feau, en fon traité du déguerpif]. liv. L. chap. jv. que nous avons fort abufé en France du mot ces, qui chez les Romains n’a jamais été employé que pour exprimer une redevance dûe au fifc feul : redevance perfonnelle dans les premiers tems de la république, &t proportionnée à la fortune de chaque citoyen d’a- près l’eftimation faite par les cenfeurs, & enfuite impofée fur les héritages pour être la marque de la feigneurie univerfelle du fifc fur les terres des patti- culiers, Mais nous avons à répondre que dans le fait le droit dont il s’agit appartient au fouverain {eul ; &t que d’ailleurs ayant été impofé fur fes vaflaux 8 à fon profit, il a très-bien pù arriver que l’on ait cherché à en conferver la preuve en la défignant par un terme exprès, pour Ôter aux feigneurs particu- liers tout prétexte de fe l’approprier , & cela préci- fément à caufe de l’extenfion donnée à la fignifica tion du mot cers. | Au furplus, le denier Céfar étant une redevance purement perfonnelle , ne doit pas être confondu avec l’efpier , qui eft un autre droit royal affigné fpé- cialement fur les terres de la Flandre. Voyez Es- PIER. On trouve quelquefois le terme de dernier Cefar em- ployé pour défigner Le fonlieu , qui eft bien différent du droit qui fait l’objet de cet article. Voyez Fon- LIEU. Article de M. DE LAMOTTE CONFLANT, avocat au parlement. DENIERS CLAIRS : on fe fert de cette expreffion pour défigner les fommes les plus liquides; on dit qu’une fomme eft à prendre fur les plus clairs deniers quirentreront. (4) DENIERS COMMUNS, font ceux qui appartien- nent à plufieurs perfonnes , & notamment ceux des villes,colléges,ou communautés. Foy.OcTRro1.(4) DENIERS COMPTANS, font ceux que l’on paye aûtuellement, à la différence des fommes que l’on promet payer dans un certaintems, (4) | DENIERS À DÉCOUVERT, font ceux que l’on of fre réellement , & dont on fait exhibition en offrant le payement. Voyez OFFRES RÉELLES, (4) DENIER DIX, eft un taux de rentes ou d'intérêts. Poyez RENTES. (4) DENIER , (dixieme)) voyez ci-après DIXIEME. DENIERS DOTAUX, font les fommes que la fem- me fe conftitue en dot. Voyez Dot. (4) DENIERS D'ENTRÉE, font ceux qu’un nouveau propriétaire a payé pour avoir la pofeffion d’un hé- ritage. Cela fe dit principalement lorfque le contrat n’a point la forme d’une vente, & que néanmoins il ÿ a eu quelque fomme payée pour y parvenir, foit à titre de pot-de-vin, épingles , ou autrement. On appelle aufi quelquefois deniers d'entrée, ceux qu'un fermier paye d’avançe en entrant dans une Fe (4). DEN 2 DENTER FORT, eft un taux quiexcedé lé taux ot- dinaire ; des rentes & intérêts par exemple, le taux de l’ordonnance étant préfentement au denier vinet, quand on veut eftimer quelque chofe au denier forr, on l’eftime au denier trente ou quarante. Les ter- res feigneuriales s’eftiment au denier fort , c’eft-à- cire aw’on ne les compte pas à raïfon du demier vingt fur le pié du revenu, mais au denier fort; c’ef- à-dire qu'une terre qui produit millé livres par an fera eflimée vingt-cinq ou trente mille livres, plus ou moins, à caufe des droits honorifiques qui y {ont attachés. Voyez ESTIMATION. (4) Dexter, (fort) figmñe les modiques fraétions qui excedent une fomme, par exemple vingt livres dix fous deux deniers, les deux deniers qui ne peu- vent fe payer font ce qu’on appelle le o7r denier. On dit communément que le fort denier eft pour le mar- chand, c’eft-à-dire que s’il refle un gerer à rendre à l'acheteur, le marchand le garde ; fi au contraire il eft dû deux dexiers au marchand, le débiteur eft obligé de lui payer un hard qui vaut trois demiers , parce que dans les pays oùles derniers n’ont pas cours, on ne peut pas payer deux deriers feulement. (4) DENIERS FRANCS où FRANCS DENIERS, font ine fomme exempte de toute déduétion. Quand on vend francs deniers, dans la coûtume de Meaux, nc’eft à l'acquéreur à payer les lods & ventes, fans quoi ce feroit au vendeur. (4) DENIER, (huitieme) voyez HUITIEME. Denisrs IMMORILISÉS, font ceux que l’on ré- püte immeubles par fétion, Foyez cr-après DENIERS SHIPULÉS PROPRES. (4) | | Dexnier MANÇAIS, c’eft une piéce de monnoie de la valeur d'un drier, telle qu’en faïloit autre- fois fabriquer l’évêque du Mans. (4) DENGIERS O1S1FS, font ceux dont on ne fait point d'emploi, & qui ne produifent point d'intérêts. (4) _ DENIERS D’OCTROT, voyez OCTROI. Dentiers parists, c’eft un dezier & le quart d’un denier en-fus, Voyez PARISIS. DENIERS PATRIMONIAUX, font ceux qui appar- tiennent aux villes & communautés, autrement que par o@roi du prince. Voyez OCTROI. (4) DENIERS PROPRES 04% STIPULÉS PROPRES, font ceux que l’on exclud de la communauté de biens, Voyez PROPRES FICTIFS. (4) DENIERS PUBLICS, font ceux qui appartiennent foit au Roi ou à des provinces, villes & communau- tés d’habitans. (4) DEnNtERS PUPILLAIRES, font les fommes d’argent qui appaitiennent à des pupilles. On comprend auf ordinairement fous ce nom ceux qui appartiennent à des mineurs. Le tuteur ne doit point laïfler les dexiers pupillaires oififs ; il doit en faire emploi au bout de fix mois dès qu'il a entre fes mains une fomme fufüfante , au- trement il en doit perfonnellement les intérêts. (4) DENIER , (quart) voyez au mor QUART. ‘ DENIER, (guint) voyez QUINT. DENIERS RÉALISÉS, {ont ceux dont on a fait em- ploi en fonds. On entend aufli quelquefois par-là ceux qui ont été offerts réellement & à découvert. (4) | DENIER (rente au) huit, dix, douze, &c. Voyez RENTE. | DENIERS ROYAUX ou DU RO, font tous ceux qui appartiennent au Roi, provenant foit de fes do- maines ou des impoñitions qu'il leve fur fes fujets. Ces fortes de deniers font privilégiés ; le Roi pañle avant tous les autres créanciers. Voyez HYPOTHE- QUE DU RO, PRIVILÉGE, TAILLE, & COMPTA- © BLES. Ceux qui ont le maniement des deniers royaux , en cas qu'ils les divertifient, font punis de mort lorf- Tome IF, | DEN 827 qu'il s’agit d'une fommé de 3000 livres &cau-deflus, & de tellé panc affhétive que les juges arbitrent lorfqu'il s’agit d'une fomme moindre de 3000 K- vrés, fuivant la déclaration du $ Mai 1600, confor- me aux anciennes ordonnances. (4) DenïTER DE S, PIERRE, 04% TAXE DU DENTER DE S: PIERRE, étoit une redevance confftante en. un denier fur chaque maïfon; qui fe payoit annuel- lement au pape par forme d’offrande ou d’anmône. Ce droit fut établi en Angleterre en 740, par Offa roi de Mercié, & par Ina roi de Weftféx. Une par- tie de cette taxe étoit employée à entretien d’uñe églife de Rome nommé l’école des écoles. | Un roi danois d’Angleterré nommé Edelvof ou Etheluffe, s’y foñmit en 852, 8 augmenta cette ta xe. Grégoire VIL prit de-là occafion de démander à Guillaume le Conquérant qu'il lui fit hommage de l'Angleterre. Cette preflation qui fe payoit pouf Chaque maifon revenoit à environ trois livrés de no= tre monnoie. Elle ceffa d’être payée lorfqué Henri VIIT, fe déclara chef de léglife Anglicanne. Le deñier dé S, Pierre fe payoit auffi dans plufieuts autres royaumes, comme en Pologne &c en Bohème: (4) DENTERS STIPULES PROPRES, voyez ci-dev, DE= NIERS PROPRES. DENIERS TOURNOTS, étoient autrefois lés deniers que l'archevêque de Tours faifoit frapper à fon coin: ces derniers valoient un quart moins que les deniers pa: tifis qui étoiént frappés à Paris, Aujourd’hui toutes les fommes fe comptent par livres, fous, & deniers rournois , fuivant l'ordonnance de 1667. (4) DENIERS VIENNOIS,étoient ceux que le dauphim de Viennois faifoit frapper à fon coin: il en eft par- lé dans plufieurs terriers de la province de Dauphi: né & autres provinces voifines. Préfentement ce n'eft plus qu’une valeur numéraire. Le dernier vien: nois eft le double du dexier tournois, (4) . DENTER, (Comm.) ce terme pris pour argent en général, a plufieurs fignifications dans le Commerce; C’eft quelquefois le pié fur lequel on eft entré dans une entreprife de Commerce, Ainfi l’on dit ce négo- ciant a fix deniers dans un tel armement, pour fairé entendre qu'il y a pris part pour un quarantieme , à proportion de quoi il doit partager le sain ou fuppor: ter la perte, EME DENIER fe dit auffi d’an certain pie fur lequel on eft obligé de payer une grofle forme. Des arma- teurs doivent payet à l’anural le dixieme dernier de toutes les prifes qu'ils font, c’eft-à-dire la dixieme parüe de la fomme à quoi elles fe montent; DExIER S. ANDRE, eft un droit qui fe leve en quelques bureaux du Languedoc & des provinces voifines, depuis le paflage de Roquemaure en Vis varès, jufqu'au port de Caffande inclufivement. Dexter De POIDS, eft la vingt-quatrieme partie d’uñe once, & la cent quatre-vingt-douzieme par= tie d’un mare on d’une denu-livre de Paris. Le de= nier pefe vingt-quatre grains ; & trois deniers font un gros. Le denier en Medecine eft appellé fcrxpule, Voyez SorupuLE. Voyez Le dilionn, du Comm. On appelle gagne-deniers lès crocheteurs,portefaix; Ge, qui gagnent leur vie à porter des marchandifes & d’autres fardeaux: (G) | DenieR DE BOÎTE, à la Monnole, eft la piece d’or ou d’argent, ou de billon, que l’on met dans la boite d’eflai. Voyez ESSAI, DENTER COURANT, ( 4 la Monnoie.) fe dit des ef péces qui font attuellement de cours dans le Coms merce comme à préfent 1754. Le double-louis de quarante-huit livres, Le louis de vingt-quatre livres. | Le demi-lows de douze livres. | M M in mû y Or; & DEN Le gros écu de fix livres, } . . L’écu de trois livres. Argent, À La piece d’une livre quatre fous. La pièce de douze fous. Earpiece de fix fous, \ Sou neuf de deux fous. Billon, Sou vieux d’un fou fix deriers. Sou neuf de douze deniers, Cuivre, Sou law de douze deniers. Billon, Demi-foû vieux de neuf deriers. LÉ Le deux liards de fix deniers. Cuivres Le liard de trois deniers. DENIER DE FIN, 4 la Monnoie, eft le titre de l’ar- gent, ainfi que le carat ft le titre de l'or. Foyer L'article CARAT 6 TITRE. DENIER DE MONNOYAGE, 4 la Monnoce, eft le montant d’une fabrication des monnoies, 1oit or, argent, billon, cuivre, fur lequel on prononce la délivrance. Voyez DÉLIVRANCE. DENIS, (SAINT) Géog. mod, petite ville de l'ile de France, le tombeau des rois françois. Elle eft fi- tuée fur le ruifleau de Crould, Long, 2041, 22. lat. 49. 56.8: | Il y a dans le bas Languedoc, au diocèfe de Car- caflonne, une petite ville de mêmenom. DeEnIs-DE-CANDÉ, (Saint) petite ville d'Anjou en France. DÉNOMBREMENT, {. m. (Æiff. Rom.) en latin cenfus, &. dans une médaille de Claude, oftenfro : defcription détaillée des perfonnés ; des biens, & des taxes impolées {ur les citoyens Romains. C’étoit la coûtume à Rome de faire de cinq ans en cinq ans un dérombrement de tous les citoyens & de leurs fortunes: & c’étoit-là une des charges des cenfeurs, au rapport de Florus, £b. WI. Cenfores po- puli, ævitates , [oboles , familias , pecuniafque cenfen- so , dit Cicéron, de leg. IT TI, Pour cet effet on tiroit un regiftre de tous les citoyens Romains, de leurs femmes , de leurs enfans , de leurs efclaves avec leur âge, leur qualité, leurs profeflions , leurs em- plois, & leurs biens, meubles, & immeubles. On avoit par - là toüjours fous les yeux le livre mémo- rial des forces de la république , & de fa puiffance. L'invention en étoit admirable. N'oublions pas de dire que ces utiles dérombremens furent inftitués par Servius Tullius ; avant lui, dit Entrope ( 4y. I. ) le cens étoit inconnu dans le monde. Il fit le premier, qui fe trouva de 8o-mille citoyens capables de por- ter les armes. Ceux de Pompée & de Craffus furent de 400 mille. Voyez les détails dans les auteurs d’é- rudition fur les antiquités romaines, entre autres le chréfor de Grævius. Augufte étendit le premier le dénombrement à tou- tes les provinces de l'empire, &c il fit faire trois fois ce dénombrement général: la premiere fut l’année de {on fixieme confulat, lan 28 avant l’ere chrétienne: Ja feconde, l'an 8 avant cette même ere: & la troi- fieme & dermere fois, l’an 14 de l’ere chrétienne. Dans ce troifieme dérombrement, pour le dire en paf fant, le nombre des citoyens de l'empire en état de porter les armes, fe trouva monter à quatre millions 137 mille. Tacite, Suétone , & Dion-Cafius , par- lent du regiftré d’Augufte contenant toute la def- cription particuliere, qui fut dreflée dans les pro- vinces en vertu de fes ordres. Ces divers dénombremens d’Augufte nous intéref- fent beaucoup, parce que ce fut en vertu du de- cret de cet empereur, qui ordonna le‘deuxieme de- nombrement lan 8 avant l’ere chrétienne , que Jo- feph & Marie fe rendirent à Bethléem pour être inf crits ; & que ce fut pendant leur féjour que Marie accoucha , & que Notre-Seigneur, par qui le mon- DEN de devoit être fauvé , naquit dans cette ville de la maniere que le racontent les évangéliftes. ,: 21,4 Augulite , trois ans avant la naïffance de Notre- Sauveur, ayant ordonné fon dénombremens pour tous les états de fa dépendance , chargea de cette com- miflion chaque gouverneur de province dans fon département. Sextius Saturninus , alots préfident de Syrie, eut dans le fien outre fa province, les états & les tétrachies qui en dépendoïient : or au bout de trois ans, depuis la date du decret, 1l fe trouva par- venu à la partie de fon département dans laquelle Bethléem étoit renfermée. Mais quoique fon enre= giftrement fe fit alors pour la Judée, & qu’on y mar- quât exaétement le bien de chaque particulier, par rapport aux taxes, cependant 1l ne fe leva de taxes en Judée, de la part des Romains, que douze ans après. Jufqu’alors Hérode ou Archelaüs ayant été rois du pays, la Judée ne payoit de taxes qu'à eux; enfuite Archelatïis ayant été dépofé , & la Judée mi- fe fous le gouvernement d’un procurateur Romain, on commença à payer des taxes direétement aux Romains ; & ce fut Publius Sulpicius Quirinus , qu” on appelloit Cyrinus en grec, qui fe trouva alors gouverneur , c'eft-à-dire préfident de Syrie. De cette maniere, les narrés de Jofeph & de S. Luc fe concilient parfaitement. « En ce tems-là (dit » l'évangélifte, chap. ij. v. 1. & 2.) il fut publié un” » édit de la part de Céfar-Augufté , pour faire.un » dénombrement de tout le pays. (Ce dénombrement » s'exécuta avant que Cyrinus füt gouverneur de » Syrie ».) | En effet, l’an 8 de J. C. Archelaus ayant gouvet- né {es fujets avec beaucoup de tyrannie, des dépu- tés des Juifs & des Samaritains vinrent s’en plaindre à Rome devant Augufte. On le manda pour rendre compte de fa conduite ; il comparut en l'an 8 de Je- {us -Chrift; & n'ayant pas pû fe juftifier des crimes dont on l’accufoit, Auguite le dépofa. Ses biens fu- rent confilqués , & lui relégué à Vienne en Gaule * après avoir régné dix ans en Judée, En même tems Augufte nomma préteur de Syrie Publius Sulpicius Quirinus, le même que S, Luc, en fuvant la prononciation greque, appelle Cyri- nus, & l'envoya en Orient , avec ordre de pren dre poffeffion des états qu’il venoit d’ôter à Arche- laus , & de les réduire en forme de province romai- ne. Coponius , chevalier Romain , fut envoyé avec lui pour la gouverner, avec le titre de procurateur de la Judée. En arrivant à Jérulalem, ils firent fai- fir tous les effets d’Archelaus, confifqués par la fen- tence d’Augufte. Après cela ils changerent l’ancien- ne forme de gouvernement , & abolirent prefque toutes les coùtumes des Juifs, & établirent Les lois romaines. Coponius, au nom d’Augufte, prit l'ad- miniftration de ce gouvernement , avec la fubordi- nation à Quirinus , préfident de la province de Sy rie, à laquelle la Judée fut annexée. On ôta enfuite aux Juifs le pouvoir d’infliger des peines capitales , & ce pouvoir fut entierement refervé au procura- teur, & à les officiers fubalternes, … On avoit fait onze ans auparavant un inventaire général des effets de tous les particuliers, fous Sex- tius Saturninus : mais ce ne fut que fous le gouver- nement de Cyrinus, préfident de Syrie, quand la Judée eut été réduite en province, qu’on leva des taxes immédiatement pour les Romains, fuivant l’é- valuation du regiftre formé précédemment. La ma- mere de lever ces taxes caufa de fi grands tumultes, dont on peut s’inftruire dans Jofephe ( Anriq. liv., XVIII, ch. j. 6 1.) que S. Luc a mis en parenthefe la difinéion de ces deux dérombremens ; pour qu’on ne les confondit pas enfemble. Au furplus, de quél- que maniere qu’on leve la difficulté du paffage de faint Luc, perfonne n’ignore que les dézombremens d’Augufte &c de fes fucceffeurs, ne firent faits qe pour connoître leur puiflance , & cimenter leur ty- rangie, Maïs que d'avantages naïtroient d’un dérom: brement général des térres ét des hommes, dans le- quel on fe propoferoit pour but d'étendre le com- merce d’un état, le progrès des manufadures , la population, la circulation des richefles , d’étabhr une quite diftribution des impôts, en un mot d’aug- menter l’atfance & le bonheur des particuliers [Que de connoifiances différentesferoient acquiles à lafui- te d’un dérombrement fait dans une fi beile vüe ? que d'erreurs difparoîtroient ? que de vérités utiles pren- droient leurplace à | | Il réfulte au moins de ce détail, que la critique & Pétude de lhiftoire profane, outre leur utilité parti culiere, donnent des lumieres à la Théologie pour lin- telligence de l’'Ecriture-fainte ; & il eft important de le remarquer, afin de ranimer , s'il eft poffble, le goût de lérudition prêt à s’éteindre dans un fecle dominé par la parefle , & par lPattachement aux chofes frivoles qui ne coûtent ni foin ni peine, rs, de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | DÉNÔOMBREMENT , (Jurifp.) appellé par Dumo- lin renovario feudi , eftune déclaration par écrit que le vaffal donne à fon feigneur, du fief & de toutes fes dépendances, qu'il tient de lui en foi & hom- mage. On Pappelle auffi aveu, & quelquefois aveu & dé- nombrement, comme fi ces termes étoient ab{olu- ñent fynonymes ; cependant le terme de dérombre- ment ajoûte quelque chofe à celui d’avez , lequel fem- ble fe rapporter principalement à la reconnoiffance générale qui eft au commencement de l’aëte : au lieu que le terme de dénombrement {e rapporte fineuliere- ment au détail qui eft fait enfuite des dépendances du fief. j L'objet pour lequel on oblige Le vaffal de donner un dérombrement , eft que la foi 8: hommage fuffiroit Fien pour conferver la mouvance en général ; mais fans l’aveu on n’en connoîïtroit point les droits, & il pourroit s’en perdre plufeurs. Le dénombrement doit être donné par le vaffal, c'eft-à-dire par le propriétaire du fef fervant, & non par l’'ufufruitier. Si le fief fervant appartient par indivis à plufeurs perfonnes, iis doivent tous donner enfemble leur aveu, & fuppofé que quelqu'un d'eux eût négligé de le faire , un autre peut donner fon aveu pour la to- talité, afin de ne pas fouffrir de la négligence de fon co-propriétaire. S1 Le fief fervant eft partagé, chacun des proprié- taires donne fon aveu féparément. Le tuteur qui a obtenu fouffrance pour fes mi- neurs , doit donner fon dérombrement quarante jours après ; &c les mineurs à leur majorité n’en doivent pas d’autre : 1l fufäit qu'ils ratifient celui de tuteur. Le mari peut donner feul fon aveu pour un fief de la commmunauté ; mais fi c’eft un propre de la fem- me, 1l faut qu’elle figne l’aveu, autorifée à cet effet par fon mari. Le gardien n’eft pas obligé de donner un aveu, parce qu'il n’eft qu'ufufruitier. A | L’aveu & le dérombrement eft dû au feigneur do- munant à toutes les mutations de vaffal. Il n’en eft pas dû aux mutations de feigneur ; f lé nouveau feigneur en veut avoir un , 11 le peut demander: mais en ce cas l’aéte ef à fes dépens. La foi & hommage doit toljours précéder le dé- rombrement ; mais l’aéte de la foi & hommage peut contenir aufli le dérombrement. Le vaflal n’a que quarante jours pout le fournir, à compter du jour qu'il a té reçù en foi & hom- mage. | | Le feigneur dominant peut faïfir le fief fervant, D EN 829 faute dé dnômbremend: mais cette faifie n’emiporté pas perte de fruits. . | Quand le vafal n’a point connciffance de ce qui compole {on fief, 1l peut obliger le feigneur de lai: der de fes titres, & de lui donner copie des anciens dénombremens ; le tout néanmoins aux frais du vafal, Le dérombrement doit être donné par écrit. Il faut qu'il foit fur parchemin timbré dans les pays où l’on fe fert de papien timbré. L'aéte doit être pailé devant deux notaires,ou uri, notaire & deux témoins. | Il doit contenir un détail du fief article par arti- cle ;:m rquer le nom du fief, s’il en a un ; la paroifle êc le Héu où il eft fitué ; la jufice, s’il y en a une ;tlé chef-lieu ou principal manoir ; les autres bâtimens qui en dépendent ; les terres, prés, bois, vignes, étangs, dixmes, champarts, cens, rentes, férvitu- des , corvées , arriere - fiefs ; & autres droits , COM me de bannalité, de péage, forage, &c, Le nouveau dérombrement doit être conforme aux anciens autant quel faire fe peut ; mais fi le vafal ne jouit plus de tout ce qui étoit dans les anciens , il n'eft pas obligé de lé reconnoître. Le vaffal doit figner le dérombremenr , ou le faire fignér par un fondé de procüration fpéciale. Le feigneur peut fe contenter d’un dérombrement fur papier commun & fous feing privé ; Paéte eft éga- lement obligatoire contre le vaflal, mais il n’eft pas authentique. Les anciens aveux ne font point la plüpart revê- tus de tant de formalités que ceux d’aujourd’hui ; ils ne laifent pas d’être valables , pourvü qu'ils foient revêtus. des formalités -qui étoient ufitées lors de la pañlation de l’âéte. Lorfqu'l s’agit d'établir quelque droit dnéreux par le moyen d’un feul aveu, il faut que cet aveu pour être réputé ancien, ait du moins cent ans. Il ÿ a néanmoins quelquefois des aveux moins anciens auxquels on a égard : cela dépend des circonftan- ces & de la prudence du juge: Il eft libre au vaflal de ne donner qu’un feul aveu pour plufieurs fiefs, lorfqu'ils relevent tous du mê me feigneur, & à caufe d’une même feigneurie. Le nouveau dérombrement doit être donné au pro- priétaire du fief dominant ; s’ils font plufieurs, on lé donne à l'aîné, ou à celui qui a la principale por- tion. | Le vafal peut l'envoyer par un fondé de procu« ration fpéciale. Si le feigneur eft abfent, on donne l’aveu à fon procureur-fifcal ; &c en cas d’abfence de l’un & de l’autre , on drefle procès-verbal, I eft à-propos que le vaffal en remettant fon dé= rormbrement en tire une reconnoïflance par écrit. Les aveux & dénombremens dùs au Roi doivent être préfentés à la chambre des comptes pour les fiefs qui font dans l’étendue du bureau des thréto- riers de France de Paris. À l'égard des autres, la chambre en renvoye la vérification aux bureaux du reflort , après quoi ls font reçûs en la chambre. Le dénombrement étant préfenté , le feigneur doit le recevoir ou le blâmer dans les quarante jours fui- vans, c'eft-à-dire déclarer qu'il en eft content, on bien le débattre & le contredire dans les articles où il eft défetueux. Voyez BLAME. On met ordinairement dans les aveux la claufe, Jauf à augmenter on diminuer ; & quand elle n’y fe- roit pas, elle y eft toüjours foufentendue: de forte que le vaflal peut en tout téems ajoûter à fon aveu ce qu'il a omis. Mais s'il veut le diminuer ou le réfor- mer en quelque point au préjudice du feigneur , &. que celui-ci s’y oppofe, il faut que le vaffal obtien- ne des lettres de refcifion contre fon aveu. Quand Le dérombrement eft en forme authentique ; 530 DEN il fait foi même contre des tiers de tout ce qui y eft énoncé, maïs il ne fert de titre qu'entre le feigneur & le vaflal, leurs héritiers ou ayans caule ; c’eit un titre commun pour eux, au lieu que par rapport à des tiers il ne peut pas leur préjudicier, étant à leur égard res inter alios aëa; il fert feulement de demi- preuve ; & quand il eft ancien , il forme une preuve de poffeffon. Le Scigneur ne peut contefter à fon vañlal les qualités & droits qu'il lui a pañlés dans fon aveu & dénombrement ; maïs fi le vafflal y avoit compris quel- ques héritages du feigneur, ce dernier ne feroït pas pour cela non-recevable à les reclamer, agnoins que le vaffal ne les eût prefcrit par 30 ans. Si le vaffal eft pourfuivi par un autre feigneur, il doit dénoncer cette prétention à celui qui a recû fon dérombrement , celui-ci étant fon garant en ce qui regarde la foi & hommage ; il peut même pren- dre le fait & caufe de fon vaflal pour tous les ob- jets qu'il prétend être dépendans du fief mouvant de lui ; mais s’il ne veut pas entrer dans cette dif- cuflion concernant le domaine du fief ; il n’eft ga- ant, comme on l’a dit, que de la foi & hommage. Voyez les commentateurs de la coñtume de Paris [ur l’ar- sicle 8 Gfuivant ; le traité des fiefs de M. Guyot, wir. de l'aveu & dénombrement ; le traité des fiefs de Bille- coq, div. VII, (4) DÉNOMBREMENT D'UNE ARMÉE , (Are milit.) c’eft l'évaluation du nombre de troupes dont elle eft compofée. On fait que cette évaluation fe fait ar le nombre des bataillons & des efcadrons dont elle eft formée ; mais comme le nombre d'hommes de chacun de ces corps de troupes n’eft pas toüjours le même, il s’enfuit qu’on ne fait pas exattement le nombre de combattans d’une armée, quoiqu’on fa- che celui de fes bataillons & de fes efcadrons. Le maréchal de Puyfégur n’approuve pas cette maniere de dérombrement. Son avis éft qu’on devroit exprimer la force d’une armée par le nombre de mil- liers d'hommes de pié & de cheval qu’elle contient, ainfi qu'on le pratique dans les traités que l’on fait avec les princes qui s’engagent de fournir un certain nombre de troupes. Voyez le'premier volume de l’art de la guerre, pag. 241. (Q) DÉNOMINATEUR ,.f. m. terme d’Arithmétique, dont on fe fert en parlant des frations ownombres rompus. Voyez FRACTION. Le dénominateur d’une fra@&ion eft le nombre ou la lettre qui fe trouve fous la ligne de la fraétion, & qui marque en combien de parties l’entier ou l'unité eft fuppofée divifée. Ainfi dans la fraétion 7, fept douziemes , le nom- bre 12 eft le dénominateur , & apprend que l'unité eft divifée en 12 parties égales ; de même dans la frac- tion? , b eft le dérominareur. Le dénominateur repréfente toùjours l’entier ou d’unité. Le nombre 7 qui eft au-deflus de 12, eft ap- pellé zumérateur. Voyez NÜMÉRATEUR. On peut regarder une fraétion comme un nombre entier , dont l’unité n’eft autre chofe qu'une partie de l’unité primitive , laquelle partie eft exprimée par le dénominateur. Ainfi dans la fra@tion -Z de pié, 1 pié eft l'unité primitive; ;, de pié eft une douzieme partie de cette unité primitive, qu’on prend on qu'on peut prendre ici pour l'unité particuliere, & le nu- mérateur 7 indique que cette unité particuhere eft prife fept fois. Pour réduire deux fra@tions au même déromina- teur, la regle générale eft de multiplier le haut & le bas de la premiere par le dérominateur de la feconde, & le haut & Le bas de la feconde par le dérominateur de la premiere. Maïs quand les dérominareurs ont un divifeur commun,on fe contente de multiplier le haut 2 &c le bas de la 1°° fraétion par le quotient qui vient de la divifion du dérominateur de la feconde par le divifeur commun, & de même de l’autre. Ainfi 5 & + fe réduifent au même dérominateur, en écrivant : & ; ; Mais ce & “fe réduifent en écrivant êt 2 ù Voyez FRACTION 6 DIVISEUR. On dit quelquefois réduire à même dérominations au lieu de réduire au même dénominateur.… ; Le dénominateur d’un rapport eft, felon quelques- uns, le quotient qui réfuite de la divifion de l’anté- cédent par le coniéquent. Voyez RAPPORT, | Ainfiie dérominateur du rapport3o: 5; eft6,parce que 30 diviié par ÿ donne 6. Le dérominateur s’ap- pelle autrement expofant du rapport. Voyez EXPO: SANT. (O) - DENOMINATION, f. f. (Méraph.) eft le nom qu’on donne à une choie, & qui exprime ordinaire: ment une qualite qui y domine. Foyez Nom. 2 Comme les qualités &c les formes des chofes font de deux efpeces, favoir internes & externes; il ya auffi par cette raifon deux fortes de dérzominations. Dénomination interne eft celle qui eft fondée {ur la forme intrinfeque : ainf Pierre eft dénommé fa- vant à caufe de fa {cience, qui eft une qualité in- terne. Dénomination externe, eft celle qui eft fondée fur la forme externe, ou quien eft tirée: ainf on dit qu'un mur eft vi & connu par la vifñion &t la con- ‘noïffance qui lui font extérieures ; de même Pierre eft dit honoré à caufe de l'honneur qu’on lui rend, & qui n’eft que dans les perfonnes qui Phonorent , & non pas dans lui. Cette diftin@ion {cholaitique eft aujourd’hui furannée. Chambers. DENONCIATEUR , {. m. (Jurifp.) eft celui qui dénonce à la juftice un crime ou débit, & celui qua en eft l’auteur, fans fe porter partie civile. Voyez ci= devant DÉLATEUR. (4) | *DÉNONCIATEUR, ACCUSATEUR, DÉLATEUR, f. m. (Gramm. Synon.) termes relatifs à une même ation faite par différens motifs ; celle de révéler à un fupérieur une chofe dont il doit être offenfé, & qu’il doit punir. L’attachement févere à la loi, fem ble être Le motif du dénonciateur ; un fentiment d’hon- neur , Ou un mouvement raïonnable de vengeance, ou de quelque autre pafhon, celui de l’accufareur ; un dévouement bas, mercénaire & fervile, ou une méchanceté qui fe plait à faire le mal, fans qu'il en. revienne aucun bien, celui du délareur, On eit porté à croire que le délateur eft un homme vendu ; l’accu- Jateur , un homme irrité ; le dénonciateur, un homme indigné: Quoique ces trois perfonnages foient éga- lement odieux aux yeux du peuple, il eft des occa- fions où le philofophe ne peut s’empêcher de louer le dénonciateur, & d'approuver l’accufareur ; le délas teur lui paroït méprifable dans toutes. Il a fallu que le dénonciateur furmontât le préjugé, pour dénoncer; il faudroit que laccufateur vainquit fa pañlion & quel- quefois Le préjugé, pour ne point accufer; on n’eft point délateur, tant qu’on a dans l’ame une ombre d’é- lévation , d’honnêteté, de dignité. 7. DÉLATEUR. DÉNONCIATION, f. f, (Jurijprud.) en général eft un aéte par Lequel on donne connoiffance de quel- que chofe à un tiers. On dénonce une demande à fon garant à ce qu'il ait à prendre fait &acaufe, on à fe joindre pour la faire cefler ; on dénonce une oppo- fition ou une faifie à celui fur lequel ces empêche- mens font formés, à ce qu’il n’en ignore & ne puifle pañler outre dans fes pourfuites avant d’avoir rap- porté la main-levée des faifies & oppoñtions ; on dénonce de même plufieunrs autres aétes judiciaires &c extrajudiciaires dont on a intérêt de donner con noiflance, (4) DÉNONCIATION, 6% matiere criminelle, eft la dé< # claration que l’on fait à la juftice ou au mimiftere public d’un crime ou délit, & de celui qui en eft l’auteur, fans fe porter partie civile. . Cette dénonciation n’eit pas néceflaire pour auto- rifer le miniftere public à rendre plainte, il le peut faire d'office. Mais quand il lui vient quelque dé- Aonctation ; 1l ne lui fuffit pas de la recevoir verba- lement, elle doit être rédigée par écrit, & fignée. Voyez ci- devant D'ÉLATEUR 6 DÉNONCIATEUR. A \ De DE NOUVEL ŒUVRE eft l’ac- tion par laquelle on s’oppole enjuftice à la continua- tion de quelque nouvelle entreprife que l’on pré- tend être à foi préjudiciable. Cette a&ion eft ce que les Romains appelloient nOVE operis nuntiatio, dont il y a un titre au digefte, div. XX XIX, tit, j. & un au code, div. VIII. rit. xy. Celui contre qui cétte demande eft formée, ne peut pañler outre , fans avoir obténu un jugement qui l’y autorife, Comme on le fait quelquefois par provifon, lorfque fon droit paroît évident, ou que louvrage ef fi avancé qu'il y auroit de l’inconvé- nient à le furfeoir, en ce cas on lui permet de l’a- chever , à la charge de donner caution de le démo- lir, fi cela eft ordonné en fin de caufe. La dénonciation de nouvel œuvre eft différente de la complainte, en ce que celle-ci eft pour un trou- ble qui eft fait au demandeur en fa pofleflion ; au lieu que la dénonciation de nouvel œuvre peut être in- tentée: pour un fait qui ne trouble pas le plaignant dans fa pofleffion , mais qui pourroit néanmoins lui caufer quelque préjudice ; par exemple, fi le voifin éleve fa maïfon fi haut, qu'il ôte par-là le jour au demandeur en dénonciation. (A DÉNOUEMENT , f. m. ( Belles-Lertres.) c’eft le point où aboutit & fe réfout une intrigue épique ou dramatique. _ Le dénouement de l'épopée eft un événement qui tranche le fil de l’a&ion par la ceflation des périls &c des obftacles, ou par la confommation du mal- heur. La ceffation de la colere d’Achille fait le déroue- ment de l’Ihade, la mort de Pompée celui de la Phar- fale , la mort de Turnus celui de l’'Enéide. Ainfi la- étion de l’Iliade finit au dernier livre, celui de la Pharfale au huitieme , celui de l’Enéide au dernier vers. Voyez EPOPÉE. Le dénouement de la tragédie eft fouvent le même que celui du poëme épique , mais communément amené avec plus d'art. Tantôt l’évenement qui doit terminer l’aétion, femble la nouer lui-même: voyez Algire. Tantôt 1l vient tout-à-coup renverfer la f- tuation des perfonnages , & rompre à la fois tous les nœuds de l’aétion : voyez Mirhridare. Cet éve- nement s’annonce quelquefois comme le terme du malheur, &c 1l en devient le comble : voyez Jnès. Quelquefois 1l femble en être le comble, & il en devient le terme : voyez {phigénie. Le dénouement le plus parfait eft celui où lation long-tems balancée dans cette alternative, tient l’ame des fpettateurs incertaine & flotante jufqu’à fon achevement ; tel eft celui de Rodogune. Il eft des tragédies dont lin- trigue fe réfout comme d'elle-même par une fuite de fentimens qui amenent la derniere révolution fans le fecours d’aucun incident; tel eft Cia. Mais dans celles-là même la fituation des perfonnages doit changer, du moins au dénouement, L’art du dénouement confifte à le préparer fans l’an- noncer. Le préparer, c’eft difpofer l’aétion de ma- niere que ce qui le précéde le produife. y 4, dit Ariftote, une grande différence entre des incidens qui naiflent les uns des autres, 6 des incidens qui viennent Jfimplement les uns après les autres. Ce paflage lumi- neux renferme tout l'art d'amener le dénouement : mais c’eft peu qu'il foit amené, il faut encore qu'il DEN 831 foit imprévh. L'intérêt ne fe foûtient que par l’'in- certitude; c’eft par elle que lame eft fufpendue en- tre la crainte & l’efpérance, & c’eft de leur mêlan- ge que fe nourrit l'intérêt. Une pañlion fixe eft pour l'ame un état de langueur, amour s'éteint, la haine languit, la pitié s’épuife f la crainte & l’efpérance ne les excitent par leurs combats. Or plus d’efpé- rance ni de crainte, dèsque le dénouement eft prévi. Ainfi, même dans les fugets connus, le dénouement doit être caché , c’eft-à-dire,, que quelque prévenu qu'on foit de la maniere dont {e terminera la piece, il faut que la marche de la&ion en écarte la rémi- nifcence, au point que l’impreflion de ce qu'on voit ne permette pas de réflechir à ce qu’on faite telle cft la force de lilluñon. C’eit par-là que les fpe@a- teurs fenfibles pleurent vingt fois à la même tragé- die; plaifir que ne goûtent jamais les-vains-raifon- neurs & les froids critiques. Le dénouement, pour être imprévû ; doit donc être le pañlage d’un état incertain à un état déterminé. La fortune des perfonnages intéreflés dans l’intri- gue, eft durant le cours de l’aétion comme un vaif- eau battu par la tempête : ou le vaifleau fait nau- frage ou il arrive au port : voilà le déronement, Ârniflote divife /es fables en fémples , qui finiffent Jans reconnoiflance fans péripétie ou changement de fortune; & en srzplexes , qui ont la péripétie où la re= connoiffance , ou toutes les deux. Mais cette divifñion ne fait qué diflinguer les intrigues bien tiflues, de celles qui le font mal. Foyez INTRIGUE. Par la même raifon, le choix qu'il donne d’ame- ner la peripétie ou néceffairement ou vraiff:rmblablemenr, ne doit pas être pris pour regle. Un dénouement qui n’eft que vraiflemblable, n’en exclut aucun de pof- ble, & entretient l'incertitude en les laiflant tous imaginer. Un derouement néceflité ne peut laifler prévoir que lui; & l’on ne doit pas attendre qu’un fuccès aflüré, qu’un revers inévitable, échappe aux yeux des fpeétateurs. Plus ils fe livrent à l’afion, & plus leur attention fe dirige vers le terme où elle aboutit ; or le terme prévû, l’aftion eff finie. D'où vient que le dénouement de Rodogune eft fi. beau? c’eft qu'il eft auffi vraifflemblable qu’Antiochus foit empoifonné , qu'il l’eft que Cléopatre s’empoïfonne. D'où vient que celui de Britannicus a nui au fuccès de cette belle tragédie ? c’eft qu’en prévoyant le malheur de Britannicus & le crime de Néron, on ne voit aucune reflource à l’un, ni aucun obftacle à l'autre ; ce qui ne feroit pas (qu’on nous permette cette réflexion) , fi la belle fcene de Burrhus venoit après celle de Narcifle. Un défaut capital , dont les anciens ont donné exemple & jus les modernes ont trop imité, c’eft la langueur du dénouement, Ce défaut vient d’une mauvaile diftribution de la fable en cinq aétes , dont le premier eft deftiné à l’expofrion, les trois fuivans au nœud de lintrigue , & le dernier au dérouemens. Suivant cette divifion le fort du péril eft au quatrie- me acte , & l’on eft obligé pour remplir le cinquie- me , de dénoüer intrigue lentement & par degrés, ce qui ne peut manquer de rendre la fin traînante & froide ; car l'intérêt diminue dès qu’il cefle de croi- tre. Mais la promptitude du dénouement ne doit pas nuire à fa vraiflemblance, ni fa vraiffemblance à fon incertitude ; conditions faciles à remplir féparé- ment , mais difhciles à concilier. Il eft rare , fur-tout aujourd’hui, qu’on évite l’un de ces deux reproches, ou du défaut de préparation ou du défaut de fufpenfon du dérouement. On porte à nos fpeétacles pathériques deux principes oppofés, le fentiment qui veut être émû, & l’efprit qui ne veut pas qu’on le trompe. La prétention à juger de tout, fait qu'on ne jouit de rien. On veut en même tems prévoir les firuations &c s’en pénétrer, combi- 832 DEN ner d’après l’auteur & s’attendrir avec le peuple; £tredans l’illufion & n’y être pas : les nouveautés fur-tout ont.ce defavantage , qu’on y va moins en fpeétateur qu’en critique. Là chacun des connoiïf- Lit eft comme double , & fon cœur a dans {on ef- prit un mcommode voifin. Ainfi le poëte qui n’avoit autrefois que l'imagination à féduire, a de plus au- jourd’hui la réflexion à furprendre, Si le fil qui con- duit au denouement échappe à la vüe, on fe plaint qu'il eft trop foible ; s'il fe laiffe appercevoir , on fe plaint qu’il eft trop groffier. Quel parti doit prendre l’auteur ? celui de travailler pour l’ame, & de comp- ter pour très-peu de chofe la froide analyfe de l’efprit. | De toutes les péripéties, la reconnoïffance eff la plus favorable à l’intrigue &c au dénouement : À l’in- trigue , en ce qu'elle eft précédée par l'incertitude &t le trouble qui produifent l’intérêt : au dénouemenr, en ce qu’ellé y répand tout-à-coup la lumiere, & renverfe en un imftant la fituation des perfonnages & Vattente des fpeétateurs. Auf a-t-elle été pour les anciens une fource féconde de fituations intéreflan- tes & de tableaux pathétiques. La reconnoiffance eft d'autant plus belle, que les fituations dont elle produit le changement font plus extrèmes, plus op- pofées, & que le paffage en eft plus prompt : par-là celle d'Edipe eft fublime. Voyez RECONNoO1S- SANCE. A ces moyens naturels d'amener le dénouement , fe joint la machine ou le merveilleux, reffource dont il ne faut pas abufer , mais qu’on ne doit pas s’inter- dire. Le merveilleux a fa vraiflemblance dans les mœurs de la piece & dans la difpoñition des efprits. Il eft deux efpeces de vraiffemblance , l’une de ré- flexion & de raifonnement ; l’autre de fentiment & d’illufion. Un évenement naturel eft fufceptible de Pune & de l’autre : 1l n’en eff pas toûjours ainfi d’un évenement merveilleux. Mais quoique ce dernier ne foit Le plus fouvent aux yeux de la raifon qu'une fa- ble ridicule & bifarre, 1l n’eft pas moins une vérité pour l'imagination féduite par lillufion & échauffée par l'intérêt. Toutefois pour produire cette efpece d’enivrement qui exalte les efprits & fubjugue l’o- pinion, il ne faut pas moins que lachaleur de l’en- thoufafme. Une attion où doit entrer le merveil- leux demande plus d’élevation dans le ftyle & dans les mœurs, qu’une ation toute naturelle, Il faut que le fpe&tateur emporté hors de l’ordre des chofes hu- maines par la grandeur du fujet, attende & fouhaite lentremife des dieux dans des périls ou des malheurs dignes de leur afliftance. Mec deus interfit, nife dignus vindice nodus, &c. C’eft ainfi que Corneille a préparé la converfion de Pauline, & 1l n’eft perfonne qui ne dife ayec Po- lieucte : Elle a trop de vertus, pour n'être pas chrétienne. On ne s’intérefle pas de même à la converfion de Félix. Corneille, de fon aveu , ne favoit que faire de ce perfonnage ; il en a fait un chrétien, Ainfi tout fujet tragique n’eft pas fufceptible de merveilleux : il n’y a que ceux dont la religion eft la bafe, & dont l'intérêt tient pour ainfi dire au ciel & à la terre qui comportent ce moyen; tel eft celui de Polieuéte que nous venons de citer ; tel eft celui d’Athalie, où les prophéties de Joad font dans la vraiffemblance , quoi- que peut-être hors d'œuvre ; teleft celui d’Œdipe, qui ne porte que fur un oracle. Dans ceux-là, l’entremife des dieux n’eft point étrangere à ation, ês les Poëtes n’ont eu garde d’yobferver ce faux principe d’Arifto- te: S: l’on fe Jert d'une machine, il faut que ce foit to4- Jours hors de l’aëtion de la tragédie ; (il ajoûte) o4 pour gpliquer les chofës qui font arrivées auparavant, & qu'ul n'eft pas polfible que l’homme fache , Où pour avertir de celles qui arriveront dans La Juite, 6& dont 1l ef néceffaire qu'on foit inftruir. On voit qu'Ariftote n’admet le mer- véilleux, que dans les fujets dont la conflitution eft telle qu'ils ne peuvent s’en pafler, en quoi l’autenr de Semiramis eft d’un avis précifément contraire : Je voudrois fur-tout , dit-il, que l'intervention de ces êtres Jurnaturels ne parût pas abfolument néceflaire ; & fur ce principe l'ombre de Ninus vient empêcher le maria- ge inceftueux de Semiramis avec Ninias , tandis que la feule lettre de Ninus, dépofée dans les mains du grand-prêtre, auroit fuffi pour empêcher cet incefte. Quel eft de ces deux fentimens le mieux fondé en raifons & en exemples? Voyez MERVEILLEUX. Le dénouement doit-il être afhgeant ou confolant à nouvelle difficulté, nouvelles contradiétions. Arif- tote exclut de la tragédie les caraéteres abfolument vertueux &c abfolument coupables. Le dénouement, à fon avis, ne peut donc être ni heureux pour les bons, ni malheureux pour les méchans. Il n’admet que des perfonnages coupables & vertueux à demi, qui font punis à la fin de quelque crime involontai- re ; d’où 1l conclut que le dénouement doit être mal- heureux. Socrate & Platon vouloient au contraire que la tragédie fe conformäât aux lois, c’eft-à-dire qu'on vit fur le théâtre l’innocence en oppoñition avec le crime ; que l’une fût vengée, & que l’autre fût puni. Si l’on prouve que c’eft là le genre de tra- gédie , non-feulement le plus utile, maïs le plus in- téreffant , le plus capable d’infpirer la terreur & la pitié, ce qu’Ariftote lui refufe, on aura prouvé que le dénouement le plus parfait à cet égard eft celui où fuccombe le crime & où l'innocence triomphe, fans prétendre exclure le genre oppofé. 7. TRAGÉDIE. Le dénouement de la comédie n’eft pour l'ordinaire qu'un éclairciflement qui dévoile une rufe , qui fait ceffer une méprife, qui détrompe les dupes , qui dé- mafque les fripons | & qui acheve de mettre le ridi- cule en évidence. Comme Pamour eft introduit dans prefque toutes les intrigues comiques , & que la co- médie doit finir gaiement, on eft convenu de la ter: miner par le mariage ; mais dans les comédies de ca- rattere, le mariage eft plütôt l’achevement que le dé- nouement de Paétion. Voyez le Mifantrope & l'Ecole des Maris, &ec, | Le dénouement de la Comédie a cela de commun avec celui de la Tragédie, qu’il doit être préparé de même, naître du fond du fujet & de l’enchaïnement des fituations. Il a cela de particulier, qu’il exige à la rigueur la plus exaéte vraiflemblance, & qu'il n’a pas befoin d’être imprévû ; fouvent même il n’efé comique, qu’autant qu'il eft annoncé. Dans la Tra- gédie , c’eft Le fpe@ateur qu'il faut féduire : dans la Comédie, c’eft le perfonnage qu'il faut tromper; & Jun ne rit des méprifes de l’autre , qu’autant qu’il n’en eft pas de moitié. Aïinfi lorfque Moliere fait ten- dre à Georges Dandin le piége qui amene le déroue- ment, il nous met de la confidence. Dans le Comi- que attendriffant , le dérouemenr doit être imprévà comme celui de la Tragédie, & pour la même rai- fon. On y employe aufli la reconnoiïflance ; avec cette différence que le changement qu’elle caufe eft toûjours heureux dans ce genre de Comédie, & que dans la Tragédie 1l eft fouvent malheureux. La re- connoïffance a cet avantage , foit dans le comique de raraëtere, foit dans le comique de fituation , qu’elle laïfle un champ libre aux méprifes, fources de la bonne plaifanterie, comme l'incertitude eft la four ce de l’intérêt, Voyez COMÉDIE, COMIQUE, IN- TRIGUE, Éc. Après que tous les nœuds de Pintrigue comique ou tragique font rompus, 1l refte quelquefois des éclarciffemens à donner fur le fort des perfonnages, c’eft ce qu’on appelle achevement ; Les fujets bien con- flitués » litués n’en ont pas befoin. Tous les obftacles font dans le nœud, toutes les folutions dans le dénoue- ment, Dans®la Comédie l’a@ion finit heureufement par un trait de cara@tere. Et moi, dit l’Avare ,je vais Tevoir ma chere caflette. J’aurois mieux fait je crois, de prendre Célimene, dit l’Irréfolu. La tragédie qui n’eft qu'un apologue devroit finir par un trait frap- pant & lumineux , qui en feroit la moralité ; & nous he craignons point d’en donner pour exemple cette conclufion d’une tragédie moderne, où Hécube ex- pirante dit ces beaux vers: | Je me meurs : rois , tremblez , ma peine eff légitime ; J'ai chéri la veriu, mais j'ai fouffert le crime. Article de M. MARMONTEL. DENRÉE, (Æff. mod. € Jurifprud.) eft une cer- taine mefure ou étendue de terre, ufitée dans quel- ques pays , comme en Champagne. Ce terme vient du latin dezarium, denier; d’où on a fait denariat@æ, denrées ; nom que l’on a donné à certaines marchan- difes , parce qu’on les achetoit au prix de quelques deniers. On a aufi donné ce nom, en quelques en- droits , à une certaine quantité de terre , qui n’eft ordinairement chargée que d’un ou deux deniers de cens ou redevance. La denrée de terre eft une por- tion d’une plus grande mefure, qui contient plus ou moins de denrées {elon l’ufage du pays. Dans la pre- vôté de Vitry -le-François le journal ou journel de térrene contient que fix denrées : en d’autres endroits, comme dans le comté de Brienne , dans celui de Rof- nay , & ailleurs, 1l en contient huit. La dezréë eft de 8o perches. Voyez le glofaire de Ducange , au mot Derariate. (A) | DENRÉES, e/culenra® 1. f. pl. (Comm. ) eft le nom qu'on donne aux plantes propres à notre nourriture, comme artichaux, carotes , navets, panets, choux. On peut diftinguer de grofles & de menues dez- rées : les grofles, comme le blé, le vin, Le foin , le bois ; les menues, comme les, fruits, les légumes, &c. Ce font ordinairement les Regrattiers qui ven- dent les menues denrées. Les grofles ont des mar- chands confidérables qui en font le négoce. Voyez Ze dicionn. du Comm. & Chambers, (G) DENSE , adj. (PAyf.) ce mot eft relatif. On dit en Phyfique qu’un corps eft plus derfé qu’un autre, lorfqu'il contient plus de matiere fous un même vo- lume. Le mot denfe s’employe pourtant quelquefois abfolument , lorfqu'il s’agit des corps qui ont beau- coup plus de matiere que la plüpart des autres. Ainf on dit que l’or, le mercure , Le plomb, font des corps denfes : mais tout cela bienfé#itendu , n’a qu’un fens relatif, Voyez DENSITÉ. ( DENSITÉ, f. f. (Phyfique.)eft cette propriété des corps, par laquelle 1ls contiennent plus ou moins de matiere fous un certain volume, c’eft-à-dire dans un certain efpace. Ainfi on dit qu'un corps eft plus denfe qu'un autre, lorfquil contient plus de matiere fous un même volume. La den/fité eft oppofée à la rareté, Voyez RARETÉ & CONDENSATION. . Par conféquent, comme la mafle eft proportion- helle au poids, un corps plus denfe eft d’une pefan- teur fpécifique plus grande qu’un corps plus rare; & un corps eft d'autant plus denfe , qu'il a une plus grande pefanteur fpécifique. La den/iré & le volume des corps font deux des points principaux fur lef- quels font appuyées les lois de la méchanique : c’eft ur axiome, que les corps d’une même dezfiré con- tiennent une quantité de mafle égale’ fous un même volume. S1les volumes de deux corps font égaux, leurs denfités font comme leurs mafles ; par confé- quent les denfirés de deux corps d’un égal volume, {ont entr'elles comme leur poids. Si deux corps ont la même denfeté, leurs mafles font comme leurs volu- Tome 17, DEN 533 mes ; &c par conféquent les poids des corps de mê- me denfité , font entr’eux comme leurs volumes. Les mafles de deux cotps font entr’elles en raifon com= pofée de leurs denfités & de leurs volumes: par con= féquent leurs poids font auffi entr’eux dans ce mê- me rapport ; &c fi leursmafles ou leurs poids font les mêmes, leurs denfirés font en raifon inverfe de leurs volumes. Les denfités de deux corps fontren… tr’elles en raifon compofée de la direéte de leurs maf- {es & de l’inverfe de leurs volumes. Toutes ces pro« pofitions font aifées à démontrer par les équations fuivantes. La denfiré d’un corps eft le rapport de fa male ( c’eft à-dire de l’efpace qu'il occuperoit, s’iE étoit abfolument fans pores) à fon volume, c’eft-à- dire à l’efpace qu’il occupe réellement. Donc nom- mant D la denfité, M la mafle, Vle volume, on a = 7 ; donc pourunautre corpsona d EE ; doné D':d::%+%,8& D Vm= du M; d'où l'on tire toutes les propofitions précédentes, Foyez MASSE. Les Péripatéticiens définiffent la denfiré une quali- té fecondaire, par laquelle un corps eft plein de lui même , es parties étant adhérentes les unes aux au= tres fans aucun interftice. Ainf la forme de la den- Jité confifte, felon ces philofophes , dans l’adhérence immédiate que les parties ont entr’elles : c’eft pour cela que Porphyre dans fes prédicamens définit un corps denfe, celui dont les parties font fi près Pune de l’autre, qu'on ne peut interpofer aucun corps entr'elles : mais il n’y a point de tel corps. Ces philofophes attribuent ordinairement la caufe de la denfiré au froid ; Scaliger.8&c quelques autres lat. tribuent à l'humidité. Ne feroit-il pas plus fage d’a= vouer fon ignorance ? Plufeurs d’entre les philofo= phes modernes prétendent que la petitefle des pare ties des corps contribue beaucoup à leur den/fté, par- ce que les pores deviennent par ce moyen plus pes tits. Cependant ces philofophes ajoûtent que la den. Jité des corps ne dépend pas feulement de la peti- tefle des pores, mais aufli de leur petit nombre, &c. En effet, on eft fi éloigné aujourd’hui d'admettre des corps abfolument denfes dans le fens des an- ciens, que l’or mème, qui eft le plus denfe & le plus pefant de tous les corps, contient , felon l’obferva= tion de M. Newton, beaucoup plus de vuides & de pores, que de fubftance. Voyez PORE, OR, &c. Quand les preffions de deux liquides contenus dans des vaies cylindriques font égales, les quanti- tés de matiere font égales : par conféquent fi les colonnes ont des bafes égales , les volumes des flui- des, c’eft-à-dire les hauteurs des colonnes font en raifon réciproque des den/irés. On peut déduire de ce principe une méthode pour comparer enfemble des liqueurs différentes ; car fi on verfe différens fluides dans des tuyaux qui communiquent entreux, & que ces fhrides s’y mettent en équilibre, leurs preffions font égales; & on trouve par conféquent le rapport des denfités , en mefurant les hauteurs. | On peut comparer auff les den/irés des fluides, ex y plongeant un corps folide; car fi on plonge fuc- ceflivement dans les liquides qu’on veut comparer un corps folide qui foit plus leser qu'aucun de ces liquides, les parties de ce folide s’enfonceront en- trelles en rafon inverfe des denfirés des liquides. En effet il eft évident par Les principes de l’'Hydrof- tatique , que la partie déplacée dans chaque fluide fera toûjours d’un poids égal au folide qui y eft plon- gé ; ainf cette partie déplacée, qui eft égale à la par- tié enfoncée du corps, fera du même poids dans tous ces fluides, & fera par conféquent en raifon ins verfe de la denfité. Voyez FLUIDE, ARÉOMETRE, BALANCE HYDROSTATIQUE. y La denfiré de l'air a été l’objet des recherches des Philofophes depuis l'expérience de Toricelli & NNann 534 DEN l'invention de la machine pneumatique. F’oyez AIR, RARÉFACTION, & CONDENSATION. Il eft démontré que dans le même vaifleau ou dans des vaifleaux différens qui communiquent entr'eux, l'air eft de la même deniré à la même diftance du cen- tre de la terre. La denfité de l'air en général eft en méme raifon que les poids dont on le charge , ou les ee ju qui le compriment. Voyez PRESSION. ” C’eft pour cette raïfon que l'air d’ici-bas eft plus denfe que l'air fupérieur ; cependant la denfité de l'air d'ici-bas n’eft pas proportionnelle au poids de lat- mofphere , à caufe du froid 8 du chaud qui alterent fenfblement fa denfité & fa rareté. Si l'air devient plus dénfe, le poids des corps qui s’y trouvent di- minue ; f l'air devient plusrare, ce même poids aug- mente, par la raifon que les-corps perdent plus de leur poids dans un miien plus pefant que dans un autre plus leger. | Par conféquent, fi la dezfié de l'air eft {enfible- ment altérée, des corps qui étoient également pefans dans un air plus leger , & dont la pefanteur fpécifi- que eft confidérablement différente , ne feront plus en équilibre dans un air plus denfe, & celui qui ef fpécifiquement plus pefant l’emportera. C’eft fur ce principe qu’eft fondé le manometre ou inftrument pour mefurer les changemens de dezfiré de l'air, F MANOMETRE. (0) DENTS , {. m.(Azaromie.) dentes, quafi edentes , parce qu’elles fervent à manger, font les os les plus durs & les plus compaéts de tous ceux du corps hu- main. Voyez MASTICATION & SQUELETE. L'homme, & la plüpart des animaux, ont deux rangs de des , l’un à la mâchoire fupérieure, l’au- tre à la mâchoire inférieure. Voyez; GENCIVE, 6 MACHOIRE. Dans l’homme, le nombre ordinaire des dents eft de trente-deux, feize à chaque mâchoire : elles font toutes placées dans dés loges particulieres, qu'on nomme alvéoles; elles y font affermies par une arti- culation en. forme de cheville, appellée gomphofe. Voyez ALVÉOLE 6 GOMPHOSE. I! y a de trois fortes de dents : celles qui font à la partie antérieure de chaque mâchoire, fe nomment incifives ; elles font larges, minces , & plates, & au nombre de quatre à chaque mâchoire. Quelques-uns les appellent ders de primeur, en latin prinores, parce qu’elles paroïffent les premieres : d’autres les nom- ment dents de lait, laitei ; & d’autres rieufes, ridentes, parce qu’elles fe montrent les, premieres quand on tit. Voyez INCISIVES. Derriere les dents incifives de chaque côté de cha- que mâchoire , il y en a deux qui font pointues, &c un peu plus éminentes ; on les appelle canines, & le peuple œilleres où dents de l'œil, parce qu’une partie du nerf qui fait mouvoir les. yeux s’y diftribue ;, &c de-là le danger de les tirer, Derriere les canines font les solaires, cingde cha- que côté, qui, dans l’homme, fervent principale- ment à la maftication. Voyez MoLaAiRE & Masri- CATION. Les incifives n’ont ordinairement qu'une racine : les canines.en ont quelquefois deux , & les molaires trois ou quatre, & quelquefois cinq, fur-tout les plus poftérieures qui agiflent avec le plus.de force. Les ouvertures des alvéoles ne font pas toutes fenfibles: dans le fœtus ; il n’en paroît que dix ou douze à chaque mâchoire, elles ont peu.de profon- deur; les-cloifons qui les féparent font très-minces: ces alvéoles fe font, connoïître ayant, la fortie.des dents par autant de boffes; le-bord de ces cavités eft très-mince, & leur-ouverture.eft alors fermée par la gencive qui paroît tendineufe. | À méfure que les rs font duelques progrès , la gencive devient molle & vermeille ;-elle, demeure DEN dans cet état jufqu’à fx ou fept mois : fi après lavoir coupée on examine ce qui eft contenu dans les al- véoles, on reconnoitra que dès les premiers tems. de {a formation , Chaque alvéole renferme un amas de matiere vifqueufe & molle, figurée à-peu-près comme une dent ; cette matiere eft renfermée dans une membrane véficulaire, tendre, poreufe, & par femée d’un grand nombre de vaifleaux, qui fe diftri- buent au germe pour y porter la nourriture & la ma- tiere fuMifante à l’accroiflement de la dec , dans la= quelle ils fe diftribuent enfuite. Quelques Anatomif- tes ont appellé cette membrane chorion. Voyez CHo:- RION. | Cet amas de matiere molle & vifqueufe s’appelle communément le z0yau de la dent ; quelques-uns le nomment la coque, & d’autres Le germe de la denr, Voyez GERME. On trouve ordinairement dans chaque alvéole deux germes, & rarement trois, placés l’un fur l’au- tre, & féparés par une cloifon membraneufe , qui paroït être une produétion de celle qui revêt l’al- véole. Voyez ALVÉOLE. Les dents , felon Peyer , font formées de pellicu- les repliées, durcies, & jointes. enfemble par une mucofité vifqueufe. Si l’on examine les dents du cerf, du cheval, du mouton, &c. on trouvera que le fen- timent de cet auteur eft bien fondé. D’autres auteurs expliquent autrement la forma- tion des dents. Quincy obferve que les alvéoles font tapiflés d’une tunique mince, fur laquelle on voit plufieurs vaiffleaux par où pafle une humeur épaifle & tranfparente, qui à mefure que l’enfant croît fe durcit & prend la forme des dents ; & vers le feptie- me ou le huitieme mois aprègla naïflance, les des percent le bord de la mâchoire, déchirent le périof te & la gencive, qui étant fort fenfibles, occafion- nent une violente douleur & d’autres fÿmptomes qui furviennent aux enfans dans le tems de la naïf- fance des dents. Les dents ne commencent pas toutes à la fois à paroître : les incifives de la mâchoire fupérieure pa: roiffent les premieres , & enfuite celles de la mâ- choire inférieure , parce que les incifives font les plus minces &r les plus pointues. Après celles-là {ortent les canines, parce qu’elles font plus poin- tues que les molaires, mais plus épaifles que les in- cifives. Les molaires paroïflent les dernieres de tou- tes, parce qu’elles font les plus épaifles &c les plus fortes. | Les dents incifives paroïffent vers le feptieme, le dixieme , & quelquefois le douzieme mois après la naiflance : les carie Me neuvieme ou le dixieme mois ; les molaires, à [a fin de la premiere ou de la feconde année. = " Il tombe ordinairement dix dents de chaque mä- choire vers la quatrieme, cinquieme, fixièeme an- née, quelquefois même plus tard; favoir , les incrfis ves, les canines, & les quatre petites molaires ; ce font ces dents qu’on appelle dezrs de lair. Celles qui leur fuccedent percent ordinairement entre la fep= tieme & la quatorzieme année, CF Les auteurs ne font pas d'accord fur les racines des dents de lait; quelques-uns prétendent qu’elles n’en ont point; d’autres, comme Diemmerbroek, veulent que les {econdes dents foient produites par les racines des dents de lait, On s’eft afüré de la fauf: feté de ces deux fentimens par la difleéton ; car non- feulement on a remarqué dans le fœtus les deux, ger- mes diftinétement féparés, mais encore dans les fu- jets de quatre, cinq à fix ans avant la chûte des denss de lait, on voit les deux derss, fayoir I dent de laie & celle qui doit lui fuccéder, parfaitement bien for- mées, avec un corps & une racine. Si lon a vù des. gens faire des dents jufqu'à trois fois , c’eft qu'ils avoient dans les alyéoles trois cou- che$ de l'humeur vifqueufe, ce qui n’arrive prefque jamais. ; Vers l’âge de vingt-un an les deux dernieres des dents molaires paroiïffent , & font nommées dents de fageffe, parce qu’elles fortent lorfque l'on eff à l’âge de difcrétion. Voyez SAGESSE. On diftingue dans chaque der en particulier deux portions ; l’une eft hors l’alvéole & appelée le corps de la dent ;: elle eft aufi appellée couronne, mais ce nom convient plus particulierement aux molaires ; l’autre eft renfermée dans l’alvéole, 8 fe nomme la racine de la den, Ces deux portions font diftinguées par une efpece de ligne circulaire, qu’on appelle le coller de la derit : leur fituation eft telle, que dans lé rang fupérieur les racines font en-haut & le corps en-bas, & dans le rang inférieur la racine eft en-bas & le corps en-haut. On obferve au collet de la dent quelques petites inégalités à l’endroit où s'attache la gencive , & le long des racines différens petits fillons qui rendent l’adhérence de leur périofte plus intime. Foyez GEN- CIVE @& PÉRIOSTE. On obferve au bout de la racine de chaque dext un trou par où paffent les vaifleaux dentaires, &c qui eft l’orifice d’un conduit plus où moins long, qui va en s’élargiffant aboutir à une cavité fituée entre le corps & la racine ; cette cavité s’appelle fr#s : elle eft plus ou moins grande, & il paroît que l’âge n’eft pas la feule caufe de ces varictés ; car on la trouve grande dans de vieux fujets, & petite dans de jeu- nes ; petite dans des gens avancés en âge, & grande dans de jeunes gens. Lorfque les racines ont plufieurs branches, cesbran- ches varient beaucoup par rapport à leur direétion ; tantôt elles s’approchent par leur bout en embraffant quelquefois une portion de la mâchoire &c les vaif- feaux dentaires : on donne alors à ces demts le nom de dents barrées ; tantôt elles fe portent en-dehors, quelquefois elles fe confondent enfemble, rarement avec leurs voifines. M. de la Hire le jeune a obfervé que le corps de la dent eft couvert d’une fubftance particuliere ap- ellée émail, entierement différente de celle du refte de la dent. Cet émail appellé périoffe, coeffe, croûte par quel- ques autres, eft compofé d’une imfinité de petites f- bres qui s’oflifient par leurs racines, à-peu-près com- me font les ongles ou les cornes. Voyez ONGLE 6 Corne. Cette compofñition fe difcerne facilement dans une dent caflée, où l’on apperçoit l’origine & la fituation des fibres. M. de la Hire eft perfuadé que l’accroif- fement de ces fibres fe fait à-peu-près comme celui des ongles. Si par quelque accident un petit mor- ceau de cet émail vient à être caflé, enforte que l'os refte à nud, c’eft-à-dire fi les racines des fibres font emportées, l'os fe cariera en cet endroit, & on perdra fa dent, n’y ayant aucun os dans le corps qui puifle fouffrir l'air. Foyez Os. I! y a à la vérité des gens, qui à force de fe frot- | ter les dents avec des dentifriques , Ge. ont l'émail fi ufé & fi endommagé, qu’on voit los à travers, fans que néanmoins la dens foit cariée. Mais la raïfon de cela eft que los n’eft pas entierement nud, & qu'il refte encore une couche mince d’émail qui le con- ferve ; 8& comme cette couche eft aflez mince pour être tranfparente , la couleur jaune de los fe voit à- travers. mé Les dents de la mâchoire fupérieure reçoivent des nerfs de la feconde branche de la cinquieme paire ; celles de la mâchoire inférieure de la troifieme bran- che de la cinquieme paire, Voyez Les articles NERF € MACHOIRE. Tome IF, DEN 839 Les artérés viennent dés carotides externes, & les veines vont fe détharger dans les jugulaires ex: ternes, Voyez CAROTIDE 6 JUGULAIRE. Quoique lés denrs ne foient pas revêtues d’un pé- riofte femblable à celui des autres os, elles ont ce- pendant une mémbrane qui leur eñ tient lieu; le pé- riofte qui revêt les os maxillaires s’approche du bord des alvéoles, dans lefquelles il fe réflechit &c s’unit intimement avec la membrañe qui les tapiffé en-de: dans , à moins que quelques fibres charnues de la gencive ne s’oppofent à cette union. Les dents ne font point fenfibles par elles-mêmes ;- &c elles tiennent des nerfs qui s’y diftribuent toute la fenfibilité qu’elles paroïflent avoir. Voyez NERF. Quelquefois une dent fe cafe, & los refte nud , fans que la perfonne en reflente aucune douleur. La raifon de cela eft que le trou de la racine de la des par où entre un petit filet de nerf, qui rend la deze fenfible , étant entierément bouché par l’âge ou par quelqu’autre caufe, a comprimé le nerf & ôté tou- te communication entre la deze & l’origine des nerfs, & par conféquent tonte fenfibilité. ( Les anciens, & même Riolan parïñi les moder- nes, ont crû que les denrs étoient incombuftibles, 8 qu’elles l’étoient feules entre toutes les parties du corps ; c’eft pourquoi on les plaçoit avec grand fou dans des urnes parmi les cendres des morts. Mais cette opinion eft faufle, car on n’a trouvé que deux dents dans les tombeaux de Weftphalie, dont il y em avoit même une à demi-calcinée. On peut d’ailleurs s’affürer par foi-même de la faufleté de ce fenti= ment. | Une autre erreur populaire eft que les denrs croif- fent toûjours, même dans les vieillards , jufqu'à l'heure de la mort. M. de la Hire obferve que émail, qui eft une fubftance fort différente de celle des dents, eft la feule partie des derrs qui croit. La figure, la difpoñition & l’arrangement des dents, {ont adnurables. Les plus antériéures font foibles , 8c éloignées du centre de mouvement , comme ne fervant qu’à donner la premiere prépa- ration aux alimens ; les autres, qui font faites pour les broyer & les hacher, font plus groffes &c placées plus près du centre de mouvement. Galien fuppofe que l'ordre des dents fût renverfé, & que les molaires, par exemple, fuflent à la place des incifives ; &c il demande de quel ufage feroient alors les denrs, & quelle confufon ne cauferoit pas ce fimple dérangement. Il conclut de-là que comme nous jugerions qu'un homme auroit de l’intelligen- ce, parce qu'il rangeroit dans un ordre convenable uné compagnie de trente-deux hommes, ce qui eft juftement le nombre des derrs, nous devons à plus forte raïfon juger la même chofe du créateur, &e. Gal, du ufu partium. s La différente figure des dents dans les différens animaux, neft pas une chofe moins remarquable ; elles font toutes exaétement proportionnées à la nourriture particuliere & aux befoins des diverfes {ortes d'animaux : ainfi dans les animaux carnaciers elles font propres à faifir, à tenir, à déchürer la proie. Dans les animaux qui vivent d'herbages , elles font propres à ramafler &c à brifer les végé- taux: dans les animaux qui n’ont point de deres , comme les oifeaux, le bec y fupplée. Le défaut de dents pendant un certain tems dans quelques animaux, n’eft pas moins digne d’atren- tion; comme, par exemple, que les enfans n’en ayent point , tandis qu'ils ne pourroient s'en fervir que pour fe bleffer eux-mêmes , ou leurs meres ; &c qu'à l’âge où ils peuvent prendre une nourriture plus fubftancielle &c fe pafler de la mammelle, & où ils commencent à avoir befoin de derés pour parler, qu’alors juftement elles commencent à paroïtre , & NNanan 830 DEN qu’elles croïffent à mefure qu'ils en ont plus befoin. _ Quelques perfonnes font venues au monde avec toutes leurs derts, comme un Marcus Curius Den- tatus, un Cnéius Papirius Carbo ; ou avec une pat- tie, comme Louis XI V. D’autres n’ont eu qu'une feule dei continue qui occupoit toute la longueur delà mâchoire, comme Pyrrhus roi d’Epire, ëc Prufas fils du roi de Bithynie : les racines s’étoient apparemment confondues enfemble. M. Laudumiey qui fut envoyé en 1714 à la cour d'Efpagne , rap- porta de ce pays une dent molaire qu'il avoit arra- chée , compofée de deux couronnes bien diftinètes, dont la racine avoit fept branches. On dit que d’au- fres ont eu deux ou trois rangs de dents à une feule mâchoire, comme Hercule. Mentzelius, medecin allemand, affüre avoir vü à Cleves en 1666, un vieillard âgé de cent vingt ans, à qui 1l étoit venu, deux ans auparavant, des dents doubles qui pouflerent avec de grandes dou- leurs. Il vit aufh à la Haye un Anglois à qui 4l étoit venu un nouveau rang de dents à l’âge de cent dix- huit ans. | | Un medecin danoïs nommé Hagerup , foûtient dans une thefe qu’on peut entendre avec les dezts. L’habitude qu'ont les fourds d'ouvrir quelquefois la bouche pour entendre , & qui par ce moyen enten- dent efeétivement, peut avoir induit ce medecin en erreur; car ce n’eft qu’à la communication que l’o- reille interne a avec la bouche par la trompe d’Euf- tache, que nous devons attribuer cet effet. Voyez OuIE 6 OREILLE. Quant aux animaux, 1l y a des poiflons qui ont leurs denrs à la langue , comme la truite ; d’autres les ont au fond du gofier, comme le merlus : d’au- tres, comme le grand chien de mer, appellé cas carcharias , Ont trois, quatre ou cinq rangs de dents à la même mâchoire. Le requin & le crocodile en ont chacun trois rangs, & toutes incifives. La vipere a deux groffes dents canines qui font crochues , mobiles, ordinai- rement couchées à plat, & qui ne fe dreffent que lorfque l'animal veut mordre, voyez VIPERE, Éc. La grenouille de mer, ou diable de mer, a auffi toutes fes dents mobiles. Le crapaud & la feche n’ont point de dents, & ne laïiflent pas de mordre. Le grand nombre de fqueletes de différens ani- maux, que l’on a amafñlés par ordre du Roi, & que l’on conferve avec foin dans la falle du jardin royal, ayant donné moyen à M. Duverney de comparer enfemble leurs mâchoires & leurs dezrs, 1l a remar- qué qu’on peut connoître par la feule infpe&tion de ces parties, de quels alimens chaque animal a coù- tume de fe nourrir. Les animaux catnaciers, comme les lions, les ti- gres, les ours, les loups & les chiens, &c. ont au- devant de chaque mächoire fix denrs incifives, dont les deux dernieres font plus longues que les quatre autres qui font au milieu. Les racines de toutes ces dents font plates, & le côté extérieur de ces racines eft plus épais que l’intérieur, de même qu’à l’hom- me. Enfuite de ces dents incifives font deux denrs canines fort grofles, de figure ovale, excepté vers la pointe, qui eft ronde ,.courbées en-dedans , & environ trois fois plus longues que les premieres in- cifives. Les deux canines, dans un vieux lion qu'il a difléqué, avoient plus d’un pouce & demi de lon- gueur. [Il y a des efpaces vuides dans chaque mä- choire, pour loger les bouts de ces dents. Les côtés des mâchoires font garnis chacun de quatre molai- res plates & tranchantes, qui ont ordinairement trois pointes inégales, lefquelles forment unetefpece de fleur-de-lys, la pointe du milieu étant un peu plus longue que les deux autres. Les dernieres mo- daires qui font tout au fond de La mâçhoire , {ont les plus longues & les plus groffes , & les autres vont toüjours en diminuant, Les racines de chaque dens molaire font partagées en deux branches qui s’en- châflent dans deux trous creufés dans l’alvéole , & qui font féparées par une cloïfon où il y a de chaque côté une efpece de languette qui entre dans une pe- tite rainure creufée dans la partie intérieure de cha- que branche, afin de tenir la dent plus fermement en- châflée : ces dents font emboîtées de maniere qu’el- les portent entierement fur la cloïfon , & que Le bout de chaque branche ne preffe que très-peu le fond de {on alvéole. Les chiens & les loups ont douze mo- laires à chaque mâchoire. L’ours a cela de particu- lier, que fes dents molaires font plates, à-peu-près comme celles des chevaux. Dans les animaux carnaciers la mâchoire infé- rieure eft plus étroite que la fupérieure ; de forte que la mâchoire venant à fe fermer, les dezts mo- laires ne fe rencontrent point l’une contre l’autre, mais celles de la mâchoire d’en-bas paffent par-def- fous celles d’en-haut, à la maniere des branches des cifeaux : néanmoins ces deux mâchoires font d’é- gale longueur, ainfi les dents incifives fe rencontrent l’une contre l’autre, à la maniere des tenailles. L’articulation de la mâchoire inférieure eft favo- rable à ce mouvement ; car étant en forme de char- mere , elle ne lui permet qu’un fimple mouvement de haut en-bas on de bas en-haut: la maniere dont les canines ou défenfes s’engagent les unes dans les autres, y contribue aufli beaucoup. | Les dents incifives d’en- bas rencontrant celles d’en-haut » à la maniere des tenailles, comme il a été dit, 1l paroït qu’elles font faites pour arrêter la proie, pour la couper, & même pour la déchirer: car elles ont quelques pointes inégales | n’étant pas fimplement taillées en coin ou en bifeau, comme le font les incifives des autres animaux. Les canines fervent aufi à déchirer, mais leur principal ufage eft de percer & de retenir; & plus leurs crochets font longs, plus ils retiennent facile- ment ce que l’animal arrache. Les racines de ces denss canines font très-longuess elles font courbéesen-dedans, de même que la partie extérieure de la dent ; & le plus grand diametre du corps de la des, qui eft ovale, comme on a remar- qué ci-deflus , fuit la longueur de la mâchoire : ce qui fait que les dents réfiftent davantage en- devant que de côté ; c’eft auffi en ce fens-là que ces animaux font de plus grands efforts. Les molaires des animaux carnaciers ne fe ren- contrent point , comme dans les animaux qui broyent leur nourriture ; mais elles agiflent en cifeaux, ainf qu'il a été dit, Les trois pointes dont elles font ar- mées , font connoître qu’elles ne fervent qu’à déchi- rer & à brifer : elles font égales, afin qu’entrant l’une après l’autre, elles trouvent moins de réfiftance à la fois, & que par ce moyen elles puiflent facile- ment broyer par parties ce qu’elles auroient de la peine à broyer tout enfemble. Les dernieres denrs molaires font les plus grofles & les plus folides, de même qu’à l’homme , parce qu’elles fervent à brifer les chofes les plus dures. Les dents molaires de l’ours ne font ni tranchan- tes ni pointues, mais plates & quarrées, & elles fe rencontrent , à la maniere des dents des animaux qui broyent leur nourriture ; ce qui fait connoitre que les dents molaires de l’ours ne peuvent pas broyer en frottant obliquement l’une contre l’autre, comme font les meules : car l’engagement des défenfes & l’articulation de la mâchoire en forme de charniere, ne leur permettent pas d'autre mouvement que celui de haut en-bas; ainf elles brifent feulement , de la maniere que le pilon écrafe dans un mortier. Les denrs inçcifives & les canines de l’ours, font DEN ordinairement plus petites que celles du lion; auf Vours fe fert-1l plus de fes pattes que de fes dezrs, foit pour combattre , foit pour déchirer & rompre les filets & les toiles des chaffeurs ; parce que fes pattes font très-larges, & qu’elles font armées de griffes longues & crochues, & que les mufcles qui fervent à les mouvoir, font très-forts ; au heu que fes dents ne font pas fort longues , comme on l’a déjà fait remarquer , & que la groffeur & l'épaifleur de fes levres l’empêchent de s’en fervir aufll com- modèment que fait le lion. Dans le hon & dans la plüpaït dés animaux car- naciers, le fommet de la tête eft élevé comme la crête d’un cafque ; & les ôstdes tempes &les paric- taux font difpofés de maniere qu'il y a vers les tem- pes un enfoncement très-confidérable : cette crête & cet enfoncement fervent à aggrandir l’efpace où font logés les mufcles des tempes ; qui couvrent les deux côtés du fommet de la tête. Il y a un finus ou enfoncement dans los de la mâchoire inférieure, au-deflus de fon angle, qui fert encore à aggrandir l’efpace où doit être logé Le mufcle mañleter, quieft, fort épais. Les mâchoires de ces animaux font compofées de grands os très-folides , armés de des grofles & tranchantes, & garnis de mufcles très-forts, tant pour leur épaifleur extraordinaire & par leur tiflu. fort compaéte, que parce qu’ils font très-éloignés du point d’appui ; ainfi elles ont tout ce qui eft né- ceflaire pour ferre# puiflamment la proie , & pour la déchirer. Les bœufs, les moutons, les chevres, les cerfs, les dains, &c tous les autres animaux qui vivent d'herbe, & qui ruminent, n’ont point de denrs inci- fives à la mâchoire fupérieure ; mais ils ont à la place de ces dents , une efpece de bourlet formé de la peau intérieure de la bouche, qui eft fort épaifle en cet endroit. Le devant de leur mâchoire inférieure eft garmi de huit dents incifives, qu font de différente longueur, &t difpofées de maniere que celles du milieu font les plus longues & les plus larges, &c que les autrès vont toüjours en diminuant. Ces animaux n’ont point de denis canines ni en-haut ni en-bas ; entre les incifi- ves & les molaires, il y a un grand efpace vuide qui n’eft point garni de denrs : ils ont à chaque mâ- choire douze dents molaires, favoir fix de chaque côté, dont les racines ont pour l’ordinaire trois crocs enchäflés comme ceux des dents molaires du lion. La bafe de ces dents, qui eft à endroit par où elles fe touchent en mâchant, eft rendueinégale par plufeurs éminences pointues, entre lefquelles 11 y a de petits enfoncemens ; de forte que les ders d’en- haut & celles d’en-bas venant à fe rencontrer, les pointes des unes gliflent dans les cavités des autres, &t permettent le mouvement de la mâchoire de droite à gauche. Ces dents étant coupées oblique- ment, leur furface en devient plus grande , & par conféquent plus propre à broyer. La mâchoire inférieure eft prefque de la moitié moins large que la fupérieure ; ce qui la rend plus légere , & beaucoup plus propre au mouvement : elle ne laifle pas d’être auf propre à broyer que f elle étoit plus large, parce que pouvant fe mouvoir, elle peut s'appliquer fucceflivement à tous les en- droits de la mâchoire fupérieure , dont les dezss font plus larges, peut-être afin de fuppléer en quelque façon , par leur largeur, au mouvement qu’elle n’a pas. Ces dents paroiflent compofées de différentes feuilles appliquées les unes aux autres. A la mâchoire fupérieure, la partie extérieure de la dent eftmoins fohide, & plus longue que la partie inférieure de la même dr : à la mâchoire inférieu- re, au contraire, la partie extérieure de la dense eft D EN 837 plus folide 82 moins longue que'fa partie intérieure: Cette difpoñtion étoit néceffaire ; car il eftrévident qu’à la mâchoire inférieure, l'extérieur de la dert s’appuie plus long-tems dans le broyement fur la dent de la mâchoire fupérieure , que l’intérieur dé la même denr ; & qu'au contraire dans la mâchoire fupérieure la partie intérieure de la deze foûtient plus-long -tenis le frottement de la mâchoire infé- rieure, que l'extérieur de cette même der. C'eft pour cela qu’à la mâchoire fupérieure le côté inté- rieur de la dent eft plus court que l'extérieur , quoi- qu'il foit plus folide, & qu’à la mâchoire inférieure le côté extérieur de la deze eft le plus court & le plus folide, | Le chameau eft différent des autres animaux qui tuminent, en ce qu'il a dix incifves à la mâchoire inférieure , & qu'il a à chaque mâchoire trois ca- nines, quu font courtes & difpofées comme celles des chevaux. Le bourlet que les animaux qui ruminent ont au lieu de dents à la mâchoire fupérieure, eft fi propre pour aider à couper l’herbe & à Parracher, que fi l’on avoit à choïfir de mettreun corps dur à la place, on devroit s’en tenir au bourlet ; car il eft certain que deux corps durs, quand même ils feroient con tinus, ne s’apphqueroient jamais fi exa@tement l’un contre l’autre, qu’il n’y eût des intervalles qui laif= feroient pañler quelques brins d'herbe ; 8cque s'ils étoient divilés comme le font les es, il s’en échapperoit davantage. D'ailleurs ces brins d'herbe étant inégaux en grofleur, en dureté, il arriveroit que les plus gros & les plus durs empêcheroient les plus petits d’être ferrés autant qu'il feroit néceffaire pour être arrachés; au lieu que le bourlet s’appli- quant à la mâchoire inférieure, remédie à tous les inconvémens ; & qu'enfin il épargne aux derss une partie du coup qu’elles recevroient lorfque les ani- maux arrachent l’herbe ; car la violence du coup eft amortie par la molleffe du bourlet, Ce qui fe pafle dans laéhion des dents, lorfque ces animaux paifent l'herbe, eft très-remarquable. Le bœuf jette d’abord fa langue pour embraffer l'herbe, comme le moiflonneur fait avec fa main; enfuite if ferre cette herbe avec fes dents d’en-bas contre le bourlet. Mais fi les dents incifives étoient également longues, ellés ne pourroient pas ferrer herbe éga- lement par-tout ; c’eft pourquoi elles vont toûñjours en diminuant, comme on l'a ci-devant remarqué. L’herbe étant ainfi ferrée contre le bourlet qui fert à ces animaux comme une autre branche de te- nailles, ils la coupent & larrachent facilement; & le coup de tête qu'ils donnent à droite ou à gauche, contribue beaucoup. Cette herbe étant ainf arra- chée, les joues fe ferrent & s’enfoncent dans le vuide qui eft entre les incifives &r les molaires, pour arrêter ce qui a été arrache, & empêcher qu’il ne retombe. La langue qui s’infinue auf dans ce | vuide, ramafle & poufle l’herbe dans le fond du sofier, où elle ne fait que pañler, fans être que fort peu mâchée, | Après que ces animaux Ont employé une quantité fuffifante de cette nourriture, & qu'ils en ont rem- pli le premier ventricule appellé la parce, l'animal fe met ordinairement fur les genoux pour ruminer avec plus de facilité ; &c alors l’herbe (qui pendant qw’ellé a demeuré-dans ce premier ventricule, a été un peu ramollie, tant par la chaleur & par l’humi- dité de cette partie, que par lPaétion de la fahve dont elle a été mouillée en paflant par la bouche), eft renvoyée dans la bouche pour être remâchée, & enfuite diftribuée aux autres ventricules, dans un état plus propre À y être digérée: ainfi l’ani- mal ayant ramené cette herbe par pelotons dans la bouche, parune méchanique très-ingénieute qu’ 833 DEN on expliquera dans la fuite , il la mâche une feconde fois, en la faifant pañler & repafler fous les dents molaires , dont les bafes inégales frottant oblique- ment les unes contre les autres , la froiflent &g la broyent jufqu’à ce qu’elle foit aflez preparée pour la feconde digeftion qu’elle doit recevoir dans trois autres ventricules. Comme la plûüpart des animaux qui ruminent, ne vivent que d'herbe, & que l'herbe qu’ils ont arra- chée avec leurs dezts incifives, eft encore trop lon- gue pour être facilement broyée, la nature leur a donné des dents molaires , qui font en même-tems propres à couper & à broyer l'herbe. Les animaux qui vivent d’herbe & qui ne rumi- nent point, comme fort les chevaux, les ânes & les mulets, ont à chaque mâchoire fix denrs incifives fort groffes, difpolées de maniere qu’elles fe ren- contrent & fe touchent également par leur bafe; el- les ont cela de particulier qu’elles font très-larges, êt qu'elles ont de petites inégalités, ayant dans leur milieu un efpace vuide, qui pour l’ordinaire fe rem- plit à mefure que ces animaux vieilliflent. Les bords de ce vuide étant un peu élevés , laïflent tout-à- l’entour un petit enfoncement , qui eft terminé par le bord extérieur de la denr ; ils ont deux canines fort courtes qui fe jettent en-dehors, & qui laiflent entr’elles un peu d’efpace, ne s’engageant pas l’une dans l’autre , comme font les canines des animaux carnaciers. Il y a un grand efpace vuide entre les incifives & les molaires , de même qu'aux animaux qui ruminent. Chaque côté des mâchoires eft garni de fept mo- laires, dont les racines font très-profondes & très- grofles. La bafe de ces dents eft plate & quarrée ; mais elle eft rendue inégale par de légeres éminen- ces & par des cavités peu profondes. Le cheval ne fe fert que de fes levres pour amañfer herbe, & non pas de fa langue , comme le bœuf; aufli ne la coupe-t-1l pas de fi près, ni en fi grande quantité à chaque fois. Après qu’il a ramafñlé l'herbe avec fes levres, il la preffe avec les dents incifives, qui font difpofées de maniere qu’elles la ferrent également par-tout ; & comme leurs bafes font fort larges, & qu’elles ont de petites inégalités, il la retient plus facile- ment : enfuite 1l arrache en donnant un coup de tête à droite & à gauche, & aufi-tôt il la poufle avec la langue fous les dents molaires, qui fe frot- tant obliquement l’une contre l’autre à droite & à gauche, la froiffent & la broyent : il la mâche plus exaétement que ne fait le bœuf, & même il la choifit avec plus de foin, parce qu’il ne peut lui donner les préparations que lui donnent les animaux qui rumi- nent. Les dents canines du cheval étant fort courtes, & ne fe rencontrant point l’une contre l’autre , elles ne font pas propres pour arracher l’herbe , ni pour leur donner aucune préparation , & elles ne fer- vent au cheval que d’armes pour fe défendre. Dans le cheval & dans les animaux qui ruminent, la figure de [a mâchoire inférieure eft coudée de forte qu’elle s'applique également en même tems dans toute fa longueur aux dezts molaires de la mâ- choire fupérieure, afin que les dents puiffent broyer à la fois une plus grande quantité de nourriture; car fans cela elles ne pourroient broyer exaftement les alimens qu’en un feul point de la mâchoire. Les animaux carnaciers ont au contraire la mâchoire inférieure moins coudée , parce qu'ayant à brifer des os , il leur faudroit un bien plus grand effort pour les caffer , fi leurs des s’appliquoient en mê- me tems les unes contre les autres , que quand elles s'appliquent fucceflivement. Les cañors, Les porçs-épics; les rats, les lievres, les lapins, les écureuils , & tous les autres aninatix qui vivent de racines, d’écorces d’arbres , de fruits, &t de noyaux,ont deux incifives fetlement à chaque - mâchoire ; elles font demi-rondes par-dehors , d’un rouge clair , tirant fur le jaune , & fort tranchantes par Le bout quieft taillé en bifeau par-dedans ; leurs racines font très-longues, principalementdans la mà- choire inférieure. Dans le caftor & le porc-épic, leurs racines font longues de trois pouces, & le corps de la dezt n’a que cinq lignes de ‘longueur : elles font courbées fuivant la courbure de la mâ- choire ; & elles s'étendent dans toute fa longueur. Ces dents font fituées de maniere que la partie tranchante de celles d’érfbas ne rencontre point la partie tranchante de celles d’en-haut , mais elles paflent les unes fur les autres en forme de cifeau, celles d’en-bas coulant fous celles d’en-hant ; & afin que les dents de la mâchoire inférieure qui eft fort courte, puiflent s’enfoncer fuffifamment fous celles d’en-haut fuivant les différens befoins , les appuis de cette mâchoire ont un mouvement très-libre en de- vant & enarriere. Le mufeau de tous les animaux reflemble à ce- lui des lievres : la levre fupérieure étant fendue, celle d’en-bas forme par-dedans un repli qui fait comme un étui qui fert à loger les incifives de la mâ- choire inférieure. Ils n’ont point de dezrs canines ; il y a un vuide confidérable entre leurs incifives & leurs molaires ; ils ont à chaque mâchoire huit mo- laires , favoir quatre de chaque*côté. Dans le porc-. épic, dans le caftor, & dans le cochon d’inde,tontes ces dents font courtes , leurs bafes font coupées fort également, &c elles ne font pas entierement folides, étant percées fort avant par plufieurs trous de dif- férente figure ; dans les écureuils & dans les rats, les dents molaires ont des inégalités qui peuvent leur aider à couper & à broyer. Onremarque que ces animaux conpent avec leurs dents , non pas en les ferrant doucement les unes contre les autres , mais en frappant par plufeurs petits coups réitérés & fort fréquens. Comme la for- ce du lievre eft fort diminuée vers l'extrémité de la machoire | & que l’effort qui s’y feroit pour ferrer feroit très-petit ; ces animaux , pour augmenter le mouvement qui eft néceflaire pour l’incifion , y ajoutent la force de la percufion ; ils frappent donc de petits coups de dents ce qu'ils veulent couper : mais comme ces coups agiroient autant contre leurs mâchoires que contre les corps qu’ils ont à couper &c à brifer , la nature a fait la racine de leurs denrs fix fois plus longue que leur partie extérieure, & a courbé cette longueur afin que leffort que la dent foûtient fe partageant dans toute cette longue cour- bure , chaque partie en foufffîit moins, & que par conféquent la membrane intérieure s’en trouvât moins ébranlée dans chacune de fes parties, Cette courbure fait aufli qu'une plus grande longueur ef enchâffée dans les mâchoires, quoique très-courtes, afin que leurs alvéoles les embraflent & les atfermife fent dans un plus grand nombre de parties, & non pas comme quelques-uns ont penfé , pour en faire des bras de leviers plus longs , puifque la longueur du levier ne fe mefure que par la perpendiculaire qui part du point d'appui. à es animaux Ont des dents molaires dont ils fe fervent pour broyer les alimens durs qu’ils ont cou- pés & rongés; leur maniere de broyer fe fait comme dans l’homme , en les frottant à droite & à gauche, en devant & en arriere, parce que l'articulation de la mâchoire permet ces deux efpeces de mouve- mens: Dans les caftors , les porc-épics , & autres ani- maux femblables , la baie de ces dents eft comme piquée de plufeurs petits trous qui femblent n’être’ DEN que.les intervalles des feuilles dont la dent eft com- pofée, ce qui rend ces denss plus propres à moudre &c à broyer que f elles étoient parfaitement polies ; de même que l’on a foin d’entretenir des inégalités dans les meules de moulin , en Les piquant de tems en tems; comme ces trous pénetrent aflezavant dans la dent , ils ont toïjours aflez de profondeur pour entretenir ces inégalités , quoique la dezt s'ufe un PEU - | | La ftruêture des dents de l’homme fait connoître qu'il peut vivre de toutes fortes d’alimens ;.il y a à chaque mâchoire quatre incifives, deux canines, & dix molaires. Ses incifives font taillées enbifeau, &.elles font tranchantes comme celles des amimaux carnaciers, pour déchirer & couper les viandes. Ses dents canines font plus rondes , plus épaifles , &. plus folides que les incifives ; leur extrémité eft taillée en pointe , & leurs racines font un peu plus longues & enchâflées plus avant dans celles des in- cifives. | Les dents canines des animaux font beaucoup plus longues que leurs incifives : elles paflent ordinaire- ment les unes à côté des autres ; & il y a dans cha- que mâchoire des efpaces vuides pour en loger les bouts , ce qui n’eft pas ainfi dans l’homme ; cepen- dant:la figure des dezts canines de l’homme les rend très-propres à percer & à ronger les corps durs ; d’où vient que l’on porte naturellement fous ces dents les os qu'on veut ronger &c le corps qu’on veut per- cer. : & en-cela l'homme tient encore des animaux carnaciers. Les molaires dans l’homme font plates & quar- rées : leurs bafes ont des éminences & des cavités qui font reçues les unes dans les autres quand les mâchoires font fermées ; & la mâchoire ayant fes appuis formés de têtes plates enchaflées dans des cavités prefque rondes & fort larges , elle a la li- berté de remuer en tous fens : en tout cela l’hom- me reflemble aux animaux qu vivent de grain & d'herbe. Cette articulation permet aufi aux denrs incifives de rencontrer tantôt, à la maniere des tenailles, & tantôt à la maniere des cifeaux , les dents d’en- bas pouvant aifément couler fous celles d’en-haut, &c: pouvant aufi pañler un peu par-deffus : & en ce- la l’homme reflemble aux animaux qui rongent les fruits. & les racines. Le finge eft cehu de tous les animaux dontles vif. ceres & toutes les parties intérieures approchent le plus de celles de l’homme ; c’eft aufli celui dont les dents font le plus femblables à celles de l’homme : 1l a quatre incifives à chaque mâchoire comme l’hom- me, & il a de même les denrs plates & quarrées ; auf mange-t-1il de toute {6rte. d’alimens de même que l’homme. Pour ce qui eft des canines dans la pläpart des finges, elles font longues en maniere de. défenfes , & 1l y a des efpaces vuides en chaque mâchoire pour les loger ; en quoi le finge reffemble aux animaux catnaciers. Cependant M. Duverney: a: fait voir quelques têtes de finges dont les denis ca- nines n’étoient pas plus longues que les incifives, y ayant feulement dans chaque mâchoire des efpa- ces vuides pouriles loger : ila encore montre la tête d’un petit finge , où les dents canines étoient rangées & difpofées comme à l’homme. f Les mâchoires de l'éléphant n’ont point de denses incifñives m de canines : elles ont deux molaires de. chaque côté : la bafe par où ces dents fe touchent en mâchant eft fort large ; elleeftauffi très-égale &très- life, parce que ces dents s’ufent.par leur frottement: mutuel, Chaque dert paroît compofée de, plufieurs feuilles de fubftance blanche, quifontcollées & join- tes enfemble par une matiere grifâtre ; elles font de grandeur différente à la mâchoire d’en-haut : celles D EN 839 de devant font les plus longues , au lien qu’àla mât choiïre d’en-bas les plus longues font celles de der- riere, Dans la mâchoire de l'éléphant diffequée par MM. de l'académie royale des Sciences , lequel avoit environ dig-fept ans , on a trouvé les germes des dents qui deVoient repouñler. La mâchoire infé- rieure de cet animal eft fort pefante , & beaucoup plus courte que la fupérieure. Les défenfes de l’éléphant font appellées denrs par quelques auteurs ; mais on peutdire que l’origine & la fituation de ces défenfes décident la queftion &ne laiflent aucun doute fur ce fujet ; car l’os dont elles fortent eft diftinét & féparé de celui d’où fortent les véritables dencs : leur fubftance a aufi beaucoup plus de rapport à celle des cornes qu’à celle des dents ; car l’ivoire qui n’eft autre chofe que les dé- fenfes de Péléphant, eft aifé à couper & à travaile ler, & il s’amollit au feu de même que la corne; au lieu que les dezis ne s’amolliffent point au feu, & qu’elles font d’une fi grande dureté que les burins les plus tranchans n’y fauroient mordre : le feul rap- port que ces défenfes ont avec les dees , eft qu’el- les fe nourriflent de la même maniere. L'éléphant prend fa nourriture d’une maniere qui Jui eft particuliere. L'homme fe fert de fes mains pour porter les ali- mens à fa bouche ; & les animaux à quatre piés fe fervent pour le même ufage, ou de leurs levres, où de leur langue, ou de leurs piés de devant : ‘pour ce qui eft de la boiïflon , l’homme, pour la .prendre fe fert de fes mains ; les chiens fe fervent de leur lan- gues ; les oifeaux de leur bec: mais les chevaux & les anes la tirent en fuçant. L’éléphant ne prendrien immédiatement avec fa bouche, fr ce n’eft qu'on y jette quelque chofe quand elle eft ouverte ; 1l fe fert feulement de fa trompe qui luitient lieu de main , & même, pour ainfi dire, de gobelet ; car c’eft par le moyen d’un rebord , en forme de petit doigt , qui eft à l'extrémité de fa trompe , qu'il fait tout ce qu’on peut faire avec la main : il dénoue des cor- des , il prend avec adreffe Les chofes les plus peti- tes , & il èn enleve de fort pefantes quand il peut y appliquer cerebord qui s’y attache fermement par la force de l’air que l'éléphant attire par fa trompe. C’eft auf en attirant l'air qu'il fait entrer fa boiflon dans la cavité de fa trompe qui contient environ un demi-feau ; enfuite recourbant en deflous l’ex- trémité de fa trompe , il la met fort avant dans fa bouche , &1l y fait pañler la liqueur que la trompe contient, la pouffant à l’aide du fouffle de la même … haleine.qui l’a attirée : auffi quand il prend l’herbe, dont il {e nourrit ; de même que de grain, & de fruit , 1l l’arrache avec fa trompe, & il en fait des paquets qu'il fourre bien ayant dans fa bouche. Cette maniere f finguliere de prendre là nourri- ture eft:fondée fur la frudure de la trompe & fur celle du nez. La trompera tout de fon long:danslé milieu deux:conduits qui vont en s’élargiffant vers fa racine ; afin que la liqueur qui y eft contenue foit pouflée dehors avec plus de force par le fouffle de l’haleine \ le retréciflement queices conduits ont vers leur fortie augmentant ce mouvement : ces conduits font environnés de fibres charnues:qui for: ment diverfes couches !, &. qui fervent à l’alonge- ment , à l’accourciflement ycécraux différentes infle- xions de la trompe: ils: font comme deux narines prolongées qui s'ouvrent dans les deux cavités du crane , où font enfermés les organes immédiats de l’odorat, & qui font fituées vers la-racine de cette trompe. De-l4il eft aifé de voir que l’ufage de ces-conduits-eft de: donner pafñlage à l'air pourLa refpiration & pour l’odorat:, :& de recevoir laboïfs fon pour Ja porter dans:la-bouçhe.de l'éléphant par 349 DEN le même endroit par où la trompe l’a reçue ; ainf qu'il a été dit. Dans les autres animaux , les narines font ordi- nairement proches & au-deflus de l’endroit par où l’animal recoit fa nourriture , afinligue la bonne ou la mauvaife odeur des alimens le détermine à les prendre ou à les rejetter. L’éléphant qui a l’ouver- ture des narines à la racine de fa trompe , & bien Join de fa bouche , n’a dû rien prendre qu’avec fa trompe, autrement il feroit en danger d’avaler ce qui lui feroit nuifible ; mais la trompe avec laquelle il prend les chofes dont il a befoin , étant fenfible aux bonnes & aux mauvaifes odeurs , cet animal a lPavantage de pouvoir fentir ce qu'il doit mettre dans fa bouche , pendant tout le tems qu’il employe à rouler & à tourner fa trompe autour de ce qu'il veut choifir & enlever. | On remplace les dents naturelles qui manquent à l'homme par des denis artificielles. On les fait or- dinairement d'ivoire: mais comme livoire jaunit bientôt dans la bouche , Fabricius confeille de les faire de los de la jambe d’un jeune taureau, qui con- ferve fa couleur blanche. Nos dentiftes fe fervent des dents de cheval marin. La coûtume de porter des dents d'ivoire, & de les attacher avec un fil d’or, eft fort ancienne : Lucien & Martial en parlent comme d’une chofe pratiquée parmi les Romains. Guillemeau nous donne la compofition d’une pâte pour faire des dents artifcielles, qui ne jauniflent ja- mais: c’eft de belle cire blanche fondue avec un peu de gomme élémi, où l’on ajoûte une poudre de maf- tic blanc, de corail, & de perle. (L) Après avoir traite des différentes affections des dents en particulier, il eft à-propos de ne pas omet- tre Les préfages que le medecin peut tirer des dents en général, par l'effet du vice des organes qui les font choquer entr’elles, craquer, grincer , fans que la volonté ait aucune part à ces mouvemens irréguliers , & par les changemens qu’elles éprou- vent dans les maladies aiguës. | Hippocrate regarde comme un figne d’un délire prochain, les mouvemens convulfifs de la mâchoire inférieure, qui caufe des grincemens de dexxs ; lorf- que cela n’arrive pas à un enfant, ou à une perfon- ne qui ait retenu depuis l’enfance l'habitude de grin- cer les denrs. Si ce figne fe joint au délire, il eft ab- folument funefte ; le malade touche à fa fin. Profper Alpin confirme par fa propre expérience le jugement d’Hippocrate cet égard. GC’eft auffi un très-mauvais figne, felon ce grand medecin, que les derts pa- roiflent defféchées. Dans tous ces cas, le cerveau eft confidérablement affeété ; defléché : ce qui ne peut avoir lieu que par la violence de la fievre & de la chaleur dont elle eft accompagnée ; le fluide ner- veux qui fe fépare alors eft prefque de nature ignée; les mufcles les plus voifins de ce vifcere éprouvent les premiers effets de l’altération des nerfs : ceux-ci agités , tiraillés pat le liquide qu’ils contiennent, caufent d’abord des fecoufles convulfives dans les mufcles qui environnent la tête; elles font plus fen- fibles dans ceux qui fervent à mouvoir une partie libre qui n’eft point preflée, comprimée par Les corps ambians , telle que la mâchoire: cette fécherefle du cerveau eft une füte de celle de la mafle des hu- meurs , qui fait cefler toutes les fecrétions dont elle ne peut pas fournir la matiere; c’eft en conféquence que la bouche eft âpre, brûlée: mais particuliere- ment les dents font noires, feches , parce qu'il ne fe fait aucune féparation de falive pour les humeéter. Un tel état ne peut qu’avoir Les fuites les plus fächeu- {es , par l’altération généralé qu’il fuppofe néceffai- rement dans toute l’œconoômie animale. (4) 2 DENTS, (Maréchal) les chevaux ensontde deux D EN fortes ; favoir 1°. les dents méchelieres au nombre de vingt-quatre, dont douze font à la mâchoire infé- . rieure, fix de chaque côté : & douze à la mâchoire fupérieure , 6 de chaque côté : ces ts fervent à mâ- cher les alimens. 2°. Les dents de devant ou incifives au nombre de douze; favoir fix en-haut, & fix en- bas: celles qui font tout-à-fait au-devant de la bou che, s’appellent les pärces; celles qui les cotoyent, les riroyennes ; & celles d’après, les coins : les crocs viennent entre les dezis mâchelieres &c les dents de devant. Voyez CRoës. Ces denrs de devant fervent à couper l'herbe & le foin, & elles font éloignées des mâchelieres de quatre à cinq pouces: cet inter= valle s’appelle la barre. Les dents de devant fervent à faire connoître l’âge du cheval jufqu’à fept ans. Les dents de lait font celles de devant qui pouffent au cheval auflitôt qu’il eft né, 8 tombent au bout d’un certain tems pour faire place à d’autres, que le che- val garde toute fa vie. Avoir La dent mauvaife , fe dit d’un cheval qui mord ceux qui l’approchent. Mes- tre, pouffer, prendre, jetter, percer, ôter fes dents : voyez ces mois a leurs lettres. Un cheval dangereux du pié ou de la der , doit être coupé, cela l'empêche de mordre & de ruer, Voyez; CHATRER. (7 DENT, DENTELÉ, (Boranig.) on dit d’une feuille qu’elle eft dentelée , quand elle eft entourée dans fon bord de petites échancrures appellées dezzs , & qui forme de la dentelle. (Æ) | DENT DE CHIEN, dens canis , ( Hif. nat. botan.) genre de plantes à fleurs liliacées, compofées de fept pétales inclinées en-bas & recoquillées en-dehors ; le piftil fort du milieu de la fleur , & devient dans la fuite un fruit arrondi, divifé en trois loges qui ren- ferment des femences oblongues : ajoûtez aux carac- teres de ce genre que la racine eft charnue, & faite en forme de dent de chien, Tournefort, in/f. rei herb, Voyez PLANTE, (1) DENT DE LION, dens leonis, (Hifi. nat. botanig.) * genre de plante à fleurs , compofées de plufieurs de-. mi-fleurons qui tiennent à des embryons , & qui font entourés par le calicé ; ces embryons devien- nent dans la fuite des femences garnies d’une ai- grette , raflémblées en un bouquet rond, &c atta-. chées fur la couche : ajoûtez aux caraéteres de ce genre que les fleurs naïflent fur des pédicules, qui font creux pour l'ordinaire, & qui ne font point branchus. Tournefort, 2/4 re: herb. Koy. PLANTE. 1 | D ENT, fe dit aufli, ez Méchanique, des petites parties faillantes qui font à la circonférence d’une roue , & par lefquelles elle agit fur les ailes de fon pignon pour le faire tourner, | La figure des denrs dés roues eft une chofe effen-: tielle , & à laquelle on doit faire beaucoup d’atten- tion dans l’exécution des machines. On peut avoir parfaitement calculé le rapport des roues aux pi- gnons , & en conféquence l'effet que doit faire telle ou telle puifance dans une machine; mais fi la f- gure des dents des roues &t des ailes des pignons fur. lefquelles elles agiffent , n’eft pas telle qu’il en réful- te un mouvement umforme de ces pignons , c’eft-à- dire que l'effort que font les roues pour les faire tourner , ne foit pas conftamment le même, un pa- reil calcul n’apprendra rien du véritable effet de la machine : car l'effort des roues étant tantôt plus grand, tantôt plus petit, on ne pourra tabler que. fur l'effet de la machine dans le cas le plus defavan-. tageux > effet qui fera fouvent très-dificile à con- noiître. On voit donc de quelle néceffté 1left , que ces dents ayent une figure convenable. Cependant, quoiqu'il y ait plufieurs fiecles que l’on fafle des ma- chines où l’on employe des roues dentées , les Mé- chaniciens ayoient entierement négligé ces confidé- rations, DEN vations, & laïfloient aux ouvriers le foin de cette partie de l’exécution des machines, UE n'y ob- fervoient d'autre regle, que de faire les dezrs des roues & les ailes des pignons , dé façon que les en- grenages fe fiffent avec liberté, & de maniere à ñe caufer aucun arrêt. M. de la Hire, de l’académe royale des Sciences, eft le premier qui en ait parlé, | examine cette matiere fort au long dans fon traité des épicycloïdes ; mais des différentes courbures dé dents qu'il détermine pour différentes efpeces de pi- gnons, il n’y a guere que celle qu'il donne aux dexés qui menent un pignon à lanterne, qui foit prati- cable. M. Camus a fuppléé à ce qui manquoit au traité de M. de la Hire. Ce favant académicien dans Ton mémoire, année 1733 des mèm. de l’acad. roy. des Sciences , détermine les courbes que doivent avoir les dents d’une roue , & les ailes de fon pignon pour qu’elle le mene uniformément , foit que la dert reñ- contre l’aile dans la ligne RAT, fig. 102. Plan. XIX. d’Horlog. qu’on appelle la Ligne des centres ; {oït qu'- elle la rencontre ( fg. 99.) avant la ligne des cen- tres , & qu’elle la mene au-delà ; foit enfin que (fig. 98.) la dent rencontre l'aile avant la ligne des cen- tres, & qu’elle la mene jufqu’à cette ligne : on peut dire qu'il a rendu par-là un très- grand fervice à l’Horlogerie. Car quoique les habiles horlogers euf- fent des notions aflez juftes fur cette matiere, la vé- ritable figure des dents des roues étoit toùjours pour eux une efpece de problème. Nous voudrions pouvoir rapporter ici ce mémoi- re, dont nous reconnoiflons que nous avons tiré beaucoup de lumiere : mais comme il eft un peu trop étendu, & de plus qu'il eft démontré d’une maniere un peu trop abftraite pour la plüpart des horlogers ; nous tâcherons d'y fuppléer, en démontrant par une autre voie ce qui Fsarde la figure des denrs des roues, & celle des ailes des pignons. | Une roue R £ F' étant donnée ( fg. 98 & 100), & un pignon P JG, je dis que, pour que la roue mene le pignon uniformément , il faut que, dans une fituation quelconque de la dent & de l’aile pen- dant la menée, les perpendiculaires à la face de l'aile & de la dent, au point où elles fe touchent, fe con- fondent & paflent toutes par un même point M dans la ligne des centres , lequel doit être tellement fitué fur cette ligne, que R M foït à M I, comme le nom- bre des dents de la roue à celui des aïles du pignon. Pour le démontrer , foit fuppoté L O tirée perpen- diculairement à la face de l’aile, au point G où la dent la touche ; & les lignes ZO,R L, abaïflées per- pendiculairement fur cette ligne des points J & À centres du pignon & de la roue : les lignes RL & TO exprimeront, l’une RL, le levier par lequel la roue poufle le pignon ; l’autre O 1, celui par le- uel le pignon eft pouflé. C’eft ce qui paroïtra évi- de , l’on fait attention que le mouvement du le- vier R L fe fait dans une perpendiculaire à la ligne OT, & par conféquent que la longueur des arcs infi- niment petits, décrits dans un inftant & par les points L & O, fera la même : comme cela arrive, lorfqu’un levier agit immédiatement fur un autre, dans une dire“tion perpendiculaire. RL exprimant donc le levier par lequel la roue pouffe le pignon, & 1 O celui par lequel le pignon eft poufié ; il eft clair que dans tous les points de la menée, fi le levier par le. quel le pignon eft pouffé , & celui par lequel la roue le poufle , font tojouts dans le même rapport, Pac- tion de {a roue dans tous ces différens points pour faire tourner le pignon, fera uniforme : car la va- leur en degrés de chacun des arcs parcourus en mé- me tems par les leviers RL, OT, eft en raïfonin- verfe de leurs longueurs, ou comme OTeftàRE; &cla valeur en degrés des arcs parcourus par la goue & par le pignon dans le même tems, ft encore QU: DEEE free DEN 541 comme cés leviers O Z & R L: maïs les leviers fem- blables à 10, RL, étant toûjours dans le même rappoit dans fous ces points de la menée, les va- leurs en degrés des arcs parcourus dans le même temis par la roue & par le pignon, y feront donc auf. Or les vitefles angülaires du pignon & de la roue font comme ces arcs. De plus, on fait parles principés dé la Méchanique, que pour qu'il y ait équilibre entre deux puiffances, il faut q’elles foient én raifon inverfe de leurs vitefles ; donc fi des puif- fañces conftantes qui agiflent en fens contraire , lu ne für la roue, l’autre fur le pignon, font en équiii- bre dans un point quelconque de la menée, elles fe- ront en raïon des vitefles du pignon & de la roue dans cé point: mais ces viteflés dans tous les points de la menée étant dans le même rapport, ces puif- fances y feront toùjours en équilibre ; donc la force avec laquelle la roue entraînera le pignon dans tous ces points, fera toùjours la même ; donc le pignon fera mené uniformément. | | Ce principe de Méchanique bien entendu, imagi- ñons que la dent (voyez fig. 98 & 100) foit dans uné fituation quelconque £ &, & que la perpendiculaire au point & pañle par un point quelconque A dans la ligne des centres; R L fera, comme on l’a và, le le- vier par lequel la roue pouflera le pignon, & O Ile levier par lequel il féra pouflé. Suppofôns de plus que la denr & l’aile étant dans la ligne des centres, elles fe touchent dans ce même point M, R M fera le levier par lequel la roue pouffera L pignon dans ce point, & M 1 celui par lequel il feta pouflé. Mais à caufe des triangles femblables R LM, MO J,ona RL:0O1::RM: MI; donc parle principe précédent la roue ménera uniformément le pignôn dans les deux points M & G, puifque le rapport entre les le- viets R M & M I dans le point M, eft le même que le rapport entre les leviers À L & O I dans le point C, On en démontrera autant de tous les autrès points _de la ménée, pourvû que les perpendiculaires à là dent & à l'aile paflent par ce point M. De plus les tours ou les vitefles du pignon & de la roue doivent être en raifon inverfe de leurs nombres; & comme la roue doit mener le pignon uniformément, leurs vitefles refpettives dans un point quelconque de la menée, doivent être encore dans la même raifon:. Ces nombres étant une fois donnés, les vitefles ref peétives du pignon & de la roue le feront donc auf. Or la vitefle angulaire du pignon au point M eft à celle de la roue au même point, comme le levier MR au levier M I ; MR doit donc être à M I, com- me le nombre de la roue à celui du pignon; car fans cela, la vitefle angulaire du pignon dans ce point ne feroit pas à celle de la roue, comme le nombrè de la roue à celui du'pignon. Donc le point M doit divifer la ligne R I, tellement que R Mfoità MI, comme le nombre de la roue à celui du pignon. Donc pour qu’une roue mene fon pignon uniformé- ment , il faut que dans tous les points de la menée les perpendiculaires à la der &c à l'aile fe confon- dent, & pañlent par un même point M dans la ligné des centres, fitué tellement fur cette ligne, que À M foit à MT, comme le nombre de la roue à celui du pignon €. Q. F. D. | ibE Cette démonftration, comme on voit, s'étend à tous les trois cas, puifqu’on y a confidéré la dent dans une fituation quelconque en-déçà ou au-delà de la ligne des centres. Il eft donc clair que foit que la dent & l'aile fe rencontrent dans la ligne dés cén= tres, foit qu’elles fe rencontrent avant cette lignée & qu’elles s’y quittent, foit enfin qu’elles fe rencon- trent avant la ligne des centres &r qu’elles fe quittent après ; le pignon fera mené uniformément, fi les perpendiculaires aux points où la dexr & lailé fe touchent dans toutes leuxs fituations pendant la me: Lots TER à 4 = OO0voe e née, pañlent par un même point M dans la ligñe des centrés, tellement fitué fur cette ligne, que À M doit à MT, comme lé nombre dé la roue à celui du pignon, Il y a plus, c’eft que cette démonftration ‘s'étend à toutes fortes d’engrenages où l’on voudroit que la roue menât le pignon uniformément, de quelques figures que foient les dexis de la roue & dés ailes du pignon. | ts Il fuit de la démonftration précédente (voy. Les fig. 703 6104), que fi la pérpendiculaire à l'aile dans un point quelconque G où là der la touche, au lieu de pañler par lé point M, pañle par un point F entre À & M; la force de la roue, pour faire tourner le pi- gnon dans ce point G, fera plus grande que lorfque da denr & Vaile étoient dans la lignée dés centres & fe touchoïént en M; & qu’au contraire f cette per- pendiculaire pañle par un point T'entre M & I, cette force fera plus petite; ce qui eft évident, puifque dans le premier cas le pignon tournera plus lente- ment, fa vitefle par rapport à celle de la roue étant, comme nous l'avons fait voir, comme À Fa F1 ; & dans le fecond il tournera plus vite, fa vitefle étant à celle de laroue comme RATATI Nous aurions pù démontrer tout ceci d’une ma- mere plus abregée , & dans une forme plus géomé- trique ;. mais nous avons cru dévoir tout facriñer à la clarté & à la néceflité d’être entendu par les gens du métier. On vient de voir les conditions requifes dans un engrenage pour que la roue mene uniformément le pignon ; nous allons démontrer à préfent que lorfque la dent rencontre l'aile dans ou après la ligne des centres, il faut pour que cet effet ait lieu, que la face de l’aile foit une ligne droite tendante au cen- tre, & que celle de la dent foit la portion d’une épi- cycloide engendrée par un point d’un cercle qui a pour diametre le rayon du pignon, & qui roule ex- térieurement {ur la circonférence de la roue. Siun cercle COQ (Jig. 97. n° 2.) roule extérieure: ment fur la circonférence d’un autre cercle ALE, ‘ou intérieurement comme en M, un point quelcon- que C de la circonférence du premier décrira par ce mouvement une ligne qu’on appelle épicycloide, Foy. EpicyCLoipr, Si le cercle C O Q aæpour diametre le rayon d’un cercle À LE , alors en roulant en-de- dans fur fa circonférence, comme en M, la ligne qu'il décrira fera une ligne droite diamétre de ce cercle 4 LE, Voye EpicycLoipe. Cela pofé, les cercles P1G,R VE. (fig. 93. n° 2.) repréfentant lun le pignon l’autre la roue, dont les diametres H 1, HR, font entre eux comme leurs nombres; qu’on fuppofe deux petits cercles CO Q , ayant pour diametre le rayon du pignon, & poiés fi parfaite- ment l’un fur l’autre, qu’on n’en puifle voir qu'un ; que leurs centres foïent parfaitement dans le même, | point O dans la ligne des centres, & le point C en 4 ou D dans la même ligne : qu'on imagine .enfuite (fg:.94n° 4.) que la roue & le pignon fe meuvent en tournant fur leurs centres de M en X,.& que ces deux petits cercles fe meuvent auf, lun en-dedans fur la. circonférence du pignon, l’autre en-dehors fur la circonférence de la roue , mais tellément qu’à chaque. arc.que le pignon & la roue parcourent, ils en parcourent d’entierement égaux en fens, contrai- re;sc'eft-d-dire que la roue & le pignon ayant par- couru Pun Parc M AH} autre l'arc égal MD, les deux cercles C0 Q ayent aufli parcouru.en fens con- traire, l’un en-dehors fur la circonférence de la roue, l’autre en-dedans fur, la circonférence du pignon, larc MC égal à l'arc M où M D. Il fuivra de ce mouvement des deux cercles C O Q , que leur cen- tre One fortira point de la ligne des centres AJ, puilqu'à chaque inftant que le monvement de la roue & du pignon:tendra à les en écarter d'un arc quel- conqué, 115 ÿ feront famenés en roulant toùjours éñ Tens contraire d’un arc de la même longueur. Main= tenant fuppofons pour un moment que la roue fé mouvant de M en A, entraîne par le fmple frotte- ment de fa circonference le pignon, effet fera encore le même ; & Le pignon fera mû uniformément, puit. qu’on pourra le regarder avec là roue comme deux rouleaux dont l’un fait tourner l’autre, par la fimplé apphcation de leurs parties l’une fur l’autre, Mais ces petits cercles par leurs mouvemens, l’un dans lé pignon, l’autre für la circonférence de la roue, {e- ront dans le même cas que les cercles COQ , M( fig. 96.2° 2.) & COQ qui rouloient au-dedans de la cir- conférence du cercle ALE &c au-dehors.Ainf le point C.du cerèle.C O Q roulant au-dedans du pignon, y décrira une ligne droite DS, diametre de ce pignon, & dont une partie, comme CD, répondra à un arc € M parcourt én même tems par ce cercle. De même le point € du cércle € O Q roulant fur la cir= conférence de la roue, décrira un épicycloide dont üne partie, comme CA, répondre aufh à l'arc MA égalkà C M. Mais comme ces deux cercles ont même diametre, & parcourent toüjours dans le même {ens des arcs égaux, à caufe du mouvement uniforme du pignon & de la roue, le point décrivant € du cercle qui fe meutau-dedans du pignon fe trouvera au mê- me lien que le point décrivant € du cercle qui fe meut fur la circonférence de la roue. Donc le point C'de la partie D I de la ligne droite DS, & le point C de la partie de l’épicycloide € A, feront décrits en même tems. Or dans une fituation quelconque du point décrivant €, la ligne M C menée du point M dans la ligne des centres, fera perpendiculaire à x ligne € D où 18) , puifque ces deux lignes formeront toüjours un angle qui aura fon fommet à la circon- férence du cercle CO @ , & qui s’appuiera fur fon diametre. De même cette ligne M C' {era auf per- pendiculaire à la portion infiniment petite de l’épi- cycloide.C K décrite dans le même tems, puifque M fera ‘alors comme le rayon décrivant d’une por- tion de cercle infiniment petite € X. Donc fi la face de l’aile & celle de la dezt font engendrées par un point d’un cercle dont le diametre foit égalau raiyon du pignon, &c qui fe meuve fur fa circonférence en- dedans &c fur la circonférence de la roue en-déhors, elles auront les mêmes propriétés que les lignes C& & CH; & par conféquent dans toutes les fituations où eïles fe trouvéront les perpendiculaires aux points où elles fe toucheront, fe confondront, & pafleront toutes par le même point M. Maïs ce point M par la confiruttion divifera la ligne des cen- tres dans la raifon des nombres du pignon & de la roue. Donc fi la face de l'aile eft une ligne droite tendante au centre, & celle de la des un épicycloi- de décrite par un cercle qui a pour diametre le raiyon du pignon, & qui fe meut fur la circonférence de la roue en-dehors , la roue menera le pignon umifor- mément, puifqu’alors les perpendiculaires à l'aile du pignon & à la face de la dens dans tons Les points où elles fe toucheront fe confondront , & pafleront: toûüjours par un même point M dans la ligne des cen- tres, qui divife cette ligne felon les conditions re- uiles. sel $ « Il eft facile de voir que cette démonfiration s’é- tend à toutes fortes d’épicycloïdes ; c’eft-à-dire qu’- uneroue menera fon pignon toljours umformément, fi les faces de fes ailes font des épicycloïdes quelcon- ques engendrées par un point d’un cercle qui roule: au-dedans du pignon, &c celles de la dec d’autres épicycloides engendrées par le même cercle roulant fur la circonférence dela roue. L’aétion de la roue pour faire tourner le pignon étant toüjours unifor- me, ileft clair en renverfant que laétion du pignon || pour faire tourner la roue Le {era auf, Car ft dans tm point quelconque de la menée l’a@ion du pigñon étoit différente de celle qui fe feroit dans un autre point, l’action contraire de la roue le feroit auf: donc elle n’agiroit pas toûjours uniformément ; ce qui eft contre la fuppoñtion. .… Dans le cas où ie pignon P J G meneroit la roue R Æ V( fig- 102), il eft clair que l'aile rencontreroit la dent avant la ligne des centres, & la mencroit juf- qu’à cette ligne ; d’où il eft facile de conclure qu'une roue dont la dezr rencontre l’aile avant la ligne des centres, & la mene jufqu’à cette ligne, eft précifé- ment dans le même cas. Mais on vient de voir que le pignon menoit la roue uniformément lorique les faces des ailes étoient des lignes tendantes au cêntre, ë& celles des derts des portions d’épicycloides en- gendrées par un point d’un cercle ayant pour dia- metre le raiyon du pignon, & roulant extérieure- ment {ur la circonférence de la roue. Il faut donc pour qu’il y ait uniformité de mouvemens dans ce cas-ci, que les faces des dents de la roue foient des lignes droites tendantes à fon centre, & celles des ailes du pignon des portions d’épicycloide engen- drées par un cercle dont le diametre feroit le raiyon de la roue, & qui rouleroïit extérieurement fur la circonférence du pignon. De même encore lorfque (fig. 9 9 ) la dens mene l’aile avant & après la ligne des centres, il faut qu’elle foit compofée de deux lignes, l’une droite G X tendante au centre de la roue qui mene l’aile avant la ligne des centres , & l’autre courbe G Æ qui la mene après ; & l'aile du pignon de deux autres lignes, Pune courbe G S par laquelle la dent mene avant cette ligne, & l’autre droite D G tendante au centre du pignon par laquelle elle mene après. La courbe de la dezs doit être une épi- cycloide décrite par un cercle qui a pour diametre le raiyon du pignon, &c qui roule extérieurement fur la circonférence de la roue ; & la courbe du pignon doit être une épicycloïde décrite par un cercle quia pour diametre le raiyon de la roue, & qui roule ex- térieurement fur la circonférence du pignon. Nous venons de faire voir les courbes que doi- vent avoir les denrs de la roue & les ailes du pignon, dans les trois différens cas où la dent peut rencontrer Paile ; il n’eft plus queftion que de choïfir lequel de ces cas eft le plus avantageux. Il eft clair que c’eft celui où la der rencontre l’aile dans la ligne des cen- tres ;,parce que 1°. le frottement de la den fur l'aile eft bien moindre, ne s’y faifant point en arc-bou- tant comme dans les deux autres ; & 2°. que les or- dures au lieu d’être poufiées au-dedans, comme dans les autres cas, font pouflées en-dehors. Il n’y a qu’- une circonftance où l’on doit préférer la menée avant & après la ligne des centres ; c’eft lorfque le pignon eft d’un trop petit nombre, comme 6,7, 6:c. jufqu’à 10 exclufivement ; parce que dans des pignons d’un fi petit nombre, en fuppofant que la derzt rencontre l'aile dans la ligne des centres, l’engrenage ne peut avoir lieu, comme il eft facile de le voir, l’inter- valle entre les deux pointes des deux dezrs étant plus grand que celui quieft entre les deux ailes au même point. Si on veut s’en aflürer par le calcul, on re- marquera que dans le triangle R I G, (fig. 102) en connoïflant les deux côtés & l’angle compris, il eft facile de connoïtre le troifieme, qui donnera la quantité de l’engrenage, & en même tems l’angle Z R G, qui pour que l’engrenage ait lieu dans la Hgne des centres, doit être plus petit & au moins de deux degrés, que la moitié de l’angle compris entre deux pointes de dents voifines l’une de l’autre. Quant à la courbe que doivent avoir les dents des roues qui menent des pignons dans un autre plan, comme par exemple celle d’une roue de champ, ce doit être une portion de cycloide; & fuppofant que la face de l’aile du pignon foit une ligne droite ten- Tome IF. | Le DEN 543 dante au centre, cètte cycloïde doit être engendrée: par un cercle dont le diametre foit le raiyon du pi- gnon. On en comprendra facilement la rafon, pour peu qu’on ait bien entendu ce qui a précédé, | Il y auroit encore beaucoup de chofes à ajoûter fur cette matiere, qui a été fort négligée, 8 qui s’é tend cependant beaucoup plus loin qu’on ne l’imagi- ne ordinairement; mais cela-allongeroit encore cet article , qui eft déjà affez long. On trouvera à l’arric.. PIGNON À LANTERNE ce qui regarde la fizure des dents des toues qui engrennent dans cette efpece de pignon. Voyez ENGRENAGE, ROUE, PIGNON , LAN- TERNE , AILE, MENÉE, EPICYCLOIDE, CYCLOIDE, Gc. (T) | #4 DENT DE LOUP, (Jardinage. ) ornement depar- terre ; c’eft une efpece de palmette tronquée dans: fon milieu, & échancrée en fer à cheval: on s’en fert dans la broderie | pour varier d’avec les autres figures. (X) | DENT, (Reliure) inftrumént de Relieur & d’au- tres ouvriers. Il fert aux premiers à brunir l'or de: deffus la tranche. Cette dent doit être une dés des: plus grofles , non émouflée ; & emmanchée dans uni manche de bois, où il faut qw’elle foit bien mafti- quée. Au défaut d’une 4ezr de loup on pent fe fervir d'une der de chien, emprenant les plus aigues & les plus fortes. On fe fervira fort bien au mémeufage, d’un morceau d’acier travaillé en forme de dr lmé, bien uni; car la moindre inégalité fufit pour écorcher l’or. Voyez la PL. IT. fig. 1. de Riliure. DENT DE RAT, ( Ruban.) petit ornement qui fe forme fur les lifieres de plufñeurs ouvrages : il ref= femble aflez à la denture d’une fcie ; mais l’ufage eft de le nommer dent de rat. Voici comment on l’exé- cute. Il y a fur les deux extrémités des ouvrages à dent de rat, de chaque côté, un fer ou un bout de fil de laiton, droit , fixé au bout d’une ficelle, qui elle-même eft arrêtée aux bouts .en-dedans des po- tenceaux. Ces fers viennent pañler à -travers le pei- gne, dont on a Ôté une der de chaque côté, pour leur donner le paffage ; ils aboutiffent ainfi à la poi- . trimiere. Jai dit plus haut qu'il falloit qu'ils fuflent droits, pour pouv@ir facilement fortir de l'ouvrage après avoir fait leur effet, qui confifte à lever fur certaines marches , & à recevoir par ces levées la trame : d’autres marches enfuite ne levant pas ces fers, la lifiere fe travaille à l’ordinaire, & ainf de même alternativement. Chaque fois que l’ouvrier tire fa tirée , les fers qui font fixés, ainfi qu'il a été dit, gliflent dans l'ouvrage , ou plûtôt fortent de ouvrage où ils font comme engainés ; & cedant à cet effort , l'ouvrage s’en trouve dégagé, & la denr de rat faite. * DENT, (Serrur.) ce font ces divifions ou re- fentes qu’on voit en plus ou moins grand nombre fur le mufeau du panneton de la clé. Les parties de la ferrure dans laquelle paffent les dezs, s'appellent le rateau ; ainfi il y a toûjours une der de plus à la clé qu'au rateau. Voyez RATEAU 6 SERRURE. * DENT DE LOUP, (Serrur.) efpece de clou fait en coin, ou plütôt en clavette, car il eff extrème- ment plat ; & fi. on fuppofe la clavette pointue, elie repréfentera très-bien le clou à denr de loup. On s’en fert ordinairement dans la charpente , pour arrêter les piés des chevrons, & autres pieces de bois qui ne font point afflemblées à tenons & à mortoifes; & l’on pourroit s’en fervir dans la maçonnerie, pour arrêter les plâtres fur Le bois, lorfque l’épaiffeur des plâtres exige cette précaution. DENTS , ( Faire les) en terme de Tabletier-Cornetiers c’eft proprement les tracer ou les marquer, avant de les percer tout-à-fait. DENT DE PEIGNE, chez Les Tifferands &c tous les ouvriers qui travaillent de la navette ; ce {ont les OOooou 844 DEN petites cloifons ou de rofeau ou de fer, qui forment les efpaces dans lefquels paffent les fils de la chaîne d’une étoffe ou d’une toile : on les appelle auf dents de rot, parce que le peigne de ces métiers , &£ prin- cipalement de celui des Tiflerands en toile , fe nom- me rof, Voyez PEIGNE. DENTAIRE, f. f. dentaria, (Hifloire nat. Bot.) genre de plante à fleurs faites en forme de croix, compofées de quatre pétales. Il fort du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit ou une filique partagée en deux loges par une cloïfon qui foûtient des panneaux de chaque côté. Ce fruit renferme des femences ordinairement arrondies. Ajoûütez aux ca- raéteres de ce genre, que les panneaux fe roulent en volutes lorfque le fruit eft dans fa maturité, & qu’- elles lancent les femences au-dehors. Ajoûtez auffi que les racines font charnues & écailleufes, & qu’- elles femblent être découpées en forme de dents. Tournef. if? rei herb. Voyez PLANTE. (1)- DENTALE, adj. f. rerme de Gramm. on le dit de certaines lettres qui fe prononcent par un mouve- ment de la langue vers les dents. Toutes les langues ont cinq fortes de lettres ; les labiales , les linguales, les palatiales, les gutturales, & les.derrales. Voyez . CONSONNE. (F) DENTE , voyez; MARMOT. . DENTÉ, adj. ex sermes de Blafon , fe dit des dents des animaux. (F7) DENTELÉ , ez Anatomie, c’eft un nom que lon donne à plufieurs mufcles , de ce que leur figure ref- femble àune fcie ; tels font le petit dezcelé antérieur, ou petit pectoral. Voyez PECTORAL. Le grand dentelé antérieur eft fitué fur la partie latérale de la poitrine ; 1l vient poftérieurement de toute la bafe de l’omoplate : il s’infere antérieure- ment aux fept vraies côtes &c à la premiere des fauf- fes, par autant de portions diftinétes qui reflemblent aux dents d’une fcie. Le dentelé poftérieur fupérieur eft fitué fous la por- tion fupérieure du rhomboide ; il part par un ten- don large & mince , des deux épines inférieures des vertebres du cou, & des trois fupérieures du dos ; & devenant charnu, il s’infere aux fécondes, troifiemes & quatriemes côtes, proche leur angle, par autant d’indentations diftinétes. | Le dentelé poftérieur inférieur eft fitué fous la por- tion inférieure du grand dorfal ; il vient par un ten- don large 8 mince, qui fe confond avec celui du grand dorfal , des trois épines inférieures des ver- tebres du dos, & des deux fupérieures des lom- bes : fes fibres montant obliquement , deviennent charnues, & s’inferent par quatre indentations à la levre inférieure des quatre dermieres côtes. (L) DENTELÉ, en termes de Blafon, c’eft la même chofe que danche , on plûtôtque dancerre , c’eft-à-dire qui a une dentelure large & ouverte. Eftourmel au Cambrefis, d’azur à la croix denrelée d’argent. (F) * DENTELLE, f. f. ouvrage en fil d’or, d’ar- sent, de foie ou de lin, 6’e. qui fe fait fur un couf- fin avec un grand nombre de petits fufeaux , un def. fein tracé fur du papier ou conçü d'imagination, & deux fortes d’épingles, & qu’on peut regarder com- me un compofé de gafe , de toile & de broderie ; de broderie, aveclaquelle il a un grand nombre de points communs, voyez POINT & BRODERIE : de soike, parce qu'il y a des endroits oùil y a proprement chaï- ne & trame, & où le tiflu eft le même que celui du _ tifferand ; voyez ToILE : de gafe, parce qu’on y exé- cute des deffeins, 8c que les fils qu’on peut regarder comme chaîne & trame, font fouvent tenus écartés les uns-des autres par des croifemens ; voyez GASE. Il faut commencer par fe pourvoir d’un couffin, Le couffin a la figure d’un globe applatipar les poles, & dont un des diametrés feroit de dix à douze pou- ces, & l’autre de douze àquatorze, Le dedans eft de coton!, de laine , ou de toute autre matiere qu'une épingle puiffe percer facilement ; & l'enveloppe une toile forte & bien tendue , qui puifle tenir droites &c fermes les épingles qu'on y fichera. Il faut avoir enfuite une lifiere de velours verd ; de fept à huit lignes plus large que la dentelle qu’on veut exécuter. Des épingles de laiton, les unes petites, &c les au- tres plus fortes. Il faut que ces épingles foïent flexi- bles, aflez pour céder un peu à l’ation des fufeaux & empêcher le fil de cafler trop fouvent ; & affez fermes pour tenir les fils dans la place qu’on veut qu'ils occupent , & donner aux points la forme ré- guliere qu’on veut qu'ils ayent. Un grand nombre de petits fufeaux. On diftingue à ces fufeaux troïs parties, la poignée, la cafle, & la tête : la poignée 2 B, qui eft faite en poire très- allongée , que l’ouvriere prend avec fes mains, & dont elle fe fert pour faire aller fon fufeau : la cafle BC qui eft au-deffus de la poignée, &c qui a la forme d’une petite bobine, dont elle fait les foné&tions : la tête CD, qui fait aufii la fonétion d’une bobine, qui en a la forme, mais dont la longueur eff fi petite relativement à celle de la cafe, qu’on ne la prendra que pour une gouttiere ou rainure. Un patron. C’eft une efpece de braffelet, fur le- quel eft attachée la denrelle qu’on veut exécuter, & qu’on fixe fur le couffin, afin d’avoir perpétuelle- ment fon modele fous les yeux. Des petits cifeaux , qui n’ont rien de particulier. Des caffeaux. Ce font de petits morceaux de cor- nes extrèmement minces ; ils ont la hauteur & le tour de la cafe du fufeau : ils font coufus par leurs deux bouts : & forment autant de petits étuis dont on couvre le fil dont les fufeaux font chargés, pour Pempêcher de s’éventer. Une faifeufe de dentelle n’a pas befoin d’autres outils : felon qu’elle aime fon art, elle les a plus re- cherchés ; fon couffin eft plus élégant , fes fufeaux plus délicats, fes cifeaux plus jolis. Mais avec le petit nombre d’inftrumens que je viens de décrire, & tels que je les ai décrits, on peut exécuter la de telle la plus belle & la plus riche. Une ouvriere a toùjours l’une de ces trois chofes à faire , ou compofer &c travailler une dentelle d'idée, ce qui fuppofe de lPimagination , du deffeins, du goût, la connoïffance d’un grand nombre de points, & la facilité de les employer, & même d’en inventer d’autres ; ou remplir un def[ein donné [ur le papier feu- lement ; ou copier une dentelle donnée, ce qui deman- de peut-être moins de talent que pour faire d’ima- gination, mais ce qui fuppofe la connoïffance de l'art la plus étendue. L’ouvriere qui copie fidelement une derrelle don- née , fait quelques opérations dont celle qui exécute un deffein tracé fur le papier, & celle qui travaille d'imagination , font difpenfées ; & ces dernierés n’ont aucune manœuvre à laquelle la premiere ne foit aftreinte. Nous allons donc expliquer la maniere de rendre une dentelle donnée. | On place le couffin fur {es genoux, fes extrémités ou poles tournés l’un à-droite & l’autre à gauche : on prend la lifiere du vélin ; on en fait une zone fur le milieu du couffin: pour qu’elle l’embraffe bien étroitement , & qu’elle foit bien tendue, on fiche quelques épingles à l’un de fes bouts, d’autres à lau- tre bout, & quelques-unes encore le long de fes c6- tés : on prend la dezelle à copier, on l’étend fur la lifiere du vélin, le pié tourné vers la main gauche, & la couronne vers la main droite. On entend par le pié de La denrelle, fa partie fupérieure, ou fa lifie- re ; & par la couronne ou le picot , cette rangée de petits œillets ou de très-petites boucles qui la ter= DEN ‘minent : ce mot.a la même acception.en dentelle qu’- , en broderie. On fixe la denrelle fur la lifiere du vé- lin, en plaçant des épingles dans toutes les mailles de la lifiere de la dentelle, & dans tous les œillets de fon picot. Il faut obferver de la tenir diftendue le plus qu’il eft poffible, tant en longueur qu’en lat- geur ; pour cet effet il faut tenir Les épingles latéra- les les plus éloignées qu’on peut, & en ficher quel- ques-unes à la partie fupérieure & à la partie infé- rieure de la dentelle. Après ces préparations il s’agit de piquer ; c’eft de Part de faire la dentelle, l'opération la plus difiicile : nous allons tâcher d’en donner une définition très- claire. Pour cet effet il faut favoir qu’on entend par un point en broderie & en dentelle, une fisure quel- conque réguliere, dont les contours font formés foit avec le fil, foit avec la foie. Soit cette figure un triangle. Il eft évident, 1°. qu’on.ne formera jamais avec des fils flexibles les contours d’un sriangle fans trois points d'appui, 1l en faut un à chaque angle; les contours d’un guerre, fans quatre points d'appui; ceux d’un pentagone, fans cinq points d'appui, & ainf de fuite. Il eft encore évident que fi les fils n’é- toient pas arrêtés par des nœuds ou autrement au- tour de ces points d'appui, ces points d’appui ne fe- roient pas plütôt écartés, que les contours de la f- gure fe déformeroient , & que les fils fe déplaçant & fe relâchant, ou ne renfermercient entr'eux au- cun efpace, ou ne produiroient aucun deffein. Une dentelle eft un compofé de différens points, tantôt entremêlés , tantôt fe fuccédant ; & piquer une den- telle, c’eft difcerner, en la fegardant attentivement, tous les points d’appui de ces différens points, & y ficher des épingles qui paflent à-travers la der- celle, le papier verd, ou le vélin qui eft deffous, & qui entrent dans le couffin. Il eft évident, 2°. que tous les trous de ces épingles fdtmeront fur la lificre de vélin la figure de tous les points, & par confé- quent le deflein de la dentelle donnée : & voilà très- précifément ce que c’eft que piquer. C’eft tracer fur un morceau de vélin placé fous une dentelle, le def- fein de cette dentelle, par des trous faits avec une épingle qu’on fait paflefidans tous les endroits qui ont fervi de points d'appui, dans la formation des points dont elle eft compofée ; enforte que quand on travaillera à remplir ce deflein au fufeau , on em- ployera les mêmes points d'appui, &c l’on formera par conféquent les mêmes figures. | Ce font des épingles qui fervent de points d'appui aux faifeufes de dentelles, &c elles ne prennent leurs lifieres de vélin de couleur bleue, que pour mênager leurs yeux. | Quand l’art de faire la dentelle feroit perdu, ce que je viens de dire fufäroit feul pour qu'il fût très- facile de le retrouver. J'obferverai pourtant qu’il y aura dans un deffein, piqué avec précifion , d'autres trous que ceux qui marqueront des points d'appui : un exemple fuffira. Si le point qu’on veut piquer eft un quarré dont les côtés foient nattés, & l’efpace traverfé par deux diagonales nattées ; & fi l’on a pratiqué une très- petite figure à jour à l'endroit où les deux diagonales fe coupent , il faudra d’abord quatre épingles pour les quatre angles du quarré, puis une petite épingle au centre, dont la folidité empêche les fils de s’ap- procher entierement, &c les contraignent de laiffer un petit vuide à l'endroit où ils fe croifent. Mais on peut abfolument fe pañler de cette petite épingle, non pas en travaillant, car c’eft elle qui forme le vuide, mais en piquant la dentelle, parce qu'ayant la dentelle à exécuter fous fes yeux, pendant qu’on la copie fur le deffein piqué, on donne aux points telle façon accidentelle que l’on defire ; & on les laiffe entierement à jour, ou on coupe leur efpaçe 1 DEN 845: en différens compartimens qu’il n’eft pas abfolument néceffaire d'indiquer fugle deflein piqué, à moins que ces compartimens ne,foient eux-mêmes d’au- tres points qui ayent befoin de points d’appui ;.çe qui nedoit guere arriver que dans les dezzelles d’une extrème largeur. | On pique le deffein fur. deux ou trois lifieres de vélin différentes , qu’on fait fuccéder les unes aux autres à mefure qu’en travaillant ces lifieres fe cou- vrent d'ouvrage. Lorfque le deflein eft piqué , .on Ôte la dentelle de deflus la lfiere, & on l’attache fur le’ patron : Le vélin piqué refte fur le couffin. L'ouvriere, en comptant les points d’appui.de fon ouvrage, fait bientôt combien il lui faut.de fufeaux ; elle a ces fufeaux tout prêts, au nombre de foixante, quatre-vingts, cent, cent cinquante, deux cents , Ôt plus ou moins, felon la largeur de la densélle & la nature des points qui la compoñfent : ils font char- gés du fil le plus fin & le meilleur, & voici comment elle les difpofe. Elle prend une grofle épingle 4 B qu’elle fiche fur le couffin, puis elle fait autour de l’épingle de gauche à droite , deux ou trois tours avec le fil du fufeau : au quatrieme tour elle forme une boucle 3» 4, avec ce fil ; elle ferre fortement cette bos- cle, & le fil fe trouve attaché à l’épingle, & le fu- feau fufpendu. Elle devide enfuite de deflus la cafe de fon fufeau, autant de fil 1,6, 7, 8, qu'il luien faut pour travailler ; 8&c elle empêche qu'il ne s’en devide davantage, en faifant faire au fil deux ou trois tours fur la tête, en-deflous ou de gauche à droite, & en terminant ces tours par une boucie 8,9; 10, comme on voit dans la Planche de la der- celle. Elle charge la même épingle d’autant de fu- feaux qu'il en peut foûtenir, puis elle la tranfporte à la partie la plus élevée de la lifiere du vélin, à quelque diftance du commencement du deffein. Elle charge une feconde épingle , qu’elle plante fur la même ligne horifontale que la premuere , puis une troifieme, une quatrieme , Gc. Jufqu’à ce que tous fes fufeaux foient épuités. Elle place enfuite le patron couvert de la derelle à imiter, derriere la rangée d’épingles qui fufpend les fufeaux. Maniere fort femple d'apprendre à faire la dentelle la plus compolée en très-peu de tems. Il faut prendre une habile ouvriere, qui connoïffe la plus grande partie des points d’ufage ; pour tous, cela n’eft pas poffi- ble , on en peut inventer d’une infinité de façons ; mais la plüpart de ces points ne s’exécutent guere qu'à quatre ou à huit fufeaux ; encore quand on tra- vaille à huit fufeaux fait-on communément aller les fufeaux toijours deux à deux, & c’eft comme fi lon travailloit à quatre, à cela près qu'il fe trouve deux fils accolés où il n’y en auroit qu'un, & que l’ouvra- ge en eft plus fort. On fait exécuter à cette ouvriere tous ces points les uns après les autres, de maniere qu'ils forment un long bout de dentelle, dont le premier pouce foit, tant en largeur qu’en hauteur, d’une forte de point, le fecond pouce d’une autre forte, le troifieme pou- ce d’une troifieme forte, & ainf de fuite. On obfervera à chaque point comment il fe com- mence, fe continue , &c fe ferme, Il faut bien {e gar- der de s’en rapporter 1c1 à fa mémoire. Il fant écrire, & la maniere d'écrire la façon d’un point eft très-fa- cile. Soient, par exemple, quatre fufeaux employés à faire un point : il fant les défigner dans chague po- fition inftantanée par les nombres 1, 2, 3, 4; en- forte que quelle que foit la pofition qu'ils ayent dans le courant de a formation du point, 1 foit toûjours le premier en allant de la gauche à la droite, ou de la droite à la gauche; 2, le fecond fufeau; 3, le troi- fieme ; & 4, le quatrieme. Ne faites jamais changer 846 DEN de place qu'un fufean à la fois ; & ne regardez com- me une poñition nouvellefile fufeaux , que celle où un fufeau du premier, ou fecond, ou troifieme, où Fe qu'il étoit, eft devenu ou troifieme , ou econd, ou premier, &c. mais comptez tout autarit de pofitions différentes, qu'il y aura de fois dépla- cement d’un fufeau. Ecrivez fuccefivement tous ces déplacemens de fufeaux de quatre en quatre, ou d’un plus grand nombre en un plus grand nom- bre , fi la dentelle le comporte; & vous aurez non- feulement la maniere dont chaque point fe forme, mais celle encore dont 1ls fe fuccedent les uns aux autres, tant horifontalement que verticalement. Vous apprendrez en même tems la façon de la couronne ou picot, & celle du pié de la denrelle. Habituez- vous, fur-tout dans les commencemens, à tenir de l’ordre entre vos fufeaux. Ayez en travaillant votre écrit fous les yeux. Bien-tôt cet écrit vous deviendra inutile;vous acquerrerez la connoïffance des points & l'habitude de manier, de ranger, & de retrouver vos fufeaux ; & en moins de huit jours le merveil- leux de la dentelle difparoïtra pour vous; c’eft du moins ce qui eft arrivé à l’auteur de cet article. Nous allons ajoûter ici un effai de notre méthode, dont on pourra faire, fi on le juge à-propos, la vé- rification fur le couffin. Lorfque vous aurez placé vos fufeaux au haut de votre vélin, féparez-en les huit premiers à gauche, êx faites-les travailler de la maniere fuivante, com- me s’il n’y en avoit que quatre. Jettez le 2 fur le 1, le 4 fur le 3 , le 2 fur le 3: re- commencez de mettre le 2 fur le r, le 4furle 3,le 2 fur le 3; continuez tant qu'il vous plaira, & vous ferez ce que les ouvrieres appellent une dreffe à huir. Si au lieu d'employer les fufeaux deux à deux, vous les eufliez employés un à un , vous eufhez fait ce qu’elles appellent une dreffe à deux. Remarquez bien 1°. que les chiffres 1, 2, 3, 4 *repréfentent chacun deux fufeaux contigus dans la dreffe à huit : 1°. qu’à chaque déplacement les chiffres 1, 2, 3, 4,ne mar- quent pas les mêmes fufeaux ; mais qu’en quelque moment que ce puile être, le chiffre 1 marque toû- jours le plus à gauche ; 2 toûjours celui qui le fuit; 3 toüjours celui qui fuit le 2, &c. en allant de gau- che à droite , & que quand on travaille de droite à gauche , : marque toüjours le plus à droite, 2 celui qui le fut en allant de droite à gauche, & ainfi de fuite. Quand toutes vos drefes feront faites de même longueur , vous les tirerez bien verticalement & bien parallelement les unes aux autres, & vous fi- cherez une épingle à l’angle que forment les fils à l'extrémité de chacune, laiffant les fufeaux 1, 2, à droite, & les fufeaux 3, 4, à gauche de épingle qui les tiendra féparés. Vous avez plufeurs manieres d’arrêter vos dreffes; ‘ou faites un nœud ordinaire avec les fils ou fufeaux 1,2, & 3,4; ou faites un point jetté ; nous dirons dans la fuite comment 1l fe fait ; ou faites un pozxr cornmun OU de coutume, ÉTC. Quand on a fait /a dreffe, fi on la reprend en fens contraire, de droite à gauche quand on a été de gau- che à droite, & qu’on obferve de laifler deux fu- feaux qui fervent à enfermer les épingles , on exécu- tera le point de coutume ou commun. On peut faire fuccéder la toile ou lentoilage an point de coutume. L’entoilage fe commence du côté même où l’on a terminé le point de coutume ; ainfi fi c’eft à gauche, on laïfle les deux premiers fufeaux : “on prend les quatre fufeaux fuivans ; on les tord deux à deux, c’eft-à-dire qu’on pafle de deflus en- deffous & de deflous en -deflus les fils dont ils font chargés ; puis les nommant de gauche à droite, com- me nous l'avons prefcrit, 1,2, 3,4, on metle: fut le 3, le 2 fur le r, le 4 fur le 3, & le 2 furle 3, & le point d’entoilage eft fait: pour continuer, on ne tord point ; mais des quatre fufeaux employés, on laiffe les deux qui font lé plus à gauche : on prend les deux reftans , auxquels on aflocie les deux qui lés fuivent immédiatement , en allant de gauche à droite ; puis on met le 2 fur le 3, & l'on continue comme On a fait précédemment, Il n’y a que le pre- mieér mouvement qui difere ; car dans Île premier cas on a mis le 1.fur le 3, & dans celui-ci c’eft le 2, Cette obfervation eft la feule qu’il y ait à faire. Il s’agit maintenant de faire la couronne; pour cet effet on commencera par tordre deux fufeaux à dif crétion ; on fichera une épingle où l’on aura tordu ces deux fufeaux ; il ne faut pas oublier que sordre deux fufeaux, c’eft pafler lun fur l’autre les fils dont ils font chargés : on pañlera fur l’épingle & l’on tour- nera fur elle de droite à gauche les fils tordus des deux fufeaux ; puis on prendra celui des deux fu- feaux qui fe trouvera à gauche, & l’on dépañlera de deffus l’épingle fon fil, en revenant par-deflus la tête de cette épingle de gauche à droite. Cette manœu- vre ne fe fait que pour ferrer l'ouvrage ; car quand on a ferré, on replace le fufeau dépañlé comme il étoit auparavant. Quand on a continué ainf jufqu’à ce qu'on foit parvenu de droite à gauche, il reftera quatre fufeaux : on féparera ces quatre derniers fu- feaux par une épingle, deux d’un côté de l’épingle, deux de l’autre ; on tordra les deux d’un côté enfem- ble , & pareillement les deux de l’autre côté autant qu’on voudra, & l’on finira par le point appellé le point fimple, où l’on jettera Le 2 fur le 3, le 4 fur le 3,le r fur le 2, le 2 fur le 3, & ainf de fuite, C’eft le réfeau qui peut fermer l’entoilage , & voici comment on le fera. On laiflera deux fufeaux » on tordra les deux fuivans d’un tors. Avec ces deux fufeaux tordus & Is deux fuivans non tordus, on fera un point, On prendra Les deux derniers du point &c les deux fuivans; on les tordra deux à deux com- me on les prend , & l’on fera un point ; avec les qua- tre derniers des huit premiers on fera une petite épingle , c’eft-à-dire qu'op les tordra deux à deux contigus , & qu’on fera un point. Avec les quatre des douze, qu'on tordra deux à deux, on fera un point : on prendra les deux derniers & les deux fui- vans, qu'on tordra, & l’on fera un point ou une {e- conde petite épingle. Avec les quatre derniers des feize , qu’on tordra deux à deux, on fera un point. On prendra les deux derniers & les deux fuivans, qu’on tordra deux à deux, & on fera un point, Avec les quatre derniers des feize, qu’on tordra deux à deux , on fera une petite épingle , & aïnfi de fuite. On fera un point avec les quatre derniers, fans tor- dre ; puis on fera la couronne afin de fermer le ré- feau. Si l’on veut placer enfuite un fo24 percé, on lai£- fera les deux premiers fufeaux de gauche à droite ë & l’on travaillera avec les quatre fuivans : il faudra faire un point, tordre les deux premiers des quatre, & non les deux autres; garder les deux derniers, prendre les deux fuivans, les tordre tous quatre deux à deux, & faire un point; puis ficher une épingle en- tre les quatre derniers , un peu au-deffous des épin- gles précédentes : prendre les quatre derniers des huit premiers, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des douze pre- miers, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des dix premiers, les tor- dre deux à deux, & faire ur point : prendre Les qua- tre derniers des huit, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des douze, les tordre deux à deux, faire un point : prendre les deux derniers & les deux fuivans, les tordre deux à deux, & faire un point ; puis les féparer par une épingle, DEN & ainf de fuite : parvenu aux quatre dermiérs on ne les tordra point, on fera un point, puis la couron- ne, & un point. Vous exécutérez le point jetté en prenant 1°. les quatre premiers fufeaux à droite, les tordant deux à deux, faifant un point , tordant une feconde fois, & faifant encore un point : 2°. les quatre fuivans , & opérant fur ces quatre comme fur les quatré pre- mers : 3°. les quatre fuivans, & opérant comme fur les quatre précédens , & ainfi de fuite : ôn finira, fi Von veut , par là couronne, | On fermera Le point jette en laïffänt les deux pre- miers à gauche, prenant les quatre fuivans, lès tor- dant deux à deux, fafant un point, & attachant une épingle: prenant deux des précédens & deux des fui- vans , les tordant deux à deux, & faifant un point : prenant les deux derniers &z les deux fuivans, les tordant deux à deux, faifant un pont, & plaçant une épingle, & aïnf de fuite, jufqu'à ce qu'on foit arrivé aux fix derniers, alors on ne travaille que fur les quatre avant-derniers : on en totd les deux premiers de ces quatre & non les deux autres, on fait un point ; f l’on veut clôre le pié, on prend les quatre dermérs, On les tord deux à deux, & lon “fait un point. | RE Du dermi-poirt ; pour le faire en allant de gauché à. droite , laiflez deux fufeaux ; prenez les quatre uivans ; tordez les deux prenters de ces quatre & non les deux autres , & faites un point : prenez les deux derniers & les deux fuivans ; tordez-les deux à deux, & faites un demi-point, c’eft-à-dire tordez & mettez le 2 fur le 3, le 2 fur le 1, le 4 fur le 3. _ Lorfque vous ferez arrivé aux deux premiers des quatre derniers, tordez-les deux fois ;, faites le point entier fans tordre les deux derniers, & finiflez par la couronne, + | Veut-on faire le point d’efprit, qui eff affez lourd & aflez laid , il faut tenir les fufeaux écartés , faire un demi-tors, du 2 fur le"3, du 4 fur le 3, du 4 fur le 3, du 2 fur le 3, du 2furler; du2furler, du 2 fur le 3, du 4 fur le 3, du 4 fur le "3 ; du 2furle, du 2 fur le 1, du 2 furle't, du z fur le 3, du 4 fur le 3, du 4 fur le 3,. & ainfi de fuite. Pañez enfuite à quatre autres fufeaux, & opérez de même. Pour férmer ce point, faites un point complet : pla- cez une épingle qui fépare les quatre fuféaux en deux: confervez deux des quatre, & prenez les deux fui- vans ; tordez &c faites un point: conférvez deux des quatre & prenez les deux fuivans ; tordez &c faites un point : placez une épingle qui fépare les quatre derniers : confervez deux de ces quatre, & prenez les deux fuivans ; tordez &c faites un point, & ainfi de fuites "+ _ ne Ÿ- Il faut avoir peu d’égärd à tous ces points, qui peuvent pañler de mode, & qu'on auroit quelque peine à exécuter {ur ce que nous venons d'en dire. Ce qu'il importe de bien poñléder , c’eft ce que nous avons dit de la méthode; c’eft là ce qui conftitue l'art. Ces élemens bien compris, il n’Y aura rien dans ce genre de travail dont on ne puifle venir à bout. On formera des defleins furprenans : on les remplira d'une multitude de points inconnus ,, & l’on fera de très-bellé dezelle, Pour apprendre à former les points & à les fer- imer, il faut monter les fufeaux de ficelle ; plus la f- celle fera grofle, plus on verra clairement la forma: tion de l'ouvrage, & plus facilement on l’apprendra. _ Iy a des dentelles dot, d'argent , de foie , de fil: cet ouvrage a été ainfñ nommé, felon toute apparen- ce, du picot qui le termine &t qui le borde comme d’une rangée de petites dents. Les points , le deflein, en un mot:les différences du travail diflinguent dif- férentes fortes de dentelle : il y a la neige, lé réfeau, la bride, [a fleur , la grande fleur, la petite fleur , la DEN 847 maline, l’angleterre, la valencienne , le point d’A= lençon, la fine, la commune, haute la baffle, &c. Les dentelles {ont des ornemens très-beaux & très- précieux; celles en fil, au linge des hommes & des femmes ; celles en or & argent , aux-habits & aux meubles. Elles font partie du commerce des Merciers êc des Lingeres. Il y a des garnitures de femmes qui vont au-delà de deux mille écus. c. DENTELLE , e7 terme de Diamantaire:, fe dit d’un brillant en menu, dont les arrêtes des bifeaux ne font rabattues que par une facette fimple. F’oyez AR: RÊTES. | 4 9 #3 DENTELLE 04 BORDURE, c’eft, particulierement dans l’Imprimerie en lettres, de petits ornemens de fonte, plütôt que gravés en bois , tous femblables aflémblés à volonté, & fervant à entourer des pa- ges de livres, ou des avis, enfeignes de marchands > & autres chofes fémblables, & quelquefois à fup- pléer de petites vignettes au titre d’un chapitre. #7, de M. Papillon. #. DENTELLE , (Merteur en œuvre.) fe dit d’un fefton taillé en dents , qui forme cordon à la partie infés rieure d’une fertiflure, au-deflous des griffes, j DENTELLE , (Reliure. ) Le Relieur appelle 4r= telle, un deffein ouvragé à fleur Ou ‘autrement, Qu fe pouffe avec un fer chaud, en or ôù fans'or, fur le plat de la couverture d’un livre, én fuivant le bord dans tous fes fens. Voyez DoRreR. as DENTICULE, f:m. (Archireiture.) otnement confacré au larmier inférieur de l’entablement de l’ordre Ionique, ce qui le fait nommer Zarrmier denri. culaire. Les denticules qui ont ordinairement de lar- geur les deux tiers de leur hauteur , font féparés par des reglets renfoncés, qu'on nomme méroches. Ces métoches ont de largeur la moitié du derriere, Ces dernieres font Grnées dans les angles faïllans de la corniche , d’une pomme de bin, qui fert à remplié l'efpace que forme le retour à angle dtoït dés deux derniers denticules. Voyez LARMIER, + Dansla plüpart des édifices antiques, le plus grand nombre des auteurs anciéhs , & prefqué tous nos architeétés modernes, ont placé indiftin@éméent des denticules dans leurs entablemens , à l'exception dé l’ordre tofcan. Le théatre de Marcellus d'ordre do= tique , au lieu de mutulés, a des dersicules: [| s’en voit dans tous les ordres corinthiens de l’antiquité ; & Vignole en a mis dans l’ordre compoñite ; néan- moins il faut convenir que les mutules dans l’ordre dofique, font la richeffe la plus convenable au cara- &tere viril de cet ordre. Claude Perrault les a fup= primés à léntablement corinthien du périftyle du Louvre. Palladio a préferé aux dezricules les modil- lons à l’entablement compofite; de maniere que fui- vant le fyftèmedes Grecs, les Jerricules étoienr defti- nés à l’ordre ionique, comme ordre moyen; encore plufieurs commentateurs de Vitruve y ont-ils attri= bué des modillons, lorfqw'ils ont voulu employer feus le cette ordonnance dans leurs édifices; de maniere que l’on peut dire en général, que cette efbece d’or- nement peut être employé ou fupprimé dans PArchi teéture, felon l'élegance de l'ordre, la richèffe de la décoration, & l'importance du bâtiment; par exem: ple, lorfque toutes les moulures d’une corniche font taillées d’ornemens , il eft bon deles omettre , ainfi que Perrault l’a pratiqué à fon périftyle, malgré lei xemple de l’intérieur du Louvre qu’il avoit fous les yeux. Cette fupprefion emporte un repos dans les différentes moulures d’une corniche, qui produit un bon effet. Au contraire , lorfque les moulures font liffes , cette richeffe däns l’un de fes larmiers eft un ornement d'autant plus défirable,, qu’il appartient toùt à l’Architeäture ; qu'il eft compoié de lignes droïtes , Paralleles, 8 d’une expreflion plus ferme & plus aralogue aux membres’ horifontaux dont eft 848 DEN compofél’entablement:car on doit favoir en géaéral, que la plpart des ornemens dont on décore les ci- -maifes des corniches.ne fervent qu'à corrompte les formes des moulures, à les fubdivifer , & au bout d’un certain tems à-les noircir par leur cavité & le mouvement réitéré que leurdonnent ces ornemens , principalement lerfque ces moulures fe trouvent em- ployées dans les dehors, tels qu’on les remarque au palais des Thuileries, dans la cour du Louvre, à la fontaine des SS. Innocens, &c. confidération qui de- vroit faire referver cette prodigalité pour l’intérieut des églifes, le dedans des galeries , les pérityles, les efcaliers , & les veftibules., ainfi qu'on l’a pratiqué avec fuccès aux Invalides, aux châteaux de Verfail- les, de Maïfons, de Meudon, &c. Ces lieux moins fpacieux, fermés detoutes parts, & plus près de l’œil du fpeétateur, autorifent en quelque forte cette mul- tiplicité de richefles, dont néanmoins 1l faut ufer avec beauconp de prudence, (P) en. DenTicuLes , {. m. pl. (Lutherie.) ce font les parties faïllantes K ( fig. 2. pl. d'orgue ) que les en- tailles F laiflent entr'elles. Les denricules doivent fuivre le diapafon , auffi-bien que les entrailles. Voyez SOMMIER. DENTIFRICE , £. m. terme de matiere médicale ex- trne , médicament qui fert à nettoyer & à blan- chirles dents. La bafe des demrifrices {ont des reme- des déterfifs & defficcatifs : commele corail, la corne de cerf, l’os de feche , l’alun , la pierre de ponce, tou- tes les coquilles pulvérifées lorfqu’elles ont été calci- nées au foleil'ou au feu. Elles contraétent affez fou- vent une odeur defagréable par cette calcination ar- tificielle ; c’eft pourquoi on ne les prépare pas ordi- naïrement par cette opération, ou bien on y ajoûte quelques médicamens aromatiques , comme la pou- dre de canelle, de cloux de gérofles , de noix muf- cade, & autres. On fe fert de ces poudres avec une petite éponge fine moiillée & exprimée avant de la mettre dans la compoñtion. Pour les perfonnes qui aiment mieux fe fervir de ces remedes en confiftan- ce d’opiate , on mêle ces poudres dans du mel, ou on les incorpore avec quelque firop , de l’oximel {cillitique , ou du mucillage de gomme adragant ou arabique. Onfe fert auffi d’une racine de mauve ou de gui- mauve qu'on prépare en en faïfant boillir dans de l’eau falée , ou dans de l’eau alumineufe , puis on les fait fecher au four. On rañfermit les dents chancelantes & on net- toye les genfives ,en mettant quelques gouttes d’ef- prit de cochléaria dans un demi-verre d’eau. Le fieur Lécluze, expert pour les dents, ayant re- marqué qu'il n’étoit prefque pas poffible de nettoyer les dents à leur partie poftérieure , a inventé un gratte-langue , dont le manche forme une pincette courbe, au moyen de laquelle on porte aifëment une éponge au-dedans de la bouche &c aux furfaces extérieures des dents les plus éloignées, pour enle- ver le limon que forme letartre , fi préjudiciable à leur durée & à celle des gencives. ( F) DENTITION , £. f. ( Médecine. ) c’eft la fortie naturelle des dents, qui fe fait en différens tems,- depuis la naïffance Hs l’adolefcence.. DENTS, pour tout ce quiregarde leur génération, leur ftruc- ture , leur accroïiflement , leur maladie , 6’. | L'homme naît ordinairement fans dents: il eft très- tare d’en voir naître avec des dents. Harris rappor- te avoir vù une femme , qui dans toute fa vie n’en avoit jamais eu aucune : on peut regarder ces cas comme des écarts de la nature. Les enfans n’ont pas befoïin de dents , parce qu'il ne doivent d’abord être nourris que de lait : elles ne font néceflaires que pour concourir à l’élaboration des alimens folides , pour les difpofer à la digefion ; elles ne commen- cent par conféquent à paroître que dans le tems où les organes deftinés à cette fon@tion ont acquis aflez deforce pour digérer des alimens quiont plus de con- fiflance que le lait : ainf elles ne fortent des alvéo- les des gencives, où elles font renfermées , que vers le fixieme , le feptieme , ou le huitieme moïs ; rare- ment avant ce tems ; quelquefois cependant plütôt ou plûtard, felon que les fujets font plus où moins robuites. Pa y Cette fortie des dents eft prefque tohjours accom- pagnée de douleurs , à caufe du fentiment très- dé- ‘ licat dont font douées les gencives qui recouvrent l’alvéole, & qui doivent par conféquent être percées, déchiréés ; pour leur donner iflue : c’eft pourquoi la fage nature a établi qu’elles ne ponffent pas tou- tes à la fois, pour éviter la trop vive douleur que cauferoit infailliblement la déchirure des gencives dans toute l'étendue des mâchoires, & les {ympto- mes violents & mortels qui anroient pù s’enfuivre : les dents canines foïtent les premieres, d'autant plus aifément qu’elles font figurées de maniere à ne faire que pénétrer entre les fibres de la gencive par leur pointe ;que les écarter, pour ainfi dire, fans les dé= chirer ; enfuite viennent les incifives , qui par leur tranchant coupent & {éparent la gencive avec plus de facilité que ne font les molaires , qui fe font jou les dernieres , parce qu’elles font les moins propres par leur tête applatie à forcer la réfiftance de la gencive , & qu'elles caufent de plus grandes ruptu- res qu'aucune autre : leur fortié eft conféquemment accompagnée d’une plus forte douleur &c plus con- tinuée , l'ouvrage devant néceffairement être plus long , À caufe de la plus grande réfiftance , caufée pie la plus grande étendue de furface à rompre dans a gencive, & par la plus grande folidité de cette même gencive acquife par un âge plus avancé. On obferve communément que les dents fortent fuccefivement dans lefpace de deux années , dans l’ordre qui vient d’être décrit : environ à fépt ans il vient d’autres dents à la place des premieres qui ont garni les mâchotres ; & environ à Vingt-un ans» pour l'ordinaire , & quelquefois plütôt ou plütard, on voit paroître les deux dernieres dents molaires , qui n’avoient été précedées d’ancune autre à la place qu’elles occupent ; ce font celles que l’on nom- me dents de fagel[e. | | Les fignes qui annoncent l’éruption des dents, font la chaleur contre nature de la bouche, la deman- geaifon , & enfuite l’enflure & la douleur des gen- cives , l'écoulement abondant de falive ; ces fymp- tomes accompagnent ordinairement la dentition:mais lorlque les gencives font d’un tiflu plus ferme, qui réfifle davantage aux efforts des dents, ou lorfque plufieurs fortent à la fois, fur-tout d’entre les mo= laires , les accidens qui s’enfuivent font encore plus violens : il furvient des inflammations dans la bouche, des infomnies, desinquiétudes,desfrayeurss des tourmens , des coliques : la fievre fe met de la partie ; elle eft accompagnée de dégoûts , de vo= miflemens , de flux de ventre avec des déjettions verdâtres, de conftipation , quelquefois de convul- fions , d'accès épileptiques , & de plufieurs autres fâcheux fymptomes. Ceux qui dépendent des nerfs doivent être attribués, felon Hoffmann , à la com- munication des nerfs de la cinquieme paire (dont une branche fe diftribue aux mâchoiïres ) avec le grand nerf {ympathique ou intercoftal, &c la hui- fieme paire ; enforte que , conféquemment à lirris tation lancinante des gencives , le cerveau, la poi- trine , l'eftomac & les entrailles peuvent être af- feetés de diférens mouvemens fpafmodiques , qui caufent , entr'autres effets , des conftriétions dans les boyaux, y retiennent les alimens qui fe corrom- pent , deviennent âcres , dégénerent en dE Éd sd é F UGS DEN fucs de nature corrofive , qui augmentent la violen- ce des fymptomes, & en produfent de nouveaux en paflant dans le fang. | Aucune maladie n’expote les eénfans à tant & à dé fi fâcheux accidens , & affez fouvent ils périf- fent après avoir fouffert long -tems, ce qui arri- ve fur-tont à ceux qui ont Le plus d’embonpoint ; enforte que pour établir le prognoftic de la deti- tion difficile , 1l faut avoir égard à l’âge & au tem- pérament différent des fujets , à ce quu a précédé les accidens & ce qui les accompagne, à la quantité des fymptomes qui fe préfentent en même tèms : on juge différemment de l’événement , d’après toutes ces diverfités. Lt Dès qu'il eft bien décidé qué les accidens men- tionnés pour la pläpart, ou quelques-uns feulement;, font caufés par la difficulté de la fortie des dents ; tout le traitement doit rendre à la faciliter , en pref- fant le bord des gencives avec le doigt, en don- nant à l'enfant malade un hochet qu'il pue porter à la bouche pour le mdchorer , le prefler entre les deux mâchoires ; ce qui comprime la fubftancé des gencives, & tend à rendre plus aifé le déchirement de fes fibres : c’eft auffi dans cette vüe que l’on doit employer des chofes propres à la ramolir , comme le mucilage de pfyllium , la pulpe de la racine d’al- théa , la moëlle de veau, le cerveau de lievre, Ces différens fecours conviennent lorfque les dents commencent à fairé des efforts douloureux pour fortir des alvéoles ; & que le bord de la gen- cive qui les couvre paroït devenir blanchätte. Mais lorfque les dents ayant augmenté de volu- me , font enfler confidérablement les gencivés, & y caufent de violentés douleurs par les eforts qu'elles font pour les déchirer, dans ce cas feulement 1l eft à propos d’avoir recours à un moyen plus prompt pour faire ceffer ces accidéns fâcheux : 1l confifte à faireune incifion à la gencive fur la dent qui pouf- le, ou avec le bord de l’ongle, où avéc un biftouri ; ce qui, en faifant cefler le tiraillément des fibres nerveules, faitfouvent cefler, prefquefurle champ, tous les différens fymptomes. . S’il a des convulfons opimätres, il faut les com- battre avec les antifpafmodiques, comme la poudre de guttete, les abforbans , comme les coraux, les veux d’écrevifles , de legers anodyns, comme le fi- rop de pavot blanc , l’huile d’amandes-douces. Sydenham & Boerhaave recommandent très-ex- preflément l’efprit de corne de cerf. Les lavemens à petite dofe conviennent contre les tranchées , les douleurs d’entrailles : on doit terur le ventre libre par de doux purgatifs , s’il y a confti- pation : les foits font très-pernicieux dans cette ma- ladie. On peut auffi fairé ufage de ces remedés pour pré- venir la rechüte. | La nourrice doit obferver un régime de vie ra- fraîchiffant, adouciffant. Les enfans ne font pas feuls fujets à la dentirion difi- cile : les adultes éprouvent quelquefois des fympto- mes aufli fâcheux à cetteoccafon. Tulpius, À Z; ch. xxxv;. fait mention dans une obfervation d’un vieux Medecin, à qui il fortit deux dents avec des fÿmp- tomes fi violens , malgté l’incifion faite à La mâ- choire , qu'après avoir fouffert jufqu’à en devenir furieux par l'extrême douleur, il mourut : maïs c’eft- là un exemple bien rare, qu'il faut ranger , comme il a été dit, parmi les écarts de la nature : dans de fémblables cas , les remedes ci-deffus indiqués con- viennent également ; mais d’une maniere propor- tionnée à l’âge , au tempérament du malade : on peut de plus employer la faignée s’il y à fievre, & les narcotiques contre la douleur ; la maladie étant Tome IF, DEN 849 dans les folides, il n’y à pas lieu d’ufer d’autres re- medes. (d) DEeNTURE , f. f. noms que Les Horlogers donnent en général aux dents d’une roue. On dit que les dez- tures d’une montre font belles, bienfaites, &c; lorfque les dents des différentes roues font toutes ärrondies bien régulierement , & qu’elles ont leur véritable forme. Voyez DENT, ROUE, &c. (T) DÉNUDATION, ff, terme de Chirurgie, par le- quel on exprime l’état d’un os qui paroït à décou- vert. Cét accident eft aflez ordinaire dans les frac- tures compliquées avec plaie, & dans les bleflures de tête, &c. On croyoit aflezgénéralément que tout 05 qui étoit découvert devoit néceflairement s’ex- folier; mais des obfervations modernes ont fait voir que la dénudation de l'os n’eft pas un obftacle à la réunion. L'expérience a appris que des lambeaux de chair fe font recollés aufi aifément fur la furface d’un os découvert, qu'avec les parties molles. Lorf= qu'il n’eft pas pofiible dé recouvrir les os des par- ties dont ils ont été dépouillés par quelque accident, la guérifon ne fe peut faire que pär une exfoliation de la lame extérieure de l'os ; mais la lame qui s’ex: folie eft quelquefois fi mincé que cette opération de la nature eftinfenfble. Bellofte, chirurgien francois, a imaginé de faire des trous fur la furface des os dé- couverts avec un iñftrument nommé perforatif, pour éviter l’exfoliation. Foyez EXFOLIATION. On voit croître à-travérs ces trous des bourgeons charnus qui paronlent recouvrir effeétivement la furfice de l'os; mais elle n’eft pas confervée par ce moyen : il accélere feulement lexfoliation inienfible , parce qu'il diminue par-là la réfiftance que la fâme de los qui doit s’exfolier oppofe à l’adion des vaiffeaux qui font effort pour la féparér ; & cette féparation qui feroit fort tardive fi elle ne fe faifoit que par la circonférence ; eft dé moindre durée lorfqu’on a comme crible cette lame , & que les vaifleaux fains qui operent l’exfoliation agiflent à la circonférence des trous qu’on a faits. La dénudation de l'os eft un accident qu’on voit quelquefôis après les amptitations des mémbres. Il n'arrive Jamais lorfque l'os a été fcié bien exatte- ment au niveau de la mafle des chairs dans une opé: fatiün bien faite. Mais lorfque l'os eft faillant, les chairs qui le recouvrent fe détruiient aflez fäcilez meht par la füpputation; fur-tout dans les fujets mal conftitués, ou par defléchement , & l'os refte à découvert. La dérudation commence toüjours par l'extrémité de l’os faillant, & fe borne ordinaire: ment à uné certaine étendue de cétté extrémité , parce que les chairs qui font vers la bafe de la por= tion d'os qui excede la furface du moïgnon, fournifi fént des vaifleaux pour eritretenir des mammellons charnus fur une certaine étendue dé cette portion faillante. Le tems procureroit la chûte de la partie découverte ; mais l’exfoliation qui s’en fefoit ; n’em- pécheroit pas le moisnon d’être conique par la fail: lie de Pos ; ce qui eft un des plus grands inconvé- mens de la curé des amputations. Nous donnerons au mot /aillie les moyens de prévenir cette difpofa tion vicieufe de l'os : nous allons indiquer ici ceux qu'il faut mettre en ufage pour ÿ remédier. L’art ne peut rien fans la nature ; ils doivent toû- jours agir de concert: mais 1l eft du dévôir du chirur: gien de difcerner le pouvoir refpeétif de l’un & de l'autre , & de connoître dans quels cas il doit atten2 dre plus ou moins de fecours de l’un que de l’autre. Sa conduite doit être dirigée par fon jugement , & il ne peut l’afleoir avec afiürance que fur l’obfeta vation d’un gfand nombre de cas bien vérifiés par l'expérience & par la raifon , fans laquelle l’expé- rience égare plus qu’elle n’éclaire. On a mis en pro- blème, s'il étoir plus avantageux d’attendré qu La A4 PPppp 050 DEN ture [épare la portion faillante de l'os , où de la féparer par une fèconde amputation, La feconde opération eft praticable ; nous avons des preuves qu’elle a été fai- te plufeurs fois avec fuccès. Les anciens cautéri- foient la portion faillante de l’os avec des fers ar- dens ; mais Ce moyen qu'on étoit obligé de réité- rer fouvent , auroit pour le plus grand nombre des malades, un appareil plus effrayant que la refeétion de Los avec la fcie. Il ne paroïît pas qu'il puiffe ré- fulter aucun accident de la feconde amputation : car pour fcier l’os faillant dénué ou non , l’on n’eft obli- sé de couper qu’une ligne ou deux de parties molles à la bafe de la portion excédante. La cure fera cer- tainement abrégée par cette méthode ; & l’on fait en moins d’une minute une opération à laquelle la nature fe refufe , ou qu’elle ne feroit qu'imparfai- tement, quelque tems qu’on attendit. Îl ne paroït donc pas qu’on doive laïffer à la nature le foin de la féparation du bout de los qui fait faillie après l’amputation. Quelques auteurs modernes affürent néanmoins que cette opération ne fe fait pas fans que le malade ne courre de nouveaux dangers, 8x qu'ils l'ont vû accompagnée de grands accidens. Ce- la ne peut arriver que quand on coupera trop haut dans les chairs, qui font à la bafe du cône que fait le moignon dans ces fortes d’amputations. On doit alors craindre tousles accidens quifurviennent après les amputations ordinaires, fur-tout fil’extrémité du : cordon des gros vaifleaux étoit comprife dans cette fe&ion; & fans fuppofer des circonftances auf peu favorables , on conçoit qu'une feconde amputation dans laquelle on feroit fimplement obligé de couper une certaine épaifleur de chairs autour de l'os, peut être fuivie d’inflammation & d’autres accidens, qui feront d'autant plus à craindre , que Les malades au- ront plus fouffert de l’amputation précédente &c de fes fuites. Les obfervations que nous avons fur ces accidens , nous font voir qu’ils dépendoient de l’état des parties molles ; ainf l’on ne peut en tirer aucu- ne conféquence contre la pure &c fimple refeétion du cylindre offeux faillant. Ce moyen n’eft cependant pas préférable dans tous les cas. Fabrice de Hilden fournit une obferva- tion très -intéreflante , par laquelle nous croyons pouvoir reftreindre le précepte général que nous venons de donner. Un jeune homme, à peine hors de danger d’une dyffenterie maligne, fut attaqué tout-à-coup d’u- ne douleur au talon droit, qui affeéta fur le champ tout le pié. Quoique cette douleur füt très-vive , 1l ne furvint ni gonflement, ni chaleur; au contraire le malade fe plaignoit de fentir un froid fi cuifant , qu’il ne pouvoit {e retenir de crier nuit & jour. On tâcha en vain d’échauffer la partie avec des linges &z des briques. Les accidens augmenterent en peu de jours : la gangrene fe manifefta ; elle fit des pro- grès ; & enfin fans caufer ni chaleur nienflure, elle gagna la jambe jufqu'au genou. Elle parut s’y bor- ner par un ulcere fordide, qui avoit tellement ron- gé les mufcles & tous les ligamens, que les os du ge- nou & la rotule en furent totalement féparés. On jusea à-propos d’amputer la cuiïfle : opération fut faite le dernier jour de Janvier 1614. Fabrice fut obligé de quitter ce malade quelques jours après. Il le laïffa dans la fituation la plus fâcheufe, fans for- ces & avec des fueurs froides qui menaçoient d’une mort prochaine. Le malade fe foûtint néanmoins contre toute efpérance ; & Fabrice, à fon retour le troifieme Mars, le trouva en bon état : à cela près que l'os débordoit le niveau des chairs de plus de deux travers de doigt, ce dont on s’étoit déjà ap- perçû à la levée des premiers appareils. Ce grand praticien n’héfita pas fur le parti qu'il devoit pren- dre : il propofa de fcier au niveau de la playe cette DEO pottion faillante ; mais 1l reconnut en commençatié l’opération, que la nature avoit déjà travaillé très- efficacement à la féparation : il ne continua point, &z fe contenta d’ébranler l'os, vacillant doucement de côté & d’autre. Ilen fit autant chaque fois qu’on levoit l’appareil ; & au bout de quatre jours il tira, fans douleur & fans qu'il fortit une feule goutte de fang , une portion de la totalité du femur de la lon- gueur d'environ cinq pouces. Dans une pareille circonftance , la refeétion de la portion faillante de l’os au niveau des chairs , fe- roit une opération abfolument inutile, puifque la dénudation s’étendroit plus haut que la furface de la playe : voilà le cas où il faut confier la féparation de l’os aux foins de la nature, toüjours attentive à rejetter tout ce qui lui eft nuifible. Quelque préci- fes que foient nos connoïffances fur Les cas où il con- vient d’avoir recours à l’art, ou de commettre à la nature le foin de la féparation de los, il fe préfente un point plus important à déterminer ; c’eft de trou- ver les moyens de prévenir l’inconvénient de cette faillie. Nous les donnerons à l’article SAILLIE. ( F ) DÉODANDE, (Hif. mod.) en Angleterre eft un animal ou une chofe inanimée , confiicable en quel- que forte au profit de Dieu , pour l’expiation du mal- heureux accident qu'elle a caufé en tuant un homme fans qu'aucune créature humaine y ait aucunement contribué. Si par exemple un cheval donne à fon maître, ou {on palefrenier, un coup de pié qui le tue ; fi un hom- me conduifant une charrette tombe deffous , & que la roue pañle fur lui & l’écrafe ; fi un bûcheron abat- tant un arbre crie à ceux qui fe trouvent - là de fe ranger, & que nonobftant cette précaution l’arbre tombant écrafe quelqu'un : dans chacun de ces trois cas, le cheval, ou la charrette & les chevaux, ou l'arbre, feront deodandes (deodanda), c’eft-à-dire fe- ront confifcables au profit de Dieu : en conféquen- ce de quoi le roi s’en faifira, & en fera diftribuer le prix par fes aumômiers, pour l’expiation de ce mal- heureux accident, quoique caufé par ün animal fans raifon, ou même par un corps inanimé. Et cela en vertu de cette loi: Omnia que movent ad mortem [une deodanda ; c’eft-à-dire que « tout ce qui par fon mou- » vement a donné la mort à un homme, doit être dé- » voué à Dieu ». Il paroît que cette loi a été dreffée à limitation de celle de l’'Exode, chap. xxj. où on lit que « fi un » bœuf frappe de fa corne un homme ou une fem- » me & qu’ils en meurent, on le lapidera & on n’en » mangera pas la chair ; au moyen dequoi le maître » de l'animal fera innocent de cet accident ». Fleta dit que le deodande doit être vendu , & que le prix en doit être diftribué aux pauvres pour l’ame du roi, celles de fes ancêtres , & de tous les fideles trépañlés. Fleta n’a pas fans doute entendu que la- me de celui qui a été tué par le deodande, n’eût pas de part aux prieres. Chambers. (G) DÉPAQUETER,, v. a@. (Comm.) défaire un pa= quet de marchandifes, l’ouvrir. Voyez PAQUET. DÉPARAGER , (Jurifpr.) c’eft ôter le parage, le faire cefler ; un fief eft déparagé, quand le parage eft fini. Voyez Fier & PARAGE. (4) DÉPARAGER , fignifie aufli marier une fille à quel- qu’un d’une condition inférieure à la fienne. Dans la coûtume de Normandie, le frere ne doit pas déparager fa fœur ; s’il eft noble, & qu'il la ma- rie à un roturier pour avoir meilleure compofition du mariage avenant de fa fœur, en ce cas elle eft déparagée , & peut prendre des lettres de refcifion, pour faire augmenter fon mariage avenant, Woyez Les articles 231 & 357 de la coûtume de Normandie. Voyez MARIAGE AVENANT. (4) DÉPAREILLER , ééer Le pareil ; (Comm. ) il fe dit ordinairement des chofes qui doivent être doubles, comme des bas, des gants, des fouliers, & autres femblables marchandifes qui ne font plus de débit quand elles font dépareillées. Voyez les ditt. de Com. & de Trèv. (G) _ DÉPARER LA MARCHANDISE, (Comm) en 6er La beauté , l'agrément, ordre: ce terme n’eft guere en ufage au fimple , que parmi les marchandes de fruits & autres pareilles denrées, qui ont foin de parer le deflus de leurs paniers de ce qu’elles ont de plus beau; mais il a une infinité d’acceptions diffé- rentes au figuré. DÉPARIER, (Manege.) fe dit des chevaux de carrofle de différent poil ou de différente taille, qu’- on ne trouve pas à-propos d’atteler enfemble, par- ce que cela feroit un méchant effet. oy. APPAREIL- LER. (V) | DÉPART, £. m. (Mérall.) le départ eft une opé- ration, ou plütôt un procédé , une fuite d’opéra- tions, par lefquelles on fépare l'or de l'argent. L'opération principale, ou le premier moyen de féparation eft fondé fur la propriété qu'ont certains menftrues d'attaquer l’argent fans toucher à l'or, ou de s’unir à ce dernier métal en épargnant le premier. Le départ par le moyen des menftrues qui atta- quent l'argent, eft celui que l’on employe le plus ordinairement. Il y a deux fortes de départs de cette clafle ; ce- lui qu’on appelle par le voie humide, & le départ par la voie fèche ou par la fonte, Nous allons traiter d’a- bord du premier : cet ufage des acides minéraux a été découvert, & mis en ufage à Venife peu de tems après la découverte de ces acides, vers l’an 1400. L'argent eft foluble par l’eau-forte; il ne perd point cette propriété , lorfqw'il eft mêlé à l'or en une certaine proportion : cette proportion eft celle que l'argent doit être prefque le triple de l'or dans la mafle à départir ; & cette,proportion eft la plus exacte qu'il eft poffble, c’eft-à-dire la plus avan- tageufe pour le fuccès', pour la perfeétion & pour l'élégance de l’opération, file mélange eft compofé de trois parties d'argent & d’une partie d’or. L’avan- tage fingulier que cette proportion procure, c'eft que fi l’on ne brufque pas trop la diflolution de l’ar- gent tenant or , la chaux d’or reftée après cette dif- folution retient la figure qu’avoit l'argent tenant or avant l'opération ; ce qui fait qu’on ne perd aucune portion de cette chaux : au lieu que fi l'or eft conte- nu en moindre proportion dans l'argent aurifere , 1l n’eft pas poffible de lui conferver de la continuité, &t que dans cet état de poudre fubtile on en perd né- ceflairement quelque partie. C’et le départ d’une mafle formée par l'or & l’ar- gent mêlés dans la proportion que nous venons d’af- figner, qui s’appelle proprement inquart, gzartatio : ce nom fe donne aufli aflez communément à tout de- part par l’eau-forte. L’acide vitriolique très-concentré & bouillant, diflout l’argent , mais n’attaque point l'or. Quelques départeurs fe fervent de cet acide pour féparer lor de l’argent : mais cette méthode eft beaucoup moins ufitée que celle où l’on employe l’eau-forte. Nous al- lons rapporter cette derniere méthode. On commence par granuler ou grenailler la mafñle d’argent tenant or, propre à être départie par l’eau- forte, c’eft-à-dire contenant au moins trois parties d'argent fur une d’or. Voy. GRENAILLER. Si l’on veut départir par l’eau-forte un alliage où l’argent ne do- mine pas aflez pour que l’eau-forte puiffe l'attaquer, on n’a qu’à ajoûter à cette mafle une quantité fuft- . fante d'argent pour qu'il en réfulte un nouveau mê- lange, dans lequel les deux métaux fe trouvent en roportion convenable. Pour approcher autant qu’il eft poffible de la proportion la plus exaéte ; on peut Tome IF, D E P 851 effayer par la pierre de touche & les aiguilles d’effai (Voyez PIERRE DE TOUCHE 6 AIGUILLE D'ESSAI), la mafle à laquelle on veut ajoûter de l’argent ; on fond enfuite cette mafle avec fufhfante quantité d’ar- gent; on brafle exatement le mélange, & on le ré- duit en grenailles, comme il a été dit ci-deflus. Ce qui fuit a été extrait du sraité de la fonte des mi- nes , &c. de Schlutter, publié en françois par M. Hellot. On prend enfuite des cucurbites coniques on des matras, qu’on place fur des bains de fable ; il faut que ces vaifleaux ayent été bien recuits au fourneau de verrerie, & que le fourneau où on les a mis à recui- re, fe foit refroidi de lui-même avant qu’on lesen ait retirés : fi l’on n’a pas eu cette attention dans la ver- rerie, 1leftrare de trouver de ces vaiflcaux quine fe fêlent pas, même à froid, en les faifant écoutter après les avoir rincés. C’eft felon la quantité d’argent te- nant or qu'on veut départir, qu'on choïfit les cucur- bites. Je fuppofe que le départ foit fort : cependant je compte qu'il faut prendre tout au plus fix marcs d’ar- gent par cucurbite ; ainfi fi l’on a beaucoup d’argent on le diftribue dans plufieurs de ces vaiffleaux, car on en peut mettre Jufqu’à dix en œuvre s’il eft nécef- faire: ce qui fait une diflolution de foixante marcs à la fois. $i l’on veut aller doucement , on ne verfe que quatre livres d’eau - forte dans chacun des vaif- feaux contenant fix marcs de grenaille d'argent; mais quand il s’agit d'accélérer le épars, on peut tout d’a- bord en verifer fix livres : car on compte ordinaire- ment une livre d’eau-forte pour un marc d’argent ; c’eft de l’eau-forte précipitée & purifiée par l'argent qu’on doit employer. La cucurbite ne doit être rem- plie qu'aux deux tiers par ces fix marcs d'argent, & fix livres d’eau-forte. C’eft ce qui détermine fur le choix des cucurbites ; car il doit toüjours y refter un vuide , parce que leau-forte fe gonfle quand elle commence à agir. On place enfuite toutes les cucurbites fur le bain de fable qui doit être froid ; on allume deflous un feu modéré, pour que le fable s’échauffe peu-à-peu, quoique l’eau-forte , quand elle eft bonne & que les srenailles ont été rougies, commence aufhi-tôt à agir fur l’argent: cependant la chaleur facilite La diflolution , & la liqueur devient blanche; de forte qu’il faut prendre garde quelle ne foit trop échauf- fée dans le commencement, parce qu’elle monte- roit facilement , fur-tout quand les capfules des bains de fable font de fer , ou que les cucurbites font placées fur la plaque de fer du bain de fable com- mun : car le fer s’échauffe davantage, & garde plus long-tems fa chaleur , que des capfules de terre. S'il arrivoit cependant que la liqueur montât trop haut, le meilleur remede feroit d’ôter le feu aufi-tôt, & enfuite le fable qui eft autour du vaiffeau, pour le mêler avec du fable froid, & le remettre: car il ne faut jamais y mettre du fable froid feul,, il feroit fè- ler la cucurbite; même pendant l’opération, il ne faut pas toucher ce vaifleau avec les mains froides, ou en approcher quoi que ce foit de froid. Lorfque la premiere chaleur eft pañlée , la diffolution com- mence à être plus calme ; & quand la liqueur n’eft plus blanche ni écumeufe, on peut augmenter mo- dérément le feu: néanmoins la chaleur du vaifleau doit être telle au’on puiffe le prendre &le lever avec un linge. Quand on veut favoir s’il refte au fond de la cu- curbite de la grenaille d’argent qui ne foit pas en- core difloute, on y fonde avec une baguette de bois blanc bien nette : dans la fuite on fe fert toüjours de la même baguette, parce qu’elle s’imbibe de la diflolution de l’argent. Lorfqu’elle a long-tems fervi, on la brûle ,-& l’argent qu’elle donne fe fond enfuite _avec d'autre, Si l’on ne fent plus de grenaille, & PPpppi 552 EXP que Peau-forte ne paroïfle plus travailler, la diffo- lution de cette partie d'argent eft achevée ; mais pour en être plus certain, on Ôte la cucurbite de def- fus Le fable, Si l’on remarque encore dans la hqueur des filets de globules partant du fond, & fi cette liqueur n’eft pas parfaitement limpide, c’eft une marque que l’eau-forte travaille encore {ur un refte d'argent ; par conféquent 1l faut remettrele vaiffeau fur le fable chaud. $i cependant ces filets de petits globules-d’air font accompagnés de grofles bulles d'air, & que la diflolution foit claire, l’eau-forte a fufifamment diflous, & lon ne doit pas s’embar- rafler que cette liqueur, qui eft faturée d'argent, foit de couleur verte, Mais fi, malgré la proportion employée d’une hvre d’eau-forte par marc d'argent, il reftoit encore quelques grenailles non diffoutes, il faudroit décanter cette eau-forte & en remettre de la nouvelle ; car fouvent la livre d’ean-forte ne fuit pas, quand Pargent contient fort peu d’or. Lorfqu’on a deffein de précipiter l’argent de cette diflolution dans une baffine de cuivre, on peut ver- {er cette eau-forte faoulée d’argent & toute chaude, dans cette bafine, où l’on aura mis auparavant de Feau ce riviere bien pure. On pofe enfiute la cu- curbite contenant la chaux d’or, fur un rozd ou vales &e paille un peu chauffé ; mais fi l’on veut pré: cipiter l'argent dans des vaifleaux de verre ou de grais, par le moyen de lames de cuivre; ou fi l’on veut faire la reprife de l'argent par la difüllation de l'eau-forte, on peut la verfer par inclination dans d’autres vaifleaux , & la garder jufqu'à ce qu’on la diftille. Il faut obferver que fi c’eft dans des vaif- feaux de verre qu’on décante cette diflolution, on ne peut le faire que lor{qu’elle eft froide ; car quand même on les chaufferoit auparavant, 1l y auroit toù- jours rifque de les rompre. Quand tout eft refroidi , & que l’eau-forte faoulée d'argent eft décantée , on remet de nouveau fix marcs d'argent en grenaïlle, & recuit dans les mê- mes cucurbites, avec fix livres d’eau-forte ; on les replace fur les bains de fable ; on rallume le feu dans le fourneau, & l’on procede comme on a dit ci-deflus. S1 l’on fe fert de la bafline de cuivre dont on parlera dans un moment, on avance beauconp les opérations, parce qu’on y verfe les diflolutions d'argent à mefure qu’elles fimflent. Les cucurbites font bien plûtôt froides quand 1l n’y refte que la chaux d’or, que lorfaw’on y laïfle l’eau-forte char- gée d'argent ; & auffi-tôt qu’on a décanté ces diflo- lutions, on y remet de l’argent en grenaille & de nouvelle eau-forte : on Ôôte le fable chaud des cap- fules pour y en mettre de froid, & l’on replace les cucurbites fur ce fable, qui eft bientôt échauffé par la capfule de fer & par le feu qui eft deflous ; par ce moyen les opérations fe fuivent prefque fans in- terruption. , Après que tout l’argent qu'on avoit mis en gre- naille eft diffous, & qu'il y a tant de chaux d’or ac- cumulée dans les cucurbites, qu'il faut ceffer, on fonde avec la baguette de bois blanc; & fi l’on fent encore quelque grenaille, on remet de l’eau- forte par-deflus, ce qu'il faut répeter non-feulement jufqu'à ce qu’on ne fente plus de grenaille , mais même jufqu’à ce que regardant avec une bougie la furface de la liqueur, on n’y apperçoive plus le ‘moindre petillement, ni la plus petite bulle d'air. Lorfque la derniere eau-forte ne travaille plus, on la décante comme la précedente, & l’on édul- gore la chaux d’or. Pour aller plus vite, il faut avoir de l’eau de fontaine chauffée au même degré de cha- eur que la cucurbite, & la verfer fur cette chaux ænfi-tôt qu’on a vuidé l’eau-forte. Si Pon a fait le départ dans plufieurs cucurbites à La fois, & que ce- pendant il n’y ait pas beaucoup d’or dans chaçune, DEP On peut réunir tontes ces petites patties de chaux dans une feule cucurbite, afin que l’édulcoration ne foit pas fi embarraffante. Il faut verfer de l’eau chaude nouvelle juiqw’à trois fois au moins fur cette chaux , agitant le vaifleau à chaque fois , & laïffant bien dépofer l'or au fond, avant que de décanter l’eau à chaque fois qu’on la change. A la quatrieme ou cinquieme lotion, on pofe la cucurbite avec l’eau dans le fable chaud, 8 on la fait bien chauffer, pour mieux enlever l'acidité de la chaux d’or. Cette der- niere eau ayant été verfée par inclinaifon, on rem- plit la cucurbite d’eau tiede , pour faire fortir la chaux & rincer le vaiflean : on met cette chaux d’or dans un vaifleau de verre, ou dans une jatte de fayence ou de porcelaine. | Comme l’eau des lotions de la chaux d’or contient beaucoup d'argent, il n’en faut rien perdre ; & f l’on a deffein de retirer l’eau-forte de deflus argent par diftillation, il ne conviendroit pas d’y mêler cette eau des lotions, parce que ce feroit en augmen- ter inutilement le volume : mais 1l faut la verfer dans un chauderon ou bafline de cuivre rouge , où dans un autre vaifleau où l’on aura mis des lames de cuivre. Après avoir bien égoutté la chaux d’or raffembiée au fond de la jatte de fayence, on la verfe dans un creufet de Heffe, ayant foin de n’en rien perdre : on le couvre d’un couvercle de terre : on conftruit fur le foyer un fourneau avec des briques, fans terre &c fans grille ; on place le creufet au nulieu fur un morceau de brique, & on l’entoure de charbon qu’- on allume par-deflus, afin que le feu defcende peu- à-peu , & faffe évaporer l'humidité de la chaux d’or à un feu très-doux ; car un feu violent & fubit pour- roit'en faire fauter quelques parties en l’air. Aufli- tôt que l’orgft féché , on le fait rougir autant qu'il eft néceffaire pour lui faire reprendre fa couleur na- turelle. La raifon pourquoi on ne met pas le creufet au fourneau à vent, c’eft que le feu y defcend trop vite & devient trop violent, ce qui pourroit faire fondre l’or ; & comme outre cela les creufets mouil- lés fe fendent aifément lorfqu’on les expofe à un feu trop fubit, on courroit le rifque de perdre lor. La chaux d’or ayant rougi, fi l’on ne veut pas que ce métal foit à un plus haut titre que celui où il eft {orti du départ, on le met dans un creufet de Heñe, & on le place devant la tuyere du foufflet, ou au fourneau à vent: on jette autour du charbon non allumé, & par-deflus des charbons ardens. Aufli-tôt que le feu a defcendu, on fouffle , fi l'opération fe: fait devant le foufflet ; mais il eft mieux de faire cette fonte au fourneau à vent, fur-tout quand il y a beau- coup d’or. Après que le feu a fait rougir l'or, on jette deflus un peu de borax, pour aider la fufion : dès qu'il eft bien en fonte, & qu'il affine ou circule, il eft fuifamment fondu. Alors on fort le creufet, & l’on verfe l’or dans une lingotiere , ou bien on le laifle figer dans le creufet, quand 1l y a beaucoup d’or, & l’on caffe enfuite ce creufet , pour lavoir. en culot. Soit qu’on veuille avoir un lingot ou un culot, on chauffe affez fort la lingotiere, ou le cone, fi l’on en fait ufage, pour qu’on puiffe à peine les tenir avec la main; car il ne faut jamais verfer de l'or, de l'argent, ou d’autres métaux en fufion, dans des vaifleaux froids, autrement on rifque de les fure pétiller & fauter. - œ Ce qui fuit eft un extrait très-abrégé des «4. xAy. & xlii. de l'ouvrage de Schlütter déjà cité. Le départ {e fait en Hongrie par la voie humide. Comme les départs font confdérables en ces pays= là, on y a établi un très-bon ordre. Entrautres la boratoires de Hongrie & de Tranflvanie deftinés pour les dépares des matieres d’or & d'argent, il y en a un très-beau à Schemnitz, Comme on n’y pañle | pas l'or à l’antimoine pout le porter au plus haut titre, on regle le départ de façon que ce métal en forte au titre des ducats ; ainfi le marc contient {ou- vent jufqu’à 23 karats 10 grains de fin. Le bon ordre, l’œconomie , & la plus grande per- fettion de cette opération, confiftent 1°, en ce qu’on exécute toutes les manœuvres particulieres avec toute l’exatitude poffible : par exemple , qu’on ré- duit l’argent en grenailles très-menues & tranfverfa- lement creufes (voyez GRENAILLES.) 2°. Qu'on prend toutes les précautions néceflaires contre les inconvéniens de la fraéture des vaifleaux & de la perte de l’eau-forte, en luttant exaétement les cu- curbites dans lefquelles on fait Les diffolutions , &c en y adaptant un chapiteau avec fon récipient, dans lequel on a mis fuffifante quantité d’eau de fontaine, afin de ne pas perdre les vapeurs acides qui s’échap- pent de la diflolution. 3°. En appliquant fucceflive- ment des eaux-fortes diverfement concentrées ; de facon qu'après avoir décanté l’eau -forte faoulée d'argent , on verfe une meilleure eau -forte fur la matiere non difloute , jufqu’à ce qu’on en vienne au diflolvant le plus a&tif, appellé eaz-forte dotble, qui, lorfqu'il a agi un quart-d’heure fur cetté matiere, l'a dépouillée affez exaétement de l'argent, pour que la chaux d’or foit reftée au titre ci-deflus énoncé. On verra dans la fuite de cet article, ce que c’eft que cette eau-forte double. Comme on ne pañle point cet or à l’antimoine, ainfi qu'il a été obfervé, après l’avoir bien lavé ou édulcoré, féché, & roug1 au feu dans un creufet, on le fond dans un nouveau creufet avec le flux noir. | . Schlutter a donné une méthode de procéder au départ par la voie humide , qui differe de la méthode ordinaire, en ce que cet artifte fe fervoit de vaif- feaux de verre à fond plat & large, dont les parois fe rapprochoient en s’élevant ; enforte que leur ou- verture étoit comme celle d’une bouteille, & qu'il chauffoit ces vaifleaux au bain-marie, dans un chau- deron de cuivre, fur une petite croix de bois, pour empêcher que le verre ne touchät le fond du chau- deron. Ici finit l'extrait de Sch/utter. Nous avons expofé jufqu’à - préfent la maniere d'appliquer l’eau-forte à l’argent aurifere ou tenant or ; d’enféparer la chaux d’or ; de laver cette chaux, & de la fondre, Il nous refte à retirer l’argent de départ, c’ett-à-dire à féparer ce métal du menftrue auquel il eft uni. On procede à cette féparation par deux moyens, favoir la précipitation & la diflilla- £LOrz. Pour retirer l’argent de part par le premier moyen, on fe fert du cuivre, qui a plus d’affinité avec l’eau-forte que l’argent, & qu’on fait par expé- rience être le précipitant qu'on pent.employer dans ce cas avec le plus d'avantage. Foy. PRÉCIPITANT. Cette maniere de retirer l’argent de l’eau-forte, eft la plus füre & la plus courte, quoique peut-être la plus chere, parce qu’on perd communément toute leau-forte par cette méthode. La précipitation de l’argent fe fait ou à chaud dans des baflines de cuivre, ou à froidglans des vaifleaux de verre on de grais, avec des lames de cuivre. Ce qui fuit eft tiré de l'ouvrage de Schluster, déjà cité. La précipitation à chaud eft la plus expéditive, elle rend beaucoup d’argent en un jour; caravecun chauderon ou bafline contenant la diflolution de vingt marcs, on peut faire trois précipitations par Jour , & par conféquent précipiter foixante marcs en vingt-quatre heures. Les chauderons qui font les plus forts en cuivre , 8 en même tems les moins profonds, font les meilleurs ; ils doivent être de bon cuivre rouge, & battus d’une égale épaifleur, afin D E P 3$3 qu'il nes”y fafle point decrevafles , autrementonne s’en fervaroit pas long-tems : je n’en ai jamais vu de plus grand que pour la précipitation de vingt marcs, Un chauderon de cette forte a deux piés & demi de diametre en haut ; fa profondeur au milieu eft d’un pié , & il pefe cinquante-cinq à foixante livres : on peut y mettre environ quarante- cinq pintes de li- queur : on y verfe l’eau-forte chargée d'argent , de deux cucurbites , ou de deux vaifleaux imaginés par Schlutter, dont nous avons parlé. Enfin lorfqu’on s’en fert, il faut qu'il yait à-peu- près fix à fept fois autant d’eau douce que d’eau+ forte faoulée d'argent, On place cechauderonou ba. fine avec {on trépié, fur un foyer muré de briques; on yfait du feu, pour faire bouillir l’eau & la diffo- lution, Aufli-tôt qu’elle a commencé à bouillir, l’ar- gent fe dépole fur le cuivre, puis s’en détache par floccons qui furnagent d’abord ; mais lorfque l’ar- gent tombe au fond , & que l’eau, qui eft de cou= leur verte , s’éclaircit & devient limpide, c’eft une marque que la précipitation eft prefque finie, Pour être aflüré qu'il ne refte plus d'argent à précipiter. on jette quelques grains de {el dans l’eau du chaude- ron ; fi elle blanchit, & que ces grains de fel, en fe diflolvant, faflent des filets blancs, c’eft une mar- que que tout l’argent n’eft pas précipité : ainfiil faut encore faire bouillir l’eau jufqu’à ce qu’elle ne donne plus la moindre teinte de blanc, avec le fel, dont les grains doivent tomber au fond fans chancer la couleur de l’eau. Enfuite on y jette par farcroit une ou deux petites poignées de {el, & on ôte le chau- deron de deflus Le feu. Il faut autant de tems pour la précipitation d’une quantité quelconque d'argent, qu'il en.a fallu pour le diffoudre ; ainf aufli-tôt que la précipitation de la premiere mife eft finie, on peut ver{ér dans la ba fine de cuivre la diffolution d’une autre quantité d'argent qui vient d’être achevée, On y ajoûte en même tems l’eau chaude du baïn- marie , où l’on avoit mis le vaifleau contenant cette difolution : obfervant feulement que la bafline fervant à préci- piter ne foit pas trop remplie, ‘afin qu’il y ait de la place pour la diflolution, ou eau-forte chargée d’ar- gent. Si l’on fe fert fouvent d’un vaifleau de cuivre pour précipiter l'argent, 1l faut Le vifiter, pour voir s'il ne s’affoiblit point trop dans quelques endroits, & s’ilne laiffe pas tranfpirer de la liqueur; ce qui ne peut pas manquer d'arriver tôt ou tard, puiqu'il y a érofon de cuivre à chaque précipitation : ainf pour prévenir les accidens , il faut toüjours avoir une autte bafline toute prête, dans laquelle on puiffe recevoilce qui fuit par quelque trou de la premiere, On s’en apperçoit avant qu’elle foit percée tout-à- fait, par de petites gouttes d’éau qui fe forment or- dinairement au-dehors de la bafline : alors il eft tems d'empêcher qu’une partie de la précipitation ne fe perde dans les cendres. Quand le chauderon eft retiré du feu, & que la chaux d'argent s’eft totalement dépofée, l’eau s’é- claircit, & l’on voit le fond de ce vaifleau' ; alors il faut verfer l’eau par inclinaïfon, & prendre garde qu’elle n’emporte de l’argent avec elle ; ce qui ce- pendant arrive rarement, parce que cette chaux.eft affez pefante. Si l’on veut continuer de précipiter, il faut Ôter cette chaux, & la mettre dans une autre bafline de cuivre, où l’on verfe de l’eau claire par- deflus. Onremet, comme auparavant, de l’eau dou- ce dans le chauderon à précipiter ; on y ajoûte l'eau- forte chargée d’argent avec l’eau chaude du bain- marie, & l’on procede comme on vient de l’enfeigner.. On peut mettre la chaux d’argent de quatre pré- cipitations dans la même.bafline, pour l’édulcorer. toute à la fois. À l'égard de la précipitation à froid, elle ne coûte. 854 D FE P pas tant ; mais elle demande plus de tems, & n’eft guere commode dans les départs en grand , parce qu'il faut beaucoup de place & un grand nom- bre de vaïfleaux : ainfi elle n’a fon utilité que dans les petits départs. Il faut pour cette précipitation des vaifleaux de verre, ce font les meilleurs ; ou des terrines de grais bien cuites & prefque vitrifiées : celles d'un grais poreux ou tendre ne réfiftent pas long-tems, & font bientôt percées. On remplit ces vaifleaux d’eau douce, de maniere cependant qu'il y'ait de la place pour une feptieme partie, qui ef l’eau - forte chargée d'argent, qu’on doit y verfer auf, Dès que ces deux liqueurs y font, on y fuf- pend avec une ficelle des lames de cuivre rouge qui ne foient ni fales ni grafles : on les laïfle en repos dans le même endroit, jufqu’à ce que tout largent foit précipité, ce qui n’arrive qu'au bout de fept à huit jours, {ut-tout quand on ménage le cuivre, & qu'on ne veut pas y en mettre beaucoup à la fois. Il eft bon auffi de profiter du petit avantage qui peut téfulter de la chaleur de la diflolution d'argent, en la verfant toute chaude dans l’eau des terrines , la- quelle par ce moyen prendra un degré de chaleur incapable de les caffer. Mais il faut avoir attention de verfer cette eau-forte prefque bouillante, au mi- lieu de l’eau, & non vers les bords du vaïfleau, parce que la grande chaleur le feroit cafler. Cette chaleur douce accélerera un peu la précipitation de l'argent fur les lames du cuivre. On effaie par Les grains de fel, f tout l'argent eft précipité, comme on l’a enfeigné ci-devant ; & fi la précipitation éft achevée, on décante l’eau des ter- rines. Quant à la chaux d’argent qui refte attachée, aux lames de cuivre, on la fait tomber dans l’eau douce avec une gratte-boffe , ou avec une broffe de poil de fanglier fort court; puis on les lave avec l’eau verte de la précipitation. En cas qu’on ne püt pas en détacher tout l'argent, on les garde pour une autre opération. On met toute la chaux d’argent qu’on a précipi- tée par l’une ou l’autre méthode, dans une baffine de cuivre de capacité proportionnée; on y verfe de l’eau commune, & on la fait bouillir pour en enlever toute l’acidité. Le chauderon ou baffine de cuivre dont on s’eft fervi pour la précipitation à chaud, peut être employé à l’édulcoration d'environ cent marcs d'argent. Quand la chaux a refté aflez long- tems dans l’eau bouillante , on ôte le vaifleau du feu , pour la laïfler dépofer, puis on verfe l’eau par inclihaifon : on répete trois ou quatre fois la même chofe , en changeant d’eau à chaque fois, afin d’en- lever toute l’acidité du difolvant. Plus on 4foin de laver cette chaux pour ladoucir, plus elle devient légere ; ainf vers la fin des lotions on ne doit pas fe preffer de décanter l’eau, que cette chaux ne foit bien dépofée. Ces lotions étant finies, on met la baf- fine de côté, afin que le peu d’eau qui refte fe raf- femble , & que l'argent foit mieux égoutté. On fait des pelotes.de cette chaux, & l’on met fur un filtre ce qui en refte détrop humide. Ce filtre fe fait, com- me on fait, avec des plumes à écrire, qu'on raffem- ble en forme de cone avec un fil d’archal, &r on le garnit de papier à filtrer. Comme la matiere que l’on met deflus eft pefante, on place le filtre dans un en- tonnoir de verre ; on met de petits brins de bouleau çu de paille entre deux, afin que l’eau filtre mieux, Cet entonnoir étant ainfi préparé , on le pofe fur un vaifleau de verre ou de terre. Si l’on a beaucoup d’argent à deffécher de cette maniere, on peut ôter de celui qui eft au milieu du filtre, pour faire place à d’autre ; mais il faut prendre garde d’endommager le papier. Lorfque l’eau du filtre eft écoulée, on met auffi cette chaux d’argent en pelotes , & of les fait fécher au foleil ou dansun lieu chaud. Si l’on veut aller plus vite ; on les fait fécher dans un creufet à petit feu, puis on fait fondre l’argent au fourneau à vent ; mais il faut en conduire le feu doucement, pour donner le tems à l'argent de rougir avant que de fondre : lorfqu'il eft bien fondu, on le coule dans un cone ou dans une lingotiere de fer, chauffés & orales avec du finf ; aufh-tôt qu'ils font coulés , on jette deflus du pouffer de charbon tamifé. Le marc d'argent fondu, provenant de la chaux précipitée par le cuivre, contient ordinairement depuis fept onces & demie & fix grains, jufqu’à fept onces & demie & douze grains de fin: Si Pon veut porter cet argent à un plus haut titre, on y réuflit par le raffi- nage. Voyez RAFFINAGE. | Le départ eft proprement fini lorfque l’on a féparé l'or & l'argent , & qu'on a ramaflé chacun de ces métaux en culot ou en hngot , comme nous venons de l’enfeigner. Il eft cependant une opération d’œco- nome que le départeurdoit favoir exécuter, favoir la reprile du cuivre, qui fe fait ordinairement par la précipitation avec le fer. Cette méthode, eft fort fimple ; on n’a qu’à jetter dans des baquets de bois à demi remplis de vieilles ferrailles les moins rouil- lées qu’il eft pofible , la diffolution de cuivre décan- tée de deflus la chaux d’argent, encore chaude fi l’on le peut commodément , & à mefure que l’on en a. Cette diffolution de cuivre s'appelle eax féconde ou verte, dans le langage des ouvriers, On doit laïffer cette eau verte dans les baquets, jufqu'à ce qu'un morceau de fer poli trempé dedans pendant quel- ques minutes ne fe couvre d'aucune particule de cuivre. Alors on décante cette liqueur qui eft une diflolution de fer, on la rejette comme très-inutile, & l’on fépare le cuivre du vieux fer par le moyen de l’eau commune qu’on jette dans le baquet , dans laquelle on lave ce fer en le roulant fortement dans cette eau qu’on verfe fur le champ à grands flots en agitant toûjours : on ramafle enfuite le cuivre qu'elle a entraîné &c qui s’eft dépofé par le repos, & on le fond felon l’art. 'LTEL Dans ces reprifes de l’argent & du cuivre toute l’eau-forte eft perdue. On trouve dans les Mér. de l’acad. royale des Scienc, ann. 1728 ,; un moyen de la conferver, qui avoit été communiqué à M. Dufay par Antoine Amand, qui confifte à retirer par la diftillation une partie de l’eau-forte de l’eau fecon- de ou de l’eau verte. Mais comme on peut aufli-bien diftiller l’eau-forte chargée d’argent,il paroît que c’eft multiplier les manœuvres fans néceflité , que de pré- cipiter l’argent par le cuivre pour difüller enfiute la diffolution de ce dernier métal. Et il ne paroït pasque l'avantage d’être expofé à une moindre perte par la fraêture des cucurbites qui contiennent une diffolu- tion de cuivre , que fi ces vaifleaux étoient chargés d’une diffolution d’argent ; il ne paroît pas, dis-je, que cet avantage foit aflez confidérable pour que le procédé d’Amand puifle être regardé comme utile, quand même on retireroir plus d’eau-forte de la dif- {olution du cuivre que de la diflolution d’argent ; ce qui n’eft point dit dans la defcription du procédé. Il paroît donc qu’on doit fe borner à profiter de quel- que circonftance de manuel, & des commodités de l'appareil, s’il y en a en effet, pour en perfectionner la diftillation de la diffolution d’argent. Voyez les mé- moires de l’acad, des Sciences, loc. cit. ou le Schutrer de M. Hellot , rome I. pag. 368. Quoi qu'il en foit, voici comme on s’y prend pour retirer immédiatement une partie de l’eau-for- te de la diffolution d’argent, en même tems qu'on retire l'argent. Ce qui Juit eff riré de Pouvrage de Schiutter, qui nous a tant fourni pour cet article. Cette opération demande beaucoup d'attention, pour éviter que les cucurbites ne fe caffent ; parce que l’argent diffout s'étant répandu, il faut le cher- cher dans les débris des fourneaux. Cette diftillafon fe fait en Allemagne dans des cucurbites de verre dont le ventre n’eft enduit que d’argille préparée. Aufi-tôt que cette terre eft ieche & fans fiflure, la cucurbite peut fervir. On choifit ces vaifleaux plus où moins grands, felon la quantité d’eau-forte char: gée d'argent qu’on a à diftiller, ou fuivanit celle qu’on veut y mettre à la fois. Sid’abord on y en met beau- coup, c’eft un moyen d'accélérer le travail, & l’on peut prendre une cucurbité dont le ventre contienne trois à quatre pintes. On pourra y mettre l’eau-forte chargée de 10 à 12: marcçs d'argent. $i l’on ne veut pas tant hafarder à la fois, on prend.une cucurbite glus petite: on place cette cucurbite avec la liqueur dans un. bain de fable ; on y adapte un chapiteau & un récipient de verre, & on lutte bien les jointures ; après quoi on couvre la cucurbite avec une chappe de terre pour la défendre de l’air extérieur : quand le tout eft.ajufté , on:commence par un feu modéré de boïs ou de charbon, pour mettre La diftillation en train, On continue le même degré de feu , jufqu’à ce qu'on ait fait diftiller la moitié ou environ de l’hu- midité : alors on laïifle diminuer le feu, & l’on ôte promptement le chapiteau ; on met à la place fur la cucurbite un entonnoir de verre qu'on a chauffé, pour introduire par fon moyen de nouvelle eau-for- te chargée d'argent, mais de maniere qu’elle tombe au milieu &cne touche point les paroïs du vaifleau, qui pourroit facilement fe fêler fi quelque chofe de froid y touchoit. Mais pour moins rifquer, il eft à propos de chauffer un peu l’eau-forte chargée d’ar- gent avant que de la verfer par l’entonnoir. On re- metenfuite le chapiteau & le récipient, & on lutte les jointures pour recommencer la diftillation, Lor{- que cette feconde mife d’eau-forte faoulée d’argent a dofné fon fleome, on découvre de nouveau & on en remet d'autre ; ce qu’on continue de faire jufqu’à ce qu'il y ait vingt à ving-cinq marcs d’argent dans a cucurbite. Loriqu’on ajoûte ainf à différentes fois l’eau-forte chargée d'argent, il ne faut pas attendre pour découvrir le vaifleau jufqu’au moment que l’efprit acide monte, parce qu'alors il ieroit trop tard pour la verfer. Quand la derniere eau-forte chargée d’argent eft dans la cucurbite, on peut y faire tomber une denu-once de fuif pur ; les ouvriers croyent qu'il empèche les efprits acides d’emporter l’argent. On continue enfuite de diftiller, de manie- re qu'on puifie compter les nombres 1, 2 & 3 entre deux gouttes. Il faut modérer un peu le feu avant que l’efprit monte, afin qu'il ne vienne pas trop ra- pidement ; mais quand il a diftillé quelque tems, on peut augmenter le feu jufqu’au plus fort, afin de faire pañer tout cet efprit acide. On le diftingue ai- fément par la couleur rouge dont le chapiteau fe remplit. Comme on a dû mettre dans le récipient les flegmes acidules des opérations précédentes , il leur communique en fe mêlant avec eux aflez d’acidité nitreufe pour en faire de très-bonne eau-forte. S'il arrivoit cependant qu’elle ne fût pas aflez aétive, ce feroit une marque qu'on auroit trop mis dans le réci- pient de flegme acidule, On peut corriger ce défaut à la premuere reprife de l’eau- forte, en laïffant moins de ces flegmes dans le récipient. Si l’efprit nitreux monte trop abondamment, ce qui n’arrive que trop fouvent, 1l eft bon d’avoir un récipient qui ait un petit bec ou cou par le côté, auquel on puiffe adapter un autre récipient où il y aura un peu d’eau commune, pour condenfer une partie des vapeurs rouges acides qui fortent avec trop de rapidité. L'eau acidulée de ce fecond récipient s’'employe dans la fuite aux mêmes ufages que les flegmes acides dont 1l a été parlé ci-devant. Si l’on veut avoir de l’eau-forte double telle qu’- on l’employe en Hongrie , on change Le premier ré- [es = F | b D E P 855 cipient dans [lé tems que l’argent eft comme en ge= lée ou fyrop dans la cucurbite, & on en remet un autté avec environ vingt livres d’eau-forte ordinai- re, 6t l’on y fait pañler le refte de cet efprit concen- tré après avoit bien lutté les vaifleaux, & adapté le fecond récipient au bec du côté du premier, Pour connoître fi tout lefprit eft monté , on prend un bâton que l’on brûle & qu’on réduit en charbon par un bout ; on l’éteint enfuite : fi ce charbon ne fe rallume pas aufli-tôt par la vapeur acide nitreufe qui monte & qui le touche, c’eft une marque que tout l’efprit eff paflé ; mais fi ce charbon prend feu, il ne left pas encore. Quand l'opération eft finie, on laiffe éteindre le feu & refroidir les vaiffeaux ; afin de pouvoir les démonter. On bouche les récipiens ; on Cafle la cucurbite ; on fépare Le verre de l’argent autant qu'il eft poffible , après quoi on met l'argent dans un baquet ou on le coupe avec une hache: on le raffemble dans un creufet , & on le fond dans un fourneau à vent. Les petits morceaux de verre qui peuvent s’y trouver furnagent ; on les retire, puis on jette ce métal en culot ou en lingot. Le départ par l’eau régale eft encore un excellent moyen de féparer l'or de l'argent, & même d’avoir un or d’une très-grande pureté &c bien mieux féparé de l'argent & même du cuivre, que par la méthode Ordinaire qui employe l’eau-forte & lantimoine , parce que ces opérations laiflent toûjours l’une & l’autre un peu d'argent avec la chaux d’or, On em- ploye cette méthode lorfque la mafle à départir ef un or de bas titre, ou que l’argent n’en conftitue pas les trois quarts, & qu'on ne veut point ajoûter de nouvel argent à cette mafle ; autre moyen de la dé- partir en employant l’eau-forte dont nous avons par- lé ci-deflus. Pour faire le départ dont il s’agit à préfent, prenez de ia bonne eau régale préparée avec l’efprit de ni- tre ordinaire & le fel marin. Voyez EAU RÉGALE. ( Ce qui fui eff tiré de Schlutrer ). Grenaillez l’or de bas titre qui contient de l’argent & même du cuivre, puis les mettez diffoudre dans un matras, d’abord fans feu, enfuite fur le fable chaud jufqu’à ce que le diffolvant n’agifle plus : il faut dix parties de cette eau régale pour une partie de matiere aurifere, Dé cantez la liqueur claire qui contient l'or & le cuivre, s’il y avoit de ce dernier métal dans le mélange ; & l’argent fe trouvera en poudre ou chaux au fond du matras. Edulcorez cette chaux & la faites fécher 3 puis imbibez-la d'huile de tartre ou de nitre fixé en deliquium, Mettez un peu de borax dans un bon creu: fet ou bien du fel de tartre ; & quand l’un ou l’autre féra en fufon liquide, jettez-y votre argent précis pité en chaux ; tenez en fufon pendant quelques mi: nutes , & vous aurez de l’argént pur, fans alliage, & de la plus grande fineffe : quant à la diffolution de l'or, verfez-y de l’huile de tartre par défaillances édulcorez la matiere qui fe précipitera par plufieurs lotions , puis la jettez peu-à-peu dans un creufet où vous aurez mis en fufon du borax fixe ou calciné, ou du fel de tartre, & vous aurez de l’or de la plus grande pureté. : Départ par La voie fèche ou par La Jufion , qui s’apa pelle aufli départ concentré ou féparation par la voie Jeche. Pour ne point rendre trop long cet article, qui left déjà affez, nous renvoyons le le@eur à larricee SÉPARATION par la voie feche, où l’on décrira les travaux requis pour cette opération. En attendant on pourra confulter dans les #ém. de l’acad. des Scier ces de Berlin, 1747,pag. 3 € [uiv. l: mémoire très2 érendu que M. Eller a donné fur cette matiere, DÉPARTAGER, v. at. (Jurifpr.) fignifie Zever Le partage d'opinions qui s’étoit formé entre des juges ; arbitres, ou confultans. En matiere civile une voix de plus d’un côté que d’un autre fuffit pour départas 856 DEP ger les juges. Au parlement, quand il y a partage, le rapporteur & le compartiteur vont pour fe dépar- cager dans une autre chambre, où l'affaire eft rap- portée de nouveau. En matiere criminelle une feule voix de plus ne fufit pas pour départager, il en faut deux; & lorfqu'il y a partage, le jugement pañle à l'avis Le plus doux. Il n’y a jamais de partage au con- feil du Roi, attendu que M. le chancelier dont la voix eft prépondérante départage tobjours les juges. Voyez COMPARTITEUR, OPINIONS, PARTAGE. A c DEPARTEMENT , 1 m. (Jurifpr.) fignifie diffri- bution , répartition, partage qui fe fait de certains objets entre plufeurs perfonnes. (4) DÉPARTEMENS DU ConSsËIL DU Rot, font les différentes féances ou affemblées du confeil qui ont été établies par rapport au grand nombre & à la di- verfité des affaires que l’on y traite. Ces départemens font ce que l’on appelle Ze confeil d'état ou des affaires écrangeres , Le confeil des dépêches , le confeil royal des finances , le confeil royal de commerce , le confeil d’état privé ou des parties , la grande direülion des finances , la petite diretlion, le confeil de chancellerie, &cc. (4) : DÉPARTEMENS DES SECRÉTAIRES D'ÉTAT, {ont la diftribution qui leur eft faite par le Roi des diffé rentes affaires dé l’état, & des provinces & généra- lités pour lefquelles il peut fe préfenter des affaires awconfeil. (4) DÉPARTEMENS DES FINANCES, font la diftribu- tion qui eft faite par le Roiï au contrôleur général &c aux intendans des finances, des différentes affaires de finances qui fe traitent au confeil royal des finan- ces, & des provinces & généralités du royaume re- lativement aux mêmes objets des finances, (4) DÉPARTEMENS DU COMMERCE, font la diftri- burion qui ef faite par le Roï, tant au contrôleur gé- néral des finances qu’aux quatre intendans du com- merce,des différentes provinces du royaume par rap- port au commerce, & même de ce qui concerne le commerce extérieur par terre. Le fecrétaire d’état de la marine a dans fon département tout ce qui con- cerne le commerce maritime. (4) DÉPARTEMENS DES INTENDANS DES PROVIN- CES ET GÉNÉRALITÉS DU ROYAUME, font la dif- tribution qui eft faite de ces officiers par le Roi dans les différentes provinces & généralités du royaume, pour les affaires de juftice, police, & finances; c’eft pourquoi on les appelle aufli commiffaires dépar- tis dans les provinces. I] y a dans le royaume trente- une intendances ou départemens | &ttrois départemens particuliers pour les colonies françoifes. (4) DÉPARTEMENS DES INTENDANS DE MARINE, font la diftribution qui eft faite de ces officiers par le Roi dans les principaux ports de France & pro- vinces maritimes du royaume. Il y a quatre de ces départemens, favoir Breft & Bretagne, le Havre & la province de Normandie, Rochefort, Toulon &c la Provence. (4) DÉPARTEMENS DES FERMIERS GÉNÉRAUX, font la diftribution qui fe fait entre eux tous les ans des objets de travail pour le fervice des fermes du Roi: il y a par exemple le département des gabelles, celui du tabac, Gc. Le nombre des fermiers généraux qui font dans chaque département eft plus ou moins grand, fuivant la nature des affaires. Il y a aufli d’autres dé. partemens des fermiers généraux arrêtés par le con- trôleur général, pour le fervice & lacorrefpondance des provinces. Douze des fermiers généraux font di- ftribués pour faire chacun leur tournée dans certai- nes provinces; ils ont chacun un certain nombre de fermiers généraux pour correfpondans à Paris. (4) DÉPARTEMENT DES TAILLES, eft la répartition qui eft faite chaque année de la fomme à laquelle D E P l’état des tailles a été arrêté au confeil, dans lés dif férentes généralités & éle@ions du royaume. (4) DÉPARTEMENT , ex Archireture , fe ditd’une quantité de pieces d’un bâtiment deftinées à un mê- me ufage, comme chez le Roi le département de la bouche, celui des écuries, &e, (P DÉPARTEMENT , ( Marine.) c’eft un port dans le- quel le Roi a un arfenal pour la Marine, & où il tient fes vaifleaux & fes officiers, comme Toulon, Breft, Rochefort, le Havre -de-Grace, & Dun- kerque. (Z) DÉPARTIR, v.a. (Jurifpr.) fignifie partager ou diftribuer quelque chofe entre plufeurs. ” On départit les intendans dans les provinces , aux juges des procès, &c. Voyez DÉPARTEMENS. Se départir; fignife Je déporter , quitter , abandon ner une prétention, un droit, une demande, une opinion. (4): 3 DÉPASSER UN VAISSEAU , ( Marine.) c’eft al- ler plus vite que ce vaifileau & le laifler derriere, On dit depafer un vaifleau comme s’il étoit à l’ancre, pour dire qu’un vaifleau eft beaucoup meilleur voi- lier que l’autre. Dépaffer fe dit aufli quand on pafle au-delà d’un endroit où l’on vouloit aller. On dépaffe un port ; on dépalle une ile, quand au lieu d’y aborder on va plus loin, foit par défaut de connoiffance, foit par défaut de l’eftime, ou par la force des courans ou du mauvais tems qui entraîne au-delà. (Z) DéÉpasser , (Manufaët. en foie.) c’eft ou dégager les fils des lifles, ou défaire les lacs qui fervoient à former le deffein fur l’étoffe. DÉPECER UN BATIMENT , (Marine. c’eft le détruire & le mettre en pieces ; ce qui fe fait aux ba- timens qui font vieux & hors d'état de naviguer. Z Host tea , £ m. pl. (Jurifprud.) ce font les chofes qui appartiennent à une autre, comme en étant un accefloire. Les dépendances d’un fief font les terres, prés, bois, qui en compôfent le domai- ne, les cenfives, le droit de chafle, & autres fem- blables. Les dépendances d’une affaire font les branches qui y font néceffairement liées. Quand on évoque une affaire , c’eft ordinairement avec toutes fes cir- conftances & dépendances. Le terme de circon/lances comprend tout ce qui peut avoir quelque rapport à l'affaire, & dépendances tout ce qui en fait partie. (4) DÉPENDANT , serme de Marine: on dit aller er dépendant ; c’eft fuivre un autre vaiffeau en prenant les précautions néceffaires pour ne pas s’en écarter, foit qu’on le dévance ou qu’on aille à côté, Venir en dépendant, c’eft lorfqu'un vaifleau eft au vent d’un autre, & que pour le reconnoitre il s’en approche peu-à-peu tenant tojours le vent, revirant fi l’autre revire , & faifant toùjours enfortè de n'être pas mis fous le vent. Tomber er dépendant , c’eft s'approcher à petites. voiles, & faire vent arriere pour arriver. (Z) DÉPENS, f. m. (Jurifpr.) font les frais qui ont été faits dans la pourfuite d’un procès, qui entrent entaxe, & doivent être payés à celui qui a obtenu gain de caufe par celui qui a fuccombé, & qui eft condamné envers l’autre aux dépens. | Les dépens {ont appellés en droit experfe litis, où fimplement expenfe. | Îls font aufli appellés pæra temerè litigantium. o- crate étoit d'avis que l’on rendit les frais des procès très-grands, pour empêcher le peuple de plaider ; fes vœux ont été bien remplis pour la premiere par- tie , Les frais des procès étant devenus fi confidéra- bles , qu'ils excedent quelquefois le principal ; ce qui n'empêche pas que l’on ne plaide toùjours. Au reîte quoique les «dépens foient une peine pour celui qui fuccombe, fuccômbe , 118 n’ont pas été établis dans ce point de vie, mais plütôt pour rendre indemne celui qui ga- gne fa caufe. Il y a d’autres peines contre les témé- à plaideurs, telles que les amendes, injon@ions, €. | | … Enfin les dépens {ont quelqnefois appellés /#mp- us, Qui fignifie en général frais ; mais parmi nous les frais des procès font différens des dépens : car Âes frais comprennent tout ce qui eft débourfé à l’oc- cafion du procès, même les faux frais, tels que le port des lettres.écrites au procureur, & autres fem- blables, que la partie eft obligée de rembourfer à {on procureur , & que néanmoins la partie adverfe ne peut pas répéter : au lieu que les dépens ne com- prennent que les frais qui entrent en taxe contre la partie adverfe. | Les épices des juges & les falaires des huiffiers , qu'on appelloit d’un nom commun /portulas , fai- {oient aufh chez les Romains partie des dépens : ce qui a lieu de même parmi nous. sul Onne voit point qu'il foit parlé dés dépens dans le digefte , mais feulement dans le code Théodofien, dans celui de Juftinien, dans fes inflitutes, & dans des novelles. Ce que l’on peut recueillir de ces dif- férentes lois, eft qu’en général les dépens étoient dûs par celui qui fuccomboit, foit en premiere inftance ou en caufe d'appel ; que les frais de contumace étoient toüjours dûùs par celui qui y avoit donné lieu, quand même il auroit enfuite gagné au fond. Dans les affaires fommaires, on ne réqueroit pas de dépens, & l’on n’en pouvoit jamais prétendre qu”- als ne fuffent adjugés par le juge, lequel les taxoit équitablement ; mais il dépendoit du prince de les diminuer. Enfin fuivant la novelle 112, le deman- deur étoit obligé de donner caution au défendeur de lui payer la dixieme partie de fa demande par forme de dépens , s’il perdoit fon procès. Théodoric roi d'Italie, par fon édit qui éft rap- porté dans le code des lois antiques, ck, 37. ordon- na que celui qui fuccomberoit, feroit condamné aux dépens du jour de la demande, afin que perfonne ne fit de gaieté de cœut de mauvais procès. En France, pendant long -tems il n’y avoit que les juges d’églife qui condamnoient aux dépens ; il n’étoit point d’ufage d’en accorder dans la juftice féculiere : ce qui eft d'autant moïns étonnant, qu’a- Lors la juftice étoit fort fommaire , il n’y avoit pref- que point de procédures , & que les juges &c Les gref- fers ne prenotent rien des parties. | | Ce ne fut que fous Charles-le-Bel, en 1324, qu'il fut enjoint aux juges féculiers dé condamner aux dépens la partie qui fuccombe. | L’ordonnance de 1667, cit. des dépens , veut pa- reillement que toute partie principale ou intérve- nante qui fuccombera , même aux renvois déclina- toires , évocations , ou réglemens de juges , foit con. damnée aux dépens indéfiniment, nonobftant la pro- ximité Ou autres qualités des païties , fans que fous prétexte d'équité, partage d'avis, ou pour quelque autre caufe que ce foit, elle en puifle être déchar- gée. Il eft défendu à tous juges de prononcer par hors de cour fans dépens ; 8 l'ordonnance veut qu'ils : foient taxés en vertu de fa difpofition , au profit de celui qui aura obtenu définitivement, encore qu’ils n’euffent point été adjugés, fans qu’il puiffent être modérés, liquidés, ni refervés. | | + Les arbitres doivent auffi condamner aux dépens celui qui fnécombe, à moins que par le compromis ilny eût claufe exprefle, portant pouvoir de les re- mettre, modérer, & liquider. 1 dans le cours du procès il furvient quelque in- cident qui foit jugé définitivement, les dépens doi- vent pareillement en être adjugés. J mi: les affaires où il y a pluñeurs chefs de de- orme IF, / . se, (ONE DE P 857 mande,uñe partie peut obtenir les Zpens firé'tn chef; & fuccomber pour un autre; c’eft pourquoi ôn n’ad: juge quelquefois que la moitié, un tiers ou un quart des dépens, f Le miniftere public n’eftjamais condarné aux À pens , lors même qu'il fuccombe dans fes demandes ; parce qu'il n’eft point réputé avoir fait de mauvais fes conteftations : mais comme äl ne paye point de dépens; il n’obtient pas non plus de condaämnationi de dépens lorfqu’il obtient à {es fins. Ilfant néanmoins excepter les procureuts-fifcauxy lefquels dans les affaires civiles où ils agiffent pour l'intérêt du feigneur , peuventobtenir des dépens && y être condamnés : dans ce dernier cas, c’eft anfeia gneur à les payer. ; Celui qui demande plus qu'il ne lui eft dû, n’eft pas pour cela condamné aux dépens, à moins qu'on ne lui ait fait des offres fuffifantes , auquel cas 1l des vroit les dépens du jour des offres, Voyez PLuSpÉ- TITION. Quand une affaire eft jugée définitivement lé procureur de celui qui a obtenu contre fa partie ads verfe une condamnation de dépens, en pourfuit la taxe ; & pour cet effet il fignifie au procureur du défendeur en taxe le jugement qui les adjuge, & 14 déclaration ou état de ces dépezs. ; Le défendeur en taxe ou fon procureur , doit dans les délais de ordonnance , & s’il éft abfent, à raifor d’un jour pour dix lieues de la diftance de fon domi: cile, prendre communication des pieces juftificatives desarticles de la déclaration, par les mains & au domi- cile du procureur du demandeur en taxe fans dépla= cer ; &t huitaine après faire fes offres au procureur du demandeur , de la fomme qu’il croira devoir poux les dépens adjugés contre lui ; &'en cas d’acceptation des offres, 1l en doit être délivré exécutoire. Foyez EXÉCUTOIRE. | S1 nonobftant les offres le demandeur fait procé= der à la taxe, & que par le calcul, en ce non-com- pris les frais de la taxe , les dépens n’excedent pas la fomme offerte , le demandeur fupportera les frais de la taxe: ‘nr Dans la déclaration de dépens on ne doit faire qu”- un feul article de chaque piece, tant pour lavoir _ dreffée, que pour la copie, fignification, &c autres droits, Les procureurs ne peuvent employer qu’un feu droit de confeil pour toutes les demandes , tant prin- cipales qu'incidentes ; & un autre droit de confeil ;: en cas que les parties contre lefquelles ils occupent: forment quelque demande. Il n’entre pareillement en taxe aucun autre droit de confultation , encore qu’elle füt rapportée & fi gnée des avocats, excepté dans les cas où elles font néceffaires. Voyez ci-devant CONSULTATION. Toutes écritures qui font di minifteré des àvo= Cats, d'entrent point en taxe, à moins qu’elles ne foient fignées d’un avocat du nombre de ceux qui font fur le tableau. Voyez ECRITURES € TABLEAU! Lorfqu'il y a au procès des écritures & avertifle= mens , les préambules des inventaires faits par les, procureurs en font diftraits , de même 1e les rôles de leurs procédures où ils auroïent tranfcrit des pie= ces entieres , ou chofes inutiles. Il eft auffi défendu, aux procureurs & à tous autres de faire des écritu- res, ni d’en augmenter les rôles après le procès jugés, à peine de reftitution du quadruple. Pour faciliter la taxe des dépens ; l'ordonnance de: 1667 avoit annoncé qu'il feroit mis dans tous les greffes un tableau ou regiftre, dans lequel feroient écrits tous les droits qui doivent pañler en taxe; ce qui n’a point encore été exécuté : c’eft pourquoi l’on: fuit dans lereflort du parlement de Paris, l'arrêt des Q0Qgqaq 855 D E P réglement rendu fur cette matiere le 26 Août 166$ s & un autre réglement de l’année 1691. Les voyages êc féjours qui doivent entrer entaxe, ne peuvent être employés s'ils n’ont réellement êté faits & dû être faits. J’oyez VOYAGE 6 SÉITOUR. Si le défendeur n’a point fait d'offres fur la décla- ration de dépens, Ou qu’elles n’ayent pas été accep- tées dans les délais c1- devant expliqués , la déclara- tion doit être mife entre les mains d’un procureur tiers, avec les pièces quitificatives ; & dans les fièges oùil n’y a pas de procureurs tiers en titre d'office , la “communauté des procureurs doit en nommer , Pour faire chacun à leur tour cette fonétion pendant un certain tems, excepté dans les fièges où 1l y a des commiflaires-examinateurs. -_ Le procureur tiers marque de fa maïn au bas de la déclaration lé jour qu’elle lui a été remife avec les pieces. .… On fignifie le tout au défendeur en taxe ; & après deux fommations qu’on lui fait de fe trouver en Pé- tude du procureur tiers, celui-ci arrête les dépens tant en préfence qu’abfence , & met fes arrêtés fur da déclaration. HE: . Quand elle contient deux cents articles & au-def- fus, le procureur tiers doit la regler dans huitaine ; & fi elle eft plus grande, dans quinzaine. ©. On paye un droit de contrôle pour chaque article de la déclaration de dépens, Voyez les réglemens rap- portés à ce fujet, dans le recueil concernant les procu- TEUTS, °. Le procureur du défendeur ne peut prendre aucun droit d’affiftance , s’il n’a écrit de fa main fur la dé- claration les diminutions , à peine de faux & d’in- terdition. S'il y a plufñeurs procureurs pour les défendeurs ; en taxe, chacun ne peut prendre d’afliftance que pour les articles qui Le concernent ; & à l'égard des frais auxquels les parties auront un intérêt commun , le procureur plus ancien aura feul un droit d’affif- tance : les autres pourront néanmoins aflifter, fans prendre aucun droit. | Quand la déclaration eft arrêtée par le tiers, on fomme le procureur du défendeur en taxe de figner les arrêtés ; & faute par lui de le faire, le caicul eft _figré par le commiflaire, | Le procureur tiers met fur chaque piece qui eft . ällouée’, saxé & paraphe, /. Les commiffaires fignent le calcul , fans prendre aucun droit : leur clerc a feulement le droit de cal- cul, lorfqu’il eft fait & écrit de leur main. S'il n’y a point d'appel de la taxe , Le demandeur obtient un exécutoire conforme , où il comprend lés frais faits pour y parvenir, & la fignification de l’e- xécutoire. . ” Lorfque le défendeur appelle de la taxe, fon pro- cureur doit croifer dans trois jours fur la déclaration Tes articles dont il eft appellant ; & faute de le faire, fur la premiere requête 1l doit être déclaré non-rece- vable en fon.appel. * Après que l’appellant a croifé les articles dont il fe plaint, l'intimé peut fe faire délivrer exécutoires des articles dont il n’y a point d’appel. S'il n’y a que deux articles croifés, l'appel doit être porté à l'audience ; s’il y a plus de deux croix, on prend l’appointement au orefte. + L’appellant doit être condamné en autant d’amen- des qu'il y a d'articles croifés , dans lefquels 1l fuc- combe, à moins que ces différens articles ne fuffent croifés par un moyen général. ; Dans les bailliages, fénéchauflées , & préfidiaux , les dépens adjugés , foit à l’audience ou fur procès par écrit, doivent être taxés comme il vient d’être dit, par Les juges ou par les commiflaires-examina- _ teurs des dépens dans les lieux où il yen a de créés à cetcflete . Maïs dans les juffices fubalternes, foit royales où feigneuriales, les dépens adjugés , foit à l’audience où fur procès par écrit, doivent être liquidés par la fen- tence même qui les adjuge, fans aucune déclaration de dépens. LS. K Les dépens font perfonnels en général , 8 non pas folidaires entre ceux qui y font condamnés, fi ce n’eft en matiere criminelle. TT -La divifion des dépens en matiere civile, fe fait par têtes 6 pro numero fuccumbentium , & non pas à proportion de l’intérêt que chacun avoit de contef- ter. \ | Ceux qui né font condamnés aux dépens que proz curatorio nomine , comme les tuteurs ; curateurs , fe= queftres, commiffaires , héritiers bénéficiaires , &’c, ne doivent pas les dépens en ler nom, à moins qué pour leurs mauvaifes conteftations 1ls n’y ayent été condamnés perfonnellement, Celui qui reprend le procès au lieu d'un autre, tel qu’un héritier ou autre fuccefleur , à titre univer- {el , eft tenu des dépens faits par {on auteur; mais le fucceffeur à titre particulier qui intervient dans un procès , n’eft tenu que des dépens faits contre lui, à moins qu'il n’y ait convention au contraire éntre lui & {on prédéceffeur. | | Le garant ne doit les dépens au garanti, que du jour que la demañde originaire lui a été dénoncée, Les condamnations de dépens obtenues contre une communauté d'habitans , ne peuvent être mifes à exécution contre chacun en particulier , que futvant le rôle de répärtition qui en êft fait par lintendant, Quand le fyndic entreprend une conteftation fans y être autorilé , on le condamne aux dépens en fon ‘nom. Îl arrive auf quelquefois que pour éviter lem- barras d’une répartition fur la paroïffe , on condam- ne aux dépens quatre ou cinq des principaux habitans qui paroïffent avoir eû le plus de part à la contefta- tion, fauf leur recours comme ils aviferont contre les autres habitans. # La contrainte par corps peut être obtenue pour dépens , en matiere civile, après quatre mois, lorf- que l’exécutoire excede 200 liv. mais cela n’a point lieu contre les femmes & les filles. En matiere criminelle , les dépens font exigibles par corps, fans attendre Îles quatre mois. Une-partie qui fe défifte d’un procès, doit en mê- me tems offrir les dépens faits jufqu’au jour du déff- tement. ; Le procureur qui a avancé les. frais pour fa par- tie, peut enlobtenir la diftra@ion à fon,profit, & lever l’exécutoire en fon nom , quand les chofes font encore entieres. Lés condamnations de dépens obténues contre une femme en puiflance de mari, foit pour fon délit,per- fonnel , où en matiere civile, pour une conteftation qu’ellé a foûtenue comme autorifée par juitice au refus de fon mari, ne peuvent êtreprisdu-vivant du mari fur les biens de la communauté , ni même fur les propres de la femme, attendu-que le mari a droit d’en joüir pour foûtenir les charges du mariage. Lorfque les avocats, procureurs, ou autres , ont bien voulu travailler gratuitement pour une partie, cela n'empêche pas qu'elle ne puifle répéter dans la taxe ce qu'il en auroit coûté pour leurs honoraires & droits. tu gr L’hypotheque dés dépens ne venoit autrefois que du jour de la condamnation ; fuivant l'ordonnance de Moulins, arr. 52. € 53. & la déclaration du 10 Juillet 1566: ce qui s’obferve encore au parlement de Touloufe, & dans ceux de Bordeaux &c de Bre- tagne. : Mais au parlement de Paris, & dans ceux de Gre- noble & de Provence, l’hypothèque des dépens.eft préfentement du jour du contrat en vertu duquel I demande a été intentée. | En Normandie , l’hypotheque des dépezs eft du jour de la demande, fuivant l’arsicle 595 de la coù- tume. Les intérêts d’un exécutoire de dépens ne font dûs que du jour de la demande. La quittance du prin- cipal n’emporte point décharge des dépens. (4) DÉPENS DE CAUSE D'APPEL, font ceux qui ont été faits fur un appel. Quand lPappellant fait infir- mer la fentence , on lui adjuge les dépens des caufes principale & d'appel ; quand on confirme , l’appel- lant eft feulement condamné aux dépens de la caufe d'appel, les prenuers juges ayant déjà ftatué fur les dépens de caufe principale. (4 ) DÉPENS DE CAUSE PRINCIPALE, font ceux qui ont été faits devant les premiers juges. Voyez ci-de- vart DÉPENS DE CAUSE D'APPEL. (4) DÉPENS COMPENSÉS , font ceux qui ne peuvent être répétés de part ni d’autre. On compenfe ordi- nairement les dépens entre les parties, lorfque l’une fuccombe en un chef de demande, & l’autre partie dans un autre chef dont les frais font égaux ; quel- quefois entre très-proches parens & entre le mari & la femme , on les compenfe pour ne pas aigrir da- vantage les efprits. Quand les dépens {ont compen- fés, on regle qui doit payer les épices & le coût du jugement. (4) DÉPENS DE CONTUMACE , font ceux que l’on a été obligé de faire pour obliger une partie de com- paroitre ou de défendre. Le défaillant n’eft point re- cevable à contefter devant le même juge qu'il n’ait rembourt{é ces frais. (4) DÉPENS CURIAUX, {ont les frais qu’il en coûte pour les aftes émanés du juge. Voyez ci-devant Cu- RIAUX. (4) DÉPENS DE L’INCIDENT, font les frais faits fur quelque incident. Lorfqu'il eft jugé définitivement avant le fond , on doit ftatuer fur les dépens, & les adjuger, compenfer, ou referver, fuivant qu'il y échet. (4) DÉPENS PRÉJUDICIAUX, font ceux qui préce- dent le jugement du fond, tels que les dépens de .contumace &c autres faits, pour des inftruétions pré- paratoires. Voyez FRAIS PRÉJUDICIAUX. (4 ) DÉPENS DE PREMIERE INSTANCE , font ceux que l’on a faits devant les premuers juges. Foyez ci- devant DÉPENS DE CAUSE PRINCIPALE. (4) DÉPENS PROVISIONNELS , font la même chofe que dépens préjudiciaux. (A4) DÉPENS RESERVÉS , font ceux fur lefquels le juge a remis à faire droit , {oit après que l’on aura rem- li quelque préalable, ou lorfqu’on jugera le fonds. De ce cas il referve les dépens ; & lorfqu’enfuite il prononce fur ces mêmes dépens, s’il les adjuge , 1] les qualifie de dépens reférvés , pour les diftinguer .des autres dépens qui n’avoient point êté refervés. Sur la matiere des dépens, 1l faut voir au code Théodofien & dans celui de Jufhinien , les titres de fruilibus & litum expenfis ; & encore au code, les ti- tres de fportulis, &cc. &c de fumptuum recuperatione ; aux inflitutes , le titre de pœna temere litigantium ; les novelles 82 6 112. André Guil. Zb. I. obfervar. 151. Fontanon, som. I. iv. IL. sir. xx. & wir. liij. Joly des offices de France, tome I. liv. TI. tir. xlviy. Bou- .chel , en fa biblior. du dr. fr. au mot taxe, & aux -mots con/forts à plaider, &T contrainte par corps. Papon, div. XV IIL. cie, y. G vy. & div. AIX, uit. y, E vy. L'ordonn. de 1667, tit. xxx]. L’ordon. de 1669 , tir, wi. Le code Gillet. Lapeirere, au mot dépens. Guy pape, quefl. 137 ; & Chorier, 1bid. Baflet, som. II. div. IT. nt, ich. j. & tit. xxx. ch. xv. Carondas, iv. XII. rep. 11 É12. Boniface , tome LT, liv, 1W. ti. x. La Rocheflavin, y. II. tit. Jv. arr. 5. Bouvot, som. ÎT. au mot dépens, Franc. Marc. som, 1: queft. Tome IF, DEP 859 38, 39. Eau; & 2, IL, queft. 109, 234, Ë Gags Catelan , Z Æ. ch. xxxjx. & L. 1I, ch. I, Pinault, tome T. arr. 8,6 96. Rebuffe, fur le concordat , tit. de mandat apoftol. $. declarantes. Le Prêtre, cent. 1F. Chap, lxviy. Journal du palais , arrêt du 26 Janvier 1671. Bafnage , fur l'art. 595. de Normandie ; May= nard, Zv. Il. chap. ljv. Dupérier , rom. IT. pag. 428, 6 436. Ricard , arc. 164, de la coftume de Paris » Auzanet, lv, LIT. des arr. ch. xij. Voyez auffi aux mots CONTRÔLE, DÉCLARATION, FRAIS, EXÉ- CUTOIRE, ÎTERATO, MÉMOIRE, TAXE. (4) DEÉPENSE, { f, (Jurifprud.) eft le chapitre d’un compte , où l’on fait mention de l’emploi qui a été fait de ce que l’on a reçu ; ce chapitre fuit celui de la recette. La dépenfe ne doit point être allouée qu’- elle ne foit juftifiée par des quittances ou autres pie- ces fufifantes. Voyez ComprEe & RECETTE. (4) DÉPENSE, (Commerce.) en termes de compte & de commerce ; c’eft un des trois chapitres dont un compte eft ordinairement compofé. Il fe met après celui de recette , & avant celui de reprife. Foyer Compte. Diffionn. dé Comm. Trév, & Chamb. (G) DÉPENSE, ( Architetture.) eft une piece du dépar- tement de la bouche , où l’on ferre les provifions de chaque jour & les reftes des viandes.On l'appelle en latin , cella penaria, Voyez les PL, d’Architeëture, (P) DÉPENSE , ( Marine. ) c’eft le lieu où le maître- valet tient les vivres qu’il diftribue. Dans les navires de guerre, on place ordinaire- ment, la dépenfe au fond de cale, proche la cuifine & 1l y a une ouverture par laquelle on donne les vivres; mais dans les vaifleaux marchands la dépenfe eft le plus fouvent placée à la même hauteur que la cuifine, (Z DÉPENSE , (Hydraulique. ) La dépenfe des eaux eft leur écoulement ou leur débit en un certain tems : _ on mefure cette dépenfé par le moyen d’une jauge percée de plufeurs trous depuis un pouce jufqu’à deux lignes circulaires. Comme les auteurs confondent la vîtefle & la dépenfe des eaux jailliffantes , on peut prendre l’une pour l’autre. Il y a deux fortes de dépenfe, la naturelle & Pef fe&tivet La dépenfe naturelle eft celle que les eaux jaillif- fantes feroient fiuvant les regles établies par les ex- périences , fi leurs conduites & ajutages n’étoient pas fujets à des frottemens. La dépenfe effeétive eit celle que l’expérience fait connoitre , laquelle eft toüjours moindre que celle donnée par le calcul ; 1l faut tobjours compter la de- penfe des eaux par la fortie de l’ajutage , & jamais par la hauteur des jets. Les dépenfes des jets qui viennent d’un réfervoir de même hauteur, mais dont les ajutages ont difé- rentes {orties , font les uns aux autres en raifon dou: blée des diametres de leur ajutage, c’eft-à-dire en raifon des quarrés des diametres de ces ajutages. Les jets d’eau venant de réfervoirs de différentes hauteurs, dont les ajutages ont la même fortie, font les uns aux autres en raïfon foùdoublée des mêmes hauteurs, c’eft-à-dire comme les racines quarrées de leurs hauteurs. J’oyez AJUTAGE. C’eft fuivant ces principes qu’on a établi les deux formules fuivantes. On fuppofe dans les calculs fuivans, que les ré- fervoirs {oient entretenus d’eau à la même hauteur pendant l’expérience , fans cela l'évaluation du jet & de fa dépenfe changeroient fwivant la charge de l’eau. . Premiere formule, Calculer La dépenfe des jets venant d’un même refervoir & avec diffèrens ajutages On de- mande combien de pintes d'eau par minute depen/fera un jet de 60 piés de haut, ayant un ajutage de 6 li QQggqa 860 D E P gnes de diametre, L'expérience nous apprend , 1°. qu’un jet dont l’ajutage a 3 lignes de diametre » VE- nant d’un réfervoir de 52 piés de haut, a dépenfé par minute 28 pintes mefure de Paris : 2°. on fait par une autre regle reçue, qu'un jet pour parvenir à 60 piés de haut, doit defcendre d’un réfervoir de 72 piés de hauteur. Faites les deux regles de trois fuvantes. Voyez REGLE DE TROIS. | Premiere regle. On.commence à comparer ces deux expériences , Qui VOUS donnent deux termes connus de même efpece, qui font ÿ2 & 72. On prend en- tre ces deux nombres une #0yenne proportionnelle , dont on tire la racine quarrée ( confultez ces deux articles ) ; cette moyenne proportionnelle fera Le troi- fieme terme connu, & la regle de trois vous donnera le quatrieme en cette maniere : mettez au premier terme 52, au fecond la moyenne proportionnelle entre 52 & 72, quieft 61 +, & les 28 pintes d’eau que dépenfe le jet de $2 piés de haut trouvées dans lexpérience feront au 3" terme; 52,615::28,x; multipliez les deux termes moyens lun par lautre, c’eft-à-dire 28 par 61%, ce qui vous donnera 1712 que Vous diviferez par 52, pour avoit au quotient 33 pintes environ : ainf un jet de 60 piés de haut, dépenfe par l'ouverture de trois lignes, & par minu- te, à-peu-près 33 pintes d’eau. Seconde regle. Comme on demande la dépenfe d’eau d’un jet de 6 lignes, il faut néceffairement une fe- conde opération. On fait que les jets provenans de même hauteur de réfervoirs avec différens ajutages, font en raifon doublée des diametres des ajutages ; faites cette regle: Le quarré de 3 lignes d’ajutage, qui eft 9, eft à 36 quarré de 6 lignes de l’ajutage deman- dé, comme 33 pintes de dépenfe par minute trouvées dans la prennere regle {ont à x : on rangera ainfi les termes, 9,36 :: 33,x3 multiphiez les deux termes moyens 36 par 33, dont le produit 1188 divifé par o donnera pour quotient 132 pintes ; ainfi un jet de- 60 piés dé haut par 6 lignes d’ajutage dépenfera par minute 132 pintes, qui vous donneront tant de muids par heure ; en multipliant 132 par 6o minutes, on aura 7920, qu'il faut divifer pat 288 pintes valeur du muid , & l’on trouvera 27 muids + par heure, & 660 muids en 24 heures. Cette formule efb géne- Tale. | Seconde formule. Calculer la dépenfe des jets venant de différentes hauteurs de réfervoir avec les mêmes aju- ages. On veut favoir la dépenfe par minute d’un jet dont le réfervoireft à 45 piés de haut, &., dont l’a- jutage a 3 lignes de diametre. à On fe fert de l'expérience qu’un jet provenant d’un réfervoir de 13 piés de haut, a dépenfé par minute 14 pintes mefure de Paris, ayant un ajutage de 3 li- gnes de diametre : on compare ce nombre 13 avec celui 45, hauteur du réfervoir du jet demandé ; on cherche une moyenne proportionnelle (F.Moyex- NE PROPORTIONELLE )entre Les nombres 13 & 45, elle fe trouve de 24 - que l’on peut évaluer à +, & comme l’on a trois termes connus de la regle, on écrit 13,24%::14, x, c'eft-à-dire 13 piés de hau- teur de réfervoir {ont au nombre moyen propor- tionnel 24 +, comme 14 pintes font au nombre de- mandé, exprimé par x; multiphez 244 par 14, ce qui produira 343 qu'il faut divifer par 13, ce qui donnera au quotient 26 pintes environ ; ainfi un jet venant d’un réfervoir de 45 piés de haut ,,ayec le même ajutage de 3 lignes de diametre; dépenfera en une minute 26 pintes d’eau. Voyez JET-D'EAU. : : Cette formule eft générale , pourvû que .ce foit -toûjours le même ajutage dans la formule, (K) DEPESCHE ,fub. f. (Æ5/f£. mod.) lettre d'affaire, qu'on envoye en diligence par un courier exprès pour quelque affaire d'état, ou quelqu’autre chofe amportante, Voyez COURIER. Ce font les fecrétaires d’état ou leurs commis qui font chargés des dépéches. Le roi donne fes ordres à fes miniftres qui font dans les pays étrangers par dé- pêches. Voyez SECRÉTAIRE, AMBASSADEUR. En Allemagne ces fortes de couriers fe nomment eflafetces ; ils ont la livrée de l’empereur, & l’on eft obligé dans toutes les poftes de les monter, & ils vont feuls fans poftillon. Le mot de dépêches {e dit aufh pour le paquet mê- me qui contient ces fortes de lettres ; mais alors ä n'a point de fingulier, C’eft dans ce fens qu'on dit: Le courier a rendu fes dépêches. Les François ont eu fous Louis XIV, un confeil de dépêches, auquel afliftoient M. le dauphin, le due d'Orléans , le chancelier , & les quatre fecrétaires d'état. Ce confeil fubffte encore aujourd’hui fous le même titre. En Efpagne, le fecrétaire d’état chargé du dépar- tement des affaires étrangeres, eft appellé le fecré- ‘es des dépêches univerfelles, del defpatcho univer[al, DÉPESCHES, (Jurifprud.) confeil des dépêches, eft une des différentes féances du confeil du Roi. Foyez Conseiz pu Roi. (4 DÉPÊTRER UN CHEVAL, (Maréchallerie.) c’eft la même chofe que déméler, Voyez DÉMÊLER. (7) DEPHLEGMER , (Chimie. ) fignifie féparer d'un liquide compofé, & qui contient de l’eau , que les Chimiftes appellent aufi phlegme , voyez PHLEGME, une partie de cette eau. Ce terme eft fynonyme à celui de concentrer. Voyez CONCENTRER. Le vin, le vinaigre, les acides, les efprits alkalis volatils, les diffolutions des fels neutres, font les fu- jets ordinaires de la déphlegmation ou de la concens ÉTAÉLOIL, On enleve une partie de l’eau contenue dans ces liquides par l’évaporation, foit à l’air libre foit dans les vaifleaux fermés (voyez ÉVAPORATION € Dis- TILLATION), foit par la gelée (voyez CONCENTRA- TION-par la gelée au mot GELÉE). Voyez aux arti- cles particuliers indiqués à la fin de cet article , quels font ceux des Liquides dont il s’agit, qui font propres à être déphlegmés par l’un ou l’autre de ces moyens. On peut auffi enlever l’eau à un certain liquide, par application d’une fubftance qui s’y attache plus fortement que celle à laquelle elle eft unie dans le liquide à déphlegmer; c’eft ainfi qu’on déphleome V’ef.. puit-de-vin par l’alkali fixe, l’acide nitreux parl’a- cide vitriolique. Voyez les articles particuliers ACIDE NITREUX, ACIDE VITRIOLIQUE , ACIDE MARIN, aux mots NITRE , VITRIOL, SEL MARIN ; ESPRIT- DE-VIN aux mots VIN , VINAIGRE. (b) DEPIE DE FIEF, (Juri/prud.) eft la même chofe que démembrement de ff : il eft ainf appellé dans quelques coûtumes au lieu de dépiecement | pour exprimer que le démembrement met le fief en pie- ces. Ce terme eft employé dans les coûtumes d’An- jou, du. Maine , & Touraine. Dans ces coûtumes le dépié de fief arrive en deux manieres ; favoir quand le vaffal aliene quelque pot- tion de fon fief fans reteniraucun devoir fur la chofe alhénée, ou quand Le vaffal aliene.plus du tiers jou felon d’autres coûtumes plus des deux tiers avecde- voir ou fans.devoir, pourvû qu’en précomptant le devoir il y ait plus du tiers ou des deux tiers aliénés. Lorfque le vaffal retient la foi fur la portion par lux aliénée, cela s’appelle faire fon domaine de fon fief: En. Anjou & au Maine le vafal qui a fait le depié de fon ff, eft privé de fief & dé la juftice, Le tout eft devolu-au feigneur dominant. Si le depié de fief n’étoit commis que par degrés, la peine ne feroit encourue que du jour de la der- mere aliénation, qui excede, çe qu'il eft permis de démembrer par la coûtume. | | D E'P Mais f depuis le depié de fef les parties font réu- nies à leur tout , la peine du depié de fef cefle, quand même le feigneur dominant auroit déjà obtenu des jugemens , & feroit en pofleflion. En Touraine, les poffefleurs des portions de fief aliénées deviennent les vaflaux immédiats du fei- gneur dominant ; mais le vaflal ne perd pas la mou- vance des chofes qu'il a retenues. Le parage eft une efpece de depié de fief. Voyez Argou, 2nftit. liv. TT, ch. ij, Livoniére , fur Anjou, Pallu , far l’art. 121. de La cotume de Tours, & ci-dev. DÉMEMBREMENT DE FIEF. (4) DÉPILATOIRE ,, f. m. terme de matiere Médicale externe ; c’eft le nom qu'on donne aux médicamens qui ont la vertu de faire tomber le poil. Tous les moyens dont on ufe pour fe dépiler , ne font pas à proprement parler dépilatorres ; tels font ceux qui ar- rachent le poil , ils n’ont cette propriété que par ac- cident. On dit dans le ditionnaire de Trévoux au not dépilatoire, que les anciens fe fervoient de ré- fine pour dépiler ; & l’on cite à ce fujet Juvenal, qui s'exprime ainfi dans fa fatyre 1x°. .... Nullus tot& nitor in cute, qualem Preftabat calidi circumlita faftia vifei. Voici la traduétion de Martignac fur ces vers : Wous ne prenez aucun foin d’avoir la peau nette par tout le corps, comme lorfque vous ufez d’un dépila- toire de poix chaude. ... Ce fens n’a pas été admis par les traduéteurs modernes : 1l eft vrai que la dé- pilation faifoit paroître frais & dodu. Leduchat , z0- tes fur Rabelais. C’eft probablement ce qui a donné lieu à la coûtume de fe faire rafer; car on peut dou- ter fi lé foin qu'exigeoit une longue barbe, étoit plus incommode que l’aflujettiflement à fe faire rafer. Quoi qu'il en foit, les remedes qui arrachent le poil par leur vertu agglutinative, ne font pas plus dépila- coires que des pincettes ; 1ls agiflent de même, quoi- que par un procedé un peu différent : 1ls procurent la dépilation , mais ils ne l’operent point. Un vrai dépilatoire agit fur le poil & le détruit, depilatorium medicamentum quod pilos corrumpit (lexic. medic. Caf- 2ello-Brunonian).On met au rang des plus doux l’eau de perfil, le fuc d’acacia, la gomme de lierre : les œufs de fourmis {ont un peu plus forts ; on en com- pole un dépilatoire aflez puiffant de la maniere fui- vante. Prenez de la gomme de lierre ;/ une once ; de l’or- piment , des œufs de fourmis , & de la gomme ara- bique , de chacun un gros : réduifez lé tout en pou- dre, & en faites un liniment avec fuffifante quantité de vinaigre, - Au rapport du doéteur Turner, dans fon sraire des maladies de la peau, le fuc de tithymale mêlé avec de l'huile , fait le même effet. La diflolution de la gomme de cerifier empêche ; felon quelques-uns, les poils:de croître. | Ambroiïfe Paré donne la compofition fuivante com- ame-un fort bon dépilusoire. Prenez de la chaux-yive, trois onces ; de l’orpiment , une-once : faites diflou- dre la chaux dans l’eau, & ajoûtez-y quelque chofe d’odoriférant. L'auteur dit qu’il ne faut tenir ce re- mede que fort-peu de tems fur la partie, de crainte qu’il ne la brûle ; on le doit appliquer chaudement. S'il avoit écorché la partie , on ufera , dit-il , de l’onguent rofat ou autre femblable. «4 Lou On voit que l’ufage de ces remedes ; & fur-tont des plus forts, demande beaucoup de circonfpec- tion, tant par rapport aux parties où on les appli: que, qu’au tems qu’on les y laïffe. Paré recommande de faire bouillir dans de l’eau commune de la chaux- vive , de l’orpiment , de l’amidon , & de la litharge pour dépiler: On connoïtra, dit:l, que la cwiffon eft parfaite , lorique la barbe d’une plume d’oiemite DE 861 dans la décoftiontombera immédiatement. N y a-til pas à craindre , filon s#’ufoit d’üne grande attention, que les particules corrofves d’un pareil médicament en pénétrant trop profondément ne laïffent une plus grande diformite que celle qu'on fe feroit propofé d’emporter ? C’eft une beauté parmi les femmes Juives d’avoir le front fort haut & dégarni de cheveux. Elles pro- curent cet avantage à leurs petites filles , en lent fer. rant le front avec une bandelette de drap. Je les ai vü communément préférer le drap écarlate : mais il y a apparence que la couleur contribue moins à cet effet que la nature de l’étoffe. Voilà un dépile- soire fort limple , & dont lufage. n’a rien de dan- gereux. Parmi nous les Baigneurs en font ufage dans les bains de propreté. Les Orientaux appellent leur dé: pilatoire , rufma ; les femmes du ferrail s’en fervent très-fréquemment. Les matieres dont on fe fert .or- dinairement font, comme on vient de le dire, la chaux-vive & l’orpiment ; c’eft en variant les pro- portions de ces deux fubftances qu’on peut rendre l'effet du dépilatoire plus on moins violent, En voici différentes dofes. 1°. Sur 8 onces de chaux-vive mettez une once d'orpiment : après avoir réduit ces deux matieres en une poudre très-fine, vous les mêlerez bien exac- tement, puis vous les pafferez par ün tamis, en pre- nant garde de ne point refpirer la pouffiere qui s’é- leve en tamifant. 2°. Ou bien fur 12 onces de chaux-vive vous mettrez 2 onces d’orpiment, en obferyant les mê- mes précautions qui viennent d’être dites. 3°. Ou enfin joignez à 13 onces de chaux-vive 3 onces d’orpiment, & procédez comme on a dit, En fe fervant de cette derniere dofe, on aura un d£- pilatoiretrès-violent, &c dont l'effet fera très-prompt. On confervera cette poudre dans une bouteille bien bouchée. Quand on voudra faire ufage de cette poudre, on y mêlera un feptieme ou un huitieme de farine de feigle ou d’amidon pour corriger la tros grande ac- tivité du dépilatoire : on verfe fur le tout un peu d'eau tiède, & l’on en forme une pâte, que l’on apphque fur les endroits dont on veut faire tomber le poil : on y laïffe féjourner cette pâte pendant quelques mi- nutes : on a foin de l’humeéter un peu afin qu'elle ne feche point trop promptement, & l’on eflaye fi le poil fe détache aifément & fans réfiftance, pour lors on l’emporte avec de l'eautiède ; la pâte s’en va avec le poil, & l’opération fera faite. IL faut avoir foin de ne point laïffer féjourner la pâte fur la peau plus long- tems qu'il n’eft néceffaire, de peur qu’elle ne l’en- dommage & ne la cautérife : il feroit auffi dangereux de faire un ufage trop fréquent du dépilatoire, (Y DÉPLANTER , v. a€t. ( Jardinage, ) eft ôter de terre tn végétal. On dit déplanter un parterre , un bofquet ; c’eft alors l’arracher. ( Æ DÉPLANTOIR, f.m. ( Jardinage.) Voyez Our1Ls. | DÉPLÉTION , £. £. (Médecine. ) Ce terme a été employé par M. Quefnay dans fon art de guérir par la faignée : il remarque que les effets de la faignée doivent être, 1°. de défemplir les vaiffeaux ; c’eft ce quäl appellé déplétion!: 2°, d'enlever une plus grande quantité de Certaines liqueurs que d’autres; ce qu'il appelle /poliarion. La déplérion peut être réparée en peu de tems par un nouveau chyle ; mais ce chyle n’acquiert qu’à la longue la nature des liqueurs qui ont été évacuées: c’eft pour cela que quoique le premier effet de la faignée puiffe cefler promptement, le fecond qui eft le principal fera de plus longue durée. (d) DÉPLIER ox DÉPLOYER , v: aë. ( Commerce ) 862 D E P étendre en long ce qui étoit plié. On le dit particu- lierement des étoffes que les marchands en détail déplient & étalent fur leurs tables & bureaux pour les faire voir à ceux qui les marchandent, foit pour lesaflortir , foit pour mieux en confidérer la qualité & la bonté. Quand on déplie des étoffes pour en faire la montre , il eft important de’ les replier dans les mêmes plis , de peur de leur en faire prendre de faux. Didionn. de Comm. de Trév. 6 Chamb. (G) DÉPLOYÉ, adj. dans le Blafon , défigne la pofi- tion d’un aigle ou d’un autre oïfeau, lorfqu'il eft tout droit , ayant fes aîles développées ou étendues. Voyez AIGLE, Chambers. (F) DÉPLOYER UNE VOILE, (Marine) c’eft la mettre dehors pour la préfenter au vent. DÉPLOYER LE PAVILLON , c’eft l’arborer & le laïffer voltiger au gré du vent. (Z) DÉPLOYER LE TRAIT , ( Vénerie. ) c’eft allonger La corde de crin qui tient à la botte du limier. DÉPONENT , adj. m. ferme de Grammaire latine. Onnele dit que de certains verbes qui fe conjuguent à la maniere des verbes pañlifs , & qui cependant n’ont que la fignification aétive. Ils ont quitté la f- gnification pañlive ; & c'eft pour cela qu’on les ap- pelle déponens, du latin deponens, participe de depo- mere, quitter , dépofer. M. de Välenge les appelle verbes mafqués, parce que fous le mafque, pour ainfi dire, de la terminaifon pañlive , ils n’ont que la fi- gnification aétive. Miror ne veut pas dire 7e fuis ad- rniré , il fignifie J’admire, Cette terminaifon pañlive donne lieu de croire que ces verbes dans leur premiere origine n’avoient que la fignification pañlive, En effet , miror, par exemple , ne fignifie-t-il pas , Je Juis étonné , Je fuis dans la furprife , à caufe de telle ou telle chofe , par ‘Lelle raifon. Prifcien , au liv. VIII. de fignificationi- bus verborum , rapporte un grand nombre d’exem- ples de verbes déponens , pris dans un fens pañlif, qui habet ultrd appetitur , qui ef? pauper afpernatur : le pauvre eft méprifé : meam novercam lapidibus d po- pulo conféétari video : je vois ma belle-mere pourfui- vie par le peuple à coups de pierres. | Ces exemples font dans Prifcien : le tour pafñif ft plus dans le génie de la langue latine que l’aétif; au contraire , l’atif eft plus analogue à notre lan- gue ; ce qui fait que nous aurions bien de la peine à trouver le tour pañlf original de tous les verbes, quin’ayant été d’abord que pañlifs, quitterentavec le tems cette premiere fignification , & ne furent plus u’atifs. Les mots ne fignifient rien par eux-mêmes ; ils n’ont de valeur que celle que leur donnent ceux qui Les employent : or il eft certain que les enfans , dans le tems qu'ils confervent les mêmes mots dont leurs peresfe fervoient , s'écartent infenfiblement du même tour d'imagination : quand le grand-pere difoit miror , il vouloit faire enteridre qu'il étoit étonné, qu'il étoit affecté d’admiration & de furprife par quelque motif extérieur ; & quand le petit-fils dit miror , il croit agir, & dit qu’il admire. Ce font ces écarts multipliés qui font que les defcendans vien- nent enfin à ne plus entendre la langue de leurs pe- res, & à s’en faire une toute différente : ainfi le “même peuple pafle infenfiblement d’une langue à ‘une autre. (F) DÉPOPULATION, f. f. ( Politique. ) eft propre- ment l’ation de dépeupler un pays , ou une place. Cependant ce mot fe prend plus ordinairement dans de fens paffifque dansle fens a@tif. On dit la dépopula- sion d’un pays , pour defgner la diminution de fes habitans , foit par des caufes violentes, foit par le Seul défaut de multiplication. (0) DÉPORT , f. m. ( Jurifprudence. ) eft de plufieurs #ortes. | . DÉPORT ENMATIERE BÉNÉFICIALE , eft une ef- pece de droiït d’annate dont les évêques ou leurs ar- chidiacres , archiprêtres , ou grands vicaires, & en quelques endroits les chapitres jouiffent , tant fur les cures que fur les prébendes , & autres bénéfices. Ce droit paroit avoir la même origine que les an- nates dont on attribue linvention à Jean XXII. le- quel en fon extravagante fafcepti de ele&. reçoit ex laudabili confuetudine privilegio flatuto annalia, qui étoient les fruits de la premiere ou de la feconde an- née des bénéfices vacans. On s’eft fouvent récrié contre ces droits de déporr, auff - bien que contre les annates qui furent abolies par les conciles de Conftance & de Bâle, & défen- dues par un decret de la pragmatique fanétion. Yves de Chartres en fon épitre xcjy ;, Dumoulin , pare, VII. flyli parlam. arrêt 108 , les condamnent formel- lement. Cependant le concordat ayant en quelque forte abrogé la pragmatique , le pape jouit du droit d'an- nate fur les grands bénéfices ; & à l’égard de Pannate ou dépôt des collateurs ordinaires , cette coûtume a été appellée /oZable par le clergé , & comme telle admife dans le droit canon , & confirmée par plu- fieurs arrêts ; mais l’ufage n’eft pas par-tout unifor- me , & dépend des titres & de la poffeffion. Dans le reflort du parlement de Paris, les archi- diacres jouiffent du déport fur les cures feulement, 88 non fur d’autres bénéfices. En Normandie la plûüpart des chapitres ont le droit de déport fur leurs prébendes. | Le déport n’a lieu qu’en deux cas ; l’un eft pendant la vacance de la cure , l’autre eft pendant le li- tige. Dans le premier cas, l’archidiacre a foin de faire deffervir la cure qui eft vacante ; & c’eft fans doute par cette confidération qu’on lui a attribué les fruits de la cure pendant la vacance. | Dans le cas de litige , il ne jouit des fruits que juf- qu’au jour que l’un des contendans eft maintenu en poffeffion ; & celui qui a donné lieu au deport par {a mauvaife conteftation, doit être condamné à ren- dre à l’autre la valeur des fruits qu'il lui a fait per- dre. Voyez la glofe de la pragmatique 7 verbo confue. tudinis in fine ; Probus, sr. des règales , quæft. 51 ; les recherche de La Fr. par Pafquier , Liv. II. chap. xxv 3 Ragueau , ez fon gloffaire, au mot déport ; Chopin, Liv. I. de facra polir. rit. viij. num. 18. 19.6 fe. Le Maître , traité des fiefs , chap. jv. fur la fin ; Rebuffe, fur Le concordat,tit. de collaë$. volumus, verbo benefi- cium ; Loüet , Le, D. num 62. code des curés , arrét du 30 Août 1706 , aux privileges définit canon, au mot. déport, Voyez ci-après DÉPOUILLE (4) Dérorr, fignifie quelquefois délai ; fans déport ; c’eft-à-dire fans délai , où plütôt Jans deJemparer, quand on prononce une amende & qu'on ajoute payable fans déport , il faut qu’elle foit payée fur le champ, fous peinede prifon. (4) DÉPORT D'UN JUGE, D'UN ARBITRE, D'UN Ex- PERT, ou autre officier commis par le juge, eft l’ac= te par lequel le juge ou autre officier déclare qu'il n’entend point connoître de l'affaire qui étoit devant lui pour quelque raifon particuliere qui l’en empé- che, comme pour caufe de parenté ou alliance, ou parce qu'il a une affaire femblable en fon nom : il eft beaucoup plus féant à un juge de fe déporter lui- même que d’attendre qu’on le recufe. (4 ) | DÉPORT DE MINORITÉ dans Les coûtumes d’An- jou & du Maine , eft un droit feigneurial confiftant dans l# jouiffance qui appartient au feigneur domi- nant des fruits d’une année pour fon droit de rachat du fief d’un mineur , à la charge néanmoins d’en donner le tiers au mineur pour fa nourriture. Ce droit a été introduit pour récompenfer le fei- gneur du foin qu'il doit avoir de faire pouvoir de l eurateur à fon vaflalknrinéur quand les pere & mere auquel le bail ou garde eft déféré par la coûtume S’abftiennent & fe déportent du bail ; mais fi le pere ou la mere en qualité de baïl ont fait la foi & hom- mage , & qu'ils s’abitiennént dû bail acceptant feu- lement la tutelle, le feigneur ne peut plus prétendre le déport parce que le fief ft couvert. | Quelques feigneurs ont voulu étendre ce droit, prétendant qu'ilavoit lieu pour tous héritages féo- daux échüûs à des mineurs ; mais il n’eft dû que quand la foi 8: hommage n’eft pas faite. | Suivant l’art. IT, des arrêtés de M. dela Moignon, tit, de la garde , le droit feigneurial de déport devoit être abrogé ; & par Le refus du pere ou de la mere furvivant d'accepter la garde, les enfans ne devoient plus tomber en la garde du feigneur. Voyez la co4- ane d'Anjou art. 107 & fuiv. € celle du Maïne, art. 119, @ Les tommentateurs fur ces articles ; Renuf- {on , dx droit de garde, chap. 1j, journal du palais, arrêt du 30 Mars 1695. (A) DÉPORTATION, ( Jurifprud. ) c’étoit chez les Romains la peine de celui qui étoit condamné à paf- fer dans les îles : cette peine fuccéda à celle de lin- terdiétion de l’eau 8 du feu, & elle étoit égale à la condamnation à perpétuité , aux ouvrages publics. Les déportats étoient morts civilement ; ils perdoient Phonneur & les droits de cités ; ils ne pouvoient plus tefter , & n’avoient point d'autre hétitier que le fifc ; ils confervoient cependant ce qui eft du droit des gens , & demeuroient obligés pour la par- tie dé leurs biens qui n’étoit pas confifquée. Lorf- qu'ils étoient rétablis chez eux , ils ne recouvroient pas pour cela l’ordre qu'ils tenoient dans la milice, n1 l’honneur ni les aétions antérieures , excepté à Pégard de ces a@ons dans le cas où on les réinté- groit dans tous leurs biens. Cette condamnation prononcée contre le mari ne faifoit pas révoquer dé plein droit la donation faite à la femme, mais il dépendoit du mari de la révoquer, La déportation étoit différente de la rélégation ; el le avoit quelque rapport au banniflement perpétuel. Voyez au die. XV1L, tie. j. L XXI. liv, XX XVII. MÉVS Te LL PIE ni snys LAVE TL, LXX XVII. ff. de regul. jur. au code V. rit, xvj. 1. XXIV, liv. VT. ur, xxy. iv. IX nr, x, LIT, 6 tir. Y. 1, V & VII. nov. XXII € LIT. Voyez BANNISSEMENT. ( 4) | | + DÉPOSITAIRE , {. m. ( Jurifprud.) eft celui qui eft chargé d’un dépôt. Voyez ci-après DÉPÔT. : DÉPOSITAIRE DE JUSTICE, eft celui qui eft éta- bh par juftice à la garde d’un dépôt , tel qu’un com- muiflaire aux biens faifis , un fequeftre | un rece- veur des confignations , É'c. DÉPOSITAIRE NÉCESSAIRE. Voyez ci-après DE- PÔT NÉCESSAIRE, ( 4 Ù DÉPOSITION , f. f. (Jurifp.) eft de deux fortes ; 1 y a dépofition de témoins & dépofition des prélats. On dit aufli quelquefois dépofition d’un officier de ju- dicature ; mais on fe fert plus communément:à cet égard du terme de deflitunion. Voyez ci-apr. Desrr- TUTION. (4) | Pont | * DÉPOSITION D'UN EVÊQUE, ABBÉ, 04 AUTRE ECCLÉSIASTIQUE,, eft un jugement canonique par lequel le fupérieur eccléfiaftique dépouille pour toù- jours un eccléfiaftique de fon bénéfice & des fonc- tions qui y font attachées , fans néanmoins toucher au caractere de l’ordre, Cette peine ne fe prononce que pour des fautes graves ; elle eft plus rude que la fufpenfe, qui n’in- terdit l’eccléfiaftique de fes fonétions que pour un tems. | La dégradation eft une dépofftion , mais qui fe fait avec des cérémonies particulieres pour effacer le caraltere de l’ordre , ce qui ne fe fait point dans la LE 2 “ 3 D EP 863 fimplé dépofftion, Voyez ci-devant DÉGRADATION. : Pans les premiers fiecles de l'Eglife, la dépofition étoit fort commune. Dés qu’un prêtre étoit corr- vaincu d’avoir commis quelque grand crime , COmM- me un affaflinat , une fornication, on le dépofoit, & on le condamnoit à faire pénitence pour le refte de fes jours dans un monaftere, . Les jugemens qui intervenoient dans ce cas, étoient exécutés par provifion ; l’évêque qui avoit dépofé un bénéficier, pouvoit difpofer de fon béné- fice ; mais on permettoit à ceux qui fe prétendoient condamnés imjuftement , de fe pourvoir au concile de la province. Les évêques , dit un concile teñu en Efpagne en 590, peuvent donner feuls lés honneurs eccléfiafti- ques ; mais 1ls ne peuvent les ôter de même, parce qu'il n’y a point d’affront à n’être point élevé aux dignités , au lieu que c’eft une injure d’en être privé. Un canon du dixième concile de Châlons porte aufli que fi un prêtre a été pouryû d’une éylife, on ne peut la hui ôter que pour quelque grand crime , & après l’en avoir convaincu en préfence de fon évê- que. On ne connoïfoit point alors de crimes qui fifent vaquer de plein droit les bénéfices, fans aucun ju: gement, Dans la fuite les excommunications , les fufpenfes & les interdits de plein droit étant deve. nus très-communs , On y Joignit la privation des bé: néfices ; on en trouve plufeurs exemples dans le corps du droit canonique. À préfent la fufpenfe eft une peine beaucoup plus commune que la dépofiion, La dépofition des évêques eft mife par l’Éelife an nombre des canfes majeures. Les plus anciens mo- numens que nous ayons fur la maniere de juger les évêques, fe trouvent dans l’épérre 43, deS. Cyprien ad Cornel, dans les canons 14 & 15 du concile d’An- tioche, & dans les cazons 3, 4 & 7 du concile de Sardique , tenu en 347. Le concile d’Antioche dit que fi un évêque eft ac- cufé, & que les voix de fes comprovinciaux foient partagées, le métropolitain en appellera quelques- uns de la province voifine. Il n’eft point parlé de Vappel au pape , lequel ne paroît avoir été intro- duit que par Ozius au concile de Sardique, tenu en 347- Le premier concile.de Carthage, tenu en 349, veut que pour juger un évêque il y en ait douze, L’ufage de France, pour la dépofiion des évéques eft qu’elle ne peut êtré faite diretement par le pape, mais feulement.par le concile provincial, fauf l’ap- pel au pape. C’eft ce qui a toûjours été obfervé avant & depuis le concordat, lequel n’a rien ftatué fur cette matiere. Voyez Gerbais, de caufis majorib. Les mémoires du Clergé, premiere édition , tome II, p, 463. (4) -DÉPOSITION DE TÉMOINS, eft la déelaration qu'un-témoin fait en juitice , foit dans une enquête ou dans une information. Pour juger du mérite des dépo/fitions, on à égard à l’âge des témoins, à leur caractere, à la réputation d'honneur & de probité dont ils jouiflent, & aux autres circonftances,qui peuvent donner du poids à leur dépoition, ou au contraire les rendre fufpeétes ; par exemple , f-elle paroît fuggerée par quelqu'un qui ait eu intérêt de le faire ; ce qui. fe peut recon- noître aux tetmes dans lefquels s'exprime le témoin , & à une. cértaine affeétation ; à un difcours trop recherché, fi ce font des gens du commun qui dé- pofent. Les dépofitions {e détruifent d’elles-mêmes, quand elles renferment des contradiétions, ou quand elles ne s’accordent pas avec les autres : dans çe dernier 864 DEF cas, on s’em tient à ce qui eftattefté par le plus | grand nombre.de dépofitions , à moins que les autres ne méritaflent plus de foi. de LE. Une dépofition qui eft feule fur un fait, ne forme ‘point une preuve complete , il en faut au Mons deux qui foient valables. Foyez cod, Lib. IV. sut. xx, z: 1 & aux MOors ENQUÊTES ; INFORMATIONS » T£- MOINS. (4) . “Déposrrron, (Jurifpr.).eft la deftitution d'une dignité ou d’un office eccléfiaftique, qui fe fait juri- diquement contre celui qui en étoit revêtu. On peut dépofer un évêque, un abbé, un prieur, un official, un promoteur, &c. mais il faut pour cela qu il y ait des caufes-graves. On ne dépofe point un fimple pré- tre, mais on le dégrade... La dépofition differe de la dégradation ; en ce qu'- elle Ôte tout-à-la-foisles marques extérieures du ca- raëtere, & la dignité ou l'office ; au lieu que la dé- gradation proprement dite, n’ôte à l’eccléfiaftique que les marques.extérieures de fon caraëtere. La dépofiion differe auffi de la /xfpenfe , en ce que celle-ci n’eft que pour un tems, &c fufpend feule- ment les fonétions ; au lieu que la Zépofirion prive abfolument l’eccléfiaftique de toute dignité ou offi- ce. Voyez ci-devant DÉGRADATION, 6 EVÊQUES. A à DÉPOSSEDÉ , adj. (Jurifp..) eft celui auquel on a enlevé la poffeffion de quelque chofe. .C’eft une maxime fondamentale en cette matiere, que fpoliatus anie omnia reflituendus ef? ; ce qui s’en- tend de celui qui a été dépoffédé injuftement & par woie de fait. Voyez au decret de Gratien, /e titre de refhitut. fpoliar. 2. quef. 2. € 3. quefl. 1. É 2. extra 2. 13. infexto 2. 65. 7.1. 3. 10. ff. de regul. jur.l. 131. & 150, & aux mots COMPLAINTE , POSSESSION , RÉCRÉANCE , RÉINTÉGRANDE. (4) DÉPOSITO , (Comm.) Donner ou prendre à de- pofito, fignifie donner ou prendre à intérér, Ce terme a pañé d'Italie en France, & n'eft d'ufage en ce fens qu’en quelques lieux de Provence & de Dauphiné, Voyez INTÉRÊT , Dilionnaires de Commerce, de Tréy. € de Chaïnbers. (G) | DÉPOST , £, m. (Jurifprud.) eft un contrat par lequel on donne une chofe à garder gratuitement, à condition qu’elle fera rendue en nature dès le mo- ment que celui qui a fait le dépés la redemandera, ou qwelle fera rendue aux perfonnes & dans le tems qu'il aura indiqué. es F Le dépôt fe prend aufi quelquefois pour la chofe -même qui eft dépofée. | Ce contrat eft du droit des gens, & par confe- auent fort ancien, & la foi du dept a toùjours été {acrée chez toutes les nations : auffi les Romains le mettoient-ils dans la clafe des contrats de bonne foi, & étoient fi jaloux de la fidélité du dépér, qu'ils vou- loient qu’on le rendit à celui qui l'avoit fait , fans aucun examen, quand même On reconnoïtroit que c’étoit une chofe volée. | | Le dépofñitaire ne pouvoit pas non plus retenir la chofe dépofée , fous prétexte des faifiesfaites en fes mains; mais comme beaucoup de débiteurs abufoient de ceprivilége pour fruftrer leurs créanciers, & dépo- foient leurs effets pour les mettre à couvert des fai- fes, on a obligé avec raïfon parmi nous les dépof- taires de garder le dépôt jufqu’à ce que le débiteur ait obtenu main-levée des faifies. Le dépér doit être purement gratuit ; car fi celui qui fait le dépôs en retiroit quelqu'émolument , ce feroit plütôt un loïiage qu'un véritable dépôr ; & fi le dépoñitaire fe faifoit payer des falaires pour la garde du dépôt, en ce cas ce ne feroit plus un fimple dépoñtaire , mais un prépofé à gages, dont les enga- gemens fe reglent différemment. J1 n’eft pas permis au dépoñitaire de fe fervir de " PET la chofe dépofée » pour fon ufage , &c encore moins de la prêter, loüer, engager ou aliéner ; car il n’a que la garde du dépés, en quoi cé contrat differe des deux fortes de prêts appellés chez les Romains #14 tuum à commodatum. Ce feroit donc une infidélité de la part du dépofitaire »de fe feryir du dépés ou dé s’en défaifir : 1l doit être toûjours en état de rendre la même chofe qui lui a été donnée, les mêmes de- nicrs , le même grain ou vin.;, il ne peut pas fubfti- tuer une autre chofe à la place, quand ce feroit dé la même efpece. RGP RE TT à Le dépofitaire n’eft pas refponfable des cas for- tuits qui arrivent à la chofe dépofée : il n’eft même pas refponfable d’une légere négligence ; mais il eft tenu de tout ce qui arrive par fon dol, ‘ou par une négligence fi groffiere , qu’elle approche du dol. Les conditions fous lefquelles la chofe a été dé- polée,, font ce que l’on appelle a loi 4u dépôt ; loi que le dépoñitaire doit fuivre exa@tement : mais s’il n'y en a point de preuve par écrit, 1l en eft crû à à {on ferment. Le dépôt produit deux a@ions ; l’une que les Roz mains appelloient direéle , qui appartient à celui qui a fait le dépôt, pour obliger le dépoñitaire de le ren: dre ; l’aütre qu'ils appelloient contraire , en vertu de laquelle le dépofitaire peut agir contre celui qui a fait le dépôr, pour l’obliger de lui rendre les dépenfes qu'il a été obligé de faire pour la confervation de la chofe dépolée. | La condamnation qui intervient contre le dépo= fitaire, pour l’obliger de rendre le dépér, lorfqu’il n’y a point d’empêèchement entre fes mains, em- porte une efpece d’infamie, y ayant en ce cas de la mauvaife foi de la part du dépofitaire. Le dépôr volontaire excédant 100 livres, ne peut être prouvé par témoins, à moins qu'il n’y en eût un commencement de preuve par écrit, fuivant l’ordonnance de Moulins , art, 54. 8 celle de 1667, LL, QT 22 d ; Mais fi l’aéte de dépôr étoit perdu, la preuve tef- timoniale de ce fait feroit admiffible , à quelque fomme que le dépôr monte. On peut aufi, quand le dépoñtaire nie le dépér à prendre la voie de l'information, parce qu’en ce eas la conduite du dépoñitaire eft une efpece de vol & de perfdie, # , ) Les dépôts néceflaires peuvent être prouvés par témoins, même par la voie civile, Ordonn. de1567; ll, XX, art, 3. dd a Pour ce qui:eft du dépér fait dans une hôtellerie ; il dépend de la prudence du juge d’en admettre ow refufer la preuve teftimoniale , felon les circonftan- ces. Jbid, art, 4. | Le privilége du dépér eff fi grand, que l’on ne peut point y oppofer certaines exceptions , telles que le bénéfice de ceffion & les lettres de répi. La contribution qui fe fait entre plufieurs créan- ciers faififlans & oppofans, n’a pas lieu fur le dépérs: lorfqu’il fe trouve en nature. Coëtume de Paris, art, 182, vi La compenfation ne peut pas être oppofée par le dépoñtaire, même de liquide à liquide , à caufe de la bonne foi qu'exige le dépôr. : La prefcription n’a pas lieu non plus pour le dépor public ; mais le dépôr particulier peut être prefcrit par trente ans, à moins que l’on ne retrouve encore le dépôt en nature, avec la preuve du dépoe. Si le dépoñitaire eft en demeure de rendre la chofe dépofée, fans qu'il y ait aucun empêchement légi- time , on peut le faire condamner aux intérêts du. jour de la demande ; 1l eft même tenu des cas for- tuits qui arrivent depuis fon refus. | Le dépofñitaire nécefaire peut même être condam< né par çorps à rendre Le dépôs. Ed. | Lorfque LS Lorfque le dépôs eft fait fous Le fceau du fécret de la confeffion ou autrement, les héritiers, créanciers ou autres parties intéreflées , ne peuvent obliger le dépoñtaire à déclarer Pufage qu'il en a fait; 1] lui fufit de déclarer qu'il s’eft acquitté ou qu'il s’ac- quittera du -dépér qui lui a été confié, fuivant les in- tentions de celui qui le lui a remis. Dépôt FoRCÉ OZ NÉCESSAIRE, eft celui qui eft fait dans un cas où l’on: n’apas le tems de déhbérer ni de choiïfii un dépofñtaire, comme en cas d'incen- die, de ruine, de naufrage, °c. Dépôt pe rusrice, eft celui qui eft ordonné par juftice. (4) Drrôr NÉCESSAIRE , eft la même chofe que de- pôt forcé. Voyez ti-devant DÉPÔT FORCE. (4) Déprôr PugLic, eft un lieu deftiné à mettre les dépôts ordonnés par juitice. Les dépofitaires publics font ceux qui ont la garde de ces dépôrs., comme les commiflaires aux faifies réelles, les receveurs des confignations, Ge : É On appelle aufli dépés public }:tout lieu deftiné à conferver les actes publics , comine les greffes , les bureaux du contrôle, des infinuations , & l'étude des notaires. (4) \ | DÉPÔT vOLONTAIRE, eft oppoié au dépôt forcé ; celui que l’on fait librement, & entre les mains de telle perfonne que lon juge à propos: | Sur les regles du dépôs, voyez au digefte depofit, vel contra; au code Z. IV. rit. xxxjv. cnft. lib, IUT. tie. xv. $. 3. nov. 73 & 88. Domat, div. I. ur. vy. € tom. II. div. IL, tic. j. feét. 5. n. 26. Bouchel, & . blioth. du droit françois, au mot dépôt; Defpeifles, om. 1. p. 208. Dumolin, conf. 27. coût. de Paris, art. clxxxiy. & les commentateurs fur cet arzicle; Ar- gon, tic. du dépôt ; l'auteur des maximes journalieres, au mot dépôt. (A) | Dépôr a encore plufeurs autres fignifications. Dépôr civir, eft le greffe civil, où l’on porte les produétions des parties dans les affaires civiles, où le rapporteur va s’en charger, & où les procu- reurs des parties viennent les retirer quand le procès eft fini. (4) | DÉPÔT CRIMINEL, eft le greffe criminel, où l’on met en dépôt les procédures criminelles, & au- tres pieces fervant aux procès des accufés. (4) Dépôrs, (greffe des) eft le greffe où l’on garde les produétions & pieces des procès. Woyez ci-devant DépôrT civil, DÉPÔT CRIMINEL. (4) Dépôrs pes SELS, font les chambres où le fel eft mis en dépôt, dans les pays où il eft marchand. La chambre des dépôts eft auffi une jurifdiéion éta- blie pour connoître des conteftations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & diftribution du fel. Le premier juge de cette chambre s’appelle Le préfi- dent des dépôts. (4) DÉPÔT , rerme de Chirurgie, amas d’humeurs qui fe jettent fur quelque partie, & y forment des tu- meurs, des abcès. Foyez TUMEUR, ABCÈS, APOSs- . TEME. Par la fignification propre du terme dépôs, on doit entendre des tumeurs que le pus ou des matieres fa- nieufes formées dans la mafle du fang par une fie- vre, produifent fur lé champ ; à la différence de l’abcès proprement dit, dont Le pus ou les matieres fanieufes font formées dans la partie même, & pré- cifément dans la tumeur où elles fe trouvent. Ces abcès font l’effet d’une inflammation terminée par fuppuration. Voyez ABCÈS & SUPPURATION. Les dépôts font fouvent la fuite de la reforbtion du pus. Voyez DÉLITESCENCE. (YF) DÉPOUILLES, fpolia, {. f. pl. (Are milir.) figni- fient tout ce qu’on prend fur l’ennemi pendant la guerre. Chez les Grecs on partageoit les dépouilles à Tome IF, DEP 86ÿ toute l’armée également, excepté la portion dugé* néral, qui étoit plus forte, | 4 Suivant la difcipline militaire des Romains, les dépouilles appartenoïent à la république, les’ partis culiers n’y avoient aucun droits &c ceux des géné raux qui étoient les plus eftimés pour leur probité , les portoient toüjours au thrélor public. À la vérité le général difiribuoit quelquefois Le pillage aux fol= dats, pour les encourager owlesrécompenfer ; mais cela ne fe faifoit pas fans beaucoup.de prudence & de circonfpeétion, autrement unertelle démarche auroit été regardée comme un crime de péculat. Les confuls Romulns & Véturius furent condam: nés pour avoir vendu le butin qu'ils avoient fait fur les Æques. Tite-Live, 45. FIIL. Chambers, (Q) DÉPOUILLES OPIMES, voyez OPIMES. » DÉPOUILLE DE SERPENT, exuvie anguium ; Je neila, fenettus anguium ; (Matiere medic.) on appelle ainfi la peau que quittent les couleuvres lorfqu’elles muent. x On attribuoit autrefois beaucoup de vertu à ces peaux: on fe gargarifoit la bouche avec leur déco» tion pourappaifer la douleur des dents. On lesbrü- loit & on les réduifoit en cendres, dont on fe frot= toit pour guérir la galle: on les employoit aufli dans l’alopécie ; enfin on les croyoit bonnes pour faciliter l’accouchement, portées fur le ventre ou fur les reinse Aujourd’hui on n’en fait aucun ufage. DÉPOUILLES, ex terme de Blafon , eft la peau & la couverture entiere d’un animal, avec la tête ; la queue , & toutes les appartenances; deforte que fi on remplifloit cette dépouille de bourre , de paille ; ou de quelqu’autre chole femblable , elle reflemble- toit à l’animal entier. (W DÉPOUILLEMENT,, f. m. (Jurifp.) entermes de pfatique , fignifie le relevé que l'on fait d’un regf- tre, d’un inventaire, d'un compte, ou autres pieces. (A4 DÉPOUILLER un compte, un livre, un journal; un regiftre, en rermes de Commerce, c’eit en extraire les arricles, les parties, les fomies, ou les autres chofes dont on a befoin pour fon commerce où pour fes affaires. Diéfionn. de Comm. de Trèv.. & Cham- bers, (G) 2 vt DérouriLcer, (Fondeuren fable.) Les Fondeuts de menus ouvrages appellent dépouiller leurs mode- les, les tirer du fable après Les avoir légerement cer- nés tout-au-tour avec la tranche de fer. Voyez FON- DEUR EN SABLE. DépouiLLer, (Jardin.) fe dit quand on cueille tous Les fruits d'un arbre, quand on lui'coupe toutes les branches. On le peut dire encore d’un oranger, d’un laurier qui fe dépouille de fes feuilles , quand la féve ne les nourrit plus. (Æ | DÉPRAVATION, f. f. (Medecine.) Ce terme eft employé dans la Pathologie, pour fignifier toute lé- fon notable de l’œconomie naturelle du corps hu- main. Quelques auteurs appellent plus particulierement dépravation de fonttions , une des manieres dont elles peuvent être léfées, lorfqu'il n'y a ni augmentation ni diminution contre-natute dans leur exercice, n1 abolition de celui-ci, mais qu'il fe fait fans reple & fans conformité à l’état naturel & à l’ordre de l’œ- conomie animale. Ainf, par exemple, l'appétit pour les alimens ef une des fonétions naturelles, utile à la confervation de l'individu : il peut être léfé de quatre manieres; ou parce qu'il eft aboli, ou parce qu'il eft diminué confidérablement, ou parce qu'il eft exceflivement augmenté , ou parce qu'il eft dépravé, c’eft-à-dire qu’on fe fent de la répugnance à manger des alimens ordinaires, où qu'on fe fent porté à je ger des cho» rrx 866 D Æ4#®P fes qui ne font point propres à nourrir qui font mu fibles , qui font inufitées. Ainfi la refpiration ef dite pécher par dépravation, lorfqu’elle fe fait d’une mamere vicieufe ; comme dans le ris involontaire, le hoquet , l’éternument , & la toux opiniâtre. EUTE Ainfi le jugement eft dit léfé par dépravatior , lorf- qu'il s'exerce dans un homme qui ne dort pas , d’une maniere qui n’eft pas conforme aux objets connus; comme dans le déhre. ri Ces trois exemples appliqués aux trois fortes de fonétions naturelles, vitales, &: animales, doivent fufire pour faire comprendre dans quel fens on em- ploye quelquefois le terme de dépravation: il s'enfuit que la fignification peut être ou générale ou particu: liere dans les différens ouvrages de medecine. Voyez MALADIE , SYMPTOME, PATHOLOGIE. (d) DÉPRÉCATIF , ady. terme de Théologie, fe dit de la maniere d’adminiftrer quelqu'un des facremens en forme de priere. Voyez FORME & PRIERE. Chez les Grecs, la forme d’abfolution eft dépréca- rive , étant conçue en ces termes, felon le:P. Goar: Dormine Jefu-Chrifle, fi Dei vivi, relaxa, remtte, condona peccata, &c. au lieu que dans léglide latine , &t même dans quelques-unes.des réformées, on dit en forme indicative , ego te abfolvo , &c. Voyez AB- SOLUTION. Ce n’eft qu’au commencement du x. fiecle qu’on commença à joindre la forme indicative à la dépréca- tive dans l’adminiftration du facrement de pénitence, & au xiy. que la forme indicative feule eut lieu en Occident. Jufqu’à la premiere de ces époques, on avoit toùjours employé dans Péglife latine la forme déprécative, comme le prouve le P. Morin, 6, VIII, de pœnie, c. va, G& jx, (G) -’ DÉPRÉCATION, 1. f. (Belles-lertres.) figure de Rhétorique, par laquelle l’orateur implore l’afiftan ce, le fecours de quelqu'un, ou par laquelle il fou- haite qu’il arrive quelque punition ou quelque grand mal à celui qui parlera fauflement de lui ou de‘fon adverfaire. Celle-ci s’appelle plus proprement :»- précation. Voyez IMPRÉCATION. Cicéron donne un bel exemple de la déprécation proprement dite, dans ce morceau de l’oraifon pour Déjotarus : hoc nos metu, Cæfar, per fidem & conflan- tiam Gclementiam tuam libera , ne refidere in te ullam partem iracundie fufpicemur. Per dexteram te iffam oro, quam regi Dejotaro hofpes hofpiti porrexifht, 1flam , 1n- quam ,dexteram , non jam in bellis & preliis quam in promifis & fide firmiorem. (G) DÉPRÉDATION, f. f. (Jurifp.) terme ufité en droit & dans le ftyle du palais, pour exprimer les malverfations commifes dans l’adminiftration d’une fucceffion , d’une fociété, dans la régie d’une terre, dans une exploitation de bois, 6. (4) DÉPREDÉ, adj. p. (Marine) ce mot fe trouve dans l'ordonnance de la Marine, en parlant des mar- chandifes qu’on a pillées dans un vaïffeau ennemi, & qu’on donne par compofition aux pyrates pour le rachat du navire & des marchandifes ; le rembour- fement de ces marchandifes ou effets eft du nombre des grofles avaries. On dit contribuer au rembourfe- ment des effets déprédés ou naufragés. W.AvVARIE.(Z) DÉPRESSER , v.a@. (Manufaiture en laine.) c’elt afloiblir le Iuftre qu’on avoit donné par la prefle. DÉPRESSION, f. f. rerme de Chirurgie, qui fe dit des os du crane enfoncés par quelque caufe externe qui les a frappés avec violence, zmpreffio , insroceffio cranii, Les os du crane des enfans, à raifon de leur mollefte, font fujets à la dépreffion. Il eft difficile que la table externe des os du crane d’un adulte puifle être enfoncée, qu’il n’y ait fraéture de la table inter- ne, ou au moins des cloïfons de la fubftance fpon- gieufe qui eft entre les deux lames, Les faignées réi- D EP térées, le régime , l’ufage des infufions vninéraites, peuvent procurer la réfolution du fang épanché en- tre les deux tables. Ces fecours négligés peuvent donner lieu à la fuppuration du diploë ; qui fera fut-. vie de carie. Scultet (armamen. chirurgie. obfèr. 3 7:) dit avoir vù un léger enfoncement au crane d’une perfonne de 30 ans, à l’occafion d’une chûtefur un efcalier. L'auteur avoit porté fon prognoflic fur la néceflité de l'application du trépan,.en cas que là table interne füt fraéturée : maïs comme il ne furz vint aucun accident; on n’eut point recours à cette L pour guérir cette plaie. Voyez TRÉPAN. DÉPRI, fm. (Jurifp.) appellé dans les anciens titres deprifus, eft l'accord qui eft fait avec le fei- gneur, pour obtenir de lurune modération des droits de mutation à lui dûs, foit pour héritages féodaux Ou roturiers. L 72 2 Déprier, figmifie compofèr avec Le feiyneur. On tire l’étymologie de ce mot du. latin deprecari, parce que’celui qui veut obtenir une diminution va prier le feigneur de la lui accorder. Cet accord peut fe faire avant l’acquifition ou après ; mais communément les feigneurs n’accor- dent point de diminution quand on a traité d’un bien relevant d'eux avant de les en prévenir, dt Le feigneur remet ordinairement un tiers ou um quart , quelquefois [a moitié. : | Les adminiftrateurs des églifes, hôpitaux & com: munautés, ne peuvent pas faire de remife, à moins qu'ils n’y foient autorifés par une délibération en bonne forme. Le tuteur ne peut pas non plus régulierement ac corder de remife, à moins qu’elle ne foit conforme à ce qui fe pratique ordinairement ; encore eft-il plus für qu'il s’y fafle autorifer par un avis de pa- rens, fi on juge cette remmfe convenable ; pour faci- liter lacqufition, & pour procurer au mineur un vaffal qui lui convienne. Le feigneur propriétaire ne peut pas accorder de remife, au préjudice de lufufruitier ni de fon rece- veur ou fermier. + Ur Quand le feigneur a accordé une remife , il ne peut plus révoquer fon confentement, quand même il ferait mineur , s'il eft émancipé, parce que c’eft un aéte d’adminiftration. Voyez Le gloffaire de M. de Lauriere au mot déprier ; le tr. des frefs de Billecoq, div. IV, ch. xxxjx. feët. 4. © ci-après DÉPRIER. (4) Dépri fe prend auf pour la déclaration que l’on fait au bureau des aides du lieu dont on veut faire tranfporter ailleugs quelques marchandifes,avec foû- miflion d’en payer les droits. (4) | DÉPRIER, (Jurifprud.) fignifie faire un dépri ou accord avec le feigneur touchant les droits à lui düs pour l’acquifition que lon a faite ou que l’on eff fur le point de faire dans fa mouvance, Voyez ci-devane DÉpri. (4) DÉpRIER, dans quelques coûtumes, fignifie oz fier au feigneur l’acquifiion que l’on a faite, pour éviter l’amende qui feroit encourue après un certain tems par l'acquéreur faute d’avoir fait cette notifi- cation. LA Il ne fuffit pas à l'acquéreur de déclarer qu'il a acquis , 1l doit exhiber fon contrat; & file contrat n’étoit pas fincere, qu’une partie du prix y fût diffi- mulée , l’amende feroit encourue comme s'il n’y avoit point eu de notification. Voyez la coûtume d'Orléans, are. 48. Dourdan, art. 46. (4) DÉPRIER , faire fa déclaration aux bureaux des cinq grofles fermes ou à ceux des aides, de payer les droits dûs pour les marchandifes ou les vins qu’: on a deflem de tranfporter. Ditfionn. de Commerce & de Trévoux. (G) DÉPRISER , MÉPRISER , (Gramm.) Méprifer; contemhere, eftine faite aucun cas d’une chofe : dé- prifer, depretiare ; dans la baffe latinité, & dans Ci céron déprimere ; c’eft Ôter du prix, du mérite, de la valeur d’une chofe : #éprifer dit donc infiniment plus que déprifer, Un acheteur peut dépriférune bonnemar- chandife que le vendeur prife trop haut. On peut de- prifer les chofes au-delà de l’équité, mais on eprife les vices bas & honteux. On déprife fouvent les cho- fes les plus eftimables, mais on ne fauroit les #eépri- Jér. Tout [lé monde #eprife la fordide avarice , & quelques gens feulement déprifent les avantages de la fcience ; le prernier fentiment eft fondé dans la nature, l’autre eft une folle vengeance de l’ignoran- ce. En vain une parodie tentéroit de jetter du ridi- cule fur une belle fcene de Corneille; tous fes traits ne fauroient la déprifer. En vain s’attache-t-on quel- quefois à déprifer certaines perfonnes , pour faire croire qu’on les réprife ; cette affeétarion eft au con- traire le langage de la jaloufe , un chagrin de ne pouvoir wéprifer ceux contre ne on déclame avec hauteur. La grandeur d’ame Zzéprife la vengean- ce ; l’envie s’efforce à déprifer les belles aétions ; l’é- mulation les prife, les admire , & tâche de les imitér. . Notre langue dit e/#mer & eflime, méprifer & mé- pris; mais elle ne dit que déprifer, & n’a point adopté dépris. Cependant ce fubftantif nous manque dans quelqués occafions où il feroit néceffaire, pour dé- figner le fentiment qui tient le milieu entre l’effme êt le mépris , & pour exprimer comme fait le verbe cette différence. Par exemple, le dépris des richefes, des-honneurs, &c. feroit un terme plus jufte, plus exatt, que celui de zepris des richefles, des hon- neurs, 6c. que nous employons, parce que le mot de épris ne doit tomber que fur des chofes bañles , honteufes, & que ni les richeffes ni les honneurs ne font point dans ce cas, quoiqu’on puifle les trop eftimer & les prifer au-delà de leur valeur. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | DÉPURATION , f. £. (Pharm.) ce terme qui eft proprement fynonyme de purification , de clarifica- tion , eft cependant particulierement confacré pour les fucs exprimés des plantes & des fruits. | La dépuration {e fait pour féparer du fuc exprimé, ou la partie colorante verte de la plante, ou une partie du parenchime du fruit, qui s’y font mêlées & qui le troublent. … La dépuration ordinaire des fucs des fruits ,:com- me coings, oranges, citrons, grofeilles , 6’c. fe fait par défécation. Voyez DÉFÉCATION. Quant au fuc des plantes, la dépuration s’en fait par divers moyens. Les fucs des plantes purement extradtives, par exemple, c’eft-à-dire de celles qui ne contiennent aucun principe volatil, fe dépurent en leur faifant prendre un bouillon, qui fur le champ amene fur la liqueur les parties hétérogenes ou non difloutes qui la troubloient ; & il n’eft plus queftion alors que de les en féparer, en verfant le tout fur une étamine (voyez ÉTAMINE). Si au‘contraire les plantes étoient aromatiques ou alkalines , il faudroit avoir recours à la défécation (voy. DÉFÉCATION), ou bien à la filtration (voyez FILTRATION). Voyez auffi SUC DE PLANTES. | DÉPUTATION , £. f. (Hiff..mod.) eft l'envoi de quelques perfonnes choïfies d’une compagnie ou d'un corps, vers un prince ou à une aflemblée, pour traiter en leur nom ou pourfuivre quelqu’af- faire. Voyez DÉPUTÉ. Les députations {ont plus ou moins folennelles, fuivant la qualité des perfonnes à qui on les fait, & les affaires qui en font l’objet. Députation ne peut point être proprement appli- qué à une feule perfonne envoyée auprès d’une au- tre pour exécuter quelque commiffion , mais feule- ment lorfqu’il s’agit d’un corps. Le parlement en An- Tome IF, D E P 867 oleterré dépure un orateur & fix membrés pour pré: {enter {es adrefles au roi. Le chapitre dépure deux Chanoïnes pour folliciter fes affaires au’ confeil. En France l’aflemblée du clergé nomme des 42 püutés pour complimenter le Roi. Lé parlement fait auf par députés {es remontrances au fouverain ; & les pays d'états, Languedoc, Bourgoghe , Artois Flandres , Bretagne, êe. font une députarion vers le Roï à la fin de chaque affemblée. Chambers. (G) DÉPUTATION , (Hifloire mod.) forte d’aflemblée des états de l'empire, différente des dietes. C’eftun congrès où les députés où commiflaires dés princes & états de l’empire difcutent, reglent & concluent lés chofes qui leur ontété renvoyées par une diéte > ce qui fe fait aufli quand l’éleéteur de Mayence, aw nom de l'empereur, convoque les députés de l’em- pire, à la priere des diredteuts d’un ou de plufeurs cercles , pour donner ordre à des affaires y ou pour afloupit des conteftations auxquelles ils ne font pas eux-mêmes en état de rémédier, Cette dépuration ou forme de regler les affaires fut inftituée par les états à la diete d’Augsbourg en 1555: On y nomma alors pour commiffaires perpé- tuels celui que l’empereur y envoyeroit, les députés de chaque éleéteur , excepté celui du roi dé Boheme parce qu'il ne prenoit part aux affaires de l'empire, qu'en ce qui concernoit l’éle&tion d’un empereur ou d’un roi des Romains ; mais les chofes ont changé à cet égard depuis l’empereur Jofeph. On y admet aufli ceux de divers princes, prélats & villes impé- riales. Chaque député donne fon avis à part, foit qu'il foit de la chambre des éleéteurs, ou de celle des princes. Que files fuffrages de l’une &c de autre chambre.s’accordent avec celui du commiflaire de l’empereur , alors on conclud , & lon forme un ré- fultat qui fe nomme conffitution ; comme on fait dans les dietes; mais une feule chambre qui s'accorde avec le commiffaire de l’empereur, ne peut pas faire une conclufion, fi l’autre eft d’un avis contraire. Heïfl. Aif?. de l’Empire, tome III. (G) * DÉPUTÉ, AMBASSADEUR , ENVOYÉ. L’ambafladeur 8& V'envoyé parlent au nom d’un fou- verain, dont l’arbafladeur repréfente la perfonne, & dont l’ervoyé n’explique que Les fentimens. Le dépuré n’eft que l’interprete & le repréfentant d’un corps particulier , ou d’une fociété fubalterne. Le titré d’ambafladeur fe préfente à notre efprit avec l’idée de magnificence; celui d’ezvoyé, avec l’idée d’habileté ; & celui de député, avec l'idée d’élettion. On dit le député d'un chapitre , lezvoyé d’une république , l’ambaffadeur d’un fouverain. DÉPUTÉ, adj. pris fubft. (Hiff. mod.) eft une ow plufieurs perfonnes envoyées ou dépurées au nom & en faveur d’une communauté. Voyez DÉPUTÉ. Plufñieurs provinces de France envoyent tous les ans des dépures au Roi, pour lui préfenter le cahier des états. Ces députés {ont toùjours au nombre de trois ; un pour le clergé, l’autre pour la nobleffe, & le dernier pour le peuple ou le tiers-état. Le député du clergé porte toüjours la parole. | Dans toutes les villes de Turquie 1l y a totjours des députés, pour traiter ainfi avec les officiers du grand-feigneur , des impôts & de toutes leurs autres affaires. Ces députés font trois ou quatre des plus riches & des plus confidérables d’entre les bour- geois. | Nous avons de même en France des députés du Commerce, qui font des négocians extrèmement verfés dans cette matiere, réfidans à Paris, de la part des principales villes maritimes 8 commercan- tes du royaume , telles que Nantes, Bordeaux, Lyon, avec des appointemens de la part de cés vil- les , pour veiller aux intérêts & pourfiuvre les af= faires de ces négocians au çonfeil du Commerces RRrrriy 863 D E P Députe, chez les Anglois, ne fuppofe fouvent qu’- une commiffion ou emploi , & non une dignité ; en- forte qu'on s’en fert indifféremment pour un vice ou lieutenant, Voyez LIEUTENANT. Chez les anciens, deputatus a premierement été appliqué aux Armuriers ou ouvriers que l’on em- ployoit dans les forges à fabriquer les armes, G'c. & fecondement à ces hommes aébifs qui fuivoient l’ar- mée, & qui étoient chargés de retirer de la mêlée & de foigner les bleflés. Deputatus , AEUOYTATOS, étoit auffi dans l’églife de Conftantinople un officier fubalterne , dont les fonétions étoient d’aller chercher les perfonnes de condition auxquelles le patriarche vouloit parler, & d'empêcher la prefle fur le paflage de ce prélat. Il paroît que cet officier étoit une efpece d’huif- fier, qui étoit outre cela chargé du foin desornemens facrés ; en quoi fon office reflembloit en quelques parties à celui de facriftain. Chambers & Tréy. (G) DÉPUTÉS DU CLERGÉ : ils font tirés tant du pre- mier que du fecond ordre, qui dans les aflemblées de ce corps repréfentent les provinces eccléfiafti- ques, & en ftipulent les intérêts : ceux de l’univer- fité ou des cours fouveraines vont au lieu de la députation préfenter le vœu de leur ordre ou com- pagnie : ainf après la viétoire de Fontenoy, le Roi fut complimenté par des députés de toutes les cours fouveraines , qui {e rendirent pour cet effet au camp devant Tournay. (G) DÉPUTÉ pu TIERS-ÉTAT, (Hiffoire mod.) nous traduifons ainfi le mot anglois commoner; nom qu’on donne aux membres de la chambre des communes, en oppoñition à celui de pair ou de /éigneur, que l’on donne aux membres de la chambre-haute. Ces dé- putés peuvent être choifis parmi toutes fortes de per- fonnes au-deflous du rang de baron, c’eft-à-dire parmi les chevaliers, les écuyers, les gentilshom- mes, les fils de la noblefle, &c. Voyez chacun de mots fous fon propre article, CHEVALIER, ÉCUYER, &c. (G) DÉPUTÉ DU COMMERCE, (Comm.) c’eft un marchand , négociant, faifant attuellement le com- merce, ou qui l’a exercé pendant plufeurs années, qui eft élù à la pluralité des voix ou par le fcrutin dans l’affemblée générale des chambres particulieres de Commerce établies dans quelques-unes des prin- cipales villes de France, pour afñfter au nom de la chambre dont il eft'dépuré, au bureau général du Commerce établi à Paris, ou en pourfuvre les af- faires au confeil royal de Commerce. Il n’y a que le député des états de la province de Languedoc qui foit difpenfé de la profeffion a@uelle du négoce, ou du moins exercée pendant long-tems; le Roi ayant trouvé bon que le fyndic des états en tour de député à la cour, de quelque condition qu’il fe trouve, puifle aufli faire les fonétions de dépuré de la chambre du Commerce de la province. Il y a treize députés du Commerce ; favoir deux de Paris, & un de chacune des villes de Lyon, Roten, Bordeaux , Marfeille, la Rochelle, Nantes, Saint- Malo, Lille, Bayonne, Dunkerque, & celui de la province de Languedoc. Les appointemens de ces députés du Commerce ne font pas les mêmes pour ceux de toutes les villes ; car celui de Lyon, par exemple , a 8000 liv. celui de Rouen en a autant : & dans la plüpart des autres chambres les appointemens de ces députés font fixés plus.ou moins haut, à la volonté du Roi. Diéionn. de Comm. & de Trév. & Regl. du Comm. (G) DÉRAC, f. m. (Hifloire anc.) c’étoit l’ancienne coudée des Egyptiens & même des Hébreux. Gréa- ves dans fon traité du pié romain, l’évalue à 1824 gulliemes du pié de Langres, DÉRADER , v. ad, (Mar.) fe dit d’un vaifleau que le gros terms force de quitter larade où il étoit mouillé, en le faifant chafler fur fon ancre. (Z) DÉRANGER ; DÉMAILLER LA BONNETTE,, ( Marine.) c’eft-à-dire déboutonner la bonnette du corps de la voile. | DÉRAPER, v.n. (Marine) {e dit de l’ancre qui quitte le fond où elle étoit mouillée, foit qu’on la leve pour appareïller, foit qu’un mauvais tems tour- mente le vaïfleau , & roidifle affez le cable pour le forcer de quitter le fond. | DERAS, (Géograph. mod.) ville dé Perfe en Afie, Long. 79. 30. lat. 31. 32. * DÉRAYURE, £. £. (Œconom. ruflig.) le dernier filon d'un champ , celui qui le diftingue d’un champ voifin , &c qui leur eft commun à l’un & à l’autre. : DERBENT, (Géog. mod.) ville de Perfe en Afie; elle eft fituée au pié du Caucafe, proche la mer Caf- pienne. Las. 42. 8. long. 67. 34. DERBY, (Géog. mod.) voyez D'ARBY. DERBISHIRE, (Géog. mod.) province d’Angle terre , qui a Derby pour capitale. * DERCÉTO , f. f. (Myth.) idole moitié femme & moitié poiflon , adorée dans la Paleftine : les uns la confondent avec Dagon , d’autres avec Ater- atis. DERHEM , f. m, (Comm.) petit poids de Perfe qui vaut la cinquieme partie d’une livre ; il n’en faut pas tout-à-fait trois cents pour faire le batman de Tauris. Les Perfans regardent Le derhem comme leur dragme. Voyez BATMAN. Didlionn, de Comm, 6 de Trév, 6 Dish. (G DÉRIBANDS , f..m. pl. (Comm.) toiles de coton de différentes longueurs & largeurs, qui viennent des Indes orientales en pieces de cinq & neuf aul- nes. Voyez Le dictionn. de Comm. DÉRIVATIF, adj. m. serme de Medecine, par le- quel on exprime un moyen de procurer la dérivation des humeurs vers une partie plus que vers une au- tre. On dit une faignée dérivative, un purgatif dériva- if, un bain, un topique dérivatif. Voyez DÉRIvVA- TION , SAIGNÉE. (4) DÉRIVATIF, terme de Commerce, Voy. DÉRIVÉ, qui eft plus en ufage. DÉRIVATION, f. f. serme de Grammaire; c’eft un terme abftrait pour marquer la defcendance, &, pour ainfi dire, la généalogie des mots. On fe trom- pe fouvent fur la dérivation des mots. C Dérivé, ée, part. paf. de dériver, terme de Grama maire : ce mot fe prend fubftantivement, comme quand on dit le dérivé fuppofe un autre mot dont il dérive. On appelle dérivé, un mot qui vient d’un au- tre qu’on appelle priminif, Par exemple, mortalité eft dérivé de mort, légifle de Lex. Ce mot dérivé vient lui- même de rivus, ruifleau , fource, fontaine où l’on puife. Notre poéfie ne fouffre pas la rime du dérivé avec le primirif, comme d’ernemi avec ami. (F) DÉRIVATION , terme de Medecine , par lequel on exprime le cours des humeurs qui font détournées d’une partie vers une autre, où elles fe portent en plus grande abondance , refpettivement à l’état na- turel ; en forte que celle-ci en foit plus chargée, à proportion de ce que celle-là n’en reçoit point : ainfi la dérivation eft oppofée à la révulfion. Voyez RÉ- VULSION. L’un & l’autre terme font employés particuliere. ment pour donner l’idée des effets de la faignée, au moyen de laquelle le fang fe portant par les lois d'Hydraulique obfervées dans la machine humaine vers l’endroit où il y a moins de réfiftance, eft dé- rivé des autres parties voifines, & des rameaux mê- mes , vers le tronc du vaïfleau ouvert. Il s’eft fait une grande révolution dans la doétrine de la dériva- on & de la révulfion, à l'égard des faignées , furs DER tout depuis qu’a paru le célebre traité du cœur de M. Senac. Voyez SAIGNÉE. On appelle aufi dérivarion, le mouvement des humeurs qui fe portent vers une partie relâchée par le bain, les fomentations, dans celles qui font moins preflées que les voifines ; par l’effet des ventoufes, par la fuétion , qui diminuent le poids de l’atmofphe- re, éc. à ‘On employe encore ce terme de dérivation , pour défigner l’effet de certaines évacuations , comme _ celles qui fe font par la voie des felles , des fueurs, des urines, qui, à proportion qu’elles font plus augmentées, diminuent davantage toutes les autres, parce que la matiere de celles-ci fe porte vers les couloirs de-celles-là ; ainfi les purgatifs fervent fou- vent à détourner l’humeur qui fe porte trop abon- damment vers les reins, comme dans l’inflammation de ce vifcere, dans le diabetes. Les humeurs étant attirées vers les inteftins , y font dérivées des voies des urines, &c. Les cauteres, les fétons, fervent aufñ à faciliter la dérivation des humeurs vers une partie moins eflen- tielle , en les attirant par la réfiftance diminuée, & en détournant ainfi les fluxions de certaines parties qu'il eft plus important de conferver faines. Voyez CAUTERE, DIABETES , FLUXION, 6'c, (d) DÉRIVÉ , adj. Voyez DÉRIVATION. DERIVE, f. £. (Marine.) c’eft la différence qu'il. y a entre la route que fait le navire , & la direétion de fa quille ; ou bien la différence qu'il y a entre le rumb de vent fur lequel on court, & celui fur le- quel on veut courir, & vers lequel on dirige Là proue de fon vaïffeau. Lorfque le vent n’eft pas abfolument favorable , & que les voiles font orientées obliquement, le na- vire eft pouffé de côté, & alors il s’en faut beaucoup qu’il ne fuive dans fon mouvement la direétion de la uille : on nomme dérive cet écart, ou l’angle que ét la vraie route avec la ligne de la longueur du vaifleau. Quelquefois cet angle eft de plus de vingt ou vingt-cinq degrés ; c’eft-à-dire que le navire, au lieu de marcher fur le prolongement de fa quille, fuit une direétion différente de cette même quantité. Il eft donc important pour la jufteffé de leftime &c la fûüreté de la route , de connoitre la quantité de la dérive , qui eft différente dans différens cas, &c lon doit l’obferver avec foin. Pour le faire, il faut re- marquer que le vaifleau, en fendant la mer avec force;, laïfle toùjours derriere lui une trace qui fub- fifte très-long tems. On peut prendre cette ligne pour la vraie route, & l’on obferve fon giffement avéc la bouflole, ou plütôt le compas de variation; comparant enfuite ce giflement avec celui de la quul- le, leur différence eft la érive. Pour une plus par- faite intelligence, voyez La PL. XV. fig. 1. où AB re- préfente un vaifleau dont 4 eft la poupe, & B la proue. La voile £ D, au lieu d’être fituée perpen- diculairement à la quille, eft orientée obliquement, afin de recevoir le vent qui vient de côté, & qui la frappe felon la ditettion FC; le navire fera pouflé par fa voile, non-feulement felon fa longueur, maïs il Le fera auf de côté, & il fuivra la route CP, qui peut faire un angle aigu avec la direétion du vent. Comme 1l doit trouver beaucoup plus de difficulté à fendre l’eau par le flanc que-par la proue, 1l eft foû- “tenu: par la réfiftance que fait le milieu, fur lequel {on flanc fe trouve comme appuyé; il préfente la proue au vent; 1l gagne par fa marche contre le vent, ou, pour s’expliquer autrement, 1l remonte “vers Le lieu d’où vient le vent : il eft pour ainf dire / dans le cas d’un bateau qui étant dans un large fleu- ve, iroit obliquement coritre fon cours. On fent très-bien qu’on ne peut empêcher qu'il n’y ait de la dérive : 1 faut donc en obferver la quantité exaëte, DER 869 ou la grandeur de l'angle BCF; ce qui fe peut faire, puifque la trace CG que forme l’eau agitée par le mouvement du navire, eft en ligne droite avec la ligne CF, comme on la dit ci-deflus, Un guart de dérive, On dit avoir un quart de dérives pour marquer que le vaifleau pérd'un quart de rumb de vent fur la route qu’on véutfaire. On veut faire, par exemple, le nord-oueft ; il y a un quart de de. rive vers l’oueft ; la route ne vaut que le nord-oueft ; oueft, & ainfi des autres rumbs. (Z) | DÉRIVE , (Mar.) c’eft un afflemblage de planches que les navigateurs du Nord mettent au côté de leurs petits bâtimens , afin d'empêcher qu'ils ne dérivent, Voyez SEMELLE, | DÉRIVE, (a la) Marine ; c’eft quelque chofe qui flote fur l’eau au gré du vent & du courant. (Z) DÉRIVER , v. n. (Marine) c’eft ne pas fuivre exaétement fa route, {oit par la violence des vents, des courans, ou des marées, On dit qu’un vaifleau fe laifle dériver, "pour dire qu’il s’abandonne au gré des vents & des vagues. DÉRIVOTE , f. f. serme de Riviere; perche fer- vant à éloigner un train de la rive. DERIVOIR ,f. m, ( Æorlogerie, ) outil d’horloge- rie ; efpece de poinçon fort femblable au pouffe- pointe : 1l a un trou comme lui ; mais le bord du trou au Heu d’être un peu large eft au contraire fort étroit , afin qu'il ne déborde pas les rivures des af- fiettes où des pignons. Il fert à dériver une roue, c’eft-à-dire à la chaffer de deflus fon affiette ou de deflus fon pignon ; le trou doit être fort long ,afin que les tiges puiflent s’y loger fans qu’en haufant les roues on puiffe les endommager. (T DERNIER , f. m. cerme de jeu de Paume , c’eft la partie de la galerie qui comprend la premiere ou- verture à compter depuis le bout du tripot jufqu’au fecond. Quand on pelotte à la paume, les balles qui entrent dans le dernier font perdues pour le joueur qui garde ce côté ; mais quand on joùe partie ; elles font une chafle qu’on appélle ax dernier & remet- £re, DERNIER RESSORT, ( Jurifpr.) Voyez JUSTICE, JURISDICFION 6 RESSORT. ( 4) | DERNIS , ( Géog. mod. ) ville de la Dalmatie. DÉROBÉ , ( Maréchal, ) pié dérobé, Voyez Pré, DÉROBEMENT , f. m.( coupe des Pierres. ) c’eft la maniere de tailler une pierre fans le fecours des panneaux par le moyen des hauteurs & profon- deurs qui déterminent ce qu'il en faut ôter | com- me fi on dépouilloit la figure de fon enveloppe, ainfi que font les Sculptéurs. (D) DÉROBER UNE MARCHE , (Arr. milir. ) fe dit dans l’art militaire lorfque le général d’une ar- mée a fait une marche par une efpece de furprife fur fon ennemi , c’eft-à-dire fans que le général en- nemi en ait été informé. Cette faute de fe laifler ainfi dérober où fouffler une marche, a fouvent de fi ndes fuites , que rien n’eft plus humiliant n1 plus | Re pour celui qui.s’y laifle furprendre. M. de Folard prétend qu’un général en eft plus morti- fié que de la perte d’une bataille , parce que riez ne prête plus à la glofe des malins & des railleurs. On dérobe une marche à l'ennemi de deux manie- res : la premiere en décampant fans qu’il en‘foit in- formé ; & la feconde en faifant une arche forcée, c’eft-à-dire en faifant en un jour le chemin que dans l'ufage ordinaire On feroit en deux. On ne doit ja- mais forcer les marches fans une grande nécefité, parce qu’elles minent les hommes & les chevanx. (Q) | DÉROBER LE VENT , ( Marine. ) fe dit lorfqu'un vaifleau étant au vent d’un: autre l’empèche de re- cevoir le vent dans fes voiles ; c’eft lui dérober le VeRE, : ” 570 DER Les voiles de l'arriere dérobent Le vens à celles de Vavent. (Z) DÉROBER( fé) sous L'HOMME , ( Manége. ) fe dit lorfqu’un cheval en galopant fait tout-à-coup ês de lui-même pendant quelque tems des galops plus Vif & plus précipités pour defarçonner le cavalier & le jetter par terre. Voyez GALOP, DESARÇON- NER.( 7) Déroser , v. at. ( Fauconnerie. ) dérober les fon- nettes fe dit de l’oïfeau qui emporte les fonnettes, c’eft-à-dire qui s’en va fans être congédié. DÉROCHER,, v. a@. rerme de Doreur fur métal, c’eft décrafler avec de l’eau-forte ou de l’eau fecon- , de, le métal qu'on veut dorer d’or moulu. Yoyez DORURE. AU 77É DÉROCHER , v.aét. (Orfévr.) c’eft faire man- er le borax vitrifié le long des parties foudées , en Le mettant pour quelque tems dans le blanchiment. DÉROCHER ,( Vénerie) fe dit des grands oïfeaux qui pourfuivant les bêtes à quatre piés, les contrai- gnent à fe précipiter de la pointe des rochers en bas, pour éviter de tomber dans leurs ferres. | On voit quelquefois les gros oifeaux dérocher les fans & les biches. DÉROGATION , f. f. ( Jurifprudence.) eft un fait ou un ae contraire à quelque aéte précédent. La maxime générale en fait de dérogation, eft que pofferiora derogant prioribus. Déroger a fes droits , à fon privilège, c’eft y renon- cer. Déroger à un aële précédent ou à une claufe particu- diere d’un aéte , c’eft lorfqu’on revoque ce qui a été fait, ou que l’on y contrevient tacitement en fai- fant ou ftipulant quelque chofe de'contraire , ainfi il y a dérogation expreffe & dérogation tacite. [IL eft libre aux particuliers de déroger par leurs conventions aux difpofitions des coùtumes & des ordonnances dans les points quine font pas de droit public , & qui ne contiennent point de difpofitions prohibitives & irritantes. ( Il n’y a au furplus que le prince qui puifle déroger aux lois anciennes , c’eft-à-dire les révoquer, foit expreflément ou tacitement , en faifant une loi nou- velle 8 dérogeant à toutes lois contraires. (4 DÉROGATOIRE , adj. (Jurifprud,) eft ce qui déroge à quelque droit ou aëte précédent. On appelle c/aufe dérogatoire celle qui contient une dérogation. . L’ufage des claufes dérogatoires dans les teftamens a été abrogé par la nouvelle ordonnance des tefta- mens. Voyez CLAUSE DÉROGATOIRE 6 DÉROGA- TION. (4) DÉROGEANCE , 1. f. (Jurifprud. ) eft un aûte contraire à quelque dignité ou privilége , par le- quel on eft cenfé y renoncer, dont & en toutcason -eft déchu. Les eccléfiaftiques qui font quelque trafic ou né- goce à eux défendu par les canons , dérogent à leurs priviléges de cléricature. Les perfonnes conftituées endignité qui font quel- que chofe d’indigne de leur état , dérogezr, & peuvent être deftituées de leur place. La nobleffe fe perd auffi par des actes de dérogean. -ce , Comme quand les nobles font quelque trafic ou négoce en détail , ou autre aéte indigne de la no- bleffe , ils font alors déchüs des privilèges , & les -enfans qui naiflent depuis les aétes de dérogeance ne font point nobles ; mais ceux qui font nés aupara- .vant & qui n’ont point dérogé perfonnellement, confervent la nobleffe , à la différence de ce qui ar- rive dans le cas de la dégradation de nobleffe pro- -noncée contre le pere quien prive aufñ les enfans , ‘quoique nés avant la condamnation. Voyez DÉGRA- DATION, NOBLESSE , TAILLE. ( 4) DÉROMPOIR , f. m. terme de Papeterie, c’ett uné efpece de table de bois O , garnie de rébords de: tous côtés , au milieu de laquelle eft enfoncée per- pendiculairement un inftrument tranchant où mor- ceau de faux Æ, pour couper le drapeau en petits morceaux au fortir du pourrifloir & avant que de le mettre dans les piles du moulin. Woyez Planche I. de Papeterie , fig. 2. | t DÉROMPRE , v.a@. ( Fauconnerie.) fe dit d’un oïfeau de proie qui fond fur un autre, & qui defes cuifles & de fes ferres lui donne un coup fi furieux qu'il rompt {on vol, l’étourdit & lemeurtrit en le faifant tomber à terre tout rompu & tout brifé, On dit Ze faucon vient de dérompre fa proie. DÉROQUER , v. adj. ( Fanconnerie. ) c’eft faire fauter quelque chofe de la pointe d’un rocherenbas, c’eft la même chofe que dérocher. DÉROTE 4 DÉRONTE , ( Géog. mod.) ville d'Egypte , fituée dans une île qui forme le canal qui Va du Caire à Rofette. Longit. 49, lat.30 , 40. DÉROUTE., f. f. (Arr. Milit. )fe dit de la dé= faite & de la fuite d’une armée. Les officiers tâchent de rallier les foldats dans une déroute, Voyez RAL- LIEMENT @ DÉFAITE. | | Les armées font fouvent battues fans être mifes en déroute, Lorfqu'une armée conferve en fe reti- rant {on ordre de bataille , que les bataillons &c les efcadrons marchent en bon ordre , l'abandon que l’armée fait alors du champ de bataille s’appelle re- traite. Voyez RETRAITE. Mais elle ef? en déroute lorf- que les troupes ne font plus enfemble , & que cha- cun s’en va fans ordre & fans arrangement. (Q) - DÉROUTE, en terme de Commerce, fignifie Le defor- dre qui fe met dans les affaires d’un marchand, né- gociant, ou banquier. Diééionn. de commerce & de Trév. (G) DERP , ( Géog. mod. ) ville de Livonie : elle eft fituée proche la riviere d’Ambeck. Long. 45. 10. lar, 58.10. DERRIERE ,, f. m. ( Maréch. )en parlant du che- val, s’entend de la croupe. Train de derriere, voyez CrouP»E. Train de derriere ouvert , ferré du derriere, Voyez TRAIN OUVERT , SERRÉ ,; HAUT DU DER- RIERE. (#7) : DERRIERE , ( Vénerie, ) c’eft le terme donton doit fe fervir quand on veut arrêter un chien & le faire demeurer derriere foi. On dit derriere , derriere. DERVIS, 1. m. (if. orient.) forte de religieux mahométans que nous allons faire connoître d’après M. de Tournefort, un de ces rares voyageurs aux rapports duquel on peut donner croyance. Ce font, dit-il, de maîtres moines qui vivent en communauté dans des monafteres fous la conduite d’un fupérieur, lequel s’applique particulierement à la prédication. Ces dervis font vœu de pauvreté, de chafteté, & d’obéiflance ; mais ils fe difpenfent ai- fément des deux premiers, & même ils fortent de leur ordre fans fcandale pour fe marier quand l’en- vie leur en prend. Les Turcs tiennent pour maxime que la tête de l’homme eft trop légere pour être long- tems dans la même difpofition ; & c’eft une maxime inconteftable, Le génétal de l’ordre des dervis réfide à Cogna , qui eft l’ancienne ville d’Iconium, capitale de la Lycaonie dans PAfe mineure. Ottoman pre- mier empereur des Turcs érigea le fupérieur du cou vent de cette ville en chef-d’ordre, & accorda de grands privilèges à cette maifon. On aflüre qu'elle entretient plus de cinq cents religieux, & que leur fondateur fut un fultan de la même ville appellé Me- leleva , d’où vient qu’on les appelle les meleleyis : ils -ont le tombeau de ce fultan dans leur couvent. Quelques-uns ajoûtentau récit de M. de Tournefort, que lorfque le chapitre général fe tient dans ce cou- vent ; il s’y rencontre quelquefois plus de huït mille melelevis. 40 ! 2 Lot * Les dervis qui portent des chemifes, les ont par pénitence de la plus groffe toile qui fe puifle trou: ver; Ceux qui n’en portent point mettent fur la chair une vefte dé bure de couleur brune que l’on tra- vaille à Cogna ,-& qui defcend un peu plus bas que le gras de jambe; ils la boutonnent quand ils veulent: mais 1ls ont la plûpart du tems la poitrine découverte juiqu'à leur céinture ; qui eft ordinairement de cuir noir. Les manches de cette vefte font larges comme celles des chémifes de femme en France, & ils por- tent par-deflus une efpece de cafaquéoude mantelet dorit les manchés ne defcendent que jufqu’au coude. Ces moines ont les jambes nues, & fe fervent fou- vent de pantoufles à l’ordinairé : leur tête eft cou- verte d’un bonnet de poil de chameau d’un blanc fale , fans aucun bord ; fait en pain de fucre, arron- di néanmoins en maniere de dome. Quelques-uns y roulent un linge ou une feffe pour en faire un tur- ban. - | Ces religieux; en préfence de leur fupérieur & des étrangers , font d'une modeftie affedée, tenant les yeux baïflés, & gardant un profond filence. Ils pañlent néanmoins pour grands bûveurs d’eau-de- vie , & même de vin. L’ufage de l’opium leur eft en- core plus familier qu'aux autres Turcs. Cette dro- gue qui eft un poifon pour ceux qui n’y font pas ac- coûtumés, & dont une petite dofe caufe alors la mort , met d'abord les dervis, qui en mangent des onces à la fois, dans une gaieté pareille à celle des hommes qui font entre deux vins: une douce fu- reur, que l’on pourroit appeller erthouftafine , ivreffe, fuccede à cette gaieté; ils tombent enfuite dans l’af. foupiflement , & paflent une journée entiere fans rémuer m1 bras ni jambes, Cette efpece de léthargie les occupe tont-le jeudi, qui eft un jour de jeüne pour eux, pendant lequel ils ne fauroient manger, fuivant leur reole, quoique ce foit, qu'après le cou- cher du foleil. Leur barbe eft propre, bien peignée ; ils ne font plus aflez {ots pour fe découper & tail- fadèr le corps comme ils faifoient autrefois ; à peine Aujourd’hui effleurent-ils leur peau:is ne laïffent pas cependant de fe brûler quelquefois du côté du cœur avec de petites bougies , pour donner des mar- ques de tendrefle aux objets de leur amour. Ils s’at- tirent admiration du peuple en maniant le feu fans #e brûler, & le tenant dans la bouche pendant quel- que tems comme nos charlatans. Ils font mille tours de foupleffe, & jouent à merveille des gobelets. Ils prétendent charmer des viperes par une vertu fpé- cifique attachée à leur robe. | De tous les religieux turcs ce font les feuls qui voyagent dans les pays orientaux : ils vont dans le Mogol &c au-de-là, & profitant des grofles aumônes qu’on leur donne, ils ne laïffent pas d’aller manger chez tous les religieux qui font fur leur route. Ils s’ap- pliquent à la Mufique ; & quoiqu'il foit défendu par l’alcoran de loüer Dieu avec des inftrumens, ils fe font pourtant mis fur Le pié de le faire maloré fes édits du fultan & la perfécution des dévots. Lés principaux exercices des dervis font de danfer les mardi & vendredi. Cette efpece de comédie eft précédée par une prédication qui fe fait par le fupé- rieur du couvent ou par fon fubdéiégué. Les femmes qui font bannies de tous les endroiïts publics où il y a des hommes , ont la permiffion de fe trouver à ces prédications, & elles n’y manquent pas. Pendant ce tems-là les religieux font enfermés dans une ba- luftrade , aflis fur leurs talons, lés bras croifés & la tête baiffée. Après le fermon, les chantres placés dans une galerie qui tient lieu d’orcheftre, accor- dant leurs voix avec les flütes & les tambours de bafque, chantent un hymne fort long : le fupérieur D ES 871 énétole & en vefte à manches pendañtes, frappe des mains à la feconde ftrophe : à ce fignal les moines fe levent ; & après l'avoir falué d’une profonde ré- vérence, ils commencent à tourner l’un après l’autre en piroüettant avec tant de promptitude, que la jup- pe qu'ils ont fur leur vefte s’élargit & s’arrondit en pavillon d’une maniere furprenante : tous ces dan {eurs forment un grand cercle tout-à-fait réjoiiffant ; mais 1ls ceflent tout-d’un-coup au premier fignal du fupérieur , & ils fe remettent dans leur premiére po- flure auff frais que s’ils n’avoient pas remué. On re- vient à la danfe au même fignal par quatre ou cinq reprifes, dont les dernieres font bien plus longues à: caufe que les moines font en haleine ; & par une longue habitude ils finiflent cet exercice fañs être étourdis. : Quelque vénération qu’ayent les Turcs pour ces ” religieux, ils ne leur permettent pas d’avoir de cou vens, parce qu'ils n’eftiment pas les perfonnes qui ne font point d’enfans. Sultan Amurat vouloit exter- miner les dervis , comme gens inutiles à la républi que, & pour qui le peuple avoit trop de confidéras tion : néanmoins il fe contenta de les reléguer dans leur couvent de Cogna. Ils ont encore obtenu depuis ce fultan une maifon à Péra, &une autre fur le bof phore de Thrace, Suivant Thevenot, il y a un fameux monaftere de ces dervis en Egypte, où ils invoquent pour leut faint un certain Chederle, qui donne, difent-ils, la vertu de chaffer les ferpens à ceux qui mettent en lui leur confiance. Je fupprime d’autres détails rap- portés par le même Thevenot concernant cet ordre de religieux, & je ne me fuis peut-être que trop étendu fur leur compte : mais c’eft un fpe&acle bien fingulier à l’efprit humain, que celui des dervis & des peuples qui les nourriflent, Arr. de M. le Chevas lier DE JAUÇOURT. DESACHALANDER, (Comm.) ox DECHALAN- DER , faire perdre la chalandife. Voyez CHALANA DISE G& CHALANDS. - DESACOTER, v. a@. (Hydr.) Voyez DÉGRA« VOYER. DESAFFOURCHER, v. n. (Marine.) c’eft lever l'ancre d'afourche & la raporter à bord. (Z) . DESAFFLEURER, (Architeët.) Voyez AFFLEU- RER. DESAGR ER, (Marine.) Voyez DEGRÉER. DESAPPAREILLER , (Maréchall.) fe dit des che- vaux de carrofle qui étoient pareils, & ceflent de l'être par la mort de quelqu'un d’entre eux. (7) DESARBORER UN MAT, (Marine) c’eft l'ai battre ou le couper. (Z DESARCONNÉ, “7 ; adj. (Manége!) fe dit du cavalier quand'l fort de la felle, lorfque le cheval faute ou fait quelque mouvement violent. y | BESARCONNER , V. a. (Manège) fe dit du Cheval qui fait fortir le cavalier de la {elle en fau tant ou faifant quelque mouvement violent. (7) DESARMÉ , adj. er cermes de Blafon , fe dit d’un aigle qui n’a point d'ongles. (( 7) : DESARMEMENT , fub. m. eft l’aftion d’ôter à quelqu'un Pufage & la poffeffion des armes. Foyez ARMES. | Lorfqw’on conclud une paix , il eft d’ufage de de. farmer de tous côtés. Il ya en Angleterre différen: tes lois pour le defarmement des Papifles & de tous les recufans. Sous le roi George L. il a été fait une loi pour le defarmement des Irlandois: aucun d’eux, excepté les pairs & les gentilshommes qui payent 400 iv. de taille par an, ne peut porter d'armes dans la campagne, fur les routes, & au marché. :: G,. 1. flat. 2. ch. ljv. Cette même loi à defarmé tout le menu penple 877 DES d'Angleterre qui paye au-deffous de 100 Liv. par an pour {es biens fonds, excepté les domeftiques des feigneurs de domaines, quoique l’ancienne police d'Angleterre oblige toute la nation de porter les ar- mes. Chambers. (G) m DESARMEMENT, (Marine.) c’ef le licenciement de l'équipage, & le tranfport des agrès du vaifleau dansun magafin ; ou c’eft le tems qu’on le defarme, & l'inventaire qui.fe fait de fon état lorfqu’il rentre dans-e port. Dans le defarmement , on Ôte les affuts, les mâts &les vergues. Lorfque les vaifleaux venant de la mer pour être defarmés , feront établis fur leurs -amatres, 1l fera travaillé avec diligence à leur defjarmement ; & après qu'ils feront dégarmis & de- farmés», tous les hommes de l'équipage feront payés & congédiés. L’ordonnance de la Marine de 1680 regle ce qui doit être obfervé dans le defarmement des vaifleaux.. Le capitaine de retour dans le port pour defar- mer, ne quittera point fon vaifleau que le de/arime- ment n’en ait été entierement fait, & les inventaires vérifiés.par les officiers du port. L'écrivain fera porter dans le magañin particulier du vaifleau, tous les agrès & aparaux provenans du defarmement , fuivant l’ordre qui fera donné par le commiflaire, Gc. Le vaiffeau fera placé par l’ordre du capitaine du port, dans les lieux les plus convenables pour la commodité du defarmement. Il ne fera laiflé que les cables d’amarrage. Les capitaines font chargés des vaiffeaux jufqu'à ce que les inventaires foient fignés, & les confom- mations vérifiées. (Z) DEesARMEMENT ex fuifant tomber l'épée de la main de l'ennemi, (Efcr.) c’eft frapper du fort du vrai tran- chant de fon épée(#. ÉPÉE) le fort du faux tranchant de celle de l’ennemi; & pour exécuter ce defarme- ment avec plus de füreté & de facilité, 1l faut pren- dre le tems qu'il allonge une eftocade de feconde. DESARMEMENT DE TIERCE, ( Æfcrime.) c’eft Ôter l’épée de la main de l’ennemi, lorfqu'il allon- ge une eftocade de tierce. Il s'exécute ainfi: 1°. dans l’inftant que l’ennemi porte l’eftocade de tierce; paflez en la parant le pié gauche devant le droit, comme à l’eftocade de pañle. Voyez ESTOCADE DE PASSE. 2°. Faites tout ce qui eft dit au defarmement de quarte, Voyez DESARME- MENT DE QUARTE. | DESARMEMENT DE QUARTE, ( Efcrime.) c’eft ôter l’épée de l’ennemi lorfqu’il allonge une eftoca- de de quarte. Il s'exécute ainf : 1°. dans l’inftant que vous parez l’eftocade de quarte que l’ennemi vous porte. faififlez de la maiglgauche la garde de fon épée: 2°. faite defcendre& lame de votre épée fur le milieu de la fienne, enforte que Les deux lames faflent une croix : 3°. tirez à vous la garde que vous _LRNEL faifie, tandis que de la main droite vous pref- ferez la lame de fon épée avec la vôtre. Noru. Exé- cutez vivement & avec adreffe. DESARMER vx vaiffeau , ( Marine.) c’eft le dé- garnir de toutes fes agrès & aparaux, Ôter fon ar- tillerie, & mettre le tout dans Les magafins deftinés à cet ufage. (Z) DESARMER, v. act. ( Eférime.) c’eft Ôter l'épée de la main de l’ennemi. Il y a trois façons de defarmer , qui font: 1° defarmement de quarte, 2° defarme- ment de tierce, 3° defarmement en faïfant tomber l'épée de la main de Pennemi F. DESARMEMENT. DesarMER un cheval, (Maréch.) c’eft tenir fes levres fujettes & hors de deflus les barres. Lorfque fes levres font fi groffes qu’elles couvrent les barres où confifte le fentiment du cheval, &z ôtent Le vrai appui de la bouche, il faut lui donner une embou- &hure à canon coupé , ou des-olives, pour lui de/ar- Î amer les levres. Voyez BARRE, ARMER, CANON , éci Dit, de Trév. (VF) are DESARRIMER > V-a@. (Marine.) c’eft changer l’arrimage, ou l’arrangement que l’on avoit fait de la charge du navire, (Z) DESAVEU ,f. m. (Jzrifpr.).eft 'aête par lequel on refufe de reconnoïître une autre perfonne en {a qualité, ou par lequel on dénie qu’elle ait éu pou- voir de faire ce qu’elle a fait. Cette définition an- nonce qu'il y a plufieurs fortes de défaveu, (A4) DESAVEU D'UN AVOCAT, par rapport à ce qu’il a plaidé ou écrit, n’eft point reçu, parce que l’avo- cat ne peut en plaidant engager fa partie au-delà des termes portés par les aétes du procès, à moins qu’il ne foit aflifté de la partie, ou-du procureur ; & fi ce font des écritures , elles font adoptées par le procu- reur, par la fignification qu’il en fait : ainfi le de/a- veu ne peut tomber que fur le procureur qui eft do- minus litis. (A) DEsAvEU D'UN ENFANT , eft lorfque fes pere &c: mere , ou l’un d’eux, refufent de le reconnoître. Une mere qui defavotïioit fon enfant, ne.pouvant être convaincue , l’empereur Claude lui commanda de l’époufer, & par ce moyen l’obligea de Le reconnoi- tre. Voyez l’hift. de M. de Tillemont, some I. page 203. Voyez ENFANT, ETAT, SUPPOSITION DE PART. (4) DESAVEU D'UN FONDÉ DE PROCURATION; voyez ci-après DESAVEU D'UN MANDATAIRE. DesAveu D'UN HUISSIER 04 SERGENT, eff lor- que l’on dénie qu'il ait eu aucun pouvoir pour faire, ce qu'il a fait. Les huiffiers ou fergens n’ont pas toü- jours befoin d’un pouvoir par écrit pour faire leurs, exploits ; la remife des pieces néceflaires leur tient lieu de pouvoir. Lorfqw'ils craignent d’être defa- votés, 1ls font figner leurs exploits par la partie. Voyez Papon, dv. VI, tir, vij. n. 8, (4) Desaveu D'un MANDATAIRE, eft lorfqu’on pré tend qu'il a excédé les bornes de fon pouvoir : ce qui eft fondé fur la loi cum mandati, au code r72andati vel contra. (4) DESAVEU D'UN PROCUREUR ad dites, eft lorf- qu’on prétend qu’il n’a point eu de charge d’occuper pour une partie, ou qu'il a excédé les bornes de fon pouvoir. Le procureur n’a pas toùjours befoin d’un pou- voir par écrit ; la remife de la copie d’exploit ou des pieces fervant à la défenfe, le confentement de la partie préfente, tiennent lieu de pouvoir au procu- reur. On admet rarement le de/aveu contre les héritiers d’un procureur décédé, parce que les héritiers ne font pas ordinairement inftruits de tout ce qui pou- voit autorifer le procureur. Il y a néanmoins des exemples, que de pareils defaveux ont êté admis dans des circonftancés graves ; il y en a un arrêt du $ Sep- tembre 1713 , rendu en la grand-chambre. Quand le defaveu eft injurieux & mal fondé, le defavoüant doit être condamné aux dommages &c intérêts du procureur. Les préfidiaux ne peuvent pas juger en dernier reflort un defaveu, Voyez Papon, Liv. VI, ur. jy. n°. 22. Mornac, 2. 7. cod, de procur. Danty, de la preuve par tém, ch. xij, part. I. Chorier fur Guypape, P4£- 333.Baflet, some Il. Liv, IE, tir, y. ch. j. Le code Gil- let, cie. du defaveu. (4) Desaveu Du SEIGNEUR , eft lorfque le vaflal lui dénie la mouvance du fief. Il eft appellé prodi- tion , comme qui diroit #rahifon , dans un arrêt don- né contre le comte de la Marche, ,aux enquêtes du parlement de la Touflaint, en 1293. Le defaveu eft oppofé à l'avez, lequel en cette oc- cafion n’eft pas la même chofe que l’aveu &c dé- nombrement : l’aveu dans çe fens feroit plütôt Fe ; o1 D ES foi &c hommage qui eft faite principalement pont reconnoître le feigneur. - Lorfquw’un fief eft faifi féodalement , 87 que le vaf- _ fal veut avoir main-levée , 1l doit avant toutes cho- fes avouer ou defavouer le feigneur. S'il reconnoît le feigneur, il doit lui faire la foi & yer les droits. - S'il le defavoue , le feigneur eft obligé de prou- ver fa mouvance: & en ce cas le vañlal doit pen- dant le procès avoir main-levée de la faifie ; à moins que le defaven ne fùt formé contre le roi , lequel plaide toûjours main garnie, c’eft-à-dire que la fai- fie tient toüjours pendant le procès , nonobftant le defaveu. Quand le vaflal refufe d’avoüer fon feigneur juf- qu'à ce que celui-ci l’ait inftruit de la mouvance du fief, le juge doit ordonner que le vañlal fera tenu d’avoüer ou defavoüer dans la huitaine ; & que faute de le faire dans le tems marqué, le refus de s’expli- quer paflera pour defavei , & emportera la com- mile. Si par l’évenement le defavez fe trouve mal fon- dé , le vaffal perd fon fief, lequel demeure confifqué au profit du feigneur par droit de commife ; mais cette confifcation ou commife du fief ne fe fait pas de plein droit, il faut qu'il y ait un jugement qui lordonne. La confifcation du fief pour caufe de defaveu , doit être demandée pendant la vie du vaflal; car le defa- veu eft une efpece de délit perfonnel, dont la peine ne peut être demandée contre les héritiers. Le vañlal peut éviter la peine du de/aveu en avoüant d’abord le feigneur, & lui demandant enfuite la communication de fes titres; & fi par cette com- munication il paroît que le feigneur n’ait pas la mou- vance, le vaflal peut revenir contre fa reconnoiffan- ce, & pañler au defaveu. 1 Si le defavez fe trouve bien fondé , le feigneur doit être condamné aux dépens, dommages, & intérêts de celui qui a dénié la mouvance ; &z la faifie doit être déclarée nulle, injurieufe, tortionaire, avec main-levée d’icelle. Il y a trois cas où le vaffal n’eft pas obligé d’a- voter ni de defavoter fon feigneur. L Le premier eft quand le feigneur a pris la voie de Paétion , parce qu’en ce cas le fergneur doit inftruire _ {on vaflal ; dermême que tout demandeur eft tenu de juftifier fa demande: mais hors ce cas, le feigneur n’eft point obligé de communiquer fes titres au vaf- fal avant que celui-ci lait reconnu pour feigneur. Le fecond cas où le vaflal n’eft pas obligé de paf- fer au defaveu , c’eft lorfque deux feigneurs fe con- teftent réciproquement la mouvance: le vaffal peut ne reconnoître aucun d'eux ; 1l fufhit qu'il offre de faite la foi & payer les droits à celui qui obtiendra gain de caufe , &'qu’en attendant il fe fafle recevoir en foi par main fouveraine, & qu'il configne les droits, | Le troïfieme cas eft lorfque le poffeffeur d’un hé- ritage foûtient qu'il eft en roture, & que le feigneur prétend qu’il eft en fief; en ce cas le poffeffeur n’eft point tenu d’avouer ni de defavoiierle feigneur juf- qu’à ce que celui-ci ait prouvé que l'héritage eftte- nu de lui en fief; parce que toute terre eft préfu- mée en roture , s’il n’y a titre au contraire. On n’eft pas non plus obligé, dans les coûtumes de franc-aleu , d’avouer ni de defayouer le feigneur juiqu'à ce qu’il ait établi fa mouvance , attendu que dans ces coûtumes tous héritages {ont préfumés li- bres , s’il n’appert du contraire, Le vaflal qui avoue tenir du Roï au heu d’avoüer fon véritable feigneur, n’encourt point la commite. Voyez COMMISE. Quand le defaveu eft fait en juftice, & que le fei Tome IF, DES 973 gheur a formé fa demande pour la commife, il n’y a plus pour le vaffal Zocus pœnitentie. Carondas tient néanmoins que le vaffal peut jufqu’au jugement ré- voquer fon defaveu, & en éviter la peine en offrant la foi, les droits, & tous les frais. | Le Roi ne peut pas remettre la peine du de/aveu au préjudice du feigneur, à qui la commife eft ac= quife. Le defaveu formé par un tuteur, curateur ou au- tre adminiftrateur, ne préjudicie pas au mineur, non plus que celui du bénéficier à fon bénéfice ; parce que le defaveu emporteroïit une aliénation du fief, ee fimple admimiftrateur ou ufufruitier ne peut aire feul & fans y être autorilé. Un main-mortable ne peut pas non plus defavouer valablement , fans obferver les formalités prefcrites pat la coûtume. | La peine du defaveu n’a pas lieu en pays de droit écrit, où l’on eft moins rigoureux fur les devoirs des fiefs. | L’héritier bénéficiaire qui defavoue mal-à-propos;) confifque le fief au préjudice des créanciers chiro= graphaires : mais il ne préjudicie aux créanciers hy= pothécaires. Foyez Papon, Liv. XIII. rie. j. Loytel, cnfle, liv, IV. rie, üj. n. 96. Bouchel, Écbliorh. aux mots defayveu & fiefs. Imbert , ex fon enchirid. in ver= bo pæné pecuniariä&, Dumolin fur Paris, tit, des fiefs glof]. j. in verbo qui dénie le fief, $. 43. n. 139. Bro= deau , art. 43. 2, 9. Auzanct , arr. 45. Bouvot, som, IT, verbo main-morte , queft. 29. Le Prêtre, cent. 3% ch. 1, Chenu , cezr. 2. queft. 30. Beraut , fur La cour. de Norm. art. 183.in verbo gage plege, Les traités des fiefs , notamment Billecoq , iv. II, (4) DESCENDANCE, £. f. (Jurifp.) figniñe la pof- térité de quelqu'un: ceux qui font iflus de lui , tels que fes enfans , petits-enfans , arriere-petits-enfans & autres plus éloignés, tant qu'ils peuvent s’éten- dre , à l'infini. On n’entend ordinairement par leter- me de defcendance, que la poftérité légitime. Voyez ci-après D'ESCENDANS, (4) DESCENDANT , adj. (Méch.) fe dit proprement de ce qui tombe, ou qui ie meut de haut en - bas. Voyez DESCENTE. Ce mot s’employe aufi dans l’Aftronomie. - Il y a des étoiles afcendantes & deftendantes > des degrés afcendans & deftendans. E Deftendant fe dit en général, dans l’Aftronomie } de ce qui a rappott à la partie defcendante,, c’eftà- dire inférieure ou méridionale, de l'orbite d’une pla: nete quelconque. Ainfi on dit les fignes defcendans.de ceux qui font dans la partie méridionale de Péclip< tique ; nœud defcendant de celui qui mene à la par= tie méridionale d’une orbite quelconque, &c. F. As- CENDANT, ASCENSION , SIGNE, NŒUD , &c. (O} DESCENDANS, (Jurifpr.) font ceux qui fontiflus de quelqu'un ; comme les enfans , petits-enfans | & autres en degrés fubféquens. Les defcendans forment ce que l’on appelle la ligne direële defcendante, Le ter: me de defcendans eft oppofé à celui d'afcendans, qui comprend pere, mere, ayeux & ayeules, bifayeux & bifayeules, &c. Les deftendans font obligés de donner des alimens à leurs afcendans qui fe trouvent dans l'indigence ; dans l’ordre des fuccefions, ils font préférés aux af. cendans & aux collatéraux. Voyez au code, liv. PF sie. jx, L. 7. 6 11, 6! tit, xxjv. auth. fi cognati, . VI: cit, Jx. L, FA $. 8. € ae, xjv. L 1. tir, Liv. L. 12. Foyez ci-devant D'ESCENDANCE. (4) DESCENDANS ( collatéraux Ÿ, font ceux qui font au-deflous de celui de cujus , comme les neveux : petits-neveux, petits - coufins , à la différence des oncles & tantes, grands-oncles , & grandes-tantes , que lon appelle collatéraux afcendans ; parce qu'ils {ont au- deflus de çelui de cujus, 6 ce lui tien- | SSsss | 874 DES nent en quelque forte lieu d’afcendans proprement dits. Voyez COLLATÉRAUX. (4) DESCENDANT , adj. ez Anatomie, fe dit des fi- bres, ou des mufcles, ou de quelqu’autre partie que l’on fuppofe prendre leur origine dans une partie, & fe terminer dans une autre en s’éloignant du plan horifontal du corps. L’oblique defcendant , Vaorte def- cendante , la veine-cave defcendante. (L) DESCENDRE, ez Mufique , vocem remirrere ; c’eft faire fuccéder les fons de l’aigu au grave, ou du haut au bas : cela fe préfente à l’œil par notre maniere de noter. Joy. CLÉ , LIGNES, DEGRÉ, PORTÉE. (S) DESCENSION , {. f. terme d’Affronomie : la def- cenfion eft ou droite, ou oblique. La de/cenfton droite d’une étoile ou d’un figne , eft le point ou l’arc de l’équateur, qui defcend avec l'étoile ou avec le fi- gne fous l’horifon, dans la fphere droite. Foy. SPHE- RE DROITE. La deftenfion oblique eft le point ou Parc de l'équateur, qui defcend fous l’horifon en mê- me tems que l'étoile ou que le figne dans la fphere oblique. Voyez SPHERE OBLIQUE & ASCENSION. Les defcenfions , tant droite qu’oblique, fe comp- tent du premier point d’aries , ou de la feétion ver- nale, fuivant l’ordre des fignes , c’eft-à-dire d’occi- dent en orient. Au refte ce mot n’eft plus guere en ufage , non plus même que celui d’afcenfion oblique. On ne fe fert prefque plus que du mot d’afcenfion droite, qui n’eft autre chofe que la diftance du premier point d’aries au point où Le méridien qui pafle par une étoile coupe l'équateur, Cette définition fe rapporte à celle que nous avons donnée dans l’article ASCEN- SION. Il y a apparence que ces mots d’a/cenfion & de defcenfion droite & oblique , avoient été imaginés originairement par les Afirologues, fort attentifs à examiner quel eft l’aftre qui fe leve ou qui fe cou- che au moment de la naïffance. On n’a confervé que le mot d’afcenfion droite, le feul véritablement néceffaire aujourd’hui pour déterminer la poñtion des étoiles. ’oyez DÉCLINAISON. (0) DESCENSIONEL, adj. ( 4ffron. ) différence def- cenfionelle ; eft la différence entre la defcenfon droi- te & la defcenfion oblique d’une même étoile, ou d’un:même point des cieux, &c. Voyez ASCENSI0o- NEL G@ DESCENSION. (0) . DESCENSUM, ( Chimie.) les Chimiftes enten- dent par ce mot l’appareil de la diftillation qu'ils ap- pellent per defcenfum. Ils ont fait de ce mot un fub- ftantif : drefler un defcenfum ; difent-ils, Ge, Voyez DIsSTILLATION. L’appareil de Geber pour le defcenfum , qu'il ap- pelle defcenforium , confifte en une efpece d’enton- noir de bonne terre à creufet, dans la partie fupé- rieure duquel on peut foûtenir les matieres à trai- ter, par le moyen d’une efpece de grille de terre, /&- per baculos rotundos è terra faëlos ; entonnoir qu’il dif- pofe de façon, qu’il peut l’entourer & le couvrir de feu, en plaçant fa pointe hors du feu , & fur un réci- pient convenable. C’eft à cet appareil que les chi- miftes modernes ont fubftitué celui des deux creu- fets, expliqué dans cet article. Voyez l'appareil de Geber, dans fon livre intitulé fumma perfeilionis ma- giflerii, chapitre de déftenfione. (b) DESCENTE oz CHUTE, f. f. en terme de Mécha- nique; eft le mouvement ou la tendance d’un corps vers le centre de la terre, foit dire@ement, foit obli- quement. Voyez CENTRE & MOUVEMENT. - On a beaucoup difputé fur la caufe de la defcente des corps pefans. Il y a là-deffus deux opinions op- poféés ; l’une fait venir cette tendance d’un principe intérieur, & l’autre l’attribue à un principe exté- rieur. La premiere de ces hypothèfes eft foûtenue par les Péripatéticiens, les Epicuriens , & plufieurs Nevwtoniens ; la feconde par les Cartéfiens & les Gaflendiftes, Voyez ACCÉLÉRATION, Tous les corps ne tendent vers la terre, felon Newton, que parce que la terre a plus de mañle; & ce grand philofophe a fait voir par une démonftra- tion géométrique , que la lune étoit retenue dans fon orbite par la même force qui fait tomber les corps pefans, & que la gravitation étoit un phénomene univerfel de la nature; aufli Newton a-t-l expli- qué parle moyen de ce principe tout ce qui con- cerne les mouvemens des corps céleftes avec beau- coup plus de précifion & de clarté, qu’on ne l’avoit fait avant lu. La feule dificulté qu’on puifle faire contre fon fyftème regarde l’attraétion mutuelle des corps. Voyez ATTRACTION ; voyez auff ATOME PESANTEUR. L’idée générale par laquelle les Cartéfiens expli- quent le phénomene dontils’agit (voy. PESANTEUR), paroît au premier coup-d’œil aflez heureufe. Mais il n’en eft pas de même quand on l’examine de plus près ; car outre les difficultés qu’on peut faire con- tre l’exiftence du tourbillon qu'ils fuppofent autour de la terre, on ne conçoit pas comment ce tourbil- lon dont ils fuppofent les couches paralleles à l’é- quateur , peut poufler les corps pefans au centre de la terre ; il eft même démontré qu'il devroit les pouf- fer à tous les points de laxe : c’eft ce qui a fait ima- giner à M.Huyghensun autretourbillon dont les cou- ches fe croifent aux poles, & font dans le plan des différens méridiens. Mais comment un tel tourbillon peut-il exifter ; & s’il exifte, comment n’en fentons- nous pas la réfiftance dans nos mouvemens ? Voyez ACCÉLÉRATION. L’exphication des Gaffendiftes ne paroît pas plus heureufe que.celle des Cartéfiens. Car fur quoi eft fondée la formation de leurs rayons. (7. AccÉLÉ- RATION)? & comment ces rayons n’agiflent-ils point fur les corps , & ne leur réfiftent-ils point dans. d’autres fens, que dans celui du rayon de la terre? Quoi qu'il en foit, l'expérience qui n’a pû encore nous découvrir clairement la caufe de la pefanteur, nous a fait au moins connoître fuivant quelle loi ils fe meuvent en defcendant. C’eft au célebre Galilée que nous devons cette découverte; & voici les lois 2 : qu'il a trouvées. Lois de la defcente des corps. 1°. Dans un milieu fans réfiftance, les corps pefans defcendent avec un mouvement uniformément accéléré, c’eft-à-dire tel que le corps reçoit à chaque inftant des accroiffe- mens égaux de vitefle. Ainfi on peut repréfenter Les inftans par les parties d’une ligne droite, & les wi- teffes par les ordonnées d’un triangle. Voyez AccÉ- LÉRATION 6 ORDONNÉES. Les petits trapeles dans lefquels ce triangle eft divifé, & dont le premier ou le plus élevé eft un triangle , repréfentent les efpa- ces parcourus par le corps durant les inflans corref- pondans, & croiflent évidemment comme les nom- bres 1,3, 3,7, Gc. car le premier trapèfe contien- dra trois. triangles égaux au triangle précédent ou fupérieur , le fecond cinq triangles , Gc. & les fom- mes de ces petits trapèfes, à commencer du fom- met du triangle, font comme les quarrés des tems. Voyez tout cela expliqué en détail au #04 Ac- CÉLÉRATION ; voyez aufh fous l’article APPLICA- TION de la Géométrie à l’Alsebre, page 552 , I. ol, ce qu’on dit de l'application de la Géométrie à PA- rithmétique. De-là il s'enfuit, 1°. que les efpaces parcourus en defcendant depuis le commencement de la chüte, font comme les quarrés des tems ou des viteffes, & que les parties de ces efpaces parcourues en tems égaux croiflent comme les nombres impairs 1, 3, ÿ > 79 9 PC 2°, Que les tems & les vitefles font en raïfon fous-doublée des efpaces parcourus en defcendant. 3°, Que les vitefles des corps qui tombent font DES proportionnelles aux tems qui fe fontécoulés depuis le commencement de leur chûte. . Voilà les lois générales de la chûte des corps dans un efpace vuide ou non réfiftant; mais les corps que nous obfervons tombent prefque toüjours dans des milieux réfiftans : ainf 1l n’eft pas inutile de donner auf les lois de leur defcente dans ce cas-là. Il faut obferver, 1°. qu’un corps ne peut defcen- dre, à moins qu'il ne divife & ne fépare le milieu où Al defcend , & qu'il ne peut faire cette féparation, s’il m’eft plus pefant que ce milieu. Car comme les corps ne peuvent fe pénétrer mutuellement, il faut nécef- fairement , pour qu'ils fe meuvent, que l’un fafle place à l’autre : de plus, quoiqu'un milieu, parexem- ple l’eau, foit divifible, cependant fi ce milieu eft d’une pefanteur fpécifique plus grande qu’un autre corps,comme dubois, ii n’eft plus pefant que parce qu'il contient dans un même volume une plus grande quantité de parties de matiere, qui toutes ont une tendance en-bas; par conféquent l’eau a fous un même volume plus de tendance à defcendre que le bois, d’où il s’enfuit qu’elle empêchera le bois de défcendre. Voyez HYDROSTATIQUE 6 PESANTEUR SPÉCIFIQUE. à. | 2°, Un corps d’une pefanteur fpécifique plus gran- de que le fluide où il defcend, y deftend avec une force égale à l’excès de fa pefanteur fur celle d’un pareil volume de fluide ; car ce corps ne deftend qu’a- vec la pefanteur qui lui refte, après qu’une partie de fon poids a été employée à détruire & à furmon- ter laréfiftance du fluide, Or cette réfiftance ef égale -au poids d’un volume de fluide pareil à celui du corps. Donc le corps ne de/cend qu'avec l’excès de -{a pefanteur fur celle d’un égal volume de fluide. Les corps qui defcendent perdent donc d'autant plus -de leur poids, que le milieu eft plus pefant, & que es parties de ce milieu ont une force d’adhérence plus grande; car un corps qui de/cezd dans un fluide ne defcend qu’en vertu de l’excès de fon poids fur Le poids d’un pareil volume de fluide; & de plus ilne peut defcendre {ans divifer les parties du fluide, qui zéfiftent à proportion de leur adhérence. 3°. Les pefanteurs fpécifiques de deux corps étant fuppofées les mêmes, celuiqui a le moins de volume doit tomber moins vite dans le milieu où il defcend ; “car quoique le rapport de la pefanteur fpécifique du corps à celle du fluide foit toüjours le même, quel que {oit le volume, cependant un petit corps a plus de furface à proportion de fa mafle ;.& plus il y a de furface, plus aufii il y a de frottement & de réfiftance. 4°. Si les pefanteurs fpécifiques de deux corps {ont différentes, celui qui a Le plus de pefanteur fpé- ‘cifique tombera plus vite dans l'air que l’autre. Une petite bale de plomb, par exemple, tombe beaucoup plus vite dans l’air qu'une plume ; parce que la bale de plomb étant d’une pefanteur fpécifique beaucoup plus grande ; perd moins de fon poids dans lair que la plume ; d’ailleurs la plume ayant moins de mafle fous un même volume , a plus de furface à propor- tion que la bale de plomb, & ainfi l'air lui réfifte encore davantage. ; : Voilà les lois générales de la detente des corps dans des milieux réfiftans ; mais comme la réfiftance des fluides n’eft pas encore bien connue, il s’en faut beaucoup que la théorie de la chûte des corps dans des fluides loit aufli avancée que celle de la chûte -des corps dans le vuide. M. Newton a tenté de dé- terminer le mouvement des corps pefans dans des fluides, & ilnous a laïfé là-deflus beaucoup de pro- pofitions 8 d'expériences curieufes. Mais nous nous appliquerons principalement dans cet article à dé- -tailler les lois de la chûre dés corps pefans dans un milieu non-réfiftant. ati . En fuppofant.que les corps pefans defcendent dans Tome IF, DES 975$ un milieu non-réfiflant, on les fuppofe auffi libres de tout empêchement extérieur, de quelque caufe qu’il vienne: on fait même abitraétion de l’impulfon oblique que les corps reçoivent en tombant par la rotation de la terre ; impulfon qui leur fait parcou- rir réellement une ligne oblique à la furface de la terre, quoique cette ligne nous paroïffe perpendicu- laire, parce que l’impuifion que le mouvement de la terre donne au corps pefant dans Le fens horifontal, nous eft commune avec eux. Galilée qui a le pre- mier découvert par le raifonnement les lois de la defcente des corps pefans, les a confirmées enfuite par des expériences qui ont été fouvent répétées de- _puis, & dont le refultat a toûjours été, que les ef- paces qu'un corps parcourt en defcendant , font com- me les quarrés des tems employés à les parcourir. L. Grimaldi & Riccioli ont fait des expériences fur le même fujet ; ils faifoient tomber du fommet dé différentes tours des boules pefant environ hhit on- ces, & mefuroient le tems de leurs chütes par un pendule. Voici le refultat de ces expériences dans la table fuivante, Vibrations Tems. Efpact par-| Efpace par- du pendule. Pa LL à la fin] couru pendant LUS . | du tems. chagre tems. Comme les expériences de Ricciohi faites avec beaucoup d’exaétitudes’accordent parfaitementavec la théorie, & ont été confirmées depuis par un grand nombre d'auteurs, on ne doit faire aucune atten- tion à ce que Dechales dit de contraire dans fon Mund. math. où 1l prétend avoir trouvé par des expérien- ces que les corps pefans parcourent 4 piés + dans la premiere feconde , 16 + dans les deux premieres, 36 en trois, 60 en quatre, 90 en cinq, 123 en fix. II. Si un corps pefant de/cend dans un milieunon- réfiftant, l’efpace qu'il décrit durant un tems quel- conque eft fous-double de celui qu'il décriroit uni- formément avec la vitefle qu’il a acquife à la fin de fa chûte. Arf un corps pefant parcourant , parexem- ple, 15 piés dans une feconde ; fi à la fin de cette fe- conde 1l fe mouvoit uniformément avec la vitefle qu'il a acquife , 1l parcourroit dans une autre {e- conde 30 piés, qui eft le double de 15. IT. Le tems qu’un corps met à tomber d’une hau- teur donnée étant connu, fi on veut déterminer les efpaces qu’il parcourt dans les différentes parties de ce tems, on nommera la hauteur donnée 4, le‘tems À & x l’efpace parcouru en une partie de tems 1; & on aura Hot: Lis Donc # x = 4 CCE le … Aïnfi l’efpace décrit dans la premiere partie de tems eft 4: #2; donc l’efpace décrit dans la feconde eft 3 4 : #2 ; l’efpace décrit dans la troifieme eft s 4: 12 , GC. Par exemple , dans les expériences de Riccioli que nous venons de rapporter , la boule parcouroit 240 piés en quatre fecondes ; ainfi l’efpace décrit dans la prenuere feconde étoit 240 : 16= 15; l’ef- pace décrit dans la feconde étoit 3.15 = 45 ; l’ef= Ssssi 876 D ES pace décrit dans la troifieme étoit $.15 = 753 &c l’efpace décrit dans la quatrieme étoit 7 . 25 — 105- IV. Le téms qu’un corps pefant met à parcourir un certain efpace étant donné, Voici comme on dé- términéra le tems qu'il employe à parcourir dans le même milieu un efpace donné : les efpaces étant comme les quarrés des tems , on cherchera une qua- trieme proportionnelle a l’efpace parcouru pendant le terms donné, au quarré du tems donné, & à l’ef- pace parcouru pendant le tems inconnu ; le qua- trieme terme fera le quarré du tems qu’on cherche, & fa racine quarrée donnera par conféquent la fo- lution du problème. Par exemple, une des boules de Riccioli tomboïit de 240 piés en quatre fecondes ; fi on veut favoir en combien de-tems elle tomboit de 135 piés, la ré- ponfe fera V135.16:240=V13$:15=V9=— 3" V. L'efpace qu'un corps parcourt dans un certain tems étant donné, fi on veut déterminer l’efpace qu'il parcourra dans un autre tems donné , on cherchera une quatrieme proportionnelle au quarré du premier tems, à l’efpace propofé, & au quarré du fecond tems ; cette quatrieme proportionnelle fera l'efpace qu’on demande. Par exemple, une des boules de Riccioli tomboit de 6o piés en deux fecondes, on demande de com- bien de piés elle feroit tombée en quatre fecondes ; la réponfe eft 16. 60 : 4= 4. 60 — 240. Sur les lois de la deféente d’un corps le long d’un plan incliné, voyez PLAN INCLINÉ. Sur les lois de la defcente d’un corps dans une cy- cloïde , voyez CYCLOIDE 6 PENDULE. Ligne de la plus vite deféente, eft une ligne par la- quelle un corps qui tombe en vertu de fa pefanteur artive d’un point donné à un autre point donné en moins de tems que s’il tomboit par toute autre li- gne pañlant par les mêmes points. Il y a long-tems que l’on a démontré que cette courbe étoit une cy- cloïde. Voyez BRACHYSTOCRONE. (0) DESCENTE DU JUGE, 04 DESCENTE SUR LES LIEUX , (Jwrifprud.) eft le tranfport du juge fur les lieux contentieux, & la vifite qu'il en fait pour s’inf- truire par lui-même de l’état des lieux , &e rendre en conféquence fon jugement. Dans les queftions de fait, comme lorfqu’il s’agit de fervitudes, de dégradations , réparations , de partage ou licitation d’héritages, &t autres objets femblables , les juges font fouvent obligés d'ordon- ner un rapport d'experts pour conftater l’état des lieux ; mais ce rapport eft quelquefois infuffifant pour mettre le juge en état de fe déterminer. Il ÿ a de certaines difpoñtions pour le local , qui ne font jamais fi fenfbles par un rapport que par l’infpec- tion des lieux. Il arrive aufli quelquefois que Les ex- perts ne s’accordent point dans l’idée qu'ils donnent de la difpoñition des lieux. Dans ces différens cas 1l eft néceffaire que le juge voye les chofes par lui- même, & qu'il entende les parties fur le lieu, pour appliquer leurs dires & prétentions aux objets dont il s’agit, & pour cet effet il ordonne qu'il fe tranf- portera fur les lieux : c’eft ce que l’on appelle une defcente du juge, où une defcente fur les lieux. L’ordonnance de 1667 défend à tous juges , même des cours, d’ordonner une defcente dans lès matieres où il n’échet qu’un fimple rapport d'experts, à moins qu'ils n’en foient requis par écrit par l’une ou l’autre des parties, à peine de nullité, & de reftitution des droits qu’ils auroient perçus, &c de tous dépens, dommages & intérêts, 6. Quand la deftente fur les lieux eft ordonnée dans une cour fouveraine , ou aux requêtes de l’hôtel & du palais, le rapporteur du procès ne peut pas être commis pour la defcenre ; il faut que ce foit un des D ES autres juges qui ont aflifté au jugement , ou , à leuf refus, un autre confeiller de la même chambre. Dans les autres fiéges on fuit l'ordre du tableau, & le rapporteur peut êtrenommé à fon tour, fui vant un arrêt du 6 Septembre 1712. Le même jugement qui ordonne la defcente, doit nommer le juge qui eft commis pour la faire , & ex- pliquer l’objet de fa commiflon. Le commiflaire nommé pour faire la defcente, ne peut y procéder qu’à la requifition d’une des par- ties, qui lui remet la requête & le jugement entre les mains ; & le tout doit être figmifié à la partie ou à fon procureur. Sur la requêre préfentée au commiffaire , il donne une ordonnance pour afligner les parties en fon hô- tel, à l'effet d’y indiquer le lieu , le jour & l’heure où fe fera la defcente & viite. Le procès-verbal du commiffaire donne aéte aux parties de leurs comparutions, dires & requifitions; & quand une partie ne comparoït pas, Le commif- faire en fait mention dans fon procès-verbal, & dé- clare qu’il procédera tant en préfence qu’abfence. Le commiffaire doit partir dans le mois du jour de la requifition à lui faite , autrement on en fubragera un autre en fa place , fans que le tems du voyage puifle être prorogé. S'il y a des caufes de récufation contre le commif- faire , elles doivent être propofées trois jours avant fon départ, pourvû que le jour du départ ait été fi- gnifié huit jours auparavant ; autrement il fera pañlé outre par le commiffaire, nonobftant toutes oppo- fitions & empêchemens, même pour caufes furve- nues depuis, fauf à y faire droit après le retour. L'ordonnance de 1667 a abrogé l’ufage qui fe pra- tiquoit autrefois, de faire recevoir en juftice les pro- cès-verbaux de dftente, au moyen de quoi les par- ties peuvent fimplement les produire, ou les contef- ter fi bon leur femble. Il eft défendu aux commiflaires de recevoir par eux ou par leurs domeftiques , aucun préfent des parties, ni de fouffrir qu’on les défraye direétement ou indireétement , à peine de concuffion & d’a- mende. Les juges employés en même tems en différentes commifhons hors le lieu de leur domicile, ne peu- vent fe faire payer qu’une fois de la taxe qui leur appartient par chaque jour ;. auquel cas les parties y contribuent par égale portion. Si le voyage ou féjour eft prolongé pour quelque autre commiflion, l’augmentation fera aux frais des parties intéreffées à la nouvelle commiflion. Les commiffaires doivent faire mention fur la mi- nute &c la grofle de leur procès-verbal, du tems qu'ils ont employé pour le voyage, féjour & retour, & de ce qu’ils auront reçu de chacune des parties pour leurs droits. j Lorfque les commiffaires fe trouvent fur les keux,, ils ne peuvent rien prendre pour le voyage ; s'ils font à une journée de diftance, 1ls ne peuvent pren- dre que la taxe d’un jour, & autant pour le retour, outre Le féjour. Chaque partie eft tenue d'avancer les vacations de fon procureur , fauf à répeter en fin de caufe, s’il y échet ; & fi la partie veut en outre être afliftée de fon avocat ou autre confeil, elle le peut faire, mais à Les frais & fans répétition : & au cas qu’une partie foit obligée d'avancer les vacations pour l’autre, il lui doit être délivré fur le champ un exé- cutoire, fans attendre l’iflue du procès. Quand les juges font des defcenres hors la ville & banlieue de l’établiffement de leur fiége , 1ls ne peu- vent prendre par jour que la taxe portée par les ré- glemens. Le procès-verbal de déféente étant fini & délivré DES aux parties , le procureur Le plus diligent peut en donner copie à l’autre, & trois jours après pourfui- vre l’audience ; ou fi l'affaire eft appointée, 1l peut produire le procès-verbal. Voyez l’ordonn, de 1667, tit, xx], la conference de Bornier fur ce titre ; de féyle civil de Gauret. (4) DESCENTE DU FOSsé, c’eft dans la guerre des Jéèges , l'ouverture que l’afiégeant fait à la contref- carpe ou au chemin couvert, pour parvenir dans le fofé. Il y a deux fortes de defcentes de foffé, la premiere Joñterraine ; & la feconde à ciel ouvert. La premiere fe pratique ordinairement dans les foflés fecs, & la feconde dans ceux qui font pleins d’eau, A La defcente foñrerraine eft une galerie dont on com- mence l'ouverture vers Le milieu du glacis, & qu’on conduit fous le chemin couvert jufqu’à la contref- carpe, qu'on perce enfuite pour entrer dans le fofé, On dirige cette galerie de maniere que le débouche- ment dans le foffé foit à-peu-près vis-à-vis la breche de l'ouvrage qu'on attaque. On fait ordinairement deux ou trois defcentes pour le paflage du foflé, & aflez proches les uns des autres pour que ce paflage fe fafle avec plus de füreté & de commodité. Comme la galerie foûterraine doit former une pente ou un talud qui fe termine à-peu-près vers le fond du foflé fec, voici un moyen fort fimple pour y parvenir. IL faut d’abord favoir quelle eft la profondeur du foffé. On.peut la connoître en laïffant tomber d’a- bord du chemin-couvert au fond du foffé , une pierre ou un plomb attaché à un cordeau. Il faut favoir auf quelle eft la diftance de l'ouverture de la gale- rie au bord du chemin-couvert, & cette diftance peut être mefurée fort facilement. Suppofons que la profondeur du foffé foit de trente piés, 8e que la diftance de l’ouverture de la galerie au bord de la contrefcarpe, foit de quatre-vingt-dix piés, on verra que lorfqu’on s’avance de fix piés 1l faut s’enfoncer de deux, c’eft-à-dire qu'il doit y avoir le même rapport entre le chemin qu’on fait pour s’approcher du foflé, & la profondeur dont on s’enfonce, qu'entre la diftance de l'ouverture de la galerie au bord du foffé, & la profondeur de ce foffe : ainfi fi la diftance de l'ouverture de cette ga- lerie à la contrefcarpe eft quatre ‘fois plus grande que la profondeur du foffé, lorfqu’on avancera ho- rifontalement de quatre piés vers la contrefcarpe, on s’enfoncera d’un pié vers le fond du foffé. La defcente foûterraine doit toüjours fe pratiquer, lorfque le fofé eft fec & fort profond. . La deftente du foffé à ciel ouvert s’exécute ordinai- rement lorfque le foffé eft plein d’eau, ou qu'il n’a que douze ou quinze piés de profondeur ; elle con- fifte dans un paflage qu’on forme au-trayers du pa- rapet du chemin-couvert, & qui va en talud juf- qu’au bord de l’eau ou jufqu’au fond du foflé. On prolonge ce chemin en arriere autant qu'il eft né- ceflaire, pour l’adoucir en avant & le rendre moins roide. Cette deftente fe conduit à fappe découverte fur tout le travers du chemin-couvert, fe prolon- geant le long des traverfes jufque fur le bord du foflé. Lorfqu'on l’a joint, on travaille à l’approfon- diflement de la defcente autant qu'il eft néceffaire, réglant, fi lon veut, le fond en marche d’efcalier foûtenu par des planches avec des piquets. On. blinde exaétement les deux côtés de la defcente, pour en foûtenir les terres, & on lur fait un bon épaule- ment du côté qu’elle eft vüe de la place : on la cou- vre de fafcines & de terre, pour fe mettre à labri des pierres & des grenades que l'ennemi peut jetter deflus, & des plongées du parapet. Quand la def- cenre elt parvenue a la contrefçarpe, on fait une ou- file DES 877 verture pour pénétrer où déboucher dans le foffé, L’ennemi fait fouvent bien des chicanes pour em- pêcher le débouchement dans le foffé : les principa- les confiftent en de petites forties qu’il fait pour rui- ner la galerie & s’oppofer à l’entrée du fofé, mais il faut qu'il fuccombe fous Le nombre ; & lorfqne le débouchement eft une fois fait , le paflage du foffé n’eft plus qu’une affaire de peu de jours, fuivant la nature du foffé , la valeur de la garnifon, & l’intel- ligence du gouverneur. Voyez PASSAGE DU FOSSÉ. La defcente du foffé à ciel ouvert fe faifoit autre- fois par une efpece de galerie couverte par les côtés &t par le deflus, de madriers à l’épreuve du mouf- quet, &c fur le tout par des peaux de bœuf fraiche- ment tués, Outre cela, le côté oppofé au flanc fe faifoit à l'épreuve du canon ; ce qui fe continuant fur tout le paflage du fofé | employoit bien du-tems & de la dépenfe , & ne laïfoit pas fouvent d’être interrompu, parce que rarement le feu du canon de la place, qui pouvoit avoit vûüe deflus, étoit bien éteint, ainf que la moufqueterie ; mais depuis que l’on a fü fe rendre maître de ce fen par les ricochets & quantité d'artillerie, on y fait moins de façon. Attaque des places de Vauban. (Q) DESCENTE, (Com.) on nomme ainfi à Bordeaux les droits d'entrée qui fe payent pour les vins du haut-pays, c’eft-à-dire les vins qu'on recueille au- deffus de Saint-Macaire , qui eft fept lieues au- deflus de Bordeaux , lefquels defcendent en cette derniere ville par les rivieres de Garonne & de Dor- dogne. (G) | DESCENTE, (Com.) on appelle encore à Bordeaux barques de defcente, les barques chargées de marchan- difes qui defcendent la Gironde. (G) DESCENTE, (Comm.) {e dit encore, ex sermes de Gabelles , du tranfport des fels dans les greniers. Les officiers des greniers doivent faire des procès -ver- baux des defcenres, mefurages & emplacemens des fels dans les greniers dont ils font officiers. Diéfionn. de Comm. 6 de Trév. (G) DESCENTE , terme de Chirurgie, eft la même chofe que hernie (v6y. HERNIE). Les bandages qui fervent à contenir les defcentes, {e nomment brayers, Voyez BRAYER. (F) DESCENTE , (coupe des pierres) on appelle ainf toutes les voûtes inclinées à l’horifon. (D) DEscEnTE, (Æydraulig.) eft un tuyau de plomb qui defcend les eaux d’un chefneau qui les reçoit d’un bâtiment. C’eft auffi un tuyau qui defcend les eaux d’un refervoir. (X DEscEnNTE, (Venerie.) c’eft lorfque l’oifeau fond fur le gibier avec impétuofité, pour l’aflommer : on dit alors qu'il fond en rond. Quelquefois la defenre de l’oifeau fe fait doucement lorfqu’il fe laifle aller en-bas : alors on dit fimplement, l’oifeau fond, ou DESCHARGE oz DÉCHARGE, f. £ (Jurifpr.) eft un acte par lequel quelqu'un eft tenu quitte d’un engagement. Ainfi une quittance d’une fomme d'argent qui étoit dûe, eftune décharge ; mais on fe fert À cet égard plus volontiers du terme de quittance, & l’on employe le terme de décharge pour d’autres engage- mens qui ne confiftent pas à payer une fomme dûe. Par exemple, celui qui remet de l’argent qu’il avoit en dépôt, entire, non pas une quittance, mais une décharge, c'eft-à-dire une reconnoïflance qu’il a re- mis l'argent. On peut aufli obtenir fa décharge des pieces & papiers que l’on a remis, ou d’une garan- tie, ou autre demande & prétention , foit que Eon y ait fatisfait, ou que celui qui avoit cette préten- tion s’en foit départi, ou qu’il en ait été débouté. Une décharse peut être donnée fons feing privé ; ou devant notaire ; on peut auf, au refus de celui 873 DES qui la doit donner, obtenir un jugement qui pronon- ce la décharge, & vaut autant que fi elle étoit don- née par la partie. Ondes le laps de tems opere la décharge d’u- ne partie. Par exemple, au bout de cinq ans les veuves & héritiers des avocats &T procureurs ne peuvent être recherchés, tant des procès jugés que de ceux qui font à juger, à compter du jour des ré- cépifés. Les avocats &c procureurs font déchargés des facs & papiers des procès non finis y au bout de dix ans à compter du jour de leurs récépiflés , fui- vant la déclaration du 11 Décembre 1597. Woyez ct- après DESCHARGER. (4). DESCHARGER ox DÉCHARGER , v. at. (/#- rifpr.) c’eft donner une décharge de quelque fomme ou autre chofe. Woyez ci-devant DESCHARGE. On dit aufli décharger d’une demande, ce qui arrive lorfque le demandeur n’eft pas bien fondé , ou n’a pas établi fuffifamment fa demande ; en ce cas le dé- fendeur demande {a décharge, & le juge prononce en ces termes : avons Le défendeur décharge de la de- mande , ou renvoyé de la demande, ce qui eft la même chofe. | Décharger de Paccufation , c’eft abfoudre l’accufé, le renvoyer de l’accufation , le déclarer innocent. Lorfque les juges mettent feulement hors de cour fur l’accufation, Vaccufé n’eft pas pleinement juftifié. | Poyezg ACCUSATION, ACCUSE, HORS DE COUR; & ci-devant au mot DESCHARGE. (A) À DESCOUVERT , (Jurifprud.) c’eft lorfqu'on fait exhibition de quelque chofe. Dans les offres séelles d'argent & de pieces, on doit montrer les deniers ou autres chofes offertes, 4 découvert, afin que l’on voye que les offres {ont réelles & férieutes. Voyez EXHIBITION @ OFFRES RÉELLES. (4) DESCRIPTION , £.f. (Hiff. nat.) Décrire Les dif- féréntes produétions de la nature, c’eft tracer leur ortrait,& en faire un tableau qui les repréfente,tant à l'intérieur qu’à l’extérieur, fous des faces & dans des états différens. Les defériptions n’auroient point de limites, fionles étendoit indiftinétement à tous les êtres de la nature, à toutes les variétés de leurs formes, & à tous les détails de leur conformation ou de leur organifation, Un livre qui contiendroit tant & de. fi longues de/criptions, loin de nous don- ner des idées claires & diftinétes des corps qui cou- vrent la terre & de ceux qui la compofent , ne pré- fenteroit À l’efprit que des figures informes & gigan- tefques difperfées fans ordre &c tracées fans propor- tion : les plus grands efforts de l'imagination ne fufiroient pas pour les appercevoir, & l'attention la plus profonde n’y feroit concevoir aucun arran- gement. Tel feroit un tas énorme & confus formé par les débris d’une multitude de machines ; on n’y reconnoîtroit que des parties détachées, fans en voir les rapports & l’aflemblage. Les defériptions ne peuvent donc être utiles qu’au- tant qu’elles font reftraintes à de juftes bornes, & aflujetties à de certaines lois. Ces bornes & ces lois doivent varier felon la nature de la chofe & l’ob- jet de la fcience, dans les différens regnes de l’'Hif- toire naturelle. Plus un corps eft compolé, plus il eft néceffaire de décrire les détails de fon organifa- tion, pour en expofer le jeu & la méchanique. II faut donc que les defériptions des animanx foient plus étendues que celles des végétaux, tandis que les deferiptions des minéraux, qui font les corps les plus bruts , doivent être plus courtes que celles des vé- étaux. Pat ce moyen chaque chofe ef traitée felon fon importance , & l’anteur n’abufe ni de fon tems ni de l’attention du leéteur. Quelque perfetion que l’on puifle donner à une defiription, ce n’eft qu'une peinture vaine & le fujet d'une curiofité frivole, f on-ne fe propofe un objet ÈS DES plus réel pour l'avancement de nos vrais connoif- fances en Hiftoire naturelle. Lorfqu’on décrit un être, il faut obferver les rapports qu'il a avec les autres êtres de la nature; ce n’eft qu’en les compa- rant ainf que l’on peut découvrir les reflemblances & les différences qui fe trouvent entreux, & éta- blir une fuite de faits qui donne des connoïflances générales. Dans cette vüe, les defcriprions doivent être faites fur un plan fuivi ; il faut que ce plan foit uniforme dans chacun des regnes de l’Hiftoire natu- relle ; mais on ne peut fe difpenfer de le changer en paflant d’un regne à un autre : pour s’en convain-. cre il fuit de réfléchir fur la différence qui fe trouve entre les connoïflances principales que l’on peut ac- quérir par les deftriprions des objets de chaque regne en particulier. En décrivant les animaux on fe pro- pofe de connoître l’œconomie animale ; les plantes nous conduifent à découvrir le méchanifme de la végétation. On confdere dans les minéraux la for- mation & la combinaifon de leurs parties confti- tuantes ; pour concevoir la minéralifation. On ne peut parvenir à des fins fi différentes par une feule route ; chacun a la fienne , 8 exige des moyens par- ticuliers pour que l’on puiffe s’y conduire avec fuc- cès : c'eft pourquoi le plan des de/ériprions doit être relatif à l’objet de la fcience de chaque regne ; mais il eft abfolument néceflaire qu’il foit uniforme dans un même regne, pour faire une comparaifon exacte & fuivie de chacun des animaux, ou des végétaux ou des minéraux, avec ceux qui y refflemblent ou qui en different le plus, #. HISTOIRE NATURELLE. Gi) DESCRIPTION , rerme de Géomérrie, eft lation de tracer une ligne , une furface , éc. Décrire un ercle, une ellipfe, une parabole, &c. c’eft conf- truire ou tracer ces figures. On décrit les courbes en Géométrie de deux ma- nieres , Où par un mouvement continu , Ou par plu- fieuts points. On les décrit par un mouvement con: tinu lorfqu'un point qu’on fait mouvoir fuivant une certaine loi, trace de fuite & immédiatement tous les points de la courbe. C’eft ainfi qu'on trace un cercle par le moyen de la pointe d’un compas ; c’eft prefque la feule courbe qu’on trace commodément par un mouvement continu ; ce n’eft pas que nous n’ayons des méthodes pour en tracer beaucoup d’au- tres par un mouvement continu ; par exemple, les fe&ions coniques : M. Maclaurin nous a même don- né un favant ouvrageintitulé, Geometria organice, dans lequel il donné des moyens fort ingénieux de: tracer ainfi plufeurs courbes. Woyez-en un leger effai à l’article Cour8e. Mais toutes ces méthodes font plus curieufes qu'utiles 8 commodes. La def cription par plufieurs points eft plus fimple , & re- vient au même dans la pratique. On trouve par des opérations géométriques différens points de la cour- be affez près les uns des autres ; on y joint ces points par de petites lignes droites à vüe d'œil, & l’aflem- blage de ces petites lignes forme fenfiblement & fuf- fifamment pour la pratique la courbe que l’on veut tracer, (0) DESCRIPTION , ( Belles - Lettres, ) définition im- parfaite & peu exaéte , dans laquelle on tâche de faire connoître une chofe par quelques proprié- tés & circonftances qui lui font particulieres , fuffi- fantes pour en donner une idée &z la faire diftinguer des autres, mais qui ne developpent point fa nature & fon eflence, Les Grammairiens fe contentent de dé/Criprions > les Philofophes veulent des définitions. Voyez Dé- FINITION. à Une deftription eft l'énumération des attributs d’u- ne chofe, dont plufieurs font accidentelles, comme lorfqw’on décrit une perfonne par fes aétions , fes DES paroles, fes écrits, fes charges, &c. Une deféription au premier coup d'œil a l’air d’une définition ; elle eft même convertible avec la chofe décrite, mais elle ne la fait pas connoître à fond , parce qu’elle n'en renferme pas ou n’en expofe pas les attributs effentiels. Par exemple, fi l’on dit que Damon eft un jeune homme bienfait, qui porte fes cheveux , qui à un habit noir, qui fréquente bonne compa- gnie, & fait fa cour à tel ou tel miniftre ; il eft évi- dent qu'on ne fait point connoître Damon , puifque les chofes par lefquelles on le defigne lui font ex- térieures & accidentelles, jeune, cheveux, habit noir, fréquenter , faire [a cour, qui ne defignent point le ca- raétere d’une perfonne. Une deftription n’eft donc Pas proprement une réponfe à la queftion quid ef?, qu'eft-1l? mais à celle-ci, quis eff, qui eft-1l ? En effet , les defcriprions fervent principalement à faire connoître les finguliers où individus ; car les fujets dé la même efpece ne different point par leurs eflences , mais feulement comme hic & ille, & cette différence n’a rien qui les fafle fuffifamment remarquer ou diftinguer. Mais les individus d’une même efpece different beaucoup par les accidens : par exemple , Alexandre étoit un fléau , Socrate un Jage, Augufle un politique , Titus un juffe. Une defcriprion eft donc proprement la réunion des accidens par lefquels une chofe fe diftingue aifé- ment d’une autre, quoiqu’elle n’en differe que peu ou point par fa nature. Voyez ACCIDENT, Mo- DE, Gc. La deftription eft la figure favorite des Orateurs & des Poëtes , & on en diftingue de diverfes fortes: 1°. celle des chofes , comme d’un combat , d’un in- cendie, d’une contagion , d’un naufrage : 2°, celle des tems qu’on nomme autrement chronographie , voyez CHRONOGRAPHIE : 3°. celle des lieux qu’on appelle auf ropographie | voyez TOPOGRAPHIE : 4°. celle des perfonnes ou des caraéteres que nous nommons portrait, voyez PORTRAIT. Les deférip- tions des chofes doivent préfenter des images qui _ endent les objets comme préfens ; telle eft celle que Boileau fait de la molleffe dans le /xtrin : La molleffe oppreffée Dans [a bouche à ce mot fent [a langue glacée , Et laffe de parler , fuccombant fous l'effort , Soupire , étend les bras , ferme l'œil & s'endort. (G) Mais d’où vient que dans toutes les de/ériprions qui peignent bien les objets , qui par de juftes ima- ges les rendent comme préfens , non- feulement ce qui eft grand , extraordinaire, ou beau , mais même ce qui eft defagréable à voir, nous plaît f fort ? c'eft que les plaifirs de l'imagination font extrème- ment étendus. Le principe de ce plaifir femble être une aétion de l’efprit qui compare les idées que les mots font naître avec celles qui lui viennent de la prélence même des objets. Voilà pourquoi la def= cription d'un fumier peut plaire à l’entendement par l’exattitude & la propriété des mots qui fervent à le dépeindre. Mais la deftription des belles chofes plait infiniment davantage, parce que ce n’eftpas la {eu 1e comparaïfon de la peinture avec l'original qui nous féduit , mais nous fommes auf ravis de l’ori- ginal même. La plüpart des hommes aiment mieux È defeription que Milton fait du paradis, que de celle qu'il donne de l'enfer , parce que dans l’une, le feu & le fouffre ne fatisfont pas l'imagination, comme le font les parterres de fleurs & les boca- ges odoriférans : peut-être néanmoins que les deux peintures font également parfaites dans leur genre. Cependant une des plus grandes beautés de l'art des defcriptions , eft de repréfenter des objets capa- bles d’exciter une fecrette émotion dans l’efprit du lecteur ; & de mettre en jeu fes paflions ; & ce qu'il DES 8 y a de fingulier ; c’eft que les mêmes pafions qui nous font defagréables en toute autre tems , Nous plaifent lorfque de belles & vives defcriprions les éle- vent dans nos cœurs ; il arrive que nous aimons à être épouvantés ou affligés par une defcriprion ) quoi- que nous fentions tant d'inquiétude dans la crainte & la douleur qui nous viennent d’une toute autre caufe. Nous regardons , pat exemple , les terreuts qu'une deftription nous imprime avec la même cu- riofité & le même plaifir que nous trouvons à con- templer un monftre mort : plus fon afpeét eft ef- frayant , plus nous goûütons de plaifir à n'avoir rien à craindre de fes infultes. Ainf lorfque nous lifons dans quelque hifloire des defériptions de bleflures ; de morts , de tourmens, le plaifir que ces defcrip- sions font en nous hne naît pas feulement dé la dou- leur qu’elles caufent , mais encore d’une fecrette Comparaifon que nous faifons de n’être pas dans le même cas, Comme l'imagination peut fe repréfenter à elle- même des chofes plus grandes , plus extraordinai- res, & plus belles que celles que la nature offre or- dinairement aux yeux, il ‘eft permis , il eft digne d’un grand maître de raflembler dans fes defcriptions toutes les beautés poffibles. Il n’en coûte pas ‘da- vantage de former une perfpedive très-vafte , qu’u- ne perfpeétive qui feroit fort bornée ; de peindre tout ce qui peut faire un beau. payfage champêtre, la folitude des rochers , la fraîcheur des forêts , La: limpidité des eaux, leur doux murmure , la verdu- re &t la fermeté du gafon, les Sites de l’Arcadie , Que de dépeindre feulement quelques-uns de ces objets. [ne faut point les repréfenter comme Le hafard nous les offre tous les jours , mais comme on s’imagine qu'ils devroient être. Il faut jetter dans l’ame l'illu- fion & l’enchantement. En un mot, un auteur , & fut-tout un poëte qui décrit d’après fon imagina tion , a toute l’œconomie de la nature entre {es mains , & il peut lui donner les charmes qu'il lui: plait , pourvû quäl ne la réforme pas trop , & que pour vouloir exceller , il ne fe jette pas dans l’ab- furde ; mais le bon goût & le génie l’en garantiront toïjours, Voyez les réfexions de M, Adiffon für cette: matiere. Addition de M. le Chevalier De] AUCOURT:. DESDIT 04 DÉDIT, f. m.. (Jurifps) eft ia peine ftipulée dans une promeffe de mariage, dans un mar- ché , un contrat où un compromis contre celui qui ne voudra pas l’exécuter. . Cette peine confifte ordinairement dans une fom- me d'argent qui doit être payée à l’autre partie:, ot employée à quelque ufage pieux. | Chez les Romains ceux qui fe fançoient fe don= noient mutuellement des arrhesou aires ; & celui des futurs conjoints qui ne vouloit pas enfuite accomplir le mariage, perdoit fes arrhes, de même qu'en maties re de vente, Quand le mariage avoit lieu, les arthes données par la femme étoient imputées furfa dot pat le mari , &t les arrhes du mari étoient imputées fur la donation à caufe de nôces qu’ilfaifoit à fa femme. Dans les établiflemens faits par S. Louis en 1270, onpropote, chap. cxxjv. l’efpece d’un pere qui ayant un fils impubere | demande pour lui la fille de fon voifin aufli impubere , pour les marier enfemble lorfqu’ils feront en âge ; les deux peres fe donnent réciproquement des arrhes , favoir Le pere de la fille une piece de terre , & le pere du garçon dix livres : on décide que cette convention eft bonne , & que celui qui refufera de la tenir perdra fes arrhes ; mais ce même chapitre porte que s'ils s’étoient obligés de rendre cent livres plus où moins, au cas que le mariage ne fe fit pas, la peine ne féroit pas tenable de droit, ce qui paroït fondé fur ce qu'il eft contre la bberté de mariage qu'une partie puifle être for- cée de fe marier par des ftipulations de peines, Ce. 880 E S pendant la perte des arrhes approche affez du paye- ment de la peine, f ce n’eft qu'il eft quelquefois plus aifé de perdre les arrhes que l’on a données que de payer une fomme promife, & que l’on n’auroit pas. Foyez Franc. Marc. r. IL. de fes décif. cap. dxxxvuy. Sanchez, de matrim. lib. I. difput, 35. Le Prêtre, cent, I. chap. Ixviiÿ. M. de Lauriere, fur le ch. cxxyv. des établiff. de S. Louis. (4) DESÉMBALLAGE , {. m. ( Comm.) ouverture d'une caiffe ou d’un ballot en coupant les cordes &c la toile d'emballage. (G) DESEMBALLER , défaire l'emballage d’une caif- fe, onvrir une balle , un ballot. On dit plus commu nément , quoique moins proprement , déballer. Voyez DésaLer. Didionn. du Comm. & de Trév.(G) DESEMBARQUEMENT & DESEMBAR- QUER , (Marine. ).c'eft retirer d’un vaifleau les marchandifes qui y avoient été embarquées avant qu’elles ayent été tranfportées au lieu de leur defti- nation , & avant que le vaifleau foit parti. Defémbarquer fe dit auf des perfonnes qui fortent & quittent le vaifleau prêt à partir. (Z ) DESEMPARER wn vaiffeau, ( Marine. ) c’eft bri- fer & mettre en defordre fes agrès , ruiner & cou- per fes manœuvres, le démâter , & le mettre hors d'état de fervice ; ce qui arrive dans un combat ër dans une violente tempête. | DesemMpaRÉ. Vaifleau defemparé, qui a perdu fes agrès , manœuvres , &c. (Z DESEMPLOTOIR , f. m. ( Faucon.) c’eft un fer avec lequel on tire de la mulette des oïfeaux de roie la viande qu’il ne peuvent digérer. DESEMPOINTER ox DESAPPOINTER , v. aét. Comm. ) une piece d’étoffe. C’eft couper les points de foie , de fil ou de ficelle qui tiennent en état les plis de la piece. Voyez EM P O'INTER. Ditisonn. de Comm.tom, II. & de Trév. (G) * DESASSEMBLER , v. act. fe dit en Méchani- nique de toute conftruétion de bois ; c’eft en fépa- rer les différentes parties , fi fur-tout elles ne fe tien- nent qu'à chevilles & à mortoifes. Si la machine eft de fer , de cuivre, & que les parties en foient unies, de plufieurs manieres différentes , on dit démonter , 8 non defaffembler. On démonte une montre ; on de- faffémble un échaffaud , un efcalier , & une charpente quelconque. . DESENFLURE , { f. (Med. ) ce mot n’eft pas trop d’ufage , mais on ne fauroit s’en pañler , il faut l’adopter néceflairement. La defenflure eft une diminution ou ceffation d’en- flure. Toutes les fois que quelque partie du corps humain , après être devenue plus groffe que dansl’e- tat naturel, fe trouve réduite à un moindre volume, ou même à fa groffeut naturelle, cet état s’appelle en Medecine deenflure , en latin derumefcentia. Elle arrive, 1°. par l'évacuation naturelle ou arti- ficielle de l'humeur morbifique qui fe portoit fur la partie : 2°. par métaftafe fur une autre partie : 3°. par fon écoulement dans quelqu’autre réfervoir : 4°. par la diminution de l'écoulement de l'humeur morbifique. EE Q Le prognoftic differe, 1°. felon la partie attaquée, les mains, les piés , la tête , le vifage, le ventre, qui viennent à fe defenfler : 2°. fuivant la maladie dans laquelle arrive la defénflure , comme maladie aiguë, chronique, fievre , inflammation , petite vé- role, éréfipele , goutte , hydropifie , bleflure , ul- cére , tumeur » abcès : 3°. enfin, fuivant la caufe bonne où mauvaife qui produit le defenflement. On conçoit bien que f c’eft d'une bonne caufe qu'il procede , il faut l'aider dans fon opération ; mais fi la defénflure arrive par un fâcheux dépôt de lhumeur étrangere fur d’autres parties plus nécef- faires à la vie ; elle vient du manque de forces, le malade eft en grand danger , & l’on n’a d’autres reflources que de ranimer les forces , 6e révivifier la partie. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DESENFORESTER , (Jurifp.) dans la jurifpru= dence angloife fignifie affranchir | & féparer de la forêt royale une terre qui y étoit enclavée , &c par conféquent foumife à toutes les lois des terres en= foreftées. Voyez ENFORESTER. (4) DESENTRAVER , (Maréch.) c’eft ôter les en- traves d’un cheval. Poyez ENTRAVES. (F) DESERGOTER , v.a. (Muaréchallerie.) fe dit des chevaux auxquels on fend lergot jufqw’au vif pour arracher quelques veflies pleines d’eau qui leur vien- nent aux jambes fous l’ergot, particulierement dans les lieux matécageux. Cette opération weft point d’ufage à Paris, mais on la pratique fort en Hollan- e même aux quatre jambes du cheval. V.ERGOT. ÿ DESERT, f. m. ( Géogr.) lieu fauvage, inculte ; & inhabité, tels qu’étoient autrefois les deferss de la Lybie & de la Thébaide. Les Géographes donnent ce nom en général à tous les pays qui ne font que peu ou point habités, Dans l’Ecriture, plufieurs endroits de la Terre fain- te, ou voifins de cette Terre, font appellés deferss, Le defèrt pris abfohiment, c’eft la partie de l'Arabie qui eft au midi de la Terre fainte, & dans laquelle les Ifraëlites errerent pendant quarante ans, depuis Leur fortie d'Egypte jufqu’à leur entrée dans la Terre romife. Chambers. : DESERTER quEeLQU’'un, ( Marine.) c’eft le met- tre à terre, fur une côte étrangere ou dans une ifle deferte, & l’abandonner ; ce qui peut être ordonné par le confeil de guerre en punition de quelques cri- mes: mais cela ne fe pratique plus. (Z DESERTEUR,, f. m. (Art milic. ) foldat enrôle qui quitte le fervice fans congé , ou qui change de capitaine &c de régiment. Les deférteurs font punis de mort. Tous les foldats qu’oa trouve à une demi-lieue de la sarmion ou de l’armée, & qui prennent le chemin du camp & du quartier de lennemi, font traités comme deferteurs, s'ils n’ont point de pafleport. Dans l’ancienne Eglhife, on excommunioit les de- _ férteurs, comme coupables d’un ferment violé. Lorfque plus de deux déérteurs font arrêtés en- femble , ou que plus de deux fé trouvent amenés dans une place on quartier en un même jour, après qu'ils ont été condamnés à mott, on les fait tirer au billet trois à trois : celui fur qui le malheureux fort tombe, eft pañlé par les armes; les deux autres font condamnés aux galeres perpétuelles, 8 remis entre les mains du geolier des prifons, avec une expédition du jugement &c un certificat des officiers du confeil de guerre comme les billets favorables leur font échùs. Ceux qui font convaincus d'avoir deferté étant en faftion ou de garde, où bien aux pays étrangers, ne font point admis à tirer au fort. Les commandans des provinces ou des places ne peuvent furfeoir l’exécution d’un jugement rendu par le confeil de guerre. Si l’accufé eft renvoyé abfous, on le met d’abord en liberté pour l'exécution du jugement, fauf au commandant de le renvoyer en prifon s’il le juge à propos. La peine de mort non expliquée dans les ordon- nances eft, hors le cas de defertion, d’être pendu & étranglé : toutefois on cafle la tête faute d’exécu- teur qui réfide dans le quartier où eft la garnifon, excepté lorfque le criminel doit avoir le poing cou- pé avant d’être pendu ; auquel cas Le commandant envoie chercher par un détachement l’exécuteur de juftice de la ville la plus prochaine. nr: Lorfque le criminel, qui a été jugé par le peser | € de guerre, doit être livré à l’exécuteur de juftice , après fa fentence lüe à la tête des troupes qui bat- tent aux champs dès qu’il entre dans leur enceinte, le fergent de la compagnie dont il étoit, is de pié en cap; il tient de la main droite la croïfe du fuñl, & lui dit: Te trouvant indigne de porter les armes, nous t’en dégradons. I] lui ôte enfuite le fufil par der- riere avec fon ceinturon, il lui fait paffer fon four- niment par les piés ; il fe retire enfuite : l’exécuteur alors fe faifit du criminel. S’il doit être pañlé par les armes après la fentence lüe, le détachement qui l’efcorte le mene au lieu de l'exécution ; le fergent de fa compagnie lui bande les yeux avec un linge ; fix ou huit grenadiers du détachement ôtent la bayonnette pendant cet appa- reil; ceux qui font à fa droite tirent à la tête, ceux qui font à fa gauche le tirent au cœur , les uns & les autres au fignal que donne le major. Avant la leéture de la fentence, les tambours bat- . tent un ban, enfuite le major dit à haute voix & chapeau bas : De par le Roi , defenfe fous peine de la vie de crier grace. Les troupes défilent devant le mort après l’exé- cution. D'’Héricourr, tome II. DESERTEUR , (Morale 6 Politique.) L’illuftre au- teur de l’Efprit des Lois remarque que la peine de mort infligée parmi nous aux deférteurs ne paroît pas avoir diminué les defertions ; 1l croit qu'une peine infamante qui les laifleroit vivre, feroit plus ef- cace. En effet, un foldat par fon état méprife ou eft fait pour méprifer la mort, & au contraire pour craindre la honte, Cette obfervation paroît judicieu- fe ; mais ce feroit à expérience à la confirmer. (O) Les hiftoriens nous parlent d’une loi que fit Cha- rondas contre les deferteurs ; elle portoit qu’au lieu d’être punis de mort, ils feroient condamnés à pa- roitre pendant trois jours dans la ville revêtus d’un habit de femme ; mais les mêmes hiftoriens ne nous difent point fi la crainte d’une telle honte produifit plus d’effer que celle de la mort. Quoi qu’il en foit, Charondas retiroit deux grands avantages de fa loi, celui de conferver des fujets, & celui de leur don- ner occafon de réparer leurs fautes, & de fe cou- vrir de gloire à la premiere aétion qui fe préfente- roit. Nous avons adopté des Francs la loi de peine de mort contre les deferteurs ; & cette loi étoit bonne pour un peuple chez qui le foldat alloit librement à la guerre, avoit fa part des honneurs & du butin. Le cas eft-il le même parmi nous? Comme perfonne n'ignore les diverfes caufes qui rendent les defertions fi fréquentes & fi confidéra- bles, je n’en rapporterai qu'une feule , c’eft que les foldats font réellement dans les pays de l’Europe où on les prend par force & par ftratagême, la plus viie païtie des fujets de la nation, & qu'il n’y a aucune nation qui ne croye avoir un certain avantage {ur Les autres. Chez les Romains (dit encore l’auteur de lefprit des lois dans un autre de fes ouvrages) les defertions étoient très-rares : des foldats tirés du fein d’un peuple fi fier, fi orgueilleux, fi sûr de comman:- der aux autres, ne pouvoient guere penfer à s’avi- lir jufqu'à cefler d’être Romains. On demande s’il eft permis de fe fervir à la guerre des deferteurs & des traitres qui s'offrent d’eux-mê- mes, & même de les corrompre par des promefles ou des récompenfes. Quintilien dans fa déclamation 255, foûtient qu'il ne faut pas recevoir des deferteurs de l’armée ennemie. Cette idée pouvoit être bonne pour les Romaïns, elle ne le feroit pas de même “pour nous. Grotius diftingue ici : 1l prétend que, felon le droit des gens, on peut fe fervir des defèr- æeurs ; mais non pas des traitres. Cette décifion n’eft pourtant point fans difficulté ; car pofez un jufte fu- Tome IF, DES 88r jet de guetre, on a droit certainement d’ôter À l'en: nemu tout ce qui lui eff de quelque fecours. Or d’a- près ce principe, il femble qu’il doit être permis de travailler à appauvrir l’ennemi, en gagnant fes fu Jets par argent, ou autre femblable attrait. Cepen- dant il faut bien prendre garde, en s’y prenant ainfi ; de ne pas fe nuire à foi-même , par l’exemple qu’on donne aux autres; & c’eft tojours un aéte de péné- rofité de s’abftenir, tant qu’on le peut, de ces fortes de voies. Article de M, le Chevalier DR JAUCOURT. DESERTION D'APPEL, (Jurifpr.) eft la négli- gence de relever dans le tems marqué par la loi un appel que l’on a interjetté d’une fentence ou autre acte. Un appel eff defert ou abandonné, lorfqu'il n'eft pas relevé dans le tems. La pee de la defértion d'appel eft que l'appel eft déclaré nul & comme non-avenu. On obfervoit la même chofe chez les Romains; lappellant ne pouvoit pourfuivre fon appel qu’il n'obtint du juge à 410 des apôtres, C’eft ainf que l’on appelloit des lettres dimifloires ou libelles ap- pellatoires, par lefquelles le juge à quo certifioit l’appel interjetté de {a fentence au juge où devoit reflortir appel ; il falloit que l’appellant fit appa- roir de ces lettres avant d’être rec à la pourfuite de fon appel. Ces lettres devoient être obtenues dans les trentejours de l'appel, faute de quoi lap= pel étoit réputé defert, & l'effet de cette defèrtion étoit qu’on pouvoit mettre à exécution la fentence, à moins que les parties n’euflent tranfigé. L’ufage de ces apôtres ou libelles appellatoires a été obfervé dans les provinces de France régies . par le droit écrit, jufqu’à ordonnance de 1530, qui les a abrogés art. 117. Voyez RELIEF D'APPEL, Prélentement lufage général eft que l’appel doit être relevé par des lettres de chancellerie dans le tems de l’ordonnance , autrement il eft defert : mais cette dejertion n’eft pas acquife de plein droit, il faut la faire prononcer; & pour cet effet l'intimé ob- tient en chancellerie des:lettres de deférrion , en ver-: tu defquelles il fait affigner l’appellant pour voir de- clarer fon appel defert. ai Lorfque l’appellant a comparu fur cette demande en defertion, on lui offre un appointement devant un ancien avocat conformément à l'ordonnance, qui veut que ces fortes de demandes foïent vuidées par l'avis d’un ancien avocat, Si la defértion eft acquife, l’avocat donne fon avis portant que l'appel eft defert ; fi au contraire la 4e- Jertion n'eft pas acquife, il convertit la demande en defértion , en anticipation. > Le premier appel étant déclaré defert, l’appel- lant en peut interjetter un autre en refondantiles dé- pens, pourvu qu’il foit encore dans le tems d’appel- ler: en quoi la de/értion differe de la péremption ; car uand un appel relevé eft péri par le défaut de pour- ue pendant trois ans, on ne peut ni le pourfui-: vre, ni en intérjetter un autre. Pour éviter le circuit d’un nouvel appel, l'intimé accélere, au lieu de demander la dejértion obtient des lettres d'anticipation : ill a même été fait une dé- libération de la communauté des procureurs du pat- lement en 1692 , portant que les procureurs pañle- ront arrêt par lequel la æe/fertion fera convertie:en. anticipation, & que les parties concluiront comme! en procès par écrit, Joint les:fins de non-recevoir, défenfes au contraire ; au moyen dequot Pon:n’exa- mine plus fi la æe/értion eftacquife ownon!, que pour la refuñon des dépens. SN 25008 La defertion d'appel n’a pas lieu dans -les appels: comme d’abus ni en matieres criminelles ; ce quu ef. conforme à la loi properardum:, cod. de judiciis 8 fondé fur:çe que la négligence ù yv ne ttt 892 D ES doit pas préjudicier à l'intérêt public. Voyez 44 cod, Liv, VIT. tie, lxiig, L, 2. @ div. VII. dit. le. d 18. Ordonn. de 1667. tit. vj. art. 4. Journ. du palais. Ar= rét du 31. Mai 1672. (4) D'ESERTION D'UN BÉNÉFICE, eft lorfqu’un béné- ficier a difparu fans que l’on fache ce qu'il eft deve- nu : après un an de fon abfence, on peut obtenir des provifions de fon bénéfice comme vacant par déefer- tion ; & celui qui eft ainfi pourvû doit être maintenu quant à préfent préférablement à celui qui eft pour- vû per obitum, jufqu'à ce que la vérité du fait foit éclaircie, parce la préfomption de droit eft qu'il eft vivant. Au refte cette maintenue n’eft qu’une efpe- ce de provifion qui cefle dès que l’ancien titulaire reparoît. Voyez le journ. des aud, tome F. pag. 1015. arr. du 14 Juill. 1699. (4) DESERTION DES MAISONS, TERRES; ET AU- TRES HÉRITAGES ; c’eft lorfque celui qui en étoit propriétaire ou poffeffeur les abandonne, & les laiffe vuides, vagues, & enfriche. La defertion des héritages eft fort différente du dé- guerpiflement qui fe fait entre les mains du bailleur de fonds, & du délaifflement foit par hypotheque ou délaiffement fimple pro dereliéto , qui prive à l’inftant le propriétaire de fa chofe & la défere au premier occupant. La defértion fe fait fans aucun acte ou for- malité,par la feule négligence du détenteur qui laifle les héritages vacans, à néanmoins ne laiïfle pas d'en demeurer toûjours propriétaire, comme le re- marque Cujas fur le titre de omni agro deferto. Les terres defertes font encore différentes de cel- les que les coùtumes appellent serres hermes ; terres .gayves , COMMUNES ÿ OÙ VAINS pâturages , qui font des terres ftériles & de nulle valeur, ou qui n’ont jamais été occupées par aucun particulier. Si les héritages deferts font chargés de rentes fon- cieres , le bailleur n’eft pas pour cela en droit de ren- trer auffi-tôt dans fon héritage : il faudroit qu'il y eût ceffation de payement pendant trois annéés ; en- core la peine n’eft-elle que comminatoire , & cefle- t-elle par le payement des arrérages. Quelques coûtumes portent que fi le propriétaire étoit trois ans fans labourer, le feigneur peut re- prendre les héritages & les réunir à fon domaine : telles font les coûtumes de la Marche, Berri, Vaf- tang , Clermont, Romorentin, & Blois. Mais cela eft particulier à ces coûtumes ; & ailleurs le feigneur ou bailleur n’a qu’une aétion pour fon cens ou fa rente, & pour fes dommages & intérêts. On fait feulement une différence pour les vignes tenues à rente ; car fi le détenteur eft un an fans les tailler, quelques-uns tiennent que le bailleur peut s’en faire. envoyer en pofleflion, à caufe qu’elles feroient ruinées pour toüjours fi on les négligeoit plus long-tems. C’eft lopinion de Balde fur lauth. qui rem, & la difpofition de la coùtume de Poitou, art. 61. cependant cette loi pénale ne s’étendroit pas non plus aux autres coùtumes; le bailleur auroit feulement fon aétion en dommages & intérêts com- me pour les autres héritapes. Si la rente dûe fur l'héritage eft à prendre en na- ture de fruits, en ce cas Le bailleur feroit bien fon- dé à faire cultiver l'héritage pour aflürer fa rente. - Il y a même quelques coûtumes qui permettent au premier occupant de cultiver les terres defertes , & cela pour le bien public ; mais hors ces coûtumes, le cultivateur ne gagneroiït pas les fruits, &c feroit tenu de les rendre au propriétaire qui les reclame- roit ;;à la déduétion feulement des frais de labours & femences. Voyez TERRES HERMES, TERRES DE- SERTES , & Loyfeau du déguerpiffement, liv. WI, ch. #J: (4) + DESESPOIR , f. m. (Morale.) inquiétude acca- blante de l'ame caufée par la perfuafñon où l’on eft D ES qu’on ne peut obtenir un bien après lequel on foû- pire, ou éviter un mal qu’on abhorre. _Cette trifte pañlion qui nous trouble & qui nous fait perdre toute efpérance, agit différemment dans l'efprit des hommes: quelquefois elle produit lin- dolence & le repos; la nature accablée fuccombe fous la violence de la douleur: quelquefois en fe privant des feules reflources qui lui reftoient pour remedes , elle fe fâche contre elle-même, & exige de foi la peine de fon malheur, f l’on peut parler ainfi ; alors, comme dit Charron, cette pañlion nous rend femblables aux petits enfans, qui par dépit de ce qu’on leur Ôte un de leurs jouets, jettent les au- tres dans le feu. Quelquefois au contraire Le de/èf- poir produit les a&ions les plus hardies , redouble le courage, & fait fortir des plus grands périls. Una falus viitis, nullam Jperare falutem. C’eft une des plus puiffantes armes d’un ennemi, qu’il ne faut jamais lui laifler. L’hiftoire ancienne & moderne en fourniflent plufieurs preuves. Mais f l’on y prend garde, ces mêmes aétions du de/é/poir font fouvent fondées fur un nouvel efpoir qui porte à tenter toutes chofes extrèmes, parce qu’on a per- du l’efpérance des autres. Les confolations ordinai- res font trop foibles dans un de/éfpoir caufé par des malheurs affreux ; elles font excellentes dans des accidens paffagers & réparables. Ars. de M. le Che- valier DE JAUCOURT. DESHABILLÉ , terme fort en ufage en France, & que les Anglois ont adopté depuis peu. Il figmifie proprement une robbe de chambre, &r les autres cho- {es dont on fe couvre quand on eft chez foi en né- ligé.On dit : On ne peut voir M. un tel, il effencore er deshabillé ; c’eft-à-dire qu'il eff en robe de chambre, & eff pas habille, DESHARNACHER, v. a@. (Maréch.) c’eft Ôter les harnoïs du cheval. Voyez HarnNois. (7) DESHÉRENCE, £. f. (Jurifprud.) qui vient du la- tin deférere, eft le droit qui appartient aw Roi ou aux feigneurs hauts jufticiers, de prendre chacun dans l'étendue de leur haute juftice les biens délaïflés par un regnicole françois né en légitime mariage, décé- dé ab inteflar & fans aucun héritier apparent habile à lui fuccéder. On ne dit pas que le droit de deshérence foit un droit de fuccéder, parce qu’en effet ce n’eft pas une véritable hérédité, ni même une fucceflion à titre univerfel ; le Roi ou les feigneuts ne font chacun que des fucceffeurs particuliers, & à certains biens: ils ne fuccedent point en tous les droits du défunt; & c’eft moins par tranflation du droit du défunt en leur perfonne, que par forme de réunion de la fei- gneurie privée vacante à la feigneurie publique. Ce droit confifte, a-t-on dit,.à recueillir les biens vacans d’un regnicole ; parce que fi c’étoit un étran- ger non naturalifé , fa fucceflion appartiendroit au Roi par droit d’aubaine & non de desherence , à l’ex- clufon des feigneurs hauts jufticiers dans la juftice defquels pourroient fe trouver les biens. On a ajoûté d’un regnicole zé er légitime mariage, parce que fi c’étoit un bâtard fa fucceflion appar- tiendroit par droit. de bâtardife au Roi-ou aux fei- * gneurs ; mais avec cette différence que ceux-c1 n’y peuvent prétendre qu’en cas de concours de certai- nes circonftances: Voyez ci-devant larticleBATARD; voyez aufft TESTAMENT. ? Le droit de deshérence ne comprend donc que les fucceflions qui font dévolues au Rorou:aux fei- gneurs par le feul défaut d’héritier, & non par les autres manieres par lefquelles des biens vacans peu vent appartenir au Roi om aux feigneuts. L'origine du droit de deshérence remonte jufqu’aux Grecs, dont il paroït que les Romains avoient em- PES prunté cet ufage. Les premiers appelloient les biens VaACans va axAmporounre, & les Romains caduca ou bona vacantia. La loi des doué tables préféroit au fifc tous ceux qui portoient le même nom que le défunt, appellés gentiles, encore qu'ils ne puflent pas prouver leur parenté. Strabon rapporte que les empereurs romains avoient établi un magiftrat dans l'Egypte pour y fai- re à leur profit la recherche des biens vacans. Les biens à titre de deshérence étoient incorporés au fi{c des empereurs, commeil eft dit au code Théo- dofien, Av. X, uir.viiy. 6 jx, 8 au code de Juftinien, de bonis vacantibus & eorum incorporatione, Les em- ereurs Dioclétien & Maximien y déclarent que les non de ceux qui meurent inteftats & fans hé- titiers appartiennent à leur ffc, à l’exclufon des villes qui prétendoient tenir du prince le droit de recueillir ces biens. Le fifc ne fuccédoit qu'à défaut de tous parens & autres habiles à recueillir. les biens, comme la femme ou le mari, le confort, le patron. On obfervoit [la même chofe en Italie du tems de Théodoric , fuivant ce que dit Caffiodore, iv. X, variar. in hoc cafu perfona principis pot omnes ; hinc optamus non acquirere, dummodo firt qui reliüla va- Leant pojfidere. 1.1 Ilen eft aufi de même parmi nous ; ce n’eft qu'à défaut de tous les parens, de toutes les lignes, &r à défaut de la femme ou du mari, que le droit de def- hérence eft ouvert ; excepté dans quelques coûtumes, comme Bretagne, art, 583. où une ligne ne fuccede pas au défaut de l’autre. Ce droit a eu lieu dès le commencement de la mo- narchie ; &c il paroît que fous les deux premieres ra- ces de nos rois il n’appartenoit qu’au roi feul; ce qui n’eft pas étonnant, và qu'il n’y avoit alors que Le roi quieüt droit de juftice & de fifc. Mais depuisque nos rois ont bien voulu communiquer à certains fei- gneurs de fiefs le droit de haute , moyenne & baffle quftice , & en même tems le droit de fifc qui en eft une fuite, ce qui n’eft arrivé que vers le commen- cement de la troifieme race, les feigneurs hauts ju- fliciers fe font auffi attribué le droit de deshérence chacun dans leur territoire. Les feigneurs de fiefs ont long - tems prétendu avoir les deshérences comme biens vacans, au préju- dice des feigneurs fimplement hauts jufticiers : 1ls al- léguoient pour appuyer leur préténtion, qu’il étoit bien plus naturel de réunir la feigneurie utile vacan- te à la feigneurie direéte, comme lufufruit à la pro- priété , que non pas de réunir la feigneurie privée à la feigneurie publique. Cette queftion eft ample- ment difcutée par le fpéculateur, tit. de feudis. Quelques auteurs prétendent que ce n’eft point au droit romain, mais à l’ufage des fiefs & des main-mortes, que l’on doit rapporter l’ordre des fucceffions établi par la plüpart de nos coùtumes, & fingulierement dans le cas de deshérence. Il eft cer- ain que les conceffions d’héritages faites par les fei- gneurs , & les affranchiflemens par eux accordés à {erfs ou gens de main-morte, ont été le germe d’un grand nombre de droits feigneuriaux auxquels celui de deshérence a quelques rapports. Tel étoit le droit de recueillir la fucceffion des ferfs qui décédoient fans enfans, ou dont les parens n’étoient pas capa- bles de leur fuccéder à caufe de la diverfité de leur . condition : car lorfque les feigneurs accordoient quelques affranchiffemens particuliers, comme pour entrer dans l’état eccléfiaftique, c’étoit prefque toû- jours à condition que l’impétrant ne pourroit recueil- ir la fucceffion de fes parens, _ Il eft auff à préfumer qu’en accordant des affran- chiffemens généraux aux ferfs de leur feigneurie , ils @nt retenu quelques veftiges de leurs anciens droits : Tome IF AT DES 88 c’eft ainfi que par une charte de 12 32, Marouérite comtefle de Flandre, en remettant à fes fujets le droit de main-morte, fe referva celui de meilleur catel qui a encore lieu dans le Hainaut , & quiconfifté à choifir dans la maïfon du défunt le meuble Le plus précieux. Voyez Les chartes générales du Hainaut, ch. Cox] v. cxxv. Gcxxviiy, Bureundus, adcox/fuer, Fland. trait. 15, dit de ce droit de meilleur catel : Tezxior hec güidem , fed tamen fervirus quan civitares G municipiæ ex privilegio fenfim exuére. Les feigneurs ont même encore dans les coûitumes de Flandre un droit qui a beaucoupde rapport à celu£ de deshérence, & qui eft une trace de la main-morte = ce droit confifte dans la préference que le fifc a dans les fucceflions pour les biens d’une ligne défaillante fur les parens des autres lignes. Cet ufage a êté éten- du par un arrêt du parlement de Douai du 14 Août 1748, aux coûtumes qui n’ont point de difpofition contraire, Nous avons en France plufieurs coûtumes dont la difpofition eft conforme à ces principes, tel= les que celle de Normandie, arr, 245, & celle de Bretagne, art. 595. La coûtume d'Anjou, arr. 268. & celle du Maine art, 286, font encore plus fingulieres ; elles portent que s'il n’y a hoirs en l’une des lignes, le feigneur de fief ex ruefle, c’eft-à-dire dans la monvance immé- diate duquel font les biens, auquel pouvoir & juri- diéhon font les chofes 8 biens afis, fuccede s’il veut pour la ligne défaillante aux meubles & con: quêts ; que quant aux propres, le feigneur de fief y fuccédera pour le tout entant qu’il en fera trouvé en fon fief: mais fi Le feigneur de fief en nuefle n’avoit droit de moyenne juftice , il ne fuccédera point aux meubles, fors en la baronie de Mayenne, où le bas jufticier les a, mais ils feroient acquis à celui qui æ droit de moyenne juftice immédiate ès lieux où feroient trouvés les meubles. Dupineau dit qu'il appert par-là qu’en Anjou les héritages d’une fucceffion vacante à défaut d’une li- gne, font acquis au feigneur de fief immédiat qui n'a que bafle juftice fonciere ; que les meubles font acquis au moyen Jufticier, quoique pour le fief il ne fût que feigneur médiat, Cette Has de droit de deshérence que les fei- gneurs fe font attribués au préjudice des héritiers des autres lignes, vient fans doute de ce que les fei- gneurs qui étoient autrefois les feuls juges entr’eux & leurs ferfs , ne connoïfloient pour l’ordre des fuc- ceffions que la regle parerna paternis, &cce. & que lon étoit alors dans l’opinion que les héritiers d’un côté étoient étrangers par rapport aux biens de l’au- tre côté, fuivant ce que dit Dargentré fur la coù- tume de Bretagne, art, 218. gl, jx. n.13. & encore art, 436, glof. 7. n. 5. nec dubium quin diverfarum li- nearum hæredes licet unius hominis fibi invicem June ex tranel | ÊLCr ; Mais la coûtume de Paris, arr, 330, porte que s’il n’y a aucuns héritiers du côté &c ligne dont font venus les héritages, ils appartiennent au plus pro chain habile à fuccèder de l'autre côté & ligne, en quelque degré que cefoit.. Les coûtumes de Laon, arë, 82, de Châlons, aré. 97. Rheïms, arr. 316. Anuens, art, 88. font confor- .mes à celle de Paris, & ajoütent qu’en ce cas les héritages ne {ont point réputés vacans , mais qu'ils appartiennent aux parens qui excluent le haut jufti- cier. Celle d'Orléans, 4.326. appelle les parens en quelque degré que ce foit , afcendant ou collaté- ral ;, & celle de Berri, #£ xjx. art. 1. ajoûte que les collatéraux , en quelque degré que ce foit, font toû« jours préférés. au file. : La plüpart de nos auteurs ont applaudiaux difpo- fitions de ces coûtumes ; Dumolin s’eft même élevé contre celle de la coûtume d’Anjou, qu'il a traité d’i: ue dotani, TTitti ES nique, Dupineau tâche de la jufifier, en difant que dans cette coûtume le feïgneur de fef fuccede par droit de confolidation & de redintégration. Mais malgré les raifons de cet auteur &c celles de Darsentré , qui ne conviennent que dans leurs coi- tumes ; malgré tout ce que l’on peut alléguer pour les feigneurs de fief en général, 1l eft certain que fuivant le droit commun, le droit de deshérence ap- partient aux feigneurs hauts-jufliciers, auxquels ce droit a été attribué comme un droit de juftice & de fic, & en récompenfe des charges de la haute juf- tice, auffi-bien que le droit de confifcation. On dit que c’eft un droit de haute juftice, car les feigneurs moyens & bas-jufticiers ne l'ont pas. Au furplus, le droit de deshérence attribué au fei- gneur haut -jufticier, ne préjudicie pas au feigneur féodal dans la dire@e duquel fe trouvent les biens ; car le feigneur haut-jufticier eft tenu de le reconnoi- tre, & de lui payer un droit de relief pour les fiefs, -» qui lui faut pour manger & pour boire, 1l n’afpire # point à vivre demain plus largement qu’auJour- » d’hui. Quel moyen de corrompre quelqu'un qui » eft fans defir & fans ambition » ? Tels étoient les Fenniens, au rapport de Tacite : ces peuples, dit cet hiftorien, en füreté contre Les hommes , en fü- reté contre les dieux, étoient parvenus à ce rare avantage de n’avoir pas befoin même de dejirs. En effet les deffrs naturels, c’eft-à-dire ceux que la feule nature demande, font courts & limites ; ils ne s'étendent que fur les néceflités de la vie, Les de- drs arficiels, au çontraire, font illimités , immen- DES fes, & fuperflus. Le feul moyen de fe procurer Îe bonheur, confifte à leur donner des bornes , & à en diminuer le nombre. C’eff affez que d’être, doit fi bien à ce fujet madame de la Fayette. Ainf, puifque la mefure des de/£rs eft celle des inquiétudes &z des chagrins , gravons bien dans nos ames ces vers admirables de la Fontaine : Heureux qui vit chez [ot , De regler fes defirs faifant tour for emploi ! Il ne fait que par oui-dire Ce que c’eft que la cour, La mer, Ë ton empire; Fortune, qui nous fais palfer devant les yeux Des dignités, des'biens que jujqu'au bout du monde On fuir, fans que l'effet aux promeffes réponde La Fontaine, 4. VII. fable xij. Aracle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DESIRADE ox DESCADA, (Géograph. mod. } petite île des Antilles dont les François font les maïs tres ; elle eft fituée à l’orient de la grande terre de la Guadeloupe : quoique fon terrein foit paffable, elle n’eft cependant pas habitée, n’ayant point d’eau douce. | La Defirade eft célebre par l’heureufe rencontre qu’en fit Chriftophe Colomb, après avoir été long= tems balotté des vagues, lors de fon fecond voyage en Amérique. Article de M, LE ROMAIN. DÉSISTAT , {. m. (/urifprud.) au parlement de Touloufe figmfe defiffement ou peritoire. Ce terme qui eft latin, eft reçu dans la pratique, On dit une demande en défiflar. Voy. le flyle du parlement de Tous loufe , par Cayron, pag. 47 6 48. (4) DESISTEMENT , f. m. (Juwrifpr.) eft une renon: ciation que l’on fait à quelque chofe. Le desffement eft de plufeurs fortes. Il y a defiffement par lequel on renonce à ufer d’un droit, d’une faculté, ou à faire valoir une pré- tention. Defifenent d’une ation ou demande , d’un ex ploit, d’une requête, d’une plainte, & autres con clufions & procédures, par lequel on renonce à pourfuivre ces procédures , & même à tirer ayan- tage de ce qui a été fait. Defiflement d’un héritage, eft l’aête par lequel ce+ lui qui étoit détenteur d’un héritage, en quitte læ pofleffion & la propriété à celui qui le révendique en qualité de propriétaire. Cette derniere efpece de. defifterent differe de l'abandonrement proprement dit, que le débiteur fait à fes créanciers : il differe auf du délaiffement par hypotheque, qui eft fait par le propriétaire de l'héritage à un créancier hypothé= caire ; & enfin du déguerpiflement qui eft fait au bailleur à rente par le preneur ou fes ayans caufe pour fe décharger de la continuation de la rente. Il ne fufit pas de fe defifter d’une demande ou de l'héritage qui eftrevendiqué ; il faut en même tems, offrir les dépens jufqu’au jour du de/iffemenr, Celui au profit duquel eft fait le defffemenr, en demande aëte , fi c’eft en juftice que les parties pro= cedent, & obtient un jugement qui le lui oétroye ; & en coniéquence lui permet d’ufer du droit que lux donne le de/rffement. (4) DESPOTISME , f. m. (Droit polir.) gouverne< ment tyrannique, arbitraire & ab{olu d’un feul home me: tel eft le gouvernement de Turquie, du Mogol, du Japon, de Perfe, & prefque de toute l’Afie. Dé. veloppons-en, d’après de célebres écrivains , le: principe & le caraétere, & rendons graces au ciel de nous avoir fait naître dans un gouvernement dif- férent, où nous obéiffons avec joie an Monarque qu’il nous fait aimer. , Le principe des états defpotiques eft qu’un feul prince y gouverne tout felon fes volontés, n'ayant abfolument d’autre loi qui le domine, que celle de fes caprices : il réfulte de la nature de ce pouvoir, qu'il pañle tout entier dans les mains de la perfonne à qu il eft confié. Cette perfonne, ce vifir devient le defpote lui-même , & chaque officier particulier devient le vifir. L’établiffement d’un vifir découle du principe fondamental des états defporiques. Lorf- que les eunuques ont affoibli le cœur & l’efprit des princes d'Orient, & fouvent leur ont laiflé ignorer leur état même, on les tire du palais pour les placer fur Le throne ; ils font alors un vifir, afin de fe livrer dans leur ferrail à l’excès de leurs paffons ftupides : ainfi plus un tel prince a de peuples à gouverner, moins 1l penie au gouvernement ;'plus les affaires font grandes , & moins il délibere fur Les affaires, ce foin appartient au vifir. Celui-ci, incapable de fa place, ne peut ni repréfenter fes craintes an ful- tan fur un évenement futur, n1 excufer {es mau- vais fuccès fur le caprice de la fortune. Dans un tel ‘gouvernement, le partage des hommes, comme des - bêtes, y eft fans aucune différence ; l’inftiné& , l’o- béiflance , le châtiment. En Perfe quand le fophi a difgracié quelqu'un, ce feroit manquer au refpeét que de préfenter un placet en fa faveur ; lorfqu'il la condamné, on ne peut plus lui en parlernidemander grace: sil étoit yvre ou hors de fens, il faudroit que l’arrêt s’exécutât tout de même ; fans cela 1l fe con- trediroit, & le fophi ne fauroit fe contredire. Mais fi dans les états de/poriques le prince eft fait prifonnier, 1left cenfé mort, & un autre monte fur le throne ; lestraités qu’il fait comme prifonnier font nuls, fon fucceffeur ne les ratifieroit pas: en effet, comme il eff la loi, l’état & le prince, & que fitôt qu'il n’eft plus le prince il n’eft rien ; ‘s’il n’étoit pas cenfé mort, l’état feroit détruit. La confervation de Vétat n’eft dans la confervation du prince, ou plà- tôt du palais où il eft enfermé ; c’eft pourquoi il fait rarement la guerre en perfonne. Malgré tant de précautions, la fucceflion à l’em- pire dans les états de/potiques n’en eft pas plus affà- rée, & même elle ne peut pas l’être ; envain feroit-il établi que l’ainé fuccéderoit , le prince en peut toû- jours choifir un autre. Chaque prince de la famille royale ayant une égale capacité pour être élà , il arrive que celui qui monte fur le throne, fait d’a- bord étrangler fes freres, comme en Turquie ; ou les fait aveugler, comme en Perfe ; ou les rend fous, comme chez le Mogol: ou fi l’on ne prend point ces précautions , comme à Maroc , chaque vacance du throne eft fuivie d’une affreufe guerre civile. De cette maniere perfonne n’eft monarque que de fait dans les états de/poriques. On voit bien que n1 Le droit naturel m1 le droit des gens ne font le principe de tels états, l’honneur ne Peft pas davantage ; les hommes y étant tous égaux, on ne peut pas s’y préferer aux autres ; les hommes y étant tous efclaves, on n’y peut fe préferer à rien, Encore moins chercherions-nous ici quelqu’étincelle de magnanimité : le prince donneroit-1il ce qu'il eft bien éloigné d’avoir en partage ? Il ne fe trouve chez lui ni grandeur ni gloire. Tout l’appui de fon gou- vernement eft fondé fur la crainte qu’on a de fa ven: geance ; elle abat tous les courages , elle éteint juf qu'au moindre fentiment d’ambition : la religion ou plàtôt la fuperftition fait le refte, parce que c’eft une nouvelle crainte ajoûtée à la premiere. Dans lempiremahométan, c’eft de la religion que les peu- ples tixêfit principalement lerefpeét qu'ils ont pour eur pce. Entrons-dans de plus grands détails, pour mieux dévoiler la nature & les maux des gouvérnemens defpotiques de l'Orient. OU LES | D'abord , le gouvernement defporique s’exerçant dans leurs états fur des peuples timides & abattus, DES 887 tout y roule fur un petit nombre d'idées ; l’éduca- tion s'y borne à mettre la crainte dans le cœur, & la fervitude en pratique. Le favoir y eft dangereux, lPémulation funefte : il eft également pernicieux qu’= on y raifonne bien où mal ; 1l fufit qu’on raifonne, pour choquer ce genre de gouvernement : l’éduca- tion y eft donc nulle ; on ne pourroit que faire un mauvais fujet, en voulant faire un bon efclave : Le favoir, Les talens, la liberté publique, Tour ef! mort fous Le joug du pouvoir defpotique. Les femmes y font efclaves ; & comme il eft pet- mis d'en avoir pluñeurs, mille confidérations obli- gent deles renfermer: comme les fouverains en pren- nent tout autant qu'ils en veulent, ils en ont un f grand nombre d’enfans, qu’ils ne peuvent guere avoir d’affeétion pour eux, ni ceux-ci pour leurs fre- res. D'ailleurs il y a tant d’intrigues dans leur ferrail, ces lieux où l’artifice, la méchanceté, la rufe regnent dans le filence , que le prince lui-même y devenant tous les jours plus imbécille, n’eft en effet que le premier prifonnier de fon palais. C’eft un ufage établi dans les pays defporiques, que l’on n’aborde perfonne au-deflus de foi fans lui faire des préfens. L’empereur du Mogol n’admet point les requêtes de fes fujets, qu'il n’en ait reçu quelque chofe. Cela doit être dans un gouvernement où l’on eft plein de l’idée que Le fupérieur ne doit rien à l’inférieur ; dans un gouvernement où les hom- mes ne fe croient liés que par les châtimens que les uns exercent fur les autres. La pauvreté & l'incertitude de la fortune y natu- ralitent Pufure, chacun augmentant le prix de fon argent à proportion du péril qu'il a à le prêter La milere vient de toutes parts dans ces pays malheu- reux ; tout y eft Ôté , jufqu'à la reflource des em- prunts. Le gouvernement ne fauroit être injufte, fans avoir des mains qui exercent fes injuftices : or il eft impoñlible que‘ces mains ne s’employent pour elles-mêmes, ainfi le péculat y eft inévitable. Dans des pays où le prince fe déclare propriétaire des fonds & l’héritier de fes fujets, il en réfulte nécefai- rement l’abandon de la culture des terres, tout eft en friche, tout y devient defert. « Quand les » Sauvages de la Louifiane veulent avoir du fruit, » ils coupent l’arbre au pié , & cueillent le fruit ». Voilà le souvernement defporique, dit l’auteur de l'efprit des lois ; Raphael n’a pas mieux peint l’école d’Athenes. Dansun gouvernement de/potique de cette nature, il n’y a donc point de lois civiles fur la propriété des terres, puifqu’elles appartiennent toutes au de/pore. Il n’y en a pas non plus fur les fucceflions , parce que le fouverain a feul le droit de fuccéder. Le né- goce exclufif qu'il fait dans quelques pays, rend inu- tiles toutes fortes de lois fur le Commerce. Comme on ne peut pas augmenter la fervitude extrème, il ne paroît point dans les pays de/potiques d'Orient, de nouvelles lois en tems de guerre pour l’augmen- tation des impôts, ainfi que dans les républiques êc dans les monarchies, où la fcience du gouvernement peut! lui procurer au befoin un accroiflement de richefles. Les mariages que l’on contraéte dans les pays orientaux avec des-filles efclaves ; font qu'il n’y a guere de lois civiles fur les dots &c fur les avan- tages des femmes. Au Mafulipatam on n’a pû décou- vrir qu'il y'eüt des lois écrites ; le Védan & autres livres pareils ne contiennent point de lois civiles. En Turquie, où on s’embarraffe également peu de la fortune, de la vie & de l'honneur des fujets, on termine promptement d’une façon ou d’autre toutes les difputes ÿle bacha fait diftribuer à fa fantaifie des coups de‘ bâton fous la plante des piés des plaideurs, êt les renvoye chez eux, 51 888 DES Si les plaideurs font ainfi punis, quelle ne doit point être la rigueur des peines pour ceux qui ont commis quelque faute ? Auff quand nous lifons dans les hiftoires les exemples de la juftice atroce des ful- tans, nous fentons avec une efpece de douleur Îles maux de la nature humaine. Au Japon c’eft pis en- core, on y punit de mort prefque tous les crimes : là il n’eft pas queftion de corriger le coupable, mais de venger l’empereur ; un homme qui hafarde de l'argent au jeu, eft puni de mort, parce qu'il n’eft mi propriétaire n1 ufufruitier de fon bien, c’eft le kubo. | Le peuple qui ne poflede rien en propre dans les pays defporiques que nous venons de dépeindre , n’a aucun attachement pour fa patrie, & n’eft hé par aucune obligation à fon maître ; de forte que, fui- vant la remarque de M. la Loubere (dans fa relation hiflorique de Siam) , comme les fujets doivent fubir le même joug fous quelque prince que ce foit, & qu'on ne fauroit leur en faire porter un plus pefant, ils ne prennent jamais aucune part à la fortune de celui qui les gouverne ; au moindre trouble, au moindre attentat , 1ls laiffent aller tranquillement la couronne à celui qui a le plus de force, d’adrefle ou de politique , quel qu'il foit. Un Siamois s’expofe gaiement à la mort pour fe venger d’une injure par- ticuhiere, pour fe délivrer d’une vie qui lui eft à char- ge, ou pour fe dérober à un fupplice cruel ; mais mourir pour le prince ou pour la patrie, c’eft une vertu inconnue dans ce pays-là. [ls manquent des motifs qui animent les autres hommes, ils n’ont ni liberté n1 biens. Ceux qui font faits prifonniers par le roi de Péou, reftent tranquillement dans la nou- velle habitation qu’on leur afligne, parce qu’elle ne peut être pire que la premiere. Les habitans du Péeu en agiflent de même quand 1ls font pris par les Sia- mois : ces malheureux également accablés dans leur pays par la fervitude , également indifférens fur le changement de demeure , ont le bon fens de dire avec l’âne de la fable : Batte;-vous, & nous laiflez pañtre , Notre ennemi, c'eff notre maitre. La rebellion de Sacrovir donna de la joie au peu- ple romain ; la haine univerfelle que Tibere s’étoit attirée par fon de/porifme, fit fouhaiter un heureux fuccès à l’ennemi public : wulsi odio prefentium , fuis guifque periculis lœtabantur, dit Tacite. Je fai que les rois d'Orient font regardés comme les enfans adoptifs du ciel ; on croit que leurs ames {ont céleftes, & furpañlent les autres en vertu au- tant que leur condition furpaffe en bonheur celles de leurs fujets : cependant lorfqu’une fois les fujets fe révoltent , le peuple vient à mettre en doute quelle eft lame la plus eftimable, ou celledu prince légitime, ou celle du fyet rébelle, & fi adoption célefte n’a-pas pañlé de la perfonne du roi à celle du fujet. D'ailleurs dans ces pays-là il ne fe forme point de petite revolte ; 1l n’y a point d'intervalle entre le murmure & la fédition, la fédition & la cataftrophe: le mécontent va droit au prince, le frappe, le ren- verfe; il en efface jufqu’à l’idée : dans un inftant l’ef- clave eft le maître , dans un inffant il eft ufurpateur &c légitime. Les grands évenemens n’y font point préparés par de grandes caufes ; au contraire, le moindre accident produit une grande révolution, fouvent aufli imprévüe de ceux qui la font que de ceux qui la fouffrent. Lorfqu'Ofman empereur des Turcs fut dépofé, on ne, lui demandoit que de faire juftice fur quelques-griefs; une voix fortit de la foule par hafard qui prononça Le nom de Mufta- pha, 8 {oudain Muftapha fut empereur. Le P. Martini prétend que les Chinois fe perfua- dent qu’en changeant de fouverainils fe conforment DES à la volonté du ciel, & ils ont quelquefois préféré un brigand au prince qui étoit déjà fur le throne. Mais outre, dit-il, que cette autorité Zfporique eft dépourvüe de défenfe , fon exercice fe terminant entierement au prince , elle eft affoiblie faute d’être partagée & communiquée à d’autres perfonnes. Ce- lui qui veut déthroner le prince, n’a guere autre chofe à faire qu’à jouer le rôle de fouverain, & en prendre l’efprit : l’autorité étant renfermée dans un feul homme, pafle fans peine d’un homme à un au- tre, faute d’avoir des gens dansles emplois qui s’in- téreflent à conferver l’autorité royale. [Il n°y a donc que le prince qui foit intéreflé à défendre le prince, tandis que centmille bras s’intéreflent à défendre nos rois. Loin donc que les defpotes foient affürés de fe maintenir fur le throne , ils ne font que plus près d’en tomber ; loin même qu’ils foient en füreté de leur vie, ils ne font que plus expofés d’en voir tran- cher le cours d’une maniere violente & tragique , comme leur regne. La perfonne d’un faltan eft fou- vent mie en pieces avec moins de formalité que celle d’un malfaiteur de la lie du peuple. Si leur au- torité étoit moindre, leur füreté feroit plus grande: nunquam [atis fida potentia, ubi nimia. Caligula ; Do- mitien & Commode, quiregnerent defpotiquement , furent égorgés par ceux dont ils avoient ordonné la mort. Concluons que le defporifime eft également nui- fible aux princes & aux peuples dans tous les tems &c dans tous les lieux, parce qu'il eft par -tout le même dans fon principe & dans fes effets : ce font des circonftances particulieres, une opinion de reli- gion, des préjugés , des exemples reçus, des coûtu- mes établies, des manieres, des mœurs, qui y met- tent les différences qu’on y rencontre dans le mon- de. Mais quelles que foient ces différences, la na- ture humaine {e foûleve totjours contre un gouver-. nement de cette efpece , qui fait le malheur du prin- ce & des fujets ; & fi nous voyons encore tant de nations idolatres & barbares foumifes à ce gouver- nement, c’eft qu'elles font enchaïnées par la fuperf- tition , par l'éducation, l'habitude & le climat. Dans le Chriftianifme au contraire il ne peut y avoir de fouveraineté qui foit illimitée, parce que quelqu’abfolue qu’on fuppofât cette fouveraineté , elle ne fauroit renfermer un pouvoir arbitraire & defpotique ; fans d’autre regle n1 raifon que la volonté du monarque chrétien. Eh comment la créature: pourroit-elle s’attribuer un tel pouvoir, puifque le fouverain être ne l’a pas lui-même ? Son domaine abfolu n’eft pas fondé fur une volonté aveugle ; fa volonté fouveraine eft toüjours déterminée par les regles immuables de la fagefñle ; de la juftice & de la bonté. : | Ainfi, pour m’exprimer avec la Bruyere , « dire # qu'un prince chrétien eft arbitre de la vie des hom- » mes, c’eftdire feulement que les hommes par leurs » crimes deviennent naturellement foûmis aux lois » & à la juftice dont le prince eft dépoñtaire. Ajoû. » ter qu'il eft maître abfolu de tous les biens de fes » fujets, fans égards fans compte ni difcufhon, c’eft » le langage de la flaterie, c’eft l’opinion d’un favori » qui fe dédira à l’heure.de la: mott.» Chap. x. du. Souverain. Mais on peut avancer qu’un roi.eft maître de la vie & des biens de fes fujets , parceque lesaimant d’un amour paternel, il les conferve, & a foin de leurs fortunes, comme de ce qui lui eft le plus pro. pre. De cette façon-il{e-conduit de.-même que fi tout étoit. à lui, prenant.un pouvoir abfolu fur tou- tes leurs poffeffions , pour les protéger &c Les défen- dre. C’eft par ce moyen-que gagnant Le cœur de fes peuples, & par-là tout çe qu'ils ont, il s’en peus dé- clarer DUT ES clarer le maître, quoiqu'il ne leur en fafle jamais perdre la propriété, excepté dans le cas où la loi J'ordonne. « Ce n’eft pas, dit un confeiller d'état (M. la Mothe-le-Vayer, dans le livre intitulé l’ecoromique du Prince, qu'il a dédié à Louis XIV. cz. 7x.) » ce » n'eft pas, SIRE, pofer des bornes préjudiciables » à votre volonté fouveraine, de les lui donner con- » formes à celles dont Dieu a voulu limiter la fienne. # Si nous difons que VOTRE MAYESTÉ doit la pro- » tetion & la juftice à fes fujets, nous ajoütons en # même tems qu'elle n’eft tenue de rendre compte # de cette obligation ni de toutes fes aëtions , qu’à » celui de qui tous les rois de la terre relevent. Enfin # nous n’attribuons aucune propriété de biens à vos » peuples, que pour relever par-là davantage la di- » gnité de votre monarchie ». Auf Louis XIV. a toûjouts reconnu qu'ilne pou- voit rien de contraire aux droits de la nature, aux droits des gens, & aux lois fondamentales de l’état. Dans le traité ds droits de la Reine de France, im- primé en 1667 par ordre de cet augufte Monarque, pour juftifier fes prétentions fur une partiedes Pays- bas catholiques, on.y trouve ces belles paroles : « QUE LES ROIS ONT CETTE BIENHEUREUSE » IMPUISSANCE, DE NE POUVOIR RIEN FAIRE » CONTRE LES LOIS DE LEUR PAYS... . . . Ce # n’eft (ajoûte l’auteur) ni imperfeétion ni foibleffe » dans une autorité fuprème, que de fe foûmettre à # la loi de fes promefles, ou à la juflice de fes lois. » La néceflité de bien faire & l’impuiflance de fail- » lir, font les plus hauts degrés de toute la perfec- » tion. Dieu même, felon la penfée de Philon, Juif, -» ne peut aller plus avant; & c’eft dans cette divine » impuiflance que les fouverains , qui font fes ima- # ges fur la terre, Le doivent particulierement imiter » dans leurs états ». Page 270. édition faite fuivant La copie de l’Imprimerie royale. .« Qu’on ne dife donc point (continue le même auteur, qui parle au nom êc avec l’aveu de Louis XIV.) »qu'on ne dife point que le fouverain ne » {oit pas fujet aux lois de fon état, puifque la pro- » pofition contraire eft une vérité du droit des gens, » que la flaterie a quelquefois attaquée, mais que » les bons princes ont totjours déféndue, comme » divinité tutelaire de leurs états. Combien eft-il » plus légitime de dire avec le fage Platon, que la » parfaite félicité d’un royaume eft qu’un prince foit » obéi de fes fujets, que le prince obéïffe à la loi, # &t quela loi foit droite, & toûjours dirigée au bien » public » ? Le monarque qui penfe & quu agit ainfi, _eft bien digne du nom de GRAND; & celui qui ne peut augmenter fa gloire qu'en continuant une do- mination pleine de clémence, mérite fans doute le titre de BIEN - AIMÉ. Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT. DESPUMATION , ( Pharm. ) Voyez ÉCUMER. DESSAIGNER LES CUIRS, ferme de Hongrieur,qui fignifie /es mertre tremper dans de l’eau pour les net- toyer de tout le fang qui pourroit s’y être attaché, Ce n’eft qu'après avoir rafé les cuirs fur le cheva- let que les Hongrieurs les mettent deflaigner, Voyez Cuirs DE HONGRIE. DESSAISINE , £. f. (Jurifpr.) eftoppofé à /aifine qui fignifie poffeffion , ainfi deflaifine veut dire dépof- féffior : on appelle coÂtumes de j'aiféne &t deffaifine cel- les où l’on pratique une efpece de mife en poffeffion de la part du créancier fur les héritages hypothé- qués , pour donner la préférence aux rentes confti- tuées qui font enfaifinées fur celles qui ne le font pas. Telles font les coûtumes de Clermont en Beau- vois, de Senlis & de Valois. Dans la coûtume d’Ar. tois on appelle entrée &c iffue ce que dans les autres coûtumes on appelle faifine & deffaifine. Voyez ci-de- Tome IF, DES 389 ant COUTUMES DE SAISINE , ci-après ENSAISI: NEMENT , RENTE & SAISINE. (4 DESSAISIR (5E) ( Jurifpr.) c’eft relâcher quel- que chofe que l'on a en fa poffeffion. Quand on fait une faifie & arrêt , on fait défenfe au riers-faifi de fe deffaifir des deniers qu'il a en fes mains, jufqu’à ce que par juftice 1len aitété ordonné. On fait les mê- mes défenfes à un gardien ou autre dépoñitaire de juftice : dans les contrats tranflatifs de propriété , on énonce ordinairement que celui qui aliene s’eft deffaifi & dévêtu de l'héritage , & qu'il en a faifi & vêtu celui qui acquiert, Voyez SAISINE € POSsEs- SION, ( 4) | | DESSAISISSEMENT , £. m. ( Jurifpr.) c’eft lorf- que l’on met hors de fes mains la propriété ou la poffeffion de quelque chofe pour latranfmettreà une autre perfonne. Voyez ci-devant D'ESSAISINE & DES- SAISIR. ( 4 DESSAISONNER , v. a@. (Jardin. ) c’eft avan cer ou retarder la fleuraifon d’une fleur en la plan- tant pltôt ou plûütard , en la forçant de paroître par des arrofemens compofés & des terres préparées. DESSALER , v. a&. c’eft priver de fel DESSALER , Voyez EAU DE MER. DESSALER LE SALPETRE. Voyez SALPETRE. DESSANGLER 7 cheval, ( Maréchal. ) c’eft lux + les fangles ou les lâcher. Joyez SANGLES. DESSAUTEUR , f. m.( Æiff, ant. ) c’eft le nom que les Grecs donnoient à ceux qui revéloient les myfteres des Orgies de Bacchus , qui ne devoient pos être connus du peuple. Voyez ORGIES. DESSAW , ( Géog. mod. ) ville d'Allemagne , au cercle de haute- Saxe; elle ef fituée fur l’Elbe , dans la province d’Anbalt, Long. 20. 25. lat. 51, 58. DESSECHEMENT , f. m. fe dit er Medecine de l’état dans lequel eft le ’corps humain lorfqu'il eft ‘parvenu à une extrème vieilleffe. On employe auffi ce terme pour exprimer le der nier degré de maigreur que l’on appelle marafme. Voyez DÉCRÉPITUDE , MARASME. ( d DESSEIN, f. m. serme de l’art de Peinture. Le mot deffein regardé comme terme de l’art de Peinture fait entendre deux chofes : il fignifie en premier lieu la produütion qu’un artifte met au jour avec le {e- cours du crayon ou de la plume. Dans une fignifica- tion plus générale dont cette premiere dérive fans doute , 1l veut dire l’art d’imiter par Les traits les formes que les objéts préfentent à nos yeux. C'eft dans ce dernier fens qu’on employe le mot deffein , lorfqu’on dit que Le deffein eft une des par- ties effentielles de la Peinture. Il s’eft élevé des dif. putes affez vives , dans lefquelles il s'agifloit d’éta- blir des rangs & une fubordination entre le deffeir: &x la couleur. On jugera facilement que ceux qui étoient plus fenfbles aux beautés du coloris qu'à celles du deffein , ou qui étoient amis d’un peintre colorifte,donnoient la préférence à cette partie bril- lante de l’art de peindre ; tandis que ceux qui étoient afkettés différemment, ou qui croyoient les habiles deffinateurs compromis , foûtenoient le parti con- traire, Que pouvoit-il arriver de-là ? ce qui réfuite ordinairement des difcuffions que la-partialité pro- duit ; elles n'ont aucune folidité ; elles ne contri- buent point à la perfeétion des Arts , ni à ce bien général que tout homme , qui fait ufage de fon ef- prit , devroit avoir en vûe ; elles ne méritent d’ê- tre citées que comme des abus de l’efprit. L'imitation générale de la nature , qui eft le but de la Peinture confifte dans l’imitation de la forme des corps & dans celle de leurs couleurs. Vouloir décider lequel du deffein ou de la couleur eft Le plus effentiel À Part de peindre, c’eft vouloir déterminer lequel de l'ame MT vues 890 DES ou du corps de l’homme contribue plus à fon exif- tence. Pour parvenir à bien deffirer, il faut avoir de la juftefle dans les organes qu'on y employe, & les former par l'habitude, c’eft-à-dire en deffinant très- fréquemment, Æ& C’eft par le deffein qu'on commence à s’imitier dans les myfteres de la Peinture; 8 ceux qui s’y dévouent, confacrent pouf en acquérir la connoïffance , l’âge dans lequel la main docile fe prête plus aifément à la fouplefle qu'exige ce genre de travail. L’ufage a en quelque façon prefcrit une méthode qu'il eft bon de faire connoître. C’eft celle que prennent les jeu- nes éleves lorfque d’habiles maîtrés daignént diriger leurs premiers pas ; & qu'ils fuivent en continuant leurs études à l'académie royale de Peinture, lor£ qu'ils ont mérité d’être admis à fon école. Les premiers effais fe bornent ordinairement à tracer des lignes patalleles en tous fens, pour ap- prendre à faire ufage d’un crayon de fanguine qu’on enchâfle dans un porte-crayon. Ce porte-crayon, long d'environ un demi-pié, eft un tuyau de cui- vre, du diametre d’une groffe plume ; il eft fendu par les deux bouts de la longueur d’un pouce & de- mi, pour qu'il puufle fe preter aux différentes grof- feurs des crayons qu’on y adapte , & qu’on y fait tenir en faifant glier deux petits anneaux qui ref- ferrent chaque bout du porte-crayon, & qui contien- nent , par ce moyen , le petit morceau de pierre rouge qu’on y a inféré. On aiguife cette pierre avec un canif, & l’on tient le porte-crayon , comme on tient une plume ; à cela près que les doigts font pla- cés vers le milieu, au lieu que lon tient la plime prefqu'à fon extrémité. De plus , comme les traits qu'on doit former ont des dimenfons plus grandes que celles qui conftituent les lettres de l'écriture ; on ne doit pas fe borner à ce que peut donner d’é- tendue au crayon le développement des jointures des doigts , en fuppofant le poignet arrêté ; maïs il faut que le poignet devenu mobile gliffe lui - même fur le papier, &c parcoure en fe portant d’un côté & d'autre, fans roïdeur, l'étendue des traits que l’on fe propofe de former. Cette façon de æefféner eft d’au- tant plus effentielle que l’on doit avoir grand foin de commencer par copier des defléins, dont la gran- deur des parties développe la main. Les premuers deffeëns qu'on imite font ordinaire- ment ceux qu'un habile maître a faits lui-même d’a- près la nature. On define chaque partie du corpsen particulier avant d’en deffiner un entier ; & l’on def Jine ces parties fort grandes , afin d’en connoître mieux les détails. Après avoir étudié le développe- ment de chaque partie de la tête , par exemple, on en forme z7 enfémble, c’eft-à-dire qu’on afligne à ces parties leur jufte place & leur proportion dans une tête entiere. On la deffre dans différens points de vües, afin de connoître les changemens qui arrivent dans les formes lorfqu’on regarde la tête de face, de trois quarts de face , de profil, ou lorfqw’on la voit par en-haut, ou par-deflous : enfuite on fait la même étude fur les autres membres. Les piés &les mains ( quelquefois trop négligés dans ces premieres études ) ajoütent beaucoup de grace & d’expref- fon , fi l’on fait les deffrer avec force , avec élégan- ce, & fur-tout fi on les rend avec vérité. S’eft-on fufifamment exercé à defféner les parties détaillées à on entreprend une figure entiere , &.c’eft cette forte de figure ou d'étude qu’on nomme acadérnie. C’eft dans ces premiers effais que pour fe former une idée plus précife, plus jufte, & plus profonde des formes, 1l feroit à fouhaiter que les jeunes gens deffinaffent loftéologie du corps humain d’après de bons anatomiftes , ou encore mieux d’après la na- fure même, Ce font les os qui décident en partie dés formes extérieures ; & lorfqu’on connoît bien la firuéture des os , leurs emmanchemens , la façon dont 1ls fe meuvent, on eft bien plus für de leur af figner leur place & leur proportion. L'étude des mufcles qui les font agir, & dont la plüpart font ex- térieurs , eft une fuite de cette obfervation. J'en rappellerai encore l’application en parlant bien-tôt du deffein qu’on fait d’après le modele. Il y a trop de différence entre copier für une fur- face plate ce qui eft tracé fur une furface fembla- ble , ou deffiner fur cette mêmefurface ce qu’on voit de relief, pour qu’on puiffe pafler tout d’un coup de la façon de deffiner que l’on vient de décrire à celle avec laquelle on deffne d’après la nature. On a trou- vé un nuiliéu qui aide à paffer de l’un à l’autre, & c’eft ce qu’on appelle deffner d’après la boffe. La boffe n’eft autre chofe qu’un objet modelé en terre , ou jetté en moule , ou taillé en plâtre d’après nature; ou bien c’eft une ftatue de marbre, de bronze, &c: ou un bas-relief. Ces objets qui ont la même ron- deur que la nature, font privés de mouvement ; 8 l’éleve, en fe tenant bien jufte dans le même point de vie, voit toüjours fa figure fous le même afpett, au heu que le moindre mouvement involontaire & prefqu'infenfible dans le modele vivant embatrafle le jeune artifte en lui préfentant fouvent des furfa- ces nouvelles & des effets de lumiere différens. Il fant au refte faire un ufage modéré de cette étude dela boffe : un jeune homme qui n’en connoît point encore le danger, y puiferoit peut-être un goût fec & froid , dont il pourroit fe faire uné habitude, L'ufage trop fréquent de la boffe eft auffi dangereux pour ceux qui veulent bien 4/fner la figure, quele fecours du manequin (lorfqu’on en abufe ) l’eft pour - ceux qui veulent bien drapper : il faut donc que l’é- leve pañle le plütôt qu'il lui fera poffible à étude de la nature, alors il recommencera à étudier fuivant l’ordre qu'il a déjà fuivi. Il deffénera chaque partie fur la nature même ; 1l la comparera avec les pre- miers deffeins de fes maîtres , & même avec la boffe, pour mieux fentir la perfeétion que la nature offre à {es yeux, Il mettra enfemble une tête ; il la confidé- rera fous divers afpeéts ; l’imitera dans tous les fens : enfuite allant par degrés, & fe fixant à chaque par- tie , 1l parviendra enfin à deffrner une figure entiere. C’eft alors que les réflexions fur l’Anatomie lui de- viennent encore plus néceflaires : il eft tems de com- parer la charpente avec l'édifice ; de voir l’un auprès de l’autre les os, & lapparence extérieure de ces os, les mufcles à découvert , & les effets de ces muf- cles , tels qu'ils paroïffent fur le modele , en le met- tant dans différentes attitudes, Ces images rappro+ chées , comparées , refteront à jamais dans la mé- moire , & feront une bafe folide fur laquelle s’ap- puiera la fcience du deffein. Lorfque l’artifte eft parvenu à bien de/férer une figure nue , il pourra la drapper ; enfuite la joindre avec une autre , ce qui s'appelle growpper : maïs il faut fur-tout qu'il répete cet exercice long -tems pour acquérir de la réputation, &c long-tems encore pour ne la pas perdre après l’avoir acquife. C’eft cet ufage de deffiner continuellement la nature, qui donne & qui conferve à un artifte ce goût de vérité quitouche & intéreNemachinalement les fpeétateurs les moins inftruits. Le nombre des parties du corps humain , & la variété que leur donnent les divers mouvemens, forment des combinaifons trop éten- dues pour que l’imagination on la mémoire puifle les conferver & fe les repréfenter toutes. Quand cela feroit poffible , les autres parties de la Peinture y apporteroient de nouveaux obftacles. Comme les parties de cet art font moitié théoriques & moitié pratiques , il faut que la réflexion & le raifonne= ment fervent principalement pour açquérir les pre- DES , rieres , & que l'habitude réitérée aide à réfiouvel- lèr continuellement les autres. On vient de regarder jufqu’ici le deffeëz comme ayant pour but d'imiter les contours & les formes du corps humain , parce que c’eft en effet dans Part de peinture fon objet le plus noble, le plus dificile, &t que celui qui le remplit fe trouve avoir acquis une facilité extrème à imiter les autres objets ; ce- pendant quelques-uns de ces autres objets deman- dent une attention finguliere. Les animaux veulent un foin particulier pour être deffinés correftement , 8 avec la grace & le carac- tere qui eft propre à chacun d’eux; ce font des êtres animés fujets à des paflions, & capables de mouve- mens variés à l’infini : leurs parties different des nô- tres dans les formes, dans les jointures , dans les em- manchemens. Il eff néceffaire qu’un peintre fafle fur-tout des études d’après les animaux qui fe trou- vent plus liés avec les étions ordinaires des hom- mes , Ou avec les fujets qu'il a deflein de traiter. Rien de plus ordinaire aux peintres d’hiftoire-que l'obligation de repréfenter des chevaux ; on trouve cependant aflez fouvent à defirer fur ce point dans leurs plus beaux ouvrages. Il eft à fouhaiter que les jeunes artiftes apprennent à en connoître bien la- natomie ; enfuite des réflexions fur les mouvemens des parties qui les compofent, leur fourniront aflez de Iumieres pour ne pas bleffer la vraiflemblance, & pour ne pas donner lieu de détourner par une critique légere lattention qu’on doit au fujet qu'ils traitent. Le payfage eft encore une partie effentielle de l'art de definer. La liberté que donnent fes formes indéterminées, pourroit faire croire que l’étude de la nature feroit moins néceflaire pour cette partie; cependant il eff fi facile de diftinguer dans un 4ffeir ëz dans un tableau un /# pris {ur la nature de celui qui eft compolé d'imagination, qu’on ne peut dou- ter du degré de perfetion qu’ajoûte cette vérité qui fe fait fi bien fentir; d’ailleurs quelqu'imagination qu’ait un artifte, il eft difficile qu'il ne fe repete, s’il n'a recours à la nature, cette fource inépuifable de variété, Les draperies, les fleurs, les fruits, tout enfin doit être deffiné, autant qu’on le peut, fur le naturel. On fe fert de differens moyens pour deffiner, qui font tous bons quand ils rempliflent l’objet qu'on s’eft propofé. On deffine avec la fanguine , avec la pierre noire, avec la mine de plomb, avec la plu- me & l’encre de Chine, On fe fert pour ombrer du pinceau & de l’eftompe : on fait ainf des deffeins plus où moins rendus, plus ou moins agréables , fur les fonds qu’on croit plus propres à fon objet. Les paf. tels, même de différentes couleurs, fervent à indi- quer les tons qu’on a remarqués dans la nature. En- n, l’art de deffiner embrafle une infinité de parties qui feront détaillées dans les articles &c fous les noms qu pourront les rappeller ; tels font l'effet des muf- cles, la pondération des corps, la jufteffe de l’ac- tion, la proportion des parties, le trait, les paflions, les groupes : de même 44 mor ESQUISSE nous éten- drons davantage ce que nous avons indiqué au com- mencement de cet article, fur les deffeins regardés comme la premiere penfée des artiftes, Ces article ef de M. WATELET, receveur pénéral des finances, € ho- noraire de l'académie royale de Peinture. Dessein , eft, er Mufique, l'invention du fujet, la difpofition de chaque partie, & lordonnance du tout. À Ce n’eft pas aflez que de faire de beaux chants & une bonne harmonie ; il faut lier tout cela à un fujet principal, auquel fe rapportent toutes ces parties de louvrage , &:par lequel il foit un. Cette unité doit fe montrer dans Le chant, dans le Tome IF, DES... 84 mouvement, dans le caraûere , dans l'harmonie ; dans la modulation. Il faut que tout'cela fe rapporté à une idée générale qui le réunifie : la difficulté eft d’aflocier ces préceptes avec la variété, fans läquel- le tout devient ennuyeux. Sans doute le muñcien, aufli-bien que le poëte & le peintre, peut tout ofer en faveur de cette varièté charmante , pourvû que {ous prétexte de contraftet, on ne nous donne pas pout des ouvrages bien deffinés des mufiques toutes hachées & coufues de petits morcéaux étranglés , 8 de caraiteres fi oppoiés que l’aflemblage en fafle un fout monftrueux : Non ut placidis coeant immitia, non ut Serpentes avibus geminentur, tigribus agni. C’eft donc dans une diftribution bien entendue ; dans une jufte proportion entre toutes les parties , & dâns une fage combinaifon des differens précep- tes, que confilte la perfe@ion du defféin ; & c’eft en cette partie que les Mufciens Italiens ont fouvent montré leur goût. | Ce que je dis du deffein général d’un ouvrage ; s'applique auffi en particulier à chaque morceau qui le compofe ; ainfi lon dffne un chœur, une ariette, un d40 : pour cela, après avoir imaginé {on fujet, on le diffribue felon les regles d’une bonne modulation, êc ielon la modulation convenable, dans toutes les parties où il doit être entendu, avec une telle pro= portion qu'il ne s’efface point de l’efprit des audi- teurs , & qu'il ne fe repréfente pourtant jamais à leur oreille qu'avec les graces de la nouveauté ; ’eft une faute de deffeir de laifler oublier fon fujet ; mais c'en eft une plus grande de le pourfuivre jufqu’à l'ennui. (S _DESSEIN » 2 Architelure, ef une repréfentation géométrale ou perfpeétive fur le papier, de ce qu'= on a projetté. Defféin au trait ; eft celui qui eft tracé au crayon ou à l’encre , fans aucune ombre. Deflein lavé, eft celui où les ombres font mar- quées avec l’encre de la Chine. | Diffein arrété , eft celui qui eft cotté pour l’exéi cution , & fur lequel a été fait le marché figné de l'entrepreneur 8 du propriétaire. Le deffein peut être regardé comme le talent le plus effentiel à l’architete ; c’eft par fon fecours qu’on peut fe rendre compte des formes qu'il convient de donner à chaque partie du bâtiment, relativement aux principes de la convenance. Sans le deffein , le génie le plus fécond & le plus ingénieux fe trouve arrêté dans fes produétions, & la néceflité dans la- quelle fe trouve le meilleur architeëte d’ailleurs d’a- VOir recours à une main étrangere pour exprimer fes idées , ne fert fouvent au contraire qu’à les éner- ver & produire un compofé de parties eflimables en elles-mêmes , mais qui faute d'être deffénées par: larchiteéte, né produifent dans un bâtiment qu’un enfemble mal aflorti. Le deffein n'intérefle pas feulement l’architedte : car fous ce nomon comprend en général la figure, l’ornement , l’architeëture civile & militaire ; par cette raïfon on ne croit pas trop avancer de dire qu'il devroit entrer dans le plan de toute éducation: chez les hommes du premier ordre, pour acquérir du goût, dont le deffein eft l'ame; chez les hommes bien nés pour leurs ufages perfonnels, & chez les artia fans pour avancer & fe diffinguer plus rapidement dans leur profeffion. Voyez un des difcours que j'ai prononcé dans mes lecons publiques, fur la maniere de parvenir à étude des Sciences & des Arts, impri= mé en 1748 chez Mariette, (P) DESSEINS pour faire ornemens où fur fleurs natu. relles, comme fur des rofes, giroflees , ou autres fleurs. Prenez du fel armoniac & le broyez avec du vinai- VVvvvi 892 DES gre & un peu de fucre-candi, & le gardez en un pe- tit vaifleau de terre : puis prenez la fleur que vous voudrez enjoliver, & attachez-en les feuilles artif- tement l’une fur l’autre avec un peu de cire rouge afin qu’elles foient plates; enfuite, avec un pinceau que vous tremperez dans la liqueur fufdite, faites deflus telles armes, cœur enflammé, chiffres , ou autres chofes à votre volonté, & laiflez fecher cela environ une ou deux heures, après quoi pofez def- fus or ou argent en feuilles , le preffant légerement avec du coton; ce qui ne fera point attaché s’en ira, & l'ouvrage reftera net &c beau fur la fleur, dont vous Ôterez adroitement la cire rouge que vous y aurez amis. * DESSEIN , terme de Gafer, ce font les figures dont l’ouvrier enrichit fon étoffe , & qu’il copie d’après le peintre. Quand on travaille des gafes brochées , il faut, avant que d’avoir lancé le premier coup de navette, que le deffein foit repréfenté fur les fils de la chaîne, non pas à la vérité avec des couleurs, mais avec une quantité prodigieufe de petites ficelles, qui pou- vant lever les fils de la chaine à mefure qu’on en a befoin, indiquent au fabriquant quelle efpece de foie il doit y mettre avec l’efpoulin. Cette maniere de préparer l'ouvrage s’appelle Zire un deffein ou lire la gure : voici comment cela fe pratique. _ On prépare un papier beaucoup plus large que l’étoffe qu'on veut monter , & d’une longueur pro- portionnée à ce qu’on y veut deffner. On le divife dans fa longueur, en autant de lignes noires qu’il doit y avoir de fils à la chaine, & on le traverfe en- fuite dans fa largeur par d’autres lignes, qui forment avec les premieres de petits quarrés à angles égaux. Ce papier ainfi difpoié , le deflinateur define {es f- gures & y employe les couleurs convenables ; & quand le deffein eft achevé , un ouvrier le lit tandis qu'un autre le met fur le fimblot ou femple. Lire le deffein , c’eft nommer à celui qui monte le métier le nombre de lignes noires , c’eft-à-dire de fils compris dans l’efpace qu'il lit, en expliquant fi c’eft du fonds ou de la figure. Mettre fur le fémblot ou femple ce qui a été I, c’eft attacher à chaque ficelle qui répond aux liffes, de petits cordons qui doivent lever les fils qu’on a nom- més ; ce qui fe continue jufqu’à ce que le deffeir foit entierement lü. _ Comme chaque piece d’étoffe eft cos pore de plufieurs répétitions du-même deflein ; lorfque tout le deffein eft tiré, le tireur pour recommencer pour ainfi dire à deffiner de nouveau le deffein fur la chaï- ne, n’a qu'a remonter au haut du fimblot les ficelles à nœuds coulans qu'il avoit defcendues en-bas; ce qu'il doit faire autant de fois qu’il eft néceffaire juf- qu’à ce que la piece foit entierement fabriquée. Après que le deflein eft Iù & le métier tout-à-fait remonté, il ne faut pas un habile ouvrier pour le tirer ; une femme, un enfant fuit : car il ne s’agit plus que de tirer , les unes après les autres, les f- celles du fimblot à mefure qu’elles fe préfentent, & que le tifleur le commande. * DESsEIN, erme de Rubanier, Les Tiflutiers-Ru- baniers ont aufi un defféër pour monter leur métier, mais qui eft bien plus fimple que celui des ouvriers de la grande navette. Ce deflein ainf que l’autre eft tracé fur un papier, où plufeurs lignes qui fe tra- yerlent à angles égaux repréfentent les fils de la tra- me & de la chaîne ; mais au lieu des traits qui for- ment les façons dans le premier, celui-ci n’a que des points noirs que l’on place dans quelques-uns des petits quarrés , felon les figures que l’ouvrier veut donner à {on ruban. Ces points noirs, qu'on appelle pris, défignént les fils de la chaîne qui doivent fe lever, & les ef- DES paces vuides qu’on appelle Ziffés, fignifient ceux des fils qui doivent refter dans leur fituation. C’eft au milieu de ces fils pris ou laiffés que la navette pafle pour former la figure. Quand l’ouvrier veut monter fon métier, un ouvrier lui nomme le deffeire êc lui compte le nombre des pris & des aifés , afin gi attache aux hautes-lifles qui doivent lever les Is pris de la chaîne ; des petits bouts de ficelle à nœuds coulans pour les tirer, quand il eft nécefai- re dans le courant de l’ouvrage : on n’en met point aux laiflés, qui doivent refter dans leur fituation or- dinaire. Le refte fe fait de même que pour le deffeir des ouvriers à la grande navette. Voyez l’article pré. cédent ; voyez auffi l’article PATRON. * DESSEIN , (Manufaët, en foie.) modele en grand de toute la figure que l’étoffe doit contenir. Voyez l'article VELOURS, DEsseiN. On appelle deffein parmi les ouvriers er tapifferie de haute-lifle , le tableau qu’ils ont derriere eux, &c fur lequel ils travaillent leur ouvrage. Ils donnent encore ce nom aux traits qu'ils tracent fur la chaîne de la tapifferie avant que de la commen- cer. Le deffein de la bafle-lifle eft placé fous les fils de la chaîne. Voyez HAUTE-LISSE € BASSE-L155E. DESSELER UN CHEVAL, (Marechall.) c’eft lui Ôter la felle, ce qu’il ne faut point faire lorfqu'il eft trop échaufté. va ) DESSERT , {. m. (Cuifine.) dernier fervice qu’on met fur les tables: c’eft ce fervice qui s’appelle le fruit chez les grands, & chez ceux qui veulent les imiter ; de {orte que le mot de 4effert, plus propre & plus étendu pour fignifier ce dernier fervice, parce que l’on y fert autre chofe que du fruit, n’eft cepen- dant aujourd’hui qu’un terme bourgeois, . Varron , Cicéron, Horace, Ovide, & tous les écrivains fuivans , ont appellé le deffert renfe fe- cundæ , par la raifon que les Romains changeoïent de table, & que la feconde table étoit pour le fruit, pour les chanfons , les cantiques , les Hbations: car la fin du fouper qui étoit leur principal repas , ne fe pafloit guere uniquement à manger & à boire. Leurs defferts n’offroient, ni moins de diverfité ; ni moins de magnificence que leurs autres fervices, & ils étoient bien plus brillans. Vers lé déclin de la république , les femmes fortoient de table quand ce fervice arrivoit ; parce qu’il fe terminoit quelquefois en fpeétacles , auxquels la pudeur ne permettoit pas encore au beau fexe de prendre part, Mais quand les mœurs furent entierement corrompues, les fem- mes ne connurent plus de devoirs, ni de regles de décence ; tout devint égal. Arricle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DESSERTE, f. f. (Jurifprud.) eft l’acquittement que fait un eccléfiaftique du fervice d’une cure, d’u- ne fuccurfale, d’un vicariat, d’une chapelle, ou au- tre bénéfice, dont 1l n’eft point titulaire ni commen- dataire. Celui qui fait la defferte d’un bénéfice, eft appel- Jant deffervant. La defferte n’eft proprement qu’une commifion révocable ad nutum. Les évêques ou leurs grands-vicaires & archidia- cres , commettent des deffervans aux cures pendant la vacance & pendant linterdit des cures. Ceux qui deflervent les bénéfices à charge d’ame pendant l’interdit des curés, doivent avoir le creux de l’églife & le cafuel, fuivant un arrêt du parle- ment du 15 Mars 1707, rapporté dans le code des curés, (4 | DESSERTER ox DESSARTER , v. aét. (Œcoz. ruftig.) c’eft défricher une terre qui n’a point été cul: tivée depuis long-tems, &c qui eft toute couverte de ronces, de buiflons, d’épines, de mauvaifes plans tes, & de manvaifes herbes. DES DESSERTIR , v. aët. (Merreur-er- œuvre.) c’eft avec un burin, couper la fertiffure d’une pierre un seu au -deflous du feuilletis, pour pouvoir la tirer de fon œuvre fans danger, DESSERVANT , adj. pris fubff. (Jzrifp.) eft ce- fui qui fans être titulaire ni commendataire d’un bé- néfice , eft commis par le fupérieur eccléfiaftique pour en faire les fonétions. Voyez ci-dey, DESSERTE. À ‘ ne. , adj. pl. éerme de Chirurgie, con- cernant la matiere médicale externe ; remedes qui ont la vertu de deflécher les plaies & les ulceres, On les appelle auf cicarrifans. L’exficcation eft la fin qu’on fe propofe dans la curation des ulceres ; & lon ne doit perdre cet objet de vûe dans aucun des tems de la cure. L’exficcation en eft l’indication con- {tante , comme nous l’expliquerons au mot DÉTER- Sir. Les remedes farcotiques ou incarnatifs, qu'on prefcrit pour procurer la regénération des chairs, 1ont des médicamens auxquels on attribue des effets qu'ils ne produifent pas : car il ne fe fait aucune re- génération de chars dans les plaies & dans les ulce- res. Quoique l’opimioncontraire foit générale & très- ancienne,nous nous engageonsde prouver cette pro- pofition à l’article INCARNATION, où nous expofe- rons le méchanifme de la réunion des plaies avec perte de fubftance. Les remedes defficcarifs fe prennent dans la claffe des abforbans, des aftringens, & des balfamiques, qu'on employe en poudre : tels font la colophone, la térébenthine de Chio, la térébenthine ordinaire cui- te , les poudres de myrrhe & d’aloës ; &c. elles agi fent comme aftringens , en reflerrant l’orifice des vaifleaux ouverts. L’onguent de litharge , l’emplâtre de cérufe , de minium, de pierre calaminaire ; la poudre de cette pierre, la tutie, la pierre médica- menteufe de Crollius, Ge. font des remedes abfor- bans & defficcanfs. L'eau de chaux eft un des meil- leurs remedes dont on puifle fe fervir pour lexfc- cation des ulceres. La charpie feche ou trempée dans quelque liqueur aftringente ou fpiritueufe fui- vant l’état des chofes, eft un fort bon defficcarif. Il y a des ulceres cacoëthes , qu’il ne faut pas def- fécher fans précaution ; fouvent 1l convient d’adou- cir le fang des malades , & de combattre par des re- medes appropriés les différentes acrimonies des hu- meurs, Il fufit quelquefois d'établir un bon régime de vie, & de purger de tems à autre; dans d’autres cas 1l feroit dangereux de ne pas ouvrir un cautere dans une autre partie , pour fervir d’égout aux.hu- meurs qui s’évacuoient par l’ancien ulcere. Toutes ces confidérations exigent beaucoup de lumieres & de prudence dans un chirurgien, tant pour obtenir la guérifon des ulceres , que pour prévenir les fui- tes qu’une guérifon indifcrete pourroit produire. Voyez ULCERE. (7) DESSICCATION, f. f. (Chimie & Pharmacie.) opération qui confifte.à priver , par le fecours de la chaleur, différentes matieres folides, c’eft-à.dire confiftantes ou non liquides d’une eau étrangere à leur mixtion. La defficcation differe de la déphlegmation, en ce que les fujets de cette derniere opération font des li- queuts. Voyez DÉPHLEGMATION. Les Chimiftes deffechent plufieurs corps, qw'ils fe propofent de foûmettre à d’autres opérations , dans la vûe immédiate d’en difiper une eau qui feroit incommode , où même nuifible dans ces opérations. Ils deffechent, par exemple, les fels neutres qu'ils {e propofent de difliller , pour avoir des acides plus concentrés. Voy. VITRIOL, SEL MARIN , &c. C’eft dans la même vûe qu'ils deffechent les intermedes employés dans quelques-unes de ces difillations. La defliccation de ces fels s’appelle calcination dans DES 893 le lañgagé ordinaire, mais fort imprôprement fans doute, Yoyez CALCINATION. Les Chimiftes defléchent auf les précipités. Le manuel de ces deux deféccarions n’eft pas le même. Les fels fe deffechent ordinairement au feu, dans des baffines de fer. Le fel marin mérite À cet égard une confidération palticulicre, à caufe de la décrépitation que l’on peut régarder comme lui étant. abfolument propre; le tartre vitriolé avec laquelle elle lui eft commune, ne fe trouvant jamais dans le cas d’être féché dans les travaux chimiques or- dinaires. Voyez DÉCRÉPITATION. | , La regle unique à obferver dans cette défficcarion 3 c'eft de ne pas pouffer le feu qu’on y employe à un degré capable d’analyfer le corps, ou d'attaquer fa mixtion, Pour deffécher un précipité , on le met d’abord à égoutter fur un papier à fltrer, étendu fur une toi- le fixée à un carrelet ; on le laiffe-là jufqu’à ce que la matiere fe foit aflez raffermie pour être réduite em petites maffes, que l’on met fur des tamis recouverts de papier , & qu’on place au Soleil dans une étuve , dans un lieu fec & plus où moins chaud , fur une pocile, &c. L'or fulminant , qui eft un précipité s doit être defléché par la feule chaleur de l’atmof- phere : ce n’eft jamais fans rifque qu’on l’expoferoit au feu le plus leger. Foyez OR FULMINANT 4x mot OR. | Les Pharmaciens deffechent des fubftances vésé: tales & animales dans une vûe bien différente : ceux: ci fe propofent la confervation de ces fubftances ; lorfqu'ils les defflechent. On a long-tems cru, & ce préjugé fubffte enco- re parmi La plüpart des apothicaires, que la métho: de la plus avantageufe de deffécher, étoit celle par laquelle on y procédoit à l’aide de la moindre cha- leur. Tous les anciens pharmaciens préfcrivent dé fécher à l'ombre; &, comune je l’ai déjà obfervé À l'ignorance qui a fi long-tems foûtenu ce préjugé, eft encore aflez généralement répandue. L'expé- nience & la raïfon font d'accord aujourd’hui en fa- veur de la manœuvre direétement contraire ; en- forte que la premiere & l'unique regle de l’art de deffécher, confifte précifément à procurer ce deffé: chement le plus rapidement qu’il eft poffible , & par conféquent au plus haut degré de chaleur, inférieur à celui qui attaqueroït la mixtion de la fubflance à deflécher, La chaleur du Soleil d’été eft très-propre dans nos climats à cette opération, Sile tems eft hu: mide ou pluvieux dans le téms de la récolte d’une plante qu’on veut deffécher, on a recours à la cha- leur d’une étuve, que on peut échauffer jufqw’au 40° degré du thermometre de M. de Reaumur, & même jufqu'au 50°, ou au 60° , fi l’étuve eft difpo- fée de façon qu’on ne foit pas obligé d’y entrer. Jai obfervé que l'expérience & la raifon étoient également favorables à cette méthode: En effet les plantes & les parties des animaux defféchées lente= ment , font fi inférieures en bonté & en élégance à celles qui font féchées rapidement , que le fimple té: moignage des fens peut décider de cette fupériorité, Les premieres font noires, mollafles ; à demismoi- fes , leur odeur naturelle eft abfolument altérée : les fecondes ont leur couleur naturelle ; elles font fai- nes ; elles confervent leur odeur, qui eft feulement quelquefois legerement affoiblie, & quelquefois au contraire développée ou augmentée. La raifon dit 1°. que puifqu’on fe propofe de chaf- fer l'eau , qui eft un principe de corruption , il faut fe hâter de la chaffer le plütôt qu’il eft poffible. 2°, Qu'une obfervation conftante prouve que cette ef: pece d’altération fpontanée , analogue aux fermen tations, qui eft fur-tout nuifible à la durée des fub- ftançes fraiches , vertes ; humides ; eft plus efficace. $94 DES ment déterminée par un leger degré de ehaleur, que par un plus fort. 3°. C’eft très-legerement & très- inconféquemment qu’on imagine qu’une chaleur diffipe des parties aromatiques, qu'il eft utile de con- ferver ; pufque ces parties étant au moins auñli vo- latiles que l’eau qu'on cherche à difliper , le même inconvénient exite dams les deux méthodes, & que le tems de la diffipation en compenfe la rapidité pour les parties aromatiques, comme pour l’eau. Foyez les manœuvres particulieres à obferver dans la def- féccation de chaque fubftance, qu’on feche pour les ufages pharmaceutiques, aux mots FLEURS, FRUITS, PLANTES, SEMENCES, RACINES, ECORCES , SUB- STANCES ANIMALES. Les élettuaires & les extraits doivent être féchés felon l'art, pour être de garde, Voyez ELECTUAIRE 6 EXTRAIT, (b) | DESSINATEUR, f. m. eft en général celui qui fait rendre au craiyon les objets tels que la nature nous les préfente: On donne encore ce nom à celui qui fait exécuter fur papier , avec les craiyons ; des fujets d'imagination, &c les repréfenter comme on les auroit vûs dans la nature, s'ils y avoient exifte. Voyez DESSEIN en Peinture. . DESSINATEUR, er Architeëture , eft celui qui def- fine & met au net les plans, profils, & élévations des bâtimens, fur des mefures prifes ou données. Pour mériter ce titre, il ne fuffit pas de favoir le- ver un plan & le mettre au net ; il eft important de bien defliner non-feulement l’architeéture, mais auffi d’avoir une connoïflance plus que fuperficielle de la fculpture, de la peinture , de la perfpeëtive , & du clair obfcur : ce qui fe rencontre rarement. Il eft vrai que ces études, qui font indifpenfables pour former un bon deffinateur, demandent exercice de plufeurs années, Qu'il eft rare que les hommes aifés veulent fe donner la peine de furmonter les dégoûts que por- te après foi l’application d’une étude fi longue, & que les hommes d’une fortune médiocre font fou- vent retenus par des confidérations particulieres à pouffer leurs études jufqu’à un certain point | c’eft par ces deux raifons que nous avons en France peu d’habiles deffinateurs ; prefque tous fe roidiffent con- tre la figure &c l’ornement, s’imaginant que ces deux parties doivent regarder en particulier Le peintre &c le fculpteur : cependant il eft très-probable qu'il eft impoflble de deffiner feulement un plan dans lequel continuellement il entre des courbes qui émanent du goût, qu’on ne peut gironner des marches, con- tourner un limon d’efcalier, varier les formes d’une piece, enfin varier un profil, fi l’on n’a puifé dans l'exercice du deffein la variété des formes que nous préfente la nature prife dans chaque degré de fes produétions. 1 Or fi un homme deftiné à piquer des plans doit avoir quelques connoïflances de la figure & de Por- nement , quelle profondeur de talent ne doit-on pas exiger de celui qui doit rendre les penfées d’un ha- bile architete, fous lequel il eft effinateur? comment lui confier la conduite d’une décoration ? quels fe- ront les rapports &c les comptes qu'il pourra rendre de l’exécution de la menuiferie, de la fculpture, fer. æurerie , dorure, &c? comment enfin fe rendra-t-il digne d’un emploi plus éminent, s’il n’a occupé plu- fieurs années de fa jeunefle à un travail fans relâche fous la conduite d’habiles maîtres, & qu’il ne joïgne continuellement à cela la théorie à la pratique, & qu'il foit aidé de difpofitions naturelles, qui lui faf- {ent mettre du feu , du génie, & de l'invention dans ce qu'il produira? Voyez; DESSEIN (À) DESSINATEUR , (Rubanier.) F. PATRONNEUR. DESSINER, c’eft rendre au craiyon les objets qu'on voit ou qu'on imagine, ou en général imiter par des traits les formes de ces objets, F. DEssEIn, DESSINER , en rermes de Piqueur de tabatiere ; c’eft marquer au Crayon ou avec toute autre chofe, les ornemens qu’on veut piquer fur une tabatiere. DESSINER, terme de Vrerniffeur : les Vérnifleurs deflinent des ornemens, des payfages , @c. für leurs ouvrages , avant de les peindre; Îls font auffi obli- gés quelquefois de poncer leur deflein, après Pavoir piqué , pour pouvoir le deffiner plus facilement. DESSOLER Les serres , (Jurifprud.) c’eft changer leur état, & l’arrangement des foles & faifons pour : leur culture, Ceterme vient du latin /o/4m : en effet, deffoler; c’eft changer le fol, c’eft-à-dire la fuperficie de la terre ; par exemple, mettre enterre ce qui étoit en vigne ou en bois. On appelle auffi foles & faifons, la diftribution qui eft faite des terres labourables en trois parties , qui rapportent chacune alternative ‘ment pendant une année du blé , l’année fuivante de l’avoine ou autres menus grains, & la troifieme année fe repofent, afin de ne point épuifer la terre. Il eft d’ufage dans les baux des biens de campagne, que le fermier s’oblige de labourer les terres par fo- les & faifons convenables, & de ne les point deffo/er | ni deffaifonner ; au moyen de quoi il ne peut mettre en blé toutes les terres à la fois, ni mettre en blé ce qui ne doit être qu’en avoine, ou qui doit fe repo- {er ; ni faire aucuns autres changemens de cette na: ture, tendans à déranger l’ordre des foles, & à épui- fer ou fatiguer la terre. Si le fermier contrevient à cet égard à fon bail, le propriétaire peut obtenir contre lui des dommages &c intérêts, parce que le deffolement des terres peut dans-la fuite en diminuer le prix. (4) | DEssoser , v. aët. (Maréchall.) c’eft arracher la {ole à un cheval, ou la corne qui lui couvre le def= {ous du pié ; opération très-douloureufe que l’on pratique pour le traitement de plufieurs maladies qui furviennent aux piés de cet animal, comme pour clous de rue & autres corps étrangers qui li entrent dans les piés ; ainfi que pour l’étonnement de {abot, la fole foulée, la bleynie, le javar encorné, la for- me, les talons encartelés, les fics ou crapaux ; & autres maladies dont on fera mention à leurs artis cles. On fera voir au mot erclouire, combien la mé- thode de deffoler un cheval pour le elou de rue, eft abufive & pernicieufe , par le délabrement que cette opération caufe à toutes Les parties organiques con- tenues en cette extrémité; accident qu’on ne peut éviter, par la complication de maux qu’elle occa- fionne dans ce genre de maladie. Un Maréchal, pour bien deffoler, doit favoir Pa= . natomie de la partie ; il opérera plus fürement. Préparation, Avant de deffoler, il faut prendre tou- tes Les précautions poffibles pour éviter les accidens qui poutroient non-feulement rendre la maladie re- belle , mais encore incurable, & quelquefois mor- telle, Ces inconvéniens ne rempliroïent point l’in- tention de l’opérateur , qui eft de rétablir la partie dans {on état d’intégrité ; ilne peut y parvenir qu’en _ obfervant les regles prefcrites par l’art &r les lois de l’'oœconomie animale : ces préceptes font, 1°. De mettre le cheval à la diete, c’eft-à-dire à la paille & au fon mouillé, trois ou quatre jours au- paravant, ce que l’on pratique jufqu’à parfaite gué- rifon ; & pour rendre l’opération moins laborieufe pour le maréchal & pour le cheval , il faut, après lui avoir bien paré le pié, tenir la fole humeétée , en y mettant de deux jours l’un une emmiellure quelques jours avant; donner au cheval deux lave- mens la veille du jour de l'opération : lon peut de même, après l'opération, donner des layvemens (l’é- tat du cheval en doit décider), & lut préparer la {ole,. , } Cette préparation confifte à Iui rendre la fole la plus mince qu’on pourra , avec un infirument qu’on nomme boutoir. Ce même inftrument fervira auffi À faire une incifion tout-autour de l’union de la fole avec le fabot, jufqu’au bord des deux talons, à un demi-pouce du bord, en diminuant cette diftance À mefure que l’on approchera des talons. Cette inci- fion doit être affez profonde en fa totalité, pour que le fang commence à fe manifefter. Après avoir al- longé le bout des éponges du fer d’un bon pouce, en les rendant minces & un peu pointues, on atta- che le fer avec tous fes clous, fans les rogner, & on met une emmiellure dans le pié,. Opération. 2°. Au moment de l’opération , on met le cheval dans le travail, pour l’aflujettir le plus qu’on peut, tant pour fa confervation que pour la commodité de l'opérateur. On met une plate-longe au pié malade, pour l’attacher à la traverfe du tra- vail, fi c'eft un pié de derriere; & à la main de fer, fi c’eft un pié de devant. On ôte le fer ; on liele paturon avec un cordon de moyenne grofleur, pour arrêter l’effufion du fang, crainte de troubler l’attention de celui qui opere. L'on commence par détacher la fole du petit pié avec la pointe du biftour1, tout autour de lincifion qu’on a faite la veille, en penchant cet inftrument u côté du quartier du fabot, & en frappant fur le dos de la lame avec le manche du brochoir : on fe fert enfuite du /eve-fole, qui fait ici l'office du levier; on introduit le bout le plus mince fous la fole du côté de la pince, ce qui fait la réfiftance. Le bord du fabot fert de point d'appui, & la main de l’opé- rateur, en appuyant fur l’autre bout de linftrument, en fait la puiffance. Cette manœuvre fait foulever la fole, ce qui donne la facilité à un garçon maré- chal de la prendre avec des pinces qu’on nomme #ri- coifes : 1l la tire fortement à lui en la foülevant , & larrache. L'opérateur conduit fon opération à fa perfe&ion avec un biftouri appellé fille de fauge, en détachant les lames de la corne qui font adhéran- tes au fabot, & en extirpant les corps viciés qui fe trouvent dans la fubftance du petit pié. Enfuite on attache le fer avec tous fes clous, fans les rogner, & on lâche le pié à terre ; on Le délie de la petite ligature, pour le laiffer faigner un volume de fang à-peu-près égal à une faignée du cou. Panfement, 3°. On reprend le pié pour l’aflujettir de nouveau au travail; on lie le paturon avec la pe- tite ligature , pour la mème raifon que nous avons dite c1-deflus : on baffine la plaie avec un plumaf- {eau de filaffe trempé dans de l’eau-de-vie ou de l’eau vulnéraire. L'appareil doit être tout prêt; il confifte en une quantité {ufifante de bourdonnets & plumaf- eaux de filafle de différente longueur & groffeur. On choïfit deux des bourdonnets mollement rou- lés de la longueur à-peu-près du fer, & d’une grof- {eur à pouvoir entrer fousles branches ; on les in- troduit deflous avec une fpatule , après les avoir trempés dans de la térébenthine fine un peu tiede. On prend un troifieme bourdonnet d’une longueur &z d’une grofleur à pouvoir remplir le vuide qui fe trouve entre les deux autres; on en prend un quatrieme de la longueur de deux pouces, & afez gros pour remplir la fente de la fourchette, & pour en conferver la figure naturelle ; on le trempe, com- me les trois autres, dans le même liniment: & on les place tous de façon qu'ils compriment également toute la plaie, afn que la régénération de la corne fe faffe avec une jufte proportion, conforme à celle de la nature. On a trois écliffes de bois , deux defquelles join- tes enfemble, font la longueur, la largeur & la ron- deur de l’intérieur du pié; on les met l’une après Pautre fous le fer, pour comprimer l’appareil. La troifieme éclifle , égale en longueur à la largeur du DES 595 fer, & épaiffe d’un bon pouce, doit être pofée tranf- verfalement fous les éponges, pour arrêter les deux autres. On rogne enfuite les clous, & on les rive en les frappant léserement, pour donner moins d’ébranles ment à la partie affigée. On prend après un cinquie- me bourdonnet de la longueur de l’éclifle qui fert de traverfe, qu’on trempe dans la même térébenthine, & qu’on met tranfverfalement aux talons fous les bouts deséclifles. On applique enfin aux deux ta- lons , aux parties latérales du fabot, de l’onguent de pié étendu fur de la filaSe : la grofleur d’un œuf fufit pour le tout, On entoure le pié d’une bande de toile de la largeur de quatre pouces, que l’on lie & que Pon arrête avec du ruban de fil. Quatre heures après l'opération on fait une fai- gnée au cou du cheval , & on la répete le lendemain matin, Au bout de fix jours en été, & de fept en hyver, fi la maladie eft fimple, & plûtôt, f le cas l'exige, on leve l’appareil, en Ôtant la bande, les écliffes & les bourdonnets, que l’on fait reflervir en les trempant dans la térébenthine, & en obfervant les mêmes précautions & la même méthode. On conti- nue ce panfement tous les fix ou fept jours pendant trois femaines ou un mois , tems à-peu-près nécef- faire pour la guérifon, fi la maladie eft fimple ; fi elle ne left pas , on ne fauroit en fixer le terme. Dans tous les cas, il faut attendre que le pié du cheval foit parfaitement raffermi avant de le faire tra- vailler, Quelques critiques trouveront peut-être qu’on peut defoter un cheval fans tant de préparations , comme les emmiellures &c les lavemens qui préce- dent & fuivent l'opération ; mais Les gens fenfés & experts Jugeront de la conféquence de ces précau- tions dans une opération auf douloureufe. Ces arri cle eff de M. GENSON. DESSOUDER , v. aû. (Orfév.) Commeil arrive quelquefois que dans les ouvrages montés, quelques pieces d'ornement fe dérangent au feu, où que Pou- vrier ne les trouve pas placées comme il defireroit, il faut alors les Zffouder, fans nuire au refte de l’ou- vrage. Cette opération fe fait en garmifflant d’une terre délayée , à laquelle on aura joint un peu de fel, pour lui donner plus de confiftance , tous les endroits foudés , à l'exception de celui que l’on veut deffouder. On gratte bien les à-l’entours de cette par- tie, & on la garnit de borax, comme fi on vouloit la fouder. On place la piece au feu, & on aflujertit tout le corps de l’ouvrage, foit avec un poids, foit avec des liens , de façon qu’il foit difficile à émou- voir. On donne à fa piece enfuite tout lé feu dont elle a befoin pour mettre la foudure en fuñon; & dès qu'on Py voit, on happe la partie que l’on veut détacher avec une pince, & on l’enleve : l’a@ion de la foudure qui eft en fufion, & qui cherche à fe eripper, fait qu'il faut un certain effort pour opérer cette disjonétion. Si la partie que l’on veut deffouder n'eft pas de nature à pouvoir être happée, on l’ar- tache préliminairement avec un fil-d’archal un peu fort & un peu long, avec lequel on puife l’énlever commodément. DESSUS pu vENT, ÊTRE AU-DESSUS DU VENT, (Marine.). on dit qu'un vaïffeau a gagné le déffus du vent, pour dire qu'il a pris Pavantage du vent. (Z), Dessus, & en ‘italien /oprano ; ( Mufique ) eft la plus haute &c la plus aigue des parties de la Muf- que, celle qui règne dans un concert au - deflus de toutes les autres. C’eft dans ce fens que nous di- {ons déffus de violon, deffus de flüre, de hautbois, & en général, deffus de fymphonie. Dans la mufique vocale le deffus s'exécute pardes voix de femmes, par des enfans, & ençore par des 806 DES caftrati , dont la voix gagne une oéftave ‘en-haut au moyen de cette mutilation. Voyez CASTRATI. Le deffus {e divife ordinairement en premier & fe- cond deffus, 8 même quelquefois en trois. La partie des voix qui exécute le fecond deffus, s’appelle Pas- deffus ; & l’on fait auf des récits à voix feule pour cette partie. Un beau a5-deffus plein & fonore eft plus efliméen Italie pour voix de femme, que les voix claires & aiguës ; mais on n'en fait aucun cas enFrance. Voyez PARTIE, Voix. ($) Dessus, (Opera.) voyez l’article précedent. On dit d’une actrice de l’opera &c d’une chanteufe de concert , c’eft un beau deffus , pour dire ne belle voix de deffus. Les chœurs de femmes à l’opera font com- poiés de deffus & de bas-deffus ; les premieres font placées du côté du Roi, les autres du côté de la Reine. Voyez CHG@URS. La partie des deffus à la chapelle du Roï, eft chantée par des caffrati. Voyez CHANTEUR. (8) Dessus DE FLÛTE À BEC, (Lurh.) infirument à vent, dont la forme & la tablature eft fembla- ble à celle de la ffére à bec décrite à fon article. Cet inftrument fonne l’oftave au-deflus de la Jfäte à bec, appellée saille. Voyez FLÛTE À BEC, & La table du rapport de l'étendue des infirumens. Dessus DE FLUTE TRAVERSIERE, ( Lurh.) eft un inftrument de mufique femblable à la ffäce rraver- Jéere, mais la moitié plus petit, & qui ne fe démonte qu’en deux outrois parties. La tablature de cet inf- trument qui fonne l’oftave au- deffus de la fZére traverfiere ordinaire , eft tout-à-fait femblable à celle de ce dernier inffrument. Woyez FLUTE TRAVER- SIERE, G la PI, VIII. fig. 8. de Lutherie. Dessus pe viole, (Lurh.) inftrument de mufi- que à cordes & archet, en tout femblable à la viole, dont il ne differe qu’en ce qu'il eft plus petit & n’a que fix cordes, lefquelles fonnent l’oétave au-deffus des fix premieres de la viole, Voyez Viore. La fac- ture & la tablature de cet inffrument, que les Ita- liens appellent alto viola , eft en tout femblable à celle de la viole. Voyez PL II. fig. 2. de Lucherie. DESSUS DE PORTE, ( Archi.) on entend fous ce nom tous les revêtiflemens de pierre, de bois ou de plâtre, fufcepuibles d'ornemens, de peinture, fcnlp- ture & architetture, à l’ufage de la décoration des appartemens. (P) Dessus, en terme de Bijoutrer, eft proprement le couverture d’une tabatiere, qui joue fur le fond & la bafe par le moyen d’une charniere. DESTIN , f. m, (Morale & Métaphyfique.) eft pro- prement l’ordre, la difpofition ou Penchainement des caufes fecondes, ordonné par la Providence, qui emporte linfaillibihté de l’évenement, #. FATALITÉ Selon quelques philofophes payens, le deflin étoit une vertu fecrgte & inviñble, qui conduit avec une fagefle incompréhenfible ce qui nous paroît fortuit & déréglé; & c’eit ce que nous appellons Dieu. Voyez Dieu. Les Stoiciens entendoient par la deffinée , un cer- tain enchaînement de toutes chofes qui fe fuivent néceffairement & de toute éternité, fans que rien puifle interrompre la liaïfon qu’elles ont entr'elles, Cette idée confond le néceflaire avec linfaillible. Voyez PROVIDENCE 6 NÉCESSITÉ. [ls foûmettoient les dieux mêmes à la néceffité de cette deffinée; mais 1ls définiffent plürôt ce que le mot de deflinée devoit fignifier, que ce qu'il fignifie dans le langage commun : car les Stoiciens n’avoient nulle idée diftinéte de cette puiflance à qui‘ils attri- buoient ces évenemens. Ils n’avoient qu’une idée vague & confufe d’un je ne fai quoi chimérique, & d’une caufe inconnue à laquelle ils rapportoient gette difpofitioninvariable & çet enchainement éter- DES nel de toutes chofes. Il ne peut y avoir aucun être réel qui foit le defin des Stoïciens. Les philofophes payens qui en avoient fabriqué l’idée, fuppofoient qu'elle exiftoit, fans favoir pourtant précifément ce qu'ils entendoient par cette fatalité inévitable. Les hommes n’ofant d’un côté imputer à la Provi- dence les malheurs qu'ils prétendoient leur arriver injuftement, & de l’autre ne voulant point recon- noître que c'étoit leur faute, formerent le phantôme du deflir pour le charger de tout lemal. 7% FORTUNE, Chambers. DESTINATION, f. f. (Jurifprud.) eft la difpof- tion que l’on entend faire de quelque chofe. L'effet de la fimple défination, quoique non remplie, ne laiffe pas de produire fon effet quand elle eft bien prouvée. Ainfi des deniers que l’on a ftipulés qui feroient employés en achat d’héritages, feront réputés pro- pres à l'égard de la communauté. Un bâtiment commencé en forme de collése ou d'hôpital, eft acquis au public par fa feule deflinarion, qui dans ce cas forme ce que l’on appelle une po/i- citation, Voyez POLLICITATION. (4) DESTINATION DE PERE DE FAMILLE, eft l’ar- rangement qu'un propriétaire a fait dans fon hérita- tage, foit pour les jours , foit pour égoûts, entrées, paflages, & autres difpofitions; foit dans un même corps de bâtiment ou dans deux maïfons à lui appar- tenantes & fe joignantes l’une l’autre, Ce proprié- taire n’a pas befoin de titre pour difpofer ainfi une partie de fon héritage par rapport à l’autre, parce que ce n’eft point à titre de fervitude qu'il fait ces difpofitions, mais par droit de propriété. Ces arran- gemens faits dans un tems où la totalité des hérita- ges appartient au même propriétaire, font ce que l’on entend par deffination du pere de famille. Cette defination vauttitre pour les fervitudes qui fe trou- vent impofées fur une partie de l’héritage en faveur de l’autre, lorfque ces deux portions d’héritage fe trouvent enfuite entre les mains de deux différens propriétaires : mais pour que la deffination vaille ti- tre, dans ce cas il faut qu’elle foit par écrit, c’eft- à-dire que l’arrangement du pere de famille foit ex- pliqué dans quelqu’ate. Lorfqu’il met hors de fes mains une partie de fon héritage, il doit en le fai- fant, déclarer quelles fervitudes il y retient, ou quel- les fervitudes 1l conftitue fur la portion qu’il referve, &t cela nommément , tant pour l’endroit, grandeur, hauteur , mefure , qu’efpece de fervitudes ; autre- ment elles ne peuvent valoir : ce qui eft conforme à la difpofition des Lois 3. 7. & 10. ff. commurita prædio- rum, 8LC. 2 Il faut du moins que cette deffination ait êté par écrit, auquel cas fi l’aéte ne fubfftoit plus, on pour- roit faire preuve qu'il a exifté. Tellesfont les difpofitions de la coûtume de Paris, art, 215. & 216. Avant la réformation de cette coû- tume , il n’étoit pas néceffaire que la deffinañon du pêre de famille fût par écrit ; & cela s’obferve encore pour les fervitudes qui étoient conftituées dès le tems de l’ancienne coûtume, fuivant les arrêts rap- portés par les commentateurs fur l’art, 216. (4) DESTINATION, ( Marine.) On dit Le lieu de la &- flnation d’un vaifleau , pour defigner le port & le pays où le vaifleau va. (Z) DESTINÉE,, . f. (Métaph.) en-général, fignifie un évenement infailhble qui dépend d’une caufe fupérieure. Les Latins fe fervoient du mot fatum. Farum eft un terme fort en ufage parmi les an- ciens philofophes. Il vient de fazdo, parlér, & fi- gnifie proprement la même chofe que effatum , c’eft- à-dire #10£, decret prononcé par Dieu, ou une décla- ration fixe par laquelle la Divinité a reglé fete es DES des chofes, &c défigné ce qui doit arriver à chaque perfonne | - Les Grecs l’appellent uucpuern, #exus, chaîne, ou une fuite néceflaire de chofes liées enfemble d’une maniere indifloluble, &c les modernes lappellent providence. Voyez PROVIDENCE. d Mais outre qu’on:fe fert du mot ftum pour figni- fier la connexion des chofes, foit dans la nature, foit même dans la détermination divine ; on lui donne encore un fens plus étendu : car on l’employe pour exprimer je ne fai quelle nécefité ou deftination éternelle des chofes, qui conduit & dirige vers leurs fins tous Les agens ; foit néceffaires, foit volontaires, Voyez NÉCESSITÉ. | | Quelques auteurs ont divifé la deflinée en aftro= logique & ftoicienne. Deflinée aftrologique, fignifie une néceffité de cho- fes & d’évenemens qui dépend de l'influence & de la poñtion des corps céleftes qui dirigent les élé- mens, les corps mixtes, & la volonté des hommes. C’eft dans ce fens que Manilius l’employoit fou- vent: Certum eft & inevitabile fatum; materiæque da- turn eft cogi , ed cogere flellis. V' oyez ASTROLOGIE. Déeflinée floicienne ou fatalité, fuivant la définition qu’en donne Cicéron, eft un ordre ou une fuite de caufes , dans laquelle une caufe eft enchainée avec une autre; & c’eft ainfi, dit cet auteur , que tou- tes chofes font produites par une premiere caufe. Chryfppe dit que.c'eft une fucceflion naturelle & invariable de toutes chofes ab æterno , dont l’une ren- ferme l’autre. Les dieux mêmes étoient foûmis à cette deffinée ; en effet un ancien dit : « L'auteur de toutes chofes » a fait des lois dès Le commencement, auxquelles #il a foûmis toutes chofes & lui-même. Séneque dit aufli:eadem necvffitas & deos alligat, irrevocabilis divi- na pariter & humana curfus vehit : ille ipfe omnium con- ditor 6 reütor feripfit quidem fata , [ed fequitur ; femel fcripfit , Jemper parer. Les Poëtes appellent cette fuite éternelle de cau- fes pores, & parcæ ou deffins. Voyez STOICISME 6 DESTIN. : Quelques auteurs modernes divifent la deftinée, fatum , en phyfique & divine. Deffinée phyfique , eft l’ordre ou la fuite des cau- {es naturelles qui font appliquées à leurs effets. Le principe ou fondement de cette deflinée ef la nature, ou le pouvoir & la maniere d’agir que Dieu a donné dès le commencement aux différens corps , élémens , mixtes, 6c. C’eft par cette deflinée que le feu échauffe, que les corps communiquent leurs mouvemens à chaque autre, que le foleil & la lune occafionnent les marées, 6:c. &c les effets de cette deffinée font tous les évenemens & les phéno- menes qu'on remarque dans tout l’univers, excepté ceux qui dépendent de la volonté de l’homme. Voyez NATURE. Deflinée divine, eft ce que nous appellons ordinai- rement la providence, Voyez PROVIDENCE. Platon , dans fon Phædon , les renferme l’une & l’autre dans une même définition, & les regarde comme la même chofe confidérée aétivement & paf fivement. Voici fa définition: Farum eff ratio quedam divina , lexque naturæ comes quæ tranfiri nequeat, quip- pe à caufa pendens que fuperior fet quibufvis impedimen- tis, Cependant celle de Boëce paroït plus claire & plus jufte : Fatum , dit-il, eff inhærens rebus mobilibus difpofitio, per quam providentia fuis queque neëlit ordi- zuibus. Chambers. DESTITUTION D'UN OFFICIER , (Jzrifpr.) c’eft lorfqu’on lui ôte la place & la fonétion publi- que qu'il avoit. La defitution eft différente de la fappreffion , en ce que celle-c1 anéantit l'office, au lieu que la defhirution Tome 1 P, DES % 97 laifle fubfifter l'office , mais révoque celui qui em étoit pourvü, | Deux des fages de l’antiquité, Platon & Ariftote, ont êté partagés fur cette matiere; l’un voulant que les offices fuflent perpétuels, c’eft-a-dire à vie ; l’au- tre qu’ils fuflent annuels, ou du moins pour un bref efpace de tems. Les raifons d'état qui peuvent mili- ter pour l’un ou l’autre de ces deux partis, font ex: pliquées par Bodin en fa républ. liv. IP, ch. jv. .… Loyfeau eftime que dans les états démocratiques 1] convient mieux que la durée des offices foit pour peu de tems, de peur que lés officiers enflés par l'exercice de la puiffance publique, ne prétendent s'élever au-deflus de leurs concitoyens ; & aufli afin que chacun ait partiau gouvernement de l’état : mais que dans les monarchies où l'égalité de conditions n'eft pas néceffaire, & où le prince n’a point à crain- dre que fes officiers s’élevent au-deflus de lui, left plus convenable que les officiers foient perpétuels,; afin qu’une longue expérience les mette en état de faire mieux leurs fon@ions ; &c auf afin qu'ils y ac- quierent plus d'autorité. , À Rome du tems de la république, les offices étoient de leur nature annuels ; mais ils ne laifloient pas d’être révocables avant l'expiration de l’année. En effet on voit que Tarquin Collatin, le premier des confuls, fut deftitué de fon office, & Valerius Publicola mis à fa place ; que Titus Flaminius autre conful, qui venoit de vaincre les Milanois, fut néan- moins rappellé & dépofé, parce que l’on fit enten- dre au fénat qu'il avoit été élu contre les aufpicesz que Scipiôn Nafica & Caius Martius, aufñi confuls, furent de même rappellés des provinces où ils commandoient, fous prétexte qu’il manquoit quel= que cérémonie à leur éle&ion. La deflirution avoit aufi lieu dans les emplois du facerdoce; témoins ces deux prêtres de Rome , Cor- nélhus & Céthégus, qui furent deftitués de leur prê= trife pour n’avoir pas diftribué par ordre les entrail- les d’une viétime. On deftitua de même Quintus Sul- picius, parce que fon bonnet étoit tombé de fa tête : en facrifiant. Caius Flaminius fut deftitué de l'office de maître de la cavalerie, parce que lors de fa nomination on avoit oùi le bruit d’une fouris. Les cenfeurs ôtoient auffi & dégradoient du fénat &t de l’ordre des chevaliers ceux qu’il leur plaifoit, pour des caufes fort légeres. Enfin le fénat révoquoit quand il le jugeoït à pros pos les proconfuls. . Les empereurs révoquoient auf les préfidens & autres gouverneurs des provinces, en leur envoyant un fuccefleur ; de forte que fuccefforem mittere figni- fioit révoquer l’ancien officier , le deftituer. Mais fous les empereurs les offices, au lieu d’an- nales comme ils étoient du tems de la république, devinrent prefque tous à vie. Ce changement fe fit infenfiblement, & fans aucune loi; l'officier étoit obligé decontinuer fes fonétions jufqu’à l’avenement de fon fuccefleur; de forte que l’empereur ne lui nommant pas de fuccefleur, 1l continuoit toüjours fes fonétions. Si les empereurs révoquoient quelquefois certains officiers , ils ne le faifoient jamais fans caufe. Anf& Capitolin en la vie d’Antonin, lui donne cette loïan- ge, que /uccefforem viventi bono judici nulli dedir, qu'il ne voulut même deflituer aucun des officiers pourvus par Adrien fon prédécefleur; & Lampride en fa vie d'Alexandre Sévere, remarque que quand cet empereur donnoit un fuccefleur à quelqu'off-: cier, c’étoit toûjours avec ces termes, gratras 11bà agit refpublica, de maniere que l'officier étoit remer cié honnêtement. Il y avoit auñi chez les a e commiffions RS XXRX 895 DES qui étoiént différentes des offices, en ce que la fonc- tion des offices étoit ordinaire , & l’autre feulement extraordinaire. Ceux qui étoient chargés,de com- miflion, pouvoient aufh être deftitués fans attendre la fin.de leur commiffion. 2 : En France, au commencement de la monarchie, tous les ofices étoient révocables à la volonté du prince ; de même que chez les Romains. Il y avoit alors trois manieres de conférer cet- tains offices , tels que les prevôtés ; on les donnoit à ferme, en garde, ou à titre d'office ; quand on n€ vouloit pas les donner en titre d'office, ce qui étoit de foi perpétuel, on les donnoit en garde, c’eft-à-dire par commiflion révocable, Dans la fuite tous les of- fices furent conférés en titre, mais avec la claufe pour tant qu'il nous plaira , au moyen de quoi als étoient toûjours révocables; & depuis l'invention de cètte claufe, on cefla de les donner en garde. Les grands offices de France, quoiqu’on les qua- life offices de La couronne, & que l’on en fit alors la foi & hommage au roï comme d’un fief, m’étoient pas à couvert de la deflitution. Dutillet-rapporte plufieurs exemples de telles de/uurions, qu'il quali- fie décharges , pour montrer qu’elles fe faifoient en termes honnêtes. 15507 - Les officiers du parlement, tant qu'il ne fut qu'- ambulatoire, étoient aufli révocables à volonté, d'autant mieux qu’ils n’étoient pas alors vrais off- ciers ordinaires, mais de fimples commiffaires dé- putés une fois ou deux l’année pour juger certaines affaires. Depuis que le parlement eut été rendu fé- dentaire à Paris par Philippe le Bel, les offices de cette cour n’étoient d’abord qu’annuels. Les troubles qui arriverent fous le regne de Charles VI. étant caufe que l’on négligea d'envoyer au commence- ment dé chaque année l’état des nouveaux officiers qui devoient compofer le parlement, ceux qui étoient en place fe prorogerent d'eux-mêmes pour le bien du fervice public, en attendant les ordres du roi. Et enfin Louis XI. ayant introduit la vénalité & en mème tems la perpétuité des offices, ceux du parlement devinrent ordinaires & perpétuels. Les ducs & les comtes qui étoient anciennement les magiftrats des provinces, étoient d’abord révo- cables ad nutum ; enfuite l’ufage vint de ne les point deftituer , à moins qu’ils ne fuflent convaincus de malverfation. Les baïllifs & fénéchaux qui fuccéderent aux ducs & aux comtes, étoient aufhi autrefois révocables ; & jufqu’au tems de Louis XIL. ils pouvoient à leur gré inflituer & deftituer leurs lieutenans, lefquels métoient proprement que des commiflaires par eux délégués, & non de vrais officiers. Mais comme les baillifs & fénéchaux abufoient de ce pouvoir qu’ils avoient de deftituer leurs lieutenans, Louis XII. le leur Ôta en 1499, leur laiffant feulement la liberté d’avertir le roi ou le parlement des malverfations que pourroient commettre leurs lieutenans. Dans le tems même que les offices étoient révoca- bles à volonté, nos rois n’ufoient point fans fujet de cette faculté ; & le roi Robert eft lotié dans l’hif- toire de ce qu'il n’avoit jamais deftitué un feul off- cier. Philippe le Bel fut {e premier qui voulut rendre les offices perpétuels en France: ayant fait une ré- forme des officiers qui avoient malverf{é, il confirma les autres, & ordonna qu’ils ne pourroient être def- titués. Mais cela étoit perfonnel aux officiers en pla- ce, & ne formoit pas une regle générale pour l’ave- nir. En effet Charles V. dit Ze Sage ayant pendant la captivité du roi Jean, deftitué, par l'avis des trois états, plufieurs des principaux officiers du royaume, gais ayant bien-tÔt reçonau que cela avoit accru le part du roi de Navarre; il vint au parlement, 8 ÿ b- . A ré e 6 AS E 4 prononça lui-même un arrêt par lequel il déclara que la deflitution de ces, officiers avbit-été faite contre raifon & juflice , & les rétablit tous. :: Louis XI+à-fon avenement changea auffi la plûte part des principaux officiers ; cequi.contribua beauz coup à la guerre civile dite dx bien publie: @eit pourquoi 1l ordonna en 1463, qu'à l'avenir les'ofiz ciers ne pourroient être deftitués que pour forfais ture jugée ; au moyen dequoi la claufe pour tant gwil ous plaira, que l’on a toüjours continué de mettre dans les provifions , eft devenue fans effet, les offi- ciers royaux ne pouvant plus être deftitués que pour forfaiture. Louis XI. fit jurer à Charles VIIL. {on fils d'obferver cette ordonnance, comme une des plus eflentielles pour le bien & la füreté de fon état , envoya au parlement l’aéte de ce ferment. Charles VIIL. n’ofant caflem cette ordonance , y apporta une grande limitation parfon édit de 14934 i * portant que les offices de finance ne feroient-plus conférés en titre, mais par commiflion ; d’où eft ye= nue la diftinéhion des offices en titre d’avec les come mifhons ; & depuis ce tems une partie des fon&tions . publiques eff érigée en titre d'office, l’autre s'exerce * par commiflion. fn “ne RL Les officiers royaux pourvûs en titre d’ofice, ne , peuvent plus être deftitués que pour forfaiture ; au lieu que ceux qui font feulement par commifiori peuvent être deftitués 42 rurum. | Les engagiftes ne peuvent deftituer les officiers royaux, attendu qu’ils n’en ont que la nomination, & que c’eft le Roi qui leur donne des provifions. Pour ce qui eff des offices des juftices feigneuria= les , les feigneurs imitant le ftyle de la chancellerie $ ne les donnent communément qu'avec cette claufe pour tant qu'il nous plaire. Loyfeau prétend que dans les principes ce font de vrais offices en titre , qui de leur nature & pour le bien de la juftice devroient être perpétuels; que les feigneurs ne pouvant avoir plus de pouvoir que le Roi , 1ls ne devroient pas avoir la liberté de defti= tuer leurs officiers, finon pour caufe de forfaiture, Néanmoins il eft conftant que {uivant l’ordonnan- ce de Rouflillon de 1563 ; ars. 27. les feioneurs par- ticuliers peuvent deftituer leurs juges 4 eur plaifir & volonté, Ce font les termes de l’ordonnance; & ce qu’elle ordonne pour les juges a lieu également pour tous les autres officiers : c’eit un ufage conftant, & autorifé par la jurifprudence des arrêts. Il n'importe point que le feigneur ait pourvû lui= même les officiers, ou qu'il l’ait été par fes prédé- cefleurs ; que les provifions fuffent à vie, ou pour un tems limité ou indéfini, ni que l'officier ait fervi pendant un grand nombre d’années ; tout cela n’em- pêche point la deffiturion, Mais les officiers des feigneurs doivent être defti- tués en termes honnêtes , ou du moins fans que l’aéte de révocation contienne aucune expreflion ni au- cune réticence injurieufe : par exemple s’il y avoit pour raifons 4 nous connues , c’eft ce que l’on appelle communément par ironie une defhisurion faite cum elogio : lorfqu’elle eft conçüe de cette maniere, Pof- ficier qui prétend avoir droit de s’en plaindre, peut la faire déclarer nulle & injurienfe, & même obte- nir des dommages & intérêts contre Le feigneur ; ce qui n'empêche pas le feigneur de faire un autre aûte de deflitution en termes plus mefurés : 8 pour éviter toute conteftation, quand ileftmécontent d’un de fes officiers, 1l doit le deftituer fimplement, fans expri- mer aucune autre çaufe dans l’aéte que celle de fa volonté. L’ordonnance de Rouflillon excepte deux cas , fa= voir fi les officiers ontété pourvüs pour récompenfe de fervices ou autre titre onéreux; çe qui a fait _JES croire autrefois à quelques-uns, que dans ces cas les officiers des feigneurs ne pouvoient abfolument être deflitués. Cependant les officiers de feigneur pourvüûs à ti- tre onéreux, c’eft-à-dire qui ont payé une finance au feigneur pour avoir leur office, ne laïflent pas d'être deftituables ad rurum, comme les autres ; avec cette différence feulement, que le feigneur doit pour toute indemnité leur rembourfer la finance qu'ils ont payée ; & jufqu'au parfait rembourfement l'ofi- cier continue d'exercer, Il n’eft pas permis néanmoins au feigneur de defti- tuer un officier pourvû à titre onéreux, pour reven- dre l'office plus cher à un autre ; ce feroit une indi- gnité de la part du feigneur, qui rendroit nulle a defliturion. © Si l'officier a été pourvû pour caufe de fervices “qui n’ayent point été récompenfés d’ailleurs , il ne peut être deftitué qu’en lui donnant une indemnité ‘proportionnée à fes fervices, pourvû qu'ils foient exprimés dans fes provifons, ou qu'ils foient jufti- -fiés d’ailleurs, à moins que les provifions qui énon- cent fes fervices ne le difpenfent expreflément d’en “faire la preuve. Les évêques, abbés, & autres bénéficiers, ont le même pouvoir que les feigneurs laïcs, pour la defti- sution des officiers de leurs juftices temporelles , & doivent y obferver les mêmes regles. Il faut feulement obferver que le bénéficier qui deftitue un officier pourvà par {on prédécefieur pour récompenfe de fervice owautre titre onéreux , n’eft tenu de l’indemnifer qu’autant que les fervices ou 1a finance qui a été donnée ont tourné au profit de l’églife & du bénéfice, & non pas au profit particu- lier du bénéficier. | Les évêques & abbés peuvent pareillement defti- tuer adnutumleurs officiaux,vicegérens, promoteurs, appariteuts, & autres officiers de leur jurifdiétion eccléfiaftique. Le chapitre a auf le droit, féde vacantre, de defti- tuer ad nutum les grands-vicaires , officiaux, pro- moteurs, & autres officiers , foit eccléfiaftiques ou laïcs , de l'évêché. Les ufufruitiers, dotiairiers, tuteurs 8 curateurs, 8 autres adminiftrateurs, peuvent deftituer les of- ciers des feigneuries dont ils jouiflent ; & les mineurs & autres qui font en tutelle ou curatelle, ne peu- vent defavoüer ce qui a été fait par leurs tuteurs: mais ils ont auf la liberté, lorfqu'ils font joiuffans de leurs droits, de deflituer les officiers qui ne leur conviennent pas. Les officiers des villes8 communautés, tels que les maires & échevins, fyndics, ne peuvent être - deftitués fans caufe légitime avant la fin du tems de leurs commiflions. Voyez Loyfeau, tr. des off. liv. I. chap. x. n. 50. div. IF. chap. v. n. 15, G fuiv. © chap. vi. & Liv. V. chap. jv. & v. Benediët. in cap. Raynutinss in verbo duas habens filias. Chenu , fit. xxxiüy. de fon recueil de reglem. & des off. de France, tit, xhij. Bacquet, des droits de juftice, chap. xvij. Filleau, ZI, part. tome III, & VIIL. Brodeau fur Louet , /ert. © , chap. 7. Caron- das, Æv. IT. rep. 58. Lapeyrere, lert. O , n.4.Bañna- ge, tit, de jurifdiit. art. 13. Baflet, some II. Liv. Il i- tre ii. chap. v. Stokmans , décif. 92. Bouchel, bzblior. au mot Deffitution, & au mot Officiers. Boniface, tome IV. liv. I. 'eit, 1. chap. 1. Lieprètre, cent, 2. ch. li. Corbin, plaïd. chap. cvüÿ. € cxxy. 6 fuite de pa- tronage , ch. clxxxv. Bardet, rome I. Liv. LT. chap. ciy. & cv. Soefve, tome I. cent. 3. chap. ljx. € tomeIl. cent. 4. chap. xceviij. Henrys, fome 1, Liv. II. ch. jv. Biblioth, canon, tome I. p.122.col, 2. Journ. des aud, come I, div. I. chap. iij. Giome V. liy. VI. chap. vüj. Catelan, Lv. I, chap, xbvj, € div. LIL, chap. je, C4) Tome IF, DES 899 DESTITUTION DE CURATEUR ET DE TUTEUR, voyez ci-devant au mot CURATEUR, & au mot Tu- TEUR. (4 DESTRIER , fm. ( Manége.) vieux mot qui f- gnifie wr cheval de main où de bataille. I| eft oppolé à palefroi qui étoit un cheval de cérémonie ou de fer. vice ordinaire. Didionn.de Trév. ( F) DÉSUDATION,, f. f. terme de Medecine , qui fieni- fie une maladie de la pean que les Grecs appelloient 1dpoe , les Latins fzdzmina. Ils entendoient par ces noms de petits boutons, comme des grains de mil- let qui exulcerent & excorient la peau. Ces éruptions , dit Sennert , attaquent principa- lement les enfans & les jeunes perfonnes d'un tem- pérament chaud, & cela fur-tout en été : elles fe montrent autour du cou , aux épaules, à la poi- trie, aux bras & aux cuifles , mais le plus fouvent anprès du fondement & des parties de la généra- tion. | _ Les fueurs âcres , mordicantes, qui détruifent l’é- piderme,, rongent la peau , & y caufent un {enti- timent de demangeaifon, font le plus fouvent la caufe prochaine de la défdation : le mauvais régi- me des nourrices qui ufent d’alimens échaufans , de liqueurs fpiritueufes , & même défaut dans les en- fans & autres qui font atteints de cette maladie , en font les caufes prédifponentes ; mais fur-tout la né- gligence à changer de linge , la malpropreté , pro- duifent le plus {ouvent la dé/udation, Elle n’a rien de dangereux, & la guérifon en doit être abandonnée la nature, fila nourrice eft faine, fi l’enfant {e porte bien d’ailleurs, s’ils ne {ont dans le cas d’êtrefoupçonnés d’aucun vice dominant dans la maïñle des humeurs : on doit preferire un bon ré- pime, fi le mauvais peut avoir donné lieu à la ma- ladie : fi elle vient de caufe externe , comme des linges malpropres , il fauten employer de bien nets, & en changer fouvent : on peut adeucir d’acrimo- me prurisineufe en oignant Ja partie affetée avec du beurre frais feul ou lavé dans l'eau rofe : on doit s’abftenir de tout remede repercuffif & defficcatif, qui ne peut qu'être très -nuifible encecasenfaifant rentrer l’hnmeur qui établit le vice de la peau fur quelque partie plus importante , où en empé- chant qu’elle nefe diffipe au - dehors, ce quiarrive peu-à-peu, & contribuebeauconp purifier lefang , &t à emporter la caufe de bien d’autres maladies, Voyez ERUPTION , EXANTHEME. ( d) DÉSULTEUR , €. m. ( Æi/£. anc.) en latin deful- tor , nom qu'on donnoit à ceux qui fautoient avec beaucoup d’adrefle & d’agilité d’un cheval fur l’au- tre , foit dans la courfe équeftre , oit à la guerre quand lanécefité le requéroit. Onappelloitiles che- vaux defulrorii, 8& les cavaliers &e/xitores'; fur quoi je fupprime toute l’éruditionrépandue à ce fujerdans les lexicographes. Il me fuffira de remarquer que la courfe à cheval pafla des Grecs'aux Romains, après avoir été réduite en regle ; mais il falloit que cet établifement füt bien ancien chez les Grecs, puifque Pindare , dans fa premiere Ode , célebre la viétoire remportée dans ‘cette courfe par Hiéron, roi de Syracufe. D'un autre côté , les nations que les Grecs nommoïent barbares , les Indiens, les Scy- “thes ; les Numides ,; moins curieux de jeux que d'incurfions , étoïent en ufage d’avoir àda guerre des -Zéfulteurs , c’eft-à-dire des cavaliers qui me- noient avec eux plufieurs Chevaux pour en changer au befoin , & alors ils fautoient en courant à bride abattue d’un cheval fuir l’autre. Cette pratique de- Mmandoit fans doute beaucoup d'habitude 8c d’adref- fe,dans un tems fur-tout où les chevaux.étoientfans felle &c fans étriers. Les Tartares & les Polonois {orit ençote dans l’ufage des anciens Scythes, &ciles XXXxXXxX 2e DET huffards en tiennent quelquerefte. Arricle-de M. le Chevalier DE JAUCOURT, DESUNI, part. serme de Manége. Un cheval eft -defuni lorfqu’ayant commencé à galoper en avan- -çant la jambe droite la premiere, il change de jam- be & avance la gauche la premiere + il elt defuri du derriere lorfqu’il avance la jambe droite de derriere au galop en même tems que la jambe droite de de- vant ; car à toutes les allures, excepté à Pamble, Ja jambe gauche de derriere doit marcher avec la jambe droite de devant, & ainfi des deux autres. Se defunir eft la même chofe que defuni. Voyez Desunt. (7) DESUNION , . f. (Jurifp.) c’eft la féparation de deux chofes qui étoient unies enfemble. DESUNION DE BÉNÉFICES , C’eftlorfque l’on dif- joint deux bénéfices qui avoient été unis enfemble : ce qui arrive lorfque l’union n’eft pas réguliere , ou lorfque pour des confidérations importañtes on ju- ge à-propos de defunir ce qui avoit été umi. Foyex BÉNÉFICE, CURE, & UNION. (4) | DESUNION DE FIEF, c’eft lorfqu’on defunit quel- que portion d’un fief ou deux fiefs qui étoient réu- mis enfemble. Voyez ci- devant DÉMEMBREMENT DE FIEF ÿ @ Fier, JEU DE FIEF & RÉUNION. (4) DESUNION DE JUSTICE , on réunit quelquefois plufieurs juftices enfemble pour en former une feule plus confidérable. Il arrive auffi quelquefois que l'on en diftrait ou defunit quelqu’une ; il n’y a que le roi qui puifle faire ces unions & defunions. Poyez : JusTicE 6 RESSORT. (4) DÉTACHÉ, patt. adj. terme de Mufique , qui ; mis au commencement d’un air , annoncé qu'il doit être exécuté de maniere que les notes ne faffent pas un fon continu , & qu’elles ne foient pas liées en- femble , mais dérachees les unes des autres , & com- me féparées par de petits filences. Ce mot revient à- peu-près au /piccaro ou ffaccato des Italiens. (S ) DÉTACHÉ,( Maréchal.) On dit qu’un cheval a le nerf bien détaché. Voyez NERF. DÉTACHEMENT, f. m. (-4re mil, ) eft un corps particulier de gens de guerre qu’on envoye, ou pour s'emparer de quelque pofte ; ou pour for- mer quelque entreprife fur l’ennemi. Ils font plus ou moins confidérables , fuivant l’objet que le général fe propofe. Onenvoyeauffi des détachemens enavant pour avoir des nouvelles de l’ennemi , & pour vifi- . ter les lieux par où l’armée doit pañler. Ces dérache- mens doivent être compofés de troupes legeres ou de huffards. Ces troupes doivent fouiller les villa- ges qui font fur la route de l’armée, pour s’aflürer s'il n’y a pas d’embufcades. Tout officier qui va en détachement doit prendre de grandes précautions pour n'être point enlevé ou coupé. Il ne doit avan- cer qu'avec circonfpeétion , & en aflürant toûjours fa retraite. Les détachemens {e font par compagnies, pour par- . tager entr’elles la perte qui peut arriver. Lorfqu'ils {ont de deux ou trois mille hommes , c’eft un lieu- tenant général qui les commande, ou un maréchal . de.camp, ou un brigadier, S'ils font de huit cents, c’eft un colonel, &c. Un capitaine ne marche ja- mais en détachement fans cinquante foldats. Un lieu- tenant commande ordinairement trente hommes , &c un fergent.dix, douze , ou quinze. Dans la cava- Îerie les meftres-de-camp ou colonels commandent des détachemens de trois où quatre cents cavaliers. Les capitaines & les lieutenans commandent le mê- me nombre d'hommes que dans l'infanterie. Les cornettes, commandent vingt hommes : les. maré- chaux des logis quinze ,, & les brigadiers dix ou douze. DETACHER, v.a@t. (Marine. ) on dit décacher quelques vaiffeaux pour aller à la découverte, ce qui ne peut fe faire que par l’ordre du commandarit de lefcadre. (Z) DÉTACHER , fe dit en Peinrure lorfquil n’y a point de confufion entre les objets repréfentés dans un tableau, qu'ils paroïffent bien de relief, & qu'ils femblent quitter leur fond & venir an fpedateur. Le peintre fait bien de déracher fes figures, On dit : cette maïfon , cet arbre fe détachent bien , font biem détachés du ciel. (R) DÉTACHER /a ruade ( Maréchal. ) c'eft ruer vi- goureufement. Voyez RUER. * DÉTAIL, f. m ( Gramm. ) énumération étendue ou des circonftances d’une aétion, ou des formes d’un corps, ou plus généralement des parties d’um tout quelconque. | DÉTAIL, ( Archireëlure) Voyez Devis. DÉTAï:L, fe dit dans !’ Ars militaire, de tout ce qui concerne l’ordre & la police des tems. Ainf le dé- tail d’une armée ou d’un corps de troupe comprend tout ce qui appartient aux régimens & à la difci- pline qu’on doit y obferver. Les majors des régimens {ont chargés du dérai! de leurs régimens : les capi- taines le font de celui qui reparde leurs compagnies, &c. Nous avons un ouvtage intitulé , désails mili- taires , par M. de Chenneviere. On y trouve le dé- tail du fervice des commiffaires des guerres, celui des hôpitaux, &c. (Q) DÉTAIL , ( Comm.) partage, divifion qu’on fait d’une chofe en plufieurs parties on morceaux, On appelle marchand en détail celui qui vend la marchandife dont il fait négoce à plus petites mefu- res &t à plus petits poids qu’il ne l’a achetée, qui la coupe & la divife pour en faire le débit. De ce nombre font les Merciers. qui achetent en pieces!, par groffle , & à la livre , & qui revendent à l’aul- ne, à la douzaine, à l’once : Le Cabaretiers & au- tres marchands de liqueurs qui achetent en muid,, à la pipe , à la queue, &c. & quirevendentaupot, à la pinte , & à la bouteille : & les recratiers de fel, de grains, de légumes , qui achetent au muid , aw feptier & au minot , & qui débitent au boïfleau & au litron, &c. Didionn. de Comm. & de Trév. (G) DÉTAILLER , v. a&. ( Comm.) les marchands appellent détuiller lorfqu'ils ne vendent pas les balles entieres & fous corde , ou les pieces d’étoffes avec cap & queue, mais qu'ils les coupent ou les divi- fent pour en donner, foit à l’aulne, foit au poids, foit à quelqu'autre mefure ce que chacun de leurs chalands peuvent en demander & en avoir befoin. Les marchands Bouchers appellent aufi dérailler leur viande , la dépecer, la couper pour la vendre enfuite, ou à la livre, ou à la main. Diééionn. de Comm. & de Trév. ( G) DÉTAILLEUR , {. m, ( Comm.) marchand qui vend en detail. On appelle ordinairement marchands détailleurs ceux qui vendent en boutique , & warchands grof= fiers ceux qui vendent en magafin , quoiqu'il y ait des groffiers qui font leur commerce en boutique , & des détailleurs qui ont des magafins. À Amfterdam 1l n’y a point de différencé entre ces deux efpeces de marchands , chacun pouvant ven- dre fa marchandife en gros ou en détail , comme bon lui femble , excepté pourtant ceux qui font com- merce d’eau-de-vie &c de vins étrangers, & qui ne peuvent pas vendre moins de deux tonneaux de vin ou d’une piece d’eau-de-vie à la fois, à moins qu'ils ne fe foient fait recevoir marchands de vin , ny ayant que ceux qui ont cette qualité qui puiflent faire le détail, & qui ont d’ailleurs la liberté de ven- dre en gros. Didionn. de Comm. & de Trév. (GG). DÉTALER , ( Comm.) ferrer la marchandife que l’on avoit mife en étalage, fermer fa boutique. DéTALER , fe dit aufi des marchands qui cou: venit les foires, lorfqw’après qu’elles font finies, ils emballent & chargent la marchandife qui leur reite, ferment leurs loges , & partent pour aller étaler ail- leurs ou fe retirer chez eux. : DÉTALER , ou plütôt faire détaler , c’eft obliger les petits marchands qui étalent leurs marchandifes en des lieux où il ne leur eft pas permis, de replier leurs balles & de fe retirer. Didfionn, de Comm. &e de Tr. (G) DÉTALER , v. a@. (Jardin. ) quand on leve de terre une fleur , on trouve fouvent à fon pié du peuple appellé salles , qu’il faut ôter. Cette opéra- tion fe fait tous les ans aux plantes qui pouflent _ vigoureufement ; on attend deux ou trois ans pour les autres. Voyez TALLES. (X) DETALINGUER , (Marine. ) c’eft ôter le cable de Pancre.(Z) .DÉTAPER , v. a@. ez rerme de Rafineur de fucre, n'eft autre chofe que d’ôter les tapes des formes avant de les mettre fur le pot. Woyez TAPEs, 6 METTRE SUR LE POT. | DÉTELER UN CHEVAL, (Maréchall.) c’eft dé- faire ou détacher de la voiture les traits par lefquels le cheval y étoit attaché. (7) | DÉTEINDRE,, v. a@. ez cerme d’Epinglier, c’eft Pa@ion de nettoyer & d’ôter le plus gros de la gra- velle qui s’eft attachée aux épingles dans la chau- diere, dans une premiere eau, après les avoir tirées du feu 8 débarraflées d’entre les plaques. Voy. PLA- QUE 6 CHAUDIERE. Voyez la Planche IT, figure 1. de l’Epinglier, qui repréfente un ouvrier qui lave les épingles dans un baquet fufpendu qu’il fait ofciller. DÉTENTE , f. f. terme d’Arquebufier, c’eft un pe- tit morceau de fer long de deux pouces, large & plat par en-haut , troué au milieu pour y pafler une goupille : le bas eft plus étroit & plat. Cette déserte eft atrachée en bafcule avec une goupille qui tra- verfe le bois du fufl, &c qui pale dans le trou qui eft au milieu du côté le plus large de la piece, qui gft dans une mortaife pratiquée au-deflous de la poignée du fufil, de façon que l’autre côté de cette piece fort au-dehors. Cette déserte fert pour faire partir la gachette en élevant un peu la branche, & laïiffant à la noix un cours libre. DÉTENTE, dans l’ Horlogerie, fignifie une efpece de Levier qui fert à faire détendre ou partir la fonnerie : il y en a de plufieurs formes. Voyez PL III, fig. 15. de l’Horlogerie. Voyez HORLOGE, PENDULE, SON- NERIE, DÉTENTILLON, BASCULE, 6e. (T') DÉTENTEUR, {. m. (Jurifp.) eft tout poffeffeut, foit propriétaire , ufufruitier, ou autre, qui detient ‘en fes mains un héritage, c’eft-à-dire qui en a la pofleffion réelie & aétuelle. | Ce terme n’eft guere ufité qu’en matiere de rentes ou autres charges foncieres ou hypothéquaires , & ‘par rapport au déguerpiflement & délaiffement par hypotheque, pour favoir quelles fortes de dérenseurs font tenus de ces charges, & de quelle maniere ils peuvent déguerpir ou délaifler lhéritage. On diftingue ordinairement à cet égard trois for- tes de détenteurs, ou plûütôt trois degrés différens de ‘détention ou pofleffion, conformément à ce que les interprètes du droit ont appellé, primus emphireuta , fecundus emphiteuta ; avoir le preneur de l'héritage chargé ou hypothéqué, qui eft communément ap- pellé premier détenteur; celui qui a acquis du preneur, qu’on appelle #ers détenteur, ou détenteur propriétaire, à la différence du troifieme , qui eft le fermier ou locataire, que l’on appelle vulgairement dérenteur, ou bien fmple détenteur, lequel détient de fait l’héri- tage, mais non pas 47110 domiri. | Les détenteurs propriétaires , c’eft-à-dire tous ceux qui jomuflent azimo domini, {oit Le preneur ou celui qui a açquis du preneur, à la charge de la rente fon- DET oi cieré ou fans.en avoir connoïflance , font ténüs dé payer les arrerages des charges foncieres échûs de leur tes; mais le tiers dérenteur qui n’a point éù connoiffance dé la rente, en déguerpiflant avant conteflation en caufe , eft quitte des arréragés , mês me échüs de fon tems ; & en déguerpiflant après conteftation , 1l eft quitte de la rente pour l’avénir en payant les arrerages échüs de fon tems, 4 Pour ce qui éft des fimples dérenteurs, tels que les fermiers ou locatairés qui ne pofledent point azimo domini, ils ne font point tenus perfonnellement des charges foncieres, quoique quelques intérpretes de droit ayent prétendu le contraire. À l'égard des fimples hypothèques, tous déseneurs propriétaires en font tenus hypothéquairement , f mieux ils n’aiment délaifer l'héritage, Voyez la coû- tume de Paris , arr. cj. cij, cuij. cjv. & cjx. Loifeau, du déouerpiffement, & ci-devant au mot DÉGUERPIS: SEMENT, DÉLAISSEMENT. (4) DÉTENTILLON , f. m. ({Horlog.) efpece de dé= tente levée par la roue de minutes. Voyez DE B, Planc. III. fig. 7, de l'Horlogerie. Voyez DÉTENTE, SONNERIE , PENDULE, &c. (T DETENTION, £. £. (Jurifprud.) fignifie l’état de celui qui eft privé de la liberté , foit qu’il foit pri fonnier chez les ennemis , ou renfermé dans uné priion ordinaire pour crime ou pour dettes, oix dans une maïfon de force & de correftion. Voyez CHARTRE PRIVÉE, EMPRISONNEMENT , PRISON, PRISONNIER. £ DETENTION fignifie aufh la poffeffion de celui qui eft détenteur d’un héritage. Voyez ci-dey. DÉTEN- TEUR. (4 | DÉTÉRIORATION, f. £. (Jurifpr.) eft tout ce qui rend la condition d’une perfonne , ou la qualité d’une chofe moins bonne. Le mineur qui contraéte peut faire fa condition meilleure ; mais 1l ne peut pas la dérériorer, eh con- traétant des engagemens qui lui foïent préjudiciables. Les dérériorations en matiere d’héritages , font les démolitions des bâtimens, le défaut de réparations, le deflolement des terres, l’abattement des bois, & autres dégradations femblables. Celui qui dérériore le bien d'autrui, eff tenu de ré- parer le dommage. Woyez &i-dey. DÉGRADATIONS &RÉPARATIONS ; Loyfeau, du déguerpiffement, liv, V. ch.v. éfuiv. (A) DÉTERMINATIF, adj. fe dit er Grammaire d’un mot ou d’une phrafe qui reftreint la fignification d’un autre mot, & qui en fait une application indivi= duelle. Tout verbe a@if, toute prépoftion, tout iri- dividu qu’on ne défigne que par le nom de fon efpe- ce, a befoin d’être fuivi d’un dérerminatif : 1l aime læ vertu, il demeure avec fon pere , il ef? dans la maifon > vertu eft le déterminarif de aime , fon pere le détermi- natif d'avec, & la maïfon celui de dans. Le mot /umen lumiere , eft un nom génériquell y a plufieurs for- tes de lumieres ; mais fi on ajoûte Jos, du foleil, & qu’on dife /urnen folis, la lumiere du foleil, alors lumiere deviendra un nom individuel , qui fera ref treint à ne fignifier que la lumiere individuelle du [o- leil : ainf en cet exemple /ü/is eft le déterminarif ou le déterminant de lumen, (EF) DÉTERMINATION, f. f. terme abfrait ; il dit ez Grammaire, de l'effet que le mot qui en fuit un autre auquel il fe rapporte, produit für ce mot- 1à. L’emour de Dieu , de Dieu à un tel rapport de dé- termination avec amour, qu'on n'entend plus par amour cette paflion profane qui perdit Troie ; on entend au contraire ce feu facré qui fanétifie toutes les vertus, Dès l’année 1729 je fs imprimer une pré- face ou difcours , dans lequel j’explique là maniere qui me paroît la plus fimple & la plus raïfonnable pour apprendre Le latin & La grammaire aux jeunes 902 DET | gens. Je dis dans ce difcours , que toute fyntaxe eft fondée fur le rapport d'identité & fur le rapport de détermination; ce-que j'explique pagt 14. & pape 45. Je parle auffi de ces deux rapports ax 7207 Concor- DANCE & au mor CONSTRUCTION. Je fuis ravi de voir que cette réflexion ne foit pas perdue , & que d’habiles grammairiens la faflent valoir. (F) DéTERMINATION, e7 Phyfique, {e dit de la dif- poñition ou de la tendance d’un corps vers un côté plütôt que vers un autre. On fe fert plus fouvent & plus proprement du mot de direélion que de cehuii de défermination ; pour marquer la tendance d’un corps vers un point. (0) DÉTERMINÉ ,adj. ( Métaph. ) eft ce dont on péut afirmer quelque chofe : par ex. fi vous définiflez un triangle en it qu'il eft déserminé par trois côtés égaux entr'eux, 1l eft évident que vous afhr- mez par-là de ce triangle, 1°. que c’eft une figure plane, 2°. qu'il eft terminé par trois lignes, 3°. que ces lignes font droites, 4°. qu’elles font égales. Voilà | donc le triangle en queftion dérerminé par le genre de la figure, par le nombre des côtés, par l’efpece des lignes, & par leur raifon. Les qualités qui fervent à en dérerminer d’autres, S’appellent décerminantes; & celles qui réfultent d’au- tres qualités, fe nomment déterminées, Dès que les détérminantes font pofées , les dérerminées {uivent néceflairement ; car elles ont leur principe dans ces premieres. Quand vous dites que le paralle- logramme a les côtés oppofés paralleles, 1l en ré- | fulte que ces mêmes côtés oppolés font écaux, & q ÉSaUX ; que les angles diagonalement oppolés le font auffi. Ce aui eft déterminé dans un fujet , s’appelle fa de- eq jet, termination ; elle va en augmentant, à meiure qu on étend l’énumération des qualités du fujet. La déter- | mination la plus vague ef l’idée générique : de nou- velles déterminations forment les efpeces fupérieu- | res & iubalternes, & les plus précifes de toutes ca- raétérifent les individus. On'n’a des idées diftinétes & déterminées des chotes., qu’en obfervant cette gra- | dation de leurs déterminations. Une même chofe peut être appellée dérerminanteou déterminée, (uivant les égards fous lefquels on l’en- vifage. L'égalité des côtés dans un triangle, eft | un déterminant par rapport à légalité des angles, : & c’eft en même tems une détermination de Pef- | pece du triangle. Arricle de M.FNRMEY. DÉTERMINÉ, (Géometrie.) On dit qu’un proble- meeft déterminé, quand il n’a qu’une feule folution, ! ou au mo ns qu’un certain nombre de folutions, par oppoñtion au problème indéterminée qui a une infi- nité de folutions. Voyez INDÉTERMINÉE. Ainfi le problème qui fuit: Sur une ligne donnée | décrire un triangle 1fofcele, dont les angles à la baje Joient doubles ide l'angle au formes , eft un problème | déterminé, parce qu'il n’a évidemment qu’une feule | folution. Mais en voici un qui en a deux: Trouverunr sriangle dont on connoït deux côvés , & l'angle oppofé au plus petit côté ; car ayanttravé la ligne fur laquelle doit être la bafe de ce triangle, & mené une ligne qui fafle avec celle-là un angle égal à l'angle don- né, & qui foit égale au plus grand côté donné, il eft vifible quede l'extrémité fupérieure de cette dermere | digne comme centre, & du plus petit côté comme rayon, onpeut décrire un arc de cercle qui coupera | en deux points la ligne de la bafe ; & ces deux points : donneront les deux triangles cherchés. Il n’y a qu'un ! cas où le problème n’ait qu’une folution, c’eft celui | où Le petit côté feroit perpendiculaire à la bafe; car ! alors le.cercle décrit touchera la bafe fans la couper. Un problème peut être déterminé, même lorfque | la folution eft impofñfñblé : par exemple, fi dans le : problème précédent le petit côté donné éroït tel que | de cercle décrit ne püt attendre la baie, le problème ! D ET feroit impoflible, mais totjours dérermine ; car c’eft refoudre un problème, que de montrer qu'il ne fe peut refoudre. En général un problème eft détermine, lorfqu’on arrive, en le refolvant, à une équation qui ne con- tient qu'une inconnue ; on regarde aufli un problè- me comme dérermine , lorlqu’on a autant d'équations que d’inconnués , parce qu’on peut faire difparoître toutes ces inconnues l’une après l’autre jufqu'à ce qu’on arrive à une équation qui nait plus qu'äne feule inconnue. Voyez EVANOUISSEMENT DES IN- CONNUES & EQuATIoN. Mais cette regle n’eft pas toüjours fans excéption ; car, 1°. il faut que les dif: férentes équations que l’on a ne puiffent pas revenir à la même. Par exemple, fi onavoit x + ;ÿ = 4,6€ 2x+ioy=214,.il femble qu'on a ici deux in- connues & deux équations; & cependant le problè- me feroit indéterminé, parce que l'équation 2 + + 10 y = 2 a neft autre chofe que la premiere, dont tous les termes ont été multiphiés par 2.Dans ces for- tes de cas, lorfqu’on a fait évanoüir une des in- connues, par exemple + , on trouve 0 0, ce qui né fait rien connoître, où y = ?, ce qui marque qué le problème eft indérerminé ; car £ exprime en géné- ral une quantité éndéserminée, puiique & peut être égal à un nombre quelconque p fini, ou infini, où zéro ; en effet le dividende oeft = au divifeur o mul- tiplié par p. 2°. Si-en dégageant les inconnues , on tombe dans des abfurdités , cela prouve que le pro- blème eft impofhble. Par exemple, foit x + 5y= 1 & 2x+107—=—12,On trouvera 4= 0,.ce qui e abfurde. 3°. Si on trouve pour l’expreflion d'une où de plufieurs dès inconnues, des fraétions dont le nu- mérateur ne foit pas zéro, & dont le dénominateur foit zéro, ces valeurs font infinies, & le problème eft en quelque maniere dérerminé 8c indérerminé tout à la fois. Par exemple , fi on avoit 2= 37 — 27 6 s—=6z—47,0nauroitz =i&y— +. Je dis qu'en ces éccañons le problème eft ixdérerminé &t dérerniis né : le premier, parce que la valeur infime des in« connues eft indéterminée en elle-même; le fecond, parce qu’il eft prouvé qu'aucune valeurfinie ne peut les repréfenter. 4°. Enfin il y a des problèmes qui paroiflent irdéterminés , & qui ne le font pas. Par exemple, fi j'avois 100 liv. à partager entre cent perfonnes , hommes, femmes , & enfans, en don- nant 2 liv. aux hommes, 1 liv. aux femmes, &c 1a {ous aux enfans, on demande combien il y a d’hom- mes, de femmes , & d’enfans. Soit x le nombre des hommes, y celui des femmes, 7 celui des enfans, on aura # + y + Z = 100 &c 2x+2+L 100. Le problème paroît indéterminée, parce que l’on a trois inconnues &c deux équations feulement ; maïs il eit déterminé, parce que x; y; t; doivent être des nome bres pofitifs & des nombres entiers ; car il ne peuty avoir des fraétions d'hommes, 6. ni.des nombres négatifs d'hommes, 6:c. On aura donc 1°. 2 x +1 =x— 70, ce quidonne x—i = 05 OZ = EE 2°,3x+y=100;d0ncy= 100—3x:doncx=t, Ou 2, Où 3, JUiqu'à 33 ; Car x = 34 rendroit y né- sative. Ainfile problème a trente-trois folutions; 6 on a pour chaque valeur de x ,21= 2 x &y= 100 — 3 x. Voye PROBLÈME. (0) DÉTERMINER UN CHEVAL, (Maréchal) c’eft le faire aller en-avant , lorfqu’il héfite ou qu'il fe retient. (#7). DÉTERSIFS , adj. pl. rerme de Chirurgie concer= nant la matiere médicale éxterne. Ce font des médi- camens qui ont lavertu de mondifier, de nettoyer, de purgér l’ulcere , & d’enlever tout ce qui pourroit être un obftacle à la cicatrifation. Les déerfifs ont lien dans la cure des ulcéres, lorfqu’on a difcontinué DET application des fuppuratifs & des digeftifs, dont | l’ufage porté plus loin , relâcheroit trop les orifices des vaïfleaux, &c fcroit croître des chairs fongueu- fes. La fin curative des ulceres confifte dans leur defficcation; mais il n’eft pas poflible de pafler des semedes fimplement pourriflans aux moyens puré- ment defliccatifs : il faut fuivre une gradation, & obferver dans l’adminiftration des remedes toutés les nuances, fi j’ofe parler ainfi, qui fe trouvent en- tre les propriétés oppofées des médicaméens fuppu- ratifs & defléchans: C’eft cette gradation qui établit Vufage fucceflif des digeftifs, des dérerfifs, des far- xotiques, & des épulotiques ou cicatrifans. Voyez INCARNATION & ULCERE. Ambroife Paré; & depuis lui Fabrice d’Aquapen- dente, cet excellent chirurgien-medecin , appuyé fur Pautorité d'Hippocrate & de Galien ; dit que les vies générales qu’on doit avoir dans le traitement des uicerés, font de-les deffécher: on voit par-là que les premiers drer/fs dont on puiffe faire ufage, doivent être des diseltifs rendus defléchans par le mélange de quelques medicamens qui ayent cette derniere vertu. Les premiers déter/ifs font nommés mondificatifs ; ils font compofés de fubftances digef- tives & fuppurantes, telles que le fuif, les graifles êc les huiles grafles , auxquelles on joint dominam- rent des fubitances réfineufes ; telles font la téré- benthine, la poix, la myrrhe, la gomme-lacque, le ftyrax , l’encens, le maftic, le laudanum , le fapage- num , le baume de Copahu, de Canada , &c. Toutes ces huiles balfamiques, tant folidesquefluides, font remplies de parties aétives & irritantes; elles contien- nent beaucoup de fels volatils-huileux, & des parties terreftres quimoderent la {uppuration, préfervent les humeurs de la pourriture, & donnent de l’aftriéion aux folides fur lefquels elles agiffent : Employées feules, elles feroient puiflamment defficcatives; mais de leur mêlange avec des fubftances grafles & hui- leufes, 1l réfuite des mondificatifs capables d’exciter les chairs à une douce fuppuration qui les débar- rafle des humeurs dont elles pourroient être encore inaitrées. Les plantes balfamiques fourniflent aufli des dérer- 15 doux , lorfqw’elles font infufées dans les huiles, ou que leur fuc exprimé eft uni à des fubftances onc- tucufes ; telles font l’hypericum, la menthe, le lierre terreftre, la véronique, &c. Lorfque les chairs ont beaucoup de fenfbilité, elles {ont fort fufceptibles d’irritation : dans ce cas on fe fert de mondificatifs les plus doux. Mais lorf- que le fentiment des chairs n’eft point vif, & qu'il n y a aucun ménagement à garder à cet égard, on pourra fe fervir des huiles de méla , d’abfinthe, de camomille, d’armoife, d’aigremoine, de petite cen- taurée, &c. lefquelles ont plus d’a@tivité que les pre- muers. Parmi ces plantes nous ne devons point ou- blier l’ache, dont on fait un onguent nommé r70o7dj- ficatif, dont la préparation eft décrite dans toutes les pharmacopées. : Le traitement des ulceres eft fort aïfé, lorfque la nature fe trouve favorablement difpofée, & qu’elle ne trouve aucun obftacle à fes opérations ; mais le moindre vice, foit de la part des humeurs, foit de la part des folides , exige dans le chirurgien des vües plus profondes & des lumieres plus étendues. Lorfque Les chairs font blaffardes, le pus eft épais &c glutineux, parce qu'il s’épaiflit dans les chairs par le défaut d’aétion des folides : dans ce cas il faut avoir recours à des remedes plus a@ifs que les mon- difians, & employer une autre forte de déterfifs qu’- on peut appeller arrénuans & incififs , parce qu'ils excitent l’aion des folides, & qu'ils diffolvent les humeurs. Les médicamens de la premiere clafle peu- vent remplir çette indication {ous une combinaifon DET 9% différente, c’eft-à-dire en augmentant la proportion des fubftances balfamiques, où, ce qui cit la même chofe , en diminuant la quantité des fub{tances onc- tueufes & relâchantes, qui réprimoient leur qualité aftringente. | ! Les dérerfifs falins ont auff la vertu atténuante & incifive ; telles font les douches d'eaux thermales 3 & principalement celles de balatuc » auxquelles on fübflitue très-eMicacement la lefivé , les cendres de |. fatment, de senêt, de chêne , ou les fels lixiviels de ces plantes, le fel fixe de tartre, rc. dans une quantité d'eau fufffante , pour qu’elle ne foit. pas trop irritante & cathérétique. L’ürine eft un déserfff falin , atténuant & inciñf, de même que les remedes favoneux, naturels & ar- tificiels : les naturels font la bile dés animaux, dont on peut cofriger l’acrimonie en la mêlant avec un jaune d'œuf, le miel, la manne, le fucre, le fuc de faponaire, &c. Le miela particulierement la vertu dérerfive. Cette fubftance végéto-animale eft laxative dans l’ufage intérieur ; c’eft le feltartareux qu’elle contient, qui lui donne cette vertu, & c’eft probablement ce {el quu rend le miel dérer/fou purgatif des ulceres. Parmi les préparations ufitées , le miel rofat eft la princi- pale. On pourroiït déserger efficacement des ulceres avec le miel préparé avec les fommités de romain, & connu fous le nom de 72e/ anthofatum. Les oximels font de très-bons atténuans & incififs. L’oximel fimple & l’oximel fcillitique s’oppofent à la pourri- ture, & font de très -bons dérerfifs dans les ulceres d’où découlent des fucs putrides. Parmi les dérer/ifs antiputrides on peut ranger les remedes fpiritueux, comme l’efprit:de-vin, le bau- me de Fioraventi, le fel armoniac, le camphre. Ces rèemedes agiffent en donnant beaucoup de fermeté aux folides , & en préfervant les liqueurs de lation des caufes putrides, que l’on fait être diffolvantes.. Les ulceres vénériens& fcorbutiques exigent des attentions particulieres. Dans la .cure des premiers on mêle aux rémedes convenables à leur état l’on- guent napohtain, qui par fa vertu fpécifique borne puiffamment les, effets du vice local. Les ulceres {corbutiques qui attaquent d’autres parties que celles de l’intérieur de la bouche , fe détergent fort bien aufh par les mondificatifs ordinaires, dans lefquels on fait dominer l’onguent de ftirax ou la gomme laèque. La diffolution de cette gomme dans l’efprit- de-vin , pafle même pour un fpécifique contre les ul- ceres fcorbutiques des gencives. Voyez ScorBur. L'ufage des déter/ifs diminue la fuppuration, rend les chairs vives & fermes , & prépare les ulceres à l’adminiftration des remedes qui deffechent & con- folident. Voyez DessrccaTirs. Mais fi l’on n’a pû réuffir à réprimer les chairs, fi par la négligence des foins convénables elles font devenues flafques, il faut employer des décerfifs plus a&ifs encore que tous ceux dont nous avons parle jufqu’ici ; nous les nom- merons décerfifs irritans : 1 faut qu'ils ayent la vertu d'enlever les fibres inanimées, & de les détacher des chairs vives fans caufer de douleur. C’eft même cette féparation des fibres mollafles & fongueufes, qui a fait que quelques auteurs ont regardé les dé- terfifs comme des remedes qui ratiflénr & raclent, pour ainfi dire, la furface des chairs , en emportant les matieres purulentes. Boerhaave dit expreflément que les dérerfifs font des médicamens qui onit la vertu de délayer & de faire fortir les matieres endurcies, & d'enlever les fibres inanimées, fans douleur. Pour produire cet effet fur les folides , il faut que les dés terfifs foient en quelque façon des cauftiques imper- ceptibles : aufli font-ce les remedes corroffs qui fourniffent les déterfrfs les plus forts. La propriété 46. terfive irrisante dépend du mélange &c de la préparas do4 DET #ion des corrofifs avec des matieres onftueufes & 41 relächantes, capables de modérer & d’adoucir leur caufticité. nil do 7 RE Les déterfifs irritans ont plus ou moins d’aétivité, fuivant la combinaifon des fubftances qui les com- pofent ; c’eft au chirurgien à en régler les propor- tions fuivant les indications que lui fournit l’état de l'ulcere qu'il veut dérerger. Le verd-de-gris fert à la préparation de plufieurs compofitions dérer/ives très-recommandables , telles "que font le baume verd de Metz, le collyre de Lam- rl l’onguent ægyptiac, &c. On peut faire des lotions déterfives irritentes avec de fortes leflives des plantes vulnéraires. On voit par ce qui a été dit, que le chirurgien dans Padminiftration des remedes convenables pour la déterfion des ulceres , doit rai- fonner fur les indications avec autant de difcerne- ment que le medecin dans celle des remedes inté- sieurs, pour les maladies qui font du reflort de la Medecine ; que la variété des circonftances exige autant dans l’un que dans l’autre un efprit de combi- naïfon & beaucoup de fagacité. Si cependant la dif- ficulté de faifir le vrai ajoûte au mérite de celui qui le rencontre , il faut convenir que le chirurgien en a moins ; mais dans les chofes obfcures, & où l’on ne pourroit que conjetturer , 1l eft difficile qu’un homme ait beaucoup d’avantage fur un autre for- mé pat les mêmes études fondamentales, La Chirur- gie même a paru fournir , par la certitude de fes principes, des lumieres pour s’égarer moins dans les toutes difficiles de la Medecine interne. C’étoit le fentiment du grand Boerhaave, qui dit , aphor. 557. änternos mmorbos externis reapfe congruere ; externos , chirurgicos primd pertraïlandos ; nec aliter ordinati quid , vel veri, in praxi medicé feri poffe , aut doceri. F ‘ DETEMOLT , (Géog.) ville d'Allemagne ; elle eff fituée fur la Wehra, dans le cercle de Weftpha- lie. DÉTONATION , f. f. ( Chimie.) inflammation violente & foudaine, avec bruit & explofon du ni- tre mêlé, ou touchant à des matieres phlogiftiques embrafées. Voyez NITRE. DÉTONNER , ex Mufique, c’eft fortir du ton où Von doit être ; c’eft altérer mal-à-propos la jufteffe des intervalles. On dit en plaifantant, de quelqu'un qui a chanté faux dès le commencement d’un air, qu'il n'a pas détonné : car pour fortir du ton il fau- droit y être entré. (S) DETORSE , serme de Chirurgie. Voyez ENTORSE. DETOUPILLONNER, v. a&. (Jardinage.) c’eft - Ôter les toupillons de deflus un oranger. Foy. Tou- PILLONS. (X) = DETOURNER, w. a@. on dit, ex terme de Com- merce , Qu'un négociant, qu'un banquier, qu’un mar- chand a détourné fes effets, lorfque dans le deflein de faïre une banqueroute frauduleufe , il les a cachés & mis à couvert chez des perfonnes affidées , pour en fruftrer fes créanciers, Voyez BANQUEROUTE. D:E. de Comm. &c de Trev. | DÉTOURNER LES AIGUILLES , ( Æiguill. ) c’eft mettre toutes les pointes d’un même côté, afin de pouvoir les affiner plus facilement, c’eft-à-dire les adoucir fur la pierre d’émeril. Voyez AIGUILLE. DÉTOURNER , (Wénerie.) c’eft découvrir par le moyen du limier, le lieu où le cerf eft à fa repofée, êt en marquer l'enceinte. DETRANCHÉ, adj. rerme de Blafor, {e dit de Pécu dans lequel eft une ligne en bande, qui ne part pas précifément de l’angle dextre, mais de quelque partie du bord fupérieur, & qui par conféquent tombe en biais ou diagonalement ; ou bien qui part de quelque point du côté dextre. On ditsranché, décranché , & retranché , pout figni- DET fier qu'il y a deux lignes diagonales qui font dent£ partitions dans l’écu , partant des angles, & une troifieme partant de quelque autre point. Voyez TRANCHÉ. Mener, & Trév. (F | DETRANGER,, v. a. (Jard,) c’eft chaffer des animaux qui nuifent aux végétaux. (X) DETRAQUÉ, adj. terme de Manege, Un cheval eît détraqué , lorfque le cavalier par négligence ou autrement , lui a gâté & corrompu fes allures. (7) DÉTRAQUER UN CHEVAL, er termes de Manege , c’eft lui faire perdre fes bonnes allures, fes leçons de manege. Les mauvais écuyers dérraquent les chez vaux, leur font perdre leur train ordinaire. Voyez ALLURE. (7) DETREMPE , f. f. en bâtiment , eft une couleur employée à l’eau &c à la colle, dont on imprime & peint S lambris des appartemens : aguaria pitlus ra. (P ; Da RUUeE LA CHAUX, ez Bâtiment, c’eft la délayer avec de l’eau & le rabot dans un petit baf= fin , d’où elle coule enfuite dans une foffe en terre, pour y être confervée avec du fable par-deflus. Lats calcem diluere, (P) 4 : DÉTREMPER, en termes de Päriffier, c’eft brouil- ler de la farine avec de l’eau, ou du lait, ou du beur- re, ou des jaunes d'œufs, ou autre chofe pareille. DÉTREMPER, chez les ouvriers en fer , c’eft faire. perdre la trempe à un morceau d’acier, à un outil, Ée. ce qui fe fait en le mettant rougir dans Le feu. DETROIT , f. m. ez Hydrogr. eft une mer étroi- te, ou boyau refferré des deux côtés par les terres, &c qui ne laiffe qu’un petit paflage pour aller d’une mer à une autre. Voyez MER & OCÉAN. Le détroit le plus fréquenté eft celui de Gibraltar qui fépare l’Efpagne de l’Afrique, & joint la Médi< terranée avec l’océan Atlantique où mer du Nord. Le détrois de Magellan qui fut découvert en 152 par Magellan, fut quelque tems fréquenté par ceux qu vouloient pafler de la mer du Nord à celle du Sud: mais en 1616, on découvrit le dérroit de le Maire, & on abandonna celui de Magellan, tant à caufe de fa longueur, qui eft plus que double de celle du détroit de Gibraltar, que parce que la na- vigation y eft dangereufe , à caufe des vagues des deux mers qui s’y rencontrent & s’entrechoquent. Le dérroit qui eft à l’entrée de la mer Baltique { fe nomme le Surd, Il ne faut pas le confondre avec le détroit de la Sonde, qui fépare les îles de Suma- tra & de Java. Varenius croit que les golfes &z les. dérroits ont été formés pour la plûpart par l'irrup- tion de la mer dans les terres. Une des preuves qu’il en apporte, c’eft qu’on ne trouve prefque point d'îles dans le milieu des grandes mers, & jamais beaucotp d’iles voifines les unes des autres. On peut auffi voir les autres preuves aux articles CONTI- NENT, TERRAQUÉ ; voyez auffi l’hiff, naturelle de M. de Buffon , om. I. On y remarque que la direc- tion de la plüpart des détroirs eft d'Orient en Occi- dent, ce qu’on attribue à un mouvement ou effort général des eaux de la mer dans ce fens. #. MER; Le détroit qui fépare la France d’avec l’Ansle- terre, s’appelle le pas de Calais, Voyez {ur la jonétion de l’Angleterre à la France, & fur le pas de Calais, la differtation de M, Defmarets , qui a remporté le prix de l’académie d'Amiens en 1752. Voyez auffi COURANT. (0) DÉTROIT, (Droit polir.) On fait en Droit politi- que, trois grandes queftions fur Les désroirs &r les gol- fes, qu’il importe de réfoudre. : On demande 1°. à qui appartiennent lépitime- ment les dérroits & les golfes. La réponfe eit una- nime. [ls appartiennent à celui qui s’eft le premier établi fur les côtes du dérroit, qui y domine de def- fus terre, & qui en conferve la propriété, foit par DET da navigation, foit par des flottes. En effet le pre- mier occupant s’'approprie par cela feul & fans fup- pofer aucune convention , tout ce qui n’eft à perfon- ne. Ainfi la prife de poflefion ef en ce cas, aujour- d’hui aufli-bien qu'autrefois , la feule maniere d’ac- guérir oripinairement la propriété d’une chofe. On demande, en fecond lieu , f. un fouvera, maître d’un désroir , peut avec juftice impoñer des péages , des tributs, fur les vaïlfleaux étrangers qui pañlent par ce bras de mer. Ce péage paroît très- jufte, parce que s’il eft permis à un prince de tirer du revenu de fes terres, il lui doit être également permis de tirer du revenu de fes eaux. Perfonne ne peut s'en plaindre, puifqu'il ouvre un pañlage qui rend la navigation commode, le commerce florif- fant, & qui fit le profit des nations qui viennent fe pourvoir par ce pallage du dérroir , de diverfes cho- fes qui leur font néceïlaires. Enfin l’on demande fi le fouverain, maître du 4é- troit, pourroit également impofer des droits de péa- ge à un autre prince , dont les terres confineroient à la côte fupérieure & inférieure de ce déroir, L’on répond qu'il le peut également, parce que la pofition d’un tiers ne fauroit rien diminuer des droits du fou- verain, premier poflefleur du détro. Dès qu’une fois quelqu'un s’eft établi le premier fur un des cô- tés du dérroër, & qu’il a pris poffeffion de tout le dé eroir, celui qui vient enfuite habiter dé l’autre côté, n’eft maître que de fes ports & de fes rivages; de forte que le premier occupant eft fondé à exiger le péage des varffeaux de l’autre, tout de même que fi ce dérmer étoit en-deçà ou en-delà du désrozt”, à moins qu'il ne l’en ait difpenfé par quelque conven- tion. En vain le dermier prince établi fur le désrois tepliqueroit, pour refufer le droit de pañlage au pre- mier, que ce feroit fe rendre tributaire de l’autre Souverain, ou reconnoître fa fouveraineté fur les iners dont Le détroit eft la clé : on lui répondroit qu’il n’eft pas téellement par-là plus tributaire du fouve- rain, maître du dérrois , qu'un feigneur qui voyage dans les pays étrangers, & qui paye le péage d’une riviere , eft tributaire du maitre de la rivieré; on lui attribue par ce payement , la fouveraineté fur tout ce qui eft au-delà de cette rivière. Mais le ledteur curieux d'approfondir ce fujet, le trouvera favam- ment difcuté dans les œuyres de M. Bÿnkeérshoek, imprimées à Utrecht en 1730,22-4°, Article de M. de Chevalier DE JAUCOURT. DETTE , £ £. (Jurifpr.) ce terme pris dans fon véritable fens, figniñie ce que l’on doit à quelqu'un. Néanmoins on entend auf quelquefois par-là ce qui nous eft dù, & que l’on appelle plus régulierement une créance. Pour éviter cette confufon. on diftin- gue ordinairement les dettes aëlives des dettes pafives. Voyez l'explication de ces deux termes ci-après en leur rang. Ye tre Toûs ceux"qui peuvent s’obliger, pétivent con- tra@ter des derres ; d’où 1l fuit par un argument à fens | contraire, que ceux qui ne peuvent pas s’obliger va- lablement , ne peuvent aufli contraétér des dertes : ainfi les mineurs non«émancipés, les fils de famille, : les femmes en puiflance de mari, ne peuvent contrac- | ter aucune desré fans l’autorifation de ceux fous la : puiflance defquels ils font. Perfonne ne peut contraëtet valablement des 44 : tes fans caufe lévitime ; il faut même de plus à l’é- gard des communautés, qu'il y ait-de leur part une néceflité d'emprunter ou de s’obligér autrement ; parce qu’elles font comme les mineurs , qui ne {ont pas maîtres de détériorer leur condition. On peut contra@ter des desres verbalement 8er par toutés fortes d’aétes , comme par billet ou obligation, fentence ou autre jugement, & même taçitement, . Tome IV, DET 00$ comme quand on eft obligé en vertu de la loi, d’ün. quaf-contrat ou dira délit ou quafñ-délit. Les caufes pour lefquélles on peut contraéter des dettes, font tous les objets pour lefquels on peut s’0.. bligér, comme pouralimens, pour argent prêté, pont vente , ou louage de meubles, pour ouvrages faits, pour vente d’un fonds , d'uneicharge, pout arrérages de rente, doüaire, légitime, foute de pattage, Ge. Le créancier pour obtenir 1 payement de {à der- te , a différentes fortes d’actions , felon la nature de la derre & du contrat, & felon les perfonrres contre lefquelles il agit, Il a a@ion perfonnelle contre l’'o- bligé ou fes héritiers, hypothécaire contre lé tiets détenteur d’un héritage hypothéqué à la derre, & en certain cas il a une aétion mixte, Voyez ACTION & OBLIGATION. | Les dertes S’acquittent ou s’éteignent en plufièurs maniefes ; favoir 1° par le payement, qui eft la fa çon la plus naturelle de les acquitter ; 2° par com penfation d’une desre avec une autre ; 3° pat la rémie fe volontaire que fait le créancier ; 4° par la confu- fon qui fe fait des qualités de créancier & de débi- teur, en une même perfonne ; 5° par fin de non-re- cevoir, Où prefcription ; 6° par la décharge que le débiteur obtient en juftice. DETTE ACTIVE, eft la derte confidérée par fap= port au créanciér, ou pour mieux dire, c’eft la créan- ce. Le terme de derre aëfive eft oppofé à deite paffive, qui eft Ja derte proprement dite, confidérée par rap» port au débiteur. | DETTE ANCIENNE , én matière d'hypotheque, eft celle qui précede les autréss & en matieré de fubrogation, c’eft celle à laquelle le nouveau créan- cier eft fubrogé. En Normandie, derre ancienne figni- fie celle qui eft antérieure à l’acquifition du tiers ac- quéreur. Voyez l’article 583 de la coût. de Norm. DETTE ANNUELLE, éft celle qui fe renouvelle chaque année, comme une renté, une penfon, un legs d’une fomme payable chaque année ; cé qui eft appellé en Droit, debitum quot annis. DETTE CADUQUE, eft celle qui eft de nulle va- leur , & pour Le payement de laquellé on n’a aucune efperance. DETTE CHIROGRAPHAIRE : Oh appelle ainf célle qui eft contraétée par un écrit fous feiñg privé, qux n’emporte point d'hypothequè. Püyez CHIROGRA- PHAIRE, DETTÉ CIVILE , eft toute derte ordinaire qui n’eft point pour fait de commerce, ni pout éondamna- tions én matière criminelle, Voyez ci-après DETTE CONSULAIRE. FT | DETTE CLAIRE , Eft celle dont l’objet eft certain : on ajoûte,ordinairement 6 liquide, qui fignifie que le montant de la créance eft fixe & connu. DETTE DE COMMUNAUTÉ, eft celle qui eft con- traêtée pendant la communauté de biens entre inari & femme, & pour le compte de la communauté. Foyez COMMUNAUTÉ. DETTE. COMMUNE, ef celle qui eft À Ia charge de plufeuts perfonnes, Comme üné derre de commu nauté, uné dere de fucceffon , lorfqu'il y a plufieuts héritiers. DETTE CONDITIONNELLE, eft celle qui eft dûe {ous condition ; paf exemple, ? zavis ex Afià veñerit ; elle eft oppofée à.defte pure & fimple, qui ñé dépend d’aucuñ évenement. DETTE CONFUSE, eft celle dont Le droit réfide en quelqu'un qui fe trouve tout à la fois créancier & débiteur du même objet. DETTE CONSULAIRE, s'entend de celle qui rend le débiteur juficiable des confuls , & qui émporte conféquemment contre lui la contrainte par corps, Telles font toutes les deftées créées éntre marchands & négocians, banquiers , agens de change , traitans, Yyyy 906 ET & gens d’affaires , pour raifon de leur commerces {oit par lettres ou billets de change, billets à ordre Ou au porteur, ou autrement. RE Les perfonnes qui ne font pas de la qualité de cel- les ci-deflus mentionnées, peuvent aufli contraéter des dettes confulaires, mais non pas par toutes les mêmes voies ; ce ne peut être qu’en tirant, endof- “fant, ou acceptant des lettres ou billets de changé. __ Les perfonnes conftituées en dignité, les ecclé- fiaftiques, & autres dont l’état exige une certaine délicatefle, ne doivent point contraëter de desres -confulaires ; parce que s’expofant par ce moyen à la contrainte par corps, elles dérogent à honneur de leur état, &.fe mettent dans le cas d’en être privées & d’être déclarées déchües de leurs privilèges. Foy. ConsuLs, CONTRAINTE PAR CORPS. DETTE DOUTEUSE, eft celle qui n’eft pas abfo- ument caduque, mais dont le recouvrement eff in- ceftain. | Derte ÉTEINTE ,'eft celle que l'on ne peut plus exiger, foit qu’elle ait été acquittée, ou que lon ne puifle plus intenter d’aétion pour le payement par quelque autre raifon. Voyez ce qui a été dit au com- mencement de cet article , fur les différentes manie- res dont s’éteignent les derres, DETTE EXIGIBLE , eft celle dont on peut aétuel- ement pourfuivre le payement , fans attendre au- cun terme ou délai, ni l’évenement d'aucune con- ‘dition. DETTE HYPOTHÉCAIRE , eft celle pour laquelle on agit hypothécairement contre le tiers détenteur d’un immeuble hypothéqué à la derre, DetT£ HYPOTHÉQUÉE, eft celle pour laquelle le créancier a hypotheque fur quelque immeuble. DETTE IMMOBILIAIRE , eft celle qui eft réputée immeuble, comme une rente fonciere &c une rente , conftituée, dans les coûtumes où celles-ci font ré- pütées immeubles. DETTE LÉGALE , eft celle à laquelle on eft obli- gé par la loi, comme la légitime des enfans, le doüaire, les alimens dùs réciproquement entre les afcendans & les defcendans, 6rc. DETTE LÉGITIME, s'entend d’une desre qui a une caufe jufte, & n’eft point ufuraire. DETTE LIQUIDE, c’eit celle dont l’objet eft fixe 8e certain ; par exemple , une fomme de 3000 liv. forme une derte Liquide : au lieu qu’une portion de ce qui doit revenir d’un compte de focièté, eft une derte non liquide, parce qu’on ne voit point à quoi monte cette portion , jufqu'à ce que le compte foit rendu & apuré. DETTE NON-LIQUIDE , voyez ci- devant DETTE LIQUIDE. DETTE LITIGIEUSE, eft celle qui eft conteftée ou fujette à conteftation. DETTE MOBILIAIRE, eft toute derte qui a pour objet quelque chofe de mobilier, comme une fom- me d’argent à une fois payer, une certaine quanti- té de grain, ou autre denrée, 6e. DETTE PASSIVE , c’eft la desre confidérée par rap- port au débiteur. Voyez ci- devant DETTE ACTIVE. DETTE PERSONNELLE , s'entend de deux manie- res, ou d’une des contraétée par le débiteur per- fonnellement , ou d’une derte pour laquélle le créan- cier a une action perfonnelle, DETTE PRIVILÉGIÉE, eft celle qui par fa natu- re eft plus favorable que les créances ordinaires. Les dettes privilégiées pañlent avant les dertes chiro- graphaires, 8: même avant les deses hypothécaires. Voyez CRÉANCIER, PRIVILÉGIÉ, 6 PRIVILÈGE. DerTTe PROPRE, eft celle qui eft dûe par l’un des conjoints, en particulier & fur fes biens, de manie- re que l’autre conjoint ni la communauté n'en font point tenus, DEV . DETTE PURE ET s1MPLE, c’eft celle qui cons tient une obligation de payer fans aucun terme où délai , & fans condition: elle eft oppofée à derte con ditronnelle, | _ DETTE guot annis : on appelle ainfi en Droit une dette qui fe renouvelle tous les ans, telle que le legs d’une rente ou penfon viagere. DETTE RÉELLE, c’eft celle qui eft attachée au fonds, comme le cens, la rente fonciere : on l’ap- pelle auffi charge fonciere. On comprend auf au nom- bre des derres réelles, celles qui fuivent le fonds, com me les foutes & retours de partage. DETTE sIMULÉE , eft celle que l’on contraéte en apparence , mais qui n’eft pas férieufe, & dont il y a ordinairement une contre-lettre. | DETTE DE SOCIÉTÉ, eft celle qui eft dûe par tous les aflociés à caufe de la fociété, à la différen- ce des dertes particulieres que chaque aflocié peut avoir, qui font derres des aflociés ; & non pas de la fociété, Dette soripaire , c’eft celle dont la totalité peut être exigée de l’un ou l’autre des co- obligés indifféremment. Voyez SOLIDITÉ. DETTE SOLUE, fe dit, en termes de Droit & de Pratique , guafi foluta, pour une derte acquittée ; on dit même fouvent un ilet fol &c acquirré : ce qui eft un vrai pléonafme. DETTE DE SUCCÉSSION, c’eft celle qui eft dûe pat la fucceffion & par l'héritier, à caufe de la fuc- ceflion, à la différence des dertes particulieres de l’hé- ritier. Les dertes a@tives & pañlives d’une fucceffion fe divifent de plein droit entre les différens héritiers &c autres fuccefleurs à titre univerfel, ou pour une certaine quotité ; de maniere que les derces pañlives affeétent toute la mafle des biens, & la diminuent d'autant, de forte qu’il n’y a de bien réel qu'après les derres déduites: ce qui eft exprimé par cette ma= xime , one non efhimantur nif: dedutlo @re alieno, . DETTE SURANNÉE, eft celle contre laquelle il y a fin de non-recevoir, ou prefcription acquife. DETTE USURAIRE, eft celle où le créancier a commis quelque ufure ; pat exemple fi c’eft un prêt à intérêt {ur gage, ou fi le créancier a exigé des inté- rêts ou une rente à un taux plus fort que celui de Por- donnance. Voyez USURE. Sur la matiere des dertes en général, voyez les tex< tes de droit indiqués par Brederode, aux mots debiror & debitum. Biblioth. de Jovet, au mot dette, Louet ; let, D. Jom. 15 & 54. Le Preftre, cent. 1, ch. [xxx 8 cent. 2. chap. lxxi. Le Brun, des fuccef], Liv. IF. ch. 1j. feët. 1. n. 7. Les comment. de la coût. de Paris, arr. 334. Voyez les mots CONTRIBUTION , FRANC 6 QUITTE , HÉRITIER BÉNÉFICIAIRE, PAYEMENT QUITTANCE, DÉBITEUR, CRÉANCIER. (4) DEVA, (Géograph. mod.) port d’Efpagne, fur la mer de Bifcaye, dans la province de Guipufcoa. Long. 15. 8. lat. 43. 20. * DEVANT, (Gramm:) prépoñition qui eft quel- quefois fynonyme de ez préfence , comme dans ces expreflions , devant Dieu, devant les autels ; &c qui marque en d’autres circonftances préceffion, comme lorfqu’on dit, marchez devant, placez-vous devane lui. Voyez AVANT. DEVANT du tableau , (Peinture. ) on nomme ainfi la partie antérieure du tableau, celle qu’elle pré- fente d’abord aux yeux pour les fixer & les atta- cher. Les arbres, par exemple, qui font tout-à-la- fois la plus difficile partie du payfage, comme ils en font le plus fenfble ornement , doivent être rendus plus diftinéts fur le devant du tableau, & plus confus à mefure qu’on les préfente dans l'éloignement. Peut- être que les payfages d’un des plus grands maîtres de l’école Françoiïfe , du peintre des batailles d’A- lexandre, ng font pas l'effet qu'ils devroient faire ; D E V parce que ce célebre artifte a employé les bruns {ur le devant de ces fortes de tableaux, & qu’il a toù- jours placé les clairs fur le derriere. Il eft donc de la bonne ordonnance de ne jamais négliger dans les parties d’un tableau les regles du clair-obfeur, & dé la perfpeétive aërienne. Ajoûtons en général, que le peintre ne fauroit trop étudier les objets qui font {ur les premieres lignes de fon tableau, parce qu'ils attirent les yeux du fpetateur, qu'ils impri- ment le premier caraétere de vérité, & qu'ils con- tribuent extrèmement à faire jouer l’artiñce du ta- _bleau, & à prévenir l’eftime en faveur de tout l’ou- vrage : en un mot, il faut toûjours fe faire une loi indifpenfable de terminer les devanrs d’untableau par un travailexaëét & bien entendu. Voyez CLAIR-0BS- CUR. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DEvANT. ( Marechallerie. ) Voyez TRAIN DE DEVANT. DEvANTS (/es), terme de Perruquier, c’eft la partie de la perruque qui garnit les côtés des temples ; elle confifte en plufieurs rangées de trefles difpofées les unes au-deffus des autres. DEVANTURE ,f. f. en Bérimenr, eff le devant d’un fiége d’aifance , de pierre ou de plâtre, d’une mangeoire d’écurie, d’un appui, &c, DEVANTURES, font des plâtres de couverture, qui fe mettent au-devant des houches de chemi- nées, pour racorder les tuiles, & au haut des tours contre les murs. (P DÉVELOPPANTE, f. f. er Géometrie, eft un ter- me dont quelques auteurs fe fervent pour exprimer une courbe réfultante du développement d’une au- tre courbe, par oppoñtion à développée, qui eft la courbe qui doit être développée. 7, DÉVELOPPÉE. Le cercle ofculateur touche 8 coupe toüjours la développante en même tems, parce que ce cercle a deux de fes côtés infiniment petits communs avec la développante , ou plütôt qui font placés exaétement fur deux de fes côtés égaux. Pour faire comprendre cette difpoftion , ima- ginons un polygone ou une portion de polygone ABCE, (figure 21. Géomét. n°, 2.) & une autre portion de polygone G B C D F, qui ait deux côtés communs BC, CD , avec le premier polygone, & qui foit tellement fituée , que la partie ou le côté B G {oit au-deflous ou en-dedans du côté B 4, & la partie ou côté D F'au-deflus ou en-dehors du cô- té DE. Suppofons enfuite que chacun de ces po- lygones devienne d’une infinité de côtés, le premier polygone repréfentera la développante, & le fecond le cercle ofculateur, qui la touchera au point C, & qui la coupera en même tems. Il n’y a qu'un feul cercle ofculateur à chaque point de la développante ; mais au mème point il peut y ‘avoir une infinité d’autres cercles, qui ne feront que toucher la courbe fans l’embraffer ou la baifer, Le cer- cle ofculateur & la développante ne font point d’an- gle dans lendroit de leur rencontre ; & on ne peut tracer aucune courbe entre la développante & ce cer- cle |, comme on le peut entre une tangente & une courbe. Voyez ANGLE DE CONTINGENCE. (0) DEVELOPPE, adj. cerme de Blafon, qui s’em- ploye très-fouvent dans le même fens que déployé, Ainf en termes de guerre on appelle couleurs volan- zes, ce qu'on appelle développé dans le Blafon. Voyez Dércové. (W) DÉVELOPPÉES, £ £. pl. dans la Géométrie tranf° cendante , eft un genre de courbes que M. Huyghens . ‘ainventées, & fur lefquelles les mathématiciens mo- dernes ont beaucoup travaillé depuis. Voyez DÉvE- LOPPANTE @& DÉVELOPPEMENT. La développée eft une courbe que l’on donne à dé- velopper, êc qui en fe développant décrit une autre courbe. Voyez COURBE, Tome IF, D E V 907 Pour concevoir fon origine & fa formation, fup pofez un fil fléxible exaétemént couché fur üne cour: be, comme 4B CG (PL. de Géom. figure 20. ), & fuppofez le fil fixé en G, & par tout ailleurs en lt- berté comme en 4. Si vous faites mouvoir l’extré- nité 4, du fil de 4 vers 7°, en le développant, & ayant foin que la partie déve/oppée H D touche tot jours en fon extrémité D la courbe 4 HG; quand le fil fera devenu tout-à-fait droit, & qu’il ne fera plus qu'une tangente FG au point G de la courbe, il eft évident que l’extrémité 4 dans fon mouvement de Æ# en F'aura décrit une ligne courbe ADEF. La premiere courbe 4 B CG eft appellée la déve loppée; chacune de fes tangentes BD, CE, &c. comprifes entr’elle & la courbe 4 DEF, eft appel- lée rayon de la développée ou rayon ofculateur de La courbe À D E F dans les points refpeétifs D, £, &c: ët les cercles dont les ofculateurs BD, CE, font rayons , font appellés cercles ofiulateurs de la courbe ADEFen D, EÆE, &c. & enfin la nouvelle courbe réfultante du développement de la premiere courbe commencé en À, eft appellée la courbe développante Ou courbe décrite par développement. Le rayon de la développée eft donc la partie du fil comprife entre le point de la développée qu'il touche, êt le point correfpondant où il fe termine à l’autre courbe. Le nom de ayor eft celui qui lui convient le mieux, parce qu’on confidere cette partie du fil à chaque pas qu’il fait, comme fi elle décrivoit un are de cercle infiniment petit , qui fait une partie de la nouvelle courbe ; enforte que cette courbe eft com- pofée d’un nombre infini de pareïls ares, tous décrits de centres différens & de rayons auff différens La raïfon pour laquelle le cercle qui feroit décrit des centres €, B, &c. & des rayons CE, HD, eft appellé cercle ofculateur ou baifant, c’eft qu'il tou- che & coupe la courbe en même tems , c’eft-à-dire qu'il la toiche en-dedans & en-dehors. Voyez Os= CULATEUR , DÉVELOPPANTE , & COURBURE. Donc,:1°. la développée BC, ( fig. 21.) eft le lieu de tous les centres des cercles qui baifent la courbe développante 4 M( Voyez LIEU). 2°. Puifque l'é- lement de l’arc M», dans la courbe décrite par dé- veloppement , eft un arc d’un cercle décrit par le rayon € M, le rayon de la développée C M eft per- pendiculaire à la courbe 4 M. 3°, Puifque le rayon de la développée M C eft toüjours une tangente de la développés B CF, les courbes développantes peuvent être décrites par plufieurs points, les tangentes de la développée à {es différens points étañit prolongées jufqu'à ce qu’elles foient devenues égales à leurs arcs correfpondans. Toute courbe peut être conçue comme formée par le développement d’une autre ; & on peut pro pofer de trouver la courbe, du développement de La- quelle une autre eft formée. Ce problème fe réduit à trouver le rayon de la développée dans tous les points de la développante; car la longueur du rayon étant une fois trouvée , l'extrémité de ce rayon fera un point de la développée. Ainfi on aura tant de points qu’on voudra de la développée, qui en effet n’eft au tre chofe que la fuite des côtés infiniment petits que forment par leur concours les rayons de développée infiniment proches. Voyez des art. COURBE 6 TAN- GENTE. Trouver les rayons des développées , eft un pro- bleme de grande importance dans la haute Géomé- trie, &c quelquefois mis en ufage dans la pratique, commé M. Huyghens la fait en appliquant au pen- dule ; fur quoi voyez CYCLoOiIDE. Pour trouver le rayon de la développée dans les différentes efpeces de courbes, voyez Wolf, e/er, math. vom. 1. p. 524. les infin. petits de M. le marquis de l'Hôpital, & l’eralyfe démontrée. EU YYyyyi 908 DEV Puifque le rayon de [a développée eft égal à un arc de la développée, ou eft plus grand de quelque quanti- té donnée, tous les arcs des développées peuvent être rechfiés géométriquement , pour vi que les rayons puiflent être exprimés par des équations géométri- ques. La théorie des rayons des développées a té ap- profondie par M. Leïbnitz , qui le premier a fait connoître l’ufage des développées pour mefurer les courbes. M. Varignon a appliqué la théorie des rayons des développées à celle des forces centrales; deforte qu’- ayant le rayon de la développée d’une courbe, on peut trouver la valeur de la force centrale d’un corps, qui étant mù fur cette courbe, fe trouve au même point où le rayon fe termine ; ou réciproque- ment la force centrale étant donnée, on peut déter- miner le rayon de la développée. Voyez l'hift. de l’a- dadémie royale des Sciences, ann. 1706, Voyez auf CENTRAL 6 COURBE. Le même M. Varignon a donné dans /es mém. de L'acad. de 1712, & de 1713. une théorie générale des développées & de leurs propriétés. Cette théorie eft un des ouvrages des plus étendus que l’on ait fur la matiere dont il s’agit. DÉVELOPPÉE 1MPARFAITE. M. de Reaumur appelle ainfi une nouvelle forte de développée. Les Mathematiciens n’avoient confideré comme rayons de développée , que les perpendiculaires qu’on éleve fur une courbe du côté concave de cette courbe : fi d’autres lignes non perpendiculaires étoient tirées z des mêmes points, pourvüû qu’elles fuffent tirées fous le même angle, l'effet feroit le même , c’eft-à-dire les lignes obliques fe couperoient toutes en-dedans de la courbe , & par leurs interfeétions formeroient les côtés infiniment petits d’une nouvelle courbe, dont elles feroient autant de tangentes, Cette courbe feroit une efpece de développée, & auroit fes rayons; mais ce ne feroit qu’une dévelop- pée imparfaite, puifque les rayons ne font pas per- pendiculaires à la premiere courbe. Alf. de l’acade- mie, CC. an. 1709. Pour s’inftruire à fond de la théorie des dévelop- pées, il eft bon de lire un mémoire de M. de Mauper- tuis, imprimé parmi ceux de l’ac. de l’année 1728, & qui a pour titre, #r routes les développées qu’une cour- be peut avoir à l'infini. M. de Maupertuis confidere dans ce mémoire, non-feulement les développées or- dinaires, mais les développées de ces mêmes dévelop- pées , & ainfi de fuite. (0) DEVELOPPEMENT , f. mm. ez Géométrie, eft l’ac- tion par laquelle on développe une courbe, & on lui fait décrire une développante. 7, DÉVELOPPANTE. DÉVELOPPEMENT Îe dit aufli dans la Géométrie élémentaire, d’une figure de carton ou de papier dont les différentes parties étant pliées & rejointes , com- 4 pofent la furface d’un folide. Ainfi, dans la-fgure 79 de la Géométrie, AE D FC BA eft le développement de la pyramide D'ACB, fig. 78. n° 2. car fi Von joint enfemble les quatre triangles 4F D, 4ACD, ACB, DCF, enforte que les triangles ADE, ACB , fe réuniflent par leurs côtés 4 B,AE, & que le trian- gle DCF fervant de bafe à la pyramide fe réunifle aux triangles ADE, AC B, parles côtés D F,CE, l’affemblage de ces quatre triangles formera la fur- face d’une pyramide ; de forte que ces triangles tra- cés comme ils Le font ici fur une furface plane, peu- vent être regardés comme le développement de la fur- face de la pyramide. Voyez aufft CUBE, 6'c. Enfin on appelle dans l’analyfe développement d’u- ne quantité algébrique en férie, la formation d’une férie- qui reprétente cette quantité. . On développe en férie les fraétions ou les quan- tités radicales ; on peut développer une fraétion par la fimple divifion, & une quantité radicale par l’ex- traétion de la racine. Voyez EXTRACTION & Drvi- SION. Mais l’une & l’autre opération fe fait plus com- modément par le moyen du binome élevé à une puiflance quelconque. Ainf je fuppofe qu’on éleve a + x à la puiffance » , on aura 4" + max L EUR TE ER et AU NT es Pet SNS BINOME. Suppofons à préfent qu’on veuille réduire en férie ou fuite la fra@ion —— ; j'écris au lieu de cette frac- tionses ‘, qui lui eft égal (voyez EXPOSANT ); & fubftituant dans la formule précédente — 1 pour 2, j'ai le développement de —: en fuite, De même fi je voulois développer y/a + x enfuite, j’écrirois 353% (voyez ExPOsANT), & je fubftituerois + pour dans la formule ; & ainfi des autres. Voyez SÉRIE. (0) DÉVELOPPEMENT , termes d’'Archirecfure, On fe fert de ce terme lorfque l’on fait ufage des lignes d’une épure, pour lever les differens panneaux d’une piece de trait pour la conftruétion d’un bâtiment. On dit aufli développer un édifice, lorique par la répréfentation de plufeurs defleins on exprime les plans, élévations, coupes, &c les différentes parties de décorations, tant intérieures qu’extérieures d’un bâtiment , aufi-bien que les profils de maçonnerie, de menuiferie, avec leur aflemblage &c leur union les uns avec les autres. Cette connoïffance eît une des parties les plus effentielles à un architeëte : fans elle &c la précaution d’entrer dans la relation des par- ties avec le tout avant de bâtir, on fe trouve obligé d’avoir recours aux expédiens pendant la main d’œu- vre; & c’eft de cette inadvertance ou incapacité que naît la fource de toutes les irrégularités dela conf- truétion & de la décoration qu’on remarque dans nos édifices élevés par des hommes fans expérience. (P) DÉVELOPPEMENT, (Coupe des pierres.) c’eft l’ex- tenfion des furfaces qui enveloppent un voufloir, fur une furface plane : le développement dans une épure ordinaire, eft l’extenfion de la doele 4 ( fgu- re 10.), à l'entour de laquelle on ajoûte les figures des panneaux de lit B B & des panneaux de tête CC. D DEVELTO ou ZAGORIN, ( Géog. mod, ) ville de la Bulgarie, dans la Turquie européenne; elle eft fur le Paniza. Long. 45. 8, lat. 42. 33. DEVENTER Les voies , ( Marine.) c’eft braf- {er au vent , afin d'empêcher que les voiles ne por tent. (Z DEVENTER, (Géog. mod,) ville des pays-bas Hollandois , capitale de la province d'Overiflel : elle eft fituée fur l’Iflel , au confluent de cette rivie- re & de la Sifipbeck. Long. 23.43. lat. 52.18, * DEVERRA , £. f. (Myrh.) déefle qui préfidoit à la naïflance des enfans &c à la profpérité des maï- fons. Quand l’enfant étoit né, on attiroit fur lui les races de la déefle en balayant la maifon, * DEVERRANA , fub. £, (Myth.) quelques -uns prétendent que c’eft la même divinité que Deverra. Il y a cependant beaucoup de différence entre leurs diftri@s ; l’une préfidoit à la naïflance des enfans, & l’autre à la récolte des fruits. DEVERS, adj. ez Bätiment, fe dit de tout corps qui n’eft pas pofé à-plomb, comme d’un mur, d’u- ne piece de bois, &c. (P) DEVERSOIR , f. m. (Hydr.) dans la conduite de l’eau d’un moulin, fe dit de l'endroit où elle fe perd quand il y en a trop, par le moyen d’une vanne & d’une vis qui l’éleve à la hauteur requife. (X) DEVEST , £. m. (Jurifpr.) figniñe lation par laquelle le propriétaire d’un héritage s’en déveftit ou deflaifit, pour en tranfmettre à un autre la pro- priété & pofleflion, | Ce terme eft oppofe à celui de ve, où on expli- quera ce qui touche cette matiere. (4) DEVESTISSEMENT, f. m. (Jurifpr.) fignifie la même chofe que deveff. Voyez ci-devant DEVEST, & VEST. (4) DEVEZE, (G'og. mod.) petite ville de l’Armae nach en France ; elle eft du dioce e d’Auch. * DEVIARIA , adj. (Myth) furnom de Diane; il lui venoit de ce que Les chaffeurs font fujets à s’éga- rer. DEVIATION, f. f. (Pkyf.) fe dit en général du détour que prend un corps en s’écartant de fa direc- tion ou de fa pofition naturelle. Les anciens aftronomes appelloient aufli dvia- ion , le mouvement par lequel ils imaginoïent que le déférent ou l’excentrique d’une planete s’appro- choit de l’échiptique. En effet, les orbites des pla- netes étant inclinées au plan de l’écliptique , comme Von fait, & coupant même ce plan, il eft évident que les planetes s’approchent & s’éloignent de l’é- cliptique dans leurs mouvemens ; que quelquefois elles fe trouvent fur l’écliptique même : ainfi le dé- férent qu'on imaginoit porter la planete dans l’an- cienne aftronomie, avoit un mouvement de déyia- tion ; la plus grande déviation étoit égale à Pinchinai- fon même de l'orbite, Voyez DÉFÉRENT , INCLI- NAISON , 6c. (0) DEVIDER LE FIL, (Corderie.) c’eft le rouler fur le touret. Voyez l’article CORDERIE. DEVIDER , terme de Manége. On dit qu'un cheval devide, lorfqu’en maniant fur fes voltes fes épaules vont trop vite, & que la croupe ne fuit pas à pro- portion , en forte qu’au lieu d’aller de deux piftes il n'en marque qu'une. Cela vient de la réfiftance qu'il fait en fe défendant contre les talons , ou de la faute du cavalier qui hâte trop la main. Voyez VOLTE, PISTE. (") * DEVIDER, ( Ruban.) c’eft l’aîtion de mettre les foies, fils , filofelles , & autres, fur les rochets en bo- bines , qui étoient auparavant en bottes. La botte contient plufieurs pantines, la pantine plufieurs écheveaux; c’eft d’un de ces écheveaux qu'il eft queftion pour le devidage. On prend un écheveau, &c après avoir pañlé les deux mains dedans pour le fecoûer à plufieurs reprifes , ce qui fert à le décatir, c’eft-a-dire détacher les brins d’enfemble que fou- vent l'humidité fait attacher ; après ce décatiflage Pécheveau eft mis fur les tournettes (voyez Tour- NETTES), où étant, s’il fe trouve trop gros, &c que la foie foit extrèmement fine , il aura beaucoup de peine à fouffrir le tour de la tournette : il faut en ce cas le divifer, autant qu'il eft pofñble, en plufieurs petites écagnes; ce qui fe fait en cette maniere. Après avoir dénoûc ou caflé la centaine, on prend une portion ou petite quantité de cet écheveau, & à force de chercher à parvenir à cette divifion , en ef. fayant à plufieurs reprifes ce partage avec les doigts de la main droite, pendant que la gauche fait mou- voir ou tourner lentement la tournette, tantôt d’un côté tantôt de l’autre ; par ce moyen on parvient à fe faire jour en écartant ce qui s’y oppofe, rejettant fur une partie & reprenant une autre, felon qu’on le juge à propos, & tâchant de ne caffer de ces brins que le moins qu'il eft poffble : car plus il y a de ces brins caflés, plus il eft à craindre que la con- fufion ne s’y mette; ce qu'il eft très-néceflaire d’é- Viter. Cetie opération faire , & les écagnes ainf fé- parces, il en refte une fur les tournettes ; les autres après avoir été noûées féparément & avéc foin, font mifes dans un linge blanc pour attendre leur tour. Cette précaution eft néceflaire , tant pour em- pêcher que l'air agiffant für les couleurs téndres D E V 009 n'en altére l'éclat, qué parce que ce même air rend les foies (toûjours dans la fuppoñition d’une même finefle) bien plus caflantes. Pour les foies rondelet- tes on peut prendre moins de précaution ; quand On juge que léchevean fouffrtra le tour dés tournettes, la divifion dont on vient de parler n’eft pas nécef- faire ; c’eft toûjours autant de tems gagné, car cette divifion ne laïfle pas d’en prendre confidérablerent : il eft vrai que cette perte eft bien téparée par la fa. cilité avec laquelle on vient à bout de dvidr ces petites parties ; car moins une tournette eft chargée, plus facilement tourne-t-elle : fi l’écheveau eft donc refté entier, on en trouve les bouts au moyen de la centaine où ils font attachés: après avoir fait choix de l’un d'eux, & l'avoir fxé au moyen de plufeurs touts à l’entour du rochet ou bobine, on le devide, & en voilà la maniere. On à une broche de fer quar- rée, menue, longue de quatorze, quinze ou feize Pouces , très-menue par les bouts, & qui va en s’é: largiffant imperceptiblement jufqu’au milieu où elle a environ trois lignes fur chaque face. Il y en à qui fe fervent de broches rondes, d’autres qui fe fervent de broches tournées en fpirale feulement à l'endroit de la main ; ceux-ci prétendent avoir plus de facili- té à tourner cette broche par le fecours de cette fpi- tale ; chacun a fa méthode particuliere : cette bro= che, telle qu’elle foit, eft mife dans le trou du roa chet , où il doit demeurer fixé environ un tiers de la longueur de la broche , les deux autres tiers fervant pour la faire tourner. Si le trou du rochet ou bobine {e trouvoit trop grand, on le rempliroit d’autant de papier qu'il en feroit befoin , ou l’on prendroit une broche plus groffe. Il s’agit à préfént de démon. trer la façon de la faire agir; c’eft avec la main droite : mais il y a différentes pofitions de cette main, Lorfqu’on devide à la main (ce que l’on eft fonvent obligé de faire quand les foies font très-fines où l’é- cheveau embrouillé), la potion eft différente que lorfqu’on fe fert du canon: en devidant à la mäin, les quatre doigts font pliés de maniere que l’intérieur de la main forme une cavité arrondie dans toute la longueur de la paume; l’auriculaire & l’annulaire touchent par l’extrémité à cette éminence qui eft au bas du pouce, appellée mujcle thénar : le doigt mi- toyen forme une portion de cercle le plus étendu, & l'index de cetre même main eft préfque tout étendu: cette pofition formant à-peu-près un coné tenverfe , la broche eft mife dans ce cone, & l’ex- trémité porte vers l’angle poftérieur & externe de la paume ; & lorfqu'il s’agit de la faire tourner, cette. action lui eft communiquée par un mouvement de- mi-circulaire que forme le poignet du dedans en-de- hors ; la broche par ce moyen roule fur le doigt mi- toyen & l’index, à l'extrémité defquels étant arri.. vée , elle eft rechaflée par le même mouvement du poignet vers l’articulation de la premiere phalange du doigt index, pour continuer toûjours de même à tourner du dehors en-dedans, lorfqu’on fe {ert de l’inftrument appellé caron à dévider. Voyez CANON À DEVIDER. Ce canon qui eft paflé dans la ceinture de la devideufe, fert à la foulager, puifque fon bras droit peut être appuyé le long de fon côté ; Le bout inférieur de la broche eft mis dans le trou du canon, & pour lors la main droite eft plus ouverte, &c les doigts plus étendus que dans le devidage à la main: la main cependant formant toûjours uñ demi-cercle, le mouvement eft communiqué à la broche par ce- lui des quatre doigts qui renvoye la broche contre l'articulation de la premiere phalange du doigt in- dex , d’où elle defcend en roulant le long de ces qua- tre doigts, à l’extrémité defquels étant parvenue, elle eft de nouveau rechaflée au lieu d’où elle vient, & toùjours de même de quelque maniere que l’on devide : Le bout de foie qui s’enroule fur le rochet , 91e D E V doit être tenu ferme entre les doigts de la main gau- che, pour le conduire uniment fur le rochet, fans fouffrir que le devidage foit lâche où mou, ce qui étant ; lorfqu'on employeroit la foie de deffus ce ro- chet, Le bout de foie érant violemment tiré , fe loge- roit dans la quantité molle des tours qui font fous lui ,8c pourroit tout mêler; au lieu qu'étant devidée ferme, ce bout ne trouvant point de place fous lui, eft obligé de fe dérouler tout naturellement. Il faut encore éviter que le rochet ne foit tortu ou en bof- fe ; d’où il arriveroit que lorfque la foie du bas de la butte feroit employée, celle qui forme l’éminence feroit en danger d’ébouler 8 de tout gâter. Il faut auf prendre garde à ne devider qu’un feul bout à la fois ; ou s’il n'importoit pas qu’elle füt double, avoir grand foin de faire un nœud où ce double commen- ce, &c un autre où il finit; il arrive par l’omiffion de ces nœuds, fur-tout de celui où finit le double , que lun de ces deux bouts déroulant par le tirage, l’au- tre s’enroulant fur le rochet, fait cafler celui que l’on employe, ou empêche que le bon bout ne puife aller & venir au befoin le long de ce rocher. Cette foie ainfi enroulée fur le rochet fe nomme chapeau, qu'il faut ôter fitôt que l’on s’en apperçoit ; ce que l’on fait en foulevant ce chapeau au moyen d’un bon bout : ce foulevement fait haufler la partie du cha- peau que le bon bout tire à lui; on introduit une épingle dans l’efpace ainfi détaché du refte, & l’on cafle toute la foie qui formoit ce chapeau. On voit qu'il faut de grandes précautions pour éviter tous ces divers inconvéniens, & que dans cette opéra- tion, comme généralement dans toutes celles de ce métier, on n’en fauroit trop prendre; la perte du tems, la perte de la matiere toüjours très-chere, doivent engager les différens ouvriers qui travail- lent à ménager le bien du maïître qui les employe comme le leur propre. Lorfque la foie eft affez grof. fe & aïfée ,ou que c’eft du fil que l’on devide, on fe fert du rouet; ce qui avance bien plus vite, & de- yide plus ferré. | * Deviper LE FIL, (Manufaët. en foie.) c’eft le mettre fur de groffes bobines au {ortir de la bouti- que du cordier, ou le tirer de deflus l’afple ou afpel dans une corbeille pour en faire des lacs. Voyez Laos. La foie au rouet à quatre guindres ou à la main, c’eit mettre l’organcin fur des canons à deux têtes, ou la trame fur des canons à une tête, DEVIDOIR, f. m. Les fabriquans de draps ont feur devidoir. Voyez à l’article LAINE , MANUFACTU- RE D'ETOFFES EN LAINE, * Devipoir, ox ROUET À DEVIDER LA SOIE. Cette machine eft compofée d’une table de bois de trois piés de long fur deux piés environ de large, à la hauteur d’environ trois piés : aux quatre coins de la table, fur fon plat, fe trouvent debout quatre bâ- tons ronds, portant chacun ur guindre tournant fur fon pivot. Sur le devant de la table eft une rainure large d'environ un pouce &c demi dans toute la lon- _ gueur de la table, qui fert à recevoir un bois quarré taillé exprès d’entrée dans cette rainure : ce bois eft percé de plufieurs trous à la diftance d’un pouce chacun; on met dans ces trous des bois pointus fervant à porter des crochets de verre tournés : à un bout de ce bois eft une poulie, fur laquelle eft une ficelle qui aboutit à un crochet qui eft derriere la grande roue, & qui par le tour de la roue fait aller & venir ce bois dans la chanée au moyen d’un con- trepoids qui eff attaché à l’autre bout. Il y a de plus du même côté, fur le devant de la table, deux mor- ceaux de bois attachés fermes, dans chacun defquels eft incrufté un morceau de nerf ds bœuf percé, qui fert à recevoir à chaque bout une broche de fer à laquelle font enfilés quatre roquets: à côté de la ta- ble fe trouve une grande roue avec une manivelle D E U dans Îe milieu, que l’on fait tourner par le moyen d’une lifiere qui eft attachée à une marche de bois que l’on fait remuer avec le bout du pié fous la table, | * On diftribue fur chaque guindre un écheveau de foie, & on en pañle les bouts chacun féparément dans les crochets de verre; chaque bout eft enfuite diftribué par la manœuvre de la grande roue fur les roquets, en obfervant de changer de trou les cro- chets de verre, pour que Le roquet fe garniffe égale. ment. On reétifiera aux articles VELOURS 6 Soie, ce qu'il peut y avoir d’inexaét dans cette defcrip tion, | DEUIL , f. m. (Hifi, arc.) efpece particuliere d'habit pour marquer la trifteffe qu’on a dans des occafions fâcheufes, fur-tout dans des funérailles. Les couleurs & les modes des deuis {ont différen» tes en différens pays : à la Chine on porte le dzilen blanc ; en Turquie on le porte en bleu ou en violet; en Egypte, en jaune; en gris chez les Ethiopiens. Les dames de Sparte 8 de Rome portoient le dei! en blanc ; & le même ufage a eu lieu en Cafille à la mort des princes. Cette mode finit en 1498 à la mort du prince dom Jean, comme dit Herrera. Cha- que nation a eu {es raifons pour choifir une certaine couleur particuliere pour marquer le 4zi/: on fup- pofe que le blanc marque la pureté; le jaune ou feuille morte, fait voir que la mort eft la fin des ef pérances humaines & de la vie, parce que les feuil- les des arbres ; quand elles tombent , & les herbes quand elles font flétries , deviennent jaunes. Le eris fignifie la serre où les morts retournent. Le noir mar que la privation de la vie, pagce quil eft une priva- tion de la lumiere. Le bleu marque le bonheur dont on defire que les morts jotiffent. Et le violet étant une couleur mêlée de bleu & de noir, marque d’un côté la triftefle, & de l’autre ce qu’on fouhaite aux morts. Didfionn. de Trév. & Chambers. (G) Voilà bien des explications qu'il faut regarder comme celles que l’on donne aux fonges allégoriques. On en donneroit bien d’autres auf peu vraiflembla- bles, fi l’on portoit le dexil en rouge. Et pour con- clure, tout ne dépend que de l’ufage des nations, qui appliquent aux différentes couleurs des fignes de joie, de pleurs &7 de triftefle, (4) Les Orientaux fe coupoient les cheveux en figne de deuil; les Romains au contraire les laïfloient crof- tre, ainfi que leur barbe. Les Grecs avoient imité les peuples d'Orient ; non-feulement à la mort de leurs parens & de leurs amis ils fe coupoient les cheveux {ur leur tombeau, mais encore les crins de leurs chevaux. Ils pratiquoïent [a même chofe dans les calamités publiques, après la perte d’une ba- taille, &c. (G) | Deurz, {. m. (Jurifpr.) Il y a plufeurs objets à confidérer dans cette matiere, relativement à la ju- rifprudence ; favoir, l'obligation refpeétive de po:- ter le deurl entre mari & femme ; les habits de deuil qui peuvent leur être dûs; les peines des femmes qui vivent impudiquement pendant l’année du 4zi, ou qui fe remarient avant ou après l’année du dezils enfin les réglemens qui ont été faits pour le rems du deuil , & le droit de dexil qu’ont les commenfaux de la maion du Roi. | Suivant les lois du digefte, la femme furvivante était obligée de porter le deuil de fon mari, lugubria Jumere , pendant un an, à peine d’infamie : l’année n'étoit alors que de dix mois. Par le droit du code,les femmes furent difpenfées de porter les ornemens extérieurs du dezil. En France, dans les pays coûtumiers , comme dans les pays de droit écrit , la femme eft obligée de porter Le deuil de fon mari pendant un an; & comme perfonne n’eft obligé dé porter Le exil à fes dépens, les héritiers du mari doivent fournir à la femme des habits & équipages de deuil pour elle & fes domefti- ques, felon la condition & les facultés du défunt. = Ce que l’on donne à la femme pour fon deuil, n’eft point confidéré comme nn gain de furvie, mais com- me une indemnité & une créance pour laquelle elle a hypotheque du jour de fon contrat de mariage : cette reprie eft même privilégiée , étant réputée faire partie des frais funéraires , excepté au parle- ment de Bordeaux, où la femme n’a point de privi- lége à cet égard, . Ag Pour ce qui eft du mari, il n’eft point obligé de porter le deuil de fa femme, fuivant ce que dit T'a- cite en parlant des mœurs des Germains, dont les François tirent leur origine ; féminis lugere honeffum eff, viris meminiffe : de forte que fi le mari porte le deuil de fa femme, comme cela fe pratique ordinai- rement patmi nous, c’eft par bienféance , &c fans y être obligé, Il n’y à que dans le reflort du parlement de Dijon où le mari y eft obligé; auffi les héritiers de la femme lui doivent-ils fourmr des habits de deuil, Outre l'obligation dans laquelle font les femmes, de porter le deuil de leurs maris , 1l y a encore une obfervation eflentielle à faire à cet égard ; c’eft que dans les pays de droit écrit la femme qui vit impu- diquement pendant l’année du del, ou qui fe re- marie avant la fin de cette année, perd non-feule- ment fon deuil, mais tous les avantages qu’elle pou- voit prétendre fur Les biens de fon mari, à quelque titre que ce foit : elle eft privée de la fucceffion de fes enfans & de fes parens au-delà du troifieme de- gré , incapable de toutes difpofitions , &c ne peut donner à fon fecond mari plus du tiers de fes biens. Il y avoit même autrefois peine d’infamie contre les femmes qui fe-remarioient avant La fin du deuil! ; “mais le droit canonique a levé cette tache. À l'égard des autres peines , elles étoient autre- fois obfervées dans tout le royaume , comme 1l pa- roît par différentes difpenfes accordées à des femmes _pour fe remarier avant la fin de l’an du deu; 1l y en a au threfor des chartres du tems de Philippe-le- Lons. M. Bretonmier en fes quefhions , rapporte mé- me une femblable difpenfe accordée fous Louis XIV. mais il falloit que ce füt par rapport aux droits que la femme avoit à prendre dans quelques pays de droit écrit ; car préfentement les peines des 1 des noces contraétées pendant lan du del, n’ont -plus lieu que dans quelques-uns des parlemens de droit écrit. Suivant les arrêtés de M. de Lamoignon, la veuve qui fe remarie dans l’année du deu! , devoit être pri- vée de fon douaire ; mais ce projet de lois n’a point _xeçu le caraétere d'autorité publique, que méritoit la fagefle de leurs difpofitions. * Les perfonnes qui fe remarient après l’an du deuil, font feulement fujettes aux peines ordinaires des fe- condes noces. Voyez SECONDES NOCES, On a déjà vû ci-devant que l’année du deuil pour les femmes , qui n’étoit anciennement que de dix mois, fut nufe fous les empereurs à douze mois, comme l’année civile. En France l’ordonnance du 23 Jun 1716 a réduit à moitié le tems des deuils de cour & dé famille ; &z depuis, par une autre ordonnance du 8 Oétobre : 1730 ,.ils ont encore été réduits à moitié du tems réglé par l’ordonnance de 1716 ; enforte que les plus . Jongs deuils ne doivent durer que trois mois, excepté : les deuils de mari & femme, pere, mere, ayeuls & ayeules, & autres dont on eft héritier ou légataire, pour lefquels feuls on peut drapper, & qui demeu- rent fixes, fuivant l'ordonnance de 1716. Les commenfaux de la maïfon du Roi, de la Reï- ne, des enfans de France , & des princes du fang D E V 91 qui ont une maifon couchée fur l’état du Roi ; ONÉ droit de manteaux ou habits de deuil lors du décès des Rois & Reines. Les officiers de la chambre des comptes 87 ceux de la cout des monnoies ont pareil: lément droit de dexil, comme étant réputés com« menfaux de la maifon du Roi. Voyez Les lois 1, 8. & 9. ff. de his qui not. infam. 6 la loi 13. au code ex quibus caufis infam, irrog, L, 1. cod» de fécurd. nuprs Lorfél, inflie, cor. liv. I, rit. 1j. regl. 29. 6 33. Le traité des peines des fecondes nôces, de Dupin ; /e srairé des gains nupt, ch. 11,(4) DEVIRER , (Marine.) Le cable devire de deffus le cabeffan , c’eft quard lé cable recule par quelqu’acci- dent, au lieu d'avancer, (Z) DEVIS, f. m, er Archireüturé, eft un mémoire général des quantités , qualités & façons d’un bâti- ment , fait fur des deffeins côttés & expliqués en dé= tail, avec des prix à la fin de chaque article & efpe« ce d'ouvrage par toife ou par tâche , {ur lequel un entréprenêur marchañde avec le propriétaire , & convient d'exécuter l’ouvragé moyennant une cer- taine f6mme ; c’eft pourquoi lorfqué cét ouvrage eft fait, on l’examine pour voir s'il eft conforme aw RE > avant que de fatisfaire au parfait payement. EVIS, (Marine.) c’eft le détail que donne ur charpentier de toutes les parties du vaiffeau qu'il entreprend de conftruire, dont il regle les propor- tions, & auquel il s'engage de fe conformer dans l'exécution ; & ce moyennant un certain prix donf l’adjudication fe fait au rabais. Chaque vaifleau, fuivant fa force &c fa groffeur, exige.un devis différent; il fufit d’en donner un pour faire connoître le détail dans lequel on eft obligé d'entrer en pareil cas. C’eft le devis d’un vaifleau du Roi de cinquante canons conftruit depuis quelques années dans üf de nos ports. Devis & proportions du vaifleau du Roi le Jafon de cinquante pieces de canon. | Piéss Pouces: Longueur de l’étrave à l’étambot de de rablure en rablure, , . . . , . . 124 Elancement de l’étrave, . .. ., 14 QuétedenlEtambOe ee tue 4 Longueur de la quille, . . . , . . 107 G Largeur de dehors en-dehors des } He MDPO ES MAN 2e l Creux à prendre fur la quille à droite ligne du maître ban, . ... 15 6 Longueur de la life d’hourdi, ... 22 Hauteur d’entre deux ponts du deffus du bordage à l’autre, . . .. 6 3% Hauteur du gaillard, . . . . ... 6 Il fera percé au premier pont onze fabords de chas que côté. Sur le fecond pont douzes fabord de.chaque côté. Sur le gaillard d’arriere deux fabords de chaque côté. Dans la voûte un fabord de chaqrie côté. Dans la grande chambreun fabord de chaque côté, Faire toutes les fenêtres des chambres néceffaires, deux écubiers de chaque côté. Echantillon des bois. Sera fait quatré pieces de quilles plus ou moins, felon que lefdites pieces fe trouveront être longues de feize pouces de largeur {ur quatorze pouces d’épaiffeur, avec des écarts dou- bles de fept à huit piés de longueur. Un ringeau de même échantillon & les mêmes écarts, deux pieces d’étrave bien‘efquervées & fai- tes à la façon ordinaire, ? | Un étambot avec deux tenons, la rablure & les reprifes ordinaires. Une life d’hourdi de quatorze à feize pouces en denté dans l’étambot, ri 912 DEV Deux eftains endentés far chaque bout de la lifle d’hourdi & bien joints par le pié contre Le contre- étambot en-dedans. Quatre barres d’arcafles. endentées dans l’étam- bot &c fur les eftains. Deux allonges de cornieres bien empattées & jointes aux eftains. Une courbe d’étambot bien jointe {ur la quille & contre l’étambot. Un contre-étambot bien joint à l’étambot, & em- patté avec un écart à la coùrbe, Un autre idem par-dehors bien joint à l’étambot. Une contre-quille qui joigne la courbe d’étambot, &c qui aille jufqu'au couple des façons de l’arriere. Deux pieces de contre-étrave bien empattées & ‘bien jointes contre l’étrave. Une contre-quille dans les façons de l'avant com- me celle de l'arriere. Soixante Varangues de fond acculées, ou four- œats de douze à dix-huit piés de longueur fur onze pouces de largeur & neuf pouces d’épaifleur. Cent vingt genoux de fond ou de revers de douze à quinze piés de longueur fur onze pouces de lar- geur & neuf pouces d’épaifleur, empattés de la moi- tié de leur longueur, & bien joints avec les varan- gues. Cent vingt premieres allonges de même échan- tillon que les genoux, bién aboutées avec les varan- gues & bien jointes avec les genoux. + Cent vingt fecondes allonges, dem. Cent vingt troifiemes allonges , ide. Cent cinquante allonges de revers. Cent foixante bouts d’allonges , ou plus, s’il eft néceflaire , tant pour les fabords que pour remplir par Le travers des chaînes d’auban, & tant au grand mât qu'au mât de mifaine. Dix-huit allonges d’écubiers. Un rang de taquades fur la quille d'avant arriere chtre les varangues & fourcats, frappées à coup de demoifelles bien jointes fur la quille, & deux pouces moins hautes qué les varangues, afin que la carlin- gue étant endentée porte par-tout fur lefd. taquades. Deux autres rangs de taquades de chaque côté, lune à l’empatture des genoux, & l’autre à lempat- ture de la prenuere allonge, faites & mifes en place comme les premieres. Trois pièces de carlingues endentées fur les va- rangues & fourCats, qui portent bien fur toutes les taquades. . ; | Deux cours de vaigres de chaque côté de la car- lingue de douze pouces de largeur & cinq pouces d’épaifleut, bien endentées fur les varangues & ge- noux , dont les dents foient d’un pouce. Deux autres-cours de vaigres de chaque côté qui fe toucheront afin de croiïfer les abouts dire@tement fur la life des façons endentés d’un pouce dans les membres qui porteront aufli fur un rang de taqua- des , qui fera mis d'avant arriere à caufe de lé- chouage. | : Deux cours de ferrebauquieres de quatorze pou- ces de largeur &c fix pouces d’épafleur, qui foient bien jointes aux membres d'avant arriere , au-def- fous deux cours de bordages de chaque côté de trois à quatre pouces d’épaifleur. Il fera bordé de-là jufqw’aux deux cours de vai- gres qui fe touchent obliquentent d’un bordage de trois pouces d’épaifleur. Le païllo fera bordé jufqu'à fa hauteur du left d’un | bordage de deux pouces d'épaifleur. j Sera mis trois fourcats de Kaïfon dans les façons. Il fera mis des courbes d’arcafles bien jointes & endentées aux endroits où il fera néceflaire. Sept guirlandes à Pavant de dix à quatorze piés de longueur &c de quatorze à feize poucés quarrés, bien jointes & endentées. Dix varangues de porques de douze à dix-huit piés de longueur, de quatorze pouces en quatré, bien endentées fur la carlingue & dans les vaigress Vingt genoux de porques de douze à quinze piés de longueur, de douze à quatorze pouces quarrés, bien joints contre les varangues, avec lefquelles ils feront empattés de la moitié de leur longueur, & bien endentées fur les vaigres. | Vingt premieres allonges , idem. Vingt fecondes allonges , idem, Vingt troïfiemes allonges ou éguillettes, 243 Six faux baux avec une courbe à chaque bout. Trente-un baux au premier pont faits de deux ow trois pièces endentées à queue d’ironde fur {a {erre- bauquiere. : | Soixante-deux courbes de boïs ou de fer au pre: mier pont, bien jointes contre les baux 8e fur le vai- grage. Sera mis des entremifes entre chaque bout de baw endentées à queue d’ironde fur chaque bout de bau. Sera mis en outre des entremifes ou arcs-boutans à tous les endroits des efcoutilles ou panneaux, où il en fera néceflaire, auffi-bien que des lattes. Dix pieces de gouttieres bien endentées fur les baux & dans les membres. Dix pieces de ferregouttieres endentées fur les baux & dans Îles éguillettes. Deux bites, leur traverfin & coufin. Deux courbes de bites endentées fur les baux: Un rang de noyau de chaque côté. Quatre cours d’iloires de chaque côté endéntées fur les baux. | | Mettre les barrotins néceflaires. | Trois grandes écoutilles avec leurs ailures , ca= dres & panneaux. Trois petites écoutilles avec leurs aïlures, cas dres & panneaux, La carlingue du grand &c petit cabeftan: Les étambrais des mâts & cabeftans. La carlingue du mât d’artimon. Vingt cours de bordages pour border le premier ont. Border fur le milieu du pont entre les écoutilles: Border l’entre-deux-pont depuis le noyau jufqu’à la ferrebauquiere du fecond pont. Faire vingt-deux fabords à la premiere batterie; & mettre leurs feuillets. Faite vingt-deux mantelets, Faire deux fabords à la voûte, & mettre leurs feuillets. Faire deux mantelets , idem. Deux autres petits fabords , im. Faire la gatte. Faire huit petits fabords de nage &8c leurs mantes lets de chaque côté. Quatre efcubiers. Mettre quatre épontilles pour accorer le mât de beaupré, & border de chaque côté lefd. épontilles. Une entremife entre les courbes des bites poux accorer le beaupré, Six épontilles au fond de calle, dont trois garnies de taquets. Faire le pié du grand mât & celui du mât de mi; faine. Le Quarante épontilles entre deux ponts, La demi-lune pour la barre du gouvernail, Le gouvernail & ajufter les ferrures. Deux barres de souvernail, & ajufter les manuel; les. D Mettre la ferrebauquiere du fecond port. Trente-trois baux au fecond pont endentés à queue d’ironde fur la ferrebauquiere. | Soixante-fix courhes dé bois où de fer au fecond pont, bien jointes, Cent Don \ :! Cent trente-deux arcs-boutans. - Soïxante-douze barrotins, | | Deux cours dé gouttieres & de ferre - souttieres endentées fur les baux & dans les membres, Quatre cours d’iloiré endentées fur les baux. Douze cours de bordages pour border ledit pont, Border ledit pont depuis les caillebotis jufqu’en arriere , entre les deux iloires, Faire dix panneaux de caillebotis; L’étambrai du grand mât, mât de mifaine & d’ar- timon. L’étambrai du grand cabeftan. Faire deux petites écoutilles fur les bites. Faire 8 mettre en place le grand cabeftan double avec fes barres. - Le petit cabeftan avec fes barres: Le grand fep de drife. Le fep de driffe de mifaine. Les bites d’efcoutes de hune. Les bites d’efcoute de hune de mifainie: Le colletis de l’avant, portes & fabords avec leurs mantélets. Deux taquets pour les amures. Six taquets pour les écoutes, Tous les taquets de fabords. Tous les taquets de manœuvre néceffaires. Faire deux cuifines avec leurs capots. Le four. Deux potagers. 21 Un rang de noyau au fecond pont de chaque côté. Border entre les fabords de la feconde batterie avec des planches de prufle, jufqu’au plat bord. Faire vingt-quatre fabords, mettre leurs feuillets & vingt-quatre faux fabords. La ferrébauquiere du gaïllard d’avant. Huit barrots audit gaillard. Seize courbâtons au même gaillard. Un rang de gouttieres de chaque côté. Deux rangs d’iloires, idem. Border ledit gaillard de planches de pruffe. Dix épontilles fous ledit gaillard. Deux bofloirs & porte-bofloirs. Les plathords & parquets d’avant arriere. La ferrebauquiere du gaillard d’arriere, Vingt baux audit gailiard. Cent arcs-boutans audit gaïllard, Quarante barrotins, Quarante courbes. Un rang de souttiéres de chaque côté éndentées fur les baux. Deux rangs d'iloires de chaque côté endentées fur les baux. Seize épontilles, Un cours de noyau de chaque côté jufqu’aux fa- bords. Border ledit gaillard de planches de pruffe, Quatre panneaux de caillebotis fur ledit gaillard. Quatre fabords fur ledit gaillard avec leurs feuil- lets & cadres. Border entre deux fabords de planches commu- nes, & juiqu'au plathord. La ferrebauquiere de la dunette. Six baïrots à la dunette. Douze courbätons. eux cours de gouttieres. Border ladite dunette. Border jufqu’au platbord. | … Une courbe pour porter le bâton de pavillon. Faire la voûte &:les montans de poupe, & borde, Cinquante cours de bordages plus ou moins pour border par-dehors , depuis la quille jufqu’aux pre- mueres préceintes, Cinq cours de préceintes de chaque côté, y com- Tome IF, D E V 913 pris les plançons qui fOntaufli épais que lefdites pré ceintes. | | . Border entre les préceintes de là premiere battes rie. Quatre cours de préceinites à la feconde batterie; Border entre les premierés & fecondes préceintess . Border depuis les préceintes de la feconde batte: rie juiqu’au platbord, avec des branches de prufle, Deux cours de carreau de platbord. Paire toutes les lifes & carreaux de platbord, 8e achever de border l’œuvre morte, Six ports-haubans avec leurs courbâtons & lif. tons, Faire les efcaliers pour le dedans dunavite & pars dehors. | . Deux corniches à la voûte & à la life d’honrdi. Faire le balcon, y mettre les courbes néceflaires; doubler le tableau, & ajufter le couronnement , les termes ; & généralement toute la fculpture de la poupe, corniches néceflaires, les friffesdes gaillards, dunette, fronteau , avec leurs courbâtons & plats bords. _ Faire les deux bouteilles ; portés , fenêtres, & ajufter la fculpture. Faire l’éperon & ajufter la fculpture. Faire les rabats & tags d’amures. Faire une courcille d’un gaillard à l’autre de chars que côté. | Les montans & chapiteau de la cloche. Faire une teugue & les jats d’ancres; Faire les battayoles & lifles. Garnir les pompes. Les étambrais de pompes, Les coins des mâts. , Cinq allonges de défenfes de chaque côté. Faire la plateforme de la fofle aux cables , cellé de la foffe aux lions , les cloïfons de la foilé äux ca: bles &c de la foffe aux lions. Faire la chambre du chiturgien, celle du maître charpentier & du maître calfat. Faire l’archipompe & fes parquets. _ La plate-forme de la foûte aux poudres, la cloi: fon, montans des coffres à poudres & pour le fanal: Faire une courcille au milieu pour féparer lés foû- tes au pain, & mettre tous Lés montans defdites {oû- tes & cloifons d’arriere. Faire la courcille basbord & ftribord d’avant ar: riere au fond de calle. Faire la chambre aux voiles: Faire deux cabannes pour le maîtré & le pilote: Faire tous les gabarits, chantiers Pour mettre la quille en place, lifles, accotts, & faire tous les éta= blis néceffaires, & même toutes les échelles qui fer= vent à la conftru&ion: . Faire le anted e & mettre le vaïfleau à la mer. Faire une chaloupe & un canot. : L’entrepreneur fera obligé générälément à toute là charpente, à tout le fciage, à l'exception des pré: ceinites , gouttieres , iloires, Vaigres, & bordages j qui feront fournis de cet arfenal, des épaifeurs con= venables. Le perçage tant en fer qu'en bois; S'il y a quelques Ouvrages obmis au préfent de vis ; l'entrepreneur fera obligé de le faire pour l’en= tiere perfeétion de ce vaifleaui, à la fatisfa@ion du maître conftruéteur, à la referve de lafculpture, me: nuiferie, & calfatage. Après tout ce détail, il refte à faire connoître ca qu'un pareil vaifleau coûte , tant pour fa conftruétion que pour fon armement: TL Zzz2 914 D E V ÆEtat abrégé de te que conte un vaifleau de 30 canons où du troifieme rang, tant pour la conffrutiion que pour da garniture, armernènt, & rechange. CONSTRUCTION. Liy, Sois, Den, En boïs de chêne de Bour- LOMME) | à se en ie 19307205 9 En bois dechêne deProvence, 16564 oo 6 En bordages, s Leds GR INRE TES 16290 $ En autres bois, , . : , ., . 10748 12 : 4 En planches, .,. 5. 14.4 343536 133 En fer &-clouds 4 478 MES 5 6 En marchandifes, , . . . . . 3591 8 En vitres êc ferrures, . 4, 000 En cuifines & fours, . . , .. TÉO LS NMO Ensmätures A CODE RTE try L $ Ensvergues,"e7Ltes IM TOP PANNE, 7 En: poulins & racages, . , 4 à 2212 1. En journées d'ouvriers, . , . 34010 Garniture, armement, & rechange. Cordages à agrès,.. . . .. 5479 Cables &c grêlins, . ,:., . : 10829: 12 Ancres & leurs uftenfiles, ... 4227 10 Mâts, vergues , & jumelles de | ÉCHANGES RE ut FA TA Cordage neuf de rechange, 1639 8 Poulies & caps de mouton de deChAnoe ER ne 435 Voiles & leurs uftenfiles, .., 4744 16 4 Uftenfiles du pilote, . . . ., 2580. 13 6 Uftenfiles du canonier, . . . 106058 6 6 PE OS ETETE EUR PER RENTE Coffre de l’armurier, . . .. POSE Uftenfiles du maitre, . . . 718 16 4 Uftenfiles du charpentier & ÉD TS Lie DÉPART 7OSSUUTE 7 Uftenfiles de pompe, . .... TOME LE Cote RE 104 82 CO Uftenfiles du fond de cale, 1353 7 Cine Re Er 197 12 4 Chaloupes &r canots, . . . . C3 29 EL ARCS Ornemens de chapelle, . . . 300 10 Coffre de medicamens, .... SANS TER Total de la conftruétion & ar- mement d’un vaifleau de cin- quante canons, . . + : « « « « 287148 10 On fera peut-être bien-aïfe de connoître ce que coûteroit un vaifleau du premier rang de cent pieces de canon; fuivant les mê« mes états, cela fe monteroit à la 10NMME de No RMS ACTIONS CCE DEVISE , £ £. (Belles-letres) eft une métaphore, qui repréfente un objet par un autre avec lequel il a de la reflemblance. Pour faire une bonne devife , il faut chercher une image étrangere qui donne lieu à une comparaïfon juite, & c’eit par-là qu’on doit juger de fa vérité ou de fa faufleté. Les devifes font vraies, quand elles contiennent uné fimilitude métaphorique, & qu'el- les fe peuvent réduire en comparaifon ; elles font faufles quand cela leur manque. La devife eft un compofé de figures & de paroles. On a donné à la figure le nom de corps, & aux paroles celui dame, parce que comme le corps & l’ame joints enfemble font un compolé naturel , certaines figures & certaines paroles étant unies, font une devife. On dit certaines figures 8 certaines paroles; Car toutes fortes de figures & toutes fortes de paroles n’y font pas propres, &c il faut obferver exaétement quelles font les conditions des unes & des autres. Voici celles qui regardent les figures & les corps. . BE Les figures qui. entrent dans la compoñtion. de {a devife, ne doivent avoir fién de monftrueux ni d'ir- régulier, rien qui foit contre la nature des chofes ou contre l'opinion commune des hommes, comme fe- roient des ailes attachées ävin animal qui n’en a point , un aftre détaché du ciel; car la devife étant cflentiellement une métaphore & un fymbole natu- rel, elle doit être fondée fur quelque-chofe. de con- nu &c de certain, & non pas-fur “a hafaïd ou fur l'imagination, | | +Chutes à Le corps humain ne doit point entrer dans les dews- Jes ; car la devife étarit effentiellement une fimulitude, fa fin eft de montrer la proportion qu'il y a entre l’homme &r la figure fur quoi la fimilitude eft fondée : or ce feroit comparer l’homme avec foi-même que de prendre un corps humaïn pour fujet de fimilitude , piufqu'en quelqu’état & fous quelqu'habit que ce corps humain paroifle ,c’eft toüjours un'homme: D'ailleurs la fimilitude dont il s’agit doit être in- génieufe ; or il ne faut pas faire de grands efforts d’efprit pour trouver quelque convenance entre un homme & un homme. Il y a plus de fubtilité à trou- ver un rapport quite & une reflemblance parfaite entre deux objets éloignés, comme entre-un-hemme ê& une fleur ; d’ailleurs la reflemblance dont il s’agit n’eft pas une reffemblance fimple, mais métaphon- que : d’où.il s'enfuit que quand la figure humaine poufroit être le fondement d’une belle comparäifon, on ne devroit pas la recevoir, ne pouvant être le fondement d’une véritable métaphore ; car la méta- phore ne fe fait que quand on tranfporte une fignifi- cation de fon lieu propre à un fujet étranger, ce qui ne fe peut faire à l’ésard de laétion d’un homme & de celle d’un autre homme , tous deux étant de même efpece & dans le même ordre. Les vrais corps des devifes fe doivent prendre de la nature & des arts. La nature fournit à l'efprittous les êtres fenfbles qui ont des propriétés particulie- res, comme font les aftres, les météores, les fleurs, les animaux. Les arts nous préfentent leurs ouvrages & leurs inftrumens, par exemple un miroir, un ca: dran folaire, un compas, une équerre ; car quoi- que ces fortes de chofes ne foient pas naturelles, à prendre ce mot dans fa propre fignification, elles ont des propriétés réelles & véritables, qui peuvent fervir de fondement à des fimilitudes & à des com- paraifons. | Il faut que le corps de la wife foit noble &r agréa- ble à la vüe; car la devifé ayant été inftituée pour déclarer un deffein héroïque, & étant de fon eflence une métaphore, une figure bafle &c difforme ne lui convient pas. Ce n’eft pas encore aflez que la figure foit noble ê&t agréable, il fant de plus qu’elle foit connue, & quelle fe fafle même reconnoître dès qu’on la voit, car un objet inconnu ne touche point. Le motou l’ame de la devife doit être proportionné à la figure ; car l’un & l’autre devant faire un com- pofé femblable en quelque façon à celui que la ma- ticre & la forme font PL ,ileftnéceflaire qu'il y ait de la proportion entre l’un & Pautre, à-peu- près comme il y en a entre la matiere & la forme. Cette proportion demande que le mot convienne au corps dont il eft lame, & qu'il lui convienne de forte qu'il ne puiffe convenir à une autre figure, non plus que l’ame de l’homme ne peut convenir au corps du lion. | Il ne faut cependant pas que le mot ait un fens achevé, & la raifon eft que devant faire un compoié avec la figure, il doit être néceffairement païtie, &c par conféquent ne pas fignifier tout , 1! avoir le fens entier qu'ont le mot & le corps étant Joints enfem- ble; car la fignification qui fait la forme & Pefprit de la devife, réfuite de la figniñication du corps & celle des paroles. La fienification du corps prife féparément, eft imparfaite, celle des paroles l’eft aufli ; mais la figmfication qui réfulte de l’un & de l’autre, eft entiere : c’eft ce qui fait qu'une des plus effentielles qualités du mot doit être de ne rien énon- cer qui ne fe puiffe vérifier dans la figure. Ce font-là à-peu-près les principes dont il ne faut pas s’écarter pour faire une bonne devife ; ils font ex- traits du livre du P. Bouhours, intitulé, Eireriens d'Arifle & d’Eugene, où cette matiere ef traitée fort au long, & dans lequel on trouvera un très-grand nombre de devifes compofées fuivant ces principes : ils font beaucoup plus étendus dans cèt ouvrage qu'ils ne font ici, mais on croit en avoir rapporté les plus effentiels. .: DEUNX , f. m. (Hiff. anc.) c’eft une divifion de la livre romaine, qui contient onze onces , ou bien _ onze douziemes de quelque mefure, c’eft-à-dire la méfure entiere moins une once. Voyez ONCE. (G) DEVOIR , f. m. (Droit nat. Relig. nat. Morale.) en latin offcium. Le devoir eft une a@tion humaine exatement conforme aux lois qui nous en impofent l'obligation. On peut confidérer{ l’homme, ou comme créature de Dieu, ou comme doué par {on Créateur de cer- taines facultés, tant du corps que de l’ame, defquel- les l'effet eft fort différent, felon l’ufage qu’il en fait; ou enfin comme porté &z néceflité même par fa con- dition naturelle , à vivre en fociété avec fes fem- blables. | La premiere relation ef la fource propre de tous les devoirs de la loi naturelle, qui ont Dieu pour objet, &c qui font compris fous le nom de religion naturelle. Il n’eft pas néceflaire de fuppofer autre chofe : un homme qui feroit feul dans le monde , devroit & pourroit pratiquer ces devoirs, du moins les princi- paux , d’où découlent tous les autres. La feconde relation nous fournit par elle-même tous les devoirs qui nous regardent nous-mêmes, & que l’on peut rapporter à l'amour propre, ou, pour Ôter toute équivoque , à l’amour de foi-même. Le Créateur étant tout fage, tout bon, s’eft propofé fans contredit, en nous donnant certaines facultés du corps & de l'ame , une fin également digne de lui, & conforme à notre propre bonheur. Il veut donc que nous faflions de ces facultés un ufage qui réponde à leur deftination naturelle. De-là nait l'obligation de travailler à notre propre conferva- tion, fans quoi nos facultés nous feroient fort inuti- les ; & enfuite de Les cultiver & perfeétionner autant que le demande le but pour lequel elles nous ont été données. Un homme qui fe trouveroit jetté dans une île deferte, fans efpérance d’en fortir & d'y avoir jamais aucun compagnon, ne feroit pas plus auto- rifé par-là à fe tuer, à fe mutiler ou à s’ôter l’ufage de la raifon, qu’à ceffer d’aimer Dieu & de l’hono- rer. La troifieme & derniere relation eft le principe des devoirs de la loi naturelle, qui fe rapportent aux autres hommes. Quand je penfe que Dieu a mis au monde des êtres femblables à moi, qu’il nous a tous faits égaux ; qu'il nous a donné à tous une forte in- clination de vivre en fociété , & qu'ila difpofé les chofes de telle maniere qu’un homme ne peut fe conferver mi fubfifter fans le fecours de fes fembla- bles, j'infere de-là que Dieu , notre créateur & no- tre pere commun, veut que chacun de nous obferve tout ce qui eft néceflaire pour entretenir cette fo- ciété, & la rendre également agréable aux uns & ‘aux autres. | | Ce principe de la fociabilité eft, je l'avoue, le plus étendu & le plus fécond ; les deux autres mê- me viennent s’y joindre enfuite , & y trouvent une ample matiere de s'appliquer : mais il ne s’enfuit Tome 1F, D E V 015. point de-là qu’on doive les confondre & lesfaire dés pendre de la fociabilité , comme s’ils n’avoiént pas leur force propre & indépendante. Tout ce qu’on doit dire, c’eft qu'ici, comme par-tout ailleurs , la fagefle de Dieu a misunetrès-grande liaifon entre toutes les chofes qui fervent à fes fins. La nature humaine aïnfi envifagée, nous décou- vre la volonté du Créateur, qui eft le fondement de l'obligation où nous fommes de fuivre les regles ren- fermées dans ces trois grands principes de nos de- voirs. L’utilité manifefte que nous trouvons enfuite dans leur pratique , c’eft un motif, & un motif très- puiffant pour nous engager à les remplir. Dans cette efpece de {ubordination quu fe rencon- tre entre les trois grands principes de la loi naturelle, que je viens d'établir, s’il fe trouve, comme il arri- ve quelquefois, qu’on ne puifle pas en même tems s'acquitter des devoirs qui émanent de chacun, voici, ce me femble, la maniere dont on doit régler entre eux la préférence en ces cas-là. 1°, Les devoirs de l’homme envers Dieu l’emportent toüjours {ur tous les autres. 2°. Lorfqu'il y a une efpece de conflit entre deux devorrs d’amour de foi-même , ou deux devoirs de fociabilité , il faut donner la préférence à celui qui eft accompagné d’un plus grand degré d’u- tilité ; c’eft-à-dire qu’il faut voir fi le bien que l’on fe procurera, ou que l’on procurera aux autres en pratiquant l’un de ces deux devoirs , eft plus confi- dérable que le bien qui reviendra ou à nous ou à au trui de l’omiffion de ce devoir, auquel on ne fauroit fatisfaire fur l’heure fans manquer à l’autre. 3°, Si, toutes chofes d'ailleurs égales, il y a du conflit en tre un devoir d’amour de foi-même, & tin devoir de fociabilité , foit que ce conflit arrive parle fait d’au- trui , Ou non, alors l’amour de foi-même doit l’em- porter ; mais s’il s’y trouve de l’inépalité, alors il faut donner la préférence à celui de ces deux fortes de devoirs qui eft accompagné d’un plus grand degré d'utilité. Entrons maintenant dans le détail des trois claffes générales fous lefquelles j’ai dit que tous nos devoirs étoient renfermés : ce fera faire avec le lec- teur un cours abrégé de Morale dans un feul article, il auroit tort de s’y refufer. Les devoirs de l’homme envers Dieu, autant qu’on peut les découvrir par les feules lumieres de la rai- fon , fe réduifent en général à la connoïffance & au culte de cet être fouvérain, Voyez Dieu. Voyez auff CULTE. Les devoirs de l’homme par rapport à lui-même, découlent direétement & immédiatement de l’amour de foi-même, qui oblige l’homme non-feulement à fe conferver autant qu'il le peut, fans préjudice des lois de la religion & de la fociabilité, mais encore à fe mettre dans le meilleur état qu'il lui eft poffible, pour acquérir tout le bonheur et il eft capab'e ; étant compoié d’une ame & d’un corps, il doit pren- dre foin de l’une & de l’autre. | Le foinde l’ame fe réduit en général à fe former lef- prit & le cœur ; c’eft-à-dire à fe faire des idées droi- tes du jufte prix des chofes qui excitentordinairement nos idées ; à les bien régler, & à les conformer aux maximes de la droite raïfon & de la religion: c'eft à quoi tous les hommes font indifpenfablement tenus. Mais il y a encore une autre forte de culture de l’a- me, qui, quoiquelle ne foit pas abfolument nécef- faire pour {e bien acquitter des devoirs communs à tous les hommes , eft très-propre à orner & perfec- tionner nos facultés, & à rendre la vie plus douce & plus agréable : c’eft celle qui confifte dans létude des Arts & des Sciences. Il y a des connoïfiances néceffaires à tout le monde, & que chacun doit ac- quérir ; il y en a d’utiles à tout le monde ; il y en a qui ne font néceffaires ou utiles qu’à certaines per- {onnes, c’eft-à-dire à ceux qui ont embraflé un cer. ZZzzzi 916 D EV tain art ouune certaine fcience. ILeft clair que cha- cun doit rechercher & apprendre non-feulement ce qui eft néceffaire à tous les hommes , mais encore à fon métier ou à fa profefion. Les devoirs de Fhomme par rapport aux foins du corps , font d’entretenir &c d'augmenter. les forces naturelles du corps, par des alimens & destravaux convenables : d’où l’on voit clairement les excès & les vices qu'il faut évirer à cet égard. Le foin de fe conferver renferme les juftes bornes de la légitime défente de foi-même , de fon honneur & de fes biens. Voyez DÉFENSE DE SOI- MÊME, HONNEUR. Je pañle aux devoirs de l’homme par rapport à au- trui, & je les déduirai plus au long. Ils fe réduifent en général à deux clafles : l’une de ceux qui font uniquement fondés fur les obligations mutuelles , où font refpettivement tous les hommes confidérés comme tels : l’autre de ceux qui fuppofent quelque établiffement humain, foit que les hommes l’ayent eux-mêmes formé , ou qu'ils l'ayent adopté, ou bien un certain état accefloire , c’eft-à-dire un état où l’on eft mis en conféquence de quelque aéte hu- main, foit en naïffant , ou après être né : tel eft, par exemple , celui où eft un pere & fon enfant, l’un par rapport à l’autre ; un mari 8 fa femme ; un mai- tre & fon ferviteur ; un fouverain & fon fujet. Les premiers devoirs font tels que chacun doit les pratiquer envers tout'autre , au lieurque les derniers obligent que par rapport à certaines perfonnes , & pofé une certaine condition , ou une certaine fitua- tion. Aïnfi on peut appeller ceux-ci des devoirs con- ditionnels , & les autres des devoirs abfo!us. Le premier devoir abfolu , ou de chacun envers tout autre, c’eft de ne faire demal à perfonne, C’eft- lhle devoir le plus général: car chacun peut l’exiger de fon femblable en tant qu'homme , & doit le pra- tiquer ; c’eft auf le plus facile , car 1l confifte fim- plement à s'empêcher d’agir , ce quine coûte guere, à moins qu’on ne fe foit livré fans retenue à des paf- fions D À qui réfiftent aux plus vives lunieres de la raifon : c’eft enfin le plus néceffaire ; car fans la pratique d’un tel devoir, il ne fauroit y avoir de fociété entre les hommes. De ce devoir fuit la né- cefité de réparer le mal, le préjudice , le domma- ge que l’on auroit fait à autrui. Woyez Do m- MAG E. Le fecond devoir général abfolu des hommes, eft que chacun doit-eftimer & traiter les autres comme autant d'êtres qui lui font naturellement égaux, c’eft- à-dire qui font aufli-bien hommes que lui, car il s’a- git ici d'uneégalité naturelle ou morale. foyez EGA- LITÉ. = Letroifieme devoir général refpeëtif des hommes confidérés comméê membre de la focièté , eft que chacun doit contribuer autant qu'il le peut commo- dément à l'utilité d’autrui. Ontpeut procurer Pavan- tage d'autrui d’une infinité de manieres différentes, &c dont plufieurs font indifpenfables. On doit mé- me aux autres des devoirs , qui fans être néceflaires pour la confervation du genre humain , fervent ce- pendant à la rendre plus belle & plus heureufe. Tels {ont les devoirs de la compafñfon, de la libéralité , de la bénéficence , de la reconnoïffance , de Phofpi- talité , en un mot, tout ce que l’on comprend d’or- dinaire fous le nom d'humanité ou de charité , par oppoftion à la juftice rigoureufe , proprement ainfi nommée, dont les devosrs {ont le plus fouvent fon- dés fur quelque convention. Mais il faut bien remar- : uer que dans une néceflité extrème , le droitimpar- fait que donnent les lois de la charité, fe changeen droit parfait ; de forte qu’on peut alors fe faire ren- dre par force, ce qui, hors un tel cas , devroit être Jaïflé à la confcience & à l'honneur de chacun. D E V Foyez COMPASSION , LIBÉRALITÉ, RECONNOIS- SANCE , HOSPITALITÉ , HUMANITÉ. Les devoirs conditionnels de l’homme envers fes femblables , font tous ceux où l’on entre de foi mê- me avec les autres par des enpasemens volontai- res , exprès, ou tacites, Le devoir général que la loi naturelle prefcrit ici, c’eft que chacun tiénne in= violablement fa parole , ou qu'il effeîtue ce à quoi il s’eft engagé par une promefle ou par une conven- tion. Voyez PROMESSE , CONVENTION. | Il y a plufieurs établiffemens humains fur lefquels font fondés les devoirs conditionnels de l’homme par rapport à autniu. Les principaux de ces établifle- mens font l’ufage de la parole , la proprièté des biens , &c le prix des chofes. Afin que l’admirable inftrument de la parole foit rapporté à fon légitime ufage , & au deflen du Créateur , on doit tenir pour une maxime inviola- ble de devoir , de ne tromper perfonne par des pa- roles , ni par aucun autre figne établi pour expri- mer nos penfées. On voit par- là combien la véra- cité eft néceffaire , le menfonge blämable , & les refiritions mentales , criminelles. Wogez VÉRACI- TÉ , MENSONGE, RESTRICTION MENTALE. Les devoirs qui réfultent de la propriété des biens confidérée en elle-même , & de ce à quoi efttenu un poffeffeur de bonne foi , font ceux-ci, 1°. chacun eft indifpenfablement tenu envers tout autre, ex- cepté le cas de la gxierre, de le laïffer jouir paifble- ment de fes biens, & de ne point les endommager, fai- re périr , prendre , ou attirer à foi, n1par violence, ni par fraude, ni direétement,niindireétement.Par-la font défendus le larcin, le vol, lesrapines, les extor- fions, & autres crimes femblables qui donnent quel- que atteinte aux droits que chacun a fur fon bien, Voyez LaRCIN , &c, Si le bien d’autrui eft tombé entre nos mains , fans qu'il y ait de la mauvaife foi, ou aucun crime de notre part , & que la chofe {oit encore en nature , il faut faire enforte , autant qu’en nous eft, qu’elle retourne à fon légitime maï- tre. Voyez PROPRIÉTÉ , POSSESSEUR. Les devoirs qui concernent le prix des chofes, fe déduifent aifément de la nature & du but des enga- gemens libres où l’on entre , il eft donc inutile de nous y arrêter. Voyez ENGAGEMENT. Parcourons maintenant en peu de mots les devorrs des états accefloires , & commençons par ceux du mariage qui eft la premiere ébauche de la fociété , & la pépiniere du genre humain. Le but de cette étroite union demande que les conjoints partagent les mêmes fentimens d’affettion , les biens & les maux qui leur arrivent, l'éducation de leurs en- fans, & le foin des affaires domeftiques ; qu'ils fe confolent & fe foulagent däns leurs malheurs ; qu'- ils ayent une condefcendance & une déférence mu- tuelle ; en un mot, qu'ils mettent en œuvre tout ce qui peut perpétuer d’heureufes chaînes, ou adoucir amertume d’un hymen mal aflorti. Foyez MARTA- GE, MARI, FEMME. Du mariage viennent des enfans ; de-là naïflent des devoirs réciproques entre les peres & meres & leurs enfans. Un pere 8 une mere doivent nourrir & entretenir leurs enfans également &c auffi com- modément qu'il leur eft pofñible , former le corps & l’efprit des uns & des autres fans aucune préfé- rence, par une bonne éducation qui les rende utiles à leur patrie, gens de bien & de bonnes mœurs. Ils doivent leur faire embrafler de bonne heure une profeffion honnête & convenable , établir & poufer leur fortune fuivant leurs moyens , G'c. Voyez PERE, MERE. | Les enfans de leur côté font tenus de chéri, d’honorer, de refpe‘ter des peres &T meres aux- quels ils ont de fi grandes obligations ; leur obéir, D E V leur réndre avec zele tous les fervices dont ils font capables, lesaffifter lorfqu'ils fe trouvent dansle be- foin ou dans la vieilleffe ; prendre leurs avis & leurs confeils dans les affaires importantes fur lefquelles ils ont des lumieres & de l'expérience ; enfin , de fupporter. patiemment leur mauvaife humeur , & les défauts qu'ils peuvent avoir , 6e. Les devoirs accefloires réciproques de ceux qui fervent & de ceux qui fe font fervir , font de la part des premiers le refpe&, la fidélité, l’obéiffance aux commandemens qui n’ont rien de mauvais ni d’in- jufte , ce qui fe fous-entend toüjours en parlant de l’obéiffance que les inférieurs doivent à leurs fupé- rieurs ; &c. Le maître doit les nourrir, leur fournir le néceffaire , tant en fanté qu'en maladie, avoir égard à leurs forces & à leur adrefle naturelle pour ne pas exiger les travaux qu'ils ne fauroient fuppor- ter, Ge. Voyez MAITRE , SERVITEUR. Pour ce qui eft des efclaves , Voyez ESCLAVE. * Ilme femble qu'il n’y a point d'avantages ni d’a- grémens que l’on ne puifle trouver dans la pratique des devoirs dont nous avons traité jufqu'ici, & dans les trois accefloires dont nous venons d'expliquer la nature & les engagemens réciproques ; mais com- me les hommes ont formé des corps politiques, ou des fociétés civiles, qui eff le quatrieme des états ac- cefloires , ces fociétés civiles reconnoïffent un fou- verain & des fujets qui ont refpeétivement des de- voirs à remplir. La regle générale qui renferme tous les 4voirs du fouverain , eft le bien du peuple. Les devoirs parti- culiersfont, 1°. formerles fujets aux bonnes mœurs : 2°. établir de bonnes lois : 3°. veiller à leur exé- cution : 4°. garder un jufte tempérament dans la dé- rermination & dans la mefure des peines : 5°. con- fier Les emplois publics à des gens de probité & ca- pables deles gérer : 6°. exiger les impôts & les fub- fides d’une maniere convenable, & enfuite les em- ployer utilement : 7°: procurer l’entretien & lPau- gmentation des biens des fujets : 8°. empêcher les taétions & les cabales : 9°. fe précautionner con- tre les invafions des ennemis. Voyez SOUVERAIN. Les devoirs des fujets font ou généraux , ou parti- culiers + les premiers naïflent de l’obligation com- mune où font tous les fujets en tant que foûmis à un même gouvernement , & membres d’un même état. Les devoirs particuliers réfultent des divers emplois dont chacun eft charge par le fouverain. Les devoirs généraux des fujets ont pour objet, ou les conduéteurs de l’état, ou tout le corps de l’é- tat, ou les particuliers d’entre leurs concitoyens. À l'égard des condué&teurs de l’état , tout fujet leur doit le refpett, la fidélité , & l’obéiffance que de- mande leur caraétere : par rapport à tout le corps de l’état, un bon citoyen doit préférer le bien pu- blic à toute autre chofe, y facrifier fes richefles , & fa vie même s’il eft befoin. Le devoir d’un fujet en- vers {es concitoyens , confifte à vivre avec eux au- tant qu'il lui eft poffible en paix & en bonne union. Foyez SUJET. Les devoirs particuliers des fujets font encore at- tachés à certains emplois , dont les fonétions in- fluent , ou fur tout le gouvernement de l'état , ou fur une partie feulement : il y a une maxime géné- tale pour les uns & les autres , c’eft de n’afpirer à aucun emploi public , même de ne point l'accepter lorfqu’on ne fe {ent point capable de le remplir di- gnement. Mais voici les principaux devoirs qui font propres aux perfonnes revétues des emplois les plus confidérables. | | Ua miniftre d’état doit s’attacher à connoitre les affaires ,-les intérêts du gouvernement , & en parti- culier de fon diftri&, fe propofer dans tous fes con- feils le bien public, & non pas fon intérêt particu- DEV 017 ler, nerien diffimuler de ce qu’il faut découvrir , & ne rien découvrir de ce qu'il faut cacher , ée. Les miniftres de la religion doivent fe borner aux fonétions de leur charge ; ne rien enfeigner qui ne leur paroïfle vrai, inftruire le peuple de fes devoirs, ne point deshonorer leur caraétere , ou perdre le fruit de leur miniftere par des mœurs vicieufes, &c. Les magiftrats & autres officiers de juftice, doivent la rendre aux petits & aux pauvres aufli exaétement qu'aux grands & aux riches ; protéger le peuple con- tre l’oppreffion, ne fe laïfler corrompre n1 par des préfens , ni par des follicitations ; juger avec me- lure & connoiffance, fans paflion ni préjugé ;'empé- cher les procès , ou du moins les terminer auff promptement qu’il leur eft poflible , &c. Les géné- raux & autrés officiers de guerre doivent mainté- nir la difcipline militaire , conferver les troupes qu'ils commandent , leur infpirer des fentimens con- formes au bienpublic, ne chércher jamais à gagner leur affeétion au préjudice de l’état de qui ils dépen- dent, &c. Les foldats doivent fe contenter de leur paye, défendre leur pofte ; préférer dans locca- fion une mort honorable à une fuite honteufe. Les ambafladeurs & miniftres auprès des puiflances étrangeres doivent être prudens , circon{pelts , fi- deles à leur fecret 8 à l’intérêt de leur fouverain, inaccefhbles à toutes fortes de corruptions , @c. Tous ces devoirs particuliers des fujets que je viens de nommer , finiflent avec les Charges publiques, d’où ils découlent : maïs pour les devoirs généraux!, ils fubfiftent toûjours envers tel , ou tel état , tant qu’on en eft membre. L'on voit par ce détail qu'il n’eft point d’aétion dans la fociété civile qui n’ait fes obligations & fes devoirs , & l’on eft plus ou moins honnête homme, difoit Cicéron:, à proportion de leur obfervation ou de leur négligence. Mais comme ces obligations ont paru trop gênantes à notre fecle, il a jugé à-propos d’en alléger le poids 8 d’en changer la nature, Dans cette vüe , nousavons infenfiblement altéré la figni- fication du mot de devoir pour l'appliquer à des mœurs , des manieres, ou des ufages frivoles , dont la pratique aifée nous tient lieu de morale. Nous fommes convenus de fubftituer des oboles aux pie- ces d’or qui devroient avoir cours. Il eft arrivé de-là que les devoirs ainfinommés chez les grands , & qui font chez eux la partie la plus importante de l’éducation , ne confiftent guere que dans des foins futiles, des apparences d’égard & de refpeét “pour les fupérieurs , des regles de conte- nance ou de polirefle , des complimens de bouche ou par écrit, des modes vaines , des formalités pué- riles , & autres fottifes de cette efpece que l’on in- culque tant aux jeunes gens , qu’ils les regardent à la fin comme les feules a@ions recommandables , à l’obfervation defquelles ils foient réellement tenus, Les devoirs du beau fexe en particulier font'auffi fa- ciles qu’agréables à fuivre. « Tous ceux qu’on nous » impofe ( écrivoit-iln’y a pas long-tems l’ingénieu- » fe Zilia, dans fes Lert, Péruv. ) {e réduifent à en- » trer en un jour dans le plus grand nombre de mai- » fons qu'il eft poffible , pour y rendre & y rece- » voir un tribut de louanges réciproques fur labeau- » té du vifage , de la coëffure, & de la taille, fur » l'exécution du goût & du choix des parures. Il falloit bien que les devoirs de ce genre fiflent fortune ; parce qu'outre qu’ils tirent leur origine de l'oifiveté & du luxe , ils n’ont rien de pénible; & font extrémement lotés : maïs les vrais devoirs qui procedent de la loi naturelle & du Chriftianifme coûtent à remplir, combattent fans ceffe nos paflions & nos vices ; & pour furcroît de dégoût , leur pra- tique n’eft pas fuivie de grands éloges. Arsicle de M. le Chevalier DE JAUÇCOURT, Fac! D1$ D E V Devoir, (Jurifpr.) fignifie quelquefois offce où engagement, C’eft ainfi qu’en Droit on dit, qu'il eft du devoir des peres de doter les filles, oficium pater- zum dotare filias. (4) Devoir, fe dit auffi des engagemens du vafal envers fon feigneur, comme de lui faire la foi & hommage, fournir fon aveu & dénombrement , &c. A . ER , fe prend encore pour redevance fei- gneuriale ou emphytéotique. On dit, en pays de Droit écrit, qu'un héritage eft tenu fous le devoir annuel, cens , & fervis d’une telle fomme d’argent, ou d’une certaine quantité de, grains, Voyez CENS, SERVIS, REDEVANCE. (4 DEVOIR DE MONTIGNE, étoit un droit de péa- ge qui fe payoit au tablier de la prêvôté de Nan- tes, confiftant en huit deniers monnoie de Breta- gne , par efcafe ou bateau chargé de plus de fix muids de fel, venant tant de Bretagne que de Poi- tou, & arrivant par la riviere de Loire au port de la ville de Nantes. Ce droit étoit ainfi appellé , parce qu'il y en avoit quatre deniers qui fe perce- voient au profit du feigneur de Montigné. Il fut fupprimé par arrêt du confeil du 18 Janvier 1729. DeEvorn, v. a. (Com. )c’eft être obligé envers quel- qu’un par promefles, billets, lettres de change, même feulement de parole, pour l’acquit d’achat de marchandife, prêt d’argent, fervice rendu, ou au- trement. Di, de Comm. 6: de Trév, V.DETTE. (G) Devoir, cerme de Commerce & de Teneur de livres : parmi les livres dont les marchands fe fervent pour leur négoce, il y en a un entre autres qu’on appelle le grand livre, qui fe tient en débit & en crédit. Dans ce livre, la page à droite qui eft pour le crédit, fe marque par le mot avoir , & la page à gauche refer- wvée au débit par le mot doit ; avec cette différence qu’avoir fe met à la tête de tout de fon côté, & que doit fuit du fien le nom du débiteur, Di, de Com- merce. (G) DEvOIR, (Com.) on nomme ainfi en Bretagne, particulierement dans la prevôté de Nantes, les droits qui s’y levent pour le Roi, & les oétrois qui appartiennent à la ville fur certaines efpeces de mar- chandifes. Il y en a de plufieurs fortes. Le devoir du quarantieme eft un droit qui fe paye fur les marchandifes venant de la mer à Nantes, &' ‘allant de Nantes à la mer , en pañlant par Saint-Na- zaire. | r Le devoir de la vieille cotume fe paye furdes blés. Le devoir de quillage {e leve fur les vaifleaux char- gés defdits blés, pourvû qu’il y en ait plus de 10 ton- neaux. Le devoir de brieux eft fur les blés amenés de de- hors dans le comté de Nantes. Il y a aufi des devoirs de brieux fur les vaiffeaux, qui fe payent fuivant leur charge. Voyez BRIEUX. Le devoir.de regifire ou congé , fe leve fur les vins. Le devoir de gurmple fur les fels venant de la mer au port de Nantes. Voyez GUIMPLE. |; Les Anglois nomment aufli devoirs tous les droits qui fe levent.par autorité publique fur les marchan- difes., vaifleaux , 6c. Voyez l’article Droits. Di&. de Comm. "Chambers. (G) DEVOLU , adj. (/urifpr.){e dit de ce qui pañle de l’un à l’autre. Une fucceffion eft dévolne à un hé- ritier., lorfqu’elle lni ef tranfmife médiatement par un autre héritier qui l’avoit recueillie, ou qui de- “voit da recueillir. Le droit de collation.eft dévolu au fupérieur eccléfiaftique, lorfque le collateur infé- rieur néglige de conférer. Voyez ci-après DÉVOLUT & DÉVOLUTION. (4) | DEVOLUT, fm. (Jurifp.) eft l’impétration que l’on fait en cour de Rome d’un bénéfice, fondée fur lincapacité du pourvà ou fur le défaut de fes titres ÿ foit que le pourvû fûüt incapable avant la collation, où que l'incapacité ne foit furvenue qu'après fes provifons ; & à l'égard de la nullité des titres, foit qu'elle vienne d’un défaut de pouvoir en la perfon- ne du collateur, on d’un vice inhérent aux provi- fions. E Jeter un dévolut fur un bénéfice, c’eft l'impétrer par dévolut, c’eft-à-dire comme vacant par dévo/us, Collation par dévolur , eft celle que le pape fait d’un bénéfice qui eft dans le cas du dévolur: | La vacance par dévolu eft lorfqu’un bénéfice ef . rempli de fait, mais vacant de droit par l'incapacité du pourvà , ou par le défaut de fes titres : ainfi qu’on l’a expliqué en commençant. Le droit de conférer un bénéfice par dévolut déri- ve du droit de dévolution, qui a beaucoup de rap: port au dévolur ,; mais qui n’eft pourtant pas la mè. me chofe. | La dévolution eft le droit de conférer qui appar- tient au fupérieur eccléfiaftique après un certain tems, par la négligence du collateur inférieur ; au lieu qué le dévolue eft | comme on l’a déjà dit, la collation d’un bénéfice rempli de fait , mais vacant de droit, La collation par dévolur eft donc ainfi appellée, parce qu’elle tient un peu du droit de dévolution, ou bien parce qu’elle contient ordinairement ‘ces mots: cum beneficium N, vacat ad prefens & forfan tanto termpore vacaverit , quod ejus collatio eff ad fèdene apoftolicam legitime devoluta , licet N..., illud inde= bitè reneat occupatum. Mais cette claufe eft commu- ne à toutes les provifions par dévolution, &n’eft point propre aux provifons par dévolue. Ce qui ca- rattérife ces dernieres, c’eft la claufe certo modo , : c’eft-à- dire qu'il faut yfpécifier le genre de vacan- ce, & que l’on n’accorde point de provifion par dé- volus fur la claufe guovis modo. Autrefois les officiers de la cour de Rome accor- doient des dévolurs pour la France , avec la claufe certo in litteris exprimendo modo ; mais préfentement on obferve à Rome, pour la France comme pour les pays d’obédience, la regle: de annali poffefore, qui veut que l’on exprime dans les provifions par dévo- lut, un genre certain de vacance : c’eft pourquoi ces fortes de provifions font appellées fignature cerro modo. Cette collation eft moins un titre de provifion du bénéfice, qu’une permiffion d’intenter une a@ion contre celui en la perfonne duquel il vaque de droit; & en effet, fuivant Le chapitre lice in fexto, le détenteur.du bénéfice ne peut en être dépoflédé, qu’il ne foit entendu, & que l’impétrant n'ait obte- nu fentence à fon profit, avec le légitime contradi- éteur. Les caufes pour lefquelles on peut impétrer un bénéfice par dévolur , font quand le titre du poffef- feur eft vicieux ; & à plus forte raifon celui qui eft intrus dans un bénéfice fans titre ni provifñon , eft- il fujet au dévolur , même après trois ans, attendu que la regle de triernali ou de pacificis, n’eft qu’en faveur de ceux qui ont du moinsuntitre coloré. Lorfque le titre eft évidemment nul, le pourvä eft également réputé intrus & privé de plein droit du bénéfice. me À Le pape feul peut difpenfer les intrus & les ren- dre habiles à pofléder le bénéfice, pourvû que la difpenfe foit exprefle & fpéciale. ge Le défaut de vif2 eft aufi une caufe de dévolur ; même après trois ans de pofleffion ; parce que les proväfons de cour de Rome font regardées comme non-avenues , & que le pourvû n’eft plus à tems de demander un 1/4. Les concubinaires publics, déclarés tels pat un jugement, on qui ont été déclarés parjures ; ou con- vaincus de faux en matiere bénéficiale ; les héréti- ques , les fimoniaques , les confidentiaires quand ils font jugés tels , & généralement tous ceux. qui ont été condamnés à quelque peine qui doit emporter mort naturelle oufcivile, font fujets au dévo/ur, Il en eft de même des bénéficiers qui font deve- nus irréguliers; comme s'ils portent les armes, ou s'ils exercent quelque profeffion indigne d’un ec- cléfiaftique , telle que celle de comédien & de bouf- fon ; ceux qui gardent ou qui font garder le corps d'un défunt, pour avoir le tems de courir, fon bé- néfice; & ceux qui ont envoyé en cour de Rome pour demander le bénéfice d'un homme malade , 7 fuppofé ; un féculi 1 poñed qu'ils ont fuppofé mort ; un féculier qui poñede un bénéfice régulier , ou qui n’a pas l’âge requis pour fon bénéfice ; le mariage, ou la profefion rehgieufe : ” toutes ces irrégularités, & incapacités font autant de _caufes de dévolur. An du Pour ce qui eft de l’incompatibilité, elle ne donne lieu au dévolu qu'après un an de poffetfion païfble ; car s'ily a procès, le litige fufpend l’eitet de lincom- -patbilité. | Les dévolutaires, c'eft-à-dire ceux qui impetrent un bénéfice vacant de droit par la voie du dévolur, peuvent {e pourvoir en cour de Rome pour avoir des provifions. Ils peuvent aufi s’adrefler à l'ordi- naire, à moins qu'il ne s’agifle d’un dévolu fondé fur Ja nullité de la collation qu'il a faite lui-même. Les parlemens de Touloufe & de Bordeaux, fuivant leur qurifprudence particuliere,refervent au pape le droit de conférer par dévolur. Quand l'ordinaire cohfere fur le dévolur, il n’eft pas obligé de conférer à limpétrant ; au lieu que le pape ne peut pas conférer à nn autre. | On ne peut pas impétrer par dévolur un bénéfice conféré par le Roi, quand même ce {eroit à un indi- gne qu un incapable ; parce que fi l’on avoit furpris de lui des provifions contre fon intention, ce feroit à lui à en donner de nouvelles, à moins qu'il ne con- fentît à l’impétration par dévolur. | Les provifions obtenues en cour de Rome par de yolut pour les bénéfices en patronage laic , font nul- les. Les dévolutaires , quoique autorifés par les ca- nons, font toûjours odieux; c’eft pourquoi on les aflujettit à plufieurs conditions & formalités, qu'ils doivent remplir exaétement à peine de déchéance de leur droit. Ils font obligés de déclarer leur nom & celui du dévoluté, & le genre de la vacance ; de prendre pof- feffion dans l’an, ayant. en main leurs provifions ; faire infinuer ces provifñons & leur prife de poflef- fon dans le mois ; mettre le dévoluté & les autres oppofans en caufe pardevant les juges qui en peu- vent connoître , trois mois après leur prife de pof- feffion , & que l’aétion foit intentée du vivant du de- voluté. Hi faut auffi que le dévolutaire déclare le lieu de fa naïffance , & qu'il élife domicile pardevant le ju- ge de la conteftation, & dans le reflort du parle- ment où eft le bénéfice contentieux. On peut obliger Le dévolutaire de donner caution de la fomme de 500 liv. avant d’être écoute, & cette caution peut être demandée en tout état de caufe ; elle n’eft dûe au furplus que quand elle eft deman- dée. | Cette caution doit être recûe dans la forme or= dinaire & dans le tems prefcrit par le juge, felon la diffance du lieu du bénéfice, 8 du domicile du dé- volutaire. Il eft au choix. de ce dernier de donner caution, ou de configner la fomme de 500 liv. … Lorfque le dévolutaire fuçcombe , il ne perd pas pris poffei D E V 919 toüjours toute la fommede $00 livres; on ptend feu lement fur cette fomme les dépens par lui dûs. .Îl n’eft point de caution par le dévolutaire qui à lion avant le pourvû par lordinaire, nt quand il a joui paifiblement pendant trois ans, ou lorfque c’eft un dévolutaire pourvü par le Roi, Les ordonnances donnent deux ans aux dévolu: taires pour faire juger le procès : mais il fufit pour conferver leurs droits, qu'ils ne laiflent point ac= quérir de péremption. La prife de pofléfion faite par le dévolutaire n’em- pêche pas le titulaire de réfigner : 1l n’y a que la de- mande qui forme le trouble de fait. Le dévolutaire ne peut pas s’immifcer en la joiuf: fance des fruits du bénéfice conténtieux , avant d’a- voir obtenu fentence de provifon, ou définitive à fon profit, contradiétoirement avec le titulaire , ow à laquelle il n’a point formé d’oppofñtion. Voyez Les défin, canon. au mot dévolur. Le recueil des matieres bénéf. de Drapier, tom. I. ch. jv. Le tr. de la pratique de cour de Rome, tome IT, L'édit de Janv. 1557 , & l'urrés d'enregiftrement. L’ordonn, de 1629 , arte, 18, La déclar. de 1646. Ordonn, de 1667 , tit, xv. arts 13. Voyez aufft aux mots BÉNÉFICES , INTRUS, IN- COMPATIBILITÉ , INCAPACITÉ, HÉRÉSIE, SI- MONIE , CONFIDENCE , IRRÉGULARITÉ. (4) . DEVOLUTAIRE, L m. (Jurifpr.) eft celui qux impetre un bénéfice par dévolut, Voyez ci-devant au mor DÉVOLUT. (4 DEVOLUTÉ, adj. (Jurifpr.) Bénéfice dévoluté fe dit d’un bénéfice quieft impétré par dévolut. | DÉVoLuTÉ, fignifie aufli Le bénéficier contre le- quel eft intenté le dévolut. Voyez ci-devans DÉvo: LUT. (4) | on DEVOLUTIF, ad. (Jurifpr.) fe dit en général de ce qui fait pafler quelque chofe d’une perfonne à une autre. Ce terme eft fur-tout ufité en matiere d’appel des jugemens. L'appel efl toûjours dévoluuf, c’eft-à-dire qu'il dépouille le juge 4 guo de la connoiffance de l'affaire , laquelle , par le moyen de l’appel, eft dé- volue ou déférée au juge fupérieur. L'appel eft auf ordinairement fufpenfif, excepté dans Les cas où les fentences font exécutoires, non obftant oppofitions ou appellations quelconques , & fans préjudice d'’icelles , auquel cas l'appel eff feutement dévoluif, & non fufpenff. Voyez APPEL, EXÉCUTION PROVISOIRE , JUGEMENT , 6 SEN- TENCE PROVISOIRE, (4) DEVOLUTION , f. f. (Jurifpr.) eft ce qui défe= re un droit À quelqu'un, en le faifant pañler d’une perfonne à une autre. DÉVOLUTION , en matiere d'appel ; eft l’effet de Pappel qui tranfmet la connoïffance de lPaffaire du premier juge, au Juge fupérieur ou d'appel, Voyez ci-devant DÉVOLUTIF. (4) DÉVOLUTION, en matiere bénéficiale , eft le droit de conférer, qui appartient au fupérieur, après un certain tems, par la négligence du collateur infé- rieur. * Cé‘droit eft différent de la collation qui fe fait par dévolut, Foyez ci- devant le mot DÉvOLUT, où lon a expliqué le rapport qu'il y a entre l’un &e l’autre, Lorfque le tems donné par les canons & les con- ciles aux collateurs pour conférer eff expiré , ils font privés de plein droit pour cette fois du pouvoir de difpofer des bénéfices vacans, lequel paite au fupé- rieur immédiat, & au défaut de celui-ci, 1l pañfe fuc- ceflivement aux avcres fupérieurs de degré en de- gré, & vient enfin jufqu'au pape, fi tous Les colla teurs intermédiaires ont négligé de conférer. La dévolution a auf lieu , lorfque le collateur or« dinaire eft fufpens ; lorfqu'il fe trouve quelque nul- lité dans la çollation, ou qu'il y a de Pincapaçité ow 920 ENV de l’indignité dans la perfonne du pourvi, À moins que ces défauts ne fuflent furvenus depuis la colla- t10n, Pour ufer du droit de dévolurion , il faut que les fix mois accordés au collateur eccléfiaftique ordi- naïirce foient entierement expirés ; ou fi c’eft un col: lateur laïc, il faut quatre mois. | Pout les bénéfices élettifs, lorfque les éleéteurs ont laïiffé païler trois mois fans élire & fans rien faire pour l’éleéion, ils font privés pour cette fois du droit délire, qui demeure dévolu au fupérieur , au- quel appartient le droit de confirmation. Quand le droit de collation appartient à un mem- bre d’un chapitre, 8 qu'il a négligé d’en ufer, le droit eft dévolu d’abord au chapitre , & enfuite du chapitre à l’évêque. S1 Pévèque confere avec le chapitre, il faut dif- tinguer fi c’eft comme évêque ou comme chanoine : au premier cas, faute par l'évêque de conférer dans le tems, fon droit eft dévolu au métropolitain : au fecond cas, il eft dévolu au chapitre. Lorfque c’eft le patron laic qui a négligé de pré- fenter, fon droit eft dévolu au collateur ordinaire eccléfiaftique. | Le collateur qui confere par dévolurion, confere librement ; de forte que , quoique le premier colla- teur fût obligé de conférer à un expectant, le col- lateur fupérieur n’eft pas obligé d’en ufer de même ; l’expettant eft puni par-là de fa négligence d’avoir laiflé pafler les fix mois fans requérir le bénéfice. Quand le pape confere par dévolution, il le peut faire dès le lendemain des fix mois accordés au der- nier collateur, fans qu’il foit befoin d’un intervalle fufifant pour qu’il ait pü apprendre la dévolurion faite à fon profit, parce que la provifion feroit toïjours bonne par prévention. Si tous les collateurs fucceffivement négligent de conférer, le droit revient au premier collateur. Les provifons données par le coflateur fupérieur, doivent exprimer que c’eft par droit de dévolurion, à moins que le premier collateur ne fût inférieur à l'évêque: celui-ci étant /ure fuo Le collateur de tous les bénéfices de fon diocèfe , lorfque les collateurs inférieurs n’ufent pas de leur droit. La dévolution n’a pas lieu pour les bénéfices qui font à la collation ou nomination du Roi. Le privilège accordé aux cardinaux de ne pou- voir être prévenus, par rapport aux bénéfices qui font à leur collation, ne s'étend point à ceux qui leur viennent par dévolurion. Voyez capis. ficut 2. de fuppl. reel. prelat. Capit. poflulaffi extra de concef]. præb. 6 ecclef. vacant. Cap. ne pro defeëlu 41. extra de eleül, & eleüi porsft, Du- molin, ad reg. de verifimili notit. n. 70. Louet, of. fur le comm. de Dumolin, ad reg. de infirm. n, 48. E C4. & fuiv. 216. 416. Catelan, Liv, I. chap. xlij. De Roye, de jure patron, cap, xxvü. Drapier , des mat, bénéf. tom, I, chap. xiy. Tr. de la prat. de cour de Rome, tome IT, pag. 5. (4) DévoLuTion (Droirde), eftun droit fingulier de fucceflion réciproque entre les conjoints , ufté dans le Brabant & dans une partie des villes d’Alface, telles que Colmar, Turkeim, Munfter, Scheleftad, & Landau. Stokmans, qui a fait un traité exprès du droit de dévolution , le définit verculum quod per diffolutionem mnatrimoni confuerndo 1njicit bonis immobilibus fuperfti- ris conjugis, ne ea ullo modo alienet [ed intesra conferver ejufdem matrimoni liberis, ut in ea fuccedere pofnt, fe parenti fuperfuerint, vel 1pff, vel qui ab ipfis nai fue- rint, exclufrs liberts fecundi vel ulterioris tori. Quelques-uns appellent ce droit une efpece de fucceflion anticipée ; d’autres difent que c’eft zrchou- £a Jucceffio, que perfcitur morte fiperventente uperflitis con) ugis. Ce droit a lieu de plein droit , & fans aucune fli- pulation entre les conjoints. Ses principaux effets font : 1°, Que tous les immeubles que les conjoints ap- pottent en mariage, ou qui leur viennent depuis par fucceffion , ou qu'ils acquierent pendant le mariage, appartiennent en proprièté aux enfans de leur ma- rage, à l’exclufon des enfans des autres mariages. 2°, Que lufufruit de ces mêmes biens appartient au furvivant des conjoints, avec faculté en cas d'in- digence d’en aliéner le tout ou partie, pourvû que le magiftrat le lui permette en connoiffance de caufe. 3°. Le furvivant des conjoints gagne en propriété tous les meubles, même au préjudice des enfans. 4°. S'il n’y a point d’enfans vivans au tems du dé- cès du prémourant des conjoints, le furvivant fuc- cede en pleine propriëté à tous les biens, tant meu- bles qu'immeubles, pourvû que le prédécedé n’en ait pas difpofé par teflament. | Les conjoints peuvent néanmoins par leur con- trat de mariage, déroger à ces ufages & fe réoler autrement. Voyez Le traité des gains Auptiaux, ch.jx, Dans Les coûtumes d'Arras, de Bethune, & de Ba- paume , 1l y a un droit de dévolution , qui eft que les enfans lors de la diffolution du mariage, font fuifis de la propriété des biens acquis pendant la commu- nauté ; ce droit fuit chaque lit, c’eft-à-dire s’appli- que aux biens poffedés pendant chaque mariage, fans confondre les uns & les autres. Joyez Le diéf, de Brillon , au mot dévolurion. Dévolution , en matiere de fucceffon, fe dit lorf- qu'une fucceffion eft dévolue ou déférée à quelqu’- un, & fingulierement lorfque le droit a paffé d’un héritier à un autre. La dévolution des propres d’une ligne fe fait au profit de l’autre à défaut d’héritiers de la ligne. Foy. M. le Brun, sr. des fuccef]. liv. I. ch. vj. fe. 4. (4) DEVONSHIRE , (Géog. mod.) province méridio- nale & maritime de l'Angleterre ; Excefter en eft la capitale. DEVORANT , adj. ex terme de Blafon, {e dit des poiflons qui ont la gueule ouverte comme pour man- ger, parce que les poiffons avalent ce qu'ils man- tout entier & fans le mâcher. Voyez Poisson. y DÉVOTION, fub. m. (Morale) piété, culte de Dieu avec ardeur & fincérité, Voyez PRIERE, CULTE, Gc, La dévotion fe peut définir un atten- driffement de cœur & une confolation intérieure que fent l’ame du fidele dans les exercices de piété. On appelle pratiques de dévotion , certaines prati« ques religieufes dont on fe fait une loi de s’acquit- ter régulierement : fi cette exaétitude eft foutenue d’une folide piété , elle eft loüable &c méritoire ; au- trement elle n’eft d’aucun mérite, & peut être quel- quefois defagréable à Dieu. Chambers, (G) DÉVOUEËEMENT , fm. (Hif. & Line.) a@ion du facrifice de fa vie pour le falut de la patrie, avec des cérémonies particulieres, & dans certaines conjon- étures. L'amour de Îa patrie, qui faifoit Le propre carac- tere des anciens Romaïns, n’a jamais triomphé avec plus d'éclat que dans le facrifice volontaire de ceux qui fe font dévoués pour elle à une mort certaine. Tra- çons-en l’origine, les motifs, les effets, 8 les céré- monies , d’après les meilleurs auteurs qui ont traité cette matiere. Je mets à leur têre Struvius dans fes antiquités romaines , & M. Simon dans les mêm. de l'académie des Belles-Lettres, Voici les faits princi- paux que je dois à la ledture de leurs écrits : je me flatte qu'ils n’ennuyeront perfonne. Les annales du monde fourniflent plufieurs exem- piles DEV ÿlés dé cèt enthoufiafme pour le bien public. Je vois d'abord parmi les Grecs ; plufieurs fiecles avant la fondation de Romé, deux rois qui répandent leur fang pour l'avantage de leurs fujets. Le premier eft Ménécée fils de Créon roi de Thebes, de la race de Cadmus, qui vient s’immoler aux manes de Dracon tué par ce prince. Le fecond eft Codrus dermier rot d’Athenes, lequel ayant feu que l’oracle promettoit la viétoire au peuple dont le chef périroit dans la guerre que les Athéniens foûtenoient contre les Do- riens , fe déguife en payfan, & va fe faire tuer dans le camp des ennemis: Mais les exemples de dévouemens que nous fournit Phuiftoire romaine, méritent tout autrement notre at- tention ; car le noble mépris que les Romains fai- feient de la mort, paroît avoir été tout enfemble un aéte de l’ancienne religion de leur pays, & l'effet d’un zele ardent pour leur patrie. Quand les Gaulois gagnerent la bataille d’Allia , lan 363 de Rome, les plus confidérables du fénat par leur âge, leurs dignités, & leurs fervices , fe de- youerent {olenneilement pour la république réduite à la derniere extrémité. Plufeurs prêtres fe joigmirent à eux, & imiterent ces 1lluitres vieillards. Les uns ayant pris leurs habits faints, & les autres leurs ro- bes confulaires avec toutes les marques de leur di- gnité, fe placerent à la porte de leurs maïfons dans des chaires d'ivoire , où ils attendirent avec fermeté &t l'ennemi & la mort. Voilà le premier exemple de dévouement général dont l’hiftoire fafle mention , & cet exemple eft unique. Tite-Live, Zv. V. ch. xxxuy. L’amour de la gloire & de la profeflion des armes, porta le jeune Curtius à imiter le généreux défefpoir de ces vénérables vieillards , en fe précipitant dans un gouffre qui s’étoit ouvert au milieu de la place de Rome, & que les devins avoient dit être rempli de ce qu'elle avoit de plus précieux, pour aflürer la durée éternelle de fon empire. Tite-Live, 4v, VII, chap. v]. Les deux Décius pere & fils, ne fe font pas ren: ‘dus moins céleBres en fe dévouans dans une occafion Dien plus importante, pour le falut des armées qu’- ils commandoient , l’une dans la guerre contre les Latins, l’autre dans celle des Gaulois & des Samni- tes, tous deux de la même maniere, & avec un pa- reil fuccès. Tite-Live, iv. VIII. € X, chapirre jx. Cicéron qui convient de ces deux faits, quoiqu'il les place dans des guerres différentes , attribue la même gloire au conful Décius, qui étoit fils du fe- cond Décius, & qui commandoit l’armée romaine contre Pyrrhus à la bataille d’Afcoli. L'amour de à patrie , ou le zele de la religion s’étant ralenti dans la fuite, les Décius eurent peu Ou point d’imitateurs , & la mémoire de ces fortes de monumens ne fut confervée dans l’hiftoire , que comme une cérémonie abfolument hors d’ufage, Il eft vrai que fous les empereurs il s’eft tronvé des particuliers, qui pour leur faire baffement la cour, fe font dévoriés pour eux. C’étoit autrefois la coûtu- me en Efpagne, que ceux qui s’étoient attachés par- ticuherement au prince, ou au général, mouruflent avec lui, ou fe tuaffent après fa défaite, La même coûtume fubfftoit aufli dans les Gaules du tems de Céfar. Dion rapporte à ce fujet , que le lendémain qu’on eut donné à Odtave le furnom d’Augufte, un certain Sextus Pacuvius tribun du peuple, déclara en plein fénat, qu’à l'exemple des barbares il fe dé- oZoit pour l'empereur, & promettoit lui obéir en toutes chofes aux dépens de fa vie jufqu’au jourde 4on dévouement. Augufte fit femblant de s’oppofer à cette infame flatterie, 8 ne laifla pas d’en récom- penfer l’auteur. | L'exemple de Pacuvius fut imité. On vit fous le empereurs fuivans des hommes mercenaires qui fe Tome IF, D E W gai dévoñérént pouf eux pendant leurs maladies ; quel= ques-uns même allerent plus loin, & s’engagerent pâr un vœu folennel à fe donner la mort, ou à com. battre dans l’arene entre les gladiateurs s’ils envré- chappoient. Suétone nous.apprend que Caligula re- connut mal le zele extravagañt de deux flateurs de cet ordre ; qu'il obligea impitoyablement, foit par une crainte fuperftitieufe , {oit par une malice affec- tée, d'accomplir leur promefle. Adrien fut plus re- connoiffant ; 1l rendit des honneurs divins à Anti- nous, qui s’étoit, dit-on , dévoué pour lui fauver la vie. Il fé pratiquoit À Marfeillé au commencement de cètte république, une coûtume bien finguliere. Ce- lui qui en tems de pefte s’étoit dévoäé pour le falut commun , étoit traité fort délicatement aux dépens du public pendant un an, au bout duquel on le con- duifoit à la mort, après lavoir fait promener dans les rues orné de feftons & de bandelettes comme une victime. Le principal motif du dévokemensdes payens, étoit: d’appaifer la colere des dieux malfaifans & fanguui- naires , dont les malheurs &z les difgraces que l’on éprouvoit donnoient des preuves convaincantes : maïs c’étoit proprement les puiffances infernales qu’- on avoit deflein de fatisfaire. Comme elles pañloient pour impitoyables lorfque leur fureur étoit une fois allumée, les prieres, les vœux, les viétimes ordinai: res paroifloient trop foibles pour la fléchir ; il falloit du fang humain pour l’éteindre, Ainf dans les calamités publiques ; dans l’horreur d'une fanglante déroute, s’imaginant voir les furies le flambeau à la main, fuivies de l’'épouvante, du défefpoir; de la mort, portant la défolation par:tout;, troublant le jugement de leurs chefs, abattant le cou- tage des foldats, renverfant les bataillons ; & conf- - part à la ruine de la république , ils ne trouvoient point d'autre remede pour arrêter ce torrent, que de s’expofer à la rage de ces cruelles divinités, & attirer {ur eux-mêmes par une efpece de diverfon les malheurs de leurs citoyens. Aïnfï ils fe chargeoïent par d’horribles ipréca- tions contr'eux-mêmes, de tout le venin de la ma- lédiétion publique, qu'ils eroyoient pouvoir com- muniquer comme par contagion aux ennetmnus , en fé jettant au milieu d'eux, s’imaginant que les en- nemis'accomplifloient le facrifice êc les vœux faits contre eux, en trernpant leurs mains dans le fang de la vitime. | Mais comme tous les aétes de religion ont leurs cérémonies propres à exciter la vénération des peu ples, & en repréfentér les myfteres ; 1l y en avoit de fingulieres dans les dévouemens des Romains , qui faifoient une fi vive impreflion fur les efprits des deux partis ,, qu’elles ne contribuoient pas peu à la révolution fubite qu'on s’en promettoit, Il toit pernus, non- feulement aux magiftrats ; mais même aux particuliers, de fe dévozer pour le falut de l’état; mais il n’y avoit que le général qui ût dévorer un foldat pour toute l’armée , encore AL loïit:il qu'il füt fous fes aufpices, & enrôlé fous fes drapeaux par fon ferment militaire. Tite-Live, Z« vre VITI. chap. Lorfqu'il fe Ævotoir lui-même, il étoit obligé en qualité de magiftrat du peuple romain, de prendre les marques de fa dignité, c’eft:à-dire la robe bordée de pourpre, dont une partie rejettée par-derriere ; formoit autour du corps une maniere de ceinture ou de baudrier appellée crus Gabinus , parce que la mode en étoit venue des Gabiens, L'autre partie de la robe lui couvroïit la tête. Il étoit debout, le men: ton appuyé fur fa main droite par-deflous fa robe, &r un javelot fous fes piés. Cette attitude marquoit l’offrande qu'il faifoit de fa tête , & le javelot fur le» AAAÂAaaa 922 DEV. quel ilmatchoit , défignoit les armes des ennemis qu'il confacroit aux dieux infernaux, & qui feroient ‘bien-tôt renverfés par terre, Dans cette fituation, ‘armé de toutes pieces, 1l fe jettoit dans Le fort de la mêlée, & s’y faifoit tuer. On appelloit cette aétion fe dévouer à la terre & aux dieux infernaux. C’eft pourquoi Juvenal dit en faifant l’éloge des Décius, Pro legionibus » auxiliis, € plebe latiné Sufficiuns dis infernis ; terræque parenti, Le grand prêtre faifoit la cérémonie du dévoue- “nent. La peine qu'il prononçoit alors, étoit répétée mot pour mot par celui qu fe dévouoit, Tite-Live (iv. VIII. ch. x.) nous la confervée , & elle eft trop curieufe pour ne pas l’inférer ici. « Janus, Jupiter, Mars, Quirinus, Bellone, » dieux domeftiques , dieux nouvellement reçus ; » dieux du pays ; dieux qui difpofez de nous & de » nos ennemis , dieux manes, je vous adore, je vous » demande grace avec confiance, &: vous conjure » de Porte les efforts des Romains , &c de leur » accorder la viétoire, de répandre la terreur, lé- » pouvante, la mort fur les ennemis, C’eft le vœu » que je fais en dévoiant ayec moi aux dieux ma- » nes & à la terre, leurs légions & celles de leurs » alliés , pour la république romaine ». ! L'opinion que les payens avoient de la nature de ces dieux incapables de faire du bien, les engageoit d'offrir à lenr vengeance de perfides ennemis , qu’ils fuppofoient être les auteurs de la guerre , & méritet ainf toutes leurs imprécations. Elles pafloient toù- jours pour efficaces, lorfqu’elles étoient prononcées avec toutes les folennités requifes par les miuftres de la religion, & par les hommes qu’on croyoit fa- vorifés des dieux. | On ne doit donc pas être furpris des révolutions foudaines qui fuivoient les dévouemens pour la pa- trie. L’appareïl extraordinaire de la cérémonie, Pau- rorité du grand-prêtre , qui promettoit une viétoire certaine, le courage héroïque du général qui couroit avec tant d’ardeur à une mort aflürée, étoient aflez ? capables de faire impreflion fur l’efprit des foldats, de ranimer leur valeur, & de relever leurs efperan- ces. Leur imagination remplie de tous les préjugés de la religion payenne , & de toutes les fables que la fuperftition avoit inventées , leur faifoit voir ces mêmes dieux, auparavant fi animés à leur perte, changer tout d’un coup lobjet de leur haine , & combattre pour eux. Leur général en s’éloignant leur paroïfloit d’une forme plus qu'humaine ; ils le regardoient comme un génie envoyé du ciel pour appaifer la colere di- vine , & renvoyer fur leurs ennemis les traits qui leur étoient lancés. Sa mort, au lieu de confterner Les fiens, raflüroit leurs efprits : c’étoit la confom- mation de fon facrifice, & le gage aflüré de leur réconciliation avec les dieux. Les ennemis mêmes prévenus des mêmes erreurs, lorfqu’ils s’étoient apperçus de ce qui s’étoit pañlé, croyoient s'être attirés tous les enfers fur les bras, en immolant la viétime qui leur étoit confacrée. Ainf Pyrrhus ayant êté informé du projet du dévouemene de Décius, employa tous fes talens & tout fon art pour effacer les mauvaifes impreflions que pouvoit produire cet évenement. Il écrivit même à Décius de ne point s’amufer à des puérilités indignes d’un homme de guerre, & dont la nouvelle failoit l’objet de la raillerie de fes foldats. Cicéron voyant les dé- vouemens avec plus de fang-froid , & étant encore moins crédule que le roi d’Epire, ne croyoit nulle- ment que les dieux fuflent aflez injuftes pour pou- voir être appaifés par la mort des grands hommes, ni que des gens fi fages prodisguaffent leur vie fur un & faux principe ; mais 1 confidéroit avec Pyrrhus leur aftion comme un ftratagême d'un général qui n'épargne point fon fang lorfqu'il s’agit du falut de fa patrie , étant bien perfuadé qu’en fe jettant au mi- lieu des ennemis il feroit fuivi de fes foldats, & que ce dermier effort regagneroit la viloire ; ce qui ne manquoit guere d'arriver. Quand le général qui s’étoit dévozé pour l’armée périfloit dans le combat, fon vœu étant accompli, il ne reftoit qu’à en recueillir le fruit, & à lui rendre les derniers devoirs avec toute la pompe dûe à fon mérite, & au fervice qu'il venoit de rendre. Maïs s'il arrivoit qu'il furvécüt à fa gloire , les exécra- tions qu'il avoit prononcées contre lui-même , & qu'il n’avoit pas expiées , le faïfoient confidérer comme une perfonne abominable & haïe des dieux, ce qui le rendoit incapable de leur offrir aucun fa- crifice public ou particulier. Il étoit obligé pour ef- facer cette tache , & fe purifier de cette abomina- tion , de confacrer fes armes à Vulcain , ou à tel dieu qu'il li plairoit, en immolant une viime , ou lui faifant quelqu'’autre offrande. Si le foldat qui avoit été dévoré par fon général perdoit la vie, tout paroïfloit confommé heureufe- ment; fi au contraire il en réchappoit , on enterroit une ftatue haute de fept piés & plus, & l’on offroit un facrifice expiatoire. Cette figure étoit apparem= ment la repréfentation de’ celui qui avoit été con- facré à la terre , 8 la cérémonie de l’enfoir étoit laccompliflement myitique du vœu qui n’avoit point été acquitté, IL n’étoit point permis aux magiftrats romains pe y afliftoient de defcendre dans la foffe où cette atue étoit enterrée , pour ne pas fouiller la pureté de leur miniftere par l’air infeété de ce lieu profane &t maudit, femblable à celui qu’on appelloit #dertal, Le javelot que le conful avoit fous fes piés en faifant fon dévouement , devoit être. gardé foigneu- fement , de peur qu’il ne tombât entre les mains des ennemis : c’eût été un trifte préfage de leur fupério- rité fur les armes romaines. Si cepéndant la chofe arrivoit malgré toutes les précautions qu’on avoit prifes , il n’y avoit point d'autre remede que de faire un facrifice folemnel d’un porc , d’un taureau, & d’une brebis , appellé /zovetaurilia , en l'honneur de Mars. Les Romains ne fe contentoient pas defe devozer à la mort pour la République , & de livrer en même tems leurs ennemis à la rigueur des divinités malfai- fantes toüjours prêtes à punir &c à détruire , ils tâ= choient encore d'enlever à ces mêmes ennemis la proteétion des dieux maîtres de leur fort, ils évo- quoient ces dieux , ils les invitoient à abandonner leurs anciens fujets , indignes par leur foiblefle de la protettion qu'ils leur avoient accordée, 8 à ve- nir s'établir à Rome , où ils trouveroient des fer- viteurs plus zélés & plus en état de leur rendre les honneurs qui leur étoient dûs. C’eft ainf qu'ils en ufoient avant la prife des villes lorfqu’ils les voyoient réduites à l'extrémité. Après ces évocations, dont Macrobe nous a confervé la formule , äls ne dou- toient point de leurs viétoires & de leurs fuccès. Voyez ÉVOCATION, | Chacun aimant fa patrie , rien ne fembloit les em- pècher de facrifier leur vie au bien de l’état, 6c au falut de leurs citoyens. La République ayant auffi un pouvoir abfolu fur tous les particuliers qui la compofoient , il ne faut pas s'étonner que les Ro- mains dévoiiaffent quelquefois aux dieux des enfers des fujets pernicieux dont ils nepouvoient pas fe dé- faire d’une autre maniere, & qui pouvoient par ce dévouement être tués impunément. | Ajoûtons à cette pratique les enchantemens & les conjurations appellés dérotons. .que les magiciens DEV employoient contre ceux qu'ils avoient defleïn de perdre. Ils évoquoient pour cet effet par des facri- fices abominables les ombres malheureufes de ceux “qui venoient de faire une fin tragique , & préten- doient les obliger par des promefles encore plus af- freufes à exécuter leur vengeance. On croyoit que les gens ainfi dévoiés ou endorcelés périfloient mal- heureufement , les uns par des maladies de lanpueur, les autres par une mort fubite ou violente. Mais il y à bien de l'apparence que les différentes qualités des poifons qu'ils employoïent pour appuyer leurs charmes , étoient la véritable caufe de cés événe- mens, , Nous fommes , comme on voit, graces aux hif- toriens du premier ordre. exactement inftruits de toutes les particularités qui concernent les dévoue- mens dès Romains. L’expofitionde ceux qui fe prati- quent aux Indes, au Tonquin , en Arabie, êc dans d’antres pays du monde , mériteroit d’avoir ici fa place, fi l'on en avoit des relations fideles ; mais Îes rapports finguliers qu’en font les voyageurs font trop fufpets pour en charger cet onvrage. Îl eft vrai que nous connoïflons aflez les effets de la fuperftition pour concevoir qu'il n’eft point d’extravagances qu- élle ne puifle infpirer aux peuples qui vivent fous fon empire ; mais il ne faut pas par cette raïfon tran{erire des faits très-incertains, & peut-être des contes, pour des vérités authentiques. Les lumieres du Chriftianifme ont fait cefler en Europe toutes fortes de dévouemens femblables à ceux qui ont eu cours chez les Payens , ou qui regnent encore chez les nations idolatres. La religion chré- tienne n’admet, n’approuve que les dévouemens qui confiftent dans une entiere confécration au culte qu’elle recommande , & au fervice du fouverain maître du monde, Heureux encore fi fur ce fujet on ne fût jamais tombé dans des extrèmes qui ne font pas felon l’efprit du Chriftianifme ! : Enfin les dévouemens ; fi j’ofe encore employer ce mot au figuré , ont pris tant de faveur dans la répu- blique des lettres, qu'il n’eft point de parties , ni d'objets de fcience où l’on ne puifle citer des exem- ples, d’admirables , d’utiles , d’étranges , ou d’iñu- tiles dévouernens. Article de M, le Chevalier DE JAU- COURT. x | | DÉVOYEMENT, f. m. Voyez DIARRHÉE, Gc. DÉVOYER, v. a&. ( Hydr.) c’eft détourner un tuyau de fon aplomb perpendiculaire , foit d’une cheminée ou d’une chauffe d’aifance. Dans les pom- pes foulantes, on eft obligé de dévoyer Le tuyau mon- tant , à caufe des tringles de la manivelle qui def- cendent en ligne droite. ( X) DEUTÉROCANONIQUE , adj. ( Théol. ) eft le nom que l’on donne en Théologie à certains livres de l'Ecriture qui ont été mis plütard que les autres dans les canons , foit parce qu'ils ont été écrits après que les autres y étoient déjà , foit parce qu'il y a eu quelques doutes au fujet de leur canonicité. Voyez CANON. Ce mot eff grec , & compofé de Seurepos, Jecond, 8 uavovinoc , canonique, Les Juifs reconnoiffent dans leur canon des livres qui n’y ont été mis qu'après les autres. Ils difent que fous Efdras une grande afflemblée de leurs doc- teurs, qu'ils appellent par excellence /a grande fyna- gogue , fit le recueil des livres faints que nous avons encore aujourd'hui dans l’ancien Teftament hé- breu. Ils conviennent qu’elle y mit des livres qui _n’y étoient point avant la captivité de Babylone, comme ceux de Daniel, d'Ezéchiel, d’Aggée, & ceux d'Efdras & de Néhémias. Dé même l’Eglife en a mis quelques-uns dans le canon , qui ne font point dans celui des Juifs, & qui n'ont pù y être, puifque plufieuts n’ont été compo- fès que depuis le canon fait du tems d’'Efdras, Tels . Tome 1F, D EU 923 font ceux de la Sageñle , l’Eccléfiaftique , les Maës chabées , &c. D’autres n’y ont pas été mis f-tôt, parce que l’Eglife n’avoit point encore examiné leut canonicité ; ainfi jufqu’à fon examen & {on juges mént on a pù en douter, Mais depuis qu’elle a prononcé fur là canonicité de ces livres , il n’eft pas plus permis d’en douter, qu'il fut permis aux Juifs de douter de ceux du ca= non d'Efdras ; & les deutérocanoniques ne font pas MOINS canoniques que les proto-canoniques, puifque la feule différence qu’il y a entre les uns & lés aua tres , c'eft que la canonicité de ceux-là n’a pas été reconnue généralement, éxaminée &t décidée par l'Ephfe , aufli-tôt que celle des autres, Les livres deurérocanoniques font , les livrés d'Et thér, ou tout entiers, ou pour Le moins les fept der- mers chapitres ; l’épitre aux Hébreux ; celle de S, Jacques & de S. Jude ; la feconde de S. Pierre ; [a feconde & la troifieme de S. Jean, avec fon apoca= lypfe. Les parties deutérocanoniques de livres font dans Daniel , l'hymne des trois enfans , & l’orais {on d’Azarie ; les hiftoires de Suzanne, de Bel » & du dragon ; lé dérnier Ho de S. Marc ; la fueut de fang qu’eut Jefus-Chrift, rapportée dans le chap, x. de S. Marc , & l’hiftoire de la femme adultere qu'on lit au commencement du vy, chap. de l'évan- gile felon S. Jean. Di. de Tréy, € Chambers. (G) DEUTÉRONOME,, f. m. ( Théol. ) un des livres. facrés de l’ancien Teftament , & le dernier de ceux qu'a écrit Moyfe. Foyez PENTATEUQUE. Ce mot eft grec , compofé de Jévrepoc , fécond , 8e de vouos , regle ou loi, parce qu’en effet le deuréronoz me contient une repétition des lois comprifes dans les premiers livres de Moyfe, &c c’eft pour cette rai fon que les Rabbins le nomment quelquefois #ifñ14 c'eft-à-dire répérition de la los. , Il ne paroït pas que Moyfe äit divilé en livies les ouvrages qu'il a écrits , ni qu'il ait donné des noms & des titres différens aux diverfes patties qui - Les compofent. Aujourd’hui même, les Juifs ne met tent point ces divifions aux livres répandus dans leurs fynagogues ; 1ls les écrivent de fuite comme on feroit un même ouvrage, fans les diftinguer au= trement que par grands ou petits parafches, Il eft vrai que dans les autres copies dont fe fervent les particuhers , ils {nt divifés en cinq parties , com: : me parmi nous, mais ils n’ont point d'autre nom que le premier mot par lequel commence chaque li: vre : on divifoit à-peuw-près comme nous faifons en citant une loi ou un chapitre du droit canon, Ainf ils appellent la genefe bercfth ou berefchith | parce qu’elle commence par ce mot. Par la même raifon l’exode eft appellé vee//efemork ;le lévitique , vaïcra $ les nombres , vaicdabber ; & le deuteronome, e//e haddebarim, Cette coûtume eft fort ancienne parmi les rabbins , comme 1l paroïît par les anciens com- mentaires faits fur ces livres , & qui font intitulés, Berefchith Rabba, veelle femoth Rabba ; & pat l’ous vrage de S. Jerôme intitulé , Prologus galcatus » qu’on trouve à la tête detoutes les bibles. Ce furent les Septante qui donnerent aux Cinq parties du pen- tateuque les noms de gerefé , d’exode, de lévitique, des rzombres , & de deutéronom:, qui font grecs ( ex- cepté celui de ZÆvirique qui eft originairement hé- breu) & qui expriment en général ce qu'il y a de plus remarquable contenu dans ces livres , fuivant la forme des titres que Les Grecs avoient coûtume de mettre à la tête de leurs ouvrages. Le livre du deutéronome | comme ñous l'avons in finué , fut ainfi nommé , parce qu’il renferme une récapitulation de la loi. Les Juifs lenommentencore le livre des reprimandes, à caufe du xxviÿ chapitre qui contient les bénédiétions pronufés à ceux qui AAAaaa 924 D'EU accompliront fidelement la loi, & les malédidtions réfervées à ceux qui oferont la tranfpreffer. Ce livre fut écrit la quarantieme année après la fortie d'Egypte dans le pays des Moabites , au-delà du Jourdain. Expreflion équivoque qui a fait douter fi Moyfe en étoit véritablement l’auteur, puifqu'il eft certain que Moyfe n’a jamais pañlé ce fleuve; mais les interpretes répondent que lexpreflion qu'on a traduite par ces mots au-dela eft équivoque, à peut-être également rendue par ceux-ci ez-deça. La defcription de la mort de Moyfe qu’on y lit àlafin, femble former une difficulté plus confidérable; “mais on croit communément que ce morceau fut ajoûté par Jofué ou par Efdras , dans la revifion qu'il fit des livres facrés, ou plütôt c’eft le commen- cement du livre de Jofué , comme il fera aifé de s’en appercevoir en comparant le premier verfet du li- vre de Jofué , felon la divifion préfente, avec le dernier verfet du deuteronome. La mort de Moyie n’eft donc rapportée à la fin du deutéronome , que par la faute de ceux qui ont fait la divifion de ce li- vre d'avec celle du livre de Jofué qui y étoit joint “anciennement fans aucune divifion. Dans l’hébreu, le deutéronome contient onze parafches , quoiqu'il n’y en ait que dix dans l’édition que les rabbins en ont donnée à Venife ; celle-ci n’a que 20 chapitres, 8c 953 verfets ; mais dans le grec, le latin, & les autres verfons , le deuréronome contient 34 chapi- tres , & 952 verfets. Mais ces différentes divifions ne font rien pouf l'intégrité du livre qui a toüjours été reconnu pour canonique par les Juifs & par les Chrétiens. (G) DEUTEROSE , £. f. { Théolog.) c’eft ainf que les Juifs appellent leur mire , ou feconde loi. Dewterofis en grec a la même fignification à-peu- près que rz/na en hébreu ; l’une & l’autre fignifient féconde , ou plütôt irération. Eufebe accufe les Juifs de corrompre le vrai fens des écritures par les vai- nes explications de leurs deuterofès. S. Epiphane dit qu'on en citoit de quatre fortes , les unes fous le nom de Moyfe , les autres fous le nom d’Akiba, les troifiemes fous le nom Dadda ou de Juda, & les quatriemes fous le nom des enfans des Afmonéens ou Macchabées. Il n’eft pas aifé de dire fi la mifne d'aujourd'hui eft la même que celle-là ; f. elle les contient toutes, ou feulement une partie, ou fi elle en eft différente. S. Jerôme dit que les Hébreuxrap- portoient leurs deurerofes à Sammai & à Hillel : f elles avoient cette antiquité bien prouvée , cela feroit confidérable , puifque Jofephe parle de Sam- meas , qui eft le même que Sammai , au commen- cement du regne d’Hérode. S. Jerôme parle toüjours des denterofès avec un fouverain mépris ; il les re- ardoit comme un recueil de fables , de puérilités, d’obfcénités ; il dit que les principaux auteurs de ces belles décifions font , fuivant les Jiufs, Barakiba, Siméon, & Hilles. Barakiba eft apparemment l’ayeul & le pere du fameux Akiba , Siméon eft le même que Sammai , & Helles le même que Hillel. Foyez l'arricle M1SNA, Eufeb. 22 fai. I. v. 22. Epiphan. heref. XX XIII. n°. o. Hieronim. #7 Ifar. VIII, Jo- fephe. antig. Jud, lib XIV. chap. xviy. & lib. XP. chap. 1. Calmet, Didionn. de la Bible, (G ) * DEUX, f. m. terme qui marque la colleétion de deux unités ; c’eft le premier des nombres pairs, & le fecond des caraéteres de l’Arithmétique : il fe figure ainfi 2. Voyez BINAIRE. DEUX POUR UN, f. m.( Æf. nar. Ornithol. ) gallinago minima five tertia Bell. Oifeau qui pefe en- viron deux onces ; il a dix pouces de longueur de- puis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité des pattes, & feulement huit pouces jufqu’au bout de la queue. On a donné à cet oifeau le nom de deux pour un, par- ce qu'il eft deux fois plus grand que la bécañline, Le croupion eft de couleur bleue & luifante eomme celle des plumes du dos de l’étourneau , & la pointe de chaque plume eft blanchâtre ; les bords extérieurs des longues plumes du dos ou des épaules font jau= nes, le mulieu de la plume eft brun avec des taches roufles | & les bords intérieurs font d’un beau bleu luifant , fans aucun mélange de couleur pourprée. On, voit fur le cou , du brun , du blanc , & du roux pale : les plumes du fommet de la tête font de cou leur noire , mêlée de roux ; & il y a au-deflus des yeux une bande de couleur jaune pâle : la gorge eft d’un roux pâle, avec des taches blanches & des ta- ches brunes : la poitrine & le ventre font blanchà. tres : 1l fe trouve entre les yeux & le bec une tache noire. Le mâle ne differe de la femelle, ni par les couleurs , ni par la groffeur. On compte dans chaque aile vingt-quatre grandes plumes ; les dix premueres font brunes, les dix fuivantes ont la pointe blanchâtre , enfin les barbes extérieures des trois dernieres font marquées de roux & de noir, en forme de ftries. La pointe des plumes qui recou- vre immédiatement les grandes plumes des ailes , eft blanchâtre ; les autres petites plumes font entiere- ment noires , à l'exception de la pointe qui eft en partieroufle & en partie noire. Le beca près de deux pouces de longueur ; la piece fupérieure s'étend un peu au-delà de inférieure , & elle eft vers la pointe de couleur noire , & hériflée de petites rugofñités , cependant l’extrémite eft life. Les pattes font dégar- mes de plumes jufqu’au-deflus du genou , & ont une couleur verte peu foncée ; les doigts font entiere- ment féparés les uns des autres ; celui de derriere eft le plus court ; les ongles font noirs. Cet oïfeau fe nourrit d’infeétes ; il fe cache dans les joncs , & il n’en fort que lorfqu’on l’approche au point de le toucher, pour ainfi dire. Willughby, Ornit. Voyez O1sEAU. (1) DEUX, cheval à deux mains. Voyez CHEVAL; DONNER, APPUYER , PINCER DES DEUX. Voyez CES 1720Ë5, * Deux coups ,( Rubanier. ) fe dit pat rapport au galon, où l’ouvrier doit marcher deux fois de fuite les mêmes marches ; en voici la néceflité : fi l’on ne marchoit qu’un coup, les foies de la chaine fe montreroient à-travers la trame qui eft de fil d’or ou d'argent ; ces foies font à la vérité couleur d’or pour l’or, & blanches pour l’argent; malgré cette conformité de couleur , elles ne laifferoient pas de faire un mauvais effet fur l'ouvrage ; c’eft pour l’éviter que l’on marche deux coups, & pour avoir plus de brillant , par une plus grande réflexion de lumiere. Il faut s'expliquer mieux : ces deux coups fuppofent quatre coups de navette , c’eft-à- dire deux coups chaque pié ; le troifieme de ces quatre coups étant femblable au premier , puifque c’eft la même marche qui lui donne l'ouverture , 1l faut de néceflité que ce troifieme coup vienne avoi- finer le premier en fe rangeant dans fa même duite, voyez D'UITE ; recevant un nouveau coup de bat- tant , 1ls fe ferrent mutuellement , & produifent plus d'éclat fur l'ouvrage. DEUX PAS. Voyez EFFILÉS. DEUX-PONTS oz ZUEBRUCK,, ville d’Alle= magne au duché de même nom. Elle eft fituée fur l’Erbach , dans le cercle du bas Rhin. Long, 25. 6. lat, 49. 20. | DEUX-UN , ez termes de Blafon , fe dit de la dif- pofition ordinaire de trois pieces en armoiries, dont deux font vers lé chef & une vers la pointe , comme les trois fleurs-de-lis de France. Cotereau, à Tours , d'argent à trois léfards mon- tant de fynople. ( fo | DEUXENIERS , {. m. pl. (Æif£. mod.) chez les Anglo-faxons , étoient des hommes évalués à 209 D E X Achelins. Poyez DouzentERs. Ces hommes étoïent - de la plus bafle clafle : car qu’eft-ce que 200 fche- lins? & lorfqu'on en avoit tué un, l’amende étoit “de trente fchelins, c’eft-à-dire fix piaftres. Nous li- ons dans les lois d'Henri I. qui vivoit au com- “mencement du douzieme fiecle, de Twhindi hormi- “nis interfecti wera debet reddi fecundum legem ; ce font fes paroles. Obfervez que ce n’étoit pas là une | ‘loi nouvelle, mais la confirmation d'une loi plus ancienne faite fous le regne du roi Alfred, qui vi- ‘voit à la fin du neuvieme fiecle. Chambers, (G : *DEXICRÉONTIQUE, (Myrk.) furnom de Vé- nus : elle fut ainfi appellée, felon les uns , d’un De- -xicréonte charlatan, qui guérit par des enchantemens 8 des facrifices les femmes de Samos du trop de dé- -votion qu’elles avoient pour Vénus, & de la fureur ‘avec laquelle elles s’abandonnoient aux aétions par “lefquelles cette dééfle libertine veut être honorée. En mémoire de ce prodige, & pour dédommager Vénus, ôn lui éleva une ftatue qu’on appella la e- “aus de Dexicréonte. D'autres difent que le Dexi- créonte dont la Véaus porta le nom, fut un com- “nerçant, qui ne fachant dequoi charger fon vaifleau qui avoit été porté dans l’île de Chypre , confulta la déc , qui lui confeilla dene prendre que de l’eau. Le pieux Dexicréonte obéit ; 1l partit du port avec les autres marchands, qui ne manquerent pas de le plaifanter fur fa cargaifon. Mais le ciel les en punit bien féverement : à peine les vaifleaux furent-ils en pleine mer, qu'il furvint un calme qui les y retint tout le tems qu'il falloit à Dexicréonte pour échan- ger fon eau contre les précieufes marchändifes de fes railleurs. Dexicréonte retourna plus riche & plus dévot que jamais à Samos , où il remercia la déeffe de fa bonne infpiration en lui élevant une flatue. IL n’eft pas néceflaire que nous avertifions notre lec- teur de ne pas trop croire cette hiftoire-là ; car nous aurions mis beaucoup plus de férieux encore dans notre récit, qu'il n’en feroit pas plus viai. DEXTRAIRES , f{, m. pl. (Jzrifpr.) On appelle ainfi à Montpellier les arpenteurs, à caufe d’une mefure nommée dextre dont 1ls fe fervent pour me- furer les terres. Voyez Defpeifles, some LIT. rir, ïij. du compoix terrier , Jef. j.n. 8. (A) DEXTRE, adj. erme de Blafon: on dit le côté dextre & le côté fenextre de l’écu, & non pas le drois êt le gauche. DEXTRIBORD , (Marine,) voyez S TRIBOR D. (2) . DEXTROCHERE, f. m. terme de Blafon qui fe dit du bras droit qui eft peint dans un écu, tantôt tout nud , tantôt habillé, ou garni d’un braflelet ou d'un fanon, quelquefois armé ou tenant quelque meuble ou piece dont on fe fert dans les armoiries. Ce mot vient du latin dexérocherium , qui fignifie un braffele que l’on pottoit au poignet droit, dont il eft parlé dans Les aétes du martyre de fainte Agnès, & dans la vie de l’empereur Maxime. On met quel- quefois le dextrochere en cimiers Mener, & Ditionn. de Trév.( VF) DEY , fub. m. (Æf. mod.) prince fouverain du royaume d'Alger, fous la protettion du grand-fei- gneur. | | Vers le commencement du xvi. fiecle, la milice turque entretenue à Alger pour garder ce royaume au nom du grand-feigneur, mécontente du gouvet- nement des bachas qu’on lui envoyoit de Conftanti- -mople, obtint de la porte la permiffion d’élire parmi les troupes un homme de bon fens , de bonnes mœurs, de courage, & d’expérience, afin de les gouverner fous le nom de dey, fous la dépendance du fultan , qui envoyeroit toüjours un bacha à Alger pour veiller fur le gouvernement, mais non pour préfider, Les mefntelligences fréquentes entre les NIDTIEA 092$ deys 8e les bachas ayant café plufeurs troubles, Ali Baba qui fut élu &ey en 1710, obtint de la porté qu'il ny auroit plus de bacha à Alger, maïs que le dey feroit revêtu de ce titré par le grand-feigneuts Depuis ce tems-là le dy d'Alger s’eit regardé comi= me price fouverain, & comme fimple allié du grands feigneur , dont il ne reçoit aticun ordre , mais feulex ment des capigis bathis ou envoyés extraordinaires, lorfqu’il s’agit de traiter de quelqw’affaire, Le deÿ tient fa cour à Alser ; fa domination s'étend fut trois provinces ou gouvernemens fous l'autorité dé trois beys où gouverneurs généraux qui commandent les armées. On les diftingue par Îës noms de leurs gOu» vernemens, le bey du Levant, lè bey du Ponant, & le Bey du Midi, Quoique le pouvoir foit entre les mains du 4ey , il s’en faut bien qu'il foit abfolu ; + milice y formeun fénatredoutable, qui peut deftituer le chef qu’elle a élu, & même le tenir dans la pluë étroite &c la plus fâcheufe prifon , dès qu’elle croit avoir des mécontentemens de fa part, Emmanuel d’Aranda en donne des exemples de faits qu'il a vüg au tems de fa captivité. Aïnfi le dey redoute plus cette mice, qu'il ne fait le grand-feigneur. Le nom de #y fignifie en langue turque un oxc/e du côté maternel. La raïfon qui a engagé la milice tur- que d'Alger à donner ce titre au chef de cet états c'eft qu'ils regardent le grand-feigneur comme le pere, la république comme la mere des foldats ,par- ce qu'elle les nourrit & les entretient, & le dy com: me le frere de la république , & par conféquent com me l’oncle maternel de tous ceux qui font fous fa do mination.. p de à Outre l’âge, l'expérience, & la valeur néceflai res pour être élu dy, il faut encore être Turc natu« rel, & avoir fait le voyage de la Mecque. Il n’a n#& gardes ni train confidérable ; il préfide au divan, & l’obéiffance qu’on lui rend eft ce qui le diftingue le plus. Les Turcs l’appellent ordinairement der/esli , c'eft-à-dire l’heureux , le fortuné. Son fiége eft dans un angle de la falle du divan, fur un banc de pierre élevé d'environ deux piés qui regne le long de trois côtés de cette falle. Il y a aufli à Tunis un officier nommé dey , qui commande la milice fous l’autorité du bacha.La Martiniere, Mérm, du chevalier d’Arvieux. (CG) | DEZ , f. m. voyez Dé, DEZIZE , (Géog. mod.) ville d'Egypte fur le Nil ; proche le Caire. Long. 49. 10. las, 28, 54. \ D I DI, DIS, (Gramm.) particule ou prépoñition ina féparable , c’eft-à-dire qui ne fait point un mot tout feule, mais qui eft en ufage dans la compoñition de certains mots. Je crois que cette particule vient de la prépoñition dv , qui fe prend en plufeurs fignifica tions différentes, qu’on ne peüt faire bien entendre que par des exemples. Notre di ou dis fignifie plus fouvent divifion, féparation , diffintlion, diffrattion s pat exemple, patoître, difparoitre , grace , difgrace parité , difparité, Quelquefois elle augmente la figni- fication du primitif; dilater, diminuer , divulguer » dif= fimuler , diffoudre, SA | * DIA , £. f, (Myth.) déefle connue des Romains; honorée des Phhiafiens, des Sicyoniens , & particu- lierement des Vocontiens , anciens peuples des Gau- les. On n’en fait rien de plus : la conje@ure la plus vraiflemblable, c’eft que c’eft la même que Ops où Cybele. Voyez CYBELE. Dia , (Pharmac.) propofition greque que les an ciens medecins employoient très-fouvent dans la dé nomination d’un grand nombre de préparations phar- maceutiques. Elle répond à l'ex & au de des Latins, & au de des François: c’eft ainfi que pour dire la poux 926 D (ITA dre de rofe, pulvis de rofis, ex rofis, les Grecs di- foient dx pod : dans la fuite ils joignirent la prépo- fition avec le fubftantif, & n’en firent qu'unmot; d'éæpod'or ; Ditod toy, darud'ov, EC. Les Latins adopte- rent la plüpart de ces noms,& n’en féparerent point la prépoñtion; c’eft ainfi qu'ils dirent diarrhodon , dia- chillum, diacrydium, diacodium, &c. Les Arabes ëc les Medecins qui font venus après, ont aufli adopté cette exprefion ; & très-{ouvent lorfqu'ils vouloient donner un nom à une compofition, ils ne faifoient qu’ajoûter la prépoñtion dia à la principale drogue i y entroit : inf ils appellerentune poudre purga- tive où entre le fené , diafenna; celle où entroit le jalap, diajallappa. Fracaîtor nomma l'éleétuaire an- tidote qui porte fon nom, dia/cordium, parce que cette plante eft un de fes ingrédiens. | Il eft bon de remarquer que le dia ne s’employoit que pour les préparations compofées, & jamais pour les fimples ; du moins voyons-nous que les au- ! teurs s’en {fervent toùjours pourexprimer OU une pou- dre compofée, ou un élettuaire, ou un emplâtre, & jamais pour exprimerune poudre fimple. (4) DIABACANON, (Mar med.) antidote hépatique ‘vantéparMirepfe, dont la graine de choux eftlabale. DIABETES , {. m, ( Medecine.) c’eft le nom d’une maladiecara@térifée par une excrétion de différentes humeurs faite par les voies urinaires , plus fréquen- te & plus abondante que celle des urines feules dans l'état naturel. Le mot diabetes vient de dabarvew, permeare, pai- {er vite, parce que les fluides évacués dans cette ma- ladie femblent être dérivés de la mañle des humeurs pour couler avec accélération par les conduits des urines , & parce que la matiere de cette évacuation eft rendue comme par un fyphon que les Méchani- ciens appellent aufli diaberes. Cette maladie eft aufh appellée dwbaros, parce qu'elle eft ordinairement ac- compagnée d’une foifinextinguble, qui eft un fymp- tome femblable à celui que produit la morfure d’un ferpent de ce nom. On nomme encore le diabetes hydrops ad matulam, parce qu'il met les malades dans le cas de remplir fouvent les vafes deftinés à recevoir l'urine. Les Latins n’ont pas donné de nom patticulier à cette maladie ; Celfe ne la défigne que par la périphrafe zm1a urinæ profufio ; & on l’ap- pelle quelquefois en françois fx d'urine, Le diabetes eft de deux efpeces ; celui de la pre- : miere eft appellé vrai, dans lequel il fe fait une éva- cuation d'urine en plus grande quantité qu’à l’ordi- naire, d’un goût douçâtre , mêlée avec d’autres hu- meurs, plus. épaifles , telles que le chyle, le lait, le pus , & la fubftance même du corps, par une fuite de la colliquation de fes parties. Celui de la feconde efpece eft appellé faux, dans lequel les urines font rendues claires, aqueufes, infipidés, dont la quantité égale ou furpafle celle de la boiffon , && qui en retient même quelquefois la qualité, felon l’obiervation de Galien, de locis affett, lib. WI. & felon Paul Eginette, ui en donne une idée à-peu-près femblable, oper. dv. IT1. On trouve dans Celfe (/iv. IF.) l’idée de deux diffe- rens diabetes, dans l’un defquels les malades rendent des urines claires, & dans l’autre des urines épaifles : Galien dit que c’eft une maladie très-rare, qu'il ne l’a obfervée que deux fois, de locis affeit, Lib. III, II a voulu fans doute parler du diabetes de la derniere efpece, qui eft fuivi de confomption; car celui de la premiere eft affez commun. On diftingue le diabetes de l’incontinence d'urine , parce que dans celle-ci le flux eft continuel , atten- -du qu'il dépend du relâchement du fphinéter de la vefle , ou de tout autre vice qui l'empêche de fe con- tracter & defe refferrer. On ne peut arrêter cet éçou- lement par aucun effort de la nature, au lieu qu’on peut le fufpendre dans le diabetes, Cette maladie peut être caufée par tout ce qui peut relâcher les conduits qui fervent à filtrer l’uri- ne dans les reins, déterminer les humeurs en plus. grande quantité & avec plus de force vers ces mê- mes conduits ; en forte qu'ils foient auf dilatés con: tre nature, que les vaifleaux qui admettent naturel- lement le chyle, par exemple, ou le lait; ou qu'ils foient forcés à recevoir continuellement les fluides aqueux ou féreux, que la mafle des humeurs qui en eft furchargée leur fournit fans interruption, Voyez. FLUXION. | Onne doit cependant pas regarder comme unflux d'urine diabetique , celui que procure l’ufage des diurétiques ou des eaux minérales, n1 celui qui eft leftet de quelqu'évacuation critique qui met fin à la fievre.; mais fi la caufe de l'écoulement eft conftan- te & rébelle , elle établit le daberes. Les caufes qui difpofent à cette maladie, font la: boiflon trop copieufe de bierre, de cidre; c’eft ce, qui rend le diabetes , de la feconde efpece fur-tout , très-commun parmi les Anglois. Le trop grand ufa- ge du vin du Rhin, des boifilons chaudes , du café, du thé principalement, des diurétiques , des eaux minérales acidules, la fievre maligne de longue du rée, colliquative , & qui dégénere en fievre lente; les poifons qui diffolvent les humeurs, tout ce qui peut obftrüer les vaifleaux fecrétoires des vifceres.., après des exercices, des veilles immodérées, des ex- cès de boiflon de liqueurs fortes, qui diflipent les. parties les plus.fluides &c les plus mobiles des hu- meurs , qui leur font perdre la confiftance naturelle, * qui en féparent la partie féreufe, la rendent plus abondante, en faifant dégénérer en férofité excré- mentitielle les meilleurs fucs; toutes ces chofes font autant de différentes caufes quicontribuent à établir le flux d’urine diabétique. En changeant ainfi la nature d’une très-grande partie des humeurs, & enlesrendant fufceptibles d’é- tre portées dans les couloirs des reins, qui donnent une iflue plus libre que toute autre, par le relâche- ment auquel les difpofe la filtration continuelle du fluide qui s’y fépare dans l’état naturel. Ce relâche- ment venant à être augmenté par l’effet encore plus puiffant du disberes {éreux, on peut aifément con- cevoir comment il peut parvenir au point de dila- tation qui permette le paflage desmatieres plus grof- fieres que la férofité, telles que Le chyle, le lait; puifque la même chofe, quelque rare qu’elle foit, comme maladie, peut arriver dans l’état de fanté, felon l’obfervation de Wanfwieten, comment. aphor. Bocrhaave , $ 662. qui a remarqué quelquefois qu'- ayant rendu de l’urine quelques heures après un bon déjeuner fuivi d’une forte promenade, elle avoit d’a- bord paru trouble & laiteufe au fortir de la veflie, &z dépoloit peu de tems après un fédiment blanc & en- tierement femblable au chyle. Il affüre avoir eu oc- cafion de confirmer fur l'urine de quelques autres perfonnes, ce qu'il avoit obfervé fur la fienne. Ga- lien, de alim. facul. lib, VI. femble aufli avoir foup- conné la même chofe des urines, où il dit qu'il a fouvent obfervé ce qu’il appelle un /uc crud , &c. La nature du diaberes en général, l’a fait regarder pat certains auteurs, & en particulier par Harris, comme une diarrhée des reins, qui peut être quel- quefois lientérique, lorfque la boiffon eft rendue par leurs couloirs prefque fans changement ; quelquefois cœliaque , lorfque le chyle ou le lait s'écoule par cette vole. | Les fymptomes qui accompagnent le diabetes font ordinairement une très-grande loif, une chaleur ar- dente dans la poitrine, l’abattement des forces ; il produit même quelquefois la fievre heétique: fon ny DIA appoïte pas promptement remede, Les malades périf- | {ent par la confomprion. L'idée que l’on a donnée des caufes de cette maladie, peut fervir à rendre raifon de tous ces effets. Tout ce qu'a été dit jufqu’ici du diabetes , doit fufire pour fournir les fignes diagnof- tics-qui fervent à le diftinguer de toute autre mala- die, & à différentier fes efpeces. Le diabetes de la premiere éfpece fe voit plus com- munément, & n’eft pas f dangereux que celui de la feconde : le faux dichetes arrive fouvent pour fup- pléer aù défaut de la tranfpiration; & il confte par des obfervations médicales, que bien des gens l’ont fupporté pendant long-tems fans en avoir éprouvé de bien mauvais effets. Cardan rapporte de lui-mé- me , de vité propr. cap. vi. tome 1. qu'il a été telle- ment fujet à cette maladie pendant quarante ans, qu'il rendoit chaque jour de foixante à cent onces de liquide par la voie des urines, fans être cepen- dant incommodé par la foif, & fans aucun amaigrif- {ement. Le vrai diabetes dans lequel on rend des matieres chyleufes ou laiteufes en quantité avec l’urine, fe voit très-rarement, & entraîne avec foi beaucoup plus de danger que celui de la premiere efpece, at- tendu que cette excrétion par fa nature prive le” corps de fa nourriture , & le difpofe conféquemment à la confomption , dont les progrès font plus ou moins rapides, felon que la quantité de la fubftance alimentaire qui fort par les voies urinaires, eft plus ou moins confidérable : les diabétiques qui en re- tiennent une certaine quantité, & qui confervent l’appétit, fupportent aflez long-tems ce mal, felon les obfervations qu’a recueillies à ce fujet Skenkius, db. TITI. On peut dire en général de toute affe&tion diabé- tique, qu’elle eft plus ou moins difficile à guérir, felon qu’elle eft plus ou moins invétérée ; que fa caufe en eft plus ou moins funefte, felon que les hu- meurs {ont plus ou moins difpofées à La diflolution colliquative , 8 que les vifceres font plus ou moins léfés ; qu’elle eft plus ou moins décidée , incurable & menaçante d’une mort prochaine , felon que la gonfomption eft plus ou moins avancée. La curation de cette maladie doit principalement confifter à raffermir les vaifleaux des reins, qui pe- chent toùjours par le relâchement dans le diaberes , de quelqu’efpece qu'il foit. Les malades doivent s’abftenir de boire le plus qu'il eft poffble ; le peu de boïflon qui leur eft néceffaire , doit être du vin pur ; les alimens dont ils ufent, doivent être fecs. On doit avoir grand foin de favorifer la tranfpira- tion ; & fi les forces le permettent, les diabétiques doivent exercer leur corps jufqu’à la fueur, pour détourner des reins la férofité qui s’y porte en trop grande abondance , & l’attirer vers la peau. L’ex- périence prouve que l’on urine moins, à proportion que l’on fue davantage : 1l fuit de-là par conféquent que l’on doit aufli avoir attention d'éviter le froid, qui refferre les pores cutanés ; de refter long-tems au lit, de prolonger le fommeiïl, parce que ce font des moyens qui facilitent l’excrétion de la peau. On confeille pour tout remede, d'appliquer fur la région des reins des morceaux d’étoffe de laine trempés dans de l’oxicrat : M. Wanfwieten dit avoir guéri par cette méthode-là fimplement un jardinier diabé- tique ; il lui fallut cependant trois mois pour en ve- mir à bout, fans qu'il ne reftât plus aucune atteinte -de la maladie. On trouve dans le recueïl des obfervations d’E- dimbourg, vo/um. IF, que le do&teur Morgan, dans fa pratique méchanique , recommande la temture des mouches cantharides digerées dans lelixir de vi- triol, comme un remede fur lequel on peut pref- qu’abfolument compter pour modérer ou arrêter Le -&rop grand flux d'urine dans les daberes, | D I A 927 Maïs tous les fecours mentionnés jufqu'ici, fem blent convenir plus particulierement à celui de la feconde efpece: d’ailleurs on doit avoir égard aux différentes caufes de cette maladie, pour en entre- prendre lé traitement avec fuccès. Aïnfi lorfque le diabetes a êté précedé de fievre ar- dente ou de quelqu’autre maladie aigue ; lorfque 1e malade a précédemment fait un trop long ou trop grand ufage d'alimens où de remedes âcres , il faut avoirrecours aux remedes propres à corriger le vice de la mafle des humeurs, qui font dans ces cas les lénitifs , les adouciffans, comme les émulfions, le lait , la diete laiteufe. Lorfqu’elles pechent par acri- monie alkaline, diffolvante, on peut employer avec fuccés, felon le doëteur Juryn (obfèrvar. d’Edimb. tome WII.) les eaux ferrugineufes rendues acides avec quelques gouttes d’efprit de foufre ou de vi= triol. S'il y a lieu de croire que l’obftrudtion des vif- ceres contribue au d'aberes , 1l convient d'employer de légers apéritifs : fi cette maladie eft une fuite d'une diflolution colliquative des humeurs, qui ne {oit pas portée au point de la rendre incurable, les feuls remedes qui puiflent produite quelque bon ef- fet, font les incraffans du genre des mucilagineux, les légers aftringens, abforbans. On peut fe fervir quelquefois des narcotiques pour fatisfaire à la mé- me indication , & de tous les remedes qui convien- nent dans le traitement de la fievre heftique. Foyer HECTIQUE, (d) DIABLE , {. m.(Théolog.) mauvais ange, & l’un de ces efprits céleftes qui ont été précipités du ciel pour avoir voulu s’égaler à Dieu. Voyez ANGE. Le mot diable vient du latin dabolus, en grec duBonos , calomniateur, accufateur, trompeur. Adver- Jarius vefler diabolus , dit S. Paul, serquam leo rupiens circuit, gu@rens quem devoret. Les Ethiopiens, qui font noirs, peignent le able blanc, pour prendre le contrepié des Européens , qui le repréfentent noir. Les uns font auffi bien fon- dés que les autres. 4 Il n’eft point parlé du diable dans l’ancien T'efta- ment, mais feulement de fatan. On ne trouve point non plus dans les auteurs payens le mot de diable dans la fignification que les chrétiens y ont attachée, c’eft-à-dire pour défigner une créature qui s’eft révol: tée contre Dieu : ils tenoient feulement qu'il yavoit de mauvais génies qui perfécutoient les hommes. Les Chaldéens admettoient de même un bon prin- cipe , & un mauvais principe ennemi des hommes, Voyez DEMON , PRINCIPE, Gc. Ÿ Les relations que nous avons de la religion des Américains, difent qu'ils adorent le diable ; mais il ne faut pas prendre ce terme felon le ftyle de l’Écri- ture. Ces peuples ont l’idée de deux êtres oppo- fés, dont l’un eft bon & l’autre méchant ; ils met- tent la terre fous la conduite de l'être malin, que nos auteurs appellent le Sable, mais mal-à-propos, Diélionn. de Trév. & Chambers (G) DiABLESs CARTÉSIENS 04 DE DESCARTES, (Phyfique.) On appelle ainf de petits plongeons de verre qui étant renfermés dans un vafe plein d’eau, defcendent au fond , remontent, & font tels mou- vemens qu'on veut. Ces petits plongeons font de deux fortes ; les uns font des mafles folides de verre auxquelles on attache en-haut une petite boule plei- ne d'air, qui a comme une petite queue ouverte, ce qui rend le total moins pefant qu’un égal volume d’eau, mais de maniere que la différence eft fort petite ; Les autres font creux en-dedans, & percés en quelqw'endroit d’un petit trou. Ces plongeons étant enfermés dans un vafe plein d’eau, dont le goulot foit étroit, fi on preffle avec le doigt la fuper- ficie de l’eau au goulot, Pair contenu dans le plor: 928 D I À geon ou dañs la boule, eft condenfé ; le plongeon devient plus pefant que l’eau , & defcend : fi on re- tire le doigt, l’air fe dilate, le plongeon devient plus leger, & remonte. Voyez un plus grand détail dans V’effai de Phyf. de Mufch. pag. 677 C78. Voyez auffi la figure de ces plongeons, PL. de Phyfiq. fig. 24 6 25: (40) arf DE f, m. oz/eau , (Hifi. nat, Ormithol.) on a donné ce nom aux Antilles à un oifeau de ñuit, parce qu’on l’a trouvé très-laid. Il reflemble, dit-on, pour la figure à un canard : il a le regard effrayant , &le plumage mêlé de noir &c de blanc : 1l fait , comme les lapins , des trous en tefre qui hui fervent de nid. Cet oïfeau habite les plus hautes montagnes, &c n’en defcend que pendant la nuit : fon cri eft lugubre, & fa chair très-bonne à manger. Æiff, nat, des Antilles jar Le P. du Tertre, some II. (1) DIABLE , oifeau, voyez FOULQUE. DIABLE DE MER, oiféau, voyez MAIROULE, DrABLe, (Æifi. nat, Ichthyol.) poiffon de mer. Les ‘pêcheurs des îles de l'Amérique appellent diable un grand poiflon plat, en forine de grande raie ; il eft plus large que long , ayant quelquefois plus dé dix piés du bout d’un aïleron à l’autre, & plus de deux piés d’épaifleuf vers le milieu du corps. Sur le devant de la tête, au-deflus des yeux , font deux efpeces d'antennes flexibles, longues d’environ deux piés, larges de fix à fept pouces, plates , arrondies pat le bout comme des palettes , & couvertes d’une peau fort épaifle. Ces antennes fe recourbent en fe tor- tillant comme des cornets ; elles reflemblent pour lors à de grofles tornes de bélier. La gueule de ce poiflon eft demefurément ouverte , ayant plus de deux piés de large; elle n’a point de dents, mais on remarque de groffes levres ou membranes très-épaif- fes qui recouvrent les gencives de ce monftre , loff- qu'il veut engloutir quelque gros poiflon : au-def- fous de la tête, des deux côtés de l’eflomac, font les oties formées par des ouveïtures ou fentes tranf- verfales : il a une efpece de gouvernail fur le dos à la partie poftérieure , de laquelle fort une queue très-agile, longue de quatre à cinq piés, diminuant infenfiblement en forme de fouet. Tout l'animal ef couvert d’une peau très-forte , rude, grife fur le -dos & blanche fous le ventre : fa chair.eft indigefte, -& à-peu-près femblable à celle des grofles raies, dont ce poifion eft vraifflemblablement une efpece, Let article eft de M. LE ROMAIN. Diasze, (Maréchal-groffier.) efpece de levier aflez femblable pour la forme & pour l’ufage, à ce- ui dont fe fervent les Tonneliérs pour faire entrer de force les cerceaux fur les tonneaux qu'ils relient. Les Maréchaux-grofiers éemployent le dible à faire -pafler les bandes de fer fur les roues des voitures, lorfqu’ils bandent ces roues d’une feule piece. DrABLe , (Manufaüture en laine.) efpece de levier qui, dans le ramage des étofles, fert à faire baïfler les traverfes d’en-bas, quand il s’agit d'élargir le drap : c’eft par cette raïifon que le même inftrument s’appelle aufli larger. Voyez; MANUFACTURE EN LAINE, DIABLE, terme de Riviere, grand chariot à quatre -oues, qui par des verrins fert à enlever &c à con- -duire de grands fardeaux. Diable fe dit aufli d’une machine à deux roues -dont fe fervent les Charpentiers pour porter quel- -ques.morceaux de bois. | DIABLOTINS , f. m. pl. ez serme de Confifeur; ce ont des efpeces de dragées fort grofles &c longues, faite de chocolat incrufté de fucre en grains très- -durs. DTABOTANUM, f. m. (Pharm.) on appelle en Pharmaçie Gabotanum , un emplâtre dans'la compo- fition dique! il entre beaucoup de plantes. Ce nor vient du grec Ma, & ex, Boravn, planta. Dès le tems de Galien il y avoit un emplâtre de ce nom, dont 1l nous à laïflé la defcription dans fes livres de compof. medicam. C’étoit plufieurs plantes & racines qu’on piloit, & qu’on incorporoit ayec un cérat. Aujourd'hui on fait beaucoup d’ufage d'un em- plâtre diahoranum, dont M. Blondel, medecin dé Paris, eft l’auteur. Nous allons en donner la com- pofition, d’après la pharmacopée de Paris. Emplâtre diabotanum de Blondel, 21. des feuilles &t des racines récentes de bardane, de pétafite de fouci, de cyque , d’ivette, de livefce, de grande valériane , d’angélique de jardin, d’aunée, de grand raifort fauvage , de concombre fauvage , de fcro= phulaire , de trique-madame , de grande chélidoine, de petite chélidoine, de gratiole , de chaque fix on: ces : hachez les feuilles & les racines , 8 faites-les bouillir dansune fufffante quantite d’eau ; après quoi paflez la déco&tion avec expreffon. Ajoûtez à cette décoétion, des fucs de ciguë, de grande chélidoine , d’orvale, dé trique-madame , de chaque quatre livres : faites évaporer le tout au “bain-marie, en confiftance d’extrait épais. À une livre de cet extrait imêlez exaéterment du galbanum , de la gomme-ammoniac, de l’opopanax, du fagapenum , de chaque quatre onces, Notez qué ces pommes-réfines doivent être auparavant diflou- tes dans du vinaigre fcillitique , & épaiffies en con- fiftance requife. D'autre part, 2Z. de la litharge préparée, deux livres ; de l’huile de vers, de l’huilé de petits chiens, de l'huile de melilot, de l’huile de mucilage, de cha: que huit onces : de l’eau commune, une {ufifañte quantité pour cuire les huiles & la litharge : ce qui étant fait, ajoûtez-y felon l'art l'extrait fufdit , au- quel les gommes-réfines ont été mêlées , & du fou- fre vif fubtilement pulverifé , quinze onces : après quoi ayant fait fondre enfemble de la cire jaune, du ftyrax liquide purifié, de la poix de Bourgogne, de chäque une livre , ajoûrez-les à l’emplâtre que vous aurez fait légerement liquéfier, agitant bien le tout avec un biftortier, pour faire un mélange exa@t, au- quel vous ajoûterez la poudre fuivante : | Prenez de racines d’iris de Florence, de pain de , pourceau , de renoncule bulbeufe; de couronne im: périale, de ferpentaire , d’elleboré blanc, de chaque fix gros, de fceau de Notte-Dämé, d’arum, de cha: que une once ; des trois ariftoloches , de chaque deux gros ; de cabaret, troïs onces ; des feuilles de piftachier, trois gros ; des baïes de laurier, une de- mi-Once , des femences d’angélique, de creflon , de chaque fix gros ; de cumin, trois onces ; de la crote de pigeons, une once ; du bithume de Judée , de l’oliban, du maftic, de chaque huit onces ; de la gomme tacamahaca, douze onces ; du bdelium , de la myrrhe, de chaque trois onces; de l’euphorbe, une once : faites du tout une poudre felon l’art, que vous mélangerez bien avec l’emplâtre fufdit : après quoi vous ajoütez enfin du camphre, une once & de- mue, que vous aurez fait difloudre dans de l’huile de gerofle, une once & demie; delhuile de briqués, deux onces & denue, & l’emplâtre fera fait (voy.EMPLAS- TRE). Cet emplâtre pafle pour être bon pour amol- lir & réfoudre ; on s’en fert fréquemment pour les loupes, les glandes, Gc. (4) DIABROSE , voyez l’article V AISSEAU. DIACARTHAMI, (TABLETTES DE) Pharmac. c’eft ainfi qu’on nomme des tablettes purgatives où entre la femence de carthami. Voyez la compoñtion de ces tablettes 4 l’article CARTHAME. Voyez auff l’art, TABLETTES*Les tablettes de diacarthami pur- gent aflez bien à la dofe de demi-once ou de fix se è Ce purgatif n’eft prefque point d’ufage à Paris; le bon marché l’a mis fort en vogue parmi le petit peu- ple dans plufieurs de nos provinces. DIACATHOLICON ox PURGATIF UNIVER- SEL , {. m. (Pharmac.) Prenez pulpe de cafle & de tamarins , feuilles de fené , de chaque deux onces ; racines de polypodes , fleurs de violette & rhubar- be, de chaque une once ; femence d’anis, fucre blanc &é reglifle , de chaque deux gros. Pulverifez ce ‘qui doit l'être, & prenez enfuite racine de polypode récent concaflé, trois onces ; femences de fenouil doux, fix gros : faites-les bouillir dans deux pintes ‘d’eau de pluie, jufqu’à confomption du tiers : coulez la liqueur, & donnez-lui avec deux livres de fucre blanc, la confiftance de fyrop : verfez-le fur les pulpes tandis qu’elles font fur le feu, & incorporez- y les poudres, pour donner au tout la forme d’un éleétuaire. Cette préparation eft peu d'ufage, non- obffant le titre pompeux qu’elle porte. DIACAUSTIQUE,, f. f. (Oprique & Geomér.) ef le nom qu'on donne aux cauftiques par réfra&ion, pour les difinguer des cauftiques par réflexion, qu'on nomme catacaufhques. Ces mots font formés fur le modele des mots de catoprrique & de dioptrique, dont l’une eff la théorie de la lumiere réfléchie, & l’autre la théorie de la lumiere rompue ou réfraétée. Voyez CAUSTIQUE. Repréfentez - vous un nombre infini de rayons, tels que BA, BM, BD, &cc. ( PL Géom. fig. 23.) qui partent du même point lumineux B, pour être réfractés par la furface ou ligne courbe 4 MD , en s’éloignant ou s’approchant de la perpendiculaire MC; de mamiere que les finus C Æ des angles d’inci- dence CME , foient toùjours aux finus € G des an- gles de réfraétion C MG, dans un rapport donné, La ligne courbe qui touche tous les rayons réfrac- tés, eft appellée la diacaufhique. Aurrefte ce nom eft.peu en ufage ; on fe fert plus communément de celui de cau/fiques par réfrathon. Il eft viñble que cette cauftique peut être regardée comme un polygone d’une infinité de côtés formé par le concours des rayons infiniment proches, ré- fratés par la courbe Z MD , fuivant la loi que nous venons de dire. Voyez RÉFRACTION & COURBES POLYGONES. (0) DIACENTROS, f. m. (4/f/ron.) terme ufté par Kepler pour exprimer le diametre le plus court de l'orbite elliptique de quelque planete. Les deux diametres d’une ellipfe paffent par fon centre , & peuvent par cette raifon être nommés _diacentros ; Car ce mot figmifie qui ef? coupé par le cen- tre en deux : cependant il y apparence que Kepler a appellé ainfi le petit diametre , pour le diftinguer du premier, qui pañle non-feulement par le centre, mais encore par le foyer de l'orbite, Âu refte ce mot n’eftplus en ufage. (O0) DIACHILON , fubft. m. (Pharmacie.) emplâtre qui tire fon nom des fucs de plantes appellés en grec œunor , qui entrent dans {a compoñition. De tous les emplâtres qui portent ce nom, la phar- -macopée de Paris n’en a retenu que deux, qui font le fimple & le gommé. : Erplätre de diachilon fimple. 22 de la litharge pré- parée, trois livres; de l'huile de mucilage, fix livres; de la décoûtion d’iris zoffras, fix livres : faites cuire le tout felon l’art en confiftence requife. Le grand diachilon gommé. 22 de la mafle de l’em- plâtre diachilon fimple que nous venons de décrire, quatre livres ; de la cire jaune, de la poix réfine, de la térébenthine, de chaque trois onces : faites fondre le: tout enfemble à un petit feu , & y ajoûtez gomme ‘ammoniac, bdelium, galbanum, fagapenum, de cha- que une once, que vous aurez fait difloudre dans du Tome IF, | D Ï À 929 vin, & épaïflir en confiftence de miel épais : faites ce mélange felon l’art, &c Pemplâtre fera fair. On attribue à lemplâtre déachilon fimple la vertu de ramollig, de digérer , de mürir, de réfoudre; & le gommé pafle pour poffeder ces vertus éminemment. Voyez EMPLATRÉ. | DIACO , f. m. (Hif. mod.) nom que l’on donne dans l’ordre de Malthe, à ceux qui fe préfentent poux être reçus au rang de chapélams, ce qu’ils font à l’4- ge de huit ou neuf ans. On les appelle auffi clercs cons Ventuels, parce qu'ils fervent dans le couverrt de Mal- the depuis l’âge de dix ans jufqu’à celui de quinze. Pour être admis , ils doivent avoir une lettre ou pa= tente du grand-maître de l’ordre, qu’on nomme /er. tre de diaco. Dit, de Trév. & Chambers. (CG) DIACODE, f. m. (Pharmacie) {yrop de diacode, de mæconium; ou de pavot blanc. Foyez PAvOT. DIACONAT , fub. m. (Æf. & Hiérach. ecelf. eft l’ordre ou l’office de celui qui eft diacre. Voyer DIACRE 6 DIACONESSE, Les proteftans prétendent que dans fon origine lé diaconat n’étoit qu’un miniftere extérieur , qui fé bornoit à fervir aux tables dans les agapes, & à avoir foin des veuves, des pauvres, & des diftribu tions des aumônes. Quelques catholiques , comme Durand, Cajetan, &c. ont foûtenu que ce m’étoit pas un facrement. Le plus grand nombre des théo- logiens foûtient le fentiment contraire. Voici les principales cérémonies qu’on obferve en conférant le daconat. D'abord l’archidiacre pré fente à l’évêque celui qui doit être ordonné , difant que l’Eglife le demande pour la charge du dicconar : Sçavez-vous qu'il en foir digne, dit l’évêque? je Le fai G: le témoigne, dit l’archidiacre , autant que La foi- blefe humaine permer de le connoïtre. L’évêque en re- mercie Dieu; puis s’adreffant au clergé & au peu- ple , 1l dit : Nous élifons avec l'aide de Dien, ce préfenr foëdiacre pour l'ordre du diaconat : JE quelqu'un a quel- que chofe contre lui, qu'il s'avance hardiment pour l’a- mour de Dieu, 6 qu'il le dife ; mais qu’il fe fouvienne de fa condition. Enfuite 1l s'arrête quelque tems. Cet avertiflement marque l’ancienne difcipline de con- fulter le clergé & le peuple pour les ordinations. Car encore que l’évêque ait tout le pouvoir d’ordonner, & que le choix ou le confentement des laïques ne foit pas néceflaire fous peine de nullité; il eft néan- moins très-utile pour s’afürer du mérite des ordi- nans. On y pourvoit aujourd’hui par les publica- tions qui {e font au prône , & par les informations & les examens qui précedent l’ordination : mais il a été fort faintement inftitué de préfenter encore dans l’aétion même les ordinans à la face de toute PEgli- fe, pour s’aflürer que perfonne ne leur peut faire aucun reproche. L'évêque adreffant enfuite la paro- le à l’ordinant, lui dit: Vous devez penfer combien ef grand le degré où vous montez dans l'Eglife : un diacre doit férvir a l'autel, baptifèr, & précher. Les diacres [ons a la place des anciens lévites; ils font La tribn & l'hérita. e du Seigneur : ils doivent garder 6: porter le tabernacle, c’eft-a-dire défendre l’Eglife contre fès ennemis invifibles, 6 l’orner par leurs prédications & par leur exemple, Ils font obligés a une grande pureté, comme étant rrinifères avec Les prêtres , cooperateurs du corps 6: du fang de no- tre-Seigneur, & chargés d'annoncer l'évangile. L'évêque ayant fait quelques prieres fur l’ordinant, dit entr'au- tres chofes : nous autres hommes nous ayons éxami- né fa vie autant qu'il nous a été pofñble : vous, Sei- gneur, qui voyez le fecret des cœurs, vons pouvez le purifier & lui donner ce qui lui manque. L’évêèque met alors la main fur la tête de l’ordinant, en difant : recevez le S. Efprit pour avoir la force de réfifler ax diable & a [es tentations. 11 lui donne enfuite l’étole; la dalmatique , & enfin le livre des évangiles. Quel: _ques-un$ Ont erû que la porreilion de ces infirumens BBBbbb 939 D Ï À comme parlent les Théologiens , étoient la matiere du facrement conferé dans le diaconat ; maïs la plü- part des Théologiens penfent que l’impofition des mains eft fa matiere, & que la priere, accipe Spirttum fenëlum, 8&cc. ou les prieres jointes à limpofition des mains, en eft la forme. Voyez SACREMENT , FOR- ME, MATIERE, &cc. Ponuific. rom. de ordinat. diacon. Fleury, infhic. au droit eccléfiaffig. tom. I. part. I. cha- pit. vüj. p.79. & fuiv. (G) ce DIACONESSE, £ f. (Æiff. 6 Hiérarch. ecclefrafl.) terme en ufage dans la primitive Eglife, pour figni- fier les perfonnes du fexe qui avoient dans l’Eglife une fonétion fort approchante de celles des diacres. S. Paul en parle dans fon épitre aux Romains, & Pline le jeune dans une de fes lettres à Trajan, fait favoir à ce prince qu'il avoit fait mettre à la torture deux daconeffes, qu'il appelle ririftre. Le nom de daconaffe étoit affe@té À certaines fem- mes dévotes, confacrées au fervice de l’'Eglife, & qui rendoient aux femmes les fervices que les dia- cres ne pouvoient leur rendre avec bienféance; par exemple, dans le baptême ,-qui fe conféroit par im- merfion aux femmes aufli-bien qu'aux hommes. Foy. BAPTÈME. Elles étoient aufi prépofées à la garde des portes des églifes ou des lieux d’aflemblées , du côté où étoient les femmes féparées des hommes, felon la coûtume de ce tems-là. Elles avoient foin des pau- vres, des malades, &c. & dans le tems de perfécu- tion, lorfqu'on ne pouvoit envoyer un diacre aux femmes pour les exhorter & Les fortifier, on leur en- voyoit une diaconeffe. Voyez Balzamon , fur le deu- xieme canon du concile de Laodicée, & les confti- tutions apofñtoliques, Zv. IL. ch. lviy. pour ne point parler de l’épitre de S. Ignace au peuple d’Antioche, où l’on prétend que ce qu'il dit des diaconeffes a été ajoûté. Lupus, dans fon commentaire fur les conciles, dit qu'on les ordonnoit par limpofition des mains ; &z le concile 22 Trullo, {e fert du mot ysrporoveis, im pofèr les mains , pour exprimer la confécration des diaconeffes. Néanmoins Baronius nie qu’on leur im- pofät les mains , & qu'on ufàt d’aucune cérémonie pour les confacrer ; 1l fe fonde fur le dix-neuvieme canon du concile de Nicée , qui les met au rang des laiques, & qui dit expreflément qu’on ne leur impo- {oit point les mains. Cependant le concile de Chal- cedoine régla qu’on les ordonneroit à 40 ans, & non plütôt ; juiques-là elles ne Pavoient été qu'à 60, comme $. Paul le prefcrit dans fa premiere à Timo- thée, & comme on le peut voir dans le zorocanon de Jean d’Antioche , dans Balzamon, le zomoca- node Photius ê ie code Théodofien, & dansTertul- lien, de valland vig. Tertullien, dans fon traité 4d _axorem, div. Z. ch. vi. parle des femmes quiavoient reçu l’ordmation dans l'églife, & qui par cette rai- fon ne pouvoient plus fe marier; car les diaconeffes étoient des veuves qui n’avoient plus la liberté de fe marier, & il falloit même qu’elles n’euffent été ma- riées qu'une fois pour pouvoir devenir draconefles, mais dans la fuite on prit auffi des vierges; c’eft du moins ce que difent 5. Epiphane, Zonaras, Balza- mon, &c S. Ignace. Le concile de Nicée met les diaconeffes au rang du clergé, mais leur ordination n’étoit point facramen- telle ,. c’étoit une fimple cérémonie eccléfaftique. Cependant parce qu’elles prenoient occafion de-là de s'élever au-deflus de leur fexe , le concile de Lao- dicée défendit de les ordonner à l'avenir. Le premier concile d'Orange, en 441, défend de même de les ordonner, &c enjoint à celles qui avoient été ordon- nées, de recevoir la bénédiétion avec les fimples lai- ques. On:ne fait point au quite quand les diaconeffes ont Î A ceffé, parce qu’elles n’ont point ceflé par tont En même tems : l’onzieme canon du concile de Laodi- cée femble à la vérité les abroger ; mais il eft certain que Iong tems après il y en eut encore en plufeurs endroits. Le vingt-fixieme canon du premier concile d'Orange , tenu l’an 441 ; le vingtiemé de celui d'E- paune, tenu l’an 515, défendent de même d’en or- donner, & néanmoins il y en avoit encore du tems du concile #z Trullo. Atton de Verceil rapporte dans fa Auitieme lettre, la raifon qui les fit abolir : 1l dit que dans les premiers tems le miniftere des femmes étoit néceflaire pour inftruire plus aifément les autres femmes , & les def. abufer des erreurs du paganifme ; qu’elles fervoient aufh à leur adminiftrer le baptèmeavec plus de bien- féance ; mais que cela n’étoit plus néceffaire depuis qu’on ne baptifoit plus que des enfans. Il faut encore : ajoûter maintenant, depuis qu’on ne batife plus que par infufon dans l’églife latine. Le nombre des diaconeffes femble n’avoir point été fixé : l’empereur Héraclius dans fa lettre à Sergius patriarche de Conftantinople, ordonne que dans la grande éghfe de cette ville il y en ait quarante, & fix feulement dans celle de là mere de Dieu, qui étoit au quartier des blaquernes. Les cérémonies qu’on obfervoit dans la bénédic- tion des diaconeffes | fe trouvent encore préfente- ment dans l’eucologe des Grecs. Matthieu Blaftares favant canonifte grec, obferve qu’on fait prefqué la même chofe pour recevoir une diaconeffe, que dans l'ordination d’un diacre. On la préfente d’abord à l’évêque devant le fandtuaire, ayant un petit nan- teau qui lui couvre le con & les épaules, & qu’on nomme aforium; & après qu'on a prononcé la prie- re qui commence par cès mots /a grace de Dieu, &e. elle fait une inclination de tête fans fléchir les ge- noux. L’évêque lui impofe enfuite les mains en pro- nonçant une priere. Mais tout cela n’étoit point une ordination ; c’étoit feulement une cérémonie reli- gieufe, femblable aux bénédiétions des abbêfles. On ne voit plus de diaconeffes dans l’éghfe d'Occident depuis le xij° fiecle, ni dans celle d'Orient pañé le xij°. Macer, dans fon hyerolexicon au mot diaconif[a, remarque qu'on trouvé encore quelque trace de cet office dans l’églife de Milan, où il y a des matrones qu'on appelle vetulones , qui font chargées de porter le pain & le vin pour le facrifice à l’offertoire de la mefle felon le rit Ambroiïfen. Les Grecs donnent encore aujourd’hui le nom de diaconeffes aux femmes de leurs diacres , qui fuivant leur difcipline font ou peuvent être mariés ; mais ces femmes n’ont auchne fonétion dans Péglife comme en avoient les ancien- nes diaconeffes. Moréry, Chamb. & Trév. (G) DIACONIE , f.f. (Æf. eccléf.) en latin d'acorix où diaconium , c’étoit dans lEglife primitive un hof- pice ou hôpital établi pour afflifter les pauvres & les infirmes. On donnoit aufli.ce nom au miniftere de la perfonne prépofée pour veiller fur les befoins des pauvres, & c’étoit l'office des diacres pour les hom- mes , & des diaconefles pour lé foulagement des femmes. Chambers, (G) Draconie, f. f. (if. anc. € mod.) nom qui eft refté à des chapelles ou oratoires de la ville de Ro- me ,gouvernées pat dès diacres, chacun dans là ré- gion Ou le quartier qui lui eft affetté. À ces diaconies étoit joint un hôpital où bureau pour la diftribution des aumônes : il y avoit fept dia- contes , une dans chaque quartier, & elles-étoient gouvernées par des diacres, appellés pour cela car. dinaux diacres. Le chef d’entr'eux s’appelloit erchi- diacre, Voyez CARDINAL. L'hôpital joint à l’églife de la dacomie, avoit pour le temporel un admimiftrateur nommé le pere de la diaconie, qui étoit quelquefois un prêtre, & quelque- D I A fois auffi un fimple laïque; à préfent il y en a r4 af- fettés aux cardinaux-diacres; Ducange nous en a donné les noms : ce font Les diaconies de S Marie dans la voie large, de S. Euftache auprès du pan- theon, Gc. Voyez le dicf. de Trév. & Chambers. DIACONIQUE, f. m.(Æif% eccléf.) lieu près des églifes , dans lequel on ferroit les vafes & les orne- mens facrés pour le fervice divin : c’eft ce que nous nommons aujourd’hui facrifhie. (G) DIACOPÉ, fub. f. rerme de Chirurgie, efpece de fradure au crane , faite par inftrument tranchant qui a été porté de biais ou obliquement , & dans laquelle il y a un éclat coupé fans être détaché n1 emporté. - ‘Il faut dans ces playes être fort attentif aux ac- cidens primitifs 8 confécutifs, pour fe déterminer à trépaner ou fe difpenfer de faire cette opération. Voyez COMMOTION & TRÉPAN. (F) L DiACOPR ÆGIA , (Pharmacie. ) topique fait de la fiente de chevre, dont on fe fert contre les tu- meurs dans la rate & dans les glandes derriere les oreilles, nommées parotides. Blanchard. DIACOUSTIQUE, £. f. (Phyfig. & Mufig.) c’eft la confidération des propriétés du fon réfraété en paf- fant àtravers differens milieux, c’eft-à-dire d’un plus denfe dans un plus rare, ou au contraire. Voyez SON & RÉFRACTION; voyez auffé ACOUSTIQUE 6: PHO- NIQUE. Ce mot eft formé du grec Me , par, qui fignifie #7 pallage , & d’axovo, j'entens. (S DIACRE, £ m. (if. & Hiérarch. ecclé[.) un des miniftres inférieurs de l’ordre eccléfiaftique, celui qui eft promû au fecond des ordres facrés. Sa fonc- tion eft de fervir à l’autél dans la célébration des faints myfteres. Voyez ORDRES. Il peut aufli bapti- fer & prêcher avec permiflion de l’évêque. Ce mot eft formé du latin daconus , qui vient du gtec Jiaxovos, qui fignifie rr77uffre , ferviteur. Les diacres furent inftitués au nombre de fept par les apôtres. A&. chap. vj. Ce nombre fut long-tems confervé dans plufieurs églifes. Leur fon@ion étoit de fervir dans les agapes, d’adminiftrer le pain & le vin aux communians, & de diftribuer les aumônes. Voyez AGAPES, &c. Selon les anciens canons, le mariage n’étoit pas incompatible avec l’état & le miniftere des diacres : mais il y a long-tems qu'il leur eft interdit dans l’é- glife romaine ; & le pape ne leur accorde des dif- penfes que pour des raifons très-importantes, en- core ne reftent - ils plus alors dans leur rang & dans les fonétions de leur ordre. Dès qu'ils ont difpenfe & qu'ils fe marient, ils rentrent dans l’état laïque. Anciennement il étoit défendu aux dacres de s’af- feoir avec les prêtres. Les canons leur défendent de confacrer : c’eft une fonétion facerdotale. Ils défen- dent aufi d’ordonner un diacre, s’il n'a un titre, s’il eft bisame, ou s’il a moins de vingt-cinq ans. L’em- pereur Juftinien dans fa zovelle 133 , marque le mê- me âge de vingt-cinq ans : cela étoit en ufage lor{- qu’on n’ordonnoit les prêtres qu’à trente ans ; mais à préfent il fufht d’avoir vingt-trois ans pour pou- voir être ordonné diacre. Sous le pape Sylveftre 1l n’y avoit qu’un diacre à Rome ; depuis on en fit fept, enfuite quatorze; & enfin dix-huit, qu'on appelle cardinaux-diacres pour les diftinguer de ceux des au- tres éolifes. Voyez CARDINAL. Leur charge étoit d’avoir foin du temporel & des rentes de l’églife, des aumôûnes des fideles , des befoins eccléfiaftiques, & même de ceux du pape. Les foüdiacres faifoient les colleétes, & les diacres en étoient les dépofitaires & les adminiftrateurs. Ce maniement qu'ils avoient des revenus de léglife, accrut leur autorité à mefure que les richeffes de l’é- glife augmenterent. Ceux de Rome, comme mini- Tome IF, | D T A 931 ftres de la premiere églife, fe donnoiernit la préféan- ce ; ils prirent même à la fin le pas fur les prêtres. S. Jérôme s’eff fort fecrie contre cet abus, & prou- ve que le diacre eft au-deflous du prêtre. 7 Le concile 22 Trullo , qui eft le troïfieme de Con- ftantinople ; Ariflinus , dans fa /ÿyropfè des canons dè ce concile , Zonaras fur le même concile , Siméon Logothete , & Œcuménius, diflinguent les diacres deftinés au fervice des autels, de ceux qui avoient foin de diftribuer les aumônes des fideles. Aïnfi la coûtume de faire des diacres fans autre fon@ion que de fervir le prêtre à l’autel, s'étant inttoduite, ce fimple ordre de diacres n’ofa plus s'élever au -deflus des prêtres. Pour les autres qui avoient retenu l’ad- miniftration des deniers , ils voulurent totjours con- fervérleur fupériorité ; & depuis qu’ils fe furent mul- tipliés par diftinétion , le premier d’entre eux s’ap- pelloit ærchidiacre, Voyez ARCHIDIACRE. Les diacres récitoient dans les faints myfteres cer- taines prieres , qui à caufe de cela s’appelloient prie- res diaconiques. Ils avoient foin de contenir le peuple à l’éghife dans Le refpeét & la modeftie convenables: il ne leur étoit point permis d’enfeigner publique- ment, au moins en préfence d’un évêque ou d’un prêtre : ils inftrufoient feulement les cathécumenes!, ë&t les préparoient au baptême. La garde des portes de l’éghfe leur étoit confiée; mais dans la fuite les foûdiactes furent chargés de cette fondtion, & en- fuite les portiers , offiarii. Voyez PORTIERS. | Parmi les Maronites du mont Liban, il y a deux diacres qui font de purs adminiftrateurs du temporel: Dandini, qui les appelle Z fignori diaconi ; dit que ce font deux feigneurs féculiers qui gouvernent le peu- ple, jugent de tous leurs différends , &c traitent avee les Turcs de ce qui regarde les tributs, & de toutes les autres affaires. En cela le patriarche des Maroni- tes femble avoir voulu imiter les apôtres, qui fe dé- chargerent fur les diacres de tout ce qui concernoit le temporel de l’églile. {/ ne convient pas , dirent les apôtres , que nous larffions la parole de Dieu pour fer- vir aux tables : 8 ce fut-là en effet ce qui occañon- na le premier établiflement des diacres. C’eft par la même raifon que dans les monafteres on a quelques fois donné aux œconomes ou dépenfiers le nom de diacres, quoiqu'ils ne fuffent pas ordonnés d/acres, Chambers & Moréry. (G) DIACRION , 1. f. ( Hiff. anc. ) étoit une des fac- tions d’Athenes ; quelquefois il y en avoit trois, & quelquefois elles étoient réduites à deux. Lorfqu’il s’en trouva trois, c’étoient les dacrit, pedii, & pa- ralii : le nombre en augmentoit fuivant qu'il fe trou- voit des chefs. Les diacrii étoient pour ce que nous appellons gouvernement ariflocrarique , c’eft-à-dire le gouvernement des nobles , ou des perfonnes diftin- guées dans la république : telles font les républiques de Venife & de Genes. Les pediz inclinoïent pour la démocratie, c’eft-à-dire le gouvernement du peu: ple, äinfi qu'il fe pratique dans quelques cantons de la Suifle, & comme il étoit d’ufage à Strasbourg, lorfqu’elle avoit le titre de v1//e :mpériale, où pour entrer dans la magiftrature de la ville 1! falloit être dans la roture; tout noble qui vouloit y entrer, étoit obligé de renoncer à la nobleffe : & c’eft ce qui fe pratique encore aujourd’hui pour la magiftrature de la maïfon de ville. Il eft rare de ne pas trouver de pareilles faétions dans les républiques anciennes &c modernes. (4) * DIACTORE, adj. (Myth) furnom de Mercu- re. Il fut ainfi appellé de Jvayw , j’ervoye : ainfi Mer- cure diaitore eft la même chofe que Mercure l'envoyé, ou le meffager des dieux. | DIACYDONIUM, {. m. (Pharmacie. ) c’eft aïinfi qu’on appelle le fuc de coing épaifñ ou cuit en con- fiftance d'extrait, On y ajoûte ordinairement du fu- BBBbbbi 99% D TI A cre, & on.en fait ce qu'on appelle.commurnément : une gelée. Voyez COING. | On trouve dans prefque toutes. les pharmacopées allemandes une gelée de coing fous le nom de diu- cydonium laxativum. Nous allons’'en donner la def- cription d’après Zwelfer. Diacydonium laxativum pellucidum, 2L. réfine de jalap., quatre onces : faites-la diffoudre dans une fuf- fifante quantité d’efprit- de-vin reétifié : après quoi ayez trois livres & demie de gelée de-coing bien fai- te, bien tranfparente, & d’une bonne confiftance.: faites-la chauffer fur un petit feu pour la ramollir; & tandis qu’elle eft chaude, verfez-y la diflolution.de réfine de jalap , & agitez bien pour faire un mêlan- ge exatt: la chaleur fera difliper l’efprit-de-vin,& la réfine fe trouvera divifée dans la gelée de coing au- tant qu’elle le peut être ; on la verfe tandis qu’elle eft encore liquide ,.dans des petites boîtes de fapin, comme on fait le cotignac à Orléans. Au lieu de réfine de jalap., d’autres demandent de la réfine de fcammonée : on y ajoûte quelquefois des extraits de fené, de rhubarbe, &c. Cette façon de mafquer la réfine de jalap ou de fcammonée eft très-bonne ; non-feulement.on en fau- ve le dégoût, maisencore on.les donne divifées au point, qu’on ne doit pas appréhender leur mauvais effet. | On s’en fert en Allemagne pour purger les enfans & les perfonnes qui ont de la répugnance à prendre les médicamens ordinaires. Foy. RÉSINE de /cammo- née & de jalap aux mots SCAMMONÉE, JALAP. (6) DIADÈME, f. m.(Æiff. anc. 6 mod.) terme qui vient du grec : ç’a été dans les premiers rems la mar- que de la dignité royale ; on s’en eft fervi dans pref- que toutes les anciennes monarchies , mais avec quelques différences. C’étoit une bande de couleur blanche, que l’on ceignoit autour de la tête ; ce qui n’empêchoit pas que les fouverains n’euffent une couronne avec le diadème. On prétend que Bacchus ayant vaincu les Indiens, voulut revenir des Indes en triomphe monté fur un éléphant; & comme vic- torieux , qu'il fut le premier qui fe fervit du diadè- me, Selon Pline, en fon hiftoire, Zäyre VII. les rois de Perfe & d'Arménie joignoient cet ornement à leurs cydaris & à leurs tiares, coëffures de tête par- ticulieres aux fouverains de ces contrées. Le drudè- me n’étoit pas toùjours de couleur blanche; mais quelquefois rouge ou bleu , & cependant avec quel- ques filets de blanc. On voit que les Parthes qui par vanité fe difoient les rois des rois, fe fervoient d’un double diadème pour marquer leur double fupériori- té. Le diadème de Darius étoit pourpre & blanc; Alexandre fut fi glorieux d’avoir vaincu ce roi des Perfes , qu'il voulut orner fa tête du diadème de ce prince. Tous les fucceffeurs d'Alexandre ne man- querent pas, en qualité de rois, de fe fervir du même ornement avec lequelonlesvoit gravés fur leurs mé- dailles. Auffi-tôt que les Romains eurent chaffé leurs rois, ils prirent fi fort le diadème en averfion, que c’é- toit fe rendre criminel d'état que d’en porter un, eût- ce été à La jambe en forme de jarretiere. C’eft ce qui rendit Pompée fufpeët à fes concitoyens ; parce quil portoit des jarretieres blanches. On craignoit que par-là il ne voulüt afpirer à la fouverainé autorité, ou pour parler le langage romain, qu'il n’ambition- nât la tyrannie. Mais après que Rome fut fomife aux empereurs, les peuples devinrent moins ombra- geux;, & Aurélius Viétor témoigne qu'Aurélien fe fervit de cet ornement , qui fe trouve même fur quelques médailles de cet empereur. Conftance Chlore pere du grand Conftantin, s’en fervoit auf. Ce fut vraiflemblablément pour faire connoître {on pouvoir à des peuples barbares , qui ayant été ac- coûtumés à fe foümettre à l’autorité royale , refpec- toient un prince qui en portoit les marques:: ce qui s’eit continué chez les empereurs, jufque - là même que l’on voit auffi cet ornement furles médailles des impératrices, Et nos.couronnes anciennes & moder- nes fe terminent par le bas en une efpece'de diadè- me où bande , qui foûtient le refte de cette couron- ne. De dire ,.comme l’a fait Baronius, que S. Jac- ques apôtre , évêque de Jérufalem,, a porté le dia- dème, c’eft poufler la chofe trop loin. Il a porté, comme grand-prêtre dans. la religion chrétienne , l’ornement qui étoit particulier au fouverain pontife chez les Juifs. (4) | DtADÈME , dans le Blafon, fe dit d’une efpece de cercle qu’on nomme proprement diadème, & qu’on voit quelquefois fur les têtes de l'aigle éployée. IL fe dit aufli du bandeau dont les têtes de more font ceintes fur les écus, & qu’on appelle autrement sor- til ; &t des ceintres. ou cercles d’or, qui fervent à fermer les couronnes des fouverains ; & à potter la fleur-de-lis double , ou le globe croifé qui leur tient lieu de cimier. Voyez TorrtiL, Cimier, 6c. (7) DIADÈME , adj. ez termes de. Blafon , fe dit de l'aigle qui a un petit cercle rond{ur la tête, (77) DIADOCHUS , f. m. (if. na.) pierre d’une couleur pâle & femblable au berille, qui a la pro- priété de faire paroître les démons, &c. Voy. Boece de Boot , page 556. Credat Judeus. DIAGNOSE, f. f. fe dit en Medecine, de la con- noiffance que l’on peut avoir par des fignes de l’état préfent d’un homme en fanté où malade. On appelle diagnoffics les fignes , au moyen defquels on acquiert cetre connoiflance , d'ayrogire Où d'yorite , indican- tia ; & le medecin qui exerce cette connoiffance par les fignes indicatifs, peut être appellé Sayrossoc Où d'ayvouw , arbiter. Cette fcience diagnoflique fait par- tie de la Séméiologie ou Séméiotique, une des bran- ches de la Medecine en général, qui traite de tous les différens fignes, par lefquels on parvient à con- noître par un effet qui fe montre , un autre effet ca- ché, foit pour le préfent, foit pour l'avenir. Foyez SIGNE, SÉMÉIOLOGIE, (d) DIAGONALE, f. £. en Géométrie, c’eft une ligne qui traverfe un parallélogramme , ou toute autre f- gure quadrilatere , & qui va du fommet d’un angle au fommet de celui qui lui eft oppoié. Telle eft la ligne P N (PL géomér. fig. 24.), tirée de l’angle P à l’angle N. Voyez FIGURE. Quelques auteurs l’appellent diametre, d’autres le diamétral de la figure ; mais ces noms ne font point d’ufage, Il eft démontré 1°. que toute diagonale divife un parallélogramme en deux parties égales : 2°, que deux diagonales tirées dans un parallélogramme fe coupent l’une l’autre en deux parties égales : 3°. que la diagonale d’un quarré eft incommenfurable avec l’un des côtés. Foy. PARALLÉLOGRAMME , QUAR- RÉ, Ge, La fomme des quarrés des deux d'agonales de tout parallélogramme, eft égal à la fomme des quarrés des quatre côtés. Il eft évident que la fameufe quarante-feptieme propofñition d’Euclide (Foyez HYPOTHENUSE), n’eft qu’un cas particulier de cette propofñtion : car fi le parallélogramme eft rectangle , on voit tout de fuite que les deux diagonales font égales, & par confe- quent que le quarré d’une diagonale, ou ce qui eft la même chofe, que le quarré de Phypothenufe d’un angle droit eft égal à la fomme des quarrés des deux côtés. Si un parallélogramme eft obliquangle, & qu’ainfi fes deux diagonales foïent inégales, comme il arrive le plus fouvent , la propofition devient d'un ufage beaucoup plus étendu. Voici la démonftration par rapport au parallélo- gramme obliquangle. Suppofons le parallélogram- me obliquangle 4 B CD ( PL géom, fig. 25.7), dont D I À B D'eftla plus grande d'agonale, & A C'la plus pe- tite : du point À de l’angle obtus D 4 B,, abbaïffez une perpendiculaire 4 Æ fur le côté C'D:; & du point 8, une autre perpendiculaire 8 F fur le côté D C: alors les triangles 4ADE, BCF, font égaux & femblables, puifque 4 D eft égal à BC, & que. les angles ADE, BCF, aufi bien que 4 E D, BEC, fontaufli égaux; par conféquent DE eftégal à CE. Maintenant (par la 12° propofition d’Euclide, li. IL.) dans le triangle B D Cobtus-angle, le quar- ré du côté BD eft égal à la fomme des quarrés de BC& CD, & en outre, au double du rettangle de CF par CD; & par la treizieme du Zvre II. dans le triangle DAC, le quarré du côté 4C eff égal à la fomme des quarrés de 4 D & CD ; en tant le dou- ble du reétangle du même côté CD par D'E= CF: ainfi cé défaut étant précifément compenfé par le premier excès, la fomme des quarrés des deux dia- gonales eft égale à la fomme des quarrés des quatre côtés, CQF D. Remarquez que cette démonftration fuppofe la fameufe quarante-feptieme propofition d'Euclide , & qu’ainf pour en déduire cette propofñition , il faut fe pafter de cette quarante-feptieme: autrement on donnetoit dans un cercle vicieux. Ceux donc qui prétendroient, en conféquence de la démonfiration ci-deflus, que la quarante-feptieme n’eft qu'un co- rollaire de celle-ci, fe tromperoient ; elle en eft un cas, mais non un çorollaire. Aïnfi dans tout rhombe ou lofange connoïffant un côté & une diagonale, on connoïtra pareillement Pautre diagonale : car comme les quatre côtés font égaux , en tant le quarré de la diagonale donnée du quadruple du quarré du côté donné, le refte eft le quarré de la diagonale cherchée. | Cette propoñition eft auffi d’un grand ufage dans la théorie des mouvemens compofés : car dans un parallélogramme obliquangle, la plus grande dia- gonale étant la foûtendante d’un angle obtus, & la plus petite d’un angle aigu, qui eft le complément du premier; la plus grande diagonale fera d'autant plus grande, & la plus petite fera d’autant plus pe- _ tite, que l'angle obtus fera plus grand : de forte que fi l’on conçoit que l’angle obtus croiffe jufqu’à deve- nir infiniment grand par rapport à Pangle aigu , ou ce qui revient au même, fi les deux côtés contigus du parallélogramme font étendus direétement bout à bout.en ligne droite, la grande diagonale devient la fomme des deux côtés, & la plus petite s’anéantit. Maintenant deux côtés contigus d’un parallélogram- me étant connus avec l'angle qu'ils renferment , il eft aifé de trouver en nombre la foütendante de cet angle, c’eft-à-dire une des diagonales du parallélo- gramme: quand cela eft fait, la propofñtion donne l’autre. La feconde diagonale ainf trouvée, ef la li- gne que décriroit un corps poufié en même tems par deux forces, qui auroient entre elles le même rap- port que les côtés contigus, qui défignent les direc- tions fuivant iefquelles ces forces agiffent : le corps décriroit cette diagonale en même tems qu'il parcour- roit l’un ou l’autre des deux côtés contigus , s’il n’é- toit pouflé que par la force qui correfpond à chaque côté : c’eft-là nn des orands ufages de cette propofi- tion ; car le rapport de deux forces, & l'angle qw’el- les font, étant donnés, on a befoin quelquefois de déterminer en nombres la ligne qu’un corps pouffé par ces deux forces décriroit dans un certain tems. - Voyez COMPOSITION & MOUVEMENT. Les côtés d’une figure rettiligne, comme 4B, AE,CD,DE (figure 26.), excepté BC; & les angles 4, E, D, 0, y, excepté B, C, étant don- nés, trouver les diagonales. Dans le triangle ABE , les côtés AB & AE étant donnés, l'angle Æ fe trouve aifément par la D T À 933 Trisonométrie, & enfuite la diagonale BE: on ré- fout de la même maniere le triangle BCD, &c l’on détermine la diagonale B D, Comme les ichnographies ou les plans fe font plus commodément lorfque l’on a les côtés & les diago- nales , Pufage de ce problème eft de quelque impor- tance en planimétrie, particulierement à ceux qui veulent faire un ouvrage exaét, quoiqu'il leur en coûte du calcul. Voyez ICHNOGRAPHIE, 6'c. (E) DIAGRAMME, f. m. ez Géométrie ; c’eft une fi- gure ou une conftruction de lignes , deftinée à l’ex- plication ou à la démonfration d’une propofition. Voyez FIGURE. Ce mot eft plus d’ufage en latin, diagramme, qu’en françois ; on fe fert fimplement du mot de f- gure. (0) DIAGRAMME , dans la Mufique ancienne, étoit ce que nous appellons aujourd’hui, échelle, gamme, Jyfème. Voyez ces mots. (5) DIAGREDE , £. m. (Pharm.) c’eftla fcammonée préparée ou corrigée pour les ufages de la Mede- cine. | Cette préparation fe fait ordinairement , en fai- fant cuire la fcammonée dans un coing , & alors on l'appelle diacrydum cydoniatum : d’autres lui font recevoir la vapeur du foufre allumé, & l’appellent diagrede foufré, diasrydium fulphuratum, N'y en a qui lincorporent avec une quantité fuffifante d’efprit de vitriol rofat pour en faire une pâte liquide, qu’on met enfuite fécher au foleil ou à un petit feu: ils appellent cette préparation diagrede rofar. Le but qu'on a dans toutes ces préparations , eftde corriger la fcammonée ; maïs on prétend qu’elle n’a pas be- foin de corretion , & qu’on peut lemployer dans fon état naturel. Foyez SCAMMONÉE. Dicfionn, de Trév. & Chambers. :DIAH ox DIAT, f. m. (ÆUff. mod.) nom que les Arabes donnent à la peine du talion. Dans la loi mahométane le frere ou Le plus proche héritier d’un homme tué par un autre, doit fe porter partie con- tre le meurtrier, &c demander fon fang en répara- tion de celui qu'il a verfé. Cette loi eft conforme à celle de Moyfe , felon laquelle le parent du mort, qui fe déclare partie contre le meurtrier, s’appelle en hébreu gohel- dam , mot que la Vulgate a rendu par celui de redemptor fanguinis, c’eft-à-dire celui qui demande Le prix du fang. Avant Mahomet, dans les guerres que les tribus des Arabes faifoient entre elles, la coûtume étoit que Les viétorieux, pour un efclave qu’ils avoient perdu dans le combat, muiflent à mort un homme libre du nombre des prifonniers ; & pour une femme tuée, ils égorgeoient pareille- ment un homme : mais leur légiflateur réduifit ces repréfailles à la loi du talion ou diak , comme il eft porté par ces paroles de lalcoran : o7 vous a donné Le diat er ce qui regarde le meurire , un homme libre pour un homme libre, un efclave pour un efclave. Autrefois les Turcs avoient la barbarie de maflacrer prefque tous les prifonniers de guerre , apparemment en con- féquence de cette loi ; aujourd’hui ils fe contentent de les réduire en fervitude & de les vendre. (G) DIAHEX APLE , 1. m. cerme de Maréchal; c’eft un breuvage pour les chevaux, qui a pris fon nomdes fix ingrédiens dont ileft compolé ; favoir d’ariftoloche, de racine de gentiane, de baies de genievre, de baies de laurier, de gouttes de myrrhe, &c de ra- clure d’yvoire. C’eft un bon contre-poifon , &c il guérit les morfures des bêtes venimeufes, les rhu- més , les confomptions, &c. (7) DIALECTE, f. douteux , (Gramm.) L’académie françoife fait ce mot mafculin, & c’eft l’'ufage le plus fuivi ; cependant Danet, Richelet, &c l'auteur du Novitius, le font du genre féminin. Les Latins, dit ce dernier en parlant de la diglefke éolique, one 934 DA Jiivi particilietement cette dialetle. Le prote de Poi- tiers, dans fon dictionnaire d’ortographe, fait auffi ce mot féminin, édition de 1739 ; mais il ajoûte, &c ceci n’a pas été corrigé dans la derniere édition re- vûe par M. Reflaut ; il ajoûte, disje, que MM. de Port-royal foûtiennent que ce mot ef? féminin: cepen- dant je ne le trouve que mafculin dans la méthode greque de Port-royal , édit, de 1695; préf. pag. 17. 28, &c. S'il m’eft permis de dire mon fentiment par- ticulier, il me patoît que ce mot étant purement grec, & n'étant en ufage que parmi les gens de Let- tres, & feulement quand il s’agit de grec, on n’au- roit dù lui donner que le genre qu'il a en grec, & c’eft ce que les Latins ent fait : 47% 1pfa Manenros ha- bes eam jucundiratem , ut latentes etiam numeros com- plexa videatur. Quintil. 22/2. ort. Lib. IX, c. jv. Quoi qu’il en foit du genre de ce mot, pañlons à fon étymologie, & à ce qu'il fignifie. Ce mot ef compofé de Aëyw, dico, & de 44, prépofñtion qui eritre dans la compoñtion de plufieurs mots, & c’eft de-là que vient notre prépofition inféparable d & dis : diférer, difpofer, &c. Asa euros, #, 1, IMatiete patticuliere de pronon- cer, de parler; danéyoucs, differo, colloquor. La dia- leële n’eft pas la même chofe que Pidiotifme : lidio- tifme eft un tour de phrafe particulier, 8 tombe fur la phrafe entiere ; au lieu que la dialeile ne s’entend que d’un mot qui n’eft pas tout-à-fait le même, ou qui fe prononce autrement que dans la langue com- mune. Par exemple , le mot f//e fe prononce dans notre langue commune en mouillant l’/, mais le peuple de Paris prononce f:ye, fans / ; c’eft ce qu’en grec on appelleroit une dia/eile. Si le mot de dialeüte étoit en ufage parmi nous, nous pourrions dire que nous avons la dzaleile picarde , la champenoife ; mais le gafcon, le bafque , le languedocien, le proven- çal, ne font pas des dialeëles : ce font autant de lan- gages particuliers dont le françois n’eft pas la lan- gue commune , comme il l’eft en Normandie, en Pi- cardie & en Champagne. Ainfi en grec les dia/eiles font les différences par- ticulieres qu'il y a entre les mots, relativement à la langue commune ou principale. Par exemple, felon la langue commune on dit éya, les Attiques difoient lyuge; mais ce détail regarde les grammaires gre- ues. : La méthode greque de Port-royal, après chaque partie ou difcours, nom, pronom, verbe, 6'c. ajoû- te les éclairciffemens les plus utiles fur les dialectes. On trouve à la fin de la grammaire de Clénard, une douzaine de vers techniques très-inftruétifs touchant les dialeites. On peut voir aufli le traité de Joannes Grammaticus, de dialectis. L’ufage de ces dialeiles étoit autorifé dans la lan- gue commune, & étoit d’un grand fervice pour le zombre , {elon Quintilien. Il n’y a rien de femblable parmi nous , & nous.aurions été fort choqués de trouver dans la Henriade des mots françois habillés . à la normande, ou à la picarde, ou à la champenoïe; au lieu qu'Homere s’eft attiré tous les fuffrages en parlant dans un feul vers les quatre dialeëles difté- rentes, & de plus la langue commune, Les quatre dialeétes font l’attique , qui étoit en ufage à Athenes ; l’ionique, qui étoit ufitée dans l'Tonie, ancien nom propre d’une contrée de PAfie mineure, dont les villes principales étoient Milet, Ephefe, Smyrne, &c. La troifieme dialeüte étoit la dorique , en ufage parmi un peuple de Grece qu’on appelloit les Doriens, & qui fut difperfé en différentes contrées. Enfin la quatrieme dialeëke c’eft l’éolique : les Éoliens étoient ua peuple de la Grece, qui pafferent dans une con- trée de l’Afie mineure, qui de leur nom fut appellée Éolie. Cette dialeële eft celle qui a été le plus parti- culierement fuivie par les Latins, On trouve. dans D I À Homere ces quatre dialeétes, & la langue commune: l’attique eft plus particulierement dans Xénophon &t dans Thucydide ; Hérodote & Hippocrate em- ployent fouvent l’ionique; Pindare & Théocrite fe fervent de la dorique ; Sapho & Alcée de l'éolique, qui fe trouve auffi dans Théocrite & dans Pindare - c’eft ainfi que par rapport à l'italien, le bergamaf- que, le vénitien, le polonoïs, le tofcan & le ro- main pourroient être regardés comme autant de diz- leiles. (F) DIALECTIQUE , f. £. (Phïlofophie.) l'art de rai- fonner & de difputer avec juftefle, Ce mot vient du grec durs youas, je difcours , qui eft formé de da, & xtyw , dico, je dis. Zénon d’Elée a été le premier qui a découvert la fuite naturelle des principes & des conclufions que l’on obferve en raifonnant ; il en fit un art en forme de dialogue, qui fut pour cette raifon appellé dia/eéti. que. Voyez RAISONNEMENT ; voyez auffi l’art. Lo- GIQUE. La dialetfique des anciens eft ordinairement divi- fée en plufeurs efpeces : la premiere fut celle de Zénon d’Élée, appellée éléatique, e/earica ; elle fe divifoit en trois, favoir, la dixledlique des confé- quences, celle des converfations, & celle des dif- putes, confécutionum , collocutionum @& contertionum. La premiere confiftoit dans les regles qui appren- nent à tirer des conclufons ; la feconde dans l'art. du dialogue, qui devint d’un ufage f univerfel en Philofophie , que tout raifonnement s’appelloit une interrogation, Les Philofophes alors laiflant le fyllo- gifme, ne firent plus ufage que du dialogue ; c’étoit au répondant à conclure & à difcourir, en confé- quence des différentes conceffions qu’on lui avoit faites. La derniere partie de la dialeique de Zénon , Epslxn, étoit contentieufe , ou l’art de difputer & de contredire, quoiqu'il y ait des auteurs, & en parti- culier Laërce , qui attribuent cette partie à Prota- goras, un des difciples de Zénon, Foyez Drazo- GUE 6 DiSPUTE. La feconde eft la dialetique mégarienne, diakelica megarica , dont Euclide eft auteur ; non pas Euclide le mathématicien, mais un autre Euclide de Mégare. Il s’attacha beaucoup à la méthode de Zénon & de Protagoras, quoiqu'il y ait deux chofes qui Le carac- térifent ; en premier lieu il attaqua les démonftra- tions des autres, non par des affertions, mais par des conclufions : il n’alloit que par induétions, de conféquence en conféquence. En fecond lieu, Euchide ne faifoit jamais ufage des argumens qui tirent leur force de quelque com- paraifon ou reflemblance ; il les croyoit de nulle valeur. Après lui vint Eubulide, auquel on attribue l’in- vention dangereufe de l’art dufophifme. De fon tems on divifoit cet art en plufieurs efpeces, comme #7e77- tiens , fallens , eletra , obvelata , acervalis , cornuta, & calva, Voyez SOPHISME. La troifieme eff la dialeétique de Platon, qu'il pro- pofe comme une efpece d’analyfe pour diriger l’ef- prit humain, en divifant, en définiflant, & en re- montant à la premiere vérité ou au premier princi- pe ; Platon faifoit ufage de cette analyfe pour expli- quer les chofes fenfbles, mais toûjours dans la vûe de revenir à la premiere vérité, à laquelle feule 1l pouvoit s'arrêter. Telle eft idée de l’analyfe de Platon. Voyez ANALYSE, PLATONISME , ACADE- MIE, Ge, La quatrieme eft la dialettique d’Ariftote , qui con- tient la doétrine des fimples mots, expofée dans fes livres des prédicamens ; la doëtrine des propofitions, dans fes livres de interpreratione ; & celle des diffé- rentes efpeces de fyllogifme, dans fes livres des ana- D I À lytiques, topiques & elenchiques. Voyez SYLLOGISME, TOPIQUE, PROPOSITION, Etc. La cinquieme eft la dialeitique des Stoïciens, qu’ils appellent une parcie de philofophie, & qu'ils divifent en rhétoriqu dialeëlique | auxquelles on ajoûte quelquefois 14 défnitive , par laquelle on définit les chofes avec juitefle ; on ÿ comprend aufli les regles ou le crirerinm de la vérité. Voyez EVIDENCE, VÉ- RITÉ,, Gt. Les Stoïciens , avant que d'arriver au traité des fyllogifmes, s’arrétoient à deux objets principaux, fur la fignification des mots, & fur les chofes figni- fées. À l’occafñon du premier article, ils confidé- roient la multitude des chofes qui font du reflort des Grammairiens , ce que l’on doit entendre pat /errres, combien il y en a; ce que c’eft qu’un mot, une dic- tion, une parole ou un difcours, &c. Quant au fecond article, ils confidéroient les cho- fes elles-mêmes , non pas en tant qu’elles font hors de l’efprit, maïs en tant qu’elles y font reçûes par le canal des fens : ainfi leur premier principe eft qu'il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait paflé par les fens, nihil eff in intelleüu quod prius non fucrit in fen- Je; 8& que cela vient aut incurfione fui, comme un objet que l’on voit; aus fémilitudine , comme par un portrait ; aut proportione, foit par laugmenta- tion comme un géant, foit par la diminution com- me un pygmée ; aut tranflatione, comme un cyclo- pe ; aut compofiiione , comme un centaute ; aut cor- zrario , comme la mort ; au£ privatione , comme un aveugle. Voyez SToictEns, La fixieme eft la dialeéfique d'Epicute ; car quoi- qu'il femble que ce philofophe ait méprifé la dialec- rique ÿ 1] Va cultivée avec beaucoup d’ardeur : il re- jettoit feulement celle des Stoiciens, qui attribuoient, felon lui, à leur diaeéfique beaucoup plus qu'ils ne devoient, parce qu'ils difoient que le feul fage étoit celui qui étoit bien verfé dans la dialeitique. Pour cette raifon Epicure paroïffant ne faire aucun cas de la dialetique commune , eut recours à un au- tremoyen, c’eft-à-dire à certaines regles ouprincipes qu'il fubftitua en fa place, & dont la colle&ion fut appellée caronica. Et comme toutes les queftions en Philofophie roulent fur les chofes ou fur les mots, de re ou de voce ; 1 fit des regles particulieres pout cha- cun de ces objets, Voyez EPICURIENS. Chambers, DIALÉLE , { m. (Logique.) argument des Scep- tiques ou Pyrrhoniens, & le plus formidable de tous ceux qu'ils employentcontre les Dogmatiques : c’eft ainfi qu’en a jugé M. Bayle, fi verfé lui-même dans toutes les rufes du fcepticifme. Il confiftoit à faire voir que la plüpart des raifonnemens reçûs dans les Sciences, font des cercles vicieux qui prouvent une chofe obfcure & incertaine , par une autre égale- ment obfcure & incertaine , & enfuite cette feconde par la premiere. Pour concevoir ce que c’eft que le dialéle, imagi- nons-nous que deux perfonnes inconnues nous vien- nent trouver. Tisius que nous ne connoiflons pas, nous afltre que Mévius, que nous connoïflons aufü peu, eft un fort honnête homme; & pour preuve qu’il dit vrai, il nous tenvoye à Mévius, qui nous affüre que Titius n’eft pas un menteur. Pouvons-nous avoir la certitude que Mévius eft un honnête hom- me, & que Titius qui le dit n’eft pas menteur ? Pas plus que fini Titius ni Mévius ne nous rendoient aucun témoignage l’un en faveur de l’autre. Voilà l’image d’un dialéle. Si deux hommes font tels que je ne puiffe connoître le premier que par le fecond , ni le fecond que par Le premier, il eft impoffible que je connoifle certainement ni le premier ni le fecond. De même , fi deux chofes font telles que je ne puille connoître la premiere que par la feconde, ni Ja feconde que par la premiere, il eft impoflible que DT À 935 je connoifle avec ancune certitude ni la premiere nt la feconde. Voilà le principe fur lequel un pyrrho- nien fe fonde , pour faire voir que nous n'avons prefqu’aucune idée de quoi que ce foit, & que pref- que tous nos raifonnemens rie font que des cercles vicieux. Le principe eft inconteftable. Le pyrrho- men raifonne ainf, en fuivant fon principe. Il faudroit , felon lui, trouver le fecret de ref traindre ce principe dans de certaines bornes , au delà defquelles il ne füt plus recevable ; mais qui les pofera ces bornes ? Vous croyez avoir l’idée d’un arbre, par exemple; point du tout, un pyrrhomen Vous prouvera que vous n'én avez aucune. Ou votré idée, vous dira-t:l , eft conforme à l’objet, ou ellé n'y eft pas conforme : fi elle n'ÿ eft pas conforme, vous n'en avez pas lPidée ? Si vous dites qwelle y eft conforme , comment prouverez-vons cela? Ii faudra que vous connoiffiez cet objet avant que d’en avoir Pidée, afin que vons puifhez dire & tre affüré que votre idée y eft conforme. Mais bien loin dé cela, vous ne fauriez pas même fi cet objet exifté : fi vous n’en aviez l’idée, & vous ne le connoiflez que par Pidée que vous en avez ; au lieu qu'il fau- droit que vous connüfliez cet objet ayant toutes chofes, pour pouvoir dire que l’idée qne vous en avez eft l’idée de cet objet. Je ne puis connoître la vérité de mon idée, que par la connoiïffance de l’ob- jet dont elle eft Pidée ; niaïs je ne puis connoître cet objet que par l’aflürance que j’aurai de la vérité de mof idée. S1 vous répondez que vous connoiflez la vérité de votre idée par votre idée elle-même, on par l'évidence, vous vous expoferez à des obje&tions très-embarraflantes que l’on vous fera fur les idées faufles & vraies, fur l'évidence , & enfin fur ce qu'une opimon conteftée & non prouvée, ne peut pas fe fervir de preuve à elle-même. Pourquoi, vous dira-t-on, voulez-vous que lidée qué vous avez d’un arbre foit plus conforme à ce qui eft au-dehors de vous, que l’idée que vous avez de la douceur ou de l’amertume, de la chaleur ou du froid, des fons & des couleurs ? Or on convient qu’il n’y a rien hors de nous & dans les objets, qui foit femblable aux idées que leur préfence nous donne : donc vous n'avez aucune preuve démonftrative qu'il y ait au- dehors de vous quelque chofe qui foit conforme à l'idée que vous avez d’un arbre, Voilà ce qui fait dire aux Pyrrhoniens que nous pouvons bien dire que nous croyons appercevoir tels & tels objets, telles & telles qualités ; mais que nous n’en pouvons rien conclure pour l'exiftence réelle de ces objets & de ces qualités. Au fond on pourroit leur répondre par un concedo cotum. Mon exiftence eff certaine * il eft certain que je fens ce que je fens, & que j'ai telles idées préfentes à l’efprit. Il n’eft pas également certain files objets extérieurs répondent à ces idées! mais qu'importe , c’eft fur mes idées que je raifonnée, ce font elles que j’examine, que je compare, & dont je tire des conclufions qui font inconteftables, quand même 1l n’exifteroit rien hors de moi. Lifez la pré. face que M. Huart a mife à la tête de fa sraduifion des hypothefes pyrrhoniennes , imprimée en 1728. Foyez. Corps. Cet article ef? de M. FORMEY. | DIALIES , f. m. (Hif. anc. & Myth.) facrifice que faifoit chez les anciens le Œalis. Voyez DrArrs. Ce n’étoit pas tellement une néceffité que les 47- lies fuffent faits par le jZamen dialis , que d’autres ne püffent les offrir : on voit même dans Tacite, er. lib. IT. cap. lvuy. que s'il étoit malade ou retenu par quelque fonétion publique, les pontifes prenoient fa lace. Struv. antiq. rom. (G) DIALIS , {. m. terme d’Antiquaire, mot formé de dos génitif de Cds, qui fignifie ce qui appartient à Ju- piser. On appelloit ainfi un des farmer, ou prêtres de Jupiter, Les fonétionsdece prêtre furent établies à Ro: 936 D I À me par Numa Pompilius, le pere de toutes les céré- monies religieufes des anciens Romains. Tit. Liv. lib. I. Voyez FLAMEN. (G) | DIALOGUE, f. m. (Belles -lestres.) entretien de deux ou de plufieurs perfonnes, foit de vive voix, foit par écrit. Voyez DIALECTIQUE. Ce mot vient du latin dialogus, & celui-ci du grec dvandyes, qui fignifie la même chofe. 1e Le dialogue eft la plus ancienne façon d'écrire, &c c’eft celle que les premiers auteurs ont employée dans la plüpart de leurs traités. M. de Fenelon ar- chevêque de Cambray, a très-bien fait fentir le pouvoir & les avantages du dialogue, dans le man- dement qui eft à la tête de fon inftruétion paftorale en forme de dialogue. Le faint Efprit même n’a pas dédaigné de nous enfeigner par des dialogues. Les faints peres ont fuivi la même route ; faint Juflin, faint Athanafe, faint Bafile, faint Chryfoftome, Ge. “s’en font fervis très-utilement , tant contre les Juifs & les Payens, que contre les hérétiques de fleur fiecle. # L’antiquité prophane avoit auffi employé lart du dialogue, non-feulement dans les fujets badins, mais encore pour les matieres les plus graves. Du premier genre font les dialogues de Lucien, & dufecond ceux de Platon. Celui-ci , dit l’auteur d’une préface qu'on trouve à la tête des dialogues de M. de Fenelon fur l’éloquence, ne fonge en vrai philofophe qu’à don- ner-de la force à fes raifonnemens , & n’affeéte ja- mais d’autre langage que celui d’une converfation or- dinaire ; touteft net, fimple, familier. Lucien au con- traire met de l’efpritpar-tout; tous les dieux , tous les hommes qu'il fait parler, font des gens d’une imagi- nation vive & délicate. Ne reconnoit-on pas d’abord que ce ne font ni les hommes n1 les dieux qui par- lent, mais Lucien qui les fait parler ? On ne peut cependant pas nier que ce ne foit un auteur original qui a parfaitement réufli dans ce genre d'écrire. . Lucien fe mocquoit des hommes avec finefle, avec agrément ; mais Platon les inftruifoit avec gravité & fagefle. M. de Fenelon a fà imiter tous les deux, felon la diverfité de fes fujets : dans fes dialogues des morts on trouve toute la délicatefe & l’enjoue- ment de Lucien ; dans fes dialogues fur l’éloquence il imite Platon : tout y eft naturel, tout eft ramené à l’inftruction ; l’efprit difparoïit, pour ne laïfer par- ler que la fagefle & la vérité. Parmi les anciens, Cicéron nous a encore donné des modeles de dialogues dans fes admirables traités de la vicilleffe, de l'amitié, de la nature des dieux, fes tufculanes, fes queftions académiques, fon Bru- tus, ou des orateurs illuftres. Erafme , Laurent Valle, Textor & d’autres, ont aufli donné des dza- logues ; mais parmi les modernes, perfonne ne s’eft tant diftingué en ce genre que M. de Fontenelle, dont tout le monde connoïit les dialogues des morts. (G) ‘Quoique toute efpece de dialogue {oit une fcene, il ne s'enfuit pas que tout dialogue foit dramatique. Le dialogue oratoire ou philofophique m’eft que le développement des opinions ou des fentimens de deux ou de plufeurs perfonnages ; le dialogue dra- matique forme le tiffu d’une ation. Le premier ne tend qu’à établir une vérité, le fecond a pour objet un évenement : l’un & l’autre a fon but, vers lequel il doit fe diriger par le chemin le plus court ; mais autant que les mouvemens du cœur font plus rapides que ceux de l’efprit, autant le dialogue dramatique doit être plus direét & plus précis que le dialogue philofophique ou oratoire. Dialogue fans objet, mauvais dialogue. Tels font les églogues en général , & particulierement cel- les de Virgile. Qu'on fe rappelle l'entretien de Melibée avec Titire dansla premiere des bucoli- ques. Mel. Titire , vous joüiffez d'un plein repos, Tit. D I A C’eft ur dieu qui me l'a procuré. Mel. Quel eff ce dieu bienfaifant ? Tit, Infènfé | je comparois Rome à notre petite ville, Mel. Er quel motif f£ preffant vous a con- duit à Rome ? Tit. Le deffr de la liberté, &c. Les ad- mirateurs de Viraile, du nombre defquels nous fai- fons gloire d’être, ne peuvent fe difimuler que Ti- tire ne répond point à cette queftion de Mélibée, quel ef? ce dieu ? C’eft-là qu'il devoit dire : je l'ai vx a Rome, ce jeune héros, pour qui nos autels fument douze fois lan. Melib. 4 Rome! 6 quivous y con- duir ? Titire. Le defir de la liberté, &tc. Ce défaut eft encore plus fenfible dans la troifieme églogue où deux bergers parlent tour-à-tour & fans fuite , Pun de Jupiter , l’autre d’Apollon ; l’un de fa Galatée, l’autre de fon Amintas ; & puis d’une Philis, &puis encore d’Amintas & de Galatée, de Pollion, de Ba- vius , de Mevius , &c. Il ne s’agit point ici du na- turel & des images qui font le charme de ces pafto- rales , & que nous admirons d’aufli bonne foi que leurs plus zélés partifans. Il s’agit du dialogue dont les modernes ont infiniment mieux connu l’artifice dans ce,genre de poËfie. Voyezle Paffor fido, & l’A- TJ2L71È€, ‘ Qu'on ne dife pas qu'un dialogue fans fuite peint mieux un entretien de bergers, On doit choïfir la belle nature dans Le paftoral comme dans l’héroï- que, & la naïveté n’exclud pas la jufteffe. C’eft fur-tout , comme nous l’avons dit, dans la poëfie dramatique que le dialogue doit tendre à fon but. Comme l’objet en intérefle vivement cha- cun des interlocuteurs, ileft horsdela vraiflemblan- ce qu'aucun d’eux s’oublie ou s’en écarte. Un per- fonnage qui , dans une fituation intéreflante , s’ar- rête à dire de belles chofes qui ne vont point au fait, reflemble à une mere qui cherchant fon fils dans les campagnes, s’amuferoit à cueillir des fleurs en chemin. Cette regle qui n’a point d'exception réelle, en a quelques-unes d’apparentes. Il eft des fcenes, où ce que dit l’un des perfonnages, n’eft pas ce quioc- cupe l’autre. Celui-ci plein de fon objet fe répond à lui-même. On flate Armide fur fa beauté , fur fa jeuneffe , fur le pouvoir de fes enchantemens. Rien de tout cela ne diflipe la rêverie où elle eft plon- gée. On lui parle de fes triomphes , & des captifs qu’elle a faits. Ce mot feul touche à l’endroitfenfible de fon ame, fa pañion fe réveille & rompt le f- lence. Je ne criomphe pas du plif$ vaillant dé tous , Renaud , &c. Mérope , à exemple d’Armide , entend , fans l’é- couter , tout ce qu’on lui dit de fes profpérités 8 de fa gloire. Elle avoit un fils ; elle l’a perdu ; elle l’at- tend. Ce fentiment feul intérefle. Quoi, Narbas ne vient point ! Reverrai-je mon fils ? Il eft des fituations où l’un des perfonnages dé- tourne exprès le cours du dialogue, foit crainte,maéna- gement, oudiffimulation ; mais alors même le dialo— gue tend à fon but, quoiqu'il femble s’en écarter. Toutefois 1l ne prend ces détours que dans des f- tuations modérées : quand la paflion devient impé- tueufe & rapide, les replis du da/ogue ne font plus dans la nature. Un ruiffleau ferpente , un torrent fe précipite. Suivant le même principe , une des qualités ef- fentielles du dialogue , c’eft d’être coupé à -propos. Il eft, comme nous l’avons dit dans Pers. DÉCLA- MATION, des fsuations où le refpeét, la crainte, 6, retiennent la pañion , & lui impofent filence. Dans tous autres cas le dialogue eft.vicieux dès que la re- plique fe fait attendre : défant que les plus grands maitres n’ont pas tohjours évité. Corneillea donné. en en même tems l'exemple & la leçon de l'attention qu'on doit apporter à la vérité du dialogse. Dans la Îcene d’Augufte avec Cinna , Augufte va convain- cre de trahifon & d’ingratitude un jeune homme fer & bouillant , que le feul refpeét ne fauroit contrain- dre à l'écouter fans l'interrompre, à moins d’une loi exprefle, Corneille a donc préparé le filence de Cinna par l’ordre le plus important ; & ces vers qu'on a tant & fi mal-à-propos condamnés comme fuperflus , font la plus digne préparation de la plus belle fcene qui foit au théatre. Cependant malgré la loi que fait Augufte à Cinna de tenir fa langue captive , dès qu'il arrive à ce vers: Cinna, tu ren fouviers , & veux m'affaffiner. Cinna s’emporte , & veut répondre : mouvement naturel & vrai, que lé grand peintre des pañfions n’a pas manqué de faifir. C’eft ainfi que la replique doit partir fur le trait qui la follicite. Les récapitulations ne font placées que dans les délibérations &r les con- férences politiques. On peut diflinguer par rapport au dialogue quatre formes de fcenes dans la tragédie : dans lapremiere, les interlocuteurs s’abandonnent aux mouvemens de leur ame , fans autre motif que de l’épancher. Ce font autant de monologues qui ne conviennent qu’à la violence de la paflion , & qui dans tout au- tre cas , fans en excepter les expofñitions , doi- vent être exclus du théatre comme froids & fu- perflus. Dans la feconde, les interlocuteurs ontun deffein commun qu’ils concertent enfemble , ou des fecrets intéreflans qu'ils fe communiquent. Telle ef la belle fcene d’expoñtion æntre Emilie & Cinna : cette forme de dialogue eft froide & lente , à moins qu'elle ne porte fur un intérêt très-preffant. La troi- fieme , eft celle où l’un des interlocuteurs a un pro- jet, ou des fentimens qu'il veut infpirer à l’autre. Telle eft la fcene de Nereftan avec Zaire : comme un des perfonnages n’y eft point en aftion , le dia- logue ne fauroit être ni rapide, ni varie , & ces ottes de fcenes ont befoin de beaucoup d’éloquen- ce. Dans la quatrieme , les interlocuteurs ont des vües , des fentimens , ou des paññions qui fe com- battent , & c’eft la forme de fcene la plus favorable au théatre : il arrive fouvent dans celle-ci que tous les petfonnagés ne fe livrent pas au dialogue , quoi- qu'ils foient tous en aétion &c en fituation. Telle eft dans le fentiment la fcene de Burrhus avec Néron ; dans la véhémence , celle de Palamede avec Orefte & Eleétre ; dans la politique , celle de Cléopatre avec Antiochus & Seleucus ; dans la pañlion, la dé- claration de Phédre : & alors cette forme , comme la précédente , demande d’autant plus de force & de chaleur dans le ftyle , qu’elle eft moins ani- mée pat le dialogue, Quelquefois tous les interlocu- teurs fe livrent aux mouvemens de leur ame , &fe heurtent à découvert. Voilà, ce me femble,les fcenes qui doivent le plus échauffer l'imagination du poëte, cependant on en voit peu d'exemples, même dans nos meilleurs tragiques ; fi lon excepte Corneille qui a pouffé la vivacité, la force, & la juftefle du di4- logue au plus haut degré de perfection. L’extrème difficulté de ces fcenes vient de ce qu'il faut à la fois que le fujet en foit très-important , que les ca- ra@teres foient parfaitement contraftés , qu'ils ayent des intérêts oppofés, également vifs , & fondés fur des fentimens qui fe balanéent ; enfin , que l’ame des fpeétateurs foit tour-à-tour entraînée vers Pun &c l’autre parti , par lasforce des repliques. On peut citer pour modele, en ce genre , la délibération en- tre Augufte , Cinna & Maxime ; la premiere fcene de la mort de Pompée, ce chef-d'œuvre des ex- pofitions ; la fcene entre Horace & Curiace ; celle entre Felix 8 Pauline ; la conférence de Pompée Tome IF. D I A 937 avéc Sertorius ; enfin, plufieuts fcenes d'Héraclius & du Cid, & für-tout cette admirable feene entré Chimene & Rodrigue, où l’on a relevé , d’après le malheureux Scudéri, quelques jeux trop recherchés dans l’expreflion , fans dire un mot de la beauté du dialogue , de la noblefle & du naturel des fenti: mens , quirendent cettefcene une des plus pathéti= ques du théatré, En général, le defir de briller a beaucoup ni au dialogue de nos tragédies : on ne peut fe réfoudre à faire interrompre un petfonnagé à qui il réfle en- core de bonnes chofes à dire, & le goût éft la vic- time de l’efprit. Cette malheüreufé abondance n’éz toit pas connue de Sophocle & d’Euripide ; & files modernes ont quelque chofe à leur envier, c’eff l’ai- fance , la précifion , & le naturel qui regnent dans leur dialogue. Le dialogue eftencote plus népligé dans les comé: dies modernes.Nous n’avons point cé reproche à faire à Molere ; 1l dialogue comme la nature, & l’on né voit pas dans toutes fes pieces un feul exemple d’u= ne replique hors de propos : mais autant que ce mat: tre des comiques s’attache à la vérité , autant fes fuccefleurs s’en éloignent ; la facilité du public à applaudir les tirades , les portraits , a fait de nos fcenes de comédie des galeries en découpure. Un amant reproche à fa maitrefle d’être coquette ; elle répond par une définition de la coquetterie. C’eft fur le mot qu'on répond , & prefque jamais fur la chofe. La repartie fur le mot eft quelquefois plai: fante , mais ce n’eft qu'autant qu'elle va ai fait. Qu'un valet , pour appaifer fon maitre qui menace un homme de lui couper le nez , lui dife: Que fertez-vous, Monfieur, du nez d'un marguillier » le mot eft lui-même une raifon, La Zune route er. tiere de Jodelet eft encore plus comique. C’eft une naïveté excellente , & l’on fent bien que ce n’eft pas là un de ces jeux de mots que nous condamnons dans le dialogue. Cés écarts du Zalogue. viennent communément de la ftérilité du fond de la fcene , & d’un vice de conftitution dans le fujet. Si la difpofition en étoit telle, qu'à chaque fcene on partit d’un point pour atriver à un point déterminé , enforte que le dalo- gue ne dût fervir qu'aux progrès de l’a@ion, chaque replique feroit un nouveau pas vets le dénouement des chaînons de lintrigue ; en un mot , un moyen de nouer ou de développer , de préparer une fitua- tion, ou de pañler à une fituation nouvelle ; mais dans la diftribution primitive , on laïfle des inter valles vuides d’aétion.Ce font ces vuides qu’on veut remplir , & de-là les excurfions du dxlogue. Voyez * INTRIGUE, Aruicle de M. MARMONTEL, DIALOGUE, en terme de Mufique , eft une compo. fition au moins à deux voix ou à deux inftrumens qui fe répondent Pun à l’autre, & qui fouvent fe réu: niflent en do, La plüpart des fcenes des opéra, font en ce fens des dialogues. Mais ce mot en Muf- que s'applique plus précifément à l’orgue ; c’eft {ur cet inftrument qu’un organifte joue des dialogues en fe répondant avec différens jeux, ou fur différens claviers. (S) DIALTHÉE, 1. f. terme de Pharmacie, ui fe dit d’un onguent dont la racine d’althéa ou de guimau- ve fait la bafe. F. ALTHEA, Il confifte en mucilages extraits dé cette racine, des graines de lin & de fenegré : les autres ingré- diens font l’huile commune ; la cire, la réfine, & la térébenthine. Cet onguent pañle pour avoir'la propriété d’amol: lir & de réfoudre, d’appaifer les douleurs de côté, de ramolbr les çalus, & de fortifier les-nerfs. Pour | CCCecc appliquer on en frotte la partie affe@ée, Foyez ON- GUENT , EMPLATRE , 6 LINIMENT. Chambers. DIAMANT , adamas , {, m.(Hiff. nar. Minéral.) De toutes les matieres dont les hommes font conve- a / oh >] nus de faire la repréfentation du luxe & de l’opu- lence’, le diamant eft la plus précieufe: les métaux . les plus purs, l'or & l’argent, ne font que des corps bruts en comparaifon du diamant, Il réunit les plus belles couleurs de l’hyacinthe, de la topafe, de l’é- meraude , du faphir , de l’amétifte:, du rubis, Gc. & il furpafle toutes ces pierres par fon éclat. Non-{eu- lement il eft plus brillant que toute autre matiere minérale, mais il eft auf plus dur. Sa dureté & fa pefanteur fpécifique font fon vrai caraétere diftinétif pourles Naturaliftes.Sa dureté & fa tranfparence font la caufe du poli vif dont il eft fufceptible, & des re- flets éclatans dont il frappe les yeux. Le diamant AU \ LA ! cs poffede toutes ces qualités à un degré fi éminent, que dans tous les fiecles, & chez toutes les nations policées, il a été regardé comme la plus belle des produéhions de la nature dans le regne minéral : auf a-t-1l toûjours été le figne le plus en valeur dans le commerce, & l’ornement le plus riche dans la fo- cicté. | Il y a très-peu de mines de diamans ; c’eft ainfi que lon nomme les lieux où l’on trouve cette pierre. Il femble que la Nature foit avare d’une matiere fi par- faite & fi belle, Jufqu’à ce fiécle dn ne connoifloit de mines de diamant que dans les Indes orientales; mais on en a trouvé depuis en Amérique, dans le Brefil: cette découverte donne lien d’efpérer que dans la fuite on pourra en trouver encore d’autres. Les mines de diamant connues en Afie font dans les royaumes de Vifapour, de Golconde, de Ben- gale, fur les bords du Gange, dans l’île de Borneo, On dit qu'il y en a aufli dans le royaume de Péou. La mine de Raolconda ft dans la province de Carnatica , à cinq journées de Golconde, & à huit ou neuf de Vifapour. Dans ce lieu {a terre eft fa- blonneufe , pleine de rochers , & couvertede taillis, Les roches {ont féparées par des veines de terre d’un demi-doigt, & quelquefois d’un doigt de largeur; & c’eft dans cette terre que l’on trouvé les diamans. Les mineurs tirent la terre avec des fers crochus; enfuite on la lave dans des vaïfleaux convenables pour en féparer les damans, On répete cette opéra- tion deux ou trois fois, jufqu’à ce qu'on foit aflüré qu'il n’en refte plus. La mine appellée gai en langue du pays, & cou dour en langue perfenne, eft à fept journées de Gol- conde du côté du levant. Il y a fouvent jufqu’à foi- xante mille ouvriers , hommes, femmés, &'enfans, qui exploitent cette mine. Loriqu’on eft convenu de l'endroit que lon veut fouiller, on en applanit un autre aux environs, & on l’entoure de murs de deux piés de haut, & d’efpace en efpace on laïffe des ouvertures pour écouler les eaux; enfuite on fouille le ‘premier endroit: les hommes ouvient la terre, les femmes & les enfans la tranfportent dans l’autre endroit qui eft entouré de murs. La fouille ne va pas à plus de douze ou quatorze piés, parce qu'à cette profondeur on trouve l’eau. Cette eau m'eft pas inutile ; on en puife autant qu’il en faut pour laver la terre qui a été tranfportée ; on la verfe par- deflus, & elle s'écoule par les ouvertures qui font au pié des murs: la terre ayant été lavée deux ou trois fois, on la laiffe fécher , & enfuite on la van- ne dans des paniers faits à-peu-près comme les vans dont nous nous fervons en Europe pour les grains. Après cette opération on bat la terre groffiere qui rcfte, pour la vanner de nouveau deux ou trois fois ; alors les ouvriers cherchent les diamans à la main, & ils manient cette terre jufqu’à ce qu’ils les ayent tous retirés. On avoit encore découvert deux autrés mines de diamans ; Vune entre Couloûr & Raolconda, & Pau- . tre dans un endroit de la province de Carnatica; mais elles ont été abandonnées préfqu'aufli-tôt que découvertes, parce que les Æamans que l’on en ti: roit étoient défectueux: ceux de la mine de Carna- tica étoient noirs ou jaunes ; il n’y en avoit aucun de bonne eau: ceux de Pattre mine fe mettoient en morceaux lorfqu’on les égrifoit, & ils ne pouvoienr pas réfifter à la roue. Taveriier, voyage des Indes, iv. IT, ch. xv. & xvy, 12 Ontrouve dans les tranfaétions philofophiques là defcription de plufieurs mines de diamans de la côte de Coromandel, préfentée. en. 1678 à la fociété royale par le grand maréchal d'Angleterre , qui avoit parcouru &c vifité les mines qu’il décrit. a Les mines de diamans {ont près des montagnes qui s'étendent depuis le cap Comorin jufque dans le royaume de Bengale: 1l y a fur ces montagnes, dir l’auteur, un peuple appellé Hrrdus, gouverné par de petits fouverains qui portent le nom de rafzcs ; ce peuple ne travaille qu’à un petit nombre de mi- nes, & avec précaution, dans la crainte d'attirer les Noirs qui fe font déjà emparés de la plaine. Les rois de Golconde & de Vifapour ne font travailler que certaines mines particuheres, pour ne pas rendre les diamans trop communs, & encore fe referventils les plus gros ; c’eftpourquoi il y a en Europe très-peu de diamans d’un grand volume. Il y avoit du tems de l’auteur vingt-trois mines ouvertes dans le royaume defGolconde, Celle de Quolure on Colure, qui eft fans doute la même dont il a dé té fait mention dans cet ar- ticle fous le nom de Coulour. L’anteur fait obferver que c’eft la premiere mine que l’on ait ouverte dans le royaume de Golconde, &c que les veines en font prefqu'épuifées. La terre en eft jaunâtre, & blanche dans les endroits où il y a quantité de petites pierrés qui fervent d'indice pour les mineurs. Les diamans ne font pas raflemblés par tas dans les veines de cette mine; On creufe quelquefois un quart d'acte fans en trouver. Ils font pour l'ordinaire bien for- més, pointus , & d’une belle eau : il y en a aufñi de jaunes, de bruns, & d’autres couleurs. La plûpart ne pefent que depuis un grain jufqw’à vingt-quatre ; ce- pendant il s’en trouve, mais rarement, de quarante, foixante , &c quatre-vingt grains : ceux-ci ont une écorce luifante & tranfparente , & un peu verdâtre, quoique le cœur de la pierre foit d’un beau blanc: on les trouve à trois braffes de profondeur, & on ne creufe pas plus loin parce qu’il y a de l’eau. Dans les mines de Codardillicub , de Malabar, & de Buttephalem, la terre eft rongeâtre , & de cou- leur approchante de l’orangé. Les diamans y font plus petits que dans la mine de Colure, mais d’une très-belle eau ; leur croûte eft cryftalline, On creufe cette mine js quatre brafles de profondeur. Les mines de Ramiah, de Garem, & de Muttam. pellée, ont une terre jaunâtre, & plufeurs de leurs diamans font d’une eau bleuâtre. Ceux de la mine de Currure pefent jufqu’à neuf onces poids de Troye, ou quatre-vingts pagos & demi: 1ls font bien formés ; il y en a peu de petits : ils ont Pécorce luifante, & d’un verd pâle; mais le dedans fe trouve très-blanc : la terre eft rougeâtre. La terre & les diamans des mines de Canjecconéta, Lattawaar, reflémblent à celles de Currure, quin’en eft pas éloïgnée : cependant il y a dans la mine de Lattawaar des dismans qui ofit la forme du gros bout d’une lame de rafoir : äls font d’une très-belle eau. Dans les mines de Jonagerrée, de Pirai, de Du- quilée , de Purvillée, & d’Anuntapellée, la terre eft rougeâtre ; il y a de gros diemans, d’une très-belle eau, Toutes ces mines ne font creufées qu'a une pe- tite profondeur ; mais celles de Wafergerrée & de Mannemurg ont jufqu’à quarante ou cinquante braf- fes, dans des rochers : la premiere couche cft d’une pierre dure & blanche ,adans laquelle on creule un puits de quatre, cinq ou fix piés de profondeur, pour arriver à une forte de minerai de fer: on rem- plit le trou avec du boïs, on y met le feu, & on l’entretient dans toute fa force pendant deux ou trois jours; enfuite on l’éteint avec de Peau; par ce moyen on rend la pierre moins dure, & on creufe de nouveau lotfqu’elle eft refroidie: en répétant cette manœuvre, on enleve la couche de minerai, qui a trois ou quatre piés. d’épaiffeur au plus: on rencontre une veiné de terre qui s'étend fous le rocher au moins à deux ou trois brafles : on enleve cetteterre, & fi on y trouve des diamans, on creufe juiqu’à l’eau; c’eft-là le dernier terme, parce qu’on ne fait pas épuifer les eaux par le fecours des machi- nes. On trouve aufli des diamans en caflant le mi- nerai. Ces mines font moins fréquentées que les au- tres, parce qu’elles exigent plus de dépenfe. La terre en eft rouge ; il y a de grofes pierres, dont la plü- part font de belle eau ; mais elles font raboteufes, & de mauvaile forme. La mine de Langumboot ne differe des deux pré- cédentes , qu’en ce que le rocher n’eft pas fi dur. Les diamans deda mine de Whootoor font dans une terre: au refte 1ls reflemblent beaucoup à ceux de la mine de Currure qui eft dans les environs. La mine de Muddemurg furpañfe les autres pour - la beauté des diamans : quoiqu'il s’en trouve quel- ques-uns qui ayent des veines, on les reconnoïît à peine, tant leur figure & leur eau font belles. La plûpart ne pefent pas plus de vingt-quatre ou de .vangt-huit grains ; cependant 1l y en a auff de gros. La terre eft rougeâtre. Cette mine eft aifée à exploi- ter; fes veines {ont peu profondes & fort abondan- tes ; mais le pays eft très-mal fain, fur-tout pour les étrangers, parce qu'il eft couvert de bois, & que les eaux y font mauvaifes; c’eft pourquoi elle eft peu _ fréquentée. La mine de Melvillée fut découverte en 1670: la terre en eft rouge, & s'attache à la croûte du dia- mant: ils font en grand nombre & d’une’belle figure, & pefent jufqu’à foixante grains ; 1l y en a même de plus gros: la plûpart ont l'écorce épaifle & matte; leur eau eft jaunâtre, & a peu de vivacité ; 1ls paroïf- {ent blancs au fortir de la mine, mais ils deviennent jaunes fur la meule; d’ailleurs on les croit moins durs que ceux des autres mines; auffi font-ils moins recherchés & à moindre prix, On ne doute pas que les mines du royaume de Vi- fapour ne renferment des diamans auf gros & auffi beaux que ceux du royaume de Golconde; mais la politique du roi de Vifapour eft de ne permettre l’ex- ploitation que des mines où 1l ne fe trouve que de petits d'amans : il y a moins de frais à faire , & moins de rifques à courir dans ces mines, que dans celles de Golconde ; mais auf 1l y a moins à gagner. Il y avoit du tems de l’auteur de la defcription dont nous donnons l'extrait, quinze mines ouvertes dans le royaume de Vifapour. Laterre de la mine de Ramulconeta eft rouge ; on la creufe, dit l’auteur, jufqu'à quinze ou vingt-fix piés de profondeur : les diamans font trés-petits, mais d’une belle eau; leur écorce eft claire & lui- fante, & leur couleur verdâtre ; 1ls font bren for- més, & 1l y en a peu qui foient pointus. Les mines de Banugunnapellée, de Pendekull, de Moodanwarum , de Cummervwillée, de Paulkull, & de Workull, reflemblent à celles de Ramulconeta; cependant il n’y a que de très-petits diarans dans Tome IP, D T A 939 les trois dernieres. Toutes ces mines. font.à de petis tes diftances les unes des autres, | | Dans les mines de Longepoleur la terre eft jau- nâtre, & les diamans bien formés, de figure ronde, d’une eau cryftalline ; & d’une écorce luifante : elle eft épaifle dans plufieurs, & de couleur de verd de pré obfcur : quelques-uns ont l'écorce: marquée de noir ; cependant ils font blancs, purs, &c clairs en- dedans, Ces diamans pefent au plus huit ou douze grains ; 1l s’en trouve peu de petits, La terre de la mine Pootloor eft rougeûtre; les diamans ne different de ceux de Longepoleut, qu'en ce qu'ils font beaucoup plus petits. Dans les mines de Purchelingull, de Shingatram< pent, & de Tondarpaar, la terre eft rougeñtre; 1} y a peu de gros dramans ; ils reflemblent à ceux dé Colure. La mine de Gundepellée a des diamans d’une éai plus pure & plus cryftalline que ceux des mines pré= cédentes ; mais la couleut de laterre & la groffeur des diamans font les mêmes, | + La terre des mines .de Donée & de Gazerpellée eft roupeâtre; les diamans {ont bien formés & de belle eau: leur groffeur eft moyenne pour l’ordinai- re ; cependant il y en a de plus gros à Gazerpellée qu’en aucune autre mine du royaume de Vifapour. Dans toutes les mines dont il vient. d’être fait mention, tant du royaume de Golconde que de ce- lui de Vifapour, les diamans font cachés dans la terre, de façon qu’on en apperçoit rarement en la creufant ; 1l faut la tenir à la main. Dans la mine de Melwillée ils font encroûtés de fable, & on ne peut les diftinguer des graviers qu'après les avoir frottés contre une pierre. Pour l’ordinaire on lave la terre de la mine felon le procédé que nous avons rappor- té au fujet de la mine de Coulour ; ce lavage finit à dix heures, afin de pouvoir faire la recherche des diamans qui reftent dans legravier au fond du puits, dans le milieu du jour , à la plus grande lumiere du foleil: on étend ce gravier fur un terrein bien uni; & lorfqu’ileft fec, les ouvriers les plus expérimentés font employés pour en retirer les diamans. Tranfait, philof, ann. 1678. Il y a dans Le royaume de Bengale une riviere appellée Gozel, où on trouve des diamans : elle fort des montagnes qui font du côté du midi, & va per- dre fon nom dans le Gange. Quoique la mine de diamant foit dans cette riviere, on ne lui a cepen-. dant pas donné le nom de Goxel; on l'appelle #ire de Soumelpour , qui eft le nom d’un gros bourg fitué aflez près de l’endroit de la riviere où lon trouve les dizmans. Cette mine a êté découverte avant tou- tes les autres. On n’y peut travailler que fur la fin de Janvier êc au commencement de Février, lorfque les gran- des pluies qui tombent ordinairement au mois de écembre & auparavant font écoulées, & lorfque les eaux de la riviere font éclaircies. Alors les ou- vriers qui habitent tous dans le bourg de Soumel- pour & quelques villages voifins , remontent la ri- viere jufqu’aux montagnes d’où elle fort, au nom- bre d'environ huit mille, de tout fexe & de tout âge. Les eaux font affez bafles pour qu’on puiffe di- ftinguer le fable au fond du lit de la riviere, & en reconnoître la qualité. Les ouvriers les plus expéri- mentés prétendent que les endroits les plus abon- dans «en d'amans font ceux où l’on voit de ces pier- res que nous appellons pierres de tonnerre ou de fou- dre; c’eft une marcaffite, & quelquefois une échi- nite. Lorfque les ouvriers ont choifi les endroits où ils veulent travailler, ils en détournent l’eau en fai- fant une digue avec de la terre, des fafcines & des pierres : enfuite ils tirent le fable jufqu’à deux pies de profondeur, & ils le portent fur le bord de la rivie- | CCCcecy 940 D'IA te dans un lieu entouré de murs: alors ils artofent ce fable pour le laver, 1ls le vannent, & enfin ils cherchent les d'zmars comme on le fait dans la mine de Coulour. | On ne connoît prefque que Le nom d’une riviere de lile de Borneo, où on trouve des diamans: elle eft appellée Sxccadan ; on fait feulement que les en- droits de cétte riviere où eft la mine de damans, font plus avancés dans les terres que Sambas & Suc- cadana, qui font les lieux où les habitans du pays apportent les damans pour les vendre. Ces habitans font féroces & cruels ; les Portugais n’ont jamais pû établir un commerce ftable & aflüré avec eux : d’ail- leurs les fouverains du pays ne veulent pas laiffer fortir les diamans de chez eux; ceux que l’on en tire font vendus en fraude par les ouvriers, qui les vo- lent dans la mine malgré toutela vigilance des fur- veillans. Tavernier, voyage des Ind. Liv, LI, ch. xviy. Voyez le diitionn. du Comm. au mot Diamant. On a trouvé au Brefil dans ce fiecle des diamans & d’autres pierres précieufes , comme des rubis, des topafes, des péridots, 6. Ces pierres du Brefil font belles ; on les vend aflez cher; maïs on craint qu'elles ne baïffent de prix, parce que la mine eft fort abondante. Le diamant au fortir de la mine eft revêtu d’une croûte obfcure & grofliere, qui laifle à peine apper- cevoir quelque tranfparence dans l’intérieur de la pierre; de forte que les meilleurs connoïfleurs ne peuvent pas juger de fa valeur: ainfi encrouté, on l’appelledamantbrat Dans cet état il a naturellement mne figure déterminée comme le cryftal de Spath. Mais cette figure n’eft pas la même dans tous les dz4- mans , & nous avons peu de defcriptions fatisfaifan- tes fur ce fujet. M. Wallérius, dans fa minéralogie, diftingue quatre efpeces de diamans, qu'il caraétéri- fe par la figure. 1°. Le diamant otahedre en pointe ; fa figure ne differe de celle du cryftal exagone, qu-- en ce qu'ileft terminé en pointe à huit côtés.210°.Les diamans plats : ceux-ci ne font pas terminés en poin- te; au contraire , 1ls font abfolument plats ;ilyena de différentes figures & de différentes épaifleurs. 3°. Le diamant cubique : 1 paroït être compofé de plu- fienrs cubes; 1l s’en trouve qui font fphériques, quoiqu’on y difüingue des cubes brillans, La quatrie- me efpece ne mérite en aucune façon le nom de da- mant, parce que ce n’eft que du cryffal; de même que les pierres qui pafent fous le nom de damans d'Alençon, de diamans de Canada, &c.ce ne font que de faux diamans. | La premiere opération de la taille du diamant, eft celle par laquelle on le décroûte : mais cette matiere eft fi dure, que l’on n’en connoît aucune autre qui puifle la divifer par le frottement, c’eft-à-dire en terme d’art, qui puifie mordre deflus ; en effet lorf- qu’on frotte un diamant avec la meïlleure lime, on ufe la lime, tandis que le diamant refte dans fon en- tier ; la poufiere du grès, du*caillou, du cryftal, &c. eft réduite fous Le diamant en poudre impalpable fans y laifer la moindre impreflion : 1l a donc fallu oppo- fer le diamant au diamant même pour le travailler. On les frotte Les uns contre les autres pour les ufer, c’eft ce qu’on appelle égrifer les diamans. On les maf- tique chacun au bout d’un petit bâton en forme de manche, que l’on peut aïfément tenir à la main pour les frotter avec plus de facilité ; par ce moyen les diamans mordent l’un fur l’autre , & il s’en détache une pouflere que l’on reçoit dans une petite boîte nommée égrifoir; cette pouflere fert enfuite à les tail- ler & à les polir. Pour leur donner le po, il faut fuivre le fl de la pierre, fans cette précaution on n’y réufliroit pas, au contraire le diamant s’échaufteroit fans prendre aucun poli, comme il arrive dans ceux qui n'ont pas le fil dirigé uniformément : on les ap- DT A pelle damans de nature : les Diamantaïres, les com= parent à des nœuds de bois, dont les fibres font pé- lotonnées de façon qu’elles fe croifent en.différens 16052 | Lorfque le dismant eft décroûté , on peut juger de fa tranfparence & de fa netteté. Dans le commerce On entend par eaz | la tranfparence du diamant. Un diamant d’une eau feche & d’une eau cryftalline, eft un d'amanrt d’une belle tranfparence. Les défauts qui {e trouvent dans la netteté des diamans, font les cou- leurs fales & noirâtres, les glaces, les points rouges ou noirs, les filandres , les veines. On a exprimé les défauts par différens noms, comme tables, drago- neaux, jardinages, &c. en général ils ne viennent que de deux caufes ; favoir, des matieres étrangeres qui font incruftées dans le d'amant, de-là les points, les filandres , les veines , &c. la feconde caufe eff le vuide qui eft dans les félures qui arrivent au dia mant lorfqu’on le tire de la mine, parce que les mi- neurs caflent les rochers à coups de mafle, le coup retombant fur les diamans qui touchent par hafard au morceau de roche, les étonne, c’eft-à-dire les fele. Les deux principales qualités du Zarmant font la tranfparence & la netteté ; mais il y en a une troi- fieme, qui n’eft pas moins effentielle à la beauté de la pierre, 8 qui dépend naturellement des deux pre- mieres, mais qui a befoin du fecours de l’art pour être perfettionnée ; c’eft l’éclat & la vivacité des reflets. Un diamant d’une eau pure & nette doit avoir des reflets vifs &'éclatans, f la pierre eft taillée dans de juftes proportions. Il y a différentes façons de tailler le diamant & les autres pierres précieufes. Voyez & l'article PIERRE PRÉCIEUSE , la defcription de cet art, & du moulin dont on fe fert. Nous renvoyons cette matiere à cet article, parce que la manœuvre . & les inftrumens font communs pour toutes les pier- res précieufes. La taille qui produit le plus grand ef fet, eft la taïlle en brillant : pour l’exécuter, on for- me trente-trois faces de différentes figures, & incli- nées fous différens angles, fur le deflus de la pierre, c’eft-à-dire fur la partie qui eft hors de l’œuvre : on fait vingt-cinq autres faces fur la partie qui eft dans l’œuvre, aufh de différentes figures & inclinées dif- féremment , de forte que les faces du deflus corref- pondent à celles du deffous dans des proportions af fez juftes pour multiplierles reflexions, & pour dons ner en même tems quelque apparence de réfraétion à certains afpeëts ; c’eft par cette méchanique que l’on donne des reflets au diamant, & des rayons de feu qui font une apparence de réfraétion dans laquel- le on voit en petit les couleurs du fpeëtre folaire ,. c’eft-à-dire du rouge, du jaune, du bleu, du pour- pre, &c. Peut-être y auroit-1l moyen par des expé- tiences réitérées de perfeétionner la taille des bril- lans ; maïs pour cela 1l faudroit avoir des pierres d’u- ne très-grande étendue, & rifquer de les gâter ; car on eft toïjours obligé de faire un grand nombre de tentatives avant que d'arriver au but que l’on s’eft propoté, La couleur du amant varie à l'infini : on en trow : ve de toutes les couleurs & de toutes les nuances de couleur. Je ne fai cependant pas, quoi qu’en difent nos Jonailliers, fi on a jamais vù des d'amans d’un auf beau rouge, d’un aufli beau pourpre que le ru- bis, d’un auf bel orangé que l’hyacinthe, d’un auf : beau verd que l’'émeraude, d’un auf beau bleu que le faphir, &c. Le diamant verd, lorfque la couleur eft d’une bonne teinte, eff Le plus rare ; il eft auff le plus cher. Le diamant couleur de rofe & le bleu font très-eftimés , même le jaune. Les damans roux ow noirâtres ne font que trop communs ; ces couleurs: paflent pour un défaut qui en diminue beaucoup le prix ; en effet elles ofufquent la pierre, _ On a attribué autrefois au diamant une infinité de propriètes pour la Medecine , mais il eft inutile de les rapporter ici parce qu’elles font toutes faufles. On pele le diamant au carat, Le carat eft de qua- tre grains, un peu moins forts que ceux du poids de marc, & chacun de ces grains fe divife en demi, en quarts, en huitiemes , en feiziemes , 6c. Les plus beaux d'amans que l’on connoiffe font ce- lui du grand-mosgol, du poids de 279 carats neuf fei- ziemes " carat ; Tavernier l’a eftimé 11723278 lv. 141.04. Le diamant du grand-duc de Tofcane, qui pefe 139 carats; T'avernierdl’a eftimé 2608335 liv. Legrand fancy qui fait partie des diamans de la couronne , qui pefe 106 carats, on croit que c’eft par corruption de la prononciation du nombre cent fix qu'on l’a appellé farcy; d’autres prétendent que c’eft parce qu'il a appartenu autrefois à quelqu'un de la maifon de Harlay de Sancy. Le pitre que M. le duc d'Orléans acquit pour le RG1 pendant fa régence, pefe cinq cents quarante- fept grainis parfaits ; 1l couta 2500000 livres : on l’a appellé Pitre par corruption de Pis, qui étoit le nom d’un gentilhomme anglois , de qui on acheta cette belle pierre. Voyez PIERRES PRÉCIEUSES. On trouvera à l’artic. PIERRES PRÉCIEUSES, des tables du prix des diamans, auquel on pourra rap- porter le prix des autres pierres. (1) DIAMANT dont fe fert Le Peintre en émail ; ce n’eft qu'un petit éclat de diamant bien pointu , que l’on fait fortir au bout d’un petit bâton avec une virole de cuivre ou d'argent. | Les Emailleurs fe fervent du demant pour crever les petits œillets qui fe forment fur l'émail en fe par- fondant. : DIAMANT, ez terme de Tireur d’or, c’eft propre- ment une pointe fort courte, & qui ne fert qu’à com- mencer le trou de la filiere. DIAMANT, les Visriers appellent ainfi un diamant fin , dont ils fe fervent pour couper le verre. Il eft monté à l'extrémité d’un petit manche. On ne fe fervoit autrefois que d’émeril ; & com- mel ne pouvoit pas couper les plats ou tables de | verre épais, on y employoit une verge de fer rouge. DIAMANT AIRE, f. m. (Ars 6 Comm.) celui qui eft autorifé à faire le commerce des diamans, en qualité de membre de la communauté des Lapidai- res, quiles taille, qui s’y connoît. #, LAPIDAIRE. M. Savary avertit dans fon ditionnaire du Com- merce, que les déamantaires Indiens font fort adroits à cacher les défauts de leurs diamans ; que s’il y a quelques glaces, points, ou fables rouges ou noirs, ils favent couvrir toute la pierre de petites fautes ; qu’ils la font brüler pour noircir les points rouges, & qu'ils poffledent encore mille autres moyens de tromper les étrangers, auxquels il donne le confeil prudent de fe tenir fur leurs gardes quand ils ont à commercer avec ces marchands. DIAMASTIGOSE , f. f. ( if, anc. ) C’étoit la coùtume chez les Lacédemoniens , que les enfans des familles les plus diftinguées fe déchirafflent mu- tuellement le corps à coups de fouet devant les au- tels des dieux, en préfence même de leurs peres & meres, qui les animoient & les excitoient à ne pas donner la moindre marque de douleur : c’eft-là ce qui s’appelloit diamafligofe, mot grec qui vient de dauasiyon , Je fufhige, Je fouette , {ut quoi on peut voir Philoftrate & fes commentateurs dans la vie d'Apollomus de Thiane. Chambers (G) DIAMBRA , (Pharmacie) poudre où entre l’am- bre-gris. Voyez AMBRE-GRIS. DIAMARGARITON", (Pharmacie) Voyez PER- LE. Pharmacie. DIAMETRE, f. m, serme de Géomérrie ; c'eft une D I À O4T ligne droite qui pafle par le centre d’un cercle, & qui eft terminée de chaque côté par la circonféren- ce. Voyez CERCLE. Le diametre peut être défini une corde qui pañle par le centre d’un cercle; telle eft la ligne 4Æ (PL Géomer. figure 27.) qui pañle par le centre €, Foyez CORDE. La moitié d’un damerre, comme CD, tiré du cen- tre C à la circonférence, s’appelle demi-diametre ou fayon. Voyez DEMI-DIAMETRE, RAYON, &c. . Le diametre divife la circonférence en deux parties égales ; ainfi l’on à une méthode pour décrire un de mi-cercle fur une ligne quelconque, en prenant un point de cette ligne pour centre; voyez DEMI-cER- CLE. Le d'amerre eft la plus grande de toutes les cor- des. Voyez CORDE. Trouver le rapport du diametre à La circonfèrénce. Les Mathématiciens ont fait là-deflus de très-gran- des recherches : il ne faut pas s’en étonner; car f l’on trouvoit au juite ce rapport, on auroit la qua= drature parfaite du cercle. Voyez QUADRATURE. C’eft Archimede qui a propofé le premier une mé- thode de la trouver, en infcrivant des polygones ré- gulers dans un cercle, jufqu’à ce que l’on arrive à un côté, qui foit la fous-tendante d’un arc exceffi- vement petit; alors on confidere un polygone fem- blable au premier , & circonfcrit au même cercle. Chacun de ces côtés étant multiplié par le nombre des côtés du polygone , donne le périmetre de l’un & de l’autre polygone. En ce cas le rapport du dia metre à la circonférence du cercle eft plus grand que celui du même diametre au périmetre du polygone circonfcrit, mais plus petit que celui du darretre au périmetre du polygone infcrit. La comparaifon de ces deux rapports donne celui du diamerre À la cir= conférence en nombres très-approchans du vrai. Ce grand géometre en circonfcrivant des polygo- nes de 96 côtés, trouva que le rapport du diemerre à la circonférence étoit à-peu-près comme 7 eft À 22, c’eft-à-dire qu’en fuppofant le diametre 1, le périme- tre du polygone infcrit eft trouvé égal à 312, & ce- lui du circonferit 3 +. Adrien Metins nous donne ce rapport comme 113% efta 355; c’eft le plus exaêt de tous ceux qui font ex- primés en petits nombres ; il n’y a pas une erreur de 3 fur 10000000, Voyez les autres approximations ax not CERCLE. Le diametre d’un cercle étant donné, en trouver La circonférence & l'aire. Ayant fuppofé le rapport du diametre à la circonférence, comme dans l’article précédent, on a de même celui de la circonférence au diametre, Alors la circonférence multipliée par la quatrieme partie du diametre, donne l’aire du cerele ; ainfi fuppofant le diametre 100 , la circonférence fera 314, & l'aire du cercle 7850; mais le quarré du diametre et 10000 : donc le quarré du diametre eftà l’aire du cercle à-peu-près comme 10000 eft à 7850, c’eft-à-dire prefque comme 1000 eft à 785. L'aire d'un cercle étant donnée, en trouver Le diame- tre. Aux trois nombres 785, 1000, & 246176, l'aire donnée du cercle, trouvez un quatrieme proportion- nel; favoir 3113600, qui eft le quarré du diametre, tirez - en la racine quartée, vous aurez le diarnerre même. Le diametre d’une fe@ion conique eft une ligne droite, telle que 4 D (#2. conig. fig. 5. ) qui coupe en deux parties égales toutes les ordonnées MM, &c. aux points P. Voyez CONIQUES. Quand ce diametre coupe les ordonnées à angles droits, on l’appelle plus particulierement l'axe de la courbe ou de la feétion, Poyez Axe. Le diametre tranfverfe d’une hyperbole eft une ligne droite, telle que 4 B (PL conig. fig, 6. n° 2.) laquelle étant prolongée de part & d'autre , coupe 942 D TI À en deux parties égales toutes les lignes droites, MM, terminées à chacune des hyperboles & paralleles en- trelles. Voyez HYPERBOLE. Le diametre conjugué eft une ligne droite qui cou- pe en deux parties égales les lignes tirées parallele- ment au diumetre tran{verle. Voyez CONJUGUÉ, Le diametre d’une fpheré eft le diametre du demi- cercle, dontla circonvolution a engendré la fphere, On l'appelle auffi l'axe de la fphere. Voyez ÂxE 6 SPHERE. x | Le diamerre de gravité eft une ligne droite qui pañle pan le centre de gravité. Voyez CENTRE DE GRAVITÉ. ch Le diametre de rotation eft une ligne autour de la- quelle on fuppofe que fe fait la rotation d’un corps. Foyez; ROTATION, CENTRE, &c. Sur le diametre d’une courbe en général, voyez J'arnicle COURBE. Nous ajoûterons feulement à ce qu’on trouvera dans cet article, qu'il n’y eft quef- tion que des diametres re@iliones. Mais on peut 1ma- giner à une courbe un dametre curviligne, c’eft-à- dire une courbe qui coupe toutes les ordonnées en deux également. Parex. foiten généraly=X +V'Ë _X & Ë étant des fon@ions de x. Voyez FORCTION -& COURBE, La courbe qui divifera les ordonnées en deux également fera telle, que fi on nomme fon ordonnée ?,onauraX +yé-r=X- y EË+z; donc z=V£Ë; donc y = y’ Ë fera l’équation du da metre curviligne , ou plütôt d’une branche de ce diametre. Car y y = Ë repréfenteroit la courbe entie- re; mais il n’y a que la branche y = }/ Æ qui ferve ên ce cas ; la branche y = — }/F eft inutile. Sur les contre-diametres d’une courbe, 7. CouRge. DIAMETRE, ex Affronomie. Les diamerres des corps céleftes font ou apparens , c’eft-à-dire tels qu'ils paroïffent à l’œil ; ou réels, c’eft-à-dire tels qu'ils font en eux-mêmes. Les diametres apparens ; mefurés avec un micro- metre, font trouvés différens en différentes circonf- tances & dans les différentes parties des orbites. Ces diametres apparens font proprement les angles fous lefquels le diamerre de la planete eft vü de la terre; cet angle eft égal au demerre réel de la planete, di- vifé par fa diftance à la terre ; car un angle, com- me l’on fait, eft éval à un arc de cercle décrit du fom- met de cet angle comme centre, divifé par le rayon de cet arc. Or comme tous les angles fous lefquels nous voyons les planetes & les aftres font fort pe- tits, les diamerres de ces planetes peuvent être pris fenfiblement pour des arcs de cercle décrits de l’œil comme centre, & d’un rayon égal à la diftance de ces planetes. Donc les d'ametres apparens d’une planete font en raifon inverfe de fes diftances réelles. On trouve dans les {nf£. affron. de M. le Momier, pag. 554. € &iy. les dimenfions fuivantes des diametres apparens du foleil &c des planetes, Le diametre apparent du {o- leil dans fes moyennes diftances eft de 32/ 5”, celui de la lune d’environ 3 1’ aux quadratures , & 31/30! aux {yzygies. Le diametre apparent de l’anneau de Saturne dans fes moyennes diftances eft de 42", celui de Saturne de 16", celui de Jupiter de 37", celui de Vénus vû de la terre fur le difque du Soleil de 1’ 17/, celui de Mars vû de la terre en oppoñtion de 26/, celui de Mercure vù de la terre fur le difque du foleil de 10". De-là il eft facile de déduire par une fimple regle de trois , le diametre apparent de toutes les planetes vèes de la terre à la même diftance que le foleil ; Le diametre de Saturne feroit de 2/ 32/, celui de Jupiter de 3/13", celui de Mars de 8/, celui de Venus de 20", cel de Mercure de 7”. A l’égard des diametres réels des planetes, leur grandeur n’eft pas fi aïfée à con- hoître ; car elle dépend de leur diftance réelle, dont la connoiffance eft beaucoup plus délicate & plus dif- ficile. Foyez DISTANCE & PARALLAXE, Le diamerre réel du foleilétant fuppofé 1000, celui de Saturne eft environ 79, 3 ;celuide Jupiter 100, 7; celui de Mars 4, 47; celui dela Terreus, 58; ce- lui de Vénus 10, 75 ; celui de Mercure 4, 25. Or le diametre de la Terre eft d'environ 6540000 toifes ; ainfi on aura en toifes fi l’on veut, le damerre de tous les corps céleftes : mais il faut toüjours fe pie que ces déterminations ne font pas bien exdétes. À l'égard des étoiles, leur diametre apparent eft infenfible,, & leur d'ametreséel inconnu. (0 ) DIAMORUM, f. m. (Pharm.) c’eft le nom que donnoient les anciens au rob de mûres. Voyez MÜ RES. | DIAMPER, (Géog. mod.) ville des Indes, aw royaume de Cochin. Elle.eft fituée fur une riviere & fur la côte de Malabar, DIANE (ARBRE DE), Chimie, Voyez ARBRE DE Diane, L DiANE, f. f. fe dit, dans l’ Art militaire, d’une certaine maniere de battre le tambour au point du jour, avant l'ouverture des portes. À l'heure marquée par le major, les tambours des corps-de-gardes montent fur le rempart, & ils y bats tent la dane pendant un quart-d’heure : alors Les fer. gens ont ordre de faire réveiller toutes les compas gnies de garde, pour leur faire prendre les armes. Elles fe mettent en haie, repofées fur leurs armes 3 elles y reftent jufqu’après l'ouverture des portes, & que les hommes & les voitures, qui peuvent atten- dre à la barriere, foient entrés dans la place. Lorfqu’on bat la diane, la garde de cavalerie fe rend fur la place jufqu’à ce que l'ouverture des por: tes foit faite. (Q) | * Drane, f. f. (Myr.) fille de Jupiter & de Latone, & {œur jumelle d’ Apollon. Latone la mit au monde la premiere, & Diane lui fervit de fage -femme pour accoucher d’Apollon. Les douleurs que Eatone fouf. frit, donnerent à Diane de l’averfion pour le maria ge, mais non pour la galanterie, On l’accufe d’avoir aimé & favorifé Endymion ; d’avoir cedé à Pan, métamorphofé en bélier blanc , & d’avoir reçu Pria- pe fous la forme d’un âne. Elle fut la déefle des bois fur la terre ; la lune au ciel ; Hécate aux enfers : on l’'adora fous une infinité de noms. La Diane d’Athe… nes eft connue par la feuille de fa couronne d’or, & celle d’Ephefe par fon temple. Un enfant ramaffa une feuille qui s’étoit détachée de la couronne de la ftatue de Diane d’Athenes; & les juges , fans égard ni pour fon innocence ni pour fa jeuneile , le con- damnerent à mort, parce qu'il ne préféra pas à la feuille du métal brillant qu’il avoit trouvée, des of felets qu’on lui préfenta. Le temple de Diane d’'E- phefe a pañlé pour une des merveilles du monde, Une des parties de la terre concourut pendant plufeurs fiecles à l’embeluir. Sa confiruétion ne s’acheva pas fans plufieurs miracles, auxquels nous ne croyons pas qu'aucun leéteur fenfé doive ajoûrer foi, malgré l'autorité de l’auteur grave qui les rapporte. Par la defcription qu’on nous a tranfmife de la flatue de la Diane d’'Ephefe, il paroït que c’étoit un fymbole de la Nature. Le temple d’Ephefe fut brûlé par un nom- mé Eroftrate ou Eratorafte , qui reuflit en effet beau- coup plus sûrement à immortalifer fon nom par ce forfait, que les artiftes ne réuffirent à immortalifer les leurs par les chefs-d’œuvre que ce temple ren- fermoit, & que les dévots de la Diane parlesex voto, dont ils l’avoient enrichi. Mais qu’eft-ce qu'une mé- moire que l’exécration accompagne ? Ne vaut-il pas mieux être oublié ? + À Lt DIANO, (Géog. mod, ) ville d'Italie à Pétat de Genes. . » | DIANTHON, 1. m. (Pharm.) nom d’un antidoté décrit par Myrepfus, & que l’on voit dans la phar- macopée de Londres fous le titre du /pecies dianthus. Prenez fleurs de romarin une once ; rofes rouges ‘ fix gros ; réglifle, gérofle, fpicanard, noix mufcade, galanga ; canelle, gingembre, zédoaire , macis, bois d’aloës, petit cardamome , fémence d’anerh, anis, de chaque quatre {crupules : pulvérifez le tout en- femble. On recommande cette compofition dans la cachexie froide. James & Chambers. DIANUCUM, 1. m. (Pharm.) c’eft ainfi qu'on appelloit autrefois le rob de noix. Voyez Norx. DIAPALME, f. m. ( Pharm.) forte d’emplâtre ainfi nommé , parce qu'on y faifoit entrer la dé- coëtion des fetulles de palmier, auxquelles on fub- fituoit quelquefois les feuilles de chêne. On lui don- ne aufli, & avec raïon, le nom d’erplétre de lirharge. En voici la compofition. 22. de l’huile d'olive, de l’axonge de porc, & de la litharge préparée ; de chaque trois livres: faites cuire le tout felon l’art avec une fufifante quantité d’eau commune, ou fi vous voulez, avec une fufifante quantité d’une dé- cottion de feuilles de palmier ou de chêne : quelque- fois on ajoütoit à cet emplâtre du vitriol, & pour lors ‘on l’appelloit emplâtre diacalciteos. Le diapalme pafle pour réfoudre , ramollir , déter- ger, cicatrifer. Cet emplâtre étoit autrefois fort ufi- té; mais depuis que l’onguent de [a mere eft en vo- gue à Paris, on l’employe beaucoup plus rarement. Si l’on fait diffoudre quatre parties de cet emplä- tre dans une partie d'huile, on a la préparation nom- mée cerat de diapalme qu’on peut employer aux mê- mes ufages que le dapalme, & avec plus de facilité, parce qu'il fe laiffe mieux étendre, Voyez EMPLA- TRE, (2 DIAPASME,, f. m. (Pharm.) nom que l’on donne communément à toutes les poudres dont on faupou- dre le corps, foit comme parfums, ou autrement, Voyez; CATAPLASME,. | Ce mot vient du grec, Sisraccew , infpergere , at- rofer. DIAPASON, f. m. terme de la Mufique greque , par lequel les anciens exprimoient l'intervalle ou la confonnance de l’oftave, Voyez Octave. Les faéteurs d’inftrumens de mufique nomment aujourd’hui diapafons , certaines tables où font mar- quées les mefures de ces inftrumens , & de toutes leurs parties. Voyez l’article DiApAsON. (Lurh.) On appelle encore diapafon , l'étendue de fons convenable à une voix ou à un inftrument. Ainf, quand une voix fe force, on dit qu’elle fort de fon diapafon ; & l’on dit la même chofe d’un inftrument dont les cordes font trop lâches ou trop tendues, qui rie rend que peu de fon, ou qui rend un fon defagréable , parce que le ton en eff trop haut ou trop bas. (S) DIAPASON , serme de Fondeur de cloches, eft un inftrument qui leur fert à déterminer la grofleur, lépaiffeur , &c le poids des cloches qu'ils fondent. On l'appelle aufli échelle campanaire | brochette, & bâton de Jacob. Voyez BROCHETTE € CLOCHE. DrApAsON, f.m. (Org.) celui dont les Fa@teurs fe fervent pour trouver les longueurs & largeur des tuyaux d'orgue , eft une figuretriangulaire (fig. 29, PL, d’ors.) dont le côté O,FIIIeft égal à la longueur du plus grand tuyau du jeu dont on veut trouver lés proportions , & qui, dans la figure, eft le bour- don de 8 piés bouché , fonnant le 16. Foye Bour- DON de & piés bouché & l'article Jeux. La ligne VIII, TT, eft le périmetre du tuyau, ou la circonféren- ce , lorfque les tuyaux font cylindriques. … Laloïgueur & la largeur du plus grand tuyau d’un jeu étant données , il fant trouver la longueur & la largeur de tous les autres qui doivent être fembla- D I A 943 bles; pour cela fur les lignes O , FIIT & VTT; TIT ; qui font enfemble un angle ZIT, VIII, O ; rectangle en VIII, ontrace un dispafon en cette ma: mere. Ondivifelaligne © , FIII, en deux parties égales au point 17, & on éleve la perpendiculaire IV ut, dont la longueur eft déterminée au point #7, par la rencontre de la ligne AI, O, qui eft l’hypo- thenufe du triangle O , VIIT, IT, auquel eft fem- blable le triangle O , IF, ut, dont les côtés O, IF * & [Vur, homologues à ceux du grand triangle qui comprennent l’angle droit, font le côté O, IF, la longueur & le côté IF, ur, la largeur du tuyau at, qui fonnera l’oûtave au-deflus du premier tuyau, dont la longueur ©, WIIT, & la largeur FY11, III, avoient été données, & qui doit toujours être un at. Pour trouver les autres intervalles intermédiai- res, 1l y à différens moyens que nous allons faire connoître fuccintement. Premierement il faut con- noître les rapports des fons que l’on veut faire ren- dre aux tuyaux. Ces fons de notre fyftème diato- nique , font dans les rapports des nombres de la ta» ble fuivante. SYSTÈME DIATONIQUE. | Intervalles diatoniques. Rapports | Noms des| L des Jons. ns, | VIIL. Oftave, 2 1 EL VII. Septieme ma]. g à 15l SJ 7. Septième mmeure,| $ à 4 + VL'iSitte majeuré, | à $ L A 6. Sixte mineure, j à 8) fol X V. Quinte, Are 16 SOL] 4. Triton, 32 à 45] ja X IV. Quarte, 3 à 4| FA IT. Tierce majeure ,| 4 à | MI nmel 3: Tierce mineure; | 5 à 6 mt msn II, Seconde majeure,| 8 à ol RÉ 2. Seconde mineure,li1s à 16] zr % Uniffon ou fon fonda-| 5 à : mental. ui | Connoïffant ces rapports, il eft facile de trouve} fur la higne © , VIII, les points, RE , MI, Ge, car il fufiit de regarder les termes des rapports cis deflus, comme les termes d’une fraction qui expri- mera combien de parties de la ligne O, WII, il faut prendre. L’antécédent des rapports doit être pris pour nu- mérateur, & le conféquent des mêmes rapports doit être pris pour dénominateur. Le dénominateur mar- quera en combien de parties la ligne totale O, Fr1 doit être divifée, & le numérateur combien on doit prendre de ces parties en commençant à les compter par l'extrémité O ; ainf le rapport des fons qui for- ment l’oûtave étant 1 à 2, il faut transformer ce rapport en la fration +; laquelle fra@ion marque qu'il faut prendre la moitié O , IF, de la ligne O VIIT, pour avoir l’o&ave IF, ue, Le rapport du fon fondamental ou de Fe donné à {a quinte , eft 2 à 3 , qu'il faut transformer de mé- me en la fra&ion +, qui marque qu'il faut prendre les = de la ligne totale ©, FIL, pour avoir la quinte 944 D I À SOL fol. ainfides autres. Les parties de la ligne O, VIII , interceptées entre le point O , & les points UT, RE, MI, FA, &c. font les longueurs, & les lignes Zu, Sol fol, RE re, & terminées, par la encontre de la ligne O us, folre, IT : font les lar- geurs des tuyaux femblables qui rendront les{ons ur, RE, MI, FA, SOL, LA, SI, UT, & les demi- tons intermédiaires dans les rapports de Ja table ci- devant Q £I. Ce qu'il falloit trouver. | | On trouve de même facilement la partition de l'oûtave 1, II, en confidérant la ligne O , 19, comme la ligne totale qu’il faut divifer ; en en pre- nant la moitié pour l’oftave, onaura le point LI ; &c en prenant des parties de la ligne O, JF, comme on a pris des parties de la ligne O, VIII, on aura dans l’étendue de 177, IT, des divifions qui termineront les longueurs des tuyaux, qui rendront les fons dont on aura employé les rapports. Sion veut en- core ajouter une oétave, on regardera la ligne © , IT , comme la ligne.totale qu’il faut divifer, & de laguelle on prendra la moitié O, Z, pour avoir l’oc- tave de O , II, & on trouvera les divifions de l’ef- pace Z, Il ; comme on a trouvé celle de lefpace VIII , IV. Pour une quatrieme oftave , on prendra l'intervalle Z 2, en divifant la lignetotale O ,'T, en deux parties égales au point +, &t on repartira cet efpace ZE, comme on a reparti l’efpace WE, 177, Pourune cinquieme oftave, on prendra la moitié de la ligne O+, en la divifant en deux au point +, & divifant l’efpace £, = comme l’on a divifé les autres. Pour une fixieme, il faut prendre la moitié de la li- gne O +, & en général prendre toujours pour ligne totale la partie de la ligne O , VIII, qui reftera du côté de O , & opérer fur cette partie, comme on a opéré fur la ligne totale O , VIII. Si on veut trou- ver les oétaves en defcendant, comme, par exem- ple , l'ofave comprife entre le feizieme pié & le hui- tieme pié, li faut regarder la ligne @ , VIIT, com- me étant la moitié de la ligne O , XVI, & partantil faut ajouter à la ligne O , VIIT , du côté VIII, une ligne qui lui foit égale ; enforte que la ligne totale ait 16piés, & faire la partition de cette ligne ©, XVI, dont il n’y.a que la moitié dans la planche, comme on'a fait celle de la ligne ©, PIIT, Siily a ravalement à l’ergue, on doublera la ligne O, XFT, pour avoir l’oftave de 32 piés, qui fera compris entre le XI pié, & l’extrémité XX XII, de la li- gne O , XXXIT, que l'on repartira, comme on a reparti la ligne O , PTIT, & les autres. Les tuyaux conftruitsfur ces mefures, feront fem- blables, à caufe de la fimilitude des triangles, & en raifon triplée inverfe des termes des rapports ; ils rendront des {ons qui feront dans les mêmes rap- ports queles nombres qu’on aura employés ; ainfi fi ün a employé les nombres qui expriment les rap- ports des intervalles diatoniques, ainfi qu'ils font contenus dans la table ci-devanñt, les tuyaux ren- dront des fons qui feront éloignés du fon du plus gra- ve, quieft le fon fondamental des mêmes interval- les. Autrement prenez les nombres fiivans 4, qui contiennent le fyftême tempéré, ou les nombres B, qui font la partition de l’oétave en douze demi-fons égaux. OO nœo Om aa on MORE ET 0 4 « <È 1 CO 100 + 9 ee a + 1 td bd 4 bd re O O N\ mm OO © 4 ER Oo © Ô en O [e] 70 enr ©O O 1 \9 ONE Te) p Ÿ D m 00 HS 70 à mo à EN 00 œ LS) VO ww min | | | D I A Si on fait ufage des nombres À, il faut divifer la ligne totale O, VIII, ou O,1F , ou O 11, fi c'eftune premiere, feconde, troifieme ottave,;en 1620parties, & marquer les pointsær, SIL f, LA, x fol SOL, &c. vis-à-vis les parties de la ligne ©, 7ZLI , ex- primées par Les nombres .4 de la table ; ainf le nom- bre 810 quieft la moitié de 1620, fe trouvera au milieu de la ligne totale, dont il fufit de divifer la feconde partie de 810 jufqu’à 1620; puifque la pre- miere partie de 1 jufqu’à 810 eft ajoûtée À toutesles largeurs ; après avoir marqué les points fur la ligne qui répond au nombre 4 de la table, on menera les verticales IF, ut SOL fol, RE ré, &cc, qui fe- ront rencontrées &c terminées par l’hypothenufe O, ut, fol, ré TITI ; ces lignes verticales font les lar- geurs des tuyaux, dont les lignes O , 17, O SOL, ORE, O, VIIT, &c.fontles longueurs. | Si, on veut divifer l’oftave en douze dermmi-tons égaux, on fe fefvira dés nombres B de la table, comme on S’eit fervi des nombres 4 ; enforte que le plus grand 106. 600 , réponde à l'extrémité VIIE, de ta hgne O, VIII, & le plus petit so, 000, au milieu de cette même ligne. ”. Les faéteurs ont une pratique peu exaéte à la vé- rité , mais cependant qu'on peut fuivre fans incon- vément, puifque lorfque l’on taille les tuyaux, on laiffe toujours quelques pouces de longueur de plus qu'il ne faut, qu'on réferve à oter, lorfque les tuyaux font places, & qu’on.les accorde ; 1is divi- fent de même que dans les méthodes précédentes la ligne totale O , VIIT, en deux parties évales, pour avoir l'étendue VIII, IF, qui répond à une oûtave; ils partagent enfuite cette partie VIII, IV, en trois parties égales, dont une SOL, IF", ajoutée à l’au- tre moitié O , IF, de la ligne totale, donne la quin- te SOL, qui eft Ie feul intervalle juite de cette partition; enfuite 1ls divifent le tiers SOL IF, en cinq parties égales, pour avoir les quatre divifions JolX, LA, fib, ST; & les deux autres tiers VIII, SOL, en fept parties égales, ce qui donne lespoints ut XX, Re mi, b MT, FA fa X. Par où ils achévent leur partition qui n’eft rien moins qu'exaéte , mais qu'on peut cependant pratiquer, en obfervant de donner toujours aux tuyaux plus de longueur qu'il ne leur en faut. | Quoique nous tolérions la pratique des faéteurs, il faut cependant obferver qu’il eft beaucoup mieux de ne s’en point fervir; car quoique les tuyaux foient amenés à leur longueur en les coupant , lorfqu'on les accorde , il n’eft pas moins vrai qu'ils ne font plus des corps femblables, puifqu’on ne peut réformer le diapafon vicieux des groffeurs : il eft pourtantrequis que les tuyaux aient leurs grofleurs , fuivant le diapafon ; c’eft-à-dire qu’ils foient femblables , pour qu’ils rendent la plus parfaite harmonie qu'il eft pot- fible. Ces article ef? de MM. THOMAS & GOUSSIER. DRAPEDESE. Voyez V AISSEAU. : DIAPENTE,, f. £. ( Mufique) nom que donnoïent les Grecs à l'intervalle de mufñque, que nous appel- lons quinte, & qui eft la feconde des confonances. Voyez CONSONANCE , INTERVALLES , QUINTE. Ce mot ef formé de dfx, qui fignifie par, & de pivre , Cinq, parce qu’en parcourant cet intervalle diatoniquement, on pañle par cinq différens fons. S DIAPENTÉ , (Pharmacie) mot rec , qui fervoit à denommer un médicament, où il entroit cinq diffe- rentes drogues. DIAPHANE , adj. terme de Phyfique, Ce mot fi- gnifie la même chofe que #anfparenr; c’eft-à-dire, qui donne paflage à la lumiere : Pair , l'eau, le ver- re, Gc. font des corps diaphanes. Voyez TRANSPA- RENT. Ce mot eft formé de dia, per, & quiw, je arois, (O \ it, DIAPH- DIAPHANEITÉ , £ £. ( Phyfique) c’eft la qualité d'un corpstranfparent, ou ce qui Le fair nommer tel. Voyez TRANSPARENCE, Les Cartéfiens penfent que la d'ephanëis d’un corps confifte dans la reétitude de fes pores ; c’eft- à-dire, dans leur fituation en ligne droite. M. Newton explique la diaphanéité par un autre principe, favoir par l'homogénéité & la /émilarité qui regne entre le milieu qui remplit les pores, & la atiere du corps: alors, felon lui, les réfraétions, que les rayons éprouvent en traverfant les pores, c'eft-à-dire, en pañflant d’un milieu dans un autre qui en differe peu, étant petites , la marche durayon n’eft pas tellement interrompue, qu'il ne puifle con- finuer fon chemin à-travers Le corps. Voyez OPACI- TÉ, RÉFRACTION, 6c. (O DIAPHŒNIX , {. m. ( Pharm. & Mar. med. ) on appelle aïinf un certain, éleétuaire, dont les dattes font la bafe. Voyez DATTE. | Diapheænix fignifie fait de dattes, que les Grecs ap- pellent gores , &r le palmier qui porte les dattes, gonré, * La defcription que nous donnons ici, eft celle de Fernel , qui, à peu de chofe près, a fuivi celle de Mefué. | Eleütuaire diaphænix. Faîtes cuire dans de l’hydro- mel une fufifante quantité de dattes mondées, &r les ayant pilées, pañlez- les à-travers un tamis de crin pour en avoir la pulpe, que vous ferez un peu def- técher, elle étoit trop molle : 2 de cette pulpe, une demi-hivre ; des penides récens, une demi-livre ; des amandes- douces mondées , trois onces & de- mie : pilez le tout enfemble exaétement , pour bien incorporer les amandes ; enforte qu'elles ne s’ap- perçoivent point : ajoûtez-y miel écumé, deux li- vres ; & ayant mis tout enfemble fur le feu, dans une bafline , on Le fera cuire en confftance requi- _ fe; après quoi, l'ayant retiré du feu , &c laiflé un peu refroidir, on y mêlera la poudre fuivante : 27 gin- gembre , poivre, macis, canelle , feuilles de rue féchées , femence de daucus de Crete, de fenoiwil , de chaque deux gros ; turbith , quattfe onces; dacrede,.une once & demie : faites du tout une poudre fubtile qui fera incorporée comme il a été dit ci-deflus , & l’éleétuaire fera fait. Le diaphænix eft un puiffant purgatif, au poids d’une once. Lémery remarque , avec jufte rarfon, que les amandes devroïent être bannies de cet élec- tuaire , & que le fucre commun pouvoit être fub- flitué aux pénides. On le donne fur-tout dans Le cas où il faut fortement émouvoir , comme dans Papo- plexie , la léthargie , la paralyfie , l'hydropiñe, &c. (b | D AHONETIOUE , (Thérapeut.) fudorifique doux. Voyez SUDORIFIQUE & DIAPHORESE, DIAPHORÉTIQUE JOVIAL. Voyez ÊTAIN. DiAPHORÉTIQUE MINÉRAL , 04 ÂNTIMOINE DIAPHORÉTIQUE. Voyez ANTIMOINE. DIAPHRAGMATIQUE , adj. ( Arr. ) fe dit des arteres , des veines , & des nerfs diftribués dans toute la fubftance dû diaphragme. On les appelle auf phrériques. Voyez DiAPHRAGME , 6rc. (L) DIAPHRAGMATIQUE , nerf , ( Anar.) lenerf dia- phragmatique eft formé de chaque côté par des bran- ches de la feconde , de la troifieme , & de la qua- trieme paire cervicale : dans quelques fujets il n'en recoit que des deux dernieres. Il defcend à côté de la carotide , & devant la portion antérieure du muf- cle fcalene , pour entrer dans la poitrine ; en mon- tant fous la foüclavieré , & reçoit dans ce trajet quelques filets de lintercoftal. Ce nerf marche en- fuite tout le long du péricarde , recouvert de la ple- vre jufqu’au diaphragme , où 1l fe perd. Il fant obferver qu'il groflit en approchant du diaphragme : que celui du côté droit marche tout Tome IF, DIA 945 le long de la veine câve ; & que le ganche accom- pagne la veine diaphragmatique , qu’on ne rencontre que de ce côté : il n’eft pas inutile de remarquer encore les communications du nerf d'aphragmatique avec le nerfintercoftal, ou grand fympathique, êc avéc les plexus voifins du bas-ventre ; enfin, 1l faut fe fouvenir qu'il règne ici comme ailleurs des jeux de la nature. 4rricle de M. le Chevalier DE TA U+ COURT. DIAPHRAGME, f. m. (Anar. )il a la figure d'un cœur irrégulier ; il eft aponévrotique dans fon mi- lieu; du contour de ce cœur tendineux partent des fibres mufculeufes qui vont fe rermirrer aux côtes , avec les particularités fuivantes : le paquet qui part de la pointe va s'attacher au cartilage xiphoïde ; les paquets qui font à côté de celui-là, ne fe tou chent pas ; ils laiflent entr’eux & ce paquet un in tervalle vuide de fibres mufculeufes ; les fibres fui vantes ,c’eft-à-dire tousles rayons mufculeux, vont s'attacher aux côtes ; pour l’échancrure qui eft à la bafe du cœur , plufieurs des bandes rayonnées qui en partent , fe rcuniflent de chaque côté en une, & fe terminent par une queue tendineufe ; on nommé ces deux bandes /es piliers du diaphragme ; mais étant arrivés à trois doigts de leur origine , le pilier droit envoye un faifceau de fibres qui vont fe réunir au pilier gauche, & de même le pilier gauche donne des fibres au pilier droit : ces deux piliers fe croifent ainf alternativement plufeurs fois, & après ces di- vers croïfemens , ils continuent leur route fur les vertebres en forme de cône, & vont fe réunir à des tendons qui font d’une longueur inégale, &c qui s'implantent fur les vertebres. Le diaphragme reflemble à une voûte coupée obli: quement ; les parties latérales de cette voüte font concaves ; elles fe colent toüjours aux ailes des poû- mons qu'elles fuivent dans tous leurs mouvemens ; leur concavité n’eft point formée par les vifceres de l’abdomen : comme il n’y a point d’air entre le poumon & le diaphragme, ils font unis étroitement , & l’un eft obligé de fuivre l’autre dans tous fes mouvemens. Sion en doute, on n’a qu’à percer le diaphragme , l'air qui entrera par cette ouvérture af- faiflera d’abord cette cloifon voütée. Les piliers ne paroïffent pas auffi concaves que les poches latérales ; ils s’attachent en-haut an médiaf: tin, de même qu'une portion affez large du centre nerveux : il n’eft donc pas pofhble que la partie moyenne du disphragme defcende dans linfpira- tion. La partie fupérieure des piliers fe voûte, & ils recoivent l’œfophage dans l’efpace qu'ils laïffent en- tr'eux depuis leur origine jufqu’au croifement des fibres. Si de chaque côté les fibres des piliers def- cendoient en ligne droite , leur aétion n’eût rien produit fur l’œfophage , elles n’auroient pà le pref- fer en fe raccourciflant : deux lignes droites tirées par les extrémités ne preflent point ce qui eft à leurs côtés : de plus, le haut des piliers eft immobile ; il ne peut donc être tiré en-bas : par conféquent , fr les fibres des piliers defcendoient en ligne droite, ils n’auroient point d’aétion fur l’œfophage ; mais les fibres des piliers fe croifent à leur naïflance, en fuite elles fe croifent par une direétion contraire au- deffous de l’œfophage : ce tuyau eft donc entre les fibres qui l'étranglent , pour ainfi dire : le croife- ment des fibres donne donc à l’œfophage une efpe- ce de fphinéter. Ïl falloit que la partie moyenne du dicphragme füt fixe ; la pofition du cœur demandoit un foûtien qui ne fût pas expofé à des fecoufles continuelles ; auf ces attaches au médiaftin affermiflent-elles le centre nerveux : il n’y à donc que les parties laté- rales poftérieures qui foient en mouvement ; ce font DDDddd les voûtes formées par les parties latérales, qui s’ape rlatflent & fe courbent alternativement : le fond de ces deux voûtes defcend,, quand les fibres mufcu- leufes font en contraë&ion ; 1l monte quand les ailes du poumon lFentraînent : l’air ne pouvant s’infinuer entre le poumon & le diaphragme, les colle toûüjours de telle maniere qu'il n’y a point d’efpace entre ce mufcle &c la bafe du poumon. Les poches ou les voûtes latérales du daphragme font deux des principaux inftrumens de la refpira- tion ; mais voyons fi le diaphragmeeft d’une néceflité ablolue dans l'infpiration. Dès que les côtes fe leveront par Pa@tion des muf- cles intercoftaux , il eft certæin que l’infpiration fe fera ; or les côtes peuvent s’écarter fans le fecours du diaphragme : il eft donc évident qu'il n’eft pas ab- {olument néceflaire pour l’infpiration, aufñ trouve- t-on des diaphragmes collés au foie, & des animaux, comme la taupe , lefquels ont le diaphragme mem- braneux. Et enfin les nerfs diaphragmatiques étant coupés dans un chien , l’infpiration marche à-peu- prés comme auparavant Quoique le poumon puiffe abfolument fe gonfler fans que le diaphragme y contribue, 1l faut avouer que ce mufcle aide Les mufcles intercoftaux. Si ces mufcles tendent à écarter les côtés des poumons, la contraétion du diaphragme tend à écarter de la partie inférieure du poumon , la convexité des poches de ce mufcle. Il fe formeroit donc un double vuide, fi le poumon ne {e remplifloit d’air ; l’un de ces vuides feroit à côté, & l’autre au bas des poumons : mais le mouvement des côtes & du diaphragme donne au poumon la facilité de fe gonfler des deux côtés, car 1l s'étend vers les côtes & vers l’abdomen. ‘En même tems que le diaphragme favorife Pinfpi- ration , 1l paroïit y apporter quelqu’obftacle ; car l’infpiration fe forme en partie par l’écartement des côtes : or le diaphragme par fon a&tion s’6ppofe à cet écartement, puiique les fibres mufculeufes ne peu- vent fe raccourcir fans tirer vers le centre nerveux les côtes auxquelles elles font attachées : l’expérien- ce confirme cette retration. Quand on coupe les netfs diaphragmatiques, les côtes inférieures fe jet- tent extraordinairement en-dehots ; de-là il s’enfnit que l’aétion du diaphragme eft double : elle applanit les concavités de ce mufcle , & elle retient les côtes qui feroient trop emportées en-dehors par les muf- cles infpirateurs. On ne peut pas révoquer en doute que le dia- phragme ne foit un mufcle infpirateur, mais on ne peut prouver qu'il eft infpirateur & expirateur ; car dans l’infpiration les fibres antérieures ne s’affaiflent pas comme les poches latérales, leur pofition en eft une preuve, elles font prefque droites ; de plus elles font attachées à des points fixes par le médiaffin : il eft donc impoñlble qu’elles entraînent ces points vers les côtes: ce fera donc ces côtes qui feront portées vers ces points fixes par la contraétion de ces-fibres : donc elles peuvent fervir à l’expiration. L’aétion du diaphragme a paru difficile à expliquer ; mais après ce que nous ayons dit, rien ne peut ob- fcurcir cette ation: cependant sil reftoit quelque difficulté, voici un exemple qui fera voir ce que fait cette cloifon dans la refpiration. Prenez un vaifleau de verre qui n’ait pas de fond, & dont l’ouverture foit étroite : infinuez un tuyau à l’orifice d’une vefle , que vous y attacherez étroi- tement : mettez cette veflie dans le vaifleau de verre, de telle maniere que le tuyau pafle par l’orifice : fer- mez exaétement l’efpace qui fe trouvera entre le tuyau & les parois de l’orifice du vaiffeau : alors prenez une membrane dont vous fermerez le fond de ce vaifleau, de telle maniere qu’elle foit lâche, & qu’elle foit enfoncée en-dedans : quand vous l’au- rez attachée aux bords, tirez le fond avec un fil eñs dehors, & vous verrez que la véficule fe gonflera, Voilà la véritable a@ion du diaphragme, qui , lorf- qu'il eft tiré vers l'abdomen, donne lien à l’air de gonfler les véficules pulmonaires, M. Senac , effais de Phyf. … Quelques auteurs ont avancé fans fondement que le diaphragme n’étoit pas néceffaire pour la refpira- tion. Nous avons vû plus haut le contraire. _Ortobelius prétend que les mouvemens du da phragme dépendent du cœur ; mais il eft certain que les mouvemens du cœur & du diaphragme ne fe font pas en même tems, (L) DIAPHORESE,, {. £. Sagopnoss , terme de Medecine, qu fignifie en général toute évacuation qui peut fe faire par l’habitude du corps humain, c’eft-à-dire par tous les pores, tant de la peau que de la furface des parties internes expofées au contaét de l’air, & au tres qui n’y font pas expoñfées ; ainfi 1l comprend toute forte de tranfpiration , foit celle qui fe fait fous forme infenfible , foit celle qui fe fait fous forme fenfible , au moyen defquelles la plus grande partie de l'humeur lixivielle eft féparée du fang & des autres fluides ; & l’excrétion s’en fait hors du : corps, comme d’une matiere qui eft réellement ex- crémentitielle, & qui ne pourroit pas refter mêlée avec la maffe des humeurs fans la vicier, & déran- ger en conféquence notablement Les fonétions. | Ainfi on appelle diaphorériques , les remedes pro- pres à rétablir la tranfpiration dans fon état naturel, lorfqw’elle eft diminuée ou fupprimée. On appelle auf fudorifiques ces mêmes remedes, lorfqu'ils ont plus particulierement la propriété de rendre la tranf. piration fenfble & abondante, felon qu’il eft nécef faire dans certains cas. Voy. SUDCRIFIQUE, 6 fur fout SUEUR & TRANSPIRATION. (4) DIAPHTORE, f. f. (Medecine. Siagôcpæ, de dag- Deipew , corrompre , fignifie en général toute forte de COTTUPELOIL, Gaklen, de locis aff, lib. IT. employe ce terme pour exprimer celle des alimens dans l’eftomac. Boerhaave, dans fa pathologie, appelle diaphtore lefpece de corruption des alimens, qui eft une fuite deleur difpofition naturelle , comme lorfque le pain, le lait, s’aigriflent dans ce vifcere. Hippocrate fe fert de ce mot dans plufieurs en- droits de fes ouvrages, & entr’antres dans le Liv. I. de morbis mulierum , pour fignifier la corruption du fœtus dans la matrice, & l'avortement Voyez Cor- ee > POURRITURE, FŒTUS, AVORTEMENT. d) | DIAPRÉ, adj. rerme de Blafon, qui fe dir des fa ces, paux & autres bigarrées de différentes couleurs. Ducange dit que le mot didpré vient du latin diafe Prum, qui étoit une piece d'’étoffe précieufe & de broderie, dont le nom s’eft étendu à tout ce qui eft diverfifié de couleurs. ssh Mafcarel en Normandie, d’argent à la fafce d’a- ‘fur, didprée d’un aigle & de deux lions enfermés dans des cercles d’or, accompagnée de trois rofes de gueules. (7) DIAPRÜUNUM ou DIAPRUN , f. m. (Pharm. Mat. med.) Le diaprunum eft un éle@tuaire dont les pruneaux font la bafe : les Apoticaires en ont dans leurs boutiques de deux fortes ; l’un connu fous le nom de daprun fimple, & l’autre fous le nom de: diaprun purgatif, diaprunum folutivum. Le premier eft peu en ufage , ou plütôt on ne s’en fert que pour faire le fecond. La defcription que nous allons don- ner de l’un & de l’autre, eft tirée de la Pharmacopée d’Ausbourg , de Zwelfer. Eleëuaire diaprun fimple. 2L. De la pulpe de pru- neau cuite dans un vale de terre verniflé en confif- tence requife, deux livres ; du fucre blanc une livre : Fèlez le toutenfemble, & fur un petit feu réduifez- le fousila forme d’un éleduaire. Eleëtuaire diaprun purgatif. L, De l’éleétuaire dia- 2prun femple, que nous venons dé décrire, douze on- -ces ; & lorfqu'il eft encore un peu chaud , mêlez-y -exattement de la fcammonée Se pulvérifée , “une demi-once ; & l’éleuaire fera fait. Cet éleétuaire eft un purgatif aflez fort, fur-tout ‘à la dofe d’une once, qui contientarfcrupule de fcammonée, qui ne paroît cependant pas agir dans ce mélange avec la même énergie que lorfqu’on la -prefcrit feule ; ainf la pulpe de pruneaux peut être regardée comme corrigeant véritablement ce pur- _gatif violent. Voyez SCAMMONÉE, CORRECTIF. DIARBEK , DIARBEKIR , (LE) Géog. mod. & sance. c’eft la Méfopotamie des anciens ; elle ef fituée entre le Tigre & l’Euphrate, dans la Turquie afati- -Que : elle a pour capitale une ville nommée Diar- der ,\Diarbekir, & Amed, fur le Tigre, Long. 57. 35: lat. 36,58. | = :DIARRHÉE , my dappoia, amr0 1à Éappelr, & perfuendo » (Medecine.) genre de maladie qu'Hippo- crate & Galien défignent fouvent fous le nom de poade, &c qui eft appellé en latin diarrhæa, alvi pro: fluvium ; &, felon Celle, fluxas ventris, flux de véntre!, fignifieren général toute forte de déeélion de matiere liquide , plus fréquente que dans l’état naturel. : Si la déjeétion eft accompagnée de cours de ven- tre & de douleur , on a coûtume de la nommer dy/f° Jenterie ; les alimens font rendus par la voie des | æxcrétions fécales, fans avoir prefqu'éprouvé au- cune altération , on nomme cette efpece de diar- rhée, enterie: L'affedtion cxliaque en eft une autre efpece, dans laquelle on rend avec les excrémens une partie notable du chyle , qui auroit dû pañler dans les vemes latées, Ge. Poyez DYSSENTERIE, L1ENTERIE, Éc. Prefque toutes les humeurs du corps humain peu- vent être portées par leurs vaifleaux dans le canal des inteftins, comme la mucofité des narines, de la bouche, du gofer, de l’œfophage, de l’eflomac, & de tous les boyaux; la falive,, le fuc gaftrique, pan- créatique , inteftinal ; la bile hépatique & cyflique, la Iymphe, le fang des vaiffeaux mefentériques , + Ce d La matiere de la diarrhée peut donc être de diffé- zeçù parmiles Medecins, que l’on entend par le mot diarrhée fpécialement pris , une fréquente évacua- tion par les felles, d’une matiere tenue, ftercoreufe, purulente, fanieufe, aqueufe, muqueufe, pituiteufe, glutineufe, adipeufe, écumeufe, bilieufe, atrabi- faire, qui tient plus ou moins de Pune de ces qua- htés mêlées ou diftintes , & plus ou moins âcres, qui vient des inteftins immédiatement , & qui fort quelquefois avec les excrémens , & quelquefois feu- Le : elle eft fouvent accompagnée de tranchées, mais non pas eflentiellement. Il fe préfente trois chofes fur-tout à confidérer avec attention dans les darrhées, pour parvenir à en bien connoître la nature, à juger quel en fera l’évenement, & à faïlir les indications convenables pour la curation. Elles confiftent à bien diftinguer, 1° les différentes matieres de l'évacuation ; 2° les diverfes parties du corps qui les fourniflent ; & 3° les caufes qui font qu’elles fe ramaflent dans les in- teftins en plus grande quantité que dans Pétat na- turel , & qu’elles fortent enfuite par la voie des felles, I. La mucofté, cette humeur lente, épaifle, qui eft fufceptible de fe durcir, comme du tuf, en fe defléchant , &c de fe liquéfier de nouveau par la ma- cération dans l’eau; qui fert à enduire la membrane Tome 17, tente nature, felon fes différentes caufes ; mais il eft D I À 947 des farinés & de toutes les premierés Voies, peut fournir la matiere de la diarrhée muqueufe , f elle vient à fe ramaflér en plus grande abondance qu'à l’ordinaire, en fe détachant par quelque caufe que ce foit, des furfaces qu’elle doit Iubrifier ; s’il s’en 16- pare davantage, comme dans le catharre, qui peut affeéter les entrailles, enforte qu'il s’y porte une plus grande quantité de cette humeur, comme il arrive aux narines, où 1l s’en fait une copieufe excré- tion dans cette même maladie , il s’en évacue de mê- me beaucoup par l'anus ; ce qui établit lé cours de ventre, auquel peut également donner liëu cette même humeur muqueufe viciée devenue trop abon dante par la glutinofité dominante des liquides, 8 changée en une matiere pituiteufe ; vitrée, tranfpas rente, & tremblante comme de la gelée. La falive & les différens fucs digeftifs de nature lymphatique ; la bile hépatique, lorfqn’elle ef bien délayée, peuvent auffi fournir la matiere du) cours de ventre, fi toutes ces humeurs excrémentitielles ne font pas abforbées dans le cänal inteftinal , pont être remêlées avec le fang ; & comme il s’en féparé une grande quantité dans toute l'étendue dés prea mieres voies, il s’en peut ramafler aflez pour une évacuation fréquente & copieufe, qui privée le cotps de beaucoup de bons fluides, 8 peut occafionner dans la fuite des obftruétions, la foiblefle, l’atroz phie, parce que les humeurs groflieres perdent leur véhicule; parce que les alimens ne pouvant pas fournir de quoi réparer cette perte, les fecrétions des liquides qui fervent à la digeftion, fe font im parfaitement ; le chyle eft mal travaillé, le füc ner: veux, la lyÿmphe nourriciere, manquent, d'où {is vent les effets mentionnés, LE . La férofité du fang épanchée dans quelque cavités étant repompée par lés veines, peut être portée dans le canal inteftinal, par analogie avec les différentes fecrétions qui s’y font, & fournir la matiere d’une diarrhée aqueufe, féreufe , comme on le voit foua vent dans les hydropiques, d’une maniere falutairez felon que l’a obfervé Hippocrate dans fes preénotions de cos, La bile cyftique , f elle vient à contraéter tropa d’âcreté, irrite fortement les boyaux dans léfquels elle coule continuellement ; elle les excite à de for4 tes contraétions, qui reflerrent les orifices des vaif: feaux abforbans , enforte qu’elle eft pouflée tout le long des inteftins avec vélocité , jufqu’à ce qu’elle foit parvenue à leur extrémité , pour être chaflée hors du corps, ce qui conffitue le plus fouvent læ caufe dela diarrhée, & en fournit la matiere, qui eft. de différente nature, felon que la bile eft ellesmême différemment viciée ; d’où les déjeétions font de dif férente couleur, comme jaunes, vertes, noires, Gcx Voyez BILE. Des abris rompus dans les premières voies, ow dans des parties qui y communiquent ; de petits ul- ceres qui y ont leur écoulement, peuvent fournir la matiere d’une darrhée purulente fanieufe, La graïfle rendue plus fluide que dans Pétat na- turel, par la chaleur de la fievre ou par les caufes de la confomption, venant à être mêlée dans la mafle des humeurs, peut être portée par les lois des fecré- tions dans les colatoires inteftinaux, & y établir une diarrhée adipeufe. Les matieres morbifiques , de quelque nature qu’elles foient, peuvent auffi, ou par leur abondan- ce ou par leur coétion, avoir les difpofitions nécef= faires pour être portées de toutes les parties du corps par les différentes voies qui conduifent aux boyaux, & y former une diarrhée fymptomatique ou criti- que. | If. Les narines ont une libre communication avec le gofier, aufli-bien que la bouche ; celui-ci avec. D DDdddi - 048 D I À l'œfophage, l’eftomac & toute la fuite des boyaux; ainf la mucofté peut être portée des narines dans les inteftins. Le fang même avalé pendant le fom- mél, peut de ces cavités fupérieures être rendu par les felles, & en impofer pour un flux de fang. La mucofité furabondante dans le coryfa ,; où catarrhe de la membrane pituitaire (voyex CoRYSA); la matiere des crachats dans le catarrhe des poumons, peuvent auffi, étant avalces , parcourir le canal in- teftinal, & fortir par l’anus. La communication du foie avec les boyaux, eft doublement établie par le canal hépatique & cyfu- que , celle du pancréas par le pancréatique. Les in- jeétions anatomiques ont démontré aufhi que la veine-porte & les arteres méfentériques ont des ra- meaux par lefquels ils communiquent avec la cavité inteftinale , & que les humeurs peuvent être portées ar cette voie en très-grande abondance , parce qu'ils font très-nombreux , & que leurs orifices dans les boyaux font tellement fufceptibles de fe laifler dilater, qu'ils tranfmettent même de la cire, comme l'a obfervé Ruyfch, & comme M. Wanfwieten dit l'avoir vû lui-même, fans qu'il fût fait aucune vio- lence à leurs tuniques. Si Le cours des humeurs n’eft pas libre dans la veine-porte ou dans les arteres méfentériques , elles peuvent refluer par ces ra- meaux, & par un mouvement rétrograde fe porter dans la cavité des boyaux en aflez grande quantité pour donner lieu à une diarrhée lymphatique. Si ces vaifleaux & tous autres colatoires des in- teflins font relâchés par quelque caufe que ce foit , de maniere à diminuer confidérablement la réfiftance qu'ils doivent offrir à recevoir une plus grande quan- tité de fluides que dans l’état naturel, ou que l'effort des-humeurs {e porte vers ces conduits, enforte qu'il {e faffe nne dérivation des autres parties vers celle-là ; il s’enfuit qu’il y en fera porté de toutes les parties du corps, même des plus éloignées, felon qu'il a été dit en parlant du diabetes, voyez Dia- BETES, & qu'il fera expliqué à l’article FLUX1ON. C'eft ainfi que l’ufage des purgatifs trop répetés, peut épuifer entierement le corps , tout comme les diarrhées trop long-tems continuées, parce que lef- fet des purgatifs peut être regardé comme une dar- rhée artificielle ; ainf il doit y avoir de l’analogie entre les fuites de l’une &c celles de l’autre. On voit quelquefois dans le cho/era morbus ; qu'il fe fait une f grande évacuation d’humeurs en trés-peu de tems, que les malades en font prefqu'épuités ; ils font fi pâles, fi changés, fi abattus par le vomiflement & les déjedtions , qu'ils font meconnoïffables ; telle- ment que les humeurs difloutes comme par l'effet d’un poifon, fe portent avec facilité de toutes les parties du corps vers les cavités des premieres voies. Ill. Après avoir expofé fommairement quelle eft la nature & la diverfité de la matiere de la diarrhée, & quelles font les parties d’où elles peuvent fe por- ter dans le canal inteftinal , l’ordre indiqué con- duit à examiner quelles font les caufes de cette ma- ladie : on peut les diftinguer en trois clafles géné- rales, qui comprennent chacune de grandes va- riétés. La premiere a lieu lorfque les humeurs font déter- minées à {e porter vers la cavité des entrailles en plus grande abondance que dans l'état naturel, & qu’elles ne font pas pompées par Les pores des intef- tins , dont l’a@ion n’eft pas aflez forte pour les ap- pliquer aux vaifleaux abforbans , de maniere à les y faire pénétrer. Alors les matieres contenues dans le canal inteftinal , fe portent par la continuation du mouvement périftaltique fubfiftant, quoiqu'affoibh, & par la preflion des organes de la refpiration, vers J'endroit où il y a le moins de réfiftance , c’eft-à- D I À dire vers l’extrémité de ce canal, pour être éva- cuées hors du corps : dans ce cas les liquides pris par la bouche, les diférens fucs digeftifs, s’é- coulent par l'anus ; & les alimens même qui n’ont pas éprouvé l’aétion des puiflances digeftives , {or- tent aufli pargla même voie prefque fans change- ment, &z quelquefois fans que les malades s’en ap- perçoivent ; ce qui eft un très-mauvais figne, felon Hippocrate dans fes Coagues. Telle eff l’etpece de diarrhée qu’on appelle {erterte, Si l’aétion des inteftins n’eft pas fi fort diminuée, & fi l'évacuation de toutes ces matieres ne fe fat qu’en partie, alors les alimens font plus retenus, moins imparfaitement digerés : 1l en eft fourni une partie au fang par la voie des veines laétées; mais moins cette partie eft confidérable refpeétivement à la quantité, moins il fe fait de réforbtion des fucs digeftifs ; plus il fe porte de ces matieres vers l’ex- trémité des inteflins, plus les déjeétions font fré- quentes : ainf, pour parler le langage des anciens, moins il y a de force retentrice dans les inteftins , plus la d'arrhee eft confidérable, Et La feconde clafle générale des caufes dela diar- rhée , comprend tous les cas dans lefquels-le-mou- sement périftatique des inteftins.eft tellement aug- menté , que les matieres contenues font portées avec trop de rapidité pour pouvoir être appliquées à l’orifice des vaifleaux abforbans, de maniere à y pénétrer : elles font par conféquent détérminées vers l'extrémité du canal, & y fourmifent la matiere des fréquentes déjeétions qui conftituent la diarrhée. Si les alimens même ne s’arrêtent pas aflez dans les boyaux pour y être digérés, ils font également éva- cués par la même caufe, fans être changés ; d’où une lienterie d’une autre efpece, eu égard à la caulje, que: celle dont il a été fait mention c1-deflus, Mais {le mouvement n’eft pas fi prompt , & qu'ils foient affez retenus pour être digerés en partie, 1len rétulre une diarrhée fimple. L'effet des purgarifs donne üne idée jufte des diarrhées qui proviennent de cette cau- fe ; car on ne peut douterqu'ils n’agifienten trritant, &c qu'ils ne déterminent une plus grande évacua- tion en augmentant l’aéion des inteftins : quorqu’elle ne fuflife pas pour l’excrétion des matieres fécales, lorfqu’elles font dures, réfiltantes, elle eft iufifante lorfque les matieres font liquides, &r qu'elles peu- vent céder aïfément. Wepter l’a prouvé par une très-belle expérience fur un chat, à qui il avoit donné un fcrupule de verre d’anumoine dans du lait, L’ani- mal ayant le ventre ouvert, & les boyaux à nud & pendans, ne laiffa pas de rendre. des excrémens de qualité naturelle. Les growllemens d’entraïlles , les petites tranchées que l'on éprouve pendant l’aéton des purgatifs, & par l’effet des diarrhées {pontanées, prouvent bien aufi l'augmentation du mouvement inteftinal caufé par l’irritation. La troifieme clafle des caufes générales de la der: rhée , renferme tout ce qui peut empêcher le paflage dans les vaifleaux abiorbans, des liquides -contenus dans les intéftins, ce qui y laïffe la matiere des fré- quentes déjeétions ; car, comme il a déjà été dit, celle des fucs muqueux, falhvaires, gaftriques, hé- patiques, inteftinaux , eft très-confidérable ; elle eft prefque toute abforbée dans létat de finté, Les par- tiés srofferes des alimens reftent prefqu’à fec ; au lieu que toutes ces humeurs, en reftant dans les boyaux , ÿ croupiffent , s’y pourriflent, y devien- nent àacres, ExCItEnt & augmentent le mouvement des boyaux , qui tend à les expulfer & les évacuer en effet, fans quoi elles cauferoient de grands defor- dres dans toute l’œconomie animale ; ouf elles ne font pas fufceptibles de contraéter cette acrimonie irritante, elles fe ramañlent en fi grande quantité, que leur propre poids tiraille les fibres des inteftins & en-excite les contraëtions plus fortement, d’où réfute toûjours l'évacuation. . La mucofté trop abondante, les croûtes des aphthes peuvent couvrir lesorifices des veines abfor- bantes, de maniere que rien ne peut pénétrer dans ces vaifleaux : les cicatricés qui fe font à la furface desboyaux à la fuite des excoriations dans la dyflen- terie, peuvent produire le même effet. Ces trois clafles générales des caufes de la diar- rhée, renfermentun très:grand nombre de différen- tes caufes quis’y rapportent : par exemple, la tranf- pirätion infenfble arrêtée par le froid de la nuit, dans un homme qui s’y expofe au fortir d’un lit bien chaud, détermine une plus grande quantité d’hu- meurs vetsles inteftins , qui fournit bien-tôt matie- re àvune darrhée, La bile trop acre ou corrompue dans les maladies aïguês, l’acrimonie acide dans les -enfans ou dans les adultes d’une conftitution foible, donne fouvent lieu à la diarrhée par l’irritation cau- fée aux-inteftins : l’inflammation des inteftins , les convulfons qui reflerrent les orifices des vaifleaux abforbans , produifent fouvent le même effet : les grandes agitations du corps & de lefprit, la colere fur-tout , la douleur, comme dans la dentition diffi- cile, la trop grande quantité d’alimens qui ne peu- vent pasêtre digérés, ou dont le chyle eft trop abon- dant pour être tout récû dans Les veines la@tées, ce qui eft la même chofe que fi l'orifice en étoit bouché en partie, font aufli fouvent des caufes de diarrhée ; de même que l’ufage immodéré de la viande , les fruits verds &c cruds, le moût & le vin nouveau, le cidre, l’eau de riviere pour ceux qui n’y font pas accoûtumés , l'ufage trop continué des eaux minéra- les, celui des alimens acres, les liqueurs ardentes, les purgatifs trop a@ifs, Les poifons , les exercices 1m- modérés qui tendent à difloudte les humeurs, à leur donner de l’acrimonie, par la même raïfon la fievre ardente, 6:c. dinfi d’une infinité d’autres caufes qui ont du rapport à quelqu’une de celles dont 1l vient d’être fait mention. On peut conclure de tout ce qui vient d’être dit, que toutes les. humeurs du corps, tant faines que morbifiques, les aliméns , les remedes, les poifons, peuventêtre la mâtiere de la diarrhée , peuvent être portés dans les boyaux par toutes fortes de voies, &c peuvent caufer des d’arrhées d’une infinité d’efpe- ces différentes, & entierement oppofées La diarrhée admet auf bien des différences par rapport à fes effets : car elle peut être falutaire, f elle fert à évacuer des humeurs furabondantes, quoi- que debonne nature , ou des humeurs viciées, quand les forces du malade n’en fouffrent aucune dimimu- tion : c’eft le contraire s’il fe fait une déperdition de bonnes humeurs, ou fi les forces du malade ne com- portent pas une grande évacuation. Ainfi on doit beaucoup avoir égard au tempérament du malade, au caraere, êc aux différens tems de fa maladie. _ Hippocrate, aphor.ij. fecf. 1. donne une maxime de pratique très-propre à diriger le medecin dans Le jugement qu'il a à porter touchant l’évenement d’une Zarrhée, « Dans le réglement du ventre, dit- » 11, & dans les vomiffemens qui furviennent d’eux- # mêmes, fi les matières qui doivent être évacuées # pour le bien du malade Le font, 1l en eft foulagé, » & il fupporte fans peine l’évacuation, finon le »# contraire arrive ». Quelquefois la matiere de la diarrhée eft d’une fi grande malignité, & fe porte en fi grande quantité dans les boyaux, que tous les fecours de Part de- viennent inutiles. C’eft fur ce fondement que le pe- te de la Medecine a dit, « que dans tous les com- » mencemens de maladie, s’il furvient par le haut » ou par le bas une grande évacuation de bile noiï- » re, de matiere atrabilaire , c’eft un figne de mort, D I A 949 » Aphor, xxiy, Jet. 4. » Et dans les prénotions il dit dans les coaquies, « que le cours de ventré copieux » dans une fievre ardente eft mortel ». La diarrhée colliquative eft auffi prefqu’incurable ; tous les cours de ventre qui durent long-tems, & dans lefquels les déjeétions font abondantes, caufent à la fuite l’exténuation du corps par la grande perte qui fe fait des fluides. Ils ne doivent cependant pas tous être appellés co/liquatifs, quoique cet effet ait lieu; on doit entendre par darrhées colliquatives, celles dans lefquelles après de longues maladies, & fur-tout après des fuppurations de vifcérés ou une hydropifie invétérée, les humeurs diffoutes fe por- tent abondamment, & fe précipitent, pour ainfi dire, dans les entrailles. Telle eft la diarrhée, qui dans la phthyfie confommée met fin à la maladie & à la vie, comme le dit Hippocrate, aphor. xij. xjv. Jeit. 5. telle eff celle qui arrive aux hydropiques, lorf- que les eaux fe corrompent & sonne les vifce- res qui y font plongés ; les miférables fe croyent mieux, quand ils font plus près de leur fin. La diarrhée aqueufe n’eft falutaire dans l’hydropi- fie, que quand elle eft commençante. La diarrhée telle qu’elle puiffe être, dans quelque maladie que ce foit, fi elle continue trop, ne peut qu'être nuifible:Hippocrate ne veut pas qu’on la laif- {e fubfifter au-delà des fept jours, fans y remédier par le régime & de la maniere convenable ; car fi on la néghse, elle difpofe de plus en plus les vifceres ab- domimaux à en fournir la matiere ; étant toûjours plus abreuvés d’humeurs qu’à l’ordinaire, ils fe re- lächent, ils réfiftent toùjours moins à leurs efforts: elle détruit peu-à-peu la mucofité des boyaux, ceux- ci s’excorient, d’où la dyflenterie : tous les autres vifceres s’épuifent, fe deflechent;, d’où fuivent la foi- blefle , la maigreur , l’atrophie, par la perte du chy- le, du fuc nourricier même qui fuit le torrent: les déperditions de fubftance , effet naturel de la vie faine, n'étant pas réparées, les fibres fe relâchent dans toutes les.parties du corps : auffi le trop grand embonpoint peut-il être corrigé par les purgations du ventre ; les parties les plus fluides des humeurs {e perdent continuellement , il ne refte plus que les plus groflieres qui s’épaififlent, & ne font plus pro- pres qu'à caufer des obftru@tions, des inflammations ; les humeurs arrêtées {e pourriflent dans toutes les parties dur corps , d’où la foif qui excite à boire beau- coup, ce qui fournit dequoi achever le relâchement des fibres; d’où la leucophlesmatie, lés différentes hydropifes, la confomption, le marafme, & [a mort. | Après avoir parcouru ce qui regarde la matiere , l'origine , les caufes, les effets de la diarrhée, il refte à dire quelque chofe de la curation de cette maladie ; & d’abord 1l faut examiner s’il convient de l’arrêter ou non: car comme il a été dit, elle fert fouvent à décharger le corps d’humeurs nuifibles ; ce que l’on connoît aux fignes ci-deffus mentionnés. Il arrive fouvent que les malades dont on arrête mal-à-propos le cours de ventre, deviennent phrénétiques ou lé- thargiques , ou bien qu'il leur furviént des maux de tête violens , des parotides très-funeftes , Gc. Mais dans les cas où il eft bien décidé qu'il faut travailler au traitement de la diarrhée, il faut avoir égard à la caufe qui la produit , qui peut être de bien différente nature, comme 1l a été fufifamment éta- bli; & attendu qu’on a réduit les diverfes caufes à trois clafles générales, on propofera trois fortes de curations qui leur conviennent ; car 1l ne peut y avoir de méthode générale pour toutes fortes de diarrhées. Ainfi dans celle qui provient d’une trop prande abondance d’humeurs qui fe portent dans les en- trailles 8&c qui ny font pas abforbées, enforte qu’el: 930 D TI A “les font évacuces par les déjedlions en tout où en -paitie, 1l convient d’abord de tâcher de les détour- ner, en diminuant lation qui les pouffe vers ces vifceres, par la faignée plus ou moins répétée, felon les forces du malade; en leur faifant prendre un au- tre cours par la voie des fueurs ou des urines, au moyen des remedes appropriés ; en hâtant lévacua- tion des matieres contenues dans les premieres voies, par les émétiques, les purgatifs; en travaillant à corrohorer les vaifleaux, les tuniques des inteflins, -qui fe laiffent engorger par leur relâchement : c’eft pour remplir les dernieres indications que l’on em- ploye contre cette maladie l’hypecacuanha , qui qoint à la vertu vonutive &t purgative la propriété de refferrer, de rendre Le reflort aux parties qui l'ont perdu. La rhubarbe produit auffi à-peu-près le mê- me efet; elle purge & elle eft aftringente ; c’eft ce qui Pa fait regarder comme un remede très - éfica- ce contre les cours de ventre, On peut mettre en -ufage bien d’autres remedes corroborans, tels que les martiaux aftringens, le dia/cordium , la thériaque, la conferve de roles rouges, de kinorrhodon,, &c. Selon Baglivi, la canelle mâchée pendant tout un jour , avec foin d’avaler la falive qui s’y mêle, a guéri des diarrhées, des dyflenteries , des langueurs d’eftomac invétérées. Foreftus , Ziv, XXII. rapporte s'être fervi avec fuccès de nefles qui-n’étoient pas mûres, qu'il avoit fait manger en grande quantité pour arrêter une diarrhée opimiâtre. Le vin chauffé avec des aromates pris intérieurement , donné en la- vement, appliqué en fomentation, a fouvent pro- duit de bons effets. On doit obferver pour le régime, de n’ufer que d’alimens fecs, de boire peu, & du vin pur, dans les cas où la déarrhée n’eft pas accom- pagnée d’autres fymptomes qui exigent une diete plus févere. On doit éviter foigneufement tous les remedes huileux, émolliens, relâchans, dans les diarrhées du genre dont 1l s’agit. Ve Dans les diarrhées qui proviennent des caufes de Ja feconde claffe, c’eft-à-dire des matieres irritantes qui accélerent le mouvement des boyaux, on doit employer des remedes délayans ,» adouciflans , cal- mans ; les aqueux en doivent être la bafe, L’eau de poulet très-legere, la tifane de ris émulfionnée, font recommandées dans cecas ; & quoique par la boiïffon il femble que l’on augmente la matiere de l’évacua- tion, ce qui eft vrai, il ne l’eft pas moins aufli que l’on corrige la caufe de lirritation , en émouffant & noyant pour ainfi dire les âcres, C’eft pour cet effet que l’on peut auffi faire ufage des huiles douces, des graifles récentes, & quelquefois du lait : fi l’acrimo- nie acide eft dominante, on peut employer les cor- reétifs fpécifiques , tels que les abforbans terreftres 8 animaux. Après avoir diminué l'irritation des boyaux par ces différens remedes , On doit avoir re- cours aux purgatifs minoratifs , aux lavemens laxa- tifs, aux eaux minérales donces & en quantité mo- dérée, pour évacuer entierement les humeurs vi- ciées qui entretiennent la caufe du mal. On peut auf travailler au-dehors à relâcher , à détendre l’abdo- _ men, par le moyen des fomentations avec des dé- cottions émollientes : à la fuite des évacuations, on place avec fuccès les narcotiques , pour rallentir le mouvement des boyaux , pour détendre les fibres & diminuer leur fenfibilité à lirritation. On employera contre les caufes de la diarrhée de la troifieme clafle, dans laquelle les orifices des vaifleaux abforbans des inteftins font couverts par Ja mucofité trop abondante & trop épaie, on par des croûtes d’aphthes, dans le premier cas , des re- medes aqueux, favoneux, qui diffolvent la matiere gluante qui enduit les parois des boyaux, & enfuite des purgatifs propres à l’évacuer: dans le fecond & chaffe les humeurs âcres par les urines. Dion, de Tréy. & Chambers. * DIASPHENDONESE, ( if. anc,) fupplice très-cruel. On plioit à grande force deux arbres; on attachoit un des piés du criminel à l’un de ces ar- bres, & l’autre pié à l’autre arbre ; puis on lâchoit en même tems les deux arbres qui emortoient; l’un une partie du corps d’un côté, & l’autre , l'autre partie du corps de l’autre côté. On croit que ce fup- plice étoit venu de Perfe, Aurelien ft punir de cette s: D TI A SSI maniére tin {oldat qui avoit commis un adulteré avec la femme de fon hôte, | . DIAST ASIS , f. m. rerme de Chirargie, écartemént d'os. Le diaflafis eft une efpece de luxation, M. Petit, dans fon traité fur les maladies dés os, croit le diaftafis des os de l’avant-bras , impoffble , de quelque facon que puifle fe luxer lavant-bras ou le poignet, If prouve fon fentiment par la ftruéture des parties. I dit cependant que fi fes raifons ne démontrent point limpoffbilité abfolue du diaffafes, elles autorifent aw. MOINS à juper que ce cas doit être infiniment rare ; en. fuppofant en effet, qu'un effort püt être tellement combiné, qu'il tendît à fixer un des os pendant qu’1f écarteroit l’autre & le feroit {ortir de fa place, il eft certain qu'un pareil effet ne fera jamais la fuite d’une caufe ordinaire, & qu’il fuppofe même l'aflemblage de circonflances fi fingulieres, que M. Petit eft bien fondé à le regarder comme impoffble, <" Ce grand praticien a cependant trouvé réellement une efpece de diaffafis , qui n’étoit pas l’effet immé- diat d’une chûüte où d’un effort ; Mais il étoit caufé par la relaxation des ligamens à la fuite des luxa= tions du poignet ; l’écartement n’avoit commencé à paroître que plufeurs jours après l'accident, On fen: toit dans l’intervalle que les’os laiffoient entr’eux = un bruit de matiere glaireufe, qui dénotoit un amas de finovie. | Th, | Les luxations du pié en-dedans ou en-dehors font fouvent accompagnées de diaffafis, L'écartement du péroné vient de l’allongement forcé des ligamens qui l’attachent au #25, par l’effort que l’'aftragale à fait pour s'échapper fur les côtés. J’oyez LUXATION, 6 ENTORSE. (F) MIA DIASTÈME, fub. m. dans la Mufique ancienne x fignifie proprement intervalle, & c’eft le nom que donnoïent les Grecs à l'intervalle fimple , par oppo: fition à l’intervalle compofé , qu'ils appelloient fyf= tème. Voyez INTERVALLE, SYSTÈME. (S DIASTOLE, f. f. dagcan, (Phyfiologie.) eft un’ terme grec formé du verbe estaacs, féparer, em ployé par les Medecins pour fignifier la dilatation, la diftenfion d’un vaïffeau, d’une partie cave quel- conque dans le corps humain, de laquelle les parois s’écartent en tous fens pour en augmenter la cavité = c'eft pour exprimer ce changement que l’on dit du cœur, des arteres, des oreillettes, des membranes du cerveau, Ge, que ces organes font fufceptibles de fe dilater , qu'ils fe dilatent de telle maniere, dans tel tems. | . Le mouvement par lequel ces différens organes font dilatés , eft oppofé à celui par lequel ils font contraétés, c’eft-à-dire par lequel leurs parois fe rapprochent ; cet autre changement dans l’état de ces parties , eff appellé par les Grecs fyffoke , GUSTA HS conffrithon. Voyez SYSTOLE, La dilatation du cœur confifte dans l'écartement des parois de cet organe, felon l’idée qui vient d’ê. tre donnée de la diaffole ; la capacité de cet organe doit augmenter dans toutes {es dimenfons. Le cœur étant un véritable mufcle creux, n’a rien en lui-même qui puifle le dilater, dit M. Senac dans fon excellent traité de la ftruéture de cet or- gane ; fes reflorts ne peuvent que le referier ; une puiffance étrangere qui éloigne les parois du cœur du centre de fa cavité , eft donc une puiflance né- ceffaire ; or cette puiflance eft dans le fang, qui eft porté par les veines dans les ventricules : plus elle a de force, plus la dilatation eft grande en général ; car un concert de caufes étrangeres peut donner lieu à des exceptions : les paroïs du cœur peuvent être plus ou moins reflerrées : or le reflerrément concourant avec l’aétion qui tend à dilater, s’Oppa- fe à la dilatation : l’aétion des nerfs peut - être plus ou moins prompte ; fi dans l’inftant que le cœur frap- 952 D I À pe l’intérieur du ventricule , cette ation furvient, les parois n’auront pas le tems de s’écarter, elles pourront être arrêtées dès le prémier inftant de leur . écartement. Mais eft-il certain , continue M. Senac , que les parois du ventricule foient des inftrumens pure- ment pañfifs dans la dilatation du cœur? elles font entierement pañlves dans leur écartèment , puifqu’- elles cedent à une force étrangere qui les pouffe du centre vers la circonférence ; nul agent renfermé dans leur tiflu ne les. force à s’éloigner : car dans ces parois , il n’y a d'autre force que la force de la contraëtion mufculaire ; or la contraétion doit né- cefairement rapprocher du centre toutes les parties du cœur. | : Bien loin d’avoir en elles-mêmes une force dont l’ationles écarte, ces parois réfiftent à la dilatation par la contradilité naturelle aux fibres qui les com- ‘pofent ; elles ont une forcé élaftique que la mort même ne détruit pas : l’efprit vital qui met en mou- vement les parties , leur donne encore une force fu- périeure qui les refferre dans le corps animé : or ces forces réfiftant à la force étrangere qui les dilate, üne telle réfiftance augmente par gradation ; 1! peut entrer une certaine quantité de fang dans les cavités du cœur , dont les parois laïflent roïjours un efpace entr’elles, parce qu’elles ne peuvent jamais fe rap- procher au point de fe toucher ; maïs cet efpace n'é- tant jamais vuide , la puiflance qui continue à pouf fer le fang , le détermine contre la furface intérieu- te du cœur ; la réfiftance commence, elle augmente enfuite à proportion des divers degrés d’aétion con- tre les paroïis : la réfiftance eft donc plus grandé quand cet aétion finit que quand elle commence ; le cœur eft cependant dilaté en tous fens dans le mé- ne inftant , c’eft-à-dire que l’écartement de fes pa- tois fe fait en même tems de la bafe à la pointe com- me dans toute la circonférence : c’eft ce qu’on éprou- ve en injeCtant de l’eau dans la cavité de cet organe; Pefort fe communique en même tems à toutes fes parties felon toutes fes dimenfions. On n’aura plus recours à la raréfaétion du fang _imaginée par Defcartes, ni à la copule explofive de Willis, pour expliquer comment fe fait la dilatation du cœut , depuis que ces caufes prétendues ont été .démenties par l'expérience : Lower les a combat- tues avec fuccès ; d’autres en ont démontré le ridi- cule de maniere à en bannir l’idée de l’efprit de tous les Philofophes fenfés, Extrait du rraité du cœur de M. Senac. Voyez CIRCULATION DU SANG. Quand on ouvre un chien vivant, on voit dans le cœur de cet animal & dans les vaifleaux qui en dépendent, deux mouvemens principaux : les arteres e reflerrent aufli-bien que les oreillettes: dans le tems que le cœur fe dilate , celles-là pouffent le fang vers le cœur de l’animal, celui-ci le reçoit : fi l’on coupe la pointe du cœur de l’animal vivant, & que l’on le tienne élevé , on voit jaillir le fang dans le tems de fa dilatation , fans qu'il paroïffe dans ce fluide aucune apparence d’ébulhtion , d’effervef- cence, ni d’explofion, mais il répand une fumée qui a une odeur defagréable , âcre ; il s’y fige en fe refroidiffant dès qu'il eft laïflé en repos ; & lorfque le cœur fe contratte à fon tour , on voit les arteres & les oreillettes fe dilater en même tems , parce que celles-ci reçoivent plus de fang qui écarte leur pa- rois à proportion de la quantité qui eft pouffée dans leur cavité par le cœur qui fe vuide de celui qui eft contenu dans les fiennes. * Ces deux mouvemens oppofés qui arrivent , lun par la contraétion, l’autre par la dilatation de ces organes, donnent lieu à ce qu'on appelle pu/fatior , parce que pendant que leurs parois s'écartent , ils fe portent vers les corps contigus & les frappent : une fuite de ces pulfations eft ce qu’on appelle poxis ; qui fe fait fentir plus particulierement lorfque lon touche une artere qui frappe plufeurs fois le doigt dans l’efpace d’une minute : c’eft le mouvement de diaflole qui produit la pulfation ; la repétition de la diaffole produit le pouls. Voyez Pours. L'état naturel du cœur , s’il pouvoit refter en re- pos, livré à lui-même, à fon élafticité, feroit bien approchant de celui de fyftole ; mais tant qu'il fe coniraéte par l’influence du fluide nerveux , il fe ref: ferre au-delà de ce qu'il pourroit faire par la feule contrattilité de fes fibres ; & tant qu'il reçoit le fang pouffé par fes vaifleaux, 1l eft dilaté au-delà de ce qu’il paroît être dans le relâchement , aïnfi il eft toûù- jours dans un état violent tant que la vie dure; il l’eft même après la mort , parce que toutes les ar- teres par leur élafticité, aidées du poids de latmof- phere , expriment le fang qu'elles contiennent & ie pouffent dans les veines & le cœur qui cede à ces forces combinées, & fe laïfle dilater plus que ne ne comporte fa force de reflort naturel, C’eft le propre de tous les mufcles de fe contrae- ter fans le fecours d’aucune puiffance étrangere juf- qu’à un certain point : jufqu'à ce qu'ils foient par- venus à fe raccourcir , à fe reflerrer à ce point, ils peuvent être regardés comme dans un état violent : le cœur étant dilaté après la mort au-delà de ce qu’il feroit fi le fang ne l’y forçoit pas, eft donc ainfir dans un état violent contre lequelul réfifte autant qu'il peut : ainfi dans quelque fituation que foit le cœur pendant la vie & après la mort, les fyftoles & les diafloles font tobjours violentes ; il eft toùjours en- deçà ou en- delà de la fituation qu'il affeéteroit felon fa tendance naturelle. Voyez Cœur , Mus- CLE , CIRCULATION. Les mouvemens de diuflole | &c par conféquent de fyftole du cerveau, font connus depuis long-tems : les plus anciens Anatomiftes ont obfervé que ce vif cere paroît fe refferrer & fe dilater alternativement : les fradures du crane , les caries de cette boîte offeufe, le trépan appliqué, même à deflein , leur ont fourni l’occafion de faire cette obfervation fur les hommes & fur les animaux. Cette vérité n’a cependant pas été reçue généra- lement : il s’eft trouvé des oblervateurs qui ont vou- lu la détruire par les mêmes moyens dont on s’étoit fervi pour l’établir ; d’autres en convenant de l’ap- parence des mouvemens du cerveau, ont fontenu qu’ilsne lui font point propres, mais qu'ils dépendent de la pulfation du finus longitudinal ou de celle des arteres de la dure-mere , ou enfin du repos & de l’a@ion alternative de cette membrane. Les auteurs ne font pas moins partagés au fu- jet de l’ordre, que fuivent ces mouvemens com- parés à ceux du cœur: plufñeurs ont penfé que la contraétion du cœur & la dilatation du cerveau fe fait en même tems : quelques-uns ont préten- du précifément le contraire. Voyez D'URE-MERE; MENINGES. | D’autres, mais en petit nombre, jufqu’à préfent, ont cru remarquer quelque rapport entre les mou- vemens du cerveau & ceux de la refpiration. M. Schligting l’avoit foupçonné, & avoit établi fon doute à cet évard dans un mémoire qu'il a donné fur les mouvemens du cerveau, inféré dans le premier volume des mémoires préfentés à l'académie des Sciences de Paris, par des favans étrangers. M. Haller l’avoit fimplement indiqué dans une lettre à M. de Sauvages , célébre profefleur en Medecine de l’univerfité de Montpellier, lorfque M. de la Mure, auffi rofeffeur très-diftingué de la même , univerfité , & diredteur de la fociété royale des Sciences dela même ville, à qui cette lettre de M. Haller fut communiquée dans le tems, a entrepris de DTA de faire des recherches fur ce fujet, avec toute la fagacité qui le cara@érife dans les différentes expé- riences qu'il a faites , au grand avantage de la phy- fique du corps humain. n C’eft dans le cours de l’année 1752 qu'il a com- mencé & continué celles qui étoient néceffaires pour pénétrer plus profondément le fecret , que la na- ture s’étoit réfervé jufqu’à ce tems, fur les mOUVE- mens du cerveau: & pour ne pas tomber dans Î 1ni- convénient des perfonnes quelquefois trop crédu- les, qui mettent leur efprit à la torture, pour ex- pliquer des phénomenes qui n’ont jamais exifté ; 1l a cherché d’abord à s’affurer de la réalité des monve- mens du cerveau, & à fe confirmer enfuite la cor- refpondance qu’ils ont avec ceux de la refpiration , avant que de travailler à en découvrir la caufe : 1l eft parvenu à {e fatisfaire au-dela de fon attente fur tous ces points, & à réloudre ces trois problèmes, au moyen de plufieurs expériences faites fur des chiens vivans & morts , répétées avec tout le foin poñüble, qui lui ont fourni la matiere d’un mémoi- re que l'académie de Montpellier a envoyé à celle de Paris, comme un gage de l’union qui doit fub- fifter entr’elles, comme ne faifant qu’un même corps, A ‘« Les «14 Le 2 pour être inféré dans le volume des mem. de l'a- cadémie royale des Sciences de la prélente année, conformément à ce qui fe pratique annuellement. Le précis qu'établit dans fon mémoire M. de la Mure, peut être rendu par cette feule expérience , d’où on peut inférer ce qu'il contient de plus eflen- tiel. Si l’on ouvre avec le trépan le cräne d’un chien vivant attaché convenablement fur une table , & qu'ayant auf ouvert le bas-ventre , on découvrela yeine-cave , on obferve ce qui fuit. Dans le tems quele chien infpire, le thorax étant dilaté, les côtes étant écartées les unes desautres, le cerveau s’affaifle & s'éloigne en-dedans du crane, de orifice fait par Le trépan : foit que la dure-mere enveloppe la fubftance corticale , ou qu’elle ait été enlevée, toutes les veines confdérables, comme les jugulaires , les caves, les iliaques s’affaiflent en même tems, de même que les petites veines, telles que celles qui rampent dans lépaifleur de la pie- mere ; ce qui n’eft cependant pas aufl fenfble : &c lorfque le chien fait fes expirations, qu'il crie ; le thorax étant alors reflerré, le cerveau s’enfle, s’ap- lique fortement au crane, toutes les veines fe di- Lau & reprennent la figure cylindrique. M. de Sauvages a été témoin de cette expérience, & de plufieurs autres faites à ce fujert. M. de la Mure établit d’après ces faits, qu’il rend de la derniere évidence , par la maniere dont 1l les expofe ; quele mouvement de diaftole & de fyftole ; qu’on obferve dans toute la mafle du cerveau ef in- conteftablement démontré; qu'il fe forme pendant la fyftole un efpace entre le cerveau & le crâne, que le reflux du fang vers le cerveau eft la véritable caufe du mouvement de l'élévation de ce vifcere ; ue ce reflux eft l'effet de la preffion des poumons 4 les trous veineux renfermés dans le thorax ; que cette preflon fait enfler également les veines infé- rieures & les veines fupérieures ; que cette preffion a lieu pendant expiration , foit qu’elle fe faffe Ii-- brement, foit qu’elle foit fufpendue, parce que le thorax comprime les poumons, qui font pleins d’air qui réfifte à fon expreffion , fe raréfie de plusen plus, &c réagit fur tous les corps ambians, ne pouvant pas fortir hbrement par la glotte, qui ne lui laifle qu’une très-petite 1ffue à proportion de fon volume; que cette preflion produit un véritable mouvement rétrograde du fang dans toutes les veines mention- nées : mouvement que l'œil peut fuivre; que l’af- faiflement du cerveau n’eft dû qu'à la facilité avec Tome IF, | D Ï À 953 laquelle le fang fe porté vers les gros vaifleaux de la poitrine dans le tems de l’infpiration , parce que fes parois fuyant, pour ainfi dire, devant les pou- mons, en s’écartant pour dilater le thorax ; laïf- fent pénétrer librement & le fang & l’air : qu’en imi- tant le jeu de la refpiration, l'animal étant mort, on appercoit lesmêmes phénomenes que dans le vi- vant par la feule prefion du thorax fur Les poumons : que les mouvemens du cerveau mont pas lieu dans le fœtus, par le défaut de refpiration { que le pre- mier mouvement qu'éprouve ce vifcere , doit être celui du refferrement par l’effet de la premiere inf- piration, qui rend plus libre l'évacuation des veines, en diminuant la réfiftance occafionnée par la pref- fion des trous veineux fur le thorax ; que les mou- vemens que l’on obferve dans le cerveau , s’obfer- vent aufhi dans Le cervelet; qu'il y a lieu de penfer qu'ils s'étendent à toute la moëlle épiniere, quoi- qu’on ne puifle pas s’en aflürer dans l’animal vis vant. M; dé la Mure, après avoir donné la folution de. toutes les diflicultés qui fe préfentent d’abord contre les conféquences qu'il tire de fes expériences faites fur les animaux, en fait l'application au corps hu- main , & la confirme par plufñeurs obfervations fai- tes fur des fujets humains , que rapporte M. Schlig- ting , qui répondent parfaitement à ce qu’il avoit vü dans les animaux. La caufe de ces mouvemens, c’eft-à-dire le reflux du fang dans les troncs des veines, paroît également avoir lieu dans l’homme. Il eft très-fenfible dans les fortes expirations, fur-tout lorfqu’elles font un pert foûtenues, que l’on crie, que l’ôn chante: lors mê- me que l’on parle avec vivacité, les veines jugu= laires {e gonflent évidemment. D'ailleurs la ftruéture anatomique de l’homme n'offre point de différence aflez confidérable, pour que cette caufe n’y agifle pas ainfi que dans les ani« maux. On pett appliquer également au corps humain toutes les conféquences qui fe préfentent en foule , d’après les obfervations faites à ce fujet: - On conçoit clairement, par exemple, pourquoi laétion de parler augmente le mal de tête, pour- quoi la toux produit le même effet, en rendant plus fort le reflux du fang vers les membranes du cer- veau, qui doivent conféquemment être plus dif= tendues & plus irritées : on a même vü le crane f& fort enflé par l'effet d’une toux violente, que les té= gumens cicatrifés , qui tenoient lieu d’une portion du crane, en ayvoient été déchirés. Dans les fraëtu= tures des os de la tête, après l’application du trépan: on fait reterir fon haleine au malade avec effort (comme dans le cas des felles difficiles , on le fait {oufler, expirer fortement),ce qui fe fait dans la vüe de procurer une évacuation plus prompte & plus abondante des matieres contenues entre la dure-mere & le crane, en faifant gonfler le cerveau quu les. exprime par l’iflue qui fe préfente: LEE | Toutes ces obfervations font fentir importance des effets que peut produire le reflux du fang. Tou- tes les expériences dont s’eft fervi l’auteur du mé- moire dont 1l s’agit , pour expliquer les mouvémens du cerveau , peuvent encôre fournir des torollai: res qui ne foht point d’une moindre conféquence, Elles établifent l'ufage des valvules dans les veines, la raifon de la différence de ces valvules & de teur pofition ; elles font connoître pourquoi elles ne fe trouvent pas dans tous les vaifleaux veineux. Ces mêmes faits jettent les fondemens d’une théo- rie nouvelle de la faignée. Ils établiflent ultérieure: ment lPimportance des effets que produit la refpita- tion pourlemouvement du fang. [ls donnent lieu à des idées qui pourrojent paroître paradoxes au fujet des EBEeee | 954 D'IA caufes de la circulation & de la progreffion du chy- le , mais qui n’en font pas moins vraies, ni moins folidement établies : ils peuvent fervir à l’explica- tion d’un grand nombre de phénomenes dans l’état de fanté & dans bien des maladies , fur-tount celles de la poitrine : tout cela ne peut être développé que dans un fecond mémoire que l'auteur fe propofe de donner , comme une fuite de celui dontileft ici quef- tion, Aurefte M. de la Mure, en rapportant ce qui eff favorable à fon fyftème, n’a pas laïflé fous filence ce qui pouvoit fournir matiere à des difficultés, ce qui a pû lentretenir pendant quelque tems dans des dou- tes , & même dans des erreurs ; le récit fidele defes différentes tentatives eft utile en cela même, qu'il fait fentir combien il eft néceflaire de varier les re- cherches & de réitérer les expériences , avant que d’en pouvoir rien conclure avec certitude, Ces ar- sicle concernant la nouvelle découverte fur Les mou- vernens du cerveau ; eff extrait d’une copie du mé- moire de M. de la Mure , que l’on tient de fa main. Voyez RESPIRATION. (4) DIASTYLE , f. m. ( Archiretture. ) efpace entre deux colonnes, ou édifice dont les colonnes font éloignées les unes des autres de trois diametres ou fix modules deleur groffeur. Voyez encore ENTRE-Co- LONNEMENT. Dit, de Trey. & Chambers. (P) DIASYRME, f. m. (Belles Lettres. )figure deRhé- torique , par laquelle on répond , ou plütôt on élu- de une queftion , à laquelle 1l feroit ennuyeux de répondre. Par exemple , que répondre à un argument JE éloigné du fujer ? (G) DIATESSARON , f. f. ( Pharmacie.) Voyez au mot THÉRIAQUE, THÉRIAQUE-DIATESSARON. DiIATESSARON , {. m. nom que les Grecs don- noient à l'intervalle que nous appellons qwarte, & qui eft la troifieme des confonnances. Foyez Cox- SONNANCE, INTERVALLE, QUARTE, | Ce mot eft compolé de Mau, par, & de révrapes, quatre, parce qu’en parcourant cet intervalle diato- niquement , on pañle par quatre fons différens, comme ur, re, mi, fa, & ainfi des autres. (S DIATONIQUE, adj. (Mufique. }eft celui des trois genres de la Mufique qui procede par tons &e fémi- tons majeurs, felon la divifion de la gamme ; c’eft-à- dire , dont les moindres intervalles font d’un degré conjoint ; ce qui n’empêche pas que les parties ne puiflent, procéder par de plus grands intervalles , pourvü qu'ils foient tous pris fur des degrés diaroni- ques. Cemotvient du grec dx, par, &rovos, tons c’eft- à-dire, paflant d'un ton a un autre, Le genre daronique des Grecs réfultoit de lune des trois regles principales qu'ils avoient établies pour accorder les tétracordes. Voyez GENRE, TÉ- TRACORDE. Le nôtre réfulte de la marche confon. nante dela baffe, fur les cordes d’un même mode. Le genre diatonique eft fans contredit le: plus na- turel des trois, puifqu’il eft le feul qui ne fuppofe aucun changement de ton. Auff l’intonation en eft- elle incomparablement plus aifée que celle des deux autres, & l’on ne peut douter que la premiere in- vention de la Mufque n’ait éte celle de ce genre. I faut remarquer que felon les lois de la modula- tion , quipermet & qui prefcrit même le paflage d’un ton & d’un mode à l’autre, nous n’avons prefque point dans notre Mufique de diatonique bien pur; chaque ton particulier eft bien , fi l’on veut, dans le genre diatonique , maïs on ne fauroît pafler de Pun à l’autre fans quelque tranfition chromatique , au moins fous-entendue dans l'harmonie. Le diaroni- gue pur dans lequel aucun des fons n’eft altéré, ni par la clef, ni accidentellement, eft appellé par Zarlin diatono-diatonique , & il en donne pour èxem- | ple le plein-chant de l’églife. S'il y a un bémol après la clé, pour lors c’eft, felon Ini, ledaronique mol , qu'il ne faut pas confondre avec celui d’Ariftoxène. Voyez MoL. À l'égard de la tranfpoñition par dièfe, cet auteur n'en parle point, car on ne la pratiquoit pas encore de fon tems. Voyez TRANSPOSITION. $ L ne TRAGACANTHI FRIGIDÆ SPECIES ; (Phar.) Prenez gomme adragant deux onces , gom- me arabique une'once & deux gros, amydon de- mi-once; régliffe ; femences de melon & de pavot blanc , de chaque trois gros ; femences de citrouille, de concombre, & de courge, de chaque deux gross fucre candi trois onces: mêlez ces drogues & faites- en une poudre. Cette compoftion produit de bons effets dans {a chaleur , l’acrimonie, les irritations, & les tiraillez mens des membranes. La dofe du tout eft depuis de: . Mi-gros jufqu'à deux. On doit la réitérer fouvent ; elle a beaucoup plus d'efficacité, lorfqn’elle eft ré- cente, parce que les femences deviennent rancesen vieilliffant, James & Chambers. DIATRION PIPEREON SPECIES, compoft= tion de Pharmacie. Prenez poivre noir long & de la Jamaique, de chaque fix gros & quinze grains; de femences d’anis & de thim, racines de gingembre , de chaque un gros : c’eft une poudre contre les cru dités & la furabondance des humeurs froides. Ibid, DIATRIUM SANTALORUM POLVIS ; (Pharm.) poudre des trois fantanx, Voyez SANTAL. * DIAULODROME,, f. m. (Al, anc. Gymnaft.} coureurs qui fe difputoïent Le prix de la vitefle dans les jeux publics. Ils faifoient une ftade en allant, & une ftade en revenant fans s’arrêter : ce fut de-là qu'- ils prirent le nom de diawlodrome, Ils parurent pour la premiere fois dans les jeux olympiques ; à la quator- zieme olympiade. On les y couronnoit d’une bran- che d’olivier fauvage. Hyÿpenus de Pife y vainquit le premier. DIAZEUXIS, f. m. il fignifie féparation ; c’étoit dans Pancienne mufique greque, le ton qui féparoit deux tétracordes disjoints, & qui ajoûté à l’un des deux, en formoit le diapente. C’eft notre ton ma- jeur, dont le rapport eft de 8 à o, & qui éft en effer la différence de la quinte à la quarte. Voyez Ton. Le ton diazeuttique {e trouvoit dans leur mufique ; entre la mefe & la paramefe, c’eft-A.-dire entre le fon le plus aigu du feond tétracorde & le plus grave du troifieme ; ou entre la nette fynnemenon & la para- mefe hyperboleon, c’eft-à-dire entre letroifieme &le go tétracorde , felon que la disjonéion fe fai: oit dans l’un ou dans l’autre lieu, (S * DICANICIUM, {. m, (Hift. arc.) petit bâton ne voit à la main des empereurs grecs, de leurs emmes, & de quelques grands de létat. C’eft une des marques de leur autorité. Le dicanicium eft di- vérfement configuré, felon la dignité de la perfonne qui le porte. _* DICE, £ £ (Myr.) déeffe du Paganifme, fille de Jupiter & de Thémis ; fa fonétion étoit d’accufer les coupables au throne de Jupiter. * DICERATIUM, (Hif, anc.) monnoie oreque C’étoit le double du filique des Latins : or vinet fili- ques faifoient un aureum ou un fo/idum , é’eft-à-dire environ vingt-trois fous'cinq deniers 87 un quart de denier, argent de France. C'étoit l'impôt que l’em- pereur Nicéphore avoit mis fur chaque bourgeois de Conftantinople, pour la réparation des murs de Con- ftantinople. Ils le trouvoient très-onéreux. DICHORÉE,, f. m. (Belles-Lerr.) eft un pié de la verification latine. Il eft compofé de quatre fylla- bes, dont la premiere eft longue, la feconde breve, la troifieme longue , & la quatrieme breve: ce font deux chorées réunis, comme dans corprôbaré, (G) DIC DICHOTOME, adj. (4/fr.) on dit que la Lune eft dichorome, lorfque lon voit précifément la moitié de fa face éclairée. Voyez DicHoromie. (0). DICHOTOMIE , BISSECTION, £. £. (-4/tron.) c’eft un terme ufité par les Affronomes, pour expri- mer la phafe ou apparence de la Lune dans laquelle elle eft coupée en deux, de forte qu’on ne voit que la moitié de fon difque ou de fon cercle. Foy. PHA- se, Ce mot eft grec, formé de Ve, deux fois , & ri- vo , Je coupe. Le tems de la dichotomie de la Lune eft d’un grand ufage pour déterminer la diftance du Soleil à la ter- re ; & la maniere dont on s’en fert pour cette recher- che ; eft expliquée dans l’ixsroduëhio ad vera affrono- miam de Keill, ch. xxiij. Cette méthode a été inven- tée par Ariftarque de Samos, qui l’a fubftituée à une autre fort peu exacte, par laquelle Prolomée mefu- roit la diffance du Soleil à la terre. Mais il eff fort difficile de fixer le moment précis où la Lune eff cou- pée en deux parties égales, c’eft-à-dire quand elle eft dans fa véritable dichotomie. La Lune paroît cou- pée en deux parties égales , quand elle eft proche des quadratures : elle le paroït aufli fenfiblement dans les quadratures même, & encore quelque terms après, ainfi que Riccioli le reconnoît dans fon A/- magefle; de forte qu’elle paroît dichotomifée au moins pendant un petit efpace de tems : dans ce tems, cha- que moment peut être pris pour le véritable point de la dichotomie, aufi-bien que tout autre moment. Or une très - petite erreur dans le moment de la di- chotomie, en produit une fort grande dans la diftance du Soleil. M. le Monnier fait voir qu’en ne fe trom- pant que de quatre fecondes , ce qu'il eft prefque 1m- poffble d'éviter, on peut trouver dans un cas que la diffance du Soleil eft de 13758 demi-diametres ter- reftres ; & dans un autre, qu’elle eft feulement de 6876 demi-diametres. Ainfi le moment où arrive la véritable dichoromie eft incertain ; mais fuppofant qu'elle arrive avant la quadrature , Riccioli prend pour la vraie dichotomie Le milieu du tems écoulé en- tre la quadrature &z le tems où la dichotomie de la Lu- ne commence à être douteufe. ILeût bien mieux fait, dit M. le Monnier, de pren- dre le milieu entre les deux inftans auxquels les pha- fes de la Lune étoient douteufes, c’eft-à-dire le mi- lieu entre l’inftant auquel la Lune a ceflé d’être en croïffant ou concave , & l’inftant auquel elle a com- mencé à paroître boflue ou convexe, puifque ce der- nier tems doit arriver un peu après la quadrature : de cette maniere il auroit conclu la diffance du Soleil à la terre beaucoup plus grande qu'il ne la déduit de fon calcul. /n/2. affron. page 452. € Juiv. En général , fi on pouvoit mefurer exaétement quelque phafe de la Lune autre que la dichotomie , on s’en ferviroit avantageufement pour mefurer la diffance de la terre au Soleil. Mais on s’appercevra toùjours qu'il eft impofhble de ne fe pas tromper dans cette mefure , au moins de quelques fecondes ; d’où l’on voit que par cette méthode on ne peut gue- re fe Alatter de connoître la diftance du Soleil. El faut avoüer néanmoins que par de femblables obferva- tions , on s’eft enfin asfüré que la diftance du Soleil à la terre furpafloit beaucoup 7000 demi-diametres terreftres ; & tout ce qu'on peut en effet tirer de cette méthode , c’eft de déterminer les limites entre lef- quelles eft comprife la difance de la terre au So- leil, Mais ces limites feront fort grandes. La dichoromie eft proprement ce qu'on appelle, dans le langage vulgaire, le commencement du pre- nier où du dernier quartier. (O) * DICORDE,, f. m. (Fift anc.) inftrument de muüfique des anciens , ainf appellé, parce qu'il n’a- voit que deux cordes ; fa forme eft celle d’un quatré long , qui va toijours un peu en diminuant, Tome IF, D INC _ of _* DICROTE , fm. (Æif. anc.) Cicéron s’eft fer vi de ce mot en deux endroits, où Les favans préten- dent qu'il fige #7 grand vaiffeau à deux rangs de rares élevés l’un au-deffus de l'autre. DicrorE, (Med, )dimporce, bis feriens, {e dit d'u ne efpece de battement compofé d’artere , qui con flitue le pouls rebondiflant, Poyez Pouts & ReBon- DISSANT. (4) DICTAMNE DE CRETE , £ m. (Por.) plante à tête écailleute , du milieu de laquelle s’éleve une fleur en gueule, & des fleurons avec plufieurs an- neaux qui forment un long épi pendant. I eft vraiflemblable que notre diélamne,, ou com: me plufñeurs l’écrivent), diffamne de Crete; eftle mê- me que celui des anciens. En effet d’habiles eriti= ques ont heureufèment rétabli un pafñlage de Diof- coride ; défiguré par quelques copiftes, au moyen dequoti cet auteur ne dit pas que le ditfamne ne porte point de fleurs ni de grains , maisil ditque ni fa fleur ni fon fruit ne font bons à rien. Pline qui comparele ditlamne au pouliot, ajoûte qu’on ne fe-fert que dé fes feuilles. Théophrafteseit du même avis. Damo= crate, dans Galien , parle auf des fleurs du diéfare ne. Enfin c'étoit un-fait fi commun, & f peu revo- qué en doute, que Virgile lui -même a décrit la tige êc la fleur du défamne de Crete Hic Venus indigno nati concuffa dolore , Ditlamnam genitrix Crete carpit ab Idé, Puberibus caulem foliis , € flore comantem Purpureo : Æneid, Z6. XII, y. 412, « Vénus touchée de voir qu'une indigne trahifon #avoit réduit fon fils dans un état déplorable, va »# cueillir, furle mont Ida dans l'ile de Crete, du » dicfamne , dont la tige eft garnie de feuilles velues ; » & porte à fon fommet de longs bouquets de fleurs » purpurines ». Prouvons par la defcription botanique de cette plante, que celle du poëte eft très-exaéte. Le diéfumne de Crete qui vient naturellement en Grece, & particulierement en Candie dans les fen- tes des rochers, poufle des racines brunes & fbreu- fes , des tiges dures , & couvertes d’un duvet blanc, hautes de neuf pouces , & branchues. Les feuilles naïflent deux à deux aux nœuds des tiges ; elles font arrondies 3 longues d’un pouce, couvertes d’un du- vet épais, blanchâtre: leur odeur eft agréable , leur faveur eft très-âcre 8 brûlante. Les.fleurs naïffent au fommet des branches, dans de petites têtes feuil- lées en forme d’épi, & comme écailleufes , de cou- leur purpurine en-dehors. Ces fleurs font d’une feule piece en gueule, d’une belle couleur de pourpre, portées fur un calice en cornet cannelé , dans lequel, font renfermées quatre graines arrondies , très-me- nues. Le didamne quoique originaire des pays chauds , peutnéanmoins endurer Le froid de nos hyvers, pour- vû qu’on le plante dans un terrein fec &c fablonneux. On le multiplie de boutures, qu'on metà l’abri du froid, & qu'on arrofe jufqu'à ce que les rejettons ayent pris racine, après quoi on les plante dans des pots. Il fleurit au milieu de l'été, mais fes graines n’acquierent guere leur maturité que dans-un climat chaud, comme en Proyence, en Languedoc, & en Italie. | Nous connoïflons encore une feconde efpece de diélamne appellée par lesBotaniftes,diélamnus montis Sipyli, origani foliis. Flor. Bat. Origanum montis Sie pyli; H. EL. 463.Cette feconde efpece a été trouvée fur le mont Sipyle dans l’Afe mineure,près du Méan- dre , par le chevalier Georges Whecler dans fes voyages, & par luisenvoyé à Oxford, C’eft une très -jolie plante qui porte de grands épis de fleurs d’une beauté durable;:ce qui fait qu’elle mérite une EEEcecei 056 DIC place dans Îles jardins des curieux ; elle fe multiplie & fe cultive, à tons égards, comme la précédente. Quelques étymologiftes ont dérivé aflez naturel- lement le nom de diéamne, de diélea, montagne de Crete dont Virgile parle fi fouvent; ou, fi l’on aime mieux, de diéfamo , ancienne ville de Pile de Crete, territoire qui n’eft plus aujourd'hui qu'une petite bourgade de laCanée dans l’île de Candie.Le leéteur curieux d’érudition fur cette matiere, en trouvera dans l'ouvrage d’un Allemand nommé Geyer, dont voicile titre: Geyeri (Joh. Daniel) Thargelus Apolli- ni facer. Francf. 1687. 4°. Article de M, le Chevalier DE JAUCOURT. DicTAMNE DE CRETE , (Mac. med.) diélamnum Creticum. Dicfamnus Cretica. Of, Nous trouvons fous le nom de dilamne de-Crete chez les droguiftes & dans les boutiques d’Apoticaires, des feuilles ar- rondies de la longueur d’un pouce, tirant fur le verd, couvertes de duvet & d’un poilrépais , foütenues fouvent fur de petites tiges, du fommet defquelles pendent des efpeces d’épis formés de fetulles en ma- niere d’écaille, de couleur de pourpre, d’une odeur pénétrante & agréable, d’un goût âcre,aromatique, brûlant. Voilà les feuilles du diéfamne qui font feules d’ufage en Medecine. On les apporte feches du Le- vant, & elles contiennent beaucoup d'huile effen- tielle, avec un fel volatil, comme on peut le con- jeturer par leur odeur & par leur goût. Ainfi il faut choïfir celles qui font récentes , odorantes ; entieres, bien nourries, point moifies , également velues , &c d’une faveur qui brûle un peu la langue. On monde ces feuilles des petits morceaux de bois , auxquels elles font fouvent attachées. Les Medecins les prefcrivent foit en poudre de- puis une dragme jufqu’à trois, foit en infufion de- puis deux dragmes jufqu’à fix, pour plufieuts mala- dies, fur-tout pour hâter l'accouchement , pour chaf- fer l’arriere- faix, 8c pour exciter les regles, On les employe beaucoup dans plufieurs compofitions offi- cinales, en particulier dans la thériaque d’Andro- maque , le mithridate de Damocrate, la confeétion hyacinthe, le diafcordium , & autres. IL étoit. bien difficile qu’une plante fi célebre par- mi les anciens, manquât d’avoir des feétateurs zélés parmi les modernes, & qu’ils oubliaffent de l’incor- porer dans leurs prétendus antidotes. D’abord une fable de tems immémorial qui difoit que les chevres de Crete en mangeant de cette herbe , faifoient tom- ber les fleches dont elles étoient bleffées , établit fon pouvoir dans la guérifon des plaies. Virgile n’a pas manqué de faifir ce conte pour en orner fa defcrip- tion du dicfamne, Non illa feris incognita capris Gramina , cum tergo volucres hæfere fagittæ. « Sa vertu n’eft pas inconnue des chevreuils de l’île, » qui en vont brouter les feuilles lorfqu'ils font at- » teints des fleches du chaffeur ». Mais d’autres'auteurs accréditerent davantage les vertus vulnéraires des feuilles du défemne, en les vantant dans des ouvrages plus férieux, comme ont fait par exemple, Diofcoride , Cicéron, Pline, & Tertullien même. ILeft vrai que quelques-uns d’eux plus critiques &c plus fages que les autres, en ont parlé fimplement comme d’une hftoire qu'on racon- toit ; cependant leur difcours montre toüjours que le ditlamne pafloit généralement pour un excellent remede contre les traits empoifonnés , les bleflures, & la morfure des bêtes venimeufes. Enfin Galien ayant écrit qu'Hippocrate mettoit le dicfamne au rang des puiffans remedes pour chaf- {er l’arriere-faix, a trouvé par-tout chez les moder- nes une entiere confiance {ous une autorité fi refpec- table. Quelques expériences apparentes êc fautives, telles que celles de Thaddé Dunus, rapportées par Jean Bauhin, les ont confirmés dans cette idée. Alors ils ont étendu beaucoup plus loin les vertus eflica- ces des feuilles du déaimne de Crete; ils en ont fait un alexipharmaque, ut emménagogue, un cordial, un fouverain antidote./Cet enthoufafme a fubffté jufqu'à ce que de: meilleurs efprits rédnifant. les propriètés de:cette-plante étrangere à leurjufte va- leur, les ayent jugées fimplementianalogues à celles du pouliot ; de lämenthe; de da rue, duibafhe, & autres plantes aromatiques de: ce-genre , avec | cette referve encorepourl’ufage, quenous fommes plus:sürs d’avoir cesl:dermieres:réellement-8 fans falffication , quenousine le fomimes du diéfamne que nous recevons. de Grece : lesiraifons ne font pas dif. ficiles à deviner. Article de M. le Chevalier DE JAU- COURT. RE SELINT DiCTAMNE BLANC, (Bo). voyez FRAXINELLE, car c’eft la même plante, &c nous nous häâtons de le remarquer en faveur de ceuxiqui commencent à étu- dier la matiere médicale : ignotant que les racines du ditlamne de Crete ne font d’aucumufage, ils pen- fent naturellement , &ils doivent penfer'que ce {ont les feuilles & les racines dela même plante que l’on vend êz que lon trouve dans les boutiques fous le nom de défamne. Voilà comme les termes équivoques jettent dans mille erreurs. À l’homonymie botani- que des anciens , ajoûtez celle des:modernes qui fe multiplie tous les jours, & dont , pour combler la mefure, nous fommes les premiers à donner l’exem- ple, vous verrez combien l’on eft peu curieux de faciliter le progrès des Sciences. Article de M, le Che- valier DE JAUCOURT. DICTATEUR , f. m. (Æiff, rom.) magiitrat ro- main créé tantôt par un des confuls ou par le géné- ral d'armée , fuivant Plutarque ; tantôt par le fénat ou par le peuple, dans des tems dificiles, pour com- mander fouverainement, & pour pourvoir àce que la république ne fouffrit aucun dommage, Les Romains ayant chaffé leurs rois , fe virent obligés de créer un difateur dans les périls extrèmes de la république, comme, par exemple, lorfqw'’elle étoit agitée par de dangereufes féditions , ou lorf- qu’elle étoit attaquée par des ennemis redoutables. Dès que le diéfateur étoit nommé , il fe trouvoit re- vêtu de la fuprème puiffance ; 4l avoit droit de vie & de mort, à Rome comme dans les armées, fur les généraux &c fur tous les citoyens, de quelque rang qu'ils fuflent : l’autorité & les fonétions des au- tres magiftrats, à l'exception de celle des tribuns du peuple, cefloient, ou lui étoient fubordonnées : 11 nommoit le général de la cavalerie qui étoit à fes ordres, qui lui fervoit de lieutenant, &, fi l’on peut parler amf, de capitaine des gardes : vingt-quatre _liéteurs portoient les faifceaux & les haches devant lui, & douze feulement les portoient devant le con- {ul : il pouvoit lever des troupes, faire la paix ou La guerre felon qu'il le jugeoit à-propos, fans être obligé de rendre compte de fa conduite, & de pren- dre l’avis du fénat & du peuple : en un mot il joui£ foit d’un pouvoir plus érandique ne lavoient jamais eu les anciensrois de Rome ; mais comme il pouvoit abufer de ce vafte pouvoir fi fufpet.à des républi- cains , on prenoit toùjours la précaution de ne le lui déférer tout au plus que pour fix mois. Le premier du rang des patriciens qui parvint à cet emploi fuprème, fut Titus Largius, l'an de Ro- me 259. Clélius premier conful le nomma, comme en dédommagement.de l’autorité qu'il perdoit par la création de cette: éminente dignité. Le premier dic- tateur pris de l’ordre des plébéiens; fut Cn. Martius Rutilius, l’an de Rome 399. Quelques citoyens eu- rent deux fois cette fuprème magifirature. Camille fut le feubqu’on nomma cinq fois diékseur; mads Cas mille étoit un citoyen incomparable, le reftaurateur de farpatrie , & Je-fécond fondateur de Rome: il finit {a derniere diélature l’an 386 , par rétablir le - calmedanslarépublique entreles différens ordres de l’état. Minutius ayant remporté contre Annibal quel- ques avantages, que le bruit public ne manqua pas d’exagérer, on fit alors ARome ce qui ne s’y étoit jamais fait, dit Polybe; dans lefpérance où l'on étoit que Minutius rermineroit bientôt la guerre , on le nomma difateur l’an de Rome 438, conjointement avec Q. Fabius Maximus; dont/la conduite toûjours judicieufe & conftante, l’emportoirà tous égards fur la bravoure téméraire dwrcollegue qu'ôn lui-afo- cioit. On vit donc deux didareurs à-la-fois, chofe aüparavant inoite chez les Romains, & qu'on ne répeta jamais depiis. set ds | Le même Fabius Maximus dont je viens de par- ler, en qui fa grandeur d’amie jointe à la gravité des mœurs répondoit à la majefté de fa charge , fut le premier quidemanda an {énat de trouver bon qu'il ût monter à chevalà Parmée ;' car une ancienne loi le défendoitexpreflément aux diélareurs, foit par- ce que les Romains-faïfant confifter leurs grandes forces dans l'infantérie, crurent néceflaire d'établir que le général demeurât à la tête des cohortes., fans jamais les quitter ; foit parce que Ja diétature étant d’ailleurs fouveraine & fort voifine de la tyranme, on voulut au moins que le diéfateur, pendant Pexer- cice de fa charge , dépendit en cela de la républi- ue. L’établiffement de la diétature continua de fubfif- ter utilement & conformément au but de fon infti- tution, jufqu'aux guerres civiles de Marius & de Sylla. Ce dernier, vainqueur de fon rival & du parti qui le foûtenoit, entra dans Rome à la tête de fes troupes, & y exerça de telles cruautés , que.pet- fonne ne pouvoit compter fur un jour de vie, Ce fut pour autorifer fes crimes , qu'il fe fit déclarer diéta- teur perpétuel l’an de Rome 671, ou, pour mieux dire, qu'il ufurpa de force la diétature. Souverain abfolu , il changea à fon gré la forme du gouverne- ment ; il abolit d'anciennes lois, en établit de nou- velles , fe rendit maître du thréfor public, &c difpofa defpotiquement des biens de fes concitoyens. Cependant cet homme qui ; pour parvenir à-la ditature, avoit donné tant de batailles, raffafié du fang qu'il avoit répandu , fut aflez hardi pour fe dé- mettre de la fouveraine puiffance environ quatre ans après s’en être emparé, il fe réduifit de lui-même , lan 674, au rang d’un fimple citoyen , fans éprou- ver le reflentiment de-tant d’illuftres familles dont il avoit fait périr les chefs par fes cruelles profcrip- tions. Plufeurs regarderent une démiflion fi furpre- nante comme le dernier effort de la magnamimité; d’autres l’attribuerent à la crainte continuelle où 1l étoit qu'il ne fe trouvât finalement quelque Romain affez généreux pour lur ôter d’un feul coup l'empire 8 la vie. Quoi qu'il en doit, fon abdication de la diGature remit l’ordre dans l’état, & l’on oublia prefque les meurtres qu'il avoit commis , en faveur de la liberté qu’il rendoiït à fa patrie; mais fon exém- ple fit appercevoir à ceux qui voudroient lui fuccé- der, que le peuple romain pouvoit fonffrir un mais fre, ce qui caufa de nouvelles &t de grandesæévolu:. tions. | à Deux fameux citoyens ; dont l’un ne. vouloit point d’égal, & l’autre nepouvoit fouffrir de fupé- rieur ; tous deux illuftres par leur naïflance ; leur tans & leurs exploits ; tous deux prefqu'également dangereux, tous deux les premiers capitaines deleur tems ; en un mot Pompée & Céfar fe difputerent la fanefte gloire d’aflervir leur patrie. Pompée cepen- dant afpitoit moins à la diétature pour la puiffance, que pour les honneurs & l'éclat ; il defiroit même D'IC 957 de l'obtenir naturellement par les fuffrages du peu ple, c'eft pourquoi deux fois vainqueur il congédia les armées quand 1l nuit le pié dans Rome. Céfar au contraire , plein de defirs immodérés | vouloit la fouveraine pruflance pour elle-même, & ne trouvoit rien au-deflus de fon ambition & de l'étendue im menfe de fes vües:; toutes fes aéions s’y rapportez rent , Ôc le fuccès de la bataïllesde Pharfale les cou- ronna. Alors on le vit entrer triomphant dans Rome lan 696 de fa fondation : alors tout plia fous fon au- torité ; 1l fe fit nommer conful pour dix ans, & dice tateun perpétuel , avec tous les autrestitres de mas giftrature qu'il voulut s’arroger : maître de la répus blique comme du refte du monde, il ne fut affafiné que lorfqu'il eflaya le diadème. Auguite tira parti des fautes de Céfar, &e s’éloiena de fa conduite; 1l prit feulement la qualité d’empe- reur, #rperator; que les foldats pendant le tems de la république donnoient à leurs généraux, Préferant cette qualité à celle de diéfateur, il n’y eut plus de titre de diétature , les effets en tinrent lieu ; toutes les aétions d'Ottave & tous fes réplemens formerent la royauté. Par cette conduite adroite, dit. M. de Vertot, 1l accoütuma des hommes libres à la fervi: tude, & rendit une monarchie nouvelle fupportable à d’anciens républicains. On ne peut guere ici fe refufer à des réflexions qui naïflent des divers faits qu'on vient de rap- porter. La conftitution de Rome dans les dangers de la ré- publique , auxquels il falloit de grands & de prompts remedes, avoit befoin d’une magiftrature qui pût y pourvoir. Il falloit dans les tems de troubles & de calamités, pour y remédier promptement , fixer l’ad- mufiration entre les mains d’un feul citoyen ; il falloit réunir: dans: fa perfonne les honneurs & la puüflance de la magiftrature, parce qu’elle repréfen- toit la fouveraineté : 1] falloit que cette magifirature s’exerçatavec éclat, parce qu'il s’agifloit d’intimider le peuple , les brouillons.82 les ennemis : il falloit que le ditlateur ne füt crée que pour cette feule af faire, 8 n’eüt une autorité fans, bornes qu’à raïfon de cette affaire, parce qu'il étoit toüjours créé pour un Cas imprévü : 1 falloit enfin dans une telle magife ftrature, fous laquelle le fouverain baïfloit la tête & les lois populaires fe taifoient,, compenfer la gran- deur de fa puiffance par la briéveté de fa durée, Six mois furentle terme-fixe ; un terme:plus court n’eût pasfuffi, un terme pluslong eütété dangereux. Telle étoit l’infitution de la daétature : rien de mieux & de plus fagement établi, la république en éprouva long-tems les avantages. Mais quand Sylla, dans la faveur de fes fuccès, eut donné les terres des citoyens aux foldats, il n’y eut plus d'homme de guerre qui ne cherchât des oc- cafions d’enmavoir encore davantage, Quand il eut inventé les profcriptions , &- mis à prix la tête de ceux qui n’étoient pas de-fon parti, il fut impofhble de s'attacher à l’état. 8: de demeurer neutre entre les deux premiers ambitieux qui s’éleveroient à la domination. Dès:lors 1l ne regna plus d’amour pour ‘Ja patrie, plus d’union-entre les citoyens, plus de vertuss-les troupes ne furent plus celles de la répu- blique:, mais de Sylla; dePompée, & de Céfar. L’ambition fecondée des armes, s’empara de la puif fance, desicharges, des honneurs; anéantit l’auto- rité des magiftrats, &, pour le dire en un mot, bouleverfa la république : a liberté & fes foibles reftes de vertus s’évanoiirent promptement. Deve- nue de plus en plus efclave fous Augufte, Tibere, Caius, Claude, Néron, Domitien, quelques? Le fujet en queftion n’eft donc pas fi aïfé , qu'il ne faille qu'’ouvrirles yeux pour le connoïtre. De très-grands philofophes ont contemplé toute leur vie le ciel & les aftres, fans cefer de croireque le Dieu qu’ils reconnoiïfloient n’avoit point créé le monde, & ne le gouvernoit point. Il ef aifé de voir que tout cela ne prouve rien. Il y a une grande différence entre connoître qu'il y a un Dieu, & entre connoître fa nature. J’avoue que cette derniere connoïflance eft inacceflble à nos foibles lumieres ; mais je ne vois pas qu'on puifle toucher à l’autre. Il eft vrai que l'éternité d’un pre- mier être, qui eft l’infinité par rapport à la durée, ne fe peut comprendre dans tout ce qu’elle eft; mais tous peuvent & doivent comprendre qu'il a exifté quelqu'être dans l'éternité ; autrement un être au- roit commencé fans avoir de principe d’exiftence, ni dans lui ni hors de lui, & ce feroit un premier effet fans caufe. C’eft donc la nature de l’homme d'être forcé par fa raifon d’admettre lexiftence de quelque chofe qu’il ne comprend pas : il comprend bien la nécefité de cette exiftence éternelle; mais 1l ne comprend pas la nature de cet être exiftant nécef- fairement , ni la nature de fon éternité ; il comprend qu’elle eft, & non pas quelle elle eft. Je dis donc & je foûtiens que lexiftence de Dieu eftune vérité que la nature a mife dans lefprit de tous les hommes, qui ne fe font point étudiés à en. démentit les fentimens. On peut bien dire 1c1 que la voix du peuple ef? La voix de Dieu. M, Bayle a attaqué de toutes fes forces ce con- fentement unanime des nations, &c a voulu prouver qu'il n’étoit point une preuve démonftrative de l'e- xiftence de Dieu. Il réduit la queftion à ces trois principes: le premier, qu'il y a dans Fame de tous _ les hommés une idée de la divinité: le fecond, que c’eft une idée préconnue, anticipée, & communi- quée par la nature, & non pas par l'éducation: le troifieme , que le confentement de toutes les nations: eft un caractere infaillible de la vérité. De ces trois principes il ny a que le dernier qui fe rapporte aux queftions de droit ; les deux autres font une matiere de fait: car puifque l’on prouve le fecond par le | premier y DIE . premier , il eft vifibleque pour être für que l’idée de Être divin eft innée , & ne vient pas de l’édu- cauon, mais de la nature ,41 faut chercuer dans l’hi- _ foire fi tous les hommes font imbns de l'opinion quil y a un Dieu, Or ce font ces trois principes que M. Bayle. combat vivement dans fes penfées diver- {es fur la comete, Voiciun précis defesraïfonnemens. 1°. Le confentement de tous les peuples à recon- noiître un Dier, eft un fait qu'il eft impofñble d’é- claircir. Montrez-moi une mappemonde; voyez-y combien il refte encore depaysà découvrir, & com- bien font vaites les terres auftrales qui ne font mar- quées que comme inconnues. Pendant que j’ignore- rai ce que l’on penfe.en.ces lieux-là, je ne pourrai point être für que tous les peuples de la terre ayent donné le confentement dont vous parlez. Si je vous accorde par grace qu'il doit vous fufire de favoir l'opinion des peuples du monde connu , vous ferez encore hors d’état de me donner une entiere certi- tude : car que me répondrez-vous, fi je vous objeéte les peuples athées dont Strabon parle , & ceux que les voyageurs modernes ont découverts en Afrique & en Amérique ? Voici un nouveau,.champ de recherches très-pé- _ aibles & inépuifables. Il refteroit encore à examiner fi quelqu'un a mé cette exiftence. Il fe faudroit infor mer du nombre de ces athées ; f c’étoient des gens d'efprit, & qui fe piquaflent de méditation, On fait que la Grece fertile en efprits forts, & comme dit un de nos plus beaux elprits, berceau des arts & des eireurs, 4 produit des athées, qu’elle en a même puni quelques-uns ; ce qui a fait dire que bien d’autres ‘euffent déclaré leur irréligion, s'ils euflent pû s’af- fürer de l'impunité. ill .2°. Ieft extrèmement difficile, pour ne pas dire impoññble, de difcerner ce qui vient de la nature d'avec ce qui vient de l'éducation. Voudriez-vous - # Ï \ . , 1 » ñ bien répondre, après y avoir bien penfé, qu’on dé- couvriroit des veltiges de region dans des enfans à : qui l’on n’auroit jamais dit qu’il y a un Dieu? C’eftor- dnairement par-là qu’on commence à les inftruire, dés qu'ils font capables de formier quelques fons & de bégayer. Cette coùtume.eft très-loüable; mais elle empêche qu'on ne vérifie fi d'eux-mêmes, & par les feules impteflions de la nature, ils fe porte- rotent à reconnoître un Diez, 3°. Le confentement des nations n’eft point une marque cara@tériftique de la vérité : 1°. parce qu'il n'eft. point für que les impreflions de la nature por- tent ce carattere de la vérité ; 2°. parce que le poly. théifme fe trouveroit par-là autorifé, Rien ne nous difpenfe donc d'examiner fi ce à quoi.la nature de “tous les hommes donne fon confentement, eft né- ceflairement vrai. "Ereffet fi le confentement des nations étoit de quel- que force , 1l prouveroit plus pourl’exiftence de plu- fieurs fanfles divinités, que pour celle du vrai Dieu. Il eft clair que les Payens confidéroient la nature di- vine comme une efpece qui a fous foi un grand nom- bre d'individus, dont les.uns étoient mâles & les au- tres femelles, & que les peuples étoient imbus de cette opinion ridicule. S'il falloit donc reconnoître le confentement général des nations pourune-preu- ve de vérité, il fandroitrejetter l'unité de Dieu, & embrafler le polythéifme. Pour répondre à la premiere objedionde M. Bayle (voyez l'article ATHÉISME) , on y prouve qu'il n'y a jamais eu de nations athées. Les hommes, dès qu'ils font hommes, c’eft-à-dire capables de fociété & de raifonnement , reconnoiflent un Diez. Quand mé- me j'accorderois ce que je.ne crois pas vrai, que l’athéifme fe feroit glifé parmi quelques peuples barbares & féroces, cela ne tireroit point à confé- guences leur athéifme auroit été tout au plus népa- _ TomlIF, 1 DIE 977 tif; 1ls n’auroient ignoré Diex , que parce qu'ils n’au- . 12 0 = £ Le rotent pas exercé leur raifon. Il faut donc les mettre au rang des enfans qui vivent fans réflexion, & qui ne paroiffent capables que des a@tions animales ; & comme l’on ne doit point conclure qu'il n’eft pas naturel à l’homme de fe garantir des injures de Pair, parce qu'il y a des fanvages qui ne s’en mettent point en peine, on ne doit pas inférer auffi que par- ce quil y a des gens flupides & abrutis , qui ne ti- rent aucune conféquence de ce qu'ils voyent, il n'eft pas naturel à l’homme de connoître la fagefle d'un Dieu qui agit dans l'univers. On peut renverfer avec une égale facilité la {e- conde obje&tion de M. Bayle. Il n’eft pas fi mal-aifé qu'ille fuppofe , de difcerner fi l'idée que nous avons de Dieu vient feulement de l'éducation & non pas de la nature, Voici les marques à quoi l’on peut le re- connoïtre. Les principes de l'éducation varient ians cefle ; la fucceflion des tems, la révolution des af- faires, les divers intérêts des peuples, le mêlange des nations , les différentes inclinations des hommes, changent l’éducation , donnent cours à d’autres ma- ximes, & établiflent d’autres regles d'honneur & de bienféance. Mais la nature eft femblable dans tous les hommes qui font & qui ont été: ils fentent le platür, ils defirent l’eftime,, ils s’aiment eux-mêmes aujourd’hui comme autrefois, Si donc nous trouvons que ce fentiment qu’il y a un Diez s’eft confervé par- mi tous les changemens de la fociété > qu'en pou= vons-nous conclure, firon que ce fentiment ne vient pas de la fimple éducation, mais qu’il eft fondé fur quelque haïfon-naturelle qui eft entre cette premiere vérité & notre entendement? Donc ce principe qu'il y a un Dzz eft une impreffion de la nature. D'où je conclus que ce n’eft point l'ouvrage de la politique, toûjours chängeante & mobile au gré des différentes paflions des hommes. Il n’eft point vrai, quoi qu’en dife M. Bayle,que le magiftrat légiflateur {oit le premier inftituteur de la religion. Pour s’en convaincre il ne faut que jetter les yeux für lanti- quité greque & romaine , & même barbare; on ÿ verra que jamais aucun légiflateur n’a entrépris de pohicer une nation, quelque barbare ou féroce qu'= éllefüt , qu'il n’y ait trouvé une religion : au con- traire l’on voit que tous les légiflateurs , depuis ce- lui des Thraces jufqu'à ceux des Amériquains, sa dreflérent aux hordes fauvages qui compoloient ces nations ; comme leur parlant de la part des dieux qu’elles adoroient. Nous voici enfin à la troifieme objeétion , qui patoït à M. Bayle la plus forte & la plus folide des trois, La premiere ratfon qu'il appotte pour Ôter au confentement général des nations tout {on poids en fait de preuve, eft des plus fubtiles. Son areument fe réduit à cet enthymème. Le fond de notre ame eff gâté & corrompu : donc un fentiment que nous in{- pire la nature, doit pour le moins nous patoïtre fuf pect. Je n’aurois jamais crû que nous düffions nous prémunir contre l'ilhifion, quand il'ef queftion de croire qu'il y a un Dieu, Diftinguons en nous deux fentimens, dont l’un nous trom pe toijouts , & l’art tre ne nous trompe jamais. L'un eft Le fentiment de l’homme qui penfe & qui fuit la raifon , & Pautre eft le fentiment de l’homme de cupidité & de paf fions : celui-ci trompe la raïfon, parce qu'il précede toutes les réflexions de lefprit; mais l’autre ne la = trompe jamais, puifque c’eft des plus pures lumieres de la raïfon qu'il tire fa naiffance, Cela poié , ve- nons à l'argument du polythéifme qui auroit êté au. toifé fi le confentement des nations étoit toüjours marqué au fceau de la vérité. Je n’en éludera point la force en difant que Le polythéifme n’a jamais été univerfel, que le peuple juif n’en a point été infec. : té, que tous Les Philofophes étoient perfuadés de HHKHh J $ 978 DIE lexiftence d’un feul Dies, aufi-bien que ceux qui étoient initiés aux grands myfteres. J’accorde à M. Bayle que le polythéifme a dominé tous les efprits, à quelques philofophes près ; mais je foûtiens que le fentiment que nous avons de l’exiftence de Dieu, n’eft point une erreur univerfelle, & voici fur quoi je me fonde. Il y a deux fortes de caufes dans nos erreurs ; les unes extérieures, & les autresintérieu- res. Je mets au premier rang l’exemple, l'éducation, les mauvais raifonnemens , & lés fophifmes du dif- cours. Les caufes intérieures de nos erreurs & de nos préjugés fe réduifent à trois, qui font les fens, l'imagination , & les paflions du cœur. Si nous exa- minons les caufes extérieures de nos erreurs, nous trouverons qu’elles dépendent des circonftances,des tems, des lieux, & qu’ainf elles varient perpétuel- lement. Qu'on confdere toutes les erreurs qui re- gnent, & toutes celles qui ont regné parmi les peu- les, l’on trouvera que l'exemple, l'éducation, les fophifmes du difcours , ou les fauffes couleurs de l’éloquence , ont produit des erreurs particuleres , mais non pas des erreurs générales. On peut trom- per quelques hommes , ou les tromper tous dans cer- tains lieux & en certains tems, mais non pas tous les hommes dans tous Les lieux & dans tous les fiecles : or puifque l’exiftence de Dieu a rempli tous les tems & tous les lieux, elle n’a point fa fource dans les caufes extérieures de nos erreurs. Pour les caufes in- térieures de nos erreurs, comme elles fe trouvent dans tous les hommes du monde, & que chacun a des fens, une imagination & un cœur qui font capables de le tromper, quoique cela n’arrive que par acci- dent, & par le mauvais ufage que nous en faifons, elles peuvent faire naître des erreurs conftantes &c univerfelles. Ces obfervations conduifent au dénouement de la dificuité qu’on tire du polythéifme. On conçoit aï- fément que le polythéifme a pù devenir une erreur univerfelle, & que par conféquent ce confentement unanime des nations ne prouve rien par rapport à lui ; il n’en faut chercher la fource que dans les trois caufes intérieures de nos erreurs. Pour contenter les fens , les hommes fe firent des dieux vifibles & re- vêtus d’une forme humaine. Il falloit bien que ces êtres-là fuflent faits comme des hommes : quelle au- tre figure euffent-ils pù avoir ? Du moment qu'ils font de figure humaine , l’imagination leur attribue naturellement tout ce qui eft humain : les voilà hom- mes en toutes manieres, à cela près qu'ils font toùi- jours un peu plus puiffans que des hommes. Lifez l'origine des fables de M. de Fontenelle, vour y ver- rez comment l’imagination, de concert avec les paf- fions , a enfanté les dieux & les déefles, & les a fouillés de toutes fortes de crimes. L’exiftence de Dieu étant une de ces premieres vérités qui s'emparent avec force de tout efprit qui penfe & qui réfléchit, il femble que les gros volu- mes qu’on fait pour la prouver, font inutiles , & en quelque forte injurieux aux hommes ; du moins cela devroit être ainfi. Mais enfin, puifque l’impièté pro- ‘duit tous les jours des ouvrages pour détruire cette vérité , ou du moins pour y répandre des nuages, ceux qui font bien intentionnés pour larehigion, dor- vent employer toute la fagacité de leur efprit pour la foûtenir contre toutes les attaques de l’irrehgion. Pour contenter tous les goûts, je joindrai ici des preuves métaphyfiques, hiftoriques & phyfiques de l’exiftence de Dieu. M. Clarke, par les mains de qui les matieres les plus obfcures, les plus abftrufes ,ne peuvent pafler fans acquérir de l’évidence &c de Por- dre, nous fournira les preuves métaphyfiques. M. Ja- quelot, l’homme du monde qui a réuni le plus de fa- voir & de raifonnement, & qui a le mieux fondu en- femble la philofophie & la critique, nous fournira les preuves hiftoriques, Nous puiferons dans l’ingé- nicux Fontenelle les preuves phyfiques, mais parées de tous les ornemens que l’efprit peut prêter à un fond fi fec & fi aride de lui-même. Argumens métaphyfiques. Les raïfonnemens que met en œuvre M. Clarke, font un tiflu ferré, une chaîne fivie de propoñtions liées étroitement, & néceffairement dépendantes les unes des autres, par lefquelles il démontre la certitude de l’exiftence de Dieu, & dont il déduit enfuite Pun après l’autre les attributs eflentiels de fa nature, que notre raifon bornée eft capable de découvrir. Premiere propofition. Que quelque chofe a exifté de toute éternité. Cette propofition eft évidente ; cat puifque quelque chofe exifte aujourd’hui , il eft clair que quelque chofe a toùjours exifté. Seconde propofition. Qu'un être indépendant & im- muable a exifté de toute éternité. En effet, fi quel- qu'être a néceffairement exifté de toute éternité, il faut ou que cet être foit immuable & indépendant , ou qu’il y ait eu une fucceffion infinie d’êtres dépens dans & fujets au changement, qui fe foient produits les uns les autres dans un progrès à linfini ,, fans avoir eu aucune caufe originale de leur exiftence. Mais cette derniere fuppoñtion eft abfurde, car cette gradation à l’infini eft impoñfble & vifiblement contradiétoire. Si. on envifage ce progrès à linfint comme une chaîne infinie d’êtres dépendans qui tiennent les uns aux autres, il eft évident que tout cet aflemblage d’êtres ne fauroit avoir aucune caufe externe de fon exiftence, puifqu’on fuppofe que tous les êtres qui font & qui ont été dans l’univers, y en- trent. Il eft évident, d’un autre côté, qu’il ne peut avoir aucune çaufe interne de fon exiftence , parce que dans cette chaîne infinie d’êtres il n’y en a au- cun qui ne dépende de celui qui le précede Or fi aucune des parties n’exifte néceffairement , il eft clair que tout ne peut exifter néceflairement, la né- ceffité abfolue d’exifter n'étant pas une chofe exté- rieure , relative & accidentelle de l'être qui exifte néceflairement, Une fucceflion infime d’êtres dépen- dans, fans caufe originale & indépendante, eft donc la chofe du monde la plus impoflible. Troifieme propofition. Que cet être immuable & indépendant, qui a exifté de toute éternité, exifte aufh par lui-même ; car tout ce qui exifte, ou eft forti du néant , fans avoir été produit par aucune caufe que ce foit ; ou il a été produit par quelque caufe extérieure, ou ilexifte par lui-même. Or il ya une contradiétion formelle à dire qu’une chofe eft fortie du néant , fans avoir été produite par aucune caufe. De plus , il n’eft pas poihble que tout ce quirexifte ait été produit par des caufes externes, comme nous venons de le prouver: donc &c. De cette troifieme propoñtion je conclus, r° qu” _onne peut nier, fans une contradiétion manifefte, l’exiftence d’un être qui exifte néceflairement &z par lui-même ; la néceffité en vertu de laquelle il exifte étant abfolue, eflentielle & naturelle, on ne peut pas plus nier fon exiftence , que la relation d’éga= lité entre ces deux nombres, deux fois deux eft qua- tre , que la rondeur du cercle, que les trois côtés d’un triangle. | La feconde conféquence que je tire de ce princi- e, eft que le monde matériel ne peut pas être cet être premier, original, incréé, indépendant & éter- nel par lui-même ; car il a été démontré que tout être qui a exifté de toute éternité, qui eft indépen- dant, & qui n’a point de caufe externe , doit avoir exifté par foi-même , doit néceffairement exifter en vertu d’une néceflité naturelle &c effentielle. Or de tout cela il fuit évidemment que le monde matériel ne peut être indépendant & éternel par lui-même, à moins qu'il n’exifte néceflairement, & d’une né- DTE ceffité fi abfolue & f naturelle, que fa fuppoñtion même qu'il n’exifte pas foit une contradiéion for- elle ; car la néceffité abfolue d’exifter, & la pof- fbilité de n’exifter pas, étant des idées contradic- _toires, il eft évident que le monde matériel n’exifte pas néceffairement, fi je puis fans contradiétion con- cevoir ou qu'il pourfoit ne pas être, où qu'il pour- roit être tout autre qu'il n’eft aujourd'hui. Or rien h’eft plus facile à concevoir ; car foit que je con- fidere la forme de l’univers avec la difpoftion & le mouvement de fes parties, foit que je faffe atten- tion à la matiere dont il eftcompolé , je n’y voisrien que d’arbitraire : jy trouve à la vérité une nécel- fité de convenance, je vois qu'il falloit que fes par- ties fuflent arrangées ; mais je ne vois pas la moin- dre apparence à cette néceflité de nature & d’eflence pour laquelle les Athées combattent. Ÿ. ATHÉISME 6 CRÉATION. _ Quatrieme propofition. Que l’être qui exifte par lui- même, doit être infini & préfent par-tout. L'idée de linfinité ou de l’immenfité , aufli-bien que celle de l'éternité, eft fi étroitement liée avec l’idée de l’e- xiftence par {oi-même, que qui pofe l’une , pofe né- cefairement l’autre : en effet, exifter par foi-même, c’eft exifter en vertu d’une néceflité abfolue, effen- tielle & naturelle. Or cette néceflité étant à tous égards abfolue, & ne dépendant d'aucune caufe in- térieure, il eft évident qu'elle eft d’une mamiere inal- térable la même par-tout , aufli-bien que toûjours ; par conféquent tout ce qui exifte en vertu d’une né- cefité abfolue en elle-même, doit néceflairement être infini aufli-bien qu’éternel. C’eft une contradic- tion manifeite que de fuppofer qu’un être fini puife éxifter par lui-même. Si fans contradiétion je puis concevoir un être abfent d’un lieu, je puis fans con- tradiétion le concevoir abfent d’un autre lieu, & puis d'an autre lieu, & enfin de tout lieu ; ainfi quelque néceflité d’exifter qu'il ait, il doit Pavoir reçue de quelque caufe extérieure : kl ne fauroit l'avoir tirée de fon propre fonds , & par conféquent 1l n’exifte point par lui-même. De ce principe avoué par la raïfon, je conclus que l’être exiftant par lui-même doit être un être fimple, immuable & incorruptible, fans parties, fans figure, fans mouvement &c fans divifibilité ; & pour tout dire en un mot, un être en qui ne fe ren- contre aucune des propriétés de la matiere : car tou- tes les propriétés de la matiere nous donnent nécefai- rement l’idée de quelque chofe de fini. Cinquieme propofition. Que l’être exiftant par lui- même , doit néceffairement être unique. L’unité de lêtre fuprème eft une conféquence naturelle de fon éxiftence néceflaire ; car la nécefité abfolue eft fim- ple & uniforme , elle ne reconnoit ni diférence ni variété, quelle qu’elle foit ; & toute différence ou variété d’exiftence procede néceflairement de quelque caufe extérieure de qui elle dépend. Or il y a une contradiétion manifefte à fuppofer deux ou plufieurs natures différentes ; exiflantes par elles- mêmes néceflairement & indépendamment ; car chacune de ces natures étant indépendante de lau- tre, on peut fort bien fuppofer que chacune d'elles exifte toute feule, & il n'y aura point de contra- diétion à imaginer que l'autre n’exifte pas ; d’où il s'enfuit que m l’une ni l’autre n’exiftera néceflaire- ment. I n’y a donc que l'effence fimple & unique de l'être exiftant par lui-même , qui exifte néceflaire- ment. Sixieme propofition..Que lêtre exiftant par lui- même , eftun être intelligent. C’eft fur cette propo- fition que roulé Le fort de la difpute entre les Athées &t nous. J’avoue qu'il n’eft pas poffible de démon- _trer d’une mamere direéte z priori, que l’être exif- tant par lui-même eft intelligent & réellement a@&f; Tome IF, DIE 979 la raifon en eft que nous ignorons en quoi l'intelli- gence confiffe, & que nous ne pouvons pas voir qu'il y ait entre l’exiftence par foi-même & l’intel- ligence , la même connexion immédiate & nécef- faire , qui fe trouve entre cette même exiftence & l'éternité, l’unité, l'infinité, &c. mais, 4 pofteriori, il n’y a rien dans ce vafte univers qui ne nous dé- montre cette grande vérité, & qui ne nous fournifle des argumens inconteftables , qui prouvent que le monde & tout ce qu'il contient , eft l’effet d’une caufe fouverainement intelligente & fouveraine- ment fage. 1°, L'être exiftant par lui-même étant la caufe & l'original de toutes chofes, doit pofléder dans le plus haut degré d’éminence toutes les perfeétions de tous Les êtres. Il eft impofhble que l’effet foitreyêtu d'aucune perfeétion qui ne fe trouve aufi dans la caufe : s'il étoit pofible que cela fût, il faudroit dire que cette perfettion n'’auroit été produite par rien, ce qui eft abfurde. 2°, La beauté, la variété, l’ordre & la fymämé- trie qui éclatent dans l’univers | & fur-tout la juf- tefle merveilleufe avec laquelle chaque chofe fe rap- porte à fa fin, prouvent l'intelligence d’un premier être. Les moindres plantes & les plus vils animaux {ont produits par leurs femblables, il n’y a point en eux de génération équivoque. Ni le foleil, ni la terre, n1 l’eau, ni toutes les purflances de la: nature unies enfemble , ne font pas capables de produireun feul être vivant, non pas même d’une vie végétale; & à l’occafion de cetteimportante obfervation je re- marquerai 1cien paffant qu'en matiere même de reli- gion la philofophie naturelle & expérimentale eft quelquefois d’un très-grand avantage. Or les chofes étant telles , 1l faut que l’athée le plus opiniâtre demeure d'accord, malgré qu'il en ait, ou que l’organifation des plantes & des animaux eft dans fon origine l’ouvrage d’un êtreintelligent, _qui les a créés dans le tems; ou qu'ayant été de toute éternité conitruits & arrangés comme nous les voyons aujourd’hui, ils font une produétion éter- nelle d’une caufe éternelle & intelligente , qui dé- ploie fans relâche fa puiffance &c fa fageffe infinie; on enfin qu'ils naïffent les uns des autres de toute éternité, dans un progrès à l’infini de caufes dépen- dantes, fans caufe originale exiftante par elle-même. La premiere de ces affertions eft précifément ce que nous cherchons ; la feconde revient au fond à la mê- me chofe, & n’eft d'aucune reflource pour l’athée ; & la troifieme eft abfurde, impoñible, contradic- , toire, comme il a été démontré dans la feconde pro- pofñtion générale. Woyez CRÉATION. Septieme propofition. Que l'être exiftant par lui- même doit étreunagent libre; car fi la caufe fuprème eft fans liberté &r fans choix, il eft impoñfible qu’au- cune chofe exifte ; 1l n’y aura pas jufqu'aux manie- res d’être &z aux circonftances de l’exiftence des cho- fes, qui n’ayent dû être à tous égards précifément ce qu'elles font aujourd’hui. Or toutes ces confé- quences étant évidemment faufles & abfurdes, je dis que la caufe fuprème ; bien loin d’être un agent néceflaire, eft un être libre & qui agit par choix. D'ailleurs f la caufe fuprème étoit un agent pu- rement néceflaire, 1lferoit impofible qu'aucun effet de cette caufe fût une chofe-finie; car un être qui agit néceflairement , n’eft pas maître de fes attions pour les gouverner ou les défigner comme il lui plaït : 1l faut de toute néceflité qu'il fafle tont ce que fa nature eft capable de faire. Or il eff clairque cha- que production d’une caufe infinie , toüjours um forme, & qui agitpar une impétuofité aveugle, doit de toute nécefhité être immenfe & infimie ; une telle caufe ne peut fufpendre fon, ation , 1l faut qu’elle agiffe dans toute fon étendue. Il n’y auroit donc | HHHhhh ïi 980 DIE point de créature dans l’univers qui püt être fime, ce qui eft de la derniere abfurdité , & contraire à l'expérience. Enfin le choix que la caufe fuprème a fait parmi tous les mondes pofhbles, du monde que nous voyons, -eft une péeuve de fa liberté; car ayant donné lac- tualité à une fuite de chofes qui ne contribuoit en rien par fa propre force à fon exifténce, il n’y a point de é qui dût l'empêcher de donner Pexif- tence aux autres fuites poflibles, qui étoient toutes dans le même cas, quant à la poflibilité, Elle a done choifi la fuite des chofes qui compofent cetunivers, pour la rendre attuelle, parce qu’elle lui plaifoit le plus. L’être néceflaire eft donc un être libre ; car agir fuivant les lois de fa volonté , c’eft être libre. Voyez LIBERTÉ ; OPTIMISME, Érc. Huitieme propofition. Que l'être exiftant par hui- même , la caufe fuprème de toutes chofes, poflede une puiflance infinie, Cette propofition eft évidente & inconteftable ; car puifqu'il n’y a que Dieu feul quitexifte par foi-même, puifque tout ce qui exifte dans l'univers a été fait par lui, & puis enfin que tout ce qu'il y a de puiffance dans le monde vient de lui, & lui eff parfaitement f6ûmife & fubordonnée, qui ne voit qu'il n’y a rien qui puifle s’oppoier à l'exécution de fa volonté ? Neuvieme propofition. Que la caufe fuprème & l’au- teur de toutes chofes doit être infiniment fage, Cette propofñtion eft une fuite naturelle 8 évidente des propoñitions précedentes ; car n’eft-il pas de la der- niere évidence qu'un être quieft infini, préfent par- tout, & fouverainement intelligent , doit parfaite- ment connoître toutes chofes ? Revêtu d’ailleurs d’u- ne puiffance infinie , qui eft-ce qui peut s’oppofer à fa volonté, ou l'empêcher de faire ce qu’il connoit être le meilleur & le plus fage ? | Il fuit donc évidemment de ces principes, que l'être fuprème doit toijours faire ce qu'il connoît être le meilleur, c’eft-à-dire qu'il doit toüjours agir conformément aux regles Les plus féveres de la bon- té, de la vérité, de la juftice, & des autres perfec- tions morales. Cela n’entraine point une néceflité prife dans le fens des F ataliftes, une néceflité aveu- gle & abfolue, mais une néceflité morale, compa- tible avec la hberté la plus parfaite. Voyez les arci- cles MANICHÉISME 6 PROVIDENCE. Argument hiftorique. Moyfe dit qu'au commence- ment Dieu créa le ciel & la terre ; 1l marque avec précifion l’époque de la naïffance de Punivers ; il nous apprend le nom du premier homme ; il parcourt les fiecles depuis ce premier moment jufqu’au tems où il écrivoit, paflant de génération en génération, & marquant le tems de la naiflance & de la mort des hommes qui fervent à fa chronologie, Si on prouve que le monde ait exifté avant le tems mar- qué dans cette chronologie , on a raïfon de rejetter cette hiftoire ; mais fi on n’a point d’argument pour attribuer au monde une exiftence plus ancienne, c’eft agir contre le bon fens que de ne la pas rece- voir. - Quand on fait réflexion que Moyfe ne donne au monde qu'environ 2410 ans, felon lhébreu, ou 3943 ans, felon le grec , à compter du tems où 1l écrivoit , 11 y auroit fujet de s’étonner qu'il ait fi peu étendu la durée du monde, s’il n’eût été perfuade de cette vérité par des monumens invincibles. Ce n’eft pas encore tout: Moyfe nous marque un terms dans fon miftoire , auquel tous les hommes par- loient un même langage. Si avant ce tems-là on trouve dans le monde +. nations , des infcriptions de différentes langues, la fuppoñtion de Moyfe tom- be d'elle-même. Depuis Moyfe, en remontant à la confufion des langues, il n’y a dans l’hébreu que fix fiecles où environ, & onze , felon les Grecs: ce ne doit plus être une antiquité abfolument incon- nue. Il ne s’agit plus que de favoir fi en traverfant douze fiecles tout au plus, on peut trouver en quel- que lieu de la terre un langage ufité entre les hom- mes , différent de la langue primitive ufitée , à ce qu’on prétend, parmi les habitans de l’Afie. Exami- nons les hiftoires , les monumens, les archives du monde : renverfent-elles le fyftème & la chronologie de Moyfe , ou tout concourt-il à en affemmir la vé- rité ? dans le premier cas, Moyfe eft un impofteur également groflier & odieux ; dans l’autre, fon récit eft inconteftable : 8&c par conféquent il y a un Diex, puifqu’il y a un être créateur. Or durant cette lon- gue durée de fiecles qui fe font écoulés avant nous, 1l y a eu des auteurs fans nombre qui ont traité des fondations des empires & des villes, qui ont écrit des hiftoires générales, ou les hiftoires particulieres des peuples ; celles même des Affyriens êc des Egyp- tiens , les deux nations, comme l’on fait, les plus anciennes du monde ; cependant avec tous ces fe- cours dépoñtaires de la plus longue tradition, avec mille autres que je ne rapporte point , jamais on n’a pü remonter au-delà des guerres de Thebes & de Troye, jamais on n’a pù fermer la bouche aux phi- lofophes qui foûtenoient la nouveauté du monde. Avant le légiflateur des Juifs, ilne paroit dans ce monde aucun veftige des fciences, aucune ombre des arts. La Sculpture & la Peinture n’arriverent que par degrés à la perfe@ion où elles monterent : lune au tems de Phidias, de Polyclète, de Lyfippe, de Miron, de Praxitèle & de Scopas; l’autre, par les travaux de Nicomachus, de Protogène, d’Apelle., de Zeuxis & d’Ariftide. La Philofophie ne commen- ça à faire des recherches qu’à la trente-cinquieme olympiade , où naquit Thales ; ce grand change- ment , époque d’une révolution dans les efprits, n’a. pas une date plus ancienne. L’Aftronomie n’a fait, chez les peuples qui l’ont le plus cultivée , que de très-foibles progrès, & elle n’étoit pas même fi an- cienne parmi leurs favans qu’ils ofoient le &re. La preuve eneft évidente. Quoiqu’en effet ils euffent dé- couvert le zodiaque, quoiqu’ils l’euflent divifé en douze parties & en 360 degrés , ils ne s’étoient pas néanmoins apperçus du mouvement des étoiles d’oc- cident en orient; ils ne le foupçonnoïent pas même, & ils les croyoient immuablement fixes. Auroïent- ils pû le penfer, s'ils euffent eu quelques obferva- tions antiques ? Ils ont mis la conftellation du bé- lier dans le zodiaque , précifément au point de l’équinoxe du printems : autre erreur. S'ils avoient eu des obfervations de 2202 ans feulement, n’au- roient-ils pas dit que le taureau étoit au pointide l’é- quinoxe ? Les lettres mêmes, je veux dire, l’art de l'écriture, quel peuple en a connu lufage avant Moyfe? Tout ce que nous avons d’auteurs profa- nes s'accordent à dire que ce fut Cadmus qui apporta les lettres de Phénicie en Grece ; & les Phémiciens, comme on le fait, étoient confondus avec les Affy- riens &g les Syriens, parmi lefquels on comprenoit auf les Hébreux, Quelle apparence donc que le monde eût eu plus de durée que Moyfe ne lui en donne, & toutefois que la Grece fût demeurée dans une fi longue enfance, ne connoïffant rien,ou ne per- feétionnant rien de ce quiétoit trouvé déjà ? On voit les Grecs en moins de quatre cents ans ; devenus habiles & profonds dans les arts & dans les fcien- ces. Eft-ce donc que les hommes de ces quatre heu- reux fiecles avoient un efprit d’une autre efpece êc d’une trempe plus heureufe queleurs ayeux ? On pouvoit dire à M. Jacquelot, de-qui cet ar- gument eft tiré, qu’en fe renfermant dans les con- noiffances & dans lesinventions de la Grece, il pre- noit la queftion du côté le plus avantageux à fa caufe, & lui oppofer l'ancienneté prodigieufe des empires d’Aflyrie , d'Egypte, de la Chine même, Aufli prend-t-1l foin de rechercher en habile critique l’origine de ces nations, & de faire voir qu’elles n'ont (au moins ces deux premieres ) que l’antiquité que leur donne Moyfe. Ceux en effet qui accordent la plus longue durée à l’empire des Affyriens, ne l’étendent pas au-delà de 1700 ans. Juftin l’a renfer- mée dans l’efpace de treize fiecles. Ctefias n’y ajoûte que 60 années de plus ; d’autres ne lui donnent que 1500 ans. Eufebe la reflerre en des bornes encore plus étroites ; & Georges Syncelle penfe à-peu-près comme Ctefias. C’eft-à-dire qu’à prendre le calcul le moins fevere, les Afyriens n’auront commencé que deux mille cinq ou fix cents ans avant J. C, & environ cinq ou fix fiecles avant la premiere con- noïffance que lhiftoire nous donne de la Grece. A l'égard de l'Egypte, qui croira, dans la fuppofi- tion qu'elle füt aufhi ancienne qu’elle fe vantoit de l’être, que Moyfe n’en eût pas accommodé l’hiftoi- re avec la chronologie du monde, & qu'il eût ex- pofé la faufleté de fes dates à la dérifion d’un peu- ple fi connu de lui, fi habile, fi voifin ? Cependant il le fait defcendre d’une race maudite de Dieu ; & en le difant , il ne craint point d’être repris. Il eft conftant, (d’ailleurs, qu’il n’y a guere eu de peu- ple plus célèbre que les Egyptiens dans les annales profanes. La feule ville d'Alexandrie, devenue com- me le rendez-vous des grands talens, renfermoit dans fes murs, & fur-tout depuis l’établiffement du Chriftianifme, des favans de toutes les parties de Pumvers, de toutes les religions & de toutes les fetes ; des Juifs, des Chrétiens, & des Philofophes. On ne peut vraiflemblablement doûter qu'il n’y eût fouvent des difputes entr’eux; car où il y a des fa- vans, il y a bientôt des conteftations , & la vérité elle-même y eft toüjours combattue avec ces ar- mes que l’efprit humain ne fait que trop bien em- ployer dans les matieres de doëtrine. Or ici tout rou- loit fur des faits : tout dépendoit de favoir fi Puni- vers, ainfi que Moyfe l’avoit dit, n’avoit que fix mille ans tout au plus; fi quatre fiecles avant li, ce même monde avoit été noyé dans les eaux d’un déluge qui n’avoit épargné qu’une famille, & sil étoit vrai que trois mille ans auparavant, il n’y eûteu fur la terre qu’un feul & unique langage. Qu’y avoit- il de plus facile à éclaircir ? On étoit fur le lieu même. On pouvoit aifément examiner les temples, les fepulchres , les pyramides, les obélifques , les ruines de Thebes, & vifiter ces fameufes colonnes Sciriadiques ; ou, comme les appelle Ammian Mar- cellin, ces fyringues foûterraines , où l’on avoit gra- vé les myfteres facrés. On avoit fous la main les an- nales des prêtres ; & enfin on pouvoit confulter les hiftoires, qui alors étoient nombreufes. Toutefois au milieu de tant de reflources contre l’erreur, ces faits pofés avec tant de confiance dans les livres de Movie, ne trouvoient point de contraditeurs:; & l’on défie la critique qui ofe tant d’ofer les nommer. Le feul Manethon, qui vivoit fous Ptolémée Phi- ladelphe, mit au jour une hiftoire chronologique de PEgypte depuis fa premiere origine , jufqu’à la fuite de Neétanebo en Ethiopie, environ la 117 olym- piade. Mais quelle hiftoire ! & qui pouvoit s’y laif- fer tromper? Elle fait regner en Egypte fix dieux, dix héros ou demi-dieux , durant trente-un ou trente- deux mille ans; enfuite elle fait paroître Le roi Mé- nès , & compofe la lifte de fes fuccefleurs de trois cents quarante monarques, dont la durée totale eft environ trois mille ans. De grands hommes ont eflayé dans tous les tems de mettre quelqu’ordre dans la confufñon de ce cahos , & de débrouiller ce monftrueux entaflement de dynafties de dieux , de heros, & de princes ; mais ce que l’étude la plus opi- miâtre a fait d'efforts, n’a fervi qu’à en montrer l’im- DIE 981 puiffance , & le jour n’a pû percer encore de fi épaif- fes ténebres. Ces dynafties font-elles fucceflives', {ont-elles collatérales ? On ne fait, Les années Egyp- tiennes n’etoient - elles que d’un mois ou de deux à comme quelques-uns l’ont prétendu? Etoient-elles de quatre, & fe régloient-elles par les faifons, come me d’autres le foutiennent ? Queftion impoñfble à terminer par les témoignages anciens ; ils fe contra- rient trop fur cet article, Nos modernes eux-mêmes font encore moins unanimes ; & malgré les travaux de Scaliger , du pere Petau, du chevalier Marsham, du pere Perron , & des autres, cette chronologie dè Manethon eft demeurée un labyrinthe, dont il faut pour jamais défefpérer de fortir. Il y a un peuple encore fubfiftant, ce font les Chinois , qui femble donner au monde une plus grande ancienneté que nos Ecritures ne lui en don- nent. Depuis que ces régions nous font plus con- nues, On en a publié les annales hiforiques, & el- les font remonter l’origine de cet empire à-peu-près 3 mille ans au-delà de la naiffance de J. C. Nouvelle difficulté fouvent faifie par les incrédules contre la chronologie de Moyfe. Afin de détruire ce prétex- te, M. Jacquelot fait diverfes remarques toutes im. portantes &c folides, fur l'incertitude de l’hiftoire Chinoife, Maïs pour trancher , il foutient que mê- me en lui accordant fes calculs, ils ne nuroient point à la vérité des nôtres. Rien n’oblige en effet à préférer la fupputation de l’Hébreu à celle des fep- tante, Or, dans celle-ci, l’ancienneté de l’univers eft plus grande que dans l’autre. Donc, puifqu'il ne faudroit pour concilier les dates des Chinois avec les nôtres, que cinq fiecles de plus que n’en porte le texte hébreu, & que ces cinq fiecles font rem- placés, & au-delà, dans la traduétion des feptante, la dificulté eft levée; & ileft clair que l'empire de la Chine eft poftérieur au déluge, Voyez CHroNo-. LOGIE, Objeülion. Suivant les abrevés latins des annales maintenant fuivies à la Chine, les tems mêmes hif. toriques de cet empire commencent avec le regne de Hoamii 2697 ans avant J. C. & cette époque, qui dans la chronologie du texte hébreu , eft antérieure au déluge de plus d’un fiecle, ne fe trouve dans le calcul des feptante, poftérieure que de 200 ans, à la difperfion des peuples & à la naiffance de Pha= leg. Or ces 200 ans, qui d’abord femblent un affez grand fond &unereflource capable de tout concilier, fe trouvent à peine fuffifans pour conduire les fonda- teurs de la colonie Chinoife & leurs troupeaux , de: puis les plaines de Sennaar, jufqu’aux extrémités orientales de l’Afe; & encore par quels chemins ? à travers des folitudes affreufes & des climats de- venus prefqu'inacceflibles, après les ravages de li nondation générale. ) M. Freret , un des plus favans hommes de noe jours, & des plus verfés dans la connoïffance des tems, a fenti toute la force de cette obje@ion, & {e l’eft faite, Il à bien vü, que pour la réfoudre, il étoit néceflaire de percer plus qu’on ne l’avoit fait encore dans les ténebres de la chronologie Chinoi- {e. Il a eu le courage d’y entrer, & nous lui avons lobligation d’y avoir jetté du jour par fes does recherches. Il eft prouvémaintenant, du moins autant qu'il eft poflible , que cette immenfe durée que les Chinois modernes aflignent aux tems fabuleux de leur hiftoire , n’eft que le réfultat des périodes af- tronomiques inventées pour donner la conjonétion des planètes dans certaines conftellations. À l'égard des tems hiftoriques, il eft prouvé de même que les regnes d’Jao & de Chum, les deux fondateurs de là monarchie Chinoiïfe , ont fini feulement 1991 ans avant l’ere chrétienne; que ces deux regnes ne font au plus que 156 ans , qu'ils ne peuvent par confé- 982 DIF quentavoir commencé que vers l’an du monde 2147, plufieurs années après la vocation d'Abraham, &c du tems même de l’expédition des Elamites dans Le ays de Chanaan , c’eft-à-dire bien après les éta- Été des empires d'Egypte & de Chaldée. Voi- 1à donc la naïffance des plus anciens peuples du monde ramenée & réduite à fa jufte époque , lhif- toire de Moyfe confirmée, le fait de la création évi- demment établi, & par cela même l’exiftence de” _ lÊtre fuprème mvinciblement démontrée. Argument phyfique. Les animaux ne fe perpétuent que par la voie de la génération; mais 1l faut né- ceffairement que les deux premiers de chaque ef- pece aient été produits ou par la rencontre fortuite des parties de la matiere, ou par la volonté d'un être intelligent qui difpofe la matiere felon fes def- feins. G Si la rencontre fortuite des parties de la matiere a produit les premiers animaux, je demande pour- quoi elle n’en produit plus; & ce n’eft que fur ce point que roule tout mon raifonnement. On ne trou- vera pas d’abord grande difficulté à répondre, que lorfque la terre fe forma, comme elle étoit replie d’atomes vifs & agiflans, impregnée de la même ma- tiete fubtile dont les aftres venoient d’être formés, en un mot , jeune & vigoureufe, elle put être aflez féconde pour poufler hors d’elle-même toutes les différentes efpeces d'animaux, & qu'après cette premiere produétion qui dépendoit de tant de ren- contres heureufes & fingulieres , fa fécondité a bien pû fe perdre & s’épuifer ; que par exemple on voit tous les jours quelques marais nouvellement deffé- chés , qui ont toute une autre force pour produire que $o ans après qu'ils ont été labourés. Mais je pré- tends que quand la terre, felonice qu’on fuppofe , a produit les animaux, elle a dû être dans le même état ob elle eft préfentement. Il eft certain que la terre n’a pü produire les animaux que quand elle a été en état de les nourrir; ou du moins il eft certain que ceux qui ont été la premiere tige des efpeces n’ont été produits par la terre, que dans un tems où ils ont pù auf bien être nourris. Or, afin que la terre nourrifle les animaux , il faut qu’elle leur four- nifle beaucoup d’herbes différentes ; il faut qu’elle feur fournifle deseaux douces qu'ils puiffent boire ; il faut même que l’air ait un certain degré defluidité & de chaleur pour les animaux ;: dont la vie a des rapports aflez connus à toutes ces qualités. Du moment que l’on me donne la terre couverte de toutes les efpeces d’herbes néceffaires pour la fub- fiftance des animaux , arrofée de fontaines & de ri- vieres propres à étancher leur foif, environnée d’un air refpirable pour eux; on me la donne dans l'état où nous la voyons ; car ces trois chofes feulement en entraînent une infinité d’autres , avec lefquelles elles ont des liaïfons & des enchaïnemens. Un brin d'herbe ne peut croître qu'il ne foit de concert, pour ainfi dire, avec le refte de la nature. Il faut de certains fucs dans la terre; un certain mouve- ment dans ces fucs, ni trop fort, ni trop lent ; un certain foleil pour imprimer ce mouvement ; un certain milieu par où ce foleïl agifle. Voyez com- bien de rapports, quoiqu’on ne Les marque pas tous. L'air n’a phavoir les qualités dont il contribue à la vie des animaux, qu'il n’ait eu à-peu-près en lui le même mélange & de matieres fubtiles, & de va- peurs groflieres ; & que ce qui caufe fa pefanteur, qualité auffi néceflaire qu'aucune autre par rapport aux animaux, & néceflaire dans un certain degré, n'ait eu la même ation. Il eft clair que cela nous me- neroit encore loin, d'égalité en égalité : fur-tont les fontaines &c les rivieres dont les animaux n’ont pù fe pañler , n'ayant certainement d’autre origine que Îes pluies , Les animaux n’ont pû naître qu’après qu'il a tombé des pluies, c’eft-à-dire un tems confidéra= . ble après la formation de la terre, & par confé- quent lorfqu’elle a été en état de confiflance , & que : ce cahos, à la faveur duquel on veut tirer les ani- maux du néant , a été entierement fini, Il eft vrai que les marais nouvellement defféchés , produifent plus que quelque tems après qu'ils l'ont été ; mais enfin ils produifent tojours un peu, & il fuffroit que la terre en fit autant; d’ailleurs le plus de fécondité quieft dans les marais nouvellement defléchés, vient d’une plus grande quantité de fels qu’ils avoient amaflés par les pluies ou par le mou- vement de Pair, & qu'ils avoient confervés, tandis qu’on ne les employoit à rien : mais la terre a toû- jours la même quantité de corpufcules ou d’atomes propres à former des animaux, & la fécondité , loin de fe perdre, ne doit aucunement diminuer. De quoi fe forme un animal ? d’une infinité de corpuf- cules qui étoient épars dans les herbes qu'il a man- gées, dans les eaux qu'il a bûes , dans l’air qu'il a refpiré ; c’eft un compoié dont les parties font ve- nues fe raflembler de mille endroits différens de notre monde ; ces atomes circulent fans cefle, ils forment tantôt une plante, tantôt un animal ; &c après avoir formé lun, ils ne font pas moins pro- pres à former l’autre. Ce ne font donc pas des ato- mes d’une nature particuliere qui produifent les ani- maux; ce n’eft qu’une matiere indifférente dont tou- tes chofes fe forment fucceflivement, & dont il eft très-clair que la quantité ne diminue point , puif qu’elle fournit toûjours également à tout. Les ato- mes , dont on prétend que la rencontre fortuite pro- duifit au commencement du monde les premiers animaux , font contenus dans cette même matiere, qui fait toutes les générations de notre monde; car quand ces premiers animaux furent morts , les ma- chines de leurs corps fe deffaflemblerent, & fe ré- folurent en parcelles, qui fe difperferent dans la ter- re, dans les eaux & dans l’air ; ainfi nous avons en- core aujoufd’hui ces atomes précieux, dont fe du- rent former tant de machines furprenantes; nous les avons en la même quantité aufli propres que jamais à former de ces machines ; ils en forment encoré tous les jours par la voie de la nourriture ; toutes chofes font dans le même état que quand ils vinrent à en former par une rencontre fortuite ; à quoi tient- il que par de pareilles rencontres ils n'en forment en- core quelquefois ? Tous les animaux, ceux même qu’on avoit foup- çonné venir ou de pourriture, ou de poufliere hu- mide & échauffée, ne viennent que de femences que l’on n’avoit pas apperçues. On a découvert que les macreufes fe forment d'œufs que cette efpece d’oifeaux fait dans les îles defertes du feptentrion : & jamaisil ne s’engendra de vers fur la viande , où les mouches n’ont pà laïfler de leurs œufs. ILen eft de même de tous les autres animaux que l’on croit qui naïffent hors de la voie de la génération. Toutes les expériences modernes confpirent à nous defabu- fer de cette ancienne erreur ; & je me tiens für que dans peu de tems, il ny reftera plus le moindre fu- jet de doute. Voyez CORRUPTION. Mais en dût-il refter, y eût-il des animaux qui vinfent hors de la voie de génération, le raifon- nement que j'ai fait n’en deviendroit que plus fort. Ou ces animaux ne naïflent jamais que par cette voie de rencontre fortuite; ou ils naiflent & par cette voie, & par celle de génération: s'ils naïfient toû- jours par la voie de rencontre fortuite, pourquoi fe trouve-til toûjours dans la matiere une difpofition qui ne les fait naître que de la même maniere dont ils font nés au commencement du monde ; & pour- quoi, à l'égard de tous les autres animaux que l’on fuppofe qui foient nés d’abord de cette mamiere-là, DTE 5. toutes les difpoñitions de la matiere font-elles fi chan- gées qu'ils ne naïflent jamais que d’une maniere dif. férente? S'ils naïflent & par cette voie de rencon- tre fortuite,, & par celle de génération, pourquoi toutes les autres efpeces d'animaux n’ont-elles pas retenu cette double maniere de naître? Pourquoi celle qui étoit la plus naturelle, la feule conforme À la première origine des animaux, s’eft-elle perdue dans prefque toutes les efpeces ? Une autre réflexion qui fortifie la premiere, c’eft qu'il n’eût pas fuffique la terre n’eût produit les ani- maux, que quand elle étoit dans une certaine difpo- fition où elle n’eft plus. Elle eût dû auffi ne les pro- -duire que dans un état où il enffent pù fe nourrir de ce qu’elle leur offtoit; elle eût dû, par exemple, ne prodiure le premier homme qu’à l’âge d’un an ou deux, où il eût pà fatisfaire, quoiqu'avec peine, à {es befoins, & fe fecourir lui2même. Dans la foiblefle où nous voyons un enfant nouveau né, en Vain on le mettroiït au milieu de la prairie la mieux couverte d'herbes, auprès des meilleures eaux du monde, il eft indubitable qu’il ne vivroit pas long- tems. Mais comment les loïx du mouvement produi- æoient-elles d’abord un enfant à l’âge d’un an ou de deux? Comment le produiroient-elles même dans Pétat où il eft préfentement, lorfquil vient au mon- de? Nous voyons qu’elles n’amenent rien que par degrés , & qu'il n’y a point d'ouvrages de la nature qui, depuis les commencemens les plus foibles & les plus éloignés, ne foient conduits lentement par une imfinité de changemens tous néceffaires jufqu’à leur derniere perfeétion, Il eût fallu que l’homme qui eût dû être formé par le concours aveugle de quelques parties de la matiere, eût commencé par cet atome, où la vie ne fe remarque qu’au mouve- ment prefqu'infenfible d’un point ; & je ne crois pas qu'il y ait d'imagination aflez faufle pour concevoir d'où cet atome vivant , jetté au hafard fur la terre, aura pü tirer du fang ou du chyle tont formé ;la feule nourriture qui lui convienne, ni comment il aura pü croître, expofc à toutes les injures de l’air. Il y a là une difficulté qui deviendra toujours plus gran- de, plus elle fera approfondie, & plus ce fera un habile phyficien qui lapprofondira. La rencontre fortuite des atomes n’a donc pù produire les ani- maux ; 1l à fallu que ces ouvrages foïent partis de la main d’un être intelligent , c’eft-à-dire de Dieu même : les cieux & les aftres font des objets plus éclatans pour les yeux ; mais ils n’ont peut-être pas pour la raifon , des marques plus füres de l’adion de leur auteur. Les plus grands ouvrages ne font pas toljours ceux qui parlent le plus de leur ouvrier. Que je voie une montagne applanie, je ne fais fi cela s’eft fait par l’ordre d’un prince ou par untrem- blement de terre; mais je ferai aflüré que c’eft par Fordre d’un prince, fi je vois fur une petite colon- ne une in{cription de deux lignes. Il me paroît que ce font les animaux qui portent, pour ainf dire, Finfcription la plus nette, & qui nous apprennent le mieux qu'il y a un Dies auteur de l'univers. Cette démonftration, dont on peut vanter avec raifon la force & la {olidité, eft de M. de Fonte- nelle, comme nous l’avons déja dit. Ces article efl ciré es papiers de M. FORMEY. - DIEU EST MON pRo1T , (Hit. mod.) c’eft le mot ou la devife des armes d’Angleterre , que prit d’a- bord Richard premier où Cœur-de-lion, qui vivoit à la fin du xij° fiecle, ce qu'il’fit pour marquer qu’il re tenoit fon 10yaume. d'aucun moïtel à titre de vafal. D CRE 13 Edotard IT, au xjv* fiecle le prit enfuite quand il commença à faire valoir fes prétentions iur la couronne de France ; & les rois fes fucceffeurs l’ont continué fans interruption jufqu’au tems du roi Guil- DIE 983 laure IIL: prince d'Orange, qui fit ufage dé ce mot, Je maintiendrai, quoiqu'il ordornât qu'on fe fervit toüjours du premier fur le grand feean, La reine An- ne en ufa de même, quoiqu’elle eût pris pour fa de- vie particuliere ces deux mots latins, fémper eadem, tobjours la même, à l'exemple de la reine Elizabeth, Voyez DEVISE, (G) Dieux, fm. pl. (Mychol.) fe dit des faux dieux des Gentils, qui tous étoient des créatures auxquels les on rendoit les honneurs dûs À la divinité. 7 OyEz DÉESssE , IDOLE, &c. . I faut remarquer que païmi les Grecs & les La tins , les peuples par le nom de Dieu , n’entendoient point un être très-parfait , dont l'éternité eft un at- tribut eflentiel. Ils appelloient dieux , tous les êtres qu'ils regardoient comme fupérieurs À la natute hu: maine , Où qui pouvoient leur être de quelque uti- hté, ou même de la colere defquéls ils avoient À craindre ; carles anciens, comme les modernes , Ont Preique toñjours été conduits par l'intérêt propre, c'eft-à-dire l’efpérance du bien & la crainte du mal. Les hommes mêmes, felon eux, pouvoient devenir des dieux après leur mort, parce que leur ame pou- voit acquérir un degré d'excellence qu’ils n’avoient point eu pendant leur vie ; voyez APOTHÉOSE & CONSÉCRATION. Mais qu’on ne croye pas que les fages comme-Socrate, Platon, Cicéron, & les autres, parlaffent toüjours felon les idées du peuple : ils étoient cependant quelquefois obligés de s’y con former, pour n'être pas accuiés d’athéifme. C’étoit le prétendu crime que l’on imputoit À ceux qui ne croyoient qu’un Dieu, Les Poëtes , fuivant la remarque du P. le Boffu ; étoient théologiens, & ces deux fon@ions ) Quoique féparées aujourd'hui, étoient pour lors réunies dans la mème perfonne. Poyez PoËsre, | Ils perfonnifierent les attributs divins, parce que la foibleffe de l’efprithumain ne fauroit concevoir ni expliquer tant de puiflance & tant d’ation dans une fubftance auffi fimple & auf indivifible qu’eft celle de Dieu. C'ett ainfi qu'ils ont repréfenté la toute-puiffance de Dieu fous la perfonne & le nom de Jupiter ; fa fageñle fous celui de Minerve ; fa juftice fous celui de Junon. Voyez ÉPOPÉE , FABLE, &c. Les premiers faux-dieux qu'on ait adoté font lés aftres, le ciel, le foleil, la lune, à caufe de la chan leur & de la lumiere que les hommes en reçoivent. PVoye ÎIDOLATRIE, ASTRONOMIE , ÉTOILE, So LEIL , 6c, enfuite la terre, qui fournit les fruits qu fervent à la nourriture des hommes & des animaux « le feu aufli-bien que l’eau devinrent auf l'objet du cultedes hommes à caufe des avantages qu’on en reçoit. Voyez EAU & Feu. - Dans la fuite ces dieux fe {ont multipliés à l'infinÿ par le caprice de leurs adofateurs, & il n'y a prefa qu'aucune chofe qui n’ait été déifiée, fans en excep« ter celles qui font inutiles ou nuifibles. Pour autorifer le crime & juftifier la débauche à on fe fit des dieux criminels & débauchés ; des deux injuftes & violens ; des dieux avares & voleurs; des. dieux ÿvrognes , des dieux impudiques , des dieux cruels & fanguinaires, | Les principaux dieux que les Romains appelloient dii majorum gentium , & Cicéron dieux celefles, Var ron dieux choëfis, Ovide nobiles deos , d'autres cons _ J'entes deos, étoient Jupiter, Junon, Vefta, Minerve, Cérès, Diane, Vénus, Mars, Mercure, Néptune, Vulcain, Apollon, FE RS Jupiter étoit le die du ciel, Neptune le des de la mer , Mars le dieu de la guerre , Apollon celui-dé PEloquence, de la Poéfie, &c de la Medecine ; Mer: cure celui des voleurs, Bacchus celui du vin, Cu pidon çelui de l'amour, 6e, + SELS ER r 4 984 DIF On mettoit aufi au rang des demi-dieux, qu'on appelloit encore feri-dit , dii minorum gentium , 2n- digetes, les héros &c les hommes qu’on avoit déifiés. Les grands dieux poflédoient le ciel comme une cho- {e qui leur appartenoit de droit, &c ceux-ci comme une récompenfe de la maniere extraordinaire dont ils avotent vécu fur la terre, Voyez HÉROS, 6 Apo- THÉOSE, Il feroit trop long de nommer ici tous les deux du Paganifme : on en peut trouver le détail dans le di- éionraire de Trévoux , qui en rapporte la plus grande partie comme extraite du livre d’'Ifaac Voflius, in- titulé, de origine & progreffu idololatriæ. Il n’y a point d’excès où les hommes ne fe foient portés à cet égard : non contens d’avoir divinifé la vertu, ils avoient fait le méme honneur au vice. Tout étoit dieu, dit Boffuet, excepté Dieu même. On reconnoïfloit pour dieux la fanté, la fiévre, la peur, l'amour, la douleur, lindignation, la pu- deur , l’impudence, la fureur , la joie , l’opinion, la renommée, la prudence, la fcience , l’art, la f- délité, la félicité, la calomnie, la liberté , la mon- noie, la guerre, la paix, la viétoire , le triomphe, c. Mais ce qui deshonore l’humanité ,eft de voir un dieu Szerculus, parce que le premigr 1l avoit en- feigné à fumer les champs: la pâleur & la crainte, pallor & pavor, mis au rang des dieux, comme il y a eu les déefles Caca , Cloaima, & Muta; & Laëtan- ce, ez fon Liv. TI. a eu raifon de faire honte aux payens de ces ridicules divinités. Enfin, la nature & le monde tout entier a pañlé pour un deu, Voyez NATURE. Dieu (/éle), ou L’ISLE D'YEU, ( Géog. mod.) cette petite ile eff fur la côte de Poitou. DiEuU-LE-FIT, ( Géog. mod.). deux petites villes de la généralité de Grenoble, dans le Dauphiné, en France. ” DIEUSE, (Géog. mod.) ville de Lorraine, fituée fur la Seille. Long. 24. 20. lat. 48. 50. DIEZEUGMENON , f: m. er Mufique, tétracorde diezeugmenon ou des Jéparées, eft le nom que don- noient les Grecs à leur troifieme tetracorde quand il étoit disjoint d’avec le fecond. F. TÉTRACORDE & SYSTÈME. (S) DIFFAMÉ, adj. en termes de Blafon, fe dit du lion qui n’a point de queue. (7 DIFFAMATOIRE , (Jurifprud.) Voyez LiBELLE DIFFAMATOIRE. DIFFARRÉATION, £. f. (Hift. anc.) c’étoit chez les Romains une cérémonie, par laquelle on publioit le divorce des prêtres. Foyez DIVORCE. Ce mot vient de dis, qui n’eft en ufage que dans la compoñtion de quelqu’autre mot, & qui fignife divifion ; féparation , & de farreatio, cérénronie faite avec du froment, de far, froment. ( La diffarréation étoit proprement un aéte par le- quel on diflolvoit les mariages contraétés par con- farréation, qui étoient ceux des pontifes. Feftus dit qu’elle fe faifoit avec un gâteau de froment. Vigene- re dit que la confarréation & la diffurréation étoient la même cérémonie. F’oyez CONFARREATION. Dir. de Trév. & Chambers. (G( . DIFFÉRENCE, f. f. (Méraphyfique.) Lorfqu'un genre a deux efpeces, il faut néceflairement que li- dée de chaque efpece comprenne quelque chofe qui ne foit pas compris dans l’idée du genre; autrement fi chacune ne comprenoit que ce qui eft compris dans le genre, ce ne feroit que le genre; &t comme le genre convient à chaque efpece, chaque efpece conviendroit à l’autre. Ainfi le premier attribut ef- fentiel que comprend chaque efpece de plus que le genre, s'appelle fa différence ; & l’idée que nous.en avons ft une idée univerfelle, parce qu’une feule DIF & même idée nous peut repréfenter cette différence par tout où elle fe trouve, c’eft-à-dire dans tous les inférieurs de l’efpece. Joyez ATTRIBUT. Exemple. Le corps & l’efprit font les deux efpeces de la fubftance : 1l faut donc qu'il y ait dans l’idée du corps quelque chofe de plus que dans celle de la fubftance , & de même dans celle de Pefprit. Or la premiere chofe que nous voyons de plus dans le corps, c’eft l’étendue ; & la premiere chofe que nous voyons de plus dans l’efprit, c’eft la penfée. Et ainf la différence du corps fera l'étendue, &c la différence : de l’efprit fera la penfée, c’eft-à-dire que le corps fera une fubftance étendue, & l’efprit une fubftance qui penfe. De-lR on peut voir, 1°. que la différence a deux rapports, l’un au genre, qu’elle divile & partage, l’autre à l’efpece, qu’elle conftitue &c qu’elle forme, faifant la principale partie de ce qui eft enfermé dans l’idée de l’efpece felon fa compréhenfon. D’où vient que toute efpece peut être exprimée par un feul nom, comme efprir, corps ; Ou par deux mots, favoir, par celui du genre & par celui de fa différence joints en= femble, ce qu’on appelle définition, comme fubftan- ce qui penfe , fubftance étendue. On peut voir 2°. que puifque la différence conftitue l’efpece, & la diftingue des autres efpeces, elle doit avoir la même étendue que Pefpece, & ainf qu'il faut qu’elles fe puiffent dire réciproquement l’une de l’autre , comme tout ce qui penfe eft efprit, & tout ce qui eft efprit penfe. Néanmoins 1l arrive affez fouvent que lon ne voit dans certaines chofes aucun attribut qui foit tel qu’il convienne à toute une efpece , & qu'il ne convienne qu'à cette efpece; & alors on joint plufeurs attri= buts enfemble, dont l’aflemblage ne fe trouvant que dans cette efpece, en conftitue la différence. C’eft ce que nous fafons dans l’idée que nous nous formons de la plüpart des animaux. Enfin , 1l faut remarquer qu’il n’eft pas toùjours néceffaire que les deux différences qui partagent un genre foient toutes deux pofitives ; mais que c’eft affez qu'il y en ait une, comme deux hommes font diftingués l’un de l’autre , fi l’un a une charge que l’autre n’a pas, quoique celui qui n’a pas de charge nait rien que l’autre n'ait, C’eft ainf que l’homme eft diftingué des bêtes en général, en ce que l’hom- me eft un animal qui réfléchit, & que la bête eft un animal qui fent; car l’idée de la bête , en général, n’enferme rien de pofitif qui ne foit dans l’homme ; mais -on y joint feulement la négation de ce qui eff dans l’homme, favoir la réflexion. Are, de M, FoR- MEWY. DiFFÉRENCE, {. f. (Arithm. 6 Algébre.) en Ma- thématiques, fignifie l'excès d’une quantité à l’égard d’une autre ; fi un angle eft de 60 degrés &c un autre de 90, leur différence eft 30. Voyez ANGLE. Quand on fouftrait une plus petite quantité d’une plus grande, ce qui refle eft appellé la différence, P. SOUSTRACTION. La différence de longitude de deux endroits, eft l'arc de l’équateur intercepté entre les méridiens de ces lieux. Voyez LONGITUDE. Différence afcenfionelle , en Affronomie. Voyez Asa CENSIONNEL. (0) DirFÉRENCE, (Géom. de l'infini.) eft le nom que on donne aux grandeurs différentielles, ou qu’on regarde comme infiniment petites. Ainfi la différence dexeftdx, celledeyeftdy,êcce. FDIFFÉRENTIELS Il y a des différences de tous les ordres à l'infini. La différence d’une quantité finie, eft appellée diffé- rence premiere où du premier ordre, ou fimplement différence. La différence d’une quantité infiniment pe- tite eft appellée différence feconde ou différence du fe- cond ordre ; celle d’une différence féconde eft appellée | différence DIF différence troifieme ou du troifieme ordre, &c ainifi des ‘f autres, DiFFÉRENCE, ( Medecine.) Siuçgopa ; ce terme ef employé dans la théorie de la Medecine, pout ex- primet la connoïffance par laquelle on diftingue une maniere d’être en fanté d’une autre , une maniere d’être malade d’une autre. Les actions dans lefquelles confifte l'exercice des fonéions de l’homme fain, font différentes entr’el- les ; par conféquent il y a aufi de la fférence entre les léfions de ces fonétions. | On ne doit pas rechercher ces diftinétions jufqu’à la fubtilité; mais il eft utile de faire autant de claf- fes de maladies, & de méthodes de les traiter, qu'il y a de claffes de fontions dans les différentes par- ties du corps humain confdéré dans létat naturel; qu'il y a de différences dans cet état naturel, refpec- tivement à l’âge, au fexe, au tempérament, à la fai- fon, au climat. Ces différences , {oit dans la fanté foit dans la ma- ladie, font ou eflentielles ou accidentelles à l’indi- vidu dans lequel on l’obferve. Voyez SANTÉ, Ma- LADIE, PHYSIOLOGIE, PATHOLOGIE. (4) DIFFÉRENTIEL, adj. On appelle dans la haute Géométrie, quantité différentielle ou fimplement diffe- rentielle, une quantité infiniment petite, où moindre que toute grandeur affignable. Voyez QUANTITÉ 6 INFINI. On l'appelle différentielle ou quantité différentielle, parce qu'on la confidere ordinairement comme la différence infiniment petite de deux quantités finies, dont l’une furpañle l’autre infiniment peu. Newton & les Anglois l’appellent ffaxior, à caufe qu'ils la confiderentcomme l’accroiflementmomentané d’une quantité. Voyez FLUXION, 6c. Lerbnitz &c d’autres lappellent aufli une quantité infiniment petite. CALCUL DIFFÉRENTIEL ; c’eft la maniere de diffé- rentier les quantités, c’eft-à-dire de trouver la différen- ce infiniment petite d’une quantité finie variable. _ Cette méthode eft une des plus belles & des plus fécondes de toutes les Mathématiques ; M. Leibnitz qui l’a publiée le prenuer, l'appelle calcul différer. ziel, en confidérant les grandeurs infiniment petites comme les différences des quantités finies : c’eftpour- quoi il les exprime par:la lettre d qu'il met an-de- vant de la quantité différentiée ; ainf la différenrielle de x eft exprimée par dx, celle de y par d'y, &c. . M. Newton appelle le calcul différenciel , méthode des fluxions, parce qu'il prend, comme on l’a dit, les quantités infiniment petites pour des fluxions ou dés accroiflemens momentanés.. Il confidere, par exemple, une ligne comme engendrée par la fluxion d’un point , une furface:par la fluxion d’une ligne, unfolide par la fluxion d’une furface; & au lieu de la lettre d, il marque les fluxions par un point mis au-deflus de la grandeur différentiée, Par exemple, pour la fluxion de x, il écrit x; pour celle de y, y, &cc. c’eft ce qui fait la feule différenceentre le calcul différentiel & la méthode des fluxions. #. FLUXION, On peut réduire toutes les regles du calcul fé: rentiel àcelles-ct. | La € 1°. La différence de la fomme de plufieuts quan- tités eft égalé à la fomme de leurs différences. Ainf d{x+y+1)=dx+dy +d2. UTA 2°, La différence de x yeft y dx + x dy. | 3°. La différence de x”, m étant uñ nombre pofi- tif & entier ,eftzmx”T1dx. | Par ces trois regles , il n’y a point de quantité qu'on ne puifle différentier. On fera, par exemple, = x x y — *, Voyez EXPOSANT. Donc là différen- ce(regl2)efty x dx +x xd (y 7)=(regle 3.) dr xdyydr—xd4y SPRILR ; = me Eu LA différentielle de 7 3 effrz. Tome 1F, Eine à À 4 ( d?.Carfoit?; =Xx,onaz=x & dr = 41 dr&dnertusr tre di, it EL De . the 4 q même Vxx+yyexx+7yyz; donc la différen- ec ix(2xdx+3ydy)xX(xx +yy)-1= ak +ÿdy ; Vas) > & äinfi des autres: Les trois regles ci-deflus font démontrées d’uné maniere fort fimple dans une infinité d'ouvrages, &c lur-tout dans la premiere feétion de l’analyfe des 1n- frriment petits de M. de l’Hopital, à laquelle nous reri- voyons. Il manque à cette fe&tion.le calcul dfféren- tiel des quantités logarithmiques & exponentielles qu'on peut voir dans le Z, volume des œuvres de Jean Bernoulli », & dans la Î, partie du traité du calcul in- tégral de M, de Bougainville le jeune. On peut confulter ces ouvrages qui font entre lés mains de tout le monde. Voyez EXPONENTIEL. Ce qu’il nous importe le plus de traiter 1ci, c’eft la métaphyfique du calcul différentiel. Cette métaphyfique dont on a tant écrit, eft encoré plus importante, & peut-être plus difficile à déve- lopper que les regles mêmes de ce calcul : plufieurs géometres , entr'autres M. Rolle, né pouvant admet- tre la fuppoñition que l’on y fait de grandeurs inf- niment petites, l’ont rejettée entierement, & ont pré- tendu que le principe étoit fautif & capable d’indui- re en erreur. Mais quand on fait attention que tou- tes les vérités que l’on découvre par le fecours de la Géométrie ordinaire, fe découvrent de même & avec beaucoup plus de facilité par le fecouts du calcul différentiel ; on ne peut s’empêcher de’ conclure que ce calcul fourniffant des méthodes sûres, fimples & exactes, les principes dont il dépend doivent auf être fimples & certains. M. Écibnitz, embarraflé des obje&tions qu'il fen- toit qu'on pouvoit faire fur les quantités infiniment petites, telles que les confidere le calcul différenriel, a mieux aimé réduire fes infiniment petits à n'être que desincomparablés, ce qui ruineroit l’exaétitudé géométrique des calculs; & de quel poids, dit M. de Fontenelle, ne doit pas être contre l’invention l'autorité de l’inventeur? D’autres, comme M. Nieuventit, admettoient feulement les différentielles du premier ordre, & rejettoient toutes celles des ordres plus élevés : ce qui n’a aucun fondement ; car imäginant dans un cercle une corde infiniment petite du prémier ordre, l'abfcifle ou finus yerfe cor- refpondant eft infiniment petit du fecond; & fi là corde eft infiniment petite du fecond, l’abfciffe eft infiniment petite du quatrieme, &c. Cela fe démon- tre aifément par la Géométrie élémentaire, puifque le diametre d’un cercle qui eft fini, eft toûjours à la corde, comme la corde eft à l’abfcifle correfpon: dante. D'où l’on voit que les infiniment petits du premier ordre étant une.fois admis, tous les autres en dérivent néceflairement. Ce que nous difons ici n’eft que pour faire voir, qu'en admettant. les infi= niment-petits du premier ordre, on doit admettre ceux de tous les autres à l'infini; car on peut du refte fe pañler très-aifément de toute cette métaphy- fique de l'infini dans le calcul différentiel, comme on le verra plus bas. | | M. Newton eft parti d’un autre principe; & l’on peut dire que la métaphyfique de ce grand géome- tte fur Îé calcul des fluxions eft très-exaûte & très lumineufe quoiqu'il fe foit contenté de la faire-en- tre-voir. | F Il n’a jamais regardé le calcul diférenriel comme le calcul des quantités infiniment petites, mais com- me la méthode des premieres & dernieres raifons, c’eft-à-dire la méthode de trouver les ee des rap- TER 936 DIF. ports. Auf cet illuftre auteur n'a-t-il jamais diffé- rentié des quantités , mais feulement des équations ; | parce que toute équation renferme un rapport en- tre deux variables, & que la différentiation des équa- tions ne confifte qu’à trouver les limites du rapport entre les différences finies des deux variables que l’é- quation renferme. C’eft ce qu’il faut éclaircir par un exemple qui nous donnera tout à la fois l'idée la plus nette &c la démonftration la plus exaëte de la méthode du calcul différentiel. Soit 4 M fig. 3. analyf.) une parabole ordinai- re, dont l'équation, en nommant 4 P , x, P M}; & a le parametre, eft y.y — a x. On propofe de ti- rer la tangente M Q de cette parabole au point M. Suppofons que le problème foit réfolu, & imagi- nons uné ordonnée p #7 à une diftance quelconque finie de P M ; & par les points M, », tirons la li- gne #7 M R. Il eft évident, 1°. que le rapport — de l’ordonnée à la foûtangente, eft plus grand que M4 P m © , , 4 \ le rapport 5-7 où Fo qui lui eft égal à caufe des triangles femblables M Om, MP R: 2°. que plus le point # fera proche du point M, plus le point À fera près du point @ , plus par conféquent le rapport MP m © MP i FR U yo approchera du rapport 55 ; &tque le pre- mier de ces rapports pourta approcher du fecond auffi près qu’on voudra, puifque P À peut différer auffi peu qu'on voudra de P Q. Donc le rapport FG eft la limite du rapport de #: O à O M. Donc fi on peut trouver la limite du rapport de 7 O à O M, ex- primée algébriquement, on aura l’expreflion algé- brique du rapport de M P à PQ ; & par conféquent l’exprefion algébrique du rapport de l’ordonnée à la foûtangente, ce qui fera trouver cette foûtangente. Soit donc MO=zu,O0m—z,onauraax=7y7y,& ax+tau=yy+2723+2% Donc à caufe de ax = yy, ilvient a 2yz+i1& = Date & : pot | Donc —— eft en général le rapport de » O à O M, quelque part que lon prenne le point #. Ce rapport eft tojours plus petit que 5 ; mais plus z fera petit, plus ce rapport augmentera ; & comme on peut prendre z fi petit qu’on voudra, on pourra «a À 2 approcher le rapport Re, auffi près qu’on voudra du rapport = ; donc + eff la limite du rapport de n : m © a 53» Ceft-à-dire du rapport 33%. Donc = eft - MP ’ . égalà7g que nous avons trouvé être auffi la li- mite du rapport de »m O à O M ; car deux grandeurs “ee font la limite d’une même grandeur, font nécef- airement égales entr’elles. Pour le prouver, foient Z & X les limites d’une même quantité F, je dis ue X=Z ; car s'il y avoit entr'elles quelque dif- Éétonee ÿ, foir X= Z + V':par lhypothèfe la quan- tité peut approcher de X'auffi près qu’on voudra; c’eft-à-dire que la différence de F & de X peut être Hdi qu'on voudra. Donc, puifque Z differe de X de la quantité #, il s’enfuit que Ÿ ne peut ap- procher de Z de plus près que de la quantité #, & par conféquent que Z n’eft pas la limite de Y;, ce qui eft contre l’hypothèfe. Joy. LIMITE, EXHAUS- TION. LA De-là il réfulte que 25 ef égal à. Donc P Q Es 22 = 2x. Or, fuivant la méthode ducalcul dif- ferentiel, le rapport de M P à P Q-eft égal à celui de dyàdx;8cléquationex=77 donneadx=2ydy & = a Ans 2 eft la limite du rapport de zà DA u ; & cette limite fe trouve en faifant z = 0 dans la ° [À e Û . L . fratton——. Mais, dira-t-on, ne faut-il pas faire aufli {0 & u—0o, dans lafrationt = —< , ER. alors on aura = — a ? Qu’eft-ce que cela fignifie ? Je réponds, 1°. qu’il n’y a en cela aucune abfurdité; car — peut être égal à tout ce qu'on veut: ainfi il peut être —+. Je réponds, 2°. que quoique la limite du rapport de z à z fe trouve quand 7? =o8&x=0, cette limite n’eft pas proprement le rapport de 7 = oàu—o, cat cela ne préfente point d'idée nette; on ne fait plus ce que c’eft qu'un rapport dont les deux termes font nuls l’un & l’autre. Cette limite eft la quantité dont le rapport £ approche de plus en plus en fuppofant 7 & z tous deux réels 8 décroiffans,, &t dont ce rapport approche d’aufli près qu’on vou- dra. Rien n’eft plus clair que cette idée ; on peut l'appliquer à une infinité d’autres cas. Voyez.Limi- TE, SÉRIE, PROGRESSION, &c. Suivant la méthode de différentier, qui eft à fa tête du traité de la quadrature des courbes de M. Newton, ce grand géometre, au lieu de équation ax+au=yy+27y7+4 77, auroit écrit ax+ao =Yy + 27040 0, regardant aimfi en quelque ma- niere 7 & x comme des zéros ; ce qui lui auroït donné = —. On doit fentir par tout ce que nous avons _— — 5 oO 2 y dit plus haut l'avantage &r les inconvéniens de cette dénomination: l'avantage , en ce que 7 étant = difparoît fans aucune autre fuppoñtion du rapport C4 , 1°: + ‘ ’ en Pinconvénient, en ce que les deux termes du rapport font cenfés zéros: ce qui au premier coup- d'œil ne préfente pas une idée bien nette. On voit donc par tout ce quenous venons de dire que la méthode du calcul différentiel nous donne exaétement le même rapport que vient de nous don- ner le calcul précédent. Il en fera de même des au- tres exemples plus compliqués. Celui-ci nous paroît fuffire pour faire entendre aux commencçans la vraie métaphyfique du calcul différentiel, Quand une fois on l’aura bien comprife, on fentira que la fuppoñi- tion que l’on y fait de quantités infiniment petites, n’eft que pour abréger & fimplifier les raifonnemens; mais que dans le fond le calcul différentiel ne fuppofe point néceffairement l’exiftence de ces quantités ; que ce calcul ne confifte qu'à déterminer algébrique- ment la limite d’un rapport de laquelle on a déja l'ex- preffion er lignes , 6 4 égaler ces deux limites , ce qui fait trouver une des lignes que l’on cherche. Cette défi- nition eft peut-être la plus précife &c la plus nette qu’on puifle donner du calcul dférentiel ; mais elle ne peut être bien entendue que quand on fe fera rendu ce calcul familier ; parce que fouvent la vraie définition d’une fcience ne peut être bien fenfble qu'à ceux qui ont étudié la fcience. Joyez le Die, prélimin, page xx%viy. Dans l’exemple précédent, la limite géométrique & connue du rapport de z à z eft le rapport de l’or- donnéé à 1a foûtangente ; pn cherche par le calcul différentiel la limite algébrique du rapport de x à &, & on trouve = . Donc nommant s la foùtangente, ona =; donc s 22 = 2 x. Cetexemple fuf- fit pour entendre les autres. Il fufira donc de fe ren- dre bien:familier dans l'exemple ci-deflus des tan- gentes de la parabole ; & comme tout le calcul di} & rentiel peut fe réduire au problème des tangentes , 1} s’enfuit que l’on pourra toûjours appliquer les prin- cipes préçcédens aux différens problèmes que lon selout par ce calcul, comme l'invention des max3- ma 8 minima, des points d'inflexion & de rebrouf- fement, &c. Voyez ces mots. Qu'eft-ce en effet que trouver un maximum où un minimum» C’eft, dit-on, faire la différence de dy égale à zéro ou à l’infini ; mais pour parler plusexac- tement, c’eft chercher la quantité _ qui exprime la limite du rapport de dy fini à d x fin, & faire en- fuite cette quantité nulle ouinfinie, Voilà tourlemy- ftere explique. Ce n’eft point d y qu’on fait = à l'in- fini : cela feroit abfurde ; car d'y étant prife pour infi- niment petite, ne peut être infinie; c'eft 7: c’eft- à-dire qu'on cherche la valeur de x qui rend infinie la limite du rapport de 4 y fini à d x fini. On a và plus haut qu’il n’y a point proprement de quantités infiniment petites du premier ordre dans le calcul différentiel ; que les quantités qu’on nomme ainf y font cenfées divifées par d’autres quantités cenfées infiniment petites, & que dans cet état elles marquent non des quantités infiniment petites, ni même des frattions, dont le numérateur & le déno- minateur font infiniment petits, mais la limite d’un rapport de deux quantités finies. Il en eft de même des différences fecondes, & des autres d’un ordre plus élevé. Il n’y a point en Géométrie de d dy vé- ritable; mais lorfque dd y fe rencontre dans une équation, il eft cenfé divilé par une quantité d x?, _ ou autre du même ordre: en cet état qu’eft-ce que 2223 c’eft la limite du rapport Fa , divifée par d x; Lx ou ce qui fera plus clair encore, c’eft, en faifant la UT Q d y de P , 0 d ét quantité finie RÉ t la limite den Le calcul diférentio-différentiel eft la méthode de différentier les grandeurs différentielles ; & on appelle quantité differentio-différentielle la différentielle d’une différentielle. Comme le caraëtere d’une différentielle eft la lettre 4, celui de la différentielle de d x eft dd x; & la dif- _ férenrielle de d dx eft dddx,ou dx, dix, &cc. oux, +, &c. au lieu de d dy, d3 x, &cc. La différentielle d’une quantité finie ordinaire s’ap- pelle une différentielle du premier degré ou du pre- mier ordre, comme d x. Différentielle du fecond degré ou du fecond or- dre , qu’on appelle auf, comme on vient de le voir, quantité differentio-différentielle ; eft la partie infini- ment petite d’une quantité différentielle du premier degré, comme ddx,dxdx,oudx?,dxdy,&c. Différentielle du troifieme degré , eft la partie in- finiment petite d’une quantité différentielle du fecond degré, comme dd dx, d xt, dx d y d 7, &c ainfide fuite. _ Les différentielles du premier ordre s’appellent en- core différences premieres ; celles dufecond , différences Jecondes ; celles du troifième, différences troifiemes. _- La puiffance feconde d x? d’une différentielle du premier ordre, eft une quantité infiniment petite du fecond ordre ; car dx? : dx:: dx.1; donc d x? eft cenfée infiniment petite par rapport à d x ; de même on trouvera que d x3 ou dx? d y, eftinfiniment pe- tite du troifieme ordre , &c. Nous parlons ici de quantités infiniment petites, & nous en avons parlé plus haut dans cet article, pour nous conformer au langage ordinaire ; car par ce que nous avons déjà dit de la métaphyfique du calcul différentiel, 8 par ce que nous allons encore en dire, on verra que cette façon deparler n’eft qu’une expreflion abrégée &c obfcure en apparence , d’une chofe très-claire & très-fimple. | Les puffances Zfférentielles, comme d x?, fe diffé- tentient de la même maniere que les puiffances des quantités ordinaires, Et commeles différentielles com- Tome IF, DE” AT | PRIR LI pt De tt pofées fe multiplient on fe divifent l’une l'autre , on font des puiffances des différentielles du premier de- gré, ces differentielles {e différentient de même que les grandeurs ordinaires. Ainfi la différence de dx ftm(dx) *Td dx, & ainf des autres. C’eft pourquoi le calcul Zffrentio-différensiel eft le même au fond que le calcul diférenriel, … Un auteur célebre de nos jours dit dans la pré- face d'un ouvrage fur la Géomésrie de l'infini, qu’il ñn avoit point trouvé de géometre qui püt expliquer précifément ce que c’eft que la différence dé 4 y de- venue égale à l'infini dans certains points d’inflexion.. Rien n’eft cependant plus fimple ; au point d'infle- .. TES 5 se xion la quantité 2 eftun maximum ou un minimum > donc la différence divifée par d x eff —0 ou:= à l'in fini, Donc, + regardant dx comme conftant, on a "1 à A 1 CR . la quantité 753 = à zéro ou à l'infini ; cette quan= tité n’eft point une quantité infiniment petite, c’eft une quantité qui eft néceflairement ou finie, ow infinie , ou zéro, parce que Le numérateur d dy qui eft infiniment petit du fecond ordre, eft divilé par dx?, qui eft aufi du fecond ordre. Pour abré- ger, on dit que dd y eft = à l'infini; mais d dy eft cenfée multipliée par la quantité Ja; ce qu£ fait difparoitre tout le myftere. En général 4 4y — proper ddy à l'infini ne fignifie autre chofe que — or dans cette équation où il n’entre point de 4ife- . a 1 rentielle ; par exemple foit y — ===; > On aura dy mrR = à linfini x d ) d us ! + na & d d'y — ne :ddy=àlinfmineft au USM Le NE: Le Cu tre chofe que = à l'infini, c’eft-à-dire 22 (a+) à l’infini, ce qui arrive quand x = 4; on voit qu'1Ë » “. . ÿ 1 A . 20 n'entre point de différentielle da RE P ife ns la quantité Chat dy 4 ; d ME Re d qui repréfente = Ou la limite de la limite de Em On fupprime le dx? pour abréger; mais il n’en eft pas moins cenfé exiftant. C’eit ainf qu'on fe fert fouvent dans les Sciences de mamieres de parler abré- gées qui peuvent induire en erreur, quand on n’en: entend pas le véritable fens. Voyez ELÉMENS. Il réfulte de tout ce que nous avons dit, r°. que dans le calcul différentiel les quantités qu’on néglige,, font négligées , non comme on le dit d'ordinaire, par- ce qu'elles font infiniment petites par rapport À celles: qu'on laiffe fubfifter, ce qui ne produit qu’une erreur infiniment petite où nulle ; mais parce qu’elles doi- vent être négligées pour l’exaétitude rigoureufe. On: a vù en effet ci-deffus que = eft la vraie & exacte d'y ‘ c L L ". ; os" valeur de ; ainfi en différentiant a x = y y, c’eft 2.7 d'y, & non 27 dy + d y? qu'il faut prendre pour: de de F°) afin d'avoir, comme on le doit > D = 02. Il ne s’agit point, comme on le dit en« core ordinairement , de quantités infiniment petites dans le calcul différentiel ; 1 s’agit uniquement de limi- tes de quantités finies. Ainfi lamétaphyfique de linf- ni & des quantités infiniment petites plus grandes ow plus petites les unes que les autres, eft totalementinu- tile au calcul déférentiel, On ne fe {ert du terme d’izf- riment petit, que pour abréger les exprefions. Nous ne dirons donc pas avec bien des géometres qu’une quantité eft infiniment petite, non avant qu’elle s’é- vanouifle, non après qu’elle eft évanoüie, maïsdans l'inftant même où elle s’évanouit ; car que veut dire une définition f faufle, cent fois plus obfcure que ce qu'on veut définir ? Nous dirons qu'il n’y a point dans le calcul différentiel de quantités imfiniment pe- tites, Au refte nous parlerons plus au long à Parsicle | or Er VERS 088 DIF Hrrwi de la métaphyfique de ees quantités. Ceux qui iront avec attention ce que nous venons de dire, & qui y joindront l'ufage du calcul & les réflexions, n'auront plus aucune difficulté fur ancun cas, &t trou- veront facilement des réponfes aux objeétions de Rolle & des autres adverfaires du calcul différentiel, fuppofé qu'il lui en refte encore. Il faut avoüer que fi ce calcul a eu des ennemis dans fa naïffance, c’eft la faute des géometres fes païtifans , dont les uns l'ont mal compris, les autres l'ont trop peu expli- Ë F ÿ \ qué. Mais les inventeurs cherchent à mettre le plus , { de myftere qu'ils peuvent dans leurs découvertes ; & en général les hommes ne haïflent point l’obfcu- xité, pour vi qu’il en réfulte quelque chofe de mer- veilleux. Charlatanerie que tout cela !'La vérité eft” fimple, & peut être toüjours mife à portée de tout le monde, quand on veut en prendre la peine. Nous ferons ici au fujet des quantités différentielles du fecond ordre, & autres plus élevées , une remar- que qui fera très-utile aux commançans. On trouve dans les rvém. de l'acad. des Sciences dé 1711, & dans’ le I. some des œuvres de M. Jean Bernoulli, un mé- moire où l’onremarque avec raifon que Newton s’eft trompé, quand il a erû que la différence feconde LE de 7", en fuppofant dz conftante, eft ECRIRE au lieu qu’elle eft 2.(7—1) x" dz?, comme il réfulte des regles énoncées ci-deflus, &z conformes aux principes ordinaires du calcul différentiel, C'eft à quoi il faut prendre bien garde ; & ceci nous don- nera encore occafñon d'infifter fur la différence des courbes polygones & des courbes rigoureufes, dont nous avons déjà parlé aux ar, CENTRAL 6 Cour- BE. Soit, par exemple, Y=x?, lequation d'une parabole : fuppofons dx conftant, c’eft-à-dire tous les 4 x égaux, on trouvera que x + d x donne pour. l’ordonnée correfpondante exaéte, que j'appelle y’, x24+2xdx+dx?,èt que x + 2 d x donne l’or- donnée correfpondante que je nomme y”, exaête- ment égale à x? + 4x dx + 4dx?; donc 2x dx + d x? eft l’excès de la feconde ordonnée fur la pre- miere, & 2x dx?#+ 3 dx? ef l’excès de la troïfie- me fur la feconde: la différence de ces deux excès eft 2 dx? ; & c’elt le d d y, tel que le donne le cal- cul différentiel, Or fi par l'extrémité de la feconde or- donnée on tiroit une tangente qui vint couper la troifieme ordonnée, on trouveroit que cette tan- gente diviferoitie d d y en deux parties égales, dont . 2 dx? chacune feroit par conféquent d x? où =, C’eft cette moitié du ddy vrai que M. Newtona prife pour le vrai ddy entier; & voici ce qui peut avoir occa- fionné cette méprife. Le ddy véritable fe trouve par le moyen de la tangente confidérée comme fécante dans la courbe rigoureufe ; car en faifant les Z x con- ftans, & regardant la courbe comme polygone, le d d y fera donné par le prolongement d’un des côtés de la courbe, jufqu’à ce que ce côté rencontre l’or- donnée infiniment proche aufi prolongée, Or la tan- gente rigoureufe dans la courbe rigoureufe étant pro- longée de même , donne la moitié de ce dd y ; & M, Newton a crû que cette moitié du dd y exprimoit le ddy véritable, parce qu’elle étoit formée par la foû- tangente; ainfi il a confondu la courbe polygone avec larigoureufe.Une figure très-fimple fera enten- dre aifémenttout cela à ceux qui fontun peu exercés à la géométrie des courbes &r au caleul différentiel, F. COURBE POLYGONE au mot COURBE , l’hifloire de l'acad. des Scienc. de 1722 , & mon traité de D'ynami- que, I. partie, à l’article des forces centrales. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE, eft celle qui con- tient des quantités différentielles On l'appelle du pre- mier ordre, fi les différentielles font du premier or- dre, du fecond, fi elles font du fecond, x, DIF. Les équations Zfférentielles à deux variables ap 1 partiennent aux courbes méchaniques ; c’eft en quoi ces courbes différent des géométriques. On trouvera leur conftrution au mor COURBE. Maïs cétte conf- truétion fuppofe que les indéterminées y foient {é- parées; & c'eft l’objet du calcul intégral, Foyez In TÉGRAL. . Dans les équations dférentielles du fecond ordre, où dx, par exemple, eft fuppofé conftant , fi on veut qu'il ne foit plus confiant, on n’a qu’à diviler: tout par d x; êc enfuite au lieu de … , Mettre 4. +) ou? ofe , & on aura une équation où. rien ne fera conftant. Cette regle eft expliquée dans plufeurs ouvrages, &c fur-tout dans la féconde partie du traité du calcul intégral de M. de Bougainville,,. qui ne tardera pas à paroître. En attendant on peut avoir recours aux œuvres de Jean Bernoulli , £. 17. page 77 ; & on peut remarquer que ei , en fuppoæ à fant d x conftant, eft la même chofe que d ( a: en fuppofant d x conftant : or _ eftle même, foitqu’on prenne dx conftant, foit qu’on le fafle variable. Car 4 | y demeurant la même, 2 ne change point , pour- vû que d x foit infiniment petite, Pour le bien voir, d on n’a qu’à fuppofer dy =7dxou52=7,0onaura j d , : d x au lieu de La dans l'équation; or ce d 7 eft la mé» me chofe que d ( o ) , fans fuppofer rien de conf. tant. Donc, &c. Il me refte à parler de la différentiation des quan tités fous le figne /: Par exemple, on propofe de dif- férentier f 4 dx, enne faifant varier que y, 4 étant une fonéhion de x & de y : cette différence eft d y 1A 4A } 4 I Je dx, 7, étant le coefficient de d'y dans la dffé- rentielle de A, On trouvera la méthode expliquée dans les mém. de l'acad. de 1740 , page 296, d’après un mémoire de M. Nicolas Bernoulli; & cette mé- -thode fera détailiée dans Pouvrage de M. de Bou gainvilie. Je pafle leserement fur ces objets qui font traités ailleurs, pour venir à la queftion, delinven- teur du calcul différentiel. Il eft conftant que Leibnitz l’a publié le premier & il paroît qu'on convient aujourd’hui affez générale= ment que Newton l’avoit trouvé auparavant : refte à favoir fi Leibnitz l’a pris de Newton. Les pieces de ce grand procès fe trouvent dans le commercium epif= colicum de analyft promotä, 1712, Londint. On y raps porte une lettre de Newton du 10 Décembre 1672, qu’on prétend, avoir été connue de Leibniz, & qui renferme la maniere de trouver les tangentes des courbes. Maïs cette méthode, dans la lettre citée, neft appliquée qu'aux courbes dont Les équations n’ont point de radicaux; elle ne contient point le calcul différenciel | 8 n’eft autre chofe que la métho- de de Barrow pour les tangentés un peu fimplifiée.: Newton dit à la vérité dans cette lettre, que par fa méthode il trouve les tangentes de toutes fortes de courbes, géométriques, méchaniques, foit qu'il y ait des radicaux, ou qu'il n’y en aït pas dans l'é- quation. Mais il fe contente de le dire. Aïnfi quand Leiïbnitz auroit vù cette lettre de’ 1672, il n’au- roit point pris à Newton le calcul différentiel ; il l'aw- roit pris tout au plus à Barrow; & en ce cas ce ne feroit, ni Newton, ni Leibnitz, ce feroit Barrow qui auroit trouvé le calcul différentiel, En effet , pour le dire en paffant, le calcul différentiel n'eft au- tre chofe que la méthode de Barrow pour les tangen- ‘tes, généralifée. Voyez certe méthode de Barrow pour les tangentes, expliquée dans fes leëtiones georneirices 8c à la fin du #, livre des fétfions coniques de M, de PHopital, & vous ferez convaincu de ce que nous . + . AT À avançons 1c1. [Il n’y avoit, pour la rendre générale, qu’à l'appliquer aux courbes dont les équations ont des radicaux ; & pour cela il fufifoit de remarquer que mx" dxeftladifirentielledex” , non-{eule- ment lorfque #7 eft un nombre entier pofitif ( c’eft le cas de Barrow), mais encore lorfque 7 eft un nombre quelconque entier, ou rompu, pofitif, ou négatif. Ce pas étoit facile en apparence ; & c’é- toit cependant celui qu'il falloit faire pour trouver tout le calcul différentiel. Ainfi quel que foit linven- teur du calcul différentiel , il n’a fait qu’étendre & achever ce que Barrow avoit prefque fait, & ce que le calcul des expofans, trouvé par Defcartes, ren- doit aflez facile à perfe@tionner. Voyez EXPOSANT. C’eft ainfi fouvent que les découvertes les plus con- fidérables , préparées par le travail des fiecles pré- cédens, ne dépendent plus que d’une idée fort fim- ple. Voyez DÉCOUVERTE. Cette générahfation de la méthode de Barrow, qui contient proprement le calcul différentiel, ou (ce qui revient au même ) la méthode des tangentes en général , fe trouve dans une lettre de Leïbnitz du 21 Juin 1677, rapportée dans le même recueil, p. 90. C’eft de cette lettre qu’il faut dater , & non des aëtes de Leipfic de 1684, où Leïbnitz a publié le premier les regles du calcul différentiel, qu'il con- noifloit évidemment {ept ans auparavant, comme on le voit par la lettre citée. Venons aux autres “faits qu'on peut oppofer à Leibnitz. Par une lettre de Newton du 13 Juin 1676, p. 49 de ce recueil, on voit que ce grand géometre avoit imaginé une méthode des fuites, qui l’avoit conduit aux calculs différentiel & intégral ; mais Newton n’explique point comment cette méthode y conduit, il fe contente d’en donner des exemples ; êt d’ailleurs les commuffaires de la fociété royale ne difent point fi Leibnitz a vù cette lettre; ou pour parler plus exaétement, ne difent point qu’il la vüe: obfervation remarquable & importante, comme on le verra tout à l’heure. Il n’eft parlé dans le rapport des commiflaires que de la lettre de Newton de 1672, comme ayant été vûe par Leïbnitz; ce qui ne conclud rien contre lui, comme nous l’avonsprou- VÉ. Voyez p.121 de ce recueil , le rapport des com- miffaires nommés par la fociété royale, arr. II. & IT. I femble pourtant par le titre de la lettre de Newton de 1676, imprimée page 49 du recueil, que Ecibnitz avoit vü cette lettre avant la fienne de 1677 ; mais cette lettre de 1676 traite principalement des fuites ; & le calcul dférensiel ne s’y trouve que d'une maniere fort éloignée, fous-entendue , & {up- pofée. C’eft apparemment pour cela que les com- muiffaires n’en parlent point; car par la lettre fui- vante de Leibnitz, page 58 , il paroît qu’il avoit vû la lettre de Newton de 1676, ainf qu’une autre du 24 Oétobre même année, qui router la même mé- thode des fuites. On ne dit point non plus, & on fait encore moins, fi Leibnitz avoit vû un autre écrit deNewton de 1669, qui contient un peu plus clairement, mais toûjours implicitement, le calcul différentiel, 8 qui fe trouve au commencement de ce même recueil. C’eit pourquoi , fi on ne peut refufer à New- ton la gloire de Pinvention, il n’y a pas non plus de preuves fufffantes pour l’ôter à Leibnitz. Si Leibnitz n’a point vü les écrits de 1669 & 1676, ÿ eft inventeur abfolüment: s’il les a vûs, 1l peut pañler pour l’être encore, du moins de l’aveu ta- cite des commiflaires , puifque ces écrits ne con- tiennent pas aflez clairement le calcul différentiel, pour que les commifiaires lui ayent reproché de les avoir Ins, Il faut ayoier pourtant que ces deux DIF 939 écrits, fur-tout celui dé 1669, s’il l’a lu, peuvent lui avoir donné des idées (voyez page 19 du recueil); mais 1l lui reftera toùjours le mérite de les avoir eues , de les avoir développées, & d’en avoir tiré la méthode générale de différentier toutes fortes de _ quantités. On objeéte en vain à Leibnitz que fa mé- taphyfique du calcul différentiel n’étoit pas bonne, comme on l’a vû plus haut: cela peut être ; cepen- dant cela ne prouve rien contre lui. [Il peut avoir trouvé le calcul dont il s’agit, en regardant les quantités d'fférentielles comme des quantités réelle- ment infiniment petites, ainfi que bien des géome- tres les ont confidérées ; il peut enfuite, effrayé par les objettions, avoir chancelé fur cette métaphyfi= que. On objecte enfin que cette méthode auroit dû être plus féconde entre fes mains, comme elle l’a été dans celles de Newton. Cette objeétion eft peut- être une des plus fortes pour ceux qui connoïffent la nature du véritable génie d'invention. Mais Leib- nitz, Comme on fait, étoit un philofophe plein de projets fur toutes fortes de matieres : il cherchoit plütôt à propofer des vües nouvelles, qu’à perfec« tionner & à fuivre celles qu’il propoloit. C’eft dans les aëtes de Leïpfc de 1684, comme on l’a dit plus haut, que Leïbnitz a donné le calcul différentiel des quantités ordinaires. Celui des quan- tités exponentielles qui manquoit à l’écrit de Leib- nitz, a été donné depuis en 1697 par M. Jean Ber- noulli dans les aëtes de Leipfc; ainfi ce calcul ap= partient en propre à ce dernier auteur. MÉTHODE DIFFÉRENTIELLE, wethodus différen= cialis ; eft le titre d’un petit ouvrage de Newton, im- priméen 1717 par les foins de M. Jones, où ce grand géometre donne une méthode particuliere pour faire pafler par tant de points qu’on voudra une courbe de genre parabolique ; méthode très-ingénieufes Comme M. Newton réfout ce problème, en em ployant des différences de certaines lignes , il a poux cette raifon nommé fa méthode méchode différentielle. Elle eft encore expliquée dans le Zemme F. du III. liv. des principes mathématiques de la philofophie na turelle ; & elle a êté commentée par plufieurs au- teurs, entr'autres par M. Strling dans fon traité de J'unmattone ferierum , Lond. 1730 , part. II. Voyez un plus grand détail aux articles SÉRIE , PARABOLIQUE, COURBE , INTERPOLATION, &c. (0) DIFFÉRENTIER, v.a&. (Géomér.) une quantiré dans la Géométrie tranfcendante, c’eft en rendre la différence fuivant les regles du calcul différentiel, Voyez DiFFÉRENCE & DIFFÉRENTIEL, où les re- gles & la métaphyfique de ce calcul font expliquées. Voyez auffr l’article INTEGRAL. (0) DIFFIDATION, £. f. (Hif.) en Allemagne, dans des tems de barbarie & d’anarchie, chaque prince ou feigneur fe failoit juftice à lui-même, & croyoit pouvoir en füreté de confcience aller piller, brûler, & porter la defolation chez fon voifin, pourvû qu'il lui eût fait fignifier trois jours avant que d’en venir aux voies de fait, qu'il étoit dans le deein de rom: pre avec lui, de lui courir fus, & de fe dégager des lens mutuels qui les umifloient : cette efpece de guers re ou de brigandage fe nommoiït difédarion, Cet abus fut long tems toleré par la foiblefle des empereurs ; & au défaut de tribunaux autorifés pour renüre la juftice, on exigeoit feulement qu’on remplit certai- nes formalités dans ces fortes de guerres particuliee res, comme de les déclarer trois jours avant que d’en venir au fait; que la déclaration fût faite aux per- fonnes mêmes à qui on en vouloit , & en prélence de témoins , & qu’on eût de bonnes raifons à allé guer : on ne defendoit alors que les diffdations ou guerres clandefhines : mais Fréderic 111. vint à bout . de fufpendre çes abus pour dix ans, & {on fils Maxi 290 DIF smilien 1. les Ât-enfin abolir entierement dans:la diete «de Worms en 1495. (—) DIFFORMITÉ, f. m. (Medec.) on comprend fous e mot générique.toute figure des parties ou des or- ganes du corps humain, qui s'éloigne de la naturel- Je, au point d’en empêcher Les fonéuons, où même eulement de faire de la peine aux yeux de ceux qui n’y font pas accoïñtumés. | r Les ove peuvent venir de naïflance , quel- quefois de ce que la mere s’eft bleflée dans fa grof- fefle, ou même felon quelques-uns de 1 effet de fon aimagination fur le fœtus. Les difformites peuvent en- core procéder, après la naïffance,, d’une infinité de caufes différentes, telles que de chûte, de bleflure, de brûlure, de fraéture , de luxation, de compref- fon, de ligature, 6c. de maladies, comme d’une hu- meur écrouelleufe, arthritique, goutteufe ; d’altéra- tion de la fynovie dans la molleffe des os, comme dans le rachitis des enfans, 6c. P4 Mais quelle que foit la caufe des di ormites ,ilat- rive d'ordinaire que la fonétion de la partie difforme s'exécute avec plus de peine , ou eft même entiere- ment détruite. Les difformirés de naïffance fe corri- gent difficilement ; les autres efpeces de difformités qu'on a lieu d'appréhender , doivent étre prévenues par des bandages & par des machines connues, ou qu’on fait exprès, en un mot par tous les fecours de art & du gémie. On s’eft propofé dans cet Ouvrage de ne point négliger l’orthopédie, c’eft-à-dire l’art de prévenir ou de corriger dans les enfans les difformités du corps humain. Nous fommes donc bien éloignés d’approu- ver cette mere extravagante dont parle Dionis, qui vouloit faire arracher à fa fille de très-belles dents qu’elle avoit entr’autres agrémens, de peur que cet- te beauté ne fût un jour un obftacle à fon falut. Le foin du corps renfermé dans les bornes que prefcrit la raifon, & plus encore le foin de prévenir les dif- formités corporelles, eft une partie trés-1mportante de l'éducation des enfans , qui doit accompagner ef- entiellement celle des mœurs, & de la Culture de leur efprit. Arr. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DIFFRACTION, f. f. (Oprig.) eft une propriété des rayons de lumiere, qui confifte en ce que ces rayons fe détournent de leur chemin lorfqu’ils ra- fent un corps opaque , & ne continuent pas leur route en ligne droite. Nous ne pouvons mieux faire ici, que de rapporter en fubiftance ce que dit M. de Mairan fur ce {ujet dans Les mém. acad. 1738. p. 53. Tous les Opticiens avant le P. Grimaldi jéfuite, ont crû que la lumiere ne pouvoit fe répandre ou fe tranfmettre que de trois manieres ; favoir, par woie direde ou en ligne droite, par réfraétion, & par ré- flexion ; mais ce favant homme y en ajoûta une qua- trieme qu'il avoit obférvée dans la nature, & qu'il appella diffraition. C’eft cette inflexion des rayons qui fe fait à la fuperficie ou auprès de la fuperficie des corps, & d’où réfulte non-feulement une plus grande ombre que celle qu'ils devoient donner, mais encore différentes couleurs à côté de cette ombre, fort femblables à celles de l'expérience ordinaire du prifme. Pour fe convaincre en gros du phénomene, & fans beaucoup de préparatifs, il n’y a qu’à regarder le foleil à travers les barbes d’une plume, ou auprès des bords d’un chapeau , ou de tel autre corps fila- menteux , & l’on appercevra une infinité de petits arc-en-ciels ou franges colorées. La principale raifon du P. Grimaldi, pour établir que la diffraélion étoit réellement une quatriemeefpece de tranfmifion de la lumiere, & pour la diftinguer de la réfra@ion, eft qu’elle fe fait, comme il le penfe, fans l'intervention d'aucun nouveau milieu. À l’égard de M. Newton, qui a décrit ce phénomene avec beauçoup d’exaéti- tude, & qui er a encore plus détaillé les circonftan: ces &c les dimenfions que le. P, Grimaldi »ilnarien décidé formellement, que je fache , de fa vraie & pré: tendue différence avec celui dé la réfra@ion, ne vou- lant pas même , commeil le dit à cefujet, entrer dans la difcuffion fi les rayons de la lumiere font corporels ou'ne le font pas: de natura radiorum, atrum fut. cor: pora recne, nhil omnino difputans. Cependant il a ex- clu du phénomene, fans reftriétion & fans rien met- tre à fa place, la réfraétion ordinaire de l’air. | Voici d’une maniere plus détaillée en quoi con fifte la diffraition : {oit AB CD ( fig. 66. n. 2. Op- tique.) le profil ou la coupe d’un cheveu ou d’un fil délié de métal, À À un trait de lumiere reçu par un fort petit trou dans la chambre obfcure , & auquel on a oppofé le corps 4 B CD à quelques piés au- delà. Si on reçoit l’ombre dn fil 4 € fur un plan, à quelques piés de diftance du fil, par exemple en NZ, elle y fera trouvée, toutes déduétions faites, beau coup plus grande qu’elle ne devroit l’être à raifon du diametre de ce fil; on voit de plus de part &c d’au- tre des limites de ombre en NL, Z Q, des bandes ou franges de lumiere colorée. On s’imaginera peut- être que les couleurs N, E , L, d’un côté de l’om- bre, & Z, F, Q, de lautre côté, repréfentent fim- plement la fuite des couleurs de la Iimiere, chacune des bandes ou franges ne donnant qu’une de ces cou- leurs. Mais ce font bien diftinétement tout au moins trois ordres ou fuites de couleurs de chaque côté, & pofées l’une auprès de l’autre, à-peu-près comme les fpeëtres d’autant de prifmes ajuftés l’un fur l’au- tre au-deflus & au-deflous du corps diffringent AB CD. Ces trois fuites de franges ou de couleurs font repréfentées ici dans leurs proportions ou aps prochant (fig. 66. 7. 3. Optiqg.) par rapport à l’om- bre O du cheveu, & marquées fur le milieu des mê- mes lettres que leurs correfpondantes dans la figure. Ainf la premiere, en partant de ombre, eft N d’un, côté & Z de l’autre, la feconde E & F, & la troi- fieme L & Q. On voit dans la premiere de part & d'autre, en venant de l'ombre, les couleurs fuivan- tes, violet, indigo , bleu-pâle, verd, jaune, rouge; dans la feconde, en fuivant le même ordre, bleu , jaune, rouge; & dans la troifieme, bleu-päle, jau= ne-pâle, & rouge. Cette propriété des rayons de lu miere s'appelle aufi zfféxion. Il y a des auteurs qui prétendent que M. Hook l’a découvert le premier ; mais cet auteur eft poftérieur à Grimaldi. La caufe n’en eft pas bien connue : on peut voir fur ce fujet les conjectures de M. Newton dans fon Oprique, & cel- les de M. de Mairan dans les mêm. acad, 1738. (O} DIFFUS, adj. ( Belles-lertres. ) en parlant d’un ftyle ou d’un auteur, fe dit d’une maniere d'écrire longue & prolixe. Voyez PROLIXITÉ. Un diétionnaire ne fauroit être trop étendu, mais il ne doit jamais être diffus: quoiqu’on ne foit point obligé de le lire de fuite, on n’aime pas à trouver de longueurs dansäles articles qu’on confulte, 8x le lec- teur fait mauvais gré à l’auteur des inutilités qu'il ui préfente dans un ftyle diffus. Le ftyle diffus eft oppofé au ftyle concis &r ferré: Cicéron eft diffus en comparaifon de Demofthene, G DOS , {. f. en Phyfique, eft en général l’ac- tion par laquelle une qualité fe propage & s'étend. Voyez QUALITÉ. Cela fe fait de trois manieres ; ou parune émanation de corpufcules , comme dans les odeurs, ou par la preffion des parties d’un fluide, comme dans le fon ; ou par quelque moyen qui nous eft inconnu , comme dans la gravitation dés corps. céleftes. Foyez ODEUR, SON , LUMIERE , GRAVI- TATION , ATTRACTION , &c. Au fefte , ce mot n’eft pas fort en ufage : on fe fert plus ordinaires “ment de celui de propagation, Le mot de difufton ne DIF s’employe plus guere qu’en littérature pour défi- gner le défaut d’un difcours diffus , c’eft-à-dire d’un difcours dans lequel on employe beaucoup plus de | paroles qu'il n’eft néceffaire pour dire ou pour ex- pliquer quelque chofe. Foyez Drrrus. (0) DIGASTRIQUE , er Anatomie, nom de deux mufcles ainfi appellés parce qu’ils ont deux ventres. Voyez MuscLe & VENTRE. | Ce mot vient de dc, deux fois, & dé yasap, ven- tre. Le digaffrique de la mâchoire inférieure eft d’a- bord charnu , en partant de la rainure qui eft la par- tie latérale interne de l’apophyfe maftoide ; & en defcendant vers le larynx, il devient tendineux , &t pañle à-travers le ftilo-hyoïdien , & uhe membra- ne qui eft attachée à l'os hyoïde : alors il redevient encore charnu , & il remonte vers le nulieu du bord inférieur de la mâchoire inférieure où il prend fon infertion. IL eft quelquefois accompagné d’un plan de fibres qui s’attache à la partie fupérieure de los hyoïde. Le digaftrique de la tête eft un mufcle plus ou moins diftinét , fitué à la partie moyenne & pofté- rieure du cou, [ls’attache aux apophyfes tranfverfes de la troïfieme , quatrieme, cinquiemé & fixieme, ct quelquefois à la quatrieme jufqu’à la feptieme, en- tre le long dorfal & l’épineux du dos : ces quatre plans de fibres fe réuniflent, & forment une efpece de ventre , fitué le long de la partie interne & infé- rieure du complexus ; ces fibres charnues devien- nent peu-à-peu tendineufes , puis charnues , & s’in- {erent à côté dela tubérofité de l’occipital au-deffous du trapeze. DIGESTE, f.m. ( Æif£. anc. & Jurifp. ) qu'on appelle auffi pardeëtes ; eftune compilation des livres des jurifconfultes romains , auxquels il étoit permis de répondre publiquement fur le droit ; elle fut faite par ordre de l’empereur Juftinien, & rédigée en for- me de corps de lois. j Pour bien entendre ce qui fait la matiere du d- géfte, &t dans quelles circonftances il a été compofé, il faut d’abord favoir quelles étoient les anciennes lois qui ont précédé le digeffe, & quelle étoit la fonc- tion des jurifconfultes , dont les livres ont fervi à faire cette compilation. Les premieres lois de Rome furent celles que f- ent les fept rois dans l’efpace de 244 ans ; après l’ex- pülfon du dernier elles furent recueillies par Sex. tus Papyrius ; ce recueil fut appellé Ze droit papy- rien ; mais fon autorité fut bien-tôt abolie par la loi tribunitia. Les confuls qui fuccéderent aux rois , rendoient la juftice aux particuliers, &t régloient tout ce qui avoit rapport au droit public , concurremment avec le fé- nat &c le peuple , felon que la matiere étoit du ref- fort de l’un ou de l’autre. Les fénatus-confultes, ou decrets du fénat , & les plébifcites ou réfolutions du peuple , formoient comme autant de lois. Mais par fucceflion de tems les lois ne furent plus obfervées : on ne fuivoit plus que des ufages incer- tains , qui, de jour à autre , étoient détruits par d’autres ufages contraires. Le peuple fe plaignant de cette confufñon , on en- voya à Athenes & dans les autres villes de la Grece, dix hommes que l’on appella les décemvirs, pour y faire une colleétion des lois les plus convenables à la république : ces députés rapporterent ce qu'il y avoit de meilleur dans les lois de Solon & de Lycur- gue : cela fut gravé fur dix tables d’'yvoire , & ces tables furent expofées au peuple fur la tribune aux haranoues, On accorda aux décemvirs une année pour ajoûter à ces lois, & les interpréter : ils ajoù- terent-en effet deux nouvelles tables aux dix pre- mieres , & cette fameufe loi fut appellée 24 Lo des douge tables. DIF oo Appius Claudius , le plus éclairé & lé plus mé- chant des décemvirs , inventa différentes formules Pour mettre en pratique les a@ions & les expreffions réfultantes de cette loi : il falloit fuivre ces formu- lés à la lettre , à peine de nullité. La connoiffance de ces formules étoit un myftere pour le peuple * elle avoit été communiquée qu'aux patriciens ; lefquels par ce moyen interprétoient la loi À leur gree Le livre d’Apprus ayant été furpris & rendu pu: blic par Cneius Flavins , fut appellé Ze droit flavien, Les patriciens inventerent de nouvelles formules en. core plus difficiles que les premieres ; maïs elles fu rent encore publiées par Sextius Ælius , ce qui s’ap- pella % droit ælier : ces deux colle&tions furent per- dues. Les douze tables périrent anff lorfque Rome fut faccagée par les Gaulois : on en raflembla du mieux que l’on put les fragmens les plus précieux que l’on grava fur l’airain. Les édits des préteurs avoient auffi force de loi, & de ces différens édits , le jurifconfulte Julien for. ma par ordre du fénat une colle&tion qui eut pareil lement force de loi, & qu’on appella édir perpétuel, Le fénat & le peuple qui avoient chacun le pou voir de faire des lois , s’en défrent l’an 731 de Ro- me en faveur d’Augufte, & depuis ce tems les em- pereurs firent des ordonnances appellées conffitutios 720$ D'LTICLPHIN. De ces conffitutions desempereurs, furent formés les codes grégorien , hermogénien , & théodofen. Enfin , Juftinien fit publier en 528 , qui étoit la troifieme année de fon regne , la premiere édition de fon code , compofé, tant des conftitutions com- prifes dans les précédens codes , que de celles qui étoient furvenues depuis. Telles étoient les lois obfervées jufqw’an tems de la confettion du digeffe | outre lefquelles il y avoit les réponfes des jurifconfultes qui faifoient auf pat- tie du droit romain. Ces réponfes des jurifconfultes tiroient leur pre- mere origine du droit de patronage établi par Ro- mulus ; chaque plébeïen fe choïfiffoit parmi les patri- ciens un protetteur ou patron qui l’afliftoit, éntr’au- tres chofes, de fes confeils : les confrairies, ou corps de métier ; les colonies ; les villes alliées ; les nations vaincués avoient leurs patrons. Dans la fuite quelques particuliers s’étant adon- nés à l'étude des lois, & à leur interprétation, on leur donna auffi le nom de patrons ; le nombre de ces jurifconfultes qui n'étoit pas d’abord fort confi- dérable, s’accrut beaucoup dans la fuite ; & comme: ils donnotent des confeils fur toutes fortes de quef- tions , & fe chargeoient de la défenfe des parties, ils furent infenfiblement fubrogés pour ces fondions aux anciens patrons. Le premier jurifconfulte romain qui nous foit con- nu, .eft Sextus Papyrius, qui fit la colleétion des lois royales Les décemvirs qui rédigerent la loi des douze ta- bles s’arrogerent le droit de l’interpréter, & dreffe- rent les formules. Cneius Flavius & Sextus Ælus qui divulguerent ces formules , furent auffi regardés comme des in- - terpretes du droit, Depuis ce tems, plufieurs autres particuliers s’ap- pliquerent à l'étude des lois : on voit dès l’an 449 de Rome, un Appius Claudius Centemmanus, arriere- petit-fils du décemvir de ce nom, & Simpronius {ur- nomme /e fage, le feul jurifconfulte auquel ce fur- nom ait été donné du tems de ces jurifconfultes : on fe contentoit d'expliquer verbalement le fens des lois, c’eft pourquoi on ne trouve aucune de leurs réponfes dans le digefe, Tiberius Coruncanus , qui 992 D LE vivoit l’an 437 de Rome, fut le premier qui enfei- gna publiquement la jurifprudence ; mais fes ouvra- ges ne fubfiftoient plus du tems de Juftimen, Les autres jurifconfultes Les plus célebres dont on a rapporté quelques fragmens dans le digefle , ou qui y font cités , peuvent être diftingués en plufieurs âges ; {çavoir , ceux qui ont vécu du tems de la république jufqu’au fiecle d’Augufte ; ceux qui ont vécu depuis cet empereur jufqu’à Adrien, & deprus celui ci jufqu’à Conftantin ; ceux qui vivoiént du tems de Théodofe ; & enfin , ceux qui vivoient du tems de Juftinien , & en particulier ceux qui eurent part à la compilation des lois de cet empereur , & notament du digefle, | Les jurifconfultes qui fe diffinguerent du tems de la république , & juiqu’au fiecle d’Augufte , furent d’abora les deux Catons , l’un furnommé Ze cenfeur , & auquel on attribue la regle dite catonienne ; M. Caton fon fils, le jurifconfulte, auquel quelques-uns attribuent l'invention de cette même regle ; Junius Brutus , Publius Mucius , Quintus Mucius Scévola, le premier qui mit en ordre le droit civil qu’il dif- tribua en dix-huit livres, ce fut lui aufi qui intro- duifit la caution mucienne ; Publius Rutilius Rufus, Aquilius Gallus , Encius Baldus , Sextus Papyrius , defcendant de l’auteur du code papyrien ; Caius Ju- ventius, Servius Sulpitius, un de fes difciples nom- mé Caius , un autre Caiusfurnommé Trebarius Teffa ; Ofilius, Aulus , Cafcellius , Q. Ælius Tubero, Al- fenus Varus, Aufidius Tuca & Aufdius Namufa, Atteius Pacuvius, Flavius Prifcus, Publicius Gellius, & Cinna Lucius Cornelius Silla, Cneius Pompeius , connu fous le nom dx grand Pompée; Marc-Antoine eft mis auf au rang des jurifconfultes. Lesréponfes ou confultations de ces jurifconfultes, {oit verbales, ou par écrit , & les décifions qu'ils donnoient dans leurs commentaires, furent toùjours d’un grand poids, maïs elles acquirent une plus gran- de autorité depuis qu'Ausufte eut accordé à un cer- tain nombre de ces jurifconfultes les plus qualifiés le droit d'interpréter les lois, & de donner des déci- fions auxquelles les juges feroient obligés de confor- mer leurs jugemens. Maffatius Sabinus fut le premier auquel 1l permit d’expliquer publiquement le droit ; plufieurs autres obtinrent la même permiflion : les noms les plus cé- lebres font dans la loi 2. ff. de orig. jurif. ceux-ci étoient prefque tous des plus grandes familles de Ro- me , amis des empereurs, ou recommandables par les fervices qu'ilsavoient rendus à l’état : leurs déci- fions furent appellées re/ponfa prudentum ; c’eft de ces réponfes que le digeffe fut principalement formé. Calgula menaça d’abolir Pordre entier des ju- rifconfultes ; ce qui n’eut pas d’effet ; &c les empe- reurs Tibere & Adrien confirmerent les jurifconful- tes dans les privilèges qu'Augufte leur avoit ac- cordes. Sous l’empire d’Augufte, ces jurifconfultes , an- torifés à expliquer publiquement le droit , fe parta- gerent en deux feétes, ce qui a produit tant de con- trariétés que l’on rencontre dans le digefle. | Atteius Capito , & Antiftius Labeo , furent les chefs de deux feûtes ; le premier fe tenoit fcrupu- leufement aux principes qu'il avoit appris ; Pautre qui étoit plus fubtil introduifit beaucoup d'opinions nouvelles. Les difputes furent encore plus vives entre Sabi- nus, fucceffeur de Capito, & Proculus , fucceffeur de Labeo , d’où les deux fettes des fabiniens & pro- culeiens prirent leur nom, quoique Sabinus & Pro- culus n’en fuffent pas les auteurs. La fete de Capito ou de Proculus fut aufli ap- pellée caffienne | du nom d’un autre difciple de Ca- pito , qui s’en rendit le chef après Sabinus. Les feftateurs de Capito ou proculeiens furent Maf- furius Sabinus , Caflius Longinus , Cœlius Sabinus, Prifcus Javolenus , Alburinus Valens, Tufcianus , & Salvius Julianus , qui rédigea l'édit perpétuel, & qui mit fin à toutes les feétes en adoptant, tantôt le fen- timent des uns , & tantôt celui des autres , {lon qu’il li paroïfloit le plus jufte, | Labeo eut pour feétateurs Cocceius Nervalepere, Licinius Proculus , Pegafus qui fit donner à fa feûte le nom de pegafenne, Celfus , Neratius Prifcus, Il fe forma une troifieme feéte mitoyenne qu'on appella des hercifcundes , qui tâchoient de concilier les uns & les autres autant qu'il étoit poffible : il pa- roit que Salvius Julranus, quoique compté parmi les proculeiens , fe rangea de ce parti ; ce fut aufli celui qu'embraffa l’empereur Juftinien. | Depuis Adrien jufqu’à Conftantin , les jurifcon- fultes les plus fameux font Vindius Varus , Seétus Cœcilius Africanus , Volufius Mœcianus , Junius Mauricianus , Ulpius Marcellus , Claudius Saturmi- nus qui affeétoit tobjours d’être d’un avis oppoé à celui des autres , ce qui a fait donner le nom de /4- turRinI à ceux qui tombent dans le même défaut; Tertullus qui donna fon nom au S. C. Tertullien, le célebre Gaius ou Caïus , Q. Cerbidins Scévola , Sextus Pomponius, Ülpien , Julius Paulus, Heren: nius Modeftinus , & quelqu’autres moins connus, tels que Papyrius Juftus, Calliftrates, Tryphoninus, Arius Menander, Tarrentenus-Paternus , Macer , Teren- tius-Clemens , Papyrius Fronto , Furius Anthia- nus, Maximus , Florentinus , Vonuleius , Marcia- nus, Julius Aquila , Arcadius Charifius , Pureola- nus Ruffinus. Sous le regne de Conftantin, deux jurifconfultes nommés Gregoire & Hermogenien firent chacun un code appellé de leur nom, contenant une compila- tion des conffitutions des empereurs , Fun depuis Adrien jufqu’au tems de Valerien & Gallien, l’autre depuis ces empereurs jufqu’à Conftantin. Les différens jurifconfultes, dont on a parlé ju£- qu'ici , avoient compofe difflérens commentaires 8 traités fur le droit : on en comptoit du tems de Juf- tinien plus de deux mille volumes ; depuis le regne d'Augufte , les écrits des jurifconfultes | auxquels il étoit permis d'expliquer publiquement le droit avoient force de loi ; les parties & les juges étoiedt obligés de s’y conformer : ces écrits faifoient partie du droit romain. | Mais comme dans cette multitude d’écrits il {e trouvoit beaucoup d'opinions différentes , & par conféquent d'incertitude , les empereurs Théodofe le jeune & Valentinien II{, voulant levercet incon- vénient, ordonnerent que dans la fuite il n’y auroit - plus que les ouvrages de Papinien , de Caius , de Paul , d'Ulpien , & de Modeftin qui auroient force de loi dans l’empire ; que quand ces jurifconfultes feroient partagés fur quelque queftion , Pavis de Pa- pinien feroit préponderant ; mais Juftinien, & ceux qui travaillerent fous fes ordres à la confeétion du digefle, ne firent point de femblable diffinétion en- tre les anciens jurifconfultes , & les ont tous égale- ment cités dans le dipeffe. Théodofe le jeune employa huit jurifconfultes à la rédaétion de fon code quu fut publié en 438. ces jurifconfultes font Antiochus, Maximin , Martyrius, Speräntius , Apollodore , Théodore , Epigenius , &c Procope. Enfin , Juftinien étant parvenu à l'empire , & : voyant la confufon que caufoit cette multitude de lois & d’écrits des jurifconfultes, réfolut aufñi-tôt d’en faire faire une compilation compofée de ce qu'il y auroit de meilleur, Il commença par faire travailler à un nouveau code DIG Éode que lon tira , tant des trois antres codes qui avoient été faits avant lui , que des novelles de Théodofe & de fes fuccefleurs ; il confia l’exécution de ce projet à Tribonien qui avoit été Rte &c . conful , & lui aflocia neufautres jurifconfultes nom- més Jean, Leontius , Phocas , Bafilides , Thomas , Conftantin le thréforier, Theophile , Diofcore, & Prœfentinus. _ Cette premiere édition du code parut au mois d'Avril 529 : l’année fuivante, Juftinien fit une or- donnance adreflée à Fribonien , qu'il chargea de raflembler de même en un feul corps d'ouvrage les plus belles décifions qui étoient répandues dans les ouvrages des anciens jurifconfultes ; d’en faire une colleétion & compilation diftribuée fuivant l’ordre de Pédit perpétuel , ou fuivant celui du code qui avoit été publié l’année précédente ; de divifer cette colle&ion en cinquante livres, & chaque livre en plufeurs titres : 1l y avoit, comme on l’a déjà dit, plus de deux nulle volumes , & plus de trois cents mille vers , outre le choix qu’il avoit à faire , il fal- loit conciher les différentes opinions des Sabiniens & des Proculeiens , c’eft pourquoi Juftinien permit à TFribonien de fe choïfir quelques-uns de ceux qui ex- celloient alors dans la fcience du droit pour l’aider dans ce travail ; il ordonna que cette nouvelle com- pilation feroit appellée dige/fe ou pandeükes. Le terme de digefle n'’étoit pas nouveau ; plufieurs jurifconfultes avoïent déjà mis ce titre À leurs ou- vrages ; 1l y avoit dès-lors les digefes de Julien, ceux d’Alphenus Varus, de Juventius, Celfus, Dul- pius, Marcellus , de Cerbidius Scévola , & de plu- fieurs autres. On appelloit dipefes tous les livres qui . renfermoient des matieres de droit digérées , & mi- fes par ordre quaf: digefta. | À l’épard du nom de pardedles , que Juftinien don- na auffi à cette compilation, ce terme eft dérivé du grec & compoié de av, qui figmifie one, & de y0- pas,complettor; de forte que pardeites fignifie un recueil qui comprend tout. Ce nom de pandeïtes n’étoit pas non plus nouveau. Gellius rapporte (/v. XIII. de JEs nuits attiques, cap. jx.) que Tullius Tiro, élève de Cicéron, avoit compoié certains livres qu'il in- titula en grec pandeüle, comme contenant ün pré- cis de toutes fortes de chofes &x de fciences. Et Pline en fa préface de fon hiffoire naturelle, dit que ce titre avoit paru à quelques-uns trop faftueux. Ulpien, Modeftinus, & autres, intitulerent aufi quelques- uns de leurs ouvrages pandeüles. Juftinien ordonna auff que les mots feroïent écrits tout au long dans le digeffe, & défendit d’y employer les notes & abbréviations qui avoient jetté tant de doutes & d’obfcurités dans les livres des anciens ju- rifconfultes. Enfin il défendit à tous jurifconfultes de faire des commentaires fur le Zigefle, pour ne pas retomber dans la même confufion où l’on étoit au- paravant ; 1l permit feulement de faire des paratit- les ou fommaires du digefle. . | Tribonien s’aflocia feize jurifconfultes , du nom- bre defquels furent la’ plüpart de ceux qui avoiént été employés à la compilation du code. Ces feize jurifconfultes font les deux Conftantins , Théophile, Dorothée, Anatolius, Cratinus , Eftieine, Menna, Profdocius ; Eutolmius Timothée, Léonides , Léon- tüius , Platon , Jacques, & Jean. Ro Le digefle fut parfait en. moins de trois années, ayant été publié le 17 des calendes de Janvier 533. _ Juftinien loue Tribonien & fes colléeues de leur diligence, & parle du digeffe comme d’un ouvrage dont 1l n’efpéroit pas de voir la fin avant dix an- nées; ce qui apparemment a fait croire à quelques modernes que Juftinien avoit donné dix ans à TH bonien pour travailler à cet ouvrage , quoique le tems ne füt point fixé : quelques-uns ont même pris : Tome IP, D'IG 993 de:là occañon d’accufer Tribonien & fes collegues de précipitation ; mais trois années étoient bien {uffi- fantes à dix-{ept jurifconfultes des plus habiles, pour faire une fimple compilation, | Il fant encore obferver par rapport à la compila. tion du digefle. | 1°, Que l’on n'y a fait entrer des fragmens des livres des jurifconfultes , que de ceux qui avoient eu permiflion de répondre publiquement fur le droit, ë que les ouvrages des autres jurifconfultes furent totalement laifés à l’écart. Mais on ne fe fervit pas feulement des écrits de ceux qui avoient été autori. {és par Valentinien LIL. on y a fait auffi entrer des fragmens de plufieurs autres qui ayoient été approus vés, pour répondre fur le droit. 2°. Que les rédaéteurs du digefe ont évité avec foin toutes les contradiétions des Sabiniëéns & des Proculéiens , & autres jurifconfultes. 3°. Quoique les notes d'Ulpien , de Paulus , & de Marcien , fur les ouvrages de Papinien , n’euflent point la même autorité que leurs autres Ouvrages » à caufe de la haute confidération que l’on avoit pour Papinien ; cependant Juftinien permit aux rédaéteuré du digeffe d’en prendre ce qui feroit néceffaire : & la prérogative que Valentinien III. avoit accordé à Pa Pimien , que {on avis prévaloit fur celui des autres , étant en nombre égal, n’a plus lieu dans le digefie, {oit parce que lon n’y a point admis de diverfes Opi+ nions , foit parce que tout ce qui y eft compris ayant été adopté par Juftinien, eft cenfé émané de lui, & a la même autorité. Enfin il fut permis aux rédaéteurs de corriger & de réformer ce qu'ils jugeroient à-propos dans les écrits des jurifconfultes ; comme ils le firent en effet en plufieurs endroits , où il s’agifloit de concilier l’ane cien droit avec le nouveau. , Le digefle, quoique fait à Conftantinople, a été rédigé en latin tel que nous l’avons. Dans la fuite, l’empereur Phocas le fit traduire en grec pat Thalæ- leus ; Haloander dit avoir vû cette tradu@ion Mas nufcrite , mais elle a point encore été publiée. À légard de l'ordre que Tribonien a fuivi dans l'arrangement du digefk , on conçoit aflez celui des livres & des titres, quoiqu'il eût été facile d’en faire un meilleur ; mais pour ce qui eft des lois qui font placées fous chaque titre, il femble qu’elles ayent été Jettées toutes à la fois fans aucun choix ni arran- gement : en effet elles n’ont nulle liaifon entrelles ; celle qui précéde devroit fouvent être la derniere , & plufeurs conviendroient beaucoup mieux fous d’autres titres. Il y a deux divifions différentes du digefe, qui font l’une & l’autre de Juftinien. | La premiere eft en cinquante livres , & chaque li: vre contient plufeurs titres, qui font divifés en plu- fieurs lois. On a mis en tête de chaque loi le nom du jurifconfulte , &c-de l'ouvrage dont elle a été tirée, afin qué le nom de tous ces favans perfonnages ne demeurât point dans loubli. Les lois font la plüpart divifées en plufieurs parties ; la premiere appellée Principrum , 8c les autres nomméés paragraphes. Le premier livre compofé de vingt-deux titres x dont le premuer eft de jufhitié & jure, traite de la juf- tice en général du droït & de fes différentes parties ; de la divifion des perfonnes & de celle des chofess des fénateurs, & autres magiftrats; de leurs délé- gués & afleffeurs. Le fecond livre divifé en quinze titres, traite du pouvoir des magiftrats, & de leur jurifdi@ions; de la manière de traduire quelqu'un en jugèment ; des conventions & tranfaions. Dans le troifieme livre , qui ne contient que fix titres , On explique ceux qui peuvent poftuler ; on traité des infames qui font exclus de cette fon@ion,; KKKKkKkk 9% DIG enfin duminiftere des avocats, procureuts , fyndics, & de-la calomnie , dont tous les miniftres de la juf- tice doivent s’abftenir. Le quatrieme livre divifé en neuf titres, traite des caufes de reflitution en entier, des compromis, & des arbitrages ; il y eft auñfi parlé des mineurs &c de la dégradation d'état, des nautonniers,hôteliers d’hom- mes & decchevaux, &autres qui font chargés de cho- fes appartenantes à autrui. Le cinquieme livre qui eft en fix titres, après avoir parlé de la jurifdiétion &c expliqué devant qui l’affi- gnation doit {e donner , traite du teftament inofi- cieux, de la demande d’hérédité en tout ou partie, & de la demande d’hérédité fidei-commiflaire. Dans le fixieme livre où 1l n'y a que trois titres » font reglées toutes les aétions réelles, foit civiles & direttes , foit prétoriennes & utiles , pour Les chofes ue l’on révendique. ” Le feptieme livre renferme en neuf titres tout ce qui concerne l’ufufruit , les fervitudes perfonnelles, Phabitation, l'ufage des fonds, & ce qui en dépend , & les füretés que l’ufufruitier doit donner. La matiere des fervitudes réelles, tant pour les biens de ville que pour ceux de campagne, eft trai- tée dans le huitieme livre en fix titres. Le neuvieme livre qui n’a que quatre titres , ex- plique certaines aétions petfonnelles qui imitent les réelles ; telles que les aétions noxales, lation de la loi aquilia , & l’aétion qui a lieu contre ceux qui Ont jetté quelque chofe en un lieu de paflage, qui a blef- fé quelqu'un , ou fait quelque autre dommage ; êc lation donnée contre ceux qui ont fur leurs fené- tres , quelque chofe qui pourroit fortuitement cau- fer du dommage aux paflans. Il n’y a de même que quatre titres dans le dixie- me livre, lequel traite des aétions mixtes ; telles gs _ Pa@ion de bornage, celle à fin de‘partage d’une fuc- ceffion ou autre chofe ; il traite aufli de l’aétion ad exhibendum , qui eft une préparation à l’aétion réelle. Dans le onzieme livre divifé en huit titres, il eft arlé des interrogatoires fur faits & articles, des di- verfes fortes d’affaires dont un même juge peut con- noître ; il traite enfuite des efclaves corrompus & fugitifs , des perfonnes qui jouent aux jeux de ha- fard, de l’arpenteur qui a fait un faux rapport, en- fin des fépultures & des frais funéraires. Le douzieme livre qui contient fept titres, regle Jes actions perfonnelles, où le demandeur conclut à ce que le défendeur foit tenu de lui transférer la pro- priété de quelque chofe ; telles que l’aétion qui dé- rive du prêt , & autres aétions appellées en droit con- diéo: parce qu’elles ont un objet certain, foit que la caufe en foit légitime ou non, ou qu’elle n’ait pas été réalifée. Le treizieme livre qui renferme fept titres , a pour objet les mêmes aétions dont l’objet eft certain lorf- que leftimation en eft incertaine , &c doit être faite par le juge. Il traite auf de laétion mixte, relative aux chofes dont l’eftimation eft quelquefois certai- ne , & quelquefois incertaine , &r des demandes qui, quoique fondées fur une obligation , n’ont pas d’ob- jet fixe ni certain. | Les fix titres qui compofent le quatorzieme livre, concernent d’abord Les a&tions qui naïffent de la gef- tion & du fait d'autrui ; telle que l’aétion appellée exercitoria : de-là le légiflateur pañe à ceux qui font des affaires avec les perfonnes étant en la puiffance d'autrui ; ce qui donne occafonde parler du fénatuf- confulte macédonien. On peut regarder le quinzieme livre comme un fupplément du précédent , puifqu’il traite du pécule ‘des enfans & de celui des efclaves , & de laétion ré- fultante de ce qui a tourné au profit des peres ou des maîtres, & de celle qui réfulte des contrats que les D'IG enfans ou lents efclaves ont pafñlé par ordre de leurs peres ou de leurs maïîtres, Les trois titres du livre feizieme concernent autant ‘de matieres différentes, favoir le velleien, La com- penfation , & l’a@tion de dépôt." Il en eft de même-du dix-feptieme livre , dont les deux titres traitent l’un du mandat, l’autre de la fo- ciété. Le dix-huitieme livre compofé de fept titres, ex- plique ce que c’eft que le contrat de vente, les con- ditions qu’il eft d’ufage d’y ajoûter ; il traite aufli de la vente d’une hérédité, ou d’une attion que l’on à pour demander quelque chofe ; de la refcifion de Ia vente, des caufes pour lefquelles on peut s’en dépat- tir, de ceux fur qui doivent tomber le gain ou la per- te, & autres évenemens ; enfin de l’accompliflement des conditions , relatives à l’ufage que l’acheteur pouvoit faire des efclaves qu’on lui a vendus. Dans le dix-neuvieme livre diftribué en cinq ti- tres, fe trouvent les aftions qui naïflent du contrat de vente pour l'acheteur & pour le vendeur, l'aétion de loüage, celle qui concerne l’eftimation de la cho- fe vendue ; ce même livre traite aufli de l’échange & des adtions que produifent les contrats innommés. Le vingtieme traite en fix titres les gages & hy- potheques, la préférence entre créanciers, la fubro- gation aux droits des plus anciens , la diftraétion des chofes engagées & hypothéquées , la libération du gage, & l’extinétion de l’hypotheque. Le vingt-unieme livre qui ne contient que trois ti- tres, explique d’abord l’édit des édiles par rapport à la vente des efclaves & des animaux, enfuite ce qui concerne les éviétions, les garanties, & l'exception tirée de la chofe vendue & livrée. Les objets du vingt-deuxieme livre qui eft divifé en fix titres , font les intérêts, les fruits, Les dépen- dances & accefloires des chofes, les intérêts de l’ar= gent placé fur mer, les preuves & prélomptions, l'ignorance de droit & de fait. Les cinq titres qui compofent le vingt-troifieme livre, parlent des fiançailles 8 mariages, des dots promifés ou donnéés , des conventions qui y ont rap- port, & des lois faites pour la confervation des biens dotaux. | La fuite de cette matiere eft dans les livres vingt- quatrieme & vingt-cinquieme. Le premier qui con= tient trois titres, traite des donations entre mari & femme , des divorces & de la répétition de la dot. Le vingt-cinquieme compofé de fept titres , traite des impenfes faites fur la dot, ou en diminution de la dot ; de l’aétion qui a lieu pour les chofes fouftrai- tes pendant le mariage , de l’obligation de nourrir les enfans , de la vifite des femmes qui fe difent en- ceintes lors du divorce, ou lors dela mort de leurs maris, & enfin des concubines. Les vingt-fixieme & vingt-feptieme livres divifés chacun en dix titres , embraffent tous deux ce qui concerne les tutelles & curatelles, l’adminiftration des tuteurs , l’aétion qui réfulte de la tutelle, les cau- fes qui excufent de la tutelle, l’aliénation des biens de ceux qui font en tutelle ou curatelle , la nécefité de donner des curateurs aux prodigues & autres que les mineurs, qui ne font pas en état de gouverner leurs biens. Les fucceffions teflamentaires font l’objet du vingt: huitieme livre, qui contient huit titres fur les tef- tamens, leurs différentes efpeces , les perfonnes qui peuvent tefter, les formalités des teftamens , l’infti- tution , l’exhérédation, & la prétention des enfans, nés & des pofthumes ; les nullités des teftamens , les fubftitutions vulgaires & pupillaires , les conditions appofées aux infhtutions , &c le droit de délibérer. Le vingt-neuvième livre qui eft une continuation de la même matiere, contient fept titres fur Les tef= , DIG tamens militaires, l’acceptation , acquifition , ab- ftention, & répudiation d’hérédité ; l'ouverture des teftamens , les fénatufconfultes Syllanien & Clau- dien, fur ceux qui contraignent ou empêchent les autres de tefter ; enfin fur les codiciles. Les trois livres fuivans qui font les trentieme, trente-umieme, & trente-deuxieme , renferment la matiere des fidei-commis & less particuliers ; ils ne contiennent chacun qu’un feul titre, & font tous in- titulés de même, de legatis & fidei - commiffis : mais pour les diftinguer en les citant, on dit delegaris 1°, delegatis 2°. delegatis 3°, Le trente-troifieme divifé en dix titres, traite d’a- bord des legs particuliers quisne font pas payables à une feule fois, mais qui forment des penfions annuel- les pendant la vie du légataire, ou autre tems limi- té ; 1l traite enfuite des autres chofes léguées à titre particulier, tels que les less du pécule, des meu- bles, des provifions de ménage, & autres chofes de même nature. | On continue à parler des legs particuliers dans le trente-quatrieme livre , lequel a neuf titres fur les legs d’alimens, fur les legs de certaines chofes, tel- les que de l'or, de l'argent, des parures , embelliffe- mens , habits, fatues ; des legs tranfportés d’une pet- fonne à une autre; de ceux qui font incertains par lambiguité des termes, ou par quelque évenement imprévû,des legs inutiles, tels que ceux qui font faits PŒn& causé; & à cette occafon il explique la regle catomenne. I parle aufli des legs inintelligibles & de ceux dont les légataires font privés pour caufe d'indignité, : | Le furplus de ce qui concerne les legs & fidei- commis particuliers , eft renfermé dans le trente- cinqueme livre qui n’a que trois titres, lefquels traitent des conditions attachées aux legs, des cau- fes, des legs, des bornes que les teftateurs doivent s’y prefcrire ; de la falcidie & rédution des legs , en ce qu'ils préjudicieroient à la falcidie. _ Les fider - commis univerfels font la matiere du trente-fixièeme livre , qui contient quatre titres , il . explique les difpofitions des fénatufconfultes Trebel- lien & Pepañen ; le tems où les less & fidei-commis _ Soit purs & fimples, ou conditionnels, font dûs ; en quel cas l'héritier eft obligé de donner caution pour les legs & fidei-commis. Le trente-feptieme livre contient quinze titres qui roulent fur deux objets ; favoir, fur les fucceffions prétoriennes , qui s'adjugent tant féczdum tabulas que contra tabulas | &t fur le droit de patronage ; & fur Le refpeët que les enfans doivent avoir pour leurs peres, &t les affranchis pour leurs patrons. Le livre fuivant qui eft le trente-huitieme , ren- ferme un plus grand nombre d’objets : il eft divifé en dix-fept titres, qui traitent des devoirs des af- franchis envers leurs patrons ; de la fucceffion des affranchis, des degrés de parenté par rapport aux fucceffions ; de la fucceffion des gens de guerre, tant au fervice que véterans ; de la poflefion de biens extraordinaire ou fubfdiaire; de celle qui eft déférée par les lois, fénatufconfultes, ou par les con- fhtutions des empereurs ; enfin des héritiers fiens & légitimes , &c des fénatufconfultes Tertyllien & Or- phicien. Dans le trente -neuvieme qui ne contient que fix titres, on explique d’abord les moyens que la loi ou le préteur fourniffent pour prévenir le dommage dont on eft menacé: ces moyens font la dénoncia- tion d'un nouvel œuvre, la demande d’un caution- nement , & l’ation pour obliger à remettre les cho- fes dans l’ancien état. Ce même livre explique en- fuite les donations entre- vifs, & à caufe de mort. Le quarantieme contenant feize titres, traite de Tome IF, D'IG 995 l’état 8 condition des perfonnes, & de tout cé qui a rapport aux affranclüuflemens & à la liberté, Les différentes maniéres d’acquérir ou de perdre la propriété & la poffeflion des chofes, & en parti- culier la prefcription, font expliquées dans le qua- rante-umème livre’, en dixtitres. Les huit titrés du quaranté-deuxieme livre font fur la chofe jugée, fur l'effet des fentences définitives & interlocutoires , les confeffions faites en jugemens, la ceffion de biens, l'envoi en pofleffion des biens du débiteur qui eft en fuite, où qui ne fe défend pas ; les biens faifis ou vendus. par autorité de juffice ; la- féparation des biens de l'héritier d’avec ceux du dé- funt, qui étoit débiteur’, le curateur nommé pour Padminiftration & la vente des biens du débiteur ; enfin fur la révocation de tout ce que l’on feroit pour frauder les créanciers. | Les interdits ou a@ions poféfloires, tels que ceux quorum bonorum , quod legatorum , & autres fembla- bles, font l’objet du quatante-troifieme livre , qui eft divifé en trente-trois titres, cette matiere étant d’un très-srand détail. Il étoit naturel de traiter des aétions avant de par- ier des exceptions : on a cependant fait tout le con- traire dans le quarante-quatrieme livre, dont les fix premiers titres parlent des exceptions tirées de la chofe jugée, du laps de tems, & de la prefcription, &c autres canfes femblables ; le feptieme & dernier titré contient une énumération des obligations & des actions. Il n’y à que trois titres dans le quarante-cinquie- me livre, lequel concerne les flipulations faites par les hommes libres, & par les efclaves. | Pour ce qui eft du quarante-fixieme livre qui con- tient huit titres , il traite des fide-juffions , novations, délégations, des payemens réels, décharges , ac- ceptilations, des ftipulations prétoriennes, & des cautionnemens. Dans le quarante-feptieme compofé de vinet-trois titres, on explique les peines qui ont lieu pour Les dé- lits privés, ce qui comprend les vols ; pour les inju- res verbales , & par écrit; pour les voies de fait, les crimes qui attaquent la religion , ceux qui bleffent la füreté ou l'honnêteté publique ; les crimes de fépul- cre violé, de concuffion , de vol de bétail, préva- rication , {poliation d’hoirie , ftellionat, dérange ment de bornes, établiflemens illicites, & autres cas femblables ; enfin les aétions populaires, ouvertes pour la vengeance des délits qui donnent atteinte aux droits du peuple. Les vingt-quatre titres dont eft compofé le qua- rante-huitiéme livre, traitent des délits publics en général, tels que font les crimes de léfe-majefté, d’adultere, meurtre, poifon, parricide, faux, con- cuffion, péculat, & autres femblables ; de l’inftruc- tion & jugement des procès criminels, de l’aboli- tion des crimes, de la queftion ou torture, des pei- nes que l’on peut infliger aux coupables , de l’exé- cution des condamnés , de la confifcation , de la permiffion d’inhumer les corps de ceux qui ont été exécutés à mort. Le quarante-neuvieme livre, qui contient dix- huit titres, traite des appellations , des droits du fifc ; de ceux qui font en captivité, de ceux qui ufent du droit de retour, & de ceux qui ont été ra- chetés chez les ennemis ; de la difcipline militaire , du pécule caftrenfe , & des priviléges des foldats vé- térans. Enfin le cinquantieme & dernier livre du digefle , compolé de dix-fept titres, explique les droits des villes municipales, & de leurs habitans ; il traite enfuite des décurions & de leurs enfans ; du rang de ceux quiavoient pofédé les dignités accordées par le prince, & les honneurs municipaux ; des emplois pu- | KKKkkKkÿ 996 DIG blics, patrimoniaux &c perfonnels; pour quelles cau- fes on peut s’en exempter : des ambafladeurs , de Vadminiftration des deniers & autres chofes appar- tenantes aux villes ; des decrets faits par les décu- æions & autfes officiers municipaux ; des ouvrages publics, des foires & marchés, dés pollicitations ; des matieres extraordinaires , dont la connoifance -appartenoit aux préfidens des provinces ; des pro- xenetes ou entremetteurs, des dénombremens pour ever les impôts. Les deux derniers titres font lun de verborum fignificatione , l’autre de regulis juris an- ÆIqui. | Outre cette premiere divifion que Juftinien fit du digefte en cinquante livres, 1l en fit encoreune autre en {ept parties, compofée chacune de plufeurs li vres. Quelques-uns ont penfé que ce fut pour rap- porter au même objet tout ce qui en dépend; mais Juftinien lui-même annonce que cette divifion eut pour principe la confidération qui étoit alors atta- (Matiere medic.) J, Raï dit que la 4: gitale eft émétique. Dodonée rapporte que quelques perfonnes ayant mangé des gâteaux & des œufs où il y avoit de cette plante, s’étoient trouvées mal, & avoient vomi. Lobel dit auffi que le peuple de Som: merfet en Angleterre , eft dans l’ufage de faire vos mur avec la décoétion de cette plante, ceux qui ont la fievre , & qu’elle leur caufe quelquefois des fu= per-purgations. Parkinfon aflüre qu’elle eft efficace contre l’épilepfe, prife en déco&ion dans de la biera re, à la dofe de deux poignées , auxquelles on ajoù- te quatre onces de polipode de chêne ; mais comme l’obferve J. Raï, ce remede ne convient qu'aux per: LLLIII 3j 1004, DIG fonnes robuftes, parce qu'il purge violemment, & excite des vomiffemens énormes. Parkinfon affüre,fondé fur l’expérience, que cette plante pilée & appliquée, guérit les glandes écrouel- deufes. Continuat. cynof. mat. medic. Hermanni. Mais . on n’en fait aucun ufa ge parmi nous. (8) DIGITATIONS , en Anatomie, terme dont on fe fert pout exprimer la maniere dont deux mufcles dentelés par leur extrémité oppofée , s’endentent l’un dans l’autre, à peu-près de même que les doigts des deux mains lorfqu’on les place les uns entre les autres. (Z) | DIGNANT , (Géog. mod.) ville d’Iftrie en Italie; elle appartient aux Vénitiens. Long. 31. 40. lat, 45. 10. DIGNE,, (Géog. mod.) ville de Provence en Fran- ce. Elle eft fituée fur la Mardaric. Long. 23. 2. lat. AE FDIGNITAIRE , 1. m. (Jurifprud.) eft celui qui eft pourvû d’une dignité eccléfaftique dans un chapi- tre, comme le doyen ou prévôt, le grand chantre, larchidiacre , le chancelier , le pénitencier. Voyez ci-après Digrites eccléfiaftiques. (A) DIGNITÉ, {, £. (Jurifpr.) eft une qualité hono- rable, dont celui qui en eft revêtu peut prendre le titre & en accompagner fon nom; c’eft une qualité qui releve l’état de la perfonne, & qui a été ainf appellée comme pour dire qu’elle rend la perfonne digne de la confidération publique attachée à fa pla- ce : comme quand un préfdent ou confeiller de cour fouveraine ajoûte à fon nom fa qualité de confelier. La dignité des perfonnes ef différente de leur con- dition, qui ne concerne que l’état; comme d’être li- ‘bre ou affranchi, pere ou fils de famille, en tutelle, émancipé ou majeur. Toute qualité honorable ne forme pas une dgni- 2ë ; il faut que ce foit un titre que la perfonne puuiffe prendre elle-même: ainfi les qualités de riche & de avant ne font pas des dignités, parce qu’on ne fe qua- lifie pas foi-même de riche ni de favant. Les Grecs & les Romains, & tous les anciens en général , ne connoïfloient d’autres dignirés que celles qui pouvoient réfulter des ordres ou des offices. Tout ordre n’étoit pas dignité ; emeffet 1l y avoit trois or- dres ou clafles différentes de citoyens à Rome ; favoir l’ordre desfénateurs, celui des chevaliers, & le peu- ple. De ces trois ordres 1ln”y avoit que les deux pre- miers qui attribuaffent quelque digriré à ceux qui en étoient membres ; aucun de ces ordres , même les deux premiers qui étoient honorables, ne donnoit point part à la puiffance publique : mais les deux pre- miers ordres donnoient une aptitude pour parvenir aux offices auxquels la puiffance publique étoit atta- chée. Les offices n’étoient pas tous non plus confidérés comme des dignirtés ; il n’y avoit que ceux auxquels la puiffance publique étoit attachée : les Grecs & les Romains appelloient ces fortes d’offices Lozores feu dignitates , parce qu'ils relevoient l'état des perfon- nes, & que les magiftrats (c’eft ainfi que l’on appel- loit ceux qui étoient revêtus de ces digrités) n’a- voient la plüpart aucun gage, n1 la liberté de pren- dre aucun émolument ; de forte que l’honneur étoit leur feule récompenfe. En France, les dipnirés procedent de trois fources différentes ; favoir des offices qui ont quelque part dans l’exercice de la puiffance publique, des ordres qui donnent quelque titre honorable , & enfin des feisneuries. Cette troifieme forte de digruté s’ac- quiert par la poffeffion des fiefs & des juftices que l’on y a attachées;ce qui eft de l'invention des Francs ou du moins des peuples du Nord, dont ils ont em- prunté lPufage des fiefs, On diftingue parmi nous les digrirés eccléfafliques des dignités temporelles. Les dignites eccléftaffiques font celles du pape, des cardinaux, des archevêques, évêques, abbés, de ceux qui ont quelque prééminence dans le chapitre, comme les doyens, prevôts, chantres, dignitaires, archidiacres, &c. On diftingue dans Pétat eccléfaftique les Zynirés des fimples perfonats & des offices. Digniré eft une place à laquelle il y a honneur & jurifdiétion atta- chès; perfonat eft une place honorable fans jurif diétion, & office eft une fonétion qui n’a ni préémi- nence ni juri{diHon, Les dignités temporelles procedent ou de l’épée , où de la robe , ou des fiefs : les premieres font celles de roi ou d’empereur, de prince, dé chevalier, d’é- cuyer, & plufieurs autres. È Les dignirés de la robe font celles de chancelier, de confeiller d'état, de préfident, de confeiller de cour fouveraine, & plufieurs autres. Celles qui procedent des fiefs, font les qualités de duc , dé marquis, de comte, de baron, de fimple fei- gneur de fief avec juftice, ou fans juftice. Les fiefs qu’on appelle fefs de dipniré, font ceux auxquels 1l y a quelque titre d’honneur attaché ; tels que les principautés, duchés, marquifats, comtés , vicomtés, baronies. Voyez FIEFS. Sur les dignités romaines , voyez Le livre XII. du code ; & fur les dignirés en général, Le traité de Mar- tin Garat ; ceux de Loifeau , fur les offces , Les fei- - greuries , & les ordres. (4) DiGNITÉS 6 FOIBLESSES ACCIDENTELLES (Divin.) ce {ont certaines difpoñitions ou affeHions cafuelles des planetes, en vertu defquelles les aftro- logues croyent qu’elles fortifient ou affoiblifent , lorfqw’elles font en telle ou telle maifon de la figu- re, Gc. (G) DIGON ox DIGUON, f. m. (Marine.) c’eft le bâton qui porte un pendant, une flame, on bande- role , arborée au bout d’une vergue. (Z) *DIGON, rerme de Péche , eft un outil dont les pé- cheurs fe fervent pour faire la pêche du poiffon plat entre les roches qui découvrent de bafle mer. Cet inftrument eft une efpece de dard pointu, & qui ne peut reflortir de la plaie, à caufe de deux où plu- fieurs crochets femblables à ceux des hamecons dont il eft garni. DIGUE, f. f. (Hydr.) eft une efpece de levée : elle differe de léclufe en ce qu’elle ne fert ordinai- rement qu'à foûtenir les eaux par de fortes muraïl- les, ou-par des ouvrages de charpente & de clayo= nages, fouvent remplis entre deux par des caillous ; des blocailles de pierre, ou des maffifs de terre. (X) Le principe général pour trouver l'effort de l’eau contre une digue, eft celui-ci. Ou l’eau qui agit con- tre la digue eft une eau ftagnante , ou c’eft une eau p) en mouvement ; fi c’eft une eau ftagnante, on fe rap- _ pellera d’abord ce théorème d’hydroftatique , qu’un fluide en repos prefle une furface quelconque qui lui eft oppofée obliquement où perpendiculairement , avec une force qui eft égale au produit de cette fur- face par la hauteur du fluide. De-là il s'enfuit, 12. qu’une digue oppofée à un fluide ftagnant, fouffre également de ce fluide dans quelque direétion qu’- elle lui foit oppofée : 2°, qu’une digue oppofée à un tel fluide, fouffre davantage dans les points les plus bas ; & qu'ainf elle doit pour être bien faite , être inégalement épaifle, plus éparfle en-bas qu’en-haut, & aller même en augmentant d’épaifleur, en raïon de la hauteur du fluide : 3°. fi on regarde la digue comme un rettangle , & qu’on imagine ce rectangle divifé en une infinité de reétangles très-petits, on trouvera que l'effort de l’eau fur chacun eft égal an produit du reétangle par la hauteur de l'eau ; d'oùit D'IH s'enfut que l'effort de l’eau fur la digve fera égal au poids d’un prifme d’eau , dont la bafe feroit un friangle rettangle ifofcele, ayant pour côté 1a hau teur de la digue, & dont la hauteur feroit la largeur de la digue. Ileft à remarquer aufi, que comme lac- tion du fluide n’eft pas la même fur tous les points, le centre d'impulfon n’eft pas le même que le cen- tre de gravité, ou milieu de la dgre : mais ce centre d’impulfion eff aux deux tiers de [a hauteur de la die gue, à compter d’en-haut. Si le fluide eft en mouvement, alors pour avoir fon aétion fur chaque partie infiniment petite de la digue , il faut multiplier cette partie par le quarré de la vitefle du fluide qui la choque , & par le quarré du finus d'incidence. Voyez FLUIDE. Et on doit remar- quer de plus , que l’aétion d’un fluide qui frappe pet- pendiculairement une furface plane avec une vitefle donnée, eft égale au poids d’une colonne de fluide de même denfité, qui autoit pour bafe cette furfa- ce, & pour hauteur, celle d’où un corps pefant de- vroit tombet pour acquérir la vitefle du fluide. C’eit pourquoi fi le mouvement du fluide eft uni- forme , & la furface reétangle & oppofée perpendi- culairement au fluide ; 8 que ce fluide parcourre, ar exerple , 30 piés uniformément par feconde ; Paétion du fluide fur la dipue fera égale au poids d’u- ne colonne de fluide qui auroit la digue pour bafe, & quinze piés de hauteur: car un corps qui tombe de quinze piés, acquiert une vitefle à parcourir unifor- mément trente piés par feconde. Voyez ACCÉLÉRA- TION & DESCENTE. S1 la vitefle du fluide eft iné- gale, il faut avoir égard à cette imégalité. Or dans un fleuve, par exemple, les vitefles à différentes pro- fondeurs, font inégales ; la viteffe à la furface & au milieu du courant, eft la plus grande ; la vîteffe aux bords eft moindre, à caufe des frottemens & des iné- galites du rivage ; la vitefle au fond, eft moindre encore. On peut prendre pour faciliter le calcul, la vitefle du filet moyen entre Le fond & la furface ; & cette détermination fera fouvent aflez exaëte pour la pratique. Voilà les regles purement mathématiques de l'effort de l’eau contre les digues. Mais il faut en- cote avoir égard à un grand nombre de circonftan- ces phyfiques qu’on ne peut foïmettre au calcul, & fur lefquelles l’expérience feule peut inftruire : telles que la nature du bois, ou des matieres qu’on y em- ploye; la corrofion de l’eau fur ces matieres , Les vers ou autres accidens qui peuvent les endomma-. per, &c ainf des autres. Voyez Bois, ECLUSE , 6c. O0 ( PE , adj. dans l’Affronomie elliptique, eft le nom que Kepler donne à l’ordonnée de l’ellipfe qui pafle par le foyer , dans lequel on fuppofe que le So- leil eft placé. Ce nom vient dec, deux fois, & énuoe, Soleil ; parce que cette ordonnée qu’on imagine paf fer par le centre du Soleil, le coupe pour ainfi dire en 0) Ce mot n’eft plus en ufage. Voyez ELLIP- SE. (O0 AT AMBE oz DOUBLE IAMBE , f. m, (Belles- lettres.) dans la Poéfie latine, c’eft une mefure ow pié de vers, compofé de deux zambes ou de quatre fyllabes , dont la premiere & la troifieme font bre- ves , la feconde & la quatrieme longues, comme dans ce mot ameniras, (G DIJON , (Géog. mod.) capitale de la Bourgogne, province de France, fituée entre l’Ouche & Suzon, deux petites rivieres. Long. 224, 42!. 23. Jar, 47d. HOURE PEU * DIPOLIES, adj. pris fubft. fêtes que les pre- miers Athéniens célébroient en l’honneur de Jupi- ter, proteéteur d’Athenes. Elles ne fubfftoient plus au tems d’Ariftophane. | DILATANS , adj. pl. rerme de Chirurgie, c’eft le nom qu'on donne à certains corps qu’on introduit DIL io0$ dans Ia cavité d’une plaie où d’un ulcere , & qu’on y laïfle comme une piece de l'appareil, C’eft en quoi les dilarans different dés dilatatoires, Voyez DILATA- TOIRES 6 DILATATION, Les dilatans font les boutdonnéts, les tentes , les cannules. Foyer à chacun de ces mots quelle eft la nature & l’ufage de ces corps , & quels font leurs avantages & leurs iñconvéniens dans la pratique, Cette matiere a fait le fujet du’ prix propofé en 173% pat l'académie royale de Chirurgié, & l'académie a publié les mémoires qu’elle a admis fur cé point de doëtrine dans un recueil concernant les prix » imptimé en 17$3.(Y DILATATEUR , f. m. ez Anatomie, nom dés muf cles qui fervent à dilater certaines parties. DILATATEURS DES NARINES. Voyez MYRTIFOR* ME. Suis DE L'OREILLE. Voyez OREILLEX DILATATION, £ f. er Phyfique , eft le mouves ment des parties d’un corps , par lequel il s’étend en un plus grand volume, La plüpart des auteurs confondent la difararion aveë la raréfadion ; mais quelques - uns les diftinguent 5 ils définiffent la dZaration une expanfion par laquelle un Corps augmente fon volume par fa force élafti- que , & la raréfaétion une pareille expanfion occa= fionnée par la chaleur. oyez RARÉFACTION. On rerarque de plufieurs corps, qu'ayant été com- primés, &c étant enfuite mis en liberté , ils fe rétablif: {ent parfaitement dans leur premier état, & que fi on tient ces corps comprimés , ils font pour fe dilas ter un effort égal à la force qui les comprime. De plus, les corps en fe dilatant par l’effet de leur reflort ont beaucoup plus de force au commence ment qu'à la fin de leur difatation , parce que dans ce premér inftant ils font beaucoup. plus comprimés : & plus la compreffion eft grande, plus la force élaf- tique & l'effort pour fe dilater eft confidérable, En- forte que ces'tleux chofes, favoir la force compri= mante , & la force élaftique , font toûjours égales. Le mouvement par lequel les corps comprimés reprennent leur premier état , eft ordinairement ac- céleré. En effet quand l’air comprimé, par exemple, commence à fe dilater dans un efpace plus grand , if eft encore comprimé ; conféquemment il reçoit une nouvelle force de lacaufe dilatante, & lapremiere for- ce fe trouvant réunie avec l'augmentation procurée par cette caufe, l'effet, c’eft-à-dire le mouvement & la vitefle doivent être également augmentés ; c’eft par cette raifon qu'une fleche que l’on décoche d’un arc ne 1e fépare point de la corde que cette derniere ne {oit parfaitement rétablie dans fon état naturel : la vitefle du mouvement de la fleche eft la même que celle de la corde ; enforte que fi la corde, avant que d’être parfaitement rétablie dans fa ligne droite, toitarrêtée, la fleche ne feroit point lancée à toute fa portée ; ce qui prouve que la corde lui commu- nique à chaque inftant une nouvelle force jufqu’au moment où elles fe féparent. De tous les corps que nous connoïffons , il n’y en a point qui fe dilate davantage que l'air ; les effets de cette dilatation font continuellement fous nos yeux; on en trouve le détail az mor Air. En général tout corps à reflort, ou qui a une for- ce élaftique , eft capable de dilatation & de com- preffon ; 1l n’y a point même de corps qui n’en foit fufceptible jufqu’à quelque point : les métaux qui font les plus durs de tous les corps fe dilatent par la chaleur , & fe retréciflent par le froid ; le bois s’al- longe par l'humidité , & fe retrécit par un tems fec, Éc. On trouvera dans l’effai de Phyfique de M. Mufl: chenbroek, pag. 453. une table de la dilatarion des métaux par le feu, Nous dirons feulement ici que le 1006 DIL fer battu eft de tous les métaux obfervés par M. Muflchenbroek, celui qui s’eft dilaté le moins , êc le plomb , celui quis’eft dilaté le plus. Voyez auf FEU, RARÉFACTION , PYROMETRE. (0) DILATATION , ff, ( Médecine. ) ce terme fignife la même chofe que diaftole dans l’œconomie ani- male ; il fert également à exprimer l’état du cœur, des arteres, & de tous les vaifleaux &c facs membra- neux dont les parois font fufceptibles d’être écartées deleuraxe ou d’un centre commun. Ÿoy,DIASTOLE. Ce terme eft aufli employé pour exprimer l’état d'un vaifleau qui refte dilaté contre nature , comme dans Panevryfme , la varice. Voyez ANEVRYSME » Varice.(d) DILATATION, ez Chirurgie , eft l’aétion d’écarter unorifice ou les lévres d'une plaie pour la rendre plus large. On confond aflez fouvent dans l’ufage le terme de dilatation avec celui d'incifion..On dit com- munément qu'on a dilaté une plaie ou un ulcere ; lorfqu'on a aggrandi la plaie par une incifion ; OU qu'on à ouvert un finus. On doit entendre précifé- ment par dilatation l'écattement des levres d’une plaie: ou d'un orifice qui fe-fait fans inftrument tranchant : c’eft ainfi qu'on dilate la plaie qu'on fait pour l'opération de la taille par l’écartement des branches de la tenette. Lorfqu'on veut faire une contre-ouverture à une plaie, on la garnit exaéte- ment , & on la dilate avec de la charpie pour que le pus , nertrouvant point d’iflue , foit obligé de pro- noncer oi de faire éminence à la partie où l’on fe propofe.de faire la contre-onverture. Un panfement uni& mollet, exempt de dilatation , ne retiendroit pas le pus dans la plaie, & ne favoriferoit point la contre-ouverture. Ÿoyez CONTRE-OUVER- TURE. On dilate fouvent les playes avec des morceaux d’éponge préparée, ou de racines de gentiane qui fe gonflent par l'humidité de la partie, & en écartent les parois. On:dilate l'anus & le vagin avec des inf- trumens nommés dilaratoires. Voyex DiLATATOI- RE. (Y M AFATOIRE ,[. m.énffrument de C. hirurgie,dont les Lithotomiites de la fin du dernier fecle {e fer- voient dans l’opération de la taille au grand appa- reil, après avoir fait une fe&tion au périnée, qui étoit parallele à la peau & à l’urethre. Au moyen de cet nfrument introduit dans la veflie, ils dilatoient le paflage de la pierre. On ne fe fert plus de cet inftru- ment, parce qu’on peut , en cas de befoin, écarter les bränches de la tenette, ce qui remplit la fonétion du dilataioire. fans multiplier le nombre des inftru- mens , &fans allonger Vopération. Voyez les fig. 1, 2.63. Planche XT. | Onappelle auf dilatatoire ou dilatateur de la ma- stice G: du vagin, un infirument très-compofé , dont la defcription feroit fort longue &c inutile, puifqu’il n’eft plus d’ufage. #oyer la fig. 7. PL. XXVI, Onin- troduifoit dans le vagin les trois branches qui forment le bec de cet inftrument. En tournant le treffle ou manche de la vis, les trois branches s'écartoient de maniere à laïfler entr’elles des efpaces égaux. On a donné le nom de /peculum matricis à cet inftrument , & on dit que fon ufage eft de dilater le vagin pour y appercevoir quelques maladies, & pour y opérer. Il eff facile de voir que rien n’eft plus capable d’empé- cher qu'on puifle opérer dans le vagin , que Pufage d'un pareil inftrument. Il eft d’ailleurs bien plus pro- pre à cacher les maladies de ce conduit, qu’à aider À les découvrir, L'introduétion du doigt d’un chirur- gien intelligent eft le vrai fpeculum ou mÉrOLT di va- gin ; c'eft par ce moyen qu'on reconnoit journelle- lement des excroiffances fongueufes , des elâche- mens du vagin, des defcentes où chûtes de matrice , des hernies inteftinales dans le vagin , des ulçeres, && autres maladies dont on ne peut juger que par le taét. Le dilatatoire du fondement eft une efpece de pin- cette à laquelle on a donné auffi mal-à-propos le nom de fpeculum ani qu’au dilatatoire du vagin :onnous dif penfera d’en faire une defcription déraillée ; la fig. 8. PL, XXVI. donnera fur cet inftrument des con noïiflances fufifantes, S'il fe trouvoit par hafard quel- ques cas où l’on crût qu'il fût à-propos de fe fervir de cet inftrument , il eft bon d’avertir qu’il faut l’ins troduire per-à-peu & fort doucement dans le rec- tum, après l'avoir graiflé avec du beurre, du fuif, où de l'huile , pour en faaliter l’infinuation. (7°) DILATOIRE , ( Jurifprud.) Voyez EXCEPTION DILATOIRE. DILE, (LA ) (Géogr. mod. ) riviere du Brabant qui fe jette dans l’Efcant. . DILEMME , £. m. ( Logique.) Le dilemme eft un argument compofé de deux ou de plufeurs propofi- tions , arrangées de façon, qu’en accordant telle de ces propofitions que vous voudrez , la conclufon fera toüjours contre vous. Un dilemme eft un argument compofé de deux par: ties, ou faces contraires, l’une & l’autre defquelles portent contre l’adverfaire. C’eft pour cette raifon qu’on l'appelle argument cornu ; ces deux parties étant difpofées de façon, que fi on élude l’une , on ne peut éviter l’autre. On l'appelle auffi crocodilus, parce que de même que le crocodile conduit dans le Nil tous ceux qu'il fuit, & court après ceux qui s’enfuyent pour Les dé- vorer ; demême, quelque pari que prenne unadver- faire , foit qu'il accorde ou qu'ilnie, cette efpece de fylogifme tourne toùjours à fon defavantage. Cicéron, pour prouver qu'il faut fupporter tou tes les peines avec patience fe fert de ce, dilemme : Ornnis dolor aut effvehemens aut levis ; f? levis , facilè ” féretur; fvehemens ,certè brevis futurus et, Le même au- teur prouve par un autre dilemme qu'il ne faut point envoyer des députés à Antoine : legatos decernitis ; fe ut deprecentur , contemnet ; J? ut imperetis , non au- die, s Il ne faut point pafler fous filence ce beau dilemme dont fe fert T'ertullien pour détromper les payens , & pour faire des reproches à Trajan , qui avoit défendu de faire la recherche des chrétiens,& avoit cependant ordonné qu’on les punit lorfqu’on les auroit arrê= tés. O fénrentiam neceffitate confufam | negat inquiren- dos , ut innocentes ; & mandat puniendos , ut nocen: ces : parcit & fevit , diffimulat & animadvertir. Quid cemetipfum cenfuré circumvenis l° f{ damnas , cur non & inquiris ? Je non inquiris , cur non 6 abfolvis ? Pour qu’un dilemme foit exaét, deux chofes font néceffaires : 1°. une parfaite énumération des par- ties. Ainfi ce fameux dilemme par lequel Ariftippe vouloit difluader du mariage, n’eft pas exaët, parce qu'il y a un défaut dans l'énumération, y ayant un milieu entre la beauté & la laideur. Si vous vous matiez , votre femme fera belle ou laide ; fi vous la prenez belle , elle vous caufera de la jaloufie : fi vous la prenez laide, elle vous donnera du dégoût. 2°. Que le dilemme ne foït que contre l’adverfaire feul,, & que celui qui le fait ne foit point expofé à le voir retorquer contre lui. Tel eft ce fameux dilemme , par lequel un ancien philofophe prouvoit qu’on ne de- voit point fe mêler des affaires de la république. Si en vous chargeant du gouvernement de l’état, vous vous en acquitez bien , vous offenferez les hommes : fi vous vous en acquittezmal, vous offenferez Dieu: donc vous ne devez pas vous charger du gouverne- ment de l’état. L’argument rétorqué eff : Si vous vous en acquittez bien, vous plairez à Dieu: fi vous vous en acquittez mal, vous plairez aux hommes : donc, &6, DU L —- DILIGE, (Géogr. mod. ) ville de l’île de Ceylan. Long. 99.10. dat, 7.40. DILIGENCE , 1. f, ( Jurifpr. ) en terme de prati- que eft ordinairement fynonyme de pourfuite ; par exemple, on dit , gx'un feigneur ef? demañdeur , pour- Jaite & diligence de Jon procureur fiftal. Le juge or- donne qu'une partie fera fes diligences contreuntiers , ou qu'elle fera diligence de mettre une inftance en état, ou de faire juger l’appel. Loyleau , er fon traité des offices, Liv. T. chap. jv. run, Go, dit que les cautions des comptables ne font contraignables qu'après diligences faites {ur les per- fonnes &c meubles exploitables des comptables, & chferve qu& la diligence requile par cette ordonnan- ce eft bien différente de la difcuflion ordonnée par la novelle 4. de Juflinien , qui doit être faite z/que ad Jaccum 6 peram. En matiere bénéficiale , lorfqu’il y a plufieurs pré- tendans droit à un même bénéfice , qui viennent tous au même titre , le plus dligenr eft préféré , ex- ceptéentre gradués , où le plus ancien ef préfére au plus diligent. Voyez GRADUÉS. (4) DiriGENCE, ( Comm.) en fait de commerce, s'entend des protèts que l’on eftobligé de faire faute d'acceptation, ou faute de payement d’une lettre ce change , pour aflürer fon recours fur le tireur ou lendoffeur, ou pour faire payer l’accepteur. Foyez LETTRE DE CHANGE, PROTÊT , TIREUR, ENDoOs- SEUR , ACCEPTEUR, 6. On fait auffi des d/igences pour les billets de chan- ge, mais ce ne font que de fimples fommations , & non des protêts, Didfionn. de Comm. de Tréy. 8c Cham- bers. (G ) _ DILLEMBOURG , ( Géogr. mod. ) ville dela Ve- teravie , en Allemagne. Long. 25. 30. lat. So. 48, DILLINGUE ox DILLINGEN , (Géosr. mod.) ville de la Suabe , en Allemagne : elle eft fituée pres du Danube, Long. 29. 10. lat. 48. 38. DILTSIS , f.m. ( if. mod. de Turqg.) noms des muets mutilés qui accompagnent ordinairement le grand-feigneur quand il va dans les divers apparte- mens du vieux & du nouveau ferrail. [lsfont en par- ticuher les ge/laks, c’eft-à-dire Les bourreaux qu'il em- -ploye toutes Les fois qu'il veut faire périr quelqu'un en fecret , comme des freres , ou d’autres parens, des fultanes, des maitrefles, des grands officiers, &c. Alors les dilsfis ont l'honneur d’être les exécu- teurs privilégiés de fa politique , de fa vengeance, de fa colere , ou de fa jaloufie. Ils préludent à quel- que diflance leur exécution par des efpeces d’hur- lemens femblables à ceux du hibou, & s’avancent tout de fuite vers le malheureux ou la malheureufe condamnée, tenant leurs cordons de foie à la main, marques funeftes d’une mort auf prompte qu'infail- hble. Cet appareil fimple , mais par-là encore plus finiftre ; Le coup mortel imprévû qui en eft l'effet ; le commencement de la nuit, tems prefcrit d'ordinaire pour l'exécution ; le filence de ces demi-monftres “qui en font les bourreaux , 8: qui n’ont pour tout ufage de la voix qu’un glapiflement clair & funef- te qu'ils arrachent du gofer en faififfant la vi@ime; tout cela, dis-je, fait drefler Les cheveux, & glace le fang des perlonnes même qui ne connoifient ces horreurs que par récit. Article de M, le Chevalier DE JAUcOURT. DIMACHERUS, f. m.( Æif. anc. ) gladiateur qui combattoit armé d’une épée où d’un poignard dans chaque main, Ce mot eft compofé de dc, deux fois, & de uayxape , épée, deux épées. Juftelipfe , en trai- tant des différentes clafles de gladiateurs, dit qu'il y ‘en avoit qu'on nommoit dimacheri, parce qw'ils fe fervoient de deux poignards. Et il cite pour le prou- ver l'autorité d’Artemidor , qui dans fon fecond li- D I M 1007 -- re des fonges, brômet ne femme laide, méchante, &t de mauvaile humeur, à quiconque aura yù en fonge un gladiateur combattant à deux poignards ; ce qu'il exprime par le feul mot Suaxaipos, (G° . DIMANCHE, {.m, (Æifi. 6 Difcipl. eccléfraff.) Jour du Seigneur. Le dimanche confidéré dans l’ordre de la femaine , répond au jour du Soleil chez les Payens; confidéré comme fête confacrée à Dieu, il répond au fabbat des Juifs, & en eft même une fuite ; avec cette différence pourtant que le fabbat étoit célébré le famedi. Les premiers chrétiens tranf porterent au jour fuivant la célébration du fabbat ou du dimanche, 8& cela pour honorer la réfurrec- tion du Sauveur, laquelle fut manifeftée ce jour-là ; Jour qui commencçoit la femaine chez les Juifs & chez les Payens |, comme il la commence encore parmi nous. Le jour qu'on appelle du Soleil, dit S. Juftin, mar- tyr, dans fon apologie pour les chrétiens ; sous ceux qui demeurent & la ville ou à la campagne, s'affèmblent en un mére lieu, G la on lit les écrits des Apôtres & des Prophetes, autant que l’on a de tems. Il fait enfuite la defcription de la lithurgie , qui confiftoit pour lors en ce qu'après la leéture des livres faints, le pafteur, dans une efpece de prône ou d’homélie, expliquoit les vérités qu’on venoit d'entendre, & exhortoit le peuple à les mettre en pratique : puis on récitoit les prieres qui fe faifoïent en commun , & qui étoient fuivies de la confécration du pain & du vin, que lon diftribuoit enfuite à tous les fideles. Enfin on recevoit les aumônes volontaires des afiftans, lef- quelles étoient employées par le pafteur à foulager les pauvres, les orphelins, les veuves, les malades, les prifonniers, &c. | _ On trouve dans les bréviaires & autres livres li- rhurgiques , des dimanches de la premiere & de la feconde claffe ; ceux de la premiere font les diman- ches (les Rameaux, de Pâques, de Quafimodo, de la Pentecôte, la Quadragéfime ; ceux de la feconde font les dimanches ordinaires. Autrefois tous les 4. manches de l’année avoient chacun léur nom, tiré de l’introit de la meïle du jour ; mais on n’a retenu cette coûtume que pour quelques dimanches du ca- rême, qu'on défigne pour cette raifon par les mots de remenifcere, oculi, lætare, judica. L’Eclife ordonne pour le dimanche de s’abftenir des œuvres ferviles, fuivant en cela Binftitution du Créateur : elle prefcrit encore des devoirs & des pratiques de pièté ; en un mot un culte public & connu. La ceflation des œuvres ferviles eft aflez bien obfervée le dimanche, & il eft rare qu’on man- que à cette partie du précepte , à moins qu'on ny {oit autorifé par les fupérieurs, comme il arrive quelquefois pour des travaux publics & preffans, ou pour certaines opérations champêtres qu'il eft fou= vent impoflble de différer fans s’expofer à des per- tes confidérables , & qui intéreffent la fociété. On a beaucoup moins d’égard pour les fêtes, & je re: marque depuis quelque tems à Paris que plufeurs ouvriers , les maçons entr'autres, s'occupent de leu# métier ces jours-là, comme à l'ordinaire, mêmeen travaillant pour des particuliers. M. l'abbé de Saint-Pierre qui a tant écrit fur la. fcience du gouvernement , ne regarde la prohibition de travailler le manche ( Voyez œuvres poliriq. tome VIL. p. 73 G fiuvantes ) , que comme une regle de difcipline ecclefiaftique, laquelle fuppoñfe à faux que tout le monde peut chominer ce jour-Ilà fans s’in- ‘commoder notablement. Sur cela il prend en main la caufe de l’indigent (ikid, p. 76.) & non content de remettre en fa faveur toutes les fêtes au dman- che, 1l voudroit qu’on accordât aux pauvres une partie confidérable de ce grand jour pour l’employer à des travaux utiles, & pour fubvenir par-là plus TOO8 DIM frement aux befoins de leurs familles. Au refte on eft pauvre, felon lui, dès qu’on n’a pas affez de re- venu pour fe procurer fix cents livres de pain, À ce compte il y a bien des pauvres parmi nous. Quoi qu'il en foit, 1l prétend que fi on leur ac- cordoit pour tous Les dimanches la hberté du travail après midi, fuppofé la mefle & l’inftruétion du ma- tin, ce feroit une œuvre de charité bien favorable à tant de pauvres familles, & conféquemment aux hôpitaux ; le gain que feroient les fujets par cette fimple permiflion , fe monte, fuivant fon calcul, à plus de vingt millions par an. Or, dit-il (éd, p. 74), quelle aumône ne feroit-ce poire qu'une aumône annuelle de vingt millions répandue avec proportion fur Les plus pauvres ? N'’efi-ce pas la un objet digne d'un concile national qui pourroit ainft perfeilionner une an- cienne regle eccléfraffique, @ la rendre encore plus con- forme à l'efprit de juflice & de bienféance , c'efl.a-dire plus chrétienne dans le fond qu’elle n’efl aujourd'hui? A l'égard même de ceux qui ne font pas pauvres , y a une confidération qui porte à croire que fe après la moffe & Les inftruilions du matin, 1ls Je remettoient l’après- midi à leur travail & à leur négoce, ils n'iroient pas au cabaret dépenfèr, au grand préjudice de leurs familles , ane partie de ce qu'ils ont gagné dans la femaine; ils ne s’enyvreroient pas y ils ne fe querelleroient pas, 6 ils éyireroient ainfi les maux que caufent l’oifiveré € la cef- Jation d'un travail innocent, utile pour eux & pour l’état. Si les évêques qui ont formé les premiers canons , avoient vi des cabarets € des jeux établis, s'ils avoient prévé tous les defordres que devoient caufèr l’oifrveré 6 La ceffation d'occupation journaliere ; ils Je ferotent bor- nés a l'audition de la mefle &: à l’affiflance aux infiruc- tions di matin, GC. Toute cette doûtrine femble affez plaufble ; le mal eft qu’elle paroïît abfolument contraire au pré- cépte divin: feptimo die ceffabis (Exod. 23. 12.); dif- ficulté qui fe préfente naturellement , mais que no- tre auteur ne s’eft pas mis en devoir de réfoudre, Tâchons de la lever nous-mêmes cette difficulté , en montrant la deftination, le but &c les motifs du repos fabbatique. L'Écriture dit: fex dicbus operaberis, € facies om- nia opera tua. Deut. 5. 13. Sex dichus operaberis, fep- simo die ceffabis, ut requiefcat bos & afinus tuus, & re- frigeretur filiusvancille tue & adyena, Exod. 23. 12, « Vous vous occuperez pendant fix jours à vos dif- » férens ouvrages ; maïs vous les cefferez Le feptie- # me, afin que votre bœuf & votre âne fe repofe, » & que le fils de votre efclave & l'étranger qui eft » parmi vous puifle prendre quelque relâche, &c » même quelque divertiflement » ; car c’eft-là ce que fignifie le refrigeresur de la Vulgate, Or ce que Dieu dit ici en faveur des animaux, en faveur des étrangers 8 des efclaves, doit s'entendre à plus forte raifon en faveur des citoyens libres; ainf un délaffement honnête , & qui doit être commun à tous, devient la deftination effentielle du fabbat. Il paroit même que la ceflation des ouvrages prefcrite au feptieme jour, eft moins dans fon inititution une obfervance religieufe qu'un réglement politique pour affürer aux hommes & aux bêtes de fervice ,un repos qui leur eft néceffaire pour la contimuté des travaux. Cette propofition eft encore mieux établie par le affage fuivant , dans lequel Moyle rappelle aux dfraëlites La vraie deftination du fabbat. « Jéprimus dies, dit-il, fabbati eff, id eff requies domini Der tui ; non facies in eo quidquam operis im 6 filius ruus : fi- dia, fervus 6 ancilla , & bos 6 afinus,& omne jumen- cum tuum, @ peregrinus qui eff inter portas ts ÿ ut requiefcat fervus tuus & ancilla tua ficur 6 tu. Memento guod © ipfe fervieris in Ægypto, & eduxerit te trade Do- DIM minus Deus tuus in manu forti G brachio éxtento } id. circo pr@cepit tibi ut obfervares diem fabbari. Deut. 5. 14. « Le feptieme jour eft le repos du Seigneur votre » Dieu ; ni vous ni vos enfans, vos efcilaves ni vos » bêtes , ni l’étranger habitué dans vos villes, » vous ne ferez ce jour-là aucune forte d'ouvrages, » afin que les efclaves de tout fexe qui vous font » aflujettis, puiflent fe repofer auffi-bien que vous. » En effet (ajoûte-t-il, toüjours plaidant la caufe du » malheureux), fouvenez-vous que vous avez été » vous-même dans la fervitude ; que Dieu par des » prodiges de fa puiflance vous a retiré de cet état » miférable : c’eft dans cette vüe de commifération » & de repos nécelfaire à tous, que Dieu vous a # commandé l’obfervation du fabbat ». De ce paflage fi formel & fi précis, d’ailleurs conforme à ce qu'a dit le Sauveur( Marc 2. 27.), que le Jabbat eff fair pour l’homme, @ non l’homme pour le Jabbat , je conclus que l’intention du créateur, en inftituant un repos de précepte , a été non-feulement de réferver un jour pour fon culte, mais encore de procurer quelque délaflement aux travailleurs , efclaves on mercenaires , de peur que des maîtres barbares & impitoyables ne les fiffent fuccomber fous le poids d’un travail trop continu. Je conclus enfuite que le fabbat, dès-là qu'il eft établi pour l'homme, ne doit pas lui devenir dom- mageable ; qu’ainfi l’on peut manquer au précepte du repos fabbatique, lorfque la néceflité ou la gran de utilité lexige pour le bien de l’homme ; qu’on peut par conféquent au jour du fabbat faire tête à l'ennemi, quicumque venerit ad nos in bello die fabba- torum, pugnemus adverfus eum. 1. Mach. 2. 41. foi- gnet fon bétail, rufquifque veftrim fabbato non folvit bovem fuum . .. @ ducit ad aquare. Luc. 13.15. fau- ver fa brebis, Æ ceciderit hac fabbatis in foveam , non- ne tencbit 6 levabit eam (ovem.) Mat. 12. 11. apprèter à manger , &c. Et je conclus encore, en vertu di, même raifonnement, que l’artifan, le manouvrier qui en travaillant ne vit d'ordinaire qu'à demi, peut employer partie du dimanche à des opérations utiles, tant pour éviter le defordre & les folles dépenfes,, que pour être plus en état de fournir aux befoins d’une famiile languiflante , & d’éloigner de hui, s'il le peut, la difette & la mifere ; maladies trop commu- nes en Europe, fur-tout parmi nous. Envain nous oppoferoit-on l’article du Décaloeue qui ordonne de fanétifier le jour du fabbat , s1emento ut diem fabbati fantifices ( Exod. 20. 8,), attendu que ce qu'on a dit ci-devant fur cette matiere, n’ex- clut point le culte établi par lÉglife pour la fanéti- fication des dimanches ; outre que la vraie fignifica- tion des termes faire & fanühfter pride dans la langue originale, n’a peut-être jamais été bien développée. Mais fans entrer dans cette difcufion, {ur laquelle on pourroit dire des chofes intéreffantes, je crois avoir prouvé folilement qu’une des fins princi- pales du fabbat a été le délaflement , le repos & le bien-être des travailleurs ; que par conféquent fi la ceflation des œuvres ferviles, loin de produire ces avantages, y devient en certains cas abfolument contraire, ce qui n'arrive que trop à l'égard du pau- vré, il convient alors de bien pénétrer le fens de la loi, & d'abandonner la lettre qui n’exprime que le repos & l’inattion, pour s'attacher conftamment à l’efprit qui fubordonne toüjours ce repos au vrai bien du travailleur, & qui confeille même les tra- vaux pénibles, dès qu'ils font néceflaires- pour pré- venir des ruines ou des dommages , comme il eft démontré par les paages déjà cités. | Revenons à M. l’abbé de Saint-Pierre, & tenons comme lui pour certain que fi l’on permettoit aux ._ pauvrés de travailler le dimanche après midi, arran- gement qui leur feroit très-profitable , on rentreroit véritabl- . Yéritablement dans l’efprit du lésiflateur, puilqué enfin /e fabbar ef? fait pour eux, & qu'ils ne font point faits pour le Jabbat. (Marc. 2.27.) On l’a déja dit: on peut eftimer à plus de vingt millions par an le gain que feroient les pauvres par cette liberté du travail, Une telle œconomie mé- rite bien, ce me femble , l'attention du miniftere, puifque fouvent pour de moindres confidérations l’on pérmet de travailler les fêtes & dimanches, com- me nous l'avons rémarqué plus haut, Mais en atten- dant qu’il fe faffe là-deflus un réglement avantageux aux pauvres familles, ne peut-on pas propofer dans le même efprit, d'employer quelques heures de ce faint jour pour procurer à tous les villages & ha- méaux certaines commodités qui leur manquent af- féz fouvent ; un puits, par exemple, une fontaine, un abreuvoir, une laverie , 6c. & fur-tout pour rendte les chemins beaucoup plus aïfés qu’on ne les trouve d'ordinaire dans les campagnes éloignées. En effet, quoique les grandes routes foient en bon état prefque par tout le royaume , il refte encore piufeurs chemins de traverle où il y a beaucoup à refaire , & dont la réparation feroit très-utile aux peuples. | À peine eft-il une paroïffe dans les campagnes où1l n'y ait quelques pañlagés difficiles ; ici des marres & des eaux fans écoulement, là une fondrière profonde &êz dangereufe ; ailleurs une colline trop inégale & trop roide : c’en eft aflez pour rendre certains en- droits impraticables, & pour faire périr de tems à autre quelque malheureux. Cependant tout cela peut fe corriger fans grande dépenfe, & fans qu'il y faille autre chofe que le travail & l’induftrie des peuples intérefés. Jen dis autant des travaux qu'il faudroit entre- prendre pour avoir des fontaines, des abbreuvoirs &c autres commodités dans les lieux où l’on en man- que. Il eft certain que la plûpart de ces chofes pour- roient s’exécuter à peu de frais : 1l n’y faudroit que le concours unanime des habitans ; & avec un peu de tems & de perfévérance, 1l en réfulteroit pour tout le monde des utilités fenfibles. Or puifque Jefus- Chrift fait entendre clairement qu'il eft permis de relever un animal tombé dans une fofle , & de faire toute autre bonne œuvre le jour du fabbat , Zcer fabbatis bene facere (Matth. ch. 12.) , ne peut-on pas regarder comme œuvre de bienfai- fance , & par conféquent œuvre des plus licites , le travail qu'on employeroit à ces fortes d'ouvrages ? Et après les inftruhions & les offices de paroïfle, que peut-on faire de plus chrétien que de confacrer quelques heures à des entrepnifes f utiles & fi loua- bles ? De telles occupations ne vaudroient-elles pas . bien les délaflemens honnêtes qu’on nous accorde {ans difficulté , pour ne rien dire des excès & des abus que l’oifiveté des fêtes entraine infailliblement ? Qu'il me foit permis de placer ici un trait d’éru- dition prophane. Virgile, l’un des grands maîtres de la théologie payenne , approuve hautement certai- nes occupations champêtres ufitées de fon tems aux. jours de fêtes ; 1l aflüre même que la religion & les lois les autorifent également : Quippe etiam feftis quedam exercere dicbus Fas jura finunt, rivos deducere nulla Relligio vetuit ; fegett prœtendere fepem , Trfidias avibus moliri, incendere vepres , Balantumque gregem fluvio merfare falubri. Saæpe oleo tardi coftas agitaror afelli Wilibus aut onerat pomis , lapidemque revertens Tncufum, aut atre maflam picis urbe réportat. Georg. lib. I. y. 268. &t 1l l’'affûre avec d'autant plus de raifon, que les fravaux aifés qu'il admet çes jours-là, rentrent dans Tome IF, DIM 1009 l'efprit de délaflement, qui eft comme ôn à vü, tt dés principés du fabbat. _ Je crois donc qu'un cuié intelligent , un geéntil- homme, 8 toute autre perfonne de poids & de mé: rité en chaque village, pourroïent, fans s’éloigner. des vües de la religion, fe mettre en quelque {rte à la tête de ces petits travaux, les conféiller & les conduire, 8 qu'ainf l’on poutroit engaget tous les habitans de la campagne à fe procurer par ün tra vail mutuel & légitime , la facilité des voyages 8x des charroïs, & tant d’autres commodités publiques dont ils font communément dépourvüûs. Ce? areicle eff. de M, FAIGUET , #naitre de penfion à Paris. à DIMENSION, £. £. (Phyfique & Géométrie) c’eft l’étendue d’un corps confidéré en tañt qu’il eft mefu- table, ou fufceptible de mefure, Voyez EXTENSION G MESURE. … Ainfi, Comme nous concevons que les corps font: étendus en longueur, largeur, & profondeur ou épaif: Jeur , nous concevons auffi ces trois dimen/ions dans: la matiere; la longueur tonte feule s'appelle Zgne # la longueur combinée avec la largeur prend le nom: . de fürface : enfin la longueur, la largeur, & la pro fondeur ou l’épaifleur , combinées enfemble, pro+ durfent ce que l’on nomme un Jo/ide, Voyez LIGNE ÿ SURFACE, SOLIDE. On fe fert particulierement du mot dmerfon pour exprimer les puiflances des racines ou valeurs des quantités inconnues des équations, que l’on appelle. les dimenfions de ces racines. Foyez RACINE. Aïnf dans une équation fimple ou du premier de gré , la quantité inconnue n’a qu’une dmenfion , com mex= 4 + b. Dans une équation du fecond degré, l’inconnue eft de deux dimenfions, comme x2 = 4% + 82. Dans une équation cubique, telle que x3 = 45; — b% , elle a trois dimenfions, Voyez ÉQUATION, PUISSANCE, &c, j; v | En général on dit , 6» Aigebre , qu’une quantité commesbcd,abc,ab, &c. eft d’autant de di menfrons qu'il y a de lettres ou de faéteurs dont elle eft compolée. Ainfi a b c deft de quatre dmenfions , a bc de trois, 6c. On fent aflez la raifon de cette dénomination prife de la Géométrie. Si, par exéma ple, les produifans ou faéteurs 4, #, c, du produit a bc, font repréfentés par des lignes, le produit a b c fera repréfenté par un folide ou parallelelipede.. dont l’une des dimenfions eft «, l’autre 4, l’autre c $ de même le produit « £ eft de deux dmenfions , par ce qu'il peut repréfenter une furface ou figure rec tangle de deux dimenfions a, b, &ec. Au refte ilne peut y avoir proprement que des quantités de trois dimenfions ; car paflé le fohide , on n’en peut conce- voir d'autre. Qu’eft-ce donc que les quantités com me 44, aÿ, qu'on employe dans l'application de l’Algebre à la Géométrie? Ces quantités peuvent être confidérées fous deux points de vûe. Ou la ligne a eftrepréfentée par un nombre arithmétique, 8 em ce cas a4 eft la quatrieme puiffance de ce nombre s ou bien on doit fuppofer #4 divifé par une certaine ligne à volonté, qui réduufe le nombre des diémenfions à 3. Par exemple, foit xÿ + a x4 + 5 — 0, je dis que cette équation eft la même chofe que LR M N qui réduit les dimenfions à €? trois. Remarquez qu’on peut totjours faire cette divi- fion ; car dans la Géométrie tout fe réduit toüjours à des équations. On ne confidere #4 que pour le com- parer à quelque autre quantité de même dérenfion s &c 1l eft vifible qu’une équation continue d’avoir lieu , lorfqu'on divife tous fes termes par une quan- tité conftante quelconque. Ou bien on peut regarder a & b dans l’équation comme des nombres, qui foient entr'eux comme les lignes repréfentées par a & ba ; M M m mm ‘so1 DIM &calors x fera un nombre, &'on n’aura que faire de divifon. Cette maniere de confidérer les quantités de plus de srois dimenfions , eft auffi exacte que l’au- tre ; car lés lettresalgébriques peuvent toûjours être regardées comme repréfentant des nombres, ratio- nels ou non, J'ai dit plus haut qu'il ’étoit pas pof- ble de concevoir plus de trois dimenfions. Un hom- me d’efprit de ma connoïffance croit qu’on pourroit cependant regarder Ja durée comme une quatrieme dimenfion, & que le produit du tems par la folidité fétoit en quelque maniere un produit de quatre d- menfions ; cette idée peut être conteftée , mais elle a, ce me femble, quelque mérite , Quand ce ne fe- toit que celui de la nouveauté. Dans les fraétions algébriques la dmenfron eft éga- le à celle du numérateur moins celle du dénomina- teur, ainfi = ou _ eft de deux dimenfions, En effet on peut fuppofer = c c. Par la même raifon = ou = eft de dimenfion nulle ; & on appelle ainf en général toute fraétion où le numérateut a une di- menfion égale à celle du dénominateur. e feroitde Ta dimenfion -— 1; ce qui ne fignifie autre chofe, fi- non que cette quantité étant multipliée par une quantité de dmenfion pofitive #, le produit feroit de la dimenfion m — 1 ; car voilà tout le myftere des d:- menfions négatives & des expofans négatifs. Voyez EXPOSANT. Ge = DIMESSES, {, m. pl. (Æ/f. eccléf, ) congrégations de perfonnes du fexe, établies dans l’état de Venife. Elles ont eu pour fondatrice Déjanira Valmarana en 1572. Ou y reçoit des filles & des veuves; mais il faut qu’elles foient libres de tout engagement, mê- me de tutelle d’enfans. On y fait, à proprement par- ler, cinq ans d'épreuves : on ne s’y engage par au- cun vœu : on y eft habillé de noir ou de brun, & l’on s'occupe à enfeigner le catéchifme aux jeunes filles, & à fervir dans les hôpitaux les femmes ma- lades. | DIMINUE , adj. rrtervalle diminué, eft, er Mur que , tout intervalle mineur, dont on retranche un femi-ton par un dièfe à la note inférieure, ou par un bémol à la fupérieure. Voyez INTERVALLE. (S) DIMINUTIF , IVE, adj. cerme de Grammaire, qui fe prend fouvent fubftantivement. On le dit d’un mot qui fignifie une chofe plus petite que celle qui eft dé- fignée par le primitif: par exemple , marfonerte eft le diminutif de maifon , monticule left de mon ou mon- sagne; globule eft le diminutif de globe : ce font-là des diminutifs phyfiques. Tels font encore perdreau de perdrix , faifandeau de faifan , poules & poulette de poule, &c. Mais outre ces dminutifs phyfiques, il y a encore des diminutifs de compaffñon, de tendrefle, d'amitié, en un mot de fentiment. Nous fommes tou- chés d’une forte de fentiment tendre à la vûüe des pe- tits des animaux, & par une fiute de ce fentiment, nous leur donnons des noms qui font autant de dimi- nurfs ; c’eft une efpece d’interjeétion qui marque notre tendrefle pour eux. C’eft à l’occafon de ces fentimens tendres, que nos Poëtes ont fait autrefois tant de diminutifs ; roffignolet ; tendrelet, agnelet, her- beite ; fleurette, graffette, Janerte , &c. Viens ma bergere fur l’herbette , Viens ma bergere viens feulette , Nous n’aurons que nos brebietes Pour témoins de nos amouretes. Bourfaut. Les Italiens & les Efpagnols font plus riches que nous en dirninurifs; 1] femble que la langue françoife #’aime point à être riche en babioles & en colifichets, dit le P. Bouhours. On ne fe fert plus aujourd’hui de ces mots qui ont la terminaifon de drinutifs , com- Mme hommeler, roffignolet, montagnette , campagnette, DIM rendrelet, doucelet, nymphelerte, larmelerre, &e, «Roïs » fard , dit le P. Bouhouts, remarques, com. L. p. 100. » Ja Noue auteur du diffionnaire des rimes, & ma- » demoïfelle de Gournai, n’ont rien néglisé en leur » tems pour introduire ces termes dans notre lan- » gue. Ronfard en a parfemé fes vérs, la Noue én a » rempli fon diétionnaire , mademoifelle de Goutnat » en a fait un recueil dans fes avis , & elle s’en dé- » clare hautement la proteétrice ; cépendant notre » Jangue n’a point reçu ces diminutifs; ou fi elle les » reçut en ce tems-là, elle s’en défit aufi-tôt, Dès le » tems de Montagne on s’éleva contre tous ces mots » fi mignons, favoris de fa fille d’alliance : ellé eut, » beau entreprendre leur défenfe &c crier au meurtre » de toute fa force, avec tout cela la pauvre de- » moifelle eut le déplaifir de voir fes chers dminu » tifs bannis peu-à-peu ; & fi elle vivoïit encore, je » crois, pourfuit le P. Bouhours, qu’elle mourroit # de chagrin de les voir exterminés entierement ». Les Italiens & les Efpagnols font encore d’autres diminutifs des premiers diminutifs; par exemple, de bambino ,; un petit enfant , ils ont fait Pambinello, bamboccio, bambocciolo, &c. C’eft ainfi qu’en latin de komo on a fait homuncio, & d’homuncio, homuncu- lus, & encore homulus, Ces trois mots font dans Ci- céron. Le P, Bouhours dit que ce font des pygmées qui multiplient, & qui font des enfans encore plus etits qu'eux, Remarques, tom. 1. p.109. (F DIMINÜTION , f. f. figure de Rhétorique, ainf nommée par antiphrafe ; c’eft une éxagération ow augmentation de ce que l’on veut dire, en fe fer- vant néanmoins d’expreflions qui femblent l’affoi- blir & le diminuer, comme, par exemple, lorfqu’on dit d’une femme où d’une étoffe , qu'elle n'eff pas laï- de, pour faire entendre gw’elle ef? belle, où d’un hom- me, qu'il n'eft pas petit ou léger, pour marquer qu’il eff grand ou pefant. Quelques auteurs employent diminution dans ur fens propre & plus friét, pour exprimer quelque chofe de moins que ce qu’on dit ; par exemple, dire à un militaire, vous n'êtes point propre au commande ment, c'eft fous-entendre un reproche encore plus grand, & le foupçonner ou d’ignorance dans {on métier ou de lâcheté. (G) | DiMINUTION d’efpeces , (Jurifprud.) tombe fur celui auquel appartiennent les deniers , fuivant la regle générale res domino perit. Le débiteur qui veut fe libérer & ne pas fupporter les diéminurions d’efpeces. qui peuvent arriver, ne doit pas fe contenter de faire des offres réelles , il faut que les offres foient fuivies d’une confignation effetive. Voyez ARGENT, ESPE: CES, MONNOIES. (4) | DIMINUTION de feux , (Hiff. anc. & J'urifprud.} étoit une réduétion du nombre de feux ou portions d’un pays, qui contribuoient aux fouages &c autres fubfides, Dans l’origine par le terme de fx on en- tendoit chaque ménage ou famille ; dans la fuite un feu comprenoit une certaine étendue de pays, & pouvoit comprendre plufieurs ménages. La Zminu- tion de feux s’accordoit aux pays dont la fertilité ou le commerce étoient diminués , ou lorfque le pays fe trouvoit ruiné par la guerre ou par quelqu’autre accident. Lorfqu’une ville ou autre lieu demandoit une diminution de feux, on faifoit une information fur les lieux , qui étoit envoyée à la chambre des comptes , & en conféquence de laquelle on expé- dioit des lettres royaux portant diminution de feux : mais avant l'expédition de ces lettres 1l falloit payer un florin d’or pour chaque lieu, fuivant l’ancien nom- bre des feux : ce droit étoit recu par le payeur des bâtimens , & devoit être employé aux bâtimens, Il y a beaucoup de ces lettres portant dimnurion de feux , accordées à diverfes villes & autres lieux du Languedoc, où l'impoftion par feux avoit princis palement lieu : elles font rapportées dans Île recueil des ordonnances de là troifierme race , rom, IF. € F, Voyez FEUX & RÉPARATION DE FEUX. (4) DIMINUTION , ez Mufique , Vieux mot qui figni- foit la divifion d’une note longue, comme une ronde ou une blanche, en plufeurs autres notes de moin- dre valeur. On entendoit encore par ce mot, tout ce qu’on a depuis appellé roulement où roulade, c’eft- à-dire plufieurs notes pafñlées fur une même {yllabe. S) | ‘ DrMINUTIONS, dans le Blafon, eft un terme dont Le fervent les auteurs qi ont écrit en latin, pour fi- gnifier ce que les Anglois appellent différence , & les François brifures. Voyez DIFFÉRENCE. (V°) DIMISSOIRE, £ m. (Jurifp.) ce font des lettres que l’évêque accorde à quelqu'un de fes diocéfains, _ pour prendre la tonfure ou quelqu'un des ordres , foit majeurs ou mineurs, d'un autre évêque. L’ordonnance d'Orléans, art. 12. défend à tous prélats de recevoir dans leur diocèfe les prêtres qui Le difent de nul diocèfe, & d’en promouvoir aucun aux ordres par lettres démiffoires fans grande &c jufte caufe. | Celui qui auroit pris quelqu’ordre d’un autre Évê- que que le fien, fans avoir préalablement obtenu de telles lettres, feroit irrégulier & incapable de poffé- der aucun bénéfice. _ Cependant des lettres de tonfure données par un évêque autre que le diocéfain , ferotent valables à l'effet d’obtenir un bénéfice fans rapporter de dérif foire , pourvû que les lettres de tonfure portaflent cette claufe rirè dimiffo. Arrêt du 4 Septembre 1690. au journ. des ad, ne: L'irrégularité provenant du défaut de dimiffoire pour les ordres, peut être reparée en obtenant un tefcrit de cour deRome, avec la claufe perinde valere, dont l'effet eft de réhabiliter celui auquel il manque quelqu’une des qualités ou capacités requifes. (4) DiMissOiREs 04 LETTRES DIMISSOIRES, & au- trement APÔTRES, étoient aufh anciennement des lettres que l’on obtenoit du juge a quo, pour être ad- mis à pourfuivre fon appel devant le juge fupérieur. Voyez ce qui en eftdit ci-devant au mot DÉSERTION D'APPEL. (4) | DIMISSORIAL , adj. (Jarifprud.) fe dit de ce qui appartient à un dimifloire, comme un refcrit d'mif forial , ou une lettre dimifforiale. Voyez ci-devanr Di- MISSOIRE. (4) DIMITE, £.f. (Comm.) toile de coton, croïfée, d’un bon ufage, & fe fabriquant à Sophanti, une des îles de l'Archipel. Foyez les diélion. du Comm. & de Trévoux. : DIMŒRITES, £ tn. pl. (AE. eccléf.) nom qu'on donna aux Apollinariftes, qui prétendirent d’abord que le Verbe ne s’étoit revêtu que d’un corps hu- main, fans prendre une ame raifonnable femblable à celle des hommes. Convaincus par le texte for- mel des Ecritures , ils convinrent qu'il avoit une ame, mais dépourvüe d’entendement, le Verbe, fe- lon éux, fuppléant à cette faculté. Foyez APOLLr- NARISTES 04 APOLLINAIRES. Ce’mot eft formé du grec dc, deux fois, &t pipe, je divife. Ainfi Dimarires fignifie à la lettre divifeurs , féparateurs, parce que ces hérétiques féparotent lame d'avec l’entendement. (G) DIMOTUC, (Géog. mod.) ville de la Romanie, dans la Turquie européenne. Elle eft fituée fur une montagne , baignée par la riviere de Mariza, l’Ebre des anciens. Long. 44. 8. la. 41. 38. DIMPF, f. m. (Comm.) petite monnoie d'argent, qui a cours en Pologne , & qui vaut 18 creutzers d'Allemagne , c’eft-à-dire environ 15 fols argent de France. DINAMIQUE. Foyez DYNAMIQUE, Tome IF. DIN 1OT1I DINAN, (Géog. mod.) ville de Brétagñe , en France ; elle eft fituée fur la Rance. Las, 48,27. 16, long. 15. 26. 40. DINANT , (@éog. mod.) ville des Pays-Bas; ellé eft fituée proche de la Meufe ; elle eft du diocèfe de Liége. Long. 22. 34. lat, 50.15. * DINANDERIE, £. f. (Arr méch.) eft fynonyme à Chaudronneries is fignifient l’un &c l’autre une quan: tité confidérable de cuivre mis en œuvre. Ce mot vient de Dinant, ville du pays de Liège, où il y a beaucoup de manufaétures en cuivre. Les Chaude- ronniets s'appellent auffi Dirardiers. DINANDIER , f. m. Voyez DINANDERIE. DINAR-CHERAY , f. m. (Commerce.) c’eft , en ae , le poids ou la valeur de l’écu, où du ducat or. Dinar-BistTi, monnoie de compte, dont fe fer- vent les négocians & banquiers Perfans pour tenir leurs livres. Le dinar-biffi vaut dix dinars fimpless le toman, qui eft auffi une monnoie de compte, vaut mille dinars-bifhi, & dix mille dizars fimples. Didfion. de Comm. & de Trév. (G) DINEKELSPIL, ville de la Souabe , en Allema- one ; elle eft fituée fur le Wermtz. Long. 29. 5. lacs 49, 2. DINDON , f. m. (Œ@con. ruflig.) petit du coq & de la poule-d’Inde. Voyez CoQ-D’INDE. La poule-d’Inde peut couver depuis quinze œufs jufqu’à dix-huit. Les dindons éclofent au bout d’un mois de couvée. Il n’eft guere d'animaux de baffe-cour plus difficiles à éle- ver. Le froid leur eft mortel. Il ne les faut laiffer for- tir de l'endroit chaud où on les éleve, que quandil fait foleil, & les faire rentrer aufhi-tôt que le tems devient pluvieux. On leur donne à manger & à boire au moins quatre fois par jout. On les nourrit dans le commencement de blancs-d’œufs durs hachés menu = on y ajoûte quelquefois de la mie de pain-blanc. Aw bout de la huitaine on fubfüitue à la mie de pain, læ feuille d’ortie qu'on hache avec les œufs-durs : aw bout de huit autres jours on fupprime les œufs, & : on leur donne la feuille d’ortie hachée, ayec du fon, du lait caïllé,, de la farine d’orge, du blé noir moulu gros, G'c. leur jettant de tems en tems un peu de mil- let & d'orge bouillis. Quandils font malades on leur donne un peu de vin. Lorfqu'ils font forts, on les abandonne au dindonier. DINDONNEAU , fub. m. (Œcon. ruflig. ) jeune dindon. 3 : DINDONNIER , f. m. (@con. ruflig.) valet char- gé de mener paître les dindons &c les dindes. On ne mene ces volailles aux champs, que quelque tems après le foleil levé. On les remene dans la bafle- cour fur les dix heures, ôù elles reftent jufqu’à mid qu’elles retournent aux pâturages pour jufqu’au foir. * DINDYMENE,, ff. (Mythol.) Cybele fut ainfi appellée, ou de Dindyme fa mere, ou d’un lieu de Phrysgie où elle étoit particulierement honorée. DINER , fubft. m. (Littérature) repas fixé à - peu- près vers le milieu du jour, un peu plütôt ou un peu plus tard, fuivant les tems, les lieux, & les perton- nes. Ifidore s’eft trompé en aflürant que les Romains ne connoïfloient pas le diner. Les auteurs, tant grecs que latins, qui ont parlé des ufages de l’ancienne Rome, font tous mention du dÎzer des Romains, qui étoit à la vérité fort frugal, & c’eft peut-être la rai- fon pour laquelle Ifidore le compte pour rien. Peut- être auf s’eft-1l mépris, en ce que ce repas dans l’an- tiquité la plus reculée étoit nommé cæra , fi l’on en croit Feftus. L'heure du diner des Romains étoit environ la fi- xieme du jour , c’eft-à-dire à midi. Suétone rapporte que l’empereur Claude prenoit tant de plaifir aux {pectacles des gladiateurs , qu'il defcendoit dans fa loge dès le matin, & qu'il y reftoit encore à midi, MMMmmmy IO12 DIO dans le tems même que le peuple fe retiroit pour al- ler diner; & Martial dit à un parafite qui étoit venu chez lui fur les dix à onze heures : Vous venez un peu trop tard pour déjeûner, &c beaucoup trop- tôt pour déner. On dinoit autrefois én France beau- coup plûtôt qu'aujourd'hui. C’eft ce qu’on peut prou- ver par différens paffages des hiftoriens,& par l'heure du diner des différens ordres rehgieux. Article de M, de Chevalier DE JAUCOURT. Diner , fubit. m. ( Medecine. ) Pour ce qu'il y a à obferver concernant le régime à l'égard de ce re- pas, voyez HYGIENE, RÉGIME. DING, f. m. ( Commerce. ) nom que les Siamois donnent en général à toutes fortes de poids ; en par- ticulier ils n’en ont guere d’autres que leurs mon- noies mêmes, ce qui ne s’entend que de celles d’ar- gent, l'or n’y ayant pas cours comme efpece, mais fe vendant & s’achetant comme marchandife , & valant douze fois l’argent. Les autres poids des Siamiois ont le même nom que leurs monnoies qui font , le cari ou fchang , le mayon ou fching, le fouan, la Jompaye, la paye & le clam, Tous ces poids & monnoies font expli- qués à leurs articles & évalués avec les nôtres dans ce didionnaïre. Dionn. de Commerce & de Trev. (G) DINGELFING, ( Géogr. mod.) ville de la Ba- viere en Allemagne ; elle eft fituée fur l’Ifer. DINGGRAVE, £. m. (Æif. d'Allemagne. ) mot compofé de ding , jugement , 8 de grave, comte. On donnoit ce nom anciennement en Allemagne à un Magiftrat prépofé pour rendre la juftice, Aujourd’hui cette dignité ne fubfifte plus. (—) DINGLE,, ( Géogr. mod.) ville maritime de la Monne en Irlande. Long. 7. 25. lat, 52. 6. DINGWAL, (Géogr. mod. ) ville d’Ecofle au comté de Roffe; elle eft fituée fur la riviere de Con- hel. Long. 13.40. lat, 57. 46. * DIOBOLUS , (Æ5ff. ancienne.) monnoïe athé- nienne , fur laquelle on voyoït d’un côté repréfenté Jupiter, & de l’autre un hibou , l’oifeau confacré à Minerve, la proteétrice des Athéniens. DIOCÉSAIN, [. m. ( Jurifprud. ) fignifie celui qui eft né dans un diocèfe, ou qui eft habitué, ou qui y a quelque fonétion fpirituelle. Un évêque ne peut donner la tonfure ni les ordres qu’à fon diocé- fain. Une abbeñle diocefaine eft celle relativement à l'évêque , dans le diocèfe duquel eft fon abbaye. L'évêque diocéfain qu’on appelle aufh quelquefois fimplement le diocéfain, eft celui auquel eft foûmisle diocèfe dont il s’agit. Voyez ci-après DiocÈsE. Il y a des bureaux diocéfains ou chambres diocefai- nes du clergé établies dans chaque diocèfe, pour con- noître des conteftations qui peuvent naître à l’occa- fion des décimes & autres impoñtions. Voyez CLER- GÉ & DÉCIMES, BUREAUX DIOCÉSAINS , CHAM- BRE DES DÉCIMES , CHAMBRES DIOCÉSAINE 6 SOUVERAINE, DU CLERGÉ. (4) DIOCESE, {. m. (Jurifprud, ) du mèt grec Sroinnoss | qui fignifie une province ou certaine éten- due de pays dont on a le gouvernement ou l’admi- niftration ; & le gouvernement même de ce pays étoit autrefois chez les Grecs & chez les Romainsun gouvernement civil &c multaire d’une certaine pro- vince ; préfentement parmi nous & dans tout le mon- de chrétien, c’eft le gouvernement fpirituel d’une province confiée à un évêque ou le reflort de plu- leurs diocèfes particuliers {omis à un archevêque métropolitain. » Strabon qui écrivoit fous Tibere, dit que les Ro- mains avoient divifél’Afie en diocèfes ou provinces, &c non pas par peuples ; il fe plaint de la confufion que cela caufoit dans la géographie. Dans chacun de ces diocè{es il y avoit un tribunal où l’on rendoit DIO la juftice; chaque diocèfe ne comprenoït alors qu’= une feule jurifdiétion , un certain diftrié ou éter« due de pays qui reflortifloit à un même juge. Ces diocèfes avoient leurs métropoles ou villes capitales ; chaque métropole avoit fous elle plufieurs diocèfes qua étoient de fon reflort. | Conftantin le Grand changea la forme de cette diftribution. Il divifa l'empire en treize grands dio_ cèfes , préfeétures ou gouvernemens ; il y en avoit même un quatorzieme en comptant la ville de Ro- me & les villes appellées fuburbicaires. Toute l’Ita- lie étoit divifée en deux docèfes | l’un appellé diæ- cefis fuburbicaria , parce qu'il étoit le plus proche de la ville de Rome ; le fecond appellé diœcefis Italie, qui comprenoit le refte de l’Italie. On comptoit dans l'empire 120 provinces, &c chacun des quatorze grands diocèfés ou gouvernemens comprenoit alors plufeurs provinces & métropo- les, au lieu qu'auparavant une même province com- prenoit plufieurs diocè/es. Chaque diocèfe particulier étoit gouverné par um vicaire de l’empire qui réfidoit dans la principale ville de fon département : chaque province avoitun proconful qui demeuroit dans la capitale ou métros pole; & enfin le préfet du prétoire qui avoit un des quatorze grands diocèfes ou gouvernemens comman= doit à plufeurs diocè/és particuliers. Le gouvernement eccléfiaftique fut réglé fur le modele du gouvernement civil. Dans la primitive églife les Apôtres envoyerent dans toutes Les villes où J. C. étoit reconnu , quelques-uns de leurs difci- ples en qualité d’adminiftrateurs fpirituels & minif- tres de la parole de Dieu , lefquels furent tous ap- pellés indifféremment prérres ou anciens, évêques ; pafteurs , & même papes. Dans la fuite on choifit dans chaque ville un de ces prêtres pour être le chef des autres, auquel le ti- tre d'évêque demeura propre, les autres prêtres for- merent {on confeil. | La religion de T. C. faifant de nouveaux progrès, on bâtit d’autres églifes , non feulement dans les mê- mes villes où il y avoit un évêque , mais auffi dans les autres villes, bourgs & villages, & dans cha- que lieu l’évêque envoyoit un de fes prêtres pour enfeigner & adminiftrer les faints myfteres, felon que le contient le decret du pape Anaclet, à la charge que l’un d’eux ne pourroit entreprendre ni adminif trer en l’églife de l’autre , férguli per fengulos titulos Juos ; enforte que l’on pourroit rapporter à ce pape la premiere divifon des diocëfes : cependant on tient communément que le pape Denis fut l’un de ceux qui établit le mieux cette police vers l’an 266. On trouve dans Le decret de Gratien le difcours de ce pape à Severinus , évèque de Cordoue : nous ne aurions , dit-l, se dire mieux , fenon quetu dois fui- vre ce que mous avons établi en l’églife Romaine, en laquelle nous avons donné à chaque prêtre [on églifes nous avons difiribué entr'eux les paroïlles 6: Les cime- cieres, ft bien que lun n’a puiffance dans lenclos de l’au- tre, cap. j. xuj, quefl, 1. Il en eft écrit autant des éyé- ques, l’un defquels ne peut ni ne doit entreprendre quelque chofe au diocè/e de fon co-évêque. Le pape Calixte I avoit déjà ordonné la même chofe pour les évêques , primats & métropolitains ; mais on ne voit pas que le terme de diocè/t füt encore ufité pour défigner le territoire d’un évêque ou d’un archevé= que ; on difoit alors la paroiffe d’un évêque ou d’ua archevêque ou métropolitain ; le terme de diocèfé ne s’appliquoit qu'à une province eccléfiaftique qui comprenoit plufieurs métropolitains, & dont le chef fpirituelavoit letitrede pasriarche, exarque,Où primat. Dans la fuite ces titres d’exerque & de patriar- che fe font effacés dans la plûpart des provinces ; il eft feulement refté quelques primaties ; le territoire : DICO de chaque métropolitain a pris le nom de diocèfe ; & ce nom a été enfin communiqué au territoire de “chaque évêque foûmis à un métropolitain ; de forte que le terme de diocèfè a étépris pour le fpirituel en trois fens différens , d’abord pour un parriarchat ou exarcat feulement, enfüite pour une métropole, &e enfin pour le territoire. particulier d’un évêque. Préfentement on entend également par là le terri- toire de l’évêque & celui du métropolitain, comme on le voit dans le canon zullus 3. caufé 2, quefe. 2. Le concile de Conftantinople tenu en 381» dé- fend aux évêques, qui font hors de leur diocëfe, de rien entreprendre dans les églifes qui font hors leurs fes. Le métropolitain ne peut même, fous prétexte de Ja primauté qu'il a fur fesfuffragans , rien entrepren- dre dans leur diocfè , cerang ne lui ayantété don- né que pour l’ordre qui fe doit obferverdanslaflem- blée des évêques de la province; & cette affemblée peut feule corriger les fautes qui feroient échappées à un des évêques de la province: c’eft ce que por- tent les decrets des conciles de Sardes, & les fe- cond & troifieme conciles de Carthage. Celui d'E- phefeditauflila même chofe; &cle premier concile de Tours ajoute que celui qui feroit au contraire fera dépofé de fa charge. Martin , évêque de Bracare , en fon livre des conciles Grecs , rapporte un chapitre, fuivant lequel , ce que l’évêque fait hors de fon dio- cbfe eft nul. Bede rapporte la même chofe d’un con- aile tenu en Angleterre en 67o fous le regne d'Eg- fredus : l'évêque de Nicée fut accufé de cette faute au concile de Chalcédoinétenu fous Valentinien III & Marcien Il; ce fut auffi l’un des chefs de la con- darination prononcée par Félix évêque de Rome, contre Acace fchifmatiques. , . | Au furplus la divifion de Péglife foit en docèfés ot- dinaires on en diocèfés métropolitains , n’a: jamais donné atteinte à l'unité de léglife ; ces divifionsn’é- tant que pour mettre plus d’ordre dans le gouverne- ment fpirituel, Préfentement par le terme de diocèfe on n’entend plus que le territoire d'un évêque ou archevêque, confidéré comme évêque feulèment ; le reflort du métropolitain s'appelle érropole, 8 celui du pri- mat s'appelle primatie, Le métropolitain n’a plus le pouvoir de vifiter le diocè/e de es fuffragans , il n’a que le reflort en cas d'appel. Quoique pour la divifion des diocèfés on ait originairement fuivi celle des provinces, on n'a pas depuis toûjours obfervé la même chofe ; & les chan- gemens qui arrivent par rapport à la divifon des provinces pour le gouvernement temporel, n'en font aucun pour la divifion des diocèfes. ue. Chaque diocèfé eft ordinairement divifé en plu- fieurs archidiaconés, &c chaque archidiaconé en plui- fieurs doyennés. L’évêque n'a ordinairement qu’un official , à moïns que fon divci/e ne foitfitué en divers parle- mens, Ou en partie fous une domination étrangere; dans ces cas il doit avoir un official dans le terri- toire dé chaque parlement ou de chaque fouverai- neté. = 3 | Le clergé de chaque diocèfé nomme un fyndic pour flipuler Les intérêts aux afflemblées diocéfaines. £ DIOCLEIDES ou DIOCLIES , adj:.pnis fub- fantivement, fêtes célébrées en Grece en l'honneur de Dioclès ; un de fes héros. * DIOCLÉTIENNE , (Epoque) Hiffoire moderne, cètteere qu’on appelle auffi celle des martyrs , a com- mencé {ous Dioclétien; fa premiere année tombe fur le vingt-neuvieme ‘Août de la période julienne. Les Ethiopiens qui la fuivent & qui en appellent les limites, & de ne point confondre ni mêler les égli= | D'IO 1013 années amées de grace, en ont formé un cycle de 34 ans , dont la premiere année a été la premiere des années de grace ; la feconde année , la feconde des années de grace , & ainf de fuite jufqu'à 5345 au bout de ce nombre, 1ls ont compté la premiere année du. fecond cycle des années de grace ; la fe- conde année du fecond cycle des années de grace ; la troifieme année du fecond cycle des années de grace, &cc. d’où l’on voit que le nombre des cycles dioclétiens écoulés étant donné avec le nombre des années de grace écoulées du cycle courant , on peut facilement rapporter l’année de l’époque dioclétienne à telle autre ere qu’on le jugera à pro- pos. DIOIS, (4) Géogr. mod. contrée du Dauphi- né en France; elle ef fituée entre le Gréfivaudan, le TN D & le Valentinoïs. Die en eft la capx tale. * DIONÉ , £. f. (Myrh.) déefle dn Paganifmes elle eft fille de Ocean & de Thétis, & mere dé Vénus qu'elle eut de Jupiter. C’eft entre les bras de Dioné que Vénus fe précipita toute en pleurs, lorf- que Diomede lui eut éfleuré la peau de la main à- travers la gafe legere qu’elle tenoit étendue fur fon fils Ence , & contre laquelle tous les traits de l’ar- mée des Grecs venoiïent s’amortir : cet endroit eft un des plus beaux morceaux de l’Iliade ; &l n’y a guere de poëte à qui il ne pût faire tomber la plume des mains. Ê DIONYSIENNES , adj. ( Æiff. anc. myth.”) fêtes folennelles célébrées par les anciens en lhonneur de Bacchus. Ce mot vient du nom grec de Bacchus: lequel vient lui-même de ds , génitif de Ceus , Jupi= rer, & de Nyfa, ville d'Egypte fur les frontieres de l'Arabie, où l’on dit que Bacchus fut élevé par les nymphes. Les Dionyfiennes font les mêmes fêtes que les Or- gies appellées chez les Romains Bacchanalia & Li: beralia. | Il y avoit plufeurs fêtes que l’on appelloit dory= Jienne, dionyfia, fur-tout deux; la premiere étoit Pancienne, probablement la même que la grande dionyfienne , que l’on appelloit aufh par excellence dionyfienne’, fans rien ajouter, comme étant celle de toutes les fêtes de Bacchus que l’on célébroit le plus chez les Athéniens fur le mont Elapheboli: la {e- éonde étoit a zouvelle | probablement la même que la petité dionyfienne ; elle fe célébroit. er autonne comme pour fervir de préparation à la grande. On voyoit dans ces fêtes des femmes échevelées le thyrfe en main courant çà & là comme des furieu- fes, des hommes traveftis en fatyres, pans & file- nes. Chacune avoit des fingularités qui les diftin- guoïent, mais un point fixe d’uniformité ; c’étoit la licence & la débauche. Voyez BACCHANALES & BACCHANTES. Chambers. (G) | * DIONYSIUS oz DYONISUS, f. m. nom for- mé-de d'os & de Nyfz; on le. donna à Bacchus, parce qu'il pafloit pour fils de Jupiter & pour avoir été nourri à Nyfa. Voyez ci- deffus l'article DioNy- SIENNES. DIOPHANTE,, ( Problèmes ou queflions de) On appelle ainfi certaines queftions fur les nombres quar- rés, cubes, les triangles re&tangles, 6. du genre de celles qui ont été examinées & réfolues autrefois par Diophante, mathématicien d'Alexandrie, qu’on croit avoir vècu vers le troifieme fiecle. Nous avons fon ouvrage qui a été commenté & publié à Paris en 1621, par Bachet de Meziriac ; il y a une autre édi= tion faite en 1670 ,avec des obfervations de M. Fer- mat fur quelques-unes des queftions de Diophante. Dans ces queftions il s’agit de trouver des nombres commenfurables qui fatisfaflent à des problèmes ins 1Oï4 DIO déterminés , auxquels fatisferoïent une infinité de nombres incommenfurables. Par exemple, on pro- pofe de trouver un triangle reétangle dont les côtés 2, Y5 &» foient exprimés par des nombres commen furables. Il eft certain qu’on aura en général x x + YY=3 x; x étant fuppofée l’hypothenufe. #oy. HY- POTHENUSE, Mais on voit aufli que l’on peut pren- dre x & y, tels que 4 foit un incommenfurable ; car fi, par exemple, x = 18&y=2,0nauraz= 5: Or il s’agit de déterminer x & y à être tels, que non feulement x & y, mais encore 7 foient des nombres commenfurables. De même foit propofé de parta- ger un nombre quarré a? en deux autres nombres qui foient aufli quarrés, & ainfi des autres. Voilà ce qu’on appelle les queffions de Diophante. L'art de réfoudre ces fortes de queftions confifte à employer & à manier tellement les inconnues ou linconnue , que le quarré & les plus hautes puiffan- ces de cette inconnue difparoïffent de l'équation, &c qu'il ne refte que l’inconnue élevée au premier de- gré, au moyen de quoion réfout cette équation fans avoir recours aux incommenfurables. Donnons-en un exemple {ur les triangles reétangles en nombres, On propofe de trouver x, y, 4, telles que xx +yy =z4: foit fuppolé ;=x+ 4, on aurax x Eyy= xxL2xutuu;doù lon voit qu'on peut faire difparoître x x, &t qu'on aura II = x ; donc prenant y & x pour tont ce qu’on voudra, on trou- vera que les côtés du triangle font y; 22%, &l’hy- ut pothenufe x+u= 25 : par exemple, foit ÿ = 3, ['2 — JY HAS MTRRAND EE H= I, ON aura —— > —4,Qx+u—= = Jhypothenufe. On voit aifément que ce problème a une infnité de folutions. Autre problème. Soit propofé de trouver une quan- tité x, telle que a + 2x + xx foit un quarré , on fera de même a + # x + x x égale au quarré de x + : pe 21 La #-PAt À xr&onauraa+bx=2x{t+igsdoncx= se, 5. Ainf 3, 4, font les deux côtés du triangle, & 5 Ainfiprénant 7 pourtout ce qu’on voudra, onaura x. Autre. Soit propofé de parrager un nombre 42 + 2, compoié de deux quarrés en deux autres quar- rés ; foït sx — 2, l’un des nombres cherchés;, & rx— bVautre, s &r étant des coefficiens indéter- minés, on aura az b?=5s2x2—025 x attack #2 x2—2rxb+bb; doncs?x—25s4+r2zx— 254427P Ajinf prenant pour ; r2 +s2z®° 7 & 5 tel nombre qu’on voudra, on aura x. Autre, Soit propofé de trouver x, telle que a « — x x foit un quarré. Je fais Vaa— x x=(a—x)z, & jaiaa-xx=a—x 743 8 divifantpare—x, 2rb=0; donc x = Jaia+x=az—x7; donc É ne = x. Ainfi pre- nant pour 7 tout ce qu'on voudra, on aura x. - Voilà, ce me femble , un nombre fuffifant d’exem- ples pour donner dans un ouvrage tel que l’Ency- ‘clopédie, l’idée des problèmes de Diophante, Ceux -qui voudront étudier plus à fond cétte matiere, Ja trouveront très-bien traitée dans les éémens d’Alge- bre de Saunderfon, ér-4°. Cambridge 1740 ,liv. WI. L. II. M. Euler dans différens. volumes des mémoires de Petersbourg, a donné aufl. d’une maniere très- favante la folution de pluñeurs problèmes du genre de ceux, de Diophante. . Remarquens en paflant que cette méthode de re- duire à dés quantités rationnelles les quantités irra- tionnelles, eft fort utile dans le calcul intégral , pour réduire une différentielle donnée en fraétion ration- nelle. Voyez CALGUL:INTÉGRAL , FRACTION RA- TIONNELLE. — , F JE à £ # d : | * En'effet foit donté ———, on transformera pVa+bx+azx cette quantité en fraétion rationnelle en fuppofant comme ci-deffus x +?=y7 ete DEEE AG trerif k d x formeroit de même Nr Res Va+rbx xx P — x eft un faéteur de a+ bx—xx, & faifant Va+ bx—xx—(p—x)z. Voyez le mémoire que J'ai donné fur ce fujet dans le volume de académie de Berlin, pour l’année 1746. Voyez aufñ le sraité du calcul intégral de M. de Bougainville le jeune, 1, pars, Chap. des transformations des différentielles. « L'ouvrage de Diophante eît, dit M. Saunderfon, » le premier ouvrage d’Alsebre que nous trouvions » dans l'antiquité. Ce n’eft pas qu'il foit l'inventeur » de cet art; car outre qu’on trouve quelques traces » dans des auteurs plus anciens, Diophante ne don- » ne point dans fon ouvrage les regles de PAlgebre: » il traite cette fcience comme déjà connue ». M. Saunderfon fait enfuite un grand éloge de la fagacité que Diophante à montrée dans la folution des problèmes qui ont retenu fon nom. Il ajoûte que du tems de Diophante, on ne connoïfloit point en- core la méthode de nommer par des lettres les nom- bres connus, comme on fait les nombres inconnus, ni la méthode d'introduire plufeurs lettres pour dé- figner plufñeurs quantités inconnues différentes ; il teconnoit que faute de cet avantage, on trouve quelquefois dans les folutions de Diophante un peu de confufion. Nous n’examinerons point ici fi ce qu'on trouve dans l'ouvrage de Diophante peut être regardé comme de l’Alvebre ; & fuppofé que c’en foit en effet, jufqu’où les anciens paroïfent avoir pouflé cette fcience. C’eft une queftion qui nous condui- roit trop loin, qui n’appartient qu'indireétement à cet article, & que nous pourrons avoir occafion de traiter aïlleurs, Voyez ALGEBRE & MATHÉMATI- QUES. (0) | DIOPTRE, f. m. (Chirurgie.) inftrument qui fert à dilater la matrice ou l'anus , afin d’examuner les maladies de ces parties. On l’appelle auff fpeculure & dilatatoire, V. SPECULUM 8&t DILATATOIRE.(Y) DIOPTRIQUE, f.f, (Ordre encycl. Entendement, Raïfon , Philof. ou Science, Science de la Nature, Ma- thématiques mixtes , Optiqueen général, Dioptrique.) eft la fcience de la vifion qui fe fait par des rayons rompus, c’eft-à-dire par des rayons qui paflant d’un milieu dans un autre, comme du verre dans Pair ou dans l’eau, fe brifent à leur paflage, & changent de direétion. On appelle aufi cette fcience araclafh- que. Ce mot qui vient du grec, fignifie féience des ré- fraitlions. Voyez ANACLASTIQUE & VISION. Le mot Dioptrique tire fon origine aufñ du grec; & eft compofé de da, per; au-travers ; & éœlopeus, Je VOIS. | La Dioptrique , prife dans un fens plus étendu, eft la troifieme partie de l’Optique , dont l’objet eft de confidérer & d'expliquer les effets de la réfraétion de la lumiere, lorfqw’elle païfe par différens muhieux : tels que l'air, l'eau, le verre, & fur-tout les lentil= les. Voyez OPTIQUE. Ainfi on peut diftinguer deux parties dans la Diop- trique ; Vune confidere indépendamment de la vifion, les propriétés de la lumiere, lorfqu’elle traverfe les corps tranfparens ; &C la maniere dont les rayons fe brifent & s’écartent,ou s’approchent mutuellement ; l’autre examine l'effet de ces rayons fur les yeux, & les phénomenes qui doivent en réfulter par rap- port à la vifion. ET. “. M. Defcartes a donnéunttraité de Dioptrique, qui eft un de fes meilleurs ouvrages. On trouve dans le recueil des œuvres de M. Huyghens, un traité de Dioptrique affez étendu. Barrow a traité auffi fort au en fuppofant que _ long de cette partie de l’Optique , dans fes Zectiones Optice ; auffi bien que M, Newton, dans un ouvrage DIO qui porte le même nitre , &: qu’on trouvé dans le re cueil de fes opufcules , imprimé à Laufanne en trois vols #1-4°. 1744. Cette matiere fe trouve aufi fort approfondie dans l’Optique du même auteur. M, Guifnée a donné, dans les 767. de l'atad, de 1704, la folution d’un problème général , qui renferme prefque toute la Drioprrique, & le P. Mallebranche a inféré ce problème à la fin de fa Recherche de la vé- sité. Nous parlerons plus bas d’un ouvrage de M, Smith fur cette matiere. Log Une‘des principales difficultés de la Dioprrique eft de déterminer le lieu de l’image d’un objet qui eft vû par réfraétion, Les auteurs d’Optique ne font point d'accord là-deflus. Pour expliquer bien nettement en quoi 1ls différent, imaginons un objet O ( fig. 65. d'Opr, n, 2.) plongé dans une eau tranquille, dont la furface foit F G, & que l’œil À voit par le rayon rompu © À 4. Il eft queftion de déterminer en quel endroit cet objet O doit paroître. Il eft certain d’a- bord qu'il doit paroître dans le prolongement du rayon 4 À, puifque l’oœil eft affeêté de la même ma- uere, que fi l’objet étoit dans le prolongement de ce rayon; mais en quel endroit de ce prolongement rapportera-t-on l’objet ? C’eft furquoi les auteurs de Dioptrique ont partagés. Les uns prétendent que Vobjet © doit paroître dans l’endroit où le rayon fompu 774 coupe la perpendiculaire , menée de Pobjet © fur la furface FG , c’eft-à-dire en L. La faifon principale que ces auteurs en apportent, eft que tout objet vü par un rayon refléchi eft toñjours rapporté à l’endroit où le rayon refléchi coupe la perpendiculaire menée de l’objet fur la furface reflé- chiffante , & qu'il en doit être de même dés rayons rompus. Mais, 1°. le principe d’où partent ces au- teurs fur le lieu de l’image vüûe par des rayons reflé- chis , eft fret à beaucoup de difficultés, comme on le verra à l’aricle MIROIR ; 2°. quand même ce principe feroit vrai & général, on ne feroit pas en droit de l’appliquer fans aucune efpece de preuve, pour déterminer le lieu de l’image vû par des rayons rompus. | | | _ D'autres auteurs prétendent que le lieu de l’ima- ge de l’objet O doit être au point X,, qui eft le point de concours des deux rayons rompus infiniment pro- ches, Î 4, H 4. Voici la raïfon qu'ils en appor- tent, Il eft certain que l’objet © envoye à l’œil 4 ün certain nombre de rayons, parce que la prunel- le a une certaine largeur. Si donc on fuppofe que LA êz Æ A {oient deux de ces rayons, il eft facile de Voir que ces rayons entrent dans l’œil, de la même maniere que s'ils venoient direétement du point X : Or tous les autres rayons qui entrent dans l'œil con- courent à-peu-près au même point À, parce que la prunelle a peu de largeur, & or le nombre des rayons qui y entrent n’eft pas fort grand : ainfi l’ob- jet doit paroître au point À. Il faut avoïüer que ce taifonnement paroît beaucoup plus plaufible que ce- lui des partifans de la 1° hypothefe : auffi l'opinion dont il s’agit ici, eft celle des plus célebres auteurs d’Optique, entre autres de Barrow & de Newton. Le premier de ces auteurs dit même avoir fait une expé. rience facile, par le moyen de laquelle il s’eft affñré de la fauffeté de l'opinion ancienne fur le lieu de li mage. Ilattacha au bout d’un fl NO (fig. 65. d'Op. 7. 3.) un plomb ©, & defcendit ce fil dans une eau ftagnante, dont la furface étoit F G ; enforte que la partie NF étoit vüe par réflexion au-dedans de l’eau, êc la partie O F par réfra@ion , l’œil étant placé en A: image de la partie NY, vüe par réflexion, étoit en ligne droite avec NF”, comme elle le devoit être en effet ; &c l’image de la partie O F paroïfloit s’éloigner de la perpendiculaire, & former une cour: be FR M, Or fi les points du fil O F devoient paroi- tre dans la perpendiculaire O #, comme le prétens DIO or, dent ceux qi foûtiennent la premiere Opinion , lis mage de la partie O F7 auroit dû paroître droite, &é non pas courbe ; & de plus elle auroit dû fe confon: dre avec celle de N 7, PE | Cependant Barrow avoue lui-même À la fin dé _ fon Optique, qu'il y a des cas où l’éxpérience eft Contraire à fon principe fur le lieu de limagé ! cé font les cas où les rayons rompus , au lieu d’entret divergens dans l'œil, y entrent convérgens ; car alors le point de réunion des rayons eft détriere l'œil, & on devroit voir l’objet dérriére foi , Ce qui eft abfurde. Voyez ce que nous dirons fur ce fujet à Particle MIROTR. Voyez auff£ APPARENT, M. Smith, dans fon Oprique imprimée à Cambrid- ge en 1738, & qu’on peut regarder comme l’ouvra- ge le plus complet que nous ayons jufqu’à préfent fur cette matiere , attaque Le fentiment de Barrow j & s’en écarte. Selon cet auteur, La grandeur appa- rente d’un objet và par un verre ou un miroir » CE d’abord proportionnelle à l’angle vifuel:; enfuite ; pour avoir le heu apparent, il dit que l’objet paroit à la même diftance à laquelle il paroîtroit à la vûe fimple , s’il étoit vû de la grandeur dont il paroit au moyen du verre, Ainf je fuppofe un objet d’un pouce de grandeur vû par un verre ; fi l’angle vifuel eft augmenté du double, l’objet paroîtra double: ce- la pofé, placez l’objet d’un pouce entre les deux rayons rompus qui forment l'angle vifuel , de ma- niere qu'il foit rafé par ces rayons ; & vous autez le lieu où paroïtra l’objet, M. Smith prétend avoir confirmé fon opinion par des expériences. Voyez fon ouvrage, art. 104. & [uiv, 139. € fuiv. & les remar- ques à la fin de l'ouvrage, pag. 304 6: fiv. Il prétend aufli expliquer par fon principe l'opinion de Barrow., Mais le principe de M. Smith éft - il lui - même fans dificulté ? Eft-il bien vrai en premier lieu que la grandeur apparente de l’objet dépende uniquement de l'angle vifuel ? Voyez APPARENT. Cela n’eft pas vrai dans l’Optique fimple : pourquoi cela feroit-1l vrai généralement dans la Dioprrique? Eft-il bien vrai en fecond lieu que la diftance apparente {oit dautant plus petite, que la grandeur apparente eft plus grande ? Je doute que l'expérience foit bien con: forme à cette idée. Un objet vû avec une forte lou pe, & fort grofli par conféquent, devroit fuivant cette regle paroïtre plus près que le même objet à à vüe fimple, Cependant cet objet n’eft éloigné que de quelques lignes de l'œil, & fon image paroït à une diftance beaucoup plus grande, Voyez IMAGE, Vision, & les articles cités ci-deflus. Voyez auffiles regles de la Dioptrig. expliquées plus au long dans les arsicles RÉFRACTION, LENTILLE ” &c. & l'application qu’on en fait dans la conftruttion des télefcopes , des microfcopes , & d’autres inftru- mens de Dioprrique, aux articles TÉLESCOPE , Ma CROSCOPE, &c. (0) DioPTRIQUE, adj. fe dit en général de tout ce qui a rapport à la Dioprrique. Il eft oppofé à carop- trique , aufli pris adjeétivement. Ainfi on dit sé/efco- pe dioptrique , d'un télefcope entierement par réfrac- tion, c’eft-à-dire compofé de verres, pour l’oppo- fer au telefcope catoptrique ou catadioptrique , qui eft un telefcope par réflexion, compofé de verres & de miroirs, Voyez TÉLESCOPE. (O DIOSCOREA, 1. f. (Hif. rar, bor.) vente de plante dont le nom a été dérivé de celui de Diofz coride. La fleur des plantes de ce genre eft mono: pétale , en forme de cloche , ouverte & découpée. Il s’éleve du calice un piftil qui traverfe le bas de la fleur , & devient dans la fuite un fruit à trois an- gles, & divifé en trois loges qui renferment des {e: mences plates ; arrondies & bordées d'un feuillet membraneux, Plumier, #09 plant, Americ, Sériêra Voyez PLANTE, (1) 1016 LE DIOSCURES, £. m.pl. (Mych.) furnom de Cale vor & de Poilux, qui fignifie qu'ils étoienit fils de Ju- piter. Ïl vient du grec dos, Jupiter y &T #oupoi y enfant de Jupiter, qui felon la fable fe dépuifa en cygne pour-féduire Leda leur mere. Ces deux héros furent du nombre des Argonautes, & rapporterent de la Colchide dans la Laconie la ftatue de Mars appel- fée Theritas. On croit qu'ils furvécurent à l’enleve- ment de leur fœur Helene par Paris , & qu'ils ne furent déifiés que plus de trente ans après la prife de Troie. Ils avoient un temple à Athenes , & on les repardoit principalement comme des divinités chargées du foin d’appaifer les tempêtes , &c par cette raifon on leur donna aufüle furnom de dieux fauveurs. On prétendoit que les feux qui paroiflent “ordinairement fur la fin des tempêtes, étoient une marqué de la préfence & de la proteétion des Diof- eures : idée fuperftitieufe que le Chriftiamifme n’a pas entierement détruite, puifque les matelots re: gardent encore aujourd’hui ce météore comme quelque chofe de divin, & lui rendent une efpece de culte. Les uns le nomment farnr Nicolas & faint Elme, d’autres corpo Janto. En conféquence de cet- te idée, les fculpteurs & les monétaires ont défi- oné les Diofcures dans les bas - reliefs & dans les mé- dailles, par une étoile placée au-deflus de leur bon- net.Il y a eu chez les anciens plufeurs autres Diof- cures que les fils de Leda & de Jupiter. (G) DIOXIE, L f. JwËcie, er Mufique, eft, au rap- port de Nicomaque, un nom que les anciens don- noient quelquefois à la confonnance de la quinte, qu’ils appelloient communément diapente, Voy. DrA- PENTE, (S) sh, DIPHRYGES , (Mérallurg.) nom que les anciens ont donné à une elpece de crafle qui s'attache aux parois des fourneaux, dans lefquels on a fait fondre le cuivre jaune ou laiton. Elle contient une petite portion de zinc. Voyez CADMIE. (—) DIPHTHONGUE, f. f, serme de Grammaire; ce mot par lui-même eft adjeétif de /yllabe ; mais dans Vufage , on le prend fubftantivement. « eftune fylla- be monophthongue, mevogSoyyo, c’eft-à-dire une fyl- fabe énoncée par un fon unique Ou fimple ; au lieu que la fyllade 44, prononcée à la latine #-ou,8t com- me on la prononce encore en Jtalie, 6c. & même dans nos provinces méridionales ; au, dis-je , ou plü- tôt a-ou, c'eflune diphthongue , c'eft-à-dire une fyl- labe qui fait entendre le fon de deux voyelles par une même émiflion de voix , modifiée par le concours des mouvemens fimultanées des organes de la parole. RR. dé, bis, & pS0yyos , Jonus. L’effence de la diphihongue confifte donc en deux points. | 1°, Qu'il n’y ait pas, du moins fenfiblement, deux mouvemens fucceflifs dans les organes de la parole. | 2°, Que l'oreille fente diftinétement les deux voyel- les par la même émiffion de voix : Dieu, j'entens l &c la voyelle ez, & ces deux fons fe trouvent réunis en une feule fyllabe, & énoncés en un feul tems. Cette réunion , qui éft l’effet d’une feule émiffion de voix, fait la diphthongue, C’eft l'oreille qui eft juge de la diphthongue, on a beau écrire deux, ou trois , ou quatre voyelles de fuite, fi l'oreille n’entend qu'- un fon, il n’y a point de diphthongue : ainfi au, ar, oiens , &c. prononcés à la françoïfe 6, à, é, ne font point diphchongues, Le prermer eft prononcé comme un o long, «u-mône, au-ne: les partifans même de l’ancienne orthographe l’écrivent par o en plufieurs mots, malgré l’étymologie or, de aurum, o-reille , de auris : & à l'égard de &, ot , aient, on les pronon- ce comme un à, qui le plus fouvent eft ouvert, pa- ZJais comme fuccès , ils av-oien-t, ils avé, êcc. Cette différence entre l'orthographe & la pronon- giation , a donné lieu à nos Grammairiens de diviler DIP | les diphthongues en Vraies où propres, & en fauffes - ‘ou impropres. Îls appellent aufi les premieres, diphs thongues de l'oreille, & les autres, diphthongues aux yeux: ainf le & l’æ , qui ne fe prononcent plus au- jourd’hui que comme une, ne font diphthongues qu’ aux yeux; c’eft improprement qu'on les appelle dipk- thongues. | Re Nos voyelles font, é,è,6,1,0,%,e,e muet; ‘64. Nous avons encore nos voyelles nafales, 42, en. in, on, un: c'eft la combinaïfon ou l’union de deux de ces voyelles en une feule fyllabe, en un feultems, qui fait la diphrhongue. Les Grecs nomment prépo/itive la premiere voyel- le de la diphthongue, & poftpofitive la feconde : ce n’eft que fur celle-ci que l’on peut faire une tenue ; comme nous l’avons remarqué au 7204 CONSONNE. . Il feroit à fouhaiter que nos Grammaitiens fuflent d’accord entre eux fur le nombre de nos diphthon- gues ; mais nous n’en fommes pas encore à ce points là. Nous avons une grammaire qui commence la lifte des diphthongues par eo, dont elle donne pour exem= ple Géographie, Théologie: cependant il me femble que ces mots font de cinq fyllabes, Gé-o-gra-phi e ; Thé-o-lo-gi-e. Nos Grammairiens & nos diétionnairés me paroiflent avoir manqué de jufteffe & d’exaétitu de au fujet des diphrhongues, Mais fans me croire plus infailhble, voici celles que j'ai remarquées, en fui vant l’ordre des voyelles ; les unes fe trouvent en plufieurs mots , & les autres feulement en quelques= Unis, _ Ar, tel qu’on l’entend dans l’intereétion de dou= leur ou d'exclamation 42 , ai, ai, & quand l’z entre en compofition dans la même fyllabe avec le mouillé fort, comme dans w7-ail, b-ail, de l’-uil, ati-r-ail, évan-t-ail, por-t-ail , &c. ou qu'il eft fuivi du moiil- lé foible , la ville de B/-aye en Guienne, les iles Za- c-ayes en Amérique» | | Cette diphrhongue ai eft fort en ufage dans nos pro- vinces d’au- delà de la Loire. Tous les mots qu’on écrit en françois par ai, comme fusre, néceflaire, ja= mais , plaire, palais, &tc. y {ont prononcés par 4-£ diphthongue : on entend l’x & li. Telle étoit la pro- nonciation de nos peres, & c’eft ainfi qu’on pronon- ce cette diphthongue en grec, pouces , riuai; telle efk auffi la prononciation des Italiens, des Efpagnols ,; Éc, Ce qui fait bien voir avec combien peu de raifon quelques perfonnes s’obftinent à vouloir introduire cette diphthongue oculaire à la place de la dphrhon- gue oculaire 07 dans les mots François, croire, &tc comme fi #2 étoit plus propre que oi à repréfenter le fon de lè, Si vous avez à réformer oi dans les mots où il fe prononce à, mettez à : autrement, c’eftréfor- mer un abus par un plus grand , & c’eft pécher con- tre l’analogie. Si l’on écrit François, J'avois , c'eft que nos peres prononçoient François , 7 ’avois ;: mais on n’a jamais prononcé Français en faifant entendre l’a & lz. En un mot, fi l’on vouloit une réforme, if falloit plütôt la tirer de procès , fuccès , très, auprès ; dès, &c. que de fe regler fur palais, &t fur un petit nombre de mots pareils qu’on écrit par &, par læ raifon de l’étymologie palatium , & par ce que telle étoit la prononciation de nos peres; prononciation qui fe conferve encore, non-feulement dans les au- tres langues vulgaires, mais même dans quelques: unes de nos provinces. Il n’y a pas long-tems que l’on écrivoit ar, natus, il eft nai; mais enfin la prononciation a foûmus l’or- thographe en ce mot, & l’on écrit ze, Quand les Grecs changeoïent ai en dans la pro“ nonciation , ils écrivoient néipa , actollo, dpor, attol« lebam. Obfervons en pañlant que les Grecs ont fait ufage de cette diphthongue ai, au commencement, au mui- lieu, 6 à la fin de plufeurs mots, tant dans les noms que que dans les verbes : les Latins au contraire ne s’en font guere fervis que dans l’interjeétion 47, ou dans quelques mots tirés du Grec. Ovide parlant d'Hya- cinthe , dit, | Ipfe Juos gemitus foliis inftribit : 6° at ai Flos habet inferiptum. Ovid. met, div. À, v. 215. Lorfque les Latins changent l en ai, cet ai n’eft point. diphthongue, 1l et diffyllabe. Servins fur ce vers de Virgile, | Aulaï in medio. Æneid, liv. II, y. 354. “dit aulaï pro aulæ, 6 eff diærefis de grec. ratione ve- riens ; quorum ai diphthongus refoluta , apud nos duas fyllabas facir. Voyez DiERÈSE. Mais paflons aux autres dphthongues, J’obferve- rai d’abord que l’i ne doit être écrit par y, que lorf- qu'il eft le figne du mouillé foible. EAv. Fléau, ce mot eft de deux fyllabes. Etre leffroi du monde G le fléau de Dieu, Cor- neille, À Pégard de /éau , eau, communément ces trois let- tres eau fe prononcent comme un o fort long , & alors leur enfemble n’eft qu’une diprhongue oculaire ou une forte de demi-diphtongue dont la prononciation doit être remarquée : car 1l y a bien de la différence dans -la prononciation entre un /éaz à puifer de l’eau & un /ot, entre de l’eau & un os, entre la peau & le P6 tiviere ou Paz ville. M. l’abbé Regnier, gramm. pag. 7o. dit que l’e qui eff joint à ax dans cette diphthon- gue, {e prononce comme un € féminin, & d’une ma- mere prefqu'imperceptible. ÆET, comme en Grec reve, tendo : nous ne pro- nonçons guere cette diphthongue que dans des mots “étrangers, be: oubey , dei ou dey ; le dey de Tunis ; ou avec le 7 nazal, comme dans teindre , Rheims, ville. Selon quelques grammairiens on entend en ces mots un z très-foible, ou un fon particulier qui tient de l’e &c de l’z. Il en eft de même devant le fon mouillé dans les mots /o-l-eil , con-feil, fo-meil, &cc. Mais felon d’autres il n’y a en ces derniers que l’e fuivi du fon mouillé ; le y-1e-1/-home , con-f-e-il ; fom- eil, &tc. & de même avec les voyelles &, o4, eu. Ainfi felon ces grammairiens , dans æ/ qu'on pro- nonce ei, il n’y a que ex fuivi du fon mouillé , ce qui me paroît plus exa&. Comme dans la prononcia- tion du fon mouillé, les organes commencent d’a- bord par être difpofés comme fi l’on alloit prononcer 2 , il femble qu'il y ait un :; mais on n’entend que le {on mouillé , qui dans le mouillé fort eft une confon- ne : mais à l'égard du mouillé foible , c’eft un fon mui- toyen qui me paroit tenir de la voyelle & de la con- fonne : mo1-yen, pa-yen ; en ces mots, yez eft un fon bien différent de celui qu’on entend dans bien, mien , tien, | TA , d-ia-cre , d-ia-mant, fur-tout dans le difcours ordinaire : facre ; les Plé.ia-des , de la v-ian-de , négo- c-ian-t, incOnVÉ-11-1en-t. IE. P-iéou p-réd , les p-ié-ds , ami-rié, pi-rié, pre- m-ler , der-ni-ier , 1é-t-e-r. TE ouvert. Une v-iè-le inftrument, vol-iè-re, Gu-iè. ne province de France, V-iè-ne ville, ou verbe, ve- flat , -lai-$ , b-iai-s ÿ on prononce ziès , biès, f-iè-r, uns-iè-rs ; le cie-l, Ga-br-ie-l , ef-fen-t-ie-l, du m-ie-l, fie-l. TEN , où l’r n’eft point un mouillé foible ; #-2en, 7-ien , t-ier, f-ien , en-tre-t-ien , ch-ien ; comé-d-ien , In-d-ien , gar-d-ien , pra-ti-c-ien ; Vi 8 la voyelle na- zale er font la diphihongue. LEU ; Dieu , lieu, les c-ieu-x , m-1eu-x. To ; f-io-le, capr-io-le, car-io-le, v-io-le, fur-tout en profe. | TON ; p-ion, que nous ai-m-107-s , di-frion-s, Êtc. Tome IF, D I P 1017 act-1on , occa-f-ion : ion eft fouvent de deux fyllabes en vers. To ; cette diphthongue n’eft d’fage que dans nos provinces méridionales,ou bien en des mots qui vien- nent de-là ; Mon-tefqu-iou, Ch-iou-r-me, O-l-iou-les ville de Provence; la Ciotat, en Provence on dit Z4 C-iou-tar. Va, YAN,YEemuet, YÉ, &c. li ou l’y a fous vent devant les voyelles un fon mouillé foible ; c’eft- à-dire un fon exprimé par un mouvement moins fort que celui qui fait entendre Le fon mouillé dans 7er- failles, paille ; mais le peuple de Paris qui prononce Ver/a-ye, paye, fait entendre un mouillé foible ; on l'écrit par y. Ce fon eft effet du mouvement affoi- bi qui produit le mouillé fort ; ce qui fait une pro- nonciation particuliere différente de celle qu’on en« tend dans mien , tien, où il n’y a point de fon mouil- lé, comme nous l’avons déjà obfervé. Aïnfije crois pouvoir mettre au rang des diphthon- gues les fons compotés qui réfultent d’une voyelle jointe au mouillé foible ; 4-yan-t , vo-yan-t, pa-yéns pai-yan-t, je pai-ye, em-plo-ye-r, do:yen, afin que Vous /0-ye-?, dé-lai-ye-r, bro-ye-r, Or. La prononciation naturelle de cette d'phhon gue eft celle que l’on fuit en grec, \w+01 ; on entend lo & li, C’eft ainfi qu'on prononce communément voi-ye-le, voi-ye-r, moi-yen, loï-yal, roi-yaume ; dû écrit communément voyelle, voyer, moyen, loyal » royaume. On prononce encore ainfi plufieuts mots dans les provinces d’au-delà de la Loire; on dit Sa- v-0i-e, en faifant entendre l’o & l’:. On dit À Paris Sa-v-0-ya-rd ; ya eft la diphthongue, Les autres manieres de prononcer la diphthongue one peuvent pas fe faire entendre exatement par écrit : cependant ce que nous allons obferver re fera pas inutile à ceux quiont les organes aflez délicats & affez fouples pour écouter & pour imiter les perfon- nes qui ont eu Pavantage d’avoir été élevées dans la capitale , & d’y avoir reçü une éducation perfeion- née par le commerce des perfonnes qui ont l’efprit cultivé. | Il y a des mots où o7 eft aujourd’hui prefque toû- jours changé en 0e, d’autres où oi fe change en ox, & d’autres enfin en ou: mais il ne faut pas perdre de vûe que hors les mots où l’on entend lo & li, comme en grec Awyu, il n’eft pas poffible de repré- {enter bien exaétement par écrit les différentes pro- nonciations de cette dphthongue. OT prononcé par 0e où l’e a un fon ouvert qui ap- proche de Vo ; foi , Loi, fr-oi-d, r-oi-&, m-oi, à foi. Jon , qu-oi, c-oi-ffe, oi-feau, j-oi-e , d-oi-gt (digitus), d-oi-t (debet) , ab-oi-s , toi-le, &tc. OT prononcé par 04 ; m-o1-S, p-01-s, n-0i-x, tr-0i-Ss la ville de Tr-o1-e , &c. prononcez , m-04 , p-04, &C. O1 prononcé par oua ; b-ors (lignum), pronon- cez b-ou-a, OIn : foin, Loin, be-f-oin, foin, J-oin-dre, m-oin-s, on doit plütôt prononcer en ces mots une forte d’e nazal après lo, que de prononcer owir; aïinf pro- noncez foeën plütôt que fouin. Il faut toüjours fe reflouvenir que nous n’avons pas de fignes pour repréfenter exaËtement ces fortes de fons. OvA écrit pat ua, ég-ua-tenr , ég-ua-tion, ag-ua- tique, quin-q-ua-géfime; prononcez é-c-oua-teur, é-q-on4 ton , 4-qrOua-tique , qUiri-q-Oua-géfime. OE : p-oete, p-0e-me; ces mots font plus ordinai- rement de trois fyllabes en vers ; mais dans la liberté de la converfation on prononce poe comme dipk- thongue. OU AN : Ec-ouan , R-ouan, villes , diphthongues en profe. QUE : oue-ft, fud-oue-ff, | uw. É NNNnann 1018 D IP Ou1 : b-oùi-s , Loüi-s, en profe; ce dernier mot eft de deux fyllabes en vers; où, 1ta. ü | un, Où , ce font ces plaifirs 6 ces pleurs que J envie. Où, je t’acheterai le praticien françois. Racine. OUIN : bara-g-oüin , ba-b-oin. | UE : ftatue ég-ue-ffre, ca- Lue-l, an-ue-l, éc-ue-le, reue-le, tr-ue-le , fux-tout en profe. Ur : Lui , étui, nuit, bruit, fr-uit, huit ; uisre, je Puis , un fui-ffe. UIN : Al-c-uinthéologien célebre du tems de Char- lemagne. Q-uin-quagéfime, prononcez qui comme en latin ; & de même Qui ci-lien , le mois de Juin, On entend l’x &z l’: nafal. Je ne parle point de Caër, Laon , paon , Jean, &tc. parce qu'on n'entend plus aujourd’hui qu'une voyel- le nafale en ces mots-là, Caz, pan , Jan, &c. Enfin il faut obferver qu'il y a des combinaïfons de voyelles qui font diphchongues en profe & dans la converfation, & que nos poëtes font de deux fÿl- labes. Un de nos traduéteurs a dit en vers, Voudrois-tu bien chanter pour mot , cher Licidas , Quelqu'air fe-ci-li-en. Longepierre ? On dit f-ci-lien en trois fyllabes dans le difcours or- dinaire. Voici d’autres exemples. La foi, ce nœud facré, ce lien pré-ci-eux. Brebeuf. Il eftjufte, grand roi, qu’un meurtri-er périffe. | Corneille. Allez , vous devri-ez #zourir de pure honte. Mol. Vous perdri-ez Le tems en difcours fuperflus. Fontenelle. Cette fiere raif[on dont on fait tant de bruit, Contre les pañli-ons z’eff pas un sûr remede. Deshoulieres Non ,je ne hais rien tant que les contorfi-ons De tous ces grands faifeurs de proteftati ons. Moliere. La plüpart des mots en 02 & ions font diphthon- gues en profe. Voyez les divers traités que nous avons de la verffication françoife. Au refte, qu'il y ait en notre langue plus on moins de diphthongues que je n’en ai marqué, cela ef fort indifférent, pourvû qu’on les prononce bien. Il eft utile , dit Quintilien , de faire ces obfervations ; Céfar, dit-il, Cicéron, & d’autres grands hommss, les ont faites ; mais il ne faut les faire qu’en pañlant. Marcus Tullius orator , artis hujus diligentiffimus fuir, & in filio ut in epiftolis apparet. . . . . Non obffant ke difcipline per 1llas euntibus, fed circa illas hærenti- bus. Quant. nflit. orat. lib. I. cap, vij. in fine. (F) * DIPLETHRUM , fm. (Hif£. anc.) mefure des champs à l’ufage des Grecs; c’étoit le double du plethrum. Le plethrum étoit de 125 piés quarrés, & ar conféquent le Zplechrum du double. DIPLOÉ, f. m. terme d’ Anatomie, fubftance fpon- gieufe & qui fépare les deux tables du crane, & for- ment avec elles le crane. Voyez CRANE. La fubftance du diploé étant fpongieufe , s’imbibe aifément du fang , & fe trouve partagée en une inf- nité de petites cellules de différentes grandeurs, qui reçoivent les petites branches des arteres de la dure- mere , & donnent iflue aux petites veines qui vont fe rendre dans fes finus. Chambers. (L) DIPLOIS , f. m. (Æif£. anc.) c’eft un mot grec qui fignifie un habit double ou un manteau double, On dit que les anciens ne doubloient pas leurs habits, & qu’- ils appelloient diplois ou habiss doubles ceux qu étoient fi vaftes, qu’on pouvoit les replier & les remettre doubles : tels étoient les manteaux des pli- lofophes cyniques ; ils les replioient autour d’eux D'IP pour ne fe pas découvrir entierement à nud, parce qu'ils n’avoient point de tuniques par-defflous. Hora- ce parlant de Diogene le cynique, Liv. L.-ép. 17. dit, contra que duplici panno patientia velar. Le pfalmifte prie Dieu de confondre ceux qui le déchiroient par leur médifance , & de les couvrir de honte comme d’un habit doublé : operiantur ficur di- ploide confufione fuä. Mais l’hébreu mer! fignifie pro- prement un #anteau où habit de deffus. Baruch a aufü employé le terme dplois ; ch. y. verf. 2. mais comme nous ne l’avons pas en hébreu, nous ne pouvons dire ce qu'il a voulu marquer par ce mot. Calme, dif, de la bible, (G) DIPLOME & DIPLOMATIQUE. Les diplomes font des aétes émanés ordinairement de l’autorité des rois, & quelquefois de perfonnes d’un grade in- férieur. Diplomata funt privilegta € fundationes im- peratorum, regum, ducum, comitum, &C. Antorius Matth. notation. ad Egmundan. chronic. cap. xviy. Ce feroit ce qu’on pourrait aujourd’hui nommer des lettres patentes. S1 ce terme vient du grec, comme on l’en foupçonne, il fignifieroit le duplicata ou la co- pie double d’un aéte; peut-être parce qu'il s’en gar- doit un exemplaire ou des minutes, ainfi qu'il fe fait depuis long-tems, foit dans Les lettres des princes, foit dans prefque tous les aétes qui fe pañfent entre particuliers chez les notaires. Du terme de diplome eft forti celui de dplomati- que, qui eft la fcience & l’art de connoiïtre les fie- cles où les diplomes ont été faits, & qui fuggere en même tems les moyens de vérifier la vérité & la faufleté de ceux qui pourroient avoir été altérés, contrefaits, & imités, pour les fubflituer quelque- fois à des titres certains & à de véritables Splomes ; ce qui s’eft pratiqué, ou pour réparer la perte qu’on auroit faite des vrais diplomes, ou pour augmenter les graces, droits, priviléges, immunités, que les princes ont accordés à quelques communautés ecclé- fiaftiques ou féculieres. Jai dit que la diplomatique étoit la fcience & l’art de difcerner les vrais titres d’avec ceux qui étoient ou faux ou fuppofés : par-là on voit qu’elle renfer- me quelque partie de fcience, par l’ufage qu’on doit faire dans ce difcernement de la connoïffance exac- te de la chronologie qui étoit différemment pratiquée chez les différentes nations. Ainfi ancienne chrono- logie d’Efpagne n’étoit pas la même que la nôtre ; & celle des Grecs & des Orientaux en eft encore plus éloignée; mais celle d'Italie l’eft beaucoup moins. Cette partie eft eflentielle, parce qu'il eft quelque- fois arrivé de mettre dans ces fortes d’aêtes falffés une chronologie qui n’étoit pas encore en ufage par- minous. Une autre portion de fcience qui entre dans le difcernement des Zplomes, eft la connoïffance des mœurs & du ftyle diplomatique de chaque fiecle ; ce qui demande beaucoup de recherches & de réfle- xions. L’art y entre aufli pour quelque chofe; il con- fifte à favoir diftinguer les écritures des divers tems 8e des différentes nations ; l'encre dont on s’eftfervis les parchemins & autres matieres qu’on y employoit; les fceaux aufli-bien que la maniere de figner &r d’ex- pédier tous ces adtes: voilà ce qui concourt à l’u- fage de la diplomatique. On donne auffi aux diplomes le nom de #itres &c de chartes : comme titres , ilsfervoient & fervent en- core pour appuyer des droits légitimes, ou pour fe maintenir dans la poffeflion de certains privilèges, graces, & immunités: on les a nommés charres ; à caufe de la matiere fur laquelle ils étoient écrits, qui de tout tems a été appellée par les Grecs #aprns OÙ æapror, & par les Latins même de la purée latinité charta, 8 quelquefois mermbrana. Cicéron ne s’eft pas moins fervi de ces deux termes que du mot di- ploma, D I P L’ufage & l’émploi des diplomes & des chartes fert aufh pour la connoiflance de l’ancienne origine des grandes maïfons : comme leurs chefs ont fondé plufieurs abbayes ou monafteres , ou que du moins ils en ont été les bienfaiteurs, ils ont eu foin à ce premier aëte de religion d’en ajoûter un fecond , qui étoit d'établir des prieres pour le repos de l’ame de leurs peres & de leurs ancêtres, dont les noms fe trouvent expreflément marqués dans la plüpart de ces diplomes ou de ces chartes. C’eft ainfi que les ti- tres ou les diplomes de l’abbaye de Mure ou Muri en Suifle , imprimés en 1618, 1627, & 1718, nous font connoître l’origine de la maïfon d'Autriche. On n’ignore pas qu’en matiere de généalogie, l’hi- foire & les titres fe prêtent un mutuel fecours : dès que l’hiftoire nous manque , on a recours aux titres; & au défaut des titres on employe l'autorité des hif- toriens, fur-tout des contemporains. Ce font des té- moignages publics , qui fouvent font plus de foi que les titres, qui font des témoins fecrets & particu- liers, Cependant dès qu'il s’agit de fe faire reflituer quelques fiefs aliénés, des principautés, des domai- nes ufurpés par des étrangers, ou des droits qui tom- bent en litige, alors les titres font beaucoup plus né- ceflaires que l’hiftoire , parce qu’ils entrent dans un plus grand détail. Les magiftrats & les dépoñitaires de la juftice ne connoïffent que ces fortes d’aûes; c'eft ce qui les détermine dans leurs jugemens & dans leurs arrêts. L’hiftoire ne fert que pour développer l’illuftration des maïfons : elle fait connoître la di gnité des perfonnes, la grandeur de leur origine ; & jamais on ne l’employe pour les matieres d'intérêt ; ce n’eft pas fon objet. C’eftainfi que la maïfon d’Au- triche, qui felon le P. Hergott fon dernier hiftorien, ne remonte par titres qu'à neuf générations au-def- fus de Rodolphe d'Habsbourg , s’éleve encore felon cet auteur à neuf autres générations, mais feule- ment par l’hiftoire, au-delà des neuf qu’elle prouve par les titres ; ce qui fait dix-huit générations au-def- fus du milieu du xij. fiecle. Ainfi la maifon de Fran- ce qui remonte par titres jufqu'au roi Eudes en 888, porte par l’hiftoire fa généalogie à des tems beau- coup plus anciens, quelque fentiment que lon em- brafle, au-delà de Robert-le-Fort qui vivoit au milieu du yx. fiecle. On fe fert encore des diplomes pour l’hiftoire par- ticuliere des églifes cathédrales, des abbayes, des villes, 8 même quelquefois des provinces ; mais ils Tont de peu d’ufage pour l’hiftoire générale : nous avons pour cette derniere des monumens qui font moins expofés à la critique ou à la mauvyaife humeur des favans. Mais par une fatalité qui vient fouvent de la ma- lignité des hommes , il n’eft rien que l’on n’ait dit contre les titres , les diplomes , les chartes & les ar- chives des communautés, fur-tout de celles des per- fonnes d’églife. Bien des gens n’y ajoûtent que très- peu de foi, parce qu'y en ayant beaucoup de fup- pofés, grand nombre de falfifiés & d’altérés, on a fait porter aux vrais dplomes la peine qui n’eft dûe qu'à ceux qui font faux ou contrefaits par des fauf- faires. Il eft vrai, & tous généralement conviennent qu'on €n a fabriqué ou falfifié un grand nombre ; il fe trouve même des livres où il y a plus.de faux titres que de véritables : c’eft le jugement qu'André Duchène, dans fa fibliorheque des hifforiens de Fran- ce, a porté des mémoires G recherches de France & de La Gaule aquitanique , imprimés à Paris en 1 581, fous le nom de Jear de Laffage. Plufieurs favans ont crû que des communautés aflez réoulieres ayoient peine à lever les doutes qu’on formoit fur les bulles qui fervent de fondement à leurs priviléges : on a mis dans ce nombre ceux de S. Germain des Prés, de p, Denis, de S. Médard de Soiflons, de Prémontré, Tome IF, D I P 1019 8t mème jufqu’à la bulle fabbatine dés Carmes. On croit cependant qu’il faut avoir trop de délicateffe pour n'être pas content des apologies qu’on a faites de ces priviléges. J'ai dit qu'il y avoit des chartes totalement fup- poiées, & d’autres qui ne font que falfifiées, Ces dernieres font les plus difficiles à reconnoître , parce que ceux qui étoient les maîtres des originaux , ajoûtoient dans leurs copies ce qui convenoit à leuts intérêts. L’on ne peut vérifier la falfification que par les chartes originales, quand elles font encore en nature, Ou par d’autres privilèges poftérieurs , op- polés à ceux contre lefquels on forme quelques foup- çOns. { Il'eft beaucoup plus facile de reconnoître les char- tes js font entierement fuppofées. On peut dans ces fuppofñtions avoir pris une de ces deux voies : 1°. Un homme verfé dans la le@ure de ces pieces, en aura là une dans laquelle on retrouve les mœurs & le caraétere du fiecle où vivoit le fauffaire “8 non pas celui auquel il impute fa prétendue charter: 2°. L'on aura peut-être pris le corps d’une autre charte , dans la copie ou limitation de laquelle on fe fera contenté de changer l'endroit qui fert de mo- tif à la fuppofñition. Une regle qui découvre également la fauffeté de ces deux fortes de chartes, confifte dans les notes chronologiques qu’on y met ordinairement : par exemple, fi l’on fe fert d’époques qui métoient point encore en ufage au tems où l’on fuppofe que le titre a été fait, comme cela peut arriver dans les pieces qu'on croiroit du dixieme fiecle ou des précedens , &t qui cependant feroient marquées par les années de l’ere chrétienne , qui n’a été en ufage dans ces fortes de monumens que dans l’onzieme fiecle jou s'il s’y trouvoit quelque faute par rapport au regne des princes fous lefquels on dit qw’elles ont été fai- tes, où même fi elles étoient fignées par des perfon- nes qui fuffent déjà mortes, on fi l’on y trouvoit le nom & la fignature de quelqu'autre qui n’auroit vécu que long-tems après. Il faut néanmoins fe fervir de ce dernier article avec quelque précaution & beau- coup de modération. Il eft arrivé dans la fuite qu’on a joint des notes chronologiques qui n’étoient point dans les originaux : c’eft ce que le P. Mabillon re- marqueà l'occafion d’une lettre du pape Hoñorius, datée de l’an de Jefus-Chrift 634, & rapportée par le vénérable Bede, qui paroît y avoir lui-même ajoûté cette date. Il pourra même y avoir quelque faute par rapport au regne des princes , fans que pour cela on foit en droit de s’inferire en faux con- tre ces chartes, pourvu que ces fautes ne viennent point des originaux, mais feulément des copiftes. Il n’eft pas difficile de connoître par d’antres caraéte- res ; fi ce mécompte vient d’inadvertance:ou de fal- fification réelle. Et quant à ce qu’on a ditic-deflus, qu'on voit quelquefois dans des chartes la fignature de perfonnes qui n’étoient pas encore au monde, ce n'eft pas toûjours nne marque de fauffeté, parce qu'un roi, un prince , un prélat, auront été priés de confirmer par leur fignature , un privilége accordé long-tems avant eux. . Je pourrois apporter encore beaucoup-d’autres obfervations qui fervent à faire connoître ces fauffe- tés. Il fuffit 1c1 d’avertir qu’une charte peut être fauf- fe, quoique le: privilege qui s’y trouve énoncé foit certain. Desperfonnes qui ont eu destitres authen- tiques ; & qui les auront perdus, ne faifoient pas difficulté de fuppofer un nouveau diplome, pour fe maintenir dans la poffeffion des droits qui leur étoient acquis ,*8 qu'ils appréhendoiïent qu’on ne leur dif- putät ; ainfi ils auront commis un ‘crime dont leur intérêt leur, cachoit l’énormités + 1 2 Toutes ces difficultés n’ont fervi qu'à décrier les NNNnani 1020 D I P Chartes, les diplomes & les archives particulieres où ils font dépofés. Sans parler des terms antérieurs, “Conringius célebrée littérateur allemand , lavoit fait ‘en 1672, lorfqu'il attaqua les diplomes de l’abbaye ‘de Lindau , monafteré confidérable vers l'extrémité “orientale du lac de Conftance. Le P, Papebroeck, de plus illuftre des continuateurs du recueïl de Bol- Jandus, fe déclara en 167$ contre la plüpart des ti- tres : il propoñfa des regles qui depuis ont été con- teftées. M. l'abbé Petit qui publia en 1677 le pém- tentiel de Théodore archevêque de Cantorbery, fe -déclara contre la plüpart des chartes &c des diplomes. ‘Le P. Mabillon , touché de tant de plaintes qui pou- ‘voient retomber fur fes confreres, fe préfenta pour Jes juftifier ; c’eft ce qui produifit en 1681 le grand & célebre ouvrage de re diplomatici , qui ne pouvoit être quele travail d’une cinquantaine d’années, tant on y trouve de favoir & de recherches précieufes & importantes. On doit regarder cet écrivain comme un pere de famille qui cherche à défendre les biens qui lui font acquis par une longue poflefion. Son ouvrage fut recû différemment , & a fait depuis le fujet de plufieurs difputes auf obfcures qu’elles font intéreflantes. On a prétendu que fon travail n’avoit pas une étendue aflez générale, parce qu'on n'y trouve pas les différens caraéteres ufités en Efpagne, en Italie, en Angleterre & en Allemagne: mais que -chaque favant en état de travailler cette matiere “dans les différens royaumes, faffe fur fa nation ce que lé P, Mabillon a fait fur la France, & l’on pourra dire que par ce moyen on arrivera à une diploma- tique univetfelle. Pour en venir à quelque détail, deux ans après que le livre de la diplomatiqne eut paru, le P. Jour- dan ,de la compagnie de Jefus, fe déclara contre les titres & les diplomes en général, dans fa critique de l’origine de la maifon de France, publiée ou travaillée fur de faux titres par M. d’'Efpernon. « Toutes ces # chartes particulieres (dit Le P. Jourdan pag. 232.) # font des fources cachées, fecretes , ténébreufes & + écartées, & l’on ne fait que trop qu’elles font fu- # jettes à une infinité d’accidens, d’altérations , de » furprifes & d’illufons : elles reflemblent à des tor- » rens échappés à-travers les terres, qui groffiffent #» à la vérité l’eau des rivieres, mais qui la troublent » ordinairement par la boue qu'ils y portent. Ces » chartes peuvent donner quelquefois de l’accroiffe- # ment à l’hiftoire ; mais fouvent cet accroiflemient # eff fort trouble , & il en Ôte la clarté & la pureté, # à moins qu'elles ne foient bien certaines & bien » éprouvées. Nous ne devons pas juger de la vérité # de l’hiftoire par ces chartes particulieres, mais | » nous devons juger de la vérité de ces chattes par # l’hiftoire. » Le P. Jourdan continue fur le même ton, page-257 de fa critique. Enfin, page 259, il conclut par ces paroles : que « le monde fe raffine » tous les jours eñ matiere de chartes, 8c qu’il n’eft # pas für d’expofer de mauvaifes pieces, avec cette # préfomption qu’elles pourront pafler pour vraies, #, qu'on ne les reconnoïtra pas. J'apprends auffi (dit- :» 11) que je ne fuis pas Le feul qui fe foit apperçû de » l’infidélité de ces chartes, & que bien des perfon- ».nes reviennent de ces premiers applaudiflemens # qu'elles avoient d’abord cauiés ». M. Gibers, homme favant & avocat au parle- ment , en avoit parlé à-peu-près dans le même fens., dans ce qu'il a écrit de l’origine des François & des Gaulois ; maisail a {à fe radoucir par une re- marque particuliere-qu’ila mife à la fin de fon livre, & il veut bien qu’on en appelle à l’hifloire & aux hiftoriens pour examiner la vérité des chartes 8 des diplomes, C’eft encore beaucoup que de favoir em- pores ce fage tempérament en une matiere dou- eu ee M. Baudelot de Dairval porta les chofes plus loin en 1686, dans fon livre de l’uriliré des voyages, tome IT. page 436. où il dit que « quoïque le P. Mabillon » ait touché quelque chofe du caraéteté gothique & » du lombard , il n’a point parlé de ceux des autres » pays & des autres langues ; ce qui néanmoins au- » roit été néceflaire , puifqu'ils ne renferment pas » moins ce qu'il y à de précieux dans la Religion, » l’'Hiftoire , la Politique & les autres Sciences. De- » là vient que bien des gens avec mor, & quelques- » uns même de fes amis, ont trouvé que cet ouvrage » ne donne qu'une connoïffance fort legere &c très- » bornée fur cette matiere, pour Fintelligence des » titres & des autres manufcrits. » Cet ouvrage du P. Mabillon eft devenu célebré par les difputes qu’il a caufées depuis plus de cin- quante ans, par rapport à la matiere en elle-même, & je me perfuade qu'on ne fera pas fâché de favoir quelle en a été l’origine : je tire cette remarque du favant auteur que je viens de citer. « Au refte, com- » me vous aimez l’hiftoire littéraire (continue-t-il » page 437 de fon zrilité des voyages) vous ne ferez » pas fâché de favoir quel motif a fait entreprendre » cet ouvrage au P. Mabillon & à fon collegue (le » P. Germain.) Cette connoïffance dofne fouvent » beaucoup d'ouverture pour l'intelligence des li- » vres; & la plüpart des auteurs en font fi perfuadés, » qu’ils ne manquent jamais d’en prétexter quelqiies- » unes, où d'en donner des indices dans leurs ou- » vrages : c’eft aufli ce que je ferai remarquer dans » celui-ci. Le P, Papebroeck , Jéfuite, dans la pré- » face de fon fecond volume des aëfes des Saints du » mois d’Ayril ( publié en 1675), parlant des ma- » nufcrits, dit en pañlant que les titres publiés par » nos religieux font fort fufpeéts ; il n'oublie pas » même le titre de S. Denys donné par Dagobert, » comme un des principaux : 1l ajoûte enfuite beau- » coup de raïfons pour fortifier fes conjeétures, Le # P. Mabillon ne s’en plaignit point d’abord, & il » méptifa cette attaque , comme ces vieilles calom- » nies que le tems obfcurcit ou rend moins dange- » reufes. Mais en 1677 il parut un livre (c’eft le pé- » nitentiel de Théodore de Cantorbery), dans le- » quel il y a des notes qui combattent le titre de S. » Denys dont je viens de parler, qu’un bénédiétin a » publié , & par lequel ces religieux fe prétendent » exempts de la jurifdi@ion même du Roï. On à »# joint à ces notes une copie du véritable titre, tirée » d’un manufcrit de M, de Thou , qui eft préfente- » ment dans la bibliotheque de M. Colbert (& de- » puis quelques années dans celle de Sa Majefté ) ; » & cette copie eft entierement contraire à cellé » qu'avoit imprimée le P. Doublet dans fes azsiquiés » (de S. Denis.) Ces notes prouvent encore que le » titre, tel qu'il étoit chez M. Colbert, eft non-feu- » lement l'original, mais qu’il eft conforme à la dif- » pline de fon tems & à l’ufage qui l’a précédé, & » que celui du P. Doublet paf conféquent eft falfifié, » & qu'il eft contraire aux lois de l’Eplife & à celles » de Pétat y ce qui eft démontré par uné infiité de » monumens de Pune & de Patre police. Ceux qui » y avoient intérêt, & pour qui on avoit publié ce »titre, ne purent fouffrir qu'on l’attaquât ainf ; ce- » pendant ils n’oferent y répondre ouvertement. Il » courut, Où, pour mieux dire, il parut üh petit » libelle de quelque moine impatient , mais qui s’é- » vanoiut aufi-tôt, & que le P. Mabillon & les plus » rafonnables d’entr'eux defavoiiérent, parce qu’il » n’y avoit que desinjures & dé l'ignorance : il n’ef- » fleuroit pas même la difficulté, bien loin de la ré- » foudre, On prit donc une autre voie, &c ce fut ce » traité de re diplomaticé ; qui fut le palladium qu’on » voulut oppofer aux remarques curieufes que l’abbé # Petit a jointes à fon péritentiel de Théodore, Le P, 5 Mabillon n’a pt cacher fon deffein, & il paroît » évidemment qu'il a voulu défendre & foûtenir les » titres dé fon ordre, que le P. Papebroëck avoit un # peu noircis par fes foupçons ; & il eft indubitable # que l’éndroit de fon livre où il ’efforce de com- # battre ce qu'a donné M. Petit, eft le centre de fon » ouvrage, d'autant plus que dans les differtations # jointes au pérrentiel, il y a des preuves aflez for- » tes de ce que le favant Jéfuite flamand ne faifoit » que conjeéturer. Voilà les bleffures auxquelles 1l » s’eft crû obligé de remédier avec promptitude, » opus effe exiflimavi diligentiä, Ne m’en croyez pas, » Monfieur (ce font fes termes), Aarc neceffitarem » probat operis occafio , l’occafon de cet ouvrage en » prouve la néceffité ; & parce que les principaux » efforts de fes adverfaires, comme il les appelle, # font tombés fur le chartrier de S. Denis, € guo- # rar pr@cipuus adverfariorum conatus in Dionyfra- » num archivium exfertus fuerat , la néceflité de fe dé- » fendre lui a fait enfanter ce deffein nouveau, pour + procurer de l’utilité au public, zempè uriliras argu- » zentL Cut noVitate conjunita, atque defenfionis ne- > ceffiras. Cependant quiconque lira l’un & l’autre , » remarquera facilement lequel des deux a plus de +» force & de folidité dans l'attaque on dans la dé- » fenfe ; & pour vous le faire voir en deux mots, » l'abbé Petit, dans fes notes fur Théodore, qui vi- # voit vers la fin du fixieme fiecle, prétend que les # exemptions de l’ordinaire & des fouverains font » contraires à la difcipline de l’Eglife ; il le juftifie » par une tradition exacte des peres & des conciles _#» jufqu’à fon tems : il foûtient par conféquent que »# ces fortes de priviléges ne font pas légitimes. Ce- # lui de $. Denis, que le P. Doublet a publié, lui » fert d'exemple ; il donne une copie de ce même » titre, tirée d’un ancien manufcrit, qui contredit # l’autre , & qui eft conforme aux regles de l'Fglife. # À cela le P. Mabillon répond que c’eft une calom- # nie digne de réprimande , d’accufer fes confreres » d’errer contre l'Eglife & la police des états, lorf- # qu'ils défendent des privileges, quoiqu’on leur ait # montré qu'ils font contraires aux canons de l’une # & aux lois de l’autre. Il avoue le titre que produit » M. Petit, mais il prétend que celui du P. Doublet # en eft un autre ; fur quoi il donne de mauvaifes #raifons : & pour montrer que celui qu’il défend, »# & pour lequel il a fait-un fi gros livre , n’eft point » contraire à l’Eglife , 1l ne rapporte ni paflages des » peres ni des conciles , mais une formule de Mar- # culphe. Vous croyez peut-être, quoique ce ne foit » pas une grande preuve, qu’elle parle en termes +» exprès, cependant c’eft le contraire; il n’eft parlé # que de juges médiats on fubalternes, ayec une # claufe que n1 le prince ni le magiftrat ne pourroit # détruire cette grace, zec regalis fublimitas, nec cu- s Jufliber judicum [eva cupiditas refragare tenter ; & » une preuve de cela eft que dans un endroit de » cette formule on y voit les mêmes expreffions que » dans le titre publié par M. Petit : Jfaruentes éroo ne: s que juriores, neque fucceffores veftri, nec ulla publica # Judiciaria poteftas , 8tc. Enfin pour derniere raïfon #1l rapporte uniquement ur femblable privilége # donné à Weftminfter par un Edoüard roi d’Angle- » terre , contre lequel aflürément les raïfons du P, # Papebroeck & de M. Petit ne perdent rien de leur » force , aufli-bien que contre les autres titres. » Il fufit que l'ouvrage du P. Mabillon ait eu beau- coup de réputation, pour qu’il fe foit v expofé à la critique 8 à de grandes contradiétions, foit en Fran- ce, {oit dans les pays étrangers ; s’il avoit été moins avant, on l’auroit laiflé pourrir dans l’oubli & dans Vobicurité. C’eft ce qui a produit én 1703 & aux années fuivantes, les differtations fi favantes & fi Fidicieufes du P, Germoz de la compagnie de Jefus, D I P 1021 Ces nouvelles difputes ont procuré un avantage, & ont engagé le P. Mabillon à publier en 1704 un /p- plément confidérable 4 /z diplomatique ; & le P. domi Thierri Ruynart iluftre aflocié du P. Mabillon, fit paroîïtre alors contre leurs célebres adverfaires , fon livre eccfefia Parifienfis vindicata, L'année fuivante M. Hickefe, l’un des plus favans hommes de l'An: gleterre, s’eft aufi élevé contre le pere Mabillon, dans un ouvrage auf nouveau & auf fingulier en fon genre, que la diplomatique du P, Mabillon ; c’eft dans ce qu’il a donné fous le titre de Zrreratura fep- tentrionalis ; publié en 170$ en trois volumes #-fo/. où 1l prétend détruire les regles diplomatiques éta- blies par le favant bénédi@tin. Les Italiens s’en font auf mêlés, mais plus foiblement que ceux dont nous venons de parler : ainfi un bon, un excellent ou- vrage en produit debons & de médiocres ; comme il eft auffi la fource de bonnes & de mauvaifes cti- tiques ; c’eft au public curieux à profiter de ce qu'il peut trouver d’utile jufque dans les moindres écrits qu'engendre une difpute. On ne fauroit difconvenir que la diplomatique du P. Mabillon ne contienne d’excellentes & d’admi- rables recherches fur divers points de’notre hiftoire; l’homme judicieux fera toûjours plus d'attention à ce qu'il y trouvera d’excellent & d’utile, qu'aux fautes qui peuvent fe rencontrer en un travail qui Jufqu’en 1681 n’avoit pas été tenté: les Anglois & les favans de France n’ont pas laiflé, au milieu des critiques qu'ils en ont faites, d'admirer, de refpec- ter même la grandeur , la nouveauté & l'utilité du deflein. En effet, rien n’auroit contribué davan. tage à approfondir les endroits les plus fecrets & les plus obfcurs des premiers tems de notre hiftoire & de celle des autres nations, fi l’on avoit pù compter avec certitude fur les regles qu’il a propofées pour difcerner les véritables diplomes , & les diftinguer fürement de ceux qui ont des marques de faufleté, Cette matiere eft devenue à la mode chez prefque toutes les nations , & chacune l’a traitée fuivant {on goût, & relativement à fon hiftoire ou à des vies particulieres. Wilcheim a donné en 1659 à Liege, le dyptycon Leodienfe & Bituricenfe : Luing , cet alle- mand fi laborieux, en a fait un ample recueil, tant d'Allemagne que d'Italie ; Ryrer fit par ordre de la reine Anne, cette belle colle&ion qui eft connue fous le nom de l’éditeur : & pour revenir À notre France, combien André Duchére en a-t-il publié dans les généalogies de plufieurs grandes maïfons ? L’hiftoire des congrégations religieufes des provin- ces, des villes, a pour fondement ces fortes de diplomes ; c’eft par-là que les Dupuy, les Ducange, les Godefroi , fe font diftingués dans le monde fa- vant, aufi-bien que Blondel , Baluze , Labbe & Martene ; & Aubert Lemire a éclairci bien des faits particuliers de Phiftoire des Pays-bas, par les re. Cueils qu'il a donnés de ces fortes de titres, quoi- qu'on puifle lui en difputer quelques-uns. Le laborieux pere Papebroeck eft un de ceux qui en ontle plus favamment écrit. Avant lui Conrinsius &c Heiderus, s’y étoient exercés en Allemagne, auf. bien que Marsham ; dans la préface du #oraflicon anglicanum; & Warthon, dans l’Anglia facra, com- me M. de Launoi l’avoit fait en France, en atta- quant avec autant de courage que de hardiefle la plüpart des privilèges des abbayes , & de plufeurs communautés. Quelle perte pour ce dernier de n’a- . voir pà connoître un fait célebre , qui ne s’eft déve- loppé que plus de quinze ans après la mort de ce cé: lebre perfonnage ! On fait que fous le pape Inno- cent Il. qui fiégea depuis l’an 1130 jufques vers la fin de l'an 1143 , il fe tint un concile à Reims , OÙ aflifta l’évêque de Châlons , qui avoit été aupara- vant abbé de S. Médargd de Soiflons, Ce prélat tou- 1022 D I P «ché d'une vérité qu'il étoit important même pour la poftérité de faire venir jufqu’à nous , fe crut obligé de découvrir au pape, que dans le tems qu'il gou- vernoiït l’abbaye de $. Médard , un de fes moines mommé Guernon s’étoit confeflé publiquement avant fa mort d’avoir été un infigne fauffaire , fur- tout dans la fabrication de deux aétes eflentiels qu'ilavoit faits fous le nom du pape même ; l’un étoit Le privi- dége de S. Oïien de Rouen, & l’autre celui de S. Au- guftin de Cantorbéri. Et comme les hommes récom- penfent fouvent les crimes utiles plus libéralement qu'ils ne font les aétions vertueufes , 1l avoua qu'on lui avoit donné quelques ornemens d’églife affez précieux pour mériter d’être offerts à fon abbaye de $, Médard. C’eft ce qu’on trouve dans une lettre ori- ginale de Gilles évêque d’'Evreux au pape Alexan- 8 dre, que le favant M. Warthon a fait imprimer dans {on anglia facra , in-folio 1691. La voici : ait catalau- nenfis epifcopus, dum in eccleftafticis beati Medardiofficio abbatis fungeretur , quemdam Guernonem nomine ex m0- nachis fais in ultimo confeffionis articulo fe falfarium fuif- fe confeffum , 6 inter cetera que per diverfas ecclefias frequentando , tranfcripférat , ecclefiam beati Audoeni € ecclefiam beati Auguflini de Cantuarta , adulrerinis privilegiis fub apoftolico nomine fe muniiffe lamentabrli- ser pœnitendo afferuit. Quin € ob mercedern iniquitatis quedam fe pratiofa ornamentarecepiffe , confeflus eff, & in B. Medardi ecclefiam contuliffe. Je nétonne que M. Languet, évêque de Soiflons, n’ait point rap- porté ce fait. qui auroit extrémement figuré dans Les faGums qu'il a publiés contre l’abbaye de S. Cor- neille de Compiegne. Venons maintenant aux regles qu’on a données pour diffinguer dans ces anciens aétes ceux qui font faux ou altérés , d’avec ceux dont on croit que la vérité n'eft pas fufpeëtte. I. La premiere eft, dit-on, d’avoir des titres au- thentiques pour en comparer l'écriture avec celle des diplomes de la vérité defquels on eft en doute. Mais ce fera une difficulté d’être affüré de la cer- titude de celui qui doit fervir de piece de compa- raifon. On en trouve la preuve même dans cette conteftation diplomatique. Le pere Papebroeck ap- porte comme véritable le diplome de Dagobert pour l’abbaye de S. Maximin de Treves , au lieu que le pere Mabillon le croit faux & fuppofé. Il en eft de même de deux titres produits par le pere Papebroeck comme certains, & comme pouvant fervir de pie- ces de comparaifon. L'un regarde l’empereur Char- lemagne, & l’autre Lothaire Il. fils de Lothaire T. empereur. Le pere Papebroeck les préfente l’un. &z l’autre comme des titres inconteftables, fur lawérité defquels on peut compter ; au lieu que le pere Ma: billon donne des preuves fufifantes pour rejetter le premier , 8c fait naître de légitimes foupçons fur ce- lui de Lothaire: auquel croire de cestleux favans ? Onvoit par-là que tous leurs égaux feront toûjours en difpute fur cette premiereregle, parce qu'ils fe- ont rarement d'accord fur le titre qui doit les con- duire &c les guider dans leur examen. Les écritures d’un même.fiecle ont entr’elles quelque refflemblan- ce, mais cen’eft pas Ja mème main. C’eft néan- moins cette main qu'il faudroit trouver pour en faire fûrement la comparaifon ; chofe abfolument impof fible. Et dès qu'il s’agit des huit ou neuf premiers fiecles de notre ere chretienne , on fait combien 1l eft difficile d’affürer la vérité des titres qu’onattri- bue à ces anciens tems. Je n’ignore pas que l’hom- me intelligent & verfé dans les différentes écritu- res , diftinguera le titre faux d'avec celui qui eft in- conteftable. Le fauffaire, quoiqu'induftrieux,, ne fau- roit toûjours imiter exatement cette liberté d’une main originale: on y trouve ou de la contrainte, ou des différences qui font fenfibles à l'homme pra- tic däns l'examen dés écritures : la précipitation, {a crainte même de ne pas imiter aflez bien {on mode- le, empêche & embarrafle quelquefois le fauflaire. Je ne dis rien de la différence qui fe trouve en un même tems entre les écritures des divers pays, qui eft encore plus fenfble que celles des différens fie- cles. | Peut-être ne fera-t-on pas fâché de favoir un fait fingulier qui m’eft arrivé à Amfterdam en 1711, fur la reffemblance des écritures, On vint propofer à un prince curieux &T amateur, que j'accompagnois alors, le faux évangile de S. Barnabé ; c’eft celui dont fe fervent les Mahométans , pour connoître l’hiftoire de J, C. qu'ils ne peuvent s'empêcher de regarder comme un grand prophete. Ce faux évan- gile qui manque au recueil de Fabricius , eft en ita- lien corrompu , ou pltôt en langue franque., grand in-dix-huit | ou petit 22.célavo quarré , écrit il y a bien quatre cents ans. J’eus ordre de chercher un copifte pour le faire écrire ; j'en trouvai un, qi pour preuve de fon favoir & de fon talent , en écri- vit une page , que l’on ne put pas diftinguer de lo- riginal , tant l’un & l’autre avoient de refflemblan- ce : iln’y avoit que le papier qui püt faire connoître la différence ; mais pour faire cefler le doute , il ap- porta le lendemain la même page imitée, au papier de laquelle il avoit donné le ton &c la couleur de l'original qui étoit en papier du Levant. On peut conjeturer par ce fait, qui eft certain, combien il eft facile à quelques perfonnes d’imiter Les écritures anciennes. Le prince acheta le faux évangile , & conferva la page imitée , & le tout eft à préfent dans la bibliotheque impériale de Vienne en Autriche, Ainf cette premiere regle a fes dificultés , & ne peut être pratiquée que très- difficilement &c avec beau coup de circonfpettion. Paffons à une autre. IL, Il eft néceffaire , en fecond lieu, d'examiner la conformité ou la différence du flyle d’une piece à l’autre, Il faut favoir de quelle maniere les princes ont commencé & fini leurs diplomes, de quels ter- mes particuliers ils fe font fervis : toutes ces chofes n’ont pas été les mêmes dans les divers tems & dans les différens pays : 8 même chaque reférendaireou chancelier peut avoir changé en quelque chofe. la maniere de fon prédécefleur, quoiqu'il y eñt alors des formules, mais qui n’ont pas toñjours été {crus puleufement fuivies. Autre fource d’obfcurités. Quand on parle de ftyle , & même d’ortographe, il ne faut pas croire que les commis prépolés poux drefler ou copier un aéte, ou un diplome, fufient dans le même fiecle également verfés dans le latin qui eft la langue de ces diplomes. Depuis que les François, les Bourguignons , & les Saxons pañlerent dans les Gaules , ils y introduifirent le langage de leur nation qui devint la langue. vulgaire : par-là le latin fe corrompit beaucoup. Les commis & les co- piftes des chartes parloïent comme les autres cette langue vulgaire ; & lorfqu’il falloit dreffer ou co- pier un aéte , ils introdufoient dans le latin & dans l’ortographe, celle qui étoit en ufage dans la lan- gue qui leur étoit la plus familiere. Ne voyons-nous pas quelque chofe de femblable dans les nations qui fubfftent ? Qu'un anglois diéte où prononce un difcours latin, je défie un fran- cois, ou dé l'entendre, ou.de l'écrire avec l'exaëh- tude qu'exige cette langue ; j'en ai eu la preuve pat moi-même: ce font néanmoins des perfonnes du mê- me tems. Le ftyle aufli - bien que l’ortographe &la prononciation s’'accommodoient à la langue qui fe parloit vulgairement, Ainf en Efpagne , en Angle terre , en Hongrie; en Italie, le même mot s’écrivoit autrement que dans les. Gaules. On connoïit ces différences pour peu qu’on ait l’ufage des manuferitss Les: fautes d’ortographe ne, font point par confé- D I P guent une preuve de la fauflété d’une charte , ou d’un diplome, commelont prétendu quelques moder- nes : fur-tout dès que les autres conditions fe trou- vent obfervées. Cette négligence du copifte ne porte aucun préjudice à la vérité des titres, qui font vrais pour Le fond , quoique mal difpofés pour la forme extérieure. On les entendoit alors, &c l’on ne croyoit pas que dans la fuite ils puffent être expolés à au- cune dificulté. | IIT. La troifieme regle , mais eflentielle , eft d’exa- miner la date ou la chronologie des aétes ou des let- tres : c’eft à quoi fouvent , & prefquetoûüjours, man- que un fauflaire , qui eft ordinairement plus habile dans les coups de main que dans l’hiftoire des prin- ces : il fe fert prefque toûjours des dates reçues de {on tems pour marquer des fiecles antérieurs au fien, &t s’imagine que ces fortes de dates ont toùjours été en ufage, Alorsal faut faire ufage de l’hiftoire & de la chronologie qu’elle nous préfente. C’eft un aéte public qui doit fervir à corriger ou à vérifier la cer- titude des aétes particuliers , tels que font les char- tes &t les diplomes. Il faut néanmoins faire attention que comme plufeurs rois avant que d’être poffeffeurs duthrone, y ont quelquefois té aflociés ; on a commencé fou- vent à compter leurs années de la premiere aflocia- tion au throne ; mais cependant on a daté plus com- munément du jour qu'ils ont commencé à en être feuls poflefleurs. On en a l'exemple dans Robert, fils de Hugues Capet , qui fut aflocié au throne le premier Janvier 988 ; cependant il n’en fut unique _poffefleur que le 24 Oétobre 996. L'homme artentif ne doit pas manquer à cette remarque. L’indiion eftune autre obfervation chronologique que le cen- feur des chartes ne doit pas négliger ; s’il s’agit de celles des empereurs , elles commencent le 24 Sep- tembre ; en Occident & en Orient , le premier jour du même mois ; au lieu que celles des papes fe da- tent du 25 Décembre, premier jour de l’année ec- cléfiaftique de Rome. Quant aux années de J. C. elles n’ont été en ufage pour les chartes & les d- plomes que dans l’onzieme fiecle | comme nous l’a- vons déjà marqué. IV, Une quatrieme regle qui fuit la chronolosie eft celle des fignatures des perfonnes ; favoir fi elles n’étoient pas mortes au tems de la date marquée dans le diplome. L’hiftoire alors rend témoignage ou pour ou contre le diplome : nous avons déjà fait quel- ques remarques à ce fujet, qu'il eft inutile de repé- ter ici. Mais qu'on ne croye pas que les rois des deux premieres races fignaflent leur nom dans les char- tes. C’éroit un monogramme , c’eft-à-dire plufieurs lettres figurées & entrelaflées qui faifoient ou tout, ou partie de leurs noms. Mais Le chancelier ou refé- rendaire avoit foin de marquer ces mots pour défi- gner cette fignature : fgrzdm Caroli, ou Ludovici re- gis , fuivant le prince dont le monogramme fe trou- voit fur la charte. V. La cinquieme regle confifte à examiner l’hif toire certaine de la nation & de fes rois, auffi-bien que les mœurs du tems, les coûtumes, les ufages du peuple , au fiecle où l’on prétend que la charte a été donnée. Cette regle demande une grande con- noïffance de l’hiftoire , & même de l’hiftoire pañti- cuhere , autant que de la générale , parce que les mœurs n'ont pas toûjours été les mêmes dans le corps entier de la nation ; les parties, ou les provin- ces d’un empire où d’un royaume étoient louvent plus différentes en ce point qu’elles ne l’étoient dans le langage, On voit par-là combien il eft difficile de fuivre exaétement cette regle, qu’ilne faut pas trop preffer, pour ne point accufer de fauffeté une charte dreflée en'un pays ou en une province, quand on ne D'IP 1023 connoït pas exaétement les mœurs , ts, & coûtu- mes du tems, VI. Une fixieme regle eft d'examiner les mono- grammes &r les fignatures des rois , aufli-bien que de leurs chanceliers ou reférendaires ; il faut confron: ter celles des aétes douteux avec les aétes véritables qu’on en peut avoir. Il eft certain qu’on en a de vrais, fur-tout dès que l'intérêt n’y eft pas mêlé : on fait que c’eft la pierre de touche des attions humaines : c'eft-là ce qui a porté tant de fauffaires à facrifiet leur honneur & leur confcience pour fe conferver À eux ou à leur communauté un bien & des droits qu’ ils appréhendoient qu’on ne leur difputât dans la fuite. VIT La feptieme regle regarde les fceaux : il faut examiner s'ils font fains & entiers, fans aucune frature , fans altération , & fans défauts. S'ils ont point été tranfportés d’un aëte véritable pour l’ap- pliquer à un aûte faux & fuppofé. Cette derniere te- marque mérite d'autant plus d’attention , que j'ai connu un homme qui cependant fans aucune litté- rature , m'avoir affüré qu'il avoit le moyen de déta- cher le fceau d’une piece authentique pour le porter für une autre : moyen dangereux & fatal, mais heureufement celui qui s’en vantoit n’avoit pas l’oc- cafon de s’en fervir ; & je ne crois pas qu’il ait com- muniqué à quelqu’autre le moyen dont il fe difoit poflefeur. Nos premiers rois n’avoient pas d'autre fceau que celui qui étoit à leur anneau. Nous en avons un exempleau cabinet duRoï, où l’on voit l’anneau du roi Childeric , pere de Clovis , fur lequel font gra- vés le portrait & le nom de ce roi. Ces anneaux font fort anciens dans l’hiftoire. Celui de Childeric fut trouvé en 1653 dans la ville de Tournai, près l’é- glife de S. Brice , où étoit autrefois un grand che- min; & l’on n'ignore pas que la plüpart des princes étoient inhumés près les grands chemins. On trouve même encore aujourd’hui en France beaucoup de tombeaux dans des campagnes. Après les anneaux vinrent les grands fceaux qui furent appliqués fur des cires jaunes , blanches , ver- tes, ou rouges, & même fur Le plomb, l'or & l'argent. Le plomb eft refté en ufage à Rome. Nous avons la célebre bulle d’or de l’empereur Charles IV. qui de- puis plus de quatre cents ans fait loi dans l'empire. Mais communément on employe la cire | dbnt la couleur varie même en France felon la diverfité des affaires fur lefquelles nos rois font expédier des let- tres patentes , des déclarations , & des édits, Les évêques, les abbés , les chapitres, & même les feigneurs avoient leurs fceaux particuliers , fur lefquels on les voit différemment repréfentés. Les hiftoires particulieres que l’on s’eft attaché à pu- blier depuis plus de cinquante ans,nous en ont donné quantité de modeles & de deffeins ; & dès qu'un titre regardoit plufieurs perfonnes , chacun y appliquoit fon fceau particuhér , lequel fouvent pendoit au d- plome même avec un lacet de foie. VIIL. Enfin, 1l faut marquer pour huitieme regle la matiere fur laquelle s’écrivoient les chartes & les diplomes. Depuis un très-long-tems on s’eff fervi de parchemin : c’eft la matiere la plus commune, & qui fubfifte encore aujourd’hui dans les aÛtes émanés de l'autorité du roi , foit en grande, foit en petite chan cellerie. Mais les premieres matieres étoient ordinai- rement du papier d'Egypte , qui fubffloit encore en France au onzieme fiecle. Et comme ce pa- pier étoit aflez fragile, on employa en même tems le parchemin , qui a beaucoup plus de confiftance & qui réfifte mieux à l’injure des tems & des années.On fe férvoit même des peaux de poiflons , & à ce qu’on dit , des inteftins de dragons ; c’eft pouffer la chofe bien loin, Quant au papier commun , ileftmoderne, 1024 D I P & fon ufage ne remonte pastout-à-fait à fix cents ans. L’encre a pareillement varié, mais beaucoup moins que la matiere fur laquelle on écrivoit les chartes. Les anciens n’avoient pas la maniere de faire une encre aufh noire que la nôtre, ainfi la leur jau- nifloit ; & c’eftmême, à ce qu’on prétend , un moyen pour reconnoître la fauffeté d’une charte quand on en trouve l'encre trop noire. On aflüre qu'il y a eu des titres écrits entierement en lettres d’or, &c j'en ai vü de pareilles, non pas en chartes, mais en H- vtes écrits fur du parchemin couleur de pourpre. Quelquefois les empereurs , & même leurs chance- liers , fignoient en encre rouge. C’eft ce que prati- quoient les empereurs de Conftantinople , & cette {orte d'encre leur étoit réfervée. La nature des caraéteres dont on s’eft fervi entre auf dans cet examen. Le romain n’a été d’ufage que jufqu’au cinquieme fiecle : après quoi, tant pour les chartes que pour les manufcrits des livres , chaque centaine d'années ou environ a eu fa maniere d'écrire, comme chaque nation en a eu, & en a même encore une qui lui eft particuliere. Mais on peut affürer qu’en fait de manufcrits, l’écriture la plus dificile à lire n’eft pas toûjours la plus ancienne. Il y a en des ré- volutions dans la maniere d'écrire, comme en toute autre chofe : mais depuis environ quatre cents ans, l'écriture eft devenue moins difiicile : il n’y a fou- vent que les abréviations qui puiffent arrêter ; mais ‘la fuite du difcours les fait aifément comprendre à un favant qui a bien étudié fon fujet. Cependant les jurifconfultes fe font vüs obligés de faire un diétion- naire particulier pour les faire plus aifément com- prendre. Voilà bien des précautions néceffaires pour être à l'abri de la tromperie des fauflaires, ce qui n’em- pêche pas qu’on ne foit quelquefois trompé dans l'examen des chartes originales, quoiqu'il foit cer- ’ tain qu'il y en a plus qu'on ne croit. Il ne s’agit que de les favoir bien diftinguer ; c’eft en quoi confite l’art & la fcience de l’habile praticien. Que ne doit-on pas penfer des cartulaires ou pa- piers-terriers des églifes &z des monafteres , qui ne font que des copies faites fans autorité publique, & dans lefquelles on prétend qu’on s’eft donné une en- tiere licence? Cependant on afüreque leur ufage ne remonte pas au-delà du dixieme fiecle. Quelques-uns ne laifloient pas d’être authentiques, quand un no- taire public les déclaroit conformes aux originaux fur lefquels ils avoient été faits & vérifiés. Alors ils peuvent faire preuve en juftice, quand ils ne font pas détruits ou contredits par des actes ou contem- porains ou même poftérieurs. Il y a d’autres cartu- laires hiftoriques, lefquels, avec la copie des anciens titres, contiennent le récit du-fujet qui a donné lieu au diplome, dont on favorifoit une communauté ec- cléfiaftique ou féculiere. Enfin la derniere efpece de cartulaire eft celle qui s’eft faite fans aucune forme de droit ; & ce font des cartulaires fimples, où le faux fe trouve quelquefois mêlé avec le vrai: ces derniers cartulaires ont bien moins d'autorité que les autres. Tout ce que nous venons de marquer, regarde principalement les chartes qui font antérieures au dixieme fiecle de notre ere vulgaire. Mais dès qu'on eft arrivé à la troifieme race de nos rois, on con- vient qu'il fe trouve beäucoup moins de chartes fauf- {es ou altérées. Ainfi cela met les grandes maiïfons à l'abri des foupçons qu’on pourroit tirer des chartes contre l’ancienneté de leur origine ; car il ne faut pas croire que toutes, à l’exemple des Lorrains, des Rohans, des Chabanes, des Montmorenci, des Brien- nes, des Conflans & d’Armentieres, desla Rochefou- gault, des Eymonds, des la Marck, des la Tour, &c de beaucoup d’autres que la mémoire ne me fournit pas, remontent au moins par l’hiftoire jufqu’à la fe- conde race de nos rois. L On a voulu donner une mauvaife interprétation aux difiicultés que l’on a formées contre beaucoup d'anciens titres. On a prétendu que dès qu’on auroit totalement détruit la vérité & l'autorité des diplomes &c des chartes, on en viendroit à tous les manufcrits qui nous reftent des anciens auteurs, que l’on trai- teroit de faux & de fuppofés comme on auroitfaitles titres anciens : mais à quoi ferviroit cette forte d’at- taque, & pour ainfi dire d’incrédulité littéraire ? On ne prétend pas que nous ayons les originaux de tous les livres anciens qui font aujourd’hui la bafe des bi- bliotheques ; mais du moins en avons-nous des co- pies, qui ayant êté faites en divers tems & en difié- rens pays, nous repréfentent les anciens originaux, à quelques variations près, qui viennent de la faute ou de linattention des copiftes. Et fi l’on a fuppofé quelques ouvrages fous des noms refpeétables , le favant en a fenti la füuppoñtion, & l’a enfin décou- verte. Je ne m'étends pas fur ce fujet, parce qu'il res garde plus la critique littéraire que la dplomatique , que J'ai voulu expliquer ici avec beaucoup de pré- cifion. Jaurois fouhaité entrer dans un plus grand détail, & donner les fignatures des rois de la troi- fieme race ; mais j'ai appréhendé de me trouver en concurrence avec les illuftres & favans bénédittins qui travaillent aétuellement fur cette matiere fi inté- reffante dans l’hiftoire & dans la littérature. Je fai que pour la perfeétion de l'ouvrage, dont ils ont dé- jà publié une partie, 1ls ne peuvent fe difpenfer de donner les defleins de toutes ces fignatures, qui font néceflaires à leur objet. À tous les écrivains que nous venons de marquer fur l’examen des diplomes & de la diplomatique, on doit ajoûter un ouvrage moderne, qui ne fait que de paroïtre, c’eft a Wériré de l’hifloire del’églife deS.Omer, & Jon antériorite fur l’abbaye de S. Bernn;in-4°. Paris, chez Le Breton , Zr2primeur ordinaire du Roi, 1754. C’eft ce que nous avons de plus nouveauen ce gente de fcience. Sa leéture & fes preuves ne préviennent pas en faveur des archives de plufieurs 1llufires & anciennes abbayes, où lon trouve plus de faux que de vrai. Que l’on faffe attention après ce que nous venons de marquer, que cette foupçonneufe exaftitude, ces recherches critiques & inquiétantes ne regardent or- dinairement que les titres des abbayes, des commu- nautés régulieres, & même des églifes cathédrales. Il femble que ceux qui devroient le moins être gouvernés par l'intérêt, & en qui l’on croiroit trou- ver l’amour de la vérité, ceux-là mêmes, dis- je, ne craignent point d'abandonner tout ce que l’honneur & la religion prefcrivent, pour fe jetter dans des crimes inutiles pour eux-mêmes, & qui.ne font avantageux qu’à une communauté, quine leur en fait aucun gré, & qui, malgré quelques déféren- ces extérieures, les regarde, ou du moins les a re- gardés comme ce qu’ils avoient le malheur d’être réellement, c’eft-à-dire comme des fauffaires. Le mê- meinconvémentnefe rencontre pas dans les archives des princes , des cours fupérieures , & des villes : outre Le foin fcrupuleux que l’on a de ny laïffer rien entrer qui ne foit dans l’exaéte vérité, à peine fe trou: veroit-il dans le royaume un homme aflez hardi pour hafarder en faveur du prince, ce qu'il hafarderoit pour une communauté teligieufe, quoique peu re- connoïflante. (a) | DIPTERE , {. m. (Æff. anc.) terme de l'ancienne Architeëture, c’étoit un temple entouré de deux rangs de colonnes, qui formoient des efpeces de portiques appellés ailes. Voyez TEMPLE. (G) DIPTYQUE, (Æifh anc.) c'étoit des mb à eux DIR deux feuilles de boïs : ceux qui étoient défignés con- fuls avoient plufieurs de ces dipryques , fur lefquels ils étoient repréfentés en relief, avec leurs noms, leurs qualités , & ils les diftribuoient aux princi- paux officiers. [ls avoient également foin d’y faire graver les animaux, les gladiateurs , & tout ce qui devoit faire partie des jeux qu'ils donnoient au pu- blic en prenant poffeflion du confulat, Sur une moi- tié de dipryque trouvé à Dijon, & que M. Moreau de Mautour croit être du fameux Stilicon, on voit la figure du conful tenant d’une main le /épio (c’eft le bâton de commandement ou fceptre d'ivoire) fur- monté d’un aigle, & terminé par un bufte qui repré- fente l’empereur alors regnant, & de l’autre un rou- leau qu’on nommoit mappa circenfis, efpece de fignal avec lequel on annonçoit le commencement des Jeux du cirque. Le conful y paroît revêtu de la tunique fans manches, appellée fafia confularis, ou colobium, Ou fubarmalis, au-deffous de laquelle paroït la robe brodée, z0ga picla, & 1l eft affis fur Le throne d'ivoi- re ou chaire curule, /élla curulis, qui défignoit les _grandes magiftratures , & fur-tout fa dignité confu- faire. Mérm. de l’acad. des Belles-Lertres , tom. F, © DiPpTYQUE, diptycha, (Hifi. anc.) c'étoit le re- giftre public, fur lequel s’infcrivoient les noms des confuls & des magiftrats chez les payens ; des évé- ques &t des morts chez les Chrétiens. Il y avoit des diptyques facrés & des diptyques pro- fanes. | | Les diptyques facrés étoient un double catalogue, dans l’un defquels on écrivoit les noms des Vivans , & dans l’autre les noms des morts qu’on devoit ré- citer durant l'office. Les diptyques profanes s’envoyoient fouvent en prélent, & on Les donnoit même aux princes, & alors on les faifoit dorer. Voyez Le dif, de Trév.& Chambers. DIRCHAW , (Géog. mod. ) ville du palatinat de Culm, en Prufle : elle eft fituée fur la Wiftule. Long. KP ALIEN TS DIRE, f. m. (Jurifprud.) eft une procédure autre ‘que les demandes, défenies , & repliques propre- ment dites, par laquelle le demandeur ou le défen- deur dit & articule quelque chofe. On appelle cette procédure un dire, parce qu’après les qualités des parties 1l y a toüjours ce terme confacré dit parde- sant vous, &c. En quelques provinces le dire com- mence par ce mot même, 4 un tel. On appelle aufli dires, les obfervations & requifi- tions que les parties ou leurs procureurs font dans un procès-verbal d’un juge, commiflaire, ou expert. - À dire d'experts, fignifie fuivant l’effimation par ex- ETES. Dire de prud'hommes, eft la même chofe qu’e/firra- #ion par experts. Ce terme eft employé dans plufieurs coùtumes : par exemple, celle de Paris, artic. 47. porte que le droit de relief eff Le revenu d’un an, ou le dire de prud'hommes , ou une fomme pour une fois offerte par le vaflal. Voyez PRuD'HOMME. (4) DIRECT , adj. On dit, ez Arithmerique & en Géo- ‘métrie, une raifon directe, ou une proportion directe. Pour bien concevoir ce que c’eft, fuppofons deux grandeurs 4, B d’une part, & deux autres grandeurs €’, D d’une autre part; & confidérant les deux pre- -mieres 4 , B comme des caufes dont les deux autres -€, D font les effets, enforte que la premiere-cauie A {oit au premier effet C, comme la feconde caufe B eft au fecond effet D , on dit en ce cas que les caufes “ont en raifon direéte des effets. Mais fi la premiere ‘caufe 4 eft an premier effet C ; comme le fecond ef- fet D eft à la feconde caufe 2 ,‘alors:les caufes font “enraifon irverfe ou réciproque des:effets. On voitpar | ces exemples, pourquoi ces raïfons ou proportions | -ont été ainf dénommées. x à 3. Quand deux triangles font femblables leurs çô- | Tome IF, DIR 102$ tés homologués font en raifon dire. Voyez RAISON, REGLE DE TROIS 04 DE PROPORTION. Les corps font attirés en raifon direde de leurs mañles , & en raifon renverfée du quarré de leurs diffances. Voyet RENVERSÉ, RÉCIPROQUE, INVERSF. (£ DIRECT, adj. ez Oprique, vifion direëte d'un objet, eft celle qui eft formée par des rayons dires, def à-dire par des rayons qui viennent diretement & itn- médiatement de l’objet à nos yeux. Elle eft oppofée à la vifion qui fe fait par des rayons ou réfiechis ow rompus, c'eft-à-dire par des rayons qui partent de l’objet , & qui avant d’arriver à nos yeux, tombent fur la furface d’un miroir qui nous les renvoye, où fur la furface d’un corps tranfparent qui les brife, & à-travers lequel ils pañlent. Voyez LU MIERE, RAYON. DirecT, (4fronom.) On confidere les planetes dans trois états; favoir, direëles, flationnaires, & ré- trogrades, Voyez PLANETE. On dit qu’elles font direéfes, quand elles paroïffent fe mouvoir en-avant fuivant l’ordre des fignes du zodiaque ; ftationnaires, quand elles paroiïflent retter en repos ; & retrogrades, quand elles paroiflent fe mouvoir dans un fens contraire. /’ oyez RETROGRA- DATION 6 STATION. (E) DIRECT ; dans l'Hifloire, on dit qu'un difcours eft dirt, qu'une harangue eft direéte, lorfqw'on fait par- ler ou haranguer les perfonnages eux-mêmes. Au contraire on appelle difcours indireëts, ceux dont l’hiftorien ne rapporte que la fubftance ou les piin- cipaux points, & qu'il ne fait pas prononcer expref- fément par ceux qui font cenfés les avoir tenus. Les anciens font pleins de ces harangues direëfes, pour la phpart imaginaires. Il eft étonnant, fur-tout, quelle éloquence Tire-Live prête à ces premiers Romains } qui jufqu’au tems de Marius s’occupoient plus à bien faire qu'a bien dire, comme le remarque Sallufte. Les modernes font plus refervés fur ces morceaux ora- toires. Cependant comme il ne faut pas être prodigue de ces ornemens , 1l ne faut pas non plus en être avare. Il ef des circonftances où cette éfpece de fiion, fans altérer le fond de la vérité , répand dans la narration beaucoup de force & de chaleur. C’eft lorique le per- fonnage qui prend la parole ; ne dit que ce qu'il a dû naturellement penfer & dire Sallufte pouvoit ne don- ner qu'un précis des difcours de Catilina à fes con- jurés. Il a mieux aimé le faire parler lui-même, & cet artifice ne fert qu’à développer par une peinture plus animée le caraëtere & les defleins de cet homme dangereux. L’hiftoire n’eft pas moins le tableau de l’intérieur que de l'extérieur des hommes. C’eftdans leur ame qu’un écrivain philofophe cherche la four- ce de leurs aétions ; & tout leéteur intelligent fent bien qu'on ne lui donne pas les difcours du perfon- nage qu'on lui préfente, pour des vérités de fair auf exactes que la marche d’une armée, ou que les arti- cles d’un traité. Ces difcours font communément le réfultat des combinaifons que l'hiftorien à faites fur la fituation.,, les fentimens, les intérêts de cehti qu'il fait parler, & ce feroit vouloir réduire Phiftoire à la féchereffe ftérile des gazettes , que de vouloir ia dé pouiller abfolument de ces traits, qui l’embelliffent fans la déeuifer. LATTES - JUS Il n’eit aucun genre de narration où le difcours dire ne foit en ufage , 8cil:y répand une grace & une force qui n’appartiennent qu'à lui. Mais dans le dialogue preflé , 1l a un inconvénient auquel: feroit aufh avantageux que facile de remédier, C’eft la ré. -péution fatigante de ces façons de parler; Ju dis-je, -reprit-il, me répondir-elle, interruptions qui ralléntif. fent la wivacitéldu dialogue, &rendent le ftylelan- -guffant'owil devroit être le plus animé: Quelques lançiens ; comme Horace, fe font contentés ‘dans le OQ0ooa 1026 DIR narration, de ponêtuer le dialogue. Mais ce n’étoit point aflez pour éviter la confufion. Quelques mo- dernes , comme la Fontaine , ont diftingué les répli- ques par les noms des interlocuteurs ; mais cet ufa- ge ne s’eft introduit que dans les récits en vers. Le moyen le plus court & le plus für d'éviter en même tems les longueurs & l’équivoque, feroit de conve- nir d’un caraëtere qui marqueroit le changement d'in- terlocuteurs , 8 qui ne feroit jamais employé qu’à cet ufage. Arricle de M, MARMONTEL. Directe, (/urifp.) ce terme, quand il eft feul , fignife ordinairement la feigneurie direële ; c’eft-à- dire la feigneurie féodale qui eft oppofée à la fimple propriété. On dit auffi quelquefois er directe fimplement &c pour abréger, au lieu de dire en ligne direite, Il y a aétion direéle, qui eft oppofée à aëlion con- craire €& utile. Voyez ACTION. Ligne directe. Voyez LIGNE. Propriété direële. Voyez PROPRIÉTÉ: Seigneurie directe, eft de deux fortes: l’une oppo- fée à la fimple propriété, & qu’on appelle quelque- fois fimplement direéte ou féigneurie féodale ; l'autre forte de feigneurie direéke, qu'on appelle plütôt de- maine direët, eft la propriété oppofée à l’ufufruit ou autre jouiflance, telle que la propriété du bailleur à rente fonciere comparée à celle du preneur à rente. Voyez SEIGNEURIE DIRECTE. Succeffion direile ou en ligne direke , eft oppofée à fucceffion collatérale. Voyez SUCCESSION. (4 ) DIRECTEMENT , adv. ez Géormérrie: on dit que deux lignes font direélemenr l’une vis-à-vis de l’autre, quand elles font partie d’une même ligne droite. On dit, ez Méchanique, qu’un corps heurte ou don- ne direélement contre un autre, s'il Le frappe dans une ligne droite perpendiculaire au point de contaët. En particulier, une fphere frappe direéfement con- tre une autre fphere , quand la ligne de la direétion du choc pañle par les deux centres. Voyez PERCUS- SION. Chambers. (O) DIRECTEURS DES CERCLES, (ff. mod. Droit public.) On donne en Allemagne le nom de di- reëkeurs aux princes qui font à la tête de chaque cer- cle. Leurs principales fonétions font 1°. dans le cas de néceflité, de convoquer les affemblées de leurs cercles, fans avoir befoin pour cela du confentement de l’empereur : 2°. de faire les propofitions , de re- cueillir les voix, & d’en former un conclufum : 3°. de recevoir lesrefcrits de l’empereur, leslettresdes prin- ces & des autres cercles, afin de les communiquer aux membres du cercle: 4°. de faire rapport des ré- folutions du cercle à l’empereur : $°. de figner les ré- | ponfes & réfolutions de leur cercle, & de les faire parvenir où il eft befoin : 6°. de figner ou vifer les inftruétions & pouvoirs des députés du cercle : 7°, de veiller au maintien de la tranquillité, & au bien du cercle : 8°. d’avertir les membres qui font en retard de payer leur contingent des charges : 9°. d’avoir foin que le cercle rempliffe fes engagemens: 10°. enfin, de faire exécuter les fentences des tribu- naux de l’empire , lorfque l’exécution leur en eft donnée. Il ne faut point confondre les direiteurs d’un cer- cle, avec ce qu’on appelle Les duces cérculi ou com- : mandäns du cercle ; ces derniers ont le commande- ment des troupes du cercle, fans en être les déreiteurs ; cependant quelquefois une même perfonne peut réu- fir ces deux dignités. Chaque cercle a un ou deux direéleurs : voici ceux qui exercent cette fonétion dans les dix cercles de Tempire. Dans le cercle du haut-Rhin, c’eft l'évé- que de Worms & le landgrave de Hefle-Darmftat ; dans le cercle du bas-Rhin, l’éleéteur de Mayence ; dlans le cercle de Weftphalie , l'évêque de Munfier DIR &c le duc de Juliers; dans le cercle de la haute-Saxe, l’éleéteur de Saxe ; dans le cercle de la bafle-Saxe , le duc de Magdebourg alternativement avec le duc de Brême ; la maïfon de Brunfwick-Lunebourg y 4 le condiretloire : dans le cercle de Baviere , larchevé- que de Saltzbourg & le duc de Baviere ; dans le cer- cle de Franconie, Pévêque de Bamberg & le marg- grave de Brandebourg-Culmbach ; dans le cercle de Souabe , l’évêque de Conftance &r le duc de Wir. temberg ; dans le cercle d'Autriche & de Bourgogne, l’archiduc d'Autriche. Voyez l'article CERCLE. (—) DIRECTEUR de la diete de l'empire, Voyez l’article DieTe. DIRECTEUR , eft en général celui qui préfide à une aflemblée, où qui dirige & conduit une affaire. Dans le commerce & dans ce qui regarde les né- gocians, les principaux direüleurs font les direéleurs des compagnies & des chambres de commerce , les directeurs des cinq grofles fermes, ceux des aydes & des gabelles, & les direéfeurs des créanciers dans les déconfitures & faillites des négocians. Nous allons entrer dans le détail des fonéhons de ces diverfes fortes de directeurs. DiRECTEURS DES COMPAGNIES DECOMMERCE. Ce font ordinairement des perfonnes confidérables choifies à la pluralité des voix parmi les aétionnat- res qui ont une certaine quantité d’aétions dans le fonds d’une compagnie , & qui ont le plus de pro- bité, de réputation & d'expérience dans le négoce que veut entreprendre cette compagnie. Quelque- fois on les choïfit parmi les premiers magiftrats & les gens de finance. Leur nombre eft fouvent réglé par les lettres patentes, ou chartes du fouverain dans les états duquel fe fait l’établiflement. Quelquefois on laifle aux intéreflés & a@ionnaires le droit de fe choiïfir autant de dretteurs qu'ils jugeront à propos, à moins que ce ne foit dans les premiers tems de l’é- tabliflement de la compagnie où le prince en met toüjours quelqu'un de fa main. La compagnie hollandoife des Indesorientales qui a fervi de modele à toutes les autres, a jufqu’à foi- xante diretfeurs divifés en fix chambres. Vingt dans celle d'Amfterdam , douze dans celle de Zélande, & fept dans chacune des chambres de Delft, de Rotterdam, d’Horn & d’Enkuifen. . La compagnie françoïfe des mêmes Indes établie en 1664 en avoit vingt-un; douze de la ville de Pa- ris, & neuf desautres villes les plusimportantes & les plus commerçantes du royaume. | Ce font ces direëleurs, qui tous réunis à jour mar- qué , ou du moins affemblés dans leur bureau en cer- tain nombre fixé par les lettres patentes, ou parles délibérations générales des aétionnaires &r intéreflés, déliberent fur Les affaires de la compagnie, dreflent des réglemens, font les emprunts, foufcrivent les billets , reçoivent les comptes, fontles répartitions, fignent les ordonnances de payement pour la dé- charge du caiflier; enfin décident de la police qui doit s’obferver parmi eux, foiten Europe, foit dans les comptoirs , loges , forts & colonies, où ils ont des commis réfidans pour faire leur commerce , & des troupes pour le protéger. : : : ,.. Il appartient aufli aux direéleurs on aux députés choifis d’entr'eux, d’ordonner du nombre des vaïf- feaut, de leur achat, armement, cargaifon, dé- part, deflination , équipages , 6e. & au retour de ces vaiffeaux, les dircleurs reçoivent & examinent les journaux des capitaines & pilotes, les connoïffe- mens & chargemens de navires, les. comptes des écrivains, @c. font mettre-dans les magañns de la compagnie les marchandifes ; lesfont afficher &c ven- dre:à la criée. L La plûpart des compagnies donnent à leurs dires. teurs certains droits de préfence aux affemblées pour les y rendre plus affidus. En France, outre ces droits de préfence , on diftribue aux direéfeurs des jettons d'argent aux armes & à la devife de la compagnie, avec accroiffement de la part des abfens. Outre ces directeurs réfidans en Europe, lès com- pagnies en ont d’autres dans les trois autres parties du monde où elles commercent ; & on les appelle &- releurs généraux , Ou fimplement géréraux : les An- glois les appellent prefidens. Le pouvoir de ces &- reéteurs eft très-étendu, & doit l'être à caufe du long efpace de tems qu'ils feroient à recevoir des ordres d'Europe , en une infinité d’occafons preflantes, d’où il pourroit réfulter des pertes pour la compagnie, fi le général n’étoit autorifé à agir. Diionn. du Com. DiRECTEURS DES CHAMBRES DE COMMERCE, eft le nom qu’on donne en France aux négocians qui compofent quelques-unes de ces chambres de com- merce établies dans les villes les plus commerçan- tes du royaume par ordre de Louis XIV. À Lyon ils font nommés fimplement dreéteurs de la chambre de commerce de Lyon; à Bordeaux directeurs du commerce de la province de Guyenne. Dans quel- ques chambres on les appelle /yrdics, & dans d’au- tres députés, Voyez DÉPUTÉS. Ces directeurs , fyndics ou députés font des négo- cians choifis tous les ans à la pluralité des voix dans les différens corps de marchands des villes où ces chambres {ont établies , enforte que chacun d’eux ne refte que deux ans en place, & n’y peut être con- tinué tout au plus que deux années. Ils s’affemblent une ou deux fois chaque femaine dans l’hôtel-de-ville ou autre lien marqué par les aétes d’éreflion pour y délibérer des affaires de né- goce & de banque, répondre aux mémoires & con- fultations qui leur font envoyés par le député que chaque chambre entretient à Paris près du bureau ou du confeil royal de commerce. Ils donnent auf autorité aux pareres qui fe font fur les places de la bourfe ou change de ces villes. Voyez l’article BOURSE. | Chaque jour d’aflemblée on diftribue des jettons d'argent aux directeurs, & une médaille d’or à cha- cun d'eux, lorfqu'ils fortent de fon@ion. Le nombre des jettons, & le poids & valeur des médailles font différens, fuivant les divers arrêts d’éreftion ren- dus fur les avis & délibérations des affemblées gé- nérales des villes où ces chambres font établies. * DIRECTEURS GÉNÉRAUX des cinq groffes fèrmes, des gabelles, 6 des aides , &c. ce font des principaux commis qui ont la direétion de ces fermes, chacun dans les départemens qui leur font attribués par les fermiers généraux. Les dreéleurs n’ont point d’infpe“ion les uns fur les autres, mais chacun a la dire&tion générale de fon département. Ils font obligés de faire une tour- née au moins tous les ans dans tous les bureaux qui font de leur direétion. Ce font eux qui examinent &c reçoivent les comptes des receveurs, qui voient & retirent les regiftres des contrôleurs , & qui s’in- forment de la conduite de tous les autres employés qu'ils peuvent même interdire & defituer en cer- tains cas de leur propre autorité , jufqu’à ce qu’il en ait été autrement ordonné par les fermiers géné- faux. | * Il'y a auffi à la douanne à Paris un direéfeur géné. ral des comptes , à qu font remis tous les comptes des direteurs généraux , pour en faire l’examen &-les mettre en état d’être arrêtés par ceux des fermiers généraux qui font chargés de cette partie de la régie de [a ferme. las DIRECTEURS DES AYDES font des prépofés par les fermiers généraux dans les éleéhons , où ils ont däns leur département plufieurs villes, bourgs ou vil- lages fur lefquels ils leyent les droits pour les vins. Tome IF, DIR 1027 Ces direcleurs ont fous eux un réceveir, un contrôz leur & plufieurs commis foit à pié, foit à cheval, Voyez les ditl. du Comm. de Trév, & Chambers. . DiRECTEURS DES CRÉANCIERS, ( Jurifprhd.) ou pour parler plus corre“tement les dredeurs des droits des autres créanciers ; font ceux qui font chois fis entre plufieurs créanciers d’un débiteur , qui font unis enfemble par un contrat qu’on appelle contrat d'union € de direthion , à l'effet de veiller À l’inté- rêtcommun, adminiftrer les droits des autres créant: ciérs , faire toutes les démarches, pourfuites & ac- tes néceflaires, tant en jugement que dehors , pour fuivre la vente des biens qui leur font abandon nés par le débiteur , & adminiftrer ces biens jufqu’à la vente. Dans les pays de droit écrit, ceux qui font char gés de cette fonétion, font appellés fÿndics des créan- ciers ; à Paris & en plufeurs endroits on les appelle direeurs , ailleurs on les appelle fyrdics & direc- teurs. Le nombre des direéleurs n’eft pas réglé, on peut en nommer plus ou moins felon ce qui paroît le plus avantageux aux créanciers. Quelquefois on nomme un fyrdic & deux, trois où quatre direéteurs : alors le fyndic eft le premier direéfeur ; c’eft celui qui eft nommé le premier dans les a@es, qui convoque les aflemblées , & qui y préfide; du refte il n’a pas plus de pouvoir que les autres direéeurs, à moins que le contrat d'union & de dire&tion qui eft leur titre com- Mun, ne lui ait attribué nommément quelque droit de plus. Les contrats d'union & de dire@ion n’ont aucun effet qu'ils n'ayent été omologués en juftice; juiques- là les direéleurs ne font point admis à plaider en nom colleétif pour les autres créanciers, parce que régu- lierement on ne plaide point par procureur, L’étendue du pouvoir des direéteurs dépend des termes du contrat d’uzion & de direélion: ils exer« cent tous les droits du débiteur, & ne font pour ainfi dire qu’une même perfonne avec lui ; c’eft pourquoi ils peuvent en vertu du privilege de leur débiteur bourgeois, faire valoir fes biens fans être impofés à la taille, Ils ne peuvent pas avoir plus de droit que lui, fi ce n’eft pour débattre des aétes qu’il auroit faits en fraude de fes créanciers. Mais quel que foit leur pouvoir en général, ils ne font toüjours que les mandataires du débiteur & des autres créanciers , ce qui ehtraîne deux conféquen- ces importantes. La premiere qui concerne le débiteur eft qu’il de- meure toûjours propriétaire des biens par lui aban- donnés jufqu’à la vente qui eft faite par les direéfeurs des créanciers; de forte que le profit & le dommage qui arrivent fur ces biens font pour le compte du débiteur , les créanciers n’étant que les adminiftra- teurs de ces biens & fondés de procurations À l'effet de vendre, | | La feconde conféquence qui réfulte du principe que l’on a pofé , eft que les direéleurs des autres créan- ciers ne font tenus envers eux que comme tout man- dataire en général eft tenu envers fon commettant : ainfi 1ls ne peuvent excéderdes bornes de leur pou- voir , & font refponfables de rout ce qui arrive par leur dol ou par leur négligence, lorfqu’elle eft telle, qu’elle approche du dol; mais ils ne font pas ref- ponfables du mauvais fuccès de leurs démarches, lorfqu'ils paroïffent. avoir agi de bonne foi & en bons adminiftrateurs : ils ne font pas non plus refa ponfables des fautes qu’ils peuvent avoir faites par impéritie Ou par une négligence légere; c’eft aux créanciers à s’'imputer de n'avoir pas choïfi des di- reileurs plus habiles & plus vigilans. Les directeurs tiennent un regiftre de leurs délibé 600000 ài 1028 DIR rations, & lorfqu’il s’agit d’entreprendre quelque chofe quiexcede leur pouvoir, ils convoquent une aflemblée générale des créanciers pour y traiter l'af- faire dont 1l s’agit. La fon@ion des direifeurs étant volontaire , ils peuvent la quitter quand ils jugent à propos en aver- tiffant les créanciers. Voyez ABANDONNEMENT » ÂTERMOYEMENT ;, CRÉANCIERS, DÉBITEUR, DETTES, DIRECTION, SYNDICS. Voyez auffi /e craité des Criées de Bruneau, ch. XIX. p.247. Augeard, tome III, Arrét I. Mem. Alphab, verbo Direiteur. (4) DirecTEUR des fortifications , eft l'ingénieur en chef d’une province dans laquelle il fe trouve plu- fieurs places fortifiées fur lefquelles il a infpeétion pour tout ce qui concerne le devoir des mgé- nieurs. Pour bien s’acquitter de cette charge , il faut, fe- lon M. Maigret , entendre parfaitement. 1°, Les fins pour lefquelles on fortifie de certains endroits, c’eft-à-dire les circonftances qui peuvent rendre les forterefles de conféquence pour l’état. 2°, Toutes les fituations qui fe peuvent fortifier avec leurs bonnes & mauvaifes qualités. 3°. Toutes les différentes figures que l'on peut donner auxplaces , on veut dire les diverfes métho- des de fortifications. 4° La qualité de toutes les différentes fortes de ma- tériaux dont on fe fert pour l'exécution, & les con- ditions à obferver dans la main-d'œuvre pour faire de bons ouvrages. 5°. Toutes les différentes manieres dont on peut attaquer une place. 6°. La maniere de les garder, conferver & défen- dre contre toutes fortes d’attaques. © , La maniere de les munir, c’eft-à-dire la quan- tité d'hommes. de vivres & de munitions néceflaires x ? pour leur défenfe. Ce font les fept fondemens fur lefquels eft établie la fortification ; fans leur connoiflance il eft im- poffible que celui qui exerce la charge de direc- teur ne commette une infinité de fautes confidé- rables contre le bien de l’état & du fouveram. Auf M. le maréchal de Vauban dit-il que cet em- ploi demande #% officier très-expérimenté, entendant bien La guerre, & toûjours l’un des plus anciens inge- nieurs. C’eft cet officier, qui par ordre de Sa Ma- jefté ou de fes miniftres, dreffe le premier plan d’une place qu’on a réfolue de fortifier , & qui propofe les ouvrages ou les réparations qu'il convient de faire aux places. DIRECTEUR 04 INSPECTEUR GÉNÉRAL DES FOR- TIFICATIONS, C’eft proprementle miniftre des for- tifications ; il prend connoïffance de tout ce qui les concerne ; c’eft lui qui fait recevoir les ingénieurs, & qui leur fait obtenir les différens grades & les gratifications qui leur font accordés par le roi. Avant la guerre de 1672 M. Colbert avoit l'infpec- tion générale des fortifications; M. de Seignelay lui fuccéda dans la même place. La guerre ayant acquis plufieurs places au roi, M. de Louvois fut snfpetteur général des places conquifes &c de l’Alface. M, de Seignelay conferva les anciennes places du royaume & les ports. Ce miniftre étant mort vers l'année 1691, M. de Louvois eut linfpeétion générale de toutes les places de France. Après fa mort elle fut donnée à M. Pelletier de Souz y, qui l’a gardéejufqu’au commencement de la régence. M. le duc d'Orléans en fit pourvoir alors M. d’Asfeld, Depuis fa mortelle a été réunie au miniftre ou fecrétaire d’état qui a le département de la guerre, à l’exception néanmoins de ce qui concerne les places maritimes, dont l'inf- DIR peétion regarde le fécrétaire d’état qui a le départe- ment de la marine. (Q) | DIRECTEUR (a la monroie ) s’appelloit maitre dans le tems que les monnoies étoient affermées. Le direéteureft chargé dela manutention de {a mon- noie. Il fournit trois comptes différens ; favoir, le compte en sratiere & le compte de fn au direëleur général , le compte de caiffe au tréforier général. Le compte en wasiere eft arrête par le directeur général & jugé par la chambre des comptes. Le compte de fx eft jugé fur les certificats du directeur général & par la cour des monnoies. Le compte de caif/e eft rendu au confeil par le tréforier général ; les drecfeurs des provinces font à la fois directeurs & tréforiers de leurs monnoies. Leur droit eft de cinq fols par marc d’or & d’ar- gent, & fix fols pour le billon, & pour la marque furtranche d’un fol par marc d’or , & fix deniers pour l'argent. DIRECTEUR GÉNÉRAL ( à la monnaie) a l’inf- peétion de toutes les monnoies du royaume. Il re- çoit les comptes du æreéteur les arrête &c délivre des certificats du travail. Il y a une infinité d’autres dignitaires qui portent le nom de direileur | & dont on parlera aux différens articles de ce diétionnaire , qui auront rapportavec leurs fonétions. DIRECTION, f. f. ( Méch. ) eft en général la h- gne droite fuivant laquelle un corps fe meut ou eft cenfé fe mouvoir. On diten Géométrie que trois points , ou que deux ou plufeur$ lignesfont dans la même dreéfion , quand ces points ou ces lignes fe trouvent précifément dans une feule & même ligne droite. (0) | DIRECTION, en Affronomie , {e dit du mouve- ment d’une planete , lorfqu’elle eft direûte , c’eft-à- dire lorfqu’elle paroït fe mouvoir d’occident en orient, felon la fuite des fignes. La direction ef l’état oppofé à la ftation & rétrogradation. Voyez STa- TION 6 RÉTROGRADATION. | DIRECTION , er Affrologie , eft une forte de calcul par lequel on prétend trouver le tems auquel il doit arriver quelque chofe de remarquable à une perfon- ne dont on tire l’horofcope. FWoyez HOROSCOPE. On fait les direéions par tous les principaux points du ciel, & par les étoiles ; comme l’afcendant, le mi- lieu du ciel , le Soleil, la Lune, & en partie aufli par hafard. La même opération fe fait par les planetes & les étoiles fixes, mais tout différemment , fuivant les différens auteurs. Quoique ces fortes de calculs n’ayent aucun fondement réel, & qu'il foit abfurde de vouloir deviner par le cours des aftres les évene- mens de la vie ; cependant nous avons crûü devoir en donner ici une définition fuccinéte , ne fût-ce que pour tenir compte au genre humain d’avoir enfin fecoué Le joug de cette efpece de folie. DIRECTION 04 LIGNE DE DIRECTION, ez Me chanique, figmfie particulierement la hgne qui pafle par le centre de la terre, & par le centre de gravité d’un corps. Il faut néceffairement qu’un homme tombe dès que le centre de fa gravité eft hors de la ligne de di- rehion. Voyez CENTRE » GC. y Ligne de dire&ion , en Méchanique, fignifie auffi Ia ligne fur laquelle un corps fe meut & s'efforce d’a- vancer, ou avance en effet. #oyez LIGNE. cn Angle de direétion, en Méchanique, eft l’angle com pris entre les lignes de direéfion de deux puiffances qui confpirent. Voyez ANGLE & PUISSANÇES ÇONSPI- RANTES. Direction de laimant, eftla propriété qu'a Pai- mant, ou une aiguille aimantée, de tourner toïjours une de fes extrémités du côté d’un des poles de la ter- re , & l’autre extrémité du côté de l’autre pole, La propriété aitrative de l’aimant étoit connue long-tems avant {a diretfion , & fa direétion long-tems avant foninclinaifon. Voyez AIGUILLE. La direition de l'aiguille aimantée a quelque cho- fe de fort furprenant. Car , en premier lieu, cette aiguille ne fe tourne pas exaétement vers les deux poles de la terre ; de plus on y remarque chaque jour de la variation dans le même endroit ; enfin elle eft fort différente dans les différens endroits de notre globe. : À Paris il s’en faut ordinairement 1$ ou 16 de- grès , plus ou moins, qu’elle ne fe tourne exaéte- ment vers les poles : cet écart de l’aiguille s’appelle Ja déclinaifon. Voyez DÉCLINAISON. IL n’y a que quelques endroits de la terre où l'aiguille fe tourne direétement vers les poles du monde ; par-tout ail- leurs elle décline, foit vers l’orient , foit vers l’oc- cident. Le célebre M. Halley a fait une carte de fes différentes déclinaïfons. F’oyez AIGUILLE AIMAN- TÉE 6 BOUSSOLE. . Diretlion magnétique s'employe auffi dans un fens général pour la tendance de la terre & de tous corps magnétiques vers certains points. Voyez AIMANT 6 MAGNÉTISME. Selon quelques anciens philofophes, la fituation de la terre eft telle que fon axe eft dans l’axe de l’u- nivers ; enforte que fes poles & fes points cardinaux répondent exaétement à ceux de l’univers. Quel- ques-uns foûtiennent que cette poftion de la terre eft l'effet d’une vertu magnétique , & fuppofent qu’il fe trouve une pareille vertu magnétique dans les po- les du monde. Mais ces idées doivent être regardées comme chi- mériques. Nous n’avons aucune raifon plaufible de croire que la terre occupe le centre du monde, en- core moins de penfer que les poles de l'axe terref- tre foient les mêmes que ceux de l’univers. Cette opimion eft une fuite du fyftème des anciens aftro- nomes , qui fuppofoient que la terre étoit immobile, & que les aftres & les cieux faifoient leur révolution autour d'elle ; fyftème qui n’a plus anjourd’hui de fetateurs. (0) DIRECTION, en Anatomie, {e dit de la marche . d'une fibre ou d’un mufcle, par rapport aux diffé- tens plans du corps. Voyez Corps. (L) . : DIRECTION CONVERSE , ez Affrologie ; par celle- c1 le prometteur eft emporté vers le fignificateur felon l’ordre des fignes ; & par la direëte il eft empor- té de l’eft à l’oueft dans un fens contraire à l’ordre des fignes. En voilà plus qu’il n’en faut fur cette fot- tife. Voyez plus haut DIRECTION. (G) DIRECTION , (Jurifpr.) eft la régie & difpoñition que les créanciers font par le miniftere de leurs fyn- dics & direéteurs des biens qui leur ont-été abandon- nés par leur débiteur. . Quelquefois le terme de dreéfion eft pris pour l’af- femblée des diretteurs. On vend des biens dans une direéfion, c’eftà-dire dans l’aflemblée des créanciers : cette vente eft vo- lontaire, 8&c ne purge point Les hypotheques. Voyez ct-devant DIRECTEUR. (4) | WE DIRECTION , gouvernement, conduite, que l’on a d’une chofe : ainfi l’on dit qu'une perfonne a la di rétlion d'une manufa@ture, d’un magafin, éc. DIRECTION , fe dit aufi de l'emploi même de direéteur. M. N a une drefion dans les aides , & cette direttion lui vaut ro0oo iv. an DrrECTION , fignifie auffi l’étendue du départe- ment d’un direéteur, Il y-a vingt bureaux dans cette dreition. La direülion de Caën eft une des plus conf dérables'de la ferme, + 4: 0 | DIRECTION, ex fair de gabelles , eftun certain nombre de:greniers à fel , de dépôts, & de contrô- les, qui font réunis fous une même régie, &c qui dé- DIS 1029 pendent d’une mème chambre : ces diredons font au nombre de dix-fept, qui font Paris, Soiflfons y Ab+ beville, Saint-Quentin, Châlons, Troyes, Orléans, Tours, Anjou, Laval, le Mans, Berri, Moulins, Roïen, Caën, Alençon, Dijon. 7: 0Yez GRENIER À SEL. Di, de Comm, & de Trév. (G) DIRECTRICE, f. f, c’eft un terme de Géomérsrie qui exprime une ligne, le long de laquelle on fait couler une autre ligne ou une furface dans la géné ration d’une figure plane, ou d’un folide, Voyez GE. NÉRATION. Ainf fi la ligne 4 B (PL. de Géom. fig. 33.){e meut parallelement à elle-même le long de la hgne 4 C, de maniere que le point 4 foit toüjours dans la ligne 4 C, il en naîtra un parallélogramme , comme 4 CD, dont le côté 4 B eft la ligne décrivante ou gé- nératrice ; & la ligne 4 C eft la direérice, De même encore , 1 Fon fuppofe que la furface ZBCD fe meut le long de la ligne CE, dans une poñition toû- : jours parallele à fa premiere fituation, il en naîtra le folide ZDE H, dans lequel la furface 4 D eft le plan générateur, & la ligne CE ef la direétrice. Dans la defcription de la parabole, que l’on pent voir au 704 CONIQUES, la ligne D E ( figure 9. fe, con.) eft la direérice, (0) | DIRIBITEUR , f. m. (A5, anc.) nom qu’on don- noit chez les Romains à un efclave, dont la fon@ion étoit d’arranger & de donner différentes formes fin- gulieres aux ragoûts qu’on fervoit fur les tables. On l'appelloit aufi f/ruéor. DIRIMANT , adj. (Jurifprud.) Voyez Emrêcus- MENT DIRIMANT. DISCALE , f. m, (Comm.) c’eft proprement le dé- chet , par l’évaporationde l’humidité contenue dans tonte marchandife fujette à fon poids. Foyez Dé- CHET. Ainf on dit, cette botte de foie a difcalé de trois, quatre , fix, ou fept gros. DISCERNEMENT , f. m.( Logig. ) Le mot if. cerner peut fignifier deux chofes : 1°. appercevoir fimplement & direftement dans toute fon étendue une idée qui n’eft pas une autre idée : 2°, l’apperce- voir avec une réflexion tacite , qui nous fait juger & reconnoître que cette idée n’eft aucune des autres idées qui pourroient fe préfenter à notre efprit ; c’eft-à-dire qu’on peut confidérer une idée , ou dans ce qu’elle eft en elle-même , ou dans ce qu’elle eft par rapport à toute autre idée , avec laquelle on la peut comparer. Quañd on demande donc pourquoi tous les hom mes ne difcernent pas leurs propres idées; sl s'agit du difcernement diretf, je réponds que la queftion fup- pofe ce qui n’eft pas : favoir qu’on puifle avoir une idée , & ne la pas difcerner de ce dfcernement dire dont je parle. Car enfin avoir une idée, & l’apper- cevoir dans toute fon étendue, c’eft précifément la même chofe. Si l’on fuppofe que cette idée puiffe fe décompofer , & que vous n’en voyiez qu’une partie; cette partie que vous voyez alors eft précifément toute l’idée que vous avez aétuellement dans l’efprit, & quevousappercevez dans toute fon étendue, puif- que nous appellons déetout ce que l’efprit apperçoit au moment qu'il penfe. Par-là on ne peut douter que tous les hommes ne difcernent leurs idées'de ce dif. cernement direët , qui n’eft autre que la Bérception de cette idée même dans toute-fon étendue. Mais ce difcernement dire& eft fouvent joint en nous avec undi/cernement réflechi, qui eft une vüe que nous portons en même tems {ur une autre idée , qui nous fait juger ou dire en nous-mêmes (plus ou moins ex- preflément, felon notre attention ou notre intention) que cette premiere idée.eft ou n’eft pas la même qu”- une autre idée. Ce difcernement réflechi eft ce qu’on *‘ appelle ÿugement. Voyez ce mor. SIA En cefens:là, ileft vrai de dire que tous les hom- 1030 DIS mes ne difcernent pas leurs propres idées ; bien que chacune de leurs idées foit par elle-même claire &c diftinéte par un difcernement direët. Mais pourquoi, difcernant toûjours chacune de nos idées pat un diféernement dirett, manquons-nous fouvent à le faire par un dfcernement réflechi ? Cela vient de l’une des trois caufes fuivantes , ou des trois enfemble: 1° ou de nous, 2° on des idées mêmes, 3° ou des mots etablis pour exprimer les idées ; & C’eft en ces trois points que confifte l'objet de la Lo- gique. Voyez LOGIQUE. Arr. de M. FORMEY. DiscEeRNEMENT DES Esprits, c’eft un don de Dieu dont parle S. Paul. I. Cor. xij. 11. Il confifte à difcerner entre ceux qui fe difent infpirés de Dieu, fi c’eft le bon ou le mauvais efprit qui les anime ou qui les infpire ; fi ce font de faux ou de vrais pro- phetes. Ce don étoit d’une très- grande importan- ce dans l’ancien Teftament, où 1l s’élevoit fouvent de faux prophetes & des féduéteurs qui trompoient les peuples ; & dans le nouveau , aux premiers fie- cles de l’Eglife , où les dons furnaturels étoient communs , où l’ange de fatan fe transfiguroit quel- quefois en ange de lumiere , où les faux apôtres ca- choient fous l'extérieur de brebis des fentimens de loups ravifleurs. Aufi S. Jean difoit aux fideles : Ne croyez point à tour efprit , mais éprouve les efprits s'ils font de Dieu. Voyez au Deutéronome, xviy. 20. 21. 22 , les marques que Dieu donne pour diftinguer Les vrais d'avec les faux prophetes. Voyez Calmet. (G) DISCIPLE , f. m. dans l'Evangile & dans l’Hifloire profane 6 eccléfiaflique , eft le nom qu’on a donne à ceux qui fuivoient un chef, un philofophe , comme leur maître & leur doéteur. Outre les apôtres , on en compte à J.C.72, qui eft le nombre marqué dans le chap. x. de:S. Luc. Ba- ronius reconnoït qu’on n’en fait point les noms au vrai. Le P. Riccioli en a donné un dénombrement!, fondé feulement fur quelques conjeétures. Il cite pour garants S. Hippolite, Dorothée ; Papias, Eufebe, êc uelques autres dont l'autorité n’eft pas également refpettable. Plufieurs théologiens prétendent que les curés repréfentent les 72 difciples, comme les évé- ques repréfentent les 12 apôtres. Il y a aufli des au- teurs qui ne comptent que 70 diférples de J. C. Quoi qu’il en foit de leur nombre, les Latins font la fête des difciples du Sauveur, le 15 de Juillet; &c les Grecs la célebrent le 4 de Janvier. (G) DISCIPLINE, £. f. (Gram.) dans fon fens propre fignifie inffrutlion , gouvernement ; &c au figuré, une maniere de vie reglée felon les lois de chaque pro- feffion. On dit , difcipline militaire , diftipline eccléfaftique, ou diftipline de l’églife ; difcipline réguliere ou monaf- tique. DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE, (Hi/f. eccléfiaft.) La difcipline de Péglife eft fa police extérieure quant au gouvernement , & elle eft fondée fur les décifions & les canons des conciles, fur les decrets des papes, les lois eccléfaftiques, celles des princes chrétiens, & fur lesufages & coûtumes du pays. D'où il s'enfuit que des réglemens fages & néceffaires dans un tems, n’ont plus été d'utilité dans.un autre; que certains abus, ou certaines circonftances , des cas‘imprévüs, €c. ont fouvent exigé qu'on fit de nouvelles lois, quelquefois qu’on abrogeât les anciennes, &c quel- quefois auf celles-ci fe font abolies par le non-ufa- ge. Il eft encore arrivé qu'on a introduit , toléré , 8c fupprimé des coûtumes; ce qui a néceflairement 1n- troduit des variations dans la difcipline de lEglie. Ainf la difcipline préfente de l’Eglife pour la prépa- tation des catéchumenes au baptême, pour la ma- miere même d’adminiftrer le facrement, pour la ré- conciliation des pénitens , pour la communion.fous des deux efpeces, pour l’obfervation rigoureufe du DIS carême ; en un mot fur plufieurs autres points qu’il feroit trop long de parcourir, n’eft plus aujout- d'hui la même qu’elle étoit dans les premiers fiecles de l’Eglife. Elle a tempéré fa difcipline, à certains égards, mais fon efprit n’a point changé ; & fi cetté difcipline s’eft quelquefois relâchée , on peut direque fur-tout depuis le concile de Trente on a travaillé avec fuccès à fon rétabliflement. Nous avons fur la difcipline de PEghfe , un ouvrage célebre du P. Tho- maflin de l’Oratoire, intitulé ancienne & nouvelle dif: cipline de l'Eglife, touchant les bénéfices @ les bénëfe- ciers, Où 1l a fait entrer prefque tout ce qui a rapport au gouvernement eccléfaftique, & dont M. d'Heri- court, avocat au parlement , a donné un abregé , ac- compagné d’obfervations fur les libertés de léglife Gallicane. Nous en avons fouvent tiré des lumieres pour divers articles répandus dans ce Diéhonnaire. DrscrPeine, eft auf le châtiment ou la peine que fouffrent les religieux qui ont failli, ou que pren- nent volontairement ceux qui fe veulent mortifier, Voyez; CHATIMENT , FLAGELLANS. Dupin obferve que parmi toutes les auftérités que pratiquoient les anciens moines & folitaires , il n’eft point parlé de difcipline ; il ne paroît pas même qu’el- le ait été en ufage dans l'antiquité, excepté pour pu- nir les moines qui avoient péché. On croit commune: ment que c’eft S. Dominique l’Encuiraflé, & Pierre Damien, qui ont introduit les premiers l’ufage de la difcipline ; mais, comme l’a remarqué D.Mabillon, Gui, abbé de Pompofñe on de Pompofe, & d’autres encore, le pratiquoient avant eux. Cet ufage s’éta- blit dans le xj. fiecle, pour racheter les pénitences que les canons impofoient aux péchés ; & on les ra- chetoit non-feulement pour foi, mais pour les au: tres. Foyer D. Mabillon. Discipuine fe dit auffi de l’inftrument avec le- quel on fe mortifie , qui ordinairement ef fait de cor des noûées , de crin , de parchemin tortillé. On peint S. Jérôme avec des diftiplines de chaînes de fer , ar- mées de mollettes d’éperons. Voy. FLAGELLATION. Voyez le dit, de Tréy. 8 Chambers. ( G) DisciPLINE MILITAIRE, c’eft le gouvernement ou la maniere de conduire & de diriger les troupes. Des troupes bien difciplinées, font des troupes qui ont de bons réglemens, & qui les obfervent exaéte- ment. Ainfi la difcipline militaire confifte dans les ré- glemens &les ordonnances pour le fervice militaire, tant à la garnifon ou au quartier, qu'en campagne ; & elle comprend auff l'exécution de ces mêmesréz glemens. | sas Sans la diftipline, une armée ne feroit formée que d’un amas de volontaires, incapables de fe-réunir pour la défenfe commune, avides feulement du pil- lage & du defordre. C’eft elle qui les réunit fous les ordres des officiers, auxquels ils doivent une obéëif- fance aveugle pour tout ce qui concerne le fervice, « Ce n’eft point tant la multitude des foldats qui rend » une ärmée formidable , que la facilité de les rendre # fouples & fermes, & de ne faire de tant de:rmem- » bres différens qu’un corps animé du même efprit. » Telles étoient ces petites armées des Grecs, qui » avoient à combattre des millions de Perfes. Zz/f. milit, Eneffet, c’eft à la difcipline militaire que les Grecs doivent leurs viétoires fur les Perfes, & les Romains leurs conquêtes. Des troupes pour être bien difciplinées, doïvent être exercées fans relàche La meilleure dfcipline fe perd dans le repos. Quelque habile & quelque hardi que foit un général à entre- prendre de grandes aéhons, s'il manque dit M. de Folard, à faire obferver la ifcipline à {es troupes, ces grandes qualités lui feront inutiles , &elles.le précipiteront dans les plus grandes infortunes. « La » chofe eft d’autant plus grave, que le falut de l’état » & leur gloire comme leur réputation, en dépens DIS # dent uniquement. Et ce qui doit principalement # les engager à maintenir les troupes dans Pobfer- # vation des lois militaires, & à s’armer d’une r1- » gueur inflexible pour en empêcher l’affoibliffe- » ment, c’eft qu'il ne faut qu'un tems très-court, # comme dit Homere, pour jetter les foldats dans » l'oubli & le mépris de ces lois. Ce qu'il y a de plus » fâcheux, c’eft qu’on ne fauroit les retablir que par » la terreur des châtimens ; ce qui n’eft pas peu fà- » cheux & peu difficile ». Comment, fur Polybe. La diftipline militaire ne regarde pas moins l'officier que le foldat. Tous doivent obéir également à celui qui a un grade fupérieur, & auquel ils font fubordonnés pour le fervice. Tout le monde fait quel étoit la ri- gueur des Romains à cet égard. Manlius Torquatus ft mourir fon fils pour être forti des rangs, & avoir combattu , contre fa défenfe, un ennemi qui l’avoit défié. Exemple de févérité , qui ne pouvoit manquer de rendre le foldat plus exa& & plus foûmis aux or- dres du conful, mais qui fe reflent pourtant de l’ef- pece de dureté ou de férocité des anciens Romains, dont on trouve fouvent des traces dans leur hiftoi- re. Voyez CHATIMENS MILITAIRES. (Q) DISCOBOLE, f. m. (Æft. greg. & rom.) athletes qui faifoient profeflion de l’exercice du difque, & qui en difputoient Le prix dans les jeux de la Grece. Indiquons , à l'exemple de M. Burette, & d’après fes mémoires, l’origine de cet exercice, fes progrès, fes réples , fon utilité, l'équipage des difcoboles , pour difputer le prix, leur maniere de jetter le difque , en un mot les généralités les plus curieufes fur ce fujet, dont nous ne prendrons que la fleur. Ceux qui ai- ment l’érudition péniblement entaffée, en trouve- ront de refte dans Mercurial , dans Faber, dans les autres auteurs gymniques, & finalement dans nos di&tionnaires d’antiquités. Voyez DISQUE. Les premiers commencemens de l'exercice du dif- que, remontent aux tems fabuleux.On y trouveApol- Jon fe dérobant du ciel, & abandonnant le foin de fon oracle de Delphes, pour venir à Sparte jouer au difque avec le bel Hyacinthe. On y voit ce jeune homme bleflé mortellement au vifage par le difque fancé de la main du dieu, & les autres circonftances de cette avanture , qu'Ovide raconte avec tant d’a- rément dans le X, yre de fes métamorpholes. Mais ans recourir à une origine fi douteufe, contentons- ous d'attribuer ,avec Paufanias , l'invention du dif. que à Perfée fils de Danaé. Nous apprendrons de cet biftorien grec , le malheur qu’eut ce jeune héros de tuer involontairement d’un coup fatal de fon palet fon ayeul Acrife, & les fuites de cet évenement. Malgré les deux accidens funeftes dont on vient de parler , l'exercice du difque ne laïffa pas de faire fortune dans les fiecles fuivans ; & 1l étoit déjà fort . en vogue du tems de la guerre de Troie, s’il en faut _ croire Homere. C’étoit un des jeux auquel fe diver- tifloient les troupes d'Achille fur le rivage de la mer, pendant l’inaétion où les tenoit le reffentiment de ce héros contre le roi d’Argos & de Mycenes. Dans les funérailles de Patrocle, décrits dans le XZ/21. div. de l’Jliade, on voit un prix propofé pour cet exerci- ce, & ce prix eft le palet même que lancent, lun après l’autre, quatre concurrens, & qui devient la : récompenfe du vainqueur. Ulyfle dans l’Odiflée , div. VITT, trouve cette efpece de jeu tout établi À à cour d’Alfinous roi des Phéaciens ; & c’eft un des “combats gymniques , dont ce prince donne le fpec- tacle à fon nouvel hôte pour le régaler, & auquel le xoi d’Itaque veut bien lui-même prendre part , en | “montrant à fes antagoniftes combien il leur eft {u- “périeur en ce genre. Pindare, dans la 7. ode des 1/2. ‘ mioniques , célébrant les viétoires remportées aux qe publics par Caftor & par Jolaüs, n'oublie pas | ‘leur dextérité à lancer un difque: ce qui fait voir | DIS 1031 que dès les tems héroïques, cet exercice étoit du nombre de ceux pour lefquels on diftribuoir des prix dans les folennités de la Grece, Les diféoboles jettoient le difque en l’air de deux manicres ; quelquefois perpendiculairement , pour eflayer leurs forces , & c’étoit comme le prélude du combat ; d'ordinaire en avant, & dans le deffein d'atteindre le but qu’ils fe propofoient : mais de quels que façon qu'ils lançaffent cet inftrument , ils le te- noient en forte que fon bord inférieur étoit engagé dans la main, & foutenu par les quatre doigts re- courbés en- devant, pendant que fa furface pofté- rieure étoit appuyée contre le pouce , la paume de la main & une partie de l’avant- bras. Lorfqu'ils vouloient pouffer le difque, ils prenoient la pofture la plus propre à favorifer cette impulfon , c’eft-à- dire qu'ils avançoient un de leurs piés fur lequel ils courboient tout le corps ; enfuite balançant le bras chargé du difque , ils lui faifoient faire plufieurs tours prefque horontalement, pour le chafler avec plus de force ; après quoi ils le poufloient de a main , du bras, & pour ainf dire de tout 1: COrps , qui fuivoit en quelque forte la même impreffion ; & le difque échappé s’approchoit de l'extrémité de le carriere, en décrivant une ligne plusou moins cour- be, fuivant la détermination qu'il avoit reçñe en par= tant de la main du dicobole, Properce peint ce mou- vement du difque en l'air, quand il dit, Miffile nunc difti pondus in orbe rotat. | Eles. XII. lib. TI. J'oubliois d’avertir que les athletes avoient foin de frotter de fable ou de pouffere le palet & la main qui le foûrenoit, & cela en vûe de Le rendre moins gHffant & de le tenir plus ferme. Les Peintres’& les Sculpteurs les plus fameux de Pantiquité s’étudierent à repréfenter au naturel l’at- titude des difcoboles , poutlaiffer à la poftérité divers chet-d’œuvres de leur art. Le peintre Taurifque, au rapport de Pline , & les fculpreurs Nancydes & My- ron, fe fignalerent par ces fortes d'ouvrages. Quin- tilien , /v. IT. ch. xiij. vante extrèmement l'habileté de ce dernier dans l'exécution d’une ftatue de ce gen- re. On connoiït la belle ftatue du lanceur de difque, qui appartient au grand - duc de Tofcane ; mais on ignore le nom du flatuaire. Au refte on ne peut dou- ter qu'il n’entrât beaucoup de dextérité dans leur maniere de lancer le difque , puifqu’on tournoit en ridicule ceux qui s’en acquittoient mal, & qu'il leur arrivoit fréquemment de bleffer les fpetateurs par leur mal-adreffe, Pindare nous a conférvé le nom de l’athlete qui le premier mérita Le prix du difque dans les jeux olym- piques : ce fut Lincée. Mais dans la fuite, quand les exercices athlétiques furent rétablis en Grece dans la xvi1* olympiade, on n’y couronna plus que les athletes qui réunifloient les talens néceffaires pour fe diftinguer dans les cinq fortes d'exercices qui com- pofoient ce que les Grecs appelloient le pezrathle, favoir la lutte, la courfe , le faut, l’exercice du dif. que , & celui du javelot, On prefcnivoit aux di/cuboles dans les jeux publics, certaines regles auxquelles ils devoient s’aflujettir pour gagner le prix; enfuitecehui-là le remportoit, qui jettoit fon difque par-delà ceux de fes concurrens: c'eft de quoi les defcriptions de ce jeu qui fe liferit dans Homere, dans Stace, dans Lucien & ailleurs, ne nous permettent pas de douter. On regardoit la portée d’un difque pouflé par une main robufte, “comme une mefure {uffifamment connue ; & lon dé- figñoit par-R une certaine diftance , de même qu’en françois noûs en exprimons une autre par Une porrée de moufquet. L et Nous apprenons encore d’Homere & de Staçe, 1032 DIS qu'on avoit foin de marquer exatement chaque coup de difque, en y plantant un piquet, une fleche, ou quelque chofe d’équivalent ; ce qui prouve qu'il ny avoit qu’un feul palet pour tous les antagoniftes , & c’eft Minerve elle-même fous la figure d’un homme, qui chez les Phéaciens rend cefervice à Ulyffe, dont la marque fe trouve fort au-delà de toutes celles des autres difcoboles, Enfin Stace nous fournit une autre circonftance finguliere touchant cet exercice, & qui ne fe rencontre point ailleurs : c’eft qu’un athlete à ui le difque gliffoit de la main dans le moment qu'il sa mettoit en devoir de le lancer, étoit hors de com- bat par cet accident, & n’avoit plus de droit au prix. On demande fi les difcoboles, pour difputer ce prix, étoient nuds, ainfi que les autres athletes, &c l’afirmative paroît très-vraiflemblable. En effet, il femble d’abord que l’on peut inférer la nudité des difcoboles , de la maniere dont Homere dans l'Odyf- fée s'explique à ce fujet; car en difant qu'Ulyfe, fans quitter fa robe, fauta dans le ftade, prit un dif- que des plus pefans, & le pouffa plus loin que n’a- voient fait fes antagoniftes, ce poëte fait aflez en- tendre que Les autres athletes étoient nuds, en re- levant par cette circonftance la force & l’adrefle de fon héros. De plus, l'exercice du difque n'ayant Heu dans les jeux publics que comme faifant partie du pentathle, où les athletes combattoient abfolu- ment nuds , il eft à préfumer que pour lancer le pa- let ils demeuroient dans le même état, qui leur étoit d’ailleurs plus commode que tout autre. Enfin, com- me ils faifoient ufage des onétions ordinaires aux autres athletes , pour augmentet la force 8 la fou- plefle de leurs mufcles, d’où dépendoit leur vic- toire, ces onétions euflent été incompatibles avec toute efpece de vêtement. Ovide, qui fans doute wignoroit pas les circonftances eflentielles aux com- bats gymniques , décrivant la maniere dont Apollon &: Hyacinthe fe préparent à l'exercice du difque, les fait dépouiller l’un & l’autre de leurs habits, & fe rendre la peau luifante en fe frottant d'huile avant le combat: Corpora vefte levant, & fucco pinguis olivi Splendefcunt, Latique ineunt certamina difcz. - Faber qui n’eft pas de l'avis que nous embraflons, & qui penfe que les difcoboles étoient toûjours vêtus de tuniques, ou portoient du moins par bienféance ‘une efpece de caleçon, de tablier ou d'écharpe, al- legue pour preuve de fon opinion les difcoboles re- préfentés fur une médaille de l’empereur Marc-Au- tele, frappée dans la ville d’Apollonie, & produite par Mercurial dans fon traité de l’art gymnaflique ; mais 1°. cette médaille efttrès-fufpeéte, parce qu’on ne la trouve dans aucun des cabinets & des re- cueils que nous connoïflons : 2°. quelque vraie qu'on la fuppofe, elle ne peut détruire mi la vraiffemblance ni les autorités formelles que nous avons rapportées en faveur de la nudité des difcoboles ; & elle prou- veroit tout au plus que dans quelques occafions par- ticulieres, dans certains lieux & dans certains tems on a pü déroger à la coûtume générale. | , 1: On fe propofoit différens avantages de l’exercice du difque ; il fervoit à tendre le foldat laborieux & robufte : auf lifons-nous qu'Achille irrité contre Agamemnon, & s'étant féparé de l’armée des Grecs avee fes Myrmidons , les exerçoit fur le bord de Ja imér à lancer ie difque & le dard, pour les empé- chet de tomber dans l’oifiveté, qui ne manque ja- mais de faifir pendant la paix les perfonnes accoü- timides aux travaux de la guerre. Animés par la gloire, par l'honneur ou par la récompenfe , 1ls fot- tifoient leurs corps en s’amufant, & fe rendoient xédoutibles aux ennemis. Un bras acçoûtumé infen- fiblement & par degrés à manier & à lancer un far- deau auf pefant que l’étoit le difque , ne rencon- troit dans les combats rien qui püt réfifter à fes coups ; d’où 1l paroiît que l’art militaire tiroit un fe- cours très-important & très-férieux de ce qui dans. fon origine r’étoit qu'un fimple divertiflement, & c’eft ce dont tous les auteurs conviennent. Enfin Galien, Ætius & Paul Eginete, mirent aufh le dif- 4 entre les exercices utiles pour la confervation e la fanté. Are. de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | DISCOMPTE,, f. m. (Comm.) c’eft Ie profit que l’on donne à celui qui paye une lettre de change avant l’échéance : on dit plus communément ef- compte. Voyez ESCOMPTE. Dithionn. du Commerce. & Chambers. (G) DISCONTINUATION , ff, (Jurifprud.) eft la ceflion de quelqu’aéte, comme d’une poffeflion ou d’une procédure, ou autres pourfuites. La difcontinuation des pourfuites pendant trois ans , donne lieu à la péremption ; & sl. fe pañle trente ans fans pourfuites ,4l y a prefcription. Foyez PÉREMPTION , PRESCRIPTION , POURSUITE, PROCÉDURE. (4) DISCONVENANCE,, f. f. (Gramm.) on le dit des mots qui compofent les divers membres d’une période , lorfque ces mots ne conviennent pas entre eux, foit parce qu'ils font conftruits contre l’ana- logie, ou parce qu'ils raffemblent des idées difpara- tes, entre lefquelles l’efprit apperçoit de l’oppof- tion , ou ne voit aucun rapport. Il femble qu’on tourne d’abord l’efprit d’un certain côté, & que lorfqu’il croit pourfuivre la même route , 1l fe fent tout-d’un- coup tranfporté dans un autre chemin. Ce que je veux dire s’éntendra mieux par des exem- ples. | Un de nos auteurs a dit que otre réputation ne dé- peñnd pas des loitanges qu’on nous donne , mais des ac= tions loïables que nous faifons. Il y a difconvenance entre les deux membres de cette période, en ce que le premier préfente d’a- “bord un fens négatif, ze dépend pas ; & dans le fe- cond membre on foufentend Le même verbe dans un fens afirmatif.. Il falloit dire, notre reputation de- pend, non des loianges ; &c. mais des aütions louables, GC. Nos Grammairiens foûtiennent que lorfque dan le premier membre d’une période on a.exprimé u adje@if auquel on a donné.oule genre mafculin o le féminin,*on ne doit pas dans le fecond membre foûfentendre cet adje@tif en un autre genre, comme dans ce vers de Racine: : Le Sa réponfe eft dictée, & méme fon filence. Les oreilles & les imaginations délicates veulent qu’en ces occafions l’ellipfe {oit précifément du même mot an même genre, autrement ce feroit un mot différent. | er Les adjeétifs qui ont la même terminaïfon au maf- culin & au féminin, age, fidéle, volage, ne {ont pas expofés à cette difconvenance:.\ . : ré Voici une difconvenance de tems : il regarde: votre malheur comme une punition du peu de complaifance que vous avez eue pour lui dans le tems qu’il vous pria, &c. 1l falloit dire, que vous eñtes pour lui dans le tems qu'il vous pria. > QUES Lau: 2 On dit fort bien, Les nouveaux philofophes, difent que La couleur EST.un fentiment de l'ame ; mais 1l faut dire, les nouveaux philofophes veulent que la couleur SOIT un fentiment de l'ame, 1, +0 L On dit, Je crois, je foñniens, J'alfére que vous étes favant ; mais ilfaut dire, jevexx, je fouhaite, Je de= fire que vous SOYEZ favanr.. | es Une difconvenance bien Tenñble eft celle qui fe trouve aflez{ouvent dans les mois d’une APE ? es DIS les expreflions métaphoriques doivent être liées en- tr’elles de la même mamiere qu’elles le feroient dans le fens propre. On a reproché à Malherbe d’avoir dit, Prends ta foudre, Louis, & va comme un Lion. Il falloit dire, comme Jupiter : il y a difconvenance entre foudre & lion. € Dans les premieres éditions du Cid, Chimene difoit, Malgré des feux ft beaux qui rompent ma colere, Feux & rompent ne vont point enfemble; c’eft une dijconvenence , comme l'académie l’a remarqué, ÆEcorce {e dit fort bien dans un fens métaphorique, pour les dehors, l'apparence des chofes ; ainfi Pon dit que les ignorans s'arrêtent à l'écorce, qu'ils s'amujent a l'écorce. Ces verbes conviennent fort bien avec écorce pris au propre ; mais on ne diroit pas au pro- pre, fondre l'écorce : fondre fe dit de la glace ou du métal. J'avoue que fondre l'écorce m'a paru une ex- preffion trop hardie dans une ode de Rouflean : Et les jeunes zéphirs par leurs chaudes haleines Ont FONDU l'ÉCORCE des eaux. |, HI. ode 6. Il y a un grand nombre d'exemples de di/conve- nances de mots dans nos meilleurs écrivains, parce que dans la chaleur de la compofition on eft plus occnpé des penfées, qu'on ne l’eft des mots qui fer- vent à énoncer les penfées. On doit encore éviter les difconvenances dans le ftyle, comme lorfque traitant un fujet grave , on fe fert de termes bas, ou qui ne conviennent qu’au ftyle fimple, Il y a auf des dfconverances dans les penfées, dans les geftes, Gc. Singula queque locum tentant fortita decenter, Ut ridentibus arrident ; 1ta flentibus adjunt Hurani vulius. Si vis me flere, dolendum ef Prinum ipfe ubi, &c. Horat. de Arte poër. (F) DisconvenaANcCeE, correlatif de convenance, Voy. l’article CONVENANCE. | DISCORDANT, adj. on appelle ainfi ez Mufique, tout inftrument qui n’eft pas bien d’accord , toute voix qui chante faux , tout fon qui n’eft pas avec un autre dans le rapport qu'ils doivent avoir, ($) DISCORDE , 1 f. (Mychol.) les Peintres & les Sculpteurs la repréfentent ordinairement coëfée de ferpens au lieu de cheveux , tenant une torche ardente d’une main, une couleuyre ou un poignard de l’autre , le teint livide, le regard farouche, la bouche écumante , les mains enfanglantées , avec un habit en defordre &c déchiré. Tous nos poëtes modernes, anglois, françois, italiens , ont fuivi ce tableau dansleurs peintures, mais fans avoir encore égalé la beauté du portrait qu’en fait Pétrone dans fon poëme de la guerre civile de Céfar & de Pom- pée, vers 272 & fuiv. tout le monde le connoiït : Intremuêre tube , ac fciffo difcordia crine Extulis ad fuperos flygium capur, ... &c, Et quand Homere dans la defcription de cette déefle (Lliade, lv. IV.,vers 445) la dépeint comme ayant La tête dans les cieux, 6: les piés fur la terre, Cette grandeur qu'il lui donne, eft moins la mefu- re de la difcorde , que de l'élévation de Pefprit d’'Homere , comme la defcription de la renommée, Æneïd. jv. left pour Virgile, Are, de M. le Chevalier DE JAUCOURT. DISCOURS, (Bélles-Leit.\ en général fe prend pour tout ce qui part de la faculté de la parole, & éft dérivé du verbe dcere, dire, parler ; il eft genre par rapport à difcours oratoire, harangue, oraifon. Difcours, dans un fens plus ftrit, fignifie un 4/2 Tome IF, DIS 1013 | férnblage de phrafes & de raifonnemens réunis & dif polés {uivant les regles de l’art, préparé pouf des occafions publiques & brillantes : c’eft ce qu’on nomme difcours oratoire ; dénomination générique qui convient encore à plufñeurs efpeces, comme au plaidoyer, au panégyrique, à l’oraifon funebre, à la harangue, au difcours académique, & À ce qu’ori nomme proprement oraon., oranio , telles qu’on en prononce dans les collepes, (G ER Le plaidoyer eft ou doit être l'application durdroit au fait, & preuve de l’un pat l’autre ; le fermon, une exhottation à quélque vertu, ou le développe= ment de quelque vérité chrétienne ; le diféours aca- démique ; la difcuflion d’un trait de morale ou de Bttérature ; la harangue, un hommage rendu au mé- rite en dignité; le panégyrique, le tableau de la vie d'un homme recommandable par fes a@ions & par fes mœurs. Chez les Egyptiens les oraifons funebres faloient trembler les vivans, par la juftice févere qu'elles rendoient aux mofts : à la vérité les prêtres égyptiens louoient en préfence des dieux un roi vi= vant, des vertus qu’il n’avoit pas; mais il étoit jugé aprés {a mort en préfence des hommes, fur les vices qu'il avoit eus, Il feroit à fouhaiter que ce dernier ufage fe fût répandu 8 perpètué chez toutes les nations de ja terre : lé même orateur loüeroit un roi d'avoir eu les vertus guerrieres, & lui reprocheroit de les avoir fait fervir au malheur de Phumanité ; il louieroit un miniftre d’avoir été un grand politique, 6 lu reprocheroït d’avoir été un mauvais citoyen, c, Voyez ÉLOGE. M. Marmontel, Les parties du dcours ; felon les anciens, étoient lexorde, la propofition ou la narration, la confir- mation ou preuve, & la peroraïifon, Nos plaidoyers ont encore retenu cette forme; un court exorde y précede le récit des faits ou l’énoncé dela queftion de droit ; fuivent les preuves ou moyens, & enfin les conclufons. _ La méthode des fcholaftiques a introduit dans l’éloquence une autre forte de divifion qui confifte à difiribuer un fujet en deux ou trois propofñitions gé2 nérales , qu’on prouve féparément en fubdivifant les moyens ou preuves qu’on apporte pour l’éclairciffes ment de chacune de ces propofñitions : de-là on dit qu'un difcours eft compofé de deux ou trois points, DOME 18, 4 ROUS La premiere de ces deux méthodes eff la plus gé- nérale , attendu qu'il y a peu de fujets où l’on'n’ait befoin d’expofer, de prouver &c de conclure ; la fe- conde eft refervée aux fujets compliqués : elle eft inutile dans fes fujets fimples, & dont toute l’eten- due peut être embraflée d’un coup d’œil. Une divi- fion fuperflue eft une affetation puérile. Voyez Di VISION. M. Marmontel. | Le difcours , dit M. l'abbé Girard dans {es fyrony- mes françois , s’adrefle direétement à l'efprit ; il fe propofe d'expliquer & d’inftruiré : ainfi un acadé: micien prononce un dféours, pour développer ou pour foûtenir un fyflème ; fa beauté eft d’être clair, quite &c élégant. Voyez DIicTIioN , 6e. Accordons à cet auteur que fes notions font exac: tes, mais en les feftreignänt aux difours académi: ques , qui ayant pour but l’inftruftion , font plûtôt dés écrits polémiques & des differtations, que des difcours oratoires. Il ne fait dans fa définition nulle mention du cœur , 1 dés pañions & des mouvemens que l’orateur doit y exciter. Un plaidoyer, un fer- mon, une orat{on funebre, font des difcours, & ils doivent être touchans , felon l’idée qu’on a toûjours eue de la véritable éloquence. On peut même dire que les difours de pur ornement , tels que ceux qui {e prononcent à la reception des académiciens, ou les éloges académiques, n’excluent pas toute paflion; qu'ils fe propofent d’en exciter de douces, telles PPPppp 1034 DIS que l’eftime & l’admiration pour les fujets que les académies admettent parmi leurs membres; le re- gret pour ceux qu’elles ont perdus ; Padmiration &c la reconnoïflance dé leurs travaux & de leurs ver- tus. Voyez ÉLOQUENCE , ORAISON , RHÉTORI- QUE. (G) Discours , ( Belles-Lesrres. ) c’eft Le titre qu Ho- race donnoit à fes fatyres. Les critiques font partagés fur la raifon qu'a eu le poëte d'employer ce nom qui femble La convenir à La profe qu’à la poéfie. L'opinion du Pere le Boflu paroît la mieux fondée. Il penfe que la fimple obfer- Vation des piés & de la mefure du vers , en un mot, tout ce qui concerne purement les regles de la pro- fodie , telle qu’on la trouve dans Térence , Plaute, & danses fatyres d’Horace,ne fuffit pas pour confti- tuer ce qu’on appelle poeffe, pour déterminer un ou- vrage à être vraiment poétique, & comme tel dif tingué de la profe , à moins qu'il n'ait quelque ton ou caractere plus particulier de poéfie qui tienne un peu de la fable ou du füiblime. C'eft pourquoi Horace appelle fes fatyres /érmo- nes ,; comme nous dirions difcours en vers ;| &T moins éloignés de la profe , aff fèrmoni propiora , que les poëmes proprement dits. En effet, qu'on compare ce poëte avec lui-même , quelle différence quand il prend l’eflor & s’abandonne à l’enthoufiafme dans fes odes ! aufli les appelle-t-on poëmes , carmina. La même raifon a déterminé bien des perfonnes à ne mettre Regnier, & Defpreaux pourfesfatyres, qu’au nombre des verfficateurs ; parce que, difent-ils, ôn ne trouve dans ces pieces nulle étincelle de ce beau feu, de ce génie qui caraétérife les véritables poëtes. Voyez POEME 6 VERSIFICATION. (G) DISCRÉDIT , f. m. ( Comm.) perte ou diminu- tion du crédit que quelque chofe avoit auparavant; ce mot ne s’eft guereintroduit dans le commerce que depuis 1719, que divers arrêts du confeil l’ont em. ployé pour exprimer la perte qu’on faïfoit fur Les adions de la compagnie des Indes , les billets de banque, &c Le peu de cours qu’ils avoient dans le pu: blic. On dit en ce fens le difcrédis des aïtions | pour fignifier qu’elles font tombées ou baiflées. Di/crédis eît oppolé à crédir. Voyez CRÉDIT. Dilionn, du Comm.(G) DISCRÉT , f. m. ( Aif£. eccléf.) épithete en ufage | dans plufieurs maifons religieufes , tant d'hommes que de femmes , telles que celles des Auguftins , Ca- pucins, Recolets, &c. On dit wn pere diféret, une mere difcrete. Une mere diftrete eft une ancienne qui fert de confeil & d’affiftante à la fupérieure. Un pere difcret eftun député d’un couvent au chapitre provin- cial ; les prérogatives & la durée des peres difcrers varient fuivant les maifons. Discrete, adj. ( Géom. & Phyf. ) la propoñition diférere ou disjointe eft celle où le rapport de deux nombres ou quantités eft le même que celui de deux autres quantités , quoiqu'il n’y ait pas le même rap- port entre les quatre nombres. Voyez RAISON 6 PROPORTION. | Ainfi , fuppofant la proportion des nombres 6, 8::3,4.le rapport des deux premiers 6,8, eft le même que le rapport des deux derniers 3,4; par conféquent ces nombres font proportionels ; mais ils ne le font que d’une maniere difcrece ou disjointe ; car 6 n’eft pas à 8, comme 8 eft à 3; c’eft-à-dire que la proportion eft interrompue entre 8 & 3, & n'eft pas continuée pendant tout fon cours , comme dans les proportions fuivantes , où les termes font conti- nuement proportionels, 3,6::6,12::12,24,0u = 3,6,12, 24, 60. La quantité diférere eft celle dont les parties ne font point continues ou jointes enfemble. #oyez QUANTITÉ. Tel eft un nombre , dont les parties DIS étant des unités diftinétes , ne peuvent former un feul continu : car felon quelques - uns , il n’y a point dans le continu de parties a@tuellement déterminées avant la divifon : eiles font infinies en puiflance; c’eft pourquoi l’on a coûtume de dire que la quantité continue ef divifible à l'infini. V, CONTINU, QUAN- TITÉ, & DivisiBiLiTÉ. (E) * DISCRÉTION, 1. f. ( Morale.) le fubftantif difcrétion me paroît avoir une toute autre acception que l’adjeétif difcres, Difcrer ne fe dit que de l’art de conferver au-dedans de foi-même, les chofes dont il eft à-propos de fe taire : dfcrétion ne s'entend guere que de la tempérance dans le difeours & dans Les ac- tions : la vûe de Pefprit ne fe porte plus fur l’idée de fecrer. IL femble que la difcrérion marque la qualité des aétions de l’homme prudent & modéré. La mo- dération & la prudence font dans l'ame; la défcrérion eft dans les aions. ISCRÉTOIRE , f. m.( Miff, eccléf. ) lieu dansun couvent de relisieufes où s’afflemblent les metres dif- cretes. Ainfi que dfcrérion s'entend des perfonnes mêmes qui forment l’affemblée. * DISCUSSEUR , f. m. ( Hif.anc.) officier im- périal qui recevoit les comptes des collééteurs des tributs. Il jugeoit toutes les petites conteftanionsrela- tives à cet objet ; dans les autres, on en appelloit au gouverneur de la province. DISCUSSIES , adj. pl. serme de Chirurgie | concer- nant la matiere médicale externe. Ce font des médi- camens qui ont la vertu de raréfier les humeurs arrê- tées dans une partie, & de les difper. La tran{pira- tion eft ordinairement la voie par laquelle ces hu meurs s’évacuent par l’opération des di/cuffifs. On les employe pour atténuer des humeurs lentes & vif- queufes ; & 1ls fe prennent ordinairement dans la claffe des incififs : telles font les fumigations de vi- naigre jetté fur une brique rougie au feu , dont on ufe dans les tumeurs indolentes, produites par l’accumu- lation des fucs glaireux. Si la matiere eft plus épaif- fe , le remede fera rendu plus puiffant en faifant dif- foudre de la gomme ammoniaque dans ce vinaigre, & en appliquant enfuite des cataplafmes faits avec les plates carminatives qui fourniflent aufli la matiere des remedes difcuffifs. | Dans les tumeurs flatueufes qui viennent de l’en- gagement d’une pituite épaile , fur-tout aux envi- rons des articulations , 1l faut atténuer &c difcuter l'humeur. Ambroïife Paré recommande dans ce cas les fleurs de camomille , de melilot , de rofes rou- ges , l’abfinthe, & l’hiflope cuits dans la leflive ; on ajoûte un peu de véronique à cette décoétion pour en fomenter la partie, ou le liniment avec l’huile de camomille, d’anet, & de rue ; l’huile de laurier, la cire blanche ; & un peu d’eau-de-vie. Les difeuffifs font aufli fort utiles dans certaines maladies des yeux , dans les taches & opacités lége- res de la cornée tranfparente : on fe fert alors des eaux diftillées de fenouil , de grande chélidoine, d’euphraife , de fumeterre, de rue, d’eau de miel, 6:c. La décottion des fommités de camomille , de mé- lilot, de romarin , de fenouil, dont on reçoit la va- peur, produit de très-bons effets. Cette clafle de difeuffifs a été appellée des difcu/fifs-ophthalmiques.Les douches d’eaux minérales agiflent ordinairement comme difcuffifs. Voyez Douce. (F) DISCUSSION , £. f. en général fignifie Pexemer de littérature, de ftience, d'affaire , &c. ou l'explication de quelque point de critique. ’ Ce mot exprime l’aétion d’épurer une matiere de toutes celles qui lui peuvent être étrangeres pour la préfenter nette & dégagée de toutes les difficultés qui l’embrouilloient. Nous difons , par exemple, que tout ce qui regarde la mufique & la danfe des . anciens a été bien difcuré dans les favantes differta- tions que M. Burette à données fur ce fujet , & les éclaircffemens qu'il y a joints dans les mémoires de Facadémie des Bélles-Lettres. Il refte péut-être en- core dans l'antiquité plus de points à difcuter qu'on “en a éclairci jufqu'à préfent. La difeuffon en ce genre eft ce qu’on appelle autrement critique, Voyez CRITIQUE; (G) | 1e - Discussron, eftaufñ en ufageen Médecine, pour exprimer la difipation de la matiere d’une tumeur, &c fa fortie au-travers des pores , ou pour diftinguer l'évacuation de quelque hureur claire qui s’eft amaf- _ fée dans quelque partie , par une infpiration infen- fible, Foyez Discussirs. Chambers. 1 (lee Discussion, (Jurifpr. ) fignifié quelquefois coz- teflarion, & quelquefois a recherche & l'exécution que l’on fait des biens du débiteur , pour fe procurer le payement de ce qui eft dû par lui. La difèuffion prie dans ce dernier fens eft fouvent un préalable néceflaire avant que le créancier puifle - exercer fon a@ion contre d’autres perfonnes, ou fur certains biens. Ce bénéfice de difcuffion ; c’eft-à-dire Pexception de celui qui demande que difcuffion foïit préalable- ment faite, eft appellé en droit beneficium ordinis, c'eft-à-dire une exception tendante à faire obferver une certaine sradation dans l’exécution des perfon- nes & dés biens. | Ce bénéfice avoit lieu dans l’ancien droit , il fut abrogé par le droit du code , & rétabli par la novel- . Le 4 de Jufinien , tant pour les cautions ou fdéjuf- feurs , que pour lés tiers acquéreurs. La difcuffion ne confiite pas feulement à faire quel- ques diligences contre le débiteur , & à le mettre en demeure de payer ; il faut épuifer fes biens fujets à difcuffion jufqu’à le tendre infolvable, v/que ad fac- cum & peram ; c’eft l’expreffion de Loyfeau , & l’ef- prit de la novelle 4 de Juftinien. Anciennement , lorfqu'il étoit d’ufage de procé- der par excommunication contre les débireurs , il falloit avant de prendre cette voie difeuter les im- meubles du débiteut , f c'étoit un laïc ; mais la dif cuffion n'étoir pas néceflaire contre les eccléfafti- ques. Voyezles arrées de 1518, & 153. rapportés par Bouchel au mot d/exffion. : La perquifition des biens du débiteur que l’on vou- oit difiuter , fe faifoit autréfois à fon de trompe, fui- vant cé que dit Mafuere ; mais comme c’étoit une efpece de flétriflure pour le débiteur , on à retran- ché cette cérémonie , & il fuffit préfentement que la perquifition foit faiteau domicile du débiteur par un huiflier ou fergent , lequel, s’il ne trouve aucuns meu- bles exploitables, fait un procès-verbal de carence, & rapporte dans fon procès-verbal qu'il s’eft enquis aux parens & voifins du débiteur s’il y avoit d’au- tres biens, meubles, & immeubles, & fait mention de [a réponfe : fi on ne lui a indiqué aucuns biens, la diftuffion eft finie par ce procès-verbal : f onena indiqué quelques-uns , il faut les faire vendre en la maniere accoütumée, pour que la difcuffion {oït par- faite ; & fr après le decret dés immeubles indiqués, il s’en trouvoit encore d’autres , il faudroit encore les faire vendre. Si Celui qui oppofe la difcaffron prétend qu'il y a encore d'autres biens , c’eft à lui à les indiquer; la difeuffion doit être faite à fes frais , & il n’eft plus recevable enfuite à faire une feconde indication. Il ya plufeurs fortés de difcuffions ; favoir celle des meubles dvant les immeubles ; celle de l’hypo- theque fpéciale avant la générale ; celle de l’hypo- theque principale avant la fubfdiaire ; celle du prin- cipal obligé avant fes cautions ou fidéjufleurs , & avant leurs certificateurs ; celle de l’obligé perfon- nellement, ou de fes héritiers, avant les tiers dé- tenteurs ; celle des dernieres donations pour la léet- | Tome IF, DIS 1044: tite : avant de femônter aux donations précédent tes, nous expliquerons ce qui eft propre à chacune de ces cifférentes fortes de diftuffions, après avoir poié quelques principes qui leur font communs. | Le bénéfice de difcuffion a lieu pour les cautions dans tout le royaume ; à l’égarddes tiers acquéreurs, ou détenteurs, l’ufage n’eft pas uniformé, comme on le dira ci-après en parlant de la di/cuffion qui fe fait contre eux. . | Il y a des perfonnes qui ne font pas obligées de faire aucune diftufffon préalable , comme le roi pour ce qui lui eft dû , & les feigneurs de fief pour leurs. droits, pour lefquels ils peuvent direétement fe pren: dre à la chofe, | Il ÿ a auffi des perfonnes que l’on n’eft pas obligé de difeuter, telles que les princes. - On n'eff pas non plus obligé de difeurer des biens fitués hors du royaume : mais on ne peut pas fe dif penfer de dfcurer les biens fitués dans le reflort d’un. autreMparlement ; il y a néanmoins quelques parle= mens, comme Grenoble & Dijon, qui jugent le contraire, | * La diftuffion n’a päs lien pôur les charges foncie: res ; & dans la coûitume de Paris , Clle n’a pas lieu non plus pour les rentes conftituées. Foyez ci-après DisCUSsION pu TIERS ACQUÉREUR. On peut renoncer au bénéfice de difeuffion , foit! en nommant ce bénéfice , on dans des termes équi- pollens ,| pourvû que la renonciation foit exptrefle 3 Ja claute que les notaires mettent ordinairement en ces termes , rezomçant , &tc. m'emporte point uné À renonciation à ce bénéfice , nià aucun autre fem- blable. (4) | DiscUSSiON DES BIENS ALIÉNÉS. Voyez ci-après DISCUSSION DES TIERS-ACQUÉREURS 04 D'ÉTEN- TEURS, DISCUSSION DES CAUTIONS o% FIDÉTUS- SEURS. Par l’ancien droit romain, le créancier pou- voit s’adreffer direttement à la caution ou fidéjuf- feur, & l’obliger de payer fans avoir difeuré préa- | lablementle principal obligé; & s’il y avoit plufieurs fidéjufleurs ; ils étoient tous obligés folidairement. L'empereur Adrien leur accorda le bénéfice de di- viñon , au moyen duquel chacun ne peut être pour fuivi que pour fa part perfonnelle. Juftinten leur accorda enfuite le bénéfice de dif: cuffior ; c'eft-à-dire le privilege de ne pouvoir être pourfuivi que fubfdiairement au défaut du principal obligé. Ce bénéfice a lieu parnii nous pour toutes fortes de cautions , excepté par rapport aux cautions judi= cires contre lefquelles on peut agit diretement. En Bourgogne la caution ne peut exciper du béné: fice de difeuffion. Eté On doit difcuter la caution avant de s’adréffer au certificateur. Poyez Bouvot , tom. IT, verbo certiG- cateur , guef£, 2.Boerius, décif. 277. n: 3. Loyfeau des of. liv. TL: chap. jv; & du déguerps liv, LIL, chap. vu, (A) 7 DISCUSSION DU CERTIFICATEUR. Voyez ci-dei vant DISCUSSION DES CAUTIONS: DisCUSSION DÈS DONATAIRES. L'enfant qui ñe trouve pas dans la fucceflion dequoi fe remplir de fa légitime , peut fe pourvoir contre les donataites, en obfervant feulement de les difcuter chacun dans. l’ordre des donations, c’eft-à-dire en commençant par la derniere, 87 remontant enfuite aux précéden- tes de degré en degré. (4) 41 _-DISCUSSION DU FIDÉJUSSEUR, Voyez ci-dévans Di1SCUSSION DES CAUTIONS: 2\ É DISCUSSION: DE L'HYPOTHEQUE SPÉCIALE AVANT LA GÉNÉRALE, eft fondée {ur la loi à au code dé pignoribus. Comme on peut accumuler dans une obligation l’hypothéque générale avec la ‘hécias . PPPpppy 1030 DIS le, -de-là naît un ordre de di/éuffion à obferver de [a part du créancier, non pas à l'égard de l’obligé per: fonnellement ni de {es héritiers, car vis-à-vis d'eux le créancier peut s’adrefler à tel bien qu'il juge à propos ; mais le tiers détenteur d’un immeuble qui reft hypothéqué que généralement, peut demander que, difeuffion {oit préalablement faite de ceux qui {ont hypothéqués fpécialement : la raifon eft que quand l’hypotheque générale eft jointe à la fpéciale, la premiere femble n'être que fubfidiaire. La difeuffion de l'hypotheque fpécialé peut auff être oppolée entre deux créanciers , c’eft-à-dire que celui qui a hypotheque fpéciale eft obligé de la dif- cuter avant de fe venger fur les biens hypothéqués généralement ; au moyen de quoi un créancier pof- Térieur feroit préféré au créancier antérieur fur les biens hypothéqués généralement , fi ce créancier an- térieur avoit une hypotheque fpéciale qu’il n’eût pas difcutée. (4) DiscUSSION DE L'HYPOTHEQUE PRINCIPALE AVANT LA SUBSIDIAIRE, a lieu en certains Cas; par exemple, Le doüaire de la femme ne peut fe pren- dre fur les biens fubftitués, qu'après avoir épuifé Les biens libres. (4) DisCUSSION POUR LA LÉGITIME , VOÿEz ci-dev. DiScUSSION DES DERNIERS DONATAIRES. DisCUSsION DES MEUBLES AVANT LES IMMEU- BLES, chez Les Romains : dans l'exécution des biens de tout débiteur, foit mineur ou majeur, le créan- cier devoit d’abord épuifer les meubles avant d’at- taquer les immeubles ; c’eft la difpofition de la Loi divo pio , $ in venditione ,; au code de re judicat, On obfervoit autrefois cette loi en France ; mais elle cefla d’abord d’être obfervée en Dauphiné, comme le rapporte Guypape en fa décif, 281. en- fuite elle fut abrogée pour tout le royaume à Pe- gard des majeurs , par l'ordonnance de 1539, arti- cle 74. Dlufieurs coûtumes rédigées depuis cette ordon- nance ont une difpofition conforme ; telles que celle de Blois, art. 260. Auvergne, ch. xx7v. art, 1, Berri, tit, ]X. art.23. La difpofition de l’ordonnance s’obferve même dans les coûitumes qui ont une difpofition contraire, comme celle de Lodunois, ch. xxiy. art, 5. Mais la difcuffion préalable des meubles eft toû- jours néceflaire à l'égard des mineurs, & il ne fufi- toit pas que le tuteur déclarât qu'il n’a aucun meu- ble ni deniers ; il faut lui faire rendre compte, fans quoi da di/cuffion ne feroit pas fufffante. Cette formalité eft néceffaire, quand même la difcuffion des immeubles auroit été commencée con- tre un majeur, à moins que le congé d’adjuger n'eût déjà été obtenu avec le majeur, 11 en feroit de même s’il n’étoit échù des meubles au mineur que depuis le congé d’adjuger. Au furplus le mineur qui fe plaint du défaut de difiuffion, n’eft écouté qu'autant qu’il juftifie qu’il avoit réellement des meubles fuffifans pour acquitter la dette en tout ou partie. La diféuffion des meubles n’eft point requife à l'égard du coobligé ou de la caution du mineur. Voyez Lemaître, #r. des criées , ch. xxvij. n 3. & Ch xxx, n. 3. Dumolin fur-Berri, tie. jx. art. 23. & fur Lodunois , chap. xxij, art. 5. Labbe fur Berri, tit. jx. art. 49. Bourdin fur l’art. 74. de l'ordonn. de 1530. Chenu , gueft, 32. & 35. Louet & Brodeau , let. D. #. 15. Jovet, au mot Difcuffion. Voyez auff MEU- BLES & MINEUR. (4) Discussion DEs OFFICES : autrefois elle ne pouvoit être faite qu'après celle des autres immeu bles; mais depuis que l’on a attribué aux offices la même nature qu'aux autres biens, il eft libre au DIS créancier de faifir d’abord l’ofice de fon débiteu#à même avant d’avoir difcuté les autres biens. (4) DiscussiON DU PRINCIPAL OBLIGÉ, voyez ca devant DISCUSSION DES CAUTIONS. DiscuUSSION EN MATIERE DE RENTES : elle n°4 pas lieu pour les arrérages de rentes foncieres échüs depuis la détention ; & dans la coùûtume de Paris, elle n’a pas lieu non plus pour les arrérages de ren- tes conftituées. Voyez ci-apr. DISCUSSION DU TIERS ACQUÉREUR. (4) DiscUssiION DU TIERS ACQUÉREUR 04 DÉ= TENTEUR ; c’eft l'exception que celui-ci oppofe pour obliger le créancier de difcuter préalablement l’o- bligé perfonnellement , ou fes héritiers. Cette exception a lieu à leur égard dans les pays de droit. A l'égard du’ pays coûitumier, lufage n’eft pas uniforme. Dans quelques coûtumes, comme celle de Se= dan, le bénéfice de difcuffion eft reçù indéfiniment. Dans d’autres il n’a point lieu du tout, comme dans les coûtumes de Bourgogne , Auvergne , Cler- mont , & Châlons. D’autres l’admettent pour les dettes à une fois payer, & non pour les rentes ; telles que Paris, An- jou , Reims , Arniens. Quelques-unes l’admettent en cas d’hypotheque générale , & la rejettent lorfque l’hypotheque eft {pé- ciale, comme Orléans, Tours, Auxerre, &c Bour- bonnois. Enfin il y en a beaucoup qui n’en parlent point , & dans celles-là on fuit le droit commun, c’eft-à-dire que le bénéfice de difcuffion eft reçù indéfiniment, Après que difcuffion a été faite des biens indiqués par le tiers acquéreur ou détenteur, fi ces biens ne fufifent pas pour acquitter la dette, le tiers acqué- reur ou détenteur eft obligé de rapporter les fruits de l'héritage qu'il tient , à compter du jour de la de- mande formée contre lui, Voyez au digefle & au code les titres de fideuffori- bus. Loyfeau , du déguerpif]. liv. III. chap. vu. Bou= chel & Lapeyrere, au mot diftuffion, Boerius, dés ci. 277. & 221. Bouvot , au mot fidéjuffeur. Brodea fur Louet, Ze, H. fomm. 9, nr. 9. Henris, some IE, liv, IV. quefl. 22. (A4) DISCUTER , v.a@. qui marque une aétion que nous appellons difcuffion. Voyez Discussion. DIS-DIAPAZON , f. m,. terme de Mufique par le= quel les Grecs exprimoient l'intervalle que nous ap= pellons quingieme ou double oëlave, Voyez DOUBEE OCTAVE. (S) * DISERT , adj. (Gramm. & Belles-Lerr.) épithete que l’on donne à celui qui à le difcours facile, clair, pur, élégant, mais foible. Suppofez à l’homme di/erz du nerf dans l’expreffion & de l’élevation dans les penfées, vous en ferez un homme éloquent. D’oùx l’on voit que notre difért n’eft point fynonyme at difertus des Latins ; car ils difoient , peius eff quod des fertum facis, que nous traduirions en françois par c'eff l'ame qui rend éloquent , &t non pas c'eff lame qui rend l’homme difert. | DISETTE, f. f. (Gramm.) privation des chofes effentielles à la vie. La famine eft la fuite néceflaire de l’extrème diferre de blé , &c la preuve d’une maus vaïle adminiftration. DISJONCTION, f. f. (Jurifprud.) eft la fépara- tion de deux caufes, inftances ou procès, qui avoient été joints par un précédent jugement. Lorfque deux affaires paroïflent avoir quelque rapport ou connexité, la partie qui a intérêt de les faire joindre en demande la jonétion, afin que l’on fafle droit fur le tout conjointement êc par un même jugement. Si la demande paroîtjufte, le juge ordonne _ la jonétion; & quelquefois il ajoûte, fauf a disjoindre S'il y déchet; auquel cas en ftatuant fur le tout, le juge peut disjoindre le procès ou incident qui avoit été joint. Une partie intéreflée à faire disoindre les procès qui font joints, peut aufli préfenter fa requête afin de disjonttion; & fi cette demande eft trouvée juite, le juge disjoint les deux affaires ; c’eft ce que l'on appelle une érrence ou arrêt de disjonition. Voyez JONCTION. (4) 41 NL: | DISJONCTIVE,, £. f. rerme de Grammaire: on le dit de certaines conjonétions qui d’abord rafflemblent les parties d’un difcours, pour les faire confidérer -énfuite féparément. Oz, m1, foit, font des conjonc- tions disjonhves. En cette phrafe dsjonéive eft ad- je@if: mais on fait fouvent ce mot fubitantif, wxe conjonttive. On appelle aufi ces conjonétions a/ser- hatives | partitives , Ou diffributives. | al On demande fi lorfqu'il y a plufeurs fubftantifs féparés par une dis/onélive, le verbe qui fe rapporte à ces fubitantifs doit être au plurier ou au fingulier : fautil-dire , ou La force ou la douceur le feront ; ou le fera ? Vaugelas dit qu'il faut dire Ze fera ; Patru foûtient qu’on dit également bien Ze fera & le feront, qu'il faut dire /? Tirus où Mevius étoient à Paris, & non étoir ; qu'on doit dire, ox la honte , ou l'occafion, ou Pexemple, leur donneront un meilleur avis: qu’en ces façons de parler l’efprit & l'oreille fe portent au plurier plutôt qu'au jengulier; tellement qu'en ces rencontres ; pourfuit M. Patru, #7 faur confulter l'oreille, Voyez les remarques de Vaugelas avec Les notes, &cc. édit, dé VER AC ERPRN et DISJOINT , adj: on dit en Arithmérique une pro: portion æsjointe, pour défigner une proportion df° crete. Voyez DISCRETE. (0) | DISLOCATION , f. f, rerme de Chirurgie ; fe dit d’un os Ôté de fa jointure par quelqu’effort. Les Chi- ruroicns l’appellent communément /xxation, Voyez LuxATION. (F) : | DISMA, (Géog. mod,) Île voifine de Nanguafa- gur, au Japon. * DISPARATE, f. f. c’eft le vice contraire à la qualité que nous défignons parle mot durite, Il peut y avoir des di/parates entre les expreflions, entre lés phrafes , entre les penfées, entre les a€tions, 6’. en un mot 1l n’y a aucun être compolé, foit phyfique, foit moral, que nous puiffions confidérer comme un tout, entre les défauts duquel nous ne puifions aüufi remarquer des di/parares. Îl y a beaucoup de diffé- rence entre Les inégalités & les difparares. Il eft im- poffible qu'il y ait des /parates fans inégalités ; mais 3] peut y avoir des inégalités fans di/parates. * DISPARITÉ , INÉGALITÉ, DIFFÉRENCE, (Gramm. Synon.) termes relatifs à ce qui nous fait ciftinguer de la fupériorité ou de linfériorité entre des êtres que nous comparons. Le terme différence étend à tout ce qui les diflingue; c’eft un genre dont l’irégaliré 8x la difparité font des efpeces ; l’iné- gadité femble marquer la différence en quantité, & la difparité la différence en qualité. - DISPENSAIRE, f. m. (Pharmac.) c’eft ainfi qu’on nomme les hvres de Pharmacie dans lefquels eft dé- crite la compofition des médicamens que les Apoti- caires d’un hôpital, d’une ville, d’une province, d’un royaume, doivent tenir dans leurs boutiques. Ces livres fe nomment aufli formules ; pharmacopee ; antidotaire. Le difpenfaire de Paris s'appelle codex me- dicamentarius. | Dijpenfaire fe dit auffi quelquefois de l’éndroit où fe fait la difpenfation des médicamens compofés. Voyez DISPENSATION. | DISPENSATION, f£. f. (Pharmac.) eft une opé- ration préliminaire à la compoôñrion des medicamens oficinaux & magiftraux, qui confifte à pefer, confor- mément aux dofes prefcrites dans le difpenfaire au- 1037 quel on eft obligé de fe conformer, toutes les droi gues fimples dûment préparées, & à les arranger dans l’ordre où ellés doivent être pulvérifées ; cui- tes, iñfufées, 6c. C'eft ainfi que quand on veut par exemple faire la thériaque ; après avoir mondé tou tes les drogues fimples qui doivent y entrer, on les pefe chacune féparément, & on les met dans diffé: rens vafes, foit qu'on en veuille faire ou non la dé- monftration aux magiftrats &c au public, comme ce: la fe pratique à Paris toutes les fois que cet ancien & célebre antidote fe prépare par le corps des Apoti- caires. | … On fait de même la fpenfation de tous les élec- tuaires, emplâtres, décoétions , infufions ; &c: * DISPENSATEUR, f. m. (Æ1ff. arc.) officier char- gé à la cour de l’empereur de toutes les dépenfes du palais. C’étoit ce que nous appellerions aujourd’hui un chréfürier. | DISPENSE, £. £. (Jurifpr.)eft un relâchement de la rigueur du droit accordé à quelqu'un, pour des confidérations particulieres : juris provida relaxatios dit le /pecik, in rit, dé difpenfur, On r’accorde jamais aucune difpenfe contre le droit divin ni contre le droit naturel, mais feule- ment du droit poñitif établi par l’Eglife où par les puiffances temporelles , qui peut être changé & mo- difié felon lés tems & les circonftances , de là mêmé autorité qu'il a été établi, Aïn l’on ne peut douter qu’il y a des cas oùileft permis de difpenfer de la loi; mais comme la loi n’ordonne rien que de fage, & qui n’ait été établi par de bonnes räifons , on ne doit aufi en difpenfer que lorfque dans lé cas particulier qui fe préfente il y a des raifons plus fortes quie celles de là loi. Les difperfes font exprefles où tacites , &c s’appli: quent à différens objets. Il y a des difpenfés d'âge, de parerité , & d’affinité ; difpezfe pour Les ordres, pour les bénéfices ; & pour les offices , & autres que nous éxpliquerons ci-après chacune en leur rang. Dans les matierés canoniques, les di/penfes ne peuvent être accordées que par le pape feul ou par l’évêque ou fes grands-vicaires, s'il s’agit d’un fait qui n'excede pas le pouvoir de l’évêque. Celles qui font émanées de Rome doivent être fulminées dans lofficialité du diocèfe des parties. Les difperfis qui regardent les offices & autres droits témporels, ne peuvent être accordées que par le Roi : elles s’expédient par lettres de la grañ- de chancellerie, & doivent êtré enregiftrées dans les cours où on én veut faire ufage. Les di/penfes ne font néceflaires que pourles chofes qui font contre le droit commun : elles font toñjours défavorables ; c’eft pourquoï elles ne reçoivent point d’extenfion, même à des cas pour lefquels il y auroit un argument de majori ad minus : il faut feulement éxceptef les chofes qui fünt tacitement comprifes dans la dypenfe fuivant le droit & l’ufage, où qui en font une fuite néceflaire ; ou fans lefquéls la difpenfe n’auroit point {on effet. Toutes difpenfes {ont volontaires & dé grace ; on ne peut jamais forcer Le fupérieur à les donner; il y a mème des cas dans lefquels on n’en doit point ac- corder, ainfi qu’on l’expliquera en parlant des dif: férentes efpeces de dijpenfes. | Sur les difpenfes en général, vdyez Rebuffe ; é7 for traité des difpenfes ; Bernardus , de prœcepto & difpen- Jatione; Sylvefter , in fimmd ; Joannes Varenaker, de difpenfat. in jure naturali aus divino; les traités de difpenfation. de Joan. Randeus Gallus & de Bonagwid. de Aretio; le traité de poreflare abfolvendi € difpen- Jandi ; de Fr. Anton. Melius ; Ze #r. des difpenies Sie 12. impr. Rouën er 1693. (A) DiSPENSE D’AFFINITÉ : on comprend quelque- fois fous ce terme, tontes fortes de difpenfes matris 1033 DIS moniales entre ceux qui ont quelque liaifon de pa- renté ou affinité proprement dite. Les difpenfes de mariage entre ceux qui font parens. ou alliés en un degré prohibé , ne peuvent être ac- cordées que:par le pape. On n’accorde jamais de difpenfe de parenté entre parens en ligne diredte , la prokbition étant à cet égard de droit naturel & divin. Pour ce qui eft de la collatérale , on n’accorde point non plus de di/penfè au premier degré de co- gnation civile ou naturelle , fous quelque prétexte que ce foit, c’eft-à-dire entre les freres & fœurs , foit légitimes ou naturels. Il en eft de même ordinairement du premier degré d’afinité fpirituelle, c’eft-à-dire qu'un parrain ne peut obtenir difpenfe d’époufer fa filleule ; ces {or- tes de mariages étant défendus par le premier con- cile de Nicée, canon 70. Les plus favans canoniftes, tels que Panorme, Abbas, Felinus , & Benediétus, affürent que le pape n’a jamais accordé de di/penfe du premier degré d’affinité fpirituelle : il y en a néan- moins quelques exemples , entr’autres celui dont 1l eft parlé dans l'arrêt du 11 Décembre 1664, rap- porté au journal des audiences : mais ces exemples font rares. Le pape a auffi quelquefois accordé des d/penfes . au premier degré d’affinité contraëtée ex wlicitd co- pulé , par exemple entre le concubin & la fille légi- time de la concubine, comme on voit dans l'arrêt du 20 Août 1664, rapporté dans /a bibliotheque canoni- que, tom. I. p. 514. À l'égard du fecond degré de cognation naturelle ou fpirituelle, le pape en peut difpenfer ; mais ilne le fait jamais que pour des confidérations importantes; quelques canoniftes en donnent pour exemple deux cas ; favoir lorfque c’eft entre de grands princes, ou lorfqu'il s’agit du falut de Pétat. On voit même que dans le xüj° fiecle, Alexandre IV. refufa d’abord à Valdelmac roi de Suede, la 41° penfe qu’il lui demandoit pour époufer la princefle Sophie fa niece, fille de Henri roi de Danemark : 3l eft vrai qu'il lPaccorda enfuite ; mais ce ne fut qu”- après avoir été pleinement informé des grands avan- tages que les deux royaumes de Danemark & de Suede recevroient de ce mariage, comme il arriva en effet. Urbain V. reftfa parcillement une di/penfe à Ed- mond fils d'Edoüard roi d'Angleterre , qui vouloit époufer Marguerite de Flandres veuve de Philippe, dernier duc de la premiere branche de Bourgogne, quoiqu'ils ne fuflent parens qu’au troifieme degré ; &c ils eurent tant de refpe&t pour le refus du pape, que quoique leur traité de mariage füt arrêté entre eux, ils ne voulurent pas pañler outre, & fe marie- ent tous deux ailleurs. Le concile de Trente, tenu en 1545 fous le ponti- ficat de Paul HE, dit : 22 contrahendis matrimoniis vel nulla omnino detur difpenfatio, vel raro, idque ex caufé É gratis concedatur, C7 * On voit par-là qu’anciennement ces fortes de dif penfes s’obtenoient beaucoup plus difficilement qu- aujourd’hui, puifque de fimples particuliers en ob- tiennent lorfqu'il y a quelque confidération impor- tante qui engage à les leur accorder. On a vü des oncles époufer leurs nieces, des femmes époufer fuc- ceffivement les deux freres avec difpenfe, &t vice ver- fa des hommes époufer les deux fœurs. La cour de Rome n’accorde plus de d/penfes pour fe marier entre parens en degrés prohibés, qu’à ceux qui reconnoiffent le pape pour chef de Eghfe. Ces difpenfes n’ont lieu qu’en trois cas ; favoir, quand il y a eu copulation charnelle, lorfqueles par- ties demeurent dans des lieux voifins, & que par la rareté des habitans on a de la peine à trouver des partis fortables ; & enfin lorfque c’eft pour le bien de la paix, & pour ne point defunir les biens dans les familles. Les difpenfes qui font dans ce dernier cas, font taxées à la componende felon la proximité & la qualité des parties. À l'égard des hérétiques qui ne reconnoïffent point le pape, ils doivent obtenir du roi des difpenfes pour fe marier dans les degrés prohibés ; autrement leurs mariages font nuls, & ne produifent point d'effets civils. Les difpenfes qui viennent de Rome doivent être fulminées, c’eft-à-dire vérifices par l’official dio- céfain des parties qui veulent contraéter mariage , avant qu’elles puiflent faire ufage de la difpenfe, fans quoi il y auroit abus dans la célébration. Les évêques font en poñleffion de donner des dif- penfes de parenté, & d’afñnité au quatrieme degré, & auffi du troifieme au quatrieme : ils en donnent mê- me au troifieme degré inter pauperes. Voyez Rebuite, praëtica cancellar. apoftol. le même de difpenfar, in gra- dibus prohibitis, prax. benef, part: III. & de difpenfari in gradibus confanguin. dans [ès addisions [ur la regle 30. de chancellerie ; recueil de Decombes, ch. 7. é y. di&, de Pontas, & Les défin. canon. au mot difpenfe ; le tr. des difpenfes, par Nic. Schouter ; Franç. Marc, to- me IT, qu. 761; bibliot, can. tom. II. & Albert ax mot mariage; Baflet, som... liv.IV. tir. 6, ch. vis. Soefve, tom. IL, cent. 1, chap. xlvj, & cent! 3. chap. lxxxviy, & cent, 4. chap. Ixjx. @& lxxxv ; journal du palais, arrêt du 15 Mars 1672 ; quingieme plaid. de le Noble; Du- fail, Liv. I. ch. cccxxx, 6 Liv. IT, ch, ceccxxxij, Frain, p.222. bibliot. can. tom. I. p. 389.col. 1. Maynard, div. LX, ch. lvy. Catelan, Liv. I. ch. xxvuy. Boniface, com. I. liv. V. tit. 10. chap. j. mêm, du clergé, édition de1716 , tom. V, pag. 908, Voyez MARIAGE, PA RENTÉ. (4) DispenNse D’AGE , eft la licence que l’on donne à quelqu'un , d’être pourvû d’un office ou d’un bé- néfice avant l’âge requis pour le pofléder. L’émancipation que l’on accorde aux adultes , eft auffi une efpece de difpenfe d'âge, pour adminiftrer eux-mêmes leur bién avant la majorité; mais dans l'ufage on diftingue les lettres de bénéfice d’âge des difpenfes d'âge, les premieres n’étant que pour lad- miniftration des biens, au lieu que les autres font à l'effet de pofléder un office ou un bénéfice. Il y avoit chez les Romains des lois appellées 47< nales, qui fxoient l’âge requis pour pouvoir parve- nir à la magiftrature; cet ufage jufqu’au tems d’Aus gufte étoit de 25 ans : Augufte Le réduifit à 20 ans. Mais il paroît que l’on accordoit dès-lors des 4/2 penfes d'âge, non pas à prix d'argent comme on fait aujourd’hui, mais lorfque le mérite & l’expériencedu fujet devançoient le nombre des années ; c’eft pour- quoi Cafñodore dit: fpecbata fiquidem virus annali- bus legibus fubjeëta non eff, jamque honoris infulis adul. tam cingere dignus ef? cæfariem, quifquis meritorum lates de ætatis prejudicia fuperavit, C’eft auffi ce que dit Cicéron dans la cinquieme philippique: ab excellenti eximidque virtute progreffurme annorim expeilari non oportere, ne antequam republicæ prodeffe poffit, extinguatur. - Vopifeus 17 probo, dit aufh , /2 eo non expeilari @ta= em, qui virtutibus fulget & moribus poller. : Pline, en fes épitres , dit pareïllement, 4 optimé indole fruftra exigi annorum numerum, ; Enfin Cujas fur la loi derniere de decurionibus, ap- porte une exception par rapport à l’âge requis par les lois: ziff digniras, dit-il, certa fpes honorts, 14 fa- cerec ut princeps irdulgere pofer. On voit par-là que les di/penfes d'âge s’accordoient dès-lors pour différentes confidérations ; que lon avoit égard à la nobleffe d’extraétion, à la preftance “du corps, à la capacité, & parce que ce font autant de chofes qui impofent au peuple & qui contribhént à faire rendre au magiftrat Le refpe& qui lui eft dû. En France le Roï accorde, quandil le juge à:pro- pos, des difpenfes d'ége, foit pour s’infcrire dans une briverfité & pour y prendre des desrés, foit pour être recu dans quelqu’office , foit de robe, d’épée, ou de finance. L Ces difpenfes s'accordent par des lettres de la gran. de chancellerie. On accordoit ci- devant des difpenfes d'âge à de jeunes magiftrats pour être reçus avant 2$ ans, foit par rappoit à leur mérite perfonnel, foit dans l’ef- pérance qu'ils commenceroient plûtôt à fe former dans les fonétions de la magiftrature : mais depuis quelque tems 1l n’eft plus d’ufage d'accorder de ces foftes de d'fpenfès pour les ofices de cour fouveraine avant l’âge de 25 ans. “On obtient auf des difpenfes d’âge pour prendre les ordres, ou pour pofféder des bénéfices avant l'ä- ge requis par les canons. Le pape eft feul en droit d'accorder cesifortes de difpenfes , comme de prendre l’ordre de prêtrife de- vant 24 ans. Îl peut par la plénitude de fa pmiffance difpenfer un enfant au-deffous de fept ans pour tenir un bénéfice fimple , mais il ne peut pas difpenfer un enfant de prendre la tonfure devant l’âge de fept ans. Voyez les défin. canon. au mot difpenje, * Les difpenfes que le pape accorde pour recevoir les ordres avant l’âge requis par les canons, ne font ordinairement que pouf 13 ou 14 mois, & il eft d’u- fage préfentement que celui qui demande cette dif penfe rapporte une atteftation de l’évêque en fa fa- vVeur. Voyez le traité de la pratique de cour de Rome, for. [I ch. ij. (4) DISPENSE DE BANS DE MARIAGE, OU pour par- ler plus correftement , difpenfe de la publication des bans, eft une difpenfe que l’évêque diocéfain ou fes grands-vicaires accordent, quand ils le jugent à-pro- pos, à ceux qui font fur le point de fe marier, pour les affranchir de la nécefité de faire publier à l’or- dinaire les bans de leur mariage, ou du moins un ou deux de ces bans. Le concile de Trente ne prononce pas la nullité des mariages célebrés fans proclamation de bans; il femet expreflément à la prudence de l’évêque d’en difpenfer comme il le jugera à-propos. L’ordonnance de Blois, art. 40. ordonne que l’on ne pourra obtenir difpenfe de bans, finon après la pre- mere proclamation faite, & ce feulement pour quel- que urgente & légitime caufe, & à la requifition des principaux & plus proches parens communs des par- ties contractantes. Cette requifition des parens n’eft néceffaire que quand il s’agit du mariage d’un mineur ou fils de fa- mille en puiffance de pere & mere. Les évêques accordent quelquefois difpenfe des trois bans ; mais ces difpenfes {ont rares, & elles ne S’accordent qu’à des majeurs feulement. Les caufes pour lefquelles on accorde difpenfe des bans, & même du premier, font lorfque l’on craint que quelqu'un ne mette par malice empêchement au mariage; lorfque les futurs conjoints veulent éviter Péclat, à caufe de l'inégalité d'âge, de condition, ou de fortune ; lorfaw’ayant vêcu en concubinage, ils pafoient néanmoins pour mari & femme , & qu’on ne veut pas révéler leur turpitude ; fi celui qui a -abufé d’une fille veut l’époufer , on accélere de peur qu'il ne change de volonté ; fi après les fiançailles Le fiancé eft oblige de s’abfenter pendant un tems con- fidérable ; enfin lorfqu’un homme , #7 excremis, veut époufer fa concubine pour réparer fa faute, aflürer l’état de celle avec laquelle il a vêcu, & celui de tes enfans s’il y en a. Il a été fait plufieurs défenfes aux évêques, à leurs ÿ® DIS 1039 gtañds-vicaires & oficiaux, d’accordér difpenfe des trois bans fans caufe légitime, fuivant les arrêts rap- portés par Brodeau furM, Louet , Ze, M. fomm. vj. 2, 17: Bardet, rom. IT, Liv, III, chap, xxiij, & l'arrêt du 22. Décembre 1687 , at journal du palais. Les difpenfes de bans doivent être infinuées avant là célébration du mariage, & l’on en doit faire men- tion, aufli-bien que de linfinuation, dans l’adte de célébration. Voyez la déclaration du 16 Février 16 92 Brillon, au mot mariage, difpenfe. (4) DisPENSE DE BATARDISE , appellée par les ca- nomiftes d'fpenfatio natalium , n’eft pas unaête qui ait pour objet de légitimer des bâtards ; car iln’y a que le Roi qui puiffe accorder des lettres de légitimation. La difpenfe de bâtardife eft donc feulement un a@te qui babilite un bâtard à l'effet de recevoir les ordres ec- cléfiaftiques , ou de pofléder un bénéfice. Ces fortes de difpenfes s'accordent en deux manie: res, aut a jure, aut ab homine. . La difpenfe qui eft de droit, à jure, eft celle qui s'opere tacitement par la profeflion du bâtard dans un ordre religieux. Cette profeflion le rend capablé de la promotion aux ordres facrés , & de pofléder des bénéfices fimples fans qu’il ait béfoin d’autre dif= penje ; tel eft le fentiment de Davila, parr. XV11, difp. 3. Rebuff. sraëf, de pacif. poffef. n. 2. € 25. On appelle difpenfé ab homine, celle qui eft ac= cordée par le pape ou par l’évêque. Dans ces difper- Jes exprefles on doit expliquer la qualité du vice de la naiflance. Un bâtard peut obtenir difpenfe de l'évêque pour la tonfure & les ordres mineurs, & même pour tenir des bénéfices fimples, cap. 7. de filiis presbyt, in 6°. Mais lorfqu'il s’agit des ordres majeurs , de béné- fices-cures, de digmtés ou canonicats dans une égli- fe cathédrale, le pape feul peut difpenfer. Quelques-uns tiennent que quand le pape accorde la difpenfe, cum indulto non faciendi menrionem, on n'eft pas obligé de faire mention du défaut de la naif fance de l’impétrant dans fa fupplique , pôur impé- trer un bénéfice après la difpenfe; mais Pimpétration feroit nulle fuivant le chap. /£2s cum quo, 1j. de filiis presbyt, in 6°. & tel eft le fentiment de Rebuffe. Loïfqu’un bâtard eft difpenfé pour tenir des béné- fices, il eft aufi difpenfé pour pofféder des penfons ; c’eft le ftyle de ces fortes de difpenfes. Si un bâtard avoit été promû aux ordres facrés, & avoit célebré fans difpenfe, il ne feroit pas pour cela irrégulier : mais s'il veut obtenir difpenfe pour le défaut de fa naïffance, il doit l’exprimer, & faire mention de fa promotion aux ordres, I ne feroit pas non plus irrégulier, fi le collateur ordinaire lui a conféré quelque bénéfice après fa pro» motion aux ordres , & le collateur ne pourroit lui- même le priver de ce bénéfice ; mais le pape pour- rot en difpofer. Voyez les définit. canon. au mot dif penfes ; Selva, part, TI, traël, queff, 61. Rebufte, prax. benef. pare, I. chxi. xiij. xxviiy. xl. Chenu, queff, nor. cent. 2. quaæft, 1. (A) DisPENSE POUR LES BÉNÉFICES, eft un aéte par lequel un eccléfiaftique eft autorifé à poffeder un bé- néfice, nonobflant quelque défaut de capacité en fa perfonne , ou quoique le bénéfice foit incompatible avec celui qu'il poflede déjà. Les di/penfes qui ont rapport aux bénéfices, font les difpenjes d’âge & celles de bâtardife , dont il eft parlé ci-devant, les difpenfes de tems d'étude, celles de degrés, les difpenfes d'ordres , d’irrégularités, & de réfidence. Ces fortes de difpenfes font accordées par le pape, ou par l’évêque, ou par le roi, felon que le bénéfice ou le fait dont il s’agit eft de leur compétence, L’ufage des difpenjes pour les bénéfices eft devenu commun çn çour de Rome, fur-tout depuis Paul 111, 1040 DIS qui les accordoit avec tant de facilité, qu’on l’ap- pelloit le pape des banquiers, papa crapefitarum. Il y a des difpenfes tacitesi& d’autres expreffes. Elles font tacites , lorfque l’empêchement ayant été exprimé, le pape ou le roi n’ont pas laïflé de conférer. | Si Pempêchement n’avoit pasété exprimé, la clau- fe ce nonobflant, ni autre claufe équivalente, n’em- porteroient pas difper/e. ; Mais fi l’impétrant ayant déjà obtenu di/perfe pour pofléder un bénéfice , le pape lui en confere encore un autre pour le tenir avec celui qu'il poflede déjà , cela emporte difpenfe pour Le fecond. Les difpenfes tacites n’ont lieu qu'aux provifons données par le pape ou par le roi, & non dans les provifions émances des collateurs inférieurs, lef- quels ne peuvent accorder aucune difpenfe qu’elle ne {oit exprefle. On appelle difpenfe exprele, un refcrit qui contient nommément la difpenfe. Tout ce qui peut émouvoir & former quelque difficulté doit être exprimé dans la difpenfe , autrement elle eftréputée fubreptice; ce- pendant fi on avoit déjà été difpenfé d’une irrégula- tité, une feconde di/penfe qui n’en feroit pas mention ne feroit pas nulle. Les collateurs autres que le pape & le roi ne peu- vent accorder des difpenfes expreffes qu’en certains cas , ainfi qu’on l’expliquera en parlant des differen- tes fortes de difpenfes. On accorde des difpenfes d'âge , non-feulement pour les ordres, mais auffi pour tenir des bénéfices avant l’âge requis par les canons ou par la fonda- tion. = Ceux qui font irréguliers obtiennent pareïllement des difpenfes, tant à l'effet d’être promüs aux ordres, que pour pofféder des bénéfices. | On difpenfe aufi quelquefois des degrés requis pour la poffeflion de certains bénéfices. Il faut pareillement des di/pezfes pour en pofléder plufeurslorfqu'ils font incompatibles, ou qu'ils font fub eodem teëto. La provifion &c la dijpenfe à l’eitet de pofféder un bénéfice incompatible, doivent être con- tenues dans le même refcrit, & non par deux aétes féparés. Les féculiers ne peuvent fans difpenfe poffléder un bénéfice régulier, &c vice ver/a, les réguliers ne peu- vent auff , fans difpenfe , pofléder un bénéfice d’un autre ordre que le leur, ni pofléder en même tems deux bénéfices, foit fimples ou autres, non pas mé- me une penfon ni portion monachale avec un bé- néfice. Quand le pape confere un bénéfice en vommende, il n'ufe pas du terme de dipenfe, qui feroit dans ce cas inutile. L’ordonnance d'Orléans défend d'obtenir aucune difpenfe en cour de Rome, fans avoir préalablement obtenu des lettres patentes du Roi, ce qui ne s’ob- ferve pas à la vérité pour toutes fortes de di/penfés; mais cela feroit néceflaire pour des difpenfes extra- ordinaires & infolites. Les difpenfes à l'effet de tenir plufieurs bénéfices, font ou pures &cfimples & à perpétuité, ou bien el- les font accordées fous de certaines charges &c con- ditions , comme de quitter quelqu'un des bénéfices dans un certain tems, auquel cas on doit fe confor- mer à cette claufe fans pouvoir difpofer en aucune maniere du bénéfice, à moins que cela ne füt porté par la difpenfé ; on peut feulement le remettre entre les mains de l'ordinaire. Le pape n’a pas coûtume d'accorder de difpenfe pour tenir deux bénéfices-cures, à moins que les paroifles ne foient contigues , ou les bénéfices de peu de valeur, & que la dipenft ne {oit en faveur de nobles ou de gradués. DIS On n’accorde pas non plus de difpenfe por tenis deux dignités ou canonicats f&2 eodem reëlo, n1 à un régulier pour pofléder deux bénéfices en titre dans divers monafteres, Les difpenfes générales pour tous bénéfices, ne s'entendent que des bénéfices fimples ; elles ne sé tendent pas aux dignités & canonicats des églifes cathédrales ,ni aux bénéfices-cures, ni aux penfons, à moins que cela ne foit exprimé. | Celles qui parlent de bénéfices-cures ne s'étendent qu’à deux, à moins que la difperfe ne fût nommément pour trois. Les évêques ne peuvent pas donner difpen/e aux bigames de pofleder des bénéfices. Un religieux poffédant par difpenfe du pape un bé- néfce féculier, peut fans nouvelle difpenfe le permu- ter contre un autre bénéfice de même qualité. Quand des légats à larere font venus en France avec pouvoir abfolu de difpenfer, leurs bulles n’ont été vérifiées au parlement qu'avec cette modifica- tion, qu'ils ne pourroient difpenfer pour deux béné- fices incompatibles, /4b eodem teëlo, Voyez le decrer de Gratien, caufé 1. quefl. 1. cap. vly. &t quæfl. 7.cap.vy. & yij. canon 11:12. & 14. Bibliot, canon, au mot Dif: penfe. Selva, part. III. traëf, qu. 39. Franc. Marc, tom, L. qu. 326. 761.966, 1103. 1112. & 1123. Pine fon, de difpenfut. ecclefiaf?. cap. 1j. ad verbum vocabus lo. Joan. Faber, énffit. 1n tit. in quibüs de caufis ma- num. licet, Rebu®, prax. benef. de difpenfat. Duperray, tr. de la capacité des ecclsffaff. Corradius , des difpenfes apoffoliques. Tournet , Let, B,n. 53. & 54. À& ci-après DiSPENSE DE RÉSIDER. (4) DisPENSE DE COUR DE ROME, eft une d/penfe accordée par le pape, foit pour les ordres où pour les bénéfices, ou pour les mariages, ou autres eau fes. Voyez ci-devant DiSPENSE D'AGE, 6 autres artis cles fuivans. (A) DisPENSE 4D DUO ET PLURA, c'eit-à-dire pour pofféder en même tems plufeurs bénéfices in compatibles. Le pape peut accorder de ces-fortes de difpenfes lorfque le revenu des bénéfices eft fi modique, qu'un feul ne fuffit pas pour entretenir le bénéficier, où bien lorfqu'il y a néceffité ou utilité pour l'églife. Cet ufage eft fondé fur la difpoñrion du chapitre. dudum 2. de eleétionibus ; & du chap. multa, in fine, de præbendis, tiré du concile général de Latran , 1n- féré dansles décretales: Æoc idem € in perfonatibus ef[e decernimus obfervandum ; addentes ut in eadem eccle- fi& nullus plures dignitates habere prefurnat : circa [ut blimes tamen & litteratas perfonas quæ majoribus bene- ficiis funt honorande , cim ratio poflulaverit, per fedeme apoftolicam poterit difpenfart. C’eft auffi la difpofition du chapitre propo/iuir, ex- srd de conceffione prebende ; & du chapitre premier, de confuetud, in fexto. l L'évêque peut aufñ de fon autorité accorder des difpenfes ad duo pour quelque caufe légitime, & en même téms accorder au pourvû la difpen/e de réfider dans l’un des bénéfices : en effet, ayant le pouvoir d’unir en{émble plufeurs bénéfices , lorfque Le re- venu de chacun en particulier n’eft pas fufifant pour entretenir celui qui le deffert; à plus forte raïon peuvent-ils difpenfer les eccléfaftiques de leur dio- cèfe d’en tenir deux, & de la réfidence en Pun: car l'union eft un aëte bien plns fort qu’une telle difpenfe, vù que celle-ci eft feulement pour un tems, & ne change point l’état du bénéfice, ou l'union fe fait par l’extinétion du bénéfice qui eft uni à un au- tre, & dure à perpétuité. Voyez Rebuffe iz praxt de difpenfat, ad plura, num. 30. Fevret, tr. de l'abus ; div. III. ch. J. (A) | DisPENSE D'EXAMEN, eftunedi/penfe que le chef d’une compagnie accorde quelquefois verbalement % ä, à certains récipiendaires que l’on n’examine point avant de leur faire prèter ferment, eu égard à leur capacité notoire , ou à l'exercice qu’ils ont déjà fait de quelqu’autre office pendant long -tems, Les avo- cats qui ont fait la profeffion pendant dix ans, font ordinairement difpenfés de l'examen. (4) DisPENSE EXPRESSE, eft lorfque le refcrit ou au- tres lettres font mention de l’empêchement, & por- tent que nonobftant ce l’impétrant joira de ce qu'il demande ; au lieu que la dfpenfe racite eft quand les lettres font mention de l’empêchement, & que le bénéfice ou office eft conféré nonobftant cet empê- chement , maïs fans en difpenfer expreflément : s’il n’avoit pas été exprimé, la claufe zoz0b/flant ce n’em- potteroit pas difpenfe. (A) Disrense Des DEGRÉS, eft celle que le pape ou autre collateur donne à celui qui n’a pas les degrés néceffaires pour pofléder le bénéfice qu’on lui ac- corde. Voyez DEGRÉS. (4) DisPENSE D’'INCOMPATIBILITÉ, eft celle qu’on obtient pour pofléder en même tems deux bénéfices ou deux offices incompatibles : le pape l’accorde pour les bénéfices, & le roi pour les offices. (4) DisPENSE D'IRRÉGULARITÉ , éft une difpenfe que le pape accorde à un clerc irrégulier, foit pour le faire promouvoir aux ordres, foit pour l’habili. ter. à tenir des bénéfices. Voyez ci-devanr D'iSPENSE POUR LES BÉNÉFICES, @& ci-apr, DISPENSE POUR LES ORDRES. (4) | DisPENSE POUR LES OFFICES, font celles que le Roi accorde , foit par rapport à l’âge ou à quel- qu'autre défaut de qualité ; où à caufe de l’incom- patibilité de Poffice avec celui que le récipiendaire _poflede déjà ; ou bien à caufe des parentés & al- lances que le récipiendaire a dans la compagnie. Poy. ci-dev. DISPENSE D’AGE , 6 ci-apr. D'ISPENSE DES QUARANTE JOURS, GDISPENSE DEPARENTÉ. (4) DispENSE POUR OPINER, c’eft lorfque le Roi accorde à certains jeunes magiftrats qui ont été re- çus avec difpenfe d'âge, le droit d’avoir voix délibé- rative dans leur compagnie, quoiqu’ils n’ayent point encore l’âge requis par les ordonnances pour leur office. Ces difpenfés s'accordent quelquefois au bout d’un certain tems d'exercice, en confidération du mérite de l’officier, & de {on application à remplir {es devoirs. (4) DiSPENSE DES ORDRES, ou de 207 promovendo; c’eft lorfque le pape difpenfe l’impétrant d’un béné- fice , de l’ordre requis pour pofléder ce bénéfice, comme d’être prêtre pour un bénéfice facerdotal à lege aut a fundatione, Ces difpenfes ne s'accordent or- dinairement que pour un tems. | Le pape peut réirérer plufieurs fois la difpenfe 4e 207 promoyendo à un prieur commendataire. Journ. des aud, tome IV. div. VI. ch, xv. DisPENSE POUR LES ORDRES, c’eft celle que le pape accorde à un eccléfiaftique pour prendre les ordres fans attendre l’âge, ou fans garder les in- terftices ordinaires. L’évèque peut difpenfer pour les ordres mineurs : le pape difpenfe pour les ordres majeurs. Un clerc qui a quelque difformité confidérable du corps, ne peut être promû aux ordres facrés fans difpenfe. Alexandre IIT, dans le chapitre premier, de corpore vitiatis ; aux decretales, permet aux évêques de donner ces di/penfes, Foy. Rebufe, 2. part, prax. benefic. defin, canon. au mot D'isPENSE ; Tournet, ere, D.n. 44. (4) DISPENSE DE PARENTÉ ET AFFINITÉ, voyey ce qui en eft dit ci-devant par rapport au mariage, ax 720t DIiSPENSE D'AFFINITÉ. On appelle auffi difpenfe de parenté, celle que le Roi accorde à un récipiendaire dans un office, à Tome IF, DIS O4 caufe des parentés & alliances qu’il a dans la com- pagnie ; favoir lorfqu’il y a un frere, un beau-frere où un neveu : en ce cas il eft obligé d’obtenir une difpenfe ; mais quoiqu'il Pobtienne, les voix de ces parens ne font comptées que pour une. À l’écard des coufins-germains, la difpenfe n’eft pas: néceflaire , &c leurs voix font comptées ; mais les parties ont la liberté d'évoquer ou de récufer. (4) DISPENSE de non promovendo (on foufentend 44 ordines), voy. ci-dev. DISPENSE DES ORDRES. (A) DISPENSE DES QUARANTE JOURS, eft la liberté qui eft accordée à un officier de réfigner fon office, encore qu'il ne furvive pas quarante jours à la ré- fignation. Pour entendre ce que c’eft que cette difpenfe, il faut obferver que fuivant le ftyle de la grande chan- cellerie de France, dans toutes les provifions d’offi- ces expédiées fur réfignation, on met la condition, pourvé que le réfionant vive quarante jours après la date des préfentes, Ces quarante jours ne fe comptent que du jour des provifions, lefquelles font toûjours da- tées du jour de la quittance du quart denier. La difpenfe des quarante jours eft donc ce qui af- franchit Le réfignant de cette condition de furvie. Elle peut être exprefle ou tacite. Elle eft tacite , lorfque la condition de furvie n’eft point appofée dans les provifions données fur la réfignation ; ce qui eft conforme à l’édit donné à Roïen en 1597, qui porte que la claufe des qua- rante jours fera gardée en tous états & offices, érane portée par les lettres de provifion, La difpenfe exprefle peut être donnée par le col- lateur de Poffice en deux manieres ; favoir, lorf- qu’en admettant la réfisnation, on fait taxer cette difpenfe avec le quart denier de la réfignation , & que lon énonce le tout dans Les provifions ; ou bien on peut donner féparément à l'officier le privilége de n'être point fujet à la regle des quarante jours. On a même vû du tems de la ligue, que celui qui fe qualifioit lieutenant général du royaume, accor- doit des di/penfès des quarante jours , même après la mort des officiers ; ce que l’on avoit imaginé pour conferver, ou plûtôt pour faire revivre tous les offices qui étoient dans le cas de la fuppreffion, par- ce que ce lieutenant général ne pouvoit pas conférer par mort les ofiices fujetssà fuppreflion. Voyez Loy- feau, des offices, Liv. L. ch. xij. n. 13 € fuiv. (4) DIsPENSE DE RÉSIDENCE, eft celle que l’on accorde à un béneficier pour l’exempter de l’obliga- tion de réfider à fon bénéfice, quoiqu'il requiere réfidence. Ces fortes de difpenfès en général font abufives, à moins qu’elles ne foient accordées en faveur des études, où pour quelqu’autre caufe légi- time. Il y a néanmoins quelques bénéficiers qui font difpenfés de droit de réfider à leur bénéfice, à caufe de quelqu’autre emploi où 1ls font utiles à l’églife ou à l’état. Voyez les définitions canoniques, aux mots Difpenfe 6 Réfidence. (A) DiSPENSE DU SERMENT: on n’en accorde point pour les affirmations ordonnées en juftice ; aucune dignité n’en eft exempte. À l’égard du ferment que les officiers doivent à leurreception , on ne connoît qu’un feul exemple de difpenfe accordée dans ce cas, qui eft celui de la reine mere de Louis XIV. ce Roi lui ayant donné la charge de grand-maître, chef & _ fur-intendant général de la navigation & commerce, la difpenfa du ferment. Les lettres patentes du 4 Juillet 1646 portent ; fans que la préfente difpenfe puille être alléguée & tirée en exemple à lavenir pour toute autre perfonne , de quelque qualité ; dignité @& naiffance que ce foit. (4) DisPENSE DE SERVICE, eft celle que le Roi ac. corde à quelqu'un de fes officiers commenfaux ou QQQaqa 1042 DIS autres officiers privilégiés, à effet pareux de jouir de leurs priviléves , & notamment de l’exemption des tailles, quoiqu'ils n’ayent point fervi. Le réglement des tailles de 1614, article xxviy. porte qu'il ne pourra être donné aucune di/penfe de férvice , finon pour caufe de maladie certifiée par le juge & le procureur du lieu, & par aûte figné du oreffier ; lequel aête, avec la difpenft, fera fignifié au procureur, fyndic & afléeurs de la paroïfle, qui le pourront débattre, en cas de fraude & de fuppo- . fition. L'art. xxxj. du réglement général fait fur la mé- me matiere au mois de Janvier 1634, porte la même chofe , & ajoûte feulement que late ou certificat de la maladie pour laquelle on accordera difpenje de férvice, fera figniñié aux habitans des paroïffes de leur réfidence, à l’iflue de la grande mefle à un jour de dimanche ou fête, & à leur procureur-fyndic ; & encore au fubflitut du procureur général en l’é- leétion , pour le débattre, en cas de fraude, foit par écrit ou par témoins, fans être obligés de s’inf- crire en faux contre cet aëte. (4) DisPENSE TACITE, Voyez ci-devant au mot DIs- PENSE POUR LES BÉNÉFICES, DiSPENSE DE TEMS D'ÉTUDE, eft celle que le Roi accorde à celui qui veut prendre des degrés avant d’avoir étudié pendant le tems prefcrit par les réglemens. Voyez DEGRÉS. (4) DisPpENSE POUR TESTER: le pape ne peut en accorder à des chevaliers de Malthe, n1 à d’autres qui font morts civilement ; il y auroit abus. Carond. div. VII. rép. 196: (4) DispensE DE VŒUX, eft un aéte qui difpenfe quelqu'un des vœux de religion, ou des vœux fim- ples de chafteté, ou autres dévotions, comme d’al- ler à Rome ou à Jérufalem. Voyez ABSOLUTION, RÉCLAMATION & VœŒux. (4 DISPERSION , f. £. (Gramm.) fe dit en général de l’aétion d’éloigner à de grandes diftances en tous fens des parties dont l’affemblage formoit un tout. D'iSPERSION, dans la Dioptrique : point de difper- fion, eft un point duquel les rayons rompus com- mencent à devenir divergens , lorfque leur réfrac- tion les écarte Les uns des autres. Lorfque lesrayons de lumiere fortent d’un fluide ou d’un corps tran{pa- rent quelconque , en s’écartant les uns des autres, il eft certain que fi on prolongeoit ces rayons au- delà du milieu dont ils fortent , ils iroient fe réunir en un point: or ce point eft ce qu'on appelle porn de difperfion. Il eft nommé ainf, par oppoñition au point de concours , qui eft le point où des rayons convergens concourent & fe rencontrent réellement après la refradion. Voye Concours. Mais ce dernier eft plus communément appellé foyer; & le premier, foyer virtuel, Voyez VIRTUEL é Foyer. (0) DISPONDÉE , f. m. (Bell. Lesr.) dans l’ancienne poéfie, pié ou mefure de vers qui comprend un double fpondée ou quatre fyllabes , comme zxcre- mentum , deletfantes ; SaumaËcvrav. (G) DISPOSER , v. aût. (Gramm, G Comm.) terme fort ufté parmi les négocians ; il fignifie donner en payement, vendre, abandonner, négocier, placer, fe de- aire de quelque chofe. Exemples. Vai difpofé de mes fonds y de mon argent, je les ai placés. Ce négociant a d/polé de fon commerce en faveur de fon gendre, il le lui a abandonne. Pai difpofé de mes laines, c’eft-à-dire je les ai vendues. Je viens de d/pofér des lettres de change que j’a- vois fur vous, je les ai données en payement à un. marchand. Difionn, du Comm, I} fe dit encore & des précautions que l’on prend pour certaines aétions ; z/ fe difpofe à partir : & de l’ordre felon lequel on place des êtres ou phyfiques, ou moraux, où métaphyfiques : voilà des preuves bien difpofees, &tc. DISPOSITIF , {. m. (Jurifpr.) eft la partie d’une fentence ou d’un arrêt qui contient le jugement pro- prement dit, c’eft-à-dire les difpoñitions du juge- ment. On diftingue dans un jugement plufeurs par- ties : fi c’eft un jugement d'audience, il n’a que deux parties, les qualités & le dfpofitif ; fi c’eft un juge- ment fur inftance ou procès appointé , il y a les qualités , le vù & le difpofirif. On appelle auffi difpoftif, un projet de jugement qui eft arrêté de concert entre les parties. Ces fortes de difpofitifs font ordinairement fur papier commun ; ils contiennent en tête les noms des avocats ou des procureurs , avec le nom de leurs parties: enfuite eftle difpofinif, c’eft-à-dire le projet du jugement dont on eft d'accord. Le di/pafinif doit être figné par les avocats qui y font en qualité, & aufi par les procureurs : fans la fignature de ces derniers, le difpofitif n'engagéroit pas les parties. Quand le Zf pojrrif et figné des parties ou de leurs procureurs, celui entre les mains duquel il eft réflé, fait une fommation à l’autre, pour en voir ordonner la re- ception à l’audience: au jour indiqué, l'avocat ow. le procureur porteur du d/po/tif, en demande la re- ception. Mais il faut remarquer qu’à l'audience on qualifie ordinairement ces fortes de Zfpofinifs d’ap pointement, Celui qui demande la reception du 4f- poitif ou appointement, en fait la leéture, ou ex- pofe en fubftance ce que contient le difpofitif, 8 obferve qu'il eft figné de toutes les parties; ou s'il n’eft pas figné de tous, 1l demande défaut contre ceux qui n’ont pas figné : le juge prononce l’appoin- tement reçu avec ceux qui l’ont figné , & défaut contre les défaillans, On porte quelquefois ces di£ pofitifs tout de fuite au greffe, & on les fait mettre fur la feuille du greffier ; mais il eft plus régulier de les faire recevoir à l’audience. Au châtelet & dans quelques autres tribunaux, on appelle ces 4/pofnifs des expédiens. (A) | | DISPOSITION , f. £. (Belles- Less.) partie de fa Rhétorique qui confifte à placer &-ranger avec ox- dre & juiteffe les différentes parties d’un difcours. La difpofirion eft dans l’art oratoire ce qu’eft un bel ordre de bataille dans une armée, lorfqu'il s'agit d’en venir aux mains ; car 1l ne fufit pas d’avoir . trouvé des argumens & des raifons qui doivent en- trer dans le fujet que l’on traite , il faut encore fa- voir les amener , les difpofer dans l’ordre le plus propre à faire imprefhion fur l’efprit des 2uditeurs. Toutes les parties d’un difcours doivent avoir éntre elles un jufte rapport, pour former un tout qui foit bien lié & bien aflorti; ce qu'Horace a dit du poë- me, étant exactement applicable aux produétions de Péloquence : Singula quæqué locum teneant fortita decenter. La difpofirion eft donc l’ordre ou larrangement des parties d’un difcours, qu'on met ordinairement au nombre de quatre ; favoir l’exorde ou début, la narration, la confirmation, & la peroraifon ou con- clufion : quelques-uns cependant en diftinguent juf- qu’à fix ; favoir l’exorde, la divifion, la narration , la confirmation , la réfutation, & la peroraifon, qu'ils expriment par ce vers technique : Exorfus, narro, feco, firmo, refello, peroro. Mais il eft beaucoup plus fimple de comprendre la divifion dans l’exorde, & la réfutation dans la con- firmation. La difpofirion eft ou naturelle ou artificielle ; la naturelle eft celle dans laquelle on vient de ranger HT S toutes les parties du difcours. En effet, ce ne font, pas les regles , mais la nature elle-même qui diéte que pour perfuader les auditeurs, 1°. 1l faut les dif- pofer à écouter favorablement les chofes dont on veut les entretenir. 2°. Il faut leur donner quelque connoïffance de l'affaire que l’on traite , afin qu'ils fachent de quoi il s’agit. 3°. On ne doit pas fe con- tenter d'établir fes propres preuves, il faut renver- {er celles de fes adverfaires ; & enfin lorfqu'’un dif- cours eft étendu , & qu'il eft à craindre qu’une par- tie des chofes qu'on a dites ne fe foit échappée de la mémoire des auditeurs, 1l eft bon de répeter en peu de mots fur la fin ce qu'on a dit plus au long. Parmi les modernes , un difcours fe difiribue en exorde, divifion ou propofition, premiere, feconde, & quelquefois troifieme partie, & peroraïfon; & dans l’éloquence du barreau on diftingue Pexorde, la narration ou le fait, ou la queftion de droit, la preuve ou les moyens, la replique ou réponfe aux objedions , & la conclufion, ou, comme on dit en ftyle de palais, les conclufons. : Par difpolition artificielle on entend cellé où pour quelque raïon particuliere on s’écarte de l’ordre naturel, en mettant une partie à la place de l’autre. Voyez chaque partie du difcours fous fon article, ExORDE, NARRATION ,; CONFIRMATION , 6, (©) | | — Disrosirion, (Medecine) Maëiou, fignifie Ve- zat du corps humain , dans lequel il eft fufceptible de changement en bien ou en mal, comme de recou- vrer la fanté s’il l’a perdue ; d’être affeété de mala- die, ou d’un plus grand dérangement de fonétions , lorfque la maladie eft déjà établie : ainfi ce terme fe prend en différens fens ; on l’exprime communément en latin par le mot diarhefis, qui eft le même qu’en grec : on dit diathefis tnflammatoria ; difpofition à l’in- flammation ; /corbutica , au fcorbut, &c. Le mot difpofiion eft encore employé quelquefois pour habitude, Voyez HABITUDE. (d) Disposition, (Jurifp.) eft un aéte qui ordonne quelque chofe , ou qui contient quelque arrange- ment des biens de celui qui difpofe. (4) DISPOSITIONS d’un aële, en général font les con- ventions & les arrangemens portés dans l’aéte. (4) DisPOsiTIiONS d’un arrét ou autre jugement ; c'eft ce qui eft ordonné par le jugement. Les di/pofttions font toutes renfermées dans la derniere partie du ju- gement, qu'on appelle le difpofiuf. (4) DisPOSITION CADUQUE , eft une chofe ordon- née par un jugement ou autre aéte,qui demeure fans exécution , parce qu’elle ne peut plus avoir lieu, _ Loit par le décès de quelqu'un, ou-par quelque au- tre évenement. (4) DisPOSITION CAPTATOIRE: on appelle ainf dans les teftamens &cautres aétes de dermiere volonté, les difpoñitions qui tendent à engager celui à qui on don- ne quelque chofe à faire de fa part quelque hhérali- té :parexemple, s’il eft dit, j'irfétue Tistus pour relle part qu'il m'inflituere fon héritier, ces fortes de difpo- fitions {ont reprouvées comme n'étant pas de vraies libéralités ; mais ce n’eft pas une difpo/ition captatoi- re, que de donner quelque chofe en reconnoïflance de ce que l’on a déjà recû. Voyez les lois 70 & 71. ff. de hæred. inflir. Cujas, sbid. Godefroi, fr La loi 11, cod. de teffam. milit, Maynard, Hv. VLIX, chap. lxÿ. Caïfondas , livre VIII, rép. Ix. & au mot TESTA- MENT. (4) | DispOSITION 4 caufe de mort , eft un aûte fait en vüe de la mort , & par lequel on déclare fes dernie- res volontés, On entend quelquefois par ce terme Paëte qui contient les di/pofitions , &c quelquefois les gifpofitions mêmes. Il y a trois fortes d'actes, par lefquels on peut faire . dome IP, DIS 1043 des dfpofitions ; favoirles donations à canfede mort, les teftamens, & codiciles. On peut auf en faire par une inftitution contrac- tuelle, par une convention de fuccéder, par une dé- mifion ou partage , fait par les pere & mere entre leurs enfans. Les difpofitions à caufe de mort font révocables de leur nature jufqu’au dernier moment de la vie, à moins qu'elles ne participent en même tems de la ndture des aétes entre-vifs, comme les inflitutions contrattuelles. Poyez DONATION , TESTAMENT, CODICILE, INSTITUTION, SUBSTITUTION ,LEGS, D'ÉMISSION , PARTAGE. (4) DisPosiTiON CAUSÉE, c’eft lorfque le jugement ou l’aéte font motivés. (4) | DisPOSITION COMMINATOIRE, c’eft lorfqu’u- | ne Convention Où un jugement prononce une peine ou une déchéance, faute de faire quelque chofe dans un certain tems, Quoique cela n'ait point été fait dans le tems marqué, on n’en eft pas déchà irrévo- cablement ; parce que la di/pofition n’eft réputée que comminatoire : c’eit pourquoi il faut obtenir un au tre jugement, qui faute d’avoir fatisfait au premier, déclare la peme ou déchéance encourue, à moins qu'il ne füt dit par le premier jugement, qu’en ver- tu de ce jugement & fans qu'il en foit befoin d’autre, la dfpofition aura fon effet. Voyez COMMINATOIRE & DÉFAUT. (4) DisPOSITION CONDITIONNELLE, eft celle dorit l’éxécution dépend de l’évenement de quelque con- dition. (4) DisPOsITIONS DES COUTUMES , font ce qui eff ordonné par le texte des coûtumes. Chaque article de coûtume forme une difpofirion particuliere , & même en renferme quelquefois plufieurs, Foyez ci. devant COUTUMES. (4) DISPOSITION DE DERNIERE VOLONTÉ , eft un acte fait en vüe de la mort, par lequel on ordonne quelque chofe au fujet de fes biens , pour avoir lieu après fa mort. Voyez ci-devant DISPOSITION 4 caufe de mort, (A) DisPOsiTION ENTRE-VIFS , eft ce qui eft ordon- né par un acte entre-vifs, & pour avoir fon exécu- tion entre-vifs. La di/pofition entre-vifs eft oppofce à la difpofition à caufe de mort ; une vente , un échan-. ge, {ont des difpofitions entre - vifs : un less eft une difpofition a caufe de mort. (A) DisPOsITION GRATUITE, eft celle qui eff faite par pure libéralité, comme une donation ; à la dif- férence d’un baïl ,où la chofe eft donnée pour en t1- rer une rétribution. (4) DiSPOSITION IRRÉVOCABLE, eft un a@te au fu- jet duquel on ne peut varier , tel qu’une donation entre-vifs; au lieu que les. di/pofftions de derniere volonté font révocables jufqu’à la mort, (4) DisPOSsiTION d’un jugement, eft ce que le juge- ment ordonne, {oit fur le différend des parties, foit par forme de réglement. Chaque difpofiion d’une fentence ou arrêt forme comme autant de jugemens féparés : c’eft pourquoi l’on dit, oc capita , tot judi- cia ; &c il eft permis de fe pourvoir contre une if. pofition fans attaquer les autres, fauf à celui qui foù- tient le bien-juge, à faire voir la relation qu’une dif pofition peut avoir avec l’autre. (4) | DisPOSITION DE L'HOMME, s'entend de tout ce que les hommes peuvent ordonner par aûte, foit en- tre-vifs, ou à caufe de mort, La d/pofirion de l’hom- me eft oppofée à celle de la loi ; & la maxime en cette matiere eft que la difpofrtion de l’homme fait cefler cel. le de la loi. Ce n’eft pas que les particuliers ayent le pouvoir d’abroger les lois : cela fignifie feulement que la difpofition de l’homme prévaut fur celle de la loi, lorfque celle-ci n’a ordonné quelque chofe que dans le cas où l’homme n’en auroit pas ordonné aus QQQgaqi ? 1044 DIS trement , ou lorfque la loi a difpofé fimplement fans défendre de déroger à fa difpofition. (4) DisPOsiTION LIBRE, eft un aété fait par quel- qu’un de fa bonne volonté , fans aucune force ni contrainte , & fans fuggeftion ni captation de per- fonne. Voyez CAPTATEUR, FORCE, VIOLENCE, SUGGESTION. (4) DisPOSITION DE LA LOI, eft tout ce que la loi ordonne : & l’on entend par-là non-feulement ce qui eft porté par les lois proprement dites , telles que les lois romaines , 8 les ordonnances, édits, & décla- rations ; mais aufli toute difpofttion qui a force de loi, telles que les coûtumes , & même les ufages non écrits qui s’obfervent detems immémorial. La di/po- ftrion de l’homme fait ceffer celle de la loi. Voyez ci-dev. DISPOSITION DE L'HOMME, 6 Lot. (4) DisPOSITION MODALE, eft celle à laquelle le teftateur a attaché une certaine charge, de faire ou donner quelque chofe en confidération de fa libéra- lité, & après que le légataire l’aura recüe. Il y a quelques lois qui donnent le nom de condition, à ce quin’eft proprement qu’un mode, quoique le mo- de foit différent de la condition affirmative & de la condition négative. Voyez MODE. (4) DisPOSITION NÉGATIVE, eft la difpofition d’une loi qui fe contente d’ordonner quelque chofe , fans défendre de faire aucune convention ou difpofition au contraire. Tel eft l’article 139. de la coûtume de Reims, qui porte : « homme & femme conjoints par » mariage, ne font uns & communs en biens meu- # bles & conquêts faits durant & conftant le ma- » riage ». Cette difpofiion eft fimplement négative, parce que quoiqu’elle n’établifle pas la communau- té, elle ne défend pas aux parties de la ftipuler. Ce ne font pas les termes négatifs qui forment ce que l’on appelle une d/pofition négative ; car une difpoft- tion de cette efpece peut être conçüe en termes afñr- matifs , qui foient équipollens à des termes négatifs. La difpofiion fimplement négative eft oppofée à la difpofition prohibitive, qui défend de rien faire de contraire à ce qu'elle ordonne. Il y a des difpofitions qui lont tout à la fois négatives prohibitives ; c’eft- . à-dire qui en rejettant quelque ufage , défendent en même tems de déroger à cette d/pofition. Voyez ci- après DiSPOSITION PROHIBITIVE. (4) DisPOsiTION ONÉREUSE, eft un aéte qui tranf- met à quelqu'un une chofe à titre onéreux, & non à titre lucratif. (4) $ DisPOsITION PÉNALE, voyez LOI PÉNALE. DiISPOSITION PROHIBITIVE, eft une &/po/ition d’une loi ou d’un jugement , qui défend de faire quel- que chofe. Il n’eft pas permis aux parties de déroger à ces fortes de difpofitions : tel eft, par exemple, l'article 330. de la coûtume de Normandie, qui por- te : « quelque accord ou convenant qui ait été fait _# par contrat de mariage, les femmes ne peuvent # avoir plus grande part aux conquêts faits par le # mari, que celle qui eft reglée par la coûtume à la- # quelle les contraétans ne peuvent déroger ». Cette difpofition eft tout à la fois prohibitive négative. Il y a des difpofitions où la prohibition n’eft pas fi mar- quée, & qui ne laïflent pas d’être prohibitives né- gatives ; telles que l’arsicle 251. de la coûtume de Pa- ris , « nul ne peut être héritier & légataire ». Voyez ci-devant DISPOSITION NÉGATIVE, & la sreigieme queflion des differtarions de M. Boulenois. (4) DisPOsiTION RÉMUNÉRATOIRE, eftun aéte qui a pour objet de récompenfer quelqu'un des fervices qu'il a rendus. (4), DisPOSITION DE SENTENCE, c’eft ce qui eft or- donné par une fentence. Voyez ci- devant Disposr- TION d’un arrét. (A ) DisPOSITION TESTAMENTAIRE, c’eft une chofe qui eff ordonnée par teftament, Foy. TESTAMENT. (4) DIS DisPOsiTION d’une armée, ( Art mil.) c'eftlapof- tion ou l’arrangement que lui donne le général. Foy. ORDRE DE BATAILLE, La meilleure di/po/firion d’une armée, felonVegece, n’eft pas tant celle qui nous met en état de battre l’ennemi , que celle qui l’affame &c le ruine à la longue. C’étoit auffi le fentiment de Cé- far : ce fameux Romain, dans la guerre d’Afranius, ayant coupé les vivres à Parmée ennemie, & étant preflé par fes foldats de profiter de l’occafion de combattre, ze voulut pas hafarder de braves foldars, ni fe mettre au pouvoir de la fortune ; parce qu’il n’ef£ Pas moins du devoir d'un grand capitaine de vaincre [or ennemi par adreffe, que par force. Comm. de Céfar par d’Ablancourt. (Q) DisPOsiTiON, er Architetture, eft la diftribution jufte de toutes les différentes parties d’un bâtiment, conformément à leur nature & à leur utilité. Voyez ORDONNANCE. | DiIsPOSITION , (J'ard.) Voyez DISTRIBUTION. DISPUTE , f. f. (Métaph. & Moral.) L’inégale mefure de lumieres que Dieu a départies aux hom- mes ; létonnante variété de leurs caraéteres, de leurs tempéramens, de leurs préjugés, de leurs paf- fions ; les différentes faces par lefquelles ils envifa- gent les chofes qui les environnent, ont donné naïf- fance à ce qu’on appelle dans les écoles d/pure, À peine a-t-elle refpecté un petit nombre de vérités armées de tout l'éclat de l'évidence. La révélation n'a pù lui infpirer le même refpeët pour celles qu’elie auroit dû lui rendre encore plus refpeétables. Les fciences en diffipant les ténebres , n’ont fait que lui ouvrir un plus vafte champ. Tout ce que la nature renferme de myftérieux, les mœurs d’intéreffant, l’hiftoire de ténébreux , a partagé les efprits en Opinions oppofées , &c a formé des feétes, dont la difpute {era l’immortel exercice, La difpure, quoique née des défauts des hommes, deviendroitnéanmoins pour eux une fource d'avantages, s'ils favoient en bannir l’emportement ; excès dangereux qui en eft le porfon. C’eft à cet excès que nous devons impu- ter tout ce qu'elle a d’odieux & de nuifible. La mo- dération la rendroït également agréable & utile, foit qu’on l’envifage dans la fociété, foit qu’on la confidere dans les fciences. 1°. Elle la rendroit agréa- ble pour la fociété. Si nous défendons la vérité, pour- quoi ne la pas défendre avec des armes dignes d’el- le ? Ménageons ceux qui ne lui réfiftent qu’autant qu’ils la prennent pour le menfonge fon ennemi. Un zele aveugle pour fes intérêts les arme contre elle; ils deviendront fes défenfeurs , fi nous avons l’a- dreffe de deffiller leurs yeux fans intérefler leur or- ueil. Sa caufe ne fouffrira point de nos égards pour fie foibleffe ; nos traits émouffés n’en auront que plus de force; nos coups adoucis n’en feront que plus certains; nous vaincrons notre adverfaire fans le bleffer. | Une difpute modérée , loin de femer dans la fo- ciété la divifion & le defordre , peut y devenir une fource d’agrémens. Quelle charme ne jette-t-elle pas dans nos entretiens ? n’y répand-elle pas, avec la varièté, l’ame & la vie? quoi de plus propre à les dérober, & à la ftérilité qui les fait languir , 8 à l’u- niformité qui les rend infipides ? quelle reflource pouf lefprit qui en fait fes délices? combien d’ef- prits qui ont befoin d’aiguillons ? Froids & arides dans un entretien tranquille, ils paroïflent ftupides & peu féconds. Secouez leur parefle par une d//pute polie, ils fortent de leur léthargie pour charmer ceux qui les écoutent. En les provoquant , vous avez ré- veillé en eux le génie créateur qui étoit comme en- gourdi. Leurs connoiffances étoient enfoiies & per- dues pour la fociété, fi la difpure ne les avoit arra- chés à leur indolence. La difpute peut donc devenir le fel de nos entre- DIS tiens ; il faut feulement que ce fel foit femé par fa prudence , & que la politefle & la modération ladouciflent & le temperent. Mais fi dans la fociété elle peut devenir une fource de plaifirs, elle peut devenir dans les fciences une fource de lumieres. Dans cette lutte de penfées & de raifons , l’efprit &iguillonné par l’oppofition & par le defir de la vic- toire, puife des forces dont il eft furpris quelquefois lui-même : dans cette exaéte difcuffon , l’objet lui eft préfenté par toutes fes faces, dont la plüpart lui avoient échappé ; & comme 1l l’envifage tout en- tier , il fe met à portée de le bien connoiïtre. Dans les favantes contentions, chacun en attaquant l’opi- nion de l’adverfaire, & en défendant la fienne , écarte une partie du nuage qui l'enveloppe: Mais c’eft la raifon qui écarte ce nuage ; & la rai- fon clairvoyante & aëtive dans le calme, perd dans le trouble & fes lumieres & fon aétivité : étourdie par le tumulte , elle ne voit, elle n’agit plus que foible- ment. Pour découvrir la vérité qui fe cache, 1l fau- droit examiner, difcuter, comparer, pefer : la pré- cipitation, fille de l’emportement, laïffe-t-elle aflez de tems & de flegme pour les opérations difficiles ? dans cet état, faïfira -t-on les clartés décifives que la difpure fait éclore? C’étoient peut - être les feuls guides qui pouvoient conduire à la vérité ; c’étoit la vérité même: elle a paru, mais à des yeux dif- traits & inappliqués qui l’ont méconnue ; pour s’en venger, elle s’eft peut-être éclipfée pour toûjours. Nous ne le fayons que trop , les forces de notre ame font bornées ; elle ne fe livre à une efpece d’ac- tion, qu'aux dépens d’une autre ; la réflexion attié- dit le fentiment , le fentiment abforbe la raifon ; une émotion trop vive épuife tous fes mouvemens ; à force de fentir, elle devient peu capable de penfer ; l’homme emporté dans la di/pure paroit fentir beau- coup , il n’eft que trop vraiflemblable qu'il penfe eu. | D'ailleurs l’emportement né du préjugé , ne lui prete-t-1l pas à fon tour de nouvelles forces ? Soû- tenir une opinion erronée, c’eft contraéter un en- gasement avec elle; la foûtenir avec emportement, c’eit redoubler cet engagement , c’eft le rendre pref- que indifloluble : intéreflé à juftifier fon jugement, on l’eft beaucoup plus encore à juftifier fa vivacité. Pour la juftifier auprès des autres, on deviendra iné- puifable en mauvaifes raifons ; pour fe la juftifier à foi-même, on s’affermira dans la prévention qui les fait croire bonnes. Ce n’eft qu'à l’aide des preuves & des raifons qu’- on découvre la vérité à des yeux fafcinés qui la mé- connoïflent ; mais ces preuves & ces raifons, quel- que connues qu’elles nous foient dans le calme, ne nous font plus préfentes dans l’accès de l’emporte- ment. L’agitation & le trouble les voilent à notre efprit ; la chaleur de l’emportement ne nous permet ni de nous appliquer, ni de réfléchir, Prodigues de vivacités, & avares de raifonnemens, nous querel- lons l’adverfaire fans travailler à le convaincre ; nous l’infultons au lieu de l’éclaircir : 1l porte dou- blement la peine de notre impatience. Mais quand même notre empoïtement ne nous déroberoit point l’ufage des preuves & des raifon- nemens qui pourroient convaincre, ne nuiroit-il pas à ces preuves ? la raifon même dans la bou- che de l’homme emporté, n’eft-elle pas prife pour la pafñon? Le préjugé fouvent faux qu’on nous at- tribue , en fait naître un véritable dans l’efprit de Padverfaire ; 1l y empoifonne toutes nos paroles ; nos induétions les plus juftes font prifes pour des fubtilités hafardées , nos preuves les plus folides pour des piéges, nos rafonnemens les plus invinci- bles pour des fophifmes ; renfermé dans un rempart impénétrable , Pefprit de l’adverfaire eft devenu DITS 104$ inaccefhible à notre raifon, & notre raifon feule pou- voit porter la vérité jufqu’à lui. Enfin l’emportement dans la difpure eft conta- gieux ; la vivacité engendre la vivacité, l’aigreur naît de l’aigreur , la dangereufe chaleur d’un adverfaire fe communique & fe tranfmet à l’autre : mais la mo- dération leve tous les obftacles à l’éclairciffement de la vérité; en même tems elle écarte les nuages qui la voilent , & lui prete des charmes qui la rendent chere. Article de M. FORMEY. DISPUTER LE VENT, voyez VENT. DISQUE , (Æff. anc.) c’eft le nom d’une forte: de bouclier rond que lon confacroit à la mémoire de quelque héros, & que l’on fufpendoit dans le tem- ple des dieux pour fervir de trophée : il s’en voit un d'argent dans le cabinet des antiques de S, M. & qui a été trouvé dans Le Rhône. On appelloit auffi difque , difcus , un palet dont les Grecs & les Romains faifoient ufage dans leurs di- vértiflemens , & fur-tout dans leurs jeux publics; les Aftronomes ont pris de-là ce terme fi ufité parmi eux, le difque du foleil ou de la lune. Voyez Disqux CAR) & DisQUE (ÆUff, anc.), article qui fuir. Disque, (Hifl. anc. & Myth.) difeus ; efpece de palet ou d’inftrument de pierre, de plomb , ou d’au- tre métal, large d’un pié, dont les anciens fe {er- voient dans leurs exercices. Voyez l’article GYMNASs- TIQUE, Le dijque des anciens étoit plat & rond, & de for: me lenticulaire. Le jeu du difque étoit un de ceux qui fe prati- quoient chez les Grecs dans les folennités des jeux publics. Il confiftoit à jetter un d/que en haut ou en long, & celui qui le jettoit ou plus haut ou plus loin remportoit le prix. On s’exerçoit à lancer le difque, non-feulement pour le plaifir, mais encore pour la fanté. Galien 8 Aretée le confeillent pour prévenir ou guérir les ver- tiges, & faciliter la fluidité & la circulation du fang. eux qui s’exerçoient à ce jeu s’appelloient dif- coboles, difcoboli, c’eft-à-dire jerteurs, lanceurs de difque; &t ils étoient à demi-nuds felon quelques- uns, &c felon d’autres tout nuds, puifqu'ils fe fai- foient frotter d’huile comme les athletes. Foyez l’are. DiscoBoxe. Hyacinthe favori d’Apollon, joüant au difque avec ce dieu, fut tué d’un coup de difque , que le Zéphire fon rival détourna & poufla fur la tête d'Hyacinthe. (G) DISQUE, rerme d’Affronomie ; c’eft le corps du fo- leil ou de la lune, tel qu’il paroît à nos yeux. Le difque fe divife en douze parties qu’on appelle doigts ; & c’eft par-là qu’on mefure la grandeur d’u- ne échipfe , qu'on dit être de tant de doigts ou de tant de parties du d/que du foleil ou de la lune. Ces doigts au refte ne font autre chofe que les parties du diametre du difque, & non de fa furface. Dans l’échip{e totale de l’un ou l’autre de ces deux aftres , tout le difque eft caché ou obfcurci ; au lieu que dans une échipfe partiale il n’y en a qu’une partie qui le foit. Voyez ECLIPSE. Disque fe dit auffi , er rermes d'Optique, par quel- que auteurs, de la grandeur des verres de lunettes, &t de la largeur de leur ouverture, de quelque figure qu’ils foient, plans, convexes, menifques, on autres. Ce mot n’eft plus en ufage; on employe les mots d'ouverture où de champ, {ur-tout dans les ouvrages écrits en francois. ( O) DisQuE fe dit encore , en rermes de Botanique, de. la partie des fleurs radiées qui en occupe le centre. Voyez l'arnicle FLE UR. On l’appelle quelquefois le baffin. Le difque eft compofé de plufeurs fleurons. pofés à-plomb, #040... 9) 418$ DisQUE, terme de Liturgie. Le difque eft la même chofe chez les Grecs, que la parene chez les Latins. Le difque differe de la patene pour la figure , en ce qu'il eft plus srand & plus profond; il reflemble à un plat qui étoit la vraie fignification du mot défque chez les anciens, Didionn, de Trév. & Chambers. (G) DISQUISITION , f. £. (Philof.) eft la recherche de la folution d’une queftion, ou en général l’ac- tion d'approfondir un fujet, pour en acquérir une connoiflance exatte & en parler clairement. Ce mot formé du latin difquifitio , à vieilli, & on n’em- ploye plus guére que le mot de recherche, qui a le même fens. On peut néanmoins s’en fervir ironi- quement. Que l’on regarde, dit M. Racine, dans une de fes lettres à MM, de P.R, our ce que vous avez fait depuis dix ans, vos difquifitions , vos differtations, vos réflexions , vos confidérations, vos obférvations ; on n'y trouvera autre chofe, finon que les cing propofitions ze font pas dans Janfénins. ( DISSECTION, £ f. (Arzatom.) Le mot diffettion pris dans fon fens particulier, fe dit d’une opération d’Anatomie par laquélle on divife, au moyen dé dif- férens inftrumens propres à cet effet, les parties fo- lides des corps animés dans des cadavres propres à ces ufages, pour les confidérer chacune à part : d’où 11 fuit que la diffeéfion a deux parties; la préparation qui doit fuivre l'examen , & la féparation, L'examen eft une recherche éxaûte & une étude réfléchie de tout ce qui appartient aux différentes parties du corps humain. Cet examen a pour objet la fituation de ces parties, leur figure, leur couleur, leur gran- deur, leur furface, leurs bords, leurs angles , leur fommet , leur divifion, leur connexion, leur tiflu, leur ftrudure, leur difinéion, leur nombre, &c. Voyez ANATOMIE. | Le but des diffeitions eft différent, fuivant les dif- férentes perfonnes qui les pratiquent, les unes ne cherchant qu’à s’inftruire , &c d’autres à porter plus loin les connoïffances acquifes fur les parties folides. La fin des diffeétions doit être, ou de fe procurer des moyens plus fürs pour connoître les maladies, où au moins d'entendre mieux le jeu & la méchanique des parties folides que l’on difleque. La d’feélion con- fidérée fous ces deux points de vüe, demande dife- rentes connoïffances fur l’état le plus ordinaire des parties, fur les variétés dontelles font fufceptibles, Les efpeces de monftruofités dans lefquelles elles dé- génerent, la maniere dont elles font affeêtées dans es maladies. . Avant qu’on eût autant difléqué qu’on a fait juf- qu'à préfent , il falloit de néceflité fouiller au hafàrd dans les cadavres, non-feulement pour connoïtre Ja fruûure des corps animés, mais encore pour s’aflù- rer du defordre que les maladies avoient produit dans les différentes parties qu’elles avoient particuliere- ment affédtées. Aujourd’hui que la defcription des. parties eft pour aïnf dire portée à fon dernier degré de perfeétion, qu'on eft inftruit d’un grand nombre de variétés & de monftruofités dont les parties font fufceptibles, qu’on fait la maniere dont différentes maladies peuvent les changer, les altérer, les boule - verfer ; rien ne feroit plus avantageux pour ceux qui font obligés par état de faire des diffeclions ; que d’é- tée bien inftruits, avant que de s’y livrer, de Fhif- toire complete des parties folides , foit qu'on la leur fitde vive voix, comme cela devroit fe pratiquer chez les démonftrateurs en Anatomie, foit par le moyen de bons traités, de figures exaétes, de pré- parations bien faites, G*c. ils auroïent alors en bien peu dé tems des connoïflances, qu'ils n’acquerent qu'à la longue 8 imparfaitement par lés voies ordi- naires. L’Anatomie pour celui qui apprend’, ne de- miande que de bons yeux, de l’attentuon, & de la mémoire ; pour celui qui l’enfeigne, de l’acquis , de DIS la méthode , 8 de la fimplicité. Raconter ce qu'il y a de plus certain & de mieux connu fur les parties folides ; le faire voir autant qu’il eft poffible fur des cadavres frais, fur-tout lorfqu'il eft queftion de la fi- tuation & de la figure des parties, ou fur dés prépa- rations lorfqu’il n'en veut donner qu’une idée géné- rale ou en développer la ftruêture ; faire fur les ani- maux vivans les expériences néceflaires pour indi- quer ce qu'il y a de connu fur le rôle particulier que chaque partie folide joue dans les corps animés ; in- diquer au jufte le terme précis des connoïfflances où on eft arrivé, & les moyens que l’on croiroit pro- pres à les porter plus loin, Ge, voilà ce que devroit faire un démonftrateur en Anatomie. Les ufages, les athons, les fonétions des parties, ont des chofes communes qui tiennent à des principes généraux, qu'il feroit bien plus facile de développer & de faire entendre quand une fois toutes les parties & leur en- chaînentent feroient bien connus. Les corps animés étant une efpece de cercle dont chaque partie peut être regardée comme le commencement, ou être prife pour la fin, ces parties fe répondent, & elles tiennent toutes les unes aux autres. Comment peut- on donc fuppoler, lorfqu’après avoir fait la defcrip- tion d’une partie, on entre dans de grands détails fur fes ufages, fes fonétions, fes maladies ; comment peut-on, dis-je, fuppofer.que tous ces ufages, ces maladies, puifflent être bien entendus de ceux qui n’ont tout au plus qu'une idée fort vague de l’en- femble des parties ? C’eft-là ce qui nva fait toïjours penfer qu'il feroit bien plus avantageux pour le bien de la focièté, qu'il y eût dans les diférens hôpitaux des difléqueurs aflez inftruits pour bien préparer toutes les parties enfemble & féparément fur difé- rens cadavres, &z qu'il füt permis à tous ceux qui font obligés par état, ou que la curiofité porteroit à s'inftruire, d’aller dans ces endroits, après s'être rempli la mémoire de ce qu'il y a à remarquer fur , chaque partie, voir développer ces parties fous leurs yeux, obferver par eux-mêmes &t reconnoître des vérités, qui par ce moyen leur deviendroiïent plus familieres: c'en feroit même aflez pour ceux qui ne cherchent point à approfondir; & je crois qu'ils pourroient.fe difpenfer de travailler eux-mê- mes à ces diffections , à moins encore qu'ils ne fe def- tinaflent à exercer les opérations chirurgicales, la diffeilion bien entendue pouvant être un moyen d’ac- quérir plus de dextérité, En effet, comment peut-on fuppofer que plufieurs perfonnes ptuffent toutes en- femble , comme cela fe pratique dans les démonftra- tions qui fe font en public ou en particulier, prendre des idées bien précifes fur la figure, la fituation , les connexions , le tiflu, la ftruéture des parties qu’el- les peuvent à peine appercévoir, & qu'on ne leur fait voir que dérangées ; puifqu'il eft des parties qu°- on ne peut bien découvrir qu'avec de bons yeux, 8 même lorfqu’on en eft près, & que d’ailleurs le gros des parties, ce qu’il y a de plus extérieur, la figure, la fituation, font néceflairement bouleverfées dans les préparations dont on fe fert pour ces démonitra- tions? Ces connoïffances générales peuvent avoir: leur utilité, pour paffer à de plus particulieres ; mais font-elles néceffaires pour y arriver? C’eft ce dont je ne fuis point perfuadé : l’art de guérir exige tant de connoïffances particulieres, qu'on ne peut trop s’attacher à abreger les moyens de les acquérir. Les anciens medecins, pourroit-on dire, quoique peu verfés dans ces fortes de diffeéfions, en ont-ils été moins bons suérifleurs ? & même ceux qui de nos jours fe font plus attachés & qui ont fuivi de plus près ces diffections , en ont-ils mieux réufli dans la pratique de la Medecine? Voilà deux difcultés que ñous ne pouvons nous arrêter à réfondre ici; el . les demandent trop de difeuffion, & cela nous cons DIS duiroïit trop loin : les bons juges au refté ne don- tent point que toutes chofes d’ailleurs égales, ceux qui connoiflent mieux le corps humain ne foient plus à portée d’en appercevoir les dérangemens : plus cette connoïflance eft portée loin, plus ces dérangemens deviennent fenfbles, Ce qu'il y a de conftant , c’eft que dans les premiers tems de la Me- decine,les diffettions n’étoient pas affez fréquentes ni affez bien pratiquées pour qu'on puiffe dire qu’elles ayent beaucoup influé fur la perfe@ion de la Mede- cine de ces tems ; aufi eft-elle bien défedueufe de ce côté; & files anciens medecins ont été regardés & le font encore de nos jours, comme d’excellens obfervateurs, la facilité qu'il y auroit à faire voir : Vaccord de leurs aétions avec ce qu'il y a de connu fur les différentes parties de cet accord, en conftate- roit la vérité, en feroit appercevoir les défauts, & jufqu'où ces medecins auroient pü aller avec ce genre d’obfervations , s'ils avoient eu les connouif- fances néceflaires: | Quoique la coûtume d’embaumer les corps morts füt très-ancienne chez lés Egyptiens , qu'ils fuffent pour cela obligés de les ouvrir, & qu'ils euflent con- féquemment occafon d’obferver la pofition de cer- taines parties ; la d/ffeélion grofliere qu'ils faifoient de ces corps n’a nullement rapport à celle dont il eft queftion ici; & on ne peut dire que cette efpece de difféion ait beaucoup contribué à la perfeétion de eur medecine : il y a cependant tout lieu de préfu- mer qu'Efculape l’égyptien devoit avoir quelques connoïffances plus particulieres , puifque, comme quelques-uns l’ont cru, toute fa medecine fe rédui- {oit prefqu'à la chirurgie, & que Podalire & Ma- chaon fes deux fils qui accompagnoient Agamemnon à la guerre de Troie, furent d’un grand fecours à l’armée, parce qu'ils guérifloient les bleflures en fe fervant du fer & des médicamens. D'ailleurs, s’il eft vrai que Podalire ait pratiqué la faignée , il n’eft gue- re probable qu'il fe foit expofé à ouvrir des vaifleaux qu'il ne connoïfloit pas. Efculape ayant èté mis au rang des dieux, on lui bâtit des temples: toute la Medecine paffa en même tems entre les mains des Afclépiades , & ces Afclé- _piades ont paflé pour de grands anatomiftes, Voyez ANATOMIE, Dans le tems, dit Galien, que la Mede- cine étoit toute renfermée dans la famille des Afclé- piades, les peres enfeignoient lAnatomie à leurs en- fans , & les accoütumoient dès l’enfance à difléquer des animaux; enforte que cela paffant de pere en fils comme par une tradition manuelle, 1l étoit inutile d'écrire comment cela.fe faifoit, &c. Il paroît avec tout cela qu'ils n’ont pas.pouflé la difféélion bien loin. Hippocrate un de leurs defcendans, qui eft le pre- mier qui nous ait laiflé quelqu’écrit fur Anatomie, en a traité fi fuperficiellement qu'il y a tout lieu de préfumer qu'il ne s’y étoit pas beaucoup appli- qué. Ce qu'il y a de conftant, c’eft qu'avant Era- fiftrate 8&c Hérophile on n’avoit pas difléqué de corps humains comme ils le firent; & c’eft aux connoïffan- _ces que leur procurerent les Zffeéfions , qu’ils dûrent fans doute une grande partie des fuccès qu'ils eurent dans la pratique de la Medecine ; c’eft ce que confir- me aflez l’hiftoire de ces deux grands medecins. Dans quelqu’état qu'ait été la diffeéion jufqu’à Galien,, il eff für que fes écrits fur lesadminiftrations anatomiques font les premiers qui foïient parvenus juiqu’à nous, ceux de Dioclès n’y étant pas arrivés. Il compofa d’abord ces adminiftrations pour Boëtius conful romain , qui l’en pria avant fon départ de Ro- me où 1l avoit appris de lui l’Anatomie. Galien lui donna effeétivement un traité en deux livres, & . quelques autres ouvrages : mais comme dans la fuite Galien né put recouvrer cette copie ni celle qu'il avoit à Rome, il en compofa de nouveau quinze D LES 1047 autres livres, dont nous ne connoiïflons que neuf, Thomas Bartholin dit cependant qu’il y a une tradu- tion en arabe des fix autres. L'ordre que fuit Galien eft adntirable ; & s’il n’a pas toute l’exaditude qu’on pourroit defirer , c’eft au tems qu'il faut s’en prendre: durefte on peut leregarder comme le premier qui ait rompu la glace; & Vefale fans Galien n’eût proba- blement pas été un auffi grand anatomifte. On trouve dans laplüpart des anatomiftes qui ont écrit depuis Galien jufqu’à Vefale, des énoncés gé- néraux fur la maniere de découvrir les parties ; car c'étoit là leur façon de l’enfeigner : après avoir décou- vert telle partie € lavoir ôtée, on en découvre telle au- tre, &c. Voyez Mundini, Mafla , Carpi, Alexander Benediülus, 6cc. Il feroit à fouhaiter qu’on s’aflujettit à cette méthode plus qu’on ne fait de nos jouts; car c’eft la plus effentielle pour la pratique de la Mede- cine. Vefale , ce génie formé pour fe frayer de nouvel- lesroutes ; en dégageant, pour ainf dire, la defcrip- tion des parties de la maniere de les découvrir, a ajoûté dans fon ouvrage, à la fin de la defcription de chaque partie, la maniere de s’y prendre pour la devoiler par le moyen de la diffeéfion, C’eft aufi ce qu'a fait Charles Etienne, & ce qu’auroit probable- ment fait Euftachi , s’il eût donné lui-même l’expli- cation de fes planches anatomiques. On a dans la fuite reconnu fi unanimement l’utili- té de lAnatomie, qu’on imagina différens moyens de découvrir les parties, foït par rapport à leur en- femble , leur ftrutture, leur a%on, Gr. par le moyen des injeétions , de la transfufion, des ligatu- res , des microfcopes, de différentes préparations ; &c: Voyez-les articles INJECTION, TRANSFUSION, MicroOsCOPE, PRÉPARATION. C’eft fans doute à cette émulation que font dûs les diférêns traités qui parurent dans la fuite fur la diffé&ion : la brieve col- leétion de l’adminiftration anatomique d’Ambroife Paré ; la maniere de préparer Le cerveau par Varole, Sylvius, Willis, Duncan , Hebenftreit ; ce qu’ont dit Carcanus, Hilden, Halicot, fur la diffetion des par- ties dans leur traité d’Anatomie ; le manual of diffec- tion d'Alexandre Read ; le bon traité de Lyfer fur la maniere de difléquer les cadavres humains ; l’excel- lent ouvrage de Caffebohm fur la maniere de diffé- quer, imprimé en allemand à Berlin en 1746; ce qu'a dit M. Lieutaud fur la maniere de préparer les différentes parties , dans fes effais d’Anatomie ; ce qu’en a rapporté Mifcher, dans fes inflitutions anatomiques ; l’anthropotomie, ou l’art de diféquer toutes les parties folides du corps humain, de les préparer, de les conferver préparées, &c. avec f- gures, à Paris, chez Briaflon, 1750; nous confeil- lons ce dernier ouvrage comme le plus complet en ce genre, & nous y renvoyons pour y trouver ce qui concerne le manuel de la diffétfion , la maniere de préparer chaque partie, &c. (L) DISSEMBLABLE, adj. ez Géométrie, eft loppofé de fémblable : ainf sriangles diffemblables, font des triangles dont les angles ne font point égaux. Voyez SEMBLABLE. (0) DISSENT ANS oz OPPOSANS , £. m. pl. (if. ecclé[.) nom général qu’on donne en Angleterre à différentes fetes, qui, en matiere de rehgion , de difcipline, & de cérémonies eccléfiaftiques, font d’un fentiment contraire à celui de l’églife anglicane , & qui néanmoins font tolérées dans le royaume par les lois civiles. T'els font en particulier les Preshyté- riens , les Indépendans, les Anabaptiftes , les Qua- kers ou Trembleurs. Voyez PRESBYTÉRIENS, INDÉ- PENDANS , G'c. On les nomme aufli Nonconformifles, Voyez; NONCONFORMISTES. (G) DISSENZANO , (Géogr. mod. ) ville de l’état de . Venife , en Italie : elle eft fituée fur le lac de Garde. 1048 DIS DISSÉQUEUR , f. m. ez Anatomie , celui qui dif- feque. C’eft un fort mauvais dfféqueur. Tout bon difféqueur n’eft pas pour cela bon anatomifte. (L) * DISSERTATION , {. f. ouvrage fur quelque point particulier d’une fcience ou d’un art. La dij/er- ration eft ordinairement moins longue que le traité. D'ailleurs le traité renferme toutes les queftions gé- nérales & particulieres de fon objet ; au lieu que la differtationn’en comprend que quelques queftions gé- nérales ou particulieres. Ainfi un traité d’Arithméti- que eft compofé de tout ce qui appartient à lArith- métique : une differtation fur l’Arithmétique n’envi- fage l’art de compter que fous quelques -unes de fes faces générales ou particuheres. Si l’on compofe fur une matiere autant de differcations qu'il y a de difié- rens points de vües principaux fous lefquels l’efprit peut la confidérer : fi chacune de ces differtations eft d’une étendue propottionnée à fon objet particulier, & fi elles font toutes enchaïînées par quelqu’ordre méthodique , on aura un traité complet de cette ma- tiere, DISSIDENS , ( Æif. eccléftaff. mod.) Von nomme ainfi en Pologne ceux qui font profeflion des reh- gions Luthérienne , Calvimufte , & Greque : 1ls doi- vent joint en Pologne du libre exercice de leur reli- gion ; qui, fuivant les conftitutions , ne les exclut point des emplois. Le roi de Pologne promet par les paëta -conventa de les tolérer , & de maintenir la paix & l'union entr'eux ; mais les diffidens ont eu quel- uefois à fe plaindre de l’inexécution de ces promef. os Les Ariens & Sociniens ont aufh voulu être en- gagés au nombre des diffidens, mais ils en ont toù- jours éte exclus, DISSIMILAIRE , adj. ez Anatomie , fe dit des parties qui font diverfement compofées de différen- tes parties finulaires {enfbles , & dont la ftrudure n’eft pas la même par-tout dans ces parties; parexem- le, le bras qui eft autrement compofé que la jam- e, & dont la ftruéture n’eft pas uniforme, ne peut pas être mis au rang des parties fimilaires }’oyez SIMILAIRE. (2) DISSIMILITUDE , {. m. ez Rhetorique , ou com- me s'expriment les Rhéteurs, & diffémili, lieu com- mun d’où l’on tire des argumens de chofes diffembla- bles ou différentes, pour en établir d’autres d’une nature aufhi différente. Tel eft l'argument de Cicéron , lorfqu'il dit: f barbarorum ef? in diem vivere, noftra confilia tempus Jpeütare debent. On diroit dans le même fens , 577 ap- partient au libertin de ne penfer qu’au préfens | l’homme fage doit s'occuper de l'avenir. On trouve dans Catulle un argument à diffémili d’une grande beauté : Soles occidere redire poffunt , Nobrs cum femel occidir brevis lux , Nox ef? perpetua una dormienda. (G) DISSIMULATION , f. f. (Morale. ) 1l y a de la différence entre diffimuler , cacher, & dépuifer. On ca- che par un profond fecret ce qu'on ne veut pas ma- nifefter. On diffimule par une conduite réfervée ce qu’on ne veut pas faire appercevoir. On dépuife par des apparences contraires ce qu’on veut dérober à la pénétration d'autrui. L'homme caché veille fur lui- même pour ne fe point trahir par indifcrétion. Le diffémulé veille fur les autres pour ne les pas mettre à portée de le connoître. Le déguifé fe montre autre qu’il n’eft pour donner le change. On ne parleicique de la diffimulation. Rien ne donne une idée plus avantageufe de la fo- ciété, que ce que rapporte l’évangile de l’état où elle fe trouvoit parmi les premiers Chrétiens. [ls n’a- voient, dit-on ,qu'un cœur & qu’une ame , erat cor unum & anjma una, Dans cette difpoftion d’efprit, DIS avoit-t-on befoin de la diffimulation ? Un homme 1e diffimule:t-il quelque chofe à lui-même ? & ceux qui vivroient les uns par rapport aux autres, dans la même union où chacun de nous eft avec foi-mé- me, auroient-1ls befoin des précautions du fecret ? Auf voyons-nous que dans le caraétere d’un hom- me propre à faire le bonheur de la fociété , le premier trait que l’on exige, eft la franchife & la fincérité, On lui préfere un caraétere oppofé, par rapport à ce qu’on appelle /es grandes affaires | ou Les négociations zmportantes ; Mais fout ce qu'on en peut conclure, c’eft que ces occafons particulieres ne font pas ce qui contribue au bonheur de la fociété en général. Toute négociation légitime ne devroit rouler que fur un point, qui eft de faire voir à celui avec qui on négocie, que nous cherchons à réunir fon ayan- tage avec le nôtre. Les bons princes ont regardé la dffémulation com- me un mal néceflaire : les tyrans, tels que Tibere, Lotus XI. 6, s’en paroïent comme d’une vertu. I] n’eft pas douteux que le fecret eft fouvent nécef- faire contre la difpoñtion de ceux qui voudroientin- terrompre nos entreprifes légitimes. Mais la néceffi- té de la précaution deviendroit incomparablement plus rare, fi l’on ne formoit d’entreprifes que celles qu'on peut avouer fans être expofé à aucun repro- che. La candeur avec laquelleonagiroit alors , met troit beaucoup de gens dans nos intérêts. Le maré- chal de Biron auroit fauvé fa vie, en parlant avec plus de franchife à Henri IV. | Ce que j'ai voulu dire dans cet article fur le fe- cret de la diffimulation | par rapport à la douceur de la fociété , fe réduit donc à trois ou quatre chofes. 1°. Ne point eftimer le caraétere de ceux qui, fans choix & fans diflinéion , font réfervés & fecrets : 2°. ne faire des fecrets que fur des chofes qui le mé- ritent bien : 3°. avoir une telle conduite, qu’elle n'ait beloin du fecret que le moins qu'il foit poffi- ble. Arsicle de M. FORMEY. DISSIPATION , f. f. cerme de Phyfique, fignifie proprement wne perte Ou déperdition infenfible qui fe fait de petites parties d’un corps, ou plütôt l’écoule- ment invifible par lequel elles fe détachent & fe per dent. Voyez ECOULEMENT 6 TRANSPIRATION. Ainfi on ne dit point que le fang fe diflipe, mais fe perd, en parlant du fang qu’un homme perd par une plaie, ou de quelqu’autre maniere fenfible, Au contraire, on dit fort bien : la diffipation des efprits fe fait beaucoup plus abondamment que celle des parties folides. Chambers. ; DissiPATION , (Jurifpr.) lorfqu’elle va jufqu’à la prodigalité , c’eit une caufe d’interdi@ion , parce qu’on la regarde comme une efpece d’aliénation d’ef- rit. C’eft aufli un moyen de féparation de biens pour la femme ; & pour cela il n’eft pas néceffaire que la diffipation foit totale , 1l fuit que le mari vergat ad inopiam , & que la dot de la femme foit en péril. Voyez INTERDICTION , PRODIGUE, & SÉPARA- TION. (A) DISSOLVANT , adj. ( Chimie.) Voyez MENSs- TRUE. DISSOLUTION, £. f. (Chimie) ’a@ion du mienf- true. Voyez MENSTRUE, On appelle aufi dfolu- ion en Chimie le corps réfultant de l’union chimi- que de deux fubftances. C’eft ainfi qu’on dit une 4f Jolution de favon par l’eau ; une dffolution de cui- vre par un certain menfirue , 6c. pour exprimer la liqueur compofée par l'union de l’eau & du favon, d’un menftrue quelconque, du cuivre & de ce métal, &c. Dans le langage chimique ordinaire, où lorf. qu’on parle aux gens de l’art, on fe difpenfe fouvent d’énoncer le menftrue employé à la diffolurion : on é | il 9 LAITS dit ,pat exemple, diffolurion d'argerie, pour exprimer la diffolution de l'argent par l’acide nitreux , & diffo- Lurion d’or, pour exprimer la dffolution de l'or par l’eau régale. Ces menftrues ne font pas pourtant les uniques diffolvans de l'argent & de l’or ; mais ils ont té regardés comme leurs diflolvans propres, leurs diflolvans par excellence, ce qui a fuffi pour autori- fer cette façon de parler. (4) DissOLUTION , terme employéen Médecine , qui a différentes fignifications. On s’en fert en Pathologie, pour exprimer la décompofition des humeurs. Voyez DÉCOMPOSITION. … Diffolution fignifie auffi quelquefois la même cho- fe que défaillance, animi defe&lus. Voyez DEFAIL- LANCE , SYNCOPE. Ce terme eft encore ufité en Chimie & en Phar- macie. (d | DissoLuTion ; (Jurifpr.) eft la rupture d’un ate : la diffolurion des engagemens valablement con- traétés , ne peut être faite que de la même maniere qu'ils ont été formés , c’efl-à-dire par le confente- ment des parties. (4) . DissoLuTION DE COMMUNAUTÉ , eft la cefla- tion de la communauté de biens qui avoit lieu entre conjoints. Cette diffolurion arrive par la mort natu- relle ou civile de l’un des conjoints , par la fépa- ration de biens. Pour opérer la dffolution de la com- munauté , quand il y a des enfans mineurs du con- joint prédécédé , il faut que le furvivant fafle inven- taire avecunlégitime contradiéteur, & qu'il le fafTe clore dans les coûtumes qui exigent cette formalité ; quand le tout eft fait dans le tems reglé par la coù- tume , la diffo/ution de la communauté a un effet ré- troattif au jour du décès : faute d'inventaire & de clôture dans les coûtumes où elle eft néceflaire , la communauté continue. Voyez CLÔTURE , COMMU- NAUTÉ, CONTINUATION DE COMMUNAUTÉ , 6 INVENTAIRE , MINEUR. (4) DissoLuTion DE MARIAGE, eft la déclaration qu’un mariage eft nul : cette expreflion eft impro- pre ; car un mariage valablement contraëté eft in- difloluble ; la féparation de biens ni même celle de corps n'operent pas la diffolution du mariage. Les caufes qui operent ce que l’on appelle la 4ffolusion du mariage , {ont les nullités de mariage |, comme empêchemens dirimans pour caufe d’impuiffance , force, violence , parenté , ou alliance en degré pro- hibé , & autres femblables. La profeflion monaftique de l’un des conjoints, peut auffi opérer la diflolution du mariage , quand 1] n’a pas té confommé. Voyez ABUS, DIVORCE, EMPÊCHEMENS , MARIAGE , NULLITÉ. (4) DissOLUTION DE SOCIÉTÉ, eft la rupture d’une focièté qui étoit établie entre plufeurs perfonnes. Cette diffolution arrive par la mort d’un des affo- ciés. L'infidélité d’un des aflociés eft auffi un moyen pour demander laréfolution de la fociété. Voyez So- CIÉTÉ. (4) DISSONNANCE, f. f. er Mufique, eft tout ac- cord defagréable à l'oreille , tout intervalle qui n’eft pas confonnant ; & comme 1l n’y a point d’autres’ confonnances que celles que forment entr'eux les fons de l'accord parfait , ( Voyez Consonnax- CE ), 1l s'enfuit que tout autre intervalle eft une véritable dffonnance : les anciens ajoûtoient * même à ce nombre les sierces 8e les fzxtes qu’ils n’ad- mettoient point pour accords confonnans. Il y a donc une infinité de diffonnances poflibles ; mais dans la Mufique, comme il faut exclure tous les intervalles que le fyftème reçu ne fournit pas, elles fe réduifent à un aflez petit nombre; encore pour la pratique ne doit-on choifir parmi celles - 1à que celles qui conviennent au genre & au mode, & Tome IF, DIS 1049 enfin exclure même de ces dernieres toutes celles qune peuvent s’employer felon les regles prefcrites. Le principe phyfique de l’harmonie{e trouve dans la produétion de l’accord parfait par un fon quelcon- que. Toutes les confonnances en naiffent, & c’eft la nature même qui les fournit. Il n’en eft pas ainf de la différnance, Nous trouvons bien, fi l’on veut, fa génération dans les différences des confonnances, mais nous n’appercevons point de raifon phyfique qui nous autorife à les introduire dans le corps mê- me de l’harmonie. Le P, Merfenne fe contente de montrer la génération & les divers rapports des dif: Jonnances, tant de celles qui font rejettées, que de celles qu’on admet, mais il ne dit rien du droit de les employer. M. Rameau dit en termes formels que la diffonnance n’eft pas naturelle à l'harmonie, & qu’elle n’y peut être employée que par le fecours de l’art. Cependant dans un autre ouvrage , il ef- faie d’en trouver le principe dans les rapports des nombres & les proportions harmonique & arithmé tique. Mais après avoir bien épuifé des analogies, après bien des métamorphofes de ces diverfes pro= portions les unes dans les autres, après bien des opérations , après bien des calculs , il finit par établir fur de legeres convenances les diflora= nances qu'il s’eft tant fatigué à chercher, Ain- fi, parce que dans lordre des fons harmoniques la proportion arithmétique lui donne, à ce qu'il prétend, une tierce mineure au grave ; il ajoûte au grave de la foû-dominante une nouvelle tierce mi- neure : la proportion harmonique lui donne la tierce mineure à l’aigu, & il ajoûte à l’aigu une nou- velle tierce mineure. Ces tierces ajoûtées ne font point , il eft vrai, de proportion avec les rapports précédens ; les rapports mêmes qu’elles devroient avoir fe trouvent altérés. Mais M, Rameau croit pouvoir tout concilier : la proportion lui fert pour introduire la diffonnance , & le défaut de proportion lui fert pour la faire fentir. Perfonne donc n’ayant trouvé jufqu’ici le princi- pe phyfique de la diffonnance employée dans l'har= monie, nous nous contenterons d'expliquer mÉCA= niquement fa génération, & nous laïflerons-là les calculs, Je fuppofe la néceflité de la Œffonnance recon- nue. ( Voyez HARMONIE & CADENCE.) Il s’agit de voir où l’on doit la prendre, & comment il faut l’em- ployer. Si l’on compare fucceflivement tous les {ons de l'échelle diatonique avec le fon fondamental dans chacun des deux modes, on n’y trouvera pour toute diffonnance que la feconde & [a feptieme qui n’eft qu’une feconde renverfée , & qui fait réellement feconde avec l’oftave. Quelques-autres intervalles altérés peuvent devenir Zffonnans ; mais fi la fecon- de ne s’y trouve pas exprimée ou fous-entendue , ce font feulement des accidens de modulation aux quels lharmonie n’a aucun égard, & ces diffonnar. ces ne font point alors traitées comme telles. Ainf c’eft une chofe certaine qu’où il n’y à point de fe- conde , il n’y a point de diffonnances , & la fecon- de eft proprement la feule diffornance qu'on puifle employer. Pour réduire toutes les confonnances à leur moin- dre intervalle, ne fortons point des bornes de l’oc- tave. Prenons l’accord parfait, foi, JE ré, fol, & voyons en quel lieu de cet accord nous pourrions placer une diffonnance , c’eft-à-dire une feconde : pour la rendre le moins choquante à l'oreille qu’il eft poffible. Sur le Zz entre le /o/ & le JE, elle feroit feconde avec l’une & avec l’autre, &c par confé- quent diffonneroit doublement..Il en feroit de même entre le /£ & le ré, comme entre tout intervalle de tierce; refte l’intervalle de quarte entre le ré & le RRRrre DIS ÿ +050 el. Tci l'on peut introduire un nouveañ fon de deux | manieres. 1°, On peut ajoûter la note fz qui fera fe- conde avec le fol, & tierce avec le re: 2°. Ou la note #1 qui fera feconde avec le ré, &r tierce avec Je fol, Il eft évident qu’on aura de chacune de ces deux manieres, la diffonnance la moins dure qu’on puifle trouver ; car elle ne dffonnera qu'avec un feul fon, & elle engendrera une nouvelle tierce, qui ; auf bien que les deux précédentes, contri- buera à la douceur de l’accord total. D’un côté, nous aurons l’accord de feptieme, & de l’autre, l’ac- cord de fixte ajoûtée, comme l'appelle M. Ra- meau, ; Il ne fufit pas de faire entendre la dffonnante, il faut la réfoudre ; vous ne choquez d’abord loreille, que pour la flater enfuite plus agréablement. Voilà deux fonsjoints ; d’un côté la quinte & la fixte, de l’autre la feptieme & l’otave : tant qu'ils feront ain- fi la feconde, ils refteront diffonnans : mais qu'ils s’éloignent d'un degré ; que l’un monte ou que l’au- tre defcende diatoniquement , votre feconde de part &t d’autre fera devenue unetierce, c’eft-à-dire , une des plus agréables confonnances. Ainfi après /o/ fa, vous aurez /ol mi ou fa la; & après rémi, miut, où ré fa; c’eft ce qu’on appelle, /auver la diffon- F2471CE. Refte à déterminer lequel de ces deux fons joints doit monter ou defcendre, & lequel doit refter en place : maïs le motif de détermination faute aux yeux. Quela quinte ou l’oftave reftent comme cor- des principales, que la fixte monte & que la fep- tieme defcende comme fons accefloires , comme d/f: \ fonnances. De plus, fi des deux fons joints, c’eft à celui qui a le moins de chemin à.faire de marcher par préférence , le fz defcendra fur le #77 après la feptieme, & le ri de l'accord de fixte ajoûtée mon- tera fur le fz, par oppofition. Voyons maintenant quelle marche doit tenir le fon fondamental relativement au mouvement affi- gné à la dffonnance. Puifque l’un des deux fons joints refte en place, 1 doit faire liafon avec l’accord fui- vant. L’intervalle que doit former la bafle fonda- mentale en quittant l’accord , doit donc être déter- miné par ces deux conditions. 1°. Que l’oétave du fon précédent puifle refter en place après l’accord de feptieme , la quinte après l'accord de fixte ajoù- tée. 2°. Que le fon fur lequel fe réfout la dffonnan- ce , foit une des harmoniques de celui auquel paffe la baffle fondamentale. Or le meilleur mouvement de la baffle étant par intervalles de quinte, fi elle def- cend de quinte dans le premier cas, ou qu’elle mon- te de quinte dans le fecond , toutes les conditions feront parfaitement remplies, comme il eft évident par la feule infpe@tion de Pexemple, (Voyez fig. 9. PL. I. de Mufique. De-là on tire un moyen de connoître à quelle corde du ton chacun de ces accords convient le mieux. Quelles font dans chaque ton les deux cor- des les pluseffentielles? c’eft la tonique & la domi- nante. Comment le bafle peut-elle marcher fur deux cordes eflentielles du ton en defcendant de quinte ? c’eft en paffant de la dominante à la tonique. Donc la dominante eft la corde à laquelle convient le mieux l'accord de feptieme. Comment la bafe, en montant de quinte, peut-elle marcher fur deux cor- des éffentielles du ton ? c’eft en paffant de la toni- que à la dominante. Donc la tonique eff la corde à laquelle convient l'accord de fixte ajoûtée. La bafle peut avoir d’autres marches, mais ce font Là les plus parfaites & les deux principales cadences. Foyez CADENCE. + S1 Pon compare les deux diffonnances trouvées avec le fon fondamental, on trouve que celle qui defcend eft une feptieme mineure, & celle qui mon- te ; une fixte majeure; d’où l’on tire cette nouvellé regle, que les diffonnances majeures doivent monter ; &c les mineures defcendre : car en général un inter- valle majeur a moins de chemin à faire en montant, &t un intervalle mineur en defcendant. Ë Quand l’accord de fentieme porte tierce majeu- re, cette tierce fait avec la feptieme une autre dif Jonnance qui eftla faufle quinte, &c le triton par ren- verfement, Cette tierce vis-à-vis de la feptieme , s'appelle encore diffonnancemajeure ; &ihnieft pref- crit de monter, mais c’eft en qualité de note fenfi- ble ; & , fans la feconde, cette prétendue diffonnan- ce où n’exifteroit point, ou né feroït point traitée commetelle. À 1 Vai fait voir au #04 CADENCE, comment l'in- troduétion de ces deux principales diffonnances, la feptieme & la fixte ajoutée, donne le moyen de fier une fuite d'harmonie, en la faifant monter ou def- cendre à fon gré. | Je ne parle point ici de la préparation dela dif Jonnance, parce qu’elle a trop d'exception pour en faire une regle générale. ( Voyez PRÉPARER.) À l’égard des diffonnances par fuppoition ou fufpenfron , voyez ces deux mots. Enfin je ne dis rien non plus de la feptieme diminuée, qui eft un accord très-fingu- lier, mais jen toucherai quelque chofe au 7104 EN- HARMONIQUE. Voyez auffi le mot ACCORD. (S) Il me femble que fans avoir aucun recours aux progreflions, & même fans s’écarter pour le fond des principes de M. Rameau, on peut rendre rai- fon de la diffonnance en cette forte. Ur étant fuppolé la tonique , /o2 & fa font la dominante & la foû-do- minante : fije ne faisporter à fo/ que l'accord pat- fait, je ne faurai plus f je fuis en # ou en/o/; mais fi je joins à cét accord la foû-dominante fz en cette forte fol ft ré fa, alors cette union de la dominante & de la foù-dominante d’xe dans un même accord, fert à m'indiquer que je fuis dans le mode d’zr. De même à l'accord f4 La ut de la foù- dominante, je devroïis joindre le fon /o/ : mais comme cela pro- duiroit deux fecondes dffonnantes, fa fol, fol la; je prends au lieu de /o7 , ré qui en eft la quinte, & j'ai fa la ut ré pour l'accord de foù-dominante , & la fe Jonnance eft ré. Au refte tout ceci n’eft point une ex- plication phyfique de lPaddition de la dffonnance à harmonie ; addition qui, felon M. Rameau, eft l’ou- vrage de l’art, & non de la nature. | À l’exemple de la dffonnance ou feptieme fz ajoû- tée à l'accord de foû-dominante, l’on a formé plu- fieurs accords de feptieme diffonnans , comme ré fa la ut , ft ré fa la( Voyez DOUBLE EMPLOI) ut m1 fol JE, 8cc. dans lefquels la diffornance eft une feptiéme majeure ou mineure. #oyez mes élémens de Mufiques part, I. chap. x7. xiv. xv. xvy. (O) DISSOUS ox DISSOUT , (Chimie.) corps diffous ou corps uni chimiquement à un autre corps appellé menftrue dans le langage ordinaire. 7e Dans le langage chimique reétifié, la qualité d menfirue & celle de corps dffous n’exiftent plus : la vertu r2enffruelle & la vertu fo/uble ne font plus qu’- une feule propriété également inthérente dans les deux fujets d’une diflolution , favoir la mifcibiliré. Voyez MISCIBILITÉ. On peut cependant employer cette expreflion , comme nous l’avons fouvent fait dans différens ar- ticles chimiques de ce Diétionnaire , pourvû que ce foit comme fynonyme du motzxi, & que l’on dife auf volontiers d’un acide qu'il eft diffous par un mé- tal, qu'on dit communément d’un métal qu'il eft diffous par un acide, 6c. (b) DISSYLLABE, adj. serme de Grammaire, c'eft un mot qui n'a que ueux fyllabes ; ver-su eft diffyllas be : ce mot fe prend auff fubftantivement ; les 2/: [ÿllabes doivent être mêlésavec d'autres mots, Dans DIS fa poëfe greque & dans la latine, 1 y a des piés diffyllabes ; tels font le fpondée , l’iambe ; le troquée , le pyrique. Ce mot vient de dés deux fois, d'où vient ducsor, duplex , & de suxnafn, fyllabe. Un mot eft appellé 2:0n0/ÿyllable quand 1l n’a qu’une fyllabe ; il eft dif- JYllabe quand il en a deux ; #1//y!labe quand il en a trois : fnais après ce nombre les mots font dits être poliffyllabes , c’eft-à-dire de plufeurs fyllabes KR. monde , multus, frequens , 8T curna@i fyllabe. (F) Quelques auteurs ont appellé vers diffyllabes nos vers de dix fyllabes. Mais cette façon de parler ne paroït pas avoir été admife ; fans doute parce que le mot diffyllabe étoit déjà confacré à un autre ufage. DISTANCE, £. £. ( Géom. 6 Phyfig.) ce mot fi- gnife proprement le plus court chemin qu'il y a en- tre deux points , deux objets, &rc. Donc la diffance d’un point à un point, eft totjours une ligne droite tirée entre ces deux points, puifque la ligne droite eft la plus courte qu’on puifle mener d’un point à un autre. Par la même raïfon la diflance d’un point à une ligne, eft une perpendiculaire menée de ce point à cette ligne. | On mefure les dffances en Géométrie par le moyen de la chaîne, dela toife, &c. 7.CHAINE, 6e. On découvre les diffances inacceflibles en prenant -d’abord une longueur que lon appelle £a/e, & ob- fervant enfuite la grandeur des angles, que font les rayons vifuels tirés des extrémités de cette bafe aux extrémités de ces diffances inacceflibles. Voyez PLAN- CHETTE, GRAPHOMETRE, &c, (O) Diflance fe dit auffi d’un intervalle de tems & de qualité. Aïnfi l’on dit la diffance de la création du monde à la naiflance de J. C. eft de 4000 ans. La diflance entre le Créateur & la créature eft infi- nie. DISTANCE APPARENTE DES OBJETS. La ma- niere dont nous en jugeons , eft le fujet d’une grande queftion parmi les Philofophes & les Opticiens. Il y a fix chofes qui concourent à nous mettre à portée de découvrir la difance des objers , ou fix moyens dont notre ame fe fert pour former fes jugemens à cet égard. Le premier moyen confifte dans cette con- figuration de l’œil, qui eft néceflaire pour voit dif- tinétement à diverfes diffances. Il ne peut y avoir de vifion diftinéte, à moins que les rayons de lumiere qui font renvoyés de tous Les points de l’objet apperçu, ne foient brifés par les hu- meurs de l’œil, & réunis en autant de points cor- fefpondans fur la rétine. Or la même conformation de l’œil n’eft pas capable de produire cet effet pour toutes les diffances ; cette conformation doit être chan- ée, & ce changement nous étant fenfible , parce qu'il dépend de la volonté de notre ame, qui en re- gle le degré, nous met à portée en quelque façon de juger des diflances, même avec un œil feul. Ainf Zlorfque je regarde un objet, par exemple à la diffan- ce de fept pouces, je concois cette diffance par la dif. poftion de l’œ1l, qui n’eft non-feulement fenfible à ce degré d’éloignement, mais qui eft même en quel- que forte incommode ; &r lorfque je regarde le mê- ime objet à la diffance de 27 pouces, ce degré d’éloi- gnement m'eft encore connu, parce que la difpof- tion néceflaire de l’œil m’eft pareïllement fenfible, quoiqu'elle cefle d’être incommode. L’on voit par- là comment avec un feul œ:1l nous pouvons connoi- tre les plus petites diffances, par le moyen du chan- gement de configuration qui lui arrive. Mais comme ce changement de conformation a fes bornes, au- delà defquelles il ne fauroit s’étendre, il ne peut nous être d’aucun fecours pour juger de la 4ffance des ob- jets placés hors des limites de la vifion diftinéte, qui dans nos yeux ne s'étendent pas au-delà de 7 à 27 pouces. Cependant comme l’objet paroit alors plus Tome 17, DIS OST Ou moins confus, felon qu'il eft plus. ou moins éloi- gné de ces limites, cette confufion fupplée au dé- faut du changement fenfible de configuration, en ai- dant l’ame à connoître la dffañce de l’objet qu’elle juge être place plus près ou plus loin, felon que la confufion eft plus ou moins grande. Cétté confufion elle-même à encore {es bornes , au-delà defquelles elle ne fauroit être d’aucun fecouts pour nous aider à connoître l'éloignement où fe trouve l’objet que nous voyons confus ; car lorfqu'un objet eff placé à une certaine dffance de l'œil, & que lé diametre de : la prunelle n’a plus aucune proportion fenfiblé avec cet objet, les rayons de lumiere qui partent d’un des points de l’objet, & qui pañlent par la prunelle, font fi peu divergens qu’on peut les regarder en quélque facon, finon mathématiquement, au moins dans un fens phyfique , comme paralleles. D’où il s'enfuit que la peinture qui fe fera de cet objet fur la rétine, ne paroïîtra pas à l’œil plus confufe, quoique cet ob-" jet fe trouve placé à une beaucoup plus grande 4f- tance. Les auteurs ne conviennent point entreux quel eft ce degré d'éloignement , avec lequel le dia= metre de la prunelle n’a plus de rapport fenfible.. Le fecond moyen plus général, & ordinairement le plus für que nous ayons pour juger de la diffance des objets, c’eft l'angle formé par les axes optiques fur cette partie de l’objet fur laquelle nos yeux font fixés. Nos deux yeux font le même effet que les ftations dont les Géometres fe fervent pour mefurer les dif: tances. C’eft-là la raifon pour laquelle ceux qui n’ont qu'un œil fe trompent fi fouvent, en verfant quel- que hqueur dans un verre, en enfilant une aiguille, & en faifant d’autres actions femblables qui deman- dent une notion exaéte de la diffance. Le troifieme moyen confifte dans la grandeur ap- parente des objets, ou dans la grandeur de l’image peinte fur la rétine. Le diametre de ces images dinu- nue tobjours proportionnellement à l’augmentation de la diffance des objets qu’elles repréfentent ; d’où il nous eft facile de juger pat le changement qi ar- rive à ces images, de la diffance des objets qu’elles repréfentent, {ur-tout fi nous avons d’ailleurs une connoïflance de leur grandeur. C’eft pour cette rai- fon que les Peintres diminuent toûjours dans leurs tableaux la grandeur des objets à proportion de l’é- loignement où ils veulent lés faire paroitre, Mais toutes les fois que nous ignorons la véritable gran- deur des corps, nous ne pouvons jamais former au- cun jugement de leurs diffances par le feconrs de leur standeur apparente , ou par la grandeur de leurs images fur la retine. C’eft ce qui fait que les étoiles êc les planetes nous paroiïffent toüjours au même de- gré d’éloignement, quoiqu'il foit certain qu'il y en a qui font beaucoup plus proches que les’ autres. IE y a donc une infinité d'objets dont nous ñe pouvons jamais connoître la diffance , à caufe de l'ignorance où nous fommes touchant leur véritable srandeur. Le quatrieme moyen, c’eft la’ force avec laquelle les couleurs des objets agifent fur nos yeux.-Si nous fommes aflürés que deux objets font d’une même cou- leur, & que lun paroïffe plus vif & moins confus que l’autre, nous jugeons par expérience qué l’objet qui paroît d’une couleur plus vive, eft plus proche que l’autre. Quelques-uns prétendent qué la forcé avec laquelle la couleur des objets agit fur nos yeux doit être en raifon réciproque doubléé de leurs difances , parce que leur denfité ou la force de la lu- miete décroît toûjourts felon cette raifon. En effet, la denfité ou la force de la lumiere eft toûjours en raifon réciproque doublée des diffances ; Car puuif- qu’elle fe répand {phériquement, comme des rayons tirés du centre à la circonférence, fa forcé À une diflance donnée du centre de fon aétivité doit être RRRrrrij 1052 DIS proportionnelle à. la denfité de fes rayons à cette “diflance, Mais il ne s'enfuit pas de-là que la force avec laquelle les objets agiflent fur notre vüe dé- +croifle de même felon cette proportion : la raifon “en eft fenfible ; car comme la force de la lumiere «diminue par la diffance de l’objet d’où elle part, de même la grandeur de l'image fur la rétine décroit auffh felon la même proportion; & par conféquent “cette nage fera aufli vive 6c agira auff fortement fur la rétine quand l’objet fera éloigné que quand il {era proche. D’où 1l s’enfuit que l’objet paroïtra à toute forte de dffance auf clair 8 aufh lumineux, à moins qu'il n’y ait quelqu’autre caufe qui y ap- porte du changement. Pour connoître cette caufe, mous n’avons qu'à laifler entrer dans une chambre obfcure par un petit trou un rayon du foleil ; car ce rayon ou ce fafceau de rayons paroïflant dans tou- tes les pofitions de l'œil comme une ligne de lumie- re, il eft évident que toute la lumiere ne continue pas fon chemin felon la ligne droite, mais qu'il y en a une partie qui eft réflechie en tous fens de tous les points du milieu qu'elle traverfe, & que c’eft par Le moyen de ces rayons réflechis que le fafceau de In- miere eft vifible. Par conféquent ce même faifceau de lumiere, à caufe de la diminution continuelle qu’il fouffre, doit devenir continuellement de plus foible €n plus foible , & cela proportionnellement à l’opa- cité du milieu à-travers duquel il pañle : fi l’air eft pur & ferain, il y aura peu de lumiere de réflechie, & il s’en tranfmettra une moins grande quantité : mais il n’eft jamais f pur qu'il n’y ait toûjours quelque partie de la lumiere réflechie ou interrompue dans {on trajet, & par conféquent fa force doit toüjours décroître, à mefure que la diffance de l’objet d’où elle part augmente. Puis donc que la force de la lu- muiere décroît ainfi continuellement à proportion que la dffance de l'objet d’où elle part augmente , il s’enfuit que les objets doivent toûjours paroître moins lumineux & plus teints de la couleur du mi- lieu à-travers defquels ils font apperçus, à propor- tion de l'éloignement où ils feront par rapport à nos yeux. Lors donc que nous favons d’ailleurs que deux objets font de la même couleur, f l’un paroît d’une couleur plus vive & plus frappante que l’autre, nous avons appris par l’expérience à conclure que celui qui paroïît d’une couleur plus vive eft le plus proche; & c’eft par cette raïfon que les corps lumineux ou très-éclairés paroïflent toüjours plus proches qu'ils ne le font en effet. De-là il eft aifé de rendre raifon pourquoi une chambre paroît plus petite après que {es murs ont été blanchis, & pourquoi pareillement les collines paroiflent moins grandes & moins éle- vées lorfqw’elles font couvertes de neige. Dans ces cas & dans d’autres de cette nature, la vivacité & la force de la couleur font paroître ces objets plus proches, d’où nous concluons qu’ils font plus petits; car nous jugeons toùjours de l'étendue &z de la gran- deur des corps, par lacomparaifon que nous faifons de leur grandeur apparente avec leurs diffances, Par la même raifon on explique encore pourquoi le feu & la flamme paroïffent fi petits lorfqu’on les voit à une grande diffance pendant la nuit. La prunelle étant alors fort dilatée, laiffe paffer une plus grande quan- tité de rayons de lumiere dans l'œil, & cette lumie- re agiflant plus fortement fur la rétine, doit faire pa- roître l'objet plus proche , d’où l'on juge qu'il eft plus petit, Comme les objets brillans & lumineux paroïf- fent plus proches & plus petits qu'ils ne font en ef- fet, ceux au contraire qui font obfcurs, & ceux qui ne font que foiblement éclairés, paroïffent toûjours plus éloignés & plus grands à raïfon de la foiblefle &c de l’obfcurité de leur couleur. C’eft ce qu’on re- marque particulierement lorfqu’on regarde des ob- jets oblcurs à l'entrée de la nuit; car ces objets pa- roïflent.alots.tobjours plus éloignés & plus grands , que lorfqu’on les voit pendant le jour, C’eft auf par la même raïfon que la diffance apparente & la grandeur des objets paroïffent augmentées , lor{qu’- On les voit à-travers un air chargé de brouillatds A car une plus grande quantité de lumiere étant inter- ceptée, ou irrégulierement brifée dans fon paflage ä-travers le brouillard, il en entrera moins par la prunelle, & elle agira par conféquent d’une maniere plus foible fur la rétine ; donc l'objet fera réputé à une plus grande diflance & plus grand qu'il n’eft. L'erreur de la vûe qui provient de cette caufe eft fi grande, qu'un animal éloigné a été quelquefois pris Pour un animal beaucoup plus gros étant và par un téms de brouillard. Cette opacité de l’atmofphere, qui empêche une partie de la lumiere de parvenir jufqu’à l’œil, eft encore la raïfon pourquoi le foleil, la lune , & les planetes paroïffent plus foiblement lorfqw’elles font proches de l’horifon, & qu’elles de- viennent plus brillantes par rapport à nous, à me- fure qu’elles s’élevent ; parce que les rayons qui en partent ont une plus grande étendue d’air À traver- fer, & rencontrent plus de vapeurs lorfque ces af- tres font proches de l’horifon, que lorfqu'ils font dans une plus grande élévation. Il femble encore que ce foit là une des raifons pourquoi ces corps paroïffent toüjours plus grands à mefure qu'ils ap= prochent de l’horifon. Car puifqu'ils paroïffent plus foibles où moins brillans , ils paroîtront auffi À une plus grande diffance ; d’où il s'enfuit qu'ils doivent paroïître plus prands, par la raifon que les objets pa- roïffent tels lorfque l'air eft chargé de brouillards, 1 femble que nous pouvons avec affürance conclu- re de tout ce qui vient d’être dit, que Les couleurs apparentes des objets nous fervent beaucoup pour nous faire juger de leurs diffances, lorfque nous con- noions d’ailleurs la force & la vivacité de leur cou- leur à toute autre diffance donnée. C’eft en fuivant ce principe, que les habiles peintres repréfentent fur un même plan des objets à diverfes diflances , en auc- mentant où en diminuant la vivacité des couleurs, felon qu'ils ont deffein de les faire paroître plus pro- ches ou plus éloignés. Il eft bien vrai que la prunel- le par la vertu qu’elle a de fe contrater, fe met toù- jours dans un degré de dilatation proportionné à la vivacité ou à la force de la lumiere ; d’où l’on pour- roit penfer qu’il nous eft impofhble de juger de la difiance des objets par le fecours de leur couleur ap- parente , ou par la force avec laquelle elles agiffent fur nos yeux. Mais il eft aifé de répondre à cela, que l’état de dilatation ou de contraétion de la pru- nelle nous eft connu, parce qu’il dépend du mouve- ment de l’uvée que nous fentons, & qui procede du différent degré de force avec lequel la lumiere agit fur nos yeux, qui par conféquent doit toûjours être fenti. Il s’enfuit de-là que quoique la prunelle par- fa contraétion ne laifle pas entrer dans l'œil une plus grande quantité de rayons , lorfque l'objet et proche que lorfqu’il eft éloigné , nous connoïffons cependant la force de la lumiere qui en part, parce que nous fentons que la prunelle eft alors contraftée. D'ailleurs lorfque la prunelle eft dans un état de con- traétion , nous voyons plus diflinétement que lor{- qu’elle eft dilatée, ce qui nous aide encore à juger dela diffance des objets. Le cinquieme moyen confifte dans la diverfe ap- parence des petites parties des objets. Lorfque ces parties paroïfent diftinétes, nous jugeons que l’ob- jet eft proche; mais lorfqu’elles paroïffent confufes, ou qu'elles ne paroïffent pas du tout, nous eftimons, qu'il eft à une grande diffance. Pour entendre cela il faut confidérer que les diametres des images qui fe: peignent fur la rétine , diminuent toûjours à propor= tion que la di/fance des objets qu’elles repréfentent, DIS augmenté; & par Conféquent un objetpeutdifparoitre | lorfqu'on le placera à une fi grande diffance de nos eux, que la peinture qu'il fera fur la rétine, foit in- 1enfible à caufe de fa petitefle ; &plus l’objet fera pe- tt, plütôt ilceñera d’être vifible : de-là vient que les petites parties d'un objet ne feront pas apperçues à toutes les diffances;car la païtie la moins fenfible fera toüjours plus petite, ou plus grande , proportionnel- lement à la dance plus ou moins grande de l’objet même. Ainfi la plus petite partie vifible à la diffance d’un pié, deviendra invifble à celle de deux piés ; da plus petite partie vifible à deux piés, difparoïtra à trois, & ainfi de toute autre diffance à l'infini. Il réfulte évidemment de ce que nous venons de dire, que lorfque œil peut voir diftinétement les petites parties d’un objet, nous devons juger qu'il eft plus proche qu’un autre dont nous ne voyons point du tout lès mêmes petites parties, ou dont nous ne les voyons que confufément. Enfin le fixieme & dernier moyen confifte en ce que l’œil ne repréfente pas à notre ame un feulobjet, mais qu'il nous fait voir en même tems tous ceux qui font placés entre nous & l’objet principal dont nous confidérons la diffance, Par exemple, lorfque nous resgardons quelqu’objet éloigné , tel qu’un clocher, nous voyons pour l'ordinaire plufieurs terres & mai- fons entre nous & lui; or comme nous jugeons de la diffance de ces terres & de ces bâtimens, & que nous apperçevons en même tems le clocher au-delà de tous ces objets , nous concluons qu'il eft beau- coup plus éloigné, & même qu'il eft bien plus grand que lorfque nous le voyons feul & fans linterpof- tion d'aucun autre objet vifble. Il eft cependant cer- tain que l’image de ce clocher qui eft peinte fur la rétine , eft toujours la même dans l’un & dans l’au- tre cas, pourvü qu'il foit à une égale dffance ; d’où l'on voit comment nous connoïffons la grandeur des objets par leur diffance apparente, & comment les corps placés entre nous & un objet, influent dans le jugement que nous portons au fujet de fon éloigne- ment. Il en eft à-peu-près de ce jugement comme de celui que nous formons fur la grandeur de notre durée, par le fouvenir confus de tout ce que nous avons fait & de toutes les penfées que nous avons eues, ou, ce qui eft la même chofe, de la grandeur &t l’étendue du tems qui s’eft écoulé depuis telle ac- tion ; car ce font ces penfées & ces aétions qui met- tent notre ame à portée de juger du tems pañlé ou de l’étendue d’une partie de notre durée : on plûtôt le fouvenir confus de toutes ces penfées & de toutes ces athions, eft la même chofe que le jugement de notre durée , comme la vüe confufe des champs & des autres objets qui font placés entre nous & le clocher, eft la même chofe que le jugement que nous formons fur le clocher. Voyez éffais & obférv, de Medec. de la foc. d’Edimb. tome IV. p. 323 € juiv. Article de M. FORMEY. Ajoûtons à cet article, d’après plufieurs philofo- phes , que quoique le fens de la vüe nous ferve à juger des diffances , cependant nous n’en aurions ja- mais eu d'idée par ce fens feul, fans le fecours de celui du toucher. Voyez l’article AVEUGLE, La lettre Jur les aveugles à l’ufage de ceux qui voyent, 6 les articles VISION , ToUCHER , &c. Voyez auffi l’effai de M. Jurin fur La vifion diflinite 6 non diflinite, im- primé à la fin de l’Oprique de M. Smith. DISTANCE ACCOURCIE, diflantia curtata, figni- fie en Affronomie , la diflance d’une planete au foleil réduite au plan de l’écliptique , ou l'intervalle qui eft entre le foleil & le point du plan de l’écliptique Où tombe la perpendiculaire menée de la planete fur ce plan. On l’appelle ainf , parce que la diffance réelle d'une planete au foleil eft plus grande que fa difiance rédrite au plan de l’écliptique, puifque la DIS 1053 premiere de ces difhances eff Phypothénufe ou le grand côté d’un triangle reétangle , dont la difañce accourcie eftun des petits côtés. Voyez Lieu & Dis: TANCE, (O0) 4 1 DisTANCE , (Are milir.) c’eft dans l’ordre de ba: taille , l’efpace ou l'intervalle qu’on laiffe entre les corps de troupes dont l'armée eft compofée , ou qui font rangés en ordre de bataille ou en ligne, Voyez ARMÉE. Les rangs dés différens corps de troupes doivent avoir des diffances reglees. M. le inaréchaï de Puyfegur donne douze piés à la diflance d'un rang à l’autre dans le bataillon ; il prétend que c’eft celle | qui convient le mieux pour les marches & les diffé rens mouvemens du bataillon, En bataille les files n'ont point de diffance entr'elles , il faut au contraire qu'elles fe touchent pour être plus en force : on leur donne deux piés d’épaiffeur, pour l’efpace OCCUPÉ par le foldat. Dès que les dfances des rangs & des files en bataille font reglées , «il faut (dit l’illuftré maréchal que nous venons de citer) » que celle » des files & des rangs en marchant , aufi-bien que » pour tous les mouyemens, foient les mêmes qu’en » bataille; car dès que ces diffances font reglées * pour un bataillon en bataille, fi on Le fait marcher : » tout entier, il ne doit en marchant ni les étendre » ni les refferrer, afin que par-tout où l’on peut l’ar- » rêter dans fa marche, il foit toüjours en bataille z » ce qui ne feroit pas s’il les changeoït ». Arc de Le guerre par M. le maréchal DE Puysecur. Des troupes qui combattent ne peuvent avoit trop d'attention à garder leur ordre de bataille & leurs diffances ; il et impoffble qw’elles fe fottien> nent & qu'elles agiffent , lorfqu’elles font une elpece de mañle fans ordre ; c’eft ce qui eft bientôt remar- qué de l’ennemi. « J'ai và (dit M. le duc de Rohan dans fon parfait capitaine) » Henri le Grand pour » fuivant huit cents chevaux avec moins de deux » cents, juger qu'ils ne rendroient point de combat, » parce qu'ils fe confondoient & n’obfervoient point » leurs diffances; ce qui arriva comme il l’avoit pré: » dit », DISTENSION , £. f. Ce terme a ez Médecine plu- fleurs fignifications. | I! fert quelquefois à exprimer la trop grande dila- tation des arteres & des autres vaifleaux. Voye VAISSEAU. On l'employe quelquefois pour fignifier l'alonges ment de tout le corps , qui accompagne le bäillez ment. Il fignifie auf dans certains cas, une efpece de convulfon qu’on appelle #tanos, (d DISTICHIASIS , f. £, rerme de Chirurgie, incom- modité des paupieres, qui confifte à avoir deux rangs de cils. Foyez CIrS. Ce mot eft formé de Je, deux fois, & ciyo ou goîyxos , Ordre, TANY, Dans le diflichiafts, par-deflus les cils ordinaires &t naturels, ilen croît un autre rang extraordinaire, qui picotant la membrane de l'œil, y caufe de la douleur, & y attire des fluxions & inflammations accompagnées d’un écoulement continuel de lar- mes, & fuivies fort fouvent d’ulceres qui font caufe de la perte de la vûe. Voyez PAUPIERES. On guérit le /Zchiafis en arrachant avec de pe= tites pincettes le fecond rang de poils, & brülant les pores par où ils fortent, (F) DISTILLATEUR , f. f. (Are méch.) artifte qui a le droit de diffiller toutes fortes d’eaux , d’efprits 3 d'huiles ; d’effences , de liqueurs, &c. en qualité de membre d’une communauté de cé nom , établie en 1699. Cette communauté a deux jurés, dont l’un entre en charge & l’autre en fort tous les ans. L’ap- prentiffage eft de quatre ans, le compagnonage de deux: un maître ne peut faire qu'un apprenti à læ 1054 DIS Fois + 11 faut avoir vingt-quatre ans pout être admis au chef-d'œuvre, dont il n’y a que les fils de mat- tres qui foient difpenfés : les veuves peuvent faire ‘travailler, mais elles ne peuvent prendre apprenti. DISTILLATION., (Chim.) La difillanion eft une ‘opération chimique qui confifte à détacher par le moyen du feu, de certaines matieres renfermées dans des vaifleaux., des vapeurs ou-des liqueurs , & àwetenir ces dermieres fubftances dans un vaifleau particulier -deftiné à les recevoir. Les fubftances féparées du corps foùmis à la dif- æillation, font connues dans l’art fous le nom de pro- duits; & la pattie la plus fixe de ce corps, celle qui n’a pas été déplacée par le feu , fous celui de ré/du : c’eft celle-ci que les anciens Chimiftes défignoient par le nom de caput mortuum (voyez CAPUT MOR- TuvM).Il paroît qu’on fe feroit une idée plus exac- te des effets de la diflillation , fi on mettoit le re/du aurang de fes produits : je le confidere totjours fous ce point de vûüe, & je l’appelle produit fixe ; j'appelle les premiers produits mobiles. Au refte il n’eft pas eflentiel à une dffillation de laiffer un réfidu , elle peut féparer un corps en divers produits tous vola- tils ; c’eft ce qui arrive dans la diflillation d’une ré- fine pure. Voyez RÉSINE. Les produits mobiles de la difällation peuvent être portés par la difpofition de l’appareil, en-haut , à côté ou en-bas : c’eft pour cela que la difällation à été divifée en trois efpeces ; favoir la diftillation per afcenfum , ou droite (reéfa) ; la diflillation oblique ou Yatérale , per latus; & la difhillation vers le bas, per defcenfure. C’eft toüjours fous la forme de vapeur que les produits mobiles fe féparent du corps à difüller, dans les deux premieres efpeces de diféllation ; car un corps ne peut s'élever par le feu que fous cette forme : & l'appareil de la difkllation latérale même eft difpofé de façon, que les matieres féparées font obligées de s'élever (voyez CORNUE, la Planche 6 da fuite de cet arñicle.) Auf ces deux premieres efpe- ces de diffillation ne different-elles qu’en ce que dans la premiere les vapeurs fe condenfent dans le haut de l’appareil dans un chapiteau à gouttiere , & que dans la feconde elles ne fe condenfent utilement que dans le côté. Le produit mobile de la diftillation per defcenfum , peut fe féparer, & fe fépare même dans tous les cas où cette dffllarion eft pratiquée fous la forme d’un liquide, Ces trois efpeces de diffillation ne font dans le fond , & quant à la maniere d’altérer les corps trai- tés par leur moyen, qu’une même opération ; & les feules raifons de préférence dans lufage, font des commodités de manuel , des vûes pratiques, œco- nomiques , qui feront expofées dans la fuite de cet article. Tout appareil de diflillation eft compofé néceffai- rement d’un vaifleau qui contient les matieres à dif- tiller , & d’un vaifleau deftiné à recevoir les produits mobiles, Le premier peut être un vaiffeau d’une feule piece, ou être formé de plufieurs: on multiplie quelquefois le fecond , pour divers motifs qui fe- sont expolés plus bas. Les vaifleaux employés à contenir les matieres à diftiller, font pour la diffillarion droite, l’alembic d’une ou de plufeurs pieces (vayez ALEMBIC , Cu- CURBITE, CHAPITEAU) ; le matras recouvert d’un chapiteau, qui n’eft proprement qu’un alembic très- élevé (voyez MATRAS) ; pour la diflillarion latérale, la cornue ordinairement d’une feule piece, la cor- nue tubulée, & la cuine, qui eft une cornue d’une forme particuliere (voyez CORNUE) ; le tonneau ar- mé d’un globe de cuivre à fa partie inférieure ; in- vention ingénienfe, mais très-peu utile de Glauber (fourneaux philof. page 111, voyez l'article FEU) ; & è DIS lalembic des difillateurs d’ean-de-vie , qui eft rer couvert de la tête de more au lieu du chapiteau à gouttiere (voyez CHAPITEAU }) ; & enfin pour le- defcenfum , l'entonnoir, le creufet à fond percé de plufieurs trous, & le defcenfoire , deftenforium, de Geber (voyez DEscensum.) Le vaifleau contenant peut encore n'être que le foyer même d’un four- neau, qui dans ce cas a le double ufage de four- neau & de vaifleau, comme dans cette efpece de difillation inventée par Glauber (fourneaux philo- Joph. page 1.) ; où le corps à diffiller eft immédiate ment placé fur des charbons embrafés. Voyez FE9 G FOURNEAU. Le vaifleau deftiné à recevoir les produits mobiles, eft connu fous le nom générique de récipient. Le ba- lon & le matras font les récipiens fimples les plus ordinaires, quoique tout vaifleau à un feul orifice propre à recevoir le bec du vaifleau contenant, puifle être employé à cet ufage. Les récipiens mul- tipliés ou compolés , font le double balon, la file de balons , le balon de Glauber armé d’un fecond récipient à fon bec ou ouverture inférieure, l’allon- ge Jointe au balon (voyez BALON , voyez MaTRas), & un affemblage de certains vaifleaux particuliers, propres à la diflillarion de l’air. Voyez RÉCIPIENT. On exécute des di/lillarions dans toute la latitude des degrés de feu employés par Les Chimiftes ; & on apphque le feu aux matieres à diftiller, foit en ex- pofant à fon aétion immédiate les vaiffleaux qui les contiennent , foit en interpofant entre le feu 8 ces Vaifleaux, différentes matieres connues dans Part fous le nom de bain. Voyez Bain & FEU. | . La diffillarion eft une des opérations les plus an- ciennement connues dans l’art. Geber auteur du plus ancien traité général de Chimue qui foit parvenu juf- qu'à nous(voy. la partie hifforique de l’article Chimie), a très-bien décrit la dfhllation droite & le defcen- Jam , les effets & les ufages de ces opérations ; il n’a pas connu la diffillation latérale , invention pofté- rieure de plufieurs fiecles à ce chimifte, & 1l a fait une troifieme efpece de dffillation de la filtration à la languette (voy. FILTRATION). C’elt fur quelques prétendus veltiges de la connoiffance de la diflllan tion, que quelques auteurs ont crû voir des traces de chimie dans les ouvrages de quelques medecins, grecs & arabes. La Chimie a été appellée Parc &f- tillatoire, & elle a mérité ce titre juiqu’à un certain point, tant que analy/fer & difliller à la violence du feu n’ont été qu’une même chofe. Les diftillateurs d’eau-de-vie, d’eau-forte, de parfums, de liqueurs, &c. fe qualifient de chimifles ; & il s’en eft même trouvé de ces derniers qui fe font vüs placés comme chimiftes dans la lifte des hommes 1lluftres d’une nation ; tant la difillation , même pratiquée en fim- ple manœuvre, peut décorer celui qui s’en occupe. Mais quoi qu'il en foit de cet honneur fingulier attas ché à l’exercice de l’art difhillatoire, il eft für que la diflillation eft une opération chimique fondamen- tale, un moyen chimique dont l’ufage ef très-étendu. & la théorie très-compliquée, foit qu’on la confidere en foi & dans fes phénomenes propres, foit qu’on la. regarde relativement aux changemens qu’elle opere {ur les différens fujets. Dans toute difällation on fe propofe de réduire un corps en deux ou en plufeurs fubftances diffé rentes. Cette vüe fuppofe deux conditions effentiel- les générales dans les fujets de cette opération; la premiere, c’eft qu'ils ne foient pas ab{olument fim- ples ; & la feconde , que la defunion de leurs princt- pes puiffe être operée par l’aétion du feu: cene feroit donc que dans une vûe très-chimérique qu’on pour- roit foùmettre à-la diféillation l’eau parfaitement pu re, le mercure exattement purifié , & en général tout mixte ou compofé volatil, capable d’éluder par, \ / : fa volatilité même l’aétion diffociante du feu , tel que l’efprit- de-vin très-reétifié, &c. ou enfin des mixtes ou des compolés abfolument fixes, tels que l'or, le charbon parfait, le tartre vitriolé , de Foyez VOLATILITÉ , FIXITÉ, PRINCIPE, FEU, Les diverfes matieres que les Chimiftes foûmet- tent à la diffillasion ; éprouvent des changemens eflentiellement différens , qui dépendent de la cor/f#- tution fpécifique de chacune de ces matieres. Je di- vife à cet égard les fujets de la ffillation en trois clafles, êc je penfe que cette divifion eft néceffaire pour fe procurer des notions précifes, diftinétes & raifonnées, une théorie exaéte de cette opération, que j'ai déjà appellée ur moyen chimique fondamental. La premiere clafle des fujets de la dffillation ren- fermera les fimples mélanges, les corps, ou plütôt les amas formés par corfufion (voyez CONFUSION 6 CHIMIE), tels qu’une eau troublée par un vrai précipité, ou toute autre poudre fubtile & infolu- ble; une réfine précipitée de l’efprit-de-vin par l’eau, & fufpendue encore dans le nouveau liquide réful- tant de l’union de ces deux liqueurs ; une mine de mercure non minéralifé , & fimplement répandu dans une terre ou dans une pierre ; du mercure éteint; les végétaux aromatiques confidérés comme contenant des huiles effentielles: car ceshuiles ne font pas avec les principes de la compofition du vé- gétal, une union réelle ; elles y font contenues en mafles fouvent fenfibles dans de petites véficules païticulieres (voyez HUILE ESSENTIELLE). La difHil- lation d’une huile effentielle doit donc être regardée comme demélant des {ubftances confufes, & point du tout comme détruifant une combinaifon chimique. On peut groflir cette clafe , qui eft peu nombreufe, des différens corps dont la zixrion eft fi aifément dif- foluble par l’aétion du feu, que l’union de leurs principes , quoique réelle ou chimique, peut être reputée nulle, aufli-bien que la réfiftance qu’ils op- pofent à leur féparation : telle eft l’union de lefprit- de-vin, & d’une certaine portion d’eau du même efprit, & des réfines ; celle de l’eau furabondante à la diflolution des fels, avec la diflolution de ces mêmes fels ; celle de l’efprit reéteur des végétaux à leur huile eflentielle, &c. La difhillation des fubftances de cette efpece eft donc une fimple féparation de diverfes fubftances mêlées par confufion ; {éparation fondée fur Les diffé- rens degrés de volatilité fpécifique de chacune des fubftances à féparer : enforte qu'une condition par- ticuliere eflentielle aux amas {éparables par la if tillation, c’eft cette diverfité de volatilité fpécifi- que. Les produits, tant volatils que fixes des fujets de notre premiere clafle, ne fouffrant aucune dé- compofition , ils reftent intérieurement 2rmués ; ils préexiftoient dans leur fujet commun, tels qu'ils font après leur féparation: cette derniere propriété leur eft commune avec les fujets de la clafle fui- vante. Cette feconde claffe s'étend à tous les compofés formés immédiatement par l’union chimique & la combinaïifon d’un petit nombre de principes étroi- tement liés, mais qui peuvent être féparés par la violence du feu, fans réagir que foiblement les uns fur les autres, & aflez immués pour qu’on puiffe le plus fouvent, en les réuniflant immédiatement, re- produire le même compofé : tels font la plüpart des {els métalliques fixes, les vitriols , le verdet, le fel de Saturne, quelques autres {els neutres ; favoir le nitre, la terre foliée , &c. Les anciens chimiftes ont appellé la diffillation de ces fubftances , édulcoration Philofophique. Les amalgames font encore des fujets de cette feconde clafle, qui eft peu étendue , parce que les vrais compofés ne font communs ni dans DIS 105$ la nature ni parmi les ouvrages de l’art, & qu’en- core faut-1l abandonner tous les compotés volatils ou abfolument fixes, comme nous l'avons déjà ob- fervé ; & que ce n’eft cependant que dans cer ordre de corps que la@ion dû feu peut opérer une diacrefe vraie & fimple (voyez FEU, DrACRESE, & ce que 7ouS allons dire tout-a-l’heure des fujers de La troifreme claffe.) Or c’eft-là précifément l'effet de la dificlla- tion fur les fubftances diffillables dont Je compote ma feconde claffe ; c’eft-là auffi on éffence, fa pro- prièté diftindive. La troifieme claffe renferme, 1° les tiffus ou les Corps orgamifés, c’eft-à-dire les végétaux & les ani- maux entiers, & leurs parties folides ; 2° tous les furcompotés , decompoita (voyez SURCOMPOSÉ ); 3° les compofés que la dffillation ne refout pas, feu lement en leurs principes , mais qu’elle altere juf- que dans la confütution intérieure de ces principes. Ces deux dernieres divifñions renferment le plus grand nombre de fubftances végétales & animales non organifées ; les extraits, les réfines , les bau- mes , les gommes, les sommes-réfines, les matieres colorantes, les muqueux , les beurres » les huiles par exprefhon, le fang , la lymphe, la gelée, le lait, Gc. (voyez ces articles) : 4° Enfin ces corps que l’on peut äppeller, quoiqu'avec quelqu’inexaétitude , compofes & furcompolés artificiels » c'eft-à-dire les mixtes ou les compofés naturels traités avec des in- termedes vrais (voyez INTERMEDES : voyez analyfe menftruelle , {ous le mot MENSTRUELLE, & analyfe végétale , au mot VÉGÉTAL.) Au refte il faut obfer- ver que la plüpart de ces corps peuvent être regar- dés comme fujets de la premiere claffe dans un cer- tain cas ; favoir lorfqu’on n’en fépare par la diffil- lation que des principes très-peu adhérans, une par- tie aromatique , les huiles effentielles dont nous avons déjà parlé, une certaine portion d’eau, &c. & qu'on épargne leur compoñition intime , par la maniere dont on leur applique le feu. Foyez Feu. Ce qui fait différer effentiellement la dffillarion de ce genre de matieres de celle des deux autres : c’eft que les différens principes de ces corps étant mis en jeu par le feu, s’attaquent diverfement, & que quelques-uns d’entr'eux contrattent de nouvel- les combinaïfons , tandis que d’autres qui auroient réfiité à laétion du feu feul, ne font dégagés qu’à la faveur de ces combinaifons nouvelles. Une pro- priété particuliere à la diffillation des fubftances de cette claffe, c’eft d'échauffer les fubftances combuf- tibles à un point plus-que fuffifant pour les enflam. mer, fans qu’elles s’enflamment en effet, On a com- paré les produits de cette dffil/ation à la famée, il falloit dire 4 /a fumée fans flamme. La diffillarion dont nous parlons , differe effentiellement par ce phénomene, de la combuftion à l’air libre, ou in- flammation ; qui eft un autre moyen d’analyfe très- efficace. Foyez INFLAMMATION, COMBUSTION, ANALYSE VÉGÉTALE , au mot VÉGÉTAL, On exécute la ffillarion des fubftances des trois claffes , dans une vûüe philofophique ou dans une vüe œconomique. La difhillarion des fubftances purement confon dues, eft d’une utilité fort bornée au premier égard , parce qu'il eft des moyens plus fimples de reconoître dans les fujets de cette clafle, Les corps qu’on pour- roit aufli en féparer par la dfHillation , & que les fens fufifent pour les y difcerner. Son utilité eft plus étendue au fecond égard, elle fournit un moyen prompt & commode de retirer, abffrahere, certaines liqueuts employées à divers travaux chimiques, & qui font d’un prix aflez confidérable pour qu’on les retienneavec profit par ce moyen; tels font les corps fuivans: l'efprit de vinfuperflu à la diffolution de cer taines maticres végétales, dans la concentration des 1056 DIS teintures : le même efprit, après avoir fervi à l’ex- tradion d’une réfine : les acides minéraux circulés fur certainesterres, dans diverfes vües, 6. Cette même opération fournit à la Pharmacie ët à divers arts, des huiles eflentielles , de lefprit de vin, Gr. Les fujets de cette clafle ne foutniflent dans la 4/A1- lation qu'un feul produit mobile ; l’eau employée à a diffillation des huules effentielles, & qui s’éleve avec elles, ne faifant pas une exception à cette ob- fervation (voy. HUILE ESSENTIELLE), qui ñé com- prend cependant que les cas ordinaires , ceux où la diflillation eft ufitée : car on pourroit faire à deflein des amas qui fourniroient plufieurs produits mobiles dans la dffillation. | | Quant à la deuxieme claffe des fiets de la diffil- Yarion ; fi une fubftance inconnue eft refoute par la difillation en un certain nombre dé principes con- nus, & qu'on réufifie à reproduire cette fubftance par la réunion de ces principes , on a découvert alors & la nature des matériaux de la compoñtion de cette fubftance , & même fa conftitution intérieu- re: & voilà l’ufage philofophique de la dfHllation fur les fujets de cette efpèce. Ces ufages œconomi- ques font ceux-ci ; elle nous fournit l'acide vitrioli- ue , le vinaigre radical retiré fans intermede, le Due des pyrites, le mercure des amalgames, leau- forte employée dans le départ, & féparée par ce moyen du cuivre ou de l'argent. Voyez DEPART. &c. La difiillation des fujets de cette clafle ne four- nit ordinairement qu'un on deux produits mobiles, trois tout au plus,en y comprenant l'air dégagé dans cette opération. Pour ce qui regarde les fujets de la troifieme claf- fe , on fait, dès qu’on eft un peu verfé dans la lec- ture des livres chimiques, que la plüpart de leurs au- teurs , & fur-tout ceux des deux derniers fiecles, n’ont prefque connu d'autre moyen d’analyfe, pour, les corps même les plus compofés, que la diftillation pouflée par depré jufqu’à la plus grande violence du feu, On fait encore que cette ancienne analyfe fut non-feulement imparfaite en foi, ou comme moyen infufifant , mais qu’elle devint encore plus funefte aux progrès de l’art par les vües vaines, les confé- quences précaires , les obfervations mal entendues qu’elle fournit. Voyez PRINCIPES € ANALYSE VÉ- GÉTALE au mot VÉGÉTAL. La diflillation des compofés artificiels, ou des fub- ftances diftillées avec desintermedes que nousavons rangés avec les fujets de cette claife, n’eft expofée à aucun des inconvéniens que nous venons de repro- cher à l’analyfe ancienne ; lufage philofophique de ce dernier moyen eft, au contraire, auffi utile & auf étendu que celui dela diffillation fans interme- de eft défeétueux & borné : voyez Analyfè menffruelle au mot MENSTRUE ; nous difons à deflein, horse, & non pas abfolument nul, car on peut par cette der- niere opération obtenir au moins quelques connoif- fances générales fur certains fujets inconnus; des fens exercés reconnoîtront dans certains produits de ces corps quelques caraéteres païticuliers aux di- vers regnes de la nature, & même à quelques claf- fes & à quelques divifions moins générales encore. Voyez Analyfè végétale au mot VÉGÉTAL, SUBS- TANGE, ANIMAL, € MINÉRAL. Les matieres que cette dif{illarion fournit aux Arts 8 fur-tout à la Pharmacie, font les acides & les al- Lkalis volatils , l'un & l’autre de ces principes fous une forme fluide, ou fous une forme concrete ; des huiles empyreumatiques , des fels ammoniaceux ; voyez Les articles particuliers : & ce font-là les fameux principes ou efpeces chimiques. Foyex PRINCIPES. Quelques matieres particulieres, comme le beurre de cire, le phofphore, &c. font auffi des produits de cette troïfieme clafle de diflillation. Voyez CIRE € PHOSPHORE. | DIS La diflillation des fujets de cette clafle (excepté de nos compofés artificiels ) fournit donc totjours plufeurs principes. Voici l’ordré fous lequel Les pre- duits les plus généraux fe préfentent: 1°. un .phleg- me chargé de l’odeur du fujet diftillé , lors même que ce corps difullé eft appellé irodore ; phlégme d’a- bord lympide 8 fans couleur , fuivi bientôt de sgout- tes troubles colorées, & prenant enfin une odeur d’empyreurne où de brûlé : 2°, de Phüuile lympide & tenue, & le même phlegme quine donne encore aui- cun figne d’acidité ni d’alkalicité: 3°. un phlegme foiblement acide ou alkali volatil, une huile plus co- lorée, plus épaiffe , moins lympide , & de Pair: 4°. une huile noire, épaifle, trouble , une eau plus {a- fine ; de l’alkali volatil concret, de l'air. Des obfervations répétées notis ont appris que c’eft dans un ordre conftamment le même , que les divers produits dela diffillation des mêmes fujets fe fuccedent , lorfqu'on adminiftre le feu felon l'art. Mais quelle eft la caufe qui fixe cet ordre ? ne pour- roïit-on pas établir une théorie générale qui la dé- terminât ? En confidérant la Z/Hllation fous le point de vüe qui fe préfente d’abord , on eft tenté de la croire renfermée , cette théorie, dans la formule fuivante: « Par le moyen de la difillatior, les principes {e {é. » parent fucceflivement les uns des autres ; les plus » volatils s’élevent les premiers , & les autres enfui- »te, à mefure qu’ils éprouvent le degré de chaleur » qui ft capable de les enlever ». Le moyen le plus fimple de vérifier cette regle, c’eft de l’effayer fur les cas particuliers : c’eft ce que nous allons faire, Nous avons déjà obfervé, & nous l'avons obfer- vé précifément pour pouvoir le rappeller ici, que les fujets de notre premiere clafle ne fournifloient qu’un feul produit mobile, excepté qu'on ne con- fondit à deffein, fans vüe , & fans utihté, plufieurs liqueurs volatiles immifcibles; que ceux de la fe- conde clafle ne fournifloient qu’un petit nombre de produits mobiles; & qu’enfin la plüpart de ceux de la troifieme en fournifloit plufieurs. C’eft donc dans les fujets de la feconde & de la troïfieme clafle qu'il faut choifir ces cas particuliers, auxquels pourreit convenir la regle générale que nous examinons. Prenons d’abord un fujet de la feconde clafle: le vitriol de Mars non calciné. Ce corps étant placé dans un appareil convenable, & le feu adminiftré felon l’art, l’eau de la cryftallifation, celle qu’on fépare ordinairement par une calcination prélimi- naire, paflera d’abord; à cette eau fuccédera un phlegme legerement acide, & enfin de Pair & un acide plus concentré. Nous voyons donc déjà que fa théorie propofée n’eft pas applicable à tous les cas x car dans celui-ci, l’eau & le phlegme acide qui font beaucoup moins volatils que Pair, pañlent avant ce dernier principe. le pouriuis mon effai fur les au- tres fujets de la même clafle, fur le verdet, fur le fel de Saturne, &c. ces tentatives ne font pas plus heu- reufes que la premiere. | Je pale aux fujets de la troifieme clafle, & je vois d’un feul coup d'œil qu'il n’en eft pas un feul dans la diflillation duquel on puiffe obferver cette fucceflion de produits, fondée fur leur degré refpeétif de vo- latilité ; je vois les alkalis volatils s'élever après du phlegme & des huiles pefantes , des acides & des hui- les précéder l'air ; Gc. Dans la difillarion analytique de l’efprit-de-vin, par l’intermede de lacide vitrioli- que ; de l’efprit-de-vin inaltéré & de acide vitrio- lique s’élevent avant l’éther & avant l'acide ful- phureux volatil , Pun & l’autre plus volatils que les deux premiers principes, ! En un mot, après l'examen le plus détaillé de tous les cas particuliers, je ne trouve que ces amas de li= queurs volatiles immifcibles dont nous avons Pa Pa. plus haut, auxquels elle puifle convenir : d’où je conclus que les cas qu’elle n’a pas prévüs font les plus nombreux , les plus fondamentaux, & même les feuls qui fe préfentent dans la pratique. Cherchons donc une autre théorie que celle dont nous avons cru devoir démontrer l’infufifance, par- ce qu’elle n’eft pas une erreur ignorée & fans confé- quence, mais qu’elle eft au contraire fort répandue, ou fur le point de-l'être , & que c’eff ici un point fon- damental de doétrine chimique. Nous croyons la théorie fuivante hors d’atteinte, parce qu'elle n’exprime prefque que des obferva- tions : ce n’eft pas felon que chaque produit eft plus ou moins volatil, mais felon qu’il étoit plus on moins intimèment retenu dans le corps dont il étoit prin- cipe,qu’il s’éleve plus ou moins tard dans toute dif} lation qui opere une defunion réelle & violente. Le dégagement de ces produits doit être opéré avant lexpanfon vaporeufe qui caufe leur élévation ; of le degré de volatilité n’eft compté pour rien dans Peftimation de la réfiftance qu’un principe oppofe à fa defumon ; l'acide du el marin refifte plus invin- ciblement à fa féparation d'avec fa bafe ordinaire, que plufeurs principes moins volatils que celui-ci ; le principe éminemment volatil, le phlogiftique , eft inféparable par la violence du feu dans les vaifleaux fermés, des corps dont il eft principe conftituant. Bien plus, la volatilité influe fi peu fur l’ordre des produits, que toutes les fois que deux principes vo- latils fe trouvent dégagés en même tems, ils s’éle- vent toûjours enfemble fans qu'il foit poflible, ou du moins utile , d’obferver alors la différence de leur volatilité ; parce que la chaleur néceflaire pour Les dégager eft fi fupérieure à celle qui fufit pour les élever une fois qu'ils font libres, que ce degré de chaleur qui fubffte tohjours eft plus que fuffant pour enlever le mois volatil, & qu’on ne voit pas comment on pourroit eftimer dans les appareils or- dinaires le rapport du fuperflu de cette chaleur, à celle qui feroit précifément néceffaire pour l’éléva- tion de chacun des deux principes; rapport qu'il fau- droit cependant connoïître pour fixer leur volatilité refpective. Au refte il n’eft peut-être pas inutile, ne füt-ce que pour exercer la fagacité de certains lec- teufs, d'avancer que ce rapport pourroit être faci- lement déterminé à l’aide de certains appareils par- ticuliers , & par un petit nombre d'expériences fim- ples; en confefflant cependant que ce feroit ici une dé ces recherches collatéraies purement curieules, qui naiffent d’un fujet, mais qui meurent fans lignée, c'eft-à - dire qui ne fourniflent rien à l’établiflement de la queftion principale, comme il en eft tant fur certains effets très - particuliers , qu’on a calculés avec une complaifance finguliere; opération dont le réfultat s’eft appellé re rhéorie. Mais je reviens à celle de la dffllation. Nous venons de voir que l'effet des agens em- ployés à cette opération , fe réduit à féparer des corps expofés à leur ation une ou plufieurs fub- ftances , le plus fouvent après avoir rompu l'union de ces fubftances, Nous avons obfervé dès le com- mencement de cet article, que c’eft fous la forme de vapeur que ces fubftances s’élevent: il nous-refte à confidérer les changemens que fubiflent ces va- peurs, & les caufes de ces changemens. La formation des vapeurs dans les vaifleaux fer- més, n’a aucun caractere particulier ; la vaporifa- tion eft dans ce cas, comme en général, un mode ou ane efpece de raréfa@ion par le feu. Foy. VAPEUR. . Le premier changement arrivé à cette vapeur une fois formée , eft celui qui commence fon élévation. €e changement ne conffte qu’en une nouvelle ex- - panfon par l’aétion continuée du feu ; expanfon qui A lieu en tout fens, & qui ne paroït avoir une ten- Tome 1F, D LS 1057, dance patticuliere en haut, que par la forme des vaifleaux qui la contiennent & qui la dirigent pour ainf dire : Car on ne peut avoir recours 101 ni à la loi hydroftatique par laquelle un liquide plus leger doit s'élever au-deflus d’un liquide moins leger , comme dans les évaporations À l’air libre fuppofé moins leger que les vapeurs qui s’élevent à des hau- teurs confidérables dans l’atmofphere, ni à l’attrac= tion électrique mife très -ingénieufement en œuvre dans ce cas par M. Defaguliers & par M. Franclin £ car la diffillarion eft proprement une évaporatiom dans le vuide , l’air étant fi fort raréfié dans les vaif= feaux très-échauffés, que fon concours doit être compté pour rien ; & d’ailleurs l’afcenfon des va peurs dans les vaifleaux fermés n’a qu’une étendue très - bornée , & exatemient proportionnelle à leur expanfon, c’eft-à - dire à leur chaleur. Ce dernier rapport eft fi conftant, que par la ceffation de cette feule caufe, une vapeur ne s’élevera qu’à une hau= teur médiocre. Or cette unique caufe, favoir l’ex- panfion pat le feu , diminuera néceflairement dans la vapeur à mefure qu’elle s’éloignera du centre de la chaleur dans les appareils ordinaires, où l’on n’ap- plique le feu qu’à la partie inférieure des vaifleaux , & dont les paroïs touchent à une atmofphere roû- jours'plus froide que les vapeurs qu’ils contiennent s au lieu que la même vapeur, & une vapeur quel- conque entretenue dans le degré d’expanfon qui Va fait parvenir à cette hauteur, en échaufant le vaifleau dans toute fa longueur , pourra être por- tée fans aucune autre caufe & fi le corps conti= nue toûjours à en fournir de nouvelles, jufqu’à une hauteur qui n’a point de bornes. Une nouvelle preu ve que la loi hydroftatique dont nous avons parlé ci-deflus, n’influe en rien fur le phénomene dont 1l s’agit ici, c’eft que dans un appareil convenable de difillation latérale ou de deftenfum, la vapeur pourra par la feule application de la chaleur , être portée à côté ou en-bas à un éloignement indéfini. [l eft eflen- tiel de remarquer, pour avoir une idée diftinéte de tout ceci, que la forme des vaifleaux que Boerhaave adivifés par-là en trois efpeces ( Æ/em. chim. pars al- tera , de artis theoria , p. 404: de l'éd, de Cavelier) x favoir les cylindriques , les coniques à fond plus étroit que la partie fupérieure, &les coniques à fond plus large que la partie fupérieure ; que ceite forme , dis-je , eft abfolument indifférente à l’afcenfion des vapeurs ; & qu’ainfi le doéte Boerhaave s’eft trom- pé , lorfqu'il a cru que les vaifleaux coniques con vergens vers le haut favorifoient merveilleufement lafcenfion des vapeurs ; qu'il a dû cette erreur rai- fonnée à un manque Eh de connoïffance fur la nature de la vapeur : car il a dit qu’il étoit clair par les connoïffances hydroftatiques, que cette plus fa cile afcenfion dépendoit de ce que les côtés d’un pa- reil vaifleau foûtenoient des colonnes de liqueurs ;! liquorts , d'autant plus courtes qu’elles portoient fur des points de ces côtés plus voifins du bord de ce vaifleau, &c. Les adorateurs de Boerhaave font in- vités à nous prouver que cet auteur a droit d’ap- peller une vapeur Ziguor; fecondement, de divifer une vapeur en colonnes ; troïfiemement , d'évaluer les propriétés des vapeurs ex hydroflaricis. Le vaif- feau conique convergent en-bas , ne retarde pas plus l’afcenfion des vapeurs , que le convergent en- haut ne les favorife : en général; les vaiffleaux con- tenans , de quelque forme qu’ils {oient, ne different effentiellement que par leur diverfe élévation, &ül ne faut pas comme Boerhaave reftraindre cette re- gle aux vaifleaux cylindriques. - Le degré de chaleur néceflaire pour entretenir Pexpanfion vaporeufe , variant comme la rarefcibi lité de chaque fubftance réduite en vapeurs, ces va- peurs dans les appareils ess ae à l'ai DETTE 1058 DIS de de la chaleur communiquée par Papplication or- dinaire du feu, s’éléveront en raifon de leur raref- cibilité fpécifique. C’eft ainfi que la vapeur de l’eau s’élevera à peine à deux piés, tandis que celle de l’efprit-de-vin peut s'élever à une hauteur bien plus confidérable, C’eft fur cette différence qu’eft fon- dée la retification de l’efprit-de-vin, celle des al- kalis volatils, &c. Foyez RECTIFICATION. La double caufe de la diminution de l’expanfon vaporeufe que nous avons aflignée plus haut , fa- voir l'éloignement du centre de la chaleur, & la froideur des corps qui environnent la vapeur dans une certaine partie de l’appareil , peut être portée à un point auquel cette vapeur fera condenfée, ou deviendra une liqueur , & quelquefois même un corps concret. Or il eft effentiel à toute difHllation que ce changement arrive , & c’eft auffi un effet que produit conftamment tout appareil employé à la diflillation, Détacher par l’adion du feu des vapeurs d’un corps renfermé dans des vaifleaux; les élever, où plus généralement encore les éloigner de ce corps par l’expanfion vaporeufe qui eft un mode de la ra- réfaétion , & les condenfer par le froid pour Les rete- nir: voilà les trois effets eflentiels de la difillarion & leurs caufes, le formel de cette opération. On peut déduire de tout ce que nous avons éta- bli jufqu’à préfent , les regles de manuel, ou les ca- nons pratiques fuivans. 1°. On doit employer des vaifleaux contenans élevés , toutes les fois que le réfidu de la dffillarion doit être en tout ou en partie une fubftance qui a quelque volatilité , comme dans la diffillarion du vin, dans la redtification des huiles effentielles, des acides , des alkalis volatils, des efprits ardens ; ou encore lorfque la matiere à diftiller fe gonfle confi- dérablement , comme dans la d/Hillation de la cire, du miel, de certaines plantes, éc, 2°, La hauteur de ces vaifleaux doit être telle , ue {a liqueur la moins volatile, celle qui doit con- tuer le réfidu ou en être une partie, ne puiffe pas parvenir jufqu’au récipient. L'appareil le plus com- mode eft celui où les vaifleaux contenans ne s’éle- vent que fort peu au - deflus du terme où peut être porté ce réfidu réduit en vapeur. Les alembics dans lefquels le chapiteau eft féparé de la cucurbite par un ferpentin ou par un long tuyau, & qu’on em- ployoit autrefois beaucoup plus qu'aujourd'hui à la reification de l’efprit-de-vin, font un vaifleau dont on peut fe pañler, & auquel un matras de trois ou quatre piés de haut recouvert d’un chapiteau, peut très-bien fuppléer. Quant aux fubftances fujettes à fe gonfler, la façon la plus efficace de prévenir les inconvéniens qui peuvent dépendre de ce gonfle- ment , c’eft de charger peu les vaiffeaux élevés dans lefquels on les traite. | : 3°. Il faut dans tous ces cas employer autant qu'il eft poffible un degré de feu conftant , & purement fufifant pour faire pafler dans le récipient , les pro- duits volatils. Un bain-marie bouïllant fournit , par exemple, ce degré de feu déterminé, & fufifant dans la reétification de l’efprit-de-vin, &c. 4°. On doit dans les mêmes cas n’appliquer le feu qu’à la partie inférieure du vaiffeau, & le laiffer dans la plus grande partie de fa hauteur expofé à la froi- deur de Pair environnant , ou même le rafraichir dans cette partie, fans pourtant pouffer ce refroidif- fement au point de condenfer la vapeur la plus vo- latile , car alors toute diffillarion cefleroit. Ce der- nier moyen eft peu employé, parce qu’une certaine élévation des vaiffleaux contenans fuffit pour la fé- paration de deux vapeurs inégalement volatiles : on pourroit cependant y avoir recours dans le cas, où faute d’autres vaifleaux on feroit obligé de re&ifier dans nn vaiflean bas un liquide compofé, dont le principe le moins volatil feroit aflez expanñble pour _ s’élever jufqu’au fommet de ce vaiffeau, On pour- roit, par exemple, reifier de l’efprit-de-vin dans un alembic d’étain qui n’auroit pas un pié de haut ù en rafraichiffant la moitié fupérieure de la cucur- bite au-deffous du chapiteau. Mais j’avoue que cette obfervation eft plus utile comme confirmant la théo- rie de la diffillation , que comme fourniffant une pra- tique commode. | $°. Lorfqu’il s’agit au contraire de féparer les pro: diuts volatils d’un réfidu abfolument fixe, les vai feaux les plus bas font les plus commodes dans tous les cas ; & il eft abfolument inutile d‘employer des vaifleaux élevés, lors même que les produits mo- biles font très-volatils. 6°, Il faut dans le cas des réfidus abfolument fixes échauffer le vaiffeau contenant jufqu’au lieu deftiné à condenfer les vapeurs, jufqu’au chapiteau dans la difillation droite, & jufqu’à la naïffance du cou de la cornue dans la difllation oblique. Pour cela , on enferme ces vaifleaux dans un fourneau de rever bere ; on recouvre les cornues placées au bain de fable on bain-marie d’un dôme, ou on les entoure ; & on les couvre de charbon, felon une méthode ufi- tée dans les laboratoires d'Allemagne. Voyez FEU & FOURNEAU. Nous obferverons à ce propos, que la voñte de la cornue ne fait point du tout la fonétion de cha- piteau, & qu’elle ne condenfe les vapeurs qu’en pure perte, & lorfque l’on adminiftre mal le feu s les vapeurs ne fe condenfent utilement dans la dif: tillation larérale, que dans le cou de la cornue, & dans le récipient ; la voûte de la cornue ne fait, comme les côtés de la cucurbite , que contenir la vapeur & la conferver dansun état de chaleur, & par conféquent d’expanfon fuffante pour qu’elle puiffe continuer fa route vers le vaifleau deftiné à la condenfer. Les ftries, les gouttes , les ruiffleaux de li- queur formés dans l’intérieur de la retorte, que cer- tains artiftes ont donnés comme des fignes auxquels on peut diftinguer certains produits ; ces ftries, ces gouttes, ces ruifleaux difparoïflent dès qu’on échauf. fe la retorte, felon la regle que nous venons d’éta- blir. 7°. Il eft toüjours utile de rafraïchir le lieu de l'appareil où la vapeur doit fe condenfer. Ce refroi- difflement a un double avantage , celui de hâter l'o- pération , & celui de fauver les produits. Il hâte l’o- pération ; car fi dans un appareil également chaud dans toutes fes parties de vaifleaux exaétement fer- més, 1l s’engendroit continuellement de nouvelles vapéurs, ces vapeurs fubfitant dans leur même de- gré d’expanfon , feroient bien -tôt obftacle à l’élé- vation des vapeurs nouvelles; & il eft même un terme où cette élévation doit non-feulement être re- tardée, mais même fupprimée, où la difillarion doit cefler. Le froid débande la vapeur, la détruit ; vui- de l’efpace des vaïffeaux où on le produit, le dif pofe à recevoir une nouvelle bouffée de vapeurs. Quant à la deuxieme utilité du refroïdiffement , il eft clair que dans la néceffité où l’on eft de perdre une partie des vapeurs, comme nous allons l’expo- fer dans un moment , plus cette vapeur eft con- denfée , moins il s’en échappe. Les moyens les plus employés pour rafraîchir , font ceux-ci : on fe fert dans la difillarion droite du chapiteau chargé d’un refrigerant , ou du ferpentin. Voyez CHAPITEAU, REFRIGERANT, & SERPENTIN. Dans la diffillation latérale , on peut placer le réci- pient dans de l’eau , lentourer de glace, & le cou- vrir de linge motillé : ce dernier moyen eft le plus ordinaire ; il eftutile de rafraichir de [a même façon DIS le cou de la cornue, maïs il faut avoir foin de ne pas toucher au corps de ce vaifleau. Au refte , l’artifte doit toûjours fe fouvenir que les .vaifleaux de verre ne fouflrant point le paffage fou- dain d'un certain degré de froid à un certain de- gré de chaleur , & réciproquement, on apprend par l'exercice à évaluer l’extenfion dans laquelle on peut fans péril leur faire éprouver des alternatives de froid & de chaud. Le balon échauffé par les produits les plus chauds des dffillations ordinaires , foûtient fort bien application d’un linge en quatre doubles , trempé dans de l’eau froide , & légerement exprimé. On peut rafraîchir fans précaution les vaifleaux de mé- tal. Outre ces regles majeures que-nous avons don- nées pour des corollaires pratiques de notre théo- rie de la diffillarion ; il faut encore que le difülla- teur fache : | | Premiérement , que puifqu’il doit opérer dans des vaifleaux fermés , & que {on appareil eft compote ‘de plufieurs pieces ; il doit lutter exaétementtoutes les jointures des vaifleaux auxquelles les vapeurs peuvent parvenir. Voyez Lur & LuTrer. Nous ref- traignons ainf l’obligation de lutter, parce qu’elle n’a point lieu pour les jointures des vaifleaux que les vapeurs ne peuvent atteindre , comme celle du ré- cipient & du bec du ferpentin dans la d/fllation de leau-de-vie, &c. Secondement , qu’il faut cependant laiffer un peu dejour , ménager une iflue à une partie des va- peurs ( parce qu'il feroit très-difficile de rafraïchir aflez, pour condenfer & retenir toutes ces vapeurs dans des vaifleaux fragiles), à une partie des va- peurs , dis-je , & à l’air dégagé de la plûpart des corps difillés , 8 dont on ne peut , ni ne veut rete- nir aucune portion dans les appareils ordinaires. Les “anciens Chimuftes ne s’étoient pas avifés de la né- _ceflité de ménager cette iflue ; ils ont tous recom- mandé de fermer exaëtement , & ils l’ont fait autant qu'il a été en eux: mais heureufement ils n’ont pas {à lutter ; & c’eft l’impuiflance où 1ls étoient d’ob- ferver leur propre regle qui les a fauvés , fans qu’ils s’en doutaflent , des inconvéniens qu’elle entraïînoit. Nous qui luttons très-bien , nous faifons un petit trou au récipient , dans tous les cas où 1l importe de fermer exatement toutes les jointures des vaifleaux. C’eft ici une invention moderne , dont l’auteur eft inconnu. ÂAu refte, il vaut mieux bien lutter, & avoir un récipient percé , que de lutter moins bien, & avoir des vaifleaux fans ouverture ; parce qu’on eft maître d’un petit trou pratiqué à deffein, & qu’on ne left pas des pores & des crevaffes d’un mauvais lut. La maniere ordinaire de souverner le petit trou du balon, c’eft de ne l'ouvrir que de tems en tems, toutes les éinq ou fix minutes , plus ou moins, felon la vivacité du fouffle qui en fort à chaque fois qu’on . louvre. Je crois qu'il eftmieux , dans la plüpart des cas, de le laïffer tojours ouvert : 1°, parce qu’on rifque moins la fraéture des vaifléaux : 20, parce qu’on ne perd pas davantage, peut-être moins. Troifiemement , que les vaifleaux doivent être toûjours choifis d’une matiere convenable , pour que les corps à difüller ,ou les produits de la 4/fillation, ne les attaquent point, ou n’en foient point altérés ; & dans quelques cas particuliers , pour qu’on puifle rafraichir commodément. Voyez VAISSEAU. uant à l’art de gouverner le feu dans la d//11a- sion , c’eft-là l’a 6 c de l’artifte. Voyez FEU. = Dans la difhillation , on évalue le degré de feu par fes effets : la quantité de vapeurs qui fe manifeftent par l’obfcurciflement du balon , par fa chaleur, par la violence du fouffle qui fort du petit trou , &c. an- nonce un feu fort : la fréquence des gouttes qui tom- bent du bec de laçornue , ou de çelui du çhapiteau; Tome IP PET PNE DIS t0$g un tuifleau de liqueurs tombant d’un chapiteau , où d’un ferpentin , annonce la même chofe : le feu doux eftannoncé parles fignés contraires: le degrémoyen, & le plus propre au plus grand nombre de diffilla- tion, eft annoncé par un petit ruifleau continu de li- queur , dans les cas de fhillarion droite , où l’on employe le ferpentin ; ou le grand chapiteau à re- frigérant ; & dans les cas ordinaires de dfilation la- térale , & dans quelques diffillations droites , par la chaleur médiocre du balon , le fouffle modéré du pe- tit trou , & la fucceflion des gouttes dans un inter« valle tel qu’on peut compter huit pulfations d’ar- tere entre deux gouttes , ou articuler pofément le nom des nombres jufqu’à huit : un , deux, trois , quatre, &c, | | | On trouvera dans les articles particuliers des di£: férens fujets de la diffillation , quelques manœuvres particulieres, La reétification & la cohobation font des efpeces de diflillation. Voyez; COHOBATION & RECTIFICA+ TION. (b) DISTINCTE, (BASE) ez Oprique , eft le nom queé donnent quelques auteurs à la diftance oùil faut qué: foit un plan au-delà d’un verre convexe , pour que l’image des objets reçûe fur ce plan paroifle dif tinile ; de forte que la ba/e diflinéfe eft la même chofe que ce qu'on appelle foyer : car imaginons un objet éloigné qui envoye des rayons fur un verre conve= xe , ces rayons fe réuniront à-peu-près au foyer dix verre ; & fl on veut recevoir fur un papier l’image de cet objet , ce fera au foyer qu’il faudra pla- cer le papier pour que l'image {oit diffinéke. Voyez FOYER. La bafe diflinéle eft donc produite par la réunion: qui fe fait des rayons partis d’un feul point d’urm objet ; & concourant en un feul point de l’ima- ge ; & c’eft pour cela que les verres concaves , qui, au lieu de réunir les rayons , les écartent , ne peuvent point avoir de #afe diffinite réelle. Foyez CONCAVE, (0) DISTINCTION, f. f. (Métaph.) La diffinétion en général eft Ja négation d'identité. Ainfiune chofe eft difétnguée d'une autre , dès-là qu’elle n’eft pas la mê- me. Il y a une grande différence entredi/finéion, fé= paration , &t diverfité, Car, par exemple, le corps & l'ame font diffingués | & cependant ils ne font pas féparés dans l’homme : Pierre & Paul font difingués encore qu'ils n’ayent pas une différente nature. La difinétion eft précifément la négation d'identité, comme nous venons de le voir ; au lieu que la fépa- ration €ft la négation d'unité , & la diverfité la né gation de fimilitude. Les Philofophes font fort embarraflés pour affigner une marque caradériftique dela diffinéion des êtres. Les uns affignent la capacité que les êtres ont d’être féparés mutuellement ; les autres la font confifter dans tout ce qui exclut l’unité numérique, Mais com= ment concilier cela avec la Trinité & la reproduc- tion du corps de J. C. dans l’Euchariftie ; ces deux myfteres qui étonnent & confondent notre raifon à La difintiion eft une fource féconde de difputes entre les Thomiftes & les Scotiftes. Où les premiers ne découvrent qu'un être , Les feconds ont le fecret d’y en appercevoiruneinfinité.La grande maxime des Scotiftes, c’eft de multiplier les êtres à mefure qu'ils multiplient les idées. Or comme il n’y a point d’ê- tre , quelque fimple qu’il foit , qui n’offre une foule d'idées partielles ; auffi n’y at-il point d’être où ils ne découvent une infinité d'êtres diftingués. Dieu, tout fimple qu'il eft, eft donc pour les Scotiftes un être des plus compofés. Autant d’attributs , autant d'êtres diftingués réellement. Il n’y a pas jufqu’aux idées abftraites de leur efprit qu'ils ne réalifent. Les genres, les efpecçes , les différences, les propriétés, L | SSSsssi 1060 DIS les accidens , font autant de petites entités qui vont fe placer d’elles-mêmes dans tous les êtres. Moyen- nant ce fyftème, il n’y a point d’être dans tout l'univers qui ne renferme une infinité d'ordres d’in- fini , élevés les uns fur les autres. Ce que la divifi- bilité des parties à l'infini eft à la matiere, la multi- tude d'êtres à l'infini left même aux efprirs : & ce w’il y a de fingulier, c’eft que des entités toutes fpi- rituelles s’alhient dans ce fyflème avec les êtres les plus matériels , s’il eft permus de parler aïnf : car que font attre chofe ce qu'on ‘appelle dans l’école de- prés mérdphyfques ? ÿ a-t-1l d’être qui n'ait fes de- grés metaphyliques ; & fi , comme le prétendent les Scotiftes, tous ces degrés exiftent réellement dans les objets, je ne vois pas comment ils pourroïent fe défendre d’enter fur la matiere, des eñtités purement fpirituellès & indivifibles. Voilà , à proprement par- ler , en quoi confifte le foible de leur {yftème. Les Thomiftes plus fenfés prodiguent moins les êtres : ils n’en voyent que là où 1ls apperçoïvent des idées to- tales & complettes. Voyez DEGRÉ, 6e. La diffinifion en général eft de deux fortes , réel- le, & mentale, autrement de raïfon. La premiere fuppofe des êtres qui ne font pas les mêmes , indé- pendamment de ce que l’efprit en penfe;éêr la feconde, des chofes que l’efprit difüngue , quoiïqu'elles foient réellement les mêmes. Telle eft la ffinüion qui fe trouve entre une chofe & fon effence , entre fon ef- fence &c fes propriètes. gp Les Scotiftes , autrementles Réaliftes , admettent trois fortes de dffinüfions réelles ; l’une pour les êtres qui peuvent exifter féparément , comme le corps & l'ame ; l’autre pour deux êtres, dont 1 un peut être féparé de l’autre , fans que cela foit réciproque en- tr'eux, comme la fubftance & l’accident qui la mo- difie ; latroïfieme enfin, pour les êtres qui ne font tous deux que des modalités. La premiere de ces 4f° tinéhions s'appelle réelle majeure, la feconde mineure, & la troifieme /a plus petite ; comme fi la Zfhnüion étoit fufceptible de plus & de moins. La diflinéfion mentale ou de raifoneft de deux for- tes ; l’une eft dite diftinétion rationis ratiocinantis ; & l'autre rationis ratiocinatæ, comme l’on parle dans les écoles. La premiere eft celle que l’efprit met dans les chofes , fans qu'il y ait en elles aucun fondement qui autorife une telle ffinéfion : telle feroit , par exemple , la diffinélion qui fe trouve entre Cicéron & Tullius. Comme cette difhinéfion ne roule que fur des mots, ceux qui en font les défenfeurs font ap- pellés zominaux, Un de leurs chefs eft Okam , corde- lier anglois, qui vivoit dans le quatorzieme fiecle, Ïls entroïent dans un grand détail des mots, s’appé- fantifloient fcrupuleufement fur toutes les fyllabes ; c’éft ce qui leur attira le reproche injurieux de vez- deurs de mots ,ou marchands de paroles Cette {e@e s’é- leva vers la fin du onzieme fiecle. Ils prétendoient être fe@tateurs de Porphire & d’Ariftote ; maisils ne commencerent à porter le nom de nominaux que du tems d'Okam: ilsfurent les fondateurs de luniverfité dé Léipfk. Ontrouve encore aujourd’hui beaucoup de philofophes qui fe piquent d'être zomimaux. | La diflinition de raïon raifonnée , rationis ratioci- rate , eft celle que lefprit met dans les chofes , lorf- qu'il y a une raïfon légitime pour cela. Le fonde- ment de cette diffinétion eft de deux fortes :ouil eff extrinfeque , & c’eft alors la variété des effets qui donne näiffance à la diffinttior ; ouil eft intrinfeque, ‘& c’eft alors l'excellence d’une vertu qui produit dif- férens éffets. Si l’on confidere cette difhinéfion du côté de la chofe , elle eft appellée viruelle ; mais f on l’envifage par rapport à l’efprit , elle retient le nom de difhinition de raifon raïfonnée. Confdérée fous le premier rapport, c’eff moins une difhnéthion , ue le fondement d’une difinétion : confidérée de la feconde maniere , c’eft une vraie difintfion appuyée fur un fondement réel. On appelle autrement cette difinthion thomiftique , du nom des Thomites. DISTIQUE , ( Belles-Lertres) c’eft un couplet de vers, ou petite piece de poéfe dont le fens fe trouve renfermé dans deux vers, l’unhexametre, &lautre pentamètre : tel eft ce fameux diffique que Virgile fit à Poccañon des fêtes données par Augufte. Noëte pluit totê , redeunt [peélacula mane ; Divifum imperium cum Jove Cefar haber. Et celui-ci bien plus digne d’être connu : Urnde J'uperbit homo , cujus conceptio cafus , Nafë pana, labor vita , neceffe mori ? Ce mot eft formé du grec Se, deux fois , & de che X06 » VETS, | Les diffiques de Caton font fameux, & plus admi- -rables par l'excellente morale qu'ils renferment, que par les graces du ftyle. Voyez ce qu’en dit Vigneul Marville , som. I. pag. 54 & 55. (G) Les élégies des anciens ne font qu'un affemblage de difliques ; 8& à l'exception des métamorphofes , c’eft la forme qu'Ovide a donnée à tous fes autres ouvrages. Le nom de dflique et demeuré affeété à la . poëfie greque & latine. Voyez VERS. Quelques -uns de nos poëtes ont écrit en diffiques. Ce font communément ceux qui ont penfé vers-à- vers. On dit de Boileau qu’il commençoit par le {e- cond vers, afin de s’affürer qu'il feroit le plus fort. Cette marche eft monotone & fatiguante à la longue: elle rend le ftyle lâche & diffus , attendu qu'on eft obligé fouvent d'étendre , & par conféquent d’affoi- blir fa penfée , afin de remplir deux vers de ce qui peut fe dire en un : elle eft fur-tout vicieufe dans la poëfie dramatique , où le ftyle doit fuivre les mou- vemens de l’ame, & approcher le plus qu'il eft pof- fible de la marche libre & variée du langage natu- rel. En général, la grande maniere de verffier , c’eft de penfer en mafle, & de remplir chaque vers d’une portion de la penfée , à-peu-près comme un fculp- teur prend fes dimenfions dans un bloc pour en for- mer les différentes parties d’une figure ou d’un grou- pe, fans altérer les proportions. C’eft la maniere de Corneille , & de tous ceux dont les idées ont coulé à pleine fource. Les autres ont imaginé , pour ainfi dire , goutte-à-poutte , & leur ftyle ef comme un f- let, d’eau pure à la vérité , mais qui tarit à chaque inftant, Voyez STYLE, VERS, &c. Article de M. MAR- MONTEL. ; DISTORSION, f. f. ez Medecine , {e dit de la bou che, difforfio oris , lorfque cette partie du vifage & celles qui lavoifinent , font tirées de côté, de ma- mere que l’angle des levres foit porté en haut ou en bas, ou tranfverfalement hors de leur fituation or- dinaire. | Lorfque la difforfon de la bouche a lieu des deux côtés, c’eft ce qu’on appelle /pafine cynique, ou rire de chien, parce que cet animal en colere écarte les deux angles de la gueule vers les oreilles, en rele= vant & ridant la levre fupérieure; ce qui eftune me- nace de mordre : on l’appelle encore rire fardonique , par fa reffemblance avec leffet d’une plante, qui le trouve dans l’île de Sardaigne : c’eft une efpe- ce de renoncule à feuille d’ache, qui caufe l’écarte- ment des deux angles de la bouche à ceux qui en ont mangé, & les fait mourir avec l’apparence d’un vifage riant ; ce qui a fait donner à cette plantele nom d’apium rifus. On appelle encore dflorfion de la bouche , la fisu- re viciée du vifage, par la rétraétion involontaire d’un des angles des levres, & quelquefois le tirail- lement de toutes les parties d’un même côté ; ce qui eft plus particulierement nommé par Platetus or: DIS sura oris , & qui répond à l’aétion volontaire de tor- dre la bouche. Le mot de difforfioneft doncun nom générique, par lequel onexprimetoutes ces différentes dépravations de la figure du vifage. La diflorfion de la bouche , lorfque cette partie en eft affectée des deux côtés , eft toûjours caufée par la convulfion des mufcles qui fervent à mouvoir les levres dans l’aétion du rire naturel, & fur-tout des grands zygomatiques & des buccinateurs : la caufe de la convulfion de ces mufcles en particulier , eft la même que la caufe des convulfions en général , qui, dans ce cas-ci, n’affeéte que les nerfs qui fe diftribuent aux organes contraétés. Voyez CONVUL- SION 04 SPASME, i La diflorfion de la bouche, qui n’a lieu que d’un côté, peut provenir de deux caufes bien différentes, favoir de convulfon ou paralyfre : la premiere a lieu lorfqu’un des zygomatiques ou des buccinateurs, ou les deux enfemble font affeétés d’un mouvement fpafmodique ; les antagoniftes ne pouvant pas con- trebalancer l’aétion des premiers, font eux-mêmes tiraillés avec toute la bouche du côté oppofé. Le même effet arrive par la feconde caufe : fi un des deux zygomatiques devient paralytique,eft coupé ou relaché par quelque caufe que ce foit , la force de contraétilité naturelle dans l’antagonifte n’étant plus contrebalancée, celui-citire la bouche de fon côté, pendant que le mufcle paralyfé fe laifle allonger : il n’y a ni contration volontaire, ni convulfion dans ce cas-ci ; le mufcle raccourci n’eft point dur, la joue de ce côté eft molle, les levres ne retiennent pas la falive; ce qui le difingue du premier cas, dans lequel les parties en dflorfion font dures, ré- fiftantes, & ferrent les levres de maniere que la falive ne s’écoule pas au-dehors de la bouche com- me dans [a difforfon , à caufe de paralyfie ; dans celle-ci, les parties qui cedent &z qui font tirées vers le côté fain font prefque fans fentiment ; le mala- de en riant ou en prononçant la lettre O , ne remue qu'une partie de la bouche, & le plus fouvent la paupiere du côté affeté eft comme pendante, par- ce que toute cette partie du vifage eft auf dans le relâchement : ce qui a lieu fur - tout dans l’hémi- plégie. La diflor/ton de la bouche qui n’eft occafonnée par le vice d'aucune autre partie ( dit Hippocrate dans fon fecond livre des prédiétions) «fe guérit promp- # tement ou d'elle-même, ou en ramenant par for- >» ce les parties dans leur fituation naturelle », Si la diflorfcon de la bouche, du nez ou de l’œil, furvient dans une fiévre continue, c’eft un figne de mort prochaine feë. jv. aph. 49. Elle eft aflez fou- vent l’avant-coureur des plus fâcheufés maladies, comme l’épilepfie, l’apoplexte. La curation de cette maladie doit être différen- te , felon la différente caufe quila produit. Ainfi on doit employer les médicamens antifpafmodiques où antiparalytiques, felon les diverfes indications : mais on peut plus particulierement avoir recours à un _ bandage en forme de chevêtre , pour réduire le vi- fage à fa forme naturelle & l’y retenir, pendant qu'on travaille à corriger le vice dominant, qui a produit la difforfion ; voyez Sennert , qui traite aflez au long de cette maladie; voyez auff£ les arr. PARA- LYSIE, SPASME. DISTORSION DE L'@IL , /pafinus oculi, vulod ffra- bifrnus , œil louche ; voyez ŒIL, STRABISME. (d) *DISTRACTION, f. f. (Morale. ) application de ” notre efprit à un autre objet que celui dont le mo: ment préfent exigeroit que nous continuaffions de nous occuper. La difraition à fa fource dans une excellente qualité de l’entendement, une extrème fa- DIS 1061 cilité dans les idées de fe réveillerles unes les autres. C’eft1 oppofé de la fupidité qui refte fur une même idée. L'homme diffrair les fuit toutes indiftin@ement à mefure qu’elles fe montrent; elles l’entrainent & l’écartent de fon but; celui au contraite qui eft maitre de fon efprit, jette un coup-d’œil fur les idées ctrangeres à fon objet, &nes’attache qu’à celles qui lui font propres. Un bon efprit doit être capable de difrafions ; mais ne doit point être difirair, La dif- trailion eft prefque toùjours un manque d’égards Pour ceux avec qui nous nous entretenons. Elle leur fait entendre très - clairement que ce qui fe pañle dans notre ame nous intérefle plus que ce qu'ils nous cifent.On peut avec un peu d'attention furfoi-même, fe garantir de ce libertinage d’efprit , qui fait tenir tant de difcours déplacés, & commettre tant d’ac- tions ridicules. L'homme dans la diftraütion perd de vüe tout ce qui l’environne; & quand il revientde fon délire , il agit comme fi rien n’avoit chanpéau- tour de lui; il cherche des objets où ils ne font pluss il S’entretient de chofes dont il n’eft plus queftion ; il fe croit à tout & il n’eft plus à rien ; parce que La diffraition eft une abfence dont fouvent on ne S apperçoit pas, & dont on ne connoît prefque ja- mais exactement la durée, Il n'y a qu'un moyen d’apprétier l’intervalle de la difraition ; c’eft Sa pouvoir rapporter le commencement & la fin à deux inftans différens d’une aétion continue ,; dont la du- rée nous foit connue par expérience. ; DISTRAGTION y (Jarifprud.) fignifie en général a Jéparation d’une chofe d'avec une autre sil y a plu- fieurs fortes de diffrailions, {çavoir: F DISTRACTION DE DÉPENS, eft la faculté que le procureur demande de toucher fes frais & falaires fur les dépens adjugés à fa partie, comme les ayant avancés pour elle. Le procureur eft en droit de former cette deman: de malgré fa partie; & dès qu’elle eft fignifiée à la partie qui a fuccombé, elle tient lieu de faifie: & lorfque le procureur a obtenu la difrattion , elle opere la décharge de fa partie.envers lui. Celui qui a été condamné aux dépens envers un autre, & qui eft en état de lui oppofer quelque com- penfation, ne peut pas l’oppofer au procureur qui demande la dif/radion des dépens ; mais fi cette pat- tie a fait faifir entre fes mains avant que la deman- de en difiraition fût formée, la faifie prévaudroit fur cette demande. (4) . DiSTRACTION DE JURISDICTION ; c’eft quand on Ôte à un juge la connoïffance d’une affaire pour la donner à ün autre; ce qui arrive en différentes manieres, comme par des attributions, commiffions 4 évocations , que le roi accorde ou par des renvois en vertu de privileges de committimus, sarde gardien- ne. (4) | DISTRACTION DE RESSORT , c’eft lorque le roi par des lettres patentes dffrais un lieu du reflort or- dinaire ou d'appel d’une juftice » & l’annexe à une autre juftice : ces fortes de diffrations arrivent lors de lérettion des terres en duchés-pairies, maraui- fats, comtés, baronies, &c. la diftraëtion a AR fort ne fe fait qu'à la charge d’indemnifer les juftices dont on démembre quelque portion, (4) DISTRACTION D’UNE SAISIE RÉELLE c’eft ce qui retire d'une faifie réelle quelque héritage qui n’a pas dû y être compris. Voyez OPPOSITION À FIN DE DISTRAIRE. (4) DISTRAIRE » (Jurifprudence. ) c’eft retirer quel- qu'un ou quelque chofe d’un lieu. Diféraire quelqu'un de {on juge naturel , c'eft l’affi. gner devant un autre juge que le fien, Voyez ci-devans DISTRACTION. . On forme oppoñition & fn de diffraire À une faifie réelle pour en retirer quelque héritage ou portion *o62 DIS d'héritage qui ne doit pas y être compris. Voyez OPPOSITION A FIN DE DISTRAIRE. (A) DiIsTRAIRE, retrancher, déduire. | faut diffraire de fon mémoire les articles de marchandifes qui ont ‘été fournies fans ordre. Diffionn. de Comm. & de -Trév. DISTRAITS ox DISTRATS , (Jurifprud. ) dans les anciennes ordonnances fignifient les aétes par lef- quels on s’eft départi ou défifté d’un contrat ou autre ate , ou de quelque droit ou prétention. (4) DISTRIBUER dans le Commerce, partager une -chofe entre plufieurs perfonnes, donner à chacun la part qu'ildoit avoir ou qui lui peut appartenir dansun fout. Les effets mobiliers d’un marchand qui fait faillite {e diffribuent à fes créanciers au fol la livre, &c les im- meubles fuivant Le privilege de l’hypotheque. Dir. de Comm. & de Trév. (G) DisTriBuERr , fe dit auf ez Anatomie, des vaif- {eaux & des nerfs. Telle artere fe diftribue à telle partie. La huitieme paire fe diftribue au larynx, au pharynx , au cœur, à l’eftomac, &c. DisTRiBUER , ( /mprimerie ) ce verbe a deux fi- snifications particulieres à la pratique de l’Imprime- rie : on dit diffribuer de la lettre , & diftribuer les balles. Diffribuer de la lettre, c’eft remplir une cafle, en remettant dans chaque caffetin les lettres d’une for- me , fur laquelle on a tiré le nombre d'exemplaires que l’on s’étoit propoié. Diffribuer les balles, c’eft après avoir pris de l’en- tre en appuyant légerement une des deux balles fur le bord de l’encrier , les frotter l’une contre l’autre dans tous les fens, pour l’étendre également fur les cuirs, -& éviter une1inégalité qui empliroit l’œilde la lettre. DisTRiBUER ex Peinture, c’eft difpofer, arranger les-obiets & les effets de lumiere dans un tableau, de facon :qu'il'en réfulte un grand effet. On dit Ze peintre entend bien & difiribuer fes groupes , fes lu- sieres. (R) DISTRIBUTIF , ‘adj. ( Gram. ) fens diffribunif, qui éft oppofé au fens co/k&hif. Diffriburif vient du. latin dffribuere diftribuer , partager, la juftice d//ri- busive qui rend à chacun ce qui lui appartient. Co lettif vient de colligere recueillir, aflembler. Saire Pierre étoit apôtre. Apôtre eft là dans le fens diffriburif, c’eft-à dire que S. Pierre étoit l’un des apôtres. Il y a des propofitions qui paflent pour vraies dans le fens colleétif, c’eft-à-dire quand on parle en général de toute une efpece ; & qui ieroient très-faufles fi l’on en faïfoit l’application à chaque individu de l’efpe- ce, ce qui feroit le fens diffriburif. Par exemple on dit des habitans de certaines provinces qu'ils font vifs, emportés, ou qu'ils ont tel owtel défaut : ce quieft vraien général êt faux dans le fens diftriburif: cär on y trouve des particuliers qui font exempts de ces défauts & doués des vertus contraires. (F) DisTRIBUTIF, (Jurifprud.) ce terme ne s’ap- plique guere en Droit qu'à la juftice, que Pon dif- tingue en juftice diffributive & commutative. Voyez JusTice. (4) DISTRIBUTION mérhodique , (Hifi, Nar.) Voyez MÉTHODE. DISTRIBUTION , £. f. ( Gram. & belles Lestres. ) en général c’eft l’aétion de divifer une chofe en plufieurs parties pour les ranger chacune à la place qui lui eft propre. oyez Division. . Un poëte dramatique doit diffribuer fon fujet en aëes, & les aétes en fcenes, avant que de les met- tre en vers. Voyez ACTE & SCENE, rc. _ Les orateurs diftribuent leurs difcours en exorde, narration , confirmation & peroraïfon, Voyez Dis- ours 6: DisposiTION, Le peuple Juif étoit diffribuéen douze tribus, l’emr pire d'Allemagne eft diféribué en dix cercles, un royau- me cft diffribué en provinces ou gonvernemens. Voyez TriBu, CERCLES, PROVINCES, &c. Le digefte eft Z/fribué en cinquante livres. Une ar: mée en bataille eft diffribuce en premiere , feconde } troifieme ligne , corps de réferve, ou en centre , aîle droite & aile gauche; dans une marche elle eft dif tribuée en avant-garde, corps d'armée & arriere- garde , ou en colonnes , dont les unes font formées des troupes, les autres de l’artillerie , des bagages ; des caïflons ; dans un fiége & dans un camp elleeft diffribuée par quartiers. A la fin de la campagne on diftribue les troupes en quartier d'hiver ou de rafrai-: chiflement. Voyez ARMÉE , BATAILLE , MARCHE | Gc. | La diffribution de la nourriture dans toutes les par- ties du corps eft une des plus admirables merveilles: de la nature, Voyez DIGESTION & NOURRITURE: Voilà les différentes acceptions du mot dif/ribuer , ôw du moins plufieurs de ces acceptions. Chambers. (G) DISTRIBUTION, figure de Rhétorique, par laquelle on fait avec ordre la divifñon & l’énumération des qualités d’un fujet : telle eft cette peinture que Da- vid fait des méchans. « Leur gofier eft comme un # fépulcre ouvert ; ils fe font fervi de leurs langues » pour tromper avec adrefle ; ils ont fur leurs levres » un venin d’afpic ; leur bouche eft remplie de ma- »lédition & d’amertume, leurs piés font vites & » legers pour répandre le fang ». Voyez ENUMÉRA- TION 6 DESCRIPTION. (G) DisTRIBUTION, (Jurifprud.) fignifie plufeurs chofes différentes. DISTRIBUTION DE CONSEILLERS, eft la répar- tition qui eft faite des confeillers dans les différentes chambres ou fervices d’une même compagnie, Au parlement tous les confeillers nouvellement reçus, font d’abord comme en dépôt à la premiere des en- quêtes ; enfuite on les diffribue dans une des cinq chambres des enquêtes, en leur diftribuant un pro- cès à rapporter dans cette chambre. (4) DISTRIBUTIONS MANUELLES 04 QUOTIDIEN- NES, font les menues diffributions qui fe font jour- nellement & en détail à chacun des chanoines qui ont affifté aux offices : Chopin les appelle diaria vel diurna annona. Le relâchement s'étant introduit parmi les cha- noines, après qu'ils eurent quitté la vie commune, on fut obligé de mettre une partie de leurs revenus en diffributions manuelles & journalieres, afin de les rendre plus aflidus à l’office divin. Ce fut ce motif qui engagea Ÿves de Chartres à établir de telles 4f tributions pour fes chanoines , comme il l’écrit au ape Pafchal, epiff, 219. ‘ Par le te Fe AE , Se. XXT. ch. üij. il eft permis aux évêques, comme délégués du faint fiége, d’afigner aux églifes, tant cathédrales que collégia- les qui n’ont point de diftributions ordinaires , la troi- fieme portion des fruits & revenus, pour l’appliquer aux diverfes diffributions. Les ffatuts qui changeroient la qualité des dfr:- burions manuelles, & qui les accorderoïent aux cha- noines pour de rares & légeres afliftances, feroient déclarés abufifs ; elles ne font dües qu’à ceux qui ont réellement été préfens aux offices. On ne répute préfens que ceux qui ont aflifté du moins aux trois grandes heures canoniales, qui font matines, la mefle &c vêpres. Les ftatuts qui réputent préfens pour toute la journée ceux qui affiftent à l’une des trois grandes heures , font déclarés abu- fifs ; & pour être réputé préfent aux grandes heures, il faut y avoir affifté depuis le commencement juf- qu’à la fin : le chanoïne-pointeur marque les abfens, Ceux qui entrent qu chœur après le verse exulrez DIS mus à matines , le kyrie eleifon à la mefle , & le pre- mier pfeaume des vêpres ; ceux qui font malades, ou ceux qui font difpenfés de réfider à caufe de quel- qu'autre emploi confidérable , ne gagnent que les gros fruits, & non pas les diffriburions manuelles & quotidiennes. l Mais ceux qui font abfens pour les affaires du cha- pitre, étant réputés préfens à tous égards, ne per- dent point les diffributions manuelles. Il y a auffi quelques églifes dans lefquelles on donne une portion de ces dffributions aux jeunes chanoines pendant le tems de leurs études ; telle eft l’églife collegiale de S. Georges deVendôme : ce qui n’a lieu qu’en vertu de ftatuts & privilèges particu- \liers omologués au parlement. Les diffriburions manuelles ne font point farfiffa- bles, & ne font pas comprifes dans la reftitution des fruits du bénéfice ; mais on les compte dans le revenu du bénéfice , lorfqu'il s’agit d’oppofer la re- pletion à un gradué. Voyez la pragmat. fanët. tir, 1j, decreta ecclef. gall. liv. VI. ue. 17. Biblio, can. tome I. p.316. & tome IL. p. 368. € les définit. can. p. 217. Selva, part. üj. trait. que. xij.n. 8. Rebuñte fur le concord. titre de collat. au mot diftribut. Chopin, de facr. polie. lib. IIT. tir, tj. n. 21. Journ. des aud, tome II. arrêt du 20 Décembre 1660. (4) DISTRIBUTION DES INSTANCES ET PROCÈS, eft le partage que le préfident fait dans chaque cham- bre entre les confeillers, des inftances & procès ap- pointés : 1l y a un regiftre fur lequel on infcrit cette difiriburion. (A) DISTRIBUTION DU PRIX DES BIENS SAISIS, eft la répartition que l’on en fait entre les créanciers faififfans & oppofans. L Dans les pays de droit écrit on entend quelque- fois par le terme de diffribution des biens , la faifie réelle même : ailleurs ce terme fignifie l’ordre du prix; c’eft pourquoi on conjoint quelquefois ces termes, ordre & difiribution du prix. | La difribution du prix des immeubles fe fait par ordre d’hypotheque. 7. HYPOTHEQUE 6 ORDRE, Celle du prix des meubles fe fait d’abord par pré- férence à certaines perfonnes privilégiées , favoir - pour les frais funéraires , enfuite les propriétaires pour tous les loyers échüs & à-échoir ; &c en cas qu'il n’y ait point de bail, pour trois termes & le cou- rant; lesmedecins, chirurgiens & apoticaires qui ont fervi pendant la derniere maladie ; les gages des do- meftiques pour une année échûe au jour du décès, fi tant eft dû ; les frais de fcellé & d'inventaire : le tout par préférence aux autres créanciers, & par contribution au fou la livre , au cas que le prix ne foit pas fufifant pour les payer ; & après ces créan- ciers privilégiés, tous les autres créanciers chiro- graphaires ou hypothéquaires font payés par con- tribution, fans aucun privilège. Ae de notoriété du 4 Août 1692 ; recueil des aëles de notoriété , page 86. (4) DISTRIBUTIONS QUOTIDIENNES, Voyez ci-dev. DisTRIBUTIONS MANUELLES. (4) DisTRIBUTION , ex Anatomie, {e dit des vaif- feaux & des nerfs : la dffriburion de l'aorte, la dif sriburion de la cinquieme paire, &c. (L) Fra: DISTRIBUTION , dans le Commerce, répartition d’une chofe entre plufeurs , fuivant les raifons, droits & aëkions que chacun peut y avoir. La diftribution des profits d’une compagnie de com- merce dont les fonds confiftent en aétions, fe fait aux aétionnaires à proportion de la quantité d’aétions qu'ils y ont ; autrement elle fe fait fuivant la part que chaque intéreflé y a, comme pour une moitié, un quart, un dixieme, Gc. Didlionn. de Comm. & de Trév:(G) DistRigution, (Archicelure.) fous ce nom on DIS 1063 entend la répartition de tout le terrein fur lequel on érige un édifice , de quelqu'ufage qu’il puifle être ; car il ne fuft pas que le principal corps de bâtiment {oit diffribué avantageufement & commodément , il faut auffi que ceux qui en dépendent foient non-feu- lement expofés relativement à leurs ufages, mais qu'ils foient auf fitués convenablement fuivant leur deflination , & le rapport que chacun d’eux a avec le bâtiment & les différentes perfonnes qui lhabi- tent, tels que font les bâtimens des cuifines, des offices, des écuries , des remifes, aufli- bien que leurs bafles-cours ; & dans une maifon de campagne, celles des beftiaux , des grains, &c. | Que dans les palais des rois la diffribution foit faite de maniere que les avenues, les avant-cours, les cours , les colonnades & portiques réunis avec les ailes de bâtimens deftinées pour les princes, les muiniftres, concourent à former avec le palais un tout qui étonne, & qui annonce en même tems le génie de l’architeéte, & la magnificence du monar- que qui l’a fait élever. Que les édifices facrés foient grands & fpacieux, felon le nombre de paroïfliens qu’ils doivent conte: nir, accompagnés de bas côtés, & diffribués de cha- pelles publiques & particulieres , de facrifties, de charniers , &c. au contraire que ceux deftinés pour des abbayes ou communautés d’hommes ou de fem- mes, foient moins confidérables pour ce qui regarde le fanétuaire, mais pourvûs de bâtimens adjacens, relatifs au nombre de perfonnes qui doïvent y ha- biter. Que les bâtimens publics, tels que Les hôtels-de- ville , les jurifdi@ions , les bourfes & autres, foient- diffribués de forte que les citoyens puiflent y être à couvert, conférer & attendre commodément Les heu- res où ils doivent recevoir leurs audiences , leur ar- gent, Gc. Que les bâtimens pour les commerçans ayent leurs magafins proche de leur comptoir, & foient expolés fuivant la nature des marchandifes qu’ils doivent contenir ; de même les bâtimens particuliers deftinés aux artifans, doivent être diffribués d’une maniere convenable à leur état : on doit préférer à la magnificence , la fituation de leurs boutiques, leurs atteliers, chantiers, éc. Après ces confidérations générales, il eneft autant de particulieres que la diverfité des terreins,, qui eft infinie ; & quoi que-l’on puifle dire, en faifant l'éloge des Architeêtes françois, que la diffribution en France eft pouflée au plus haut degré de perfeétion, il n’en eft pas moins vrai qu'il eft difficile de donner des préceptes précis fur cette partie de l’archite@ure : auffi prefque tous nos auteurs modernes qui ont trai- té de cet art, & qui en ont voulu parler, nous ont plütôt donné la defcription de leurs bâtimens, que des regles qui puiflent nous inftruire. Ajoûtons à cela que malgré le nombre de beaux bâtimens qui embelliflent Paris & fes environs , il eft moins aifé d'acquérir l’art de diffribuer les bâtimens , que de les décorer, l'intérieur de ces édifices étant prefque toüjours impénétrable , ce qui n’arrive pas dans les dehors. D'ailleurs cette partie de Part de bâtir eft fujette, aufh-bien que la décoration , à la viciffitude &c au déréglement de l'imagination ; de-là vient que nos jeunes architectes , accoûtumés à imiter indif= tinétement le beau ainfi que le médiocre dans leur art, ne compofent qu’un tout aflez mal entendu, & croyent qu’à la faveur de quelques formes ingé- nieufes, les commodités, les dégagemens, les enf- lades &z la fymmétrie peuvent être facrifiés : d’au- tres fe croyant pourvüs d'imagination , {e roidif- fent contre les regles de convenance, l’efprit , difent-ils , n’agiffant jamais mieux ni plus heureufe- ment , que lorfqu'il eft affranchi de toute fervitu- 1004 DIS des. Ce raifonnement, qui n’eft que trop commun -chez la plüpart de ces prétendus grands génies, nous “fait {entir la différence de ceux qui fe rendent raifon -de ce qu'ils entreprennent , à ceux qui dans leurs travaux fe croyent au contraire guidés par un gé- ‘nie fécond & hardi ; car pour un ou deux génies extraordinaires qu'un fiecle voit à peine naitre, qui par leurs difpofitions naturelles fe forment un goût reolé fans les fecours de la théorie & des préceptes, on en voit mille qui par leur préfomption hazardant dans leurs diffributions des formes vicienfes, auto- rifent les moins habiles encore à les imiter. Tout efprit raifonnable doit fentir cependant que ces gé- nies rares & finguliers, fi peu communs, ne réufff- fent que parce qu'ils affectent , fans trop y prendre garde, une difpoñtion & un rapport harmonique entre les parties & le tout, qui a feul droit d'être appellé beauté , & fans lequel ils n’auroient pas réuff ; & que fi ces mêmes génies euflent été aidés par la doétrine & les préceptes de leur art, ils au- roient encore furpañlé leurs produétions. Pour parvenir donc à diffribuer avec convenance, il eft des lois générales dont on ne peut s'écarter, & qui feules peuvent conduire à la théorie de la dif- tribution des bâtimens à l’ufage de la demeure des maîtres. À l'égard de ceux deftinés pour Les domef- tiques, tels que font les cuifines, offices, remuies , 6:c. nous en parlerons en fon lieu. Ces lois générales concernent l’arrangement , la forme & l’ufage des pieces de néceflité, de commodité & de bienféance. Celles de néceffité femblent avoir un fondement certain & réel dans la nature, parce qu'il eft effen- tiel qu'un édifice élevé pour la coniervation des hommes , foit pourvû des pieces néceffaires non- feulement à l’état du maître qui le fait ériger, mais auff avec le nombre de fes domeftiques & celui des étrangers qui compofent fa fociété ou fa famille, De ce principe naît la diverfité des bâtimens, quoiqu’é- levés pour la même fin, & les différens étages que l'on pratique les uns fur les autres, quand la con- venance de l’état ou des intérêts de famille oblige à bâtir dans un lieu ferré, foit par rapport à {on commerce, foit à la faveur de la proximité de Ia . demeure des grands avec lefquels on eft en relation. C’eft dans cette occafñon où le favoir de l’architeéte a tobjours de nouveaux motifs de fe manifefter, en cherchant à donner de l’harmonie à ces chofes de néceffité, & en rapport dire avec celles qui font du reflort de la conftruétion & de la décoration, ces trois parties devant toûjours marcher enfemble. Ce qui regarde la commodité eft aufli impor- tant, ayant pour objet l’expofition générale du bâ- timent , {a fituation & fa difpofition , & fur-tout fes dégagemens ; de maniere que Les pieces de fociété, de parade , celles qui font deftinées au repos, à é- tude , foient fuffifamment dégagées , enforte que les domeftiques puiflent faire leur fervice fans troubler leurs maîtres. C’eft par cet arrangement que l’on trouve les commodités de la vie, qui naturellement ‘nous porte à chérir ce qui nous eft propre, & éviter tout ce qui peut nous nuire. ‘ À l’évard de l’objet de bienféance , 1l paroït plus dificile à réduire en principes, y ayant plus de dif- ficulté à s’appercevoir fi ce qui nous plaït dans cette partie du bâtiment , procede de quelque chofe de céel qui tire fon origine de la nature plûtôt que de la prévention ou de Phabitude ; pour s’en éclaircir -il faudroit approfondir fi les produétions des arts peuvent faire naître en nous des principes qui par la fuite nous paroïffent relatifs à la nature, ou bien fi toutes lesichofes qui nous plaifent dans les ouvrages faits par l’art, ne partent que de la fécondité de no- tre imagination , ou par un ufage reçu depuis long- “#ems parmi nous; car nous regardons fouvent en DIS France comme principes de bienféance dans la di: tribution, ce que d’autres peuples envifagent fous d’autres formes , eu égard aux diférens ufages que la différence du climat fait varier, & auxquels on eft obligé de fe foûmettre pour fe conformer aux différentes mœurs &c ufages. Sans contredit c’eft cet objet de bienféance qui fait toute la difficulté & tout le mérite de l’Architeëture ; c’eft lui qui aflu- jettit non-feulement la convenance de la décoration intérieure des pieces, mais qui foûmet cette même décoration à celle qui eft extérieure : c’eft elle en- core qui exige de la fymmétrie dans les écoinçons , dans la fituation des cheminées, dans la proportion des pieces, tant par rapport à leur hauteur qu’à leurs diametres , à celles des croifées ; le tout relatif à la conftruétion : confidérations qui doivent être toutes réunies enfemble , & qui à beaucoup près ne font pas fi importantes dans ce qui regarde les pie- ces de nécefité & de commodité. Après ces lois générales, pour parvenir à con- noître celles qui concernent chaque piece en parti- culiet, voyez la définition, l'ufage & la propriété de chaque piece qui compofe les plans exprimés dans Les Planches. (P) DISTRIBUTION DES EAUX, (Æydraul.) La dif. cribution des eaux fe fait différemment dans une ville & dans un jardin. | Dans une ville les tuyaux de plomb réfiftent plus que tous les autres au fardeau des voitures qui paf- {ent dans les rues. La dépenfe confidérable des machines des bâti- mens où font les châteaux d’eau, des conduites dans les rues, & les entretiens continuels des fontaines, ont obligé de vendre l’eau à Paris fur le pié de 200 lv. par ligne circulaire. Cette fomme multipliée par 144 lignes , contenu du pouce, le fait valoir 28800 liv. On diftribue l’eau au particulier qui l’achete , appellé corceffionnaire, au pié de la fontaine, à con- dition de faire la dépenfe de la conduire chez foi, & de faire rétablir le pavé. À Londres on oblige chaque maïfon d’acheter de l’eau ; elle pafle dans de gros tuyaux de bois des deux côtés des rues & Le long des maïfons, on n’a qu’à tirer une branche de plomb d’un diametre pro- portionné à l’eau qui doit être fournie, & la rece- voir dans fon refervoir : il eft vrai que c’eft de l’eau falée de la Tamife , & qu’on ne la donne que deux fois la femaine. Voici la maniere de partager à fix particuliers une fontaine ou une fource fourniffant deux pouces d’eau. L'eau coutanté tombarit dans une premiere cu= vette dont une cloifon arrête le flot, coule par deux ouvertures d’un pouce chacune dans la cuvette de diffribution, où il y a pareillement une cloifon de calme : on y pratique en-dedans, le long du bord extérieur, fix baflinets, pour dif/ribuer à chaque par- ticulier la quantité d’eau qu'il doit avoir : par exem- ple, un pouce au premier, un demi-pouce au fe- cond , un quart au troifieme, vingt-cinq lignes au quatrieme, neuf lignes au cinquieme, & deux lignes au dernier. L’eau tombera de la cuvette dans les bafinets , par des jauges percées en rond tout-autour avec une ligne horifontale pour en regler le niveau. La jauge d’un pouce aura douze lignes de diametre; celle d’un demi-pouce, huit lignes & demie; du quart de pouce, fix lignes : la quatrieme jauge qui donne vingt-cinq lignes d’eau, aura cinq lignes de diametre ; celle de neuf lignes aura trois lignes ; ê& la derniere, qui ne doit fournir que deux lignes, aura une ligne & demie: ce qui compofe en tout la dépenfe des deux pouces qu'apporte la fource. L'eau defcendra des baflinets par fix conduites où tuyaux féparés pour fe rendre à {a deftination. Quand DIS Quand il y a un plus grand nombre de concef fionnaires, on eft obligé d'en mettre plufieurs dans les mêmes baflinets, & c’eft alors que les grofles jauges alterent beaucoup les petites : à ceux qui au- ront quatre lignes , fix lignes , neuf lignes, douze hgnes, on leur diféribuera la quantité d’eau qui leur eft dûe, par le moyen de la quuile Voyez l'arricle JAUGE: | pod S'il s’agit de dffribuer l'eau dans un jardin, en la fuppofant amenée dans le refervoir au haut du parc d’où il la faut conduire dans les différentes parties d’un jardin, on doit d’abord examiner, 1° la quan- tité d’eau que l’ona, 2° la fituation du lieu » le nombre de fontaines que l’on fe propofe d'exécuter. La jauge fait connoître la quantité d’eau qui fe tend dans le refervoir , par exemple, d’un pouce allant jour & nuit, donnant en vingt-quatre heures 7o muids, & par heure près de 3 muids : l’expé- rience ayant fait connoître que l'eau courante d'un pouce de diametre, donnoit treize pintes &c demie par minute, pourvüû qu'elle {oit entretenue une li gne au-deflus de l’orifice de la jauge. La feconde chofe à examiner, eft la fituation du lieu. Quoiqu’en des jardins on en diftingue de trois efpeces différentes , les jardins de niveau , ceux en pente douce , &T les jardins en terrafies ; cependant par rapport aux fontaines, 1l n’en faut compter que deux, ceux en pente douce ou en terrafles étant les mêmes. Dans un jardin de niveau, on nie peut pas faire joûer avec 70 muids d’eau par jour quantité de baf- fins , parce qu’il les faut tous tirer du même refer- voir, ce qui le mettroit bientôt à fec. Retranchez- vous donc à fournir un bafin on deux ; proportion- nez-y la dépenfe des deux jets, que je fuppofe de fix lignes d’ajutage chacun, venant d'un refervoir de 60 piés de haut. Pour me fervir du calcul fait dans la premiere formule ( ax mot DÉPENSE) , ces deux jets dépenferont chacun par heure 27 + muids, 8 660 en vingt-quatre heures , ce qui fait pour les deux 1320 muids d’eau par jour. Cela fait voir l’im- pofhbilité de faire deux jets, puifqu'un feul pendant trois heures dépenferoit 82 muids 8 demi, & vui- deroit le refervoir, à moins qu'il ne fût très-prand: il faut donc une jufte proportion entre la dépenfe du jet & le contenu du refervoir. Si dans ce jardin de niveau vous aviez des fources plus abondantes , comme de huit à dix pouces, tom- bant continuellement dans le refervoir, vous pour- riez alors projetter de faire plufieurs baflins, & de tirer du refervoir deux conduites dont le diametre fût proportionné à la fortie des ajutages. Ayant dix pouces, vous aurez par jour 720 muids, ce qui peut fournir deux jets de fix lignes d’ajutage, qui, fuivant le calcul ci-deflus, venant d’un refer- voir de 60 piés de haut, dépenferoïient 330 muids chacun en douze heures de rems, ce qui fera 660 muids pour les deux, en les arrêtant la nuit, & il y aura 60 muids d’eau de refte : l'on pourtoïit même ne faire qu'un jet en face du bâtiment , lequel ayant huit lignes de fortie, dépenferoit en un jour 1176 -muids ; mais en l’arrêtant la nuit, & le laiflant aller douze heures de jour, il ne dépenferoit que 5:88 muids, & il refteroit encore 132 muids dans le re- fervoir. C’eft ainfi que quand on fait calculer & reoler fon eau , on peut faire joùer un jet toute [a journée, L’habile fontainier fe peut encore ménager des pen- tes que la nature lui refufe, en baïflant le terrein de quelques pouces d’un baflin à un autre, ce qui ft fufifant pour donner de l’eau à gueule - bée à une orangerie OU à un potager. On a moins d’embarras à diffribuer l’eau dans les jardins en terraffes : en fuppofant toüjours un refer- Tome IF, | DIS is voir dé 60 piés de haut, dont la fource d’un pouce fournira 70 muids d’eau par jour, on n’auta fur la première terrafle qu’un feul jet à tirer d’un refervoir, & ce jet fournira le deuxieme , le deuxieme le trois fieme , & le troifieme le quatrieme ; ainf le même Jet de fix ligñes d’ajutage ; en joüant trois heures par jour, dépenfera 82 muids & demi , & confom» mera toute l’eau du refervoir, sl n’a pas une gran: de capacité. Si vous avez des cäfcades & des buffets À fours nir, la diffribution devient plus difficile : ces pieces vont ordinairement de la décharge des baflins fuipé« rieurs, & ne fe tirent point du principal refervoir, Si ces décharges ne font pas fufifantes , on prend de l’eau dans quelqu’autre baflin ; de maniere qu’- une nappe, pour être bien nourrie , doit avoir deux pouces d’eau par chaque pié courant, & quand la premiere nappe eft fournie , elle peut en faire aller vinot de frite, S'il y a des bouillons & des chande- liers qui accompagnent les cafcades, pourvu qu'on fournufle les deux premiers de chaque coté par des conduites particulieres d’un pouce & demi chacune le premier de chaque côté fournira le troifieme , le fecond le quatrieme, & ainf des autres. Il n’eft pas néceflaire dans les cafcades, de s’aflujettir à la pro- portion des conduites par rapport à la fortie des ajutages , on ne cherche qu’à leur donner de la grof: eur. (K) : EL, é, | DISTRIBUTION, ( Jardinage. ) la diflribuéion d'un jardin eft la même chofe que fa difpoñition ; l’une 8£ l’autre doivent fuivre la fituation du terrein; tout dépend de profiter des avantages du lieu & de corri- ger avec art les défauts qui s’y rencontrent, Les jar dins les plus beaux font les plus variés, ainfi chaque difirtbution demande un génie nouveau ; cette diffris burion doit être bien raïfonnée , elle tire fa beauté de Paccord & de la proportion de toutes les parties entrelles. Quand on n’a à difpofer qu’un potager , qu'un fruitier , le génie trouve peu à s'exercer; il n’en eff pas de même quand il s’agit d'inventer & de difpofer un jardin de plaifance ou dé propreté, Comme il y a trois fortes de jardins, ceux de ni veau parfait en pente douce & en terrafles , c’eft fuivant les différentes fituations qu’on doit en di//ri- buer les parties : en effet ce qui conviendroit à un jardin de niveau parfait, réufliroit mal dans un qui feroit dreflé fur la pente naturelle, ou coupé de plu- fieurs terrafles. | | | Nous avons quatre maximes fondamentales pour difpofer un beau jardin: l’art doit céder à la nature, c’eft la premiere maxime ; la feconde eft de ne pas trop offufquer un jardin ; la troïfieme, de ne le point trop découvrir; enfin la quatrieme eft de faire pa- roître un jardin plus grand qu'il ne l’eft effe@ive- ment, Obfervez fur-tout de ne point mettre vuide con tre vuide , c’eft-à-dire un boulingrin contre un ba£- fin, ni tous les bofquets enfemble, ce qui feroit plein contre plein; oppofez adroitement le plein au vuide , & le plat au relief. | Comme cette matiere pañleroit les bornes prefcri- tes aux lexicographes, onrenvoye le le&teur au li vre de La théorie 6 pratique du jardinage où elle eft traitée amplement, & foutenue d'exemples & de Fo. planches qui ne laiflent rien à defirers K c DISTRIBUTION, ( Imprimerie.) ce mot, dans la pratique de l’Imprimerie , s'entend d’une quantité de pages où de formes deftinées, après avoir pañlé fous la preffe , à être remifes dans les cafles lettre à lettre, & dans leur cafletin , pour reproduire de nouvelles pages & de nouvelles formes. DisTRIBUTION , Je dit en Peinture | des objets & des lumueres diftribués dans un tableau, Il faut re | TTTétt. 1066. DD I T marquer que lorfqu'’on(dit une belle 4/frb#tion , on comprend celle des objets êc celle des lumieres ; au lieu que fi l’on n’entend parler que d’une, il faut la {pécifier, Foyez COLORIS, CLAIR-OBSCUR, 6e. De Piles , & diéfionn. de Paint. (R) DISTRICT , 1. me (Jurifprud.) fignifie ordinaire ment sérriroire, reffore , érendue d'une jurifdi&ion. On \. entend auflinquelquefois par-là l'étendue du pouvoir d’un officier public. (4) DITHMARSEN , (Géogr. mod.) province du du- ché de Holftein , partie dans le Dannemark, partie dans les états du duc de Holftein-Gottorp. DITHYRAMBE , {. m. ( Belles Lettres.) c’étoit chezles Grecs une forte de poéfie confacrée à Bac- chus, dont il eft plus facile d’afigner le caraétere que de trouver la véritable étymologie, Ceux qui la cherchent dans la langue greque font peu d’accord entreux. Les uns la tirent de la double naiflance de Bacchus felon les fiétions des poëtes { dis Suüpas auGslu ), les autres de lantre à deux pot- tes où il fut nourri ( dSupirn ) ; d’autres du cri de Ju- piter connu en ces termes , Aurs popua, décous la fu- éure , par laquelle ce dieu en travail demandoit à être promptement délivré de l’enfant qu’il portoit dans fa cuifle ; ceux-là de l’éloquence communiquée par le vin aux buveurs, à qui cette liqueur femble ouvrir déux bouches à la fois soux dSüpor. Quelques - uns peu contens de ces étymologies greques, furvant lef- quelles la premiere {yHabe du mot dSvpaupos devroit être breve, croyent mieux trouver leur compte dans les langues orientales oùils en vont chercher d’au- tres. | On n’eft pas moins partagé fur le premier auteur de la poéfie dithyrambique ; felon Hérodote ce fut le fameux Arion de Méthymne qui en donna les pre- mieres leçons à Corinthe; Clément d'Alexandrie en fait honneur à Lafus ou Laflus d’'Hermione, ainf que le {choliafte de Pindare , qui de plus nous apprend que ce poëte lui-même varioit furle lieu où cette for- te de poéfie avoit pris naïflance , difant dans fes 4y- porchémes que c’étoit dans l'ile de Naxos ; dans le pre- mier livre de fes dirhyrambes que c’étoit à Thebes, &c dans fes olympiques que c’étoit à Corinthe. Quoi qu’il en foit des premiers auteurs de cette poéfie, il y a beaucoup d’apparence qu’elle doit fon origine à ces aflemblées ruftiques de buveurs, chez qui le vin feul échauffant le génie, développoit cetenthou- fiafme & cette fureur poétique, qui faifoit pour ainñ dire l’ame du drhyrambe. De-là comme d’une fource féconde partoient fix principales qualités ou propriétés qui caraétérifoient cette efpece de poëfie; favoir, 1°.la compoñition trop licencieufe de plufeurs noms joints enfemble, & d’où naïloient des expreffions nouvelles empou- lées, propres à furprendre l'oreille : 2°. des méta- phores tirées de trop loin , trop dures, trop hardies, trop compliquées : 3°. des renverfemens de conf- truétion trop fréquens & trop embarraflés : 4°, le de- fordre apparent dans la difpofition on l’arrangement des penfées, quelquefois vraiment fublimes, fouvent alambiquées outrop guindées, & qui érourdifloient Pauditeur fans qu’il connût bien diftinétement ce qu'il venoit d'entendre : $°. une verfification trop hbre &ctrop affranchie de la plüpart des regles : 6°. l'harmonie ou la modulation phrygienne fur laquelle on chantoit cette poéfie mife en mufique. Tous ces caraëtéres réunis, prouvent que l’excellence du 4- thyrambe approchoit fort du galimathias. Ces cara@teres des dirhyrambes fe font fentir à ceux qui lifent attentivement les odes de Pindare, ainfi que les chœurs des tragédies & des comédies greques, quoiqu’on ne doive abfolument regarder ni les unes, n1 les autres, comme des poëmes di- éhyrambiques, Il nous refte cependant, fans compter la Caffandre de Lycophron , quelques morceatix de ce dernier genre fur lefquels'on pourra s’en former une idée complette en confultant les inftitutions poétiques de Voflius Zy. III. & la differtation d’E- rafme Schmid de dishyrambis, imprimée à la fn de fon Pindare. Remarques de M. Buretre fur le dialogue de Plurarque fur la mufique. Mem. de l’acad, des Belles Lettres, | | Les dithyrambes, par ce qu’on vient de voir, étoient différens de ce que nous appellons vers libres, & de ce que les Italiens nomment verf£ fciolsi. Les uns & les antres n’admettent ni les licences , ni Les fingu- larités qui resnoient dans les anciens dirhyrambes. C’eft donc fort improprement auffi que quelques mo- dernes, tels que M. Dacier &leP.Commire, ont don- né le nom de dithyrambes compolés à toutes fortes de vers indifféremment , felon qu'ils {e préfentoient à leur imagination, fans ordre ni diftinétion de ftro- phes. Ce n’eft-là pour ainfi dire que l’écorce la plus luperfcielle des anciens dirhyrambes. Jodelle qui vivoit fous le regne d'Henri IL. ayant donné fa tragédie de Cléopatre qui fut extrèmement applaudie, les poëtes, fes contemporains, pour le féliciter, imaginerent une cérémonie finguliere : ce fut de mener en pompe chez lui un bouc couronné de lierre , & de le complimenter-en corps ; & com- me 1ls fe piquoient tous d’imiter les Grecs, « la fête, dit M. de Fontenelle, dans fon hiftoire du théatre François, «fut accompagnée de vers; & comme » elle regardoit Bacchus le dieu du théatre, pouvoit »on faire d’autres fortes de vers que des dithyrame. » bes ? Il n’y avoit pas d'apparence , cela auroit été » contre toutes les regles. La plüpart des poëtes du »tems firent donc des dithyrambes Je rapporterai, » ajoûte le même auteur, quelques morceaux de ce. » lui de Baïf, parce qu'il eft aflez curieux, & tout- » à-fait à la greque. Au dieu Bacchus fairon de certe fête Bacchique brigade , | Qu'en gaye garnbade Le lierre on fecoue , Qui nous cent la tête à _ Quonjoue, | Qu'on trépigne, Qu'on fafle mains tour Alentour ; Du bouc qui nous guigne: Se voyant environné De notre effain couronné, Du lierre ami des vineufes caroiles à Yach, Evoë , yach, ta, ha, &c. | Cet Yach, évoë, yach , &c, eft le refrain de tous les couplets. C’eff ce doux dieu qui vous pouffé, ÆEfpris de fa fureur douce, À reffufciter le joyeux myflere De fes gayes orgies Par l'ignorance abolies.,; O pere Evien{ Bacche Dithyrambe, : | Qui retire de la fouffleufe jambe; Dedans l'antre Nyfien, Aux Nyfides des nourrices , Par ton deux fois pere, Meurtrier de ta mere, Fut baillé jadis à nourrir < Ÿ: Dieu brife fouci ? O Nyülelien ! O Sémelien ! Demon aime dance : 23 « Quel jargon, pourfuit M. de Fontenelle! ;. ce=: » pendant il faut rendre juftice à Baïf, ce jargon, __» ces mots forgés, ce galimathias, tout cela felon b l'idée dés anciens, eft fort dishyrambiques, Cette plaifanterie eft placée, car les anciens dishyrambes étoient encore plus obfcurs , plus empoulés , & d’u- ne compofition plus extraordinaire que ces vers de Baif.(G) DITHYRAMBIQUE, adj. (Belles Letrres,) ce qui appartient au déthyrambe. Voyez DITHYRAMBE. On dit vers dithyrambique ; poète dithyrambique , [tyle € feu ou enthoufiafme dichyrambique, Un mot compofé & dithyrambique a quelquefois fa beauté, ainfi que lobferve M. Dacier; mais ce ne peut guere être que dans les langues greque & latine ; les modernes font ennemies de ces compoñtions hardies qui réuf- fifloient fi. bien autrefois. Quelques - uns appellent dithyrambiques des pieces faites dans le goût de lo- de, qui ne font point diftinguées par ftrophes, & qui font compofées de plufeurs fortes de vers indiffé- remment; mais ce méchanifme ne confütuoit pas uniquement chez les anciens la poéfie dithyrambique, &l n’en faifoit que la moindre partie. La poéfie dichyrambique née , comme nous l’avons déja dit, de la débauche & de la joie, n’admettoit d’autres regles que les faillies, où pout mieux dire des écarts d’une imagination échauffée par le vin. Les +egles n’y font pourtant pas totalement négligées, mais elles-mêmes doivent être conduites avec art pour modérer ces faillies qui plaifent à l’imagina- tion ; & l’on pourroit en ce fens appliquer aux vers dithyrambiques , ce qu'un de nos poëtes a dit de f'ode : Son flyle impétueux fouvent marche au hafard , Chez elle un beau defordre eft un effet de Part. Boil. arc. poët, ch, 1, Voyez PINDARIQUE. (G) DITO, ( Commerce.) terme ufité parmi les né- gocians. Il fignifie dit, dudir, ou du fufdir : dans les écritures des marchands on abrege fouvent ce mot en écrivant D°. par exemple, 25 D°. pour dire 25 dit, où 25 dudir, où 25 du fufdit mois. Quand fur un livre ou une faure, &c. on cou- che un article d’une piece de ferge ou d'autre mar- chandife , & que l’on met en abrégé dito par D9, ce- 12 doit s'entendre que la ferge ou autre marchandife comprife encetarticle, eft de la même qualité ou couleur que celle dont il a été parlé dans l’article précédent , en forte que diso en ce dernier fens fi- onifie, de même que ci-deffus, Ou comme ef? ci-deffus dit. Quelques négocians fe fervent encore, mais plus rarement, des termes de defre ou diro dans le même ‘fens. Diéionn, de Commerce, de Tréy. & de Chambers. G À ne , {. m. eft dans Pancienne Mufque , un in- tervalle compofé de deux tons , une zierce-majeure:; voyez TIERCE. (S) DIU , (Géogr." Mod.) ville du royaume de Gu- zarate aux Indes, dans une ile de même nom, Long, 86.20. lat. 21.45. L | DIVALES.,;adj. £. pris fubft. ( Hifi. anc. Myth.) -divalie, nom de fête qui fe. célébroit chez les an- iens le 21 de Décembre , à l'honneur de la déefle -Angeronne , & qui les a fait encore appeller 47 rgéronales ;, voyez ANGÉRONALES. - | + La fête des divales fut établie à Poccafon d’une maladie qui fafoit mourir les hommes &c les ani- -maux. Cette maladie étoit une efpece d’efquinan- | -cie ou d’enflure de gorge qu'on appelle en latin a7- gina, d’où les divales furent nommées angéronales , comme Macrobe-nous lapprend. Liv. 1. Saturn. és x] | | | (2 C1 0° " … Ce jour-là les pontifes faifoient un facrifice dans -le temple de Volupia ou de la déeffe du Plaifir & de Ja Joie, qui étoit la même qu’Angéronne , & qui Tome 1F, D'I \'4 1067 chafloit toutes les angoïfes & les chagrins de la vie: Dit, de Trév. 8 Chambers. (G) . DIVAN, £. m. (ÆZff. mod.) mot arabe qu veut dire ejfrade, ou fopha en langue turque ; ordinaires ment c’eft la chambre du confeil ou tribunal où on rend la juftice dans les pays orientaux, furtout chez les Turcs. Il y a dés divans de deux fortes, l’un du grand-feigneur , & l’autre du grand-vifir, CT Le premier qu’on peut nommer le conféil d'érat, {e tient le dimanche & le mardi par le grand -feigneur dans l’intérieur du ferrail, avec les principaux of ciers de l’empire au nombre de fept ; favoir le grand... vifr, le kaimacan viceroi de l’émpire, le capitan-ba- cha , le defterdar , le chancelier, les pachas du caire & de boude: & ceux - ci en tiennent de patticuliers chez eux, pour les affaires qui font dé leur départe- ment; & comme les deux derniers membres ne s’y trouvent pas, ils font remplacés par d’autres bachas. Le divan du grand-vifir, c’eft-à-dire le lieu où ik rend la juftice, eft une grande falle garnie feulement d'un lambris de bois de la hauteur de deux ou trois piés, & de bancs matelaflés & couverts de drap, avec un marche -pié : cette falle n’a point de porte qui ferme ; elle eft comme le grand-confeil ou le pre- ‘mier parlement de l’empire ottoman, Le premier.mi- niftre eft obligé de rendre la juftice au peuple quatre: fois par femaine , le lundi, le mercredi, le vendre di, & le famedi. Le cadilesker de Natolie eft aflis à fa gauche dans le divan, mais fimplement comme au diteur; & celui de Romelie en qualité de juge eft à fa droite. Lorfque ce miniftre eft trop occupé, le: canfch-bachi tient fa place : mais lorfqu’il y afife ,: cet officier fait ranger les parties en deux files, &c pañler de main en main leurs arzhuals ou requêtes jufqu'au buïjuk-teskereoi, premier fecrétaire dw grand-vifir , auquel 1l lit la requête; & fur le fujet qu’elle contient, les deux parties font entendues con tradiétoirement fans avocats ni longueur de procé- dures ; on pefeles raifons ; des affefleurs refument le tout & concluent. Si leur décifion plaît au grand-vi- fr, fon fecrétaire l’écrit au haut de la requête, & le miniitre la confirme par le mot 4h, c’efl-à-dire cer tair , qu'il foufcrit au bas : finon il fait recommen< cer le plaidoyer, & décide enfuite de fa pleine auto= rité, en faïfant donner aux parties un hujet ou copie de la fentence. Les canfes fe fuccedent ainfi fans in« terruption jufqu'à la nuit, s'il y en a : on fert {eule- ment dans la falle même de l’audience , un dîner que eft expédié en une demi-heure. Les officiers qui com pofent ce divan, outre le srand-vifir, font fix autres vifirs ou confeillers d'état, le chancelier ,:&e les fe crétaires d'état, Le chiaoux-bachi fe tient à: la porte avec une troupe de chiaoux, pour exécuter les or- dres du premier miniftre. Les caufes importantes QUE intéreflent les-officiers de fa hautefle, tant ceux quE font attachés à fa perfonne, que ceux qui occupent les grandes.charges de l'empire, les délibérations po« litiques, les.affaires de terre & de mer, font la ma- tiere du confeil-privé du grand-feigneur : on l’appelle galibe divan, W fe tient tousles dimanches & les mar- dis , comme nous l’avons dit, Les autres officiers mi litaires font affis à la porte ; le muphti y aflifte lorf= qu'il y eft mandé: par un ordre exprès ; le teskereot ouvre l'affemblée par la leQure des requêtes des par= ticuliers ; le vifir azem propofe enfuite l'affaire im portante qui doitfaire la matiere de la délibération 3 &c après que les membres du galibé divan ont donné - leur avis; ce miniftre entre feul dans une chambre particuliere , où il fait fon rapport au grand{eigneur qui décide. L | F Lorfque Le fultan le juge &-propos, il convoque un confeil général , qui ne differe du galibé divan que par le Se grand nombre des membres qui le com- poient, Tous les grands de la porte y: font appellés | FETES 1068 DIV lulema, les officiers des milices 8z des différens or- dres, même les vieux foldats & les plus expérimen- tés. Ce divan s'appelle oja divani , le divan des piés , peut-être parce que tout le monde s’y tient debout. Ce tribunal a quelque rapport à nos anciennes af- femblées des états, comme le galibé divan au confeil privé du roi, 8e le divan au premier parlement de L'empire. Guer, #œurs & ufages des Turcs, tome IL, DivAN-BEGHi , nom d’un miniftre d'état en Perfe. Le divan-beghi ef le fur-intendant de la juftice ; il n’a que le dernier rang parmi les fix minifires du {e= «cond ordre , qui font tous au-deflous de lathemadou- Jet, ou premier miniftre. a On appelle au tribunal du diven-beghi , des juge- nens rendus par les gouverneurs. Il a $oooo écus ‘d'appointemens , afin de rendre la juftice gratuite- ment. Il connoît des caufes criminelles des khans, des gouverneurs, & autres grands feigneurs de Perfe difgraciés pour quelque faute , & il reçoitles appels du baruga ou lieutenant crinunel, Le divan -beghi tend la juftice dans le palais du prince , fans fiuvre d’autre loi ni d'autre regle que l’alcoran, qu'il interprete à fon gré. Il ne connoît que des crimes. Tavernier, voyag. de Perfe. Le chevalier de la Magdeleine, qui eft refté fort long-tems chez les Turcs, en dit quelque chofe dans les chap. xljx. € L. de fon zriroir ottoman. (G) … DIVANDUROU, (Géog. mod.) nom de cinq iles d’Afie, voifines des Maldives. DIVAR , (Géog. mod.) ile de la mèr des Indes , au ford de Goa. - DIVE (LA), Géog. mod. riviere de Normañdie en France ; elle prend fa fource au-deflous de Gañey, & fe rend dans la mer à douze lieues de-là, Il y a au Poitou en France , une autre riviere de même nom, qui fe jette dans la Vienne. | * DIVERGENT, adjett. il fe dit de tout ce qui continué , fe rencontreroit d’un côté en un point commun, & de l’autre iroit toûjours en s’éloignant de plus en plus : c’eft en ce fens que des lignes, des dire&tions , &c. font divergentes. De l’adjeétif diver- gent on a fait le fubftantif divergence. | Des lignes font divergentes du côté où elles vont en s’écartant, & convergentes du côté oppolé. Fay. CONVERGENT. DivERGENTE, (Jérie ou fuite) eft celle dont les termes vont toljours en augmentant ; comme cette progrefion arithmétique 1, 2, 3, 6e. ou cette pro- sreffion géométrique 1 ; 2, 4, 8, 6c. , SÉRIE, &c, DiVERGENTE, ( parabole & hyperbole) font celles dont les branches ont des direétions contraires, fig. 34 6 36 conig. Voy. COURBE, PARABOLE , HYPER- BOLE, Éc. pal DivERGENS , e2 Anatomie, fe dit des mufcles ui rencontrent ou rencontreroient obliquement le plan que l’on imagine divifer le corps en deux par- ties égales ëc fymmétriques, & forment informé- ment avec lui un angle, dont le fommet feroit op- ‘pofé au plan horifontal. (L) DIVERSION , f. f. (Medecine. ) eft le changement que l’on produit par les fecouts de l’art dans le cours d’une humeur, qui fe porte plus abondamment que dans l'état naturel, vers une partie principale, On détourne cette humeur vers une autre partie moins'éflentielle, ou on en procure l'évacuation par les conduits excrétoires , qui font le plus à portée de la recevoir. Ce changement ne peut s’opérer que par le moyen de la révulfion & de la dérivation. Voyez DÉRIVATION & RÉVULSION. (4) | Diversion , (Art milir.) eft l’attion de porter là guerre dans un pays où l’ennemi ne croit je pou- voir être attaqué , pour l’obliger de retirer fes forces d’un pays où d’un endroit où il a agi par fupériori- té, &c où il eft difficile de lui refifter. | Lorfque l’ennemi fait Re fiége d’une ville , 8e qua l’éloignement des armées ou la poñtion des lieux në& permet pas de l’attaquer pour le lui faire lever , on entreprend quelquefois alors le fiége d’une de fes places, pour l’engager de venir au fecours & de re- noncer à fon entreprife, ou pour fe dédommager par la prife de cette place, de celle que l’ennemi eft à portée de réduire. C’eft ainf que les Efpagnols pour faire lever le fiége de la Fere, formé par Henri IV. firent celui de Calais. Ce prince n’ayant pas voulu fe defifter de fon entreprife , les Efpagnols prirent Calais, qu'il auroit été plus avantageux de confer« ver que de prendre la Fere. La diverfon d’Agathocle eft célebre dans l’hiftoirez « Les Carthaginois affiégeoient Syracufe où il s’é» » toit enfermé. Se voyant fort preffé & prêt à fucs » comber , il prend une réfolution digne d’un gner+ » trier brave & réfolu. Il laiffe dans la place ce qu'il » falloit de troupes pour la défendre ; & prenant le » refte avec lui, il s’embarque, cingle droit en Afri« » que, y defcend , brûle fes vaifleaux en vrai déter- y» miné, ce qui mit fes foldats dans la néceflité de » vaincre. Croyant tout perdu en Sicile ,ils’avance »” jufqu’auprès de Carthage, Les Carthaginoïs éton« » nés d’une telle retorfon, levent une priffante ar+ » mée qu'ils croyent capable de l’engloutir,du moins » Hanñnon leur promettoit de faire le coup. Ilengage » un combat général , dans une pleine affürance de » remporter la viétoire; il la perdit pourtant ; &c fa » pleinement, qu'il ne s’eft jamais rien vù de fem » blable, La conduite de Periclès, d’Agathocle, d’A« » nibal, de Scipion ; &£ de tant d’autres grands hom« » mes , marque vifiblement un eft fouvent &z pref- » que toûjours avantageux de porter la guerre chez » les autres, & plus encore lorfqu'on fe voit atta- » qué dans fon propre pays. C’eft alors que la divers » ion eft néceflaire, & un aëte de la plus grande » prudence. On eft toûjours en état au conimence= » ment d’une guerre d’agir puiflamment & vigott ».reufement, parce que l’on n’eft point épulé par » les longueurs de la guerre. Elle eff toljours courte » lorfqw’elle eft forte ; ainfi en doublant fes prépa- » ratifs, on approche plus de fa fin ». Noses de M, dé Folard fur Polybe. Avant de s’engager dans des guerres de dévérfon, il eft important de bien examiner fi dans toute forte d’évenemént on pourra fe retirer librement ; car fi la retraite étoit longue, difficile, & peu sûre, 1l pour roit arriver que l'ennemi auroit le tems d’aflembler des troupes pour s’y oppofer & pour combattre avec fupériorité. « Il n’y a pas à craindre de ne pas » avoir une retraite libre, lorfque pour faire divers » fion vous allez attaquer des ennemis voïfins, dont » les principales forces font occupées à une guerre » qu'ils ont portée au-delà des mers ; parce qu'à » compter du moment que vous ferez averti par VOS » efpions , que l’armée ennemie commence à s’em« » barquer pout s’en retourner jufqu’à ce qu’elle arris » ve, il y'a aflez de tems pour faire retirer les troit » pes de votre prince, &c les mettre en sûreté, Il n° » aura encore rien à craindre pour la retraite , lots » que fupérieur en vaifleaux vous porterez une guer< » te de diverfion fur des côtes, quand même elles fe» » roient fort éloïgnées ». Réflex, milit. du marquis de Santa-Crux ; om. X. de la trad. frang. de M. De- vergy , pag. 297. & fuiv. (Q) d' : DIVERSITÉ, (Péinture.) c’eft cette partie œco=< nomique de la Peinture qui tient notre efprit attas ché, & qui attire notre attention par art qu'a le péintre de varier dans les perfonnages d’un tableau, l'air , l'attitude, & les paffions qui font propres à ces perfonnages : tout cela demande néceflatrement de la diverfité dans l'expreffion , &c la chofe eft pratiqua- ble. Il y a par exemple une infinité de joies & de DIV douleurs différentes, que l’art fait exprimer par l’- ge, par le fexe, par le tempérament, par le carac- tere des nations & des particuliers, par la qualité “des perfonnes, & par mille autres moyens : maïs cette diverfiré doit être vraie , naturelle, placée, & liée au fujet ; 1l faut que toutes les figures paroïf- ent s'être rangées & pofées d'elles - mêmes fuivant leur cata@tere, fans travail & fans affeétation. Nous ne manquons pas de modeles en ce genre, mais il n’y en a point de plus admirables que le tableau de la reffe du pape Jules, celui d’Arrila ; & l’école d’A- thenes ; trois chefs-d’œuvre de Raphaël, trois com- pofitions fublimes qui n’appartiennent qu’à lui. Com- me la diverfité de la nature eft infinie, la diverfiré de limitation peut l’êtré de même; cependant 1l n’eft pas poflible de donner des regles pour enfeigner l’art de diver/ifier les perfonnages d’un tableau , leurs attitudes, & leurs pañlions : c’eft au génie à imagi- ner , les avis ne peuvent fuppléer au génie, Arri- cle de M, le Chevalier DE JAUCOURT. DIVERTIR , (Jurifpr.) fignifie détourner. On dit _ qu'une veuve ou un héritier ont diverti les effets de la fucceffion ; ce qui fignifie qu'ils les ont fouf= traits & ne les repréfentent pas. Voyez RECELÉ. On dit quelquefois qu'une procédure doit être faite de fuite &c fans divertir à autres ates , c’eft- à dire fans defemparer & fans interruption. (4) DIVERTISSEMENT , f. m. (/urifpr.) eft lorfque l’on détourne quelques effets d’une communauté ou d'une fucceffion. On joint ordinairement les termes de recelé & divertiffement comme fynonymes, quoi- qu’ils ayent chacun leur objet différent. Divereifle- ment €ft l’enlevement des effets que l’on détourne ; recele eft la précaution que l’on a de les cacher, Ce- pendant comme dans l’ufage on fait précéder le ter- me de recele, & que ces termes font réputés fynony- mes, nous expliquerons ce qui concerne cette ma- tiere au 701 REGELÉ. Voyez auffi ci - devant DIivER- TIR. (4) # | DivÉRTIssEMENT , (Belles- Lettres.) c’eft un tet- me générique, dont on fe fert également pour défi- gner tous les petits poëmes mis en mufique, qu’on exécuté fur le théatre ou en concert ; & les danfes -mêlées de chant, qu’on place quelquefois à la fin des comédies de deux aétes ou d’un aéte, La grore de Verfuilles, l'idylle de Sceaux , font des diveraiflèmens de la premiere efpece, _ On donne ce nom plus particuliererent aux dan- £es & aux chants, qu’on introduit epifodiquement dans les aétes d'opéra. Le sriomphe de Thefée eft un divertiffement fort noble. L’erchantement d’Amadis eft “un divertiffément très-agréable ; mais Le plus ingé- hieux dvertiffement des opéra anciens, eft cel du quatrieme acte de Rolland, 6 L’art d'amener les divertiffemens eft uñe partie fort are au théatre lyrique ; ceux mêmes, pour la plà- part, qui paroïflent les mieux amenés, ont quelque- fois des défauts dans la forme qu’on leur donne, La grande regle eft qu’ils naiffent du fujet, qu'ils faffent partie de l’aftion, en un mot qu’on n’y danfe pas | eulement pour danfer. Tout divertiffement eft plus ou moins eftimable, felon qu'il eft plus ou moins néceffaire à la marche théatrale du fujet: quelque agréable qu'il paroïffe , il eft vicieux & pêche con- ‘tré la premiere regle, lorfque lation peut marcher | fans lui , & que la fuppreflion de cette partie ne laïf {eroit point de vuide dans l’enfemble de l'ouvrage. Le dernier divertiffement ; qui pour lordinaire termi: : ne l'opéra, paroït ne pas devoir être aflujetti à cette : regle auf fcrupuleufement que tous les autres ; ce | n'eft qu’une fête, un mariage, un couronnement, Éc. qui ne doit avoir que la joie publique pour ob- Jet | | PTE PRIT Si les diverriffemens des grands opéra font fotinus à D I V 1069 cêtte loi établie par le bon féns, qui exigé Qué tou teS les parties d’un ouvrage y foient néceffaires pou former les proportions del'entemble ; à combien plus forte raifon doit-elle être invariable dans les ballers à Des divertiffemens en a@tion font le vrai fond des différentes entrées du ballet: telle eft fon origine. Lé chant, dans ces compofitions modernes, occupe uné partie de la place qu’occupoit la danfe dans les ans ciennes : pour être parfaites , il faut que la danfe & le chant y foient liés enfemble, & partagent toute l'aétion, Rien n’y doit être oifif; tout ce qu’on y fait paroître d’inutile, & qui ne concourt pas à la mars che, au progrès , au développement , n’eft qi’un agrément froid & infipide, On pet dire d’une en= trée de ballet, ce qu’on a dit fouvent du fonnét : la plus legere tache défigure cette efpece d'ouvrage, bien plus difficile encore que le fonnet même, qui n'eft qu’un fimple récit ; le ballet doit être tout en: tier en ation. La grande erreur fur cette partie drämatique eft que quelques madrigaux fuffifent pour la rendré agréable, L’aétion eft {a derniere chofe dont on pars le, &c celle à laquelle on penfe le moins: c’eft pour- tant l’action intéreflänte, vive, preflée, qui fait lé grand mérite de ce genre. Il faut donc pour formér une bonne entrée de ballet, 1°, une ation: 2°, que le chant & la danfe concoutent également à la former, à la développer, à la dénoüer: 3°. que tous les agrémens naïffent du fujet même. Tous ces objets ne font rien moins quais {és à remplir : mais que de beautés réfultent aufli dans ces fortes d'ouvrages de la difficulté vaincue! Foyez BALLET, COUPE, DANSE, OPÉRA. (B) DIVERTISSEMENT ; AMUSEMENT , RECRÉA- TION, RÉJOUISSANCE, ( Granimaire. ) ces quatre mots font fynonymes , & ont la difipation ou lé plai- fir pour fondement: Arufement eft une occupation legere de peu d'importance & qui plaît; diverriffe- ment eft accompagné de plaïfirs plus vifs, plus éten: dus ; recréation défigne un terme court de délaffe: ment: c’eft un fimple paflé-tems pour difträire l’ef- prit de fes fatigues ; réjoiiffance {e marqué par des attions extérieures, des danfes, des cris de joiè, des acclamations de plufeurs perfonnes, La comédie fut toïjours la recréation ou le délaflement des grands hommes, le diverniffement des gens polis, & l’amufe- ment du peuple ; elle fait une partie des réoxiffances publiques dans certains évenemenss Amnufement, fuivant l’idée que je m'en fais énicoté ; pôrte fur des occupations faciles & agréables qu’on prend pour éviter l'ennui, pour moins penfer à foi- même, Recréation appartient. plus que l’amufement au délaffement de l’efprit ; & indique un befoin dé l'ame plus marqué. Réoëifzrce eft affecté aux fêtes publiques du monde 6 de l’églife. Diverriffément et le terme générique qui renferme les amufemens , lés recréations ; 8e les réjoiflances particulieres. Tous les diverniffemens qui n’ont pas pour but des chofes utiles on néceflaires ; font les fruits de l’oifia veté , de l'amour pour Le plaifir , 8 varient chez les divers peuples du monde, fuivant les mœurs & les climats. Ce n’eft pas ici le lieu de le prouver; mais le leéteur fera peut-être bien aïfe de favoir ce qu’us ne Peruvienne, fi connue par la finefle dé fon goût -&c par la jufteffe de fon difcernement , penfe des d< vertiffenens de notre nation, de tous ces plaifirs qu’+ -en tâchoit de lui procurer, & dont tout le monde hui paroïifloit enivré. aie « Les divertiffemens de ce pays (écrit -elle à for # cher Âza ) me femblent aufi peu naturels que lés » mœurs. [ls confiftent dans une gaieté violente éx- # citée par des is éclatans ; auxquels l’añie fie pas # roît prendte aucune part ; dans dés jeux infipides, # dont l'or fait tout Le pläifir ; daris nñe converfation 1070 DIV » fi frivole & fi répétée, telle reflemble bien da- » vantage au gafouillement des oifeaux, qu’à l’en- » tretien d’une affemblée d'êtres penfans ; ou dans # la fréquentation de deux fpe&tacies, dont l’un hu- # milie l'humanité , & l’autre exprime toûüjours la »joie & la triftéfle indifféremment par des chants -# & des danfes. Ils tâchent envain par detels moyens » de fe procurer des divertiffemens réèls, tin arrufe- # ment agréable, de donnér quelque diftraétion à “» leurs chagrins, quelque recréation à leur efprit ; -# cela n’eft pas poflible : ‘leurs réoïäiffances même # n’ont d’attraits que pour le peuple, & ne font ‘# point confacrées comme les nôtres au culte du So- # leil : leurs revards, leurs difcours , leurs réflexions » ne fe tournent jamais à l’honneut de cet aftre di- # vin: enfin leurs froids amufemens, leurs puériles » recréarions , leurs divertiffemens affeêtés , leurs ridi- # cules réjoiiffances , loin de m’égayer, de me plaire, # de me convenir, me rappellent encore avec plus ‘» de regret , la différence des jours heureux que je # pañlois avec toi ». Article de M, le Chevalier DE. JAUCOURT. ‘DIVIDENDE, adj. pris fub. on appelle amfi ex Arithrérique un nombre dont on propofe de faire la divifion. Voyez Division. 1 Le quotient d’une divifon eft à l'unité, comme %e dividende eft au divifeur. Voyez Division. (0) DIVIDENDE , DIVIDENTE oz DIVIDENT , ‘L m. (Comm.) en termes de compagnie & de com- “merce d’aions, fignifie La répartition qui fe fait des ‘profits d’une compagnie de commerce aux aétion- nairés qui ÿ ont pris intérêt. Voyez ACTION , COM- PAGNIE, RÉPARTITION. Diclion, de Comm, de Tres. & Chambers, (G) DIVIN, adj. (Gramm. & Theol.) qui appartient à Dieu, qui a rapport à Dieu , qui provient de Dieu: ‘ainfi l’on dit la fcience divine, la divine providence, la grace divine, TC. Ce mot s’employe auffi dans un fens figuré, pour défigner quelque chofe d’excellent , d’extraordinai- re, qui femble furpañler les forces de [a nature &c la portée ordinaire de l’efprit humain. _ C’eft dans ce fens que Le compas, le télefcope, les horloges, Imprimerie, &:c. ont été quelquefois appellés des zzventions divines. On a donné à Platon le furnom de divin , ou à caufe de excellence de fon génie, ou parce qu'il a parlé de la Divinité d’une maniere plus noble & plus élevée que tous les philo- fophes payens. Quelques-uns ont auffi prodigué, aflez mal-à-propos ; ce me femble, [a même épithete à Seneque. On a un peu plus de fondement à appel- ler Hippocrate le divin vieillard , divine fenex , à caufe de la perfeétion à laquelle il porta un art in- finiment plus utile que la philofophie fpéculative. Les Théologiens en citant les PP. lès nomment dyus Augufhinus ; divus Thomas, Les Arabes donnent le nom de divin (elahioun) à a feconde feéte de leurs philofophes : ce font ceux qui admettent un premier moteur de toutes chofes, une fubftance fpirituelle dégagée de toute efpece de matiere, en un mot un Dieu. Par ce nom ils diftin- guent ces philofophes de ceux de la premiere fe&te, qu'ils appellent deherioun où thabatour , c’eft-à-dire Les hommes du monde, les naturaliftes, qui n’admet- tent d’autre principe que le monde matériel & la na- gure. Chambers. Le mot elahioun eft dérivé d’ Allah ; Dieu; enfor- te que Les elahioun ou les divins font les théologiens par oppofñtion aux efprits forts & aux athées , { G) * Divin, emplâtre divin, emplafirum divinum, {Pharmac.) On a donné ce nom à Pemplâtre dont ‘nous allons donner la defctiption , à caufe des gran- des vertus qu’on lui a attribuées. ÆEmplätre divin de la pharmacopée de Paris, 21 de la litharge préparée, une livre ; de huile d'olive, déuæ livres ; de l’eau commune , une fufifante quantité : cuifez-les enfemble en confiftance d’emplâtre ; après quoi faites-y fondre cire jaune huit onces , puis mêlez felon l’art la poudre fuivante. 22 galbanum , myrrhe , de chaque deux onces & deux gros; bdelliuin , deux onces ; gomme ammo- niaque, trois onces & trois gros ; encens mâle , une once 67 un gros; opopanax, maftic, ariftoloche ronde , verd-de-er18, de chaque üne once : faites du tout uñe poudre felon Part. Nota que fi vous voulez que lemplâtre foit rou- geûtre , 1l faudra faire cuire le verd-de-gris en mê- me tems que la litharge ; & au contraire fi on veut: que l’emplâtre foit verdâtre, il faudra ly mêler après les poudres. - l * DIVINATION, f. 1. (Orar. encyclop. Entendem Raïfonou Scienc, Science des efpr. Divinat.) C’eft l’art prétendu de connoître l'avenir par des moyens fu- perftitieux. Cet art eft très-ancien, Voyez ENTHOU- SIASME , PROPHÉTIE , Gc, Il eft parlé dans l’Ecriture de neuf efpeces de di vination. La premiere fe faifoit par l’infpeétion des étoiles , des planetes & des nuées; c’eft l’aftrologie judiciaire ou apotélefmatique , que Moyfe nomme méonen, La feconde eft défignée dans l’Écriture par le mot wenachefch, que la vulgate & la plüpart des interpretes ont rendu par celui d’augure, La troifie- me y eft appellée recafcheph, que les Septante & la vulyatetraduifent ma/éfices ou pratiques occultes & pere æicieufes. La quatrieme eft celle des #hober ou en- chanteurs. La cinquieme confiftoit à interroger les efprits pythons. La fixieme, que Moyfe appelle des Judeoni, étoit proprement le fortilége &z la magie, La feptieme s’exécutoit par l'évocation & l’interro- gation des morts, & c’étoit par conféquent la necro- mantie, La huitieme étoit la rabdomantie ou fort par la baguette ou les bâtons, dont il eft queftion dans Ofée , &c auquel on peut rapporter la béloman- tie qu'Ezechiel a connue. La neuvieme &êt derniere étoit l’hépatofcopie, ou l’infpe@ion du foie. Le mê- me livre fait encore mention des difeurs de bonne avanture, des interpretes de fonges, des divinations par l’eau, par le feu, par l’air, par le vol des oi= {eaux, par leur chant, par les foudres, par les éclairs, êc en général par les météores, par la terre, par des points, par des lignes, par les ferpens, 6e. Les Juifs s’étoient infettés de ces différentes fu perftitions en Egypte, d’où elles s’étoient répandues chez les Grecs, qui les avoient tranfmifes aux Ro- mains, Ces derniers peuples diftinguoient la divination en artificielle & en naturelle. Ils appelloient divination artificielle, un prognoftic ou une induétion fondée fur des fignes extérieurs hés avec des évenemens à venir (voyez SIGNE 6: Pro- GNOSTIC }; & divination raturelle, celle qui préfa- geoit les chofes par un mouvement purement inté- rieur, & une impulfon de l’efprit indépendante d’au« cun figne extérieur. Ils fubdivifoient celle-ci en deux efpeces,, l’innée, & l’infufe : l’innée avoit pour bafe la fuppofition que lPame circonfcrite en elle-même, & comman- dant aux différens organes du corps fans y être pré- fente par fon étendue, avoit eflentiellement des no- tions confufes de l’avenir, comme on s’en convainét,| difoient-ils, par les fonges, les extafes, & ce qui ar- arrive à quelques malades dans les approches de la mort, & à la plüpart des autres hommes lorfqu'ils font menacés d’un péril imminent. L’infufe étoit appuyée fur l’hypothefe que l'ame femblable à un miroir, étoit éclairée fur les évenemens qui l’inté- refloient, par une lumiere réfléchie de Dieu ou des Efprits, DIV Ts diviloient auf la divination artificielle en deux efpeces: l’uñe expérimentale, tirée de caufes na- _turelles, & telle que les prédiéions que les Afro. momes font des éclipfes, &c, ou les jugemens que les Medecins portent fur la terminaifon des mala- dies, ou les conjectures que forment les politiques fur les révolutions des états; comme il arriva à Jugurtha fortant de Rome, où 1l avoit réufi à force d'argent à fe juftifier d’un crime atroce , lortqu'il dit: © veralem urbem, & mox perituram , Je emptorem inveneris / L'autre chimérique , extravagante , con- fftant en pratiques capricieufes , fondées tur de faux jugemens, & accréditées par la fuperftition. Cette derniere branche mettoit en œuvre la terre, l'eau, l'air, le feu, les oifeaux, les entrailles des animaux, les fonges, la phyfionomie , les lignes de la main, les points amenés au hafard , les nombres, les noms, les mouvemens d’un anneau , d'un fas, &c les ouvrages de quelques auteurs; d'ôù vinrent les forts appellés prenefline , virgilianæ , homericæ, 11 y ayoit beaucoup d’autres forts. Voici les principaux. Les anciens avoient l’a/phitomantie où aleuroman- #e, ou le fort par la fleur de farine ; l’axinomantie, ou le fort par la hache ; la bélomanrie , ou le fort par les fleches ; la boranomantie, ou le fort par les plan- tes ; la capromantie, ou le fort par la fumée ; la cac toptrotmaniie, Où le fort par un miroir ; la céromantie, ou le fort par les figures de cire ; le c/edonifme, ou le fort par des mots ou voix ; la c/eidormantie, ou le fort par les clés ; la cofinomantie, ou le fort par le crible; Ja daétyliomantie, ou le fort par plufieurs anneaux ; lhydromantie, ou le fort par l’eau de mer; la pego- inantie , Ou le fort par l’eau de fource ; la geomanrie, ou le fort par la terre; la /ychnomantie, ou le fort par les lampes ; la gaffromantie , ou le fort par les phioles ; l’oo/Copie , ou le fort par les œufs ; l'exsifpi- cine, Ou le fort par les entrailles des viétimes; la keraunofcopie , ou le fort par la foudre; la chyroman- tie, ou le fort par l’infpeétion des lignes de la main; la cryflallomantie, ou le fort par Le cryftal ou un au- tre corps tran{parent ; l’arichmomantie, ou le fort par les nombres ; la pyromantie, ou le fort par le feu ; la lythormantie, ou le fort par les pierres ; la mecro- manñtie , ou le fort par les morts ; l'oncirocririque, ou le fort par les fonges ; lormishomanrie , ou le {ort par le vol & le chant des oïfeaux ; l’a/eétryomantie , ou le fort par le coq; la ecyromantie , ou le fort par le baffin; la rhabdomantie, ou le fort par les bâtons, É:c. Voyez tous ces forts a leurs articles ; & pour en avoir une connoïflance encore plus étendue, voyez le livre de fapientié de Cardan, & les difquifitiones æapice de Delrio. Ce dernier auteur propofe des notions & des di- vifons de la divination un peu différentes decelles qui trécedent. Îl définit la divination, Ze révélarion des chojés cachées , en vertu d'un paët fait avec le démon ; ( Jgnificario occultorume ex pailis conventis cum dærro- ze ) définition qui n'eft pas exaëte, puifquil y a des efpeces de divination , telle que la naturelle, qui ne font fondées fur aucun engagement avec le diable, Delrio diftingue deux efpeces de pas, l’un im- plicite, l’autre explicite; conféquemment il inftitue deux fortes de divrrations : il comprend fous la pre- miere la shéomantie ou les oracles, & la manganie OÙ goërie, à laquelle ïl rapporte la zécromanie, l’hydro- rrantie, la géomantie, &c. Il range fous la feconde Pharufpicine, avec l'anthropomantie, la céromantie , la Lichomantie, toutes les divinarions qui fe font par l’infpettion d’un objet, les aupures, les arufpices, les Jorss, ête. les conjeilures tirées des aftres, dés arbres, des élémens, des météores, des plantes, des ani- maux, 6c. il obferve feulement que cette derniere eff tantôt licite, tantôt illicite ; & par cette diflinc- tion il détruit fa définition générale : car fi toute di- DIV som viration ft fondée fur un paë, foit implicite , foit explicite, 1l n’y en a aucune qui puifle être innos cente, - Les Grécsêc lés Romains etirent pour toutes cés fottifes Le reipeët le plus religieux, tant qu'ils ne fit rent point éclairés para culture des Sciences ; mais ils $’en defabuferent peu-ä-peu. Caton confulté für ce que prognofliquoient des bottines mangées pär des rats, répondit qu’il n’y avoit rien de furprenant en cela; mais que c'eût té un prodige inoïi fi les bottines avoient mangé les rats. Cicéron ne fut pas plus crédule : la myomanrie n’eft pas mieux traitée dans fes livres, & il n’épargne pas le ridicule à tou- tes les autres fortes de divinations , fans en exceptèr ni les oracles, ni les augures, ni les arufpices, À près avoir remarqué que jamais un plus grand'intérêt n’avoit apité les Romains , que celui qui les divia foit dans la querelle de Céfar & de Pompée ; il aJoÙ- té que jamais auffi on n’avoit tant interrogé les dieux: hoc bello civili dit immortales quam mule luferire ! M. Piuche, dans fon hiffoire du ciel , conféquems ment au fyflème qu'il s’eft formé, fait naître la dvi nation chez les Egyptiens de l'oubli de la fiynification des fymboles dont on fe fervoit au commencement pour annoncer au peuple les devoirs 8 les occupa- tons, foit de la vie civile, foit de la religion; & loffqu’on lui demande comment il s’eft pü faire qué la fignification des fymboles fe foit perdue, & que tout l'appareil de la religion ait pris un tour fi étranges il répond « que ce fut en s’attachant à la lettre qué » les peuples recurent pretqu’univerfellement les au- » gures, la perfu. fon des influences planétaires , les » prédiétions de l’Aftrologie , les opérations de l’AI. » chimie , les différens genres de divinations, par les » ferpens, par les oïfeaux, par les bâtons, Ge. la » magie , les enchantemens , les évocations, &c: Le # monde ; aoûte-t1l, fe trouva aïnfi tout rempli d’o- » pinions intenfces, dont on n’eft pas par-tout égaz » lement revenu, & dont il eff très-utile de bien con- » noître le faux, parce qu’elles font aufi contraires # à la vraie piété & au repos de la vie, qu'à ’avan- # cement du vrai favoir ». Mais comment arrivast il que les peuples prirent tous les {ymboles à la lettreà Ilne faut pour cela qu'une grande révolution dans un état , qui loit fuivie de trois ou quatre fiecles d’i- gnorance. Nous avons l’expérience, & de ces révo- lutions dans l’état, & de l'effet des fiecles d'ignoran- ce qui les ont fuivies, fur les idées & les opinions . des hommes, tant en matiere de fciences & d'arts, qu'en matiere de religion. M. l'abbé de Condillac a fait auffi quelques con- jeétures philofophiques fur l’origine & les progrès de la divination: comme elles font très juftes, & qu’el- les peuvent s'étendre à beaucoup d’autres fyftèmes d'erreurs, nous invitons le leéteur à lire particuliere. ment ce morceau, dans le traité que le métaphyficien que nous venons de citer a publié fhr les fyftèmes., Voici {es idées principales, auxquelles nous avons pris la liberté d’entrelacer quelques - unes des nô= tres. Nous fommes alternativement heureux 8 malheu- eux , quelquefois fans favoir pourquoi : ces alternati- ves ont été une fource naturelle de con eêtures pour ces efprits qui croyent interroger la nature, quand ils ne confultent que leur imagination. Tant que les maux ne furent que particuliers, aucune de ces con. jeétures ne le répandit aflez pour devenir l’opiniom publique ; mais une afflidion fut-elle épidémique, elle devint un objet capable de fixer l'attention gé- nérale , & une occafion pour les hommes à imagina- uon de faire adopter leurs idées ? Un mot quileur échäpa peut-être alors par hafard, fut le fondement d'un préjugé : un Etre qui fe trouve heureux en fai- fant le malheur du genre humain, introdtut dans 07» DIV “ne apoltrophe, dans une ‘exclamation pathétique, fut à linftant réalhifé par la multitude, qui fe fentit pour ainfi dire confolée , lorfqu’on lui préfenta un -cbjet à-qui elle pût s’en prendre dans fon infor- une. Mais lorfqüe la crainte eut engendré un génie malfaifant , l’efpérance ne tarda pas à créer un gé- nie favorable; & l'imagination conduite par la di- verfté des phénomenes, des circonftances, de la ‘combinaifon des idées, des opinions,desévenemens, des réflexions, à en multiplier les efpeces, en rem- plit la terre, les eaux, & les airs, & leur établit une anfinité de cultes divers | qui éprouverent à leur tourune infinité de révolutions différentes. L’influen- ce du foleil fur tout ce qui exifte étoit trop fenfible pour n'être pas remarquée ; & bien tôt cetaftre fut compté parmi les êtres bienfaifans. On fuppofa de Linfluence à la lune ; on étendir ce fyftème à tous les corps céleftes : l'imagination aidée par des-conjetu- res que le tems amene néceflairement, difpenfa à {on gré entre ces corps un caraétere de bonté ou de malignité; & les cieux parurent aufli concerter le bonheur ou le malheur des hommes : on y lut tous les grands évenemens, les guerres , les peftes, les fa- mines, la-mort des fouverams, 6c. on attacha ces évenemens aux .phénomenes les plus rares, tels que les échipfes, l'apparition des cometes ; ou l’on {up- pofa du rapport entre ces chofes, ou plütôt la coin- cidence fortuite des évenemens & des phénomenes ft croire qu'il y-en avoit. Un moment de réflexion fur l’enchaînément uni- verfel des êtres, auroit renverfé toutes ces idées: mais la crainte & l’efpérance réfléchiflent-elles ? le moyen derejetter en doute l'influence d’une planete, lorlqu’elle nous promet [a mort d’un tyran? t La Jiaïfon qu’on eft fi fort tenté de fuppofer entre les noms &c les chofes, dirigerent dans la difpenfa- tion des caratteres qu'on cherchoit à attacher aux êtres : la flaterie avoit donné à une planete le nom . de Jupiter, de Mars, de Venus : la fuperftition ren- dit ces aftres difpenfateurs des dignités, de la force, de la beauté: les fignes du Zodiaque dürent leurs vertus aux animaux d’après lefquels ils avoient été formés. Mais toute qualité a fes analogues : l’analo- gie arrondit donc le cortège des bonnes où mauvai- fes qualités qu’un corps célefte pouvoit darder fur un être à la naïffance duquel il préfidoit; l’aétion des corps céleftes fe tempéra réciproquement. Ce fyftème étoit expofé à beaucoup de difficultés: mais ou l’on ne daignoit pas s’y arrêter , ou l’on n’é- toit guere embarraflé d’y trouver des réponfes. Voi- 1à donc le fyftème d’Afirolopie judiciaire élevé : on fait des prédi@ions; on en fait une bonne fur neuf cents quatre-vingts-dix-neufmauvaifes ; maïs la bon- ne eft la feule dont on parle, & fur laquelle on juge de l'art. Cette feule prédiétion merveilleufe racontée en mille manieres différentes, fe multiplie en mille prédi- étions heureufes : le menfonge & la fourberie entrent en jeu ; & bien-1ôt on a plus de faits & plus de mer- veilles qu'iln’en faut pour faire face à la philofophie méfiante à la vérité, mais à qui l’expérience ne manque jamais d’en impofer, quand on la lui objeëte. Lorfque les influences des corps céleftes furent bien avouées, on ne put fe difpenfer d’accorder quelqu'intelligence à ces êtres: on s’adreffa donc à eux, on les évoqua. On faïfit une baguette; on traça des figures , fur la terre, dans les airs ; on pro- nonça à voix haute ou baffe des difcours myftérieux, & l’on fe promit d'obtenir tout ce qu’on defiroit. Mais l’on confidéra que s'il étoit important de pouvoir évoquer les êtres bien ou malfaifans, 1l l’étoir bien plus d’avoir fur foi quelque chofe qui nous en affürât la proteftion : on fuivit les mêmes principes , & l’on conftruifit des talifmans, des amt lettes, &c. | | S'il eft des évenemens fortuits qui fecondent læ découverte des vérités, il en eft auf qui favorifent les progrès de l'erreur : tel fut oubli du fens des ca- racteres hiéroglyphiques, qui fuivit néceflairement Pétabliflement des caraéteres de alphabet, Onattri- bua donc aux caraëteres hiéroglyphiques telle vertu qu'on defira; ces fignes pañlerent dans la magie : le {yftème de la divination n’en devint que plus com- polé, plus obfcur, & plus merveilleux. Les hiéroglyphes renfermoient des traits de toute efpece : il n’y eut donc plus de ligne qui ne devint un figne ; il ne fut plus queftion que de chercher ce figne fur quelque partie du corps humain, dans la main par exemple, pour donner naïffance à la chiro- mantie, L'imagination des hommes n’agit jamais plus for- tement & plus capricieufement que dans le fom- meil; mais à qui la fuperftition pouvoit-elle attribuer ces fcenes d'objets fi fingulieres & fi frappantes qui nous {ont offertes dans certains fonges , fi ce n’eft aux dieux ? Telle fut l’origine de loneirocritique : il étoit difficile qu’on n’apperçût pas entre les évene- mens du jour & les repréfentationsnoéturnes quelques veftiges d’analogie ; ces veftiges devinrent le fonde- ment de loneirocritique : on attacha tel évenement à tel objet; & bien-tôt 1l fe trouva des gens qui eurent des prédiétions prêtes pour tout ce qu’on avoit rêvé. Îl arriva même ici une bifarrerie , c’eft que le contraire de ce que l’on avoit rêvé pendant la nuit , étant quelquefois arrivé pendant le jour , on en fit la regle de prédire par les contraires. Mais que devoit-1l arriver à des hommes obfédés des preftiges de la divination, & fe croyant fans cef- fe environnés d’êtres bien ou mal-faifans , finon de fe jetter fur tous Les objets & fur tous lesévenemens, & de les transformer en types , en avertiflemens , en fignes, en prognoftics, &c. Aufl ils ne tarderent pas d’entendre la volonté des dieux dans le chant d’un rofignol, de voir leurs decrets dans le mouve- ment des aîles d’une corneille , & d’en lire les arrêts irrévocables dans les entrailles d’un veau , fur-tout pendant les facrifices ; & tels furent les fonde- mens de l’art des arufpices. Quelques paroles échap- pées au facrificateur , fe trouverent par hafard rela- tives au motif fecret de celui qui recouroit à l’affftan- ce des dieux ; on les prit pour une irfpiration: ce fuccès donna occafion à plus d’une diftraétion de cette efpece : moins on parut maitre de fes mouve- mens, plus ils femblerent divins ; & l’on crut qu'il falloit perdre la raifon à force de s’agiter, pour être infpiré & rendre un oracle. Ce fut par cette raifon qu'on éleva des temples dans les lieux où les exha- laifons de la terre aliénoient l’efprit. Il ne manquoit plus que de faire mouvoir &c par- ler les ftatues, & la fourberie des prêtres eut bien- tôt contenté la fuperftition des peuples. L’imagination va vite quand elle s’égare. S'il y a des dieux , ils difpofent de tout : donc il n’y a rien qui ne puifle être le figne de leur volonté , & de no- tre deftinée ; & voilà tout d’un coup les chofes les plus communes & les plus rares érigées en bons où mauvais augures ; mais les objets de vénération ayant à cet égard quelque liaifon de culte avec les dieux , on les crut plus propres que les autres à dé- figner leur volonté , & l’on chercha des prophéties dans les poëmes de la guerre de Troie. | Ce fyftème d’abfurdités acheva de s’accréditer par les opinions qu’eurent les Philofophes de Paétionide Dieu fur l’ame humaine , par la facilité que quelques hommes trouverent dans les connoïffances de la Mé- decine pour s'élever à la dignité deforciers, & par la néceflité d’un motif refpeétable pour le peuple, qui | déterminât déterminât fes. chefs à agir ou à attendre , fans fe compromettre ; & fans avoir à répondre ni du délai, ni du fuccès : cette néceflité rendit la politique fa: vorable aux augures ; aux arufpices , 8 aux ora- cles ; & ce fut ainfi que tout concourut à nourrit les erreurs les plus groflieres. VEUT Ces erreurs furent fi générales que les lumieres de la religion ne purent empêcher qu'elles ne {e répan- diflent, du moins en partie, chez Les Juifs &z chez les Chrétiens. On vit même parmi ceux-ci des. hommes prétendre interroger les morts & appeller le diable, par des cérémonies femblables à celles des Payens dans l'évocation des aftres & desidémons. Mais fi luniverfalité d’un préjugé peut empêcher le philo- fophe timide de le braver, elle ne l’empêchera point de le trouver ridicule ; & s’il étoit aflez courageux pour facrifier fon repos & expofer fa vie, afin de détromper fes concitoyens d’un fyftème d'erreurs qui les rendroient miférables & méchans , il n’en fe- roit que plus eftimable, du moins aux yeux de la pofs térité qui juge les opinions des temspañlés fans partia- lité. Ne regarde-t-elle pas aujourd’hui les livres que Cicéron a écrits fur la nature des dieux & fur la d- vination , comme fes meilleurs ouvrages , quoiqu'ils ayent dû naturellement lui attirer de la part des pré- tres du paganifme les titres injurieux d’impie , & de la part de ces hommes modérés qui prétendent w'il faut refpecter les préjugés populaires, les épi- thetes d’efprit dangereux & turbulent? D'où il s’en- fuit qu’en quelque tems , & chez quelque peuple que ce puifle être , la vertu & la vérité méritent feules ” notre refpe@. N’ya-t-1l pas aujourd’hui, au milieu du dix-huitieme fiecle., à Paris, beaucoup de coura- ge & de mérite à fouler aux piés les extravagances du paganifme ? C’étoit fous Néron qu'il étoit beau de médire de Jupiter; & c’eit ce que. les premiers héros du Chriftianifme ont ofé, & ce qu'ils n’euf- fent point fait, s'ils avoient été du nombre de ces gé- nies étroits & de ces ames pufñilanimes qui tiennent la.-vérité captive, lorfqu'il y a quelque danger à l’an- noncer. * | DIVINITÉ , £. f. ( Gram. & Theolog.) nature ou eflence de Dieu. Voyez DIEU, , La’ divinité & l'humanité font réunies dans la per- fonne de Jefus-Chrift, La diviniré n’eft ni multipliée, ni féparée dans les trois perlonnes de la fainte Tri- nité ; elle eft une , & indivife pour toutes les trois. Les Athées foûtiennent que la connoïffance d’une divinicé n’eft qu'une invention politique des premiers, lésiflateurs , pour aflürer & maintenir l’obfervation dé‘leurs lois. Il eft vrai que les légiflateurs ont pro- fité de cette idée qu'ils ont trouvé imprimée dans l’efprit des peuples , & l’hiftoire nous l’apprend, mais elle ne nous apprend.pas quand les hommes ont com- mencé à avoir cêtte idée. On.peut les défier en toute LO GIE, Voyez PAGANISME.( G ). - DIVISE, ff, cerme de Blafon., qui fe dit de la - “Tome IP, ie DIV 1073 fafce , dela bande, & autres pieces qui n’ont que la moitié de leur largeur : on:les:appelle fxfée: ox ban< de en divife, (F) TPDESPUTE TYe DIVISEUR 4m. (Arirhm.) eft dans la divifion le nombre qui divife ; ou celui qi fait voiren com bien de partiesile dividende doit être divilé., Foyez Divipenpe & Division. : : GIT Fat On appelle commun dimiféuriune: quantité roncun nombre , qui. divife exaftement deux ou:plufieurs quantités où nombres , fans añcunrefte:. :, 11.1 Ainfi 3 eft commun divifehrde 12 & 18 : le nom! bre 2 eft auffi commun divileur des mêmes nombres. Les mêmes nombres penvent donc avoit plufieurs communs divifeurs : or celui de cescommunsdivifeunss qui eft le plus grand, s’appelle le plus grandomruir divifeur. LES UTE | Pourtrouver le plus grand commun divifiurdedenx quantités quelconques 4 ,b ; ondiviferale plus grand nombre a pat le plus petit # ; & il y a un reflee, on divifera le plus petit & par cérrefte & ( eninés gligeant toûjours les .quotients-) 3: & sl ÿ a en core un refte d.,.on divifera ke premier reflec par le fecond 4, & ainf de fuite, jufqu’à ce qu'on ait trou- vé un refte 72 qui divife au jufte celui qui le préce= de immédiatement ; ce dernier refte #1 fera-le plus grand commun divifeur des deux:quantitésa, 4, + Ain, pour trouver le plus grand commun divifèur des deux nombres 54 8:18, jedivife s 4 par 18 31@ comme cette divifion fe fait fans refte;je connois que 18 eftle plusgrand commun rifeur de 54 818. Pour trouver le plus grand commun::divifur de 387 & de 54, je divife 387 par sa, & trouvant un refte 9, je diyife ÿ4 par 9 ; & comme la divifion fe fait exaétement , je connoïsique 9 eft le plus grand commun divifeur.de 387 8T 54 B'Aten Pour trouver.le plus grand commun :Zyifeur de 438 & de 102 , je divife 438 par 102, & trouvant le refte 30, je divife 102 pat 30, & trouvant leref. te 12, je divife 30 par 12, -& trouvant le refte G je: divife 12 par 6 ; & comme6 divife 12 fans refte : Je connoïs que 6 ef le plus grand commun-drifèr de 438.87 102, GC | qu 7 AiGES Pour trouver le plus grahd: commun divifeur de trois nombres quelconques, 4, 8,0, je cherche d’a- bord , comme auparavant , le plus grand commun divifeur rm des deux premiers 4, B; & je cherche en- fuite le plus grand commun dyz/eur r de C& de » &t n fera le plus orand commun dyieur dés ere HOMDrES ASIE ECS RUE HO ET Se AMC: m0 LE - S'il falloit trouver le plus-grand icommun dvi Jeur de quatre nombres, on.chercheroit d’abord le plus grand commun dviféur r des trois premiers ; & enfuite le plus grand commun vifeur p du quatrie= me & de z ; & ainf de fuite à l'infini: ; 9 + oc Il eft quelquefois utile de connoître tous les dv Jeurs d’ün nombre, fur-tout dans l’analyfe,où 1 s’agit fort fouvent de décompoferiune quantités, ou d’en, déterminer les faéteurs, c’eft-- dire de favoir Les. quantités qiu ont concouru à fa produétion. _ Aimf, pour trouver tous les dévifèurs d’un noôm- bre 2310, on prendra" la fiüte 2,35, 951114, 17, 19,23, 6c. des noîbrespremiers (voyez Nom- BRE PREMIER), & l'on trouvera par fon moyen tous les divifèurs fimples OU premiers 2, 3, Ss7» 11 de 2310, &c, polant l'ünité 4 , on multiplièra 1 par 2, & l’on aura pour divifeurs +, 2, qu'on multiplier Chacun par 3 , pour avoir 356, léfquéls joints à 1,22 donneront pour diviféurs 13243, 6. quel’on multiplie. ra chacun par 5; ce qui produira 5, 10,15 304 ef. quels Joints. aux quatre dyifeurs.s 2,3, 6, Drodui- ront les huit diyrfeurs Len TO f» 30,que l’on multipliera chacun par 7.pour avoir 7, 14,27, 42 3 3 705105»,210, que-l’onJoindra aux huit pre- nuers pour avoir les 16 divifeurs 1 ,2,131,6, 5b 20 s | LEE { 1074 DIV 15530: 7» 145 21,42; 35703 10%, 210, quel'on multipliera chacun par 11 pour avoir 11, 22, 33; 66: 55,110, 165,330, 77,154, 231) 462; 385 770, 1155, 2310, lefquels joints aux 16 précédens donneront les 32 dvifeurs 1 ,2,3,6,5,10,15, 305 75 145 21, 4295 355709 1059 210, 11, 22333) 66, 55110, 165, 330» 775 154,231, 462, 385» 770, 1155, 2310 du nombre 2310, & il n’en aura pas davantage. Voyez la Jcience du calcul par Char- les Reyneau, ou es leçons de Mathématiques par M. lPabbé de Molieres.:(E) La régle pour trouver les communs divifeurs fe trouve démontrée dans plufieurs ouvrages par diffé- rentes méthodes. En voici la raïifon en peu de mots. Qu'eft-ce que trouver le plus grand commun vi- feur, par exemple de 387 & 54? c’eft trouver la plus petite expreflion de 7. Il faut donc d’abord divi- fer 387 par 54, je trouve que le quotient eft un nom- bre entier + 2; il faut donc trouver le plus grand commun dévifeur de 9 & de $4, ou réduire cette fra= étion à {a plus fimple expreflion ; donc ce plus grand divifeur eft 9. On fera le même raifonnement fur les exemples plus compofés; & l’on verra toüjours que trouver Le plus grand commun dévifeur, fe réduit à trouver la plus petite expreflion d’une fraétion ; c’eft-à-dire une fraétion dont le numérateur & le dé- nominateur foient les plus petits qw’il eft poffible. On peut aufli employer fouvent une méthode abrégée pour trouver leplus grand commun divifeur. Je fuppofe qu'on ait, par exemple, à trouver le plus grand commun divifeur de 176 & de 77, je re- marque en prenant tous les divifeurs de 176, que 176= 2X88=12X2X2X2X 11, 8@ que 77 — 7 X 11; donc 11 eft Le plus grand commun æyz/eur, & ainf des autres. En général foient #, b, c, tous les divifeurs fimples ou premiers d’unnombre a3 2 c, &c,b,f, tous ceux d’un nombre #4 2 f3, on aura pour divifeur commun P? c, Deux nombres premiers (voyez NOMBRE PRE- MIER ) ou deux nombres, dont l’un eft premier, ne fauroient avoir de commun divifeur plus grand que l'unité: cela eft évident par la définition des nom- bres premiers, & par la regle des communs divi- feurs. Donc une fraftion compofée de deux nombres premiers = » eft réduite à fa plus fimple expreffion. Donc le produit « c de deux nombres premiers dif- férens de & ne peut fe divifer exatement par 2 ; car fionavoit* = m, on auroit= =" ;ce-qui ne fe peut. En effet 1l faudroit pour cela que à & c euflent un commun vifeur, ce qui eft contre l’hypothèfe. On prouvera de même que <*ne fauroit fe rédui- 4e _m pi re ; car on auroit > —=,g ayant un divifeur com- & a c mun avec à ; on prouvera de même encore que 5» d étant un nombre fre nee ne fauroit fe réduire ; car onautoit == HE donc & d produit de deux nombres premiers, feroit égal au produit de deux autres nombres g, k, &c par conféquent on auroit = = À , quoïque à d’une part & d de l’autre, foient des nombres premiers: ce qui ne fe peut; car on vient de voir que toute fra@hon, dont un des termes eft un nombre premier, eft réduite à la plus fimple A UIE expreflion, On prouvera de même que, cétant nombre premier, ne peut fe réduire; & en général qu'un produit de nombres premiers quelconques, divifé par un produit d’autres nombres premiers quelconques , ne peut fe réduire à une expreflion plus fimple. Voyez Les conféquences de cette propofition aux mots FRACTION G& INCOMMENSURABLE. … À l'égard de la méthode par laquelle on trouve le plus grand diviféur commun de deux quantités algé- briques , elle eft la même pour le fond que celle par laquelle on trouve le plus grand diviféur commun de deux nombres. On la trouvera-expliquée dans las Lyfe démontré: & dans la /cience du calcul du P. Rey- neau. Elle eft utile fur-tout pour réduire diférenteé équations à une feule inconnue. Voyez EvaNours- SEMENT DES INCONNUES, (0) x fe * DivisEuR , ( Hif. anc. ) gens qui fe chargeoient dans les éleftions de corrompre lestribus & d’aches ter les fuffrages. Le mépris public étoit la feule-pu- nition qu'ils euffent à fupporter. DIVISIBILITÉ , (Géom. & Phyf.) eft en général le pouvoir paflif, ou la propriété qu’a une quantité de pouvoir être féparée en différentes parties, {oit adtuelles, foit mentales. 7. QUANTITÉ 6 MATIERE. Les Péripatéticiens & les Cartéfiens foûtiennent en général que la dvifsbiliré eft une affe@ion ou pro: priété de toute matiere ou de tout corps : les Carté= _ iens adoptent ce fentiment, parce qu’ils prétendent que l’effence de la matiere confifte dans l’étendue, d'autant que toute partie ou corpufcule d’un corps étant étendue à des parties qui renferment d’autres parties , 8 eft par conféquent divifible, * Les Epicuriens difent que la divifbiliré eft propre à toute continuité phyfique , parce qu'où il n’y à point de parties adjacentes à d’autres parties , il ne peut y avoir de continuité , & que par-tout où il y a des parties adjacentes , il eff néceflaire qu'il y ait de la divifibiliré , maïs ils n’accordent point cette pro- priété à tous fes corps , parce qu'ils foûtiennent que les corpufcules primitifs ou les atomes font abfolu- ment indivifbles. Voyez ATOME. Leur plus grand argument eft que de la diviffbiliré de tout corps ou de toute partie affignable d’un corps , même après toutes divifions faites , il réfulte que les plus petits corpufcules font divifibles à l’infimi , cequi eft , fe- lon eux , une abfurdité, parce qu’un corps ne peut être divifé que dans Les parties aftuelles dont il eft compofé. Mais fuppofer, difent-ils , des parties à | l'infini dans le corps le plus petit , c’eft fuppofer uné étendue infimie : car des parties ne pouvant être réu- nies à l’infini à d’autres parties extérieures , comme le font fans doute les parties qui compofent les corps, il faudroit néceflairement admettre une étendue ine finie. Voyez INFINI. Is ajoûtent qu'il y a une différence extrème entre la divifibilité des quantités phyfiques & la divifbilité des quantités mathématiques : ils accordent que tou- te quantité, ou dimenfon mathématique ; peut être augmentée où diminuée à l'infini ; mais la quantité phyfique , felon eux, ne peut être ni augmentée, ni diminuée à l'infini. Un artifte qui divife un corps continu parvient à certaines petites parties , au-delà defquelles il ne peut plus aller ; c’eft ce qu’on appelle rririma partis. De | même, la nature qui peut commencer où l’art finit, trouvera des bornes que l’on appelle #ixira nature ; & Dieu, dont le pouvoir eft infini, commençant où la nature fimt, peut fubdivifer ce z7inima na- turæ ; mais à force de fubdivifér , il arrivera jnf- qu'à ces parties qui n'ayant aucunes parties conti= nues, ne peuvent plus être divifées , & feront ato- mes. Ainf parlent les Epicuriens. Fayez ATOMISME. Cette queftion eft {ujette à bien des difficultés : nous allons expofer en gros les raifonnemens pour & contre. D’un côté , il eft certain que tont corpuf- cule étendu a des parties, & eft parconféquent divi- fible ; car sil ma point deux côtés , il n’eft point étendu , & s’il n’y a point d’étendue , l’affemblagé de plufeurs corpufcules ne compoferoit point un corps. D'un autre côté, la dvifibilité infinie fuppofe des parties à l'infini dans les corps les plus petits = d’où 11 fuit qu'il n’y a point de corps , quelque petit qu'il puiffe être, qui ne fourniffe autant de furfaces ou de parties que tout le globle de la terre en pour- roit fournir. Voyez PARTICULE , &c. L La divifibilité à l’infini d’une quantité mathémati- que fe prouve de cette maniere : fuppofez 4 C, (PL. de Géom. fig. 35.)perpendiculaire à BF, &tune autre ligne telle que & Æ à une petite diftance de 4 ,auffi perpendiculaire à la même ligne : des cen- trés CCC, Ge. & des diftances C 4, CA, Gc. dé- crivez des cercles quicoupentlaligne Caux points ee, &c. plus le rayon 4 C'eft grand, plus la partie e G eft petitesmais le rayon peut être augmenté 27 fn sum, 8 par conféquent la partie e & peut être diminuée auf ir infinicum ; cependant on ne la réduura jamais à rien, parce que le cercle ne peut jamais devenir coincidént avec la ligne B F; par conféquent les parties de toute grandeur peuvent être diminuées #7 Infinitum. ( Les principales objeétions que l’on fait contre ce fentiment font , que l'infini ne peut être renferme dans ce qui eft fini, & qu'il réfulte de la divifibilité in infinitum , ou que les corps font égaux , où qu'il eft des infinis plus grands les uns que les autres : à quoi l’on répond que les propriétés de ce qui eff fini, & d’une quantité déterminée , peuvent être attri- -buées À ce qui eft fini; qu'on n’a jamais prouvé qu'il ne pouvoit y avoir un nombre infini de parties 1nf- niment petites dans une quantité finie. On ne pré- tend point ici foûtenir la poffibilité d’une divifion ac- tuelle z irfénitum ; on prétend feulement que quel- que petit que foit un corps , il peut encore être divi- {6 en de plus petites parties ; & c’eft ce qu'on a jugé à-propos d’appeller une divifion 27 srféritum , parce que ce qui n’a point de bornes eft infini. Woyez IN- FINI. Il eft certain qu'il n’eft point de parties d’un corps que l’on ne puifle regarder comme contenant d’au- tres parties ; cependant la petiteffe des particules de plufieurs corpsefttelle, qu’elle furpaffe de beaucoup notre conception ; & il y a une infinité d'exemples dans la nature de parties très - petites , féparées ac- tuellement l’une de l'autre. M. Boyle nous en fournit plufieurs. L’or eft un métal, dont on forme en le tirant , des fils fort longs & fort fins. On dit qu'à Ausbourg, un habile tireur d’or fitun fil de ce métal, qui avoit 800 pieds de long , & qui pefoit un grain; on auroit pù par conféquent le divifer en 3600000 parties villes. On fe fert tous les jours pour dorer plufieurs fortes de corps , de feuilles d’or fort déliées , lefquelles étant battues, peuvent être rendues extrèmement minces ; car il faut 300000 de ces petites ferulles en- taflées les unes fur les autres pour faire l’épaiffeur d’un pouce. Or on peut divifer une feuille d’un pou- ce quarréen 600 petits fils vifibles, & chacun de ces petits fils en 6oo parties vifibles , d’où il fuit que chaque pouce quarré eft divifible en 360000. Cin- quante pouces femblables font un grain. Donc un grain d’or peut être divifé en 18000000 parties vifi- bles. M.Boyle a diflout un grain de cuivre rouge dans de lefprit de fel ammoniac, & l’ayant enfuite mêlé avec de l’eau nette qui pefoit 28534 grains, ce feul grain de cuivre teignit en bleu toute l’eau dans la- quelle il avoit été jetté. Cette eau ayant été me- furée faifoit 105, $7 pouces cubiques. On peut bien fuppofer , fans craindre de fe tromper, qu'il y avoit dans chaque partie vifible de l’eau une petite partie de cuivre fondu. IlLy a 216000000 parties vifibles dans un pouce cubique. Par conféquent un feul grain de cuivré doit avoir été divifé en 221788000000 pe- tites parties vifbles. Le fameux Lewenhoeck aremar- qué dans de l’eau où l’on avoit jetté du poivre, trois fortes de petits animaux qui y nageoient. Que l'on mette le diametre de la plus petite forte de ces ani- Tome IF, DIV 1075 malcules pour l'unité ; le diametre de ceux de ia feconde forte étoit dix fois aufh grand, &c celui de la troïfieme efpece devait être cinquante fois plus grand. Le diametre d’un grain de fable communétoit mille fois auf grand , & par conféquent la grandeur du plus petit de ces animalcules mis en parallele avec un grain de fable , étoit comme les cubes des diametres 1 & 1000, c. à. d. comme 1 à ro0005c000! on voit pourtant ces petits ammaux nager dans l’eat, ‘ils ont un corps qui peut fe mouvoir; ce corps ef compofé de muicles, de vaifleaux fanguins, de nerfs, & autres parties. [l doit y avoir une diffé- rence énorme entre le volume de ces vaifieaux fan- guins & celui de tout leur corps. Quelle ne doit donc pas être la petitefle des globules de fang, qui circulent continuellement dans ces vaifieaux? De quelle petiteffe ne font pas aufli les œufs de ces anx- malcules , ou leurs petits, lorfqu’ils ne font que de naître ? Peut-on afflezadmirer la fagefle & la puiflan- ce du créateur dans de femblales produttions ? Foy. DucrTiLiTé. Dans les corps odoriférans , il eft encore facile d’appercevoir une finefle très-grande de parties, & même telles qu’elles font aétuellement féparées lune de l’autre : on trouve beaucoup de corps dont la pefanteur neft prefque point altérée dans un long efpace de tems, quoiqu'ils remplifent fans cefle une grande étendue par les corpufcules odoriférans qui s’en exhalent. Toute partie de matiere, quelque petite qu’elle foit, & tout efpace fini quelque grand qu'il foit, étant donné ; il eft poffible qu’un petit grain de fable ou une petite partie de matiere foit étendue dans un crandefpace , & le rempliife de maniere qu’il ne sy trouve aucun pore dont le diametre excede quel- que ligne donnée , f. petite qu’on voudra. En effet qu'on prenne, par exemple, une ligne -cube de matiere, & qu’on la divife par tranches en petites lames, 1l eft certain que l’on peut augmen- ter affez le nombre de ces lames pour pouvoir , en les mettant les unes à côté des autres, couvrir une furface aufi large qu'on voudra. Qu’on redivife en- fuite chacune des petites lames en un grand nom- bre d’autres, on pourra placer ces nouvelles peti- tes lames à telle diftance fi petite qu’on voudra les unes des autres, & enremplir de cette forte un efpace qui pourra être impénétrable à la lumiere, fi les dif tances entre les lames font moindres que les diame- tres des corpuicules de lumiere. Cela eft démontré plus au long dans Keill, Zzérod. ad ver, Phyf. Voici maintenant d’une maniere plus détaillée les objeétions de ceux qui prétendent que la matiere n’eft pas divifñble à l'infini. Le corps géométrique n’eft que la fimple étendue, il n’a point de parties déterminées & a@tuelles, il ne contient que des par- ties fimplement poffibles , qu'on peut augmenter tant qu'on veut à linfini; car la notion de l'étendue ne renferme que des parties co-exiftantes & unies, & le nombre de ces parties.eft abfolument indétermi- né, & n’entre point dans la notion de l'étendue. Ainfi l’on peut fans nuire à l'étendue, déterminer ce nombre comme on veut, c’eft-à-dire que l’on peut établir qu’une étendue renferme dix mille , ou un mil- lion, ou dix millions de parties, felon que l’on voudra prendre une partie quelconque pour un : ainf une li- gne renfermera deux parties, fi l’on prend fa moitié pour une, & elle en aura dix ou mille, fi on prertd fa dixieme , ou fa millieme partie pour l'unité. Cet- te unité eit donc abfolument indéterminée, & dé- pend de la volonté de celui qui confidere cette éten- due. A Il n’en eft pas de même de la nature. Tout ce qui exifte attuellement doit être déterminé en toute ma- niere, & 1l n’eft pas en notre pouvoir de le dérermi- | VVVyvvz 1076 D I V ner autrement. Une montre, par exemple , a fes parties: mais ce ne font point des parties fimplement déterminables par l’imagination ; ce font des parties réelles, aétuellement exiftantes : & il n’eft point li- bre dedire , cette montre a dix, cent, ou un mil- lion de parties ; car en tant que montre, elle en a un nombre qui conftitue fon eflence , &c elle n’en peut avoir ni plus ni moins, tant qu’elle reftera montre. Il en eft de même de tous les corpsnaturels, ce font tous des compofés qui ont leurs parties déterminées & difflemblables, qu'il n’eft point permis d’expri- mer par un nombre quelconque. Les philofophes fe feroient donc épargné tous les embarras où les a jettés Le labyrinthe dela divifbilité du continu, s'ils avoient pris foin de ne jamais appliquer les raifon- nemens que l’on fait fur la divifbilité du corps géo- snétrique aux corps naturels & phyfques. Les adverfaires de la divifibilité de la matiere foù- tiennent qu’il n’y a aucune expérience qui fafle voir démonftrativement que les corps font compofés de parties indivifbles ; que la nature s’arrète.dans l’a- nalyfe de la matiere à un certain degré fixe & déter- miné, c’eft ce qui eft fort probable, & par l’unifor- mité qui regne dans fes ouvrages, & par une inf- nité d'expériences. 1°.Si la matiere étoit réfoluble à Pinfini, la forme & la façon d’être dans les com- pofés feroient fujettes, difent-ils , à mille change- mens , & les efpeces des chofes feroient fans cefle brouillées. Il feroit impofñfible que les mêmes germes & les mêmes femences produififlent conftamment les mêmes animaux & les mêmes plantes, êc que ces êtres confervaflent toûjours les mêmes propriétés ; car le fuc, qui les nourrit, tantôt plus fubtil, tan- tôt plus groflier, y cauferoit des variations perpé- tuelles. Or il n’y a aucun de ces dérangemens dans l'univers ; les plantes, les animaux , les foffiles, tout enfin produit conftamment fon femblable avec les attributs qui conftituent fon eflence. 2°. Non-feule- ment les efpeces fe mêleroient dans la divifion à lin- fini, mais il s’en formeroit de nouvelles. Or onn’en voit point dans la nature, les monftres même ne per- pétuent pas la leur; la main du créateur a marqué les bornes de chaque être, & ces bornes ne font ja- mais franchies. 3°. Les diflolutions des corps ont leurs bornes fixes, auffi bien que leur accroïflement. Le feu dumiroirardent,le plus puiffant diflolvant que nous connoiffons , fond l'or, le pulvérife, & le vi- trifie, mais fes effets ne vont pas au-delà. Cepen- dant l’hypothefe que nous combattons, ne fauroit rendre raifon , pourquoi les liquides ne reçoivent Ja- mais qu’un certain degré de chaleur déterminé, ni pourquoi l’a&ion du feu fur les corps a des bornes fi précifes , fi la folidité & l’irréfolubilité a@uelle n’é- toit pas attachée aux particules de la matiere. Au- cun chymifte a-t-il jamais pû rendre l’eau pure plus fine qu’elle étoit auparavant? A-t-on jamais pù, après des centaines de diftillations, de digeftions & de mélanges avec toutes fortes de corps , rendre l’ef- prit d’eau-de-vie le plus fin, encore plus fubtil que * l’efprit de vin éthéré , qui eft beaucoup plus fin que l’alcohol ? 4°. Le fyftème des germes , que les nou- velles découvertes ont fait adopter, rend l’irréfolu- bilité des premiers corps indifpenfablement nécef- faire. Si la nature n’agit que par développement, comme les microfcopes femblent le démontrer , il faut abfolument que les divifions aëtuelles de la ma- tiere ayent des bornes. 5°. Si l’on frotte les corps les uns contre les autres, & fi on les épure, on peut bien en détacher de groffes parties; mais on a beau continuer de les frotter pendant long-tems, ces par- ties emportées feront toûjours rendues vifbles à laide du microfcope. Cela paroit fur-tout , lorfqu’- on brife les couleurs fur le porphire, & qu’on les confdere enfuite au microfcope. 6°. La dévifibiliré de L." la matiere à l'infini fuppofe que les corps foient compofés à l'infini d’autres corpufcules. Maïs cela fe peut-il concevoir? Dire qu’un corps eft compo- fé d’autres corps , c’eft ne rien dire. Car on deman- dera de nouveau de quoi ces corps font compofés. Les élémens de la matiere doivent donc être autre chofe que de la matiere. C’eft ce qui avoit fait ima- giner à M. Leibnitz fon fyflème des monades. La maticre , felon les Leibnitiens , n’eft qu’un phéno- mène réfultant de l’union de plufeurs monades, Ce phénomène fubffte tant qu'il y a plufieurs monades enfemble. En divifant la matiere , on defunit les monades ; & fi la divifion eft portée jufqu’au point qu'il n’y ait plus qu’une feule monade, le phé- nomène de la matiere difparoitra. Si on demande comment des monades , qui ne font point corps, peuvent conffituer des corps ; les Leibnitiens répon- dent qu’elles n’en conftituent que l'apparence, & que la matiere n’exifte point hors de notre efprit telle que nous la concevons. Telles font les dificul- tés de part & d'autre. Non noffrum inter vos tantas componere litres. Nous devons à M.FORMEY une gran- de partie de cet article. (0) DIVISIF , adj. pris fubff. serme de Chirurgie, ban- dage dont on fe fert dans les grandes brülures de la gorge , de deflous le menton , & de la partie fupé- rieure de la poitrine. Il fe fait avec une bande lon- gue de quatre aunes, large de trois doigts, roulée à deux chefs égaux. On l’applique d’abord par le mi- lieu fur le front & autour de la tête, l’attachant au bonnet avec des épingles. On la croïfe à la nucque, en changeant les globes de main; on defcend par- deflous chaque aiflelle, pour revenir par-devant re- monter fur chaque épaule, aller par derriere, croifer entre les omoplates, repañler fousles aiflelles, &ter- miner par des circulaires autour du corps. Ce bandage fait tenir la tête droite, empêche que le mentonne contraéte adhérence avec le col, com- meon l’a vù arriver lorfqu’on a manqué d’attention dans les panfemens des brülures de cette partie, Ce bandage qui eft divifif de la partie antérieure de la gorge , eft umiffant pour les plaies tranfverfales de la partie poftérieure. Voyez la figure 8. Planche XX VII. Dans tous les cas où 1l faut divifer les levres ou les parois des plaies & des ulceres, les chirur- giens doivent imaginer des bandages appropriés à la partie pour remplir cetteindication. (Y ) DIVISION, fubft. fémin. ( Logique, ) l’u- tilité principale de la divifion, eft de faire voir commodément à l’efprit dans les parties, ce qu’il ne pourroit voir qu'avec confufon & avec peine, à caufe de la trop grande étendue dans l’objet total. Il fe rencontre encore-dans la dvifion une autre uti- lité, c’eft de faire connoïître tellement un objet par chacune de fes diverfes parties, que l’on n’attribue pas autout, ce qui ne convient qu’à quelqu’une de fes parties. On difpute de nos jours fi. la mufique italienne n’eft pas préférable à la mufique françoife. On éclair- ciroit la queftion , & par conféquent on la ré- foudroit , fi l’on divifoir ou fi l’on difinguoir ( car la diftinétion eft une efpece de divifion mentale); fi, dis-je, lon dvifoit la Mufique dans fes juftes , parties, comme font la compofition & l'exécution. À l'égard de la compoñition, il faudroit y diftin- guer la fcience de l'harmonie, d’avec la douceur, & la fuite du chant. Par le premier de ces deux en- droits, les uns pourroient être préférés, ‘ge autres par le fecond. De plus, il faut diftinguer l’exécution, par rap- port aux voix & aux inftrumens : les uns pour: roient avoir de plus belles voix , & les autres mieux toucher les inftrumens, é, C’eft ainf qu’en divifant une queftion en plufeurs autres queftions particulieres , on vient plus aifé- ment à bout de la refoudre. Ainfi dans l'exemple pro- : pofé, après avoir diftingué les différentes parties de la Mufique, les différentes fortes d’exécution par les inftrumens & par les voix, les différentes fortes de voix, &c. on faura plus aifément fi l'avantage eft tout d’un côté , ou s’il doit être partagé. Pareil inconvénient fe rencontre fouvent dans les difputes des gens de lettres. Pour favoir fi les an- ciens auteurs l’emportent fur les modernes, qu’on divife ces auteurs dans leurs clafles différentes , & la queftion fera bientôt éclaircie. On trouvera des poëmes épiques & des hiftoires qui valent mieux que les nôtres; des poëtes fatyriques qui valent au moins les nôtres ; mais des poëtes tragiques & co- miques qui font au-deflous de Corneille & de Mo- liere. Il fe trouve prefque toüjours dans les difcours des hommes plufieurs occafions femblables, ou, pour parler & penfer juifte, il faudroit avoir recours à la divifion ou difhinétion des chofes. La plûüpart des exprefñons fignifiant des objess compojés de différentes parties, l’on dit vrai par rapport à quelques-unes , & non point par rapport à quelques-autres. On ne de- vroit prefque jamais abiolument , & fans diftinc- tion, énoncer rien d’aucun objet complexe. Quand on dit de quelqu'un, / eff homme d’efprit , il eft habi- le ; on pourroit ajoûter , £/ l’ef? par rapport à certaines chofes : car par rapport à d'autres il ne left point. Tel {eroit l'ufage de la divifon ou diffinülion , fi l’on ne vouloit penfer ni juger qu'avec juitefle. Logique du P. Buffier. Division, f. f. en Arithmétique, c’eft la derniére des quatre grandes regles de cette Science: elle con- fifte à déterminer combien de fois une plus petite quantité eft contenue dans une plus grande. Voyez ARITHMÉTIQUE. Au fond la divifiorz n’eft qu'une méthode abrégée de fouftraétion , {on effet fe réduifant à ôter un plus petit nombre d’un plus grand autant de fois qu'il eft poñlble, c’eft-à-dire autant de fois qu'il y eft con- tenu : c’eft pourquoi on confidere principalement trois nombres dans cette opération : 1°. celui que l’on donne à divifer, appellé dividende : 2°. celui par lequel le dividende doit être divifé; on l'appelle di- vileur : 3°. celui qui exprime combien de fois le di- Vifeur eft contenu dans le dividende ; c’eft Le nombre qui réfulte de la divifion du dividende par le divifeur, &t c’eft ce que l’on appelle quotient , &tc. Il y a différentes manieres de faire la divifion; l’'an- gloife , la flamande , l’italienne , l’efpagnole, l’alle- mande , l’indienne, &c. toutes également juftes , en ce qu’elles font trouver le quotient avec la même certitude , & qu’elles ne different que dans la ma- niere d’arranger & de difpofer les nombres. Cette opération fe divife en dévifion numérique & divifion algébrique : dans la numérique il y a dévifion d’entiers & divifion de fraétions. La divifion ordinaire fe fait en cherchant combien de fois le divifeur eft contenu dans le dividende, Si le dividende a un plus grand nombre de chiffres que le divifeur, on prend le dividende par parties, en ‘commençant de la gauche vers la droite, & l’on cher- che combien de fois Le divifeur fe trouve dans cha- cune de ces parties. Par exemple, on propofe de divifer 6759 par 3. Pour réfoudre cette queftion , voici comment 1l faut s’y prendre : arrangez les termes ainfi que vous le voyez dans l'opération. DIV 1o77 OPÉRATIONS. Dividende , 6759 4 TO odyieir 6 2 2 ÿ 3 . .. quotient. 1 6 HE Li 9 4e Après quoi mettant un point fous le premier chiffre 6 du dividende, afin de déterminer le premier mem- bre de la divifton , vous direz: en 6 combien de fois 3? il eft évident qu'il y eft deux fois ; écrivez 2 au quotient fous la ligne au-deflus de laquelle eft placé le divifeur 3 ; & pour faire voir que 3 eft réellement contenu deux fois dans 6, vous direz, deux fois 3 font 6, que vous écrirez fous le 6 du dividende; & fouftrayant 6 de 6, il ne refte rien; ce qui fait voir que 3 eft contenu exattement deux fois dans 6. En- fuite pofant un point fous le chiffre 7 du dividende, vous Le defcendrez au-deflous de la ligne, & vous direz , en 7 combien de fois 3? il y eft deux ; écrivez encore 2 au quotient, &c multipliant 3 par 2, vous aurez 6 que vous.placerez {ous 7 ; vous retranche- rez 6 de 7, & il vous reftera 1, à côté duquel vous : defcendrez le chiffre ÿ du dividende, pour avoir 1$ à divifer par 3 : ainfi vous direz, en 1$ combien de fois 3 ? al y eft précifément cinq fois; vous écrirez donc ÿ au quotient, & multiphant 3 pañts vous au- rez 15, que vous fouftrayerez de 15, & il ne reftera rien : enfin defcendez 9 ( ayant toùjours foin de mettre un point fous le chiffre que l’on defcend , afin de favoir toùjours fur quels chiffres l’on a operé ), vous direz, en 9 combien de fois 3 ? il y eft exadte- ment trois fois ; mettez donc 3 au quotient : en effet multipliant 3 par 3, vous trouverez 9, lequel retran- ché de 9 ne laifle aucun refte, & l'opération ef ache- vée , puifque tous Les chiffrés ont été divifés par 3, ce qui donne 2253 pour quotient, c’eft-à-dire que 3 eft contenu 2253 fois dans 6759, ce que l’on peut prouver en multipliant le quotient 2253 par le divi- feur 3; çar fi ce produit eft égal au dividende 6759, on aura une preuve que l’opération eft exacte : ef- fettivement, s’il eft vrai que le divifeur 3 foit con- tenu exaétement 2253 fois dans le dividende 6750, ainfi que Le quotient l’annonce , en prenant le nom- bre 3 2253 fois, on doit avoir un produit égal à 6759 : on voit donc que l’on peut prouver la ævi- Jon par la multiplication. Quand le divifeur contient plufieurs chiffres , la divifion eft plus dificile & un peu tâtonneufe ; mais ce tâtonnement a des regles. Exemple. I] s’agit de divifer 3203$ par 460. Vous difpoferez les termes comme ci-deflus. Opération D De RENE EE. 28 1 4 6 8 PE 3895 sy WI TMRkE DATE Les trois chiffres du divifeur 469 n'étant pas conte- nus dans les trois premiers chiffres 320 du dividen- de, on en prendra quatre, & l’on aura 3203 pour premier membre de la divifoz : ainfi l’on dira en 32 combien de fois 4? il y eft juftement huit fois ; mais on n'écrira pas d’abord ce nombre 8 au quotient ; car en multipliant 469 par 8, on auroit le produit 3752 plus grand que 3203 ; le divifeur 469 n’eft donc 1078 D I V pas compris huit fois dans le premier membre de [a divifion 3203. Suppofons qu'il y foit contenu fept fois ; finous en faifons l’effai en multipliant 469 par 7, nous trouverons le produit 3283, qui eft encore plus grand que 3203 : mais on peut écrire 6 au quo- tient, Multiplions donc le divifeur 469 par ce chif- fre 6; mettons-en le produit 2814 fous 3203 , & après avoir fouftrait 2814 de 3203, il refte 389 di- xaines, à côté defquelles on defcendra les cinq uni- tés du dividende, afin d’avoir 389$ unités à divifer par 469. Comme il y a au dividende 3895 un chiffre de plus qu'au divifeur 469 , on demandera combien de fois le premier chiffre 4 du divifeur eft contenu dans les deux premiers chiffres 38 du dividende (ce que l’on doit obferver généralement toutes les fois qu’un membre de la divifion à un chiffre de plus que le divifeur) ; on dira donc en 38 combien de fois 4? il y eft bien neuf fois ; fuppofant donc 9, on multi- pliera le divifeur 469 par 9, & le produit 4221 étant plus grand que 3895, c’eft une preuve que le divi- feur 469 n’eft pas compris neuf fois dans le dividen- de 3895 : on écrira donc 8 au quotient, & l’on mul- tipliera par ce nombre le divifeur 469 pour avoir le produit 3752, que l’on retranchera du dividende 3895 ; il reftera 143 unités qui ne peuvent plus fe divifer en cette qualité par 469 : c’eft pourquoi fon ne veut pas poufler le calcul plus loin, on écrira à la fuite du quotient 68 le refte 143 , fous lequel on pofera 469, en féparant ces deux nombres par une ligne en forme de fra@tion. Mais en fuppofant que 143 fignifient 143 livres , on réduira ces livres en {ols en les multipliant par 20, ce qui produira 2860 fols, que l’On divifera toüjours par 469 pour avoir 6 {ols, & il reftera 46 fols, dont on fera des deniers en multipliant 46 par 12; ce qui produira 552 de- niers, que l’on divifera encore par 469 pour avoir I denier, & pour refte 83 deniers, que l’on écrira à la fuite de 1 denier fous cette forme Àä , ce qui fignifie qu’il refte encore 83 deniers à partager en 469 par- ties ; mais on ne poufle pas l’opération plus loin, parce que le commerce n’admet point en France de monnoies plus petites que le denier. Remarquez 1°. qu'après avoir déterminé le pre- mier membre de la divifion qui apporte un chiffre au quotient, tous les autres chiffres du dividende qui fuivent ce premier membre, doivent en fournir cha- cun un au quotient : ainf l’on peut favoir dès le com- mencement de l’opération combien le quotient doit avoir de chiffres. 2°. L’opération fur le premier membre étant ache- vée, fi après avoir defcendu un chiffre on s’apper- çoit que le divifeur entier n’eft pas contenu dans ce nouveau membre du dividende, on mettra o au quo- tient, & l’on defcendra un nouveau chiffre ; & s’il arrivoit que Le divifeur ne fût pas encore contenu dans ce membre ainfi augmenté, on mettroit encore un o au quotient ; & ainf de fuite jufqu’à ce que le divifeur fût enfin compris dans le membre fur lequel on opere. . 3°. On ne doit jamais mettre au quotient un nom- bre plus grand que o. 4°. Si après avoir fait la fouftraétion on trouvoit | un refte égal au divifeur , ou plus grand , ce feroit un figne que le nombre que l’on a mis au quotient n’eft pas affez grand ; il faudroit l’augmenter : afin donc qu'un chiffre mis au quotient foit légitime, il faut que le produit de ce chiffre par le divifeur ne {oit pas plus grand que le membre divifé, ni qu'a- près la fouftra@tion il y ait un refte égal au divifeur ou plus grand. Si le premier cas avoit lieu, on di- minueroit Le chiffre du quotient ; & dans Le fecond cas on l’augmenteroit. s°. Quand on commence cette opération, il faut &’abord prendre autant dé chiffres dans le-dividerde | DIV qu’il y en a dans le divifeur : mais fi l’on remarque que les chiffres du divifeur ne font pas compris dans ceux du dividende pris en pareil nombre , alors on augmentera d’un chiffre le premier membre de la - vifion : & en ce cas on demandera combien de fois le premier chiffre du divifeur eft contenu dans les deux premiers chiffres du membre à divifer : on écrira ce nombre au quotient, après avoir effayé s’il n’eft pas trop grand; car il ne fauroit jamais être trop petit. La théorie de tous ces préceptes eft exaétement démontrée dans les infhirutions de Géométrie, impri- mées à Paris chez Debure l’ainé en 1746; rien n’eft plus propre à faire apprendre une fcience avec promptitude & folidité , que la connoïffance des raions fur lefquelles la pratique eft fondée, Quant à la divifion des fraétions vulgaires , des fraétions décimales, &c à la divifion de proportion, voyez FRACTION, DÉCIMAE, PROPORTION. La divifion algébrique fe fait précifément de la même maniere que la divifion numérique. Soït que l’on agifle fur des monomes ou fur des polynomes , la regle des fignes + & — eft la même que celle de la multiplication, voyez MULTIPLICATION. Les coeñiciens fe divifent comme dans l’Arithmétique, voyez COEFFICIENT. Pour les quantités alsébriques, on fait difparoître au dividende les lettres qui lni font communes avec le divifeur, & l’on écrit le refte au quotient. Si le divifeur n’a rien de commun avec le dividende, on écrit le dividende au-deflus d’une petite ligne horifontale, fous laquelle on pofe le di- vifeur , & la divifion algébrique eft faite. - Soit, par exemple, 128cd à divifer par 3 d': difpofez ces quantités comme dans la divion arith- métique. OPÉRATION. Dividende , + 3 d.... divifeur. Bed D —— EN ME ep Re Et dites: + divifé par+=+, écrivez + au quotient fous la ligne : enfuite 12 divifé par 3 = 4, pofez 4 au quotient; enfin 4 c d divifé par d=8bc, que vous écrirez au quotient à la fuite du coefficient 4. En fupprimant , comme vous voyez, du dividende #cd la lettre d qui eft commune au divifeur 3 d, on écrit au quotient le refte ?c du dividende ; & pour faire voir que + 4 c eft le vrai quotient, on n'a qu'à multiplier + 3 d par +46c, c’eft-à-dire le divifeur par le quotient , & l’on retrouvera le dividende + 12 bcd; ce qui prouve que la dvifion eft jufte. Voyez MULTIPLICATION. Divifions. + 1$actpar—-çsar. Opération. — jai. +isact ER: Difons donc : + divifé par —=—; 15 divifé par $ donne 3 ; 2 ct divifé par a = c. Le quotient eft donc — 3c; car en multipliant le divifeur — $ zz par le quotient — 3 c,on a le dividende +15 4c#,ce qui prouve la juftefle de lopération. Propofe-t-on de divifer — 184? 43 gpar+3abg? Opération. | +3 abg. 2 a _ — RE te 08 j — 6 ab?, On dira : — divifé par +=—; 18 divifé par 3 =6; a? b3 g divifé par a b g = a b? : ainfi le quotient ef — 6 a b?; ce que l’on prouve en multipliant le divi- feur + 3 ab gparle quotient — 6.4 b?, puifque cette multiplication redonne le dividende — 18 4? 43 g. Enfin fi l’on veut divifer—24c3 d4 spar— 8 6? dis, Opération. — 8 c? die, = 3 d4 LES 24 63 d45 { +36 DIV- On dira — divifé par —= +, enfuite 24 divifé par 8 = 3; enfin c? d4 s divifé par «2 dt r=c d': enfor- te que le quotient de cette divifion eft + 3 c d; car le divifeur — 8 c2 d5 # multiplié par le quotient + 3 cd, redonne le dividende — 24 c3 d4 5, | _ On exprime auffi quelquefois une divifion algébri- que en forme de fraétion; ainfi a & c divife para c s'écrit 4 , en Ôtañt ce qui fe détruit, c’eft-à- ( 7 dire en fupprimant les lettres communes au numé- rateur & au dénominateur. Quoiqu'il foit vrai en général que l’on doive fup- ptimer les lettres communes au dividende & au 4 , , abc vifeur, il ne faut pourtant pas fe perfuader ques = o ; car le quotient de cette divifion = 1. Toutes les lettres difparoïffent véritablement, ainfi que le prefcrit la regle ; mais il faut toñjours fuppofer qu’- une grandeur algébrique eft précédée du coefficient : LE RAS SL NAT NS TI 5 ainfi = = PART “js Ie En effet diviler « bc par abc, c’eft déterminer combien de fois a b c eft contenu dans z bc. Ortoute grandeur eft contenue une fois dans elle-même ; ainfi 27° — ; ; donc en général une quantité quelconque abc divifée par elle-même donne roûjours 1 au quotient. On indique encore plus volontiers la divzfon al- gébrique fous la forme d’une fraétion, quand le di- vidende & le divifeur n’ont rien de commun, ou qu’ils ont feulement quelques quantités communes. Ainf 3 ac divifé par 525 ; de même 6 d1à divifer par4ds — = Res — À, en chaffant la quantité 2 d, qui eft un prodiufant ou un com- mun faéteur au dividende & au divifeur. Pour divifer le polynome 9 a #? — 15 a?b+6 43 par —34ab+2a?, on arrangera les termes, com- me on le voit dans l’opération, felon les degrés de la lettre a qui paroït dominer. Opération. Gat=isetb Hot [out gas. Ames PO HE DETTE * — Ga?b + 9 ab? + 6a?b —9 ab? — ; * Et divifant le premier terme 6 4? du dividende par le premier terme 2 4? du divifeur, on écrit 3 # au quotient, par Lequel on multiplie tout le divifeur. Le produit qui en réfulte eft retranché du dividende, & l’on continue à divifer le refte, après avoir def- cendu le terme 9 « #2 du dividende, le quotient to- tal doit être 3 « — 3 8 : ce que l’on vérifiera en mul- tiphient ce quotient par le divifeur 2 42— 346, dont le produit doit redonner le dividende. S'il s’agit de divifer 8cx?+1$bds—10bdx— 120 Sx—3 fig par 4cx— b d; on ordonnera les termes du dividende & du divifeur, fuivant les de- grés de la lettre x. Comme il y a deux termes au di- vidende où cette lettre eft élevée au même degré, on pourra écrire ces deux termes l’un fous l’autre, dé même que les deux termes où la lettre d’origine ne fe trouve pas. : Opération. 8 cx? — PRE ISO G A cx— 5 bd ADR Ole va 8 cx?+iobdx rit ue Ÿ . —126 sx +15ds Hi2csx—rsbds # id 3 A En divifant donc le premier terme 8 c x? du di- vidende par Le premier terme 4cx du divifeur, le DIV 1079 quotient eft 2x par lequel on multiplie tout le di- vifeur, ce qui donne 8cx2— 106 dx, que l’on écrit fous le dividende, en changeant les fignes de ce pro- duit pour en faire la fouftraétion ou la rédudion, comme on le voit exécuté dans l’opération : cette réduétion étant faite ; on opere fur le refte—12csx +15 bds—3tp, en divifant toûjours le premier terme — 12 cs x de ce refte par le premier terme 4cx du divifeur, dont le quotient eft — 3 5, par lequel on multiplie tout Le divifeur pour en retran- cher le produit de ce qui eft refté après la premiere divifion , & l’on a un fecond refte —3:g, lequel nayant point de fa@eurs communs avec le divi- feur, fait voir que la divifion ne fauroit fe faire exa- tement : ainfi on le difpofera à la fuite du quotient, au-deflus d’une petite ligne, fous laquelle on écrira le divifeur. Pour la divifion par les logarithmes , voyez LOGA- RITHME. La divifion géométrique regarde les lignes droites, & eft utile dans la conftruétion des problèmes plans; par exemple, un reétangle étant donné, ainfi qu’une ligne droite ; trouver une autre ligne droite telle que le reétangle formé par cette ligne &r la droite don- née , foit égal au re&angle donné. On réfoud ces fortes de problèmes par la reole de trois, en difant : la ligne donnée eft à un côté du rectangle donné , comme l’autre côté de ce reétan- gle eft à la ligne cherchée. C’eft ainfi que M. Defcartes explique le moyen de faire une divifion géométrique avec la regle & le compas. Suppofons que la ligne a c— 6 (PL. de Géomér. figure 17.) foit à divifer par la ligne 4 = 3. Prenez un angle à volonté : portez enfuite le divifeur ad= 3 fur l’un des côtés de cet angle, en partant du fommet, & prenez tout de fuite fur le même côté az= 1; après cela portez fur l’autre côté de l'angle, en par- tant toüjours du fommet, le dividende a6—6, & Joignez les points d, c par la ligne dc; après quoi par le point z vous tirerez la ligne 46 parallelement à dc, laquelle déterminera la ligne a #, qui fera le quotient cherché ; car à caufe des triangles fembla- bles adc,aub, vous aurez ad: ac:!an : ab c ab ab CE ] a — ouac.ad:;ab.au, Donc = =<+— = = ab. Donc la ligne 44 exprime la divifion de ac parad'; puifque le dividende 4 c eft au divifeur z 4, comme le quotient a & eft à l’unité. GE) Dans la divifion , le dividende eft au divifeur com- me le quotient eft à l’unité ; ou le dividende eft au quotient , comme le divifeureft à l’unité : c’eft-là la vraie notion de la divif'on , & la plus générale qu’on puifle en donner, comme on s’en convaincra par ce que nous allons dire. Remarquons d’abord que ces deux proportions qui paroïflent les mêmes, ne le font cependant pas, abfolument parlant ; car le di- vidende eft toüjours cenfé un nombre concret. (roy. CONCRET) ; & le divifeur peut être ou un nombre concret ou un nombre abftrait, Dans le premier cas, le quotient fera un nombre abftrait, & c’eft la premiere proportion qui a lieu. Par exemple, f je divife 6 fous (nombre concret) par 2 fous (nombre concret) , le quotient eft un nombre abftrait 3, c’eft- à-dire qui'indique , non un nombre de fous, mais le nombre de fois que le dividende contient le divifeur, &c on a cette proportion ; 6 fous eft à 2 fous, comme le nombre abftrait 3 eft à l’unité abftraite 1 : on ne pourroit pas dire 6 fous (dividende & nombre con- cret) eft au quotient 3 (nombre abftrait), comme 2 fous (divifeur & nombre concret})'eft à 1 (nombre abftrait) ; du moins cette proportion ne porteroit . aucune idée nette dans l’efprit, parce qu’un nombre - Concret & un nombre abitrait étant de diférens 1080 DIV genres , ne peuvent être comparés , & qu’ainfi il ne peut y avoir entr'eux de rapport , du moins que très-improprement. Dans le fecond cas, c’eft-à-dire lorfque le divi- feur eft un nombre abftrait, le quotient eft un nom- bre concret ; & c’eft la feconde proportion qui a lieu : ainf divifant 6 fous par 3 (nombre abftrait), le quotient eft 2 fous (nombre concret) , & l’on dit : 6 fous eft à 2 fous (quotient) , comme 3 (divifeur) eft à l'unité. Remarquez que dans les deux propor- tions l’unité eft toüjours un nombre abftrait ; ainfi on peut préfenter la diviffon fous deux points de vüe différens : c’eft chercher combien de fois une quan- tité eft contenue dans une autre de même genre, comme dans Le premier cas ; ou bien c’eft chercher une quantité qui foit contenue un nombre de fois donné , dans une quantité donnée du même genre. Nous nous fervons ici du mot érre contenu , parce que nous fuppofons jufqu’a préfent que le divifeur {oit plus petit que le dividende, & même que la 4- vifion fe fafle exaétement, & fans refte. Mais, 1° f le divifeur eft plus petit, & que la dvifion ne fe fafle pas fans refte, la proportion entre le dividende, le divifeur, le quotient & l’unité, proportion qui conftitue la divifron, m'en a pas moins lieu ; ainfñ dans l'exemple ci-deflus, fuppofons qu’on divife 32035 par 469 toifes, le quotient 68 54, indique que 469 toiles font contenues dans 32035, comme l'unité eft contenue dans le nombre mixte 68 #5 c’eft-à-dire que 409 toifes font contenues dans 32035 toifes, d’abord 68 fois entierement, & qu’- enfuite il y a un refte de toifes, qui eft au divifeur 469 toifes, comme le nombre abftrait 143 eft au nombre abftrait 469. Suppofons à-préfent qu’on di- vife 32035 toifes, non par 469 toifes, mais par le nombre abftrait 460 ; c’eft-à-dire qu'on cherche la 143 469° partie de 32035, le quotient 68 +5 indique d’abord 66 toïles ; &c que de plus fi on divife une toife en 469.parties égales , & qu'on en prenne 143, ces 143 parties ajoütées aux 68 toifes completes, donneront la 460° partie exaéte de 32035 toiles, 2°. Si le divifeur eft plus petit que le dividende, alors le quotient (fuivant la proportion qui confti- tue la divifion) fera plus petit que l'unité, ou qu’une fra@ion d’umité. Ainf fi on divife 3 toifes par 12 toifes, c'eft chercher, non combien 3 toifes con- tiennent, mais combien elles font contenues dans 12 toiles ; &c le quotient + marquera que 3 toifes font un quart de 12 toifes. Sion divife 3 toifes par 42, c’eft-à-dire fi on cherche la 12° partie de 3 toi- fes, on trouvera +, c’eft-à-dire 1 quart detoife ; en effet, 1 quart de toife pris 12 fois , fait 3 toiles. Si le divifeur eft une fration plus petite que lPu- nité, le quotient fera un nombre plus grand que le dividende ; car alors le dividende doit être plus petit que le quotient. Cela paroït d’abord paradoxe ; mais en y réfléchiffant un peu, on obfervera que fi le quotient eft plus petit que Le dividende dans la plà- patt des divifions ordinaires, c’eft que le divifeur y eft plus grand que l’unité. Rendez le divifeur égal à: Punité ,; le quotient fera égal au dividende ; rendez- ieplus petit, le quotient fera plus grand quele divi- dende. Aïnfi, qu'eft-ce que divifer 12 toifes par +? c’eft chercher un nombre de toifes qui foit à 12 toi- fes comme l’unité eft à +, c’eft-à-dire comme 3 eft à 1 : donc le quotient fera 12 toifes prifes trois fois, c’eftà-dire 36 toifes. De même divifer 12 toifes par T de toïfe, c’eft chercher un nombre qui foit à l’u- nité comme 12 toifes eft à : de toile; or 12 toifes contiennent 36 fois + de toile, dont le quotient eft 36. C’eft ainf qu’en réduifant les opérations à des notions claires + toutes les difficultés s’évanouf- fent. I'ne peut y en avoir ici, dès qu’on prendra la motion générale de la dévifon ; telle que nous l'avons DIV donnée. Mais on fe trouvera embartafté lorfqu’on fe bornera à la notion imparfaite &: incomplete de la divifion qu'ontrouve dans la plpart des arithméti= ciens ; favoir, que la divifion confifte à chercher combien de fois Le divifeur eft contenu dans le di- vidende. Nous parlerons plus au long 44 mot FRAc- TION , de la divifion , dans le cas où le divifeur eft une fraétion, le dividende étant un nombre quel- conque , entier Ou rompu. Bornons-nous préfentement aux regles de la divr- Jion ordinaire, 8c tâchons d’en donner. en peu de mots une idée bien nette. Nous prendrons pour exemple celui même qui a été donné ci-deflus; & les raifonnemens que nous ferons fut celui-là. pourront fans aucune peine s’appliquer à d’autres. -On propofe de divifer 3203 ; par 469, c’eft-à-dire de favoir combien de fois 469 eft contenu dans 32035. Je vois d’abord que le dividende contient jufqu’à des dixaines de mille, & le divifeur des cen-_ taines ; ainfi, comme dix mille contient cent fois cent, il peut fe faire que le divifeur renferme des centaines, mais 1l ne peut pas aller plus haut. Il faut donc favoir combien de centaines de fois, de dixaines de fois, & d'unités de fois il eft contenu. Pour favoir combien de centaines de fois le divi- dende contient le divifeur, je prénds d’abord de la gauche vers la droite autant de chiffres dans le divi- dende que dans le divifeur, c’eft-à-dire que je prends la partie du dividende 320, qui repréfente réelle- ment 32000 , en négligeant pour un moment les deux derniers chiffres 3 5. Je divife 32000 par 469, pour voir combien 469 eft contenu dé centaines de fois dans 32000 : pour cela il fufit de divifer 320 par 469, &t de remarquer que le chiffre qui viendra exprimera, non des unités fimples, mais des cen- taines d'unités. Mais je vois que 320 ne peut fe di- vifér par 469, ainfi le quotient ne doit point ren- fermer de centaines. Il en auroit renfermé, f au lieu de 320 j'avois eu, par exemple, ÿ20, où en général un nombre égal ou plus grand que 469 ; car alors on auroit eu au quotient au moins l'unité qui auroit marqué une centaine d’unités.Je vois donc que le quotient ne peut contenir que desdixaines d'unités mais 1l eft évident qu'il en contiendra néceflaire- ment , car dès que le dividende a deux chiffres de plus que le divifeur, il eft néceffairement plus de dix fois plus grand : en effet, 469 pris dix fois, donne 4690 qui n’a que quatre chiffres, au lieu que 32035 en a cinq. Je cherche donc combien de dixaines de fois 3203; contient 469 ; ou, ce qui eft la même chofe, je cherche combien de fois 32030 contient 469, en négligeant le nombre $ pour un moment ; - ou , cé qui révient encore au même, je cherche combien de fois 3203 contient 469, en me fouve- nant que le nombre que je trouverai au quotient, donnera des dixaines d'unités: Or je remarque d'a bord que jamais 3203 ne peut contenir 469 plus de fois, que le nombre 32 (qui eft formé des deux pre- miers chiffres du dividende ) ne contient le premier chiffré 4 du divifeur: car 32 contient 4 huit fois; & fi je mettois 9, par exemple , au lieu de 8, je trou- verois en multipliant 9 par 469, un nombre plus grand que 3203; ce qui eft évident, puifque 4 fois, 9 étant 36 , les deux premiers chiffres du nombre égal à o fois 469, feroient plus grands que les deux. premiers chiffres 32 du nombre 3203 : ainf al fuffit ( & cette remarque eft évidemment applicable à tous les cas) de divifer par le premier chiffre du di- vifeur le premier chiffre du dividende , lorfque le’ dividende a autant de chiffres que: le divifeur ; ou les deux premiers chiffres, lorfque le dividende a un CHE MED RU Ce n’eft pas. à dire pour cela que cette opération n6 donne jamais trop, on va voirie contrawe; Me | f |. * il eft für qu’elle ne donnera jamais trop peu, & voilà pourquoi on fe contente de divifer les premiers chif- fres du dividende par le premier du divifeur. Quand la divifion donne trop, comme dans ce cas-ci, où 8 feroit trop fort, & même 7, on diminuera fuccefli- vement le quotient jufqu’à ce qu'il ne foit pas trop fort, ce qui arrivera en mettant 6 ; ce 6, comme nous l'avons vû, indique 6o, & le produit 2814 eft réellement 28140 , qui eft retranché de 32030: il tefte 389, qui eft réellement 3890; & le $ qu'on avoit mis à part, y étant ajoûté, il refte en tout 3895, qu'il faut aétuellement divifer par 469 : on fuivra pour cela les mêmes principes que ci-deflus, & ontrouvera 8 , qui font huit unités. Ainfi on voit que toutes les opérations qu’on fait dans la divifion , ne font autre chofe que les opérations qu’on vient d'expliquer , & qui y font faites d’une maniere abre- gée ; car la divifion faite tout au long & avec tout le développement néceffaire , feroit 31250"3 © Lf "46 9 DS T4: O 6 o ou fix dixaines, Refle 3890 Août, $ 3895 4 6 9 | 3 7 5 2 8 unités, Refte 143 Quotuent 60 8 6 8 Dans la divifion on fait implicitement toutes ces opérations, en écrivant moins de chifires. Quand on a pris dans Le dividende autant de chif- fres de gauche à droite qu'il y en a dans le divifeur, ouun chiffre de plus, fi cela eft néceffaire, on voitque le quotient doit contenir autant de chiffres, plus un, qu'il erfrefte dans le dividende. Cela eft aifé à prou- ver ; car foit, par exemple 523032 à divifer par 469 : après avoir pris $23 , qui a autant de chiffres que 469, il refte trois chiffres , 032 : or je dis que le quotient doit avoir trois chiffres plus un, ou quatre ; car il eft clair que 323000 eft plus de mille fois plus grand que 469, & moins de dix mille fois. En eflet, 523000 eft mille fois plus grand que 523, qui eft plus grand que 469 ; & 523032 eft plus petit que 469 pris dix nulle fois, parce que 4690000 a un chiffre de plus. Donc le quotient doit contenir des mille, & point de dixaines de mille: donc il doit avoir quatre chiffres , ni plus ni moins. Si le divi- dende étoit 1523032, alors prenant 1523, quia un chiffre de plus que 469, on trouveroit de même que le quotient avoit quatre chiffres , ni plus ni moins. C’eft pour cette raifon que l’on met quelquefois au quotient, o. Par exemple, je fuppofe quel’on ait à divifer 416 par 2 ; je yois que le quotient peut con- tenir des centaines, des dixaines , & des unités. Je divife donc d’abord 4 par 2, fuivant la regle, & j'ai 2 ; &t le produit 4 étant retranché de 2, 1l refte o; c’eft-à-dire que j'ai divifé 400 par 2, & j’ai eu 200 au produit : ce 2 marque donc des centaines, Je def- cends 1, ce qui eft la même chofe que fi je prenois 10 à divifer par 2, en négligeant le 6 ; je vois que 10 ne peut pas contenir 2 des dixaines de fois : je mets donc o au quotient , tant pour indiquer que 2 ne fe trouve aucune dixaine de fois dans 416, que pour conferver au 2, premier chiffre du quotient , la va- leur de centaïne. Enfuite je defcends 6 & je l’ajoûte à r, ce qui eft la même chofe que fi je divifois 16 par 2 ; J'ai pour quotient 8 , & le quotient total eft 208.On doit , par cetexemple, voir en général pour- quoi on met o au quotient, quelquefois même plu- fieurs fois de fuite, comme il arriveroit fi on divi- foit 40016 par 2; le quotient feroit 20008. Enfin il nous refte à expliquer pourquoi on ne met jamais au quotient plus de 9. Pour cela il fufit de Tome IV, D I V TO8I faire voir que jamais le divifeur n°eft épal à dix fois la partie du dividende qu’on a prie; ce qui eft aifé à prouver. Car le divifeur pris dix fois, augmente d’un chiffre : or la partie du dividende qu’on a prife, eft ou égale en nombre de chiffres au divifeur, ou d’un chiffre de plus. Dans le premier cas, il eft vifi- ble qu’elle eft plus petite que le divifeur pris dix fois, puifqu’elle a un chiffre de moins. Dans le fecond g le dividende diminué d’un chiffre vers la droite, eft plus petit que le divifeur : donc le dividende avec ce chuire rétabli, eft plus petit que le divifeur pris dix fois. En voilà ce me femble fufifamment pour faire entendre d’une maniere fenfble les regles de la divi- Jion , dont la plüpart des arithméticiens paroïffent avoir négligé les démonftrations. À l'égard des différentes manieres de faire la divi- Jion , nous n’entrerons point ici dans ce détail, parce qu’à proprement parler elles reviennent toutes au même ; elles ne different qu’en ce que dans l’une le quotient , le divifeur-& les produits font placés d’u- ne façon , & dans une autre d’une façon différente : one difpenfe auf quelquefois d’écrire les produits, &c on fait la fouftraétion en formant le produit de mémoire. Ainfi dans l’exemple ci-deflus on peut n'écrire point les produits 2184 & 3752, & on fera fans cela la fouftraétion , qui donnera les nombres 389 & 143: voici comme on s’y prend. On dit: 6 fois 9 font ÿ4; qui de 13 Ôte 4, refte 9 &c retiens s : * 6 fois 6 font 36, & 5 font 41; qui de o Ôte 1, refte 8 &c retiens 4: 6 fois 4 font 24, & 4 font 28 ; qui de 31 Ôte 28, refte 3 : & ainf des autres. Cette ma- niere de faire la divifion fans écrire les produits, & en arrangeant les chiffres comme ci-deflus, s’ap- pelle l’isalienne abregée, Peu importe le nom qu’on lui donnera ; mais 1l eft bon que les commençans, & ceux qui n’ont pas un ufage très-familier du calcul, écrivent les produits, afin de ne fe pas tromper. Lorfque le dividende & le divifeur font l’un & l’autre des nombres concrets, il faut diftinguer fi ce {ont des nombres concrets de la même efpece, ou de différentes efpeces. Premier cas. Si on a , par exemple ; des livres des fous & des deniers à divifer par des livres , des fous &c des deniers, il faut réduire le dividende & le divifeur en deniers, c’eft-à-dire dans la plus pe- tite monnoie : fi le divifeur ne contenoit pas de de- niers, & que le dividende en contint, il faudroit toüjours réduire l’un & l’autre en demers ; le quo- tient indiqueroit combien le divifeur eft contenu dans le dividende. En effet, fi on avoit, par exem- ple, : livre à divifer par 12 deniers, c’eft-à-dire fi on vouloit favoir combien de fois 12 deniers font dans 1 livre, il faudroiït réduire 1 livre en 240 de- niers pour avoir le quotient 20, & ainfi du refte. Second cas, Soit propofé de divifer, par exemple, 7 toifes 2 piés par 1 livre 2 fous. Voilà un dividende & un divifeur qui font des nombres concrets de dif férentes efpeces. Voyons d’abord ce que fignife cette queftion. $1 J’avois 6o toifes à divifer par 10 fous, le quotient de 6o divifé par 10, c’eft-ä-dire 6, m'in- diqueroit que 6 toifes valent 1 fou, c’eft-à-dire que 6 toifes d'ouvrage ou de marchandife valent 1 fou ; or 7 toifes 2 piés font 44 piés, & 1 livre 2 fous font 22 fous : donc divifant 44 par 22, je vois que 2 piés d'ouvrage valent 1 fou : & ainf du refte. | À Pégard de la divifion algébrique , elle n’a au- cune dificulté , elle porte avec elle fa démonftra- tion ; 1l y en a des exemples plus compliqués, qu’on peut voir dans les auteurs d’Algebre ordinaire, Il faut avoir foin de bien arranger les termes du divi- dende & du divifeur fuivant les dimenfions d’une même lettre ; car c’eft de-là que dépend la facilité & même la pofbiité de l'opération : car fi on éeri- XX XxxXx 1032 DIV voit, par exemple, dans la feconde des deux opé- rations précedentes , — 5 bd+ 4cxaudiviféur, au lieu de 4cx— 5 bd, on ne pourtoit faire la dvifton de ce premier terme. | Enfin dans la divifion géométrique , lorfqu’on trouve une ligne pour quotient , cela fignifie où que le dividende étoit un produit de deux lignes , dont l’une a pu être regardée comme Punité, & par con- féquent peut quelquefois ne point paroïître dans le dividende ; ou que la ligne qu’on trouve pour quo- tient, eft à une ligne qu'on prend pour l'unité, comme la ligne qui étoit le dividende eft à la ligne qui étoit le divifeur. Voyez MESURE, MULTIPLI- CATION, SURFACE, 6c. (O) Division, (Jurilpr.) fignifie en général le parta- e d’une chofe commune entre plufeurs perfonnes. Bénéfice de divifion , eft une exception par laquelle celui de plufñeurs fidéjuffleurs ou cautions qui eft pourfuivi pour toute la dette, oppofe qu'il n’en eft tenu que pour fa patt & portion. Ce bénéfice fut introduit par l’empereur Adrien, en faveur des fidéjuffeurs ou cautions feulement. Ju- ftinien, par fa zovelle 90. l’étendit à tous coobligés folidairement: mais en Franceil n’apoint lieu dès que les cofidéjufleurs ou autres coobligés font folidaires. Il n’a lieu non plus au profit des cautions, que quand tous font folvables pour leur part & portion äu tems de la conteftation en caufe. Ce bénéfice eft même devenu prefqu'inutile, at- tendu que les créanciers ne manquent guere de faire renoncer ces coobligés & cautions au bénéfice de 4- viion. Ces renonciations font aujourd’hui prefque de ftyle : cependant elles ne fe fuppléent point, & né font point comprifes dans la claufe des notaires, renonçant , &c. Voyez au code, liv. VIII, rit. xxx. G au mot BÉNÉFICE DE DIVISION. (4) DivisiON DE DETTES ACTIVES ET PASSIVES, fe fait de plein droit entre les créanciers &c débi- teurs, fuivant la maxime zomina & aitiones ipfo ju- re dividuntur. Voyez CRÉANCIER, CONTRIBUTION, Dette, DÉBITEUR. (4) Division ou. PARTAGE D'HÉRITAGES , voyez PARTAGE, (4) Drvisions ; ce font , dans P Art militaire , les dif- férentes parties dans lefquelles une armée ou un corps de troupes eft partagé. Les divifions {ont néceflaires dans une armée pour la mettre en ordre de bataille, la faire camper & marcher. Les divifons ordinaires de l’armée font les bataillons & les efcadrons. Voyez BATAILLON & Es- CADRON. On la divife aufli en brigades de cavale- rie & d'infanterie. Voyez BRIGADE. Les divifons ordinaires des bataillons s’expriment par manches , demi-manches , &c. Pour faire concevoir cette efpece de divifion , il faut rendre compte de plufeurs anciens ufages des troupes de France. | Jufque dans la derniere guerre du regne de Louis XIV. l’infanterie étoit armée partie de piques, & partie de moufquets ou fufils. Les piques avoient été reprifes en Europe environ deux fiecles auparavant, à l’imitation des anciens Grecs & Macédomiens, & lon faifoit confifter dans cette arme la plus grande force de l'infanterie. Foyez PiQUE. Lorfqu’on for- moit un bataillon, on mettoit toutes les piques au centre, & on les regardoit comme le corps du ba- taillon : on mettoit les moufquetaires, c’eft-à-dire ceux qui étoient armés de moufquets ou de fufils, aux deux flancs des piquiers, & on s’avifa de les ap- peller Zes manches du bataillon. | Dans bien des occafons les manches étoient fé- parées du corps du bataillon. Dans les marches il étoit naturel que le bataillon, qui étoit alors fort nombreux, fe féparât fuivant la diverfité de fes ar- mes. Les piquiers firent pendant long-tems le tiers du bataillon , qui fe trouvoit ainfi partagé en trois par- ties égales. On avoit coûtume de faire marcher d’abord une manche de moufquetaires, puis Le corps des piquiers, puis l’autre manche. Cette maniere de marcher qui étoit la plus ufitée, s’appelloit marcher par manches, Dans la fuite les piquiers ayant été réduits à la cinquieme partie du bataillon, & la coûtume fubf£ tant toüjours de faire marcher les piquiers enfemble, fans les confondre ou mêler avec les moufquetaires, on partageoit en deux parties égales chaque manche de moufquetaires , & l’on appelloït cette maniere de marcher, #archer par demi-manches, ou demi-rangs de manches ; le bataillon fe trouvoit alors partagé en cinq parties égales. Dans les occafons où il falloit féparer le batail- lon en plus de parties, & donner moins de front aux divifions, on partageoit chacune des dviffons précé- dentes en deux parties égales, & lebataïllon fe trou- voit avoir dix divifons. Lorfqu’il marchoit de cette maniere, on difoit qu’il marchoit par quart de man- ches , ou par quart de rangs de manches. Quoique la diverfité des armes dans l'infanterie ait ceflé dès l’année 1704, dans laquelle les piques furent entierement fupprimées, ces mêmes exprel- fions ont continué d’être en ufage , & les ordonnan- ces ne font pas mention d'autre mamere de marcher ou de défiler : cependant comme elles ne font plus naturelles, il feroit à-propos de leur en fubfituer de plus propres. C’eft ce que plufeurs majors ont fait depuis la guerre de 1733 : ils divifent les batail- lons en deux, quatre, & huit dvifons égales, fans fe fervir du terme de manches, Mais tant qu'il fera d’ufage , 1l faut fe refflouvenir, 1°, Que rzarcher par manches, c’eft marcher lor{- que Le bataillon eft fur trois divifions égales. 2°, Que zzarcher par demi-manches, c’eft marcher lorfque le bataillon eft fur cinq divifions, Et enfin 3°. que marcher par quart de manches ou guart de rangs de manches, c’eft marcher lorfque le bataillon eft partagé en dix parties égales. Ces divifions font indépendantes de la compagnie des grenadiers, qui fuivant les ordonnances doit fai- re une divifion à part, laquelle marche toljours la premiere. À l’égard des officiers, ceux des grenadiers , fui- vant les mêmes ordonnances, doivent marcher feuls avec leurs grenadiers. Le colonel & le lieutenant-co- lonel doivent marcher à la tête de la premiere dvi- Jion ; & les capitaines, par une regle affez bifarre, doivent marcher la moitié à la tête de la premiere divifion , & la moitié à la queue de la derniere ; en- forte que le bataillon en fortant d’un défilé, eft for- mé avant que la moitié des capitaines foit arrivée à la tête. . | Les officiers fubalternes font partagés également pour marcher à la tête de toutes les divifons : ainf le bataillon marchant par manches, le tiers des fub- alternes eft à la tête de la premiere dvifon, l’autre à la feconde, 6. Si le bataillon marche par demi- manches, la cinquieme partie des fubalternes eff à la - tête de la premiere divifion ; à la tête de [a feconde eft un autre cinquieme, 6rc. Les divifions naturelles de lefcadron font celles des quatre compagnies dont il eft compofe. Lorfqu’il ne marche pas de front , on peut le partager en deux divifions de deux compagnies chacune, d’une com- pagnie , &c. fuivant le terrein par où l’efcadron doit pañer. (Q) Division , ( Marine.) voyez ESCADRE. Divifion d'une armée navale ; c’eft une certaine quantité de vaifleaux faifant partie d’une armée na- vale, lefquels font fous le commandement d’un off: D I V Gier général. Le nombre des vaïfleaux qui font une divifon n’eft pas tohjours Le même: quelquefois c’eft la troifieme partie d’une armée navale qu'on nomme efcadre ; quelquefois c’en eft la neuvième , lorfque Tarmée eft partagée en trois efcadres, & chaque ef- cadre en trois divifions, comme on l’a vù pendant Jes-campagnes navales de 1672 & 1673, dans là jon- “Éon des armées ‘de’ France & d’Angleterre; celle “d’Añgleterre formoit deux efcadres, la rouge &c la ‘Hleue , ‘chacune partagée en trois divifions ; & l’ar- ‘mée de France qui formoit l’efcadre blanche, étoit auf diftribuée en trois divifions. (Z) DIVISION, 1. f. cerrme d’Imprimerie ; c’eft une pe- tite ligne ou tiret dont on fait ufage en quatre occa- ions différentes. I. Lorfqu’il ne refte pas aflez de blanc à la fin d’u- ne ligne pour contenir un mot entier, mais qu'il y en a fufifamment pout une ou deux fyllabes du mot, -on divife alors le mot ; on place au bout de cette ligne les fyllabes qui peuvent y entrer , & on y joint le tiret qu'on appelle diviffon, parce qu'il divife ou fépare le mot en deux parties, dont l’une eît à une Jigne & l’autre à la ligne qui fuit. Les Imprimeurs in- fruits ont grande attention à ne jamais divider les lettres qui font une fyllabe, Ce feroit par exemple une faute de divifer caufe, en imprimant ca à une li- gne, & ufe à la ligne fivante : 1l faut divifer ce mot ainf, cau-fe, On doit aufi éviter de ne mettre qu'u- rie feule lettre d’un mot au bout de la ligne: après tout 1l me femble qu’en ces oecafons le compofiteur féroit mieux d’efpacer les mots précédens, & de porter le mot tout entier à la ligne finivante; il évi- teroit ces divifions , toujours defagréables au lec- teur. TR | IL. Le fecond emploi de là divifion eft quand elle joint des mots compolés , arc-en-ciel ; porte-manteau, c'eft-a-dire, vis-a-vis, &c. en ces occafñons il ny a que les Imprimeurs qui appellent ce figne divifion ; les autres le nomment rat d'union, ou fimplement tirer, | us : IT. On met une dvifion après un verbe finvi du pronom tranfpoié par interrogation: que dices-vous ? 1e fait-il ? que dit-on? -- IV. Enfin on met une double 4vifon, lune avant, l’autre après le seuphonique, c’eft-à-dire après le z interpofé entre deux voyelles, pour éviter le bäil- lement ou zatus ; la prononciation en devient plus douce: m’aime-t-il ? Voici une faute dont on ne voit que trop d’exem- -ples ; c’eft de mettre une apoñtrophe au lieu du fe- cond tiret, m’aime-til ? il n’y a point là de lettre fupprimée après le s ; ainfi c’eft le cas dé la Gvifion , & non de l’apoftrophe. Voyez APOSTROPHE. (F) DIVORCE, f. m. (Jurilpr.) eft une féparation de corps & de biens des conjoints, qui opere tellement la diflolution de leur mariage, même valablement contratté, qu'il eft libre à chacun d’eux de fe rema- riér avec une autre perfonne. Le divorce eft certainement contraire à la premie- re inflitution du mariage , qui de fa nature eft indif- {oluble. Nous lifons dans S. Matthieu, ch, xyx. que quand les Pharifiens demanderent à J.C: s’il étoit permis pour quelque caufe de renvoyer fa femme, J.C. leur répondit que celui qui avoit créé l’homme &z la femme avoit dit que l'homme quitteroit {on pere & fa mere pour refter auprès de fa femme, qu'ils fe- roient deux en une même chair, enforte qu'ils ne font plus deux, mais une même chofe ; & la déci- fion prononcée par J. C. fut que l’homme ne doit pas féparer ce que Dieu a conjoint. | Le divorce étoit néanmoins permis chez les Payens &t chez les Juifs. La loi de Moyfe n’avoit ordonné l'écriture que pour late du vorce, lequel fuivant Tome 1F, DIV no S. Aupuftin, Liv, XIX. ch. xxvj. contre Fauftus, de- voit être écrit par un fcribe ou écrivain public. Lés Pharifiens interrogeant J. C. lui demanderent pourquoi Moyfe avoit permis au mari de donner le libelle-de répudiation ou de divorce, & de renvoyer fa femme : à quoi J:C. leur répondit, que Moyfe n’avoit permis cela qu'à caufe de la dureté du carac- tere de ce peuple : mais qu’il n’en étoit pas ainfi dans la premiere inflitution ; que celui qui renvoye fa femme pour quelque caufe que ce foit , excepté pour fornication, & qui en-époufe unerautre, commet adultere ; & que celui qui époufe la femme ainfi ré- pudiée, commet pareïllement adultere. La fornication même ou l’adultere de la femme n'eft pas une caufe de divorce proprement dit; & s’il eft dit que le mari dans ce cas peut renvoyer fa fem- me, cela ne fignifie autre chofe, finon qu'il peut fe {éparer d’elle ou la faire enfermer, & non pas que le mariage foit annullé. 1 L'acte par lequel le mari déclaroit qu’il entendoit faire divorce, étoit appellé chez les Juifs Zibe/lus repu- dir, Ce terme étoit aufh ufité chez Les Romains , ‘où le divorce étoit autorifé. Ils faifoient cependant quel- que différence entre dvorrium & repudium : le divor- ce étoit l’aéte par lequel 1é$ conjoints fe féparoient ; au lieu que le repudium proprement dit s’appliquoit plus particulierement à late ‘par lequel: ie futur époux répudioit fa fiancée. Liy. IL. ff, de divortüs. Le divorce fut ainfi appellé, foit 4 diverfitare men- tium ; Où plütôt parce que les’ conjoints x diverfus partes ibantÿce qui ne convenoït pas à la fiancée qui ne demeuroïit pas encore avec fon futur époux ; c’eft pourquoi l’on fe fervoit à fon égard du terme repudinum. | Cependant on joignoit aufl fort fouvent-ces deux termes, divortiur & 'repudinum , comme On le voit'au digefte de divortiis & repudiis : & ces termes ainfi con- joints n’étoient pas pour cela fynonymes ; dvortium étoit l’aéte par léquel les conjoints fe féparoient ; re- pudium étoit la renonciation qu'ils faifoient aux biens lun de lautre de même que l’on fe fervoit du ter- me de répudiation pour exprimer la renonciation à une hérédité. | On appelloit aufli femme répudiée ; celle que {on mari avoit renvoyée , pour dire qu'il y avoit renon- cé de même qu’à {es biens. L'ufage du divorce étoit fréquent dès le tems de Pancien Droit romain ; 1l fe fafoit pour caufes mé- mes légeres, en envoyant ce que l’on appelloit 4: bellum repudii. La formule ancienne du divorce ou repudinm étoit en ces termes: s4as res t1b1 habeto , res tuas tibi ca- pPtt0. Le mari étoit feul anciennement qui-püt provo- quer le divorce, jufqu'à ce qu'il y eut une loi faite par Julien, qui füuppofa comme un principe certain que les femmes avoient auf le pouvoir de provo- quer le divorce. - Quand cet ae venoit de la femme, elle rendoit les clés & retournoit avec fes parens | comme on le voit dans l’ép. 65. de S. Ambroife : mulier offenfa clas ves remifit , domum revertir. - L'auteur des queftions fur l’ancien & le noùveau Teftament, qu’on croit être Hilaire diacre contem- porain de Julien l’apoñtat, a cru que les femmes n’a- voient point ce pouvoir avant l’édit de Julien; que depuis cet édit on en voyoit tous les jours provo- quer le divorce, Cet auteur eft incertain fi l’on doit attribuer l’édit en queftion à Julien lapoñtat, ou pli- tôt au jurifconfulte Julien auteur de l’édit perpétuel, & qui vivoit fous l’empereur Adrien. Mais 1l paroïit que cette loi eft celle du jurifcon- fulte Julien, qui eff la fixieme au digefte de divorris, où 1l décide que les femmes dont les maris font pri- XXXxxxi] 1084 D I V fonniers chez les ennemis ne peuvent pas fe marier avec d’autres, tant qu'il eft certain que leurs maris font vivans, zi/£ mallent ipfæ mulieres caufam repudii Praflare. Ce qui eft certain, c’eft que du tems de Marc Au- rele une femme chrétienne répudia hautement fon mari, comme nous l’apprendS. Juftin ; ce qui pron- ve que le divorce avoit lieu alors entre les Chrétiens aufli-bien que chez les Payens. ; Le divorce étoit donc permis chez les Romains. Plutarque, dans fes queflions romaines , prétend que Domitien fut le premier qui permit le divorce: mais on voit dans Aulugelle, Zv, IF. ch. y. que le premier exemple du divorce et beaucoup plus an- cien; que ce fut Cartiius ou Canilius Ruga qui fit le premier divorce avec fa femme, parce qu’elle étoit ftérile ; ce qui arriva l’an 523, fous le confulat de M. Attillus & de P. Valérius. Il protefta devant les cenfeurs que quelqu’amour qu'il eût pour fa femme, 1l la quittoit fans murmurer à caufe de fa ftérilité, préférant l’avantage de la république à fa fatisfac- . tion particuliere. Ce fut auf depuis ce tems que l’on fit donner des cautions pour la reftitution de la dot. | Le divorce étoit regardé chez les Romains com- me une voie de droit, aûfus legitimus ; il pouvoit fe faire tant en préfence qu'abfence du conjoint que l’on vouloit répudier. On pouvoit répudier une fem- me furieufe , au lieu que celle-ci ne pouvoit pas pro- voquer le divorce; mais fon pere le pouvoit faire our elle : fon curateur n’avoit pas ce pouvoir. Le libelle ou aéte de divorce devoit être fait en préfence de fept témoins, qui fuflent tous citoyens Romains. Les caufes pour lefquelles on pouvoit provoquer le divorce, fuivant le droit du digefte , étoient la cap- tivité du mari, ou lorfqu’il étoit parti pour l’armée & que l’on étoit quatre ans fans en favoir de nouvelles, ou loriqu'il entroit dans.le facerdoce : la vieilleffe, la ftérilité, les infirmités, étoient aufli des caufes ré- ciproques de divorce. Les empereurs Alexandre Sévere , Valerien & Gallien, Dioclétien & Maximien , Conftantin le grand, Théodofe, & Valentinien, firent plufeurs lois touchant le divorce, qui font inférées dans le co- de, & expriment plufieurs autres caufes pour lef- quelles le mari & la femme pouvoient refpeétive- ment provoquer le divorce. De ces caufes, les unes étoient réciproques en- tre le mari & la femme, d’autres étoient particulie- res contre la femme. Les caufes de divorce réciproques entre les deux conjoints, étoient le confentement mutuel du mari &c de la femme, ou le confentement des pere & me- re d’une part, & des enfans de l’autre ; l’adultere du mari ou de la femme ; fi l’un des conjoints avoit bat- tu l’autre ou attenté à fa vie ; l’homicide du mari ou de la femme; l’impuiffance naturelle, qui fuivant l’anciendroit devoit être éprouvée pendant deux ans, &c fuivant le nouveau droit pendant trois ; fi l’un des conjoints attentoit à la vie de l’autre ; Le larcin de bétail, le plagiat, le vol des chofes facrées, & tout crime de larcin en général; fi le mari ou la femme retiroient des voleurs ; le crime de faux & de facri- lége ; la violation d’une fépulture ; le crime de poi- fon ; le crime de léfe-majefté ; une confpiration con- tre l’état. À ces differentes caufes l’empereur Juftinien en ajoùta encore plufeurs, telles que la profeffion re- ligieufe & le vœu de chafteté , la longue abfence ; fi l’un des conjoints découvroit que l’autre fût de con- dition fervile. | Juftinien régla auffi que la détention du mari pri- DIV fonnier chez les ennemis, ne pourroit donner lieu au divorce qu’au bout de cinqans. Les caufes particulieres contre la femme, étoient lorfqu’elle s’étoit fait avorter de deffein prémédité ; fi durant le mariage elle cherchoit à fe procurer un autre mari; fi elle alloit manger avec des hommes étrangers malgré fon mari; fi elle avoit le front d’al- ler dans un bain commun avec des hommes ; lorf- qu’elle avoit l’audace de porter la maïn fur fon ma- ri qui étoit innocent ; fi contre les défenfes de fon mari elle pañloit la nuit hors de fa maiïfon, ou fi elle alloit à des jeux publics. Il n’étoit pas permis de répudier une femme fous prétexte qu’elle n’avoit point apporté de dot, ou que la dot promife n’avoit pas été payée: l’affran- chie ne pouvoit pas non plus demander le divorce malgré fon patron ; les enfans même émancipés ne le pouvoient pas demander fans le confentement de leurs pere & mere, ni les pere & mere le faire mal- gré leurs enfans , fans une jufte caufe ; & en général toutes les fois que le divorce étoit fait en fraude d’un tiers, 1l étoit nul. Lorique le divorce étoit ordonné entre les con- joints, les enfans devoient être nourris aux dépens de celui qui avoit donné lieu. au vorce ; s’il n’étoit pas en état de le faire, l’autre conjoint devoit y fup- pléer. Si le divorce étoit demandé fans jufte caufe, on le regardoit comme une injure grave faite à l’autre conjoint ; en haine de quoi celui qui avoit deman- dé le divorce étoit obligé de referver à fes enfans la propriété de tous les gains nuptiaux. L'effet du divorce n’étoit pas de rendre le mariage nul & comme non avenu , mais étoit de le diffoudre abfolument pour l’avenir , enforte qu’il étoit libre À chacun des conjoints de fe remarier. L’ufage du divorce ayant été porté dans les Gaules par les Romains, il futencoreobfervé pendant quel: que tems depuis l’établiffement de la monarchie françoife : on en trouve plufeurs exemples chez nos rois de la premiere & de la feconde race. Ce fut ainfi que Biffine ou Bafine quitta le roi de Thuringe pour fuivre Childéric qui l’époufa. Cherebert, roi de Paris, répudia fa femme légiti- me. Audovere , premiere femme légitime de Chilpé- ric roi de Soiflons , fut chaflée , parce qu’elle avoit tenu {on propre enfant fur les fonts de baptême. Le moine Marcuiphe qui vivoit vers l’an 660, & que l’on préfume avoir été chapelain de nos rois avant de fe retirer dans la folitude, nous a laiffé dans {on livre de formules celle des lettres que nos rois donnoient pour autorifer le libelle de divorce, où l’on inféroit cette claufe : atqueideo unus quifque ex ipfis Jive ad fervitiim Dei , in monafterio aut copule matrimo. rl fociare fe voluerir, licentiam habear. L. IT, cap, xxx. Le divorce fut encore pratiqué long - tems après’, comme 1l paroït par l’exemple de Charlemagne, qui répudia Théodore fa premiere femme, à caufe qu”- elle n’étoit pas chrétienne. Le terme de divorce eft auffi employé en plufieurs textes du droit canon ; mais il n’y eft pris que pour la féparation à rhoro, c’eft-à-dire de corps & debiens, qui n’emporte pas la diflolution de mariage ; car l’E- glife n’a jamais approuvé le divorce proprement dit, qui eft contraire au precepte, g40od Deus conjunxit, homo non feparer, Il eft même dit dans le droit canon, que fi les conjoints font feulement féparés 4 shoro & habitatione, nulli ex conjugibus licet , quandiu alter vi- vit , de alio cogitare matrimonio ; quia vinculum conju- gale manet , licet conjuges a thoro fejunti fint. Can. fieri, can. placet, 32, quefl. 7. Ainf , fuivant le droit canon que nous obfervons en cette partie , le mariage ne peut être diffous que D TI U par voie de nullité , ou par appel comme d’abus , : auxquels cas on ne diflout point un mariage valable- ment Contra@té ; on déclare feulement qu'il n’y a point eu de mariage, ou ce qui eft la même chofe, que le prétendu mariage n’a point été valablement contratté , & conféquemment que c’eft la même chofe que s’il n’y avoit point eu de mariage. Loriqu’on fe fert parmi nous du terme de divorce, on n'entend par-là autre chofe que la mefintelligen- ce qui peut furvenir entre les conjoints , laquelle étoit autrefois une caufe fufifante pour figniñer le divorce ; au lieu que parmi nous , non-feulement il n’y a point de divorce proprement dit, mais la feulè mefntelligence ne fufit pas pour donner lieu à la féparation de corps & de biens, il faut qu'il y ait de la part du.mari des fevices & mauvais traitemens ; & il y a cette différence entre le divorce proprement dit , & la féparation de corps & de biens, que le premier pouvoit , comme on l’a dit , être provoqué par le mari ou la femme , & opéroit la diffolution du mariage , tellement que chacun pouvoit fe ma- rier ailleurs ; au lieu que la féparation de corps & de biens ne peut être demandée que par la femme, _ &t n’opere point la diflolution du mariage. Il y a encore des pays où le divorce {e pratique, comme dans les états d'Allemagne de la confeffion d’Ausbourg. Voyez La loi 101. ff. de verborum fignific. le titre de divortiis & repudiis au digefte ; celui de repudiis au code ; les zovelles 22. & 117. le titre de divortiis au decret de Gratien ; Vefelius, de repudiis; Pontas, au mot divorce, & au mots répudiation & Jéparation. (A) * DIURÉTIQUE, adj. ( Thérap. & mar. Méd.) on appelle ainfi tout médicament capable de provoquer la fecrétion & l’excrétion de lurine. Parmi les médicamens qui font couler abondam- ment les urines , il en eft qui excitent direétement la fonétion des organes qui la féparent , ou qui difpo- fent les humeurs & cette excrétion de la façon la plus avantageufe : il en eft d’autres qui n’occañon- nent l’abondance d’urine que parce qu’ils portent dans la mafle des humeurs une quantité de liquide proportionnée à la quantité de l’urine évacuée à la rigueur ; ce ne feroit que les premiers qu’on devroit regarder comme diurétiques : les derniers ne le font pas plus, qu’une nourriture plus abondante que de coûtume n'eft une purgation , quoiqu’elle foit fui- vie ordinairement d’une évacuation abdominale beaucoup plus copieufe. Cependant on appellera, fi lon veut, les premiers durériques vrais | ou pro- prement dits; les feconds diurétiques faux , ou impro- prement dits : & cette diftinétion fera mieux enten- due que celle que la plüpart des auteurs de matie- re médicale ont établie entre les diurétiques qu'ils ont divifés en chauds & en froids , quoiqu’ils ayent ramené ces anciennes expreflions de chaud &c de froid aux notions modernes. | Les diurétiques chauds font , felon ces auteurs, ceux qui agiflent en excitant les folides , en ftimu- lant , en irritant, ou en fouettant les humeurs, les brifant , les affinant , augmentant leur mouvement, foit inteftin , foit progreflif, &c. &c les diurétiques froids , ceux qui produfent précifément l'effet con-. traire , qui Calment , qui temperent , qui confervent ou augmentent la fluidité du fang , qui lui procurent un cours égal &c païfble , un état doux & balfami- que ; &c aux folides des mouvemens fouples , aifés, harmoniques, 6. ou qui corrigent Les défauts con- traires , éteignent l’incendie du fang , appaifent la fougue des humeurs , changent ou émouflent fes diverfes acrimomies ; &c. afloupliflent dés folides roides , crifpés , agacés , calment le fpafme , l’éré- tifme , Gc. Les diurétiques chauds font les diurétiques vrais ; D TI U 108$ l'obfervation décide leur qualité. Les prétendus dix. rétiques froids, où ne font que dés diurétiques faux, ou.ne peuvent être regardés que comme des reme- des généraux , tels que la faignée , les vomitifs , les narcotiques , qui trétabliffent très -efficacement le cours des urines dans plufieurs cas ; ou enfinils agif- fent pat des fels , ce qui les ramene dans la clafle des diurétiques chauds , dont la plus grande partie n’agiflent qne par ce principe. Les aqueux purs, les émulfions , les très-légeres infufons de plantes diurétiques ; l'eau de poulet , de veau, de citrouille, la imonade , les tifanes aiguifées de quelques sout- tes d’un acide minéral, les légeres déco&ions des farineux, Gc. un grand nombre d’eaux prétendues minérales , éc. tous ces remedes, dis-je, regar- dés comme des diurétiques froids, font des diuréri- ques faux , & ne font utiles qu’à titre de remedes généraux, Les plantes de la famille des bourra- ches, & les cucurbitacées, rangées par plufeurs auteurs parmi les diurériques froids , font émi= nemment nitreufes , & rentrent par-là dans la claffe des diurétiques chauds , dont plufieurs doivent leut vertu à ce {el ; vertu qu’on peut appeller , fi l’on veut , mpérante avec les Stahliens , ou antiphlo- giftique avec Boerhaave , mais qui eft aflez analo- gue par tous fes effets à celle de tous les fels neu- tres ( & en général même à celle des médicamens que nous appellons purement irrisans), pour qu’il foit au moins inutile de l’en {éparer par ce titre très-in- déterminé, & qu’il nè mérite que je fache par aucu- ne qualité fenfible. Voyez TEMPÉRANT , RAFRAI- CHISSANT , MÉDICAMENT , NITRE. Les diurétiques chauds font aflez communément confondus avec les remedes appellés apéririfs ; & ces derniers ne font même ordinairement des remedes réels , où du moins des remedes dont la@ion foit manifefte , qu’autant qu'ils produifent l’effet diuré, tique. Les diurétiques font employés par les Medecins pour deux vües générales , ou qu établir la fecré- tion de l’urine fufpendue ou diminuée par un vice particulier des inftrumens , ou de la matiere de cette fecrétion : telles font la plûpart des maladies des reins , & plufieurs maladies des ureteres & de la vef. fie (voyez les articles particuliers ) ; ou pour procurer par cette Voie une évacuation utile à la guérifon de plufieurs maladies , & quelquefois même abfolument curative : telles font principalement un grand nom- bre de maladies chroniques, l’hydropifie, l’iétere, les fievres quartes , les fuppreffions de mois , les mala- dies de la peau , les maux à la tête habituels , &c. Les diurétiques ne font mis ordinairement en ufage dans les maladies aiguës , que comme fecours fecon- daires : on fe propoñe de faire coulerlesurines, d’en- tretenir cette évacuation , mais non pas de procurer par cette voie l’évacuation principale ou curative ; car quoique la nature termine quelquefois les mala- dies aiguës par une abondante évacuation d'urine, les Médecins agiffans n’ont rien ftatué encore fur les cas où 1l feroit peut-être utile de la diriger dès le com- mencement du traitement vers les voies urinaires, plütôt que vers le ventre, la peau , le poumon, Er. Les diurétiques faux conviennent auffi-bien que les vrais dans les cas de la premiere claffe : on donne même très-utilement dans ces casles diurétiques vrais avec un véhicule aqueux fort abondant, c’eft-à-dire avec les diurétiques faux. Dans les cas de la fecon- de claffe, ce n’eft qu'aux diurétiques vrais qu’on peut avoir recours. | Les diurétiques tempérés peuvent être donnés fans conféquence dans la plûpart des maladies , foit ai- guês , foit chroniques ; mais l’adminiftration des dix. rériques forts demande de la part du praticien les confidérations fuivantes : 1086 DIU 1°. On ne doit pas les donner dans le cas d’une grande pléthore, & fur-tout fi le cours des humeurs paroît principalement déterminé vers les reins, & qu’on craigne le piflement de {ang , un engorgement inflammatoire des reins, ou des. douleurs néphréti- Qques,; au moins faut-il faire précéder la faignée dans ce cas. Traduétion libre du Confpeülus Therapeiæ de Juncker. 1 2°, Les diurériques font contre-indiqués par la pré- fence d’un corps étranger dans les voies urinaires , d’une carnofité , d’un grumeau de fang , d’une pier- re, Gc. Idem. 1bid, 3°. On doit employer les diurétiques avec beau- coup de circonfpeétion dans les affeétions goutteu- fes ; car la vüe de chaffer par les urines une préten- due matiere tartareufe | regardée comme la caufe de ces affetions. ,’eft ung indication très-précaire. Ja. 1b. 4°. I faut s’abftenir de l’ufage des forts diuréri- ques , fi l’on veut tenter de chafler par ces remedes les petits calculs ,.&c-du oravier. Les remedes reli- chans-nitreux, (c’eft-à dire mucilagineux, émulffs, doux, & en même tems nitreux, tels que-la bourra- che , les mauves , la citrouille, &c. ) agiffant très- doucement, font d'autant plus recommandables dans ce cas , que l'obfervation leur devient plus favora- ble de jour en jour. 14. 1b, Juncker femble les recom- mander comme efficaces : mais fi efficacité decesre- medes n’eft pas bien évidente , on peut au moins af- fürer qu'ils ne font pas dangereux. 5°. On doit avoir d'autant plus de foin de faire couler les urines dans l’état de la maladie , que le fujet attaqué en rendoit plus abondamment dans l’é- tat de fanté. | 6°. Il fe trouve des fujets, qui dans de certains pé- riodes reglés, par exemple, tous les mois, ou:vers les équinoxes , rendent une grande quantité d’urine. Si cette évacuation qu’on doit regarder comme na- turelle & néceflaire pour les fujets. qui l’éprouvent, vient à efluyer quelque dérangement , il faut y re- médier avec foin. 14. 18, | Voici la lifte des diurétiques que donne Juncker, qui n’y à compris aucun des déurésiques froids, quoi- qu'il ait fait une claffe de diurériques délayans , émol- liens , 8 lubréfans. Cette lifte eft plus courte que celle qu'on pourroit dreffer fur les prétentions de la plüpart des Pharmacologiftes, & desauteurs des trai- tés généraux de pratique : elle eft cependant char- gée encore du nom de plufieurs médicamens , dont la vertu durétique n’eft pas aflez confirmée par lPob- fervation. Voyez les articles particuliers. LISTE DES DIvRÉTIQUES, Vépétaux. de rave. Les racines d'ail. de raifort. d’ache. de faxifrage. de pié-de-veau. de fcille. d’ariftoloche, de valériane. de petite ortie. Eerbes ou Plantes. Le capillaire. Le cerfeuil.. Le lierre terreftre. La linaire. Le crefon. La véronique. La verge d’or. Les Fleurs. D'arnica. De paquerette. De genêt. De millepertuis, d’afperge. de bardane. de caïrline. de benoite. d'oignon. de panais fauvage. de fraxinelle. de panicaut. de frailer. de garence. de chiendent. d'aunée. de turquette. d'impératoire. de livêche. De linaire- de crellon: De violette. d’arrète-bœuf. Semences é& Fruits. de pareïra-brava. De bardane. d'herbeaux poux. De çcarvi, Ÿ de perfil. Les écorces d'orange & de î de pimprenelle, citron. Dit De cumin, De deucus. De millepertuis. De gremil. Detiefel. De violete. D'ortie. Les amandes ameres. Les bayes d’alkekenge. de geñiévre. de laurier. Les gratecuis. 4 Les noyaux de pêche. de cerile. Gommes-réfines. La gomme ammoniac. Le bdellium. Le galbanum. Le fandarac. L'oliban. Le fagapenum. Les Baumes. La térébenthine. Le baume de copahu. Le baume du Pérou. Les Bois. Lefrène. Le gayac. Le genevrier. Le bois néphrétique. Le fafMafras. Les Sels végétaux. Les alcalis fixes. Le iel de chardon benit. Fe ci us d’antimoinetartari- Ce: La teinture d’antimoine tar- tarifée. - Le. borax. L'efprit:de chaux vive, Le cryftai- préparé. La pierre judaïque., La piérre de lynce. La pierre néphrétique. Les cryftaux de ‘Lune. Le nitre purifié: Le nitre antimonié. Le nitre régénéré. * La liqueur de nitre. L’efprit de nitre fixé. L'elprit de nitre dulcifié. Les fels neutres ; par exem- ple; Le tartre vitriolé. L’arcanum duplicatum. Le nitre antimonié. Le fel polychrefte. Les feis volatils urineux. Le fel commun régénéré. L'efprit de fel. Le fuccin & fa teinture. Les Animaux. Les cloportes. Les crapaux. La pierre dela veffie. Les cantharides. Les coquillages préparés. Les mêmes faturés d'acide, de chardon à foulon. de genèt. d'impératoire. d’arrête-bœuf. de tiges de feves. Letartre & {es préparations: par exemple , Le tartre vitriolé. Le tartre tartarifé, Les cryflaux de tartre. La terre foliée. La liqueur de terre foliée. Le fe] de tartre. L’efprit de tartre. La teinture de tartre. Les coquilles d'œufs. Les Minéraux. Les coquilles d'œufs d’autru- L’antimoine crud. _ che. L'efprit de corne de cerf. L'efprit d'ivoire. Les pierres de perches. Les pierres de çcarpes prépa- rées. La poudre de vers de terre. L'efprit des mêmes vers. Les yeux d'écrévifles. Les grenouilles. Le fang de bouc. Les fcarabés de May confits dans le miel. Les fcorpions. Le pié de lievre. De tous ces remedes les plus éprouvés font , fans contredit les fuivans : du regne végétal, les racines d’afperge , de pareira- brava , de chiendent , d’au- née , de perfil, de rave, de raifort, les oignons ; Pher- be de creflon , de perfil, de cerfeuil , l’afperge qu’on fert fur nos tables , les bayes d’alkekenge , la tére- benthine , & tous les baumes naturels liquides ; les fels eflentiels des végétaux , le tartre , & la plüpart de fes préparations mentionnées dans la life ci-def- fus , & fur-tout la terre foliée , les alkalis fixes: du regne minéral , le nitre , le tartre vitriolé , le fel de Glauber , & lefprit de fel : du regne animal , les can- tarides dont l’ufage intérieur eft très-dangereux , les cloportes , l’efprit de fourmis, & les efprits alkaks- volatils. Voyez Les articles particuliers. La forme la plus ordinaire fous laquelle on admi- niftre les diurétiques, eft celle de tifane , d’apozeme, de fuc , ou de boiullon ; on fait fondre les fels dans ces boiffons aqueufes , & on peut même diffoudre les baumes à la faveur du fucre ou du jaune d'œuf; mais on donne plus fouvent ces derniers fous la forme folide avec quelqu’excipient approprié : les poudres, comme celle de cloportes , & les poudres diurétiques compofées qu’on peut former, felon l’art, par le mé- lange de plufieurs des remedes que nous venons d'in- diquer , ou s’ordonnent {ous la forme même de pou- dre, ou s’incorporent avec quelque compoñition diu- rérique officinale , le fyrop des cinq racines, par exem- ple. à On applique aflez communément des diurériques extérieurement ; par exemple , des oïgnons cuits fous la cendre , dans les ardeurs & les rétentions “d’urme ; & ce remede eft quelquefois très-efficace : J'application des herbes émollientes , réduites par la cuire Ou par le pilon en confiftence de cataplafme , fur la région des reins & de la veflie, ou même fur tout le bas-ventre, réuflit quelquefois dans le même cas, aufli-bien que les baïns & ledemi-bain ; mais ces derniers remedes ne font pas des durétiques propre- ment dits, mais des remedes généraux. Le bain d’hui- le, auquel j'ai vü fouvent avoir recours dans les mêmes cas , na toïjours paru une reflource fort équivoque : on peut cependant confulter encore à ce fujet une obfervation plus attentive & plus éclai- rée. Voyez RETENTION D'URINE. Ce fecours, s’il étoit réel, feroit un dirérique faux , ou un reme- de général. Quant à la maniere d’agir des urériques | voyez les articlés EXCRÉTION , SECRÉTION, REIN, URi- NE, & MÉDICAMENT. (4) DIURNAIRE , f. m. (Æiff. anc.) officier des an- ciens empereurs Grecs, quiécrivoit tout ce que l’em- pereur faifoit & ordonnoit par jour, dans un livre deftiné à cet ufage. Voyez la 8°. loi du cod. Théod. de cohort. Nous apellerions cet officier un Journalifle ou zifloriographe. Chambers. (G) | DIURNE oz JOURNALIER , ad}. fe dit ,ez Affro- nomie , de ce qui a rapport au jour , par oppoñtion au mot zoëüurne qui regarde la nuit. Voyez Jour & NuirT. | Arc diurne, c’eft l'arc ou le nombre de degrés que le foleil , la lune, ou les étoiles décrivent entre leur lever & leur coucher. rc femi- diurne, c’eft l'arc . qu'un aftre décrit depuis fonlever jufqu’à fon paflage au méridien, ou depuis fon paflage au méridien juf- qu’à fon coucher. Onappelle cet arc /émi-diurne, par- ce qu'il eft environ la moitié de larc diurne. Le cercle diurne eftun cercle immobile dans lequel une étoile ou un point quelconque , pris dans la fur- face de la fphere du monde , fe meut, ou eft fuppo- fé fe mouvoir par fon mouvement diurne, Voyez CER- CLE. : Ainfi , en concevant une ligne droite tirée du centre d’une étoile perpendiculairement à l’axe du monde , & prolongée jufqu’à la furface de la fphe- re , & fuppofant que cette ligne droite faffe une ré- volution entiere autour de cet axe, elle décrira dans le ciel un cercle qui fera le cercle diurne de étoile. Le mouvement diurne d’une planete eft d’autant de degrés & de minutes qu’une planete en parcourt dans l’efpace de 24 heures. Pour avoir le mouve- ment diurne d’une planete, il faut connoître d’abord le tems qu’elle employe à faire fa révolution , c’eft- à-dire à parcourir 360 degrés ; & l’on dira enfuite : comme le tems connu de la révolution eft de 24 heu- res, ainfñ 360 degrés font au nombre de degrés que l’on cherche : mais cette proportion ne donne que le mouvement diurne moyen; car le mouvement Zur 7e Véritable, dans le foleil, par exemple , eft tantôt plus grand, tantôt plus petit. Le mouvement diurne de la terre eft fa rotation autour de fon axe , ce qui forme le jour naturel. Voyez Jour. | _ La réalité de la rotation diurne de laterre ef à-pré- {ent au-deflus de toute conteftation. Voyez TERRE _& CoprrNic. (O0) Drvrne, eft auffi un terme dont on fe fert en par- lant de ce qui a rapport au nyétemeron , ou jour naturel de 24 heures : diurne, pris en ce fens, eft oppofé à annuel, menfrruel, &c. On explique les phénomenes durnes des corps cé- leftes, par le moyen de la révolution diurne de la terre autour de fon axe en 24 heures. Pour nous faire entendre, fuppofons que le cercle PRTH (PL, aftron. fig. 2.) repréfente la terre, Cle centre de la terre, & qu'au-travers du point C pale {on _ divus Julius, divo Antonino Pio , divo Pio , divo Clau. DIU 1087 axe , autour duquel elle fait {a révolution durne ; foit P un lieu quelconque de la terre, £ # l’hori- fon vifble de ce lieu, £ le point eft de cet horifon, W le point oùeft; que le cercle 4 8 c def repréfente la circonférence du ciel , le cercle S le Soleil, le de- mi-cercle P RT l’hémifphere que la terre préfente au Scleil qui en eft éclairé; & enfin le demi-cercle PHT, l’hémifphere de la terre non-éclairé. Nous fuppofons ici que le Soleil éclaire tout un hémifphe- re à la fois: ce qui n’eft pas rigoureufemént vrai ; mais à caufe de la grande diftance du Soleil à la terre, la partie éclairée differe fi pet d’un hémif- phere exaët, qu’on peut la prendre fenfiblèment pour telle. Suppofons préfentement que la terre dans cette fituation vienne à fe mouvoir autour de {on axe, il eft évident que le lieu P commencera précifément au premier inftant de cette rotation à être éclairé par le Soleil, & que cet aftre paroïîtra fe lever fur l'hori- fon de ce lieu. La terre continuant à fe mouvoir fur fon axe, de forte quele point P qui étoit auparavant {ous le point a vienne fous le point 4, il eft évident que lhorifon du lieu P fera pour lors fitué de manie- re que le fpe@ateur placé en P verra le Soleil con: fidérablement élevé par rapport au point est de fon horifon ; & tandis que par la révolution diurne de la terre autour de fon axe, le lieu P pañfe fous le point b, &t de-là fous le point c, l’horifon du lieu P baïffe- ra continuellement par rapport au Soleil, de maniere que le Soleil paroîtra monter de plus en plus au-def- {us , jufqu’à ce que le point P vienne fous le pointe, auquel cas le Soleïl paroïtra être à fa plus grande hau- teur pour ce jour-là, &c il fera alors midi pour Pob- fervateur qui eft en P. La terre continuant fa rota- tion, le lieu P paffera fous le point d, & le point oueft de l’horifon paroîtra monter toûjours de plus en-plus, comme il eft repréfenté par l’horifon du point de la terre qui eft fous 4. Enfin quand le lieu P fera parvenu fous Le point e, le Soleil paroîtra en #, c’eft-à-dire au point oùeft de l’horifon , & par con- féquent paroïtra fe coucher. Quand le lieu P fera parvenu fous f, 1l fera minuit pour l’obfervateur. Le point P étant retourné au-deffous du point «, l’ob- fervateur verra de nouveau le Soleil fe lever. Là même chofe a lieu pour le lever & le coucher appa- rent des autres corps céleftes : car le cercle qu’on à pris pour le Soleil, peut repréfenter une planete où une étoile quelconque. Il nous refte à remarquer que par la révolution diurne de la terre, tous les corps céleftes femblent fe mouvoir d’orient en occident : êt que ce mouvement apparent eft appellé leur rzou- vement commun ; parce quil a lieu également pour tous. Mais outre ce mouvement apparent, tous les corps céleftes , excepté le Soleil, en ont un autré vrai & propre , d'où naiflent les phénomenes qui font propres à chacun d’eux. A l'égard des phéno- menes propres du Soleil , ils femblent auffi être pro: duits par le mouvement du Soleil ; quoiqu’ils vien- nent réellement du mouvement annuel de la ter2 re, c’eftà-dire de la révolution qu'elle fait chaque année autour de cet aftre. Voyez ABsoLu. (O0) : DIVUS , DIVA , adj. lat. (ff. anc.) étoit le _ nom qu’on donnoit autrefois aux hommes & aux femmes qui avoient été mis au nombre des dieux, Voyez DIEU, APOTHÉOSE, &c. C'eft pour cela que fur les médailles frappées pour la confécration des empereurs ou des impératrices, on leur donne le nom de divus , diva, Par exemple, dio, diva Fauflina Aug. &c. Chambers. (G) DIX , (Arich.) c’eit le premier ou lé moindre des nombres qui ont deux chiffres ; il {e marque par l’u- mité fuivie d’un zéro, fuivant la propriété qu'a lé zéro de décupler tout: chiffre qui le précede, Foyes 1088 DIX ARITHMÉTIQUE, BINAIRE , CALCUL, DACTYLO- NOMIE , &c. D'où il s'enfuit qu’on multiplie un nom- bre par 10, en écrivant un zéro à la droite de ce nom- bre après le dernier chiffre ; & qu’onle divife par 10, en retranchant le dernier chiffre. Cette opération fi fimple devroit faire fouhaiter que toutes les parties d'un tout fuflent tohjours décimales. Voyez DÉCI- MAL, G&c. (0) Dix (confeil des) , Hifi, de Venife, tribunal com- pofé de dix perfonnes d’entre les nobles, qui ont une autorité & une jurifdiétion très-étendue dans le gou- vernement de la république. Ce tribunal fut créé en 1310, pour redonner à la ville la tranquillité & la sûreté qu’elle avoit perdue après l’entreprife de Bayamonte - Tiepolo, & pour s’oppofer aux changemens que le doge Pierre Gra- denigue avoitintroduits dans legonvernement.Com- me on s’apperçut que ce tribunal avoit produit des effets très-avantageux dans Le nouveau gouverne- ment, il fut rétabli en plufieurs rencontres ; &t enfin il fut confirmé pour toûjours 25 ans après fa premie- re création. Le confèil des dix prend connoïffance des affaires criminelles qui arrivent entre les nobles, tant à Ve- nife que dans le refte de l’état. Il juge les criminels de léfe-maïefté publique ; il a droit d’examiner la conduite des podeftats, commandans , &c officiers qui gouvernent les provinces , & de recevoir les plaintes que les fujets pourroient faire contre eux ; il a foin de la tranquillité générale , ordonne toutes les fêtes & tous les divertifflemens publics, les per- met ou les défend, felon fa volonté. Il procede aufi contre ceux qui font profefion de quelque feête par- ticuliere prohibée par les lois , contre les pédéraftes & contre les faux monnoyeurs. Ce confeil a plufieurs autres privilèges que J’i- gnore ; parce que ceux qui en font inftruits , & à qui je me fuis adreflé,cachent fcrupuleufementaux étran- gers la connoiffance de tout ce qui a quelque rapport au gouvernement intérieur de leur république : je ne puis donc ajoûter ici que quelques autres généralités connues de tout le monde. On tire de ce tribunal les inquifiteurs d'état, au nombre de trois, d’entre les fix confeillers qui en- trent avec le doge dans le corfèil des dix, Quoique le doge préfide à ce tribunal , les dix fénateurs qui le compofent , n’ont pas moins de pouvoir fans lui, que lorfqu’il y afhfte avec les fix confeillers. Ils doi- vent tous être de différentes familles, &c font élüs chaque année par le grand-confeil ; mais ils élifent trois de leur corps pour en être les chefs, &c ils les changent tous les trois mois, pendant lefquels ces chefs roulent par femaine , rendent la jufhice parti- culiere , & ne propofent au corps que les affaires les plus graves. Le chef qui eft de femaine, reçoit les mémoires, les accufations, les rapports des efpions & les communique à fes collègues , qui fur les dépo- fitions des témoins, & fur Les réponfes des acculés, qu’ils tiennent dans des cachots, font le procès aux coupables , fans qu'il leur foit permis de fe défendre ni par eux-mêmes , ni par avocats. Cela fufit pour prouver que la liberté eft en- core moins à Venife que dans plufeurs monarchies. Car quelle peut être la fituation d’un citoyen dans cette république ! Un corps de magiftrature, com- pofé de dix membres, a, comme exécuteur des lois, tout le pouvoir qu'il s’eft donné comme légilateur ; il peut détruire dans le filence &c par fes feules vo- lontés particulieres , les citoyens qui lui déplaifent. Qu'on ne dife point que pour éviter de tels abus, la mapiftrature qui a la puiflance, change perpétuelle- ment, & que les divers tribunaux fe temperent les uns les autres. Le mal eft, comme le remarque un des beaux génies de ce fiecle , que ce font toñjours des magiftrats du même corps qui changent , des ma= giftrats qui ont les mêmes principes, les mêmes vûes, la même autorité , ce qui au fond ne fait guere qu'u- ne même puiflance, Arsicle de M. le Chevalier DE JAUCOURT. | DIXAINE, f. f. (ff. mod.) en Angleterre il f- gnifie le zombre ou la compagnie de dix hommes avec leurs familles y qui forment entre eux une efpece de fociété, & s’obligeoient folidairement envers le roi d’obferver la paix publique , & de tenir une bonne conduite. Dans ces compagnies fe trouvoit tojours un chef, qui par rapport à {on office , étoit appellé dixerier ou décurion. À Poùeft de l'Angleterre , on lui donne en- core le même nom ; mais ailleurs il porte celui de ; , connétable , parce qu’il y a long-tems que l’ufage des dixaines n’y fubfifte plus. Voyez DixENiER. Le nom de dixenier fubfifte encore dans les officiers munici- paux de l’hôtel-de-ville de Paris; mais ce font des charges fans exercice. Chambers. (G) * DixaAINES , (Manuf, en foie.) on donne ce nom aux efpaces féparés fur le papier reglé, & diftingués les uns des autres par des lignes fortes. Ces efpaces . font foûdivilés par d’autres lignes plus foibles. Les lignes tant foibles que fortes font à égales diftances les unes des autres ; elles font coupées perpendicu- lairement par d’autres , auf à égales diflances en- tre elles, & à fa même diftance que celles qu’elles. coupent: ce qui partage tout Le papier reglé en pe- tits quarrés. DIXENIER , f. m, ( Police. ) officier de ville qui recoit les ordres des quartiniers. Ils font feize dans chaque quartier, & feize quartiers dans Paris: ce qui fait deux cents.foixante-fix direniers, Le nombre en eft moindre dans les autres villes où 1l y a des &- XETILETS. DIX-HUIT , oïifeau ; voyez VANNEAU. DIX-HUITIEME, {. m. (Jeu de cartes.) une dix- huitieme eft compofée des huit cartes d’une même couleur , qui valent dix-huit points à celui qui les a. DIXIEME,, f. m. (Jurifpr.) ce terme à dans cette matiere plufeurs fignifications différentes. Dixieme , felon l’article G, de la coûtume de Saint- Omer, eff Le dixieme denier qui eft dù au feigneur pour vente, donation, ou autre aéte tranflatif de proprié- té d’un héritage féodal. (4) DixieME DENTER des revenus du royaume, eft une impoñtion extraordinaire que Le roi leve quelque- fois fur fes fujets , dans les befoins preflans de l'é- tat, comme pour fournir aux frais de la guerre, Le plus ancien exemple que l’on trouve d’une im- poñition de cette quotité au profit du roi, eft celle que Charles Martel fit fur le clergé, pour la guerre qu'il préparoit contre les Lombards. | Il y en eut une autre femblable fous Phihppe-Au- gufte en 1188. Lorfque ce prince partit pour aller délivrer Jérufalem des mains de Saladin, foudan d'Egypte, qui s’en étoit emparé , on leva pour cette expédition fur les eccléfiaftiques le dixieme de leurs revenus ; & fur les laïcs qui ne feroient point le voya- ge, le dixieme de leurs meubles êc de leurs revenus. Cette impofñition fut appellée la dixre on décime fa- ladine, Plufñeurs des levées qui furent faites pour Les au- tres croifades, foit contre les infideles , foit contre. les hérétiques & excommuniés , & pour les autres guerres de religion , retinrent aufh le nom de dixie- me ou décimes , quoiqu’elles fuffent fouvent moin- dres de la dixieme partie des revenus. C’eft ce que l’on voit dans quelques anciennes ordonnances de 1364, & des années fuivantes jufqu'en 1358. Voyez ci-devant au mot DÉCIMES. Pour ce qui eft du dixieme proprement dit , u “ ev D I X Tevé fur lés nobles en 1529 , pour contribuer àla rançon des deux fils de François I. Ki {5 Depuis ce tems, on ne trouve point que le dixie- ne ait été impoféjufqu’en 1710, qu'il fut établi par une déclaration du14 O&tobre 1710, regiftrée en Vacations. On attendoit un fecours fi prompt de cette impoñtion, que le 2 Décembre fuivantil y ent une autre déclaration pour l’emprunt de trois mil- lions , dont le rembourfement fut afigné fur les de- miérs qui proviendroient de la levée du dixieme, Il fut dit que ceux qui préteroient 100000 liv. fur ces 3 millions , ferotent réputés nobles ; qu’à cet effet 1l leur feroit expédié des lettres de noblefle: mais ces noblefles acquifes à prix d’argent , ne furent pas de longue durée, d'autant plus que les prêteurs étoient bien dédommagés par l'intérêt de leur argent qu’on leur payoit au demier dix. | Le clergé obtint au mois d'Oëtobre 1711 une dé- claration du Roi, qui déclara les biens eccléfafti- ques exempts du dixieme à perpétuité, tant pour le pañlé que pour l’avenir. | Cette impofñtion qui avoit commencé d’être per- güe à compter du premier Oûtobre 1710, fut ôtée par l’édit du mois d’Août 1717, à commencer du premier Janvier 1718 , à l'exception du dixieme des penfons. | La guerre qui fut déclarée au mois d'Oftobre 1733 donna lieu à rétablir limpoñtion du dixieme, par une déclaration du 17 Novembre fuivant. L’arrêt d’enre- giftrement fixa le commencement de cette impof- tion à compter du 1 Janv. 1734. Il fut fupprimé par arrêt du confeil du premier Janvier 1737, à compter dudit jour. | Comme la déclaration du 17 Novembre 1733, af fujettifoit à la levée du d'xteme tous les fujets du Roi privilégiés ou non-privilégiés, le clergé pour fe ré- dimer de cette impofition , paya au Roi par forme de don gratuit une fomme de douze millions, pour tenir lieu du dixieme ; enforte que l’exemption qui fembloit hu avoir été accordée à perpétuité, en 1733 n'eut pas lieu. La derniere occafion où le dixieme a été rétabli, a été lors de la guerre qui fut déclarée en 1741 ; al fut impofé par une déclaration du 29 Août 1741, à compter du premier O&tobre fuvanr. Par un édit du mois de Décembre 1746, le Roi ordonna la levée des deux fous pour livre du dixie- 7e, pour commencer au premier Janvier 1747, & finir au dernier Décembre 1756. Par un autre édit du mois de Mai 1749, le Roi ordonna que lon cefferoit de percevoir le dixieme, à compter du premier Janvier 1750 ; mais par le | même édit, il ordonna la levée du vingtieme au lieu du dixieme , fans préjudice des deux fous pour livre du dixieme , établis par l’édit du mois de Décembre. 1746. Ces deux impoñtions fe perçoivent a@tuelle- ment. Pour avoir une idée de la maniere dont fe perce- cevoit le dixieme, 1l fufft de rappeller les principa- les difpofitions de l’édit de 1747. IL ordonne que tous propriétaires nobles ou rotu- riers , privilégiés ou non, même les apanagiftes ou engaÿiftes, payéront le dixiere du revenu de tous les fonds , terres, prés, bois, vignes, marais, pac- cages, ufages, étangs, rivieres, moulins, forges: fourneaux , & autres ufines ; cens, rentes , dixmes . champarts , droits feigneuriaux ; péages , paflaces, droits de ponts, bacs & rivieres, droits de canaux, & généralement pour tous autres droits & biens de quelque nature qu'ils foient , tenus à rénte, affermés ou: non affermés. On devoit aufli payer le dixieme du revenu des maifons de toutes Les villes & fauxbourgs du royau- me, louées ou non ; &t de celles de la campagne, Tome IF, DIX 1089 qui étant louées procurent un revemi au propriéd taire ; mème pour les parcs & enclos de ces mais fons étant en valeur : de maniere que le dixiemene devait être levé qu’eu égard au revenu, déduétion faite des charges fur lefquelles les propriétaires né pouvoient pas retenir le dixieme, À l'égard des fors ges, étangs, & moulins , le dixieme ne fe payoit que fur le pié des trois quarts du revenu. L’édit portoit auf que le dixieme du revenu dé toutes les charges, emplois, & commiffions, foit d'épée ou de robe ; des maïfons royales ; des vil les, de police, ou de finance, compris leurs ap+ pointemens, gages, remifes, taxations, & droits y! attribués de quelque nature qu'ils fuflent, continue< roit d’être perçû fur tous ceux fur qui on le perce voit alors, & encore aétuellement ; qu’il feroit pa reillement levé fur ceux fur qui-on auroit oublié de le percevoir ; ou qui en aufoient été exempts., le Roi dérogeant pour cet effet à toute loi contraire. Il ordonnoit aufli la retenue du dixieme de toutes les rentes fur le clergé, fur les villes | provinces » pays d'états, & autres, à l'exception des rentes per pétuelles & viageres fur l’hôtel-de- ville de Paris && {ur les tailles; des quittances de finance, portant in térêt à deux pour cent, employées dans les états du Roi, & des gages réduits au denier cinquante, Le dixieme le levoit aufi fur toutes les rentes X conftitution fur des particuliers, des rentes viage= tes, douaires, & penfons créées & établies par. contrats , jugemens , obligations | ou autres actes poitant intérêts, & auf fur tous les droits, reve nus , & émolumens de quelque nature qu’ils fuffent ;! attribués tant aux officiers royaux qu’autres parti= culiers; corps ou communautés, foit qu'ils leur euf« . fent.été aliénés ou réunis. Il en étoit de même des oétrois & revenus patrimoniaux, communaux 6e autres biens & héritages des villes, bourgs, villa= ges, hameaux , & communautés; droits de meffa= geries, carofles , & coches, tant par terre que par, eau , & généralement de tous les autres biens, de quelque nature qu’ils fuffent, qui produifent un re venu. Et comme les propriétaires des fonds & hérita< ges, maifons & offices, qui devoient des rentes à! conftitution:, rentes viageres, doüaires, penfons, ot intérêts, payoient le dxieme de la totalité du revenu des fonds fur lefquels les rentiers, penfonnaires, & autres créanciers avoient à exercer, ou pouvoient exercer leurs créances; le: dixieme dû par ces ren< tiers, penfionnaires, ou autres créanciers , étoit à la décharge des propriétaires des fonds, à l'effet de. quoi ils étoient autorifés en payant les arrérages de rentes , penfons, ou intérêts, d’en retenir le dixie« me, en juftifiant par eux de la quittance du paye= ment du dxteme des revenus de leurs fonds. Il en étoit de même des particuliers ; officiers 3 corps & communautés qui jouent des droits, re« venus & émolumens , oftrois, revenus patrimo= maux, communaux, & autres biens & héritages , & droits de meffageries , carrofles, coches & autres = comme ils payoient le dixieme de la totalité du re venu, il leur étoit aufli permis de retenir le dixieme des charges. Les particuliers commerçans & autres dont la pro2 feflioneft de faire valoir leur argent, devoient auflg payer le dixieme de linduftrie, c’eft-à-dire à propor tion de leurs revenus & profits. Les rôles du dixieme , lorfqu’il a lieu, font arrêtés au confeil , &c le dixieme eft payable en quatre ter- mes égaux , aux quatre quartiers accoûtumés. de l’année , par préférence à toutes autres créances ; même aux autres deniers du roi. Les fermiers, locataires , receveurs & autres qui exploitent les biens d’autrui, ne peuvent vuider. YYyyy 1090 DIX leurs mains de ce qu'ils doivent aux propriétaires , qu’en juftifiant par ceux-ci du payement du dixiere, fi mieux n’aiment les propriétaires confentir que leurs fermiers, locataires &c autres débiteuts payent le dixieme en leur acquit. Pour fixer le montant du Zxieme dù, on oblige chaque particulier de donner au bureau de linten- dant {a déclaration des biens & droits qu'il poffede fujets ait dixieme , à peine de payer le double, & même le quadruple en cas de fauffe déclaration. Lors de l’afflemblée du clergé qui fut faite en 1742, le clergé prérendit que fes biens n’étoient point fu- jets À l’impofition du dixieme: il accorda à cette oc- cañon au roi un don gratuit de 12 millions, au moyen de quoi dans Le contrat qui fut pañté avec les commiflaires du roi, ceux-ci déclarerent que tous les biens eccléfiaftiques 8 des communautés fécu- lieres & regulieres de l’un & de l’autre fexe, fabri- ques, fondations , confrainies &c des hôpitaux, n’a- voient été ni pù être compris dans la déclaration du dixieme , de forte que tous les biens qui apparte- noïent alors à l’églife, & tous ceux qui lui appar- fiendroient dans la fuite, en demeureroient exempts à perpétuité , tant pour le paflé que pour l'avenir. C’eft à-peu-près la mème chofe que ce qui étoit por- té par la déclaration de 1711, laquelle n'empêcha pas néanmoins que le clergé ne payät auroien 1734 une fomme de douze millions, pour tenir lieu du di- xieme, Voyez ce qui efdit aux mots DÉCIME , DoN- GRATUIT, & au, motIMMUNITÉ. A l'égard des hôpitaux, il fut ordonné par unar- æêt du confeil du 2 Avril 1743, que tous propriétai- res d’héritages , maïfons, offices qui leur devoient des rentes, penfons & autres redevances de quel- que nature qu’elles fuflent , ne pourroient leur re- tenir le dixieme ; que ceux qui l’auroient retenu , fe- roient obligés de le reftituer ; & qu’en préfentant leur requête , il leur feroit tenu compte de ces dixie- mes fur celui qu'ils payoient du revenu de leurs fonds, en juftifiant par eux dela réalité defdites ren- tes & penfons, & en rapportant les contrats & au- tres titres néceflaires. - Ileftpermis en créant une rente foncière de füipu- ler qu’elle fera exempte de la retenue du dxteme de la part du débiteur, parce que cette exemption eff cen- fée faire partie du prix du fond qui eft arbitraire ; mais il n’en eft pas de même des rentes conflituées ; la claufe par laquelle on les ftipuleroit exemptes de dixieme {eroit ufuraire, parce que dans Le tems où le dixieme a cours, la rente fe trouveroit payée à un denier plus fort que celui de l'ordonnance. Plufeurs de ceux qui doivent des cens & rentes feigneuriales, prétendirent être en droit de retenir le dixieme ; cette prétention fut même autorifée par un arrêt.du parlement du 29 Janvier 1749, confir- matif d’une. fentence du bailliage d'Angers du 22 Avril 1748; mais par un arrêt du confeil du 13 Oc- tobre 1750, il futdit que fans avoir égard à l'arrêt du parlement, les décifions du confeil concer- nant le dixieme des cens & rentes feigneuriales, fe- roient exécutées ; en conféquence, que tous les dé- biteurs de cens & rentes feigneuriales, foit en ar- gent, foit en nature, feront tenus de les payer fans aucune retenue du dxieme ni du vingtieme , &t que lés feigneurs auxquels ces droits feigneuriaux font dûs, continueront d’être impoñés dans les rôles du vingtieme , pour raifon de ces droits feigneuriaux dont il fera fait déduétion comme par le pañfé fur les revenus des débiteurs chargés de ces droits. = Ce n’eftpas feulement en France que l’impofition du dixieme.a quelquefois lieu. On lit dans les états de Ruffie par Margeret, que le Czar a en tout tems le dixieme en nature des chevaux qui.fe vendent , &c encore par chaque cheval cinq fois pour cent; qu'il DIX a auf le dixieme de tout ce qui fe demande par droit dejuftice. (4) 14 DixrEME DENIER 04 D'EUX SOLS POUR LIVRE D'AUGMENTATION fur les revenus du toi. Ce droit fut établi d’abord pour une année, à commencér du premier Avril 1705 par déclaration du mois de Mars de ladite année fur tous les droits des fermes, & entr’autres fur les greffes appartenans au roi, & unis à la ferme de fes domaines ; & par une autre déclaration du 7 Juillet fuivant , donnée en inter- prétation de la précédente, ce droit fut étendu nom- mément fur les greffes royaux, fur le contrôle des exploits, fur les infinuations laïques , petits fceaux 8 contrôle des aétes des notaires , 8 ce, pour une année, à commencer du premier Aoûtlors prochain, La déclaration du 26 Décembre 170$, ordonna la levée de cette impoñtion furtous les revenus des fer- mes royales, greffes , domaniaux &t deniers de la capitation. Un arrêt du confeil du 18 Septembre 1706, ordonna que l’on continueroït la perception de ce droit jufqu’à ce qu’autrement 1l eñt été ordon- né; ce qui fut confirmé par la déclaration du 11 Janvier 1707. Il y eut le 29 Oétobre 1709, une dé: claration pour la pérception d’un dixieme , par aug- mentation de tous les droits qui fe levent dans la ville de Paris, pour employer les deniers qui en proviendroient en achat des bleds pour la fubfiftan- ce des pauvres de l'hôpital général, jufques & com- pris le dernier Décembre 1710. Voyez Deux sozs POUR LIVRE, & QUATRE SOLS POUR LIVRE. Dr XIEME DE L'INDUSTRIE. Voyez ci-devant DIXIÈME DENIER. (4) DixieME DES PRisEs, eft un droit attribué à l'amiral fur les prifes faites en mer. Voyez AMIRAL, ConsEIL DES PRISES & PRISES. (4) DixIEME DE RETENUE, eft celui que le roi re- tient fur les penfñons, gages, taxations , &c que les particuliers débiteurs de rentes, penfions & intérêts peuvent pareillement retenir à leurs créanciers, à la différence du dixieme d’impofition que le roi per- çoit fur tous fes fujets à proportion de leurs revenus, Poyez DiXIEME DENIER. (4). DIixIEME SUR LES VINS ; il y avoit un droit d’aides ainfi appellé, qui fut fupprimé par l’édit du mois d'Aoùût 1717. (4) DIXIEME,, f. f. ez Mufique, eft l’oëtave de la tierce , ou la tierce de l’oétave. Cet intervalle eft appellé dixieme , parce qu'il eft formé. de neuf de- grés diatoniques , c’eft-à-dire dix fons. Voyez TIER- CE, OCTAVE, INTERVALLES. (S) DIXME, f. f. (Jurifprud. ) eft une certaine por- tion des fruits de la terre & autres qui eft dûe par le poffeffeur de l'héritage au décimateur , c’eft-à-dire à celui qui a droit de dixme, On l'appelle dixme du latin decima, parce qu’elle - eft communément de la dixieme partie des fruits ; elle eft cependant plus forte ou moindre dans cer- | tains lieux, ce qui dépend des titres & de la poffef- : fion ou de l’ufage du lieu. La premiere divifion des dixmes eft qu’elles font eccléfiaftiqués ou laïques , qu’on appelle communé- ment inféodées. Quelques-uns font remonter l’origine des dixrmes eccléfiaftiques jufqu’au tems de l’ancienne loi, & prétendent en conféquence qu’elles font de droit di- vins d’autres foûtiennent au contraire que les dixmes qui fe payent préfentement à l’églife font: feulement de droit poñtif. Ceux qui prétendent que les dixmes font de droit divin, fe fondent d’abord fur ce que dans la Ge- nefe, chap. xjv , il eft dit qu'Abraham, après avoir défait plufeurs rois, donna à Melchifedech roi de Salem, &prêtre du Très-haut, la dire de tout le butin qu’il avoit remporté fur fes ennemis , dedis &, DIX decimam ex omnibus : mais on ne voit rien en cèt ch- droit qui dénote que cette offrande fût d'obligation, & cela a peu de rapport avec la dxme qui {e paye annuellement des fruits de la terre & autres reve- nus. … Ontrouve encore dans la Gerefe, ch, xxvüy , que Jacob , après le fonge qu'il eut, dans lequel il vit cette échelle merveilleufe qui montoit au ciel, fitun vœu, difant que fi Dieu le confervoit dans fon voya- ge , qu'il lui donnât du pain pour fa nourriture, &c des vêremens pour fe couvrir , & qu'il revint à bon port dans la maifon de fon pere, il offriroit à Dieu le dixieme de tout ce qu’il lui auroit donné ; ce n’é- toit comme l’on voit qu'un vœu conditionnel, & une offrande, decimas offéram tibi. Il eft vrai que dans l’Exode, ch. xxiy, où Dieu inftruit Moyfe des lois qu'il devoit donner à fon peu- ple ,ileft dit dcimas tuas 6 primitias non tardabis red. dere; ce qui paroït un précepte, mais qui mettant dans la même claffe les prémices & les dixmes, femble ne regarder les unes & les autres que comme des offrandes dües à Dieu même , plûtôt qu’une ré- tribution dûe à fes miniftres. Il eft encore dit au chap. xxvuy, du Lévitique, que les dixmes de tous les fruits de la terre & des fruits des arbres appartiennent au Seigneur, & lui font confacrès; que fi quelqu'un veut racheterfes dixmes, il en ajoûtera la cinquieme partie ; que le dixieme qui naïîtra de tous les bœufs , moutons & chevaux, fera offert au Seigneur ; que l’on ne choifira ni le bon , n1 le mauvais, & que le dixieme né, ne fera point changé contre un autre ; que fi quelqu'un fait de ces changemens, il fera tenu de donner en of- frande au Seigneur & l’animal dixieme né, & ce- lui qu'il a voulu donner à la place, & qu'il ne pourra le racheter. Il eft auf écrit aux Nombres, chap. xvuy. que Dieu avoit donné à Aaron & aux Lévites les dxmes, obla- tions & prémices /ure perpetuo pour leur fubfiftance, à caufe qu'ils ne devoient pofléder rien autre chofe, & que la tribu de Lévi qui étoit confacrée à Dieu, mauroit aucune portion dans le partage que l’on fe- roit des terres, & que les Lévites offriroient à Dieu les prémices de la dixme , c’eft-à-dire la dixieme par- tie de la dixme. On voit encore au chap. xxx, du même livre, qu'après la défaite des Madianites par les Hébreux, Moyfe en diftribuant à toutes les familles les dépouil- les des ennemis, en fit donner une partie à Eléazar grand-prêtre , comme d’un fruit qu'ils avoient re- cueilh dans le champ de bataille. Les payens même étoient dans l’ufage de payer la dixme à leurs facrificateurs. Hérodote rapporte de Cræfus que ce prince difoit à Cyrus : fe ad fingu- las portas aliquos ex tuis fatellitibus cuffodes qui vetent exportart opes , ut earum decimæ Jovi neceffario reddan- tur. Les Juifs payoient auffi la dixme à leurs prêtres. Il eft dit en S. Matthieu, ch, xxüÿ. n. 23. & en faint Luc, chap, xj n. 42. que les Pharifiens donnoient la dixme de la menthe , de l’aneth, de la rue, & au- tres herbes, tandis qu'ils négligeoient les œuvres de juitice & de charité ; qu’il falloit faire l’un fans omet- tre l’autre : quoique PEcriture, en parlant de cette dixme , fe ferve de ces termes , hec oportuir facere, il paroît néanmoins que c’étoit une œuvre de furé- rogation, & que le fens de l’Ecriture eft que ces {or- tes d’œuvres , quoique bonnes en elles-mêmes , ne difpenfent pas des devoirs effentiels. D'ailleurs écriture ne dit pas oporter facere, mais oportuit , Ce Qui paroît fe rapporter à l’ancienne loi ; & en effet on ne trouve dans tout le nouveau Tefta- ment aucun texte qui ordonne de payer la dixme, ni qui en fafle mention autrement qu’on l’a dit, . Tome IF, D'I X 1097 Saint Paul parlant de la nourriture dûe an miniftré de l’autel n’a point parlé de la dixme, & il n’en eft rien cit non plus dans les aétes des apôtres. Il n’en eft pas non plus fait mention dans les ca= nons des apôtres, quoique le troifieme & le qua= trieme fpécifient ce qui doit être offert à l’autel, & que le cinquieme parle des prémices. S. Clément, dans fes épitres, où il parle de bonis & redditibus eccleftarum € earum difpenfatorèbus, ne dit rien des dixmes. Il eft conftant que les dixmes n’étoient point con nues dans les premiers fiecles de PEglife. Jufqu’à la difperfion des apôtres & des difciples , les fideles mettoient tous leurs biens en commun ; lorfque cette communauté de biens eut ceflé , Les fideles faifoient des oblations volontaires, dont le clergé tiroit en- core toute fa fubfftance au troifieme fieclé , com- me on le voit dans S. Cyprien : la charité des fide- les s'étant refroidie, les peres de l’Eglife exhorterent les fideles de donner la dixme fuivant ce qui fe pra- tiquoit dans l’ancien T'eftament ; mais cela n’étoit propofé que pour exemple, 8 non comme un pré- cepte, & cet exemple fut d’abord fuivi de peu de perfonnes. C’eft ce que dit S. Auguftin qui fiégeoit dans l’é: glife d'Hyppone jufqu’en 430: il parle de la divme comme d’une aumône volontaire , & ne dit que le commandement de les payer ne regardoit que les Juifs, parce que la tribu de Lévi n’avoit point ét& admife au partage de la terre de promiffion qui fut fait après la mort de Moyfe; que les eccléfiaftiques ne vivoient que des aumônes & des offrandes des fideles ; qw’ellesétoient fi peu abondantes à fon égard, qu'il navoit fçu trouver le moyen de payer un maî« tre qui lui avoit enfeigné la langue hébraïque. Il eft vrai que Gratien, caro 66, rapporte un: texte qu'il fuppofe avoir tiré du fermon 2 r9 de faint Auguftin , & dans le cazoz 68, une prétendue épi- tre de S. Jerôme qui parlent des dxmes, comme étant déja de précepte ; mais les critiques éclairés ont rejetté ces pieces comme fuppofées. Il y a apparence que les pafteurs chargés de l’ad< miniftration des facremens , fe trouvant la plüpart peu avantagés des biens qui avoient été donnés à l’Eglife, demanderentla dixme pour leur fubfiftance &t que le payement de la dixme étant paflé en coù- tume, on en fit infenfiblement une loi; maïs il eft difiicile de marquer le tems où la dixme eft devenue précepte. : Il n’eft point fait mention des dixmes dans les lois: romaines , mais feulement d’oblations qui étoient volontaires, puifqu'il ÿ étoit défendu d’ufer de contrainte ni d’excommunication. L. 39. cod, de epije. & cler. Les dixmes ne font encore qu’une aumône yolon= taire dans toute l’églife greque Les conciles des cinq premiers fiecles ne font point mention des dixmes. , Une lettre circulaire écrite par les évêques après le fecond concile de Tours en 567, paroît ordon- ner le payement de la dixme, mais comme d’une au- mône. Le fecond concile de Mâcon tenu en 535 , fuppofe le précepte de la dixme plus ancien, & y ajoûte læ peine de l’excommunication. Charlemagne qui fit plufieurs conflitutions en fa veur de lEglife , ordonna que chacun payeroïit la dixme , & qu’elle feroit diftribuée par ordre de l’é- vêque. Les conciles de Mayence, d’Arles, de Châlons & de Reims , tenus en 813, font les premiers qui faffent mention des dixmes eccléfiaftiques ; celui de Mayence, au chap, xiij, ne fe fert que de ces ter- YYYyyy5 ‘1092 DIX mes : admonemus vel pracipimus , decima deomnibus ‘dari non nepligatur. Le concile de Chälons fut plus rigoureux, ayant ordonné que ceux qui po/f crebras admionitiones 6 Precationes facerdoti dure neplexerint, exCOImIMUTTiCeTI= ŒUTe Celui de Reïms veut que decimæ pleniter deñtur. Enfin au concile de Latran, tenu fous Alexan- I. en 1179 , elles font devenues de précepte , & furent déclarées préférables aux tributs dûs par le peuple. Ce même concile confirma les laïcs dans la pof- {eflion des dixmes qui leur avoient été inféodées pré- cédemment. | Il paroît donc que les dixmes eccléfiaftiques , quoi- que réputées fpirituelles & confacrées à Dieu pour la fubfiftance de fes miniftres, ne font point de précepte divin, mais feulement de droit poñtif ; qu’elles ont été établies par la piété des fideles qui ne fe font pas crûs moins obligés de pourvoir à la fubfiftance de leurs prêtres, que les peuples de l’ancienne loi l’étoient-envers la tribu de Lé- vis que ces dixmes n'étoient d’abord que des of- frandes & aumônes volontaires ; mais que lezele & le confentement unanime des fideles, en ayant ren- -du cet ufage général, on en fit peu-à-peu une loi, que l’on obligea tous les chrétiens d’obferver par la crainte de l’excommunication. Ce qui confirme bien que les dixmesne font pas de droit divin, c’eft: 1°, Que f elles euflent été telles , elles auroient été payées aux prêtres chrétiens dès la naiflance de l’Églife, aucun laïc ne s’en feroit pù difpenfer fans crime ; au lieu qu’il ne paroît point que durant les huit premiers fiecles de PEglife, où la piété des fi- deles étoit dans fa plus grande ferveur, les prêtres ni les autres muniftres dés autels les ayent jamais prétendues ; ils ne vivoient que des offrandes qui fe faifoient volontairement fur les autels : auf faint Hilaire qui étoit évêque de Poitiers en 369, dit-il que le joug des dixmes avoit été Ôté par I. C, 2°. Si les dixmes étoient de droit divin, elles au- roient été payées aux eccléfiaftiques dans tout le monde chrétien, ce qui n’a point eu lieu , puifque les prêtres de l’églife greque, & même ceux de toute l'églife orientale, foit durant les huit premiers fiecles de l’Eglife, ou depuis, n’ont jamais prétendu que les laics fuflent obligés en confcience de leur payer aucune dixme, & ont toüjours penfé que les offran- des font volontaires, fuivant ce que dit faint Jean ‘Chryfoftome : ubi decima eft, ibi etiam eleemofina. 3°. Si la dixme étoit de droit divin, elle feroit düe par-tout fur le pié de la dixieme partie des fruits, comme on la payoit aux lévites ; au lieu que la quantité n’en eft pas par-tout uniforme , étant en un lieu du onzieme, en d’autres du douzieme, vingtie- me, trentieme des fruits. S. Thomas, Jécurda fecun- de , quefl. Ixxxvij. art. 1 6 2. tient même que les dixmes ne font point dûes de nécefité exprefle, & que par la coûtume le droit de les payer peut être prefcrit ; mais dans notre ufage on tient que les dix- mes ordinaires font imprefcriptibles, quant au droit, de la part des laïcs ; qu'ils peuvent feulement en prefcrire la quotité & la forme de la preftation , mais une églife en peut prefcrire le fonds contre une au- tre églife. 4°. Les papes eux-mêmes ont donné des dixmes à des laïcs. Urbain donna aux rois d'Efpagne celles de toutes les provinces dont ils avoient chaffé les Maures. Salgado de Salmoza , sraif, de fupp. ad fum. pontif. II. part. cap. xxv. n. 41. 5°. Le faint fiége a exempté du payement des dix- mes des.ordres entiers, tels que l’ordre de Malthe, gelui de Citeaux, les Chartreux & les Celeftins, du moins pour les terres qu'ils faconnoient & cultis. voient par leurs mains. _ 6°. Les papes ont auf attribué les novalés en. tout ou partie à certains ordres, à l’exclufion des curés. Enfin lessaccords & compoñtions faites entre les eccléfiaftiques fur Le fait des dxmes conteftées entre eux, ont toijours été approuvés & autorifés par le droit canonique. Ces différens ufages obfervés par rapport aux dix- mes ; font voir qu’elles font de droit pofñitif, Au refte perfonne ne révoque en doute que les dixmes en général font eccléfiaftiques de leur nature, & qu’elles appartiennent de droit commun aux cu- rés, chacun dans leur territoire, fans qu'ils ayent. befoin pour cet effet d’autre titre que de leur clo- cher, c’eft-à-dire de leur qualité de curé. C’eft ce que l’on infere du capitulaire de Charlemagne, de Jan 802 ; & d’une décifion du pape Léon, de lan 850. Elles peuvent néanmoins appartenir en tout ou partie à d’autres eccléfafhiques , tels que des évê- ques, abbés & prieurs ; & à des chapitres féculiers ou réguliers, lorfqu’ils font fondés en titre ou pof- feffion fufifante. Autrefois même les évêques avoient de droit un quart dans les dixmes, quand ils n’étoient pas en état de s’en pañler, fuivant le fixieme concile de Paris, de l’an 829 ; mais il s’eft trouvé peu d’é- vêques qui fe foient attribués les dxmes, & pour en joiir ils ont befoin d’un titre fpécial, ou d’une pof feffion de quarante ans. Un feigneur laic peut encore pofléder toutes les dixmes à titre d’inféodation. Voyez ci-après DixMES INFÉODÉES, La plüpart des conceffions de dixmes faites aux. monafteres , font des x. & x]. fiecles. Les évêques, en fondant des monafteres, ce qui étoit la grande dévotion de ces tems-là, leur donnoient pour deta- tion les divmes de leurs églifes. L’ignorance profonde qui regnoit alors, & les defordres des prêtres fécu- liers, ayant obligé d'employer les moines à l’admi- miftration des cures, ils s’approprierent les dixmesw tellement que quand les conciles ont ordonné aux religieux de fe retirer dans leurs cloîtres, ils ont en. core retenu le titre de curés primitifs & les dixmes. Beaucoup de laics qui étoient en poffeflion des dixmes , les remirent aufñi pour la décharge de leur confcience, pro remedio amimae fuæ , à des chapitres ou à des monafteres ; elles font comprifes dans ces concefions fous le titre d’alsare & decimas , & quel quefois fimplement rare, qui comprend le patro- nage, les dixmes, & autres droits utiles & honori- fiques. C’eft au moyen de ces différentes conceffions que les chapitres, monafteres , abbés, prieurs & autres bénéficiers, font gros décimateurs de la plus grande. partie du royaume. | Il y a eu des dixmes établiesspar l’Eglife même _ lors de la conceffion qu’elle faifoit de certaines terres à des particuliers ; elle fe refervoit zo7as 6 decimas » nonas, c'étoit la rétribution dûe pour la connoiffan- ce. À l’égard de la dixme, elle étoit retenue pour fe conformer à l’ufage général. Il eft parlé de ces no- nes & dixmes dans des capitulaires des années 756. 779, 802, 803, 819 & 823. . Suivant le droit canonique , la dixme eccléfiafti- que eft dûe de toutes fortes de fruits, foit de la terre ou des animaux, & de tous autres profits &c reve nus ; mais parmi nous on ne fuit pas à cet égard en- tierement le droit canon, on fe conforme à l’ufage, aux titres &c à la poffeffon. Il n’eft pas néceflaire en matiere de dixme, que l'age fur lequel on fe fonde foit un ufage univer{el | dans tout le royaume ; il y en a même fort peu de cette efpece : on fuit l’ufage de chaque province, & même de chaque paroifle ; ce qui eft conforme à l’or- donnance de Blois & à l’édit de Melun, qui veulent que lonferegle par la coûtume des lieux, & la quote accoûtumée ‘en iceux. La dixme eft dûe par toutes fortes de perfonnes catholiques ou hérétiques, Juifs & autres : les nobles & les roturiers, les chapitres , monafteres , bénéf- ciers & autres eccléfaftiques , les hôpitaux, la doi- ventde même que les autres perfonnes. Le preneur à rente eft tenu d’acquitter les dixmes à la décharge du baïlleur; & le fermier, lorfqu'il y en a un, eft tenu de les payer à la décharge de tous propriétaires & ufufruitiers, fans aucune répétition. Les décimateurs eccléfiaftiques font exempts de dixmes {ur les terres fituces dans leur dixmerie, par la regle zemini res fua fervis. Les terres de l’ancien domaine des curés font exemptes de la dixme envers les décimateurs, quoi- que ce foit autre que le curé ; mais les terres acqui- {es depuis la fondation, à quelque titre que ce foit, doivent la dixme, | La plûpart des ordres religieux ont obtenu des papes des bulles qui les exemptent des dixmes; mais ces bulles n’ont aucun effet en France, à moins qu'elles ne foient revêtues de lettres patentes dûe- ment enrepiltrées. | Les religieux de l’ordre de Citeaux joiuffent de cette exemption fur les terres qu'ils font valoir par leurs mains, ou qu'ils ont affermées par bal qui n’excede pas neuf ans : il faut aufli que cesterres ayent été acquifes avant le concile de Latran, de 1216, Ou par la premiere fondation du monaftere qui réclame l’exemption. dé hu L'ordre des Chartreux, de Cluny & celui de Pré- montré, Joiiflent de la même exemption. Elle a lieu aufli en faveur des commandeuts de l’ordre de Malthe , foit qu'ils faflent valoir leurs terres, foit qu’ils Les aerment : autre chofe feroit fi les tertes étoient données à cens, Lorfque des religieux exempts de dixme alienent de leurs héritages, l'acquéreur ne joüit point de l’e- xemption, à moins que les religieux qui ont vendu ne fuflent en même tems gros décimateurs du chef de leur ordre, ou du moins du chef d’un religieux de leur ordre, curé du lieu. Les parcs, clos & jardins fermés d’ancienneté, qui ne font que pour l'agrément , ou qui ne rappor- tent que des légumes ou de l’herbe pour l’ufage du propriétaire, ne doivent point la dixme ; cependant en 1266 le roi faint Louis fouffrit qu’on Le condam- nât à payer à fon curé la dixme des fruits de fon jar- din, ce qui n’auroit pas lieu préfentement : mais fi On défrichoit nouvellement & enfemençoit quelques terres, en ce cas la dixme en feroit dûe, comme no- vale. Suivant le fameux arrêt d'Orly, les clos an- ciens doivent la dixme , quoiqu’elle n’y eût point encore été perçue. On conçoit aifément par ce qui vient d’être dit, que la dixme des nouveaux clos eft dûe lorfque Les terres enclofes font enfemencées en fruits décima- bles. Les bois de haute futaie ne font point fujets À la dixme : il en eft de même des taillis, À moins qu'il n'y eûtunufase contraire dans la paroifle où ils font. Les bas prés ne font pas non plus communément fujets à la dixme. Si l’on mettoit en pré ou en bois une grande quan- tité de terres qui auparavant étoient décimables, le décimateur pourroit demander la dixme fur les nou- veaux fruits fubftitués aux anciens ; mais il faut pour _cela que la quantité des terres dénaturées {oit conf. dérable, & que le curé eût peine autrement à trou- DIX 1093 vet fa fubfftance, ce qui dépend des circonftances & de l'arbitrage du juge. Suivant la derniere jurif prudence, la dixme eft dûe de tout ce qui excede le tiers dans la converfion. | Le décimateur ne peut obliger les propriétaires ow poñlefleurs de cultiver leurs fonds, ou de lui payer la dixme qu'il en recueilleroit s'ils étoient cultivés : il ne peut pas non plus fe mettre en pofeflion des terres incultes pour les faire valoir, fous prétexte de s’indemnifer de la perte de fa dixme, Il n’eft pas à préfumer que les poffeffenrs des fonds les laiffent incultes pour faire préjudice au décimateur, ils ÿ perdroient plus que lui; & s’il fe trouvoit une gran- de quantité de terre que l’on laiflât venir en herba ges, tout ce que le curé pourroit faire, feroit d’y demander la dixme par fubrogation, fuivant ce qui a été dit ci-devant. | Lorfque le décimateur a levé pendant quarante années confécutives la dixme de certains fruits, & de telle ou telle maniere, il acquiert par cette pof- {efion le droit de continuer à lever cette dixme de la même maniere, quoiqu’il n’ait point d’autre titre que fa poffeffion ; ce qui eft conforme à l’ordonnance de Philippe-le-Bel, de 1303. Pour ce qui eft de la prefcription de la dixme de la part de ceux qui la doivent , l'ordonnance de Blois, art, 50, femble l’admettre , en difant que les proprié- taires & poffeffeurs ne pourront alléguer prefcrip- tion ni poffeffion autre que celle de droit, Mais , fuivant la jurifprudence , on tient pour ma- xime certaine que le droit de dixme, foit eccléfafti. que ou inféodée , eft imprefcriptible en lui-même , & que la prefcription n’a lieu que pour la qualité & la quotité de la dixme; ainfi lon peut acquérir la poñleffion de ne point payer la dixme de certains fruits, ou de ne la payer qu’à une quotité moindre que celle qui fe percevoit anciennement, & qui fe perçoit encore dans d’autres dixmeries. Un particulier ne peut cependant pas prefcrire feul la qualité ou la quotité de la dixme; {a poffefion ne peut valoir qu'autant qu'elle eft conforme à celle de tous les habitans du même canton. Les décimateurs eccléfiaftiques peuvent prefcrire les uns contre les autres Le fonds même de la dixme, au moyen d'une poffeffion de bonne foi pendant qua- rante ans avec juite titre, ou même fans titre; & cette prefcription a lieu contre les exempts de même que contre d’autres perfonnes , le retour au droit commun étant toüjours favorable. Si l’on feme dans une paroiffe une nouvelle ef- pece de fruits que l’on n’avoit pas coûtume d’y re- cueillir, en ce cas la dixme en feroit infolite, fuivant l'ordonnance de 1302 ; il paroït cependant que l’om doit fur ce point fe conformer à ce qui eft prefcrit pour la quotité de la dixme par l’art. 50, de l’ordon nance de Blois, & l’arricle 29. de l’édit de Melun c’eft-à-dire qu'au défaut d’ufage certain dans la pa roïfle, on doit fuivre celui des paroïfles circonvoi-: fines. On doit avertir les décimateurs avant de com- mencer la récolte & laïfler la dixme des grains dans le champ, fi ce n’eft dans quelques endroits , où læ dixme des grains fe paye à la grange. Celle du vin le paye communément au prefloir ou dans les caves, C’eit un principe certain que la dixme n’arrérage point, c’eft-à-dire que le décimateur ne peut deman der au poffeffeur que la derniere année. Cette regle fouffre cependant trois exceptions , favoir, 1° lorfqu’il y a eu demande en juftice renou- vellée tous les ans : 2° lorfque la dixme eft abonnée; mais en ce cas l’opinion la plus générale eft que l’on n'en peut demander que cinq années, & non pas vingt-neuf, attendu que l’abonnement ne rend pas cette redevance fonciere: 3° lorfqu’un décimateur 1094 DIX a perçû la dixme au préjudice d’un autre, il peut être condamné à les reftituer à proportion du nombre d'années dont il a joii, même jufqu’à trente-neuf années, pourvu qu'il n’ait pas acquis la prefcrip-. tion. Il y a trois principales charges qui fe prennent fur les grofles dixmes , {avoir , 1° les réparations groffes & menues, même les reconftruétions des éghfes pa- roifiales, ce qui ne s'étend néanmoins qu’au chœur & cancel, la nef étant à la charge des paroïfhens, de même que le clocher, quand il eft conftruit fur la nef : 2° la fourniture des ornemens nécefaires , tels que les chafubles, calices, livres d’églife, 6e. 3° Le payement de la portion congrue des curés & des Vicaires. Lorfqu'il y a plufieurs décimateurs, ils contri- buent à ces charges chacun à proportion de la part qu'ils ont dans les profes dxmes. Ve Les décimateurs ne font obligés d'employer que le tiers des dixmes aux réparations; fi ce tiers ne fuffit pas, on peut fe pourvoir fubfidiairement fur les dx- mes inféodées. F’oyez RÉPARATIONS. La connoiflance des dixmes inféodées appartient aux juges royaux, tant au petitoire qu'au poflef- foire. Pour ce qui eft des dixmes eccléfiaftiques , le pe- ütoire appartient au juge d’éghfe, & le poffefloire au juge royal; mais lorfque celui-ci a jugé le poffef- foire , le juge d’églife ne peut plus prendre connoif- fance du petitoire, parce le juge royal étant préfu- mé avoir jugé fur le mérite des titres, ce feroit don- ner au juge d’églife le pouvoir de réformer ce qu'au- roit fait Le juge royal. (4) DixMEe ABONNÉE, eft celle pour laquelle on a compofé avec Le décimateur à une certaine fomme d'argent , ou quantité fixe en vin ou grain. il y a des abonnemens à tems, foit pour un nom- bre fixe d’années, foit pour la vie du bénéficier; & des abonnemens perpétuels. Ils font tous valables entre ceux qui les ont faits ; mais les abonnemens perpétuels étant confidérés comme de véritables aliénations, ne font valables à l’égard des fuccef- feurs aux bénéfices , qu’au cas qu'ils foient revêtus des formalités néceflaires aux aliénations , & qu'il y ait eu néceflité ou utilité évidente pour l’églife. L'abonnement perpétuel de tout un canton peut fub- fifter, quoiqu’on n’en rapporte pas le titre conftitu- tif, lorfqu’il eft foûtenu d’une poffeffion immémo- riale jointe à des titres énonciatifs, comme tranfac- tions, quittances anciennes, &c. (4) DixMes ANCIENNES , font toutes les dixmes qui ” fe perçoivent de tems immémorial , à la différence des novales , qui font les dixmes des terres défrichées depuis quarante ans. Voyez ci-après DiXMES No- VALES. (4) DixME DES AUTAINS , voyez DIXME DES HAU- “TINS, & DixXME DU HAUT ET DU BAS. DixME pu BAS, voyez DIXME DU HAUT ET DU BAS. DixME DE CARNELAGE, eft la même chofe que dixme de charnage. Le terme de carnelage n’eft ufité que dans quelques provinces de droit écrit. Cette efpece de dixme comprend toutes les preftations qui font dûes au décimateur parrapport au bétail, com- me le droit de prendre le dixieme ou onzieme agneau, ou de préndre les langues de tous les bœufs, veaux & moutons qui fe tuent dans la boucherie d’un lieu, & autres preftations femblables. Poyez la Rocheflavin, Liv. VI. lesr. D. ris. xxxviiy. arr. 2. Biblioth, can, tome Î. p. 468. col. z. Catelan, uv. I. ch. xv. (4) | DixME DE CHARNAGE, eft la dixme des ani- «maux, foit du gros & menu bétail, ou de la vo- aille. On l'appelle auffi dixme Jacramentelle, parce qu’elle appartient ordinairement à celui qui admis niftre les facremens : il n’y à cependant point de loi qui affeté fpécialement aux curés ces fortes de dix mes ; & ils ne les ont pas par-tout ; cela dépend des titres & de la poffeffion, tant pour la perception en général, que pour la quotité, Les dxmes des ani- maux & des laines appartiennent au décimateur du lieu où les animaux couchent Foyez ci-dev, DixmME DE CARNELAGE. (4) Le DixMe Des cLos, eft celle qui fe perçoit fur les fruits quicroiflent dans Les parcs, jardins & au tres lieux enclos. (4) | . DIXME À DISCRÉTION, voyez ci-après DixME À VOLONTÉ. DiXMES DOMANIALES oZ PATRIMONIALES, font celles qui appartiennent en propriété à des laics. Voyez DiXME INFÉODÉE. (4) DIixME DOMESTIQUE , eft celle qui fe perçoit fur toutes les chofes qui croiflent dans les cours & bafle-cours des maifons, par l’induftrie des paroif- fiens, comme poulets, oïfons, canards, 6e. Ces fortes de dixmes ne {ont point mifes au nombre des dixmes prédiales dûes aux curés primitifs &c gros dé- cimateurs ; elles appartiennent tobjours au curé où vicaire perpétuel, à l’exclufon des autres décima- teurs. Voyez ci-après DIXME DOMICILIAIRE, 6 les définitions canoniques , au mot DIXMES. (4) DIXME DOMICILIAIRE , c’eft un nom que l’on donne en quelques pays aux dixmes de charnage , à caufe qu’elles fe perçoivent en la maïfon des rede- väbles. Voyez ci-dev. DIXME DOMESTIQUE. (4) DixME DE DROIT, eft celle qui eft dûe de droit commun , à la différence de certaines dixmes fingu- lieres, qui ne font fondées que fur l’ufage &e la pof- il particuliere du décimateur qui la perçoit, A DIxME ECCLÉSIASTIQUE , c’eft toute dixme qui appartient à quelque décimateur eccléfiaftique ; elle eft oppofée à dixme inféodée , qui appartient à des laics, (4) DixME EXTRAORDINAIRE, n'eft pas celle qui fe paye extraordinaire, mais celle qui ef finguliere & intolite, Voyez DIXME INSOLITE. (4) DIixME DES GROS ERUITS, ce font les dixmes des blés froment, feigle, avoine & orge, & autres fruits qui forment le principal produit de la terre, felon la qualité du terroir & l’ufage du pays, tels ee le blé farrafin dans les pays où 1l ne croit pas de roment, Ces dixmes appartiennent aux gros décimateurs , &c font oppofées aux menues & vertes dixmes, qui appartiennent tobjours au curé, quand même il ne feroit pasgros décimateur. (4) DixME (groffe) eft la même chofe que dixme des gros fruits. (4) % DixME DU HAUT ET DU BAS, c’eft celle qui fe perçoit tant fur Les fruits qui rampent fur terre, que fur ceux qui croïffent fur les arbres, comme fur les . pommes en Normandie. (4) DixXME DES HAUTAINS : on appelle aïnf en Dauphiné la dixme des vignes hautes qui montent fur des arbres ; elle eft dûe lorfque ces vignes for- ment un objet confidérable, & fur-tout fi elles ont été ainf plantées dans des jardins en fraude de la dixme, Voyez Baflet, tome I. liv. IT. tir. vj. chap. J. Grimaudet, des dixmes, liv. III. ch. üij.n. $ & fuir. Expilly, paid. xxxiij. n. 3. Forget, des chofes déci= mables, ch, jv. n. 3. in fine. Voy. ci-dev. DIXME DU HAUT ET DU BAS; & dans le code des curés, Le” cahier préfenté au Roi par le clergé en 17304 article 1, . A | ue DE L’INDUSTRIE ou DIXME PERSON- NELLE , voyez ci-après DIXME PERSONNELLE. (4) DIixMES INFÉODÉES, font celles qui font poffé- DE XI. dées par des laïcs à titre d’inféodation, c’eft-à-dire qui font tenues en fief, foit de l’Eghife, foit du Roï, ou de quelque feigneur particulier. On les appelle aufli dixmes laïques Où dixmes militaires, parce qu’- elles'ont été données origimairement à des officiers militaires, en récompenfe des férvices qu’ils avoient rendus à l’Eslife. Les auteurs s’accordent affez fur un point , qui eft que les dixmes inféodies étoientdans l’origine des dix- mes eccléfiaftiques qui ont été données à des laïcs : fais les fentimens font fort partagés fur le tems où ces dixmes ont aïndi changé de nature, Quelques-uns-croyent que l’origine des dixmes in- | feodées vient dé ce que les Romains levoïent la dix- ne {ur les biens par eux conqus, par forme de tri- but; que nes rois ayant conquis la France fur les Romains, fe nurent en pofleffion du tribut de la dixme qu'ils y trouverent établi ; qu'enfuite Charles Martel en inféoda une partie aux feigneurs qui l’a- voient aflifté aux guerres qu'il avoit eu contre les Infideles!, qui faïfoient des incurfions fur la Chré- tienté ; que le furplus des dixmes fut depuis affedé par nos rois aux éccléfiaftiques pour leur entretien. Voyez Chenu, cer, 2. queft. 6. Carond. en fes pand. by. Ich, xiy. Mathœus, fur La queff. 4. de Guy-Pape. D’autres, & c’eft l’opimion la plus commune, rapportent l’origine des dixmes inféodées à Charles Martel, lequel vers l’an 730 inféoda une partie des dixmes aux feigneurs & officiers qui l’avoient fecon- dé dans les guerres contre les Sarrafins. L'on a mê- me à cette occafion débité beaucoup de fables, en- trautres une prétendue révélation de S. Eucher au fujet de Charles Martel, que ce prince étoit damné pour avoir pris les dixmes , & que l’on n’avoit trou- vé qu’un ferpent dans fon tombeau. . Quelques-uns prétendent que ce fut feulement fous Philippe I. lors de l'entreprife du premier voya- ge d’outremer, que les dzxmes furent données à des laics. Telle eft l’opinion de Pafquier, en fes recher- ches de La Fr, liv, LIT, ch. xxxv. Si l’on ne peut aflürer que les dixmes inféodées qui fubfiftent en France tirent leur origine des Romains, il eft du moins certain qu'il y avoit dès-lors des dx- nes temporelles, puifque S. Jérôme qui vivoit en 420, dit que de fon tems les laics poflédoient les dixmes , comme on voit par le canon guoniam xvj. quaft. 1. - Fulbert évêque de Chartres, qui vivoit en 087, dans fon ép. 34. qu'il écrit au clergé de Chartres, marque qu'il blâme & déclare excommunié Lifcard archidiacre de Paris , parce qu'il donnoit les dixmes à des laics; decimas 6 obligationes altarium feculari militiæ tradiderat. Le même, en fon ép. 58. qu’il écrit à l’évêque de Paris, remarque que l’évêque fon prédécefleur en l'évêché de Paris, dit que par une témérité facrilége il avoit donné en fief les Axes aux laïcs ; altaria Laï- cis in benefictum dederat, Mais quoique les laïcs poffédaffent dès-lors des dix- mes , on ne les qualifioit point encore de dixmes in- féodées. Pafquier dans fes recherches, aflüre que ce terme zAféodées fut imconnu fous la feconde race de ños rois, & que cent ans après l’avenement de Hu- gues Capét on ne favoit encore ce que c’étoit. On prétend qu’elles ne commencerent à être ainfi äppellées que depuis le concile dé Latran en 1179, qui confirmailes laïcs dans la poffeffion de ces dixmes. M. Louet, er. D. 7. Go. dit qu'avant le pape In- nocent IL. ce qui éften 1200, on ne fe fervoit point du terme de dxime inféodée, 8e même jufqu’à la phi- lippine de l’an 1203, que le pape ayant accordé à Philippe: le Bel que le concile de Latran n’auroit point lieu en France, en ce qu'il ordonnoit que les laics nejoiuroient des déxrres que pendant leur vie, D I X 109$ & qu'enfaite elles retournetoient à l'Églife, cela donna lieu aux feigneurs qui poffédoient ces dixmes de les appeller :7féodées, afin de les faire confidérer comme des fiefs , &c que dès-lors on commença à les donner par dénombrement. On peut concilier les différentes opinions au fujet de l’origine des dixmes inféodées, en difant, comme en effet cela paroît préfentement reconnu ; que ces dixrmes n’ont pas eu toutes la même origine. Il fe peut bien faire qu’anciennement , & dans des tems difhiciles, nos rois &z ceux qui commandoient leurs armées ayent fait contribuer les eccléfiaftiques à Ja défenfe du royaume , en prenant une partie des diximes pour récompenfer les officiers qui avoient fervi l’état; fl fe peut mêmé faire qu’une partie des dixmes inféodées vienne de l’ufurpation des feigneurs qui étoient alors très-puiffans , & abufoient fonvent de leur pouvoir pour s’emparer du bien des églifes : mais 1l faut aufh convenir qu’une grande partie des dixmes inféodées a été concédée volontairement à ce titre par les eccléfiaftiques à différens feigneurs, pour les engager à prendre leur défenfe contre d’autres fei= gneurs qui les opprimoient. Quelques églifes en don- nerent auff à vie à certaines perfonnes pour de moin dres fervices; &c il eft arrivé que les héritiers ont retenu cés dxmes. Il y eut aufi des prélats qui en donnerent à perpétuité à leurs officiers 8 domefti= ques, & à leurs parens : c’eft ainf que les dixmes ec- cléfiaftiques ont été démembrées par différentes voies. Les laics ont encore pû avant le concile de Latran acquérir des dixmes éccléfaftiques par d’autres moyens légitimes, comme par échange avec d’au- tres biens & droits qu'ils ont cédés à l’Eglife. Enfin 1l y a beaucoup d’apparence que l’on a com- pris fous le titre de dixmes inféodées , des droits qui appartenoient naturellement & légitimement à des feigneurs.laïcs ,tels que des champarts, cens, & au- tres droits feisneuriaux qui fe percevoient en natu< fe de fruits, auxquels on a appliqué le nom de dix mes infeodées ; de même qu’à la dixme ou décime fa- ladine qui fut levée fous Philippe Augufte, ou bien à caufe du rapport que cette redevance avoit avec la dixme eccléfaftique , foit pour la forme ou pour la qualité & la quotité, ou enfin pour donner plus de faveur à ce droit, & engager les redevables à le payer plus exaétement. Dans la fuite on a confondu les dixmes inféodées proprement dites, avec Îles champarts & autres droits, qui étoient auf qualifiés de dxmes. Comme onne pouvoit à caufe de l’éloignement des tems diftinguer les unes d'avec les autres, ni obliger. les feigneurs'laics de rapporter les titres primitifs:de ces dixmes ; Le concile deLatrantenu enr 1709 confirma les laïcs dans la poffeffion des dixmes qu'ils avoient ac quifes précédemment. Mais on n’oblige pas aujour=< jourd’hui ceux qui ont des dixrnes inféodées de jufti= fier d’un titre ou pofleffion antérieurs à ce concile: ceux qui ont acquis depuis des dixmes eccléfiafti- ques à titre onéreux, & avec les formalités prefcri= tes pour l’aliénation des biens d'Eglife, doivent être maintenus ; il fufit même, fuivant l’édit du mois de Juillet 1708 , de juftifier d’une poffeffion de cent années. Un feigneur laïc peut tenir à titre d'inféodatiom les menues dixmes de même que les groffes, pourvt à l'égard des menues dixmes que fa pofeffion {oit conforme à d'anciens aveux. Il en eft de même par rapport aux novales , fuppofé que ce foit des dixmes perçües comme telles avant le concile de Latran. Les domaines annexés aux cures depuis le concile dé Latran font fujets à la dixme inféodée, à moins , qu'ils n’en ayent été exemptés nommément, 1096 DIX Les dixmes inféodées font patrimoniales, êt entrent dans le commerce: on en peut difpofer comme des autres biens , foit avec le fief auquel elles font atta- chées, ou féparément. j'aertp Lorfque la dixme infeodée eft vendue, cédée ; ou donnée à l’Eglife féparément du fiefauquel elle étoit attachée , elle eft cenfée réntrer dans fon premier état, & devient dixme eccléfiaftique ; c’eft pourquoi lEglife la peut pofféder fans permiflion du Roi : elle n’eft point fujette au retrait lignager n1 au féodal, & dépend de la jurifdiétion eccléfiaftique pour le pé- titoire : mais fi elle eft vendue ou donnée à PEglife avec le fief dont elle fait partie, elle continue d’être "confidérée comme inféodée ; elle fuit la nature du fief dont elle n’eft que l’accefloire ; elle eft toüjours du reflort de la jurifdidion féculiere , tant pour le pétitoire que pour le poffefloire : l’amortiflement en eft dû au Roi; & fi c’eft par vente qu’elle pañle à l'Eglife, elle eft fujette au retrait féodal & lignager. Îl y a des pays où lon paye double dixme ; c’eft- à-dire qu'outre celle qui fe paye à un décimateur eccléfiaftique, on paye encore la dixme inféodée au feigneur ; ce qui fuppofe en ce cas que la dixme du feigneur n’étoit pas eccléfiaftique dans fon origine: car un même héritage ne doit pas deux dixmes de cette nature fur une même récolte ; mais 1l fe peut faire que les groffes dixres foient partagées entre le décimateur eccléfaftique & le feigneur ; ou que ce- ui-ci ait feulement les grofles dixmes ; &c que le dé- cimateur eccléfaftique ait les menues dixmes &c les novales. Dans le Béarn, les laïcs qui poffedent des dixmes inféodées s'appellent abbes , & les maifons auxquelles ces dixmes font attachées ont le titre d’abbayes. Ces abbés laïcs ont la plüpart le patronage & les droits honorifiques de la paroïfle où ils dixment. Dans certaines paroiïfles il n’y a qu'un abbé, dans d’au- tres il y en a trois ou quatre. Ils font obligés de laif- fer au curé pour fa portion congrue le quart des dx- mes, à moins que le curé n’ait le droit de prémices, qui eft en quelques endroits de la trente-unieme ger- be, en d’autres de la quarante-unieme, en d’autres de la foixante-unieme, &c aïlleurs d’une certaine quantité dé grain ou de vin que les habitans payent au curé. M. de Marca, en fon if. de Béarn, dit que Von paye la dixme aux curés pour les domaines an- ciens des abbayes laïques, parce que ces domaines {ont confidérés comme un démembrement des cures. ” Un feigneur laïc peut prefcrire Les dixmes inféodées contre un autre feigneur, par l’efpace de tems or- dinaire des prefcriptions fuivant les coûtumes des lieux. Il en eft de même des eccléfiaftiques, qui peu- vent auf prefcrire les dixmes inféodées. (4) DixMES INSOLITES, font celles qui font extraor- dinaires , foit par rapport à la nature des fruits fur lefquels elles fe perçoivent, foit par rapport à la quotité 8z à la forme de la perception , & qui de mémoire d'homme n’ont jamais été payées dans la paroïfle. Ce qui détermine fi une dixme eft infolite ou non, ce n'eft pas la qualité de la dixme, mais Pu- fage du lieu : ainfi la même dixre peut être ordinai- re dans un lieu & infolite dans un autre. Cependant par le terme de dixme infolite on entend ordinaire- ment celle qui eft exorbitante de l’ufage commun, telles que font dans la plüpart des pays les dixmes des légumes & des fruits tendres & à couteau. L’or- donnance de Philippe le Bel de l’an 1303 , appellée vulgairement 4 philippine, défend aux eccléfiafti- ques de lever aucune dixme infolite & non accoûtu- Mmée, & l'exécution de cette ordonnance appartient au juge royal, ce que Dumolin en fes rotes fur le confeil 6, d'Alexandre, Liv. IV. dit avoir été toù- jours gardé inviolablement dans ce royaume. On obferve auffi la même chofe dans les états voifins. D I X L'empereur Charles-Quint, par édit du premier Ocs tobre 1520 donné à Malines, ordonna que les ecclé- faftiques fe contenteroient des dixmes accoûtumées, fans en exiger de nouvelles & inufitées; & que l’in- terprétation de ces droits de dixmes infolites appar- tiendroit aux confuls & juges ordinaires. Covarru- vias, Variar, cap. xvij, n. 3. dit que cela s’obferve: de même en Efpagne ; ce qui eft encore confirmé par deux autres auteurs efpagnols, Barbofa, ad /, titia, ff. Jolut. matrim. & par Olivanus, en fon trai- té de jure fifci. Par les anciennes lois d'Angleterre des rois Edgar, Ethelftan, Canut, & Edouard , tra- duites par Guillaume Lambard, il eft parlé du dixie- me poulain d’un haras, du douzieme veau, du di- xieme fromage, du dixieme cochon, de la douzie- me toifon des brebis ; & fuivant ces lois, ceux qui re- fufent de payér ces dixmesinfolires peuvent être afli- gnés devant le prevôt royal: mais il faut noter que la plüpart des dixmes dont il vient d’être parlé, &c qui font qualifiées d’r/o/ites , ne font pas réputées telles en d’autres pays; cela dépend de lPufage du pays. (4) D1XMES JUDAÏQUES , font celles que les Juifs: payoient à leurs prêtres fuivantla loi de Moyfe. (4) DixMESs LAIQUES, font celles qui appartiennent à des laïcs à titre d’inféodation : on les appelle plus communément dixmes infeodees, Voyez ci-déy, Dix- MES INFÉODÉES. (4 DIxMESs, (renues) {ont celles qui fe perçoivent fur les menus grains, telles que les pois, vefces, len- tilles ; & elles font oppofées aux groffes dixmes qui fe perçoivent fur les gros fruits. Foyez ci-devant Dix ME DES GROS FRUITS. | Le droit de percevoir les ménues & vettes dix- mes fe regle par la poffeffion entre les curés & les gros décimateurs. Ces fortes de dixmes peuvent être tenues à titre d’inféodation. (4) DixMES MILITAIRES, font la même chofe que dixme inféodee ; elles font ainf appellées dans des an- ciens titres, à caufe qu’elles ont été inféodées à des militaires, en confidérationdes fervices qu’ils avoient rendus à l’Eglife, ou de la protetion qu’elle atten- doit d'eux, Voyez DIXME INFÉODÉE. (4) DixMEs MIxXTES, font celles qui fe perçoivent {ur des chofes qui proviennent en partie des hérita- ges, & en partie de l’induftrie de l’homme, comme font celles qui fe levent fur les agneaux ét autres animaux, fur le lait, fur la laine ; 8 autres chofes femblables. Ces fortes de dixmes font réputées réel- les. Voyez ci-après DIXME PERSONNELLE 6 DixME RÉELLE. (4) DixME NOVALE, eft celle qui fe perçoit fur les terres novales ou héritages défrichés depuis quaran- te ans, & qui de tems immémorial n’avoient point été cultivés, où qui n’avoient point porté de fruits fujets à la dixme. Elles appartiennent de droit commun fpéciale- ment au curé, à l’exclufion des autres décimateurs. Le principe fur lequel les curés font fondés à eet égard, eft que toute dixme en général leur appartient de droit commun ; ils ne peuvent en être dépouillés que par l’acquifition que les décimateurs en ont fai- te, ou par la prefcription : or les décimateurs ne peuvent pas avoir acquis anciennement m1 prefcrit des terres défrichées depuis peu; c’eft pourquoi el- les appartienent de droit aux curés, lorfque ceux-ci en font en pofleffion , & ne les ont pas laïflé prefcri- re par les décimateurs. Le droit des curés fur les novales a lieu contre. les religieux privilégiés auffi-bien que contre les au- tres décimateurs. Quelques ordres religieux, tels que Cluny, Ci- teaux, Prémontré ; & quelques autres, ont obtenu des papes le privilège de perceyoirdes novales à pro- portion portion de la part qu'ils ont dans les grofles dixmes, Le parlement de Paris adjuge toutes les novales indiftinétement au curé. Le grand-confeil adjuge les novales aux religieux privilégiés, à proportion de leur part dans la dixme. na L Les curés à portion congrue jouiflent aufh des novales: mais fuivant la déclaration du 29 Janvier 1686 , cela ne s’entend que des terres défrichées de- puis que les curés ont fait l’option de la portion congrue ; les novales précédentes ne leur font point affedtées ; elles tournerit au profit des gros décima- teurs, foit que les curés les Jeur abandonnent , foit qu’ils les retiennent fur & tant moins de Îa portion congrue, | ù On dit communément en patfant des terres nova- les ou dixmes novales, z0vale fémper novale ; ce qui s’entend pourvû que le curé foit en poffeffion de les percevoir comme telles, ou du moins que par des actes juridiques il ait interrompu la poflefhion de ceux qui les lui conteftent. Mas fi le gros décima- teur a poflédé paifiblement ces dixmes pendant qua- rante ans fous le titre de zovales, le curé ne peut plus les reclamer; elles font cenfées faire partie des grofles dixmes, (4) , DixME ORDINAIRE, eft celle qui n’excede point ce que l’on a coûtume de donner au décimateur fui- vant l’ufage du lieu. Elle eft oppotée à dixme infoli- te, Voyez ci-devant DIiXME INSOLITE. (4) DixME PATRIMONIALE, eft la même chofe que, dixme inféodée. On l’appelle quelquefois dixme do- maniale ou patrimoniale ; parce qu'elle eft 7 bonis, de même que les héritages des particuliers. (4) \ DixME PERSONNELLE, eft celle qui fe leve fur les profits que chacun fait par fon induftrie , dans l'étendue de la paroïfle où 1l reçoit les facremens : c’eft proprement la dixme de l'induftrie. Ces fortes de dixmes ne font plus en ufage ; elles font oppofées aux dixmes réelles & mixtes, Voyez ci-dev. DixME MIXTE, & ci-après DIXME RÉELLE. (4) DixMes PRÉDIALES, font toutes celles qui fe perçoivent fur les fruits de la terre, foit groffes dix- mes anciennes ou novales , telles que celles du blé & d’avoine ; foit menues & vertes dixmes, telles que celles des poix, feves, lentilles , 6c. On les ap- pelle auffi dixmes réelles ; elles appartiennent au curé du lieu où font fitués les héritages ; elles font oppo- fées aux dixmes perfonnelles & mixtes. Voyez ci-dev. DixME MIXTE 6 PERSONNELLE. (4) DixMEs PRÉMICES, qu'on appelle auffi prémices fimplement , font les dixmes des animaux, comme des veaux, moutons, chevreaux, cochons, 6. (4) DixME RÉELLE, eft la même chofe que dixme prédiale dont il eft parlé ci-devant. (4) DixME ROYALE: on a ainfi appellé une dixme dont M. le maréchal de Vauban donna le projet dans un petit traité, intitulé /a dixme royale. Cette dixme, fuivant le fyftème de l’auteur, devoit être levée en nature de fruits dans tout le royaume au profit du Roi, & devoit tenir lieu de toutes les autres impo- fitions qui fe levent fur les fujets du Roi. Ce projet, quoique fort avantageux, n’a pas été adopté. (4) DIXME SACRAMENTAIRE 0O4SACRAMENTELLE, eft celle qui eft dûe au curé en confidération de ce qu’il adminiftre les facremens aux paroïfiens : telles font les dixmes de charnage qui appartiennent toû- jours au curé , quand même il n’auroit pas les au- tres dixmes. (4) DIXME SALADINE , appellée auffi décime faladi- ze , étoit une fubvention extraordinaire que le roi Philippe Augufte fit lever en 1188 , après en avoir obtenu la permiflion du pape. (4 ) DiXMES DE SUITE, font celles que le décima- teur perçoit par droit de fuite dans une autre pa- roïffe que la fienne, comme fur les troupeaux qui Torre IF, DIX 1097 appartiennent à un de fes paroïfliens, maïs qui cou- chent hors de la paroïffe , ou fur des héritages fitués hors de la paroïfle, & cultivés par un de fes paroïf- fiens ; ou lorfque des bêtes de labour pañent l’hyver dans une paroiflé, & travaillent en été fur une autre ; ou lorfqu’un habitant d’une paroifle exploite des fer- mes fituées en différentes paroiffes. Dans certains lieux , la dixme dés terres fuit le do= micile du laboureur qui les a cultivées. Dans d’au- tres , la dixme fuit le lieu où les bœufs & autres bê- tes qui ont fervi à labourer la terre ; ont conché pen- dant l’hyver ; & s’ils ont couché en diverfes paroïf= fes, le droit de fuite eft partagé à proportion du tems. Il'y a quelques cantons où le droit-de fuite emporte toute la dixme des terres, que les bêtes de labour ont cultivée ; dans d’autres lieux, l’effet du droit de fuite eft feulement que la dixme fe partageégalement en« tre les décimateurs des différentes paroïles. Il eft parlé de ces dixmes dans la coùtume de Ni- vernois , titre x1j. art, 1,2. 6 4. Valencay, locale de Blois, art, 3. Berri, #il, x. art. 18, Solle, sir. xviy. art, 10, La Marche, arr, 332 , ou elle s’appelle auf Juite de rhilhage. Voyez l'ancienne coftume de Mehun , tir, jv. Voyez Coquille, tome IT. quefl, 77. Mais ces dixmes de fiite ne font dûes que par coûtume , & felon que les curés en font en poñeflion. Voyez Les décif. des curés , décif. 202. Boerius , fur La coftume de Berri. Henrys, tom. I, Liv. I. ch. üij. quefl. 2. Bouvot, som. IT. verbo dixme , queff. 5. Grimaudet , Ly. LIT, ch, v. 6 vj. Arrét du parlement du 20 Décemb. 1683. te dans le recueil des privilèges des curés , p. 141. A DIxME SURNUMÉRAIRE, que l’on devroit plü- tôt appeller dixme des furnuméraires, eft celle qui fe perçoit fur les dxmes furnuméraires d’un champ. Sup- pofons, par exemple, que ce foit dans un pays où la dixme fe perçoive à la dixieme gerbe , qu’il y ait dans un champ 1009 gerbes , le décimateur prendra dans ce champ cent gerbes pour fa dixme de 1000 gerbes; &t comme il en refte encore neuf fur lefquelles il ne peut pas prendre la dixieme , le propriétaire du champ eft obligé d’en payer la dxme, en accumu- lant ces gerbes furnuméraires avec celles des autres champs dont il fait la dépouille : de maniere que fi en plufieurs champs il fe trouve jufqu’à concurrence de dix gerbes furnuméraires , il en eft dû une au décima- teur. C’eft ce qui fut jugé par une fentence de la chambre du confeil de Bar-le-Duc, du 2 Décembre 1701, confirmée par arrêt du parlement du 13 Août 1703, rapportés l’un & l’autre dans le code des cu- rés , parmi les réglemens qui concernent les dx- Ines, (4) DIXME DE VERDAGES, c’eft ainfi qu’on appelle en Normandie les vertes dixmes. Voyez Bafnage, ris de jurifd. art. 3.8 ci-après DIXMES VERTES. (4) DixMES VERTES, font celles qui fe perçoivent fur les mêmes grains qui fe confomment ordinaire ment pour la plus Ur partie en veïrd, foit pour la nourriture des hommes, ou pour celle des bef- tiaux , comme les pois, feves, aricots, vefces, &c. On comprend auffi fous ce terme les dxmes de chan- vre, & en général on confond fouvent les dixmes vertes avec les menues dixmes en général, qui com- prennent les dixmes vertes. Quand on parle de ces dixmes, on les joint ordinairement enfemble en ces termes, les menues 6 vertes dixmes ; parce qu’elles fe reglent lune comme l’autre, & fuivent le même {ort. Voyez ci-devant MENUES DIXMES. (4) DIxME À VOLONTÉ ou À DISCRÉTION, fetoit celle qui dépendroit de la libéralité des perfonnes fujettes à la dxme, On ne connoit plus de dixme de cette nature. Voyez ce qui a été dit de Pobligation de payer la dixme en général, au commencement ZZZzzz ” un { _ | =: 1098 DIX de cet article, & Boniface, rom. I. liy. Œ, vitre xi. chap. j. (A) DixME D’USAGE, eft oppofée à dixme de droit, Voyez ci-devant DIXME DE DROIT. (4) | .… Voyez le titre de decimis, primaituis, & oblar. D, Grat. 13. quefl. 1.6 2516 quefl. 1.6. xl. $. de his & gueft. 7 ; 25 queft, 1. de confec. dif. $, c. xv. G extr. 3-30. cl. 3.8. Le gloff. de Ducange , au mot decime. Forget, Grimaudet, 6 Duperray , en leurs sraises des dixmes. Biblio. canon. & défin. cart, AU MOT dix- mes. (4) DIXMUDE , (Géog. mod.) ville de Flandres au Pays-Bas ; elle.eft fituée fur l’Yperlée, Long. 20. 30. dat, 1. 2. Nas … DIX-SEPTIEME, £. f. er Mufique , eft la double oûtave de la trerce. Cet intervalle porte le nom de dix-feptieme ; parce qu'il eft formé du diatonique de Fin pv Tomz QUuATRIEME, DIZ _ feize degrés, c’eft-à-dire de dix-fept fons. Foyez TIERCE, OCTAVE, INTERVALLE. A; Toute corde fonore rend, avec le fon principat , celui de fa dix-féptieme majeure , plütôt que celui de _ la tierce fimple; parce que cette dix-féptieme eft pro- duite par une aliquote de la corde entiere qui ef la cinquieme partie, au lieu que les £ qui donneroient . la tierce fimple ne font pas une aliquote de cette même corde. Voyez SON, CORDE, INTERVALLE, HARMONIE. (S) | Dix-SEPTIEME, (Jeu de piquer.) c’eft fept cartes de fuite & de la même couleur, comme as, roi, da: me, valet, dix, neuf, & huit ; & roi, dame, valet, dix, neuf, huit, &fept. La fupérieure efface la fe. SERRES De lImprimerie de Le BRETON, Imprimeur ordinai conde, & vaut dix-fept. : DIZIER (SAINT), Géog. mod. ville de Champa: gne en France ; elle eft fituée fur la Marne, Longir. 222 SIN AIS Se RL 0 e DU ROVY, rue de la Harpe, DS POCAEAETSS fix L Er ag & ee. “à ra à 7 na: " sy LS Ses pre | 0761 7442